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L A ROC AMBOLE,
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SEPTIEME CHAPITRE
DU CilÉtUlS klÉ DES ROYAilîTif»
Des Vertus Royales-.
Outting fand
t M 1
NOUVELLES POLITIQUES.
•Coblent\ , 23 Janvier. — On attend le retour du
i Prince de Nassau pour savoir, ou plutôt pour de
viner l'objet de son voyage; car malgré toutes
les nouvelles que l'on débite ici journellement ,
rien ne transpire du Conseil des Princes , & ce
mystère , qui désole nos Politiques , est ce qui
m'enchante. Je les laisse beaucoup parler , & je
prends tout ce qu'ils disent pour des conjectures.
C'est ma folie. Pourvu qu'elle n'empire pas , je
n'irai pas encore faire un voyage dans la Lune.
N'est-ce pas Roland qui y retrouva , dans de pe
tites phioles , l'esprit de tous ceux qui l'avoient
perdu !
. En attendant la résurrection des miracles de la
Chevalerie , que tous les honnêtes- gens vou-
droient voir revivre , nous avons ici une héroïne
qui nous a ramenés tout-d'un-coup au temps de
Charles VII. Elle a cru probablement que le rôle
d'Agnès Sorel étdiî préférable à celui de Jeanne-
d'Arc , &. . .. heureusement que le salut de la
■France n'ést pas attaché à la conservation du bi
jou de Mademoiselle M*****, comme il l'étoit
à celui -de la Pucelle.
Autre lettre de CoBLENTt , même date.'— La
Compagnie n'est pas encore partie de fon can
tonnement ; nous n'allons plus à Dilembourg ,
quoique les logemens y soient prépavés , mais
dans à huit trois villages, à deux , trois & 4
"lieues de Coblentz. Il en part demain une partie,
ce. sera après-demain mon tour, si les ordres ne
changent point. Nous allons à Weisseim-thurm ,
village sur la grande route de Cologne, à une lieue
d'Andernacht , & vis-à-vis Neuwieth , cantonne
ment des Chevau-légers. Il n'y a que le Rhin qui
nous sépare. Vous voyez que nous sommes tou
jours dans l'Electorat de Trêves , & que jusqu'ici
le déplacement n'a été qu'un jeu.
SiTtlÀTION INTERIEURE;
L'Opinion publique change ën mieux d'un ins
tant à l'autre. S'il étoit poffible de l'ignorer , on en
seroit bientôt instruit par les hurlerrtens plaintifs
-de toutes les Jacobinièrës du Royaunfe. Il
n'est question que de leurs doléances , au manège,
& au repaire général de la Jaquinaille. Leur
frayeur égale presque leur férocité , & celle-ci
va toujours croiffànt. Pour l'alimenter , les mons
tres ne désirent rien tant que de s'abreuver dans
le s&ng des Nobles & des Prêtres. Né trompez pas
notre espoir, disent les Tigres Jacobites d Evreux
aux Tigres du manège -, soyeï toujours sembla
bles à vous-mêmes* Il est impoffible d'exprimef
un vœu plus atroce -, c'est celui des Euménider.
Mais, ce qui inquiète le plus les" Jacoquins ,
c'est l'émigration dés honnêtes gens qui; bien
loin de se ralentir , s'accroît tous les jours d'une
manière effrayante pour lès factieux ; auffi s'em-
preffent-iis de demander le rétabliffement des paffe-
port?. Tout est perdà sans cela , disent-ils , &
cependant les lâches affectent de braver & de
mépriser ceux contre lesquels on né saurait à
leur gré prendre trop de précautions; C'est ainsi
ique la Jacoquinitre de Dijon vient de faire ses
preuves de couardise. Celle de Besançon, non-
n: oins alarmée j expose tristement , que si les enJ
nemis viennent l'attaquer , il lui sera impoffible
de faire résistance , attendu que cette Ville manque
non-seulement d'artillerie. & d'autres munitions
de guerre ; mais encore que les fortifications
sont dans le plus grand délabrement, ses rempansj
sans parapets ; les tenailles sans formes ; les che
mins couverts démolis. Lé printems tout entierV-
disent les tretriblotans Jacquets , suffiroit à peine
£our réparer les fortifications de la place Se de
i .citadelle > U faut «spertr qu'avant cette épo
'( »48 )
que", les vériéf&btes frères auront bien d'autres
soucis : ceux de Besançon assaisonnent leurs do
léances de cris de fureur contre les fidèles Minis
tres de la Religion » &. en cela ils sont parfaitement
secondés par les intrus, qui écument de rage en
voyant le retour de l'opinion dans les Campagnes ;
en voyant , qu'à l'exception des Calvinistes
& des brigands qui peuplent les Jacobinières ,
tout le monde les fuit comme des pestes publi
ques , & qu'on leur attribue avec raison les
plaies dont la justice céleste ne ceife de nous frapper.
Ce n'est pas seulement dans l'ntérieur du Roy
aume que la Jacquerie se donne mille mouvemens ;
elle agit' avec la même fureur au dehors. L'en
chanteur Merlin mande de Douay , à ses com
plices de Paris , que quoi qu'il ait pu faire
pour corrompre les Brabançons , ils paroilTent
hésiter à lever l'étendard de la révolte. Ce fier
Régromam ajoute, qu'à Douai, les Patriotes
veulent la guerre ; pendant que les Aristocrates
la redoutent: & cependant il dit ensuite , que les
émigrations continuent , ou que plutôt elles vont
en quadruplant Ah ! pauvre Merlin , comme
la peur fait déraisonner.
Après avoir douloureusement promené nos
regards sur les fléaux dont la France est frappée ,
fixons-les arec une joie religieuse sur des objets
consolans. Le Quercy , théâtre scandaleux de
l'apostasie , offre un trés-grand nombre de rétrac
tations. Plusieurs personnes y ont ouvert les yeux
à la vérité. On écrit de Dijon, que la religion
n'avoit jamais été si floriflante dans ces contrées.
Le peuple se porte avec afFluence aux Eglises
catholiques , &. brave avec un courage héroïqub
la fureur des Clubs & des intrus. C'est sur-tout ,
dans la Ville -d'Apt , que le flambeau de la foi
brille du plus grand éclat ; la presque totalité
du Diocèse ne fréquente que les églises des Prêtres
t J49 )
non-sermentés. •—• Le Diocèse d'Jix & le Dé*,
partem.ept des Bouches du Pihûne , en proie à la
persécution, offrent des modèles de fidélité &.
de repentir le curé d'Assouis s'est rétracté ;
celui d'Orgon & son clergé l'ont imité. Les, ca-,(
tholjques entendent la messe dans les maisons-
La persécution a augmenté la ferveur des catho-.
liques d'Arles, qui «xercent paisiblement leur
culte. On compte dans le Discèse- de Bordeaux 40
cures vacantes par les rétractations des jureurs:
l'opinion y change* à vue d'œil ; le D'ocèse de
Tulle retrace la piété des fidèles de l'église nais
sante. Les habitans de ces heureuses contrées,
qui ont toujours eu le schisme en horreur, cou
rent en foule aux messes des 'prêtres non-assër-
mentés , & sortent précipitamment de l'église, dès
qu'un prêtre jureur s'y présente ; ce peuple fidèle ,
soupire en entier , après la fin des maux qui dé
solent l'église. On a ru des ënfans même résister
héroïquement à leurs pères entraînés dans l'etrear,
& souffrir îetirs mauvais traitemens, en leur disant,
qu'ils pourroient leur oter la vie, mais non la
religion. . . . Pères in fortunés , quel est donc votreA
aveuglement l Que vous êtes à- plaindre L
( & le nombre n'en est que trop grand. ) , ■
SABBATS JACOBITÈS.
foui la Clacheiifi de Frère Guadet*
t - . _ '.j
Séance s. des zz , & zy Janvier.
Tout le monde connoît l'adresse singulière de*,
Jacoquins à brissotter les lettres d 'autrui, & le gé
néreux civisme avec lequel ils bravent la peine,
<dës galères attachée à cet escamotage , il s eren d
même sur le pprte-rfeuille des morts. Or donc,
l'an quatre de ce brigandage patriotique & le 22
Janvier , arrive dans le Sabbat frère Manuel,
çriant à crève-oreille : victoire , victoire i — Quoif
qu'est-'ce donc f Léopold est-il lanterné , les émi
grés pendus , Louis XVI détrôné l — Pas touf-;J
àtfait encore ;* mais, en atteadant, je viens de fair'
la plus brillante conquête sur le despotisme ; j'a
saisi les Lettres originales , qu'écrivoit le grand
Mirabeau pendant sa détention au donjon de Vin,-
çennts , où il étoit retenu pour ses faits & gestes^
immortels. Les voici , les voilà; c'est aux CamisarcU
«3e la liberté que j'en offre l'hommage,'^ spua
le buste couronné de leur Patriarche, que je les
dépose. Admirez, mes frères, continue le conr.
quérarç Manuel, la magie du patriotisme ,
!
LEGISLATION.
AVIS.
Nous avons l'honneur de pre'venir nos Abonnis t
qu'à compter de> cet envoi , ceux qui n'auront
pas renouvelle leur Abonnement, ne recevront plus
notre Jeurna'. S'adresser au Directeur du Bureau , rue
Montmartre , No. 219 . près du passage du Saumon,
à Paris.
L A ROC AMBOLE,
O 0
^Vo^VELLES- POLITIQUES.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Les hommes qui gouvernent la Nation Fran
çaise sont parvenus à un tel degré de perversité,
que désormais ils sont inaccessibles à la crainte
du blâme. Qu'on ne s'étonne donc pas de n'en
tendre raconter que des faits déshonorants pour
ceux qui en sont les coupables auteurs & pour
la Nation qui les souffre & qui se laisse maîtriser
par de pareils monstres. C'est sans doute une
tâche bien triste que celle de recueillir des
vérités si affligeantes ; mais pour le bien de l'hu
manité , nous devons aux races futures le tableau
hideux des fureurs & des crimes qui ont pré
cipité la peuple le plus heureux de la terre, dans
ce gouffre effroyable de misère & de calamité.
Pour connoître ceux qui l'ont creusé eegauffre,
il faut soulever le manteau aux trois couleurs,
dont le Protestans couvrent leurs excès les plus
atroces. Suivonsià la lueur des torches incendiaires
les.traces sanglantes des victimes qu'ils pntjmmg-,
lées & qu'ils immolent tous les jours à leur fa
natisme. C'est à Nismes sur-tout que le protes
tantisme s'est livré aux plus horribles excès. Delà
sont sonis tous les comptais contre les Catho
liques & les Piètres. C'est dans Je Club de cette
Ville qu'ont été tracés les plans de» massacres qui
ontinoudéde sang la province de Languedoc & le
Comtat Venaissin. C'est-Ià que sont les protecteurs,
les amis , les frères & les complices des brigands
à' Avignon. lis s'agitent maintenant pour détruire
la vilie d' Arles , la seule dans leur voisinage ,
comme dans le royaume, qui jouisse d'une par
faite ti ànqu'dlhL Riibaud-Dupuy, frère du Député
de ce nom , qui est allé en Angleterre fomenter
le désordre &. le crime, met en jeu les plus-
infâmes" manœuvres pour faire fondre sur les
paisibles Arlesiens les fléaux destructeurs qui ont
ravagé Nîmes et Avignon, & comme les pertes
que les Protestans ont essuyées en faisant le siège
de Carpentras , leur font craindre celles qu'il»
feroient sûrement , s'ils osoient eux seuls attaquer
la ville à' Arles , ils demandent avec des cris de
rage que le Roi fasse marcher contre elle des
troupes de ligne pour en désarmer les habitans ,
sous prétexte qu'ils ont des projets de contre-ré-
voltuion. Pour donner quelque apparence de fon
dement à leurs déclamations, Rabaud - Dupuy ,
appuyé de Blanc Pascal, a fait intervenir deux
misérables , connus par leurs horribles excès contre
les Catholiques , l'un se nomme Guerin la déroute ,
l'autre Rocheblave. Ces deux monstres ont accusé
un Particulier de Baucaire , nommé Roustan, de
leur avoir propoié de s'enrôler pour la contre-
révolution. Mais ce à quoi l'on ne s'attendoit
pas , c'est que l'accusé se trouve être un brigand
de l'armée Avignonaise. Il faudra voir quelle
tournure les Rabaud, donneront à cette histoire.
Il n'est pas besoin de dire que les persécutions
C 165 )
des Catholiques ont recommencé de plus. belle i.
on les enlevé dans leurs maisons , on lei,
entasse dans les prisons avec les voleurs & le»
assassins. A Montpellier ce sont les mêmes tu-,
reurs. Les Eglises des Fidèles ont été fermées , &.
tas honnêtes-gens n'osent pas même s'y plaindre ,
de crainte d'attirer sur eux des malhaurs plus
grands encore.
A Marseille , les Calvinistes, aidés des Duprat ,
font les motions les plus violentes pour exciter
les révolutionnaires à voler à Avignon au secours
de leurs frères , briser leurs chaînes , & laver
dans le sang des Aristocrates , les injures faites
aurf braves brigands de Vaucluse.
Mais ce n'est pas au midi de la France seule
ment que le Calvinisme déploie toute l'atrocité
de son caractère. A Caen la persécution des Ca
tholiques est toujours la même.
Que les honnêtes gens ne se découragent cepen
dant point ; les Hugenots ne sont cruels & féroces,
que pareequ'ils n'ont encore éprouvé aucun revers.
Les méçhans sont toujours terribles dans la pros
périté; mais lorsque le jour de la justice luira
sur notre malheureuse patrie , on les verra pâles
& tremblaas , frémir à l'aspect de la vertu qu'ils
ont tant outragée , et rechercher les cavernes les
plus affreuses pour y ensevelir leurs crimes &
leur existence.
Thermomètre de Paris.
(0 4-8- a,.,
( x68 )
cabriolent dans le sabbat. Paix-là ! paix-là ! leur
crie Collot - Almanach , que l'on m'écoute. . . . J'ai
été chez M. le Maire de Paris en qualité d'am
bassadeur de la société, je lui ai parlé du licen-
ciment anti-civique des ci-devant Gardes Françaises
& du tendre intérêt que nous prenons à leur sort.
Ah ! Mes frères, le grand homme que M. Pétionl
Comme quoi il partage nos sentimens ! Comme
quoi, il aime les braves Gardes Françaises î II les
aime sandis autant que nous ! Je lui ai parlé de
la pétition qu'ils doivent présenter à l'Assemblée
Nationale 11 faut bien prendre garde aumoins
que le décret qu'elle rendra en leur faveur ne
soit pas sujet au Veto ; car, continue le ci-
devant Comédien de Gascogne , de toutes les
hostilités que nous redoutons , il n'y en a pas de
plus terrible que ce chien de Veto, — Fratres,
interrompt frère Hyon , excusez ma poltroimerie ,
ce n'est pas que j'aie peur.mais cependant je tremble
quand je songe que le Roi va avoir tout-à-l'heure
une garde de dix mille hommes. Si une belle
nuit cette garde bloquoit nos corps - de - garde
barricadoit les rues & s'emparoit de la Ville ?
Hem !'.,.,. Comme vous seriez tous pénauds !
Pour prévenir ce malheur, dit frère Doppet, mon
avis est que la garde du Roi soit composée de ceux
. qui ont renversé les autels de la tyrannie. Le
vénérable Danton ajoute que pour la réussite du
Jacobite projet.il faut que les Citoyens fassent
une insurrection d'opinion en faveur des Gardes
Françaises. Eh morbleu ! bavards impitoyables,
leur ait frère la Source , c'est battre l'eau avec un
bâton que de faire des phrases quand on est sans
le, squ ; occupons^nous des contributions , quei
presque personne ne paye ni ne veut payer. Le
général Robespierre dégoisoit quelques rébus sur
cet objet, quand frère Dufourny apperçoit dan»
l#s tribunes rftéroïne de la révolution , l'illustre.
ThÉroigne. Un cri de joie l'annonce aux saba-
tistes qui grimpent aussitôt aux tribunes, l'enlèvent
& la colportent au beau milieu du sabbat, où
après avoir hurlé un couplet en son honneur &
gloire , on lui fait jurer sur le buste de Mirabeau
de donner aux frères & au public son histoire
en détail , dans le prochain sabbat ; & ledit
jour advenu , frère hous calot annonce que ,
certaine raison empêche la Signora THEROI
GNE de remplir à l'inftant sa promefle , mais
3u'elle se livrera dans quelques jours auxpétula,ns
ésirs de la Jaquerie. Frère Billaux de Varennes,
enfile un éternel discours sur le danger d'aftaquer
les ennemis , il exhorte la nation à se méfier du
Roi , des Ministres , des Généraux , de toutes les
autorités enfin, & il termine , en avouant fran
chement que l'ambition & l'intrigue martyri
sent la patrie. Enfin frère Manuel persuadé ,
comme il le dit, que le Roi a besoin de ses
conseils , lit une lettre qu'il vient de lui écrire
ffcdontvoici quelque fragment : « SiRE,,/'tr n'aime .
point les Rois , ils ont fait tant de mal au
monde mais puisque la Constitution
qui m'a fait libre, vous a fait Roi, je dois vous
obéir. Vousdevej vous soumettre à la loi . . . En Ci-
toyeiï ,je vous adreffe quelques vérités-. ....... Le
peuple malgré vos sermens , s'attend tous lesJours
à votre départ. Mais il sait que le trône desFran-
çais ne s'emporte point. .Vous avej un fils ; puisque
la France n'est plus a vous , il est a la
france \elle doit l'élever pour elle. Demandejvous-
même ce qu'elle auroit dû ordonner; que cet enfant
qui sera un jour trés-etonné de trouver 25 millions
d'hommes dans la succejfion de son pere , soit con
fié à un Jaçobin du faubourg St. Marceau. ... si
vous causiej tvec lui , il vous dégoûteroit de la listé
civile, qui jusque dans votre main est le ver ron
geur de la liberté . . . SI VOUS ETES UN
C *P* )
HOKNETE HOMME Ici l'indignation non*
fait tomber la plume des mains' ; un Jacobin
seul ou un échappé des petites maisons peut avoir
l'insolence de mettre en problème la probité de
Louis XVI.
MÉLANGES.
Lettre au Rédacteur de la Rocambole.
La Rochelle le 28 Janvier 179».
Le Régimèntde la Sarre, mon Révérend Dont
Regius Anti-Jacobinus , vient d'être renvoyé de.
notre Ville pour un pet. Vous riez peut-être
du mot , mais la chose a grandement fâché la
Garde Nationale ; et voici comment : un Dragon
de la Sarre buvant bouteille dans un cabaret avec
cinq ou six de ses camarades , fit un pet en
présence de quelques Gardes Nationaux. Ces
MM. que l'on appelle ici la fuyante bleue ;
indignés de cette irrévérence , en firent des re
proches à l'impudent péteur. Celui-ci prenant le
parti de son derrière auquel il paroît chaudement
attaché , répondit que tel étoit son usage lorsqu'il
se trouvoit dans la taverne ; la dispute s'échauffe»
on se dit de gros mots -, bref , on convient de
se battre. Sans doute un pet , tant gros qu'il fut »
ne mérita jamais qu'on se coupât la gorge, car,
à en juger philosophiquement , autant en emporte
le vent. Mais avec les lunettes de l'honneur
Welche ; on voit bien différemment ! Nos champions
se trouvent au rendez-vous. On ne se battit cepen
dant pas , parceque la pensée d« la mort , si
salutaire à un Chrétien , frappe vivement l'ame de
l'improbateur du pet. Le Péteur improuve à
son tour la pacifique conduite du Gard» Na
tional , & lui donna,, dit-on , quelques soufflets
ou des croquignoles. Beaucoup de gens croyoient
( *7* )
que cette tragi-comique aventure s* temineroît
là. Point du tout , la Garde Nationale qui
ressemble à un enfant gâté , dont l'usage est d'aller
raconter tout à la maman pour faire gronder ses
frères , court instruire la maman Municipalité
ce qui s'étoit passé. Ce tribunal voulant prévenir
les suites du délit ventilateur, ordonne grande
patrouille et illumination pendant deux nuits.
Cette sage précaution contient l'ordre public ,
ainsi que les derrières du Régiment de la Sarre.
mais pour assurer davantage encore la tranquillité
de la Ville , l'en demande & l'on obtient le renvoi
de la Sarre , enforte que l'on peut dire que ce
pauvre diable a été revoyé comme un peteur.
Je vous prie, Mon Révérend , d'insérer cette
anecdote dans une de vos feuilles , afin de pré
venir tous les Citoyens actifs ou passifs de l'em
pire, qui auroient occasion d'aller à îa Rochelle,
de s'abstenir de péter devant la Garde Nationale.
Je joins ici une Chanson composée à l'occasion
de cet événement , par un Grenadier du même
Régiment , sur l'air : Du haut en bas.
LA ROCAMB0LE,
;NÔtJVEtLËS POLITIQUES.
RoME. i 8 janvier 1792. — Les Feuillass ne sont
p!ts moins le; ennemis de l'Eglise, que les Jacobins j
les plus basses manœuvres ne leur coûtent rien pour
mettre les Etats du saint-Siége en insurrection. U
est prouvé que ce sont les Feuillans & non les
Jacobins qui ont occasionné les" troubles qui Sont
arrivés daas 1» YiUe de Fano, I>«t Chefs de»
Emeutes sont arrêtés ; mais la fuite a sauvé le
Mpteur du désordre. Ce Moteur est un Prélat
de. la trempe dei'ex-Éwque d'Au.'. . Cet homme,
indigne du Ministère Sacerdotal , étoit en rela
tion avec les Révolutionnaires de France qui
gouvernent maintenant ce Royaume au nom du
Roi. Ah ! cela feul doit suffire pour démontrer
la captivké du fils aîné de l'Eglise.
Berlin, 2^ Janvier — Si les basses intrigues
du Manège de France ne réussissent pas mieux
au, cabinet de Vienne & à la Diète de Ratisbonne
qu/auprès du Roi Prusse, vos Factieux n'ont
qu'un parti à prendre, qui consiste à choisir l'en
droit le plus profond de la rivière , s'y préci
piter, & jt rester tranquilles jusqu'à ce que le
Diable vienne les y chercher. Ce parti est
violent, j'en conviens; mais si vous consultez
M. de Ségur , il vous dira franchement qu'il n'y
en a pas d'autre. Cet Ambassadeur constitutionnel
s'étoit vanté de débaucher plusieurs. Régimens
Prussiens , & de gagner la Cour de Berlin , pour
îa révolution , en distribuant dè l'argentaux Cour
tisans & aux Soldats, comme on distribue des
^assignats aux Sar.s-Culottes de Paris. Il comptoit
beaucoup aussi sur une Dame qui jouit d'un
trè-i-grand crédit à la cour. A l'égard du Prince-
Ministre , il nefalloit, disoit-il , que des flagor
neries pour en être maître , & M. de Segur
avouoit qu'il h étoit pas avare de cette monnoie.
Quel dommage que cette belle mandeuvre n'ait
pas réussi î elle eut immortalisé son auteur et
l'eut placé à côté de Sinon. CO Malheureuse
ment la princesse d'Orange en connoissoit le plan»
Thermomètre de Paris.
On sait avec quelle fureur les Protesfans du
midi s'agitent pour l'exécution des plans destruc-
leurs quejeur a laissés l'homicide Rab. . . . avant
son départ pour l'Angleterre. On sait que le sang
c c tï«^ >
SABBATS JACOB1TES.,
Des ier. 6" 2 Février.
Sous- la clochette de Frères GuADET &
Broussouet. . ,-
-' . . , *
Une grande vérité est échappée au Révérendis-
sime Manuel , dans le Sabbat du 30 Janvier , c'est
que notre Constitution n'est pas la meilleure du
monde , ( voilà ce qu'on appelle lénifier le mot )
mais le cher Frère s'en console, à l'aspecl des
salutaires malheurs qu'elle fait fondre sur nous ,
& qui formeront la Nation ; il sait que la vertu
s'épure dans le creuset^ de l'adversité , & pour
placer les Français dans le périgée du bonheur,
Frère Manuel les invite à envoyer faire sucre
tous les accapareurs de cette denrée , comme
firent les Myladis de Londres il ya. quelques années,
et à s'en sevrer entièrement. Manibus et pedibus
descendo in tuam sententiam, s'écrie frère Louvet ,
oui docte Manuel , comme vous ie contiens qu'un
peuple ne peut être vraiment libre en mangeant
du sucre. Que ceux qui le vendent et ceux qui
en achètent s'aillent donc faire sucre au gré de
vos désirs. C'est ainsi que les Anglais traitèrent les
Américains qui vouloient leur vendre du thé , trop
chèrement: ils renoncèrent à cette boiflbn , 'et sans
ce généreux sacrifice , c'en étoit fait de leur liberté,
- ils ramperaient aujourd'hui sous le plus affreux
déspotisme. Nos femmes mêmes , poursuit le véné
rable frère , qui aiment a(fez les douceurs , renon
ceront volontiers à celle du sucre , en faveur de la
- liberté ; eh! que ne souffriroient-eiles pas pour être
( )
libre?? N'ont- elles pas déjà donné leurs bijoux, cîe
- grand coeur! Jurons donc Fratres, jurons de renon
cer au sucre , jusqu'à ce que le pauvre peuple ,
que nous aimons tant , puiue l'acheter à ao sous la .
livre. Tous les frères se lèvent à l'instant, et con-
«eritent , que !e Diable les emporte avant le temps
fixé, s'ils usent désormais de sucre. Les habitués
des tribunes, payés pour hurler avec les loups, font
auffi le même serment, et l'on décrète à cul-levé,
que la délibération anti-sucrée sera imprimée , affi
chée sur le; murs de Paris , pour y capter l'admira
tion de ce peuple falot, affez. simple pour croire
aux vertus des Jaquets et à leur amour pour
lui. — L'illustrissime Thcroigne de Méri~
court s'est enfin livrée aux pétulans désirs de la
Jacquerie, «'ans le Sabbat du if. de ce rhois,
& sa grande Histoire a grandement ébahi les
Vénérables Frère?. Perchée sur les Tribunes aux
harangères , l'héroïne de, l'expédition des 5 Sc-.6
Octobre y a dégoisé l'iliade des persécutions
qu'elle à essuyées dans les Etats de l'aristocrate
Léopoîd , cù un décret au corps lancé contre
elle par le Châtelet de Paris l'avoit forcée de
82 réfugier. Emprisonnée par ordre du Despote
Germanique , ses Geôliers lui ont fait boire*
jusqu'à la lie, le calice de la tyrannie ; mai
l'infortunée victime du despotisme Allemands.
; va s'en venger par une diatribe brûlante, qui
.fera trembler Léopold sur son trône, &. sécher
de frayeur les Anti-rJacoquins. — Le Président
'du Sabbat a complimenté la chère Théroigne à
peu-près dans ces termes : Celebenima Signora,
astre brillant de la révolution; vrai Prototype
de patriotisme , Citoyenne immortelle & digne du
Panthéon ;. vous connoissez mieux qu'une auUe
le tendre intérêt que nous prenons aux souffrances
des Apôtres & des Martyrs de la Révolution ;
votre amour pour elle est un titre certain à notre
( i85 ) . %
estime. Ah ! toutes les fois qu'une Grâce comme
vous s'offrira à nos regards, bariolée des vertus
civiques, elle excitera notre enthousiasme y &.
nous fera tourner la tête. Allez , étoile polaire
de Targinette , courageuse Jacquette ; allez ,
parcourez foutes les Ja; uquinières de la France',
& racontez-leur, comme vous venea de le faire
ici , tout ce que vous avez dit & souffert pour notre
sainte Liberté. — Qu'ils éroferit bêtes nos Pères ,
interrompt ie ga!ai',tMa/ti«i,de mettre en problème,
si les femmes avoient une amè T(t) Un doute
aussi saugrenu étoit bien digne du siècle de
l'esclavage ! S'ils avoient savouré comme nous le
miel de la liberté , ijs auroient sçu qu'il est
aussi facile à la Nature de créer des Porcie que
des Scôvola , & la première Amazone de îa Li
berté , ici présente, en est la preuve. Je demande
que, Présidente de son sexe, elle siegv , aujourd'hui,
côte à côte de notre Président. Et à l'instant notre
héroïne se met à califourchon sur le trône de*
Jacquets, qui s'écrient en Chorus.
Ali! le beau couple qu= voilà c là , là!.
— Arrive le Révérend Bannier , qui, d'un ton
larmoyant , dit : Frères , suspendez ce bruyant
bavardage , lors du massacre du Cliamp-de-Mars ,
im des Héros de cette journée y fut écharpé pour
la cause de la liberté ; vous le vites tout ensan
glanté au bas de cette tribune, & vous jurâtes
de ne point l'abandonner. Le pauvre hère, «s- *
tropié , sans pain , ni feu ni lieu , réclame l'effet
de vos promesses. ... Le voici en propre origi
nal ne variemr. Ha ha ha ! hi hi hi l s'écrient en
sanglottant les Pères du Sabbat, et ceux qui ont
« ■ ■—1—. •> ■ 1 'i
(i) L'Orateur n'eotend parler sans doute que dos
dignes pères de la Race Jacobltê.
( t86 )
. des culottes y cherchent de quoi secourir le mal
heureux Athlète du' Champ de Mars. Voici venir
ensuite l'énerguméne Carra , qui vomit contre
le Roi , la Reine , les Ministres , l'Empereur Se
tous les gens de bien , un torrent de calomnies &
de blafphêmes , bien dignes de son ame scélérate.
Jïous nous garderons bien de souiller nos feuilles
du détail de ces excécrables horreurs. — Frère
lé Gendre déplore, dans le Sabbat du a, 1©
triomphe du vertueux Ministre de la Marine ,
et la honte des Jacquets vaincus par les bons
Citoyens. Qu'ils ne s'y trompent pas , poursuit
le forcené, si les amis de la Constitution & de
la liberté mettent une fois le glaive à la main,
ils ne U remettront dans le fourreau qu'après avoir
vaincu , £• le temps n'est peut-être pas loin , où ils
prendront cette décision, . . . Il faut que la foudre
de la Liberté éclaire l'univers et renverse les trônes
qui ont foulé les Peuples. Ainsi donc , ce Canni
bale ne cesse de prêcher dans leur infernal re
paire ,1e régicide , l'incendie , le carnage , & d'in*
timider,par la terreur, les nombreux ennemis de
leurs attentats.
Mais qu'ils sacbtnt , à leur tour , que le peuple
si long-temps trompé, si long-temps victime dè
leur bipoci isie , commence à ne plus voir en eux
que des factieux , mille fois plus redoutables que
ces despotes , qu'ils ne cherchent à. renverser de
leurs trônes , que pour s'y affeoir însoiammenr et
écraser ensuite ce même peuple sous le poids de
leur tirannique domination. Le reste du Sabbat
9 été consacré à discuter si l'on ne dénoncerait
point les Rois du Manège qui ont voté en fa
veur du Ministre de la Marine , & il a été arrêté ,
sur la motion de Frère Dubois décraffé , que la
liste des ministériels & des anti-ministéiiels, qu'il
a faite lui-même , serait imprimée &. envoyée à
toutes les Jacoquiniéres de France,— Le Sabbat
: ( **7)
t'eft enfin terminé par le récit qu'a fait à sa
manière, le vénérable SYLLERI , du suicide rare
de M. de Segur , Ambaffadeur National en Prusse,
qui,pendant quelque^ minutes,n'avoit pas.crudevoir
survivre au mépris marqué du Monarque Prussien
& de la Reine. L'auguste frère a très-Jaçobini-
quement observé , que le Roi de Pruffe ne se
montreroit pas aujpi insolent envers les Àtnbas*
sadeurs Français, s'il ne se sentoit appuyé par
la cour djes Tuilleries. Nous ignorons qgel est
îe point d'appui <J'un langage aussi impudent,
MÉLANGES.
FABLE, ■ \
Le Renard et le Poulailler.
On conte que certain Renard ,
Non pas de ceux qui vivent au hasard 4
Dont la chétive destinée
Est de viyre au jour la journée,
Et souvent de mourir tle faimj
Mais un Renard beaucoup plus fin ,
Tel que pour leurs grandes affaires
En ont par fois député ses confrtres.
Aussi la Chronique pre'tend
Qu'il e'toit Gascon ou Normand.
Celui-ci donc , d'une ménagerie
' Trouvant ouvert le volet ,
S'y glisse finement, & l'animal adroit
Fit tant par sa flagornerie,.
Son ton insinuant > son air de pruderie ,
Qu'il obtint d'être écouté
Par la volaille imprudente.
Le voilà donc qui prône à ce Peuple hébété
( >8) )
, ' : Les charmes de la Liberté. >
Nous admirons , dit-il , cette humeur pStiente>
Qui vous l'a fait sacrifier ,
îour quelques grains de mil , ou d'orge
Que vous jette sur son fumier
Un fier Tyran qui bientôt vous égorge.
Tandis qu'il en est temps encor ,
Prenez un généreux essor-;
Fuyez , sortez de ces maudites cages
Et venez avec les oiseaux ,
Vos semblables et nos égaux ,
Respirer l'air des verts bocages.
Là , vous ne trouverez ni guichets, ni barreaux ;
Point de gêne, point de contrainte:
Sur-tout point de ces estafiers,
Que l'on appelle cuisiniers ,
Et que vous ne pouvez envisager sans crainte.
Remarquez que ce Peuple étoit content, heureux
Heureux autant que peuvent l'être ,
Dans ces bas lieux- .
Des animaux que le souverain être
M'a pas créés pour l'immortalité.
Mais l'amour de la liberté ,
L'attrait des maximes nouvelles
Que débite avec art l'orateur captieux,
Et l'ennui d'être bien , 8c l'espoir d'être mieux ;
Peut-être encore l'ire des Dieux,
Echauffe tellement ces mobiles cervelles;
Que tous criant, battant des ailes .
Sans aller seulement aux voix ,
Avec leur Patelin s'enfuirent dans les bois *
Les Dindons faisant l'avant-garde
Arec leurs frères les oisons.
( iV)
Qui contre l'orateur se tenant moins* en garde ,
A voient plus sottement écouté ses raisons.
Mais à peine arrivés au pays de franchise ,
Ces pauvres animaux surpris
De se voir entourés d'un inonde d'ennemis,
Sans Gardiens Se sans Patrons,
Périrent tous dans la même journée ,
Victimes des Renards gloutons , : ■ '
De la Belette & des Entérinons ;
Déplorant, mais trop tard, leur triste destinée;
Et regrettant d'avoir , contre toute raison ,
D'un Novateur perfide écouté la leçon.
" é ' < ■
• r *
Soyons ce que nous devons être :
Maître, celui que le ciel a fait Maître ;
Gros Jean , celui qu'il a fait un Gros Jean;
C'est le moyen- que chacun soit content.
• LEGISLATION.
LA ROC AMBOtEv
ou
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉPIGE PAR DOM RÉGItiS AftTI - JACOBINL'S,
f 0 " • 1 ' * . 5. _ .
l'c ' « Vhe Foi, line Lt», uil
' Roi ». ~~
s/.: •.
SECONDE' PARTIE
€*»-*••"» Du Cathéchisme des Royalistes.
