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I
N.o i.

JOURNAL
de la Cour et de la Ville.

Touc faiseur de Journal doit tribut au malin


La Fontaine,
•• "
Du Mardi i.er Mars I791.
. t. ■ • -. . ... :. '
Chanson.
Ah! le superbe serment",
Comme à Rome on n'en voit guètes! .
Ah , le superbtf serment ,
S'il ctoit fait autrement'.
' .. v consulter Saint Mathieu, t . t;. ■
jOh Çur,é dans la trib.une,
Renîia le fils de Dieu - ,
Pour ie bien de la commune. Ah ! le , $íc.
Dq jacobirc tripot ,
CJçst la volonté suprême:
1 '•' ïeut-être il faudra bientôt
Jilrer sur l'alcoran même. Ah! le,3cc ■ . "
De ceux qui jurent la loi,
Fatu-:.l blâmer la conduite?
Hélas! en perdant -la foi.
On fauve au moins fa marmite.
Ah! le superbe. fcïment, &c.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du %S Février.
j/V^RP-S les débats les plus violens, la grande question fut
les émigrans a été ajournée à huitaine.
Tome II. Année 175»!. A
.T .i - i Y '.YARhÉTÉS. a .s v ;i
—' * Lundi ,- à t heures du soir.
' II se forme des attroupemcns immenses au palais-royal ,
daiis' lesquels on remarque beaucoup plus de femmes que
cThommes7*La fermentation est excessive On rappelle dans
toutes les rues de Paris. .Plutìcurs bataillons, alvec zj pieces
de canons , se sont mis en marche pour Vmcennes , assiégé
pat une armée de brigands,,, t Y i
■ mini IIIMi ' illl ni" , , .<
l , " '* *
M. de Court de la :Tonnellc J-Américain , ancien' mili
taire , chevalier de í>aim-£.onis , & qui jouit d'une répu
tation irréprochable , ;i été: arrêté :hk'r marin, au château
des Tuileries : 1-; peuple pombreux qui s'y -trouvoit alors ,
faisant foule , 1 habit de M1.' dé , Çtmrt , presse par fa 'foule,
s'étant enti'ouvert , a lakre" àppcrcçvoir un couteaa-de-
chasse qu'il porte toujo'tirs for-loV, depuis pfus'd'in an:
ce eouteàii' véwnt! plus petit qúe-tcnx usités', lé -peuple
s'est écrié: c'est un sec k-rat qui veut' assassiner la reine, U
faut l'atréter ; heureuseméijvJa garde l'a arraché des, mains
de la populace; il a été cbndpk au district des .Feuiilans ,
& de-là à Phòtel de-ville. Ah! qu'il est cruel ,p0tir un
homme d'honneur qu'on fau être dévoué fans réserve à
son roi & à fa patrie , de Me voir soupçonné d'un crime
qui ne pouvoit íortir que du repaire impur ou. une horde
impie de Ravaillacs &: de Dainicns fait entendre tpus les
jours ses affreux íìissçaa.'ïst'j ! , Jl ;;( ■ . .. .t
—nniiHs fJ^WfiE^WBM—a———— ' *.
fcesTdijBX" évêques in partîbùs , faires jeudi dernier^à la
là'crêdTeu , ont été pronvncs daní les rues , comme on pro
mène le bueuí-gras. —íPour se conformer au sens de la ré
volution, &. à l'humilicé de la primicive iglife, ils n'avouent
fjour, décoration qu'une (ytipU; croix de bois. Une dés, daTrjes
de la halle voyant .ce grotesque cortège, dit jìrtitîé de ses
esfliarades .- «Commère, tout ca n'est pas du bon-chrétien >>.
Xi
' * X1

Ce qui prouve que les assemblées des Sections rie font


p'us formées que de l'ecume dçs citoyens, c'est qu'elles ont.
la baiieliè d'envoyer des députations an club des Jacobins t
Aoht elles rie devi oient- .pas méme recevoir des députés.

Enfin, l'assemblée isa pas youju.dooner riri C°uj> de caníí


■ à la déclaration des droits.de Oiomme.;: le tÍLoi a fane-
t ionisé avec joie' 'le uièç'reti >qui pprmatî.à f<fs, jattes d'user de
la liberté locomotive que nous tenons .de la nature. L'on a
cherche par-tout le comte Louis de Nakb.... ; pour le trou
ver plus suremeijf '^oír¥^kís<Sll?t' "M'ad.* *d"e St.... , & on
l'a demandé de ,1a fWb&\y-Jtàn£ç tstari. ar;fiçp9ndu, qn'e sa
chaste moitié. ivenoit: départit avjec:rle^ri)icei jajj^i^jf^c le re-
cottduisoit jusqu'à V>.11ç uifjja»!, .moins,, ,îjt,|pup.qa'ofy.dise
qu'on ne. fait plvwaijHvríiQfJiiai,<1harg^,J^ C|iey»;df JÍìrb....
ck.iéparer.au plutôt \'m&^Un^4^^:l^fip , ^,'dîappotter
cn diligence le. de£rçi, ^u^çtenflettt ^çsdaraii^vfiç jtant je
d'impatience. On peat comptes f^:,s9n,zèlc, .ço(n,;,.JyS;tautes
dctepi JRoi. x«s> -Jif, rì'yjq aih{ insjy ahtioì >.
- 'LiífisUji nui Hmù}.,!'jf!S\ \ìu fb'a • imo'.lb'.
In-promptu a \Uk W^í.M^Áàmi. Wafyuitrs âc
ohm íh h ^Bruxelles.
' »mii Avec de si divins attraits, . ,-, , ... .-: .■■
Poarriez-vous être démocrate? ' ..j , - ,
' Puisque nous sommes vos sujets,
Vous êtes donc aristocrate ?
Le Chevalier de Meude-Monpas;

~..;Jç,Visois h'er .votre journal dans une société » lorsque j'eus


lu la question ainsi conçue , pa|'.' 43 3 : on demande, st lois-',
que le Roi remontera sur le .trône, M. Dub .. de Cr.....
St autres, honnêtes gens. comme lui, oseront: p.orter^la.croi»
(4 r
de Saint-Louis ? un ancien militaire , décoté Ini-mcme de
e« ordre , mais ávec grande justice , répondt arec in
dignation • non , fans doute, ils tic poitetont phis la eioix ;
«'est la croix qui les portera.

. On a reçu hier une lettre d'Ypres , qui annonce que dans


les environs de cette ville , il y a une atmee de 6 j mille
hommes , & qu'on attend encore un renfort considérable.

Un bon chrétien, dans fa jeunesse, ^


Privé de l'un des sácremcns ,
De rJarens trop ìndísscrens
Voulut réparer la paresse.
Dofic , pour la confirmation t .
A certain évêque on l'adresse ,
(Prélat de la derniere espèce ,
Et crosse par la natiun ).
Pour completter sa mission ,
Le saisit • rrbmrae àlròit à Ht suhë.
Pour que la grâce cùt sofi effet ,
L'affubler du petit soufflet.', .
Alte-là , c!k le néophite;
Car un vertigo me prendroit .,
Et la riposte iroit ttop vite, , •

Aux m Auteurs du Journal.


Jé ilèTis d'entendre avec plaisir h- réponse énergique Je
dcrVïbTavès' gardes hàtionnu* à un de leurs camarades, éga-
feme'ht Volontaire, qui se £laignoit Hier en termes três-
aífecefis, dàtìs. là cour du palais- des Tuileries y de ce qtt'ife
étoient obligés de faire la garde du Roi. Je vous prîe ,
monsieur , de prévenir nos frères de la garde nationale
parisienne , que , s'il fc trouve ainsi des raécontens dans
son sein , les braves Brétons s'ofítent à venir les rem
placer rous autant qu'il y en aura., & , s'il en est besoin,
nous sommes ici plusieurs fédérés qui en prcseineront une
soumission souscrite par vingt mille de leurs compatriotes.
Signé , Du parc.
Paris, 13 févticr 179Ì.

Quelques artistes s'étant évertués à composer des plans


* dessins pour la construction d'un Pandemonium , o«
palais national , un bel, esprit s'est donné aussi la torturé ,
p'òur imaginer une inscription propre à cri orner le fron
tispice. Comme le mérite de ces sortes de pieecs , consisté
dans la vérité & la brièveté , l'aureur croit n'avoir rien
négligé pour remplir ^e double objet.
Nous rinférons ici, pour tàtér le goût des amateurs.
Triïot traître a tretous, a tous a tout ÔTÉ ( l ).

Le département de Paris a le projet de faire saurcr la


municipalité, d'en faite élire une autre, ou de la remplacer
lui-même, jusqu'à la fin de la première législature. II fera
.ensuite .-rborér constamment le drapeau rouge,, & donnera
órdre à la garde so'déè & r.on-soldee de tirer sur tous lei
attrouperhens qui pourront se former , fan? attendre qu'on
leur commande. Le côté gauche de l'aíTemblée nationale
profitera de la terreur que ces mesure? i ispifront , pour
achever de dépouiller le Roi de son autorité, & peut-être
pour fairé pis. Alors les enratçés immoleront les victimes
a leur choix ; alors le despotisme le plus violent fera èiètcé.

(ï) On a préféré la coupe du vers alexandrin, corhrrié


plus majestueux & plus ronflant à l'oreille.


( i>
Cefpsrt-Ià les- résolatíoiis prises dans le pçiit çpfni^^ du clnh
4» jacobin; , qui se' tient à, la chancellerie de M, le duc
ePOriéáns, Çc comité est compote des membres les plus
factieux de l'aíscmblce nation-aï; -, & de jquelcjucfc-HOs de ceu*
da dçpartsmgjK. MuÍA£;. , ,t jes, <feu* Lame.. , Ja
é&ç »'Çv.!rTy. .en.Jopt ^foffst *fi.9j(V,a j'Cji .de ftoirç .cu'íls
-Jetant ftommef. .ce dcrmçr ^îutçriaruj-géjBï'ral .tíu. foyaurruv
Ça projet est, certain , 3c Jojf avoir les plus affreuses con-
fcgpfiíçres... fwit, -icas les Français <jui ; aiment .b véritable
tflptièb 'tj£ -réfft>4 i il!*r8M»t flu. pl^ôt le papier avec pto-
ííífQti. J(pp^. .ioiijtvc k peuple contre jc Roi, U $"in£ &
fç^jnceWcçBÇte )? municipalité, comte le, brave M. de
Çook w^jnçnjfr' ' Une citjcut* dans lac açjjs íçs ofiìc'ers,-»Tiu-
flíeípsift r^tffgf-t pp^rtip. massacres.», ,seiyità„de > pjjjcTIiç
^[^de^tes,,^^] {cn^ur?. toute l'autotjté entre les rnairi^
i . ^êj^rtjrrrrçpft,. Jq ^«f r^çf.é, ce projç^çst /do^toufe cetti-r
n^njÇf,,roímç1,^œii|Çe va,, tesolii de iaire ^envojefi .Mj dç
ÍCíXïìiosífì , & M , de Fi.6UiîjEU. Il,y a-dcs,griets>corifrei

•IOUÍ.
Trait de chaleur de la fille du plus iriïttiî
f.*c; :■>'■ ïiodíim-ji. m -• lits' ■ • » ' *y r.' sí< r ! .« ./?

Tout le monde sa>ç eue la^fayante baronne de Stae...


tîífficile à avoir, parce qu'elle est impossible à désirer, avoit •
Mot pcnirsuivi de «tcur Sc d'esprit le .cófnte Louis 4e N&rB...«
34'íl avoir enfiji succombé sou ., ses mortelles «aresscS, 8fc'quc
epuís .six, mois , il vivoíx. anéanti dans. ses-ÏTYCurs. Ce pau
vre bel esprit ,■ chevalier d.'hooníufy'iìok.ucmeBt:, de mes
dames , avoir été si accable de fa benne fournie , cu'íl cil
avoit oublié son roi, íar>aiílànc?..,& raéme soh ambition./.IX
.fe consuoiôi; insensiblement daôs les bras de k VASrE €S>
Wevoisk, quand 1c dépare des augnst.es pi iecelì es rcveiU»-
K>ut-à-couj> soo ,eírrit.'£i ÍGn ame. I) -sentit-^u'çn cestanc
fidèle au sang de son maître , il se deroboit à.4a-tois aux
careMes de son 'bourreau , & à Pestírrie de ses «rais , & ál
■fraÉKa d',uní si belle occasion. Ii leur /lénifia Joue íi
fuite, Sp la tefolur au pér^l pirne de ton ) atriotísrae, J^a
fensibe .Baronne •essaya d'ahqrd de iç retenir pat ses lar
ges & fon désespoir s niais plus elic se, déployoít , moioí
«Ile le touchpir: elle you lut enfuite soulever contre œfs-
.dames , wjus se? .arríans du faubourg i'aiiat-Ántoìne : triais
.ïien ne réussissant , elle prit wn.pani aussi ingénieux .que
Jiardi , Sí dont le plus reirire amour. ne s'etoit jamais ayift';
.elle gagna le porte-manteau des princesses , charge des íjW
( prcts,du départ.; glîc le séduisit. aísemciit, eu lui .parlant peu &
•cnUiî cachant tous ses charrues ,& il exécuta tout 'ce qu'elle
;Voullri:'e}jlesé fit: donc placer cornnie vACíiF.'sur l'irnpciiaie â»
carrosse, Comme tout est vr.íde cneíleyon la chargea aisément
4é t<ms'"Jcs cífits de .soa amant., & cllç le suiyit , la jjofe
dans l'arhe ', se trouvant1 au -dessus .4^ lui , poi]t 3a première
fois. Mais il v çtòìi ^cíit ijue Jant d'ardeur n abóútíróit %
lien. Mesdames furent arrêtées dc fbuinécs à Morct , felo»
l'usage Si. les besoins des municijalités du royaume, L'in-
fortunée Stac.'.., comme prinçIpa^paquet/ftitVisitce impí-
toyab1erhcrir','& le comité des rc'cí«r'chcs de ì'cùdíoit af
fectant de lu'ì trouver figure humaine , confisqua la VÁ-
'CHÉ, Sc la' -renvoya à Paris , où elle cil restée canuse
píecé perdante, au procès- verbal .de l'arrestatíou de flíef»
dáriíes. , ■ .;, ' \.
N. B. La rage de la pauvre baronne s'est encore toucaís
spatre so* cher fugitif , car çlleí.ui édit trois ibis la sernaic»,

Jeudi dernier , au Wauxball , ace femme jeune & Jolie


se fit d'autant plus remarquer , qu'on ne voit guères ctue
les laides SC les vieille? arborer les trois couleurs. Eile avoii ,
fans s'en douter , ce signal de la dtstioevatie ii fa coéftur^
Elle s'apperçut qu'on ì'obfcrvoit , ~Sc en lui apprit í'e q.iá
fixoii 1'atMnrion surcije. A l'mstaftt, clic le décc.ëfìe, #f jae
conserve que l:s plumes. Elle continue de se prominer lies
ayant à la main. Tout le moTídc apphudit à fa juste col«e
contre fa démoevate «narchaodç de «iodes, Sc 1» troeya
«ent fois plus belle.
II est des gens mal-intentionnés qui cherchent toujours
des ridicules aux personnes les flus irréprochables. Tels sont
ceux qui font un tort à l'incomparable fille du baron de
Copet , d'avoir été au bal le lendemain du départ de soa
sigítbé. Hs ne savent donc ras , que , toute occupée de tes
regrets , dan.; les entr'actes de la danse , elle ne faisoit que
murmurer à mi-voix , sans doute par pressentiment : quand
le BIEN-AIMÉ reviendra, & qu'en honneur de son sou
venir , ne pouvant supporter le vuide affreux et im
mense qu'elle éprouvoit , elle fit choix , dès h: soir même,
pour capitaine de remplacement , d'un citoyen actif, que le
bien-aimé trouva tout instau.é; maïs celui-ci, ayant peur
du revenant, lui céda la place, en demandant grâce en
faveur de l'obscurite , pour une erreur nocturne, que le j ©ut
auroit rendue inexcusable.

JLes vieilles habitudes ont bien de la peine à se déraciner...;


Ujer le patriote Vicròk Broc & le nouvel évêque
J/íaro..., au sortir de l'aísemblée, se traitoient réciproque
ment selon l'ancien régime « II faut avouer , rnonseigneur ,
jjisoit le premier, que votre croix pectorale vous ira par
faitement bien. —Oui, mon prince, reprit le prélat ,& elle
nie servira de joujou pour amuser mes enfans (i). '

(i) L'évêqae Maro.... est, dit-on , marié , & a deux enfans.

Ce Journal paroît tous hs matins.


Le prix de Vabonnement efl de 3 liv. par mois
pour Paris, & de 3 livres tf, fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejì établi
rue Percée-Saint-André- des-Arcs , N*. 21.

De ['imprimerie du -Journal de la Cour & de la Ville.


N.° i.

r ' «• . JOURNAL
\ • , *• M *• / '
'» fil I. A'ÍOUE E T D È LA VlLLE.
* •" ' ïout faiseur de Journal doit tiibút au malin
... . , it> site t /*;!«.>' -! t" -iiit i- La Fontaine.
,, . . —.: . —
' «>. <H .«>Du-«1tí.Mercredi
.•-..!.'•.• 2 .Mars ijjiv
.<i')' s .ìiit-.j.'.] „ .
■i'ç 'rios malheurs arfreúi / connoifsei-vóas to'-hitftt ■
Q^'-tiêni cíonV le írançaSj '^'jcfan^.t^oç?, '°' "\
iTout cû l'ctourdissant du t>m ác .libçrtw.î ..,
De nos biens, de nos jours, quel despote dispose?- .
Quoi! k père Void.. , pour un fotfpÇôïrYim mot,
Me peut impunément plonger Jans un cachot !
QjÙ peup.fajre çpujer. Içt í}ng des catholiques,,,
jj&iks' liyter,^?uic «»ups des fougueux héïetàques ?
Çniipçut avoir volé ,. déshonuoré l'autely : • .
Afedtîlìî ribfcáífïfe;^8e 'd'un' bras Criminel
,.Âvojr ìflffâ. ji# m€eursiTes ; liens nécessaires ,
bctruU. l'efprjf. frayais,, §Ç;di.visé Ut frères t.
&>tnmcz-moi de nos maux l'anisan inhumain? ... ' .
Et'., qui Speut l'ignorcr ? c'est le", club, iíçpbin^ ,
Un Physicien disoit dernièrement qu'un Bain-d'air à
%^V> l,P0U',Wt- ^ °EPrer Ja suppicslvt» ^ pour certaines
personnes. "-
.*.W\i^v-U f V >-.-..:• . 9 .j:
A5S E M B L É E NATIONALE.
Séance du z Mars.
Rîen n'égale la stérilité de cette séance. On a agité la
question sur le lieu pù scrout consacrés les nouveaux évéquw
élus par le peuple. 1 .....
Tome II. Annóe 1 791. B ■
( io ) '

* Siftfe d£ la Séance a\i'a.8' Février.

