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L A ROC AMBOLE,

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JOURNAL t)ÈS HONNÊTES GENS,

RÉfilGE PAR Dom RÉgiUS Anti *• JACOBINUSi


i ■ i— ' • m
« Une Foi , une Loi , un Roi ».
■ «' • ■ ; i -a.

Du Jeudi i Février 17^2.


*ji"ir ii 1 g j 1,; b il ■ i,i 1 'ur. ; nj

SEPTIEME CHAPITRE
DU CilÉtUlS klÉ DES ROYAilîTif»
Des Vertus Royales-.

DÈMAis'bÉ.^^ UèLles sont lès principales ver-*


tus que doit avoir un bon Royaliste t
RÉPONSE. La Foi , l'Espérance , lé Courage &
l'Honneur.
DeAi. — Comment appelle-t-on ces Vertus 2
Rep. ■** On les appelle Royales^
Dem. *-» Pourquoi lés nomme-Hon ainsi î
Rep. — Parcequ'èlles regardent le Roi mimé*
diatement conyoe Jeur principal objet.
Terne III , a nnte 179a, K
Harvard Collège Library, _

Outting fand
t M 1
NOUVELLES POLITIQUES.
•Coblent\ , 23 Janvier. — On attend le retour du
i Prince de Nassau pour savoir, ou plutôt pour de
viner l'objet de son voyage; car malgré toutes
les nouvelles que l'on débite ici journellement ,
rien ne transpire du Conseil des Princes , & ce
mystère , qui désole nos Politiques , est ce qui
m'enchante. Je les laisse beaucoup parler , & je
prends tout ce qu'ils disent pour des conjectures.
C'est ma folie. Pourvu qu'elle n'empire pas , je
n'irai pas encore faire un voyage dans la Lune.
N'est-ce pas Roland qui y retrouva , dans de pe
tites phioles , l'esprit de tous ceux qui l'avoient
perdu !
. En attendant la résurrection des miracles de la
Chevalerie , que tous les honnêtes- gens vou-
droient voir revivre , nous avons ici une héroïne
qui nous a ramenés tout-d'un-coup au temps de
Charles VII. Elle a cru probablement que le rôle
d'Agnès Sorel étdiî préférable à celui de Jeanne-
d'Arc , &. . .. heureusement que le salut de la
■France n'ést pas attaché à la conservation du bi
jou de Mademoiselle M*****, comme il l'étoit
à celui -de la Pucelle.
Autre lettre de CoBLENTt , même date.'— La
Compagnie n'est pas encore partie de fon can
tonnement ; nous n'allons plus à Dilembourg ,
quoique les logemens y soient prépavés , mais
dans à huit trois villages, à deux , trois & 4
"lieues de Coblentz. Il en part demain une partie,
ce. sera après-demain mon tour, si les ordres ne
changent point. Nous allons à Weisseim-thurm ,
village sur la grande route de Cologne, à une lieue
d'Andernacht , & vis-à-vis Neuwieth , cantonne
ment des Chevau-légers. Il n'y a que le Rhin qui
nous sépare. Vous voyez que nous sommes tou
jours dans l'Electorat de Trêves , & que jusqu'ici
le déplacement n'a été qu'un jeu.
SiTtlÀTION INTERIEURE;
L'Opinion publique change ën mieux d'un ins
tant à l'autre. S'il étoit poffible de l'ignorer , on en
seroit bientôt instruit par les hurlerrtens plaintifs
-de toutes les Jacobinièrës du Royaunfe. Il
n'est question que de leurs doléances , au manège,
& au repaire général de la Jaquinaille. Leur
frayeur égale presque leur férocité , & celle-ci
va toujours croiffànt. Pour l'alimenter , les mons
tres ne désirent rien tant que de s'abreuver dans
le s&ng des Nobles & des Prêtres. Né trompez pas
notre espoir, disent les Tigres Jacobites d Evreux
aux Tigres du manège -, soyeï toujours sembla
bles à vous-mêmes* Il est impoffible d'exprimef
un vœu plus atroce -, c'est celui des Euménider.
Mais, ce qui inquiète le plus les" Jacoquins ,
c'est l'émigration dés honnêtes gens qui; bien
loin de se ralentir , s'accroît tous les jours d'une
manière effrayante pour lès factieux ; auffi s'em-
preffent-iis de demander le rétabliffement des paffe-
port?. Tout est perdà sans cela , disent-ils , &
cependant les lâches affectent de braver & de
mépriser ceux contre lesquels on né saurait à
leur gré prendre trop de précautions; C'est ainsi
ique la Jacoquinitre de Dijon vient de faire ses
preuves de couardise. Celle de Besançon, non-
n: oins alarmée j expose tristement , que si les enJ
nemis viennent l'attaquer , il lui sera impoffible
de faire résistance , attendu que cette Ville manque
non-seulement d'artillerie. & d'autres munitions
de guerre ; mais encore que les fortifications
sont dans le plus grand délabrement, ses rempansj
sans parapets ; les tenailles sans formes ; les che
mins couverts démolis. Lé printems tout entierV-
disent les tretriblotans Jacquets , suffiroit à peine
£our réparer les fortifications de la place Se de
i .citadelle > U faut «spertr qu'avant cette épo
'( »48 )
que", les vériéf&btes frères auront bien d'autres
soucis : ceux de Besançon assaisonnent leurs do
léances de cris de fureur contre les fidèles Minis
tres de la Religion » &. en cela ils sont parfaitement
secondés par les intrus, qui écument de rage en
voyant le retour de l'opinion dans les Campagnes ;
en voyant , qu'à l'exception des Calvinistes
& des brigands qui peuplent les Jacobinières ,
tout le monde les fuit comme des pestes publi
ques , & qu'on leur attribue avec raison les
plaies dont la justice céleste ne ceife de nous frapper.
Ce n'est pas seulement dans l'ntérieur du Roy
aume que la Jacquerie se donne mille mouvemens ;
elle agit' avec la même fureur au dehors. L'en
chanteur Merlin mande de Douay , à ses com
plices de Paris , que quoi qu'il ait pu faire
pour corrompre les Brabançons , ils paroilTent
hésiter à lever l'étendard de la révolte. Ce fier
Régromam ajoute, qu'à Douai, les Patriotes
veulent la guerre ; pendant que les Aristocrates
la redoutent: & cependant il dit ensuite , que les
émigrations continuent , ou que plutôt elles vont
en quadruplant Ah ! pauvre Merlin , comme
la peur fait déraisonner.
Après avoir douloureusement promené nos
regards sur les fléaux dont la France est frappée ,
fixons-les arec une joie religieuse sur des objets
consolans. Le Quercy , théâtre scandaleux de
l'apostasie , offre un trés-grand nombre de rétrac
tations. Plusieurs personnes y ont ouvert les yeux
à la vérité. On écrit de Dijon, que la religion
n'avoit jamais été si floriflante dans ces contrées.
Le peuple se porte avec afFluence aux Eglises
catholiques , &. brave avec un courage héroïqub
la fureur des Clubs & des intrus. C'est sur-tout ,
dans la Ville -d'Apt , que le flambeau de la foi
brille du plus grand éclat ; la presque totalité
du Diocèse ne fréquente que les églises des Prêtres
t J49 )
non-sermentés. •—• Le Diocèse d'Jix & le Dé*,
partem.ept des Bouches du Pihûne , en proie à la
persécution, offrent des modèles de fidélité &.
de repentir le curé d'Assouis s'est rétracté ;
celui d'Orgon & son clergé l'ont imité. Les, ca-,(
tholjques entendent la messe dans les maisons-
La persécution a augmenté la ferveur des catho-.
liques d'Arles, qui «xercent paisiblement leur
culte. On compte dans le Discèse- de Bordeaux 40
cures vacantes par les rétractations des jureurs:
l'opinion y change* à vue d'œil ; le D'ocèse de
Tulle retrace la piété des fidèles de l'église nais
sante. Les habitans de ces heureuses contrées,
qui ont toujours eu le schisme en horreur, cou
rent en foule aux messes des 'prêtres non-assër-
mentés , & sortent précipitamment de l'église, dès
qu'un prêtre jureur s'y présente ; ce peuple fidèle ,
soupire en entier , après la fin des maux qui dé
solent l'église. On a ru des ënfans même résister
héroïquement à leurs pères entraînés dans l'etrear,
& souffrir îetirs mauvais traitemens, en leur disant,
qu'ils pourroient leur oter la vie, mais non la
religion. . . . Pères in fortunés , quel est donc votreA
aveuglement l Que vous êtes à- plaindre L
( & le nombre n'en est que trop grand. ) , ■

. .. Thermomètre de Paris.* .^ lT)


Depuis que la peur s'est placée à califouf-*
chon sur le dos des Jacobins, comme le diablé<
surle cochon de Saint-Antoine , il n'est sorte d'ex
travagances qu'on ne leur voye faire , mais toutes-
marquées cependant au coin de la sélératesse -, car
ils ne perdent jamais de vue leurs projets sangui
naires de mettre aux *prises des citoyens le»'
uns contre les autres , et les sans-culottes contre
la garde nationale. La fermeté & le courage de
celle-ci a encore déconcerté leurs dernières ma-
nœuvrei. C'est à la garde nationale, que la Capitale
iàit l'espèce de Calme, qui y règne <îe purs Çtiel-*
qùes jours , mais une nouvelle pomme de discordé
semurit dans l'antre Jacpbite , $L l'époque du
désordre est fixée au jour où la garde du Roi
entrera en fonctions.. C'est contre ce nouveau
corps qu'on veut diriger les coups des assassins,,
afin, de parvenir plus, sûrement jusqu'à la per-,
sonne du Roi : il faut espérer que la garde na
tionale toujours inaccessible à la séduction & aux"
craintes puériles qu'on cherche à lui inspirer, re7:
poussera avec indignation les insinuations perfides
des ennemis du Roi , & qu'elle redoublera det
vigilance pour confondre leurs criminels projets.

SABBATS JACOBITÈS.
foui la Clacheiifi de Frère Guadet*
t - . _ '.j
Séance s. des zz , & zy Janvier.
Tout le monde connoît l'adresse singulière de*,
Jacoquins à brissotter les lettres d 'autrui, & le gé
néreux civisme avec lequel ils bravent la peine,
<dës galères attachée à cet escamotage , il s eren d
même sur le pprte-rfeuille des morts. Or donc,
l'an quatre de ce brigandage patriotique & le 22
Janvier , arrive dans le Sabbat frère Manuel,
çriant à crève-oreille : victoire , victoire i — Quoif
qu'est-'ce donc f Léopold est-il lanterné , les émi
grés pendus , Louis XVI détrôné l — Pas touf-;J
àtfait encore ;* mais, en atteadant, je viens de fair'
la plus brillante conquête sur le despotisme ; j'a
saisi les Lettres originales , qu'écrivoit le grand
Mirabeau pendant sa détention au donjon de Vin,-
çennts , où il étoit retenu pour ses faits & gestes^
immortels. Les voici , les voilà; c'est aux CamisarcU
«3e la liberté que j'en offre l'hommage,'^ spua
le buste couronné de leur Patriarche, que je les
dépose. Admirez, mes frères, continue le conr.
quérarç Manuel, la magie du patriotisme ,
!

comme à brebis tondue,,Dieu mesure le vent.yVous


savez tous que je ne me suis jamais piqué de sa
voir lire; eh bien , j'ai cependant lu ces lettres
couramment. En voici encore une autre , signée
Louis, & plus bas, Baron de Breteuil. Que
cetta lettre , encadrée dans notre salle , nous rap
pelle sans cesse l'horrible despotisme , qui a si
longtems pesé sur nos têtes, — La motion au',vé-"
nérable frère est adoptée. — Frères DuSois-dt-
çrassé , Grangeneuve &- Guadet se ruent ensuite
successivement sur le Ministre de la marine , Se
suent sang & eau pour le rendre aussi noir qu'au
Jacquet. — Frère Santerre se plaint qu'on fasse -
entrer le nom du Roi dans le serment que prête la
nouvelle garde. M, Petfqn , dit-il , n'emploie dans
sa formule que le nom de la LOI. — On le croit
bien. L'honorable Santerre dénonce aussi l'inci
visme de la cavalerie , qui, dans la petite émeute
de la rue saint-Antoine , a eu l'inhumanité de
prévenir les nobles projets des sans-culottes, &,
de les interrompre dans le plus saint des devoirs..
Enfin voici venir l'arriere-ban des Jacquets sous,
la dénomination de Société fraternelle de sainte-f
Geneviève , qui dénonce Ja Pétition de la Garde
Nationale contre les Jacoquins, — Bah ! leur ré-fl
pond le Président , moquez-vous de cela ; nous
triompherons de la rage de nos ennemis ; nous^
sommes bien entrés e.i lice avec les Dandré., &.,
les Chapellier. Les armes émoussées de la calom
nie ne peuvent nous atteindre , & r^ar qu'il y aura
un souffle de liberté , il y aura des Jacobins. —
Aisément cela se peut croire , mais gare la
botte de Bender, & le souffle d* la juftice. —
L'avocat des galériens de Brest , frère Collot-Al-
vianach plaide dans le Sabbat du 23 la cause d'un
matelot nommé Léonord, condamné aux galères
perpétuelles pour fait de rébellion. Tous ses com
plices ont joui du bienfait de l'amnistie ; lui seul
( IJ* )
en a été privé , et pourquoi ! Parceque , dit Io
Jacquet, Léonorine se relevoit jamais après sa
yriere , sans crier: vive la nation., joignez-vous
tous à moi , poursuit Collât , pour te tirer de là »
& ne souffrons plus que les soldats patriotes soient
aux galères, —- Le petit Merlin déplore le mal
heur des patriotes conjurateurs arrêtés à Bru
xelles. .— Frère Lasource pérore sur l'accapare-
nient'du sucre & du café , fait tout exprès pour
«oulevçr le peuple , contre l'assemblée nationale
protectrice des gens de couleur. Frère. St.-Aubin
dénonce comme accapareurs l'ex-monarque Dan-
dre & le roi Boscaris , heureusement régnant,
■— Le vénérable Buriliot , qui suit l'a révoluTîoii
à la piste, déclare que le plan des Jean-sucres
tend visiblement à enlever le Roi , à massacrer
l'assemblée nationale , & à forcer les citoyens à
s'entr'égorger. Quels moyens fapt-il prendre pour
éviter de si grands malheurs? Le cher frère n'en
Sait rien. Une foule d'orateurs déraisonne sur le
même objet à tour de rôle. — Frère Manuel,
la larme à l'oeil , dit : « ce n'e$t point une nou
velle que je vous apprendrai , en vous disant
qu'on nous accuse de soulever Iç peuple ; vous la
6avez bien ; mais puisque ce bruit court les rues ,
il faut le repousser; c'est à quoi s'occupe notre
cher frère Petion , que je vous recommande.
Quand le peuple entre en fureur , il faut l'ama
douer, Eh bien donc, insinuons-lui qu'il ne doit
prendre ni suére ni lait , & qu'il doit jeûner pour
jouir de la liberté , comme on jeûnoit sous l'an
cien régime pour gagner le Ciel . . . . La liberté,
fratres ■ voilà le Ciel ; est-ce la payer trop cher ,
que dç faire mourir le peuple de faim pour la
conserver ï A propos du sucre , savez - vous bien
qu'il est trop vraisemblable que le Roi vouloit
décamper sans tambour ni trompette î Ma foi ,
qu'il parte; si j'etois ma're de Paris , je luidén
( '53 )
livrerons un passeport . . . Accoutumons le peuple
à cette idée , que le R.oi peut s'en aller ». Il vous
en coûtera peu , hypocrites Jacquets , pour per~
suader ce peuple , que vous trompez depuis si
longtems , que le Roi est le maître ; mais vous
ne l'accoutumerez jamais , comme vqus le vou
driez bien , à proscrire la Race chérie de ses
Rois. — Frères Loustalot , Sargent , Collot-alma-
nach & Manuel, dissertent }acobiniquement , à
la séance du 25 , sur les plaintes des ci -devant
Gardes françaises , au sujet du paiement de leur
traitement. Le patriotisme de cçs fondateurs de
la liberté paroit si admirable à frère Colloi , qu'il
propose de classer à leurs côtés les galériens de
Châteaùvieux , s'ils sont jamais en liberté. —
Frère Real proposé aux Jacquets de partagqr avec
les Garc'es françaises leur table & leur lit ,
& vu que plusieurs des vénérables' frère9 n'ont
ni table ni lit , d'ouvrir une souscription à cet
égard: ce qui est adopté. — Frère Manuel ex
horte ensuite tous les citoyens à sortir au moindre
buit , n'eussent-ils que des piques pour armes ;
de se mêler au reste des citoyens armés , c'est
à-dire aux sans-'culottes , pour confondre les maU
veillans. Ceci n'a pas besoin de commentaire,
& un tel projet est bien digne de celui qui- a
osé écrire à son souverain la lettre la p}us au-^
dacieuse. Nous en parlerons dans nos prochains
numéros, ,.

' ,M.É LANGES.


Ces jours derniers un Chevalier de Saint-Louis non,
Tellement arrivé, fut présenté aux Princes, il avoit
avec lui son fils âgé dé 12 à 13 ans. M. le Prince de
Cçniè plaisantant sur cet âge , dit au papa .• vous
ayez eu tçtrt d'amener cet enfant, il ne sçra bon à rien
jl vous embarrassera , dormira derrière quelque buisson.
C.ÏJ4- >
Cet échantillon de hîros piqué de la plaisanterie, s'écria •
quoi .' Monseigneur , vous me croyez donc du sang de
fa Fayette,
Sur les Prêtres jtireurs.
Vous les voyez tous ces héros , „ , .,
Du civisme les grands pivots,
„ v; -Comme ils nous font à tous i« figue,,
/ Malgré ce succès séduisant,
Oh tremble pour la sainte Ligue.
L'avenir n'est pas le présent.

Il me semble déjà les. voir


déchus de l'injuste pouvoir . . .,
Du crédit dont ils s'autorisent, j
•• ,•■ Alors ils verront* comme nous,
S'il est aussi vrai, qu'ils le disent,
Qu'il faut hurler avec les loups.
VERS
'A M. dé Bertrand, Ministre de la Marine,,
emoyès au Rédacteur de la Rocambole j/ar MK

O véritable ami d'un Roi trop malheureux !


Seul Ministre qu'il peut avouer sans contrainte;-
Ne crains pas les complots d'infâmes factieux,
Tu n'en peux recevoir jamais aucune atteinte.
Leur haine est un honneur , leur amour un affront y
Et leur fureur accroît la gloire de ton nom* t,

M. ûtrbu — Jtâïb..;. — Copet donnera demain ses


àudlente's sur le càhàpë de Madame de St..... t>es
e «55 y
femmes s'adresseront à lui > les homme» à h Bârotine.
gui veut bien être le substitut du Ministre.

Fin de la Badâuderie : Air des tremblturs.


Après ce sanglant outrage (i)
On ne peut rien davantage :
Et le Peuple plein de rage
Va tomber sur des Grimauds
Dont la tyrannique audace
Ose l'insulter en fàçe,
Et par ce mépris surpasse , ,
Tout çe qu'ils ont fait de maux ;
Ou certainement les Badauts*
Ne seront jamais que des sets , sots , sots , sots.
Non, ce bon Peuple est trop lâche,:.,'
Et de-rien il ne "se fâche, ' !
Quand au visage on lui crache, • Si!.'
Prudent , il reste en repos.
Et modestement adore,
Comme aux lieux où naît l'aurore A
Le monstre affreux qui dévore «
Lui , ses enfans , ses troupeaux..
Il est donc vrai que les Badauds
Ne seront jamais que des sots , sots , sots. sots.
Que Dieu bénisse la race
De la bonne populace
Qu'aucune autre ne surpasse.,
Depuis que les Wisigots
Spot veaus à main armée,
Expulser de cette contrée

./ i)Voyez le procèdent couplet.


( t56 J
La horde tant fortunée
Des paisibles Ostrogots ;
Car il «et vrai que les Badauts
Ne seront jamais que des sots , sots , sots , sots.
Le pis est que cette rage •
Circulant de plage en plage
Se répand & se propage •
Chez tous les provinciaux .
Pour peu que Paris braille,
De tous côtés la canaille
Sur le même ton criaille "...
Du Rhône au pays de Caux,
Tant il est vrai que les Badauds ,
Ne sont & ne font que des sots , sotî , sots , sots»
Pour ombîe d'ignominie ,
On nomme philosophie
La tourbe qui Mystifie
Et trouble tous les cerveaux.
Comme catons on révère
Greg. .... * l'incendiaire ,
Chap le corsaire ,
Les périg. . . les brifT.
Il est donc vrai que les badaud?,
Ne seront jamais que des sots , sots , sots , sots.
. :
S P E C T. A CL E.
Les comédiens delà Nation s'apprêtent à don
ner une dernière représentation du Français dupé ,
opéra tragique. Le spectacle sera suivi d'une fugue ,
& sera terminé par une danse, de darde , où les
principaux acteurs feront le saut périlleux an
grand contentement du public.
( î57 )
Pendant que les Municipalités s'occupent à
faire le recensement de tous les Citoyens indis
tinctement , les Jacquets travaillent de leur [côté
à celui des Aristocrates. Ils ont envoyé le nom
mé' MURET né-natif de Cambray , chez la
maire du département du Nord pour lui demander
la liste des Aristocrates , en affurant le doge mu
nicipal , que ce n'est pas dans l'intention de les
affassiner , mais seulement de leur couper lés
jarrets. Uu paysan qui se trouvoit là & qui
est au courant des affaires a conseillé au vénérable
frater de revenir dans deux mois, parce'qualors
il en trouveroit bien davantage.

LEGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.


Séances des 26 , 27 , 28', 29, 30 6- 3 1 Janvier,

On apprend dans la séance du 26 que tous les


officiers du régiment ci-devant Champagne ont
déserté cette terre d'anarchie & de rébellion.—•
Dénonciation des Jacquets Basques, contre M.
d' Uchillau , officier général ; sa conduite leur pa-
roît suspecte ; preuve évidente qu'elle est intacte.
— Renvoyé au Comité de surveillance. Rapport
tendart à réformer le désordre de séances & des
délibérations de nos ramassés, ajourné au 3e. jour.
Le grand inquisiteur Fauchet accuse l'ex- maire
Bailly d'avoir signé une cartouche en qualité de
maire , ne l'étant plus. Le roitelet Rouillé fait
Chorus, insulte en passant M. de Brissac , nos
généraux , & conclut à ce que Coco BÀilly soit
mandé à la barre -, sa motion est enterrée au Co
mité mitaire. -—- Grand désintéressement du
geôlier d'Orléans , qui a refusé 930oliv. six sols &
trois deniers pour mettre en liberté MM. Loyauté
< 15*)
& de Frenoy , acwsé du crime de U'{e~Nation au
premier chef : ordonné dans la séance du zj que
ce fait sera consigné, comme vrai , dans le procès^
yerbal. —- Détails de la perte des procédures de
ces prisonniers , faites à leur passage à Nancy, où
les pandoures du Jacoquinisme vouloient pendre
les accusés. — Ordonnance du Roi , portant exé
cution du Décret qui déclare Monsieur frère
tie sa Majesté , déchu de la Régence. -— Puissent
nos veux éloigner les j ustes réclamations de ce
prince. Projet de rétablissement des passeports;
ceux qui n'en prendront point seront arrêtés &.
mis dans les dépôts de la Nation , &. vive la
liberté l — L'augmentation des officiers généraux
demandée par le Roi est décrétée. Sa Majesté en
nommera la moitié. — Pour détruire l'opinion
publique de l'innocence des officiers du aoe ré
giment en garnison à?Perpignan , & traînés dans
les prisons d'Orléans , sire Goupilleau lit à la
séance du 28 , une lettre d'un grenadier en ré
ponse à son ancien camarade, qui a suivi tous
les Officiers de ce régiment en Espagne. Tu as
Suivi des traîtres , répond le Grenadier , tu es
un lâche ... ; A l'instant où je t'écris , on traine
aux pieds de? Juges tes complices ; ils iront à
l'écbafaud , comme ils le méritent. &c. &c. — Dé
crété que cette lettre sera infusée dans le procès-
verbal ; mais admirez l'incrédulité nationale ;
excepté les intéressés, on ne croit pas plus à
l'existence du grenadier &. de sa lettre , qu'à
celle du sieur Delbecq qui écrivoit à l'Assemblée
qu'il avoit la valeur de huit millions de sucre, qu'il
vouloit vendre 15 millions , pour éprouver notre
sainte Constitution. Ces tours de gibecière ne réus*
sissent plus. -— Le ministre de la Justice remet un
mes age du Roi , relatif aux mesures à prendre , fen
cas que l'Empereur ne s'explique pasi Sa Majesté
y parle aux Roitelets avec le ion de dignité, qui lai
tonvient. Le Ministre de la Guerrë prèsênte à l'As3
•semblée les officiers des trois nouveaux régimens
des troupes de ligne, qui jurent à l'unisson de
vivre libres ou de mourir. Le grand prêtre Fauchtt
dénonce à l'Assemblée l'incivisme dn Roi d'Es
pagne, qui fait pendre par douzaines les apôtres
de la propagande. On voit bien que ce Royaume
n'est pas encore mûr pour la liberté. <— L'accu
sateur public du département du Gard annonce
des nouveaux troubles dans la ville d'Arles ; sires
iBajire, Rouillé, Cambon & compagnie ont conclu
de cette lettre, qu'il existe de Perpignan à Avignon
un cordon d'aristocrates Les troubles d'Arles §£■
le cordon ont été renvoyés au comité d'Avignon.
— L'Espagne vient de faire quitter ce Royaums
à tous les Français non^naturalisés. Un barbier
de Cadix , du nombre des chassés , après avoir
fait la barbe au despotisme Espagnol , s'est présenté
à la barre , &. a obtenu un don de 500 livre;.—»
Sire Rouillé s'est plaint, à la séance du 29, di»
message du Roi , &. a demandé que le président
le lui témoignât. Cette imbécille & audacieuse
motion a échoué. — Les citoyens de la sectioa
de la croix rouge , effrayés des maux incalcu-*
labiés dont la Patrie est menacée par le renchë*
rissemeni subit des denrées coloniales a arrêté ,
pour punir les accapareurs , de ne plus faire
usage de 6ucre & de café. Elle invite tous- les
Français à suivre un si bel exemple. Cet arrêté *
vivement applaudi , a été inséré dans le procès*
verbal. — Un artiste offre à l'Aréopage le plaa
d'un retranchement portatif, & dune armure
à l'épreuve des coups dé sabre. Un autre présente
une lance en forme de canon de fusil, qui peut
faire un ravage effroyable. Le moment ne pou-
volt être plus favorable ; aussi ont-ils été accueilli*
avec plaisir. — Après la lecture de quelques
adresses insignifiantes, lues le 38 , & un Décret
t ko )
portant extinction des coupons d'assignats
question des passeports
bruyamment discutée* Décret enfin qui assujettit
tous les voyageurs à se munir d'un passeport in
dividuel : ceux des personnes qui voudront sortir
du Royaume , porteront la note St la cause de
leur sortie.
La discussion a roulé dans la séance du 31
sur ces passeports. Sire Lacroix , qui seconnoît
inieux en pasquinades qu'en saine politique j
prétend qu'on ne sera jamais plus libre, qu'au
moment où l'on ne pourra plus faire un pas sans
être arrêté & enfermé dans les dépôts. La liberté
de voyager . ajoute * t - il , 'sans passeport , n'est
que pour les brigands. Cette grànde vérité a été
applaudie , . . » Les honnêtes gens ne pourront
donc plus voyager sans la permission du comité
inquisitorial , qui ne la leur expédiera même que
sur papier timbré. Le moindre Gendarme , le
moindre Garde national , ont le droit d'exiger
la représentation du passeport , & Dieu sait
tomme les Hullans des JaCoquins vont user dô
ce droit. — Plusieurs Maréchaux de Fiance ont
demandé leur retraite.

AVIS.
Nous avons l'honneur de pre'venir nos Abonnis t
qu'à compter de> cet envoi , ceux qui n'auront
pas renouvelle leur Abonnement, ne recevront plus
notre Jeurna'. S'adresser au Directeur du Bureau , rue
Montmartre , No. 219 . près du passage du Saumon,
à Paris.

De CImpr.meric de Jacques GiROUARD , rue du


Bout-du-Monde . N°. 47,
NV n

L A ROC AMBOLE,

O 0

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIU8 ANTI - JACOBINUS.


ri , ——— —, i „■ .,.
« Une Foi , une Loi , un Roi ». ■<
-iIoJ-f) i»»—■ . ... —. i .
i'vail : -#
Du Dimanche 5 Fêviier ij<)2.

^Vo^VELLES- POLITIQUES.

Pièce communiquée à lu Diète de Ratisbonne ,


par M. le Comte de GOERTZ , Minime
du Roi de Prusse , par oidre exprès du Roi.
ijj.ï . ' ■ H . ... ■ '> • '!
J'AI appris, avec peine, les bruits très -mal
fondés qu'on a, répandus dans l'Empire , sur l'in
fluence dangereuse que rheureuxVapprdchement
survenu en dernier lieu , entre Sa Majesté &. moi,
pourroit avoir sur la Constitution des Corps
Germaniques, quoique la certitude qu'on avoit
des- sentimens patriotiques de ce Monarque St
Tome III. année 179a. L
{ 1162 )
des miens , eût pu suffire pour tranquilliser,
à cet égard, les esprits inquiets , & pour Con*
vaincre que dans ces liaisons purement défensives ,
& motivées uniquement pa» notre amitié per
sonnelle , & par le désir d'à surer le calme &. la
paix à nos Etats réciproques et à l'Europe entière;,'
il ne pôuvoit entrer aucune vue contraire aux
loix &. au bonheur de l'Empire.
, Cependant , pour anéantir toutes les interpré
tations sinistres & contraires à nos vues loyales ,
je vous charge expressément de donner à connoitre
par-tout où il conviendra, que le maintien &Ia
farantie-3e la Consritu't.ioh; Germanique , font une
es bases del'union heureusement arrêtée entre Sa
Majesté fij. moi , & que du moment de notre heu
reux rapprochement , nous avons stipulé cette
garantie de 4a -manière la -plus obligatoire & la
plus-sacrée, '• • . io'T - ,
Je ne doute pas que , d'après cette décla
ration, les alarmes, que des personnes préoccupées
ou mal'mteritionttéës , peuvent avoir fait conce
voir à cet égard , ne fassent place à la confiance
que nous méritons de la part de nos co -états ,
& qne -ceux-ci ne rendent pleine justice à la
candeur & à la loyauté des sentimens que nous
nous sortîmes empressés de manifester -dans 'cette
occasion. Signé., Finkenstein , S c fi u l e M-
BOURG y ALVENSLEBEN. »
On assure que M. de ségur& étê si navré de
l'accueil que lui a fait le Roi de Prusse , qu'il
•'est poignardé. à demi.
Les léttres que bous avons, vues , tant de Co
llentj, cfue de Vienne & de Bruxelles, s'accordent
toutes àjdire, que les frontières de l'Empire sorft
bordées de troupes; que les munitions de guerre
s'y accumulent tous les jours, & que les per
sonnes qui ne se laissent pas endormir par les
jactances des Feuillans, ne doutent pas un iris—
- Uùt qu4on n*en fasse bientôt usage , pour akâttifa
l'idole des révolutionnaires. Ces lettres apprennent
encore que l'Impératrice de Russie, le Roi d«
J uèiîe, la Roi de Prusse & le Roi d'Espagne , n«
seioiu pas spectateurs oisifs de cette mémorable
expédition. Qu'en un mot, tous les Souverains,
jusqu'au Roi de Pologne , se préparent à y figurer
d'une manière conforme à leur dignité. C'est ce
concours des puissances que les Feuillans connois-
tertf très-bien, qui arefroidi l'ardeur du Comité des
Thuillecies. Bien loin de vouloir se battre pour
les yeux hagards de Targinette , les chefs de .la
faction feuillantine , feroie«t volontiers le fa-
crifice de quelques décrets , si d'ailleurs on vouloit
laisser subsister ceux qui peuvent assurer le fruit
de leurs rapines &. de leurs brigandages.

NOUVELLES INTÉRIEURES.
Les hommes qui gouvernent la Nation Fran
çaise sont parvenus à un tel degré de perversité,
que désormais ils sont inaccessibles à la crainte
du blâme. Qu'on ne s'étonne donc pas de n'en
tendre raconter que des faits déshonorants pour
ceux qui en sont les coupables auteurs & pour
la Nation qui les souffre & qui se laisse maîtriser
par de pareils monstres. C'est sans doute une
tâche bien triste que celle de recueillir des
vérités si affligeantes ; mais pour le bien de l'hu
manité , nous devons aux races futures le tableau
hideux des fureurs & des crimes qui ont pré
cipité la peuple le plus heureux de la terre, dans
ce gouffre effroyable de misère & de calamité.
Pour connoître ceux qui l'ont creusé eegauffre,
il faut soulever le manteau aux trois couleurs,
dont le Protestans couvrent leurs excès les plus
atroces. Suivonsià la lueur des torches incendiaires
les.traces sanglantes des victimes qu'ils pntjmmg-,
lées & qu'ils immolent tous les jours à leur fa
natisme. C'est à Nismes sur-tout que le protes
tantisme s'est livré aux plus horribles excès. Delà
sont sonis tous les comptais contre les Catho
liques & les Piètres. C'est dans Je Club de cette
Ville qu'ont été tracés les plans de» massacres qui
ontinoudéde sang la province de Languedoc & le
Comtat Venaissin. C'est-Ià que sont les protecteurs,
les amis , les frères & les complices des brigands
à' Avignon. lis s'agitent maintenant pour détruire
la vilie d' Arles , la seule dans leur voisinage ,
comme dans le royaume, qui jouisse d'une par
faite ti ànqu'dlhL Riibaud-Dupuy, frère du Député
de ce nom , qui est allé en Angleterre fomenter
le désordre &. le crime, met en jeu les plus-
infâmes" manœuvres pour faire fondre sur les
paisibles Arlesiens les fléaux destructeurs qui ont
ravagé Nîmes et Avignon, & comme les pertes
que les Protestans ont essuyées en faisant le siège
de Carpentras , leur font craindre celles qu'il»
feroient sûrement , s'ils osoient eux seuls attaquer
la ville à' Arles , ils demandent avec des cris de
rage que le Roi fasse marcher contre elle des
troupes de ligne pour en désarmer les habitans ,
sous prétexte qu'ils ont des projets de contre-ré-
voltuion. Pour donner quelque apparence de fon
dement à leurs déclamations, Rabaud - Dupuy ,
appuyé de Blanc Pascal, a fait intervenir deux
misérables , connus par leurs horribles excès contre
les Catholiques , l'un se nomme Guerin la déroute ,
l'autre Rocheblave. Ces deux monstres ont accusé
un Particulier de Baucaire , nommé Roustan, de
leur avoir propoié de s'enrôler pour la contre-
révolution. Mais ce à quoi l'on ne s'attendoit
pas , c'est que l'accusé se trouve être un brigand
de l'armée Avignonaise. Il faudra voir quelle
tournure les Rabaud, donneront à cette histoire.
Il n'est pas besoin de dire que les persécutions
C 165 )
des Catholiques ont recommencé de plus. belle i.
on les enlevé dans leurs maisons , on lei,
entasse dans les prisons avec les voleurs & le»
assassins. A Montpellier ce sont les mêmes tu-,
reurs. Les Eglises des Fidèles ont été fermées , &.
tas honnêtes-gens n'osent pas même s'y plaindre ,
de crainte d'attirer sur eux des malhaurs plus
grands encore.
A Marseille , les Calvinistes, aidés des Duprat ,
font les motions les plus violentes pour exciter
les révolutionnaires à voler à Avignon au secours
de leurs frères , briser leurs chaînes , & laver
dans le sang des Aristocrates , les injures faites
aurf braves brigands de Vaucluse.
Mais ce n'est pas au midi de la France seule
ment que le Calvinisme déploie toute l'atrocité
de son caractère. A Caen la persécution des Ca
tholiques est toujours la même.
Que les honnêtes gens ne se découragent cepen
dant point ; les Hugenots ne sont cruels & féroces,
que pareequ'ils n'ont encore éprouvé aucun revers.
Les méçhans sont toujours terribles dans la pros
périté; mais lorsque le jour de la justice luira
sur notre malheureuse patrie , on les verra pâles
& tremblaas , frémir à l'aspect de la vertu qu'ils
ont tant outragée , et rechercher les cavernes les
plus affreuses pour y ensevelir leurs crimes &
leur existence.

Thermomètre de Paris.

Vive l'imagination des Jacobins! elle n'est ja


mais en défaut. Tout le monde sait les alarmes
auxquelles ils sont en proie. Les plus tristes
imagés les suivent en tous lieux. Le caractère
de la terreur est gravé sur leur front , & leurs
yeux égarés semblent dire comme Cain après
avoir égorgé son frère : voici , quiconque me
( i66)
trouvera , me tuera. II importe cependant de cacher
ces alarmes au Peuple & c'en pour cela que le?
Jacquets crient à crêvé oreille qu'ils veulent la
guerre, & que les Jacobinières des Provinces qui'
sont les échos de celle de Paris , croyent en per-*
pétuant ces cris , opérer sur ler armées des.. Sou
verains , l'effet miraculeux que produisit le son
des tromperies des Israélites sur les murs de
Jéricho.
Les Feuillans, comme on sait , on: une autre
tactique , elle consiste à divi?er les Puissances .
coalisées. La déclaration du Roi de Prusse con
firmé tout ce que nous avons déjà dit à ce sujet ;
mais les Feuillans connoissent la nullité de leurs
forces j le secret"' de Rochambeau ce général îm-
prompru , n'en est pas un, pour eux , ils n'ignorent
pas non plus que le voisinage du Prince de Condé
a découragé les révolutionnaires de Strasbourg,
&. que le plus grand nombre des Citoyens de
cette Ville sont bien loin de voir de bon œil
des préparatifs qui ne tendent qu'à détruire en
tièrement la Religion , & à les asservir aux Pro-
testans leurs plus cruels ennemis. La faction Feuil
lantine est encore instruite de la désertion des sol
dats, & des inquiétudes du pauvre genéiyl Luckner.
Aussi ils ss gardent bien de demander la guerre;
au contraire , ils prêchent la paix , & en faisant'
leurs recrues comme les Jacobins , ils tâchent
d.'insinuer qu'il seroit trop dangereux de provo
quer les hostilités des Nations voisines.
Mais laissons les factieux s'agiter chacun à leur
manière. Ils ont outragé le Ciel & la Terre;
le Ciel &la Terre sont conjurés contr'eux. Leur
arrêt est prononcé , il faut qu'il s'exécute.
SABBATS JA COBITES.
Sous la Clochette de Frire Gvadet.
Séance «des 26 , 29 , 30 & ji Janvier. '
Nos Jacquets , semblables à ces animaux , pleins
d'yeuxdevant & derrière, dont parle l'Apocalypse-,
( 1 ) ne peuvent plus se dissimuler le péril immi^-
nent qui les menace , & l'on vo t voltiger
Sur leur sinistre front , sur leurs lèvres éteintes ,
La rage , le dépit , les soucis & les craintes.
Constipés de frayeur , à l'aspect des bottes du
terrible Bender , ils rêvent nuit & jour au ruoyea
de les parer, & le voici trouvé.
Un Jacoquin Anglais , touché des vives alarmes
de ses, chers frères , leur dévoile au sabbat du 26,
une nouvelle tactique militaire , savamment com
binée dans un cul de taverne , dont l'effet mer
veilleux est de métamorphoser subitement un
Thersite en Achille & de lui apprendre à tuer
dextrement dans une seconde , trente Aristocrates
d'un seul coup. Item plus , le vénérable Jacoquin
Anglois , propose de montrer aux enfars de la
liberté', la manière infaillible d'embrocher sans
danger les émigrés avec des Piques. La Jaqui-
naille émerveillée de cette tactique, a nommé poujr
l'examiner les révérendissimes Dubois décrasse'
& de Sillery. — Voici venir 50 Soldats du régi
ment d'Aunis , renvoyés de l'Amérique par leurs
O/Eciers , paur s'être civiquement livrés au plus
saint des devoirs. — Venez, leura-t-on dit, venez
les bien-aimés de Targinette , partager avec nous
les honneurs du Jaçoquinisme & les voilà qui

(0 4-8- a,.,
( x68 )
cabriolent dans le sabbat. Paix-là ! paix-là ! leur
crie Collot - Almanach , que l'on m'écoute. . . . J'ai
été chez M. le Maire de Paris en qualité d'am
bassadeur de la société, je lui ai parlé du licen-
ciment anti-civique des ci-devant Gardes Françaises
& du tendre intérêt que nous prenons à leur sort.
Ah ! Mes frères, le grand homme que M. Pétionl
Comme quoi il partage nos sentimens ! Comme
quoi, il aime les braves Gardes Françaises î II les
aime sandis autant que nous ! Je lui ai parlé de
la pétition qu'ils doivent présenter à l'Assemblée
Nationale 11 faut bien prendre garde aumoins
que le décret qu'elle rendra en leur faveur ne
soit pas sujet au Veto ; car, continue le ci-
devant Comédien de Gascogne , de toutes les
hostilités que nous redoutons , il n'y en a pas de
plus terrible que ce chien de Veto, — Fratres,
interrompt frère Hyon , excusez ma poltroimerie ,
ce n'est pas que j'aie peur.mais cependant je tremble
quand je songe que le Roi va avoir tout-à-l'heure
une garde de dix mille hommes. Si une belle
nuit cette garde bloquoit nos corps - de - garde
barricadoit les rues & s'emparoit de la Ville ?
Hem !'.,.,. Comme vous seriez tous pénauds !
Pour prévenir ce malheur, dit frère Doppet, mon
avis est que la garde du Roi soit composée de ceux
. qui ont renversé les autels de la tyrannie. Le
vénérable Danton ajoute que pour la réussite du
Jacobite projet.il faut que les Citoyens fassent
une insurrection d'opinion en faveur des Gardes
Françaises. Eh morbleu ! bavards impitoyables,
leur ait frère la Source , c'est battre l'eau avec un
bâton que de faire des phrases quand on est sans
le, squ ; occupons^nous des contributions , quei
presque personne ne paye ni ne veut payer. Le
général Robespierre dégoisoit quelques rébus sur
cet objet, quand frère Dufourny apperçoit dan»
l#s tribunes rftéroïne de la révolution , l'illustre.
ThÉroigne. Un cri de joie l'annonce aux saba-
tistes qui grimpent aussitôt aux tribunes, l'enlèvent
& la colportent au beau milieu du sabbat, où
après avoir hurlé un couplet en son honneur &
gloire , on lui fait jurer sur le buste de Mirabeau
de donner aux frères & au public son histoire
en détail , dans le prochain sabbat ; & ledit
jour advenu , frère hous calot annonce que ,
certaine raison empêche la Signora THEROI
GNE de remplir à l'inftant sa promefle , mais
3u'elle se livrera dans quelques jours auxpétula,ns
ésirs de la Jaquerie. Frère Billaux de Varennes,
enfile un éternel discours sur le danger d'aftaquer
les ennemis , il exhorte la nation à se méfier du
Roi , des Ministres , des Généraux , de toutes les
autorités enfin, & il termine , en avouant fran
chement que l'ambition & l'intrigue martyri
sent la patrie. Enfin frère Manuel persuadé ,
comme il le dit, que le Roi a besoin de ses
conseils , lit une lettre qu'il vient de lui écrire
ffcdontvoici quelque fragment : « SiRE,,/'tr n'aime .
point les Rois , ils ont fait tant de mal au
monde mais puisque la Constitution
qui m'a fait libre, vous a fait Roi, je dois vous
obéir. Vousdevej vous soumettre à la loi . . . En Ci-
toyeiï ,je vous adreffe quelques vérités-. ....... Le
peuple malgré vos sermens , s'attend tous lesJours
à votre départ. Mais il sait que le trône desFran-
çais ne s'emporte point. .Vous avej un fils ; puisque
la France n'est plus a vous , il est a la
france \elle doit l'élever pour elle. Demandejvous-
même ce qu'elle auroit dû ordonner; que cet enfant
qui sera un jour trés-etonné de trouver 25 millions
d'hommes dans la succejfion de son pere , soit con
fié à un Jaçobin du faubourg St. Marceau. ... si
vous causiej tvec lui , il vous dégoûteroit de la listé
civile, qui jusque dans votre main est le ver ron
geur de la liberté . . . SI VOUS ETES UN
C *P* )
HOKNETE HOMME Ici l'indignation non*
fait tomber la plume des mains' ; un Jacobin
seul ou un échappé des petites maisons peut avoir
l'insolence de mettre en problème la probité de
Louis XVI.

MÉLANGES.
Lettre au Rédacteur de la Rocambole.
La Rochelle le 28 Janvier 179».
Le Régimèntde la Sarre, mon Révérend Dont
Regius Anti-Jacobinus , vient d'être renvoyé de.
notre Ville pour un pet. Vous riez peut-être
du mot , mais la chose a grandement fâché la
Garde Nationale ; et voici comment : un Dragon
de la Sarre buvant bouteille dans un cabaret avec
cinq ou six de ses camarades , fit un pet en
présence de quelques Gardes Nationaux. Ces
MM. que l'on appelle ici la fuyante bleue ;
indignés de cette irrévérence , en firent des re
proches à l'impudent péteur. Celui-ci prenant le
parti de son derrière auquel il paroît chaudement
attaché , répondit que tel étoit son usage lorsqu'il
se trouvoit dans la taverne ; la dispute s'échauffe»
on se dit de gros mots -, bref , on convient de
se battre. Sans doute un pet , tant gros qu'il fut »
ne mérita jamais qu'on se coupât la gorge, car,
à en juger philosophiquement , autant en emporte
le vent. Mais avec les lunettes de l'honneur
Welche ; on voit bien différemment ! Nos champions
se trouvent au rendez-vous. On ne se battit cepen
dant pas , parceque la pensée d« la mort , si
salutaire à un Chrétien , frappe vivement l'ame de
l'improbateur du pet. Le Péteur improuve à
son tour la pacifique conduite du Gard» Na
tional , & lui donna,, dit-on , quelques soufflets
ou des croquignoles. Beaucoup de gens croyoient
( *7* )
que cette tragi-comique aventure s* temineroît
là. Point du tout , la Garde Nationale qui
ressemble à un enfant gâté , dont l'usage est d'aller
raconter tout à la maman pour faire gronder ses
frères , court instruire la maman Municipalité
ce qui s'étoit passé. Ce tribunal voulant prévenir
les suites du délit ventilateur, ordonne grande
patrouille et illumination pendant deux nuits.
Cette sage précaution contient l'ordre public ,
ainsi que les derrières du Régiment de la Sarre.
mais pour assurer davantage encore la tranquillité
de la Ville , l'en demande & l'on obtient le renvoi
de la Sarre , enforte que l'on peut dire que ce
pauvre diable a été revoyé comme un peteur.
Je vous prie, Mon Révérend , d'insérer cette
anecdote dans une de vos feuilles , afin de pré
venir tous les Citoyens actifs ou passifs de l'em
pire, qui auroient occasion d'aller à îa Rochelle,
de s'abstenir de péter devant la Garde Nationale.
Je joins ici une Chanson composée à l'occasion
de cet événement , par un Grenadier du même
Régiment , sur l'air : Du haut en bas.

Quoi.' pour un pet",


©ri crie, on s'arme, on se mutine;
Quoi , pour un pet ,
L'on craint un sinistre projet»
On s'interroge, or examine
Le grand ressort de la machine
C'étoit un pet.
•oeeooo*» ' ' \é
La Sarre , un pet
Appelle , excite la vengeance; . : 1
La Sarre , un pet ■'<;'•> -u. ;v.;
A la Rochelle «st m forfaito iu>--t î:.. I
C 17* 3 . -
L'on dît même que la fayance - --}
Se pâme et tombe en défaillance «
Au bruit d'un pet, **
•OMO80O»
A votre aspect,. .]
iValeureux Emigrés de frapce , >
A votre aspect ,
L'ennemi doit craindre un échec;
Car aux Soldats de la fayance
Il ne faut montrer sa vaillance
Que par un pet.
Continuez , mon Révérendissîme , Dont Re'gîur
'Anti- Jacobinus , d'écrir» sous la dictée du joyeux
MoMUS. Ridendo dicere , verum quid vetatt
Tandisque votre charmant Journal , maigre nos
malheurs , nous fait rire encore; votre plume
légère est une massue qui fait trembler nos phî-
sophes mystificateurs Recevez , je vous
prie, les nouvelles assurances de sentimens, &ç.
Signé , l'un de vos plus fidèles Abonnés*

IMITATION DE LA ]e. E î 0 D I D.'HQjR ACE.,


Varenïts olim , &c.
CONTRE L'AIE.
Que l'Ail dans les festins , puisse toujours s'offrir
Au fils dénaturé , qui d'héritage avide «
Bâta les coups de la Parque homicide
Sur un père long à mourir.
O Moissonneurs .' quel goût perfide !
Eh! quoi, vos entrailles de fer
Digèrent donc ce végétal amèr ,
L'ail plus mortel que la cigùe !
( m )
Quel est cette douleur aigiie S_ r
Qui travaille mes intestins ? rf
Sur le repas que je digère , •■ •>(
Sur ces herbes One Mégère
Distilla -t'elle ses venins?
Ou bien est-ce Canidie
Qui les assaisonne de ses perfides mains.
Quand , dans les jardins d'Hespérie ,
Un Vaisseau d'ébarqua Jason,
Il n'eût jamais conquis la fameuse toison ,
Sans un poison plus fort que la Magie.
Oui : Medée , enflammée aux charmes du Héros ,
H e l'eût pas frotté d'ail , qu'il dompta les taureaux
Indomptables gardiens de la toison dorée.
Ce fut avec de l'ail , que l'horrible Medée ,
A vint que de s'enfuir sur un dragon ailé ,
Empoisonna les dons offerts à sa rivale.
Dans cette robe fatale
Par qui tout son corps fut brûlé.
Non, je préfère à l'ail la canicule ardente»
Dans la Pouille, frappant sur un sol altéré ;
J'aimerois mieux porter la robe dévorante
Qu'un coeur jaloax , par l'amour égaré ,
Fit revêtir au redoutable Alcide ,
Que de goûter d'un mets perfide ,
D'un ragoût à l'ail préparé.
M. G. T. de V
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
Séances des i, 26-3 Février.
D'après le compte rendu par M. Amelot dans
1 *74> '
la Séance du Ier. de ce mois , tout Va le mien*
du monde. Voila déjà pour deux milliards 3 30
millions de biens Nationaux vendus & fripés le
plus lestement possible. Le reste sera bientôt ex*»
pédié aussi; la dette Nationale payée avec des'
assignats, & tous les Citoyens de l'Empire , y
compris les sans-culottes , enrichis de ces précieux
papiers vont former un peuple de CRESUS. Ce9
richefles Nationales , renforcées de celles de la
liberté feront bientôt de la France un pays de
Cocagne, en dépit des projets hostiles des Po
tentats , jaloux du bonheur ineffable dont nous
jouifîbns". 'Cette perspective a été troublée paî"\
'un Roitelet; qui prétend tenir de bôn lieu, que
les Espagnols, réunis aux Emigrés, ont juré
d'extexmraer nos Factieux ; que le gouverneur de
Barcelonne a ordre, de tenir deux millions de réaux
prêts pour un général 'anti-national qui doit passer
en 6atàlogne avec plusieurs officiers. Ah ! Ah !
s'écrie «un monarque à 18 livres, mais voilà
du sérieux; vite que le Ministre des affaires
étrangères soit , mandé, .pour tranquilliser nos
Majestés .... Les Ministres , reprend sire Lacroix \
Oh! ne m'en parlez pas, ils nous trompent, &
s'ils ; aé.M août soigneusement .guettés , la Nation
est toroiue , .... . Fi! fi 1 fi ! crie-t-on dq toutes
parts, éloignons ces sinistres présages; parlons
des passeports. Que celui qui en prendra sous un
faux nom soit incarcéré pendant un an , dit Sire
Thuriot. — Votre motion , répond son collègue
Vergniaux , n'a point le sens commun , quod sic
proho : changer de nom n'est pas un délit ; celui
qui en change ne peut dope, être pttnj Ar
gument in balordo , répliquent les Rois Grange-
neuve §L Lamarquei, Bref', il est défendu de se
débaptiser à peine de prison , qui ne pourra être
moindre de trois mois1 ni 'excéder une année.—
Enfin sire Koch tenant3daos,se.s. .mains les balances
< *75 )
"diplomatiques , monte à la tribune , y pèse les dfâki
des Princes pos:essionés en Alsace , et conclut,
au nom du Comité , qu'il faut négocier avec eux
pour leurs- indemnités. — Le Président fait lire
une pétition du fîeur Créqui , se disant Bourbon*
Montmorency . . . .J'ai passé, dit-il, ma vie dans
des maisons ~de force, donnez-moi de quoi vivre ;
■je suis à la porte de ■ la salle avec une escorte
de 60 personnes & si l'on me refuse, je fais pendre
tous les ministériels en effigie ; je ne réponds même
pas qu'on n'en pende aujourd'hui quelqu'un en
propre original.
Sire Grangeneuve , a sollicité pour le pétition
naire , un brevet de folie & l'on est passé^ l'ordce
du jour. Le Comité de marine s'est mis le soir aux
trousses de M. de Bertrand , ministre irréprochable
& par cela seul digne des honneurs de la persécution.
Sire Grangeneuve , après avoir déployé sou élo
quence jacobite pour créer des crimes au Ministre,
ajoute, que si l'aréopage le déclare innocent, le
. Ces
mots séditieux excitent l'indignation & l'horreur;
un brouhaha affreux interrompt l'orateur forcené. .
A l'abbaye, à l'abbaye,crie-t'on,d'un certain côté. .
Le Jacobin est rappellé à l'ordre. Le roi Quatremer,
pulvérise son discours , rend hommage au Ministre
méchamment inculpé & termine ses sages réflexions
par ces paroles mémorables. « L'Assemblée doit
craindre que les Comités ne deviennent des Bu-
' -BEAUX- D'INTRIGUES , & que donnant dans des
IDKES PERVERSES , ils ne servent des HOMMES
NON MOINS PERVERS. — Il est enfin décrété,
qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer sur la proposi
tion d'accuser M. de Bertrand , ainsi que sur celle
de déclarer qu'il avoit perdu la confiance de la
Nation , dont jamais Ministre ne fut plus digne.
Les ennemis de M. de Bertrand, ne te sont point
tenus pour battus &. ils ont renouvellé à la séance
du -2 'fetifs cris de rage. Si l'Assemblée, ont ils
dit , a déclaré le Ministre innocent , elle a néan
moins le droit de pré enter au Roi des observations
motivées sur la conduite de ce Ministre. Cette
proposition , combattue par Sires Ducastel &.
Goujon a été adoptée. Lereste de la séance n'offr*
rien qui mérite de fixer l'attention de nos Lecteurs;
Un disciple d'Hypocrate , peu achalandé sans
doute dans la Capitale , offre à nos Monarques ,
dans la Séance du 3 , d'aller expédier gratis ,tous
les malades de l'armée, & de payer tous les
six mois 100 liv. pour les frais de la guerre ,
gratis aussi sans doute. .— Décret qui ordonne
que l'adresse du Docteur Purgon sera mise en
décoct^pn dans le procès-verbal & son offre médico-
civique renvoyé au Comité de médecine Nationale.
57 Soldats du régiment d'Aunis , jugés & flétris
injustement , disent-ils , demandent à l'Assemblée
la restitution de leur état & de leur honneur qui
leur a été volé par des Aristocrates. A ce m©t,
les voilà accueillis & admis à la séance. Sous
l'ancien régime on leur eût dit : M M. jusqu'à ce
qu'un jugement légal vous ait absous d'une flé
trissure légale , vous êtes censés conpables aux
yeux de la Loi; mais on n'y va pas de si près
aujourd'hui. — La mort vient de haper le roi
Cennii , mort philosophiquement comme il avoit
vécu. L'aréopage pousse un douloureux soupir
& décrète que 24 monarques assisteront aux
obsèques du feii roi.
— L'illustre Condorcet, propose de dépouiller
Louis X VI du droit que la Constitution lui donne
de nommer les Commissaires de la trésorerie Se
de les faire nommer par le Peuple. — Cette pro
position est applaudie & ajournée. — Les liabi-
tans de la ville de Chartres & des environs, fatigués
de voir les billets patriotiques ou de confiance
substitués au numéraire, menacent de se soulever,
si sur-le-champ on n'envoyé des fonds à Chartres
pour les changer à bureau ouvert coutre les billets.,
Renvoyé au Comité, des finances.
3*°î 12.

LA ROCAMB0LE,

JOURNAL DES HONNÊTES GEN5 ,

Rédigé par Dom Ré tu s Akti-Jacominvs

« Une Foi , une Loi , un Roi ».


i -, fa.j - jj c • ' '
Du Jeudi o Février 1792.

' '.; HISTOIRE


Curieuse & véritable du vénérable Frère PlERllB
An toi NE Ba k t HE L E , surnomme
ÀNTONEL , ci-devant Maire d'Arl ... .
Chevalier de l'Ordre de Ravaillac , Cartouche,'
des Camisards , & l'un des Rois TIT4NS
de la ' seconde racei \ ' '

E ne sont point des fables que je vais mettre en


iè'ré., car j'écris suf des pièces authentiques &
originales. Mon héros, a d'ailleurs fait trop de
Tome III. année itou 1
( «8 )
bruit parmiles Sans-Culottes & les Matadors delà,
révolution , pour qu'on puisse révoquer en doute
le moindre trait de son histoire.
- Avant -d'entrer en matière , il est bon de re
marquer ,. avec les historiens & les philosophes de
ttnisles temps, que la naissance des grands hommes
est presque toujours annoncée par des phénomènes"
surnat urels.
Pierre-Antoine BARTHELE... , surnommé
AJNTONEL naquit â Arl. : . : en Provencey
et sa naissance ne fut pas moins étonnante que celle
de Robert le Diable. Toutes les Fées y assistèrent,
mais il étoit réservé aux Euménidçs de douer
cet enfant extraordinaire. Alecta lui donna l'élo
quence & la bravoure de Thersite ; Mégère y
ajouta l'humanité de Néron , la politique de Ma
chiavel , & la loyauté de Desrues. Sois , lui dit
Tysiphone , l'apôtre de l'impiété & de la dis
corde ; poursuis ta brillante carrière ; tu n'as-
qu'une chute à redouter, et elle ne t'empêchera
pas de parvenir à la souveraineté qui t'attend
dans un manège.
Elle dit : soudain la foudre éclate dans lesi
airs; le plafond de l'Olympe s'entrouvre , une
lumière éclatante éblouit l'assemblée ; la Déesse
Thémis paroît sur un char fuperbe, traîné par
deux lions. Ses mains tiennent une balance dans
uff parfait" équlibre. Elle adresse ces mots ,à la
troupe étonnée : « vous appréhendez une chute
dangereuse pour l'enfant dé vos espérances ', mais
rassurez-vous , cela me regarde , & voici ce qui
doit le retenir, p Aussitôteile tire une corde qu'elle
jette sur 'l'enfant O prodige ' la
corde s'attache d'elle-même au coù du poupon ,
&. les Fées disparoissent en poussant des cris
.horribles.
C'est ainsi que par des prodiges inouis , la
haute destinée d'ANTONEL. . . fut annoncé. . . .
X i?'9 ) *
lié crpîroît-oh cependant î Cet enfant àdmîrabié
Vécut long-temps inconnu. Enfin il entra ai»
iservice dans le Régiment à'Aunis) mais ce n'étoit
pas là qu'il devoit s'illustrer ; &. il quitta ce
Corps. Déjà il avôit fait ses preuves de phi-
ïosophisme ; on le régardôit cômmé un fou ,
parcequ'il se pronienoit là nuit çômme les re-
venans avec Un linge crasseux sur la tête, &
X[\x"û préféroi't pour cela les bords des précipices ,
tarît il est vrai que les^grands hommes ont toujours
quelque manie particulière qui lés distingué du
Vulgaire. Enfin ia révolution vint le tirer de sa
profonde léthargie , pour l'élever jusqu'au dernier
échelon de la grandeur, Somdain il déploya son
éloquence , prêcha le système républicîin , fit sa
cour aux protestans & en obtint la Mairie d'Ar.....
le Gouvernement du Contrat Venaissin ; & l'ins»
pectioh générale de l'armée des braves brigands
d'Avignon , ce qui lui valut un diamant de grand
pr'nc , volé à une Eglise , l'amitié du Journaliste
Tournai dt Mainvielle & de l'illustre Jvurdàn
coupe-tête. Enfin , comme les filles de VAchérott
l'a'Voient prédit ; il siège maintenant parmi les Roi*
du Manège.
Mais quelle est donc cette chute dont le collier
dé Thémis doit le garantir! Il faut attsndr*
juqu'au bout , car il est écrit :
Finis côronàt bpûs.

;NÔtJVEtLËS POLITIQUES.
RoME. i 8 janvier 1792. — Les Feuillass ne sont
p!ts moins le; ennemis de l'Eglise, que les Jacobins j
les plus basses manœuvres ne leur coûtent rien pour
mettre les Etats du saint-Siége en insurrection. U
est prouvé que ce sont les Feuillans & non les
Jacobins qui ont occasionné les" troubles qui Sont
arrivés daas 1» YiUe de Fano, I>«t Chefs de»
Emeutes sont arrêtés ; mais la fuite a sauvé le
Mpteur du désordre. Ce Moteur est un Prélat
de. la trempe dei'ex-Éwque d'Au.'. . Cet homme,
indigne du Ministère Sacerdotal , étoit en rela
tion avec les Révolutionnaires de France qui
gouvernent maintenant ce Royaume au nom du
Roi. Ah ! cela feul doit suffire pour démontrer
la captivké du fils aîné de l'Eglise.
Berlin, 2^ Janvier — Si les basses intrigues
du Manège de France ne réussissent pas mieux
au, cabinet de Vienne & à la Diète de Ratisbonne
qu/auprès du Roi Prusse, vos Factieux n'ont
qu'un parti à prendre, qui consiste à choisir l'en
droit le plus profond de la rivière , s'y préci
piter, & jt rester tranquilles jusqu'à ce que le
Diable vienne les y chercher. Ce parti est
violent, j'en conviens; mais si vous consultez
M. de Ségur , il vous dira franchement qu'il n'y
en a pas d'autre. Cet Ambassadeur constitutionnel
s'étoit vanté de débaucher plusieurs. Régimens
Prussiens , & de gagner la Cour de Berlin , pour
îa révolution , en distribuant dè l'argentaux Cour
tisans & aux Soldats, comme on distribue des
^assignats aux Sar.s-Culottes de Paris. Il comptoit
beaucoup aussi sur une Dame qui jouit d'un
trè-i-grand crédit à la cour. A l'égard du Prince-
Ministre , il nefalloit, disoit-il , que des flagor
neries pour en être maître , & M. de Segur
avouoit qu'il h étoit pas avare de cette monnoie.
Quel dommage que cette belle mandeuvre n'ait
pas réussi î elle eut immortalisé son auteur et
l'eut placé à côté de Sinon. CO Malheureuse
ment la princesse d'Orange en connoissoit le plan»

(1) Espion Grec qui fut cause de la prise tic Troie,


par le conseil qu'il donna d'introduire le Cheval de
bois dans la ville. . , ■_
C )
et Favoit communiqué au Roi avant l'arrivée de
l'envoyé révolutionnaire. Aussi fut-il reçu de Sa
Majesté comme il le méritoit , ce qui n'est pas
peu dire.
Le Roi fit prévenir la Reine de ne point
parler à l'Ambassadeur Français, et elle répon
dit que jamais ordre ne serait exécuté avec plus de
plaisir. En conséquence , elle ne fit pas atten
tion à lui. Un Courtisan , sans doute gagné , ayant
voulu faire obferver à la Reine, que M. de
Ségur étoit en sa présence ; je le sais bien \ ré-
pondit-eile , il ne devrait pas être ici.
S'étant ensuite présenté devant le Roi , il fut
encore plus humilié , & le pauvre Ministre en
fut si navré, qu'étant rentré chez lui, il se donr.a
trois coups de couteau qui dévoient lui percer le
cœur ; mais l'étonnement cesse quand on sait que
de tels hommes n'en ont point , c'est ce qui lui
a sauvé la vie. A quelque chose , comme on voit ,
malheur est bon.
Plusieurs autres annoncent que les Princes du
Sang des Bourbons reçoivent des secours d'argent
de toutes les puissances ; que tous les Gentils
hommes Français qui étoient en Allemagne sont
partis pour se rendre à l'armée des Princes , &.
que l'Empereur fait marcher vers le Rlùn uu
renfort de vingt-deux mille hommes : en un
mot , que toutes les forces de l'Europe vont fondre
sur la France & accabler les traîtres qui la tiennent
asservie sous le joug le plus triste et le, plus
humiliant.

Thermomètre de Paris.
On sait avec quelle fureur les Protesfans du
midi s'agitent pour l'exécution des plans destruc-
leurs quejeur a laissés l'homicide Rab. . . . avant
son départ pour l'Angleterre. On sait que le sang
c c tï«^ >

des Catholiques a été versé dans les Ce'vènés , &


que leurs bourreaux ne sont pas moins: avides de
celui des Citoyens d'Arles. i.es Calvinistes de la
Capitale , quoique moins connus , ne sont pas
<noins féroces. C'est , un grand tourment pour
eux , que les vertus de Louis XVI , parceque
voulant détruire le Trône comme ils ont renversé
l'Autel , ils voient que ce Msnarque ne donne
aucune prise à leurs desseins pervers, ils voient
qu ilsn'ont d'autres ressources que dans la calomnie;
mais cette arme meurtrière qu'ils emploient , de
concert avec les Jacobins, n'en impose plus au
Peuple , quand on la dirige contre le Roi. Lts Col
lectes ne réussissent pas mieux & les épuisent
davantage , car les SansrCulottes , intimidés.par la
Garde Nationale, se contentent de prendre l'argent
qu'on leur donne, & vont au Cabaret s'enivrer
copieusement sans songer ni aux Protestons , ni
aux Jacobins , ni au saint devoir qui leur çst
imposé.
Il importe cependant aux Factieux, d'immoler
de tems à autre quelqu'innocente victime po«r
entretenir Iç feu patriotique qui commence à
s'éteindre. Eh quoi l le jacobinisme seroit-
il en défaut ï Non , pourvu qu'il puisse intercep
ter les lettres de ceux qu'il hait ou qu'il crainj.
Quel est ce Ministre qui a dit, que dans l'écrit
le plus innocent il trouveroit des raisons pour
en perdre l'auteur ? Croit-on que les Jacobins
soient -moins habiles l Seroit-ce pour cela que
M. Pet.... . a fait réclamer au bureau de la
Poste restante , deux lettres adressées à un Par
ticulier de Brest , que le Commis a refusé de.
livrer d'abord à un Secrétaire de la Municipalité
$i ensuite, à un Juge, de Paix . ' ;
Où en sommes-nous , grands Dieux ! si ceux
qui sont préposas pour maintenir, l'ordre gubljc
, ( »*3' )
' en violent les loix protectrices , & que le peuple
«st malheureux , lorsqu'un pareil délit se commet
sous ses yeux , & que la loi reste muette.

SABBATS JACOB1TES.,
Des ier. 6" 2 Février.
Sous- la clochette de Frères GuADET &
Broussouet. . ,-
-' . . , *
Une grande vérité est échappée au Révérendis-
sime Manuel , dans le Sabbat du 30 Janvier , c'est
que notre Constitution n'est pas la meilleure du
monde , ( voilà ce qu'on appelle lénifier le mot )
mais le cher Frère s'en console, à l'aspecl des
salutaires malheurs qu'elle fait fondre sur nous ,
& qui formeront la Nation ; il sait que la vertu
s'épure dans le creuset^ de l'adversité , & pour
placer les Français dans le périgée du bonheur,
Frère Manuel les invite à envoyer faire sucre
tous les accapareurs de cette denrée , comme
firent les Myladis de Londres il ya. quelques années,
et à s'en sevrer entièrement. Manibus et pedibus
descendo in tuam sententiam, s'écrie frère Louvet ,
oui docte Manuel , comme vous ie contiens qu'un
peuple ne peut être vraiment libre en mangeant
du sucre. Que ceux qui le vendent et ceux qui
en achètent s'aillent donc faire sucre au gré de
vos désirs. C'est ainsi que les Anglais traitèrent les
Américains qui vouloient leur vendre du thé , trop
chèrement: ils renoncèrent à cette boiflbn , 'et sans
ce généreux sacrifice , c'en étoit fait de leur liberté,
- ils ramperaient aujourd'hui sous le plus affreux
déspotisme. Nos femmes mêmes , poursuit le véné
rable frère , qui aiment a(fez les douceurs , renon
ceront volontiers à celle du sucre , en faveur de la
- liberté ; eh! que ne souffriroient-eiles pas pour être
( )
libre?? N'ont- elles pas déjà donné leurs bijoux, cîe
- grand coeur! Jurons donc Fratres, jurons de renon
cer au sucre , jusqu'à ce que le pauvre peuple ,
que nous aimons tant , puiue l'acheter à ao sous la .
livre. Tous les frères se lèvent à l'instant, et con-
«eritent , que !e Diable les emporte avant le temps
fixé, s'ils usent désormais de sucre. Les habitués
des tribunes, payés pour hurler avec les loups, font
auffi le même serment, et l'on décrète à cul-levé,
que la délibération anti-sucrée sera imprimée , affi
chée sur le; murs de Paris , pour y capter l'admira
tion de ce peuple falot, affez. simple pour croire
aux vertus des Jaquets et à leur amour pour
lui. — L'illustrissime Thcroigne de Méri~
court s'est enfin livrée aux pétulans désirs de la
Jacquerie, «'ans le Sabbat du if. de ce rhois,
& sa grande Histoire a grandement ébahi les
Vénérables Frère?. Perchée sur les Tribunes aux
harangères , l'héroïne de, l'expédition des 5 Sc-.6
Octobre y a dégoisé l'iliade des persécutions
qu'elle à essuyées dans les Etats de l'aristocrate
Léopoîd , cù un décret au corps lancé contre
elle par le Châtelet de Paris l'avoit forcée de
82 réfugier. Emprisonnée par ordre du Despote
Germanique , ses Geôliers lui ont fait boire*
jusqu'à la lie, le calice de la tyrannie ; mai
l'infortunée victime du despotisme Allemands.
; va s'en venger par une diatribe brûlante, qui
.fera trembler Léopold sur son trône, &. sécher
de frayeur les Anti-rJacoquins. — Le Président
'du Sabbat a complimenté la chère Théroigne à
peu-près dans ces termes : Celebenima Signora,
astre brillant de la révolution; vrai Prototype
de patriotisme , Citoyenne immortelle & digne du
Panthéon ;. vous connoissez mieux qu'une auUe
le tendre intérêt que nous prenons aux souffrances
des Apôtres & des Martyrs de la Révolution ;
votre amour pour elle est un titre certain à notre
( i85 ) . %
estime. Ah ! toutes les fois qu'une Grâce comme
vous s'offrira à nos regards, bariolée des vertus
civiques, elle excitera notre enthousiasme y &.
nous fera tourner la tête. Allez , étoile polaire
de Targinette , courageuse Jacquette ; allez ,
parcourez foutes les Ja; uquinières de la France',
& racontez-leur, comme vous venea de le faire
ici , tout ce que vous avez dit & souffert pour notre
sainte Liberté. — Qu'ils éroferit bêtes nos Pères ,
interrompt ie ga!ai',tMa/ti«i,de mettre en problème,
si les femmes avoient une amè T(t) Un doute
aussi saugrenu étoit bien digne du siècle de
l'esclavage ! S'ils avoient savouré comme nous le
miel de la liberté , ijs auroient sçu qu'il est
aussi facile à la Nature de créer des Porcie que
des Scôvola , & la première Amazone de îa Li
berté , ici présente, en est la preuve. Je demande
que, Présidente de son sexe, elle siegv , aujourd'hui,
côte à côte de notre Président. Et à l'instant notre
héroïne se met à califourchon sur le trône de*
Jacquets, qui s'écrient en Chorus.
Ali! le beau couple qu= voilà c là , là!.
— Arrive le Révérend Bannier , qui, d'un ton
larmoyant , dit : Frères , suspendez ce bruyant
bavardage , lors du massacre du Cliamp-de-Mars ,
im des Héros de cette journée y fut écharpé pour
la cause de la liberté ; vous le vites tout ensan
glanté au bas de cette tribune, & vous jurâtes
de ne point l'abandonner. Le pauvre hère, «s- *
tropié , sans pain , ni feu ni lieu , réclame l'effet
de vos promesses. ... Le voici en propre origi
nal ne variemr. Ha ha ha ! hi hi hi l s'écrient en
sanglottant les Pères du Sabbat, et ceux qui ont
« ■ ■—1—. •> ■ 1 'i
(i) L'Orateur n'eotend parler sans doute que dos
dignes pères de la Race Jacobltê.
( t86 )
. des culottes y cherchent de quoi secourir le mal
heureux Athlète du' Champ de Mars. Voici venir
ensuite l'énerguméne Carra , qui vomit contre
le Roi , la Reine , les Ministres , l'Empereur Se
tous les gens de bien , un torrent de calomnies &
de blafphêmes , bien dignes de son ame scélérate.
Jïous nous garderons bien de souiller nos feuilles
du détail de ces excécrables horreurs. — Frère
lé Gendre déplore, dans le Sabbat du a, 1©
triomphe du vertueux Ministre de la Marine ,
et la honte des Jacquets vaincus par les bons
Citoyens. Qu'ils ne s'y trompent pas , poursuit
le forcené, si les amis de la Constitution & de
la liberté mettent une fois le glaive à la main,
ils ne U remettront dans le fourreau qu'après avoir
vaincu , £• le temps n'est peut-être pas loin , où ils
prendront cette décision, . . . Il faut que la foudre
de la Liberté éclaire l'univers et renverse les trônes
qui ont foulé les Peuples. Ainsi donc , ce Canni
bale ne cesse de prêcher dans leur infernal re
paire ,1e régicide , l'incendie , le carnage , & d'in*
timider,par la terreur, les nombreux ennemis de
leurs attentats.
Mais qu'ils sacbtnt , à leur tour , que le peuple
si long-temps trompé, si long-temps victime dè
leur bipoci isie , commence à ne plus voir en eux
que des factieux , mille fois plus redoutables que
ces despotes , qu'ils ne cherchent à. renverser de
leurs trônes , que pour s'y affeoir însoiammenr et
écraser ensuite ce même peuple sous le poids de
leur tirannique domination. Le reste du Sabbat
9 été consacré à discuter si l'on ne dénoncerait
point les Rois du Manège qui ont voté en fa
veur du Ministre de la Marine , & il a été arrêté ,
sur la motion de Frère Dubois décraffé , que la
liste des ministériels & des anti-ministéiiels, qu'il
a faite lui-même , serait imprimée &. envoyée à
toutes les Jacoquiniéres de France,— Le Sabbat
: ( **7)
t'eft enfin terminé par le récit qu'a fait à sa
manière, le vénérable SYLLERI , du suicide rare
de M. de Segur , Ambaffadeur National en Prusse,
qui,pendant quelque^ minutes,n'avoit pas.crudevoir
survivre au mépris marqué du Monarque Prussien
& de la Reine. L'auguste frère a très-Jaçobini-
quement observé , que le Roi de Pruffe ne se
montreroit pas aujpi insolent envers les Àtnbas*
sadeurs Français, s'il ne se sentoit appuyé par
la cour djes Tuilleries. Nous ignorons qgel est
îe point d'appui <J'un langage aussi impudent,

MÉLANGES.
FABLE, ■ \
Le Renard et le Poulailler.
On conte que certain Renard ,
Non pas de ceux qui vivent au hasard 4
Dont la chétive destinée
Est de viyre au jour la journée,
Et souvent de mourir tle faimj
Mais un Renard beaucoup plus fin ,
Tel que pour leurs grandes affaires
En ont par fois député ses confrtres.
Aussi la Chronique pre'tend
Qu'il e'toit Gascon ou Normand.
Celui-ci donc , d'une ménagerie
' Trouvant ouvert le volet ,
S'y glisse finement, & l'animal adroit
Fit tant par sa flagornerie,.
Son ton insinuant > son air de pruderie ,
Qu'il obtint d'être écouté
Par la volaille imprudente.
Le voilà donc qui prône à ce Peuple hébété
( >8) )
, ' : Les charmes de la Liberté. >
Nous admirons , dit-il , cette humeur pStiente>
Qui vous l'a fait sacrifier ,
îour quelques grains de mil , ou d'orge
Que vous jette sur son fumier
Un fier Tyran qui bientôt vous égorge.
Tandis qu'il en est temps encor ,
Prenez un généreux essor-;
Fuyez , sortez de ces maudites cages
Et venez avec les oiseaux ,
Vos semblables et nos égaux ,
Respirer l'air des verts bocages.
Là , vous ne trouverez ni guichets, ni barreaux ;
Point de gêne, point de contrainte:
Sur-tout point de ces estafiers,
Que l'on appelle cuisiniers ,
Et que vous ne pouvez envisager sans crainte.
Remarquez que ce Peuple étoit content, heureux
Heureux autant que peuvent l'être ,
Dans ces bas lieux- .
Des animaux que le souverain être
M'a pas créés pour l'immortalité.
Mais l'amour de la liberté ,
L'attrait des maximes nouvelles
Que débite avec art l'orateur captieux,
Et l'ennui d'être bien , 8c l'espoir d'être mieux ;
Peut-être encore l'ire des Dieux,
Echauffe tellement ces mobiles cervelles;
Que tous criant, battant des ailes .
Sans aller seulement aux voix ,
Avec leur Patelin s'enfuirent dans les bois *
Les Dindons faisant l'avant-garde
Arec leurs frères les oisons.
( iV)
Qui contre l'orateur se tenant moins* en garde ,
A voient plus sottement écouté ses raisons.
Mais à peine arrivés au pays de franchise ,
Ces pauvres animaux surpris
De se voir entourés d'un inonde d'ennemis,
Sans Gardiens Se sans Patrons,
Périrent tous dans la même journée ,
Victimes des Renards gloutons , : ■ '
De la Belette & des Entérinons ;
Déplorant, mais trop tard, leur triste destinée;
Et regrettant d'avoir , contre toute raison ,
D'un Novateur perfide écouté la leçon.
" é ' < ■
• r *
Soyons ce que nous devons être :
Maître, celui que le ciel a fait Maître ;
Gros Jean , celui qu'il a fait un Gros Jean;
C'est le moyen- que chacun soit content.
• LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois»


Stances des 4 £»• 5 Février.
Jamais Guenon n'a inspiré autant d'amour d'un
côté , & de haine dé l'autre», que le fait la pauvre
Targinette ; la Municipalité de Brest , follement
éprise de cette laideron , après avoir annoncé
l'évasion de tous les Officiers de la Marine, &.
la crainte qu'elle a des ennemis intérieurs , écrit
à nos Monarques , que s'il faut périr, son dernier
cris sera : Targinette où la mort ! — Les Officiers
de Rochefort ont aussi abandonné leur poste.—
Le Ministre de la Justice instruit l'aréopage que
Louis XVI l'a chargé d'écrire à tbus îes.Dépar-
temens pour faire cesser les troubles religieux/
( 190 ) >
Maîâ ën vôïcî de bien plus conséqnens. Urié 8e*
putation dn Manège est envoyée au Roi, & un
Huissier vde la Chambre a refusé d'ouvrir les de'ux
battans. Piqiïés de cette insolence , nos Roitelets
se fâchent refusent d'entrer ; le Ministre de la
Justicé accourt , leur apprend que les deux battans
ne sont onyerts què pour une députation de
soixante Rois ; il se retirent , & de retour ,
sire Labergcrie réclame une loi , qui apprenne
au pouvoir exécutif à traiter congruntent le
législatif , et vu que rien n'est plus instant , voilà
le Comité chargé de faire un rapport à simple &
double battant. Puis, pour së venger de la Morgue
' Royale , vient un bon décret qui .déclaré n'y avoir
lieu de délibérer sur [la demande faite par Sa
Majesté d'une augmentation d'Officiers généraux;
•— Le Roi tfOrisy fait un rapport sur la fabrication,
des assignats de 25 & de 10 livres v, qui, d'après
la luprême décision du Comité des assignats,
corroborée par celle de tous les artistes de France
& de l'Académie, des' s'ciericeS , ne. peuvént être
contrefaits ; pour rendre cette ineptie plus
croyable , et. sur-tout, impraticable t le très-adroit
rappporteur proclame , par le menu , la formë
de ces assignats, et elle est adoptée. Ce n'est là
qu'une balourdise ordinaire; mais en voici une
nouvelle qu'pn pourroit qualifier autrement. Pouf
décrier la monnoie Monner'on , on a imaginé que
les pièces de deux sols sont creuses, & contien
nent chacune un double louis en or. C'est ainsi,
a dit l'auguste Èa lire , qu'on vient de faire paffer'
six millions aux Emigrés. Une boîte remplie de
cette monnoie a été portée au Comité inquisitoria'l ,
qui a trouvé un double louis dans chaque pièce ;
on en a même arrêté plusieurs tonneaux a Valent '
ciennes. Peut-on affronter ainsi la crédulité' po
pulaire l Sire-— :Gorgûeràu a fait, danJ la séance
pu soir, sôfl rapport sur la pétition " présentas
( 19* )
àu Roi par le directoire de Paris , pour le prlef
d'apposer son Veto sur l'atroce décret relatif aux
troubles Religieox.Cette pétition, a-t-il dit, censure
votre décret , mais tout Citoyen a le droit de cen
surer les ■ actes des autorités constituées. Distin
guant ensuite les pétitions constitutionnelles des
paillions illégales , l'orateur cite celle du dépar
tement de la Correze, la plus factieuse , la plus
insensée qui fut jamais. Votre décret sur les prêtres,
écrivoient les Jacobins qui l'ont dressée , a été
paralysé par le VETO du Roi ; hé\ bien, le sou-
verain le sanctionne , il sera exécuté. Dans
peu l'on verra si le caprice d'un homme doit ré
gir un Etat, &.c. — Des Citoyens de la section
de l'Arsenal poursuit le Rapporteur, ont traité
à la barre les membres du Directoire , de traîtres t
de scèléjrats ... Ils le sont en effet , crie un Mo
narque forcené. — Le Rapporteur se récrie contre
une insolence aussi barbare , & ajoute : vous
avf{ peut-être cru que toute la capitale e'toit in
dignée contre les membres du Directoire. Ehbien!
si l'on rassemble les signatures de tous ceux qui
les ont dénoncés , il ne s'en trouve pas QUINZE
CENS. Cette vérité constante excite un brouhaha.
abominable. Les Fanatiques , les Factieux hurlent
en vrais Démoniaques , & le Président ne peut
parvenir à faire cesser cet horrible sabbat , qu'en
levant laséance àune heuredumatin. Onapprend
à la séance du 5 que les Pandoures de la liberté
se sont livrés au plus saint des devoirs dans le
District de Figeac. Les Châteaux y sont incendiés,
les villages pillés ; l'examen de ces exploits pa
triotiques est renvoyé aux Comités de législation ,
de surveillance , & au pouvoir exécutif. — La
Nation souveraine du département de la Dor-
dagtte refuse de payer les . impôts , & voilà
qu'aussitôt une Majesté législative accuse le» ^
Prêtres aon-jûreiirs de provoquer çe refus. Le
llS V. • î >'•','* \à\iv*V.* . ■ ** i »,J»
sieur Ponta ri, Evéque intrus, vient au secouf*
du roitelet, et déclare qu'on lui écrit de toutes
les contrées du Royaume pour le preifer de dénon
ce/ les perfides complots que trament de toutes
paris les Prêtres hypocrite?. Un troisième Mo-
r.arque demande que le Ministre de l'intérieur
soit mandé à cet égard. Oui, Messieurs , interrompt
sire Vaublanc , qu'il soit appelle ; que le Roi sache,
cjue tout ce qui l'environne le trompe , & que
son Veto sur le décret contre les Prêtres est une
calamité publique. Bravo , s'écrie l'anti-Prêtre
Cambon , et voilà un décret qui mande venir
sur le champ le Miniftre. Bn attendant, l'aréopage
place dan* le fauteuil présidental mons Caritat ,
cirdevai.t Çondorcet , dont il garde le nom ', au
grand scandale des constitutionnel^. Arrive leMi-
nistre , qui promet de donner, sous huitaine, l'état
des subsistances et des troubles du Royaume.—le
comité de législaton présea* , dans la séance du
6. les formules des décrets d'accusation, contre
les Princes Français , contre MM. Laqueui'dc et
Caiojinc , et lesoiîcicrs du vingtième régiment. Le ■
tout est adopté , nemine disçrepante , sire Thieriot ,
rend compte defaccueil fait la veille à la députa- *
tion envoyée au î$oi -, elle a été, dit-il, reçue dan*
unie elpece d'office ; onn'a ouvert qu'un barrant le*
les Commissaires se sont fâches ; le Ministr*
est venu, mais ils- ont constamment refusé d'en-
rendre raison. Bref ils- se sont retirés sans, entrer,
et demandent que l'aréopage prononce sur cestef
irrévérence. Quelques pétulantes Majestés veulent -
que, tous les Minires soient mandés , houspillés ,
et censurés.

On s'abonne au Bun au rue Montmartre N 0 1 1 o , 6 lir


pour 3 moi», — 12 liv. pour six mois — & 24 lh'. pour
un an. franc de port. >; , 1
-"'i^' — 1 .. ;.''gyj;-iiL".i «i"1;1"
~Vë tlmpr'.mérie de JacqVSS GiROUAXD , rut du.
Moût- du-Monde , if°. 47.
Seconde Année

LA ROC AMBOtEv
ou
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉPIGE PAR DOM RÉGItiS AftTI - JACOBINL'S,
f 0 " • 1 ' * . 5. _ .
l'c ' « Vhe Foi, line Lt», uil
' Roi ». ~~
s/.: •.

]m ; Du Dimanche 12 Fe'vûer 179^ ._ .

SECONDE' PARTIE
€*»-*••"» Du Cathéchisme des Royalistes.

tr.L Delà Foi.


Chapitre premier
Du Gouvernement Monarchique*
■ o
^Demande.— Nc-u'est-cé que la Foi ?
Rep. — — La foi 69t une vertu infuse dans l'amé
des Royalistes , par laquelle' ils
r"> 1 " cioyent à la toute puissance royale
et aiu Gouvernement Monarchique,
comme le plus parfait des Gouver-
. . .. nemensVi . .
lîftSïH-*-* Qd'ési^cie- qii'un Gauvèrfiement Mo-
<w*vr. r-v narchiqaej. ^ r, \... , :,,0-
T<3W< JJ/. finfidt i79*«nw.v . 1 . -3Mon ?r" '.>
ïfÉP.^-i =^-C est celui ouTîrPuhsaïicersOltv'erriiTe-;
. appartient à un, seul, qu'on appelle!
Monarque ou Roi; ( ».
H>EM-. —-—Quels sont les attributs de* la s'oTiVe2*'
raineté
REP.-~—jrGes attributs sont la puissants? légîsfc *
lative & la puissance exécutrice.
DêM.-^ — Un Roi à donc le droit de gouveu»
ner les Peuples selon son bon plaisir .*
Rep. — — Non , car il est de l'essence du Mo-
i ■ » • narque de ne régner que par les loi? ,
& de ne pouvoir exiger d'obéissance
■'. . < qu'en vertu des lobe.
Dem. Mais il me semble que tout cela
reyient au même point , puisque vous
faites delà législation une prérogative
royale
Rep. —if* Vous' étés dànfe l'erreur, car qaoiqu'il
; soit, vrai de dire que la législation est
une prérogative, .de . la royauté , il
n'ést pas moins rraî qu'il est impos
sible que lè Monarque puisse enabuser,
pâfceque la loi , pour être obligatoire ,
doit être consentie par t'qus les Ordres
de l'état. Ç'es.t de cette obligation so
lennelle , faite, 6> acceptée librement,
tjue la volonté royale reçoit Un carac
tère sacré, qui la met au-dessus de
foute atteinte légitipje.
DÉltf. —»■— Que résulte-tril de là /
Rep; U Il résulte que le-peuple est heurenr
^par la volonté ,de. son .souverain , Se
, . : . que cette volonté ne peut jamais nuire
â. sa liberté, . «,i

N O U. V:E l LES E Ç>t Vti Q.U


Tout confirme ce que nous *vons avancé
dans nofe feuilles précédentes sur. les préparatifs

idt guerre, qui se font au dehors. Les 'Journalistes»


qui ont le plu? travaillé à tromper le Peuple/
en Lui cachant les dangers- q-ui le menacent , sont
forcés d'en convenir. On lit dans la Gazette des'
FeujilSM v ÇPUûue sonr le àflirflde Gazette uni
verselle , le passage suivant :
" «f Le moment critique est enfin arrivé. A peine
France a-t*-ellé montré quelque énergie aux*
yeux - dés Tyrans (i) que vous atez vû le*'
plus/puissans d'entr'eux manifester hautement les
sentiméns qui les dominent. 'L'Auîriehe & la'
Prusse vous ont défié en face ; k Sue'de- & la Russie
se sont- élevées ouvertement contre vous. Les
branches de la Maison de Bourbon ont témoigné
leur boxeur pour le seul mot de Constitution,
te M'inr^tère Anglais , toujours perfide , n'a pas
changé ' lie changera pas de bon gré , à la vue
<S;-jri,e révolution qui dérange- tor-«lement sei
projets, »."'.'.'
' Ëe- Gazetler ajoute , que depuis peu la Coût*
de tyiplcs a fourni deux millions aux Princes
Français , ..&.ç. Sic.
' Jùsqaeï-ià le trempette dès Feuilians & des
Hugfrehoîs' ne fait que raconter ce que tout le
monde. sait.; mais ce n'est pas uniquems-nc pouf
cela que les Factieux- Fpr.t acheté , c'est pour
.servir leurs 'passions criminelles , et il remplit
/cette tâche odieuse, en faisant , dans une lettre
supposée ,' accuser les Piètres non-assermentés
d'agir, de concert avec les aristocrates , pour faire
iii? exécution affreuse.
' Quel infâme, métier ! Mais doit-on s'en
étohiîer ; ûuknd on sait que celui qui le fait s'étoit
- ■ , -■ : : ,
(1) Comme avec irrévérence
) Cp maraud parle des Rois i
•. {fait'&sbdft saura bien eUUier son insolence, _ • ~
Ma
c y
déjà montré l'avocat «les Calvinistes de NismtSj
âprès qu'ils eurent immolé à leur rage fanatique
son propre neveu, jeune homme de la plus belle
espérance» . . '
NOUVELLES INTÉRIEURES,
Le voisinage de la troupe du Vicomte de Mi-*--
rabeau , inquiète beaucoup ( dit-on, ) les Soldat*
Citoyens de Strasbourg , qui prenant les fusée»
pour des bombes & les pétards pour des coupe
de canon, sont souvent dans les plus vives alarmes.
Il faut croire que cet Officier a une singulière
idée de la bravoure de nos Césars, car il ne
cesse de faire tirer des feux d'artifice pour avoir
le plaisir sans doute d'admirer leur courage.
Quoi qu'il en soit , depuis ces espiègleries du
Vicomte , on a doublé les gardes des postes avancés.
Cette précaution ne tranquillise cependant pas le»
jacquet?, pareequ'ils voyent que la majorité des
babitans de Strasbourg est pour le Roi , & que
la Garnison ne bat que d'une aile pour la pauvre
Targinette.
La misère est à son comble dans le Languedoc,
les ouvriers manquent d'ouvrage & de pain ,•. Su
s'y livrent au plus saint des devoirs.
Dans le Limousin , les paysans abandonnent
leurs foyers pour aller jouir dans une terre étran
gère de la liberté d'être honnête homme & de la
Religion qu'on a proscrite de notre malheu
reuse .patrie.
On écrit de Carcassonne que le fleur Bejaucelle,
ÎLvêque intrus de cette Ville, vieux podagre,
qui depuis long-temps a un pied dans la fosse,
ex. ne^peut garder d'y être précipité , fut der
nièrement , engagé par l'Aumonier jureur dés
Sœurs de la Charité , de venir à l'Hôpital donner
la confirmation , & faire faire la première Com-
«unieo aux Enfans. Le Schismatique Prélat,
Vêtant présenté pour cette cérémonie, les Sœurs
de la Charité , trop éclairées pour communiquer
avec l'intrus , refusèrent d'y assister. C'est où
l'Àumonier jureur les attendoit. Ce malheureux
qui n'a cessé de les outrager depuis qu'il est eh
place,les dénonce au département, ameute quelques
Factieux, & le plus scélérat d'entre eux se
charge de fouetter ces Saintes Filles. Il alloit pro
céder à l'exécution , quand tout-à-coup son corps
devient noir comme un charbon, sa langue.de
la même couleur , sort horriblement de sa bouche ;
il mord tous ceux qui l'approchent & meurt dan»
cet horrible état. . ■". i
Un exemple aussi frappant vient d'arriver^
Fauvemey , village près Leuxeuil en Franche-
Comté. Le Curé intrus voulut donner la bénédic-.
tion du Saint-Sacrement le jour de son installation,
que diverses raisons avoient retardée; ma*îs au
moment où ce noavel Osa étendoit la main
pour prendre l'ostensoire , il tomba roide mort
»ur l'autel, ••
Ces deux faits peuvent n 'avoir rien de surna
turel , mais ils peuvent bien aussi annoncer la
suprême justice du Seigneur , & ce ne sont point
les seuls exemples que la Providence ait offert
à la foi des Chrétiens, depuis que l'abomi
nation de la désolation est dans le sanctuaire.
Tandis que la colère céleste se manifeste d'un
côté, sa miséricorde éclate de l'autre d'une manière
consolante. Chaque jour voit des prêtres , des
intrus égarés , rentrer dans Je giron de l'Eglise.
De ce nombre sont MM. le Doux , cirdevant
Vicaire de Bruyères-le-Châtel , Diocèse de Puris%
-—le Curé d'Anchy, les Labasse'e d'Agonin, les
Curé* de Bournainville , de Saint-Aubin de Selon,
Diocèse de Li\ieux , de Saùii-Loup en Vosges,
de Villars , le Vicaire en chef de Remono-t;
Courbin Curé d'itteville , diocèse de Sens i
I

M ,)
Matther.Flînt , Qiré de Menil-le-Roi , diqcèfe.de
Chartres, Moufîis, premier" Vicaire àè''Sdini~îftéryt
'JLschesne &. Traîneau, ordonnés par lés Évoqués
*i«trus â'Evreux & a Ângoulcme. Onnç ptut Jîte
"Sans être 'vivement ému , la lettre édifiante de
*'c"es derniers à 'leur véritable Prélat. Ils y dé
florent l'ordination sacrilège qu'ils ont reçus ^
"Se 'déclarent indignes des fonctions du •ministère ,
et se soumettent à foute la rigueur des peines-Can6-
" éiques. Les Curés inîrus de Paroisses de Bailiiert,
de la^gra/tde 'Combe , diocèse "de Béshnron ; de
* Viviers-'les-Offroiçûarr , départent etis de* ''Voîgès*
Sditt-'Jean des Vaux , & de Sauit-Marthixhi
.Tartre y diocèse de Ckâjons , viennent aussi dé
"réjouir l'Eglise par 'leur retour. 1 ,
Thermomètre de Pans. • ".*••• ' ,
. . ; ■
. .; Une agitation idçs pltis.j'iolentes tojîonente îes-
• Jacobins , les-Fjeuilta,nsJ&. les Calvinistes de la
i .Capitale ; c'est, celle de i' Etna v prstbà-- vqnm--'<%s
torrens de Jave enflammée. Les iioijnètas %eei ,
-*E jRôi sùr-tout'-.SQnt menâtes des. plus affrêuses
j exécutions. On fqcge des piques dans: presque
: tous les. quartier , de Paris ,-•& pour ainsi dire
: sous les yeux de la.Municipalité , sans.que celle-ci
- prenne les moindres mesures pour prévehir les
horribles excès auxq! elsli Jacquerie se prépare ,
i avec des élans de fureurs & de rage , qui devraient
. faire frémir les administrateurs de la chofe pu
blique, si le bonheur public étoit ce qui leur
. tient le plus à ceeur. v
Les Feuillans non-moins dangereux. -que leî
. Jacobins , teeoriùear les vues de leurs riraux par
leurs ralçmieuse> déclamations confrér ies Prêtres
• : noo-asf>ermentés. II. sont, désolés du mauvais -suc
cès de leurs manceuvres au dehors. Ils croyol&nt
faire adopter le système des deux chEmbres, &.
ie ménager par*là un aeccJimîoctement..avec les
Prjnçes , mais. ce-projet a été rejette.; Ce qui. achève
maintenant de les abattre, c'est la bulle d'ex
communication du Chef de TEglise , dont sont
menacés les Prêtres intrus , qui va réduire en
Soudre la Religion constitutionnelle , &. avec:
ile toutes les espérances des factieux^ Amen.

SA BB A TS JAC 0 BIT ES.