M ,)
Matther.Flînt , Qiré de Menil-le-Roi , diqcèfe.de
Chartres, Moufîis, premier" Vicaire àè''Sdini~îftéryt
'JLschesne &. Traîneau, ordonnés par lés Évoqués
*i«trus â'Evreux & a Ângoulcme. Onnç ptut Jîte
"Sans être 'vivement ému , la lettre édifiante de
*'c"es derniers à 'leur véritable Prélat. Ils y dé
florent l'ordination sacrilège qu'ils ont reçus ^
"Se 'déclarent indignes des fonctions du •ministère ,
et se soumettent à foute la rigueur des peines-Can6-
" éiques. Les Curés inîrus de Paroisses de Bailiiert,
de la^gra/tde 'Combe , diocèse "de Béshnron ; de
* Viviers-'les-Offroiçûarr , départent etis de* ''Voîgès*
Sditt-'Jean des Vaux , & de Sauit-Marthixhi
.Tartre y diocèse de Ckâjons , viennent aussi dé
"réjouir l'Eglise par 'leur retour. 1 ,
Thermomètre de Pans. • ".*••• ' ,
. . ; ■
. .; Une agitation idçs pltis.j'iolentes tojîonente îes-
• Jacobins , les-Fjeuilta,nsJ&. les Calvinistes de la
i .Capitale ; c'est, celle de i' Etna v prstbà-- vqnm--'<%s
torrens de Jave enflammée. Les iioijnètas %eei ,
-*E jRôi sùr-tout'-.SQnt menâtes des. plus affrêuses
j exécutions. On fqcge des piques dans: presque
: tous les. quartier , de Paris ,-•& pour ainsi dire
: sous les yeux de la.Municipalité , sans.que celle-ci
- prenne les moindres mesures pour prévehir les
horribles excès auxq! elsli Jacquerie se prépare ,
i avec des élans de fureurs & de rage , qui devraient
. faire frémir les administrateurs de la chofe pu
blique, si le bonheur public étoit ce qui leur
. tient le plus à ceeur. v
Les Feuillans non-moins dangereux. -que leî
. Jacobins , teeoriùear les vues de leurs riraux par
leurs ralçmieuse> déclamations confrér ies Prêtres
• : noo-asf>ermentés. II. sont, désolés du mauvais -suc
cès de leurs manceuvres au dehors. Ils croyol&nt
faire adopter le système des deux chEmbres, &.
ie ménager par*là un aeccJimîoctement..avec les
Prjnçes , mais. ce-projet a été rejette.; Ce qui. achève
maintenant de les abattre, c'est la bulle d'ex
communication du Chef de TEglise , dont sont
menacés les Prêtres intrus , qui va réduire en
Soudre la Religion constitutionnelle , &. avec:
ile toutes les espérances des factieux^ Amen.
L A F R AN CE RÉ GX.rIr É E.
E -X P i l.C.A ï I .0 N.
Le Trône renversa. — La Justice à,._as. —tl-ft Loi e
Me Roi de côr<5. —<Le-,ïeu aux quatre .«oins.. — ht
France dans le -,j>lu?Mgranà^ei,«rrft ï. ,\
( *<M )
Le sienr VlLLET . . perroroi*
Et l'auditoire qui bailloit
Enfin lui tourne le derrière :
' Botte Deus ! dit le Frater ,
Ouvrant largement «a paupière ,
L'audkoire a cru m'attraper !
EPIGRAMME dë Jules César Scâeigkk,.
contre la République d' Athènes*
Vutla est , puto , rèspuhUca natiove vert» ,
Cbmmentitia tJtctavèvQgitaifone, * *
Jiut siuthifi *m nequiuâ attieâ. prierai^- '
Jta'consiliis flagitiisque demagogos
Tetris nuvigcrsm excruciassc cerna plebemi
Fecem pelagi turbine turbulentiorem,
Justos opibus , patria et exnisse v/m.
Un Prélat de l'Eglise Catholique de France
trpuve la contre-révolution clairement prédite
dans ces mots ; Gloria in exelsis Dep , &• im
terra pax hominibus bonat voluntatis. Ils sont
composés de 54 lettres, dont 18 forment les
ehifires romains ci après.
M. DCLL. LXXVVV1IIII. II.
1 \7 9 ''V**.
L'on trouve, dans la totalité de ces lettres ,1e*,
pHrases suivantes :
k -Dix-huitième seiécle» .. ;
' Année bissextile ,
Règne de Louis Bourbon XVI»
Contre-révolution ,
* Grande victoire remportée', • ■■<' '
, 1 Assembko Natianiila dissoutes " ■
( *05 >
^.établissement du trône
Couronne rendue au Ro! ;
Triomphe de la religion.
Persécutés Venges, , .
Parlemens rétablis;
La Noblesss rétab'ie ,
Nouvel'* constitution abolie»
. , .' ,'■ ïntfas chassés.
Le Clergé rétabli ,
Arrêt de mort prononcé,
Grands scélérats punis ;
Maison puissante éteinte.
Régénération totale.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois*
Séances des 7,8, #9 Février. Suite di '
( *oS )
lions. On voit 4ue le patriotisme, est tfén. tîèdèr
<)ans ce fortuné Reyauihe. L'8fét>page très-em
barrassé des moyens , d« completter l'aimée a
décrété une amnistie, en"îiave'ur de tous les dé
serteurs qui rentreront en rjance dans là présente
année, f Autre lésion def- Décrets , concernant
l'ordre du travail des commissaires delà compta
bilité &c. . . Leur traitement à éîé fixé à 600© liv\
Après une longue & bruyante discussion , nos
monarques ont décrété le 9 , la saisie des biens de1
tous les émigrés, qu'ils ont mis-sous les augustes
mains de la Nation. Voilà qui leur apprendra1
d'avoir quitté cette terre de délices pour aller
vivre dans celle du Despotisme. Cômbièn*plu*
sages ont été ceux ^ qui ont mieux aimé se faire
«gorger , manger par les antropopimgei Nafio-»
naux.fjue de fuir leur tendre Patrie l Le Minisfre
des affaires Etrangères a notifié qaçlsLandgraye d*
Hesse forme un cardon de trempes depuis Saini*'
Maur , jusqu'à Hanaii; mats ce qu'il n'a point dit
& ce dont l'Assemblée est ^a. jiwwùite -, c'est
la marche de quaràafÇ'mille Prussiens fè"tong
«u Viser, soas les ordres du général Félnifc,
On trouve clSei. Mlle Sulân , librairè àu Palais
floyal, Gâteries de bois, N, iaJ. toutes les Ca
ricatures nouvelle», & fa seconde édition de -l'E*
pitre au Pape par le Jacobin Andi ieuX , dont nous
avons parlé dans nos précédées N°*. "l
On trouve chez l'imprimeur ci-dessous, des
txempiaires sépaies du tableau de la France^,
LA ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS*,
Rédigé par Dom R Éaiu s A N t ï J ac o s i w v s
NOUVELLES POLITIQUES.
11 1 Lettre de Coklent% , du 5 Février.
LA ROCAMBOtE,
-, ' o u .
JQÙRNAL DES HONNÊTES GENS ,
Rébigé par DoM RégiûS Anti- Jàgobinus.
y'. • . i ; " : ~ !—~"~ ~ —
j i « Une Foi , une Loi , un Roi ».
NOUVELLES POLITIQUES.
'.^Thermomètre
■ . . .. ... — .... de Paris.. r . '. . .. 1
Ce n'est pas sans raison que le Paganisme avojt
consacré un temple & fondé un culte particulier,
pour la Déesse de la peur. Elle en bien puissante,
cette Divinité , & sur-tout sur nos Factieux.
Sans pàrler du délire où elle jette les Jacobins .
&,le Manège , elle vient d'opérer la plus étrange
métamorphose , en mettant dans la bouche des;
Feuillans dés discours à peu près semblables k
ceux que tiennent les honnêtes-geiiS. Ces Messieurs, '
non moins alarmés des piques des- Jacquets que,'
des bottes de Bender, ne cessent de jetter les '
hauts cris contre les excécrables manoeuvres dp ,
la Jacquerie, & comme il faut rendre justice â\
ufi coquin Cômme à un honnête homme , nous
dirons, à l'avantage des Feuillans, que leurs
sermons <%.' leurs placards , ont prévenu Cette fois
bien des malheurs. Maintenant, la Garde Na
tionale, dont on ne peut trop louer le zèle infa
tigable, observe si bien les mouvemens de la
Jacquinaillej, qu'il sera bien difficile à cette der
nière de la saiur au, dépourvu , comme elle en
a ie dessein. Dsjà plusieurs piquiers, pour ré
compense «le. leur patriojisnfle ,, ont été logés dam.
les prisons, du Châtelet , l'émeute du Faubourg
Saint-Marceau , n'a abouti qu'à faire arrêter'
visgt femmes que la Police a condamnées
à six. mois de pénitence à 1a Salpétrière. Il faut';
espérer que cette charitable 'correction réprime
ra le -zèle friand des autres Commères pour le
pi-llàge des Magasins à sucre. •• j
D'un autre .côié , le Roi v pour rassurer, le >
Peuplé'- sur les craintes.d'une 'évasion de sa part,
que les Jacquets s.'efforcent de persuader, vient
d'adresser au Départejtnçnt et .à la Municipalité,. :
la lettre suivante. e ',», ,. .j '.;.) ï , ~ ■
.r » . • vt,f.. ., --.iw , „■■: .tti' •
(i) Cette émeute provoquée Mercredi dernier, p»r
les Factieux , avait pour-prétexce 1% cherté du sucre >
et pour objet le massacre de la Garde Nationale.
*" 1 1: ■ ' . , • . .. < •*• ... •• *.-! n aO
( 2F )
* J'ai parlé , Messieurs , à plusieurs d'entre
vous , des bruits qu'on cherche à répandre, sur
mon prétendu départ de Paris; je eroyois . que
ce que j'avois dit spfHroil pour les faire tomber ;
mais comme les gens mal intentionnés continuent
de les propager pour alarmer les Habitans de
Paris'et calomnier mes intentions ; Je veux m'ex-.
pliquer clairement sur ma façon de penser.
» Je connois les devoirs que m'impose la Cons
titution , je les remplirai toujours ; mais je connois
aufli les droits qu'elle me donne , & je ne m'inter
dirai jamais le pouvoir d'en user. Rien ne me.
retient donc à Paris que la volonté d'y être ;
mais j'y crois ma présence nécessaire , &. je dé'
clare que je veux y rester, que j'y resterai , &,,
que , quand j'aurai des raisons pour en sortir , je;
ne m'en cacherai pas.
s» J'ajoute, qu'à moins d'être totalement dépourvu
de sens, ou profondément pervers, on ne peut élever
des doute> sur mon inviolable attachement au bon^.
heur de la nation v& sur. mon attachement pour ,
les Habitans de Paris.
Signé, LOUIS..
Chapitre IL
Du Gouvernement Aristocratique.
LE G 1 S UT I O N. ; -'
'Seconde racé de nos Rois. : ^
■Séances des tj au Soir > 18 , ip & 20 Février. ' ?
ADRESSE
De la Garde Nationale d'Arles, à TÂfîenMée
Nationale , signée de tous les Volontaires , art-
nombre de quinze cents.
NOUVELLES POLITIQUES.
■
( *fc )
: fanation & de façrilège dans les mains des intrus;
que la Majesté Royale a été indignement outrar»
gée , & que le meilleur des Monarques s'est vu
forcé de bpire , jufqu/à la lie , le calise des,
fouffrances les plus aiguës , & des humiliations les
plus trtftes, Non, non, on n'oubliera jamais t$nt
de forfaits: perfides, ne l'el'pérez pa,s.
t Les Jacobin,? s'eiîprcent , autant qu'ils peuvent,
ije seconder les Calyini tes , mais leurs efpérances
pnt bien baissé. La Présidence de M. Çondorcei
est pa(Tée; cette présidence que la plusdiffintu-
Jée fcçlératefle aveit préparée de longue main,
& Jurant laquelle , le fimulacre de }a Royauté ,
qui ofFufque les Répnblicains , devoit entière
ment difparoître. Oui, telle étoit la trame ourdie,
par la Jacquinaille. -,. >.■ i'j ■ : '
Q'on se rappelle le tan prophétique avec lequel
Caritat dit Conàorcex , ce bas flateur des Mink'-
très de l'ancien régime, transformé tout-à-coup
«n républicain, aflùroit qu'avant la fin dè Février
l'Assemblée Constituée feroit A S S E MB L é E
Constituante , & qu'on jette eniuite un œil.
lapide fur ce qui s'eft pane durant la préndence
de ce grand hamme ; que voit an /- Dea infur-.
récrions , de^ incendies , des meurtres dans plur
fieurs villes du Royaume & particulièrement
à Brest Tcws ces crimes & bien d'autres encore
tant au dedans qu'au dehors , que la Providence
qui veille au deftin de l'Empire a fait avorter ;
tous ces crimes étoient commandés & payés. On
devoit çgorger dans la même, quinzaine , les
Princes, l'Emf-ÉREUR, foulever le peuple
contre les riches propriétaires, contre les prêtres
les familles Nobles. Le glaive des aflanlns n'e&i-
toit p^s même épargné le Roi ; & voilà pour
quoi , on forgeoit tant de pigues dans la Capi
tale. Cette trame épouvantabîg eft connue main
tenant de tous, les Souverains de. l'Europe., &
( )
cela n'a pas peu contribué à leur faire prendre-
les résolutions vigoureufes qu'ils ont manifeftéee
& dont 1% Comité Diplomatique eft inftruit.
Mais fi les Jacobins Tont abhorrés au dehors ,
ils ne font pas plus confidérés dans l'intérieur.
Le peuple n'ignore point , que les chefs de la
Caverne Jacobite, font des fcélérats couverts
d'infamie. Un homme dont nous famme; loin
d'approuver les principes, mais qui cependant
fait très bien apprécier les Jacquets, vient de
rendre publique la procédure du grand Carra»
accusé, décrété de prise de corps & constitué1
prisonnier, pour Vol avec effraction fait à la
dame Rebcwl , veuve du sieur TisséRAnd
d{ la ville de. Mâcon.
11 eft tems, ( dit M. Chas ) d'imprimer sur
Carra le fceau de l'infamie , il eft temps de
dévouer à l'exécration publique , ce fcélérat , dont
la vie entière ne préfente qu'une chaîne conti
nuelle de brigandage, de baûefie & de perver-
fité. La justice divine-, a permis que le voile qui
enveloppoit de fes ombresles forfaits de cet homme
excérable, fut déchiré. Il faut donc présenter»
dans toute fa nudité , ce criminel audacieux &
14che , que la nature a dévoué à l'oprobre , Se.
que l'habitude a familiarifé avec la honte; «et
apologirte de la rébellion -, ce complice de tous,
les brigands qui infectent la capitale & les pro-*
vinces-, ce Républicain régicide, aji moins d'in
tention ; (car du fait il en aurait peur ) ce monftre
hébété , qui veut s'environner de bourreaux &
d'aflanins > pour tâcher d'enfanglanter le trône,,
de détruire la mona«chie , de renverser les,
Autels. ....... Il eft néceflTaire & même urgent
d'arracher le refte du masque qui , aux yeux de.
quelques Français encore , déguise la philionomie
véritable de ce Confpirateur forcené , qui appelle
la guerre civile., pour jpuir du barbare pl?ifir dît
(4* y
pfoftfenér sës farouches regards fur le# ruines def <
Villes embrâfées , & des Campagnes dévaftées }
fur des cadavres émanes , & fur des iombeauS
épars. » .. • •' i - '. .i i ! f. '.
Dans cette procédure , on voit CARftA fabii?
la question ordinaire , & trouver bientôt après-
les moyens de s'échapper , par la fuite , au Ar-
plice quil'attendoit , pour devenir un jôur Le chef
der la Jacoquinière^ ■ > ' . ' " "■ * »
r: Sabbats ja cobitèS. ;
....... ' < 1 I. c ..
«,•.■• . Pu 20 Fei/ier. , .i.v« «'••' •
LA ROC A M BO LE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom R&G IU s Anti-Jacosi h'v s
NOUVELLES POLITIQUES.
Thermomètre de Paris. ,
Ah ! mes amis qu'allons nous devenir ! L'Em
pereur ne réponl pas aux menaces de notre ma
nège ; mais il a de ptiilians argumens fur les fron
tières. C'est une terrible logique qi,e celle de
Leopold ! Avouons notre impuiffance à y ré -
pondre ; car il est évident que , lorfque fes
orateurs paroitront , nos braves de nouvelle fa
brique tourneront les talons & galoperont ventre
à terre , après avoir coupé le cou de leurs géné
raux , comme à dei traîtres qu'ils accuferont de
leurs défastres.
Telles font les lamentations prophétiques des
Luckn... , Cacabeau & Lafuj\... } qui lai fient fur
les frontières, leurs moutons à la merci des loups
pour fe concerter à Paris fur les moyens de les
défendre. N
Le ministre Liiwie , non moins déconcerté,
ne fait plus de quel bois fajre flèche , ainsi que
( 2Î0 )
fes confrères. Nous avons fait, dîfent-3's , «ne
grande fottife , en pouffant par nos fanfaronades-
une aucmbiée d'imbéciles & de furieux à. 'pro
voquer la colère du lier Léopold. Comment- fe
tirer .de ce mauvais pas l Ils n'en favent rien , &
leur embarras redouble v en fongeant qu'ils ne
peuvent plus cacher la fituation de l'état , fa.ns
accumuler fur leurs têtes , toutes les haines
toutes les vengeances. Aufù , dit-on , qu'ils te
préparent à faire à l'aiïernblée ce triste tableau.
Qu'en réfultera-î-ii ! une guerre interminable ,
entre le manège & lès minist/es , qui fe renver
ront mutuellement la balte , fans s'occuper des
moyens de conjurer i'ora^e , ce. qui d'ailéurs est,
au deffijs de leurs force?. •
On continua de forcer, des piques dans le Fauw
bourg St.-Ant oine , d'aprè; une nouvelle invita.-.,
tion de Càîii:a , & pour trouver moyen de les
employer , les' Jacobins ont pris, pour chaîna
de leurs exploits patriotiques les fpectacles. On
fait qu'ils ont d'aboïd très-mal réuffi aux Italiens.
C'eft an Théâtre du Vaudeville qu'ils fe iont
ensuite portés en forces, c'eft-à-dire fou tenus
dé la phalange des Sans-Culottes , et fur-tout des
Calviniffcs ; qui écumeht de rage de ce que l'on'-
a joué fur ce théâtre uns pièce intitulée l'au
teur ' du moment , qui fourmille de traits de
intire contre ce miférabie qui veut être Poé'te '
en dépit d'Apollon , ce diféiple du baron des-
Adrets (i) , dont l'âme atroce eft un mélange de
boue &_ de fang; contre CïiENIEU, en un mot,
Après avoir nommé ce monitre , ia plume tombe,
des main;.
L A ROC AMBOLE,
ou
JOURNAL DES HONNETES GENS,
Rédigé parDom Régius Anti- Jacobinus.
Chapitré III.
Dû Gouvernement Démocratique.
N O U'V E L L ES P Ô L I T I Q U E S.
Extrait de la lettre d'un Patriote écrite de Franc
, ' fort le 17 Février.
Le duc de Polignac levé un' régiment fur les
frontières de la Russie , avec l'agrément de l'Im
pératrice. Ce régiment après l'expédition contre
la France doit retourner en Russie & rester au
'lervicé de l'Impératrice. II y â quelques jours
qu'iî est arrivé bien secfÊttement dais la vallée
Dehrenbreitftein des canons que l'on a fait passer
pour des marchandifes.
' Ort annonce de toutes parts la marche des trou
pes Autrichiennes , & l'on affure que les princes
à' Allemagne ont des ordres fecrets de tenir autant
"de troupes prêtres qu'il leur fera possible. Il est
certain que le parti de l'Empereur est pris défi»
tiitivement , & que s'il paroit louvoyer encore,
c'est qn'il veut gagner du tems jufqu'à ce qu'il
ait bien combiné fes mefures pour frapper les
coups les plus fûrs. On croit que cette tactique
le conduira jufqu'à la fin d'avril.
Le duc de Wirtemberg est généralement mé-
prifé pour avoir tergiverfé au fujet des princes
Français'. La peur qu'il a manifestée en faifant-
demander grâce au maire de Strasbourg , la perdu;
entièrement 'dans l'efprit dé l'Empereur,
, (m)
' ' On écrit dè là Haye qu'ua navire 'François ,
entré dans le port de Middelbourg avec le pa-«
villon Tricolory a été faisi par le peuple qui
1» «forcé d'en arborer un autre, r .*.*. ..
" CôBLENTZ. Le jugement rendu par la com
mission militaire , nommée par les princes pour
connoître de l'affaire fuscitée à M. le marquis
de Jaucourt , par M. le comte de Cardo , porte,
qu'après avoir ouï c'a dernier , & lu le mémoire
ae fes dépofitions , la commission a été unani
mement convaincue s qu'elles n'étoient que des ca
lomnies infâmes , dénuées de vraisemblance &
de fens commun. Ce jugemett fait l'éloge le
plus vrai & le plus mérité des fentimens de dé-
licatefle & d'honneur qui caractérifent M. le mar
quis de Jaucoûrr.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Depuis que les Calvinistes font la loi, le dé
partement du Gard est un théâtre de fcandale &
d'horreurs , où les fcènes les plus meurtrières &
les plus affligeantes pour l'humanité, font toujours
précédées &. fumes de facrilèges &. d'abdmi -
nations. . ,
On écrit de Ni/mes , qu'une bande d'huguenots
des deux fexes de cette ville , s'étant tranfportés
au cimetière des catholiques , situé fur la grande
route de Montpellier , en ont démoli les murailles
qui l'environnoient , &. ayant pénétré dans foh
enceinte , ils fe font jettés fur la croix , qu'ils
ont brifée avec des juremens effroyables. Satis
faits enfuite de cet exploit Patriotique , leur
joie s'est manifestée par des danfes & toutes fortes
ds mouvemens &. d'actions obfcènes. Leur férocité
s'est rallumée dans le fein même de leurs plaisirs
& s'adreffant aux mânes de ceux qu'ils ont maffa-^
crés : forte^ du tombeau ( ont-ils dit ) chiens de
catholiques , maudits papistes , votre mort a ét£
C *?♦ )
tràf iêuSe. fort«\ a fin que lioui t}oni U pltisir
At vous en . faire soi^ffh' miïlei r
i LlLiiB vient jattssi d'éfre!;l$ théâtre de' paçeille*
atrocités. La populace de cette ville, éxcké^paf
les prêtres cotistitHttonnels , s'esl portée au- cime
tière, y a; exhitimi lescadavres-dc ceux qui
refafélss-faciiî-méns des mains impures de$ fgfftKj
a ouvert , brifé: lemrs- eereëmls &. meurtri les c*r
dav.res i coups de pierres. Pour arrêter la:,«ety«$
de oes abominables excès , le corps muftie^al/ja.
fait far le champ une proclamation vigoiweute<k
digue des magistrats pré posés au ma^ntiervde l'ordre
& de la fûrcré publique , que les Français nt*
trbuvent même plus, dans i'asyle facré de leurs
«ombeàux. . ;.,»«*<»;•• .
Les cheveux fe dreiTent à Tafpect de tant d'hor
reurs l Jufqu'à quand > grand .Dieu ! en ferons-
nons lê$ malheureux témoins-/ - ' ■ -
. Ah ! qu'il fera con&lant- le pur ., où 4a justice
confondra ces exécrables cannibales , cette tourb.e
de feélérats qui n'existe «a France , que pour en
•être le fléau , que pour y étouffer les mœurs > la
vertu , la religion , St faire régner à leur tilac?
l'impiété & tous les crimes. ^
: Les Jacobins A'Arras ont forcé -le- Comman
dant de cette ville à renvoyer le régiment des
Cuirassiers qut.n'étoit point partisan de leur Çluî\;
il est parti en conséquence le 2} Février po.;r
se rendre à Bcthune , emportant avee lui l'es*
time & les regrets des gens de bien.
Les Prêtres & les Catholiques font partout
livrés à la plu9 attroce perfecution. On écrit
de Fiqmanvùtt , que les Curés Se les Prêtres de
cette Paroifl'e , en vertu des décrets & dé la
lettre du Roi , fur la liberté du culte , avoiént
fait fignifier à la Municipalité, du lieu , qu'ils
entendoient e'ifTembler pour exercer le leur, ce
■qu'ils ef&ctuevent le Dimanche matiri.sz Février.
A peiae furent-ils réunis chez le Curé , que I*
(C *&)
ttmùtxt eft' invefiîe par" un détachement de l'a
Garda NatiaaaJe , qui uetleat aa captivité tout»
l'aflemblée , depuis le Dimanche jusqu'au Mer
credi fuivauî. Le Maire.ffe prâiknte- enfin le Mar
di foir avec douze Cavaliers de la Gendarmerie ,
& vèrbafîfe fe - lendemain jufqu'à midi. Cette
opération iinie , on amena MM, les Curés , fé
Valais. ^.-Alexandre, au Tribunal du Juge de
Paix ;- feant à Bentristville. La troupe altérée fait
alte- au Bourg des Pieux, & tandis qu'elle boit ,
îes'Prifoniiîerr font livrés aux huées , aux infultes
delà populace, qu'un infâme intrus , perché fur
'une fenêtre , excitoit en criant : aux ArisiQr
craies! armé â Benoistville , où s'étoient rendus
trots Curés Schifmatiques du Voiiinage ,. à la
tête d'une Populave effrénée, préiidée par l'intrus
dtflieu, on accable d'in ures & de mcnaces les
nefpetSables confdfeirrs de la Foi; on veut }és
forcer à racheter lejrr liberté. Enfin ,■ •après, les
avotr accablés d'outrages , l'inique Juge de paix
condamne M. Alexandre à ;ço liv. d'amende ,
&. M. le Curé h Valhis kyao liv. & à vingt-cinq
jours de prifon » "comme ayant réuni chez-hii
"l'âtIVmbfée dos Catholique*. Toutes les cioche's
du lieu .annoncent à Tirtftant çet abominable
'jugement. M. le Vaïiois eit livré à une '.fol da
te{que rnfolenre, qui le fait partira dix heures
du foir, & le conduit aux prifons de Cherbourg.
Tels font Jes fruits amers dt cette liberté tant
vantée par les Apôtres de l'anarchie & du bri
gandage. " • *
Aux feines d'horreurs , qui déshonorent & dë-
folerrt notre infortunée Patrie , en fuccèdent
• quelque fois de vraiment rifibles. Telle eft celle
«yu'à donné* le Dimanche gras , à la ville à'Auch,
f'e lieur Bartke , Evêque intrus du Département
du Gars. Après avoir célébré, in rne'ie , revêtu
des habits Pontificaux, il fort procemonellement
de l'Eglrfe , efeorté de fon Clergé déguenillé , &
( *9$>
|e rend au réfcéioire du Séminaire , où l'attendok
un dîné & des convives dignes de fa grandeur.
L'AUTEUR bU MOMENT,
Comédie représentée furie Théâtre du Vaudeville,
le Samedi i 8 Févrîef
Cette pièce a tellement .ému ' la bile des Ja-"
cobin.s , .qu'on ne fera pas fâché d'en trouver ici
■une efçttttfe'. -' - - •
( 3°o )
Madame de Volnange, veuve fort riche, St
par cela même recherchée de Damis , pour s'amu-
fer aux dépends d'un fat , feint d'être éprife de
ce perfonnage , que l'Auteur a fi -bien calqué fur
Chenier , qu'il eft impoflible de s'y méprendre.
.Cè projet réjouît fort la Soubrette , qui chaîne
fur l'air : Regards vifs & joli maintien.
•A' ■ Je suis au comble de mes vœux , \ ,h .:
■Enfin, Madame, je respire; ' '""
?• . ' . Il •■faut ,que te* fat
i à nos
• , yeux ,,î "t !' *. ' *■.' '
De honte & de fureur expire'.
. . _ ,\ Se voir berné par un pédant ,.. .
\"j , Eft, bien fâcheux j fur nia parole : \-,
Des Rois, quoiqu'il soit le régent ;
Sans respect pour son rudiment ,
\ Il faut l'envoyer (*h.) à l'école. ~, -
Le Complaifant de Damis eft M. Bailliveau,
dans lequel on a reconnu Paliffot , perfonnage
qui, après avoir vomi mille imprécations contre
le philofophifme & fes auteurs les plus renommés,
eft dans fa vieîllefle un de leurs plus ardens
Apologiftes. Voici le marché qu'il propofe à
' fon Confrère. -
Air : Vas t'en voir s'ils viennent Jean. . ..
Entre nous , sans nul débat ,
Partageons la pomme,
Chacun de nous dans l'état,
Doit être un grand homme ,
Nous ferons par tout la loi ,
' Dans notre carrière.
T Tu sera Racine , et moi
Je serai Molière.
A ces deux Faquins l'auteur oppofe M. d,»
C 3QI )
Jurancy , homme d'efprit , jovial , & , qui mieux
eft , de bon fens. Après avoir fait l'éloge des
Corneille, & autres auteurs célèbres de la Scène
Erançaife , il lui chante ce couplet.
Parlera l'esprit, interefler les cœurs .
Par le sentiment nous arracher des pleurs ,
Repouffer biens loin les tragiqbes horreur? ,
C'étoit la vielle méthode.
Choisir aujourd'hui des monstres pour héros ,
Ne parler jamais que de fers^d;: boureaux,
Et pour dénouement offrir des échafauds,
Voilà les pièces à la mode.
Celle-ci fe termine , comme on le penfe bien ,
par le renvoi des deux Poètes , qui s'apperçoivent ,
mais trop tard qu'on ne les a accueillis que pour,
se moquer de leurs travers & de leurs vices, (i)
Vers adressés à Madame DE Saint-Germain,
qui avoir fait préfent à l'Auteur, d'un porter-
feuille où elle avait brodé des Rofes. — Par
M. GarnereAU, le Jeune.
: ■ ■ . Qu'il est gentil ce Portefeuille !
Où. l'aiguille sçut dans ta main»
Imiter le fraix le carmin
Des roses naiffantes qu'on cueille
 l'aurore d'un beau matin.
Ton art les rend si naturelles,
Que le papillon incertain •
Viendrait voltiger autour d'elles*
Ah ! que n'ai-je aussi le pinceau
Qui pût cre'er des fleurs si belles ?
Je te tracerois le tableau
D'un objet charmant , adorable ,
Toujours aimé , toujours aimable ;
(i) On l'a trouve chez Girouard , Imprimeur , rue
du Bout-du-Mondc » a*> <f7>
Dan? l'iroitté -tepilFelkcionSiH&jr ri \
- J)anw Hhy'œea sensible &--fiéele«'Ct.' :•'> .
Seii grand œil noir vif & toadiaitt
Pciridioit l'esprit', Je sentiment
Él la tendresîe m.-;temelie.
, . ... • ■ • ?i -
Pour rcusstr parrattnrnejjt ,
Je te preack-ftis pour *nçn d^pjii'e»
l E Ç 1 $ l A T î O N.;
Seconde race .de no$ Roit.
LA ROCAMBOLE
OU . .1
JOURNAL DES HONNÊTES GENS , ^
■ Sitdicè
' par Dom Rêgiu s A N T I • jtic 0 'M I i,Nirï.
"T
. .11 i i ' i i i U II
« Une Foi , une Loi , un Roi ». •
NOUVELLES POLITIQUES.
Lettre de S tockolm , du 10 Février,
'NOUVELLES INTÉRIEURES.
: Les Gens fans aveu Ce multiplient dans les
Campagnes , d'une manière effrayante , les envi
rons de Paris en font inondés. Ces miférables y
demandent l'aumône , comme on demande la
bourf'e , ils. injurient, quand on les refufe; ils
menâcenf , ils promettent de fe venger. Le pre
mier de ce mois, à Âtiainvilie , petit Bourg du
Département de Seine & Oise , un de ces Men-
ïlijms inlblcr.s vint demander de l'argent pour
vivre ; le particulier auquel il s'adredbit , lui
répondit qu'il n'avoit pas d'argent, & qu'il ne
pouvoit ,pas faire l'impoffible- » Ah ! ha ! l'im
passible., dit le. brigand, il faudra que vous le
fassiej bientôt , l'impossible ; encore un moment ,
& vous verre j si vous ne U'' ferej pas .... l'im-»
possible ! ..... Tant d'effronterie rapprochée de
tous les mouvemens feditieux qui couvrent la
France , n'annonce-tP-ell* pas un plan prêt à
éclore / Qu'on y. refiéchiife, & qu'on en juge.
Extrait d'une lettre de Montwiller , à un quart
, de lieue ,dé, Savertie, , .le 18 Février.
Vous devez être inquiet de nous , fi les malheurs
G ?°9 )
arrivés ici & • à Savertie vous font parvenus,'
II. paraît que le Club de qette ville voudroitêtrë
un des premiers à mettre à exécution les complots
diaboliques , formés contre les honnêtes gens ,
en Alface. il ne s'agiffoit de rien moins que de
brûler la ville & maffacrer les trois quarts dés
habitants ; ils ont voulu faire un efTai , le 6 , à
Savertie , qui s'efb borné à quelques pillages de
maifons , & à grand nombre de perfonnes blelTées :
mais dans la nuit du 8 au 9, nous avons eu à
Montwillier, plusieurs maifons pillées , &quelques
Citoyens alfalfinés , beaucoup de blessés. Le ba
taillon des volontaire"! des Vofges s'est rendu cou
pable de ces excès. Us étoient ameutés & fou-
tenus par fe Club. Un ordre du Général Luckner ,
les a fait partir , fans en avair été prévenus. Us
font partis les mains teintes du fang des bons
Citoyens, mais non pas autant qu'ils l'auroient
déliré; ils ont avoué qu'ils manquoient d'un
bon chef , & que leur projet étoit de purger cette
Contrée > de- tous, les amis de DIEU & dit
ROI.
On écrit de Rouen, que trois voitures char
gées de coton, pour le Havre , ont été arrêtées
par les habitans de Maromme ,. & de quelques
autres villages circonvoiftns ; on ajoute que les
circonftances qui ont accompagné cet événement,
ne permettent pas de douter que ce ne fût un
coup prémédité. Plusieurs dépôts de ce vol ont déjà
été découverts parla Garde Nationalede Rouen. Oa
afTure aurîi , qu'il règne dans cette ville une fer
mentation lourde qui paroît être liée; avec l'in-
furreclion de Maromme. Ce n'eit pas la première
lois que ce village eft un foyer d'infurreclion ;
on fait qu'en 1789, ce fut de là que les
Séditieux fe répandirent dans Rouen où ils por
tèrent le déford.re & le deuil.
On. écrit de Niort la nouvelle, d'un événe,*
. i 310 1
Jàent bien extraordinaire , qui vient d'arriver $
cette ville. Le Club préparent une fête pour
honorer les mânes de Mirabeau. Un fuperbe
feu d'artifice devoit la terminer, & l'artificier y
travailloit avec cinq aides, lorfqu'une étincelle
détachée d'une chandelle , a enflammé la poudre
&. donné la mort à ces infortunés. Un feul a
furvécu vingt-quatre heures. Cette explofionfu-
nefle a fait périr le chef d'une manière bien
finguiière. Sa peau s'eft détachée de fa chair &.
a formé une chemife à laquelle il reftoit les
ongles.
Paris ofVre chaque jour à l'humanité de nouveaux
malheur* à déplorer. Samedi dernier , fur les
p:?ze heures du foir, trois Soldats qui avoient
foupé chez le fieur Mariage, Traiteur au Palais-
Koyal , fe prirent de paroles avec la femme , Se
lui ouvrirent le flanc d'un coup de labre. Elle
eit montante. Le fleur Mariage & un de fes gar->
çons furent également bleffés.
Dimanche matin , un Commis de la CailTe de
l'extraordinaire eut quelques propos avec un
Marchand d'argent de la place des Victoires;
celui-ci , lui plonge fon couteau dans le fein, en
préfence de tout le monde. Ces quatre aflamn«
font en prifon.
RELIGION.
Le Département de Finistère , dans lequel on
çompte quatre-vingt-rfept paroiffes , n'a qu'un feul
Curé qui ait abjuré fa foi; le Peuple même y
efl îefté conftamment attaché. Il regarde & fuit
avec horreur tous les Intrus que la force feule
des bayonnettes peut inftaller &. maintenir , pour
çourir après les Miniftres qui n'ont point bu
dans la coupe empoifonnée de l'infâme Babylone.
