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Jï^diùermer M,fume ti'ilmaJ fX JifâmcrvjJy'f/,™™fc^


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N° M?"* Huissier assassiné à
y $y Claix en Dauphiné ,
Dimanche i "Juillet. Wirf, par les jacobins
-Ej-ra-

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut Su malin.
i. a"'F oktaiiie.

PrieriS des aristocrates.


Seigneur , jetiez un regard de miséricorde sur
notre malheureuse patrie ; faites cesser les trou
bles qui l'agitent.
Bénissez les armes des puissances coalisées ,
comme étant destinées à rétablir votre culte eu
France , et notre prince infortuné sur son trône.
O mon Dieu ! brisez les indignes fers dont une
nation félone et féroce ose charger notre boa
roi : accordez à ce bon roi la sagesse , les lumières
et la fermeté nécessaires pour nous bien gouverner.
Faites-le triompher de ses ennemis ; accordez la
même grace à sa compagne infortunée ; faites-leur
revoir victorieux des monstres qui ont renversé
l'autel et le "trône, les princes de leur sang, et
leurs sujets fidèles qui ont été obligés de fuir
leur ingrate patrie. .. ,
Domine , salvum fac regem. ,
Domine, salvam fac reginam.

Tout le monde sait avec quel courage M.


Gouin, inspecteur du départ général des postes,
ai dénoncé Pacte de despotisme exercé par 1*
Ttm IV. Année 174)3. . A

.'^
( ■ 1
Ministre Claviere , contre l'ancienne administration \
mais on n'attaque pias les factieux impunément.
Le nouveau directoire des postes s'est empressé
de le prouver à M. Gouin , en le destituant;
et par une suite du même systême d'oppression «
il a aussi destitué M. Bonhoure , homme rempli
de talens et d'une probité intacte , bon citoyen ,
bon fils, plein, d'amour pour son roi et pour les
Français, dont*l déplore les funestes erreurs. C'est
ainsi que par des actes du pouvoir arbitraire
le plus odieux , ces Tdmîrrîstrâteurs éphémères
dépouillent de leur état les citoyens les plus
estimables.
On trouve la protestation de M. G'tuïn , chez
Gattey , libraire dans le Palais-Royal , n*\ 14.

Roland, sortant du ministère , >


Ecrit au roi d'un ton sévère,
Er lui fait ses tristes adiéux;
Il veut que lançant le tonnerre,
Du plus pur sang des demi-dieux,
Il inonde la France entière ,
Parla, cet homme débonnaire,
Mérite un surnom glorieux :
Et le Roland, dit la Pltitïm;
Sera bien mieux îierntne Rolland le furieux.
m, iMI—

Coblentz, le *4 Jiîîn. Le 28 , tous lès cantonne-


njens d'émigrés français . se mettent . en marche
pour s'approcher des frontières de France. La
compagnie seule des garde s-du-corps de Luxem
bourg, forte de quatre cent vingt-deux hommes ,
(3 )
reste ici jusqu'à nouvel ordre. —Nous manœuvrons
armés et le sabre haut, depuis quatre jours. — Les
fours destinés aux Prussiens sont finis, les bou
langers commenceront à travailler le 28.

M. Rouh. ... a dit l'autre jour à l'assemblée


qu'il y avoit QUEI-Q.UES femmes qui étoient aris
tocrates ; si ce membre n'a pas parlé contre sa
conviction , nous Ue pouvons concevoir quelle
est la société qu'il fréquente , car assurément
toutes les honnêtes femmes sont aristocrates ,
et les jacobins se plaignent d'être sans cesse in
sultés et même rossés par les Vénus errantes ou
fixes dont ils recherchent les faveurs,

Coblentz ,. U 22 juin. Le 7 du mois prochain


les gardçs du corps se mettçnt en route peur faire
place aux prussiens. Dans six jours , une parti/r
des cantonnemens se mettra en route pour ap
procher des frontières de l'Alsace, vers lesquelles
tous les émigrés s'acheminent; ils sont tous armés et
manœuvrent à force ; la vigueur et le froid des
chevaux a beaucoup avancé leur travail. Il ne leur
manque que des jacoquins ; ils ont peur , avec
raison , que les allemands et les prussiens ne leur
en laissent pas un à échiner, vu leur friandise
habituelle.
Tous les préparatifs sont faits et les magasins
en règle. On prépare des ponts sur le Rhin, pour
le passage de l'armée; beaucoup d'émigrés onf:
déjà été an devant. —'La police sur les propa
gandistes se fait ici cqinrne à .Cqnstantipople ; il
n'y a que le Rhin qui en soit témoin comme al"
ityi»xnd.
L'armée des émigrés , forte de t5ocq hqrnmef»
(4)
dont 10 de cavalerie, sera sous les ordres du duc
de Brunsvick comme le reste des troupes. — Tous
les princes français et tous les généraux de l'armée
des émigrés sont aujourd'hui réunis à Çoblentz ;
il y a eu hier un grand et long conseil.
Nous apprenons que c'est le nommé Jougeînau,
tyrolien, qui a tué M. de Gouvion d'un coup de
carabine dans la poitrine à 3oo pas.

On ne se lasse point de répéter qu'il est bien


surprenant que quelques scélérats , sans génie ,
sans courage , sans talens , sans considération , sans
autre moyen que l'argent d'un prince ruiné , flé
tri et fugitif, puissent imposer la loi et faire
trembler tous les honnêtes gens , et les proprié
taires, même armés, qui remplissent la ville de
Paris : à cela on fait une réponse souvent répé
tée ( mais que nous ne croyons pas sans réplique. )
C'est la peur qui a fùit la révolution et la peur
la soutient encore.

Nous avons remarqué une légère contradiction


dans la pétition de certains citoyens sans culottes,
à l'assemblée ; ils se sont plaint amèrement die
ce qu'on les avait traités de brigands ; cependant
Monsieur Jourdan et sa compagnie, se sont tou
jours fait honneur de porter ce titre , et plusieurs
braves gens de Paris ne paroissent pas y répugner ;
Smais depuis que la mode est venue de qualifier
ainsi M. Pet. . . . d'Or. . . . Manu. ... et en géné
ral MM. les jacoquins , nous ne sommes point
étonnés que personne ne veuille plus de cette
qualification.
(5)

Question de fait.
Quand le municipe Serge..
Vomit son insolente antienne,
Un grenadier crut très-urgent
(Sans prendre Tordre d'un sergent)
Vu la majesté souveraine
Que ce drôle allait outrageant.
D'affubler son muffle impudent
D'une application chrétienne.
L'écharpé réclamant les loix ,
Veut qu'on informe et qu'on décide
S'il osa, dans ce régicide ,
Ouvrir et fermer les cinq doigts.
La question est délicate :
Un témoin qui voit de travers,
Dit , qu'il avait les doigts ouverts ;
L'autre , qu'il avait la main plate.

Légères observations sur l'adresse des diputis du Tarn. Ce pamphlet


offre le spectacle amusant d'un homme en colère cjui croit jouer
le sang-froid et qui ne' fait "que la grimace. L'humeur perce à travers
cette modération apparente, et c'est à cette bouffée d'humeur que
nous devons les légeres observations de M. Feydel.
Ces députés du Tarn , ont aux yeux de cet écrivain , un tort
bien grave , bien irrémissible, celui de, croire en Dieu, de ne pas
couvrir le roi de boue et de prêcher avec scandale l'humanité ,
l'amour de l'ordre et le respect des loix. D'après cela, jugez des
clameurs de l'auteur du pamphlet.
M. Teydel ressemble un peu à ces oiseaux de nuit qui crient quand
on leur fait voir la lumière.
Une des choses qui le courrouce le plus, ce sont les doutes que
ces Messieurs se permettent d'élever sur l'amnistie d'Avignon. Ici
(6)
1rs entrailles de M. Feydel se sont levées toutes entières; il se déclare
rondement le chevalier des brigands d'Avignon et rompt bravement
quelques lances en leur faveur. A propos de brigands , il nous cite
Ametot et Tacite:
i . On ne s'attendait guère,
A voir Tacite en cette affaire.
Le passage cité par M. Feydel et la conclusion qu'il *n tire se
réduisent à ceci: Usent accordé ramnistie aux brigands, parce qu'eux -
mimes sont des brigands. A cet égard nous n'avons point d'objections
à faire, mais à coup sûr ce n'ètoit pas ce qu'il vouloir, dire.
Il y a une dr0le de manière de justifier ce qu'il appelle les es
piègleries de la révolution. C'est la conscience publique, dit-il, qui ,
planant au-dessus de la morale commune, légitime ce que les préjugé»
vulgaires avoient nommé jusqu'à présent des crimes. Cette conscience
publique est l'épée de chevet de M. Feydel, Grace à la vertu magique
de ce mot; il explique tout et n'est embarrassé sur rien. A son dire
la nuit blanche du 6 octobre étoit la chose du monde la plus inno
cente , et quelle raison en donne-t-il ! La conscience publique. — On as
sassine les aristocrates et on brûle leurs châteaux: la conscience publique.
— On décrète l'amnistie d'Avignon ; la conscience publique. —On licencie
la garde du roi pour amener la journée du 2o : la conscience publique. Il
est évident que ïari/e-Fejiife/n'auroit pas été plus embarrassé de cette
journée du 20, qu'il ne l'a été de la nuit du 6 octobre; et si le plu»
afireux des forfaits eût été consommé , ce seroit encore au nom de
la conscience publique qu'il essayerait d'en faire l'apologie. Il voua
citeroit froidement Amelot et Tacite, et concluroit à l'amnistie.
M. Feydel soutient qu'on ne peut pas aimer la constîtunoh sans etre
républicain. ( Ici les deux oreilles de jacobin percent un peu trop à
découvert. ) On doit au moins lui savoir gré de cet excès de franchise
et de naïveté ; à l'instar du bon M. Manuel, il n'aime pas les rois ,
lui. Au reste, si quelqu'un en doutoit , nous le renverrions au pre
mier N°. pfts au hasard, de sa feuille intitulée f Observateur, dont
nous gardons bien précieusement le dépôt en entier dans notre bureau.

Vers adressés aux honnêtes gens de toutes les classes,


qui restent encore à Paris.
Habitans malheureux de ces bords pleins de charmes.
Du moins à votrx roi n'imputez pas vos larmes.
Henriade.
Peuples , sa main sur vous répandra ses bienfaits ;
Il veut finir vos maux, il vous plaint , il vous aime.
(7)

Beaucoup de gens sont embarrassés, et se de


mandent comment tout ceci finira : nous pensons
que la paix n'est peut-être pas si éloignée qu'on
pourrait bien le croire , et qu'au moment de l'ac
commodement, on livrera tous les jacobins aux
Autrichiens et aux émigrans , en leur disant comme
dans l'avare de Molière : tenez , voilà un homme
que je vous donne à pendre.

Avis aux facteurs.


Depuis que nos boûrgeois, ci-dévant paisibles
cazaniers , sont atteints de la manie de guerroyer
et de courir les champs pour détruire les tremblot-
tans peupliers , bon nombre de rues et places de
la capitale vont changer leur nom , et prendre celui
«e t-'ARBRE SEC.

Horoscope des arbres de la liberté*


Cet arbre de la liberté
Annonce une prompte ruine :
Il périra pendant l'été ;
Il était , quand on l'a planté ,
Déjà gâté dans sa racine.
V..
li»iiWnii
_ 'Nous comparons la position actuelle des frères
jacobins à des Vets à 'Soit qui travaillent d'ans rtur
coque; chaque instant, chaque mouvement pré-
(8)
pare la tresse qui doit suspendre l'insecte dans
sa cellule ; les jacobins filent ainsi leur soie depuis
bien long-tems, mais tout annonce que les voilà
tout-à-l'heure à la fiti de leurs travaux, et que sous
très-peu de tems ils vont être mis au devidoir.

Le roi d'Espagne a chargé son ambassadeur en


France, de témoigner hautement son méconteu-,
tement sur l'insulte faite au roi, en lui suppri
mant sa garde; que seras-ce , grand Dieu! quand
il apprendra que ce décret n'avoit été rendu que
pour le laisser exposé à une horde de brigands
régicides qui, excepté la mort, se sont portés
contre lui aux plus horribles outrages.

Caricature nouvelle.

Un mauvais plaisant, ci devant très - lié avec


madame Condor,.., a fait graver une estampe
qu'il distribue gratis.
Il a cherché à représenter l'état actuel des amis
de la constitution , en faisant le portrait du' sieur
Condor, nageant dans un bénitier , dans lequel il
fait des contorsions affreuses, et donne des coups
de cornes à droite et à gauche.
On lit au bas : le diable de la constitution dans
un bénitier.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Direct


est rue neuve Saint-Marc , Na. 7 , au coin de la rue Favnrt , place de la
cpmldie Italienne. Le prix de ^abonnement est pour un mois , de 3 liv. pout
Paris, tt de S Ht. i5 sols pour la province , franc déport.
Jt^gfr pièces par Us brigands
tLundi
j- a Juillet.
t -il .. vtf*
i%*$ -1iY jacobins
Jsa chair., qui font lotir

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.
I. A Fontaine.

Exclamations échappés à plusieurs scélérats payés


pour commettre des attentats dans le paluis du
Roi, le 2o juin 1792.
Quoi ! c'est-là , ( s'écrioient ces monstres si cruels )
Ce tyran qu'on nous peint si terrible aux mortels,
C'est-là cet ennemi qu'on peint si plein de rage !
Hélas! du dieu vivant c'est la brillante image,
C'est un roi bienfaisant, le rnodèle des rois;
Nous ne méritons pas de vivre sous ses loix :
Il triomphe , il pardonne il chérit qui l'offense.
Puise tout notre Sang cimenter sa puissance.
HenriADe , chant X.

Les factieux paralysés par la contenance de la


garde nationale , attendent avec impatience l'époque
du' 14 juillet où ils espèrent faire un dernier effort*
On assuré qu'un de leurs chefs a fait l'atroce pro
position de s'emparer des enfans des citoyens et
de les faire marcher à la tête de la phalange qui
se dirigera vers le château. — On ne voudra pas ,
dit-il,. tirer sur ces innocens , et à leur faveur nous
Ttme IV. Année 1792. B
. ( xo)
approcherons O citoyens! je suis père et je
donnerois vingt fois ma vie pour mes enfans ; mais
il s'agit du roi , du père commun, du seul être
auquel le salut de la patrie est encore attaché....
Si les furieux se présentent ainsi précédés , frappez ,
n'épargnez rien; nos enfans mourront au lit de
l'honneur, croyez qu'ils ne seroient pas épargnés
par ces scélérats, et qu'au milieu de leurs succès
ils ne respecteroient pas ces embarrassans et inu
tiles otages Tirez !.... Les monstres n'attendront
pas une seconde décharge et.... qu'ils tremblent
à leur tour, il n'est pas un père, s'il a des en
trailles, qui , dans l'absence dcsloix, ne devienne
bourreau, s'il le faut, pour venger son fils. Les
auteurs seront tous connus: qu'ils tremblent!....
Mais le roi sera 6auvé, et avec lui l'Etat.
B. bi.

M. Péthion n'a-t il été élevé à la mairie que


pour achever le tems de M.Bailly?
Ou M. Pétition est-il de droit en place jusqu'à
la Saint-Martin 1783 ?
Dans ce dernier cas, les sections ne sauroient
trop se hâter de prononcer que sa conduite, dans
la journée du mercredi 2o juin et les précédentes ,
l'a rendu indigne d'occuper la première magistra
ture de Paris, et la plus importante.
On a beaucoup écrit contre l'ancien régime. On
a souvent blâmé l'administration des intendans de
province. Eh bien! M. Péthion, si niaisement po
pulaire aujourd'hui, a été, durant nombre d'an
nées, l'un des agens de cette administration, en
qualité de subdélégué.
Citoyens, l'homme de 1788 n'a pas changé de
conscience.
De la Bf.aumk.
À 11 )

Extrait d'une lettre de Trêves. — Tout ce pays


présente le spectacle des préparatifs militaires les
plus formidables. Les prussiens sont en partie ar
rivés et exercent ici vigoureusement la police sur
le très-petit nombre d'habitans jacobins infectés du
poison devla propagande. Dernièrement un offi
cier prussien entendant un garçon-servant balbu
tier quelques' injures contre un français , se lève
de table , prend une canne, en administre 2o coups
à l'insolent , et se rassied tranquillement : Pardon,
messieurs , dit-il , mais Us intérêts de la bonne cause
étant communs , j'ai puni ce drôle des propos au il
ttnait contre un camarade. — Je vous le répète ,
à un petit nombre d'exceptions près . ce pays ci
est purgé de l'épidémie révolutionnaire. Vous de
vez avoir su que lors de l'entière émigration du
brave régiment Royal.Allemand, un paysan qu'on
voulut indemniser du dégât fait dans un champ
sémé de petits poix , refusa , en disant , mon cœur
est trop payé.
Je vous l'annonce avec plaisir , plus nous pre
nons une attitude hère et imposante, et plus nous
sentons le besoin que nous avons de pardonner
à un peuple égaré. Nous n'oublierons jamais que
c'est contre des français que nous allons combattre,
mais les paroles de la paix nous précéderont et
à coup sûr ce ne sera pas notre faute , si au lieu
d'embrasser des frères , on nous force de châtier
des coupables.
J'espère que vous verrez autant de parisiens se
porter aux fêtes de la contre-révolution, que vous
en entendîtes chanter ça ira au champ de Mars.
La différence est qu'il n'y aura plus de prisons
constitutionnelles , et qu'on réformera quelques
abus de l'ancien régime.
{ M )

Aeit.uk d'un vieux Badaud à ses concitoyens.


Sous l'arbre de la liberté ,
O peuple aveugle et révolté ! v
Savoures les fruits que tu cueilles.- ,;
Vois quels en sont les' YèsuHdté"?
Misère , opprobre , assassinats ,' ..
Pour coffres- forts des porte-feuilles.
Gros-sous-cloches , faux- assignats ,
Voiià les biens que tu recueilles.
Avec tçs Mais , vrai chiants-lits , ,,
En tous lieux le dédain t'accueilles.
Tes peupliers déjà flétris',
Vont , dis-tu , remplacer les lys ;
Crains plutôt la chute des feuilles.
Vois ce bon roi par toi' conquis ;"-"
Et par toi couronné d'épines :.
Vois la France , ce beau pays ,
Par toi couvert de ruines ;
Tes meneurs vouant au mépris
Les loix humaines et divines.
Adieu badauts , adieu Paris,
Sans- voir en arrièreje fuis,
( Grace à tes fureurs intestines j
La terre ingrate où je naquis.

O» nous .annonce des nouvelles adresses de


plusieurs départemens , et çie quantité d'autres
( fi-)
corps administratifs, qui demandent le châtiment
exemplaire des attentats du 20 juin. M. Baz... va
certainement . encqre les dénoncer; et si on lés
condamne à la prison d'Orléans , comme cela est
fort à craindre , jamais cette geole ne contiendra
tant de coupables ; car on en compte déjà au
moins dix millions, sans compter le courant et
les armées.... Il est vrai que pour faire le contre
poids, l'assemblée a reçu les pétition.s de quelques ,
centaine^ de ^gredins qui approuvent les hauts faits
de cette mémorable journée, et pour peu que
St. Hitru... s'en mêle, la balance penchera peut-
être de leur. côté. •" . : :•

Nous avions toujours eu envie dé donner à


nos arbres de liberté le nom de arbor décora et
fulgida , mais nous nous sommes apperçus qu'ils
se desséchaient et périssaient à vue d'œil : serait-
ce un mauvais augure pour notre liberté même ?
Serait-ce une preuve qu'elle ne peut pas prendre
racine dans notre pays , non plus que ces arbres
dans nos rues? Hélas ! ils nous rappellent sans
cesse la parabole du figuier' de l'Evangile , qui
dit : Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits
seta. -attaché et jetté au" feu; or, beaucoup de
gens se plaignent de certains'fruits , qui tombent
des bonnets rouges, qui couronnent ces arbres,
et les font ressembler aux mancenilliers de l'Amé
rique , sous lesquels il est imprudent de .pa.sser ,
parce qu'ils sont un pôîson mortel ,- .et qu'une
seule feuille, tombée'sùr la peau, y cause les
plus grandes douleurs. ,

Le petft pere Chabouc n'avajt pas tout dit dans


les aveux qu'il a faits au tribunal de la pénitence

>: t-
"
' f 14 .
nationale ; il avoit oublié de se confesser d'avoir-
dit publiquement aux, brigands du 20 juin : Allez ,
mes amis, ne craignez rien, les jacobins* vous sou
tien iront, n hésitez pas de répandre du sang s'il le
faut, et sur-tout à la cour, etc.... Mais il y a heu
reusement une cinquantaine de témoins qui vont
déposer du fait , et qui suppléeront au manque
de mémoire du très-vénérable Chabouc.

Un certain Lamarq a fait l'autre jour un


aveu très précieux au milieu de l'assemblée : tous
les jours, Messieurs, a-t-il dit, lorsque nous
traversons les Thuilleries , on nous insulte , on
nous donne des croquignoles, des soufflets, etc..
Mon confrère l)uh... en a reçu l'autre jour en
ma présence , et j'en ai eu moi-même ma bonne
part :.
Ces affronts sont cruels, et j'en perds patience;
Ferez-vous pas finir un jeu qui vous offense.
L'assemblée consultée a remis une seconde fois
les coups de bâton à l'ordre du jour Cette
petite avanture a donné lieu à demandér ce
qu'était ce M. Lamarq.,. : on a découvert qu'il
en était de lui (en raison inverse) comme des
généraux qui ont pris le nom des batailles qu'ils
avaient gagnées, comme M. de Mor'temar, Bitcnto ;
M. de Narbonne ; Fritzlar ; M. de Biron, Mans , etc.
M. Lamarq.. a pris son nom de guerre d'une ba
taille qu'il a perdue, au milieu d'une place, contre
un citoyen qui l'avait pris en traître, en employant
contre lui le fer et le feu.'

Les fabricans de la monnaie nationale de parche


min, ne feront pas encore banqueroute, ainsi qui
( *5)
le bruit s'en est répandu. — Ils viennent d'émettre
une nouvelle fournée de cette monnaie, et il y a
apparence que tant qu'ils pourront travailler sur
cette matière , ils resteront en place.

La Chronique de Paris vient de falsifier à sa ma


nière , la conversation du roi avec le sieur Peth...
Quelque soit l'insolence de cet homme , il n'au
rait sûrement jamais osé la porter jusqu'au point
que lui prête la Chronique ; et la noble fermeté
que le roi a montrée est une preuve certaine que
S. M. n'anrait pas enduré cet outrage.

Sua l'infâme bonnet rouge.


Chanson pour seivir à l'histoire de France.
Air : Ne vlà-t-il pas que 'faime.
De Louis, quel amas de gueux
Rougit le diadême !
Sire , Us vous ont coiffé comme eux ,
De peur quon ne vous aime.
Français que ce crime flétrit,
Prions l'Etre suprême
Qu'un bon prince qui nous chérit ,
Soit aimé comme il aime.
t

O peuple ! voilà votre roi !


(Pilate a dit de même. )
Plus il est froissé par la loi ,
Et plus il voit qu'oa l'aime.
( i6)

Dans la trop fameuse affaire du 20 juin , MM.


Moranges et Duvernon ont été renversés à la pre
mière porte qu'ils essayaient de défendre , et M.
Mical après avoir été jettés par terre deux fois
s'est replié à toutes les portes qui ont été forcées s
et n'a pu parvenir que jusques à l'anti-chambre
où il a été culbuté. Huit ou çlix grenadiers seuls,
restés à leurs postes, ont été perdus de vue dans
la foule ; nous regrettons de rie pas les connoître.
— Ceux qui ont soutenu le premier effort ne sont
pas moins recommandables que ceux qui étaient
les plus près de la personne du roi.

M. l'abbé deCouRNAND a dit, et m'a invité, de


faire insérer dans le journal de la cour et de la ville ,
que le rédacteur de la feuille du jour a menti
î lorsqu'il a dit que lui abbé de Cournant, avoit
' interrompu M. ChÉnier, à la séance des jacobins du
2b juin, pour dire — j'allois dire le même mot ,
ON ME PREND TOUT.
L'abbé de Cournant donne sa parole d'honneur,
et offre de parier que depuis plus de 8 mois il
n'a assisté à aucune séance des jacobins , et qu'il
s'est retiré de cette société depuis cette époque.
N. D. R. On trouvera à votre bureau le nom de
celui qui nous a prié d'insérer cet article dans notre
journal.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Buretat


est rue neuve Saint-Mare , JVS . 7 , au coin dz la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le pria de Vabonnement est pour un mois t de 3 tiv. pmr
taris, '.I il 3 V.v. Î5 sols poter la province , franc deport.
N°" 3' -> -!'.>. PMage du château de

Mardi 3 juillet. Y\\

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au mail».
I. A Fohtaine.

Rarement le peuple gagne quelque chose aux


révolutions d'un état, parce que les nouveaux éta-
blissemens , jaloux, incertains, demandent prcs- .
que toujours d'être soutenus avec plus de dépense
et de rigueur que l'ancien ; mais jamais la vérité
de cette maxime n'avait été plus sensible que.
dans la situation actuelle de l'Angleterre. — C'é
tait l'oppression de la taxe des vaisseaux, la ty
rannie de la chambre étoilée qui avait armé le,
peuple anglais; il avait pris l'ascendant par une
victoire complette sur la couronne, et loin d'être
soulagé, il se trouvait chargé d'un côté d'une
multitude de taxes qu'il n'avait jamais connues ,
et de l'autre, à peine restait-il une ombre de jus
tice et de liberté dans l'administration.
Hume; histoire de Stuart in-40. Tom. 2 , page 14g.

Mercredi , M. Bai, . . . avec sa logique ordinaire


a dénoncé à l'assemblée , et proposé d'envoyer à
Orléans cinq à six départemens entiers, ( c'es-à-
dire trois millions d'ames ) qui viennent de ma
nifester leur horreur pour les scélérats du 20 juin :
M. Baz. ... a apparemment pensé que blâmer de
Terne IV. Année 1792. G
( i8 )
pareils attentats étoit un plus grand crîme que
de les commettre ; il s'est bien gardé de dénon
cer deux ou trois mille prétendus citoyens qui
ont proposé tout simplement de détrôner le roi ,
parce qu'il a refusé sa sanction aux volontés
des jacobins ; on allait même faire mention hono
rable de leur adresse, mais un député s'est avisé
de faire remarquer que la pétition de Grenoble
dirigée contre le veto du roi , avait été rédigée le
ig juin , c'est-à-dire le jour même de l'apposi
tion du veto , en sorte qu'il fallait que les jaco
bins de Grenoble fussent sorciers. Toutes les pe
tites ruses de ces messieurs ne servent encore
qu'à faire rire à leurs dépens , mais nous certi
fions qu'avant peu, ils n'en seront pas quittes
pour le mépris.

Une société d'honnêtes citoyens , partie actifs ,


partie sans-culottes , ayant quelques motions à
préparer , desirent savoir quel est le cabaret mu
nicipal où M. Pét-honi tient ses assises , et à qui
il faut s'adresser pour se procurer à juste prix une
bonne matelotte à l'insurrection, enrichie d'une
forte anguille de maire , et soutenue de tous les
ingrédiens par lesquels on peurra parvenir à ap
privoiser lesdits sans-culottes.

Il faudrait le pinceau de Raphaël , ou la


plume de J. J. Rousseau pour peindre la figure
que faisaient les jacobins à la séance du samedi
3o juin : la foudre en éclats est tombée sur eux
de toutes les parties du royaume ; des adresses
sans nombre des départemens, districts, munici
palités , et de plus de cent mille citoyens , ont
(•19)
fait entendre d'une voix éclatante ces terribles
paroles : >> Législateurs , il est tems que l'anar
chie fmissse ; il est temps -que le règne de la
loi commence ; il est temps que ses organes
soient respectés et vengés ; il est tems que le
crime soit puni. Législateurs, nous vous rendons
responsable de la volonté nationale; détruisez les
clubs , anéantissez les factions , punissez les scé
lérats; nbus le voulons , nous l'exigeons »>. Toutes
ces adresses ont été applaudies avec transport par
la grande majorité de l'assemblée et des specta
teurs ; les jacobins seuls, accablés sous des coups
aussi terribles, gardoient le plus profond silence ,
qu'ils n'interrompoient que par des sanglots, ou
de sourds gémissemens ; ils étoient si attérés , si
humiliés que nous avons cru voir des traces de
pitié. pour eux, sur les visages de tous les spec
tateurs.

Manière kinnête de se débarrasser d'un Jacobin,

Un jacobin faisait la meme route avec un grand seigneur aristo


crate , le seigneur dans une bonne chaise de poste à deux places
avec son valet de chambre et deux domestiques , l'un courant de
vant pour faire preparer les chevaux , l'autre derrière: Le ja:;obin
tout seul dans un vieux cabriolet. Arrivés à la première couchee ,
ce dernier dit familièrement au grand seigneur : „ Je m'ennuye-
rois de souper tout seul, vous trouverez bon qus nous soupions
ensemble a frais communs. M Très-volontiers , lui répondit l'aris
tocrate , et en même-tems il ordonne à ses gens de faire monter
l'hôtesse, à qui il dit , à l'insçu du jacobin , de préparer un repas
magnifique , et d'envoyer des gens à cheval , s'il était nécessaire ,
pour avoir ce qu'on trouveroit de plus recherché , de plus délicat,
à quelque prix que ce fût. Ses ordves furent exécutés. Le couvert
étant mis, on avertit mon vilain qui de sa vie n'avait assisté à un
tel festin. A mesure qu'il voulait parler constitution , on l'inter
rompait en chargeant son assiette d'un nouveau mets, et on lui cou
pait la parole en lui faisant avaler des gorgées de vin exquis et des
liqueurs fines au dessert. Le repas fini, l'aristocrate fait monter IM16-
tesse , et lui demande la carte du souper en lui disant que ses gens
pa-yeraient leur dépense à part. La femme dressa son mémoire mon
tant à 100 écus. Le seigneur ordonna à son valet de chambre de don
( *o ) ,
toer 5o écus, et se leva pour monter dans son appartement. Voilà mon
jacobin fort déconcerté : — Et qui payera les autres 5o écus? Voust
Monsieur , répondit avee dignité l'aristocrate ; vous avez désiré sou
per avec moi , à frais commun , voilà mon ordinaire , et vous au
rez le même tous les jours , si , pour ne pas vous ennuyer vous
me faites l'honneur de souper avec moi. Apres ces mots il se fit
éclairer par ses gens et sortit. Mon homme resté seul avec l'hô
tesse , pesta , jura , protesta qu'il ne donnait jamais que 3 liv. pour
son souper. L'hôtesse qui avait senti la plaisanterie et qui en rioit ,
alla raconter le fait à son maïi , aux valets , aux servantes qui mon
tèrent tous , et houspillèrent mon jacobin qui faisoit le méchant ,
jusqu'à ce qu'il eût paye les 5o écus. On conçoit bien que le seigneur
n'entendit plus parier de lui. Le pauvre diable dont la bourse était
vuide, loua un mauvais cheval d'un paysan pour traîner son cabrio
let , et voyagea à petites journées avec son guide , vivant comme
lui à 12 ou i5 sols par repas/
N. D. R. Nwui donnons cette anecdote comme très-certaine; nous n'a
vons point nommés les acteurs , parce qu'on nous en a priés très-empressement.

L'assemblée a employé cinq à six séances toutes


entières à réformer et reconstituer les ci-devant
sacremens de l'église catholique ; elle a d'abord
commencé par supprimer le baptême . et par y
substituer des prénoms, elle s'est ensuite évertuée
pour définir ce que c'était que le mariage, sans
y pouvoir réussir. Elle a analysé cette matière avec
toute la sagacité et toute la décence possible, et
elle a fini par décréter que, tout le monde de
vant savoir ce que c'était que le mariage , il était
inutile d'en pailer: on se rappelle que quelques
jours auparavant elle avait approfondi l'article de
la confirmation, d'après la motion, vigoureusement
appuyée par M. Jouneau , et acceptée par M.
Grange 9 ve. Le sacrement de l'ordre a fort peu
occupé ces messieurs ; il étoit très-aisé de s'ap-
percevoir qu'ils avaient bien envie de le détruire
tout-à-fait. Quant à l'extrême - onction , tout le
monde est persuadé que ce sacrement ne tardera
pas à être reçu par l'assemblée , et que la péni
tence lui succédera d'une manière propre à la
purger de toutes ses iniquités.
( 21 )

Nouveauté Littéraire.
Espiègleries de Don Don-Julot , avec cette épi
graphe : Les longs ouvrages me font peur. A Mon*
et à Paris , chez Gattey , libraire au palais-royal
n°. 14, et chez les marchands de nouveautés.
Des vers charmans , une touche légère et facile ,
le meilleur ton possible , des chansons dont la
fortune est déjà faite , des plaisanteries aussi fines
qu'ingénieuses ; voilà les armes qu'employé Don-
don -Julot pour combattre les ennemis de l'ordre
et de la royauté. Nous nous sommes lâchés qu'il
ait choisi pour plastron des êtres aussi déprisés
que les sieurs Ckab.., Condor... , Fauch.., Briss.., etc.
Mais ses jolies espiègleries achevent de couler à
fond ces messieurs ; c'est le coup de grace qu'on
donne aux criminels expirans.
Honneur et succès au gentil troubadour ano
nyme qui s'amuse à cueillir des fleurs dans la
prairie quand l'orage gronde sur la montagne.
Nous engageons nos abonnés et abonnées à lire
et à chanter ce joli petit livret, et nous prions
Dondon-Julot de changer son épigraphe. Quand
on griffonne avec autant de grace , on doit s'ha
bituer aux succès , et l'on a tort de dire : lis longs
ouvrages me font peur.

N. D. R. Nous soumettons au jugement de nos


lecteurs la lettre suivante, que nous venons de recevoir,
avec priere instante de l'insérer le plutôt possible dans
notre journal.
J'ai remarqué , messieurs , avec douleur que
l'opinion des honnêtes gens était très-partagée
sur la démarche , et sur-tout sur les intentions
(32)
de,'M..de la Fayette; mais qu'avons-nous besoin
de scruter ses pensées, si les faits parlent d'une
maniere éclatante. M. de la Fayette a eu des torts
très-graves , mais ne pouvons-nous pas croire qu'il
s'en repent , dans un moment où il est si beau
de les réparer. Le roi vient d'être attaqué, ou
tragé , assassiné par des factieux et des brigands ;
ses jours sont encore menacés : M. de la Fayette
accourt pour les défendre , il s'expose aux plus
grands dangers , il se livre lui-même à la rage de
ses ennemis, reconnus capables de toutes sortes
de crimes ; il vient , de la part de son armée ,
demander la punition exemplaire de ces vils scé
lérats : n'est-ce pas-là une action remplie d'honneur
et de courage? Sauver le roi , punir ses assassins ,
n'est-ce pas le mot de ralliement de tous les
royalistes , de tous les Français et de tous les
hommes ? Qu'on fasse attention à la fureur des
. jacobins, déchaînés contre M. de la Fayette, on
sera convaincu que sa conduite a été loyale et
.pure : il se déclare ouvertement l'ennemi mortel
des jacobins ; il se montre ouvettement l'ami du
roi. N'allons pas chercher plus loin le fonds de
Ses pensées , il en fait assez dans ce moment-ci
pour îK^iiter le suffrage des honnêtes gens.
Je suis , etc.

KEsaœ»"—

Le club des jacobins ressemble dans ce moment-


ci au feu balon de l'abbé Miolan , dont on doit
se .îappeller : ce malheureux balon, lancé au
Luxembourg , faisait des efforts incroyables pour
S élever ; il s'enflait et s'affoissait alternativement
comme un crapeau -, tous les coopérateurs et
machinateurs étaient empressés autour de leur
ridicule machine. Tous les spectateurs étaient
dans l'impatience de voir comment ça Jlnirait ;
( tS.)
.enfin, la patience leur échappa ; ils virent qu'on
les avait pris pour dupes, ils se jettèrent dessus
'la bête, la déchirèrent en mille pièces, et firent
un feu de joie de ses débris infortunés.

Caricature et Mode nouvelle.


Elle représente un gentilhomme Français, qui
ne demeure à Paris , même pendant le mois de
JUILLET 1792 , que pour sauver le roi ou la
famille royale , etcétera — Son cheval et son
houisky viennent de séparer un grouppe de pa
triotes sur la place dn Carouzel , d'où il se pré
cipite dans le foyer du théâtre du Vaudeville ,
pour y combiner avec d'autres gentilshommes .
dégoûtés des voyages , les moyens de déjouer les
projets des factieux, et de suite préparer quelques
changemens à leur parure, pour être remarqués
favorablement le lendemain à l'opéra par Mme.
de la Chat ou Condor. — Le costume du jour
de ces Messieurs est d'avoir les cheveux très-
poudrés , séparés et rabattus sur le front , — la
queue attachée le plus bas possible , — le dos
poudré à blanc , — les joues cachées , jusqiiaux
yeux, dans le collet de l'habit, — une écharpe
de royal pituite pour cravatte ; — d'ailleurs, il
est de règle qu'un homme bien-né ait continuel
lement sa main droite dans la poche de son habit,
pour en placer le pan sur le devant de la cuisse
droite, et découvrir, par ce moyen, la partie dç
la même cuisse par derrière. — Cette position est
de rigueur.

Ces jours derniers nous avions vu tous les


honnêtes gens qui restent encore à Paris décidé*
(H)
à prendre l'uniforme de la garde nationale ; fl
semble aujourd'hui que cette résolution s'affoi-
blisse : cependant, d'après ce qui s'est passé le
20 juin, il nous semble que ce parti serait rrès-
.utile et très-agréable au roi ; c'est même le seul
moyen d'entrer aux Thuilleries , et de défendre
S. M. sans ' déplaire et sans se rendre suspect à
la garde nationale. Tous les jacobins qui sont
dans cette troupe ont le projet de quitter l'habit
national, et tout ce qui restera dans les bataillons
serait fort aise de les voir remplacés par des hon
nêtes gens comme eux-mêmes. La garde nationale
se trouverait ainsi parfaitement composée ; on
pourrait compter sur elle en toute occasion : la
force publique toute entiere entre ses mains ,
protégerait efficacement les personnes et les pro
priétés. Quand on verrait un uniforme national,
on serait sûr qu'il est porté par un brave homme
et pensant bien ; c'est ainsi qu'est composé dès-
à-présent le plus grand nombre , mais malheu
reusement ce n'est pas sans exception.

Un jeune homme connu et de bonne société désirerait


trouver la maison d'une dame, ou d 'un particulier seul,
dont ilferait les affaires , et qu'il accompagnerait soit
à la ville ou à la campagne , et même pour voyager ,
il payerait pension.
S'adrçsser chez M. LemairE , marchand bijoutier,
rue dû Roule, JV°. 27 , près celle Saint- Honoré.

De l'Imprimerie du Tournai de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


tst rue neuve Saint-Marc , A'*. 7 , au ctin de la rue Favart , place de la
corné lier Italienne. Le prix de ï tibonnt.mj.nt to pour un nuis , de 3 In. p*ur
Petrit, il de S fi». i5 sels pour la prevint'*, franc de put.
N°" 4' J$Ê£à Statue de Louis XIV
., .. r ... v-v-,'- .?.{- ttnvtttee a Catn par
Mercredi 4 Juillet. R^ U, jacobins.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE La VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


I. A FOKTAIVC.

i
François I , roi de France , rival de gloire et
de politique de Charles - Qjjint , moins heu
reux , mais plus brave et plus aimable, partage
entre lui et cet empereur les vœux et l'estime des
nations. Vaincu et- plein de gloire . il rend sou
royaume florissant malgré ses malheurs; il trans
plante en France les beaux arts, qui étaient en
Italie au plus haut degré de perfection.
Volt. Essai sur Us mœurs , Tom. 19 , Chah. nS.
page 131.
N. D. R. Et c'est le buste très-bien fait et
très-ressemblant de ce brave monarque qui , de
puis plus de deux siècles avait résisté aux outrages
du tems , que les souverains des carrefours 'de la
rue Saint Denis ont fait tomber sous leur hache.
Vive la nation ! '

J-çs jacobins de l'assemblée, en proposant de


supprimer tous les tribunaux et toute la justice
du royaume , sont bien convaincus que le toi ne
sanctionnera pas un décret aussi ex;rav.:^<ut ;
mais comme le veto n'est que suspensif, il.- espè
rent que les places de la magistrature , devenues
Tome IV. Année 1792. D
( 26 )
précaires par cette loi , qui aurait son effet à la
seconde législature , né seraient plus recherchées
ni acceptées par les honnêtes gens , et qu'ainsi
elles tomberaient dans les mains des intrigans sans
fortune, et des mauvais sujets sans talens , et c'est
ce qu'il faut aux jacobins.

PrÉdictions de Mathieu Laensberg , pour


le mois de juin ; données dans son alrnanach de 1792.
Misericordiam volo et non supplicium : dira chré
tiennement un prince doux et humain.
Des ames pusillanimes s'épouvanteront du moine
dissolu et brutal.
Boutefeux mis à la raison. — Grand édifice me
nacé de sa ruine. — Criailleries , brigandages.)

Impromptu au roi , portant le bonnet rouge.


Le diadême héréditaire
Dont on ceignit ton noble front
Louis , n'a point reçu d'affront ,
Par ce bonnet qu'adopte un parti sanguinaire.
Roi courageux , sensible , humain ,
En t'admirant l'univers te répète ,
Tout devient sceptre dans ta main ,
Tout est couronne sur ta tête.
Par Mme- la comtesse D .... ;

L'apparition imprévue de M. de la Fayette a


étonné également les jacobins et les aristocrates.
Voilà peut-être la première démarche franche et
. ( 27)
prononcée de ce général ; mais elle nous paraît
décisive dans la circonstance, et pourrait devenir
le signal de la guerre civile. On lui parlait , une
demi-heure avant son départ , de cette armée mar-
seilloise dont les jacobins cherchent à leur tour
à nous faire peur: C'est une revanche qu'ils veulent
prendre, a répondu M. de la Fayette; mais si /' armée
marseilloisê marche , je marcherai contr'elle à la tête
de la mienne pour la combattre.
Voilà donc un combat à mort engagé entre les
jacobins et les feuillans. Les aristocrates sourient
avec complaisance au choc des deux factions
qu'ils détestent également; mais dans ce moment*
ci ils jouent le même jeu que les feuillans , et si
les as viennent à ces derniers , ils partageront
avec eux.
M. de la Fayette , fatigué du rôle intermédiaire
qu'il a joué avec persévérance jusqu'à présent,
commence enfin à sentir le danger imminent de
sa position. Il est bien tard pour vouloir en sortir.
Pressé entre les deux factions , il tombera victime
de l'une ou de l'autre. Il marche entre la Guil
lotine d'Orléans et la potence de Coblentz.
M. de la Fayette aurait des torts bien graves ,
bien nombreux , bien impardonnables à faire ou
blier; mais enfin s'il arborait de bonne foi l'écharpe
éclatante du pur royalisme , si on le voyait dé
cidé à s'ensevelir sous les débris du trône, ou à
le relever sur les ruines de l'anarchie , nous lui
pardonnerions peut-être ; encore ne serait-ce qu'à
condition qu'il scellât de son sang son triomphe ,
c'est-à-dire , qu'il se fasse tuer la veille du jour où
le règne des loix reprendra sa vigueur. Il ne reste à
cet homme là que ce seul parti à prendre.
Nous observons, avant definir, que la nullité
est tellement le partage des feuillans que , dès
qu'ils veulent en sortir, ils tombent nécessairement
dans l'un des deux partis extrêmes qu'ils veulent
r «s ) . .
éviter. C'est ainsi que M. de la Fayette , dans sa
dernière levée de bqpclier contre les jacobins ,
s'est montré , malgré lui , peut-être , dans le sens
du pur royalisme.

ACROSTICHE.
hdarmi les scélérats qu'au crime , chaque jour,
enhardit l'anarchie en cet affreux séjour ,
. Hes forfaits inouis et ton insigne audace
Ont fixé ton destin , ont assigné ta place ,
2;e crains pas d'être obscur : pour toi comme
pour eux ,
, i—ni faut , loin de la terre , un trépas glorieux.

Il est de fait que , depuis le commencement des


hostilités, il n'y a pas eu une seule rencontre où
les Français n'aient tourne le dos. Un des fuyards ,
dans la dernière retraite de Courtrai, se plaignait,
en courant, qu'il était bien plus facile d'assassiner'
un aristocrate par - derrière , que de regarder un
Autrichien en face.

"3SSESSSBBW"»

Le vainqueur de Courtrai vient d'évacuer toutes


ses conquêtes avec précipitation , sans avoir même
donné à sa troupe ie plaisir de la bataille. . car je
n'appelle pas bataille la chasse vigoureuse qu'on
lui a donnée depuis Courtrai. Le vieux maréchal
a de l'humeur, et nous savons de très-bonne part
qu'il a déclaré franchement qu'il était ridicule
de se flatter du plus léger succès , tant que nos
( *9 )
armées ne seraient pas radicalement purgées de
jacobins. Comment veut-on , s'est-il écrié avec
amertume, que je batte les Autrichiens , puisque les
soldats mânes que je suis forcé de leur opposer sem
ble s'entendre avec eux. Qu'attendre, en effet, de
de gens dont. Tunique mission paraît être de
souffler l'indiscipline et la. rébellion , et qui crai
gnent bien plus leurs succès que leurs revers ?
Au resce , si le nom français est encore respecté
dans les provinces Belgiques , celui des jacobins
n'y est prononcé qu'avec horreur ; les atrocités
qu'ils se sont permises n'entrent qu'à peine
en la pensée ; leur passage a été signalé par tous
les crimes. Ils ont pillé la ville de Courtrai. mas
sacré plusieurs habitans et brûlé le fauxbourg.
Voilà donc les moyens employés par la pro
pagande pour faire adorer sa loi dans l'univers
entier ! c'est le fer et la flamme à la main qu'ils
veulent gagner les cœurs ! Heureusement qu'ils
sont encore plus lâches que féroces, et que l'om
bre seule d'un houlan suffit pour les mettre en
fuite.
3ESB2

On parlait devant Champc... Cravatte de la mère


coupable de Beaumarchais. — Ah ! oui bien cou
pable assurément, s'est-il écrié, puisqu'elle a pu
donner le jour à un pareil monstre.

AUX RÉDACTEURS.

Vous êtes curieux MM. de savoir ce qu'est de


venu le célèbre M. Bouche, le conquérant d'A
vignon ; voici ce que je peux vous certifier comme
témoin de visu et auditu. M. Bouche est à Paris;
tous les jours de très-bon matin ; il arrive à la
(3o)
porte de la maison de Madame Dupe..% rue des
Saints-Pères, au coin de la rue de Grenelle ; il
ne frappe point ; il enfonce mystérieusement sori
passe-partout dans la serrure ; il entre sur la
pointe du pied; il fait sa petite motion; il y dine ,
il y dort, il y joue , il y gronde ; enfin, il est là
à Bouche que veux tu: M. Bouche y est heureux ,
et y fait des heureux avec la plus scrupuleuse
économie.

Dimanche dernier , l'arbre de la liberté , planté


dans le jardin de M. Target , est tombé : ce cé
lèbre père de notre divine constitution n'a point
été tué. On demande si c'est le diable qui l'a
sauvé , ou si c'est lui qui a abbattu l'arbre ?

SmtM de la chanson insérée dans le JV°. 2 du î juillet.


Compagne auguste de Louis , ,
Qui partagez sa peine ;
Puissiez-vous nous voir réunis ,
Crier : Vive la Reine !

/Et vous princesse , dont les traits .


Peignent la vertu même ,
Crier merci pour les Français !
Tout vrai Français vous aime.

AUX RÉDACTEURS.
Messieurs, dans le jour mémorable où la nation
française fût, à la manière de Guillaume le cen
(3i)
quérant, rendre visite avec dix mille lances , à Louis-
skize, à qui elle ne manqua jamais de respect y
un honnête député , membre de la députatiou
auprès du premier président de la nation , que
nous pouvons changer tous les quinze jours, disoit
à ses voisins. >> On lui donne une forte leçon, il
>) faut convenir qu'il l'a bien méritée. j>
Un citoyen actif armé d'une pique , un peu
plus acérée que les autres, s'approche du vertueux
magistrat du peuple le tire par le bras , et lui dit :
eh bien notre maire çà va-t-il bien, êtes-vous con
tent de nous ? Oui , dit-il , c'est bien , je suis
content. Les témoins de ces faits , jaloux de rendre
justice au vertueux Pétion et au député dont le
jugement paroît très-sain, offrent de consigner ces
faits dans les registres d'un officier public qui
puisse les transmettre à la postérité. Je suis en
chanté d'être leur organe et de pouvoir vous as
surer de mon dévouement à rendre justice même
à M. Pétion , à qui on paroît ne pas se presser
de la rendre, contre le vœu de tous les bons
citoyens. Je vous salue , et suis votre etc.
Hébray , rue des Boucheries , fauxbourg Saint-
Germain, chez Duval, traiteur.

COUPLETS
Sur l'Air : Cdlïnette au bois s en alla.
Targinette au manège alla ,
En clopinant par-ci , par-là ;
Ta la , de ri , dera,,
Ta la , deri , dera ,
Des droits de l'homme s'occupa ,
A tort , à travers raisonna ,
Ta la, deri , dera ,
Ta la , deri , dera.
( 32 )
Tout en se conduisant comm'ça ,
Nos dix-huit francs elle accrocha ,
La fine Muguette ! . . . .
( Eh bien ! qu'est-ce ? Faut-il donc tant crier contrelle
pour des vétilles comme celles-là ? Allez, allez. )
N'y a pas d'mal à ça
Targine.tte ,
N'y a pas d'mal à ça.

D'or bientôt elle nous priva ;


Par des chiffons le remplaça ,'
Ta la , deri , dera ,
TaJa deri, dera.
Les droits des nobles renversa;
Des biens du clergé disposa ,
Ta la , deri , dera,
Ta la , deri , dera.
Notre bon monarque affligea;
D'outrages sans nombre accabla
Sa chère Antoinette.
Ta, deri, dera, la, la , la , la; deri, dera
Oh! t'nez, ma foi, nous ne sommes pas en
train de rire , voyez-vous. Il est tems que vous
changiez d'allure. Fi ! que c'est laid pour une
honnête fille , de se conduire ainsi.
Y a du mal à ça, .
Targinette;.
Y a du mal à ca.
.■«MiESiWawi
Avis au Public. -1
M. Maigrot , médecin de la section Poissonnière ,
obtient chaque jour de nouveaux succès de Veau ré-
phalique en injection, quil a annoncée dans la sur
dite mime invétérée, ainsi que dans les maux.de têtes
opiniâtres.
On le trouve tous les jours au bataillon de St.-
Lazare , depuis onze heures jusqu'à une.
N„ r j^f-T. Grande fermentation
' it$+Nh au Caii ' à Voccasion
t j- c t il - xX* i-)ê du décret sur Us gens
JJeudi 5 JJuillet. iV* M
"*jN»rfl j couleur.
«« ,« ;

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.
i. A Fontaine.

Sonnet à l'occasion du bonnet rouge place' sur la


tété de Louis XVI , le 20 juin 1792.
Que veut de ces brigands la horde sanguinaire ?
Par quels nouveaux excès , par quelle atrocité
Va-t-elle signaler son affreux ministère
Et combler les forfaits d'une ingrate cité ?
Sur les pas d'un perfide et trop coupable maire,
Quel horrible attentat contre la majesté?
Un infâme bonnet.... eh que pensent-ils faire,
Avilir le monarque ou bien la royauté?
Jamais Louis ne fut plus grand, plus magnanime
Qu'en abaissant son front sous l'emblême du crime :
J'ai cru voir l'homme-Dieu d'épines couronné...
Quant à la royauté.... , sa force indélébile
Aura su triompher d'une secte indocile ,
Avant que de midi cent fois l'heure ait sonné,

Le général Luckner a tant de confiance dans les


talens militaires de l'assemblée , qu'il vient de dé-
^ Tome IV. Année 179s. E
(34)
élarer solemnellement sa renonciation à la carte
blanche , et qu'il ne ferait plus un pas sans être
dirigé par les conseils et les ordres de nos illus
tres législateurs ; ainsi ce sera dorénavant MM.
Chab.... Merl.... Bai.... Isn.... Duh.... Lasour....
Rouit.... Duco.... et compagnie qui dirigeront
les attaques ; quant à la partie des retraites , elle
sera ordonnée par le sieur Grange-g , expert en
cette partie. Le général Luc...., pour donner à ces
messieurs la gloire entière de la campagne , vient
de replacer son armée précisément comme elle
était il y a deux mois. Ce sera à eux que l'on
devra tous les succès que nous allons obtenir ;
jusqu'à présent ils se bornent à l'incendie des
fauxbourgs de Courtrai , auxquels nos jacobins ont
mis le feu , pour qu'on se ressouvienne d'eux dans
le pays.
Cest ainsi qu'en partant je vous fais mes adieux.

Nous apprenons que l'on vient de supprimer les


officiers de î'état-majorde la garde nationale, c.-à-d.,
des gens que l'estime et les suffrages de leurs conci
toyens avoient appellés pour le maintien des loix
et de la tranquillité publique; voilà donc la guerre
bien déclarée aux honnêtes gens et aux proprié
taires; nous sommes assurément bien éloignés de
les engager à attaquer leurs ennemis, mais nous
pensons qu'on ne peut trouver à redire que nous
leur conseillons fortement de se défendre contre
contr'eux; et c'est ce que nous sommes bien dé
cidés à faire nous-mêmes, si nous sommes attaqués
par les brigands dont on nous menace.

Les gens qui désespèrent de la chose publique


ont donc oublié qu'ils ont une ressource assurée
(35)
dans la promesse du Marquis de Vilette , d'aller
combattre et vaincre nos ennemis avec des rames
de papier ; voilà le moment arrivé d'aller au se
cours de nos armées qui se retirent de toutes
parts : nous sommons le petit général de tenir sa
parole : pour le seconder , nous allons engager
tous les bons citoyens à coopérer avec lui pour
cette œuvre salutaire ; nous nous engageons même
à lui fournir tout le papier dont il peut avoir be
soin pour combattre , mais comme il ne s'est pas
expliqué clairement, nous le prions de vouloir bien
nous dire s'il est égal que le papier ait servi
ou non.

Vous avez dit l'autre jour , MM. , que la feuille


du jour avait menti ; j'avoue que j'ai peine à le
croire : le mensonge est un mal, et même un pe
ché ; et la Feuille du jour ne cesse de donner
des preuves de son innocence.

Je vous demande avec instance, Messieurs, d'in


sérer dans votre prochain journal, mon petit mot
sur un homme que l'Europe entière a jugé irré
vocablement.
Lafayettc dormoit le 6 octobre 8g... il veilloit
outrageusement le 22 juin 91... la comtesse de
C...Y.
Ce 3 Juillet 1792.

On a présenté l'autre jour à M. Pèthoni une


singulière pétition; plusieurs citoyens sont venus
«e plaindre à lui de ce que la voiï publique étoit
( 36)
engorgée dans presque toute la capitale : cela vous
regarde , M. Péthoni , disoient les pétitionnaires ,
vous êtes le maire DES RUES ainsi c'est à vous
à y mettre la police.

On a bien raison de dire qu'il ne faut jamais


rien faire sans une mûre délibération et sans être
assuré que le parti qu'on prend est le meilleur
possible : par exemple les jacoquins et les brigands
qui ont le jugement très-sain , sont bien convaincus
que le pillage est une chose très-bonne et très-
utile ; aussi marchent-ils vers ce but avec une fer
meté et une persévérance dignes d'éloges : Les
propriétaires au ^contraire , moins prompts à se
décider, ne sont pas encore persuadés qu'il soit
fâcheux de voir sa maison pillée , saccagée et brû
lée , de voir sa femme, ses enfans et soi-même
égorgés; ils voyent arriver ici du plus grand sang-
faoid, l'armée marseillaise, jourdaniste et avigno-
naise ; ils délibèrent depuis long-tems s'ils s'y op
poseront, et un grand nombre d'entr'eux n'est point
du tout décidé à les empêcher d'arriver.

Les jacobins de l'assemblée viennent de trouver


le moyen de jetter une nouvelle pomme de dis
corde entre le roi es le peuple ; ils ont fait dé
créter que les conseils et directoires de départe-
rnens , de districts et de municipalités, tiendront
leurs séances publiquement : ce serait le vrai
moyen de faire influencer toutes les délibérations
•par une troupe de brigands salariés ou ameutés
par les jacobins. Ii est donc impossible que le
roi sanctionne un pareil décret ! Nouvelle cause
d'insurrection contre lui !
(37 )

La Fayette a dit : L'insurrection est le plus saint


des devoirs. Bailly a dit que le 6 octobre était un
beau jour ! — Mirabeau a dit qu'il n'était pas de la
dignité du corps législatif de se rendre auprès du
roi dans un moment de péril. — Après cela, Parisiens,
que trouvez-vous d'extraordinaire à la journée, du
20 juin, et qu'espérez-vous d'une constitution qui
a consacré d'aussi atroces absurdités ?

Carde Nationale , veillez sur vos canons.

Un pétitionnaire est venu l'autre jour à l'assem


blée demander de légitimer les insurrections : si
le projet est adopté , on pourra être pillé , brûlé ,
assassiné, sans avoir droit de se plaindre, puisque
ce sera en forme légale. Autrefois , tous ces
petits accidens étaient fort désagréables , parce
qu'ils n'étaient pas sanctionnés par l'assemblée ;
au-lieu que s'ils arrivent aujourd'hui , en vertu
d'un bon décret , on en sera tout consolé d'a
vance , et il sera même tiès-honorable et très-
agréable pour un bon citoyen de pouvoir servir
d'exemple à l'exécution des loix.

Les journaux bonnes - gens nous peignent les


Belges sans-culottes , dont nous avons quelques-
uns dans nos armées , comme des héros pleins
d'ardeur et de courage , et comme des lions aux
quels rien ne peut résister. Ils sont nuds , disent
les journaux, mais ils ont des armes, et cela
kur suffit pour vaincre, etc.. C'est-là une preuve

'
( 3* ) '
évidente du pouvoir des bons exemples. Autrefois ,
quand ces mem.es lions Belges avaient affaire au
seul régiment autrichien de la Tour, ils fuyaient
devant lui comme une bande de lièvres ; mais à
présent qu'ils ont combattu sous nos drapeaux
tricolores, ils nous ont pris pour modèle , et ils
sont devenus invincibles comme nous. Quel
meurtre , qu'en nous retirant de Courtrai et
de Menin , nous ayons abandonné de si braves
gens à la vengeance autrichienne ! c'est d'autant
plus fâcheux .et plus mal-adroit à nous, que d'a
près le rapport d'un officier, si nous avions eu
la patience d'attendre seulement deux ou trois
jours, toute la Belgique nous tendait les bras,
et toute IVrmée autrichienne allait faire un dé-
bandemcnt général en notre faveur.

Les histoires de Tacite , en latin et enfrançais r


avec des notes sur le texte, par J. H. Sotteville , 2
vol. in- 12 , chez Froullé , quai des Augustins , JV°. 3g.
Cet ouvrage réunit l'élégance du style à l'exacti-»
tude de la traduction. Il est d'autant plus intéres
sant dans les circonstances présentes , qu'en lisant
la vie des Néron et des Vitellius , on croit lire celle
des misérables qui gouvernent actuellement la
France.
On trouve chez le même libraire , la vie d'Agri
cole et les Maures des Germains, 1 volume , et
les annales , 4 vol.

Marcel Pet... a élevé Clément St. Huru.. et


Ravaillac Sant.... au grade d'adjudans-généraux
des insurrections. Le premier est allé au-devant
( 39 )
de l'armée Marseillaise , qui , en ce moment ,
marche sur Paris. Il doit s'aboucher avec le gé
néral Jourdan , d'après les instructions de Mettre
Manu.. : la jonction, l'incorporation , l'armement
et l'introduction, seront dirigées par Judas-Serg...
établi commissaire ad - hoc.

Le conseil d'un ami.


O sainte constitution,
Reine nouvelle de l'Empire ,
"Vous que la belle nation
Tour-?.-tour adore et déchire ,
Vous êtes vierge , nous dit-on ;
Malgré quelques acrocs , c'est ainsi qu'on vous
nomme.
Ah ! Que pour votre fleur je crains le droit de
l'homme !
Jadis , un épais muletier ,
Un moine gris , un âne polluèrent ,
La Pucelle sous qui les Anglais succombèrent j
Hélas ! Malgré votre courage altier ;
Quoique du ciel vous soyez descendue ,
Si chacun contre vous se lève tout entier ,
Ah ! Vovs serez bientôt .... perdue.
Pour échapper à ces vils libertins ,
Vobs n'avez qu'un moyen, mai$ qui fera merveilles!
Sans plus tarder , il faut aux Jacobins
Faire couper les deux ereUleu

1
(4»)

Les reproches qu'on nous fait sur ce que nous


ménageons les ministres du jour , sont injustes ,
parce que s'ils sont honnêtes , ils sont assez malheu
reux de jouer le rôle qu'ils jouent ; si , au con
traire, ils sont jacobins , ils sont encore plus mal
heureux . puisque les jacobins qui les croient feuil-
lans , ne permettront jamais qu'ils fassent décréter
six millions de dépenses secrettes.

Avis aux Etrangers.


Messieurs , voulez-vous des boureaux ,
Des antropophages , des sots ,
Des réformateurs en démence ,
Des législateurs en. sabots ,
Des promoteurs d'extravagance ,
Bonnets rouges au lieu de chapeaux ,
Des gueux érigés en héros ,
Et que le ciel , dans sa vengeance ,
Destine au moins à la potence
Pour prix de leurs nobles travaux ;
Vous trouverez ces animaux
Où jadis on trouvait la France.

Une dame bien née , d'un caractère heureux , très-


adroite et aimant à s'occuper , désirerait trouver à
se placer auprès d'une dame à laquelle elle serait
utile , sachant parfaitement tous les petits ouvrages
agréables de son sexe.
S'adresser chez madame la marquise de Marigni,
jrue du "Rocher , N°. 526.
■ "««■ 53 ^—TSSSS.——
De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau
est rue neuve Saint-Marc , N9. 7 , au ctin de la rue Ftmart , plact de la
comédie Italienne. Le prix rfe façonnement est pour un mois , de 3 Irv, pout
Parti, et de 3 fi». i5 ithfeut la promue , franc depirt.
> . N°' "' A^^k Horrible traitement
*r , ,. c T .„ 'MiAM /wtf à M. Brochier ,
Vendr.di 6 ja,UM. JJVgfciJilMJM ,(, 6r«.Wt.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


i. A Fomtainï.

Parisiens ! vous aviez un patron en cette nef


royale qui vous conduisait en toute sûreté, vous
mettait à l'abri des vents et de l'orage, vous faisait,
par ses officiers , administrer justice en droit et
équité , se communiquait et domestiquait avec
vous , vous chérissait infiniment ; qu'avez-vOus fait
de lui et de ses officiers? vous les avez chassés.
Qu'avez-vous pris au lieu ? des pirates et des ban-
doliers. Ce patron , que vous avait-il fait pour le
traiter si indignement? vous êtes empêchés de le
dire. Pourquoi vous est-il odieux ? vous ne savez ,
mais tous ses serviteurs le savent bien ; c'est
fARCK QU'IL EST TROP HUMAIN , TROP PATIENT*,
£T TROP FACILE A PARDONNER.
Satyre Ménipée , tom. III, pag. 288.

Le Raboteur de St. Etienne a mandé à son


confrère la Ressource , qu'il espérait qu'avant la
fin du mois de juillet la moitié des habitans d«
Paris seraient protestans , conséquemment raison
nables sur la constitution monarchique.
N. D. R. — Nous ne doutons pas qu'à la même
époque , Vautre moitié ne sache- parler le langage
Tome IV. Année 179?. F
. . Ui)
des pays méridionaux; car, depuis huit jours/
on n'entend que leur patois dans les grouppes et
dans les corridors du manège et des jacobins.

Gad— ou—Guadet était à la promenade à Sceaux


dimanche , premier juillet , avec deux femmes ,
deux jolis enfans et un ami. — Guadet trouve des
amis qui l'accompagnent, des femmes qui osent
s'approcher de lui, et des enfans qui le caressent.
Un honnête jeune homme , indigné de trouver
cet ennemi du genre-humain dans un lien où
des citoyens paisibles vont, en fuyant les hurle-
mens des factieux , chercher quelques instans de
tranquillité , s'écria : comment ce factieux ne
craint-il pas d'être jetté dans le canal? — Laissez,
dit un veillard, laissez respirer ce malheureux;
il est un de ceux qui impriment aux événemens
publics un tel caractère d'atrocité , que les géné
rations à venir frémiront d'horreur au seul mot
de révolution.

Uu homme de marque , ' des amis de M. de


Zasour.. , vient d'émigrer sous un habit d'officier,
volé dans le camp du général Luckntr , où il faisait
le métier de vivandier et d'espion. Les généraux
de Marmée ennemie sont avertis de faire examiner
scrupuleusement les déserteurs français de toutes
les espèces, et de se souvenir que les émissaires
du savant législateur portent , comme ses livres ,
leur marque sur le dos.