M. d'Ais... aïoh d;mandé ía [avale, Sc ne pouvoit l'ob-


tenir,; un chevaier fran ais s'écrie : M. le président, notre
nation s'cll toujours piquée de politesse pour le beau sexe;
ainsi, je demande la parole pour M. d'A'g...
On prop_ofòit de déclarer les absens fugitifs privés d«
leurs "biens, qui palsei oient, de dçoit, à leurs plus prockes
héritiers ; tost le. côté droit, demanda la parois pout M. le
prince de Broglie, qui favorisoit cette motion.
M. dg Mirabeau , après avoir defendu les principes de
la liberté , consentir., à rajournemçut de M. Vçinier , à con
dition que jusqu'au jour où l'on reprendroit la queition,
les trente-trois ne feroient point d'émeute.
— nmimiPWBSaBS(/H»«ll,i. ni
: VARIÉTÉS.
■ -' i ; >
Deux cents gentilshommes s'etoient réunis jeudi derhieí
autour de la peisoriK- du roi, lorscue le bon peu[le se pré-,
senta par députation de dix A douze mille, pour lui tairç
une visite d'amitié : ces gentilshommes Te permirent de dires
à Sylvain ls <l«ng, qui' sonoit du cabinet de sa majesté
& qui les aísutoit que le bon peuple alloit se retirer tran
quillement ,<• & qu'il ne, se livrerpit à aucun excès : »< Nou&
» vous conseillons, monsieur, d'y etripLoyer tout votre jo,u-.
» voir , car la tÈte de M. Bailly cn répondra i». ' ' ■ ' *
" 'C
Lé bruit court depuis peu, que les Jacobin; ont ouverts
Bne souscript',0.1 pour faire exécuter le bulle de Cromwel ,
qu'ils drivent -ensuite j4a.ccr dans le local de leurs séapee^

M. l'Abbé Séguin , ci-devant chanoine de la Métropole/


de Besançon , a été nommé erècue de cette ville. II avoit
toutes les qualitéí épiscopales , car il avoit juré. Dès qu'il a
«ré élu , U a dùsjpaiu au même icílant, & depuis l'on n'a pu
*ft avoir de nouvelles. Cerne qui cn saùrant des «otivelWs;
íbnt pliés d'en donner à ses tíuaiilw. , .

Un Jouvenceau dit à son pete nn jour :


- De treize lustres , le retour
A consommé votre esclavage.
Moi , né sous nu plus doux présage,
J'ai secoué le joug : plus de captivité ,
Plus de suj:ts , de majesté;
Me voici libre. Helas ! dit l'homme grave,
D'où tiens-tu ce dogme éragesté ?
Sarnave & ses pCrtdans l'ont ainsi décrété...
<2"e virns-tu m'étourdir du marmouzet Barnav'c ?
Laisse-là cc jeune éventé.
Le Monarque des Francs , rempli de loyauté ,
Peut compter des snjecs , fans trouver un esclave. 1
Fuis d'un club assassin h repaire infecté.
Lis, mais avec utilité;
L'hrstòire t'apprendra qu'en Ftance • •
Le sommeil de la royauté
Fut le règne de la licence,
£t jamais de la liberté,
5cA R R

M. de Clermoit-Tonnerrc , dans son opi>i"on fur Nîmes,


a dit , que les conclusions de M. de Marguerite honoraient
son patriotisme : à ce mot , il a été hué par le côté gau
che : il a répété ; nouvelle huée ; il l'a répété une seconde
fois,& y a ajoute cette phrase: « C'est cf patriotisme
»j dont jr m: sois rendu garant , lorsqne l'esprît de parti
«i l'a calomnié dans cette tribane, & avant même que lés
n faits me riissevit connus, & je m'en fuis rendu garant,
m .farce que j'avois suivi ses opinions dès le commencement
f M )
» de la révolution , Sedans la chambre de la noblesse , & j'aí
» cru dcyolr lai appliquer cette maxime d'une eternelle vé-
>i rire : II est aussi rare de voir ceux qui se font montrés les
» amis de la liberté dans les jours du péril , qu'il est rare
» de voir des valets de cour devenir de bons patriotes >».
Alors des applaudissemens universels ont accueilli Totatíur :
on a cependanr observe que MM. de Lameth , de Bro-
glie & de Noailles n'ont pas beaucoup applaudi.

Non"! avertissons nos lecteurs que, par ce grand mot de


patriotisme si souvent employé par certaines gens , on n'en
tend point du tout Uamour de la partie , Ic désir de la
servir & de la vo'r heureuse , mais un devouemenr passif,
tine obéissance aveugle à la doctrine des íacti-nx , au gou
vernement des comités, à la puissance des jacobins. Voilà
ce qui est exclusivement permis d'appcller lvefprit public &
patriotisme : on voit , d'après cela , que c'est faute de l'en-
tendre fur la dèfiniron des termes , que l'on dispute sou-,
vent avec tant d'aigreur & d'acharnement.

Extrait d'une lettre d'Arnay-lc-Duc.


» Vous ne serez plus surpris de l'arrestation
de mesdames , tantes du roi , lorsque vous saurez que notre
maître des Post... , tenant en méme-teros auberge , a pro
posé vingi-cinq louis à notre Mt>Nlcil\... , pour empêcher
mesdames de continuer leur rO'jre. Le marché s'est conclu
moyennant 31 louis qu'il en a coùré au maître des Post.... Je.
vous instruirai des suites de cette affaire , qui commence à
çu'c connue de rout le monde ».

Le club des jacobins envoya jeudi dernier cinq ou sir


émissaires dans le faubourg «Saint- Antoine , entr'autres , un
Anglois qui , depuis la convocation des etats-généraar, n'a
pas quitte Paris, & un nommé Ro'pert. Ils p oposerent d'al
in)
ier aux Tuileries avec les riques ; la motidn cn fut faite dans
le club que dirige le sieur Santé..... btalseur, un sieur Du. . &
autres. Nous donnerons incessamment des éclaiicinVnrns
rrès-imporans fur le compte de l'Anglois en question. Jl
offre à boire à tous ceux qu'il aborde & qu'U voit.. dis(*oíés
à écouter fes perfides conseils. II propose fur-tout ie piw.cl»»

J'ai vu la horde nationale,


J'ai vu les états-généraux ,
Par une manœuvre infernale,
Tout détruire, .excepté nos maux.
Pour encenser nos petits princes,
Pour consolider leurs partis ,
J'ai vu venir de nos provinces
Mainte adresse faite à :Paris.
J'ai tu l'ambassade bifarre
Des monarques de tous pays , »
Pour se présenter à la barre,
Aller louer de vieux habits.
J'ai vu les Chinois de la halle, /
Les Turcs du faubourg Saint-Marceau,
Et les charbonniers du Bengale ,
It de l'Inde les porteurs d'eau.
J'ai vu, dans cette horrible lice,
Le scélérat faire la loi^
Le brigand fronder la justice,
^Ée sujet commander son roi.
J'ai tu profaner la retraite
D'un roi bon, s'il eu fut jameiss
< 14?
Et j'aí yu la belle Antoinette
Fuyant les poignards, des traçais.

Quclqu'on démandoît au marqnis de Vilett... . comment


Vrti teroit pduV tepouiler lés Autrichiens î II nc s'agit pas,
refondit ce marquis , de les combattre de front ; il taut
tâcher de les prendre à revers : Je scróis bien curieux ,
répliqua l'autre , de vous voir exécuter cette manœuvre ,
far-tout contre la cavalerie.

Le proverbe : Tant va la cruche à 1 eau , qu'à la fin elle


Cille, que j'ai vu hier dans votre journal, est d'un grand
ïens,à mon avis, dans les circonstances actuelles. Vouslc
trouvère/, un peu deiîguié dans lc quatrain cjùi fuit , mais
an moins l'application en eit heureuse :
Tant va la cruche à l'eau , qu'à la fin elle y crève.
On voit aller Sylvain tous les jours à la grève,
T;;nt Silvain à la grève ira ,
Qu'à la fin il y crèvera.
Né o 1.

Les amateurs délicats liront avec plaisir l'cxtrait suivant ,


puise dans la bouche de fer, parlant par celle de Claude
Fanchet (celui qui ti'est pas carme) , N.» 14, page 3S4.
" Le compte à rendre est préparé ; rrrais nous avons
» parmi les prétendus amis de la tarir, de beaux esprit»
» qui crach croient eriíorc au Visage du pauvre 'J J. Rous-
" seau , cjuc' nous croyons devoir attendre ces terris heu-
» reux ou la raison & la sensibilité succéderont au bavar-
" dage ».

L'évéque d'Aut... , à-présent redevenu abbé iJe Périg...,


k toujours roi, s'est préparé par le bal & le jeu> à Ja
céiéajonie dlu, íkcre, ies abbés d'Exp... íç Mar.- : fa ir^i-
tvuç etoir auclçc la porte ; il çtt parti aussí-çât, & est
caçfeer 4, Loqdr.es fy honte & les remords.

Pctí ^wiír mettre au bas du Portrait de la Reine.


Vois cette femme illustre, & cor.ime dans ses traits
La donceur s'ennobl!i par un grand caractère !
C'est le ciel outrage, <]ui paidomicrà la terré,
Plaint l'erreur, Sí triomphe à fore.: de bicalaiu.
i 1 ' 1 1 mm* i
Un plaisent ayant rencontré les deux évêques jure^rs suivi*
4'un nombreux cortège , oui chau:ok ça ira , a continué
l'air, eu disant A la GrÈve, a la Grève. Une poillàrde,
en voyant Pescorte de grenadiers qui les actompagnoit ca
grande, pompe , s'est écriée : Tiens , voill te cierge des deux
Nouveaux évêques, ■•r

Mad. de Siae... qui le erpiroit, à son air robuste &


exerce ? a été îort fatiguée de sa reconduite à Ville-Juif}
or» croit rrtcrqe qu'elle aura des suites. Son mari y est plus
intéresse que tout au.tre. Quant à nous, nous n'y sommes,
pour rien. —On assure que la nume dame vonijroir cotret
dans kcwiié des íechcrçhcs ; mais elle n'est pas française,
& elle scia toujours da nombre des femmes QUE t'pM ïUU.
•»• '— -- . .. ..

M. Jacpbiq-Menpu, , pour bien instruire 1c public que


ce n'est pas spus son nom, nuis fous celui de fa soeur, qu'il
H fait polir deux millions de fournissons des biens d«
«ler-gé, a onVoye aux abonnés de la chronique de Paris,
deux exemplaires du numéro 4e cette, feu.11c , par lequsj
il assure qu'il n'a fait aucune k>umi;lion en so;i nom pour
des bien» du clergé, $£ qu'il est aailì ton»: te que bon ci
toyen. ' , * '•

t
II n'est peut-être pas inutife , nSessieuqjî , Oue Vous sachíez
que pour" fonder le public ,'oh fait"courir, depùls quelques
jours le bruit que M. u'O ... .,'va ette nomme regent , atL
teaàa l'engourarílemejit & 1 incapacité prétendue du pou
voir exécutif, & les intenïions peu patriotiques de fore
frère. On *ïâte les esprits pour se' conduire en conséquence.
Avertissez vos concitoyens du piège qu'on leur tend , qui,
s'ils- s'y laiiíoient prendre; entraînerait leur ruine fie celle
de tour le royaume. /ffcj/> ^ tîïXí^t 4iCl

Trois cents commis aux aides se sont réunis hier a Melan ,


pour aviser entr'eux aux moyens de se prémunir contre le
fort déplorable qui les attend. Plusiéurs ont proposé à leuts
camarades d'aller offrir leurs services aux Princes d'Alle
magne. Ils ont dit qtiïls avoient la certitude d'être reçus
favorablement. Òn prétend 'rheme que des émissaires ont été
chargés de leur faire des offices, brûlantes.
1 1 — **
On reprochoit * un jureur d'avoir fait le serment : Je n'ai
fait que le prêter , dit-il ; j'd'pae qu'on me ic rendra dans
peu.

On vend fur le boulevard-, nnc caricature qui représente,


á'un côté, M. Bakn...; sans tete , qui dénonce le club mç»
Bacchique à t'aílemblcc nationale , & de l'autre, le même;
personnage , dont ie nez s 'allonge d'un pied à la lecture da
«ectelenrCi . n- ;-;<-■•»- ■ -" u.-,. J^i ,í'

Ce Journal paroît tous les matins.


%e prix de Vabonnement efi de 3 liv. par mois
jrour Paris, & de 3 livres r 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efi établi
me Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , Na. 21.

De rimprimerie du Journal de la Còuï & de la Ville.


N.° 3.

JOURNAL
de la Cour et de la Ville.

Tout railéur de Journal dòi: tiibut au malin


La Fontaink.

Du Jeudi 3 Mars 1791.

Pensées de PafchaJ, chap.


Qui se trouve malheureux de n'ètre pas Roi , sincn un
Roi dépossédé'! Tvouvoit-on Paul -Emile malheureux de
n'1 tre plus Conlul? Au contraire, tout le monde trouvoit
qu'il étoit heureux de l'avoir été , parce que fa condition
n croix pas de l'ette toujours. Mais on rrouvoit Pursêe ft
malheureux de n'ètre plus P.oi, parce que la condition étoit
de l'etre toujours, qu'on trouvoit étrange qu'il pût sup
porter la vie.
Et ailleurs, chap. 2.5. j
L'art de bouleverser les Etats, est d'ébranler les Coutumes
établies, en sondant ju!ques dans leurs sources, pour faire
îcmarquer le défaut d'autorité & de justice. II faut, dit-on,
recourir aux loix fondamentales & prim tives de l'Etat ,
qu'une coutume injuste a abolies. C'est un jeu fur pouf tout
perdre. Rien ne fera juste à cette balance. Cependant,
ie peuple prête l'oreillc à ces discours. II secoue le joug
dèi qu'U le reconnoìt , & les grands en profitent à fa ruine
& à celle de ces curieux examinateurs des coutumes reçues.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 2 Mars.
3VT» de l'Essart a fait part à í'aTemblée de la résistance que
la commune d'Arnay-îe-Duc a mise au passage de Mes*
Tome II. Année 1791. C
- "-**- - uí?^3b^
dames , malgré le décret 4e 1,'ajêmblée , fes„ordïes du Rai,
& ceux du département & du district.
mimiÉn t " 'i —

• , cojio sn J .ísïluguc'up imcm naiì mol sn , e^Jtic.í -


- U sç/réplinirW%^
sonné ÍJcptt&'!l^mWt^«ltf;iftító,f te1 'corhnnîilâÍTeï' én. Al
sace. Rierw nHst'Sitfá5 Vrai , roàîí"il ' Uniié^okiú' 'ù . fcwMSr ,
& il nVa^aWtfá'í&Ágtt jsbûë&W. S'óa<ctíisitSietí, .vvvuincnt,
soopçwniVa.feliiB^lD fAítik ^Fôfe «Uttnlt Tà"p'rUctkir.%
procès.
les minute*. n'J3

M.'JMA-á.,?:V prítì*-' f««urr, &rimmií-.ftir lrstéîgttîde, Soif-


sons ,' a é/érft' MôrPVé&latM o^daígiqtóilsSívtóï.^jafptíí i^íife
l'air de::Soilfltó)iîíb1t')feoW>pwK|i3 íìiiTtro^ cjir'^-.JiUÍ íJtïVíi'lïiía
conséquence u* :à#»^eW»eirt"da«S le I palaisr, éptftopftli ip&iqttSl
seroit charme de lui en fawe;leS.àí^najDî'[lui-alêiî»<t.r.U»
tel excès d'audace Peut-U.fc comprendre ?

Un paysan d'un gra^feni Wí°* M&r


!■ i . 1... :i_
'lité ils ont. bicri
u:»ri 'àbáìlsè
'ihiïMrtâ les
Ipc 'gvámîs
íwiíiiwU a-febr
í ' íeuv niveéi;
rtivrtiu ; mais
» Us n: nous ont pas 'tìevés'.auifcur »i£|l>í.j ajulsl od
*cVJr1 in, ■ "nV,h '■"'""^'■<ï

C'est bien 'à tort <jue les at*ft*»wiS'Hi&ne.cjiiel«s o»yrirrs


'manquent de trtvaîll'à Paíis^ow'cdrfoeît aui,criritflf»ke;d£3 íoé-
tiers qui cnrichiísent prodigieusement leurs maîtres jt reloue
(par exemple) celui de4>kackiáat«s-.Uíwlesflus experts , nom
mé Chab.,..
en porta l'au...^ , - > i -o
cond , ce qu'il refusa' d'e faireyWfóarrdr^rér atìtfi" -pòur
.exemple le sieur Merorst. 8eft''fâfar~fttnkn d(i< JoitólJ.vV»
se mêlent un peu du métièr , S!qi« ^'íèíinentklc faifè lítìbFou-
millions pour deux millions de biens du clergé.
îl paròîrun 'íciivî^e'itìl1tò|ir'e W. Morizot1, arocat, jquï
t>' est pas moins intéressant què" lés k'.iît autrès. Nous ne
doutons pas qu'il n- ^k.^^^^;iaççueilli du _ public ,
que son fameux appel auroi, quibatto t en ruine l'au-
guste assemblée ^d^rjleyop^rajionf, destructives & rui
neuses, ne font rien moins qu'augustes. Une circonstance
p:: t'.-uiicc jrend ;lcerneuft'.èpie ,m,çmoiirc précieux à tous les
ions -Vnn^.iífií jii çjp qst,'encore beaucoup )', c'est qu'il
eftiadrsssi» à, Ja,;Reipj, jdqnt, M, Morìzot .'ç^tëtire lâ bicn-
fíisaciee^, }t!>tikfe»rnfo enrage' & líi,, justice,' Puisse cétte
grande, iReúye }fpfQ$ç ayee j.ucçK^^u^jjpieds da Roi/, les
tous les °écus de bun""THÉHm
1 i — .«Jimmi . ■> ■

• i ol,^ Lrff»rri)srl ^ivénemerte ^uear^tâfa^ de Jj^ ^quinzaine


'"d;írrtiiiffíK,.Bft'4íaVcimimenfcj4c M. Duporr, au PjWSPP^. .Quèlic
J briltóiíte é^qW'roiurJa glokcjdfloSejrtflip^s.ÚOjl^uriprt te-
•'»nVftt^crtep>sw! mains ,leri íccéuiii jdc,;ViÇfnpiS!»-un, Duport
*WnoitíJÍ*-sorirratCí:prdîdenial«.:i nj iul ab arr^GuS ti.,i

Ainsi que Ttmry~8cvc?fa^iaTi'gg-> -

. cc ;M»is chut! gaie. a Ja di^crence ,,,


De saints prélats à áa -vaurien 1. q
Quclqu'ua.áisáí^^ajjjw^ Grég..., qu'il seroit
. mal vu à Blois , où levéque qu'u supplante réside tou
jours , 'environné, de sonogéisie de sesverfus & de la vé-
ntratior» publique: —?Eh bien ! répondk-il;, JS-.KE me mon-
.TREHAI ïlASurn i,.}«i!:r vt«.('i Jn >< !tìil ■ •
i màm M m'.
Tout le monde fait que le marquis de Viilettc est un
homme qui sent très-vivement j aussi le patriotisme est—il
«L-vcnu pout lui une véritable passion; c'est le seul objet
de son culte. Le refus de le recevoir dans la garde catio
* *4 )
nale, n'a faît qu'enflamniêr*ïes désirs. L'autre jour passant
(dans une rù; peu fréquentée , on le vit toat-à-coup se
pro!t-incr -, chaaun cherthoit l'objet de son adoration ; enfin
on reconnut que c'écoit un caporal national qui plaçoit une
sentinelle, .y., .•• • -if .. .