Àufiî la rage des profanateurs du fartetuaire eft
çUe portée, aux, plus abominables excès contre
( f« >
ï«s jPrétres fidèles de cette Contrée. Plus dflt
foixante d'entre eux , fans avoir été , ni accuféi ,
ni décrétés , ni interrogés , ni jugés , font entaûek
depuis deux mois dans une chambre obfcure du
château de Brest , où l'air corrompu qu'ils rèf-
pirent eft encore infecté par la fumée des lampes
qui éclairent cet horrible féjour, & par les va
peurs empeftées qui s'exhalent d'une falle infé
rieure daftinée aux maladies anti-fociales. Mai*
l'efpoir des barbares perfécuteurs de ces généreux
Confeffeurs de Jéfus Christ eft déçu , &. l'ange
du Seigneur , defcendu avec eux dans le tombean
où ils font renfermés vivans , comme il def-
cendit avec les trois jeunes gens dans la fournaife,
a fait de ce gouffre de mort le féjour de la confo-
lation &. de la paix. In triumphum mors mutatur.
Les illuftres prifonniers ont nommé un fupérieur
& partagent leur teins entre la prière , la lecture
& des converfations édifiantes. Fidèles aux pré
ceptes de leur divin Maitre , ils prient pour ceux
qui les maudiifent , les calomnient , les perfé-
cutcnt , & ne gémiffent que fur les maux qui dé*
folent l'Eglife. Que de tels prêtres honorent bien
le facerdoce dont leurs ennemis font l'opprobre !
. M. Nkolas'Mftrie Routter-*de-Tàintcn , Prêtre
& Vicaire de Saint-Aritonin de iVmèr<,maudiu'ant
la foibleffe qu'il avoit eue de prêter le ferment
& de prendre la Cure de Gournay en Berry*
vient Je rétracter l'un & d'abandonner l'autre 4
éans le cours du mois dernier..
M. de Montispan , légitime Curé de Castelnau
i'Estréjont , & fon Vicaire Ont auffi rétracté leur
ferment.
Thermomètre de Paris.
Un orage fe forme fur la tête des honnêtes
gens. La guerre des fpectacles n'eft que le pré
lude des atrocités qui fe préparent dans la caverne
<5es Jaaobim. C'eft-là que Carra éguife fes poi-*
gnards & prépare fes poifons. C'elt de là que-
i'orrent ces écrits où l'on excite les brigand» à
piques d'alfaffiner M. Veto, ce qui, dans la
langue des Jacquets , veut dire le Roi. Déjà des
bandes de Sans-culottes ont amégé la prifort
Royale , avec des cris de rage, & jufques fous-
les fenêtres de l'augufle prifonnier , ils ont déli-»
béré d'égorger les prêtres & toutes les familles
nobles, qui n'ont point émigré. Mais pourquoi
la force publique foufFre-t-elle ces horribles excès ?*
Pourquoi dans un danger û imminent la loi refte--
t-elle muette ! Pourquoi l Demandez-le à
"M. Pet. . . ce Magiftrats intégre vous dira , qu'il
ne fait point agir lorfqu'il fe trouve entre la
Loi & le peuple ; car c'eft ainsi que ce digne
révolutionnaire nomme la tourbe effrénée des-
Saoï-culottes qui troublent l'ordre pnblic , & qui
attendent avec impatience l'inftant de mettre la
ville au pillage.
Les Citoyens de Paris , tu lieu de fe coalifer
pour préfenter une maffe impofante à leuro
ennemis , ne s'amufent qu'à tirer des conjec
tures fur les dispoiitions des Couri de l'Europe.
La lettre de l'Empereur occupe tous les efprits
& ne fâtbfait aucun parti. Les Feuillans ont
toujours les mêmes inquiétudes , comme on peut
s'en convaincre, par la lettre que M. dé
Lefart a écrite à M. de Nouilles. Les Roya
lties trouvenr biert extraordinaire la poli-
que de Léopold. On ne conçoit pas comment
ee Prince daigne j'abaiffer à traiter de pair à
compagnon avec des Factieux qu'il pourroic
confondre »'il en avoit la volonté.
D'un inftant à l'autre on apprend des nouveaux
excès auxquels les Jacobins fe font livrés. Leurs
Sans-culottes ont porté au bout d'une pique , une
tête représentant celle de l'Empereur, qu'Usant,
promenée auxThuileries , jufques fous les fenêtre*
du Roi & de la Reine , en criant avec de» jure-
mens effroyables, la guerre, là guerre , à ce
Vandale.
Que Léopold apprenne donc à juger la Fac
tion ennemie des Rois , & qu'au lieu de s'amufer
à faire le rôle d'un Journalifte , &. d'empiéter
for 'les droits de Dom-Régius Anti-Jacobinns ,
• en critiquant le Club des Jacobins, il coniidère
qu'il eft temps de développer l'augufte caractère
qui convient à un grand Prince r & de faire
jfiéchir l'orgueil des Faélieux devant la Majefté
du Chef de l'Empire Germanique.
SABBATS JACOBITES.
Séances des 29 Février &■ 1" Mars.
-.1 Sous la clochette de Frère Ba7.ire.
Frère Real obferve , dans le Sabbat du 29,
qu'il n'y a point de droiture à l'AlTemblée Na
tionale, mais bien le côté du Roi. Ce qui nous
jaroît en être le fynonyme —- Les braves Dépu
tés des Jacquets à!Arles font admis à la Séance ;
lé Préfident exhorte les frères de ne pas fe houf-
piller/, afin de mériter les faveurs de la Nation
féante aux tribunes pour leur adminiftrer la
louange ou le blâme. Cette adroite flagornerie'
eft payée comptant par des bravo interminables
Frère Daudiberail veut entretenir lesSabbatiftes,
del'état de leurs finances; Collot - almanach s'y
oppofe. »Eft-ce donc, dit-il, dans une crife aufîi
déiaftreufe pour les Jacobins ^ que nous devons
nous occuper d'un tel objet! Donnons , fandis ,
de l'argent à tous ceux qui nous çn demandent,
& fauvo:is la Patrie (c'est-à-dire les Jacquets.)
Un affreux brouhaha coupe la parole au Révé
rend ; on eft prêt à fe prendre aux cheveux. L«
calme renaît enfin , & le grand Collot , d'après 1*
déibrdre du jour , fe jette dans le gouffre de la
révolution d Avignon , & après avoir obfervé qu'il
ne parle que parcequ'il faut parler, il le prouva
en ces termes ; ily a deux points a résoudre dans
cette affaire , c'est de /avoir si le Tribunal qui
exifte à Avignon est un tribunal légal, consti-
Xutionnellement français , car tout ce qui est
constitutionnellementfrançais &juste; or, ce Tri- ■
bunal n'est pas fondé fur la justice , ET s'il
L'ÉTOIT, IL NE LE SEROIT PAS DANS CETTE
Circonstance. C'en est aflez fans doute pour
faire juger de l'impudent bavardage du Jacquet v
fucce&sivement appuyé par Bourdon & Capucino-
Çhabot. Enfuite , pour exciter le peuple au faint
devoir de l'infurrection , un Frater grimpe à la
Tribune & préfeme une arme , qu'il dit avoir été
commandée au ferrurier Boucherot , par des
Ariftocrates. Cette arme , que l'ignorant Jacquet
préfente comme une nouvelle invention , avec
laquelle on aflomme son ennemi fans laiffer des
traces , e,t la même dont les anciens Gymnafes fe
fervoient dans les combats à coups de poing, ou
l'exercice du Pugilat ; c'eft ujn ceste armé de
fer ou de plomb , dont parle Virgile dans la belle,
defcription qu'il fait de ce genre de combat. Quels
moyens , grand Dieu / de perpétuer l'anarchie %
en égarant ainfi la crédulité du Peuple ! Pour
confommer fon , aveuglement & fa perte , les
arriéres Jacquets , du Faubourg Saint-Antoine x
viennent annoncer aux MATADORS , qu'ils ont
arrêté de confacrer les matinées des Dimanches à
prêcher la doclrine Jacobite à ce pauvre peuple. Ils
demandent des Commiffaires pour présider à l'œu-
vre-pie , & la Jacquinaille nomme una voce , le gé
néral Rolefpiere , Capucino Chabot , Lanthenas
& Bancal. Le Révérendinïme frère de
Sillery , ouvre le Sabbat du 2 Mars , par de
mander h licence de fe ruer dans le prochain çqû-«
( M.S )
ciliabul*, fur l'impudent Léopold, qui' s'est avisé
de tergiverser dans fa reponfe. Grangeneuve jure
par tous les diables que , Léopold & tous les
Rois de l'Europe tremblent de peur en fongeant
que les Jacoquins peuvent, du moindre {buffle,
les renverfer de leur Trône. Collot-almanach ,
Kcbefpierre &. Louvet veulent parler à la fois ;
grands débats pour la primauté ;' Collot l'emr
porte , & prétend que le Miniftre des affaires
étrangères veut prendre les Jacquets au traquenard,
que l'office de l'Empereur n'eft que le réfultat
de fes machinations ; mais la haine des Defpotes,
pourfuit le Révérend , ell la plus belle récompenfe
des. hommes libres. Qu'ils font bêtes rhes frètes ,
ces Rois, & Léopold. fur-tout , d*ofer nous me
nacer. Croit-il que la Nation nous lailTera pendre '
En tout événement , jurons que le dernier qui
le fera , s'enveloppera , avant la cérémonie , dans
les débris du drapeau de la liberté. A l'infant ,
les bonnets, les chapeaux «ont en l'air; & un
concert de juremens ébranle les voûtes du re
paire. Quoi ! interrompt le Général Robe/pierre !
qui n aime pas la nïort , quoi ! vous jurez en vrais
dindons, de mourir; jurez morbleu de vivre,
de vaincre & de faire triompher la liberté Ne
fommes-nous pas le Peuple Français tout entier ?
Cependant, gardons-nous bien , dans ce moment ,
de bleffer d'honhêtes gens, mais peu éclaires;
ÉCARTONS LE MOT, DE REPUBLICAIN. Ce mot
ne nous donne rien des avantages que présente
la chofe , que nous affure notre constitution , pen
dant que le Républicain fe mouche & crache , le
grand Collot dégoise une période en l'honnenr
de Lacédémone , &. des Américains des Etats-unis ;
après quoi le âôge futur de la République pro-
jettée , reprènant lbndifcours , dit : oui, mesfrères,
j'aime le caractère républicain , mais je crois qu'il
nous convient , dans ce moment , de déclarer tout
haut, que nous fûmmes les amis décidés de la
( îi6)
Constitution , juj'qu'à ce que la volonté générale ,
éclairée par une plus mure expérience ; déclare
qu'elle espèrea un bonheurplus grand'. — Cecin'a
pas befoin de commentaire , nous nous bernerons
à obferver feulement , que les Jacquets , croyant
être les organes exclufifs de la volonté générale ;
il rélulte évidemment du diïcours de leur chef,
qu'ils n'attendent que le moment favorable pour
afleoir leur chère république fur les triftes dé
bris de la Monarchie , & renverfer une confti-
tution , qu'ils ne feignent d'aimer qu'afin de parve
nir plus sûrement à leur but. Ce qui a terminé
le Sabbat ne vaut pas la peine d'être raconté.
M É L AN G S.
L'armée des Jacoquin» , indignée de la réponse
de l'Empereur , tint Samedi dernier un Confeil
de guerre fur la terralTe des Tuileries. LEOPOLD
y fut déclaré atteint & convaincu du crime de
Îeie-Nation Jacobite au premier chef; pour ré
paration duquel délit , on le condamna à être
guillotiné. La fentence fut exécutée fur-le-champ,
& la têie de l'Empereur promenée , au haut d'une
pique , fous les fenêtres du Château , en criant
à crève oreille : la guerre ! la guerre ! Cet
amufement patriotique fut interrompu par la
brave Garde Nationale , qui diflipa l'armée
ennemie.
Couplet qui circulet dans Paris depuis quelques,
jours.
Je suis un Lameth,
Et dans le fait ,
. Voyant l'avenir je tremble. '
Ciel ! j'ai tout défait ,
Sans trouver mon fait ;
( 5
Que m'en reste -t il ? je tremble.
Le Peuple frane
Est inconstant . ;
Je tremble.
» Les Emigrans
Inquiétans
Je tremble.
Quand un Factieux
Eft-il donc heureux,
Puisqu'en triomphant je tremble ?
Epigramme attribuée à M, de Champ cene r^.
Autrefois le petit Ifarionne
Piiîbit pour un garçon charmant :
On trouvoit fon esprit méchant ,
Quoiqu'il ne fît tort à personne;
Mais las de plaire sans éclat ,
Vers la gloire il porta sa vue.
La France étoit déjà perdue ,
Lorsqu'il fe fit homme d'Etat.
Sous Nkckre il embrouilla sa vie ;
Avec lui long-temps il s'enfla ;
Et, pour mieux désarmer l'envie.
Avec sa fille il s'accoupla.
Faveurs , amour , taille , visage ,
En elle rien ne l'arrêta.
On dit même qu'il l'éeouta
Sans perdre un inftant le courage.
Enfin il parut dans ses bras
Si dévoué pour la Patrie ,
Que la Nation attendrie
Le fit Ministre des combats.
Ainsi tout est métamorphose
( Ml )
Dans ee pauvte Empire Chrétien j
La France aujourd'hui n'est plus rien
Louis Narbonnk est qeelque chose.
ANAGRAMME
De Frère Jacques Clément, (i)
C'est l'enfir qui m'a créé
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
Séances des i , » , 3 , 4 , 5 c> 6 Mars.
Sa majesté gasconne, le roitelet M/tille Se son collègue Rouysr.
dénoncent dans la séante du Jeudi soir* i Mars Je Ministre 3e*
affaires Étrangères qui, di5em-ils, se- joue des* patiiotes , ie
concert avec les Potentats de l'Europe. Sire Kouyer veut que la
Nation aille son train en coupant la. tète de ce monstre. Le fu
rieux Isnard demande aussi que le Ministre des contributions
soit châtié , pareequ'une dispute survenue entre ie Département
& la Municipalité, empêche le recouvrement des impositions de
la Capita'e. Au lieu de mettre le môtionnaire au régime , le ju
dicieux Sénat décrète que le Ministre sera mandé pour subir un
interrogatoire. — Le Roi Braat , se rue le lendemain sur le
Ministre des affaires Étrangères ; il doit faire expliquer l'Empereur
sur la paix ou la guerre :. Pyoayer crie à la trahison & veut qu'on
se mette en mesure . Sire Dcvcrsult plus réfléchi , plus instruit
parle raison & dit , que ta guerre" n'est pas le cri 4a Royaume
comme celui des Tribune?. A ces mots les sans-culottes qui les
occupent hurlent épouvantablement. Quand il leur plait enfin do
finir, la motion Vruat est décrétée. Le monarque Lacambe, du
haut de sa Tribune , bat tout nos ennemis, avec le nouveau Corps
d'artillerie propesé par le Roi des Vrançais il ne s'agit" que de
les employer .& ça ire. Les tribsnes répètent ce cri patriotique.
Pour que ça aille mieux & s'sris danger, on renvoyé au comité
Militaire 1 examen de la découverte qui double la portée de 1»
poudre à canon — pais le roi Cambon s'oppose k l'aumône de
<Soo , ooo liv.. demandée par la M unicipalité de Paris . qui n'a point
rendu compte des sommes qu'elle a reçues — ventt>a-t*on les
forêts Nationales ?Non, disent les Cornttéi. Oui, répond le^grand
Michon , Se plutôt que plus tard , & il propose un projet de,
décret pour autoriser cet affreux & irrémédiable malheur. L'im
pression en est ordonnée. Grande nouvelle à la séance du 3 » oi»
a enfin trouvé la quadrature du cercle- Qu'est-ce que c'est donc ?
demandent plusieurs monarques , es>-:e une nouvelle arme pour
battre l'Ennemi? Non, interrompt l'un deux, mais voici qui va»
vous prouver que ça ira; le recrutement de l'armée est mer-
Ci) Patriarche des Jacoquins»
( 3X9 >
Vcilleux tSo Jeunes gens se sont fait inscrire dans mon Dijjar*
tement. Six raille hommes, die l'autre, sont enrôlés dans le mica
& ont épuisé toutes les ruses pour paruître avoir la taille requise.
En vérité, reprend, Sire Grévale, je>suis tout honteux de vous
dire que dans la petite ville du Pui, où le nombre des mécontens
2c des fanatiques excède celui des habitans, on n'a enrôlé qus
300 hommes en huit jours. Ah! S'écrie Mouisset , monarque
gascon , c'est bien sandis autre chose ché nous. Lé département
dé Loth & Garonne sont dépeuplés; finîmes , vieillards , enfans,
tout est parti pour les frontières , & si vous né faites pas bite!
«ne Loi toute exprès pour arrêter cé zélé il n'y restera pas un
chien pour aboyer & mordre les Aristocrates. Todtes ces fanfa-
ronades réjouissent nos augustes & ils passent en riant à l'ordre
ou jour — on proclame les noms 'de Vaublxnc , Jmccurt , Bulin,
Bnche, et d'Avtyroult, élus membres du comité Diplomatique.
Ce choix déplaic au petit Albite. Il demande qu'on iem donne
pour suppléans les plus grands génies du Manège; mais vu la
rareté de l'espèce les choses restent in statu qun — un passe i
l'organisation d'Avignon & du Comtat. L'abbé Mulot, accusé des
plus grands forfaits par les deux partis est entendu sur cet objet.
Mien de décidé. L'exécuteur des hautes œuvres de Paris , qui va
bientôt avoir une tête à trancher , demande qu'on lui indique la
manière de le faire dextremenr. Cette proposition répugne d'abord;
mais Ba%ire & Bigot, font adopter la motion Se il sera fait un
rapport sur ce mode d'exécution qui présage le triomphe de la
(Guillotine & celui de son inventeur, La lecture de quelques
adresses, l'admission de quelques députés ont presque remplis
la séance du 4. Les officiers Municipaux de Vunkerqu? craignent
une nouvelle insurectioa." Un Officier propose un moyen infaillible
d'tnclouer les canons des ennemis & de mettre les nôtres à l'abri
de ce danger. — Le district à'Etampcs annonce le massacre du
Maire d'Etimpes égorgé le 3 de ce mois par des brigands,
malgré les effoits de la force publique. Sire Guif.on de Morveau,
cft proclamé préfrdent. On propofe, à la séance du 5 , de fournir
au Ministre de l'intérieur, une î'omme pour approvifioner le Midi
de la France qui manque de grains , les fléaux de l'Anarchie
désolent les 8} républiques de France ; celle de l'Eure écrit que
les* brigands font les plus grands ravages dans cette contrée 5c
menacent du pillage la ville d'Evreux. Les Administrateurs de
ce Département demandent des secours prompts & puissans &
•protestent en attendant de leur tendre attachement pour !a Loi,
malheureusement impuissante pour défendre la vie & les pro
priétés des Citoyens. Une pétition d'une partie des rigimens
-en garnison à Lille » lire à la Séance du soir, vifre une nouvelle
preuve de l'esprit d'insubordination & de révolte que les ennemis
de l'ordre ont malheureusement souflé parmi nos troupes. I e
règlement militaire envoyé par le Ministre à l'armée d'après la
sanction du Corps législatif, déplaît i ces soldats qui ne devroient
çonnoître qu'une obéissance passive aux ordres de leurs chefs ;
ce règlement , disent-Us, ouvrage du Ministre Narionne est de
beaucoup trop austère &c. &c. Plusieurs membres improuvent
une telle pétition & l'Assemblée, aulieu de la proscrire avec in
dignation la renvoyé « jon comité Militaire. À peine a t'elle
prononcé cet impolitique renvoi que le Ministre vient de'noncsf
de nouveaux fruits de l'anarchie.' Les soldats du 48. régiment eri
garnison à Rennes se sont révoltes contre M. de Salvignae leur
Commandant , & n'ont point voulu exécuter le'ncuveau règlement'
Militaire , M. de Salvignac indigné de cette indiscipline dorme*
sa démission à la tête du régiment; trais officiers suivent son1
exemple. A l'instant un placard affiché dans la Ville provoqué
un attroupement prodigieux autour de la maison du Commandant}
ses jours sont menaces, & la Municipalité de Rennes , qui devoïli
ie protéger & le défendre , le traduit devant un Juge de paix!
ui a l'imprudence de l'inrei'roger sur la causé d'un, désordre
ont il n'est point le juge. J'ai ordonné'au nom du Roi , poursuit?
le Ministre , la punition de ce soldat, il faut qu'elle » exécute.'
Le Cos Evéque intrus de Rennes Veut justifier les 'sédiriétti' &
la Muriicipa lté ; les pièces sont inhumées au comité 'Militaire.
Le détail d'un insurrection d'un autre genre a rempli- la.Sé.tnce
du 6. Le t.6 Février dernier, an corps nombreux de prétendues
Gardes Nationales de Marse'àle , accompagné d'une hordi dchrl»
gands se sont portés à l'impioviitc_ sur la ville à'Aix , , avec : 6
pièces de canons , & s'étaient déjà rangés en bataille sur lé cours)
quand la Municipalité en a èti instruit;:. Le régiment d'Erwrif
est commandé & se forme en Colonne contre les assiégeans ;
le Maire à'Aix accourt, & les chefs des MarseilSois , couvrent
leur criminelle entreprise du prétendu danger où on leur a dit
qu'étoit la ville à'Aix, d'être livrée aux Aristocrates souienuèa
par le régiment d'Ernest dont ils demandent le renvoi avec menace»
Il rentre dans ses quartiers. Cependant un nouveau corps as mS
entre dans la Vil'c ; on apprend .l'arrivée- âé nouvelles troupes' } ■
"m détachement l'Ernest s'-c'rem'inc vej-s la ,j(W|(»'jgte^«WMf.j
où ï'étwcnt portés $c6 'MaTMÎ'fe: L'ailarmë-ar-»'' trtnWé •
se répandent dins la Ville, les Citoyens s'arment; lVpnroofi*
de la nuit double l'épouvante en craint le carnage , le pllfegei.
& malheureusement la Garde Nationale de ia Ville est dispersée.
Dans cet affreux danger, la Municipalité suspend la biavûurfc
du régiment d'Ernest & le fait rentrer dans ses quartiers. L«
lendemain un Capitaine des brigands veut faite abattre les casernes
des SuilTes ; on bat la générale, le canon eft braqué , la mèche-
allumée. Le Régiment sort & diffipe les afTaiilans, ils partenr
enfin le 29, & le calme, dit-on, cft rétabli daos A IX. On attondl
de nouveaux détails. Les Dépattemens de Seine & Oise, celui de
l'Eure, toute la France enfin eft en proie à la fedirion , à la ré
volté , que la force publique ne peut réprimer. Tel est le résultar
de l'infernale doctrine des di' if"es , des Jacques-Clément , des
Vamien. O " ' malhe»**' *"*'-' '''îié! ' < ■
L A ROC AMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
Rédigé ?ar Dom RÉtiius Anti - Jacobinus<
Thermomètre de Paris.
Plus fin que nous n'eft pas bête , difent les
Jacquets. Nous voyons bien toute la part qu'ont
les Feuillans dans la guerre littéraire que l'Em
pereur nous fait ; mais tant qu'il n'emploiera que
ces armes , il n'eft point à craindre. N'avons-nou*
pas, d'ailleurs, Carra, "Gorfas , Prud'homme y
Condorcet , Fillette , Tkéroigne , & nos piques ï
On verra qui l'emportera. Les Feuillans ré-
Îiondent , dé leur côté , que bien loin d'approuver
e ftyle de Léopold , ils font, au contraire, in
dignés de voir une puijfance étrangère s'immifeer
dans leur démêlés domestiques , & feignent
bravement, de rejetter les leçons du Lion d'Ju~
triche. Quoi qu'il en fait , ils tremblent néan
moins de voir paroitre ait premier jour le ma-
jiityeùe des paitfances, & comme ils font perfuadés
que les droits des Princes poffeûtoonéi en Alfaç^
( 3*7 )
en feront'la bafe , ils travaillent à leur innoculer
la peur qui les tourmente , en leur infinuant
bue la ruine de la Conftitution deviendroit,
par contre-coup , la ruine du Corps Germanique.
Pour en être écoutés plus favorablement , il«
propofent aux Princes lézés , d'acheter, pour eux,
les domaine» qu'ils défireroient pofféder en Aile'
magne , en dédommagement de ceux que le Ma
nège leur a volés en France , ou de les rembourfer
d'après l'eftimation qu'ils feront de ces mêmes
biens. Les Feuillans se fiaient,, moyennant cela,
que les Princes d'Allemagne ne prendront aucuns
part dans la guerre que toute l'Europe leur
prépare , mais ,<
Va t'en voir s'ils viennent Jean»
L'emprefTement & le zèle avec lequel le»
cercles de l'Empire fournirent leur contingent
po ur cette mémorable expédition , ne. laiffent plu*
aux Factieux aucune efpérancé.
SABBATS JA CQBITE S.
Du 4 Mars*
Sous la clochette de frère Thuriot.
Ahil ahi! mes frères , s'écrie, au Sabbaî*dit
4 , le Jîévérend Gris-^Bourdon , tous les Dépjrte-
mens du Midi font foulevés ; j'en fui» tout iranfl
de frayeur , ça ne va pas ; ça ne va pas , vout
dis-je. Fi ! le poltron , s'écrie fa ci»
devant altefle le très-révérend Frère de Char»
très, & moi je dis que ça ira : oui, ça ira , car
je viens de récevoir une lettre qui m'apprend que>
le petit Rochambeau, fils du grand Général, a
découvert à Maubeuge , que M. de Quini , Lieu*
tenant-Colonel du dixième Régiment, enrôloit
pour Cobientr. Auffitôt le brave Rochambeau ,
comme vous le penfez bien, déoOi. " l'earôlcur»
\\ eft, hapé, Dieu merci, &. mis in carcere; fin
papiers font i'aifis ; les juges du District initru-
•mentent , & ftf ?Vfl. Vive la Nation! — Oui,
iandis , ajoute ÇoUofrAhnanach , ça ira, & lé lé^r
vain du patriatifme , bien loin d'être en canelle,
comme celui de l'épicier à'André , n'a jamais
tant fermenté qué dans cé bienheureux moment ;
il eft au plus haut période, D'avord , primo ,
bous né troubcriez pas dan: routé la France un
feul jeune homme , il ont tous boié aux fron^
tières^ mais tout cela n'est rien en comparaifon
du zèle de nos frères de Voràeaux. Il faut êtr<f
Jacovin pour bien l'apprécier. Or donc, nos
Frères de Voràeaux , pendant que les autres bont
ie battre pour eux ; biennent de faire une ripaille
fraternelle , dont les fiécles à bénir conferbéront
l'hiftpke , &; jamais gogaille n'a offert un plus
pittorefque tableau. Quel coup d'œil qué la ré-,
union des enfans de la liverté autour d'une
fable couberte .4e* mets les .plus friands &. des.
j>insles plus exquis! tant il est brai que la bertu
troube ici bas fa récompenfe , & qué , tandis qué
les ariftocrates , les réfractaires &. tous les hon
nêtes gens de l'ancien régime font dans la mi
sère , Si. erebent de faim, Targinette traite
fes ferbiteurs à bouche que beuxrtu. Pourrions-!
nous nf pas aimer une telle dibinité ? Mais re*
benpns i nos frères; les boilà organifés à table,
leftant brabément leur védaineen dignes patriotes,
&humeclanï leur lampas du bon jus de la treille.
Ça , dit l'un d'eux , entre la poire & le fromage,
ç'eft affez boire, fans rime ni raifon; paffont
n l'prdre du jour : garde à vous , mes frères !
attention au commandement. Empliffez bos vèrres!
bon: lp ftoats qwe jé porte eft au Congres Anté*
iricain. Àbale : puis, abec la même cérémonie,
ils bpivent rafade eq l'hpnneur dé chacun des
Beflfli^s gens 4qb{ TQiçj Ja hiridk y « WuhJçmL,
( *29)
— Aux mânes, de Franklin &• de tous ceux qui
Jé font faits occire pour la liberté Américaine. —•
A \ la projcription , castration , pendaifon &
brûlure de tous les Aristocrates , Prêtres non-'
Jureurs & autres que nous abons en exécration,
i— Aux droits de l'homme, dont nous faisons un
iîi digne ufage. — À l'AJfemblée Nationale, —
Au décret qui s'empare du bien des Emigrés. —
Aux quarante Galériens de Châteaux'Vieux. —
Aux Députés qui ont bote contre lé Ministre dé
la Marine. — Aux illustrissimes Jacovins d<
Paris , nos Fondateurs <S* Souverains Maîtres
«—A tous les Jacovins qui régentent , goubernent
& régénèrent la France — Aux rébolutionnaires
de Londres , —- A tous les Peuples qui ne beulent
point de Maître, -~-~A l'insTallation des Jurés.
«— Aux Gardes Nationales , (l'orateur bredouille
ici un retentum,) Au Général Vorde^ais-Bourdon,
r—'A LA FABRICATION AV TRIOMPHE VES
PIQUES, —r Au foulebement de tous les Sujets
des Souberains qui confpirent tbàtre les Jacovins,
•— A l'expulsion des Ministres qui fe moquent
de nous. — Aux Citoyens des Fauxbourg Saint*
Antoine & Saint - Marceau, —- Au Comité d(
furbeillanze, Puisse't-il faire pendre tous ceux
oui youdroient nous voir pendus. Enfin , les frères
de Vordeaux , lis dé' voire et n'en pouvant plus ,
furent menés à (a Comédie par un piquet de
Cavaliers , &; malgré tout le vin dont ils «'é-
toient gorgés , le çroira^t-on / ils affiftèren; au
Spectacle abec la dignité des Catons de bafle
Normandie. -*» Çollot~Almanach ayant terminé ce
récit, les Pères du grand Sabbat, à leur tour
yvres de joie , font' retentir leur caverne, des plus
épouvantables applaudissemçns , qu'ori réitère en
l'honneur de la vifîté que vient leur faire le vé^
pérable Pétion. — Voici venir enluite une dépu-»
Wioo, ponm le produit d'une quête pour let
s
( 33° )
Galériens /mérites de Château-Vieux , à laquelle
la famille Royale, a contribué pour 110 livres.
Quoi ! s'écrie l'énergumène Danton , est~ce
far une mince aumône que le pouvoir exécutif
croit expier fes fautes / . . . De quel
front la Famille royale ofe-t-elle faire une telle
aumône. Comment oferie\-vous , mes frères , ra-,
tifier cette infolence l Je demande la rejes-
tion de la fomme. — La motion du forcené Jac
quet , bi«n digne de ce féjour d'horreur , elt
néanmoins complettement fifflée. Ai rive la signora
Théroigne. Cette héroïne de la Jacoquinaille,
profondément émue de laquafi nullité des Frères,
vient propofer un plan de remonte , qui doit
infailliblement mettre l'efpèce humaine à fa jufte,
hauteur. Ce plan elt un projet de fêté- — « Belle
mignone des doyennes patriotiques, lui répond
le Préfid^nt ; boire & manger , rire & danfer , fe
livrer aux doux élans de la nature, & de la
iberte , eft chofe excellente , car le plaifir efl
le baume de la vie. Des tonlpirations infernales,
il eft vrai , nous menacent grandement -, mai» ,
malgré les pervers , ça ira , le patriotifme veille,
& l'aristocratie fera enchaînée fous une triple
tombe. Ne doutez pas de notre amour & de no»
efforts pour la propagation de la liberté;
& en attendant que ça aille, entrez, chère Ma
trone de Targinette , dans notre bercail ; venez
jouir des droits de l'homme. Une députation des
arrières Jacquets, vient affurer les Révérends,
qu'ils fe feront mettre en hochepot plutôt que
de fouffrir la deftruction de la Jacquerie. —
Grand merci , lui dit le Préfident ; nou» comptons
fur vous au befoin. Mais , frères , voici bientôt
le jour ; la règle des Sabbats , eft de fuir à foa
afpecl. Allont tous nous coucher , au revok.
MÉLANGES. '
Targinette l'Enchanteresse,
Quoique fille de la nuit,
Qui pis eft , de l'ignorance,
Dont je suis le triste fruit ; > ■
Je le dispute en puissance
A la fille du soleil:
Et sur la française engeance
Av-c un pouvoir pareil..
J'exerce mon empire* & j'ai même influence^
( «*■ )
LA ROCAMBOLE,
o.u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Régiu s An t i - Jac o s i n v î.
NOUVELLES POLITIQUES.
Leopold eft mort , la renommée aflure qu'il
eft mort, empoifonné. Par qui l Par des
Jacobins. Les preuves de cet horrible attentat
existent dit-on. Une lettre de Lintz , marque que
des papiers faifïs à quelques fâttelites envoyés par le
Club régicide , ont mis en évidence le complot
de la Jacquinaille On ajoute que cet exécrable
projet a été conçu dans le fein même
& que la caverne des Jacobins a fourni les
monftres qui dévoient le mettre à exécution.
L Si ce font-là les moyens que les abominables
Jacquets veulent employer pour conferver leur
domination affreufe , quelle leçon pour- les
Rois , qui ont cru qu'en donnant aux Factieux
le temps de réfléchir fur le mal qu'ils ont fait ,
ils,ft viendraient
17 ~ à récipifcence
1 , & qui ont
référé les plans
pretere pians les plus modérés aux me-
lyres yigoureufes /- - qui
-|ui auraient pû couper le
mal Sans fa racine , av, avant qu'il eût fait tant de
pragrés effrayans. Mais auffi , qu'il eft à craindre
que les Souverains ne vengent fur le peuple
fcànçais le crime affreux, commis fur une têt*
\( 340)
couronnée. Citoyens , il eft encore un moytfn
d'éviter ce malheur. Ecoutez enfin la voix de
la raifon., Ralliez-vous fous la bannière de là
concorde auprès du Trône des Bourbons , rendez
à ce trône fon éclat , au meilleur des Rois une
autorité dont il ne veut faire ufage que pour
vous rendre heureux. Fuyez des monftres qui
vous ont rendu l'horreur fit le mépris des Na
tions. Voilà le feul parti que vous ayez à
prendre. Avant que l'Empereur fût empoifonné
il avoit fait retirer l'ordre qui deitendoit à tous
les marchands de fournir aux Français des
provifions de guerre , fie tout étoit arrangé entre
le Roi de Prufle 8c Léopold pour la marche
des troupes Prunïennes fit Impériales combinées.
|L.e total de cette armée étoit de 380 mille
hommes. 220 mille étoient fournis par Léopold,
& le relie étoit le contingent de Frédéric.
Les bataillons du Prince Ferdinand étoient
attendus à Fribourg , fit leur logement y étoit
préparé.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
L'époque où nous nous trouvons étoit marquée
pour les plus grands crimes , tant au dedans qu'au
dehors. D'une extrémité du Royaume à l'autre ,
on n'entend parler que d'infurre&ions fit d'aflaf-*
finats. Ici, ce font les Payfans à'Evreux, qui
maflacrent un infortuné après , l'avoir fait, pro
mener fur un âne, la queue de l'animal dans la
bouche. Là , les brigands des environs de Poi-*
tiers crient avec fureur qu'il ne fuifit pas de
mettre les biens des Emigrés en féqueftre ; qu'ils
veulent qu'on en fafle trois parts, la première,
pour la Nation , la féconde , pour les familles
des Emigrés , 8t la troifième pour eux. Plus
loin , les Calvinistes fit les Jacobins de Mar
( 341 )
feille , après s'être enveloppés de l'appareil de
la loi , de concert avec M. de Barbantane & la
Municipalité à' Ai* , pour défarmer les bravés
Soldats du régiment à' Ernest , s'acheminent vers
Arles; mais bientôt inftruits par la renommée
de la fîère contenance des Arlefiens , de la concorde
qui règne entr'eux , & des mefures fages prîtes
par leur Municipalité pour repouffer l'ennemi
en cas d'attaque ; les Jacquets qui , dans l'ardeur
du pillage avoient compté fur une proie afiurée ,
sont déconcertés , & font bien voir que plus les
brigands montrent d'ardeur pour les arTaflinats ,
fie moins ils favent affronter les dangers. Ils
ont vu que leur ruine étoit assurée fous les murs
d'Arles. Toutes les vertus fociales ! bannies du
refte de la France , font réunies dans cette cité.
Les Dames en font l'ornement & la gloire ,
autant par leur courage que par leur beauté.