Le sieur Peth... , vivement pourchassé par le


département, a fait placardera tous les coins de
rf 43.)
tues une. affiche , .par laquelle il recommande au
peuple le calme et la tranquillité. On se rappelle
que le 2o juin il engageait aussi les brigands à
s'aller coucher. L'autre jour, une espèce de pro
clamation recommandoit aux sans-culottes de ne
point aller détruire le château des Thuilleries ?
toutes ces exhortations sont des espèces de mots
du guet convenu entre les brigands et leurs di
gnes chefs : lorsque ceux-ci voyent que le calme
renaît un peu , ils* se dépêchent vite de défendre
tel ou tel désordre, auquel on ne pensait nulle
ment; ils en font par-là renaître l'idée. Ils par
viennent ainsi à renouveller les insurrection* , en .
ayant l'air de vouloir s'y opposer.

Vers à Madame Val... d'Amb... en lui envoyant te


portrait de la reine, quelle n'avait pu emporter
lors de son émigration , et qu'on a trouvé moyen
défaire passer à Bruxelles. • ' . ..,
Dans ce dépôt sacré, sous ce cachet heureux,
D'une reine chérie est incluse l'image.
Ah ! sans doute des pleurs vont rouler dans vos
yeux ,
En revoyant xe front où se peint le courage r
Ce regard inspirant l'amour et le respect,
Cette bouche qui semble accorder une grace...»
Je me tais : votre cœur de me lire se lasse»
Vos doigts impatiens vont rompre le cachet.

On assure que l'assemblée , un peu inquiette


de l'arrivée de beaucoup de nouveaux visage*
lur les frontières , va proposer une armistice
(44)
aux grands et,petits garçons avec lesquels elle est
.en guerre , preuve évidente que ce corps auguste ,
si injustement taxé d'audace et d'imprudence ,
veut montrer à tout l'univers la pureté de ses
.intentions , et la bonté qu'elle a d'arrêter ses
^ennemis au bord du précipice dans lequel ils
"sont prêt3 à se plonger.

Vérité historique. . . - ' ;


Lorsque Dieu donna à David l'option entre la
guerre , la peste ou la famine , on ne connaissait
point enÉore les assemblées nationales.

•F . Avis important aux honnîtes ,gens.


Oh assure que trois scélérats, que l'on nomme ,
ont fait partir un courier qui porte à la gouver
nante des paysrba5 , de prétendues jettres de la
reine à sa sœur. Ce courier doit, dit-on, se faire
arrêter par une' patrouille de la division de M.
zBïroh.

La Gazette universelle ressemble à l'Etat , selon


MUton , . où étoient les choses avant la création du
'monde ; c'est un composé de différens élémens qui
se font une guerre continuelle : on y trouve le
chaud, le froid, le sec, l'humide, le bon et le
mauvais principe etc. Cette gazette après avoir
rapporté une lettre des pays-bas, très-S3ge , très-
vraie et très sensée, en cite une autre de Gênes,
qui est le comble de l'extravagance : M. l'Universel,
bon homme au demeurant , ne s'est sans doute pas
apperçu d'une petite contradiction qui s'est glissée
(45)
dans cette lettre, elle dit au commencement que
les émigrés français arrivés à Gênes , après avoir
été chassés d'Espagne, sont sans bas, sans che
mises, sans souliers, en un mot dans la plus affreuse
misère; et quelques lignes plus bas elle leur fait
acheter des bijoux d'or chez un marchand avec
qui elle dit qu'ils ont eu vine vive querelle parce
qu'ils lui demandoient des chaînes d'or à la mode
de l'aristocratie. Credat judaus Apella.

Un observateur a très-judicieusement remarqué


qu'il y avait beaucoup d'analogie entre la journée
du 6 octobre 178g , et celle du 2o. juin 1792 ;
quoiqu'à cette derniere il manquât un coupe-tete ,
un duc d'Or, le So-Leng Lusig.. un Eguillon
et autres fameux personnages ; qu'en outre M. le
marquis de Lafaye. . . . dormit sur le crime pen
dant la première , et que M. Pet. . . . veilla pour
le protéger, pendant la seconde. .

Pour mettre à l'abri sa prébende


De tout pouvoir dévastateur ,
Et qu'un intrus de contrebande ,
N'evince le vrai possesseur ,
Maint lévite s'est fait jureur.
Sur ce point lorsqu'on le gourmande,
Mon curé vous replique net :
Sachez , où l'estomac commande ,
Que la conscience se tait.

Extrait d'une lettre datée (TElenheim , le 14 juin.


— Un soldat du régiment de Klfbec , bien endoc
(46) .
trinc par vos jacobins, a été surpris prêchant le
plus-saintdes-devoirs à ses camarades ; il leur con
seillait de chasser leurs officiers , de s'emparer de
la caisse du régiment etc. Il a été arrêté à 8 heures
du soir , et le lendemain à 10 heures du matin
on lui a cassé la tête. Deux de ses camarades ,
soupçonnés de l'avoir écouté avec complaisance,
ont été condamnés à porter pendant trois jours
à leur chapeau la cocarde nationale , au milieu
des huées et des malédictions qu'elle leur attirait
de la part de leurs camarades.
■M.'WflMRMIiMBB
Le Héros de VEchelle acquiert tous ïes jours de
nouveaux droits à l'estime et à la reconnaissance
des honnêtes gens ; il était d'abord monarchiste,
ensuite il est devenu feuillant , il est à présent
le plus effréné de tous les jacobins : gare les re-
venans , gare M. d'Ambray ; gare les conclusions ;
g*are la sellette , gare les guichets , gaie l'hôtel-dc
ville , gare

Les Français malheureux ont combattu sans gloire ;


L'autrichien les bat, emporte leurs canons,
C'est la faute de nos solon :
Que n'ont-ils décrété la victoire ?
Benoît , du camp dm tartares.

Si on était obligé de croire tout ce qui se dit


à la tribune et à la barre de l'assemblée , on se
rait persuadé que M. de Lafayette est un faux-
patriote , un plat-intriguant , un lâche, un homme
(47)
faux , un jongleur , un boute-feu , un traître , un
poltron , un ennemi-de- la- constitution : un audacieux ,
um hypocrite , enfin un de ces hommes à grandes
prétentions , et à petit génie qui dans les révolu
tions cherchent à jouer un grand rôle , et qui
n'ont de moyens que pour en jouer un très-mé
diocre.

Notre petit ambassadeur Chauvelin ou sauve le


lin , est reçu comme un chien dans un jeu de
quilles, par le roi, le parlement et tous les ha-
bitans de l'Angleterre, il a beau y prêcher le plus
saint des devoirs; il s'appercevra bientôt que le
désir «t le devoir de tous les anglais est de se
réunir avec tous les peuples de l'univers pour ré
tablir en Ffance le régne des loix, et d'y détruire
les jacobins et autres ennemis du genre humain.

On a été à même de remarquer que quand les


sans-culottes sont en activité - revolutionaire ils son£
bien plus subordonnés .que nos soldats , même sous
les armes. —-Car si celui qui les fait agir , a l'at
tention de les électriser en prononçant le mot
PET. . . . après qu'il leur a fait un commande
ment , ils l'exécutent avec une précision incroya
ble. — Voici la manière dont on les commande
dans les grandes occasions. «.
Marchez pet. — A ce dernier mot ils se
transportent à l'endroit qui leur a été indiqué. —
Détruisez pet — Ils détruisent — Brûlez . . .
pit. — Ils mettent tout en feu .— Percez , tuez. . . ,
pet. — Ils assassinent. — Disparaissez. . . . pet. —-
Ils disparaissent.
N. B. Il en coûte un corset pour ceux qui font
agir , et le billet patriotique de 5o sols pour
ceux qui agissent , non cvmpris les revenans bons du.
pillage.
(48)

Le sîeur Dant... a dit publiquement , l'autre jouf,


à une séance de la commune , qu'il attendent les
honnêtes gens à la journée du 14 juillet; nouJ
voilà bien et duement avertis ; les desseins des
brigands sont bien connus et bien annoncés , si
les honnêtes gens ne prennent pas des moyens
efficaces il ne sera pas possible de les plaindre , ils
n'auront pas le droit de l'exiger.

Eh bien! bénin Gorsas, vous fâcherez - vous


encore contre le journal de la cour et de la ville
parce qu'il a dit que le général Luckner faisoit
des victoires dansles Pays-Bas comme une corneille
qui abat des noix, et qu'avant peu son armée serait
aussi embarrassée de ses conquêtes que lespatrietes
de la constitution. — Que répondrez-vous à cela
Cher-Gorsas? Sur-tout si vous lisez la dernière
lettre de ce général à l'assemblée nationale. —
Enfin, peut-on espérer Benoit-Gorsas que ceci
Vous corrigera?
Par fauteur du premier article sur huckner.

Faute essentielle a corriger.


Errata.
Supprimez , et pour cause , la dernière page du
Journal- Royaliste du mercredi 4 juillet, N°. 10.

Maison avec jardin en très-belle vue-, à louer pré


sentement , à Boissy Saint-Léger , route de Troies ,
s'adresser à M. Dupxéyal. à côté de ladite maison ,
rue de la Fontaine.

Vie l'Imprimerie du Tournai de la Cour et de la Ville , dant le Bureau


est rue neuve Saint-Marc , jVff. 7 , au coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix de Vabqnnement est pour un nuis t de 3 liv. pour
Finis, cl de S lin. i5 sels pour la province , franc deptrl.
' rf^iS^HÀ ^ent 1uinzt maisons
m •• -mi .. 'W* *)t* brûlées par les jacobins
Samedi 7 ruillet. ¥v+ #ï
J^<£Li ,
dans , f
lebourgdi, „
Avarie.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE:

Tout faiseui de Journal doit tribut au malin.


la Fontaine.

Le despotisme tyrannique ,des souverains est un


attentat sur les droits de la fraternité humaine.
C'est renverser la grande et sage loi de la nature ,
dont ils ne doivent être que les conservateurs. Le
despotisme de la multitude est une puissance folle
et aveugle qui se forcéne contre elle-même. Un
peuple gâte par une liberté excessive, est le plus
insupportable de tous les tyrans. La sagesse de
tout gouvernement, quel qu'il soit, consiste à trou
ver le juste milieu entre Ces deux extrémités af
freuses , dans une liberté modérée par la seule
autorité des loix. Mais les hommes aveugles et
ennemis d'eux-mêmes ne sauroient se borner à c*
juste milieu.
Maximes de FÉnÉlon , édition de 1748.

Dernièrement un soldat Autrichien , qui arrivait


de la derniere guerre contre les Turcs , disait ,
en parlant de la campagne qui se prépare contre
les jacobins : nous venens de la guerre , et n'allons
qu'à la chasse.
Tonit IV. Année 1792. . G
(S.)

>
Ça ira, ça ira, chantaient les héros à 14 sols,
en évacuant Courtrai. Oui , leur dit un brave
grenadier , en arrière.

Les ministres sont venus l'autre jour annoncer


tristement à l'assemblée que le drap verd allait
manquer clans toute l'étendue du royaume ; ils
ont demandé qu'on en fabriquât incessamment
une grande quantité, attendu, ont ils dit, qu'il
paraissait certain que la mode des bonnets verds
allait bientôt, succéder à celle des bonnets rouges ,
qui commençaient à perdre beaucoup de leur
crédit.

Dans l'horrible journée du 20 juin . Madame


Elisabeth dit un mot bien profond. Elle s'était
toujours tenue à côté du roi ; étouffée de chaleur,
elle s'approcha d'une croisée , et s'assit sur la
fenêtre. Les brigands , ayant les yeux fixés sut
elle , quelqu'un lui dit avec frayeur : Madame ,
prenez garde , ils vous prennent pour la reine. Tant
mieux, répondit-elle, ce ne seroit que moi....

Les journaux du soir retentissaient avant-hier


de l'annonce d'une grande victoire remportée
Sur les troupes Russes , par les Polonais , nos
confrères en constitution : ceux-ci ont pris les
canons, bagages, munitions, etc.. Cette nouvelle
est aussi vraie que celle annoncée hier à l'assem
blée par un brave soldat, qui a dit avoir vu i5
'(5!) '
mille Autrichiens tués à l'affaire de Courtrai , le
pays soulevé en notre faveur , l'armée ennemi
prête à se débander, etc.. Qu'on passe d'heureux
momens , lorsqu'on a deux sous dans sa poche ,
quand on sait lire , et quand ou est crédule ,
Badaud et Parisien !

Si ce qu'oN —dit est vrai , la société des factieu-


gicides prend de la consistance plus que jamais ;
ON— dit aussi qu'elle a décidé que le meurtre d'un
honnête-homme sera le signal de celui des scélérats
abbé S***s , D****n , M****b, P***« , G*********e,
I****d , G****t, B****e , F*****t , V****#*x , L*****e,
A*#*»e , Gft*******#t , D***s , S******* , B*x*tf*t ,
G*******t , etc.

Si ceux qui ont peur aujourd'hui à Paris , et il y


en a beaucoup , pouvaient se persuader que ceux
qui leur font peur , ont plus de peur qu'eux. —
Ça-irait.
cssassRZBz
La motion d'un certain Ver-nigaud, noyée dans
une mer de paroles , a un but que tout le monde
n'apperçoit pas encore ; on doit se rappeller
qu'il a proposé de faire prêter un nouveau ser
ment, et de faire une fédération générale au
champ de Mars le 14 juillet , et d'y inviter ex
pressément le roi ; dès que S; M. y sera rendue,
les armées Marseilloises , Avignonnoises , Langue-
dochienrres et autres gens du midi, l'enveloppe
ront et le conduiront à Bordeaux ou Toulouse ,
et peut-être même dans les Céveunes ; et les
bons Parisiens le regarderont partir comme une
( J« )
jeûna personne voit son serin s'envoler tle s*
cage. Si ce projet s'exécute , la cage et les esto-
machs Parisiens seront diablement vuides avant
qu'il soit long-terns.

Petit dialogue entre un aristocrate et la bouche


de fer.
D. Boucha de fer! enseigne-moi donc un mo
yen de favoriser l'invasion des autiichisns et des
émigrés?
R. Laisse faire les jacobins.
»M&)IM..JIHHHII

Jl n'y a, dans ce moment-ci que trois décrets


de rendus pour ««citer de nouvelles insurrections
contre le roi, parce qu'on sait bien qu'il est contre
son devoir et contre sa conscience de les sanc
tionner; c'est i°. le décret qui supprime les officiers
expérimentés et qui par conséquent désorganise la
garde nationale, dans un moment où on a besoin
de toute son airtorité ; 2e". le décret qui achève de
dépouiller les seigneurs de leurs droits et de leujs
propriétés-, et 3°. le décret qui admet aux séances
de tous les corps administratifs , les brigands sou
doyés par les jacobins , afin d'influencer et d'en
traver ieurs délibérations.

Le général Luc... après sa fugue de Courtrai ,


a eu la consolation de savoir qu'il n'avoit pas perdu
la confiance de la nation qui est si bon juge du
mérite ; mais il aura la douleur de voir qu'il n'a
pas conservé l'estime de la chronique et de son
très - estimable auteur le sieur Condor... Cette
(53)
Feuille accuse M. de Luc... de trahison et de lâ
cheté parce qu'il a marché au secours de son con
frère Lafayette , ennemi mortel des jacobins, et
qui sans cette manœuvre de M. Luc... alloit être
coupé et enveloppé par les autrichiens ; cette ca
tastrophe auroit fait les délices du sieur Condor...
et de son estimable société , qui s'en prend à M.
Luc....\ mais ce qu'il y a de piquant pour le bon
homme général, c'est de ne pouvoir pas se venger
du sieur Condor... à la manière usitée par ceux
qui ont à se plaindre de lui; il est trop vieux
pour pouvoir espérer de se. consoler de la perte
de la confiance du mari en gagnant la Confiance
de la femme.

Le jour du.licendement de l'état-major de la garde


nationale de Paris , sera peut-être celui où les
bons -citoyens seront forcés de licencier lems fusils ,
leurs propriété , leurs femmes , et leurs filles.

La pétition des citoyens de Paris contre les at


tentats du 2o juin, a été présentée à l'assemblée ,
revêtue de plus 4o mille signatures ; voilà donc
4o mille gens honnêtes et braves qu'on est sûr de
trouver au besoin dans Paris. Ce nombre et celui
de la très-grande majorité de la garde nationale doit
donc rassurer les amis du roi, des loixet de la
tranquillité publique; 1o mille honnêtes gens réu
nis, bien armés et remplis d'honneur, doivent en
imposer facilement à une tourbe de vils brigands ,
conduits par des chefs encore plus lâches qu'eux,
et qui n'ont jamais été dangereux que par Pin*
»ouciance et la bonté auxquelles les honnêtes gens
paroisscnt enfin vouloir renoncer tout de bon.
( 54)

M. Guillaume, ancien député à l'assemblée cons


tituante, vient d'annoncer qu'il alloit prendre M.
Tcth... à partie en son propre et privé nom ; nous
engageons tous les honnêtes gens à seconder , au
moins de leurs vœux, l'honorable entreprise de M.
Guillaume.

AIR: Tu croyais en aimant Colette ,


ou , je l'ai planté, je l'ai vu 'naître,
Sappant sans nulle synderèse
Les préjugés du bon vieux tems,
Le sénat, pour nous mettre à l'aise,
Vient d'abolir les sacremens.
AIR: Nous sommes précepteurs d'amour.
Il émancipe vos enfans ,
Et par décret ne vous déplaise,
Vous aurez femmes de treize ans ,
Et petits cornichons à seize.

Sacrogorgo - Danto. , juré - crieur des jacobins ,


vient d'être élu, unâ voce, commissaire de la pro
pagande , pour aller prêcher le plus saint des devoirs
aux chasseurs tyroliens qui comme on sait, ne se
laissent pas approcher de plus de 3oo pas. Monté
sur un palefroi d'Arcadie , le hérault et sa monture
se relayeront, et la différence de l'un à l'autre sera
peu sensible.
Cette mesure imaginée par le frère Chabouc, vau
dra pour les succès de notre armée, les 60 mille
hoinmes qui y manquent.
(55)

L'acueuïl désastreux que l'assemblée NA


TIONALE A FAIT , LE MARDI 3 JUILLET , A LA
LETTRE D'UN SOLDAT DE L'ARMEE DU GENERAL
LUCKNER , A ÉLIMINÉ LA LECTURE DE CELLE - CI
QUI AVAIT ÉTÉ ENVOYÉE AU PRÉSIDENT , PAR LE
SIEUR FROUMTRUMPSK.ROUNST , HUSSARD DU RÉGI^
MENT DE CllAMBORANT,
Mossié la pré - stdan.
A- pré cin querre dé blo eu, vit mil hom dé
nodre armé sé son an - paré dé la rési - danse de
léfecq de Tourné — La car-ni-son con - posé
d'ein suiss dé porte sa fam , ses anfan et sa hal -
bard à téfilé an pré - sance de notr ' roupe , à
pré à-foir ob denu les honneur de la kerr , et
ein ca - pi - la - ti - on hon - norabl.
L'efecq nou avé pré - baré des tour per - fid -
foui Mossié cé a- dris - to - grate il afre fait la
maliss dé caché dan ein sou - de - rain plis de
ioo bar - ic de pois - son si sube- tille qu'ein
crand nonbre dé no soldate qui an on bi quel
que vair on sibit mann per-ti la qui -libre et
son tompé dan ein lé'tar-chie qui à diré pli de
vit hér.
Cèdre pa-tout dan la po li cai re rie on à drou-
vé des mortiers et an suit des canons ca-ché dan
des lifres dédise , on a au-chi diou-vé 200 cté
na di er dan la char - din .et 5o au - dres en cais .>
sé avec dé rou-péte roug au cha-po san conté
ein four mi li è re de san ti nel pos-té tou te le
Ion des mur \
Foui ma foi! — Cèdre einmo-man pien chio-
li la fic-toir — Nou fimon nou bivon toute la
chour à nos i3 et nou en -dan -don par -tou
ré dan dir Ter qa dira
Lé ché-néral Li que ner il afre édabli lé cor
( 56 )
de carte dan la cui sine pa ein pàdri ot ne quit
son post.
Mé sa-cre-tié via ti pas le tiaple l'ordre il arri-fe
de nou replié sur la car-nison de Lille .*— Nou
alon metrr le feu au cha-to de Léfecq , com
mossié Charri au fo-bour de Cour-tré , et pi à-
pré ché va déserté pour allé choin-tre/ l'armée
des princss francé, au ti-aple celé des chat- copins
— Ché chie mossié la pré-sedan froie ser-nter
le hussar de Cham-poran.
Froutntrumpskrounst.
Le 29 chain 1792.

On mande de Courtrai que les malheureux ha-


bitans dont les maisons ont été incendiées par les
jacobins, ont appris avec indignation que l'assem
blée avoit résolu de les dédommager de leurs
pertes ; ils disent qu'ils se regarderoient comme
deshonorés derecevoir cette indemnité, (qui d'ail
leurs est bien reconnue pour illusoire ) et que
Monseigneur l'archiduc leur a déclaré OjUe les pre
mières contributions levées sur la France seroient
destinées à rétablir leurs héritages.

Un Français de bonne maison , âgé de trente ans , d'un caractère


doux, homme de lettres , grammairien, ne pouvant plus vivre de
jes seuls revenus par des malheurs que la revolution lui a fait
éprouver , désirerait trouver, à Paris ou chez l'étranger, une partie
de redaction dans un journal , une place de secrétaire, bibliothé
caire, instituteur, ou toute autre analogue à ses talens. Versé dans
l'étude des loix , il serait propre à diriger les affaires d'une bonne
maison. Il s'attacherait à un étranger, principalement à un anglais,
à qui.il donnerait des leçons de littérature et de grammaire française
et italienne. Il lui communiquerait ses connaissances sur les arts»
les curiosités et les monumen» de Paris. On pourra prendre ,des
renseignemens chez les personnes les plus considérables. S'adresser
par écrit à M. de CHATtAUNlur , rue Froid-Manteau , près le
Louvre , r\c. 38.
K"' S^ j^^x M. dt Sainte-Colombe
_. , - - ... ^**fc£ assassine près a"Auturi.
Dimanche 8 Juillet. Jrv*'/t

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


i.A Foui aine.

C'est au plus fort de la tempête qu'il ( Charles V)


est appelle à conduire le vaisseau de l'état, En
touré d'ennemis au dehors , il en rencontre un
dans sa famille plus dangereux peut-être que tous
les autres. C'était un de ces hommes qui, nés sans
aucune vertn , sans amour pour la gloire et sans
titres pour l'obtenir , sont d'autant plus à crain
dre , quils peuvent hazarder tout sans rougir de
Tien ; un caractère vii et faux, qui, dépourvu
du talent de s'agrandir , se servait de ses vices
pour nuire et pour tromper ; un esprit fécond en
expédiens , parce que les plus affreux lui étaient
familiers : moins adroit qu'audacieux dans ses ar
tifices ; entreprenant tout sans rien combiner ; pro
digue de sermens , de parjures , de bassesses , de
trahisons ; abhorré plutôt que craint de ses enne
mis , et méprisé de ses complices. Tel était ce fa
meux Navarrois , nommé si justement le mauvais ,
qui sera toujours en horreur à ceux qui crain
draient de deshonorer la politique en la confon
dant avec l'art des forfaits.

Ses vues chimériques se portaient jusq'au trône.


torutlV, Année 179?. H
( 38 )
Il fomentait les troubles de la capitale , livrée à
des magistrats pervers et à des citoyens factieux.
qui paraissaient ne sentir les disgraces publiques
que pour en augmenter l'amertume et en éloigner
le remède.
Eloge de Charles V, dit le Sage, par M. de la Harpe'.

On avoit craint pendant l'apparition du général


de l'autre monde dans l'atmosphère parisien, que
Scévola-Danto ne s'avisât d'essayer de mettre en
pratique sa motion de courir sus à ce héros, ( ce
qui, en termes patriotiques, signifie assassiner) et
comme l'affluence des attentifs étoit considérable ,
on ne doutoit pas que ce sacrogorgon de la liberté
ne fut rudement compromis par une ardeur trop
peu mesurée : en conséquence , ses amis et la pro
pagande lui ont envoyé, pendant tout le séjour
de M. de Lafayette , pour gardes qui ne l'ont pas
quitte, Btti-Feuilla.. et un apoticaire, armés chacun
des attributs distinctifs de son état.

Un des plus plaisans contrastes possibles , est de


voir à la tribune du manège un orateur tonnant
de toute la force de ses paumons , et débiter avec
le plus grand courage et la plus grande énergie,
toutes les phrases des thêmes et des versions qu'il
a composés étant au collège; c'est César passant
le rubicoa, c'est Mutius-Scévola brûlant sa main
à la flamme d'un brasier, c est Popilius traçant un
cercle autour d'un roi , ce sont les mânes du
Cardinal de Lorraine, ce sont les spartiates , le;
mont-aventin, les thermopiles et mille autres traits
d'éloquence pédantesque qui font ouvrir la bouche
et les oreilles à ses. bénévoles auditeurs; on est
(59)
ensuite tout étonné de voirie même orateur, .après
avoir ménacé de sa colère et de son indignation
tous les potentats de l'univers, recevoir avec la.
plus grande patience et la plus grande résignation,
'à sa sortie des Tuilleries, une grêle: de soumets,
de coups de canne et de coups de pied au cul etc. ;
ce spectacle est bien, capable de faire faire de
..profondes jéflexions sur le néant des grands hommes
et des grandes choses.

'DÉCRET d'urgence et de circonstance, rendu le


mercredi 4 juillet 1793.
Lej injures, les malédictions et les menaces
continuelles dont les malveillans, ennemis du bien
public, ne cessent d'accabler le respectable club
'Jacobin , ont enfin déterminé cette reine des
sociétés à décréter à l'unanimité les articles sui
vant, qui ont été applaudis vigoureusement , et de
la manière la plus sonore , par les respectables
associés et salariés des deux bouts.
Art. I. Lorsque la sûreté intérieure et exté
rieure des vénérables clubs , sociétés et individus
jacobins sera menacée de quelque danger , ( 1 )
et que la société aura jugé indispensable de pren
dre des mesures extraordinaires , elle le déclarera
par la formule suivante : Citoyens , les jacobins
SONT EN DANGER !
II. Aussitôt après ladite déclaration publiée ,
toutes les sociétés et individus de provinces affi
liées à la mère jacobinière , seront mis en état
de surveillance permanente.
III. Tous les jacobins , jacobines , ou jacobi-
naux en état de porter des armes, telles que pi
ques , haches , faulx, faucilles , rasoirs , couteaux,,

(1) Comme d'être fouettés , pendus, etc.


( 6o )
besaiguës , canifs, scies, torches, tisons, allumettes,
arsenics , champignons , ciguë , mort aux rats , etc.
etc. , seront mis en action permanente , et chacun,
des susdits fonctionnaires sera placé à son poste.
IV. Les Jacobins qui auront l' honneur de mar
cher les premiers ait secours de la famille , se ren
dront avec armes et bagages à la principale ja-
cobinière du pays; ils se logeront eux-mêmes dans
les maisons qui leur paraîtront les plus commo
des , selon l'article IV du chapitre VI des statuts
de la société , et ils en chasseront les habitans ,
sur-tout s'ils sont feuillans , monarchiens , roya
listes ou réfractaires.
V. Les frères ou sœars croisés n'auront aucune
espèce de solde ; la société s'en rapporte à eux
et à leur industrie , pour se procurer les vivres ,
argent , assignats , horloges , chemises , culottes ,
mouchoirs et autres ustensiles dont ils pourront
avoir besoin.
VI. Lorsque lesdits croisés quitteront une ville,
ceux qui auront été bien reçus dans la maison
d'un feuillant , monarchien , aristocrate ou a tres,
auront soin de laisser leur chandelle allumée très-
près des paillasses , rideaux , etc. afin que les
lumières répandues par les frères , ne s'éteignent
pas après leur départ.
VII. Lorsque les frères et sœurs croisés arrive
ront dans quelque ville, ils se rassembleront en
armes, et iront faire en corps une visite respectueuse au
président du département, de district , ou au maire
de la ville ; ils observeront, au cas que les por
tes ne' s'ouvrent pas assez vite , d'employer pour
les faire ouvrir les moyens décrétés par la loi du
20 juin 1792 , duement et librement reconnue et
acceptée par le roi, le jour et an que dessus.
VIII. S'il se trouvoit dans les villes, quelques
feuillans , ou autres ennemis du bien public des
jacobins , les croisés sont invités à les faire arrê
(6i)
ter , et conduire dans les prisons. Ils engageront
le peuple par leurs exemples à se conduire en
vers lesdits réfractaires avec leur douceur et leur
humanité accoutumée.
IX. Si l'on 'se trouvait dans le moment des gran
des chaleurs , et qu'on jugeât qu'elles pussent in
commoder les prisonniers dans les prisons , les
frères les feront conduire pendant la nuit à la plus
prochaine glacière.
La suite dans la suite.

CHARADE.- . î
Mon entier était le trousseau
De la trop chère Targinette :
Une prospérité parfaite ,
Devrait être le fruit d'un présent aussi beau?
Mais ces messieurs l'ont polluée ;
Ils l'ont enfin tant violée
Qu'il ne reste que mon dernier
Pour serrer à tous le gozier.
( Le mot à demain )

Beaucoup de gens sont étonnés et même affli


gés de ta déclaration faite par le roi à l'assemblée,
qu'il assisterait à la fédération du 14 juillet ; mais
ils doivent considérer que si S. M. n'avait pas pris
ce parti , les jacobins en auraient tiré le prétexte
de l'accuser de mépriser la constitution , et qu'au
moment de la cérémonie ils n'auraient pas man«
qué d'ameuter le peuple et de l'engager à aller
chercher le roi et de le conduire de force au
(€«) '
•Champ de-Mars ; et par ce moyen il aurait été très-
facile de le faire assassiner au milieu du désor-
-dre ; au-lieu que par le parti qu'a pris S. M. elle
sera environnée au Champ-de-Mars par des gardes
-nationales fidèles et vivement intéressées à sa con
servation : d'ailleurs on a pu voir à l'assemblée que
ies jacobins ont été furieux de la déclaration du
,Toi, preuve évidente que le parti qu'il a pris est
très-bon et très-sage : quand on fait le contraire
de ce que font et de. ce que desirent les jacobins,
en est toujours sûr de bien faire. •

Tous les honnêtes gens ont appris avec beau


coup de plaisir que le brigand , connu sous le nom
de St. - Hur. . . . venait d'être arrêté à Péronne,
muni d'argent et de lettres qui prouvent qu'il se
Tendait à l'armée de Lafayette pour y faire sou
lever les troupes ; le tribunal de Péronne com
posé de trçs-honnêtes-gens, ainsi que tous les corps
administratifs de la Picardie , va suivre avec acti
vité le procès de ce scélérat qui donnera de gran
des lumières'sur les conspirations que les jacobins
ne cessent de. machiner d'un bout du royaume
à l'autre ; il faut espérer que le chapelet de ces
messieurs va défiler par l'arrestation d'un de leurs
principaux agens , et ceux qui connaissent l'homme
peuvent bien dire qu'il en était le gros grains.

—>waESESŒ£EB
Nous sommes menacés des plus grands malheurs
pour le jour de la fédération : tous les gens qui
ne sont pas retenus à Paris par l'impossibilité d'en
sortir, s'empressent de fuir cette terre désolée et
prête à être couverte de crimes ; si les horreurs
^ue l'on prévoit s'exécutent, on n'en pourra ac-
( es- y
Cuser que les jacobins en place; car noui tenons
de plusieurs personnes dignes de foi qui habitent
les deux fauxbourgs, que, dans l'insurrection du
so juin , les trois quarts et demi des habitans fu
rent conduits de force par une poignée de bri
gands soudoyés et excités par Sant Ils allaient
de maisons en maisons, s'emparant des ouvriers ,
leur ôtant leurs outils des mains et les forçant de
marcher avec eux ; à mesure que la troupe gros-
sissoit , les moyens de résistances des gens paisibles
diminuaient , et ils se sont trouvés engagés maU
gré eux dans les attentats de cette fameuse jour
née , et ils n'étaient que les instrumens aveugles
et involontaires d'une troupe de scélérats, soudoyé»
eux-mêmes par les auteurs de tous nos maux.

Coblentz , le 20 juin. L'électeur de Trêves a fait


annoncer hier soir aux émigrés cantonnés à Pas-
sidorff, qu'ils doivent partir pour faire place aux
prussiens , qui sont à deux jours de marche de
Coblentz. Les équipages des ducs de Brunswick
sont arrivés ce matin à Orkem , aune demi-lieue
de Coblentz: on logera le prince et son état-major.
Trois cents gardes de Saint-Louis, que l'on nom-
moit anciennement gardes de la porte, comman
dés par le marquis de Boisseuil, paitent dans ce
moment avec armes et bagages. Un caporal de
la garde d'une des portes de Coblenfz , a voulu
s'oppposer à leur passage, on ne sait pourquoi;
on a commaudé bayonnette au bout du. fusil ; il
n'en a pas fallu davantage pour faire lever l'op
position du caporal.
' '——awtgSBw—
Il semble que la nature veuille prouver que
cette liberté , qui n'est que de l'anarchie , ne peut
germer en France , et que la constitution qu'on
hii a donnée doit dégénérer , et sera remplacée
( 64 )
par l'ancien ordre de choses, puisque ces arbres
vigoureux arrachés des forêts , symboles de la li
berté , transplantés avec grand appareil dans la
ville, perdent en peu de jours leurs fenillages,
et deviennent des troncs stériles , et que ces dra
peaux tricolors , emblêmes de la constitution , ex
posés au grand air, se décolorent insensiblement
et deviennent en peu de jours de véritable pavillon,
national , un pavillon blanc.

Le directoire du département de Paris a suspendu


hier matin MM. Pétition et Manuel. Ce coup de
vigueur, frappé dans un moment aussi critique,
étonne les deux partis , et fait la plus vive sensation
dans la capitale. Nous n'entreprendrons point de
calculer qu'elles en seront les suites, nous obser
vons simplement que le courage qui vient de dé
ployer le directoire , est d'autant plus digne d'éloge,
qu'il n'a pour lui que le suffrage et les vœux de tous
les honnêtes gens , qui certainement ne font aujour
d'hui que le très-petit nombre à Paris. La gent dé
culottée médite , dit-on , une vengeance effrayante.
Le directoire a été mandé -hier à la séance du soir.
Il faudra voir si , encore cette fois-ci , le despotisme
de l'assemblée saura éluder l'exécution de la loi ,
et rendre nulle la hiérarchie des pouvoirs formel
lement établie par la constitution. Le maire a déjà
fait tapisser tous les murs de la capitale d'une affi
che qui rappelle une scène célèbre du Tartuffe de
Moliere :
Oui , mon frère , je suis un méchant , un coupable ,
Un malheureux pécheur tout plein d'iniquité .
Le plus grand scélérat qui jamais ait été , etc. etc.

Nous apprenons à l'instant que les députés du


côté gauche et ceux du côté droit se- sont embrassés
dans la séance d'hier matin par amourette.
' '" /p%*§Jk huissier assassiné à
T ,. T .,. -M* J,)Ji la Flèche en remplit'
Lundi q Juillet. TK *' H \ t .-
<&rœ+ sant ses Joact'ons.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseut de Journal doit tribut au malin.


i. A Fontaine.

Voltaire , en parlant des institutions monas


tiques , s'exprime ainsi dans son essai sur les mœurs ,
T'ont. 19, ehap. i3g , page 362.
>> Les -instituts consacrés au soulagement des pau
vres et au service des malades n'ont pas été le»
moins respectables. Peut-être n'est-il rien de plus
grand sur la terre que le sacrifice que fait un sexe
délicat , de la beauté et de la jtunesse , souvent
de la haute naissance , pour soulager dans les hô
pitaux ce ramas de toutes les misères humaines,
dont la vue est si humiliante pour l'orgueil humain,
et si révoltante pour notre délicatesse. Les peu
ples séparés dé la communion romaine , n'ont
imité qu'imparfaitement une charité si généreuse »>.
Nota. Et ce sont ces filles célestes et vénérables
que des êtres vils et féroces ont si indignement
profanées, auxquels elles ont rendus des soins si
touchans , et qui sont toujours exposés ( et peut-
être plus que jamais ) à implorer leurs secours et
leur bienfaisance. Peuple aveugle et barbare !

Oa donne comme très-positif qu'il doit arriver


au premier jour un courier d'Allemagne , qui ap-
Tenu IY- Année 1798. I
( 60 )
porte à Rassemblée des dépêches des roîs de Hon
grie, et de Prusse, par lesquelles ces deux sou
verains demandent que la fédération soit retardée
d'environ deux mois , cette ,année seulement ,
afin de pouvoir y assister eux-mêmes avec une
petite députatation de 200 mille hommes, qu'ils
rassemblent à cet effet dans les départemens de
leurs états. . .

Les jacoquins ont envoyé St. Hurug . ... à l'ar


mée du nord, pour la travailler dans le sens de
la révolution et la diviser d'avec l'armée du centre,
prête à fondre sur eux. Arrivé à Péronne , il s'est
annoncé au maître de poste pour le général des
sans-culottes. >j Tant mieux , a repliqué celui-ci,
si vous êtes sans culottes, on vous donnera plus fa
cilement les étrivieres. u et l'on assure-que l'immense
postérieur de M. l'envoyé a été flagellé de la bonne
manière . -

Ondisoit, il y a quelques jours, que les jacobins


pcrdoicnt la tête ; un aristocrate répondit : je leur
conseille de conserver leurs jambes.

On va chanter le te deum à Paris et dans tout


le royaume , pour la paix qui vient d'être déclarée
entre les révérends pères feuillans et les vénérables
frères jacobins de l'assemblée ; ils se sont tendre
ment baisés à la séance de samedi ; c'est à l'amou
rette à qui nous en avons l'obligation ; nous allons
donc enfin goûter les douceurs d'une réunion aussi
inespérée: adieu les querelles, adieu les factions ,
adieu les dénonciations, adieu les menaces, adieu
(67 )
les coups de bâton, adieu les soufflets, adieu les
coups de pieds et les coups de poings. Cette
avanture nous rappelle la querelle du diable Tillar-
doc avec le diable Asmodée ou diable boiteux dç
le Sage: on nous réconcilia , raconte ce dernier ,
nous nous embrassâmes, et depuis ce tems'là nous
sommes ennemis mortels.
es-asa
Le mot de la charade insérée dans le numéro
d'hier, n'est ni l'union, ni la paix, ni le calme,
ni la tranquillité. ,

M. Thuriot prétend que la patrie est en danger.


Deux membres veulent qu'elle attende. — la ma
ladie est ajournée ; mais les medecins arrivent ,
et semblables à ceux de Fourceaugnac , ils vont
mettre leurs apoticaires à nos trousses.

Lettre aux RÉdacteurs.


Messsieurs , je lis sans cesse dans vos feuilles
les accusations, les injures, les sarcasmes, les bons
mots , les plaisanteries en vers et en prose, dont
vous accablez la société des jacobins •< d'ap'rès cela
je suis tenté de vous regarder comme Jes plus
zélés partisans de la constitution et de la révolution
française ; en effet , je vous le demande , à qui
doit-on le dégoût et la haine que tous les peuples
témoignent pour cette constitution , si ce n'est à
la conduite des jacobins: avouez que sans eux,
tous nos voisins auraient infailliblement été séduits
par la théorie de nos nouveaux principes ; pensez-
vous que voyant sur le papier les promeises les
'
(68)
plus positives de les faire jouir de la liberté la
plus entière , de l'égalité la plus parfaite , des
droits les plus complets de l'humanité et de l'af
franchissement de toutes charges et impôts , ils
n'auraient pas été tentés de demander à leurs sou
verains la possession d'aussi grands avantages , sans
examiner si l'éxécution en était praticable ; et
s'ils eussent vu le royaume de France jouir en
paix de l'apparence de l'éxécution de ces pro
messes , ils n'auraient pas examiné si c'était aux
dépens de toute moralité et de toute religion ,
et au moyen des persécutions et spoliations de
toutes espèces que la constitution fait éprouver
à tous les propriétaires; ils s'en seraient tenus au
simple apperçu des choses ; ils auraient lu les pro
messes ; et placés à une certaine distance , rien ne
leur en aurait démontré la fausseté; ils, auraient
donc embrassé la même chimère que les français ,
et ils auraient forcé leurs souverains à la leur
accorder; ils n'auraient à la vérité pas tardé très-
long-tems à s'en repentir; mais le mal aurait peut-
être été très-difficile à réparer; au lieu que ce
qu'il vous plaît d'appeller les crimes et les ex
travagances des jacobins, ont été cause que les
yeux de tous lespewples ont été ouverts à tems ,
et qu'ils ont conçu l'horreur et l'indignation la plus
vive contre la ! évolution et la constitution même ;
et qu'au lieu de recevoir l'exemple de nous, ils.
vont nous donner celui de vivre sous Je gouver
nement paternel et modéré d'un seul souverain ,
intéressé par état au bonheur et à la tranquillité
publ:que , et à rejetter loin de nous la tyrannie
d'une horde de tribuns, excitant le peuple à op
primer les propriétaires , afin d'avoir le droit de
l'opprimer ensuite eux-mêmes : c'est donc »ux
jacobins que vous devez le bonheur d'avoir con
centré en France cette prétendue constitution , qui
aurait peut-être pu s'y soutenir , si elU eût été


(M
reçue chez les peuples voisins; elle aurait causé
des maux moins violens et moins sensibles , mais
bien plus longs et plus durables que n'ont pu,
et ne pourront le faire tous les crimes des jaco
bins pendant le peu de tems qui leur reste encore
à régner. Convenez donc , MM. , que quoique
leurs intentions ne nous soient pas très-favorables ,
ce sont encore nos meilleurs et nos plus véritables
amis.

Un vieux fou d'évêque constitutionnel , nommé


Torn... , a fait vendredi dernier un discours à-peu-
près de la même force que ceux des sieursV..nigaud,
Thur... et autres jacobins de l'assemblée : il a
rebattu tous les lieux communs d'accusation contre
le pouvoir exécutif, le comité autrichien , les mi
nistres , etc.. Il a beaucoup répété que la patrie
était en danger ; mais on s'est bien vite apperçu
que c'était la douleur de voir que son êvéchè Hait
en danger qui avait fait tourner la tête à monsei
gneur , et on a renvoyé sa motion au comité d'a
poplexie.

La journée du 20 a enseigné aux factieux le


secret de leur foiblesse ; le tems n'est plus où la
France entiere se serait levée à leur voix. Aujour
d'hui , le charme est rompu ; la nation , désabusée
par une expérience de trois ans , garde une sage
immobilité ; elle vient même d'en sortir , pour
prononcer avec énergie son vœu sur les derniers
attentats qui viennent d'imprimer au nom français
une tache inneffaçable. Une foule d'adresses au
roi et à l'assemblée nationale, semble fondre de
tous les coins de la France, et manifeste haute
ment l'indignation profonde et douloureuse de
( 7° )
la presque totalité des citoyens, à l'occasion de
cet affreux événement.
Ce revirement de l'opinion publique sauvera
peut-être la France. Elle offre aujourd'hui le
spectable de la tiès-grande majorité de la nation,
luttant avec timidité contre une poignée de
factieux.
Les jacobins, réduits à-peu-près à eux mêmes ,
Voyent en frémissant qu'ils ne sont plus étayés de
la masse imposante de l'opinion publique ; ils
croyent , en doublant de férocité, suppléera leurs
perte», et masquer leur impuissance : de-là , les
apprêts innocens de la journée du 14 Danton ,
loin de s'en cacher , s'est exprimé sans détour à
ce sujet en pleine commune. Heureusement, nous
commençons à n'avoir plus peur du bruit-, celui
qu'ils font dans ce moment est un aveu secret
de leur nullité et de leur désespoir : j'ajoute même
que s'ils avaient le malheur de réussir, ils ne
feraient qu'accélérer l'instant de leur chute ; mais
le génie qui veille sur les destinées du peuple
français, pulvérisera encore une fois les projets
parricides des jacobins.
Parmi les adresses dont nous venons de parler,
il est juste de distinguer celle prise , à l'unanimité,
par l'assemblée générale des citoyens de Bailleul ;
il n'était pas possible de s'exprimer avec plus
d'énergie et de loyauté j et l'on citera un jour avec
admiration et reconnaissance, l'exemple donné par
les citoyens de Bailleul. C'est M. de Mcruiel qui
a été prié de la présenter au roi.

Comédie Italienne.
Un meurtre, un empoisonnement ,' un enter
rement, sont les événemens qui occupent la scène
pendant les trois premiers actes de Romes et Ju
(70 , '
liette, piece donnée samedi à ce théâtre, — Deu*
résurrections et un mariage s'opèrent dans le
quatriême. On ne peut assurément rassembler
plus d'objets en une représentation ; aussi le pu
blic a- 1 -il paru fort content, et at-il demandé
les deux auteurs. — MM. Monvel et Dalegrac se
sont présentés. Une jolie musique , quelques fois
de la gaité , et sur-tout de beaux habits ; voilà
tout ce qu'a la première représentation; il nous
a été possible de remarquer que cette pièce est
imitée de l'anglais; les scènes en sont mêlées de
terreur et de gaité , quelques fois triviales. Elle
a été jouée avec beaucoup de soins et des ta
lents toujours supérieufes.

■THgil'^VfSg
Théâtre du Manège.
Les grands comédiens de ce théâtre ont donné
samedi dernier , la première représentation de la
réconciliation normande , supérieurement jouée et
vivement applaudie.

Consultation.
••»
Ma pauvre mere , hélas ! est enragée ,
Dans ses plus forts accès je ne l'ai pas quittée':
De son désordre affreux loin d'avoir profité ,
l'ai perdu tout, biens, repos et santé;
Mais lorsque par instans elle n'est qu'affligée.
Me voyant dans son sein, elle en est consolée,
Et ses maux en sont soulagés.
Dès ses premiers accès mes freres effrayés,
Ont cherché leur salut dans une prompte fuite ,
Puis bientôt réglant leur conduite
$ur l'intérêt pressant que leur vue inspiroit ,
(7*)
Ils ont . par un accord parfait,
Avec peines et soins , cherché le spécifique,
Les vrais secours et le remède unique
Par lequel on guérit le mal des enragés.,
Pour leur propre intérêt, tous les voisins ligués.
Se sont chargés de cette cure :
Avec tant de moyens la guérison est sûre.
Mes freres, à mon gré, vont donc tous revenir;
Mais nous aurons , dit-on, maille à partir!
Et bien tôt par eux assiégée,
Ma mere à m'éloigner se trouvera forcée,
Je ne peux croire à ce fâcheux retour :
De mes freres , de moi , ma mere aura l'amour :
En leur applaudissant j'aurai même avantage ,
Même succès, même droit en partage;
Et cette bonne mere, embrassant ses enfans ,
Leur dira, je mourrois sans vos empressemens :
Et s'il est quelque gloire à m'avoir relevée ,
Je n'en trouve pas moins à qui m'a consolée.
Bé b.

Le spectacle de MIle. Montansier devient tous


les jours plus intéressant. Mesdemoiselles Sainval
y ont un saccès bien mérité. Ce théâtre a fait
aussi l'acquisition de M. Damas , élève de M.
Tonnelier , qui a formé plusieurs sujets pour les
différens spectacles: ce jeune acteur , sur-tout , lui
fait un honneur infini. Nous l'avons applaudi avec
transport dans Mérope , Ir.ez , et sur-tout dans le
"rôle (XHypolite , um des plus difficiles , et qui
demande tant de nuances différentes.

Be rtmpiimerie du Journal <le la Cour et de la Ville , dont le Burent


est rue neuve Saint-Marc , N3. 7 , au coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix de V abonnement est pour un mois , de 3 liv. pour
Paris, et de S liv. 15 mis pour la frevinct , franc de pin.
' I0' a^M^L Femme enceinte assorti'
Mardi 10 Juillet. *a~>.T«* 'nie Jbar les jacobins.
., ,. ¥ ... 4T**lra

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


L A Fo M T A I N E.

La raison ne reconnaît pas seulement que l'as-


sujétissement des hommes à d'autres hommes est
inévitable, mais aussi qu'il leur est très-avantageux
et très-néeessaire. Elle sait que la lumière est trop
foible depuis le péché pour le pouvoir conduire
même dans les choses qui ne regardent que la
vie civile , et que sa volonté est trop corrompue
pour le faire demeurer en paix dans une condi
tion réglée. Elle voit donc qu'il est nécessaire
qu'il y ait quelque loi grossière qui le lie à ses
devoirs, qui est celle de l'empire de la domina
tion. Ainsi elle trouve bon qu'on établisse des
réglemcns et des polices,.et que l'on donne à
certaines personnes le pouvoir de les faire obser
ver aux autres. Elle approuve que l'on règle toutes
les choses humaines , et que pour éviter les con
testations on donne la préférence aux uns au-des
sus des autres. En un mot , non seulement elle
consent à l'établissement dt la grandeur , mais
elle regarde cet ordre comme le chef-d'œuvre d«
l'esprit humain , et comme la chose la plus util.e
qu'il y ait dans le monde.
Nicole, traité de la grandeur ,ch. Il.prem. part.
Ami IV. Année 1732. K
(74)

La section des Lombards vient de prendre un


arrêté pour Agager tous les citoyens du royaume
et MM. leurs enfans à venir à Paris le jour de
la fédération : elle a envoyé à chaque municipalité
du royaume un cornet de dragées fines , pour
donner aux petits citoyens un avant-goût des dou
ceurs que la liberté , l'égalité et la résistance à
l'oppression procurent aux heureux habitans de
Paris. Toutes les municipalités ont reçu le présent
avec reconnaissance , et y ont riposté par des fruits
du terroir ou de l'industrie de leur pays : la ville
de Verdun par une grande boëte d'anis ; celle de
Tours par des pruneaux : celle de Niort par de
l'angélique et des culottes de peau ; celle de
Bordeaux par des ortolans et des cailles du faux-
bourg Saint-Surin^ celle de Nanci par des bou
les ; celle de Périgueux par des truffes etc. Celle
de Montmartre a proportionné son offrande à la,
stérilité de son territoire ; elle a envoyé à M. le
président un bouquet de certaines roses qui crois
sent sur ses montagnes , et qui servent de nour
riture à beaucoup d'habitans du pays.

Le roi vient de notifier officiellement à l'assem


blée la marche de 5s mille Prussiens, celle de
44 mille autrichiens d'une part , et de 28 mille
de l'autre , qui vont joindre ceux qui sont déjà
sur nos frontières : il a annoncé que tous les cer
cles, électorats et coëtat* d'Allemagne allaient four
nir leurs contingens ; les suisses y ajoutent quinze
mille hommes , le roi de Sardaigne 20 millé, sans
compter les Autrichiens qui doivent joindre son
armée. La Russie fait marcher 18 mille hommes,
les émigrés en ont 3o mille ; tout ce détail est
( ?5):
officiel et authentique. On sait que le roi d'Angle
terre , dans un premier mouvement d'indignation,
a juré de venger les outrages faits au roi des
Français : il n'y aurait donc plus que le roi d'Es
pagne qui , en sa qualité de parent , refuserait de
prendre part à la cause des rois et de l'humanité
entière , et qui , plutôt que de nous délivrer du
poison de la révolte , du crime et de l'anarchje,
préférerait de laisser ruiner et déchirer un royaume
qui peut lui appartenir un jour , et assassiner un
roi son parent, dont tout l'univers admire les ver
tus et le courage Voilà pourtant ce que
l'on s'efforce de nous persuader.

\
Sur la lettre du commandant Jarri.
Le commandant Jafri voudrait
Que l'on fît une guerre douce
Où personne ne périrait ,
Trouve mauvais qu'on les repousse ,
Et que nos boulets insolens
S'avisent de tuer ses gens.
Contre les troupes jacobines ,
Dans nos fusils il faudra donc
Pour balles mettre des pralines , r
Et n'employer que le canon
De nos seringues anodines. -

On attend avec beaucoup d'impatience le décret


qui va ordonner la vente des princes , des gen
tilshommes français et de leurs enfans . en faveur
de qui l'assemblée veut bien déroger à la loi qui
(76.)
prononce que les biens des condamnés ne seront
point confisqués , et passeront à leurs héritiers ;
l'empressement que l'on témoigne de tous côtés
pour acheter ces propriétés est incroyable , sur
tout dans les environs de la ville de Varennes ,
ville déjà fameuse, et qui le deviendra peut-être
d'avantage. En notre particulier , nous sommes
chargés , par plusieurs personnes , de faire des
offres pour les biens de monseigneur le prince de
Conde ; l'enchère sur sa terre de Chantjlly est
déjà montée à dix-neuf livres dix sols six deniers,
et on croit qu'elle pourra monter encore : on prie
MM. les amateurs de vouloir bien envoyer leurs
offres, pour que le service ne souffre point d'in
terruption. On les prévient aussi que la nation
n'adjugera pas ladite terre de Chantilly au-dessous
de la somme de dix écus , à cause de l'agrément
de la terre, qui est assez bien bâtie, et a causa
de la solidité de l'acquisition.

Nous n'avons pas appris, sans la plus vive dou


leur, que l'immortel Pethi... et le digne Manu...
viennent d'être Sus (i)—pendus par ordre du dépar
tement; il est cruel de penser que cet événement
sera peut-être cause que quantité de gens vont
mourir de chaud le jour de la fédération, au-lieu
d'aller se rafraîchir à la glacière.

Nos députés des deux bords viennent donc de


se donner le baiser d'amour fraternelle. N'en riez
point; rien n'est plus vrai et ce chapitre manquoit
encore à l'histoire de nos folies. Des pleurs , des
embrassades, des soupirs sanglottés , des contor
sions, et nos nombreuses légions de sots et de
(1) Sus. en latin veut dire cochon.
( 77 )
femmelettes que ces niaiseries faisoient pâmer
d'aise ! Oh , vraiment , c'était superbe à voir ! Il
est vrai que quelques gens sensés , profondément
corrompus sans doute , souriaient de pitié dans
. un coin , et ne voyaient dans ces tendres épan-
chemens qu'un redoublement de fièvre et de
délire.
J'ose le prédire , cette bouffée sentimentale ne
fera que renforcer les haiftes et redoubler la rage
de l'esprit de parti. Attendez deuxjours , 24 heures
peut-être , et vous verrez le démon de la discorde
secouer ses flambeaux avec plus de fureur dans
cette arène célèbre où il semble avoir fixé son
empire.
Tel est l'excès de nos maux et le malheur des
tems , qu'aujourd'hui toute espèce de médiation
ne ferait que rendre plus profondes les bles
sures qui déchirent l'empire. Au point où nous
en sommes, une réconciliation , si elle était sin
cère , serait une vraie calamité publique, et dé
sormais c'est le canon seul et non les baisers du
côté gauche au côté droit qui décideront l'affaire.
Si tu ne m'étouffe pas je fétoufferai. Voilà le seul
traité qui puisse exister entre toi et moi , entre
les deux partis , veux-je dire. ,
Jugez , d'après cela , combien cette embrassade
a dû paraître ridicule. Si nous les eussions vus
s'élancer l'un sur l'autre le poignard à la main , '
nous en aurions gémi sans-doute ; mais au moins
ils auraient été à la mesure des circonstances.
Us s'embrassent, mais c'est pour mieux s'assassiner.
Folinice et Etéocle s'embrassaient ainsi avant de
se percer le sein.
S'il était possible en s'embrassant de sauver
l'empire. Je me serais attendri tout comme un
autre , et j'aurais pleuré comme un roi.
Un homme froid, mais bon observateur, me dir
sait aujourd'hui : Défiez-vous de cette paix. Crai
(78)
gnez que ce ne soit le calme précurseur de l'orage.
Ce lut une paix semblable à celle-là qui précéda la
Saint-Barthelemy, et qui donna le signal du carnage.
Cassât de Veley.

Il vient de se passera G...., une scène qui


mérite d'être connue. On a planté, dans un des
fauxbourgs , l'arbre arlequiné : un prétendu moi
neau vient se percher sur le bonnet rouge; il est
apperçu par des yeux patriotes ; grande rumeur ,
brouhaha, l'assemblée devient nombreuse.
Comment punir l'aristocrate emplumé? Jettera-
t-on des pierres? Non, c'est une irrévérence. Ti
rera- t-on un coup de fusil? Non, on pourroit cribler,
jetter à bas le symbole auguste de la liberté.
On crie, on remue les bras, c'est en vain; l'in
solence du moineau étonne, indigne, excite des
mouvemens de vengeance On s'indigneroit à
moins : le moineau est vorace , les cerises relâchent,
la liberté est polluée.
Un spectateur inconsidéré ose frapper- l'arbre
avec sa canne; c'est une audace extrême, c'est un
attentat; c'est un crime. Les épithètes soldatesques
se prodiguent , on s'invective , les partis se divi
sent, enfin, on alloit se battre à outrance, lors
qu'une lorgnette a prouvé que le moineau étoit
la houpe du bonnet.
La cohorte démagogique
Défend aux moineaux, même aux chats ,
De venir apposer leurs cas
Dans le bonnet patriotique.
Des circonstances vraiment neuves, mais trop
longues à détailler, ont accompagnés cette scène.
On peut en conclure , que le peuple instruit
par les contes du père Gérard, ou par ceux de
la mère Loye, sera toujours le même.
N. B. Le fait est vrai, rien n'est exagéré.
(79)

Les députés, qui la plupart sont sans religion,


ne cessent d'abboyer contre les ministres de l'é
glise qui n'ont pas voulu souiller leur conscience
par un serment impie; ces tristes victimes d'une
persécution infernale se sont cependant réduits
au silence et aux prières ; ils savent que Jesus-
CHRIST ayant solemnellfrment promis de ne jamais
abandonner son église , qui en France est aujour
d'hui concentrée dans le nombre ds ceux qui ont
refusé de devenir apostats , la rage implacable de
leurs ennemis sera toujours impuissante contr'eux.

C'est à présent qu'on peut dire que l'assemblée


se montre véritablement grande , majestueuse et
imposante ; le courage avec lequel elle brave les
vaines clameurs de vingt millons de factieux , qui
ont l'audace d'exiger la punition des prétendus
crimes et attentats du 20 juin , prouve bien que
ce corps auguste est inaccessible à toute cabale
et à toute considération particulière ; on ne doute
pas que ses nouveaux décrets n'achèvent de la faire
aimer, craindre, respecter dans tout l'univers
On admire sur-tout celui qui condamne à la mort
tous les gens , de quelque pays qu'ils soient ,
qui , sous prétexte de la liberté , auraient l'au
dace de se dispenser de portes à leur chapeau
trois petits morceaux de rubans de différentes cou
leurs ; loi vraiment remplie d'humanité , et qui
proportionne sagement le châtiment au délit. Il
y a cependant dans ce décret une clause d'indul
gence qui pourrait avoir des conséquences très-
abusives : c'est l'article qui d^t que tout homme
sera condamné à mort , etc. , à moins qu'il ne soit
ambassadeur, ou agent accrédité de quelque puis
(8o)
sance ; n'est-il pas à craindre que sous ce dernier
titre quantité d'étrangers malveillans ne nous ar
rivent avec des cocardes vertes, jaunes, noires,
blanches , etc. .. et qu'ils ne viennent ici braver
les lois jusques dans leur sanctuaire. D'après cela,
nous allons rédiger une pétition individuelle, pour
que toute personne de tout âge , sexe, condition,
genre, humain et autre, et de tout règne, soit
animal , végétal ou minéral, sans aucune excep
tion , soit tenu de porter la cocarde dite natio
nale , sous peine de la vie , ou même de la mort,
selon le cas; et que ceux ou celles qui ne dé
nonceraient pas les coupables , subiraient la même
peine, ou une plus grande en cas de récidive,
( ainsi que la loi le porte déjà. ) Tous les bons
citoyens sont invités à signer ladite pétition chez
les notaires qui ont refusé celle des 58 mille hon
nêtes-gens de Paris contre les prétendus crimes du
20 juin.

Sur le 2o juin 1792.


Sur cet événement en vain
Le département crie ;
Il est naturel que le vin (1)
Soit troublé par la lie. (2)

(1) Vin est mis ici pour vingt.


(s) C'est la lie du peuple qui a troublé la journée du 2 c.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


ut rue neuve Saint-Marc , N9* 7 , eu coin de la rue Favart , place de lu
totnédie Italienne. Le pria de l'abonnement est pour un mois , de 3 liv. pour
Paris, et de 3 liv. i5 solipour la province , franc deport.
Plusieurs convois de
N8. ii. grains pillés par les
-, ,. T .„ 'M*'*^ jacobins de Vaucow
Mercredi ii Juillet. W*\Riturs

JOURNAL
»E LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malia.
11 F O H TA I M 1.

C'est une véritable folie aux peuples de prêter


l'oreille à ces sortes de séducteurs qui leur font
abandonner un solide repos et les douceurs d'une
véritable liberté , en les repaissant d'une ombre
de liberté et de repos qu'ils leur font espérer. S'il
faut souffrir , il vaut mieux sans comparaison souf
frir dans l'ordre de Dieu , et en demeurant dans
l'obéissance aux souverains , comme de vrais chré*
tiens y sont obligés par la loi évangélique , que
de se laisser entraîner à la révolte , pour souffrir
beaucoup plus sous une domination nouvelle et
étrangère qu'on n'aurait fait sous son prince légi
time. C'est une conduite si conforme à la raison,
que de sages payens , sans le secours d'aucune
autre lumière , ont prévenu sur cela celle que la
foi nous a enseigné depuis. C'est donc une fausse
sagesse , un fol amour de la liberté , un courage
fort mal entendu , que d'aimer mieux tout ren
verser, que de souffrir quelque chose pour la tran
quillité publique et demeurer dans son devoir.
La souveraineté des rois , par le P. Quesnsl.

Nous pouvons certifier que plusieurs pétition!


affichées sous le nom de quelques sections en fa«
T-emtlV. Année i;r«. L
(8*) .:- .
reur du vertueux M. Pet... ont été faussement
attribuées au corps même de ces sections ; ce sont
des particuliers isolés, qui , contre le vœu de leurs
concitoyens , se sont assemblés nuitamment , et ont
pris des arrêtés, contre lesquels les sections dont
ils ont pris le nom, vont protester d'une manière
authentique , et déclarer qu'elles demandent la
punition des attentats du 20 juin , et de ceux qui
les ont excités , payés ou tolérés.

Sur l'air : De la ressstmblance.


Un Feuillan , un Jacobin
Tiennent le même chemin,
."Voilà la ressemblance.
L'un va toujours en avançant ,
L'autre toujours reculant,
Voilà la différence.
Pour rimer à Péthi . . .
On trouve exécration
C'est une ressemblance ;
Lisant l'un et l'antre nom ,
Vous n'y sentez quant au fond
Aucune différence.

Dans les séances de l'assemblée des mardi troîa


et mercredi quatre juillet 17.92 , deux députés n'ont
cessé de prétendre que la patrie est en danger,
que tout l'empire doit en être averti , qu'à ce cri Mal
larmé tous les français s'armeront ; ils savent ce
pendant que s'il y a du danger, ce n'est que pour
«ux seuls qui troublent la France par leurs décrets
( 83 )
Jnconsidérés. Vainement présenteront-ils leurs idées
timides aux tribunes qu'ils soudeyent. La conduit»
de l'année parisienue nous assure du contraire ,
ft l'on se repose plus sur ceux qui nous gaident
avec autant de soin et de courage , que sur les
allégations fausses et intéressées des députés ; ne
tardons pas à nous joindre à ces braves citoyens,
c'est ce que les jacobins craignent le plus; cette
association dont notre sûreté dépend , rassurera
la capitale.

Sur l'air: Adieu-donc mon cher poulet.


Di* Cadi dupé.
Luckker, guerrier sans pareil,
N'a pas besoin de conseil :
A Menin , d'un trait ,
Il plante le mai
Avec une pancarte :
Mais à son retour de Courtrai ,
Il a perdu la carte
Lon là ,
Il a perdu la carte.
Sur l'air: Vous m'entendez bien.
Dans la plus chaude occasion ,
Vous en sentez-bien la raison ,
Jamais nos patriotes,
Eh bien !
Ne gâtent leurs culotte*
Vous m'entendez bien.

On apprend encore tous les jours de nouvelles


circonstances de la journée du so juin. On sait
que M. le maréchal de Mouchj ne quitta point le
( «4 )
roi , et il dit à un de ses voisins : je donnerais un
bras pour que mon jils fût à ma place. Lorsque le
calme fut rétabli , il descendit l'escalier avec le
brave Acloquc , -qui , comme lui , avait défendu les
jours du roi , et lui serrant la main , vous êtes ,
lui dit-il, mon compagnon d'armes ; il faut que nous
buvions ensemble. Arrivé à son hôtel , il chargea
madame la maréchale d'écrire à M. Alocque un
billet d'invitation à dîner pour le lendemain. Il
assembla la meilleure compagnie , donna à ce
brave homme la place d'honneur, et l'assura qu'il
ne l'inviterait plus , mais qu'il y aurait tous les
jours un couvert pour lui , quand il voudrait
venir dîner avec, lui».

