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t
PARIS. IMPHIMKHIK Dfi H. V. DK SUBCY ET Ce ,
R1JK DV ■«fcV8BS ,
TRAITÉ
DU PARADIS
ET
DES MOYENS QUE L'ON DOIT EMPLOYER
POUR Y PARVENIR.
PARIS» .
A LA SOCIÉTÉ DE SAINT -Ni COLAS ,
BUb DE S1i» RliS, 3j>.
1843.
AVANT-PROPOS.
CHAPITRE PREMIER.
i
— 29 —
même bonheur aux autres : de là tant de
prédications , tant de voyages, tant de fati
gues, tant de persécutions et de prisons qu'il
a endurées de bon cœur pour l'amour des
élus, afin qu'ils parvinssent aussi bien que
lui au port du salut éternel qui ne peut
s'obtenir que par Jésus-Christ : Ideo omnia
sustineo propter electos ut et ips'i saluteni con-
sequantur, quœ est in Chrislo Jesu cum gloriâ
cœlesti (2 Rom., n, 10). » Qu'il est beau de
voir ce généreux saint s'oublier en quelque
sorte lui - même pour s'occuper du salut de
ses frères, consentir à devenir anathème
pour leur procurer le plus grand des bon
heurs. « Je ne ments pas, dit-il , Jésus-Christ
en est témoin , et ma conscience me rend ce
témoignage par Jésus-Christ , que j'eusse dé
siré de devenir moi-même anathème pour le
salut de mes frères : Opiabam enini ego ipse
anathema esse a Chrislo pro fratribus mets
(Rom., îx, 3).» Quels admirables sentiments!
Quelle généreuse disposition ! Voilà l'hé
roïsme auquel la foi des vérités éternelles
a élevé ce grand homme, voilà ce que la foi
produirait aussi en nous si nous en étions
pénétrés. 2"
- 30 -
IX. Considérons maintenant l'impression
que faisait sur les martyrs la pensée du cie).
Considérons avec quel courage ils bravaient
tous les tourments pour mériter ce bonheur
ineffable. Il faudrait ici transcrire tous les
actes des martyrs , si l'on voulait rapporter
tous les exemples de constance qu'ils nous
offrent ; nous nous bornerons à citer quel
ques-unes des paroles les plus remarquables
qui y sont rapportées.
— Saint Pulycarpe, parlant à ses persécu
teurs, leur dit : Mettez en usage tous les sup
plices qu'il vous plaira; mon âme est prépa
rée à tout ; je ne crains ni la honte, ni la
douleur. La grandeur de mes peines sera celle
de ma gloire.
— Les Églises de Vienne et de Lyon écri
vant les combats de leurs marlyrs, s'expri
ment ainsi : Les généreux soldats de Jésus-
Christ ont été couverts d'opprobres ; ils ont
enduré toutes sortes de supplices ; ils ont été
frappés, traînés sur le pavé, dépouillés de
tous leurs biens, accablés sous des monceaux
de pierres , jetés dans des prisons obscures ;
mais ils ont tout supporté avec joie en vue de
- 3i —
la gloire que Jésus- Çhrist leur promettait. Ils
om appris aux hommes , par leur exemple , à
ne point craindre les maux de celle vie, qui
n'oni aucune proportion avec le bonheur de
l'autre. La joie que les fidèles chrétiens goû
taient d'avoir confessé Jésus-Christ, l'amour
tendre qu'ils sentaient se redoubler pour lui
dans leur cœur, et l'espoir de la récompense,
rendaient leurs chaînes légères, et adoucis
saient leurs peines. Ils étaient persuadés que
quiconque meurt pour la gloire de Jésus-
Christ, reçoit une nouvelle vie dans le sein
du Dieu vivant.