Qu'on nous permette de fixer un inftant nos re
gards & notre admiration fur ces aimables hé-
roïnes ; il eft impoffible de les avoir préfentes
à la penfée fans leur rendfe le tribut d'hommage
qu'elle méritent. He*ureux ceux qui les connoif-
fent , plus heureux encore ceux qu'elles aiment,
pour fe faire une idée de ces intéreffantes beautés,
il faut les comparer aux belles Houris que
Mahomet promet à fes fidèles Musulmans. Par
le portrait que l'auteur de VAlkoran a fait dp
ces Vierges céleftes , on eft tenté de croire qu'il
«voit vu les charmantes Artésiennes.
Comment , d'après cela , fer'oitril poffible que
les Citoyens A' Arles ne fuffent pas des" Héros !
Aufli font-ils réfolus d'oppofer la plus vigoureufe
défenfe aux attaques qu'on tentera de leur faire.
On Kt , à ce fujet , dans le journal de M.
Duclaud:(i) « Qu'on fâche que les Arlésiens
, IEGISLATI O. N.
n o u y t'A u t é s.
Le? caravannes du -Capucin Chabouc dans
"l'isle de Paphos , fuvies de son voyage , féjotjr
' et retour dans la planète Mercure. Histoire Tragi-
■ comique , vue , revue et ornée de notes curieUtes
5ar le Docteur Godernaux , enrichie d'nne épîtfe
édicatoire à dame Faux chef du Calvados ,
'irr-^lio , fe trouve chez toutes les Marchandés
de Modes du Palais-Royal.
«
Dt l'Imprimerie de Jacques Girouako ,rue dm
Bout'du-Motidi . N°. 47.
Seconae Année; N°. ix:
-» > -. ■ * ». i
RÉDIGÉ PAR DOM RÈGIll* A,NTI - JACOBINUS.
NOUVELLES POLITIQUES.
Coblentf, S JV/orf.
\
e > ,
fdZe & ta. politique'! Ignorez-vous que la T>c^
ligion' elY lé ifeut garant de la durée des Em->
pires , & que fans elle ,' d'après Afaçhidyel même ,.'
ils tombent bientôt en diifolutîon. Si fro'us c'on-
noiffez cette éternelle vérité, pourquoi perfécutezV
vous les citoyens d'Arles, pour" des vertus que
vous n'avez pas? '•••<..
Aux fureurs de leurs ennemis , les Artésiens'
oppofent la bonté -de leur eau Te , comme on peut
Voir par la.réponfe qu'ils oi.t faite an 'Dépar
tement des bouches du Rhône-; qui leur ehjoiJ
gooit , fous, pgipe d'être déclarés r-eèelleî X 1*-
Loi ,de s'oppofer à l'avancement des Dragons
envôyés par le Commandant des Troupes de ligne
d'Avignon, .pour les défendre en cas d'attaque.
» C'eft , difent-ils , avec la Conftituiiort à Ja
main & le courage de la Vertu, que -nous rc«-
pondrons toujours à nos ennemis. Les rebelles,
à la. loi, font ceux qui attaquent , &. non ceux:
qui fe défendent ..... .. . » •- ' .
« 11 efl bien étonnât, dit l'auteur du Journal
d'Arles , que' les MeSeun, c^ai croyent compo
ser le Département, pouvoir donner légale
ment des ordres j , ayent l'air dïimprouver les
démarches d'honnêtes gens qui veulent garantir
leurs foyers des fureurs d!une horde qui marche
fans règle. & fans : ordre, Ils invoquent la Loi;,
c'eft au nom de la, loi .qu'ils écrivent. Nous
prenons la liberté de leur demander, fi c'eft
nom 'de la foi, qu'on lanterna MM.tPafchali$ ,
Guiraman & la Roquftre/ fi c-efl au nom de la
Loi que ,I,es MarfeiUois l'ont venus à Aix jetter
la terreur, djfperier les directoires , & s'emparer
des papiers / Si c'eft au noTn de la Loi ; qu' Ernest
a été déiarmé , pillé , maifacré , renvoyé ! Si c'eit
au nom de h. Loi que la belle bouquetière a
été ,pendue î Si c'eft «« nom de U Loi que le
( 35« >
Capitaine Antoine Lamanon, à'Arles , i ut hué ,
vilipendé, emprifonné à Marfeillel Si c'eft au
nom de la Loi , qu'on lui lâcha un coup de couteau
qu'il eut le bonheur d'éviter , &c. &c. &c. Et
fi c'eft encore au nom de la Loi que les Artésiens
doivent tendre le col aux Brigands, &.«fe laitier
égorger / »
Thermomètre de Parîsé
La Tyrannie du Manège s'appéfantit toujours
de plus en plus fur les amis du Roi. Les Fac
tieux ont dit : la mort de LÉOPOLD va porter
là douleur & rabattement dans l'ame des Ro\a-
liftes. Achevons de les défefpérer , en, faisant
publier dans les Journaux qui nous font vendus,"
que le Roi à'Efpagne est en fuite; le Roi de
Suéde , prifonnier dans fes Etats , &c. &c. Avec
cette manœuvre habile , les honnêtes gens vont
étr« déconcertés ; nous profiterons de leur ftu-
peur pour leurptjrttr des coups terr bles , contre
lefquels ils n'oppoferont aucune réfiftance , &
nous nous élèverons à la hauteur de notre déc
linée, en renverfant le Trône, & en élevant- fur
fes débris enfanglantés , notre chère République:
En conféquence , ils perfécutent plu^que jaatais
les gens de "Bien , & ce n'eft pas feulement contre
ceux de "là ville à' Arles qu'ils dirigent le fer
des afTaflîns à leur folde ; ils outragent jufqu'à
la Garde du Roi , qu'ils* tâchent , par toutes
fortes de calomnies, de rendre fufpeéle au
Peuple, pendant que, d'un autre côté , ils
s'efforcent d'en féduire les Membres & de les
è'ntrainer dans la caverne des Jacobins , pour
^fouftïer dans leur cœur le feu de la difcôrde &
âé'-'îâ haine. "* ""■
> Mats que4es*ami* de la Monarchie ne fe dé
couragent point j'-qu'ils foient ferme» plus qu*
fons que le jour -de la juftice n'eft pas éloigné.
Le fang de Léopold crie vengeance , il l'obtien
dra. L'Archiduc développera bientôt , contre les
afTaiîins de fon augufte père , le caractère mar-
fial qui l'a rendu fi redoutable aux Ottomans
& qu'on ne doute pas un inftant qu!il ne foît
bien fécondé de fort Peuple & de fon armée.
Déjà leurs cris fe font entendre ; ils ont juré une
haine éternelle à toute la horde régicide des
Jacobins. Bientôt vous verrez arriver â votre fe-
«ours le» defcendans de Saint-Louis , fuivis de
l'élite des Français , des troupes belliqueufej
du Nord & du Midi , & vous cotinoître* à quels
des armées a ré
fcrvé votre délivrance & la punition des fcélérats
qui vous tiennent fi inhumainement alfervis.
SABBATS JACOBITES.
«v- < Des Ç.-..H , £* \xMtLTs.
Sous la clochette de frère Thuriot.
Point d'argent, point de Suijfe, a dit le petit
Jean ou l'Intime' de la Jacoquinière , dans le
Sabbat du 9 , nos finances font au diable , noua
d&i on» à l'univers entier ; partant , mes frères ,
que î">u? les Jacoquins de France soient mis à
contribution. — Befoin n'eft certes de dire ici
q;:e le Acquêt, qui n'eft pas toHu-i-fait bête,
fent bien qu'on ne peut sans argent remonter
L E G 1 S L A T 10 N. !
Seconde race de nos Rois,
{Stanctiéts 14, 15 & il/Jfa». .,: f
•Xçî troublei , fruits amers de l'Anarchie , dé
filent fucceflivement tous les département. On lit,
à la Séance.du 14, les procès-verbaux envoyés
par le Département du Loiret , ( Orlé. ) qui
annonce que la nation de Moutargis , fatiguée
de la cherté des grains & des billets de défiance ,
fe livre tout de bon au plus faint des devoirs.
— Ventre affamé n'a point d'oreilles, leur djt
le Ministre- Cahier : -ne tardez donc plus à
m'adigger 10 mitlion& po.^rAfrire manger &taire
la ÎNation affamée , & partant turbulente. Mais
la mifère du Peuple n'est pas ce qui occupe le plut
nos Roitelets ; un dç ces^uguiles, à nous inconnu ,
comme au refte delà terre, leuf dénonce un fait
bien plus effentiel ; c'eft un pamphlet impie,
aristocratique , & qui pis eft , injurieux à l'hon
neur du Corps législatif; le ratnaffé piqué d'une
telle audace , demande que l'ouvrage foit brûlé ,
& l'auteur tout au moins pendu; mais pour en
venir-là il faut lire d'affreufes' vérités , à moinr
de traiter l'Auteur comme le Miniftre de Lejfarr,
cette réflexion embaraflbit un peu nos ramaffés ,
quand le Roi Ba\ire , réflécbiuant, que fi l'Af-
fembiée vouloit cenfurer tous ceux qui la çen*
furent , elle ne pourroit y fufhre , réclame l'ordre
du jour qui eft promptement adopté." Vient enfuite
l'offre patriotique des Citoyens de Saint-Flourt
^Département du Cantal , qui propofent à no»
^}}j$%?l%tit pris' Ies^rikÉ&'fc ïefufent -de fel
SVAWV * é|brgéY par1 les- OTrgancfs' que xlâ i^orclé
Jacobite à tâché» far jèàxV Cette '.offré 'f&^ai*-
iiaire , lc^j> Acné- reçot^iée lavep - horreur , eft
applaudie ; & c'eft airîfi , ' qVeri autorisant ' la
guerre dyi}§5,'.l'^.çp^gé^-^çha^it Jes \Facrieux
& contbmme la ruine de l'Empire. Voici venir
trois cens Vttffirafttf.rès féldé?,"-pafpaftt pour lac'é-
fenledcsfrontit^-es, venus à'Jgen tout, exprès _&
k&fMxmk ^hti$A\%-Ji 'direa' leurs MaMéa
AVIS.
Des raisons graves nous engagent a prévenir ceux
qui s'abonnent a notre Journal de ne plus s'adresser,
qu'a* Directeur du Bureau, rue Montmartre N. 319
près le passage du Saumon , à Paris. Le prix de la sous
cription eft Se 24 Kvres pour un an, 12 livres pour
six moi) , & six livres pour trois, franc do port dans
tout le Royaume. Les abonnement datent toujours eVa
1 du mois où ils sont faits . en fournissant les TU**
qui ont déjà paru. Toutes les lettres & avis qui ne
sont point affranchit restent au rebut.
Errjta du dernier N*. page 338. lîg. 12. qui sont
propres. Lises qui LUI sont propres. Page 342. lignes 8
& 9 — on est indigne". Lisez : on est indigne.
LA ROC A MB OLE,
■ , ou
NOUVELLES POLITIQUES.
Tournav , n Mars.'
Tandis que quelques lettres affirment , que
J'Empereur eft mort d'une fluxion de poitrine v
accompagnée d'une pleuréfie , plafieurs autres
#tteftent qu'il eft mort empoiionné. L'Archiduc
Jofeph Ion fi.'i ne refpire que la vengeance ; il
a fait arrêter a vingt lieues de Vienne, MM.
de Nouilles' & de Marbois ; ils font au fecret.
Le Roi de Bohême , a donné fes ordres pour
accélérer la marche des troupes > & la Diète de
Ratifbenne vu l'urgence, eft décidée 3 lailfer
au fils de Léopold l'exécution du plan adopté
par le Corps Germanique , contre les Factieux
de France. Elle paroîr même défiref que 1*
yeme III. année 1793. %
( 370 )
contre-révolution se faffe pendaut qu'elle j'oc*
cupera de l'Eleélion de l'Empereur pour
laquelle l'Electeur de Mayence a requis tou*
les Electeurs de fe réunir promptemenC Loin
donc , que la mort de Léopold l'oit favorable aux
exécrables affaffins des Rois , elle ne fera que
précipiter leur chute & hâter leur fupplice. On ne
peut peindre la fureur des Soldats destinés à purger
la terre de ces monftres. Les Français qui étoient
dans cette Ville ont eu ordre de l'évacuer. M.
à'Aphoricourt qui y commande , en a fait fortir
fa fille mênie.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Le tableau de notre lituation eft affreux , non
feulement dans les contrées Méridionales , mais
encore dans bien- d'autres Départemens. Chaque
jour on nous dénonce de nouveaux forfaits ; le
nombre en est effrayant , eç dans ce cahos de
crimes & d'abominations , combien n'en échappe-
t-il pas aux regards de l'obfervateur / Mais pour
fe pénétrer de l'horreur que doit infpirer notre
révolution à toutes las ames honnêtes , il n'eft pas
néceffaire d'offrir à nos Lecteurs, cette moitH
tude de faits déshonorans & attroces , dont les
Calviniftes & les Jacobins fouillent à chaque
instant leur révolte. Nous n'aurions, d'ailleurs,
pour cela, ni le temps ni l'efpace qui nous
îeroient néceffaires. Il faut donc fe borner aux
faits les plus effentiels ; tel eft c«lui, que nous
allons rapporter. II prouve que fi les Royalifte9
font bien déterminés à faire tête à l'orage ; que
s'ils n'ont pas oublié , que LA résistance A
L'OPPRESSION eft un des DROITS DE L'HOMME
folemnellement reconnu par leurs tyrans & leurs
bourreaux ; quelles que foit l'audace &.la férocité
de ces monftres , leurs moyens font nuls , par
la déforganifation qui s'opère, tous les jours dans
/. ,■ C370
tette partie de l'armée qu'ils font parvenus |
corrompre
Extrait d'une lettre de Rennes. 8 Mars 1792*
* Le Miniftre de la Guerre avoit envoyé au
Régiment à'Artois , en garnifon dans cette Ville,
un drapeau tricolor , avec ordre de renvoyer
l'ancien. Le 27 Février» veille du jour défigné
pour la bénédiclion de ce nouveau drapeau, les
Soldats furent humer les exhalaifons de la 1 évolte au
Club des Jatobins , & le lendemain, ils fe rendirent
dans l'Eglife des Cordeliers , qui sertmaintenant
d'Eglife Métropolitaine, où ils jurèrent, à la
manière du Père Duchefne , que leDrapeau ne
retourneroit pas au Miniftre , mais que , confor»
mément au défir de la Jacoquinaille de Rennes ,
ilrefteroit dans l'Eglife en mémoire du CIVISME
du brave Régiment à' Artois* M, de Savignac,
& les autres Officiers , Commandant le bataillon
repréfentèrent aux mutins , qu'on ne pouvoit
'enfreindre l'ordre fans fe rendre coupable de
défobéiifance. Leur réponfe fut , que leurs Offi
ciers étoient des B . . 1 . . à'Aritocrates , qui vou»
loient envoyer l'ançien drapeau à Coblentr, &
.' qu'ils alloient leur abbatre la tête. Alors M, de
SavignaC , arracha fon hauffe-col et fortit avec fes
Officiers. La cérémonie finie , le bataillon com
mandé par un malheureux nommé Seveflre , fut fe
mettre en bataille fur la place dn Palais , aux accla»
mations &battemer,s dés mains des Jacquets. Delà,
les rebelles portèrent , chezM.de Savignac, Oç
drapeau de nouvelle fabrique , mais ce fut pour le
reprendre un infta it après , avec la caiife mili
taire , qu'ils dépbfèrenr chez le fieur Saint'Mi-
chel. L'après-midi, les Soldats coururent la
Ville pour trouver leurs Officiers afin de les tuer,
:
jnais ils s'étoient cachés. Le Jacobin Stvesttg
ayant invité par des' affiches les citoyens de
Rennes de fe rendra à la grande Salle du Palai<,
manœuvra arec tant d'adreuV, qu'il parvint à
raffembler une certaine quantité de lignatùres
contreM. àeSavtgnac. Muni deces p\éces,Sévesrre
dénonce cet estimable offic.er à la Municipalité.
M. de Lanjuinais , • ex-Ljègilîateur & chef du
Club Eeuiliantin , paroù en écharpe , & dit au
nommé Scvesirt-, que cette affaire ne regardent
ni les Clubs , ni les Municipalités , mais bien
un Coril'eil-de-Gi.erre. A ces mots , ks Jacquets
s'emportent, purent, menacent les Municipaux,
& fartent en criant vaux Aristocrates.' Enfuiie
ils vont en foule à la polie , défendent qu'on
■donne des chevaux , & dépêchent un Courrier
à Vitré pour arrêter les fuyards. Malheureuse
ment , deux Officiers , partis de nuit , à pied r
par un temps affreux' , & peu chargés d'argent ,
■ont été arrêtés & 'Conduits dans les priions de
Vitré. On attend impatiemmer.t des nouvelles de
faris , pour favoirje fort qa, leur est défrisé. Lep
autres ont eu le bonheur d'échapper à la fureur
-de leurs foldats , qui ont été , la bayonnette au
bout du fufii , les chercher d^r.s pluh'e. s matfons,
& notamment chez un Gentilhomme de la pre
mière distinction , où ils ont tout mi fans deff.i»
oedbus. » — On. voit. par cette lettre, que lai
Clubs n'ont pas de plus grands ennem's qu'eux-
mêmes. En attendant le grand jour de la juîtice,
ils promènent par-tout l*étendarr de la révolte,
de l'impiété & de la perféoution. On vient d'en
fermer dans les prifons de Nisines , un Grandi
Vicaire de M. l'Erèqee à'Ujès , potir a oir
donné des difpenfcs de mariage. Le préht lui-
même a été décrété de pr!fe-de- corps. A
Sxiudin , petit bourg du Département jde la Loire
inférieure, une troupe année fe potte le îp
Février, chez le Curé du lieu, vieillard feptua-
gënaîre, à peine revenu d'une attaque de pari-
Jylie. Tout ,eft bouleverfé , brifé ; il eft enjoint
au refuectable Pafteur de fe, rendre à Nantes ,
dans le délai de. trois jours, & les habitans du
Bourg l'ont menacés d'être incendiés, pillés s'ils
foafire.it- déformais des Prêtres non - jureurs';
da: s la parroifie. Le 26 du même mois , des
SolJats fe rendent à Vil e?.axs , lieu voirai de
Soudan , pour fe faif.r du Curé & de fon Vicaire.
Vers la même époque , on emprifonnè le fieur
F itTârt, Maître d'école de la Paroilfe dMaray,
t_Q\. fout le crime eioit d'inftmire avec un zèle
l ii ! digne d'éloges , les enfans , 'dans les vrais
p mâpes delà Religion Catholique, & d'y
fortifier même les vieillards. La Bédaude cette
Paroiife eft auilî incarcéré r charlë, parcequ'if
avoit refufé d'affilier le 14 Juillet précédent k
la Melfe de la fédération , célébrée par un Prêtre
jureur. La prefque unanimité des habitans de
ces cantons, d'accord avec les Municipalités fit
les Electeurs, ne veulent point des intrus.
On noue écrit de Marfeille , que les Négociant
&. tous ceux qui ont quelque chofe à perdre,
craignant, avec jufte raifon , le pillage de leur*
biens s'empreffent de fuir cette ville dominée par'
les Fadlieux.
Les dernières lettres Je Paîners annoncent
que le 14 de ce mois, un détachement de l'armée
Sans-culotte a lorçéTH6tel-de-ville , & vouloir
contraindre la Municipalité à taxer à fon gré
te paitj & fes denrées. La loi martiale a été-
proclamée , quelques brigands ont été tués; pîu—
iieurs autres WerTés , Si l'efcouade Jacobite dif-
perfée jufqu'à nouvel' ordre.. r • *
Nous ne finirions- pas-, fi ncrus voulions rappor
ter les attentats , les crimes- de toute efpece",
dont la horde exécrable des Jacoquins-fot;£lle cx> u'—
«uellcjoent une patrie qai r aoayelle Gclboé*
I 374 3
dévore fus malheureux habitans.BoUï.ÔGNE-syR-',
MER vient d'être, le 7 Mars, l'affreux théâtre)
de là fcélérate fureur, de ces monltres régicides,
Pluueurs fidèles, de l'un &. l'autre iexe, fe rai*
fembloient à l'Eglife de l'Hôpital de cette ville,
pour affilier au falut d'ufage pendant le carême. Les
Jacq uets y députent leurs Sans-culotes, qui allai lient
l'Eglife & éclatent en menaces. Les femmes
épouvantées cherchent leur falut dans la fuite, 8t
ife cachent dans le jardin de l'hôpital ; mais le»
brigands les en arrachent bientôt , les traînent
dans la rue, déchirent leurs vêtcmens , en expofent
trois toute nuesj au regard public, les frappent
& les outragent ; l'une d'elles fuccombe fous
les coups redoublés de; bourreaux ; elle eft por*
tée dans un Corps- Je- Garde , jettéé fur le lit
de camp, . & livrée aux derniers outrages. La
Garde-Nationale de Boulogne , bien différente
de la Garde -r Nationale Parvienne , loin d'cnv*
pêcher de telles atrocités , encourage les brigands,
& un détachement du régiment de Dilhn ne
peut feul les contenir. Les Officiers Municipaux ,
jnterpofçnt envain leur autorité ; ils font re<-
pouffés; l'un d'eux traîué dans la boue, & fon
écharpe mise en pièces. Les Jacquets terminent
enfin leurs abominations par le pillage de plu->
lieurs maifons de Négocians qu'ils ont entière-»
ment ruinés. Voilà les fruits fans celle rena'£=
fans d'nne révolution qui nous rend à jamais
l'opprobre des Nations^
PARIS. —• La nouvelle. Garde du Roi a été
inftallée le 16 , &. la Garde-Natjonale Pafifienne
jie fournit plus qu'une Garde d'honneur. Sa
JMajefté l'a remerciée dans les termes les plus
.affeâueux, de fon fervice. Louant enfuite le
zèle infatigable que la Garde Nationale n'a ceffé
de montrer pour le maintien de la tranquillité
publiquç , lç Monarque » ajouté ; « fwtimQ
( 375 >
plaisir & confiance , que je marcherais moi-même
avec elle , pour défendre & garantir les propriétés
de chaque citoyen 4 & ajfurer le refpect & l'obéif*
fance qui font, dus aux lçix\ — Voilà le Roi ,
que d'infâmes fcélérats ne ceflent d'outrager , dont
il fe font hâtés d'infulter la nouvelle Garde , en
arrachant à quelques-ans d'entr'eux le crêpe qu'ils
portent au bras pour le deuil de l'Empereur.
Thermomètre de Paris.
La tyrannie appefantit de plus en plus fon
fceptre de fer fur les amis de la Monarchie;
cependant la Jacoquinaille , au moment qu'elle
croyoit le plus propre à faper impunément le
Trône , pour réalifer le beau projet de Répu
blique fédérative , conçu & préfenté par les
Calviniftes , la Jacoquinaille , dis-je , vient de
manquer d'audaae & de courage. Déjà Condar
avoit fait forger dans l'antre de la calomnie ; &.
fous les aufpices de l'impudique fille dn Genevois^
une dénonciation , contenant vingt-deux chefs
d'accufation contre la Reine. Après avoir mis
le Roi dans l'impuissance de trouver un honnête
homme pour Ministre , on avoit délibéré de le„
forcer à venir datis-raffemblée abdiquer fa cou
ronne , & offrir fa' tëte à la hache des bourreaux;
mais les menaces énergiques , faites atf coupable
Condor, . . , par un citoyen honnête , prêt à fe
dévouer pour fon Roi & fdn augufte Famille ,
ont fait pâlir le monftre & fes complices , & dé
concerté cette fois leurs infâmes projets. Qu'on
réfléchiffe un peu là-defTus , & on n'aura pas
'de peine à fe convaincre , que l'audace des fcé
lérats ne vient jamais que de la foibleffe des
honnêtes gens; onreconnoîtra que fi ceux-ci veulent
enfin s'entendre , s'ils veulent réfifter courageufe-
ment aux méchans , ils feront bientôt farce»
( 376 )
de difparoitre de la foçiété , pouf aller cache*-
dans les antres' le» plus fauvagas, leur hoirie &.
ieurs rtmoi'ds. ■
S A SB A TS J A C 0 B I TE% \
Séances des iô , 17 & iS Mars.
Sous la dockerre de Frère Thi/MOT* . t
Le révérendissime Charrier, 'officier Munici
pal de Lyon , destitué j ar le département de
Rhône Loire , rte pouvant <^n ion âme• Se
confcience pardonner cette destitution , a réfolu
pour s'en vanger, de dénoncer le Département,
lit au fabbat du 16, un petit bout de pé
tition , en style jacobino-civiq-ae , qu'il fe propote
de préfente r ai hoc , aux fept cens Rois du
Manège. —- C'eli très-bien fait , répond le Préft-
dent , dénoncez , notre cher frère , dénoncez ;
vivre fans dénoncer eft-ee contentement Nous
avions manœuvré, vous le ij3vez,pour mettreleMicii
de la France à la railbn ; mais un veto fatal à déjoué
nos m e turcs ; n'importe, <nous travaillons main
tenant de façon que ça ira. Le Directoire , dites-
vous , a attenté à la liberté . en. vous de'municipali-
fant. Quel audace î perfépu^r, un Munjcipe ,
& cela , parcçqu'il eit patrjLOjteAdans toute la lati
tude du mot. Ah! frérotev-quel titre facré &
honorable pour vous, Vite, dénonce?; les Dé
putés ici préfens vous écouteront avec Intérêt.,
& après avoir exactement vérifié {) vous ne men
tez pas , ils s'uniront à vous' pour vous faire
triompher au gré de vos defirs. Le Municipe Char
rier, ainfi réconforté 1 unfrarer, qu'à ion air a»ar-»
tial on prend de Iqin pour un renouvelé d'AUxa-n-
dre , raconté les contefcatians furvenues le matin 4
ï'inftatlatiqn de la. nouvelle Carde du Roj ,
fujet du poile d'honneur. Les uns prércndoient
qu'il étpit dans l'endroit le" plus' éloigné dé
y
C 377 )
Monarque, & eqriféq'jemment le plas eTpoféaB
d mger ; les autres foutenoient qi e le pafte d'hon
neur étoit celui le plus proche du Jfioi, & il
a été donné à ta nouvelle Garde ; mass ce oui
a le plus fcandalifé l'orateur, c'eft d'entendre
I'Eta;-major & toi!'; les Officiers crier à tue lêie,
vive U Roi , vive la Haine ! .... A ces ntJts, qui
font lé même effet 'far les Jacqi:cts que l'easi
iur les Hvdrophcb s , toute la bande s'écrie, C'EST
jîN'DIGSE, il ne faut plus monter chej h Raû
J-.h ! mais dit le pet t frater Merlin, je ferois
aifez de cet avis , fi je ne confultois que mou
cœur ,.. d'après les événement du Cbâîeaa, dont
j'ai été le témoin , car je vais quelque fois y-
fureter ceux qui ne s'honorent pas des coa-
JcLirs Nationales ne méritent pas d'être gardés
par la garde Nationale . . . Ceux qui crient Vive
le Roi , ex à bas la Nation , ne méritent pas d'être
gardés ( j'éherguméne Merlin fuppose ici ceder-
jiier cri , contradictoire avec le premier , parceqne
la pr'ofpénté du roi cil identifiée avec celle de
la nation ; mais il falloit dbnrier 'ûne fauve-garde
à fes blàfphémes. ) Cependant, potirfuit le Jac
quet , toute difcufîion à cet é^ard feroît inconf-
tHutionnelle.' Il est vrai' que les ôî&ciers ont crie
rive le Roi\>Qae le quatuor , (, c'eâ-à-dire , la
famille royale ) eft'venu à la fenêtre pourélec-
tril'er la cbu'r , le tout heureufeinent en vain. Aht
c'eft moi, frères, dit un fans culotte du fabbat,
qui ai fait une pètité farce patriotique tout-à-fa*t
charmante ; je nie luis promené bravement & bien
dans la cour du château avec mon gros bonnet rouge
de la liberté (br la tête. Vdici venir un a;de-major,
qui a vouvû me ehaffer , mais bernique. Je lui ai
jnonué les den's , &. il m'a laiifé , en me faifant
ixns moue d'ariftocrate. De-lit, j'ai été nie pava-
nçr fur la terra îïà des .feuiU'ans J trois eâLciers de
la gardé" ont voulu m'en ehaffer 'eue ore, de paf
( 578 )
le gouverneur ; je vous ai vigoureufement lecoué
ces braves gens , & lçs ai envoyés paître , eux &
leur gouverneur. -- A' demain mon tour , reprend
frère Réal , je vais monter la garde au château
avec la conftitution dans ma giberne , & on ne
m'en impofera pas morbleu. Le texte eft formel ,
& le pofte d'honneur nou» appartient. Plus nou(
ferons près , plus nous veillerons.. Nous fommes,
à la vérité, des témoins fort INCOMMODES , {c'est
par trop modeste, il pouvait dire pis. ) <S- voilà
pourquoi on veut nous éloigner. Les troubles exci->
tés par la jacoquinailledans la ville d'Arles , étant
au désordre du jour , frère Grangeneuve , en fait
»ne énumération aufli longue qu'infidèle , et con
clut à l'envoi des gardes nationales dans la ville
d'Arles , à ce que la proclamation des droits dç
Thomme & de la conftitution foit faite avec la
jplus grande pompe & dans une fête patriotique ,
propre à remonter ( lifez démonter ) l'efprit pu
blic. -~ Le fabbat fe termine par la proposition
que fait une efpèce de jacquet , de drefler une lifte
des journaux dont les principes font équivoques ,
& des perfonnes qui coopèrent à leur rédacïion,
3Le révérend n'aime pas une vertu douteufe , &
préfère avec raifon un vice décidé.
Un acle de rigueur a fignalé l'ouverture du
feabbat du 18, on y a fulminé ûne Sentence
d'excomuuication contre deux pauvres hères de
la bande jacobite, atteints & convaincus d'avoir fait
ïaca ail riez de leurs frères , & de les avoir fuc-
cefiîveme'nt tournés en ridicule. Ils ont été con
signés , en conféquence , à l'entrée de la caverne.
— Place, place, s'écrie en entrant l'honnête
homme' Carra , donnant la main à un Soldat du
régiment de Castella. Frères, dit-il, ce brave
Patriote , que voici a été cafle à la tête de fon
régiment , & vous fentez bien que ce ne peut
être. qu'à
* ! - raifon
V... de ••••
fon civifaxe. Mettez-le (qui
('379 >
l'ombre de Vos "ailés , & factum fst ita,j—~ Ai*
vient frère Réal , dont la mine trillement conv
poi'ée , prédit quelque finiftre nouvelle , il en-,
fourche la tribune , & dit : nos frères de Niort
viennent de voir leurs lauriers tricolors' changés
en noirs cyprès, Ils préparaient la plus fuperbe
fêre pour l'inllallation du buste de Mirabeau
dans le fancluaire de leurs Séances. Un feu d'arti
fice devoit couronner cette fainte folemnité. On
le préparoit dans une chambre voifine; mais par
la plus déplorable aventure , une explofion fubjte
éclate dam l'attelier, la nuit du 34 Février. Ls
tocfïnfonne, on bat la générale; les fecoursfont
prodigués, le tout, hélas! en vain. Dans moins
de 6 minutes, les flammes ont dévoré la maifon.
le bnfte de notre immortel fondateur ; fix per»
fonnes périffent dans cet affreux défaftre, Ç'est
vraiment malheureux , répond un Jacquet ,
mais favez vous, du refte , que l'efprit public
fait des grands progrès dans la ville de Stras
bourg, que tous nos frères ont adopté le bonnet
rouge dé la liberté ! Des applaudiflemens redou
blés Auvent cetre interreffanre nouvelle. Frèrs
Real faconte enfuite ce qui s'eft ptffé au château
iiu fujet du porte d'honneur contellé pat1 la garde
nationale & les gardes du Roi, Nous ne le fuivrons
point dans les détails qu'il en donne , tous' afîlU
40 bureau de la Gutrre.
1
eofnme PrtÀTÈ : ce qui est écrit est ièrluVou*.
payere* félon que vous ave\ été impofés.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois*
Séances des if, 18 , 19 & 20 Màrs,
Sire Lacroix propofe , à la Séance, du tj »
î'établifTement d'un nouvel impôt , un droit d'en-
régiftrement & de timbre , fur tous les papiers
qui font dans le Commerce , & un droit de mu
tation à chaque changement de main. Le Roi
Cambon veut foumettre au timbre les billets de
caifles patriotiques. Ces projets prëfentés au mo
ment où l'on ne fait plus de quel bois faire flèche,
feront certainement adoptés. Le Monarque Lobe-
joye , cidevant pédant fubalterne de Collège , lit
un projet de réforme dans le Département des
affaires étrangères,digne de fa majefté pédantefque.
Il veut que les titres d'AmbafTadeurs, de réfidens ,
&c. foient changés en celui de Légats ou Nonces
de la Nation, & que le Comité diplomatique
ait le droit d'aller fureter dans la correspon
dance du Miniftre ad libitum ; cette propontion
inconstitutionnelle elt applandie & fera discutée.
Sire François 'Neufchâteau, pérore sur le projet
de confier aux Municipalités le foin de conftater
l'état des Citoyens , & opine pour l'ajournement
indéfini de la proposition , fon opinion elt re-
jettée avec murmure. Les nouveaux Miniftres
paroifient protestent de leur profonde fou-
miflxon à l'aréopage. On lit , dans la féance du
foir, une lettre des Jacobins de Strasbourg, qui
annonce l'émigration de , quinze Officiers du vingt-
troifième régiment , & de neuf autres du régi
ment de Roufrillon , à cette lecture fuccède celle
d'un procès-verbal , qui conftate que les Jacobint
<3e Mtréjol ontînvité les Clubs voilînsà s'armêf
pour tomber à jour fixe iur les Aristocrates.—»
Autre lettre du fieur Pafcal accufateur au tri
bunal criminel de Ni/mes , qui annonce le dé-
Jiart de 8000 Marfeillois, pour Arles &. autres
ieux 4 . . . . Deux Députés des bouches du Rhône
font admis à la barre , & accufent «ffron,tément
les Prêtres non^jureurs des troubles dont ils font
les victimes. L'orateur calomnie la ville d'Arles,
& la peint en état ds révolte ouverte. On juge
bien qu'ils ont été admis à la féance. On a enfin
mis fous les mains de la Nation & ordonné
l'aliénation des biens de? Ordres de Sainx-La\are
au Mont'Carmel , &c. On a décrété le 18, qu'il
feroit élevé dans la place du marché public d'E"
tampes une pyramide , en l'honneur du maire
d'Etampes , tué dans l'émeute du trois de ce mois
Ce monument attellera les horreurs de notre ré
volution. — Les commifTaires du Roi envoyés k
Arles développent leur conduite , & justifient la
conduite des habitans de cette ville. Le fameux
Antonnelle , leur donne un démenti ; ils font chaf-
fés de l'affemblée , & le rapport fur cette affaire
ajourné au lendemain.-— M. Deleutre , député ex
traordinaire d'Avignon eft admis à la barre , &
après avoir retracé les crimes des fcélérats, qui
ont enfanglanté cette ville , de l'exécrable Jôur-
dan , qui , du fonds de fa prifon menace encore
de le venger, il demande au nom de fes conci
toyens , la punition des affaffins de leurs pères ,
de leurs femmes , de leurs enfâns. — Mais eft-ce
dans le gouffre de l'anarchie que l'on peut obte
nir juftice ! Notre prédiction »'eft accomplie. Jour~
dan , l'exécrable Jonrdan, eft fouftrait au fup-
pliçe , lui & fes complices. La pofterité refufera
de croire à une telle horreur. —-On apprend à la
féance du foir une rixe furvenue , entre le cin
/
C *8+ )
qukme régiment de cavalerie & le? ràtodf&itt»
nationaux du département ùuDonba. — Plusieurs
oestre ejx ont été tués. Les meiuies à prendre
contra la vliie d'Arles or»; occupe le rtite 'de lit
ieance. L:> difattuan a été reprile le lendemain
so. 11 a Été décrété qu\t {'croit envoyé dans cette
ville ane fince iuliifcmc p<;ur y aliui er l'ordre , ik.
que ce dé', ret feroit porté itan^ !e jourà la fancl: on.