DrALOCUE entre madame de Staël, et une femme


de chambre.
Madame de Staël.
Ahî ça petite, avant de vous prendre chez moi,
je veux savoir comment vous pensez,
Marton.
Sur les modes ,
Le caprice et le goût sont mes seules méthodes ;
Jamais la nouveauté ne me dicte la loi.
Toujours de ma maîtresse on a suivi les traces :
Qui ne doit commencer si ce ne sont les graces !
.D'abord, pour disposer les élégans chiffons;
De Léonard long-tems j'ai reçu les leçons.
Elevé de Guimard dans l'art de la toilette,
Bientôt de mes talens la cour sut faire emplette :
Les dames de la cour , madame , ont bien du goût;
Ma dernière maîtresse étoit charmante en tout.
De sa parure aussi j'avois un soin extrême :
Quel plaisir d'embellir jusqu'à la beauté même !
(85)
Madame de Staël.
Vous radotez, ma chère, et ne m'entendez pas.
Je ne vous parle point de parure et d'appas.
Etes-vous démagogue , ou bien aristocrate?
Marton.
J'aime le roi, madame, et par-tout je m'en flatte.
Madame de Staël.
Ma fille il faut aller aufclub des jacobins ;
Sur vos principes faux il faut qu'on vous travaille ,
Vous en avez besoin.
Marton.
Parmi ces assassins !
Madame, y songez-vous? Mais c'est de la canaille.
Je n'ai jamais pu voir tous ces vilains tondus.
On dit que tôt ou tard ils seront tous pendus.
Madame de Staël.
C'est sur la liberté que leur pouvoir se fonde.
Ces pieux jacobins sont les Dieux de ce monde ;
On les chérit par-tout. Le reste des humains
Doit bénir les bûchers allumés par leurs mains ;
Bientôt
Marton.
Madame a beau vanter ces patriotes ,
Je n'eus jamais de goût pour tous vos sans-culottes.
Madame de Staël.
Honorez-mieux l'emploi de ces mortels divins,
Qui montrantleur derrière au sein de nos tribunes,
Guérissent par leurs voix nos longues infortunes :
Songez, enfin, songez qn'ils sont tous des romains.
Marton.
Madame, ils me font peur;
Madame de Staël.
Encore une bêtise,
Marton.
J'ai servi de tout tems, pardonnez ma franchise,
De ces jeunes beautés aux yeux pleins de douceur,
( «6 )
Et dont le corps cioit aussi droit que le cœur :
Je n'ai point pour vous plaire une amc assez atroce'.
Madame de Staël.
J'ai toujours craint d'avoir de ces filles d'honneur.
Marton.
Et moi, j'ai toujours craint de donner dans la bosse.
AUGWSTE-DES-ISLETS.

;
Presque tous les membres du côté de la demi-
bonne compagnie à l'assemblée se plaignent d'é
prouver de fortes démangeaisons depuis lîjourncc-
lamourette.

Il est assez singulier qu'au moment où tous les


corps administratifs, tous les régimens et tous les
honnêtes gens du royaxime s'accordent pour de
mander la punition des auteurs des crimes et at
tentats commis contre la personne du roi , il y
ait des gens assez ennemis d'eux-mêmes et de
leur pays pour s'opposer à ce vœu général et una
nime , et pour approuver les coupables de ces
forfaits ; on lit à tous les coins des rues des af
fiches séditieuses et incendiaires contre les arrê
tés du département et contre les mesures qu'il
a prises pour ôter aux factieux les moyens d'ex
citer de nouvelles insurrections ; mais la résolu
tion prise solemnelle.ment par l'assemblée de faire
respecter aumoins la constitution, fait espérer qu'elle
se déterminera enfin à sévir vigoureusement con
tre tr.us les brigsnds et perturbateurs , et si l'on
est forcé de requérir la force publique et d'in
viter lès honnêtes gens à l'appuyer , nous ne dou
tons pas qu'ils n'y accourrent en fpule pour ai
(*7)
der la garde nationale à protéger le bon ordre,
les personne» et les propriétés.

Nous pouvons assurer que It manifeste de*


princes français , et de tous les souverains dé
l'Europe, est arrivé au comité diplomatique; il
n'en transpire absolument rien de ce côté-là ç
mais des lettres de Coblentz assurent que c'est un
chef-d'œuvre de raison, d'éloquence et d'huma
nité, et bien propre à faire rentrer en eux-mêmes
tous les gens qui ne sont dans l'erreur que de
bonne-foi, et qui n'ont été que séduits par les
jacobins et autres malfaiteurs , seuls menacés dans
ce manifeste.
m
Plusieurs journaux ont répété des mensonges
et des calomnies arroces contre M. du Barry de
CÉrés. — Les uns ont annoncé qu'il était mort à
Turin ; d'autres ont annoncé qu'on avait trouvé
sou? les scellés apposés sur ses effets , des lettres
que sa femme lui écrivait de Paris , et dans les
quelles on lui attribue des projets exécrables ; la
vérité est que M. du Barry de CÉrés n'a jamais
été à Turin , qu'il habite Toulouse . où il n'est pas
mort , et où même il n'a pas été malade ; sa femme
est avec lui, et n'est pas venue à Paris depuis très-
longtems. — Nous invitons ceux qui l'oat calomnié
de rendre hommage à la vérité.

Extrait cVnne lettre d'Aix-la-Chapelle , du 28 \uin


1792 , écrite à Paris , par un officier français.
?» Dans la plice de l'hôtel-de-ville d'Aix-la-
Chapelle , et près d'une fontaine , qui est surmontée
(88)
d'une statue de Charlemagne , tenant le globe ,
j'ai apperçu un poteau de pierre , tombant de
vétusté , et soutenu par deux barres de fer ; je
me suis approché , et j'ai vu la sculture , en bas-
relief, d'un criminel à qui l'on tranchait la tête,
avec l'inscription suivante, que vous pourrez vous
faire expliquer par Cond.... par Pet... par Manu...
ou par tout autre jacobin à qui vous voudrez dira
ta bonne avanture. Ecoutez ce latin, que je copie
très-exactement :
Sic pereant
Qui hanc Rempublicam
Et sedem regalcm
Spretis sacm Cassante majestatis
Edictis
Evertert moliuntur
Ad
Damnandam memoriam
Joannis Kalckberner ,
lu ultimo tumultn anno do. Io.C XI.
Hic excitato
lnter perduellcs
Antesignani
Columna hœc ex decreto
D. D. subdelegatorum Sac : Cas : Majest :
Erigi jussa
111. Nonas decembris anno clo, Io.C XVI. 1

Se l'Imprimerie du Journal de l» Cour et de la Ville , dont le Buree»


est ru* neuve Saint-Marc , JV° . 7 , au coin de la rue Favori , place de la
comédie Italienne. Le pria de l'abonnement est pour un mois , de 3 '«*• peur
fmi, tl de 3 Uv. li sols pour la frovinct , franc deperl.
N°- Iï; J$»$h Insurrection à Brest
» .. ... -ma »Meç contre les officiers de
Jeudi «Juillet K<M marine.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.•

Toat faiseur de Journal doit tribut au malin.


la Fontaine.

Si l'autorité royale doit se contenir dans les


bornes que lui prescrit la raison , les hommes ,
d'un autre côté , ne sauraient trop sentir à quel
point elle leur est nécessaire pour les garantir de
l'abus qu'ils feraient de leur pleine liberté. Leur
propre obéissance leur est avantageuse : le moyen
de la rendre douce à soi-même , est de réfléchir
sur la vérité de ce principe , et d'y plier sa vo
lonté. On rappporte que les anciens Perses pra
tiquaient un usage bien ingénieux pour en con
vaincre les peuples. A la mort de chacun de leurs
rois , on passait cinq jours dans l'anarchie , sans
autorité , sans loix : la licence n'était ni réprimée
alors , ni châtié après. C'étaient des jours donnés
à la vengeance , aux larcins , à la violence. Cette
épreuve faisait rentrer les sujets avec bien de la
joie , sous l'obéissance du nouveau prince.
Des corps politiques et de leurs gouvernemens. Liv. t
chap. 4.

Le camp de Jalès qu'on n'a cessé de nous re


présenter comme chimérique s'est cependant réa
lisé d'une manière très-énergique ; les catholiques
'Fomc IV. Année 173a. jjy M
( go)
ci les honnêtes gens las de se voir pillé», rava
gés, brûlés et .assasS/.nés par les proiestans , bri
gands , Jotclamstes et jacobins, viennent de faire
l'apohcation des droits de l'homme et de résistance
à l'opprcssicn. Ils se sont rassembles en très-grand
nombre dans le Vivarais , les Cévennes , le Vêlai,
et ie Bas-L-nguedoc et ils s'y renforcent tous les
jouis ; i ur pius grand tort est de ne vouloir re
connaître ni none sainte constitution , ni notre
auguste assemblée : à cela près, ils sont dans d'assez
bons principes , ils veulent le maintien de la re
ligion catholique . de la monarchie , des bonnes
lo'X et des bonnes n œurs ; il est bien à crcindre
que cette arm^e jointe à celle du roi de Sardaigne
et Autncn.tnnc , ne lasse échouer le projet si
heurt usement conçu par le sieur Rab. . . . d Or. . .
Monta. ... et auir:s associés de répuhlicaniser
tout le Midi de la France et de faire une Saiat-
Barthelemi de tous les bons catholiques et roya-
listesdu pays . et qu'elie n'empêche le sieur Duprat
digne compagnon de Monsieur Jourdan, de jouir,
dans Avignon , de la place de maire qui lui a été
déférée par le \œu unanime de tous les braves
citoyens qui n'ont eu ni parens , ni amis , ni con
citoyens dans la glaciere.

Brochure nouvelle.
IlxAmen du rapport de M. Pétion , à VassevibUc
nationale, sur la journée du 20 juin, in-8°. Se trouve
au magasin de nouveautés , seconde galerie, de
bois , N°. 262 , au Pabis-lloyal.

L'assemblée , pour se venger des vérités qua


M.' Malut-du-pan ne cesse de lui dire d'une ma
(9i )
nièrc aussi noble qu'énergique , vient de déclarer
majestueusement qu'elle lui permet toute calom
nie à son égard : c'est un tour perfide qu'elle joue
à M. Mallet-du-pàn ; car où diable ira-t-il cher
cher de quoi la CALOMNIER.

L'assemblée vient de décréter que lorsque la


patrie serait en danger , elle le déclarerait par une
certaine formule qu'elle a aJopiée , donc elle n'est
pas en danger dans ce moment ci , et même la
motion de la déclarer en danger dès-à-présent a été
rejettée ; cependant c'est sous prétexte qu'elle est
en danger , qu'on a saisi . pillé et ravagé les biens
des propriétaires fuyans la lanterne ; cette violence
est donc l'acte le plus injuste , le plus illégal et
îe plus vexatoire ; il faut espérer qu'il rie durera
pas longt-temps.

La députation de Coblentz que les princes en


voient à Monsieur Brissot pour le remercier des
services importans qu'il n'a cessé de rendre au parti
royaliste , arrivera lundi prochain à Paris.

«BWŒ&SSHBKj»»

Encore un malheureux prêtre sacrifié à la fu


reur des sans-culottes. Jeudi dernier une partie
des habitans du Grand-Charonne ont dévasté la
maison du curé , coupable à leurs yeux de n'a
voir pas ce jour-là accompagné les enfans de la
paroisse à je ne sais quelle confirmation. Cette
expédition que n'ont pas empêché les officiers
municipaux presens , s'est faite au sortir de l'église.
Les portes ont été enfoncées , les meubles enlevés ;
heureusement que l'honnête pasteur s'est soustrait
(9* )
à leur fureur en prenant la fuite, La rage de ces
barbares était au combler un témoin oculaire qui
nous a raconté le fait, a entendu le maître d'é
cole se vanter que si le curé ne se fût pas échappé,
il ne Vaurait pas manqué, et que lui-même l'aurait
assomé dimanche prochain dans la sacristie
Tan ta ne animis celcstibus ira.

Il ne dort pas toujours et veille quelquefois.


Estampe nouvelle représentant M. de Lafayette
sur son cheval blanc , tondant le sabre à la main
sur une troupe de jacobins qui se culbutent les
uns sur les autres et que le cheval fouie aux pieds.
On lit au bas ;
Courage , poursuivez , et Von vous pardonne.
Cette gravure se trouve chez tous les marchands
d'estampes.

Quand par hasard sur mon chemin


Je trouve quelque porte-hctte
Epluchant son crochet en main
Quelques vils chiffons dans la crotte ,
Je me rappelle un prisonnier
Environné d'objets sinistres,
Agitant le fond d'un bourbier
Pour en tirer quelques ministres.

Tous ceux qui ont voyagé en Angleterre savent


que tout ce qui porte perruque , grands et petits ,
affuble le matin sa tfte d'un bonnet de laine , ordi
( 93 \
nairement rouge. Nous tenons d'un Anglais, arrivé
il y a deux jours de Londres, que , dès qu'on y eut
appris l'attentat du 20 juin, et que les brigands
avaient forcé le monarque à salir sa tête auguste de
ce signe de l'anarchie , on fut tellement indigné ,
que les bonnets rouges furent proscrits dans les 24
heures , et malheur à qui se trouverait ainsi coëffé
dans les maisons ou dans les rues, il serait à l'ins
tant assommé par le peuple. Dans le discrédit ab
solu de cette marchandise , les bonnetiers les cèdent
à tous venans à six sols la douzaine, et en ont
donné avis aux jacobins de France qui peuvent en
faire une ample provision à bon marché. Ils en au
ront besoin , lorsqu'on les enverra ramer de Mar
seille à Toulon , et de Toulon à Marseille.

Le sieur Tallien , dans son affiche jaune , pré


tend que le sus Rendement des sieurs Pet. . . et
Manu. . . . l'affligent au point qu'il en a le coeur
flétri ; gare qu'avant qu'il soit long-temps cette
maladie ne lui remonte jusqu'à l'épaule..

Le sieur Peth. . . dans l'humble déclaration qu'il


a fait afficher à tous les carrefours, engage le peuple
à recevoir comme lui-même , c'est-à-dire avec calme
et sang-froid , l'expulsion qu'il vient d'éprouver
de sa place ; nous ne savons pas ce que M. Pet. . . .
entend par le peuple ; mais si ce sont les honnêtes"
gens de toutes les classes, M. Pet. . . doit être
fort rassuré sur leur compte ; ils voyent non-seu
lement avec sang-froid , mais même avec la plus
grande joye que le moment de la justice arrive
contre tous les scélérats instigateurs des attentats
contre toutes les loix et contre la constitution
même .
(94)

REPONSE de la municipalité de Bailleur, à la lettre du maire et of--


Jîciers municipaux de Marseille, du 21 juin 1792.

BaiHeul , le 5 juillet. Messieurs , nous avons reçu la lettre que


tous nous avez envoyee, sous la date du 21 juin, renfermant
.deux exemplaires de votre adresse de la veille à rassemblée na
tionale. -- Il nous est bien permis , messieurs , de différer de vous
en opinion et en manière de voir; donc nous ne vous dissimu
lerons pas que nous voyons avec horreur l'expression, de vos sen-
timens. -- Nous voudrions errer ; mais nous y voyons une com
munication proscrite et une excitation à la revolte contre le roi ,
et par suite à la guerre civile. -- Non , messieurs , nous aimon*
trop les Ioix et les autorités légitimes « pour nous laisser entraîner
tbns de pareils excès , que noue sommes prêts à empêcher et à dénoncer
à la justice. Et loin de voir comme, vous un roi criminel dans
Lopïs XVI que vous détractez airocement à nos yeux , nous ne
pouvons que bénir sa majesté d'avoir résisté si courageusement aux
prétentions d'une multitude égaree par des sanguinaires qui ne veulent
ni roi , ni loi , et nous sacrifierons nos biens et nos corps pour Ven dé
fendre. Voyez en ce commencement de preuve dans notre arrêté
du 28 juin. -- Croyez-nous, MM. retirez promptement toutes vos-'
circulaires et tous les exemplaires de votre adresse à l'assemblée
nationale : C'est selon nous le seul moyen d'echapper à Vanimad-
version et à la vengeance de tous les vrais français , qui ont encore
pitié de vous , ne désirant que votre retour à la raison , et la
cessation du désordre, pour vivre avec vous dans la plus cor
diale fraternité.
. Les Maire et officiers municipaux de BaiHeul et les signatures.
Nota. La municipalité de BaiHeul a dénoncé ceile de Marseille
au commissaire du toi du tribunal du district d'Haaebrouck , en
lui donnant toutes les piècej , et M. le commissaire du roi a cm*
voys le tout au ministre de la justice le 6 de ce mois.

m&m&zzs»

Extrait d'une lettre de Lyon , du 7 juillet , adressée


à M. Demersan , éditeur de l'alrnanach des T'rois-
Ordres.
Si l'on en croît la rumeur publique , il y a
beaucoup de rassemblement de troupes dans le
Milanais : Autrichiens, Suisses , Sardes . tout est
prêt à nous attaquer par le midi; aussi, forrne-t-on
ua camp du côté de Grenoble, je ne fais si le
( 9* ),
camp sera Formé à fems pour s'opposer au torrent
dont on craint l'inondation.
En attendant, grâces à nos honnêtes municipes ,
et par les soins du constituant Montesquiou , l'on
nous a envoyé à Lyon , la semaine derniere , un
bataillon de i5oo hommes, prétendus Bordelais ,
qui doivent se tendre au camp du midi. Comme
Lyon n'est pas patriote enragj- , on voulait y faire'
séjourner ce ramassis de brigands , une grande
quinzaine , pour mettre la ville parf.iiemem d;ms
le sens. L'oa ne porte pas de cocarde à Lyon.
Messieurs les Bordelais ont voulu forcer à en
prendre : la jeunesse est vigoureuse . peu endu
rante ; un certain nombre de Bordelais ont été
couchés sur le carrciu: un plus granri nombre
porté à l'hôpital. La municipalité , voyant la tour
nure que cela prenait, a lait paitir le bataillon,
et la ville' en est debairassée.

AVIS. •

Le dépôt dégraisse de pendu, extraite du pa


triote Saint-Huku.... , est chez le sieur Lebrun,
apothicaire , rue du Bouloir.

A 0 X RÉDACTEURS.
Insérez , je vous prie, Messieurs , ma lettre dans
votre journal, et invitez les journalistes honnêtes
«t accrédités à faire de même.
Samedi, jour de paix et d'union, chacun s'est
embrassé à l'assemblée. Brissot embrassoit et pieu*
roit. Lundi il dénonce le roi> les ministres , etc.
etc. etc. Il a donc reçu bien des couriers en 24
heures : mais non , expliquons l'énigme; soixante
( 96 )
sept départemens ont envoyés des arrêtés contre
la journée du 20 et contre les factieux. Les fé
dérés arrivent imbus des mêmes principes et pé
nétres de la même indignation. Il falloit essayer
de changer leurs opinions: quel moyen ? Dénon
çons , dénonçons: mais les fédérés sont des citoyens
honnêtes, aimant la constitution, le roi, la loi,
et ils ne se laisseront pas tromper par les fallace-
ries de MM. Brissot et compagnie., et loin de
partager les fureurs républicaines des scélérats ,
ils pourront bien mander à leurs départemens les
horreurs dont ils sont témoins, et les engagera
venir sauver la patrie et les jours du meilleur des
rois: ils n'ont qu'à assister à une séance du ma
nège pour être convaincu de ce que je dis.
Signé, M fédéré de la ville de Lyon.

ùm
Six cents Marseillais sont arrivés hier à onze
heures du matin , ce n'est que l'avant-garde d'un
corps de 3ooo hommes qui est en route , et qui
chpit arriver successivement d'ici au 14. On parle
beaucoup de la conduite civique que ce premier
détachement a tenue dans sa route jusqu'à Melun.

Errata du JV°. d'hier.


Page 88 , ligne 4 , Saern , lisez : Sacrœ.
Idem, ligne 10, tumultu , lisez : tumultus.
Idem, ligne i3, Antesignani , lises : Ante signant.

lie l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


est rue neuve Saint-Marc , JVP . 7 , au coin de la rue Tavarl , place de la
comédie Italienne. Le prix dt V abonnement est pour un mois , de 3 liv. pour
Paris, et de 3 liv. li sali pout la province , franc dtpert.
"• * ' j&&A Château Je madame de
V.ndr.di ,3 JintUtWVH r«lkra«(UU«l,M.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.
LA FoHTArNi.

Louis XVI attire bien autrement ma curiosité


que l'empereur Kein-long. J'ai lu un placet , ou
plutôt un remerciement du pays de Gex , adressé
à ce monarque , et dans l'intérieur de mon amc
j'ai béni le bien que ce souverain a fait, ainsi
que ceux qui lui ont donné d'aussi bons conseils.
Le. parlement aurait dû applaudir aux édits de
son souverain , au lieu de lui faire des remon
trances ridicules. Mais le parlement est com
posé d'hommes, et la fragilité des vertus humaines
se cache moins dans les délibérations des grands
corps , que dans les résolutions prises entre peu
de personnes.
Lettre de Frédéric II, roi db Prvssm , à Vol
taire , du 20 avril 1776.

Il en est des jacobins comme des passagers qui


se trouvent prêts à périr dans une violente tempête ,
font des vceux à tous les saints , et embrassent tous
les gens de l'équipage du navire ; c'est ce dont
on a vu un exemple dans la séance baiseuse du
samedi 7 juillet; la nouvelle positive de la marche
des prussiens et de toutes les autres troupes de
'Morne IV. Année 173s. ^ | N
( 9» )
l'Europe ; et les adresses de tous les corps du
royaume et de tous les régimens de nos armées qui
demandent la punition des crimes du 20 juin ,
ont 'rendu les jacobins extrêmement souples et
tendres; il paroît même qu'ils vont abandonnera
la sévérité de la justice leurs ceriphées Pet... et
Manu.., et qu'ils leur laisseront faire le petit
voyage du tombereau; triste exemple de l'ingrati
tude des grands! coquins ) qui sacrifient les hommes
qui les ont le plus fidellement servis.

Il y a apparence que l'assemblée ne tardera pas


a déclarer que, d'accord avec les jacobins, elle a
mis la nation en danger. — Jamais elle n'aura dit
rien de plus vrai.

Nous soupçonnons qu'il y a une erreur dam


la nouvelle proclamation jaune du sieur P ,
affichée à tous les coins des rues et destinée à
calmer l'esprit du peuple: on y lit en très-gros
caractères qu'il a été chassé de sa place et qu'il
ne doit être vengé que parla loi; nous croyons
qu'au moc vingt il faut subsistuer le mot branché.

Nous avions plusieurs articles qui tournoient ea


ridicule la très-ùfftctueuse séance du samedi 7
juillet; mais nous avons absolument refusé de les
insérer, parce que nous avons été effrayés de la
motion du sieur Ru... qui a menace de son in-
jdignatioa tous ies journalistes qui se permettroient
de tourner ladite séance en ridicule: nous avons
craint aussi que certain journal du soir ne nous
(99)
accusât d'avoit l'ame disichie : nous avons pensé
que c'étoit bien assez d'avoir la bourse déséchée
par les opérations des baisturs.

Chanson sur la séance du samedi 7 juillet 179s.

Air connu.
Enfin nos maux sont finis ,
Nos députés réunis
Ont écouté l'amourette ,
Turlurette ,
Turlurette , ma tanturlurette. t v

Messieurs , disait ce prélat ,


Finissez votre sabbat ,
Laissez parler l'amourette ,
Turlurette , etc.
Que dans le danger commun ,
Les deux partis ne soient qu'un',
C'est' le vœu de l'amourette ,
Turlurette , etc.
Aussi-tôt un doux transport ,
Met tous ces messieurs d'accord ,
A la voix de l'amourette , ,
• Turlurette , etc.
Plus de cris, plus de combats,
Ils ont tous ouvert les bras ,
Pour embrasser l'amourette ,
Turlurette , etc.
Les farouches jacobins ,
Sont devenus tout bénins , '. .
En cédant à l'amourette »...
Turlurette , etc. ...
( ioo )
Pour célébrer ce grand jour ,
Amis , oublions l'amour,
Ne pensons qu'à l'amourette ,
Turlurette , etc.
Ce doux raccommodement ,
Las ! n'a duré qu'un moment,
Aussi court que l'amourette ,
.' Turlurette , etc.

L'illustre Dant... est véritablement furieux d'avoir"


été oublié dans la chasse qu'on vient de donner
à ses dignes amis et coopérateurs Pet... et Manu.. ;
il se regarde comme deshonoré par ce mépris ou
trageant; on prétend que dans son désespoir il
va partir pour aller relever Saint-Huru... qui doit
être pendu à Péronne : Dant... qui est précisément
de la même épaisseur et de la même tournure,
espère, à la faveur de cette ressemblance, se faire
passer pour Saint-Huru.. dans quelque lieu où l'on
ignore le dénouement de ce dernier, et qu'il pourra
mourir debout ainsi que doivent finir tous les
grands hommes.

On dit que le Roi , pour remplacer ses six mi


nistres qui viennent de donner leur démission en
gros , va nommer.
Messieurs
Camille du moulin , ministre des affaires étrangères.
Le marquis de Villette , .... de l'intérieur.
Collot d'Herbois ......... de la troupe.
Samson, de la justice.
Legendre , des contributions.
Shlery, de la marine.
(101 )

II en est à-pcu-près des journaux comme des


assignats, tout le mo»de se mêle d'en fabriquer:
Bcti-Feuillant se plaint amèrement d'un certain cor
saire qui lui ravit le fruit de ses travaux, en con
trefaisant si parfaitement son journal que les plus
fins y sont attrapés; pour rendre l'illusion corn-
plette et la fraude impossible à découvrir, le sy-
cophante va jusqu'à imiter tous les mensonges et
toutes les platitudes dont la feuille Bêti est ordi
nairement farcie. '

Le bruit se répandait hier que les Féronnais


avaient placé et garotté le bon -homme Saint-
Huru sur une charrette, et qu'ils l'avaient
envoyé à l'armée du général la Fayette; que le
lendemain on avait tenu un conseil de guerre,
qui l'avait condamné à être suspendu , ce qui avait
été exécuté le 7 , à quatre heures après-midi.

AVIS.
Le sieur Feyd... , ci-devant journaliste , vient
de louer une des boutiques qu'on construit au
teur du cirque du Palais-Royal; il va s'y établir
écrivain public. Les personnes qui auront con
fiance en lui, seront très-bien servies et à juste
prix: il traite la partie du placet, des pétitions,
adresses , etc. etc. dans le dernier goût.

Les jacobins en poursuivant à outrance le bra-


Uur de maisons Jarri, prouvent bien qu'ils com
( io? )
mencent à être saisis d'une frayeur salutaîre , car
on ne les soupçonnera sûrement pas de blâmer
cette brûlure , s'ils n'en craignoient pas les suites;
^u reste, c'est toujours beaucoup pour 1} tran
quillité publique , que leur frayeuf amène une es
pèce de repentir Iniiium sapientiœ timor peH.buli.

Dans la séance de dimanche, l'assemblée a dit


qu'elle s'étoit toujours conduite avec humanité

Copie de la lettre écrite le premier juillet 179a , au


président de l'assemblée.
M. le président,
J'arrive de Berlin; la minute du manifeste des
souverains coalisés, pour rétablir l'ordre en France,
a été présentée à la révision du roi de Prusse :
ce monarque y a ajouté de sa main, que si en
avait i'audace d'attenter à la vie de Louis XVI, il
ferait égorger tous les habitons de Taris , et réduire
la ville en cendres.
Je vous prie, monsieur le président, de com
muniquer l'avis que j'ai l'honneur de vous donner
à l'assemblée, et afin que cet avis demeure pour
constant, je viens d'en déposer un duplicata chez
un officier public.

On lit dans des journaux anglais, que les frères


du club de Manchester , en apprenant les horreurs
commises au château des -Tuileries , le 20 juin ,
ont renvoyé aux jacoauins de Paris leurs lettres
d'affiliation , et leur ont mandé qu'ils les leur
renvoyaient, pour n'être pas confondu ayjec des
monstres.
( *'•« )

De par le sénat Français


On avertit que la galère,
Pour diminuer d'autant les frais
Est réunie au ministère.

Lès amis de monsieur de Villette ont efe


toutes les peines du monde à l'empêcher de suivre
le conseil que M. Girar..., président de l'as
semblée , lui envoya par écrit , à la suite de la
j ournée-Lamourette ; il était conçu en ces terme? :
— Pends-toi, brave marquis, nous nous sommes
embrassés , et tu nxy étais pas !

M. Salad. . . est venu apporter à Amiens et


faire afficher une adresse présentée à l'assemblée;
nationale contre le directoire du département de
la Somme , qu'il n'a pu parvenir à lire à la tri
bune. Cette adresse , sortie d'un cerveau jacobin,
aussi platement écrite que remplie d'inculpation»
calomnieuses , sort des presses du Cercle social ,
dirigées par trois fort honnêtes gens Bissot, Cla-
. Vi. !• ere , Rolland - le furieux. On lit au bas de
cette adresse mort - née , ces mots : suivent sept cent
signatures ; c'est un mensonge grossier ; la plus
grande partie de ces signatures sont des croix,
et plus d'un signataire en a fait une de chaque
main , ce qui a fait dire à un plaisant, que c'était
plutôt le plan d'un cimetière qu'une pétition.
Article envoyé et recommandé par la société du
"«'mu <f» roi , de fofdh'et dès loin.
( io4 )

Extrait d'une lettre de Quiêvrain , datée du 8 juillet.


— Si votre assemblée nationale nous tient parole ,
il en coûtera à la nation française, pour payer le»
résultats de la mauvaise humeur de M. Jarry ,
six millions -huit cents trente-quatre mille livres.

On assure que le roi voyant qu'il lui est im


possible de garder des ministres honnêtes gens ,
et n'eH voulant pas de jacobins, est déterminé à
n'en point prendre du tout , et de remettre toutes
les affaires à la providence du hasard.

Les amateurs ont vraisemblablement saisi une


vérité bien précieuse prononcée par Monsieur
Verniaux , le 3 juillet, à la tribune de l'assemblée
national». — Après avoir engagé ses collègues à
mourir comme des Spartiates , il leur dit mot pour
mot :
» Messieurs , si la douleur de n'avoir pu rendre
»> votre patrie heureuse , vorçs conduit a la mort,
jj vous emporterez du moins la consolation que
>> votre mort aura sauvé la patrie , et délivré pour
>> jamais le peuple français de ses oppresseurs.

On a affiché hier à tous les coins des rues l'avis


suivant :
100 LOUIS
Pour celui qui indiquera un honnête homme
qui ait gagné à la révolution.

Se l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


tit rue neuve Saint-Marc , JV*. 7 , eu coin de U rue Favart , place de Ut
i emntédie Italienne, Le pria dt Vabonnement est pour un mois , dt 3 lïv. fout
Paris, et de 2 lit. îi uli pour la pfmince ,/rar.c deport. '.. »
" • **' À^sH^ Révolte des franqaif
* ,• 14 Juillet.
Samedi -ii ïT*
^J^"*1k Le ix*.'juillet 1789.

VIVE LE KOI,

JOURNAL :
BE LA COUR ET DE LA VILLE, j
Tout faiseur de Journal doit ..tribut au malin,
làFontainï»

. Le peuple ( nous entendons ici le vulgaire, li!


tourbe et lie populaire, gens sous quelques cou-'
verts que ce soit, de basse servile et mécanique
condition) est une bête étrange à plusieurs têtes,
et qui ne se peut bien décrire en peu de mots ,
inconstante et variable, sans- arrest non plus que"
les vagues de la mer, il s'émeut, il s'appaise, il-
aprouve et reprouve en un instant même chose,
il n'y a rien de plus aisé de le pousser en telle'
action que l'on veut, il n'aime la guerre pour sa
fin, ni la paix pour le repos, si non en tant que
de l'un' à l'autre, il y a toujeurs du changemeiit.
La confusion lui fait désirer l'ordre, et quand il-
y est lui desplaist. Il court toujours- d'un contraire
à l'autre, de tous tems: le- seul futur lerepaist,
hi vulgi mores , odissc prœsentia , ventura capere,'
prœterita celebrare. .
Envieux et malicieux, ennemi des gens de bien,
contempteur de vertus, regardant de mauvais céil'
le bonheur d'autrui, favorisant le plus foible el
le plus méchant, et voulant mal aux gens d'hon-'
neur sans savoir pourquoi, sinon pour cc: çjuc*
îomtjy. Année 179*. O
( io6)
sont gens d'honneur, et que l'on en parle fort
en bien.
Pierre-Charron, chap. 48 du premier livre de
la sagesse , page 2o3 et 204, édit. de Leyde , i656.

Une troupe assez considérable d'hommes est


arrivée jeudi à Paris, par le coche d'Auxerre; ils
ont commis beaucoup d'excès dans la route, ils
ont maltraité les mariniers et ont refusé de payer
le taux ordinaire des places qui est de 7 liv. et
ils l'ont réduit à 4 liv. Par-tout où ils ont passé
ils ont forcé tout le monde à crier vivent les
sans-culottes; les magistrats de Melun ont donné
ordre au coche de passer sans s'arrêter: mais cette
précaution n'a pas empêché les voyageurs de com
mettre plusieurs violences et même de casser le
bras à un spectateur qui ne crioit pas vive la nation
assez fort à leur gré: nous sommes persuadés que
MM. les fédérés vont faire des recherches exactes
pour faire punir des gens qui arrivant dans les
circonstances actuelles, pourroient se faire passer
aussi pour fédérés , et faire rcjetter sur ces citoyens
tout l'odieux de leur conduite.

La somnambule Labrousse assise sur le baquet


de la duchesse de Bour ... a prédit hier que
dans le courant du prochain mois de septembre,
l'assemblée présidée par M. Gensonnet sera dis
soute, et qu'on ne verra à Paris des membres qui
la composent aujourd'hui que ceux que le peu
ple , revenu de ses erreurs , s'empressera de ra
mener des villes voisines où ils se seront refugiés
pour les mettre entre les mains de la justice , qui
enfin les traitera comme ils l'auront mérité.
Cet. oracle est plus sûr qne celui de Calcas.
1
(107 )

AUX RÉDACTEURS.

En lisant , Messieurs , le grand discours de P.


Brissot, et en tombant sur les exclamations Périsse
Paris . que nos propriétés s' engloutissent etc. je me
suis souvenu , en riant , d'un mot d'un de mes an
ciens camarades qui , lors des campagnes d'Ha
novre , étant jeune , léger et libertin , fut vivement
sémoncé par un vieil officier qui faisoit quelque
fois le grondeur. Le jeune homme ne répondit à
Ses exhordes que par une apologie de la débau
che ; comme il se servoit d'expressions très-éner
giques , lardées de jurons , le mentor s'écria : s> Ah
j> malheureux ta maison périra*' ! Je m'en f . . .
répliqua sur-le-champ mon étourdi , je n'ai qu'une
tente.
Un vieux militaire.

_, Le Sr. Bis-sot a fait l'autre jour un discours


qui n'est qu'une platte et ennuyeuse répétition
de tout ce qu'ont débité depuis quinze jours les
Thur... , les Ver-nigaud et les Torn.. Le seul trait
un peu neuf du Sr. Bis-sot est d'avoir dit qu'il
valait mieux Paris en cendres , ses habitans égor
gés , ses femmes et ses filles violées et ses enfans
écrasés , que de se soumettre à des houllands !
Cette morale n'a nullement été du goût des au
diteurs , pas même des galeries soldées; et plu
sieurs d'entr'eux ont dit au Sr. Bis-sot : frère ,
to.t ce que vous dites est excellent pour nos co
lonies , parce que ni vous, ni nous n'y sommes
et n'avons envie d'y aller ; mais pour ici nous
sommes vos très-humbles serviteurs; les hollan
( 10$)
dais, les liégeois, les génevois, les habitans de
la Belgique , etc. , disoient autre fois comme
vous ; (i) mais ils sont bien revenus de leur erreur,
ils se trouvent à présent fort bien de s'être sou
mis à leurs véritables souverains , au lieu de se
faire rosser; ils jouissent tranquillement des avan
tages d'un gouvernement doux et modéré , tel
qu'etait celui de la France il y a trois ans. Trou
vez bon , s'il vous plaît , frère Bis-sot , que nous
imitions cet exemple , et que nous retrouvions
le bonheur que vous nous avez fait perdre , au
Ijeu d'aller nous faire étriller pour empêcher les
jacobins d'être pendus; oh parbleu , nous ne se
rons pas si dupes.

Les jacobins sont consternés du décret qui dé


clare la patrie en danger. Voilà donc ce ressort
Sur lequel ils comptaient tant , qui joue sans
succès , et nous laisse à-peu-près immobiles i Ils
ont été dupe.s encore cette fois-ci de la tactique
adroite des feuillans , qui ont eu l'art, en pxo-

fi) Demander, frère Bk-sat , demander à notre ami Clavier...,


maître juré en révolution ; il vous dira à quel point de frénésie
fl était, parvenu à monter les tetes à Geneve , la veille même de
la reddition de cette ville ( le 2 juillet 1782 ) il avoit fait comme
vous de grands et suporbes discours ; il avait plus fait, par ses ordres
les fortifications étaient hérissées de canons et de champions , dé
terminés, comme vous et vos jacobins, à s'enterrer sous les ruines
de Tétat ; tout était disposé pour embraser la ville et la faire sauter
daus le cas où la résistance préparée serait malheureuse
Qu'arriva-t-il cependant ?-- Votre ami Clavier... eut peur (rare
ment les scélerats ont un véritable courage) il abandonna behe-
tntnt ses compatriotes pendant la nuit , et le lendemain matin les
troupes qui bloquoient la ville y entrèrent le plus paisiblement du
monde; pas un seul coup de fusil ne fut tiré contr'elles ; il n'y
eut, de part et d'autre, pas la plus légère égratignure , et tout
J.'affreux carnage qui devoit avoir lieu plutôt que de se rendre,
se réduisit à quelques fusils et quelque» baiils de poudre jettes
dans le Rhône par les jacobins genevois.
( ïo9 )
vaquant eux-mêmes le décret , d'en atténuer
l'effet, ou plutôt de le rendre nul, par les mo
difications dont ils sont environné*. De tels corps
.ne doivent' être portés qu'à bout portant , et
lorsqu'on est sûr d'une pleine réussite. La foudre
aurait dû partir avec l'éclair. Les jacobins l'ont
bien senti, et gémissent sur la facilité avec laquelle
ils ont donné dans le piège. Voici quelle aurait
.dû être la marche ; il fallait faire demander ce
décret, par la nation sans-culottes, dans un mo
ment de la plus violente effervescence. Il fallait
.sur-tout le revêtir de ces formes effrayantes et de
.cet appareil nombreux et terrible qui électrise
si bien la multitude ; alors, n'en doutez pas, ces
mots lugubres , la patrie est en danger, auraient
été le signal de ce supplément de révolution ,
invoqué avec tant d'ardeur par le loup Danton.
Mais le coup est manqué.

Extrait d'une lettre de Strasbourg. — Nous avons


été voir le camp de Plocem , à deux lieues de
Strasbourg : on nous a dit que tous les jours il
désertait des soldats ; ils passent le Rhin, les uns
à la nage, les autres différemment. Lorsque les
princes veulent avoir des soldats de notre armée
qui leur conviennent particulièrement , ils leur
font dire tout uniment de venir les joindre , et
que ceux-ci s'y rendent incontinent. Hier encore ,
rà cinq heures du soir, il en est parti dix : toute
la France passe en Allemagne , en attendant que
toute l'Allemagne vienne en France.
WSBB

Entrait d'une lettre de Coblentz. — Le duc de


Brunsmich parait dans les meilleures dispositions
(no)
pour seconder nos desirs sur le rétablissement
du bon ordre en France. Les troupes et l'artillerie
arrivent journellement. Les Français évacuent Co-
blentz, et il n'y a que les infirmes et les prêtres
qui peuvent rester ici , en prenant une permission
du gouverneur. L'électeur est parti avant-hier
pour se rendre à Francfort : l'électeur de Cologne
est parti avec lui. — On ne voit par tout que des
officiers-généraux ; les princes français ont une
cour on ne peut plus brillante. — Le duc de
Brunswick , que je viens de voir passer avec
Monsieur, va dîner aujourd'hui avec les princes.
— Le roi de Prusse arrive décidément le i5, avec
deux de ses fils. — Le manifeste va paraître inces
samment ; les scélérats doivent trembler , d'après
les dispositions qui se font de toutes parts. — Le
prince de Nassau est arrivé cette nuit ; il a an
noncé que dix-huk mille Russes arriveraient in
cessamment. — Tous les prêtres français réfugiés
dans cette ville diront une messe, le 14 juillet,
pour le roi et la famille royale. — Votre auguste
assemblée a décrété des indemnités pour les in
cendiés de Courtrai , mais le gouvernement a fait
défense aux. habitans d'en recevoir aucunes.

Théâtre de Monsieur.
On donne depuis quelques jours à ce théatre ,
avec le plus grand succès, une charmante pièce
intitulée les Visitandines , paroles de M. Picard ,
musique de M. de Vienne. L'esprit dans ce drame
le dispute à la gaieté , et l'auteur , sans doute
excellent royaliste, a eu le bon esprit de purger
sa fable de toute espèce de venin démagogique.
La partie musicale y est traitée avec infiniment
de légereté et de goût , et fait le plus grand hon
neur au talent de M. de Vienne, jeune compo
siteur très- distingué.
( •III )

Les ministres se voyant dans l'impossibilité de


faire le bien , viennent de donner tous six leur
démission; mais en se retirant, ils ont rendu le
compte le plus satisfaisant de l'état de nos affaires;
celui de la justice a dit que sans les jacobins, qui
entravent et menacent les tribunaux , qui empri
sonnent et exécutent les citoyens, en retranchant
environ les deux tiers des nouvelles loix , la
justice pourrait marcher passablement. Celui de
la marine a dit que nous avions des coques de
vaisseaux à flot, et que si nous avions des offi
ciers , des matelots , de l'argent et de la disci
pline , son département pourrait voguer. Celui
de la guerre a dit que lorsque tous les régimens
seraient complettés , en enlevant les cultivateurs
et les ouvriers à leurs travaux , on pourrait battre
les esclaves enrégimentés qui nous harcèlent. Le
ministre des finances a dit que le déficit de chaque
mois n'étoit tout au plus que de vingt millions ,
sans compter trente-trois millions de dépenses
extraordinaires. Celui des affaires étrangères a dit
que nous n'avions pas d'autres ennemis en Europe
que la Russie, tout l'empire d'Allemagne, l'em
pereur, îe roi de Prusse, le roi de Sardaigne ,
le roi de Naples , l'Italie , Venise , la Hollande
et les Suisses , et que l'Espagne et l'Angleterre
étaient fort douteuses ; mais il a dit que nous
avions pour amis intimes la ville de Gènes , celle
de Mulhausen , nos voisins de l'Amérique Sep
tentrionale, la ville de Bile , la république de
Raguse , Typpo-Saïb , et le royaume d'Yvetot. On
espère que cette nouvelle officielle va faira baisser
considérablement le prix de l'argent.

Les gens qui proposent d'envoyer de nouveaux


bataillons à la frontière ne savent pas, sans doute,
(II9)
que les Autrichiens sont décidés à traiter avec
la plus grande sévérité tous les hommes qui ne
seront pas enrégimentés en troupes de ligne. Ôr*
a beau nous débiter de grands mots, comme
vingt millions de bras, la nation se lève toute
entière ^.e'fc. , il n'en est pas moins vrai que le
droit des gens, '-et les loix de la guerre, ne per
mettent qu'aux seules troupes de ligne de com
mettre des hostilités : tout habitant, bourgeois
ou paysan, trouvé les armes à la main, est dans
le cas de voir ses possessions ravagées et incen
diées ; il ne doit se mêler en rien d'une querelle
qui lui est étrangère : s'il prend les armes , il se
déclare l'ennemi de la puissance en guerre avec
la sienne, et il ne doit pas être étonné d'être
traité en ennemi ; au-lieu que s'il reste tjanquille
dans ses foyers , sa maison et ses propriétés, sont
assurées et respectées par les troupes ennemies.
Les jacobins répètent sans cesse qu'il faut que
la nation se lève toute entière ; mais c'est pour
soutenir leur cause , qui est bien séparée et même
opposée à la cause commune de l'état : d'ailleurs,
si noire nation se levait toute entière, qui em
pêcherait toutes les autres nations de l'Europe ,
que nous avons outragés, provoqués et attaqués,
à se lever aussi toutes entières , et de venir fondr»-
sur nous. Concluons donc qu'il n'appartient qu'aux
seules troupes de ligne de s'armer , et de faire
la guerre, et que tout peuple qui en agit autre
ment, s'expose aux plus grands malheurs, et n'a
aucunement le droit de s'en plaindre.

Se l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Sureau


lit rue neuve Saint-Marc , JV. 7 , au. coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix de 'Cabonnement est pour un mois , de 3 liv. pour
taris, et de i liv, iS sohpour la province , franc depart.
N"' l5. JiSS&À. Grande émeute à Ro-
fcimanche i5 Juillet. '*** •*» e*^**'

JOURNAL
-PE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur dt Journal doit tribut au malin.
la Fontaine.

^ dtà moderatio tucndœ libertatis , dum ccquari vellt


simulando ita se quisque extollil . ut depiimat alium,
in difficili est ; cavendoquc ne metuant , homines
metuendos ultrè se tfficiuht ; tt injuriam à nobis
repulsam, tanquam aut facere nul pati necesce sit ,
impingimus aliis.
TlTE-LiVE , lib. 111. n°. 65.
Tant il est difficile de tenir le milieu dans le
maintien de la liberté , lorsque feignant d'établir
Tégalité , chacun travaille à s'élever de manière
à abaisser les- autres ; que prenant des mesures
pour n'avoir rien à craindre , on ne néglige rien
pour se faire craindre soi même , et qu'en re
poussant l'injustice , on se rend injuste envers*
autrui , comme si c'était une nécessité de com
mettre l'injustice ou de l'éprouver.

Parmi les traits de la plus grande impudence


dont fourmille le discours du sieur Brissot , on
admire l'audace extrême avec laquelle il avance
que c'est la cour qui a entrepris la guerre , lors
qu'elle a été forcée de la déclarer par ses clamçut»
tomdV. Année 179s. " ' . P
(«4.)
et celles de ses adhérens : l'on admire avec quel
art perfide il présente les mouvemens et les ar
méniens des puissances étrangères dirigés contre
nous; le même Brissot qui, quelques mois avant,
dans un très-long rapport sur l'état de toutes les
puissances , avançait avec arrogance , pour enga
ger les malheureux Français à une guérie cruelle
et désastreuse, que les arméniens et les mouve
mens des étrangers étaient illusoires, leurs forces
impuissantes, leurs moyens nuls, leur réunion
impossible , etc. etc. On ne peut mettre plus de
contradiction et d'impudeur dans deux discours
prononcés à très-peu de distance l'un de l'autre...

Grande plainte terminée à Vamiable par la sagesse


du plus illustre des présidens.
La SCÈNE EST au Manège.
Le commandant de la garde nationale , avec deux
gendarmes, entrent précipitamment et fort courroucés.
TOUS LES TROIS.
Monsieur le président !.. vous saurez qu'à l'instant..
Le Président.
Tout doux ! l'un après l'autre, expliquez votre affaire :
De quoi Vous plaignez vous ? Hein?
-Le Commandant.
Dans mon ministère ,
Un monsieur est venu , d'un air impertinent ,
Me saisir au collet.
Le Président.
Dans quelle conjoncture ?
Le Command an t.
Par votre ordre, là-haut, monsieur le président ,
Je faisais arrêter un insigne brigand. ,

\
(Il*)
Le PrÉsident. *r
Chut ! Eh bien ! qu'a-t-on fait ?
Tous trois, et M. Beauvais , député, qui survient ,
tout boursouflé de colère.
On m'a dit des injures.
M. Beauvais.
Outre un grand coup de pied que j'ai reçu plus
qu'eux,
Et dans le ventre encore !...
Le PrÉsident , le côté gauche tt les tribunes , avec
un cri et des gestes d'indignation.
Dans le ventre !...
Le Commandant.
Eh ! messieurs !
N'en croyez pas un mot , c'est pure médisance.
Allons , monsieur Beauvais , dites la vérité ,
Ne suis-je pas prudent ?
M. Beauvais.
Oh ! oui, belle prudence !
Si je ne m'étais pas promptement retourné ,
Où l'avais-je ? Hein ?...
Le PrÉsident.
Suffit. Que l'on fasse silence»
L'assemblée applaudit à cet aveu loyal :
On n'a point compromis l'honneur national,
fiecevez tous ici celui de la séance.

Nos médecins du manège ont enfin découvert


le diagnostique de notre santé politique : ils ont
(u6)
déclaré qu'elle était en danger ; maii contens de
cette découverte ils ont dédaigné d'en rechercher la:
cause: au moins faudrait-il à pré se "attacher de connaî
tre le pronostic , c'est-à-dire à quoi aboutira ce
danger, et comment nous nous en tirerons ; l'assem
blée a déjà proposé à la nation un assez bon
moyen , c'est celui de se lever toute entière : mais
un malade qui se lève mal-à-propos , court grand
risque de voir augmenter son mal ; et dans la
fièvre chaude qui nous travaille , nous pourrions
bien nous jetter par la fenêtre; ainsi notre avis
serait, qu'au lieu de nous lever, nous restassions
tranquillement dans notre lit , à attendre les mé
decins allemands qui sont sur le point d'arriver :
il faut espérer qu'ils nous mettront à un régime
doux et rafraîchissant , et que nous en serons
quittes pour quelques petites saignées et quelques
evacuations ; et même que malgré notre gangrène
pous sauverons toutes les parties de notre indi
vidu cac.ochime.

, Dans une carte géographique de l'Europe ,


publiée en Angleterre, le royaume de France est
resté .en blanc, et on y lit en grosses lettres:
Ici étoit le Royaume de France.

Peu de personnes savent que M. de Nar-


BONnelinote est arrivé à Paris le 8 de ce mois
à trois heures du matin , avec MM. de Traci ,
de Crillon, et un autre patriote dont on ignore
le nom. i— Il est descendu chez madame de Sta..
et quoiqu'on lui ait dit que cette dame ,était
entre les bras de Morpkée , l'ardeur de l'embras
ser lui a fait traverser la cour avec une précipi-
( "7 )
tation qui n'a pas permis à Me'dor dogue de forte
r.ice de le reconnaître , il s'est jetté sur lui et
lui a mordu les jambes si fortement, qu'il en est
très-blessé et forcé de garder le lit , situation bien
cruelle pour un héros de la révolution et de la
constitution , sur-tout la veille d'une fédération.

Regrets d'un damoiseau né sous la Régence.


. Air : Avec les jeux dans le village.
Auprès d'une grace nouvelle ,
L'âge s'oublie , et l'on renaît ;
Mais brên-tôt le miroir fidèle
Rappelle au barbon ce qu'il est.
Aussi , quand je vois Henriette ,
Au teint frais comme rose et lait,
Je dis-: elle est belle et jeunette ,
Eh! Pourquoi suis-je vieil et laid?

On dit que l'aimable Targinette s'étant fait dire


sa bonne avanture , on lui a prédit qu'elle mour-
-roit bientôt d'indigestion d'une entrée de roitelets ,
pour nous servir des charmans diminutifs de M.
Bis-sot. , :.*--.

On assure que les amis du bon goût et des


bonnes mœurs se plaignant de la multiplication
excessive des spectacles à Paris , on leur a annoncé
h destruction prochaine d'un de ces théâtres , établi
depuis environ trois ans dans un manège, et qui
(n8)
est, sans contredit, le moins poli et le plus im
moral de tous.

Le jour ou rassemblée nationale prit la sage pré


caution de nous faire comprendre qu'enfin les
malheureux français étaient plongés dans le pré
cipice , les aboyeurs du journal du soir hurlaient
aux oreilles des citoyens. — Voici ce grand décret,
rendu tout- à- ïheure , parles représentons du peuple ,
qui ont mis la nation en danger.
t,^» Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est
aimable.

On prétend que le roi a mandé à l'assemblée


qu'il ne prendrait plus de ministres , attendu, a-t-il
dit , qu'il ne roulait plus de,coquins , et qu'aucun
honnête-homme ne voulait plus du ministère.

Une dame du palais-royal nous a témoigné son


étonnement de ce qu'elle voyait à chaque instant
que les hommes ne levaient que leurs épaules r
au lieu de se lever TOUS- ENTIERS , comme
ils devaient le faire . quand une assemblée na
tionale avait décrété qu'une nation était en danger.

Celui qui déteste la Tevolution bien cordiale


ment, est plus au courant des affaires que tout,
autre, car déjà ceui qui aiment et s'efforcent dé
faire marcher c« qu'on a appelé une constitution,
sont réputés aristocrates.
( »J)

La réunion des députés jacobins et feuillans.


Air : Le cœur de mon Annette.
Tes amans Targinette
Allaient s'entr'écraser :
Mais soudain l'amourette
Les invite au baiser ;
Eh ! mais oui- da
Comment peut-on trouver du mal à ça.
Un député.
Las! notre affaire est faite!
Et pour nous consoler,
Messieurs, à Lamourette
Laissons-nous tous aller ;
Eh ! mais oui-da
J'opine moi , pour qu'on décrète ça.
Le président , en levant la séance.
Si motion indistrete
Pouvait nous diviser ,
Soudain que Lamourette
Nous invite au baiser;
Eh ! mais, oui -da
Et que chacun répète ça -ira.
Par M. Maurage.

Nous ne serons point étonnés que l'assemblée


«n vertu de la liberté ne porte uji décret contre
( *«• )
les journalistes qui auront le malheur de se mo
quer de ses sublimes opérations : mais elle aura
beau vouloir empêcher nos plumes et nos bou
ches de s'exprimer librement sur son compte,
nous pouvons assurer qu'elle n'y perdra rien , et
à la dernière extrémité , nous imiterions Boileau
qui dit dans ses satyres :
J'irai creuser la terre , et comme ce barbier
Faire dire aux roseaux par un nouvel organe
Midas , les rois Midas ont des oreilles d'âne.

Les nouveaux ministres siflés , hués , bafoués


par l'assemblée et les tribunes , n'avaient pas d'au
tre parti à prendre que celui de donner leur dé
mission. M. de Joli, ancien, secrétaire de la com
mune , s'est couvert de gloire par le courage avec
lequel il a dévoué à l'exécration publique les
clubs et sociétés populaires, qui sont la cause de
tous nos maux.

Errata du JV°. d'hier.


Page 107 , deuxiême article , lig. 6 , valait mieux
Paris , lisez : valait mieux voir Paris.
Page 108, ligne première de la note , demander,
frère Bis-sot , demander à notre ami Clavi... , lisez :
demandez , frère Bis-sot , demandez à votre ami
Clavi.... Page 109 , ligne 3 . dont ils sont envi
ronnés. De tels corps , lisez : dont ils l'ont environné.
De tels coups. — Ligne i3 , même page, nombreux ,
Usez : imposant. — Ligne 17, même page, par le
loup Danton , lisez : par le doux Danton.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


est aie neuve Saint-Marc , jY?. 7 , an coin de la rue Favart , place de la
eomidie Italienne. Le pria de V abonnement est pour un moit , de 3 liv. pout
Paris, et de S liv. i5 sols pour la provinte, franc de peri.
' A»*»??À Décret gui suspend U
t ■• < i -n . faïtr r°i de ses fonctions.
Lundi 16 Juillat. J\*j\

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE,

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


la Fontaine.

Si l'esprit de parti pouvoit être calme un mo


ment, si cette passion tyrannique et ténébreuse
pouvoit laisser quelqu'accès dans l'aiee aux lumières
de la raison, je conjurerois cet auteur ( le sieur
Condor... ) et ses semblables, de se représenter à
eux-mêmes ce que c'est que de mettre continuel
lement sur le papier des invectives contre ceux
qui sont préposés de Dieu pour conserver le peu
qui reste de paix sur la terre , ce que c'est que
de Se rendre tous les jours criminel de lèze-ma-
jesté par des libelles méprisés, et d'être à la fois
calomniateur et ennuyeux, je lui demanderais avec
quelle chaleur il condamneroit, dans d'autres tems,
ce malheureux et inutile dessein de troubler l'Etat
que le roi gouverne avec sagesse, il verroit dans
quel excès d'avilissement et d'horreur une telle
conduite est auprès de tous les honnêtes gens.
Voltaire, Tome 49 page 92.

M. Boutid... qui a quitté l'armée du Nord , est


venu se plaindre à l'assemblée d'avoir été mal
traité par M. de la Tour-Maubourg , pour avoir re
fusé de signer une pétition sollicitée par M. de
TometV. Année 179». Q, '
( "« )
la Fayette. On sait de très-bonne part i*ue ce n'est
pas là la cause de sa désertion; mais la manier*
dont il s'est conduit dans une rixe avec difFérens
officiers dans un lieu public . et après laquelle
il ne pouvait plus décemment lester à l'armée.

Tandis que les scélérats visitaient l'asile du


premier des Bourbons et menaçaient sa vie, le
même jour à la même heure , un pheenomène
annonçait à la seconde branche , appellés éven
tuellement au trône de France, l'attentat commis
sur le chef de cette maison auguste. Le îojuin,
au milieu d'un jour serein , s'est formé à Aran-
juez, séjour ordinaire du roi d'Espagne, un ou
ragan qui a enveloppé le palais , et un coup de
tonnerre , non descendu du ciel, car le ciel paraît
avoir abandonné les hommes à leur fureur ; mais
sorti de la partie la plus immonde du sein de
la terre , a éclaté , brisé des vitres et des portes
et blessé quelques personnes. Le roi a été forte
ment ému en comparant, quelques jours après,
ce présage avec les horreurs commises en France.

AUX RÉDACTEURS.

Rien n'est si juste ni si sensé , Messieurs , que


vos réflexions sur la journée des embrassades , ou
plutôt sur la journée des dupes , et l'événement
a parfaitement justifié votre prédiction à cet égard;
mais il me semble qu'il n'est pas dû précisément
à la cause à laquelle vous l'atribuez ; je pense que
dans cette occasion , awsi que dans toutes les
autres , les feuillans se sont montrés beaucoup plus
bêtes que méchans ; ils ont été comsletrement
mis dedans par laurs antagonistes les jacobins :
( i«3 )
ceux-ci voyant l'orage prêt à fondre de tous côtés,
cl ne voulant pas y rester seuls exposés , ont ima
giné cette farce ridicule , pour faire participer leurs
malheureux collègues à toutes les nouvelles sot
tises qu'ils se proposent d'exécuter; ils avaient
besoin d'eux pour faire passer un décret d'accu
sation contre M. "de Lafayette , et un décret d'in
nocence pour le sieur Peth. ; ils en avoient be
soin pour faire renvoyer les ministres et casser
le -département , pour faire chéclarer la patrie en
danger , et enfin pour faire naître la guerre civile ,
seule ressource qui leur, reste : ils savent que plus
il y a de. coupables et moins il y en a de punis ;
t'est pourquoi ils ont tendu les bras aux feuillans
pour les enlacer avec eux dans le châtiment qui
se prépare , et ceux - ci ont donné là dedans
comme des nigauds , qui sans avoir eu précisé
ment l'intention de faire le mal se trouveront
compris dans la punition le jour du jugement der
nier pour ne l'avoir pas empêché.

RÉP6NSE à Dondon-Julot sur ses Espiègleries (1).


Air : La bonne avanture au gué.
Vainement Dondon-Julot
Tu te dis espiègle ,
Il faut joindre au ton fallot.
Les serres de l'Aigle.
Chantes les tendres amour»,
Là tu trouveras toujours
La bonne avanture au gué ,
La bonne avanture.

( t ) Les Espiègleries de Don- don julot , «e trouvent chei


C-uiey , Libraire au Palais - royal , Nc. 14.
( «4 )
L'épi gramme tient son feu
D'une bile noire ,
Et le fiel distile peu
Dans ton écritoire.
On voit que le ton méchant
Est contraire à ton penchant,
La bonne aventure au gué ,
La bonne aventure.
D'un des pigeons de Vénui
Tu reçus ta. plume.
Sur les amours ingénus
Fais-nous un volume ,
Fin , délicat et plaisant ,
Nous dirons en le lisant ,
La bonne aventure au gué ,
La bonne aventure.
Comme toi les enragés
Ont su me déplaire ;
Mais nous en serons vengés
En les laissant faire.
Tes vers les illustreraient ,
Et peut-être ils chanteraient,
La bonne aventure au gué,
La bonne aventure.

On a publié que M. de la Fayette était à Paris.


Nous savons qu'il n'a point quitté son poste. Sans
doute il aurait un moyen de réparer ses torts , et
de se faire pardonner. Le prendra-t-il ?

Vers pour mettre au bas du portrait du sieur


Condor...
Le philosophe est seul, et l'imposteur fait secte.
Voltaire.
( »5)

Point d'effet sans cause.


Non, je n'irai plus au club jacobin.
Ce gouffre hideux renferme en son sein
Le soufre et le bitume.
L'air qu'on y respire exhale un venin..
Eh .' c'est ce qui m'enrhume.

L'assemblée vient de se décorer d'un beau et


large ruban tricolor au bas duquel pendra un petit
livre doré d'or moulu; ces messieurs ont attendu
bien tard, ce n'étoit en vérité plus guère la peine....

Sur Us baisers d'AMOURETTE de la séance du 7


juillet. Parodie d'une épigramme de Beileau.
Tout le trouble politique
A Paris s'en va cesser:
Le parti jacobinique
Et le Feuillant anti-pique
Ont bien voulu s'embrasser.
Quand malgré l'emportement
Et l'aigreur qui nous enflamme ,
La terreur saisit notre ame ,
L'accord se fait aisément.
Mon embarras est comment
On pourra finir la guerre
Entr'cux et toute la terre.
(186)

Dès le 5 octobre 1789, et même avant, le vais


seau de l'état est en danger; mais les habiles nau-
tonniers qui en dirigent le gouvernail . n'ont fait
cette confidence à l'équipage depuis quelques jours,
que par la crainte bien fondée du péril qu'ils
courent eux-mêmes. Voyant que le navire fait
eau de toutes parts , qu'ils sont en butte à la fu
reur de tous les élémens, ils appellent les passa
gers à la pompe , ils voudraient trouver, ces si
nistres prophètes , le ventre d'une baleine pour
se dérober à la terrible bourasque toute prête à
les engloutir. Mais Dieu est la.

Pour prix de la complaisance que le roi avait


eu de r'ouvrir son jardin au public , les brigands
et les factieux ont été l'accabler d'injures sous ses
fenêtres et pour n'être pas exposé à ces horreurs,
on a été obligé de refermer les Tuileries.

Nous avions annoncé que les habitans de Cour-


trai regardaient comme indigne d'eux de recevoir
les dédommagemens que leur offraient les incen
diaires et dévastateurs de leurs propriétés ; cette
nouvelle s'est confirmée par des lettres authenti
ques de Bruxelles qui assurent que le gouverne
ment des Pays-Bas leur a expressément défendu
de rien accepter, en les assurant qu'ils seraient
amplement dédommagés de leurs pertes aux dé
pens de ceux qui les avaient occasionnés. L'as
semblée est dit-on fort contente de cette décision ,
qui lui laisse , sans qu'il lui en coûte rien , tout
l'honneur des simagrés de bienfaisance dont M.
( "7 )
Peuch. . . continuateur du Journal Politique ni per
sonne , n'avaient été la dupe.

Sur l' arbre de la liberté.


Sous ce haut peuplier la liberté s'endort r
Il ne produit que trouble , et désordre et folie.
O mes amis , ce n'est l'arbre de vie ;
C'est bien plutôt l'arbre de mort.

La grande affaire des taloches de M. Grange-


9-ve prend une tournure qui nous fait espérer
qu'elle se terminera comme celle de M. Grange-
9-ve père, qui à la suite d'une dispute qu'il eut
à Bordeaux avec un de ses confrères, M. Dupéron-
Couturier, natif de Bergerac, en reçut une vi-
. goureuse volée. — Il se plaignit au parlement qui
le renvoya hors de cour , d'où il se rendit chez
son chirurgien.

Quatrain à mettre au bas du portrait représentant


le roi en habits royaux , et couvert du bonnet rouge.
Ce bonnet outrageant vient de la part du maire ;
De sa clique et de lui savez-vous le projet ?
Mons Pethoni prétend , et veut qu'en toute affaire ,
Le roi nul et passif opine du bonnet.

Nous ne donnerons aucun détail de toutes les


niaiseries et de tous les joujoux qu'on a déployes
( «8 )
hier à la fédération , et encore moins des har«
Teurs et des cris de vive Pet. . . . vociférés par
une horde de brigands soudoyés ad hoc ; mais noua
parlerons du roi, de Ix reine et de leur famille.
Partis des Thuileries, ils sont arrivés à l'école mi
litaire escortes de plus de deux mille hommes ,
tous grenadieis s.ns exception des troupes natio
nales, des regimens de ligne qui sont a Paris et
des Gardes-Suisses : une nombreuse troupe de ca
valerie ies accompagnait; tous ces braves gens,
d'une 6gure noble , a'une haute taille , d'une con
tenance fière formoient un spectacle véritable
ment touchant, imposant et magnifique; ils se
joignaient aux spectateurs pour faire retentir les
airs du cri de vive le roi et sa famille ; on voyait
dans leurs regards l'ardeur avec laquelle ils auraient
repoussé des brigands assez hardis pour insulter
au précieux dépôt qui ieur était confié ; nous ne
pouvons rendre l'impression qu'a fait sur nous l'as-
pect de ce coup d'œil superbe : on peut croire
qu'après l'avoir vu nous n'avons pas été tentés d'al
ler voir la burlesque cérémonie qui faisait un sin
gulier contraste avec cette marche triomphale , et
qui, dit-on , s'est passée dans le désordre de la
plus dégoûtante crapule.
!■-————
Annonce.
Un jeune homme qui a été plusieurs années , et qui
est encore secrétaire d'un seigneur , dont il faisait la
société , et que les affaires présentes obligent de quitter
la France pour quelque tems , désirerait trouver à j'oc-
cuper jusque son retour.\ S'adresser au bureau de ce
journal.
lie l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau
est rite neuve Saint-Marc , A'-'. 7 , au coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le pria de V abonnement eu pour un mois , de 3 liv. pour
Taris, et de 'S liv. 1S sols pour la province , franc deport.
17' jvJISi• Deux citoyens pendus
. -, ,. , 7 Jmll.t.
Mardi » ... 'c4*
JU^ *1p rchamp
par les dJtjacobins
M„„. ax

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur 4e Jtumal doit tribut au malin.
LA FOU TA INI.