II vient de s'étabYirTune foeféte qûí a pris tout bonne


ment , à ce que l'on a líure , le nom de club des brigands ;
on prétend qu'elle tient ses séantes rue Jacob , pres i'egotti,
dans la maison. & sous, les' auspices du sieur: Prudhom. ...
qui en est :e président. Le but de ce ciub, est de rétablis *
autant qii'it sera ^ofirble , l'égalice cntvales b.orrun:s sur
tout entre ,les fortunes.. Gn, y idelì'jera sur les moyens les
plus comiBoJes lié se'delMriárTeC'ptorhi'terntint de certains
graniìs peisonnages jrui_^rfentjouir de quelques droits
qui blessent les grands principes de ce club. Lorsque la nuit
. est vernie , qùclqacs^mjs dos; merribres sortent- :pour rime-
h:rles psllarw, qui' paroífíent ,110 pas ! adhérer à ces -principes.
—La polie: 0: les sections <]uì>om ■• poursuivi Sc yaté avec
tant de Vigueuíf 8c de courage '/le duo appciié monarchique ,
paroilíl'nt ''prcrtjcgeii leínouvct établissement de Prudhom
T[n <■<: w'-
M-P , ^■'■'TgfBWni m r—r..
. .bauenet a pns seneuïern?nt de 1 humeur contre
■'rioíseigneûrs' lesí électfciirs tfoi se fout avisés de choisir le
nommé Legrand ,• jureur de la paroisse dc!'S'aint-Roch ,
pour remplacer' M- MardWlj ci-devant & toujours, qooi
qu'on en dîfé, diiré de cette raroiíIe. II soutient que cette
élection est deîj toute nullité , ;& qu'il va s'en expliquer
^íivec Sylvain le Ibag , la municipalité , les électeurs, la
cour de Rome , le grand-turc, avec tout l'univers eaSn.
Votis sentez ,• "d'âpres cela , qu'il n'a gafde d'accepter le
siège épiscopal de Pnmpelune , que vous ìu) déléguez si gé
néreusement ; d'ailleurs , ses chirurgiens assurent que le
voyage lui seroit tort- conrTairc ; que fa santé lui permet
à peine la course qu'il fait jonrne'lcm*nt dé la rue neuve
Saint-Roch, à la RLE Chabaî;oís: ainsi, le modeste ma
lade a promis à ses docteurs, de se contenter de la CÍtc
de Saint-Roch. <■ 1 .' i . f" ,v - -i •••
: . ', ( M ) '
i'.v ", ' " ! *> '■
Le jacobin qui a pris , pai megarde , dans la poche
«l'un de ses frètes , à l'une des séances de la semaine der
niere, un porte-seuillc boWscrWi» quelques assignats , est
prie de le rapporter au président de cette société , qui lc
rendia à .qui il appauiettU 4*"3S«í*a.*^.*-. -
■■"■II u .
Ils veulent Tour détruire ! Les Invalides, ce monument
de la grandeur & de la magnificence de Louis XIV , cet
établissement si 'utile ,& auquel les étrangers ne peuvent
rien opposer , va donc totábec 'foui lents ía^l* meurtrières.
II paroît desoBSEHVATiows fur! les; ftlaux quï' resulteroient
de cette suppression. Ce mémoire qui no'iS a paru très-
tien1 fait , est signé d'un gtand nombre d'essici-Ts.
■■'(.' b >ur> '/o ti uo: vi )lii'.y ! o >.'■,'■■'.'•
''ii i si 3')' fjoJ r ii'> m ;u r, .o. u m ''.-.n « »••.
Au dernier^ divertisseímne- que ía nation s'est donné aux
Tuileries, un mauvais plalsaDt , nommé Champcenetz, s'avisa
de dire , dans le plw chaud de faction : <i mes amis, pre—
, m nez donc ^srde ! le roi.ya profiter de votre foule,
» pour s'échapper n ; 8í une partie du bon pcgple se i et ira
incontinent chez lui, „nwmmm,„J

Les journalistes nos anti-confrères, les Carra, Marat,


, Garât , Brissot , Vîllette , .Sec. , prennent le soin de broder
les evénemens , quand ils pnt eu lieu, de les orner de
mensonges , d'absurdifes. Nous sommes plus habiles qu'eux
à ecttains égards , 2c plus maladroits , diront-Us , a d'au
tres. Nous annotions, nous prédisons les émeutes , comme
cai a dû le. voir dans nos précédens joarnaux, & nous
n'imprimpns rien, qnc nous r.e nous soyions bien convaincus
de la vérité du faic qu'on nous invite à pub ier. Nous
n'avons pas les reífources du mensonge pour faciliter norre
travail. Nos anti-confreres ont un champ plus vaste. Le
pays des fictions est immense , & ils en parcourent les
«coins les plus infects , les plus dégoûtans & les plus af
freux , avec une forte -de. volupté pour laquel'e le'urs sens
semblent être faits. Nous, rappellerons à nos lecteurs que
( 26 \
wons leur ayons annonce , <]uir«e jours ou trois semaine*
d'avance , les horreurs cui ont eu lieu dons différentes
parcics du royaume, en les instruisant du départ de deux
cents scélérats envoyés parité- etnè~des Jacobins danstoutts
les principales villes du royaume. Ncus lîtir avons , ces
jours derniers , annonce "les émeutes qui viennent d'aVoir
lieu. Nous 4ie' voxilons1 pas cependant palTdr pour sorciers ,
tt nótis' iWàtìì' tcut"còrifiei notre Tefrét. Nous avons déjà
<T:t que phifeurs des 48 sections soumises à la loi, ne

1^0 sont soudoyés par


le «Jifb dts Jacobiíií ; Sí'nous pouvons prédire , à coup sur ,
<fcs' 'sôuh'Vctóèïiis'', rfós'aitifnwts , des atrocités' cmelconcjûes ,
toutes les fois que ces }V:.íectron; s'alfefnblrnr. l'óur tout
dire , írse hvi: ç'altl parmi ces táctieirx deux ou trois h«i+
netes getís'rârtí. çHacimc"'d,álc's, qlfi noiis1 instruisent dé ce
«jtií sVdhV'&^eW'taúVín f projette.'Notts sommes1 enfin
ít bien ínlftìiírs',!'qu; R ' bri1 n jus confioit le pOnvoir exécutif
.'cfòht'.'len''RoV.iîé' felf'^tfë' i fâSre",'* *»« •' 'prtìvìírtdMótls toutes
lés 'erfiétíïès f tó'trs/ les pHìnges-, tôUs; tes • tncéndfes s' tim
les âíliissiiiáirsl '

' t i^s-ted»^ ffst* instant , pte il importe Je sonner


r«TCÌÍ' a''í©isà PêS^'rakrPA^iKîBev^stei^.le. projet; c& toi»
taúì ; avant ìi. fl» du, mois ; lès-?■$> íactieiís clé .J&ìfenbtee

plus «ucllc ^ty taanid. ÏLe drapean


rouge sera'aí»bôre- juiqu'a. la íindc cette «itctiwll.-ilegWá-
tore ; l'otdre fera dénné de tirer fur mus Us'iativoopfe*
mens j alors on achcveia-de dérouillcri le; roi âa< {ou au
torité, óz 'OnnwíRt-.;-:. il croira' sûr àz l^utciìtion de son
plan républicain.- Mai? j'aniîònce-iíussi àíccSi fbckiíiií^gtie
la providence lesartend à cc roomen: ; que eWst^à eiíx
de trembler à leur tour-, que le cid va se déclarer enfin
en faveur du meilleur des cois , St de ton» les-'wjfrimeá.
Le jour m'tme où nous dénoncions k- projet des 3; fac
tieux , un d'eux a ose proposer une dictature oompoíce' «te
f 27 )
«ros jmembrcs^de l'I^mblée nationale. c'est-à-dire trp"»
ídeywtd^. . , ;K ."ft Ji.^.'í i: -M ii <v :j , ,s.-;, s, u.
;; iíqo- ■>".: [' ^r,i';o;r,\, j| Jn»p^ j i , j, ,vy,
«..,/ o,r;.-, l. ■ ''tj Aj.'iV .f-";' «I
Que d'cvéaemcns accumulés! que] aliènent Pqur la iuct
chanceté &. pour la fourberie ^ des jacobins', (fuls auteur*
.désordres ! Janjais ,ub p/qjÇp^de .jiec^pt ^inç^ndiaiie
cj£ imagme.. <^s .le jour -du rappotc^ou.^-j^.diliMsliost,
»>'ají accompagne de quelque émeute ou de quelque
ffd^ia^j^nd^^efiúçir,,,' fljj . devcit^cpstl^pu^çr, Ja^xiiìnjç
^«WgSfflSi W,<rwiie l^^i'«ar.ds,)ïffu^ a4(1^TOi|
^^A^wii^P^ Ic^prte. ,à,r\^ncÇnnh? k^prej-
«f*66'*$cMk-W! . Içs jBatclacs les paiil^ses^ueisef.hpj*
^^íWFfWftWíMilpÇ íwW*1g deyoicntjiÍYfiSÍ *Jr :9RRP
«rè§6 %i^Dd«!.%ÌV)s. (£ ^fjw^Ç. ífÇUK^^jt'fÇfç,,
/fhfi* Ift^^ij^líifíefjoú^jorce une arme dçfcníù(f,j C«(a)^«
AwíSr^ PWicuUcri, tes(^u^eois,^^,r daná ç^^i df%-
^wct'w^la.wnaill^w'ptoiear. garnies (ipar.yfM , jx^f
ÍWÇté.,^,fo^,^ ^onienipaù kfoLivcw.U d'aoftnnççr <juf:
le calme étoit rétabli à Viucennes .'àfinstanc o'^^ ^poBCffic
gens qui éfníi^pr YCai)iljurâ"5l£iit. l£I!á.'-j- rnltr f donner des
marques de leur zèle & de léur attacaeni;nn pour fa majesté ,
aHoient se lorirûTsj le *tia% qbond* , dûns ^.cof^s-de^gtidi:
««ko* Hniilofirs, ; lies aslis;nars. dfii 50,- .Uvttf se,.4istrfbiuc£,;
IttJOBafl'dh les plus;perfL<ks, se répandent > le jficw^eailh*.»,
j&áano dttrJajcábhw, acoouu, po.uri.l4 première fpis , au
château v dont? il ne conooû : pp'.nt: \c. ,loc& ,■ s'atrêw -dant
«les aotíceataibrcí où il demande l'apparremçnt du.;&tià.
^Eàujírià Cbup iOD fe..-,jei*c tir; les ;pre{niçrs, qui, sort«nt, 4e
-'«bec fcí Roi v on les pousse, on les heurte, oo;le> fouille-,
■oa doíhkte ileursl habits r. un marécbal de France , pgé-, 4e
it4 ans,, est raaiti/ité j le cbeyalier d'honneur de Madame
it untjc0up .de baïonnette dans la caisse j, ty. fils 4c
'le.íiducvdo .ViUccjuier , premier jgjiitilHommc de la
chambre; test frappé, poursuivi fie train*: dan, la bouc, &c.
Goitamulcc' pénètre dans les appaMemeB<; ; lc Roi paroît,
ses ordrej.'sonr mecontHts 1 on y , répond par,desr.huikm.n's.
Le bon monarque ,i, m pouvant dissimuler fa sensibilité ,
prie ses bons serviteurs de déposer leurs aimes dans ioa
( 28 )
appartement ; ses prières font des ordres anífi-tôt exécutés.'
Un cri de vive le Roi le «msole , & excite la fureur de
Fantichambrc. Chacun fc retire en gémilsanc, & s'ex
pose, comme les gardes-du-corps du 5 &du 4 octobre,
à ette victime de son obciísance & de so» dévouement.
Chevaliers de Saint-Louis , ofHciers des troupes de ligne ,
fédérés , citoyens , tout est insulté , hué , blessé. M. de la
Fayette arrive de Vincennejì, M. de Gouvion le fuît i
l'un & l'autre avoient épuisé envain raisons & menaces ; le
Tin animoit l'efprit de faction ; le deforde étoic à son com
ble ; il ne restoit plus que quatre fédérés cbez le roi ; 011
bat la générale , on court aux armes ; la garde veut pénétrer
dans le- apparcem;ns; les grenadiers, la bayonnette au bout
du fusil , exigent Sc emportent, soys les yeux de M. de, la
Fayette , des armes déposées fur la parole du roi.
Abstenons-nous de toutes réflexions; tirons le rideau fur
des horreurs de détail; les iî;ljx bataillons , les seuls peut-êtte
dans la garde nationale capables de se porter à de tels ex
cès, qui étoient de garde , ne font pas tous coupables ; les
remplaçans à quarante fols, avec l'augmentation de paye
du club infernal , ont commis tous le» crimes auxquels les
officiers & les citoyens-soldats ont fait tous leurs efforts
pour s'opposer ; mais s'il* avoient des inquiétudes , c'étoic
ceux qui entroient , & non ceux qui sortoient qu'il talloit
fouiller. Que dira toute !a France, quand tes 81 départemens
apprendront que les fédérés qui veillent à la sûreté du
roi , ont été traités comme des ennemis ? .j • ■ . .•
'

Ce Journal pawít tous les matins.


íe prix de Vabonnement efi de 3 liv. par mois
pour Paris, & de 3 livres z $ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efi établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. zi.

De l'Imprimetie du Journal de la C«ur & de la Ville.


N.« 4-, 1

. -Mdofto « «b» ; u!» it:oì l't-.-L ^ >■>( ïfli-^co •:»»*


D-fiivJÚ-A'- G O O K » T>" EME <°t ;^ ^^X'E'*.
, ví^il j'i i3<JU<>>1 í'jb ïisi^.ito , íiuoJ-Miìfi'i vb ?i:.i.'f:vi,:.

»tu i toi

Tel «ort^et,^ JpfUKl.t^stít^g^ h&wMt


oc les ennemis «r «<■ r« ™.-......,o . ui:— — i i-
ÒW \{tW Jil •jíWs'iòW.etoi: la seule, Cflcnyie^, melange jjjfc
se'rfe' -y'è' óiû.naíc'hie' & d'anarchie, où chacun, s'actribuoit
» VmfottWlk. fîï /Charles if ). /..
?oSi!"d<pietfueS'iha'y a auttine image ÍTcf' piffifattcC populaire
^<ííà<s<rtab*;»'áes ïrois ÊrATS qu\ _fërfoWJetf'c^ròy'aume ,
n<*n [dus Si t«í«ore rrìôins qu'en erré ,
BBJÍllàuUB MOINS V ttu>K'« BB fttôftfÚfcK kKÍSÏSk'RÀTlQUE
«uhiíCour des- pairs, ni «n l'artcrablee ìdc1 touï les officiers
du royaume» attendu ttieificmenc que lA'PùIsSaNce du koi
ÏAIT CISSiiR LA ÏUfcíAfteB 'ET AUTORITÉ DE TOUS ÈES CORPS
cn collèges t ÌSc de rotts les officiers^ tape en^^ggpéral qu'en
p^tcìrrrer , dé iôrtr cu'il n'y a pas un fcul "magistrat qui
ajr^lprs. pouvoir, de, coi^nander. ^Dç la; Rpjr. par Bod^n ,
fiy. i-, ch. i , .pag. H7 édit, de Paris „ i y 77 , in-fol. )

S S EÚ. B L ÉE? lî A;ï Ï^Q^À L E.

tr - Séance du 3 Mars.ï ' -v.-^j


Un membre a fait la "lecture d'une lettre des deux com-
iii lauts. envoyés par Le dépaxteaicnt de la Côte d'Or *
Tome II. Anaée 1791. C
( 30 )
Arnay-le-Duc, pour assurer le passage de Mesdames: ils
inltruifent i'afíemblce que la commune de ectee ville s'elt
de nouveau oppolee .i leur vqvage. Un tel excès d'audace ,
de 1a part de ces misérables , stupéfie ; mais v oilà bien la
«anaille 1 A -r- elle uue fois franchi les bornes, les plus
grands attentats ne lui coûtent j.lui rien. —Un autre membre
a dit nue les dépotés d'Á r.nay-le-^Duc, cuvoves A Paris pour
cormoùrc ìes internions de Vadsimblec , avoienc écrit à la
cormnuuc,, tV: que le courtier devoir être an ive.
íî m-ruà : .:íi\-j b., ..... u-.r.:u -.t> -s! •
^rc í . ■ 'ï «' î i.. i • ' ' ■ ■ •■
-rr.'it.::.--VA'
-">'■ '.vi:rt
' • t.é
-i i- .s. •
M. de Mirabe^ú dV^óit l^autre jour, à l'occason de l'af-
fa'rc de M. dé' Rochante, u & de M. de Îaimc-Luce:
» Vou'i ave-i beau , Pìgáïx'jRUfPi njU;> " " nous batiroi s ja-
» mais : bientôt toutes vo> injures ne sit nifi.Tcnt ; lus tien ;
»> &c encore roicr iois , noas ru nous battions jamais ». M.
de Caaalés prisent , impatienté. , s'«ccia : eh ! battez-vous ,
M. de MiïabeBti'jáí l'on ne le battra plus-'.; *■:. "• ' i« *
, ,'•-> i' 1 11
.. ■ i i .. : • /.< i i
Sur les, autels de la patrie
Garguilla a juré ce matin :
Laurier' civique ÍST grshlTTOfTn " '
Ont suivi la cerémonje ; ii. ,-, , . 1, ,i\ • , \i>
Après dîner, l'artillerie ,
A publié , dans le lointain ,
Son dévou»ment patriotique, . ' m
Or, qui peut dire avec raison,
Qu'étant fait au bruit du canon ,
Un serment n'est pas canonique !

A Bruxelles , on nomme le chevalier de Mcudc-Monpas


INTENDANT des BATIMENS d'Honoré Riquet.. , d'autant
( 3r )
que le premier fa't souvent des fagots , & que l'inviolable
s'est fourre dessous x pendant une affaire en Corse.

Hier 17 févri-r ,■ le peuple de- Brtrxcltes, revenu de son


ancienne «renr, a chaise les Capucins, ces monstres qui
soeffloient PinsurrectiofT' K le meurtre. On sc ressouvient
avec horreur , qu'apiés avoir confessé dr>ns la grande place '
Uiie malheureuse vict m?" de la'foreur populaire, un de ces
ía'ptícìvts dir à la populace : " actuellement faites-cri ce que^
vous voudre'z >> , 5J qu\in*krrlonl'ïr'.' fcn.ín'n'd'c hna trois cens
i celui qui avoit fendii la tête de l'etrc qu'on îoupçonr.oit
aú parti r'oyaliíle. Mais lés chefs des factieux ont été
D'unis , par eux memes rjui les suivoient aveuglement ,
ioiítrrié les conducteurs de tygres finissent' par en, être
cîevòrés. ' .
' -IWMÍé'IiI' '"'
' ... '' . ••) ••?«)«; OV . . " ')' '••
- Que je fuis malheureux ! On me défend de rarler, d'é
crire : ii n? me reste denc- qu'à ícprcndTe mon violon ,
dont on fait que je ne joue pas trop mal. Cependant , vous
verrez que la timorée assemblée naibnalc interprétera encore
à mal mon occupariony rPsmtanr que te violon est un ins
trument à CORDKS.
Meude-Monpas.
> . . > V ". "* *' ' *

Marche & Cérémonie épiscopales du 2.4 Fé


vrier 1 75; 1 .
Le jour de la Saint-Mat hias, 1
Deux de nos prétendus prclars ,
Pat des Pontifes apostats ,
Dûment sacrés en vrais Judas ,
Dans Paris, avec graftd fracas ^.
Se font voir comme le bœuf-gras :
Le commandant & ses soldats
Marchent fièrement sur leurs pas ,
On entend des alléluias ,
On entend de tristes helas!
Maint goguenard rit aux éclats ;
Mais pour moi , je gémis tout bas.

Une horde de femmes fans mœurs , de femmes dont on


nieroit le sexe , si l'on ne l'avoit à quels exc;s on peut fe
porter quand on a une fois franchi les bornes de la nature,
s'est portée au palais du Luxembourg , escortées de dix
mille br'gands : ces prostituées ont viole la demeure du frère
de leur Roi ; elles lui ordonnent de marcher fur leurs pas s
il lit fur le fronr de ces monstres, cette terrible menace:
obéis, ou meurs, &it traveríc'la' Capitale comme un fcé-
lerar que l'on mene au supplice. La loi le tait fur cet at
tentat ! il existe nnf forc^Sméf ^tlle -ne l'a pas repousse !
Fiançais , fidèles à vo> Rois, vous qui n'avez pas onblic vos
devoirs, vous n'avez pas volé auprès du prince, former au
tour de lui un rem; art de vos corps , prêts à mourit pour,
le défendre'. Ils perironr dsne , les infans de Hem i IV, dès
qu'il fe trouvera un monstre capable d'attenter à leurs jours!
Tous leurs sujets les ònt abandonnes; « O éternel , veillez fur
5» eux ; anges saints , rangez à l'entoúr vas esca drons invi-
>> sibles , & faires la garde autour de cette famille si grariUe
-• & si délaissée.'