On a nuitî dé. i été une ferle d'articles fur les cor.»
tribution? publiques. Deux députés du départe
ment des Bouche-; du Riiôr.e , renouvellent l\:s in
culpations laites contre I:: ville à Arles , on
apprend que :coo marieii'oi3 font entrés le 16
dan- celle à'AgJt»', y Oi.t î.éfartnê to .s les geits
fufpects, ont fait fermer Ici égiu'es inconlii-
tutionnelies , & force les co iiribuables au
paiement des impôts. On fert combien une telle
nouvelle eft elle même fofpeéte.
A V 1 S.
'r4. ■
Ces rayons ^ri-es nous 'fr^pnt a pr.Vttiir ceut
qui 4*«fconrcnt à notre Jcuniil c!.' n? i>'u« s'id.-i 4m r«
qu'au DictC.cur ou Bureau, rue M-.iunsrtre N. itp
j.rcs le |.ava^c du iiuroon , à Paris. Lt prix de la sout>
«i^tioi eil de 2.'t ïh'ti pour u» rin, 12 /ivrrs pouf
j«c mt.:t , 6f !>j( jxmv fro.'î, fïane de port dan»
tout la îîo-.'iiiiUï. f.es ai"çt!enieaî dat-'nt io.jcur<du
1 du trois où il- u'nt.f'ais. eu fournissant les Nc*
qui oct dk'ji j>ir:i. Toutes ItS u ci 1 es tk avis qui ne
sont point iitr.iic! ii rc:ttut au rebut.
LA ROC AMBOLE,
ou
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS AntI - JACOEINUS.
RÉFLEXION
Envoyée de Vautre monde aux Français — Par
Mirabeau.
CARICATURES.
Le nombre en eft si multiplié que nous nous bor>
nons a annoncer les plus remarquables.
Le Dégel de la ?4ation. on voit dans le
milieu du tableau un monceau d'immondices pé
trifiés par l'air, fur lequel les Sans-culottes ont
élevé la ftatue de la Nation & de la liberté.
L'air fe radoucissant , on voit la ftatue fondre
infenfiblement , & perdre fon à-plomb. Les Sans-
culottes fouolent pour rafFraîchir & empêcher
le dégel de la ftatue , mais le Soleil rroyal , par
fon influence j rend leurs efforts inutiles. Cette
Caricature pleins de détail intérefTans , eft très-
piquante
Le Crible de la révolution. Le temps
tient un crible , dans lequel on a mis pêle mêle
une quantité de Jacobins & d'honnêtes gens;
( 39 >
tous les Jacobins paflent à travers le crible ,
tandis que les honnêtes gens reftent a'J deifus.
Parmi ceux qui ont paffé - on retonnoît le Duc
d'Orl..., Chabo'uc ,' Fauxchef, Bri[f..,&.c.
Une troiuème Carricature , repréfente un Ma-
lautru d'une figure la plus originale , qui dit , en
fe rengorgeant d'une manière tout-à-fait comique :
^"v vais aux Jacobins ; ec face ; on voit un vieillard
décharné , couvert d'une immenfe perruque ,
affublé d'une épée dont il paroit fort embarrafle ;
il dit en touffant : on m'attend aux Feuillans.
Une autre repréfente les Ecuries d'Orléans,
à la porte defquelles on voit un grand tas de
fumier ; plufieurs Jacoquins armés de fourches ,
font occupés à le fouiller, lorfque tout à coup
ils en voyent fortir un Ministre de la guerre. On
lit au bas de cette gravure :
D'dun tas de fumier les Jacobins tirent un Mi-
nistrede la guerre. »
Les plus remarquables de celles qui ont para
cette semaine , Sont : la cour de Paris , le branle
d'Autan , le retour de Conscience , & le Général
en racourci fuyant de Noyon.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances des mardi soir 20 , 21 61 22 Mars.
Nous pourrons bientôt dire des Patriotes, ce
que Diocletius dif<|Écdt;s premiers Chrétiens':
leur fang efl: une l$j|énee féconde qui en mul
tiplie le nombre. La NMion à'Epernon , à l'exem-
Î>le de la Nation d'Etampes a voulu contraindre
e Maire de la Ville à diminuer le prix du
grain ; mais l'jlluftre Municipe , aufii ferme fur
les étriers delà loi , que le Mont Cénis fur fes
fondemens , n'a point voulu y confentir. La
Nation indignée de cette réfdtance à la fouve
■/ (39? ) '
raineté , le reilverfe , le décore du cordon ?Ta*
tional , & s'apprête à lui tordre le cou. Le
Maire n'en eft point ému , St certain des honneurs
de l'Apothéofe , il alloit gaiement joindre le
Maire d'Etampes , quand la Garde-Nationale eft
venue fauver fa vie, & lui ravir la palme
du martyr. Pour le dédommager de cette perte >
l'aréopage a décrété que fon nom feroit infcrit
dans fes faites , avec éloge. Cet honneur vaut
bien certainement celui d'une piramide — La
Nation de Saint-Flour , département du Cantal,
en vertu de fa toute puiffance , victlt de maflacrer
M. Cominet, ci-devant Lieutenant Criminel. Le
Directoire de ce Département couvre cet aflaf-
final national du manteau aux trois couleurs *
len ajoutant que l'indignation du Peuple a été
provoquée par l'émigration des enfans de M.
Cominet ; & comme il n'y à pas grand mal à fe
défaire d'un 'Ariftocrate , d'un Magiftrat de
l'ancien régime , le Directoire ne fe plaint que
des Prêtres, Noi auguftcs Monarques om'fans doute
penfé de même, puifqu'ik n'ont point donné le
moindre figne d'émotion d'un crime aufîî atroce.
•— Les bienfaits de la ConfKtutïon s'étendent dans
toits le Royaume. La Garde à'Arras à forcé le
Département , la bayonnette au bout de fufil >
de faire fermer les Eglifes catholiques. Combièn
lès bons Citoyens doivent , le féliciter que les
Gardes Nationales de rameurs villes du Roy au*
"me, &. celle de Paris fur-tout, ne fuivent pas
un exemple auffi criminel , & ne falTent fervitf
les forces qui leUr font confiées qu'au maintien
de l'ordre & de la tranquillité publique. Au
récit de tant de défailles a fuccédé la lecture
d'une confultation fur la manière de couper
dextrement les têtes , & fur l 'infiniment dont
on doit fe fervir pour cette opé: a ion. C»t ouvrage
profond , très-utile pour les bourreaux, a été
( 399 )
adopté de confiance par les RJîtêîéts: Uir pètîf
fire , muet jufqu'à ce jour, a entamé Un rapport ,
au nom du Comité inquifitorial , qui contre
l'ordinaire , n'a eu rien que de rifible. « Il y a
quelque temps, a-t-il dit, que la Municipalité'
de La'ngres arrêta des chevaux,. Meflieurs, qui
lui parurent fufpeéfs ; elle les fit 'comparaître , &•
Ton reconnut par leur interrogatoire , &c. De»
éclats de rire coupent ici le fiflet à l'orateur, 8c
lui font abandonner fon rapport. ;— Sire Jolivet
a ouvert la Séance du ai , en annonçant que tous
lès Prêtres de fon Département qui avoient prêté
lé ferment , venoient de le rétracter. Il a propofé
de les priver de leur traitement.. Cette motion
barbare a été combattue par le Roi Bequet. —,
Les nouvelles dépêches venues de ST-Domingue ,.
annoncent qu'il n'exifte plus dans la partie fran-
çaife de cette lue, que les deux villes du Cap
& du Port-au-Prince. Les Blancs > qu'ils tiennent
bloqués , font réduits à s'entregorger , à se mangor
les uns les autres. Les Nègres ont .tenté de mettre
lë feu au magafin des poudres. — Brijfot , le"
principal auteur de ces défaftres , a' ofé les j-ufti-
fter , & faire l'éloge des fcélérats qUv ont mis
là Colonie à feu &. à fang. Quel homme que
Brijfot! — On lit, dans l'a féance du fôir, là
dénonciation du Régiment d'Artois , d'une adreffe
des Emigrés à l'armée Françaisè , & l'aréopage,
au lieu d'apprendre à ce régiment, que c'est au
Roi qu'il doit s'adrefler , comme chef fuprême
de l'armée , a ordonné l'impreffipn & l'envoi de.
la dénonciation à l'armée.
On a décrété enfuiie , i°. que les femmes,,
enfans ou autres parens des émigrés pourront , en-
donnant caution , recevoir le revenu des biens
qui leurs «ont propres , a°. que les débiteurs des
Ëmijgrés seront tenus de payer à la caiffe du sé
questre , les sommes dont U.f<wt.. redevables , 30.
( 400 )
enfin > que les créanciers des émigrés pourront
provoquer la vente de leur» biens pour être payé»
de leurs créance. Quelques autres propositions
relatives aux émigrés ont été ajournée?.—Les
Commis des bureaux du Manège ont paru su—
Jiects d'Aristocratie aux Rois Thariot 6- La*
ource qui ont fait décréter , à la séance du 22 ,
qu'on vérifieroit , s'ils ont été purifiés dans la pis
cine du serment civique. Sire Tarbé, ainfî qu'il
l'avoit promis , a démontré que Briflot n'avoit mis,
ni exactitude , ni vérité, ni bonne foi , dans tout
ce qu'il a dit 6ur les colonies il eft prouvé que
les hommes de couleur que cet ami des Noirs
« peint comme des citoyens paifibles , se sont
rendus coupables des barbaries les plus atroces.
Sire Tarbé , a mis auffi en évidence que Brijfot
n'avoit appuyé ses preuves1 sur aucune pièce
officielle ou justificative & que. c'est en agiâànt
«infi qu'il a prolongé jusqu'à ce jour les incendies,
les maflacres, & consommé la perte des colonies.
Brijfot répliquer & parle pour ce rien dire.
l'Humanité reclame de promprs secours par l'or
gane' de Sire, Dumas, & n'eft point écoutée.
Le Roi Gensonne propose un moyen de perpé
tuer les troubles , & il eft applaudi, on a même
ordonné l'impreffion de son discours.—
AVIS.
Des raisons graves nous engagent a prévenir ceux
qui s'abonrent a notre Journal de ne p'us s'adresser,,
qu'ait Directeur du Bureau, rue il -'ni martre 219-
près le passage du Saumon , à Paris- Le prix de la sous
cription ei\ de 24 liv:es pour un an, 12 livres pour
six moii , & six livres pour irais, franc dir port dans
tout le Royaume. Les abonremen? catrnt toujours du
I du mois où ils sont faits , en fournissant* les N°'
qui ont déjà paru. Toutes les It :tres & avis qui ne
sont point affranchis restent au rebut. » , »
■■*■■— - " a .
De tlmpr mené de Jacques Giwvaxd , rut du
BuU-di&Monde , N°. 4.7. .1 • •- »
Seconde Année. N°. 26.
LA ROCAMBOLE,
0 u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom E.ÉGIUS A N T I - Jac o s i nu s.
NOUVELLES POLITIQUES.
NOUVELLES INTERIEURES;
QueU eft cet Empereur qui n'eût pAs été
content de lui même , s'il avoit palfé un seul
pur fan= faire des heureux î Les Faétieux penient
bien autrement* Autant le vertueux Titus
airaoi: à contempler le tableau du bonheur dans
la fociétét Autant les faclieux défirent fa det*
trucliori . Ils comptent avec délefpoir les inftans
où ils n'ont pas lacrifié quelques victimes à leur
fureur. Ils voudroient , comme CALIGULA, qu«
tous les hemmeî honnêtes n'eufTent qu'une tète ,
( *Ô4 )
pour tuer tout d'un coup , l'Honneur &. la
Vertu.
Les Jacoquins & les Calviniftes d'Orange ,
par une adrefte antérieure au décret qui met en
liberté les coupe-janetî d'Avignon , follïcitent
Jes aflafîins , dont les villes voifines fourmillent,
de porter le fer & la flamme dans le Comtat ,
fous prétexte que ce Pays eft à préfent dévoué
à l'aristocratie. Il eft temps , dilent ces monftres,
de prendre nos armes ; rallions-nous fous îe
bonnet de la libéré ; nous trouverons encore plus
d'une glacière à combler. Entourons de tous côtés
la ville d'Avignon ; marchons au fecours de
Jourdan , que la Juftice veut facrifier. II n'eft
plus temps de délibértr ; c'eft fur les cadavres
fumansdes Citoyens d'Avignon que nous pourrons
nous repofer , & prouver à l'univers entier,
notre patriotifme 8L notre amour de l'égal*;*.
Tels font les fentimens , que ces fcélérats dé-
velopent en d'autres termes ; mais la providence
fçaura confondre leurs exécrables manœuvres.
Nous apprenons que leurs fuccès ne font pas
par-tout les mêmes, & qu'il eft plus d'un endroit
où leurs projets ont été déconcertés. A Rouen ,
par exemple, on a arrêté 29 de leurs Satellites,
et trois ont été blefles , après avoir pillé fept
milliers de coton. Efpérons que le peuple,
entièrement éclairé par les plus trilles expériences,
.entira enfin la nécefiité de détruire cette fecte
dévastatrice &. fanguinaire.
Atrocités Jdcobites.
Les forcenés Jacquets du Département de
Marne & Loire , font exécuter , avec une cruauté
digne des Caligula &. des Néron , leur infâme
arrêté du premier Février dernier , rapporté dans
*n de nos précédens numéros ; qui force les
( y
Prêtres non -fermentes à fe rendre â Angers }
& à comparoître tous les jours devant lesMagiltrats,
pour y répondre à un appel nominal, fous peine
d'être arrêtés & incarcérés. Ceux d'entr'eux ,
que des maladies ou la vieilleiTe ont empêché
de venir fe jetter dam les mains de leurs bourreaux,
y ont été traînés dans des charettes. De ce nombre
font, MM. BELLAMY.Curé de Forges, depuis
près de quarante ans , & âgé de quatre-vingt-un
ans, qui depuis long-temps ne peut marcher
avec peine , qu'à l'aide d'un bras. Le CoRMUL,
ci-devant Curé de Baracé , âgé de foixante-quinze
ans , & paralifé depuis iix mois , ne pouvant ni
parler ni marcher. GuADESCAN , Prieur, Curé
de Saint-Jean de Mouvrais , prefque octogénaire*
& depuis plus de fix mois étendu dans un lit
de douleur. Plufieurs de ces refpectables Ministres
de la religion ont pris la fuite , mais ils font
journellement arrêtés par la Gendarmerie Na
tionale qui leur donne la chaffe comme à jàkf
bêtes fauves. Le Curé de Saint-Ckrisoopher&es-
Bois , & le Chapelin de Sautre , ont été décou
verts et conduits à Angers. On y compte plus
de 400 prêtres , victimes de la rage fcélérate des
clubs. Cas généreux confeiTeurs de la foi , ont
néanmoins trouvé dans celle ville , dominée par
la tyrannie , des citoyens vertueux &. fenfiblçs ,
qui fe font aflbciés à leur gloire , en leur offrant
les fecours néceifaires. Le Peuple lui-même ,
malgré les fuggestions perfides des monftres qui
l'êgarent , ne voit qu'avec horreur une telle
perfécution, & l'on a entendu un des Sodats ,
qui en eft l'inllrument , frappé du témoignage
éclatant rendu par quatre cens Prêtres à la foi
de nos pères, s'écrier: mais il faut cependant
qu'Hy ait quelque chofe de bien étrange dans ce
ferment , pour que tant de malheureux s'expaftnt^
par fon refus , à tous, ces maux y avec unlle
constan ce.
(4°6 )
Les religieufes de Saint-Etiene en Far-ef , font
flulîi en butte à la férocité des Jacquets. Depuis,
plufieurs mois elles n'ont ni meffe ni confeifeur.
Leurs infâmes perfécuteurs après plufieurs per--
quilitions outrageantes dans le couvent , lancent-
fans celle des pierres dans leur Jardin , à leurs
fenêtres , & les force 1 1 à fe priver même de.
la clarté du jour. Deus virtutùm convartere ;
fefpice ' de calo & vidci
Thermomètre de Paris* ;
En attendant la banqueroute générale que les
dilapidations des conftitués font avancer à pas,
de Géant , les banqueroutes particulières fe font
de tous côtés. La plus forte qu'on ait faite juf-.
qu'à ce jour , eft celie Je M, le Normand ; qu'on,
porte à quinze millions. Celle de M. Lalanne,
gutre Banquier , n'eft guères moins considérable.
Onnenfe bien que ces Meilleurs ne font pas ruinés.
jîoùV. avoir fait faillite ; mais combien de" fa--
milles» leur çoquinifme ne va-t-il pas réduire»
à la mendicité ! Et cependant on les verra, bien-*
tôt jpuir du fruit de leurs larcins , & peut-êtrei
faire ' encore des nouvelles victimes , avec les,
mêmes afïurances de l'impunité.
La fortune de la Commune n'eft pas en meilleur-
état que celle des particuliers. Il est prouvé' par
le rapport qui en a été fait que fon pa/Tif excède
jfon actif de 39 millions. Doit-on s'éionner,,
d'après cela, qu'à l'exemple des Çonflituans N
les OiHciers Municipaux n'ayent jamais voulu
rendre aucun compte. Auijï nos affaires font dans
la plus grande débâcle. Le Roi , fatigué des
entraves qu'on n'a celfé de lui fufciter pour
l'empêcher de faire le bien , a entièrement aban
donné le timon du VaifTeau de l'Etat , aux Ja--
çobyis^ Le. Miniftèje n/eft. coropofç que de.
( 4°7 )
Membres tirés de la horde régicide. On voit
là un Dnmourier , un Bonnecarrère. Avec de pa
reils Pilotes , Gomment pourrions-nous éviter
un naufrage. Les malheureux font cependant
bien loin de le prévoir; la joie féroce qu'ils
éprouvent de leur élévation fubite, les empêche
de voir que leur chute n'en sera que plus terrible.
Une chofe les inquiète pourtant , on devine bien
que c'eft la Garde du Ro;. Pour s'en défaire ,
ils avoient d'abord imaginé de faire attaquer
ces braves Militaires, parleurs Spadaffins. Mais
le- combat fait entre M. Laurent , Royalifte, &
un Patriote de la Rue Saint-Denis , dans lequel
ce dernier a eu la tête caflee d'un coup de piftolet,
a dégoûté pour toujours la JacoquinaiUe des duels.
Ils ont fenti que cela était trop dangereux , &.
confidérant que puifque le covrage & l'honneur
font l'apanage des Royaliftes, les Jacoquins ,
pour n'avoir rien de commun avec eux , doivent
être lâches , traîtres & coquins ; confidérant auffi ,
qu'il eft bien plus commode d'affamner fon ad-
Vîrfaire que de le combattre , les Jacquets
avoient réfolu de détruire peu à peu tous les
Gardes du Roi , en leur propofant des cartels qui
fei oient devenus autant de pièges meurtriers.
Déjà M. Paris est inl'ulté par un lâche fpadaffin :
ils prennent jour pour fe battre, &*des légion*
de' Coupes-jarrets attendent le braveriGarde du
Roi.au rendez-vous pour le facrifjer à la jaco-
quinaille. Heureufement M. Paris re'eonnoit la
trahifon; la Providence veille fui fes jours- &
il échappe au fer des afCiffins.
Quî cet exemple apprenne aux honnêres gens
à ne point compter fur la foi d'un vil Jacquet»
Comment ont ils pît croire un inftant que les
Apôtres du régicide connoîtroient affez les loix
de l'honneHr , pour respecter les jours d'un
Citoyen.
- ( 408 )
SA~BB ATS J A C O B I TE S.
Séances des ix ù. gj Mars.
Sons la clochette de Frère M.4ILHE.
Les ambaffadeurs d'une troupe de Bohémiens
réunis à Paris , non pour y dire la bonne aven
ture , mais pour s'imprégner du virus jacobite ,
&. l'aller enfuite inoculer à tout l'empire germa
nique , ont été admis au fabbat du ai. La visite
de leurs excellences , exaltant la joie des jacquets,
ils fe prennent fubitement à braire de concert.
Ce moelleux allegro fini ,capucino Chabouc , per
ché fur la tribune , fe rue unguibus & rostro ,
fur les prêtres non jureurs JeBlois, qui par un
prefiige inconcevable , renouvel lant le miracle de
Moïfe en Egipte , ont frappé d'aveuglement les
jacquets de cette ville aupoint , qu'ils les ont en
gagés à cfaaflef de leur caverne l'abbé Tollin , et
tous fes partifans , pour avoir avorté d'un ouvrage
archi-jacoquinique , dédié au club dévaftatour, dont
il a agréé le cligne hommage, & mêrrt fait un
mémento honorable , fans l'avoir lu à la vérité.
Partant, pourfuit le c!-devant marmiton Chabouc,
écrivons à nos frères de Biois ; faifons leur l'ex
traction de la cataracte , & engageons-les à rap-
çelîer ce pauvre diable de Tollin et tous fes aco
lytes. — .&>it faij au gré de votre envie , répond
la jacoquinajjle , & la lettre eft écrite. — Advient
vn frater ihculutté , qui fort de fa fouquenille
tine lettre écrite à Paris , & datée de Lille. On
lui annonce qile les afiîgr.ats ne perdent plus que
dix pour cent , qae les émigrés rentrent à force ,
& qu'il y a quelque pvége de caché dans tout
cela. Il faut , ajoute le jacoquin , aller en avant ,
& ne pas trop fe fier aux ministres. Il faut qua
le jacquet , miniftre des affaires étrangères pro
fite du trouble &. de la peur qui fè font eppa
( 4°9 )
rés des ennemis , pour faire rompre le traité de
1756, & fouLever le Brabant &. les Pays-bas.
Bel'oin n'est de dire , combien ce projet jaco-
bite elt applaudi. En effet , reprend , frère Le
Gendre, ne nous endormons pas , quoiqu'on ait
fait des jacobins minières. .N'avons- nous pas
vu celui que le peuple fut chercher dans un
galetas , pour le barioler de l'éeharpe tricolor ,
& qui fut guindé, de- là fur lej trône de la
justice. A poine y fut-il à califourchon, que
l'ingrat ofa fouler aux pieds les droits imprej-
criptibles du peuple. La cour a beau choifir des
ministres parmi les jacobins; je foutiens , mordi
cus , qu'en entrant dans le miniftère , ils ceiîent
d'être jacobins. — ça n'elt pas vrai, répond en
beuglant la bande indignée; ça ji'eft pas vrai. —•
Ah! pardon mes vénérables frèreG , fi j'ai dit une
bêtife. Attendez : j'ai voulu dire , que tant que
les ministres feront choisis par le pouvoir exé
cutif, ils cesseront d'êtrejacobins. Mais le pauvre
hère , tombant de Caribde en Sylla , eft accablé
d'huées ... à bas ! à bas lui crie-t'on des qua
tre coins^de l'antre ; & il est forcé de dégringoler
la tribune. Je ne fuis pas reprend , le révérend
Real, de l'avis du camarade Le Cendre, qui a
peut être , un peu trop d'acrimonie dans l'âme ,
& qui n'en n'eft pas moins la meilleure petite
pâte de jacquet de toute la horde. Mais pourquoi
lehoufpilldrauffi rudement , parce qu'il dit qu'on
ne peut en même temps être jacobin & minilbe,
quoâ signifeat , qu'on ne peut être m même temps
miniftre &■ honnête homme ? Je fais bien que
cela eft très difficile, & prefqu'impoffible. Ce
pendant il doit être permis à tous &. un chacun de
dégoifer ici fes opinions al libitum , pour &. con^
tre les miniftres. Vous allez voir comme quoi
je vais prouver à frère Legendre qu'il est dans
l'erreur. — Moi dans l'erreur! s'écrie le frater
C 410 )
courroucé, moi dans l'erreur ! Rien re pourra m'en .
convaincre, ( un jacquet n'eft-il pas infaillible ;)
J'ai donc dit , je dis & je dirai , qu'il est impos
sible d'être jacobin, étant choisi par le pouvoir
exécutif. A ces mots , l'enfer est déchaîné ; d'hor
ribles beuglemens ébranlent les voûtes du repaire ,
& font pirouetter le préiident fur fon fiège. Le
calme enfin rétabli , voici venir une députatiûn,
des volontaires des frontières. Ces modernes Céfars,
jurent à l'ordinaire, de mettre en hochepot les en
nemis de targinette , ou de fe faire éventrer. —
Bravo , leur/ répond le président, partez, volez
à la victoire , & tandis que vous vous battrez pour
nous, nous exhalterons paifiblementici votre affom-
jnante bravoure. Advient le lieur Ousselet, fergent
du régiment fuiffe de Castella , qui grandement
couroucé contre fes officiers , les dénonce à la
jaquinaille , & implore fa protection pour être
admis dans un autre corps. Mais e'elt affreux, ob-
ferve l'honiete homme Carra , on n'a jamais vu
des officiers aussi lourdement aristocrates que ces
officiers fuisses. Mes frères , cherchons un moyen
de nous en défaire , en gardant l&s foldats. Il faut,
reprend un autre , examiner nos traités avec les
Suisses & les changer, La Suisse ne peutfe paf-
fer de la France , & en nous tenant ferme fur
nos ergots , elle paffsra par où nous voudrons.
L'infigne balourdife de ce pauvre ù'efprit termine
ce iabbat. Celui du 23 , s'ouvre par une réclama-
lion des jacquets de V erj"ailles , en faveur de 25
grenadiers du ci-devant régiment de Foix , qui
pour prix de leurs faits &. geftos civiques , ont été
renvoyés avec des cartouches infamantes. Leclerc ,
non de brigandau , ou de fangsue , mais Leclerc de
Do je plaide la caui'e de ces foldats, & déchiffre dans
leurs cartouches , un plan complet de contre-ré->
volution , formé par le commandant Dumas , dont
il difféque jufqu'au moindre fibre. Le président
( 4»')
ébaubi .des talens du maître-clerc , lui répond :
ami, vous parlez fièrement, même énergiquement,
&. pour tout dire en fournie , comme un vrai pa
triote. Allez en paix , vous & vos loldats , &
comptez fur notre protection. — Savez-vous bien ,
dit frère la Source , que nous voilà dans les beaux:
jours de Rome & de la Grèce ! Démosthène 8c
Cicéron n'étoient que des barbets , comparés àl'o*
rateur que nous venons d'entendre. Je luis engoué
de fon bou liant patriotisme. Expédions-lui un
brevet d'immortalité , en infufant fon nom dan»
le procès verbal. Verè dignum & jusium est , s'é™
crie toute la jaquinaille , & voilà mon petit clerc
inicrit fur la légende des grands hommes,... du
jour. Un petit jacquet de neuf ans, con.iuit par
fon papa , récite un éloge pompeux de la jaco-
quinaille, enrichi d'une épil'ode patriotique , con-
tre le defpotifme &. l'ariitocratie. La leçon du
bambin, pafTableinent recitée , le préiident le fla
gorne , &. lui donne du nanan. -- Frère le Clerc
d'Oie , de nouveau éleclrile, s'écrie, « apprenez,
mes chers amis , que les émigrés redoublent leurs
infolentes menaces, & font prêts à fondre fur nous
des quatre points cardinaux du globe. Garde à
vous , mes frères ! Les voilà ces monftres enfan-
glantés ; mais nous ne les craignons pas , le Dieu
de targlnnette combat pour nous », Arme-toi , fu
tur Léopold , & toi , Dom-Quichotte du Nord ,
& vous calotins , vous tous brigands mitres , cros--
ses , venez , frappez û vous i'osçz , fur le facré
bonnet rouge de la liberté. ; mais tremblez qu'il
ne vous écrafe». Après cette éloquente apoftro-
phe , le bravache dénonce les jacquets de Rennes ,
qui fur fa* bonne mine lui orjt refufé l'entrée du
fabbat , 8c demande juftice de cette injure. Le Sab
bat finit par les doléances de quelques arrières
jacquets, fur les folles dépenses projettées par les
patriotes , pour l'entrée triomphante des honora»
( 4".-)
blés ex galérien* de Château-vieux dans la Capi
tale.
MÉLANGES.
L'infâme Carr . , a dit dans fes annales , Le'opold
a avalé un Jacobin , il n'a jamais pu le digérer.
Tous les Rois font travaillés plus ou moins d'une
pareille indigestion — Ils sont doac tous «m-
poifonnés, la chofe eft fans réplique."
< 415 )
ehoifir des hommes accrédités par leurs opinion*
populaires. On m'a tant de fois répété què c'étoic
le feul moyen de rétablir l'ordre dans notre pays,
que j'ai cru devoir en agir ainlî , afin qu'il ne reste
plus aux malveillans de prétexte pour calomnier
mes intentions ». Que vous connoiffez mal Je- fac
tieux , Monarque vertueux & trop infortuné; la
calomnie eit un des moindres befoins de ces ames
perverfes , & les jacobins que vous venez de met
tre dans le miniflère , ne vous en garantiront pas.
Ces jacobins font MM. Roland de la PlairUre*
& Claviere , fameux proteftant Genevois. La féance
du foir n'offre rien de remarquable. 37 grenadiers
du régiment de Forej , renvoyés de la Martinique
avec des cartouches jaunes , font admis le 25 aux
honneurs de la féance, & le comité eil chargé
d'examiner la récompenfe due à leur indifcipline ,
peut-être même à leur improbité ; car une car
touche jaune , annonce l'une & l'autre.
M. Duviviers , évêque jureur, dédie aux Bois
du manège , fou mandement contre les prêtres non
aflermentés. A l'hommage de cet apoftat , fuccède
la demande d'une femme qui ayant négligé de sa
marier , a des bâtards , qu'elle voudroit faire lé
gitimer. Cette pétition eil applaudie , &lafemmc
admile à la féance. Une lettre de quelques jac
quets de Clermont-Fenand , contre l'incivilme de
la municipalité & de la garde nationale de Menât,
réveille le 26, nos monarques qui fembloient e:.-
dormis fur cette affaire. Des prétendus députés de
la Lojère font venus appuyer les craintes que les
factieux s'efforcent d'intpifer contre les eitimabies
habitans de cette ville , diftingués par le plus pur
royalifme , &: qu'ils veulent défarmer, ainft que
Ceux d'Aries , afin dç ne plus trouver d'obfiractcs
à l'établiffement de leur chère république. —• Sire
Bigot a proposé d'examiner fi le manège a pré
tendu abfoudre les infâmes brigands à Avignon ,
( 4i6 )
non feulement des crimes facrés Je la révolution ,
mais même de ceux qui lui l'ont étrangers ; mai»
pour le coup , nos ramaffés , qui s'arrogent tous
les pouvoirs , ont laiffé aux tribunaux , le droit
de décider. MM. de Grave , Dumourier . Lacoste ,
Roland, de la Platrière Se Clavière, miniltres
jacobins , font venus protefter de leur foumission
à l'affemblée. Ce qu'ils ont dit, ne vaut certaine
ment f as la peine d'être rapporté. On s'est occupé
le foir du règlement intérieur de l'hôtel des in
valides. —■ Une nouvelle facheufe a ouvert la
féance du 27. M. Amelot prévient l'aréopage, qu'il
ne refte plus que 23 millions dans la cailfe de
l'extraordinaire, pour les dépenfes journalières,
qui fourniront tont au plus à celles de 9 à 10 jours. 1
Nous marchons à pas de géant vers le complé
ment de la banqueroute. La municipalité d'Avi
gnon , fe plaint de l'amniftie accordée aux fcé-
lérats qui ont enfanglanté leur ville. Déjà , dan»
la crainte de tomber fous la main de ces tygres ,
dix mille familles fe préparent à émigrer; les tor
ches de la guerre civiie , prefque éteintes vont se
rallumer , fi le glaive de la juftice ne venge 60
familles , dont les pères, les mères , les époules
& les enfans ont été inhumainement massacrés par
les monftres qu'on lâche dans la fociéte. — Le ta
bleau de ces malheurs certains , n'a point émule
barbare fénat , & il elt tranquillement pafie à l'or
dre du jour. — Le roi Ramond a fait un long rap
port fur Ja fituation de la France , à l'égard de l'Es
pagne, nous en épargnerons à nos lecleurs le
mauifade détail.
L A ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS ANTI - JACOBINUS4
■ NOUVELLES POLITIQUES.
H n'eft-pas éloigiiét Ï& temps, où l'on verra
les Factieux rentçer dfns. la gquiûèfe. Gustave
s'avance , fuivi d'u.çe JégionLdç bèrX)sr_On l'attend
à Càbknxi, où il, dc^t a/river v^rsijçjij d'Avril.
Tout ce que nous ayogs^éjà, de ce,gfand Prince,
des témoignages. 4'anvour qu'il a reçus de &s
' PeuplfisVeft 4«RB'.U< fi«il exa/j^e. yÇajtf ; fesfiaère»
Sujets convaiae.us q.ulu&R^oi magnanime & fage
( 5 )
ne peut exiger rien que de juite , fe font emprelTéi
d'aller au devant de Tes vœux, comme on en
jugera par le difcours qu'il a prononcé à la
clôture de fes Etats. Nous allons le tranfcrire
ce difcours, afin que le fupplice des Jacoquins
commence , en voyant qu'il exifte encore des
Nations fidèles & généreufes. Le voici :
« Bien-nés , Nobles & hommes Suédois , à
l'ouverture des préfents Etats, terminés aujour
d'hui fi heureufement , je vous dis que je ne
craignois point de vous convoquer dans un
temps où des idées fanatiques ébranloient prefque
tous; les Etats ; je vous dis , que je me confiois à
Votre affeclion & à la générofité de la Na
tion pour prendre en paix , & avec unanimité ,
les délibérations qui ont nécefiîté notre rauem-
blement. Mon elpoir n'a point été trompé ; &,
après avoir montré dans les combats , que vous
êtes encore ce même Peuple, dont le courage a
fait trembler ou a confolidé les Trônes ; dans le
fein de la paix , vous venez de donner à vos
contemporains un exemple plus noble encore ,
celui de la force, de la prudence & de l'union
avec lefquelles un Peuple puilfant & fage fait
peler & affermir les objets fur lefquels le Chef
de l'Empire demande l'on avis. Cet exemple
eft d'autant plus grand , que vous êtes les feuls
qui lé donniez; par là vous juftifiez ma confianca
en vtius, & notre union confolidé notre bonheur
commun , & la tranquillité du Royaume, vous
âugmântez la confidération extérieure que votre
(C©&Tage-voas a obtenue.; ■■> i: > .
» Comme premier Citoyen , comme celui
iwrçad le bien d« i'£t« & lè vôtre eft étroite-
niïfil unï"j je vous dois, au nom de la Patrie ,
ttes rernerciemèns dignes de vous & de moi ;
mais l'attachement que vous m'avez témoigné
durant ia tenue des "éï«| ,■ c«lui que vous avez.
(6)
témoigné i mon fils , m'ont pénétré d'une vive
iteconnoiflance. Vous avez affermi dans fon ame,
jeune encore, l'amour, la confiance envers un
Peuple qui lui donne tant de marques de dé-?
vouement ; vous l'avez vu fuivre toutes vos
délibérations. Je lui fais de bonne heure con-.
noître le grand emploi auquel la Providence,
l'a deftiné ; je veux l'accoutumer aux occupations
importantes qui lui feront un jour confiées , je
lui apprends , dès l'enfance , à eftimer ce peuple
qu'il doit gouverner je lui apprend fur-tout '
à aimer fes loix , à refpecler fa liberté. Vous
avez lu dans le cœur, de fon pèrç , vous avez
prévu & comblé mes defirs , en hâtant l'époque
OÙ je puis efpérer voir ma famille s'augmenter.
