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EX BIBLIOTHECA
P. P. C. LAMMENS .
Ex fibrisijfucas
Col.med .Antu.Socie.
FEK GENT
Ace 2120
می رسی کار
{6 .
وCکم
اور ان کیا ت
نی کا
نیمی از ایدهای را به اوج را در بین از و چه ای
)} cope
RELATION
DE LA GVERRE
DE
FLANDRES
en l'année 1667
40000 dove
A PARIS ,
Chez CLAVDE BARBIN , au
Palais , ſur le ſecond Perron de
la Ste Chapelle.
M. DC . LXVIII .
AVEC PRIVILEGE DV ROT ,
2
赛 类 美 类 , 美 类选美 善
茶类 金 至 主要 参
A MONSEIGNEVR
MONSEIGNEVR
LE D V C
1
DE LA
ROCHEFOVCAVT ,
Pair de France.
M
ONSEIGNEVR ,
La Campagne du Roy
étant un Ouurage qui re
garde en quelque ſorte la
a iiij
EPISTRE.
gloire de SaMajeſté, j'ay
osémepromettre que vous
neluy refuſeriez pasl'hon
neur de votre Approba
tion; & que la dignité du
Prefent vous faiſant ou
blier la main quiprendla
liberté de vous l'offrir
Vous regarderiez moins
ce petitLiure , comme un
effet de mon zele , que
comme une Relation fi
delle des Auantages que
noſtre grand Monarquea
remportez la Campagne
paßée. Si l'honneur de pu
blier vos loüanges eftoit
EPISTRE.
permisà une plumecomme
la mienne, je vous dirois,
MONSEIGNEVR
, que
voſtre Approbation fait
aujourd'huyla deſtinée des
Ouurages lesplus accom
plis denoſtre Siecle ; le
vous demanderois l'indul
gence de ce diſcernement
admirable que Vous pola
-1
fedez,deceslumieres d'ef
prit penetrantes , qui font
qu'vne Naiſſance tres-it
Luftre , la Dignité d'un
Rang tres - Eminent , ne
fontque les moindres para
ties desqualitez qu'onad
EPISTRE.
miredansVotrePerſonne.
Mais ,MONSEIGNEVR ,
cesfortes de Panegyriques
n'eſtant ny de mon genie,
ny du reſpect que ievous
dois, je le laiferay à ceux
qui ſontplusdignes de le
remplir , die me conten
teray de prendre toute ma
vie auec une foümißion
tres-profonde, celuyde
MONSEIGN EVR ,
SIN
RELATION
DE LA GVERRE
DE FLANDRES
en l'année 1667.
A Guerre eſtant
recommencée en
tre la France &
l'Efpagne en l'année 1667 0
)
10 Relation de laGuerre
Mareſchaux de Camp le
Comte de Lorge & Saint
Lieu . Son Infanterie eſtoit
compoſée des Regimens
de Nauarre , de Norman
die , du Pleſſis - Praſlin ,
d'Harcourt , de Sourches ,
& de la Reyne ;. & la Ca
uallerie commandée par la
Cardonniere Commiſſaire
General, eltoir diuiſée en
trois Brigades , à la teſte
deſquelles. eſtoient le Mar
quis de Rouuray , le Mar
quis de Genlis & Cal
10 .
Le Marquis de Crequy
nouuellement rappelle àla
de Flandres en 1667. II
Cour , d'où il auoit eſté ſix
ans éloigné , fut enuoyé
pour commander ſur la
frontiere de Luxembourg,
& du colté d'Alſace , auec
3. ou 4000. hommes ; &
Deſpence pour Mareſchal
de Camp auec luy. Il n'a
1
1
de Flandresen 1667. 15
Lyonne Secretaire d'Eſtat,
& de Colbert , ils ne parti
rent de Paris que fixiours
apres fa Majeſté , & furent
droit àla Fere pour ſe ren
dre où l'on les appelle
roit .
Quant au Marquis de
Louuois Secretaire d'Eſtat,
il auoit pris les deuans dés
le quatorziéme du mois,
afind'auercir tout le mon
de de la marche du Roy ,
& du deſſein qu'il auoit de
faire yoir à la Rcyne , ce qui
ſe trouueroit de Troupes
aux enuirons de Peronne ,
ou leurs Majeſtez ſe des
16 Relation de la Guerre
uoient rendre le 26.deMay..
Mais auant que de paſſer
plusoutre; il eft;ce me fem
ble, à propos dedire quelles,
eſtoient les forces de l'E
tat, quand le Roy conceurs
de telles entrepriſes .
Toute l'Infanterie Fran
çoiſeeſtoit diuifée en 1200
Compagnies , payées ſur le
pied de go. hommes chacu
ne ; mais comme quantité
de jeunes gens de qualité
auoient depuis peu pris le
commandement des Regie
mens , il y en auoit beau
coup , quipourfaire mieux
leur cour,augmentoient &
de Flandres en 1667. 17 :
1
de Flandres en 1667, 19
:
22 Rlation de la Guerre
Dans la quatriéme eſtoit
le Regiment d'Auuergne
commandé par le Duc de a
Chevreuſe , le Royal com
mandé par Pierrefite , celuy
de Rouſſillon ou des Cate .
lans commandé par Cara
magne , & celuy d'Alſace
commandé par le Comte
de Naſſau , qui tous ne fai
ſoient que lept Bataillons;
Rouffillon n'en faiſant
quºvn.
La Caualleric Legere
commandée par le Duc de
Coallin quien eſtoit Meſtre
de Camp General , eſtoit
diuiſée en douze Brigades ;
de Flandres Èn 1667. 23
mais comme il ſeroit bien
long de nommer icy tous
les Regimens qui les com
pofoient, ienemettray que
le nom des Brigadiers à qui
elles obeïſſoient,qui eſtoiét
le Baron de Montclar , des
Fourneaux , Beauuezé , le
Marquis de Reſnel, Billy ,
Montauban , le Cheuallier
de Fcurilles , le Comte de
Choiſeul , Artagnan , le
Comte de Roye, les Mar
3
quis de Rochefort & de
Villequier .
On attendoit encore les
Troupes auxiliaires que le
Duc de Lorraine deuoit en
24 Relation de laGuerrè
uoyer , qui ſe trouuerent
compoſées de quatre Regi
mens de Cauallerie , faiſant
enuiron 15oo. cheuaux , &
de deux d'Infanterie qui
faiſoient peut-eſtre 900. ou
looo, hommes .
L'Artillerie fut priſe à la
Fere & à Amiens : l'entens
les groſſes pieces; car le Roy
auoit ordonné des lecom
mencement du mois , aux
Meſtres de Camp & aux
Commandans des Corps ,
que chaque Bataillon me
nât auec ſoy vne piece de
trois ou quatre liures de
balle, & il auoit fait deliurer
de
de Flandre en 1667.'25
de l'argent pour acheter des
cheuaux , &lereſte de l'at
tirail qui ſe trouuoit necef
ſaire pour cette conduitte.
C'étoit ſaint Hilaire Licu
tenant de l'Artillerie qui
commandoit tout l'équi
page deſtiné pour cette ar
méc ,dont Colbert le Maî
tre des Requeſtes eſtoit
l'Intendant . Voila quelles
eltoicnt les forces de terre .
Quant aux forcesdemer,
j'ay apris qu'il y auoit dou
ze ou treize Galcres dans la
mer du Leuant , & que le
Duc deBeaufort Admiral ,
eſtoit aux coſtes de Breta
В.