On porte fur l'ctat du mois dernier ,1a solde des dépu


tés à l'assemblée nationale , à sept rent quatrç-v'uigr-dix
m ile cent quatorze livres, & les dépenses & frais, à soixante
milie cent neuf livres. Cependant, i zoo dépotés à 18 livres
par jour nt couteroient que six cenc soixante-neuf mille six
cent iivres. Voilà déja une ditférence de ccut vingt-un mille
trois cent quatorze liv cs. Mai* ils ne font au plus que
neuf cents , & leur solde ne devroit monter qu'à cinq cent
vingt-sept mille deux c?nt livres par mois. La différence
est donc de deux cent soixante-trois mille sept cent quatorze
C3* >
livres. On nc dira pas que cette derniere somme est em
ployée aux dépenses & frais qsi.fonr un articlc.à part. On
demande ce qu'elle devient ; la solde des tribunes ne peut p«
coûter autant : mais si on nous trompe fur cet objet , quelle
confiance pouvons-nous avoir en tous les autres?

Dans cette chaire évangélique,,,,,, ,' ,) _ 3


Où doit parler la vér*rt&í 1 «ol 9n" <s no bnsup r.
Nous ehrcndorfe;Ìa fausseté, ,jí' ?ÍB,Bri "B, >9"°ì
•> í?une ^'^W'KíuJno i.i.'Mlb.-lo/î. n-?!
ía/an patoît en prestote*»,,,! ,!> j„0r> si itp
Es prend le nom d'abbé Fanehetï ?.stv3M
je, mì u.-. :oÌ cJ. .wiifiui us ?nîrn no'I v-
)ÌI.'!l>131 ?Rfj j; i I ■■«■■IKWimillUÌ Jl.lj Jíhï'j í, *>
A _.Spi|lons , les ^ar^ands, marandes, de Fromage
de ^arpljes , nç .criênt,„pUis qu'éycquíi.dç ^íarollcs, failant
allusion à l'abbé dç ,ce .>om , qu> a été élu évêque conlti-
tipnnel(emcnt, Notte;noaspça.u, cierge sci a au (fi respecté que
fP) «>nt actucllemqnt les , églises i oaus lesquçllés le peuple
s'.-flÈ accoutumé à entendre faire l:s motions les plus incen-
fljjljrjS,. pjfoapftcer les discours les plus impies, 8c proférer
le« járemens les plus criminels. Noire - Dame reslemble
plutôt , dans ce moment -ci , à une halle en émeute , qu'a
un temple.

Tous les jeunes gens; áetoíiné: eom?agnic font prévenus


"de ne pas s'engager ponr lundi prochain. Un Milord dont
le nom & le surnom commence par un B majuscule, doit
donner ce jour-là un bal qui surpassera en magnificence
ceux qu'il a donnés jusqu'à présent. Comme le jeune Al-
eibiade Anglois est embarrassé en face d'une femme , Mad.
la duchesse p'Aremb.... qui est dans le secret de fa pudeur,
se chargera de faire les honneurs aux femmes, & Milord
les fera aux hommes. M. de Villette fera maître du
' ( J4 )
ba-Hètril montrera les figures & les fera exécutés, pfftrr
«ju'il n'y ait pas de contusion. Les aristocrates peuvent y
aller f ns craindre d'eue compromis ; les violons sc prê
teront aux poùndctous les partis. Les amateurs de cons
titution danscronr sur i'air , Ah 1 ça ika , ça ?rA ; cémC'
«jni tienaent pour l'anti-canítjrtuion , danseront sur celui ,
ÇUAND LES. RCiUFS VONÏ DEUX A DEUX.

. . Çoftumcs des Messieurs.


Le toupet un peu rabattu fur le coin du front, écrase
vers le :r.i'.i:u , fur ìa bordure leulement , représentant un ga
lon ioulé ; grande cravatte' à large rosette , grandes man
chettes; Habit de tafictas rose ou bleu céleste , à Volonté ,
fort court 8c faisint bien le caraco par derrière , gilet
giis-dc-lin , bro^é 4 ^-triple -revers r culotte de même t flots
de rubans à la jarretière , bas à coins brodes en couleur ,
souliers à la batelière & à bouífettes. Les bourses & les
catogans resteront à la porte ; les queues seules entreront ,
tò'ut le" monde 'n'en1 ttanc pas également pourvu (et mal-
cré que les hommes naissent 6c demeurent egaux en ò'roits » ).
Ceux éjui n'ayant pas les moyens d'en faire une hormí-te ,'
sont avertis1 qu'ils cri trouveront dé postiches chez: Mlié.
B. y bu M. le prince d'Kc... son alfocié.
Quelque: : iéger que paroisse , pour la raison , lé costume"
prelcrit , on né s'en appercevra pas. Les arparteJtìéns férent
à la température de la Grèce ou, de l'Italie.
Les femmes y vit-ndrory; comme elles voudront ; elles'
font paísables de toutes les manières, elles ne font d'áiîleuî»
que des remplissages au bal de M. de BET.....
. . —'.- •-•^■■■MraBaaiiL,. .wiii«ì»>» 1 1 ' \ '■

Avis a MM. Du Manège.


Sur vous ne donnez plus à mordre:
Prenez , de grâce , ufl nouveau tout:
Vous criez tant Tordre du jour ;
, Criez enfin le jour de Tordre.
( ií y

Beaucoup de gens entendent parler du clab d«3 jacobins,


&. ne lavent pas où il tient ses fiances. On nous prie de
■bien indiquer le local; cest au couvent des jacobins, rue
•Saint-Hono:e , en face de l'faòtel Se Noadles. Le Cul-dc-
sacdela Sourdiere rc^ne tout le iong da jardin de ce cou
vent. Ses factieux s'affemblertt dans uni se lt au premier}
ils entrent par la rue de la Souidicrc , ou" par la rue áiaînt-
Konore : au-deitous de cette laite , elt un antre dans icqueí
fe réunissent tous les b:iga:id: dent ils dii: beídin pour ex
citer des émeutes , répandre de faux bruits1 , & colporter leu»
feuilles incendiaires. . ' •
, .' n- . • i t /

"Nous apprenonv avec, pi.is grand déplaisir, que des


înál-intennonnés ont , voulu animer contre noas la garde
jjaxiynale , Cous le pïétfixtc d'an astic}; iiisvïé dans le
N. jg du 4iaian;h/e, A7, ^jyjriar, rì&us ,d;«laron», aveç
la plus .exacte vérité, .que upus n'ayons jama'u laisTe- échap-
íe-Vri(>5Ìcífe,V 4? cp'a^r .ii.a>,,sentiipcr*s. pour un corps
à cjui la capita'e^a^JçS/.^iris jjr^ndc:»; fl'^gaticWi.que ros
feuilles t fyjjt içrnpliîs. des, c.ioge;,. qu'il, a jugement eoc-
rjiei; ^ ^.otiaud noijSj ayops;. çmplp^é les mots 4'habit
p. emprunt ,'on.j|MfUj yfgw, qu'il; ' paiivovfi.ètW quef-
ripn que dp . .çc.ûx mji ab|fíçj>t ^^«ejf» 4sÇf>ratioa qui
tóTe^i^râr^çnf , ,#C-.q»V* À- 'a de cet. habit,
cherchent à trornpjer le .peuple , parmi lequel ún se mêlent ,
quand il est question de ì'excitcr à quelques-unes de ces
émeutes qui fattyjiw^-seaájanríest" U gatdc nationale, à qui
nous adreííoas notre profession de foi.

Les Jacol-ins favoient qu'à ekaque émeute populaire , deux


ou trois cents braves militaires le rendement spontanément au
château des Tuileries , peur défendre, au besoin, la persienne
íàcrée du Roi& toute son augusts famille. Il falloit éloigner
■ c§s défenseurs , a/j» d'arriver plus aisément au but ; & les
( 3« )
agens du club dominateur, dans un de ces jours d'érneute j
onc arrêté le premier militaire qu'ils ont reconnu ,arrne dans
les appartiens. Lc sort a tombe fur M. Decours ; il pouvoit
tomber fur tout autre. Quel est i'hoinnK' prudent , qui marche
fjns pistolets , quand la multitude est en effervescence ? L'ar-
restation avec beaucoup d'cclat , Pempiifonneroent de M.
Decours , les mauvais traitemens qu'ont reçu, dans le château,
les autres personnes qu'on coniioilloit bien pour venir à
chaque so'.s qu'il ) avoit du péril , mettre leurs têtes entre
celle du Roi , Sí lc fer des alsallins de la capitale , mettent
plus que jamais en évidence le projet connu des Jacobins.
S'ils font passer le décret 'qui déclare la déchéance du
trône, en cas que le Roi s'éloigne du corps législatif , les
avenues étant ouvertes aux brigands stipendiés , ils décla
reront, quand ils voudront , le tiòne vacant, la France répu
blique, & 'le sénat dictateur. • '

Un ci-devant magistrat n'ayant conservé de son premier


état que l'amour de la justice, obfervoit judicièuscrnenr ,
l'autre, jour , qu'il faudroit qu'il fût enjoint aux monfei-
gneurs, les jutcurs de pond , au lieu de la croix d'or, une
petite marmite suspendue au col par uu ruban aux trois
couleurs nationales. On pourroit décorer ainsi de l'Ordre
de la Marmite , tous les braves ecclésiastiques qui ont si
glorieusement combattu pour elle. II est bien juste qu'ils
íoient à jamais distingués par la nation, des autres prélats
eyuí ont si frugalement sacrifié leur estomac à leur cons-
cL-nce.

Ce Journal paraît tous les matins.


Le prix de l'abonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris, & de 3 livres 25 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejl établi
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De l'Impúmeik du Journal de la Ccur Sc de la Ville


N.9 5.

J O U R N A L
D£ la Cour et de la Vie le;

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


La FONTAINE.

Du Samedi 5 Mars , i ri
11 est des conseils tres-justes, qui ne se donnent peint-,
Hiai* on ne sort des affaires desespérées, que par des so
lutions extraordinaires. Çeux en qui le ciel a mis des qu'a
lités qui doivent rendre beaucoup d'aubes heureux , ont
une obligation d'accomplir leur destinée,, qui prévaut suc
toutes les autres obligations. Les ames généreuses ne pé-
riíl'cnt que faute d'aveir aflex nwuvaise opinion des mé
dians. La patience, qui abandonne les jours dç l'homme
de bien à'ia violence de ses ennemis, est foïblesse, basselie
de, cœur, crime, & non pas vertu. Inhumanité pour qui
n'en a joint, est la plus dangereuse espèce de folie. . '
(Saint-Réal, tom. 3 , pag. 414. 1745.)
Quand on joue de grands rôles dans le monde, il faut
les soutenir avec dignité , & se faire assz d'effort pour ne pas
laisser ap;>erccvoir qu'on craint la mort. (Tom. 3 , p/.' 139. )
Le< grands états se détruisent toujours, qusuid on veut
en chasser tous les abus : comme un corps humain ne fau-
roit vivre , si l'on vouloir en tirer toutes les mauvaises
humeurs. ( Tom. 1, p. 443. )

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 4 Mars.
D iscussions fort sèches fur l'organisation militaire. Un
décret réduit à lix, le nombre des maréchaux de Franoe,
& leur accorde 30 milL- livres de traiesmens.
Tome II. Année 17,91. D
(42 )

* VARIÉTÉS.
Pourquoi excuse-t-on Marius d'avoir égorgé des millions
de Cimbrcs .vaincus, & ne lui parclcr.nc-t.-on pas ses pros
criptions '? .
C'est que le premier de ces massacres fut commis dans
l'ivresse de la victoire, & !e second de sang-froid.

Sur le do* d'une lente écriteau marquis de J..., frère


<Pnn évêque apostat , les commis de la | olte ont mis en
latin: « plût à dieu que son frère lui ressemblât ! '

Recette infaillible pour devenir Evêque de l&


nouvelle fab tique.

II faut abandonner le collège pour se faire soldat ; volet


un camarade de son régiment ; obtenir d'un capitaine, pout
lequel on a eu des complaisances d'un certain genre, le
moyen de s'évader avec une cartouche jaune , ce qui vaut
mieux que d'être pendu; venir à Patii avec cette recom
mandation chez un épicier; s'en faire chalser pour oatiíà
d'ivrognerie, , &c. 8íc. aller faire 1c bon a\ òtre dans un vil
lage , où l'on ne soit pas connu, pour ensuite devenir prêtre
à force de basfeiles , remp.ir les fonctions de cet état avec
la même .fidélité que celle de soldat &c de gardon éple-er ;
briguer une place de député à rassemblée nationale; trahir
son roi, fa patrie ; enfin renoncer à la religion de fes pères.
£i , après avoir employé tons ces moyens , cn n'est pas encore
tout-ÌT-fait crosse dans les formes , on peut s'adresser au, ci-
devant abbé Gou...., maintenant évêque d'Aut , qui don
nera avec plaisir les éclairçissemcns &c les petits détails
nécessaires pour une réussite coinplettc.
( 43 )
. —i k —
Grande- promotion du Marquis de Villette....
Lc pouvoir exécutif ayant obtenu l'agrément de messieurs
Lam.... & Barn... , vient de donner lc régiment des sans
íIl'lottes au marquis de Vilet,...

Aux Auteurs du Journal.


Bruxelles, le %-f' Février.
A tort me défendroit-on de décrire le pompeux spec
tacle dont hier je fus témoin : je veux parler du rr cueiíle-
ment peint fur la figure des Brabançons vertueux , qui fefont
rassembles au se' vice fait en l'honneur de l'eitipereur Joseph
II , frère de noire auguste reine. Chez les gens qui ont
bien connu ce prince, j'eili ends célébrer ses louantes. Quoi
qu'on fût cn ciroit de désirer moins d'ardeur , moins de ces
qualités, ( qui cependant font les héros ), il n'est personne
cr éclaire qui n'aie admiré cn lui tout ce qui constitue un
grand monarque. En esset , quel mérite nc íalloir-il pas
pour briller à roté d'un voisin tel que Frédéric! Ainsi,
quoique Joseph II n'ait pas été exempt' des défauts in
séparables de ('humanité , la postérité lui assignera une place
parmi les rois dont lc mjìk courage & le caractère pro
noncé, ont surmonté ks orages politiques ; parmi les rois
qoi fe font exposes à la mort plutôt qu'à l'opprobre ; ( i )
enfin, parmi les rois ouï ne meurent fa* en mourant.
Vous tracer les sinistres idées que , pendant cette funèbre
cérémonie , eofantoir mon cerveau ; vous peindre la solli-

(i) Remarquez que quiconque s'eipose avec courage,


r'sque moins qu'un lach?. Cette vérité ,peut s'appliquer de
puis k sceptre jusqu'à là houlette , &. depujS les braves
Maury , Cazalès , Foucaud , Guillermy , d'Ambly, &c. en
oppolition avec un Mira... un Lian.... un d'Àig Sc
aigres gens , toujours fur le yui vive à l'afpect d'un bâton...
( 44 )
citude de mon coeur, toujours occupé de la situation de
mon maître & de fàn héroïque épousé ; rion , aucun style
ne pourroit l'exprimer. ííeulement cc que je puis vous dire,
c'est que, dans un de ces instans où, pout ainsi dire , le
spasme du sentiment rassembloit toutes mes facultés , su
bitement je fus réveille par l'apparition de l'ombre de Jo
seph ìí , mettant fièrement la main sur son armure royale ,
& regardant d'un oeil foudroyant les tyrans de fa sœur. '
J'atteste l'immortel auteur de la nature , que ceci n'est point
une fable , mais bien le fruit de mon ardente imagination
& de la douleur que je ressens de voir mes véritables &
seuls fouvetains , . fans amis, fans espoir , & entourés de
cjuelques Valets espions. A dieu ne plaise que je regrette
l'ancien régime ministériel. Mais les abus à réformer né-
ceflìtoient-ils l'avilissemcnt du trône ?"Ofer&-ton me dire
que la sanction du roi aux décrets de l'assemblée soit li
bre ? Osera-t-on me dire que la prétendue autorité de cette
assemblée n'ait pas brisé le sceptre de nos rois? Si cette
assemblée s'arroge la souveraineté , le Roi n'est plus qu'un
COMMIS-GREHIER. Comment donc cette poignée de dépu
tés , outre-passant les pouvoirs de leurs commettans, peut-
clle prononcer encore le nom de Roi après s'ètrc" partagé
ses dépouilles ? En un mot , si l'aflemblée est souveraine ,
Louis XVI n'est plus Roi ; donc elle l'a détrôné.
Meude - ,V ONPAS.

II est heureux que la cour ait eu des ennemis ; mais il est


honteux pour les Français , que ce soit ceux qui en ont le
plus reçu de bienfaits ,& pour lesquels on a le plus vexé le
peuple , qui soient dans ce moment ses plus grands ennemis,
pour ne pas dire bourreaux. * 1

M. de la Fayette avoit lui-même donné des cartes d'entrée


à plusieurs des honnêtes citoyens qui s'étoient ralliés autour
du roi, au premier bruit d'une cnK-ute : ils étoient per
suades qu'on ne faifoit attaquer Vinçenues que pour p»rter

1
les secours dé ce côté-là , & exécuter avec plus de facilité
le projet avorté le jeudi précédent. Nous ne sommes pas
encore assez punis, puisque le ciel favorise toujours les
scélérats qui servínt d'instrumens à fa vengeance.

Chanson sur le refus du serment de V Arche-


vêque de Lyon.
D'où te vient , prélat reluctant,
Ce zèle d'un apôtre? « •
Nous prends-tu pour des croyans,
Des fois ou des bonnes-gens ?
A d'autres, &c. ,
Tu nous prêches Jésus-Christ
Et son pur évangile :
Vain propos , jargon bénit , <
De la ttibunc proscrit ,
Vieux style , &c' ■

Des Mahomcts inspirés


Par le grand Dieu nature,
Ont remis i' homme égaré ,
Dans la voie , & puis montré
L'allurc , &c.
Dans le jargon introduit
Par nos docteurs modernes,
Le jour s'appellera nuit ,
Et le soleil qui nous luit t
Lanterne , &c.
Le froc, la croix , le mortier ,
r— " Sont mis à la censure ;
( 4* }
D'évèqùe deviens m.ûfi'?r,
Robin , arheé, usurier
Ou jure , Síc.

Le jour de la fameuse conspiration contre la famille


royale, découverte au cbâtcau des Tuileries j.pac M, de
la Fayette , tandis qu'il reprrnoit fur la nation le donjon
de Vincenrfes , M. le prince de B... confrère de M. Bailly ,
comme membre de l'acadernie française , sortoít de chez
le Roi, &í rcg.ignoit majestueusement sà voiture J prccétìce
de deux grands domestiques qui portoiem devant fui des
flambeaux. Cette pompe- , cet état attirèrent fur lui la
troupe échauffée qui makraitoit & outrageoit lés cons
pirateurs aflez mal irttentíonés pour vouloir faire au' roi
un rempart de leurs corps , eh cas que l'érneute de Vinceanes
se portât fur le Louvre. M. le mr.réchal bien battu, bien
houspillé, fut conduit à la perte des cours , à grands coups
de pied dans lé cul. Mad. la maréchale , qui a cultivé avec
tant de foin l'arbre de ta liberté , doit etre enchantée de
voir M. le maréchal cn goûter les fruits. —M. le prince
de P.... qui avoir caressé autrefois la révolution, en a été
pareillement caresse ce jour-là, fous la pîélïd'ence de M.
son frère. Tant il est vfai qu'on est tôt ou tard 'récom
pensé comme on le mérite !