Vurs de Quinault cités par M. de Voltaire, et


que Von chantera à l'académie royale de tnusique,
dans quelques feras d'ici.
Chantons dans ces aimables lieux ,
Les douceurs d'une paix charmante ;
Les Superbes géants armés coatre les dieux ,
Ne nous donnent plus d'épouvante ;
Ils sont ensevelis sous la masse pesante
Des monts qu'ils entassaient pour attaquer lescieux.
Nous avons vu tomber leur chef audacieux
Scus une montagne brûlante.
Jupiter l'a contraint de vomir à nos yeux
Les restes enflammés de sa rage expirante.
Jupiter est victorieux
Et tout cède à l'effort de sa mais fondroyante.

Pendant que nos braves patriotes du Midi vien


nent de a5o lieues pour casser des bras et des
jambes dans fa ville de Melun , et forcer tout le
TometV. Année 179s. R
( iSo)
long de la route , la nation à crier vive la nation.^
des catholiques profitant de l'absence de si brave»
gens , lèvent une armée considérable dans le
Vivarais . et dans les Cevennes ; laquelle s'aug
mente de manière à inquiéter tout autre qu'une
assemblée qui ne serait pas sûre de l'affection et
du dévouement de tous les Français à la doMceur
de ses saintes loix jacobiies. Le comte Dusaillant
chef de cette armée s'est emparé d'une forteresse
assez considérable, dont il va faire son point d'ap
pui : il est très aisé de voir que ce général sou
tient une mauvaise cause , car il vient d'accorder
une capitulation honorable à la. garnison de Banne»
dont il s'est emparé. Ce n'est pas ainsi que
s'est conduit l'armée Marséilloise devant Arles,
l'armée Jordaniste à Avignon , ni l'armée Jacobine
à Courtray ; toutes ces armées de la liberté Ont
dédaigné ces pitoyables ménagemcns , et ont pillé
les propriétés, brûlé les maisons , égorgé les ha-
bitans . etc. etc. Malheureusement on mande de
Chamberry que l'armée Piémontoise et Autri
chienne , aux ordres du roi de Sardaigne , s'ap
prêtent à appuyer cette rébellion contre les Ja
cobins ; mais on ne doute pas que les braves
guerriers du Midi ne dissipent facilement toute
cette confédération, à leur retour au pays, et
qu'ils ne prennent à Lyon ltur revanche de l'in
civisme des habitans de cette ville, qui ont chassé
et rossé un brave bataillon du Midi, qui n'y était
venu que pour y faire regner le plus saint de tous
les devoirs connus. ' ». ^

Les fédérés , qui , par la quantité de pays qu'ils


viennent de parcourir ont été à même de voir les
récoltes , assurent que celle de la salade de Nor
mand , dont on aura incessamment grand bçsoin ,
Sera très-considérable cette armée.
f »3i)

QuiSTION.
Si monsieur le marquis de Villette eût été
député à l'assemblée nationale , et qu'il eût assisté
à la séance de Lamourette , on demande quel
.«st le membre qu'il eût choisi pour le baiser.

AUX RÉDACTEURS.
Le sieur Héros vient de se guinder jusqu'au haut
.de YécJietlc, pour tâcher de s'égaler à Démosrhènes.
-Comme ce grand orateur , après la défaite dp
Çhéropnée, il a juré par les mânes des Gouvion ,
xles Diilon , de ces grands hommes morts pour
l'anarchie; mais il est est resté-là sus-pendu. 11 faut
.espérer que dans quelques mois il achevera, au
.bout de ïecheUe , sa belle péroraison , et qu'il
courra jurer par les mânes d'un grand nombre
de ses confrères qui l'auront précédé , et seront
jnorts au lit d'honneur. Oh ! que l'éloquence est
une belle chose , M. Héros de C Echelle !

**»Ma

Extrait d'une lettre de Coblentz , datée du 10 juillet.


— Rassurez vos jacobins et vos feuillans sur les
craintes mortelles qu'ils doivent avoir ; on ne les
fera pas pendre, mais on les enchaînera deux-à-
deux , et on les fera travailler à balayer les rues ,
à enlever les décombres, à porter les matériaux
nécessaires pour reconstruire la bastille , etc. Us
seront conduits au travail par des Allemands ,
qu'on dresse pour cela , et qui appuyeront les
motions qu'ils s'aviseront de faire , par des vigou
reuses schelagues. — Leur uniforme sera pantalon
( i3i )
bleu , gilet blanc, et bonnet rouge. On présume
ici qu'ils entreront en fonctions dans le courant
du mois de septembre prochain.

AUX RÉDACTEURS.
je vous prie, Messieurs, de faire connaître au
au public par la voie de vôtre journal que Mon
sieur Marandon n'est point l'auteur du journal
intitula Courier de 4a Gironde. — Il n'y a .que ses
ennemis ,„ et ceux qui ne connaissent passes prin
cipes qui lui en attribuent la rédaction ': il est bien
facile de s'appercevoir que cette rapsodte est une
compilation monstreuse des journaux évacués par
les vampires de notre malheureuse patrie, Carra,
Brissot , Condorcet , Marat , etc. — Voici ce
qu'on y lit , N°. 189 , page 1487.
" Au moment où les ministres donnaient carte
5> blanche au général Luckner , le roi , par une
j) lettre , que Von croit écrite de sa main , lui en-
" voyait l'ordre d'évacuer les trois villes prises ,
>> et de livrer ainsi au couteau des autrichiens
»> les généraux Brabançons qui ont si bien acceuilli
j> les troupes Françaises, CERTES, cette infâme
>t perfidie serait bien propre à décourager les belges
j» de la fantaisie de nous être favorables. —>
s» Louts XVI ne veut pas d'une insurrection qui
s» contrarirait les projets du roi de Prusse et du
>> du roi de Bohême.
Cet échantillon de scélératesse peut vous faire ju
ger le cas quun honnéte-humme doit faire de ce
journal. '
Je suis votre etc. Béjard.
Bordeaux, le 8 juillet 1792.'

Tous les aboyeurs des jacobins, les colporteurs


des feuilles du soir , et les orateurs des sociétés
; : ( «M ) .• .
fraternelles, étaient dispersés. le jour de la fédé
ration , sur la route, et criaient tous de la même yf
manière et avec les mêmes termes : vive Petion ,
à bas veto ! Lafayett.e à la lanterne .' la liberté ou la
mort ! Le petit peuple répétait, ou plutôt hurlait
dans la, rue, toutes ces imprécations, excepté la
dernière. Les bourgeois et artisans, sur leurs portes
ou à leurs fenêtres, gardaient l'immobilité et un
silence très-expressif. v ,
Il y avait sur la porte du sieur Boucher, impri
meur à côté de Saint-K,oçh, un habillé de verd
qui n'a cessé ^ pendant trois heures, de répéter
les mêmes vociférations , ,ppur donner, le signal
aux gro,up.pes environnans. L/n locataire de 1»'
même maison s'étant avisé de regarder le cortège
de derrière sa croisée fermée , un homme s pique
Ta remarqué et a crié, à l'aristocrate. Ayant de
suite cherché une pierre .pour casser les vîtres
, du curieux;, et n'en ayant pas trouvé sous sa main,
le monsieurverd lui a patriotiquement donné sa
tabatière, en disant : Tiens, elle me coûte trente-
six sols , mais n'importe , casse ; et un beau verre
de Bohême a soudain été cassé à la fenêtre du
premier.

La ville de Paris ne fut jamais plus tranquille


que le jour où les esclaves des tribunes annon
cèrent que la liberté constitutionnelle et les pa
triotes étaient en danger. — Nous parcourûmes
ce jour là 4a vilic et les fauxbourgs ; nous ne
vîmes ai>cun citoyen en danger , si ce n'est l'abbé
Geoffroy, qui montait sur la 'Guillotine.

Les citoyens du fauxbourg Saint-Antoine se


rendoient le 14 au camp de la fédération ; on
( iS4 )
leur dit que le général Luckner éjoit à l'hôtel
de Montholon ; lis s'y rendirent et demandèrent
à voir le général qui se présenta et qui leur dit
dans sa prononciation allemande : — Mes amis ,
au lieu de faire du tapage et de promener des
piques dans les rues de Paris, il vaudroit bien
mieux venir aux froniières où sont nos ennemis.
— Je ne suis pas menteur, et je peux vous cer
tifier que nous n'avons pas 60 mille hommes
disponibles dans nos trois armées , à opposer à
s8o mille qui vont nous attaquer incessamment, si
on n'envoye pas des forces sur les frontières,, il
est impossible de nous y défendre. — Je vous le
répète, je suis franc et pas menteur, j'aime la
nation et le roi, je suis prêt à verser jusqu'à l«
dernière goutte de mon sang pour l'un et pour
l'autre , et je dirai à mon dernier soupir vive LA
Nation, vive le Roi. — A ce dernier mot, il a
élevé son chapeau; ce signal a excité un cri gé
néral de vive la nation, vive LE Roi, de tous
cœurs qui l'écoutaient.
N. D. R. Un témoin digne de foi nous a raconté
cette anecdocte.

LE DÉPART DU GENTIL CHEVALIER.

R O M A N C I.
Air : Des troubadours : Si nous vivions comme vivaient
nos pires , etc.
DANS un châtel d'une antique stucture,
Vivait naguère un gentil chevalier;
Des bois , des fleurs , une onde fraîche et puie ,
Quelques amis , sa dame et son coursier ;
Voilà les biens qu'avait mon chevalier.
( 135 )
Or un matin , dans sa douleur amère ,
Loin du châtcl, en habit de guerrier, Jj
Il veut partir , il prend son cimetérre
Pour délivrer son bon roi prisonnier :
Adonc partez , adieu beau chevalier.
Devers Coblentz il veut prendre sa route,
Son palefroi doit guider son essor ;
L'amour, Jiélas ! le retiendra sans doute,
Mais non, sa dame en vain le prie ericor:
Telle Andromaque était aux pieds d'Hector.
Ses prés, ses fleurs , ses bois, rien ne le touche;
Le sire ému , tout en quittant ces lieux ,
Donne à sa dame un baiser sur la bouche...
Larmes d'amour inondent ses beaux yeux ,
Et le zéphir emporte leurs adieux.
»> Le sort le veut, séparons-nous, dit-elle,
»i Devoir cruel vous en fait une loi ;
vi Partez , hélas ! mais revenez Adèle
>> A votre dame , ainsi quà votre roi;
Disant ces mots , elle trembla d'effroi.
Lors d'un anneau mis à sa main polie,
Elle détache aussi-tôt la moitié ;
Puis la prenant de sa bouche jolie ,
Elle la passe au doigt du chevaliei t
Autour on lit : Ne va pas rrCçublier.
" De vous revoir j'ai, dit-elle, espérance-,
>> Sous votre bras les traîtres vont plier ,
u Et quand viendrez victorieux en France ,

/*
i
( i36 )
»> Aurez mon cœur et ma bague en entier
Elle se tait.... Partez , beau chevalier. *
Envoi au prince de Cond*
Toi qui nous peins f amour fi) et infortune,
Appotte-uous l'olive et les lauriers :
Cet anneau tient à la chaîne commune,
La moitié seule est à nos chevaliers;
Viens réunir bientôt les deux moitiés.
Par Dondon Jvllot.

M u s i q. u e.
Mélopéb moderne , ou Part du chant , réduit en
principes , par M. Martini , sur-intendant de la mu
sique du roi. Prix r5 liv. , à Paris chez 'Boyer,
rue de Richelieu , passage de l'ancien caffé de Foi.
Cet ouvrage classique manquait au développe
ment de l'art musical, et l'ait le plus grand hon
neur à l'artiste distingué qui l'a rédigé; élégance-
de style, pureté d'harmonie, clarté dans l'ouvrage,
tout s'y trouve réuni au dégré le plus éminent.
L'auteur qui s'est toujours montré poete et peintre
dans ses productions musicales , a rendu son ou
vrage singulièrement intéressant par le caractère
pittoresque des airs , par la simplicité et la vérité
du client,, et par la variété des accomp<ignemens.
Cet ouvitige est essentiellement nécessaire aux
personnes qui s'adonnent à l'art du chant.
(i) Tout le monde connaît la charade sur le prince de Cond*.

•e l'Imprimerie du Journal de la Cour et de là Ville , dont le' Burtett


«tf rue neuve Saint-Marc , NQ. 7 , au coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix dç Vabonnement est pour un mais , de 3 liv. pout
Parti , et de i liv. 1 5' sols pour la prnittee , franc de port.
"*' 1°- igjj&b Insulte faite au pape
,- ,, ,• •.. ï^t ¥»' M' les jacobins du.,
Mercredi i8Juillet. W*7? Périgotd.

• JOURNAL
DE LÀ COUR ET DELA VILLE.

Tout faiieui de Jeurnal doit tribut au malin. '


il Font ai ni.

A ces conditions pour instituer [un


peuple , il en faut ajouter une qui ne peut su-
pléer à nulle autre ; mais sans laquelle elles sont
toutes inutiles; c'est qu'on jouira de l'abondance
et de la paix; car le tems où s'o.tdonne un état
est comme celui où se forme un bataillon, l'ins
tant où le corps est le moins capable de résistance
et le plus facile à détruire Qu'une guerre .,
une famine , une sédition survienne en ce tems
de crise, l'état est infailliblement renversé.
Contrat social , ckap. X , du peuple.

• Il paraît certain que toutes les provinces qvi,


ont manifesté leur horreur et indignation contie
les attentats du 2o juin , et qui en ont demandé
la punition , vont déclarer à l'assemblée qu'elles
sont très-surprises de ce que , bien loin de dé
férer au vœu si clairement exprimé de tout le
peuple français , elle l'ait au contraire ouverte
ment bravé en refusant de punir les coupables;
on mande de tous côtés que les départemens ,
districts , municipalités, et des millions d'individus
vont requérir et prendre des résolutions vigou-
, TomiV. Année 179». S
( i38)
feuses contre des gens qui , ayant fait serment
de maintenir les loix et la constitution, se font
continuellement un jeu de l'enfreindre; on craint
bien que tous les corps administratifs ne s'accordent
à demander la destruction et la punition.de man
dataires qu'ils accusent d'infidélité sur tous les
points de leur mission, et qui ont si ouvertement
méprisé les volontés justés et légalement exprimées
de- leurs commettans ; on assure que nos armées
mêmes sont décidés à venir exiger cette révoca
tion ; mais nous serions les premiers à désaprouver
celte démarche ; il faut que cette mesure soit prise
drune manière li'gale\ et que ce soit tes loix qui nous
vengent de l'infraction Jaite aux, loix,.

Un officier autrichien disait l'autre jour à quel


ques officiers prussiens, hessois,, bavarois, saxon3
et autres : je s.erais bien curieux de voir la mine.
qtie vont faire les prétendus patriotes français à
notre arrivée à Paris ; comment , répondit un de
ces messieurs , est-ce que vous croyez que nous
les verrons ai face ; sûrement , repliqua le pre
mier ,. puisque ce sont des sans-culottes.

8 Caricature nouvelle.
"Cette estampe, gravée en manière noire, eafc
divisée en trois médaillons.
Dans h premier, on voit monsieur Gensonnet ,
déguisé en cheval , attelé à une voiture , dans-
laqutlle M. Lebreton, premier président du
parlement de Bordeaux, revint dans cette ville,
npiès la déconfiture du parlement Meaupou.
. JUans le second, on le voit déguisé en barbier
( *3û ) •
patriote, et faisant là barbe au roi et à la famille
royalle.
Dahs le troisième, on lé voit déguisé en légis
lateur, et traité comme il le mérite.

AUX RÉDACTEURS.
J'étais le jour de la fédération , messieurs , bien
modestement et assez tristement dans la rue St.
Honoré , près le palais-royal sur un petit écha-
faud de planches de maçon , pour mes 6 sols , à
côté d'une femme grosse au moins de 8 mois ,
et portant encore un enfant de 3 ou 4 ans sur ses
genoux. Cette femme qui m'a paru bonne mère
et honnête sous le plus commun acoûtrement ,
appercevant M. Santerre à la tête de la première
section du cortège dit:.. Oh!.... voilà le faux-
bourg , voilà M. Santerre , nous allons bientôt
voir M. Petion. ( Elle croyait ces deux hommes
inséparables) tiens, mon enfant, continua-t-elle .
voilà ton cousin , tiens , voilà ton grand-pere ;
( c'était des porteurs de piqu.es ) crie , vive la nation ,
crie donc , ton pere l'a dit ; tu vas être bien aise
quand tu verras ton pere Petition... —. A ce mot,
je ne pus m'empêcher de demander à cette femme
si l'enfant qu'elle tenait était de M. Pethon ?
— Non vraiment, dit-elle, c'est bien le mien,
v'ià son pere vis à-vis ; mais, est-ce que M. Pcthion
n'est pas notre père à tous donc , puisque lé roi
nous abandonne, et que, sans le fauxbourg, tout
Paris serait égorgé Je ne voulais pas me faire
d'affaire avec ce qui m'entourait, je dis donc à
cette femme : vous avez bien raison , vous me
paraissez être du fauxbourg Saint-Antoine. — Oui
vraiment. — Comment, dans l'état où vous êtes ,
avez-yous pris la peine de venir jusqu'ici y pcuvant
( Ho )
voir aussi bien dans votre voisinage ; je craint
que vous n'en soyez incommodée. —Tiens l'autre ,
avec son incommodement , faut bien se mettre
ous qu'on nous place ; il y a dWfauxbourg tout
le long de la route : oh ! vive M. Santerrt , pour
arranger ça ; ma place est payée , et j'ai encore
du bon pour crier vive M. Pethion. Qu'est-ce que
ça coûte ?.... — Je n'ai eu garde de répliquer, et
me suis bien-tôt perdu dans la foule.
Un de vos Abonnés.

Vers sur Varbre dicoré de titres de noblesse, brûlé


au champ de Mars le 14 juillet 1792.
Emblème généalogique
Que l'ivresse démagogique
Barde de titres , de cordons ,
Pour être livrés aux brandons.
Arbre où sot peuple voit appendre '
Couronnes , mortiers , écussons ,
Tel que Phénix, mis en charbons,
1 Bien-tôt renaîtras de ta cendre.

Jacobins , séance du vendredi i3.


M. Chabot a fourni la fine fleur de la séance ,
par ces paroles qui en renferment tout l'esprit t
>»Je crois devoir vous rassurer, messieurs, car il
»> existe effectivement une lettre de In Fayette à
>» la reine, qui lui annonce son ' arrivée pour le
>» i3 , et lui promet le succès , pourvu toutefois
it que l'on prolonge la suspension du maire jus-
«> qu'au 16: or, voilà son espérance déchue-. Les
( Ui )
>> fédérés disent ne pas avoir de point de rallie-
j» rhent pour demain , et cependant ce point de
m ralliement leur a été indiqué à tous m sortant de
'» leurs départemens : ce point de ralliement, c'est
"le fauxbourg Saint -Antoine ; qu'ils se rangent-là
j» avec les vainqueurs de la Bastille , car ce n'est
s> pas avec les honnêtes-gens de la Fayette et de
s» la cour, qu'ils viennent se fédérer, c'est avec
s» les sans-culottes, avec le peuple français , qu'ils
s» viennent unir leurs efforts et leurs bras pour
>' extirper le despotisme , et anéantir les tyrans >*.
( On sait que ces messieurs appellent tous les
rois des tyrans ). Il y avait à cette séance environ
deux cens fédérés, dont trois seulement ont ap
plaudi, et ces trois étaient appostés : tous les auttes
ont paru stupéfait.

c
La voilà donc passée sans coup férir , cette fête
du 14 tant redoutée. Comme tout le monde était
à peu près persuadé que ce serait la dernière de
ce genre que nous serions à même d'observer,
tout le monde a voulu lavoir, jacobins. Feuil-
lans , aristocrates , tous semblaient s'être donné le
root pour se précipiter pèle mêle dans cette en
ceinte auguste, où , pour la troisiême et dernière
fois , les vents ont emporté sur leurs ."îles légères
nos sermens , nos parjures , nos balons et nos ex
travagances.
Rien de plus triste , de plus mesquin , de pins
scandaleusement patibulaire , de plus national en
.un mot , que cette maussade cérémonie.. Ftlletier
nous disait assez plaisament , ne trouvez nous pas
que cette fête de la liberté a bien plutôt l'air d'en
itre les funérailles? L'essentiel , c'est que le projet
des factieux a manqué ; ils avoient compté sur
un massacre général , mais les lâches n'ont pat
( 14* )
osé. Dans cet instant de crise un jour dé gagné
vant une année.
Quelqu'un observait qu'il y avait deux rois à
cette fête, M. Pet... et Louis 16, mais le fait est
qu'il n'y en avait qu'un ; Pet . . . régnait sans par
tage , et savourait seul la vapeur bénigne de l'hom
mage des sahs culottes. C'était un plaisir de voir
comme se bouliiissait d'orgueil et de fumée ce
dieu de la canaille. Il se quarrait , il se pavanait.
Recevant comme siens l'tncens et les cantiques.
Mais hélas ! Tout au monde est mêlé d'amertume
et de charmes. Nous avons vu sur le front du
triomphateur l'empreinte cuisante de l'inquiétude
et du remords ; nous avons vu l'idole se trou
bler et pâlir au milieu des acclamations bruyan
tes de ses adorateurs.
Quelle est donc cette image importune qui
semblait le poursuivre jusques sur l'autel de la
patrie? Aurait-il entendu cette voix vengeresse
qui qui criait au régicide Machbeth: tu tie dor
miras plus ? Craindrait-il de devenir le héros d'une
seconde fête qui ne sera pas , à la vérité , celle
du crime ni de la liberté , mais celle de la jus
tice et des lois F Le redoutable Sams. . . lui se
rait-il apparu au milieu de sa gloire ?
Depuis la journée du 20, l'enfer est dans le cœur
de Peth. . . .

Tous ceux qui ont des oreilles , savent que les


citoyens de Paris ont été réveillés, la nuit dernière ,
par un bruit épouvantable. — Les uns ont cru que
c'était le général la Fayette qui , avec son armée ,
faisait une contre-révolution. Vautres , que c'était
les Prussiens qui nous bombardaient ; jusqu'à ma
dame Condor, qui a pris son mari a la gorge ,
croyant qu'il était Bendek : c'était fait de lui , si
( H* )
elle ne s'était pas apperçu facilement de sa méprise.'
Nous apprenons dans ce moment, par made
moiselle Labrousse, que ce bruit est le résultat
d'un combat à outrance , qui s'est manifesté entre
les aristocrates du paradis et les patriotes. Ces.
derniers pnt voulu faire une révolution à l'instar
de la nôtre , mais comme ils n'avaient ni de
Mirabeau, ni de philosophes , ni de /(uillans , ni
de la Fayette, ni de jacobins , et qu'ils n'avaient
que des diables, leur coup à manqué; on les a
foudroyés de la plus cruelle manière. On fait »
dans ce moment-ci , le procès des principaux
factieux, qui ne tarderont pas à subir le supplice
qu'ils méritent. — D'ailleurs, l'ordre est parfaite
ment rétabli Il fait le plus beau tems du monde.
■ »^jjumB»jpjn—m
AUX R É D A G T E'U R S.

. Je viens de lire dans un journal très-répandu,


que M. de Beaulieu avait été tué par M. des Es-
sarls , officier d'infanterie , frère de madame la
comtesse Louise de la Platière. Le journaliste ajoute,
cette affaire étant un conflit d'amour, d'argent,
de coups de pieds et de coups de bâton , j'en
passerai les sales détails. Cet exposé n'est point
exact. Une dette d'honneur, dette que M. Beau-
lieu aurait dû regarder comme sacrée, est la cause
unique du combat qui lui a coûté la vie. M.
des Essarts , grièvement blessé , garde le lit , de
puis quinze jours et parait désolé de son horrible
victoire. Ce qui rend son afliction infiniment tou
chante, infiniment respectable, c'est que M. Beau-
lieu , sans alentours , sans amis , et recdhnu gé
néralement pour un homme sans morale ., sans
principes , laisse peu de regrets, et qu'il fallait
pour ainsi dire qu'il se fit tuer, pour être regretté
par quelqu'un.
De Laxglk.
( 144 )

maamm
M. Fethi. ... est embarassé de sa gloire : il vou«
drait bien en céder une partie : il sent combien
son triomphe va lui faiie de jaloux et d'ennemis
dans sa propre secte. Il est plus facile d'exciter
l'enthousiasme d'un peuple exalté et yvre , que
d'en arrêter les progrès. 0 Pethi. ... ! Te voilà
devenu un -nouveau Marcel, tu marcellus eris ,
son sort t'attend.

Madame de Gouge... était samedi à la Péthionade ;


tous ses moyens de plaire étaient ornés de rubans
tricolors ; entr'autres, un désespoir bien prononcé
lui tombait jusqu'à la ceinture... — Elle marchait
avec le grouppe des vainqueurs de la Bastille ,
et le parfum de son patriotisme se sentait une
lieu à la ronde.

Plusieurs personnes , des femmes sur-tout , ont


été frappées, à la fédération, de la ressemblance
du vertueux maire avec Philippe-le-rouge , même
port, même maintien, même regard Ah ! ce
serait bien pis , dit un connoisseur à une dame
qui lui faisait la remarque, et vous trouveriez la
ressemblance bien plus effrayante encore , si vous
voyiez l'intérieur.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


est rue neuve Saint-Marc , A'''. 7 » au coin de la rue Favcrt , place: de la
comédie Italienne. Le pria de V abonnement est pour un mois , de 3 Ikr. pour
Farts, et de 3 fi». i5 sols pour la prnir.ee , franc deport.
i. » *

N°. rg. >d|§$ Seii' religieuses du ?(.


'm& •'.V.. rigord chassées de leur
j«udi ,9juiii.,. ^stj:

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.
. . L A Fonta 1 M I.

Quand des hommes entreprenans ont une fois


lâché la bride à leur ambition pour secouer le
joug de l'obéissance, et se mettre à la place de
leurs souverains légitimes ; ils se servent ordinai
rement de ces fausses idées de courage et de va
leur, et de ce faux amour dela liberté pour dé
baucher les sujets et les dégoûter de leurs devoirs ;
en les flattant de les délivrer de la servitude, ils
les rendent esclaves de leurs passions , et l'amour
de la nouveauté séduisant l'esprit .des peuples,
ils ne sapperçoivent pas que sous prétexte de
mettre leurs biens, leur liberté et leur vie à cou
vert «les vexations de la puissance légitime, on
les leur fait sacrifier à l'ambition d'un usurpateur,
et on appelle cela courage et grandeur d'amt ;
comme si le vrai courage pouvait être séparé de
la justice et de la soumission à la loi de Dieu ,
qui. nous attache par une fidélité inviolable aux
puissances qu'il a mises sur nos têtes.
De la souveraineté des rois par le père Qvesnsl.

Il y a grand procès entre M. Santer. ..' . . et deux


fermiers qui s'étaient engages à fournir 3o milliers
TomeJV. Année 1792. T
( i46 )
de paille pour coucher 3o mille fédérés. Comme
il n'est venu que 75o fédérés au plus , M. Sant. . . .
ne veut payer que ce qui a été employé , les
fermiers veulent au moins une indemnité pour ce
qui a été retenu. Malheureusement M. Manu. . . .
est malade, sans cela il aurait bientôt terminé cette
petite affaire- On conseille à M. Santer. ... de
consulter M. Osseli. . . qui après M. Manu. . . .
est ce qu'il y a de plus éclairé dans le même
genre.
—M—BÉÉ——
Tandis qu'on affiche dans les rues l'adresse in
fâme de la commune de Marseille , les motions
incendiaires de Tallitn , qu'on souffre le père Du-
théne , l"Ami du peuple , les Condorcet , les Gorsas ,
les Brissot , et d'autres écrits atroces , un député
a osé dénoncer les auteurs des journaux les plus
sages , les pins modérés, entr'autres le profond po
litique Mallet du Pan. Il ignore que cet écrivain
célèbre est depuis quelque tems hors de sa por
tée et qu'il est en Allemagne tandis qu'on le
poursuit a Paris.

Jeudi et vendredi de la semaine dernière , un


marchand de ptisanne se promenait dans les rues
portant sa fontaine vuide et reversée, il crioit:
Point de Pêlion , point de limonade.
Une pareille bêtise fait plus d'effet qu'un millier
d'affiches en style académique. Le marchand de
ptisanne est un espion de M. Santer.... , et le pre
mier motionnaire des fauxbourgs.

Vive Téthion , portaient écrit sur leurs chapeaux


tons les sans-culottes armés de piques allant à la
fédération. C'était demander aux honnêtes citoyens
indignés dela conduite du maire , grâce pour sa vie.
( '47 )

Paragraphes tirés mot à Extraits fidèles du


mot d'un sermon fait et pro discours de l'abbé Torné ,
nonce dans le carême de 0 présent éveque contitu-
Vannée 1764, par M. l'abbé tionnel de Bourges et député
Torné , prêtre de la doc à t'as s emblée nationale , par
trine chrétienne et prédica lui prononcé le 5 juillet
teur du roi , sur la fidélité
due aux souverains (1). Le tems n'est plus où
Je suis bien éloigné, dit nous devions , sans . lâ
le prédicateur dans son cheté ou sans perfidie ,
exhorde , de vouloir don taire queloues véritéssous
ner des leçons d'obéis prétexte qu'elles pour-
sance et de fidélité : tout roient être désagréables
français porte ces vertus au roi. Plus la crise est
en naissant, les suce avec menaçante , plus il faut
le lait , les nourrit par. nous tenir à lafière devise:
l'exemple de ses pères. la liberté, Végalité ou la
Les rois sont les repré mort.
sentai ici-bas du ciel et Une poignée de mé
de la terre : leur autorité dians a subjugué , avili la
est une portion de l'em genre humain : pour re
pire éternel : leur puis couvrer sa dignité , il n'a
sance une portion de la besoin que de jetter un
toute-puissance divine : regard d'indignation sur
obéissons-leur comme si les traîtres couronnés qui
nous obéissions au sou l'ont enchaîné pendant
verain maître de tout, et son sommeil, et ils seront?
croyons que résister aux anéantis,
puissances, c'est résister La lutte de la royauté
à Dieu. contre les nations, sera
La fidélité due aux rois celle d'un pigmée contre
est naturelle: on est obli un colosse : en moins
gé de leur rester fidèles. d'un siècle , la royauté

(1) Voyez les sermons de cet abbé , imprimes chez Suillwtt ,


libraire, tome II , page 27 5.
( M* )
même dans l'oppression pourroit bien disparoître
la plus criante : personne de dessus. la surface de la
n'a droit de dire au roi , tere.
pourquoi nous gouver- • Il seroit possible que
nez-vous comme vous le la révolution commençât
faites? ,,. - par couvrir la France de
s Quçlle est belle cette ruines., de cendres -et. de
doctrine! Quelle est pré- cadavres; mais il. seroit
férable à ces systêmes phi- possible aussi que cette
losophiques qui ne ten- catasuophe réveillât le»
dent qu'à avilir l'autorité nations «t pressât les pro*
et la soumission ! Oue grès, d'une insurrection
n'ont pas écrit des hom- générale contre les tyrans
mes enclins à l'indépen- du genre humain. Que la
danec pour décrier celle natson française sache
des couronnes: ils ont donc s'élever successive-1
méconnu la mainsupréme ment à la hauteur de ses
qui s.-ule les donne etles dangers <. et nous, Mes*
enlève à son gré. sieurs, n'ai tendons pluâ
» Et qu'on ne dise pas des succès que de l'éner-
que lorsque la nation va gie qui nous tera tonu-dire ,
perdre la plus grande par- Jouit faire et tout :btaver.
tie de ses droits -, de sa Lemonarquena gagné
liberté, il ne faut plus dans cette révolution une
. suivie que ce grand piin- couronne, qu'aveo tout
oipe , la loi supreme est le autre peuple il auroit
talut du peuple : quel abus perdue. '" ' .''.
ne feroit-on pas de cet . L'or de la liste civile ,
axiome politique en l'op- ce pur sang de la nation
posant aux grandes règles prodigué au pouvoir exé-
de fidélité? etc. etc. cutif, ne cesse d'être em
ployé à fomenter les hor
reurs de l'anarchie. .' i
La voilà donc cette lutte liberticide du pouvoi
exécutif contre le pouvoir législatif dont les com-
mencemens font frémit, et qui présage un combat
à mort.
( M9 )
Tout sera arme pour le» Français, jusqu'à la
fourche et la faucille.
Que l'assemblée déclare que la patrie est en
danger. Peu importe que les mesures à prendre
soient conformes à la constisution ; la vraie consti-
tutioa est toute entière dans ces mots : le salut
du peuple est la loi suprême. Malheur à la nation,
assez lâche pour n'oser recourir à des mesures
éxtrêmes ! Malheur au sénat imbécile qui n'oserait
sortir du cercle étroit où son pouvoir serait cir
conscrit, (etc. etc. etc. de la même force).
Rîmar&ue.
M. Torné ne nous ayant pas expliqué les motifs
d'une aussi étrange variation , nous avons cru
pouvoir les rechercher, et cela nous a conduits
à remarquer, qu'à l'âge de trente-trois ans, ce
prêtre , pour avoir ûri prieuré de douze mille
Iivïes, a servilement flatté les rois; et qu'en '792,
ce même homme étant, par une révolution à la
quelle il a ardemment coopéré , devenu évêque
constitutionnel . n'ayant plus besoin du roi son
bienfaiteur, il l'a lâchement abandonné, et a bas
sement prêché" une doctrine régicide , pour flatter
le peuple et la faction qui le gouverne , et con
server son évêché. Que par-conséquent, il n'a
jamais tlit ce qu'il pensait , et qu'enfin M. Torné
est un avare sans foi , ni loi , ni conscience , et
sur la porte duquel on peut écrire en tous tems ,
comme sur celle de beaucoup d'autres :• Hommes
Ai VENDRE. :
• .: . B. bé.

Quand on a saisi et pillé les biens des princ s


«t gentils-hommes français , on a pris pour prêt-
texte que la patrie étant en danger, ils dévoient
( «se y
rester en France ; et cependant îl n'y a que huit
jours qu'on a déclaré que la patrie étoit en danger ,
donc elle n'y étoit pas quand on a saisi les biens
des émigrés , donc on a fait un acte d'iniquité et
de scélératesse, donc on en sera puni.

Depuis que les ministres ont donné leur dé


mission, on a offert leurs places à plus de cinquante
citoyens qui les ont inhumainement refusées,- si
cet éloignement continue, on sera obligé de ré
tablir quelques parcelles de l'ancien régime, et
de forcer tout le monde à tirer à la milice mi
nistérielle: on verra donc encore de malheureuses
mères pleurer à chaudes larmes, et se désespérer
dans la crainte de voir leurs enfans avoir le mal
heur de tomber minisire; ce sera d'autant plus fâ
cheux, qu'on aura pas, comme dans l'ancien régime,
la facilité de se faire remplacer au tirage ; car
personne, pour telle somme que ce soit, ne
voudra sûrement s'exposer à tomber ministre pour
un autre.
ma
Nouvelles de la guerre.
Nous avons reçu des nouvelles très-satisfaisantes
du département de VAisne de M. Beauv D'epré...
attaqué , comme on sait , sur ses derrières par le
commandant d'une troupe à pied , lequel avait
fait ces jours-ci une invasion sur son territoire ;
on avait craint que la maladie ne gagnât ce dé
partement ; mais il a reçu de puissans secours de
la médecine qui ont dissipé toute inquiétude à
cet égard : quand au général Neuve-grange dont le
corps a été battu il y a quelque tems par le gé
néral 'Jownow \ il se tient toujoursretranché dans
son camp ; il se rassemble dans ce moment-ci ,
pour tenter une seconde fois le sort des armes.
( »5i )

Nous sommes bien éloignés d'approuver la pé


tition qu'un fédéré fit à l'assemblée le i8,mais
nous invitons nos lecteurs à nous dire leur avis
ïur cette phrase qui s'y trouve insérée au com
mencement. — » Les dangers de la patrie sont sur-
>> tout dans cette noblesse qui affecta Icng-tems le
>> patriotisme , pour conserver des places , et des di-
»> gnités , tous ceux gui dans cette caste funeste joi-
>» gnaicnt une vieille franchise à l'orgueil des préju-
>> gés SONT EN BATAILLE DEVANT NOUS , Ceux qui
>j sont restés en France sont les plus vils , et les
»> plus perfides des courtisans a.

Invocation aux bottes de Bender.


Chef-d'œuvre du grand Saint-Crépin ,
Quand viendrez-vous , botte divine ,
Nous délivrer de la famine ,
D'argent , de raison et de pain ?

Nous n'entreprendrons pas de qualifier le décret


qui blanchit le respectable M. Pc'th... ; la langue
française n'a sûrement pas d'expression convenable.
Tout ce que nous pouvons dire , c'est que c'est
la suite et le complément de tous les blanchissages
à la Chabroud , de tous les crimes commis depuis
trois ans : il ne manquerait plus aussi que dç
blanchir le digne M. Manu... Malheureusement ,
il en est de tous ce» blanchissages , comme de
de la clef du conte de la barbe- bleue : on avait
beau l'essuyer , la récurer , le sang dont elle était
teinte , reparaissait d'un côte , à mesure qu'on
( i5« )
l'effaçait de l'autre. Au reste , ce qu'il y a de
certain, c'est qu'excepté peut-être les feuillant,
tous les partis sont infiniment contens de cette
restauration , et nous ne doutons pas quavanjt
peu nous n'en voyons résulter de très-heureux
effets.
i ■» mm rin _ J
La plus grande partie des paysans jlamans et
picards qui sont à même de voir de plus près
que nous le rtiour de l'/irdre< se sont empressés
de porter à leurs seigneurs le montant des renies
seigneuriales qu'ils avaient refusé de payer jnsqu'à
ce moment. — Les honnêtes gens doivent tspérer
que malgré 1e décret qui annulle cette propriété
avec autant de raison que de justice , cet exem
ple sera suivi avant la fin de l'année par tous
les redevables répandus sur la surface de notre
bienheureuse patrie.

Parallèle de l'ancienne et de la nouvelle, constitution


de France. — Par un avocat du parlement de
Paris. — Il s* vend chez Lallemant, sur le
Pont-Jfevf, N°. 19.
Cet ouvrage écrit avec autant de netteté que
de précision, présente le développement des vé
rités éternelles que tout homme de bien et 'dé
sens porte dans so'n cœur. Quelle reconnoissance
ne devons-nous pas à son estimable auteur qui
démontre si complettement la nécessité de ren
verser l'œuvre monstrueuse qui a boulversé le
premier et le plus bel empire de l'Europe.

X>t l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dent le Bureau


est me neuve Jfaînt-Marc , JV". 7 , «a mm de la rue Favarl , place de la
gomèdie Italienne. Le prix, de Vabonnement est pour un mets , de 3 liv. pour
taris, tt de % Ht. i5 sels ptur la province , franc deptrt.
N ' *°' aSËkA rM"ge et incendie d*
, ,. r ... v..". «,-.' plusieurs châteaux par
Vendredi so Jaillit F£*7* Us jacobins.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout feiltur de Jeurnal doit tribut lu malin.


LA FOHIAIRI.

Ne vaudrait-il pas mieux, dira-t-on , qu'il y


eût des princes de mérita , que des princes de
naissance , et que Ton pût monter par la vertu
plus haut que par cette vaine qualité ? N'est-il.
pas injuste qu'un général d'armée, après avoir
conquis les provinces , soit obligé de les céder à
un prince du sang sans expérience et sans esprit?
Non, cela n'est. point injuste , c'est au contraire
la plus belle invention que la raison ait pu trouver
pour adoucir la fierté de la grandeur, et pour la
décharger de la haine et de l'envie d«s inférieurs.
Si l'on était grand que parle mérite, l'élévation,
des grands serait un avertissement continuel qu'on
les a préférés à bien des gens qui croyent les sur
passer en mérite.' Mais en attachant la grandeur
à la naissance , l'on calme l'orgueil des inférieurs ,
ftt l'on lçur rend la grandeur beaucoup moins in
commode. Il n'y a point de honte à céder, quand
on peut dire , je dois cela à sa naissance. Cette
raison convainc l'esprit sans le blesser par le dépit
et la jalousie ; il y est accoutumé , et il ne se
révolte point contre un ordre établi qui ne lui
est point injurieux.
TomAV. Année 179t. V
( iH )

Les patriotes s'apperçoivent avec douleur que


le journal de leur vertueux ami Gorsas varie
considérablement depuis qu'il a la certitude de la
marche des troupes prussiennes vers nos frontières,
et que depuis ce moment il change de principes
/' comme de chemises, -f Ils sont d'autant plus
fâchés de ce changement qu'ils l'attribuent à la
peur.

Couplet horrible, affiché sur furie des portes du


manège de CRACOVIE.
Air : du nègre , dans Vamitié à répreuve..
Allez bien vite au diable
Législateurs fripons;
Votre plan effroyable
Jamais nous ne voudrons ,
Jamais, jamais nous ne voudrons.
Il détruit la couronne ,
Le parjure il ordonne ,
Que le ciel vous pardonne !
Car pour si beau projet
GIBET , GIBET
Vous attend , vous attend en seefet. (6is)

Les pauvres feuillans sont si abattus , si attérélV,


si assommés par la réintégration du chef des j,s-
cobins, qu'ils vont, selon toute, apparence, ewr
ployer la derniere ressource qui leur re*te i et dont
( xS5 \
ils Conviennent de bonne Foi ) c'est-à-dire , se
jetter tout franchement, tout loyalement entre les
bras de nos princes , qui auront peut-être là
bonté de leur pardonner; mais il faut que les
feuillans se dépêchent , ils n'ont pas un instant
à perdre , ou bien il faut qu'ife se fassent jacobins ,
il n'y a pas de milieu : dans un bois infesté de
brigands , il faut être ou voleur ou gendarme.

Beaucoup de personnes ont pensé que le dépar


tement de Paris aurait dû moins se presser de pror
noncerle suspendement du sieur Pet... , et ne lancer
sa foudre que la veille de la fédération, et qu'alors
les jacobins, malgré leur bonne volonté, n'au
raient jamais pu iaire figurer au Champ de Mars
leur protecteur , devenu leur protégé. Mais d'au
tres , au contraire , se réjouissent de ce qu'il y est
venu braver, à Faide des brigands , toutes les loix
et toutes les autorités ; ils pensent que tout est au
mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Effet perdu.
Monsieur de Sillery avait confié des papiers de
la plus grande conséquence à un de ses agens qui
devait les porter à Londres , et qui les a perdus
la veille de son départ. Récompense honnête à
celui qui les rapportera à son hôtel.

Le discours du pauvre Héros de VEchelle surpasse


en platitude tous ceux des autres jacobins de
l'assemblée , et c'est , en vérité , beaucoup dire.
Ce Hires était précisément auprès de M- d"Ambray ,
( .56 )
ce que M. de la Fayette était auprès de M. de
Gouvion. Si à la mort de ce dériver , ce général
a perdu la tête , on peut dire qu'en se séparant
de M. d'Ambray , l'ex-avocat a perdu le cœur et
l'esprit. Le héros - commence à avoir une telle
frayeur, que sa figure, ci-devant passable, est
devenue hâve, creuse, ridée, ensorte qu'au dé
nouement , il n'aura seulement pas la consolation
de faire un beau pendu.

Il y a très-peu de départemens qui n'aient paj


encore témoigné toute leur indignation contre les
crimes du 20 juin ; cependant on n'a pas encore
reçu l'opinion du président du département du
Danube, ni de celui de la Sprée , non plus que
celle du président du département du Tage, des
bouches du Rhin , du Tibre , du Sund et du
Bosphore. Le président de la Tamise a manifesté
toute son horreur pour ces crimes affreux , et
bien plus odieux que celui qui a été commis
dans le département de la Baltique , puisque cet
attentat était le crime d'un brave qui sacrifie sa
vie, au-lieu qne celui de Paris est le crime d'un
lâche qui paie et qui dérobe sa tête. On ne doute
pas de l'opinion du Président du département
de la Néva, mais on est bien surpris que celui
du Mançanarès- n'ait pas présenté une forte pé
tition. On croit ce directoire entravé par un
certain syndic , mais on espère qu'il ne tardera
pas à être suspendu de ses fonctions.

Le département de Péronne ayant demandé à


l'assemblée nationale , si d'après les délits constatés
de Saiut-Huru... , il devait être regardé comme
(i57)
ctiminel de lèze-nation, et envoyé à Orléans , le»
habitans de Bicêtre ont chargé le sieur Manu... ,
leur avocat, de dresser une pétition pour réclamer
ce coupable , prétendant qu'il ne peut être jugé
que par ses pairs.

Extrait d'une lettre de Coblentz. — Il vient d'être


présenté aux princes la carte générale de la pro
vince du Rouergue , que certaines gens appellent
maintenant département de l'Arveyron. Le plus
petit chemin , le plus petit hameau y sont dési
gnés par leurs noms. Les villes, villages et bourgs y
sont distingués par le nom du possesseur de cha-.
que maison , il paraît que les villes de Rodés ,
Milhau , Espalion , Severnac , Mur-de-Barrès , S.
Laurent y jouent un grand rôle , et sur-tout la
ville de SaintrGéniez , où le marmiton Chabouc a
fait bâtir de ses rapines uu hôtel qui doit êtra
rasé avec tant d'autres à la fin du mois de Sep
tembre prochain. On a promis aux Princes qu'a
vant le commencement de la campagne ils auraient
des cartes semblables de toutes les autres provin
ces qu'il sera néesssaire de purger des brigands
révolutionnaires qui les infestent.

Monsieur Cambo . . . dit hier à messieurs les


législateurs composans le comité de finances ,
qui se plaignaient de ce que le frère Servant , en
emportant les regrets de la nation , emportaient aussi
au moins quinze-cent mille livres ; que quand une
ïjation avait tant fait que de voter des regréts ,
un comité était dispensé de faire attention à cer
taines misères.
( x58)

M. de Luck . . . disait hier à un de ses amis que


toutes nos forces actuelles ne pourraient s'oppo
ser à une seule des armées ennemies , et que si on
ne le mettait pas en état de pouvoir vaincre , il
donnerait sa démission , parce qu'il ne roulait pas
se déshonorer, t< Ah mon ami! lui répondit l'autre ,
vous vous en avisez un peu tard , il falloit faire
cette réflexion , lorsque vous avez accepté le
commandement et' le bâton.

L'armée des alliés réunis sur les bords du Rhin ,


nous représente celle des Grecs rassemblés sur les
let bords du Simoïs , pour punir l'insolence des
Troyens. M. le prince de Brunswick , nommé gé
néralissime, nous rappelle Agamemnon élu par le
vœu de tous les Grecs ; I'Empereur à la fleur du
bel âge , remplace l'invincible Achille ; le Roi DE
Prusse est Diomède ; Monsieur frère du Roi , et
Monseigneur le Comte d'Artois sont les deux Aja'x :
Mgr. le Prince de Condé est Ulisse , et Mgr. le Duc
de Bourbon , son fils Télémaque (ij . M. le maréchal
de Broglio est le Nestor de l'armée, M. de Bouilli
est le Patrocle , et M. de Calonne est Calcas.

Dans la nouvelle grammaire, dire que la patrie


est en danger, signifiera que cinq à six cents bri
gands ont peur d'être pendus : ce qu'il y a de
certain, c'ett que par-tout on a reçu avec beau-

( I ) Qjietques critiques nous diront que Tcle'maqne n'était pae


tu siège de Troyes ; nous dirons que cela n'empêche pas que U
héros <fax le remplace ne se trouve au siège de Strasbourg.
( «5g)
coup de tranquillité et même d'indifférence la
nouvelle de ce danger ; bea*coup de gens du
peuple ont fait , au crieur même , la réponie du
docteur Beauv de Pri... au commandant de
la garde nationale : Je m'en f . . . .

Vers à foccasion de forage de la nuit du 16 au 17.


Oyez dam leurs œuvres funèbres
Vociférer vos permanents ;
On dirait anges de ténèbres
Au bruit que font ces mécréans.
Mais ils ont beau braver la foudre
Et le destin qui les attend,
L'aigle plane et va mettre en poudre
Jusqu'au grelot du président.

Pendant la cérémonie du 14, les spectateur»


qui étaient derrière criaient sans cesse à ceux qui
étaient devant de s'asseoir; un plaisant ennuyé
d'entendre toujours les mêmes cris , monte sur
sa chaise : >» Messieurs , avez-vous donc oublié
que la patrie est en danger , et que la nation
entière doit se lever ? >»

Lettre d'un de nos abonnis de Marseille, du 8


juillet 1792.
Vous aurez été révoltés, messieurs, de l'adressa
du conseil général de la commune de cette ville ;
je dois à fhorinéur de mes concitoyens de vous
apprendre ce qui s'est passé à cet égard. Cette
( '6o )
adresse rédigée par un certain nombre de fac
tieux tous jacobins, a été envoyée aux différentes
sections, pour obtenir des signatures; toutes ont
refusé de souscrire. Dans plusieurs, l'indignation
a été telle , que tous les membres se sont levés
et sont sortis sans proférer une seule parole : Le
lendemain on a trouvé placardé sur les arbres
de la liberté plantés sur le cours et à la place
Saint-Louis :
Âh ! que ces arbres sont beaux
Pour y pendre le maire et les municipaux !
Et sur une muraille du port où il y a un gro*
crochet de fer :
Au crochet de cette muraille
Il faut pendre le maire Mouraille ,
Ainsi que tous les Bouquillons
Qui lui servent de compagnons ,
Qui, comme lui, sont des fripons.

Il est bien à craindre que l'assemblée voyant


}e déchaînement général de tout ce qui porte une
culotte ( i ) , contre le blanchissage du sieni Pet.. ,
ne nous livre le sieur Manu. . , pour nous appai-
ser , de mê,me qu'une tendre mère donne du sucre
d'orge à ses enfans pour les empêcher de crier:
nous sommes d'avis qu'il faut toujours manger le
bonbon , et puis après nous tâcherons de ratrap-
per ce qui vient de nous échapper.
( 1 ) En parlant de ce qui porte une culotte, nous sommes
bien éloignés de confondre avec ce qui n'en porte pas , cette
aimable moitié du genre humain , qui ne s'en abstient que pour
sa commodité , et qni serait bien digne d'en porter par la pureté
et la fermeté de ses opinions.

lie lrImprimerie du Tournai de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


est rue neuve Saint'Marc , JVa. 7 , au coin de la rue Favart , place de Im
comédie Italienne. Le pria de Vabonnement est pour itn mois , de 3 liv. pota
Paris , et de 3 liv.. 1 i seh pour la province: , franc de port.
M. de Monttsson et sen
m ,. t -H %%*"*$£ beau-père , martyrs au
Samcd! ii Juillet. RV^? Maini

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiiaur de Jturnal doit tribut au malin.


LA F O « TA 1 M t.
i « i «O
On distingue la tyrannie d'un seul et celle de
plusieurs ; cette tyrannie de plusieurs serait celle
d'un corps qui envahirait les droits des autres
corps, et qui exercerait le despotisme à la faveur
des loix corrompues par lui.
Je détesterai moins la tyrannie d'un seul que
celle de plusieurs. Un despote a toujours quel
ques bons momens ; une assemblée de despotes
n'en a jamais. Si un tyran a fait une injustice, je
peux le désarmer par sa maîtresse , par son con
fesseur ou par son page ; mais une compagnie
de graves tyrans est inaccessible à toutes séduc
tions : quand elle n'est pas injuste, elle est au
moins dure, et jamais elle ne répand de graces.
Voltaire.

Le Sr. Kcr-malsain a fait l'autre jour uune assez


singulière motion ; il a proposé de faire apprendre
à tous les soldats les fortifications , les mathéma
tiques , l'astronomie , la castrametation, et enfin
toutes les hautes sciences; ils n'auront guères le
J'omdV. Année 1792. X
l i6< y
tems d'apprendre -tout cela d'ici à un mois; nous
ne savons pas si le sieur Ker. . . les possède lui-
même ; ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il a bien né
gligé celle du génie , et sur-tout Cart de savoir
bien prendre scn parti.

On a reçu des nouvelles très-vagues de l'assas


sinat commis par l'armée patriotique du midi sur
M. le comte du Saillant et deux ou trois autres
officiers : on prétend avoir découvert un grand
complot: mais à qui pourroit-on persuader qu'un
homme experimenté ait pu prendre les armes au
milieu de la France , sans se donner le tems d'at
tendre l'arrivée des troupes étrangères qu'on sait
être prêtes à y entrer. Au reste la conduite de
M. du Saillant, et celle de ses assassins , présente
un grand contraste : le premier a accordé une
capitulation , les biens et la vie aux gens qu'il
avait pris dans le château de Bannes; et les autres
ont lachement assassiné leurs prisonniers.

AUX RÉDACTEURS.
Messieurs , une dame qui occupe un apparte
ment dans la rue des Bons-Enfans , m'a rapporté
ce matin , qu'elle avoit entendu dire au chevalier
de Rutlid... chez un locataire de la même maison
où elle demeure , qu'avant le 3o de ce mois , il
y auroit 1o,oo0 nobles égorgés à Paris , que le
roi seroit suspendu de ses fonctions et gardé à
vu».
Ce propos abominable et digne d'un homme
non moins abominable, est une preuve bien
triste des nouveaux crimes que méditent les ja
( i65 )
cobins; mais.Ia providence est sur les frontières, et
La garde qui veille aux barrières du Louvre
En défendra le roi.
J'ai l'honneur d'être etc.

On assure que M. Condor... vient de réaliser


toute sa fortune , et se dispose à partir sous un
mois, pour Botani-bai.
On vouJroit connoître celui à qui il a vendu
le secret qu'il possédoit seul, de mentir sans pu
deur , à sa conscience, et d'être effrontément
ingrat envers ses plus augustes bienfaiteurs.

Pour répondre, messieurs, à la question insé


rée dans votie numéro 17 de ce mois, nous di-
10ns : que nous ne savons pas précisément quel
est le membre de l'assemblée qu'eut embrassé le
marquis de Villette , s'il eût été député le jour de la
séance de l'amourette , mais nous sommes con
vaincus que c'eût été un évêque , in partibus.

N. B. Les jacobins de fassemblée viennent de ré


diger deux adresses , l'une aux citoyens , et l'autre
aux soldats français ; mais nous pensons qu'elles ont
été falsifiées dans les gazettes : nous allons les insérer
telles qu elles nous ont été confiées par une personne
très-instruite. I
Citoyens ,
Votre constitution repose sur les bases de la justice
éttrnelle , et même sur celles de l'évangile qui dit,
dans la parabole des talens: on prendra le bien
( i64 )
de celui qui a quelque chose pour le donner à
«n autre, et à celui qui ne possède rien on lui
prendra même ce qu'il a ; malgré cela , qui le
croiroit, une ligue de roitelets st lève pour la dé
truire ; ils envoient contre vous des troupes nombreuses
et soumises à la plus rigoureuse discipline ; par con
séquent elles vont dévaster vos moissons , désoler
votre patri» par l'incendie et le meurtre ( tandis que
nous leur avons donné un exemple bien contraire ,
à Courtrai et ailleurs ) et sur-tout pendre nos frère»
jacobins! Noire armée n'est pas encore prête, notre
société a déclaré qu'elle étoit en danger, mais elle
n'çst pas destinée à aller le repousser aux fron
tières, son rôle est de délibérer pendant que les
autres combattent, elle est faite pour vous éclairer
et diriger vos coups contre les ennemis du dehors
et sur-tout du dedans; ses seuls exploits militaires
doivent se borner à fouetter quelques femmes, à
brûler et piller quelques maisons et à tourmenter
quelques prêtres catholiques; c'est donc à vous à
marcher: citoyens, hâtez-vous, notre société est
en presse , c'est à vous à l'en tirer. Qui de vous
pourroit regretter de se ruiner et de se faiie casser
quelque bras ou quelque jambe pour une si belle
cause ; cependant gardez-vous de croire que nous
ayons peur, comme quelques malveillans nous
en accusent; nous avons fait vœu de vivre libres
ou de mourir , et nous le tiendrons comme les Hol
landais, les Génevois, les Porcs-en-Truye , les
Liégeois, et en dernier lieu les Brabançons, qui
tous ont répandu ( comme on sait) leur dernière
goutte pour la liberté : "Français , qui depuis quatre
ans luttez contre le despotisme ( des jacobins) , nous
vous montrons les PRÉCIPICES, prenez bien garde
d'y tomber comme ont fait plusieurs fédérés au
palais-royal: les nations vous contemplent et attendent
de vous un grand exemple; vous voyez comme elles
s'empressent àvolersous vos étendards, vous voyez
( i65 )
comme les Brabançons vous secondent, comme
les Allemands vous secourent, comme les Savoi-
sisns vous aident, comme les Anglais vous admi
rent, comme les Espagnols vons applaudissent,
comme les Russes vous envient et comme tous
les autres peuples vous bénissent; il ne s'agit donc -
plus que de donner encore un petit coup de col
lier, et voilà les jacobins hors d'affaire ; quil seroit
malheureux , celui de vous à qui on pourroit dire un
jour, tu as vu pendre sous tes yeux presque tout
1es jacobins ou capucins de l'assemblée, tu as vu
suspendre l'incorruptible Pet..., le digne Manu..,
les sieurs Carr... , Mar... , Gers..., Prudh... , Con
dor..., Bris..., Audou.... etc., etc.. tu étois-là, et
'tu ne l'as pas empêché! Non, citoyens, on ne
vous fera jamais un si cruel reproche ; car plutôt
que de vous y exposer, nous irions sur les bords
du Sciotto ou de l'Oyo, ou dans la cité protec
trice de Londres, et si jamais les autrichiens vous
ramenoient tambour-battant jusqu'à Paris, soyez
sûrs que vous ne nous y trouveriez plus.

Encore une victoire remportée sur les troupe»


Russes , par nos braves confrères les Polonais ,
dont, ( par parenthèse j un régiment a été corn-
plettement détruit , de l'aveu même du gazetier.
Nous ne croirons jamais ce que disent les mal-
veillans , que tous ces bruits de victoires des-
Polonais ne sont que pour remplir le petit emprunt
de Hollande; en attendant, les Russes vaincus
pénètrent de tous côtés dans le royaume de leurs
vainqueurs: des confédérations s'y forment en
mille endroits, pour appuyer les vaincus. Heureu
sement pour les jacobins , que cette mode n'est
pas encore tout-à-fait établie en France , à moins
qu'on ne veuille appellcr de. ce nom le rassem-

"

/
(i66)
blement des Catholiques du midi, qui ont attendu
trois ans pour s'ennuyer d'être pillés et massacrés.
Il faut espérer que la patience des autres hon
nêtes gens du royaume sera encore plus longue.
Quant aux Polonais , ces vainqueurs demandent
humblement la paix aux vaincus , et frappent à
toutes les portes pour trouver des intercesseurs ;
mais l'empereur et le roi de Prusse leur ont so-
lemnellement déclaré que bien loin de les dé
fendre, ils seconderaient, au contraire, les Russes,
si, par impossible, ils avaient besoin de leur se
cours. On peut calculer, d'après cette réponse,
la vérité de la nouvelle ministérielle de l'autre
jour, que la Russie n'avait fait semblant de sou
tenir les émigrés, que pour tromper l'Empereur
et le roi de Prusse , et pouvoir elle-même agir
librement en Pologne : si cela est, ces deux
souverains ont bien de la bonté de prendre son
parti.

Nos généraux , et nos armées entières , conti


nuellement harcélés et vexés par les jacobins, et
qui, malgré cela, prennent leur parti contre tous
les souverains et contre les princes français ,
ressemblent à ces femmes que leurs maris rossent
continuellement, et qui, malgré cela, sont prêtes
à arracher les yeux aux gens qui voudraient
prendre leur défense.

Le jour que le corps municipal rendit compte


à l'assemblée du mandat d'arrêt lancé contre MM.
Pet... et Manu... , le bruit se répandit dans la
salle qu'on en allait aussi lancer un contre trente
membres de l'assemblée ; aussi-tôt la terreur s'em
para de ceux qui n'avaient pas la conscience
\
( «6* )
bette; leur» nez s'allongèrent, leurs teint se dé
colora , etc. : ils sautèrent au col des gardes natio
naux, en les priant de les protéger. Heureusement
qu'ils se rappellèrent qu'il en était de la salle du
manège , comme de la piscine de Siloë , et qu'on
y devenait blanc comme neige , tel crime qu'on
pût avoir commis : aussi, M. Camb.. s'écria, res
tons ici, messieurs, nous y sommes en sûreté,
comme l'aigle qui se réfugia dans le sein de
Jupiter, pour éviter la poursuite de l'escarbot ;
envoyons seulement chercher du renfort ; mais
où trouver nos jacobins à l'heure qu'il est ; ils
sont sûrement ivres et endormis. Il me vient une
idée , s'écria un autre , faisons comme dans le
lutrin de Boileau, pour réveiller les chanoines :
Prenons du Saint-Jeudi la bruyante cresselle ,
Nous sommes sûrs qu'elle nous amenera au moins
nos évêques , à moins qu'ils ne soient couchés
avec leurs femmes. La motion fut appuyée ; mais
comme il était plus de minuit , on passa à l'ordre
du jour.

Nous avons lu avec beaucoup de plaisir dans


le journal de M. de Monjtye , le passage suivant
qui termine son récit par la cérémonie du 14
juillet. •» Quel charme puissant n'a pas le seul
aspect de l'auguste et courageuse famille royale !
Rejouissez-vous un moment , vrais français , elle
est rentrée tranquillement au château , et la jour
née du 14 juillet est passée >>! Gloire soit rendue
à l'ami du roi, et à ceux qui lui ressemblent.

On annonce une parodie de la mère coupable


du titvr Beaumar.... , ( qu'il auroit dû intituler Toi
( x68 )
slveté. ) Le titre de 1» nonvelle pièce ne différera
de l'autre que dans l'article le substitué à l'article
la ; elle s'appellera le maire coupable ; on assure
que cet' ouvrage est extrêmement bien écrit et
extrêmement moral, le crime y est sévèrement
puni et la vertu admirée et recompensée : noui
espérons pouvoir donner des nouvelles de sa repré
sentation dans la première quinzaine du mois
d'août.
Le roi des français a écrit au roi de France et'
di Angleterre, pour le prier d'empêcher une coa
lition qui menaçoit tous les peuples libres , es
sur-tout les rois libres ; on en a beauéoup ri en
Angleterre.

Aristocrates , démocrates , feuillans , jacobins , monarchiens ,


ignorantins , tous ont été attrapés au tableau des espiègleries de
la cour , que le Bouc , libraire au palais-royal ,, vient d'exposer.
Chacun d'eux l'a cru dessiné d'après son système ; mais M. Mo-
-ïizot , qni en est l'auteur, n'est qu'un enragé royaliste, auquel
la pluralité des rois, comme celle des dieux, n'est point agréable.
Il ne veut qu'un Dieu , un roi , une loi , ainsi qu'au vieux
tems. On dirait que cet avocat conçoit le plan social , d'après
celui du drame. Il ramène tout à l'unité, quoique quelques mil
liers de rois et autant de dieux , présentent plus d'avantages. Il
y en a pour tout le monde , et si on n'est pas content des uns,
on encense les autres. En vérité , ce n'est pas connaître les source»
du bonheur , et quand M. Morizot prétend qu'on ne peut se passée
de la justice et de la probité; il semble revenir de l'autre monde
pour démentir l'évidence et l'expérience. Tous ces brocards de
droits sont effacés du code depuis qne nous sommes régénérés ,
et il n'en est que plus aisé à retenir. Je conseille à M. l'avocat
de faùe nu nonveau cours, et si peu qu'il aît d'aptitude, il ap»
prendra bientôt, qu'avec des poumons civiques, des maximes tri
colores , des piques à la Carra , on Erissote plus vite un décret ,
qu'avec des axiomes et des principes.

Se l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


til rue neuve Saint-Marc , JV8. 7 , au coin de la rue Favarl , place de la
comédie Italienne. Le prix de l'abonnement est pour un moii , dt 3 lia. pour
tarit, (1*3 lin, îS sohptur la province , franc deport.
N°' **' /*^à Massacre de MM.
n. , r .,, „ M* ■,*.W' Foulon et Bzrthisr.
Dimanche 2« Juillet. }\-> /0^.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut, au malin.