— Les Actes du martyre de saint Alexandre
et de saint Epipode de Lyon , sont très pro
pres à exciter dans les âmes une noble ar
deur pour le ciel , et un saint désir de tout
sacrifier pour y parvenir. Ces générenx mar
tyrs, disent ces Actes, ont combattu, non
pour un roi de la terre et pour un prince mor
tel, mais pour le Roi du ciel et pour un
prince dont la puissance est infinie et la du
rée éternelle. Si on les a vus courir au trépas,
ce n'est pas pour une patrie terrestre, mais
pour celle du ciel, pour la véritable patrie
— 32 -
dont les saints sont les fondateurs et dont les
habitants sont immortels, où l'on jouit d'une
liberté que l'anfer, avec toute sa violence',
ne peut jamais ravir, où l'on est comblé
d'une gloire toute divine. Saint Epipode di
sait au tyran : t Lorsque nous périssons par
vos ordres, que font tous vos tourments,
sinon nous faire passer du temps à l'éternité,
et des misères d'une vie mortelle au bonheur
d'une vie qui n'est plus sujette à la mort. Je
confesse que Jésus-Christ est un seul Dieu
avec le Père et le Saint-Esprit , et il est juste
que je lui rende une âme qui est sortie de ses
mains et qu'il a rachetée de son sang. Ainsi
. la vie ne m'est point ôtée, elle n'est que
changée en une plus heureuse, et il m'im
porte peu de quelle sorte ce corps cesse de
vivre, pourvu que l'esprit qui l'anime re
tourne à Celui qui lui a donné l'être. » Saint
Alexandre, son compagnon, disait au juge :
t Pensez-vous avoir fait périr ces âmes que
, vous avez chassées de leurs corps à force de
supplices? Désabusez-vous; elles sont dans
le ciel, où elles régnent... Apprenez que les
âmes auxquelles vous croyez donner la mort
s'échappent de vos mains , et prennent leur
essor vers le ciel, où un royaume les attend,
au lieu que vous descendrez aux enfers avec
vos dieux. En faisant mourir mon cher frère,
vous avez assuré son bonheur, et je meurs
d'impatience de le partager avec lui. >
— Le juge qui condamna saint Symphorien
d'Autun, le pressait de violer la loi de Dieu
et lui promettait des honneurs et des ri
chesses, f Je refuse , répondit ce généreux
chrétien , je refuse tous les avantages qui me
sont offerts par une autre main que par celle
de Jésus-Christ, mon souverain Seigneur.
Les biens dont il nous comble avec une pro
fusion digne de Dieu, sont incorruptibles.
Tout ce qui fait l'objet de vos désirs finit bien
tôt, et est entraîné par le torrent rapide des
années dans le vaste sein de l'éternité. Il n'y
a que notre Dieu qui puisse donner une féli
cité durable. » Comme on conduisait au sup
plice ce grand martyr, sa mère, aussi recom-
mandable par sa vertu que par son âge, lui
criait : Mon fils Symphorien , mon fils, ne
perd point de vue le Dieu pour qui tu donnes
ta vie; aie -le toujours dans ta pensée. Mon
— 34 —
cher fils , prends courage , la mort n'est
pas à craindre lorsqu'elle ne fait que nous
conduire à la vie ; regarde le ciel , et que ton
cœur suive tes yeux ; arrête-les sur celui qui
y règne. C'est aujourd'hui que tu vas échan
ger une vie sujette à la mort , contre une vie
immortelle. O mon fils, l'heureux échange!
— Saint Maximilien ayant paru devant le
juge, celui-ci le menaça de la mort. « Qnoi~
que je quitte la terre, répondit le saint, mon
âme vivra dans le ciel avec Jésus-Christ , mon
bon maître. » 11 n'était âgé que de vingt et
un an ; il fut condamné à avoir la tête tran
chée. Comme on le conduisait au supplice, il
disait aux chrétiens qu'il rencontrait : « Mes
chers frères , que le plus ardent de vos désirs
soit d'arriver promptement au terme où je
me trouve. Soupirez de tout votre cœur après
ce moment bienheureux qui doit vous faire
jouir de la vue de notre Dieu, et ne cessez
point de prier que vous n'ayez obtenu de sa
bonté une couronne pareille à celle que je
vais recevoir. • Et se tournant vers son père,
il lui dit avec un visage gai : t Je vous prie,
mon père, de donner mon habit neuf, cet
habit que vous m'avez fait pour aller à l'ar
mée, a cet honnête homme qui va me couper
la tête. Puissiez-vous, après avoir reçu pour
cette bonne œuvre le centuple sur la terre,
être bientôt réuni dans le ciel à votre fils,
pour louer ensemble et bénir éternellement
le Dieu de gloire qui y règne. » En achevant
ces mots, il reçut le coup qui mit fin à sa vie.