Tout le monde sait que des quatre parties de la terre


l'on accourt pour voir & entendre nos Salomons , dont la
sagesse étonne l'univers, Laiíïbns-là, pour- un instant , l'iro-
nie , elle ne peut être sentie par une nation qui n'a ,plus
d'honneur', & qui, par fa conduite & fa crédulité, met
en problème , si elle est plus ridicule qu'atroce. Les étrangers
qui errent dans ce royaume, font des curieux qui viennent
fur les lieux voir l'esset d'un empire qui se dissout ; comme
des naturalistes hardis vont affronter les dangers d'une con
trée agitée par des trercblemcns de terre , pour voir l'hor-
tible spectacle de la nature en Convulsion. Les Angiois, sur
tout f aussi étenucs que honteux de la réparation que kous
U7)
xvons usurpée depuis si long,-ums d'ètre leurs tinia ,
saivcnt , étudient avec p'.us d'attention les périodes de noue
- décadence , pour nous mepriíer de plus prés ; ils allìitenr
autant que leur couiagc ielsur permet, aux séances de nos
kgiíhteurs , qui reiíemblent bhn. plus à ui.e afl'.'mblée de
ruauvais singes , que d'cmules du peuple penseur. L'un d'eus,
assis parmi les gauchers, dans la fameuse séance où l'on
décréta la libre cuicure du tab.c, dans toute 1 étendue du
royaume , haulíok les épaule» à s'en, iatiguer. Les focs k>ni
ordinairement orgue'.lbuc , par conséquent lusceptibles : '119
enragé prena;it de i'humeur de ce gplte dédaigneux , dont ,
par instinct , lans doute, il s'attiibuoit une j art , lui demanda
vivement , ce que cela signifiait ; s'il eu vouloit à quelqu'un :
.» non, monsieur, répondit froidement l'Angiois, je n'cft
j> veux à personne : le signe de pitié est souvent involon-
>> taìre, comme la pi tic merne; mais je pense que toute
' j> la nation franraisc va maintenant eternuer , St que rious
»» autres Ánglois nous vous dirons : Dieu vous bénisse »'.

Le foin qu'on a pris de retenir la garde descendante des


Tuileri.'S , pour renforcer la garde montante ; le foin encore
plus marqué d'apporter du via £ du punch pour ennivrer les
remplaçons soldes far ies Jacobins , annoncent aífez que
le projet d'insulter aux honnêtes citoyens , qu'on étoit fût
d'attirer auprès du Roi , ai excitant une émeute , éto.i; formé
Àès le vendredi précédent.

M. le maréchìl de Mailly nous prie de publier qu'H


n'a point eu à se plaindre de la façon dont il a été traité
n lundi aux Tuileries, n'ayant eu qu'à se louer des marques
distinguées d'attention qu'il a reçues de la garde nationale.

Oa ne conçoit rien à nos augustes législateurs; ils otrt


des porte-feuilles immenses pour acheter des biens du clergé,
Sí k plus souvent iis n'ont pas d'argent, pp.ir payei leur
( 48 ) ,.
dîner. L'autre jour, M. Men.. sortant de chez un restau-
tateur qui l'avoit mis à la porte, en lui .disant qu'il nc
pouvoit plus lui faire crédit , entendit une petite voix douce
qui lui íaisoit chit, chit : — Va te faire f. lui réjondit-il,
je n'ai pas le fol ; mais il fut bien agtcablemcnt surpris, quand
il vit que c'étoit son ami d'Aig....

Si les murmures jacobites, auífc indé-cens que fréquens,


qui ont empêché le suppléant de l'archevèque de Tours de
se faire entendre à la tribune de l'alsemblée nationale mer
credi dernier, n'avoient pas eu lieu, on auroit entendu une
giande vérité sottie de la bouche:
ic Le serment est inutile poux les honnêtes gens, & nul
» pour les coquins i>.

Lorsque lc Roi , avec un air de bonté sans égale , engagea


tous les honnêtes gens qui étoient accourus pour le dé
fendre , comme ils l'avoient fait le jeudi précédent, & leur
dit de remettre leurs armes dans une commode de fa
chambre , ou sous son lit , si elle ne pouvoit pas tout con
tenir-, ils furent si touchés, que les fédérés fur-tout se
précipitèrent sur ses mains , fur son habit pour les baiser ;
5c tous, d'un commun aícord, criereilt vive le roi : ce
fut ce. cri qui alluma la rage dans le cœur des stipen
diés jacobites , & qui les porta aux excès inouïs dont ils
se rendirent coupables jeu de tems âpres , ma'gré leurs
chefs , & au giand regret de la garde nationale bourgeoise,
qui n'y prit aucune part.

CE JOURNAL parait tous les matins.


Le prix de l'abonnement est de 3 liv.par mois
pour Paris , & de 3 livres 1 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

De l'imprimetie du Journal de la Cour 8c de la Ville.


N.» 6.

J O U R N A L',': :

de la - Cour et de la Ville.

Tout faiseur de Journal doit tiibut au malin


La F o n ta in e.

Du Dimanche 6 Mars 1791.

La garde nationale est composée de gens honnêtes , justeí


& humains. Pour fa gloire, pour la sûreté publique, eïle
est donc intéressée à découvrir les officiers (s'il y en a),
& les fusiliers qui, lundi dernier, ont, chez le Roi même,
outragé, blessé, foulé aux pieds, accablé de coups des ci
toyens, des Français í il faut qu'elle en fasse un sévère
exemple. L'ivreiie ne peut excuser un pareil attentat contre
le relpect dû au Roi , contre la liberté & le droit des gens.
Celui qui en a pu donner l'idée , Tordre, ceux qui T'ont
exécuté , font punissables ; il faut qu'elle les rejette de son
sein avec horreur , si elle veut que l'estime des hon
nêtes gens Si leur confiance puisse encore se reposer sur elle.
Les citoyens innocens qui ont été conduits aux prisons de
l'abbave , ne peuvent y être plus long-tems détenus fans
la plus grande iniquiré , & la punition de leurs lâches ha-
pechaiis est une indemnité qu'on ne peut leur refuser. Les
effets & les bijoux qu'on leur a volés , font croire qu'il faut
que ce soit queiquss brigands qui avoient pris un uniforme
qu'ils n'avoient pas le droit de potter.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 5 Mars.

ï L se forme à Orléans un triburiâl"pour les crimes de lèse-


nation. M. de Breglie s'est' présenté à la tiibuué, Sc. a ex
pliqué les motifs* qyi empêchent Kl', te Maréchal son péi«(
Tome II. Année 1791. E
( 50 )
d'obéir ail décret concernant les fonctionnaires puWics.
On a suspendu l'exécution quant au grade de Maréchal de
France , mais non pas quant au ttatement.

VARIÉTÉS.

Lettre authentique de M. de Marolles , évêque


de la ouvelle manufacture, à son predé-
cejseur.
Monsieur; ayant égard à votre grand âge & à rattachement
de vos diocésains, oui témoignent le plis grand regret de
vous quitter , je vous prie de vouloir bien accepter un ap
partement dans mon palais épiscopal.

Le pete de la patrie doit en tout tems être obéi pré-


férabl-.'ment au perc des patriores, parce qu'enfin c'est le
pere des percs & des enfons.
Je vous prie , messieurs , de vouloir bien insérer cet ar
ticle dans votre journar.
Claude Fauchet , de la part de Rousseau.

Pour mettre au bas du Portait du petit Barn.


n Tenter est des mortels , réussir est des dieux.

L'amitié est devenue une chimère.

Si le peuple aujourd'hui se soulève , s'il se porte à quel


ques excès , même contre les aristocrates , vous entendez
ee même peuple n'en accuser que les aristocrates. Et de qudç
aristocrates veulent-ïls donc parler ? De ceux du côté
jrauche de l'assemblée die nationale , ou des jacobins , fans
doute! Point-du-tout , de ceux que l'on ruine, que l'on
pvle, que l'on incendie, que l'on assassine. II n'y a pas beau
coup d'adreís: à égarer ce pauvre peuple , sur-tout celui
de í;a:is, puisqu'on lui p-ersuad; de pareilles absurdités. Les
démagogues font (i sûrs de fa bêtise , de fa crédulité ,
qu'ils ne prennent pas même la p?inc d'imaginer du vrai
semblable ; les mensonges les plus absurdes , toas Icj jours
répétés, leur suffisent. En vain, depuis deux ans, il apprend
le lendemain que ce qu'on lui avoit dit la veille est faux ,
il est toujour; austì disposé à croire les nouvelles faussetés
dont on le régale tous les matins. II est cependant bien
puni de fa rébellion. Les assignats , que l'on distribue à
quelqu'uns d'entr'eux, ne peuvent soulager la misère de tous,
éc cette misère est telle , qu'il faut avoir re coeur d'un dé
mocrate, d'un jacobin sur-tout, pour la voir sans frémir
d'horreur ; & que de maux encore n'est-il pas permis de
prévoir ! fur qui reromberont-ils ? fur ce peuple qui est déja
fi malheureux. Les d'Air..... les Lam les Barn.... les
Ctiap.. . les Mirab„ sc feront peut-être acheter , & fíni-
ronr en paix des jours souillés des crimes les plus atroces.

Toutes les classes de citoyens qui ont en part à la ré


volution, font punis de leur révolte, par la perte de leur
•état , de leur fortune, de leur repos, & par tout ce que la
misère a de rlus affreux , fans compter que les plas grands
malheurs les attendent. II nJy a plus que les gens attachés
an roi, dont l'ingratitude n'ait pas encore été récompensée
comme elle lc mérite. On est indigné lorsqu'on entend ces
monstres applaudir à l'humiliation ou meilleur des maîtres ,
& lorsqu'on sa.t que plusieurs d'entr'eux font vendus à fe»
ennemis. Qui le cro'roh ? la livrée de ce bon roi est aujour
d'hui un signal plus certain de rébellion , que le ruban aux
couleurs d'Orl.. Parmi les commis des bureaux des mi
nistres, fe trouvent les plus forcenés démagogues, MM.de
la guerre , du contròle-gcnéral font ptesque tous des en
ragés. Le club des jacobins en compte plusieurs parmi fes
( 5? )
membres les plus factieux. Si un nouvel ordre de choses
s'établiijbit , on ne pourra se dispenser de purger & la maison
du roi , & les bureaux de tous ces furieux , cent fois plus cou
pables que les- malheureux qu'on égare ; car , s'il y avoir
des abus, ils en ont profite, & nous oserions garantir que
les plus ardens à déchirer ce sein qui les a nourris , font
ceux qui ont été les plus iniolens,les plus avides 5c les
moins délicats.

Bouche de fer. Que signifie la proclamation du dépar


tement de Paris, que je viens de lire à rous les piliers du
Paíais-royal ?
Rêp. Elle ne défend pas , mais elle désapprouve les at-
troupemens qui inquiètent les citoyens.
D. A qui attribue le département ces attroupemens ?
"R. Aux ennemis de la constitution.
D. Mais quels font ces ennemis de la constitution ? car
là nation, qui lisoit derrière moi, difoit que c'etoit les aris-
tocrares.
R. Eh! fans doute , ce font les aristocrates; ces coquins ,
ces misérables , ces ennemis de tout bien , qui prêchent le dé
sordre, 8c ne vivenr que de crimes.
D. Je m'y perds; je ne. reconnois pas là ceux que la na
tion appelle aristocrates.
R. Pauvre imbécille ! tu ne connois donc pas les jacobins ?
1

Les douze commissaires jacobites nommés pour influencer


le choix du fonctionnaire public qui remplacera le grand
exécuteur de la justice, étoient fort embarrassés par l'af-
fltience & le mérite des candidats: Guillot.... Void..., Barn...
Car... Gors ... , étoient fur les rangs , Sc se ba'ançoient avec
une sorte d'égalité : on regrettoit fort que le bon parriçte
Pant.... eût été place dans une autre sphère , & l'on cher-
choit enfin à fixer son choix , lorsque le grand Saint-Huruge
a paru, de retour de fa grande mission : tous les suffrages
se sont réunir, & il est indubitable que ce sera lui qui aura le
plus de voix dans rassemblée qui doit élire. Tout eu lui ,
i

(53).
au moral comme au physique , annonce ure vocation déci
dée , & les aristocrates qui palTeront par fcs mains , boiront
le calice jusqu'à la lie. Au surplus, pour ne pa> rebuter le
zèle & les talens des autres candidats , ce fonctionnaire au
ra quatre assesseurs , Scieurs fonctions feront à terme, afin
que tout les bons patriotes puissent y prétendre fuccelli-
vement.

Trois fois j'ai lu Tordre donné paï M. de la Fayette à


la garde nationale ; trois fois mon esprit a refuse de croire le
témoignage de mes yeux. Quoi '.c'est M. de la Fayette qui
ose suspecter la loyauté de ces gentilshommes qui font ac
courus pour servir de boucliers à leur maîtres i C'est lui
qui parle de perfidie, de desseins dangereux, de trames çri-
ni'nelles! II est vrai que ces gentilshommes n'adulent pas
bassement la populace pour la faire servir d'instrument à une
ambition effrénée-, il est vrai qu'aucun d'eux ne se fût mis à
la tétc de la canaille pour venir aliiégcr son roi à Versailles;
il est vrai qu'aucun d'eux n'cút cédé ou plutôt feint de cé
der à un sommeil perfide , dans Tìnstant où des assaíTms ré
gicides cherchoient , le poíçn:,rd à la main , à Consommée
le plus horrible des forfaits -, il est vrai qu'aucun d'eux n'eût
consenti à le couvrir d'opprobrej en devçtiant le geôlier de
son maître ! .... Et c'est M. de fa .F^yçtt^; qui permet que
l'on outrage & qui outrage lui-même des serviteurs restés
fidèles qui viennent mouiller de leurs larmes , les fers du
plus infortuné des rois, íìc les soulever , pour lui en alléger
le poids!

Noblesse française , vous êtes indignée , indisposée ; je


sens par moi-même combien vous de vez, Tètrc; mais prenez-
y garde ; en vous livrant trop aux premiers mouvemens de
votre courroux, en détachant votre intérêt de celui de votre
Roi , en lui retirant votre amour , votre dévouement , vous
allez servir & seconder vous-mêmes les projets & les vues-
politiques de vos ennemis. Louis XVI, & pourquoi ne le
dirai-jc pas ? en laissant outrager , fouiller , défiimer , em
prisonner de braves gentilshommes , venus pour le défendre ,
( H )
sans les revendi<
chtx lui , &: que I
2te pour recevoir
it ce cjuc Lctsis XV n'auroit jamais fait , & n'a pas lait
cz cjiK- Louis XIV n'auroit pas manqué de sa'.re. Mais quc'.ls
trne soit ía conduite, quel ouï soit son emetére , n'en est-il
pas moins votre Roi légitime, votre prince , votre maùrc ?
Pouvez-vous, dans fe malheur, l'abandonner 1 AUcz-vcus
Cimenter aufù votre destruction , faciliter le plan régicide des
Jacobins , être dupes de leur combinaisons pcr£dcs ! Non , 1c
trône fera toujours le e ntre où se rallieront jves vaux Sic vos
bras. C'eit en songeant à votre souveraine, afctte femme dont
le nom doit vous rappeiler tout ce cjue la nature a produit de
plus grand , de plus sensible & de plus coi rageux ; c'est en
jetant des regards attendris fur son blusire enlant , que vous
vo is écrierez : mourons pour le père ; la merc nous saura
gro du sacrifice , & peut-etre cjue notre brave dévouement
conservera au fils 1; trône chancelant de fes augustes aïeux.
Les vôtre-; obtinrent leurs titres de gloire, en veifant leut
sang pour les siens. Si un ressentiment meme fondé , pouvoit
vous engager à abandonner leu rs traces, à laisser détruire le
Koi des f rançais , leur idole & leur ouvrage, noblesse srau-
caiie , ce seroit dégénérer , & vous en étés incapable.
lar un Gentilhomme, capitaine de cavalerie.

Pour meure au bas du Portrait de la Reine.


FíMINA PRONTE PATET , VIR PECTORE , DIVA DECORE.
Traits de femm; , cœur d'homme , air de divinité.

Je me croirois indigne du titre de citoyen actif, si je ns


ddnonçois pas à mes compatriotes le projet de contre-révo
lution qui se prépare. Mercredi soir , un Jacobin distingué
rar fa coéfsure fií par son air effaré , entra au casé de Foi,
en disant : « Je fuis au désespoir de vous aunoncer, Messieurs,
( n)
>» que les Lam... & Barn... jouent de leur reste, puisque
»> le parti anri-républicain prend laveur »».
Que les victimes de la révolution qui restent à sacrifier sont
heureuses , que les Lam... n'ayent ni génie , ni mëme de
l'esprit !

On dit que M. le marquis de la Fay.... , ci-devant agnelet,


maintenant o<_>(re!ec , a assuré, d'un air d'humeur, devant le to",
que lui seul répond de l'abbé Gourrc, do lïicétre, du pré
sident <le l'ask-mblie nationale, du saotouig de gloire, de
Claude Fauchet , du club ries jacobins, des barrières , de
la famille royale & citoyenne de Paris , du Charap-de-
Mars , des évêques de nouvell; religion, de la muuic'--
palité , du comité des recherches , des droits de Phomme,
d; .Vincenn.es, de la religion catholique, des Unternes, du
jeunj Bmiave, du roi, Síc. &c. óic. &c. Sec. Sic. Sec. &c.
Quelle tète, mon cher!

Adrejse de la Noblesse française à Louis XVI.


A moi, Français! c'étoit le cri
Du loyal , du brave Henri ,
Lorsque sa personne sacrée .
£>'e trouvoit un peu trop serrée
Par un pelocon ennemi.
A ce cri , toute sa noblesse ,
Qui sur sa trace étoit sans cassé ,
Vcloit près de lui, l'entouroit , (
Et du mauvais pas le tiroit.
Du grand Henri , tige adorée,
Ose dire un mot , un seul moc ,
Ose, & ta majesté bientôt
Siéra des Français entourée.
A l'aspcct de tous ;es malheurs,
C V )
Notre sanT bouillonne en nos veines;
II brûle de rompre des chaînes ,
Dont le poids pesé sur nos cceurt.
De: notre intrépide courage ,
Qui ne se démentit jamais ,
Nous te renouvelions l'iiommagc -,
Tu peux crier : A moi , Français •

Vous avez été étonné* du style & d n protocole de la


lettre de Mesdames à l'alTemblec ; vous ne le ferez plus,
ctuand vous saurez qu'elles avoient eu, j'ose le dire, P im
prudence de confier leur blanc-seing - au comte de Nakb... ,
& eue la lettre a été écrite & dictée ch;z madame de St....
• Tout cela s'cxrTuiue aisément. Le roi de Suéde devroit
bien engager son mari à la taire sortir de France, où elle
lí couvre de ridicules.

Un ben paysan de Mont-Melan , ennuyé de toutes les


Maximes chimériques que dcbitóit le procureur-syndic de la
Commune, lui dit: << Monsieur, ceílez vos balivernes;
» ie cxl ne nous a point fait égaux ; voyez ma main : fi les
» cinq doiges qu'elle contient étoient tous égaux , je ne
» pourrois pas remuer ma bêche «.Jamais mot d'un plus
grand íens n'a réfuté plus victorieusement nos coupables
novateurs.

CE JOURNAL paroû tous les matins.


Le prix de Vabonnement efl de 3 liv. par mois
pour Paris , 6? de 3 livres t ry fols pour la.
Province , franc de port. Le Bureau cji établi
rue Percée-Saint-André-des-Arcs , N°. 21.

De l'Imprirneric du .Tournai de la C*.it 8c ce la Ville.


. , ... .1 1Í io'I
N.° 7. - , >
• JO U R N A L ; -

de la Cour et de la Vil ik

Tout faiseur de Journal doit ttibut au malin


La Fontaine.

Du Lundi 7 Mars 179 r.