1» fOUTAIKI.
m

La populace , toujours extrême , toujours bar-


bare> va déterrer le corps de Concini, inhumé
à Saint Germain-l'Auxerrois , le traîne dans les
rues, lui arrache le cœur, et il se trouva des
hommes assez brutaux pour le griller publique
ment sur des charbons et pour le manger.
1l y avait dans la nation un esprit de férocité
que les belles années de Henri ir, et le goût dr»
arts apporté par Marié de Médicis., avaient adouii
quelques tems ; mais qui, à la moindre occasion ,
reparaissait dans toute sa force.
Voltaire, Essai sur les meurs, lom. Y ,
ck. 174 , p. 3 17 , Edit : de Beaumarcl,.
Nota. Qjie nos bons ayeux seraient étonnés de trouzer
dans leur postérité un peuple de frères, dont lis
lumières et Curbanité réveillent et attirent sur lui
ïattention de toute l'Europe.
aftESsaSSEE»

Les deux articles les plus saillant de la décla


ration du danger de la patrie sont, i°. celui qui
enjoint à tous les départemens de se fournir
chacun d« mille cartouches, et t°. celui qui 01-
TomdV. Année 1792. Y
. ( »7<? )
.donne à tous lès citoyens de dénoncer et d'ar
rêter toat homme qui prendrait, avec ir.auva.uc
intention, une autre cocarde que celle dite natio
nale. Pour prouver à l'assemblée notre déférence
et notre obéissance à ses volontés, nous allons,
dès-à-présent, dénoncer plus de trois cents mille
malveuillans (que nous arrêterions aussi si nous
en avions la force) qui se disposent a venir in
cessamment avec des cocardes suspectes, et très-
certainement avec des intentions qui ne le sont
pas moins; ainsi, de ce côté-là, voilà notre tâche
de citoyens remplie. Quant à l'article des car
touches , nous, pensons qu'excepté dans le dé
partement de Paris', on en trouverait facilement
un bien pins grand nombre que l'ordonnance ne
le oorte. Il sera difficile d'en trouver mille dans
aucun des départemens ,. sur-tout dans celui de
la Somme , leurs déclarations énergiques ayant
prouvé que les peuples y étaient tous d'honnêtes
cens : ainsi, pour completer les mille cartouches,
on sera obligé de prendre des jacobins; mais on
s-ait qu'ils ne veulent pas même aller à la guerre,
qui est un métier infinimeait moins fatiguant, et
infiniment moins dangereux que celui de cartou
ches. Pour plaire à ces messieurs , il faut leur
nhbort.tr le crime ; ils ne veulent avoir ni le danger,
ni la peine de l'aller chereher.

Le sieur Manu,, s'est surpassé lui-même dans


k discours qu'il a' prononcé à l'assemblée, pour
justifier sa conduite dans l\.ffaire du 2o juin, et
pour demander la même opération épuratoire
que son confrère Peth... ; il a entassé toutes les
injures et toutes les horreurs imaginables contre
le roi . contre les départemens , contre la garde
nationale , contre toutes les loix et contre tous
« (.l-t )
les honnêtes gens : enfin, son plaidoyer a été aussi
plat qu'insolent? et aussi extravagant qu'atroce ;
malgré cela, qui le croirait , il n'a pas pu obtenir
la bienfaisante lavonette qu'il méritait à tant de
titres.

Nous sommes quelquefois obligés d^mprunter


Je langage des hallçs , lorsque nous en célébrons.
les héros : par exemple ,.nous dirons que jamais
illumination n'a été aussi noire que celle qui a
célébré le blanchissage du respectable M. Peth...;
elle ressemblait aux ténèbres visibles dont parl'e
Miltoii ; ou plutôt , pour prendre le ton qui
convient à Ja chose, le pauvre Pet... y brillait
.précisément comme un dans une lanterne.

ThÉatre national.
Les comédiens du manège ont épuisé le répertoire
des tragédie , farces , comeditt , etc , que l'ancienne
troupe leur a laissé ; ils vont donner des panto
mimes et des ballets ; ils répètent dans ce mo
ment ci , et même deux fois par jour , lé ballet
de CORISANDRE.

L'assemblée , qui a beaucoup de ressemblance


avec le sénat de Rome, comme la nation Françrnrc
.avec le peuple Romain, va, dit-on, accorder une
couronne de chêne au docteur sénateur Beauv...
de Pré... , qui a sauvé , l'autre four , d'entre les
mains de la garde Prétorienne , un citoyen qui
avait été arrêté par ordre du, consul, pour avoir
Insulté la majesté du sénat 'français.
( 17* )

La reputation du fameux Carr... serrure est tellement e'tablîe


aujourd'hui , que d'un bout du royaume à l'autre , il n'est pas
un individu qui ne sache qu'on peut, en toute assurance , s'adresser
à lui lorsqu'il est question de légitimer un pillage, un incendie,
eu quelqu'autre action atroce. La lettre suivante, tirée mpt-à-mot
de la correspondance des jacobins du a de ce mois , est une
.preuve convaincante de cette vérité.
]., De Flayosc ( district de Eraguignan, département du Var ) r8
ju'n. Le» habitans de cette ville qui se sont portes à démolir le
château de leur ci-devant seigneur M. de Villeneuve , exposent leur*
griefs contre lui. Il arborait toujours les signes féodaux proscrits
par les décrets. Le château eijît une citadelle dangereuse pour
Flayosc et pour l'état. 11 était fort lié avec MM. de Calonne et
d 'Arttii , et avait épousé leur amie, mademoiselle de Ferbin. [i]
Il a emieré deux fois, l'une à Vorms , l'autre à Turin. Il a re
fusé de payer l'à-comptc sur les impositions à la contribution pa
triotique ; enfin il voulait recruter 25 hommes. Il a de plus contre-
lui d'avoir été le plus méchant des ci-devant seigneurs de Flayosc.
-- Après d'aussi graves délits , les habitans de Flayosc croyent
être excusables dans leur conduite : Ils ont envoyé un me.no're
Li-de6sus au comité, ils prient M. Curra de faire des démarches en
leur favtur ,,.
Cette It-ure qui contient autant de calomnies que de mots , est
en même-tem» un modèle parfait de bêtise et de méchanceté. -Tous
ceux qui connaissent M. de Villeneuve ne voyent dans cet écrit que
la noire et ignare ingratitude , recherchant un appui digne de
protéger ses pas incertains et chancelans , et assurément il n'était
guères possible d'en choisir un plus cosvenable que le sieur Car..

Le sieur Montes..., "engraissé ci-devant à l'écurie


d'un grnnd prince, et qui e:t depuis quelque tems
au service de la nation, vient de trahir indigne
ment sa nouvelle maîtresse; il a refusé de voler
à "son secours: oh ciel! à qui se fier désormais:
qu'est-ce que le sieur Montes... veut donc faire
de ses aîles?

(i) La beauté est done aussi un titre auprès des tigres révolu
tionnaires , pour mériter leur haine , et pour exciter leur calomnie.
Madame de Villeneuve est une très-bclje fernine.
( x?3 ) .
- ——— mmm
Vers sur un personnage fameux, vir famoSUS.
Connoissez-vous ce chroniqueur,
Par ses écrits empoisonneur,
Du vrai mérite détracteur,
Des grands , jadis adulateur
Pour parvenir à la faveur,
Aujourd'hui leur persécuteur;
Libelliste d'état menteur,
Portant la rage dans son cœur,
De l'athéisme sectateur,
De la rébellion fauteur,
Et dont la femme sans pudeur
A tout venant" vend son honneur.
Ah .' puisse enfin le dieu vengeur
Nous délivrer de sa fureur!

On a demandé où étoit le seul prince du sang


resté en France le 20 juin, lorsque le roi étoit
assailli, outragé, menacé par les brigands. Il étoit
tranquillement à la place royale , aux pieds de
madame Ch....M...., et chantoit en duo avec
elle : -
Qu'importe l'univers à deux cœurs amoureux?

Hier soir, un grenadier, en buvant de la bierre


au caffé de la rotonde , convenait avec un de ses
camarades que la garde nationale avait laissé faire
beaucoup de choses auxquelles elle aurait dû s'op
(i74)
poser , que même on en faisait tous les jours
qui devaient lui donner des inquiétudes, ainsi
qu'aux honnêtes proprietaires , notamment le dé
part des troupes de ligne , la permanence des
fédérés , etc. Mais il ajoutait que si l'assemblée
s'avisait de suspendre le pouvoir exécutif, ou d'or
donner l'enlçvempnt du roi , pour l'emmener à
Bourges ou à Bordeaux , elle saurait bien se
lever toute entière pour "en empêcher l'exé
cution. — Hélas 1 mon ami , lui répondit son ca
marade, on a si bien su nous paitrir qu'avec un
décret , appuyé de trois ou quatre piqués , d'une
note de l'air ça-ira , et de deux bonnets rouges ,
on fera de nous ce qu'on voudra , et on fera faire
même , tout ce que nons ne. voudrons pas.
HUHTrTTT'

Un grand nombre de femmes sans culottes ,


usurpant la qualité de dames de la halle, se sont
présentées dimanche chez le général Luckn'er, avec
un gros bouquet , et criant de toutes leurs forces
vive Pethion, vive Luckner: ce général furieux de
se voir ainsi accolé, a reçu les députés avec la
plus haute indignation, et les a apostrophées de
la manière la plus énergique : le mélange des deux
langues ajoutoit beaucoup à la force de ses ex
pressions : les députées honteuses et confuses ont
été mises à la porte, remportant leur bouquet et
les épithètes dont le général les avoit qualifiées.

Le sieur Lespina , camarade du sieur Moreau ,


ci- devant caporal des gardes françaises, lui témoi
gnait ses inquiétudes sur le sort que la contie-ré-
volution , qui va se faire , préparait ja.ux soldais
de ce corps. — Le sieur moreau lui répondit qu'ils
( i75 )
Savaient plus qu'une espérance pour se tirer d'af-
ftire ; c'était d'être les premiers à arrêter et à garoter
les factieux et de les conduire en cet état aux
pieds des princes.

Bien des gens sont étonnés de ce que lés regi-


raens suisses restent encore au service des jacobins
après tous les outrages qu'ils en ont essuyés , et
qu'ils en éprouvent tous les jours , et dans un,
moment où la république helvétique est prête à
se joindre à la coalition des souverains , si on
ft'évacue pas le Porentruy. A cela, on répond qu«
c'est l'Histoire des lettres-de-change qui ont été
imaginées pour éviter les transports d'argent; les
puissances étrangères qui vont prendre nos suisses
à leur service , comptent bien les employer contre
nous ; et comme ils sont tout rendus, ils ne veulent
pas leur donner la peine d'aller les joindre pour
les faire revenir ensuite , t'est autant de tems et
de dépense d'épargnés.

ï.e fin mot de notre position se prononce ac


tuellement ( et nous en sommes témoins ) dans
tous les grouppes du palais-royal, du carousel ,
du luxemb'ourg, et par-tout; il y avoit des abus,
s'écrient ces 'malheureux ouvriers , fatigués dès
crimes qu'on leur a fait commettre, il falloir lès
détruire et suivre tes cahiers, nous serions bien
plus heureux que nous ne sommés.

M. Grarig.'.Q 'est reparu, l'autre jour, triomphant


a-vi milieu de l'assena blée; son front portoit l'em
preinte des bleïsur&s ïpi'ii-a reçttes-pour h défense
( i;6 )
de sa constitution; ces honorables cicatrices (sans
compter celles qu'on ne voyoit pas) ont inspiré
à tout le monde un si vif intérêt; qu'on a adopié
iinanimement une motion du sieur Grang..g qui,
en vérité , n'avoit pas le sens commun : on a re
marqué que les applaudissemens dont on a accablé
l'honorable membre et qui se manifestoient par
des claquemens et par des battemens de pied et
de cannes, lui faisoient une espèce de peine:
vraisemblablement par modestie.

Si nous n'écrivions que pour des Français , nous


leur épargnerions souvent la honte d'apprendre
les horreurs dont leurs compatriotes ne cessent
de se rendre coupables ; mais nous écrivons aussi
f)0*r les étrangers , et il est de notre devoir de
es instruire des crimes et des attentats que notre
nouvel ordre de choses ne cesse de produire
impunément, afin d'éloigner de plus en plus tout
les peuples de le laisser établir chez eux. Il y a
quelques jours que. la reine de France se pra-
xnenant tranquillement dans son jardin des Tui
leries , fut insulté par des brigands qui avaient
osé se décorer de l'uniforme national , ils chan
taient les chansons les plus obscènes, tinrent les
propos les plus menaçans , et portèrent l'audace
jusqu'à se prendre par les mains pour s'opposer
au passage de la reine et de ses enfans : les vrais
gardes nationaux qui accompagnaient S. M. re
présentèrent aux brigands tout l'odieux de leur
conduite ; mais ils en furent insultés et menacés,
et ce ne fut qu'à la dernière extrémité qu'ils se
déterminèrent à réprimer avec la plus grande sé
vérité des attentats aussi criminels.
9c l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau
est tut ntme Saint-Marc , JV». 7 , au coin de la rue Favart , place de la
camMie Italienne. Le priK de l'abonnement est pour un mois , de $ llv. pour
Paris , et de 3 liv. î S tels pour la province , franc de port.
jŒi&ifr Par '« jacobins chez
Lundis Juillet. y*M^rchcviqut de Bt-

JOURNAL
BE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiteut de Journal doit tribut au malin,


il F o H ta i ni.

Quoique la dignité royale soit égale par-tout,


le pouvoir des rois n'est pas par-tout le même :
les constitutions des gouvernemens monarchiques
diffèrent entr'elles. Un peuple peut se soumettre
à l'autorité d'un monarque , sous des conventions
qui deviennent aussi inviolables pour celui qui
commande , que pour ceux qui obéissent : le
peuple peut choisir un roi , et lui remettre le
le soin de prescrire les loix fondamentales : il
peut être assujetti par la conquête. Dans ces
deux dernières circonstances, l'établissement formé
par ce roi législateur, ou par ce roi conquérant,
caractérise la constitution particulière de l'Etat :
dans le premier cas , ce sont les conditions
convenues. Mais le roi auquel la nation a transféré
sa puissance sans restriction , ne souffre pas de
comparaison avec celui dont on a gêné l'autorité
par des clauses et des traités.
Dts Corps Politiques et de leurs Gouvernemtns ,
liv. 2 , ch. 4.

Le général Luchner a fait , l'autre jour, un acte


de vigueur, dont tout le monde lui sait le meilleur
TottuJV. Année 1792. Y
(«78)
gré : rassemblée , qui a usurpé le pouvoir exé
cutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir admi
nistratif, voulait s'arroger encore le pouvoir mi
litaire ; elle avait mandé le vieux général à sa
barre , pour lui rendre compte de sa conduite ;
mais le bon-homme , qui connaît la hiérarchie
des pouvoirs, a refusé net de se rendre à la
sommation : il a répondu , par écrit , qu'il n'avait
de compte à rendre qu'au roi, qu'il ne recon
naissait que lui pour chef, et qu'il le défendrait
de tout son pouvoir : l'assemblée est restée toute
capotte. Mais, en sortant de chez lui, le général
a été attaqué par ries brigands qui l'ont insulté et
menacé des plus indignes traitemens. Quel pays,
grand Dieu ! quelles loix ! quelles mœurs ! et
quel gouvernement !
•««aesMg
Le sicxir Carr... est fort scandalisé de la quali
fication cYhonnitrs gens , que prennent ceux qui
poitent des culottes, et qui ne pillent, ne brûlent,
ni n'assassinent personne : il dit que tous les autres
( c'est-à-dire les s?.ns-culottes j le sont aussi , et
que la preuve en est qu'ils laissent vivre les en
lottes. Mais le sieur Carr... conviendra qu'ils nie
les laissent pas tous vivre, et qu'il n'y a que trop
d'exemples du contraire aux quatre coins dix
royaume. Au reste , nous voyons clairement quelle
est la finesse du sieur Carr — il voudrait donner
le titre d'honnêtes gens à ceux qui enfoncent les
portes à coups de haches , et qui pillent les
meubles , afin de pouvoir le donner à ceux qui
ouvrent les portes avec des rossignols, et qui
crochetent les serrures, avec des carabines.

Les agens de la chambre étoilée d'Orléans se


sont plaints amèrement à l'assemblée de ce qu'il
leur était impossible d'immoler les victimes qu'on
a livrées aux soins de leur saint-office ; ils disent
que ces/ accusés l'ont entendre dts témoins qui
déposent tous en laveur de leur innocence , et
que si ça continue , ils ne pourront jamais donner
le second tome du marquis de Favras : ils deman
dent qu'on abrège de vaines formalités , afin de
pouvoir contenter l'impatience qu'ils ont dé ga
gner aussi loyalement et aussi utilement que l'as
semblée elle-même, l'argent qui leur est alloué
par la nation.

Les nouvelles Suisses ne nous sont pas infini


ment favorables : le régiment des garde3 ( nous
ne dirons pas le commandant) a signifié nettement
à l'assemblée qu'il ne s'en irait pas, sans l'ordre
des cantons ; en même tems , on a appris que
le corps Helvétique consentait à la neutralité ,
pourvu que les Français évacuassent prorr.ptemcne
les gorges de Porentrui. D'un autre cote , l'An
gleterre, aux genoux de laquelle la France s'est
mise , pour la prier d'intercéder pour elle , a
répondu d'une manière très-vague , parce qu'elle
sait bien que quand le gouvernement de France
parle , ce sont les jacobins qui patient : l'An
gleterre dit qu'elle employera ses bons offices
après des puissances , dans le cas oir tela pourrait
leur être agréable : voilà à quoi se bornent les
secours de nos amis les Anglais.

L'assemblée imite d'après nature les usages des


despotes de l'Orient , ellle ne reçoit aucun p!a-
cet sani qu'on y joigne une offrande pécuniaire,
veut-on dénoncer un ministre , un général , ou un
( .8o )
département ? il faut apporter un présent : veut-
on demander la suspension du roi ? un présent',
désire-ton le renversement de la constitution?
un présent ; veut-on blanchir un maire ou un
procureur prévaricateur? il faut un présent; enfin
il en est de même de toutes les pétitions.
O tems ô mœurs , j'ai beau crier
Tout le monde se fait payer.

Conversation entre un maître d'école, un gre


nadier et un paysan; ou le peuple désabusé. — Bro
chure de ii>8 pages m-32. Seconde édition , revue
et augmentée. Se trouve chez le petit et Guillemard ,
cemmissionnaires , rue de Savoye, n°. iol Frix
6 liv. la douzaine pour Paris, et 7 liv. peur l»
province.

L'ex- vertueux ministre , toujours occupé du salut


d'une patrie qu'il a la rage d'adorer, du malheur
d'un roi qu'il a la bonté d'aimer et de plaindre,
vient de gratifier l'univers d'un ouvrage en quatre
volumes, épais comme tout ce qu'il a publié,
et dans lesquels on assure qu'il se trouve quelques
mots de lui , pour démontrer q«e la nouvelle
constitution française, l'immortelle conception de
l'assemblée nationale soi-disante constituante , ns
vaut rien, et qu'elle est même impraliquable ,
et où, parlant du pouvoir exécutif, il a donné
à penser qu'il y a , dans son vaste génie , des
moyens de le rétablir en France , et de lui
donner toute la force , l'énergie et la majesté
qri lui sont nécessaires.
Quelle est la prétention de l'éternel précep
teur ?.,. Veut-il, semblable à ce chirurgien dénué
( 181 )
de pratiques, après nous avoir assassiné sous une
forme, nous offrir ensuite des secours sous une
a*itre ? Mais il n'est pas possible de le mécon
naître. Tout le monde sait que c'est à M. Necker
que nous devons notre constitution ; personne n'a
oublié que c'est lui qui , maîtrisant le conseil ,
par l'opinion publique , qu'il payait et dirigeait ,
que c'est lui, disons-nous, qui a décidé la double
représentation du tiers, et qui ensuite, par, des
manœuvres de la même fabrique, a forcé à con
sentir à l'opinion par tête , d'où sont venus tous
nos maux. Tout le monde sait que Toulon et
Berthier ont été ses victimes, parce qu'ils avaient
le secret de sa tactique affamante ; que sa ver
tueuse épouse et sa chere fille, s'épanouissaient
le 5 octobre au soir , dans l'œil; de bœuf à Ver
sailles. Personne ne peut plus méconnaître la.
main qui nous a frappés.
N'est-ce donc qu'une célébrité mondaine que
recherche ce vaste génie? Mais-il en est assuré ;
elle ne peut plus le fuir : elle est burinée sur
les tables d'airain. Son nom passera à la postérité
la plus reculée, à côté de celui (XErostrate , et
avec ceux de Mirabeau, d'Orléans, et la Fayette ,
ses dignes coopérateurs.
Cependant M. Necker rend un grand service
à la chose publique ; il lui restait le Part>_ des
protestans , et beaucoup de prosélites imbéciles
dans l'autre parti. Son ouvrage détache au -moins
tous ces cahaleurs de la sublime, constitution ,
qui était encore un mot effrayant dans leurs
bouches.

On commence à cajoler les suisses dans l'assem


blée , on les y a loués sur leur fidélité et sur leur
bonne conduite , soutenue au milieu de la gan
( »8« )
grennc générale des français; nous pensons que
pour bien louer ces braves et honnêtes gens, il
faut leur appliquer une comparaison tirée de la
Henriade :
Belle Aréthuse , ainsi ton onde fortunée
Roule au sein furieux d'Amphitrite étonnée
Un cristal toujours pur, et des flots toujours clairs
Que jamais ne corrompt l'amertume des mers.

AUX RÉDACTEURS.

II est plus naturel. Messieurs, dépenser que M.


de Villette eût accordé ses faveurs à M. Cu-mn,
député de JaMeurtre, à l'assemblée nationale, s'il
se fut trouvé à l'embrassade par amourette. a

Un très-grand nombre de personnes n'ajoutent


aucune- foi aux prétendues nouvelles arrivées du
Vivarais , touchant la mort de M. du Saillant; elles
disent que si ce commandant avoir été obligé de se
déguiser, il n'auroit pas 'choisi l'habit de prêtre qui
l'eût sûrement rendu encore plus suspect dans de
pareilles circonstances; elles disent qu'il n'eût pas
commencé des mouvemens avant d'être informé de
l'invasion des'troupes destinées à le soutenir ; elles
disent que , si les princes avoient été en correspon
dance avec M. du. Saillant ; ils n'auroient pas signés
leurs ordres , qu'il n'auroient pas sommé leurs agens,
et sur-tout que M. du Saillant , se voyant en danger
d'être arrêté , n'auroit pas gardé dans ses poches
de-, preuves aussi fortes contre lui ; elles disent que
l'afiectalion' du département de n'envoyer que des
( i83 )
copies , pTouve que c'est qu'il manquoit de pièces
authentiques; et que toute cette histoire ressemble
aux marottes que les assemblées n'ont cessé de faire
jouer, tantôt pour rassurer le peuple , tantôt pour
le mettre en insurrection ; elles pensent que cette
prétendue liste de conjurés n'est qu'une liste de
proscription dirigée contre les honnêtes gens du
pays , qui s'opposent aux desseins connus des fac
tieux du midi : que le prétendu M. du Saillant en
un pauvre prêtre, qu'on a fait persuader au peuple
que M. du Saillant étoitmort; que cette preuve est
confirmée par la précipitation et l'illégalité avec
laquelle on a immolé cette victime, pour qu'on ne
pût pas la reconnoître ; enfin elles n'envisagent dans
cet événement qu'une odieuse et criminelle intrigue
pour sauver des coupables , et opprimer des inno-
cens , comme on le pratique depuis la révolution.

La prise de Bavai n'a fait aucune impression sur


l'esprit de nos paisibles badauds, rassurés par la
reprise d'Orchies : nous n'en sommes nullement
surpris , puisque ces bonnes gens voyent avec le
calme de l'innocence arriver journellement dés
troupes jourdanistes , destinées publiquement à
piller leur bonne ville ; ils ont vu partir avec le
même sang froid les régimeus de ligne qui se com-
portoient très-bien à Paris ; ils verroient de même
partir les. gardes suisses , si ce régiment avoit la com
plaisance d'obéir aux ordres des jacobins ; ils ver
roient enlever le roi à leur barbe, sans que cela
troublât un instant leur apathie , ni que cela les
empêchât d'aller chez NHoletf enfin, excepté le
rétablissement de la monarchie , ils ne craignent
aucun espèce d'événemens , mais pour en revenir
à Bavai, si l'on veut se donner la peine d'examiner la
carte , on verra que , si les Autrichiens peuvent s'y
( iU)
établir solidement , ils couperont la communication
des deux armées du Nord , et qu'ils pourront pren
dre Maubduge , Landreci et même Cambray, et
qu'ainsi la position delaFrance sera (de ce côté-là
Seulement), ce qu'elle étoit lorsqu'elle fût sauvée
par la bataille de Denain, gagnée par M. le maréchal
De Villars x que sera-ce donc des autres côtés ?

Hier les quatre grands spectacles de Paris ont été


fermés , mais en revanche, On en avoit ouvert huit
nouveaux sur différentes places publique ; on y
donnoit alternativement : — les Racoleurs , comédie
parade ; — L'enrôlement du buckeron , opéra comique ;
— Venrôlement d'ARLE&viN , comédie ; — Le milicien,
' opéra- comique; — L'enrôlement supposé , Comédie , etc.
etc. On a vu sur plusieurs de ces treteaux une pièce
détestable , qui a fait le plus grand plaisir aux sans-
culottes; elle est intitulée : Le maire coupable; c'est
à ce qu'on assuse , une très-mauvaise parodie de la
parodie de la mère coupable de Beaumarchais , que
nous avons annoncée il y a deux jours. On assure que
ces représentations en plein vent se continueront
.encore aujourd'hui tout le jour.

On a remarqué avec la plus grande surprise que


l'hôtel du patriote Fillette était plongé dans l'obs
curité la plus noire le soir du blancbjssement du
vertueux maire de Paris, serait-il possible, s'écriait-
on de toutes parts , que le marquis de Fillette eût
ainsi changé d'opinion , et qu'il ne fût plus le par
tisan de Pet. . . .'
S5
t>t l'Imprimtrledu Tourtul de lt Cour et de 1» Ville , dont le Bureau
est rue neuve Saint-Marc , JV*. j , art coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix dt l' abonnement lit pour un mois , de 3 /(». pont
Paris, et it 3 liv. li alsptar la prnînct , fraise iepttl.
N°. «4- Le comte de Peysac ,
.R.c-j-
Mardi ...
24 tJuillet.
mi .. T&î
f\*+M
M arrêté et. Jforcé. de-, re-

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiaeur <U Jturnal doit tribut au malin.


LA FONTAINE.

A la liberté.
. Encens frivole, vain délire ,
Faudra-t-il donc toujours vous unir à nos chants.
Auguste vérité , prête aux sons de ma lyre
Un ton plus grave et de mâjes accens,
Eloigné de rhes vers la louange servile
Pour chanter ma déesse il Faut suivre ses loix.
Môhtrer une ardeur inutile ,
Est un : hommage faux qu'elle n'approuve pas.
Fuis loin de nous , fuis d« la terre ,
Liberté compagne des Dieux,
A nos destins ta présence est contraire,
Avec la paix vas briller dans les cieux.
Tu n'obtiendras jamais un pur hommage
Parmi les aveugles mortels ,
On les voit tous encenser ton image
Et méconnaître t«s autels.
Sans loix ici triomphe la licence ,
S'honorant de ton nom , profanant tes attraits ,
Un monstre plus affreux , l'égoisme en silence
Sous son manteau médite ses forfaits :
Mais de tous les coups le plus rude ,
Le coup qui t'offença le plus
Fut celui qu'en ton nom porta l'ingratitude
TomûV. A»nte 179*- Z
. (l*î
Dans le cœur de César par la main de Brutui.
Dans l'âge .d'or ces cruelles àllarmes
Dit-on, 's'éloignoient de tes pas
Et tu n'y causais ni les larmes
Ni le crime , ni le trépas.
Cet âge , hélas , ne serait-jl qu'un ipnge
Par nos ancêtres inventé ,
Aiiui .que tanç d'autres mensonges
Sur le bonheur et sur l'égalité
A de si touchantes images ,
Pourquoi succèdent les regrets ,
Tous ceux qui nous vantent cet âge,
Se plaignent d'être nés après;
L'égalité dépeinte dans leurs fables
Et l'union des hommes sans lien
Aux yeux du sage est un monceau de sable
Qu'un soutle peut réduire à rien.
. Vfrpmxne est cruel dé,*, son enfance ,
jeune on le vojt sans -frein , pérvers,
H. 'est fait pour la dépendance,;
Au tigre il faut donnej: des fers.
, Par Madame DR Lqiça,y.

*£»
Un député lisait à un de ses confrères une
lettre des frontières, qui commençait par ces mois:
JVci armées se replient... Un voisin , qui l'écoutait,
l'interrompit, en lui disant : Lisez pugffT , c'est
le mot.

Les gens envoyés du midi ont reçu de bonnes


leçons de leur jacobinière , et se conduisent à
Paris dans le sens de la révolution. II. y en avoit
l'autre jour huit, au palais-royal, qui prirent des
chaises et formèrent un grand cercle dans la grande
( 1*7 ,),
allée où il n'étoit plus possible de se promener,
Quelques tems après, un d'eux s'écria: levoilà, et
courut avec trois de ses compagnons, que les autres
suivirent bientôt, poursuivant un homme qui entra
au café de Coraza. Ces Messieurs se jettèrent sur
lui, et l'auroient assommé, si on ne l'avait fait
évader par une' porte de derrière. Ils dirent pour
raison, que c'étok un des commissaires envoyés
par l'assemblée à Arles, pour y punir les factieux ,
et qu'il les avoit fait mettre en prison.

On sait qu'un Martin, député à l'assemblée, et


que Mirabeau appellait Martin le juste , était maire
de Marseille . et que le fougueux jacobin Mouraillt
lui a succédé , et a provoqué l'adresse infâme dé
la commune de Marseille. On a trouvé affiché à
la porte de la loge (maison de ville] ces quatre
vers Provençaux :
Qué disés d'aou méro Mouraille ?
Qué disés d'aou mérd Martin ?
Dizi qué l'un vaou reri que vaille ,
E que l'autre aurié dû régla nostré destin.
Que dis-tu du maire Mouraille ?
Que dis tu du maire Martin ?
Le premier ne vaut rien qui vaille ;
Le second aurait dû régler notre destin.

Beaucoup de gens sont inquiets de savoir com


ment nous'' pourrons faire pour completter 440
ou 45o mille hommes, dent les jacobins ont be-
-ïoin pour résister à leurs ennemis, et rester seu-
( ,88 )
lement sur la défensive ; mais bien d'autres sont
encore beaucoup plus inquiets de savoir comment
niuî pourrons nous en défaire : Duguesclin con
duisit en Espagne les grandes compagnies qui
avaient si long-tons dévasté le royaume ; mais
elles n'ét;:ient pas au nombre de 45o mille , et
elles ne connaissent pas les droits de l'homme.

. Des gazetiers , assez honnêtes-gens d'ailleurs ,


prétendent que le Dannemark .n'est pas disposé
a accéder à l'invitation que lui ont faite les puis
sances de l'Europe , pour contribuer au rétablisse
ment de la religion , de la monarchie , des loix ,
et de la liberté du roi en France ; voici un ex
trait mol pour mot de quelques expressions de
la déclaration de S. M. Danoise.
»> Les souverains qui n'ont pas de raisons par-
si ticulières , ne sont pas encore appellés à sou-
»> tenir ou à venger la cause de celui qui se croit ,
s> et se dit libre, et satisfait de la limitation de
»> son autorité etc. >> Mais cette déclaration est
du premier juin ; et nous le demandons à tout
homme sensé ,, si les horribles attentats du 2o juin,
et si l'impunité accordée à leurs auteurs, n'o
bligent pas à présent le Dannemarck et toutes les
autres puissances à venger celui qui a déclaré dans
sa proclamation du. 21 juin avoir été outragé,
menacé, et presque assassiné lui et sa famille,
avoir eu ses portes brisées à coups de hache , et
ses meubles pillés et ravagés; celui qui a dit que
s'il ne falloit aux conjurés qu'un crime déplus,
ils étaient libres de le commettre ; celui que l'as
semblée a forcé de donner son opinion légale
sur les auteurs de ces attentats pour avoir le plaisir
de la contrecarrer et de la rejetter indignement;
celui qui est obligé de tenir fermées les portes
. ( i89 )
de son jardin et de son palais pour épargner à
sa famille et à lui-même les invectives et les ou
trages dont des brigands ne cessent de l'accabler:
voilà ce que le Dannemark ne savoit' pas encore
le premier juin , mais dont il est à présent par
faitement informé , et c'est ce qui l'appelle à s'unir
à tous les souverains , pour venger la cause des
rois, des peuples , et de l'humanité entière.

Il est évident qu'au moment de l'inondation de»


étrangers en France, il n'y aura plus que deux
partis , celui des honnêtes gens et celui des coquins ;
le premier voulant le bon ordre et la déclaration
du roi du 23 juin 1789; le second voulant le
désordre afin de se dispenser d'être pendu; d'après
cela il n'y a.ura plus de monarchiens , 'ni de feuil-
lans , ni de monarchistes, ni de deux chambristes;
il n'y aura que de bons et francs royalistes, et de
bons et francs jacobistes; et puis nous verrons
lequel des deux partis étouffera l'autre : à ce propos
là, quelqu'un vantoit l'autre jour le systême des
monarchiens à cause de sa ressemblance avec le
gouvernement d'Angleterre, je vous soutiens, ré
pondit un autre, qu'il ne faut point de chambres
aux français, il ne leur faut que des loges.

Deux cens prétendus citoyens d'Orléans sont


venus présenter à rassemblée leurs respectueuses
doléances sur ce qu'on n'immole pas assez vite
à leur gré les victimes renfermées dans les prisons
de leur ville; ils ont représenté que ces prisonniers
recevoient les visites de leurs amis , qu'ils buroient
et mangeoient comme à leur ordinaire, et qu'ils
n'étoient, ni tristes, ni inquiets des suites du leu
( 19° )
ment de nation dont ils sont coupables: l'assemblée
douloureusement affectée de ce que dans une ville
comme Orléans, il ne se trouve que deux, cent
honnêtes dénonciateurs, a renvoyé leur pétition
à son comité d'inquisition nationale; on a remarqué
que ce qui aff^ctoit le plus Messieurs les deux
cens , étoit un certain jeu de paume que les pri
sonniers font bâtir pour y prêter le serment d'être
fidèles à dieu, au roi et à la patrie; Messieurs les
deux cens craignent que ce serment n'ait plus d'effet
que celui du jeu de paume de Versailles , qui fut
frappé de nullité par le brave et honnête M. Martin
d'Audi.

Epigramme.
Je plaignais l'erreur populaire,
Quelqu'un s'écria brusquement....
On était dans l'aveuglement ,
La révolution éclaire
Oui, certes, vous avez raison,
Lui dis-je , la pitié dans l'ame ;
Elle éclaire comme la flamme
Eclaire en brûlant la maison.

Quoique nous ayons bien des reproches à faire


au postillon de la guerre, il n'en est pas moins vrai'
que c'est le seul journal des rues qui puisse être
lu par un homme raisonnable , car pour le pauvr»
biti-feuiltant , il devient de jour en jour plus scan
daleux de bêtise; il annonçoit l'autre jour que, dans
la prétendue bataille entre les Polonais et les Russes,
les premiers n'avoient perdu que six cents hommes,
( *9i )
et les Russes 5eoo , il est vrai que béti est convenu
depuis que c'étoit une erreur légère , et qu'il avoit
ajouté deux zéros de trop.

Une lettre, reçue de Bordeaux,, nous apprend


«rue pour constater la sûreté des personnes, et là
liberté des opinions religieuses, ries paysans ont
inyesti upe maison où trois prêtres non- assermenté S
vivaient paisiblement; l'un était un ancien vicaire,
général du diocèse ; les deux autres , anciens
curés , tous les trois hommes du plus grand mérite.
Ces brigands les ont arrachés de leur, asyle , et
les ont conduits enchaînés à la ville , au milieu
d'une populace effrénée , qui grossissait à chaque
instant. Arrivés au département", ils n'ont trouvé
aucun membre du directoire , parce que le dé
partement et la municipalité étaient occupés, dans
ce moment- à la ridicule inauguration d'un arbre
de la liberté. Les scélérats , impatiens d'assouvir
leur rage, ont massacré le grand-vicaire et un des
curés, et ont promené en triomphe leurs têtes
dans les rues. Le troisième a été sauvé par quel
ques personnes honnêtes qui s'étaient jettées dans
la foule parmi ces bêtes féroces. Ailleurs , on a
parqué tous les prêtres non-assermentés , comme
dés animaux, pour conduire ce respectable trou
peau hors de la France. ; et dans un autre endroit ,
on en a exposé deux cents, montés sur des ânes,
à la risée du peuple. O douce liberté ! ô sainte
religion ! quand reparaîtrez - vous parmi nous ?
Jusques-là ,,. on doit dire à tout homme honnête
*t vertueux : Heu !fuge crudeles terras.
«MM
Toujours des nouvelles qui glacent le cceuv
d'épouvante et d'effroi! Parisiens, et vous gardes
■Hrtionales , écoule* ;.-»- Nous recevons à l'instant ,
( !9* )
de la meilleure part possible , l'avis certain que
le comité secret des jacobins, réuni à tous le»
députés factieux de leur bord, a tenu, la nuit
du 22 au 23, un conciliabule extraordinaire où,
il a été décidé que l'assemblée nationale et le roi
n'étant pas en sûreté à Paris, le salut de l'empire
exigeoit impérieusement qu'ils fussent transférés à.
Tours. C'est 4'arrivée successive de plusieurs cou-
riers , porteurs de nouvelles allarmantes , qui les a
forcés de frapper ce coup décisif. Quoiqu'il en soit,
. le sort en est jetté , et avant qu'il seit 'quinze
jours peut-être, les factieux' emmènent le roi et,
commencent la guerre civile dans les provinces;
méridionales. . , ,r
Cet événement dont il n'est pas facile de cal
culer les suites, ne pourra qu'être fatal au roi et
à la famille royale. Il sera sans doute le signal
d'une désolation universelle. Citoyens ! nous vous
dénonçons ce complot qui se trame; c'est à vous
.maintenant., aux paiisiens, dis-je , et à la garde nar
tionale , de parer le coup qui vous menace.
Paris est perdu, si le roi sort de ses murs!
Les factieux ressemblent à ces criminels . qui
mettent le feu aux quatre coins d'une ville , pour
n'être pas pendus: pressés par la force des évé-
nemens, ils voyent le moment des vengeances qui
s'approche et les piques de leurs sans-culottes s'ab-
baisser devant l'épée redoutable des rois. En te
nant lé fer levé sur Louis XVI et en plaçant ce
prince entr'eux et le canon des autrichiens , ils
croyent braver impunément l'orage et se dérober
à la catastrophe effrayante qui menace leurs têtes.
Le danger est extrême. Aristocrates ! feuillans *.
abjurez pour un instant des haines odieuses; qu'un
danger commun vous réunisse; aujourd'hui votre
cause est la rr>ême , donnez-vous donc le baiser
de paixquitte, à vous exterminer entre vous, quand
vous aurez extermine vos ennemis. ,
JÙd%j;, Prison; A Etalons for-
Mercredi 2 5 Juillet. Jv**X "" par UsJacobins-

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiieur de J»urn»l doit tribut au malin,


là Foittàim,

Strophes tirées de VOde à la pain de]. B. Rousseau.


Quel siècle mérita jamais mieux notre haine,
Quel âge plus fécond en tyrans orgueilleux ,
En quel tems a-t-on vu l'impiété hautaine
Lever contre le ciel un front plus sourcilleux ?
La peur de ses arrêts n'est plus qu'une foiblesse ,
Le blasphême s'érige en noble liberté ;
Lai fraude au double front en prudente sagesse,
Et le mépris des loix en magnanimité.
Voilà peuple , voilà ce qui sur vos province»
Du ciel inéxorable attire la rigueur:
Voilà le Dieu fatal qui met à tant de princes ',
La foudre dans les mains , la haine dans le cœur.

Le danger dans lequel se trouve la pairie, a


fait une singulière sensation parmi le peuple ba
daud ; au lieu des pleurs, des gémissemens . des
sanglots que nous nous attendions à voir de tous
TomttV. Année 179s. Aa
( 194 )
côtés, nous n'avons apperçu que des gens yvres,
dansans dans les rues , et chantans les chansons
les plus gaies : Ces coups de canons , ces pro
menades militaires et municipales , ces inscriptions,
ces annonces à haute voix , ces trétaux dressés
dans tous les carrefours , ces tambours résonnans,
enfin toute cette charlatanerie donnait à ce spec
tacle un air de fête qui enivrait toutes les têtes
parisiennes ; nous n'avons remarqué aucune trace
de douleur, de crainte ni d'inquiétude ; au con
traire la satisfaction la plus vive se mêlait sur tous
les visages à l'air niais et hébété ; à peine quelques-
uns portaient-ils l'empreinte d'un sourire de mé
pris ; ainsi tout a bien prouvé que ceux qui ont
imaginé cette dernière et unique ressource pour
porter le peuple au tumulte et à l'insurrection,
ont encore completement manqué leur coup.

Plusieurs personnes nous ont chargés de déposer


chez un notaire telle somme que l'on voudra
pour parier que jamais l'assemblée ne proclamera
qae 'la pr.ttie n'est plus en danger , ceux qui
auront envie de parier le contraire, n'ont qu'à
se présenter, et nous ferons , tope à tout.

L'amour des rois est une passion héréditairs et


malheureuse dans la famille des Gomvay. Le grand
père du général qui vient d'être décrété, fut tué
en défendant Jacques , son souverain ; le père fut
proscrit, ses biens confisqués ; sa tête à prix en
combattant pour le prétendant. Celui-ci au défaut
de maître légitime, s'est fait sujet du roi de France,
dépouillé de 5o ans de service , au moment d'être
pendu djns FInde, il est enfin envoyé à Orléans
en attendant la guillotine.
( '9* )

Auk auteurs du journal de la cour et de la ville.


Paris, ce i5 juillet 1792.
Il serait trop long , messieurs , de discuter les causes qui ont
«mené la revolution étonnante , dont gémissent tous les français
qui ont de l'honneur et chérissent leur patrie ; des raines de pa
pier ne suffiraient pas, et les bornes de votre feuille me prescrivent
de dire beaucoup en peu de mots J'observe, je médite de
puis long-tems et je crois avoir trouvé le seul moyen d'arrêter les
progrès de ces odieuses lumières que répaudent , sur un peuple,
égaré , des hommes sans foi et salariés, sans doute par les ennemis
de la France. Tous les murs de la capitale sont couverts d'aificlies,
rouges, bleues , jaunes, vertes, etc , qui sont envoyées avec pro
fusion dans les provinces ; ce sont des poisons de toutes les couleurs,
offerts à des malheureux qui accourent les dévorer : pourquoi l'hu
manité ne viendrait-elle pas à leur secours? Il est encore digne
des bons français d'employer les ressources que n'ont pu leur
ôter l'avidité et la barbarie des ennemis de la mère patrie, à éclairer
des lumières de la raison et de la probité un peuple enivré, â
la vérité, mais qu'il est possible de ramener , parce que ce peuple
est bon et généreux. Que des écrivains sensibles , honnêtes se coa
lisent ; que chaque jour un contre poison, prépare par des mains
habiles, porte un remède, lent peut-être, mais infaillible , aux
ravages affreux, causés par des hommes sans principes; qu'une
feuille de papier tlanc , rappellant aux français cette intéressante
couleur, qu'ils n'auraient jamais changée, s'ils avaient .rené sans
tache , paraisse chaque jour , qu'elle soit remplie de cei vérités
saintes , intelligibles pour tous les hommes , qu'elle aye le titre
simple d'ami de la patrie', pour épigraphe, et sur-tout pour base
cette maxime si belle et si juste .en meme-tems. J\rt fais à porsonne
te que tu ne voudrais pas que Con te fit à toi-même. Les hommes de
lettres consacreront leurs veilles à instruire leurs compatriotes,
vous serez les premiers , messieurs, à y q^optrer , et, tous les gens
honnêtes et qui aiment l'ordre, s'empresseront de subvenir aux
frais de cette honorable entreprise; on ne pourra jamais faire un
crime à personne d'y contribuer; car cette feuille ne prêchera qne
la vérité et l'amour du bien public. Daignez annoncer ce projet
dans votre interessant journal, et je ne doute pas qu'un nombre
infini de souscripteurs se presente. Pardonnez , messieurs , si la
longueur de ma lettre a privé vos lecteurs de plusieurs choses
agréable? , j'ai crii celles que je viens de vous dire très-utiles , et
voilà mon excuse.
J'ai l'honneur d'être , etc.
Un Français qui aime sa patrie* -.

Les citoyens honnêtes de Marseille sont si in


dignés de l'adresse abominable du sieur Mouraille
( 196 )
et compagnie, qu'il paroît tous les jours quelques
nouveaux pamphlets contre leurs auteurs. On a
parodié a cette occasion, une ancienne épïgram»e
contre un certain ouvrage du tems.
De tant d'horreurs en lisant l'assemblage,
Le Dieu du goût crie à son page:
Page? Plaît-il mossu (monsieur)
Prend-vîte cet ouvrage
Et fait ton cas dessus.

Proclamation.
Oh ! venez voir messieurs, mesdames,
Nos banderoles et nos flammes ,
Lisez nos mots sacramentaux.
Voyez comme sur nos treteaux
Chaque individu fait son rôle.
De nos graves municipaux ,
Voyez la bigarrure folle.
Voyez l'astuce malévole ,
Amorçant jeunes étournaux ,
Qu'un aveugle civisme enrôle
Sur nos sinistres échafauds.
Accourez jeunesse frivole ,
• v
Voyez , fuyez la place aux veaux.

Il va paraître une estampe représentant l'éva


cuation des Gorges de Porc-en Truye impérieu
sement exigée par les Cantons-Suisses : la figure
principale de l'estampe est la même qu'on a déjà
vue dans celle de la prise des Gorges : elle est
( i«7 )
représentée dans la même attitude ; un sans-cu
lottes , bonnet rouge , est peint à genoux devant
elle , et presse ses gorges dont il fait évacuer le
contenu ; à côté est un soldat Suisse , le sabre
à la main , et qui paraît dire au bonnet rouge :
allons gueux, dépêche-toi d'évacuer, ou sinon.....
On remarque dans le fond du tableau plusieurs
autres sans-culottes de la même espèce que la
figure principale , et qui poursuivis par plusieurs
soldats suisses , s'enfuyent la queue entre les jam
bes : au bas de l'estampe on lit :
La grande évacuation des Gorges de Porc-en-truye.

Grande Proclamation adressée au pmple Français,


par ses très-humbles et très- obéissons serviteurs et
commis les gens tenant rassemblée du manège.

Nous venons vous affliger , ( bis )


La patrie est en danger : ( his )
Prenez tous votre escopette ; ,,
Mettez-y la bayonnette ;
Allez joindre Lnfayette ,
Luckner et Dillon ,
Ou monsieur Biron.

Nous venons vous affliger, [bis]


Les jacos sont en danger ; ( bis )
Uh. chacun leur font la moue ,
FrÉdéric les met en joue ,
Bouille veut qu'on les secoue ,
L'empereur parle de roue ,
Brunswick est-là qui les guette }
Ils ont peur .de Lnfayette ,
De Luckner et de Dillon ,
Et de monsieur Samson.
( 19»

Nous donnons comme certain que le sieur


Condor... vient de vendre sa science et son esprit;
c'est-à-dire < sa bibliothèque : il en a même touché
l'argent, ce qui est à remarquer, car il n'a pas
toujours eté aussi heureux dans les autres ventes
qui se sont faites dans son ménage.

LtTTKE de M. le comte d'Ax?kaigzizs à MM***.


commissaires de la noblesse de B.... sur plusieurs
iclaircissemens qui lui on} été demandés sur noire
[ antique et seule légale constitution. — A Paris, chez
A. M. Chkvâlhr , Libraire au Palais-Royal,
na. 192.

Cet ouvrage est écrit avec autant de force que


de précision et de clarté : il fera plaisir sur-tout
aux personnes qui voudront se mettre au courant
des intérêts divers et des intrigues secrettes des
différen3 partis qui divisent la France ; elles y
trouveront, à cet égard, des détails précieux, et
qu'elles chercheraient vainement ailleurs. Il n'était
pas possible de mieux apprécier M, de Colonne et
M. de Breteuil. M. di'Entraigues démontre invinci
blement que les monarchiens sont les plus dan
gereux ennemis de la monarchie , et que l'espèce
de paix que nous pouvons attendre des jacobins
ne ressemble pas mal à la paix qui régnait dans
l'antre de Polyphtme.
Voici le tableau que M. d'Antraigues nous trace
de la seconde assemblée : s'il n'est pas flatté , il
est au moins fidelle.
m La seconde assemblée, sans plan, sans but,
odieux instrument d'infamie , et le crime dans
les mains de toutes les factions , avilie dès sa
( m)
naissance , par la seule réunion des misérables ,
sans talens, qui la composent, elle est rentrée,
aux yeux de l'Europe , dans la classe de la lie
du peuple ; c'est la lange de la nation jettée dans
un cloaque : ses opinions, ainsi que ses prétendues
loix , ne valent pas même la peine d'être exa
minées )>.

Les personnes dont l'abonnement expire à la


fin de ce mois sont instamment priées de le faire
renouveller avant le premier août : sans cette
précaution elles seront dans le cas d'éprouver
une interuption à laquelle nous sommes forcés
par la cherté excessive du papier.

Plusieurs braves patriotes qui se proposent de


voler à la frontière , s'exercent ici soir et matin,
avec la plus gsande assiduité ; et on ne doute
pas qu'ils n'arrivent tous formés au lieu de leur
destination.

M. Gattey , libraire au Palais-Royal , N°. i3


met en vente aujourd'hui , l'ouvrage de M. Mou-
nier , intitulé : Recherches sur les causes qui ont
empêché les Français de devenir libres , et sur les
moyens qui leur restent pour acquérir la liberté.
2 vol. in-8°. de 3oo pages chacun.
Nous dirons un mot de cet ouvrage dès que
nous aurons eu le tems de le lire ; il se trouve
en province, che; Maire de Mars, A Lyon ; et
chez Bergeret , à Bordeaux.
( iOO )

Au Peuple.
Air : Pauvre Jacques.
Pauvre peuple , connois donc tan erreur ,
Es-tu né pour être barbare ;
Des scélérats excitent ta fureur ,
Repousse la main qui t'égare.
Pauvre peuple ,
Vois de ton roi la profonde douleur,
Vois le gémir dans l'esclavage ;
S'il succombe sous le poids du malheur,
Frémis ! ! ! Ses maux sont ton ouvrage.
Pauvre peuple ,
Il est un Dieu qui punit les forfaits ,
Il est un dieu pour l'innocence ;
S'il trouve en toi de rébelles sujets,
Redoute sa juste vengeance.
Pauvre peuple ,
Peux-tu long-tertis mépriser une loi
Qui t'ordonne l'obeissance ;
Lorsque ton roi voulut regner sur toi ,
Ce fut par droit de bienfaisance.
Pauvre peuple ,
Il t'aime encor , va* , tombe v ses genoux,
Dépose de perfides armes ;
Loin d'écouter un trop juste courroux ,
Il t'arrosera de «es larmes.
Pauvre peuple ,
F
fie l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dant le Burent
ut rue neuve Saint-Marc , TV*. 7 , au coin H?, la rue Favert , place de là
comédie Italienne. Le pria de Vabennement est pour un mois , 4e 3 Iro. pM
taris t et de S Uv, li Sëlspow ta. province , Jranc 4e pift. *
•Ç^j» Emeute
jVwv Jimeute au
au fauxbourg
/'
t.
JeucU so Juillet. J\*
v A.'- -

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Jaurnal doit tribut au malin.


i. A Fontaine.

Dans tous les tems le fanatisme, soit politique


soit religieux , n'a abouti qu'à établir la fortune
des chefs, à étendre et servir leurs vues, à fonder
la grandeur de leurs maisons aux dépens du sang
et des biens des marionnettes qu'ils faisaient jouer.
Il n'est point de siècles , d'état , de ville qui ne
puisse , en petit ou en grand , fournir de. ces
exemples; ils seraient, pour la suite, un contre
poison à l'esprit de parti , si les dupes qu'en
traîne ordinairement cet esprit , se gouvernaient
par l'exemple et par la réflexion.
Tel fut l'état de Ferrare pendant cinquante
années. Gémissant sur ces factions qui , dans le
même tems déchiraient presque toutes les villes
d'Italie , le Dante disait dans son purgatoire :
les malheureuses villes d'Italie fourmillentde tyrans.
Tout rustre , devenu chef de brigands, est un
Marcelhis (t).
Observations sur l'Italie , tom. 1er. , page 3ga.
Londres 1770.

(1) La città el'Italia lutte piene


Son di tiranui , ed un Marcel diventa
Ogui villan che paiteggian do Viene.
Tenu IV. Année 1792. Bb
( 202 )

Presque tous les aimables chanteurs des jour-


neaux du soir viennent de prendre parti sur les
trétaux nationaux pour voler à Soissons , etc. Ils
sont décidés à nommer pour les commander un
de leur camarades le Sr. Hurlahaut. Ce choix
aura sans doute l'approbation de toute l'armée ,
car- depuis qu'on vend l'esprit de certains jour
nalistes le long des rues , il s'est toujours distingué
par une superbe et forte voix.

J)e Giesenem ,' le 16 juillet 1791. Le bruit se


répand ici que les farqoromains qui composent'
le repaire de l'assemblée du manège , persuadés
qu'il ne leur restera plus de ressources à l'ap
proche de l'armée coalisée , viennent de prendre
la généreuse résolution de mourir sur leurs chaises
curules; on leur conseille de les faire faire en^
forme de chaise percée , afin qu'ils puissent rendre
• l'ame en vrais patriotes.
Signé le chevalier de M

Dans le même moment où les citoyens de la


capitale de la province de Guyenne Juraient
if obéir aux loin et de s'airiur comme frères , les frères
et amis des jacobins de la même capitale massa
craient, avec tous les alentours constitutionnels,
deux prêtres , à 100 toises de l'autel patriotique
sur lequel le dieu de la révolution recevait les-
sermens des bons citoyens et d& la garde nationale.
-Bans. le nombre des citoyens de cette pauvre
ville qui ont eu le courage d'essayer de sauver
les victimes, on rend au zèle de messieurs Du-
FiiYiiAT , Gardera et Monge.
( *o3 )

AUX RÉDACTEURS.
Messieurs , dans un de vos numéros de ce mois.,
une lanicle , signé Langle , traite monsieur dç
Beaulieu d'homme sans, alentours , sans amis , et
reconnu généralement pour un homme sans morale t't
sans principes. Si M. de Langle s'était donné la
peine de prendre des renseignemens sur le compte
de M. de Beaulieu , avant d'écrire aussi légère
ment qu'il l'a fait, une tirade insultante à la me-
moire de ce galant homme , il aurait appris qu'il
tenait à une famille connue , très-honnête et très-
respectée idàns la capitale; qu'il avait beaucoup
d'amis , et qu'il était fait à tous égards pour en
avoir. Qu'il atoit fait les campagnes d'Amérique
et avait mérité l'estime de ses camarades et de
ses chefs. — Pourquoi, si M. de Langle avait envie
de faire part au public du malheur arrivé a M.
de Beaulieu , y a-t il joint des réflexions injtsirieusel
et qui ajoutent à la douleur de la famille du
défunt : une tell* conduite n'est assurément pas
généreuse , si elle n'est rien de plus
Veuillez, messieurs, insérer cette lettré dans
un de vos prochains numéros , vous obligerez
sensiblement la famille de M. de Beaulieu.

Un membre de la société des jacobins , après


avoir tonné contre le pouvoir exécutif , dit :
— Nàus sommes trahis par un espion de la listi
civile; il est dans les tribunes , fouillez - les , on
Vy trouvera. — A peine ce conseil fut-il donné que
lés sans-culottes , à la suite de ces messieurs ,
Jeuillèrent si bien leurs voisins qu'ils ne leur Oûï
lien laissé dans leurs poches.
( 204 )

Les musiciens terribles et barbares que le sieur


Pet... avait choisi , et avait chargé de jouer des airs
SÉVÈRES pendant la promenade de la patrie en
danger , l'ont servi à souhait , et au grand mécon
tentement de toutes les oreilles.

Proclamation du Roi , et recueil de pièces re


latives à Carrêté du conseil du département du 6 juin
1792, concernant le maire et le procureur de la
commune de Paris. Brochure in - 8°. de rai pages.
Se trouve à Paris chez le Petit , et Guillemard,
commissionnaires en librairie, rue de Savoyt, JV» 1o.

Dimanche 22 juillet un sans- culotte de forte race


vint s'enrôler à la place de la comédie italienne ,
on lisait sur son chapeau : A bas le cheval blanc ;
il est bon d'observer que ce jour-là M. Pition était
monté tout entier sur un superbe cheval blanc ,
avec lequel il parcourut toute la ville pour pro
clamer le danger de la patrie.
sas
Événement très-remarquable.
Le vendredi 2o juillet sept heures du soir, le
tonnerre est tombé à Arcueil , près Paris . sur le
ballet de la liberté , il l'a foudroyé avec le bonnet
rouge, les fontanges tricolores et autres accessoires.
Cet événement est cause qu'aucun jacobin d'Ar-
cueil ne partira pour les frontières ; où diable la
superstition va. t-clle se nicher ! Des philo
sophes
f 805 )

Lei devises placées sur les chapeaux des gens


de bonne compagnie dont monsieur Pet. . .. .
se fait stjivre les jours où il représente , en pu
blic , leurs sont inspirées par l'humanité ; car on
lit Sur l'une vive la nation , sur Vautre vive .les
sans-culottes , vive M. Petion, vivent les brigans ,
vive la mort , vive mademoiselle Target etc.

Plusieurs personnes ont été épouvantées de


l'apparition subite et imprévue du compte de Mon-
Tesqviou - dora, nous les rassurerons en leur
disant qu'il n'est venu à Paris que pour rendre
ses contes qu'on lui demande depuis si long-tcms.

CÉRÉMONIE.
"Vous êtes prié d'assister à la cérémonie du.
mariage qui sera célébré le 4 août prochain, en
l'église royale, nationale et paroissiale de Saint-
Germain-l'Auxerrois , entre irrévérende et très-
jndiscrette personne Lannea... , moine apostat,
actuellement prêtre, grand-vicaire constitutionnel,
épiscopal de monseigneur Goût... , évêque consti
tutionnel d-'Aut.., et quatrieme député suppléant
à l'assemblée , pour le département de Saô... et
Loi-.. , avec très-prude , très-aimable et charmante
demoiselle , mademoiselle de B*** fille d'un cize-
leur en cuivre.
La bénédiction nuptiale leur sera donnée par
M. l'abbé Corpet , curé constitutionnel intrus de
ladite paroisse , à six heures précises du matin.
Messieurs et dames sont priés de s'y trouver ,
( 206 )
et en particulier, M. le Rédacteur qui est
invité au repas et à ce qui s'ensuit.
De la part du grand Cousin.
SS6S3SU

Jacobins.
Nôtre poésie dans 'le XVe. siècle n'était pas dîfr
facile dans le choix de ses images; car Villon à
employé ce mot qui rappelle une idée peu agréable ,
Je c-ra-che blancs comme coton ,
Jacobins aussi gros qu'un ceuf.

On dit que le roi a reçu une lettre de M. Burki,


qui finit par cette phrase : — Les factieux *vec leurs
poignards ont gravé le nom de Louis XVI sur les tables
de l'immortalité.

Il est bon de donner à nos lecteurs une idée


du style du respectable Rossignol-Carr. ..-Serrure ;
voici un passage de sa feuille du dimanche s*
juillet i7ga, l'an quatrième de la liberté jacobite :
" O honte ! ô douleur ! ô désespoir ! nous
m sommes les jouets de toutes sortes d'hommes
î> corrompus ! l'affreux despotisme va nous écraser
j> encore ! nous allons être baignés dans le sang !
ii c'en est fait de nous et des générations futures !
»> On s'abonne chez Buisson, rue Haute-feuille !
j> on aura soin de payer le port des lettres et
»j de l'argent , et de ne point envoyer de billets
» de province , parce que nous ne savons qu'en
»> faire ! ! ! . ô douleur ! ô honte î ô désespoir 1
»> etc. etc >».
( «o7 )

On croit que l'assemblée , les jacobin» , rle«


gardes-françaises et le roi seraient déjà partis, si
ceux qui tiennent le gouvernail de la révolution,
étaient d'accord sur le qui convient le mieux à
leur retraite. — Les avis sont partagé» sur Tours ,
Bordeaux , Marseille ou Bourges ; ils commencent
cependant à s'accorder pour aller à Tours , en
attendant mieux. — L'abbé SiY.. y a été faite le*,
logemens.

Oa nous mande de Londres que monsieur de


Jfaail-Target s'est fait maître d'école ; qu'il a beau
coup d'écoliers , et qu'il leur apprend à lire le
français avec un succès étonnant. — Il doit trouver,
dur sans doute de quitter le commandement d'une
armée pour la férule ; mais quand on a fait des
sotises et qu'on a faim , on n'y regarde pas de
li près.

Le sîeiïr. Sille... digne agent du duc d'Or..., a


donné, au Palais-Royal, le jour de l'arrivée de
son digne maître, un splendide repas à plus de
trois cents fédérés , auxquels il a vainement cherché
à inculper la fureur régicide qui les transporte
tous deux. Nous invitons fortement tous les hon
nêtes gens a surveiller ces deux scélérats et tous
leurs complices, 'avec la plus grande attention;
non pour les empêcher de faire du mal, de pareils
lâches ne sont jamais à craindre ; mais pour les
empêcher de s'échapper, et d'éviter le ciûtimerit
exemplaire, qu'ils ont milité, et qu'ils sont sur
le point de recevoir.
( so8 )
iwannuECD""
Dans le même moment où Ton disait au palais-
royal que madame Gouges avait pris des culotes
pour s'enrôler dans l'armée des trétaux , elle tra
vaillait les sans-culotes sur la place du Carousel.
iaeaa—i■
Parmi la brillante jeunesse accourant de tous
côtés pour Rengager à voler à la défense de la
patrie en danger, on a remarqué le sieur Chapeau ,
tondeur de chiens sur le Pont-neuf, et décoré
d'une jambe de bois ; ce digne citoyen ne cesse
d'employer, à régaler ses amis et lui-même , l'argent
qui lui a été remis : on assure qu'en attendant
ion départ, il - a fait mettre sur l'enseigne de sa
boutique : Chapeau coupe les chats, et tond les
chiens lui et sa femme , et va aux frontières
proprement.
^———ws^omjws**'.»
Les amateurs de Topera , croyant que le che
valier Tapecul était sur les frontières , à la suite
d'un de nos régimens sans-culottes ; ils se sont
trompés , car nous l'avons vu , dimanche dernier ,
au Luxembourg , où il remplissait ses fonctions ,
--comme à son ordinaire.