Sous la Clochette de Frire BsoussONST. .
Séance s des 3 , J ,6 Fe'vrier * :'
. JacobinorCollot , dit Almanach, a grandement
improuvé au Sabbat du 3 , qu'on eût inséré dans
ïe procès-verbal de la veille , la tragi-comique
avanture de M. de Ségur , à Berlin , qui , comme
jipus l'avons déjà dit, a été très-mal accueilli
far le Roi, & traité avec le plus. grand mépris.
j?ar la Reine, lorsqu'il se présenta à son jeu.
.Quel ^orgueil, s'est écrié Collotl Parceque des
femmes éminemment vicieuses & perfides, en
jjÇmnt ,aux fartes , ,u'ont pas regardé M. Ségur,
yoiià bien ,de quoi se poignarder l Pourquoi cet
^Ambassadeur fait-il, sa çour aux Princesses l Or,
•çomme la caque sent toujours le hareng , le ci-
devant histrion Collpt, ajoute avec dignité, que
. JtSt Ambassadeurs , que la Nation enverra désor
mais , pour éviter pareil échec, ne voient que des
bourgeoises. L'impudent bavardage du frère est
^applaudi comme de raison. -— Arrivent , Clopin-
Çlopant, Dom Ba%ire , surnommé Poupée , parce-
flue son père en vendoit à juste-prix , & capucino-
■jÇhaboi , qui demandent humblement pardon à la
Jaquinaille de ne s'être pas trouvés à l'Assemblée
.Nationale pour y expédier le Ministre de la
.Marine; mais certaine maladie les en a empêchés.
j^Laçho_se est évidente , répond frère le Gendre,
jiotorium est quod se ipse ostendit ; & quand le
^énçrable ,#«2i>f Je révérend CMhçt , vou
■ • * . ( - J<So » ). ■ . . • • '*
flroîent nier le mal qui les crible jusqu'aux es t
Jeur tèint pâle & plombé, leur visage" défait à'A,
soient à un chacun : itnpudéntisswè mentt'untuH
frais, la belle excuse que cette maladie , dont
tpute la Capitale est instruite , dans; une affair*
aifs'si impôrtante que celle du Ministre Bertrand*.
Oui ne peut maicber. s$ traîne , Se si capucino-
Chab'ot ; & Poupée ffdjite .''m'eussent fait savoir
qu'ils étoient déferres dés quatre pieds, je les
aurais portés rnoi-même dans ur.p botte, à l'As-»
semblée Nationale. Rien doit-il arrêter uuPatrjotQ
lorsqu'il est question âe mulcter un Ministre qui
nous déplaît i -4; Cfeuti Chut ! crie ftere^Manuef,
& le forcené, l'audacieux Jacquet, lit une lettre
qu'il vient d'écrire aux Ministres. , bien digne dè
servir de pendant a celle qu'il a eu l'insolencë
d'écrire à son Roi, En voici un petit fragment!.
-~ Le Peuple prévoit la nécessité- bi SE LEVËft
ENCORE U«E FOIS ; s'il st- lève f il ne 'it'àfr
seoira plus que quand tous sés ennemis seront
couchés. Déjà sous ses mains naissent d'és'piquèà.
Bientôt les femmes saufent'dçcoucliér sur des boit*
élier/ Envdin vous 'invo^ue^ la foudre des
Rois -contre tous tes Jacobins' de la France. Lés
Jacobins sàn't ■■ des hommeb'-qui ontjuré de couvrir
de leurs corps ta déclamation -de leurs droits. Frère
Bancal, prononcé un discours non moins séditieux.
Vient enfin une députationdés arrieres-Jacquètédu
faubourg St. Antoine qiie lé président du Sabbat
flagorne à l'ordinaire : — les- Jacobins , lui dit-il,
savent que «i la liberté étoit bannie de tous les
Départements de l'Empire , on la retrouverait aHt
faubourg St. Antoine.'
• Frère Manuel déclare dans le Sabbat du 7;î-qwe
le seul :moyen de pourvoir à la sûreté de Paris,
ç-est d'en abandonner • les rennes au général Rc-
ftspteWé^'i lui* Appelle à la place de procureur
(ig-lji tojHintiûç , -il ne peut «n repplir fa foa*»
Vions parceque ce poste est occupé par M. de la
'Màttmîtri, qui selon -frère Manuel ne sert pas
trop bien la chose publique. Le frater propose
•en conséquence d'aller lui demander sa démis»
«ion pour qu'il puisse .le' remplacer auplnsvîtei
& frété Robespierre appuyé son avis. —:L'énsti"-<
gumène , Carra, dans un interminable discours,
palcah; les sommes que. le Pouvoir exécutif cou-»
sacre 'à séduire les. rois di; manège & les grands
hommes du jour. Pour donnera Ses rêves un air
de vérîté , le ft&er fait aux Sabbatistes lé conte sui».
vnat. ,'.'-:V.s« vri homme que j'avois autrefois
connu , vint .me trouvei- .il- y a six semaines , ma
flatte & me dk: vous êtes connu pour un ami de
l'ordre de J.a.paix, ( quelle imposture!
Oui . * — Efci bien , le Roi. et la Reine , sont dans
les meilleures intentions possibles. — Tantmieuxi
— Voub/.-vousune.place ?•—^Vor. — Oh revient
quelques jours après & l'on me dit : vous êtes an
brave homme., tracez un plan de conduite pour
le Ministre. — Je. iîsbdes nptes, poursuit Carra,
que j^nvoy^LjMpn.n^usçrjt me. fut.rendu bienr
lot flçrjs en , \k, refirent de l'çnvelope , je
trouve urï assignat de .ip'çp livres. :—? Seconde
vis'ief/1Lôn "àsV" me dit-ori très-content de vos
notes , Se si vous Voulez toùs les^moi6 en envoyer
àe paiVities , ôn; vous les remettra de même j
nWft.ftMtô'&éS ajpute-CHjn ,.. un méchant hpmme,
(vérité démontrée. ) .en me. , donnant à entendre
que •j'.éc'rivois toujours. Bref, dit Carra , en jettant
Sur le bureau 'pp assignat de ipeo livres , je dé
pose ce fragment de la liste civile >• priant la.
socfété ^'employer 5<rû livres pour les Gardes-i
Françaises , & 500 livres pour des piques. Je n'en
réclame .qu'une seule pour moi.» Tels sont les
tours .d'adresse de nos Jacquets pour Accréditer
leurs calomnies , , rendre le . Monarque qdiei|X4
perpétuer les trqubjes &' fanarchie , qui spnf
l'unique çlémect de cette secte perverse, *
,-..-« MJÈ. I 4 N GE S. .....
DiSCOURS Me /CiaSff* .à Avw,3$Z.t .p,oar
l" l'engager à conserver l'empire. \ \
Si l'amour du Pays doit ici prévaloir ,
C'est son bien seulement que vousdev?z vouloir} Z
Et cette Liberté qui lui semble si chère
N'e't pour Rome , Seigneur , qu'un bien imaginaire*
Plus nuisible qu'utile , & qui n'approche pas
Pe celui , qu'un bon Prince apporte A ses Etats ,
Avec ordre & raison, les. honneurs il di pense,
Avec discernement punit & récompense,
Et di'-pose de tout en juste ; o sesseur ,
Sans Tien précipiter de peur d'un successeur.
Mais qnand le peuple est maître, on n'ag * ou'én tu-
, multe; ^.
La ,voix de la raison jamais jie .se.. consulte - .
■Les honneurs sont vendus aux plus, ^b tteux ,
L'auteriré livrée aux plus séditieux. ■=»
"Ces petits Souverains qu'il fait pour unfean/ièe,,
"Voyant d'un temps si court lçur puissance toi cee ,
fi.es plus heureux degseins font avorter Je iruit,
Pe f,pe.ur -de Je laisser, â celai qui les suit.
.Connue ils ont peu de. part au bien dont ils ordonnent <
•Dans le champ du public largement ils moissonnent ,
Assurés que chacun leur pardonne aisément,
(Es^>érant à son tour un pareil traitement.
,Ls. pire des Etats c'est l'Ejat populaire,
- ' ((ÇlîUJA, Traged , Acte. II , Scenè).}
-M'g'W
Monseigneur Eet tout fiel et toot absynte ,
-Ne veut pas que de suere on lui croye à .foison.*
Il n'a pas tort, & j'approuve ta plainte.
lté sucre est-il 'donc un' poison ?
Hiszaire/i-e- .la dévolution JFeawfuise.
Le Trône — — _—B—G.
Le Clergé — — _____ p_C—D.
Le Royaume .■— — — — P—?—C.
Le Parlement —r • •—■ — __■'<_-'—C.
Le Peuple .: > E—vB-^kT.,
Les Biens — ; *«— -0—T.
Le Mal y- — — !îr-. . — T.
L'Honneur —- — ojooo.

L A F R AN CE RÉ GX.rIr É E.

E -X P i l.C.A ï I .0 N.
Le Trône renversa. — La Justice à,._as. —tl-ft Loi e
Me Roi de côr<5. —<Le-,ïeu aux quatre .«oins.. — ht
France dans le -,j>lu?Mgranà^ei,«rrft ï. ,\
( *<M )
Le sienr VlLLET . . perroroi*
Et l'auditoire qui bailloit
Enfin lui tourne le derrière :
' Botte Deus ! dit le Frater ,
Ouvrant largement «a paupière ,
L'audkoire a cru m'attraper !
EPIGRAMME dë Jules César Scâeigkk,.
contre la République d' Athènes*
Vutla est , puto , rèspuhUca natiove vert» ,
Cbmmentitia tJtctavèvQgitaifone, * *
Jiut siuthifi *m nequiuâ attieâ. prierai^- '
Jta'consiliis flagitiisque demagogos
Tetris nuvigcrsm excruciassc cerna plebemi
Fecem pelagi turbine turbulentiorem,
Justos opibus , patria et exnisse v/m.
Un Prélat de l'Eglise Catholique de France
trpuve la contre-révolution clairement prédite
dans ces mots ; Gloria in exelsis Dep , &• im
terra pax hominibus bonat voluntatis. Ils sont
composés de 54 lettres, dont 18 forment les
ehifires romains ci après.
M. DCLL. LXXVVV1IIII. II.
1 \7 9 ''V**.
L'on trouve, dans la totalité de ces lettres ,1e*,
pHrases suivantes :
k -Dix-huitième seiécle» .. ;
' Année bissextile ,
Règne de Louis Bourbon XVI»
Contre-révolution ,
* Grande victoire remportée', • ■■<' '
, 1 Assembko Natianiila dissoutes " ■
( *05 >
^.établissement du trône
Couronne rendue au Ro! ;
Triomphe de la religion.
Persécutés Venges, , .
Parlemens rétablis;
La Noblesss rétab'ie ,
Nouvel'* constitution abolie»
. , .' ,'■ ïntfas chassés.
Le Clergé rétabli ,
Arrêt de mort prononcé,
Grands scélérats punis ;
Maison puissante éteinte.
Régénération totale.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois*
Séances des 7,8, #9 Février. Suite di '

Kos Souverains ont décrété > dans la Séance dtt


i que les deux battans des portes de l'apparte**
ïnent du Roi seroient ouvertes aux moindres
"dépurations , &. que le Président du Manège,
"fuivroit jusqu'à un ïora , dans ses lettres au Roi.
le même protocole de Sa Majesté. La Muni
cipalité de Chaly , annonce que la Nation
souveraine de certe ville ne veut point lever le
yéio qu'elle a mis sur une charette chargée d'es
pèces, & destinée pour l'intérieur du Royaume
& ce nonobstant le passeport qu'ont expédié
nos Monarques. Une lettre du département
■du Gers , mande que le désordre y est au
comble. La Municipalité à'Auch avoit fait
fermer deux Eglises où des Prêtres non-sermen-
t§* faisaient l'office. Le Directoire improuve cet
ordre, & le Procureur-Syndic fait ouvrir le»
Eglises. A l'instantMes Fanatiques Officiers de la
Municipalité, se rendent dans la Salle du Di
rectoire, donnent leur démission & se retirent;
les Sans-Culottes prennent parti pour les démis
sionnaires & se portent armés- de bâtons au Di
rectoire , renversent. to«t & blessent le Procureur-
Syndic. Celte insurrection patriotique a été
inhumée ,au Comité de Surveillance. <— Décret
-qui ordonne que la caisse de l'extraordinaire
paiera un à-compte de oi'8 rrfi Wê livrés à -la Ré
publique de Gènes, -sur l'emprunt qui lui a été
fait. On affirme , comme très-cousiant , que nos
augustes ne savent plus de quel bois faire- flèche,
que le déficit de la rentrée clu mois dernier excède
3e beaucoup celui des. précedèns-, & qu'il n'y
a plus dan&la caisse que des assignats de 5 livres.
Sire le Jisne s'est plaint , dans la Séafice du 7,
d'un abns trop vrai'. L'intrigue , a-î-il dix , l^am-
biiicn et l'arrogante ignorance, s'emparent de tout
& remplissent très-mal le"s etupfois Mfciw^ w^*
,s'appi oprieht les salaires. — Le nommé Rovjcr,
J'un des Roitelets , demande que le sieur Brissa %
.chef de. la Maison du Pioi , ou le Ministre-' de
,la Guerre soient tenus de donner l'état no
minatif &. aponillé des individus qui vont conv
. poser la Garde Rdyale. — Décrété, que cet état
sera fourni , non pat Mi le Duc de Brissac , mais
:par le Ministre d.e l'intérieur. — Le Grand Prêtre
-Fauehet annonce qu le Comité inquisitorial , après
.avoir éplûcké le cas du Gentilhomme, à'Alençqn,
■ arrêté à Mprtagne , habillé en; Courrier-, n'a pu
y trouver de quoi le faire guillotiner. D'après cet
.aveu* un décret lui donne la clef des champs.
Cette séance, a été terminée par l'apparition du
Ministre de la Guerre , qui a déjà employé deux
millions sur les vingt quijui.ont été donnés,^
qui ya vite dépenser les autres pour que les choses
(M? y
alllènt'le mieux que faire se pourra; -— Les siëurf
Gale & Labadte , Gardiens des arsenaux & ma**
gasîns de France à Trinqmemale dans l'Inde^
accusés de' dilapidations, & condamnés par corps*
â restituer les effets enlevés, se sont présentés à
la barre , accompagnés par M. Linguet , bénévole
défenseur , pour se plaindre de l'injustice dé
l'arrêt , & de l'ordre qui leur a été donné de reJ
tourrier à leur poste. Le sieur Litiguet, a débufè"
par un saYcasme contre les Ministres de la jùstieé
& de la guerre , & a d'abord étéapplaudi. Mais if
a' si fort ensuite soulevé son auditoire , qu'on lut
a ôté la parole, et qu'il a été forcé de se retirer
& d'abandonner les condamnés qui ont été admis'
aux honneurs de la téance. •— Le fieur Craf','
originaire de Savoie, est aussi venu réclamer la"
rotection de l'Assemblée , contre un arrêr dit
énat dé Chambetfy qui le 1 j Novembre dernier,''
fa condamné a être pendu, & a confisqué ses biens,
pour avoir tenté d'inoculer aux Savoyards le viru»
du patriotisme ; lieutenant dans Un bataillon des
gardes Nationales , il en a été expulsé, dès qu'oit
a été instruit de sa condamnation. L'aréopage in*
digne contre le Sénat de Chamberry & toute la
Savoye , a admis dans son sein l'apôtre éffigié da
J,a liberté On a proposé l'abrogation d'un traité
fait entre le Gouvernement & une compagnie pour"
le transport des convois militaires.
rLe Ministre de la Guerre, ayant offert d'é
clairer la discussion ; sa majesté, le Coinire lui a
répliqué vivement : VAssemblée n'a pas besoin
l'être éclairée par vous, & le bénin Ministre a
très-modestement répondu , qu'il n'avoit pas une
ttllx prétention. ---Dans le nombre des lettres,
lues à la Séance du 8 , on a remarqué celle dë»
commissaires de la trésorerie qiii envoyent l'état
des rentrées du mois de Janvier; il se porté i 2a
millions & la dépense du même mois à 48 mil*"

( *oS )
lions. On voit 4ue le patriotisme, est tfén. tîèdèr
<)ans ce fortuné Reyauihe. L'8fét>page très-em
barrassé des moyens , d« completter l'aimée a
décrété une amnistie, en"îiave'ur de tous les dé
serteurs qui rentreront en rjance dans là présente
année, f Autre lésion def- Décrets , concernant
l'ordre du travail des commissaires delà compta
bilité &c. . . Leur traitement à éîé fixé à 600© liv\
Après une longue & bruyante discussion , nos
monarques ont décrété le 9 , la saisie des biens de1
tous les émigrés, qu'ils ont mis-sous les augustes
mains de la Nation. Voilà qui leur apprendra1
d'avoir quitté cette terre de délices pour aller
vivre dans celle du Despotisme. Cômbièn*plu*
sages ont été ceux ^ qui ont mieux aimé se faire
«gorger , manger par les antropopimgei Nafio-»
naux.fjue de fuir leur tendre Patrie l Le Minisfre
des affaires Etrangères a notifié qaçlsLandgraye d*
Hesse forme un cardon de trempes depuis Saini*'
Maur , jusqu'à Hanaii; mats ce qu'il n'a point dit
& ce dont l'Assemblée est ^a. jiwwùite -, c'est
la marche de quaràafÇ'mille Prussiens fè"tong
«u Viser, soas les ordres du général Félnifc,
On trouve clSei. Mlle Sulân , librairè àu Palais
floyal, Gâteries de bois, N, iaJ. toutes les Ca
ricatures nouvelle», & fa seconde édition de -l'E*
pitre au Pape par le Jacobin Andi ieuX , dont nous
avons parlé dans nos précédées N°*. "l
On trouve chez l'imprimeur ci-dessous, des
txempiaires sépaies du tableau de la France^,

- On- s'abonne au Bureau rue Montmartre < à .Saris ,


N° 219. 6 UV pour 3 reojs, — 12 Uv. pour sixaioisyr-â*
34 liv. pour un an. franc de port. i. ; • '
" De tImprimerie de Jacqvss GiXÔVAàÛ
- .u - ... Bom-du^lond* . N°. 47. ^"^oUi^a
4
' Seconde Année N°. 14

LA ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS*,
Rédigé par Dom R Éaiu s A N t ï J ac o s i w v s

. , « Une Foi , une Loi , un Hoi ». ,


. • ■ ' ■ ' 1 ÎTT ?"*
Du Jeur/i 16 Février 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.
11 1 Lettre de Coklent% , du 5 Février.

C/Na dit, il y a lohg-tems, que îe mode de


contre-révolution le plus désirable , aiiroit été
celui qui se teroit opéré sans secousses ni convul
sions , par le revirement doux et paisible de
l'opinion publique. J'ai cru à la possibilité , j'ai
fresque dit à la certitude de ce changement, que
le caractère français sembloit garantir ; mais
enfin , cette chimère enfantée par l'amour du
bien public , doit aller se perdre dans les contes
des Fées , ou dans les rêveries des mille & une
nuits. Lorsqu'une Nation s'est livrée constament,
Pendant trois longues années , aux crimes les plus
dégoûtans ; lorsque ses élans vers un nouvel ordre
Tome III. année 179a, N
I
« \
(aie )
de choses n'ont fait qu'astester son impuissance
pour le bien , je pense qu'il faut une secousse
violente pour rendre à ces âmes desséchées paf
l'habitude du mal , le ressort d'énergie qui s'est
brisé au milieu des idées de l'égalité & de l'in-<
dépendance* Tout se prépare pour cela. La brillante
croisade , prêchée contre des Factieux régicides,
prend tous les jours un caractère plus imposant.
Un corps de 40 milles Prussiens marche dans
le Biisgavv; l'avant-garde , composée de cinq
mille hommes , y arrive un de ces jours, & cette
armée sera commandée par le Prince de Hohenloé.
Le Duc de Brunsvvic va, dit-on, dans les Pays-Bas
se mettte à la tête des troupes qui s'y rendent ,
& l'on assure que l'Impératrice , craignant que
les hostilités ne commencent avant l'arrivée de
ses soldats, -s'est engagée vis-à-vîs de l'Empereur,
à solder 30 mille hommes. Les troupes Hessoises
ont ordre de se mettre en marche , et le Prince
de Hesse-Cassel , qui doit les commander , a
couché hier à Poparr pour aller les rejoindre.
On a ici la liste des régimens impériaux qui ont
ordre de s'approcher das frontières , et l'on assure
que Samedi au soir il est arrivé de Vienne un
Courier aux Princes , & que dans un transport
de contentement, le Comte d'Artois l'a embrassé.
Vous savez sans doute que M. de Vestphalin,
Ambassadeur de l'Empereur ^ près le cercle du
Bas-Rhin, est ici depuis le ^30 Janvier. 11 réside
ordinairement à Francfort ; mais par égard pour
les Princes , Léopoli lui a ordonné de faire son
séjour à Coblcntf.
Toutes ces nouvelles , et bien d'autres encore,
non moins satisfaisantes , rendent , somme vous
le devez bien penser , lés Royalistes plus attachés
xme jamais à la pureté de leurs principes. L»
mot Monarchien fait ici l'effet de l'eau sur les
fcydrophobes , & je crois réellement qu'un scé
( 211 )
îèfàt > et qui plus est , un décidé Jacobin j seroit
plutôt supporté qu'un hypocrite et cauteleux
Moriarchien. On" sait que c'est aux machinations
perfides de cette secte bâtarde que l'on t'oit les
entraves que nous avons trouvées pour ainsi dire
à chaque pas. Mais en luttant contre l'adversité ,
nous avons prouvé à nos lâches ennemis , que
notre courage est audessus des revers , & que rien
au monde n'est capable de nous faire renoncer
aux généreux desseins que nous avons formés de
sauVer la patrie en brisant les chaînes de notre
Roi. i
> • ■ *
NOUVELLES INTÉRIEURES,
Il seroit bien temps que le Peuple ouvrît les
yeux sur la profondeur de l'abîme où des Fac
tieux l'ont entraîné. La triste expérience de sa
propre misère devroit lui apprendre que l'espoir
d'un bonheur qui n'arrive jamais , n'étoit qu'un
appât grossier pour tromper sa crédulité , & Que
le jour qu'il abattit les murailles de la basille ,
il se frayoit à lui-même le chemin de l'Hôpital.
Et cependant le Peuple continue de se livref
aux plus horribles excès ; il travaille de toutes,
ses forces à rendre son mal incurable. On mande»
de Grenoble, , que les troupes excitées par les
bourgeois , se sont soulevées contre leurs chefs ;
que M. de Choisy y a couru les plus grands
dangers , & que les OiEciers du Régiment de
Soissonnois , pour épargner des crimes pins attret
ces à leurs soldats ont été forcés d'émigrer.
L'émigration est désormais la seule ressource
des honnêtes gens , jusques au retour de l'ordre.
Aussi ; ce n'e6t pas seulement la Noblesse qui
abandonne une terre arrosée du plus pur sang
des Français, l'émigration du Tieri-Etat est dix
fois plus nombreuse , & comme ceux qui s'en vont
c y i
sont presque tous propriétaires , c'e?t un surcroit
d'aliment pour la voracité des tigres du Manège ,
qui > non contents d'avoir dévoré les biens de
l'Eglise , et tari la source des richesses natio
nales , veulent encore s'engraisser des biens des
Propriétaires. Et le Peuple que le crime n'a fait
que rendre plus malheureux , sourit à cet horrible
brigandage , comme s'il devait en recuellir quelque
fruit.
Vas , vas , Peuple insensé , vas faire encore
retentir les Clubs de tes stupides et fanatiques
applaudissemens : vas écouter les leçons barbares
et sanguinaires qu'y débitent ces Démagogues
forpenés dont tu as alimenté lé fol orgueil
par ta présence. Sers encore la fureur de ces loups
dévarans , & finis par en être dévoré toi même.
• Tours , 39 Janvier — Rome idolâtre avoit
pour ses Vestales une sainte vénération , re-
gardoit leur asyle comme racre , en gardoit les
avenues avec ie plus grand soin ; la France
schismatique traite les siennes avec un barbare
mépris, viole leurs retraites, les dépouille de
leurs biens , tourne leurs vertus en dérision sur ses
théâtres , & veut encore les faire servir de jouet
à l'impiété, ouïes exposer aux fureurs de l'anar
chie. Quel autre motjf peut-on donner à l'ordre
donné par les Municipes delà villa de Tours,
aux Religieuses de cette Ville , de se rendre à
la Maison Commune , dans les costumes de leur
ordre , pour y recevoir le certificat de résidence
sans lequel elles ne peuvent recevoir le modique
traitement que la Nation leur restitue ! ou bien ces
Municipes convaincusque ces saintes Fillesne se ré
soudraient pas à violerleur vœu de clôture , a-t-elle
imaginé ce moyen de lès faire mourir de faim l
Dans l'un et l'autre cas, quelle barbarie ! Car
touche du moins laissoit à ceux qu'il voloit de
quoi continuer leur route,- -
( 2I3 )
Qu'on ose nous vanter encordes bienfaits d'une
régénération qui n'offre que des vices plus atroce»
que ceux de ce brigand.
Lyon, jo Janvier. — Le Clergé National est
ici , comme par-tout ailleurs , en opprobre aux
gens de bien, et il ne justifie que trop par ses
mœurs & son hontsux fanatisme ,. la -haine. qu'on
lui porte. C'est à lui que l'on doit l'expulsion de
plusieurs sœurs de l'Hôtel - dieu , dont la plupart
ont vieilli au service des pauvres , qu'on a chassés
presque nues & sans secours, parcequ'elles re-
fusoient d'assister à la messe des Aumôniers
intrus.
Plus loin , & dans un village voisin de la ville
de Beaujeu ,..M, l'abbé Bac ; ci-devant Chanoine
de cette Ville , va dire la Messe ; il venoit de
l'achever & quittoit les ornemens, lorsque douie
scélérats , armés de toutes pièces , entrent dans la
Chapelle , fondent sur lui à coups de sabre &.
le laissent nageant dans son sang. Un Officier
Municipal de ce village étoit à la tête des assassins.
M. Bac, criblé de blessures , a été porté à Lyon »
où l'on espère le rendre à la vie, mais la justice
l'otera-t-elle à ces excécrables brigands! Hebs!
son bras est encore enchaîné.
Thermomètre de Paris.
C'efl: maintenant que les honnêtes gens & la
garde nationale doivent redoubler de vigilance
pour déconcerter les exécrable? projets des Ja
cobins. La ville de Paris eft furie point d'être
livrée au pillage par cesmonftres. Les menaces
qu'ils font entendre en blasphémant contre le
Roi , contre fon aiïgufte famille & contre tout
ce qui leur eft refté fidèle , ne refpirent que
le fang & le carnage , & l'on apprend tous les
jours que quelque honnête homme a été victime
de leur fcélératefle. C'eft fur-tout contre la nou
(214)
velle garde du Roi qu'ils dirig«nt le fer des
aflafîins à leur folde. Le quartier-maître de la
Cavalerie a été trouvé dans les filets de faint
Cloud, ayant les mains liées derrière le dos.
Placeurs autres ont péri de différentes manières.
La Jacquerie a encore tenté vainement de cor
rompre la garde nationale, qui se montre tou
jours inacceffible aux fureurs de cette infernale
fociété & qui n'a rien de plus à cœur que sa
diflblution. C'en; ce qu'une nouvelle pétition
des Volontaires nationaux aux corps légiflatif
met en évidence.
Voulez-vous difent-ils, ( après avoir fait l'é*
numération dss crimes des Jacobins ) « voulez-
vous, Meuleurs, permettre à cette horrible focié
té de troubler l'ordre public, de mettre tous
les jours en danger les propriétés & la vie
même de ces mêmes Français , qui vous ont
nommé leurs repréfentans ? Quel mal nous feroient
<le plus les peuples voifins qui s'arment contre
nous, pareeque les Jacobins veulent porter par-
ini-eux le même désordre que dans notre mal
heureuse patrie. Pouvons nous nous plaindredes
Emigrans ,tant que les Jacobins pourront impuné
ment faire piller , brûler & tuer tous ceux qui
ne veulent pas s'aflbeier à leurs fureurs ? »
« Nous vous fuplions donc de proicrire tous
les clubs, & fur-tout de ne pas encourager celui
c'es Jacobins, par la prélonce doin grand no^i'
bre de vos membres. >>
Ces réclamations énergiques ont enfin déter
miné l'indolente Municipalité à prendre quel
ques mefures, non pour interdire lesjsiques qu'on
ne ceffe de forger, mais pour empêcher que
ceux qui en font munis puiffent se réunir ail
leurs que sous les drapeaux de la garde Nationale,
ces mesures font bien loin d'être firffisantes ;
jnais c'eit tout ce que l'influence Jacabite a pu
permettre aux a.dminiltraleurs de la Commune,
C «5 )
SABBATS JAC0B1TES.

Sous la clochette de Frère B ROU S S ON ET.


Séances des 7 & 10 Février.
«Quel Dieu soufle en tous lieux la Guerre,
Et semble , à dépeupler la terre ,
Exciier nos sanglantes mains ?
Mégère des enfers bannie ,
Eït-elle aujourd'hui le Génie
Qui préside au sort des humains. »
Non : c'est celui des Jacquets ses bâtards; mons
tres dignes du sang de cette furie infernale. Agités
par la peur, tremblans au seul nom des bottes de
Bender. Croyant déjà avoir la bart au cou , ils
cherchent l'impunité de leurs crimes dans de nou
veaux forfaits , & ne diffimulent plus leurs sinis
tres projets. Un cyclope de cette horde scélérate
se présente au Sabbat du 7 , armé de quatre piques,
nouvellement forgées dont il vient lui faire
hommage. On l'accueille avec transport. Frère
Doppet en le présentant , dit : ce Citoyen ne
sait- pas parler, mais il sait faire des piques,
& les quatres phrases qu'il vous présente valent
mieux que tous les: discours des Feuillans & des
ministériels* — Bravissimo , répond le Président,
en s 'adressant au Forgeur, nous sommes enchantés
de votre zèle ; puisse-t-il être imité par tous
nos concitoyens. Puissent nos Frères être bientôt
munis de cts précieuses armes pour défendre la
Patrie. —- Ah ! mes. Frères s'tcrie le Jacquet Re
al , la belle chose que des piques! Quand j'ai
vu celles-ci , il m'a semblé être au 14 Juillet;
j'ai cru voir ces piques forgées à la hâte dans la
nuit du 14. au 15 Juillet, & montées sur des
bàfons blancs ; hâtons-nous de les déposer dans.
( 2l6 }
nos rrchÏTCs. Fratres , interrompt un soi-disant
Officier d'artillerie , ces piques que vous admU
rez en. vrais, benêts peuvent être bien mieux -
faites, pLis meurtrières A ce, mots les
Sabbatistes ivres de joie , nomment tumultueuse^
ment des Commissaires inspecteurs de piques &
y adjoignent l'Officier observateur.
On ne peut donc plus se dissimuler que les
Jacobins ne soient les auteurs de la fabrication
des piques qui se font dans la Capitale , & que
leur projet, ne soit d'en armer leur Frères, c'est
à dire les habitans de la forêt de Bondi , les
Sans-Culottes et tous les brigands qu'ils ont appe«
lés à.leijr secours. On ne peut plus douter que
l'pbjet de cet armement ne soit d'opposer und
force publique à la Garde Nationale , & de
plonger ; les Citoyens dans toutes les horreurs
de la guerre civile. Il est bien étonnant que
la Municipalité autorise cette fabrication &
cet armement au mépris de la loi qui restreint
le port d'armes à la Garde nationale , & aux
Troupes, de lignes. Citoyens , réunissez vous ;
furveilierz avec le plus grand soin les Jacobins.
Vos propriétés & vos .vies ne furent jamais dans
un plus grand danger; mais suivons la piste de
nos Jacquets.
Frère Bancal, qui dans l'avant- dernière Sé-n
anccaioit demandé la création des Comités per-
manens , pris dans le sein de la Jacquinaiile ,
propose dans celle-ci de désarmer tout ce qui
n'est pas Jacobin ; cette mesure lui paroît, à la
vérité , assez difficile dans l'exécution ; mais
plie lui paroît conforme aux principes de la
liberté Jacobite , & cela suffit. L'ayis du Jacquet
est donc de faire autoriser la Municipalité de
Paris à faire une proclamation par laquelle il
sera enjoint à tout Citoyen Français actuellement
à Paris ? de se présenter , dans le délai de
heures au plmtard , dans sa Section , pour s'y
faire inscrite , & s'engager à faire , en pèrsonne,
le service dans la Garde Natienale. Tout Citoyen
qui ne se soumettra point à cette loi , sera
désarmé. Si vous adoptez ce plan , poursuit le
vénérable Frère , la Révolution est faite ; vous
evite\ la guerre civile ; la Cour perd son plus
doux espoir & son appui ; le pouvoir exécutif
est forcé démarcher dans le sens de la liberté,
OU D'ABANDONNER LA PLACE. Et voilà l'ob
jet confiant de cette horde Régicide, qui a juré.
in terminis , D'en finir avec la Dynastie
Régnante c'efl-à-dire d'exterminer la Race
facrée de nos Rois. — Frère Réal , combat les
vues du préopinant, qui pourroient engager les
ennemis de la horde Jacobite de se retirer dans
leurs Départemens où ils feraient bien plus de
mal. Que ne pouvons-nous , ajoute-t-il , les tenir
tous ici , pour y frapper des coups plus sûrs ,
plutôt que d'être obligés de courir dans les cam
pagnes à la chasse de ces bêtes fauves. — Frère
Sergent, en annonçant que le peuple s'attend
tous les jours au départ du Roi , tâche de
calmer les craintes de ses camarades. — Voici
venir encore quelques affidés des Jacoquins , qui
leur offrent des piques, bariolées de Rubans
aux trois couleurs fur lefquels on lit : Consti
tution, Mort, Liberté. Le Préfident fe
pâme à cet afpect & répond : « Braves citoyens
du 15 Juillet , les armes que vous nous présen
tez nous font un plaiflr indicible, Avec elles
il efl impofîible que la liberté périffe. » — Le
conte fait par le forcené Carrd dans le fabbat
du 6 ayant paru fuspect , même à ses confrères,
on lui a obfervé à celui du 10 qu'il devoit
nommer le miniftre qui lui a envoyé l'affignat
de 1000 livres & l'intermédiaire qui l'a remis.
« Le nom 4a Miniftre, répond l'énergumène,
\}na : . ....... _ .
C 218 )
eû clans nn petit mémoire chez l'imprimeur;
quand à celui de ragent , certaines raifons m'en-
pêchent de 1q nommer encore. — Frère le Gendre
lit une dénonciation de la Jaequina'tHe à tons
les citoyens . & prie ion auditoire de ne pa&
croire aux vérités qu'elles renferme, Mocquons-
nous s'écrie le grand Manual , de la haine im
putante des médians & de leurs calomnies*
JNotre pyernière réponfe, c'est la publicité da
nos séances , la seconde c'est le peuple: qui la-
fera. Cela s'entend brave Manuel, & voilà l'obj&t
de vos piques & de votre joie féroce à leur
aspect ? le Général de la bande Républicaine ,
Robespicre , propose, comme le ieul moyen de
sauver la patrie , de faire rentrer dans la pouf-
fiére les ennemis des Jacobias , & de faire fré--
mir tous les Rois de la terre fur leurs trônes*
ébranlés, d'accorder au peuple la liberté; de
faire- des insurrections sans Eniraves & de se
montrer tel qu'il parut dans les beaux jours
de la liberté ; d'ordonner une Confédération,
générale K civique ; fraternelle dans tous les
Départemeris de la France ,. pour y j<urer férieu-
fement de vivre libre- ou de mourir.... Jufqu'à
quand donc cette horde factieuie abusera t-elio
de la patience de la, Nation J.
M t L ANGE S.
Sur la motion du ci-devant marmiton & capu
cin Chabot , dangereusement bleti'é dans un- com
bat singulier par une nymphe du palais Roj'al ^
l'auguste aréopage, en renouvellautle décret de.
Vinviolabité de ses membres , va, les déclarer auiîi
invulnérables.

On lit dans un certain Journal les notes sui


vantes-.—Mirabeau eft mort de son propre ven in »
Cerutri a fini en athée ; Bouche eft phrénétiqnc ;
Sieyes eft dans le marasme du desespoir ; Briffât
( 279 )
ne voit que des spectres ; Conâorcet a eu des accès
de rage-, Bailli ne rêve qu'aux revenans ; Chabot
eft en diflblution , il tombe par lambeaux; un
chancre a dévoré la langue de Chabroud ; son
haleine a donné le pourpre à Philippe ; ô Jus
tice divine !

Un honnête citoyen du Mans , entraîné der


nièrement par la curiofité , au Sabbat des Jaco-
quins de cette Ville y entend un certain Roustel,
ci devant moine & aujourdhui vicaire épiscopal
par la grâce de Targinette , qui faisoit la motion
de vendre les biens des émigrés pour subvenir
aux frais de la guerre. Le citoyen crut pouvoir
représenter que la proposition de l'apostat etoit
contraire à la constitution qui deffend d'attenter
aux propriétés. Le motionnaire indigné qu'on
ose l'improuver , ordonne que l'observateur soit
arrêté. A l'instant 40 pandoures de la Jacoqui-
naille le saisiffent au colef & alloient l'étrangler
selon les us Jacobités , lorsque la garde arrive
heureusement , l'arrache de leurs mains", meurtri
de coups & le conduit à la Municipalité qur
le condamne à 24 heures de prison , pour le
punir d'avoir cité la loi dans le repaire de se9
plus cruels ennemis. Le lendemain deux enragés
çlubistes se présentent chez lui dans l'intention
de l'aflaffiner ; mais ils furent chattes par quel
ques honnêtes citoyens qu'y si trouvèrent
E P I T R E
Adressée au Re'vérendissime RODRIGUE, Evêque
•■ intrus de Luçon , en lui envoyant une perruque
et autres accessoires.
Ce n'est pas saqs peine , ô Révérend , que nous
«vons appris la vive douleur dans laquelle vous
( 220 ) *
êtes plongé depuis que vous avez" reçu -les-si
nistres nouvelles que vous a donnés votre fidèle,
Vicaire le Député. Nous ne nous ferions jamais
imaginés que ce, désespoir fût allé jusqu'à vous
arracher les cheveux , mais des personnes dignes
de foi nous ayant assuré qu'il ne vous en restoit
presque plus, 'nous 'nous empressons de vous
faire passer une perruque , telle que la doivent
porter les tètes à la Constitution.
Nous avons l'honneur d'appartenir à une so-f
ciété , dont tous les Membres partagent bien
sincèrement nos sentimens pour vous. C'est celle
des honnêtes gens-, vous nous trouverez toujours
au Pavillon de l'honneur , me de la droiture j
place de loyauté. Comme nous sommes fondés
à croire que vous n'avez, nulle connoissance de
ces lieux, nous vous prévenons que vous pourrez
prendre tous les renseignemens nécessaires parmi
ceux qui habitent la ville de Luçon , si par
quelque stratagème vous trouvez moyen de com
muniquer avec eux. , ,
Vous trouverez ci-joint l'hiéroglyphe de votre
grandeur future. Puisse le Ciel, dans sa justice,
vous élever plus haut que ne le furent onc Car"
touche & Mandrin. Au basétoit une potence avec
l'éfigie de l'intrus. j ,

Les savans ont prôné jusqu'au ciel les brillantes


découvertes à'Herschel ; chacun s'extasie sur les
volcans qu'il a vus dans la lune , c'est beaucoup
voir , j'en conviens. Mais le Cousin Jacques , mor
bleu , a bien la vue plus perçante. Devinez ce
cju'il'à vu dans cet Astre avec son télescope....
Des montagnes l . . . Bah Des Villes ? . . Allons
donc .... Des maisons —■ Vous n'y êtes pas. U a
découvert deux pendus , avec cetre légende d'un
côté, l'insurrection est le plus sain: des devoirs,^
& celle-ci- de l'autre ; la publicité est la sauve*
garde du Peuple. .
( «1 )
Telle eft le sujet d'une caricature que l'ofl
vend sous les galerie du palais Royal.
Autre Caricature.
Le Révérend pére Chabouc dans une casserole,
entre les mains du Dieu Mercure, avec cette lé
gende : Régénération du Capucin Chab^ .
Autre.
Munufacture de poudre à la Bender\ & à la
Cacacabeau. Ces deux Généraux , le cul à l'air
pètent à qui mieux mieux ; mais on remarque que
la Poudre de Bertder lance des boulets plus gros
que la tête , contre le pauvre Cacacabeau , tandis
que celui-ci ne lâche que du vent.
LEG.1SLATI O N.
Seconde race de nos Rois.
Séances des 9 au Soir 10, 11 , 12 & 13 Février. ■
On â fait, dans la séance du 9 an soir, lë
rapport des malheurs à' Avignon ; le rapporteur
a passé l'éponge de Ckabroud sur les inculpa
tions faites à l'abbé Mulot,, & à proposé, pour
consolider l'usurpation , de séparer Avignon &
ltj Comtat en deux Districts, attachés à deux
départemens différens — Au défaut, des Soldats
f - d'une taille requise pour la défense des Fron
tières , -nos augustes ont décrété le 10 , qu'on
recevra tous les individus qui se présenteront ,
pigmées , nains , &c. — Sire Lacroix lit une
lettre du directoire du Département , qui , con
vaincu du règne éternel de nos sept cent & tant
de Rois , propose de loger leurs Majestés dans
un Palais plus digne d'elles. — Le Comité Co
lonial demande qu'il soit donné un seconrs pro
visoire de trois millions à Saint-Domingue. Je
( 221 )
le Veux bien , répond le vénérable Brissot ; mais
il faut ordonner en même-temps l'exécution du
concordat entre les blancs & les mulâtres. C'est
l'infernale vanité des premiers qui a fait couler le
sang ; — Une lettre d'un Propriétaire de Saint'
Domingue annonce que l'Espagne a fait passer
des troupes dans la partie Espagnole de cette isle.
on lui suppose un projet d'inva&ion. — Le Comité
des domaines demande la suppression de toutes
les Congrégations existantes , à l'exception des
sœurs grises qu'il veut bien conserver par grâce
spéciale. Le Monarque Pastouret a réclamé pour
l'illustre Montesquieu , mort à pareil jour, les
honneurs du Panthéon. Le nom de ce Génie
immortel, qui avoit retrouvé les titres du genre
humain , a fait pâlir les destructeurs de ces titrés
précieux la motion a été renvoyée au Co
mité d'instruction. — On apprend à la séance du
1 1 , que les Officiers du Régiment de Soissonoie
& de Champagne sont passés les uns en Savoie ,
les autres en Espagne ; mais les Soldats n'ont pas
quitté leur-poste; eh bien ! on en fera des offi
ciers inexpérimentés, qui exciteront la jalousie,
la haine de leurs camarades , dont ils se mocquc»
ront ; mais qui ne renverseront pas moins tous les
trônes du monde , parceque l'amour de la liberté
chez un peuple régénéré, suffit pour le rendre
vainqueur. En attendant, on décrète une lettre
de satisfaction aux Soldats de - Soissonnois: +«
Le Président fait lire une lettre du Maire de
Paris, qui au nom du corps Municipal, consulte
nos sept cens Rois, sur le serment que la Garde
du Roi désire de prêter entre les mains' de la
Municipalité. Cette Garde ne devant être requise
pour aucun service public , ne lui paroit point
dans le cas de prêter serment entre ses mains.
Après quelques débats &. maints sarcasmes dans
le genre des ramassés } la lettre Pétion est rea-.
£ ]
voyée au Comité législatif. —«- Plusieurs autres
projets de décrets sont ajournés. Le Roi écrit à
î'Afsemblée et lui observe que la liste civile a
payé, jusqu'à ce jour, la solde du Régiment
Suisse ; mais vu que sa garde ne doit être com
posée que de 1800 hommes , le Trésor public ne
doit-il pas être chargé de la' solde des Suisse! Ausur-
plus f Sa Majesté qui craint , dit-elle , d'enfreindre
involontairement la Constitution, qui doit être la
règle commune de toutes les autorités constituées ,
invite les Rois du manège , au nom de la raison ,
de la Politique & de la religion des traités , de ne
rien changer à l'état des régimens Suisses , jus
qu'au renouvellement des capitulations avec les
Cantons Helvétiques. — Les Pandourcs Jacobites
forcent la garde de nos Rois à la séance du
soir, & s'emparent d'une des Tribunes à billet?.
Quelques Majestés se fâchent; elles sont huées,
siflees & forcées de céder -, les Jacquets restent
maîtres du champ de bataille , et le calme ré
tabli , on entendi des Députés extraordinaire*
d'Avignon, qui ne font que récapituler ce que
nous avens déjàdit sur les malheurs de cette in
fortunée Contrée. La séance du 13 a été consacrée
à entendre des -pétitions fastidieuses , & à exa-,
miner le plan d'un Palais destiné aux Roitelets
législatifs. On leur propose la nouvelle Eglise de
la Magieleine , & nos souverains Dieux y trans
porteront le siège dc-spotique de leur domination. -
Une dépuiation du Faubourg Saint-Antoine vient
offrir des bras, des lances & des piques , pour le
soutien de la constitution, et cet armement dan
gereux, qui menace directement la Garde. Na
tionale &. les honnêtes gens, loin d être fylâmé-,;
proscrit par nos Législateurs , est vivement applau
di, les Députés sont admis à la séance. — Dans
la série des Décrets sanctionnés par le. Roi, -on
a remarqué,,» la séance dtt.13,, .celui qui met
t«4)
Usas la main avide de la Natioft} "les biens des
Emigrés , & l'ordre dohné par Sa" Majesté d'exé
cuter l'acte d'accusation porté contre les princes
de son sang ; nouvelle preuve de l'état de su
jétion de cet infortuné Monarque : — Un Mu-
nicipe de Lyon, admis à la barre, se plaint de
ce que le Directoire s'oppose au Fanatisme &
aux persécutions de la Municipalité de cette
Ville ; il est appuyé par le fougueux Faucher ,
qui inculpe plusieurs autres Directoires, & reçoit
un démenti justement mérité. La pétition duMu-
nicipe est renvoyée au pouvoir exécutif. --■ Dé- '
crété que ceux qui formeront la Garde du Roi
prêteront le serment d'être fidèle à la Nation, à'
la Loi , & au Roi , de maîntemir la Constitution,
de veiller avec fidélité à la sûreté de la personne
du Roi , & de n'obéir à aucune réquisition
étrangère à cette garde. —-Second Décret, qui
délie les Gardes du Roi de leur serment de fidélité,
& les oblige d'abandonner Sa Majesté , si elle
a'éloignoit déplus de vingt lieues du Corps lè"
gislatif, pendant ses séances : en' aucun cas, la-
Garde du Roi ne pourra le suivre hors1 du
Royaume.
A V I S.
M. Bresle , Maître de Langue Anglaise , rue'
du Colombier , Fauxbourg Saint-Germain N0^ 36,
propose de vendre six cens Dains , de la- pre-,
mière espèce , tous bien portans , à huit & dix
louis le couple,
«sa 1 BgsaegBBaa
On s'abonne au Bureau rue Montmartre , à Paris ,
N° 219, 6 liv pour 3 mois, — 12 lir. pour six mois — &'
24 liv. pour un an.franc de port.
De l'Imprimerie de Jacques Giroi/asd , rue du
Bout-du-Monde > B°. 47,
vigeronde Année N°. i<

LA ROCAMBOtE,
-, ' o u .
JQÙRNAL DES HONNÊTES GENS ,
Rébigé par DoM RégiûS Anti- Jàgobinus.
y'. • . i ; " : ~ !—~"~ ~ —
j i « Une Foi , une Loi , un Roi ».

Dit Dirhànche ig Février 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

-JLiE Peuple ne peut plue douter que nous n'ayons


fcientôt sur les bras toutes les forces de l'Europe.
Les Feuillans qui ont cherché à en imposer à la
multitude tant qu'ils ont .eu l'espérance de se
mer la division parmi les Puissances coalisées,
ne font plus myftère maintenant de notre situation.
Voici ce que leur écho , l'Auteur de la Gazette
universelle , a consigné dans sa feuille du 14
Févrieç.; .
de Francfort le 6 Février.
Il y a un grand mouvement de troupes dans
toute la Hesse. Hier il en passa par cette Ville
.plusieurs Compagnies , désignant leur marche sur
HeinfeJi ; nous savons aussi qu'il vient d'arriver
deux régimens à Hanau. La totalité des Régi-*
Tome III. anjiét 1732. v O
I

girtiehs què le Landgrave a fâit mettre sur le


pied~de Campagne ; qui ont ordre és sn~tenm
prêts à marcher , est de iaoo6 hommes.
{ l'Empereur envoie aux Pays-Bas, ou sur- Iefc
bords du Rhin , environ 25 mille hommes.
Des lettres authentiques de Berlin , mandent
que le département des affaires étrangères, tra-*
vaille nuit & jour , expédie des Courriers tantôt à
Vienne , tantôt- à Petersbourg , tantôt à Stockolm ,
&> principalement à la Cour des Princes Français.
Les mêmes lettrés ajoutent , que les plans sont
faits au Département de la guerre , pour la for
mation d'une armée de 50 mille hommes , sur
Je Rhin , que l'on tirera en partie de Wesiphalie-,
'èt partie des Réginieris de Magdebourg, Les
Hussard à'Eben se mettront en marche vers là
fin de ce mois , ainsi que plusieurs bataillons
d'infanterie légère.
L'Empereur prétend qu'il n'a eft vue que d'a?-
suror ses Etats menacés par les Français , & agités
'de divisions intérieures. Les autres Princes de
l'Empire ne pensent nofl^plus , dit-on , qu'à garan
tir l'Allemagne de toute invasion. Mais quand
des armées nombreuses seront sur la frontière de
'France , les déclarations des Puissances pourront
bien changer , & expliquer leur pi an' véritable ,
qui ne peut être trop suspect à la Nation Française.
On ne pourroit peindre la surprise du cabinet
de Vienne , l'orsqu'H apprit que l'on votiloit fixer
un terme de trois semaines àTÈnipereur , pour dé
clarer catégoriquement s'il appuieroit, par la
•force' des arftieV, les 'réclamations des Princes
possessionnés ; & si, dans le cas où la France
seroit attaquée iï lui fourniroit le secours sti
pulé par le traité de 1756, ou non. H est émané
le j8 Janvier> de la Chancellerie de Guerre,
"des «ordres à différens bataillons de nos troupes ,
de faire tous les préparatifs de leur départ. Ces
. • • ;( i2? )
■Bataillons fout choisis parmi ceux qui , dans
XAutriche sup&ieure le Tyrol. &f. la Boëifte.j
fctoient ^uih^Sr-ft'oniièi'e! de la Bavière & dj?
la principauté de ' Bareth ; ainsi elles n'auront
pas un long trajet à faire pour arriver à leur
destination Lè nombre précis de3 tioupts com
mandées n'est pas e,ncore connu ; mais jûfqu'ici
il est de dix- huit bataillons d'infanterie de i<5
divisions de Cavalerie , qui marcheront sur trois
colonnes. ,r . . •
A ,cet .extrait nous joignons la lettre suivante
datée dVCohlentz ,: du 9 Février. :I '•
. Je vous ai écrit, que. le Comte d'Artois , eaçh;an-
jté des dépêches qu'il avoit reçues de l'Empe
reur, avoit embràsséje Courrier qui les lui avoit
ieponées. On à,;sure "aujourd'hui ;que; ces dépêches
renferment la déclaration de guerre, que Leppoli
vient enfin de. déclarer aux Factieux de France ;
indigné de l'insolence avec laquelle ils ont osé Te
-^provoquer. Tout- est prêt pour entrer en cam
pagne,, tant, du côté du Nord que du Midi , &
-$ans peu , les Rcgiçidei seront attaqués de toutes
jptuf,* JUa. justice çeljéste.se manifeste visiblement
"'©/ans Cfii concours de: toutes. .Jes .Puissances pour
la destruction du foyer révolu-tionaire , qui .\
4près .avoir fait d|t; plus bel Empiré dii Monde
• fcfie. terre de saDg.fc..jtnenaçoit. encore les autres
Ifatkws des mêmes ravages. Ees jJacobins n«
-pourront plus la niér. cette justice éternelle , leur
'^ppltce.>ie,m«rtrjËt» qu'tile existé, pour l'effroi
i^es scélérats , & la consolation . de ceux quêtes
persécutions n'ont-pu détourner du. seritier de 1*
fort*» .-.la : ; ; .. , i ..
:^'Js(&U.VELLES intérieures.
1 vit -faut que' l'hcrisoh politique i* -flatte point
' fé's^ïtêifi&e -des- -MbAarchieîis ,'• puisqu'on les voit
- S'-»ufl «fVRiP ^fe- -F-aut*e- 4'bim»aBMer , jusqu'à .dire
• quelquefois la vérité en parlant des gens de
( 228 )
bien , qu'ils ont sj lorig-tefnps désignés à la fu
reur du Peuple , par les noms d'Aristocrates. Ne
nous fions pas routes fois à ces Tartufes de Phi
losophie; n'est-ce pas d'eux que l'on a dit :
L'Hypocrite en fraude fertile ,
Dès l'enfance est pétri de fard ;
Il sait colorer avec art,' ' . • t r:
Le fiel que sa langue distile , • < .
Et la morsure du serpent ,
Est moins aigùe , moins subtile ,
Que le venin caché que sa langue répand. •
Pour ne point se tromper sur les sentimens de
cette sette perfide, ne voyon9 dans son langage
que le Thermomètre de ses espérances. C'est pour
cela que nous allons transcrire l'article suivant
de la Galette universelle , non-moins intéressant
qne celui que nous avons rapoité ci-dessus.
« Trente-sept prisonniers , arrêtés pour l'affaire
de Perpignan , viennent d'arriver à Orléans >
pour être jugés par la Haute-Cour. Us étoient
tous enchaînés , à l'exception de M. Cholet ; il
me paroït que l'approche d'une procédure aussi
grave que celle qu'ils vont subir , les inquiète
peu. Voici un trait qui caractérisé le sang-froid
d'un de ces prisonniers. Un Gendarme National
cherchoit dans un énorme paquet de clefs , celle
du cadenas <Tune des chaînes. Il ne pouvoit la
trouver, lorsque le prisonnier lui épargne l'em
barras de chercher long-temps : il tire une clef
de sa pôche ; la remet au Gendarme , en lui
disant d'ouvrir hardiment ; c'étoit celle de son coffre,
qui ouvroit en même temps le cadenas de sa
chaîne, j'auroîs pu aiouta-t-il, m'ra fervir pour
échapper , mais on m'aurait cru coupable si j'eusse
fui'. ouvrei sans crainte. Le Gendarme ne fuÇ
pas peu étonné en ouvrant avec cette nouvelle.
( «9 )
cil. J'ai été témoin du fait; j'ai entendu la con
versation , & je puis l'attester. »
Nous le demandons maintenant , quel est le
Démagogue qui osera nier un trait semblable ,
consigné dans la feuille dont nous l'avons extrait*
Qu'on j uge , d'après cela combien les Factieux sont
coupables, puisqu'ils travaillent à livrer au fer
des bourreaux , des hommes dont ils sont forcés
de reconnoître l'innocence.
Faits et gestes du ci -devant Moine
Sermet , Evêque de Toulouse > secundum
ordinem Target
Le vénérable intrus devoit depuis long-tems
une somme de 800 livres à une de ses bonnes
amies de Toulouse , nommée CantegRI h ,
Marchande de jambons à juste prix. Monseigntury
pour certaines causes &. raisons à lai connues ,
croyoit retenir cette somme , à fonds perdu pour
la prêteuse , & n'imaginant pas qu'elle pût ou
voulût la réclamer , il lui envoya dernièrement
un assignat de 1000 livres pour le changer. La belle
Cantegril enchantée de pouvoir se payer d'une
dette qu'aucun titre ne constatoit , prend l'assigna^,
en donne un de 200 livres au porteur , & lui dit ':
remette^ ce billet h l'Evéque , & dites-lui que je
me' suis payée des 800 livres qu'il me devoit. A
cette nouvelle inattendue , le Schismatique Prélat
entre en fureur , nie la dette ; jure, tempête. La
justice prend connoissance du cas ; les Parties
appelées , Mons Sermet affirme qu'il ne doit
rien ; vous en ave\ menti , répond la femme aux
jambons , & qui plus est , elle le prouve. Bref
Monseigneur est condamné & renvoyé comme
unpéteur. >

'.^Thermomètre
■ . . .. ... — .... de Paris.. r . '. . .. 1
Ce n'est pas sans raison que le Paganisme avojt
consacré un temple & fondé un culte particulier,
pour la Déesse de la peur. Elle en bien puissante,
cette Divinité , & sur-tout sur nos Factieux.
Sans pàrler du délire où elle jette les Jacobins .
&,le Manège , elle vient d'opérer la plus étrange
métamorphose , en mettant dans la bouche des;
Feuillans dés discours à peu près semblables k
ceux que tiennent les honnêtes-geiiS. Ces Messieurs, '
non moins alarmés des piques des- Jacquets que,'
des bottes de Bender, ne cessent de jetter les '
hauts cris contre les excécrables manoeuvres dp ,
la Jacquerie, & comme il faut rendre justice â\
ufi coquin Cômme à un honnête homme , nous
dirons, à l'avantage des Feuillans, que leurs
sermons <%.' leurs placards , ont prévenu Cette fois
bien des malheurs. Maintenant, la Garde Na
tionale, dont on ne peut trop louer le zèle infa
tigable, observe si bien les mouvemens de la
Jacquinaillej, qu'il sera bien difficile à cette der
nière de la saiur au, dépourvu , comme elle en
a ie dessein. Dsjà plusieurs piquiers, pour ré
compense «le. leur patriojisnfle ,, ont été logés dam.
les prisons, du Châtelet , l'émeute du Faubourg
Saint-Marceau , n'a abouti qu'à faire arrêter'
visgt femmes que la Police a condamnées
à six. mois de pénitence à 1a Salpétrière. Il faut';
espérer que cette charitable 'correction réprime
ra le -zèle friand des autres Commères pour le
pi-llàge des Magasins à sucre. •• j
D'un autre .côié , le Roi v pour rassurer, le >
Peuplé'- sur les craintes.d'une 'évasion de sa part,
que les Jacquets s.'efforcent de persuader, vient
d'adresser au Départejtnçnt et .à la Municipalité,. :
la lettre suivante. e ',», ,. .j '.;.) ï , ~ ■
.r » . • vt,f.. ., --.iw , „■■: .tti' •
(i) Cette émeute provoquée Mercredi dernier, p»r
les Factieux , avait pour-prétexce 1% cherté du sucre >
et pour objet le massacre de la Garde Nationale.
*" 1 1: ■ ' . , • . .. < •*• ... •• *.-! n aO
( 2F )
* J'ai parlé , Messieurs , à plusieurs d'entre
vous , des bruits qu'on cherche à répandre, sur
mon prétendu départ de Paris; je eroyois . que
ce que j'avois dit spfHroil pour les faire tomber ;
mais comme les gens mal intentionnés continuent
de les propager pour alarmer les Habitans de
Paris'et calomnier mes intentions ; Je veux m'ex-.
pliquer clairement sur ma façon de penser.
» Je connois les devoirs que m'impose la Cons
titution , je les remplirai toujours ; mais je connois
aufli les droits qu'elle me donne , & je ne m'inter
dirai jamais le pouvoir d'en user. Rien ne me.
retient donc à Paris que la volonté d'y être ;
mais j'y crois ma présence nécessaire , &. je dé'
clare que je veux y rester, que j'y resterai , &,,
que , quand j'aurai des raisons pour en sortir , je;
ne m'en cacherai pas.
s» J'ajoute, qu'à moins d'être totalement dépourvu
de sens, ou profondément pervers, on ne peut élever
des doute> sur mon inviolable attachement au bon^.
heur de la nation v& sur. mon attachement pour ,
les Habitans de Paris.
Signé, LOUIS..

SABBATS, JACOB IX ES.


sous la Clochette de Frire Broussonet.
Séances des 12 & 14 Février..
Tremblez , mes. Frères / tremblez , slécrie Frère
Legendre , au Sabbat du la ; quarante.-trois mille
cinq cens & quelques lettres nous apprennent,
que les chpses vont par-tout cahin caha ; que les.
Ministres mentent à qui mieux, mieux , & nous
prennent pour des Dindons, Si vous m'en croyez ,
ne nous en reportons point à cette canaille-là ;
faisons nommer des cppRmis-'airtîS par l'assemblée ,
qpvaiUtnr^asjenrer .de l'éjat.du Royaume. Il est,
temps iBj^n.flu/im. JacqbiH-puisse. dire à.. Un Mi"
C *3* )
pistre : j'approuve ta conduite , ou tu «s un sçé-^
Jérat , qui as prévariqué. Il seroit bien fadle ,
reprend Frère LousralçT , de convaincre le Mi-
riistre de la Guerre de mensonge & d'imposture*
j'ai mon havrersac plein de preuves luce meri-
diana clariores , & pour tout dire , en un mot ,
des preuves Jàcobites. Quand il nous a dit, par
exemple, qu'il étoit impossible que les troupei
ennemies pussent jamais franchir les Alpes , je
lui ai répondu, fauf votre refpect , qu'il en
avoit menti ; le Maréchal de Bauvaù ne les a-
f*il pas franchies avec une armée nombreuse,
(:Si le Jacquet eut eu l'honneur dé connoître
GesaR, il l'aurait bien cité aussi ) Franchement
mes Frères, l'Espagne m'épouvante , elle en veut
diablement à notre Constitution. Partant je suis
de l'avis de mon ami Legendre. Le Dialogue*
est interrompu , par une députatïon du Club
central , qui vient assurer la vénérable bande ,
que son but est , d'épluchgr ceux qu'il faut porter
aux places, et de soulageriez illustres Jacquets
dans les soins pénibles qu'ils se donnent nuit &
jour pour efpionner & prendre au Traquenard de
la Liberté , tous les Aristocrates.— Bravo , bravis-
simo , répond le Président ; plus nous serons ,
mieux'f a ira , entrez , chers camarades , recevez
l'acolade fraternelle, & jouissez de l'honneur
d'être admis dqns l'enceinte sacrée, des arbitres
futurs de l'univers. — O rage , ô désespojir 1
Amis, lé croirez-vous , s'écrie Collot almanach.
L'ail chargé , le teint pale & l'hypocondre enfl» ?
Le respectable Président de nos Frères de Bres
m'annonce que le Ministre a déclaré, que le dé-,
cret rendu en faveur- de nos chers frères les
Galériens de Château -Vieux , ne seroit point
sanctionné ; & par une dérifion barbare , il envoie
cinquante lettres de grâce pour autant de scé-«
lérats. — O le vilain homme que ce M. Duport*
dit le Révérend Albiîe , c'est bien le plus mau*
yçis des Minières €■ le plus méprisable des Çi*
, ( ) .
tuyens. Fr ATRES , il est de votre devoir de chasser
de sa place un homme aussi indigne de la rem~
ylir. — Au nom de Targinette, interrompt frère
Çollot , je prie les Journalistes Patriotes, de
donner à ces faits une touche mâle , vigoureuse,
large, moelleuse & fine, comme celle de la,
Chronique , ou de Beta Feuilland. Quand à moi >
d'après la décision des Jurisconsultes,! je jure de
poursuivre les Ministres ou nom des Soldats de
Château - Vieux , jusqu'à ce que js . sois bien
duement mon & étranglé- — Il me paroît venu ,
dit d'un ton prophétique le Patriarche Manuel ,
le moment où il faut absolument qu'un homme
périsse pour le salut de tous, & cet homme .doit
être un Ministre. Tel autrefois le grand Prêtre
Catphé , dans le Sabbat des Juifs , prevoquoit le
plus fcxcécrable Déicide , en disant , comme Ma
nuel : expedit unum mori pro populo. Lejorce-
iié Jacquet trouve mèlne que l'Assemblée Na
tionale ne feroit pas tant mal de faire tirer les
Ministres au sort pour envoyer l'un d'eux à
l'échafaud ! — Un seul ! s'écrie quelque arcbi-
Manuel ; tous , tous. -«-. Le Sabbat infernal alloit
finir , quand frère de Silléry s'çst plaint que tous
les barbouilleurs de papiers Aristocrates & Mi"
nisterîels avoient écrit qu'il faisbit faire Vexer-*
cice des piques aux Champs Elisées. Sa Révé
rence a supplié les Journalistes de la Jacobinière
de le débarbouiller dans l'opinion publique. Hoc
opus j hic labor est. — Voici venir , au Sabbat du
i , le grand Collot Almanach , tout rayonnant de
jdî.è ,'qui annonce à la Jacquerie , la sanction du dé
cret relatif aux frères Galériens de Château-
Vienix. Ouf! le grand coup, ajoute Collot , que
d'avoir arraché quarante Patriotes au despotisme
de la Justice ! Il ne manque plus à mon bonheur
q.-^e de vous les présenter , £c j'espère, que ce sera
bientôt. — Frère Boisset grimpe à la tribune , &
«ulieu d,'une, virulente diatribe çontre quelqu'une
( m )
des autorités constituées , il bredouille une tirade
de vers ; niais les Jacquets , ennemis de l'harmo-r
nie, lui coupent le sifflet. Puis arrivent les Héros
du plus saint des devoirs ; r°. un Soldat du Ré
giment .d'Auvergne , maltraité par ses supérieurs
pour avoir ouvertement professé les principes.
Jacobites. Item , un soldat du Régiment â'Aunis,
convaincu du même fait.Ces braves gens sont admis;
l'Huissier du Sabbat leur ouvre les deux battans de.
la porte ; ils. entrent : chaque Japquet s,'eboursilIe
& paye en petits assignats le patriotisme. des Sol
dats, car point d'assignats , point de patriotes.
MÉLANGES.
Lettre écrite au Rédacteur de là Rocambole,, par
run employé à l'Hôtel, des Postes de la ville
de Paris.
Très Révérend Dom Rôgjus. Anti-Jacobi nus ,
La Résolution ayant mis sans dessus dessous les.
Châteaux , Marquisats , et Baronies de Monsieur
mon Père , dont ié suis, lë noble fils , & que la.
Garonne, toute insolente qu'elle est , abeit res
pecté depuis des millions de siècles - j'abois d'avord,
résolu, Sandis, d'en tirer une bengeance éclatante,.
Mais considérant que cé seroit abilir ma Noblesse.
et nia braboure , .que de nié mesurer contre la bande
ignoble des Cartouches qui m'ont bolé mes terrres et
mes titres , en . attendant qu'on les pende , eé qui;
ne peut tarder , j'ai cherché à mé consoler, de cé coup
dejarnac, parmi les Gens de lettres. Ils m'ont accueilli,
ainsi qus je m'y attendoi.s bien , comme un renpubellé
de Dèmosthènes , et ébahis, de la profondeur de mes
bastes connoissantes , j'ai é^é gratifié dé la place <#ea>
ptdkienàire littéraire de la Nation feaficaise. Ën cette
:»' «F / . '•. ;>'j :v<.v.tiU V.^i-T-^- .l'>t, ■
qualité., c'tst dans mes doctes mains que passent
à l'Hôtel des Po;tesf toutes les lettres, Gazettes.
Journaux , Vulletins qui bont alimenter la curiosité
publique C'est dé moi que certaines de ces feuilles
reçoibent leur passeport pour l'immortalité ; et la bôtre
è;t dr ce pitit nombre, mais cadèdis . je n'ai que le
fumet d'un oubrage aussi précieux , & mon' esprit
tombe d'inanition. Ppur préhénir un si grand désastre ,
& conserver a la république des lettres , mon génie
dans toute son intégrité , je m'avonne gratis , mort
Rebérend, â botre Journal, pour dix ans complets &
rebolus , à compter de ce jour , vous promettant , foi
, tic Gentilhomme Gascon, de vous payer, gratis aussi ,
à la fin de mon avonneaient. Agréez d'avance , pomKt-
gius , tous mes remercimens , pour l'exactitude de yo%
envois , dont jé suis lé prototype, ainsi qué k'bommage
dé l'admiration & autres sentimens de votre très-
noble serviteur. ,
Signe, lk Baron de M
Paris le 18 Tévrier 1752.
F R A G M E- N * S
]
De l'opinion de M. Chas, Homme de Loi,
sur tes lettres qu'a éçrites M. MANUEL,
Au Roi, & aux Ministres."
«. La lettre, écrite.*» l oi , par M. Manuel eft
un monujnexit d'audace & de rébellioti ; celle
qu'il vient d'adresser aux Minores , atteste ses
extravagances Se ses ridicules.' La première est ,
l'ouvrage delà corruption de l'âme & de l'immo
ralité du caractère, l'autre eft le produit du délire, ,
4e.i esprit, ik. du dérèglement de l'imagination.
Ici , c'est un Républi,çaij) forççné qiii \em.jie^yçf~ .
ser le trône , outrager la pignitç rçtyale t tramper
le Peuple &. corrompre jusqu'à m vertus. La , fi'ast '
nri inrtnsé qui ', clans les accès de sa rage frénétique,
répand sa lave impure, & s'exhale en impréca
tions et en fureur contre les organes et les dépo
sitaires des loix : ici c'est Catilina qui médite
des conspirations & des crimes ; là c'est Erosrate
qui veut se signaler par des folies. Comme Fac
tieux , M. Manuel mérite la rigueur des Loix ;
comme insensé , il doit être renvoyé au Tribunal
de Police correctionnelle.
» Le libelle de M. Manuel , est un mélange
informe &. dégoûtant d'audace et de bassesse ,
d'ignorance & de folie. M. Manuel dé
grade les fonctions de sa place , & trahit la,
mission dont il eft honoré. Cet homme oublie
la dignité & les devoirs du Magistrat , pour se
travestir en Pasquin, & cette misérable méta-
morpho?e excite le mépris & la pitié, &c.-»

Chanson publiquement chantée dans Paris.


Air : Des Bonnes Gens.
J'allous avoir la guerre, Puis j'yerrons l'abondance ,
C'est un fléau que cela; Et puis je r'verrons encor
Mais on dit qu'h misère Ce qu'on n'voit plus en France
Ne peut finir que par-li. Les écus , les louis-d'qr ; ' i
Encor ce p'tit coup de tête , Gaiement je r'dress'rons la tête j-
Et ça n'dur'ra pas long-tems, Parc'que je s'rçns tous consens
Car bientôt suivra la fête , Pour bien célébrer le fete ,
La fête des bonnes-gens. La fête des bonnes-gens.
«oeeoeco oeeooo©-
Quand ces Français d'Al'mi(gne Not'Roi qu'est en souffrance ,
S'ront de retour à Paris, Voira finir son tourment; f
■Fverrons l'pays d'Coçagne Et lui seul dans la France
Habiter notre pays , Aura le commandement,
Alors d'un'gairé parfaite Vous l'venez.d'un air honnête,
Je chant*rons les Emigrans , V'nir nous dire : mes tnftms,
Qui prépaieront la fètif- - Vous voir heureux , c'est la jttt M
La fête de» bonnes-gens; » J£: La fife det bonnet-gens. - - -
( *37. )
Et puis viendra la REINE, Via qu'il court & qu'il arrJte
Dans ses bras tenant l'DAUPHlN; Oes factieux si médians.
Elle a tant eu de peine , Qui seuls cnt troublé la fête
Que ne r'connoîtiez son teint ; La fête des bonnes-gens.
Mais dits qu'ell' s'ra satisfaite KXXOXQi \
D'nous voir heureux & contens,
Tout ça r'naiua pourlafite, Not' bon Roi zen personne ,
La fête des bonnes-gens. Qui viendra pour les juger ,
Dira : je leur pardonne ;
. «doOCooo. Mon malheur Sais oublier:
L'Peuple qu'a de la justice , Mais lorsque la paix est faite',
Et qui n'manque jamais d'cceur, Pour corriger ces mdcharis j 1
Alors voudra l'supplice Montrons-leur de loin la fete , 1
D'ceux qui l'ont mis dans l'erreur, La fite des bonnes-gens. - .. /
EPI G R A M M E. >i .*
La voyez-vous l'impertinente ?
Disoitun Intrus qui passoit
Devant une petite servante ,
<§ui le salut lui refusoit. , \
Elle qui sait son cathéchisme
Mieux que tous les Curés du Schisme,
Malignement lui re'ppndit : \
Que Monsieur ne s'en formalise;
Vous savex bien qu'il est écrit :
Point se Salut hors de l'Eglise.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
Séances des 14, 15 , & 16 Février.
La Nation de Noyon , en vertu des droits de
l'homme , avoit arrêté des voitures chargées de
bled , & se disposoit à remplir le plus saint
des devoirs ', lorsqu'un Municipe est venu haran
guer la bande fouveraine , avec une onction si
ipàtrjotîqTié , que chacun est retourné .chez lui
tans se livrer au moindre élan civique-, P.oint
de pendaison, personne d'éventrè, démangé;
pasmème unej injure. Ce phénomène , rapporté par
sire Coupfé , l'extasié , & il propose d'adresser
une lettre pathétique , à la Nation rustique des
campagnes de Nqyon , pour la supplier dé rfe
plus mettre son veto sut 1* trar.fport des grains.
Décret sur le rapport du Monarque JBajire ,
l'un des grands inquisiteurs de France , qui dé
clare n'y avoir lieu à accusation contieM. Soui dis ,
Adjudant de la Garde Nationale de Chûteau*Gon-
tîer, accusé d'avoir le a Novembre dernier j
alarmé les habitans de ce -lié-u ,• sou» prétexte
d'une fausse émeute.;— Décret qui ordonna que'
le Comité des finances exercera la surveillance
sur les achats que l'a trésorerie fera du numéraire-
On apprend, à la 'séance dùïoîr^ que la figure
de M. PeUepon , Courrier ïhi Cabinet des Tuile
ries, ayant parue suspecté kJa Narien^«puveiiâin&
de Stenay-, il a été: arï&é- &' i»esrçéijéSipflr*ertd
de la JLiberté Française* Le : Courier écart «ris
Ministre des affaires étrangères pouf'i'tyiifruire tr<j
Cette nouvelle gentillesse Jacobite j'inaft craignant,
nOn sans cause, qu'é'Sa'lètirë1' r/e'"soTtTnfér'ctfpté*
selon les us' 8c coAtamés f atïibtf^uë^, "il Ja lui
envoie sous le couijerqde U'AysepîibléejNationaie.
Quelques ci devant Gardes - França-ses , ' non-
employés dans kst ïiois, ROnvèaux Jlég'imens ,
viennent rdelamer, leur honneur & leurs armes.
On leur'fend "proSisoflettient 'ifeur paye ,'car satîs
'l'argent' î'hciu&ur, n'est -, qu'une maladie* -r-<
Oalit-» 'le 15.» lesproçèsryerbâux de-Ja jkîuniçir
palité de Stenay, i#x •lîar^estaçton-fle M AÏ. '&*ïle-
pott- Çl L.amberrt , Courrier^ du Cabinet. Décret
qui mande 4e ; Ministre pour reppndarç.de fuit»
aux demandes spontanées cfu Président. Autre
décret, portant que la caisse de l'extraordinaire
x 2)9 y
versera dàn's celle de la Trésorerie 'as nvtUionSj
pour faire face à la dépensa du mois dernier ;
& combler le déficit de là recette. Grand Se long
bavardage de Sire Muraire , en . ftile &. prin
cipes législatifs , sur la défectuofité des moyens
employés jusqu'ici pour constater l'état civil
des Citoyens , fur l'abus- des dispenses obtenues
«n Cour de Rome , fur la prefque inutilité du
consentement des Pères & des Mères au mariage
de leurs enfans ; fur la Habilité des enfans de
l'un et l'autre fexe -, que' le grand Homme veut
changer. Ce projet est ajourné à jour fixe: —
Le Peuple de Noyon, qu'on avoit dit fi tranquille
depuis la harangue municipale , se mutine & se
rassemble armé jusqu'aux dents. Le pouvoir exé
cutif a chargé M. de Gouy d'Arcy , Maréchal de
Camp, de réunir les Gardes Nationales, & de
donner, au besoin , force à la loi , sur la requifi-
tioh des Administrateurs. Cetordre déplaît à Ba jin-
Poupée , qui , de fon propre mouvement , déclare
M. Gouy d'Arcy, repoussé par la confiaaee pu
blique -, le Ministre fts la Guerre est pandé ,
rend compte des ordres»qu'il a donnés. Bref , quatre
ambassadeurs extraqrdinahes , pris, dans le Corps'
législatif, sont députés à la Nation souverains de
JVoyoq, pour la porter à vivre en,paix. — Voici
*venir le Ministre des affaire? étràngères qui se
plaint de l'arrestation de -M; Pelleport. — Avcit-il
'inrssionlpuil{queî—:N,oni—-A qui etoit-il envoyé*
A cette demande inquisitoriale , pour lénifier le
mot , il s'élève du bruit dans l'Assemblée , &
pour le calmer, Je reste de l'Interrogatoire est
renvoyé h huis clos. — Sur les huit heures du spir>
là digestion de nos Souverains eft troublée par
les tambours qui battent la générale , ils courent
se retrancher au Manège ; le Président , Sire
Canit-at , ci*-devant Coniorcit , s'y trouve aussi;
ils' décrètent à la, bâtfut que la Directoire du
( H° )
Département, la Municipali é , le Ministre de l'Inte'rienr soient
mandés pour tranquilliser leur majestés épouvantées. Le Ministre
Jiaroit , & ne sait rien si ce n'est, qne le régiment des piquiers fC
grièvement blessé deux cavaliers de la Gendarmerie.— Arrive lé
Département qui dit ; qu'il y avoir dans le faubourg St. Marceavt
un magasin de sucre destiné pour Lyon. Sept voitures etoient déjà
parties ; mais le Peuple a arrêté la huitième. La Municipalité s'est
rendue sur le champ de bataille , deux soldats de la Gtndaimeriê
ont été blessés; le commissaire de la section des Oobelinsa reçu
une pierre à la tite. — Les Officiers Municipaux paroissentà
leur tour & déclarent que tout va le mieux du monde ; on a jette
des pierres sur la Garde Nationale; mai» le sucre n'est pan moins1
parti; les coupables sont arrêtés ,( pas tous , moins encore leurs
instigateurs. ) l'attroupement est dissipé. Sur cette assurance nos
monarques rassurés sont sortis de leur fort. --- Le lendemain câi
Sire l: CointK, rapporta l'affaire des Regimens de Cavalerie , ci-»
devant Dauphin , & iloyjl-Navjtfre , qu'il déclare entachés du crime
Aristocratique; partant conclut , que ces deux. Corps «oient rap-
pellés dans l'intérieur dn Royaume, à une distance convenable l'urr
de l'autre , qu'ils ne soient employés, ni à la défense des Frontières*
ni au soutient de la Liberté , qu'après un plus ample informé ^jç
que le Pouvoir exécutif soit chargé de poursuivre les coupables.
Ce projet de décret est ajourné. — L» président Cari'.at, quitte

n'ont rien de comparable à ceux de nos licurgues , ci d'après ie


tableau de l'orateur jamais Peuple ne fut aussi heureux que nous le
sommes en peinture ;il ne s '.gît plu s selon l'orateur que de prendre
encore patience pour eue indre ail r>it« de la félicité < éh 1 Morbleu
Monsieur Cani.:t,
Qaiconqiie est loup agisse en loup,
Ces't l; il s certain de beaucoup ■ .
Que venez-vous nous parler de bonheur? Est-ce au sein de li
plus affreuse anarchie qu'il peut germer? Hélas ! on nous a tout ôté^
nos biens , nos loix , nos mœurit, la foi , jusqu'à l'espérance ; it
ne nous r«»te «lus que la charité , sans nul moyen de l'exercer
ou de la recevoir — voila la vérité.

On s'abonne au B ireau rue Montmartre , à Paris ,-


N° 219. 6 liv pourî mois, — 12 liv. pour six mois — &
24 iiv. pour un mi.franc de port.

De [Imprimerie de Jacques Girouaud , rue dit


* • -, • Bovt-dwMmie . JP: 4.7. • • -' i-t.
LA ROCAMBOLE,
ou
JOURNAL DES HON*ÉTES GENS,
Rédige far Dom RéGIVS Anti - Jac 0 BIXV$

« Une Foi , une Loi , un Roi

Du Jeudi 23 Février 11792.

SECONDE PARTIE DU CATHECHISME


DES ROYALISTES.

Chapitre IL
Du Gouvernement Aristocratique.

DfeMANDE — Apres le Gouvernement Mo


narchique , quel est le meilleur Gou
vernement l
Réponse C'est le Gouvernement Aristocra
tique.
Dhm. — Qu'est-ce qu'un Gouvernement
Ariitocratique *
RE^»,-tf.,i^i- C'eft. celui où la, Puissance sou-
* J': ' 'verâînè ' appartient ■ un certain nom*
Terne III. année 1792. P
C 242 .)
bre de Magistrats , choisis par le»
membres de l'ordre le plus distingué
de l'Etat.
•— Pourquoi lés Chefs de îa Sôciêté
ne sonf-ils pas pris indistinctement
dans toutes les classes des Citoyens ?
— Parceque le Gouvernement de la
Société demandedes hommes, inftruits
auxfciencej proprps à élever l'esprit
& le cœur ; des hommes dont la vie en
tier mêlée de contemplation & d'ac
tion,les rende également habilesà com
mander , foit en temps de paix , soit
en temps de guerre , & à assurer par
tous les moyens qui sont au pouvoir
de la 'sagesse humaine , la profpérité
du corps social,
— Mais pourquoi ces , Magistrats ne
se trouveroient-ils que dans un ordre
de l'Etat ! Les hommes ne sont-ils
pas tous égaux i
— Les hommes sont l'otis
FRERES; mais l'auteur de la Na
ture r.'a pas distribué à tous les même*
qualités. Elles varient, non-feulement
en raison de leurs facultés naturelles ,
mais encore en raison du plus au
moins d'éducation qu'on leur donne.
Or, comme il est impossible que tous
les memj.îres d'un Etat ci vilisé soient
éduqués de la même manière , parce
que les profession auxquelles il faut
qu'ils se livrent, demandent toutes
une culture "particulière , &. que tels
q:ii .ont embrassé cellë-ci , sont inha
biles à celles-la', les plus sages Lé
gislateurs ont reconnu la nécessité
d'avoir d.tns l'Etat un ordre de Ci
* *+i ) . .
toyens qui , étrangers à toutes les
professions vulgaires , ne soient uni
quement occupés que de là science
qui doit les rendre 'capables de bien
1er vir leur Patrie.
Bem.« '—Mai* esf-il bien vrai que l'édu
cation puisse produire ces bons
effets l *
Rep. — : >r- L'éducation & h bon exemple
peuvent tout. L'expérience ne laisse
aucun doute là-dessusv Lès enfans
sucent , pour ainsi dire , avec le lait
les vertus de leurs parens; bientôt
ils deviennent meilleurs, & entr'autres
avantages , ils ont celui de Iaiflèr 3
leur postérité des modères capables
de les faire surpasser en mérire leurs
propres ancêtres.
DêM. — "—-^Gomment appelle-t^on tet Ordre
*, si nécessaire au boshëur & à la gloire
de l'Etat 1
REP. *—-' On l'appelle V Ordre de la No*
blesse , & les Magistrats tirés de son
sein, ARISTOCRATES, ce qui
Veut dire HOMMES SAGES: Tels
étoient les Magistrats de Rome , dans
les beaux jours de la Republique ; &
il eft bon de remarquer , que les
vices qui occasionnèrent la ruine
de cette Ville célèbre , ne commen-
' . - cèrent à s'y insinuer , que loisque des
Tribuns factieux eurent soulevé
le Peuple contre l'administratiojt
• bienfaisante des Patriciens , en
-> -.''altérant la Constitution de l'Etat,
j :■.(> ■; i.t Tant il e9t trai , que la société la
j'. çlu* heureuse , ell celle qui est gou*
vernée gzr un Roi honnête homme-,
< *44 )
&: ensuite par des Magistrats éclairés , amis de la
raison & de la vérité ; c'est-à-dire , par de3 ARIS
TOCRATES.
NOUVELLES POLITIQUES.
Coblentz , iî Février. — A mesure que nou»
approchons de l'époque de la Guerre contre le
Coloffe conftitutionnel r le9 intrigues des Faétieux
redoublent pour diviser les véritables- Royalistes*
Les Monarchiens conviennent que l'Empereur
est résolu d'employer tous les moyens qui sont
en sa puissance pour foudroyer les Titans de la
Révolution ; mais ils travaillent à insinuer que
le concours de \'Empereur &. du Roi de Prusse
ne tend' qu'à démembrer la France. La seule
crainte, difent-ils , d'être divifés pour le partage
après la conquête , est ce .qui a retenu jirqu'icr
ces deux Puissance^, &c. "Voilà à quoi se bornent
maintenant les moyens de la Faction la pl,iw
hypocrite qui ait jamais existé , si l'on en excepte
celle de Raimud , qui parok. faire cause com
mune . avec eiie. Mais quel est .Ehomme 4e
bon sens, qu'un tel langage, pourra surprendre ï
Leopoi>D a trop bien -manifesté Ton caraflère
équitable pour croire qu'il , ait pu concevoir un-
projet si déshonorant. Et d'ajiieurs ne voit-oi*

? gour ne pas s oppoi


fa déteaion., (l^qnçevi: avac "le.Roi d'Effagae Se
les vitrés ïfnrices de la Mai£<jn>.da -Bourbon. Les
Amis de là Monarchie n 0*4 rjrioac rjen à craindre
des dispositions de l'Lm.^jeuf. Sien loin de
Vouloir morjCeléf.d'Empjçô, dêtr-lfi > il s'arme
pour en relever i'édai , ^.jpottC faite rentrer dans
la fange? une^ foule de ^[Factieux qui n'ont
fsufu sur,^Xqène jplit^ijew-..fiue iflour semer le.
défordre , la liçence , & faire le malheur ^ de
Humanité, ' • '> '■: . ' \
De tous côtéslesngiuvelle9sont satisfaifantes , le»
troupes défilent continuellement, Celles de nos
Princes augmentent chaque jour. L'enrôlement
pour le régiment dp Witgenstein qui eft à leur
lérïice , fe continue..avéc beaucoup de fuccès aux
environs de Worms. Le premier batailLon de cin,q
cens cinquante hommes est déjà r.gmpiet ; les armes
<9nt été fournies par- l'Evêque de Wusi\boHr&,
Duc de Pranconie. .Le Prince Mauri.qe dp, Sàlm-
Kirbourg.;; ci-devant au service de, France, s'est
chargé de Ja levée, d'un- Régiment àgt Huifards
pour le fervice des Frères de. Sa, Majesté Très-
Chrétienne, " \
■ De.IfaLle le 1 5 Février.,r» Je m'emprefle de.yous
apprendre que deux, Généraux Amriichiens Yont
çe rendre à Bruxelles,, que les Sapeurs qui étoient
en Garnison dans notre ville, font partis le 13
pour se rendre à Taurnay > où beaucoup de troupes
descendent pour former un nouveau camp..
Ouderwrde cë 16 Février. — Le généra1,2? enier
& F Archiduc Charles doivent se tendre à Ath,
[. l'effet d'y établir le quartier général. Les Emigrés
./vont' former trois Corps d'armées, dont le pre
mier .commandé par Monsieur, ,doit diriger
, £a marche - par l'Alsace ; le second , ayant a ,sa
têtélePripce de Condét pénétrera dans la Lorraine,
& le troifième , foutenu de quarante mille Au
trichiens , -ayant p©ur Général le Comte d'Artois ,
fe portera dans la Flandre.
' Nous ne pouvpns plus fortif de nos Cantonne»
•mens sans. avoir uft j>,rdre de notre .Général. On
nous passe tous les huit jaurs en çevue^ Nous
fommes parfaitènieht' exercés à la manœuvre
' ''^c nqifs attendons tous ,' avec impatience
imj que le"
t;„î^é"nl 'pMi(r\ piçfté fej bott^ t ôcç qui ne
f nirl. «Art ■ * . -
C M 2
NOUVELLES INTERIEURES.
Les troubles intérieurs ne font que s'accroître?
par les menées des Intrus, des Jacobins, & sur
tout des Calvinistes -
Dans quelques villages dfc la Flandre , lés
Prêtres non-afïermenrés y'fbuffrent mille vexations
de la part «les intrus , & les fidèles sont exposés
à y être aflaffinés, lorsqu'ils veulent sè rendre
auprès de leurs pasteurs légitimes, pour puiser dans
leur feîn les biens fpiritùers.
On exige dans plurieurrs cantons de la Nor~-
mandie uae contribution, pécuniaire pour per
mettre aux Prêtres catholiques de célébrer le saiat
facrifjce de la Méfie.
A Nkmes , foyer du protestantisme, ceux de
lafaclion de Rabands'y livrent aux plus horribles
excès contre les Gathoiiqeus ; on les entafTe pêle-
mêle dans les priions , fous prétexte qu'ils ont
des projets de contre-révolution de concert avéc
les Citoyens à'Ayles. Le but de ses infâmes coquins,
est de rendre les Arlesiens fufpects , parce-,
qu'ib ont, horreur de Ifeurs crimes; d'obtenir,
au moyen de leurs calomnies., des troupes de
ligne, pourporter le fer& la flamme dans Ailés,,
&; pour désarmer les habUans , comme As.
ont désarmé les Ville.s voifmes qui n'ont poïiit
applaudi à leur sanguinaire fureur.
.". Thermomètre de Paris. •••''■*>
Tant qu'on 1 aidera fubsièter le repaire des ja
cobins , nous ferons dans dé continuelles alarmes.
La Garde Nationale à beau vaincre les brigands
qui font à leiir folde -, Qtfà dû remarquer que
ces défaites sont bien loin de refroidir leur rage
■sanguinaire. La Jacobiuièré ëft un monftre qui y
comme Antée , se relevé de chaque chûte avec
une nouvelle fureur. Il faut un AlCide pour
( 'HT >
F étouffer, cleft-a-dire la force réunie avec la
fermeté du courage „ &malheureufementle Roi
est toujours foible & impuissant. Nous dirons
toutefois, à la gloire de la Garde PJationale,
qu'elle eft pleine de zèle pour le' bien public;
niais les corps administratifs, infectés du Jacobi
nisme, enchaînent sa valeur. Aufïï fommes-ndus
toujours menacés des plus horribles exécutions.
Le Jacobia. S ANTER . . distribue ses piqcies dani
le Faubourg Saint-Antoine , & les brigands ne
cachent point quelles fonceurs efpérances. On
les a entendu dire , dans la chaleur du vin , qu'ils
sauroient bien lurprendre les habits biifis^i) &
s'emparer de leurs canons ! ;que ce grand coup de
main Ce feroit une belle nuit , au moment où
on s'y attendrait le moin9. - ■
■Apprenez, honnêtes habitais de Paris, que
c'est ainsi que les Catholiques de Nifines furent
furpris par ks Calvinistes de la Cardonnenque ,
de; Cêyenes- 8t àe la Vautiagt , réunis pour les
exterminer; & quMs furent égorgés fans avoir
pu se mettre en défenfe, Cet affreux exemplç,
en vous retraçant ce que vous avez à "craindre
des Jacobins , doit vous porter à furvçiller leurs
manœuvres criminelles , & à vous réunir tous,
pour en prévenir ou parer le» abominables effets.
L'influence Jacobite est toujours la. même ,dans
les nouvelles élections. It ne falloir pas moins que,
cette influence pour compo er le 'tribunal cri
minel comme il l'est. L'Avocat Treilharcjt en
est le Préfident, Les autres membres font ^ le
fage P'ons-d'f-Verdun ; l'honnête Voidel , ci-devanÇ
grand Inquisiteur ; le loyal Âgier , l'intrépide
Robespierre , accusateur public, & le bon homme
Faute ^èon Subflitut. Qp. voit qu'il ne manque

(i) C'est ainsi qu'ils nomment la Garde -Nationale.


( f4* ) ]
k qu'un Chahroui^ pour faire de ce corps utt r
fyfiêrrie "complet de vertu & d'équjté <fdn.f :
sens, df la Révolution.
] 'SABB AT S J A C O B I T E S. .j

Jêfo Zd clochette des Frètes B HO V S S 0 ET*'.


■ & Bazîrh,
'* *
Séances des i<; 18 ■& 19 Ft'vrten
* • k*
.Après le compte rendu par l'elpion des Jacb-». .
quins , de tout ce qui s. est dit & fait à la Séance
de l'Assemblée Nationale du même joar. 15, le.
général Robespierre , auiîi grand aux yeux-des
Jacquets que l'homoie Montagne le paroifioit à .
Lilliput , annonce l'infïallation du tribunal cri- •
mjael de Paris., ceux ajoute t»il', qui ont dit
qu'en qualité d'accusateur public, je i'erois la ,
terreur des Aristocrates fe trompent le jour le
plus .heureux pour moi feroit celui ou je pour- ,
rois, en arracher quelqu'un à la mort ou à l'ep-»
proî>r^.,. . tel le Kon. s'étant fait Roi des bêtes ,
faiivages &. voulant qu'on le crût iufte & équi
table vlvoit d'aborà parmi elles en rufé matois, ,
& leur rendoit la juftice fans acception ; mais
il' finit par les dévorer. Dans un Jacobin, le, •
bien/même eft fufpect. Au ftirplus, pourfuit
le, Général, je donnerai le jour à ma place, & '
partie de la »uît à la Révolution. Ehf mons
Rabespurre , la Nation vous tient quitte de vos,»
veilles ; allei vous coucher & puiffiez-vou* ■
toujours dormir , pour sou repos & pour le vô-.
fréi — Voici venir l'illuftre Manuel. ,
ha haine & le courroux répandant leur venin ,
DAarchtnt devant tes pas un poignard à la nain.
FraTres , dit-il , comment pourrions-nous parvê--"
nir à perfuader nos concitoyen» de ne point
f 249 h , .
n'alarmer des émeutes & des Révoltes qui cou- t
vani dans la bonne ville de Paris ? , J'ai vu
aujourd'hui des" femmes qui pleiiroîent , parce
qu'on batroit la générale; if eft vrai que ce
n'ell pas de ces femmes qui viennent aux tribu
nes des .Jacobins, . , il eft boa- fans doute, que
nos fi ères d'armes foient toujours prêts à leurs .
poftes pour voler aux ordres de la Commune ;
mais, quand le peuple a. ces ciomens d'Iiumeu* .
qui lui sont bien petmis ; . il ' a plus befoin de 1
conf>;iis que de fufils-,. ces confeijs^ c'çft .un '
détatnemerit qui doit, les lui pqrter , .quand il
eft prtjlîdé par M. Péiion.— En entendant eè .
forcené Jacquet , on. croit ouïr le Crocodile
de la fable qui exhortait un Chien de ne'
point se troubler à fon al'pect , & de boire fans,
peur le long du Nil. ... Pauvre Manuel , jtu jettes,
ta poudre au vent \ Si , feloà les déteftables prin- ;■
cipes , il eft permis aux brigands que tu appetlesj
le Peuple d'avoir. de l'humeur, il l'eft auffi à.
tous les Citoyens, amis de,, l'ordre & de Ta paix , i
de s'armer» de fondre fur eux & fur les. factieux t
qui les dirigent;, c'eft auilî ce qu'ils feront , n'en,
doute pas, — Capucino-Cftdif t , qu'on croyoît,
mort 8c enterré , ne l'eft pas tout - à -fait encore ;
il a traîné fon fquelette.au fabbat du iy, pour
y lire une lettre des Jacquets de Perpignan; ils.
font dans la plus grande tranfe, &. craignent
d'être bien- tôt pendus par les Efpagnols , qui font
contre la France des préparatifs formidables *
Un apôtre de la propagande rend compte de fa,
miftion ; il a vu les Emigrans en cocarde blanche.;
& baudrier noir qui brûlent de combattre ; mais
en revanche, il a patriotijé tous les pays -bas. .
Chaque habitant a juré,. de fe faire éventrer en.
l'honneur de Targinette : le nom de cette guenon.
élecTrife frère de Sillery. L'honneur, dit-il,&.
Ja deftinée de cette nymphe font attachés à l é-
C *fà )
ducatÎQit du Prince- Royal , & peu s'en eft falftt
qu'il ne fe foit nommé comme feu! err état de-
la faire. Pour convaincre la Jacquinaille qu'il
s'en croyoit capable , le vénérable frère a ana-
lifé les fonctions & les devoirs des Miniftres, dan?
le fens redoublé de la Révolution ; mais le croi
ra - 1- on ï Ce célèbre Orateur a été hué même par
fes Confrères. Frère Dufourny fait l'éloge des
piques &. prétend que ceux qui les blâment font
fabriquer, des poignards. Selon lui, un quidam qui
en avoit déjà commande plufieurs , a été arrêté
& conduit à la Mairie. L'honorable frèro n'a
point dit combien on avoit donné à ce quidam
pour jouer cette nouvelle farce. L'armée Jacobite,
armée des piques , s'èft préfentée au (abbat du
19 ; frère Barire , Prefident x voulok que les
piques fuflent dépofées à l'entrée de la lalle ;
mais le révérend Manuel ayant obfervé qu'il' •
étoit plus intéreffant qu'on ne croyoit, de- ne point 1
mécontenter la Nation perte- pique , a obtenu-
qu'elles feroient dépofées à côté du Préfident , :
& que l'inauguration en feroit faite le même foir.
Cela fait , le Préfident faute au cou des porteurs
des piques leur donne l'accolade , reçoit le
ferment qu'ils font de vivre libres ou mourir r
loue leur zèle , leur patrvotilme , & contracle-
avec eux, au nom de la bande Jacobite, une
alliance éternelle. Les !>éputés des Jacquets de
Marfeille font enfuite introduits. Nous parle
rons dans le prochain n.° des affreux motifs de
cette députation , dont le but eft de defarmer
les Catholiques de la ville d'Arles ,' & de les
livrer aux factieux : motifs , développés avec au
tant de vérité que d'énergie dans l'adreûe de la
Garde -Nationale à'Arles , à nos auguftes ra-
rnaffés.
( »5i )
MELA N G E S. ■■ '
Les Grecs & les Romains ne sont pas nos modèles;
Nous valons beaucoup mieux : Luckner & Rochsmbeau
Effacent les vainqueurs de Pharsale ,& d'Arbelles;
Cicéron n'est qu'un nain auprès de Mirabeau ;
Catori moins que Briïsot eut ravi nos suffrages!
Qui youdroit préférer Citon à Condorctt?
Nous "avons près de huit cent ' Sagek,
La Grèce n'en avoit que sept.
CHANSON PATRIOTIQUE.
Sur l'air de la Meunière.
Amis , la France est maintenant
Sens devant derrière!
■ Par le Sénat permanent,
Qui s'en va tout culbutant «
Ce qui fut derrière"
Est mis par éevàrit !
•owoax*
Jadis nos Rois alloient devait ^
' ~! ' Leurs sujets derrière ; 1
Tout est changé maintenant
E( Par un Décret plaisant - '
. ', •Louis . va derrière / . t
Et Rrissot devant. ,.

Jadis l'Evêque alloit devant ,


Le Curé derrière ;
Mais par l'effet d'an serment " r
Tout au moins impertinent ,
Bernis est derrière;
Grégoire devant. : .
(( *p )
Jadis les Grands allaient' devartT. ' •
Les valets derrière;
Le Laquais est maintenant
, .Sénateur ou Commandant ;
Rohan est derrière, . .
Target est devant î
■ccoocco
Jadis Je; Chefs al'.oient devant
Les So'dats derrière ; . ,.;
Les Goujats ont maintenant
L'honneur du commandement,
•'iïondç va derrière,
-Villet,
• • "* .. .» devant
• ■ - ■" • • ln. i

Mais tous ceux que, l'on voit cjevift *


Reviendront derrière ; ry
Nous verrons inee^saroenc , »■
Par un juste arrangement , ■ '
Villet . vdexrièrç
• Et Gonde* devant
. "* .1.1" : • ,. ...i.
Madame Gas, dé Nifmes , dont le malheur*
ont fait verser des larmes à tant d'aines fenfibles ,
& qui n'ayant pû obtenir justice . des aiîafiïns
de son époux , &. de? dilapidation? dë ses biens,
n'a vu dans une multitude de membres de l'As
semblée constituante- que les protecteurs & les.
inftigateurs des abominables Scélérats , auteurs
de sa ruine totale , vient d'établir un Cabinet
littéraire sur le Boulevard , en face, de V Opéra.
Nous invitons les honnêtes gens à concourir , par
leur abonnement , au fuccès d'un établissement
qui n'est formé que pour relever la fortune d'une
veuve chargée' de SIX E.NFAHS , victimes du plus
horrible des Fanatisme* enfantés par la Révo-a
lution,
( *M )
Le ci-devant Carme Sirmet , Evêque intrus de
Toulouse , reçoit chaque jour des nouvelles preu
ves du mépris qu'il infpire. La Dame Glaires,
Accoucheuse de cette Ville, & fameuse ariftocrate,
curieuse de lui témoigner le sien , imagina da
l'appeler en Confession : Monfeigneur vole au
Tribunal. Je viens , mon Père , lui dit la feinte
Dévote ; vous consulter sur une affaire de la plu3
grande importance. — Parlez, ma belle enfant,
parlez , répond le Schismatique Béat , >)e vous
écoute. J'ai , mon père , un mari laid, haïssable,
dégoûtant & puant comme un Moine ; je ne puis
le sentir. &. voadrois bien le troquer pour un
autre , en tout bien &. tout honneur s'entend ; il
faut que vous m'aidiez dans ce projet , & vous
nous épouserez.-,-- Je voudrois bien vous obliger,
Bia chère fille, mais cela ne se peut pas.— Dé
grâce, Monseigneur, je vous en prie , là , très*
instamment ; faut-il pleurer pour vous toucher le
cœur i — Hélas ! votre état m'affecte ; mais la loi
s'oppose à vos défirs. Vous appartenez k votre
mari , perfonnene peut s'emparer de vous pendant
sa vie , & ce feroit un fcandaîe affreux , abomi
nable. — Quoi ! repart la dame Gleijes , monstre ,
scélérat, infâme! je ne puis point me marier,
& vous avez pu prendre , ufurper indignement
une place qui ne vous appartient pas ! allez vous
êtes un gueux, un coquin, un voleur; votre
partage sera la corde. — Monseigneur , sot & pe
naud n'eut rien à répliquer & se retira à petit
bruit. — Cette aventure est authentique.

LE G 1 S UT I O N. ; -'
'Seconde racé de nos Rois. : ^
■Séances des tj au Soir > 18 , ip & 20 Février. ' ?