26. Relation de Guerre
gne & de la Rochelle aucc
25. Ou 30. Vaiſſeaux.
Le Roy eſtant donc arriué
à Amiens le 20. de May, il
en partie le vingt-cinquié
meaprés s'eſtre ſeparé de la
Reine , qui au lieu de fe
trouuer à la reucuë qui ſe
deuoit faire à Peronne ,
comme on auoit crû qu'el
le feroit , s'en retourna
par Montdidier à Compie
gne,& ce meſme jour vingt
cinquiéme le Roy alla caper
auec ce qu'il auoit de Ca
uallerie proche d'Encre , &
le lendemain au mont ſaint
Quentin proche de Peron,
de Flandres en 1667. 27
ne , où il trouua beaucoup
de troupes , particuliere
ment d'Infanterie qui s'y
eſtoit aſſemblée ou aux en
uirons ; enſuite, il alla cam
per à Gouy, prochele Ca
telet ; delà à Briatre, proche
le Cateau Cambrelis , &
puis à Villerpol auprés du
Queſnoy, le iour ſuiuant à
Taiſnieres proche de Ba
uay : Apres à Peronneual
proche de Binch , qui eſt
vne petite ville du Hai ,
nault , ſans fortifications,
qui en temps de guerre eſt
toûjours au Maiſtre de la
Campagne, & ou l'on trou.
B ij
28 Relation de la Guerre
ua à propos de laiſſer quel
ques troupes pour en tirer
des commoditez , pendant
que l'armée feroit à Char
leroy , où le Roy auoit fait
deſſein d'aller des fon dé
part d'Amiens ; Et enfin il
alla camper à Piéton , Vil
lage ſitué ſur vn ruiſſeau de
meſme nom ,qui apres quel
que detour vient tomber 1
I
។
de la Flandre en 1667. 29
autrefois un petit village
nommé Charnoy. Son al
fiette ayant ſemblé fort
auárageuſe à Caſtel Rodri
gue Gouuerneur des Païs
bas pour le Roy d'Eſpa
gne,à cauſe que la Sambre
eſt dégarnie de places for
tes depuis Landrecies , qui
eſt preſque à la ſource, iuf
ques à Namur , où elle ſe
perd dans la Meuſe. Il auoic
reſolu dés l'année prece
denteauec le Conſeil de ces
Prouinces , d'y baſtir vne
fortereſſe quipût s'oppoſer
aux courſes que pourroient
faire les garniſons que les
B. iij. -
i
30 Relation de la Guerre
François tiennent entre la
Sambre & la Meuſe, c'eſt à
dire , dans Philippeville ,
Auernes, & Mariembourg,
places qui nous furent ce
dées par la paix des Pyre
nées. Ce deſſein auoit eſté
continué auec tant de cha
leur , & de dépenſe , que la
place eſtoit preſque en dé
fenſe, quand on eut au Pais
bas les premiers auis de
l'intention du Roy , d'aller
luy -meſme à main armée
demander les Prouinces , &
les places qu'il pretendoit
appartenir à la Reyne.
Cette place que Caſtel
de Flandres en 1667. 3?
Rodrigo fit nommer Char
leroy, eſtoit de ſept baſtions
reueſtus d'vne ſorte de pier
re fort dure & aſſez groſſes
qu'on auoit fait venir du
païs de Liege.La pluſpare
des baſtions & des courti
nes eſtoient déja éleuées juſ 1
1
de Flandresen 1667. 41
pour rendre la conduite du
Roy plus odieuſe à leurs
peuples. Enfin , apres qu'on
eut en quelque façon réta
bly Charleroy , qu’on y eut
laiſſé tout le gros canon ,qui
eſtoit au Camp ,& qu'on y
eur mis le regiment de la
Ferté en garniſon ., . auec
d'autres Compagnies déta
chées de pluſieurs corps ,
dont on en compoſa vn ,
qui deuoit porter le nom .
de Regiment Dauphin , &
que Phiſica , autrefois Lieu
tenant Colonel du : Regi
ment de Turenne , deuoit
commander .; On donna le.
42 Relation de la Guerre
Gouuernement de la place à
Montal , auec ordre d'en fai
re continuer le reſtabliſſe
ment ſans intermiſſion .
On laiſſa auſſi aux enuirons
de Charleroy 300. cheuaux : .
apres quoy le Roy voulue
entrer dansle païs,pour pro
fiter de l'eſpouuante qu'vne
auſſi grande armée que la
ſienne auoit jetrée dans ces
Prouinces.
Il partit vers le 15.du mois
de luin ; & prenant fa mar
che du coté deBruxelles , il
campa aſſez prés deNiuelle;
ou ayant enuoyé deux de ſes 1
gardes en fauuegarde , à la
de Flandres en 1667. 43
priere des Habitans ; ils fu
rent neantmoins contre la
bonne foy , menez priſon
niers à Bruxelles, ou ils de
meurerét plus de deux mois .
De Niuelle , l'armée paſſa au
deſſus de Mons, vers Braine
le-Comte ; & apres quelques
iours de marche , elle s'ap
procha d'Ath , qui eſt vne
petite ville fituée preſque à
la ſource de la riuier e de
Dendre , ſans aucune forti
fication ;mais elle fut trou
uée fort aiſée à fortifier ; ſi
bien que le Roy reſolut d'y
laiſſer quelque garniſon , &
en fit Gouuerneur, des Lan
44 Relation de la Guerre
des , qui auoit autrefois fer
uy ſous le Prince de Condé..
On détacha donc quelques
Compagnies de diuers Re
gimens, qui faiſoient enui- .
ron 400: hommes auec 100..
cheuaux que l'on у laiſſa
pour harceler toûjours les
Villes du Brabant, & parti-
culierement Bruxelles, dont
ce poſte n'eſt éloignéque de
huit lieuës, ſans qu'il ſetrou
ue entre-deux aucun ruiſ-
ſeau de conſequence.
Toutes ces marches fe fi-.
rent ſans autre empeſche
ment , que celuy des mef 1
1
į
de Flandres en 1667: 53
marquer dans ces premie
res occaſions. Entre les Vo
lontaires qui ſe ſignalerent
le plus , on nóma le Comte
de ſaint Paul, qui dans yne
ſortieque firent les afliegez
pouffa des premiers à la
contreſcarpe , & y diſputa
aſſez long -temps yne pique
auec vn des ennemis: Saint
Sandoux, Capitaine au Re.
giment des Gardes, fur fort
bleſſé dans cette ſortie.
Lelendemain , le premier
bataillon des Gardes Suiſ
ſes, commandé par Molon
din leur Colonel , la mala
die du Comte de Soiſſons
Ciij ,
$4 Relation de la Guerre
Icür General ne luy ayant
pas encore permis de pou
uo ir joindre l'armée , rele
ua les Gardes Françoiſes ?
mais vers le minuit, les en
nemis demanderent à capi
tuler ; ſi bien que la ſuſpen
fion d'armes eſtant faire, la
Ville fe rendit , fans que
l'on tiraſt vn feul coup de
canon , dont on n'auoit pas.
encore vne ſeule piece de
batterie ; car on en attendoit
par vn grand conuoy qui
deuoit venir d'Arras , & qui :
vint en effet ceiour-là , au
nombre de 15. à 1600. char
cettes chargées de toute ſors
de Flandres en 1667.55
te de viures & de muni
tions , & de huit pieces de
gros canon , done l'armée
auoit vn extrême beſoin .
La Ville eſtant renduë, le
Gouuerneur ſe retira au
Chaſteau auec fa garniſon.
Ce reduit eſt fore grand &
feparé de la Ville jar la ri
uiere de l'Eſcaule : On dic
que c'eſt vn ouurage des
Anglois du temps qu'ils te
noient cette place , & qu'ils
l'auoient conquiſe ſur les
François: Les fortifications,
quoy qu'anciennes , n'en
ſont pasmauuaiſes ; mais
comme faute d'auoir eſté
Cüij
so Rlation de la Guerre
entretenuës , elles ſe trou
uoient en meſehant eſtat,
les troupes ne ſi défendirent
pas mieux qu'elles auoient
fait dans la Ville ; car à pei
ne tinrent- elles vn iour Tans
capituler ; de ſorte que dés.