En nous citant , il y quelque - tems , les beaux vers de
Racine, qui, dites-vous, étoit un peu aristocrate, je scrois
tenté de lui donner pour pendant , en fait d'aristocratie, feu.
M. Dorât. Jugei-en par le fragment ci-après, tiré d'une
de ses épîtres , intitulée : La mélancolie , ou plaintes bS
MILORD
J'ai vu la perfidie,
Pat son impunité, bassement enhardie,
De mes crédules vœux, cherchant à s'emparer,
Approcher de mon cœur pour le mieux déchirer.
J'ai vu des hommes bas, insolens & perfides,
De honte enveloppés, mec hans avec froideur,
Tourner à leur profit jusqu'à leur déshonneur.
Jflon cœur peut-il s'ouvrir à tous ces vains sectaires,
Despotes déguises, novateurs téméraires,
Corrupteurs des esprits sous leur joug abattus,
Sous les opinions éteignant les vertus;
Esprits intolérans , dont l'inquiète audace
'Sappe les préjugés , fans rien mettre à leur place j
Qui, sous un air humain, sachant l'art d'immoler,
Oppriment les mortels qu'il iàudroit consoler!

ASSEMBLÉE NATIONALE.
. Séance du 6 Mars.

M , Camus a fait part du brûbment d'assignats quia «n


.|içu .vendredi dernier , pour 8 millions , & a fait entrevois.
Tome II. Année 1751, F;
C 1
k perspective d'un antre de $ , pour la fin de eette semaî»e;
•—Le président a instruit l assemblée de ['obéissance de la
municipalité d'Arnay-le-Duc, au décret relatif au déprfèt
de Mesdames , qui ont dû , en conséquence , continuer
leur route. —Un membre a fait nn rapport assez long fax
les parasols des halles & maichés.

VARIÉTÉS.
Dans une- section
Dont le siège & le nom
Ont fui de ma mémoire,
Quelqu'un faisoit la motion
De frapper, ne fût-ce qu'en plomb ,
Une médaille en l'konneur ic la gloire
Du grand homme Sylvain.
Un plaidant se levé soudain,
Puis se laistant, tomber sur son derrière:
la motion j'appuye, & frappe la première.

Lundi soir à 5 heures , les Tambours pareouroíent PsrS^


Bí invitoient tous les bons citoyens à se rendre en armes aux
Jacobins.

Le vent du bureau semble être pour l'cvèquede Babylone^


ill'a bien.mérité par fa démarche patriotique; car, pour oser
sacrer l'a^bé Maro... & Exb il a fallu qu'il surmontât
ses remords, & bravât le mépris des honnêtes gens. L'édti-
ture sainte appelle Babylone , la prostituée des nations. M,
('évêque alors ne changera pas de diocèse.

On espère que le comité de révision fera chaager les noms


des départemens. On pourroit substituer à ces npras-bisarrçs
<it monts #dc rivières , des noms utiles au co»merce , pxisì
f ft ì
3es principales productions du département. Vojcí le ttí
Weau que l'on pourroît présenter.
-Au-liev Département Gcfs-Lieux,-
De '.'Aisne des haricots Solfions.
De l'Aude du miel. Narbonue.
Des Bouc, du Rhône de l 'huile. Aiz.
Du Cantal des châtaignes. Aurillac
De la Côte d'Or de la moutatde. Dijon.
De la Dordogne des trustés. Périguíeu*
De l'Indre & Loire des pruneaux Tours.
De la Meurtbe des confitures. Nancy.
De la Meuse des anis. Verdun.
Du Rhône & Loire des marrons. Lyon.
De Saône & Loire du vin. Màcon.
De la Sare des poulardes. Le Mans.
De la Somme des pâtés. Amiens,
De Seine & Marne des anguilles. Melon.
De Seine & Loire des petits pains. Coneflè.
&c. &c. &c.
Comme Paris n'a pas de production particulière , & qu'il
«st fourni abòndammrnr de tout , on pourroit l'appeller le
département des Halles.

Extrait d'une Lettre de la Baye Mabaut , ijlt


de ta Martinique t datée le 3 Janvier *75?í»
signée , DuPUIS.
Nous sommes ici dans une position affreuse 5 plus d'ordre y
flus de loix , plus de subordination ; tout le monde veut
commander, par conséquent , personne ne veut obéir. Les
soldais se sont rendus maîtres de leurs o&àmn ils se îoex,
emparés du fort & des caisses publiques , de forte que nou«
sommes absolument sous leur domination. La Martinique est
perdue -, tout y est à seu à sang. Les noirs:, les mulâtres ,
les blancs s'entr'égorgent. Nous attendons notre tour avec
patience. II paroit que rassemblée nationale ne veut plus de
colonies. Nos malheurs font à leur comble , Sec.

Un ouvrage très-piquant seroit une liste de nos nouveaux


prélats , avec des détails historiqses . Ah ! ft l'ar.cien gou
vernement avoit jamms fait de pareil choix , comme on
auroit crié ! Le beau sabbat qu'auroient tait nos Jansénistes ,
^ui , pour la plupart , approuvent & canonisent cette infer
nale besogne l

M. l'abbé Volf.... ci-devant professeur d'humanité , a


4té élu évêque de Dijon.. Les jacobins eux-mêmes font
rnécontens de cette nomination ; ils Hatttibuent meme à
une ruse infernale, des aristocrates. Malgré le vettige dé
mocratique dont cette ville est infectée , le nouveau prélat
n'ose sortir, de crainte d'être insulté. Chaque matin il trouve
devant la porte , toutes les immondices & les betes mortes :
on la regarde comme la voirie. Ce pauvre abbé éprouve
ejue tout n'est pas rose daus la carrière de l'apostasie.

Que veut dire cette affiche répandue dans rous les corps-
dc-garde, qui annonce que le roi alloit prendre incessamment
l'habit de la garde nationale. Peut-i-tre Louis XVI qui
voit que , fous cet habit , le général MoiriÊ voudroit régner
à fa place , ambitionne celle du commandant-général. Au
surplus , il ne perdroit pas au change : ce fera fans doute un
troc de gentilhomme, malgré le décrer du 19 juin & la
scène de lundi. . ■■ ;

:. Dire d'un compagnon charpentier , témoin auriculaire , le


jour des travaux de Vincennes. M. de la Fayette étant au
feubourg Saint- Antoine : Mon général , lai. dit quel
qu'un, il cil bientôt tems de dîner ; mais dépêchez-vous.

Bruxelles , ce z mars:
On est habitué au style dégoûtant de la sale chronique,
à cette redondance de que, de oui , de car-QUAND, &c.
(i) cela n'étonne pas quiconque a daigné s'informet du gente
d'íducation baiiement scolastique des auteurs de cette feuille,
& de l'efpèçe de société qu'ils fréquentent. Leur impudence
seroit moins intolérable , U l'esprit , si la saillie délicate mas-
quoient un peu la lâcheté qui les caractérise. Par cxtmpie,
que signifie le mensonge inséré dans le N° du 17 fevrier , re
lativement à i'uniforme national ? Dimanche dernier , on
arracha publiquement au bal, le bouton national du cha
peau d'un de ces MM. nationaux , qui d'abord parut mé
content , mais dont la débile mémoire oublia, le rendez-vous
donué à un officier fuisse & à deux Français que je connois
bien. Ainsi, les chroniqueurs sont (j'allois dire de lourds
menteurs , qui ne seront jamais légers que dans l'occasion ).
Je ae croitois avoir besoin de signer cet article.
av -ij M.

Aux Auteurs du Journal.


II court une liste des aristocrates conjurés, désar
mes chez le Rci, & mon nom s'y trouve. Je pardonne à
l'auteur de cet infâme libelle une méprise qui m'honore. II
a dû croire qu'attaché par sentiment & par principes à la

(1) Que MM. de la chronique ne se glorifient point de


m'avoir pour lecteur; car je ne saurois pas un mot de leur
feuille , si une lettre de Paris nc m'en avoit instruit , me de
mandant des détails relatifs à la répugnance que la ville de
Bruxelles marque pour les uniformes qui ne furent & ne
' feront- jamais militaires , ainsi que l'a décrété l'intégre sénat
''■àdHc huir francs par jour , (bas les profits.
, ( H )
monarchie française, je ne balanccrois pa? à me reanir aux
défenseurs du monarque , lorsque fa sûreté pourroit être còrrií
promise; mais je fuis forec de corivenîr que je n'aí pas eu
l'honneur de me trouver au château lundi dernier. J'ap
plaudis au zèle qui y a porté' la noblesse : je me ferois associé
a ses périls, si j'avois partagé ses inquiétudes ; mais je les
ïgnoiois.
Je ne fuis point dans l'usagc d'aller chez le roi, parce que
je n'ai pas le droit de m'y présenter, parce que je n'ai auciine
espèce de titre pour l'obtenir jamais , &. parce jc ne croíí
pas que la révolution ait pu me donner cc que je n'avois
pas il y a deux ans.
Jc ne puis qu'être flatté de me voir aflocié aux noms
honorables consignés dans cette lettre. Mais quelque avan
tage que présente une pareille etieur, jc n'ai pas-cru devoir
la prolonger.
Do Bergier, Président de la Société des Ahks
de la Constitution monarchique.

Axiome aussi vrai, qu'un tout est plus grand que fa partie.
Si on est heureux d'être maître chez foi, un charbon
nier est -plus heureux que le roi des Français.
Santé Mirabeau. Ora pro nobis.

Les académiciens de Paris , amate»fs-nés des lettres ,


Ibnt charmés que l'empereur ait publié les siennes au
pouvoir exécutir., ci-devant roi de France ; & malgré l'in-
curable jalousie de métier , ils ne peuvent s'empêcher d'avouer
que Léopold est un des écrivains de l'Europe qui peut main
tenant faire le plus de bruit..... '

Un député gaucher endoctrinoit ies paysans d'un village


d'Artois , da diocèse de 3ouiogne-sur-Mer. —Entre le vi
( '7 )
Içâîre du village : —Eh bien ! liïi dit ironiquement le áìputï '
àvei-vous fait lc ferment? —Non, & mème je ne léserai
{'ás. —Ah parbleu, vous nc le ferez pas! cela est plailânt!
íous allons lancer un décret qui saura bien vous y forcer.
—Vous m'y forcerez! c'est apparemment parce que vous
portez une épée, que vous noyez pouvoir le faire. Eh bien !
attendez-moi un instant , je vais aulfi en chercher une , àc
nous ferons le ferment ensemble. Le Député u'a pas juge à-
propos de l'atteudre.

Dans Finsticuiion nouvelle


D'un Ordre burlesque & nquveau,
Tout prélat jurant pour l'écuelle,
Pourroit la porter de niveau.
Développons mieux la pensée;
De fonrange à triple couleur,
Marmite seioit rehauiïce ,
Sur la poitrine du jureur ;
D'un simple ruban enlacée ,
L'évéque sensible à ('honneur ,
La porteroit ; mais renversée.

Des dames de la halle parloient des fréquentes Sc longues


émeutes qui se font depuis quelques jours : une d'elles dit
^uc c'étoit la faute de M. Bailly, parce que c'étoit un Mair-
iani. »

Nos lecteurs auroient désiré un journal oà l'on eût dis


cuté & analysé lés décrets avec cette impartialité qui con
vient à l'histoirt : nous aurions désiré pouvoir ùbus en char
ger nous-jnêmes ; mais le journal de M. de la Croix ,
généalogiste pour Tordre de Malthe , semble atteindre lc
but : il est intitulé, « Journal de la nobleste, de la magis-
w nature, du sacerdoce & du militaire ». Nous aurions
;< 6 * )
préféré pour titre celui deJouRNAi de i'homm*
^d'état. II conviendroit davantage à la manière seime Sc
large de l'autehr , qui discute avec profondeur , mais fans
amertume, les travaux de l'aslemblée nationale ,& qui ex
plique véritablement , en homme d'état, les événemens aux
quels donnent successivement lieu la très-étonnante crise qui
déckire dans cet instant l'empire français.

Sur trois cents personnes qu'on rencontre actuellement dans


les rues de Paris , il y en à deux cents quatre-vingt-dix-neuf
qui annoncent, \M leur costume, par L'ur tristesse ou par
leur regard tigre, la plus grande misère, la plus grande in
quiétude & la plus grande íerveur jacobite.

Sur l'Air : Les écus font des écus , les billets


de banque y &c.
Les écus
Pour ks élus,
Et le patriote
Toujours dans la crotte. ■ ■• . ■ ■
Les écus .
Pour les élus,
7 Et le patriote
Montrera le cu.

CE JOURNAL paroit tous les matins.


Le prix de Vabonnement est de j liv. par mois
j>oiir Paris, & de 3 livres 1$ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rut Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.
De l'Imprimaie. du .Journal de la Cour Sc de la Ville.
N.» 8.

JOURNAL
DE LA COU K. ET DE LA V I L E.B.

Tout faiseur ck Journal doit tribut au malin


La Fonta in e.
# ■ > ■ ■ . ■ ■
Du Mardi 8 Mars 1791.

Voici un portrait que Louville, favori de Philippe


Roi d'Espagne : « II est soible, timide, irrésolu, n'a jamais
de volonté; le ressort qui détermine les hommes n'est pas
en lui; Dieu lui a donné, avec un bon cœur, un esprit dé
pourvu de cette énergie qui commande au malhéùr & à la
gloire ». Plaignons les Princes qui font nés ainsi; mais sou
venons-nous qu'il faut les servir fidèlement, & ne jamais
les abandonner.
- Un des plus beaux secrets de l'art de régner, est de savoif
cacher son impuissance.
Questions d'un Français.
Qu'étions- nous î que soinmes-nous? qu'allons-nous de-
vrnir ? -a
La génération française se fait pat un bain de sang.
On obeit à rAssemblcc nationale, non parce qu'elle a
•ailon , mais parce, qu'elle a du pouvoir.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance dû 7 Mars.
^/\* de Lautrcc « fait , en faveur de M. de Castríes, \%
mcme pétition qui a été faite pour M. de Broglic, en allé—
Tome II. Anne* 1 7511. G
( 7° )
guant que ses blessures s'étoient r'ouvencs. II a été ré Cola
que comme il n'cxistoit point de preuve légale de ce fair ,
• on passeroit à l'ordre du jour. On s'est occupé ensuite do
Vorganisation du militaire.

VARIÉTÉS. '
j
Lyon, ce i mars 17.91.
L'élection de l'évéque est faite : c'est M. l'abbé Lamou-
rette , l'auteur d* certains prônes civiques, qui ont fait du
bruit, & ont été vantés par les journalistes, parce qu'ils font
dans le sens de la révolution. On n'est pas d'accord ici fur
la qutst'on de savoir si ce M. Lamonre te est membre de
rassembke nationale-, les uns disent oui, les autres non. Dans
le dernier cas, nous l'aurons bientôt -, & c'est là ce qui in-
táeíse les deux partis. La plus grande partie des curés de
la ville vont fc trouver dans rembarras, & Uniront par aban
donner leurs cures , parce que , n'ayant prêté le fermenc
qu'avec des restrictions, ils n? peuvent pas le considérer comme
«n évêque canonique; sur-tout M. de Marbceuf ayant pro
testé & déclaré qu'il se regarderoit toujours comme « Ar-
» chevèque de Lyon , & Primat des Gaules >r. II faudra
opter entre l'ancien & le nouveau; & voilà le schisme.
Ce qu'il y a de singulier dans cette élection, c'est qu'avant
d'arriver à Lyon, aucun des, électeurs n'avoit, de fa vie,
entendu parler de M. l'abbé Lamourette; mais au moment
où les électeurs arrivoient par les différentes portes de la
ville , on exigeoit d'eux qu'ils se rendissent an club des amis
de la constitution , & c'est là qu'ils ont été endoctrinés. C'est
fans doute les jacoivns de Paris qui avoient désigné ce nou
veau prélat. C'est là qu'on appelle le vœu du peuple, & la
volonté générale. On demandoit au reste : Est-il prêtre, da
moins '!

M. Cam.. vient de faire fa'ne fori buste en marbre : il de


mandoit à un aristocrate, s'il kú/essembloit ? Oui, lui réfon-
jdít celui-ci, il vous ressemble eri corps Sc en âme.
(n)
Versfaitsfur le rapport de Vaffaire -de Nìsmes ,
par M. d'Alquier de la Rochelle.

D'Alqu..., Chabt..., dans leurs savans rapports,


Du blanc au noir ôtent la différence.
Des scélérats Chab... blanchit les torts.
D'Alcju... s'efforce à noircir l'innoccncc;
Pour cela seul ils diffèrent entre eux;
Mais la menace à peine est remarquable :
Noir de d'Alqu... au blanc est si semblable,
Bltnc de Chab... est djun noir si bourbeux ,
Que dans leurS mains on les confond tous deux.

L'affemblée soi-disant nationale , ayant soi-disant aboli la


aeblcffe , & supprimu les armoiries , chacun , depuis quelque-
tems, exerce son imagination à se composer un cachet de
fantaisie; les uns suivant le sens de la révolution, ( comme
M. Jean Men.. , oui a pris pour légende : ennemi du culte
ít des rois ) d'autres suivant le sens contraire. Un chevalier
de Malte , qui ne regarde pas fa noblcffe comme daruite ,
ni son ordre comme destructib e , 8c qui defie à ect égard
tcus les Camus du monde , vient de taire graver un cachet
iont il communique l'idée particulièrement a les confrères:
la première lettre de (on nom , surmontée de la couronne
«le comte , est entourée du cordon de Tordre : autour , on
lit ce vers parodié de Corneille:
Avilis si tu peux , &c détruis si tu l'oscs.

Le général Morphée ne dort plus depuis le 18 février : il


envoyé à chaque instant chez l'cnquétcur municipal , pour
greffer la poursuite des personnes arretees dans l?s appar-
temehs du Roi , 8c détenues à l'Abbaye.
De son coté , M. Perron accueille avec toutes les grâces
possibles , les délateurs , dénonciateurs 8r témoins , pourvu
qu'ils soient a charge : il a eu la satisfaction de faire dire ,
samedi matin au général , par un aide-de-camp , qu'il fût
bien tranquille, que tout ircit à merveilles , qu'il a voit f'cjà
douze dénonciations : il en étet si joyeux, qu'il lc di oit
tout haut devant les humbles solliciteurs des prisonniers.
Ce zélé suppôt de la démagogi; jacob'te , ne reçoit pas de
même les réclamations à décharge; car un estimable membre
de la société correspondante du commerce & des colonies ,
étant aile ce meme jour i«! , de la part de ses collègues ,
oífrir caution pour M. Dccourt de la Tournelle , tenu,
pendant huit heures entières fur la sellette inquisitorialc de
M. Perron, ce municipal jugea tout-à-co.'p , qu'il n'étoic
dû aucune confiance au réclamons, parce que, difoit-il ,
i! sentoit le cl' i) monarchique; & fa caution juratoire
fut éconduite.
Les détenus cependant , révoquant eh doute la loyauté du
général, & l'impartialité du municipal, ont ose rendr*
plainte contre les auteurs , donneurs d'ordre , facteurs , &c.
de leur arrestation , qu'ils appellent injuste , & des outrages
& vexations qui ont accompagne cet acte arbitraire
Mais les jacobins & le général ont leurs batteries prêtes ;
aaflì chantent-Us avec M. Perron : Ça ira.

Epigramme sur les chapeaux à plumes des


, Juges.

De nos juges nooveaux le singulier costume ,


Excite les bo'is mots: celte de les blâmer,
Car il leur convient fort ; tout ce qui porte plume,
Comme chacun le fait , cft sujet à voler.

Le révérend pere Claude Fauch-t. l'un des jurenrs as


pirant à J'évrch* de Paris , est averti charitablement ce h>n
se tenir. H rencontrera sur son chemin, uu tcrtible rival dans
(73)—-.
la personne de Mgr. Damoúehel, autre.jureur, rliecteur de
l'Univcrsité , député à l'aíTemblée nationale , & par-dessus
tout , enfant gâté des jacobins. Depuis plus d'un mois /on
est occupé fans relâche à recueillir , pour ce dernier , des voix
dans tous leS culs-de-sacs & carrefours de Paris. Les ames
dévotes qui voudront bien l'honorer de leur suffrage , font
priées de se faire insc ire inccliamment au bureau ctabli ad
hoc , chez un apothicaite , rue dé la montagne Sainte-Ge
neviève, en sacedu collège de la Marche. í>i son mérite &
ses. vertus -le font parvenir au premier sicgc de France ,
quel bonheur pour la capitale! Bons parisiens! vous pourrez
vous adresser à lui avec d'autant plus de confiance , qu'il n'a ■
'pas cette morale austère de nos évêque* célibataires d'au
trefois , & qu'il connoìt , tout aulïï bien eue le nouveau pré
lat de Soissons , les tracasseries Sí les détails du ménage....