, On *'«lt pécule «.le 37 #u. Suit, -du -tofi&b


( ^54 )
Soldats pendant la guerre ; ils recevront 28 oncetf
de pain , demi - livre de viande , & une oncei
de ris en -fus, les jours de marche. Il fera, fait
un approvisionnement de vinaigre &. d'eau - de -
vie pour corroborer la valeur de nos Céfars. Enfin
il a été fait, ce fameux rapport ffur la. ville
à'Arles , qui devoit révéler les . plus . affreufes
conspirations contre Targinette. Touts'eft borné
à demander la proscription des noms de moinai"
diètes & de chiffo'nistes que les deux partis fa
font donnés. — Une adrefTe du Départe
ment du Gard, lue le 17, annonce que le midi
de la France eft travaillé fourdement, que le
camp de Jaîès va fe former de nouveau t
& qu'ils craignent une exploiion immenfe.
M. Goui d'Arcy mande à l'Affemblée qu'il fait
qu'on l'a dénoncé , & que cette dénonciation a
été très -applaudie ; mais, pourfuit - il , rien ne
l'empêchera d'exécuter avec fermeté , les or-i
dres très - conititutionnels qu'il a reçus du Roi
pour prévenir de grands délordres : cela fait*
jjourfuit ce GénéràF,7''/YiU pré/enter mes refpeds.
àl'Affemblée Nationale & au Roif mes aélions
à la justice 6- ma tête à mes ennemis que je mé
prise.— Les Députés envoyés à Noyon , rappor
tent qu'ils ont trouvé ,ks féditieux dans le plus
grand ordre -, on les a accueillis très - honnête
ment , & on ne peut rien ajourer aux égards
avec lesquels ils ont refufé. de laitier partir Jes
.grains qu'ils ont arrêtés. Projet de"formation
ce fix légions , deftinées à voltiger au devan»
de l'armée , à harceler l'ennemi , à le dévalifer ,
& à le faire ddntier-au "diable. — Le-'-Mini.ftre
de l'intérieur donne un apperçu génépi de l'état
du Royaume. Stffr discours , semé îàe' plufieurs
erreurs de poliiique ^de morale ,. çqn*ie*it ,Uayeii
des atroces përiécutions ïuïcitées contre les fidèles
Minjsftes de(h\B.él3giQn. Le jVJinhîre mêirif*ae
( *55 )
peut s'empêcher d'avouer, quoiqu'en termes cou*
verts , que la horde des Jacobins établis dans un
temps où l'efprit public étoit de tout détruire,
ne peut qu'être funeste au moment où il faut tout
conferver. — Grand nombre d'hommages & de
flagorneries Jacobites , parfument la séance du 19.
Un Suppôt d'Hypocrate , séant à Bordeaux, rue
de la Tour, N. a. fatigué fans doute de fon
défœuvrement., offre d'aller médicamenter gratis
les volontaires des frontières; il offre 600 livres
pendant chaque campagne pour obtenir ce pri
vilège qui lui eft accordé. — M. Charron offi
cier Municipal, a dénoncéfà nos auguftes, «n
de ces crimes qui n'a que trop multipliés notre
Révolution. — Un domeflique après avoir perdu
au jeu des fomm-es qu'il déroboit à fon jeune
maître , vient de l'affamner pour s'emparer d'une
fomme confidérable qu'il venoit de recevoir. Ce
monftre avoit fait construire un coffre herméti
quement fermé pour cacher les traces de son.
crime; mais le trouvant trop petit, il a. coupé
fon maitre par lambeaux. Cet abominable crime,
pourfuit le Municipe , n'eût pas été commis;1 fi
nos Monarques n'étoient pas auffi infoucians fur
l'ordre public. — Les femmês de la halle vien
nent notifier, qu'elles veulent une caille de
Commerce pour les marchands & les artiftes
peu fortunés ; elles font accueillies en femmes
accoutumées à se faire obéir , & refufent les
honneurs de la Séance qui leur font offerts. Sire
Dumas, remplace dans la Préfïdence, Carritat ,
ci-devanî Condvrcet , — Selon le compte rendu
à la séance du 20 , la fabrication de la nouvel
le monnoie fé porte à ia millions. Le Roitelet
Chaxlier, furpris de lie point la voir circ«-
^r , demande un état détaillé de fon emploi.
L'aréopage renvoyé au Comité des Alfignats &
Alonnoies.—» L» députation des Jacquets de Mar
. V*^), .......... .
feiîle.eft admife à la Barre, & félon le plan
formé , par la Jacoquinaille , dénonce la ville
d'Arles comme le loyer d'une contre-Révolution^
Pour donner plus de poids à fes calomnies,
. l'orateur place foa propre frère à la tète
dés Conjurés , & demanda la permiUîon d',a->
cheter ia mille fufils pûur- traiter à la Rabaui
les paiubles habitans de la ville d'Arles: les
honorables délateurs, font invités à la séance;
. Sire Vdubianc, entraîné par l'afcendant de. la
Vérité, avoue enfin que le* fociétés populaires
; eu Jaçobkes entravent le Gouvernement, &
font la feule cause de l'anarchie où nous vivons ;
il rappelle les horreurs cpmmUes en dernier
■ lieu dans la ville d'Audi, ( i ).. t$t tance la
- tiédeur du- sénat à venger de 0Ïs forfaits ;
• Bctfirez poupée leperfime, & le Jacquet Cuadet
attribue à l'inaction volontaire du pouvoir exé
cutif,; tous \ti maux que les Jacoquins feuls
verfeat fur la France. La . séance fe termine
, par en décret d'acutïtatioa çontiî M, BuUry ac-
. eufé d'embauchage. '

(1) Ce rnème jour, leiieur Bàrtbe ,.Evêque Intrus de


cette Ville , avoit régalé, dit-on , une escouade de Sans-«
Culottes, et leuravoit servi un plat de petits assignats.

On s'abonne au Bureau -rue Montmartre , à Paris ,


N° 219. 6 liv pour 3 mois, — 12 lir. pour six taoh-^&t
14 liv. pour un an. franc de pbrt.
,\\<t'7 ■ tt iR-r.o --..s . *:ifr! 1 ' i'*v.»iiiAJ
. im )." ' ^n'.ii ."■ un nw j 1 » 1 1 1 1 ' " , ^
-j, t fyfJJriytrlBi&rii. <U Jacques Q-tROUUip .rua du.
Seconde Année N°. i?

L A ROC A MBO LE,


0 u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
Eédigé par Dom Régius Anti - Jacqbinus.

« Une Foi , une Loi , un Roi >>.

Du Dimanche 26 Février 1792.


1, 11 ■ 1 11 m,

ADRESSE
De la Garde Nationale d'Arles, à TÂfîenMée
Nationale , signée de tous les Volontaires , art-
nombre de quinze cents.

^.j'est pour dévoiler les manœuvres des Calvi


nistes de Nismes&. de Marseille, c'est pour éclai
rer avec le flambeau de la vérité , leurs actions
.■criminelles , que la Garde Nationale à'Arks a
•envoyé au Corps Législatif l'Adreffe dont nous
allons faire l'analjfe. Nous regrettons bien que
le manque d'efpace ne nous, permette pas d'offrir
cette pièce à nos Lecteurs , tant nous l'avons
trouvée intéreffante & digne d'éloges , par la
anodération &. la fageffe qui en ont dicté le
langage. .
Tomt fJI. angte 179a, B
La Garde Nationale d'Arles , instruite par la-
Voix publique de la dénonciation du Club de
Nismes .démontre à l'Assemblée, que ce sont des
hommes élevés à l'école des Jourdan , des Duprar,
des Mîhvielle , ( ils pouvoient ajouter des Rabaur)
qui , couverts de crimes & d'infamie , ont l'audace
de les attaquer par des délations , des faux rapports,
d'abfurdes calomnies , fans que de leur foyer de
persécution & d'iniquité, qui existe dans les
Clubs de Nismes &. de Marfeille , ils ayent jamais
pu faire fortir la moindre dénonciation légale.
Aucun chef d'accusation n'a pu être prouvé &
toutes les fois qu'on a vérifié les fait ils ont été
reconnus faux & abfurdes. ' • • — \.
Mais vainement les Artésiens ont confondu
le menfonge & l'imposture de leurs ennemis ;
vainement ils' ont démontré combien ils aiment
à vivre tranquilles à l'ombre des loix, qu'ils fuivent
& refpectent ; vainement ils ont mis en évidence
que si , depuis fix mois , les contrées du midi ont
effuyé des fecoufTes, si la glacière d*' Avignon a
été remplie de cadavres , de victimes humaines ,
si la ville à' Arles à été fur le po>nt d'efluye^
le même fort , c'est au Club de Ni/mes & a
celui de Marfeille qu'on doit tous ces maux;
vainement ils ont prouvé 'que là -rage' de leurs
persécuteurs ne connoit aucun frein ; vainement
on est înftruit que ces miférables ,: qui ne sont
rentrés dans la fociété qu'à la faveur de l'amnis^
<ie accordée à tous les fcélérats par iWsemblée
conihtuante , ont fait fouffrir1 depuis les plu*
horribles vexation1 à quantité d'honnêtes gens*,
fans qu'il fo^t jamais venu da-is l'idée des Citoyens
pa;s;b!frs à' Arles , d'ufer des moindres re;ïré<aii!es.
Tout cela n'empêche point le Club de Nismes d«
demander à rand; cris leur désarmement. ' 1.
JLh quoi ! v Js difoilius , le saug des Catholiques
( w r
Se Nkmes Bl des habitons &Avignon , n'a pu
assouvir votre férocité ! Et c'est au nom du pà->
triotifme que vous en demandez encore!... s,
Ah ! monftres^ mais Tachez que le masqué hypo
crite qui cachoit votre noirceur est déchiré ; fâchez
que vos fureurS n'empêche font pas ceux que v ous
opprimez de s'élever contre vos iniquités ; parce- >
que la vertu ne ciaiht rien ; & fait pâlir le crime.
Tremblez , vos intrigues seront déjouées , vos
projets renverii's , vos attentats connus & punis.

NOUVELLES POLITIQUES.

Les Nouvelles étrangères font toujours pleines*


d'efpérân ces pour les amis delà bonne caufe.On
s'en apperçoit à la phifionomie trifte &. lugubre
des Factieiix. ...
Les lettres de Berlin annoncent qu'on prend .
le plas grând foin dans les Ltats du Roi do
Prujje de chaffer les Propagandiftes , & d'empê
cher la circulation des écrits incendiaires que ces
coquins répandent pour fomenter l'efprit de ré
volte., Ces lettres font aussi mention des prépa
ratifs de guerre , dé la marche des troupes, Se
adurent que le Roi, en perlonne , commandera
une armée de 8 a mille hommes.
Celles de Coblent? ne font pas moins fatisfai«
fautes, Les Princes reçoivent des leco'urs multi
pliés en argent , tant de l'Empereur que des autres
Souverains -, le Roi d'EJpagne fùr-tout fe diltingue
par fa munificence pour les illuftres cousins.
On fait d'ailleurs , que le Pape a reçu de
l'Impéiatrice de Russie , î'affurance , que de GRÉ
ou de FORCE Avignon & le Sortant lui feraient
restitués.
En un mot , tout va le mieux du monde pour
lafaifon.
-ftOUFELLES INTÉRIEURES.

'D1 Ourfcamp , pr£j Noyon, et fa Février.


Les troubles de Noyon ont commencé le ia de
ce mois,, par l'arrivée de ia,ooo Payfans de plus
de 120 Communes, parmi lefquels on pouvoir
reconnoitre celles de Compiegne , Ham , Soissons,
Chauny , Ro\ierre ,, Roye , &c. 6?ç. Ces rustres qui
nous rappellent la guerre de la. Jacquerie , pendant
la captivité du Roi Jean , ou celle plus récente des
CamifardsJuLtisl^ Çevennes,étaittit armés pârtie de
/uji'/j, partie defourches, fourchets, lancers, ferpes,
coignéés , broches , croijjanrs au bout des perches,
&cJ Ils alloient tambour battant , enfeignes dé
ployées , menaçant de piller & de brûler Noyon,
ils avoient même pris au collet le Prieur de
Saint-Pierre & le Gardien des Cordeliers ,.qu'ils
eatraînoient avec eux; mais heureufement on les
a retirés de Je urs mains. Le fqn lugubre & effrayant
du toclin a annoncé la marche de cette canaille
à tous les villages d'alentour. Le Patriote Gouy
d'Arcy avoit pris la pofte .pour, fe rendre plutôt •
fur- les lieux du défordre., efpérant fans doute
lefaire cesser par fon éloquence ;. mais ûu îranf- ;
port de fièvre coiiardine Ta faifi à Ribecourt , &
l'a «mpêché d'aller jufqu'à Noyon où il étojt
attendu. Et. Dieu fait quels honneurs, on lui':
préparait. ; „ , . :'i *;i , } ■ •
J?our calmer LeiFervefcence de la multitude ,
on a fait diâribuer. gratis beaucoup de pain. Ce
pendant 35» hommes ont été portés, pour garder
les bl«ds, qui font» partie dans iltglife, partie .
dans les greniers.. IL y en, a Xepf; mille jcjuiq cens
facs, qu'on dit appartenir à MM. Petjon .
Lametw.- Quoi qu'il s» foii, 3>»vPç:«*#t poiflt-
les livrer , & les Maires^ de chaque yUJage..
rcstent-là , à tour de rôle , pour empêcher leur
exportation: 'Le Président dû' Département elt
venu , & n'a rien p*i-' obtenir;/ Ëès Députés du
Manège n'ont pas été pltas avancés , & ils ont
été très-mal aceneiHts. Vous nafcfetfpas nos bleds
;' leur a-t-on éit-j Se quand il Vlëmkoit trente
mille hommes , -ndûs ndus «iff . Une voix
furnageant le tumulte, 'a' fait entendre qu'il falloit
s'emparer des quatre Rois, & les garder comme
otages , en dépit de leur inviolabilité. Poifr "se
tirer de ce datigêr , ils ont ftaté la multitude ,
lui promettais monts & mérv,èUles , & fe font
retirés à petit- bruit; Des 'trôup%s'rn^cbent contre
eux en ce moment; rt- ' • "'^up*; :^

Pendant que les Calvinistes;; de, Nismïf tra-


! Taillent à faire désarmer la ville à' Arles , ceux
de là capitale font dans les plus violentes agita
tions. Leur Confiftoire e-ft contiauèllenieotaflem-
-blé. C'efMà que les crimes les, plus attroces «e
préparent &. fe combinent. Cnés-t dans ce foyer
! de cruautés & d'horreurs, que vienrcPêtre tracé
un nouveau plan de profeription contre les Prêtres,
les Catholiques , & généralement tous les amis
- j£e la Monarchie. Déjà ce plan exécrable^ éjé .
envoyé à tons les" Consistoires d>u Royaume. Les
Prédicants prêchent hautemercteia; guèrie-citiiie ,
parce, difent-ils , qu'au moyen d©: ée fléau des
tructeur , on multiplie, tellement le»; actions
• criminelles , ainfi que la masse des coupables , que
la juftice né pouvant 'ippéfantir fem glaive fur
tous , n'en frapperâ aucun. Comme. Si, en pardon
nant les excès d'un peuple égaré on pouvok jamais
oublier que les Calviniftes font- Îe9 caufes pre
mières de nos. défaflres ; que le > n'est que pour
fatis faire leur haine féroce contre- le ..tçône &
l'Airel , queîe Clergé a été dépouillé de fes biens
que i'sncenfoir eft.devenu un inlirunient de pvo-


( *fc )
: fanation & de façrilège dans les mains des intrus;
que la Majesté Royale a été indignement outrar»
gée , & que le meilleur des Monarques s'est vu
forcé de bpire , jufqu/à la lie , le calise des,
fouffrances les plus aiguës , & des humiliations les
plus trtftes, Non, non, on n'oubliera jamais t$nt
de forfaits: perfides, ne l'el'pérez pa,s.
t Les Jacobin,? s'eiîprcent , autant qu'ils peuvent,
ije seconder les Calyini tes , mais leurs efpérances
pnt bien baissé. La Présidence de M. Çondorcei
est pa(Tée; cette présidence que la plusdiffintu-
Jée fcçlératefle aveit préparée de longue main,
& Jurant laquelle , le fimulacre de }a Royauté ,
qui ofFufque les Répnblicains , devoit entière
ment difparoître. Oui, telle étoit la trame ourdie,
par la Jacquinaille. -,. >.■ i'j ■ : '
Q'on se rappelle le tan prophétique avec lequel
Caritat dit Conàorcex , ce bas flateur des Mink'-
très de l'ancien régime, transformé tout-à-coup
«n républicain, aflùroit qu'avant la fin dè Février
l'Assemblée Constituée feroit A S S E MB L é E
Constituante , & qu'on jette eniuite un œil.
lapide fur ce qui s'eft pane durant la préndence
de ce grand hamme ; que voit an /- Dea infur-.
récrions , de^ incendies , des meurtres dans plur
fieurs villes du Royaume & particulièrement
à Brest Tcws ces crimes & bien d'autres encore
tant au dedans qu'au dehors , que la Providence
qui veille au deftin de l'Empire a fait avorter ;
tous ces crimes étoient commandés & payés. On
devoit çgorger dans la même, quinzaine , les
Princes, l'Emf-ÉREUR, foulever le peuple
contre les riches propriétaires, contre les prêtres
les familles Nobles. Le glaive des aflanlns n'e&i-
toit p^s même épargné le Roi ; & voilà pour
quoi , on forgeoit tant de pigues dans la Capi
tale. Cette trame épouvantabîg eft connue main
tenant de tous, les Souverains de. l'Europe., &
( )
cela n'a pas peu contribué à leur faire prendre-
les résolutions vigoureufes qu'ils ont manifeftéee
& dont 1% Comité Diplomatique eft inftruit.
Mais fi les Jacobins Tont abhorrés au dehors ,
ils ne font pas plus confidérés dans l'intérieur.
Le peuple n'ignore point , que les chefs de la
Caverne Jacobite, font des fcélérats couverts
d'infamie. Un homme dont nous famme; loin
d'approuver les principes, mais qui cependant
fait très bien apprécier les Jacquets, vient de
rendre publique la procédure du grand Carra»
accusé, décrété de prise de corps & constitué1
prisonnier, pour Vol avec effraction fait à la
dame Rebcwl , veuve du sieur TisséRAnd
d{ la ville de. Mâcon.
11 eft tems, ( dit M. Chas ) d'imprimer sur
Carra le fceau de l'infamie , il eft temps de
dévouer à l'exécration publique , ce fcélérat , dont
la vie entière ne préfente qu'une chaîne conti
nuelle de brigandage, de baûefie & de perver-
fité. La justice divine-, a permis que le voile qui
enveloppoit de fes ombresles forfaits de cet homme
excérable, fut déchiré. Il faut donc présenter»
dans toute fa nudité , ce criminel audacieux &
14che , que la nature a dévoué à l'oprobre , Se.
que l'habitude a familiarifé avec la honte; «et
apologirte de la rébellion -, ce complice de tous,
les brigands qui infectent la capitale & les pro-*
vinces-, ce Républicain régicide, aji moins d'in
tention ; (car du fait il en aurait peur ) ce monftre
hébété , qui veut s'environner de bourreaux &
d'aflanins > pour tâcher d'enfanglanter le trône,,
de détruire la mona«chie , de renverser les,
Autels. ....... Il eft néceflTaire & même urgent
d'arracher le refte du masque qui , aux yeux de.
quelques Français encore , déguise la philionomie
véritable de ce Confpirateur forcené , qui appelle
la guerre civile., pour jpuir du barbare pl?ifir dît
(4* y
pfoftfenér sës farouches regards fur le# ruines def <
Villes embrâfées , & des Campagnes dévaftées }
fur des cadavres émanes , & fur des iombeauS
épars. » .. • •' i - '. .i i ! f. '.
Dans cette procédure , on voit CARftA fabii?
la question ordinaire , & trouver bientôt après-
les moyens de s'échapper , par la fuite , au Ar-
plice quil'attendoit , pour devenir un jôur Le chef
der la Jacoquinière^ ■ > ' . ' " "■ * »
r: Sabbats ja cobitèS. ;
....... ' < 1 I. c ..
«,•.■• . Pu 20 Fei/ier. , .i.v« «'••' •

*r .'Sous la dochette de frère È42IRE< '.,


La Jacobinière , des foucis dévorans eft l'éter-»
hël azilè , & cette vérité éternelle , 'qii'H n'tsi
point de paix pour le pervers , s'y vérifié1 téus les4'
jôurf: Tantôt j cette bande faétieufe & régicide , '
croit'yoir à fes trouves lés Pandourès , les Htdfans,
les Croates i & lës Talpaches , guidés5 la
terrible Bendeti Tantôt » le' croyant déjà-envè- •
loppêe par la phalange formidable des Gftera* '
lieïe Français j réunis fbus le panache MMc du '
gïbxiàti!Artois. Elle eft glacée d'effroi s & comme '
l'4ne de la fable , s'ïmtfgmë d'ép^uvfltiter fes!
enttèrhis à force de braire, Enfin, à ces divers ■
fujets de terreur ', s'étôit joint dans le S*bbat du •
lacrâinte de crever lubitement de faim*', &
rros braves Jacquets ne se rassurèrent un .' peu , '
q^tt'fe rappelant tjue Pétioii eft à la tête de»
iabfiftances. Seroit-œ pour nourrir fes chers frère9
qfi'il duïbit acheté > cotnme on le dit , de concert '
avec 1 ex^Monarque 'Charles Lanteth , les grains" '
qu#;Ja Nation dfe Noyon a m is fous fes auguste»
mains, & qu'elle, s'obftme à garder1 en dépit
des "décrets dtf 'fWRepréfôntans / Tandis que la 1
JaG^utilailUî fè lifroit au doux efpoir idg'inApas ;
iflèurk ( du. SttQiHi d« dm > voici veok fottiir* 1
C ^5 )
Hlidon Merlin , pleurant & criant à crevé oreille,
Ahi, ahi ! ahi! mes frères, ahi ! ahi ! ahi! tout
est perdu , s'en eft fait , nous forâmes tous pendus
oui, pendus & étranglés, jufqu'à de que mort
s'enfuive. Fatale deftinée ! hélas ! eût-on pu croire,
que tel qui pendoit aujourd'hui, demain feroit
pendu / Ahi ! ahi ! ahi ! fauve qui peut! A ces
finiftres mots , chaque Frère , pâle & tremblant
comme un voleur que pourfuit le Prévôt, corn-
inençoit à fuir, lorfqu'un vieux Matador , bravant
tous les dangers, le? exhorte à rester , & conjure
Merlinet d'expliquer , s'il le peut ; ia caufe d'une
auffi comique frayeur. — Amis, je le veux bien,
répond le bon Frater } quoique je ne fâche trop
que dire ; mais quand on a l'ame embrâfée du
feu facré du jâcôbitrifme , qu'a-t-on beioin pour
parler d'efprit ou de raifcn / Silence donc mes
frères , dreifez tous les oreilles , je vais impro-
vifer. Pour la rareté du fait , chacun garde le
plus profond filence , & l'orateur renouvelle des1
Grecs, commence en ces termes i*^- Où in est-
donc 1''Aj)"emblée Nationale! Ou enist donc la
chofe publique? Du BAS est Président ,BlGOT
et Quatremere font Secrétaire l & les Pa
triotes où iont-ilsY Je n'ofe le demander. D'où
vient un tel opprobre hélas ! les ,Tacobih9
auroient-ils donc compté fans leur hôte t On a
vu ceux qui avoîeht porte la lumière dans toute
la France ( & qui , pour mieux l'éclairer, onf
incendié tous les châteaux) fe divifer ; mais par
ainsi que Robinfefouvient toujours de fesflûtes , je
n'oublierai jamais qu'on a osé présenter à l'Aflem-
blée Nationale, la propofition de fupprîmer les
fbciétés Jacobiîes. Il faut, morbleu ! que les minis
tériels foient bien surs du fuccès pour avoir eu
une telle audace , & qu'ils croyent k-s patriotes
anéantis; mais là Constitution d'une mai ft , & •
Une piqtt» de i'àufrb; «ofm yù larme à l'œil.
( 266 )
je conjure à deux genoux , tous les bons citoyens,
au nom de la très-fainte liberté , de venir à, notre
fecours , & d'empêcher qu'on ne nous pende.
Quant aux Généraux de l'armée , méfions-nous,
d'eux, comme un dévot fe méfie du Diable; ils
font tous des Judas. Pour M. Dumas, sa Pré-
fidence va être abominable Garde à vous !
intrépides défenfeurs des Jacobins , haut les.
armes ! celui qui ne les défendra pas fera plus
pervers qu'un aristocrate. DiXI. — Il a ma foi
raifon , ce petit Merlin , réplique frère Loustalor*
& je vois avec un véritable crève-cœur , que le
parti royalifte s'accroit de jour en jour épouvan»
tablement, tandis que le parti patriote diminue
horriblement. Hélas ! mes frères, pleurons, fon
dons tous en larmes; pauvre Targinette!
que vas tu devenir î De deux choies l une, ré
pond en nasillant Capuçino-Chabot , ou les Ra-
mond les Cahier de Gerville , Jes infâmes Duport,
tous les agens du miniftère , & tous les mécontent
fuccomberont, ou ils aboliront les Jacobins, Si
dans ce cas la contre-révolution e.-.t faite. Partant,
battons la générale , alerte ! aux armes, Citoyens ,
prenez vos piques ! Les cris féditieux de l'ancien
Marmiton font honorés d'un, bravo ,cet applaudis
sement excite fa folie, au point que feul , avecla,
trompette du patriote Gorfas , du patriote Briffot ^
8c de cinq à lix autres Héros de même trempe,
I /ex-Capucin fe charge du triomphe des Jacquets.
Frère le Gendre et autres extravaguent sur le mem*
a-mi-la ; l'un d'eux raconte, que la Reine , qu'il a
l'insolence dappeler la femme du Roi, ayant été ce
jour là même au théâtre des Italiens , y a reçu les
plus grands applaudifTemens, que quelques citoyens
ayant témoigné leur mécontentement , toute la
falle s'étoit écriée; il y a ici des Jacobins , il faut
les pendre , et que ce projet avoit été grandement
applaudi, Levénérable frère fe garde. .bien.de, dire,
que les Jacquets avoient été houspillés , arrêtés et
jpnduits au corps de garde. Cette defaftreuse nou*
velle a terminé le Sabbat. ^
ï ■ MÉLANGES.

Jat reçu , Monsieur , avec plus de reconnois-


sance que je ne puis vous le dire , les deux numé
ros de votre feuille que vous avez eu la bonté de
m'envoyer, et je les ai lus avec le plus grand plaisir»,
.ce qui ne m'arrive pas souvent, et voici pourquoi:
la révolution, après m'avoir ôté les moyens de m'a
bonnera fait fortir de deflbus terre mille et un
journaux, çt l'embarras du choix m'a empêché d'en-
adopter un, Combien de ces feuilles reffemblent aux
roseaux qui disoient , Midas est un âne ! mon choix
est enfin fixé ,& quoique je sois l'homme de France
qui rie le moins, j'aime à vous voir corriger «n
riant les petits travers des Constituans et des consti
tués. Le champ est vaste, mats je doute que Démo-,
çrite puifTe réformer les Abdériiains.
De ce Français jadis, doux , aimable & poli
Cest en vain qu'aujourd'hui mon oeil cherche les traces*
1 Je ne voit qu'un enfant par la crainte avili
' Embrassant , pour charmer ses mortelles disgrâces «
Le plus petit rayon d'un espoir passager;
: Un nouveau Dçmof'.ès qui , faisant un beau rêve,
Se dit Roi , se d t libre et ne voit pas le glaive
Suspendu jur sa tête et prêt à l'égorger, j
Meurtrier de son frère au nom de la patrie.
Il garde un Roi qu'il hrave et fait des loix', sans mœurs.
O de la liberté stupidc idolâtrie !
Ç'est toi qui d egoïsme as paitri tous nos cœurs.
Depuis le pâtre obscur jusqu'aux fiers Municipes ,
Chacun par la bassesse étayant son orgueil
( 26$ )
Sert son intérêt propre aux dépens des principes
tt pousse en se sauvant, son frère sur l'écueîl. ' '
Dans le désaftre affreux dont nous sommes la proie >•
Telle est du bon français la sotte vanité
Qu'il ressemble kGlaucus qui dans la mer jette;'
Se croit un Dieu marin . lôrs lïiëme Qu'il se noie-
Vous êtes heureux , Monfieur , de rire, & je
Vous en félicite. On n'est jamais méchant quand on
rit. Votre Journal me donne la meilleure opinion
de votre cœur , & je tiendrai toujours à honneur
d'être, &c. Signé, G. MERCIER" .

Quelques Damss de la ville de Toulouse , d'une


piété éclairée , ne voulant point comm-ùniquer avec
ceux qui ne sont parvenus au facerdoce & à
, l'épifcopat que par Téleclion du Peuple , contre
. la volonté & au mépris de toutes les loix de
l'Eglife , contre, les. premiers principes de la jus
tice S- de l'honneur; quelques Dames, dis-je, de
roi//oMje,s'aiTembloieMchez Madame Dougeat,
& implofoierit «tv-eb*riitîun les'miïsricordes du
Ciel fur cet infortuné Royaume. Le fanatique
SermeT , EyêflUf. ,conftitutionnel , inftruit de
cette réunion.. édgjîante , envoie à la porte de la
maifon de cette Dame , une Sans-culotte de fes
affidées , qu'on dit êtrô fa belle-fœur , & qui,
fidèle aux ordres qu'elle avoit reçus, accabloit
d'injures les perfonnes qui fortoient de la maison.
Un Officier, parent de l'une des Daines aulîî
insolemment outragées , fodigné d'an© telle au
dace, foufflèxe la_ PcaiTarde ds Monfeigneur &
la chaffe. Cette nialiieureufe a 'aclionné crimi
nellement l'O/Hcieri La Juftice d'aujourd'hui fe
souviendn-t-elie queTagrédeur eft retrl-coupable l
C'ait-ee que le jugement, nous apprendra.
Tel maître ~eel valei , ditle proverbe , eu voici
une nouvelle- pQuve. Un des Vicaires de ce même
Sermet , fut appelle en dernier lieu pour faire
un enterrement j il étoit queftion de porter le
mort à l'Eglise félon l'ufage ; le jureur s'y
oppofe ; les parens s'obftinent &. dirigent leur
marche vers la ParoifTe. Le Schifmatique prêtre
entre en fureur & leur dit : Vous voulej porter
le cercueil à l'Eglise , moi je ne le veux point ;
allei vous faire f. ... ; il leur jette en même
temps fon bonnet carré à la tête , & fe retire.
Le mort fut enterré par ceux qui le portoient.
Les intrus & les jureurs font par-tout un fujet
de fcandale & d'opprobre. On écrit de Rabasrens,
en Languedoc , que le Curé intrus de cette ville ,
avant de faire un enterrement, s'informe si le
mort étoit aristocrate ou démocrate; si c'est un
aristocrate , il sefufe fouvent de faire la fépul-
ture ; ou ne chante point en la faifant. Appelé
dernièrement pour en inhumer un , il refufe
d'abord de jetter de l'eau bénite fur le corps ,
difant qu'elle ell inutile à un damné. Parvenu
au bord de la foffe , l'abominèble intrus fait
ouvrir le cercueil , examine le mort , et s'écrie !
c'est une charogne , alle^ la jetter à la voirie , je
ne veux point l enterrer. On fut obligé de requérir
la Municipalité. M. Carrière , Maire de Rabas
rens , vint à la tête d'un détachement , & força
l'énergumène intrus à laiffer mettre le mort en
terre. 1;
Du tths-grand Condor. .'. la femme trés-honnête ,
De le rendre plus grand fait ses soins les plus doux.
Ne pouvant par le coëur grandir son cher époux ,
Elle le grandit par la tête.
( *7° )
LÉGJSLATI Ok
Seconde race de nos Rois.
Séances Ses »i , as & 2$ Février.
Quelques bergets Efpagnols , ayant à leur têrë'
l'Alcade , ou Maire de Ronceyaux , font venus ,
dans la nuit du cinq au fix de ce mois, enlever,
trois pâtres Français & leurs troupeaux. Deux
jours après , ce même Alcade , i une humeur
bien plus martiale que nos honorables Maires y
s'est porte dans la montagne de Sayeyiia ,- & y
a confifqùé , à son profit , 500 Moutons &. un
troupeau de chèvres. La Nation Bafque , toute
pétulante qu'elle eu , a mieux aimé s'adrelTer à
notre auguste Sénat , que dè courir après fes
chèvres & ses moutons, & si l'Efpagne ne fe
hâte de lui rendre justice , elle faura bien, s'en ,
venger. Cette querelle annoncée à là séance du
ai, a été eftvifagée comme une affaire d'Etat.
Grand &. judicieux décret , qui enjoint au pouvoir
exécutif de payer aux dépendsdu Trésor national,
les moutons volés , de négocier avec l'Efpagrie
pour la reftitution de cette avance. On
lit enfuite.une délibération des Jacobins d'Aix.
inftruits que leurs Frères de Mafeille vouloient
faire piller des Màgafins à fucrè , & que les
Porte-faix s'étoient oppofés à .cette" expédition,
en menaçant les Jacobins de la corde ; confîdé-
rant que le droit de pendre appartient exclufive-
ment aux Jacquets depuis la révolution , & que
la révolte des Porte-fa.ix eft un crime de le\e
Jacoquinifme , au premier Chef. Tout considéré,
ont arrêté que leur Préfident se tranfporteroit à"
Marfeille , pour affûter les Jacquets de cette Ville,
qu'ils font prêts à voler à leur secours, armés
de piques & de bâtons , & à fe battre avec les
Porte-faix, —Donnera-t-oa aux Soldats la paie eg
. c m i
iwture où en argent ! Le Comité des finances est
du premier avis ; mais le Roitelet Merlin s'y
©ppofe & éxtràvague , au point que le Préfident
le- rappelle à l'ordre.;— M. Gouy , chargé par le
Roi de réprimer les factieux de Noyon , vient
fe purger du foupçon d'ariftocratie dont fes enne
mis l'ont entaché, & réclame fon honneur* qu'il a la
fbiblene de croire en la difpofition de l'aréopage ;
il eûi mieux fait de ne point quitter Ton pofte
fans congé. Sire Dujfaulx n'ayant pu fe faire un
nom dans la littérature , à cru le donner un lustre
en fe précipitant dans la démagogie, & en se ren
dant le patron des héros de la révolution; en
cette qualité , il obtient un fecours provifoire de
600 liv. pour le nommé Louis rallois, qui a
reçu quelque chiquenaude au fiége de la Bastille.
On propole de donner une gratification de 25
mille livres au fïeur Jean Louis y qui a décou
vert une fabrication de faux Afiîgnats à Londres;
mais capucino - Chabot , qui depuis long-tems
peut dire avec le Roi prophète: non est samtas
in carne mea , prétend que le fieur Jean Louis
eft l'Ambafladeur de France à Londres; qui
fous ce nom , veut grapiller quelques Aiîignats
dans le coffre -fort législatif. — sire Thuriot,
au nom du Comité des recherches demande dans
la féance du 32 l'élargiffement d'un eccléfiafti-
que , détenu fans preuves. Un monarque , prêtre1,
a la fcéiéràrélTe d'objecter que cette affaire n'eft
fioint à l'ordre du jour; mais le. fénat rejette
'infâme obfêrvatîon du monfti e" & prononce
l'élargiffement, Leurs majeftés- législatives ont
con'ac.é le refte de la féançe à houfpiller le
gante Je sceaux, hué des Jacobins & très indif
férent à tous les autres. On a difcuté aufiî la
réfponlabilué des Miniftres. Deux chanoines
à'Angirs réclament contre la donnation, qu'un
plauant a faite à l'Affemblée de leurs penfions
C >
eft l'accompagnant d'une belle épitre inférée
avec éloge dans ie procès verbal. Nos auguftes
convaincus qu'on s'étgn moqué d'eux ont été
lots comme des dindons . "& n'en ont pas moins
rejette le moyén que leur ofFroit le Roi Thuriot
pour n'être plus expoie? à des perfiffla^es mul
tipliés fbuS mille formes. — sire VauUanc , de*
mande quoiqu'en ftile cotiftitutionnel , que le
Roi foit revêtu de toute là force de la Lot
& que les Français lui foient enfin fubordonnés
car, pourfuit-il , s'ils font fouverains ils sont aufS
fujets, à ces mots l'orgueil législatif éclatte en
murmures; sire Vaublanc les calme. en montrant
le b ufte de J. J. Rousseau , qui avant lui s'étoit
exprimé ainfi. — la féance dn 2*3 a été entière
ment employée à difcuter bruyamment, fi 300
députés non employés dans lés "comités 8t qui
veulent fe réunir pour tenir entr'ffux des confé
rences, jouiront ou non^de cet avantage. Après,
de longs débats & quelques injures , l'Aflemblée
eft pane fur lé tout à l'ordre du îotir , qui étoit
de fe retirer après avoir ecmpleitement perdu
une journée que la Nation paye fi chèrement.

Errata du dernier N°.


Page 242 > ligne 1 , choisis par les membre? , lisex parmi
les membres. . •• . ,
' Page 246 < ligne a5, pour désarmer, lise% pour en
"désarmer.
Page a48> ligne ire..à qu'un Chabroud , fts*»là qu'un
Chabroud.
-«^v;y;-r.^t¥iJU.JlJ^MIJlJ.i|lL-.wJiiPMUiJ|i.ML'jHjliF.u.L
oI I" Il u..iwww«WO«(n«W«
I I I ' '
On s'abonne au Bureau rue Montmartre , à Paris ,
N° 2i9. 6 liv pour 3 mois, — 12 Jiv. pour six mois — &
24 iiv. pour un an^franc de port.
Dt l'Imprimerie de Jacques Girovard , rue du
. ■ Bout-Tdu-Mendè 47."
Seconde Année. N°. 18.

LA ROC A M BO LE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom R&G IU s Anti-Jacosi h'v s

Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi i Mars 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

Extrait d'une lettre d'un Patriote de Bruxelles ,


du 20 Février.

IL* A révolution de France tombe dans un dif-


crédit fi rapide, qu'on ne paroît plus craindre
nulle part qu'elle ait defitôt des imitateurs. Ceux
qui la prôr.oient jadis avec tant d'énergie, font
aujourd'hui les premiers à douter qu'elle puiiîe
avoft Tiffue que les amis de la liberté en atien-
doient. L'apologie que M. de Condorcet vient
de faire des travaux de fes co-LégisIateurs ne
-ramènera pas la confiance. La iituaîion délabrée
de l'armée, celle plus trille encore des finances,
& le mépris ouvert pour les nouvelles loix 6t
Tome III. année 175?. R
( 274 )
les pouvoirs conftitués , font une preuve Tans
réplique du ravage que fait dans l'Aflemblée &.
dans le Royaume le système de l'anarchie si bien
établi dans vôtre capitale , & pour lequel com
battent si puiffamment plusieurs de vos Législa
teurs. M. de Condorcet fe trompe s'il s'imagine que
fon éloquence détruira la réalité des maux qui fe
font agravés fur la France depuis quatre mois ; et
le pillage des Négocians à'Ostende , & les pro
vinces méridionales qui vont être eh proie aux
horreurs de la famine , & les troubles des environs
de Noyon ? Et puis , qu'on nous vante le zèle ,
l'aétivité, la fageffe des Brijfot , des Bajire yàet
Fauchet , & des autres Legiflateurs excluiivement
patriotes.
CoBLENTZ, ao Février. — Le bienfait de la
contre-révolution eft-il retardé pour long-tems!
Je l'ignore , mais je ne crois pas <jue les hoftilités
commencent avant la fin d'Avril , ouïes premiers
jours de Mai. Les Princes ont conclu avec les Four-
nifleurs des fourrages un marché de trois mois,
et iln'eft pas probable qu'ils ne l'oient pas dans le
fecret delà volonté des Puiffances étrangères , fur-
tout depuis qu'il eft certain que nous jouerons un
rôle,& que nous ne nous tiendrons pasderrière le
rideau pendant qu'on fera fur la fcène. Cette perf-
pective que nous devons au zè'e de l'Impératrice
de Russie & aux follicitations réitérées de la
Cour de Madrid , fait ici , j'ofe le dire , beaucoup
de plaifir. Aucun Gentilhomme n'auroit pu
s'accoutumer à l'idée d'inactivité que nous ré-
fervoit le plan de Léopold , & malgré l'incon
vénient de faire lutter Rome contre Rom-e. Il
eft important d© convaincre les prétendus Patriotes
que ce n'est point la peur qui nous a fait quitter
nos foyers; que la Nobleffe Françaife nourrit
dans fon fein fes Curtius , qui fe lacrifieront
s'il le faut pour refermer le gouffre de l'anar
( m )
dhîe , & pour briser les fers du plus infortuné
des Rois. Quand on a passé le Rubicon , il faut
pouffer la fortune dans les plaines de Pharfale ,
& je connois beaucoup de Chevaliers Français qui
avoient formé le projet de fervir dans les armées
auxiliaires plutôt que de îefter fpeetateurs oilifs
dans une fi grande entreprise.
d'Ettenheim. —'Mi le Prince de Condé quitte,
ainfi que fon cantonnement , le poste d'Oberkirck
pour le rapprocher de Coblentj -, où il est attendu.
On ne parie ici que du courage & de la grandeur
d'ame de ce Prince , on efpère beaucoup auffi de
M. le Comte d'Artois , tout le monde faitqu'ila
promis de payer de fa perfonne , & que M. de
Calçnne a juré de ne le pas quitter dans le fort
de la mêlée , pour modérer ion bouillant courage ,
& épargner à la France les larmes qu'elle ré
pandit autrefois après lé combat de la Majfoure.
Coblentz, 22 Février. — Piien n'égale
l'accueil flatteur que le Prince de Naffau a reçu
du. Roi de Pruffe ; il l'a prefenté à fa Gour avec
l'air dont Henry IV préfentoit CltiLLGN.
Voilà , a-t-:l dit , le Chevalier des Rois. Il eft
parti de Berlin avèc Je Duc de Richelieu pour
tPetersbourg , &. on ne parle pas encore de l'époque
de fon retour. La Princesse de Naffau , disoit l'autre
jour , que peut-être attendroit-il les troupes
Runes.
Je ne Vous envoie point la lifte des Troupes
Autrichiennes rendues déjà dans les Pays-Bas ,
vous la trouverez fans doute dans tous les papiers
publics.
Il va y avoir trois camps , un à Ath , le fécond à
Mons , & l'autre à Tournay. Les frontières sont
garnies par les Impériaux, & déjà l'on ne rentre
plus en France fans des paffeports bien en règle.
Est-ce que vous n'avez pas encore entendu parler
Au. plan de contre-révolution , & de la forme de
Gouvernement conçue par M. de Florida-Blanca?
On dit que c'eft un chef-d'œuvre qui a été una-
niment applaudi par tous les Souverains. Quand
au plan de contre- révolution , on croit que
l'attaque principale de la France aura lieu vers le
Midi. Les, 20 raille Autrichiens que l'on a fait
passer à Milan , les troupes du Piémont qui'
bordent la Savoie , les Cantons Suijfes , les
Emigrés qui font à Nice , les Troupes Espagnoles
qui s'y rendront de Barcelone , & celles qui fe
rejoindront aux Emigrés, & qui entreront par
Perpignan , formeront le corps d'attaque.
Quoi qu'il en foit de ce projet , l'intérêt bien
marqué qu'a la Cour d'Efpagne à relever le trône
des Bourbons dans toute l'a fpîendeur , & à con-
ferver à cette Maifon ces droits &t fa prépon
dérance dans la balance politique de l'Europe
fait bien- augurer des bafes fur lefquellës il
eft aiîis.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
NoYON , 24 Février. — Vive la Garde Natio
nale parifienne. A fon approche les ruftres fe
font débandés de tous côtés. ' '
Comme le vent dans l'air dissipe lafumée ,
L'aspect de vos Guerriers a chassé leur armée.
L'alarme a même été fi grande que toutes les
maifons a Ouvjcamp étoient vuides , pareeque
jiifqii'aux chiens du Village , chacun s'étoit em-
prefTe de prendre la cîef des champs.
Les braves Parifiens , maîtres du champ de
bataille, fans coup Férir, ont envoyé un exprès
à. Noyon. Cet Exprès a rencontré fur fa route
là troupe rustique , & fa vue a produit fur elle
llelfet de la tête de Médufe ; tant il eft vrai que
c.ev Gens-là n'affichant du courage que Iqrfqu'il
ïTy a^pour eux aucun." danger à courir.
(*77>
On parle d'arrêter les Maires des Village? qui
par' leur préfence ont autorifé les exdès -des
payfans de leurs cantons , & qui ont. pris part
au gaspillage. Ces honnêtes Magiftrats font au
nombre de 140. Jufqu'à l'arrivée des Volontaires
ils ont exigé 5 liv. par jour , les Procureurs des
Communes 4 liv., les Greffier 2 liv. 10 fols,r
leurs Gardes-Nationaux 2 liv. & pour être payés,.,
ces MM. ont pris du bled chacun félon leur crér
ance , à raifon de 15. livres" le fac , prix auquel
ils l'ont taxé, tandis que les Marchands l'avoient
acheté 26 liv. sur la place.
Telle a été la défection de ce monftrùeux
attroupement qui menaçoit Noyon & ses environs
des plus horribles ravages. Il n'y a pas eu un
ccup de fuhl de tiré, mais le mauvais tems a été
funefte à la troupe des Volontaires parifiens , çinq
d'entr'eux font maiheureufement morts de froid
fur la neige. ,
On écrit de la Lorraine que les Jacobins y
font fingulièrement alarmés du retour de l'opi
nion , ce qui leur 'fait beaucoup appréhender
l'apprpche des troupe; étrangères. Us le méfient
du Général qui commande la frontière , & des
régimens qui y font. Les Villes, difent-ils, font
bien munies-, mais, hélas ! ^u'ii eft à craindre
qu'elles ne deviennent l'arfenal des Emigrés.
<Nancy, Toul & Lunéville fourmillent ifAristo
crates. En conféquence , les Jacquets défirent
quelqu'apôtre éloquent, comme Caritat ou-Briffai,
pour ramener à la pauvre Targineite tant d'hon
nêtes gens qui la fuient comme la pelle.
Cependant le plan de perfécution des Calviniste?
contre les prêtres Catholiques , s'exécute dans
plufieurs Départemens , & fur-tout dans celui de
Marne êc Loire , comme on va. en juger p^r
l'Arrêté de fon Directoire que no*as allons tranf
( >7* )
Auété dy. Département de Marne & Loife. t
« Tous Prêtres non-arTermentés feront tenus
de se rendre , dans la huitaine , au Chef-lieu du
Département, & d'y fixer leur demeure.
% La Municipalité tiendra un regiftre parti
culier , à l'effet de conftater le lieu du domicile,
d'où fortent les Prêtres non-affermentés * & le
nem de la maifon qu'ils choifiront pour habita
tion dans la ville à.'Angers.
» Les Prêtres non-ajfermentés fe rendront tous
les jours à dix-heures du matin , dans l'endroit
gui fera désigné, pour entendre l'appel nominal
àui fera fait. Ils ne pourront s'éloigner au-Jelà
d'une demi-lieue de la ville , à peine d'être ramenés
par la force publique.
>?.Les Prêtres non-afl'ermentés , qui , dans la hui
taine , ne fe font pas rendus au chef-lieu du dépar
tement, y feront conduits par les ordres de ta
Municipalité du lieu qu'ils habitent , & dépofés
à la Maifon du petit Séminaire , a'ufi qie ceux
qui manqueront à deux appels confécutifs.
» Les Municipalités qui n'auront pas exécuté
le préfent arrêté fur les prêtres non-àlferrrientés,
habitant leur territoire , feront pcrfonnellemeirjt
refponfaWes. des fuites qui réfulteront de leur
négligence. »
Qu'on nous dife maintenant fi 3a perfécution
que les Tybére & les Néron firent foinfrir aux
premiers fidèles , efl; à comparer à celles de ces
vils tyrans , nés de la difTolution des mœurs l
Mais pourquoi ce rafinement de tyrannie , qui
met tous les Ecclé/îaltiques en état d'arrestation ?
Pourquoi! C'eft que le premier article du plan
des Calvinifles & des Jacobins ett d'égorger les
Prêtres.&c'eftfans doute pourquerien n'empêche
cette affreufe exécution , que le département veut
les avoir, sous la main.
( 279 )
Cet exécrable plan de ptofcription femble
univerfellement adopté. M. Thomas, Curé de
Mortaux , a été arrêté & conduit , le 4 Février ,
dans les priions de Pontarlier. Quel est son
crime / Celui de ne point partager ceux> des
implacables ennemis du trône & de l'autel. A*
Biais, l'Intrus Grégoire & fesfuppôtsvprotégés par
le Club dont il eft le Préfident & l'âme, exercent
envers les Prêtres catholiques les plus horribles
perfécutions. Ce forcené Prélat court les cam
pagnes , perluajkmt aux Payfans que la Patrie
ert en danger, qu'il faut s'armer, & il établit
chez eux des forges de lances & de piques. A
"Tulle, le Département, au mépris de la loi,
refiue à 400 Citoyens decette Ville, une Egliffl,
où ils puiffe.nt exercer le cuite Catholique. 0 mucro
àomini, ufquequo non quicfces '

Thermomètre de Paris. ,
Ah ! mes amis qu'allons nous devenir ! L'Em
pereur ne réponl pas aux menaces de notre ma
nège ; mais il a de ptiilians argumens fur les fron
tières. C'est une terrible logique qi,e celle de
Leopold ! Avouons notre impuiffance à y ré -
pondre ; car il est évident que , lorfque fes
orateurs paroitront , nos braves de nouvelle fa
brique tourneront les talons & galoperont ventre
à terre , après avoir coupé le cou de leurs géné
raux , comme à dei traîtres qu'ils accuferont de
leurs défastres.
Telles font les lamentations prophétiques des
Luckn... , Cacabeau & Lafuj\... } qui lai fient fur
les frontières, leurs moutons à la merci des loups
pour fe concerter à Paris fur les moyens de les
défendre. N
Le ministre Liiwie , non moins déconcerté,
ne fait plus de quel bois fajre flèche , ainsi que
( 2Î0 )
fes confrères. Nous avons fait, dîfent-3's , «ne
grande fottife , en pouffant par nos fanfaronades-
une aucmbiée d'imbéciles & de furieux à. 'pro
voquer la colère du lier Léopold. Comment- fe
tirer .de ce mauvais pas l Ils n'en favent rien , &
leur embarras redouble v en fongeant qu'ils ne
peuvent plus cacher la fituation de l'état , fa.ns
accumuler fur leurs têtes , toutes les haines
toutes les vengeances. Aufù , dit-on , qu'ils te
préparent à faire à l'aiïernblée ce triste tableau.
Qu'en réfultera-î-ii ! une guerre interminable ,
entre le manège & lès minist/es , qui fe renver
ront mutuellement la balte , fans s'occuper des
moyens de conjurer i'ora^e , ce. qui d'ailéurs est,
au deffijs de leurs force?. •
On continua de forcer, des piques dans le Fauw
bourg St.-Ant oine , d'aprè; une nouvelle invita.-.,
tion de Càîii:a , & pour trouver moyen de les
employer , les' Jacobins ont pris, pour chaîna
de leurs exploits patriotiques les fpectacles. On
fait qu'ils ont d'aboïd très-mal réuffi aux Italiens.
C'eft an Théâtre du Vaudeville qu'ils fe iont
ensuite portés en forces, c'eft-à-dire fou tenus
dé la phalange des Sans-Culottes , et fur-tout des
Calviniffcs ; qui écumeht de rage de ce que l'on'-
a joué fur ce théâtre uns pièce intitulée l'au
teur ' du moment , qui fourmille de traits de
intire contre ce miférabie qui veut être Poé'te '
en dépit d'Apollon , ce diféiple du baron des-
Adrets (i) , dont l'âme atroce eft un mélange de
boue &_ de fang; contre CïiENIEU, en un mot,
Après avoir nommé ce monitre , ia plume tombe,
des main;.

(r) On sait que c; féroce Calviniste fâisoit prendre


des bains de sang à ses enfans , pour les faaiiiiariscr avec
l'horreur de le répandre.
S A SB AT S SAC O ÊI TE Si.
Séances des 22 & 24 Février. ■

Za clochette de Frère BazirE.

Les Romains donnoient la couronne civique à tout


" citoyen qui avoit fauvé la vie à un autre citoyen.
Cicéron la reçut pour avoir découvert la conjura-
, ' tion de Catilina- Bien plus politiques que ces
anciens maîtres du monde , nos énergumènes répu
blicains ne décernent aujourd'hui cette récompense
précieuse , qu'aux afîaffins , aux incendiaires, aux
conspirateurs , aux révoltés. A propos de Couron
ne , Gollot -a/manac/i a demandé et obtenu
dans le sabbat du 22 , qu'une partie des fers, qui
ont enchaîné fur les galères de Brest les foldats
de Chateàu-Vieux , fussent proceflionnellemeiit
Îiortés dans l'antre Jacobite , entrelacés de guir-
andes, couverts d'une couronne civique & pendus
à la voûte du repaire. Quel eft celui' qui ne
voulût être, pendant dix ans au moins galérien
à ce prix î — Capucine- Chabot , indigné de voir
lever le front au parti ministériel , déplore le dis
crédit où tombent journellement les Jacoquins. '
Un torrent de larmes s'échappe de ses yeux. .
Ami garde tes pleurs pour de plus grands dangers,
lui dit frère Grangeneuve ; le monarque Vaublanc^
il est vrai , a grandement déraifonné à la tribune
de l'affemblée nationale & m'a glacé de peur ;
j'en ai encore le friffon , mais frère Vergniaux a
un projet bon . excellent, divin , & en dépit de
tous les Vaublanc nés & à naître , la cause de la
liberté l'emportera sur celle des ministres. En at
tendant, le général Roberfpierre lit à la Jacqui-
naiile un projet de lettre à celle de Strasbourg ,
dont voici à peu près le précis. — « Frères &
amis , .nous fogimes défefpérés de la défection.
d'une partie de votre fociété,c'est tout comme chez
nous ; mais contre mauvaife fortune bon cœur.
Notre caufe est fi belle que l'enfer , le ciel , la
liberté & le peuple fur-tout seront pour nous.
Courage donc ! qu'il croifle avec les, dangers qui
«oui menacent, duflions-nous être tous pendus ;
ce fera un triomphe qu'on ne pent nous ravir &
bien ail delTus des fuccès qui ne font dus qu'à
l'intrigue; allons donc toujours en avant.
Continuons d'inoculer au peuple nos principes
de justice & d'égalité. S il est écrit dans le livre
des destins que , nos efforts feront infructueux t
les arrières-neveux de nos petits enfans , recueil-
ront du moins la liberté , & l'on gravera fur
vos tombes : victrix caufa diis placuit , fed vicia
Roberfpierri. Sur-tout mes frères, fur-tout , re
commandons aux journalistes patriotes , dans le
détail qu'ils feront des afFairesjj de Strafbourg ,
de ne rien dire qui ne fcit avantageux aux Jacobins.-
Fratres , interrompt , l'Ardu-Jacquet Merlin , ili
ne faut plus fe le difiîmuler , l'orage gronde fur.
nos tètes &. l'explofion est proche. Sans prétendre
faire l'efpion , j'ai été efpionner le comité , &
on y est convenu de propofer à l'afiemblée na
tionale d'empêcher les députés d'être Jacobins ;
mais je le ferai morbleu jufqu'à la mort -, je le
jure par les moustaches de notre fœur Théroigne.
Et moi donc, s'écrie Capucino Chabot , enlevant
les deux mains : je le 'jure austi , par les piques
desfans culottes , &.par les marmites que j'écurois
jadis. A l'instant , les bonnets , les chapeaux font
en l'air ; les tribunes font chorus. Ils. jurent tous
comme des chats fouettés. Le révérendi/ïïme Ro-
befpierre s'extasie & s'écrie ah ! le grand homme
que Merlin f Pourquoi tous les députés , tous
les Jacobins, ne font-ils pas des Merlins î Comme
nous nous moquerions de ces vils intrigans qui
fe réunifient à ce manège ou aux^Feuillans ; de.
( *h )
c«s hommes ramajfés dans la boue , lâches & vils
par caractère , qui n'oferoient attenter contre la
liberté s'ils ne comptoient fur des intrigans étran
gers.... Mais, qu'il y ait seulement dix repré-*-
ïéntans du peuple , qui foutiennent les intérêts
du peuple & bien décidés à mourir , je vous ré
ponds du fuccès... Vous craignez, la diflblution
des fociétés patriotiques / Eh! n'êtes -vous pas.
environnés de la force & de la majesté du peuple,
( & des piques dont on l'a armé. ) Moquons-
nous, de tous nos ennemis. C'est à quoi je conclus.
Pour donner plus de poids à cette exhortation ,
le grand maître de cérémonies du fabbat intro.-
duit une députation de 16 arrières Jacquets du
Faubourg St.-Antoine. Nos piques , dit l'orateur ,
font prêtes à vous foutenir , nous avons juré dé
vivre libres ou de mourir , & les hommes dit 14
juillet nejurent pas en vain. — Frère Grangeneuvé
débite au fabbat du 24 , un long & fastidieux
détail de ce qui s'est pafle la veille à l'a'Femblée
nationale , fur la demande faite de la falle, par
:jco membres ennemis des clubs , pour y déli
bérer, & fe félicite qu'on foit pafTé à l'ordre du
jour , fur cette importante question, Capucino
Chabot, dans un vertigo subit de Jacoquinisme ,
s'écrie : On a beau m'appeller un Capucin dé
moniaque qui vient égarer la mifon ; je parlerai
toujours à tort &. à travers, & quand même on
m'arracheroit la langue , je parlerois des bras
& des mains.... On voit que le mal qui miné
le révérend , n'a pas énervé du moins fa jacobite
bravoure. -r- Pour terminer ta farce, on a pro
duit fur la fcène deux bâtards de la Jacobinière',
âgés de fept ans qui ont remis quelques aflignate.
à leurs papas pour acheter des piques. — Le
président Bajirt loue cette action vraiment civi
que, &. ajoute : bientôt peut-être , on nous foi'-
'cera à employer à notre défenfe les armes pour
( *8+ )
hj"quelles wus nous apporte? votre contribution ;
&c. — Et bientôt , fans doute aussi , tous les ci-»
toyens fe lèveront pour exterminer cette horde
-factieufe ; ennemie de tous les pouvoirs , de toutes
les autorités , & qui fous le mafque d'un par-
triotifme perfide s'efforce de bouleverfer l'Eav
pire , pour jouir impunément du fruit de fes ra
pines &. de l'impunité de fes crimes.
MELANGES.
Lettre au Rédacteur de la Rocambole.
Je viens , Monsieur , de lire les débats dit
Manège "fur les accaparemens. Celui de tous
nos Adonarques , qui en a raifonné le moins mal ,
c'est à mon avis, Sire Ducos ; je demande , a-t-il
dit , une mesure générale , pour détruire ces ma
nœuvres infernales ; mais en attendant qu'elle
arrive cette mefure ,' je ne puis m'empêcher ,
de vous dénoncer un Accapareur d'un genre
nouveau. Vous voudrez bien le recommander
à la furveillance municipale.
C'est M. Néfin , demeurant rue Troussevache,
TS°. 2 ; il fait en ce moment , un amas immenfe
d'eau de fenteur, telles qu'eaux suaves , eaux de
la Reine d'Hongrie , eaux des Carmes , eaux de
Lavande , &ç; &c. Tous les Distillateurs de l'Eu
rope , font occupés de fes Commandes : & il
espère tirèr de fa fpéculation un bénéfice de
cent pour cent. Voici comme il calcule.
Dans trois mois, à peu près , l'aigle Germanique
fe prçféntera aux portes" de Paris^ armé de
toutes les foudres vengereu"es ; précédé, accom
pagné & fuivi de tout ce que le pouvoir hu
main a de plus effrayant en forces & en activité.
Alors, quelle sera l'attitude de nos pauvres puis
sances législatives , qui malheureufément font
tputes^ enceintes du ferment qu'elles ont conçu,
t *85 )
& quî , à ce moment terrible , se trouveront à
mi-terme f M. Néfin , croit à une faufile-couche
générale ; timentes roxam concacarunt régiam.
Adieu la falubrité de l'air. Vous Tentez bien ,
Monsieur , que ces données font très-propres à
juftiner le calcul de M. Néfin ; mais eft-il pour
cela juftifié lui-même ? Ne devroit-on pas appeler
sur lui toute la rigueur de la mefure générale t
J'ai l'honneur d'être votre admirateur confiant,
& votre fidèle abonné. Signé DE LA Cage.
P. S. — A. propos , Monfieur le Rédacteur,
vous favez que bien des gens fe font mêlés de
publier leur façon de voir & de juger notre
divine Constitution , ainf: que les hommes mer
veilleux qui en ont été les fabricateurs; mais
devinez qui d'enti'eux en a parlé avec plus de
juftefie & de vérité : M. Burck , dites-vous l Non.
M. Berças-sel * Non. M. Lally-Tolleniall Non,
vous n'y êtes pas; c'eft M. TACITE, le grand
inquifiteur de la Scélératefle politique. Quoi !
Tacite l'Hiftorien , qui a écrit son ouvrage il va
17 siècles ! Gui ; le même , écoutez-le , c'est lui qui
parle : Liv. 1. pag. 53.
Ex pauperibus divites, ex contemptis metuendi
perniciem aliis , ac prostremo sibi invenêre. —
Voilà qui fait l'Horoscope des fabricateurs ;
voici maintenant la définition de leur ouvrage
qu'on appelle CONSTITUTION.
Speciosa verbis , re inania , autfubdoia , quanto-
que majore libertatis imaginé tegebantur, tanto
eruptura adinfensius servilium.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
-Séances dts 24, 35, 26 & 2j Février.
Toujours même insouciance de la part de nos-
Roitelets sur Us destins de l'Empire,' de tous
( 286 )
cétés il s'écroule & dépérit ; niais nos Brunis
n'en dorment pas moins la grasse matinée , pour
mieux déraisonner le long de la journée : bref
il n'y avoit à la séance du 24 qu'une petite bander'
de nos Rois à 18 livres , &. il étoit plus de onze
heures ; aussi un bon décret a-t-il ordonné que
le nom des Députés presens seroit inscrit sur le
procès-verbal. Quelques Majestés législatives per
suadées que la Nation jette un très-mauvais ço"
ton dans l'Etranger , ont proposé d'en empêcher
l'exportation , ainsi que celle de la laine & sur
tout du chanvre si nécessaire à la fabrication
des cordes dont oh va bientôt avoir le plus grand
besoin, Le Ministre de la guerre lit les recla~
mations du Maréchal national, Luckner , & de
tous les Officiers de l'armée, contre leur paye,
faite en assignats; ils veulent de bons Louis ,
& nous auffi. — Arrive le Poupon de la Jaco-
binière , mons Péthion. Le moment actuel lui
paroît un peu chanceux ; mais au moyen du grand
caractère & de la fermeté de nos Solons , ça ira.
La Nation Françaife , ajoute-Hl , n'attend que
le fignal point de paix . . . foyons libres ou
cessons de vivre . . Le peuple est là pour confondre
vos ennemis & les confpirateurs . Mais quel eil
le fignal que demande ce grand homme / Queleft
te peuple qui est-là I certain d'être entendu , M.
Pétion ne s'est point expliqué. On a f ropefé ,
dans la féance du foir , de payer tous les dé
nonciateurs de faux aflîgnats , d'affranchir de la
peine de mort le délateur complice. — Grands &
infinifians débats fur la formation des nouvelles
Légions. Projet de deftruclion des quatre Facultés,
de Théologie , de Médecine , de Droit & des
Arts. Quelques Grimauds Nationaux remplace
ront ces antiques établiffemens , le tout eft ajour
né. — Plaintes à h Séance du aj contre les
C i«7 )
Commiffaires du Roi envoyés à Avignon ; renvoi
à ce Comité. — Dénonciation fans preuves contre
les Prêtres non-jureurs. C'est la manie du jour.
— Sire Larivière dénonce certains théâtres,
entr'autres celui du Vaudeville ; & en effet, ce
Théâtre a grandement tort de méprifer les Le-
mierre , les Chenier , les Ronsin , les Laya , ces
SophoeJes de la Révolution , & de préférer à ces
plats Bouffons, les productions de la raison &
du génie. Le Monarque légiflatif demande que
le Théâtre foit purgé du venin Dramatique.
L'aréopage pourra employer à cette médecine
la rhubarbe qui lui a été envoyée.
— Grands débats fur le maximum de la contri
bution foncière. — Sire Maille , que l'univers
eroyoit muet , a enfin ouvert la boucha au fujet
des négociations pour l'indemnité des princes
Allemands , & ce Roitelet des rives de la Ga
ronne , après avoir extravagué en forcéné , a fanc-
tionné la conduite de la France contre ces princes
& termii é fon difcours par cette ridicule bra
vade. — Que les Rois fe liguent contre elle ; ils
périront , Candis , eux , & leurs projets injustes. —-
De tou es parts di e n plusieurs majestés à la
féance du fjir , on le.ir écrit que la plus bril
lante jeunefTe brûle d'aller recruter l'armée ; si
elle part , fiers Talpaches , intrépides Hullans ,
qu'allez-vous devenir '. — Une vieille femme ,
dont le mari ne veut plus depuis longtemps , vient
folliciter une loi fur le divorce. Baiire & Lacroix
étayent fa demande. Grand brouhaha , on pa(fe
à l'ordre du jour , du bien d'autrui , large cour
roie. Le fieur Latuit , enfermé pour fes faits
&. gestes, fous l'ancien régime, reçoit un cadeau
de 3000 livres. — C'est trop peu d'avoir dépouillé'
les religieufes dé leurs biens ; on propofe à la
féantJe du a6 de les chafTer de leurs maifons,
dont l'aficnblée constituante leur a aûuré la jouis-
■( a88 )

sance. — Le ministre de la guerre a requis M.


Pétion de faire emprifônner 12 foldats du régi
ment d'Alface qui ont quitté leurs drapeaux fans
congé. M. Pétion n'a pas jugé convenable de le
faire & fe plaint des plaintes fondées du minis
tre. Nouvelle plainte sur le ministre de la guerre ,
il paroît & s'afîeoit. Debout , lui crie I'inquifiteur
Fauchet. Le ministre lui repond par un regard
méprifant. Le général Lutkner vient affurer l'as
semblée , qu'il est plus Français de cœur que de
bouche', & qu'il fe fera volontiers tuer pour, la
nation. M. de Narbonne parle pour lui , fon armée
est bien disciplinée > mais les officiers & les fol
dats ne veulent point d'affignats.-Le président lui
témoigne le plailir qu'on a de favoir fes foldats
difeiplinés , & l'exhorte , s'il est battu par le
grand Bender , de s'enfuir à toute bride fous les
murs de Paris, où il trouvera toutes les autorités
constituées , respectées, et Targinetie , immacu
lée. — Sires Pastorer kx. Condcn cçt nopim&stjùr'és
ce Paris , demandent dans la féanee du 27 , s'il
n'y a point incompatibilité. — Décidé pour l'af
firmative. — Grande diseuffion fur les moyens
propres à rendre aux aingnats le crédit qu'ils ont
■perdu ; elle est interrompue par le ministre de
l'intérieur , qui fait part de l'infurrection arrivée
à.Dunkerque les 13 & 15 Février: En dépit de la
loi martiale qui a été proclamée : dix maifons de
commerce ont eîe pilices, quinze perfonnes tuées,
■plufieurs autres ont été blessées. L'aflemblée im-
puilfante pour arrêter le défordre a pris de l'hu
meur ; quelques membres ont houspillé le minis
tre qui s'est fâché , on a- ordonné pour le talmer
l'impreffion de fon rapport. — . '

De l'Imprimerie de .Jacques Girouaxo , rue" du


y- . : . Buut-du-Mende . N". 47. "-'.r
Seconde Année. N^. 19.

L A ROC AMBOLE,
ou
JOURNAL DES HONNETES GENS,
Rédigé parDom Régius Anti- Jacobinus.

« Une Foi , une Loi . un Roi ».

Du Dimanche + Mars 179a.

SECONDE PARTÏE DU CATHÉCHISME


DES ROYALISTES.

Chapitré III.
Dû Gouvernement Démocratique.

Demande —; S I la fouveraineté j au lieu de


réfider dans la perfonne du Roi ou'
des ARisTOCRATES.étoit exercée par
le Peuple , comment nommeroit-orf
un pareil Gouvernement /,
Réponse- Ce Gouvernement s'appellerait
Démocratique.
Dem. .— De quelle manière le Peuple exer-
, ce—t—il' la Souveraineté l - ■ ■
Terne III. aufiée tfy*i 'S
( «9® )
ReP. — —-—-En nommant des Repréïêntans
ue ou trkiHjdjTîmr
puiljancê législative & 'la puilfance
«xfotttrice.
Dm, Mais puH'qne •le-.peupJe.nomme lai-
mé me "le Magiftrats, •n'c.;'-'li t,a.c":-
■dent qu'il a trop d'irté.-èt à les bien
choisir pour ne pas élire lesliommes
les ,plus vertueiiK&.las pkis éclairés
-dans l'état de l'Administration?
REP. Cela feroit vfans doute vrai , si le
Peuple étoit capable d'apprécier les
bons adminifirateurs ; «'il tomioiti'oit
quelles font les qualités propres à
•l'Homme d -Etat , & au "Législateur ;
mais malhe-uKiiitement cefo n'eft pas
■po/fible. Chaque individu de la fo-
ciété n?eft -ordinairement bon Juge
que dans les .chofes g-iii concernent
■fa profeffion. Tl eft biên étonnant
'qu'on ne frauîfle point reconnoître
cette vérité. Ne trpu-veroit-'on pas fort
étrange , par exemple , qu'un Cor
donnier voulût faire l'entendu fur
l'ardiiieclure / Comment , à plus
forte raifon , doir-on regarder un
Suppôt de chicanne , ou un Artifan,
n importe quel, qui veut (e mêler
de la politique, c'eft-à-dire de lapins
épineiifa de toutes les -foRUCts i 3}
ell évident -que cette clalTe d'iiomme;,
ipar fon ignorance -T.e peut apporter
<jwe déi<Midje &. .confusion au Gou-
. vornement,, Se Entrai.>er la ruine du
«orps fociaJ ; c'eft pré-cifémerït ccqui
eft arrivé dans iuotre jnalheareufe
. .. .. Patrie. '. ' .;•
Dem. — .Le. Peuple altril donc fi aveugle,,
i ■* '
t. iv I «.
< 2^ )
■ ;•'•'* g^un ignorant ou *ir fripon puhfe
;,csî- j, ^apiér fdn ¥u4rage &. devenir fon re-
i1'- présentant1/
ft^P — — r-^-'L'e-xpérîence^prouVe -que la multi-
' tude prend toujours i*apparence pour
lk rëa'ire'.' Les â-mbtti*-u?£ , les fourbes ,
>on.£ mitte moyens tfë Surprendre la
bonne foi du vulgarr-c.il ien n'eft plus
' r" »,••'» commun dans la i'-ociété , que de voir
un malftonnête bommje fe parer du
jiwtfe^u du cjvfme, pour arriver au
poire oùilieut s'élever. C'eft ainfi que
nous ayoïjs vu les MlRAB . . » , les
Bar....; Jes ChabrJ.. ,les'BoucH. ,
les CA'îî/, , te TALEVR...,les Peti.. ,
Jes Rae . . j, 8l bien: d'autre- eueore
# .coiamaflâe.1' l'admiration du Peuple*
<e,a ci>euj(ant fuus fes ,pieds ^nabîmp
e Trojëbjîe ' de mifères <Je çalanji"
tés. .C-es't aiafi que -nous avons Vf*
;ce,Pe,upie cruellement égaré, changer
xowt à coup de caractère > #pplaud\r
les brigandages de fes Législateurs^
& fe faire iui-inëjaic voleur &. afiaffin.
ppur leur 'plaire.
Dem. — — Quels S'ont Je/' moyens que l'on
employé pour .égarer le Pe,upl,e gç,
~ ■ . le conduire à ces horribles excès /
EjEJP. sAre-j-n- Ces, moyens /ont t, te flaterie & Ip
meufcinge. Ç lest en carelfant l'orgueil
§i leSjp^Uions de la multitude ignp-
.r^nte : ^ueies Factieux s'en font up
appui. .Qui , telle fut tpuipuri.U tap-
„•„ . • •tique fes ^Npv^ur-s (& «des Bévolu-
^cmiiftires ;, & œa.y|ieA,reu,femçn,t Jji
: .JégèKe^ françftife.ya c.uje irpp.four
«eut- doupé jjariJA ? Jfiu^ wvr^.
( *9* )
nom de liberté , eft leur élément
Ils travaillent fans cefie à troubler
la paix des familles , à bouleverfer
l'Etat ,& à établir leur puiflance fur
la ruine des ARISTOCRATES, c'eft-
à-dire des Sages , qui chériffent au
milieu du défordre les vertus fociales
Religieufes. TeL font les vices
, monftrueux qui réfultent du régime
DÉMOCRATIQUE.

N O U'V E L L ES P Ô L I T I Q U E S.
Extrait de la lettre d'un Patriote écrite de Franc
, ' fort le 17 Février.
Le duc de Polignac levé un' régiment fur les
frontières de la Russie , avec l'agrément de l'Im
pératrice. Ce régiment après l'expédition contre
la France doit retourner en Russie & rester au
'lervicé de l'Impératrice. II y â quelques jours
qu'iî est arrivé bien secfÊttement dais la vallée
Dehrenbreitftein des canons que l'on a fait passer
pour des marchandifes.
' Ort annonce de toutes parts la marche des trou
pes Autrichiennes , & l'on affure que les princes
à' Allemagne ont des ordres fecrets de tenir autant
"de troupes prêtres qu'il leur fera possible. Il est
certain que le parti de l'Empereur est pris défi»
tiitivement , & que s'il paroit louvoyer encore,
c'est qn'il veut gagner du tems jufqu'à ce qu'il
ait bien combiné fes mefures pour frapper les
coups les plus fûrs. On croit que cette tactique
le conduira jufqu'à la fin d'avril.
Le duc de Wirtemberg est généralement mé-
prifé pour avoir tergiverfé au fujet des princes
Français'. La peur qu'il a manifestée en faifant-
demander grâce au maire de Strasbourg , la perdu;
entièrement 'dans l'efprit dé l'Empereur,
, (m)
' ' On écrit dè là Haye qu'ua navire 'François ,
entré dans le port de Middelbourg avec le pa-«
villon Tricolory a été faisi par le peuple qui
1» «forcé d'en arborer un autre, r .*.*. ..
" CôBLENTZ. Le jugement rendu par la com
mission militaire , nommée par les princes pour
connoître de l'affaire fuscitée à M. le marquis
de Jaucourt , par M. le comte de Cardo , porte,
qu'après avoir ouï c'a dernier , & lu le mémoire
ae fes dépofitions , la commission a été unani
mement convaincue s qu'elles n'étoient que des ca
lomnies infâmes , dénuées de vraisemblance &
de fens commun. Ce jugemett fait l'éloge le
plus vrai & le plus mérité des fentimens de dé-
licatefle & d'honneur qui caractérifent M. le mar
quis de Jaucoûrr.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Depuis que les Calvinistes font la loi, le dé
partement du Gard est un théâtre de fcandale &
d'horreurs , où les fcènes les plus meurtrières &
les plus affligeantes pour l'humanité, font toujours
précédées &. fumes de facrilèges &. d'abdmi -
nations. . ,
On écrit de Ni/mes , qu'une bande d'huguenots
des deux fexes de cette ville , s'étant tranfportés
au cimetière des catholiques , situé fur la grande
route de Montpellier , en ont démoli les murailles
qui l'environnoient , &. ayant pénétré dans foh
enceinte , ils fe font jettés fur la croix , qu'ils
ont brifée avec des juremens effroyables. Satis
faits enfuite de cet exploit Patriotique , leur
joie s'est manifestée par des danfes & toutes fortes
ds mouvemens &. d'actions obfcènes. Leur férocité
s'est rallumée dans le fein même de leurs plaisirs
& s'adreffant aux mânes de ceux qu'ils ont maffa-^
crés : forte^ du tombeau ( ont-ils dit ) chiens de
catholiques , maudits papistes , votre mort a ét£
C *?♦ )
tràf iêuSe. fort«\ a fin que lioui t}oni U pltisir
At vous en . faire soi^ffh' miïlei r
i LlLiiB vient jattssi d'éfre!;l$ théâtre de' paçeille*
atrocités. La populace de cette ville, éxcké^paf
les prêtres cotistitHttonnels , s'esl portée au- cime
tière, y a; exhitimi lescadavres-dc ceux qui
refafélss-faciiî-méns des mains impures de$ fgfftKj
a ouvert , brifé: lemrs- eereëmls &. meurtri les c*r
dav.res i coups de pierres. Pour arrêter la:,«ety«$
de oes abominables excès , le corps muftie^al/ja.
fait far le champ une proclamation vigoiweute<k
digue des magistrats pré posés au ma^ntiervde l'ordre
& de la fûrcré publique , que les Français nt*
trbuvent même plus, dans i'asyle facré de leurs
«ombeàux. . ;.,»«*<»;•• .
Les cheveux fe dreiTent à Tafpect de tant d'hor
reurs l Jufqu'à quand > grand .Dieu ! en ferons-
nons lê$ malheureux témoins-/ - ' ■ -
. Ah ! qu'il fera con&lant- le pur ., où 4a justice
confondra ces exécrables cannibales , cette tourb.e
de feélérats qui n'existe «a France , que pour en
•être le fléau , que pour y étouffer les mœurs > la
vertu , la religion , St faire régner à leur tilac?
l'impiété & tous les crimes. ^
: Les Jacobins A'Arras ont forcé -le- Comman
dant de cette ville à renvoyer le régiment des
Cuirassiers qut.n'étoit point partisan de leur Çluî\;
il est parti en conséquence le 2} Février po.;r
se rendre à Bcthune , emportant avee lui l'es*
time & les regrets des gens de bien.
Les Prêtres & les Catholiques font partout
livrés à la plu9 attroce perfecution. On écrit
de Fiqmanvùtt , que les Curés Se les Prêtres de
cette Paroifl'e , en vertu des décrets & dé la
lettre du Roi , fur la liberté du culte , avoiént
fait fignifier à la Municipalité, du lieu , qu'ils
entendoient e'ifTembler pour exercer le leur, ce
■qu'ils ef&ctuevent le Dimanche matiri.sz Février.
A peiae furent-ils réunis chez le Curé , que I*
(C *&)
ttmùtxt eft' invefiîe par" un détachement de l'a
Garda NatiaaaJe , qui uetleat aa captivité tout»
l'aflemblée , depuis le Dimanche jusqu'au Mer
credi fuivauî. Le Maire.ffe prâiknte- enfin le Mar
di foir avec douze Cavaliers de la Gendarmerie ,
& vèrbafîfe fe - lendemain jufqu'à midi. Cette
opération iinie , on amena MM, les Curés , fé
Valais. ^.-Alexandre, au Tribunal du Juge de
Paix ;- feant à Bentristville. La troupe altérée fait
alte- au Bourg des Pieux, & tandis qu'elle boit ,
îes'Prifoniiîerr font livrés aux huées , aux infultes
delà populace, qu'un infâme intrus , perché fur
'une fenêtre , excitoit en criant : aux ArisiQr
craies! armé â Benoistville , où s'étoient rendus
trots Curés Schifmatiques du Voiiinage ,. à la
tête d'une Populave effrénée, préiidée par l'intrus
dtflieu, on accable d'in ures & de mcnaces les
nefpetSables confdfeirrs de la Foi; on veut }és
forcer à racheter lejrr liberté. Enfin ,■ •après, les
avotr accablés d'outrages , l'inique Juge de paix
condamne M. Alexandre à ;ço liv. d'amende ,
&. M. le Curé h Valhis kyao liv. & à vingt-cinq
jours de prifon » "comme ayant réuni chez-hii
"l'âtIVmbfée dos Catholique*. Toutes les cioche's
du lieu .annoncent à Tirtftant çet abominable
'jugement. M. le Vaïiois eit livré à une '.fol da
te{que rnfolenre, qui le fait partira dix heures
du foir, & le conduit aux prifons de Cherbourg.
Tels font Jes fruits amers dt cette liberté tant
vantée par les Apôtres de l'anarchie & du bri
gandage. " • *
Aux feines d'horreurs , qui déshonorent & dë-
folerrt notre infortunée Patrie , en fuccèdent
• quelque fois de vraiment rifibles. Telle eft celle
«yu'à donné* le Dimanche gras , à la ville à'Auch,
f'e lieur Bartke , Evêque intrus du Département
du Gars. Après avoir célébré, in rne'ie , revêtu
des habits Pontificaux, il fort procemonellement
de l'Eglrfe , efeorté de fon Clergé déguenillé , &
( *9$>
|e rend au réfcéioire du Séminaire , où l'attendok
un dîné & des convives dignes de fa grandeur.

Thermomètre de Paris. \'


La réponfe de l'Empereur , attendue avec tant,
d'impatience , eft enfin arrivée. Cette , réponfe eft
àulli longue qu'infignifiante. Pour la commenter,
les Monarchiens ont tenu un grand Confeil, auquel
ont affilié le grand Luck... l'intrépide Rochàmb....
&. le vigilant la Fay .... Au fait , que penfe , que
yeut Léopold, a dit le Miniftre Linote. Nou,s
p'en favons rièn ont répondu les Vénérables. —;
Mais ferons-nous la guerre , brave Luck. . . / —■
Jih! répond le petit homme : chaurois tu pajfet
le Rhin, il a trois mois , non saurions pillé, &
nou saurions^conferfé l'armée; Auchourtuiil être
impossible, de teffendre le Rhin : aujurplus , cl\e
jn'en f. . . . che le paton. —-
, .,' Tel a été le réfultat des délibérations du
Confeil, & il faudra bien ld*autres léances avant
qu'on arrête quelque cbofe. En attendant le
temps s'écoule , les troupes de l'Empereur s'avan-
çent , & comme il ne yeut que temporifer , il
jréumt parfaitement bien. i
Cependant il arrive de nouvelles bandes de
brigands aux fervice des Jacobins. Ceux du
Fauxbourg Saint- Antoine continuent de forger,
des piques §l vont dans les maifons faire contri-
. tuer les particuliers, Beaumarchais , qui le
çroiroit / Beaumarchais , lur-méme , avec tout fon
patriotifme , n'a pu , comme tout le monde fait* ,
fe mettre à l'abri de cette exaflion. La Nation
iouveraine du Faubourg en a exigé. 2000 liv, ,
&. lorfqu'il a voulu s'en plaindre au fage Pétionï
ce digne Magiftrat de la CHOSE PÙBMQyE lui a
répondu que ce n'étoit pas payer trop cher fa traa-'
quillité & la confervation de fes effets.
La guerre des fpeclacles n'est pas encore fini*.
( m )
Les Jacobins font toujours à l'affût des pièces
qui peuvent fournir quelque allufion aux cir-*
(confiance. On devoit jouer à l'Opéra, Adrien ,
<lans lequel on voit la révolte d'Antioche appaifée
"par ce Prince. Mais ce fujet ne plaît pas à la
Jacquinaille. Et quoiqu'on ait fait pour f>o mille
livres de dépenfes , & trois mois de répétitions,
on croit que la pièce ne fera pas jouée, •-"
» • SABBATS JAC OBI T E S. .

Des 26 & 27 Février, j _ ■ _ .


Sous la clochette de frère B'ÀZtRE.}' '! f
Nos bons amis les Jacobins font dans, l'ufagç
de réchauffer, tous les quinze jours au moins,,
le patriotifme de leurs affiliés par des lettres Ja-r
ccquino-civiques. Celle deftinés pour l'envoi du
ïcr. Mars & lue publiquement dans le Sabbat du
96 , contient une invitation prenante aux, frère^
des Provinces, de Jacoquinifer le plus pofîîble
les paifibles habitans des Campagnes , de former
même , dans les quatre-vingt-trois Départemens,
un Comité compofé des Députés des Sociétés de
chaque Département. Jufques-làtout eft au mieux •,
mais pourquoi renoncer au titre impofant d'Amis
de la Constitution , & ne fe qualifier que de
Jimples Jacobins? C'eft ce que le Général Ro-
iefpierre a improuvé p^r trois raifons , comme
le grand raifonneur Pincé , dont la plus faillante ,
• c'eft que le nom de Jacobin préfente une iiée
de Corporation & même de Faâion, Pour le coup
habemus conftintem reum. J'ai , fandis , penfé
comme notre Général , réplique Collot->Almanach ;
mais, Caddedis , je penfe bien différament. Le
nom d'amis de la Conftitutution ne fignifie plus
rien depuis qu'il a été pris par des gens fi peu
dignes de l'être. Nous en fommes les Grenadiers.
Gardons-nous bien d'abjurer le nom &cré de
Jacobin»»' an îftoïhest: où pe sot» perfi'#tit«.)ii0air,
doit nous procurer la palm# du, marfvre : oui ,
-ajoute frère rWaf, conservons un ^om r,quî; Aoif
tout voir fléchir dans les pieux, fur la tesra» &
dans Usiniers ,, &. fuyons en afussi o^iai^B
patriotes du B-ribant » qu'o^a^oic cru ridicalifer
en leur donnint Je Bom-de GuÉC/x^ La disct.s-i.oh
est interrompue par la visic^ des soldats d'ÀiJq^iC
qni , en vertu des droits de l'homme , ont quitté
leurs dràpeaiix sans tQH^é. Ces braves fniïacteurs'
des lois militaires font accueillis en dignes pa
triotes. — Une- demàBgéaîsèn' subite de parler
prend à la fois tous bis/Jacquets. Graad, brouhaha
pour fa.voir qui parlera le premier. Frère le Gendre
conjure Forage & le-* révèhdfSsîme de Sittery ,
maître de Ja parole ,':sé plttinr d'avoir été ïncslpé,
par le pae.ifiea'teur , ^«nsle précédent fabbat. L'o-
•rafetrr invite fon adversaire à la paix, d'an* «M
mornent sur-tout , ou Ta JaeqdiriatHe à tant cFenrlé-
'rhîs. Finit Fiat t Répond frère le Génère , &
nos1 Jacquets fe baifenï' edmmé deux bo«9 arttis;
le fabbat est terminé par née- visite de- la fdciêié
■ScfNantopklles , qûîComrrmrfjquele projet qnreile
a formé «aîlér au devant' des* galériens' de- CUi-
teau-Vieux & d'orner leur entrée triomphât- dans
Paris'. —- On apprend au fabbat du sy , que le
'•grand Antoine profeifeur de morale à Met-{ , •«
accaparé la place de juge fuppléant du tribunal
dur troineme arrondissement. Rien n'échappe à
l'appétit glouton des bons frères , le âéfir de tout
envahir est l'a me de leur feint patriotisme.-"—
Voici Venir le plus digne membre de Ja Jaubqvî-
nïère , l'honnête homme Cafra^ qui se plaint qu'on
ait fait imprimer & distribuer le fameux règle
ment militaire de 88. Plus de 80 régimens ont
'écrit à cé rediesseur des torts pour s'en plaindre.
•Ce règlement, ajoute-t-ii , n'auroit jamais été mis
en avant , si M. de Narbonne avoit quelquejpuduir t
?i/ ■J%tf4$ qii n'admet point La ptabiii cht\'kà»..^
'il 1 Sauvent , ii la rigueur , i exige chez, autrui. :>->
'. '.^Mfè^oûsTdlof hït on' trè>grand rapport ïor
là rëvbtutioh d'Avignon & du Cointat Venaissïh",
mais ce h'ési point dans ce qu'il à dit qu'on trouvé
la vérité. Nous invitons ceux qui l'aiment , de
lire l'histoire exacte &. circonstanciée de cette
révolution par M Grasson , auteur connu
estimable qui a déjà donné les premiers numéros
de cet ouvrage pour lequel 'on souscrit à l'on
bureau, vis-à-vis la pàrtrïsîë Ste'.-Crotx' ï Monte-
limar , & âtr bureau de la RocAMBoLfc , ou
Journal ;ihbs honnête^ orns. ; -
Au long di/cours défère Lottstalat , a-jfuccédé
un petit avis». du vénérable 'Boiseuyon , ancien
page de l'écurie & l'unV aë* arcs Doïïrans de la

tuf^ ,,i^ çoias dts Jvénfftietis , § Vinjatencedes


Ariùoo^.;rs ; quel/me grq.nd événement je prépare.
O le; jercisr 1 o; Je . .forçies L'arrière $a*t ' 3*s
Jaoo^uins ;,; viejjt fupplier les révérends de y.é\rWèr
fin -.'petit . .fcojtt r £^cfa$ , qui est fyns doute celle
dont les murs de Paris ont été couvert» Ïer8,^u
mois dernier, & dans laquelle on exnôrtoi't Te
peupîtf 4 iflfttflftt cfés-1 piqués & à fe ri viser au
5a/«r des devoirs t Çe^tyle est du moins celui
des rédacteurs. '
M É l A N G E & ' ■>

L'AUTEUR bU MOMENT,
Comédie représentée furie Théâtre du Vaudeville,
le Samedi i 8 Févrîef
Cette pièce a tellement .ému ' la bile des Ja-"
cobin.s , .qu'on ne fera pas fâché d'en trouver ici
■une efçttttfe'. -' - - •
( 3°o )
Madame de Volnange, veuve fort riche, St
par cela même recherchée de Damis , pour s'amu-
fer aux dépends d'un fat , feint d'être éprife de
ce perfonnage , que l'Auteur a fi -bien calqué fur
Chenier , qu'il eft impoflible de s'y méprendre.
.Cè projet réjouît fort la Soubrette , qui chaîne
fur l'air : Regards vifs & joli maintien.
•A' ■ Je suis au comble de mes vœux , \ ,h .:
■Enfin, Madame, je respire; ' '""
?• . ' . Il •■faut ,que te* fat
i à nos
• , yeux ,,î "t !' *. ' *■.' '
De honte & de fureur expire'.
. . _ ,\ Se voir berné par un pédant ,.. .
\"j , Eft, bien fâcheux j fur nia parole : \-,
Des Rois, quoiqu'il soit le régent ;
Sans respect pour son rudiment ,
\ Il faut l'envoyer (*h.) à l'école. ~, -
Le Complaifant de Damis eft M. Bailliveau,
dans lequel on a reconnu Paliffot , perfonnage
qui, après avoir vomi mille imprécations contre
le philofophifme & fes auteurs les plus renommés,
eft dans fa vieîllefle un de leurs plus ardens
Apologiftes. Voici le marché qu'il propofe à
' fon Confrère. -
Air : Vas t'en voir s'ils viennent Jean. . ..
Entre nous , sans nul débat ,
Partageons la pomme,
Chacun de nous dans l'état,
Doit être un grand homme ,
Nous ferons par tout la loi ,
' Dans notre carrière.
T Tu sera Racine , et moi
Je serai Molière.
A ces deux Faquins l'auteur oppofe M. d,»
C 3QI )
Jurancy , homme d'efprit , jovial , & , qui mieux
eft , de bon fens. Après avoir fait l'éloge des
Corneille, & autres auteurs célèbres de la Scène
Erançaife , il lui chante ce couplet.
Parlera l'esprit, interefler les cœurs .
Par le sentiment nous arracher des pleurs ,
Repouffer biens loin les tragiqbes horreur? ,
C'étoit la vielle méthode.
Choisir aujourd'hui des monstres pour héros ,
Ne parler jamais que de fers^d;: boureaux,
Et pour dénouement offrir des échafauds,
Voilà les pièces à la mode.
Celle-ci fe termine , comme on le penfe bien ,
par le renvoi des deux Poètes , qui s'apperçoivent ,
mais trop tard qu'on ne les a accueillis que pour,
se moquer de leurs travers & de leurs vices, (i)
Vers adressés à Madame DE Saint-Germain,
qui avoir fait préfent à l'Auteur, d'un porter-
feuille où elle avait brodé des Rofes. — Par
M. GarnereAU, le Jeune.
: ■ ■ . Qu'il est gentil ce Portefeuille !
Où. l'aiguille sçut dans ta main»
Imiter le fraix le carmin
Des roses naiffantes qu'on cueille
 l'aurore d'un beau matin.
Ton art les rend si naturelles,
Que le papillon incertain •
Viendrait voltiger autour d'elles*
Ah ! que n'ai-je aussi le pinceau
Qui pût cre'er des fleurs si belles ?
Je te tracerois le tableau
D'un objet charmant , adorable ,
Toujours aimé , toujours aimable ;
(i) On l'a trouve chez Girouard , Imprimeur , rue
du Bout-du-Mondc » a*> <f7>
Dan? l'iroitté -tepilFelkcionSiH&jr ri \
- J)anw Hhy'œea sensible &--fiéele«'Ct.' :•'> .
Seii grand œil noir vif & toadiaitt
Pciridioit l'esprit', Je sentiment
Él la tendresîe m.-;temelie.
, . ... • ■ • ?i -
Pour rcusstr parrattnrnejjt ,
Je te preack-ftis pour *nçn d^pjii'e»
l E Ç 1 $ l A T î O N.;
Seconde race .de no$ Roit.

■ tT«e lettre du Directeur fie rHôt«4-des-»!Otmaies


*ie Paris > lue a laféanGeitki a8 armànce <qae la
fabrication des pièces d'argent, 'produit des dac iiss
volves aux églilès ,fepotte àpiuî de 1.4 mjllio.nç,
-et • pelie des fous-ejochts à -50 mil&onf. Cela
m'^mpêdîe point qu'on pe paye l'argent 68 pour
cent, et les louis 'd'or 19 livres. — $éicr£t poi-
tant-que les ■ Elèves du Génie, envoyés à Mé-
jières , par le Miniftre , feront interrogés fur les
principes de la Cônftitution , par trois commif-
i'aires , au choix du département ëes Ardeiines , —■
Les Membres du Directoire du Bas Rhin,
écrivent que dans la nuit ida siiau -22, plufieurs
Officiers dut fu:i<Lir$e bataillon des .Gbaifeurs, à
la tête d'un grand naroUre de -Soldats , fe font
réunis aux Emi La Nation a mis fous fa main
les chevaux & les bagages de ces arffï'ocrates. —
Les Comirimatres civrls envoyés par le Roi à
Avignon &• -dans le iComtat mandent .qu'ils dé-
plaifent à tous les patîtis -oui font .dans la plus
"grande fermentation les dénpncenL^ur^à-tour.
Des Députés duSierrds, annoncent, à la féûnce
Aa fnir gne leur .lïiuni çijjali tc a fait arrêter deux
païtkruliers -qu'elle a laivpçonné vp-uipir (pftfler
chez l'étranger , quoiqiuls^âtVïâl&«tl£i»Mç^iw.
C m )
Des JletttMB «ont ils ont été tramés «Iubîs , &
dont on a violé le fecret en dépit de leur in
violabilité -, quelques brochures aristocratiques,
enfermées dans leurs vaiitès, ont fait prarxMicer
l'arrestation de ces particuliers. Les députés fol-
]jûite«t leur renvoi à Orléans. Le tout est renvoyé
Au comité de législation ; les pétitionnaires font adr»
mis à la féance. On décrète enfuitela remifede j 15
raillions -en assignats dans lacaisse de l'extraord -
naire. L'atroce arrêté du départenwnt de Loir &.
Cher,, qui de fon autorité privée , affujettit tous les
prêtres non-alfermeatés à fe rendra dams la hui
taine au cliei-lieu du district , a fixé dans la féance
du aç , «l'attention de nos monarques ; mais au
lieu d'an.mlie-r cet acte inquisitorial, & attenta
toire «.l'autorité législative; au lieu d'en punir
févàrement les auteurs , l'aréopage rest paâié à
l'ordre du jour. .Sire Tarie a fait enfuite un rap
port fur les Colonies. Selon lui les gen6 dé cou
leur ont été provoqués par les Ariitocrates du
pays , eux feuls ont armé les 'citoyens contre
les citoyens^ Le araportem fe garde bien de parlar
des lettres incendiaires 'des ■Briffât, âes-Grégoinpy
des iCondvrcet ., •&. gc premier,, content d'échap
per aux accu&tions intentées contre :lui dans
cette affaire ,. demande et obtient l'improffion du
rapport.'—La- M unictpalité de Paris , ayant à là tête
M. Potion, vierit demander, à la féance du foir i
das fêcours :pour plus de cent mille indigens tju©
ranterme oa Capitale. -Grands débats fiiria forma
dèwû4tte demande ; furl'égalité.desTecouTsadisrri*
bu-er au Hoœbre immenfe das (maliœnïeux , qu^
peuplent ceiloiùnant Royaume. La demanda «st
ajournée.—-Voici ivenir wncournier stout haletant,
qui annonce que la contre-révolution eft puncn»
eée dans :les environs de Noyon ; les 'hàbîtans des
caCTpagnesoïft -atfboré;lauî9<»râe bksebeet-rrotre,,
A cette finisue jrouyôile^ 4es -{aines s'alongeat;
( m 1
(m fait taire l'orateur et on le renvoie au comiïé»
.—On décrète que les pehfions destinées à repré
senter l'hôtel des Invalides feront : pour les Colo
nel— 1500 livres; —pour les Commandans des
Bataillons, toeo livres; pour les Capitaines 800
livres; pour les Lieutenàns, fous-Lieutenans et
porte Drapeaux , 600 livres ; pour les Maréchaux-
de-Logis en chef &. Sérgens-Majors 422 livres,
pour les fous-Officiers 500 livres ; et pour les
Soldais 240 livres. — Le roi Louvet annonce , à la
féance du Ier. Mars , la mort du Roi Quillet. Dieu
faiTe paix au pauvre trépalTé.— Grande dénoncia-
ti»n du monarque Royer contre le Ministre de
la marine , qui n'a point fatisfait à un décret ^ui
lui enjoint de rendre compte d'un mémoire dan*
huitaine. Vite , qu'on lé cite à la barre. Cette
motion est vivement appuyée par les ennemis que
le Mihiftre a l'honneur d'avoir au manège. Mais,
hélas] on s'apperçoit en lifant le decrei , que le
délai n'est point expiré, et le roi Royer , honteux
&. confus , reconnoît fa fottise. La difcuffion fe
porte fur les réclamation'! des Princes pofTeffionnés
en Allace. Sire Pastoret dit & répète à cet égard ,
ce qu'on a déjà dit. Le roi Lafourtè , bien plus
tranchant r veut que si le9 Princes ne répondent
point aux proportions, d'ici au premier mai , ils' •
soient déchus , ipfo facto , de toute indemnité.
Sire Vaublanc prouve que le préopinant, ne sait
ce qu'il dit. Enfin le ministre des affaires étran
gères communique , un office de l'Empereur, très-
iulignifiant. M. Delessart , a fait répondre le Roi,
fur un ton très-constitutionnel. A cause de quoi
l'impression de toutes ces pièces est ordonnée,
& leur renvoi au comité diplomatique.
,11 - ' 1 ■ ' • 7

De CImprimerie de Jacques Girqi/axd * rue du


Bout-du-Monde . N°. 47,
Seconde Année; N°. 20.

LA ROCAMBOLE
OU . .1
JOURNAL DES HONNÊTES GENS , ^

■ Sitdicè
' par Dom Rêgiu s A N T I • jtic 0 'M I i,Nirï.
"T
. .11 i i ' i i i U II
« Une Foi , une Loi , un Roi ». •

Du Jeudi 8 Mars 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.
Lettre de S tockolm , du 10 Février,

E S Etats-Généraux de Suéde , viennent de


manifeftef , de la manière la plus loyale , leur
zèle pour la profpérité de l'Etat & la gloire du
Roi. Vous verrez par la pièce luivante que,
bien loin d'imiter le coupable Manège de France,
dans fa rébellion , notre auguîte Diète a pris
la réfolution de n'oppofer aucune résistance au
vœu de Ion prince, persuadée que tout ce qu'il
desiije ne peut être qu'à l'avantage de la Nation.
Adrejfe sur la paix résolue le 4 février par
les 'Étais ajfemblésà Gefle , et présentée au Roi
dans sa chambre du lit , le 6 du même mois , par
Tome III. année 175a. T
te maréchal de la iiète et les Orateurs des j ordres,
suivis d'une de'putation de 48 Gentils-Hommes ,
'£• de 24 membres de chacun des autres Ordres.
SIRE,
Les Etats du Royaume vous ont témoigné , à
leur dernière affemblée, Ja plus vive reconnoif-
fance des foins-infatigables que Votre Majesté
ne ceffoit de prendre pour Sauver l'Etat & main
tenir l'on indépendance. Ilsolêrent en même temps
réclamer votre tendre fie pour vos peuples , &
vous Supplier de préparer , d'accepter , & de
conclure une paix sure , glorieuSe 8t Solide , aulîi-
tôt qu'elle vous feroit offerte. Nos vœux font
maintenant accomplis : la bonté avec laquelle
Votre Majesté daigne les ecputer, nous
enhardit à lui préfenter l'hommage de notre re-
tonnohTance.