» Vous allez retourner dans vos foyers, voua
allez au milieu de la paix & du repos reprendre
vot dîrerfes fonctions ; vous porterez à vos frères ,
vous leur ferez partager la fatisfaclion que vous
éprouvez , d'avoir , par votre zèle , par votre
intégrité, contribué au bonheur & à la tranquillité
du Royaume ; Quant à moi , veiller fans cefle
pour le bien de la patrie , favorifer les progrès de
l'agriculture , travailler à l'accroiffement du
Commerce , faire refpectér les loix , conferver
à chacun l'exercice de fes droits , maintenir le
refpect pour la Religion, mettre nos armées &
nos flottes dans une lituation imposante , & qui
nous mérite de plus en plus les confidérations
du dehors , voilà quels font mes devoirs , je m'y.
confacrerai toujours avec ce dévouement dont
yotre attachement à ma perfonné me fait une
loi bien douce. .
» Mes travaux sont sans nombre, mais quand
on les entreprend pour le bien d'un peuple chéri ,
Us en deviennent plus légers. Jt ferai tojours
tout ce qui dépendra de moi pour vous prouveç
5?,% ççco^ncassance, çt, pour entrçtçniç (fan tous
( 7 )
vos cœurs les sentimens qui vous animent en noift
séparant. .•■*:...
«C'est dans les mêmes sentimens que je clos
la présente session , et c'est ainsi que je vous re«
cevrai devant mon Trône , quand nos intérêts com
muns nécessiteront votre convocation.
» Je vous souhaite la protection du Très-Haut
pour votre retour dans vos foyers, et je demeura
de vous tous et de chacun en particulier r avec
toute la bonté et affection Royale , le dévoué , &c
NOUVELLES INTERIEURES,
Toutes le» fois qu'on vous dira les jacoquins
ont excité un foulèvement dans telle ville , croyez
fermement que les mêmes défordres , les mêmes
crimes , fe font commis à pareil jour dans bien
d'autres endroits , parce qu'il ne fe fait pas un pil»
lage , pas un meurtre dans le royaume qui n'ait
été conçu & ordonné dans la caverne centrale
de ces brigands , & ex'écuté à la lettre au moyen
des clubs qui leur font affiliés. Voilà pourquoi
dans le même temps où l'on désarmoit le brave
régiment d' Ernest , on a déchaîné contre la garde
nationale de Mende les foldats de Lyonnoh , fi
bien connus par leur infubordination. Et pour
quelle raifon ? Parce que le département de la
Lozère eft tranquille & qu'on n'y aime pas les
jacobinsi Mais cette fois-ci la vicloire s'est dé
clarée pour le bon parti ; la troupe affamne a été
repouffée pir les courageux citoyens de Mende.
On a les preuves d'un complot fait par les club*
de Flora c , MarveJ,ols , Ujès , Saint-Hipolîte ,
Nîmes [Sl Montpellier , dans lequel les Victimes
étoient défignées , ainfi que les maifons qu'on de-
vpit piller &. incendier..
A Tarafcon , une troupe de coquins ont ligni
fié, à tous les eccléfiaftiques non-aflermemés l'or
(8 )
tfre de fortir de la ville en 24 heures fous peine
d'être maflacrés.
Au moment où nous écrivons , nous apprenons
Tpie la ville d'Arles menaeée d'un carnage gé~
Tiéral par les calviniftes de Nimes 8c de Marfeille ,
vient d'ouvrir fes portes aux troupes de ligne. Nous
reviendrons fur cet événement lorfque les détails
qu'on nous promet nous ferons parvenus.
On écrit de Commercy , que toutes les cures
du département des Vofges font vacantes ; que les
intrus , tourmentés par les remords , ont donné
leur démiffion , & qu'on ne compte plus que huit
prêtres jureurs, Les rétractations fe preflent & fe
juccéden't d'un bout du royaume à l'autre. Voici
un précis de celle que M. J. F. Vial , prêtre
du dicçèfe de Marfeille, a adreffée à M, de Jui-
gné , archevêque de Paris.
Monfeigneur ,
« Attaqué d'une maladie dangeroufe , & peut*
être au moment de paroître devant Dieu. Je ne
puis plus me diffimuler, ni le malheur d'avoir
prêté le ferment , ni lès illufions qui m'ont env»
péché jufqu'ici de le rétracler. Je vous fupplie ,
.jnûnfeigneur , de recevoir dans votre fein pater-»
hel, & de rendre publique, de la manière que
vous jugerez le plus propre à réparer le fcandale
que j'ai caufé, la rétractation que je fais de ce
fatal ferment, & mon invariable réfolution de
vivre & mourir dans votre communion, comme
dans celle de l'églife catholique, apoftolique 8$
romaine , &c,
Signé , Vial , prêtre,
faris , U tq Mars 1792
. Un capuçin , curé intrus de Colmar, en e^i
voyant fa démifTion à la municipalité, s'exprime
*jin li ; «J'ai péché; jereconnois &. confefTenroH
parjure ; & mon indigne défeclion. Je rétracle mon
ferment impie, & j'en fais amende honorable à
Dieu, que j'ai offenfé ; à l'églife, à la voix de
laquelle j'ai défobéi ; au facerdoce que j'ai pro
fané ; à mon ordre que j'ai deshonoré ; à votre
légitime palteur , dont j'ai ufurpé la place , con
tre les loix de l'honneur , & par la plus facri-
lège intrmlon ; enfin, à vous MM. & à votre
commune, que j'ai induits dans le shifme. &c.
Thermomètre de Paris*
La cérémonie de réception pour les galériens
de Château-vieux , est maintenant ce qui occupe
le plus nos Badauds. On croit cependant que cette
FÊTE ÇIVIQUE n'aura pas lieu , parce que la
Garde Nationale qui connoît la tactique des Ja-
coquins, et qui craint avec juste raison le pillage
de ses propriétés , n'approuve point cette crimi
nelle Bacchanale. La conduite des Jacquets d'ail
leurs n'est pas propre à les rassurer; ils conti
nuent toujours leurs vexations envers les honnêtes
gens. Le 28 de ce mois , un officier de la Garde
du Roi. fut insulté et moulu de coups aux
Thuileries parce qu'il portoit un crêpe au bras.
Quelques jours avant , un honnête homme avoir
répondu sur la terrasse des Feuillans à ceux qui
lui demandoient pourquoi il avoit ce crêpe: je
porte ; le deuil du Maire à-Estampes lâchement
assassin é je porte le deuil de tous les crimes , et
eur-tout de leur impunité.
SABBATS JACOBITES.
Des 25 & 26 Mars.
Sous la clochette de. frère Maille.
Le foudroyant Isnard , a lu dans le sâbbat du
a 5 , une. lettre adreffée aux roitelets du .manège
( xo )
par les inculotés de Marfeiïle J dont voici le
précis. « Législateurs , que f. . . ef-vous à Paris ,
fans rien faire f Est-ce dans le moment terrible
qui menace la patrie , que vous deve\ rester dans
l'inaction ' Est-ce lorsqu'un vaisseau est sur le
point de faire naufrage , que les pilotes ■& les
matelots doivent rester couchés ? S erej-vous lâches
fiançais , indignesde notre confiance i Examine?'
vous de proche , & si vous vous trouve? incapa-*
bles de résister à un assignat ou à une p.t.n>
retirez-vous .; quitte? une place qui est au-dessus
de vos forces , & ne vous joue? pas à une nation
qui peut vous écraser dans fa colère.. . » A ces
mots, le brave Isnard , fe croyant déjà réduit à
jéro , pâlit, tremble de peur, & fous prétexte»
que le furplus de la lettre n'eft pas lifibïe , il la jette*
dans le cloaque de la correfpondance , fans en
terminer la lecture. — On annonce un ambaffadeur
extraordinaire de la nation fouveraîne du faux-
bourg Saint-Antoine. Son excellence entre en gam
badant , fait quelques lajji bachiques & dit : ca
marades & amis , grand merci delà grande ripaille
que vous nous avez fait faire aux champs éKsées(i),
mais auffi comptez que ça ira, ça ira. Pour ter
miner dignement cette patriotique gogaille , je
vous demandé, au nom de la bande joyeufe , la
permiffion de traverfer feulement votre facrée ta
verne. . . Très-volontiers ^ frère > répond le préfi»
LA ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Régius A N T i - Jac o b i n u s.
NOUVELLES POLITIQUES.
Lettres des Emigrés Français aux Princes.
■. Nosseigneurs,
« Un enthoufiafme général , un élan univerfel ,
qui caractérife fi bien la Noblelîe Françaife , &
qui fait renaître pour elle les beaux jours de
l'ancienne chevalerie , engage les Gentils-hommes
Français à abandonner leur Patrie , leurs femmes ,
leurs enfans -, à laifler ces objets fi chers , expo
sés à la rage & aux fureurs d'un peuple égaré.
11 s'agit , pour eux , de relever les autels renverfés
par des impies , rendre à la religion de leurs
pères l'éclat & la dignité qu'elle doit avoir,
brifer les fers d'un Roi malheureux , vic-
Tonie IV, ajinée 1752. B
(i8)
time de fa bonté & de l'audace de quelques
^élirats ambitieux, les larmes de leur
pÉÏNÊ* animés par des motifs auffi glorieux,
âuffi. faints , que ha* doit-on pas attendre d'eux,
^ils ont à leur fête"' les Princes de la Malfon
de Bourbon'?'
Les maux, de la NoblefTe & de tous les
Français bien penfans font à leur comble , ils
ont tout perdu , & telle eft leur infortune ,
qu'ils donnent à l'Europe étonnée, le fpecfacle
fublime de la vertu luttant contre le malheur,
lis ont pour chefs les defcendans de Henri,
& déjà ils arborent le panache qui guida ii
fcjuvènt leurs pères dans, le chemin de la Vic
toire. Seront-ils fpectateurs oififs , quand toutes
les Puiffances fe coalisent pour arrêter le torrent
ui entraîne tout dans fa chute / Languiront-ils
ans un honteux repos , relégués loin de leurs
-frontières, & réduits à un état d'inertie plus
affligeant pour eux que la mort ?
Telles font leurs alarmes : c'eft au fein des
•Héros, dont ils ont droit de tout attendre,
qu;iis viennent dépofer leurs larmes amères*, un
mot peut en tarir la fource , un mot peut rani
mer leurs efpérances. * 7 ' '•'
François I. écrivoit après la bataille de Pavie ;
Nous avons tour perdufors . l'honneur ; la^Noblefle
dit avec ce Monarque , nous* avons tout perdu,
mais l'honneur nous refte.
C'eft ce nom facré de l'honneur , c'eft ce nom
fi cher à vos cœurs que nous invoquons en ce
jour; dites ce mot, laiiTez-nous nous rarTem-
bler auprès de vous , laifTez-nous ferrer vos
auguftes perfonnes , comme nos pères ferroient
l'immortel Henri au jour d'une bataille ; &.
quel que foit le fort qui nous attende , il n'en
fera jamais dé plus glorieux que celui de vaincre
avec vous, ou de mourir pour vous ; pour un
(»9)
vrai Français, c'eft vivre encore que de mourir
avec honneur. Tels font les fentimens avec lef*
quels nous fommes , »
JV OSSEIGNE URS ,
de Vos Altesses Royales
Les trés-humbles & très-obéinan»
ferviteurs,
Les Gentilshommes Français émigrés,,
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Souvent nous avons entendu des malheureufe*
victimes de la tyrannie , comparant la prospé
rité des méchans , à tous les maux qui empoi-
fonnent la vie des fagès, douter file ciel pre-
noit foin de la terre , & si la vertu étoit un titré
à la protection divine. Pour ranimer l'efpéranca
des malheureux , la jultice célelte vient de
frapper cent fept affaffins de Nifmes & rie la
Gardonnenque. Ces fcélérats, les mains teintes
du fang des Catholiques , s'étoient embarqués fur
le Rhône pour aller délivrer leurs complices1
à' Avignon. Le Fleuve qui les portoit les a pré
cipités dans la nuit éternelle , un feul a échappé
au nauffrage , pour rappeler , par fa prélence ,
à la vertu opprimée , qu'il exifte îjn Dieu ré
munérateur & vengeur.
Enfin, les Calviniftes font maîtres de la ville
à'Arles, de toutes celles des Départemens du Midi ',
& les Catholiques font défarmés & dans l'eicla-
vage. C'ell maintenant que le fyftême anti-
Monarchique des Huguenots va fe développer,
par l'établiflement de leur république tant denrée,
& pour laquelle ils ont toujours fomenté l'efpri|
d'infubordination & de révolte , pour laquelle ,
depuis" François 1er. jufqu'à nos jours, ils ont
livré des Provinces entières au pillage, a«
( aô )
meurtre & à l'incendie; pour laquelle > ils ont
appris au père , à détefter fon fils ; au mari , à
abandonner fa femme ; aux frères , à fe haïr -,
à tous les Citoyens , à fe faire une guerre cruelle,
piller les Eglifes & attenter aux jours de leurs
Souverains ; pour laquelle , ils firent à Nifmes le
maflacre de la Michelade (i) le maflacre d'Or-
ihèj (2) , & le maffkcre de la première Saint-
Barthelemy (3) ; pour laquelle , ils ont développé
dans cette dernière révolution , qu'ils avoient
préparée de longue main , toute l'atrocité de
leur caractère , en égorgeant une multitude inom-
ferable de Gatholiques à Nifmes , à Ujès , à
Thermomètre de Paris.
Les Jacoquins préparoient comme nous Tarons
précédemment annoncé , une fête civique en l'hon
neur des Suisses de Château-Vieux. Déjà la vi
vandière de l'armée Sans-culottes , la haquenée de
la Jacquerie , la Guenuche Théroigne , avoit ba
riolé d'emblèmes tricolors le char de triomphe ,
destiné à l'apothéose des galériens de Brest. Des
placards affichés fur tous les murs de Paris , in-
diquoient l'ordre & la marche de cette pompe
triomphale. Le grand Peti. .,, à la tête des"
conjurés , humoit d'avance , la fumigation de l'en
cens qui alloit brûler sur l'autel de l'infamie ; mais
Il n'est dans ce vaste univers
Rien d'assuré, rien de solide;
Des choses d'ici bas , la fortune de'cide
Selon ses caprices divers.
L'opinion publique , trop long-temps fubjuguée
par la Jacoquinaille , s'est tout-à-coup élevée
contre ces abominables préparatifs. Les factieux
en ont pâli de rage , & pour calmer les flots sou
levés , ils ont effrontément désavoué leur arrêté
dans une contre-affiche. On croit donc , ou que
la fête n'aura point lieu , ou qu'on en fuppri-
mera ce qui a paru révolter le peuple. Son im-
probation a du moins retardé cette nouvelle atro
cité Jacobite , qui devoit s'exécuter le 28 ou le
30 du mois dernier. En attendant une décifîo'a
ultérieure , les honorables galériens de Brest ,
sont, dit-on , à Paris , où ils gardent le plus grand
îûeognito. L'impudique Gén'évoife, & îà digrié
amie Théroigne ne les quittent point & les façon*
lient au rôle civique qu'ils doivent jouer. .,' ,
Tandis que la facliôn régicide s'agite pour déi
fier le crime & qu'on en fait le panégyrique dans
la Jacobinière , un brave grenadier de la pre
mière Légion , M. Eleuiére , a configné dans un
placard affiché en très-grand nombre & prompte-
ment arraché par les Jacquets, le cri de la vé
rité, « en quoi, dit cet eftimable citoyen * les
Suiffes de Château-vieux , ont ils été utiles à la
liberté & à la Conftitution / ; . . Ils ont donné
à l'armée , l'exemple de l'infubordiflation & de
la dilapidation des caifles militaires. . . . Ils ont
jillé foixantè mille francs dans celle de leur ré
giment j dont il faudra que la Nation fupporte
la perte. . . Pour les ramener au refpeél de la
Xoî , i'Aflemblée Nationale conftituânte , a fait
marcher contre-eux les braves gardes Nationales (
de Met\ ; fi ces Suisses euflent été amis de la Nation
& de la liberté , ils auroient , comme les autres
"Suifles du régiment d'Erneft tout foufFert plutôt qu*e
de combattre des Français, des Gardes Nationale^;
Point du tout , ils te font mis en défenfe ; ils ont
porté les premiers coups. Le généreux Desilles
•'est jetté à la bouche de leur canon pour les
"empêcher de le tirer sur les gardes Nationales;
ils ont eu la barbarie de mettre le feu au canon ;
ils ont âflaflîné Desilles ; ils ont tué le brave
GotVION ; ils ont tué trente fept autres gardes
Nationales. Qu'y a-t-il de favorable à la liberté
ou à la Constitution dans ces trente neuf meur
tres, dont celui de Desilles, particulièrement
fait horreur ! — — L'Assemblée Nationale , la
Municipalité, les. Parisiens ont dans une céré
monie funèbre & pompeufe , rendu de juttes
gommages à ces intrépides Français , premiers Ma^r-
"tytsdela liberté, delà Cbtrftitution &de la loi.
Leurs mânes ne feront-elles pas indignée» de voix,
( z6 )
*jue l'on fête aHffi , & avec encore plus d'éclat»
ceux qui leur ont été la vie / —- — N'est-il pas
horrible de joindre l'idée de Patriote à celle d'af-
Xaffin t &c. ...»
L'humeur du peuple excitée fan.s doute par cette
réflexion ,. s'est accrue à raison du décret qui vient
de 'supprimer les caiffe* Patriotiques & . de Se
cours , il s'est porté en foule en dernier lieu aux
bureaux de ces caiflcs pour fe faire rembourfer ,
& fans la garde Nationale, toujours aélive & vi
gilante , nous avions à redouter les plus grands
troubles. C'est de cette continuité d'anarchie &de
diflblution que les Jacoquins attendent leur salut ;
-Auffi redoublent-ils d'efforts pour la perpétuer.
_jïs ont dans toutes les feclions de la Capitale des
.afHdés bénévoles ou ftipendiés , qui ne négligent
rien pour entraîner le peuple dans les plus grands
forfaits. Ces fcélérats travaillent sur-tout les fol-
rdats Suiffes , dont ils redoutent l'incorr.uptibhî
^fidélité envers leur souverain , & il en sont re,-
jpoulîes avec horreur. Ce n'est plus que dans la
tclaffe la plus vile, que, ces régicides trouvent en
core des complices de leurs exécrables projet?,
.'^ais les honnêtes Citoyens qui forment la, garde
Nationale, ne les perdent point de vueu^Ils ojjt
arrêté la semaine dernière dans un Café diîjPaljajs
.Royal, une femme déguifée en homme "y qui ,rcy-
.vmiffoit Contre le Roi, & fon augufte. famille-.,
\ les plus horribles blafphémes. Cette furie ,») fpr-
^jie de l'antre des Jacquets > a été conduite deyaçt
■ le Juge de Paix. s . " '. \
Quelle que foit cependant l'audace dç^ Japp,-
-bins & même leurs .fucçès dans les Provinces
, méridionales , ils ne font pas pour cela àVabçi
.de la peut. Les tableaux les plus finiftrea vien-
? nent s'offrir en dépit, d'eux à leur imagjnattop
_iroublée, depuis qu'i/s ae peuvent se diifijniulsr
. les difpofitioà» durplfj^béopotd ,
( ¥J
tion des PuiïTances qui ont juré leur ruine. l'En-,
fer est donc dans leurs cœurs , & leur fupplice a
commencé , en attendant le jour où le glaive de
la Juftice le confommera. '•
SABBATS J A C O B I TE S.
Séances des 28 6" 30 Mars.
COUPLETS
A Marie-Antoinette - d'A utriche,
B.EINE DE FRANGÉ ET DE NAVARRE-
Air : Dans les jardins de Trîanon.
Au sein de l'orage & des flots .
Sur nos cœurs reposez votre ame ••
De notre smour la pure fl?.me
Seule peut surpssser vos maux.
Quand chacun de nous les partage ,
Ne doit-il pas les adoucir
Comme on sent doubler un plaisiç.
Qu'on goûte au sein d'un bon ménage?
LA ROCAMBOLÈ,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GÈNS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS AnTI - JACOBINUS.
NOUVELLES POLITIQUES.
ACTE PREMIER,
Scène seconde.
- »Xe Roi de Suède a été aflaffiné le 16 Mars,
«n entrant au bal» *'. .
' ( 44 )
Ce n'eft donc pas sur le courage des Volon
taires Nationaux , que les factieux fondent leurs'
efpérances : la mort de Léopold, Je coup qui
vient de frapper le grand Gustave , ne manifes
tent-ils pas que c'est avec des affaffins . que les
lâches Jacquets veulent faire la guerre aux têtes
couronnées! Jufqu'à quand differeront-elles la des
truction de cette fecte impie & régicide ? Peut-
être en ce moment la dangéreuse fécurité des puif-
fances livre encore une augufte victime au fer
régicide , &. plonge une Nation entière dans le
deuil. Domine salvos fac Reges.
L'affanin du Roi de Suède elt un fcélérat nommé
Ankarstrom, qui pour avoir participé à la der
nière iniurrection de Finlande avoit été condamné
à avoir la tête tranchée , & le Roi lui avoit fait
frâce. Sa Majefté a reçu un coup de piftolet dans
aîne droite. On a trouvé aux pieds de l'affanm
un couteau. Il n'a d'abord rien voulu avouer;
mais les recherches promptes qu'on a faites chez
les couteliers ayant fait découvrir que le cou
teau avoit été vendu ce jour même à cet homme ,
il n'a plus nié fon crime. On efpère que la blef-
£ure ne fera pas mortelle.
SABBATS JACOBITES*
Des t & 2 Avril.
Sous la clocherre de frère Mailh & Vergnaud.
Pam ! pàm ! — Quels font les malautrus qui
frappent donc fi fort / — Camarades, pardoh ,
. ce font
*• "■ les -,5chiens courans. ■.■••/->..•
de la Jacquerie ' qui
portent de l'argent. — De l'argent! ah l nos*mjs
foyez les bien venu?. — Soudain les deux battanst
de la caverne font ouverts , la meute cabriol».
dans le Sabbat & son chef dit: — amis, d'après
votre ordonnance , nous venons de mettre au creu—
zst le patriotifme de lafeclisn du Palais Royal,
& fon réfidu a produit net quatre mille livres
que voilà -, mais, parguierine , quels, yeux d'Argus
vous ouvrez tous ! Ce n'eft cependant pas ppus
vous que le four chauffe encore , mais pour nos
dignes frères les galériens de Brest ; partant quoi
nous ne voulons remettre cet argent qu'à leur
Buandier. Où diable eft-il donc } . . <.' Collot ,
Château-vieux l Hahél halié l vite ici : veux-ttt
courir ? — Collot s'approche , prend en riant le
patot d'affignats , & apprend à la Jacquinaille ,
que leurs frérots de Rouen viennent de lui en
voyer cent éeus pour la canonifation des ciL«le-*,
vant forçats. Mais pourquoi , lui demande frèro
Samené, n'a-t-on pas affiché le difcours , d'an*
lequel vous avez fi bien blanchi les mignons
Targînette ! — Eh parbleu , répond Collot-Chà-
teau-vieux , c'eft la faute des afficheurs, Dites donc
des arifto -rates , chien de Gafçon', repart un cha-
foin de Jacquet. Oui, des ariftocrates, des Prêtres
réfraclaires , du pouvoir exécutif & de tous les
tyrans de l'univers; ne voyez-vous pas qu'ils veu
lent empêcher le fuccès de votre buanderie , qui
tout au moins vaut celle de Chabroud ! Mais Iaifîez
faire , je veux que nos galériens paffent pour
d'honnêtes gens , en dépit de la France, des treize
cantons & de la vérité. — Voilà ce que c'est que
d'avoir du cœur , ajoute un frère Crtlottg , allons
bravement en avant , & né fouffrons pas que per-
fonne ait raifon , hors nous & nos amis. — :—>
Oh ! c'eff parbleu le cas , dit frère Lostallot ,
car le patriotifme elt en rut dans tout le Royau
me : écoutez ce qu'on m'écrit de Pau. • —*•
( 4« )
« Bayonne & Pau ne peuvent plus contçnir
le nombre prodigieux de recrues qui arrivent da
toutes parts, il est innombrable .et chacun meurt
d'envie d'aller arracher les moustaches des Hullans,
etd'éventrer quelques Talpackes. ( Ils ont encore
plus d'envie, de calmer la faim qui les chasse de
leur pays.) Que ferons->nous tJe tant d'AU'xandres et
de Césa rs l je n'en sais rien. Njou-iallons les mettre
sous l'inspection fraternelle der l'archi-patriote
régiment de Champagne. Ah ! que ce régiment est
digne d'élogfe ! Après" avoir bravement et bien
chassé tous ses officiers à l'exception d'un seul ,
ça se conduit comme des Catons. Faites part de
ma lettre à l'AfTernblée Nationaleque fembrafle ,
& dites-lui de ne pas avoir peur. Si. V Efpagne
al'infolence de nous attaquer , nous irons planter
fur la place de Madrid , l'étendard tricolor , &.
nous proclamerons , fi on nous laifTe faire , les
droits de l'homme , fur le fiége même du Grand
inquifiteur. Cependant , mon cher Lostalot ,
comme ces Héros civiques ne vivent pas feule
ment de gloire , qu'ils font affamés , que le pain
eft ici chiné' chère! é horrible , lés aîîignats fans
crédit , & que nousfommes. diablement embaiTaf-
fés de fatisfaire leur appétit glouîon , empêchez-
les d'arriver , &. parlez-en au Miniftré de la
Guerre. N'oubliez pas fur-^tout dé faire décréter
la circonfcription des paroiffes du Département.
Le fanatifme fe trémoutfe , mais il a beau faire,
nous l'écraferons avec la maffue de notre pa-
triotifme , &. le pourchafferons jufqu'au-delà des
pyrennées , fi toute - fois la mifére qui nous
accable noua laide la force de marcher» — Le
détordre du jour ftorte la Jacquinaille fur les
dénonciations faites çentre le Miniftre Linotte ;
frères Duhem, Carra, Baumier, Brune, Real ,
& jufqu'à l'âne du repaire , lui donnent maintes
ruades, que nous n'aaaliférons pas , le Miniflbre
■
( 49 )
?yant été dégraifle &. blanchi par le Manège^
— Lev Révérend Béai commence le panégyrique
du Jacquet Clavières. En le voyant miniftre,
chacun de nous , dit-il , a penfé , qu'enfin Hercule
pourroit nettoyer lesétables à'Augias ( le véné
rable xroit fans doute à l'aphoritme , qui dit :
similia similibus curantur.) St. l'on a applaudi au
choix du Roi. Voilà depuis qu'un Député meurt
d'une fièvre maligne , & que Frère Clavières fon
fuppléant préfère d'être le valet du Roi , à l'in-
figne honneur de régner fur la France. Je fuis
épouvantablement furpris d'une telle préférence,
quand je conlidère fur -tout que frère Clavières
s'eft toujours tenu fortement accroché au pilier
branlant du patriotifme ; qu'il n'aJamais quitté
les Sans-culottes. Ce confidéré , je ne l'accuferai
donc pas; mais je lui dis, qu'il doit, à les frères
qui l'eftinaent , aux Sans-culottes qui ont livré
pour lui tant de combats, une explication franche
de sa conduite. Jusques-Jà je me tais -, mais s'il
ne la donnoit pas ... je. . . Mais il la disjjnera i—
Arrive Leclerc Doje , l'un des plus, forcenés Jac
quets du repaire infernal : frères , dit -il , dans
les circonstances périlleuse; où se trouve la Patrie,
j'ai cru que le Roi avoit befoin de mes lumières ,
de mes confeils. Je lui ai écrit une lettre ( digne
d'un Manuel , ) je vais vous régafer de fa leclure ,
fi vous le trouvez bon. — Ah ! volontiers , s'écrie
> la horde républicaine , -& l'énergumène com
mence en ces termes. — «Homme Roi- tel eft
le malheur attaché à ton être , que/dans la clafle
d'hommes qui t'entourent , & que tu payes fi
cher, tu ne faurois trouver la vérité que tu cher
ches peut-être , & qui pourroit ramener dans ton
ame cette férénite fi eflentielle au bonheur de tes
jours. Telle eft au contraire la générofité desces
Citoyens , que tes valets calomnient, qu'ils n'omt
'celTé depuis 1789 de te donner gratis , des. con
fells & des avis falutaires , dont tinre Iesar ré—
compenfés, qu'en les fuivant à rebours. . • Mem
bres de la force armée dont tu es chef , nous fam
ines tous deux du même corps , & noils pouvons
nous entretenir ensemble. D'un Roi à un fbldat ,
la di fiance paroît grande , mais à qui veut exa
miner de plus près, il efl bientôt évident, que
s'il exifle une ligne de démarcation cônfidérable
entre un foldat citoyen & un Roi Faible , fi
on propofoit aux membres du peuple d'opter
entre ces deux états , tuverrois bientôt une ma
jorité formidable , préférer le Tort d'un foldat
incorruptible & fidèle, à 1 etaî d'un Roi Pusil
lanime qui, par une Faiblesse coupable , en
vironne fon trône d'écueils , devient le fléau d'une
Nation trop endurante , abufe de fa liberré , & fe
voue, de sa propre volonté, à l'exécration de
ceux dont il paroît être l'idole. ... Je commence
donc, Camarade Roi. Qni t'a fait Roi Et
toi-même , Sinsolent forcené , réponds: qui t'a
donné le droit d'outrager ton Souverain, et la Na
tion entière dans' la personne sacrée àë' son repré
sentant Mais détournons nos regards indignés
de l'horrible attentai de ce jacquet, des blasphè
mes qu'il vomit, contre le Monar.que le plus,
vertueux, le plus infortuné; et conjurons l'Eternel
de mettre le rejet-ton de tant de Roi: â couvert
de la conspiration des factieux. Et vous, garde
Nationale parisienne, à qui les Citoyens doivent
de n'avoir point encore vu leur fortune et leur
vie livrées à la merci des brigands, qui n'attendent
depuis long-temps que le signal du "meurtre et
du pillage, votre vigilance infatigable, votre
incorruptible fidélité, rassurent les amis du Roi,
et de la Monarchie contre la crainte trop
fondée du plus exécrable des forfaits, et vous
assurent des droits immortels à la reconnoif-
fance des vrais Français , à la fcnjibilité de votre
JRoî , à l'eftime des Nations. Toujours quelque
nouvelle calomnie Contre les Prêtre* catholique?.
Ceux du Pas - de -Calais font accufés^ dans le
fabbat du î, d'y femer le trouble ; le p^vén
d'en douter, c'elt un Jacoquin qui l'affirme. On
lit une lettre du Prince de Hésse, datée
de Perpignan as Mars. Ce prince Jacobin accufe
fon frère Brifot de n'avoir jpoint répondu à plu-
fieurs de Ces 'lettres , &. dénonce M, Dumuy ,
qui 3 voulu fe porter fur les, brigands qui en
tourent la ville d'Arles. L'illuitre Principion
efpère que fon collègue trouvera à Orlîans la
rècompenfc d'un tel forfait.
MÉLANGES.
AUX t> É M A G .0 G V E S.
Rochamb — . Luck . . . Lafay. . • •
Que l'on croit avoir acheté* ,
Ne sont pas la meilleur emplette • •
Qu'ayent pu faire nos (Députés.
Sur leur fidélité parfaite
Très-imprudemment vous comptez:
Nos Dia^eaux . qu'ils ont désertés,
Vous sont une preuve complette ,
Qu'il faudrait d'autres sûretés A
Que le serment qui les engage.
Comme nous , vous serez quittés ,
S'ils y trouvent leur avantage.
Ces héros si pleins de courage %
Vous sont moins vendus que prêtés;
Ce font des Chevaux de louage: ,
Qui par tout venant sont montés.
COUPLETS
DIES AUX BONS BOURGEOIS*
Air : Jofeph est bien manV,"
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins «
Mille petites créatures
Cheminent dans leurs chevelures ;
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins.
LEGISLATION;
Seconde race de nos Rois,
içances des 4, 5 & 6 Avril.
Des Négocians, Artifaris , Manufacturiers &
Marins de la Ville de Nantes , admis à la féance
du foir 3, ont pathétiquement expolé à nosfept
cens Souverains &. compagnie , que la deftruc-
tion «lu Commerce a réduit tous les Artifans St
Matelots à la befa~e; ils ont enmème-tems follicité
d* nauvëaux feeours pour. Saint-Domingue , &.
olî'ert leurs vailîtaux pour les porter. Leur péti
tion eft renvoyée au Comité colonial. — Le di
rectoire du département , introduit , répond aux
inculpations de la Municipalité , &. prouve par
A, plus B, que le> plaintes des M uiacip'es n'ont
pas le feus commun. 11 eft aurais .aux honneurs
dé la féance. — On fe rappelle fans doute le
brillant tableau , fait par le Roi Canibon , du
Tréfor national. Eh! bien, le lendemain 4, le
Commiffaire du Roi à la cault de l'extraordi
naire , écrit à nos* Mydas qu'il ne fait plus dé
quel bois faire flèche, &. que 'la tréforerie a
Je plus piaffant befoin de Lx millions dans 1&
< 15 )
jour^mêriiè. On a décrété qu'ils lui feroîent
donnés , & que la malfe des alïïgnats , fixée par
le dernier décret à 16 cens millions i'eioit por
tée à 150, eu attendant mieux. Le Roi Saladin
fait un très-long rapport fur les dénonciations
faites contre l'eJC-Miniltre de la Justice, &
&. conclud à l'envoyer joindre M. de Lessan ,
à Orléans. Ce projet elî ajourné. Ou lit & oa
décrète dans la feance du loir une longue férié
d'articles fur l'orgaailation de la gendarmerie Na
tional* Sire Merlin rend compte à la féance du 5,
du fait fuivant. — Les habitans de Saint-Domiu-
gue , après la fignature du concordat , avoient fait
embarquer a vj Nègres, moteurs des troubles,
fur le vailfeau l'Emmanuel , pour être transportés
dans quelque plage étrangère. Le Capitaine de
ce navire , au lieu de les porter à leur destina
tion , relâche dans un des ports de la Jamaïque ,
St y débarque les Nègres, qui furent renvoyés a
Saini-Domingue. Cette perlidie a indifpofé avec
îaifon le gouvernement Anglais , qui a fait de
mander les indemnités dues en pareil cas.
Décrejt qui invite le Roi à faite pourfuivre &,
juger le Capitaine de ce Navire, & à pren
dre les mefures les plus promptes pour le paye
ment de l'indemnité. Le Minilhe au
ibnner rouge communique Ja lettre adrtffée au
iK>m du Roi , au chargé dos affaires du Roi à
Turin, &. la réponfe de Sa Mujeiié Sarde priée
de s'expliquer promptement fur les préparatifs
■de guerre qui le t'ont en Savoie. — Le Roi de
Sardaigne répond , qu'ils ont pour objet lu fu
reté de (es Etats. Le grand œuvre da l'organifa-
tion finale de la gendarmerie Nationale a rempli
là féance du foir. .Après avoir volé les biens du
Clergé , il ne reftoit plus qu'à les dépouiller de
leurs vêtemens', & c'eit ce qu'on a fait à la féance
) $6 ) ?
du 6 , afin de né plus rien laiiTer à délirer *ux
Proteftans & aux impies. Le f:eur Tomé, Evê-
que intrus de Bourges , demande que le coftumé
actuel des Eccéiialtiques & des Religieux , foit
fuprimé , comme le ligne d'une corporation dé
formais odreufe. Sires Merlin , Lagrévole ,Aubert ,
mutât , appuyent la motion du schismatique Pré
lat , & le répendent en plates pasquinades. l'E-
vêque de Limoges dépofefa croix furie Bureau,
& l'offre en don patriotique ; enfin le costumé
Eccléliaftique & Religieux eft profcrit , aux apJ
plaudiffemens des Minillres de *la nouvelle loi
& de leurs fecTateurs. N
On annonce dans ce moment la mort du Roi
de Suéde.
A V I S.