— Saint Théodote allant au supplice ,
voyant les fidèles tout en pleurs, leur dit :
i Pourquoi pleurez-vous, mes frères; bénis
sez plutôt notre Seigneur, de ce qu'il me fait
la grâce de terminer glorieusement ma course
par la victoire. Je vais au ciel, où je vous ser
virai à l'avenir d'intercesseur. »
— Saint Léon, martyr, ayant été con
damné à être traîné à travers les pierres et
les cailloux, s'écria : « Il m'importe peu de
quelle manière je meurs; celui qui espère
que le ciel sera sa récompense, peut-il n'être
pas content? Seigneur, ajouta-t-il , je vous
offre ma mort avec joie ; je vous l'offre pour
satisfaire aux péchés de ma jeunesse. Je re
mets mon âme entre les mains de vos Anges.
Dans peu, je serai remis en liberté, et ma
- 56 —
destinée ne dépendra plus de l'injustice des
méchants. Accordez-moi la grâce de souffrir
patiemment pour votre gloire. »
— Sainte Omise , vierge , voyant plusieurs
chrétiens qu'on venait de lapider, se jeta sur
les corps des saints martyrs qui respiraient
encore, et leur adressant la parole , elle leur
disait : « Pourquoi voulez-vous aller au ciel
sans moi ? Je veux mourir avec vous , pour
vivre éternellement avec vous. » Ses vœui
furent exaucés ; elle eut la tête tranchée.
— Le proconsul qui interrogeait l'illustre
martyr saintLucien, hiiayant dit: « Comment
pouvez-vous servir un Dieu qui vous laisse
prendre , souffrir et mourir ? S'il vous aimait,
vous laisserait-il entre les mains de la jus
tice?» Nous avons déjà dit, reprit le saint
martyr, que les chrétiens tenaient à grand
bonheur la gloire de souffrir pour Jésus-
Christ. Oui, le Seigneur donnera une vie qui
n'aura point de fin , à celui qui aura méprisé
les tourments pour son amour.
Encore une fois , nous ne finirions pas, si
nous voulions rapporter tout ce que la foi vive
des récompenses éternelles a opéré dans les
martyrs et dans tous les Saints de tout âge, de
(out sexe, de tonte condition et de tout pays.
Le peu que nous avons dit, extrait fidèlement
des monuments les plus authentiques de l'an
tiquité , doit suffire pour confondre notre
lâcheté, pour nous encourager à conquérir
le royaume du ciel à quelque prix que ce
soit, et quoi qu'il en puisse coûter. Ces Saints
ont tout quitte , tout sacrifié , tout souffert
avec une patience héroïque pour gagner le
ciel; qu'avons-nous fait , que faisons-uous ,
que ferons-nous à l'avenir pour le mériter?
m
- 38 -
CHAPITRE H.
EXISTENCE DU PARADIS.
- 76 -
le feu me réduise en cendres , qu'une croix
me fasse périr d'une mort lente et cruelle,
je souffrirai tout avec joie pourvu que j'arrive
par là à la possession de Jésus-Christ. Tous
les royaumes de la terre, quand j'en serais le
maître , ne sauraient me rendre heureux , et
il m'est plus glorieux de mourir pour Jésus-
Christ que de régner sur tout le monde;
mon cœur soupire pour celui qui est mort
pour moi. » Quels beaux sentiments, mais
qu'ils sont justes! 0 Sauveur de mon âme,
serai-je encore long-temps sans vous voir, et
ne vous posséderai-jepas bientôt? mon cœur
se fond quand il pense aux délices et aux plai
sirs que vous lui préparez s'il vous est fidèle.