Nous ne vous parlerons point , Sire, du


Courage , de la perfévérance , du mépris des
dangers , qui vous ont égjilé à vos ancêtres , &
par iefquels , marchant fur leurs glorieuses traces ,
vous avez donné l'exemple de la valeur à vos
armées , & tranfmis à l'hiftoire les monumens
de votre grandeur. La gloire que la guerre & vos
exploits ont attaché à votre perfonne & à votre
nom , ne peut être relevée que par la Satisfac
tion que vous devez éprouver d'avoir conduit , aux
appîaudiiftmcns ù<t l'Europe étonnée , vos fidèles
Sujets au calme & au bonheur, qui leur lai^ent
goûter en liberté les douceurs de la paix ; mais
lorfque cette paix t'A l'ouvrage même de Votre
Majesté -, lorfqu'elle a été conclue fans le
moindre facrifice, fans le fecours d'une média
tion étrangère ; Secours fi Souvent accompagnés
d'engagemens onéreux , fi fouvent Suivis de pré
tentions exagérées ; lorfque les deux plus grand»
Sbuverains du Nord ont réglé eux-mêmes leur»
intérêts ; & lorfque , s'uniflant par les liens d'une
amitié réciproque , ils ouvrent à leurs Peu
ples la perfpeetive des plus grands Avantages ,
Il n'est pas permis aux Etats du Royaume dé
garderie filence , en jouiffant du fruit de.vos foins
paternels.
Les Etats fouhaitent de pouvoir prouver , par
leurs délibérations les fenttmens qui les animent,
<&. de mériter , par un -{èle réuni*, la gracieufe
approbation dont ils ont déjà reçu du trône les
dffurances les plus flatteujes-. En fuivant leur
propres inclinations ,en profitant de'l encouragement
que. votre Majefté leur a donné , ils efpèrent rem
plir , avec l'aide de Dieu , les devoirs facres que
l'amour de leur Roi & de leur patrie leur -à
impofés. &c.,
Le Roi de Suéde a demandé à la Diète, i°.
65 millions pour l'acquittement des detres con
tractées pendant la dernière guene; 20» 2 j million»
doit il a préfentement bei'om.
On eft bien perfuàdé que cette demande panera*
Voilà les démagogues bien déchus de leurs
efpérances , eux qui croy oient que la Diète feroit
fatale au héros du Nord.
Madrid , /s 15 Février. — Tout va le mieux
du monde. Les factieux ont beau intriguer , ils
ont beau montier les lettres des Minsitres de
l'Empereur pour perfuader que le Roi Très-»
Chrétien eft libre , l'Efpagnol n'y croit pas plu»
qu'à YAlcoran , & A voit, avec ùtisfaclion, que
la foi du grand GUSTAVE & de l'immortelle
CATHERINE ne diffère pas de la fienne à *cet
égard. Le Miniitre de RuHie vient de recevoir urt
Courrier extraordinaire de Pétersb'ourg , chargé
de» plu» imposantes dépêches On aflure que
l'Impératrice preffe SA MAJESTÉ CATHOLIQUE,
de prendre enfin contre les Factieux de France
■ K 308 )

»un parti décisif. Et en efFer , eft bien temps


rde détruire ce foyer révolutionnaire , qui n'eft
devenu dangereux que parcequ'on Ta Iau'ie trop
lubrifier , & qui après avoir détruit de fond en
comble l'Empire des lis,fii\iroit par incendier tous
les Etats de l'Europe. Ah ! Pourquoi les prince* &
la Nobleffe française , au lie'i de porter leurs pas à
Coblentj , n'onr~ïl«pas abordé les terres d'Efpagne/
11 y a long-temps que le génie de M. de Calonne
auroit triomphé de tous les obltacles qu'on n'a
cefle de lui fuiciter , & que la Conftitution feroit
rentrée dans 1« néant , d'où elle eft forlie avee
les auteurs. j, •

'NOUVELLES INTÉRIEURES.
: Les Gens fans aveu Ce multiplient dans les
Campagnes , d'une manière effrayante , les envi
rons de Paris en font inondés. Ces miférables y
demandent l'aumône , comme on demande la
bourf'e , ils. injurient, quand on les refufe; ils
menâcenf , ils promettent de fe venger. Le pre
mier de ce mois, à Âtiainvilie , petit Bourg du
Département de Seine & Oise , un de ces Men-
ïlijms inlblcr.s vint demander de l'argent pour
vivre ; le particulier auquel il s'adredbit , lui
répondit qu'il n'avoit pas d'argent, & qu'il ne
pouvoit ,pas faire l'impoffible- » Ah ! ha ! l'im
passible., dit le. brigand, il faudra que vous le
fassiej bientôt , l'impossible ; encore un moment ,
& vous verre j si vous ne U'' ferej pas .... l'im-»
possible ! ..... Tant d'effronterie rapprochée de
tous les mouvemens feditieux qui couvrent la
France , n'annonce-tP-ell* pas un plan prêt à
éclore / Qu'on y. refiéchiife, & qu'on en juge.
Extrait d'une lettre de Montwiller , à un quart
, de lieue ,dé, Savertie, , .le 18 Février.
Vous devez être inquiet de nous , fi les malheurs
G ?°9 )
arrivés ici & • à Savertie vous font parvenus,'
II. paraît que le Club de qette ville voudroitêtrë
un des premiers à mettre à exécution les complots
diaboliques , formés contre les honnêtes gens ,
en Alface. il ne s'agiffoit de rien moins que de
brûler la ville & maffacrer les trois quarts dés
habitants ; ils ont voulu faire un efTai , le 6 , à
Savertie , qui s'efb borné à quelques pillages de
maifons , & à grand nombre de perfonnes blelTées :
mais dans la nuit du 8 au 9, nous avons eu à
Montwillier, plusieurs maifons pillées , &quelques
Citoyens alfalfinés , beaucoup de blessés. Le ba
taillon des volontaire"! des Vofges s'est rendu cou
pable de ces excès. Us étoient ameutés & fou-
tenus par fe Club. Un ordre du Général Luckner ,
les a fait partir , fans en avair été prévenus. Us
font partis les mains teintes du fang des bons
Citoyens, mais non pas autant qu'ils l'auroient
déliré; ils ont avoué qu'ils manquoient d'un
bon chef , & que leur projet étoit de purger cette
Contrée > de- tous, les amis de DIEU & dit
ROI.
On écrit de Rouen, que trois voitures char
gées de coton, pour le Havre , ont été arrêtées
par les habitans de Maromme ,. & de quelques
autres villages circonvoiftns ; on ajoute que les
circonftances qui ont accompagné cet événement,
ne permettent pas de douter que ce ne fût un
coup prémédité. Plusieurs dépôts de ce vol ont déjà
été découverts parla Garde Nationalede Rouen. Oa
afTure aurîi , qu'il règne dans cette ville une fer
mentation lourde qui paroît être liée; avec l'in-
furreclion de Maromme. Ce n'eit pas la première
lois que ce village eft un foyer d'infurreclion ;
on fait qu'en 1789, ce fut de là que les
Séditieux fe répandirent dans Rouen où ils por
tèrent le déford.re & le deuil.
On. écrit de Niort la nouvelle, d'un événe,*
. i 310 1
Jàent bien extraordinaire , qui vient d'arriver $
cette ville. Le Club préparent une fête pour
honorer les mânes de Mirabeau. Un fuperbe
feu d'artifice devoit la terminer, & l'artificier y
travailloit avec cinq aides, lorfqu'une étincelle
détachée d'une chandelle , a enflammé la poudre
&. donné la mort à ces infortunés. Un feul a
furvécu vingt-quatre heures. Cette explofionfu-
nefle a fait périr le chef d'une manière bien
finguiière. Sa peau s'eft détachée de fa chair &.
a formé une chemife à laquelle il reftoit les
ongles.
Paris ofVre chaque jour à l'humanité de nouveaux
malheur* à déplorer. Samedi dernier , fur les
p:?ze heures du foir, trois Soldats qui avoient
foupé chez le fieur Mariage, Traiteur au Palais-
Koyal , fe prirent de paroles avec la femme , Se
lui ouvrirent le flanc d'un coup de labre. Elle
eit montante. Le fleur Mariage & un de fes gar->
çons furent également bleffés.
Dimanche matin , un Commis de la CailTe de
l'extraordinaire eut quelques propos avec un
Marchand d'argent de la place des Victoires;
celui-ci , lui plonge fon couteau dans le fein, en
préfence de tout le monde. Ces quatre aflamn«
font en prifon.
RELIGION.
Le Département de Finistère , dans lequel on
çompte quatre-vingt-rfept paroiffes , n'a qu'un feul
Curé qui ait abjuré fa foi; le Peuple même y
efl îefté conftamment attaché. Il regarde & fuit
avec horreur tous les Intrus que la force feule
des bayonnettes peut inftaller &. maintenir , pour
çourir après les Miniftres qui n'ont point bu
dans la coupe empoifonnée de l'infâme Babylone.
Àufiî la rage des profanateurs du fartetuaire eft
çUe portée, aux, plus abominables excès contre
( f« >
ï«s jPrétres fidèles de cette Contrée. Plus dflt
foixante d'entre eux , fans avoir été , ni accuféi ,
ni décrétés , ni interrogés , ni jugés , font entaûek
depuis deux mois dans une chambre obfcure du
château de Brest , où l'air corrompu qu'ils rèf-
pirent eft encore infecté par la fumée des lampes
qui éclairent cet horrible féjour, & par les va
peurs empeftées qui s'exhalent d'une falle infé
rieure daftinée aux maladies anti-fociales. Mai*
l'efpoir des barbares perfécuteurs de ces généreux
Confeffeurs de Jéfus Christ eft déçu , &. l'ange
du Seigneur , defcendu avec eux dans le tombean
où ils font renfermés vivans , comme il def-
cendit avec les trois jeunes gens dans la fournaife,
a fait de ce gouffre de mort le féjour de la confo-
lation &. de la paix. In triumphum mors mutatur.
Les illuftres prifonniers ont nommé un fupérieur
& partagent leur teins entre la prière , la lecture
& des converfations édifiantes. Fidèles aux pré
ceptes de leur divin Maitre , ils prient pour ceux
qui les maudiifent , les calomnient , les perfé-
cutcnt , & ne gémiffent que fur les maux qui dé*
folent l'Eglife. Que de tels prêtres honorent bien
le facerdoce dont leurs ennemis font l'opprobre !
. M. Nkolas'Mftrie Routter-*de-Tàintcn , Prêtre
& Vicaire de Saint-Aritonin de iVmèr<,maudiu'ant
la foibleffe qu'il avoit eue de prêter le ferment
& de prendre la Cure de Gournay en Berry*
vient Je rétracter l'un & d'abandonner l'autre 4
éans le cours du mois dernier..
M. de Montispan , légitime Curé de Castelnau
i'Estréjont , & fon Vicaire Ont auffi rétracté leur
ferment.
Thermomètre de Paris.
Un orage fe forme fur la tête des honnêtes
gens. La guerre des fpectacles n'eft que le pré
lude des atrocités qui fe préparent dans la caverne
<5es Jaaobim. C'eft-là que Carra éguife fes poi-*
gnards & prépare fes poifons. C'elt de là que-
i'orrent ces écrits où l'on excite les brigand» à
piques d'alfaffiner M. Veto, ce qui, dans la
langue des Jacquets , veut dire le Roi. Déjà des
bandes de Sans-culottes ont amégé la prifort
Royale , avec des cris de rage, & jufques fous-
les fenêtres de l'augufle prifonnier , ils ont déli-»
béré d'égorger les prêtres & toutes les familles
nobles, qui n'ont point émigré. Mais pourquoi
la force publique foufFre-t-elle ces horribles excès ?*
Pourquoi dans un danger û imminent la loi refte--
t-elle muette ! Pourquoi l Demandez-le à
"M. Pet. . . ce Magiftrats intégre vous dira , qu'il
ne fait point agir lorfqu'il fe trouve entre la
Loi & le peuple ; car c'eft ainsi que ce digne
révolutionnaire nomme la tourbe effrénée des-
Saoï-culottes qui troublent l'ordre pnblic , & qui
attendent avec impatience l'inftant de mettre la
ville au pillage.
Les Citoyens de Paris , tu lieu de fe coalifer
pour préfenter une maffe impofante à leuro
ennemis , ne s'amufent qu'à tirer des conjec
tures fur les dispoiitions des Couri de l'Europe.
La lettre de l'Empereur occupe tous les efprits
& ne fâtbfait aucun parti. Les Feuillans ont
toujours les mêmes inquiétudes , comme on peut
s'en convaincre, par la lettre que M. dé
Lefart a écrite à M. de Nouilles. Les Roya
lties trouvenr biert extraordinaire la poli-
que de Léopold. On ne conçoit pas comment
ee Prince daigne j'abaiffer à traiter de pair à
compagnon avec des Factieux qu'il pourroic
confondre »'il en avoit la volonté.
D'un inftant à l'autre on apprend des nouveaux
excès auxquels les Jacobins fe font livrés. Leurs
Sans-culottes ont porté au bout d'une pique , une
tête représentant celle de l'Empereur, qu'Usant,
promenée auxThuileries , jufques fous les fenêtre*
du Roi & de la Reine , en criant avec de» jure-
mens effroyables, la guerre, là guerre , à ce
Vandale.
Que Léopold apprenne donc à juger la Fac
tion ennemie des Rois , & qu'au lieu de s'amufer
à faire le rôle d'un Journalifte , &. d'empiéter
for 'les droits de Dom-Régius Anti-Jacobinns ,
• en critiquant le Club des Jacobins, il coniidère
qu'il eft temps de développer l'augufte caractère
qui convient à un grand Prince r & de faire
jfiéchir l'orgueil des Faélieux devant la Majefté
du Chef de l'Empire Germanique.
SABBATS JACOBITES.
Séances des 29 Février &■ 1" Mars.
-.1 Sous la clochette de Frère Ba7.ire.
Frère Real obferve , dans le Sabbat du 29,
qu'il n'y a point de droiture à l'AlTemblée Na
tionale, mais bien le côté du Roi. Ce qui nous
jaroît en être le fynonyme —- Les braves Dépu
tés des Jacquets à!Arles font admis à la Séance ;
lé Préfident exhorte les frères de ne pas fe houf-
piller/, afin de mériter les faveurs de la Nation
féante aux tribunes pour leur adminiftrer la
louange ou le blâme. Cette adroite flagornerie'
eft payée comptant par des bravo interminables
Frère Daudiberail veut entretenir lesSabbatiftes,
del'état de leurs finances; Collot - almanach s'y
oppofe. »Eft-ce donc, dit-il, dans une crife aufîi
déiaftreufe pour les Jacobins ^ que nous devons
nous occuper d'un tel objet! Donnons , fandis ,
de l'argent à tous ceux qui nous çn demandent,
& fauvo:is la Patrie (c'est-à-dire les Jacquets.)
Un affreux brouhaha coupe la parole au Révé
rend ; on eft prêt à fe prendre aux cheveux. L«
calme renaît enfin , & le grand Collot , d'après 1*
déibrdre du jour , fe jette dans le gouffre de la
révolution d Avignon , & après avoir obfervé qu'il
ne parle que parcequ'il faut parler, il le prouva
en ces termes ; ily a deux points a résoudre dans
cette affaire , c'est de /avoir si le Tribunal qui
exifte à Avignon est un tribunal légal, consti-
Xutionnellement français , car tout ce qui est
constitutionnellementfrançais &juste; or, ce Tri- ■
bunal n'est pas fondé fur la justice , ET s'il
L'ÉTOIT, IL NE LE SEROIT PAS DANS CETTE
Circonstance. C'en est aflez fans doute pour
faire juger de l'impudent bavardage du Jacquet v
fucce&sivement appuyé par Bourdon & Capucino-
Çhabot. Enfuite , pour exciter le peuple au faint
devoir de l'infurrection , un Frater grimpe à la
Tribune & préfeme une arme , qu'il dit avoir été
commandée au ferrurier Boucherot , par des
Ariftocrates. Cette arme , que l'ignorant Jacquet
préfente comme une nouvelle invention , avec
laquelle on aflomme son ennemi fans laiffer des
traces , e,t la même dont les anciens Gymnafes fe
fervoient dans les combats à coups de poing, ou
l'exercice du Pugilat ; c'eft ujn ceste armé de
fer ou de plomb , dont parle Virgile dans la belle,
defcription qu'il fait de ce genre de combat. Quels
moyens , grand Dieu / de perpétuer l'anarchie %
en égarant ainfi la crédulité du Peuple ! Pour
confommer fon , aveuglement & fa perte , les
arriéres Jacquets , du Faubourg Saint-Antoine x
viennent annoncer aux MATADORS , qu'ils ont
arrêté de confacrer les matinées des Dimanches à
prêcher la doclrine Jacobite à ce pauvre peuple. Ils
demandent des Commiffaires pour présider à l'œu-
vre-pie , & la Jacquinaille nomme una voce , le gé
néral Rolefpiere , Capucino Chabot , Lanthenas
& Bancal. Le Révérendinïme frère de
Sillery , ouvre le Sabbat du 2 Mars , par de
mander h licence de fe ruer dans le prochain çqû-«
( M.S )
ciliabul*, fur l'impudent Léopold, qui' s'est avisé
de tergiverser dans fa reponfe. Grangeneuve jure
par tous les diables que , Léopold & tous les
Rois de l'Europe tremblent de peur en fongeant
que les Jacoquins peuvent, du moindre {buffle,
les renverfer de leur Trône. Collot-almanach ,
Kcbefpierre &. Louvet veulent parler à la fois ;
grands débats pour la primauté ;' Collot l'emr
porte , & prétend que le Miniftre des affaires
étrangères veut prendre les Jacquets au traquenard,
que l'office de l'Empereur n'eft que le réfultat
de fes machinations ; mais la haine des Defpotes,
pourfuit le Révérend , ell la plus belle récompenfe
des. hommes libres. Qu'ils font bêtes rhes frètes ,
ces Rois, & Léopold. fur-tout , d*ofer nous me
nacer. Croit-il que la Nation nous lailTera pendre '
En tout événement , jurons que le dernier qui
le fera , s'enveloppera , avant la cérémonie , dans
les débris du drapeau de la liberté. A l'infant ,
les bonnets, les chapeaux «ont en l'air; & un
concert de juremens ébranle les voûtes du re
paire. Quoi ! interrompt le Général Robe/pierre !
qui n aime pas la nïort , quoi ! vous jurez en vrais
dindons, de mourir; jurez morbleu de vivre,
de vaincre & de faire triompher la liberté Ne
fommes-nous pas le Peuple Français tout entier ?
Cependant, gardons-nous bien , dans ce moment ,
de bleffer d'honhêtes gens, mais peu éclaires;
ÉCARTONS LE MOT, DE REPUBLICAIN. Ce mot
ne nous donne rien des avantages que présente
la chofe , que nous affure notre constitution , pen
dant que le Républicain fe mouche & crache , le
grand Collot dégoise une période en l'honnenr
de Lacédémone , &. des Américains des Etats-unis ;
après quoi le âôge futur de la République pro-
jettée , reprènant lbndifcours , dit : oui, mesfrères,
j'aime le caractère républicain , mais je crois qu'il
nous convient , dans ce moment , de déclarer tout
haut, que nous fûmmes les amis décidés de la
( îi6)
Constitution , juj'qu'à ce que la volonté générale ,
éclairée par une plus mure expérience ; déclare
qu'elle espèrea un bonheurplus grand'. — Cecin'a
pas befoin de commentaire , nous nous bernerons
à obferver feulement , que les Jacquets , croyant
être les organes exclufifs de la volonté générale ;
il rélulte évidemment du diïcours de leur chef,
qu'ils n'attendent que le moment favorable pour
afleoir leur chère république fur les triftes dé
bris de la Monarchie , & renverfer une confti-
tution , qu'ils ne feignent d'aimer qu'afin de parve
nir plus sûrement à leur but. Ce qui a terminé
le Sabbat ne vaut pas la peine d'être raconté.

M É L AN G S.
L'armée des Jacoquin» , indignée de la réponse
de l'Empereur , tint Samedi dernier un Confeil
de guerre fur la terralTe des Tuileries. LEOPOLD
y fut déclaré atteint & convaincu du crime de
Îeie-Nation Jacobite au premier chef; pour ré
paration duquel délit , on le condamna à être
guillotiné. La fentence fut exécutée fur-le-champ,
& la têie de l'Empereur promenée , au haut d'une
pique , fous les fenêtres du Château , en criant
à crève oreille : la guerre ! la guerre ! Cet
amufement patriotique fut interrompu par la
brave Garde Nationale , qui diflipa l'armée
ennemie.
Couplet qui circulet dans Paris depuis quelques,
jours.
Je suis un Lameth,
Et dans le fait ,
. Voyant l'avenir je tremble. '
Ciel ! j'ai tout défait ,
Sans trouver mon fait ;
( 5
Que m'en reste -t il ? je tremble.
Le Peuple frane
Est inconstant . ;
Je tremble.
» Les Emigrans
Inquiétans
Je tremble.
Quand un Factieux
Eft-il donc heureux,
Puisqu'en triomphant je tremble ?
Epigramme attribuée à M, de Champ cene r^.
Autrefois le petit Ifarionne
Piiîbit pour un garçon charmant :
On trouvoit fon esprit méchant ,
Quoiqu'il ne fît tort à personne;
Mais las de plaire sans éclat ,
Vers la gloire il porta sa vue.
La France étoit déjà perdue ,
Lorsqu'il fe fit homme d'Etat.
Sous Nkckre il embrouilla sa vie ;
Avec lui long-temps il s'enfla ;
Et, pour mieux désarmer l'envie.
Avec sa fille il s'accoupla.
Faveurs , amour , taille , visage ,
En elle rien ne l'arrêta.
On dit même qu'il l'éeouta
Sans perdre un inftant le courage.
Enfin il parut dans ses bras
Si dévoué pour la Patrie ,
Que la Nation attendrie
Le fit Ministre des combats.
Ainsi tout est métamorphose
( Ml )
Dans ee pauvte Empire Chrétien j
La France aujourd'hui n'est plus rien
Louis Narbonnk est qeelque chose.
ANAGRAMME
De Frère Jacques Clément, (i)
C'est l'enfir qui m'a créé
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
Séances des i , » , 3 , 4 , 5 c> 6 Mars.
Sa majesté gasconne, le roitelet M/tille Se son collègue Rouysr.
dénoncent dans la séante du Jeudi soir* i Mars Je Ministre 3e*
affaires Étrangères qui, di5em-ils, se- joue des* patiiotes , ie
concert avec les Potentats de l'Europe. Sire Kouyer veut que la
Nation aille son train en coupant la. tète de ce monstre. Le fu
rieux Isnard demande aussi que le Ministre des contributions
soit châtié , pareequ'une dispute survenue entre ie Département
& la Municipalité, empêche le recouvrement des impositions de
la Capita'e. Au lieu de mettre le môtionnaire au régime , le ju
dicieux Sénat décrète que le Ministre sera mandé pour subir un
interrogatoire. — Le Roi Braat , se rue le lendemain sur le
Ministre des affaires Étrangères ; il doit faire expliquer l'Empereur
sur la paix ou la guerre :. Pyoayer crie à la trahison & veut qu'on
se mette en mesure . Sire Dcvcrsult plus réfléchi , plus instruit
parle raison & dit , que ta guerre" n'est pas le cri 4a Royaume
comme celui des Tribune?. A ces mots les sans-culottes qui les
occupent hurlent épouvantablement. Quand il leur plait enfin do
finir, la motion Vruat est décrétée. Le monarque Lacambe, du
haut de sa Tribune , bat tout nos ennemis, avec le nouveau Corps
d'artillerie propesé par le Roi des Vrançais il ne s'agit" que de
les employer .& ça ire. Les tribsnes répètent ce cri patriotique.
Pour que ça aille mieux & s'sris danger, on renvoyé au comité
Militaire 1 examen de la découverte qui double la portée de 1»
poudre à canon — pais le roi Cambon s'oppose k l'aumône de
<Soo , ooo liv.. demandée par la M unicipalité de Paris . qui n'a point
rendu compte des sommes qu'elle a reçues — ventt>a-t*on les
forêts Nationales ?Non, disent les Cornttéi. Oui, répond le^grand
Michon , Se plutôt que plus tard , & il propose un projet de,
décret pour autoriser cet affreux & irrémédiable malheur. L'im
pression en est ordonnée. Grande nouvelle à la séance du 3 » oi»
a enfin trouvé la quadrature du cercle- Qu'est-ce que c'est donc ?
demandent plusieurs monarques , es>-:e une nouvelle arme pour
battre l'Ennemi? Non, interrompt l'un deux, mais voici qui va»
vous prouver que ça ira; le recrutement de l'armée est mer-
Ci) Patriarche des Jacoquins»
( 3X9 >
Vcilleux tSo Jeunes gens se sont fait inscrire dans mon Dijjar*
tement. Six raille hommes, die l'autre, sont enrôlés dans le mica
& ont épuisé toutes les ruses pour paruître avoir la taille requise.
En vérité, reprend, Sire Grévale, je>suis tout honteux de vous
dire que dans la petite ville du Pui, où le nombre des mécontens
2c des fanatiques excède celui des habitans, on n'a enrôlé qus
300 hommes en huit jours. Ah! S'écrie Mouisset , monarque
gascon , c'est bien sandis autre chose ché nous. Lé département
dé Loth & Garonne sont dépeuplés; finîmes , vieillards , enfans,
tout est parti pour les frontières , & si vous né faites pas bite!
«ne Loi toute exprès pour arrêter cé zélé il n'y restera pas un
chien pour aboyer & mordre les Aristocrates. Todtes ces fanfa-
ronades réjouissent nos augustes & ils passent en riant à l'ordre
ou jour — on proclame les noms 'de Vaublxnc , Jmccurt , Bulin,
Bnche, et d'Avtyroult, élus membres du comité Diplomatique.
Ce choix déplaic au petit Albite. Il demande qu'on iem donne
pour suppléans les plus grands génies du Manège; mais vu la
rareté de l'espèce les choses restent in statu qun — un passe i
l'organisation d'Avignon & du Comtat. L'abbé Mulot, accusé des
plus grands forfaits par les deux partis est entendu sur cet objet.
Mien de décidé. L'exécuteur des hautes œuvres de Paris , qui va
bientôt avoir une tête à trancher , demande qu'on lui indique la
manière de le faire dextremenr. Cette proposition répugne d'abord;
mais Ba%ire & Bigot, font adopter la motion Se il sera fait un
rapport sur ce mode d'exécution qui présage le triomphe de la
(Guillotine & celui de son inventeur, La lecture de quelques
adresses, l'admission de quelques députés ont presque remplis
la séance du 4. Les officiers Municipaux de Vunkerqu? craignent
une nouvelle insurectioa." Un Officier propose un moyen infaillible
d'tnclouer les canons des ennemis & de mettre les nôtres à l'abri
de ce danger. — Le district à'Etampcs annonce le massacre du
Maire d'Etimpes égorgé le 3 de ce mois par des brigands,
malgré les effoits de la force publique. Sire Guif.on de Morveau,
cft proclamé préfrdent. On propofe, à la séance du 5 , de fournir
au Ministre de l'intérieur, une î'omme pour approvifioner le Midi
de la France qui manque de grains , les fléaux de l'Anarchie
désolent les 8} républiques de France ; celle de l'Eure écrit que
les* brigands font les plus grands ravages dans cette contrée 5c
menacent du pillage la ville d'Evreux. Les Administrateurs de
ce Département demandent des secours prompts & puissans &
•protestent en attendant de leur tendre attachement pour !a Loi,
malheureusement impuissante pour défendre la vie & les pro
priétés des Citoyens. Une pétition d'une partie des rigimens
-en garnison à Lille » lire à la Séance du soir, vifre une nouvelle
preuve de l'esprit d'insubordination & de révolte que les ennemis
de l'ordre ont malheureusement souflé parmi nos troupes. I e
règlement militaire envoyé par le Ministre à l'armée d'après la
sanction du Corps législatif, déplaît i ces soldats qui ne devroient
çonnoître qu'une obéissance passive aux ordres de leurs chefs ;
ce règlement , disent-Us, ouvrage du Ministre Narionne est de
beaucoup trop austère &c. &c. Plusieurs membres improuvent
une telle pétition & l'Assemblée, aulieu de la proscrire avec in
dignation la renvoyé « jon comité Militaire. À peine a t'elle
prononcé cet impolitique renvoi que le Ministre vient de'noncsf
de nouveaux fruits de l'anarchie.' Les soldats du 48. régiment eri
garnison à Rennes se sont révoltes contre M. de Salvignae leur
Commandant , & n'ont point voulu exécuter le'ncuveau règlement'
Militaire , M. de Salvignac indigné de cette indiscipline dorme*
sa démission à la tête du régiment; trais officiers suivent son1
exemple. A l'instant un placard affiché dans la Ville provoqué
un attroupement prodigieux autour de la maison du Commandant}
ses jours sont menaces, & la Municipalité de Rennes , qui devoïli
ie protéger & le défendre , le traduit devant un Juge de paix!
ui a l'imprudence de l'inrei'roger sur la causé d'un, désordre
ont il n'est point le juge. J'ai ordonné'au nom du Roi , poursuit?
le Ministre , la punition de ce soldat, il faut qu'elle » exécute.'
Le Cos Evéque intrus de Rennes Veut justifier les 'sédiriétti' &
la Muriicipa lté ; les pièces sont inhumées au comité 'Militaire.
Le détail d'un insurrection d'un autre genre a rempli- la.Sé.tnce
du 6. Le t.6 Février dernier, an corps nombreux de prétendues
Gardes Nationales de Marse'àle , accompagné d'une hordi dchrl»
gands se sont portés à l'impioviitc_ sur la ville à'Aix , , avec : 6
pièces de canons , & s'étaient déjà rangés en bataille sur lé cours)
quand la Municipalité en a èti instruit;:. Le régiment d'Erwrif
est commandé & se forme en Colonne contre les assiégeans ;
le Maire à'Aix accourt, & les chefs des MarseilSois , couvrent
leur criminelle entreprise du prétendu danger où on leur a dit
qu'étoit la ville à'Aix, d'être livrée aux Aristocrates souienuèa
par le régiment d'Ernest dont ils demandent le renvoi avec menace»
Il rentre dans ses quartiers. Cependant un nouveau corps as mS
entre dans la Vil'c ; on apprend .l'arrivée- âé nouvelles troupes' } ■
"m détachement l'Ernest s'-c'rem'inc vej-s la ,j(W|(»'jgte^«WMf.j
où ï'étwcnt portés $c6 'MaTMÎ'fe: L'ailarmë-ar-»'' trtnWé •
se répandent dins la Ville, les Citoyens s'arment; lVpnroofi*
de la nuit double l'épouvante en craint le carnage , le pllfegei.
& malheureusement la Garde Nationale de ia Ville est dispersée.
Dans cet affreux danger, la Municipalité suspend la biavûurfc
du régiment d'Ernest & le fait rentrer dans ses quartiers. L«
lendemain un Capitaine des brigands veut faite abattre les casernes
des SuilTes ; on bat la générale, le canon eft braqué , la mèche-
allumée. Le Régiment sort & diffipe les afTaiilans, ils partenr
enfin le 29, & le calme, dit-on, cft rétabli daos A IX. On attondl
de nouveaux détails. Les Dépattemens de Seine & Oise, celui de
l'Eure, toute la France enfin eft en proie à la fedirion , à la ré
volté , que la force publique ne peut réprimer. Tel est le résultar
de l'infernale doctrine des di' if"es , des Jacques-Clément , des
Vamien. O " ' malhe»**' *"*'-' '''îié! ' < ■

Ekrata du îjt0. ,19.


page 293. ligne 10 dans l'état de VadministrationWsez dans l'art»

De l'Imprimerie de Jacques Girouaxd , rue du


Bout-du-Monde , 2tf°. 47,
.0';' _ •
Seconde Année. N6. ±\l

L A ROC AMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
Rédigé ?ar Dom RÉtiius Anti - Jacobinus<

« Une Fiji , une Loi i un Roi »*

Du Dimanche ii Mars 179a.


1 'i u i - - i ;

SECONDE PARTIE DU CATHÉCHISME


DES ROYALISTES,
Chapitre I V;
De l'origine des Gouvernemens vicieuxi 4

Demandé — JL'E Gouvernement démocratique


eft-il le feul Gouvernement défec
tueux.
RÉPONSE —Non, il faut y comprendre le
defpotique , où le prince n'a d'autre
règle que fa volonté & fori caprice.
L'oligarchique dans lequel !a mcûire
du mérite n'eft autre que celle des
richeiïes , & où l'on ne peut aipirer
TV/nf ///. année 179a. V
( _3« )
aux charges de l'Etat; quelorfqu'oo
a le revenu déterminé par la Loi ;
ce qui est une fource perpétuelle
de difcorde entre les riches & les
pauvres.
Dem.— Sont-ce là tous les Gouvernemens
vicieux /
Rep ■— — — Il y en a encore de plulieurs forte*
qui font des mélanges informes des
premiers , & dont l'énnmération ell
inutile.
DeM. — ■ Quelle eft l'origine des Gouver
nemens vicieux /
Rep. — Ces Gouvernemens nailfent de
la décompofition des bons Gfiuverne-
mens , c'eft-à-dire, du Monarchique
& de l'Ariftocratique.
Dem. — — — Comment les bons Gouvernemens
fe décompofent-ils l
JR.EP. — — Ils fe décompofent à mefure que les
défordres fe gliftent dan* l'Etat , que
les mœurs fe relâchent , ce qui arrive
à la longue dans les fociétés les mieux
organifées ; car rien n'eft fiable dans
ce monde. Au moral comme au phi-
fique , tout ce qui naît eft fujet à la
* corruption.
Dem. Eh quoi ! la fageffe humaine ne
peut-elle pas combiner un fyftême
politique , contre lequel aucune
puifTance corruptrice ne puiffe pré-
" valoir ; en un mot , un fyftême inal
térable dans fon effence /
J^EP. ■— Non : il en eft des fociétés , comme
des individus ; elles font foumifes
aux mêmes révolutions. L'intégrité ,
l'innocence des mœurs qui régnent
dans leut origine , font l'image de
»otre enfance» Le temps, en îeur
donnant l'accroiffement & la force,
les altère , les diprave , &: étouffe
en elles tous -les germes de juftice
& d^équité. Bientôt les liens qui en
uniffoient & vivifioient toutes le»
parties , ft brifent , elles achèvent
de fe diffoudre , elles n'exiftent plus.
D'autres fociétés fe font déjà élevées
fur leur ruine ; elles fubiront à leur
tour une deftinée femblable.
NOUVELLES POLITIQUES,
Pe'rersbourg > le 6 Février,
An ! la maudite fecle que celle des Jacôbint,
Les manœuvres- les pluxcriminelles ne leur coûtent
rien pour féduire les Peuples & les pouffer
fcors des fages limites que l'ordre focial leur a
" tracées. Mais l'époque n'est pas éloignée où cette
race de monstres doit difparoitre de la ftca
du globe. Notre augufte Souveraine > de concert
avec le Roi de Suéde , va bientôt déployer fe*
moyens , & l'on verra que quoique éloignée de»
brigands qu'elle veut détruire les foudres de
l'Héroïne du Nord ne font pas moins terribles
que celles des Puiffances du Midi. L'Impératrice
mettra d'autant plus d'ardeur à cette grande en-
treprife . qu'elle voit , avec fatifaclion , que fes
Sujets manifeftent le plus grand zèle pour la
.féconder de tous leurs efforts dans une caufe qu'ils
regardent, avec raifon , comme fainte & facrée.
Les fentimens qu'elle a manifeftés dans fa procla
mation, n'ont pas trouvé un feulcenfeur. Lespères
de famille , les jeunes gens .comme les vieillard»
y applaudiffent avec tranfport , & béniffent le
Ciel d'avoir détourné loin d'eux cette borribis
( M4 )
fléau, qui a fait tant de rarage, & qu'on nomnuf
parmi tous , excès de patriotisme.
Voici un extrait de cette pièce intéresiante.
» CATHERINE, &c Salut a tous
» nos Sujets,... ;- *
» Un relâchement dans les reflbrts d'un Gou
vernement , eft un moyen infaillible de déchaî
ner les peuples contre les Rois , parceque , pour
remonter la machine , il faut employer des
moyens puiffarrs, des coups de force, auxquels
les citoyens ne font pas accoutumés , & ces effets
produisent ou la terreur ou les Soulevemens,
» Ces malheureux effets viennent de fe mani-
fefter d'une façon funeste dans un royaume long
temps célèbre par fes profpérités , & depuis
quelques temps plus célèbre encore par fes in
fortunes. Des combinaisons politiques , puifées
dans un fyftême de philofophie Spéculative»
y ont renverfé l'ordre ancien , pour y fubftitue*
un ordre de chofes , fondé fur des principes do-
meftiques , et absolument contraires aux befoins
d'un grand ordre Social & politique. Il en eft
téSulté que la France, ce royaume le plus riche
& le plus floriffant de l'univers , lorfqu'il étoit
fournis à l'autorité d'un Monarque , eft tombé dans
la pauvreté , dans le difcrédit , dans l'abandon ,
& ne reSpire qu'avec peine , écraSé comme il eft,
fous le nombre des autorités.
» Quel exemple effrayant pour tous les peuples
de la terre , & Sur-tout pour ceux qui Sont re
devables à leurs Souverains de leur fituatiofi
proSpère , de la paix , de l'union qui régnent
parmi eux , & du refpecl que leur portent lea
Nations étrangères. Pour convaincre fes Peupler
de l'excellence du gouvernement Monarchique %
Catherine jette un ail rapide fur l'histoire
de l'empire Ruje, retiré de l'état de barbarie par,
<J*5)
FlERnE LE Grand , & portépar fes Succefeurt
au plus haut degré de gloire & de puijfanct.
»Loin de nous donc (ajoute SaMajeité Impériale)
un fyltême deftrucleur de toutes les loix civile*
Apolitiques; loin de nous ces principes qui pro
voquent la defobéiflance , en détournant le ref-
pecT: que des bons Sujets doivent aux Monarque»
& à leur autorité repréfentée. Loin de nous
fur-tout ces idées de liberté , qui ne font en réalité
que les excès du défordre &, de l'Anarchie , fous
les apparences d'autorités confirmées & précaires,
& qui , en enfantant des jaloufies & des haines ,
£ninent par produire des crimes & des attrocités.

L'Impératrice termine cette pièce par une invi»


îation à son armée & à tous fes- fidèles Sujets ,
de repoufler jufquau bout de l'univers les peuples
qui adopteroient le fystime destruéleur des Ré'
voluiionnaires , fi» & combatre JUSQU'AUX
ROIS qui voudroieni l'introduire on. le fouffrit
dans leurs Etats. »
De Coblentf itr Mars.
M. de Sainte-Croix vient de nous quitter ;
bon voyage. lie Maréchal de Broglie est parti
ce matin pour Luxembourg. M. de Colonne pour
Cologne, & M. de Vaudreuil pour Vienne, ^ofi
le Prince de Naffau doit être'déjà arrivé. Le Prince
de Condé eft allé rejoindre fon armée. Oh! pour
le coup, nous pouvons chanter à notre tour,
ga ira I
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Jufques à quand les gens de bien auront-ils à
fouffrir la persécution des méchansl Dans toute
l'étendue du Royaume , les Docteurs de la révo»
lutiqn ne prêchent que le meurtre , & leur fan-
Çuiaaires Sattelites ajoutent chaque jour à l'his
( PÔ )
toïre de leurs fureurs , de nouvelles atrocités. A[
Etampes, un Maire 'eft maffacré , pour ainfi dire„
dans les bras de la loi , & environné de ceux
que le nouveau régime en a fait les défenfeurs
& les gardiens. A la Rochelle , les Calviniftes
pourfuivent avec acharnement tous ceux qui ne
font pas dévoués à leur fecte. Mais c'eft far-tout
à Marseille où le calvinisme levé le plus fa tête
altière, c'eft-là que les projets de la fecte dont nous
avons déjà parlé , fe développent .d'une manière
effroyable. On fait avec quelle audace ils ont
défa'rmé , à Âix , le régiment à'Ernest , qu'il»
ont furpris avant qu'il fe fût raffemblé. Ce n'est
que le prélude de leurs exploit' patriotiques. On
apprendra bientôt qu'ils ont délivré les brigands
à Avignon , & que la ville à' Arles eft afliégêe :
mais les braves habitans ne feront point pris
fans vert.

Thermomètre de Paris.
Plus fin que nous n'eft pas bête , difent les
Jacquets. Nous voyons bien toute la part qu'ont
les Feuillans dans la guerre littéraire que l'Em
pereur nous fait ; mais tant qu'il n'emploiera que
ces armes , il n'eft point à craindre. N'avons-nou*
pas, d'ailleurs, Carra, "Gorfas , Prud'homme y
Condorcet , Fillette , Tkéroigne , & nos piques ï
On verra qui l'emportera. Les Feuillans ré-
Îiondent , dé leur côté , que bien loin d'approuver
e ftyle de Léopold , ils font, au contraire, in
dignés de voir une puijfance étrangère s'immifeer
dans leur démêlés domestiques , & feignent
bravement, de rejetter les leçons du Lion d'Ju~
triche. Quoi qu'il en fait , ils tremblent néan
moins de voir paroitre ait premier jour le ma-
jiityeùe des paitfances, & comme ils font perfuadés
que les droits des Princes poffeûtoonéi en Alfaç^
( 3*7 )
en feront'la bafe , ils travaillent à leur innoculer
la peur qui les tourmente , en leur infinuant
bue la ruine de la Conftitution deviendroit,
par contre-coup , la ruine du Corps Germanique.
Pour en être écoutés plus favorablement , il«
propofent aux Princes lézés , d'acheter, pour eux,
les domaine» qu'ils défireroient pofféder en Aile'
magne , en dédommagement de ceux que le Ma
nège leur a volés en France , ou de les rembourfer
d'après l'eftimation qu'ils feront de ces mêmes
biens. Les Feuillans se fiaient,, moyennant cela,
que les Princes d'Allemagne ne prendront aucuns
part dans la guerre que toute l'Europe leur
prépare , mais ,<
Va t'en voir s'ils viennent Jean»
L'emprefTement & le zèle avec lequel le»
cercles de l'Empire fournirent leur contingent
po ur cette mémorable expédition , ne. laiffent plu*
aux Factieux aucune efpérancé.
SABBATS JA CQBITE S.
Du 4 Mars*
Sous la clochette de frère Thuriot.
Ahil ahi! mes frères , s'écrie, au Sabbaî*dit
4 , le Jîévérend Gris-^Bourdon , tous les Dépjrte-
mens du Midi font foulevés ; j'en fui» tout iranfl
de frayeur , ça ne va pas ; ça ne va pas , vout
dis-je. Fi ! le poltron , s'écrie fa ci»
devant altefle le très-révérend Frère de Char»
très, & moi je dis que ça ira : oui, ça ira , car
je viens de récevoir une lettre qui m'apprend que>
le petit Rochambeau, fils du grand Général, a
découvert à Maubeuge , que M. de Quini , Lieu*
tenant-Colonel du dixième Régiment, enrôloit
pour Cobientr. Auffitôt le brave Rochambeau ,
comme vous le penfez bien, déoOi. " l'earôlcur»
\\ eft, hapé, Dieu merci, &. mis in carcere; fin
papiers font i'aifis ; les juges du District initru-
•mentent , & ftf ?Vfl. Vive la Nation! — Oui,
iandis , ajoute ÇoUofrAhnanach , ça ira, & lé lé^r
vain du patriatifme , bien loin d'être en canelle,
comme celui de l'épicier à'André , n'a jamais
tant fermenté qué dans cé bienheureux moment ;
il eft au plus haut période, D'avord , primo ,
bous né troubcriez pas dan: routé la France un
feul jeune homme , il ont tous boié aux fron^
tières^ mais tout cela n'est rien en comparaifon
du zèle de nos frères de Voràeaux. Il faut êtr<f
Jacovin pour bien l'apprécier. Or donc, nos
Frères de Voràeaux , pendant que les autres bont
ie battre pour eux ; biennent de faire une ripaille
fraternelle , dont les fiécles à bénir conferbéront
l'hiftpke , &; jamais gogaille n'a offert un plus
pittorefque tableau. Quel coup d'œil qué la ré-,
union des enfans de la liverté autour d'une
fable couberte .4e* mets les .plus friands &. des.
j>insles plus exquis! tant il est brai que la bertu
troube ici bas fa récompenfe , & qué , tandis qué
les ariftocrates , les réfractaires &. tous les hon
nêtes gens de l'ancien régime font dans la mi
sère , Si. erebent de faim, Targinette traite
fes ferbiteurs à bouche que beuxrtu. Pourrions-!
nous nf pas aimer une telle dibinité ? Mais re*
benpns i nos frères; les boilà organifés à table,
leftant brabément leur védaineen dignes patriotes,
&humeclanï leur lampas du bon jus de la treille.
Ça , dit l'un d'eux , entre la poire & le fromage,
ç'eft affez boire, fans rime ni raifon; paffont
n l'prdre du jour : garde à vous , mes frères !
attention au commandement. Empliffez bos vèrres!
bon: lp ftoats qwe jé porte eft au Congres Anté*
iricain. Àbale : puis, abec la même cérémonie,
ils bpivent rafade eq l'hpnneur dé chacun des
Beflfli^s gens 4qb{ TQiçj Ja hiridk y « WuhJçmL,
( *29)
— Aux mânes, de Franklin &• de tous ceux qui
Jé font faits occire pour la liberté Américaine. —•
A \ la projcription , castration , pendaifon &
brûlure de tous les Aristocrates , Prêtres non-'
Jureurs & autres que nous abons en exécration,
i— Aux droits de l'homme, dont nous faisons un
iîi digne ufage. — À l'AJfemblée Nationale, —
Au décret qui s'empare du bien des Emigrés. —
Aux quarante Galériens de Châteaux'Vieux. —
Aux Députés qui ont bote contre lé Ministre dé
la Marine. — Aux illustrissimes Jacovins d<
Paris , nos Fondateurs <S* Souverains Maîtres
«—A tous les Jacovins qui régentent , goubernent
& régénèrent la France — Aux rébolutionnaires
de Londres , —- A tous les Peuples qui ne beulent
point de Maître, -~-~A l'insTallation des Jurés.
«— Aux Gardes Nationales , (l'orateur bredouille
ici un retentum,) Au Général Vorde^ais-Bourdon,
r—'A LA FABRICATION AV TRIOMPHE VES
PIQUES, —r Au foulebement de tous les Sujets
des Souberains qui confpirent tbàtre les Jacovins,
•— A l'expulsion des Ministres qui fe moquent
de nous. — Aux Citoyens des Fauxbourg Saint*
Antoine & Saint - Marceau, —- Au Comité d(
furbeillanze, Puisse't-il faire pendre tous ceux
oui youdroient nous voir pendus. Enfin , les frères
de Vordeaux , lis dé' voire et n'en pouvant plus ,
furent menés à (a Comédie par un piquet de
Cavaliers , &; malgré tout le vin dont ils «'é-
toient gorgés , le çroira^t-on / ils affiftèren; au
Spectacle abec la dignité des Catons de bafle
Normandie. -*» Çollot~Almanach ayant terminé ce
récit, les Pères du grand Sabbat, à leur tour
yvres de joie , font' retentir leur caverne, des plus
épouvantables applaudissemçns , qu'ori réitère en
l'honneur de la vifîté que vient leur faire le vé^
pérable Pétion. — Voici venir enluite une dépu-»
Wioo, ponm le produit d'une quête pour let
s
( 33° )
Galériens /mérites de Château-Vieux , à laquelle
la famille Royale, a contribué pour 110 livres.
Quoi ! s'écrie l'énergumène Danton , est~ce
far une mince aumône que le pouvoir exécutif
croit expier fes fautes / . . . De quel
front la Famille royale ofe-t-elle faire une telle
aumône. Comment oferie\-vous , mes frères , ra-,
tifier cette infolence l Je demande la rejes-
tion de la fomme. — La motion du forcené Jac
quet , bi«n digne de ce féjour d'horreur , elt
néanmoins complettement fifflée. Ai rive la signora
Théroigne. Cette héroïne de la Jacoquinaille,
profondément émue de laquafi nullité des Frères,
vient propofer un plan de remonte , qui doit
infailliblement mettre l'efpèce humaine à fa jufte,
hauteur. Ce plan elt un projet de fêté- — « Belle
mignone des doyennes patriotiques, lui répond
le Préfid^nt ; boire & manger , rire & danfer , fe
livrer aux doux élans de la nature, & de la
iberte , eft chofe excellente , car le plaifir efl
le baume de la vie. Des tonlpirations infernales,
il eft vrai , nous menacent grandement -, mai» ,
malgré les pervers , ça ira , le patriotifme veille,
& l'aristocratie fera enchaînée fous une triple
tombe. Ne doutez pas de notre amour & de no»
efforts pour la propagation de la liberté;
& en attendant que ça aille, entrez, chère Ma
trone de Targinette , dans notre bercail ; venez
jouir des droits de l'homme. Une députation des
arrières Jacquets, vient affurer les Révérends,
qu'ils fe feront mettre en hochepot plutôt que
de fouffrir la deftruction de la Jacquerie. —
Grand merci , lui dit le Préfident ; nou» comptons
fur vous au befoin. Mais , frères , voici bientôt
le jour ; la règle des Sabbats , eft de fuir à foa
afpecl. Allont tous nous coucher , au revok.
MÉLANGES. '

Il paroît une nouvelle caricature vraiment


piquante, & l une des plus ing'énieufes, peut-
être qui ayent paru iufqu'à ce jour. On voit Mons
Péti. . .duement écharpé , monté fur Targinette ,
fous la forme de l'Hiène du Gévaudan. Cet animal
féroce foule aux pieds le fceptre , la couronne,
& les divers attributs de la Nobleffe & du Clergé.
Un groupe de braves Chevaliers français , armés
de lances, accompagnés à'Hercule , tenant fa
redoutable maflue , s'efforcent d'arracher ces
emblèmes au monftre deftrucleur. Peti . . la
dague en main , défend fa chère Targinette,
qui tout à coup, chie une légion de Jacobins &
de Cordeliers , tenant un poignard d'une main
& une torche de l'autre. Au moment où la bande
meurtrière va fe précipiter fur les intrépides dé
fendeurs du Trône & de l'Autel; le Ciel lance
fa foudre, & pulvériïè Peti. ; , TARGINETTE,
& la horde afTanuie dont elle a infecté la France.
On lit au bas de cette caricature , gravée en taille
douce , & qui fe trouve chez tous les Marchands
de nouveautés , du Palais Royal , ces mots : NOUS
VERRONS QUI L'IMPORTERA. •

Targinette l'Enchanteresse,
Quoique fille de la nuit,
Qui pis eft , de l'ignorance,
Dont je suis le triste fruit ; > ■
Je le dispute en puissance
A la fille du soleil:
Et sur la française engeance
Av-c un pouvoir pareil..
J'exerce mon empire* & j'ai même influence^
( «*■ )

lorsque des bords du Scamandre,


Rougi du sang des Troyens , ^
Ulisse vint à descendre
Avec le reste des siens,
Chez Chcé l'enchanteresse;
On sait dans quelle détresse
Furent ces nouveaux venus .
Trompés par des secrets aux humains inconnue,
•ooûqooo
Par la vertu d'un breuvage ,
Délicieux , mais tro.npeur ,
Elle changea leur vit âge.
L'un devint Lion sauvage,
Celui-ci Loup ravisseur ,
L'autre un éléphant énorme. .
Enfin, sous diverse forme,
, La troupe n'oifroit p!u« qu'on spectacle d'horreur,
•ooocseoo»
Comme a la Ménagerie ,
L'un hurloit ou mugissait
Plein d'une horrible furie.
L'autre aboyoit , rcgissoit :
Dans cette criaîllerie
Personne ne s'entendoit.
N'eft-cç pas-là, je vous prie ,
De mon art enchanteur le merveilleux effet ?
Prudence de Sophie Gr Fe m m x
Çond .r.(t.
iVous connoiffez ce mot que Neptune en furie
N'osa point achever. .... C'est celui dent Sonu%
Fut de jour et de naît U fiut teint du devoir*
( 33) )
four le piaf grand honneur de la philosophie I *
Hier un grand Flandrin de la belle eut envie ;
Cétoit un Jacobin , de plus ami des noirs :
Comme il montrait pourtant affest peu d'énergie |
Vérifient, dit-elle . avant tout vos pouvoirs.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances àts 7 & 8 Mars.
Des Ama\ones , non det rives du fleuve Thet-
modoon , mais des halles de Paris , fe présentent
au Manège le mardi foir 6 , et l'une d'elles, que
fon allure et Tes moustaches font dabord prendre
pour le Capitaine Tempête, harangue, comme fuit,
nos augustes fouveraini. — « Messeigneurs Sire* ,
nous voici à cette fin que vous fâchiez que j 'étions
des citoyennes patriotes de la liberté , qui favions
faire autre chose que le fricot , et qui en outre
deçà avioot, du fangà répandre. Partant quoi.
Nosseigneurs Sires , que notre foiblene ne vous
arrête pas , ne nous privez jarni pas du plaisir d«
combattre, à moins que quelque chien d'aristocru-
che ne prétendiont que les droits de l'homme n'ont
aucune application fur les femmes. Je voulions
Sue vous nous psrmettiez de porter des fabres,
es pistolets , des piques , et de nous exercer
à la manœuvre fous l'inspection des fidèles Gardes
Françaises. Ah ! la bonne idée répond le Président,
que celle de réchauffer l'ardeur des foldats et
de réunir les mines de Cypris aux lauriers de
Bellonne ; foit fait ainsi qu'il est requis , et
qui plus est , entrez me9 belles Dame9 , vous avez
des droits incontestables aux honneurs de la féance.
A cette petite parade , fuccède la grande farce ,
jouée par des acteurs du faubourg St. Antoine. On
avoit affiché un placard, figné de la majeurs
fiartie des habitant de .ce faubourg» dans lequel
es Jacobins étoîent traités en Jacobins, c'est
tout dire. Nous ne devons pas, disent les acteurs >
désavouer ce placard ; mais notre explication
«st fur- les ruines de la Bastille , & notre réponse
fur le fer de nos piques tenez la bride haute ,
aux Ministres , aux conspirateurs ; courage, bou
tez en arant ; au moindre danger , nous vous
offrons nos bras et nos piques . . . Le chapitre
de la Royauté .. .la liste civile et les Ministres
pafferont ; mais les droits de l'Homme ne pafleront
pas. . . . j'orateur, porte-pique est remercié de fes
conseils , de fes offres , et admis avec fa brigade
dans le fein de la bande Législative. On croit
rêver en voyant ces horreurs . . . .
— Le minifttre de l'intérieur demande 800 hom
mes de la garde nationale & quatre pièces de canon
pour joindre à la cavalerie qu'on envoyé contre
les brigands, qui Tous l'égide des droits de l'homme
Sortent la délolation & Le ravage dans plufieurs
epartemens. Celui de Paris est autorifé à faire
partir le fecours demandé. — On apprend à la
ïeance du 7 , que les brigands continuant leurs
prouesses patriotiques , fe font portés le 6 au
marché de Verneuil , au nombre de 7 à 8 mille ,
y ont taxé le bled & ont pris celui qui leur a
convenu. Mais d'où viennent ces brigands quj
couvrent la France & y portent Je ravage f De
mandez-le aux Jacobins. Sire Lafource a péroré
sur la police intérieure du maoège , la tenue des
féances & le mode de fes délibérations. Ces grave*
objets ont rempli la féance. On a lu dans celle
du 8 les prétendus griefs à préfenter au Roi con
tre le ministre de la marine , depuis notre régé
nération n'est pas impunément honnête homme qui
veut. On chante toujours ça ira, & nousdifons,
fa n'ira pas , parceque pour que ça aille, il faut
de l'argent , que personne n'eu a ; que ceux qui
' t 3?5 )
«n ont n'en veulent point donner ; & qu'il» fe
moquent de ça. Aussi a-t-on décrété àl'ordinairo
que la caisse de l'extraordinaire seroit mife à
contribution pour ao millions d'une part , &
3,936,000 liv. de l'autre, destinés aux événemens
prévus ou imprévus. De cette façon là , ça peut
aller quelque temps encore , cahin eaha. Pour
s'égayer un peu, leurs majestés législatives ju
diciaires S- exécutrices , ont agité , si le décret ,
relatif au mode de féquestre des biens des emigréi
est fujet ou non à la fanctionî Oui dit celui-ci :
non répond celui-là ; bref , il est décrété , que
toutes les dispositions relatives à la translation
de la propriété , de l'usufruit , ou de la posses
sion des biens des émigrés , depuis le décret du
9 Février , qui les a mis fous les griffes crochues .
de la nation , font d'une nullité radicale omni
génère & cafu , & ce , fans exception pour les
malades qui voyagent à raifon de leur fanté ; des
favans & des artistes que le désir de perfectionner
les arts , attire chez l'étranger. Et eh effet , qu'esf-
il besoin qu'un malade voyage & que les arts se
perfectionnent î Une exception en leur faveur ,
pouvoifrelle d'ailleurs s'allier avec l'iniquité de ce
décret. — Deux petites dénonciations , l'une con
tre le gonverneur de Pcndichéry , l'autre contre
le ministre de la justice , ont ouvert la féance
du soir. Le premier a vexé des François, le se
cond a empiété sur les droits du peuple , en nom*
tnantle Président, de je ne sais quel tribunal. Ces
délits constitutionnels font renvoyés aux comités.
Puis , voici venir deux Députés , se difant de
Créqui, portant nn don patriotique de 150 liv. ,
au nom, très supposé sans doute, d'un ci-devant
chanoine. Ceci rappelle un quidam , qui dépouillé
par la bande de Cartouche , lui envoya quelques
jours après un porte-feuille échappé à sa rapacité.
Ces mesquines parades ont vieilli depuis long-
temps.-- Le Ministre de la guerre annoncé, q&#
le Roi , instruit de la conduite de M. de Braban-
tanne , Maréchal-de-camp , dans l'affaire d'Aix, l'a
suspendu de fes fonctions, & a ordonné qu'una
Cour martiale le jugeât. Ce commandant > pour
le Roi , loin de punir l'insolence des Marseillais «
A souffert que le régiment A'Ërnest fut désarmé*
Sa majesté a donné ordre que cette injure atroce
fut réparée, & que lès braves soldats fussent arrivés
sur le champ. Le Ministre invite les membres"{es
plus distingués de l'assemblée, de prendre les mâ
tures les plus vigoiireufes pour prévenir la de*
sorganifation de l'armée. Cette invitation met en
fureur nos roitelets. Est-ce qu'il y a parmi nous,
s'écrient-ils, des Membres distingués l Ne fomme's-
iious pas tous ramassés par ci , par là \ Pardcm,
MM. .répond humblement le ministre .quand j'ai
parlé de distinction , je n'ai pu l'entendre que de
celle du patriotisme. Qu'on lui fasse signer cette
amende BOEarable , dit !e monarque Rouyer. Ce
pendant, w }-i-;;n« Chabc , tout éciim«nt r?gj>,
vouloit improviser. Le sénat s'y oopose. II s'en
prend à Rouyer , &. lui îeproche d être payé par
la liste civile. Qui ! moi payé , répond Rouyer,
en aliénant une vigoureuse gourmade au révérend.
Moi payé ? Et il alloir recommencer , quand
sire Lacroix l'a conjuré, au nom dé la patrie éplo-
rée , de ne pas Souiller ses mains en rossant un
capucin , &. le débonnaire Rouyer a lâclfé ce
pigmée.
On annonce , dans ce moment , la mort de
Léopold , on sent combien cette nouvelle peut être
suspecte.

De tImpriiritrie de Jacques Girouard ,


Baut-du-Monde . W. 47,
Seconde Annie. N°. 22.

LA ROCAMBOLE,
o.u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Régiu s An t i - Jac o s i n v î.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 15 Mars 179a.

SECONDE PARTIE DU CATÉCHISME


DES ROYALISTES.
Chapitre V.
De l'organifation d'un Etat monarchique.

DeM Uisque les mauvais Gouvernement


nailfent de la corruptîon des mœurs,
comme les infedesde la putréfacliondes
corps , n'eit-il pas évident que toute*'
les vertus morales doivent être en.
vigueur, dans un Etat Monarchique bien
' , organifé
^REP. — Sans contredit , li la vertu ne confifte
qu'à faire ce que l'on doit; car, dans
Tome lll, année 179a. X
( 3 38 )
un Etat monarchique , c'eft toujours
l'ordre des Citoyens inftruits , qui règle
la conduite de la multitude ignorante.
, Les défirs & les parlions du Peuple font.
fournis à la fageffe du Monarque qui
eille fanctuaire de la Science politique
& de la Loi. Le Peuple révère en fas
Magiftrats , les organes facrés de cette
fageffe , & chaque ordre , chaque claffe
de citoyens , chaque individu fe tient
renfermé dans les limites des droits &
devoirs qui font propres , fans prétendre
jamais empiéter fur ceux qui lui font
étrangers.
Dem. — Eft-ce que cela nuiroit à l'intérêt public
ou particulier , li les citoyens négli-
geoient par fois ce qui leur eft fami
lier, pour fe mêler des chofes qu'ils
ne connoitroient- qu'imparfaitement /
Rep. — Sans doute. C'eft une vérité que pour
. bien faire ce à quoi l'on eft propre , il
faut être dégagé de tout autre foin.
Voilà pourquoi les hommes fe font réu
nis en lociété , parcequ'ils peuvent y
jouir, chacun en particulier ^ des fruits
que le corps focial recueille dans les
lumières, les talens & l'induftrie de la
totalité de ces membres.
Dem. — De quels ordres de Citoyens, un Etat
monarchique eft-il compofé /
Rep. — De trois, qui font, l'ordre du Sacer
doce, ou des Ministres de la Religion.
L'Ordre de la Nobleffe , c'eft-à-dirë des
Gardiens & des adminiftrateurs de
l'Etat , & l'Ordre de la Roture,
vulgairement appelé Tiers-Etat ,
dans lequel on comprend les Agricul
teurs , les Artiftes &. les Artifans.
t m )
Dem. — Où à-t-on pû puifer le fylléme i\X
Gouvernement monarchique /
Rep. — Dans le fyftême de l'univers , nous y
voyons que tout est fujet à des loik
uniformes & invariables ; que les ac-
• ■ tions de tous les erres tendent toutes
au même but ; c'est-à-dire à parcourir
un cercle déterminé cle révolutions , &
à maintenir , par le rang qu'ils occupent,
chacun en particulier , l'ordre éternel &
immuable , qui les unit tous , fous l'em*
pire d'une caufe univerfelle & toute
puilfante , qui eft DIEU.

NOUVELLES POLITIQUES.
Leopold eft mort , la renommée aflure qu'il
eft mort, empoifonné. Par qui l Par des
Jacobins. Les preuves de cet horrible attentat
existent dit-on. Une lettre de Lintz , marque que
des papiers faifïs à quelques fâttelites envoyés par le
Club régicide , ont mis en évidence le complot
de la Jacquinaille On ajoute que cet exécrable
projet a été conçu dans le fein même
& que la caverne des Jacobins a fourni les
monftres qui dévoient le mettre à exécution.
L Si ce font-là les moyens que les abominables
Jacquets veulent employer pour conferver leur
domination affreufe , quelle leçon pour- les
Rois , qui ont cru qu'en donnant aux Factieux
le temps de réfléchir fur le mal qu'ils ont fait ,
ils,ft viendraient
17 ~ à récipifcence
1 , & qui ont
référé les plans
pretere pians les plus modérés aux me-
lyres yigoureufes /- - qui
-|ui auraient pû couper le
mal Sans fa racine , av, avant qu'il eût fait tant de
pragrés effrayans. Mais auffi , qu'il eft à craindre
que les Souverains ne vengent fur le peuple
fcànçais le crime affreux, commis fur une têt*
\( 340)
couronnée. Citoyens , il eft encore un moytfn
d'éviter ce malheur. Ecoutez enfin la voix de
la raifon., Ralliez-vous fous la bannière de là
concorde auprès du Trône des Bourbons , rendez
à ce trône fon éclat , au meilleur des Rois une
autorité dont il ne veut faire ufage que pour
vous rendre heureux. Fuyez des monftres qui
vous ont rendu l'horreur fit le mépris des Na
tions. Voilà le feul parti que vous ayez à
prendre. Avant que l'Empereur fût empoifonné
il avoit fait retirer l'ordre qui deitendoit à tous
les marchands de fournir aux Français des
provifions de guerre , fie tout étoit arrangé entre
le Roi de Prufle 8c Léopold pour la marche
des troupes Prunïennes fit Impériales combinées.
|L.e total de cette armée étoit de 380 mille
hommes. 220 mille étoient fournis par Léopold,
& le relie étoit le contingent de Frédéric.
Les bataillons du Prince Ferdinand étoient
attendus à Fribourg , fit leur logement y étoit
préparé.

NOUVELLES INTÉRIEURES.
L'époque où nous nous trouvons étoit marquée
pour les plus grands crimes , tant au dedans qu'au
dehors. D'une extrémité du Royaume à l'autre ,
on n'entend parler que d'infurre&ions fit d'aflaf-*
finats. Ici, ce font les Payfans à'Evreux, qui
maflacrent un infortuné après , l'avoir fait, pro
mener fur un âne, la queue de l'animal dans la
bouche. Là , les brigands des environs de Poi-*
tiers crient avec fureur qu'il ne fuifit pas de
mettre les biens des Emigrés en féqueftre ; qu'ils
veulent qu'on en fafle trois parts, la première,
pour la Nation , la féconde , pour les familles
des Emigrés , 8t la troifième pour eux. Plus
loin , les Calvinistes fit les Jacobins de Mar
( 341 )
feille , après s'être enveloppés de l'appareil de
la loi , de concert avec M. de Barbantane & la
Municipalité à' Ai* , pour défarmer les bravés
Soldats du régiment à' Ernest , s'acheminent vers
Arles; mais bientôt inftruits par la renommée
de la fîère contenance des Arlefiens , de la concorde
qui règne entr'eux , & des mefures fages prîtes
par leur Municipalité pour repouffer l'ennemi
en cas d'attaque ; les Jacquets qui , dans l'ardeur
du pillage avoient compté fur une proie afiurée ,
sont déconcertés , & font bien voir que plus les
brigands montrent d'ardeur pour les arTaflinats ,
fie moins ils favent affronter les dangers. Ils
ont vu que leur ruine étoit assurée fous les murs
d'Arles. Toutes les vertus fociales ! bannies du
refte de la France , font réunies dans cette cité.
Les Dames en font l'ornement & la gloire ,
autant par leur courage que par leur beauté.
Qu'on nous permette de fixer un inftant nos re
gards & notre admiration fur ces aimables hé-
roïnes ; il eft impoffible de les avoir préfentes
à la penfée fans leur rendfe le tribut d'hommage
qu'elle méritent. He*ureux ceux qui les connoif-
fent , plus heureux encore ceux qu'elles aiment,
pour fe faire une idée de ces intéreffantes beautés,
il faut les comparer aux belles Houris que
Mahomet promet à fes fidèles Musulmans. Par
le portrait que l'auteur de VAlkoran a fait dp
ces Vierges céleftes , on eft tenté de croire qu'il
«voit vu les charmantes Artésiennes.
Comment , d'après cela , fer'oitril poffible que
les Citoyens A' Arles ne fuffent pas des" Héros !
Aufli font-ils réfolus d'oppofer la plus vigoureufe
défenfe aux attaques qu'on tentera de leur faire.
On Kt , à ce fujet , dans le journal de M.
Duclaud:(i) « Qu'on fâche que les Arlésiens

(i) Le Journal à'ArUt paroit trois fois par semaine»


r 342 j
font déterminés à fe défendre ; que pleins de
courage & de Nobleffe , ils craignent plus
Tefclavage que la mort ; qu'on apprennne
qu'Arles a encore des amis généreux qui vole
ront pour le défendre ; qu'on foit perfuadé que
le premier coup de canon tiré contre les rem
parts d'Arles, fera une fentence de mort portée
contre les Jacobins de cette Ville : on eft indi
gné de .voir le jour quand on a employé des
machinations , des noirceurs & des perfidies , pour
troubler la tranquillité de fa Patrie , & pour en
appeller à grands cris la deftruction.
» Qu'on ne croie pas , au refte , qu'Arles
mette fa feule confiance dans les forces humaines.
Invariables dans les principes religieux qui les
ont honorés de tout temps , & dont ils fe glo
rifient, aujourd'hui , malgré le triomphe de l'im
piété & de la philofophie , les Arléfiens ont élevé
leurs voix vers celui qui règle les deftinées &
qui les change à fon gré, le Seigneur est le Dieu
des armées & des combats; il relevé le courage
ou il imprime la terrewr. Dans ce temps de calami
té où nous fommes menacés des plus grands fléaux,
onaexpofé LE TRÈS SAINT SACREMENT,
on a formé des afîbciations de quarante perfonnes,
qui s'impofent la loi de réciter tous les jours

On s'aborns chez l'Auteur rue de la Calade à Arles ,


moyennant 18 livres poar un an & o livres pour
trois mois.
Rien n'eft plus intéreffànt pour ceux qui veulent
approfondir les causes de nos calamités que la con-
jioiffance des événemens qui arrivent aux environs de
cette Ville, contre laquelle le parti Calvinifte se dé
chaîne aveç une fureur qui n'appartient qu'à lui ; &
l'extrait qu'en vient de voir doit suffire pour démon
trer que le talent de M. Dûclaud eft bien digne de la
cause qu'il défend"
( 343 )
des prières, pour demander à DIElJ le retour
de l'ordre & de la paix', & pour qu'il daigne
éloigner de ces contrées une horde de brigands
qui ne ceffent de plafphêmer SON SAINT
NOM. \ .
Thermomètre de Paris.
La mort de l'Empereur donne matière à une
multitude de raifonnmens. Lès Jacobins qui font
fur le pinacle de la joie , en attendant le tour
que la Roue de fortune leur prépare ; les jacobins*
difent, en ricanant: voilà l'ouvrage des émigrés ?
et les royalistes , la larme à Iœil s'écrient : voilà
les crimes des Jacobins* La chaîne de leurs for
faits fe présente à leur penfée. Ils rapellent la
commission de l'abbé Dubois, chargé d'empoison
ner le Comte à'Artois ; ils fe rétracent la fcène
des Thuileries, faite exprès pour préparer les
esprits à cette affreuse nouvelle ; ils citent l'allé—
greffe féroce des jacobins de Strasbourg , qui
ont fait des réjouissances publiques, en l'appre
nant ; les preuves précédemment acquises au de
hors , d'un complot épouvantable, tout les confir
me dans leur opinion. Mats que' feront les jacquets,
maintenant qu'ils croyent n'avoir plus rien à re
douter du Corps Germanique , où ils comptent
bien mettre le désordre par leurs émiffaires ! . .
ils vont diriger leurs coups contre le Trône ,
pour détruire jusqu'au simulacre de la Royauté,
C'efl pour cela que M. de Lejfart vient d'être
conduit aux prifons d'Orléans , parceque c'efl
en ravalant la dignité Royale , dans ceux qui
en font les organes, que les Factieux efpèrent
parvenir à faire méprifer le Roi. Telle eft la
marché qu'ils ont fuivie, pour fapper les fon-
demens de la Religion. Ils n'ont pas attaqué
d'abord les principes orthodoxes , mais ils ont
fouiîlé leur venin fur le corps des Evêques ,
( 344 ).
enfuite fur le Clergé inférieur , & lorsqu'ils -ont
vu que le peuple étoit aifez imbu de leur fyf-
lême deftructeur, & de leurs maximes impies r
ïlé n'ont plus rien ménagé. Voilà le fort qu'ils
réfervent à Louis XVI. Mais l'Eternel veille
fur le fils aîné de i'Eglife , & après avoir fait
fervir au châtiment d'un peuple infidèle , l«s
coupables qui l'ont égaré, il confondra, n'en
doutons pas , les instrumens de fa justice , pour
n'écouter que sa miféricorde. Amen.
SABBATS JACOBITES.
Séances des 5 & 9 Mars.
Sous la clochette de Frère Bazire.
Un frater , portant un nom fameux , celui de
Sarberoujfe , grimpe le 5 à la tribune, & dit:
Amis , les MarfeiUois font en marche .... bravo l
répond la bande Jacobite lorfqu'on veut
écraferle peuple, continue le Jacquet , le peuple
fe lève, &. il écrafe fes tyrans. — Bravissimo ,
s'écrient en chorus les intrépides apôtres du régi-
tide &. des insurrections ! écrafons , pendons ,
brûlons, exterminons.
Rien n'est plus charmant que cela , la la.
Le révérend raconte enfuite comme quoi , les
Jacquets MarfeiUois , certains d'être fécondés par
leur frère Barbantante , Commandant-Militaire ,
& parle Maire d'Aix , fe font portés dans cette
Ville le 26 Février, au nombre de 900, pré
cédés de fix bons canons. Comme quoi craignant
le Régiment à' Ernest, SuiiTe, qui n'aime point
les factieux & les Brigands, ils dépêchent prompte-
jnent une eftanette aux Frérotes de Marfeille ,
qui leur envoie un renfort deaeoo Coupe-jarrêts-,
auxquels fç joignent 800 Payfajjs à'Aubaine,
cful ,,■ f/tévUakt de : -cette '* expédifton civique «
s-'étoient mis en marché dès le point du jour.
Comme quoi la'troupè pillarde , flère du nombre,
fait le fiége dès eazèrnes ; & comment le génét
ral Barbantane- , fe jettant alors dans la. mêlée ,
de cul & 3e tête , comme une Corneille qui
abat des noix , interpore fa loyale médiation ,
capitule avec les Brigands ; empêche le rét
giment d'Ernest- de déployer fa bravoure, les fait
fortir des cazernes , fans armes , ni gibernes ,
& leur fait bravement & bien quitter la ville,
la pèle au cul , à la grande fatisfaction de la
Jacoquinaille d'Aix &c de Marfeille. Après ce
bel exploit, pourfuit l'Orateur , je crois que
jios héros , au nombre de dix mille , marchent
vers Arles & Avignon: Et qu'on ne s'avise pas
de dire, que les Marfeillois ont violé la loi ; je.
dis moi , qu'ils ont fauvé le peuple , car il est
clair que les habitants d'Aix & ceux d'Arles ,
n'étant point Jacobins , font par cela feul coupables
d'aristocratie , de contre-révolution , & qu'il faut
leur courir fus , & protéger per fas & n'efas ,
l'armée Marfeilloife. C'eft à vous, mes bons amis,
ajoute l'orateur , en terminant , qu'il appartient
de donner ce bel exemple. Je fuis de cet avis,
répond frère Réal; mais par ainfrqueles Mar-
feillois, vont avoir diablement d'ennemis , & que
dame Juftice pourrolt bien fourrer fon nez dans
cette affaire ; il faut que tous les Jacobins de
France en fanent la leur propre; jurons donc
tous de nous faire éventrer pour ces braves bri
gands , & écrivons de fuite à toutes les jaco-
quinières de France, à leur fuppôts 8r. ayang
caufe , ainfiqu'à no« chers & féaux les inculonés
qu'ils ayent à mettre à exécution le fufdit arrêté....
oui , oui, oui, crient les Jacquets & les tribunes,
vivent les Marfeillois. •— Camarades , dit le gé
néral Robe/pierre , placés , par la perfidie des
Aristocrates" , entre la lettre de la loi & le falut d«
( M* >
la conftitutîon , quel parti prendre ? Hem ! qu'ert
penfez-vous ! Faut-il fe lailTer mettre aux fers , oh
violer laloi qui enchaîne/ ma foi , frères , le falut
public eft la loi fuprême ; c'eft celle que j'in
voque. Et fi , lorfque cette affaire fera portée à
l'Aflemblée Nationale , quelque Député étoit
alTez lâche pour parler contre les Marfeillois ,
je lui dirois , infâme , comment as-tu l'impudeur
de trahir les d/oits DU Peuple qui t'a créé !
de profaner la tribune où a été proclamée la
fouveraineté DU PEUPLE, comment ofes'tu
avilir ce Peuple en protégeant l'aristocratie
«S* les cqnjpirateurs / ... // faut que LE
Peuple tridtixphe en cette occasion , où que
la liberté périjfe Je conclus donc à foutenir de
tous nos efforts les braves citoyens de Marfeille*
■— C'ell ainfi qu'en flatant bêtement la vanité du
Peuple crédule & trompé, les hypocrites Jacquets
le font fervir d'inftrument à tous leurs attentats;
c'eft ainfi, qu'au nom de la loi & du Peuple,
dont ils font les feuls & vrais ennemis , ils.
ils confotnment la ruine entière de notre infor
tunée patrie. Quis est homo , qui non fleret ?
Frère Doppet le rue enfuife fur l'Abbé Mulot y
devenu fameux par fes exploits dans Avignon & le
Comtat. Le Sabbat fe termine par une invitation
faite aux Révérends , d'aller proceifionnellement
au devantes honorables ex-Galériens de Château-
vieux , qui vont faire leur entrée triomphante
dans la Capitale.
— Non , morbleu , rien n'égale l'impudence
des Miniitres , dit , dans le Sabbat du 7 , le fé-
rénissime Doge infieri de la Répuplique de
France , mons Roberpierre Voyez ce M.
Narbonne, qui affecle de tenir nos villes fron
tières dénuées d'armes , & qui vient faire un
pompeux étalage des infurrections populaires „
qui s'avife de dénoncer comme factieux j les-
braves Marfeillois , pour avoir défarmé quelque»
( 347 )
Aristocrates. . . . . , . D'autres , qui viennent vou» ,
parler des infurrections dans les Départemens
& cela, pour avoir occasion de calomnier le
Peuple : ce peuple dont tous les mouvemeris sont
justes , & dont les fautes ne font dues qu'aux
crimes du Gouvernement Et l'on applaudit
les blafphêmes de ce Tartufe patriote , de ce
forcené républicain , qui ofe préconifer ainfi
les plus coupables excès ! ! Le vrai patriote , le
vrai ami du peuple , tft celui qui , comme .nous,
loin de l'armer des torches du fanatisme & de
la rébellion, ne cefle.de lui crier , qu'il doit
obéir à la loi , quelque vicieufe qu'elle fpit ,
quelques méprifables qu'en puifle être les or
ganes, jufqu'à ce qu'elle foit abrogée par la vo
lonté générale.
Celui là ne,craint point', qu'un Dieu dam sa co
Lui demande les biens où le sang de son frère.
Serviteur aux Révérends , dit un Jacquet , dé
puté de Marfeille que Dieu vous tienne en
joie : je pars demain & vole dans ma ville ,
où je fuis Officier Municipal, afin que vous le
fâchiez tous. Il paroît qu'on en veut aux Jac
quets MarfeilloiS) qui font le feul rempart de la
liberté ; mais ils périront plutôt tous que de voir
arracher un feul feuillet de la déclaration des
droits , & de fouffrir , qu'on viole , & qu'on
enlève la belle Targinette L'enragé muni-
cipe après s'être fait répondre par quelques fan§- •
culotés falariés des tribunes , que le peuple doit
oppofer fa force aux ennemis de la Loi C qu'elle
feule devroit combattre ) lui donne ainfi des
leçons de féditions & de révolte Oui, il
reste au Peuple fa force impofante ; mais il
aut que le Peuple s'entende; il faut qu il se levé
tout entier contre les abus. Vous trouvere\ toujours
les Marfeillois dans cette\' disposition , & il?
( 34» )
efpereht que les Parisiens de. 1792 feront bientôt
les Parisiens de 1789 , c'est ainfi qu'en partant
je vous faismes adieux. Ce Factieux eft remplacé
à la tribune peftilencielle , par des Soldats da
régiment de la Couronne, qui viennent récla««
mer contre le règlement militaire , au lieu de
l'y foumettre. Frère de Sillery , enchanté de
cet exploit civique* , s'offre d'être le guide-âne
des Soldats pendant leur féjour dans la Capitale,
& prétend exclufivement à cet honneur, parce
que trois de fes oncles font morts colonels dit
régiment de la Couronne. Que diroient, hélas!
de leur Neveu , ces braves militaires , s'ils
pouvoient le voir & l'entendre / — Un redou
blement d'hydrophobie faifit le fameux Carra.
ïl monte à la tribune , vomit un torrent de
blafphê'mes contre fon Roi , déchire à belles den«
MM Kauniti & Delessan , & prétend que çes
deux Miniftres font des fripons, qui s'entendent
comme des voleurs en foire. Cette afTertion eft
d'autant plus grave , qu'on fait combien l'honnête
homme Carra fe connoît en voleurs. Le Sabbat
finit par une dénonciation de Capucino-Chabot3
contre frère Calvet , député de V Arriége , qu'il
accufe de s'être vendu au pouvoir exécutif, 8t!
Îiar la rayure & biffure du pauvre diable , delà
ifte des Jacoquins.

, IEGISLATI O. N.

Seconde Race de nos Rois. \'I


Séances des 9, 10, 11 , iz & 13 Mars. <
Nos auguftes Souverains , fatigués de n'être
entretenus que des nouvelles finiftres qui leur
viennent de toutes parts , ont renvoyé les lamen
tations du département du Cantal , furies troublei
qui l'agitent à la commîffioa nommée pour ed
< 3+9 )
etmnoître: Sur la motion de Sire Tarbé, on dé
crète qu'il fera remis une fomme de 10 millions au
i feront employés , ajpfi
que les 12 millions qu'il a précédemment reçus ,
à approvifioriner les Départemens qui font dans
la difette. <— On lit une lettre des Municipes de
la yille de Bancaire, qui dénonce les "Francs
& loyaux habitans , de la ville -à. Arles , comme
très-antichés du virus aristocratique. Ceux de
Bordeaux dénoncent auffi ; et qui î un ci-devant
Bénédictin qu'ils ont arrêté , comme fufpeél d'en
rôler pour la contre-révolution. Ces Délations
font applaudies à l'ordinaire. — Sa Majefté , le
Roi Brijfot tonne à la Séance du 10,, contre le
Miniftre de Leffart , le dénonce comme un traître,
& demande d'être entendu dans le cours de la
Séance. Sa motion est décrétée- Une lettre du Roi
annonce qu'il a nommé M de Grave à la place
de M. de Narbonne. A cette nouvelle -, on
propofe de décréter , que ce Miniftre , jufqu'alor»
odieux à l'AfTemblée , en emporte les regrets.
Cette indécente motion- eft couverte par celle de
forcer le Minifti'e à réfider jufqu'après la reddi
tion de compte. L'aréopage l'adopte & certes
il étoit temps , car le Ministre écrit que
l'on projet eft de partir le loir même pour les
Frontières , d'où il enverra tous les comptes
qui lui feront demandés. On fait lecture d'une
féconde lettre du Roi. Sa Majefté a examiné
les obférvations qui lui ont été préfentées par
l'AfTemblée , contre le Ministre de la Marine.
Ces obférvations ne portent que furies faits fur
lefquels on a décrété n'y avoir lieu à délibérer,
jugement que Sa Majefté a également porté.
Aucune plainte, ajoute le Monarque , ne lui est
parvenue depuis. Les témoignages des Colons &
du Commerce , prouvent le zele de fon Ministre-;
aucua* violation "d« la loi ne lui étant repro^
( 150 >
reprochée , Sa Majesté ne crois pas devoir lui
retirer fa confiance. Cette lettre excite des dé
hits , des murmures , & l'on décrète qu'aucun
Miniftre , quittant fa place , rie pourra fortir
de la Capitale qu'après avoir rendu fes comptes.
Enfin , le grand Briffot monte à la tribune , &i
trouve l'Empereur très-hardi de déclamer contre
les Jacobins qui forment la Nation , & dont on
ne peut attaquer l'exiftence. Dans fa colère, il
dénonce M. de Lessart , & articule contre lui
un nombre énorme de griefs , dont la conclu-
fion eft qu'il faut au plus vite décréter d'accu-
fation le Miniftre , ce qui eft adopté , après une
très-longue & très-tumultueufe difcuffion.
Une députation du Département de Seine &
Marne, annonce, à la féance du n, que les -
troubles qui l'agitoient font calmés. Les fédi-
tieux qui font au fonds de bonnes gens, quand
ils ont peur, ont entendu raifon. Dièu veuille
que cela dure. M. de Leffart , qui s'est remis
iui-même dans les mains des Prép.ofis -.à fon
arreftation , a été conduit aux prifons a'OrîeJns,^
Sa lettre au Préfident, porte, que fort tfé^
conduite, il confondra la calomnie qui le pour-
fuit. Ce Ministre se plaint , avec raifon , que
l'Affemblée ait refufé de l'entendre; la Muni
cipalité Paris, ayant à fa tête M. Petipn, vient
témoigner à l'Aréopage combien elle eft ravie
du décret rendu la veille contre le Miniftre , &
fe félicite de voir le glaive de la juftice fe pro
mener fur toutes les têtes. — Le Monarque*
Guadet, obferve , dans la Séance du 12, qu'il
eft bon de fe faire rendre compte , le plutôt
poffible , des dénonciations faites contre le Mi-*
nistre de la justice , afin qu'on ne nous taxe pas,
dit -il , de partialité envers M. ie Leffart.
A l'inilant un déluge de griefs tombe fur
(J5>>
M. Duport; Sire Lacroix entre bien d'autres
Te distinguent fur - tout. C'étoit à qui mieux
mieux. Deux Majestés législatives veulent re-
prefenter qu'il est affreux de juger un accusé
fans l'entendre. (Un brouhaha épouvantablé re
pouffe cette vérité , et il ne ceffe que pour
entendre l'énergumène faille outrager Léopold
dans fon Tombeau , - et le Ministre dans les
fers. Qu'elle atroce fureur? le Ministre de la
la Justice fe présente , et demande qu'on lui co-
munique les griefs énoncés contre lui. On a l'im
pudence de criera l'ordre du jour, et ce n'est
qu'après des débats àffez vifs que le Ministre ob
tient ce qui ne pouvùit lui être refusé sans la
plus affreuse des injustices, cependant deux Ra-
majfés , dans un coin de la falle font prêts à fe
battre. Le Préfident fe couvre; le tendre Isnard
demande que l'agre'ffeur foit conduit à l'Abbaye.
On passe à l'ordre du jour. Le grand Condorcet
propofe un moyen de rendre la confiancè ' aux
affignats ; il avoue en -même temps qu'il faut aufli
faire un emprunt en numéraire ponr rémédier
à l'excessive détresse au nous nous trouvons,
mais où trouver ce numéraire Quelques difpo-
fitîons relatives au décret fur les biens des.Emi
grés , terminent la Séance : les iieurs Monteix &
Dubreil , accufés d'enrôler pour les Emigrés ,
SOfnt décrétés comme coupables de haute trahifon.
CHi ajourne au lendemain la difcussion . fur
fâffaire d'Arles. On.s'çn occnpe , en effet, fur
la motion de fire Lagrevole , qui dit , que vingt
mille hommes font armés dans le département
de la Lozère, pour la contre-r évolution, qu'ils
font dirigés par le Maire , le Commandant-Mi-
* litaire de Meudes & par M. de Caftellane , ci-
devant Evêque.
Jl eft provifoirement décrété que le Directoire
C 35* >
âa Département des Bouches du Rhône, le Dif-
trift a Arles, la Municipalité de cette Ville &
les Commiflaires civils tju« le Roi y a envoyés,
feront mandés à la barre. Décrété de plus , que
ces Corps adminiftratifs ferost remplacés par le»
Confeils généraux ; que les féditieux emprilbnnê»
;dans la dernière émeute feront élargis, &. que
le Pouvoir exécutif fera pafler à Arles des Ba
taillons de Volontaires pour, rétablir l'ordre. C^o
que nous avons déjà dit des complots des'Faç-*
_tiçi|x contre les Citoyens de cette Ville, nou«
difpenlent de rien ajoutât'ici.. M. dé Giayê,
Miniltre de la Guerre, vient offrir fes humbte*-
liommages à l'augufte Sénat & l'affurcr que fon
..cœur -s'é lèvera à fa,i hauteur. On ne peut qu'ad
mirer fa modestie. Le Ministre de la Justice fait
aum ton falatnalec et se disculpe pleinement fur
t chacun des faits qui lui fpnt-imputés. Riclia'rd, non
-celui fans peur ft< faài'-r'epfqclfe , mais Richâr'd
- le; roitelet trouve fa justification. du M^înjtoe irf—
fu'ffis^te et elle «st remuée jVîj^K$&^j%.
gislatipn, ; V ^^C^f ;

n o u y t'A u t é s.
Le? caravannes du -Capucin Chabouc dans
"l'isle de Paphos , fuvies de son voyage , féjotjr
' et retour dans la planète Mercure. Histoire Tragi-
■ comique , vue , revue et ornée de notes curieUtes
5ar le Docteur Godernaux , enrichie d'nne épîtfe
édicatoire à dame Faux chef du Calvados ,
'irr-^lio , fe trouve chez toutes les Marchandés
de Modes du Palais-Royal.

«
Dt l'Imprimerie de Jacques Girouako ,rue dm
Bout'du-Motidi . N°. 47.
Seconae Année; N°. ix:

-» > -. ■ * ». i
RÉDIGÉ PAR DOM RÈGIll* A,NTI - JACOBINUS.

« Une F«i , une Loi , uft Roi ».

Du Dimanche 18 Mars 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.
Coblentf, S JV/orf.

JL/E genre de mort de l'Empereur eft connu ds


tout le monde. Son ventre s'eft enflé extraordi-
• nairement & à crévé. Son corps a été couvert de
taches violettes , indicés du poifon. Il eft impôt-
fible de peindre l'horreur que cet attentat a ihfpiré
aux peuples de l'Empire, il eft tel , qu'on a toutes
les peines du * monde à contenir l'ardeur des
troupes, & le Peuple manifeftejb plus grand
empreflement de s'enrôler pour yenger ton Sùu-
veràni. Le Comte ^Artois, éft "^u«He*ii*fil; à
Vienne , où l'on prend les mefire* les plu* ac
tives pouf purger la France des monftres qu'élit
' Tmt IU< armer 178
fWo'ufîf dâftr'ïbn' fem?5ôye2 fur qiTafltfWpiîî!
,-foit peu , les gens de Bien n'auroîjïCplus à redoutai
'leurs fureurs; - * T' • ; *»"*«.''• Î
• NOUVELLE S • INT ÉRI E U'ft^ -
■-"-Lorfqae l'Etat eft parvenu 4- un tel/degré dé
dépravation , que^ le brigandage le plus eiFiéné
,eft un- tiJrè à la p^oteilion >df ^eua^ qujMe cj|-
rigent -, lorfqtfê les paiHons les plus infâmes dé
clarent , fans pudeur co'mme fans remords , une
guerre' impie & meurtrière ftux vejrtus* fçeiaîes
& religieufes , c'en eft fait de la foc i été ': 'elle
. eft, idanâ.'.Un état de putréfaction Iprrjbjej : £fs
germes de mort fe font développés , &. fa ruine
eft alTurjse. Voilà oii nous? eh .Tommes , mainte-
isnaaî*.iSS '.. . .__J
Il existe une ville en France , qui , au milieu
du déf&îdre de l'anarchie, '«est confeVvée fans
■ iTïjfwMfi comme 1mi&Aç~Mç fur lé gaux du
déluge? TTêh êft '"aflez"poûr que toutes ieT"pirrf-
faicis'Jdé J'egifex fo^nt-, dortjuîées, qqnçrje ;^lle.
Les Patriotes de Marfeille & de Nismes, ani
mes de l'efprit àé-^SaPvin,, ne cessent de folliciter
des fecours d'hommes et d'argent , pour faire
• dé 'la ville d'^7^5r;.'<ù'ne.i "féconde Teay&7 Se cet
horrible projet vient d'être, converti, en : hm.
• Eh- quoi l Barbares*, eft-pè/ donc par des .àcles
- d'iiiïqtBté'tjua voh» prétendez vivifier la Monar
chie î Ai>'i:?Ba9 nedépelez. que trop vos^titopahles
» ïtttétîtian's. Le tréheivons pftufque , viqaw'roulez;
l'abattre , en détruifant .fes:amis. La R&ligkirn vous
t-^ïsmroichq ves attemaùsjelle vpti'siefl: ptfr câa^nètne
"itoaiesk i ■■§£■ jvotoc îroulkanértgefr l''irpéiigiomen
à i^ftèmèlsolitiqu* , ea-accordant protection & £a-
^Vourà ï'Hévëfllk &,-à iasnpiété.i Infe'nfés { ignorée-
■•ïîvous kp-gtande alliance» qfci doit fuhfifcfliodjaa? tous
les Etats bien ordonné^ £ûtrej#. î^^^ft/ç mo-

\
e > ,
fdZe & ta. politique'! Ignorez-vous que la T>c^
ligion' elY lé ifeut garant de la durée des Em->
pires , & que fans elle ,' d'après Afaçhidyel même ,.'
ils tombent bientôt en diifolutîon. Si fro'us c'on-
noiffez cette éternelle vérité, pourquoi perfécutezV
vous les citoyens d'Arles, pour" des vertus que
vous n'avez pas? '•••<..
Aux fureurs de leurs ennemis , les Artésiens'
oppofent la bonté -de leur eau Te , comme on peut
Voir par la.réponfe qu'ils oi.t faite an 'Dépar
tement des bouches du Rhône-; qui leur ehjoiJ
gooit , fous, pgipe d'être déclarés r-eèelleî X 1*-
Loi ,de s'oppofer à l'avancement des Dragons
envôyés par le Commandant des Troupes de ligne
d'Avignon, .pour les défendre en cas d'attaque.
» C'eft , difent-ils , avec la Conftituiiort à Ja
main & le courage de la Vertu, que -nous rc«-
pondrons toujours à nos ennemis. Les rebelles,
à la. loi, font ceux qui attaquent , &. non ceux:
qui fe défendent ..... .. . » •- ' .
« 11 efl bien étonnât, dit l'auteur du Journal
d'Arles , que' les MeSeun, c^ai croyent compo
ser le Département, pouvoir donner légale
ment des ordres j , ayent l'air dïimprouver les
démarches d'honnêtes gens qui veulent garantir
leurs foyers des fureurs d!une horde qui marche
fans règle. & fans : ordre, Ils invoquent la Loi;,
c'eft au nom de la, loi .qu'ils écrivent. Nous
prenons la liberté de leur demander, fi c'eft
nom 'de la foi, qu'on lanterna MM.tPafchali$ ,
Guiraman & la Roquftre/ fi c-efl au nom de la
Loi que ,I,es MarfeiUois l'ont venus à Aix jetter
la terreur, djfperier les directoires , & s'emparer
des papiers / Si c'eft au noTn de la Loi ; qu' Ernest
a été déiarmé , pillé , maifacré , renvoyé ! Si c'eit
au nom de h. Loi que la belle bouquetière a
été ,pendue î Si c'eft «« nom de U Loi que le
( 35« >
Capitaine Antoine Lamanon, à'Arles , i ut hué ,
vilipendé, emprifonné à Marfeillel Si c'eft au
nom de la Loi , qu'on lui lâcha un coup de couteau
qu'il eut le bonheur d'éviter , &c. &c. &c. Et
fi c'eft encore au nom de la Loi que les Artésiens
doivent tendre le col aux Brigands, &.«fe laitier
égorger / »

Thermomètre de Parîsé
La Tyrannie du Manège s'appéfantit toujours
de plus en plus fur les amis du Roi. Les Fac
tieux ont dit : la mort de LÉOPOLD va porter
là douleur & rabattement dans l'ame des Ro\a-
liftes. Achevons de les défefpérer , en, faisant
publier dans les Journaux qui nous font vendus,"
que le Roi à'Efpagne est en fuite; le Roi de
Suéde , prifonnier dans fes Etats , &c. &c. Avec
cette manœuvre habile , les honnêtes gens vont
étr« déconcertés ; nous profiterons de leur ftu-
peur pour leurptjrttr des coups terr bles , contre
lefquels ils n'oppoferont aucune réfiftance , &
nous nous élèverons à la hauteur de notre déc
linée, en renverfant le Trône, & en élevant- fur
fes débris enfanglantés , notre chère République:
En conféquence , ils perfécutent plu^que jaatais
les gens de "Bien , & ce n'eft pas feulement contre
ceux de "là ville à' Arles qu'ils dirigent le fer
des afTaflîns à leur folde ; ils outragent jufqu'à
la Garde du Roi , qu'ils* tâchent , par toutes
fortes de calomnies, de rendre fufpeéle au
Peuple, pendant que, d'un autre côté , ils
s'efforcent d'en féduire les Membres & de les
è'ntrainer dans la caverne des Jacobins , pour
^fouftïer dans leur cœur le feu de la difcôrde &
âé'-'îâ haine. "* ""■
> Mats que4es*ami* de la Monarchie ne fe dé
couragent point j'-qu'ils foient ferme» plus qu*
fons que le jour -de la juftice n'eft pas éloigné.
Le fang de Léopold crie vengeance , il l'obtien
dra. L'Archiduc développera bientôt , contre les
afTaiîins de fon augufte père , le caractère mar-
fial qui l'a rendu fi redoutable aux Ottomans
& qu'on ne doute pas un inftant qu!il ne foît
bien fécondé de fort Peuple & de fon armée.
Déjà leurs cris fe font entendre ; ils ont juré une
haine éternelle à toute la horde régicide des
Jacobins. Bientôt vous verrez arriver â votre fe-
«ours le» defcendans de Saint-Louis , fuivis de
l'élite des Français , des troupes belliqueufej
du Nord & du Midi , & vous cotinoître* à quels
des armées a ré
fcrvé votre délivrance & la punition des fcélérats
qui vous tiennent fi inhumainement alfervis.