1 € 26. elles en ſortirent ſans
canon , ny autres auanta
ges , au nombre d'enuiron
troisou quatre cens Fancaſ
fins fort mal en ordre , &
trois. Compagnies de Ca
ualleries d'enuiron cent
Meſtres en aſſez bon eſtat,
Ils furent conduits à Bru
xelles par Pruines , Exempo
des Gardes du Corps aues
de Flandres en 1667. si
vingt - cinq ou 30. de ſes
compagnons ; & il n'y eut
de bleſſez de marque que
Tracy Capitaine aux Gar
des , qui y receut vn coup
de nouſquet dans la jouë.
Cependant , le Maref
chal d'Aumont n'eſtoit pasi
demeuré ſans rien faire ; car
eſtant entré en Flandres par :
le neuf foſſe , entre ſainti
Omer & Aire , il s'eſtoic:
auancé iuſques auprés de:
Bergues ,ou , ayant apris:
qu'il n'y auoit dans la place:
aucunes troupes reglées , ill
ne cruſt pas y deuoir faire :
yn liege regulier : maiss.
G VV
58 Relation de la Guerre
ayant fait approcher la
meilleure partie deſon In
fanterie , il en fic attaquer :
les , dehors par deux en
droits ſur les neuf heures:
du ſoir..
Ces deux attaques étoient
commandées , l'vne par le:
Comre du Paſſage, & l'au ,
tre par le Duc de Roânez ,
tous deux Licurenans Gea
neraux , donc le dernier ,
fans s'aniufer à faire de
tranchée , ſe rendit incon
tinent Maiſtre, & de la con-.
treſcarpc, & de la demic Lu
ne : L'on y trouua d’ebord
de la reſiſtáce, les Bourgeois
de Flandres en 1667. 59
ayant pris les armes auec
quelques païſans refugiez;
mais dés qu'il fut iour, la
Ville parlementa, & ſeren
dit au mefme temps à des
conditions honeftes. Il en
couſta pourtat la vie à quel
ques braues hommes ; car
faint Lieu , Mareſchal de
Campdanscette arınée,fore
eſtimépour ſon courage &
pour fes longs feruices , y
fur tué de deux coups de
mouſquet , & cinq ou fix
Officiers des Regimens de
Nauarre & de la Reyney fu
rent tuez ou bleſfez , auec
enuiron 200. ſoldats de
Cvji
63 Relation de la Guerre
tous les autres Corps , la:
pluſpart du coſté du Duc
de Roânets ;. car de celuy
du Paſſage,on y perdit peu
de gens.
Aprés la reduction de Bere.
gues , l'armée décampa , &
pric la routedeFurnes , afin
de donner vn peu plus de
liberté à la garniſon de
Dunkerque. La reſiſtance
de.Furnes ne fur guere plus
longue que celle de Ber
gues. Le ſecond iour de
tranchée ouuerte , la place
ſe rendit, & nous en fuſmes ,
les Mạiſtres pour la troisou ..
quatriéme fois.
de Flandres en 1667. Or
Ce General n'en vouloir :
demeuré - là ; mais comme
il eſtoit ſur le point de mar
cher à Dixmude ; il receut
ordre du Roy de s’auancer à
Armentieres. Cetce place,
ſur le Lis, auoit acquis af
ſez de reputation du temps
du Mareſchal de Gallion ,
qui l'auoit fortifiée dés .
l'Hyuer de l'année 1645.
mais les Eſpagnols l'avoiết
ruinée depuis,en telle force,
que desle moisdeMay que
lė Roy eſtoit à Peronne, Ar- .
tagnan qui y auoit eſté en
uoyé auec quelques troupes .
y:entra commeil voulur, y.
62 Relation de la Guerre
ayāt meſme trouuele Gou
uerneur en repos dans ſa
maiſon. Le deſſein quiauoit
obligé le Roy d'y faire ve
nir le Mareſchald'Aumont,
eſtoic apparemment pour
faciliter le paſſage des vi
ures de la grande armée ,
pendant que le ſiege de:
Tournay durcroit ; car ce
furent ces meſmes troupes
là qui conduiſirent au Cáp
du Roy le grand conuoy
dont j'ay deja parlé.
Tournay cſtant rendu , le 2
1
dě Flandres en 1667.63
ne au Regimentdes Gar
des, pour commander dans
la place auec quatre Com
pagnies de ceRegiment,&
trois de celuy des Gardes
Suiſſes ; & pour Caualleric ,
trois Compagnies du Re
giment de faint Sierge ;
mais il fic loger toutes ſes
troupes dans le Chaſteau ,
pour décharger les Habi
tansdela Ville de l'incom
modité du logement des
gens de Guerre , & pour
montrer par là à ſes nou
ucaux Sujets, combien ſa
domination feroit douce.
La 28.du mefme mois,
64 Relation de la Guerre
tous les ordres pour la con
feruation de la place eſtant
donnez , il fit éloigner l'ar»
mée de Tournay &
; la fai
ſant marcher du colté de
Gand , chacun crût que.
que l'on alloit attaquer
Oudenarde ou Courtray.
Ceux qui vouloient qu'on
allaſt à Oudenarde, diſoient
que cette Ville, ſituée. fur.
l'Eſcaut à ſept lieuës au
deflous de Tournay , euſt é
tendu nos conqueſtes tout
le long de cette riuiere iuf-.
ques à Gand ; & que quoy :
quela place ne fuſt pas bo
DIG ,, eftant commandée du
de Flandres en 1667. 68
colté d'Aloft d'une fort
haute montagne ; neant
moins le poſte en eſtoit
auantageux pour trauerſer
par vne forte garniſon ,
qu'on y laiſſeroit, le con
merce de Gand à Bruxelles,
qui ſont les deuxplus gran .
des Villes des Pais -bas. Les
autres penſoient auoir plus
de raiſon , en diſant que
l'on alloit à Courtray
place ſur le Lis , d'aſſez
grande conſideration , de
puis que le Mareſchal do
; Gaſſion y eut fait baitir vne
citadelle, tenant également
en ſujettion , & la Flandre
66 Relation de laGuerre
Vyallonne , & la Flandre
Flamande . Cette opinion
eſtoit d'autant plus plauſi .
ble, que tous les priſonniers
qu'on faiſoit , diloient qu'il
n'y auoit dedans que 200.
hommes de guerre , & que
les principaux habitans de
la Ville conſultoient déja
pour ſe rendre , & ne fai
ſoient qu'attendre l'appro
che du Roy , pour ſe ſouſ
mettre à ſon obeïſſance ;
mais l'vne & l'autre de ces
opinions ſetrouuerent fauſ
ſespar l'cuenement; car l'ar
mée qui demeuroit cepen
dant campécà. Helchin, à
de Flandres en 1667. 67
trois lieuës de Courtray, à
quatre lieuës d'Oudenar
de, & à quatre ou cinq de
Lille , reuint tout d'vn coup
ſur ſes pas le 30. du mois; &
le Roy qui dés le iour pre
cedent en auoit détaché le
Comte de Duras, auec deux
brigades de Cauallerie , &
le Comte de Lillebonne
auec tous les Lorrains ,
auoit tourné fes deſſeins ſur
Doüay: Et ces troupes l’é
tant allé inueftir , toute l'ar
mée ſuiuit à grandes jour
nées ; de ſorte que le 2. de
Juillet, la placefut afficgée
de tous coſtez
68 Relation de la Guerre
D'abord le Roy voulut
prendre ſon quartier à Bar
bieres , village ſur la Scarpe,
prés du cheniin de Doüay à
Arras.; mais comme ce vil
lage eſtoit aſſez éloigné, &
qu'on crût que le liege
demanderoit vne circon
uallation , il ſe logea dang
la cenſe de la Motte, plus
proche de la ville & plus ai
ſée à enferiner.