VI. Dans le Paradis nous serons dans la
plus illustre compagnie qui fut jamais; nous
tiendrons notre rang parmi les troupes an-
géliques, avec tous les Saints qui auront
vécu sur la terre pendant la durée des siècles.
Nous serons dans la compagnie de la Mère
de Dieu, reine des Anges et des Saints. Nous
la verrons vêtue du soleil, couronnée de
douze étoiles, ayant la lune sous les pieds ;
c'est-à-dire , surpassant en gloire tous les
- 77 -
bienheureux , comme elle les a surpassés
en grâce et en mérite; oh ! qui pourrait ex
primer l'excès de lumières dont elle sera en
vironnée, et de bontés dont elle sera rem
plie ?
Nous y serons avec cette multitude d'es
prits angéliquesdont le nombre surpasse les
étoiles du firmament, et dont la beauté est
infiniment au dessus de celle du soleil. Cette
beauté est telle, selon les saints docteurs,
que le dernier des Anges possède plus de
beautés que n'en renferme tout le monde
visible quand elles seraient toutes réunies en
un seul objet; elle est telleque la vue d'un
seul Ange serait capable de rendre une âme
plus heureuse que si elle goûtait tous les
plaisirs de la terre ensemble. Que sera-ce
donc de voir tous les chœurs angéliques et
leurs offices propres? Que sera-ce d'admirer
le zèle des Anges, la ferveur des Archanges,
les triomphes des Principautés, la joie des
puissances, le pouvoir des Dominations, l'é
clat des Vertus , la gloire des Trônes, la lu
mière des Chérubins, et l'ardeur des Séra
phins qui tous à l'envie chanteront les
louanges du Dieu trois fois saint.
78 —
Nous serons dans l'assemblée de tous les
Saints de tous les temps, de tous les lieux,
de toutes les conditions. Quelle admirable
compagnie! Elle fut montrée en esprit à saint
Jean qui en parle dans les termes suivants :
« Je vis ure multitude que personne n'était
capable de compter; et il y en avait de toute
nation, de toute tribu, de tout peuple et de
toute langue. Ils étaient debout devant le
trône et devant l'agneau, vêtus de robes
blanches, etdespalmesétaienten leurs mains;
ils chantaient à haute voix: Gloire à notre
Dieu qui est assis sur le trône et à l'agneau.
(Apoc, vh, 10).» Quelle joie de voir les pa
triarches et les prophètes si admirables par
la vivacité de leur foi et l'ardeur de leur
zèle! Quel bonheur de contempler les Apô-
îres , ces hommes divins dont le monde n'é
tait pas digne, qui ont porté l'Évangile
jusqu'aux extrémités de la terré , qui ont
sanctifié l'univers par leurs prédications,
par leur exemple, par ,des travaux immenses!
Quelle félicité ne goûterez-vous pas lorsque
veùs verrez ces glorieux martyrs qui ont
versé leur sang pour Jésus-Christ , ces
/
— 79 —
•vierges si pures qui, pour récompense de
leur fidélité à leur divin époux, ont le pri
vilège de chanter un cantique nouveau et de
le suivre partout où il va, ces grands rois qui
ont défendu l'Église, ces saints docteurs
qui l'ont secourue ; en un mot, cette infinité
d'autres Saints qui ont signalé leurs vies par
les plus héroïques vertus? Pour comble de
bonheur non seulement vous les verrez
brillants comme autant de soleils dans le
royaume de leur Père céleste, mais vous
converserez avec eux, vous louerez avec
eux votre commun Seigneur. Oh ! auelle
gloire! quelle joie! quel bonheur! Qui ne
désirera faire partie d'une assemblée si il
lustre, composée de tout ce qu'il y a eu de
grand, de pur, de saint dans tout l'uni
vers ? BC l,vyfô (. i w
VII. Le Paradis est un lieu où l'on jouit
de la vraie paix, où il n'y aura nulle adver
sité, nulle contradiction à souffrir ni de soi-
même, ni des autres, nulle jalousie. Ce sera
le règne de la charité parfaite. Chacun ai
mera Dieu, et Dieu aimera chacun infiniment
plus qu'il ne s'aime lui-même. Plus une âme
- 80 —
aura acquis de perfection sur la terre, plus
Dieu se communiquera à elle, plus elle sera
heureuse ; car la béatitude consiste à avoir
plus ou moins de Dieu en soi, et parceque
ce bienheureux aura plus de Dieu en lui,
plus aussi il sera aimé des autres Saints,
parceque, dit saint Thomas , le bonheur de
chacun est véritablement le bonheur de tous
à cause de la charité parfaite qui les unit .