SABBATS JACOBITES.
«v- < Des Ç.-..H , £* \xMtLTs.
Sous la clochette de frère Thuriot.
Point d'argent, point de Suijfe, a dit le petit
Jean ou l'Intime' de la Jacoquinière , dans le
Sabbat du 9 , nos finances font au diable , noua
d&i on» à l'univers entier ; partant , mes frères ,
que î">u? les Jacoquins de France soient mis à
contribution. — Befoin n'eft certes de dire ici
q;:e le Acquêt, qui n'eft pas toHu-i-fait bête,
fent bien qu'on ne peut sans argent remonter

(1) Au siège ds Belgrade , ce Prince âgé alors de


vingt-deux ans , fit des prodiges ce ra'eur II prit le
premier une échelle , & s'étant élance sur le rempart
il écrivit, du parapet , à so» pire de baanir ses alar
mes , qu'il ctoit maître de Êeffmlt
( ?S* )
l'çfprit public de l'armée Sanç-culoTtes , S: mettre
en couvre les exécuteurs des hautes - œuvres
Jacoquîno-civiques ; mais ce que le Révérend ne
fait pas , ce qu'avec lui, ignore la multitude des
Jacquets non initiée aux grands mylicres Ci/-*,
menïins , Se que nous lui révélons pour fon
repos & l'acquit de notre ionfcier.ee, c'eft que
fous les heureufes mains des Entrepreneurs du
grand œuvre , des Architectes de notre future
République, lè papier devient or,' & avec ça ,
pokt d'i.-quiéîucle, fur ce grand nerf des Révo
lutions > auffi l'imponîion a-t-elle été rejettée'
c6m;rie une relTourcc m'efquine & indigne de
leurs excellences républicaines. Chut ! chut! -leur
crie le trois fois. grand Carra.. Voici. une lettre
qui m'ad vient de Marfeiile , point fnppofée ,
Vraie. fur-rout , vous allez en juger, écoutez:
« le Régiment à' Fîmes: n'a été infulté , défarmé
par, les braves. Mnr)\ïlibi$\ qu*e patçequ'il clt
-A ristocrate. Il avoit prêté ferment ait Comte?
à'Artois, qui n'a puis d'autorité " sur les Réji-
mens SuiiFcs ', il s'euîer.uojt avec le D.reéloire,
comme des Brijfote^irs en foire , & marchoit en
fens contraire des Jacquets. Enfin , \l faut que
ça aille,' il fatrt attaquer nos ennemis •& nous
tu rendre 'rmîtrei CE FACO'N DU D'AUTRE, fi,
nous jip bottions être les- victimes de notre
àoyÂujîÉ'" Or , par ainfj que. les dépouilles font
du boutréau , par identité de umiliiucle fes Pa
triotes & font partagé.", ics armes fi' Ernest , ils
diit tfbsvé dans lsurs gibernes, -des cocardes
blarrcrresjrfe fur la-fom- de le-'.ir* ép«es étoit
gray.p y«% te EJi bich ! mai'ji'é .cecte devife
anti»Ja¥-«bite., ie çroir«£-vuus f Le$ patriotes ont
remis'aufc huijlcs. u ta>i!ie munaire , contenant
&iï'iii??liâa & qùcfques ailigivats , fans rien voler ,
Ô:S ; lîîns ïién vb'îe? ,:")é le fute par îe'grarid Brif-
fotinus. Puis la (fonde viclorieufc a été. fe reppfer.
( 359- >
fur fes -lauriers , fans qu'on fâche qui a excité
cette lainte coalition. » Savez-vous , répond un.
Jacquet à mine hiérogliphique, que Barbantane
s'est conduit comme un angt; dans l'affaire à'Aix ,
&. cependant un, Çprtfeil de guerre Va 1er juger.
Amis , Barbaraane eft Jacquet , c'eft. tout djre :
v.olons à;jfôn fecoùrs, il a droit à notre prçreo
tion', je la demande pour lui. Et Voila mon
Héros couché fur la lifte c'es protégés. — Appre
nez, dit frère Doppe't, que M. Brands , Vicaires
de la Cathédrale de Grenoble, a fait un gros*
livre ,. portant pour titre, la Religion Chrétienne,
rangée par la Constitution. ( il pouvoit dire dé
truite. ) Or , afin qu'on fçût qu'il avoir fait un
livre , il l'a lu en chaire , j& dans la crainte
qu'pn ne l'achetât pas , il le donne à qui le veut.
"tn'Yoici, frères quatre volumes, que je vous offre
qV fa part. — Frère de Boisguyon annonce que
les alfaiîîns du Maire à'Etampes ont été arrêtés
& feront bientôt guillotinés. — On devroit bien
guillotiner auiîi , reprend certain Jacquet , la
ville de Nevers , infestée de l'air impur de
l'ariftocratie ; le bon Frater fait ici une longue
énumeration des crimes qu'il impute au Dépar
tement de cette Ville , dont le plus grave- fans
doute, eft d'avoir attenté à fou inviolabilité ja-
cob'te , en le décrétant d'ajournement perfonnel,
pour fes faits & gestes patriotiques , ce qui a
grandement épouvanté la JacoquinailLe de Ne-
vers. Aum le bon frère , conjure-t-il , les pères du
Sabbat de ranimer le courage & l'ardeur de la
bande craintive, en lui écrivant; ce qui lui eft
oclroyé par acclamation. — Vo^ci venir encore
frère Donpet , qui délaye dans des phrafes ■
boursouflées , la quinteîTcnee de l'extravagance Ja-
cobite ,• dont les notes du Prince de Kaunitj , et
de ,M. Delcjfart fur-tout font .les frais. Tôt
qu'un petit Roquet audacieux qu'on voit attaquer
(j6o)
un Dogue qui le méprife , l'avantageux Jacquet
mord en courant , le plus célèbre & le plus êlo-'
quent défenfeur des droits facrés du Trône &'
de l'Autel l'immortel RoYOU , ce fidèle ami du
Roi, des Français , de l'ordre 6- de la vérité;
dont le nom feuMait pâlir les Factieux. — La plus
abominable des dénonciations , & bien digne 'de
la Carernè où elle efl faire , ouvre le Sabbat
du u^Des Grenadiers du Régiment en garnifon
i Laon / reçoivent , en fortant de l'Hôpital, de,
cette Ville , quelque aumône pécuniaire des Re-,
iigieufes qui les avoient fervis pendant leur
maladie. Eh bien! ces monftres les dénoncent
la Municipalité comme enrôlant pour l'Armée
des Princes. Ces iaintes filles font mandées &
nient cette horrible calomnie ; mais Frère Doppet
l'appuyant; lit une lettre prétendue écrite de
Valancienne , qui aceufe }es Religieules de cette
Ville du môme fait , & le bon Psuple croit»
à toutes ces infamies Jacobites. — Le Révérend
Sanrcrre annonce la «apturço de 40 contre-révo
lutionnaires.faite ,d uis tawpartement de Seihj i£
Marne. Cette' redoutable armée , dit-il , comman
dée par un Chevalier de Saint-Louis', avoit un
drapeau blans , portant pour devife , d'urr côté ,
vivre libre ou mourir, & de l'autre , vive lé Roi !'
Puis , voici venir les grands Vainqueurs de la'
Baftille qui renouvellent auxSéréniJîimes Jacquets,
l'aflurance de leur tendre aileflion & l'offre de
leur redoutable bravoure. — Nous acceptons avec
tranfport , répond le Préfident , l'hommage de
votre amour, de votre courage & de vos armes.
C'eft à vous, qui avez fu foudroyer le fort du
dei'potifme , qu'il appartient d'être les cerbères du
fancluaire de la liberté. Allez, prêchez , enfei-
gnez , r,e craignez -rien de la rage des Tyrans ;
s'il le faut ,, la. France entière se lèvera ; vous
verrei Uurs trônes renverfés. Depuis deux heures
(',«.)
iu moins , fandis , dit le Révérend €olht-
almanach, je brûle de parler, écoutez-moi : bous
fabez yien ces douze Soldats du régiment d'Al-
face, qui aboient déterté leurs drapeaux en Ca
timini , que lé Minrftre aboit fait arrêter , Se à
Îiui il ordonna de, rejoindre leurs corps. Eh, Tien !
ur ces douze fl en eft huit qui n'ont, pas eu
le courage d'ovéir , parcéqué tous leurs Chefs
font aristoera/es , aux braves Frombèrg , Cointel ,
et Loifendal , prés qué }é nomme avec concupi
scence ; or ces foldats déserteurs , désovéiûan»
pour 1| çaufe dé la liverté , ont des droits à nôtre
livéralité , à' notre protection.—Oui. Oui, crie la
Jacoquinailîe et chacun- s'éboursille en leur
faveur. — Le révérendissime Sillery', qui avait
promis une bonne diatribe contre Léopold & M.
Delessart , la juge inutile depuis la mort de l'Em
pereur & l'emprisonnement du Ministre. C»
double événement, dit l'imbécile orateur, doit
mettre tous les Jacquets à l'aise.'-^- l'énergumène
Carra yvre de joyd>, féKwï* aussi dè la more
de l'Empereur , & dans l'excès de son délire croit
voir tous les Piotentats tremblans & consternés.
L'in ensé, remercie même l'Éternel d'un événe
ment qui est l'arrêt de mort des factieux , & pro
pose de prendre dans les filets que la scélératesse
à tendus à l'infortuné Léopold , tous les ennemis
des Jacoquins. Le vénérable Guadet s'extasie à
son tour sur le triomphe éphémère de la Jacquerie.
4 Au même instant, dit-dt , où Léopold est frappé
de mort, le Roi de Suéde tremble sur son trône , le
Roi d'Espagne est insulté dans son palais; le Roi
de Prusse abandonne les émigrés -, » mais , tandis
qu'on annonce ces faussetés avec une audace imper
turbable, la foudre gronde& *a bientôt époilvanter
la terre. — On lit dans le sabbat du 14 une lettre
des Jacquets de Strasbourg. Ces horribles Canni-
sbales y peignent en traits horribles, la joie que
( jfc y
leur çàusfe la'mpjt de Leepoli. Un membre dt*
«abbat raconte que -trois officiers dé la garda
nationale qui étoiesnt de service au château ; étant
«fn.trss dar.î un café avec des crêpes au. bra£> y.
trouvèrent des patriotes, c'est-à-dire desjsans-culot-
tfcs, qui leur témoignèrent d'une façon si éner->
gique leur indignation -qu'ils furent- forcés de sa
réfugier dans l'antre ( expression des forcenés )t
4u château. La dessus frère Grangtneuv.e coëfôst
d'un bonnet rouge , comme les galériens -, monte,
à la tribune; le président du sabbat, couvert d'un
semblable bonnet, lui donne la parole. Et l'ora
teur s'en sert ppur établir qu'il est absurde que;
des Citoyens Français portent le deiril pour la
mort de Lcopold, le plus .grand, ennemi de la
Constitution Française; on me 'doit même, pas.
porter celui de son Roi, qu'il faut bien sur-tout,
«joute le farouche Brunis, se garder d'aimer ;
vérité , heureusement reconnue parles philosophes t
dei'Asïe;nbîée nationale ; ( oui mais, proscrite avec,
horreur par lamajeure partie de la Nation, indigné»
Contre la horde sacrilège &. régicide ( Coilot-alma-
nahc , ajoute aux mille & un griefs énoncés con-?
tre.le IVîinistre de la Justice, celui d'avoir exhorté
les Juges du tribunal à'Avignon d'instruire promp-
temeat la procédure des infâmes brigands qui ont
porté la» fîamme & le carnage dans c«rte contrée.
Frère Or.angeneu.vt plaide la cause. de. cés mons
tres , & le général Robospicre a l'impudence .de
dire : ce n'est pgs.grace qu'il faut à ces patriotes,
c'est VENGEANCE , JUSTICE ET INDEMNITE.
Ici -les cheveux se dressent sur la tête & l'humanité
éplorée s'écrie ,• en entendant les blasphèmes de
ces hommes de sang : confuniautur & pereant* »
f.; • ; -, e«^;4;N. g- e s.,.
SUR LA MORT DE L'EMPEREUR.
Lt'opoid meurt ? — L'Zarope a p^rdu son Çérjie.^ -
Son bra;; eût arrêté ce torrent d'anarchie . . '..\.
Qui s'en Va disolèr notre pauvre univers
Et baver ses reflorts , err rompant tous ses fers.- '■ ' \
F<fit authentique.
. . Depuis quelque temps le Général' MbTTIEft'
eft dans les plus grandes' traùfes. 11. a fu. fève- ,
nement très^fi ngulier,, arrivé à la Manufacturé de
porcelaine à Âagoulême^ —:.Un Gafçdn', fûrîânt
fur fa îéte un plateau, garni de 'deux ''cents blfcuirs,'
reprêfeniant le Général- Mottiër", 'JâifTa thoir
Je plateau , les .b.ifcuits. les dmx cWs'g'èrjé-
raux. O prodige.-! deux; cens têtes, fe fè'pàrèr.ent ,
ait même inita'rit , de. leur tronc, fans qu aucun
au
c
■crqnpftic. 11. s'est hâté .d'envoyer' trois 'Ai'd'èç-de^
Çaçp k,Ahgoulême:['-çiÇ>\iV vérifier le' fait J_ &, tè
procès-verbal , bien '&L duement canltatë , qu'ils
ont rapporté au général , lui a fait prendre la
réfolution de pairet^ian'-plus vite |.(ida''Nô"rd au
Midi de là Fran.Cet .b :a •; '. i.nu, : —
■ •i«»iii.»nu>^apw^w*i—ii j ' - .
> 'Tout le mondé t6ttn\>h"lé6 trois lettres adu
latrice; que M. de tNzrbcnne a iniagiaé"*îe fe
faire écrire par les..',. Généraux ftechambeau ,
l.uckner & Lafayeue^jQfi. aji de les voir conjurer
la'.Mini-ftre -au jjofti jée la Patrie de .ne point
çî^fter. une place., Qu'ils lavoient bien que M. ùe.
ïlarbQiine vouloit.XQaCej;ver • mais lès honnêtes
%tas n'ont pu fe défende a,' un fpiuuneat d'wi*.
c m )
dtgnatîon en lifant la réponfe du Miniftre de la
gaerre; a M. de Lafayette , dans laquelle il f©
plaint indécemment , &. a l'air, pourainn" dire,
de dénoncer à la vindicte publique M. de Ber
trand (on collègue, au moment ou les 700 Rois
du Manège demandoient à grands crii fa prof-
cription : un procédé auflt lâche a révolté le Roi,
qui avoit lû apprécier les vertus & les talens de
fon Miniftre de la Marine- Il a mandé les trois
Généraux, qui qnt avoué , dit-on , la fuperche.rie
civique dont M. de Narbonne s'étoit fervi pour
fe conferver en plice. Auflitôt le Roi , de fort
propre mouvement, lui a demandé la démiiHon,
En forte «[ne ce Miniftre Caillette a été déjoué
par fa finefle même! — M?' de Berirand , las
d'être tn butte aux crialîîéries forcenées des Jaco-
quin?, a prié le Roi d'accepter fa déniimon. Le
Miniftre de l'intérieur en a fait autant. Il eft
impoffible déformais qu'irn pdfte'auffi périlleux:
ét :'6% il <^9? trtrpoifflSlé^Sîaf =€as re le bien #uinV
convenir à d'autres qu'au Picfûier Carra , au
doucereux Gorfai, âfli tèbbnriâife Prud'homme ,
ou à d'autres animaux d'une trempe pareille.
L'eftitriabîé Journal de la Noblejfe rapporte à
ce fujet les vers fuivans :
Quelle nouvel'e? — Pas trop' bonne.
- — Comment ? — Plus de miel de Narbonne» ■
•—A-t-il coulé ? — Mais .à peu près. . . • '
* — Quï dit la Natîôe ? — Pour calmer ses regrets , ;
Elle a vite fait mettre en cave , ^
Dit-on , i'exctUent vin de Grate,

Madame du Barri, difoit jadis à Louis XVi*


U Franc*, ton Caffé f . . . . le camp. Si le Mo-?
» ■ ■ — 1 i* '
ii) Nom du Ministre actuel , .* ;„',
turque & fa concubine enflent régné de no»
jours , celle-ci auroit pu fubftituer au mot café
celui de Royaume , &. aire au Sultan : la France,
ton Royaume f,. le camp. ■. - '

L E G 1 S L A T 10 N. !
Seconde race de nos Rois,
{Stanctiéts 14, 15 & il/Jfa». .,: f
•Xçî troublei , fruits amers de l'Anarchie , dé
filent fucceflivement tous les département. On lit,
à la Séance.du 14, les procès-verbaux envoyés
par le Département du Loiret , ( Orlé. ) qui
annonce que la nation de Moutargis , fatiguée
de la cherté des grains & des billets de défiance ,
fe livre tout de bon au plus faint des devoirs.
— Ventre affamé n'a point d'oreilles, leur djt
le Ministre- Cahier : -ne tardez donc plus à
m'adigger 10 mitlion& po.^rAfrire manger &taire
la ÎNation affamée , & partant turbulente. Mais
la mifère du Peuple n'est pas ce qui occupe le plut
nos Roitelets ; un dç ces^uguiles, à nous inconnu ,
comme au refte delà terre, leuf dénonce un fait
bien plus effentiel ; c'eft un pamphlet impie,
aristocratique , & qui pis eft , injurieux à l'hon
neur du Corps législatif; le ratnaffé piqué d'une
telle audace , demande que l'ouvrage foit brûlé ,
& l'auteur tout au moins pendu; mais pour en
venir-là il faut lire d'affreufes' vérités , à moinr
de traiter l'Auteur comme le Miniftre de Lejfarr,
cette réflexion embaraflbit un peu nos ramaffés ,
quand le Roi Ba\ire , réflécbiuant, que fi l'Af-
fembiée vouloit cenfurer tous ceux qui la çen*
furent , elle ne pourroit y fufhre , réclame l'ordre
du jour qui eft promptement adopté." Vient enfuite
l'offre patriotique des Citoyens de Saint-Flourt
^Département du Cantal , qui propofent à no»
^}}j$%?l%tit pris' Ies^rikÉ&'fc ïefufent -de fel
SVAWV * é|brgéY par1 les- OTrgancfs' que xlâ i^orclé
Jacobite à tâché» far jèàxV Cette '.offré 'f&^ai*-
iiaire , lc^j> Acné- reçot^iée lavep - horreur , eft
applaudie ; & c'eft airîfi , ' qVeri autorisant ' la
guerre dyi}§5,'.l'^.çp^gé^-^çha^it Jes \Facrieux
& contbmme la ruine de l'Empire. Voici venir
trois cens Vttffirafttf.rès féldé?,"-pafpaftt pour lac'é-
fenledcsfrontit^-es, venus à'Jgen tout, exprès _&
k&fMxmk ^hti$A\%-Ji 'direa' leurs MaMéa

^t^^fèU-a-'Sks'âtkêife 'etpèce ne' son? fus'


ÏWdatëfë?. «ans1 ffs à^nitïthVéS , ils font Vditf»

afefé°&' incoristUlfe^Me .proposition est,


Jfbpfei ^gréToppé^îôhr^s'.nionkrques
S^S? -&' Boù/à^r: La^hnce a ete terminée
Ât ùn projet d'aise Mot, de la fabrique,
'roi' Gmsénnh: Èlie V ét^ft^tee o7 ne sait
frop pourquoi.. Le ton •d'imoï^be ^rou^û
son: Sôùvérfcèmmoit la, présager

ô^fear la^ô^It^e JC^erston desbn-

mancueroi.it pas d arracher • au;


glàiv^Vle ' là Loi; Çn' ^ én^he décrète d'asfiiiX
dafîpn TyîM. Chape , 8l"Lass aulx dénoncés il^g:
«î'quejquè tènips par 'la' municipalité de' 'fiefcR?
v-r^j^rçff.lç,,rapport -, fait le 1.5.} troubles qai
„ont,agU^le.4ép9Vteincnt «3s l'Êûre. Il a été. décrété
.«né serij prarjjçle» relatifs aux.^Mges . qui doivent
connoîlrf.. $e. , cette afiaire. . Qn~3 ..ens'ui'te "adopté
cinq, ar/i(:Î^Jdu .iJ^CL'ët d'organisation du Çàintqt-
Venais sin & des pays à'À vignçh &. iï a été accordé
deux cens .mille livres de seepursprovisoires" alix
"deux états réunis,— SirejUebjouf's'esi escrimé daus
.la séance.^u.soir ;à établir les avantages précieux
que l'Etat, a retiré de la fonte des cloches. Sâ
maje^tg^sconne a proposé ^te faire main basse
sur tj^Htot^celles qui"- rei tetrç. .en. Fjrance . <Sc de nç
' lajss^jpbsister <que.hi cIochetté~du président. Cette
ipotio£,a;éife ajournée. *
. , Toniours^ï d^lefs au plan projette de désarmer les
Jbrayesjisjgiiafls. ^çj la Ville dCArlfS.,'^ de les livrer
aiuciggye.^, qulit, àia.séaape,du 16, une lettre
qui ang^Jè jifôfcles t Carp'fhttas.fe Avignon.
font en état lié re*vôlte ouverte^ là "cocarde "bran
che eft généralemeig adoptée. Une lettre .venue ,
dit-on , de St. Hippoliie confirme les mêmes ca-
Ï3fa$.e&f ~èt tfantftefme" en féaTtîe*x tîès èiîôj^ns
donX'fef .^çjtï crlflfe. eft de nè,yp'oihr partager ceux
de. Jeurs perfide* ,enne.(triis. ^u^^'ptr^ prédicliGti
ffi vqtvftc.rËt Sire 'fcouiurifan pçoppsé ^'étendre
les bâ«^£ait& d«:l amnisùe^aiix, .jn/ames. ("célérats
déte»tKoclalWiles priions id'iAvjgiojij-Gette rapt ion,
pté^éèP^nT4â'caverne Jacofoiite', à été vivertject
c^mbjftftfe pttf"leV Uns, cîfàWtfemfrWWppwyécpar las
autre-, et ajournée ati'ifj dë -bfe ftio'rt'.- La fëançeVeft
term*nâe-p4r: bf ;l*c«ure dtfïi«. lettre...du. ^x>i , qui
anngrtce qu*^a^ainmé^I.£^/frj£?:/wr,Mi.Tii<tre de;
affaires-étrangères , et- M. '<Liitos}ke\-. Ministre de la
.marine .Jl, eJljpuj.ours de.s gçgjL qpi affrontent tous
Tés'C'îdangers.
*îi?» 'iJlVi'j-'.. '.-■>". -r>, ut . . . \ '
Brpchure nouvelle..
6 On vous' ' a cruellement trompés français. —
( f*s )
Jamais aucune Nation ne s'éroit trouvée dans lés
circonstances auffi favorables pour|obtenirla promf »
te , folide et falùtaire régénération de fon gou
vernement. Cependant la constitution française dec
années 1789 , 1700 , 179 1 eft rejettée par les Jaco--
bins, repouflee par les bons Citoyens , convaincue
dabsurdités par J. J. Roujfeau. Enfin ramenée,
par la force des choses, et pour le Salut du peu
ple , à sa fimplicité première , la concentration de
tous les pouvoirs dans les mains du Roi.— Bro
chure in-J°. de lao Pages, par M. LAMB1B.T , Aur
teur de quelques autres ouvrages non moins fméref-
fans, rué de Bievre N°. 29 , à Paris.— L'auteur
y démontre victorieufement .qu'on ne peut s'a
vouer ami de la constitution , fans fe déclarer enne
mi de la patrie. Ceux à qui elle eft chère ,et 1*
nombre en eft grand , ne peuvent qu'applaudir aux
zèle , et aux talons de cet estimable auteur.

AVIS.
Des raisons graves nous engagent a prévenir ceux
qui s'abonnent a notre Journal de ne plus s'adresser,
qu'a* Directeur du Bureau, rue Montmartre N. 319
près le passage du Saumon , à Paris. Le prix de la sous
cription eft Se 24 Kvres pour un an, 12 livres pour
six moi) , & six livres pour trois, franc do port dans
tout le Royaume. Les abonnement datent toujours eVa
1 du mois où ils sont faits . en fournissant les TU**
qui ont déjà paru. Toutes les lettres & avis qui ne
sont point affranchit restent au rebut.
Errjta du dernier N*. page 338. lîg. 12. qui sont
propres. Lises qui LUI sont propres. Page 342. lignes 8
& 9 — on est indigne". Lisez : on est indigne.

De t'Imprimerie de Jacques Gisouaxp , rue du


Bout-iu-Monie
. '- - ■ . N*. 47,
■ ■..;-<
. Seconde Année. Nô. 24.1

LA ROC A MB OLE,
■ , ou

JOURNAL DES HONNÊTES GENS,


Rédigé par Dcm Règius A « T i - Jac o $ i jy u s.
■ ■ ■
« Une f oi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 2 2 Mars 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.
Tournav , n Mars.'
Tandis que quelques lettres affirment , que
J'Empereur eft mort d'une fluxion de poitrine v
accompagnée d'une pleuréfie , plafieurs autres
#tteftent qu'il eft mort empoiionné. L'Archiduc
Jofeph Ion fi.'i ne refpire que la vengeance ; il
a fait arrêter a vingt lieues de Vienne, MM.
de Nouilles' & de Marbois ; ils font au fecret.
Le Roi de Bohême , a donné fes ordres pour
accélérer la marche des troupes > & la Diète de
Ratifbenne vu l'urgence, eft décidée 3 lailfer
au fils de Léopold l'exécution du plan adopté
par le Corps Germanique , contre les Factieux
de France. Elle paroîr même défiref que 1*
yeme III. année 1793. %
( 370 )
contre-révolution se faffe pendaut qu'elle j'oc*
cupera de l'Eleélion de l'Empereur pour
laquelle l'Electeur de Mayence a requis tou*
les Electeurs de fe réunir promptemenC Loin
donc , que la mort de Léopold l'oit favorable aux
exécrables affaffins des Rois , elle ne fera que
précipiter leur chute & hâter leur fupplice. On ne
peut peindre la fureur des Soldats destinés à purger
la terre de ces monftres. Les Français qui étoient
dans cette Ville ont eu ordre de l'évacuer. M.
à'Aphoricourt qui y commande , en a fait fortir
fa fille mênie.
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Le tableau de notre lituation eft affreux , non
feulement dans les contrées Méridionales , mais
encore dans bien- d'autres Départemens. Chaque
jour on nous dénonce de nouveaux forfaits ; le
nombre en est effrayant , eç dans ce cahos de
crimes & d'abominations , combien n'en échappe-
t-il pas aux regards de l'obfervateur / Mais pour
fe pénétrer de l'horreur que doit infpirer notre
révolution à toutes las ames honnêtes , il n'eft pas
néceffaire d'offrir à nos Lecteurs, cette moitH
tude de faits déshonorans & attroces , dont les
Calviniftes & les Jacobins fouillent à chaque
instant leur révolte. Nous n'aurions, d'ailleurs,
pour cela, ni le temps ni l'efpace qui nous
îeroient néceffaires. Il faut donc fe borner aux
faits les plus effentiels ; tel eft c«lui, que nous
allons rapporter. II prouve que fi les Royalifte9
font bien déterminés à faire tête à l'orage ; que
s'ils n'ont pas oublié , que LA résistance A
L'OPPRESSION eft un des DROITS DE L'HOMME
folemnellement reconnu par leurs tyrans & leurs
bourreaux ; quelles que foit l'audace &.la férocité
de ces monftres , leurs moyens font nuls , par
la déforganifation qui s'opère, tous les jours dans
/. ,■ C370
tette partie de l'armée qu'ils font parvenus |
corrompre
Extrait d'une lettre de Rennes. 8 Mars 1792*
* Le Miniftre de la Guerre avoit envoyé au
Régiment à'Artois , en garnifon dans cette Ville,
un drapeau tricolor , avec ordre de renvoyer
l'ancien. Le 27 Février» veille du jour défigné
pour la bénédiclion de ce nouveau drapeau, les
Soldats furent humer les exhalaifons de la 1 évolte au
Club des Jatobins , & le lendemain, ils fe rendirent
dans l'Eglife des Cordeliers , qui sertmaintenant
d'Eglife Métropolitaine, où ils jurèrent, à la
manière du Père Duchefne , que leDrapeau ne
retourneroit pas au Miniftre , mais que , confor»
mément au défir de la Jacoquinaille de Rennes ,
ilrefteroit dans l'Eglife en mémoire du CIVISME
du brave Régiment à' Artois* M, de Savignac,
& les autres Officiers , Commandant le bataillon
repréfentèrent aux mutins , qu'on ne pouvoit
'enfreindre l'ordre fans fe rendre coupable de
défobéiifance. Leur réponfe fut , que leurs Offi
ciers étoient des B . . 1 . . à'Aritocrates , qui vou»
loient envoyer l'ançien drapeau à Coblentr, &
.' qu'ils alloient leur abbatre la tête. Alors M, de
SavignaC , arracha fon hauffe-col et fortit avec fes
Officiers. La cérémonie finie , le bataillon com
mandé par un malheureux nommé Seveflre , fut fe
mettre en bataille fur la place dn Palais , aux accla»
mations &battemer,s dés mains des Jacquets. Delà,
les rebelles portèrent , chezM.de Savignac, Oç
drapeau de nouvelle fabrique , mais ce fut pour le
reprendre un infta it après , avec la caiife mili
taire , qu'ils dépbfèrenr chez le fieur Saint'Mi-
chel. L'après-midi, les Soldats coururent la
Ville pour trouver leurs Officiers afin de les tuer,

:
jnais ils s'étoient cachés. Le Jacobin Stvesttg
ayant invité par des' affiches les citoyens de
Rennes de fe rendra à la grande Salle du Palai<,
manœuvra arec tant d'adreuV, qu'il parvint à
raffembler une certaine quantité de lignatùres
contreM. àeSavtgnac. Muni deces p\éces,Sévesrre
dénonce cet estimable offic.er à la Municipalité.
M. de Lanjuinais , • ex-Ljègilîateur & chef du
Club Eeuiliantin , paroù en écharpe , & dit au
nommé Scvesirt-, que cette affaire ne regardent
ni les Clubs , ni les Municipalités , mais bien
un Coril'eil-de-Gi.erre. A ces mots , ks Jacquets
s'emportent, purent, menacent les Municipaux,
& fartent en criant vaux Aristocrates.' Enfuiie
ils vont en foule à la polie , défendent qu'on
■donne des chevaux , & dépêchent un Courrier
à Vitré pour arrêter les fuyards. Malheureuse
ment , deux Officiers , partis de nuit , à pied r
par un temps affreux' , & peu chargés d'argent ,
■ont été arrêtés & 'Conduits dans les priions de
Vitré. On attend impatiemmer.t des nouvelles de
faris , pour favoirje fort qa, leur est défrisé. Lep
autres ont eu le bonheur d'échapper à la fureur
-de leurs foldats , qui ont été , la bayonnette au
bout du fufii , les chercher d^r.s pluh'e. s matfons,
& notamment chez un Gentilhomme de la pre
mière distinction , où ils ont tout mi fans deff.i»
oedbus. » — On. voit. par cette lettre, que lai
Clubs n'ont pas de plus grands ennem's qu'eux-
mêmes. En attendant le grand jour de la juîtice,
ils promènent par-tout l*étendarr de la révolte,
de l'impiété & de la perféoution. On vient d'en
fermer dans les prifons de Nisines , un Grandi
Vicaire de M. l'Erèqee à'Ujès , potir a oir
donné des difpenfcs de mariage. Le préht lui-
même a été décrété de pr!fe-de- corps. A
Sxiudin , petit bourg du Département jde la Loire
inférieure, une troupe année fe potte le îp
Février, chez le Curé du lieu, vieillard feptua-
gënaîre, à peine revenu d'une attaque de pari-
Jylie. Tout ,eft bouleverfé , brifé ; il eft enjoint
au refuectable Pafteur de fe, rendre à Nantes ,
dans le délai de. trois jours, & les habitans du
Bourg l'ont menacés d'être incendiés, pillés s'ils
foafire.it- déformais des Prêtres non - jureurs';
da: s la parroifie. Le 26 du même mois , des
SolJats fe rendent à Vil e?.axs , lieu voirai de
Soudan , pour fe faif.r du Curé & de fon Vicaire.
Vers la même époque , on emprifonnè le fieur
F itTârt, Maître d'école de la Paroilfe dMaray,
t_Q\. fout le crime eioit d'inftmire avec un zèle
l ii ! digne d'éloges , les enfans , 'dans les vrais
p mâpes delà Religion Catholique, & d'y
fortifier même les vieillards. La Bédaude cette
Paroiife eft auilî incarcéré r charlë, parcequ'if
avoit refufé d'affilier le 14 Juillet précédent k
la Melfe de la fédération , célébrée par un Prêtre
jureur. La prefque unanimité des habitans de
ces cantons, d'accord avec les Municipalités fit
les Electeurs, ne veulent point des intrus.
On noue écrit de Marfeille , que les Négociant
&. tous ceux qui ont quelque chofe à perdre,
craignant, avec jufte raifon , le pillage de leur*
biens s'empreffent de fuir cette ville dominée par'
les Fadlieux.
Les dernières lettres Je Paîners annoncent
que le 14 de ce mois, un détachement de l'armée
Sans-culotte a lorçéTH6tel-de-ville , & vouloir
contraindre la Municipalité à taxer à fon gré
te paitj & fes denrées. La loi martiale a été-
proclamée , quelques brigands ont été tués; pîu—
iieurs autres WerTés , Si l'efcouade Jacobite dif-
perfée jufqu'à nouvel' ordre.. r • *
Nous ne finirions- pas-, fi ncrus voulions rappor
ter les attentats , les crimes- de toute efpece",
dont la horde exécrable des Jacoquins-fot;£lle cx> u'—
«uellcjoent une patrie qai r aoayelle Gclboé*
I 374 3
dévore fus malheureux habitans.BoUï.ÔGNE-syR-',
MER vient d'être, le 7 Mars, l'affreux théâtre)
de là fcélérate fureur, de ces monltres régicides,
Pluueurs fidèles, de l'un &. l'autre iexe, fe rai*
fembloient à l'Eglife de l'Hôpital de cette ville,
pour affilier au falut d'ufage pendant le carême. Les
Jacq uets y députent leurs Sans-culotes, qui allai lient
l'Eglife & éclatent en menaces. Les femmes
épouvantées cherchent leur falut dans la fuite, 8t
ife cachent dans le jardin de l'hôpital ; mais le»
brigands les en arrachent bientôt , les traînent
dans la rue, déchirent leurs vêtcmens , en expofent
trois toute nuesj au regard public, les frappent
& les outragent ; l'une d'elles fuccombe fous
les coups redoublés de; bourreaux ; elle eft por*
tée dans un Corps- Je- Garde , jettéé fur le lit
de camp, . & livrée aux derniers outrages. La
Garde-Nationale de Boulogne , bien différente
de la Garde -r Nationale Parvienne , loin d'cnv*
pêcher de telles atrocités , encourage les brigands,
& un détachement du régiment de Dilhn ne
peut feul les contenir. Les Officiers Municipaux ,
jnterpofçnt envain leur autorité ; ils font re<-
pouffés; l'un d'eux traîué dans la boue, & fon
écharpe mise en pièces. Les Jacquets terminent
enfin leurs abominations par le pillage de plu->
lieurs maifons de Négocians qu'ils ont entière-»
ment ruinés. Voilà les fruits fans celle rena'£=
fans d'nne révolution qui nous rend à jamais
l'opprobre des Nations^
PARIS. —• La nouvelle. Garde du Roi a été
inftallée le 16 , &. la Garde-Natjonale Pafifienne
jie fournit plus qu'une Garde d'honneur. Sa
JMajefté l'a remerciée dans les termes les plus
.affeâueux, de fon fervice. Louant enfuite le
zèle infatigable que la Garde Nationale n'a ceffé
de montrer pour le maintien de la tranquillité
publiquç , lç Monarque » ajouté ; « fwtimQ
( 375 >
plaisir & confiance , que je marcherais moi-même
avec elle , pour défendre & garantir les propriétés
de chaque citoyen 4 & ajfurer le refpect & l'obéif*
fance qui font, dus aux lçix\ — Voilà le Roi ,
que d'infâmes fcélérats ne ceflent d'outrager , dont
il fe font hâtés d'infulter la nouvelle Garde , en
arrachant à quelques-ans d'entr'eux le crêpe qu'ils
portent au bras pour le deuil de l'Empereur.

Thermomètre de Paris.
La tyrannie appefantit de plus en plus fon
fceptre de fer fur les amis de la Monarchie;
cependant la Jacoquinaille , au moment qu'elle
croyoit le plus propre à faper impunément le
Trône , pour réalifer le beau projet de Répu
blique fédérative , conçu & préfenté par les
Calviniftes , la Jacoquinaille , dis-je , vient de
manquer d'audaae & de courage. Déjà Condar
avoit fait forger dans l'antre de la calomnie ; &.
fous les aufpices de l'impudique fille dn Genevois^
une dénonciation , contenant vingt-deux chefs
d'accufation contre la Reine. Après avoir mis
le Roi dans l'impuissance de trouver un honnête
homme pour Ministre , on avoit délibéré de le„
forcer à venir datis-raffemblée abdiquer fa cou
ronne , & offrir fa' tëte à la hache des bourreaux;
mais les menaces énergiques , faites atf coupable
Condor, . . , par un citoyen honnête , prêt à fe
dévouer pour fon Roi & fdn augufte Famille ,
ont fait pâlir le monftre & fes complices , & dé
concerté cette fois leurs infâmes projets. Qu'on
réfléchiffe un peu là-defTus , & on n'aura pas
'de peine à fe convaincre , que l'audace des fcé
lérats ne vient jamais que de la foibleffe des
honnêtes gens; onreconnoîtra que fi ceux-ci veulent
enfin s'entendre , s'ils veulent réfifter courageufe-
ment aux méchans , ils feront bientôt farce»
( 376 )
de difparoitre de la foçiété , pouf aller cache*-
dans les antres' le» plus fauvagas, leur hoirie &.
ieurs rtmoi'ds. ■

S A SB A TS J A C 0 B I TE% \
Séances des iô , 17 & iS Mars.
Sous la dockerre de Frère Thi/MOT* . t
Le révérendissime Charrier, 'officier Munici
pal de Lyon , destitué j ar le département de
Rhône Loire , rte pouvant <^n ion âme• Se
confcience pardonner cette destitution , a réfolu
pour s'en vanger, de dénoncer le Département,
lit au fabbat du 16, un petit bout de pé
tition , en style jacobino-civiq-ae , qu'il fe propote
de préfente r ai hoc , aux fept cens Rois du
Manège. —- C'eli très-bien fait , répond le Préft-
dent , dénoncez , notre cher frère , dénoncez ;
vivre fans dénoncer eft-ee contentement Nous
avions manœuvré, vous le ij3vez,pour mettreleMicii
de la France à la railbn ; mais un veto fatal à déjoué
nos m e turcs ; n'importe, <nous travaillons main
tenant de façon que ça ira. Le Directoire , dites-
vous , a attenté à la liberté . en. vous de'municipali-
fant. Quel audace î perfépu^r, un Munjcipe ,
& cela , parcçqu'il eit patrjLOjteAdans toute la lati
tude du mot. Ah! frérotev-quel titre facré &
honorable pour vous, Vite, dénonce?; les Dé
putés ici préfens vous écouteront avec Intérêt.,
& après avoir exactement vérifié {) vous ne men
tez pas , ils s'uniront à vous' pour vous faire
triompher au gré de vos defirs. Le Municipe Char
rier, ainfi réconforté 1 unfrarer, qu'à ion air a»ar-»
tial on prend de Iqin pour un renouvelé d'AUxa-n-
dre , raconté les contefcatians furvenues le matin 4
ï'inftatlatiqn de la. nouvelle Carde du Roj ,
fujet du poile d'honneur. Les uns prércndoient
qu'il étpit dans l'endroit le" plus' éloigné dé
y
C 377 )
Monarque, & eqriféq'jemment le plas eTpoféaB
d mger ; les autres foutenoient qi e le pafte d'hon
neur étoit celui le plus proche du Jfioi, & il
a été donné à ta nouvelle Garde ; mass ce oui
a le plus fcandalifé l'orateur, c'eft d'entendre
I'Eta;-major & toi!'; les Officiers crier à tue lêie,
vive U Roi , vive la Haine ! .... A ces ntJts, qui
font lé même effet 'far les Jacqi:cts que l'easi
iur les Hvdrophcb s , toute la bande s'écrie, C'EST
jîN'DIGSE, il ne faut plus monter chej h Raû
J-.h ! mais dit le pet t frater Merlin, je ferois
aifez de cet avis , fi je ne confultois que mou
cœur ,.. d'après les événement du Cbâîeaa, dont
j'ai été le témoin , car je vais quelque fois y-
fureter ceux qui ne s'honorent pas des coa-
JcLirs Nationales ne méritent pas d'être gardés
par la garde Nationale . . . Ceux qui crient Vive
le Roi , ex à bas la Nation , ne méritent pas d'être
gardés ( j'éherguméne Merlin fuppose ici ceder-
jiier cri , contradictoire avec le premier , parceqne
la pr'ofpénté du roi cil identifiée avec celle de
la nation ; mais il falloit dbnrier 'ûne fauve-garde
à fes blàfphémes. ) Cependant, potirfuit le Jac
quet , toute difcufîion à cet é^ard feroît inconf-
tHutionnelle.' Il est vrai' que les ôî&ciers ont crie
rive le Roi\>Qae le quatuor , (, c'eâ-à-dire , la
famille royale ) eft'venu à la fenêtre pourélec-
tril'er la cbu'r , le tout heureufeinent en vain. Aht
c'eft moi, frères, dit un fans culotte du fabbat,
qui ai fait une pètité farce patriotique tout-à-fa*t
charmante ; je nie luis promené bravement & bien
dans la cour du château avec mon gros bonnet rouge
de la liberté (br la tête. Vdici venir un a;de-major,
qui a vouvû me ehaffer , mais bernique. Je lui ai
jnonué les den's , &. il m'a laiifé , en me faifant
ixns moue d'ariftocrate. De-lit, j'ai été nie pava-
nçr fur la terra îïà des .feuiU'ans J trois eâLciers de
la gardé" ont voulu m'en ehaffer 'eue ore, de paf
( 578 )
le gouverneur ; je vous ai vigoureufement lecoué
ces braves gens , & lçs ai envoyés paître , eux &
leur gouverneur. -- A' demain mon tour , reprend
frère Réal , je vais monter la garde au château
avec la conftitution dans ma giberne , & on ne
m'en impofera pas morbleu. Le texte eft formel ,
& le pofte d'honneur nou» appartient. Plus nou(
ferons près , plus nous veillerons.. Nous fommes,
à la vérité, des témoins fort INCOMMODES , {c'est
par trop modeste, il pouvait dire pis. ) <S- voilà
pourquoi on veut nous éloigner. Les troubles exci->
tés par la jacoquinailledans la ville d'Arles , étant
au désordre du jour , frère Grangeneuve , en fait
»ne énumération aufli longue qu'infidèle , et con
clut à l'envoi des gardes nationales dans la ville
d'Arles , à ce que la proclamation des droits dç
Thomme & de la conftitution foit faite avec la
jplus grande pompe & dans une fête patriotique ,
propre à remonter ( lifez démonter ) l'efprit pu
blic. -~ Le fabbat fe termine par la proposition
que fait une efpèce de jacquet , de drefler une lifte
des journaux dont les principes font équivoques ,
& des perfonnes qui coopèrent à leur rédacïion,
3Le révérend n'aime pas une vertu douteufe , &
préfère avec raifon un vice décidé.
Un acle de rigueur a fignalé l'ouverture du
feabbat du 18, on y a fulminé ûne Sentence
d'excomuuication contre deux pauvres hères de
la bande jacobite, atteints & convaincus d'avoir fait
ïaca ail riez de leurs frères , & de les avoir fuc-
cefiîveme'nt tournés en ridicule. Ils ont été con
signés , en conféquence , à l'entrée de la caverne.
— Place, place, s'écrie en entrant l'honnête
homme' Carra , donnant la main à un Soldat du
régiment de Castella. Frères, dit-il, ce brave
Patriote , que voici a été cafle à la tête de fon
régiment , & vous fentez bien que ce ne peut
être. qu'à
* ! - raifon
V... de ••••
fon civifaxe. Mettez-le (qui
('379 >
l'ombre de Vos "ailés , & factum fst ita,j—~ Ai*
vient frère Réal , dont la mine trillement conv
poi'ée , prédit quelque finiftre nouvelle , il en-,
fourche la tribune , & dit : nos frères de Niort
viennent de voir leurs lauriers tricolors' changés
en noirs cyprès, Ils préparaient la plus fuperbe
fêre pour l'inllallation du buste de Mirabeau
dans le fancluaire de leurs Séances. Un feu d'arti
fice devoit couronner cette fainte folemnité. On
le préparoit dans une chambre voifine; mais par
la plus déplorable aventure , une explofion fubjte
éclate dam l'attelier, la nuit du 34 Février. Ls
tocfïnfonne, on bat la générale; les fecoursfont
prodigués, le tout, hélas! en vain. Dans moins
de 6 minutes, les flammes ont dévoré la maifon.
le bnfte de notre immortel fondateur ; fix per»
fonnes périffent dans cet affreux défaftre, Ç'est
vraiment malheureux , répond un Jacquet ,
mais favez vous, du refte , que l'efprit public
fait des grands progrès dans la ville de Stras
bourg, que tous nos frères ont adopté le bonnet
rouge dé la liberté ! Des applaudiflemens redou
blés Auvent cetre interreffanre nouvelle. Frèrs
Real faconte enfuite ce qui s'eft ptffé au château
iiu fujet du porte d'honneur contellé pat1 la garde
nationale & les gardes du Roi, Nous ne le fuivrons
point dans les détails qu'il en donne , tous' afîlU

Pordre. Les grands projets de faélieux en ce jour,


ont été heureufement déjoués , & d'un commun
Record , la garde nationale occupe la droite de
l'appartement du Roi , & fes gardes la gauche.—»
Le club des cordçliers recommande à la charité
des vénérables Jacquets la fameufe Reine audu,
l'une des héroïnes des journées des 5 & 6 Octo
bre. Cette femme que l'amniftie a fouftrait au
glaive de la loi , émeut les tendres entrailles de
Çpllot , almanqçh , qui plaide fa caufe avçç cçtia
C 3*0 )
éloquence jacobî te qu'il a déployée dam celle de»
ex-galériéns de Château-vieux , dont il annonce
la prochaine arri vée -lans ia capitale. Pari* , dit-
il , de Breft depuis le , leur marche élt'rallen-
tie parles fêtes civiques que divers Jacquets s'em*
prellent de leur donner fur la route ; il ajoute ,
qu'au même inftarit où U jaquinaille de Paris dé-
libéioit de fufpendre aux voûtes de leur antre £
les fers des gatérif n'i , leurs i'ères de Brest , dé-
cidoient de les employer à faire des piques & de»
bayonncues. Je crois, pourfuit Coliot , qu'il con
vient deleurien laiffer la moitié pour ce nobls
ufage. Oh i mes frères , continue le languir.aire
jacquet, lî l'infâme Bouille fe trouve jamais à la
pointe ce ces bayorii<ettes UCela peut faïiltmeit
arriver, car les 40 foldats de Château-vieux iont
incorporés dans les volontaires des frontières , &
te vcfctfhorfiicide eft couvert d'applaudiiTemens. —
Kncore une calomnie contre lés habitant d' Arles;
c'est un accord , un complot entre eux &. les con
tre-révolutionnaires. Où font les preuves de ce
délit ? Dans l'afiertion de l'honnête Carra & celle
de frère --LiàWh. — Les jacquets Grangeneuve ,
Barbcroiife Se Albine loutiennent enfuite à tour
de rôle qu'il faut absolument fauver les brigands
d'Avignon* Cet épouvantable iyftème gîace d'effroi
un jeane frère non initié aux. grands myftères de^
la bande , il veut s'élever contre l'opinion de»
Révérends , car '
JSlt'me aux, jççux d'un pervers , les pervers sont horribles,
«rais il e£t hué , fifHé &. contraint de fe taire.
' \ M È LANGES.
' Mons '-êoïiiorc. . . . veut être le fuccesseur
«te \firabciiu~; cela nous rappelle , qu'ayant de
mandé jadis- fe fauteuil vacant par la mort de
Volfai-re,-& appuyant fe3 prétentions fur le»
Ç î»« )
4}oges dn défunt, qui l'avait, pour ainsi dire,
défigné pour ion l'uccesseur , on fit l'épigramme
fuivante. '"
N'en-cc pa« Cindor . . . qui succède à Voltaire ?
Voltairï l'a noram: : — tant pis, dit un- censeur I
Auguste aussi nomma son successeur,
Et ce Suceeffeur ru: Tibère.
É P I G R A M M E.
Lorsque Sirs Gua.t a trsitï les Commis fi") t
D'ordures aristocratique! ,
Et veut qu 'ils (oient anéanti* ,
■ Faut ii ami, que tu t'en pîqu:sJ
On ne doit pa' être surprit
D:s injures des frénétiques.
Qui dans leurs accès fanatiques
Ont détruit l'Empire des lys.
Par ces ras-nuds- pieds Entpii iques ,
Dieu ! nos Prince», 'es Roi~ ne sont-iU jja> pracrît»?
il failaic bien aussi que tu t'en refifçmis.
' i , . D'ailleurs les valeurs méphitiques
Qu'exhalent des crapauds dans la faoge nourris
Ne peuvent. inspirer que le plus grand inépris.

La Paroiffe de Tillèros , Diftriel de Verneuil,


Département de l'Etre , ayant été impoi'ée à 53
mille livres, a vérifié, par experts, que le îe-
revenu total des biens limés dans la paroili'e na
j'élève f}u'à 31 mille 500 livres. La Municipalité
de Tillères apotté fes réc!amations au Directoire
du Diftriel de Verneuil , qui a répondu ,

40 bureau de la Gutrre.

1
eofnme PrtÀTÈ : ce qui est écrit est ièrluVou*.
payere* félon que vous ave\ été impofés.
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois*
Séances des if, 18 , 19 & 20 Màrs,
Sire Lacroix propofe , à la Séance, du tj »
î'établifTement d'un nouvel impôt , un droit d'en-
régiftrement & de timbre , fur tous les papiers
qui font dans le Commerce , & un droit de mu
tation à chaque changement de main. Le Roi
Cambon veut foumettre au timbre les billets de
caifles patriotiques. Ces projets prëfentés au mo
ment où l'on ne fait plus de quel bois faire flèche,
feront certainement adoptés. Le Monarque Lobe-
joye , cidevant pédant fubalterne de Collège , lit
un projet de réforme dans le Département des
affaires étrangères,digne de fa majefté pédantefque.
Il veut que les titres d'AmbafTadeurs, de réfidens ,
&c. foient changés en celui de Légats ou Nonces
de la Nation, & que le Comité diplomatique
ait le droit d'aller fureter dans la correspon
dance du Miniftre ad libitum ; cette propontion
inconstitutionnelle elt applandie & fera discutée.
Sire François 'Neufchâteau, pérore sur le projet
de confier aux Municipalités le foin de conftater
l'état des Citoyens , & opine pour l'ajournement
indéfini de la proposition , fon opinion elt re-
jettée avec murmure. Les nouveaux Miniftres
paroifient protestent de leur profonde fou-
miflxon à l'aréopage. On lit , dans la féance du
foir, une lettre des Jacobins de Strasbourg, qui
annonce l'émigration de , quinze Officiers du vingt-
troifième régiment , & de neuf autres du régi
ment de Roufrillon , à cette lecture fuccède celle
d'un procès-verbal , qui conftate que les Jacobint
<3e Mtréjol ontînvité les Clubs voilînsà s'armêf
pour tomber à jour fixe iur les Aristocrates.—»
Autre lettre du fieur Pafcal accufateur au tri
bunal criminel de Ni/mes , qui annonce le dé-
Jiart de 8000 Marfeillois, pour Arles &. autres
ieux 4 . . . . Deux Députés des bouches du Rhône
font admis à la barre , & accufent «ffron,tément
les Prêtres non^jureurs des troubles dont ils font
les victimes. L'orateur calomnie la ville d'Arles,
& la peint en état ds révolte ouverte. On juge
bien qu'ils ont été admis à la féance. On a enfin
mis fous les mains de la Nation & ordonné
l'aliénation des biens de? Ordres de Sainx-La\are
au Mont'Carmel , &c. On a décrété le 18, qu'il
feroit élevé dans la place du marché public d'E"
tampes une pyramide , en l'honneur du maire
d'Etampes , tué dans l'émeute du trois de ce mois
Ce monument attellera les horreurs de notre ré
volution. — Les commifTaires du Roi envoyés k
Arles développent leur conduite , & justifient la
conduite des habitans de cette ville. Le fameux
Antonnelle , leur donne un démenti ; ils font chaf-
fés de l'affemblée , & le rapport fur cette affaire
ajourné au lendemain.-— M. Deleutre , député ex
traordinaire d'Avignon eft admis à la barre , &
après avoir retracé les crimes des fcélérats, qui
ont enfanglanté cette ville , de l'exécrable Jôur-
dan , qui , du fonds de fa prifon menace encore
de le venger, il demande au nom de fes conci
toyens , la punition des affaffins de leurs pères ,
de leurs femmes , de leurs enfâns. — Mais eft-ce
dans le gouffre de l'anarchie que l'on peut obte
nir juftice ! Notre prédiction »'eft accomplie. Jour~
dan , l'exécrable Jonrdan, eft fouftrait au fup-
pliçe , lui & fes complices. La pofterité refufera
de croire à une telle horreur. —-On apprend à la
féance du foir une rixe furvenue , entre le cin
/

C *8+ )
qukme régiment de cavalerie & le? ràtodf&itt»
nationaux du département ùuDonba. — Plusieurs
oestre ejx ont été tués. Les meiuies à prendre
contra la vliie d'Arles or»; occupe le rtite 'de lit
ieance. L:> difattuan a été reprile le lendemain
so. 11 a Été décrété qu\t {'croit envoyé dans cette
ville ane fince iuliifcmc p<;ur y aliui er l'ordre , ik.
que ce dé', ret feroit porté itan^ !e jourà la fancl: on.
On a nuitî dé. i été une ferle d'articles fur les cor.»
tribution? publiques. Deux députés du départe
ment des Bouche-; du Riiôr.e , renouvellent l\:s in
culpations laites contre I:: ville à Arles , on
apprend que :coo marieii'oi3 font entrés le 16
dan- celle à'AgJt»', y Oi.t î.éfartnê to .s les geits
fufpects, ont fait fermer Ici égiu'es inconlii-
tutionnelies , & force les co iiribuables au
paiement des impôts. On fert combien une telle
nouvelle eft elle même fofpeéte.
A V 1 S.
'r4. ■
Ces rayons ^ri-es nous 'fr^pnt a pr.Vttiir ceut
qui 4*«fconrcnt à notre Jcuniil c!.' n? i>'u« s'id.-i 4m r«
qu'au DictC.cur ou Bureau, rue M-.iunsrtre N. itp
j.rcs le |.ava^c du iiuroon , à Paris. Lt prix de la sout>
«i^tioi eil de 2.'t ïh'ti pour u» rin, 12 /ivrrs pouf
j«c mt.:t , 6f !>j( jxmv fro.'î, fïane de port dan»
tout la îîo-.'iiiiUï. f.es ai"çt!enieaî dat-'nt io.jcur<du
1 du trois où il- u'nt.f'ais. eu fournissant les Nc*
qui oct dk'ji j>ir:i. Toutes ItS u ci 1 es tk avis qui ne
sont point iitr.iic! ii rc:ttut au rebut.

De tlmpr.mttie de J /.CÇUZS G ! SOVAUD , rite du


' Bou:- du-Itlonde . K°. 47,
Seconde Année. N*. 25.

LA ROC AMBOLE,
ou
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS AntI - JACOEINUS.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 25 Mars 1792.

RÉFLEXION
Envoyée de Vautre monde aux Français — Par
Mirabeau.

profondum mare , nullum vasrum


fretum& procellofum tantos ciet fiuctus , quantos
multitudo motus habet ,' inique si nova & brevi
duraturâ libertaie luxuriat.
( Q. Curtius , liber X. Cap, VII. — 19.
«Il n'eft détroit ni mer, quelque profonde,
quelque vaste & quelque orageufe qu'elle fait.,
qui élève des vagues pareilles aux mcuvemens
impétueux & défordonnés de la multitude , fur-
tout lorsqu'elle fe trouve dans l'yvrene de la
première jouiflançe d'une liberté à laquelle elle
Tome III. année 1780. Aa
( 3«6) -
n'est point accoutumée , & qui bientôt échapper*
de fes mains. »
: Sed jamfatis admovebantur genxi bella civilia ;
nam & ihfociabile regnum & a pluribus expete-
batitr primum ergo collegere vires , deindé dif-
perferunt : & quum pluribus corpus quant
xapiebaï orterajfent , c&tera membra deficere
cçeptrunt ; quodque imperium fub uno stare po-
zuijfet , dum à pluribus susùnetur , ruit.
( .idem, liber X, Cap, VII. — 23,-)
» Mais déjà les deftinées de la Nation dévoient
la précipiter dans les horreurs des Guerres civiles.
Car le trône veut un feul maitre , & plufieurs
se le difputoient. Dabord ils réunirent leurs forces,
ils les divisèrent bientôt après , en furchargeant
îe corps fans aucune mefure , ils firent tomber
les autres membres dans une langueur mdrtelle ,
& l'Empire , refté debout & floriffant fous un feul
maître, s'écroula fur fes bafes antiques ,• dès que
plufieurs voulurent en prendre les rênes.
NOUVELLES POLITIQUES.
Coblentz 16 Mars.-*- *• Depuis la mort de
l'Empereur , les intrigues ont pris un nouveau,
degré d'activité. Les Monarchien» s'agitent en
tout fens pour faire adopter leur fyftème ,
mais toutes leurs manœuvres ne tournent qu'à
leur confufion. La Diète de Ratisbonne eft fer
mement réfolue à faire la guerre aux régicides ,
& le jeune Roi de Bohème n'eft pas moins porté,
par fon inclination martiale , que par fon am
bition à féconder les efforts des Electeurs. Aufîi
rien n'égale la célérité des opérations du Cabinet
de Vienne. Les Courriers' que l'on expédie de
tous côtés , fe fuccédent avec une rapidité qui
annonce les mouvemens les plus extraordinaires.
La bombe va éclater enfin, tout le prouve. Le
Minilire «onfident du Roi de Prusse elt actuelle
.. , ... ( 3«7 )
ment à Vienne , où il a appotté lé plan de câm«
pagne fait par le Duc de Brunfwick , quicom*
mandera les Troupes Pruffiennes, avec une auto*
rite égale à celle d'un Dictateur Romain. »
WeisBADEN , 10 Mars. — « Un Colonel de
Houzards , chargé d'ordres delà Gourde Yielnne
pour Bruxelles , vient de paffer ici. il s'eft in*
formé de ce que faifoient les Français. On lui
a répondu qu'ils étoient confternés de la mort
de 1 Empereur Qu'ils fe ralTurent , a-r-il dit,
Jeurs affaires n'en iront pas plus mal. Je vaië
a Bruxelles pour faire tout préparer.»
BRUXELLES 14 Mars. — On vient d'afficher
dans toutes les Villes des Pays bas une :proclaa
mation des Gouverneurs généraux , qui renferme
l'ordre de furveiller, avec le plus grand foin ,
l'arrivée de quelques miilîonaires de la Propa
gande , envoyés par les Ja cobins de France , pour
foulevef les Habitans des Campagnes. Le Gouver*
nement promet cent ducat; de ré-jompenfe à celui
ou ceux qui les découvriront & les feront arrêter»

*' NOUVELLE SI NT É RIEUR ES.


Faits & gestes du Clergé constitutionnel.
Le» grands Vicaires du Petit Lamourctre, Evêquâ
Intrus de Lyon, empreffés d'égarer les opinions
& les confciences des fots , viennent d'anoucar
des conférences publiques dans l'Eglife Cathi'-
01 aie, fur l organifàtion civile du Clergé 4 &
ont juré par la Mitre de Monfeigneur , de
prouver i°. que le vol des biens du Cierge est
Une œuvre pie , méritoire & digne de la couron e
civique. 2". Que les honorables intrus qui ont
briffûté les chaires des légitimes Prélats , d'où les
repouflbit les loix divines & humaines , celles
de la probité & de l'honneur ; que ces intrus ,
difons-nous , n'en font pas - moins légitimemenî
élus, quoique leur élection, foit frappée d'ana-
thême par l'Eglife' Catholique , qu'elle répugne
"à toutes les loix faciales , & à celles de l'honneur
qui lui impriment à jamais le fceau de l'infamie ,
3* enfin ces grands Docteurs en us , promettant
«le juftifier le mode nouveau d'institution &"la
circonfcription , £\ls veulent dire la fouftraction
réelle ) de la juridiction du Pare en France ;
comme s'il n'étoit pas de foi, que l'imposition des
mains ne confère point la' rfiiffion , & qu'il ne
fuiîït pas, d'après la doctrine du Concile de
Trente , d'être ordonné , qu'il faut encore être
envoyé , nou par le Peuple où les Magistrats >
mais par l'Eglife. Comme s'il n'étoit pas incon-
teftable , que le Pape a fur l'Eglife une pri
mauté de jurifdiétion. Mais faut-il être furprii
du langage infenfé des Novateurs ! Qu'a de
commun l'Eglife conftitutionnelle avec l'Eglife
de Jefus-Christ !
Ces mêmes grands Vicaires , dans un intervalle
lucide , ont déclaré le fieur Franchet , Curé de
Montant < marié, depuis peu avec fa fervante ,
ahfolument indigne d'exercer les fanerions facer-.
dotales. Ils déclarent aulîï à fes Paroiffiens , qu'Us
ne peuvent autoriser davantage , & même tolérer
dans leur guide des sentimens & une conduite
si contraire à ses devoirs & à la sainteté de
fon Ministère. C'est fans doute pour le rempla
cer que les grands Vicaires viennent de rece
voir au Séminaire un vieux domestique , portent
dechaife , nommé Bourguignon , qui fait à peine
lire , & qui fera bientôt Prêtre & Curé.
Nous avons parlé , dans un de nos précédens
!N°\ d'un ouvrage enfanté par l'impiété & le
philofophisme. C'est la profefiîon d« fol de
Charles-Alexandre de Moy , Curé constitutionnel
de la paroiffe Saint-Laurent , à Paris , rédigée
en forme de cathéchifme , & fuivie de l'entretien
6*9 )
<fun Paroissien avec fon Curé. Voici le jugement
■qu'en porte le plus incendiaire & le plua impie
des Journaliftes. (i) Nous ne faurions faire un
meilleur expofé des excès de l'apoftat.
« Seulement trois Curés de cette trempe dans
chaque Département , & le T.ceu de Mirabeau
ne tarderoit pas à être accompli; la France
feroiî bientôt décatholicifée. Ce que nous ne
concevons pas bien , c'eft de voir M de Moy ,
auprès la profemon de foi qu'il vient de publier,
• hautement, & avec fuccès, encore affuble' d'une
étole , a une chafuble , chantant 0 JR E M V s'ait
lutrin , & de RfESSER encore (2). Il nous semble,
que le bon Curé ne peut plus dire à fes Pa-
roifllens : Dominus vobis cum , & que ceux-ci'
ne peuvent plus répondre et cum fpiritu tuo ,
fans le rire au nez les uns des autres. »
Thermomètre de Paris.
Qu'on ne foit plus étonné de voir tant de
forfaits fe fuccéder les uns aux autres. Le crime,
peut déformais tout ofer. La juftice , bannie de.
nos climats , ne fera v plus un objet de terreur,
pour les brigands. Le Manège les prend fous
fa proreclion , leurs forfaits font devenus des
titres de civifme, & bientôt , n'en doutons pas,,
on s'empreffèra de les encourager par les plus
brillantes récompenfes. C'eft ainfi que le Sénat
Jacobin veut régénérer l'Empire Français. C'eft
ainfi qu'en décrétant une amniftie pour les bri
gands d'Avignon , nos ennemis viennent d'arra
cher le maique hypocrite qui cachoit toute leur

(1) Prud'homme , Révolutions de Paris, N°, 13 <


page 280.
(2) Mester. C'est ainsi que le Curé apoftat désigne?
le Saint -Sacrifice de la Méfie. Et l'EvèquejGobct se tait»
Ô temporal " * • -
( 39° )-
noirceur. Ils ontxourronné l'iniquité, fans qu'il
se foir touvé un feul homme de bien parmi eux
pour défendre la caule de l'honneur &. de l'hu
manité. Ce fentiment a été étouffé par les cla
meurs de la rage & de la fcélérateffe. Où étiez-
yous intrépide Maury, loyal Caialès , vous qui
n'étonnerez pas moins la poftérité par vos fu-
blimes talens , que par cette fermeté inébranlable
que. vous avez manifeftée dans toutes les occa-
iions parmi tant d'alîaffins acharnés à votre perte ,
où étiez-vous l Ah ! tant que la vertu fera pér-
fécutée , tant qu'il y aura des Jacobins, on fe"
fouViendra de vous avec attendriflement. Il eft
fi doux de rendre un hommage pur aux généreux
défènfeurs de la Monarchie , mais auffi comment
retenir fpn indignation contre les lâches qui par
un décret attroce viennent de fe déclarer , fans
pudeur, les ennemis de leur patrie , & les com-"
plires de feS bourreaux ! '
Mais pourquoi le Manège s'eft-il déterminé à
faire grâce aux brigands d'Avignon l Pourquoi t.
le voici ; i°. parceque des novateurs qui n'ont
trouvé que dans le fang humain , les îacriléges
& l'abomination, les fohdemens de leutPuiflance ,
ne fauroient confentir qu'on en c?étruife les prin
cipes élémentaires^0, parceque, faifant le procèsà
ces exécrables fcé!érats,on eût comj romis pluûeurs
Membres , tant de l'ancienne que de la nouvelle
AfTemblée. 3 °. Parce qu'on a encore befoin de ces •
hommes éprouvés au ciéufet du crime pour con
sommer le plus horrible de tous. Ah ! ç'eft ici qu'il'
faut s'écrier Domine salvum fac
lîEGEfi. Car ÏI n'y a que la Providence qui
piïiïïe nous prtfsi ver d'un malheur qui plonge-
roit éternellement la France dans le deuil &, la.
défolation.
A l'exception des Jacobins & de la plus vile,
pçipulacçj la, nouvelle 'amniftie eft généralemenî'
c &« y
blhmëë. Il y a même des Démocrates de borinè
foi qui ne favent que penfer , en voyant , d'un
côté , l'acharnement avec lequel le Manège
i'obftine, vouloir détruire la ville à' Arles ,
qui eft peut-être la feule qui ait donné l'exemple
de la foumiffion aux loix , pendant que , d'un
autre côté , ce même Manège manifefte le plus
tendre intérêt pour le coupe-tête & fes complices.
Cette énigme fera expliquée dans un autre nu
méro.
SABBATS JACOBITES,
Du ip Mars.
Sous la clochette de frère. MAILLE.
Sa Majeflé Jacobino-Gafconne , le roitelet
Maille , furieufement occupé des grandes def-
tinées de la Nation , &, à forger une harangue
civique , relative à fon heureux avènement au
trône des Jacquets , .l'a abandonné dans ce Sabbat
au révérend Doppet. On avoit à peine vuidé la
hotte , contenant le détail des faits & geftes
patriotiques qui illuftrent journellement les frères
éparpillés dans les Départemens , que le révé*
rendiffime Dumourier , Miniftre des affaires
étrangères, par la grâce de Targinette , entre ,
grimpe à la tribune, fe coë/Fe d'un bonet rouge,
roule fur la bande ébaubie , des yeux de jeune
Carme, ouvre bénignement la bouche , & dit:
. « illuftrimmeâ frères & amis : me voici, m*
voilà, humblement réfigné à remplir, jufqu'à un
ïota, la volonté fuprême de la nation , & le
choix du Roi constitutionnel. Vous allez voir
comme quoi mes négociations vont être rem
bourrées de toutes les forces d'un peuple libre ^
& il en adviendra fous peu , du moins je lês
parie, une paix folide ou une guerre décifive>
C 39* >
Dan<r ce dernier cas, je brife ma plume poli
tique, (qui n'eft pas la lyre d' Appollon ) & prenant
lamaifue pstrotique ( ce n'eft pas celle d'Hercule)
je vais dan^ l'armée afiommer nos ennemis , o\\
me fai.e aifommer avec mes tendres frères. Me
voilà cependant affublé d'un terrible fardeau ,
Cauiiï lourd à foutenir que celui de Typkée (i) )
Mes bons amis, j'ai grandement befoin de vos
-conl'eils; ( vous pouvez y compter) faites-les
moi paffer par vos journaux. ( partous , fans
doute ) d;tes-moi les vérités les plus dures, fi
rous-vo'iez , mais délivrez-moi de la calomnie,
&. ne rebutez- pas un zélé Citoyen, que vous
avez toujours connu tel. » La profonde -
humilité du frère chatouille «dabord le Génie
dominateur de la Jacquinaille > qui beugle de
joie de vo r un Miniftre rampant à fes pieds.
"Cet eilroyable charivari finit enfin , & M. le
Préfident du Sabbat , empaumant gravement la
parole , dit : — bcnedicla sic sancta libertas.
Bénie foir la fa:nte liberté qui , balayant
l'atrrmfphère politique, obfcurcie par des nuages,
a porte fes rayons lumineux , jufques dans l'antre
ou l'intrigue tramoh fes mauœuvres funeftes.
(l'amphigouri de ce début, ne peut paroitre
amphibologique1, qu'à ceux qui ont des yeux
fans voir , ) en vous voyant , frater, merveilleu-
fement niché à la proue du vaifîeau de l'Etat,
la nation fe flaue d'avance que les tt-nps où,
l'on voulut l'humilier font pafles. O' homme
libre ! ô Ministre nommé dans l'inftant critique,
,où il s'agit de démontrer à l'univers qui n'a;me
pas notre fublime conftitution , qu'il prend

(i) L'un des Ge'ans qui voulurent dltrôner Jupiter.


Il fut foudroyé & enseveli ious les montagnes dç la
Skila. - - ' ■ • : . v • .
( 393 )
Martre pour Renard , la Nation Jacobite compté
pour ce chef-d'œuvre , fur un frère auffi bourré
de talens & de civifme que vous l'êtes , & dans
l'idée que vous ferez reconnoître la fouveraineté
du peuple ,• nous nous félicitons ;de v ous voir dans
notre bande , & nous nous glorifions grandement
de votre imatriculation fur la liite des Jacquets.
— Ah! que c'eft biau , que totat ce jargon là,
s'écrie un frère inculotté ! je faifiohs la potion
qu'on imprime le Miniftre & le Prélident. —•
Frère le Gendre, fubitement atteint d'une attaque
de parcimonie , s'oppole à cette dépenfe, 'allègue
la cherté du papier, celle plus grande encore,
des imprimeurs ; mais des hurlemens diaboliques
lui coupent le fiflet , & le font dégringoler de
la tribune. Le Révérend Collot-Atmanach s'en
empare foudain , & dit : j'applaudis ex loto corde
meo au verbiage du Miniftre & à celui du Pré-
fident; mais jé l'owtiéns, fandh, au nez du Préfidenr,
qu'il ne deboit pas répondre au Miniftre , parce
qué tout ce qu'il a dit eft très-peu important;
ou le Miniftre eft monté à la-trivune commé
Jacovin , ou commé étranger ; fi c'eft commé
Jacovin , car jé crois qu'il doit fe glorifier de
l'être , point de réponfe à faire •, & où en ferions-
nous, cadedis , s'il falloit répondre à tous ceux
qui parlent ici patriotiquement / Si c'eft commé
Miniftre , raifon de plus de né point lut répon
dre , encore moins dé lui dire qu'on fe fera
gloire dé lé compter au nombre des memvres dé
la fociétér — La feule réposfe , &. lui-même
devoit fe la faire, étoit.. ..j'agirai comme j'ai
parlé. A ces mots, le docile Dumourier courbe
humblement son chef miniltériel , levé en trem
blant fa main , &jure qu'ilfera..;.. tout ce qu'ila
dit. — L'éloquence incifive du fier Collot pé
nétre auffi le Préfident. J'ai péché mes Frètes,
leur dit-il , contre l'égalité qui nous eft si chère ;
( m )
jîsaiai» ptot^-tnia culpa , pardonnez mon err*uf ,
mais j'ai été. fi fort ftupèfait d'entendre parler
un Miniftjq fui' un ton 'fi nouveau , que j'avois
oublié, çtarbleu i que je fuis Jacobin. —- Pour
rn.ieux .guçrir frère Dumourier des .vapeurs d*
l-iorgueil , le général Robespierre lui déclare qu'il
e# fermement rélblu à lui refufer tout efpèce.
d'éloggs , juiqu'à ce qu'il ait réduit à \ero les-
ennemis armés contre ks Jacquets ; &. les con
jurés qui dirigent le Gouvernement, malgré
i!expulfian des Miniflres / alors feulement, le
Révérend verra les louanges que le Miniftre.
pourra mériter, & il les lut décernera, peut-
être, fans eeffer toute fois de fe croire fon égal.
Que les-Miniitres , pourfuit le §éréniffime Doge
de la J^çpnblique , viennent ici , pour demander
des eonfejls, les recevoir & I«s. pratiquer , à la
bonne heure ; c'eft à ces conditions feulement,
que leur pfefence peut être utUe , & pour ma
part , je Jeur promet de les confeiller utile»
ment , pour eux & pour la chofe publique. . • • •
Je déclare doncjji M* Dumourier, qu"il trouvera
dans :GettShfaciété , des appuis & des défenfeurs».
auffi-l<5«g^temj)s qu'il le méritera. Enchanté da
la promette, le/benin miniftre. fe jette au .cou
du Rodomont , & l'étouffé prefque dans fes
embraffemens , tandis que les Badauts applau-»
diflent en vrais démoniaque^ à cette ridicule pa-
î aile. Frère Doppet , décoré du bonnet rouge,
lit une lettre dé M. Petion, qui lès exhorte
à. quitter ce coftiime de Galérien. — Tel eft
mon avis,, leur dit le Général , malgré ma pro-
r penfionpour cette patriotique coëffure. C'est affez ,
mes frères , de la cocarde. Cpçardajor dat. Oui,
la, cocarde donne du cœur, & avec une cocarde ,
on peut inpunément braver l'Enfer , les Tyrans
& les Dieux. Cette obfervation entraîne les
fuffrages » &J.e^b.ç>anets de* Forçats, qui coëffôiéit
au mieux les Jacquets , font profcrits a «ul levé.
Ainfi finit ce mémorable Sabbat. ,
MÉLANGES. , *
' É P I G R A M M E.
De certain trsit de médisance
Voulant tirer bonne vengeance
« :A la Jonveau(i) dernièrement
Un Tambour appliqua deux soufflets lestement.
Te'raoin de l'action brutale ,
Un fanfaron veut montrer du courroux:
Monsieur , dit le Tambour t tout doux :
Je _ suis en fonction, je bâts la générale.

, Malgré la troupe sans culotte


Qui si bravement defendoit . .*
La Conftitution falote ,
Tout le Manège eft inquiet
fc . Et tremble pour son Epiglotte-, fj»}
Le bon Peuple aime à briiïbter , 1
Mais n'aime pas qu'on le briflbtte.
Las de se voir escamoter,
Endormir , piper, balotter,1
Et de voir augmenter sa cotte
Que l'on promettoit d'effarter , . :
{j'jl venoit à changer de note;
A tourner contre nos Garons
Ses patriotes mousquetons! . . •
,' ' —; — •—• , • ' , ,i>
.(1) Actrice., maîtrcile du sieur Douai..... Général
Je la GardcNationale de Toulouse.
(2) Autrement nommée Luette.., ... ..
La place serait liazardeufe;
Etre Gouverneur de Lions
r Est une charge périlleuse.
LA SOURCE DU BONHEUR.
Ah ! qu'un Municipal est un mortel heureux,
1" Me disoit , l'autre jour , Dormsncç ;
En peu de temps , son nom devien t fameux,
• .II en re'mp it toute la France. t '
Auprès de lui TurenneSc Wasington,
Ne sont que des êtres obscurs.
Partout on lit, par tout on, voit son nom;
Il est collé sur tous les murs. . • . : ,
l'Heureux mortel grâce au défaut d'arge'nt,
Il est connu de Paris à Mayence.
— Je ne vous1 conçois pas , dites moi donc comment ?
— C'est en signant des billets de confiance.

CARICATURES.
Le nombre en eft si multiplié que nous nous bor>
nons a annoncer les plus remarquables.
Le Dégel de la ?4ation. on voit dans le
milieu du tableau un monceau d'immondices pé
trifiés par l'air, fur lequel les Sans-culottes ont
élevé la ftatue de la Nation & de la liberté.
L'air fe radoucissant , on voit la ftatue fondre
infenfiblement , & perdre fon à-plomb. Les Sans-
culottes fouolent pour rafFraîchir & empêcher
le dégel de la ftatue , mais le Soleil rroyal , par
fon influence j rend leurs efforts inutiles. Cette
Caricature pleins de détail intérefTans , eft très-
piquante
Le Crible de la révolution. Le temps
tient un crible , dans lequel on a mis pêle mêle
une quantité de Jacobins & d'honnêtes gens;
( 39 >
tous les Jacobins paflent à travers le crible ,
tandis que les honnêtes gens reftent a'J deifus.
Parmi ceux qui ont paffé - on retonnoît le Duc
d'Orl..., Chabo'uc ,' Fauxchef, Bri[f..,&.c.
Une troiuème Carricature , repréfente un Ma-
lautru d'une figure la plus originale , qui dit , en
fe rengorgeant d'une manière tout-à-fait comique :
^"v vais aux Jacobins ; ec face ; on voit un vieillard
décharné , couvert d'une immenfe perruque ,
affublé d'une épée dont il paroit fort embarrafle ;
il dit en touffant : on m'attend aux Feuillans.
Une autre repréfente les Ecuries d'Orléans,
à la porte defquelles on voit un grand tas de
fumier ; plufieurs Jacoquins armés de fourches ,
font occupés à le fouiller, lorfque tout à coup
ils en voyent fortir un Ministre de la guerre. On
lit au bas de cette gravure :
D'dun tas de fumier les Jacobins tirent un Mi-
nistrede la guerre. »
Les plus remarquables de celles qui ont para
cette semaine , Sont : la cour de Paris , le branle
d'Autan , le retour de Conscience , & le Général
en racourci fuyant de Noyon.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances des mardi soir 20 , 21 61 22 Mars.
Nous pourrons bientôt dire des Patriotes, ce
que Diocletius dif<|Écdt;s premiers Chrétiens':
leur fang efl: une l$j|énee féconde qui en mul
tiplie le nombre. La NMion à'Epernon , à l'exem-
Î>le de la Nation d'Etampes a voulu contraindre
e Maire de la Ville à diminuer le prix du
grain ; mais l'jlluftre Municipe , aufii ferme fur
les étriers delà loi , que le Mont Cénis fur fes
fondemens , n'a point voulu y confentir. La
Nation indignée de cette réfdtance à la fouve
■/ (39? ) '
raineté , le reilverfe , le décore du cordon ?Ta*
tional , & s'apprête à lui tordre le cou. Le
Maire n'en eft point ému , St certain des honneurs
de l'Apothéofe , il alloit gaiement joindre le
Maire d'Etampes , quand la Garde-Nationale eft
venue fauver fa vie, & lui ravir la palme
du martyr. Pour le dédommager de cette perte >
l'aréopage a décrété que fon nom feroit infcrit
dans fes faites , avec éloge. Cet honneur vaut
bien certainement celui d'une piramide — La
Nation de Saint-Flour , département du Cantal,
en vertu de fa toute puiffance , victlt de maflacrer
M. Cominet, ci-devant Lieutenant Criminel. Le
Directoire de ce Département couvre cet aflaf-
final national du manteau aux trois couleurs *
len ajoutant que l'indignation du Peuple a été
provoquée par l'émigration des enfans de M.
Cominet ; & comme il n'y à pas grand mal à fe
défaire d'un 'Ariftocrate , d'un Magiftrat de
l'ancien régime , le Directoire ne fe plaint que
des Prêtres, Noi auguftcs Monarques om'fans doute
penfé de même, puifqu'ik n'ont point donné le
moindre figne d'émotion d'un crime aufîî atroce.
•— Les bienfaits de la ConfKtutïon s'étendent dans
toits le Royaume. La Garde à'Arras à forcé le
Département , la bayonnette au bout de fufil >
de faire fermer les Eglifes catholiques. Combièn
lès bons Citoyens doivent , le féliciter que les
Gardes Nationales de rameurs villes du Roy au*
"me, &. celle de Paris fur-tout, ne fuivent pas
un exemple auffi criminel , & ne falTent fervitf
les forces qui leUr font confiées qu'au maintien
de l'ordre & de la tranquillité publique. Au
récit de tant de défailles a fuccédé la lecture
d'une confultation fur la manière de couper
dextrement les têtes , & fur l 'infiniment dont
on doit fe fervir pour cette opé: a ion. C»t ouvrage
profond , très-utile pour les bourreaux, a été
( 399 )
adopté de confiance par les RJîtêîéts: Uir pètîf
fire , muet jufqu'à ce jour, a entamé Un rapport ,
au nom du Comité inquifitorial , qui contre
l'ordinaire , n'a eu rien que de rifible. « Il y a
quelque temps, a-t-il dit, que la Municipalité'
de La'ngres arrêta des chevaux,. Meflieurs, qui
lui parurent fufpeéfs ; elle les fit 'comparaître , &•
Ton reconnut par leur interrogatoire , &c. De»
éclats de rire coupent ici le fiflet à l'orateur, 8c
lui font abandonner fon rapport. ;— Sire Jolivet
a ouvert la Séance du ai , en annonçant que tous
lès Prêtres de fon Département qui avoient prêté
lé ferment , venoient de le rétracter. Il a propofé
de les priver de leur traitement.. Cette motion
barbare a été combattue par le Roi Bequet. —,
Les nouvelles dépêches venues de ST-Domingue ,.
annoncent qu'il n'exifte plus dans la partie fran-
çaife de cette lue, que les deux villes du Cap
& du Port-au-Prince. Les Blancs > qu'ils tiennent
bloqués , font réduits à s'entregorger , à se mangor
les uns les autres. Les Nègres ont .tenté de mettre
lë feu au magafin des poudres. — Brijfot , le"
principal auteur de ces défaftres , a' ofé les j-ufti-
fter , & faire l'éloge des fcélérats qUv ont mis
là Colonie à feu &. à fang. Quel homme que
Brijfot! — On lit, dans l'a féance du fôir, là
dénonciation du Régiment d'Artois , d'une adreffe
des Emigrés à l'armée Françaisè , & l'aréopage,
au lieu d'apprendre à ce régiment, que c'est au
Roi qu'il doit s'adrefler , comme chef fuprême
de l'armée , a ordonné l'impreffipn & l'envoi de.
la dénonciation à l'armée.
On a décrété enfuiie , i°. que les femmes,,
enfans ou autres parens des émigrés pourront , en-
donnant caution , recevoir le revenu des biens
qui leurs «ont propres , a°. que les débiteurs des
Ëmijgrés seront tenus de payer à la caiffe du sé
questre , les sommes dont U.f<wt.. redevables , 30.
( 400 )
enfin > que les créanciers des émigrés pourront
provoquer la vente de leur» biens pour être payé»
de leurs créance. Quelques autres propositions
relatives aux émigrés ont été ajournée?.—Les
Commis des bureaux du Manège ont paru su—
Jiects d'Aristocratie aux Rois Thariot 6- La*
ource qui ont fait décréter , à la séance du 22 ,
qu'on vérifieroit , s'ils ont été purifiés dans la pis
cine du serment civique. Sire Tarbé, ainfî qu'il
l'avoit promis , a démontré que Briflot n'avoit mis,
ni exactitude , ni vérité, ni bonne foi , dans tout
ce qu'il a dit 6ur les colonies il eft prouvé que
les hommes de couleur que cet ami des Noirs
« peint comme des citoyens paifibles , se sont
rendus coupables des barbaries les plus atroces.
Sire Tarbé , a mis auffi en évidence que Brijfot
n'avoit appuyé ses preuves1 sur aucune pièce
officielle ou justificative & que. c'est en agiâànt
«infi qu'il a prolongé jusqu'à ce jour les incendies,
les maflacres, & consommé la perte des colonies.
Brijfot répliquer & parle pour ce rien dire.
l'Humanité reclame de promprs secours par l'or
gane' de Sire, Dumas, & n'eft point écoutée.
Le Roi Gensonne propose un moyen de perpé
tuer les troubles , & il eft applaudi, on a même
ordonné l'impreffion de son discours.—
AVIS.
Des raisons graves nous engagent a prévenir ceux
qui s'abonrent a notre Journal de ne p'us s'adresser,,
qu'ait Directeur du Bureau, rue il -'ni martre 219-
près le passage du Saumon , à Paris- Le prix de la sous
cription ei\ de 24 liv:es pour un an, 12 livres pour
six moii , & six livres pour irais, franc dir port dans
tout le Royaume. Les abonremen? catrnt toujours du
I du mois où ils sont faits , en fournissant* les N°'
qui ont déjà paru. Toutes les It :tres & avis qui ne
sont point affranchis restent au rebut. » , »
■■*■■— - " a .
De tlmpr mené de Jacques Giwvaxd , rut du
BuU-di&Monde , N°. 4.7. .1 • •- »
Seconde Année. N°. 26.

LA ROCAMBOLE,
0 u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom E.ÉGIUS A N T I - Jac o s i nu s.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 29 Mars 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

JLtE Successeur de Léopold vient de porter le


coup le plus terrible aux foi-di<auts Philofophes,
& aux efpérances des Monarctiiens , en déclarant
aux Belges l'intention où il est de rétablir leur
antique Constitution , & de rendre à l'Eglife fon
influence, qui n'est pas moins le foufien des trônes,
que le gage alîuré du bonheur des Peuples. Ce
Prince aimable , fait bien voir que dans ceux que
la providence deftine aux grandes choies.
La raifon pour mûrir n'attend pas les années^
puifque , dans le Printems de fa vie, il n'étonne
pas moins par fa fagefTe que par fon courage,,
&. fa valeur. Avec quelle Satisfaction les Belges
T«me III, année 179Z. Bb
[ 402 "] - - -
vont rentrer dans leur devoir ; eux qui ne l'orif
oublié que lorfqu'ils ont été troublés par le cri d'une!
confcience allarmée des innovations faites par
JOSEPH II , dans la difcipline eccléfiaftique ;.
bien différens des Français , qui ne fe font
foulevés contre leur légitime Souverain , que
parce que la plus affreufe corruption s'étoit
gliffée dans leur cœur, & que , foulant aux pieds
tous les principes de moralité & les inftitutions
les plus faintes , ils ont méconnu julqu 'àlexiftence
d'un être Eternel , rémunérateur &. vengeur de
la vertu opprimée , pour n'écouter que la voix
de leurs vices & de leurs pallions les plus
effrénées.
On écrit de Coblentz , que le dernier Courrier
de la Cour j de Vienne aux Princes Français, a
remis à leurs A ltefles une lettre du nouveau Mo
narque , dans laquelle il leur donne fa parole
royale.de 11e jamais abandonner leurs intérêts,
&. d'employer toutes fes forces pour la caule
de Louis XVI , qu'il dit être celle de tous
les Souverains & de l'humanité. En conféquence
il invite leurs A. R. à mettre en activité tous les
moyens qui font en leur puiflance , afin de mettre
les Factieux à la raifon dans le plus court délai
poffible. D'après cela on a expédié aux Français
l'ordre de rejoindre leurs détachemens pour le
commencement d'Avril, & les troupes font payées
d'avance.
Telle eft notre fituation dans l'Empire. Ailleurs,
le Canton de Berne indigné des outrages faits
au brave Régimenr d'Ernest, vient de rappeler
ce Rég:ment, & fe difpofe à fe venger d'une
manière éclatante. Et le Roi de Suéde après avoir
obtenu de la Diète , plus qu'il ne lui avoit de
mandé , eft fur le point d'arriver à la tête des
valeureux Suédois & des troupes beliiqueufes de
l'immortelle Catherine.
t 4Ȕ )
Lé côncèrt le plus parfait règne ehtfe mutes
les puiflances , comme on peut s'en convaincre
par lé bref du Souverain Pontife à Sa Majellé
Impériale. On y voit que Léopold avoit pro
mis de réintégrer Sa SâINTETÉ dans la Souve
raineté d'Avignon & du Comtat. Qu'il avoit re
connu avec toute la Chrétienté', que rien n'est
plus évidemment juste que cette reftitution ; que
rien n'intéreffoit d'ailleurs plus effentiellement
tous hs autres Souverains , qu-e d' empêcher qui
fexemple d^une pareille ufurpation pût jamais
être couverte par aucun titre de prefcription.
*j Tandis que l'audace des Factieux , jufqu'à
prêtent inconnue , (ajoute le Saint-Père ) fait
craindre les revers les plus défaftreux ; tandis
que cette contagion devient de jour en jour plus
terrible, & qu'elle étend au loin les fatales in
fluences d'un venin prêt à fe développer par le
bruileverfement général de l'ordre public , à
qui importe-t-il plus qu'aux Rois eux-mêmes,
de couper le mal dans fa racine , & d'en étouffer
entièrement le germe i »
C'elt ce que les Souverains ne peuvent man
quer dé faire pour leur propre fureté , & leurs
difpofitions annoncent que ce fera bientôt.

NOUVELLES INTERIEURES;
QueU eft cet Empereur qui n'eût pAs été
content de lui même , s'il avoit palfé un seul
pur fan= faire des heureux î Les Faétieux penient
bien autrement* Autant le vertueux Titus
airaoi: à contempler le tableau du bonheur dans
la fociétét Autant les faclieux défirent fa det*
trucliori . Ils comptent avec délefpoir les inftans
où ils n'ont pas lacrifié quelques victimes à leur
fureur. Ils voudroient , comme CALIGULA, qu«
tous les hemmeî honnêtes n'eufTent qu'une tète ,
( *Ô4 )
pour tuer tout d'un coup , l'Honneur &. la
Vertu.
Les Jacoquins & les Calviniftes d'Orange ,
par une adrefte antérieure au décret qui met en
liberté les coupe-janetî d'Avignon , follïcitent
Jes aflafîins , dont les villes voifines fourmillent,
de porter le fer & la flamme dans le Comtat ,
fous prétexte que ce Pays eft à préfent dévoué
à l'aristocratie. Il eft temps , dilent ces monftres,
de prendre nos armes ; rallions-nous fous îe
bonnet de la libéré ; nous trouverons encore plus
d'une glacière à combler. Entourons de tous côtés
la ville d'Avignon ; marchons au fecours de
Jourdan , que la Juftice veut facrifier. II n'eft
plus temps de délibértr ; c'eft fur les cadavres
fumansdes Citoyens d'Avignon que nous pourrons
nous repofer , & prouver à l'univers entier,
notre patriotifme 8L notre amour de l'égal*;*.
Tels font les fentimens , que ces fcélérats dé-
velopent en d'autres termes ; mais la providence
fçaura confondre leurs exécrables manœuvres.
Nous apprenons que leurs fuccès ne font pas
par-tout les mêmes, & qu'il eft plus d'un endroit
où leurs projets ont été déconcertés. A Rouen ,
par exemple, on a arrêté 29 de leurs Satellites,
et trois ont été blefles , après avoir pillé fept
milliers de coton. Efpérons que le peuple,
entièrement éclairé par les plus trilles expériences,
.entira enfin la nécefiité de détruire cette fecte
dévastatrice &. fanguinaire.

Atrocités Jdcobites.
Les forcenés Jacquets du Département de
Marne & Loire , font exécuter , avec une cruauté
digne des Caligula &. des Néron , leur infâme
arrêté du premier Février dernier , rapporté dans
*n de nos précédens numéros ; qui force les
( y
Prêtres non -fermentes à fe rendre â Angers }
& à comparoître tous les jours devant lesMagiltrats,
pour y répondre à un appel nominal, fous peine
d'être arrêtés & incarcérés. Ceux d'entr'eux ,
que des maladies ou la vieilleiTe ont empêché
de venir fe jetter dam les mains de leurs bourreaux,
y ont été traînés dans des charettes. De ce nombre
font, MM. BELLAMY.Curé de Forges, depuis
près de quarante ans , & âgé de quatre-vingt-un
ans, qui depuis long-temps ne peut marcher
avec peine , qu'à l'aide d'un bras. Le CoRMUL,
ci-devant Curé de Baracé , âgé de foixante-quinze
ans , & paralifé depuis iix mois , ne pouvant ni
parler ni marcher. GuADESCAN , Prieur, Curé
de Saint-Jean de Mouvrais , prefque octogénaire*
& depuis plus de fix mois étendu dans un lit
de douleur. Plufieurs de ces refpectables Ministres
de la religion ont pris la fuite , mais ils font
journellement arrêtés par la Gendarmerie Na
tionale qui leur donne la chaffe comme à jàkf
bêtes fauves. Le Curé de Saint-Ckrisoopher&es-
Bois , & le Chapelin de Sautre , ont été décou
verts et conduits à Angers. On y compte plus
de 400 prêtres , victimes de la rage fcélérate des
clubs. Cas généreux confeiTeurs de la foi , ont
néanmoins trouvé dans celle ville , dominée par
la tyrannie , des citoyens vertueux &. fenfiblçs ,
qui fe font aflbciés à leur gloire , en leur offrant
les fecours néceifaires. Le Peuple lui-même ,
malgré les fuggestions perfides des monftres qui
l'êgarent , ne voit qu'avec horreur une telle
perfécution, & l'on a entendu un des Sodats ,
qui en eft l'inllrument , frappé du témoignage
éclatant rendu par quatre cens Prêtres à la foi
de nos pères, s'écrier: mais il faut cependant
qu'Hy ait quelque chofe de bien étrange dans ce
ferment , pour que tant de malheureux s'expaftnt^
par fon refus , à tous, ces maux y avec unlle
constan ce.
(4°6 )
Les religieufes de Saint-Etiene en Far-ef , font
flulîi en butte à la férocité des Jacquets. Depuis,
plufieurs mois elles n'ont ni meffe ni confeifeur.
Leurs infâmes perfécuteurs après plufieurs per--
quilitions outrageantes dans le couvent , lancent-
fans celle des pierres dans leur Jardin , à leurs
fenêtres , & les force 1 1 à fe priver même de.
la clarté du jour. Deus virtutùm convartere ;
fefpice ' de calo & vidci

Thermomètre de Paris* ;
En attendant la banqueroute générale que les
dilapidations des conftitués font avancer à pas,
de Géant , les banqueroutes particulières fe font
de tous côtés. La plus forte qu'on ait faite juf-.
qu'à ce jour , eft celie Je M, le Normand ; qu'on,
porte à quinze millions. Celle de M. Lalanne,
gutre Banquier , n'eft guères moins considérable.
Onnenfe bien que ces Meilleurs ne font pas ruinés.
jîoùV. avoir fait faillite ; mais combien de" fa--
milles» leur çoquinifme ne va-t-il pas réduire»
à la mendicité ! Et cependant on les verra, bien-*
tôt jpuir du fruit de leurs larcins , & peut-êtrei
faire ' encore des nouvelles victimes , avec les,
mêmes afïurances de l'impunité.
La fortune de la Commune n'eft pas en meilleur-
état que celle des particuliers. Il est prouvé' par
le rapport qui en a été fait que fon pa/Tif excède
jfon actif de 39 millions. Doit-on s'éionner,,
d'après cela, qu'à l'exemple des Çonflituans N
les OiHciers Municipaux n'ayent jamais voulu
rendre aucun compte. Auijï nos affaires font dans
la plus grande débâcle. Le Roi , fatigué des
entraves qu'on n'a celfé de lui fufciter pour
l'empêcher de faire le bien , a entièrement aban
donné le timon du VaifTeau de l'Etat , aux Ja--
çobyis^ Le. Miniftèje n/eft. coropofç que de.
( 4°7 )
Membres tirés de la horde régicide. On voit
là un Dnmourier , un Bonnecarrère. Avec de pa
reils Pilotes , Gomment pourrions-nous éviter
un naufrage. Les malheureux font cependant
bien loin de le prévoir; la joie féroce qu'ils
éprouvent de leur élévation fubite, les empêche
de voir que leur chute n'en sera que plus terrible.
Une chofe les inquiète pourtant , on devine bien
que c'eft la Garde du Ro;. Pour s'en défaire ,
ils avoient d'abord imaginé de faire attaquer
ces braves Militaires, parleurs Spadaffins. Mais
le- combat fait entre M. Laurent , Royalifte, &
un Patriote de la Rue Saint-Denis , dans lequel
ce dernier a eu la tête caflee d'un coup de piftolet,
a dégoûté pour toujours la JacoquinaiUe des duels.
Ils ont fenti que cela était trop dangereux , &.
confidérant que puifque le covrage & l'honneur
font l'apanage des Royaliftes, les Jacoquins ,
pour n'avoir rien de commun avec eux , doivent
être lâches , traîtres & coquins ; confidérant auffi ,
qu'il eft bien plus commode d'affamner fon ad-
Vîrfaire que de le combattre , les Jacquets
avoient réfolu de détruire peu à peu tous les
Gardes du Roi , en leur propofant des cartels qui
fei oient devenus autant de pièges meurtriers.
Déjà M. Paris est inl'ulté par un lâche fpadaffin :
ils prennent jour pour fe battre, &*des légion*
de' Coupes-jarrets attendent le braveriGarde du
Roi.au rendez-vous pour le facrifjer à la jaco-
quinaille. Heureufement M. Paris re'eonnoit la
trahifon; la Providence veille fui fes jours- &
il échappe au fer des afCiffins.
Quî cet exemple apprenne aux honnêres gens
à ne point compter fur la foi d'un vil Jacquet»
Comment ont ils pît croire un inftant que les
Apôtres du régicide connoîtroient affez les loix
de l'honneHr , pour respecter les jours d'un
Citoyen.
- ( 408 )
SA~BB ATS J A C O B I TE S.
Séances des ix ù. gj Mars.
Sons la clochette de Frère M.4ILHE.
Les ambaffadeurs d'une troupe de Bohémiens
réunis à Paris , non pour y dire la bonne aven
ture , mais pour s'imprégner du virus jacobite ,
&. l'aller enfuite inoculer à tout l'empire germa
nique , ont été admis au fabbat du ai. La visite
de leurs excellences , exaltant la joie des jacquets,
ils fe prennent fubitement à braire de concert.
Ce moelleux allegro fini ,capucino Chabouc , per
ché fur la tribune , fe rue unguibus & rostro ,
fur les prêtres non jureurs JeBlois, qui par un
prefiige inconcevable , renouvel lant le miracle de
Moïfe en Egipte , ont frappé d'aveuglement les
jacquets de cette ville aupoint , qu'ils les ont en
gagés à cfaaflef de leur caverne l'abbé Tollin , et
tous fes partifans , pour avoir avorté d'un ouvrage
archi-jacoquinique , dédié au club dévaftatour, dont
il a agréé le cligne hommage, & mêrrt fait un
mémento honorable , fans l'avoir lu à la vérité.
Partant, pourfuit le c!-devant marmiton Chabouc,
écrivons à nos frères de Biois ; faifons leur l'ex
traction de la cataracte , & engageons-les à rap-
çelîer ce pauvre diable de Tollin et tous fes aco
lytes. — .&>it faij au gré de votre envie , répond
la jacoquinajjle , & la lettre eft écrite. — Advient
vn frater ihculutté , qui fort de fa fouquenille
tine lettre écrite à Paris , & datée de Lille. On
lui annonce qile les afiîgr.ats ne perdent plus que
dix pour cent , qae les émigrés rentrent à force ,
& qu'il y a quelque pvége de caché dans tout
cela. Il faut , ajoute le jacoquin , aller en avant ,
& ne pas trop fe fier aux ministres. Il faut qua
le jacquet , miniftre des affaires étrangères pro
fite du trouble &. de la peur qui fè font eppa
( 4°9 )
rés des ennemis , pour faire rompre le traité de
1756, & fouLever le Brabant &. les Pays-bas.
Bel'oin n'est de dire , combien ce projet jaco-
bite elt applaudi. En effet , reprend , frère Le
Gendre, ne nous endormons pas , quoiqu'on ait
fait des jacobins minières. .N'avons- nous pas
vu celui que le peuple fut chercher dans un
galetas , pour le barioler de l'éeharpe tricolor ,
& qui fut guindé, de- là fur lej trône de la
justice. A poine y fut-il à califourchon, que
l'ingrat ofa fouler aux pieds les droits imprej-
criptibles du peuple. La cour a beau choifir des
ministres parmi les jacobins; je foutiens , mordi
cus , qu'en entrant dans le miniftère , ils ceiîent
d'être jacobins. — ça n'elt pas vrai, répond en
beuglant la bande indignée; ça ji'eft pas vrai. —•
Ah! pardon mes vénérables frèreG , fi j'ai dit une
bêtife. Attendez : j'ai voulu dire , que tant que
les ministres feront choisis par le pouvoir exé
cutif, ils cesseront d'êtrejacobins. Mais le pauvre
hère , tombant de Caribde en Sylla , eft accablé
d'huées ... à bas ! à bas lui crie-t'on des qua
tre coins^de l'antre ; & il est forcé de dégringoler
la tribune. Je ne fuis pas reprend , le révérend
Real, de l'avis du camarade Le Cendre, qui a
peut être , un peu trop d'acrimonie dans l'âme ,
& qui n'en n'eft pas moins la meilleure petite
pâte de jacquet de toute la horde. Mais pourquoi
lehoufpilldrauffi rudement , parce qu'il dit qu'on
ne peut en même temps être jacobin & minilbe,
quoâ signifeat , qu'on ne peut être m même temps
miniftre &■ honnête homme ? Je fais bien que
cela eft très difficile, & prefqu'impoffible. Ce
pendant il doit être permis à tous &. un chacun de
dégoifer ici fes opinions al libitum , pour &. con^
tre les miniftres. Vous allez voir comme quoi
je vais prouver à frère Legendre qu'il est dans
l'erreur. — Moi dans l'erreur! s'écrie le frater
C 410 )
courroucé, moi dans l'erreur ! Rien re pourra m'en .
convaincre, ( un jacquet n'eft-il pas infaillible ;)
J'ai donc dit , je dis & je dirai , qu'il est impos
sible d'être jacobin, étant choisi par le pouvoir
exécutif. A ces mots , l'enfer est déchaîné ; d'hor
ribles beuglemens ébranlent les voûtes du repaire ,
& font pirouetter le préiident fur fon fiège. Le
calme enfin rétabli , voici venir une députatiûn,
des volontaires des frontières. Ces modernes Céfars,
jurent à l'ordinaire, de mettre en hochepot les en
nemis de targinette , ou de fe faire éventrer. —
Bravo , leur/ répond le président, partez, volez
à la victoire , & tandis que vous vous battrez pour
nous, nous exhalterons paifiblementici votre affom-
jnante bravoure. Advient le lieur Ousselet, fergent
du régiment fuiffe de Castella , qui grandement
couroucé contre fes officiers , les dénonce à la
jaquinaille , & implore fa protection pour être
admis dans un autre corps. Mais e'elt affreux, ob-
ferve l'honiete homme Carra , on n'a jamais vu
des officiers aussi lourdement aristocrates que ces
officiers fuisses. Mes frères , cherchons un moyen
de nous en défaire , en gardant l&s foldats. Il faut,
reprend un autre , examiner nos traités avec les
Suisses & les changer, La Suisse ne peutfe paf-
fer de la France , & en nous tenant ferme fur
nos ergots , elle paffsra par où nous voudrons.
L'infigne balourdife de ce pauvre ù'efprit termine
ce iabbat. Celui du 23 , s'ouvre par une réclama-
lion des jacquets de V erj"ailles , en faveur de 25
grenadiers du ci-devant régiment de Foix , qui
pour prix de leurs faits &. geftos civiques , ont été
renvoyés avec des cartouches infamantes. Leclerc ,
non de brigandau , ou de fangsue , mais Leclerc de
Do je plaide la caui'e de ces foldats, & déchiffre dans
leurs cartouches , un plan complet de contre-ré->
volution , formé par le commandant Dumas , dont
il difféque jufqu'au moindre fibre. Le président
( 4»')
ébaubi .des talens du maître-clerc , lui répond :
ami, vous parlez fièrement, même énergiquement,
&. pour tout dire en fournie , comme un vrai pa
triote. Allez en paix , vous & vos loldats , &
comptez fur notre protection. — Savez-vous bien ,
dit frère la Source , que nous voilà dans les beaux:
jours de Rome & de la Grèce ! Démosthène 8c
Cicéron n'étoient que des barbets , comparés àl'o*
rateur que nous venons d'entendre. Je luis engoué
de fon bou liant patriotisme. Expédions-lui un
brevet d'immortalité , en infufant fon nom dan»
le procès verbal. Verè dignum & jusium est , s'é™
crie toute la jaquinaille , & voilà mon petit clerc
inicrit fur la légende des grands hommes,... du
jour. Un petit jacquet de neuf ans, con.iuit par
fon papa , récite un éloge pompeux de la jaco-
quinaille, enrichi d'une épil'ode patriotique , con-
tre le defpotifme &. l'ariitocratie. La leçon du
bambin, pafTableinent recitée , le préiident le fla
gorne , &. lui donne du nanan. -- Frère le Clerc
d'Oie , de nouveau éleclrile, s'écrie, « apprenez,
mes chers amis , que les émigrés redoublent leurs
infolentes menaces, & font prêts à fondre fur nous
des quatre points cardinaux du globe. Garde à
vous , mes frères ! Les voilà ces monftres enfan-
glantés ; mais nous ne les craignons pas , le Dieu
de targlnnette combat pour nous », Arme-toi , fu
tur Léopold , & toi , Dom-Quichotte du Nord ,
& vous calotins , vous tous brigands mitres , cros--
ses , venez , frappez û vous i'osçz , fur le facré
bonnet rouge de la liberté. ; mais tremblez qu'il
ne vous écrafe». Après cette éloquente apoftro-
phe , le bravache dénonce les jacquets de Rennes ,
qui fur fa* bonne mine lui orjt refufé l'entrée du
fabbat , 8c demande juftice de cette injure. Le Sab
bat finit par les doléances de quelques arrières
jacquets, fur les folles dépenses projettées par les
patriotes , pour l'entrée triomphante des honora»
( 4".-)
blés ex galérien* de Château-vieux dans la Capi
tale.
MÉLANGES.
L'infâme Carr . , a dit dans fes annales , Le'opold
a avalé un Jacobin , il n'a jamais pu le digérer.
Tous les Rois font travaillés plus ou moins d'une
pareille indigestion — Ils sont doac tous «m-
poifonnés, la chofe eft fans réplique."