Pendant que l'on mar
quoit les camps , fa Majeſté
qui auoit diſné au village
d'Eſquierchin , apperçeut
en remótant à cheual, quel
ques, ennemis.qui eſtoicno
de Flandres en 1667. 69
fortis de la ville , & qui s'é
toient auancez iuſqu'à vne
petite Chapelle à 7.ou 800.
pas de leur contreſcarpe.
Cela luy fit naiſtre. l'enuie
de voir leur contenance de
plus prés ; & ayant com
mandé à vne petite garde
du Regiment Colonel, qui
ſe trouua ſur ce chemin ,
de pouſſer ceux qui paroiſ
ſoient, & d'eſſayer de faire
quelques priſonniers,Ma
zel , Eſcuyer du Vicomte
de Turenne , & quelques
autres, joignirent cette gar
de qu’on fic follcenir par
deux eſcadrons des Gardes
70 Relation de laGuerre
du Corps ; & fans s'amuſer
à l'eſcarmouche , on pouſſa
droit à la barriere, derriere
laquelle les ennemis s'é
tant retirez , les noſtres de
meurerent ainſi expoſez à
tout le feu du canon , & du
mouſquet des aſſiegez. Il
n'y eut pourtant que deux
ou trois perſonnes de bleſa
ſez ,dont Leftang, Enſeigne
des Gardes du Vicomte de
Turenne en fur yn , & vn
autre nommé faint Rur.
Quelques gens de qualité ſe
déroberent auſſi d'auprés
du Roy pour eftre de cette
action ', ou le Comte de
de Flandres en 1667. 71
Soiſſons ſe trouua des pre
miers , auſſi bien que le
Comte d'Auuergne.
Il n'eſt pas difficile de
comprendre les raiſons qui
porterent ſa Majeſté à allies
ger Doüay , puiſque cette
ville eſtant dc fort grande
conſequence dans les Pais
bas, a fliſe ſur la 'riuiere de
Scarpe , à cinq lieuës au def
ſous d'Arras , propre à lo
ger vn grand corpsde trou
pes , & à faire de grandes
prouiſions pour la ſubfi
Itance de l'armée on ne
pouuoit faire de conqueſte
plus importante , & plus
72 Relation de la Guerrë
commode , pour aſſeurer 4
leurcompofitioneltant fai
te , ils ſortirent de la place
auec leurs armes , & leurs
drapeaux , ſans , &
furent auſſi conduits à Va
lenciennes. De ſorte , que
Doüay , qu'on n'auoit ia
22전 mais oſé attaquer pendant
vingt -cinq ans de guerre,
& apres le gain de pluſieurs
de Flandres en 1667. 91
batailles , fut pris en trois
jours , auec fon Fort qu'on
croyoit imprenable , à cau
fe des eaux & des eſcluſes
quipeuuent inonder la plus
grande partie des enuirons
du Fort & de la Ville. Le
Roy miſt pour commander
dans la place le meſme Af
premont qui auoit tant co
tribué à la Prendre , auec
huit Compagnies des Gar
des Françoiſes , & fix des
Gardes Suiſſes comman
dées par Sury , Capitainc
de ce Corps. Il n'y laif
ſa point de Cauallerie , à
cauſe que fa Maiſon , &
92 Relation de la Guerre
la pluſpart des équipa
Cour
ges des gens de la
s'y eſtoient logez , pen
dant que le Roy, qui par
tit pour Compiegne des
le ſoir du huitiéme feroi
ſon voyage .
De ſçauoir pourquoy, ſa
Majeſté quitta l'arınée, c'eſt
ce qui n'eltpasvenu iuſques
à moy ; : Ce que ie fçay,
c'eſt que beaucoup de gens
le fuitirent , dont quelques
vns ne jugerent
neceſſaire
pasqu'il fuſt
retourner
de .
Pendant tout ce temps -là,
l'armée du Marefchal d’Au
mont eſtoit toûjours des
de Flandres en 1667. 93
meurée à Armentieres , où ,
pour ne la pas laiſſer inutia
Ic , on auoit commencé
d'en reſtablir Tes fortifica
tions ruinées ;mais dés qu'il
jugea que de garni
le peu
fon qu'on y vouloit laiſſer,
y pourroit eſtre en quelque
ſeureté, le Mareſchal délo
gea delà , faiſant approcher
les troupes aux enuirons de
Lille, & vintcamper proche
de Hautbourdin , à deux
lieuës de cette place , afin
d'en reſſerrer la garniſon ,
. qui faiſoit tous les ioursdes
courſes, ou ſur nos Conuois,
ou juſques aux portes de
Tournay.
94 Relation de la Guerre
Pour incommoder enco
re dauantage cette grande
Ville , il fit mettre le feu à
tous les moulinsà ventqui
eſtoient à l'entour , dontle
nombre ſe montoit bien à
: so. ou 60.Ce qui ne pûts'e
xecuter ſansquelques eſcar
mouches , & lans que le ca
non des ennemis y eſtropiâr
toûjours quelqu'vn. Ce fut
ence temps-là que les Regi
mens di’nfanterie de Nor
mandie , & dela Reyne, s'é
tant rencontrez la nuit fans
ſe reconnoiſtre , ſe charge
rent;& l'on dit dans leCamp
du Roy qu'il y eſtoit bien
de Flandres en 1667.95
demeuré trente ou quarane
hommes tuez ſur la place.
Le 9. du mois, le Mareſ-
chal de Camp general eſtant
demeuré ſeul maiſtre de la
Guerre, leua le piquer de de
uant Douay, & alla camper
à deux lieuës de cette place,
proche vne Abbaye de filles
appellée Flines , ſur le che
min de Lille; & delà , l'armée
s’auança encore iuſques à
Coutice , à vne demy-lieuë
d'Orchies , ou l'on fit deſſein
d'attendre le retour du Roy .
Durant les is . jours que
l'armée demeura dans ce
Çamp , il ne s'y palla rien de
96 Relation de la Guerre
remarquable , les ennemis
n'ayant point de troupes en
campagne , & ſe conten
tant ſeulement de faire lor 1
5
r de Flandres en 1667. IIS
rent à fuir ſans ordre & ſans
reſiſtance. On les fuiuir
iuſques à la veuë de Lil
le ; Le Duc d'Enguien qui
fut des premiers , à cette
pourſuite fic bien voir en
cette rencontre , de mel
me qu'en toutes celles ou
il ſe trouua pendant la
Campagne , que la valeur
ne luy eſtoit pasmoins na
turelle qu'au Prince de
Condé ſon pere ; ſi bien que
de deux cens Maiſtres qu'ils
eſtoient commandez par
Macier, hommede reputa
tion parmy eux,il s'en fauua
à peine la moitié , le reſte
116 Relation de la Guerre
ayant
nier.
eſté tué ou fait priſon.
Le lendemain 28. de Iuil
let , l’armée décampa d'au
prés de Tournay, & paſſant
I'Eſcaut demie lieuë au def
fous de cette place , elle alla
camperà Herines,& leiour
fuiuant à Luperken , villa
ge aſſez proche d'Oude
narde.