Chacun sera content de son sort et de sa
place. Comme dans le corps naturel le doigt
ne veut point devenir œil , chacun des
membres étant dans la place qu'il doit oc
cuper en cette structure de tout le corps qui
est si réglé ; ainsi nul des Saints ne voudra
recevoir le rang qu'il n'a pas mérité, étant
uni par le lien d'une parfaite charité à celui
qu'il verra élevé au dessus de lui. Or, comme
le nombre des Bienheureux est comme in
fini, la gloire d'une âme deviendra comme
infinie, tant en elle-même que par rapport
à chacun des autres qui y prendront part.
Oh! qui pourrait comprendre la gloire qu'un
Bienheureux goûte à chaque instant en Pa
radis? L'héritage du ciel, dit saint Grégoire,
est un et est tout pour chacun comme s'il
était seul, parceque chacun reçoit autant de
joie de la joie et de la félicité des autres,1
que s'il la possédait en particulier.
VIII. L'ignorance sera bannie du Paradis.
Le dernier des élus en saura infiniment plus
que n'en ont su les plus fameux docteurs.
Là, dit saint Fulgénce, on connaîtra sans
peine la génération éternelle du Verbe, le
mystère profond derincarna'tion^Là on com
prendra par quelle bonté Dieu nous a tirés
du néant, par quelle prédilection il nous a
appelés pour faire partie du royaume de son
Fils bien-aimé, par quelle miséricorde il nous
a justifiés, rendus ses héritiers et les cohéri
tiers de de son Fils. Là, on verra comment les
œuvres de la justice s'accordent avec celles de
la miséricorde ; comment Dieu sauve les uns
par grâce, et réprouvre les autres pour leurs
fautes. Là, on connaîtra tant de coups admi
rables dont^ la Providence S'est servie pour
nous détacher du monde, pour nous atta^-
cher à son divin service et nous faire opérer
notre salut. Là nous verrons en Dieu tout ce
qui se sera passé dans le monde, tant d'évé
— 8S —
nements divers que la Providence aura opé
rés ou permis, et qu'elle aura su diriger ira-
ipanquablement à ses fins? Quelle^nierveil-
leuse science! Ellejette les Bienheureux dans
un ravissement inexprimable. , i . .
Dans le, Paradis le corps ilui-même parti*
ciperaau bonheur de l'âme, et avec justice.
Ayant eu part aux combats, il doit en avpjp
aux triomphes. Au temps de la résurrection,
générale, dit l'Apôtre, Jésus-Christ réforr.
mera ce corps vil et méprisable auquel notre
âme est unie, et le rendra semblable à soa
corps glorieux. Ici-bas il est sujet à la cor*
ruption, et alors il sortira de terre incorrup
tible, glorieux et spiritual isé : Surgetcorpua
$piritale ( 1. Cor., xii, 44 ). Comme celui
du Sauveur des hommes il jouira de quatre
qualités admirables, savoir: de la ctarté qui
rendra les corps glorieux comme des soleils
daus le firmament céleste ; de ïhnptwsibilitéi
q^.iles.aÉ^aijchHa, de toute douleur; de ;Jft
wfoUhé. par .laquelle ils pénétreront sans
#fficulté lfJ5 corps les plus durs, comme le»,
rayo»s. du soleil pénètrent le vçrre sansle
rompre j fstâpi ted'agilité .qui les. fera par-n
courir en un moment des espaces immenses.