Fragment d'une Ode aux Rois,


Réponds-moi donc horde infernale,
Qui le fer & ia torche en main,
Par ta doctrine cannibale ,
Crois, réform;r le genre humain.*
Eft-ce en prêchant le régkiie ,
L'impiété, le Déicide,
Que tu pretends régénérer
te Peuple que ta barbarie
Déchaîne contre sa Patrie,
Et qui voudroit la dévorer!

Que puis je attendre d'un régime


Où tout fait frissonner d'horreur,
Où l'on ne compte plus pour crime*
Tous les excès de la fureur ,
Où l'incendie & le pillage,
Où le viol Se le carnage ,
Par des fêtes font consacrés !
Où le frère égorgeant le frère.
Où le fils poignardant fon père •' .
Comme desDitux sont révérés
Rois, arméj-vous de votre foudre,
Pour venger la terre & les Cieu'xj
Frappez & réduisez en poudre
Tous ces Titans audacieux,
le salut de votre couronne ' ,
VwJs le commande, vous l'ordonné.
( 4** )
Songez"qu'en défendant vos droits,
Du Ciel vous défendez l'ouvrage ,
ht vous n'obtenez nure hommage
Qu'en faisant respectej tes loix.
LEGISLATION,
Seconde Race de nos Rois.
Séances des szau foir , 23 , 24 , 25 & 26 Mars.
Nos implacables Monarques ont mis le fceau
à l'inique Décret contre les Emigrés , en décré
tant dans la Séance du 22 au loir , qu'ils, paye-
roient les frais des arméniens qu'ont provoqué
les fottifes cumulées de leurs Majeftés législa
tives. Deux Députes de Vendôme ont rendu
compte d'une insurrection qui vient d'avoir lieu
dans cette Ville. Sire Debrie annonce , au com
mencement de la Séance du lendemain , que les
Factieux qui ont maffacré le Maire d' Etampes ,
menacent de fe livrer a de nouveaux excès , que
la Garnifon eft inluffifante pour contenir les
Brigands , & qu'il faut un nouveau renfort. Cetie
demande eft renvoyée au pouvoir exécutif , dont
nos ramafles ont anéanti et envahi l'autorité
tutélaire. Le Roi Ramel propofe d'efeamoter les
dons & traitemens de tous ceux qui ne pourront
pas conftater une réfidence habituelle en France ,
depuis L'époque de leur dernier paiement. Ce projet
bien digne des Citoyens de la foret de Bondy , eft
accueilli ; on en ordonne l'impreffion , & il sera
probablement adopté. Le relie delà féance eft rem
pli par une longue difeufiion fur les Colonies ; &.
tandis que nos barbares Législateurs s'amufent à
dilTerter fur le gouvernement qui leur eft propre,
les Colon:2s ne font peut-être plus qu'un mon
ceau de cendres. Le Miniftre au Bonnet rouge
communique, dans la Séance du foir, la copie
( 4M )
d'une lettre écrite à Louis XVI par le Canton
de Berne ,. qui, juftement indigné des outrages
faits par des Brigands au brave régiment d'Ernest)
lui ordonne de fortir du Royaume. Cette lettre*
terminée par des proteflations de r«fpect pour
notre infortuné Monarque , & dans laquelle il n'eft
point dit un mot de la Nation & de fes Roitelets
ài8liv. pique iufqu'au vif Mons Bajire , & il
a l'impudente audace de propofer , de renvoyer
la lettre à fon adreffe. On décrète enfuite, qua
les Emigrés qui rentreront dans le mois , paieront
les frais de régie de leurs biens, leurs contributions
arriérées , & celles de l'année , qui feront doublées
par forme d'indemnité. Ils feront tenus de dépofer
aufli une année de leur revenu pour gage de leur
réfîdence. Les émigrés qui ne rentreront pas dans
le mois payeront tous les préparatifs de la guerre.
Quel horrible décret ! Tandis que l'état eft me-1
nacé aii dehors, le peuple qui meurt partout de
faim , fe foulève au dedans. Trois mille séditieux
ont promis de mettre en pièces les boulangers de
Corbeil, ri le bled n'eft taxé à 24 liv. Au lieu
du pain qu'il faudroit leur donner , les Rois du
manège leur énvoyent des canons & des boulets,
On a repris le 24 , la difcussion furies colonies
Sire Vaublanc démontre la faujtfeté des incul
pations des Guadet & des Brissùts , contre l'as
semblée coloniale ; mais il confent qu'on rende
aux gens de couleur &. aux nègres libres leurs
droits politiques , & cette conceffion eft décré
tée. On lit une note du roi conçue en ces termes.
« Profondément pénétré des malheurs qui affli
gent la France , j'ai fait tout ce qu'il étoiten mon
pouvoir pour l'exécution des lois & l'établiffement
de la conftitution , que je dois maintenir^ J'avois
choisi pour mes premiers agens des hommes que
l'opinion publique & l'honnêteté de leurs prin
cipes me rendoient recommandablçs. Je viens ds
i

< 415 )
ehoifir des hommes accrédités par leurs opinion*
populaires. On m'a tant de fois répété què c'étoic
le feul moyen de rétablir l'ordre dans notre pays,
que j'ai cru devoir en agir ainlî , afin qu'il ne reste
plus aux malveillans de prétexte pour calomnier
mes intentions ». Que vous connoiffez mal Je- fac
tieux , Monarque vertueux & trop infortuné; la
calomnie eit un des moindres befoins de ces ames
perverfes , & les jacobins que vous venez de met
tre dans le miniflère , ne vous en garantiront pas.
Ces jacobins font MM. Roland de la PlairUre*
& Claviere , fameux proteftant Genevois. La féance
du foir n'offre rien de remarquable. 37 grenadiers
du régiment de Forej , renvoyés de la Martinique
avec des cartouches jaunes , font admis le 25 aux
honneurs de la féance, & le comité eil chargé
d'examiner la récompenfe due à leur indifcipline ,
peut-être même à leur improbité ; car une car
touche jaune , annonce l'une & l'autre.
M. Duviviers , évêque jureur, dédie aux Bois
du manège , fou mandement contre les prêtres non
aflermentés. A l'hommage de cet apoftat , fuccède
la demande d'une femme qui ayant négligé de sa
marier , a des bâtards , qu'elle voudroit faire lé
gitimer. Cette pétition eil applaudie , &lafemmc
admile à la féance. Une lettre de quelques jac
quets de Clermont-Fenand , contre l'incivilme de
la municipalité & de la garde nationale de Menât,
réveille le 26, nos monarques qui fembloient e:.-
dormis fur cette affaire. Des prétendus députés de
la Lojère font venus appuyer les craintes que les
factieux s'efforcent d'intpifer contre les eitimabies
habitans de cette ville , diftingués par le plus pur
royalifme , &: qu'ils veulent défarmer, ainft que
Ceux d'Aries , afin dç ne plus trouver d'obfiractcs
à l'établiffement de leur chère république. —• Sire
Bigot a proposé d'examiner fi le manège a pré
tendu abfoudre les infâmes brigands à Avignon ,
( 4i6 )
non feulement des crimes facrés Je la révolution ,
mais même de ceux qui lui l'ont étrangers ; mai»
pour le coup , nos ramaffés , qui s'arrogent tous
les pouvoirs , ont laiffé aux tribunaux , le droit
de décider. MM. de Grave , Dumourier . Lacoste ,
Roland, de la Platrière Se Clavière, miniltres
jacobins , font venus protefter de leur foumission
à l'affemblée. Ce qu'ils ont dit, ne vaut certaine
ment f as la peine d'être rapporté. On s'est occupé
le foir du règlement intérieur de l'hôtel des in
valides. —■ Une nouvelle facheufe a ouvert la
féance du 27. M. Amelot prévient l'aréopage, qu'il
ne refte plus que 23 millions dans la cailfe de
l'extraordinaire, pour les dépenfes journalières,
qui fourniront tont au plus à celles de 9 à 10 jours. 1
Nous marchons à pas de géant vers le complé
ment de la banqueroute. La municipalité d'Avi
gnon , fe plaint de l'amniftie accordée aux fcé-
lérats qui ont enfanglanté leur ville. Déjà , dan»
la crainte de tomber fous la main de ces tygres ,
dix mille familles fe préparent à émigrer; les tor
ches de la guerre civiie , prefque éteintes vont se
rallumer , fi le glaive de la juftice ne venge 60
familles , dont les pères, les mères , les époules
& les enfans ont été inhumainement massacrés par
les monftres qu'on lâche dans la fociéte. — Le ta
bleau de ces malheurs certains , n'a point émule
barbare fénat , & il elt tranquillement pafie à l'or
dre du jour. — Le roi Ramond a fait un long rap
port fur Ja fituation de la France , à l'égard de l'Es
pagne, nous en épargnerons à nos lecleurs le
mauifade détail.

De CImpr merie de Jacques Girovard , rue du


Bout-du-Monde . N°. 47.
Seconde Année. N°. i:

L A ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS ANTI - JACOBINUS4

« Une Fol , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 1er Avril 1792.


t ■ 1 ' =a

SECONDE PARTIE DU CATHÉCHISME


DES ROYALISTES,
Chapitre V I.
De l'Ordre du Tiers- Etat.

Dem. — \^UELS font les droits des Citoyens


du Tiers-Etat !
REP. — Ces droits fe réduifent à jouir de Iâ
Liberté , de la propriété & da la
SÛRETÉ.
DEM. — En quoi confifte la Liberté /
Rep. ■— A pouvoir faire tout ce qui ne nuitpa*
, 1 à autrui. . .
J'orne IV annéi 170a, A
.! (O
Dem. — Elle n'autorife donc pai à Itroubler
l'ordre public , à infulter les foibles ,
à les attaquer dans leur fortune & leur
honneur /
Rep. — La liberté ne permet rien que de jufte.
Tout ce qui eft contraire à la juftice ,
ne tend qu'à fomenter les haines , les
divifions & la guerre civile , au lieu
que la vraie liberté elt le principe de
l'union , de la paix & de la concorde.
Dem. — Un Etat n'eft donc pas libre lorfqu'on
y autorife le brigandage , lorfqu'on y
livre au pillage & à la profanation ,
les temples confacrés à la Divinité ;
lorfqu'on y applaudit les incendies &
& les manières de ceux dont on veut
ravir .la dépouille ; lorfque l'innocence
eftprécip tée dans les cachots ,& que le
crime elt porté en triomphe ; lorfque
les FAVRAS meurent fur T'échafFaud,
& que les Jourdain, les Duprat , le*
TourSAL, les Minvielle,. obtien
nent des couronnes civiques pour pris
de leurs affaffinats patriotiques , & des
cadavres qu'ils ont entaffés dans des
glacières /
Rep. — L'Etat dont vous parlez, bien loin dç
goûter les douceurs de la liberté , eft
dans les plus horribles convulsions de
la tyrannie; la gangrène des vices en
ronge tous les membres. La di(Tolution
a commencé , du moment , où la mul-
r titude , guidée par des fcélérats , s'eft
foule^ée contre l'autorité de fon prin
ce. Ce premier crime en a engendré
f une infinité d'autres , qui préparent ,
j aux monftres qui t'en font fouillés ,
(î)
des chaînes ptfantes & de* fuppliceî
honteux. •
t)EM. — En quoi confifte la propriété /
R E P. — Ce droit confifte à jouir paifiblement ,'
& fous la protection de la loi , dés
biens que nous pofledons légitimement;
Dem. — On a donc violé le droit de propriété j
lorfqu'on a envahi le patrimoine dé
l'Eglife !
R E P. — Sans doute. Tout honnête homme né
peut voir en cela que le larcin lé plus
infâme. On doit en dire autant du fé-
queftre des biens des infortunés , que
la plus horrible perfécutiort a forcés
de s'expatrier.
DeM. — Le Gouvernement n'a-t-il aucun droit
fur les biens des propriétaires i
R(e P. — Ce droit eft trop légitime pour être
méconnu. Comme la confervation des
■ propriétés & de l'ordre focial à tient
à celle des chefs & des ferviteurs dé
l'Etat, il est évident que tous les Ci
toyens doivent concourir à leur entre
tien , en raifon de leurs facultés , 8c
des avantages plus ou moins confidé-
rables que l'Etat leur aflure.
Dem. — La contribution des Citoyens peut-elle
être arbitraire l
Rèp. — Non, cetté contribution eft déterminée
par la loi , & toutes les fois que les
circonftances néceffitent de nouveaux
impôts , le Roi n'en peut déterminer
la quotité , que du confentement des
trois Ordres réunis en Etats-Généraux.
t)EM. — En quoi consifte la fureté »
Rep.—- A être protégé par la force publique,
tant contre les ennemis du dehors , que»
contre ceux de l'intérieur*
( .4 )
f).EM._— Mais pourquoi le Tùxsy&fat ou le
Peuple , car c'eft la même chofe , ne
" prendroit-il pas lui-même foin, de fa
défenfe / » , ._
R E IV — Parceque , n'étant point initié dans Ja
tactique du Gouvernement , les mou-
vemens du Peuple ne pourraient fç cor-
'■s ordonner avec? le principe moteur de
l'Etat , &. n'apporteraient que défordre
& confufion.
Dem. — Ainfi. donc , le fanctuairç de la gloire
.. elt fermé à tout Citoyen, né dans la
:• claiTe inférieure , quelque mérite qu'il
puiffe avoir d'ailleurs S
Rep. — Non certainement , car s'il arrive ,
qu'après avoir abandonné les profeJîP.iis
vulguaires,pour s'élancer dans la carrière
• des héros , il y développe les .Vertus
guerrières ou politiques , que l'éduca
tion fait germer dans l'ame d'un Gen
tilhomme , alors la Nation lui doit
des honneurs & des récompenfes. Et
le Roi, en pareil cas, reconnoît un
r~ -■• mérite ft. eftimahle , en mettant un tel
■ Citoyen, à la place qui lui convient,
.'c'eft-à-dire ..,"''e,v l'incorporant dans
t" -.«..• l'Ordre, de la Nbfeleffe, .. }. i.

■ NOUVELLES POLITIQUES.
H n'eft-pas éloigiiét Ï& temps, où l'on verra
les Factieux rentçer dfns. la gquiûèfe. Gustave
s'avance , fuivi d'u.çe JégionLdç bèrX)sr_On l'attend
à Càbknxi, où il, dc^t a/river v^rsijçjij d'Avril.
Tout ce que nous ayogs^éjà, de ce,gfand Prince,
des témoignages. 4'anvour qu'il a reçus de &s
' PeuplfisVeft 4«RB'.U< fi«il exa/j^e. yÇajtf ; fesfiaère»
Sujets convaiae.us q.ulu&R^oi magnanime & fage
( 5 )
ne peut exiger rien que de juite , fe font emprelTéi
d'aller au devant de Tes vœux, comme on en
jugera par le difcours qu'il a prononcé à la
clôture de fes Etats. Nous allons le tranfcrire
ce difcours, afin que le fupplice des Jacoquins
commence , en voyant qu'il exifte encore des
Nations fidèles & généreufes. Le voici :
« Bien-nés , Nobles & hommes Suédois , à
l'ouverture des préfents Etats, terminés aujour
d'hui fi heureufement , je vous dis que je ne
craignois point de vous convoquer dans un
temps où des idées fanatiques ébranloient prefque
tous; les Etats ; je vous dis , que je me confiois à
Votre affeclion & à la générofité de la Na
tion pour prendre en paix , & avec unanimité ,
les délibérations qui ont nécefiîté notre rauem-
blement. Mon elpoir n'a point été trompé ; &,
après avoir montré dans les combats , que vous
êtes encore ce même Peuple, dont le courage a
fait trembler ou a confolidé les Trônes ; dans le
fein de la paix , vous venez de donner à vos
contemporains un exemple plus noble encore ,
celui de la force, de la prudence & de l'union
avec lefquelles un Peuple puilfant & fage fait
peler & affermir les objets fur lefquels le Chef
de l'Empire demande l'on avis. Cet exemple
eft d'autant plus grand , que vous êtes les feuls
qui lé donniez; par là vous juftifiez ma confianca
en vtius, & notre union confolidé notre bonheur
commun , & la tranquillité du Royaume, vous
âugmântez la confidération extérieure que votre
(C©&Tage-voas a obtenue.; ■■> i: > .
» Comme premier Citoyen , comme celui
iwrçad le bien d« i'£t« & lè vôtre eft étroite-
niïfil unï"j je vous dois, au nom de la Patrie ,
ttes rernerciemèns dignes de vous & de moi ;
mais l'attachement que vous m'avez témoigné
durant ia tenue des "éï«| ,■ c«lui que vous avez.
(6)
témoigné i mon fils , m'ont pénétré d'une vive
iteconnoiflance. Vous avez affermi dans fon ame,
jeune encore, l'amour, la confiance envers un
Peuple qui lui donne tant de marques de dé-?
vouement ; vous l'avez vu fuivre toutes vos
délibérations. Je lui fais de bonne heure con-.
noître le grand emploi auquel la Providence,
l'a deftiné ; je veux l'accoutumer aux occupations
importantes qui lui feront un jour confiées , je
lui apprends , dès l'enfance , à eftimer ce peuple
qu'il doit gouverner je lui apprend fur-tout '
à aimer fes loix , à refpecler fa liberté. Vous
avez lu dans le cœur, de fon pèrç , vous avez
prévu & comblé mes defirs , en hâtant l'époque
OÙ je puis efpérer voir ma famille s'augmenter.
» Vous allez retourner dans vos foyers, voua
allez au milieu de la paix & du repos reprendre
vot dîrerfes fonctions ; vous porterez à vos frères ,
vous leur ferez partager la fatisfaclion que vous
éprouvez , d'avoir , par votre zèle , par votre
intégrité, contribué au bonheur & à la tranquillité
du Royaume ; Quant à moi , veiller fans cefle
pour le bien de la patrie , favorifer les progrès de
l'agriculture , travailler à l'accroiffement du
Commerce , faire refpectér les loix , conferver
à chacun l'exercice de fes droits , maintenir le
refpect pour la Religion, mettre nos armées &
nos flottes dans une lituation imposante , & qui
nous mérite de plus en plus les confidérations
du dehors , voilà quels font mes devoirs , je m'y.
confacrerai toujours avec ce dévouement dont
yotre attachement à ma perfonné me fait une
loi bien douce. .
» Mes travaux sont sans nombre, mais quand
on les entreprend pour le bien d'un peuple chéri ,
Us en deviennent plus légers. Jt ferai tojours
tout ce qui dépendra de moi pour vous prouveç
5?,% ççco^ncassance, çt, pour entrçtçniç (fan tous
( 7 )
vos cœurs les sentimens qui vous animent en noift
séparant. .•■*:...
«C'est dans les mêmes sentimens que je clos
la présente session , et c'est ainsi que je vous re«
cevrai devant mon Trône , quand nos intérêts com
muns nécessiteront votre convocation.
» Je vous souhaite la protection du Très-Haut
pour votre retour dans vos foyers, et je demeura
de vous tous et de chacun en particulier r avec
toute la bonté et affection Royale , le dévoué , &c
NOUVELLES INTERIEURES,
Toutes le» fois qu'on vous dira les jacoquins
ont excité un foulèvement dans telle ville , croyez
fermement que les mêmes défordres , les mêmes
crimes , fe font commis à pareil jour dans bien
d'autres endroits , parce qu'il ne fe fait pas un pil»
lage , pas un meurtre dans le royaume qui n'ait
été conçu & ordonné dans la caverne centrale
de ces brigands , & ex'écuté à la lettre au moyen
des clubs qui leur font affiliés. Voilà pourquoi
dans le même temps où l'on désarmoit le brave
régiment d' Ernest , on a déchaîné contre la garde
nationale de Mende les foldats de Lyonnoh , fi
bien connus par leur infubordination. Et pour
quelle raifon ? Parce que le département de la
Lozère eft tranquille & qu'on n'y aime pas les
jacobinsi Mais cette fois-ci la vicloire s'est dé
clarée pour le bon parti ; la troupe affamne a été
repouffée pir les courageux citoyens de Mende.
On a les preuves d'un complot fait par les club*
de Flora c , MarveJ,ols , Ujès , Saint-Hipolîte ,
Nîmes [Sl Montpellier , dans lequel les Victimes
étoient défignées , ainfi que les maifons qu'on de-
vpit piller &. incendier..
A Tarafcon , une troupe de coquins ont ligni
fié, à tous les eccléfiaftiques non-aflermemés l'or
(8 )
tfre de fortir de la ville en 24 heures fous peine
d'être maflacrés.
Au moment où nous écrivons , nous apprenons
Tpie la ville d'Arles menaeée d'un carnage gé~
Tiéral par les calviniftes de Nimes 8c de Marfeille ,
vient d'ouvrir fes portes aux troupes de ligne. Nous
reviendrons fur cet événement lorfque les détails
qu'on nous promet nous ferons parvenus.
On écrit de Commercy , que toutes les cures
du département des Vofges font vacantes ; que les
intrus , tourmentés par les remords , ont donné
leur démiffion , & qu'on ne compte plus que huit
prêtres jureurs, Les rétractations fe preflent & fe
juccéden't d'un bout du royaume à l'autre. Voici
un précis de celle que M. J. F. Vial , prêtre
du dicçèfe de Marfeille, a adreffée à M, de Jui-
gné , archevêque de Paris.
Monfeigneur ,
« Attaqué d'une maladie dangeroufe , & peut*
être au moment de paroître devant Dieu. Je ne
puis plus me diffimuler, ni le malheur d'avoir
prêté le ferment , ni lès illufions qui m'ont env»
péché jufqu'ici de le rétracler. Je vous fupplie ,
.jnûnfeigneur , de recevoir dans votre fein pater-»
hel, & de rendre publique, de la manière que
vous jugerez le plus propre à réparer le fcandale
que j'ai caufé, la rétractation que je fais de ce
fatal ferment, & mon invariable réfolution de
vivre & mourir dans votre communion, comme
dans celle de l'églife catholique, apoftolique 8$
romaine , &c,
Signé , Vial , prêtre,
faris , U tq Mars 1792
. Un capuçin , curé intrus de Colmar, en e^i
voyant fa démifTion à la municipalité, s'exprime
*jin li ; «J'ai péché; jereconnois &. confefTenroH
parjure ; & mon indigne défeclion. Je rétracle mon
ferment impie, & j'en fais amende honorable à
Dieu, que j'ai offenfé ; à l'églife, à la voix de
laquelle j'ai défobéi ; au facerdoce que j'ai pro
fané ; à mon ordre que j'ai deshonoré ; à votre
légitime palteur , dont j'ai ufurpé la place , con
tre les loix de l'honneur , & par la plus facri-
lège intrmlon ; enfin, à vous MM. & à votre
commune, que j'ai induits dans le shifme. &c.

Thermomètre de Paris*
La cérémonie de réception pour les galériens
de Château-vieux , est maintenant ce qui occupe
le plus nos Badauds. On croit cependant que cette
FÊTE ÇIVIQUE n'aura pas lieu , parce que la
Garde Nationale qui connoît la tactique des Ja-
coquins, et qui craint avec juste raison le pillage
de ses propriétés , n'approuve point cette crimi
nelle Bacchanale. La conduite des Jacquets d'ail
leurs n'est pas propre à les rassurer; ils conti
nuent toujours leurs vexations envers les honnêtes
gens. Le 28 de ce mois , un officier de la Garde
du Roi. fut insulté et moulu de coups aux
Thuileries parce qu'il portoit un crêpe au bras.
Quelques jours avant , un honnête homme avoir
répondu sur la terrasse des Feuillans à ceux qui
lui demandoient pourquoi il avoit ce crêpe: je
porte ; le deuil du Maire à-Estampes lâchement
assassin é je porte le deuil de tous les crimes , et
eur-tout de leur impunité.

SABBATS JACOBITES.
Des 25 & 26 Mars.
Sous la clochette de. frère Maille.
Le foudroyant Isnard , a lu dans le sâbbat du
a 5 , une. lettre adreffée aux roitelets du .manège
( xo )
par les inculotés de Marfeiïle J dont voici le
précis. « Législateurs , que f. . . ef-vous à Paris ,
fans rien faire f Est-ce dans le moment terrible
qui menace la patrie , que vous deve\ rester dans
l'inaction ' Est-ce lorsqu'un vaisseau est sur le
point de faire naufrage , que les pilotes ■& les
matelots doivent rester couchés ? S erej-vous lâches
fiançais , indignesde notre confiance i Examine?'
vous de proche , & si vous vous trouve? incapa-*
bles de résister à un assignat ou à une p.t.n>
retirez-vous .; quitte? une place qui est au-dessus
de vos forces , & ne vous joue? pas à une nation
qui peut vous écraser dans fa colère.. . » A ces
mots, le brave Isnard , fe croyant déjà réduit à
jéro , pâlit, tremble de peur, & fous prétexte»
que le furplus de la lettre n'eft pas lifibïe , il la jette*
dans le cloaque de la correfpondance , fans en
terminer la lecture. — On annonce un ambaffadeur
extraordinaire de la nation fouveraîne du faux-
bourg Saint-Antoine. Son excellence entre en gam
badant , fait quelques lajji bachiques & dit : ca
marades & amis , grand merci delà grande ripaille
que vous nous avez fait faire aux champs éKsées(i),
mais auffi comptez que ça ira, ça ira. Pour ter
miner dignement cette patriotique gogaille , je
vous demandé, au nom de la bande joyeufe , la
permiffion de traverfer feulement votre facrée ta
verne. . . Très-volontiers ^ frère > répond le préfi»

CO Pour inoculer au peuple le virus du républica,*


r.Ume, les Jacquets avoient réuni ce même jour aux
Champs élisées, les Forts delà halle , les Vainqueurs
de laBafti'Ie, un: grande quantité de gens du Peuple»
& leur avoient donné un banquet civique , dont MM.
Yètion, Ba^ire , plusieurs autres Députés & Municipes.
avoient fait lçs honneurs « avec, un zèle vraiment
fraternel —• . - . .. . .
( » )
dent, n'êtes- vous céans les maîtres, entrez quand
vous voudrez.
En v«rtu du Décret , voici venir au grand galop
la troupe stipendiée. Une musique bruyante et
discordante précède sa marche. A l'aspect de leurs
frères , les pères du Sabbat , ivres de joie , met
tent leurs bonnets bas , fautillent fur leurs \xk-*
taux , et croaiïent de concert. Le général San-
terre , à la tête dès festinis étant arrivé devant le
trône des Jacquets, fait.en zig-zag son Salamalec
et dit: Révérendissimes frères et amis, les vain-.
3ueurs de la Bastille que voici , réunis aux forts
_ e la Halle que voilà , le ventre plein de vos
bienfaits, viennent vous en remercier. Il n'a
manqué à leur plaisir, que de pouvoir trinquer
avec vous tous, comme ils l'ont fait avec frères
Pe'tion et Bajire. Pardon, du reste si nous inter^
rompons vos sublimes travaux ; adieu , continuez
en paix votre Sabbat. A l'instant leur Musique
joue l'air où veut-on être mieux qu'au sein de
safamille , et la troupe défile au bruit des effroya
ble Bravo de tous les Sabbatistes qui redoublent ,
en voyant parmi les forts de la Halle , le brave
St. Huruge coiffé d'un chapeau blanc , lé pieux
pontife Fauçhet , et le bénin procureur de la Com
mune. On juge bien que le détail de cette mas
carade burlefque tft confignée dans les faites,
des extravagances Jacobites,
Mais , tandis que les Jacquets cherchent à
diftraire l'attention du Peuple , en l'amufant par
des parades patriotiques , ils pourfuivent fan$
relâche leurs atroces projets, A peine les Forts
de la Halle font ils fortis , que l'audacieux
ï S NA R D monte à la tribune & commence uq
interminable difcours , où perce à chaque mot „
la haine de la monarchie , celle de fon chef fu-<
prème, & le vœu prononcé des Jacquets pour
4'étabUfferaeflt de leur chère république, Aprèi
alroir calomnié un Monarque digne de tout fou
refpect , le farouche Brutus propofe de notifier
à Sa Majefté l'ultimatum de la volonté du Peuple ,
& de lui dire , qu'il faut enfin qu'il prenne un
parti définitif -, alors , pourfuit le Jacquet, le
Roi ré connaissant ses vrais intérêts , fe réunira
sincèrement avec nous, & dans ce cas , toutes les
intrigues feront déjouées , ou bien le cœur &
ht conduite du Roi ne changeront pas , ce qu'on
ne tardera pas à reconnoltre. Alors Vopinion se
formera déplus en plus, le bandeau tombera des
ieux de la nation. Alors un orateur paroit à cette
tribune , dénonce les attentats de la cour , éclaire
te peuplefur la foUveraineté defes droits;; interrogé
Ry usszAV quevoilà, Mirabeau que vous règàr-
iés 6- ils vùus répondront CÈ QU'IL FAUT FAIRE ;
frtdis j'espère que la mefure pacifique que je pro^
■pofe , pourra nous difpenfer DES ÀtSTRES. . .
Vous rentendez, fidèles amis de mon Roi , ce
hardi blafphémateur , & les infolentes menace*
vous font frémir d'horreur ! Ah ! réunifions-nous
fous auprès de ce monarque infortuné; que nos corps
fui fervent dt rempart. Et toi, Dieu puiflaht couvre
le de ton égide ; confonds le confeil d'Àrchiioptl.
Le général Robefpiene , ouvre le fabbât 'du 26»
par la lecture d'un projet d'adretfe circulaire , à
toute la jacquinatlle du royaume. Ce Doge in
feri , de la république projéttée, yreffaïfè jùiqu'aii
âégoût le chimérique plan de cbrifpiratiori formé
contre notre admirable liberté, parla cour , les
ihiniltres & les prêtres. lia mort de! kéo-p-old > lui
paraît une grâce delà providence, pour donner
à lâ jacoqdinâ'tlle le temps dè rëfpirer -, %l le*
iVoyens- d'écarter à jamais h> fléaux qui la nife-
tiàÇàïzrii. îsp rëvéfemi ; dans l'excès de ion déliré^
croit maintenant tes jàcquéts maîtres -de leur' def*
rtWêë '$L de ..'celte <ié l'Ûttivers ëntiê*. il néfâut»
feîort Lui , :^our là reuffite deUé^-s-«fSê«'fPojeti t.
que ne point s'endormir , quefaifir l'occafion uni
( v )
f^ufi d'établir. • leur domi nation : que mettre dant
1 itopuiiîânce de les infulter , ceux qui feraient
tentes de le faire. Ou craignons , ajoute-t-il , de
lajfer la bonté céleste , qui jufquici s'est obstinée
à nousfauver malgré nous , &c , &c. L'impreflion
& l'envoi du difcours font demandés , mais frère
Guadct s'y oppofe. L'un de fes motifs eft , que le
Doge a parlé de la providence dans fon adreffe.
Ce mot paraît vuide de fens au grand Guader,
& il eft indigné, qu'après tous les efforts de Ro
be/pierre pendant trois ans, pour affranchir le peu
ple de l'efclavage du defpotifme , il veuille le
remettre fous celui de la fuperftition. Dixit iiw
jpius in corde fuo non est Deus.— Cependant les
Robefpierrites foutiennent le chef-d'œuvre de leur
chef; ils font hués par la majorité , l'on eft prêt
à fe battre, quand le VI C E- préfident Gobet ,
évêque intrus de Paris , qui occupe le fauteuil ,
fe couvre Se rappelle le calme. Robe/pierre , veut
fe jnftifier ; il eft interrompu à pluiieurs repri-
fes. Le défordre eft au comble. L'évêque Gobet
fe couvre de nouveau, maisenvain; il eft inful-
té , & crainte de pis , fa grandeur fe hâte de le
ver le fabbat , & bene fecii. .'■
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances des 28 , 29 (f 30 Mars.
Quelques articles relatifs au complément de
l'organil'ation de la Gendarmerie Nationale , ont 1
été décrétés dans la féance du 27 au foie, on
y a lu une pétition de la Municipalité de t on-
tainnebleau , qui , forcée ces jours derniers par
le Peuple , de taxer le pain à 2 fols, a pro
mis une indemnité de trois mille livres aux Bou
langers , qu'elle ne peut payer , la Municipalité
n'ayant aucun revenu. Cette demande a été re-
je.ttée , au hazard de provoquer une féconde
( Î4>
émeute, ou d'expofer les Municipaux â pàyei?
de leurs propres fonds. On apprend à la féance
du a8 , que les troubles continuent dans les dé*
partemens du Cantal. La Nation fouveraine de
ces cantons pille les maifons & brûle les châteaux.
Sire Tardiveau annonce que le Comité des
douze eft prêt à faire fon rapport, fur ces amufe--
ments patriotiques. Mais pourquoi troubler le
peuple dans le plus faim des devoirs ! L'aréopage
paffe à l'ordre du jour. Le Roi Crète' ou Cretih
a propofé un projet de décret fur les cailles
patriotiques. Il a attaqué avec force l'agiotage
que le charlatan Necker a pour ainfi dire créé,
& l'a appellé l'art de faire hauffer le change à
fon gré pour J on utilité particulière, aux dé
pends du crédit national. On a ordonné l'im-
premon du difcours, & décrété que les caiffes
patriotiques feront vérifiées par les Municipalités,
& que toute émifîîon nouvelle de billets leur étoit
défendue. Ce n'en; pas feulement en France que
se fabriquent les fûxx aflîgnats, On apprend à
la féance du foir , que le chargé des affaires
de France à Liège , y a fait arrêter plufieufs
Fabricateurs , que les Nations dé Dunkerque &
d'Orbec fe foulèvent de nouveau , & qu'Arles &
Capentras ont reçu des garnifons patriotiques.
Après ce récit , arrivent les Députés extraor
dinaires de Mende , qui fe plaignent des infignes
* calomnies dont on a noirci les habitans de cette
ville, distingués par un vrai patriotifme & un
refpeét réel pour les lois , mais il ne font pas ja
cobins ; mais comme les citoyens d'Arles , ils ne
veulent point partager les crimes des factieux , fe
prêter aux vues des huguenots ; auffi s'empreffe-t-on
de faire un rapport fur cette affaire , entièrement
contraire à la vérité. Le légitime prélat de cette
ville, M. de Castellane , elt grièvement inculpé ,
& décrété d'accufation , ainfi que MM. Borel ,
Bardon , Chassez , de Rets , Servières, Saillant &i
(«J>
Combet , maire. La Municipalité eft fufpendue
de fes fonctions ; l'adminiftration du départe
ment , 8c le tribunal criminel, transférés à Mar-
vejols ;le procureur-fyndic du département, man
dé à la barre ; la garde national actuelle récom-
penfée ; la conduite du régiment infubordonné de
Lyonnois & celle du département approuvées. —
Nos auguftes ramaffés , additionnant à l'atroce dé
cret contre les émigrés , décrètent le so , qu'ils
ne pourront jouir de l'exercice des droirs de ci
toyens actifs , que denx ans après leur rentrée en
France. Ceux qui ne rentreront pas dans le mois ,
feront privés pendant dix ans de ce titre précieux.—
Le miniftre Dumourîer rapporte la réponfe du
fucceffeur de Léopold , à M. de Noailles , ambaf-
fadeur de France , à Vienne. Sa majefté déclare ,
qu'elle ne changera rien auxmefures que fon père
avoit prifes; qu'il eft vraiment affreux de voir
le parti des jacobins , fomenter par-tout des trou-
bles , des émeutes , gêner la liberté du Roi , pro
pager dam toute l'Europe des opinions incendiaires,
& s'oppofer à l'établijfemeiit de toute efpèce de
gouvernement. Quand aux liaifons & au concert
établi entre la cour de Vienr.e & toutes les puiC-
fances de l'Europe , le Roi de Hongrie déclare ,
qu'il les entretiendra jufqu'àcequelanationfraa-
çoife ait repouffé les infurrections d'une faâion
janguinaire , qui s'entretient d'émeutes <S- des vio
lences contre la liberté du Roi & contre la foi
des traités. On juge que, nos monarques font bien
vite paffés à l'ordre du jour. Le maire Pétion à
la tète de la municipalité , fe plaint dans la féance
du foir , des entreprifes du département , & prie
le fénat de tracer une ligne de démarcation en
tre les autorités coftituées. On décrète la forma-*
tion de neuf nouvelles compagnies à cheval. Le
furplus eft ajourné. — On décrète à la féance du
3 o , le mode dans lequel les penftons feront payééî
I l'avenir. Le Roi Jean Debry , entr'autres pro
portions aflez faugrenues , fait celle de s'empa
rer des biens de l'ordre de Malte. Cette motion
eft applaudie, & renvoyée au Comité , où elle ne
fera certainement pas enterrée. Quelques hommes
de couleur, éparpillés dans Paris, viennent ren
dre grâces au manège , du décret qui a fait de
leur patrie "une nouvelle Troie. Ils font admis à
la féance. — Sire Lafond , a fait un rapport fur
la banquerouté de la maifon de fecours , dont uni
des adminiftrateurs s'efi: enfui. M. Guillaume a
prétendu, que la caisse n'a pu fuffire à l'acquiç
de fes billets ; parce que le peuple épouvanté s'y
cil porté en foule. Il a été décrété que la caifle
cfe l'extraordinaire fournira trois millions à la
municipalité pour faire continuer le ferviçe d«
la, maifon de fecours, en attendant , &c, &.c.
A N N O N C R -
Dieu et l'honneur. Voilà les objets sacrés
du culte des vrais Français. Le crime travaillé
en vain à faire disparoître leurs loix;, ,tant qu'il
existera des hommes du caractère de M. de la
Croix , ces loix saintes seront en vénération. Telle
est la devise de l'estimable Auteur du Journal
de la Noblesse ; et en lisant son ouvrage, on est
convaincu qu'il faut l'âvoir gravé dans le cœur
en traits de flamme, pour en parler avec autant de
dignité. . . : '
Le Journal de M. de la Crotx , qui paroît de
deux jours l'un , depuis le mois de Décembre
1790, paroîtra tous les jours, à commencer dit
premier Avril prochain. — Le prix de l'abonne*
ment, franc de port pour Paris , est de 9 liv. pouç
3 mois, et de 10 liv. 10 s. pour la province. On»
peut s'abonner pour 6 , pour 9 mois et pour l'tyri
née, au bureau de l'imprimerie du Journal , ruej
de la Corderie N°. 3 et chez tous les Directeurs
des Postes du Royaume et des pays étrangers.
Seconde Année; N°. 2.

LA ROCAMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Régius A N T i - Jac o b i n u s.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 5 Avril 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.
Lettres des Emigrés Français aux Princes.

■. Nosseigneurs,
« Un enthoufiafme général , un élan univerfel ,
qui caractérife fi bien la Noblelîe Françaife , &
qui fait renaître pour elle les beaux jours de
l'ancienne chevalerie , engage les Gentils-hommes
Français à abandonner leur Patrie , leurs femmes ,
leurs enfans -, à laifler ces objets fi chers , expo
sés à la rage & aux fureurs d'un peuple égaré.
11 s'agit , pour eux , de relever les autels renverfés
par des impies , rendre à la religion de leurs
pères l'éclat & la dignité qu'elle doit avoir,
brifer les fers d'un Roi malheureux , vic-
Tonie IV, ajinée 1752. B
(i8)
time de fa bonté & de l'audace de quelques
^élirats ambitieux, les larmes de leur
pÉÏNÊ* animés par des motifs auffi glorieux,
âuffi. faints , que ha* doit-on pas attendre d'eux,
^ils ont à leur fête"' les Princes de la Malfon
de Bourbon'?'
Les maux, de la NoblefTe & de tous les
Français bien penfans font à leur comble , ils
ont tout perdu , & telle eft leur infortune ,
qu'ils donnent à l'Europe étonnée, le fpecfacle
fublime de la vertu luttant contre le malheur,
lis ont pour chefs les defcendans de Henri,
& déjà ils arborent le panache qui guida ii
fcjuvènt leurs pères dans, le chemin de la Vic
toire. Seront-ils fpectateurs oififs , quand toutes
les Puiffances fe coalisent pour arrêter le torrent
ui entraîne tout dans fa chute / Languiront-ils
ans un honteux repos , relégués loin de leurs
-frontières, & réduits à un état d'inertie plus
affligeant pour eux que la mort ?
Telles font leurs alarmes : c'eft au fein des
•Héros, dont ils ont droit de tout attendre,
qu;iis viennent dépofer leurs larmes amères*, un
mot peut en tarir la fource , un mot peut rani
mer leurs efpérances. * 7 ' '•'
François I. écrivoit après la bataille de Pavie ;
Nous avons tour perdufors . l'honneur ; la^Noblefle
dit avec ce Monarque , nous* avons tout perdu,
mais l'honneur nous refte.
C'eft ce nom facré de l'honneur , c'eft ce nom
fi cher à vos cœurs que nous invoquons en ce
jour; dites ce mot, laiiTez-nous nous rarTem-
bler auprès de vous , laifTez-nous ferrer vos
auguftes perfonnes , comme nos pères ferroient
l'immortel Henri au jour d'une bataille ; &.
quel que foit le fort qui nous attende , il n'en
fera jamais dé plus glorieux que celui de vaincre
avec vous, ou de mourir pour vous ; pour un
(»9)
vrai Français, c'eft vivre encore que de mourir
avec honneur. Tels font les fentimens avec lef*
quels nous fommes , »
JV OSSEIGNE URS ,
de Vos Altesses Royales
Les trés-humbles & très-obéinan»
ferviteurs,
Les Gentilshommes Français émigrés,,

NOUVELLES INTÉRIEURES.
Souvent nous avons entendu des malheureufe*
victimes de la tyrannie , comparant la prospé
rité des méchans , à tous les maux qui empoi-
fonnent la vie des fagès, douter file ciel pre-
noit foin de la terre , & si la vertu étoit un titré
à la protection divine. Pour ranimer l'efpéranca
des malheureux , la jultice célelte vient de
frapper cent fept affaffins de Nifmes & rie la
Gardonnenque. Ces fcélérats, les mains teintes
du fang des Catholiques , s'étoient embarqués fur
le Rhône pour aller délivrer leurs complices1
à' Avignon. Le Fleuve qui les portoit les a pré
cipités dans la nuit éternelle , un feul a échappé
au nauffrage , pour rappeler , par fa prélence ,
à la vertu opprimée , qu'il exifte îjn Dieu ré
munérateur & vengeur.
Enfin, les Calviniftes font maîtres de la ville
à'Arles, de toutes celles des Départemens du Midi ',
& les Catholiques font défarmés & dans l'eicla-
vage. C'ell maintenant que le fyftême anti-
Monarchique des Huguenots va fe développer,
par l'établiflement de leur république tant denrée,
& pour laquelle ils ont toujours fomenté l'efpri|
d'infubordination & de révolte , pour laquelle ,
depuis" François 1er. jufqu'à nos jours, ils ont
livré des Provinces entières au pillage, a«
( aô )
meurtre & à l'incendie; pour laquelle > ils ont
appris au père , à détefter fon fils ; au mari , à
abandonner fa femme ; aux frères , à fe haïr -,
à tous les Citoyens , à fe faire une guerre cruelle,
piller les Eglifes & attenter aux jours de leurs
Souverains ; pour laquelle , ils firent à Nifmes le
maflacre de la Michelade (i) le maflacre d'Or-
ihèj (2) , & le maffkcre de la première Saint-
Barthelemy (3) ; pour laquelle , ils ont développé
dans cette dernière révolution , qu'ils avoient
préparée de longue main , toute l'atrocité de
leur caractère , en égorgeant une multitude inom-
ferable de Gatholiques à Nifmes , à Ujès , à

(1) Cinq ans avant là féconde Saint-sanhelemy , lef


Protestans égorgèrent tôus les Notables Cjtlioîiques ,
l'Evéque & les Chanoines. L'hiftorien Menard nous
raconte que les Calvinistes firent alors, ce que Jourdan
a fait à la glacière à'Avignon. Un puits profond fut
comblé' de Victimes, & l'on en vit surnager l'eau
mêlée de sang.
(2) Nous avons déjà parlé du massacre qui se fit
à Orthe%\ où l'on vit des ruisseaux de sang coulejr
dans les maisons , les places & Its rues. Le fleuve du
Gave parut tout ensanglanté , & ses ondes empour
prées portèrent jusqu'aux m:rs voisines les nouvelles
de cet affreux dérastM.
(3) Le massacre A'Orthex fut suivi de celui de la
Noblesse, le 24 Août. Ce fut ce massacre qui inspira
à Charles IX l'idée de se venger des Calvinistes. Ces
nouvelles, (dit l'Historien de 'Navarre') fâchèrent extrê
mement le Roi Charles, qui Sdès -lors résolut en' son
esprit défaire une seconde Saint - Barthélémy eh
EXPIATION DE LA PREMIÈRE.
(21)
Montpellier , à Montauban, & dans toute l'é
tendue des Departemens du Midi. Parceque c'eft
de là qu'ils ont fçu réfifter à Louis XIV dans
toute fa gloire ; que c'eft là où ils veulent fe
fortifier & fonder leur Gouvernement répu
blicain, j
Mais pourquoi le Manège favorife-t-il des vues
qui ne tendent à rien moins qu'à morceler l'Em
pire Français { Pareequ'il fent l'impombilité de
conferver longtemps fa domination dans la Ca
pitale & les Provinces qui ne font pas infec
tées du Proteftantifme. C'eft pour' fe ménager
une retraite chez les Calvinistes , que nos Lé-
giflaleurs les foutiennent, qu'ils approuvent leurs
excès & leurs crimes. On fait de quelle manière
ils ont conquis Avignon & le Comrat. On a dé
montré , jufqu'à l'évidence , que l'antropophage
Jourdan n'a été que l'inftrument de leurs fu
reurs. Si l'on a pu former des doutes là-deffus ,
l'amniftie accordée à tant de fcélérats a du les.
diffiper , &. voici ce qu'on nous écrit encore-
d' Avignon,
Les Jacobins de Marseille , coalifés avec les
Jacobins, Proteftans A' Orange , de Nismes & de
tout le Languedoc , avoient fait le projet d'en
lever le Patriote Jourdan &..fes complices,
i°. parceque tous ces bourreaux leur font encore
neceffaires, pour l'exécution d'un plan horrible;
a", parceque jourdan x MainvieUe , Tournai &
autres chefs fe voyant abandonnés de leurs
meilleurs amis , fe propofoient de faire conr
noître les augustes , au nom defquels ils ont
commis tant de forfaits. Pour réuffir , il faloit
faire fortir le Régiment de la Marck , & intro
duire dans Avignon des Troupes Patriotes,
c'eft ce qu'ils ont fait. En conféquence , le jour
où l'on devoit faire la lecture des dépofitions
aux prifonniers , un bataillon des Chafleurs Corfe,
\ Ï2 )
• »| 1 - » •-f
précédé par un autre de Bourgogne , & de quelques
compagnies de Gardes- Nationales du Gard font
arrivés à Avignon. Les foldats de Bourgogne fe
répandent dans la place cemme des ïurieux ,
provoquent et menacent tous les foldats de la
Aiarck. Ils engagent tous les Chaffeursde Corje à
changer d'habits avec eux , & fous ce déguife-
ment perfide , ils tirent fur tous les foldats de
ïa Marck , qui fe ietiroient, fans armes, dans
leurs quartiers; un de ces braves Allemands efl
tué de fix à fept coups de fufil & d'un coup
de bayonnette ; plufieurs autres font blefles dans
le même moment, mais bientôt les Allemands
courent au Palais en criant : aux armes ! & che
min faifant , les Grenadiers vengent leurs
Camarades en fabrant les Bourguignons ; huit
font bleffés & portés à l'Hôpital ; tous les
Bourgeois fe retirent dans leurs maifons , les
portes & les boutiques font fermées dans la
minute , & les rues se trouvent défertes ainfi que
le Tribunal, à l'exception de la garde qui se
met en défense au bruit des coups de fufil. A
cette grande rumeur les prifonniers conçoivent
de l'efpérance & manifeftent leur joie; cependant
tout s'appaife & rentr« dans l'ordre par la pru-
f dence des chefs. La nuit fut afTez tranquille. Le
Régiment de Bourgogne qui devoit relier à Avi
gnon , en partit le lendemain à quatre heures du
matin-, on le fuppléa par différens Corps de gar
des Nationales qu'on avoit placés dans les envi
rons , & par le fécond Bataillon des Chafleuride
Corse qui mérite beaucoup d'éloges. Deux jours
après , la nouvelle de l'amnistie des brigands fut
apportée , par un Courrier extraordinaire. Cette
nouvelle a été-accablante pour les honnêtes gens;
mais ce qui les a conllernés davantage c'est le
départ du Régiment de la Marck ; Le même jour
le Tribunal a été dilTous ; les Juges & le Gref
fier sont partis , les un? après les autres S: avec
eux quatre cents témoins qui avoient élé entendus
dans cette procédure & qui ne pouvoient efpc-
rer leur falut que dans la fuite , dîaprçs les me
naces des pnfonniers. Les Ji;ges ont été au<îi me
nacés , s'ils n'orddnnbient l'éiargiflernènt de ces
monflxes, quoique leur amniftie ne fût connue que
pîtr voie indirecle & non officiellement. A ces
menaces , il faut ajouter celles des Marseiilois ,
qui avoient écrit au Tribunal en ces fermes : Vous
âve\ employé trois mois de Temps pour ne décré
ter que des Patriotes , les vrais amis de la Cons
titution ; mais nous viendrons bientôt pour faire
un feu de joie de leurs procédures. Ces menaces
ont été confirmées par leur marche contré Avi
gnon ; & dès-lors l'émigration est devenue géné
rale. Plus de mille familles ont abandonné leurs
foyers en emportant leurs erFets les plus pré
cieux. Le lendemain un courrier extraordinaire efl
parti pour Nifmes , pour réclamer un fecours de
iico Protestons ; & tandis que deux millehomir.es
des Gardes Nationales de • Montpellier avoient
ordre de marcher fur les bords du Rhône, celles
de Ni fines arrivent à Ville-neuve. Ce t 'en palîant
le. Rhône , que 107 de ces Coupe-jarrets ont péri
enchantant l'air de? Cannibales ç A IRA, avec la
plus grande véhémence.
Il eft bon d'obferver, en fini (Tant , que des
CommirTaïres du département des bouches du
Rhône fe concertoient à Avignon avec ceux du
Gard , & avec l'ami de Rabaud de St-Etier.ne ,
%A. Boiffy d'Anglas , proteftant & Procureur-
général Syndic de l'Ardèche. On a vu ce dernier
avec les filles , les femmes & les païens des
alTaffins détenus dans les prifons, faire fa cour
â la femme de Tournai.
En voilà bien afTez pour fe convaincre , que
les feelérats qui ont rempli de cadavres "là gla
c *o ,
cière à'Avignon , ne font pas moîns chéris dit
Manège , que les Galériens qui ont aflafîiné le
vertueux DÉsiLLES. Ce qui démontre en même
temps les fervices qu'ils comptent-encore tirer de
ces abominables monftres.

Thermomètre de Paris.
Les Jacoquins préparoient comme nous Tarons
précédemment annoncé , une fête civique en l'hon
neur des Suisses de Château-Vieux. Déjà la vi
vandière de l'armée Sans-culottes , la haquenée de
la Jacquerie , la Guenuche Théroigne , avoit ba
riolé d'emblèmes tricolors le char de triomphe ,
destiné à l'apothéose des galériens de Brest. Des
placards affichés fur tous les murs de Paris , in-
diquoient l'ordre & la marche de cette pompe
triomphale. Le grand Peti. .,, à la tête des"
conjurés , humoit d'avance , la fumigation de l'en
cens qui alloit brûler sur l'autel de l'infamie ; mais
Il n'est dans ce vaste univers
Rien d'assuré, rien de solide;
Des choses d'ici bas , la fortune de'cide
Selon ses caprices divers.
L'opinion publique , trop long-temps fubjuguée
par la Jacoquinaille , s'est tout-à-coup élevée
contre ces abominables préparatifs. Les factieux
en ont pâli de rage , & pour calmer les flots sou
levés , ils ont effrontément désavoué leur arrêté
dans une contre-affiche. On croit donc , ou que
la fête n'aura point lieu , ou qu'on en fuppri-
mera ce qui a paru révolter le peuple. Son im-
probation a du moins retardé cette nouvelle atro
cité Jacobite , qui devoit s'exécuter le 28 ou le
30 du mois dernier. En attendant une décifîo'a
ultérieure , les honorables galériens de Brest ,
sont, dit-on , à Paris , où ils gardent le plus grand
îûeognito. L'impudique Gén'évoife, & îà digrié
amie Théroigne ne les quittent point & les façon*
lient au rôle civique qu'ils doivent jouer. .,' ,
Tandis que la facliôn régicide s'agite pour déi
fier le crime & qu'on en fait le panégyrique dans
la Jacobinière , un brave grenadier de la pre
mière Légion , M. Eleuiére , a configné dans un
placard affiché en très-grand nombre & prompte-
ment arraché par les Jacquets, le cri de la vé
rité, « en quoi, dit cet eftimable citoyen * les
Suiffes de Château-vieux , ont ils été utiles à la
liberté & à la Conftitution / ; . . Ils ont donné
à l'armée , l'exemple de l'infubordiflation & de
la dilapidation des caifles militaires. . . . Ils ont
jillé foixantè mille francs dans celle de leur ré
giment j dont il faudra que la Nation fupporte
la perte. . . Pour les ramener au refpeél de la
Xoî , i'Aflemblée Nationale conftituânte , a fait
marcher contre-eux les braves gardes Nationales (
de Met\ ; fi ces Suisses euflent été amis de la Nation
& de la liberté , ils auroient , comme les autres
"Suifles du régiment d'Erneft tout foufFert plutôt qu*e
de combattre des Français, des Gardes Nationale^;
Point du tout , ils te font mis en défenfe ; ils ont
porté les premiers coups. Le généreux Desilles
•'est jetté à la bouche de leur canon pour les
"empêcher de le tirer sur les gardes Nationales;
ils ont eu la barbarie de mettre le feu au canon ;
ils ont âflaflîné Desilles ; ils ont tué le brave
GotVION ; ils ont tué trente fept autres gardes
Nationales. Qu'y a-t-il de favorable à la liberté
ou à la Constitution dans ces trente neuf meur
tres, dont celui de Desilles, particulièrement
fait horreur ! — — L'Assemblée Nationale , la
Municipalité, les. Parisiens ont dans une céré
monie funèbre & pompeufe , rendu de juttes
gommages à ces intrépides Français , premiers Ma^r-
"tytsdela liberté, delà Cbtrftitution &de la loi.
Leurs mânes ne feront-elles pas indignée» de voix,
( z6 )
*jue l'on fête aHffi , & avec encore plus d'éclat»
ceux qui leur ont été la vie / —- — N'est-il pas
horrible de joindre l'idée de Patriote à celle d'af-
Xaffin t &c. ...»
L'humeur du peuple excitée fan.s doute par cette
réflexion ,. s'est accrue à raison du décret qui vient
de 'supprimer les caiffe* Patriotiques & . de Se
cours , il s'est porté en foule en dernier lieu aux
bureaux de ces caiflcs pour fe faire rembourfer ,
& fans la garde Nationale, toujours aélive & vi
gilante , nous avions à redouter les plus grands
troubles. C'est de cette continuité d'anarchie &de
diflblution que les Jacoquins attendent leur salut ;
-Auffi redoublent-ils d'efforts pour la perpétuer.
_jïs ont dans toutes les feclions de la Capitale des
.afHdés bénévoles ou ftipendiés , qui ne négligent
rien pour entraîner le peuple dans les plus grands
forfaits. Ces fcélérats travaillent sur-tout les fol-
rdats Suiffes , dont ils redoutent l'incorr.uptibhî
^fidélité envers leur souverain , & il en sont re,-
jpoulîes avec horreur. Ce n'est plus que dans la
tclaffe la plus vile, que, ces régicides trouvent en
core des complices de leurs exécrables projet?,
.'^ais les honnêtes Citoyens qui forment la, garde
Nationale, ne les perdent point de vueu^Ils ojjt
arrêté la semaine dernière dans un Café diîjPaljajs
.Royal, une femme déguifée en homme "y qui ,rcy-
.vmiffoit Contre le Roi, & fon augufte. famille-.,
\ les plus horribles blafphémes. Cette furie ,») fpr-
^jie de l'antre des Jacquets > a été conduite deyaçt
■ le Juge de Paix. s . " '. \
Quelle que foit cependant l'audace dç^ Japp,-
-bins & même leurs .fucçès dans les Provinces
, méridionales , ils ne font pas pour cela àVabçi
.de la peut. Les tableaux les plus finiftrea vien-
? nent s'offrir en dépit, d'eux à leur imagjnattop
_iroublée, depuis qu'i/s ae peuvent se diifijniulsr
. les difpofitioà» durplfj^béopotd ,
( ¥J
tion des PuiïTances qui ont juré leur ruine. l'En-,
fer est donc dans leurs cœurs , & leur fupplice a
commencé , en attendant le jour où le glaive de
la Juftice le confommera. '•

SABBATS J A C O B I TE S.
Séances des 28 6" 30 Mars.

t■ Sous la clochette de Frère Mailhe. ,


Nous avons vu , dans le dernier Sabbat , le»
vénérables frères fe houfpiller rudement , en
haine de la Providence , dont par hafard on
avoit prononcé le nom.. Le Pontife Gobet qui»
par intérim occupoit la chaire de peftilèneè,
il'ayânt pu contenir ces Forts en gueule , & les
Engager à ne parler de Dieu ni en bien ni en
mal , s'était vu forcé à lever brufquement le
Sabbat ; maïs fa grandeur i'cfti/'mflf/iro-Jacobite ,
avoit reçu , dans le fort du combat , la ruade1;
d'un ^Jacquet , & cette infulre faite à la banda
îiydrophobe , en la perfonne de fon auguftè '
Préfident , avoit véhémentement opilé la rate de
Certains camarades du Prélat. Or donc, dans le
fabbat fuivant, & le 28 Mars', l'un des crou-.
Îiers de l'intrus enfourche la Tribune , dénonce
audacieux qui a ofé infulter maître Gobet ,
propofe de le déjàcobinifer , & de le chaffér'
comme un peteur. Cette motion , accueillie &'
mife aux voix , alloitêtre adoptée , quand frère
SÀTÂNÀS, faifant pirouetter fon accufateur,
s'empare de la tribune , & dît ,' la larme à ffèil :
frères & amis , j'ai péché', j'en coaviens , 8c.
grièvement péché , contré vous & contre Mo n-
îeigneur le VICE ..... . Président. Mea culpa ,
tnea maxima culpa; Ç'èft pourquoi , j'en fuis
diablement repentant. Pardonhéz-môi, mes frères,,
©u à i'initant je vais me pendre moi-mêraelX
faut des Jacquets foit d'être barbares & féroces^
néanmoins l'air , le ton piteux & patelin d»l
coupable , lui obtiennent fa grâce. Pour ména^.
ger toute fois la chèvre & le chou , on dé-!
^rète , que l'extrait en formé , de l'amende ho«
norable du révérend SATANAS , fera envoyée à
l'Evêque Gobet , fon frère, à l'effet de calmer
fon ire pîeufe^ & de lui tenir lieu des dommages,
pour les huées , injures & croquignoles qu'il
peut avoir reçues dans I3 bataille, Cette affaire
âinfi bâclée , on lit une lettre des Jaco-i
quins de Lyon. Ces vénérables écrivént, q\i ils
Viennent dé lire , avec transport le difcours dé'
Machenaud , de ce forcené républicain /-quil
le 30 Juin dernier", eut l'incroyable audace j
4e prppbfer aux Factieux , & à la France'
indignée , de dépofer fon Souverain , de le livrer au
glaive de la Loi , lui & fo.n augufte famille , &. da
profcrire à jamais dê notre langue le' nom chéri'
Je Reinè. Le malhëiïrèux, en hlafphêmant ainf^
contre l'oint du Seigneur, contre celui,, dont la'
conftitution même a confacré l'inviolabilité , ne"
voyoit point le bras vengeur de l'Eternel prêt à la'
frapper. . . . . Ce' factieux n'efl plus ; mais le sou
venir de fes principes régicides , gravés' dans les|
cœurs des jacquets , porte l'un d'eux à demander
qu'on lui décerne une couronne civique. On récla
me le même honneur pour Lous talo t , Journalifta
incendiaire , dont la mort a a,uffi purgé la terre , &
pour le maire à'Eftampes . cruellement, maflacrê
{iar l'armée fans-culottes , fans nul refpect pouf
'écharpe Tricvlor dpnt il étoit chamarré. Le géné-J
ral Robespierre s'y oppofé ^ dans la crainte d'avilu;
Une récompenfe aufli précièùsé en l'accordant aq,"

#ehsdè CHAi^EÀu-yfÊCx. , Nos Lis


C*9>
favent que les préparatifs de cette fête , confacrée
à la récompenfe du crime, ont fouverainement
déplu à la faine partie des citoyens de la Capitale,
& que leur improbation, hautement manifeftée a
fait préfumer, ou que cette nouvelle farce jacobite
n'auroit point lieu , ou que le plan tracé par la
duègne des inculottées ( i ) & adopté par la jac-
quinaille , feroit changé. C'eft ce que le révérend
Tallien vient annoncer à peu près en ces termes.—
IlluftrifTimes & révérendiffimes frères , le projet
de fête qui eft affiché ne fera point fuivi en tout
point , & pour caufe ; nous ne favons même pas au
jufte quand elle aura lieu. La feule chofe qui nous
donne du tintouin , c'eft de l'argent ; pour en avoir,
flous'avons ouvert une foufcription chez les Juges-
de-paix des 48 feclions . . Nous avons trouvé du !
patriotifme chez quelques citoyens ; d'autres ont
refufé tout net. —t dites-nous donc les noms de ces
helitres la , s'écrient maints Jacquets à la fois! Duh
citer fratres , répond l'Orateur , calmez votre cour
roux, on n'y manquera pas. Le directoire des focié*
tés a arrêté, una voce, que leurs noms seront inscrits
dans les papiers publics. ( lifez , dans nos tables
de profcription, ) Mais favez-vous bien qu'il est
très-important de s'ébourfiller pour cette fête !
Songez qu'elle eft donnée par le peuple , EN
PRESENCE DE SES ENNEMIS, EN PRESENCE DE
LA. Cour. Faifons leur voir , que si U Peuple
n'a point de liste civile , que s'il ne peut donner des
pensions à fes amis , ni les chamarrer de cordons,
U peut leur rendre des honneurs civiques. Nous
nous fommcs bien attendus , que les ^ennemis de
la révolution &, de la Conftitution fe moque-
roient de cette cérémonie , & chercheroient à
l'anéantir ; mais il faut mordicus qu'elle ait lieu
fn dépit de tous les ariftocrates. Par ainli donc
r. '■" "|V' ^" ^ i ' 1 ■ . 11 " 'i i
(i) La fhéroign*.
mes frères, qtie ceux d'entre-vïme qui -ont des-
culottes y fouillent à l'inftant &. fourniflent aux
fraix d'une pompe , digne s'il se peut , des il-
ïuftres galériens à qui elle eft deftinée. — Enfin ,
reprend le général Robespierre , les Martyrs des
tyrans vont donc arriver à Paris , & ils y ver
ront, quoi / L'image impure d'un de ces aristo
crates hypocrites , qui au nom de la liberté qu'il
fouloit aux fTeds les a assassinés : de celui qui
a fait décimer ce régiment patriote , qui contribua:
beaucoup aux progrès de. la liberté On allure,
que les bustes de la Fayette & de Bailly , ont été
confervés à la maifon commune. . . Les Muni
cipaux ne peuvent point honorer les aflaffins du
peuple. . . Il faut donc que ces, deux bulles dif»
paroiflent, pour ne point blefler les regards des.
foldats de Château-vieux , & blefler le cœur de
nos frères. S'ils ne font pas fupprimés, je vous
déclare qu'il me .feroit impoflible d'aller me di-<
venir à l'une des plus intéreflantes fêtes que le fo-
Jeil ait jamais éclairées. — A propos camarades .
ajoute le Jacquet Tallien, j'oubliois. de vousidire,,
que nos frères de Versailles , jaloux de ue point
émouvoir la bile des foldats de Château-vieux ,
ont llatué , que le portrait de Louis XVI , qui eft
dans le lieu de leurs féance* , feroit voilé pendant
le féjour de ces dignes foldats à Ver/ailles. —■
Fort mal vu que tout cela , répond Rojbe [pierre.
Quant à moi, j'oublierai celui que la Conftihi-
tion a placé à la tête du pouvoir exécutif, pour
ne voir que les fcélérats qui l'entourent. . . Je
ne yeux attaquer que les Miniftres , &, je veux
oublier Louis XVI & fa famille. . . Ah ! Mon-
feigneur le doge futur, au nom de l'humanité,
n'açcablez pas notre infortuné Monarque par un
fi cruel oubli. Doit-il porter la peine des pe-i
tits démêlés qu'a eue votre famille avec Louis XV,
KSn ayeul? Tant de fel entre-t^il dansjïame ïjuk
(fi)
Jacquet ! Enfin l'horrible fabhat fe termine par
l'ouverture d'une foufcription volontaire pour
fournir aux frais de ïapothéofe des galériens. —
La joie de la Jacquinaille à cet égard, est trou
blée dans le fabbat fuivant, par la nouvelle, que.
la fêtè'pfojêîtée caufe la plus gràride fermenta- .
tion dans la seclion du Temple &. sur-rout dans
la garde Nationale. On a entendu un Capitaine
de .cette Section dire, qu'il tuerait de fa main
un de ,çes Sp.ldats., qu'ils étalent des fcélérats .
■qui avoient. massacré la g^rde National* à Nancy.
— A ce rapport , tous les grouàihs des Jacquets
s'allongéat',=ils frémiflent de rags^ëoHr les dif-
traire, l'adroit. Colloti ci-devant d'Herbois, enfuite-
Almartàch,'&. maintenant Châtèàux-viéu'x, comme
on difoil Scipiohl*Affriquain,'-stèmprêff'e de fol-
liciter leufproteétion pour certains -Volontaires
défarmés & dégradés , le tQUtïnpafternent, félon
rufagfinsVlent^enfttke l'énergumène Merlin , quij^
fatigué d'.errfendEè; parler des-Prêtres jion-^uréurs ,
des Miniftres & du Roi veut qu'on mette ces
gens-Jà^à^îïîîftfon , en ne reconnoîflant plus d'au
tre Xjt\Q,-r que ,ce.lui_dé5 Jacoquios*.. L'impudent
Jacquet jorq^ofe en fus de notifier, aux Ministres,
dè chauer.au 'plus 'vite tous les Comtriis "Aristo
crates qui rafeélent leurs bureaux. "Cet admirable-
moyen "d'accaparer leurs placé*,5 lès fetilcs que
les ; Jacofcirts n'ay enr 'point -e'rfcore :eflvâh':èÇ , eft
(fortement" appuyé & :l'o4 arrête.que te projet
fera fraternellement communiqué ^aux Miniftre?.
Capucino-Chabouc , qui vit encore , brédouille
«uelquescphr^feg:fntr;ce qijii,ïîst .pafle âtlVAnem-
lée .Nationale., Enfin Collot - Château - Vieux
défenfeur. officieux des galériens de ce nom , pro
nonce leur pariég^rLquei& ^s exatte effrontément, .
en'dépft'de la vente ^ qui " l'uî* ajt à chaque mot ;
Collât i-ÇôllQrï 'titiHtifiv: impu&ïntîjjimé*
' : .. U È L A N G E S. !".-.- '
La Liberté et l'Égalité;
Chahson de Table , sur l'air : au- coin du feiti
Chers amis , on nous vante, Condorca parle en maîtr»
En semant l'épouvante 4 Pour nous faire connoître
L'égalité. . L'égalité.
Quand on nous tyrannise , Et Brissot , à la bourse ,
Par- tout «n préconise Invoque pour reffource
La liberté. ( 3 fois ) La liberté. {ter')
tOCOOOOQ*
Par-tout on pille, on vole. Le Tranchant Démocrate
Et par- tout on viole Proave à 1 Aristocrate ,
L'égalité* L'égalité ,\
Far -tout on nous arrête , Battre vous dénonce-; •<
Au moment qu'on décrète C'eft ainsi qu'il' annonce
La liberté. {ter) i Là liberté. {ter)
' UO 'O failli 11\ i«*?.f
«ooooooo» . , . . , ',00x900c» ,,
SI le foible succombe ;
On {rave sur sa tombe :
» L'égalité j
Et quand il perd la vie , j j L'aimée ',4^fVa*at •
On veut encore qu'il crie, èpWwîflidè,
» La liberté. : (fer)
■©00000e*
Les brigands qu'on honora Quiconque, trop sincère»
Osent parler e ncore " Tiraîtèroit de chimère '
D'égalité! - riëéik}k"-'- ; •
O vous qu'on emprisonna î Iroit bientôt '
Baisez les fers que donne rer. T4" a . ^
La liberté, (t<r)
( 33 )
Dans ces temps de démence Qu'ici chacun révère
En vain je cherche en France En remplissant son verre
L'égalité. L'égalité.
Le ciel n'ell pas des nôtres ; Bouchon de la bouteille.
Sans doute il garde à d'autre Donne au jus de la treille
La liberté. (fer) La liberté. (jer).
•ooooooo
Que l'amitié nous prouve; , Je chéris ma Glicère
Qu'entre nous on retrouve Et de son caractère
L'égalité. L'égalité.
Dant ce séjour aimable Toujours tendre & fîdèls.
Plaçons à notre table J'aime à perdre auprès d'cl'e
La liberté. (ter) La liberté. (ter)

COUPLETS
A Marie-Antoinette - d'A utriche,
B.EINE DE FRANGÉ ET DE NAVARRE-
Air : Dans les jardins de Trîanon.
Au sein de l'orage & des flots .
Sur nos cœurs reposez votre ame ••
De notre smour la pure fl?.me
Seule peut surpssser vos maux.
Quand chacun de nous les partage ,
Ne doit-il pas les adoucir
Comme on sent doubler un plaisiç.
Qu'on goûte au sein d'un bon ménage?

Ah ! si votre douleur flétrit


Les roses de votre couronne
Votre amour qui vous environne ,
De nouveaux niyrthes l'embellit.
( 34 )
Croyez-en cet aveu sincère ;
A tous vos fidèles enfans
Chaque forfait de vos" tyrans
Vous rend1 plus augusfte & plus chère.
Par M. v'Axtibss.
jinalife du nouveau Gouvernement.
Notre Sénat fait un dt'cret charmant :
Dès qu'il eft fait , le Roi le sanctionne ;
Le Miniftre , au même moment ,
Le fait partir peur le Département;
Lors le Département ordonne
Que le décret soit vite exécuté ;
Et la Municipalité
Répond que le Décret eft superbp , admirable ,
Mais qu'il a le défaut d'être inexécutable.
Le Saint devoir de l'insurrection ,
'■ Les motions , les heureux droits de l'homme
Sont en vigueur , on s'échine , on s'assomme ,
Tout en criant : vive la Nation î
On fe rit du décret, on descend la lanterne.
Voilà comme à préfent la France se gouverne.
On affure que le Roi de Suéde a été afiafliné :
fi cette nouvelle eft vraie , quel vafte champ
aux fufpicions & aux probabilités !
LEGISLATION.
Seconde Race de nos Rois.
Séances du foir 31 Mars , 1" , 2 & 3' Avril.
Tandis que les pirates Marfeillois , s'amufent à
pourfendre les ariftocràtes , & à bloquer leurs
Villes; celle de Gènes arrête leurs yaiffeaux dans
fon port , ennantiflement des intérêts d'un prêt con
(15)
îidérable qu'ils sont dans l'impuiffance de payer.
Un député extraordinaire eft venu prier les rois du
Manège d'acquitter la dette de ces Forbands ban
queroutiers, & l'on fent bien que leurs Majeftés
Jacobites fe garderont bien de mécontenter par
un refus, des amis aufii intéreffans. La pétition
est renvoyée , d'un commun accord au Comité,
pour en faire un prompt rapport. La banque
route de la Caiffe iefecours , a tout autrement
occupé nos Monarques. On avoit décrété le
matin , un fecours de trois millions. Sera-t-il dit ,
dans le préambule , que l'Affemblée a été infr
truite par les Comités , des troubles excités dans
Paris, à raifon du difcrédit de cette caiffe, ou
énoncera-t-on que la Municipalité & le Miniflxe
de l'intérieur en a prévenu les Comités / Grands
débats fur cette ridicule queftion. Les Rois
Grange-neuve &, Rayer , se croyent déjà mis en
pièces par le peuple. Sire Thuriot craint uae
contre-révolution, & veut connoitre les conjurés;
chacun braille de fon côté. Le Département
& la Municipalité paroiffent à la barre ; le Maire
Pétion augmente l'alarme. Mais le feco.irs
accordé eft-il un don ou un prêt ! Nouveau ,
brouhaha. Décret enfin qui ordonne , qu'il fera
remis, dans la nuit , un provifoire de 500,0001.
à la Municipalité , à titre de prêt , &. que toute
les caiffes particulières de change feront fous
l'inspection immédiate des Municipalités — On
apprend à la féance du 31; que la Municipalité
de Ccndé à fait la préçieufe capture de 240 liv,
pefant d'or Se d'argent. Cette nouvelle à grande
ment réjoui l'aréopage. Décidera-t-il comme
Basile, que ce qui est bon à prendre est bon à
garder î Videbimus infià. L'abdication de lire Mon-
neron , Député de Paris , incorpore dans la bande
de nos Monarques l'auteur du plus impie des ou
vrages , le fi'euf Moy, Curé de faint Laurent,
' ,< 36 )
dont nous avons parlé dans nos précédeus numéW
ros. — Madame Simoneau , veuve du Maire A'E-
rampes, affez riche de la gloire de fon époux
manacré pour les beaux yeux de Targinette , ré
pudie l'indemnité décrétée pour elle & fes en-
fans. La pyramide feule comble tous fes défirs.
Laiéopage ébanbie de ce généreux défintéreflc-
ment décrète que la lettre de la veuve fera gra
vée fur une des faces de la pyramide du mari. —
Le Département des Pyrénnées orientales, de con
cert avec M. Dubois decrajfé , envoie une dénon
ciation contre M. de Narbonne_. On l'accufe
d'avoir négligé de fortifier la frontière méridio
nale , & Perpignan fur-tout. Qu'on le cite à la
barre , dit le Roi Goupilleau. Bah! réplique fire
Quinet , c'est à Orléans qu'il faut l'envoyer, &
fans l'entendre -, fi Déleffart l'eut été, nous au
rions été fes dupes. — On lit dans la Séance dit
foir. i°. le traité des Princes émigrés avec lé
Prince de Hohenlohe , qui promet de fournir à
LL. AA. RR. pour le fervice du Roi de France
un régiment d'Infanterie , dont la propriété appar
tiendra au Prince de Hohenlohe. st°. Une lettre
des états du cercle de Franconie qui a l'air de
défapprouver la conduite du Prince Hohenlohe,
Le Roi Gossin , membre de la Commiffion des
douze , fait une longue énumération des troubles
qui agitent le Département du Cantal. On maf-
facre les uns , on rançonne les autres -, les maifons
font pillées & brûlées. Un Décret autorife le
directoire de ce Département a réquérir le fe-
c lurs des Gardes Natiomles voifines. — De toutes
parts, nouveaux défallres, fruits amers de cette
iberté tant vantée par les Apôtres de l'anarchie.
Une lettre lue à la Séance du premier Avril ,
apprend que les Départemens de la Nièvre , de
Loir, du Cher & du Loiret font en infurreclion.
La garde Nationale de Clamecy a été défarmé»
( 37)
par les fédiîieux , & le nom d'un Officier Muni
cipal mortellement blefle ya orner la légende des
Martyrs de la Conftitution. Le fieur Clavière ,
Minsihe des contributions , fuppléant de M. Mo-
néroii , annonce à nos auguftes Ramajfés , qu'il fe
départ du droit de régner fur la France &. opte
pour le Miniftère. — Les Membres du directoire
du Département des bouches du Rh^ne , mandés
à la Barre , s'y font préfentés &. y ont parlé de
tout ce qui s'est parle dans la ville a\'Arles avec
cette noble fierté que donne l'innoûence calom
niée. Les Adminiftrateurs du Diftricl & la Muni
cipalité de cette Ville le sont excufésde ne point
obéir à la citation ; l'un n'a point de voiture pour
le voyage , le fécond ne peut le faire à fes fraix ,
un troifième eft malade, &c. — Une Baronne
Hollandoife , Proteftante , dégoûtée de fon mari ,
eft venue folliciter une loi qui lui permette d'en
prendre un nouveau , &. de pouvoir s'en déba-
raffer au befoin. Elle é,toit efcortée de trois au
tres femelles du même acabit. Sire Gobfi s'est
emprefîe de transformer leur pétition en motion.
Le Préfident leur a galamment répondu & les a
invitées à la Séance. — Le rapport du Pontife
Fauche: , fur M. de Narbonne a rempli la Séance
du 2 Avril. Le grand inquiliteur, après avoir bien
& duement épluché les dénonciations faites contre
l'ex-Miniftre , le trouve plus blanc qu'un cygne,
& s'étonne qu'un Militaire auffi consommé que
M. Dubois decrajfe , quia fervi trois mois entiers
dans les Moufquetaires , & trois ans fous les éten
dards de Targinette, ce qui lui a valu le grade
d'Officier général , ait pu faire contre le Miniitre
une dénonciation vraiment abfurde. Les Rois
Duhem & Merlin , enragés de cet éloge crioient
à pleine gueule , Haro fur le Pontife. Enfin
l'Ex-Miniftre a paru & a brifloté tous les fuf-
frages en difont , que quoique dévoué au Roi ,
( 3* )
par (Jevoîr & par fentiment , il navoit pas craint
de lui déplaire pour l'intérêt de la liberté. A ces?
jnots , le Miniftre eft applaudi à tout rompre. Sire
Duhem s'écrie que l'Affemblée s'avilit- . . A l'Ab
baye ! à l'Abbaye ! Crie-t-on de toutes parts. Les
tribunes font un bruit effroyable & fe moquent
du Préddent qui s'efforce envain de le faire cef-
fer ; elles font rappellées à l'ordre. Le Roi Du
hem dit fon mea culpa , & le calme rétabli , on
a décrété n'y avoir lieu à accufation contre M. de
Narbonne. Le F/çe-Préfident Dorify eft porté aii
fauteuil Préfidental. Le Procureur général syndic
des Bouche? du Rhône, mandé à la barre aété intro
duit dans la séance du soir, & a été renvoyé au
Comité pour y être entendu. Leurs majestés
•législatives , après longue & bruyante diicuffidrt
ont réduit le nombre des colonels de la Gendar
merie Nationale à 8 & celui des Lieutenans Co
lonels à 28 ; les autres ont été ftipprimés. —-
Nous aflemblerons - nous le jour de Pâques,
ont demandé certains roitelets à la féance du 3.
Pourquoi pas , ont tépondu plufieurs autres ! Nos
commettons nefont-ils pas tous catholiques oujuifs
Cette réponfe n'a certainement pas besoin de
commentaire. '— Six vaiffeaux chargés de grains,
écrit le Ministre de l'Intérieur ^viennent d'entrer
dans nos ports; & garantirent la France de la
famine pendant un an; il n'est plus queflion quë
de faciliter la libre circulation de ces grains dans
le Royaume. Hocopus , hic labor est. Sire Ballet
propose d'augmenter de 50 millions, les seize cent
millions d'affignats qui sont en émiffion ; mais l'on
s'y oppose , dans la crainte d'augmenter leur dis
crédit. Le roi Cambon présente le brillant tableau
de la fituation de nos finances. Toutes les dettes
de l'Etat payées , la Nation a dans son coffre-fort
deux cent millions de réfidu & fe trouve créan
cière de deux années, d'impôts qui lui sont dus.
Ce calcul a grandement réjoui la gent incullotiée
( 39 )
des tribunes , &. tandis qu'elle applaudiflbit Sira
Cambon, les gens fenfés s'écrioient: ah! Comme
il ment !
ANNONCE, i
Analyfe de la banque Françaife. — Le filence
que chacun a gardé sur une entreprife autant sin
gulière que hardie; des millions dépofés par des
actionnaires, fans qu'ils sachent quel sont les
moyens qu'on employé pour échanger leurs assi*
gnats au pair contre de l'argent ; la rapidité avec
laquelle cette banque change fes opérations ; l'hé-*
térogénéité qu'ily adans les différens avis qu'elle
donne , &x. &c. tout devoit faira délirer qué
quelqu'un s'occupât de la décomposition de cé
phénomène
L'ouvfage que nous anonçons remplit est objet;
on y suit , au moyen d'un tableau de situation;
qui contient lé colonnes, & des raisonnemens qui
appuye.-it les calculs, la pofition où fe trouve la
banque,vis-à-vis fes actionnaires, à chaque époque
de mise & de payement. -
L'auteur n'a pu fairè un tableau mouvant , qui
changeât à toute* les opérations de la banque , mais
il pavoît qu'il a donné aux auteurs intelligens
les moyens de la suivre , malgré fes linuoiités.
Cet ouvrage, auquel eft réuni le plan général
de la banque , fe vend chez Debray , Libraire ,
galeries de bois , au Palais-Royal, n°. 237, &
chez les Marchands de nouveautés.
On dit que M. Potin deVauvineux va établir une
commimon pour acheter fes actions à 15 pour cent
de perte.
BROCHURE NOUVELLE.
» On vous a cruellement trompés, Français.
— Jamais Nation ne s'étoit touvée dans des
circonftances auffi favorables pour obtenir la
prompte , iolide &. falutaire régénération de'foa
( 4° )
Gouvernement. Cependant la Conftitution Fran-
çaife des années 1780, 1790, 1791, eft rejettéev
par les Jacobins , lepoullée par les bons Ci
toyens , convaincue d'abfurdités par J. J. Rouf"
feau ; enfin ramenée par la force des choies &
pour le falut du Peuple , à fa {Implicite pre
mière , *Ia concentration de tous las pouvoirs dans
les mains du Rci. » Brochure z/2-80 de ï^q nages*
par M. Lambert , Auteur de quelques autres "
ouvrages non-moins intéreiTans , rue de Biévre;
n°. 19 , à Paris- — L'auteur démontre viclo-
rieufement dans celui-ci , qu'on ne peut s'avouer»
ami de la conftitution, sans fe déclarer ennemi
de la Patrie Ceux à qui elle eft chère, le
nombre ert eft grand , ne peuvent qu'appîau-
dire au zèle & aux talens du cette eftimable
Auteur. "." .
AVIS.
Les Jacoquîns qui pullulent dans 'notre infortunée
patrie, comme jadis les laotereJles en Egypte, après
avoir vainement tente d'acheter notre silence su po;ds
de l'or ont imaginé de faire tomber notre Journai , ca
]e brissotani à nos abonnés , pi.r:ua<Jés que ceux ci at-
tiibueroient à notre négligence , les fréquentes soustrac
tions qu'ils éprouvent. Certains d\ntre-eux ont donné
dans !e piège, d'a.nrcs plus cîairvoyans se sont adressés
à notre Bureau , & nous-noas sommes empressés de rem
placer les numéros qu'on leur avoir volés. C'est ce.
qu-^ nous continueront de faire , malgré les fraix énor
mes que cela nous occasionne. Nous prions nos sousr
cripteurs de s'adresser directement au Bureau, rue
Montmartre ÎN°. 219 près le passage du Saumon, à Faris.
Le prix de la souscription eft de 24 livres pour un an,
12 livres pour six mou , & six livres pour trois , franc
de port. Les Lettres qui ne fout point affranchies restent
au rebut.

De iImprimerie de Jacques Girouard , rue du


Jiout-du-Monde . È°. 47.
Seconde Année. N°. 3; 4

LA ROCAMBOLÈ,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GÈNS ,
RÉDIGÉ PAR DOM RÉGIUS AnTI - JACOBINUS.

'« Une Foi , ùnc Loi , un Roi ».

Du Dimanche^ Avril 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

JLjes Patriotes & toute la horde des Jourda-


nisres font forcés de convenir qu'ils n'ont riert
gagné par la mort de Léopold : voici ce qu'un
Gazetier , moitié Feuillant & moitié Jacobin ,
moitié Huguenot & moitié Athée , qui fent la
contre-révolution, quoiqu'il atfecle de ne pas y
croire , a inféré dans une de fes feuilles , à l'article
de Vienne.
# A la fuite d'un Confeil d'Etat tenu le 13 ,
& qui avoit été précédé d'une longue conférence
avec les Minifttes de Pruffe & de Russie , la
Conleil aulique de la guerre a"envo} é en Hongrie
*un ordre de marche prochaine pour 24 mille
Ton.e IV année 179a. " % "' Q
1**3
tommes. Il y aura dans ce Corps h»jit mille Efclaf
Tons & huit milleCroates; tout n'eft pas infanterie :
11 doit y avoir dix divifions de Huflards. C'tsrlepre-
jtnier ordre de cette efpèce -, qui ait été donné fous
le nouveau règne. Comme les nouvelles de Silésie
lious apprennent que le Corps du Prince Hohen-
lohe s'y dispôfe aum" à faire des mouvemens ;
oh eft forcé d'en conclura que notre Cabinet et
celui de Berlin Ce délient grandement des dif-
p«fitions de la France.
» Le Peuple de cette capitale est toujours
extrêmement aigri contre tout ce qui eft Fronçai*
ou Brabançon. Oh ne; peut ôter de l'efprit de
la multitude , que l'Empereur eft mort vicltime
■de leur feéléfateffe. » >

Lettre écrire de Vienne , au 'Rédacteur du Courrier


dn Bas-Rhin , en date du 14. .
Les nouvelles de ce pays deviendront bientôt
intéreflantes , quoiqu'aflez ftériles en apparence
dans ce moment. Marbois le Monarchien eft parti
hier , non pour Rasisbonne , où il devoit rem
placer M. Bérenger , mais pour Paris , pour
rendre compte au Comité diplomatique des ob
servations qu'il a faites durant fon féjour i'ci.
Je puis vous affurer que le rapport qu'il fera
n'eft pas de nature à flatter fon amour-propre.
Il a été vu de mauvais œil par tout le monde. Il
n'a point eu d'audience particulière de feu
l'Empereur, comme oh l'a fauftement débité ;
il n'a vu Sa Majefté impériale, que le jour qu'il
lui fut piéfenté, comme étranger ,• par M. le
IWarquis de Noailles, & à toute Ta famille royale
réunie dans la même pièce. Sa Majefté Impé
riale ne daigna feulement pas lui adreffer la
parole.. Quelques jours auparavant, ilavoitaulîi
£ié préfenti , par M.rAmbaffadeur de France, au
è
C 43 )
Chancelier d'Etat , & il n'en a reçu qu« les po--
îîtefles d'ufage envers les Etrangers admis à lui
faire la Cour. .Quoi qu'il en foit , û ce Français,
citame on l'a dit, étoit chargé par fon Roi, ou-
par ceux qui agii&fit au nom de cet illuftre cap
tif, de quelque négociation particulière fit i e-
crette auprès de notre.Cour , il ne psroît pas qu'il
ait traité di règlement avec aucun de nos Minif-
rres ; mais il eft bien confiant qu'on l'a vu partir
fans regret , & que le peuple de Vienne J'a re
gardé &. a. failli le traiter comme un émilfaire
de la propagande.
On écrit de Coblent\, que cette ville préfeme
de tous côtés l'appareil de la guerre. Les troupes
à pied des .-Emigréi y font déjà au nombre de
quinze mille hommes , &. fix cens hommes de
Cavalerie. Lés Gardes-du-Corps ont tous leur
uniforme. Madame eil partie pour Turin avec
les autres Dames Françaises , à l'exception de la
eomteflède Balbi qui va rfe rendre à Gènes.
On attend avec impatience l'arrivée du Prince
«3e Ndffau qui doit apporter l'ultimatum des
Puiâances coalifées , d'après lequel le Prince
de Condé entrera en campagne , & il faut croire
que pour le coup fa ira.
Les lettres, de Berlin ajoutent que l'éleclion
du Chef de l'Empire fe fera dans le courant de.
Mai prochain ,- & que le Roi Frauçois Ie",
àt;Hongrie,8LC. fera revêtu de cette auguile dignité-.
Extrait de l'ami du Roi de M, Royou.

ACTE PREMIER,
Scène seconde.
- »Xe Roi de Suède a été aflaffiné le 16 Mars,
«n entrant au bal» *'. .
' ( 44 )
Ce n'eft donc pas sur le courage des Volon
taires Nationaux , que les factieux fondent leurs'
efpérances : la mort de Léopold, Je coup qui
vient de frapper le grand Gustave , ne manifes
tent-ils pas que c'est avec des affaffins . que les
lâches Jacquets veulent faire la guerre aux têtes
couronnées! Jufqu'à quand differeront-elles la des
truction de cette fecte impie & régicide ? Peut-
être en ce moment la dangéreuse fécurité des puif-
fances livre encore une augufte victime au fer
régicide , &. plonge une Nation entière dans le
deuil. Domine salvos fac Reges.
L'affanin du Roi de Suède elt un fcélérat nommé
Ankarstrom, qui pour avoir participé à la der
nière iniurrection de Finlande avoit été condamné
à avoir la tête tranchée , & le Roi lui avoit fait
frâce. Sa Majefté a reçu un coup de piftolet dans
aîne droite. On a trouvé aux pieds de l'affanm
un couteau. Il n'a d'abord rien voulu avouer;
mais les recherches promptes qu'on a faites chez
les couteliers ayant fait découvrir que le cou
teau avoit été vendu ce jour même à cet homme ,
il n'a plus nié fon crime. On efpère que la blef-
£ure ne fera pas mortelle.

NOUVELLES INTERI E URES. '


Il a été interrogé ce pauvre Lejfart, & la Cons
titution à la main , il a prouvé que non-feule
ment fon arreftation eft illégale , mais encore que
le Manège n'a pas le droit de maitriser les
opérations du Ministre des affaires étrangères ,
parce que tout ce qui en reflbrt appartient èx-
çlufivement au Roi ; que le Roi feul peut entre
tenir des relations au dehors, conduire les né
gociations, nommer des Ambafladeurs , propofer
la guerre , &c. C'eft ainlî qu'en répondant aux
griefs des. nos Législateurs à &i8d livres , il a
( 45 ) . • -ï,-,
démontré que leur ignorance eft telle qu'ils ne
connoiflent pas même l'ouvrage informe auquel
ils doivent leur exiftence politique.
On écrit du département du Gard , que le»
coupes-jarrets de Marfeille , au nombre de 13
mille , ont furpris le Régiment de la Marck ,qui
ne s'attendoit pas à être attaqué , & l'ont fou
droyé de leur artillerie. Nous attendons des
nouvelles directes pour entrer dans les détail*
d'un événement qui tout horrible & parconfé-
quent tout vraifemblable qu'il eft, peut n'être
pas arrivé. 1
Thermomètre de Paris.
La Religion & la Juftice , font deux fœurs
inféparables , elles ont même afpect» mêmes prof-
pérités & mêmes infortunes, mêmes amis & mêmes
perfécuteurs. Quandl'une eft heureufe , l'autre l'eft
également, quand l'une fouffre , 1 autre eft tîanà
les angoifes.
Voilà pourquoi le règne du crime & du bri
gandage nous offre en même temps celui de l'irré-
réligion & de l'impiété. Voilà pourquoi les Condor-
cet , les Brissox , §c autres nombreux complices
de Jourdan , en diftribuant des poignards à leurs
infâmes fatellites exhalent dans leurs Chroniques ,
un virus fœtide contre les chofes faintes. Et quel
temps choififfent-ils pour cela ! un jour consacré
à la piété des fidèles : c'eft dans leur Chronique
du pur delà Pamon, que ces coquins fe deman
dent en ricanant , si l'Enfer a des portes , deqi -\,
elles font faites , qui font les ferruriers qui l9t
ont fabriquées ; si ce font les Diables ou le ■ ^5
ges , & comment il est poffible que les Cu >
4iy ent chacun une clef? Ils font fort em' rê* lJï
auiîi de favoir fi les Diables fe marient > ,&aïa"e8
es Prêtres Conftitutionnels , &c. &c. çoim»6
X 4*>
«ne longue série de femblables diCcwÛom qui
décèlent dans leurs,auteurs tm mélange de bêtit'e,
de corruption. &de fcélératefle , que ces grands
hommes du jour attaquent le Chriliianiiine &
prétendent l'étouffer dans le ccqur .-des fidèles.
..Mais Lis. ont beau faire , les portes sde l'enfer ne-
prévaudront jamais . contre lui»
Afin qu'jl tic manque rien aux œuvres édi
tantes des; Régens de l'humanité, nous fornmes
■ continuellement environnésde voleurs & d'ailaffins,
& on p'entend plus parler que des meurtres qui
lia commettent chaque, jour. Mais c'est fur-tout
contre la Garde du Roi , que la rage jaçoquine
fe déchaîne, le.plus. On, a tirq de. la Seine un
infortuné à qui on avôit arraché la' tête, & ce
n'efl qu'à Ces habits qu'on a reconnu que. c'étoit
Tin Garde de Sa Majefté. C'eft ainli que les
. Jacquets .emploient, le temps que les Puiffances
mettent à délibérer. Us délibèrent auflï eux ,
mais leurs délibérations font fuivies de coups
rigoureux ; ils affiegent lës villes , -màfTacrent les
honnêtes gens, çhaflent les Minières de la
"religion . après les avoir dépouillés ; ils s'emparent
des propriétés des fervitenf9 du Roi, abfensv tuent
"ceux qu'ils ont fous la main. Ils fe vantent d'ex
terminer tôU9 les Souverains, & ces monstres ne
menacent pas envain , ils ont déjà frap pé Léopold
& Gustave. Puifqu'on les lailTe faire , ils ea.
frapperont bien d'autres.