Plusieurs jeunes gens du métier, passant dans la rue dès


Filles-Saint-Thomas, l'un d'eux disoit à ses camarades'. II
faut convenir , que la liberté est un; belle chose ! Tu aurois
raison, lui répondirent les autres, si elle faisoit le bien de
tous ; mais ne vois-tu pas , grosse bête , cju'il n'en existe d'au
tres que celle de s'attrouper , d'arrêter , d'assommer , de
fouiller, d'assassiner , de tuer, d'empoisonner ,. d'incendier ,
d'expolier, de saccager , de piller Sí de voler; ce qui s'opère
en répandant de l'argent Sc distribuant des assignats. Sache
bien que c'est la manière dont 1e club jacobite , & ses affiliés ,
interprètent les droits de l'homme, fans que l'infernal co
mité des recherches trouve rien à dire à cela. . v

M. B....d. donne aujourd'hui lundi , une fête dont vaa-


damc la duchesse d'Ar....g doit faire les honneurs ; ce ne
fera qu'une pure cérémonie pour madcmofelle de Saintc-
Amar : elle s'y' trouvera pour instruire les jeunes de
moiselles du bal dans l'excrcicc du faut périlleux ; elle le
íait-avec tant de légèreté , qu'elle est en étac de le recom
mencer aussi souvent qu'on veut. M. B—d a prié beaucoup
di femmes , & exclu beaucoup de maris -, les premières lui
(74)
serviront de parade ,& il réserve les seconds povtr son usage
particulier. Quelque soin qu'il ait piis pour se procurer une
assemblée nombreuse, & quelque désir qu'on ait de s'y ren
dre, il fera toujours resté fort en arriére de son but ; mais
fa manicre d'être , peut lui rendre cette attitude agréable
au moral comme au physique. ' i

Extrait d'une lettre de Saulieu , du z Mars. .


Malgré les décrets de rassemblée n tionale, malgré les
arrêts de département , Mesdames font toujours détenues
par le peuple-roi d'Arnay-le-Duc , à qui on a dit tout
bas de tout oser, parce qu'il seroit soutenu, payé, tandis qu'on
lui difoit tout haut , qu'il étoit trés-reprochable dans fa
conduite. Le sieur Boui|lé n'a pas donne le conseil d'ar
rêter Mesdames , mais il avoit eu foin de prévenir du jour
de leur arrivée , afin de leur ménager fans doute cette bonne
réception.
' i. " dw ,
Dialogue entre le jeune CHAMPCEN ... & la
petite de STA . . , se rencontrant ne^ k ne^ à
lasortie des Bouffons.
Mad. de S t a . . .
■ Ah', ah'. M. de Champcen. . , je fuis bien aise de vous
trouver. Expliquez-moi donc votre acharnement à me pour
suivie dans vos chansons , vos épigrammes , vos journaux ,
enfin par-tout , excepté chez moi?
Champcen...
Rien de plus simple, Madame -, je fuis né médisant , je
dois toujours songer à vous : jc vous ai vu une fois , je dois
toujours vivre loin de vous.
Mad. de S t a . .. '
i Je n'enreods pas trop ça, Monsieur ; mais craignez qu'4
la fin , ma h^jne ne m'apprenne à me venger de vouì.
( 75 )
Champcen...
Ah ! Madame , méfiez- vous de votre haine, elle est plus
áoucc que vous ne croyez,.
Mad. de S t a . .
Méfiez-vous-en aussi , elle conduit à l'amour.
, Champcen...
J»ste ciel !
Mad. de S t a . .
Tremble !
Champcen...
■ Ingrate! vous me menacez , moi qui tous célèbre
depuis dix ans , moi qui chante tous vos ridicules , moi ,
enfin , qui parle de vous, ce que vos amans méme n'osent
faire !
Mad. de S t a . .
Comment ! Mathieu , Bcauharn . . ., Alexandre, ne pat-
lent pas de moi ?
Champcen..
Eh mon dieu non ! ils parlent de vos lumières , de votre
esprit , de vos vertus , & tout cela ne vous regarde pas.
Mad. de S t A..
Et Narbon . . ?
Cham pcen...
Pour celui-là, c'est différent. Vous l'aviez subjugué en
rabrmilsaut. U étoit tombé par accident à vos genoux, fie
il ne vous adoroit qu'à quatre pattes. Mais enfin , il s'est
relevé , il a ouvert les yeux , & vous ne lc reverrez plus.
Mad. de S t A . .
Savez-vous que vous êtes bien impertinent ?
Champcen...
Que voulez-vous , Madame ? il y a des occasions où cela
vaut mieux que d'etre insolent.
( 7<)
Mad. de Sri,,
Je savois bien que vous étiez un foc !.. .
, Chamîcin,,
Je le crois , j'ai répondu à vos lectres fur Rousseau !.. ;
Mad. de S'r a.. .
Mais je ne m'imaginois pas que vous puissiez être un fat;
Champcen...
Cela est vrai, cependant , car je suis le seul qui me fois
ranté de ne vous avoir pas eu. \ •
Maí. de S t a . .
Arrêtez, monsieur, en voiíà assez; on appelle ma voi-
ture> & je vous fuis , comme un monstre de méchanceté
& de mauvais goût.
'C H A M P C E N .. .
Vous me fuyez, Madame? cela est bien dur! Eh bien!
jt vous paidonne tout.
Ce petit dialogue r.ous a été fourni par le loehigraphe
du comité des recherches. Cet honnête article court main
tenant les fpectacU's pour recueillit tftte vingtaine de mau
vais propos dont rassemblée natiom>'c a besoin ; & pour ne
^jas manquer , il ne fait grâce à aucune conversation.

En parlant du bal domié par un Anglois nommé Bed..., on


a oublie de citer uu certa'n M. de Vcrd.... qui est fou mé
decin , son ami, à qui il fait une pension de 100 louis, pour
raccompagner dans ses voyages, & faire les honneurs de fa
ma son , l'aider dans ses recherches. Pour plaire à Milord ,
il n'a pas eu besoin d'avoir une jolie femme : ce docteur pense
en tout1 comme M. Chapelier, porte des lunettes comme lui ,
mais a la vue infiniment plus courte.

On s'abonne pour ce Journal, rue Perce'è-Saint-


André-des-Arcs , N.° il.
De llmptiriiirrc du Journal de la Cour Sc de la- Ville,
N.« 9,

.J O U R N A L

DE LA Cour et de la Ville.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


La Fontaine.

Du Mercredi 9 Mars 1791.


LlBERTATEM QDJE MEDIA EST NEC SPERNERE MODICE \
nec habere sciunt. Tit. Liv. , ch. 14. La populace, lors
qu'elle est libre, ne sauroit faire un bon usage de sà liberté,
qui est un milieu entre la servitude & le joug de la domi
nation; Sc lorsqu'elle est dans la servitude, elle méprise la
liberté avec excès.
Si Gustave Adolphe n'eût pas été tué à la bataille de
Ltnzcn, l'alíemblée nationale n'auroit pas la peins de tanc
travailler à rendre" la- France protestante, car toute rEu-
rope le seroit. "*
Si Luther & Calvin revendent au monde, ils ne feroient
pas plus de bruit que les Scotistes & les Thomistes. Les
lumières répandues dans toutes les conditions ont appris qu'il
nc faut jamais s'elever contre la religion du Prince, & que
quand cela arrive, il en nait des calamités affreuses pour
des siécles.
Dans une insurrection populaire, un peuple éclairé renverse le
despotisme sans dctrònei le despote, le peuple barbare égorge
le despote , & lailse subsister le despotisme.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 8 Mars.

1 ìF tabac fabriqué se^a vendu 3 y sols la livre -, le tabac


en feuille 11 fols la livre. On a fait le rapport fur l'or-
Tome II. Année 1791. H
( 78 )
ganisatjo^ du.fçésor public. ;Ce]í]iíe cíttè, séance a présenté
3; plus impcriánt , ' est le" bulletin' l'u par M.* lc président,
fur la tr.a adie du roi. Sa majesté a eu de la fièvre depuis
Víiidrcdi', avec de la toux-& de l'enrouement.

VARIÉ T É S.

L'assemblée nationale restcmble à un malaíe prêta périr


d'une paralysie lur k c6té droit , & de la gingrene fur le
côté gauche.

• Les corarcis aux a'des rassemb'és à Melun, ont envoyé


des députés auprès du corps législatif. Leur premier soin a
ére de se tendre au comite des. finances. M. Rorderer le- á
fi triai reçu;, qu'ils fimt désespérés. Ils viennent de publier
un m-moiri d'à, r:s lequel iì seroit peut-etre dangereux de
^ miconteriter. i - •

' Lofsq\'è M. de Marguerite eut terminé , lè mercredi 13


íévvicr , son discours , M. Alquier , rapporteur , vint lc trou
ver, & lui dit : » vos ennemis vous ont rendu un grand
"» service -, iU vous ont ini dans le cas de ne rien laisser à
»• désirer peur, votre ju sLifica- ion ; vos conclusions m'-ont
»> viv.'nunr touche , j'y' adhère d; cœur, & d'ame ; & si je
iPh*er(iî>'pa»'o.i:ioé'c.'e.'i référer au comité, je serois nvìn-
>j té siit-ie-chámp à la tribun:, jour le déclarer á l'aStnv-
1» blec ».
- ' Lc ♦-.•n4reoi 1 j -f'vri.-r , w! le du jugemsnt , il sut arrêté
aux jacobins de períist.-r da.is 1; projet du comité , &d'cm-
pécher le maire d'cNiímes, de tepondre à M. Barnavc. .— II
est une circonífanee bien essen.iel'e, c'est que le côte choi:
ayark, drniánde la 'questiJn- préalable, sur le hií-AmSvls
contenant un jugement 8í de; sa ts dont M. de Ma g.ie ite
p voit dejuontré ta fausseté, i'çit retire en entier sijt-k-cbáîn^,
(79)
*c a déclaré ne prendre aucune part à cette inique délibération;
Le côté gauche resté seul , » ajouté deux clauses aggra-
Yanccsv aux projets de décret proposé par le comité.

Qiicflìon,

Qu'a youlu dire M. Dudos.par cette phrases


■ ~"rLcs F«nça>s font le feuì peuple du monde qui
» puiile perdre scs rcœars fans sc corrompre ».

Un illuminé vantoit dernièrement M. le ci-devant évêque


d'Aut, , son éloquence, scs talens, ses lumières,'* alla:
iríéme jusqu'à l'appeler une des colonnes de 'a constitution.
Un bon Français, St qui à cette qualité joint celle de bon
chrétien, justement révolte de ce panégyrique, s'écria : Si'
c'est Une colonne de la constitution , tant pis pour la cons
titution, car elle repose sur une colonne toile au dehors ,
& pourrie en dedans.

Nous avons annoncé , il y a environ trois semaines, que le


le club des Jacobins avçit écrit à ses clubs affilies , d'envoyer
à Paris , chacun suivant ses facultés , deux , trois. ou quatre
de leurs membres les plus factieux. Ceite armée de brigands
est arrivée en grande partie. On fait dans ce mom-nt-ci , des
■visites dans le> hôtels garnis , où on en trouve dont les fi
gures feules font faites pour effraye . On rric , ou supplie la
garde nationale bourgeoise , de les observer , de veiller fur
çux; o» prévoit un grand éven.-meut pour aujourd'hui mer
credi. Oh' présume que cette armée y aura beaucoup de part.
Le club des Jacobin; r.'a p s gagné , à beaucoup près , toute
la gatde soldée -, ii n'en a ras plus d'un huitième à fa dis
position : tout le reste est h.mvte , incotrup: ble , & lc réu
nira aux braves gens qui aiment vcritablémciu leur Ríj'ì &:
leur patrie.'
( 8° )

Encore quelques détails fur la séance de vendredis févjíer ,


où il a été décrété qu'il n'y auroit plus que six Maréchaux
de France, avec 30 mille livres. Un duc fort epais vouloir ,
dans son coin , qu'on leur en accordât 40 mille. Un de ses
voisins , Jacobin , l'a contrarié & contrcdir. Le ci-devant
s'est mis en colère , & lui a dit avec noblesse : Au surplus ,
monsieur , çe n'est pas pour moi que je parle , je ne fers plus.
-—Er quand vous serviriez encore , a repondu le Jacobin ,
on sait bien que de tous les bâtons , celui de Maréchal de
France est le seul qui ne soit pas fa.t pour vous. Je ne fais
comment l'affairc se passera ; la grosse masse étoit bien agitée
Sç bien émue : çe qui m'en plaie , c'est de voir comment
ces Messieurs se disent enrr'eu x leurs vérités. —Dans la
roème scance , j'ai entendu les députés du côté gauche , le
dire : « Allons , haut-lc-cul , Messieurs) gagnez donc votre
)> argent ». Ce qui m'a paru d'un excellenr ron, & m'a
pénétré d'admiration pour ce côté gauche Sí la loyauté.

Le sujet de la haine de M. Barna.. contre la municir


palité de Paris , n'est plus un mystère : celle-ci, par fa
proclamation qui défend les masques Sç autres parries -de
carnaval, y a rn's le comble , ear il sç promettoit l'innocent
plaisir de promener le beeuf-gras.

Deux femmes criant à tue-tête : il arrive! il arrive!


passoient le dimanche-gras devant une église où l'onsacroit.
Sacredié ! dit l'une d'elles à la chaircuitiere vis-à-vis , gardez-
nous d'vot vieux oinr , la m:re ; la vente va , j'voulons
frire aussr d'yos macraux.

On a vu, dans le Journal de Paris du 4 de ce mois, qu'on


s'étoit permis d'annoncer que le Roi avoir dorjné le com-
-«andemenr général de la domemicii í de fa maison , pour
I . ' -

'■ t 81 ) ' ■

parler le langage du feuil'.istc à M. de la Fayette. ÏJans le


journal du 7 , le rédacteur a bien voulu se démentir lui-
même , en insérant un article qu'il dit lui avoir été adrelsé ,
Sc que nous copions.
» On a inféré dans le journal du 4 de ce mois , un article
»» fous le nom de variété , relatif à une prétendue disposition
» de sa majesté, qui coníéroit le commandertient de ía
»> maison à M. de la Fayette. Cette (able , aussi ridicule
i> qu'inconvenable sous tous les rapports , n'a pai le plus leger
» 'fondement ».
Vient un desaveu du général , qui semble même vouloir
nous persuader qu'il n'ell |,as l'auicur ou ['instigateur de cette
fable ; ensuite une réponse à MM. de VulequiER Si de
Duras, la plus 'insidieuse & la plus faite pour persuader
qu'il avoit lui-même tend u le piège à tous les honnêtes gens
qui étoient accourus, pour mourir aux pieds de leur Roi, s'ils
ne pouvoient le défendre. Nous nc saurions trop le répeter ;
les fédérés, les officias de troupes réglées , les braves gens
de tous états qui sc font railembjes autour de leur perc ,
lorsqu'ils ont cru ses jours menaces , avoient été encou
ragés, invités nu-tne par M. de Gouvion & M. de Ville-
quier , à venir au secours de Louis XVI, toutes les rois
qu'ils foupçonneroient que fa vie scroit en danger. Plusieurs
de MM. les fédérés avoient reçu pour cela des cartes de
M. de la Fayette. Quatre officiers du Roi ésoient postes
avec la garde nationale à la porte de Brionne, Sc à celle des
Princes, pour introduire toutes les personnes à qui fa majesté
avoit accordé les entrées dans des cas extraordinaires. Qu'on
lise après cet exposé , la réponse de M . de la Fayette , &
Siu'on 1c juge. II patlc de « plusieurs hommes justement
aspects » , & on convient avec iui qu'il y en avoit ; mais
ils n'étoient entrés que depuis que les quatre officiers avoient
été forcés de sc retirer ; c'étoit des émiisaires des Jacobins,
reconnus à leur chevelure coupée , qui ont affecté de tenir
des propos indecens contre la garde nationale , pour l'e-
chauffer contre ceux qu'on avoir attirés dans le piège par
l'attaque de Vincennes. On n'étoit pas asiez fur que le vin t
le punch & l'eau-de-vie les eussent assez animés. On nc peut
refuser beaucoup d'habileté aux scélérats qui ont ourdi cette
trame , Sc qui ont ensuite répandu avec une profusion éton
mnte les plus invraisemblable, , tfs récits les plu, fW
pour soulever le peuple contre les serviteurs les plus ttk»
du Ro,. On. fiénut d'horreur, «,ua„d on pense aux ma
chinations infernales des ennemis dé l'état.

Quand M. le Vicomte de No A a été nommé président


de l'alscmblée nationale , Mad. la maréchal: de Noa
a dit que dans une alfenibk'e de volcuis , il vaioit mieux
être Cartouche cjue l'on valet

Une dame connue par son esprit & ses ta'ens , alTrstolt
l'autre jour u un-: séance de l'aíCpnbiiC nationale, & appiau-
diisoit de toutes ses ro ces? un d puie du côte gauche lui
en fit compliment: —ah 1 dit-cllc , je vouirois bien que ce
fut a tout tompre.

On ne conçoit rien \ certaines répuntions : cniand MM. <le


LaM. . ,'. fervoient dans le régi:nc:it de la Rochefoucault ,
ils fâìsoient des dette & ne les payoient point : ils étoient.
hauts avec leurs camarades , & infolens avec les bourgeois :
quand ili ont été co -rnels , ils Ont tait a(sommet lés cava'-í
liers de coups de plat de sabre ; à-présent , iis orif des ca-.
briolets avec lesquels ils écrasent Iss piétons , 2c voila cc
qu'on appelle de bons patriotes !