Outre ces qualités générales , chaque sens
aura un bonheur particulier , les yeux seront
réjouis par la vue d'une multitude d'objets
plus charmants les uns que lesautres ; l'ouïe
y sera charmée pur les concerts mélodieux
d'une multitude d'Anges; l'odorat y ressen
tira les plus doux parfums; les autres sens
auront leur satisfaction, mais d'une manière
infiniment élevée au dessus de nos idées ter
restres et charnelles; ainsi que notre Sau
veur nous le fait entendre par ces paroles:
Après la résurrection les Bienheureux seront
comme les Anges de Dieu dans le ciel : Eruni
sicm Angeli Dei in çœlo ( Mat. , xx, 30 ).
X. Le Paradis est un lieu où toute la gran
deur, toute la beauté, toute la magnificence,
toutes les richesses , tout l'éclat, toute la
gloire, toute la splendeur, toute l'opulence,
toutes les délices se trouvent réunies en un
degré infini. Que peut-il manquer où Dieu
se trouve , et où il manifeste ses divines
. • .• . CHAPITRE
i . IV. 99a»l■■ ' fiiiii
rturioy
i. . ianRvJ ii»-- Jm■i ftnoqgçn 9è r^lMnzur.
DU CHEMIN DU PARADIS.
i .;• *nn■ 55jp7nJ[. m rv;(dnq
m ? lup y i j 'tup t<> . .vd.irrav A j«t ruuh
I ireiJCfbTIÎloVcv .nioq rtfOJ Uroi
r
— 408 —
que par ces péchés ii a outragé les perfections
de Dieu , qu'il a'offensé un Dieu infiniment
parfait, infiniment aimable, possède la con
trition parfaite, et devient aussitôt l'ami de
Dieu, et est justifié avant même d'avoir reçu
l'absolution du prêtre. Comme les ténèbres
et la lumière ne peuvent se trouver réunies ;
ainsi le péché et la contrition ne peuvent se
trouver ensemble dans un cœur. Dites donc
souvent, avec le publicain : Dieu , soyez-moi
propice, parceque je suis un pécheur (Luc,
xxvni, 15). Ou avec le prodigue : Père, je ne
suis pas digne d'être appelé voire fils (Lcc,^
xxiv, 18). Comme ses illustres pénitents, es
timez-vous indigne de vous servir de cette
douce et tendre expression f mon Dieu, mon
Père. Dites avec le prophète : Hélas! le nom
bre de mes péchés surpasse celui des sables
de la mer et des gouttes d'eau de l'Océan); ils
sont plus nombreux que les cheveux de ma
tête (Ps. xxxix, 12). J'ai déplu à mon grand
Dieu; j'ai résisté à ses volontés; j'ai trans
gressé ses saints commandements, violé ses
lois pleines d'équité Je me suis exposé mille
fois, cent mille fois à perdre mon Dieu pour
— 109 —
toujours. Je me suis très exposé à perdre le
Paradis, à des supplices affreux dans l'enfer.