Nous invitons Messieurs nos souscripteurs, dont


l'abonnement finit avec ce mois , et qui ne veulent
point éprouver d'interruption , de vouloir bien le
faire renouveller au plutôt , c'est-à-dire, avant le
premier août prochain.
J»e i'In.prinierie du journal de la Cour et de la Ville , dont le Sureau
tit rue neuve Saint-Marc , JVB. 7., av. coin dela rue Favart , place de 1m
Momidie Italienne. Le priie de l'abonnement est pour un mois , de $ th. pour
Taris, et de S lia. 15 selsptm la prninct, franc deptrt.
_7 , ,. _ .„ 'M**V- flandre pillée et t&-
Vendredi 27 Juillet. J\+$ *ǣȥ

JOURNAL,
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de J»urnjl .'. :.u tribut au malin»


ia For ta iNi. '

Arthur Cappel était gouverneur de Glocester ,


lorsque Fairfax , chef des parlementaires , vint
assiéger cette place en 1645. Il fit venir Arthur,
fils de Capptl , étudiant alors à Londres , pour
engager son père à lui conserver la vie , en cédant
la place , et en s'accommodant avec le Parlement.
Ce jeune homme, qui n'avait que dix-sept ans,
répondit toujours , que son père n'avait pas besoin
des avis d'un enfant. Fairfax. , furieux , fit mettre
le jeune Arthur, nud jusqu'à la ceinture , au milieu
d'une troupe de soldats , qui avaient les épées
tirées contre lui. Le père , témoin de ce triste
spectacle , entendit un des' officiers de Fairfax
qui lui dit: Préparez-vous à vous rendre, ou à
- voir couler le sang de votre fis. — Cappel , pour
tonte réponse, cria à son fils, avec fermeté : Mon
Jits , souvenez-vous de ce que vous devez à votre Roi :
paroles qu'il répéta trois fois. Il rentre ensuite
dans ' la place, et exhorte les officiers à demeurer
" "fermes , non pour venger son fils , mais pour
venger leur rot. Ce bon citoyen , ayant été forcé
de capituler, fut condamné, en 1649, par les
mêmes juges que Charles I, et périt par le même
6upphcc.
tome IV. Année i79«- Ce
( aia )

Monsieur le compte de Montesquiou a répond»


à monsieur GuaT)ET, qui loi faisait part du projet
qu'on a de décréter la déchéance du roi, que
si cette infamie avait lieu , l'assemblée ne devait
. compter ni sur les gt'ncraux , ni sur les saldats.
— M. GuADET lui répondit, avec son air mali
gnement gascon : Ht ! général , croyez vous quelle
y perdra grand chose ?
«SSMBSBSI

Peut-être le roi a-t-il eu tort de renvoyer ses


ministres jacobins. Ce t'oit une manœuvre poli
tique bien .adroite d'avoir jetté son sceptre à la
tête de ces messieurs accrédités par leurs opinions
populaires. C'est le coup de bistouri qui aurait
•fait imperceptiblement , à 24 millions d'aveugles,
l'opération de la cataracte. Bientôt ces pauvres
ministres, si judicieusement extraits de l'a lie de
la nation , auraient perdu la confiance de leurs
pairs : c'est alors qu'il aurait fallu remuer le fond
des clubs pour en faire vomir tout ce qu'il y a
de plus infect en bons citoyens. Nous aurions eu
la consolation de voir la simarre de chancelier
couvrir les épaules fleurdeîysées de l'illustre Gors-
chemises : Le respectable Lrgendre, attelé au timon
des affaires étrangères. Cair.. serait réservé pour
le département des contributions ,, à cause de sa
facilité à percevoir les impôts d'emblée et avec
effraction. Manuel, le fléau des rois, drrigeroit
les opérations de la guerre contre les tyrans :
l'innocent Jourdan se chargerait de l'inspection
des glacières de Saint • Domingue , et le pénétrant
Villttte à la queue' de la b?nde , 'serait placé,
comme de raison , dans le département de l'in
térieur.
( su )

Le farceur Dugason , en même-tems juge de '


nos nouveaux tribunaux, n'a pas toujours été dé-*
tracteur des rois ; voici un couplet qu'il fit , le ven- '
dredi 25 juin 1784 , pour le ROI DE Suéde , qui
assistait ce jour là à une représentation du ma
riage de Figaro , dans lequel notre baladin civique
jouait le rôle de BricToison.
L'astre bienfaisant du monde
D'un nuage enveloppé
Déjà disparaît dans l'onde
Pour le vulgaire trompé.
Par ma science profonde,
Sous un air simple, en ce lieu,
Aussi vois-je un demi-Dieu.

. Nos abonnés ont dû voir avec peine la quantité


de fautes typographiques qui se trouvent dans
notre journal d'hier. Nous les prions de croire
que ce n'est pas une négligence de notre part ;
c'est la faute de notre Troie , qui n'a pu résister
à l'envie qu'il avait depuis long-terns , de voler
sur nos frontières ; et pendant qu'il signait son
engagement , un pressier de notre imprimerie
remplissait ses fonctions.

Le patriotique Carr.. prétend très-sérieusement


que la premiere chose dont s'occupera le prince
de Brunswick , à son arrivée à Paris, sera d'affubler
sa tête d'un vaste bonnet rouge, et de se rendre,
ainsi décoré , au club des jacobins , pour dé
( Ï12 )
mander d'être affilié à cette honorable société. Carr.,
traite do bêtes touî.. ceux qui ne voudront pas
«roire à sa prédiction. Çfuant à nous , qui ne
voulons point passer pour bêtes, non seulement
nous croyons ce qu'avance ce grand homme, mais
nous savons , de science certaine, que Carr...
n'a pas tout dit, (apparemment par modestie)
et que le bonnet rouge ne sera pas la seule chose
dans laquelle le prince de Brunswick le prendra
pour. modèle ; nous sommes informés qu'il arri
vera ici avec des rossignols, dont il se servira
pour crocheter quelques serrures , et qu'il se tai-
sira de toutes les pièces de ruban blanc qu'il
pourra trouver, et qu'il en fera des heureux,
comme Carr.. en faisait autrefois des heureuses.
-Bgrega-ai

Question.
Qu'a voulu dire un fédéré provençal , lorsqu'il
a dit hier dans un grouppe du palais - royal ;•-
— " Y a prou de tems que les parisiens beubent
de nostr'holi , est bien tems que beubent de
nostre binaire j».

Une femme ayant versé du plomb fondu dans


l'oreille de son mari qui dormait, l'affaire a été,
portée au tribunal judiciaire de notre auguste
assemblée ; messieurs les docteurs-médecins , con
sultés par elle , ont déclaré que ça pouvait bien
être une preuve d'amour, et ils ont conclu à un
blanchissement pareil à celui des sieurs d'Or... ,
Fct... , etc. Mais l'assemblée, lasse enfin de tant
d'indulgence, a bien voulu (pour cette fois seu
lement) ne pas interrompre le cours de la justice.
( »')

Extrait d'une lettre datée d'Orléans le 2 5 juillet.


—Plusieurs journaux imprimes à Paris , disent que'
les prisonniers entassés dans notre chaudière cons
titutionnelle ri ont pas le tems de s'ennuyer puisqu'ils
reçoivent des visites sans nombre, ce qui fait que
ces prisons sont continuellement remplies d'étrangers .
— La vérité est que la consigne (qui se suit exac
tement! est de n'y laisser entrer que 5 personne»
a la fois, et qu'il faut attendre à lu porte la sortie
de quelqu'un pour avoir la permission d'y entrer.
—i nrraTOrarar -

On Ta déjà dit, personne, mieux que les ja


cobins' , n'a servi jusqu'à présent la cause des
contre-révolutionnaires. Qu'on se garde donc bien
de rallentir leur marche. Loin de semer des con
trariétés sur leurs pas, il faut -au contraire leur
applanir toutes les voies et précipiter leur aimable
frénésie. Nous en sommes au point nue tout homme
clairvoyant, ne peut plus appercevoir dans ces
énergumènes, que des instrumens de salut. Oh !
que leurs fureurs sont une chose précieuse et
bienfaisante. Nous autres aristocrates , nous devrions
ménager et choyer un jacobin comme la prunelle
de notre œil. v
Fiez vous à Bkiss.. du soin de son supplice.
Encore deux ou trois victoires à ces triompha
teurs, et nous les verrons écrasés sous les roues
de leur char de triomphe.

Archevêché a vendre.
S'adresser à Sens , à monseigneur le eaHihal de
Ylgriominit , ou à Paris, au sieur de Chambon... ,
son homme d'affaires.
Pareilles affiches sont sur la porte.
( 514 )

Ma vengeance contre une charmante aristocrate ,


actrice de la comédie française.
Tout ce que Flore a de plus parfumé ,
De plus aimable au lever de l'aurore ,
Tout ce qu'elle offre à l'univers charmé ,
Est rassemblé dans l'objet que j'adore.
A ce tableau si frais , si délicat ,
Dont, malgré soi, le charme vous entraîne,
Sans hésiter, les cœurs nomment Contât ,
Et les amours reconnaissent leur reine.
Dans les fureurs d'un cœur trop outragé ,
l'osai m'armer contre elle avec audace ,
Mais je l'ai vue , et je n'ai plus songé
Qu'au doux espoir d'en obtenir ma grace.
Le marquis a"Ay***.

A V I S.
On assure que tous les journalistes arcs-bourans
des jacobins , n'attendent que la récolte du renou
vellement du mois prochain pour faire une fugue
civique.

Si nous ne remportons pas des grands avantages


sur les Autrichiens , et sur les Prussiens, ce ne sera
ni la faute de l'assemblée , ni celle des Jacobins.
Les uns proposent de lever sur-le-champ quatre
cent-cinquante mille hommes armés de fusils ;
d'autres trois cent mille citoyens armés de piques
qui seront renforcés par tous les ci-devant gardes-
chasses , et par tous les braconniers du royaume ;
ceux-ci veulent lever une armée à cheval formée
{>ar les postillons de poste qu'on montera sur
es chevaux de carosscs , Wiskis et cabriolets qui
feulent orgueilleusement le pavé de nos villes ; des
cochers de fiacre proposent de faire un rempart
à notre armée parisienne avec leurs voitures qu'ils
rempliront de paille pour rendre nul le premier
feu de nos ennemis lorsqu'ils viendront attaquer
Paris; leur premier coup tiré , ils faciliteront à
nos patriotes , par un mouvemenr à dhiha , les
moyens de passer pour foncer à l'arme blanche
sur les ennemis pendant qu'ils seront occupés à
recharger leurs fusils ; des garçons perruquiers
donnent le projet d'aveugler toute une armée ,
en lui tirant des coups de canons chargés avec
des épingles noires.
N. B. Nous connaissons plusieurs personnes
qui ont le projet de proposer à l'assemblée çjes
moyens encore meilleurs que ceux-ci que nous
nous empresserons de faire connaître ausssi-tôc
que nous en serons instruits.

Les jacoquins et leurs familles . émigrent des


villes frontières, notamment de Strasbourg, avec
un empressement quittait le plus grand plaisir
aux honnêtes habitans de cette vile. — Ils ont
presque tous pris le chemin de nos provinces
méridionales.

Les dames de la halle ont été chez monsieur


Petio . . pour le p^ier de faire descendre la chasse
de Sainte- Geneviève, pour qu,'on puisse-lui
adresser des prières plus fructueusement, pendant
que la. patrie sera en danger. — M. Fetion léut
a répondu qu'il ne. fallait implorer qnë Sainte-
Liberté , à qui Sainte-Geneviève' avait cédé
tous ses droits. — Une des dames qui n'est pas
encore mûre pour notre .révolution a voulu lui
ciacher au nez.

Le sieur Taille-Barbe, à qui. un fédéré péri-


gourdin demandent hier au soir , en buvant bouteille
à l'hôtel. de la croix-blanche du Gros- Caillou, à
quoi les législateurs s'occupoient dans, ce moment-
ci , lui répondit : s» nous donnons le FiON à . la
constitution.
C'EST UN DROLE DE CORPS QUE CET
EMPEREUR.
•*umsm*
Deux de nos meilleurs .législateurs, les sieurs
JDucos et Carreau, menacent leur patrie, dela
quitter pour toujours, s].. elle n'accepte pas pu
rement et .simplement la constitution qu'ils veulent
lui donner.

Annonce.
Très joli appartement de garçon, à louer, orné
de glaces, à un premier-, avec la jouissance d'un
joli jardin; on pourrait prendre aussi des arrange-
mens pour jouir tn commun, avec le premier locataire,
d'un beau salon. Le prix est de 700 francs.
S'adresser au bureau du journal.
—.*. . .— > ' .—' ! "~
De l'Imprimerie du Tournai de la Cour et de la Ville , dont le BuriM
est rue neuve Saint-Marc , JV5 . 7 , au coin de la rue Favart , place dt la
comédie Italienne. Le pria dt l'abonnement est pour un mois , de 3 liv. pour
Paris, et de 3 Ut. ii soi; pour la j/minsf , franc dt part.
c j. or.u. H**M Versailles.
Samedi 20 Juillet.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur dt Jeurnal doit tribut au malin.
la Fokhiii.

EXTRAIT d'un ouvrage intitulé Recherches sur les


curiosités de Paris. — Il n'y a que les animaux qui
ayent la faculté de dresser ou baisser l'oreille,
selon leurs différentes affections, cette faculté refu
sée à l'homme , étoit pourtant le partage d'un
certain Chabot, né à Langres , et mort à Pari»
au collège de la marche. Cet original, malpropre
comme un cynique, ayant une barbe longue et
touffue, les cheveux mal peignés, plioit et redres-
soit ses oreilles à volonté sans y toucher. Nous
prions Messieurs nos souscripteurs dont l'abon
nement finit avec le mois , et qui ne veulent point
éprouver d'interruption, de vouloir bien le faire
renouveller le plutôt possible, c'est-à-dire, avant
2e premier août.

La Qualification de GREDIN est devenue si


considérablement à la .mode depuis le renou
vellement de la nouvelle assemblée , que nous
croyons devoir en donner l'étimologie. — " Ce
mot , trés-injurieux, vient de gradin. — Autrefois
chez les grands seigneurs , des valets du dernier
ordre se tenaient toujours sur les dégrés (gradins J
de l'escalier , -sans entrer jamais dans l'apparte
ment. On les nommait gredins , et leur nom est
devenu une injure Les garçons mettent sou-
T$mtlV. Année 179s. Dd
( saS )
vent un « pour un a. — Un évêque des environs
de Toulouse, entendit dire à un ecclésiastique
de son cortège, ras de ,chaussée ; il en plaisanta,
et demanda quelle espèce de rats c'était que les
rats de chaussée. j> Bon monseigneur, lui répon
dit-on, monsieur nous en dit bien d'autres ; il dit
toujours les gradins de l'autel, pour les gredins
de l'autel.

Un très-honnête marchand forain , qui ne vend


que des rubans et des dentelles, né avec le nom
de Carra, vient de le quitter, et de prendre celui
de Carrabon , afin de ne pas usurper, dans les payss
où il n'est pas connu , les justes hommages que les
honnêtes-gens sont disposés à rendre à M. Carra~
Rossignoli- Serrure , annaliste des jacobins, et quel
quefois leur émissaire.

Extrait d'une lettre de Strasbourg du ^o juillet.


Les autrichiens se renforcent considérablement
tous les jours au delà du Rhin ; ils ont l'inso
lence de jouer votre air favori ça-ira, on diroit
qu'ils veulent se moquer de nous; mais rira bien
qui rira le dernier. Un de ces soldats esclaves ,
nous a, joué , il y a quelques jours, un tour bien
perfide et bien audacieux; il est venu au camp,
d'un air calin, en s'annonçant comme déserteur ;
il s'est engagé dans nos troupes, on lui a donné
cinq louis d'engagement et dix louis pour son
cheval; il en vantoit tant la vigueur et l'adresse ,
que cela a donné à un de nos officiers l'envie de
Tessayer, mais à peine a t-il été dessus, que ce
diable d'animal s'est mis à carracoler et à faire
des bons d'une telle force que le pauvre cavalier
ne pouvant plus y résister , il a été contraint d'aban-
( 81$ )
«louner bride et étrîers et est allé tomber à cinq
ou six pas de sa revêche monture ; le hussard au*
trichien s'en emparant alors sous le prétexte de
montrer à l'officier la manière de le monter et
de le conduire , il l'a monté et s'est éloigné à bri.de
3 battue, laissant-là l'officier et les spectateurs ébahis;
le cheval a traversé le Rhin à la nage avec la
facilité et la vitesse d'un poisson, emportant son
cavalier et quinze louis à la nation.

L'auguste assemblée , pour ne plus entendre


parler de rien qui ait rapport au numéraire, vient
d'ordonner, dans sa sagesse , à .trois de ses plus
illustres membres , de quitter leurs noms, devenus
singuliers depuis le despotisme de la papeterie :
ce sont messieurs Six sous, Quatre sous, Déliards ;
chacun d'eux se dispute , en ce moment, le nom
d'Assignat, Paperasse, Chiffon, Guenilles , etc.

Une grande quantité de fédérés ont présenté


une adresse à l'assemblée , contre les factieux et
les ligueurs qui ont cherché à les entraîner dans
leurs projets sanguinaires et régicides; tous ces
fédérés ont rejette avec indignation cette horrible
proposition , et sont venus demander la punition
des coupables; ils ont joint à leurs signatures, ces.
mots : tous honnêtes gens. Ce supplément a déplu
à quantité de membres de l'assemblée, et ils ont
proposé de déclarer que cette qualification d'hon
nêtes-gens ayant été adoptée par leurs ennemis ,
elle était devenue infamante ; mais l'assemblée est
passée à l'ordre du jour sur cette motion ; elle a
jugé sagement qu'il n'était pas nécessaire d'avoir
tant de titres infâmans dans la langue française ,
et que celui de jacobin suffirait de reste pour tous
les scélérats passés, présens et à venir, ^
(MO)

air: Qjioi vous partez sans que rien vous arrête l


Qui ne plaindrait nos pauvres démocrates,
Faiseurs de droits et brûleurs de châteaux!
Toutes les nuits Pandoures et Croates,
Comme démons, trottent dans leurs cerveaux.
Qui ne plaindrait etc.

D'où leur vient donc cet effroi qui les glace !


De leurs succès douteroient-ils encor?
Et n'ont-ils plus, pour servir leur audace,
Le talisman du drapeau tricolor?
D'où leur vient donc etc.
• Bien est-il vrai que ce signe magique
N'est pas toujours un garant des lauriers;
Et que Beaulieu dans les plaines belgiques
Déjà souvent l'apprit à nos guerriers..
Bien est-il vrai etc.
Saisis serez, ô pauvres patriotes,
Au seul aspect de tous ces fiers à bras;
Tant que de peur feront dans leurs culottes,
Maints citoyens qu'on crut n'en avoir pas.
Saisis seront etc.
N'en doutons point, tous feront place nette,
Municipaux, brigands, prêtres jureurs ;
Adieu diront, la belle Targinette,
Bien douces sont, mais courtes vos faveurs. '
N'en doutons point etc.
Fuyez, sur-tout, législateurs coupables,
Qui de la France un cahos avez fait;
Car eûtes beau vous rendre inviolables,
Le ciel n'a point sanctionné ce décret.
Fuyez sur-tout etc.
( 221 )
Oui, je vous vois au bout de votre rôle.
Chabot, Basire et Merlin l'enchanteur;
Et Ton viendra vous graver sur l'épaule ,
Fleur qu'auriez dû porter dans votre cœur.
Oui, je vous vois etc. -.
Dieux ! le beau jour ; non , ce n'est point un rêve ,
D'éclat nouveau vont briller tous nos lys :
Et Jacobins, expier à la grève.
Tous les forfaits que leur secte a commis.
Dieux ! le beaa jour etc.

Condor*** le Caméléon,
N'a rien de la liste civile ;
Contre le Roi, c'est un dragon,
Pour le peuple , un père facile.
Que fera le bon personnage
Si le vent contraire est trop fort?
Il virera sur le bon bord,
En canonisant l'esclavage.

C'est hier que sont arrivées les lettres des princes


qui prient M. Fethion de laisser subsister , jusqu'à
la fin d'août , lès échaffauds qu'il a fait dresser
dans les places publiques de Paris. L'intention des
princes est de s'en servir pour faire délivrer au*
jaceibins , par le pouvoir exécuteur de Paris i des
passe-ports , pour un très-long voyage qu'on se
propose de faire faire à ces messieurs , par une
nouvelle espèce de voitures , qu'on appelle des
Samsonines, comme autrefois on appellait
Turgotines , les voitures établies sous M. Turgot.
Après cette grande expédition , on proclamera ,
sur ces mêmes échaffauds , QUE le danger de
LA PATRIE A CESSÉ.
X «t )

Nouveauté.
Coquineries de tous les ministres constitutionnels ,
cent dix volumes in-8°. , chez la veuve Brigite-
Gorsas , sous les colonades méchaniques du palais
royal.
Le supplément qui rendra compte de celles des
derniers quon vient de nommer , et de ceux qn'on
nommera dans 8 ou 10 jours, paroîtra le premier
octobre prochain.

Moralité.
Insensés, dont l'ambition
Ne connaît ni frein , ni barrière ,
Voyez , dans le sort d'Ixion ,
Le prix qui vous attend au bout de la carrière.
Nota. L'application n'est pas difficile.

Livres Nouveaux.
Qu'est-ce donc qu'on trompe ici?.. Tel est
le titre d'un petit ouvrage qui va paraître inces
samment. L'auteur ne peut revenir de son éton-
nement, en voyant la peine et les soins que se
donnent nos généraux et nos troupes , pour s'op
poser au seul et unique moyen qui nous reste
de rétablir en France les loix , le bon ordre et
la tranquillité publique : comment, s'écrie l'auteur,
tous les souverains de l'Europe 'ont déclaré hau
tement qu'ils ne venaient point faire la guerre
au roi ni au peuple français, mais seulement aux
( **3 )
ligueurs, auk séditieux et aux jacobins, et les
troupes françaises , qui annoncent le même projet ,
s'opposent aux étrangers qui arrivent avec les
mêmes intentions qu'eux ; les chefs et soldats
français se disent les amis dn roi et de la monar
chie : les étrangers en disent autant. Ils disent
tous deux qu'ils défendront le roi , les honnêtes-
gens et les propriétés ; ils demandent tous deux
la punition des coupables qui renversent toutes
les loix et tous les principes : ils sont donc par
faitement d'accord ; ils n'ont donc que le même
but; ils ont donc les mêmes ennemis, et cepen
dant ils se font la guerre , au-lieu de s'entr'?ider
et de détruire très-facilement et tout d'un coup
Je mal jusques dans sa racine. Il y a dans tout
cela, dit l'orateur, une contradiction évidente,
qu'il est impossible d'expliquer : ainsi , je reviens
à dire, qu'est-ce donc qu'on trompe ici?

Un certain journal , qui rapporte une conver


sation de M. de Montesq.... avec le comité des
douze , prétend que plusieurs députés lui ayant
dit que leur intention était de suspendre le roi,
le général a ràpondu : Messieurs , vous êtes les
maîtres; mais je vous annonce que le lendemain
vous n'aurez ni un officier, ni un soldat, dans
toute l'armée. Ah ! monsieur de Montesq.... ,
VOUS ÊTES LES MAITRES !

On prétend que l'assemblée, voyant le succès


avec lequel sa proclamation du danger de la patrie
lui a procuré des recrues pour son infanterie, va
employer le même moyen pour se procurer des
chevaux doru sa cavalerie manque absolument :
f 224 )
on va dresser, sur toutes les places , de vaitei
écuries, avec les rateliers et mangeoires, où chaque
cheval, bon citoyen , pourra venir manger un
picotin ; il sera ensuite invité à s'inscrire , pour
galopper à la défense de la nation. Ce moyen a
paru à l'assemblée plus constitutionnel , que de
îdire marcher de force toute l'espèce chevaline,
comme on l'avait proposé d'abord : personne
( attendu l'égalité des droits ) ne sera refusé , tel
âge, sexe, taille ou poil qu'il puisse avoir.

■ffWJgBF.'1*—■
AUX RÉDACTEURS.

Il est important . messieurs , quand vous parlerez


de quelques Ginsonné , que vous ayiez l'attention
de bien désigner celui que vous avez eu vue;
autrement , vous occasionneriez une foule de
méprises , vu le grand nembre de Gensaulnes
qui se trouvent dans l'illustre assemblée.
Je suis, Messieurs, voire sincère admirateur,
Grangeç»vE.

Dem. Quand bon


Sera Cambon ?
RÉp. Lorsque Carra
Probe sera.
Donc à jamais
Cambon mauvais.
S
De l'Imprimerie du Journal /ie la Cour et de la Ville , dont le Bureau
ut rue neuve S/tint-Marc , A**. 7 , an coin de. la rut Far art , place de la
totnédie Italienne* Le priK de l'abonnement est pour un mets t*&g 3 /*»• /»W
Farit, et de 3 liv, 1 !* selipaur la nnjvincc t franc depêrt.
Dimanche 29Juillet.^*-*^rfa"i/airr^d"'Coî"'e'-

JOURNAL
DE LA GOUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Jsurmï doit tribut au malin.
LA Font AIN I.

Anti-Dithyrambe par Luc-M ire Rock Frenier ,


en réponse au Dithyrambe de Marie Joseph
Chenie.1. '' •

•{Que le ciel te confonde avec ta liberté ,


TJjtyrambe insensé , qu'inspire un noir génie t
Avec ce Palissot , ton maître en fourberie,
Nous t'accordons l'égalité:
En te voyant , chacun s'écrie :
Qjte le ciel te coniohde avec ta liberté.
Sur les villes , sur les campagnes ,
Où sont-ils ces grands biens que versait ton erreur?
A nos enfans , à nos compagnes ,
Pourquoi promis-tu le bonheur?
Sous un sceptre d'airain courbons-nous moins la
tête,
Depuis que nous planons sur la tête des rois?
Aux faveurs de Plutus avons-nous plus de droits.
Depuis que des brigands notre or est la conquête ?
Tu vantes les nouvelles lois ,
Tandis que d'assassins nos cités se remplissent,
Que de cris innocens les cachou retentissent,
~ De la Seine aqx rives du Rhin !
Deux rejetions des lys boivent les. eaux du Tibre ;
Dans Lutècç , Brissoi nous parle en souverain ;
Tomt IV. Année «79». ' E e
( Ï26 )
Nous tremblons pour le Roi , la Reine et leur
Dauphin :
Et tu dis que la France est libre !
Que le ciel te confonde avec ta liberté !
Tant que les jacobins oppriment la patrie ,
Tant que Jourdan respire, et qu'au club hnard
crie,
Tu nous parles de loix et de sécurité !
Mais rien ne te corrige , et tu suis ta manie :
Que le ciel te confonde avec ta liberté !
Extrait du journal de M. de Lacroix.

Extrait d'une lettre de M. M A LhEt d a P an.


Les forces seront réparties en quatre points et
divisions : armée du Brisgaw, pour VAlsace, 4o00o
hommes. — Armée de Lorraine , pour contenir
Metz, 4oooo hommes. — Armée du Brabant ,
pour Lille , 5oooo hommes. — Armée qui mar
chera sur Paris , par la Champagne , 6oo00
hommes.

Pour prouver d'une manière authentique que


la terrasse des feuillans est maintenant sous la
police de l'assemblée, et qu'elle appartient à la
nation , on y fait assassiner les honnêtes gens en
plein midi. Vendredi , M. Despriménil , qui s'y
promenait tranquillement, fut assailli par une foule
de brigands, qui le dépouillèrent entièrement.
' le maltraitèrent à coups de batons et de sabres
et le traînèrent ainsi , couvert de sang et blessures,
au Palais-royal , où ils se préparaient à lui couper
la tête , lors qu'heureusement on est parvenu à
l'arracher de leurs mains , et à le conduire au trésor
national. Ses blessures sont très dangereuses et
l'on craint beaucoup qu'il n'y succombe.
( a^7 V,

Un paysan des environs de Sèves , répondit


dimanche dernier à un de ses camarades qui lui
demandait d'où il venait — De Paris , où j'ai vu
bien à mon aise la fête de la patrie en danger.

Les jacobins avoient médité quelques grands


forfaits pour vendredi dernier. Pour ouvrir aux
brigands, les avenues du château des Tuileries ,
ils avoient fait décréter dans la nuit du mercredi
que l'allée des feuillans appartenoit à la nation et
que tout le monde pouvoit y entrer. Le lende
main ils régalèrent les féderés, partie aux Champs •
Elysées et partie à la Bastille. Le sieur Pét... avoit
assisté à la fête du fauxbourg S. Antoine , y avcit
passé une partie de la nuit et avoit tout préparé
pour le lendemain. A 4 heures du matin les fédérés
rirent battre la générale et sonner le tocsin dans
le fauxbourg. ' Mais les braves gardes nationales
assemblées en armes firent dire à M. Pét. de prendre
garde à lui , que sa tête répondoit de la tran-
quillité publique + qu'elles étoient bien résolues de
tomber sur les factieux et sur lui le premier. A cet
avis, tremblant de frayeur, il se transporta au
fauxbourg pour prévenir le mal qu'il vouloit faire ,
tandis que les gardes nationales marchoient aux
Thuileries et à la place Vendôme avec cette con
tenance fière par laquelle elle en a toujours imposé
aux médians . au milieu des applaudissemens de
tous les bons citoyens.

Des quatre coins du monde, il arrive ici des


patriotes qui annoncent les plus sinistres intentions t
; . ( ai )
i ne bande de ceux du nord» en passant devant
les Thuileries , ont vomi les plus grandes horreuiS
contre le roi, sa famille, contre la constitution
et cenire tout ce qui est loi, religion, ou autorité
quelconque. Allons \ braves parisiens, encore urï
petit somme , et nu beau rriàiiri , vous vous trou
verez debarassés de vos maisons , de vos meubles ,
de vos marchandises -, de votre famille , et peut-
être de vous-mêmes.

AUX RÉDACTEURS.
On a fort mal traduit, Messieurs, dans les
ohsertiktTont iv.r Vilain , que votrs avez citées'dans
votre riQ. 26-, le passage du Dante: >> Ces mal
ts heurenses villes d'Italie fourmillent de tyrans :
*» XfttA rustre , devenu chef de brigands , est un
»» MarctltUs ". Il ti'ést point question-, dams ces
vers dé Manettes, i'e^jpéTaiitë des Romainfc ; mais
de Marcel, maire tïé Paris.
. le.çjttà d'Italia tùtfe pîënè
Son di tiranni cd ùti Marcel dîVerrtà
Ogni Viîlan che patté'giaîi àovièâhé.
Dans chaqxrc Ville de la France ,
Fourmillent de petits tyrans;
ChaqUe faquin devient un homme d'ins pertarj.ee ,
En provoquant le peuple à la licence.
Bouffi d'orgueil et d'insolente,
Pf.th... est un Marcel , conduisant les rrréchans ,
Qui pourront fe conduire enfin à la >

Messieurs nos abonnés, jusqu'a îa fin de ce


mois , sont priés de faire renouveller leurs quit
tances avant le preniier août, s'ils ile veulent point
éprouver d'interruption.
Livrés Nouveau*.
L'église constitutionnelle, confondue par elle-
même ; ouvrage dans lequel on réfute l'accord des
principes de l église par les 18 eviques , membres
de Vassembtet\ rt toutes tes vbjecti«ns des cons*
titutionnelles. Un gros volume in-8°.
Tous les vrais catholiques desiroient depuis long-
témS un pareil ouvrage. Nous ne craignons pas-
d'avancer que lturs vteuX sont abondamment rem
plie, ti n'est pas Une seule objection un peu spé
cieuse qui ne soit parfaitement discutée et à
laquelle on ne réponde d'une manière peremptoire.
Là véHté y est vengée avec éclat , et l'erreur
poursuivie jusquës dans se» derniers retra'nchemens.
Une érudition *ûrè, profonde, mais bien ménagée;
èVés raftônnerofens à fa pôttée dé tout lé monde,
mais portés jusqu'à fa dernière évidence ; un styh;
rempli dé chaleur e't d'énergie eh rendent fa lec-
fcnê aussi attachante qu'utile. Nui ecclésiastique
ne peut se dispenser de l'avoir. Les laïques même»
qui veulent s'instruire, doivent s'en procurer l'ac
quisition. Avec cet ouvrage, on peut défier, sans
cYiînre, toutes te* attaques des partisans de la
ffcSûVèllè église.
11 Se trouve chez Grafait, Libraire , place
Saint- Michel.

Si ire-u% notions pas de grands philosophes »


entièrement dégagés de tous lès préjugés , nout
pcnrHons prendre pour un manvais augure 1* petit
«vérféme'rft arVivé fctix t'blonaT* , nos confrères eft
iToris'tiftrtTo'n ; ifs viennent d^trjfe vigoureusement
étrilles pat dés Utrsses inconstitntionhelB , qui leuï
( *3o)
ont tné trois mille hommes , fait trois mille
prisonniers," et qui se sont emparés de leur camp ,
de leur artillerie , de leur caisse militaire , de leur*
bagages , etc. , et qui poursuivent le reste des
fuyards : des ames faibles pourraient s'imaginer
que ce tableau aura bientôt son pendant.

Aux Rédacteurs.
Lorsque vous parlerez , Messieurs , de Cocu-
Coquin- Condor . . . septiême, de grace mettez ce
aombre en toutes lettres ou en chiffres romains;
car , le chiffre arabe 'J figurC une machine , dont
Je sinistre aspect accroît , je le sais, le spasme
de l'honorable membre. Cette prière m'est inspirée
par l'humanité, autant que par mon respect, pour
la loi qui a proscrit l'usage de cette machine
inconstitutionnelle . et lui en a substitué une ,
d'après 'aqutlle chacun est assuré de mourir
hoiisontalement ; ce qui est .conforme au grand
principe de l'égalité. . . - . ,

L'autre jour le vénérable frère Chabouc s'étant


un peu émancipé dans l'assemblée , fut interrompu
par le présidént, qui. Le menaça de le remettre
à l'ordre ; ce mot de rentrer dans V.ordrt effraya
cruellement le pauvre capucin ; il crut voir à ses
trousses le 'capuchon , l'inpacï'",""ët' la -displine ;
m*is il se remit promptement-, et pour prouver
qu'il ne voulait .pas rentrer dans l'ordre, il vomit
contre le président un déluge de juremens et
d'imprécations.-, les, plus militaires; ce qu'il y eut
d : plus plaisant c'est. que le pauvre président qui
avait, voulu mettre \.c,Chabouquin à l'ordre , y. fut
( «3i )
vigoureusement rappellé lui-même, et obligé de
descendre de l'auguste fauteuil :
Tel , comme dit Merlin, cuide engueigner autrui
Qui souvent s'engueigne soi-même.
La font. lab. Cliap. XI. lib. 4.

Qui est-ce qui aurait prévu que des Brissot,


des Condorcet , des Bazire, des Chabot, des Tome,
des Manuel, des Petwn , etc etc. sujets \ ils et
rampans sous le despotisme , lutteraient un jour
contre les rois , et parviendraient à détruire leur
puissance pour se l'arroger? Cet événement in
croyable était réservé à notre siècle; mais il faut
espérer que la providence remettra chacun à sa
place. Ne voyons-nous pas dans tous les carre
fours et à la grève des échafauds où montent lei
municipaux en attendant les autres.

Des lettres authentiques de Lille marquent que


dès que les Jacobins du pays ont appris que les
Autrichiens s'étaient emparés de Bavai , qu'ils s'y
renforçaient et s'y fortifioient , ils ont sur-le-champ
fait abattre les arbres secs de la liberté , les bon
nets rouges , les inscriptions de ça ira , de vivre
libre ou mourir et toutes les devises et préten-
tailles de notre liberté mourante. Les Jacobins
de Paris ont aussi retu mercredi une lettre de
leurs confrères de Cambrai qui leur mandent que
les honnêtes gens y sont infiniment supérieurs
en nombre et en forces aux Jacobins et brigands
du lieu , et ils demandent qu'on leur envoyé au
plutôt autant de cartouches qu'il sera possible d'en
rassembler. Les Autrichiens ont démunicipalisé
vingt-deux villes ou Y'UaSes de la Flandre Fran
çaise et ils ont juré de balayer tous les districts,
( a.la )
départemens , clubs , voire même toutes les assem
blées du ci-devant royaume de France. .

Tous les bons citoyens doivent être pleinement


rassurés sur les craintes chimériques qu'on veut
nous inspirer des Autrichiens , Prussiens . et au
tres ennemis dont on nous menacé sans cesse.
Car l'assemblée va décréter que tous les postillops
de la poste vont être formés en corps de cava
lerie légère : on ne leur donnera point de solde,
on continuera de leur donner des guides et des
pour-boire : quant à l'infanterie lé'gère , elle sera
composée de tpus les braconniers du royaume et
autres bons tireurs que la révolution arrivée chez
les lièvres a suspendus de toutes fonctions : on
5e propose aussi de former en corps tous les con
trebandiers et même tous les brissoteurs du
royaume ; les premiers seront destinés à entrer
.chez l'ennemi sans qu'il s'en apperçoive et les
seconds seront employés à lui brissoter ses équi
pages , ses chevaux , ses habits , et sa caisse mili
taire ; tout cela appuyé de trois cent mille piques
qu'on enverra à la frontière , en attendant qu'il
$e trouve des hommes pour s'en servir.

Un Garçon âgé de 34 ans, sachant lire et écrire


jsous la dictée , en Français et en Allemand ; coiffer
jet raser, courir la poste ; jouer du violon pour con
duire un bal; ayant de bons repondans , désirerait
se placer à Taris , ou pour voyager. S'adresser rue
Faydeau , à l'hôtel des États de BÉarn , N°. 21
près de la rue de Richelieu.

Be l'Imprimerie du Tournai de la Cour et de la Ville , dont le Burette


fit rue neuve Saint-Àîarc , fil*. 7 , a:i cuin et la rue t'aoart , place de la
comidie Italienne. Le prix de V ajbgr.nemtjnt fit pour up mois , 4e 3 ta. four
la,:,, etdeiiiv. > 5 uUpour ta p mact, jrane départ.
. N\ 3n; .gfn. c _ . .
jy%££t Suppression de tous les
Lundi 3o Juillet, WV*S °^m * «*«»«*«"'^
- J*

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Jafernal doit tribut au malia.


r. A F O N TA I N >.

Il y avait à Athènes un misérable nommé Hyper-


bolus (en français Brissot ) fort méchant homme,
et que les poètes comiques prenaient ordinaiiement
pour l'objet de liéurs. railleries et de leurs invec
tives. l1 s'était endurci à la mauvr.ise reputation,
et était devenu insensible à l'infamie par une ex
tinction entiète de tout sentiment d'honneur , qui
ne peut être que l'effet d'une ame désespérément
livrée au vice. Cet homme ne plaisait à personne ,
mais le peuple ne laissait pas de s'en servir pour
humilier tous ceux qui étaient élevés en dignité,
et pour leur susciter des accusations. La nation
d'Athènes , pour récompenser en quelque façon ce
vil scélérat qui s'était attiré une certaine importance
par ses infâmes services , ne dédaigna pas de le
bannir : mais comme il y avait beaucoup d'hon
neur et de dignité dans cette punition , son exil mit
fin à l'ostracisme ., qui parut avoir été flétri et dés
honore en tombant sur un sujet si indigne. — Voilà
bien le peuple. S'il y eût eu un seul Gors.. de lan
terné dans les passe tems de la révolution , aussi-tôt
le peuple se serait fait un scrupule d'exercer suc
d'honnêtes gens un genre de ressentiment flétri et
dishonoré en tombant sur un sujet si indigne.
Tenu ÏV. Année 179s. Ff
(*34)

On ne sait si c'est pour jouer un mauvais tour


au pouvoir exécutif de la Grive , ou pour sauver
sa vie , que le fabricateur de faux assignats à qui
on scia la tête jeudi dernier, avait avalé |nne clef r
afin d'arrêter l'effet du couteau Gteillotin au mi
lieu de son opération; mais ce qu'il y a de sur,
<'est que plusieurs observateurs ont parfaitement
b:-"n vu que le patient riait à gorge déployée-

Qu E S T I O N.
Lorsque le sénat tremblant crie....
"Vite , au secours de la patrie !...
N'est-il pas comme un assassin-
Qui . dans l'effroi qui suit le crime ,
En vain pour sauver sa victime,
Appellerait un médecin?
Réponse '
Ente'eux la différence est grande-
Car votre exécrable sénat
Ne cherche à rassembler sa bande
Que pour mettre en pièces l'Etat.

La régénération française continue de se faire


sentir dans tout le royaume : de tous côtés les
assassinats recommencent et restent toujours im
punis: à Bordeaux , plusieurs prêtres ont été mas
sacrés, à Alais, des prisonniers ont été tués dans-
la prison : à Arles, on a commis les mêmes crimes:
l'esprit français paroît entièrement fixé par notre
révolution -, toujours même scélératesse chez les
jacobins, toujours même couardise chez les hon
nêtes gens; mais tout cela prouve au moins que
rcs derniers ont pour les jacobins une terrible
répugnance, puisqu'ils aiment mieux se laisser,
égorger par eux que d'entrer dans leur société.

Grande joie d'un sans-culottes , marqué à la cray^


Manuel et Pétion enfin nous sont rendus!
Frères, à l'assemblée allons tous grâces rendre.
Sans le déciet d'urgence, ils restoient suspendus; '
L'attitude est peu fière. Un certain bruit confus
Arroge a«ix revenans le droit de les suspendre....'
Or, du régime ancien c'est encore un abus.
Ceux qui sont morts , sont morts. Place et gloire
aux intrus.
Ainsi, tout vient à point pour tel qui peut attendre.

Tout le monde sait que M. d'Eprémenil a été


assassiné vendredi au soir sur la terrrsje des Feuil-
lans ; mais tout le monde ne sait pas qu'il s'y
promenait fort tranquillement , sans commettre
aucune imprudence ; et que tout ce qu'on a dé
bité des prétendus propos qu'il avait tenus , est de
la plus grande et de la plus absurde fausseté : tout
son crime est d'avoir été reconnu par des bri
gands , qui se sont jettes sur lui et l'ont excédé
• dé coups de sabre ; la garde nationale est parve
nue à le tirer demi-mort d'entre les mains de ses
meurtriers : aussi tôt que l'assemblée a appris cet
événement, elle s'est dépéché de décréter la con
fiscation et la vente des biens des émigrés , de
crainte apparemment que l'assassinat de M. d'Epré-
tTEprénunit ne les engageât à revenir en France ,
et ne privât la nation de l'abondante ressource que
va lui procurer cette juste et salutaire opération.
f «36 )

L'infâme Chabouc excitait, vendredi dernier,


d'une manière très-pressante , les ogres de la
terrasse des Feuillans , aux horribles assassinats
•Qu'ils ont commis ,. le même jour, sur MM. Des-
fremenil.pt. Champion ,. lorsqu'il fut reconnu par
un garie national gienadier , qui lui dit d'un ton
ferme : " Monsieur , vous feriez mieux d'être à
>? votre' poste , que de faire l'exérrable métier que
>> vous faîtes ici. — Savez- vous à qui vous parlez,
répliqua le renégat, en nazillant ? —. » Oui ,
,j> monsieur , lui repondit le brave grenadier , vous
"ti êtes l'ex capu... Cha..., député à l'assemblée
»» nationale, pour la honte et le malheur de la
">> France ! >»'

Lé jour même de l'assassinat 4e M. Dhprtmtnil ,


un brigand, nommé Hyo , a aussi assassine M.
Champion, ministre de l'intérieur. Le meurtrier,
connu, a été dénoncé à la-justice; et quoiqu'il
soit un des plus forcenés jacobins, on n'est pas
sans espérance de voir enfin faire un exemple.

Un étranger arrivant à Paris il y a deux jours,


demandoit si la contre révolution étoit faite. et si
c'étoit pour punir les autturs de tous les cumes
qui se sont commis en France depuis trois ans,
qu'on avoit dres.sés rous les échaffauds qu'il voyoit
dans les pinces publiques et surtout à la grève;
non. mon b^n Monsieur, lui répondit une vielle
femme qui l'a voit écoulé, on ne fait point d'exé
cutions sur ces éebaffauds , mais il est vrai qu'au--
tant vaudrait, puisqu'on y distribue' des arrêts de
( s37 >
mort à ceux qui veulent s'aller faire EXÉCUTER
Sur lss frontières........

L'ÉVANGILE DE B R I $ S O T.
Voyant Despréménil tout près des funérailles ,
(Assassins et voleurs lui mettoient habit bas.)
Bis-sol, l'humain Bissot criait à ses ouailles:
» Eh! nies amis, volez; mais nassassiniz pas >>.

La demoiselle Lacombe, jeune et fraîche, se


présenta jeudi à la barre, et dit aux députés qu'elle
venoit leur offrir sa personne, et que dans cette
circonstance les membres de l'assemblée devoient
prendre une attitude ferme. A cette pétition, la
Jilupart des membres se dressèrent, et Ton entendit
rode, pediculoso , l'ex-cr.pucin Chabot murmurer
entre ses dents: ail! che scia gwa dessert sensa
co£ii::':'..

Nous donnons comme très-certain que tous les


grenadiers de la garde nationale ont prié en grace
le roi de leur permettre d'établir un camp dans
S0-\. jardin des Tuileries, afin d'être à même de
le garder jour et nuit , contre les entreprises des
jacobins et autres scélerats : toute la garde natio-
,nale a aussi offert au roi l'assurance de. sa fidélité.
S. M. est allée dans lotis les rangs remercier ces
braves gens de leur bonne volonté ,' et leur té
moigner combien il était fâché de toutes les peines
qu'ils se donnaient : le même corps a aussi pré
senté à l'assemblée une adresse uès-énergique ,'
( «38 )
Jpar laquelle il dît que les crimes qui se commettent
continuellement sur la terrasse , entr'autics l'assas
sinat de M. Desprémcnil, exigent que lés brigands
qui l'infectent nuit et jour en soyent chassés ,
ainsi que du reste des Tuileries ; on attend ce
décret des bontés de" l'assemblé*.

Théâtre italien.
On y a donné- samedi la première représentation
des deux petits aveugles , pièce infiniment foible ;
paroles d'aveugle , musique de sourd. Le méca
nisme des paroles appartient à l'abbé Noël ; celui
des sons au sieur

AUX RÉDACTEURS.
-En attendant ,que je puisse donner aux hon
nêtes-gens les renseignemens que mon zèle , pour
la tranquillité publique , me fait recueillir ton»
les jour* , je vous prie de les prévenir que M.
l'abbé SieyeS se rend tous les Soirs , depuis cinq
jours, chez M. le duc d'Or
J a ».* »'.".

Il paraît qu'on se dispose tout de bon à tra


vailler au salut de la patrie , ou tout au moins à
celui de l'assemblée; on a. jette en ava-nt la pro
position de «s'emparer de tous les chevaux de
carosse , de selle , cabriolet , etc , appartenans aux
aristocrates ( c'est-à-dire aux propriétaires. ) les
quels, a dit l'orateur, foulent orgueilleusement
aux pieds le pavé de nos rues; cette petite mo
tion n'est nullement gauche dans le^circonstances
( ^9 )
actuelles: On espère que les- gens qui ont des
chevaux se dépêcheront vite de s'en défaire avant
la reddition du décret , et que par conséquent
les députés qui auront quelques pstits rorAGKS
à faire les achèteront à bon marché; tout cela est
calculé fort juste comme on voit ; d'ailleurs l'as
semblée n'est pas fâchée de cajoler un peu mes
sieurs les fiacres, en les flattant de l'espéranc»
d'être les seuls automédons employés au service
de la capitale.

Il faut avouer qu'il se passe de singulières chosrt


dans ce bas monde : tous les peuples de l'Europe
ont déclaré la guerre aux jacobins : il paraîtrait
donc naturel, que ceux-ci se rendissent aux fron
tières pour combattre leurs ennemis ; mais point
du tout : ils s'amusent à égorger les bonnes gens
dans l'intérieur du royaume ; on pourrait croire
que ces mêmes bonnes gens attaqueraiem les ja
cobins, ou au moins se défendraient contr'eux,
mais point du tout encore , ils n'en sont que plus
zélés pour défendre la cause de leurs assassins",
et ils se rendent aux frontières et vent se faire
casser bras et jambes pour 6'opposer aux gens
qui voudraient venir les défendre contre les*
jacobins.

L'assemblée a bien eu ses vues en décrétant


que les patriotes de toute taille auraient le droit
de marcher à la défense de la patrie en danger ;
elle a bien jugé que l'amour de la nation déci
derait un grand nombre d'aimables citoyennes
à abandonner pour un tems les enseignes de Vénus
pour voler sous les drapeaux de Mars; et «lie
f «40 )
a vouîu ménager à ces modestes héroïnes un moyen
de s'engager en secret, sous les habits d'un sexe
qui est dédommagé par l'avantage de la taille de
ce qui lui manque du côté des grâces; le succès
a, dit-on , surpassé les espérances d'une partie de
nos législateurs : déjà au palais-royal et dans les
rues consacrées à l'amour , on s'apperCoit de
l'abandon et de la rareté de ses aimables piê-
tressts ; mais que! est le citoyen qui ne ferait
pas à la patrie un sacrifice aussi nécessaire ; quelle
est- Vatnc desséchée qui ne renoncerait pas »ux. plus
douces erreurs pour le salut comrhun , tt sans
cela /comment repousser cette horde de sauvages,
tartares et pandours prêts à nous dévorer ! Vénus
seule a le droit de désarmer le terrible dieu Mais ;
c'est elle seule qui pourra vaincre ces légions
qui vont nous inonder; c'est à sa ceinture qué
nous devrons notre salut : soit que par leurs
artifices nos jeunes amazones engagent ces bar
bares à nous débander, soit qu'ils prennent un
parti contraire, elles les mettront toujours tiès-
promptement hors d'état de pouvoir nous nuire
de loiigtems.

Avis essentiel.
Messieurs les souscripteurs, dejnt l'abonnement expire
demain , sont priés de le faire renouveïler au plutôt ,
s'ils ne veulent point éprouver d'interruption.

Be I' Imprimerie <iu Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau


est rue neuve Saint-Marc , JV"7. 7 , au corn de la rue Faeart , place de la
comédie Italienne. Le prix d? Vabonnement est pour un mois , de 3 lit. pout
Paris, et de îtiv. 1S sohptur la province , franc deport.
W. 3i. _^f& Martyr ,eUM.Ù Mal,

Mardi 3i Juillet. W**^'"*"'

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout feissur d« Journal doit tribut su m»lin.


LA F OH TA I M I.
' . «J
Vers^ qui furent faits pour les • soldats de la ligut
après la bataille de Smlis , où ils prirent la VSiTi.
A chacun nature donne
Des pieds pour le secourir.
Les pieds sauvent la personne,
Il n'est que de bien courir. -.
Ce vaillant prince à'Aumale,
Pour avoir fort bien couru,
Quoiqu'il ait perdu sa malle ,
M'a pas la mort encouru.
Ceux qui étaient à sa suit»
Ne s'y endormirent point.
Sauvant par heureuse fuite
... t-. Le moule de leur pourpoint,
;: , . . Bien courir n'est pas un vice.
, On court pour gagner le prix;
C'est un honnête exercice.
Bon coureur n'est jamais pris.

Les jacobins voyant qn'ils ont maoqué.leur cou»


d'emporter d'assaut le château de» Tuileries: 1«
Terne IV. Année 179s. Gg
..... '.. ( *4« î; ,
s© juin dernier , se sont déterminé à l'assiéger
dans les formes ; ils 5e sont déjà emparés d'an
poste avance dans le jardin, et ils se proposent
d'y ouvrir la tranchée ; et si on les laisse faire
ils s'empareront petit-à-petit de tous les- ouvrages
et enfin du corps de la. place ; il faut espérer
qu'il viendra du secours avant qu'elle soit obligée
de se rendre à discrétion.

Grand Dieu comme on nous a trompés ! s'é


crient de tous côtés les fédérés de province ; on
nous avait dit qu'on nous faisait venir à Paris "pour
défendre l'assemblée que le roi voulait faire chasser
et assassiner par des brigands , et nous voyons
que c'est précisément le contraire. — Voilà ce
que nous avons entendu de nos propres oreilles.

On sait de bonne part -que le duc d'Or et le


sieur ioo-terfe, se rendent souvent la nuit à Satnt-
Maur, près Vint tunes , pour y conférer avec ceux
qui ont joue les principaux rôles dans la iragédit
d'Avignon.

Extrait d'vne lettre de M; Mallet- dv-Tan.


Francfort le îs juillet. Je regagne demain le pied
tle nos montagnes ; comptez que nous nous re-
reverrons dans peu , et que j'arriverai en bonne
compagnie. . . '
Je pats, bien afligé de la tournure que prennent
les choses pour nos pauvres patriotes, leur agonie
sonne; aoomiile autrichiens et' prussiens , ras
semblés eu ce moment , marchent à vos Iron-
f »43 )
tièV-es le 27. — J'ai vu ici tous les potentats; ils
se sont séparés ce matin à Mayence. L'empereur ,
qui a gagné tous les ccturs , va se faire couronner
à Prague ; le toi de Prusse est parti pour Co-
blentz , où est son quartier général , avec le prince
héréditaire et le duc de Brunswick ; ils passeront
l'armée en revue , le «4 et le 25. Le 26 on levera
les tentes. Vous aurez quatre armées sur les bras,
dont une de 70 mille hommes , sous les ordres
du duc , marchera droit au palais-royal. Les hus
sards vont couper la guerre des phrases par lé
milieu. Ce sont des barbares qui ont à- peine la
figure humaine Certifiez bien
à M. de Do .... B ... . pour ma responsabilité ,
qu'on ne gardera pas un village

Malheureux fcuillans, malheureux monarchiens ,


malheureux chambristes qui déclamez sans cesse
contre tous les souverains de l'Europe , contre les
princes et émigrés français , et qui voudriez les
empêcher de venir en France rétablir le bon ordre
elles loix ; rétablissez-les donc vous-mêmes , dé
truisez donc les brigands , les incendiaires , let
assassins , les jacobins enfin qui vous chassent ,
qui vous rossent, qui vous assomment de tous
côtés ; mais non , malheureux citoyens . vous n'en
avez ni le pouvoir, ni le courage , ni la volonté ;
vous tendez le dos avec résignation '; «u norn
de Dieu , puisque tous ces moyens vous man
quent , ne faites donc pas comme 1e chien du
jardinier ; n'empêchez donc pas les autres de
faire ce que vous n'osez ni ne pouvez faire vous-
mêmes.

Le bouleversement de la raison est porté au


point fu'un grenadier de la garde nationale fut
( *44)
insulté hier au Palais-Royal pour avoir dit -*- >» ja-
t> mais le peuple ne nous forcera à faire nôtre de-
>) voir pour l'empêcher de faire des iniâmies . et
»> si jamais nous sommes forcés d'en venir à cer-
>» taines extrémites , ce ne sera que contre des
»» brigands.

On mande de Londres que la flotte actuelle


ment en mer n'est que le prélude d'un arme
ment beaucoup plus considérable et qui pourrai
frapper de grands coups en même tems que corn

en mer, est d'intercepier le duc d'Or. et ses


complices qui se disposent à s'échapper le plutôt
possible pour se rendre dans l'Amérique Septen
trionale , seul refuge qui leur restera sur la terre.

DanS les nombreuses recrues qui se font sur


les tréteaux élévés sur toutes les places publiques
de Paris depuis la publication de la patkie en
danger, on compte dix garçons apothicaires;
ce genre d'homme conviendrait parfaitement à une
armée constipée , mais on sait que la nôtre a la
tourante.

Beaucoup de gens vont chercher bien loin quet


peut être le but des Jacobins en se portant à,
toutes les extravangances , et à tous les crimes
qu'ils cammettent continuellement. Lés uns leur
supposent le. projet de desorganiser tous les pou-
Wirs c.UG»&lj?.go;uverne^e.ns.pQur!y itatyir. leva?
( «45 )
machine ; les autres disent qu'ils veulent changer
la dynastie etc. etc. Quant à nous , nous pensons
qu'ils n'ont aucun but ; ils font le mal par instinct
et par nature ; ils tont comme ces gens oui s'a
musent à tuer des hirondelles et des goëlcnds
qu'ils ne veulent , ni ne peuvent ramasser ni man
ger : ou bien comme les tigres qui égorgent tous
les êtres vivans qu'ils rencontrent , sans avoir in
tention de les dévorer.

Avis a MM. nos abonnés.


Messieurs les souscripteurs, dont ^abonnement expire
demain , sont priés de le faire rmouve,ller an plutôt ,
fils ne veulent point éprouver d'interruption.

Les nouvelles loix françaises défendent expres


sément de confisquer les biens de tou'.e personne
condamnée, et ordonnent qu'ils passeront à leurs
héritiers : il est vrai cjue la loi ne. parle point
de ceux qui auront été condamnés injustement
et arbitrairement ; il faut croire que c'est là la
raison qui a décidé l'assemblée à faire une ex-
ceptiou en faveur des femmes et des enfans des
émigrés dont elle fait vendre les propriétés.; on
ne doute pas que cette mesure ne fournisse une
abondante, ressource à la nation, sur-tout si l'as
semblée" a la bonté d'accorder un très-long terme
pour faire le payement de ces biens ; tous les
jacobins , les sans - culottes et autres s'empresse
ront de les acquérir ; et dès qu'ih seront en pos-
sesion ils se dépêcheront de vendre les meubles,
les arbres, les récoltes; et jusqu'aux charpentes
matériaux , après quoi ils remercieront la natiorf
en iui tirant la iéyerenee : c'est sur-tout sur le»
( 246 )
châteaux brûlés que l'assemblée fonde ses espé
rances les plus solides : on croit même que ce
sera là dessus qu'elle hypothéquera le dédoma-
gement qu'elle a bien voulu promettre aux ha-
bitans de Courtray , si humainement traités par
les jacobins de l'armée.

M. Dumas dans la séance de jeudi 26 juillet


a laissé échapper un mot bien profond et d'un
bien grand sens au milieu de l'assemblée : on y
discutait les moyens ee résister aux nombreux
ennemis que les jacobins ont attiré sur notre
malheureux ci-devant royaume : ah messieurs ,
s'écria naïvement le membre général , que n'ont-
ils comme nous une assemblée nationale , ils ne
seraient guères dangereux , mais malheureusement
ils s'en ont pas.

Remède sûr peur sauver la patrie.


De fax la horde jacoquine ,
La patrie est donc en danger.
Que faire pour la soulager,
Et pour prévenir sa ruine ?
Que faire!!!.... pendre un dép... ,
Un çlubiste , un inculotté,
Bref, un de ces gueux qu'on devine,
A chaque arbre ou Mai qu'a planté
En l'honneur de la liberté,
Cette abominable vermine.

Si les Autrichiens et les Prussiens savoient ce que


nous leur préparons, ils se tiendroient cois chez
eux, car notre armée -des -tréteaux n'est presque
(«47 )
composée que de garçons serruriers qui leur ri
veront leur clou , que de boureliers qui lent
tailleront des croupières, et que de petruquiers
qui leur fe-ront la barbe etc. etc.
N, B. Cet article nous est parvenu sous le cachet
d'un ministre de la guerre.

Let-iue de M. le chevalier de Melon , à fassemblée


dite Nationale.
J'apprends, Messieurs, qu'un graud nombre de véritables Français
sont retenu» dans les fers, et que votre ctuauté, et la rage inspirée
par vous , au peuple , contre tous les gens honnêtes , vont en faire
de sanglantes victimes de votre tyrannie. Quoique vous ne sachiez
pas apprecier les sentimens généreux, jo dois employer mes res
sources dernières , pour les sauver d'une mort si cruelle et si peu
méritée. Oubliant qui vous êtes , je vous supplie de m'écouter.
M. le comte de Saillans, mon chef et mon ami , si lâchement
assassiné par votre parti , portait une liste insignifiante de quelques
^personnes qui n'avaient pas voulu refuser leurs signatures à set
prières , et ce n'etait pas pour s'armer contre vous , qu'elles avalent
agi ainsi : la preuve , c'est que deux ou trois seulement ont pris le»
armes , et que mon nom n'y est point , malgré ma haine violente
jpour vous , et l'ordre que j'ai reçu de M. le comte de SaillanS ,
de commander le foible rassemblement de Banne.
Vous commettriez la plus atroce injustice, si, sur de pareils
prétextes . vons les condamniez a la mort. Il est des victimes plus
dignes de voîre courroux. J'ai commandé les royalistes, et, sous
mes ordres , ils ont toujours repoussé votre parti. Cinq cents ( i J
"hommes, connus sous le nom" de patriotes, ont péri dans les
.diflerens combats que je leur ai victorieusement livré , et sans de
noires trahisons , nos prétentions étaient , non d'ensanglanter notre
patrie , mais de renverser , dans plusieurs provinces , votre affreuse
constitution. Je vous offre ma- tête. Que les innocen» portent , je
parts aussi-sot pour les prisons d'Orléans , et je monterais sut
l'échaffard avec reconnaissance. -
Quant .i Mm. de Blou, de l'Estano , de va Blache , Riviere ,
Durant, etc. j'affirme, sur mon honneur», que M. de Saiilans,
leur avait envoyé ses ordres comme chef donné à leur pays, et

( ( 1 ) 71 est tems qu'on soit instruit de la vérité. Je fais imprimer


un mémoire historique de la conduite de M. le comte de SaillanS f
«t l'on y verra les mensonges et les infamies qu'où a débité si
gauchement à l'assemblée..
qu'il ignorait le parti qu'ils prendraient ; d'aillenr» , îeu» wiwv
«ont point dans la liste trouvée dans le porte-feuille de ifl. DI
Saillans.
Vous aven eu l'audace d'appeller des brigands ceux qui viennent
de donner à la France l'exemple de la douceur et de la modération.
Quel est celui de nos ennemis , blessé ou prisonnier , à qui nous
n'ayons prodigué nos soins et nos secours ? Quel est celui de nous
que vous n'ayez égorgé, lorsqu'il vous tendtit des mains suppliantes?
Bientôt les prinCes , sauveurs de la France, vengeront la mort
liorrible de tant de braves gens et la mienne, si, par une promesse
claire et précise d'epargner les prisonniers , vous consentez a ce
que je vous propose.
le 24 juillet 1792.
Henri-Isidore de Melon.

Nous ayons toujours dit avec les gens francs et les


gens bons que les principes des monarchiens et des
feuillnns sont mille fois plus perfides que ceux des
jacobins ; la nouvelle preuve que nous en donnons ,
et dont nous garantissons l'authenticite . prouvera
que nous ne sommes pas injusies à leur égard. .**
Un de ces dangereux personnages qui entourent
continuellement le roi et. la. reine., dit hier soir
mot pour. mot. chez madame la. comtesse' de' BtoM
que te rqi risquait beaucoup moins de voir dans son
château Us 1o0 3*8»*,. et les jP&2î. que,£y. étrt entouri
par ses FRERES.
JV. B. — Nous nQmmeronscfuaflrl il.e-n se.ra tems
ce précieux français , et nous chanterons- en auër*-
dant avec le grand cousin :
Tous lesho■mmes-som bon», :. ••••
On ne voit que gens.franc*.', • .'. '•••.
A leurs intérêts près , 'rtr/.

Be l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , tant le Burin


ut me neuve Sain1-Marc , .V. 7 , ait coi* de la rué Favori , piaèe'dt le
tamédie Italienne. Le pria dé VaiemirHtrit eit pour uv irtoh , de 3 Ko: ;Mf
Paris, et'df^Un: ti stttpnti Uftnitstt, fini de prrt.
"M
N». S*. muy. Martyr de M. de Maï
Mercredi ic'. Août. i\VX "'*"*'

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE,

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


L a Fo N T ai n E.

C'est du privilège des terres saliques , fondé


tur l'antique droit féodal des Français, que votre
couronne attiré le plus auguste de ses droits, celui
de n'être portée que par des mâles et d'éviter,
par-là , ces fréquens changemens de souverain»
qui causent la perte des empires. C'est à ce pri
vilège immémorial que la maison de France doit
l'illustration unique, dans les annales du monde,
d'avoir déjà possédé huit cents ans, de mâle
en mâle, sans interruption, le premier nône du
monde.
.Esprit des Loix,

Anagramme ou Logogriphe.
En décomposant les mots qui forment la phras*
Suivante :
Frère Français Chabot - Capucin dt Biais, député
à l'assemblée nationale.
On retrouve celle-ci :
Catht-toi , vil apostat, infâme débordé % Fenfer t'a
Créé, le ciel te hait, la France te déteste.
ftmelY. Ansiée 1798. Hh.
( *So )

On a fait courir le bruit que Messieurs Basile,


Condor, Chabouc et Bis-sot avaient été assas
sinés. — Cette nouvelle s'est propagée jusqu'aux
fauxbourgs , dont plusieurs habitans sont venus
avant-hier au Palais-Royal pour la vérifier. — Elle
est d'autant moins vraie , que ces messieurs conti
nuent à nous assommer par des balourdises aussi
plates que méchantes, ou par des discours que la
scélératesse leur inspire.
***** député , et bien fâché de Vitre-.

La fille à Target se trouvant à la dernière ex


trémité . son cher papa voudrait savoir s'il sera,
obligé d'assister à son enterrement et dans quel
.costume. Marrhera-t-il avant ou à côté des princes
qui la conduiront au tombeau?

Nous ne sommes pas étonnés que presque tous


les noblïS qui ont travaillé à notre régénération,
se. soient rendus au refuge des pécheurs , maij
nous le sommes que les jacobins n'exigent pas
d'eux les comptes que leur empressement à volet
sur les frontières les empêchent de rendre ; cette
complaisance , de la part des jacobins, est d'autant
plus étonnante, qu'ils ne doivent pas ignorer que
ces héros constitutionnels publient , même dans Ici
tlubs du Faiais-Royal . qu 'ils n'attendent que le
moment oà le roi sera remonté sur son trône*
pour donner à la France la constitution qu'ils nous
préparent et qu'ils se proposent de loger dans
deux chapbres.

i
S,
i
( «*J )

Comme les habitués des galeries du Manège


lie peuvent pas désemparer , depuis que les séances
«ont permanentes, et qu'ils se trouvent, en con
séquence, dans l'impossibilité d'assister aux re
présentations que leurs parens et amis donnent
de tems en tems sur la place de Grève : on assure
que ces citoyens vont demander à nos augustes
législateurs de faire transporter la Guillotine au
milieu de leur salle.

Nous sommes très-fâchés d'avoir induit en erreur


nos lecteurs , en leur disant qu'un honnête-homme
pouvait lire le journal intitulé : le Postillon
de la Guerre; nous nous rétractons, et nous le
vouons au mépris qu'on a pour la Chronique , l(
'Patriote Français , etc. etc.
Voici les mensonges feuillantinisés qu'il a la
bassesse de publier 84 HEURES après les
abominations commises contre un honnête-homme
qui n'est pas feuillant.
»>On accuse M. d'EsprÉmÉnil d'avoir tenu des
>> propos très-imprudens et très-coupables; on lui
s> reproche d'avoir invité les grouppes qui ètaient
u sur la terrasse des Feuillans à forcer la garde
s> nationale, et à se porter au château.... Ce fait,
r> s'il «Vir pas vrai , parait au moins très-vrai-
»> semblable , d'après les principes connus de M.
» d'EsprémÉnil*>.
N. B. Voyez la déclaration de M. d'EsprÉmÉnil ,
insérée dans la Feuille du Jow de lundi 3o juillet.