Cette Ville, que l'Eſcaur
fepare preſque par la moitié
eſtant déja inucftie de l'un
des coſtez par le Comte de
Lillebonne auec les Lor
rains , & de l'aure par les
troupes que commandoiét
de Flandresen 1667. 117
Bellefons & Peguilin, qui
n'auoiene point encore re
joint le corps de l'armée,
depuis qu'ils en auoient'efté
détachez pour aller à Cour
tray , l'on voulutdés le ſoir
meſme ouurir la tranchée
de tous les deux coſtez ,mais
on ne l'ouurit que de celuy.
de Bellefós qui eſtoit arriué
le prensier, parce que l’In
fanterie Lorraine qui ,
comme i’ay dit , ſe trouuoit
la plus auancée, n'eſtoit ny
allez nombreuſe , ny aſſez
bien arméc pour entrepren
dre l'attaque d'vne place,
qui faiſoit aſſez bonne con .
u8 Relation de la Guerre
tenance , & qui paroiſloit
aſſez bien fortifiée, j'entens
pour lesdehors; car le corps
de la place nevaut pas grád
choſe. On remit donc la
partie au lendemain ; & on
laiſſa faire pour cette nuit
là , les Regimens de Cham
pagne & de Caſtelnau, qui
ayant ouuert la tranchée
par le Fauxbourg qui va à
Courtray, emporterent d'a
bord la contreſcarpe, & tra
uailloient déja à remplir le
foſſé , laiſſant à gauche vne
demy-lune que lesennemis
auoient abandonnée , quád
le iour d'aprés ſur les dix
de Flandres en 1667 , 119
heures , le Roy fit auancer
quantité de canons ſur yne
hauteur qui n'eſt qu'à vne
portée de mouſquet de la
place , & qui commande
dans tous les dehors de ce
coſté- là ( qui eft celuy qui
regarde le Brabant . ) Cette
bacterie, & meſme la plus
part des petites pieces que
les Regimens menoient à
la teſte de leurs bataillons ,
n'ayant ceſſé de tirer coucle
ipur , les ennemis n'oſoient
paroiſtre ; & craignant d'ê
tre emportez de force la
nuit ſuiuante , ils capitule
cent ſur les quatre heures
120 Relation de la Guerre
du ſoir; les conditions fu
rent , que les gens de guerre
demeureroient priſonniers.
Il s'y trouua quatre à cinq
cens hommes de pied , ſans
Cauallerie. Cette conqueſte
couſta peu de monde, &
l'on prit en moinsdevingt
quatre heures vne place,
dont Strada fait tant de
bruit dans ſon hiſtoire des
Païs-bas , & loüe extraor
dinairement le Duc de Par
me de l'auoir conquiſe en
deux mois. Les Regimens
qui attaquerent , n'eurent
qu'vn Officier bleſſé , &
quelques ſoldats. Il y eut
auſli,
de Flandres en 1667. 121
auſfi , du coſté du Roy vn
Volotaire bleſſé d'un coup
de fauconneau au gras de la
jambe , & de deux autres
coups demouſquet, en s'a
uançant à la ceſte du Faux
bourg pour voir les défen
ſes de plus prés. Il s'appel
loit Royecourt, & auoit eu
des emplois conſiderables
dans les gurres de Piedniot
& d'Italie du temps de la
Regéce de Madame Roya ll
le Ducheſſe de Sauoye .
Cette Ville, qu'on n'auoit
attaquée qu'en chemin -fai
ſant eſtant priſe , Tarmée
marcha dés le lendemain
F
122 Relation de la Guerre
deuxiéme d'Aouſt , & prit
le chemin d'Aloft ; le Com
te de Duras ayant eſté déta
ché dés la mefme nuit, auec
cinq brigades de Caualle
rie , & 1500. Mouſquetai
res , pour aller ſe poſter en
tre Bruxelles & Dendre 1
monde , & donner par là
de la jalouſie à ces deux pla
ces. En paſſant il fit ſommer
Aloft , qui ſe rendit apres
quelques coups de mouf
quet tirez ; car il n'y auoiç
dedans qu'enuiron trente
Caualliers qu’on tenoit là
pour donner auis de noſtre
marche .
de Flandres en 1667. 123
Il ſe trouua tant de Vo
lontaires auec ce détache
ment qu'ils formerent des
troupes ſeparées , & voulu
rent entreprendre quelque
choſe de leur chef:Leur def
ſein eſtoit d'aller entre Bru
xelles & Viluorde , pour ef
ſayer de prendre vnc des
Barques de paſſage , qui
vont tous les ioursd'vn de
ces lieux à l'autre , tout le
long d'vn grand canal : mais
ſoit que leurs meſures fuf
ſent mal priſes, ou quepaf;
my des gens ramaflez', il
n'y eut pas toure l'obeiffan
ce neceſſaire , l'entrepriſc
Fij
1
124 Relation de la Guer
ne reüflir pas : D'ailleurs,
pluſieurs autres partis fu
rent encore commandez
pour aller à la guerre , &
l'enuie de rencontrer les
ennemis preoccupoit celle
ment les eſprits, qu'vne
de ces troupes que condui
ſoit Chazeron , Lieutenant
des Gardes du Corps , en
vint aux mains auec vne
autre denosgens,perſon
ne ne voulants'expliquer,
ſur le qui viue , & l'on ne
ſe reconnue qu'aprés que
Royer Dubreuil , Capitai
ne du Regiment Colonel,
у eut eſtétué.
de Flandres en 1667. 125
Le troiſiéme du mois
l'armée alla căper à Hoch
ſtrate , village entre Aloft
& Dendremode : d'ou l'on
enuoya Truel, hommefort
entendu > pour recon
noiſtre la ſituation de cet
te derniere place , voir ſu
par vne ligne on la pour
roit enfermer , & ſi bes.
eaux , qui y eſtoient rete
nuës par des efcluſes, fai-:
ſoientvne grande inonda ,
tion .
Truel raporta que l'on y
pouuoit prendre des quar
tiers aſſez aiſément ,deſor:
te , quedés le quatriemele
F iij
126 Relation de la Guerre
Roy y fit marcher les pon
tós de l'artillerie , pour fai
re vn pont ſurl'Eſcaut, &
fit defcendre le long de la
Dendre , d'autres batteaux
qu'on trouua dans Aloft,
pour faire vn autre pont
ſur cette meſme riuiere. Le
lendemain cinquiéme, le
l'Eſcaut ſe trouua
pont de
fait à vn village nommé
Apels., qui clt éloigné de
Dendremonde d'enuiron
demie lieuë , audeſſus de la
place , & du coſté que l'on
vient de Gand : Mais on
employa à la conſtruction
de ce pont , tous les vingt
1
de Flandres en 1667. 127
Pontons qu'on auoit , &
ne s'en trouuant plus pour
faire yne autre Pont au
deffous de la Ville , & du
cofté d'Anuers , ou l'Ef
caut eſt beaucoup plus
large , & ou la ‘marée
remonte , beaucoup plus
haut , on fut contraiirt
de laiſſer ce chemin libre
au ſecours quipourroit ve
nir. Cependant le Marquis
de Bellefons ne laiſſa pa's
de paſſer ſur le pont qui
eſtoit fait,auec cinq briga
des de Caualierie , & qua
treou cinq Regimés d'In
fanterie, qui inueſtirent la
F iiij
128 Relation de la Guerre
place de l'autre coſté de la
riuiere ; & qui ayant ren
contré vn païs fort coupé,
& fort couuert, purent fa
cilement la bloquer de fort
prés , & ſe mettre en eſtat
d'empeſcher qu'elle ne fuſt
fecouruë par terre , de ce
coſté-là. 1
!
de Flandres en 1667. 169
Pour fóûtenir nos atta
ques , cinq eſcadrons mon
toient tous les ſoirs derriero
des épaulemens à la queuë
des trauaux , ſous le com
mandement d'vn Briga
dier , & outre ceux-là ona en
poſtoit trois autres vn peu
plus éloignez , & derriere la
ligne de contreuallation ,
pour s'en ſeruir au beſoin .