SABBATS JACOBITES*
Des t & 2 Avril.
Sous la clocherre de frère Mailh & Vergnaud.
Pam ! pàm ! — Quels font les malautrus qui
frappent donc fi fort / — Camarades, pardoh ,
. ce font
*• "■ les -,5chiens courans. ■.■••/->..•
de la Jacquerie ' qui
portent de l'argent. — De l'argent! ah l nos*mjs
foyez les bien venu?. — Soudain les deux battanst
de la caverne font ouverts , la meute cabriol».
dans le Sabbat & son chef dit: — amis, d'après
votre ordonnance , nous venons de mettre au creu—
zst le patriotifme de lafeclisn du Palais Royal,
& fon réfidu a produit net quatre mille livres
que voilà -, mais, parguierine , quels, yeux d'Argus
vous ouvrez tous ! Ce n'eft cependant pas ppus
vous que le four chauffe encore , mais pour nos
dignes frères les galériens de Brest ; partant quoi
nous ne voulons remettre cet argent qu'à leur
Buandier. Où diable eft-il donc } . . <.' Collot ,
Château-vieux l Hahél halié l vite ici : veux-ttt
courir ? — Collot s'approche , prend en riant le
patot d'affignats , & apprend à la Jacquinaille ,
que leurs frérots de Rouen viennent de lui en
voyer cent éeus pour la canonifation des ciL«le-*,
vant forçats. Mais pourquoi , lui demande frèro
Samené, n'a-t-on pas affiché le difcours , d'an*
lequel vous avez fi bien blanchi les mignons
Targînette ! — Eh parbleu , répond Collot-Chà-
teau-vieux , c'eft la faute des afficheurs, Dites donc
des arifto -rates , chien de Gafçon', repart un cha-
foin de Jacquet. Oui, des ariftocrates, des Prêtres
réfraclaires , du pouvoir exécutif & de tous les
tyrans de l'univers; ne voyez-vous pas qu'ils veu
lent empêcher le fuccès de votre buanderie , qui
tout au moins vaut celle de Chabroud ! Mais Iaifîez
faire , je veux que nos galériens paffent pour
d'honnêtes gens , en dépit de la France, des treize
cantons & de la vérité. — Voilà ce que c'est que
d'avoir du cœur , ajoute un frère Crtlottg , allons
bravement en avant , & né fouffrons pas que per-
fonne ait raifon , hors nous & nos amis. — :—>
Oh ! c'eff parbleu le cas , dit frère Lostallot ,
car le patriotifme elt en rut dans tout le Royau
me : écoutez ce qu'on m'écrit de Pau. • —*•
( 4« )
« Bayonne & Pau ne peuvent plus contçnir
le nombre prodigieux de recrues qui arrivent da
toutes parts, il est innombrable .et chacun meurt
d'envie d'aller arracher les moustaches des Hullans,
etd'éventrer quelques Talpackes. ( Ils ont encore
plus d'envie, de calmer la faim qui les chasse de
leur pays.) Que ferons->nous tJe tant d'AU'xandres et
de Césa rs l je n'en sais rien. Njou-iallons les mettre
sous l'inspection fraternelle der l'archi-patriote
régiment de Champagne. Ah ! que ce régiment est
digne d'élogfe ! Après" avoir bravement et bien
chassé tous ses officiers à l'exception d'un seul ,
ça se conduit comme des Catons. Faites part de
ma lettre à l'AfTernblée Nationaleque fembrafle ,
& dites-lui de ne pas avoir peur. Si. V Efpagne
al'infolence de nous attaquer , nous irons planter
fur la place de Madrid , l'étendard tricolor , &.
nous proclamerons , fi on nous laifTe faire , les
droits de l'homme , fur le fiége même du Grand
inquifiteur. Cependant , mon cher Lostalot ,
comme ces Héros civiques ne vivent pas feule
ment de gloire , qu'ils font affamés , que le pain
eft ici chiné' chère! é horrible , lés aîîignats fans
crédit , & que nousfommes. diablement embaiTaf-
fés de fatisfaire leur appétit glouîon , empêchez-
les d'arriver , &. parlez-en au Miniftré de la
Guerre. N'oubliez pas fur-^tout dé faire décréter
la circonfcription des paroiffes du Département.
Le fanatifme fe trémoutfe , mais il a beau faire,
nous l'écraferons avec la maffue de notre pa-
triotifme , &. le pourchafferons jufqu'au-delà des
pyrennées , fi toute - fois la mifére qui nous
accable noua laide la force de marcher» — Le
détordre du jour ftorte la Jacquinaille fur les
dénonciations faites çentre le Miniftre Linotte ;
frères Duhem, Carra, Baumier, Brune, Real ,
& jufqu'à l'âne du repaire , lui donnent maintes
ruades, que nous n'aaaliférons pas , le Miniflbre


( 49 )
?yant été dégraifle &. blanchi par le Manège^
— Lev Révérend Béai commence le panégyrique
du Jacquet Clavières. En le voyant miniftre,
chacun de nous , dit-il , a penfé , qu'enfin Hercule
pourroit nettoyer lesétables à'Augias ( le véné
rable xroit fans doute à l'aphoritme , qui dit :
similia similibus curantur.) St. l'on a applaudi au
choix du Roi. Voilà depuis qu'un Député meurt
d'une fièvre maligne , & que Frère Clavières fon
fuppléant préfère d'être le valet du Roi , à l'in-
figne honneur de régner fur la France. Je fuis
épouvantablement furpris d'une telle préférence,
quand je conlidère fur -tout que frère Clavières
s'eft toujours tenu fortement accroché au pilier
branlant du patriotifme ; qu'il n'aJamais quitté
les Sans-culottes. Ce confidéré , je ne l'accuferai
donc pas; mais je lui dis, qu'il doit, à les frères
qui l'eftinaent , aux Sans-culottes qui ont livré
pour lui tant de combats, une explication franche
de sa conduite. Jusques-Jà je me tais -, mais s'il
ne la donnoit pas ... je. . . Mais il la disjjnera i—
Arrive Leclerc Doje , l'un des plus, forcenés Jac
quets du repaire infernal : frères , dit -il , dans
les circonstances périlleuse; où se trouve la Patrie,
j'ai cru que le Roi avoit befoin de mes lumières ,
de mes confeils. Je lui ai écrit une lettre ( digne
d'un Manuel , ) je vais vous régafer de fa leclure ,
fi vous le trouvez bon. — Ah ! volontiers , s'écrie
> la horde républicaine , -& l'énergumène com
mence en ces termes. — «Homme Roi- tel eft
le malheur attaché à ton être , que/dans la clafle
d'hommes qui t'entourent , & que tu payes fi
cher, tu ne faurois trouver la vérité que tu cher
ches peut-être , & qui pourroit ramener dans ton
ame cette férénite fi eflentielle au bonheur de tes
jours. Telle eft au contraire la générofité desces
Citoyens , que tes valets calomnient, qu'ils n'omt
'celTé depuis 1789 de te donner gratis , des. con
fells & des avis falutaires , dont tinre Iesar ré—
compenfés, qu'en les fuivant à rebours. . • Mem
bres de la force armée dont tu es chef , nous fam
ines tous deux du même corps , & noils pouvons
nous entretenir ensemble. D'un Roi à un fbldat ,
la di fiance paroît grande , mais à qui veut exa
miner de plus près, il efl bientôt évident, que
s'il exifle une ligne de démarcation cônfidérable
entre un foldat citoyen & un Roi Faible , fi
on propofoit aux membres du peuple d'opter
entre ces deux états , tuverrois bientôt une ma
jorité formidable , préférer le Tort d'un foldat
incorruptible & fidèle, à 1 etaî d'un Roi Pusil
lanime qui, par une Faiblesse coupable , en
vironne fon trône d'écueils , devient le fléau d'une
Nation trop endurante , abufe de fa liberré , & fe
voue, de sa propre volonté, à l'exécration de
ceux dont il paroît être l'idole. ... Je commence
donc, Camarade Roi. Qni t'a fait Roi Et
toi-même , Sinsolent forcené , réponds: qui t'a
donné le droit d'outrager ton Souverain, et la Na
tion entière dans' la personne sacrée àë' son repré
sentant Mais détournons nos regards indignés
de l'horrible attentai de ce jacquet, des blasphè
mes qu'il vomit, contre le Monar.que le plus,
vertueux, le plus infortuné; et conjurons l'Eternel
de mettre le rejet-ton de tant de Roi: â couvert
de la conspiration des factieux. Et vous, garde
Nationale parisienne, à qui les Citoyens doivent
de n'avoir point encore vu leur fortune et leur
vie livrées à la merci des brigands, qui n'attendent
depuis long-temps que le signal du "meurtre et
du pillage, votre vigilance infatigable, votre
incorruptible fidélité, rassurent les amis du Roi,
et de la Monarchie contre la crainte trop
fondée du plus exécrable des forfaits, et vous
assurent des droits immortels à la reconnoif-
fance des vrais Français , à la fcnjibilité de votre
JRoî , à l'eftime des Nations. Toujours quelque
nouvelle calomnie Contre les Prêtre* catholique?.
Ceux du Pas - de -Calais font accufés^ dans le
fabbat du î, d'y femer le trouble ; le p^vén
d'en douter, c'elt un Jacoquin qui l'affirme. On
lit une lettre du Prince de Hésse, datée
de Perpignan as Mars. Ce prince Jacobin accufe
fon frère Brifot de n'avoir jpoint répondu à plu-
fieurs de Ces 'lettres , &. dénonce M, Dumuy ,
qui 3 voulu fe porter fur les, brigands qui en
tourent la ville d'Arles. L'illuitre Principion
efpère que fon collègue trouvera à Orlîans la
rècompenfc d'un tel forfait.

MÉLANGES.
AUX t> É M A G .0 G V E S.
Rochamb — . Luck . . . Lafay. . • •
Que l'on croit avoir acheté* ,
Ne sont pas la meilleur emplette • •
Qu'ayent pu faire nos (Députés.
Sur leur fidélité parfaite
Très-imprudemment vous comptez:
Nos Dia^eaux . qu'ils ont désertés,
Vous sont une preuve complette ,
Qu'il faudrait d'autres sûretés A
Que le serment qui les engage.
Comme nous , vous serez quittés ,
S'ils y trouvent leur avantage.
Ces héros si pleins de courage %
Vous sont moins vendus que prêtés;
Ce font des Chevaux de louage: ,
Qui par tout venant sont montés.
COUPLETS
DIES AUX BONS BOURGEOIS*
Air : Jofeph est bien manV,"
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins «
Mille petites créatures
Cheminent dans leurs chevelures ;
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins.

Par les Princes indignés


Bientôt ils seront peignés :
Mais en attendant qu'on les peigne
Ils peurroient vous donner la teigne :
/ Honorables Citadins ,
' Garez-vous des Jacobins.
•OCCOOCO
Ils sont aussi tempéra ns
Que propres & ragoûtans ;
Contre vos femmes & vos têtes ,
'lisse proposent des conquêtes!
Honorables citadins
Garez-vous des Jacobins. ' .
ocoOoes»
Tremblez , quand les assignats
Seront tout-à-fait à bas ,
Que de leurs mains patriotique
Ils n'organisent vos boutiques
Honorables Citadins,
Garez-vous des Jacobins.
( 53 )
ïls ne veulent point de Roi :
Leurs penclians forment leur Loî :
, r C'eft sur la ruirie commune .
Qu'il» établissent leur fortune .•
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins.
•©oocoeo» '
Orateurs excrémenteux ,
Pamphle'tairés graveleux.
Ils sont de la philosophaille
Et les valets & la canaille:
Honorables Citadins ,
y Garez-vous des Jacobins.
•©03O00O
En efquissant leurs tableaux ,
Où trempe'-je mes pinceaux?
Pardon : mais il est des figures
Qu'on ne peint qu'avec des ordures :
Honorables Citadins ,
Garez-vous des Jacobins.

Madane Lacro. . . ne manque jamais de dire ,


dans les petites fociétésoù on la reçoit: mon mari
le Président du Comité' militaire. Il eft difficile
de rien voir de plus vain , de plus fot , de plus
ridicule , que cette reine de, . . Manège , ci-de
vant citoyenne aélive & joueufe de vielle à Paris,
On allure que deux perfonnes , déguifées en
Jacobins , fe préfentèrent avant-hier au foir chez
la Baronne de St. . . qui les reçut dans fon bout
doir^où elle donne ordinairement fes audiances.
Madame, lui dirent- ils, les fociétés des provin
ces méridionales , aprè» avoir examiné ' le nou
veau plan de république que vous leur avez en
voyé , trouvent qu'il manque par le fondement;
elles vous prient de permettre que nous en exa
minions le vice enfemble. En même temps, fany
donner à la Baronrîe le temps de répliquer, ils
la hapent , lui mètrent un bâillon, la troulfent,
la fouettent jufqu'au fang, & lui enlèvent cé^i.»
Jafon prit dans Ja Colchide. Cela fait, nos argo-
nautes fe retirent , l'aillant la Baronne pâmée fur
ion canapé. Elle eft depuis , dans un état affreux
&. l'on craint que cette aventure ne rende faibli*
incurable. - ■

LEGISLATION;
Seconde race de nos Rois,
içances des 4, 5 & 6 Avril.
Des Négocians, Artifaris , Manufacturiers &
Marins de la Ville de Nantes , admis à la féance
du foir 3, ont pathétiquement expolé à nosfept
cens Souverains &. compagnie , que la deftruc-
tion «lu Commerce a réduit tous les Artifans St
Matelots à la befa~e; ils ont enmème-tems follicité
d* nauvëaux feeours pour. Saint-Domingue , &.
olî'ert leurs vailîtaux pour les porter. Leur péti
tion eft renvoyée au Comité colonial. — Le di
rectoire du département , introduit , répond aux
inculpations de la Municipalité , &. prouve par
A, plus B, que le> plaintes des M uiacip'es n'ont
pas le feus commun. 11 eft aurais .aux honneurs
dé la féance. — On fe rappelle fans doute le
brillant tableau , fait par le Roi Canibon , du
Tréfor national. Eh! bien, le lendemain 4, le
Commiffaire du Roi à la cault de l'extraordi
naire , écrit à nos* Mydas qu'il ne fait plus dé
quel bois faire flèche, &. que 'la tréforerie a
Je plus piaffant befoin de Lx millions dans 1&
< 15 )
jour^mêriiè. On a décrété qu'ils lui feroîent
donnés , & que la malfe des alïïgnats , fixée par
le dernier décret à 16 cens millions i'eioit por
tée à 150, eu attendant mieux. Le Roi Saladin
fait un très-long rapport fur les dénonciations
faites contre l'eJC-Miniltre de la Justice, &
&. conclud à l'envoyer joindre M. de Lessan ,
à Orléans. Ce projet elî ajourné. Ou lit & oa
décrète dans la feance du loir une longue férié
d'articles fur l'orgaailation de la gendarmerie Na
tional* Sire Merlin rend compte à la féance du 5,
du fait fuivant. — Les habitans de Saint-Domiu-
gue , après la fignature du concordat , avoient fait
embarquer a vj Nègres, moteurs des troubles,
fur le vailfeau l'Emmanuel , pour être transportés
dans quelque plage étrangère. Le Capitaine de
ce navire , au lieu de les porter à leur destina
tion , relâche dans un des ports de la Jamaïque ,
St y débarque les Nègres, qui furent renvoyés a
Saini-Domingue. Cette perlidie a indifpofé avec
îaifon le gouvernement Anglais , qui a fait de
mander les indemnités dues en pareil cas.
Décrejt qui invite le Roi à faite pourfuivre &,
juger le Capitaine de ce Navire, & à pren
dre les mefures les plus promptes pour le paye
ment de l'indemnité. Le Minilhe au
ibnner rouge communique Ja lettre adrtffée au
iK>m du Roi , au chargé dos affaires du Roi à
Turin, &. la réponfe de Sa Mujeiié Sarde priée
de s'expliquer promptement fur les préparatifs
■de guerre qui le t'ont en Savoie. — Le Roi de
Sardaigne répond , qu'ils ont pour objet lu fu
reté de (es Etats. Le grand œuvre da l'organifa-
tion finale de la gendarmerie Nationale a rempli
là féance du foir. .Après avoir volé les biens du
Clergé , il ne reftoit plus qu'à les dépouiller de
leurs vêtemens', & c'eit ce qu'on a fait à la féance
) $6 ) ?
du 6 , afin de né plus rien laiiTer à délirer *ux
Proteftans & aux impies. Le f:eur Tomé, Evê-
que intrus de Bourges , demande que le coftumé
actuel des Eccéiialtiques & des Religieux , foit
fuprimé , comme le ligne d'une corporation dé
formais odreufe. Sires Merlin , Lagrévole ,Aubert ,
mutât , appuyent la motion du schismatique Pré
lat , & le répendent en plates pasquinades. l'E-
vêque de Limoges dépofefa croix furie Bureau,
& l'offre en don patriotique ; enfin le costumé
Eccléliaftique & Religieux eft profcrit , aux apJ
plaudiffemens des Minillres de *la nouvelle loi
& de leurs fecTateurs. N
On annonce dans ce moment la mort du Roi
de Suéde.
A V I S.
Les Jacoquîns qui pullulent dans notre infortunée.,
patrie, comme jadis les fauterelles en Egypte, après
avoir vainement tenté d'acheter notre silence au poids
-de l'or ont imaginé de faire tomber notre Journal , ett
le brhsotam ; nos abonnés , p'er; • ■sdéi que ceu'-' ci at-
tribiicroicm i notre négligence , les fréquentes soustrac
tions qu'ils éprouvent. Certains d'entre-eux ont donné
.dans le piège, d'autres plus clairvoyans se sont adressés
ànotre Bureau , & nous nous sommes empressés de rem
placer les numéros qu'on leur avoit volés."1 C'est ce
que nous continuerons de faire , malgré les fraix énor
mes que cela nous occasionne. Nous prions nos sous
cripteurs de s'adresser directement au Bureau , rue
Montmartre N°. 219 près le passage du Saumon, à Paris.
Le prix de la souscription eft de 24 livres pour un an ,
12 livres pour six mois , & six livres pour trois , franc
de port. Les Lettres qui ne font point affranchies restent
au rebut.

De CImprimerie de Jacques Girovard , rue du


Bout-du-Mondc . N°. 47é
L A ROCAMBOLE,
0 u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
RÉDIGE par Ûok Regius Anti - JacobincS.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».


■ v . Il
Du Dimanche 14 Avril 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

« r11
-I ANDISQUE les ennemis du trône & de l'autel
travaillent fans relâche à propager le crime , &
qu'ils encouragent leurs fatellites aux plus
horribles débordemens , la Juftice éternelle pré
pare fes vengeances. Les Factieux rient mainte
nant en contemplant les victimes qu'ils peuvent
encore dévorer , Ils favourent d'avance le fang
que Jourian va leur oriFrir ; mais bientôt cette
joie féroce fera convertie en terreur ; bientôt des
cris funèbres , des mugiliemens de douleur re
tentiront dans leur repaire d'iniquités ; bientôt
ils feront réduits à invoquer une morj. prompte
qui leur fera même réfutée; .
Tonvt IV année 17$^. E«
' , (7* )
Voilà les fruits qu'ils recueilleront de l'aflafïïna*
commis fur Vdcliille de la Suéde. Cet attentat a
foulevé toutes les puiflances , & le fucceffeur de
Léopold efi déterminé à purger la terre dïsmonftres
qui peuvent concevoir et exécuter ces attrocités.
C'eft pour cela que les troupes du Roi de Hongrie
ibnt dans l'attitude la plus fière & la plus me
naçante. 125 mille Autrichiens fe raffemblent à ,
Bronau en Bavière- Cette armée, fera commandée
contre les Jacobins par le Général Karajair. Ce
Général qui s'tll diftingué dans la guerre contre
les Turcs , a été choifi par fon Souverain , tant
à caufe de fes talens militaires que de fou
extrême févérité. C'eft à ce nouveau Bender que
les Jacobins auront à faire. Le nouveau Roi
a entièrement renoncé au rôle de temporifeur
adopté par le pacifique Léopold, fur-tout depuis
qu'il a reçu la lettre infolente de Dumourier,
Ce n'eft pas qu'on ne travaile fous main à
ébranler les difpofitions'belJiqueufes du généreux
François , mais les Ccnfeillers lâciies font très.-
mal vus de ce Prince. L'un d'eux, lui ayant voulu,
faire craindre une infurrecti.on de dix mille
Brabançons , reçut pour toute réponfe : Eh bien !
ce fera dix mille têtes à couper. I
Les Courriers que les Princes reçoivent jour
nellement des pu'Jfances de l'Europe leur appor
tent les nouvelles les plus.fatisfaifantes. Les émi
grés font armés & s'evercent à merveille.
Les lettres de Stockolm apprennent que le Roi
de Suède eû entièrement horS' de danger. Il reçoit
ceux qui ont befoin de lui parler. Cela n'empê
che pas que le P>.oi même n'ait établi un Con-
feil de régence pour vaquer aux affaires du Gou
vernement pendant tout le temps que durera fa
maladie. Ce Confeil a pour chef le Duc de
Sudermanie , & pour membres , le Comte de
Wachtmeister , le- général Comte Oxenstjernay
le Baron,. "faube &. le générai Armfeld,
1
(79)
L'attentat commis contre le brave Gustave n'est
pas le feul qu'on fe fut propofé. Toute la fa
mille Royale étoit également menacée. Il y à
déjà quelques temps que ce projet avoit été an
noncé par les Jacobins. On afTure qu'ils n'avoient
ën vue quë de bouleveiiër la forme du gouver
nement Ae Suédë pour en fubniiùer un autre tout
prêt. Cent dix per formes ont été arrêtées & le
procès de l'aflaffin fe continué tous les jours avec
la plus grande célérité.
NOUVELLES INTERIE URES.
Calamités dé la ville d'Arles:
Ecce non est auxilium mihi in me, & né-
cessarii quoique mci reccsseruBt à me.
(Job. Cap. VI. v. 13.' )
Là marche des Calviniftes eft un torrent que
risn n'arrête & qui multiplie tous les jours les
ravages. Le régime acluel eft pour eux l'exemplaire
du plus bel ordre des chofes possibles , parceque
lbus ce régime , ils peuvent voler , piller , . in-
cendeir & aflaffiner impunément. Que dis-je ! les
crimes les plus atroces font payés par les fouve-
rains du jour & les Calviniftes n'ignorent point ,
qu'ils ont la meilleure part à leurs libéralités. Ils
én font ivres de joie. Qu'on ne les compare donc
plus aux voleurs de grand chemin, car aprè; une
expédition violente, un coupeur de bourfe eft du
moins troublé par la crainte que lui infpire fon
crime ; mais les Calviniftes tranquille1; & fans re
mords , dévorent avec orgueil & infolence les
biens des viclimes qu'ils ont immolées, ils paf-
fent fucceffivement du pillage à la débauche la plus
eiirénée ; ils détruifent ce qu'ils ne peuvent con-'
fommer , &* plus ils font des miférables , plus'
leur férocité t'accroît. A Arles , non contensu'ab
( 8o )
batrë eux-mêmes les remparts & Tes inaîsonsdjj
cette malheure ufe Ville , par un rafinement dë
cruauté, ils forcent jufqu'aux femmes à travaillef
à ces démolitions. Et c'est en vertu des ordres le-
crets des Directeurs du Manège , que ces horreurs
fe commettent , & avec le tréfor des afiignats qu'on
les paye.
-Voilà l'ufage que l'on a fait jufqu a ce jour
des dons patriotiques & des fomaies provenans
de la vente des biens du Clergé.
Dans tout le Département du Gard , les catho
liques foufFrènt mille vexations. Ceux de Nismes
font forcés d'aller aux Eglifes des intrus, fous
peine d'être flagellés à coups de nerf de bœuf
par les brigands.qui fe nomment le pouvoir exé*
cutii. .<-.
Les malheurs des catholiques font fi affreux
qu'ils y fuccomberont fans doute , fi la providence
fatisfaite des épreuves par où elle tes a fait pafler
ne mettoit bientôt fin à leurs fouffrances. Mais
tout porte à croire qu'ils peuvent fe livrer à
l'efpérancej Les Pitances environnantes font
nbn-ieulemènt armées pour notre délivrance ,
mais encore ptuïieufs villes frontières , éclairées
par l'expérience du malheur , n'attendent <jue
l'arrivée des légions amies de l'humanité , pour
se ranger de leur bord , & , d'un autre côte , nos
tyrans qui font affez forts pour commettre le
crime , font dans l'impuifiance de réfifter aux
Phalanges belliqueufes que le Dieu des batailles
fait marcher contre eux. Toutes les troupes infec
tées du virus Jacobite , font en infurrectibn. Le
Corps royal d'Artillerie ne fait pas plus de cas
du nouveau règlement militaire, qneduGénérâl
jtforphée , & l'on fait qu'il ne manque rien au
mépris que le héros des deux mondes a sçu inf-
pirer.
Les Jacobins favent cela , & pour étourdit
( Si )
Je peuple fur les fléaux qui fe menacent, ils
fqnt des fêtes à leurs frères les Galériens, pen
dant que, d'un autre côté, pour fouleyer les
efpfits, ils écrivent en province que le Roi n'eft
plus à Paris , que fa ga -de l'a enlevé. Que les
Prêtres réfraclaires ont dirigé cette manœuvre,
«Pour réparation de quoi, il faut les rnaffacrer ;
& toujours des marTacres ! toujours du fang !
Ils en font fi avides les monftres , qu'après
avoir lapé tout celui des honnètes^gens , ils fini-
roient par s'égorger les uns les autres pour s'en
abreuver encore. Mais pourquoi donc cette haine
û féroce contre les Miniftres de la Religion / C'eft
que leurs vertus font un miroir qui réfléchit la
difformité des vices de leurs tyrans -, c'eft qu'ils
ne veavent fupporter le témoignage éclatant que
rendent à la foi de "nos pères , ces refpeélabies
viclimes de l'impiété & de la fcélérateffe ; c'eft,
que l'exemple de leur réfîgnation, au milieu des
perfécutions , qui nous retracent celles des Néron ,
des Diocléiien ,â&s'Domitien &. des Maxence, c'eft
que cet exemple , dis-.je , eft un langage éloquent,
qui attefte la Divinité d'une Religion dont les
fuppôts de l'enfej- ont juré la ruine, dans leur
rage imenfée , ^um ne néglige-t-on rien pour fe dé-
- faire des Pi être . fidèles &!t s ç'îafîer d'un royaume
où les novateurs veulent, fubftituer l'étendard de
Calvin à la croix de Jesus-Christ. Les Prêtres
de Brest , de Nantes , du Mans, à' Angers , de
Çolmar , font tons en finie , ou «bus les fers. Ceux
d'Aix , de Marfeiiie , de Toulon, d' Arles , fô"nt
errans & difpexfés ; quatre-vingt-dix Prêtres des
Départemens du Var & des bouches du Rhône,
(ont réfugiés à Nice , avec les Evêques de Toulon
de Vence & de Frcjits. Les Pafteurs de Nismis
&. de Montpellier , ont été forces de s'expatrier,
prefque par-tout , les Egîifes des Prêtres non ju-
reurs font fermées ,~& la liberté du culte for
r( 82 )

.mollement autQtifée par la Conftitution leur eft


.interdite. Les villes d'Apr , de Touloufe , de Metj
& de Bordeaux , fe font fignalées entr'autres par
la plus révoltante infraction à la loi. Dans Je Per
che , les curés & les Vicaires légitimes font indi
gnement outragés , menacés ; plusieurs d'entr'eqx,
étendus fur le dos , ont vu le poignard prêt à
les frapper. Un curé des environs de la Louppe
a vu fon Presbytère entouré de bottes de paille ,
pour l'incendier , & s'eft enfui. La perfécution
n'eft pas moins ardente à Nagent ; les pays-bas
Français n'ont plus que des intrus & des Prêtres
jureurs. Usquequo , Domine , irafceris infinem ?

Thermomètre de Paris.
ENCORE DES GALERIENS.
Elle aura lieu la fête des aiTaffins du vertueux
Desille, en dépit de l'indignation publique qui
s'eft hautement manifeftée , tant dans la fection
de Saint-Jofeph que dans la majorité des citoyens
de la capitale, tout le monde eft perfuadé que cette;
fête fcandaleufe n'eft qu'un prétexte pour réu
nir les Coupe-jarrets qu'on a fait venir dans
Paris de toutes les parties du Royaume. Quoi
qu'il en foit , il n'eft forte de manœuvres que.
l'intègre Pet... n'ait employées pour étouffer
l'opinion; ce qui n'eft pas d'un bon augure.
La conduite du Maire de Paris eft d'autant
plus révoltante , qu'on sait de quelle manière;
il s'eft comporté lorfqu'il a été queftio» de jouer
l'Opéra d'Adrien. Cette conduite indécente lui a
attiré entr'autres lettres très-piquantes celle qi;a
nous allons tranferire.
Moniteur ,
. « L'Opéra d'Adrien étoit annoncé au PîiM-ç..
Des gens de votre çonuoi&mcs prenant de l'hu
meur contre un Prince qui s'aviioit de vaincrç
3
& de pardonner , menacèrent de le Tenir ren-
verfer de son char triomphal, & de faire fubir .
aux fpeclateurs la peine due à leur curiosité.
Prudent aior9 , ces menaces éveillèrent votre
follicitude , & vous refufant à employer cette
force publique , dont nous vous avons; confié la
direction pour protéger auflx bien nos jeux que
nos propriétés, vous jugeâtes plus à propos de nous
priver d'un fpeclacle innocent , difant que la tran
quillité des Citoyens ne devoit pas être troublée
par une comédie—- paiTe pour cela. Mais quelle
raison donnerez vous aujourd'hui , Monsieur, pour
justifier le mépris que vous faites des réclamations
qui s'élèvent tous les jours contrecette Fête effron
tée , préparée fous vos auspices ,& annoncée pour
Dimanche / Il ne s'agit plus du triomphe fcénique
d'un Empereur Romain , mais d'un triomphe réel ,
impunément décerné à des Soldats qui rebelles à
la lot , ont fait couler le fang des citoyens, armés
pour elle, qui vous ont peut-être à ce prix confervé
lapolïibilité d'être élu Maire àeParis en 1791. Ré-
fléchiifez-y férieufement , Moniteur , l'indignation
publique eft à fon comble ; &. les menaces qu'elle
enfante peuvent , une féconde fois , compromettre
la tranquillité de la capitale. Revenez donc fur
vos pas , s'il en eft temps encore, & n'autorifez
pas à dire , que ce qui vous manque de fermeté
dans l'exercice de vos devoirs fe retrouve en opi
niâtreté , l'orfqu'il s'agit de braver l'opinion ,
lajuftice & les mœurs. »

SABBATS JACOBITES.
Des 86-9 Avril.
Sous la clochette de frère Vergnaud.
Son excellence révérendiffime , Frère Desfieux,
Ambafiadeur extraordinaire des Jacquets de.
(84)
Ver/ailles, est préfenté au Club fuprême dans
le Sabbat du t. par le grand maître des céré
monies Jacoquines, & après avoir exhibé fes lettres
de créances, il dit : vénérable Pré/ident, frères de
tout calibre &de tout poil , culottés ou inculottés,
qui corupofez ce brillant affemblage , Salut.
Je vous annonce, camarades, une grande nouvelle :
c'eft l'arrivée de nos frères les Galériens i ils feront
céans demain , à moins que le diable ne les em
porte. Le Comité central à; beau dire qne le
tombereau deftiné à leur triomphe n'eftpas encore
prêt, rien ne peut contenir l'envie qu'ils ont
de vous fauter au cou , & de vous témoigner
dans cette accolade fraternelle , leur amoureufe
reconnoiffance- Tout céqui intérefle ces illuftres
Galériens , eft trop précieux pour que je vous
en efcamotte le récit. Voici celui des honneurs
civiques que leur ont rendu les frères de Ver-
failles. — Ces ci-devant Forçats ont été préfenté»
à leur séance, par le grand Collot & les Dé
putés de Brest) ceux-ci ont d'abord enfilé , à
tour de rôle un difcours monté fur le diapazori
de ce Jacobin à' Athènes , qui en vouloit tant
à Philippe de Macédoine, & à fon fils Alexandre le
Grand. Nonsnous fommes enfuites acheminés pro-
ceflîonnellement vers la Municipalité , au milieu
d'une haie de Soldats Nationaux , précédés d'une
mufïque Nationale , jouant l'air ça ira. U.ne vraie
faim de chien nous conduit enfin aux menus ,
où nous attendoit une ripaille digne du pays
de Cocagne. C'eft Jà, qu'empifrés du becjufqu'k
Vanus, Mous avons décrété , que les Galériens
de Chàteau-vieux fe rendront demain au Manège
pour y embraffer leurs bons amis , &. ce, nonobftant
clameur de haro, & toute charte & affiche à
ce contraire ...... . Vive ! vive / l'AmbaiTadeur >
s'écrie tout le fabbat en rhut. Vivent nos frères
le; Forçats! — Amis, dit frère Courfon, é&

-
( «5 >
qu'ils feront arrivés, il faut que chacun de nous ijm
ammène un dans fa hutte , & qu'il partage avec lui
fonfricot &fonlit. Nous ferons publier ce trait par
nos Jonrnaiiftes affidés , & nos ennemis en crè
veront de rage , puis nous les traînerons Diman
che à la fuite du charriot de la liberté. . . . J'y
confens , répond un Jacquet, à condition qu'on
fera'im primer le détail delà fête qui fe prépare
& qu'on l'enverra à tous nos affiliés pour qu'on
célèbre dans toute Ja France le triomphe des
galériens. . . . O voleur ! ô voleur ! crie à pleine
gueule , le charmant Frérot , Prince de Hesse.
Vourfon , a volé ma motion. — Voici mes frères ,
interrompt un Jacquet , une délibération prife
parle bataillon des Filles de-Saint- Thomas , con- '
tre la fête dçs foldats de Château-vieux. — Fy
donc , répond-t-on, ne lifez pas une telle fottife.—■
Qu'on la. dénonce vite au Procureur de la Com
mune , dit frère Hyon. — Bêtife que tout ça ré
plique le Général Robespierre , il feroit très-dan-
géreux & même impolitique de lailTer croire, qu'il
exilte dans Paris un bataillon afTez gangrené pour
prendre un tel arrêté. 11 eft d'ailleurs ligné Pain-
d'Avoine , Lieutenant dans ce bataillon. Ce feroit^
avilir notre dignité que de nous occuper d'un Pain-
d'Avoine. D'après cette obfervation on abandonne
l'arrêté, Et Pain-i' Avoine. — Voici venir la fine-
lîeur des Jacquets de Metj qui communique aux.
Sabbatiftes une pétition deftinée aux Roitelets du
Manège pour en obtenir la permiifionde déporter
hors du Royaume tous les Prêtres non aiTermen-
tés ; l'orateur cannibale offre enfuite à la .Tacqui-
naille le premier numéro d'un Journal deftiné à
faire marcher le peuple dans la voye Jacobite ,
&. l'on arrête tout d'une voix la mention hono
rable au procès verbal de ce noble projet. — Des
quidams , mulctés par feu Dame Juftice , vien
nent réclamer la protection des Jacquets & en
( w )
obtiennent la faveur de .figurer dans la fête des
galérienside Château-vieux, — Le forcenné Clerc-
JDoje , celui-là même que nous avons vu vomir
les plus horribles blasphèmes contre le Roi & fort
àugufte compagne , fe plaint d'avoir été incar
céré pendant, dix heures , par la police correct
tionnelle, pour avoir déchiré dans le Palais-Royal,
une aiîiehe contre les foldats de Chàteau-yieux.
Indigné de cet attentat contre la liberté Jaco-
bne, Clerc - Do\e , aiTtire qu'il va pourfuivre
les membres de ce tribunal. En attendant, il eft
comblé d'applaudiffemens. — Les Députes de Ver-
failles qui ont accompagné à Paris les vénérables
Galériens, font introduits au fabbat du g , au
milieu des plus effroyables acclamations. Frère
.Goujon , président de la Jacquerie de Verfailles,,
grimpe à la tribune & affure , que fi le tendre,
ameur de la Patrie n'eut démantelé toutes fes
idées, il ne manqueroit pas de dire les plus belles
chofes du monde , & le Préfident du fabbat lui
répond qu'on l'en 'croit & de re?te, fur fa pa-
rôle, A l'infiant levroulement redoublé des tam
bours annonce l'arrivée des Galériens. A leur
afpecl les Jacquets fe prennent à braire de concert;
ils entrent , précédés de quelques fapeurs & d'une
députation du Fauxbourg fain -Antoine , ayant
au milieu d'eux le grand Collot. Leur pré-
fence électrife de nouveau la Jacquinaille. Vive
Château ~ vieux ; s'écrie-t-elle ? vive la liberté!
les chapeaux , les bonnets , les fabres & les piques,
tout efi en l'ajr, Enfin, las de hurler, & de fe
démener en vrais démoniaques , ils tei-minent ce
premier acte de leur épouvantable Bacchanale ,
par Je refrein chéri de vivre libre ou, de mourir.
Alors frère Rabit , Député extraordinaire des
Jacquets de Brest enpaumant la parole , dit :
nous vous présentons , de la part de la ville de
Brest , les 'Galériens de Château-vieux , comme
( ?7 )
des enfans long-temps féparés de la famille. —>
Yous dites donc , frérots , répond le Préfidenî,
£n s'adrelfant à ces enfans retrouvés, que vous,
avez fouffert : la. . . . la. . , . . confolez vous , ne
pleurez pas, nous vous jurons de vous,aimer tour
jours ; & puis le Préfident les baife & rebaife,
les fœurs Jacoquinés fe précipitent de la Tri
bune , & viennent aulîî ferrer dans leurs bras
ces nouveaux frères. — Ah ! vien , s'écrie Collot-
Châttau-vuux , n'ai-je pas eu raifon dé dire qué
la meilleure réponfe à faire aux ennemis dé
nos chers Galériens , étoit dé les leur préfenter l
Boyez , Jandis , comme on les aime d'avord au
premier coup d'oeil. Certes boilà }e brai moyen
dé déjouer les manœubres d'un homme perfide
noubellement arribé à Paris .... Ce perfonnage
fe nomme Lafayette. Dans cé moment , il
lutte contre lé torrent dé la bolonté Nationale.
Cé matin il a mis la chofe puvlique^en danger,
par lé moyens de fes amis j'étois entourré
de deux cens mille fans-culottes, plus où moins
qui tous trouboient très-maubais qu'on fit un ap
pel nominal pour donner les honneurs de la
séance à mes chers galériens. J'ai bu lé moment
ou l'on nous entrainoit. Il a fallu toute ma pru
dence pour contenir lé peuple -, jé lui ai dit , qu'il
y aboit dans le Manège nombre compétent des
.nôtres pour être aflurez dé la majorité , &. il a
bu Sandis qué j'étois vien inftruit. Camarades ,
courage ! boyez-bous commé les patriotes font
forts f ah vien , cette force debiendra annéantif-
fante s'il faut. Parlons maintenant de mes cliens:
Si tous les foidats des defpotes les imitoient , tous
les peuples feroient vient'ôt livres, il falloit une
grande bertu pour donner en France un tel exem
ple au mois de Juillet 1789! Aulii lé despqr
îisme né leur a-t-il jamais pardonné. Eoilà petit
être lés feuîs foldats 'dé cet iionorabls régiment
( 88 )
dé Chitean-biçux ; tout lé refte a été pendu , dé*
truit ou difperfé ; . . . mais jé les afflige par cette
réminifcence. Confolez-bous, mes chers , mes bons
amis né pleurez-pas. Bos camarades pour aboir
été pendus né font pas pour cela tout-à-fait morts.
Leurs ames immortelles font paflees dans las corps
dés noubeaux foutiens dé la liverté , tandis que
celles des tyrans ne bont animer après leur mort
qué des ânes ou des pourceaux. Les hommes li-;
bres fubjuguent jufqu'aux deftioées , & fi cela né-
toit ainfi, aurions-nous arraché nos chers frères
des galères. Ma foi bibe la liverté ! — Tais-toi
donc bavard éternel , interrompt le Préfident , &
laifie-moi parler. . . . Chers amis , vous avez fait
un grand crime aux yeux de la tyrannie. . • Mais
ce crime fait votre triomphe. Àh! le beau jour
pour nous , que celui ou nous vous pofTédons dans
notre fein ! Votre gloire nous rend cependant un
tantinet jaloux, car enfin, vous avez l'avantage
d'avoir été aux galères pour la conftitution , &
nous n'avons pas eu cet honneur encore. En atten
dant , réunis aux Gardes Françaîfes qiui ont pris
d'aflaut la Bastille , dont on leuravoit ouvert les
portes , nous/ aurons le plaifir de vous voir jurer
enfemble , fous l'étendard Tricolbr & le bonnet
rouge de la liberté. Adieu nos chers amis , on
- vous attend à la maifon Commune -/partez & em-
braflez pour nous nos frères les Municipes. Colloi
fe met à leur tête; ils fortent & vont à l'Hôtel-de-
Ville jouer la même farce , prélude de celle qu'il*
doivent donner aujourd'hui au public. ^
MÉLANGES.
É P I G R A M M E.
Ces millions de combattants ,
pascons, Picards , Bretons , Chamatnois et Normands,
t*9)
Qui, pleins d'ardeur & d'espérance « ...
Sur la frontière de la France ,
Conduisent nos drapeaux flottant.
Malgré leur multitude immense
De vaincre n'ont point l'affurance ,
Des millions font beaucoup de zéros : ,
Mois font-ils beaucoup de héros ?

A U T*R E.
Très-bien fait-on de fabriquer des piqués t
Pour les cohortes héroïques
Que le club envoie au eombati
Mats faudroit avant cela ,
D« cette phalange innombrable ,
( Ce qui n'eft point un petit embarras»)
Fournir la marmitte & la table.-
Et savoir que deux millions de bras
Font un million d'estomcs.

LEGISLATION.
Second» race de nos Rois.
Séances des Mardi foir 10, n , ta & ij Atril,
M. Constanrini , Député de Bonifacio en
Corje , dénonce les Corrimiflaires de la tréforerie
nationale , comme devant faire , le lendemain ,
lurja place , un achat de numéraire , qui a fait
fubitement augmenter l'argent de 6 pour cent ;
nos Roitelets écoutent à peine cette importante
dénonciation , & la renvoyent au Comité des
Finances. — On décrète plusieurs articles fur le
mode de remplacement des places vacantes dans
l'armée. L'hiftoire de notre révolution fera celle
L 9° J
des brigandages & des vols les plus infâmes. Le
Comité féodal en propofe un nouveau, à la féance
du n, Celui de fnpprimer tous les droits féodaux
fans exception , même ceux de lods & ventes , de
Rachat, de quint &. requint; droits.pô'urfuit l'igne*"
rant rapporteur , qui rie font point une propriété,'
parceqa'ils n'ont pu être légitimement exigés;
sire D'Ortiac a fait un interminable difcours à
l'appui de ce rapport. Loin de réfuter ces imbe-
ciiies Monarques , nous nous bornerons à répéter
ce qu'à dit, à ce fujet , le plus ingénieux & le plus
protond de raos Écrivains M- l'abbé Rofou.
» quand un voleur veut prouver par des argumens
qu'il a eu droit de détroujfer tes voyageurs , cest
au bourreau à répondre »•' Le Miniilre des aiïaiies
étrangères, à reçu du Miniftère Anglais, les
explications relatives à la correction que la fré
gate aftgloise le Phénix , a infligée à la frégate
Nationale la Résolution. li en rél'ulte que celle-
ci à tort. La féance du foir a été remplie par une
trèVaride difcufHon fur l'organiiation des inva
lides. On y a décrété, que ceux qui reçoivent
des penfions ou traitemens de la Nation, n'en
feront déformais payés qu'en juftifiknt qu'ils
ont payé le dernier terme de leur contribution'
patriotique. —Le Miriiftre de l'inférieur annonce
à la féance du ia , que les communications com
merciales font interrompues dans plulîeurs dépa»-
temens par le mauvais état des routes ) il n'a point
parlé des brigands qui les infectent, & les reri
dent impraticable?.' Le Comité militaire fait réin
tégrer un fieur la croix , fous-Officier du 71e- ré
giment deltitué , dit-il , arbitrairement fous l'an
cien régime- — Sire Vincent a très-longuement
& très-bêtement péroré fur la vente des biens des
communautés feculière;; c'eft ainfi que nos Mo-
r.arques ont gag^é leur dix-huit livres dans cette
.1
• ( ?o w

fèance, encore même l'augufte Lecointre , a-t-it


eu l'impudeur de dire, que ce traitement ne fuffi>-
foit pas à leurs Majeftés législatives. —-Les Muni-
cipes d'Arles font admis à la féance du foir &
y juftifient leur conduite, ce qui n'étoit pas diffi
cile , d'après la mérité des faits confignés dans nos
précédens Numéros, fur la conduite franche &
loyale des bans citoyens de cette ville. Sire Fran
çois , fait un aiîez long rapport sur les troubles
de Saint-Génies , Département de l'Aveyron , &
prétend que MM. Charrier & Colombat les ont
provoqués dans la vue d'emmener la contre-révo
lution. Ce mot fait pâlir l'aréopage , & il fehâte
de décréter d'accufation les prévenus. On discute
& l'on décrète enfuite quelques articles relatifs à
i'organifation de l'artillerie à cheval.-— M- Rol
land , Ministre de l'intérieur , annonce à la iéance
du 14, que le tribunal provisoire établi à Avi
gnon a été dispersé , & que l'exécrable Jourdan
& fes complices ont été mis en liberté. On ajoute
à ce 'que dit ici le Miniltre, que ce momtre a(éié
porté en triomphe à Marfeille. — Un courrier
extraordinaire arrivé de Nantes , annonce que
cette Ville kû dans une crise allarrnante , & qu'il
ne lui relie des fubsiftances que pour quinze jo ui*s
Les grains deftinés à ses approvilipnnemens ont
été arrêtés. — Décrété que le Miniitre rendra
compte le lendemain des mefures qu'il aura prifes
pour pr. ' .nir la famine dont la ville de Nantes oit
menacée. De toutes parts , nouvelles désastreuses ,
eh! peut-on en attendre d'autres clans le gouffre
de l'anarchie! Le Directoire du Département da
Gar , écrit que les brigands mettent tout à feu et
à fang dans les Diftriclsde Sommières et deNis-
mes ; mais ce que le directoire ne dit pas , vc'efr.
que leibrigandï ie-pecleht les propriétés des me'm--
bres du Département et n'incendient que lesChâ-
teaux , et maisons de Campagne des Catholiques
( 9* )
qui leur font délignés par le club'. — ■— — Là
lettre du Directoire et renvoyée à la commiffion
des douze. — Attribuera-t-on ou non les délits
pour fait d'enrôlement pour les Emigrés, aux
T.ibunaux ordinaires l Cette queftion a excité
de très-longs & dégoûtàns débats , l'ordre du jour
a été réclamé. Y paflera-t-on i Nouveaux débats,
deux épreuves douteufes, appel nominal fur
lequel l'ordre du jour eft adopté. Sire Chérohy
frappé des infurreclions qui bouleverfent le
Royaume , reconnoît enfin qu'il existe un com
plot pour noyer la trânee dans le fang% Si. humilier
les Gardes Nationales. Quelle en donc dit-il
l'ame de ce complot ! Sont-ce les aristocrates qui
ne veulent pas de la Constitution ! Sont-ce les
Factieux qui en veulent une aune ! Le Roi Mer
lin effrayé de voir foule ver le voile de la vérité,
le hâte d'en diftraire l'attention' publique, 8t
propofëi coîSTtc- un taoy-if exce".è»t pour cal-
•nei- le peuple, lui dhîribuer 1 '^Imanack du
tère Gérard., cette impertinente-motion est fuivie
d'un décret , pertant que le Comité fera un
rapport général fur les troubles du Royaume.
Quel horrible tableau , s'il eft peint d'après
Ja vérité ! — Le grand Prêtre Fa.uchet fatigué de
fa nullité , annonce une pétition de douze cens
Jacquets où fans-culottes de Lyon qui fe plaignent
énergiquement de la négligence de r. «s Monar
ques, à. prononcer fur leur dénonciation contre
les Adminiftrateurs des départemens de Rhône Se
Loire. Le Pontife décalo tté ajoute , qu'il eft tout
prêt à faire un bon rapport sur cette affaire.

^i-L'Jmprlmtrje c>t Jacques Girouaâd , rue du


Bout - dû-Monde , H". 47,
Seçotkle Année. Na. 6.

LA ROC AMBOLE*
o ti
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ;
Rt'digé par Dom RêOiv s ANTi-jAcoBiNVSi

<< Une Foi , Ùne Loi , un Roi ». "

Du Jeuii 19 -4v7ï7 1792;


iV -i • - • 1 g •-- ; m ■ ■•- '

Prédictions du Prophète SullEâu:

-^.VANT lè moiê dé Juin,1 vingt-cinq millions


d'hommes libres , feront parqués dans leur tanière
tomme les patriotes du champ de Mars fur l'au-
ïel de la Patrie. A peine les troupes dè l'Empire
feront-elles en front de bandière fur les bords'
du Rhin, & la Flandre Française cernée par une
â\itre armée , flanquée de Rujfès & de Suéddis ,
que les Efpagnols accompagnés de plufieurs au
tre* , viendront prendre potte dans les province»'
du Midi. Le camp de Jalès vengera les malta-'
êtes de Nïsîïes , Montacban ; Montpel'-
j.rER , &c. & les braves Marteillois ne voyant
de toutes parts-qbe des Boulevards d'Aristocratie ;
$l pas un feul BarbAntaiïe , fe concentreront
Tome IV année 170a. " Ff
C 94 )
«tans. leurs clubs , ou parlant BEAUCOUP &frap
pant pËu , ils réfoudront & effectueront le fiège
de tous les magafins de Café , tandis que les tigres
de la glacière qu'on vient de lâcher , fe défaltére-
ront dans le fang de quelques Prêtres réfraéiaires.
En même temps le Nord offrira des fcénes plus
•variées.
La Fljndre , toute Royalifte , fera foumife à
la première efcarmquche & nos émigrés vien
dront impéttfeufement y reïpirer l'air natal. Les
uns fe précipiteront dans ValenCIENNE ; d'au
tres afflueront au milieu de Lille & feront ren
dre gorge aux Municipaux qui les ont dépouillés
au paffage. Les plus intrépides s'avanceront juf-
qu'à Cambrai, pour prendre un avant ^oût des
délices de Paris ; ils y feront jouer fièrement
Richard cxur-de-Lyon , & défieront tous les bon
nets rouges de venir leur difputer la police du
fpeclacle. Landau fera pris d'emblée ; Stras
bourg ouvrira fes portes , & le cacochyme Luck-
fier, appuyé fur fan Pâton , ira cacher cette bé
quille dans la cave de quelque Miniftre Luthé
rien. Loff G WT, qui a dejterribles comptés à ren
dre, fera foudroyé de fond en comble. Les im
pertinences de Thionville feront châtiées au fil de
l'épée ; chemin faifant , on paflera le foc de la
charrue fur VARENNES , & l'on y femera du fel.
Metz arborera le pavillon blanc. Les Nation-
naux , les grenadiers de la garnifon & les Tal-
paches , trinqueront cordialement aux funéraille?.
de la Nation. Replié fur Verdun , la Fayette
ralliera dans un camp d'obfervation une cohorte
de proféras écuinans de rage; là, monlaFAYETTÉ,
perché fur le cheval blanc , la mine blême &
Chapeau bas , bégaye une harangue civique :
frères , dit-il , Soldats-Citoyens & Citoyens-Sdh
dats i fouten la gloire de vos armes. Pourrief-
A'ous craindre une poignée d'efclaves , après avoir
( 95 \
àéplbyé tant de courage à terrifier l'hydre de Paris*
tecratiaî " . «-"îv
Après le mot de l'ordre , Mirabeau & Patrie t.
le fignal eft donné , Vive libre ou. mourir, & le'
combat s'engage» A ce premier choc , toute l'ar
mée patriotique exécute , comme par infpiratioii.
& avec un concert admirable la plus habile de
toutes les manœuvres , la manœuvre fauve qui
peut'! -. , , . *
Honteux de brûler des amorces contre des mu
tins fi aifés à pacifier, les héros de Belgrade dé-',
pofent leurs moufquets , doublent le pas,&paf- .
fent froidement la Nation par les courroies. Tout'p
ce qui'.ichappe à la flagellation fe réfugie dans ■
le club de Sainte-Ménheould. La FAYETTE , qui t
n'aura pas l'efprit de fe faire fufiller y les y pré
cède , &. l'qn met à l'ordre du jour là pïteufe;.
aventure. La honte, le découragement , fit; leàî
remords ont médufè les plus fiers orateurs ; la tri-'':
hune eft déferte , & la Fayette s'éclipfe pour .
aller prendre confeil de fon ami Drouet , qui lui •
propofe des chevaux depofte & offre dele conf1
duire par les routes de traverfe. Mais fon heure r
fatale a fonné ; fes compagnons d'armes , qui nei
peuvent concevoir que des cerfs abrutis par la
difcipliine puiflent affronter les Soldats de 'là li
berté cuiraffés de la déclaration des droits. de.
l'homme, crient à la trahifon. La FATEf.TÈ'»
périt à fon tour par le plus faim des devoirs \ il
eftlanterné & accomplit ainfi fa deftinée par la.
main de fes frères. De fon côté , l'AlTerablee-
prend une attitude impofante ; Dont Chabot exco*
munie les hordes facriléges qui violent le terri- 1
toire.de la liberté; Brissot demande que tous'
ces révoltés foient mis, féance tenante, en état
d'accufation. Cependant les barbares s'avancent
toujours avec une contenance menaçante. La- Na
tion de Paris , qui à la première nouvelle de l'ia*
vafion , « efl: preflee d'exereer fa fouveraineté eft
gafpillant quelques boutiques & en réverbérifanf
les accapareurs , s'apperçoit que ces mefures font
infuffifantes & va droit à la fource du mal- Elle
«gorge des répréfentans qu'elle n'avoit pas payés
pour l'inveftir de tous les genres de -calamités , &
va fe jetter aux pieds du Roi , qu'elle fupplie
d'interpofer fon Veto pour arrêter la marche des
étrangers. En même temps on fe hâte de brifer
les piques , on brûle les bonnets rouges ; les Ja
cobins s enfouiflènt . Paris, reprend PafpecV
tfune ville policée. Le Roi fléchit le courroux
des vainqueurs; on défarme toutes les Munici
palités : les cent mille petites Nations des campa
gnes fe foùmettent; on proclame l'amniftie ; la
Jacobi naille même profite de l'indulgence : dès
l'iriftant que le peuple a ouvert les yeux , il a
fait juftice des plus fcélérats : -on fe contente de
décimer le refte ; on établit , à cet effet , une toi:»'
rte fur l'emplacement de chaque club; pour quer .
la peftilence de ces mortftf*s venimeux, ne leur
furvive point, on iess brûle1 promptement &tout
rentre dans l'orèrevu ;,; ,: ini<J'-) 60* : iT«»-i « v.vst

î NOU VEL.L E&. B Q&ÏT? I


teme de $f!. ft K^l^is^.au' sieuç j&P*

t. [« i Kfîv reçu., Monfieu* Ja/lewre^àr laquelle)


mk' me faites l'honneur de m 'apprendre^ votre*
nomination au mmiflère d*îç'afFah-*6 étrangère»;:
j'-ai celui de vousej)vayiri«i-}bii»te ma demiffiott.
JEi'ai jlieu) dé croire qae-le Roi l'àgréeife àvtbcOtt^'
complaifance, L'époqàe .queije choifis foot de*»
mander ma retraite* doit garantir la pureté des-
imentions qui m'y engageiJt^i '-i'w ««yraui
-Je! fui» iaTOc- lesifenùïgelJisi^iif vtM/J- infpi*§p
è ceux qui vous eonnoiJTent bien. »
Signé N0A.IU.EV
c 97 y
"Difcours des Bretons à leur arrivée à Coblent-r.
Monfeigneùr, .. ... . ■>
« Les Bretons ont l'honneur de vous rendre
leurs hommages; ils vom demandant du pain »
des armes , & le chemin de Paris
Réponfe de Monfeigneùr le comte d'Artois. :
» J'aurai, Meilleurs , le bonheur de partager
mon pain avec vous, de vous offrir mon épêe ,
fi je n'ai pas d'autres armes , & de marcher à
votre tète, »
La réponfe de la Cour de Madrid est arrivée
voici fon ccn enu :
« Le Roi mon maître m'ordonne de vous dire ,
3ue qui que ce ibit n'a le droit dé liii demai*
er compte de ses àctions , & qu'il' n'en rend*
à perfonrie. » ' ', ', '
Signé, D'ARANDA. '.
On écrit de PéterJ bourg , que l'immortelle
Catherine accueille , avec les plus grands témoi
gnages de bonté , tous ks Eccléfiaftiques de
France qui vont chercher un refuge dans fes Ltats,
en attendant le jour où ils pourront rentrer
dans leur Patrie oélolée. .
NOUVELLES INTÉRIEURES.
Ceux qui ne défirent que meurtres & incendies,
ont bien lieu de fe réjouir; les provinces mé
ridionales font dévastées , tout elt à feu &. à
fang , dit un patriote bi«n digne de foi , puif-«
Su'il a fait long-temps l'apologie de ces même»
rigands , qu'il dénonce à l'indignation publique,
Un» liste .de proicription efl entre les mains de»
Calvinistes. On dit que Rabaut-Saint-Etienne
en elt l'auteur; quoi qu'il en foit, plus de 50
châteaux appartenant à des Catholiques > ont été
4 --

épargnées. Le même' patriote révolutionnaire


ajoute , qu'une dame qui étoit dans fon
château demandoitjjrâce aux briga»ds,qui,quoiqu<î
brigands , furent touchés de fes larmes , & luj
dirent : nous voudrions vous épargner, Madame,
maïs nous ne le pouvons pas : VOUS ETES
SUR LA LISTE. Perfonne n'a profité de fes
horreurs ; tout a été brifé ou pillé : dans une
feule cave , il y avait cinquante tonneaux dç
vin & 180 Cannes d'huile ; les fans du lieu
vojant répandre le tout ; demandoient instament
qu'on leur en vendît. Les brigands répondirent :
il nous eft défendu de rien prendre , ni laiffer
prendre. Les brigands arrivés à un château en
touré de tous ceux qui brûloient encore , lç
maître parut, & leur dit : mais vous vous trom-
pei jurement ; je fuis un tel. Les brigands prirent
LEUR LISTE , & convinrent qu'ils fe trotnpoient ;
ils firent leurs excufes & partirent. On a plus
fait encore , car au milieu des châteaux incen
diés , deux ont été couronnés , parcequ'ils apar»
tiennent à des patriote?.
Et cependant que fait le département du Gard ^
pour protéger les propriétés , il feint de voir avec
peine des défordres qu'on l'accufe d'encourager
ibus main , & dans le même temps , les Gardes Na*
tionales àeNismes & Montpellier, tous Proteftans,
ayant à leur tête le fieur Cambon, frère de l'honnête
député de ce nom , fe tranfportent à Avignon , y
forcent les prifons , délivrent Jourdan & l'es com-i
plices. & lorfqu'on repréfente'au fieur Cambon que
Je décret d'amniftie en faveur de ces aflalîins , n'est
pas fanclionné. Eh ! que m'importe , répand-al
la fanélion de M- Loui^ ..
f 99 )
Thermomètre de Paris..
On n'eft pas toujours heureux , puifque les
Jacobins ; qui réuffiiTent si bien dans les Pro
vinces méridionales, n'iîifpirent à Paris que l'hor- 1
reur & le mépris. La fête fcandaieufe qu'ils ont
donnée à leurs frères1 les Galériens, les a écrafés
dans l'opinion publique. Il faut avoir vu cette,
fête pour concevoir ie degré d'avilirTement cù
la Nation eft tombée. Tout ce que nous (avons
des faturnales eft bien audessou? de la mafea-
rade du 15 Avril. Nous ép^rgneron1; à nos lec
teurs ce tableau dégoûtant , & noi.s nous bor
nerons à leur dire', que pour célébrer digne
ment le triomphe de leurs Frères , les Jacobins
ont ramafle toutes les barboteulès & les Sans-
Culottes, de Paris. MM. Peti.» &. Rcbespi
Fakxchef & laTHÉROiGNE, étoient au milieu
de cette cohue , comme les crapauds dans un
bourbier; c'eft-à-dire dans leur élemer.t, aulîî
l'air , où peut-on être mieux qu'au sein de fa
famille, n'a cerfé d'être joué pendant toute la
marche.
% Mais , comment les Parifîens ont-ils vu cette
fête / Avec mépris & indignation. Les Volon
taires nationaux, prêts à marcher à tout événe
ment , étoient dans leurs Co! ps-de-Garde , ce
qui en a impofé à la Nation incuioîtée, qui n'a
pu fe livrer aux meuvemens de fa férocité.
Le Jardin & le château des Thuileries ont
été fermés toute la journée, & entourés par plus
de \ingt-mille fiançais dignes de ce rscm, qui
ofFroient un rempart inexpugnable contre les
attentats des factieux.
Cette saturnale, dont l'objet a été heureufement
déjoué , doit convaincre les Jacoquins que ce
n'eft pas à Paris où ils commandent l'o
pinion. Les Parisiens favent apprécier cette
( IQO )
race de Tigres , & il . faut efpérer qu'ils i?f?
trouveront bientôt de ieclateurs , que parmi les,
Jourdjn , & les Calviniit.es dévaltateurs des belles
contrées du midi.
SABBATS 1 AC 0 B 1 T ES,
Des ii, 13 & 14 Avril.
Sous la clochette de Frère Vergniqux.
Caudeamus , mes frères , dit en ouvrant le
Sabbat du 1 1 , un des tigres de la caverrie antro-r
pophage •, voici trois patriotes , nommés Carirai
Anglais , Sa Brijjç,i , qui ont perfectionné le titre
du canon , & trouvé le fecret de tirer t% coups
en une rninutte. Que d'émigrés, de ^andoures ,
de Talpaches & de Hullahs nous allons en?
voyer ad Paires ! Ah / quel plaifir ce fera de Ie|
exterminer avec une telle pre nèfle ! Le» arjfto-
çrates inftruits dç cette précieufe découverte en
font conftipés de frayeur & qnt lupplié à deux
genoux , ces. gréluchons de -la mort , d'aller vem
Hre leur fecrét au Comte 'd'Artois qui le paye-
roit magnifiquement , irittis patriotes comme un
Carra , ils ont répondu : Vade rétro , race prof-
çritei L'argent qu'il faut aller chercher fi loin ne
fauroit nous tenter- Ce civifme, frères , eft »m~
payable; protégeons en les auteurs & que la Na
tion paye généreufement leur précieufe inven
tion. — Alte-là , "dit Robespierre , je m'y oppofe
au nom de l'humanité. Ce mot met en "fureur la
ïacquinaille. Robespierre le fâche Se. menace de
démafquer les furieux nouvelle rage. Voilà,
voilà, continue l'orateur, les funeltes effets de;
l'influence de la Fayette parmi nous. La décou
verte qui vous extafie tous,,ridicules benêts, n'ell prç
nouvelle- Si vous la mettez entre les mains du
peuple, elle pa(Tera bientôt dans celle des def-
pptes qui nous écraieront comme des vils infecles.
Cette réflexion'fait pâlir les courageux Jacquets
flui partent , en tremblant , au défordre du jour .
les faits 6- gestes du général Morphèe. — Guindé
au haut de cette tribune , continue Robespierre ,
jl faut que je démafque encore une fois un homme
qui veut faire le héros , parce qu'il a afllftéà une
yiéloire remportée par Wafhingion; un homme
dont tous les talens fe réduifent à un foudre mé?
ckanique ; un homme, dpnt les intrigues , foit à
l'époque des 5 &, 6 Oclobre , foit au départ du
Roi , & dans toutes les circonftani.es de la révo
lution, s'eft toujours montré , toutbourfoûfflé d'or»
gueil , Sf- bourré d'incivifme. Camarades , nefoyez
pa* fes dupes ; s'il fe trame quelque nquveau com
plot contre la tranquillité publique, dites que c'eft
la Fayette qui en eft l'auteur. Admirez sur-tout ma
bravoure, en dénonçant cet homme que jeméprile^
car il eft plus dangereux de dénoncer le Mar
quis de Lafayette que fous les Rois de la terre.
Je fuis entouré d'ennemis , d'affamns , mais le
jour où l'on m'éventrera fera «elui où je le dé
noncerai encore au mépjis public , ex totis viri-
biïs mets- — Les obfervations du Y^nérable Ro
be/pierre , réplique frère Réal> ont engendré
quelques réflexions dont je fuis prefle d'ac
coucher, fous le bon plaifir de vos révérences»
c'est que , quoique M. Lafayette foit démafqué
$t bien connu-, quoiqu'il n'ait ni ce caractère,
ni ces talens qui rendent un chef redoutable , con
venons néanmoins que Lafayette, à la téte d'une de-
nos armées , eft un homme dangereux. J'ai dénoncé
le Miniftre qui l'a élevé au Généralat , & je
le dénonce lu r nême aujourd'hui. Si perfonne ne
préfente ma dénonciation à l'aflemblée nationale ,
je vais moi-rr.ê"ne là faire à la barre , avec toute
la bravoure d'un Céfar, deuflai-je être écartelé
ipfo facto- — La nouvelle d'un attentat horr ble
ouvre le fabbaf du 13- Ua membre de la hord/
('l02 )
Jacobite prêchant au Palais Royal le plus ix'nt
des devoirs, y a été rudement houfpillé par 1*
Gendarmerie Nationale : on l'a conduit au tri
bunal de police correctionnelle , qui , non-moins
entreprenant que l'a Gendarmerie , a campé" le
Jacquet en prifon. Il y feroit encore fi la Jac-
quinaille n'eût interpolé fon crédit pour le faire
lâcher. Une telle audace fera-r-ellej impunie T
Non , mes frères , qu'à l'inftant dès Commiffaires
foient nommés pour pourfuivre ces audacieux
qui ont ofé mettre un Jacobin en prifon. Après
maintes autres dénonciations , le vénérable Ro
be/pierre exalte, dans un éternel difcours, l'arrêté
de la Municipalité , relatif à la fête des Galériens ,
& fe rue chemin faifant fur tous les gens de bien
qui la voyent avec horreur. Il eft interrompu par
ùnedéputation des arrières-Jacquets duFauxbourg
Saint-Antoine , qui vient dénoncer la générale
des inculottées, l'amazone Théroigne. Frères
disent les Députés, cette Diableffe en falbala ,
au nom des vénérables Robespierre , Collet 8l
Santerre , s'eft avisée de former un club , cit.
elle attire trois fois lafemaine toutes nos femmes,
les engage à des ripailles civiques qui détra
quent leur cervelle ,.& les mettent en pleine in-
iureclrion ; elles ont depuis le diable au corps ;
tout nos ménages font disloqués , & tant y a
que ça ne nous plaît pas ; nous ne voulons ni
la Théroigne ni fon chien de club. — Vous
me parlez Grec répond Robefpierre , & foi de.
Jacquet, je n'ai jamais eu d'accointance privée
avec cette Nymphe. — A la vérité , ajoute frère
Santerre , le patriotifme de la belle a un peu
bouleverfè le Faubourg, mais*c'eft fans le vou?
loir , car c'ell bien la meilleure petite pâte
de femelle qui foît fur le pavé de Paris , pour
vu que tout aille au gré de fon cLrifnxe. J«.
;
ioj )
Ta\ exhortée à ralentir fon zèle1, à renoncer
aux femmes si elle veut plaire aux hommes,
et j'efpère qu'elle le fera. — Ah bien, difent les
députés , nous lui confeillons , et finon. . . vous
entendez, frères. . . falut , au revoir. .— Au
diable foit l'ariftocratie , le defpotisme , la ty
rannie et les tyrans , s'écrie un jacquet , en en
trant au sabbat du 14 ! Voilà-t-il pas encore qu'un
garde du Roi a été renvoyé par fes chefs , et
pourquoi / pour avoir dit qu'il voudrait bien
qu'on forçât les grilles du château le jour de la
fête des galériens, pour faire crier à la garde et
aux commandans , vive la Nation / ce vœu
patriotique a déplu à son capitaine qui , après
l'avoir envoyé en prison l'a fait dépouiller de
l'uniforme , et l'a congédié. Vous sentez bien ,
mes frères , que nous devons secours et protection
à ce brave garde du Roi. Allons , au plus pre(Té ,
et donnons-lui de l'argent , car il est çans1 cu
lottes ; plaçons-le ensuite dans la nouvelle com
pagnie du centre , afin qu'il soit à portée d'épier
nos ennemis. Mais ce n'eft point aflez , dit un
fapajou du repaite; il y a ici ariftocratie, et
ariftocratie arbitraire , crime de lèse -liberté au
premier chef; je suis d'avis que le garde du Roi
rende plainte contre l'officier qui l'a puni , contre
toute la garde qui ne .'y est point opposée , et
contre le pouvoir exécutif qui l'a fouffert. Le grand
malheur quand lé peuple aurcit enfoncé les grilles
du château , & fait crier à pleine gueule par toiis
ceux qui l'habitent : Vive la hation l N'eft-il donc
pas le maître & le Souverain maître / — Oui
oui , oui, s'écrie la bande féroce : Vive la Nation-!
Vive la liberté! Vive les Galériens nos dignesfrères!
Vive les Sans-Culottes ! Que ferions-nous fans
eux? — Arrive le Révérend BrulArd , ci-de
vant de Sillery , celui la même à qui l'Aristo
crate Sulleau a très-éflergiqueineïtf offert des coijas,
vous figurer tous les efforts' des intriguai» contra
la fête dans laquelle nous allons torcher les larmes
de nos frères les galériens. Ce n'eft pas tout , j'ai
dans les mains le plus abominable écrit qui ait
paru dans cette circonftance. Il eft femblable au
galimathias , (expreffiondu Docle Jacquet ) dans
lequel les Malet~iu-Pan Se l'Abbé Royou , nous
donnent tous les jours les érrivières; mais ce qui
opile cruellement ma rate ,c'eft qu'un Député dé
I'AfTemblée Nationale conftituante , M. Dupont
de Nemours qui s'eft fait imprimeur , a déshonoré
faprefleen imprimant cet ouvrage, dans lequel
notre cher frère Fétion eft déchiré à belles dents ,
comme le fut jadis Aâéon par fes chiens. A pro
pos de ça , nies bons amis , un malheureux Sjifl©
qui a fervi pendant vingt ans là Maréchale d'Ef-
rrées, dont j'héritois ,étoit à mon fervice lors de
notre fortunée révolution» Subitement dépouillé
à cette époque de la peau du vieil homme je lui
dis : Nous voilà t&uf égaux, tous libres & tous
frères. Partant , Moniteur , je ne foufFrirai pàîjjue
vous pieniezla peiné de me lervir. Cela medon-»
neroit d'ailleurs un vernis d'ariftocratie que je
crains plus que la gale ou la pefte.Or , vous fâurez,'
camarades , que ce SuirTe étoit patriote dans toute
la fignification du mot. Il ne fe faifoit pas une
bonne motion qu'il n'y fourrât fon nez & né
vint chez moi se faire inftruire. Enfin je l'enga
geai à fe retirer dans fon pays. — Entendez-vous!—
11 y alla en effet , s'avita d'y lire les papiers^
de bref il a été mis pour cela* aux

infligé. Ne pourrions -nous pas, frères j L'en


.{.'05 )
r / 'i MÉLANGES.
tt 0 M A N C E (i)
four /rre chantée avec accompagnement dû
Forté-p ano. — Sur l'air t Charmante
Gabrielle>
Cessez, cessez , ma lyre Toi , jeune et foible tige
De réjouir mon cœur ; De nos augustes lys ,
Le trait qui le déchire i De tout ce qi » m'afflige
Met fin à son bonheur. Eloigne tes esprit' . .
Louis est dans la chaîne Tu retraces l'enfante
De noi tyrans; D'Eliacin;
Plaignes le Roi , la Reine, Son heureuse innocence
Et leurs enfans, . Est dans ton sein.

Malheureuse victime Mon coeur est en alarmes ,


D'une barbare loi , ' r* ■ Il implore les cieux .. ..
Tristejouetducrime , Une source de larmes
Que ne puis- je, ô mon Roi! S'échappe de mes yeux
Faire tomber la chaîne Témoins de ma tristesse ,
Sur tes tyrans, De mes douleurs ,
Et délivrer la Reine, Mes yeux pleurez sans cesse «
Et tes enfans. Coulez mes pleurs,
•oeooeb©.
Reine, dont le courage Soutiens de la couronne
Passe l'adversité ; Du malheureux Lojîs,
Xoi, la vivante image Là gloire vous l'ordonne ,
De la divinité, Sauvez votre Pays.
Pour alléger ta peine. Que la vaillance enchaîne
Que tes tyrans Tous nos Tyrans :
Me chargent de la chaîne Sauvez le Roi , la Reine
De tes enfans. Et leurs enfan«.
—« n w.urnir't'ir
t<) fiatrai;* à» i'À.m du Roi.
, ( ïo6 )
EPITAPHE DÉ MIRABEAU.
Par une dame Démocrate. "
L'Eternel fatigué des crimes de ce monde .
Et voulant le punir pw un cruel fléau ,
Recueillit un instant sa sagewe profonde
Et dit à Lucifer : engendre Mirabeau.
Le diable alors le fit à son image, -
D'une peau dégoûtante enveloppa ses trait?,
Dans sou esprit mit l'iiifernale rage,
Et dans son ececir tous les forfaits.
Il lui donna l'éloquence en partage , 1 >'••• -
Mais, par les - charmes du langage,
Sur les moïteîs il prit tant de pouvoirv:
Que le démon dont il pas>a l'espoir (■•■■•■
Devint jaloux.de son ouvrage. ' ... -*
Il ne vit plus en lui qu'an rival odieux .
Dont il crut devoir se défaire. . ; , ^
Il eut raison ce monstre audacieux ..; •
.Auroît fini. par, détrôner son père , ,yjj.
Il, Envahir le temple des Dieux, • ;•,> i
. Et mettre l'enfer sur la terre. ' si v,-. i
L E G I S L A T I O N.
Seconde Race de nos Rois.
.-«•..-.. .... , ' 1
Séances des Vendredi foir 13, 14, 15 & 16 Avril,
La féance du Vendredi foir n'offre d'intéref-
fant que l'arrefration du vertueux prélat Evêque
de Meride , de fon neveu & de quatre autres per*
fonnes. Cette orise a réjoui rtôs monarques, qui'
en ont décrété la mention honorable. On lit
à la séance dti 14 nne lettre des citoyens de Sar*
louis qui offrant de fournir à leurs frais une com
pagnie de volontaires à cheval pour surveiller ao»
(107 > _
généraux qui leur paroiflent indignes de la ccnfi-ance.
de la Nation ■ mention honorable. On décrète que
les factieux qui ont ouvert les prisons à l'exécrable
Jourdan et ses complices , avant la publication
de l'amnistie , seront poursuivis , et les prison
niers remis sous la main de là loi. Le lieur Cam~
hon ,, frère du roitelet de ce nom , est du nombre
des complices. — Le ministre de la guerre pro
pose de retirer les troupes de ligne des dèpartë-'
mens du midi ; cette proposition fait hurler le
plus grand nombre des ramassés ;en envoyant ces
troupes , dit le Roi Gertty , nous craignions que
les scélérats d'Avignon ne fussent mis en liberté ,
qu'on ne commît le. plus grands désordres , tout
cela est arrivé. — Les despotes détestent la vérité;
•sire Genty est rappelé à l'ordre , et lés troupes
de ligne ne ssroiit pas probablement rappelées ;
car comme "nous n'avons cessé de le dire et de
le répéter depuis près d'un an, le projet despro-
te?tans est d'ériger la France en républiques fé-
dératives , et de se retrancher dans le midi. — Le
Roi de Hongrie , pleinement convaincu de la cap
tivité du Roi , ne veut point négocier , mais se
"battre ; c'est ce que l'ambassadeur de France a
Vienne vient d'écrire au ministre bonnet rougè
ou Dumouriev , en demandant sa démission. D'a
près cette nouvelle , le Roi a envoyé un Am
bassadeur extraordinaire à Vienne , et nos mo
narques , oubliant le civisme de M. de Nouilles,
l'ont décrété d'accusation. • On lit à
la séance du soir une lettre du Roi , portant
qu'il a nommé M. Duranteau ministre de' la
justice. — Seconde lettre du ministre de là
fuerre , qui demande de l'argent au plus vite ,%
on veut que ça\ille. .. M. Dumourier écrit lé
15 à l'aréopage, qu'il a reçu dans la nuit une
lettre de Vienne , d'après laquelle il prie leurs
Majeltés de fufpeadre l'ejécution du Décret con
i îo8 >
tre M* de Noailles. Accordé , après de grind*
débats. Grand nombre de pétitions à l'ordinaire,
entr'autres celle des citoyens de Brives, qui exhor
tent nos feptcens & tant de Rois d'éloigner d'eux
tout efprit de parti , dé n'être fur-tout y ni Jaco-'
bins , ni Feuillans. Cette liberté indigne le Pon
tife Fauchet & le Roi Bajire, l'aréopage hurlé
de concert , & la féance elt levée- On lit à celle
du 16 , le détail affligeant des horreurs commife»
dans le Département du Gard. Les roaifons , les
châteaux font brûlés, pillés, les citoyens ruinés
&. les Jacobins de Nismes & de Marfeille font
les moteurs de cet affreux brigandage qui délblé
le midi de la Francè. Mais qu'a donc fait le
Miniftre de la guerre, pour prévenir tous cësdé-
faftres l Qu'il foit mandé , dit fire Genty , pour
èn rendre compte. Il seroit bien têmps , reprend
Sire Vaublane , què le peuple fût enfin qu'il efî
le jouet d'une troupe d'agitateurs-, la caufe des
troubles n'eft pas loin de nous. Ah ! vous ne vou*
trompez pas , Sire Vatiblanc , oui , c'eft fous nos
jeux & dans la Jacobînière que fe forgent lés
foudres qui portent par-tout l'incendie & la mort.--
ÎDecrété que les Minjftres feront rrrandés pour
rendre compte des mefures prifes pour ramener
le caIme-\Le Miniftre de la Juftice , vient pré-
fenterfes humbles hommages à l'AtTemblée. Celui
de l'intérieur lui annonce qu'il y a eu une infur-
reélion à Tulles , que les patriotes ont diffipée.-
On s'abonne au Bureau de la Roeambole, rué
Montmartre N°. 219 près le passage du Saumon, à Paris.
Le prix de la souscription elt de 24 livres pour un an,
12 livres pour six mois , & t\x livres pour trois , franc
de port. Les Lettres qui ne font point affranchies restent
au rebut.-
' ' i ',
f>e Cimpr.mer'u de JacqOSS Gihouaro , rue du
Boat-du-Monde , N°. 47.'
Seconde Année. N°. 7.

LA ROC AMBOLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,
&ÉDIGÉ PAR DOM RÉGlUS AnTI - JACOBINUSj

.< « Une Foi -, Une Loi -, un Roi ».


" ■ —~
Du Dimanche 21 Avril 1792.

ALAREINE. AU ROI.
Toi qui dans le printemps de l'âgé Èt tôi, qu'on abreuve de larmes
Parus Vénus forçant des mers , Père fensible plus que Roi ,
Reine, qui d'un peuple volage , Puissent mes vœux & mes alarme»
Eprouvas les retours divers , S'ouvrir un chemin jufqu'à toi,
Qui fçus oppofer à l'outrage Un jour enfin luira peut-être,
Le fang froid d'un mâle courage , Où la France n'aura qu'un maître^
Quand le fang prophana ta Cour ; Un feul cœur , une seule loi ;
Méprife fon hydrophobié , Tu jugeras à notre ivresse ,
Au milieu des fers Zénobie (i) Qu'il eft ; malgré notre détresse ,
Força fes vainqueurs à l'amour. | Chez nous encor plus d'un Rozoi.
C; F X. M. . . . ; . D. C. (a)

(1) Zénobie Reine de Palmzre , issue des Ptolomèes 4


& des Cléopâtre, après plusieurs combats contre l'Ema**
Tome IV année 179a, Gg
^NOUVELLES POLITIQUES.
Les Puiflances de l'Europe veulent elles
fauver la France i ce n'efl: plus maintenant un
problême infoluble. Il eft certain que les Rois
prennent tous à notre égard,, une contenance
fière & menaçante. Celui d'Efpagne a déclaré
tr,ès-énergiquement , qu'il ne l'ait ce que c'eft
qtie la Souveraineté' Je la Nation, & qu'il ne
reconnoit en France d'autre Souverain que le
Roi. Il est encore vrai , que la Russie envoie
40 mille hommes aux Princes Français, &. qu'au
premier jour ces troupes vont débarquer à Os-
tende , où l'on prépare déjà tout ce qui leur fera
néceilaire , de forte qu'avant le mois de "Juin , la
France fera inondée de Pandoures , de Croates,
dhyFTullans , de Talpaches , de» Miquelets , de
Strélits , &c. &c. Et que ces enfans de Bellone
fe cramponeront aux factieux , comme les poux
fiir la tête d'un Jacobin. Un Ecrivain patriote,
assure même que le Roi de Bohême , de concert
avec la PfuJJe ,' aura tiois armées; la première
fur la Meufe , compofée de troupes autrichiennes
& autres auxiliaires, qui feront à portée de
' s'y joindre. La féconde fur la Moselle , qui
confiftera en troupes Prussiennes , & dans le con-
. tingent des Princes voifins. Enfin la troifième
furie Rhin ; elle fera aufîî compofée de Troupes
Autrichiennes augmentées par les contingens des

reur Aurilien , en 272 , fut enfin faite prisonnière ,


comme elle alloif passer TEuphrate , pour échapper au
vainqueur. Aurélkn la réserva pour orner son triomphe
qui fut magnifique , 8c la traita enfuite avec tous les
égards que méritoit son courage & son rang.
(2) L'Héraclite de notre siècle , connu par ses élégies
plaintives sous le titre de Ga^me de Paris. ■

r .
( m )
Etats adjacens.On ne reprochera donc plus aux S ou*
verains , qu'ilsJe jouent des Emigrés Français, par
leur lenteur à tenir des engagemensfolemnellement
jures , par Leur apathie inconcevable , parcequils
ccnfervent encore de la jalousie contre la France ,
par leur aveuglement enfin , dont l'histoire n offre
pas d'exemple.
NOUVELLES INTERIE URES.
Toujours des pillages , toujours des incendies.
La plus horrible dé» altation parcourt tout le Lan»
guedoc , le Gevaudan & la Gardonnenque. Tou9
les Châteaux du Diftricl de Sommies , ceux de9.
Calviniftes exceptés, ont été pillés ,' démolis ou
incendiés. Ët c'ell le Département du Gard qui
nous l'apprend ; ce font les mêmes Administra
teurs qui n'ont ceifé de. provoquer par des cri9
de rage les brigands de Marfeille contre la ville
à'Arles , jufqu'à ce que cette malheureufe Ville
a été livrée au pillage, la plus grande partie de
ies habitans en fuite , & qu'un grand nombre de
fés maifons ont été abatues. Lh bien ! ce Dépar
tement qui fe délecle des malheurs publics comme
le corbeau de l'odeur cadavereufe des charognes ,
ce Département eft bien aife qu'on croye qu'il
gémit de toutes les calamités , dont il eft en partie
caufe , & il avoue que leurs coupables auteurs
font des hommes qui ,fous les livrées du patrio-
tifme ne refpirent que l'anarchie. Cela n'eft que
trop vrai ; mais qui font ces hommes , répondez
médians l N'eft-ce pas vos Calviniftes qui ne vous
ont élevé aux places que vous occupés , qu'en
égorgeant les Catholiques leurs Concitoyens. N'af-
feclez donc pas de plaindre vos vi&imes , gardez
du moins la franchi fe de la férocité. Dites-nous ,
quë le feu facré du patriotifme n'incendie les
châteaux que pour faire difparoître les monumens
odieux de la féodalité. Mais que dis-je !. vous
( in )
vous dévoilez aflez en éloignant les troupes de
ligne 'qui pourroient contenir le* factieux de vos
contrées. Vous faites aflez connoître combien vous
les affectionnez. C'efl vous qui pour affurer l'im
punité de leurs crimes , n'avez pas eu honte de
dire que les Soldais Citoyens , comme les Citoyens
Soldats , font & feront immobiles devant les fatelr
lites dévastateurs que vous appellej le peuple, &
qu'ils ne pourront être bons que contre les VRAIS
BRIGANDS , NOS ÉMIGRÉS. En voilà bien
aflez , je crois , pour vous confondre.
Les mêmes ravages ont lieu dans le Quercy &
dans plufieurs autres Cantons. La tête de l'ancien
Lieutenant criminel a été promenée au bout d'une
pique. Les maifons de ceux qu'on appelle arifto-
crates , y font pillées , & la Municipalité ne s'opr
pofe point au défordre. Les Châteaux ne font pas
non plus épargnés dans ce Diftricl. On en abrulé
une infinité. Que de fujets de joyVpour les Jaco
bins , ils en avoient bien befoin pour compenser
les humiliation? qu'ils éprouvent dans la Capitale.
Les rétractations de fermant fe multiplient d'un
bout du Royaume \ l'autrç d'une manière bien
confolante pour les Catholiques. On diflîngué
dans le nombre , celle de M, Dugueit , ordonné
Diacre & Prêtre par l'Evêque intrus de Lyon.
Heureufement éclairé fur cette ordination facri-
lége , M . Duga-eit a-écrit au Procureur de la Com-
£nune de Charly en Lyonnois pour le prier de fairer
biffer fur -les; r.egittres l'acte, fcandaleux qu'il a eù
le malheur d'y figner & pour y fubftituer Jles>
honorables expreflions' de <fon repentir, « Moij.
ordination :facrilège , dit-il dans cette lettre , &
mon intrufion dans le miniftèrç,, sont un crime
que je ne faurois- pleurer trop açiérëment;' Je
profefle. & recannois que M. de Mar,btuf eft le-
îeul Evêque légitime du Diocèfe dé Lyon qirfe
4a puiflance féculière n'a pu le deftituer, J'ab-<;
( "3 )
jure toute communion avec le fieur Lamourette ,
loi-difant Evêque du Département de Rhône Se
Loire , fon élection eft nulle , fa confécration eft
facrilège , il eft intrus , & chifmatique , il eft foutf
l'anathême ; quiconque fuit fa communion , eft
hors de la voye dufalut. — L'Affemblée Nationale
n'a pu décréter la Conftitution civile du Clergé -,
parce qu'elle ne peut avoir droit furie fpirituel y
ni faire aucùn changement dans la hiérarchie Se
la.difcipline de l'F.glife. Je rétracte abfolument
& fans réierve, le ferment que j'ai prononcé, &c...
■— Puifle ce courageux hommage rendu à la vé
rité , ramener dans le fein de l'Eglife , ceux qui
l'affligent encore par leur apoftafie. , ,
Thermomètre de Paris.
Depuis la malhëurënfe fête des Galériens , la
Jacobinière eft aux abois , & l'indignation pu
blique bien loin de s'affôiblir , ne fait que s'ac
croître. Tout le monde eft persuadé que 1 ''opi
niâtreté, de M. Péiion tenoit à une trame cri
minelle que la contenance fiére de la Garde Na
tionale a fait avorter, La lettre de M. Dupont
au chef de la Commune .jette le plus grand jour
fur les deffeins de ce Maire , & elle a d'autant
plus fait d'impreffion qu'el'e a une haute idée du
patriotifme de fon auteur. Voici un extrait de
cette lettre intéreffante x
« Ne vous flattez point que l'armée Parifienne
manque à fon devoir. Vous pouvez oublier tous
ceux de/votre place ; vous & ceax qui vous con-
feillent , ceux qui , avec votre fecours , ç'effor-^
cent d'ufurper la fouveraineté Nationale , vous
pouvez pouffer le délit & le délire juiqu'à tenter
de mettre l'armée Parifienne hors d'état de ré
sister à l'oppression , & de juftifier Teftime du
véritable peuple de France t qui des Alpes aux
Pyrennées , & de la Méditérannée à l'Océan . &
C "4 )
cru bien faire en remettant à la Garde de l'armée
Parifienne fes plus précieufes propriétés Natio
nales. Mais là finit votre autorité; mais là finira
le defpotifmc des coupables , dont vous n'avez
■ pas honte de vous conftituer le Miniflre , & qui
fe font un jeu perpétuel de yioîer les droits de
leurs concitoyens & ceux des repréléntans de la
Nation.
» Quoi , Monfieur , il s'agit , dites-vous , d'une
' fête privée , à l'occasion de quelques assassins ;
& vous Magiftrat du peuple de Paris , vous ofez ,
à l'occasion de cette fête , défendre au peuple de
Paris , à l'armée Nationale Parifienne de por
ter fes armes accoutumées ! Vous en avez pris
l'arrêté municipal hier 12 Avril ; ainsi faii'oient ,
Monfieur, les Miniftres du ia Juillet 1789; on
leur a répondit le 14.
» Quoi , Monfieur! vous infultez le peuple de
Paris , l'armée Parifienne , au point de paroître
redouter pour la fûreté publique de la voir fous
les armes , lorfque pour la fûreté publique votre
devoir eft de l'y appeller ! Quoi / pour honorer
mieux les assassins, vous voulez défarmertous
les frères d'armes des assassinés ! Vous voulez
que Paris foit pendant un jour , & pendant un
jour confacré à des orgies en faveur du crime,
à-peu-près privé de force publique / A qui Mon
fieur prétendez-vous donc livrer , non-feulement
le champ de la Fédération & l'autel de la Pa
trie, mais la Capitale, l'Assemblée Nationale,
le Roi , nos femmes , nos enfans , nos propriétés
Vous ne le direz-pas. Je vais le dire, & peut-
être en le difant , aurois-je encore une fuis le
bonheur de déranger les complots dont je fuis
porté à croire que vous n'êtes que la ^dupe. En
dévoilant le crime , on fufpend fes coups ; li rou
git de sa propre laideur ; il tremble devant la pu
nition qui l'attend; il s'arrête , nie, s'enveloppe
& fe cache jufqu^'à meilleure occafion»
C "5 )
» Ceux qui vous mènent comme un enfant, ont
entendu livrer Paris à dix mille piques , &ç*» . .
M. Dupont dit enfuite : quels font les brigands
qui dévoient en être aimés , & on voit que parmi
ces coups-jarrets on n'avoir point oublié les pa
triotes de la Glacière. 11 compare cette affreufe
conjuration à celle de Catilina & aux' proscrip
tions de Sylla & de Marins.
Honneur à jamais à la Garde Nationale , de
nous avoir préfervé de ces affreux malheurs. ;

SABBATS JA COBITES.
Du 17 Avril.
Sous la clochette defrère Vergniaud. ■
Un Jacquet de vilaine encolure , cheveux
craffeux , l'œil hagard , le regard faux, ainfi qu'on
les voit tous , couvert d'un gros bonnet , d'un
farrau en charpie , & par plus d'une- lucarne
offrant aux yeux des frères fon énorme derrière,
entre dans le fabbat , un bâton à la main. C'étoit
l'un des mouchards de la Jacoquinaille féanté à
Melun. — J' étions envoyé , àh-M en fe grarant
la tête , et payé tout exprès à cette fin pour
venir dire, ici, que les Prêtres RlFRUCTAlRES 6-
les Aricocatres ils vouliont faire une contre-
REVELATION dans la ville de tout le département.
Et ça mes frères , il est clair & net, car nos
Prêtres cutititionnels l'ont dit en jurant que c'étoit
vrai; alors, tous les frères de Melitn , ils
ont crie plus fort que leurs anguilles , qu'ils fê.-
riont pendre tous ces ennemis de la République;
mais je 'n'avions pas'pu avoir ce plaisir , parce
qu'ils ont tous déniché, & j' étions, grâce à Dieuj
les maîtres dans MELUN , à caufe de quoi tout
est en paix. J'avions pris pour cela une peine
de chien , & fans les Jacobins tout étoit tondu.
-J— Le Chenapan libéralement applaudi 3 on ouvre
( "6 )
une foufcription pour l'un des quatorze Gre-*
nadiers des Gardes Françaifes renvoyés par
Bai(ly & Lafayette. La quête eft interrompue
par un Jacquet qui vient chercher main forte pour
influencer l'opinion des Rois du Manège , occu-.
pés à difcuter une dénonciation contre ceux qui
ont affilié à la fête des Galériens. L'un des fcribes,
de la caverne lit une lettie des Jacoquinsd\/4uîi//J,
qui mandent , qu'ils font tous attroupés pour dé
libérer fur les affaires de la république , & très--
tranquilles fur les événemens , vu que leur dé--
parlement est hériffé de piques. Voici venir en-
fuiie deux Anglais , pu foi-difant tels.—Messieurs
frères , nous être grandement beaucoup bien ai/es
du fête des camarades du. Galère , & nous, l'y
porter à eux deux gainées . Cette offrande
eleélrise fubitement lé Général Robefpieire %
il grimpe à la tribune & s'écrie.. . Fille de l'air
& de la terre, Echo , qui oubliant que tu fui
jadis la viétime dudespotifme dç Junon, t'es lâche
ment livrée à l'ariftocratie , & à la Cour , infuhe
encore , fi tu l'ofes à la liberté & au patriotisme
du peuple. Quel jour de triomphe , que celui du
15 Avril 1792 ! La belle fête que celle des Galé
riens / Quel eft ce\ui de nous qui n'eût vpulu.
ramer pendant vingt ans au moins pour en être
le héros ! Convenons , frères ^ qu'il falloit une
révolution auffi bien conditionnée que la nôtre
pour voir une telle merveille ! Qu'elle différence
avec ces vieilles, fêtes, du deiponfme ! Ma foi je
n'en ai jamais vu de plus brillante, pàs même
celle où nous emmenâmes bravement & bien le
Roi de Ver/ailles à, Paris. Celle de la fédéra
tion fut fouillée par des aclês d'idolâtrie &. des
cris ferviles, ( on y cria vive le Rûï\ ) Làfayette
& la Cour y étoient; mais le Jour du Avril
fut pur & sans tache, pn n'y vit que les Sans-
ÇttlQttÇ?& nous. C'est néanmoins trop peu d avpiç
( -n7 )
triomphé dî l'aristocratie; compofons , frères-,
une hiltoire de cette brillante fête , en ftile
Jacobino-ciyique , envoyons-là à tous nos chers
& féaux les inculottés 'de France ; item plus ,
décrétons que l'annivçrfaire en fera célébré tous
les ans à pareil jour , & pour transmettre aux
races futures le fouvenir de cette folemnité pa~
triotique, qu'il l'oit frappé une médaille où l'on
lira,..,, le 15 Avril 1792 . l'an quatrième de la
liberté, la pauvreté & le. Peuple , les jacobins &
les Sans^culottes , les Gardes Françaises & les
Galériens de Château-^vieux , triomphèrent. ( On
pouroit y ajouter, avec vérité , & bravèrent
effrontément le mépris & l1indignation de tous
le gens de bienr ) v Cette motion civique eft
adoptée à l'unanimité, Fratres , dit l'enchanteur
Merlin y prions le révérend Robespierre de forger
Jui-même l'hiftoire'de cette fête , & prion^le d'y
ajouter , qu'un Citoyen a entendu dire à un Sam-
culotte que fans Lafayette,, ks Prêtres & les
BayonnetteS les Peuples feraient heureux :
Iierfonne n'en doutera , car c'eft moi-même qui
e dis. — Ah ! ouibraimenr . répond Collot , nou-»
vellement baptifé Collot-Galère , oui , maisileft
bon dé connoître ceux qui ont ici deux figures ; il
nous importe , fandis , & grandément , qu'un ja-«
covin ait une figure uniforme , & qué d'un côté ,
frère Rœderer n'ait pas la figure d'un Ja-»
covin , & de l'autre celle d'un département ,
il n'a pas fait cé qu'il deboit faire en fabeur
de mes chers Galériens ; il ne s 'eft pas oppofé à
une infulte faite par ce déparlement au très-
vénérable Maire Pétion. Quoi ! ^jjjbifer de lui
écrire : soubenei-bous qué Lundi est un jour qui
demande la plus sévère vigilance de la Police ,
fur-<out lé leudemain d'un ATTROUPEMENT.
Çapdedioux , quelle audace ! appeller l'auguste
rassemblement des Galériens & des fans-culotes K
( »«■)

un attroupement ! Frère Rœderer déboit s'oppo-


fer à cette lettre.
Mais il eft corrompu/BouIez-bous m'en croire ;
faifons une triailîe, & que tous les frères qui
ne font pas fermes fur les ergots du patriotisme
foient renboyés comme des péteurs. En effet ,
reprend le général d«**s Jacquets , on n'a rien vu
de plus coupable &. de plus fcélérat qu'une telle
lettre. Ofer écrir qu'il faut furveiller le peuple ,
comme si le peuple étoit capable de fouiller fa
majesté fouveraine par des excès / Une telle audace
eft un crime pendable , grâce faifant — Pendons,
pendons , s'écrie la Jacquinaille , & chacun dé
guerpit en chantant ce doux refrein.
, MÉLANGÉS.
O R I G I N,E
DES COCARDES NATIONALES.
POEME,
Par C. F. X. M. . . . . . D. C.
Velut ctgri somnîa verni; etc. (Hor.).
Pour attirer force galans chez elle
Envie un jour prit à certaine belle
Pleine d'appas , & se disant pucclle
De se nommer la Constitution.
Heureuse étoit certes l'invention ,
Aussi vit-on , dès qu'elle ouvrit boutique,.
De toutes parts l'essaim patriotique
Comme vn torrent innonder sa maison;
Se démener & remplir le portique >
Voulant bonheur & plaisir à foison,
Suivant le truc des filles de sa .sorte ;
1 Pour que chacun fut au piège.arrêté,
En lettre d'or on lisoit sur sa porta
» simour , plaisir , parfaite égalité,
» Tolérantisme , argent (x liberté.
( "9 )
Titre Semblable à notre convoitise
Offrant beau champ la chatouille & l'attise ;
Français alors , jusqu'au dernier magot
S'extasiant au titre qui le touche >
Et sentant l'eau lui venir à la bouche ,
De galopper vers le be-ioit tripot , j
Comme barbet qui flaire le gigot.
Si qu'en un jour la bavarde déesse
Dans tous les coins où brille le soleil
Avoit déjà distribué l'adresse
Du Charlatan femelle et sans pareil.
Grand bruit alors, on s'éveille, on suppute,
On déraisonne , on imprme, on dispute .
(Car on pré'ude ainsi dans tous les cas)
Et sans s'entendre avec force on discute,
Tant & si bien qu'après maint altercas
Vers le taudis de la bcile ou députe
Hommes choisis & de tous les étatr.
Chaque Province à grands frais se signale ,
Et se pressure afin que son légat
Puisse à la Cour, ou dans la Capitale,
Motionner & vivre avec éclat.
Le Citoyen alléché par l'affiche ,
Qui jusqu'ici durement a vécu,
Donne sa voix & son dernier écu,
Et tout ravi d'être bientôt plus riche ,
Oublie , hélas qu'il va montrer son eu.
Mais laissons lui cette douce chimère ,
Il cft cruel d'arracher le bandeau
Qui cache aux yeux de notre pauvre haire
Dans l'avenir la faim 8c le tombeau.
Uu tel avis est un méchant cadeau ,
Suivons plutôt dant leur, marche imposante
( iao )
Nos délégués en mitres , en rabst.
Nos Paladins à panaches flottantes ,
Et nos Patrons calleux du Tiers-Etat. (1}

C'eft le Vendredi Saint que Jésus~Chris:t fut


crucifié , après avoir été dépouillé de ses vérd-
mens. C'eft auffi à pareil jour , que nos Philo-
fophes, tous Calviniftes , Juifs , ou Mahométans ,
afin de ne voir fans doute les ariftocrafes ni dans
ce monde « ni dans l'autre, ont aboli l'habit éclé—
fiaftique & Religieux. C'eft ce Saint jour , qu'ils
ont choifi de préférence , pour anéantir tous les
établiffemens pieux qui n'étaient pas encore tom
bés fous leur faulx deftructive. Les impies ! Ils
ont cru dans leur rage infenfée précipiter la Reli
gion dans le tombeau , en fcellant la pierre qui
la couvre .mais comme Ion divin chef elle triom
phera de leurs vains efforts , & portée inferi non
prevalebunt adverfus eam. On ne peut mieux
peindre les excès déplorables de l'impiété qu'en
rapportant le trait fuivant, '
Le1; affiches du Théâtre de la Montansier, collées
le Samedi Saint fur tous les murs de Paris pcrtoient
en titre : on jouera aujourd'hui Samedi , CI-DE
VANT -SAINT , &.c. , & la police fe taît fur
une telle abomination l — O fatal aveuglement ?

Le général LyCK. . . ayant été invité à l'anni-


verfaire de Mirabeau , célébré dernièrement par
la Jaçoquinaille de Strasbourg , y baragouina re
logé du monftre avec un fi grartd zèle , que les
Jacoquiiîs émerveillés , enlevèrent la couronne
civique du bufte- de Mirabeau , & en coiffèrent
le Maréchal National,, apï^s l'avoir préalable
ment affublé du bonnet rouge du Préfident. L«
lend.em.ain , quelques foe'urs- Jacoquines ayant porté*
çnez-Iui la même couronne , le trouvèrent dans
des convulfions horribles , fe grattant la tête , &
jurant comme un payea contre lé Prélident du
Club & ion bonnet. Le Tiable , dit-il , l'y em
porte les ponnets rouges , $■ ceux qui lavoir mis
sur mon tête ! Moi depuis être garni des poux
comme un COCHON , &. avoir grandement peur
d'être mangé comme m Herode.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances des Mardi foir 16,17, 18, 19 & 20 Avril.