On a remarqué comme une chose assez singu


lière que le roi Lours XVI a plus changé de
{ s5s )
ministre» à lui seul que les 65 autres rois qui ont
régné en France depuis l'établissement de la mo
narchie : au train que prennent les choses, d'ici
a quelque tems il en aura plus changé à lui seul
que tous les souverains de l'univers ensemble tant
passés que présens; il n'y a même pas de raison
pour que ça finisse ; le roi ne voulant point de co-r
quins pour ministres, et les jacobins ne voulant pal
qu'il choisiise des honnêtes gens.

Beaucoup de gens se réjouissoient de voir la


gazette universelle revenir aux bons principes, mais
cette conversion n'a pas été de longue durée ;
depuis que les jacobins ont envoyé leurs émissaires
faire le siège de son bureau; la révolution de la
peur s'est faite sentir chez l'honorable gazetier; il
nous contoit l'autre jour que l'armement de l'An
gleterre étoit destiné contre la Russie: que le roi
de S.irdaigne se tiendroit sur la défensive; que le
roi d'Espagne resteroit neutre et autres traits pa
reils de bonhommie qui sont excellens pour s'em
pêcher d'être houspillé par des brigands, mais qui
ne valent rien à raconter aux gens qui font pro
fession de porter des culottes.

Un fédéré qui assistoit, pour la première fois,


aune des représentations des farces nationales du
manège, et qui voyou la plupart des .membres
«élever, sans parler, au signal que leur faisoient
les hommes d'ailes placés au sommet des gradins
pour la fabrication des décrets : dit à un de ses
voisins, que messieurs les députés auroient aussi
bien fait de laisser leur tête dans leur départe
ment , et qu'ils n'auroient dû apporter à l'assemblée
que leur cul.
( «53 )

Nous invitons les amateurs à se procurer le


plaisir devoir danser une contre-danse nouvelle,
intitulée : les dangers de la patrie ; elle est
d'autant plus plaisante , qu'au moment où lei
musiciens en jouent l'air, tous ceux qui sont
dans la salle du bal sont forcés de se lever tout
entier , quand bien même ils seraient fatigués ,
malades ou boiteux, et de sauter de toutes leurs
forces. — On la dit de la composition de M. de
Beau harnais, ci devant législateur, et elfe
l'exécute , avec le plus grand succès , dans la
grand'salle de bal qu'on vient d'ouvrir dans un
des plus beaux appartemens du Palais-Royal.

La pure vérité.
De l'énergumène Torné (i),
A quoi peut-on comparer l'ame ?
A l'excrément , fléau du né ,
Qui , du nom de ce forcené ,
Offre aux yeux l'exacte anagramme.

Livres N o u v e a u xt . t
Banqueroute tt réhabilitation de la France par son
ton génie. Cette brochure présente des réflexions
très -sages, et dont l'application est frappante.
L'auteur fait sentir bien vivement le danger de
toucher à une constitution consacrée par l'expé-
( i ) F.vè<]iie intrus , l'un dis plus ardens ami- royalistes de £»
ycuudiére nationale
(954)
rience des siècles. Qu'a gagné , en dernière ana
lyse, le peuple à cet abattis universel que d'im-
pu^ens novateurs appellent , sans rougir , une
régénération ? c'est d'avoir à payer, dans sa misère ,
une somme bien plus forte que celle dont il se
plaignait lorsque ses moyens étaient entiers.
Essais sur l'arithmétique religieuse, morale et poli
tique, par M. M es SAN ce. Cet ouvrage mérite
d'être distingué de la tourbe de nos brochures
nouvelles, par l'originalité vraiment très-singulière
de la' touche de l'auteur. Mais ici la singularité
cache des vues , toujours saines et souvent pro
fondes , sur la restauration de la religion, de la
morale et de la politique. •— Ces deux brochures se
trouvent au bureau du Journal du Peuple , et chez
Lallemand , sur le Pont-neuf, n°. 19.

On dit que le sieur Pet..., en voyant M.


d'EspkÉmÉnil . jadis Cidole du peuple , et 'toujours
celle des honn"tes gens , étendu sur le payé de la
Trésorerie nationale , HACHÉ, par ce mente
peuple, de QUATORZE entailles de coups de
sabre , le corps rougi par le sang qni ruisselait
de ses plaies , et qui empêchait de voir les autres
meurtrissures, ne pût soutenir la vue d'un spec
tacle aussi affreux , et qu'il se trouva mal. — On
dit aussi qu'on lui a entendu murmurer entre les
dents : —. Hodiè tibi , iras mihi.

Un jacobin nous a assuré que quoique M.


d'EsprÉmenil ne soit pas jacobin , c'est -anjacobin
qui lui a sauvé ja vie , pour apparemment réparer
Je tort que deux jacobins , TRÈS-CONNUS , ont
eu de le désigner au peuple et à des. fédérés ,
( sS5 V
lorsqull-se promenait sur la terrasse des Feuillans,'
avec trois de ses amis. — Que ce soit un jacobin
ou non qui ait fait cette belle et bonne action,
il n'en est pas moins vrai que tous les honnêtes-
gens béniront celui qui la faite.
N. B. Pour ne rien hasarder , nous ne dirons
pas aujourd'hui tout ce qu'on nous a raconté sur
cette horrible affaire ; nous dirons seulement que
c'est un jacobin qui nous a invité d'annoncer que
c'est un jacobin qui a sauvé la vie à monsieur
D'ESfRÉMÉNIL.

Le voila donc public ce manifeste que nous attendions avec


tant d'impatience. C'est l'éclair qui précède la foudre. Il faudra
voir comment nos factieux" supporteront le choc ; quelquefois la
apeur rend plus feroce ; mais quand les hommes sur lesquels elle
agit ne sont que dés lâches sans caractère , elle ne produit que
le découragement et l'effroi. Cette observation nous donne encore
quelqù'espérance.
Ce manifeste, qui presente des motifs de consolation pour tout
ItS honnêtes gens , a fié régi*; et sign» après un GranH ran*ail r
eu ont assisté MM. de Calonnc , le maréchal de Broçlie , le marquis
«Je Bouilli et l'abbé Meurt. Il a été publie le 84 dans toutes 'les
armées d'Ontre-Rhin.
Les jacobins font fort bien d'accumuler les atrocités ; encore
trois semaines et nous les verrons au bout de leur rôle. Il est
dur, de pendeur, de devenir pendu; voila cependant le sort qu£
les attend. Il est trop juste qn'uac fois, au moins, nous ayons
notre tour.
L'invasion hostile des armée» combinées aura irrévocablement lieu
le- 9 de ce mois. Celle des émigrés est divisee en trois corps a
le premier commandé par M. le prince de Conde ; le second taisant
partie de l'armée du centre, sera commandé par nos prnees; le
troisième par le maréchal de Castriu et le comte d'M^mmt.
Il est tems que la maréchaussée vienne dire son mot dans cette
grande querelle ; nous nous égorgeons imperceptiblement et en
détail: chaque jour est signalé par un meurtre nouveau , et tel est
l'excès de nos maux et la bisarrerie cruelle de notre position , que
nous en sommes à nous étonner tous les soirs et tous les matins
d'exister encore. Nous vivons très-littéralement au jour la journée»
et actuellement quand deux amis se rencontrent , ils se félicitent de
n'être pas encore morts.
Il est vrai que messieurs de Marseille sont un peu lestes ; arrivés
( »5« )
Je mat'n , ili usailisent le soir. Cela t'appelle fie pi» perdre' tnf
moment.
Nous sommes les meilleurs gens dn monde , nous nous laissons
faire !
" Cependant les grenadiers des Filles Saint-Thomas et des Petits-
Pères fremissent de douleur et de rage j tous ont juré de venge»
la mort de leurs braves camarades. Nons adressons au ciel les
voeux les plus sincères pour que les malheurs que cette crise nous
présage ne se réalisent pas. (1)

Lorsque M. Pethion a voulu empêcher l'autre


jour les brigands de la terrasse de se porter à dés
excès contre le château et contre la garde natio
nale , les sans- culottes lui ont très-bien signifié
que s'il veuloit aussi les trahir et se tourner contreux,
il seroit le premier qu'ils mettroienj à la lanterne :
on prétend que cette aventure a un peu refroidi
Jes principes démagogiques de M. Pethion, et qu'il
s'est enfin convaincu, qu'il faut tout faire pour
Je peuple, et rien par le peuple.

XJà de nos fameux législateurs jacobins, conre-


jioit hier, avec un de ses confrères, que si l'An
gleterre leur tournoit le dos. comme il y avoir,
•grande apparence, il ne leur restoit plus d'autre
moyen que les broussailles pour se sauver.

(i) Nous parlerons demain de l'affaire qui a eu lieu lundi soir


aux Champs-Élisées entre une centaine de grenadiers de la garde
nationale parisienne de aiveis bataiilons, et cinq, cens Marseilioig
arrivés le matin a Paris.

I —-,
B< l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le Bureau
est rue neuve Saint-Marc , N7 . 7 , au coin de la rue Favori , place de ia
comédie Italienne. Le pria de f abonnement t.s t pour un m*u , de 3 iiv. peu*
Paris, et de i tio. iS ioli four la province , franc de port. ..'.'.
N°- 33- À%&h M- CUul a la te'u
w j- a « "n(* 'iVT coupée à Saint-Denis.
jeudi 2 Août. yV.*!/^

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fontaine.

Un citoyen est un homme qui a des mœurs ,


qui ne fait rien qui puisse troubler Tordre, qui
respecte jusqu'aux préjugés utiles au bien de l'état,
qui observe les décences, pratique les vertus so
ciales , et qui renonce à son propre intérêt pour
favoriser celui du public. — Quil y a peu de citoyens
aujourd'hui en France .'mais si les hommes ne cessent
de s'étourdir sur leurs devoirs, on ne doit pas
non plus cesser de le leur reprocher.
Essais de morale.

Chacun se rappelle que l'année dernière , M.


Camus annonça du haut de la tribune , quon vien
drait à Paris de tovtes les parties du monde , pour
admirer la plus belle constitution de l'univers. En
conséquence les 48 sections doivent prier ce
grand Prophète, de vouloir bien aller au devant
des princes et souverains de l'Europe qui s'appro
chent de la capitale avec 2o0 mille hommes , et
de présenter à leur vénération le livre constitutionnel
qui est confié à sa garde.
Tome IV. Année 1792. Ii
( 25S)

Des souteneurs de la constitution saisirent hier


après-midi, sur ia place du Carouzel, un chair-
cuitïer fort dodu du fauxbourg Saint-Germain ,
qui avait le malheur momentané de ressembler au
ministre Linote. — Ce ne fut qu'au second coup
de sabre qu'ils furent avertis de leur méprise.
— On nous a dit que ce bon citoyen en se re
tirant avait témoigné le plus vif desir de rendre
à ce ministre les deux coups, etc, qu'il venait
de recevoir.

Lorsque M. Péthion fut instruit de l'assassinat


de M. Despréménil , il l'alla voir à la trésorerie
nationale où on l'avoit transporté, pour lui té
moigner ses regrets sur ce malheureux événement;
)» Monsieur, lui répondit M. Despréménil , j'étois
il y a quatre ans l'idole du peuple, vous voyez
quel fond on doit faire sur son amitié.

Extrait d'une lettre de Geisenem^ du 22 juillet.


Un fils du roi d'Angleterre s'est trouvé à Mayence
où il a passé huit heures avec le roi de Prusse
et l'empereur, le jour même que leur manifeste
a été signé. Vous recevrez peut-être ce mani
feste aussi-tôt que ma lettre. Les émigrés se mettront
décidément ea marche dans douze jours.
L'on croit devoir assurer que le fils du roi
d'Angleterre n'est pas venu seulement pour -se
promener ; mais rien de ce qui est relatif
à sa mission ne doit transpirer encore ; d'ailleurs
il est inutile d'instruire nos ennemis , (1) c'est le

(1) C'est un eraisrd qui parle.


f *59 V
moyen de les prendre au dépourvu. — Je vou
drais vous peindre notre joie, mais c'est impos
sible. Rassurez la saine partie du peuple , les
mesures sont prises pour qu'il ne lui arrive que
du bien ; mais criez gare aux jacobins et à leurs
adhérens sans-culottes , il n'y aura pas de ré
mission pour eux.

Les jacobins de l'assemblée ont déclaré authen-


tîquement qu'ils renonçaientàla qualification d'hon
nêtes-gens, et qu'ils l'abandonnaient aux royalistes,
aux aristocrates, et en général à tous ceux qui sont
ennemis du pillage , du meurtre et de l'incendie :
les jàco'bins vont se borner modestement à la dé
nomination d'hommes de bien , et on aurait grand
tort de la leur contester , puisque kurs bénins et
paisibles adversaires , les ayant laissé s'emparer et
s'approprier leur bien avec toute la résignation
possible, ils auraient mauvaise grâce de vouloir
leur en disputer le titre.

AUX RÉDACTEURS.
Lorsque les puissances étrangères ont formé le
projet de faire entrer par YAlsace , la lorraine et
la Flandre 190 mille hommes , elles ne pré-
voyaieut pas le décret qui va défendre à tous
les étrangers d'entrer en France , sans une per
mission du corps législatif, sous peine d'être tra
duits dans les prisons d'Orléans. — Je sais que le roi
de Prusse et l'empereur, lisent votre journal , je
tous invite à y faire impmner l'avis que je leur
donne pour les empêcher de faire une imprudence
qui pourrait bien les conduire à la Guillotine.
Naudet, citoyen actif de la section des Lombards.
( tùo )

Les gens du midi arrivés lundi dernier , ont


signalé leur entrée à Paris par l'insulte , le pil
lage et l'assassinat. Ils ont annoncé qu'ils ve
naient y faire la loi , et pour le prouver , ils
ont arraché des chapeaux les cocardes tricolores
qui n'étaient pas faites à leur fantaisie; ils ont
dévasté les boutiques des rubanniers , oà il y
avait des cocardes de rubans aux trois, cou
leurs ; ils ont insulté les femmes qui avaient
des rubans verds et leur ont enlevé leurs coëf-
fures ; ils ont brisé la pierre qui portait le nom
de rue de Lafayette pour y substituer celui de
rue des Marseillois ; ils ont été troubler le festin
d'amitié de fraternité que se donnaient quelques
grenadiers des Petits- Pères , des Filles -S. -Thomas
etc. sont tombés, à coups de sabres , au nombre
de 600 -, sur ces citoyens paisibles , qui étaient
en très- petit nombre et la plupart sans armes ,
en ont blessé plusieurs et ont assassiné M. Du
hamel, lieutenant de la section des Petits-Pères.
Et les habitans de Paris voient d'un œil tranquille
et indifférent cette horde étrangère violer la sû
reté publique et exercer au milieu d'eux ces actes
de despotisme et de cruauté !

Ce qu'on fait en France, ce qu'on y a fait,


et sur-tout ce qu'on va y faire , prouve que celui
qui a dit » qu'on est toujours occupé dans ce
monde ou à regagner ce qu'on a perdu , ou à
acquérir ce qu'on n'a pas m, n'a pas eu tort.

Le sieur Chabouc a fait part l'autre jour à l'as


semblée qm'il avait été obligé d'avaler ( ce sont
f *6i )
ses termes ) quantité d'injures de la part de gena
mal intentionnés qui voulaient dissoudre , disaient-
ils , un certain côté de l'assemblée ; ce ne sera
toujours pas le côté gauche , a répondu le digne
capucin , car c'est celui où je me place , et comme
vous savez.
Du côté de la barbe est la toute-puissance.

On a buriné au bas d'une des des gravure»


des hommes illustrés par la révolution, qui re
présente notre législateur Condor....
jî C'est une situation bieu misérable que celle
d'un homme qui vit continuellement en suspend,
c'est la vie d'une araignée.

Vers trouvés au Petit Trianon , dans le temple de


l'Amour.
Nous avons., tu le sais, partagé ta douleur;
Mais à nos cœurs enfin va luire un jour prospère t
Bientôt Mars nous rendra ta mère ;
Trop instruite par le malheur,
Minerve qui de son . égide
Ecarta mille fois le poignard de son sein,
Pour lui faire un heureux destin,
Deviendra son appui , son modèle et son guide.

Un prétendu citoyen d'Arras , décrété d'actu»


sation dans sa province , a écrit à l'assemblée pour
la prier de lui accorder le blanchissage qu'elle
ne refuse jamais aux gens de son espèce ; il a
signé sa pétition , un citoyen libre dans Us fers ;
( 262 )
quelques députés ont demandé que si on déli
vrait ce prisonnier dans les fers , on voulut bien
aussi délivrer le roi des Français : mais les jaco
bins s'y sont fortement opposés « et responderunt,
toile , toile, crucijige eum et dimitte B/irrabam: ce qui
a été exécuté comme ils le desiraient.

Les jacobins ont imaginé un excellent moyen


pour séduire les troupes allemandes, et qui leur
a parfaitement réussi; ils ont fait mettre pendant
la nuit un transparent à des clochers voisins de
l'armée autrichienne, sur lesquels ils ont écrit:
mille écus à chaque déserteur ; là-dessus plusieurs
soldais autrichiens, d'accord avec leurs officiers,
sont désertés la nuit suivante et ont reçu la récom
pense promise; après quoi ils ont trouvé le moyen
de se glisser hors. du camp français et ils ont re
gagné le leur dans lequel ils ont répand l'abon
dance en buvant avec leurs camarades, à la santé
des droits -de Thomme et de la femme, de la
aation, de la 'liberté, de la résistance à l'oppres
sion, du bonnet rouge de la constitution, dela
révolution de l'arbre-sec, et enfin de leurs bien
faiteurs les jacobins qui se sont rappellés ce pas
sage d'une fable de l* Fontaine :
>> Le renard, honteux et confus,
*> Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendroit
plus.

Le descendant de Clovis a écrit aux jacobins


de Marseille, une lettre pleine de douceur et de
tendresse, dans laquelle il les prie, en ami, de
cesser leurs séances, de fermer leur club et de
mettre un terme à leurs assassinats , et à tous leurs
crimes qui, dit le mérovingien, pourroient enfin
( «63 )
nuire à la chose publique; il semble voir le chien
de la fable de la Fontaine qui conseille au loup
de ne plus manger de moutons, et qui lui dit
amicalement :
Quittez les bois, vous ferez bien,
Vos pareils y sont misérables;
Cancres, hères et pauvres diables etc.
Mais le motif le plus pressant qu'employé le
mérovingien, c'est que la conduite des jacobins
pourroit faire triompher les aristocrates qui sont,
dit-il, nos vrais et nos seuls ennemis; le pauvre
écuyer ne pardonnera jamais à Monsieur , frère
du roi, les bontés dont ce prince n'a cessé de
l'accabler pendant plus de quinze années.

Le sieur Condor fut si fort déçoûté du dis-


cours que son confrère Chabouc prononça il y
a quelques jours à l'assemblée qu'il en sortit de
fort mauvaise humeur , en disant : — L'éloquence
de cet animal ne vaut pas celle d'un sans-culotte.

M. Pet. . . . effrayé de la prédiction que lui a


faite M. a"Espréménil , laquelle le fit tomber en
syncope , ne sait plus quel parti prendre pour
se soustraire au sort funeste qui l'attend. Il sç
donne actuellement beaucoup de mouvement pour
dissiper les troubles qu'il fomentait auparavant.
Aussi nos oreilles ont-elles été frappées au fau<-
bourg Saint-Antoine où il haranguait le peuple,
pour dissiper les attroupemens : Qiiel est donc ce
J. F. qui veut aujourd'hui te contraire de ce qu'il
nous commandait hier?

Un des fédérés qui depuis quelques jours se


sont charges de faire la police dans la ville de
Jfr

( ««*')
Paris, se promtnant hier au Palais-Royal , s'apper-
çut que son habit bleu venait d'éue blanchi par
celui d'un perruquier. — Il entra dans un café
où il écrivit une ordonnance qu'il afficha contre
l'arbre de la liberté par laquelle il ordonne à tous
les pertuquiers de crier garre , lorsqu'ils passe
ront près de quelqu'un , sous peine de recevoir
ïoo coups de plat de sabre.

Deux paysans des environs de Paris , à demi-


vin , parlaient de l'enrôlement proposé pour le*
frontières; l'un des-deuxdit : mais ils disent comme
ça qu'on nous trahit. Ma foi , reprit l'autre , puis
que l'on ne sait plus à qui se fier , il ne faut pas
s'engager.
Le bon sens du maraut quelquefois m'épouvante.

Un honnête homme qui a professé avec distinction-


la langue française et les calculs , qui a une main
très-supérieure , et ayant été secrétaire d'un homme de
bien dont il a une pension de i5oo liv. , désirerait
pour améliorer son sort, avoir des écritures à mettre
au net, des mémoires, des comptes à rédiger; mais
il ne se chargeroit que d'ouvrages importons.
S'adresser, par écrit, à M. Marck , avocat,
maison de M. Vincent , rue -neuve- des-Petits-
Champs, au coin de celle Ventadour.
SE
Be l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dent le Bureau
est rue neuve Saint-Marc , N3. 7 , au coin de la rue Favarl , plact de la
comédie Italienne. Le pria de Vabennement est pour un mois , de 3 in. peu?
Péril, et de 'Hi%>. lS sels pour la province , franc deport.
-jo „ ^ Insurrection à Rouen
' *" A^SCi1» dirigée par Bordier et
Jourdan , envoyés de
Vendredi 3 Août. Philippe.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fo n t ai n e.

Caïhêckisme national , nouveau et raisonné, sur


la constitution de la France.
Vous n'avez pas plus respecté la majesté de
votre roi que la dignité de vos pontifes ; vous
avci renversé le trône et l'autel ; vous avez détruit
la subordination , brisé tous les ressorts de l'état ,
isolé les individus ; vous avez relâché tous les
liens de l'empire , paralysé tous ses ^membres ,
affranchi l'homme de tous ses devoirs , substitué
les rêveries des prétendus philosophes à l'Evangile ,
et vous dites que vous avez régénéré la France !
quelle régénération que celle qui plonge tout un
royaume dans l'anarchie et le sophisme !
Votre indépendance n'est que trouble et con
fusion; votre égalité, que folie et chimère ; votre
liberté, que licence et esclavage : votre philosophie
a perdu l'empire et la religion. Reconnoissez les
droits de celui qui vous a donné l'être et la vie ;
revenez aux maximes de Jésus- Christ ; elles vous
apprendront à rendre à votre Dieu son culte , à
Terne IV. Année 179». Kk
( î66 V „
votre roi son autorité , et à vos concitoyens leurs
pasteurs.
R'Vtrtimini ai judicium.... Reddite qua sunt
Casaris Casari, et Dei Deo. Dan. i3 , Lvc. so.
Seconde Partie, de t3o pages in-8°.
Par l'auteur du Navigtt Antieyras. Se trouve à
Paris, chez Crapart , rue d'Enfer, n°. 129, et
chez Lallemand , sur le Pont-neuf.

Un membre de l'assemblée a proposé de graver


sur une pyramide les noms des généraux , offi
ciers et soldats qui passeront du côté des princes
français , afin , disait-il , de les noter à jamais
d'intâmie ; mais nous observerons à cet orateur,
que si on suivait son avis, il faudrait bien- tôt
une pyramide aussi haute que la tour de Babel,
et que d'ailleurs il est à craindre que cette ins
cription ne produise un but tout opposé à celui
qu'on se propose et que , par esprit de contra
diction , l'infamie ne se jette sur les noms qui
ne s'y trouveront pas gravés.

Avis aux Lecteurs.


Messieurs les Hybernois ont voulu , à l'exem
ple des Français, se livrer aussi au plus saint des
devoirs; il y a eu une révolte assez considérable
dans le Nord de l'Irlande ; mais les magistrats
du pays qui connaissent aussi leurs devoirs , ont
requis promptement la force publique qui a vi
goureusement sévi contre ces malheureux égarés
par des émissaires jacebins ; elle en a tué , blessé,
et arrêté plusieurs, et le calme a été entière
ment rétabli dans ces contrées. ,
(t67 )

La Pet... nade , ou problême à résoudre.


Ql'AND le maire Pet... vit
Le heros de qnatre-vingt-huit
Niul, déchiré, gissant sur la poussiers,
Hélas , dit-il , entre ses dents ,
Au premier jour, mes chers enfans,
Envers moi, de même manière
En agiront!.... Puis mon vilain,
Ce foiblesse fut pris soudain:
On vit maigrir sa large face;
A tous les assistant il lit laide grimace,
En un instant pâlit , rougit
Comme pistache enfin verdit,
Offrant aux yeux la triste et livide agonie
D'une ame dès-long-tems pourrie.
L'un disait, voyez cependant
Comme Petk... est sensible.'
Sensible, oh non! C'est impossible,
Dit un autre, il est trop prudent:
La nation serait choquée
De voir son ame apitoyée
Pour un membre écorché du défunt parlement.
Pet. ... a du caractère;
Ceci peut être simplement
Epilepsie , ou mal de mère :
j'ai remarqué quelque crispation..,.
Bon, c'est une indigestion,
S'écrie à l'instant un troisième ;
Au lauxbourg cette nuit, il a reçu le thème
Dont il donne la version ;
Un gros jacobin qni le berne
L'a menacé de la lanterne ,
Et qnand on à battre , pareille motion
Dérange l'astomach.... Ah i que vous êtes bétel
Reprend un fédéré, moi, j'étais de la fete,
Il a, sans se troubler, reçu ce compliment ;
Il a même embiassé dame Olympo - de - Gouge,
Qui jamais du fauxbourg ne bouge ,
Cinq ou six fois fort amoureusement.
Mais revenu dans sa mairie
Bien plutôt qu'on ne l'attendait,
Il a trouvé sa douce amie,
Entre les bras nerveux d'un chasseur bordelais
Qui remplissait avec courage.
Le vuide que laisse an ménage
( *68 )
Un populaire et ;èl* magistrat.
Pour souffrir avec flegme tin pareil attentat»,
11 faut une bien bonne tête,
Car on assure qu'il a vu " .
Il a bien mieux fait, il s'est tû.
Le bordelais fuyait, le piaire crie: arrête'*
Parlons-bas ; et cachons cet important secret ;
Un Pet.... coc. i le peuple en son délire
A mon nez pourrait bien eu rire ,
Evitons ce fâcheux éclat,
Quittons-nous en amis ; vi, cours sur la frontière ;
Kéfiéchis quelquefois sur l'humaine misère.
Triomphant en tous lieux , j'éprouve en ce moment
Que de régner, hélas .' le frivole avantage
Me rend point un grand homme exempt du cocu..ge.
Il dit : puis étouffant tout son ressentiment,
11 se montre, il donne audience
Et fait asseoir la paix, le calme et la prudence
Sur son front travaillé d'un outrage sanglant. \
Avec quelque courage on peut bien se contraindre ;
Mais las ! le diable n'y petit rien ,
Et souvent un homme de bien
Pour ne se plaindre point, n'en est que plus à plaindre.
Voilà quel est son cas : le mal de Petit...
Cherchait à faire explosion. , -_.
Ille est faite, qu'il soit soulagé le cher homme.'
Et qu'il soit immortel , comme il esr vertueux ;
Tenez... il éternuei... oh je conclus en somme
Qu'il va se relever bientôt plus radieux.
Hé donc, s'écrie alqrs un suppôt d'Hipocrate,
Dont le rire moqueur sentoit l'aristocrate.
, , J'osservé lé sujet : il paraît curieux :
,, Il s'y mêle du merbeilleux :
,, Nulle cause prochaine ne lui né se démesle :
,, { Tel dé certains héros s* voile lé destin )
,, Si dé cet homme ci le vourreau ué se mesle ,
i, Je né démesle point comment il prendra fin.
B. ii.

Le petit Chauvelin est fort rassurant sur le but


de l'escadre anglaise qui a mis à la voile et sur
celui des autres arméniens qu'on prépare dans
les ports d'Angleterre ; il mande au grand Cham-
bonas que ces différentes forces n'ont pour ob
jet ni les affaires de France , ni de l'Europe , ni
( »69 )
des Continens , ni des isles ; d'après cela il est
assez difficile de deviner quelle peut être leur
destination.

M. Villa. . . chargé d'affaires des jacobins au


près de l'électeur de Mayence , a mandé au mi
nistre qu'il avait quitté son poste parce qu'il s'y
trouvait en danger ; il a probablement oublié que
les princes et les émigrés français ne ressemblent
nullement aux brigands et aux jacobins qui font
assassiner impunément les gens qui ne sont pas
de leur avis : le fait est que le danger dont parle
M. Villa. . . n'était autre chose que quelques pe
tites huées qu'il recevait de tems en tems , et
sur-tout une petite invitation très-douce et très-
amicale de la part de S.A. Electorale qui lui a
fait entendre à demi-mot que la compagnie qui
allait aîiiver à Mayence etait un peu trop bonne
pour , un représentant de jacobins.

Un Gobe-Mouche , assez bon-homme , disoit hier


dans la boutique d'un des libraires du palais-royal ,
qu'il commençait à aimer les jacobins para qu'il
croyait s'être a$pcr eu qu'ils vouloient le bien.
des autres, lui répondit-on.

D'après le démenti formel que M. de la Fayette


a donné à nosseigneurs de l'assemblée , ce corpS.
auguste a décidé qu'il ne pouvait pas se dispen
ser de lui en demander raison ; en conséquence,
ce sera son président qui sera chargé pour vui-
der cette affaire de représenter les représentani
de la nation ; d'après cela on croira facilement

..;"
( '70 )
qu'on intrigue beaucoup pour obtenir cet honneur.
Pendant quelque terris le choix a paru tomber sur
M. Grange 9. . . . connu par une affaire d'éclat ,
ou sur M. Lecoin. ... de Versailles ; mais on croit
qu'il se fiyera définitivement sur un M. Bellegar...
dont la valeur cuirassée s'est fait connaître en
mille occasions.

Dans le moment où M. Desprémenil , tout cou


vert de sang, passoit sous les fenêtres du théâtre
de mademoiselle Montansier , une batarde du Dieu
de la Guerre, crioit de toutes ses forces : tuez-
le , coupez-lui la tête : et applaudissoit de ses mains
impures.

On disait il y a quelques jours , dans une société ,


que Yimpératrice de Russie , charmée de notre
constitution et du nouveau plan d'éducation de
M. Condorctt , lui avait fait demander un exem
plaire de ces deux chef-d'œuvres avec un homme
en état d'enseigner l'une et l'autre à ses sujets,
et qui fut en même-tems professeur et maître de
langue ; que l'intention de M. Condorcet était de
lui envoyer le marqué de Vïllct..., mais qu'on lui
observa qu'il fallait donner la préférence à un
citoyen du département des Bouches Une autre
personne ne lui laissant pas le tems d'achever la
phrase , dit tout cruement, que ce choix était
ridicule, le Villet... écorchant , depuis plus de
vingt ans, le français , et mettant au masculin ce qui
doit se mettre au féminin , et que pour apprendre
une langue , il faut savoir sa grammaire.

Ce pauvre Ker-mal-saint , qui fait à présent tant


de bruit dans l'assemblée , n'est qu'un misérable
( «7i )
copiste du constituant Charles Lameth; il a, comme
lui, san» cesse e mot de peuple à la bouche
et il lui pille toutes ses phrases et toutes ses ex
pressions ; il est aussi ridicule que le pauvre Héros
de l'Echelle , tous deux sans idées, sans talens ,
sans esprit, sont, sans contredit, les deux plus
méprisables espèces de toute rassemblée.

M. Aubri qui s'est donné de si grandes louanges dans tout ce qu'il


s'est permis d'écrire à l'atsemblée sur le rassemblement de Bannes,
l'étant avancé avec dix fois plus de troupes que n'en avaient les
loyalistes , se retrancha dans la ville de Berias , mourant de peur
d'y être pendu. Le chevalier de Melon jeune homme de 20 à 21
ans, s'éMnt emparé de cette petite ville, les retpoctablet gardes
nationales de Marseille en furent chassés avec tous les honneurs
de la guerre, c'est-t-diie, raids et à coups de pieds dans le ventre
et au c*. M. Aubri s'étant, dans sa noble fuile, accroché à un
buisson ,■ s'épouvanta comme un Dimotthene , et avouant ses crimes,
il prétendit être digne seulement des galères et demanda la vie;
ayant ensuite reconnu son erreur , il mit le sabre à la main et se
défendit avec vigueur. -- A Bérias tout se passa dans le plus grand
ordre et on paya exactement tout ce qui s'y prit. Le chevalier de
Melon ayant harangué le peuple, lui lit entendre le langage de la
vertu, chose entièrement oubliée., mais un certain patriote, juge
de paix , ayant attiré dans sa maison deux royalistes , et par l'as
sistance d'un maître d'école , les ayant poignardés l'un et l'autre ,
( Gnioux et Voilier ) ils furent ensuite jettes par les fenêtres. Un
bureau ayant été enfoncé , on y trouva les petites instructions du
lieutenant-colonel Av.br,. qui promettait au juge de paix une grande
recompense, s'il pouvait faire empoisonner M. de Saillant, de
Melon et de Montfôri, il lui disait aussi que les ennemis royalistes
de ceux-ci avaient trahi le général de Saillant, et que le mas
sacre de Saint-Amebroix avait eu lieu par cette raison. Il ajoutait
que cette terrible conjuration ne pouvait pas réussir par cette seule
raison qu'on en était prévenu au club de Nismes, et que la faction
royaliste , jalouse de M. de Saillant , avait eu la bêtise de le dire ,
protestant en Vivarais , Vélay, Gévaudan , etc, etc. Cette piece
intéressante était dans le porte-feuille de Sailluat quand il fut si
lâchement assassiné.
Un certain administrateur du département de la Lozère „ aide*
de camp et espion de M. -de Montetquiou , t'étant glissé dans le camp
et ayant été reconnu par M. de Ramlon-Chateau-Acuf , reçut i5o
coups de bâtons sur les épaules, et le chevalier de Milan lui ayant
prêté un cheval pour échapper à la corde qu'on lui destinoit, il
lui trempa le visage de ses larmes recennoissantes , et a'etant éloigné
au grand galop U vola le cheval.
( 27* )
M. Desaillans, trahi par-tout et obligé de périr les armes » la
rnain , ayant capitulé avec les assiégés de Bannes qu'il pouvoit dé
sarmer ou garder avec lui, les fit accompagner par son jeune ami
le chevalier de Melon., et celui-ci, seul et en cocarde blanche, les
mena jusqu'aux portes d'Alais et reçut, des soldats. de bourgogne,
la ferme assurance qu'ils ne se battraient jamais contre lui.

■M
On verra, avant peu, que l'opinion du précieu*
Bis-sot , contre le projet formé de décréter la
déchéance du roi, n'est qu'une finesse feuillantine ,
et que ce n'est qu'une préparation au coup jacobin
qu'il doit porter lorsqu'il en sera tems. — NOTEZ-
BIEN que ce législateur, vomi par l'enfer, et
ceux de sa clique , n'ont espérance de se sauver
que lorsqu'ils auront mis toute la France dans le
î?:ème état où ils ont mis la colonie de Saint-
Domingue.

. nqu'on rendit compte à l'assemblés de l'as-


's:î' .''de M. cTEspréménil , le sieur Ker eût
l.i :-v;icté et la bassesse de l'insulter et de le ca-
loi-io-er, en disant que ce magistrat avait cherché
à soulever le peuple et à le portera attaquer les
Tuileries : cette vaine , ridicule et absurde accu
sation ( qui ne justifierait ni les assassins , ni M.
Ker ) a été démentie par les dépositions una
nimes de tous les témoins. Le sieur Ker ayant
ajouté qu'il devait être permis à tout Français
de dire son opinion sur un autre Français , nous
aurions le droit de manifester la nôtre sur son
compte; mais d'après sa conduite, nous sommes
bien éloignés de le regarder jamais comme un
Français.

Se l'Imprimerie du Journal de la Cour et de la Ville , dont le nureaii


est rue neuve Saint-Marc , JV. 7 , au coin de la rue Fasart , place de la
comédie Italienne, Le prix de Tâtonnement est pour un mais , de % lin. pont
Paris, et de 3 Hv, \h tels pour la province , franc déport.
"' A$$j Les brigands de Mende
m .-Ai •ri* Vr assassinent le percTre-

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fo nt ai n i.

Je ne parle qu'à regret des états d'Orléans qui


étaient encore assemblés quand François II mourut ,
et des ridicules états qui, à deux reprises, furent
tenus à Blois , sous le règne de Henri III. De»
hommes élus pour représenter la nation , et dont
le devoir était de réprimer les factions, devinrent
eux-mêmes des factieux , et ne rapportèrent dani
leurs provinces que l'esprit d'intrigue et de cabale
qu'ils étaient venus puiser à leur source.
Masly , observ. sur l'hist. de France, liv. 7.

Du bas en haut,
Bientôt on verra plu» d'un traître ,
Du bas en haut,
Faire enfin le périlleux saut ,
Et la France aux pieds de son maîtr« ,
Le suppliant de la remettre ,
Du bas en haut.
Terne 17. Année 1792. Ll
f 2 74)

Parisiens ! quel démon ennemi vous,- a donc


enchaîné les bras, le jour où une- petite poignée
d'étrangers, sous le titre de fédérés de Marseille,
mal armés, haletant de fatigue, encore couverts
de boue et de sueur, a traversé deux fois votre
immense cité, vous a été insulter, provoquer,
jusques dans vos plaisirs ? Et vous l'avez vu de
sang-froid !.... pendant qu'un seul de vos bataillons
les eût, en un instant, enveloppés, désarmés,
corrigés , si vous n'eussiez écouté les conseils que
de cette fermeté , de ce courage , dont vous nous
avez donné mille preuves dans tant d'autres oc
casions.
Il vous ont chassé de la promenade ; ils vous
ont poursuivis , pendant qu'ils en assassinaient
deux d'entre vous. Et c'est à Santare que vous
avez l'obligation de n'être pas tombé sous le fer
des brigands qui vous poursuivaient ! c'est lui qui
vous a montré la manière de placer vos chapeaux,
pour n'être pas assassinés, et vous l'avez remercié !
remercier Santerre !
Ou a battu la généralé : vous vous êtes rassem
blés, et ces brigans , cent fois moins nombreux
que vous, vous ont traversés ; ils vous ont emmené
trois prisonniers, qu'ils ont gardé dans leur re
paire, et vous avez.... la liberté !..'. et vous avez
été vous plaindre ! et vous leur avez donné le
tems de toucher barre au temple de l'injustice,
et de s'y couvrir de l'égide qu'elle tient toujours
prête pour le crime ! r
O Parisiens ! vous aviez la journée du 20 à
faire oublier ! Je le répète , quel démon ennemi
vous a donc enchaîné les bras ? Il eu est tems
encore , il ne tiendrait qu'à vous de tout réparer,
et de dissiper les nuages que vos ennemis cher-
( «75 )
chent à jetter sur votre conduite ; maïs vous n'avez
plus un instant à perdre, et songez que Brunswick

Les sections furent convoquées .hier , pour la


millième fois : après des débats trés-violens , une
d'elles finit par arrêter qu'on augmenterait la solde
des tambours à qui on ne donnait pas le tems
de se reposer. Et on passa à l'ordre du jour sur
le reste.

La ville de Chartres est féconde en hommes


célèbres : elle a produit, en moins d'un siècle ,
Péthion , Desrues et Brisset.

Le département des Bouches du Rhône vient


de décréter qu'il n'enverrait plus ses contributions
au chef-lieu du royaume ; mais l'assemblée lui
a rendu la monnoie de sa pièce , en décrétant
qu'elle ne lui enverrait pas sa part de la dernière
fournée d'assignats qu'elle vient de faire.

Le sieur ci-devant (COr est venu se plaindre


à l'assemblée de ce qu'on enchaînait l'ardeur de
son bouillant courage et de ce qu'on le réduisait
à être ici le chef ridicule et malheureux d'une
insurrection permanente et toujours inutilement
payée. Ce brave homme, en sa qualité d'amiral
( d'eau douce, ) demande à aller servir sur le thin ,
dont le vieux général Luckner a l'inhumanité de
lui défendre d'approcher. La demande du sieur
f «76 V
d'Or a été fort bien accueillie par les galeries :
on croit qu'il s«ra nommé général des bonnets
rouges , dans l'armement projetté par la nouvelle
république de Marseille , pour aller faire une
campagne jusqu'à Toulon, et que delà, il sera
employé dans les Échelles du levant.

L'assemblée, toujours grande, toujours juste,


toujours généreuse, vient d'accorder cent livres
de rentes à chaque soldat étranger qui désertera
sa patrie pour se ranger sous les drapeaux trico
lores de la nation; ce qu'il y a de plaisant, c'est
qu'elle a hypothéqué pour cet œuvre de charité ,
tous les biens des émigrés , qu'on va vendre
comme chacun sait.
Ah ! ,1e bon billet qu'a la Châtre l
D'un autre côté tous les souverains de l'Europe
qui se piquent d'imiter les exemples d'un corps
aussi auguste et aussi respectable, vont décréter
qne toutes les villes et tout le territoire dont ils
pourront s'emparer en France , seront vendus au
profit de leurs troupes et des soldats français qui ,
renonçant aux trois couleurs, auront assez peu
de goût pour en adopter uue seule ; cette façon
de faire la guerre pleine de loyauté et de ma
gnanimité sera vraiement digne de notre heureuse
révolution.

Question Mathématique.
Si quinze ou seize cents insurgés font la loi
à Paris dont la population est d'environ un mil
lion d'ames . et ce par les moyens les plus into
lérables, — Combien faudra-t-il de Prussiens et
( 277 )
d'Autrichiens pour soumettre le royaume à la loi
en leur proposant les conditions les plus desira
bles — La liberté du roi , la sûreté des personnes
et des propriétés ?

Tandis que les Marseillois épouvantent Paris


.qui souffre leurs excès avec une insouciance in
concevable , leurs mandataires commettent dans
leur patrie des crimes plus atroces encore. On
arrache de leurs domiciles des citoyens paisibles,
on leur fait subir- des interrogatoires et malgré
leur innocence, on les pend sans formalité , par
ordre souverain du peuple. Les détails annoncés
dans les dernières lettres de Marseille font frémir
d'horreur. On y a même massacré un marchand
de draps dont le seul crime qu'on ait pu lui
reprocher était d'avoir dans sa boutique quelques
pièces de drap vert.

Théâtre de Mademoiselle Montansier.


La municipalité avait ordonné aux différens spec
tacles de jouer des pièces favorables à la révo
lution , pendant le séjour des fédérés à Paris. La
plupart se sont conformés à cette invitation. Il
faut dire à la louange de mademoiselle Montansier
que jamais elle n'a permis qu'on représentât sur
son théâtre aucune pièce de circonstance , qu'elle
a rejettées toutes celles qu'on lui a présentées
dans ce genre et qu'elle a porté même l'attention
jnsqu'à interdire les anciennes susceptibles de ces
allusions que le public saisit malignement et avi-
demment. Aussi tous les honnêtes gens accourent
en fonle à son spectacle qui devient tous les
jours plus intéressant , et par le choix de ce qu'on
{ «y* )
y joue , et par les sacrifiées que cette directrice
fait pour y attacher des sujets distingués , tels que
( sans parler des anciens acteurs et actrices qui
jouissent de la plus grande réputation et qu'il est
inutile de nommer ) M. Cretin , Lebrun , Damas ;
Mesdemoiselles 67. - Val , dans les Horaces et
dans Rhadamiste et Tjnobie : ces dernières ont
développé leur talent ordinaire , et le jeune M.
Damas a joué avec une supériorité qu'on ne
pouvait attendre d'un premier essai. Cet acteur
fait des progrès rapides dans la canière , guidé
par M. Tonnelier , maître de déclamation, qui
enrichit tous les théâtres de sujets précieux
et dont l'école doit être fréquentée par tous lej
honnêtes gens des deux sexes qui s'y destinent
et qui aspirent à la gloire du succès.

Le prince de Brunswick , dans son manifeste


envoyé à l'assemblée , demande , entr'autres choses ,
qu'on rende au roi de France le droit de faire
exécuter les loix ; et le Roi , dans sa proclamation ,
demande qu'on punisse les assassins qui, dit-il,
ont souillé de sang les murs de son palais et les
portes de l'assemblée. Nous ne croyons pas avoir
besoin d'en dire d'avantage" pour être entendu;
9> Car tel qui nous entend , pourrait trop nous
entendre.

Un député recruteur est venu l'autre jour dé


clarer à l'assemblée qu'il avoit un secret pour
connaître si un homme était brave ou poltron ;
il en a fait, dit-il, l'expérience sur nombre de
jeunes gens qui sont venus s'engager à voler, à la
frontière ; ce secret a consisté à leur mettre la
( «79 )
main sur la poitrine , et à crier d'un ton ferme :
Rodrigue, as-tu du raur ? Tous les engagés lui ont
fait la réponse connue : Tout autre que Msrl. . .
l'éprouverait sur Cheur.

Le fameux Chabr... a publié l'autre joar une


proclamation par laquelle il invite tous les bons
citoyens à se rallier autour de la constitution et
à renoncer à la faction jacobite'. L'honnête blan
chisseur craint à présent le désordre ; après avoir
honorablement gagné du bien dans son métier ,
il voudroitjouir paisiblement du fruit de ses travaux.

La patrie en danger.
Un trompette à cheval , sonne
Air : des trembleurs.
Citoyens , vous que l'on vexe ,
De tout âge , de tout sexe ,
Ayez donc l'ame perplexe ,
Craignez un joug étranger :
Armez -vous de bayonnettei,
De fusils et de baguettes ,
De pelles et de pincettes;
La patrie est en danger.

Plus de festins , ni de danse ,


De spectacles, ni bombance;
Il faut combattre à outrance ,
Ne plus dormir ni manger;
( i8o)
Brisez vos lits et vos tables ;
Des oracles respectables
Ont dit ces mots redoutables :
La patrie est en danger.

Mais en vain je m'évertue ,


Je m'enrhume dans la rue ;
Quoi , personne ne remue !
Ah ! Peuple vain et léger ,
Serait-ce-là vos principes ,
Que les méchans , les Philippes,
jacobins , et municipes ,
Seraient eux seuls en danger.

Messieurs de l'assemblée ont affecté une grande


indifférence et même un grand mépris pour le
manifeste envoyé par le prince de Brunswick ,
mais- dans le fond de leur ame le diable n'y %
rien perdu , ils sentent bien que tous les français
et les parisiens surtout ne pourront se refuser à
l'évidence des rzïsonsfrappanhs qui sont énoncées
dans cejte pièce aussi noble qu'énergique et juste.
Ce qu'il y a de très certain, c'est que grand
nombre de députés de l'ordre du clergé et du
tiers état font secrètement fier leurs femmes , leurs
enfans et leurs assignats et qu'ils échapperont en
core aux bons parisiens , sans rendre de compte
ainsi que leurs prédécesseurs constituans.

île l'Imprimerie du Journal de la Cour et rlr la Ville , dont le Bureau


est rue neuve Saint-Marc , JVa. - , au coin de la rue Favart , place de la
comédie Italienne. Le prix de V abonnement est pour un mois , de 3 liv. poul
taris, U de î Hv, i5 sels pour ta province , franc déport.
N°. 36. A Auxerre les jacobb s
,. , r , , *-i* *V^ maltraitent six bravas

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fontaine.

En i573 , pendant la fameuse révolte des Pays-


Bas , les Espagnols, au siège de Harlem, ayant
jetté dans la ville- la iê:e d'un prisonnier qu'ils
venaient de faire ; les assiégés, à leur tour, leur
envoyèrent onze têtes espagnoles . avec cette ins
cription : »l)ix tîtes pour te payement du dixième
m derier , et l'onzième pour l'intértt >». — Harlem
zyvnt été forcé de se rendre à discrétion , les
vainqueurs firent "p&ndre tous les magistrats , toui
les pasteurs et quinze cents citoyens.
N. D. R. —Nous ne doutons pas que si ces messieurs
avaient connus les saints principes qui nous régénèrent,
ils ne se seraient pa< portés à des excès . qui attaquent
si meurtrierement .les .droits de l'abbé Sieyes.

Le comité diplomatique de l'assemblée a reçu


la nouvelle que le philosophe à'Aranda'a. euhn,
été chassé du minis-tére, et que les affaires vont
prendre une face bien différente en Espagne; les
intrigues, les lenteurs, les trahisons vont enfin
disparoître , et la nouvelle république que Ton
vient d'établir en Provence mourra le meme joui
Tome IV. Année 1792. .Mm
( «?a )
qu'une certaine personne qu'aucuns nomment la
constitution française.

De? assignats les contre-faiseurs


Se couchent sous la Guillotine ,
Attendant que les inventeurs
Dansent sous plus simple machine.

L'assemblée a témoigné son mécontentement de


c-e que le général Luckner lui a écrit une lettre
en français qu'il n'entend point, au - lieu de lui
écrire en Allemand qu'il n'entend guère mieux;
ce qu'il y a de certain , c'est que cette langue
ëtoit bien plus propre que la nôtre à rendre les
vérités que le vieux général avoit à dire aux ha-
bilans du manège.

Tout ce que nous sommes ici de bons citoyens


éprouvons un grand embarras, duquel nous prions
l'assemblée de vouloir bien nous tirer. D'un côté ,
ce corps auguste a permis à tout le monde de
porter telle cocarde que bon lui semblerait, même
de ruban de soie, quitte à être assassiné pat les
brigands auxiliaires : de l'autre , le respectable
maire de Paris a défendu d'en porter d'autre
qu'une cocarde uniforme militaire. Accordez-vous
donc , messieurs les maîtres de la terre , et con
venez de la vérité de ce que dit Homère , que
la pluralité des dieux, ainsi que celles des rois,
ne peut occasionner que du mal.
I
( «83 j
Nous avons appris que les gens tenant le sceptre
du soi-disant Morb-i-han , ( que nous soupçonnons
être situé en France ) viennent de proscrire ( en-
vertu de la liberté de la presse) notre petite feuille
dans toute l'étendue de leurs peiits états : ce qui
nous console , c'est qu'ils nous ont mis en bonné
compagnie , ven proscrivant aussi tous nos confrères
les journaux gens de bien. Cette rigueur nous a
paru fort fâcheuse , mais encore plus surprenante ;
car, tous nos journaux étant écrits en français, il
semblait qu'ils devaient être peu connus de MM.
du Morb-i-han ; il faut donc qu'ils aient voulu
singer messeigneurs de l'assemblée qui condam
nent ordinairement les gens sans lire les pièces
du procès. Mais comme nous sommes persuadés
que MM. du Morb-i-han seraient fâchés de com
mettre des injustices, nous exhortons nos confrères
a imiter l'exemple que nous allons donner, d'in
sérer dans' nos feuilles quelques petites phrases
basses-brettes , afin de mettre MM. du Morb-i-han
en état de nous juger avec connoissance de causé.
Ktnaveso aulrou mabraas Un diaol.

Effets a vendre;.
Tombeaux de quelques rois de France, dont
on fera bonne composition ; s'adresser à M. Tka-
vanette à Toulouse ou à Paris au sieur R un
de ses croupiers.

De toutes les villes du royaume, Nancy était,


sans contredit, celle qui , par sa position , était la
plus susceptible de profiter des circonstances ac
tuelles , en maintenant chez soi les loix , le bon
ordre et là tranquillité publique. Cette ville , très-
( i84)
agréable et très-bien bâtie , mais pauvre , pea
peuplée et dépourvue de commerce, aurait par-là
at/iré dans son sein une fouie d'étrangers et de
français qui seraieut venu y chercher la paix qu'on
leur refusait ailleurs; mais, au contraire, aucun
peuple de France ne s'est monué plus fou, plus
idiot et plus enragé que celui de Nancy. On con
naît les événemens tragiques qui s'y sont passes
• il y a deux ans, et depuis ce moment-là, ses ha-
bitans n'ont cessé de renchérir par de nouvelles
extravagances . et il a enfin chassé tous les pro
priétaires et tous les gens de condition. Aussi, cette
ville, qui ne subsistait que par eux et par le
parlement, est-elle complettement abandonnée ;
mais rien ne corrige ses ridicules habitans , jadis,
si fidèles à leurs souverains : ils viennent d'eft
donner un nouvel exemple , en s'enrôlant en foule
sous les étendards des jacobins. Ausii , le proverbe
connu va-t-il être augmenté d'un article :. on disait
autrefois, Lorrain vilain, traître à Dieu et à son
prochain , et on va y ajouter, traître à son souverain.

Les bons Parisiens disent aux Marseillois : "Jnsques


à quind enfin abuserez-vous de notre patience ? Et
tous les honnêtes-gens disent aux bons Pariens :
Jusqucs à quand enfin montrerez-vous tant de patience ?

Bcti-Teuillant rapporte une lettre de Maubeuge ,


dans laquelle un homme rend compte à l'assemblée
que sept centt Autrichiens sont venus en France
pour y jouir des droits de l'homme,et du jacobin ;
ce qu'il y a de plus singulier dans cette histoire ,
c'est qu'on ne l'a apprise à Maubeuge que dix
jours 'après qu'elle est arrivée , et cependant on
( s85 )
donne cette désertion comme la cause de la re
traite de Farinée autrichienne. Pauvres badauds,
laissez-vous égorger et assassiner, puisque ça voua
amuse , mais au moins ne vous laissez pas en
dormir par des contes aussi absurdes et aussi
ridicules.

le juif M or se aux enfers, pour *n tour de main.


Bien qu'inhabile à vous donner leçon,
Brissoteurs juifs , veuillez m'entendrc :
Quand brissoterez du galon,
Il en faut ioujours beaucoup prendre-
Actifs sur-tout à saisir l'a-prcpos ,
' i N'aller brissoter galon faux.
Maîtres en Israël, méprise est par trop grande.
A Moïse il en cuit, car sur tel qui proquo
Qu'arrive-t-il ? on crie haro
Sur -le marchand ; puis Satnson le gouimande.

Nouveauté.
Vie privée de Madame be Barberet . dans
laquelle on trouvera des anecdotes très-piquantes
et relatives à plusieurs personnes qui ont joue un
rôle important dans la révolution.
A Paris , chez les Libraires qui vendent des nou
veautés.

Une des sections qui a demandé la déchéance


du roi au nom du peuple français était composée
f «86 )
de DIX citoyens . dont le président , jadis moine ,
déserta de son couvent en 1782, pour voyager dan»
laf Suisse où il emmena une femme qu'il avait en-
levée. — Le second est un italien qui tenait autrefois un
bétel-garni de femmes galantes. — Le troisième est un
marchand de vieux chapeaux qui a été 8 mo'ïs en.
prison pour avoir volé un couvert, d'argent au
domestique de M. de P — Le quatrième est un
banqueroutier véhémentement soupçonné d'avoit
empoisonné deux de ses créanciers, et qui n'a osé
reparaître que lorsque la révolution a permis à
tous les citoyens de mettre en évidence leur pa
triotisme quelqu'ardent qu'il pût être. — Le cin
quième est un chevalier de Saint-Louis qui n'a
jamais servi que des cartes dans les trîrjots', qui
est aujourd'hui banquier de biribi , honnête homme
d'ailleurs. — Le sixième est un déserteur d'un ré
giment d'infanterie, qui a traîné le boulet à Metz,
pendant 5 ans. — Le septième est un juif qui n'a
jamais obligé un chrétien sans l'obliger à lui payer)
un intérêt de soixante pour cent tous les six mois.
— Le huitième est un ami de M. Chapot , et fort
lié avec M. \ë duc d'Or. — Le neuvième est un
honnête savetier, renommé par son exactitude à
s'ennivrer tous les jours, à battre sa femme et à
menacer tous cetox qui passent devant sa bou
tique de la lanterne. — Le dixième est un chan
teur du Pont-Neuf à' qui un ange tutéla'iré de la
France donne 5 liv. par jour pour chanter dés'
elrah'soris edntre Messieurs Veto et LaTayettï.

L'assemblée ressemble à ces vieilles femmes dé


crépites à qui l'on fait accroire les contes les plus
absudes et lés plus ridicules ; on est venu lui rap
porter l'autre jour que. des malveuillans avaient
( 287 )
fourré du verre pilé dans le pain destiné aux pa
triotes volans au camp de Soissons ; ce qui sup
poserait que les aristocrates se sont faits btoulan^
gers pour détruire la nation. On se rappelle qu'ai*
commencement de la révolution , les soldats pré-
tendus vainqueurs de la Bastille , qui étaient tou
jours malades d'ivresse, se plaignaient continuel*
lement d'avoir été empoisonnés. Toutes ces per
tites fraudes pieuses sont connues ; le but dç
l'historiette du verre pilé est d'éloigner de plu?
en plus les braves marseillois de l'envie de quit
ter Paris où. on ne les empoisonne point, et où
ils ont le droit de sabrer tout ce qui peut leur
déplaire.

Nos frères qui composent l'armée des princes


désignent les deux factions qui nous divisent ,
sous la dénomination de royalistes et d'Orléa
nistes. Personne n'ignore que cette dernière qua
lification équivaut à jordanistk. — Dans quelque
tems , et malheureusement pendant long-tems ,
on dira : ?» fi , ne parlons pas de cet homme là , il
était Orléaniste. r

Le but des propagandistes est d'autant mieux


calculé. que lojqu'ils seront parvenus à boulverser
tous les royaumes répandus sur la surface de l'u
nivers, , au point où ils ont mis le nôtre ; alors
la France aura le/ même avantage qu'elle a tou
jours eu sur toutes les autres , donc nons devons
travailler sans relâche à ce grand œuvre.
R* *. * * Jacobin.
( *S8 1]

Le comités de graces s'occupe à rédiger un sup-


Îlément aux dons que l'assemblée offre , sur les
Tortillards de. la Garonne. , aux Autrichiens et Trus-
siens qui déserteront pour venir goûter les fruits
de notre liberté. — Leur projet est de donner
des ivêckés aux officiers, des cures aux soldats,
et la papauté au duc de BnuNswik, s'il se montre
bon patriote. . i-_

Monsieur Carnost frère , cousin , fils . beau-Jrm


pire et neveu des forgerons de s?, paroisse , en
parent et pour, leur laire gagner de l'argent , vii
de faire décréter la fabrication de vingwc*
millions de piques.

On avait pu voir qiielqnefois des gens se laisser


donner des coups de bâton , plutôt que de se
battre, maison n'avait encore jamais vu des per
sonnes se laisser égorger, plutôt que de se défendre ;,
c'est un effet de notre régénération parisienne.

ERRArA du N°. d'hier. •

Page 274, lig. 26. et vous avez... liberté, lisez:


etvous avez... délibéré.
Page 278 , ligne 5, M. Cretin , Usez : M. Cretu.

Se l'Imprimerie 'ki Journal de la Cotff ct.tfçl* Ville , dent te Butta


ett rut neuve Saint-Marc , NJ. 7 , au coin delà rite Favart , place de la
comédie italitnne* Le priK de P abonnement est pour un mois f de 3 liv. pout
Paris, lt de itit. ô seU pour ta province , franc déport.
No « ^jl A
a Caen
Laen en
on chasse
enasst tous
' J$i$"èi 'w prêtres nonjureurs ,

JOURNAL
DE LA CQUR-ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


LaFomtaine.

En i35S, .on crut .sauver le royaume en assemblant les Etats ;


on faillit causer sa ruine. Des. lavages horribles rassemblèrent sur
la France tous les genres de calamîtés. Tandis qu'à Paris on avoii
tendu la liberté à un ramas d'hommes souillés de tous les crimes,
les paysans de differentes provinces s'étaht attroupés, jurèrent cn-
. tr'eux d'exterminer, to.ua. les gentilshommes. .Plus de deux cent cha
teaux furent pillés et brûles. Quand on interrogeoit ces brigand»
féroces , ils répondoient brutalement qu'ils faisaient ainsi qu'ils voyaient
Jaire les autres, qu'au surplus ce senit ,une bonne oeuvre de détruire en
telle manière tous les nobles t.t , gentijifommts du monde, La noblesse
, épouvantée se réfugioit dans les villes ou dans les châteaux for
tifiés. Plusieurs dames de la première distinction fureut reduites à
y chercher un asyle, pour se mettre à couvert des .outrager.de ces
monstres. La ville de .Meaux ,étoit devenue la .place d'armes du
danphin. IÏ y étoit renfermé. avec sa femme , princesse dopt le
courage sublime loutenoit la constance de ce monarque prêt à suc
comber ,sous le malheur, et redonnoit de l'énergie à. son aine ver
tueuse. Cependant, le factieux rnaire Marcel poursuivant le coiurs
de ses attentats , .iniag.ipa.de /aire pommer Cherlts le mauvais , lieu-
tenant-gpnéral du royaume; et. conçut même l'exécrable projet de
lui livrer Paris. Personne n'ignore comment cet inùgne s'c<.lcr.it fut
lue au moment ..où il crpyoit çonecmirner son crime. Délivrés de
son oppression, les parisiens se jutèrent entre les bras de leur roi
légitime. Charles le sage, toujours bon, toujours clément, accorda
une amnistie générale, de laquelle il déclara excepter , dit.EaoïssARD,
tous ceux qui rioknt oK au/oisnt ,r!e du, emseil. ije la,gjande tra!iniin.
Extrait d'un precis ^dt ÇA/stoMe .des ht/its ,de 1,348.

—^mtÊSSES
Les habitués das; sections , de Jfaris,sçnt,venjjs ,
ççndpijs par le sieur, Vit.... (Jçpiar^tJçr /i| lias^m-
finu IV. Année 179». Nn
( «9° M
. blée la déchéance du roi, le renversement des
loix et toutes les extravagances à la mode dans
le moment présent ; mais comme cette pétition
va être démentie par tous les gens de bien de
Paris , nous pensons qn'elle ne vaut pas la peine
qu'on s'y arrête.

Il est toujours tems de dire qu'à la dernière


insurrection, des brigands voyant la reine caresser
monseigneur le dauphin, ne purent s'empêcher
de verser des larmes et de s'écrier : Non, nous
ne pourrons jamais nous résoudre à jqire du mal a
une si bonne mere.

L'assemblée a décrété que nous aurions une com


pagnie d'Allobroges ; c'est-à-dire en bon français,
de décroteurs du Pont-neuf et. de ramoneurs de
cheminée.
c
De plus, on va lever une compagnie
composée toute entière de jacobins, leur emploi
à l'armée sera analogue aux fonctions qu'ils exer
cent par tout le monde : ils seront chargés d'ex
pédier et d'achever les blessés, des deux partis,
qu'ils trouveront sur le champ de bataille. Nous
allons fabriquer un milion de piques à la maré
chale (de Saxe) pour armer les femmes et filles
qui seront état ou en disposition de la porter;
nous allons faire des rentes à tous les sans-culottes
étrangers qui voudront venir en chercher ; nous
allons avoir des mortiers et des canons à cheval;
nous allons avoir de la cavalerie en poste, et de
l'infanterie légère de coatre-bandiers et brissoteurs.
A présent que M. de Bouille vienne nous dire
qu'il connaît nos moyens et qu'ils sont nuls!
qu
(«9* )

Les calomniateurs commencent à être malheu


reux dans leurs dénonciations : on va poursuivre
juridiquement ceux qui ont cherché à exciter le
peuple , en répandant qu'on avait voulu empoi
sonner les fédérés avec du verre pilé. D'un autre
côté , le sieur Ker-mal sain , qui avait accusé le
district de Corbeil de prévarication , a été con
vaincu d'imposture en pleine assemblée ; mais il
s'ert consolé, en disant qu'un législateur avait le
droit d'accuser, à tort et à travers, qui bon lui
semble, sans crainte d'être condamné par la jus
tice -, que tout le reste était un petit malheur,
et qu'il tâcherait de mieux diriger ses calomnies
une autre fois.

Vers de Madame la baronne de B . . . . invitée à


célébrer la fîte de Madame la comtesse de F.....
Je voudrais bien pouvoir chanter
Le sentiment qui nous inspire;
Mais , hélas ! Je ne puis ôter
Le crêpe qui couvre ma lyre ;
Elle n'exprime plus que crainte et que douleur.
La vertu dans les fers , et les graces captives
Gémissent sur nos tristes rives ,
Et tous les maux sont dans mon cœur.
Nota. Comme l'auteur n'a fait qu'exprimer l'état
de toutes les ames honnêtes et fidèles , ce jour
de fête fut un jour de deuil . tel qu'ont été et
seront pour elles tous ceux qui se sont écoulés
depuis l'usurpation de la scélératesse , et s'écou
leront jusqi>au moment où la-justice , la vengeance
à la main, brisera le sceptre du crime, et réta
blira celui/ de la' vertu.