D'ailleurs la plus- part des
Volontaires qui cherchoiér
1
l'occaſion , s'aſſemblerent
les premiersiours de ceſie 1
ge , & reſolurent entr'eux
de former des efcadrons ,
donc yn ſe deuoit trouuer
H
170 Relation dela Guerre
chaque foir, auec la Caual.
lerie quiſeroit à la tranchée,
pour y ſeruir comme des
croupes reglées , ayant
meſme choiſi des com
mandans , qui eſtoient le
Cheualier de Rohan , Fol
leuille , Te Marquis de
Grignan , & le Comte de
Maré : Car on n'aprehen
doit rien que les ſorties des
Ennemis, s'illeur euſt pris
enuie d'en faire,veu le nom
bre de Cauallerie qui eſtoit
dans la place, qu'on ſçauoir
eſtre certainement de ſepe
ou 800.cheuaux , & d'allez
bonnes troupes ; & de l'In
A
3
de Flandres en 1667. 197
fanterie , ils en auoient aſſez
par le grand nombre d'ha
bitans qui ſe trouuoit dans
la Ville.
Mais ces craintes ne du
rerec que lespremiers iours,
& l'on ſveut dans la ſuite
du ſiege quele Gouuerneur
neur ( c'eſtoic le Comte de
Broüay ) ne ſe voyant pas
aſſez de troupes reglées ,
pour garder des fortifica
tions d'auſſi grande eſten
duë que celles de Lille ,
auoit fait mettre pied
terre à vnepartiede la Ca.
uallerie & que l'autre ſuf
fifoit à peine à faire les gar
Gij
172 Rlation de la Guerre
des neceſſaires & dedans &
dehors: car quoy qu'il fuſt
allez aimé des Habitans , &
qu'il pallalt parmyeux , &
parmy lesgens Guerre,pour
homme de ceur & aſſez
experimencé , il ne laiſſoic
pas de prendre garde aux
Bourgeois , qui accouſtu
mez detout temps à la doy
men
ceur de la vie , & à aug
ter leur bien , s'eſtonnoicnt 1
ou il y auoit le moins de
troupes ; car d'ailleurs ,
onne craignoit pas qu'en
partant de loin, ils pul
ſent venir iuſques à nos
lignes ſans qu'on en fuſt
auerty .
On auoit encore tous les
jours. d'autres nouuelles de
leurmarche. On mandoit
d'Ach , qu'ils s'en appro .
1
de Flandres en 1667. 233
la confiſtoit en trois cens El
0
pagnols naturels ou enui
ron , gens détachez de di
I uers terces , preique autant
23 de Napolitains , mais qui
十7 n'eſtoient pas de vieilles
troupes , à peu présmeſme
nombre d’Anglois,& p;
eſtre 150. Irlandois bien
faits , & qui anoient bica
mine devieux ſoldats. Ily
auoit,auec cela , vnc partie
du Regiment de Rache,
qu'on diſoit n'eſtre que de
fıx Compagnies , mais qui
faiſoient plusde 600, hom
mes ; ce qui fit croire, qu'é
tant compoſé de Vvallons,
234 Relation de la Guerre
comme il eſtoit ,la pluſpart
des Curlins dela Ville , ou
des nouuelles leuées , s'éo
toient miſes dans ſes Com
pagnies, joint qu'ilne pa
rut perſonne de cecte ſorte
de milice , quoy qu'on creût
pendant le liege qu'il y en í
auoit bien isoo .C'eſtoit - la
toute l'Infanterie , ſi l'on
ajoûte la Cópagniccu Gov.
uerneur , qui pouuoit bien
eſtre de 130. homes ; tout ce
la fut conduit à Ipre, par va
Exépc des gardes du Corps
auec 20. Gardes ſeulement;
Lc Córe deBroüay n'ayant
point voulu aller ailleurs,
1
1
de Flandres en 1667. 235
fondé, cómcic penſe , ſur ce
o qu'il couroit vn bruit dans
0 l'armée qu'on alloit encore
| attaquer cette place.
1 Pendant que la Garniſon
7 ennemie s'en alloit , & que
ý la brigade de Champagne,
-1 auec deux brigades de Ca
ualcric cntroient dans la
1
Ville ; ſçauoir, celle de Biſ
fy &tcelle deRon el,leRoy
é
auoi donn ordr e de faire
3
marcher l'armée, & de voir
t oyéde
s'il n'y auroit poinm
rencórrer celle des ennemis.
Il eſt à remarquer que des
quc $ . M. ſçeut quela place
deinandoit à parlementer ,
236 Relation de la Guerra
ſa ſeule inquietude fur de
ſçauoir comment il pour
roit joindre les troupes en.
nemies , pendant qu'elles
eſtoient enſemble. Aprés
donc en auoir conferé auec
le Vicomte de Turenne, il
fit marcher dés le Samedy
au ſoir le Marquis de Cre
, ec la Caualerie & les
quyau
Dragons qu'il cuoio zuec
luy : On donna aulli ordre
au Comte de Lillebonne,
qu'auec les Lorrains il fui.
uiſt ceMarquis le plus prés
qu'il pourroit:De ſorte, que
cesitroupes eſtant allées re
paiſtre à Menene , elles fu
de Flandres en 1667. 137
I rent le lendemain camper
oi au delà de Harlebec . Delà,
! ayant paſſé le Lis à Deinſe,
elles sauancerent iuſques
e ſur le canal de Bruges à
I Gand . Le Roy , de ſon
cofté , marcha dés le Di
- manche aprés midy, n'ayát
& fait que paſſer au trauers de
Lille, & n'y eſtant demeu
6. ré qu'autant de temps qu'il
li en fallur pour chanter le
• TE - DEVM : Aprés quoy ,
comme il eſtoit déja fort
tard , on ne pût aller cam
per ce jour - là qu'à trois
quarts de lieuë de cetteVil
· lc , & ce fut proche de l'Ab
238 Relation de la Guerre
baye de Marquette. Leiour
ſuiuant qui fut le Lundy 29.
on marcha de grand matin
pour aller camper à Harle
bec ,d'où les deux brigades
i de Caualerie , de Choiſeul
& dc Fourilles , furent en
core détachées auec le Mar
quis de Bellefons, pour s'a
uancer toûjours vers Gand,
en ſuiuant la piſte du Mar
quis de Crequy,& des Lor
rains, Le lendemain l'ar
mée paſſa le Lisa Deinſe,ou
le Roy prit ſon quartier, les
troupes fc campant ſur le
chemin parou l'on pouuoit
aller ſolltenir le Marquis de
en de Flandres en 1667. 239
cio Crequy , en cas qu'il cult
beſoin de ſecours,&la nuit
12 mémeon enuoya Podvvits,
Mareſchal de Camp , aucc
41 les deux brigades de Caual
lerie d'Artagnan & de Mó
tauban , joindre le Marquis
de Bellefons, Ce dernier
ayant fçeu que les autres
auoienc déja paſſé le canal
1 prés du village de Vinder
1 hout , à troisquartsde licuč
deGand » ſuryn des ponts
que les habitans du païsy
tiennent pour la facilité de
6 leur commerce,pritlemeſ
me chemin , & les trouua
. fampez en deux villages,
240 Relation de la Guerre
enuiron yne licuë & demy
au delà du pont: Le Marquis
de Crequy eſtant toûjours
le plus auancé de demy
lieuë afin de couper che
min aux Ennemis en cas
3
ſçay pas bien le party qu'il
voulut prendre en cette ren
contre ; mais il eſt certain
qu'vne troupe d'enuiron
100. cheuaux vint à la petite
garde du Marquis de Cre
L ij
244 Relation de la Guerre
quy , enuiron deux heures
apres minuit , & qu'ayant
ſeulement donné l'alarme ,
ils ſe retirerent .