Les Jacoquîns qui pullulent dans notre infortunée.,
patrie, comme jadis les fauterelles en Egypte, après
avoir vainement tenté d'acheter notre silence au poids
-de l'or ont imaginé de faire tomber notre Journal , ett
le brhsotam ; nos abonnés , p'er; • ■sdéi que ceu'-' ci at-
tribiicroicm i notre négligence , les fréquentes soustrac
tions qu'ils éprouvent. Certains d'entre-eux ont donné
.dans le piège, d'autres plus clairvoyans se sont adressés
ànotre Bureau , & nous nous sommes empressés de rem
placer les numéros qu'on leur avoit volés."1 C'est ce
que nous continuerons de faire , malgré les fraix énor
mes que cela nous occasionne. Nous prions nos sous
cripteurs de s'adresser directement au Bureau , rue
Montmartre N°. 219 près le passage du Saumon, à Paris.
Le prix de la souscription eft de 24 livres pour un an ,
12 livres pour six mois , & six livres pour trois , franc
de port. Les Lettres qui ne font point affranchies restent
au rebut.
NOUVELLES POLITIQUES.
« r11
-I ANDISQUE les ennemis du trône & de l'autel
travaillent fans relâche à propager le crime , &
qu'ils encouragent leurs fatellites aux plus
horribles débordemens , la Juftice éternelle pré
pare fes vengeances. Les Factieux rient mainte
nant en contemplant les victimes qu'ils peuvent
encore dévorer , Ils favourent d'avance le fang
que Jourian va leur oriFrir ; mais bientôt cette
joie féroce fera convertie en terreur ; bientôt des
cris funèbres , des mugiliemens de douleur re
tentiront dans leur repaire d'iniquités ; bientôt
ils feront réduits à invoquer une morj. prompte
qui leur fera même réfutée; .
Tonvt IV année 17$^. E«
' , (7* )
Voilà les fruits qu'ils recueilleront de l'aflafïïna*
commis fur Vdcliille de la Suéde. Cet attentat a
foulevé toutes les puiflances , & le fucceffeur de
Léopold efi déterminé à purger la terre dïsmonftres
qui peuvent concevoir et exécuter ces attrocités.
C'eft pour cela que les troupes du Roi de Hongrie
ibnt dans l'attitude la plus fière & la plus me
naçante. 125 mille Autrichiens fe raffemblent à ,
Bronau en Bavière- Cette armée, fera commandée
contre les Jacobins par le Général Karajair. Ce
Général qui s'tll diftingué dans la guerre contre
les Turcs , a été choifi par fon Souverain , tant
à caufe de fes talens militaires que de fou
extrême févérité. C'eft à ce nouveau Bender que
les Jacobins auront à faire. Le nouveau Roi
a entièrement renoncé au rôle de temporifeur
adopté par le pacifique Léopold, fur-tout depuis
qu'il a reçu la lettre infolente de Dumourier,
Ce n'eft pas qu'on ne travaile fous main à
ébranler les difpofitions'belJiqueufes du généreux
François , mais les Ccnfeillers lâciies font très.-
mal vus de ce Prince. L'un d'eux, lui ayant voulu,
faire craindre une infurrecti.on de dix mille
Brabançons , reçut pour toute réponfe : Eh bien !
ce fera dix mille têtes à couper. I
Les Courriers que les Princes reçoivent jour
nellement des pu'Jfances de l'Europe leur appor
tent les nouvelles les plus.fatisfaifantes. Les émi
grés font armés & s'evercent à merveille.
Les lettres de Stockolm apprennent que le Roi
de Suède eû entièrement horS' de danger. Il reçoit
ceux qui ont befoin de lui parler. Cela n'empê
che pas que le P>.oi même n'ait établi un Con-
feil de régence pour vaquer aux affaires du Gou
vernement pendant tout le temps que durera fa
maladie. Ce Confeil a pour chef le Duc de
Sudermanie , & pour membres , le Comte de
Wachtmeister , le- général Comte Oxenstjernay
le Baron,. "faube &. le générai Armfeld,
1
(79)
L'attentat commis contre le brave Gustave n'est
pas le feul qu'on fe fut propofé. Toute la fa
mille Royale étoit également menacée. Il y à
déjà quelques temps que ce projet avoit été an
noncé par les Jacobins. On afTure qu'ils n'avoient
ën vue quë de bouleveiiër la forme du gouver
nement Ae Suédë pour en fubniiùer un autre tout
prêt. Cent dix per formes ont été arrêtées & le
procès de l'aflaffin fe continué tous les jours avec
la plus grande célérité.
NOUVELLES INTERIE URES.
Calamités dé la ville d'Arles:
Ecce non est auxilium mihi in me, & né-
cessarii quoique mci reccsseruBt à me.
(Job. Cap. VI. v. 13.' )
Là marche des Calviniftes eft un torrent que
risn n'arrête & qui multiplie tous les jours les
ravages. Le régime acluel eft pour eux l'exemplaire
du plus bel ordre des chofes possibles , parceque
lbus ce régime , ils peuvent voler , piller , . in-
cendeir & aflaffiner impunément. Que dis-je ! les
crimes les plus atroces font payés par les fouve-
rains du jour & les Calviniftes n'ignorent point ,
qu'ils ont la meilleure part à leurs libéralités. Ils
én font ivres de joie. Qu'on ne les compare donc
plus aux voleurs de grand chemin, car aprè; une
expédition violente, un coupeur de bourfe eft du
moins troublé par la crainte que lui infpire fon
crime ; mais les Calviniftes tranquille1; & fans re
mords , dévorent avec orgueil & infolence les
biens des viclimes qu'ils ont immolées, ils paf-
fent fucceffivement du pillage à la débauche la plus
eiirénée ; ils détruifent ce qu'ils ne peuvent con-'
fommer , &* plus ils font des miférables , plus'
leur férocité t'accroît. A Arles , non contensu'ab
( 8o )
batrë eux-mêmes les remparts & Tes inaîsonsdjj
cette malheure ufe Ville , par un rafinement dë
cruauté, ils forcent jufqu'aux femmes à travaillef
à ces démolitions. Et c'est en vertu des ordres le-
crets des Directeurs du Manège , que ces horreurs
fe commettent , & avec le tréfor des afiignats qu'on
les paye.
-Voilà l'ufage que l'on a fait jufqu a ce jour
des dons patriotiques & des fomaies provenans
de la vente des biens du Clergé.
Dans tout le Département du Gard , les catho
liques foufFrènt mille vexations. Ceux de Nismes
font forcés d'aller aux Eglifes des intrus, fous
peine d'être flagellés à coups de nerf de bœuf
par les brigands.qui fe nomment le pouvoir exé*
cutii. .<-.
Les malheurs des catholiques font fi affreux
qu'ils y fuccomberont fans doute , fi la providence
fatisfaite des épreuves par où elle tes a fait pafler
ne mettoit bientôt fin à leurs fouffrances. Mais
tout porte à croire qu'ils peuvent fe livrer à
l'efpérancej Les Pitances environnantes font
nbn-ieulemènt armées pour notre délivrance ,
mais encore ptuïieufs villes frontières , éclairées
par l'expérience du malheur , n'attendent <jue
l'arrivée des légions amies de l'humanité , pour
se ranger de leur bord , & , d'un autre côte , nos
tyrans qui font affez forts pour commettre le
crime , font dans l'impuifiance de réfifter aux
Phalanges belliqueufes que le Dieu des batailles
fait marcher contre eux. Toutes les troupes infec
tées du virus Jacobite , font en infurrectibn. Le
Corps royal d'Artillerie ne fait pas plus de cas
du nouveau règlement militaire, qneduGénérâl
jtforphée , & l'on fait qu'il ne manque rien au
mépris que le héros des deux mondes a sçu inf-
pirer.
Les Jacobins favent cela , & pour étourdit
( Si )
Je peuple fur les fléaux qui fe menacent, ils
fqnt des fêtes à leurs frères les Galériens, pen
dant que, d'un autre côté, pour fouleyer les
efpfits, ils écrivent en province que le Roi n'eft
plus à Paris , que fa ga -de l'a enlevé. Que les
Prêtres réfraclaires ont dirigé cette manœuvre,
«Pour réparation de quoi, il faut les rnaffacrer ;
& toujours des marTacres ! toujours du fang !
Ils en font fi avides les monftres , qu'après
avoir lapé tout celui des honnètes^gens , ils fini-
roient par s'égorger les uns les autres pour s'en
abreuver encore. Mais pourquoi donc cette haine
û féroce contre les Miniftres de la Religion / C'eft
que leurs vertus font un miroir qui réfléchit la
difformité des vices de leurs tyrans -, c'eft qu'ils
ne veavent fupporter le témoignage éclatant que
rendent à la foi de "nos pères , ces refpeélabies
viclimes de l'impiété & de la fcélérateffe ; c'eft,
que l'exemple de leur réfîgnation, au milieu des
perfécutions , qui nous retracent celles des Néron ,
des Diocléiien ,â&s'Domitien &. des Maxence, c'eft
que cet exemple , dis-.je , eft un langage éloquent,
qui attefte la Divinité d'une Religion dont les
fuppôts de l'enfej- ont juré la ruine, dans leur
rage imenfée , ^um ne néglige-t-on rien pour fe dé-
- faire des Pi être . fidèles &!t s ç'îafîer d'un royaume
où les novateurs veulent, fubftituer l'étendard de
Calvin à la croix de Jesus-Christ. Les Prêtres
de Brest , de Nantes , du Mans, à' Angers , de
Çolmar , font tons en finie , ou «bus les fers. Ceux
d'Aix , de Marfeiiie , de Toulon, d' Arles , fô"nt
errans & difpexfés ; quatre-vingt-dix Prêtres des
Départemens du Var & des bouches du Rhône,
(ont réfugiés à Nice , avec les Evêques de Toulon
de Vence & de Frcjits. Les Pafteurs de Nismis
&. de Montpellier , ont été forces de s'expatrier,
prefque par-tout , les Egîifes des Prêtres non ju-
reurs font fermées ,~& la liberté du culte for
r( 82 )
Thermomètre de Paris.
ENCORE DES GALERIENS.
Elle aura lieu la fête des aiTaffins du vertueux
Desille, en dépit de l'indignation publique qui
s'eft hautement manifeftée , tant dans la fection
de Saint-Jofeph que dans la majorité des citoyens
de la capitale, tout le monde eft perfuadé que cette;
fête fcandaleufe n'eft qu'un prétexte pour réu
nir les Coupe-jarrets qu'on a fait venir dans
Paris de toutes les parties du Royaume. Quoi
qu'il en foit , il n'eft forte de manœuvres que.
l'intègre Pet... n'ait employées pour étouffer
l'opinion; ce qui n'eft pas d'un bon augure.
La conduite du Maire de Paris eft d'autant
plus révoltante , qu'on sait de quelle manière;
il s'eft comporté lorfqu'il a été queftio» de jouer
l'Opéra d'Adrien. Cette conduite indécente lui a
attiré entr'autres lettres très-piquantes celle qi;a
nous allons tranferire.
Moniteur ,
. « L'Opéra d'Adrien étoit annoncé au PîiM-ç..
Des gens de votre çonuoi&mcs prenant de l'hu
meur contre un Prince qui s'aviioit de vaincrç
3
& de pardonner , menacèrent de le Tenir ren-
verfer de son char triomphal, & de faire fubir .
aux fpeclateurs la peine due à leur curiosité.
Prudent aior9 , ces menaces éveillèrent votre
follicitude , & vous refufant à employer cette
force publique , dont nous vous avons; confié la
direction pour protéger auflx bien nos jeux que
nos propriétés, vous jugeâtes plus à propos de nous
priver d'un fpeclacle innocent , difant que la tran
quillité des Citoyens ne devoit pas être troublée
par une comédie—- paiTe pour cela. Mais quelle
raison donnerez vous aujourd'hui , Monsieur, pour
justifier le mépris que vous faites des réclamations
qui s'élèvent tous les jours contrecette Fête effron
tée , préparée fous vos auspices ,& annoncée pour
Dimanche / Il ne s'agit plus du triomphe fcénique
d'un Empereur Romain , mais d'un triomphe réel ,
impunément décerné à des Soldats qui rebelles à
la lot , ont fait couler le fang des citoyens, armés
pour elle, qui vous ont peut-être à ce prix confervé
lapolïibilité d'être élu Maire àeParis en 1791. Ré-
fléchiifez-y férieufement , Moniteur , l'indignation
publique eft à fon comble ; &. les menaces qu'elle
enfante peuvent , une féconde fois , compromettre
la tranquillité de la capitale. Revenez donc fur
vos pas , s'il en eft temps encore, & n'autorifez
pas à dire , que ce qui vous manque de fermeté
dans l'exercice de vos devoirs fe retrouve en opi
niâtreté , l'orfqu'il s'agit de braver l'opinion ,
lajuftice & les mœurs. »
SABBATS JACOBITES.
Des 86-9 Avril.
Sous la clochette de frère Vergnaud.
Son excellence révérendiffime , Frère Desfieux,
Ambafiadeur extraordinaire des Jacquets de.
(84)
Ver/ailles, est préfenté au Club fuprême dans
le Sabbat du t. par le grand maître des céré
monies Jacoquines, & après avoir exhibé fes lettres
de créances, il dit : vénérable Pré/ident, frères de
tout calibre &de tout poil , culottés ou inculottés,
qui corupofez ce brillant affemblage , Salut.
Je vous annonce, camarades, une grande nouvelle :
c'eft l'arrivée de nos frères les Galériens i ils feront
céans demain , à moins que le diable ne les em
porte. Le Comité central à; beau dire qne le
tombereau deftiné à leur triomphe n'eftpas encore
prêt, rien ne peut contenir l'envie qu'ils ont
de vous fauter au cou , & de vous témoigner
dans cette accolade fraternelle , leur amoureufe
reconnoiffance- Tout céqui intérefle ces illuftres
Galériens , eft trop précieux pour que je vous
en efcamotte le récit. Voici celui des honneurs
civiques que leur ont rendu les frères de Ver-
failles. — Ces ci-devant Forçats ont été préfenté»
à leur séance, par le grand Collot & les Dé
putés de Brest) ceux-ci ont d'abord enfilé , à
tour de rôle un difcours monté fur le diapazori
de ce Jacobin à' Athènes , qui en vouloit tant
à Philippe de Macédoine, & à fon fils Alexandre le
Grand. Nonsnous fommes enfuites acheminés pro-
ceflîonnellement vers la Municipalité , au milieu
d'une haie de Soldats Nationaux , précédés d'une
mufïque Nationale , jouant l'air ça ira. U.ne vraie
faim de chien nous conduit enfin aux menus ,
où nous attendoit une ripaille digne du pays
de Cocagne. C'eft Jà, qu'empifrés du becjufqu'k
Vanus, Mous avons décrété , que les Galériens
de Chàteau-vieux fe rendront demain au Manège
pour y embraffer leurs bons amis , &. ce, nonobftant
clameur de haro, & toute charte & affiche à
ce contraire ...... . Vive ! vive / l'AmbaiTadeur >
s'écrie tout le fabbat en rhut. Vivent nos frères
le; Forçats! — Amis, dit frère Courfon, é&
-
( «5 >
qu'ils feront arrivés, il faut que chacun de nous ijm
ammène un dans fa hutte , & qu'il partage avec lui
fonfricot &fonlit. Nous ferons publier ce trait par
nos Jonrnaiiftes affidés , & nos ennemis en crè
veront de rage , puis nous les traînerons Diman
che à la fuite du charriot de la liberté. . . . J'y
confens , répond un Jacquet, à condition qu'on
fera'im primer le détail delà fête qui fe prépare
& qu'on l'enverra à tous nos affiliés pour qu'on
célèbre dans toute Ja France le triomphe des
galériens. . . . O voleur ! ô voleur ! crie à pleine
gueule , le charmant Frérot , Prince de Hesse.
Vourfon , a volé ma motion. — Voici mes frères ,
interrompt un Jacquet , une délibération prife
parle bataillon des Filles de-Saint- Thomas , con- '
tre la fête dçs foldats de Château-vieux. — Fy
donc , répond-t-on, ne lifez pas une telle fottife.—■
Qu'on la. dénonce vite au Procureur de la Com
mune , dit frère Hyon. — Bêtife que tout ça ré
plique le Général Robespierre , il feroit très-dan-
géreux & même impolitique de lailTer croire, qu'il
exilte dans Paris un bataillon afTez gangrené pour
prendre un tel arrêté. 11 eft d'ailleurs ligné Pain-
d'Avoine , Lieutenant dans ce bataillon. Ce feroit^
avilir notre dignité que de nous occuper d'un Pain-
d'Avoine. D'après cette obfervation on abandonne
l'arrêté, Et Pain-i' Avoine. — Voici venir la fine-
lîeur des Jacquets de Metj qui communique aux.
Sabbatiftes une pétition deftinée aux Roitelets du
Manège pour en obtenir la permiifionde déporter
hors du Royaume tous les Prêtres non aiTermen-
tés ; l'orateur cannibale offre enfuite à la .Tacqui-
naille le premier numéro d'un Journal deftiné à
faire marcher le peuple dans la voye Jacobite ,
&. l'on arrête tout d'une voix la mention hono
rable au procès verbal de ce noble projet. — Des
quidams , mulctés par feu Dame Juftice , vien
nent réclamer la protection des Jacquets & en
( w )
obtiennent la faveur de .figurer dans la fête des
galérienside Château-vieux, — Le forcenné Clerc-
JDoje , celui-là même que nous avons vu vomir
les plus horribles blasphèmes contre le Roi & fort
àugufte compagne , fe plaint d'avoir été incar
céré pendant, dix heures , par la police correct
tionnelle, pour avoir déchiré dans le Palais-Royal,
une aiîiehe contre les foldats de Chàteau-yieux.
Indigné de cet attentat contre la liberté Jaco-
bne, Clerc - Do\e , aiTtire qu'il va pourfuivre
les membres de ce tribunal. En attendant, il eft
comblé d'applaudiffemens. — Les Députes de Ver-
failles qui ont accompagné à Paris les vénérables
Galériens, font introduits au fabbat du g , au
milieu des plus effroyables acclamations. Frère
.Goujon , président de la Jacquerie de Verfailles,,
grimpe à la tribune & affure , que fi le tendre,
ameur de la Patrie n'eut démantelé toutes fes
idées, il ne manqueroit pas de dire les plus belles
chofes du monde , & le Préfident du fabbat lui
répond qu'on l'en 'croit & de re?te, fur fa pa-
rôle, A l'infiant levroulement redoublé des tam
bours annonce l'arrivée des Galériens. A leur
afpecl les Jacquets fe prennent à braire de concert;
ils entrent , précédés de quelques fapeurs & d'une
députation du Fauxbourg fain -Antoine , ayant
au milieu d'eux le grand Collot. Leur pré-
fence électrife de nouveau la Jacquinaille. Vive
Château ~ vieux ; s'écrie-t-elle ? vive la liberté!
les chapeaux , les bonnets , les fabres & les piques,
tout efi en l'ajr, Enfin, las de hurler, & de fe
démener en vrais démoniaques , ils tei-minent ce
premier acte de leur épouvantable Bacchanale ,
par Je refrein chéri de vivre libre ou, de mourir.
Alors frère Rabit , Député extraordinaire des
Jacquets de Brest enpaumant la parole , dit :
nous vous présentons , de la part de la ville de
Brest , les 'Galériens de Château-vieux , comme
( ?7 )
des enfans long-temps féparés de la famille. —>
Yous dites donc , frérots , répond le Préfidenî,
£n s'adrelfant à ces enfans retrouvés, que vous,
avez fouffert : la. . . . la. . , . . confolez vous , ne
pleurez pas, nous vous jurons de vous,aimer tour
jours ; & puis le Préfident les baife & rebaife,
les fœurs Jacoquinés fe précipitent de la Tri
bune , & viennent aulîî ferrer dans leurs bras
ces nouveaux frères. — Ah ! vien , s'écrie Collot-
Châttau-vuux , n'ai-je pas eu raifon dé dire qué
la meilleure réponfe à faire aux ennemis dé
nos chers Galériens , étoit dé les leur préfenter l
Boyez , Jandis , comme on les aime d'avord au
premier coup d'oeil. Certes boilà }e brai moyen
dé déjouer les manœubres d'un homme perfide
noubellement arribé à Paris .... Ce perfonnage
fe nomme Lafayette. Dans cé moment , il
lutte contre lé torrent dé la bolonté Nationale.
Cé matin il a mis la chofe puvlique^en danger,
par lé moyens de fes amis j'étois entourré
de deux cens mille fans-culottes, plus où moins
qui tous trouboient très-maubais qu'on fit un ap
pel nominal pour donner les honneurs de la
séance à mes chers galériens. J'ai bu lé moment
ou l'on nous entrainoit. Il a fallu toute ma pru
dence pour contenir lé peuple -, jé lui ai dit , qu'il
y aboit dans le Manège nombre compétent des
.nôtres pour être aflurez dé la majorité , &. il a
bu Sandis qué j'étois vien inftruit. Camarades ,
courage ! boyez-bous commé les patriotes font
forts f ah vien , cette force debiendra annéantif-
fante s'il faut. Parlons maintenant de mes cliens:
Si tous les foidats des defpotes les imitoient , tous
les peuples feroient vient'ôt livres, il falloit une
grande bertu pour donner en France un tel exem
ple au mois de Juillet 1789! Aulii lé despqr
îisme né leur a-t-il jamais pardonné. Eoilà petit
être lés feuîs foldats 'dé cet iionorabls régiment
( 88 )
dé Chitean-biçux ; tout lé refte a été pendu , dé*
truit ou difperfé ; . . . mais jé les afflige par cette
réminifcence. Confolez-bous, mes chers , mes bons
amis né pleurez-pas. Bos camarades pour aboir
été pendus né font pas pour cela tout-à-fait morts.
Leurs ames immortelles font paflees dans las corps
dés noubeaux foutiens dé la liverté , tandis que
celles des tyrans ne bont animer après leur mort
qué des ânes ou des pourceaux. Les hommes li-;
bres fubjuguent jufqu'aux deftioées , & fi cela né-
toit ainfi, aurions-nous arraché nos chers frères
des galères. Ma foi bibe la liverté ! — Tais-toi
donc bavard éternel , interrompt le Préfident , &
laifie-moi parler. . . . Chers amis , vous avez fait
un grand crime aux yeux de la tyrannie. . • Mais
ce crime fait votre triomphe. Àh! le beau jour
pour nous , que celui ou nous vous pofTédons dans
notre fein ! Votre gloire nous rend cependant un
tantinet jaloux, car enfin, vous avez l'avantage
d'avoir été aux galères pour la conftitution , &
nous n'avons pas eu cet honneur encore. En atten
dant , réunis aux Gardes Françaîfes qiui ont pris
d'aflaut la Bastille , dont on leuravoit ouvert les
portes , nous/ aurons le plaifir de vous voir jurer
enfemble , fous l'étendard Tricolbr & le bonnet
rouge de la liberté. Adieu nos chers amis , on
- vous attend à la maifon Commune -/partez & em-
braflez pour nous nos frères les Municipes. Colloi
fe met à leur tête; ils fortent & vont à l'Hôtel-de-
Ville jouer la même farce , prélude de celle qu'il*
doivent donner aujourd'hui au public. ^
MÉLANGES.
É P I G R A M M E.
Ces millions de combattants ,
pascons, Picards , Bretons , Chamatnois et Normands,
t*9)
Qui, pleins d'ardeur & d'espérance « ...
Sur la frontière de la France ,
Conduisent nos drapeaux flottant.
Malgré leur multitude immense
De vaincre n'ont point l'affurance ,
Des millions font beaucoup de zéros : ,
Mois font-ils beaucoup de héros ?
A U T*R E.
Très-bien fait-on de fabriquer des piqués t
Pour les cohortes héroïques
Que le club envoie au eombati
Mats faudroit avant cela ,
D« cette phalange innombrable ,
( Ce qui n'eft point un petit embarras»)
Fournir la marmitte & la table.-
Et savoir que deux millions de bras
Font un million d'estomcs.
LEGISLATION.
Second» race de nos Rois.
Séances des Mardi foir 10, n , ta & ij Atril,
M. Constanrini , Député de Bonifacio en
Corje , dénonce les Corrimiflaires de la tréforerie
nationale , comme devant faire , le lendemain ,
lurja place , un achat de numéraire , qui a fait
fubitement augmenter l'argent de 6 pour cent ;
nos Roitelets écoutent à peine cette importante
dénonciation , & la renvoyent au Comité des
Finances. — On décrète plusieurs articles fur le
mode de remplacement des places vacantes dans
l'armée. L'hiftoire de notre révolution fera celle
L 9° J
des brigandages & des vols les plus infâmes. Le
Comité féodal en propofe un nouveau, à la féance
du n, Celui de fnpprimer tous les droits féodaux
fans exception , même ceux de lods & ventes , de
Rachat, de quint &. requint; droits.pô'urfuit l'igne*"
rant rapporteur , qui rie font point une propriété,'
parceqa'ils n'ont pu être légitimement exigés;
sire D'Ortiac a fait un interminable difcours à
l'appui de ce rapport. Loin de réfuter ces imbe-
ciiies Monarques , nous nous bornerons à répéter
ce qu'à dit, à ce fujet , le plus ingénieux & le plus
protond de raos Écrivains M- l'abbé Rofou.
» quand un voleur veut prouver par des argumens
qu'il a eu droit de détroujfer tes voyageurs , cest
au bourreau à répondre »•' Le Miniilre des aiïaiies
étrangères, à reçu du Miniftère Anglais, les
explications relatives à la correction que la fré
gate aftgloise le Phénix , a infligée à la frégate
Nationale la Résolution. li en rél'ulte que celle-
ci à tort. La féance du foir a été remplie par une
trèVaride difcufHon fur l'organiiation des inva
lides. On y a décrété, que ceux qui reçoivent
des penfions ou traitemens de la Nation, n'en
feront déformais payés qu'en juftifiknt qu'ils
ont payé le dernier terme de leur contribution'
patriotique. —Le Miriiftre de l'inférieur annonce
à la féance du ia , que les communications com
merciales font interrompues dans plulîeurs dépa»-
temens par le mauvais état des routes ) il n'a point
parlé des brigands qui les infectent, & les reri
dent impraticable?.' Le Comité militaire fait réin
tégrer un fieur la croix , fous-Officier du 71e- ré
giment deltitué , dit-il , arbitrairement fous l'an
cien régime- — Sire Vincent a très-longuement
& très-bêtement péroré fur la vente des biens des
communautés feculière;; c'eft ainfi que nos Mo-
r.arques ont gag^é leur dix-huit livres dans cette
.1
• ( ?o w
LA ROC AMBOLE*
o ti
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ;
Rt'digé par Dom RêOiv s ANTi-jAcoBiNVSi
LA ROC AMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
&ÉDIGÉ PAR DOM RÉGlUS AnTI - JACOBINUSj
ALAREINE. AU ROI.
Toi qui dans le printemps de l'âgé Èt tôi, qu'on abreuve de larmes
Parus Vénus forçant des mers , Père fensible plus que Roi ,
Reine, qui d'un peuple volage , Puissent mes vœux & mes alarme»
Eprouvas les retours divers , S'ouvrir un chemin jufqu'à toi,
Qui fçus oppofer à l'outrage Un jour enfin luira peut-être,
Le fang froid d'un mâle courage , Où la France n'aura qu'un maître^
Quand le fang prophana ta Cour ; Un feul cœur , une seule loi ;
Méprife fon hydrophobié , Tu jugeras à notre ivresse ,
Au milieu des fers Zénobie (i) Qu'il eft ; malgré notre détresse ,
Força fes vainqueurs à l'amour. | Chez nous encor plus d'un Rozoi.
C; F X. M. . . . ; . D. C. (a)
r .
( m )
Etats adjacens.On ne reprochera donc plus aux S ou*
verains , qu'ilsJe jouent des Emigrés Français, par
leur lenteur à tenir des engagemensfolemnellement
jures , par Leur apathie inconcevable , parcequils
ccnfervent encore de la jalousie contre la France ,
par leur aveuglement enfin , dont l'histoire n offre
pas d'exemple.
NOUVELLES INTERIE URES.
Toujours des pillages , toujours des incendies.
La plus horrible dé» altation parcourt tout le Lan»
guedoc , le Gevaudan & la Gardonnenque. Tou9
les Châteaux du Diftricl de Sommies , ceux de9.
Calviniftes exceptés, ont été pillés ,' démolis ou
incendiés. Ët c'ell le Département du Gard qui
nous l'apprend ; ce font les mêmes Administra
teurs qui n'ont ceifé de. provoquer par des cri9
de rage les brigands de Marfeille contre la ville
à'Arles , jufqu'à ce que cette malheureufe Ville
a été livrée au pillage, la plus grande partie de
ies habitans en fuite , & qu'un grand nombre de
fés maifons ont été abatues. Lh bien ! ce Dépar
tement qui fe délecle des malheurs publics comme
le corbeau de l'odeur cadavereufe des charognes ,
ce Département eft bien aife qu'on croye qu'il
gémit de toutes les calamités , dont il eft en partie
caufe , & il avoue que leurs coupables auteurs
font des hommes qui ,fous les livrées du patrio-
tifme ne refpirent que l'anarchie. Cela n'eft que
trop vrai ; mais qui font ces hommes , répondez
médians l N'eft-ce pas vos Calviniftes qui ne vous
ont élevé aux places que vous occupés , qu'en
égorgeant les Catholiques leurs Concitoyens. N'af-
feclez donc pas de plaindre vos vi&imes , gardez
du moins la franchi fe de la férocité. Dites-nous ,
quë le feu facré du patriotifme n'incendie les
châteaux que pour faire difparoître les monumens
odieux de la féodalité. Mais que dis-je !. vous
( in )
vous dévoilez aflez en éloignant les troupes de
ligne 'qui pourroient contenir le* factieux de vos
contrées. Vous faites aflez connoître combien vous
les affectionnez. C'efl vous qui pour affurer l'im
punité de leurs crimes , n'avez pas eu honte de
dire que les Soldais Citoyens , comme les Citoyens
Soldats , font & feront immobiles devant les fatelr
lites dévastateurs que vous appellej le peuple, &
qu'ils ne pourront être bons que contre les VRAIS
BRIGANDS , NOS ÉMIGRÉS. En voilà bien
aflez , je crois , pour vous confondre.
Les mêmes ravages ont lieu dans le Quercy &
dans plufieurs autres Cantons. La tête de l'ancien
Lieutenant criminel a été promenée au bout d'une
pique. Les maifons de ceux qu'on appelle arifto-
crates , y font pillées , & la Municipalité ne s'opr
pofe point au défordre. Les Châteaux ne font pas
non plus épargnés dans ce Diftricl. On en abrulé
une infinité. Que de fujets de joyVpour les Jaco
bins , ils en avoient bien befoin pour compenser
les humiliation? qu'ils éprouvent dans la Capitale.
Les rétractations de fermant fe multiplient d'un
bout du Royaume \ l'autrç d'une manière bien
confolante pour les Catholiques. On diflîngué
dans le nombre , celle de M, Dugueit , ordonné
Diacre & Prêtre par l'Evêque intrus de Lyon.
Heureufement éclairé fur cette ordination facri-
lége , M . Duga-eit a-écrit au Procureur de la Com-
£nune de Charly en Lyonnois pour le prier de fairer
biffer fur -les; r.egittres l'acte, fcandaleux qu'il a eù
le malheur d'y figner & pour y fubftituer Jles>
honorables expreflions' de <fon repentir, « Moij.
ordination :facrilège , dit-il dans cette lettre , &
mon intrufion dans le miniftèrç,, sont un crime
que je ne faurois- pleurer trop açiérëment;' Je
profefle. & recannois que M. de Mar,btuf eft le-
îeul Evêque légitime du Diocèfe dé Lyon qirfe
4a puiflance féculière n'a pu le deftituer, J'ab-<;
( "3 )
jure toute communion avec le fieur Lamourette ,
loi-difant Evêque du Département de Rhône Se
Loire , fon élection eft nulle , fa confécration eft
facrilège , il eft intrus , & chifmatique , il eft foutf
l'anathême ; quiconque fuit fa communion , eft
hors de la voye dufalut. — L'Affemblée Nationale
n'a pu décréter la Conftitution civile du Clergé -,
parce qu'elle ne peut avoir droit furie fpirituel y
ni faire aucùn changement dans la hiérarchie Se
la.difcipline de l'F.glife. Je rétracte abfolument
& fans réierve, le ferment que j'ai prononcé, &c...
■— Puifle ce courageux hommage rendu à la vé
rité , ramener dans le fein de l'Eglife , ceux qui
l'affligent encore par leur apoftafie. , ,
Thermomètre de Paris.
Depuis la malhëurënfe fête des Galériens , la
Jacobinière eft aux abois , & l'indignation pu
blique bien loin de s'affôiblir , ne fait que s'ac
croître. Tout le monde eft persuadé que 1 ''opi
niâtreté, de M. Péiion tenoit à une trame cri
minelle que la contenance fiére de la Garde Na
tionale a fait avorter, La lettre de M. Dupont
au chef de la Commune .jette le plus grand jour
fur les deffeins de ce Maire , & elle a d'autant
plus fait d'impreffion qu'el'e a une haute idée du
patriotifme de fon auteur. Voici un extrait de
cette lettre intéreffante x
« Ne vous flattez point que l'armée Parifienne
manque à fon devoir. Vous pouvez oublier tous
ceux de/votre place ; vous & ceax qui vous con-
feillent , ceux qui , avec votre fecours , ç'effor-^
cent d'ufurper la fouveraineté Nationale , vous
pouvez pouffer le délit & le délire juiqu'à tenter
de mettre l'armée Parifienne hors d'état de ré
sister à l'oppression , & de juftifier Teftime du
véritable peuple de France t qui des Alpes aux
Pyrennées , & de la Méditérannée à l'Océan . &
C "4 )
cru bien faire en remettant à la Garde de l'armée
Parifienne fes plus précieufes propriétés Natio
nales. Mais là finit votre autorité; mais là finira
le defpotifmc des coupables , dont vous n'avez
■ pas honte de vous conftituer le Miniflre , & qui
fe font un jeu perpétuel de yioîer les droits de
leurs concitoyens & ceux des repréléntans de la
Nation.
» Quoi , Monfieur , il s'agit , dites-vous , d'une
' fête privée , à l'occasion de quelques assassins ;
& vous Magiftrat du peuple de Paris , vous ofez ,
à l'occasion de cette fête , défendre au peuple de
Paris , à l'armée Nationale Parifienne de por
ter fes armes accoutumées ! Vous en avez pris
l'arrêté municipal hier 12 Avril ; ainsi faii'oient ,
Monfieur, les Miniftres du ia Juillet 1789; on
leur a répondit le 14.
» Quoi , Monfieur! vous infultez le peuple de
Paris , l'armée Parifienne , au point de paroître
redouter pour la fûreté publique de la voir fous
les armes , lorfque pour la fûreté publique votre
devoir eft de l'y appeller ! Quoi / pour honorer
mieux les assassins, vous voulez défarmertous
les frères d'armes des assassinés ! Vous voulez
que Paris foit pendant un jour , & pendant un
jour confacré à des orgies en faveur du crime,
à-peu-près privé de force publique / A qui Mon
fieur prétendez-vous donc livrer , non-feulement
le champ de la Fédération & l'autel de la Pa
trie, mais la Capitale, l'Assemblée Nationale,
le Roi , nos femmes , nos enfans , nos propriétés
Vous ne le direz-pas. Je vais le dire, & peut-
être en le difant , aurois-je encore une fuis le
bonheur de déranger les complots dont je fuis
porté à croire que vous n'êtes que la ^dupe. En
dévoilant le crime , on fufpend fes coups ; li rou
git de sa propre laideur ; il tremble devant la pu
nition qui l'attend; il s'arrête , nie, s'enveloppe
& fe cache jufqu^'à meilleure occafion»
C "5 )
» Ceux qui vous mènent comme un enfant, ont
entendu livrer Paris à dix mille piques , &ç*» . .
M. Dupont dit enfuite : quels font les brigands
qui dévoient en être aimés , & on voit que parmi
ces coups-jarrets on n'avoir point oublié les pa
triotes de la Glacière. 11 compare cette affreufe
conjuration à celle de Catilina & aux' proscrip
tions de Sylla & de Marins.