On a lu dans'je ne sais quelle gazette que le ministre d^Èspagne ,


Honda llanca , fut disgracie , on trouva "dans ses papiers urîe côfres-
po'hdaricé'jacobite du docteur foitdoti.. Dne'atUie 'féiiïïîe i*- annonce
qtre" l'on avait découvert dés lettre^ chïnïëme genre chrez un M.
Dtbarri, mort à Turin. Il est a presumer que si les tapissirrs Anglais
qui dérneublèrent la maison du docteur Vrieàley aussi proprement
que Tauraient 'pu faire ceux de î'hôc'el de''Castrîei , s'étaient' ami&éè
à lire les papiers qu'ils trouvèrent , ils eussent eu" des témoignages "
de la confraternité de ces deux grands docteurs, .et de leur corres
pondance sur des objets fort étrangers à la- physique ; peut-être
ni'ême y eut- on decouvert le fil dé certains tv'tnemens arTiired dêpnra"
quelque teins à Londres, Edimbourg et autres villes d'Angleterre.'
Il est vrai que le docteur Condor... , par sa place de secrétaire éternel
d'une société savante par excellence , se trouvait avoir une corres
pondance toute montée avec les principales villes de l'Europe , et
notamment avec les capitales des empires, cè"quï lûT'cTonne une
merveilleuse facilité d'insinuer par-tout ses sublimes principes de
gouvernement. On voit d'ailleurs le grand rôle que lés académies'
et les gen"b de lettres en général ont prétendu jouir dans cette, ad
mirable révolution français'-. Leur amour-propre , leur orgueil;'»
été vivement flatté de ce qu'on a pu les en croire les principaux et
même les seuls auteur:. ' A 'ce' compté, e'est se fclrciter d'avoir déjà
fait égorger deux cents mille Domines, dans les- deux mondes , et
sans pouvoir se flatter d'avoir donné le moindre degré de solidité
à son ouvrage. Il y a Vraiment-là de qHoï-être liéri Heureusement ,
pour J honneur de, la littérature , il n'existe- peut-être pas un- seul
corps littéraire où il ne f- se soit trouvé quelques membres intacts,
quelques- hommes justes . dont les vertus: et les lumières pourront"
dumpins balancer les iniquités et l'horrible ingratitude de leurs
confrères. ïv'otrs aimons à croire que'to-us ces nouveaux svstèmes
atroces autant qu'absurdes, n'auront inspiré. que la pitié ou l'horreur
dans le^ académies étrangères; elles n'ont" pas toutes dcsTrlistley.

AUX RÉDACTEUR 5.

Je mempresse , Messieurs. , de vou*. dénoncer


un attentat horrible contre la constitution : II
y est formellement dit qu'aucun citoyen ne petit
( «*H
êtr* répéta ett m'ênïe terns dfc detr* emplois pu
blics ; et cependant il existe à Pans un homme
qui- est" Ma' fois maire de ville et chef de di
vision.'

Une députation de braves parisiens, est encore


venue , il y a quelques jours , apporter à l'assem
blée leufs gémissement et leurs- plaintes de ce
que les- Màrseillois les ont égorgés et assassinés^
ils veulent absolumennt que l'asserodée , «©rame:-
upç bonne mère venge lés injures de ses enfans ; t
mais on leur a répondu par ces vers des fables-
de la Fontaine: :..
i-r Aidt'toi , le Ciel t'aidera*

AUX RÉDACTEURS.

A nferl arrivée d'une tournée que je vPehs de


faire sttf lès' frontères , j'ai lu plusieurs journaux '
qui annoncent que les prussiens et les autrichiens
déserterït par bandes"pour venir partager le bonheur
et la précieuse liberté doitt nous jouissons en France.
— Cette désertion aura lie» sans doute , si on
suit le conseil de monsieur de Boisnuroiv qui
propose de répandre d'ans toute la Prvssc- et l'Al
lemagne des petits étuis de fer-blanc ou de bois de-
Mainte-Lucie dans lesquels ( en place de curedent ) on
niettra le décret de fassemblée , si favorable- aux-
braves étrangers qui auront le civisme de trahir leur
p'atrie en désertant leurs drapeaux: — En attendant '
l'effet que fera sans doute lé projet de M. de
BbiSôUYON , aucun étranger n'est disette. —J'étais
à Valtnèiennes le 3 de ceJ rrfois', a 9 .heures' du.,
soir, et à Lille' le 4' à 6 heures du matin, où on
n'er^ y m atfcUd. —'J'offre de parier un asiigoar.
( 294 )
de iooliv. contre tous ceux qui révoqueront en
doute cette vérité.
.Xf. B. Vous trouverez ci-joint mon adresse que
je vous prie de déposer dans votre bureau.
Je suis , etc. J....L...P.
Paris , le 6 août 1792.

La section Mauconsf.il tire son nom de la fa


meuse tour appellée Mau - conseil par abréviation
de mauvais ou maudit conseil ; c'est dans cette
tour on le fameux duc de Bourgogne tenait ses
conseils contre l'infortuné Charles VI.
L'arrêté de cette section, prononcé avant-hier
à l'assemblée nationale , rappelle l'anecdote qui
lui a donné ce nom.

Les honnêtes-gens, et même les gens de bien ,.s'em


pressent de toutes parts de démentir les adresses
envoyées par les jacobins, qui se couvrent du nom
des autorités constituées et des gardes nationales,
pour injurier et calomnier le roi, et pour de
mander la destruction de toutes les loix. La garde
nationale de Thionville en est une preuve entre
mille que nous pourrions citer; elle vient de
déclarer hautement que la pétition incendiaire
envoyée, sous son nom, à l'assemblée, était fausse
dans tous les points , qu'elle en désavouait les
signatures et plus encore les principes, et qu'elle
demandait la punition des scélérais qui avaient
osé se servir de son nom pour énoncer des sen-
timens aussi criminels.. .Tous les honnêtes-gens et
gens de bien de Paris s'occupent dans ce moment-
ci à rédiger une adresse contre la pétition des
prétendues sections, apportée par M. Pet.,., digne
( «95 )
organe de l'espèce de gens qui composent à présent
ces sortes d'assemblées. La pétition des honnêtes-
gens démentira , de la manière la plus énergique ,
celle des factieux qui demandent la déchéance du
roi : elle demandera aussi la punition exemplaire
des assassins de MM. Champion, d Eiprémiuil , Du
hamel, et des auteuis de tous les crimes comm s
à Paris. On la signera chez ceux des notaires de
Paris , juges de paix et autres officiers publics qui
seront amis des loix et ennemis du crime et des
ligueurs.

L'assemblée, en remettant à jeudi la question


de la déchéance du roi, a voulu attendre des
nouvelles des frontières, et sur-tout connaître les
sentimens des armées sur cette résolution aussi
atroce qu'extravagante. Voici un moment bien in
téressant et bien délicat pour tous les honnêtes-
gens tt les propriétaires du royaume ; ils doivent
penstr que la lâcheté , et sur-tout l'irrésolution,
peuvent devenir bien funestes.

Aux Rédacteurs.
J'ai vu, messieurs, les coins des rues couverts
d'un nouveau placard : L'oie nu Capitole , signé
J. L. Honoré. C'est un ramas de déclamations jaco-
bites; mais elles sont pourtant à distinguer de bien
d'autres , car on y voit Y Oit s'écrier : U ma patrie ,
nos frères d'armes , nos généreux défenseurs, etc. que
de justesse dans cette allégorie ! aussi
J'aime les beaux parleurs dont l'esprit se déploie;
Et c'est un beau parleur que monsieur Honoré-l'Oït.
Je mil , etc.
Signé MAURACE»
{ -V6 )
I

La nouvelle déclaration du roi est belle , tou


chante, attendrissante ; mais il y à long-tems que
l'évangile a dit que les royaumes de la terre ne
s'acquéraient ni par les larmes, ni par les prière».
I .

Nous donnons comme certain. et_authentique que


dans plusieurs cantons de la Normandie on n'a
pas trouvé un seul homme pour voler à la frontière ;
on a eu beau dire aux paysans et aux ouvriers
que la patrie était en danger, ils qnt /épondu
moi à niot,, que ceux »gui ayaient allumé le feu
n'avaient quà t éteindre. Qn leur a dit qu'on les
forcciait à îir.er. à la milice , ils ont répondu qu'on
ne serait pas .assez .hardis pour y venir.

'Le duc tCOr. ... ne veut ou ne peut plus payer


les sans-culottes en garnison à Paris ; il a demandé
à servir dans ïescadre qui doit croiser de Marseille
à Toulon , et de Toulon à Marseille ; aussi , M.
'Pet... est-il venu demandera l'assemblee un petit
secours de dix-huit cents mille livres , à l'effet
-d'alimenter tous les braves gens qui .deviennent
de jour en jour plus cxigeans , et qui menacent
de tout plame.r-là , si on ne les emploie pas bien
tôt à un exercice manuel chez les boutiquiers de
Paris.
mmmmm—m^^i py p, .mÊmmgmmmm gngp

St rimprjmerie.du Journal de la Cour ctide^a VjUe ,. fiant U.Bvna


,«sf rye,neuvc S.alnt-Marc , N*. 7 , au coi* de la rue, Faoart , placc/tt l*
comédie Italienne. Le prix de V abonnement est pour un mois , de 3 liv. fM
tarit, It de î Hv, xi leli pour la province, franc de port. .

i
N<> 38 iV^fc Seconde terreur pani-
Mardi 7 Août. Wfe '"' ** Par'"""'

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE,

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fo nt aine.

Arrêt du parlement de Rouen, contre les Français


jidclcs à Henri IV.
La cour a fait., et fait très-expresses inhibitions

et défenses à toutes personnes de quel état et
condition qu'elles soient, sans nulles exceptées,
de favoriser en aucun acte et manière que ce soit,
le parti du duc Henri-de-Bourbon ; mais de s'en
désister incontinent, sous peine d'être pendu et
étranglé. Ordonne ladite cour, que monition-gé-
nérale sera octroyée au procureur-général, ncmine
dempto , pour informer contre ceux qui favorise-
soient ledit Henri-de-Bourbon et ses adhérens....
1l est ordonné que par les places publiques seront
plantées potences, pour y pendre ceux qui seront
si malheureux que d'attenter contre leur patrie*

Tous les officiers et bas-officiers du régiment


d'Austrasie , et tous les chefs militaires de la place
de Givet, sont passés chez les princes, emportant
tous les plans et tous les papiers. Voilà de l'oc
cupation pour la nouvelle piramide.
TomtlY. Année 179s. O»
( *9S )
IMB1
De Bruxelles, ce 4 août. Déclaration additionnelle
de son altesse sérénissime le duc régnant de
Brunwick et de Lnnébourg, à celle que S. A. S.
a dressée, le 25 de ce mois, aux habitans dela
France.
h La déclaration que j'ai adressée aux. habitans
de la France, datée du quartier.général de Co
blence, le 2.5 de ce mois, a dû faire connoître
suffisamment les intentions fermement arrêtées de
leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse,
en me confiant le commandement de leurs ar
mées combinées. La liberté et la sûreté de la
personne sacrée du roi, de la reine et de
toute la famille royale , étant un des principaux
motifs qui ont déterminé l'accord de leurs majestés
impériale et royale , j'ai fait connaître , par mi
déclaration susdite , à la v'Ue de Paris et à ses
habitans , la résolution de leur faire subir la
punition la pins terrible . dans le cas où il serait
porté la moindre atteinte à la sûreté de sa majesté
très-chrétienne , dont la ville de Paris est rendue
particulièrement responsr.ble.
>> Sans déroger en aucun point à l'article 8
de la susdite déclaration du 25 de ce mois , je
deelare en outre que si , contre toute attente ,
par la perfidie ou la lâcheté de quelques habitans
de Paris . le roi , la reine ou toute autre personne
île la famille royale , étaient enlevés de cette ville ,
tous les lieux et villes quelconques qui ne se
seront nr^s opposés à leur passage et n'auront pas
arrêté fa marche, subiront le même sort qui aura
été infligé à la ville de Paris, et que la route qui
aurait été suivie par les ravisseurs du roi et de
Ja famille royale , sera marquée par une continuité
d'exemples des châtimens dûs à tous les fauteurs,
ainsi qu'aux auteurs d'attentats irrémissibles.
( *S9-V
: ?» Tous les liabitans de ls France en général
doivent se tenir pour aveitir du danger qui les.
menace . et auquel ils ne sauraient échapper . s ils
ne s'opposent pas de toutes leurs forces et par.
tous les moyens au passage du roi et de la 1 ..mille
royale, en quelque lieu que les factieux icnieroietit
de les emmener.
Leurs majestés impériale et royale , ne tecon-
noîtront la liberté du choix de sa majesté très- .
chrétienne pour le lieu de sa retraite, dans ls
cas où elle auroit jugé à propos de se rendre à;
l'invitation qui lui a été faite par elles , qu'autant.
que cette retraite seroit efTeci née sous l'escorte quelles .
lui ont offerte. Toutes déclarations quelconques, au
n,om de S. M. très-chrétienne contrairesàl'obietexigé
par leurs majestés Impériale et lîoyale , sero..t
en conséquence regardées comme nulles et saiis
effet.
Donné au quartier - général de Coblentz , le 27
de Juillet 179e.
Charles- Guillaume-Ferdinand ,
duc de Brunswick- Lunebourg.

Selon le petit Chauvelin , ambassadeur ad .hono


ris en Angleterre, l'escadre de cette puissance,
n'est destinée ni pour l'Europe , ni pour l'Asie .
ni pour l'Affrique ni pour l'Amérique , ni pour
les continens, ni pour les isles , d'après cela , nous
devons croire qu'elle sera employée à faire la ré
volution de Nicodème dans la lune. f

Pétition des ânes des LXXXIll Départcm ms à


l'Assemblée.
C'est l'oreille basse et avec les accens les plvs
douloureux que nous osons , très actifs souvsrsii s
de la France , vous l'aire des représentations sur .
l'injustice , la première injustice que vous allez
commettre. Vous allez decréter l'envoi des chevaux.
de poste pour voler aux frontières ; leur allure
tst-elle plus fière que la nôtre ? Au mépris de la
sainte égaliré , vous allez vous rendre coupable»
d'une odieuse aristocratie ; une démarche noble^
pourrait elle vous en imposer? Mais, nous le sa
vons tous, vous avez proscrit tout ce qui est
noblesse . même celle de l'aine. Ne sommes-nous.
pas des sans-culottes , aussi bien que...? Ne pouvons-
nous pas fraterniser? Il est vrai que nous n'avons
pas autant de prestesse dans le mouvement de
se replier, mais aussi, sous les ordres du digne
chef Dumour... . nous nous leverons tout entiers
et nous étourdirons tellement les Autrichiens,
qu'ils croiront voir devant eux tous les Parisiens. ,
Ce n'est pas seulement. Messieurs, une noble.
ardeur qui nous anime, c'est la crainte de mourir
de faim; nous allons devenir inutiles aux moulins,
aux marchés , puisque les bras qui faisaient croître-
le bled et les choux sont employés aux frontières.
'— Nouvelles sentinelles du peuple , nous vous
avertissons que nous avons des droits égaux à
ceux des chevaux : quatre pieds, deux oreilles,
quoi de plus semblable? Nous réclamons les
honneurs de la séance.
i IIUBU——

P R OPOS ni ON, par un ami de Cigalitf.


te peuple est tout, donc il peut tout, donc
tout est à lui. Cette vérité incontestable établie,,
détruisons ce tyrannique usage de l'ancien régime
de payer aux spectacles ; il faut lever un impôt,
national pour salarier les citoyens actifs jouant ,
dansant . chantant ; alors , nos confrères les save
tiers . gadnuars , porteurs-d'eau, etc. etc., pour
ront se délasser civiquement de leurs travaux
journaliers.
(l Vr )

Nbus n'avons pas annoncé la maladie de mon


sieur le marquis de Villet.. , parce que nous sommes
persuadés que la bonne compagnie qui lit notre
journal est instruite de tout ce qui intéresse un
homme aussi interessant ; persuadés cependant du
plaisir que nous lui ferons en racontant quelque-
lois les anecdotes qui font ressortir sa belle ame ,
nous commencerons par celle-ci : Le vicomte de
Jbari***** lui fit avant'hier une visite ; il s'approcha
de son lit le plus doucement possible , et les
itFORTS qu'il fit pour marcher sur la pointe du
pied . lui en firent faire un d'un autre espèce qui
réveilla agreablement le marquis, lequel, dxme
voix faible , s'empressa de demander, en.soulevant
sa tète de dessus le chevet et en entrouvrant'
légèrement lis rideaux de son lit: Qui est-ce qui4
in appelle ?'

Tranquilisez-vous propriétaires , la loi agraire


n'est pas à craindre à. la fin d'une- législature : si
les puissances étrangères nous laissaient le tems
d«en avoir une. autres comme alors' ce seraient
des loups affamés à qui nos législateurs actuels;
n'auraient rien laissé à faire; alors tremblez pour
vos possessions : c'est bien le cas du grand-seigneur
qui ne- laissait rien à son maître*d'hôtel , attendu
qu'il l'avait servi dix ans.

Séante des jacobins d'Arros, dji,if..juillet, 179a.


, Le citoyen le plus véritablement actif' de la
ville d'Arra», l'homme le plus, utile à la. contre
révoluiioBi le? bourreau.. enfia.,. eaauyé de* Toi*.
( 302 )
sivcté où il languit depuis que les droits de l'homme
sont connus, est allé le dimanche, 22 juillet, au
club pour dissiper son ennui et apprendre la
théorie de son art. Un jacobin de la plus vile espèce, .
sottement étonné de voir à ses côtés ce citoyen
(qui, lui seul, vaut cent fois mieux que tous les
jacobins ensemble ) lui adressa la parole en ces
termes : Eh bien, maître Baptiste, que faites vous
ici? — Frère, lui répond l'exécuteur des ordres
de la ci-devant justice, je suis le maître d'y venir
chaque fois qu'il me plaira, aujourd'hui je suis
entré dans votre caverne pour y reconnaître quel
ques unes de mes futures pratiques. Depuis quatre
ans je suis à rien faire ; mais j'espère être am
plement dédomagë , j'apperçois d'ici une douzaine
de fières qui infailliblement me passeront par les
mains; censole-toi , tu sera l'un des premiers,,
et je finirai par la mère Duchesne que voilà , comme
elle est fort épaisse , j'aurai soin que la suspen-
soire soit forte. Cela dit , maître Baptiste s'en va
et laisse là les jacobins stupéfiés.
Article envoyé par un feuillant çÇArras. ,

Lindor et Adélaïde , par l'auteur des observations


sur le discours du docteur Frice , traduit de l'an- '
glais , par Madame r.E vassy. A- Paris , chez les
marchands de nouveautés. 1792. Prix — Broché.
; Cette: traduction d'un ouvrage dont le succès
a été prodigieux en Angleterre est faite pour ex
citer la curiosité de tous les honnêtes gens ; une
peinture naïve et fidèle des moœurs champêtres,
des caractères bien tracés , un intérêt toujours
croissant et qui conduit à une catastrophe déchi
rante suffiraient seuls pour assurer le succès d'un
roman. Mais ce roman est une histoire, c'est le
récit d'un événement malheureux «privé depuis
( 3a3 ) .
la révolution dans nos provinces méridionales et
dont Fauteur a été témoin. Nous engageons tous
ceux qui sont encore attachés à la religion , à la
{>ntrie et au roi, à lire cet ouvrage où la morale
a plus pure se lait remarquer. Ils verseront des
larmes sur une famille illustre que la rage des
novateurs a persécutée ; ils gémiront sur les maux
causés par l'abus de la philosophie moderne , et
sauront gré au traducteur d'avoir fait passer dans
notre langue un ouvrage de ce genre.

Aux peuples inquiets.


.L'histoire prouve à l'œil observateur,
Qu'au tems jadis , comme au tems où nous sommes,
Entre tous les états qui gouvernent les hommes ,
Le monarchique est le meilleur.
Est-ce encor pour vous un problême ,
Brabançons. Liégeois, par la fourbe égarés ,
A qui l'on ose offrir l'anarchie en systême ?
Ah ! contemplez la France , et vous le résoudrez.

.—
On rirait de pitié; mais l'indignation est trop
forte , si l'on était instruit de toutes les manœuvres
employées pour obtenir ce qu'on n'a pas rougi
d'appeller le vœu de la bonne ville de Paris sur
la déchéance du roi. Tout ce qui n'était pas ja
cobin a été exclus sévèrement de ces rassemble -
mens factieux et illégaux que nous avons vu trans
mettre à l'assemblée l'expression de ce vœu impie
par l'organe ite leur digne chef Pet... Il e*t de fait
que plusieurs de ces prétendues assemblées étaient
composées exclusivement de ce que nous avons
'( St>4 )
de plus fétide en bons citayens ; «lie -fetfait-Wêlbe
aposté des satellites qui ra<rochaient Tes -passais
pour peu qu'on leur trouvât quelque chosfc^Ue
patibulaire sur la physionomie.... Et voilà 'ce qu'on
appelle le vten de la capitale !.... Ne vous «sethbife-
t-il pas voir les brigands de la forêt de Bondi
délibérer entr'euK sur la d'échéance de -la tnaré-
chaussée ? — Un autre fait non înbins certain . c'est
que dans la plupart de ces scandaleuses pétaH-
dières, le nombre des hommes était surpassé pur
celui des femmes , et que plusieurs de ces der-»
nières abordaient sans façon les citoyens actifs et
disaient tout bas :
Je suis jol-e et sur tout je suis tendre .
Venez, monsieur, j'ai .dû plaisir à veftïli*.

Nos recueils vont s'enrichir d'un trait bien pré


cieux d'une naïveté rare d'un de nos législateurs ;
il est vrai que c'était dans une séante d« soir,
et comme l'a dit le ïérérend Ghabot , in vino
veritas; mais n'importe, la vérité doit toujours
être accueillie : je n entends pas les affaires , a dit
le véridique Calon. Il est à désirer que nos au
gustes transforment à l'unanimité ladite phrase en
motion, et qu'après Tavoir posée pour base . ill
en tirent la majeure , la mineure et la conséquence.

Veut-on apprécier à sa juste valeur


De nos tigis- raseurs la. cohue embourbée?
Qu'on s'en tienne à ce mot du célebre orateur :
C est la scélératesse en démence tombée.

t>« l'Imprimerie du Journal de la Cour et de U Ville , dont le Bureau


est rut «tout Saint-Marc , N" . 7 , au coin de la rue Favart , piaf de la
tornèdie Italienne. Le prix de l'abonnement est pour un mois , de S Ira. faut
taris t et de 1 liu, iS sols pour la province: , franc déport.
N*- 3g. jdsajiA Expédition chez moft-
_. ' *Î^*P seigneur le prince da
Mercredi 8 Aoât. $\>2f< c«n* a CAanriUy.

JOURNAL
DE LA COUR ET DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


La Fontaine.

Mon coup-d'ail sur la révolution en 1790.


Braves français, vous serez donc heureux,
Au moins autant que vous méritez l'être î
Tout vous sourit , tout seconde vos vœux;
Vous n'aurez plus ni despote, ni piètre.:
I! est si doux d'être sans rois, sans dieux!
La liberré!... Voilà votre seul maître.
Il est bien vrai que vous aviez jadis
Ce qu'ont toujours dédaigné les vrais sages ,
De l'or, du pain; mais de tels avantages,
Convenez en , pour vous n'ont aucun prix:
Il est bien vrai que des destins tranquilles
Filaient vos jours à l'ombre de vos loix ;
Mais n'est-ce rien d'avoir conquis vos droits ?
L'égalité change en hameaux les villes,
Et les sujets sont au niveau des rois.
Que manque.til à votre sort prospère?
Vous travaillez , vous ne faites plus rien ;
Poar le bonheur, hélas! que fait le bien?
gentiriez-vous l'horreur de la misère?
ftVt-on pas tout quand on est citoyen?
Ou vous gardait; vous vous gardez vous-même»;
Aussi voit-on si peu d'as^assinats !
L'heureux destin ! vous êtes tous soldats.
Terne IV. Année 179». Pp
. kJWj • --,-
.Trjple. -rqbafi vaut bien, nbis diadèmes.
Mes :ch«.rs> français Ou'-'îKrttcs { carces detnt-jioinï
sont, comme on sait 7àsynonimes d'esclave)
SouVenez-vous, si l'Europe vous brave,
Qu'un seul décret "vauf fmietnc que cent canons.
Feut-on .tomber quand/ln sucette base ?
Aussi pour vous je ne redoute rien ;
Siiiorr ijque tout vous arrivant à 'bien,
Tant de bonheur enfin ne vous écrase.
.Par "M.—tre'-VnrAN de Lyon.
. ri ' ■ 1 ——
Un député du côté drojt demandait l'autre jour
à l'ass^'rhbTéV "un cdrigé pour rét>a81ir sa santé.
Un >:mtfnïbte" gauche se leva, et dit : tous MM.
de Ia-dr-bite -demandent des congés , il faut qu'il
y ait une épidémie de -ce : côté-là. S'il y a une
épidémie -'du côté dymt , répondit le premier
mem-bfé , on'peut hieti dire qu'il y a une É*i-
soohé du- côté gauéhe:'-
i) «m
Les. fêbres polonais viennent de montrer qu'ils
étaient ,nd'éles à leur serment et à leur constitution ,
dans la bataille qu'ils orit donné le 7 juillet, contre
les vils esclaves fusses, qui leur ont .pris leur
camp , 'leurs bagages , leur' caisse militaire , leur
artillerie, à5 mille prisonniers, leurs munitions ,
leur fusils, leurs bras, et jusqu'à là "tete qu'ils
ont perdue ; il n'y a que les jambes qui soient
restées intactes chez ces braves polonais, et la
manière dont ils s'en sont servi a bien prouvé
qu'ils ..avaient ripondu jusqu'à leur dernière goûte :
en gênerai les patriotes de routes'les nations (ex
cepté Tes français ) ont adopté' cette utile'ràcticue
militaire qui , selon le gTartd^îredéric roi de Prusse ,
consiste essentiellement ?dan's les jambes.
' ' ni in—m» niiitinfi , ifj •- •'.?'••
: , ::o ;. i•• i ^ï; -';._/* '? '.'.'?.'.' ?0 '.V' .*" * '"-.
Le sieuT DM..., général cte jacobins etvEIandre,,,
a-écpit'à d'assemblée une) lettre calquée mot-àrnaotl
sur .toutes celles' qu'cfan a;v,ucsî djuns tous les Betis-
du soir et du matin ; il parle beaupcsuipti. dei.lto
désertion des troupes autrichiennes ; (niais non
de celle des iiûne»'.1 ) tilÊ&ÉtoX»Y fait- positif , articulé
dans sa lettre , est qu'un très-beau dragon est arrivé
à l'arméV jàedbltë ; Ml^prétèncP à.'uissF quéè les' au •
trichiens se plaignent; ; qj^QO, lp» ait^frijt^yf nir de
si loinil.f{oitï iftftndr& la*. came. d/s. imîgiis ,i tandis
qu'on* ne les a pas fait. Venir , piuSjCj,u!jl:>fta trois
ans qu'ils sont en ' Çj.abant, et qu'ils, Q£ çprppattent
pas pour les émigrés , puisque le ma.Ui^ste ne
les nomme pas seuA&m,e$u \ au, reste,. kl,. JiM.. di
rait la vérité , qu'il ne mériierait aucune, créance ,
par le rôle infàwe-, cju'vl\ j^ue en pr^aVt c^uver^
tement le parti contre .sx$,.bienlaiteuvsT,i, é# laveur
des scélérats qui s'occupent de détraiçe^ruFrance
ce qui reste de loix,,, de. principes, et, .de mo
narchie. ,-..,,,;, . w!. ,.'':!. '.s.Hc.f-Vti.y.if..'I

LéVa'hgfciïs disèWt'tfere ipour emptc\rer3ssiiaw&


ou1àitti'4e trop pWlfMlgr ?dians( une v*Hè ,- Jïb'fauS
abattiélesîrèaîsons <& létlSfcâttàrtf-pe*!3esiN»Cetyc<ii}
à raison de 2o sols par semaine. — Quand il n'y
a pas de crapaudièm. àttfa »w pays-, il n'y a pas
de crabaux.
s în.;lti'i7"1 -•:.. '!i .?mI i3 '«od-ciil \V.\" 'd '.'.

&fi qo.ti T I mdiUh—ag—iiwwn 1 i .'


3.:;! s.jt-. • :v.- '.i'ï'l'P : (• ; '; ! ;a,iV '

,.il» hneffi .çarùt* >'(&*• copia; d» f/«fiK# afô «?or/,


de^lQbVr^geSi.du, Itfjfcn'^'.kef? dil-.Qiip^d^ïv dont,
ilsirég»Jo,ieitt lfe^rftipjfjscjrinje^Sr a^acj)é§fi3ls «adr«r
«Bok»iht»latit- à-p*iiil fr«-î_a?ais .ils^ne; le*; matv»
( 3o8 V
geaient pas , «mrae nou» trwKtf fait de M. Guillin,
Berthier, etc. Ce dernier degré de civilisation , nous
3'avons imité d'auues sauvages , soit Caraïbes , suit
Brasiliens, foit Africains. Les parisiens commen
çaient un peu à se former dès le tems du maré
chal d'Ancre. ' li • i " Jj '-.".

CONOUÊ-TS
> ^ .• G'UMMATICAU.-
. 'M
Comme à la révolution
Chez les Français tout gagne, et même le langage!
Que de mots jadis en usage
Pour exprimer abjection.
Lâcheté, dépravation,
Mmsongé, astuce, Hypocrisie, ":::
' Avarice, concussion i.''-: '
Orgueil, fureur \ excès de la démocratie ,
Intrigue,- conspiration ï::[
Pillage , divas tation ,'L' yi" ,
'"'"' Assassinat, proscription!,
Fhilosophisme , athéisme , hérésie, :'
Blasphème , profanation,
Rage, délire, frénésie,
Du trôn'e-ct de . l'autel :prêchant l'extinction!
Eh bien ,. tant de forfaits que.la France apprécie 3
S'y peindront d'un seul mot; ce mot est Pet..,..

mm
M. Becquey très-bon et très- digne feuillant a
donné Pa-a+re jour une singulière définition àe
la liberté ; il a prétendu qu'elle consistait à faire,
tout ce qu'on voulait .;- riteis' notre liberté fran
çaise est bien plus sublime' que celle de M. Bec-
tfwy. La liberté , comme- il l'entend . jouerah-trèsV
souvent un rôle passif ;.au lieu que la nôtre *oa»

\
f 3o$ )
siste non seulement.* faire c« qu'on veut, mai»
encore à faire beaucoup plus qu'on ne veut . et
très-souveent même ce que veulent les autres,
et ccquon ne voudrait pas soi-même.
—■——■' ; ii,)', i^'.»

' B6ÛCHÈ de FÉft'.'—iQue fait l'assemblée depuis


que la patrie est en ^danger? •"" . '•'"
RÉPONSE. — Elle allume les. torches et aiguise
les poignards des assassins, pour U moment', et elle
fait' de la bouillié pour les chats,' pour favenir'.

„' La ripuycllp de, .l'élargissement cJe.MM. yamiir\


fifotreau fit 'tardif, a' çonsttrné l'a.s.se,rn tji.ee,;, eUe
a v,u. ay.ç.ç, horreur *'çcbapp«r ces, trois \ictimes
qu'elle destinait à , un .A^.to^d^-JÉ, patriotique :
aussi , M. ïsn... , qui,; coritre les principes de sa^.
profession, (il est marchand de savon, ) n'aurait
cas voulu les voir b^nchir^ s'est il ecné qu'il
fallait forcer dorçnavarit, les, jugef •H'O»rléans à
expédier les autres accusés, ^a mot'ioii a souffert
quelque difficulté , parce qu'on prétend que tous
les souverains ont déclaré , tout bas , à l'assemblee
qu'ils useraient, de représailles, sjir^Jes jacobins ,
pour tous les assassinats juridiques ou populaires
qui se commettraient dorénavant en France.
mmmm
Les duels entre les grenadiers de la garde nationale
de Paris et les patriotes que les jacobins de Marseille
6h| éu la bonté de nous envoyer , ne sont pai
favorables à ces derniers; car, (sans* compter ce
qu'on ne sait pas) il y en, a Quatorze de blessés
mortéllement, et Douze de tués xoides , dont
( 3bo }
fuatre n'auraient par été digsier drmcirr'r par là'
main. des braves gens quv les ont mes, sans 1«-
fameuses preuves' de patriotisme. qu'ds ont dormé-
à AVIGNON, :•€* tmurn , puisqu'on, leur awirsur
les épaules une Fleur et trois Lettres , que le
hazard n'y avairpas pkéftst"* ' -
N. B. .Nortrftlîrétieux mane^. malgré se* grandes
inquiétudes, s'occupe j<w,/<«.Jyiri7%de .toiup Jçs,
moyens qjie la révolution lui pejmet _ a arrêter
lès, progrés, d'un désavantage oui cprnm'en'çé à,
dicourager considérablement' Ves frères, et amis.

Nous, recevons une lettre sionée Mars l'aînée


et Mars cadU^te., par^Jtrq4fcl;e on.; ncrW jre
instamment d'annoncer qUi. /?er dèrfebîsefles^ uteir
foin d'applaudir a l'assassinat 'hçirribïé' co°rnnîis' paf
des brigands' sur la, pefsohn'e de M: d'Èïpré.mêhif •,
o it au contraire versé' 'dç'? hrrifeî TOT^xet evéne
ment affretiS/-* '' ''^"f J'* j!\ • :£"«>'"<!
Nous nous1 é'rnjireSs'ônS'' de' satisfaire iu^o/u ftê?
ces demoisellesv d'onj nolist'TèQons"la1 se^îsibjfftë ,:
et nous nions, au sbrp'lus,,°àV(îir jarnai$' e\i' pin-'
tention de les désî'gh'êr SEn's 'aucuri dfe urJsJpfé-'
Cédens numéros, ce qui f»buS eût été trè'-'iffficjlè';
puisque nous ne lés cohn8fs\ons trullernéat/ '
\ th Jn^i j. : ' .... .,..a a« im*

Fait Ëxtr a o rdinaire.


t • "^5 "' .'C" 'ci:p ■;fj»\: >'..icf,ïab frJL
Je soussigne certihe qu aujourdhui lundi., su
août,
oût, à dix heures1 dri matin-,
matin,, aucun tarobôûrdê
tarçl»bûi" àè
ta stetion ' ri'a encore bàt'tu,'ni rappel, Aï iAfiCr~thé\
ma
ni générale.
Dadi... citoyen actif, r
(SÎt■)

-T: <l ::? A TJX ! R:lj*8-^G .1» .ï S H •'.«.'


• C'^* 3"f"" ' ' ' ^ i'''''..'*^ ' ..'»''i* Vi"* ''•' ' ' .", '
„„ Vôfts .tic voulez pas .vk?h .. Messieurs , ^que si les
^c^eT^ja*qhu^e^pj»uent la déchéancç du roi ,
jDs Vqn| tourner.. cootr^^Xassemblçe. tOAis les sou-
ve,Y?iris,et tous le^'jafîuples de l'univers; qu'ils
'.\nq»t ,t»ixc rnarcKejr.çon^e les factieux, toutes les
armées françaises-, q» cpi'^iî. moins ils en feront
déserter les trois. qW,sii vous ne voulez pas voir
qu'ils s'exposent. f\tne, pendus .par le peuple a,u
milieu de la bagarre qui résultera de tout cela ;
vous ne voyez pas que pour un léger intérêt ils se
sacrifient pour ta benne cause ? Ingrats, et c'est
''Vous' qui voulez' les faire pendre !

■MHHI
: I& pièce .des deux Petits Aveugles, jouée le
; samedi 28 .juillet , sur le théâtre italien, n'est
.point de TaM^Noël, comme on nous l'avait dit;
fierlle--i e$t ;le cQ»p. dressai, d'an jaunei-tramme :du
même nom. Nous "no«s :empresspris- de téparer
omette ^erjreut aussi flatteuse pour. le-; pTemier , que
fâcheuse ,ppur le second* ,n u.o ?n t
s;t;i.i...or. ' "'. ".ii ..• •.' ' — 1" ii-'^l 'i.'êo ruDi..:3

• - -If; v^a'N'ItrstbV ^ésu' M monàrcM/r.française rétablie


-dan^sès' làix primitives' et consiittit^MèUei ,' avec des
'tttrtef 'géographiques et Ttts'tabltiïiise^ comparatifs dis
impôts .de t'ancien et du-nouvean rtgtme ,-un vol. in-8».
à Bruxelles, *b«idro*vè à'ftarisL, KbrcnbEPKTiT et
.fiHlM-EjjAKR «rue^de»Sayoie,,- ÊJg»*o* et chc% les
jBMrichafldstdc nou,veaiyf»' Pjujbv,3 .h>.
f StsO

6ravurï nouvelle.
L'arbre de vie , du Paradis terrestre , ou là fi
liation du pacte social , extrait d'un ouvrage mo
derne ','.'(. Lettre d'un solitaire aux catholiques de
France ) trouvé dans le sac d'un-' capueitt déguisé
trouvé mort sur le champ de bataille , à l'affaire
de Toutnay; Se trouve à Paris , au Palais- Royal ,
galeries île bois"' , .V°, 3*0 , nu* Neufs mates, chez
M. Favre , libraire ;' chez M. DetAux , libraire au
P'Xlais-Ruyrtl . JSrQ. 181 et chez tous les marchands
de nouveautés. Le prix est de 34 sols.

Les patriotes qui ne veulent décidemment plus


de ROI , mais qui ctpendant ne veulent pas perdre
celui qu'ils ont , sont parvenus à découvrir ( à
Vaide de MM. h Gros-soI , cuisinier, Sud- vin ,
valet - de - pied , NiQ,uiT7z et GavieTUR , tous
frères servnm , et espions du château) que le roi
devoir partir pour Courbevoye la nuit du ssirreeli
;au dimanche dernier , et malgré que le POUVOIR
> exécutif fut déguisé en capucin, la Reine en
.>portt «hache, le Dauphin en grenadier , Madame
.KQYAitK en eanonnier et Madame Elisabeth en
fifre, ils ont été reconnus et forcés de rentrer
chacun daus leur lit. —'- Personne de raisonnable
ne doute d'é~eës' vérités , pas" même MM. Gorsas
et Camille- Desmoulins. On assure que le duc de
Brunswtck a écrit à ce dernier; pour le remercier
.au nom de tous les honnêtes .gens, des 6 dernières
lignes du discours qu'il a prononcé au club des
amis de la constitution. — Nous les ferons coq-
noitre quand les assassins seront muselés.
Errata du n°. 6 di hindi dernier.
Page *<}5 ligne 3o: et c'est un beau parleur
que M. Honore'- fQie, littz; et c'est un beau par
leur que mons Honori-COie.
N°' 4*' J$&& Maison de M. Savari,

Jeudi 9 Ao«. KVy; *w >

JOURNAL
DE LA COUR. ET1 DE LA VILLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.


LaFontaini.

1l est bien aisé d'accuser d'imperfection une


police , car toutes choses mortelles en sont plei
nes : il est bien aisé d'engendrer à un peuple le
mépris de ses anciennes observances, jamais homme
n'entreprint cela qu'il n'en vit à bout ; mais d'y
rétablir un meilleur état en place de Celui qu'on,
a ruiné , à ceci plusieurs se sont morfondus de
ceux qui l'avaient entreprins. Je fay peu de part
à ma prudence , de ma conduite : je me laisse
volontiers mener à l'ordre public du monde. Heu
reux peuple qui fait ce qu'on epmmande , mieux
que ceux qui commandent , sans se tourmanrer
des causes ; qui se laisse mollement rouler après
le roulement céleste, l'obéissance n'est jamais pure
ai tranquille en celui qui raisonne et qui plaide.
Essais de Montaigne, î'om. II. Edit. de Bruxelles,
M. DC. LV. Chap. XVII de la Préemption.

'Aussi-tôt que les commandans des troupes étran


gères ont eu connaissance du décret qui alloue
à leurs déserteurs une pension de 1o0 liy. ils ont
fait venir /es soldats les plus yitelhjg.ens de chaque
compagnie j, et après leur aTO.^âemqntré l'immo-
temelY. Année 17 9«. .• .- :.'.<>, q
(3i4)
ralîté et la scélératesse d'un pareil moyen , ils leur
ont fait le petit calcul suivant : on vous promet
ioo livres en assignats qui au moment actuel per
dent au moins 60 pour cent ^ reste donc 40 liv.
sur lesquelles ( si par hasard oh lespaye ) on vous
retiendra le quart, reste donc 3o liv. mais dans
un mois ces 3o liv. n'en vaudront certainement
pas i5 , et si la guerre dure seulement un an ,
ces t.5. liv. seront réduits à zéro : or , mes amis,
nous vous le demandons : un zéro vaut-il la peine
qu'on trahisse sa religion , sa patrie , son devoir,
son honneur, son souverain , son père et sa mère,
sa femme et ses enfans ; qu'on s'expose à une
mort infamante , et qu'on renonce aux avantages
comptons et sonnans que le droit de conquête
va vous procurer en France ? Et quand il n'y
aurait que le petit horloge , sa forme ronde vau
drait toujours mieux que la rondeur du zéro qu'on
vous promet.

La ville de Gray en Franche-Comté vient d'en


seigner à la Gazette Universelle un excellent moyen
pour anéantir les Jacobins et dont le rédacteur
se promet bien de profiter; c'est, dit la ville,
d'employer contre eux les armes de la justice et
de la raison. La découverte est véritablement im
portante , mais nous ne savons pas si la petite
sauce à la polonaise que les Russes ont employée
le 7 juillet, ne serait pas un moyen aussi prompt
et aussi efficace.

Notre confrère et ami le Rambler dit que le


peinrte David deshonore son. .talent, en le prosti
tuant à la cause jacobite ; mais notre confrère a
(3i5 )
encore bien de la bonté : pour déshonorer son
talent, il faudrait en avoir. Il ne faudrait pas piller
tous ses sujets, jusqu'à ses têtes et ses draperies,
dans les tableux du Poussin et de le Sueur \ il -ne
faudrait pas avoir une couleur fausse et un ton
de brique, comme dans la mort de Socrate et dans
le serment îles Horaces ; il ne faudrait pas faire des
contre-sens continuels : en un mot , il faudrait
avoir de l'imagination , du goût, de la composition,
du dessin, de la couleur, l'entente de la perspec
tive, et tout cela manque ici. Assurément, jamais
ce Pavid-là ne terrassera de Goliath.
■ JlJJfWlIll
Il s'est passé l'autre jour une scène assez plai
sante au milieu de l'assemblée ; les soi - disantes
femmes des patriotes empoisonnés à Soissons avec
du verre pilé , sont venues à la barre demander
justice de cet horrible attentat ; le président qui
venait de recevoir la nouvelle authentiqué de la
fausseté de cette histoire . en a fait part aux dame»
plaignantes ; mais comme elles avaient acheté leur
discours sous les charniers des Innocens , elles
n'ont pas voulu perdre leur argent , ni leurs peines ;
elles ont, bon gré malgré , débité,; leur lamenta
ble harangue comme Thom?s Diaforus , dans lit
comédie du Malade imaginaire.

Des fédérés , le bonnet rouge en tête , le sabre


nud à la main , ont toute la journée d'hier ar
raché la proclamation du roi , et insulte les ci
toyens qui s'occupaient à la lire. — Les postes de
gardes nationales les ont laissé laire en disant :
cous gémissons ; mais les tribunaux , les admi
nistrateurs, l'assemblée nationale elle-même pro
tègent ces excès et nous paralysent.
(3x6 )

Tous les gens de bien , et nous en particulier,


avons été enchantés d'apprendre que trois des
prisonniers d'Orléans étaient échappés des griffes
de l'inquisition nationale. Nous aimons bien mieux
Cet arrangement, que d'avoir eu à leur appliquer
les vers de la Henriade qui décrivent un événe
ment pareil à celui que ces messieurs ont évité.
iïoiredu , Varier , TARDIF, honorables victimes,
Vous n'êtes pas flétris par ce honteux trépas.
Manes trop généreux, vous n'en rougissez pas;
Vos noms toujours fameux vivront dans la mémoire,
•c.t qui meurt pour son roi, meurt toujours avec gloire.
Heureusement ces messieurs ne mourront point,
ils vivront peur leur roi , ainsi que tous les hon
nêtes gens et les gens de bien de France , et de
tout l'univers.

MODES.
Nos meilleurs marchandes - modistes étant émi
gres pour aller visiter à Coblentz , leurs anciennes
pratiques n ont laissé à Paris que des fagotièns
qui ont si peu de gofk, que nos élégantes sont
obhgeesde faire venir les modes des villes de pro
vince ; c est de-là qu'est venue celle des bonnets,
rubans et fleurs jaunes dont elles raffolent, et
quon appelle au teint de la constitution.
Article envoyé par un petit maître.

( On assure que les soldats français vont envoyer


a l assemblee une adresse énergique , pour lui ie-
( 3i7 \
présenter la singularité qu'il y a a donner cent
livres de pension aux déserteurs étrangers, tandis
qu'on ne donnera rien aux braves français qui
servent fidèlement les jacobins. C'est donc à dire,
messieurs , ( dira la pétition ) qu'on doit trahir tous
ses devoirs pour mériter vos bontés, et qu'il faut
être brigand , scélérat ou déserteur, pour vous
plaire ? Oh bien ! nous vous plairons, vous, pouvez
en être assurés l

Histoire d'Angleterre , depuis Fourniment de Jacques Lt juitu'A


la revolution ; par Catherine MacAuhfl Grcham \ traduite en français par
MIRABEAU ; précédée d'un précis de toute Ckistoire /CAnileterre jus-
•«'à ravinement de Jacques)., par M chez GA.TTEY , libraire
au Palais-Royal. J792. Toni. 3, 4 et 5 in-8°. , broché
L'histoire .d.'Angleteire , depuis l'avènement de Jacques I, Jusqu'à
la revolution qui a mis la maison d'Hanovre sur le trône bri
tannique , est la sphère dans laquelle s'était ureomerite Catherine
AfacAtilay. Grakam. la traduction 'de cette portion d'histoire pat
le célèbre Mirabeau a fait' ' rérictter que cet ouvrage fût renferme'
dans un espace si coiirt , et a fait universellement desirer un prteis
préliiE inaire, des tvénemens précédens , principalement de ceux
qui étaient les plus prochains de la nouvelle dynastie. Cette tâche
eit très■bien remplie par Ptciivain qui s'est chargé de con.plctter
celle sur laquelle a opéré Mirabeau. Il a sur lui. l'avantage de
traiter des événemeps tout autrement intéressans et curieux que
ceux que Catherine Mai-Aulay tirakam. Jetait proposé de décrire.
Il en prend occasion de saisir de grands détails , et de présenter
de riches apperçus ; témoin Vtïui.ci qui nous a paru vigoureusement
crayonne: ,, A un roi qui tenait son sceptre de- Dieu ,- succède
un usurpateur fanatique qui, également., regne au nom de -Dieu,
A l'exemple du roi qu'il remplace N Cromvell se fait un jeu de
dissoudre les parlement. Il chasse , et le...parlement qui fit sou élé
vation, et celui qu'il crea lui-même , et tous ceux qui refusent de
se prêter à ses vues ; il règne en despote, et fans parlement,
sur ce même peuple qui détrôna.' Gha'rles pour avoir, essayé de s'en
passer , sur ce peuple qui semble n'avoir épuisé ses forces pour
échapper à la tjrannie du premier , que pour tomber sans dé
fense sous le joug du second. Enfin Cromvtll en abattant tous
les partis pour faire dominer le sien, donna la paix À la nation
entiere. Pendant ce sommeil de la liberté , elle reprend assez de
forces pour détruire apres lui le protectorat , pour rappeller les
Smart», et pour les chauer encore- une fois du trône, &c*
( 5,8 )

Les Autrichiens, d'après toutes les loix de la


guerre, traitent un peu sévèrement les habitans et
bourgeois qu'ils prennent les armes à la main.
Là-dessus, l'assemblée a décrété qu'elle traiterait
les généraux ennemis , comme ils traiteraient noi
patriotes. Mais, l'assemblée s'imagine donc qu'elle
prendra par milliers de ces généraux ennemis -, et
oublie-t-elle que les ennemis pourront aussi prendre
quelques-uns de nos généraux jacobites ?

Les membres du département de Paris qui vien


nent à'émigrtr lâchement de leurs postes pour ne
plus courir les risques de soutenir le roi qui les
a soutenus envers et contre tous les scélérats,
vont être traités comme ils le méritent, par l'as-
sembhie nationale , qui va décreter la confiscation
et la vente de leurs biens. '.'
N. B. — Puisqu'on a confisqué ceux des aristo
crates , qui pour se sauver des poignards des
assassins , sont sortis de France , à plus forte raison
l'assemblée doit-elle confisquer ceux des patriotes
qui désertent les postes ' que le peuple leur a>
confies et sur-tout lorsque ce même peuple est
en danger.

N. D. R. — Sollicités par plusieurs amis-du-roi,


nous avons mis aux trousses de madame de Coppan
tous nos grisons pour savoir positivement ce qu'elle
fait , et surtout ce qu'elle dit , et par ce moyen
être à même de détruire , avec connaissance de cause,
toutes les cailleteries patriotiques qu'on lui prête .
( 3ig)

Oa dit que le duc de Brunswick a assuré que


les Anglais signifieraient au gouvernement français
leur coalition avec les puissances de l'Europe ,
lorsqu'ils sauront qu'il est à Reims avec sou année.

Si l'on veut connaître Tame de ce prince que


la lie de quelques sections de Paris rtfuse de
reconnaître pour son Roi, qu'un Petion a l'insolence
de représenter à la barre comme un traître , comme
un scélérat ; qu'on en juge par le trait suivant
que nous garantissons de la plus exacte vérité.
Achille Duchâttlet a eu le gras de la jambe em
porté d'un boulet de canon. 11 desire d'être trans
porté à Paris ; M. Rœderer a prié M. l'intendant
de la liste civile de lui procurer une litière du
roi. M. de Laporte ayant pris les ordres de sa ma
jesté à cet effet, le roi a répondu : »» Faites en
choisir une commode et bien douce avec les meil
leurs mulets , et envoyez la lui sur le champ. Ce
n'est pas que j'ignore le placard signé de lui ,
qu'il fit afficher contre moi l'an passé au mois de
juin ; j'en ai même une copie dans ma poche
et la voilà ; mais il est homme , il souffre , il
est malheureux ; je ne vois plus autre chose et
j'oublie tout. »> On pourrait citer mille traits de
cette espèce. Malheureux français ! ouvrez les yeux,
et reconnaissez votre roi.

On mande de Soissons le trait suivant comme


une preuve de la bonne conduite de nos armées :
une douzaine de nos patriotes volans s'étaient
perchés sur un prunier et s^y raffraichissaieut de
f 320 )
leur mieux ; tout-à-coup un caporal qui depuis
long tcms les regardait taire , s'écria qu'il était in
digne de ravager ainsi les propriétés d'auttui ; aussi
tôt les vendangeuis ont cessé leur ouvragé , ils
sont descendus de l'arbre , et ont bien prouvé
par là , dit la narration , qu'ils ne veulent pas
voler à la frontière pour des pwiries.

Petit dialogue entre un vrai soldat et un soldé


à quinze.
Qjuoi ! c'estpour voir hurler, rugir, se mordre à l'aise,
Sur leurs trônes sanglans , sept cents lâches ligueurs ,
Que je résisterais aux généreux vainqueurs
Qui viennent rendre enfin son sceptre àLouis seize,
Et sauver les français de nouvelles horreurs !
Pour avoir trop à dire — il faut que je me taise.
— Mais si l'on assiégeait ta ville de Falaise ,
Ne combattrais-tu pas ces germains captureurs ?
— Au dontraire , ne te déplaise.
— Et tu ne vois donc pas en eux les destructeurs
'De notre liberté française?
— Non certes , je n'y vois .que des libérateurs
Que tous les viais français courront embrasser d'aise.
•WSSSSSaBSM»—

Errata du N°. d'hier.


A lapage du titre, vers 17 , vous travaillez , lisez :
tous travailliez.
Pag. 3o6,lig. 17 et 18, Episoohé, lis. Epizootie.
Page 307 , lignes .27 et 28 , champ de mort des
ouvrages du Missipipi , lisez : chant de mort des
sauvages du Mississipi.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour et tic la Ville , dent le Bureau


est rue muve Saint-Marc , JVJ. 7 , au coin de la rue Favart f place de la
comédie Italienne. Le prix de ^abonnement cil pour un mon , de 3 liv. pour
tarit , tl de S liv. 1 S tels pour la province , franc de ptrt.
-«m M. Durechir tut d'un
/^ft?^ coup defusil , par-dcr-
Vendredi so Aoât. 5W?jWin.

JOURNAL '
DE LA COUR ET DE LA VILLE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malin.
L A Fo H T AI NI.

Qu'est-ce aujourd'hui que Paris ( disait la satyre


ménippéé dans un tems semblable a celui où nous
vivons) sinon qu'un brigandage, qu'une volerie,
qu'un coupe-gorge , qu'une spelonque à larrons T
Quelle pitié , seigneur Dieu , de voir aujour
d'hui cette grande ville qui a été autrefois le miroir
de dévotion, en laquelle non seulement les fran-
çeîs , mais les rois mêmes et princes étrangers
s'accordaient de leurs différends comme au lieu
du monde où il y avait plus d'intégrité, d'érudi
tion et de justice, être maintenant l'azile des
larrons, le receptacle de toute impiété, le refuge
de toutes sortes de désespérés et l'abomination
de tous les peuples de l'Europe ?
Je ne veux point de plus certain et infaillible
signe de notre prochaine ruine que ceux-là, et
ne veus empêcheront pas vos nouveaux officiers ,
gens de votre humeur et forgés à votre coin , que
ne donniez du nez en terre ; au contraire ce seront
eux qui avanceront votre malheur, vous vendront
pour s'échapper. Ou s'ils ne voyent pas de moyen
de venir à bord , ils vous tiendront par le pied
comme celui qui se noyé , et si vous ne vous
tirez pas de leurs mains , ils vous feront périt
avec eux.
La suitt i demain.
Tenu IT. Année 179s. Ri
(3*2 )

On dit que le fameux Vfsiris fut arrêté hier


à une bamère par une patrouille de patriotes ;
il se rendait à-sa maison de campagne où il avait
sinvité plusieurs de ses amis à dîner; les difficultés
qu'on lui fit pour le laisser passer l'impatientèrent
au point que s'élançant de dedans son cabriolet,
il sauta en faisant un entrechat par dessus la pa
trouille et en |trois sauts il disparut , et laissa le
détachement tout ébaubi , la bouche béante , et
le doigt, sur la gachette. ' „

Monsieur Du-mou-riés qui n'agissait à Paris qu'ins


piré par les étoiles des jacoquins , n'agit sur les
frontières que lorsqu'il est excité par les demoi
selles Fenil qui combattent jour et nuit à ses
côtés , habillées en amazones et cuirassées avec
une forte rame d'assignats , des six millions ea
question.

Tous les militaires ont admiré le rapport qu'a


fait le général Arthur Dillon de ses opérations
guerrières : un retranchement de deux 'lieues de
long occupé par trente Autrichiens , leur a paru
le chef-d'œuvre de l'art ; la victoire que son lieu
tenant Richardot a remporté sur ces. .tr^fcte hommes,
a aussi beaucoup étonné les connaisseurs : il faut
que ce héros soit descendu du fameux Rickard't
qui était le Dom- Guichotie de son unis . et dont
on a célébré les belles actions par un pcëme épi
que : si nos généraux continuent à se distinguer
ainsi par des actions d'éclat . il faudra leur appli
quer ce quHmri IV disait du maréchal de Biron,
le guillotiné : il joue très-bien, mais il fait nés-
mal ses parties.
( 3*3 )

L'entrepreneur d'un nouveau bal public, a *rs


en dehors de sa salle un transparent de toile sur
lequel on lit : ,
La Patrie est en danger.
Bal public et national.

Nous avons lu dans quelques journaux une


lettre de M. Morizot , qui s'offre à servir de dé
fenseur officieux au roi et à la reine , en cas que
rassemblée, veuille leur faire faire leur procès :
nous rendons certainement justice aux bonnes in»
tentions de M. Morizot , mais nous ne pouvons'
nous empêcher de lui faire observer que sa pro
position est un espèce d'aveu que l'assemblée
pourrait avoir le droit de se porter à cette dé
marche aussi atroce que folle et ridicule : d'ail
leurs il n'est point nécessaire de dicter de réponse
à sa majesté , elle les trouvera dans les commen
taires de César. Ce grand homme se trouvait un
jour , seul , entre les mains d'une troupe de Gau
lois , peuple ( alors'i féroce et barbare, qui l'uv
jultèrent et le menacèrent de le faire mourir: bri
gands , leur répondit César v avant qu'il soit huit
jours , je vous ferai tous pendre : et ce qu'il y
eut de meilleur, dit l'histoire . c'est qu'il leur tint
exactement parole.

Le décret des cent livres dans l'ordre d'admi


nistration est une dilapidation criminelle des fi
nances , au préjudice de la nation et de ses créan
ciers. Dans Tordre politique il est une abomina
tion. C'est la première fois qu'une puissance a osé
( 324 y
provoquer par un traitement la désertion dans le*
armées des puissances étrangères à qui d'ailleurs
«lie a elle même déclaré la guerre.
Pauvre France ! A quelles mains ton honneur
e*il confié , et comme tes méneurs te traînent
journellement dans l'opprobre et dans l'ignominie !

Les aboyeurs du soir annonçaient à grands cris,


mercredi, une grande victoire emportée par les
patriotes sur les autrichiens; aussi - tôt le tendre
intérêt que nous prenons aux jacobins nous a dé
cidés à acheter ce journal ; nous l'avons- parcouru
avec une douce émotian; mais oh douleur!;... au
lieu de cette victoire emportée que nous espérions
y trouver, nous y avons vu que les autrichiens
avoient passé le Rhin et avoient chassé d'un poste
ttès-important trois mille braves patriotes , avec
une assez grosse perte; ensorte que pour la ving
tiême fois, les autrichiens ont encore été la ra
quette , et nos patriotes ont été les volans , et
qu'ils ont été poussés lestement jusqu'à Landau,
avec la victoire qu'ils avoient emportée.

Voilà donc le général Lafajette , devenu en dépit


des jacobins , pour le moins aussi blanc que son
cheval; il est à souhaiter pour lui que les savo-
nettes du duc de Brunswick lui soient aussi favorables
que celles de ses amis les feuillans de l'assemblée ;
mais ces savonettes sont d'une composition si dure
et si corrosive, qu'il est bien à craindre qu'elles
n'enlèvent la pièce avec les taches.

Il est très-eertain et très positif que les ambas


sadeurs de- toutes ks puissances AMIES , entr'au-
( 3a5 )
très celui d'Angleterre , ont déclaré positivement
au comité , que si on prononçait la déchéance du
roi , ils partiraient sur-le champ sans prendre congé.
Le département de Rouen a aussi très-énergique-
ment signifié qu'il cesserait de reconnaître l'as-
temblée , et qu'il la déclarerait dissoute : de plus,
tout ce qu'il y a de députés attachés à leur honneur,
à leur devoir et aux loix , sont décidés à protester
contre le décret » et même à se constituer en as-
lemblée législative, qui déclarera traîtres à la patrie,
et criminels de lèse majesté tous ceux qui auraient
la criminelle audace de voter pour la déchéance
du roi : mais nous n'approuvons point ces diffé
rentes résolutions : de quoi se mêlent tous ces
messieurs ? Pourquoi veulent-ils empêcher ce dé
cret ? Une sottise de cette force serait un Pérou,
qui vaudrait mieux que toutes les armées étran
gères.

Un député Breton , impatienté de toutes les


charlataneries que l'assemblée fait faire pour entre
tenir l'engourdissement du pauvre peuple , monta
à la Montaigne dimanche , après une défilade de
sans-culottes , et fit d'une voix de Stantor les com-
mandemens EN JOUE — FEU. — Ses confrères
lui demandèrent s'il était fou, il leur répondit : —
Je viens de faire un commandement qui , avant
peu , s'exécutera réellement dans ce local, si vous
continuez à braver et à vous moquer de la patience
des honnêtes gens.

Un grand nombre de traiteurs et restaurateurs


de Paris , connaissant le goût singulier des alle
mands pour un certain mets qu'on appelle choux-
croutc et qui se fait avec des choux , viennent
( 3*6 )
de faire des provisions considérables de ce légume ;
voilà la raison pour laquelle il a si fort renchéri
depuis la déclaration du duc de Brunswick.

Jacobins , lundi 6 août.


Cttte séance a eté presqu'entièrement occupée par le» dure*
vérités de M. Real» qui, pour appuyer la pétition de la section de
Maocohseil ,^et applanir les difficultés qu'elle a laissé à' résoudre,
offre des moyens , qui , selon lui , ne laissent rien a désirer.- En-
tr'autres mouvemens oratoires , il s'ecrie : " Un homme de bien
connu aujourd'hui , d'André, soutenait qu'un voile de pudeur politioue ,
s'opposait, à ce que Louis XVI lût juge, et l'assemblée constituante ,
tviyit dam Cor de la liste civile , sacrifia sans pudeur à cette pudeur
politique qui tourmentait M. d'Andre. „
Il faut dire à la louange de M. Seal qu'il ne s'est pas noyé dan»
l'or de la liste civile : on doute même qu'il ait jamais a se plaindre
d'avoir refusé la plus petite goutte de cet or fugitif ; mais on peut
demander a M. Rial, banqueroute. , fils d'un garde-chasse noyé
dans la misère avant la révolution , où il a pris les cinquante
rutiie livres qu(il a remboursées le 14 juillet dernier à Madame De
Ftvf... , propriétaire d'un périileux co itrat de pareille somme,
dont il était débiteur. Tout ce qu'oa sait du commerce de M'
Eéat , c'est qu'en avril et mai dernier , il avait porté dan» le
Brabant avec son associé Chepy , une pacotille de cocardes tricolores.
. . . Veila une verité douce pour M. Cképy , niais un peu dure à
ceux qui un jour «n payeront les Irais.
Madame Robert avec son petit couteau a occupé avec un grand
Interêt le reste de la séance , trois hommes l'avaient insultée , et
svee un rouleau de gravures et son petit couteau .... Heureu
sement pour eux ces insoletis avaient des culottes, ce signe de
réprobation a fait leur salut , car à peine Madame Robert , qui les
a en liorreur , a-t-elle eu fait un geste, que ces trois honnetes
gens effrayés se sont sauvés comme s'ils eussent vu le diable.
Madjine Robert se propose de lever une phalange dé . femmes
qui n'auront pour armes que des petits couteaux ,-et pour tactique
que ses grimaces. ' • "

Chaque jour est un jour de crise pour notre


infortuné monarque. Tandis qu'on couvre toutes
les murailles , et même les portes de palais , et
les arbres de soa jardin de placards abominables
( 3s7 )
contre lut , qu'on déchire ses sages et tendres
proclamations , qu'on admet aux honneurs de ta
séance tous les pétitionnaires qui portent des
vœux contre lui , on fait courir à chaque ins
tant des bruits absurdes sur ses projets. On le
prive de la seule consolation des malheureux,
celle d'oublier un moment leurs infortunes par le
sommeil. Il passe presque toutes les nuits debout,
dévoré de chagrin d'être méconnu de son peuple,
tantôt pour veiller à sa propre sûreté , tantôt pour
satisfaire aux caprices des factieux. Ces jours der
niers, tandis qu'il goûtait un moment de repos,
il lut réveillé par des cris affreux qui partaient
de tous côtés. On avait répandu le bruit qu'il
s'était sauvé, déguisé en capucin, et la popu
lace effrénée demandait qu'il se montrât. Son cou
rage intrépide le portait à céder à ces instances ;
mais les personnes qui l'entouraient lui firent
sxntir le danger de se présenter dans la nuit à
des factieux qui pourraient avoir des projets si
nistres. Les officiers de garde eurent beau dire au
peuple que le roi était dans le château , ils n'en
voulait rien croire ; on prit le parti de faire venir
des officiers municipaux qui eurent de la peine
à appaiser ce tumulte en attestant la présence du
roi. Le lendemain on entendit hurler dans tout
Paris la grande arieitntion du rvi qui Juyait des
Tuileries , et cette fable débitée encore dans les
fauxbourgs sera propagée malignement dans les
provinces par l'infâme secte jacobitc pour ajouter
à la rage qu'elle a inspirée contre le meilleur des
rois.

Les journaux patriotes se plaignent amèrement


de ce que nos soldats volontaires et autres, qui
abandonnent l'armée, ne le font jamais les mains
Tuides , c'est-à-dire , qu'ils emportent toujours
( 3.8 )
quelque chose appartenant à li nation où à leurs
ca:tiaiades : pour nous , rien ne nous parait plus
nr.iurel ni plus conséquent que cette conduite;
o.i a enrôle ces braves défenseurs de la patrie
pour voler à la frontière , et ils se conforment à
la lettre aux termts de leur engagement.

La chasse aux ongles.


Certain actif en révolution,
Avec ses pairs grouppé sur une pierre.
Voyait passer la fédération.
Pendant «a récréation ,
( Chacun la prend à sa manière )
Mon croquant au moindre suçon ,
Du collet jusqu'au caleçon ,
Déclarait la petite guerre
Al'insecte importunqu'il broyait comme un verre,
Pour réprimer son insurrection.
Puis avec sa voix de tonnerre ,
Avec sa voix de motion ,
A chaque insurgent mis par terre
Mon civique criait : vive la nation !

On vient , dit-on , de poser des sentinelles aux


barrières de Paris , pour empêcher l'entrée de
cette «capitale aux autrichiens et aux prussiens;
nous connoissons assez ces bons allemands pour
être persuadés qu'ils respecteront cette consigne.

Dt l'In. "inerie du Journal de la Cour et de la Ville , dent le Bmia


ut rue neuve Saint-Marc , JVB. 7 , au cein de la nie Favori , place di la
eomédie Malienne, Le pria de V abonnement est pour un mets , de i lia. piui
t tli J liv, li uhpiur Uprtvinct, franc départ.

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