Le Marquis de Crequy ,
qui toute la nuit auoit fait
demeurer ſes gens à cheual,
les fit ſuiure incontinent
par les 25. Maiſtres , & le
Cornette qui compofoient
cette petite garde, auec or
dres au Cornette de luy ra
mener quelques priſonniers,
ou de ſe faire prendre luy
meſme ; il fut aſſez heu
reux pour reuenir vne heure
apres auec quelques Caua
liers des ennemis , qui cires
En
de Flandresen 1667 245
ure
rent leMarquis de l'inquie
mie
tude où ileſtoit , de ſçauoir
quelles gens luy auoient do
nél'alarme ; ſi bien qu'ayant
fait marcher à l'inſtant mef
me toutes ſes troupes , jet
II
tant ſeulement deuant luy
܂ܐ le Regiment qui auoit la
mt
garde , c'eſtoit ce iour-là le
le Regiment du Roy , que
commandoit le Comte de
Torigny-Matignon , & qui
eſtoit le premier dela briga
de du Marquis du Rouvray.
Il n'eut pas plâtoſt fait vne
lieuë ouenuiron , en cét or
dre, qu'il rencótra trois trou
pes des ennemis, quifaiſoiét
L iij
246 Relation de la Guerre
tefte, & qui occupoient tout
le terrain , qui ſe pouuoit
prédre en ce lieu-là.Les Cou
reurs, chargerent d'abord :
Mais comme ils auoient af
faire à des géspoftez, qui eſt
vn auantage fort confidera
bleen des païs ſerrez , ils ne
les ébranlerent pas beau
coup , & letout fe feroit pal
ſé en eſcarmouches , li le
Marquis de Crequy n'euſt
fait mettre pied à terre à
cent Dragons commandez ,
par Ranqueil , quiayant pris
à droite & à gauche du che 1
1
de Flandres en 1667. 247
on
Ennemis , en ſorte , que luy
DUU
& le Marquis de Peguilin,
5 Cal
quiauoit eſté enuoyélà auec
du Maref
bo: quelques troupes
chal d'Aumont , le Comte
ni
de Torigny Te Marquis ,
du Rouuray , & dix ou
der
douze , ou Officiers , ou
Volontaires , qui ſe trou
uerent auprés d'eux , ayant
chargé la troupe qui rem
cul
pliſſoit le chemin,ils l'a ren
uerſerent; ainfi tout ce qui
re!
faiſoit teſte prit la fuite ; &
de
quelque effort que puſſent
faire les Officiers des Ennen
78
mis , il n'y eut pas moyen
20
d'empeſcher la déroute ; fi
ces
L iiij
248 Relation de la Guerre
bien qu'on les pouſſa plus
d'vne lieuë,aprés quoy ,quel
ques troupes firent encore
ferme ; mais ce ne fut pas
pour long -temps ; car elles
furent encore enfoncées, &
miſes en ſi grand deſordre ,
qu'on les ſuiuit plus de deux
lieuës, ſans qu'il y euſt per
ſonne qui tournalt teſte, que
quelques Oficiers qui paye
rent aſſez bien de leurs per
ſonnes; il y en eut beaucoup
de tuez , pluſieurs des plus
conſiderables furent bleſſez ,
& faits priſonniers , entre
leſquels ſetrouuerét le Che
ualier de Villeneuue,Com
L
Guer de Flandres en 1667 , 249
lapt miſſaire general de leur Ca
7,99 ualerie, le Prince de Salme,
enco :
utat pas le jeune Rhingraue, Vaude
ar elke mont, & pluſieursautres
Officiers , dont ie n'ay point
ées, &
Ordre ſçeu les noms ;زil y eut auſſi
deus deux paires de timballes pri
les , & trois ou quatre eften
Zper darts gagnez,auec beaucoup
e,que de cheuaux & de Caualliers,
aye: dont on diſoit que le nom
per bre ſe montoit bien à trois
coup ou 400. De ſorte, que les
plus Ennemis furent chaſſez iuf-.
eflez ques fur les terres des Hol
entre
landois. Nous y perdiſmes;
Che quelques gens , entr'autres;
31
l'Eſcuyer du Marquis de
L. Vi
250 Relation de la Guerre
Crequy. Gallay -Matignon
y fur bleſſé auec quelques
autres , & les Marquis de
Crequy & de Peguiliny eu
fent leurs cheuaux bleſſez
ſous eux.
D'autre coſté le Marquis
de Bellefons , qui , comme
i ay déja dit, eſtoit venu là
auec quatre brigades de
Caualerie
, voyant qu'il
eltoit à la queuë de touty,
& qu'apparemment en ſui
uant couſiours les autres , il
ne verroit point les Enne.
mis, nepouuant paſſer ny à
droite, ny à gauche , à cau-
ſe deshayes , & des follezi:
e) de Flandres en 1667 , 251
tiga voyant,deplus, que les En
elas nemis , dans le deſordre ou
Tuis ils eſtoient, ne ſe pouuoiene
рус. retirer qu'à Bruges, il laiſſa
plella aller les troupes de Crequy,
& les Lorrains; à la pourſui
arquis te des fuyards, & ayant fait
mK faire volte- face à celles qui
nul. le ſuiuoient- il prit vn che
de min à droit , & fic enuiron
deux lieuës , ſans rien ren
qu'il
Lout contrer ; mais alyant vn peu
lui. repris à gauche , il ne mar
es,il cha pas long - temps ſans
tomber ſur la piſte deMar
nya. cin, quiſe retiroit auecplus
Caus. de 3000. cheuaux , & qui
chi dés qu'ú. anoitveu la telte:
I vj
2
2: 2 Relation de la Guerre
de ſes troupes renuerſée,
auoit laifle le chemin libreà
ceuxquifuyoiét,d'ou repre
nant la route de Bruges, il
marchoir en aſſez bon or
dre , ayant laiſſe à ſaqueuë
les Crauates , & le Regi
ment d'Holſtein , en qui il
auoit grande confiance , aà.
cauſe que c'eſtoit vn vieux
Regiment ,, dont le Colo
nel , qui eſtoir Danois),
n'ayát pastrouué ſon cópte,
à feruir l'Empereur ,,auoit:
fait vn traité plus auanta
geux auec l'Efpagne L'ar
uant-garde de Bellefons
ayant atteint l'arriere- gar:
de Flandresen 1667. 253
!
de des ennemis , il les fic
charger par les Compa
gnies de la Reyne & de
Monſieur : La premiere
commandée par Villiers,&
l'autre , par Valſemé , qui
faiſoient la teſte de la bri
gade de Choiſeul, dont les
Coureurs ayant eſté d'abord
bié receus,n'oſoiét pafferyn
petit pont que les ennemis
auoient deuát eux ; mais peu ,
apres le gros de nos trou
pes eſtant arriué , ce Regi
ment d'Holſtein , quoy qu'il
ſe rallialt Touuent, & qu'il
loûtinſt brauemér les char
ges qu'on luy faiſoit,futen
254 Relation de la Guerre
fin , contraint de ceder , &
de fuir ; mais non pas auec
tant de confuſion , qu'il y
en auoit eu du colté dc Cre
quy. Il s'y fit toutefois ens
uiron 150. priſonniers , en
tre Teſquels il y auoit des
Officiers de confideration,
comme eſtoit le Lieutenát
General de la Caualerie ,
nommé Dom Antoine de
Cordouë , Ton gagna de
plus, quelques timballes; &
quelques eſtendarts. H y
eur de noſtre coſté quel
ques Caualliers de télez,par
ticulierement dedeux Có
pagnics de la Reyne, & da:
de Flandres en 1667.257
Monſieur, qui auoient toû
jours tenu la teſte de tout :
& des Officiers , la Salle ,
Cornette des cheuaux -le
gers de Monſieur , y fur
Bleffe.