Honneur à jamais à la Garde Nationale , de
nous avoir préfervé de ces affreux malheurs. ;
SABBATS JA COBITES.
Du 17 Avril.
Sous la clochette defrère Vergniaud. ■
Un Jacquet de vilaine encolure , cheveux
craffeux , l'œil hagard , le regard faux, ainfi qu'on
les voit tous , couvert d'un gros bonnet , d'un
farrau en charpie , & par plus d'une- lucarne
offrant aux yeux des frères fon énorme derrière,
entre dans le fabbat , un bâton à la main. C'étoit
l'un des mouchards de la Jacoquinaille féanté à
Melun. — J' étions envoyé , àh-M en fe grarant
la tête , et payé tout exprès à cette fin pour
venir dire, ici, que les Prêtres RlFRUCTAlRES 6-
les Aricocatres ils vouliont faire une contre-
REVELATION dans la ville de tout le département.
Et ça mes frères , il est clair & net, car nos
Prêtres cutititionnels l'ont dit en jurant que c'étoit
vrai; alors, tous les frères de Melitn , ils
ont crie plus fort que leurs anguilles , qu'ils fê.-
riont pendre tous ces ennemis de la République;
mais je 'n'avions pas'pu avoir ce plaisir , parce
qu'ils ont tous déniché, & j' étions, grâce à Dieuj
les maîtres dans MELUN , à caufe de quoi tout
est en paix. J'avions pris pour cela une peine
de chien , & fans les Jacobins tout étoit tondu.
-J— Le Chenapan libéralement applaudi 3 on ouvre
( "6 )
une foufcription pour l'un des quatorze Gre-*
nadiers des Gardes Françaifes renvoyés par
Bai(ly & Lafayette. La quête eft interrompue
par un Jacquet qui vient chercher main forte pour
influencer l'opinion des Rois du Manège , occu-.
pés à difcuter une dénonciation contre ceux qui
ont affilié à la fête des Galériens. L'un des fcribes,
de la caverne lit une lettie des Jacoquinsd\/4uîi//J,
qui mandent , qu'ils font tous attroupés pour dé
libérer fur les affaires de la république , & très--
tranquilles fur les événemens , vu que leur dé--
parlement est hériffé de piques. Voici venir en-
fuiie deux Anglais , pu foi-difant tels.—Messieurs
frères , nous être grandement beaucoup bien ai/es
du fête des camarades du. Galère , & nous, l'y
porter à eux deux gainées . Cette offrande
eleélrise fubitement lé Général Robefpieire %
il grimpe à la tribune & s'écrie.. . Fille de l'air
& de la terre, Echo , qui oubliant que tu fui
jadis la viétime dudespotifme dç Junon, t'es lâche
ment livrée à l'ariftocratie , & à la Cour , infuhe
encore , fi tu l'ofes à la liberté & au patriotisme
du peuple. Quel jour de triomphe , que celui du
15 Avril 1792 ! La belle fête que celle des Galé
riens / Quel eft ce\ui de nous qui n'eût vpulu.
ramer pendant vingt ans au moins pour en être
le héros ! Convenons , frères ^ qu'il falloit une
révolution auffi bien conditionnée que la nôtre
pour voir une telle merveille ! Qu'elle différence
avec ces vieilles, fêtes, du deiponfme ! Ma foi je
n'en ai jamais vu de plus brillante, pàs même
celle où nous emmenâmes bravement & bien le
Roi de Ver/ailles à, Paris. Celle de la fédéra
tion fut fouillée par des aclês d'idolâtrie &. des
cris ferviles, ( on y cria vive le Rûï\ ) Làfayette
& la Cour y étoient; mais le Jour du Avril
fut pur & sans tache, pn n'y vit que les Sans-
ÇttlQttÇ?& nous. C'est néanmoins trop peu d avpiç
( -n7 )
triomphé dî l'aristocratie; compofons , frères-,
une hiltoire de cette brillante fête , en ftile
Jacobino-ciyique , envoyons-là à tous nos chers
& féaux les inculottés 'de France ; item plus ,
décrétons que l'annivçrfaire en fera célébré tous
les ans à pareil jour , & pour transmettre aux
races futures le fouvenir de cette folemnité pa~
triotique, qu'il l'oit frappé une médaille où l'on
lira,..,, le 15 Avril 1792 . l'an quatrième de la
liberté, la pauvreté & le. Peuple , les jacobins &
les Sans^culottes , les Gardes Françaises & les
Galériens de Château-^vieux , triomphèrent. ( On
pouroit y ajouter, avec vérité , & bravèrent
effrontément le mépris & l1indignation de tous
le gens de bienr ) v Cette motion civique eft
adoptée à l'unanimité, Fratres , dit l'enchanteur
Merlin y prions le révérend Robespierre de forger
Jui-même l'hiftoire'de cette fête , & prion^le d'y
ajouter , qu'un Citoyen a entendu dire à un Sam-
culotte que fans Lafayette,, ks Prêtres & les
BayonnetteS les Peuples feraient heureux :
Iierfonne n'en doutera , car c'eft moi-même qui
e dis. — Ah ! ouibraimenr . répond Collot , nou-»
vellement baptifé Collot-Galère , oui , maisileft
bon dé connoître ceux qui ont ici deux figures ; il
nous importe , fandis , & grandément , qu'un ja-«
covin ait une figure uniforme , & qué d'un côté ,
frère Rœderer n'ait pas la figure d'un Ja-»
covin , & de l'autre celle d'un département ,
il n'a pas fait cé qu'il deboit faire en fabeur
de mes chers Galériens ; il ne s 'eft pas oppofé à
une infulte faite par ce déparlement au très-
vénérable Maire Pétion. Quoi ! ^jjjbifer de lui
écrire : soubenei-bous qué Lundi est un jour qui
demande la plus sévère vigilance de la Police ,
fur-<out lé leudemain d'un ATTROUPEMENT.
Çapdedioux , quelle audace ! appeller l'auguste
rassemblement des Galériens & des fans-culotes K
( »«■)
S
Seconde Année. N°. g:
LA ROC A MB OLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Ré ai u s Anti-Jacosinus.
NOUVELLES POLITIQUES.
( *êt )
«lettre, dans la nécessité de tirer rengeànce d'une
légère infulte. Nous ne devons pas maintenant le la-
«rifice de notre vie à un mot lâché par colère ou par
étourderie, & dont onfe repent auffitôt ; mais nous
Ip devons à notre patrie , à notre malheureux Mo
narque , qui gémit depuis fi long-temps dans les
fers des Jacobins. Nous avons tous juré de le ven
ger j & nous ne pouvons , fans être parjures, man
quer à l'engagement solemnel que nous en avons
pris à la face de l'Europe entière.
• Et vousv> garde- fidèles de nos Princes , c'eftdans
ce moment à]u'il faut redoubler de zèle &. de vigi
lance. Peut-être touchons-nous à l'époque où l'on
cherche à nous enlever des têtes si chères : vous
qu'ils ont choifis par-mi tant de G.uerriers pour re
mettre entre vos mains le dépôt précieux de leurs
j"purs, c'eft à vous à vous en garantir la confer-
vation , & vous nous répondez du plus léger
événement. Le prix- de vos . foins &. de vos veilles
fera la confiance de vos maîtres , & l'ellime géné
rale de? honnêtes gens. *
Signé, M . . . . Garde noble de la couronne.
Ce placard afait fenfation : ce matin on a défen
du dans plufieurs corps de fortir fans avoir le
bouton uniforme de celui où l'on eft attaché.
N O U V ELLES TN T E R I;E U R E S.
Ce n'eft pas pour les Emigrés , ni pour les Pan-
doures , & les Talpaches du Roi de Hongrie que
les Jacobins' font à' craindre. ' Ils trouveront' à qui
parler. C'eft pour les- honnêtes gens qui font dans
Intérieur du Royaume, il n'ett pas de jour où
ils ne foient expofés à périr fous le glaive de
leurs bourreaux. Voici ce. qu'on écrit de Nancy:
«"Depuis que le Club eft venu à bout de faire fer-
nrërnos Eglifes. Les Jacquets font d'un,e violence
ihfupportable. Ils s'attroupent le foir avec leurs
femmes & leurs enfans , & parcourent les rues en
hurlant les chanfons les plus 'infâmes & en criant
à tue tête les Aristocrates à la lanterne. C'eft fur
tout contré les Prêtres que cette vile canaille eft
la plus acharnée , & la Municipalité fouffre qu'on
leur fane toutes fortes d'infultes & d'outrages. Pour
comble de malheur , les troupes qui font ici font
infeclées du virus Jacobite', ce qui expof»,con
tinuellement nos propriétés aux plus horribles!"
ravages.
« Il y a quatre jours que le régiment de Tou~
raine dont lé patriotisme eft fi bien connu , pana
ipi. Les Soldats regorgoient de petits aifignats
C'étoit le prix des exploits que l'on attendoit
d'eux. On devine bien de qu'elle nature font ce»
exploits , & vous ne ferez pas étonné d'appren
dre que le foir du même jour de leur arrivée ,
ils fe rendirent chez un' Marchand Epicier ac*
cufé d'ariftocratie , qu'ils enfoncèrent fa porte,
burent fon eau-de-vie , & qu'ils fe difpofoient
à l'aflbmmer & à piller fa maifon , fi quelques-
uns de fes voifins ne fuffent accourus à fon fe-
cours. Le Juge de Paix y vint aulfi & penfa y
perdre la vie. Mais que direz-vous de la Garde
Nationale qui n'étoit pas loin de là , & qui ne
donna pas le moindre figne de vie non plus que
le Maire , pendant tout le temps que dura cet ef-
clandre ! »
A Graifelieure près de Chatel fur Mo/elle , un
jeune Eccéfiaftique a été aifamné dans ' fafc maifoa
par des brigands du voifinage. Ceux-ci avoient
déjà très-mal traité deux prêtres dans un Village
de ce Canton , & le Procureur sindic de Lune-,
ville, à qui l'on a été fe plaindre de cette vio
lence a répondu froidement que c'étoit bien fait.
Encouragés par cette réponfe , ils ont continué de
bien faire ; ils ont même fait mieux , car ils ont
tué. Lâviclime eft tombée aux pieds de fes bour
reaux, percée de douze coups de bayonnette*.
( n° )
XJn jeune pavf«m qui s'eft trouvé là a reçu anfli
plufieurs bleffures dont il mourra.
Dans les campagnes de la Lorraine , l'ejprjt
d'anarchie & de licence va toujours croitfant; les
payfans n'obéiffent plus qu a ce qui leur plaît , &
dans peu les corps adminiftïatifs feront inutiles.
On y infulte , & on y malt aite inpunément ce
iiue l'on appelle ariftocrates , & cetîe arifto-
cratie conlifteà ne pas vouloir fuivre les intrus,
voilà où elle fè borne,_ v
Dans les Provinces Méridionales , pendant
que les troupes 4e i'gne volent aux frontières i,
les Soid^ts de Rabaud fe prépaient à dévaster
Avignon §t ie'Comrar, à porter leur fureur &
leur brigandage jufqu'à Lyon , &. à établir enfin
leur chère république. Encore' quelques jours
(8ç ils ne craindront pas de fe féparer de la
France , parcequMs pourront déformais braver
fcm ressentiment §ç fi* colère. •-
'Thcrmo^nçtre çle Paris, . • * .
Le parti des feuillana l'emporte , & le Général
Morphée , triomphe en dépit des Jacobin?. Le
bufte de ce grand Révolutionnaire est toujours
à l'hôtel de ViiJe à coté de celui de Caco ; quel
crève-coeur pour Pet... envain a~i—il rassemblé l'ét
lite dela'Jacqainaille pour combattre un adversaire
absent ; en vain les "Jacquets ont-ils voulu persuader
que l'image àu Géi.é*ai est celle d'un traître qui a
fait assassiner le peuple sur l' Autel de la Patrie.
La Garde Nationale a pris fait et cause ; le* jure
mens effroyables des Municipaux ne l'ont pas
enrayée, elle a tenu bon pendant tout le tems
qu'a duré leur sabbat , et les bustes n'ont pas été
déplacés. •> _ : :
La peuple- voit avec indifférence la guerre
fltfU' Wm&W-. Pour ranimer en lui le zèle
C 151 ï
l'insurrection , on a publié ; que l'Impératrice
de Russie étoit enfermée, qu'elle étoit même
morte ; que le Roi de Prusse étoit en démence ,
qu'un Régiment entier de troupes Allemandes
avoit déserté le pays du despotisme pour venir
grossir le nombre des invincibles soldats de la
Liberté. Tout cela n'a fait aucune impression
sur le peuple; pourvu qu'il boive , qu'il mange,
qu'il aille aux spectacles, il s'embarasse peu du
reste. Il ne feroit rien pour favoriser la contre-»
Révolution; mais aussi', il ne fera rien pour l'em
pêcher, et lorsqu'elle arrivera, il ne changera
pas pour cela son train de vie ordinaire.
SABBATS J AC 0 B I T ES.
Des 18 & 20Avril.
Sous la clochette de Frère La fource.
Eh mangeant l'appétit vient , dit Je proverbe.
Les Jacoquins n'ont jamais été plus altérés du
fang des Rois, que depuis qu'ils ont lapé celui
de Léopold &c du grand Gustave. Une lettre de
l'un d'eux , lue au fabbat. du 18 , invite les Ré
publicains de mettre au défordre du jour les
moyens les plus lestes de fe défaire detous ceux qui
vivent encore, & ces moyens, félon' le régicide
motionnaire, font dit-il, de propager les prin
cipes de la bande alîafline. — Vient une dépu-
tation des Jacquets de Beaunet assurer leurs ré
vérences qu*ils ont juré d'être Jacoquins dans
toute la plénitude du mot , jufqu'à ce que mort
s'ènfuive ; qu'ils ont une vraie faim de chien , &
meurent d'envie de faire une franche lippée des
tyrans & des Emigrés. C'est justement comme.,
chez -nous, difènt les Députés déguenillés de
Château du Loir. — Bravo , mes bons amis, ,
BéDond le Préfidfcnt , Boute\ ea avant' & vivent;
( ri? )
les Jacobins! —*— Le vénérable Baby fe rite
enfuitc fur le proet de defôrgatilfation de la
Marine , pvopofé à l'aréopage par le Roi Kerfaint.
Le Jacquet déraifonne tant & fi bien fur cet
objet , qu'il fait bailler & dormir ion auditoire.
Il eft év.eiJ lé par Une deoutation , portant 1085
liv. en assignats, vrais ou faux . pour les Galé-
riers de Château-vieux , avec un petit bout da
.ha/smgue. Voilà ce qu'on appelle parler répond
le Président , & parler doctement. Braves Ci
toyens portez toujours, & comptez fur notre re-
connoiffance. Voici venir un chien courant de
la caverne , tout haletant , bavant & jurant.
Frère , .dit-il , j'arrive incontinent du Confeil gé
néral de la commune , où j'étais député par la
feçtion du Palais Déloyal , portant un arrêté
contre les buîies.dç Baïlly & Lafayette : que
nous voulons d'ébufquer de la Maifon com-.
mune. Les tribunes! .remplies par nos chers
inculottés ont crié: à bas les Bustes; on leur
a insolemment répondu : à bas les factieux ; on
s'est même emparé de l'un d'eux, nos chères sœurs
les Jatoquines ont voulu s'y opposer; j'ai vu
l'inftant où Martin Bâton alloit mettre la main
à l'œuvre. Les Municipes ont vite arboré leurs
écharpes , friais malgré leur zèle nous voilà con->
fondus les bustes resteront.
Le Jacquet s'arrêtant à cet endroit funefte ,
A ses yeux i.nnondés laisse dire le reste. ,
Voilà! voilà du Lafayette tout pur, dit le Géné
ral de la horde Jacooite.,. il veut donc s'empa?
rer do la Dictature / Mais nous verrons fi un
lâche doit nous conduire à la conquête de la
liberté. Oui, je peux prouver que Lafayette,
est le plus lâche, le plus cruel, le plus abomi
nable des Tyrans... Alléchés par cette ruade,
tout le Sabbat en Rut veut détacher la sienne
( 1)1 )
ait héros des deux mondes. Qui ne seroit révolté
dit frère Dufourày , de l'insolence des isncriptions
apposées au bas des buftes de Bailly et Lafayette l
Dans la première sur-tout il est dit , que Bailly
a opéré la' réunion des trois ordres; qu'il est l'au
teur du ferment du jeu de Paume. Amis voulez
vous me croire, interrompt le Président, renvoyons
ces bustes d'où ils viennent; l'un en Amérique,
l'autre aux ' Electeurs de 89 et que chacun au
plus vite, gagnant sa hutte, aille *e coucher.
Aussi- tôt on se lève, et l'assemblée en foule/
Avec un bruit , confus par la porte s'ecoule.
Le lendemain., entre chien et loup , les sabba-
tiftes rentrent dans leur caverne. O rage , ô déses
poir , s'écrie un grippe^sou , amis le croîrez-vous /
Oui j'ai vu hier à la maison Commune, et j'en
suis encore de frayeur tout transi ; j'ai vû les troi»
héros de notre République conspués , vilipendés ,
hués. Des sabres affamés de carnage ont menacé les
tètes précieuses de nos chers frères' Pçtion , Ma'
nuel et Danton; trois gardes françaises ont heu
reusement paré les coups , et ils ne sont pas dé
capités encore, laisserons nous impuni cet horri
ble attentat / Non: je demande qu'il soit vengé,
et plutôt que plus tard, Bah ! Répond îiobesfierre
le jeu ne vaut pas la chandelle. Au fait quest-ce.
qui a érigé un bulle à Lafayette et Bailly / L'an
cienne Municipalité ; et qu'étoit-elle ! Les valets
et les satellites de MM, le Marquis de Lafayette
et Bailly, Nous serions bien fots de nons escrir-
mer pour des honneurs rendus par des valets. Que
le Diable les emporte tous, dit un Jacquet ,
£c parlons de la guerre. ■ Tatigué que j'aillions
bien rire ! d'abord la moitié des dénigrés, ils
alliont , mourir de peur , je tuerons le refte &
tout le par en fus je les pendrons comme des
Favmf, Qui» dit le JAco^nia Merlinet t il faut
écorcher , éventrer jufqu'au dernier tambour de
l'armée ennemie , point de quartier. Mais ce
pendant il dépend de Louis XVI feul d'empêcher
la guerre. Cela pofé, s'il dépend de Louis XVI
de nous fauver de mille malheurs , s'il dépend
de Dquis XVI, de défabuferles Princes eonf-
pirateurs , & fi la conjuration perfifte, nous ne
devons plus façrifier la Nation pour fervir une
feule perfonne contre 25 millions d'hommes. Si
vous perfiftez , leur dirons-nous, vous rompez
tçus les liens qui nous lient à lui. ... Si vous
voulez aflaflîner les Français pour un feulhomme,
cet homme , tous fes complicesferont nos premières
viélimes & ce ne fera que fur leurs corps renver-
fés , que nous marcherons a la viéioire. L'honnête
Carra , interrompant les blasphèmes du Mo.nftre ,
dit :,la déclaration de guerre eft le plus grand bien
Xjui puifle arriver â' la Nation &. à tous les peu-
5les , car elle fera pour eux le lignai, du réveil,
ion avis eft donc de nous emparer de1. Provinces .
Belgiques ; les Allemands baifleront leurs armes
devant nous &. ça ira plus vite qu'un éclair. —
Je fuis de cet avis , réplique Robespierre , & puif*
que la guerre eft décrétée , emparons - nous dit
Brabant , des Pays-Bas , prenons Liège, la Flan
dre & tous les Ltats des defpotes. La feule chofe
qui doive nous occuper , font les moyens d'exé*
cuter cet utile projet. Et pour cela , il faut faire
la guerre , non pas comme les Rois la font , nyiis
d'une certaine manière , . . la. . . . vous m'enten
dez bien, frères, une guerre comme le peuple la
fait, il faut que le peuple Français fe lève &
s'arme tout entier , car cette guene-ci tx'oLi pas
comme les guerres ordinaires , & nous devons
guerroyer de toute une autre forte les ennemis
du dehors & tous ceux du dedan-. Surveillons
fur-tout le pouvoir exécutif & les autorités conf-»
tituées, « « Que la Fayette par deffus tout » fait
( *35 )
deftitué de fon généralat. C'eftà quoi je conclus
intfterrninis. —puisque j'avions la main à la pâté ,
reprend un Jacquet inculotté , nv'efi avis que je
ferions pas mal de gober toute VAllimagne , &
de l'emmener en France ; puis , de prendre ce
petit faquin de Roi de Hugrie , & de le rucher
à Bicêtre , îà où que le dépôt ime m'a tenu diable-?
ment ferré , à cette fin de l'y apprendre de fe
moquer de fa Nation. Je demandions , frères , que
ma munition foit écrite dans l'ordre du jour. L'in-i
culotté eft grandement applaudi, par fes pairs & le
fabbat eft levé,
MÈLA.NGES,
Suite- de; l'origine des Cocardes Nationales.
Le nez au vent & faisant .bonne mine .
Au son des cors, des flûtes & hautbois
Que les castrats secondent de leur voix.
Tout le cortège a pas lents s'achemine (i)
Vers le logiss d'ovi le peuple aux abois . . 1
Patiemment attendra sa ruine ,
Ou son salut de ses faiseurs de lpjx.
En les voyant rangés devant sa porte»
Notre Laïs avec étpnnement
Se prit à rire & réfléchit comment
. On logeroit si nombreuse cohorte ,
Ce n'est du tout facile assurément.
Onc n'avoit vu fille de son espèce
Tant de Miches arriver à h fois ,
Car de Vénus la plus docte prétresse
V ' Ne peut au plus en contenter que trois,
r—r — wrf, , «
fy) Procession 4.« Ç^atî:ge'«iMttx 4 Yçï^illis»
( i5* )
Chacun vouloit festoyer 1» Princesse
Avoir les gands; mais il faut faire un choix ;
Et les loger encor ? c'est autre chose
« Messieurs, messieurs, soyez les bien- venus,
» Mais restez -là, n'entrez point & pour cause..,
» Décimez-vous 8c faites le blocus.
» L'infinité n'est pas ce qui m'effraie,
» Et je suis prête à recevoir l'assaut
vt Mais qu'à son tour chacun de vous l'essaie
» C'est 1* moyen cV'opérer comme il faut.
» Ou , faisons mieux , j'ai dans les Thuileriel
» Certain hangar , magasin ou grenier,
» Jadis Manège, aujoufdhui poulàillier,
» Dont je prétends faire mes éeuries :
» Je vous le cède , & là bien mieux qu'ailleurs
» En rang d'oignons /quoiqu'on en puisse rire ,
» Vous sie'gerez ; plus grands que la satyre .
■»> Vos exploits seuls confondront les railleurs.
» Là, chaque jour, au lever de l'aurore
ta Je me rendrai bien ponctuellement ,
j» Et' nous verrons, s'il eft possible encore
>> De vous traiter plus agréablement.
» Mais un avis que l'honneur me suggère
» Re'froïdira peut-être la chaleur
» Que je vous vois. Je tremble que mon père
» Par un hasard chez-nous fort ordinaire
» Ne soit celui qui cueillera ma fleur ;
» Car de l'avoir onc connu de ma vie
» Ne me souviens nullement , je dis plus s
» De le savoir ne sens aucune envie
m Est jà trop grand le nombre des Co. . .
» Sans que je sais moi-même assez ingrate-
( '$7 )
s» Pour y placer l'artisan de aies jours .
» Et tel qu'il soit , ou noir ou démocrate *
i» De mon respect il jouira toujours.
» De ma naissance or écoutez l'histoire.
» Fille du crime & de* excès divers
t» Dont la Noblesse & la cohorte noire
»> Depuis raille ans ont souillé l'univers,
» J'ose assurer qu'une Rei.ie est minière. ....
» Vous souriez ? . . . L'ironie est amère ....
n Me croyez vous d'un sang roturier ?
» Dans l'univers , s'il faut chercher rroa père
» Le Sphinx à peine oserait le trier, (i)
LEGISLATION.
Secpnde Race de nos Rois.
Séances des 20, ai, aa, 6* 33 Avril.
Tous les Décrets rendus à l'iflue du dîné de
nos législateurs se ressentent du vice de leurs di-
gêftions, 8l nous pouvons dire comme les juifs
le disoieht de leurs pères: ils ont mangé des
raisins verds , &• nous en avons les dents agacées.
te mémorable décret, du 19 au soir, qui décla
re la guerre au Roi de Bohême & de Hongrie;
& en sa personne à tous les Potentats de l'univers,
donnera probablement à cette vérité toute fou
énergie. Nous voilà donc en guerre au dedans et
au dehors, en quo Rebellio perduxit cives ! Grand
Dieu.qu'ofe méconnoître une tourbe impie &
sacrilège ; lève toi . confonds fon délire infenfé ;
l'humanité en pleurs implore ta bonté. Trop de
carnage a déjà souillé cette terre coupable , ne
permets pas qu'elle soit innondée du sang de tes
"""
L A ROC A M BOL E,
o u-
iOURNAL DBS HONNÊTES GENS ,
Rédigé par Dom Ré ai us ji NT i - Jaco si nus.
Uiii ' ' : i
« Une Foi , une Loi , un Roi ». :
_ ■" .
" i ■'. '. XL • inc'J
Du Dimanche 29 Avril 1793.
Nouvelles politiques.
£f mine reget intelligiie : erudimini qui
judicatis ttrrain.
Pscaume 2. V. 10.
I L n'y a point de milieu , il faut tout détruir*
fi nous ne voulons périr nous-mêmes, dii'ent
les Jacobins. Voilà pourquoi leurs Emiflaires re
doublent d'acliviré pour porter chez l'étranger le,
deuil & la défolation. Ils en veulent nen-feuiement
à tous les Souverains (i), mais encore à tous les
peuples, puifque la Suifle, où il n'y a point de Roi,
it'eft pas moins travaillée par eux que les autres
■
( î'4* >
m ai moque comme de l'an quarante. Powr le fur-
plus , frères , je m'en remets à vous de nies hon
neurs funèbres & ce qui me rend fi guilleret , en
courant au trépas , c'eft que j'efpère d être niché
dans votre Pamhcon côte à côte de Mirabeau. *■
— L'azinique amphigouri de fon Altefle Jacobke ,
exalte l'humeur de la Jacquinaille ; elle apoftro-
•jpfie fon Préfident qui a interrompu la lecture pré-
. cieufe de la correfpondance pour écouter le rado
tage du Jriace. Capucino-chabouc veut être en
tendu fur ledit'^Stes -, on s'y oppufe. Il pelle, jure ,
lempêté , s'arrache les balliveaux de fon antique
barbe , & fes confrères répôndent par des mugiïfe-
tnens. lis alloient tous danfer la larabande des
JLapilhes avec les Centaures , quand le Préiident
Qui voit la république en danger , fe coiffe de fon
bonnet, &. fa vertu magique ramène le calme-Frère
■ Rcederer en profite pour le difculper d'avoir diné
■ chez un ariftocrate. « Vous devez croire , dit-il,
maa pauv^me à l'épreuve de pareilles fréquen-
- Cations. Failût-ii dîner avec des ariftocrates , a
Paris, À Clobeni^ , au fond même des enfers avec
: eiux qui déjà y font descendus , devrois-je en être
-«ru moins invariable dans mes principes î Ce qui
m'affecte le plus , c'eft que le Révérend Coda
~*it dit, que j'étoîs corrompu. Moi , qui ai prêté
le char de Voltaire pour ne s frères les Galériens !
i Moi qui fuis l'ami de Petian ■ Moi , qui le jour
de la fête des Galériens me luis mis à ma fenê
tre avec ma femme &. ihes enfans pour les applau
dir iorfqu'ils font paiiéi / &.c &c. » Cette juf-
tification eft vivement applaudie , mais tandis
qu'elle Brijj'otoii tous les fuffrages , voici venir
Coliot-galire. Sandis, dit-il , que vous vous hâtez
dé sabonner les ge*s ! Pour moi , jé né changerai
pas dé gamme fur le compte de frère Rœderer. . .
Mais, quoi ! bous hurlez tous ! Faut-il aboirtort
quand on a raifon ? Jé e
v ( »49 )
un quart d'heure après aboir lu lé difcoiirt cU
frère Rœderer , & jé bous déboilerai des mancéi-
bres fur lefquelles j'ai des doutes biolens. Je bbus
montrerai ceux qui beulent nous prendre au tra
quenard. — Sur ce , la jacquinaille prononceuri
plus amplement informé. — Frères , dit un cha
fouin du Sabbat , ouvrons Unefoufcriptionp&ur
la guerr» Fy donc, gros butor, répond lé' vé
nérable Syllery, -veux tu faire connoître que la
patrie eft dans la misère , gardons-nous bieh'â*
cela. ' Apprends benêt & ne manque pïs de pu
blier , que notre tréfor public renferme plusr'de
richefFes que n'en peuvent contenir toutes les pùif-
fances conjurées du monde entier. —, Agréezy3it
frère Doppet , que je me congratule a^eo mes
Pairs ) "d'avoir obtenu une fabrication civiqtiede
plufieurs milliers de piques : d'avoir terraffé )e
ci-devant Mrniftre ; d'avoirdéjoué les affreux1 pro
jets de Mende , d'Arles , du Comtat &. autres
Tepaires d'animaux aristocrates. Ce préliminaire
fémpli , allons frères:, municipalifer dans le Brh-
brant , dans la Savoye & dans la Catalogne**^.
Ge n'eft qu'en renverfant tes troues que l'univers
fera'lîbre. Guerroyons , & tandis qu» nos arrft&és
iront Fe battre pour nous , que nos bataillons d'ihV
primëurs travaillent nuit & jour , innondons flulii-
vers d'écrits patriotiques. Ne pourrions-nous' pàs
auffi,ffrères, déclarer la guerre aux Maltet-dù-
Pan , aux Durofoi &. autres infecles littéraires qui
contrarient nosfublirhes projets l Sans douté , ré
pond un Jacquet , il faut mettre toute cette ca
naille-là à Bicèire . pour lui apprendre à fe mo
quer de nous, & d'être les ennemis de la répu
blique. — Une farce rifîble fignale le Sabbat du
i j. La fameufe Théroigne , généraliffime des in
culottées de France , avoit dit le matin dans une
taverne qu'elle méprifoit Collot-Galère. Ce ci-de-
vant Comédien racontoit en perfifflant cette nou-
-
„Éî4- les e$prts (Je l'afEftance , s'élance comme une ,
furie paL>4effus la batrr;.ère qiti fépare le? profanes'^
-$f$: frètes , dopn.e un coup de poing à, l'un , qn
. ç^yip 4e pied à l'autre ; pôche l'œil de çelui-ci, ,
. ajn;açhe la crinière âs celui-là , s'avance enfin cfu
bujeau en peftant & jurant $i veut tout au moins
çpliper une oreille à CoUot. il en pâlit de peur;
mais .on hàpe la mégère & elle eft chafiee de {a
fla^rue- —r Auiquelïe abomination ? Qu'elle feof-
.renr,,ij|B frères , slfjrie frère. Mtiïintt. J'ai ^u
,,#îçr. >, dans la Chronique line diatribe infâme cpn-
.rUfljes Jacobins, &c'£.ftfière Condorcet , un de nos
trères , qu;i l'a faite 1 Qb ! ç'eft vraiment pendable,
ajoute un Membre de la bande , mais patience;
nous aypns démafqyé les fiawqve , les Duport ,
les jLametb : on; travaille à dévoiler les intrigues
(Jçs Urijfot Si, des ConÂo(ctt. — jt eft ma foi tems ,
interrompt le général de la bande , de prendce
desn^e^res . vigoureuses quj puifient nous faurlr
\ ^dçpifîqutf les tffjjtres ;. mais je ne V^trjç pas
qu4|^,fqie.ntdémafc]u(5savjonrd'feui. Celayie|{ffrft-S..
J^n, pendant , frères j garde à vous ! J^a j-épublj-
qjif eftexpofée aux plus grands dangers. Ne dop
.met pas, nçus fommes entourés d'intrigans, ->-
Saille pipes d'un diable , s'écrie en trembjcttaat
Je. Capitaine tempête, Morts Saint Huruge , qu
..fotit-iîs ? Nommez-les , & dans huit jours j'en fais
une franche lippée. — « Rcoutez-moi , leur du
-Capycinq-Çhabeuc , inibéciles benêts qui croyant
avoir des yeux de Lyifx n'y voyez pas plus clajr
qu'une Taupe ; venez , que je vous fane l'extrap-
tijond^ la cataracle. Je vous demande d abord, .fi
les., frères qui ont pris fait &l caufe pour M. de
Narhcane font dupes de l'on prétendu palriofifme ?
Si frère Condorcet y croit? Peu importe que fa
.femme ait été ou n'ait pas été féduite , car un
bçmmp ne doit pas fe Jaifter aveugler par unV
:
femelle, & trop fqUv«of ii«nîcuit po»iîé«puter ces
l'y rênes ççpa:rienua prai£tçpTiq£qrif,Q&eldommïL*
ge que nous n'ayons pas dg^ preuves i.Nçus aurions
"eulepîaifir de faire laoterner ; Narbcyine , Fau
cher l'on apologifte &. toute la lequelte- Oui , de;
par 'Saint François , ' lahréffiê", tôH? (Ks-je , &
pour le proaver apprenez-, quel Ndr%brffie vifoit
au protectorat ; Fauchtt le feconidoitj^ Kjutes fes
forces, & Iorfque le prejnipr nfcus jffiï dénoncé ,
le fécond nous dit que.c'^to.it lif^quji ;**o^t Crom-
wélife Narbonnî:. Le panégirique.^e^celui-ci ,
a fatis doute été Soidîlé a M. Fauchet. par la dame
Canon , ;càr par ai nfi qoè bèaijrcààp d'autres, il
s'eft laiffe égarer avec , des femmes, fcoftg-temps
la faction, s'eft agkéa; poux favçiir q«l elle char-»
gero.it du rapport de^M.de, Na\rkonitt enfin
t-Ue s'eft adreiîée au Pqntifp fquchf$,<(k caufe
de fa réputation d'enragé ; mais pouç q,ue Fau
chet ne fis pare pas des plumes Ju Pan, fâchez
que M. à'Aubeterre a^fàrt ii partie milftaira de
fort rapport, tandis. que le grand Prèt?e,<donrioit
à onze heures du foir chez la jweîllé' Ganon. »
.-^c M È L A n-;g- ë «
L A ROC A M BOL Et
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JOURNAL DES HONNETES GENS,
Rédigé par Dom Régivs Ax.1i- JaCO MlNVt.
NOUVELLES POLITIQUES.
:ctu
quets pour les afTaflins du maire de cette vil
félon lui, très dignes de pitié. — Cela coule
de fource , répond le préfîdent Laçourçe &■ tous
les amis de l'humanité ont déjà préffenti que
ces afTafrins sont plu i malheureux que coupables.
Qu'ils comptent lur notre protection. Deux
commiffaires font de fuite nommés pour ap
puyer auprès des Roitelets, la requête de la
bande affaffine ; puis chacun va dans fon grabat
rêver quelques nouveaux exploits.
MÉLANGÉS.
»-<j A ,1 i%y tw . Vu- *'w hw>w Wi «*
Apologie de François -N&UFCHATEAU.
Il est égal à Nettfi*àt«iu I XWB ***
Que l'on soit !*ïd . que Yon rbit beau ,
Fils bâtard, ou filsiëgir ime ;
Riche oa' pauvre, savant ou sot.
Tous ont , au <ji« du Magot ,
Va droit pareil' à notre estime.
Pour soutëhif'cétÉte: ttfeftfefe0« ■
On prétend qu'il a ststaistrtt», ^ ,d
B eft lept-etoiet de sa ïacë1, "jojuoi .-n«?
Jeune , il à gardé tes'Hiwtbnï; :
( 168 )
» Il sent le bouc, il est galeux ,
Et comme un singe il cft hideux ,
Par la fortune & la Naturo
Etant traité si duren'.snt ,
Ce seroir bien grande aventure
De le voir penser autrement. .
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L E G I S L A X i 0 », : •;