Oh! mon Dieu, qu'ai-je fait pour mériter une
faveur refusée à tant d'autres ? Pourquoi
m'avez-vous attendu si longtemps, et pré
servé de mille accidents qui pouvaient me
donner la mort et me faire tomber dans les
flammes ardentes de l'enfer ? Oh ! mon Dieu,
que tout en moi se réunisse pour détester
mes ingratitudes, pour pleurer tant d'excès
commis contre un Dieu si bon , et qui mé
ritait si peu d'être offensé ; que mes yeux
ne cessent de verser des larmes abondantes;
que les pleurs ne cessent jamais de couvrir
mon visage; que pendant les nuits, lorsque
les autres se livrent au repos , que le cruel
souvenir de mes péchés se présente alors à
mon esprit, déchire mon cœur et fasse sortir
de mes yeux des fontaines de larmes si abon
dantes, que ma couche en soit inondée ; que,
pendant le jour, lorsque les âmes innocentes
prendront leur nourriture , moi , infortuné
pécheur, je n'aie d'autre pain que la cendre,
ni d'autre boisson que mes larmes , d'autre
vêtement que la haire et le cilice. Hélas ! j'ai
7
- 110 -
perdu mon Dieu , j'ai violé sa loi sainte en
mille manières, et vous voulez que je me ré
jouisse ; non, il n'en sera pas ainsi ; je ne dois
pas avoir d'autre consolation que de pleurer
tant d'excès et de me réjouir des miséricordes
de celui qui m'a arraché de l'enfer que j'ai si
souvent mérité. Ce n'est pas pour mes mé
rites que j'ai reçu une si grande faveur, je
n'ai mérité autre chose que l'enfer, c'est par
la pure bonté de mon Dieu; ah! qu'il soit
béni , ce Dieu si bon , qui m'a prévenu de
tant de miséricordes : Benedicius Deus qui
non amovit orationem meam, et misericordiam
tuant à me (Ps. lxv, 49). Ainsi parlait, ainsi
agissait le roi David , ce grand pénitent , ce
modèle que doivent imiter tous ceux qui veu
lent entrer dans la route du Paradis, dont ils
se sont malheureusement écartés. Ils ne doi
vent rien négliger pour assurer leur récon
ciliation avec Dieu ; ils doivent se préparer à
cet insigne bienfait par des prières , par des
aumônes, par des humiliations et des morti
fications. Ils se confesseront ensuite comme
s'ils devaient mourir aussitôt après leur con
fession , et ils ne sortiront de leur retraite
- iH -
qu'après s'être tracé un plan de vie auquel
ils se proposeront d'être très fidèles. S'ils ne
peuvent se retirer ainsi dans quelque soli
tude pour vaquer uniquement , pendant une
semaine , à l'affaire essentielle de leur salut,
ils s'efforceront d'y suppléer en donnant à
des exercices de piété tout le temps qui ne
sera pas employé à des devoirs indispen
sables, qu'ils auront soin de sanctifier par
le recueillement et un recours continuel à
Dieu.
Voilà de quelle manière on rentre dans le
chemin du ciel ; voilà comment on recouvre
la robe nuptiale que l'on avait reçue dans le
baptême et que l'on avait perdue par le pé
ché. Heureux ceux qui recouvrent ainsi l'in
nocence baptismale ! heureux ceux qui sont
de nouveau purifiés de leurs souillures dans
le sang de l'Agneau par le baptême labo
rieux de la pénitence ! plus heureux ceux qui
persévèrent dans la nouvelle vie qu'ils ont
embrassée. C'est à eux que nous allons main
tenant adresser la parole.
— 112 —
CHAPITRE V.
L'Uumilité et la Patience.
CHAPITRE VI.
IX. La Transfiguration.)
CHAPITRE VU.
/
— Saint Louis, Roi de France, se trouvant
au lit de mort, fit venir le prince son fils, et le
tenant par la main , il lui dit : < Mon fils , la
première chose que je vous recommande ,
• c'est d'aimer Dieu de tout votre cœur ét de
toutes les forces de voire âme. On ne peut
être sauvé sans aimer Dieu , et en l'aimant il
est impossible que l'on se damne. Menez-
vous donc fortement dans l'esprit qu'être
sauvé , c'est le plus grand de tous les biens,
et qu'être damné c'est le plus terrible de tous
les maux. Si vous avez celte vérité présente,
vous serez disposé à souffrir tous les maux de
cette vie , plutôt que de rien faire de con
traire à la sainte loi de Dieu. » Prenons ce
salutaire avis pour nous ; aimons Dieu , pen
sons à la gloire du Paradis et nous serons in
failliblement des Saints; car l'amour de Dieu
est eternel comme lui.