23 Ces combatans ne furent:
Pas long-temps auxmains,
ſans qu'on en euſt des nou
uellesauCamp , dont Pra
delle ayant fait auertir le
Roy , quoy qu'il ne fuſt que
cinq heures du matin , Sa
Majeſté, quipourlors eſtoit:
à.Deinſe ", ſe troua plâtoft
à chcual , que la pluſpare
des liens n'en apprirent lo
3 fujęt; & prenant au grandi
256 Relation de la Guerre
galop le chemin quime
noit au pont du canal, à pei
croupe
ne ſes cr pess le purent - el
les ſuiure. En approchant
de ce pont il ſe mit à la teſte
de la brigade de Rochefort;,
puis s'eſtant remis quelque
temps au pas pour donner
le loiſir aux traiſneurs d'ar
riuer, il y fit alte , & y atten .
dit des nouuelles du Vi
comte de Turenne , qui
l'ayant déja palle auec les
brigades de Monclar & de
Desfourneaux, s'eſtoit auá
cé iuſques au village , ou
auoient campéles Lorrains,
pour ſolltenir. toûjours de:
de Flandres en 1667.257
plus prés, ceux qui en pour
roient auoir beloin . Mon
ficur , & preſque tous les
gens de qualité de la Cour,
& les Volontaires , eſtoient
de la partic; mais comme il
у auoit encore là vn fort
grand defilé, à cauſe d'vn
vieux canal , ſur lequel il y
auoit vn pont de pierre ,le
VicomtedeTurennen'y fic
pas paſſer les croupes, & il
y demeura,juſques à ce qu'il
eult des nouuelles aſſeurées
du Marquis de Crequy ; de
force qu'on y fut iuſques à
deux heures apres midy,
qu'on apprit par les priſon
158 Relation de la Guerre
niers qu’on amenoitdetéps
en temps , que les Ennemis
fuyoient toûjours, & enfin
que nos troupes reuenoient
à leur Camp. Cela fit que
chacun s'en retourna aupres
du Roy , qui eſtoit demeuré
fur le canal : ou apres auoir
deliberé quelque temps auer
le Mareſchal general , il
fût refolu de demeurer là
iuſques àce que l'on euft des
nouuelles certaines du Mar
quts de Bellefons, dont on
fut aſſez long -teps en peine,
n'eſtant reuenu qu'à la nuit.
La reſolution eſtant donc
priſe , de camper prochede
2 de Flandres en 1667. 259
del
Gand , le Roy y fit venir de
Deinſe 3000. hommes de
DICI
pied de la brigade des gar
des , n'y ayant là pour toute
Infanterie , que quelques
un
gens détachez des Regimens
de la Ricine,& de Sourches
201
que le Marquis de Crequy.
Lia
auoitauec luy, & qu'il auoit
diſperfez deçà & delà, ſelon
le beſoin .
des
Cependant, quelques vns
propoferent auRoyde faire
011
ſommer Gand , diſant que
C. cette grande Ville fe trou
1.
uant fans autre garniſon que
C d'enuiron 200.hommes qui
TE eſtoient dansle chaſteau ,&
160 Relation de la Guerre
voyantles troupes qui ve
noient à ſon ſecours, mal
menées , & preſque défai
tes, elle prendroit peut-eſtre
22
le party de la neutralité ſous
la protection de France ,
qu'on diſoit auoir déja eſté
propoſée par les principaux
deſes habitans ; ces melmes
perſonnes ajouſtoient,qu'il
falloit ſe feruir du temps ,&
ne pas negliger ces fortes
d'occaſions qui ſont rares :
qu'au bout du compte , il
n'en pourroit arriuer de
mal , & que cette tentatiue
ne preiudicieroit à rien ;
maisle Roy ne goûtaipas ces
deFlandresen 1667: 261
propoſiciós,& dic à ceux qui
luyen parlerent qu'il n'eſtoit
pas là en eſtat de faire ces
auances. On trouua neant
moins yn expedient qui fuc
approuué, c'eſtoit d'enuoyer
le Comte deChamilly aide
i
l
de Camp , qui, comme de
S
luy- metime , demandaft à
parler à quelques gens de la
Ville , de fa connoiſſance,
ne pouuant pas qu'il n'y
fe
cn euſt encore du téps qu'il
auoit demeuré en Flandre
auec le Prince de Condé, &
qu'il eſſayaſt ſous ce pre
texte d'entretenir quelques
Bourgeois pour leur faire
262 Relation de la Guerre
entendre quelle eſtoit l'in
tention de la Majeſté, taſ
chant de découurir quel ef
fet , auoit fait ſur leurs ef
drics,& la perte de Lille , &
la déroute de Marcin; mais
ce cómerce n’alla pas bien
loin ; car le Gouucrneur ne
voulutpoint laiſſerentrer
Chamilly ,ny ſouffrir qu'il
parlaſt à perſonneen parti
culier ; de ſorte , qu'il s'en
reuint commeil eſtoit allé ,
& lors on ne penſa plus à
la conqueſte deGand. Dés
le lendemain matin, qui fut
le dernier jour d'Aouft , le
Roy s'en reuint auec toutes
de Flandres en 1667. 263
1
les troupes à Deinſe ,d'où il
partit le premier deSepteni.
bre pour reuenir à Lille, laiſ
ſant au Camp le Mareſchal
1
general , auec qui il eſtoit
apparemment conucnu de
1
ce que l'armée dcuoit deuc
01
nir. L'on dit , dés ce temps
- là ,, que la reſolution eſtoit
1 de ne plus rien entrepren
i dre ,&de mettre les troupes
-1
en quartier d'hyuer , dés la
fin du niois d'octobre , le
plus que l'on pourroit,dans
les places nouuellemét con
! quiſes, afin de leur donner
E5 plus de temps pour ſe re
mettre des fatigues de la
264 Relation de la Guerre
campagne , quiauoit com
mencé de fort bonne heu
rc , & qui ayant eſté aſſez
rude ,à cauſe des grandes
marches que l'on auoit fai
res و, les auoit miſes en affez
meſchant eltati la plus-part,
aprésvnepaixde ſeptans,
n'eſtant pas encore bien ac
couſtumées aux incommo 1
ditez de la guerre.
Le Viconice de Turenne
demeura donc à Dcinſe : &
de Lille le Roy alla à Arras,
où la Reine l'attendoit.
D'Arras,leurs Majeſtez paſ
ferent à Peronne , & furent
de retour le 6. Septembre à
ſaint
2012
de Flandresen 1667 , 265
COM
faint Germain .
hes Cependāt le Mareſchal ge
E all neral ayát cu auis enuiron le
ando
9.ou leio. de ce méme mois
ei que lesEnnemis eſtoiét re
allo uenus à Aloft, & qu'ils tra
Park
uailloient à s'y fortifier , il
cans,
y marcha inceſſamment, &
en ac s'y eſtátrendu en trois trois
umo iours, ceux qui eſtoient de
dans n'ayant pas voulu en
enne tendre parler d'ouurir les
portcs , il leless fifitt attaquer le
fe:& jour meſme qu'il y arriua :
rras,
doit
& ſans faire de cranchées,
les Regime des gardes
zpalt Françoiles ns
& de Picardie ,
uren
breá auec quelques gens déta . M
laine
266 Relation de laGuerra
chez donnerent par deux
ou crois differens endroits.
Il s'y trouua plus de reſi
ſtance qu'on n'auoit penſé
& l'on y perdir aſſez demó
de particulierement du Re
giment de Picardic, qui y
cut 13.ou 14.officiers blek.
ſez , & bcaucoup de foldars
tuez. Des gardes:il y eutvn
Enſeigne de cuć., & quel
ques ſoldats , & Bartillas
Licurenant yreceutyn coup
de mouſquetdans le corps.
Les Enncmis ne laifferent
pas de ſe rendre le lende
main , & fortirent de la pla
Se auec leurs armes ſelon la
de Flandres en 1667.267
la capiculation . Inconti
nant apres , on trauailla à
i démolir ce poſtequi, en ce he
FIN.
i
3
PE