Des membres de la Municipalité d'Arles, fe


ifont prélentés le 16 au foir à la 'barre , ont pro»
tefté de leur civisme eft prié qu'on ne les confon
dit pas avec leurs collègues tous gangrénés d'arif-*
tocratie , & qui leur autoient fait couper le cou
ê'iIs n'avoient pas figné leurs arrêtés. Le Préfidenf
des Roitelets leur a majeftueufement répondu
qu'on leur rendroit juftice & les a congédiés.—»
Ils ont été remplacés par des médecins qui ne veu-«
lent pas payer le droit de patente, mais nos au-»
guftes qui n'aiment que ceux qui payent, sans nul
égard pour la faculté , fontpaflesà l'ordre du jour.
M. le Scène des maifons , Commiflaire du Rai a
commencé le rapport de fa Miflion à Avignon
dont la fuite a été ajournée. Le grand Prêtre ~Fau-
chet a longuement &. Jacobiniquement péroré
«pntre Je directoire du Département de Rhône
&., Loire , mais ce qu'il n'a point dit , c'eft que
les Municipes de Lyon fouffrent gayement que les
Jacquets de cette Ville s'amufent â fouetter le9

(i) Tout le monde sait qu'Hcrode mourut mangé des


poux.
... (iaf>
femmes Catholiques & à outrager indignement les
Prêtres fidèles à leur Dieu. Onaluàla Séance du
17 , une lettre de.*, Jacoquins & Jacoquines du Dé
partement de lu Vendée , qui demandent la dépor
tation en Italie , des Prêtres non jureurs- Le Roi
Goupilleau a vivement applaudi cette barbare mo
tion. — Seconde lecture d'un projtt de décret qui
autorise les Commiffaires de la Trésorerie, à con
tinuer de payer aux créanciers des Princes émi
grés la rente appanagère , allouée à chacun d'eux
& qui ordonne la ceflation du paiement à dater
du 12 Février ; plulieurs Monarques déraisonnant
amplement fur cet objet , ainfi que fur tout autre.
Sire Cambon fait un nouveau rapport fur l'état
de nos Finances. Tel que le Roi Mydas , sa Ma-
, jefîé Législative , change en or tout ce qu'elle tou
che , 8t à l'entendre , jamais la Nation ne fut plus,
riche , que depuis qu'elle eli plongée dans la plus
affreufe mifère.
M. Demoi » Curé de Paris , auteur du livre im
pie dont nous avons déjà parlé , elt intronifé à la
place du Roi Gouvion. On décrète à la féance du
18 , que les tableaux de tous les peintres & bar
bouilleurs des principaux événemens de la révo
lution , feront expofés dans la falle du Manège .
Le miniftre de l'intérieur donne l'agréable nou
velle , que le pouvoir exécutif a ordonné latranf-
lation de M. de Castellane , Evêque de Mende,
dans la Baftille Nationale à' Orléans Décret
qui ordonne qu'il sera imprimé une lifte des Offi
ciers généraux , Royaux, & des Officiers géné
raux Nationaux , afin que la Nation puiffe diflin-
guer ceux qui méritent l'honneur de se battre pour
elle. Autre Décret , portant que les anciens dra
peaux , fous lesquels les troupes de l'ancien ré
gime voloient à la victoire , seront brûlés devant
celles du nouveau. Ccet auio-da-fé ferait -il aufîi
celui de la valeur Française- Le Roi prévient no»
, * ( «3 )
Ramasses qu'il a nommé M- de fleurieu , Gou
verneur de Monseigneur le Dauphin. Sa Maielté
lui arecommandé de ic former aux vertus Royales.
Des dépêche* des Commiifaires envoyés à laint-
Domitigue & lues à la féance du soir , annoncent
qu'ils ont tiré pour trois millions de lettres de
Change sur la Trésorerie Nationale, fans préju
dice des secours bien plu^ conséquens qu'il faut
leur envoyer promptement, en bel or & non en
affignats, pour subftanter cette Ifle toujours en
proye au fer & aux flammes. On décrète que les
Officiers & foldats recevront partie de leur folde
en numéraire , partie en affignats. Gare qu'ils ne
répètent encore , à paye de papie-r , Soldats de pa
pier. On a décrété plusieurs autres détails militaires.
Le Miniftre de la Juftice annonce dans la féance
du 19 , qu'il a écrit pour faire remettre les bri-
bands d'Avignon fub hasta prœtoris. Décret qui
permet aux fous-Officiers & foldats , renvoyés
pour leurs m'éfaits , de rentrer dans leurs
Corps , d'y reprendre leur rang & de recevoir la
paye depuis le jour de leur renvoi, sire Cambon
termine enfin , fon éternel rapport fur lesrichelTes
Nationales. Le Roi Dupont en a reclamé la
prompte impreffion & l'envoi , afin de prouver
aux Rois étrangers , la folie qu'ils vont faire
d'attaquer une Nation AUSSI RICHE que
la nôtre- Une lettre de sa Majefté , annonce
qu'elle fe rendra demain à l'affemblée. Le Mi
niftre Dumourier communique la réponfe de M.
de Noailles , Ambafladeur à Vienne, dont le ré-
fultat eft , que la Nation doit fe difpofer fans
délai à battre ou à être battue. S«r ce , le décret
d'accufation contre M. de Noailles a été révo
qué , malgré l'oppofition des Monarques Bajire
&. Thuriot. Le Miniftre de la guerre a demandé
le payement total de l'armée, en argent. —■
"Renvoyé au Comité. — On apprend à la féance
[ i*4 ] '
du foir , la découverte de quatre nouvelles îslés
très-peuplées, dans la mer des Indes, M. MarJ
chand , Capitaine du vaiffeau le Solide , en a pris
poffeffion au nom de la Nation Françaife & de
Louis XVI , mais fur la motion du Roi Quesnay t
on renonce à cette trouvaille , & les heureux ha-
bitans de ces isles , ne feront point incorporés à
la Nation Françaife. Trois pétitionnaires , fe di-
lant Députés par la France entière , viennent de
mander la guerre , ils font admis à la féance. On
décrétç pluh'eurs articles relatifs au corps de l'ar-*
tillerie. En attendant l'arrivée du Roi à la féance
du ao. Sire Condorcet fait un rapport fur l'inf-
truclion publique-, bien digne de celui qui a eu
le courage de proférer cesbarbares paroles : Paix
aux Chaumières , Guerre aux Châteaux*
E/ifin sa Majeité arrive , précédé de la bande Mi-
niftérielle & prend fa place. Le Miniflre des
affaires étrangères lui adrelfe un long difcours dont
Je réfultat eft , que le traité de 1756 eft rompu
de fait avec la maifon d'Autriche , que le maintien
dVfie IjgiiV'w*- pu iflances eu un acle d'hoftilité
envers la France , que sa Majefté doit ordonner
à fon Ambaliadeur de quitter la Cour de Vienne
& déclarer formellement la guerre à la Maifon
à'Autriche & à l'univers entier. — Le Roi pre
nant la parole a dit : « Vous venez d'entendre ,
Meilleurs , le rapport qui m'a été fait ; mort Con-1
feil en a unanimement approuvé les conclufions &
les a adoptées ; en conféquence & d'après le droit
que me donne la Conftitution , je viens propofer
à l'Affemblée Nationale , de déclarer la guerre au
Roi de Hongrk & de Bohême,» — LePréfident
anrépondu^ — « sire , l'Affemblée Nationale pren
dra dans la plus grande conlidération la propo/îtion
formelle qve vous venez de lui faire r & vous ferez
inftruit par on meffage de fes délibérations. » sa
Majefté eft fortie au milieu des appla*diffexneas«

S
Seconde Année. N°. g:

LA ROC A MB OLE,
o u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Rédigé par Dom Ré ai u s Anti-Jacosinus.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 26 Avril 1792.

NOUVELLES POLITIQUES.

"I /tes Autrichiens ne feront pas pris au dépourvu,


comme on a voulu le faire croire au bon peupla
Le fucceffeur de Léopold a pris toutes les mefures
néceffaires pour repouffer l'armée des Jacquets
en cas d'attaque. Pendant que d'un autre côté,
les Puiffances ptéparent un concert qui fera exé
cuté fans faute en Juin, fur toutes nos frontières.
On fait déjà que le Prince de Saxe Cabourg eft
un des chefs ; qu'il aura fous fes ordres les vir-
tuofes Hohentohe & Efterhdiy. On apprend main
tenant que le Prince de Condé battra la. mefure
à là téte d'un cœur de 30 mille M uueie/is Fran
çais , parmi lefijuels^dn en «*eçoit tous les jours
quantité' à'Anglet erre. & à' Ailein a gne qui veulent
Torr.e IV année- 1792. Hh *
auffi prendre part à la fête que l'on pfépâfe aux
vinérables Jacobins. En vain ceux-ci témoignent
de la répugnance pour la mufique Allemande ;
en vain ils le font flattés qu'une infurreclion étoit
prête à éclater dans les Pays-Bas à deffein de
faire tomber la fête ; elle aura lieu en dépit des
ânes du M & des tygres de la caverne Clé-
mentine. Ainli ils ont beau braire , ils ont beau
hurler , il faut que ça aille & ça ira. Si l'on en
doutoit qu'on life les articles que les Etats du
Brabant actuellement afTemblés , viennent de faire
pafler à leur gracieux fouverain. Les voici :
ART. I. Les Etats du Brabant ofent aflurer
Sa Majefté de leur confentement aux impôts &.
fubfides actuels. . ' v
I I. Ils confentent à payer les indemnités ré
clamées à raifon des derniers troubles , & pourcet
effet , les états renoncent dès à prêtent aux pré
rogatives dont ils jouinent. l'état Eccléfiaftique
confent à contribuer, pour fuppléer à ce qui poux-
rott manquer.
III. Ils offrent un don gratuit de 300 mille
"florins ie Brabant annuellement , pour l'Archi-
Puc Charles, frère de François premier, tant
qu'il féjournera dans les Pays-Bas.
I V. Ils fupplient Sa Majeité de vouloir bien
acquielcer à leurs demandes , concernant la rentrée
des cinq Confeillers , exclus , du Confeil de Bra
bant lors de l'organifation faite par le Comte de
Mercy à'Argent eau.
A l'inftant du Décret rendu Vendredi dernier ,
qui déclare la guerre au Roi de Bohême Su de
Hongrie, M fut expédié un Courrier au Général
Luckner , avec ordre d'entrer da/is le pays de Po~
rentful , & d'exterminer les troupes Autrichiennes
qui s'y trouvent. \
Avis ajfixhé le 4 Avril 1792 d Coblenf(.
Chevaliers français , nous tous qu'un même zèle
( \*7 )
fraflemble ici fous les drapeaux de l'honneur, noâi
ke devons point douter qtte l'on n'en- veuille -aux
jours de nos auguftes Princes. Déjà J jfeph II a suc-'
eombé fous les efforts criminels des Propagandistes;
Le Roi de Suéde lui-même n'a écnappé à leur ragé
que par un effet de la Providence , . . . . Que ces
événemens, loin d'abattre notre courage, ne faffent
que l'irritér : apprenons à connoitfe ceux qui Ce
mêlent parmi nous dans les difféiens lieux où nous
nousréumffons. Que perfonnede nous ne Ce pré
fente dans aucun endroit qu'avec une mar-que dis-
tinclivédu cdrpsdans lequel on fert; pai" ce moyen
nous connoîtrons bientôt lesgens qui ne font ici que
pour nuire à nos intérêts, & tâches de nous dfvifer. '
Soyons aussitôt leurs dénonciateurs; &. nous joui-''
irons enfuitë de là fàtisraction de né voir parmi
nous que les défenseurs zélés du trône &. de la
religion; \
Employons, chacun de notre côté , lés moyens
les plus propres à. à concilier les querelles qai
souvent ne sont fufcitées que par des gen oififs &.
inconnus, peut-être même fa'ariés pbur nous en
tretenir dans une divifîon continuelle ; que dès ce
moment, la pl us gràflde harmonie règne entre nous.
Evitons jufqu'aux occafidns qui pourroient nous

(i) Sa mort n'étoic p*s encore connue; ce grandi


Prince éft expiré le 20 Mars à u heures du matin,
des suites de la gangrené que les Médecins n'ont pu
iii prévenir ni arrêter. Il a confié la garde de son fils,
& là régence du Royaume à son frère le DUc de Su-
dermanie, distingué par ses talen» militaires; & qui
depuis a écrit aux Princes que la mort du Roi né
tliangeroit rien aux dispositions du Gouvernement en!
faveur de l'illustre Maison de Bourbon & de la Noblesse
française.- —
/

( *êt )
«lettre, dans la nécessité de tirer rengeànce d'une
légère infulte. Nous ne devons pas maintenant le la-
«rifice de notre vie à un mot lâché par colère ou par
étourderie, & dont onfe repent auffitôt ; mais nous
Ip devons à notre patrie , à notre malheureux Mo
narque , qui gémit depuis fi long-temps dans les
fers des Jacobins. Nous avons tous juré de le ven
ger j & nous ne pouvons , fans être parjures, man
quer à l'engagement solemnel que nous en avons
pris à la face de l'Europe entière.
• Et vousv> garde- fidèles de nos Princes , c'eftdans
ce moment à]u'il faut redoubler de zèle &. de vigi
lance. Peut-être touchons-nous à l'époque où l'on
cherche à nous enlever des têtes si chères : vous
qu'ils ont choifis par-mi tant de G.uerriers pour re
mettre entre vos mains le dépôt précieux de leurs
j"purs, c'eft à vous à vous en garantir la confer-
vation , & vous nous répondez du plus léger
événement. Le prix- de vos . foins &. de vos veilles
fera la confiance de vos maîtres , & l'ellime géné
rale de? honnêtes gens. *
Signé, M . . . . Garde noble de la couronne.
Ce placard afait fenfation : ce matin on a défen
du dans plufieurs corps de fortir fans avoir le
bouton uniforme de celui où l'on eft attaché.
N O U V ELLES TN T E R I;E U R E S.
Ce n'eft pas pour les Emigrés , ni pour les Pan-
doures , & les Talpaches du Roi de Hongrie que
les Jacobins' font à' craindre. ' Ils trouveront' à qui
parler. C'eft pour les- honnêtes gens qui font dans
Intérieur du Royaume, il n'ett pas de jour où
ils ne foient expofés à périr fous le glaive de
leurs bourreaux. Voici ce. qu'on écrit de Nancy:
«"Depuis que le Club eft venu à bout de faire fer-
nrërnos Eglifes. Les Jacquets font d'un,e violence
ihfupportable. Ils s'attroupent le foir avec leurs
femmes & leurs enfans , & parcourent les rues en
hurlant les chanfons les plus 'infâmes & en criant
à tue tête les Aristocrates à la lanterne. C'eft fur
tout contré les Prêtres que cette vile canaille eft
la plus acharnée , & la Municipalité fouffre qu'on
leur fane toutes fortes d'infultes & d'outrages. Pour
comble de malheur , les troupes qui font ici font
infeclées du virus Jacobite', ce qui expof»,con
tinuellement nos propriétés aux plus horribles!"
ravages.
« Il y a quatre jours que le régiment de Tou~
raine dont lé patriotisme eft fi bien connu , pana
ipi. Les Soldats regorgoient de petits aifignats
C'étoit le prix des exploits que l'on attendoit
d'eux. On devine bien de qu'elle nature font ce»
exploits , & vous ne ferez pas étonné d'appren
dre que le foir du même jour de leur arrivée ,
ils fe rendirent chez un' Marchand Epicier ac*
cufé d'ariftocratie , qu'ils enfoncèrent fa porte,
burent fon eau-de-vie , & qu'ils fe difpofoient
à l'aflbmmer & à piller fa maifon , fi quelques-
uns de fes voifins ne fuffent accourus à fon fe-
cours. Le Juge de Paix y vint aulfi & penfa y
perdre la vie. Mais que direz-vous de la Garde
Nationale qui n'étoit pas loin de là , & qui ne
donna pas le moindre figne de vie non plus que
le Maire , pendant tout le temps que dura cet ef-
clandre ! »
A Graifelieure près de Chatel fur Mo/elle , un
jeune Eccéfiaftique a été aifamné dans ' fafc maifoa
par des brigands du voifinage. Ceux-ci avoient
déjà très-mal traité deux prêtres dans un Village
de ce Canton , & le Procureur sindic de Lune-,
ville, à qui l'on a été fe plaindre de cette vio
lence a répondu froidement que c'étoit bien fait.
Encouragés par cette réponfe , ils ont continué de
bien faire ; ils ont même fait mieux , car ils ont
tué. Lâviclime eft tombée aux pieds de fes bour
reaux, percée de douze coups de bayonnette*.
( n° )
XJn jeune pavf«m qui s'eft trouvé là a reçu anfli
plufieurs bleffures dont il mourra.
Dans les campagnes de la Lorraine , l'ejprjt
d'anarchie & de licence va toujours croitfant; les
payfans n'obéiffent plus qu a ce qui leur plaît , &
dans peu les corps adminiftïatifs feront inutiles.
On y infulte , & on y malt aite inpunément ce
iiue l'on appelle ariftocrates , & cetîe arifto-
cratie conlifteà ne pas vouloir fuivre les intrus,
voilà où elle fè borne,_ v
Dans les Provinces Méridionales , pendant
que les troupes 4e i'gne volent aux frontières i,
les Soid^ts de Rabaud fe prépaient à dévaster
Avignon §t ie'Comrar, à porter leur fureur &
leur brigandage jufqu'à Lyon , &. à établir enfin
leur chère république. Encore' quelques jours
(8ç ils ne craindront pas de fe féparer de la
France , parcequMs pourront déformais braver
fcm ressentiment §ç fi* colère. •-
'Thcrmo^nçtre çle Paris, . • * .
Le parti des feuillana l'emporte , & le Général
Morphée , triomphe en dépit des Jacobin?. Le
bufte de ce grand Révolutionnaire est toujours
à l'hôtel de ViiJe à coté de celui de Caco ; quel
crève-coeur pour Pet... envain a~i—il rassemblé l'ét
lite dela'Jacqainaille pour combattre un adversaire
absent ; en vain les "Jacquets ont-ils voulu persuader
que l'image àu Géi.é*ai est celle d'un traître qui a
fait assassiner le peuple sur l' Autel de la Patrie.
La Garde Nationale a pris fait et cause ; le* jure
mens effroyables des Municipaux ne l'ont pas
enrayée, elle a tenu bon pendant tout le tems
qu'a duré leur sabbat , et les bustes n'ont pas été
déplacés. •> _ : :
La peuple- voit avec indifférence la guerre
fltfU' Wm&W-. Pour ranimer en lui le zèle
C 151 ï
l'insurrection , on a publié ; que l'Impératrice
de Russie étoit enfermée, qu'elle étoit même
morte ; que le Roi de Prusse étoit en démence ,
qu'un Régiment entier de troupes Allemandes
avoit déserté le pays du despotisme pour venir
grossir le nombre des invincibles soldats de la
Liberté. Tout cela n'a fait aucune impression
sur le peuple; pourvu qu'il boive , qu'il mange,
qu'il aille aux spectacles, il s'embarasse peu du
reste. Il ne feroit rien pour favoriser la contre-»
Révolution; mais aussi', il ne fera rien pour l'em
pêcher, et lorsqu'elle arrivera, il ne changera
pas pour cela son train de vie ordinaire.

SABBATS J AC 0 B I T ES.
Des 18 & 20Avril.
Sous la clochette de Frère La fource.
Eh mangeant l'appétit vient , dit Je proverbe.
Les Jacoquins n'ont jamais été plus altérés du
fang des Rois, que depuis qu'ils ont lapé celui
de Léopold &c du grand Gustave. Une lettre de
l'un d'eux , lue au fabbat. du 18 , invite les Ré
publicains de mettre au défordre du jour les
moyens les plus lestes de fe défaire detous ceux qui
vivent encore, & ces moyens, félon' le régicide
motionnaire, font dit-il, de propager les prin
cipes de la bande alîafline. — Vient une dépu-
tation des Jacquets de Beaunet assurer leurs ré
vérences qu*ils ont juré d'être Jacoquins dans
toute la plénitude du mot , jufqu'à ce que mort
s'ènfuive ; qu'ils ont une vraie faim de chien , &
meurent d'envie de faire une franche lippée des
tyrans & des Emigrés. C'est justement comme.,
chez -nous, difènt les Députés déguenillés de
Château du Loir. — Bravo , mes bons amis, ,
BéDond le Préfidfcnt , Boute\ ea avant' & vivent;
( ri? )
les Jacobins! —*— Le vénérable Baby fe rite
enfuitc fur le proet de defôrgatilfation de la
Marine , pvopofé à l'aréopage par le Roi Kerfaint.
Le Jacquet déraifonne tant & fi bien fur cet
objet , qu'il fait bailler & dormir ion auditoire.
Il eft év.eiJ lé par Une deoutation , portant 1085
liv. en assignats, vrais ou faux . pour les Galé-
riers de Château-vieux , avec un petit bout da
.ha/smgue. Voilà ce qu'on appelle parler répond
le Président , & parler doctement. Braves Ci
toyens portez toujours, & comptez fur notre re-
connoiffance. Voici venir un chien courant de
la caverne , tout haletant , bavant & jurant.
Frère , .dit-il , j'arrive incontinent du Confeil gé
néral de la commune , où j'étais député par la
feçtion du Palais Déloyal , portant un arrêté
contre les buîies.dç Baïlly & Lafayette : que
nous voulons d'ébufquer de la Maifon com-.
mune. Les tribunes! .remplies par nos chers
inculottés ont crié: à bas les Bustes; on leur
a insolemment répondu : à bas les factieux ; on
s'est même emparé de l'un d'eux, nos chères sœurs
les Jatoquines ont voulu s'y opposer; j'ai vu
l'inftant où Martin Bâton alloit mettre la main
à l'œuvre. Les Municipes ont vite arboré leurs
écharpes , friais malgré leur zèle nous voilà con->
fondus les bustes resteront.
Le Jacquet s'arrêtant à cet endroit funefte ,
A ses yeux i.nnondés laisse dire le reste. ,
Voilà! voilà du Lafayette tout pur, dit le Géné
ral de la horde Jacooite.,. il veut donc s'empa?
rer do la Dictature / Mais nous verrons fi un
lâche doit nous conduire à la conquête de la
liberté. Oui, je peux prouver que Lafayette,
est le plus lâche, le plus cruel, le plus abomi
nable des Tyrans... Alléchés par cette ruade,
tout le Sabbat en Rut veut détacher la sienne
( 1)1 )
ait héros des deux mondes. Qui ne seroit révolté
dit frère Dufourày , de l'insolence des isncriptions
apposées au bas des buftes de Bailly et Lafayette l
Dans la première sur-tout il est dit , que Bailly
a opéré la' réunion des trois ordres; qu'il est l'au
teur du ferment du jeu de Paume. Amis voulez
vous me croire, interrompt le Président, renvoyons
ces bustes d'où ils viennent; l'un en Amérique,
l'autre aux ' Electeurs de 89 et que chacun au
plus vite, gagnant sa hutte, aille *e coucher.
Aussi- tôt on se lève, et l'assemblée en foule/
Avec un bruit , confus par la porte s'ecoule.
Le lendemain., entre chien et loup , les sabba-
tiftes rentrent dans leur caverne. O rage , ô déses
poir , s'écrie un grippe^sou , amis le croîrez-vous /
Oui j'ai vu hier à la maison Commune, et j'en
suis encore de frayeur tout transi ; j'ai vû les troi»
héros de notre République conspués , vilipendés ,
hués. Des sabres affamés de carnage ont menacé les
tètes précieuses de nos chers frères' Pçtion , Ma'
nuel et Danton; trois gardes françaises ont heu
reusement paré les coups , et ils ne sont pas dé
capités encore, laisserons nous impuni cet horri
ble attentat / Non: je demande qu'il soit vengé,
et plutôt que plus tard, Bah ! Répond îiobesfierre
le jeu ne vaut pas la chandelle. Au fait quest-ce.
qui a érigé un bulle à Lafayette et Bailly / L'an
cienne Municipalité ; et qu'étoit-elle ! Les valets
et les satellites de MM, le Marquis de Lafayette
et Bailly, Nous serions bien fots de nons escrir-
mer pour des honneurs rendus par des valets. Que
le Diable les emporte tous, dit un Jacquet ,
£c parlons de la guerre. ■ Tatigué que j'aillions
bien rire ! d'abord la moitié des dénigrés, ils
alliont , mourir de peur , je tuerons le refte &
tout le par en fus je les pendrons comme des
Favmf, Qui» dit le JAco^nia Merlinet t il faut
écorcher , éventrer jufqu'au dernier tambour de
l'armée ennemie , point de quartier. Mais ce
pendant il dépend de Louis XVI feul d'empêcher
la guerre. Cela pofé, s'il dépend de Louis XVI
de nous fauver de mille malheurs , s'il dépend
de Dquis XVI, de défabuferles Princes eonf-
pirateurs , & fi la conjuration perfifte, nous ne
devons plus façrifier la Nation pour fervir une
feule perfonne contre 25 millions d'hommes. Si
vous perfiftez , leur dirons-nous, vous rompez
tçus les liens qui nous lient à lui. ... Si vous
voulez aflaflîner les Français pour un feulhomme,
cet homme , tous fes complicesferont nos premières
viélimes & ce ne fera que fur leurs corps renver-
fés , que nous marcherons a la viéioire. L'honnête
Carra , interrompant les blasphèmes du Mo.nftre ,
dit :,la déclaration de guerre eft le plus grand bien
Xjui puifle arriver â' la Nation &. à tous les peu-
5les , car elle fera pour eux le lignai, du réveil,
ion avis eft donc de nous emparer de1. Provinces .
Belgiques ; les Allemands baifleront leurs armes
devant nous &. ça ira plus vite qu'un éclair. —
Je fuis de cet avis , réplique Robespierre , & puif*
que la guerre eft décrétée , emparons - nous dit
Brabant , des Pays-Bas , prenons Liège, la Flan
dre & tous les Ltats des defpotes. La feule chofe
qui doive nous occuper , font les moyens d'exé*
cuter cet utile projet. Et pour cela , il faut faire
la guerre , non pas comme les Rois la font , nyiis
d'une certaine manière , . . la. . . . vous m'enten
dez bien, frères, une guerre comme le peuple la
fait, il faut que le peuple Français fe lève &
s'arme tout entier , car cette guene-ci tx'oLi pas
comme les guerres ordinaires , & nous devons
guerroyer de toute une autre forte les ennemis
du dehors & tous ceux du dedan-. Surveillons
fur-tout le pouvoir exécutif & les autorités conf-»
tituées, « « Que la Fayette par deffus tout » fait
( *35 )
deftitué de fon généralat. C'eftà quoi je conclus
intfterrninis. —puisque j'avions la main à la pâté ,
reprend un Jacquet inculotté , nv'efi avis que je
ferions pas mal de gober toute VAllimagne , &
de l'emmener en France ; puis , de prendre ce
petit faquin de Roi de Hugrie , & de le rucher
à Bicêtre , îà où que le dépôt ime m'a tenu diable-?
ment ferré , à cette fin de l'y apprendre de fe
moquer de fa Nation. Je demandions , frères , que
ma munition foit écrite dans l'ordre du jour. L'in-i
culotté eft grandement applaudi, par fes pairs & le
fabbat eft levé,

MÈLA.NGES,
Suite- de; l'origine des Cocardes Nationales.
Le nez au vent & faisant .bonne mine .
Au son des cors, des flûtes & hautbois
Que les castrats secondent de leur voix.
Tout le cortège a pas lents s'achemine (i)
Vers le logiss d'ovi le peuple aux abois . . 1
Patiemment attendra sa ruine ,
Ou son salut de ses faiseurs de lpjx.
En les voyant rangés devant sa porte»
Notre Laïs avec étpnnement
Se prit à rire & réfléchit comment
. On logeroit si nombreuse cohorte ,
Ce n'est du tout facile assurément.
Onc n'avoit vu fille de son espèce
Tant de Miches arriver à h fois ,
Car de Vénus la plus docte prétresse
V ' Ne peut au plus en contenter que trois,
r—r — wrf, , «
fy) Procession 4.« Ç^atî:ge'«iMttx 4 Yçï^illis»
( i5* )
Chacun vouloit festoyer 1» Princesse
Avoir les gands; mais il faut faire un choix ;
Et les loger encor ? c'est autre chose
« Messieurs, messieurs, soyez les bien- venus,
» Mais restez -là, n'entrez point & pour cause..,
» Décimez-vous 8c faites le blocus.
» L'infinité n'est pas ce qui m'effraie,
» Et je suis prête à recevoir l'assaut
vt Mais qu'à son tour chacun de vous l'essaie
» C'est 1* moyen cV'opérer comme il faut.
» Ou , faisons mieux , j'ai dans les Thuileriel
» Certain hangar , magasin ou grenier,
» Jadis Manège, aujoufdhui poulàillier,
» Dont je prétends faire mes éeuries :
» Je vous le cède , & là bien mieux qu'ailleurs
» En rang d'oignons /quoiqu'on en puisse rire ,
» Vous sie'gerez ; plus grands que la satyre .
■»> Vos exploits seuls confondront les railleurs.
» Là, chaque jour, au lever de l'aurore
ta Je me rendrai bien ponctuellement ,
j» Et' nous verrons, s'il eft possible encore
>> De vous traiter plus agréablement.
» Mais un avis que l'honneur me suggère
» Re'froïdira peut-être la chaleur
» Que je vous vois. Je tremble que mon père
» Par un hasard chez-nous fort ordinaire
» Ne soit celui qui cueillera ma fleur ;
» Car de l'avoir onc connu de ma vie
» Ne me souviens nullement , je dis plus s
» De le savoir ne sens aucune envie
m Est jà trop grand le nombre des Co. . .
» Sans que je sais moi-même assez ingrate-
( '$7 )
s» Pour y placer l'artisan de aies jours .
» Et tel qu'il soit , ou noir ou démocrate *
i» De mon respect il jouira toujours.
» De ma naissance or écoutez l'histoire.
» Fille du crime & de* excès divers
t» Dont la Noblesse & la cohorte noire
»> Depuis raille ans ont souillé l'univers,
» J'ose assurer qu'une Rei.ie est minière. ....
» Vous souriez ? . . . L'ironie est amère ....
n Me croyez vous d'un sang roturier ?
» Dans l'univers , s'il faut chercher rroa père
» Le Sphinx à peine oserait le trier, (i)

LEGISLATION.
Secpnde Race de nos Rois.
Séances des 20, ai, aa, 6* 33 Avril.
Tous les Décrets rendus à l'iflue du dîné de
nos législateurs se ressentent du vice de leurs di-
gêftions, 8l nous pouvons dire comme les juifs
le disoieht de leurs pères: ils ont mangé des
raisins verds , &• nous en avons les dents agacées.
te mémorable décret, du 19 au soir, qui décla
re la guerre au Roi de Bohême & de Hongrie;
& en sa personne à tous les Potentats de l'univers,
donnera probablement à cette vérité toute fou
énergie. Nous voilà donc en guerre au dedans et
au dehors, en quo Rebellio perduxit cives ! Grand
Dieu.qu'ofe méconnoître une tourbe impie &
sacrilège ; lève toi . confonds fon délire infenfé ;
l'humanité en pleurs implore ta bonté. Trop de
carnage a déjà souillé cette terre coupable , ne
permets pas qu'elle soit innondée du sang de tes

(0 La suite à ) ordinaire prochain. .


encans.—- Le décret fanguinaire a été pôrté i&
même, foir à la sanction du Roi , & pour rani-*
mer le courage des foldats on a décrété que leur
folde & celle des fous-officiers fcroit entière
ment faite en numéraire; Tous engoués de ce
décret, nos monarques ,diflertent le lendemain
fur cette guerre à qui mieux mieux ', puis voici
venir les offrandes faites à la Déafle de là mort ;
l'un donne des médailles d'or & des jetions d'ar
gent ; l'autre quelques louis ; celui-ci propose
d'indiquer une caitTe où chacun puiûe ailer
échanger son numéraire contre des Affignats ; Ce
pendant M.-de Marbonne, faifiiTant le moment
opportun demande & obtient la permiffiori d'al
ler Ce faire tuer fur les frontières fans rendre
compte* La feance eft» terminée par la dégoû
tante lécture commencée là veille , da projet
d'organifation dKnftruction publique par le
Roi Condorcer. — L'aréopage prévoyant que
nous allons avoir autant de malades que de bief-
fée dans cette guerre j décrète à laféance du foir
l'établiïfement des hôpitaux ambulans : vient l'o^
rateur du genre humain, Anacharsis Clooihs ,
qui après avoir comparé la puiffance de la Nation
à celle de l'Eternel 8t dégoifè fon ridicule phé-
busj, dépofe fur|le bureau douze cents livres,
pour aider aux frais de la guerre contre lès Rois.
Or , foit que ces douze cents livres soient vrai
ment à lui ou qu'il n'en ait été que le porteur,
il a été vivement applaudi & admis àlaféance.
Le lendemain as nouvelle parade. Chaque mo
narque se dit chargé de déposer quelque^ offrant
de fur l'autel de Bellone , par des particuliers
qui ont la modeftie de ne vouloir point être con
nus. Quoiqu'il en soit , cela pique l'émulation ;
des commis de la trésorerie &du manège, s'em- '
pressent de donner, et nos monarques ltimulés par
magnifkeace 4e U*U de dons , décrètent erf
(m)
dépit de firé Bajire, qu'ils donneront -aufîî cha"
curt un mois de leur lifte civile se portant à 509
livres — Les vainqueurs de la Baftille , gardés pour
la bonne bouche de cette féance , viennent offrir à
nos Rois d'aller démolir toutes les Baftilles de l'uni
vers après avoir pourfendu tous les defpotes , leurs
valets & leurs chiens. — sire Ba jire reclame à la
féance du z \ confie le décret de la veille quifor-
çoit les Députés à donner un mois de leurs hon->
noraires pour les fraix de- la guerre; il eft ap
puyé par les Rois Merlin , Coupilleau & Grange-
neuve. Cette contribution libre n'a point été con-
fentie par l'univerfalité des Monarques. L'ora
teur plaide avec toute l'ardeur qu'on employé à
défendre fa bourfe ; on applaudit , on hue ; le
Décret eft enfin retraélé , & chacun jure qu'il n'en
payera pas moins; mais va t'en voir s'ils viennent
Jean. On ht enfuite une lettre de Louis XVI ,
datée du at Avril L'AN 4 de la Liberté , &l'on
ne peut s'empêcher d'obferver , que ce n'eft point
fans doute de l'époque de fa liberté dont le Roi
a entendu parler, sa Majefté demande qu'il foit
mis fix millions à la difpofilion du Miniftre des
affaires étrangères. Arrive enfuite le Mirçiltrç de
l'intérieur, qui annonce, que la coalition des
Prêtres catholiques contre le repos public , a forcé
4a Départemens à prendre des arrêtés qui ne font
commandés par aucune loi ; il devoit dire , qui
font formellement prohibés par la loi, dont fe
jouent effrontément les ennemis de Dieu , des
Prêtres & vdes Rois. Mais peut * on dire au
Ministre , St à ceux dont il est le fidèle écho ::
où font donc les preuves dés crimes que vous
leur imputez/ Produifez-les fi vous l'ofez , et
eris mihi magnus Appollo. Ces prêtres si lâche
ment , si barbarement perfécutés défient hardiment
leurs implacables ennemis, disons mieux, leurs,
bourreaux d'çtablir la preuve légale des iafâmee
( H° ) . - .
calomnies dont on ne ceffe de les noircir- Non
moins fournis aux autorités reconnues, que fidèles
à leur Dieu , loin de troubler l'ordre & de s'éle
ver contre l'obéissance à la loi , ils prêchent par
leur exemple la plus parfaite foumission Ce
font, dites-vous des fanatiques des Factieux. En
admettant cette infigne fausseté , pourquoi ne
les traduifez vous pas devant les tribunaux éta
blis par la Loi / Pourquoi / On le voit bien;
vous craignez que la justice ne dévoile la fausseté
de vos accufaticns , l'afrocité de vos persécutions
contre ces infortunées victimes de la rage jaco-,
bite- l e tableau en est affreux. Ici on expulfe
les Piètres des paroisses qu'ils oCcupoient; là,
on arrête qu'ils feront faifis & mis à la gène.
Plus loin on leur refufe tout traitement. — Le
Vandale Merlin fait la motion de les envoyer
ramer sur les côtes d'Alger. Cette affaire eft ren
voyée au Comité de légiflation pour en faire fon
rapport dans trois jours , il eft également chargé
d'apprendre à nos Monarques dans quels cas une
Nation peut déporter et expulser de fon fein
ceux qui lui déplaifent. Fut-il jamais un des
potisme plus révoltant &. plus attioce. Cette
îeance a été terminée par un décret d'accufa-
tion contre deux particuliers, acculés d'avoir
enrôlé pour l'armée d'outre-/? Ara. .

On s'abonne au Bureau de la Rocambole , rue


Montmartre N°. 2ip prts le passage du Saumon, à Paris.
Le prix de la souscription etl de 24 livres pour un an ,
12 livrés pour six mois , &' six livres pour trois , franc
de port. Les Lettres qui ne font point affranchies restent
au rebut. Ceux dont 1 abonnement finit a la fin du mois
sont/priés de le renou -eîîersans délai; - ' ^

De tImprimerie de Jacques Girouard , rue du


Boni- dû-Monde ,. ï™. 47. •
Seconde Année. N°. 9.

"""

L A ROC A M BOL E,
o u-
iOURNAL DBS HONNÊTES GENS ,
Rédigé par Dom Ré ai us ji NT i - Jaco si nus.
Uiii ' ' : i
« Une Foi , une Loi , un Roi ». :
_ ■" .
" i ■'. '. XL • inc'J
Du Dimanche 29 Avril 1793.

Nouvelles politiques.
£f mine reget intelligiie : erudimini qui
judicatis ttrrain.
Pscaume 2. V. 10.
I L n'y a point de milieu , il faut tout détruir*
fi nous ne voulons périr nous-mêmes, dii'ent
les Jacobins. Voilà pourquoi leurs Emiflaires re
doublent d'acliviré pour porter chez l'étranger le,
deuil & la défolation. Ils en veulent nen-feuiement
à tous les Souverains (i), mais encore à tous les
peuples, puifque la Suifle, où il n'y a point de Roi,
it'eft pas moins travaillée par eux que les autres

(1) Nous es avons- les preuve*. ... ..


Tome IV année 179a. Ii
panies de l'Europe. Cependant il est fur que
tout eft en mouvement pour faire là guerre aux
factieux propagandistes; Les troupes du Roi d«
Prusse s'avancent du côté de Louvain ; on pré
pare leur logement. On assure que toutes, les
troupes Autrichiennes font prêtes à arrivera leur
deftination. Le général Beoulieu eft nommé pour
commander les armées. La crife n'est donc pas
éloignée* Puifle-t-elle aboutir au rétablilfe'ment
de l'ordre , des loix , des mœurs & des 'autorités
légitimes.
Les Gentilshommes qui compofent l'armée
du Prince de Conde , voj afit leurs maifons &
châteaux incendiés, ainfi que les excès auxquels
les Factieux &.les scélérats le portent contre leurs
femmes & leurs enfans , vouloient à toute force
entrer en France furie champ ; mais Monfeigneur
le Comte d'Artois a calmé l'impatience & l'ardeur
de ces braves Chevaliers Français , en les aflu-
rant qu'M* auroient bientôt cette fatisfaction.
NV VV ELLES IN TE RIE LUES.
Tout plie dans Avignon & le Comtat devaftt
les Satteiites du Manège. M. de Muy ne pou
vant faire refpetler l'autorité du Roi , s'est re
tiré au Saini-Efprk avec les HufTards, & les
CommiiTaires de Sa Majefté ont palfé en Hollande^
Ainfi tout eft au pouvoir des Brigands dans ees
belles contrées, & bientôt la ville de Lyon
fubira le. même fort. Nous en fommes d'autant
plus, perfuadés, que nous savons de bonne, part
?u'un particulier ayant confié au fietir Rabau:->
u Puy , frère du Député qui a tant influé dans,
nos défàftres , qu'il le propoioît d'aller à Lyaa.
pour y être plus tranquille. Rab... lui répondit-,
jé ne vous fe cohféillë pas , car la ville dé 'Lyon
far tutiiuoi an irt^eantë •^rirxrns r'; ~ .
Cet oracle est plus tût que celïii de fralchas: /
jI ' ,«\ ;t 1V....M F» %v:.'. «.'
((mi))
toTSoA L'atbmTtKt'' depuis loflg-temps , les Pro*
teftans veulent pouffer leur conquêtes jufqueè
à Stmwe pour former une République des plus1
belles contrées de la France ; qu'on juge mainte-*
namt û nous nous fommes trompés. Cela leur eft
d'autarit plue facile qu'ils ont infeclé de leurs
Iitiicipes tous ceux qui fe plaisent dans le re-
âcbernent de la morale , &. l'on fait combien
le nombre des hommes fans mœurs eft confidé-
rable. Voici un échantillon des œuvres de cet
•nriférables: ;•■
' l lj.es Clubs du département de Saône & Loir ont
envoyé à Autun des Députés pour y faire adop
ter les articles fuivans.
i*. Divifer là France en républiques.
b°.. Charter enconféquence , le Roi , la Reine ,
.& toute la Famille Royale.
- 30. Déclàrer la guerre aux autres Souverains.
4f°. Rendre la législature acluèile affemblée
conftituante.
5°; Employer le fer & le feu pour fe dé
livrer des deux ordres, de la Noblefle & du
Clergé.
Faits ۥ gestes des Intrus.
Aux faits que nous avons rapportés dans nos
précédehs numéros , & qui couvrent d'opprobre
Utglife constitutionnelle &. 1<js Minillres, joi
gnons les faits suivans.
On nous écrit de Nancy que le ileur Maudru,
Evêque intrus de cette Ville, vient d'ordonner
Prêtres Bourlot de Mirecour , & Parifot. Le
premier cil un horhme Veuf, dont la conduite»
pendant .&. depuis ion mariage, a été corff-
tament foandaleufe. Après avoir conlumé toute
fa fortune dans les tavernes & les inailbiis de
débauches avoir fait meurir l'a femme de
cbagrj* , U . $>ft j>fu/eM« à A'imn» .qui
«mpreffé de lui ouvrir le fanclaaire , & d'en
faire fon coopérateur , en le nommant à une
Cure. P,tarifât a des mœurs moins dépravées j
mais son incapacité l'avoit fait renvoyer du Se*
minaire , fes fupérieurs ne pouvant même pas
lui apprendre fon Cathéchiime. Depuis fon ex-
•puliion , il eft tombé dans un état d'imbécillité
4>jen caraélérifé , mais l'Evêque & fon confeil
ne l'en ont trouvé que plus digne d'être Prêtre &
Curé conftitutionnel , tant il eit vrai que le vice &
l'ineptie font aujourd'hui des titres pour par
venir à toirn Ajoutons à ce récit de la plus
-grande authenticité , que les démagogues de ce
canton, moins impudens que leur Evêque ,
rougiffent de fon infouciance pour la réputation
de ion Eglise. Le même Prélat vient d'ordonner
Prêtre le nommé Aukètt , qui au mois de Juil-,
Jet dernier porto:t l'ordonnance de Garde Na-
tionnal , & montoit la garde à fa porte» Par-tout
le Clergé conftitutionnel eft un objet de fcandale
& de mépris ; l'anecdote ï'uivante en offre une
nouvelle preuve.,, elle eft extraite du Journal
royalifte ouvrage bien digne de son titre & de
fes eftimables. auteurs- v 7.-. .
« L'on fait favoir à toutes pèrfonnes que la
■célébration du mariage de M. Jacques Aubin , .
premier Vicaire de la Paroiffe fainte Margue
rite à Paris., avec It demoifelle Babitle Cosoft,
fa paroiiîîenne , enceinte de cinq à ftx mois ,
•eft différée de quelques jours , vu q ire les Sans-
culottes du faubourg' Sn'int-Arttâthé' , fe font
"révoltés en apprenant cette nouvelle- Mais la
■cérémonie matrimoniale de M. Aubert , Vicaire,
n'en aura pas moins lieu publiquement : c'eft une-
affaire arrangée. L'-ex-'Capucin Chabot , & M.
i'Evêque Fauchn doivent, dit-on, tenir lo poêle
'une étoffe aux coeleurs de M. le Duc d'Orléans.
Ottaflure que les Sans-culottes en auront ob-
Un prêtre (des amis du futur époux , ) M. Ber
nard, doit faire la céréritonte , & les Jacobins
dotent les conjoints. Les Lecleurs de ce Journal-

leur* exploits Patr^ Le Palais des Roie.


eft continuellement affiégé pat une horde' <ie Co
quins qui sky livrent à toutes forteb d excès. Les'

& fur tour contre le Roi & la Rëine. Les autres


fe promènent dans le Jardin & infultenttous ceux
qui n'ontr'p^s .comme eux une mine de Coupe—
Jarret- Indignés de tant d'audace & de tant d'atro
cités,' \ds fg'âr^es Nationales réunis à la garde du
Roi & atix gardes SdifTesoht donné la chaffe le
24: à -cette canaille & en ont purgé, le Jardin
Royal-' La bande .Jâcobite s*eft retirée en hurlant
des'jOTemens effroyables & en menaçant de reve
nir .'lé 'lerïdemaih bien*phis en force. Tout étoit
cîîfpïvfe pour la'bien recevoir, mais elle n'a point
paru. Il éft vrai qu'il y avoit ce jour-là , grand
fpe'clàcîè'à la grève*. L'aitîuéace des mauvais fujets
y a été -très-grande à ce qu'on dit, il s'ag:n/>it
dp voir guillotrner un de leurs frères , qui eft mort
en hérps'de- la révolution ; c'efi-à-dire ,. en Mal»
phèmant contre Dieu & fes Juges. Voilà le pre
mier aflalîin fur lequel le glaive de la loi s'eft
appefanti depuis deux ans. Il ne faut plus s'éton
ner (i M. Robespierre s'est démis de-fa place d'ac-
eufateur public } le moyen d'y tenir
( J-f ;0 )
SABB ÂTS JACOB ITë à. < ■'<" \
'. Des 2% (f 21 4*X$^ .6*1 Ji -.h y
Sous la clochetre de frère LAS^t'/ttÊ,'
, "•■ . <■ ';,. il \-oi :
Comme ainfi-foit qu'on 8« pe>J êtjçe mieux

vellement 4e ma carte, d'entrée, — J,g appqfjp,


répond frère .^co^rr'tii re l'aura^ ga^camara*
rade , car tu as été aux! Feuill$ms.. rv^ftltt —

. . Tarn; y a enfin que tqu| ;}é. ugôftjfç çflflr,,


nçît Madame Gilet' Or donc le 27 Juillet', jojuf'. 1
de la fameufe fufilla'de du Çhamp-de^afs vj'en- ,
trè che?. cett? feinruç pour y boire nn,rf(&rtp';'4*^
facrc chien. Voici venir au même infiaat , ftè.çe de
Hefe qui demande à ïgner. Madame Çpharft lui
donne un regiftre Ci) vil- figae, puis ils me .pW~
tent là S: paffent tous les deux dans Un cabinet
vqi/in. Çjuy ont-ils ffli^? Ma, foi je n'en f^s-rjen % .
car je m en fus—Puisque je ne puis le nier , vegarf .
frère de Hefe , le fait esft vrai. Ces peftts fie Feuiir
lans favoient (i bien jouer lepatrrotisme , qu^mpiy,
qui fuis un patriote endiablé, je £us leuf du,pe ,
mais je le.s ai plantés-là. Et fi vqus.: jn,e, cbaffez
d'ici , pourfuit-il en larmoyant , je n'en ferai pas
moins Jacobin dans i'ame & la plus fine fleur de
tous les Jacobins. —- Le moyen de réuftar à un .
Jacobin;:.; ae aulS déterminé ! En dépit donc*.,
frère facré Chien , de pâme Gilles , da fpn cabi- .
net & de l'immatriculation du Prince de ffejfç
'.. 'j.'j'-" u1.- . ■**■ ". 1 ) ttt ■ ..M.1.....H 'u,
(0 Ofi « faisoient inscrire les Jacquet» qui çirçigrç-^ni ;
çlie? le» F«uil!»os. ' . .f* . ï
la JàGqHift^ille 1'abfou t 'M'- Cm ■ -ftP9&ifo sr 4fc 'l|i£
donne 'un nouveau brevpi.de Jacquet. Muni deçe
précieux diplôme , il grimpe à/ la tribvaç i fe
gratte, crache, &. dit : ' ', ■ .-r, î: ."; • ,...»
Le dessein en est pris , je pars, cliers camaradt;^, '
fit vais des fiers Hulians affronter les gourriiadçs, '
Ils me tueront fans doute ; hélas ! le fait eft clair
& net ; recevez donp ici , mon teltamenî dé mort ,
& les. déclarations que je vais faire paur l'acquit
de jpi* confcience. Je confeffe d'abord , avoir reçu
une lettre de frère Dubois décraffé qui m'annonte
qu'on vous a expédié une pacotille de Députés de
l'Hérault , avec un affortiment complet de preuves
fur les faits dont ,j'ai parlé au compère Mnssot
contre l'ex-miniure Narbonne, Item plus 5 cinq
Officiers généraux , d'autres difent onze, ont fait
banqueroute à l'armée Nationale. Mais ce. qulil
y a de plus trifte , c'eft qu'on ne m'ait point en
voyé dans les Départemens méridionaux. Si jîy
eufTeété , les déprédations qui y font arrivées n'au-
roient point eu lieu à coup fùr.caril me fuffit de
parler, moi.pour faire tout trembler &. -rentrer dans
l'Drdre. Quand j'y .commandois , je n'ouvrois ja-
mais la bouche qu'au nom de la loi , §c ne faifois
point un pas fans avoir pour acolytes , un mem
bre de la Municipalité à droite , & un membre
du directoire à gauche. Beljébut lui-même et fa
brigade, en me voyant ainh" efeorté , n'auroient
ofê broncher. Enfin , frère , je fuis falarié par la
Nation ; elle me paye , grâces à Dieu , pour la
fervir & non pour être un aflaflin- Je vous parle
grec .frères, je le vois bien; voici le fin mot de
l'énigme. Les Officiers généraux craignent , comme
il ne font pas si aimés des $oldat> que moi, que
. l'on ne leur tire des coups de fusil. Pour moi je
vais fur les frontières pour y être a (fas sine , non
pur un patriote , mais par ua aristocrate , & je


( î'4* >
m ai moque comme de l'an quarante. Powr le fur-
plus , frères , je m'en remets à vous de nies hon
neurs funèbres & ce qui me rend fi guilleret , en
courant au trépas , c'eft que j'efpère d être niché
dans votre Pamhcon côte à côte de Mirabeau. *■
— L'azinique amphigouri de fon Altefle Jacobke ,
exalte l'humeur de la Jacquinaille ; elle apoftro-
•jpfie fon Préfident qui a interrompu la lecture pré-
. cieufe de la correfpondance pour écouter le rado
tage du Jriace. Capucino-chabouc veut être en
tendu fur ledit'^Stes -, on s'y oppufe. Il pelle, jure ,
lempêté , s'arrache les balliveaux de fon antique
barbe , & fes confrères répôndent par des mugiïfe-
tnens. lis alloient tous danfer la larabande des
JLapilhes avec les Centaures , quand le Préiident
Qui voit la république en danger , fe coiffe de fon
bonnet, &. fa vertu magique ramène le calme-Frère
■ Rcederer en profite pour le difculper d'avoir diné
■ chez un ariftocrate. « Vous devez croire , dit-il,
maa pauv^me à l'épreuve de pareilles fréquen-
- Cations. Failût-ii dîner avec des ariftocrates , a
Paris, À Clobeni^ , au fond même des enfers avec
: eiux qui déjà y font descendus , devrois-je en être
-«ru moins invariable dans mes principes î Ce qui
m'affecte le plus , c'eft que le Révérend Coda
~*it dit, que j'étoîs corrompu. Moi , qui ai prêté
le char de Voltaire pour ne s frères les Galériens !
i Moi qui fuis l'ami de Petian ■ Moi , qui le jour
de la fête des Galériens me luis mis à ma fenê
tre avec ma femme &. ihes enfans pour les applau
dir iorfqu'ils font paiiéi / &.c &c. » Cette juf-
tification eft vivement applaudie , mais tandis
qu'elle Brijj'otoii tous les fuffrages , voici venir
Coliot-galire. Sandis, dit-il , que vous vous hâtez
dé sabonner les ge*s ! Pour moi , jé né changerai
pas dé gamme fur le compte de frère Rœderer. . .
Mais, quoi ! bous hurlez tous ! Faut-il aboirtort
quand on a raifon ? Jé e
v ( »49 )
un quart d'heure après aboir lu lé difcoiirt cU
frère Rœderer , & jé bous déboilerai des mancéi-
bres fur lefquelles j'ai des doutes biolens. Je bbus
montrerai ceux qui beulent nous prendre au tra
quenard. — Sur ce , la jacquinaille prononceuri
plus amplement informé. — Frères , dit un cha
fouin du Sabbat , ouvrons Unefoufcriptionp&ur
la guerr» Fy donc, gros butor, répond lé' vé
nérable Syllery, -veux tu faire connoître que la
patrie eft dans la misère , gardons-nous bieh'â*
cela. ' Apprends benêt & ne manque pïs de pu
blier , que notre tréfor public renferme plusr'de
richefFes que n'en peuvent contenir toutes les pùif-
fances conjurées du monde entier. —, Agréezy3it
frère Doppet , que je me congratule a^eo mes
Pairs ) "d'avoir obtenu une fabrication civiqtiede
plufieurs milliers de piques : d'avoir terraffé )e
ci-devant Mrniftre ; d'avoirdéjoué les affreux1 pro
jets de Mende , d'Arles , du Comtat &. autres
Tepaires d'animaux aristocrates. Ce préliminaire
fémpli , allons frères:, municipalifer dans le Brh-
brant , dans la Savoye & dans la Catalogne**^.
Ge n'eft qu'en renverfant tes troues que l'univers
fera'lîbre. Guerroyons , & tandis qu» nos arrft&és
iront Fe battre pour nous , que nos bataillons d'ihV
primëurs travaillent nuit & jour , innondons flulii-
vers d'écrits patriotiques. Ne pourrions-nous' pàs
auffi,ffrères, déclarer la guerre aux Maltet-dù-
Pan , aux Durofoi &. autres infecles littéraires qui
contrarient nosfublirhes projets l Sans douté , ré
pond un Jacquet , il faut mettre toute cette ca
naille-là à Bicèire . pour lui apprendre à fe mo
quer de nous, & d'être les ennemis de la répu
blique. — Une farce rifîble fignale le Sabbat du
i j. La fameufe Théroigne , généraliffime des in
culottées de France , avoit dit le matin dans une
taverne qu'elle méprifoit Collot-Galère. Ce ci-de-
vant Comédien racontoit en perfifflant cette nou-
-
„Éî4- les e$prts (Je l'afEftance , s'élance comme une ,
furie paL>4effus la batrr;.ère qiti fépare le? profanes'^
-$f$: frètes , dopn.e un coup de poing à, l'un , qn
. ç^yip 4e pied à l'autre ; pôche l'œil de çelui-ci, ,
. ajn;açhe la crinière âs celui-là , s'avance enfin cfu
bujeau en peftant & jurant $i veut tout au moins
çpliper une oreille à CoUot. il en pâlit de peur;
mais .on hàpe la mégère & elle eft chafiee de {a
fla^rue- —r Auiquelïe abomination ? Qu'elle feof-
.renr,,ij|B frères , slfjrie frère. Mtiïintt. J'ai ^u
,,#îçr. >, dans la Chronique line diatribe infâme cpn-
.rUfljes Jacobins, &c'£.ftfière Condorcet , un de nos
trères , qu;i l'a faite 1 Qb ! ç'eft vraiment pendable,
ajoute un Membre de la bande , mais patience;
nous aypns démafqyé les fiawqve , les Duport ,
les jLametb : on; travaille à dévoiler les intrigues
(Jçs Urijfot Si, des ConÂo(ctt. — jt eft ma foi tems ,
interrompt le général de la bande , de prendce
desn^e^res . vigoureuses quj puifient nous faurlr
\ ^dçpifîqutf les tffjjtres ;. mais je ne V^trjç pas
qu4|^,fqie.ntdémafc]u(5savjonrd'feui. Celayie|{ffrft-S..
J^n, pendant , frères j garde à vous ! J^a j-épublj-
qjif eftexpofée aux plus grands dangers. Ne dop
.met pas, nçus fommes entourés d'intrigans, ->-
Saille pipes d'un diable , s'écrie en trembjcttaat
Je. Capitaine tempête, Morts Saint Huruge , qu
..fotit-iîs ? Nommez-les , & dans huit jours j'en fais
une franche lippée. — « Rcoutez-moi , leur du
-Capycinq-Çhabeuc , inibéciles benêts qui croyant
avoir des yeux de Lyifx n'y voyez pas plus clajr
qu'une Taupe ; venez , que je vous fane l'extrap-
tijond^ la cataracle. Je vous demande d abord, .fi
les., frères qui ont pris fait &l caufe pour M. de
Narhcane font dupes de l'on prétendu palriofifme ?
Si frère Condorcet y croit? Peu importe que fa
.femme ait été ou n'ait pas été féduite , car un
bçmmp ne doit pas fe Jaifter aveugler par unV

:
femelle, & trop fqUv«of ii«nîcuit po»iîé«puter ces
l'y rênes ççpa:rienua prai£tçpTiq£qrif,Q&eldommïL*
ge que nous n'ayons pas dg^ preuves i.Nçus aurions
"eulepîaifir de faire laoterner ; Narbcyine , Fau
cher l'on apologifte &. toute la lequelte- Oui , de;
par 'Saint François , ' lahréffiê", tôH? (Ks-je , &
pour le proaver apprenez-, quel Ndr%brffie vifoit
au protectorat ; Fauchtt le feconidoitj^ Kjutes fes
forces, & Iorfque le prejnipr nfcus jffiï dénoncé ,
le fécond nous dit que.c'^to.it lif^quji ;**o^t Crom-
wélife Narbonnî:. Le panégirique.^e^celui-ci ,
a fatis doute été Soidîlé a M. Fauchet. par la dame
Canon , ;càr par ai nfi qoè bèaijrcààp d'autres, il
s'eft laiffe égarer avec , des femmes, fcoftg-temps
la faction, s'eft agkéa; poux favçiir q«l elle char-»
gero.it du rapport de^M.de, Na\rkonitt enfin
t-Ue s'eft adreiîée au Pqntifp fquchf$,<(k caufe
de fa réputation d'enragé ; mais pouç q,ue Fau
chet ne fis pare pas des plumes Ju Pan, fâchez
que M. à'Aubeterre a^fàrt ii partie milftaira de
fort rapport, tandis. que le grand Prèt?e,<donrioit
à onze heures du foir chez la jweîllé' Ganon. »

.-^c M È L A n-;g- ë «

, » Grâces au goût, à l'ardeur éphémère,


.1Vs,-<n Dn féminin, dans le mode dVînler ,
» Dans le bnsin qui devoir me fermer
; .i» Et me produire ensuite à la lumière ;
» Engins de $oi , <le Hussard * de'CBcher ,
». De Cardinal, d'Heiduque, de Pofther,
-» Ont tour à tout voiture la matière;
rc tp y '

-»rf" ' !-»'BpB»e roilà. MbhVftFtionr eft eKmhe, '■ 1


.anoh^ç V désir de Végner ik de phUs^Jj ^

j& * 3; - fy^WE'k "ouvsfuy change m^nbapiistaire ,


ji0r)|v t, ffh^*^^ P0UV lùkii Ço^tiM/oat. .-q cl i»;cj
Ï.3Ï àaîs.c*» ;Quand.jei)aqnis 'le Peuple écoit au* chaînes»
or. 4r QÀ m'allaita dis' pur-sang do ses reines , .' " |
-w> v> %«t Wn iibcJiet fur'a^tifer un tîsoi '
' Pms gtânàdefti;, il ne fut Prince ou Pajge-,,.
9/r.«i> d.-im jfbv sTT.jj'- ™7*

; - ma) ^ît< .Quî- «ff«»*«(Erit un mercenaire hommage ;> <


-ï«rfo cife f»pn's il'idole'V e«( uW-ngit.ià'ua ctiacun*-' F '

»?>"-.ï:iî/fî|W*^«^,ifc>" «fie nayr#« .M .auj>


1:r,-, ,^f^»3^i«i projet de^rfwperfesnftauxoqcin hdt
-tirtOa! cette audace oiïi*è vJitarrÎRJè9^ ' >•
si].-,' :i^|lLaU| secours j'a'tfelai Mes* .héros i'B ! d*
» Pas Jn ne vint , & me voilà ratée
» Complètement par_ mçs 'i|obçJ$s suppôts.
» Or, de mon «exe en pareille aventure
.«••' VVflûs «rcï toiis'flrtqà'y&V* la^eiif ,
, ris:.*» J,* peuple' avoit menaçante postuffc ,
, i*>--j&f Je le. pris dès jors .pour mon vengeur.
Mm%>Pwd°P-,ie:* pourtant la confidence,
; ,-fciftt°n çœJ.r s'émtutieàear pour ces-ingrats;
, 11AD:)Kadpi* en eux ces airs , cette-, élégance
, T^':tt'<Çe ,on a's<= que le Çeuple n'a pas.
_%:54ais comme il fautaux:fi!fej de ma sorte.
» Liberté pleine et force argent comptant „
t > -
» Je sais forcée a leur fermer ' nu» parte,
f>»,Et s^iis fuyons . étant au pi'usr offrant.
»> Or, (jotir ;coniio!tre à d'infaillibles feignes
» Ceux d'entre voi*s j <jni chérbsanr nies loix,
» De mes faveurs voudront se rendre dignes.
» D'un fceau visible il vous faut faireclloix,
h Puisfinancer , c'est coutume sacrée ;'-
. . »» A ce prix seul je suis régénérée, V .
...,.,» Mais de cuissage il faut payer les droits»
» Ainsi parla notre* proftituée -
* Qu'interrompit un aifonamant brave ,
» Et de la fiorde en Se'nat statute "
» De toutes parts le peuple ûrt re"«ho.
Sur marbre noir, en rouges caractères
Furent tracés par la main des bourreaux
Ces mots affreux j ces décrets fanguinaires;
« Meurent Us Rois if meurent Us He'ros.**
î » Assez long temps csmme vile canaille «
» Nous ont traités l'honneur & te bon sens ,
» Vire a jamais, vive la Jacquinaille.
' S» tes fripons reuls chez-nous seroflt'puijsàaS»
Darre sottise alors perçant la nue.,. . -.
Di tribua cocardes à fo;son , :.t • '.
i l Le quinze-vingt sur sa tête chenue " ■
Guidant le sceau, crut y yoir tout de bon.
Tant & si bien qu'en fon tmté délire ,
Substituant la force à la raison , „ .
Le bon Ekdaut commença par détruire.
Honneur, vertu, rang & religion.. • 4
Une cocarde égala tous les hommes, ": -
Qui nc»leut pas fut conspué , pendu , .
Aux vrais Fiançais, tout autant que nous fommes.
Fut le murmure en tout point défendu,
r *f* t
, c-T%tWt«ÉHCsâ Ûau c6 conlit è'frahge'
. .. .Du vil fujet contre fes bdns pasteurs ?
■< ■■ ^'flUîaprès.raûtre \ hé4*s ! lè loup les mange <
Et notre âge est celui des imposteurs.
. ,• ; l'ont doit céder devant «S hallebardes ,
Mai* de Coblcntz quand enfin partira
Foudre vengeur * fripons > c'est aux ct-cardes *
» C'est aux bonnets qu'on vwis récontfbitra.
Plus d'un en vois qai criignaht fes na tardes •
Jappe d'ici \ mais lors la quittera.

. ' 'T'tp X S L Af } 6 N." .


•'• 'Sétbnde racé dè lidî Roist

Séances dès j j an /utï } 34, *5 c$» 26 Avril.


La fêahcè da mardi fbit 23 , n'offre qu'un in-
ifipidetîétfiifjcfe Foiit quelques citoyens du fâubourg
SaintfAntoine qui viennent demander la permil-
fion tde voler &. mourir fur les frontière»:; leurs
femmes q>« font miné de pleurer & de s'y oppo-
fer , avec néanmoins là plus grande eavie de le
dëbâràfler de ces maris paffifr. Puis nos Ramajfes
qui difcuten't gravement * s'ils permettront ou non
aux trois régimens de troupe de ligne en garnifon
à Paris , de faire peindre une tour renverfée fur
leurs .drapeaux , & qui rejettent cette proportion
pour ne pas laifler croire qu'on veut rétablir les
armoiries. La féance du 24 ne vaut prefque pas
aufii la peine' 8*èn parler. On y reçoit quelques
oblations-rnëfrjttmBs ffàiir la gïtèrré , & Toii dé
crète que les-'tvp»pes légères .feront augmentées de
quatorze mille hommes &. formées euiix logions.
— Un hcjnnêxe ^Maréchal ferrant v^ru à pied de
la vi.lj» a Arles , fe 'préfente Jefoirà la barre ou
ÎI à ete cité en qualité' d'Officier Municipal
de cette tflfe' îfefoirt'ùifée; îl Ignoré quel* font
i m >
les griefs qui lui font impiétés, ses ennemis &. ,cp\i%
de Ja ville d' Arles font les amisj les complices^
de l'exéçrablé Jourdan , les brigands de Marfeille.
Ils ont MM. , ajoute le Munleipe , démoli ma
maifoi# volé tout ce que je pofîédois , il ne me,
refte plus que l!hâbit déchiré que je porte; —■ No»
Monarques l'écoutent avec une barbare indiffé
rence & lui permettent , grâce faifant , de fe re
tirer. — 11 eft remplacé par deux Roitelets de la
première race . qui fans preuves & contre les preu
ves , aceufent leurs concitoyens d'un projet de con
tre-Révolution , & demandent qu'ils loient punis.
Ces énergumènes sont applaudis & admis à la
séance. Le Roi Kerfaint dénonce à la féance du a 5 ,
les gardes Nationales ,-les gardes suites & les gar-,
des de Louis XVI , qui la veille avaient eu l'au
dace de chalfer du Jardin des Tuilleries quelques
motionnaires incendiaires. Il eft appuyé par les
auguftqs Taillefer & Larivière. Une chétive Ma-,
jette législative demande même que M. de Brissoc
soit mandé à la "barre. On difeute , on déraifenSF
fur le dit cas , enfin après maint brouhaha , on paffe
. à l'ordre du jour- Puis vient la pompeufe «numéra
tion des offrandes patriotiques. Un Balet exécuté
par les aéleuri de ta Cb'médië italienne , quidépo-
1 fent i 5 co livrés far l'autel de la patrie , termine
cette féance. Le plus mauffade dés rapports fur
les invalides > & dé nouvelles offrandes pa--
triotiques rempliffent celle du foir. Même répé-,
tition à la féance du 26. On y lit une pétitio.ri
de Royal - pituite , qui veut à toute force alTè^"'
rendre l 'âme fur les" frontières. Sire Binity
propofe de décider, fi 4es Marins pourront- âr><
^er_en_ courte pendant la guerre il leur tarde
de courir fur les Ctirrarres 7 crjnrme- ceux -«?
qui v.'alee:'. attendent , font. 'pre.frés de les .go
ber. A propos deMCo^fAires,^, djt jle Roi Cou-
pilleau , je demande qu'on s occupe auparavant
C *56 )
de l'affaire des Prêtr»s , & cette atroce motion
eft applaudie. Sire François fait un rapport fur
la fituation de l'Empire , qui n'eft d'un bout
à l'autre qu'un tilTu d'impofture , de barbarie
& d'irréligion. Oubliant qu'il doit aa ^Blergé
ion être entier, il confeille de faire une guerre
ouverte aux Prêtres non-conformistes (fui Je
cachent derrière l'autel, comme autrefois des
grands coupables se réfugièrent dans les temples.
11 faut, dit ce forcené , il faut que cette faction
vous écrafe , ou que vous l'écrasie^. Ce confeil
cannibale charme fi fort le Manège qu'il ordonne
l'impreffion du difcours &. l'envoi daBS les 83
Départemens. — Le Minilbe au bonnet rougé ,
apprend à l'aijemblée , que le Roi de Sardaign^
qui connoît i>ieo le fieui de Sémonville (\u-6a lui
a envoyé en Ambaflade, ne veut point de ce brouil
lon. Mais le Miniftre a écrit à ce petit garçou avec
de l'encre Tricolor , & nous verrons.
•: -*'' V" " " •; -y -...T...... jW;^rÀvL:j-.^fiî|8?NPil
■ Il I
On s'abonne au Bureau de ia Rocambolé , rue
Montmartre N°. 2 19 près le passage du Saumon, â Paris.
Le prix de la souscription eft de 24 Hves pour un an,
12 livres pour six moi» , & six livres pour trois, franc
de port. Ceux de nos Souscripteurs dont l'abonnement
finit à la fin du mois sont priés de le renouveler sans
délai, de s'adrcfler directement au Bureau , & de ne
point envoyer de billctspstriotiq'jes de leur département,
le prix de la fou*cription doic être envoyé franc dé
port - ainsi que les lettres & avis.

— ———" y ■' ■ '


- Be tImprimerie de Jacques Gikouakd t rut dit
Bout-du-Mmde , N". 47.
seconde Année. N°. 10.

L A ROC A M BOL Et

o u
JOURNAL DES HONNETES GENS,
Rédigé par Dom Régivs Ax.1i- JaCO MlNVt.

« Une Foi , une Loi . un Roi ».

Du Jeudi 3 Mai 179a.

NOUVELLES POLITIQUES.

Lê Miniftre Bonnet rouge ayant fommé toutes


les Puiffatices d'expliquer d'une manière cathégo-
rique si elles reconnoiffent la fouveraineté des
Jacquets, & leur constitution , comme libremenr
acceptée par le Roi- L' Ambalfadeur conflitutionnel
s'est préfenté devant M. D'ARANDA, qui lui a dicté
la réponse fuivante
« Le Roi mon maître a reçu de Sa Majesté trhs-
clirétienne, le Roi de Frirtce , Une lettre contre-signe»
Dumouritr. Sa Majesté n'y a rien entendu, ni moi non
plus : m'entende^ vous Monsieur f
■ » Elle est tort éconnèe qu'on lui fade des question
jsur l'administration intérieure de ses Etat* ; elle prétend
que penonne au monde n'en a le droit : m'tnundt^-yout
Monsieur? •■;»•
Tome tV ahnie 179a. " - t l '- - •
(r58>
w C'est-ft h *e^QBfe cathcgeriqua qua le Rai ma
chargé de vous fai re : m'inteaScï-vous , Monsieur ? I
On vient de voir le degré de confidératiort que
le Miniftère Efpagaol a pour nos révolutionnaires;
qu'on life maintenant la répcnie du Canfetl
iouverain de Berne, au Miniftre des affaires
étrangères, qui, au lieu de rendre juftice au
krare Régiment d' Ernest , n'a cherché qu'à pu
blier l'attentat des Brigands de Marfeilie contre
les généreux Helvétiens. Voici cette lettre.
• » Le Conseil souverain, Monsieur , qui a délibéré
hier sur l'objet de voire lettre du 27 Mars dernier,
nous a chargé d'annoncer i votre Excellence , que la
Répub'ique ne peut changer uns délibération qu'elle
avoit,mûrement réfléchie , qu'encon'équence elle per
siste irrévocablement à rappeller son rcgimentd'Ërnest,
& que sa confiance en la justice du Roi, ainsi qu'en
ion amitié confédéral, lui fait espérerque Sa Majesté
l'oudra bien lui donner les ordres nécessaires pour que
le Régiment puisse revenir sans obstac'* dans saïatriç»
conformément à la demande que la République a eu
l'honneur de faire au Roi par sa lettre du 16 Mars.
— Il enacoijré infiniment à la république de prendre
dans cette affaire mâlheureufe , un parti qui peut
contrarier les intentions (i:.S. M. niais ron honneur
lui en a fait aie loi, & elle a considéré d'ailleurs que
lYtab issement des troupes Suiifes en France ne tenoit
pir aucun lien nécefîàire, ni a la piix perpétuelle, ni
à l'alliance g^n/ralc qui nous attachent à cet Empire",
Le rappel forcé de notre Rég:ment ne peut en effet
porter la plus légère atteinte a ces traites. Ils sont
toujours intacts , U la République ne continuera p»s
moins d<; les observer lova'envnt , ain«ï qu'ont fait
nos ancêtres, qui n'ont jimais cefl*é d'être les plu*
fidèles comme les plus anciens alliés de la France. Quand
ton régiment lui aura été rendu de la manière qu'elle
lui demande, alors elle pourra traiter me honneur, 8c
1er» /toujours flattée de cfonntr au Roi très-chrétien;
des preuves de son attachement. Alor* elle entendra
avec le refpecl qu'elle doit a Sa Majesté, & la coa-
fiance que. riiçfîtp foi} AmbalTadeur , les ptpposîtjan'j
dont V. E. annonce que M. Barthélémy sera charge.
V. E. ne doit point douter que ses propositions né
ne soient reçues avec intérêt, s,i elles tendant à dis
siper touj les ombrages, i adoucir le souvenir pénible
du patje : & à consolider la bonne harmonie: d autant
plus désirable entre deux Nations voisines , ■ qa'pljes;
y trouvent un avantage If une utilité réciprpque.
Kou? sommes , &c. Les dévoutjs à 1^ servir , VAjpvcîx^R.
<f çpnffil fc lç vifa Rcfjjb'içyc de Sterne. ^ ' 1
Les projets des Jacobins ne réunifient pàsmieus
dans les Etats du Roi de Bohême qu'en Suiffe»
On eft en gardé de tous côtés , tant contre leurs;
prêcheur1: que contre leurs aiTalans. L<i> Comte*
Rodolphe Palfl qu'on foupçonne d'être én rela^-
tion avec eux, & qu'on accule d'a\ o r voulu-
exciter une révolte eu Hongrie pendant la eéré-i
moiie flu couronnement, vient d'être renfermé
à la fprterelîe de Spiegebert. Et quoiqu'on ait
écrit au Roi de Hongrie , que s'il aime la vie ,i
il doi' bien fe garder de se mêler des affaire*
des Français , cela ne l'empêche pas d'aller en
avanr. Douze mille -Pruffiens l'ont en ce jdo*
ment dans Ja principauté de Luge. Trente-huit
millç autres ont reçu ordre de partir le 21 du
mois dernier. Le Général Bender vient de faire
înarquer les logemens pour dix-huit mille d'en**
tr'eux , à Leuvain , Tournay , Mont, &c Six
rpillé font déjà arrivés ax environs à'Atk- Des
Troupes Autrichiennes défilent depuis le 18
Avril., le .long du Rhin & fur le Rhin, à la
hauteur de Coblent\ , Andernack & Cologne. On
vient de livrer i'ept mille tentes à nos Princes :
Jeurs équipages de campagne feront prêts pour
^e 20 Mai. Leurs Alrefles ont déjà reçu cinq
jmiUjons, & en recevront bientôt quinze autres.
Tous les Émigrés font armés & attendent dix-fepé
.mille Heffpis , &. comme l'on voit , cela va , &
ça ira. ■■ ■ -
NOUVELLES INTERIEURES-
;: - Moi , je pense comme Grégoire .• . .,
J'aime mieux boire' j ■ ^ '
chantent en chorus les intrépides foldats du grand
Luckner-, & pour faire des libations à Bacchus,
ils vendent fufils , fabres , gibernes , guêtres Sec.
parce que difent ils , on n'a pa? beloin de tout
cela pour s'enivrer. Ces meilleurs n'ont-ils pas
caifon î Et. cependant leur général blâme cette
ardeur bacchique qui lui fait une fi belle répu
tation à lui même. Il prétend que fi l'ennemi
rient, il ne peut compter fur les fuiffes de fa
divifion qui ne forment qu'un corps de 3,000
hommes ,> & que cela ne suffit pas pour battra
lés pandoures qui voudront violer Targinette.
Pendant que nos généreux Conftitutionnels
t'arrêtent fur les frontières , les Jacobins conti
nuent leurs atrocités dans le reft»î de 1* France
& lés Calviniftes leur frayent la routa du cri
me , mais la fin de leur règne s'approche &
le glaive de lu Jnftice est déjà fuspendu fur
leur tête. . .,
; On afîure que le département du Gard , vient
d'effectuer le plan depuis long-tems formé par
'les Calviniftes, &. de s'ériger en République.
Si cette nouvelle que nous ne saurions affurer
eft vraie . le Département des Bouches du
Rhône & celui de l'Hérault, imiteront bientôt
cet exemple. ' •
On avoit annoncé ces jours derniers la prise de
Mons, à'Osrende , de Furnes , tfYpres , deMenin
àeMaestricli , de Bruxelles , de Longwi &même
de Luxembourg, r Une ,. trifte vérité a bientôt
iuccédé à ce beau rêve : le 28 Avril , un corps-
de troupes de, ijooo hommes, d'autres disent
îo mille , commandé par M. Dillon fe portoient
fur Toumay , emmenant avec lui un traia
considérable d'Artillerie , -Sp autres inftrurne^j
de mort. Cette armée fut attaquée-, .jjatrfkp
Autrichiens , à très peu de diftançe de, Tourna»,
culbutée & repouflçe vers Lille, On porte k
300 Patriotes le nombre des blessés , & . <yes
ne ferait déjà que trop-, mais une lettre écrite
à un Député, par fon fils officier Français
échappé au carnage , annonce *que les tro^s
quarts de l'armée ont été détruits -, & que la cam
pagne eft couverte de morts & de bleffés. M.
Dillon à fon retonr a été maflàçré x ainii que
plufieurs autres, & fa téte , dit pnv mife au
bout d'une pique &. promenée dans toate la
villet . •J-b , jvi ji: •■ , ^;-'>
; Thermomètre de Paris. •' -:î J
La féance du Confeil général de la Commune
du 27 Avril dernier, a été encore trè -orageufc.
un grand nombre de Sections de la. Capitale'.çp^
venues y réclamer les honneurs de l'apotn<fofe
pour le Maire à'Etampes , & ils lui ont été
décernés , contre le voeu formel des républicains.
Mais 'ce. qui a excité le plus grand tumulte,
a été une pétition pour empêcher la brave
Garde Nationale , de fervice à l'Hôtel-de-VilIe
de paroître en armes dans les. féances publiques ,
on a voulu ;même faire fortir à l'inilant les
Gardes qui fe trouvoient à la: féance. Le Maire
a parlé , parlé , parlé , fans trop pouvoir fe faire
entendre. Que feriez vous, Monfieur , lui ont
dit plusieurs Citoyens indignés , fans la Gardé
Nationale Ignorez-vous qu'elle a fauvé la Ca
pitale ? De fon côté , M. Camille des Moulins ,
s'eftrué fur l'honorable Pétion , eft monté à la
tribune , & a demandé à parler contre lui , ce
qui lui a été accorde , mais le brouhaha
étoh si grand , qu'il n'a pu parvenir à fe
faire entendre. Tandis que M. . Petion s'agite?
« ft'rf&Bièi» -lé» fïveu? dé là fâfctiM Jâb&fcîr«.
^br^andSgtfs & les; aff'affirfafe fe fliaMiplièWd'iiftte
■tfiiriie're' effrayante. Plus quinte- peftoRnes bhr
^tê'àffaflîhé'es dàhS des fiacres au-5o#fm§ftc*'fflèiU
^3u -mois dernier & depuis 'cinq à fix1 jouté il è'eft
lèbinmls fix kflà'ffîhàff din* la ftulè fectibh de 1*
;Çrâiigé'-Batélièî'e. 4Mf, PBJffer ïë MMN? , ancien
'ébïàeiilèr d'Etat à'' été • tw*vérftàhs!,tes filets de
S:-Ctàu&-, perce & ïirTcôtibs de pôlghàrtfi M; lfc
-«fcoi-ntrè * frète 4e rîllustrfe député de ce ftbm à
%uflî difpara', qVbri- àît jjtt «éfeoftvtît **-
«cbrè-'idS qu'il éft devënu: Si ï*< cÔWiftuétl* tîgfc-
Ikriefcdfe kgàtde -Nèlibfiale pdaf la ftret<é puMi-
que , ne peut prévenir les crimes qui fouilïerft
cette Ville, quf^fefgitjçe* dont; fi IfcV iniques tra
casseries que lui fufcitent les ennemis du repos
public, potivoiont parvenir & Valèhfi'r fou *èle .
infatigable / Citoyens -, propriétaires de toutes les
clafles, réunifions nous à elle &. qù'unfe 'contenance
ferme faffe pâlir tès factieux, ift m'éfte eii fuiré
les Brigands." . •* < ^ ;" D -....il a.> '

B IÔb4î 3?i'i ^ C i T£J,


^'î. îftTs
Des 1<2< Se 28 Avril.
o*ouf /a clocbetre de Frère La fource--
. Le satAat duv:^ 5- étai t à peine ouvert -, qu'us
chétif Jacquet se préfenre , gueulant à tue tête :
tremblez frères , tremblez . tout efi perdu. Garde
g.vqos/. A ces mots , la lâche Jacqninaille fe
croyant déjà fous la main des HuUcms , ou fou*
celle de Samson , pâlit d'effroi jjc regarde la
porte. îïissot, Carra' Serrure tombent pâmés;
pn les emporte à demi morts. Cependant l'orateur
Continue. Amis, calmez s'il Te 1P«%
votre frayeur, vous n'êtes point, ^uilla
tȍqre. , mai? peu s'eij faut,- ie danger eft
blement -prenant / abhorrés , déteftés dans l'unive»
entier , si nous nous diviions , c'en eft faii ei
nous voila tondus fans le moindre répit. Pouï!
éloigner dumoins cette difconvenuè ; ceflbnt
de Bons gourmer comme des chenapans et chaJ>
ions de notre République les vauriens dont elle
fourmille , ne plus ne moins que Jupiter chafla
du Ciel cette infâme coquine qui jadis broiiil-
loit les Dieux ensemble. N'eft-il pas alfreui
3ue frère Rœderer non content d'avoir MrisSoïè
es applaudifTemens dans cette tribune , a't I*
téméraire audace de citer devant les tribunaux;
«b qui t Le vénérable CoLLOT , l'aftrologue en
chef de la Jacobinière , le protecteur , l'avocat
de nos frères les galériens, urt héros qui a- par
tagé leur gloire 8c leur triomphe,— « Un jacof
vin, mes Rébérens, reprend d'un ton pafélui
Collot-galère , un JaCovin doit pétiller dé joie
& s'eftimer trop heureux dé confeiTer ïé noria
de Targinette débant les tribunaux, Mais fi en
m'y traînant, Rœderer a, cru m'époubanter , il fè.
trompe Sandis &. grandement , quoiqu'il porte
en croupe "un tas de cuiilres què j'inonde de
mon mépris.
Débant nos grands Dandin* l'innocence eft hardie,
Oui , débant ces Gâtons d; vaffe Normandie,
jé fuis, fur dé Jflon fait , & nargue l'envie à l'œil
hagard, au teint libide , dont un ferpent ronge
le fe-in. Dépuis fix mois je marche au milieu
des affaifins, mais jé m'en moque comme d'un
zefte. J'ai pour moi les fans cnlottes , & le
défenfeur des galériens faura vien Capdedioux
îk délfenJre lui-môme. * « Pour moi, dit te
Pontife Fauchet , je ne veux point criminalifer
l'exi-Capucin Chabot, il n'en vaut pas la peine.
Plongé jufqu'au cou dans le bourbier de la
turpitude , cet homme inique oie- inculper la
(i64)
•pureté de mes mœurs ! mais ce qui me défoie le plus,
c'eft qu'il ait eu l'effronterie d'attaquer ma chère
Canon ", une femme refpeétable omni genete &
ça/à! Unefemme dont lama eft la plus belle.,
la plus honnête qui fôit dans l'univers. Une
femme enfin , Ah / si vous saviez frères , comme
elle eft charmante , divine ; mais qui ne la con
çoit pas ! Oser vous dire ici , que je couchais chez-
elle*; vous . tenir des propos de taverne qui ne
peuvent sortir que de la bouche d'un ivrogne!
Frères, faites justice de ce moine défroqué, et
vengez votre propre cause. — Yous vous fâchés
maître Fauchet , lui réplique capucino Chabot,
'vous m'ihfultez j ergo vous avez tort. Niez , fi vous
l'ofez , que vous n'ayez voulu donner un Cromwel
à la France , que ce projet n'ait point été dé
noncé au Comité, & Je prouve à l'inftant que
vous mentez effrontément. — C'eft toi qui mens ,
vieux Marmiton ; j'ai dit que le Département
de la Gironde , pourrolt fé mettre à la tête de
la choie publique , mais po<fr créer un protecteur,
.ça n'eft point vrai, — Tu as beau le nier j Prélat
décalotté, j'en appelle à Merlin que voilà. —
Je parlerai , répond Merlin , félon la vérité :
écoutez donc . . .!. . . Un jour que nous étions au
Comité de furveillance , voici venir Monfeigneur
Fauchet, qui nous dit, que M. de Narbonne
l'avoit fait pressentir par fa chère Canon , pour
lut dire que si la Constitution s'écrouloit , lui ,
Narbonne feroit l'homme du Peuple. — Jamais
au grand jamais , interrompt le grand Prêtre
Fauchet , il n'a été queition d'élever le Miniftre
lÀnQte au Protectorat. En Fin matois , j'ai voulu
feulement fonder fes difpofitions. Ce n\û
qu'enfuite que nous avons vu qu'il contemploit
le protectorat avec concupifcence. — Etes-vous
donc tous polTédés du Diable , s'écrie le vénérable
ëri$ot l On médit à droite ; on calomnie 4
( i*5 )>
gauche ; fans nul refpeél pour nos révérences ,
on nous dénonce de tous côtés. Je fuis moi»
même accufé , & quels ibnt donc mes crimes /
d'avoir, dit-on , fait les Miniûres, de m'entendre
avec la Fayette & Condorcet , comme Larrons
en foire ; d'avoir voulu , du haut de mon galetas,
faire le premier protecteur, & diéler des loix
an Château des Tuilleries. Mais quand j'aurois
fait les Ministres , oû feroit donc le mal / . .
Ah! plut au ciel que tout fut Jacobin , depuis
celui qui est assis sur le trône , jusqu'au dernier
sans culotte. — Pendant que l'orateur jacobini-
soit à perte d'haleine, frère Desmoulins, tapi
dans un coin de la caverne crioit , pleine gueule:
ah ! L'infâme coquin que ce Brissot ! Un Caton
du sabbat fatigué de l'entendre ainsi médire de
l'orateur, de concert avec quelques Jacquets, se
prennent à* japer, comme des clabauds fouettés,
aprè6 le pauvre Desmoulins et veulent le mettre
à la porte. Cependant papa Brissot , caparaçonné
du manteau de l'impassibilité, continuant à dé-
goiser son phébus , Disoit : ceux qui m'accusent
3'avoir des correspondances secrètes avec Lafayette
et Narbonné , en ont menti; ceux qui parlent de
mes accointances avec Dame Staël , de mes déjeu
ners et de mes petits soupers avec côtte femme
sont des imposteur* , Je rie connois même pas fa.
figure grotefque ê* je déteste fes principes impurs.
Le vénérable Brissot pierentaillé ensuite sa ha
rangue des grands noms d'Aristide , de Phocion ,
auxqnels il compare les Jacquets , comme s'il pou-
voit exister quelque parité , entre cette horde fé
roce impie et régicide et ees hé/os de ïa Grèce,
modèles de modé.a ion , de justice , & de bravoure.
La mort violente de l'un de ces républicains et
l'oftracifme de l'autre , allarment le bavatd orateur
*ur le danger des dénonciations et l'appitoyent
fur frère Condorcet. Vous déchirez, dil-il , ce pan
vre homme , qui de coflceft avec Voltaire et Da,~
lambert^ vous ont dévoilé le fècret de votre
fouveraincté , de votre, force , dont la vie n'efl:
qu'un tiffu de iacrifices pour le Peuple. Un
homme qui de Philoipphe s'eft fait politique;
d'Accadémicien Journalifte , & qui a envoyé
paitre. la Noblefle pour fe faire Jacobin. Quelle
ingratitude! rien h'eft plus inftant, frères , que
de. cefler de nous déchirer. Entourés d'ennemi*
au dehors & au dedans , méprifons les dénoa-
«iettons , réunifions-sous &fur toutes nos querelles
partons à l'ordre du jjour. Je m'y oppofe, dit
frère Cuaiet., Le Général Bobefpierre nous a
parlé d'un plan de guerre civile formé dans le
fein du Manège; il pailera morbleu , ou fmon
t.*. tu Bref, je crois que Robespierre feroit bien:
de s'impofer à lui-même la peina d« i'oftrs-
cifme. — Ah / :ah t répond le féréniflime Doge,
tu me jettes donc le gand l Eh bien , je le
: ramaffe : en te bauaai , j'aurai vaincu tous les
ennemis qui m'entourent. —- Tout doux* mes
camarades, interrompt un Jacquet, voulez vous
donc toujours tous houlpiiler comme des fans
culottes ? J'en fuis tout défolé. — Qu'appelles
tu donc, hè Matin, avec tes fans culottes! ré
plique un révérend déguenillé , m'efl avis qu'ils
te valliont bien tout aamoins, quoique mon
tra»! le Cu. Une nuée de Bravo d'un côté, &
,de paix-là de l'autre- , fond fur le frère incu-
loaé. Quelques Jacotjuins hurlent , fe gourtnent
de nouveau. Le combaj cefle enfin faute de
Combattans & chacun gagne fa tanière.-— Le
vénérable Dambigny narre au fabbat du a8 ,
comme quoi la Cohorte Jacobite, trop'foible
hélas t n'a pu empêcher le corps électoral de
nommer accusateur public , l'ex garde des fceaqx
Dupait. Ehvain a t-eile dit, que le glaive de
Ja ïespanlàbilité étoit fuspenda fur & tète,
( ^7))

fuivre au inaiiège & nos» Verrons. La Jaco-


quinaille fe livi^ iei à tie»s hurlenaeiié affreux ;
Quelques frères imputent ceire noaiirfation aux
manœuvres de Robespierre, Celui .ci répond &
le noye dans une apologie de fa révérence
Jacobne , tjtti fait pleuvoir i'errnvri fur tous

:ctu
quets pour les afTaflins du maire de cette vil
félon lui, très dignes de pitié. — Cela coule
de fource , répond le préfîdent Laçourçe &■ tous
les amis de l'humanité ont déjà préffenti que
ces afTafrins sont plu i malheureux que coupables.
Qu'ils comptent lur notre protection. Deux
commiffaires font de fuite nommés pour ap
puyer auprès des Roitelets, la requête de la
bande affaffine ; puis chacun va dans fon grabat
rêver quelques nouveaux exploits.
MÉLANGÉS.
»-<j A ,1 i%y tw . Vu- *'w hw>w Wi «*
Apologie de François -N&UFCHATEAU.
Il est égal à Nettfi*àt«iu I XWB ***
Que l'on soit !*ïd . que Yon rbit beau ,
Fils bâtard, ou filsiëgir ime ;
Riche oa' pauvre, savant ou sot.
Tous ont , au <ji« du Magot ,
Va droit pareil' à notre estime.
Pour soutëhif'cétÉte: ttfeftfefe0« ■
On prétend qu'il a ststaistrtt», ^ ,d
B eft lept-etoiet de sa ïacë1, "jojuoi .-n«?
Jeune , il à gardé tes'Hiwtbnï; :
( 168 )
» Il sent le bouc, il est galeux ,
Et comme un singe il cft hideux ,
Par la fortune & la Naturo
Etant traité si duren'.snt ,
Ce seroir bien grande aventure
De le voir penser autrement. .
- ' .' \' * .• • ' * i , , ■> . t

II y a quelques jours qu'un Soldat du régi


ment de Touraine , rencontra dans une rue de St.
Nicolas , une voiture qui alloit à Nancy, il
étoît feul , son régiment venoit de paiTer. Le
brave Patriote , subitement épris d'un saint zélé,
crie au Cocher: arrête arrête de par ia\Nationi
c'est un B.... d'Aristocrate que tu mènes , il
ne passera pas , mon brave présente en même
tems la bayonette au poitrail des chevaux , la
voiture arrête; il en sort un cordon rouge , bien
connu pour être un chevalier sans peur ; c*éto|t
le baron de Vioménll , qui s'avance sur le Pa
triote , un pistolet à la main. Scélérat , lui dit if,
tu es bien hardi d'insulter- ainsi les passons ;
tu vas recevoir le prix de ton insolence. A ces
mots, le lâche, à demi mort , tombe tout'trem-
blant aux pieds du général & demande grâce.—
non , tu. mourras , il faut uji exemple . enfin après
l'avoir tenu quelques minutes dans cet état ,
le général le renvoyé, avec un foufflet & un coup
de pied au "derrière. :! '.n UEIÎ11 •'•'•*>« ',v. ,
Question importante.
; •• ••• - lia .* ,><"•. é i )
On avoitdit jusqu'à ce temps
Et prouvé par l'expérience , j
Que toujours les petits sont les. dupes des grands.
De not jours , a tourné la chance: ,
Ce sont les grinces-, les Marquis, tj
Même les tètes couronnées.-
Dont l'arrogance fies petits»
A renversé les destinées ,
Et le plus petit moucheron .
A mis aux abois le Lion.
Mais combien pensez -Vous que durera la gloire.
Dont les Gredins osent s'enorgueillir ?
De cette étonnante victoire
Auront ils long-temps à jouir? -
Car si l'on veut s'en souvenir ,
Aj.rès la bataille gagnée , " * •!
Dans les toile* de /araignée- .
' Le Moucheron alla mourir.
., Carricatures.
Dans le nomdre des carricatures que chaque
jour voit éclore & qui se trouvent chez W,
libraire au Palais Royal , on en remarque d'un
genre vraiment fingulier : telle elt celle qui a
pour titre : dernière procession Constitutionnelle
pour l'enterrement du serment civique qui se
fera le.... 1792. Le Prélat Gobet marche à la
tête de fon Clergé , dont chacun des membres
a, tout au moins un pied de nez. Celui de fa
grandeur schismaticc-Jacobite , auui long que
fa croffe , elt foutenu vers le miliea par deux
enfans de Chœur , &. à l'extrémité par la fuilfe.
Ce cortège ï'achemine vers l'Eglife sainte infa
mie. Le bédeau de ce clergé, sous la forme du
plus hideux de tous les Diables , porte le ser
ment dans un cercueil & ferme la marche.
Une féconde carricature intitulée Grand com
bat à mort, repréfente la Reine de France
délivrée d'un Taureau furieux par divers po
tentats & M. le Comte d'Artois. On voit dans
«ne autre le Roi entouré de fon Confeil Se cher
chant fa tabatière , qu'on vient de lui Brisso'
< ^ )
1er. Elle peut faire le pendant de l'excelferiféT
carricature où l'on fait dire au Roi , jouant au
piquet avec un sain culotre * J'ei écarté tout
les cœurs ; il a les piques ; je- suis tapet.

L E G I S L A X i 0 », : •;

Seconde Racé de nos Roïs*


Séances des %-j , 38 , 29 , 30 jivril & ***•

Une longue et enriuieuse flomenelature des pa


triotes qui font des dons patriotique» a prefque rem
pli la féame du 27. On a remarqué estr'autrc g
l'offrande d uné dame Dèricy , consistant en une
tabatière , une montre d'argent et un plat pour
faire là baVbé aux Talpaches, aux pandeures et
aux Croates. Une Janntitcn a même envoyé fo«
dernier écn. Puis font wenus quelques bambin»
portant dans un fac le fruit de leurs épargnes.
Kos cœurs , ont ils dit, font déjà incendiés par
l'amour de la liberté j nous voudrions bien aller
combattre fur les frontières , mais nos ennemie
ne perdront rien pour attendre, et nous allons-
nous hâter de grandir pour exterminer les erner
mis qui échapperont à nos papas. Nos roitelets tous
ébahis de cette harangue civique ont invité les
înirmidons patriotes à la féance & en a décrété
que le nom de leur pédagogue feroit en toute*
lettres couché fur les regiftres. Paffant enfuit*
<1u plailant au férieux, fire Càillasson demande
une prompte émiffion de trois cent millions d'|fr
fîgnats , & une fuspenfion du remboursement de
toute créance qui excédera dix mille livres, Mais
qu'ai! donc devenu cet o? & cet argent dont re-
gorgeoit , difoit on en plein fénat , ces jours der
niers, le tréfor national ? - Décret qui lâche
M. de Ceincj , lieutenant général, comoiandaat
( 'tft )
au département du Var, etttprifonné parles muJ
nicipes de Toulon, pour avoir promis du fecours
contre les Jacoquins. qui viendroient troubler
çette Ville pacifique. Second décret h la féanee-
du loir, qui proroge jufqa'au «. Juin le terme
fixé aux créanciers de l'Etat, pour produire leurs
titres de créance, fous peine de déchéance.
Celle du 28 , s'est gaiement ouverte par la Iec-
"îure de l'inventaire d:s nouveaux dons patrioti-»
ques. M. Amelot vient troubler la joye , en an-»
nonçant que la caiffe de l'extraordinaire eft à
fec, qu'il faut vite et très-vite créer de nou
veaux affignats pour l'alimenter, ou gare la hombt*
— Le fieur Torné évêque intrus de Bourges , fe
déchaîne en enragé contre le clergé et demande fa.
dilTolution totale, peu fatisfait de Je voir dépouillé
de fes biens , il veut encore le réduire à mouriç
de faim; priver fes membres de tout traitement,
leur infjiger même une peine correctionnelle ,
s'ils porjtent lenr habit diftincrff , & les nlîujettir
enfin" à un droit de patente. L'Abbé Veyron , d$
fcn côté , demande la fuppreïïion des çorpora-»
tions d'hommes & de femmes, qui confièrent leur
viç dans les hôpitaux où à l'inftruclion publique;
on a peine à concevoir un tel excès de fureur
& de démence , quelques monarques demandent
grâce pour les pénitens & on leur rit au nez,"
Des petits riens l'un à l'autre accolés remplif;
fent la féance du soir. Celle du 29 , n'eft
guère» plus intérefTante ; trois bataillons du
Fauxbourg Saini-Amoine , armés de piques, de
mandent à être admis, & à défiler devant la
bande Royale , qui fe hâte de leur octroyer cette
infigne faveur. Des Citoyens de Verf'ailles,
conduits par la misère, demandent l'exécution
du décret qni alloue un million aux anciens
ferviteuxs des Princes. La Municipalité de Paris ,
menée par le Maire Péthion , fe pvéfente à- la
( rçO
éance dtu 30, Il flagorne, nos Rois & leur de
mande de payer 33 millions cinq cens mille1
livres que la Commune doit. Item plus, dix-
neuf cens quatre-vingt mille livres pour autres
menues dettes & brochant fur le tout , qu'il
foit fixé un délai aux créanciers, de la ville pour
exhiber leurs titres , passé lequel , ferviteur
Meiîîeurs , vous voilà fous payés. Les demandes
de l'honorable Péthion ont été renvoyées aux-
Comités. L'on a décîété enfuite une nouvelle
êrniflîon de 300 millions d'aflïgnats , & cinquante
en fus , fi beibin eft, ce qui va fans dire. On a
lu à la féance du foir , une foule d'adrelîes ,
jettées au même moule. Qu'il étoit beau de
voir plufieurs de nos Monarques , enivrés de
cet encens de commande, fe pavaner comme
l'âne chargé de reliques , dont nous parle la fable.
ÉRRATA du dernier Numéro.
Page 14.3. in-fine. — On nous écrit de Nancy qu*
le sieur Maudru Evcque intrus de cette Ville , Sic.
tïsvz Evtqve intrus de Saint Oies , Députés tjes f^osges.
1 -■m - '11 « 1 1 ■ m -
On s'abonne au Bureau de la Rocambole , rue
Montmartre N°. 219 près le passage du Saumon, à Paris.
Le prix de la souscription eft de 24 /ivres pour un an
15 livres pour six moi» , & six livres pour trois, franc
de port. Ceux de nos Souscripteurs dont l'abopriement
finit à la fin du mois sont priés de le renoureller sans
délai, de s'adref^r directement au Bureau, 8r de ne
point envoyer de billetspatriotiques de leur département,
le prix de la fouscription doit être envoyé frinc dç
port . ainsi que les lettres & avis.

De tlmpr merie de jACQUESdltOVAKB . rue du


Bout-du-Mende . N*. 47.
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