— Un snint homme avait coutume de dire
à Dieu : « Seigneur, je vous aime et je dé
sire \oui contempler éternellement dans le
Ciel. Je crains tout de moi-même ; mais j'es
père < ncoi e plus en vous. Si j'avais à choisir
un juge dans 1'aflàire de mon éternité, je n'en
- 2Ï7 —
voudrais point d'autre que vous ; parc» qu'il
n'en est point qui m'aime davantage, et désire
plus sincèrement mon bonheur.... *
— Pendant la persécution du Japon , une
des plus terribles que l'Église aitjamaiseu à
souffrir, on conduisit au supplice une troupe
de chrétiens que l'on avait condamnés au
supplice du feu. Trois d'entre eux sentant les
flammes, et n'en pouvant soutenir la rigueur,
sortirent du bûcher à moitié brûlés , en dé
clarant qu'ils étaient prêts à invoquer Ami-
da, qui est l'idole du Japon. Mais le juge,
indigné de leur lâcheté , les fit jeter de nou
veau dans le feu. Ainsi ils souffrirent deux
fois et furent en enfer par le même chemin
qui conduisit les autres à la gloire. Exemple
terrible et plein d'instruction pour nous. II
nous apprend qu'il en coùtesouvent plus pour
aller en enfer que pour gagner le Paradis ; il
nous apprend que les peines de cette vie, qui
conduisent tant d'âmes en Paradis à la suite de
Jésus, deMan'f',dubon larron et de tant d'au
tres, ne servent qu'à précipiter les méchants
dansles abiines infernaux par les impatiences,
les murmures, et quelquefois les blasphèmes
. 16
- 575 —
auxquels ils se laissent aller. Pensons au Pa
radis, regardons le Ciel comme les Saints, et
nous marcherons avec courage comme eus
dans le chemin de la Croix qui est le seul qui
conduise à l'éternité bienheureuse. Dieu a
mis devant nous la vie ou la mort , le Paradis
ou l'enfer, l'eau ou le feu. Choisissons.
— 279 -
CONCLUSION.
lu Henbiaoi. ,
v — 281 —
En un mot, ce céleste séjour renferme de»
beautés si grandes, si variées que i'œi! de
l'homme n'a rien vu de semblable ; mais la
plus grande félicité sera pour l'esprit et pour
le cœur, qui trouveront en Dieu tout ce qui
pourra être l'objet de nos désirs les plus
ardents.
Préface. p. v
Chapitre 1". Combien il est important de
s'occuper du Paradis. 1
Chap. II. Existence du Paradis. 38
Chap. III. Qu'est-ce que le Paradis? Cl
Chap. IV. Le chemin du Paradis. 99
I. De l'entrée dans le chemin du Paradis. îoa
II. Du vrai chemin qui conduit au Paradis, lia
III. Du terme du voyage qui conduit au Pa
radis. 110
Chap. V. Des marques de prédestination. 127
I. La dévotion envers Dieu , envers Jésus-
Christ, envers la sainte Vierge , envers Us
Saints. tM
II. La charité envers le prochain et surtout
pour les pauvres. 147
III. L'humilité et la patience. i5i
Chap. VI. Recueil des pièces relatives au
Paradis. 164
I. Belles réflexions sur le Paradis, tirées de
l'Imitation de Jésus-Christ. 164
II. Belle parole d'un Solitaire. 177
III. Paroles consolantes adressées aux fidèles
par saint Gyprien. 178
IV; Importance du salut. 180
V. Admirables sentiments de sainte Thérèse. 181
VI. Cantique de sainte Thérèse après la com
munion. 186
VII. Désir de la vie éternelle, tirée des Soti
toqua de Thomas Akempis. 188
VIII. Belle traduction de l'Hymne du Di
manche : O tuce qui mortalibus... fg3
IX. Avis donnés par. un Bienheureux à un
homme vivant encore sur la terre au mi
lieu des tentations. jg4
X. Soupirs d'une âme vers le ciel. 19G
XI. Jésus -Christ inspire * ses disciples la
pensée du ciel. 197
XII. La Transfiguration. ao*
XIII. Ardents désirs de posséder Dieu dans
le ciel. 209
Chap. VII. Trahs divers relatifs au Paradis, 211
Conclusion. 279
FIN DE M TABIE.