Extrait de Vhifi vre des révolutions .


d'Angleterre.
L'armée aux ordres de Jean Sam-terre , composée áci
montagnards fans cdottes , s'eiai t emparée , par surprise ,
du château de Vindsor , commença à en démolis les for
tifications : le ïKiNCS Blond , Cjui tn fut infi rme aaií;-
tót , marcha rjlíel. ue-tems après pour les chasser de ce posta
. ( *% )
Les deux armées étoient prêtes à en venir aux mains ; les
frondeurs montagnards avoient lancé quelqu.'s pierres , •&
l'armée du prince Blond , commençant à plier , on vit s'a
vancer un gênerai fans culotte , pour proposer une trêve ,
mais à condition que l'armée ennemie meuroit bas les ai
mes , & que le prince Blond lui-même, defileroit à pied, 1*
chapeau à la main , à la tête de ses ttoupes devant les mon
tagnards fans culottes : ces propositions ayant été mises
aux voix dans le comité général de l'armée, & la réponse se
faisant trop attendre , les amazones de l'arrpée fans culottíï
menacèrent d'engager le combat ; mais l'armée des blonds,
pour éviter l'effaíìon du sang , sc détermina , à une grande
majorité , à accepter les conditions , & les remplir avec toute
la dignité possible, emportant tout l'honneur de cette jour
née, avec quelques contusions & beaucoup de huées. Pen
dant que cette action se pailoit dans les plaînes de Vind-
sor , l'elite de la jeunesse gauloise , parmi laquelle on corne-
toit le général Mailiy , te gênerai Beauvcan, h général Se-
gitr, Si plus de trtnt: autres jeunes chevaliers, marcha pour
délivrer le roi Richard, que les Anglois tenoient prisonnier
dans la ville île Londres. Peja le jeune de Cour , qui for-
moit l'ava'r.c-gardc , s'etoit emparé de dçux postes avancés ;
déja les chevaliers gaulois ayant pénétre à sa'fuice , avoient
dépose Icifrs aimes aux pieds <ìe Richard , en (igne de leur
profond dévouement ; alois l'armée des blonds , au nom
bre d'au moins trente mille hommes , arriva pour s'opposer
à la délivrance du prisoniiî.'i'. Les chevaliers gaulois voulurent
courir à< leurs aimes , niais le |.rince Blond, par une habile
manoeuvre , ayant détache un corps de dix mille hommes ,
parvint à sVb emparer ; enfortc que le combat devenant trop
inegai, &. les blonds faisant des prodiges de valeur, les gau
lois furent obliges de ceder avec perte de huit .des leujs,
faits prisonniers d'une partie de leurs armes , & de leurs an
neau" & autres bijoux doac les blonds s'emparèrent. L'his-
toire oftre peu d'exemplrs de deux succès aussi complets dïîis,
le ra' me jour, d'aurant qu'i's ne coûtèrent à l'armée des
blonds la perte d'aucun de leurs braves guerriers. <. '■ )

Les agioteurs qui achetent das bien.s nationaux, afFrenr une


(84
restource à la seconde législature. La première , chj , si l'on
veut , la constilhiante , a dépouillé le clergé & le roi sans au
cune forme de "procès; mais la seconde est aura un boni
faire à ceux qui ont ptoficé de ce brigandage ; & la con
fiscation, qui est le moindre châtiment qu'il soit juste d'in
fliger à ces vampires , remplacera une partie du vuide ef
frayant que nos législateurs laisseront dans les coffres de
l'écat. y

II se répand , dans le peuple K que les gens soudoyés par


les jacobins pour exciter les émeutes, se- sont fait couper
les cheveux , afin de se reçonnoìtrc. C'est un avis que nous
croyons devoir donner à ceux qui , n'ayant point d'inten
tions criminelles, n'auroieut consulté que leur rcommodité
ou l'économie. On observe sur-tout ceux qui n'étànt pas
ecclésiastique , ont les cheveux en rond ; on' les dit , fausse
ment fans doute, les agens du duc d'..„

Les foi-difaates sections, où, comme nous l'avons dit,


les quinze cents factieux au plus qui s'assemblent au nombie
de 30 ou 40, dans trente-deux quartiers de la ville feule
ment, envoyent à<-préfent leurs arrêtés, leurs motions, ou,
pour parler plus correctement, leurs, projets tout-à- la-fois
ridicules & atroces , au club des jacobins , qui leur fait en
suite passer ses ordres pour telle ou telle émeute , telle ou
telle entrepiisc contre le roi, contre le clergé, contre la
Noblesse, contre les officiers municipaux.
Errata pour le Numéro d'hier.
' Pag. 76, lig. 17, lochigraphe; lisez, tachygraphe.
Ibid. lig. 18, cet honnête article; lisez, cet hongête ar
tiste.

On s'abonne pour ce Journal, rue Percée-Saint-


André~des-Arcs , N.° 21;
_ De ['Imprimerie du Journal de la Cour 8c de la Ville. ',
N.» io.

JOURNAL : , ,
DE ^ A Ç O U R E X DÉ U \TllLÇ.

Tout faiseur de Journal doit tribut: au malin


■ r *"*••"."•• LÀ'*F6NTÁTÍnI. 8
' —■ ■ ■ '■■
Du J,ea4i io M&rs .1751.

Prédiction en acrostiches t tirée dejAstrologie


judiciaire y & des eaieuls in/faillibles de la
vérité & de la raison.
T ' ''.-in 1 .'^TV. " • v "' :;-'}■ • .
• >pprenez , ô Français ! ce qui doit arriver . .;
<3n jour , un beau matin, à' cette tourbe- impie,
Criminelle, parjure, aux forfaits enhardie ;
f 'esprit saint vous rànnonce ,'il né peut vous trompes
•< oyez l'horrible firi qn'Achab eut en partage j .. . ,| ■,. • ■ ',
td altasatd & S'eba. La cible, à chaque page , <\ ,
O ctcrminele sort qui doit l'ahéantjrj; r.T ■
Àj-tí: venger tous les maux qu'elle a fait repentir: . t
t/îi vous croyez au Ciel, croyez que fa vengeance,,
v-i usqu'au fond des enfers prcndra-votíedéfeníe.
tt* vignon , Carpentras , Niimes ,■ Usés , , ■ r~
Ci «HCz,' cessez Vos pleurs , Vos bourreaux font ici ,
q n les guette , on les veille , aucun n'a pris la fuite;
ttenissez l'Eterneh la foudre e(t à leur. fuite t
** l les écrasera ; cet oratfè est certain ,
5?e les redoutez plus , ' leur' púiflâncb est détruite j
On ongez qu'après leur mort , le Ciel fera serein.

Assemblé e n'a j i onal e.


Séance du ç} Mars.

Oî3 a continué la discussion íur l'organisation du trésor


public. —M. le pre^én; a lu k bulletía ìi ú maladie d»
•oi. La ficvre , la toux acre & les autres symptômes du
çatharre on continué hier jusqu'à quatre heures âpres midi :
dans cet intervalle , le roi a' crache rrois fois du sang : í«
évacuations ont été bilieuses , brunes &c glaireuses, les
urines rares & foncées. Le redoublement a commencé à
8 heures par une augmentation d'enrouement & de chaleur
à la. gorge.. La. nuit a exé -sauvent interrompue parla toux;
les autres symptômes sont, un peu diminues. Signe, Lemou»
nier, la Serwolie", Vicq-d'Ázir, Andòtiillé , Louítonneau.

V A R I E T E S.
Pourquoi tant s'étonner de voir M. Louis de N ... présider
le verbeux sénat ? Quand cette place exigeroit un homme
de robe, ignore-t-on que sous Charles IX , il y eut un
N.... capitoul de Toulouse , fils de ce fameux contrôleur
de J'office de la maison de Bouillon , lequel prétendait
descendre ei> ligne directe , des offices de Cicéron î Qi;ci
qu'il en soit , ti Mad. de Maintencn r.-rvi-noit des Champs:-
Elysées , ou du Tai tare , elle seroit bicnl surprise de .-Ja
conduite d'une famille ' qu'elle a paurie aux dépens de la
nation* ■> '
- : . .i ■ "w 1 i . c '■> i
Dialogue entre un Artisan pifs fy un Citoyen ,
actif.
Votre diable de ranrampian , ,
Des Je matin , fait un qiianquan
Dom* mon orcl'.le est allarrhcc,,' , _ ,.f
SoiTimes-nons ici dans un camp ?
Craint- on quelque- tour de forban 1 -. ^ •
» Bon ! "nous' organisons' l'irnve;
» Puis la marine aufa son tour
>• Apres. Nous battrons lc tambour
. j> Potr créer Tordre judiciaire ; • - .' "Si
» Juges de paix , juíjes de guerre ;
" » Grand, jury, haute Si baf&'cour». ' •" " •'■ - í
Ì 9* )
Dans cette besogne à refaire ,
( Malgré l'éclat. du réverbère ) . .
' J'y vois clair comme dans un four. . ,
Ça voyons la fin du mystère.
»i Le sénat par qui tout prospère >
» Au plutôt des Princes, j'espere,
» Organisera le retour.
« Nous organisons chaque jour », > „: ,
• Quelle chienne de litanie !
Eh ! quand donc respirerohs~nous f
Ii semble qv.'jn mauvais génie
Souffle fur'ùh peuple de tous,
J'ai pitié de voite manie.
Tout est organiste chez vous ,
Ec je n'y vois point d'harmonie.

1 Le curé Mai-o... n'a pas plutôt été sacré évêque du dé


partement de l'Aine, qu'il s'est empreíTc d'aller montrer fa
croix pectorale à sei anciens paroissiens de la paroisse de
Saint-Jean à iSainr-Quentin. Une de ses anciennes ouailles
lui taisant compliment sur la beauté de ía croix d'or , le
Prélat lui répondit naïvement : « Ma foi , je l'ai achetée
» au poids ; si tout ceci ne tient pas , je la revendrai , & n'y
»> perdrai rien ». -i

M. révoque de BaSylo... tient un baquet de magnétisme


chez lui, cloître Notre Dame ; il a une prophetésse qui pré
dit des choses admirables... M. l'évéque est dans l'usage de
prendre lc pot de chambre de cette, demoiselle , & il juge du
BiFN ou du Mal d'après la matière qni s'y trouve, Si qu'il
présente à toute la compagnie. Mad. Ja diichefle dc'BoUR...
y va 3 ou 4fois la semaine, & M. l'évtque se sait un de
voir de l'accompagner jusqu'à sa voiture, qui est.ordinai
rement un caroíse de remise , & de lui baiser la main pat
trois fois. Un jour , le cocher qui ne connoistoit ni Mon
seigneur ni Madame , s'eciia avec humeur : m He ! M. l'abbé ,
» vous avez eu tout le tems chez vous ; laiísez-moi partir t
» car il faic froid ». La nièce de l'évéque nn jout racoma
qu'an particulier ayant renverse le baquet du mangnétisme ,
tout le monde éprouva" une oppression considérable sur Tes-
tomac ; que la nuit , la prophetésse avoit été fort agitée ,
k qu'elle ne fut soulagée que lorsque Monseigneur lui ayant
donné le pot de chambre , elle pissa a'ors le charme du
magnétisme , ce qui procura à toute la société le catme
qu'elle avoit perdu. II en coûte 3 louis pour être reçu de
la société. i . • ..

Le Narcisse patibulaire.
Ccr&in prélat de nouvelle fabrique ,
Emerveillé de son accoutrement ,
De son rochet Sc dç ía.ilaJniatiqHe ,
\Et jde sa croix & de son diamant,
Da^s son mirpjt se regardoit sans . cesse ,
t íEt;chaque> fois se trouvoit plus. charmant.
>'» Je veux, dît—il un jour à fa maîtresse,
» Me faire peindre en, cet habillement. •
» .^-pui^a.j Çlsfils ! L'id/;c est bonne & belle;
» Fais-toi tirer de grandeur naturelle ,
» Coûte qui coûte ,& ne" marchandé pas ,
» Promets de l'or , mais paye en assignats.
' /Le gros évêque , à son trumeau s'arrache ;
, ,Ch,ez un Ápe.Hes^ il yole tout d'un trait:
l> Je ypus choisis pour faire mon portrait . ,
i» -De pied en cap... —Oh ! non pas , que je sache..;.
h. Mons de la mitre', adressez- vous ailleurs i
i» n'ai , pour (yous , ni pinceaux ni couleurs ,
. îléfpnd l'ariiste 7^»'. Qh ! la boutade est drôle !
v Voui ignorez qu'on m'appelle Marole ,
«'Et que jejuis évêque ìe poissons?
» Allons, mon cher , apprêtez vos crayons j
. , (95) , .
» Dc toHt votre art, employez la magie. ..
>i —Allez au diable i ou bien chez le bourreau-,
» Mon genre , à moi , c'est le tableau ,
» El non pas l'cffigie.
Par un Aboané de Saint-Quentin.

Les électeurs, non ceux qui sont aujourd'hui occupés à faire


(des évêques,, des curés, des administrateurs, mais des députés à
l'assemblée dite nationale, avoient arrêté, qu'ils nous en débar-
rafleroient au premier mài prochain; & comme ils ont opéré une
révolution qui nous réduit tous à la besace , ils se fiaitoient
du même succès quand ils voudroient travailler en sens inverse.
Mais ils ont depuis réfléchi que le peuple n'avoit pas encore
reçu une astez bonne leçon pour se dégoûter de la liberté , Sc
qn il lui falloit boite le calice jusqu'à la lie ; en conséquence ,
jls font convenus de favoriser mime au besoin, la continua
tion de cette défastsense assemblée jusqu'au premier janvier
prochain. Le mal qu'il y a encore à faire , coûtera moins cher,
parce que la misère étant plus grande de jour en jour, les sa
laires seront moins forrs. Us trouveront des ouvriers à meil
leur marché dans la concurrence qui va s'établir entre les
gens de tous les états , qui seront trop heureux de recevoir
précisément de quoi acheter du pain.

Lettre.d'une grand'mere à sa petite-side, après avoir été


,très-affligée de ce qu'elle avoit eu la légèreté d'aller áu bal dans
un moment aussi craci que celui où nous nous trouvons.
»» Vous connoissez ma franchise, ma chere Juliette -, ells
doit être sans réserve vis-à-vis de vous , & pour la première
fois depuis votre naissance, je vah prendre le ton grave &
sévère. Pour vous persuader, je vais avoir la force de vous dé
plaire. Vous avez été au bal , ma chere Juliette , & vous y
avez dansé avec M. Mathieu de Montm.... ,Sc M.deBnAUH..
&c. &c. Ces noms seuls auroient dû révolter votre sensibilité ,
& vous faire oublier toute espece de plaisirs. Vous connoissez
( <?4 )
notre douloureuse position, ma chere Juliette : lorsque toute
k Franc: est en larmes, que tous ceux qui approchent du
trône font dans le deuil le plus sincère , vous devrz. , ma chere
enfant , partager vivement une auiîi affreuse situation. Votre
extrême jeunesse ne doit nullement vous egarer; ce n'est plus
l'instant de s'amuser : d'ailleurs, vou e cœur nc peut ctre latis-
liaic , & ce tourbillon démocratique ne peut apporte* dans
■votre amc aucune efpece de consolation. Laissez la diíiiration
à ceux qui or.t le malheur d'être avejglés, & dont l'tgarc-
ment est à son- comble.. Le triomphe des démagogues,. ne
peut qu'aí?ìi'.;er , & faire gémir lés perfónncs sen'.ees. C'est le
régne de fer , d'airair. ; ii n;: peut pas être long ; la puissance
céleste doit s'y opposer. Plaignez ceux dont les erreuts du
moment ont cxr.ltc les tètes ; mais par une joie insensée, nc
partagez, plus lcuts succès. Cor- sacrci verre jeunesse à l'étude ;
appliquez-vous particulièrement â la lecture des grands écri
vains : ils ont souvent soulagé ies peines des malheureux. Rc-
csvez avec amitié ce conseil, ma chere Juliette, & venez
tout de fuite m'en remercier.
Signé, la Mere-Grand.

Les députés du côté gauche n'ont pas de confiance aux


assignats qu'ils ont créés, lis íavoient, meme en les décrétant,
qu'ils n'etoient bons qurà retarder leur départ & à faciliter
ce qui restoit à- commettre de crimes aux jacobins. Les mem
bres de Ce club infernal, l'autcur de tous «os maux, ont grand
foin de se procurer des espèces sonnantesvpour tous les assi
gnats qu'ils touchent, & on n'ignore pas qu'indépendamment
de leurs honoraires, îU reçoivent encore des encouragemens
des banquiers , des ngipt ruts §í autres : cela doit former une
somme uxs-considérable hors de la circulation.

Dans les disputes qui s'élèvent à l'occasion de la bifarre 8c


barbare constitution qu'on nou; forge, si vous entendez
quelqu'un dire, «chacun a son opinion », à toup sûr, c'est
Da démocrate. C'est le leírciadetous ; c'est celui des entêtés
( « )
qui ne peuvent alléguer de bonnes raisons. Mais le grand
cheva! de bataille de ces messieurs, cil celui qui a íervi de tout
rems aux rebelles en Fratxc, comme far-tout alileurs : l.s
déprédations de la Cour ! v

Une lettre d'Ais, du 18 février, aous apprend que M.


Roux , curé d' Airagues , est nommé à l'évêche de cette ville,
maigre les intrigues de M. l'abbé de Beausset & de VHlards ,
ci-devant abbé de Quinson , & prévôt d'Arles.
Ce d. rnirr , dit l'autcur de la lettre , est assurément bien
malh:Jrcux ; car ayant changé de nom depuis la révolution,
pour cacher l'ooprobrc liont il s'étoit couvert fous l'ancien
régime , il peu! encore le fruit de fa conduite actuelle , pat
la nomination de ce cure à ï'évòché d'Aix. On se flare que
l'éveché d'Avignon ne lui manquera pas , & alors nous cn
ferons débarrassés. Amen.

Mgr. Dumoucii... , recteur de l'Université , qui a, comme


tant d'autres jureurs, établi des prétentions à l'cvcche de
Paris, est aujourd'hui fur c!e son sait. Le club dont il est
membre , 1c club qui sait tous les évêques, en un mot , Lr
"club des Jacobins, lui a conseillé d'être fans inquiétude. ït
remercie donc le public de fa bonne volonté pour lui , Sc le
prévient, qu'il à été obliges de faire fermîr le bureau qu'il
avoir établi pour la recette des furíiages , parce qu'il ne dc-
semplilíoit pas. II" y avoir, , ces jours dernitti, une telle a&
fluence , que l'apothîcaire , chef du bureau, craignanr pour
fes drogues , a été contraint d'envoyer chercher la garder
on parloir même déjà d'y traîner du canon. C'ctoìt une h'.reur,
•ún'e rage -, chacun vouloit être inscrit le premkr. Grâces
à la garde nationale , le désordre a Cesse , & tous ies votans
■ont passe à .leur tour. Ce que c'est que la vertu ! on va U
«iicicher par-tout.

On assure aue le Comte Louis de M.;., a pensé être pendu ,


ft 'mime qu'il avoir brigué cet honneur. Nous plions ce
Monsieur de modérer ses prétendons. Err têms de paix, il
auroîr , faus doute, des droits fondés , mais il n'aura jamais
la gloire de périr pour la bonne caufë-; ainsi , s'il a la dé
mangeaison d^*re pendu , qu'il attende la première promotion
en r.-g e. '• '. " " "; • ' '>'

Nouveautés.
Histoire de la révolution de France , & de l'aísemblée
nationale, par M. Montjoye, rédacteur de l'ami. du roi. O»
recevra cet ouvrage franc de porc par la poste , en faisant pas
ser, franc de port , 44 1. 4 s. , prix de l'ouvrage , à M. fylont-
joye , rue haute-feuille , N.'-ij. f,"
Les bornes de cette feuille nous interdisent toute analyse ,
mais il est juste de reconnoìtre que M. Monjoye n'est point
refté au-dessous de son sujet; St c'est un très-grand éloge.
Quel tableau à tracer à la postérité , que celui de nos crimes
& de nos malheurs ! II appelle la plume d'un Salustc, ou d'un
Tacite. Convenons cependanrque nous sommes trop près des
évenemens ; c'est un fleuve dont les eaux ont été soulevées
par l'oragc ; ce n'est que quand il a déposé le gravier & le
limon qui troublent son cours , que l'pcil peut en atteindre
le fond. Au reíte , il nous a paru que M. Montjoye réunit
les principales quaiires de l'historicn , la clarté, la sagesse,
la modération & le talent plus rare de démêler les vérita
bles causes des événemens. Nous ne pouvons nous empê
cher de féliciter M. Moncjjjye de s'etre défendu du néolo
gisme barbare qui défigure presque routes les productions dont
la révolution a enrichi notre littérature.

Ce J OU R N AL paroît tous les matins.


Le prix de Vabonnement eji de 3 liv. par mois
pour Paris , £>* de ? livres i$ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-André-des-Arcs , N.° 21.
f ■ ' ' " .. ' 1 ' '"'
: J)ç ^imprimerie du Journal de la Cour âc de La Ville.
N.° n, - ( ?\ )

: J .O M N 'À'*^*
de la Cour et de la1 Vie 1 1.

it tapeur de Journal doit tribu: au malirt


La F o n i*.ifríje. .

Du Vendrdi n' Mats :*

Quel est l'homme sensé; jc $s plus , quel cst-lírlsífe ci


toyen qu! ne désire une c*ontte»-révoJiKÌon ? II faut mèma
qu'elle soit proeKaide ; fans cet , la~feanqlíeroute seroit iné-
.vir^hl: : les , horreurs de l'acarthie augmenteront , & les
jCoupables auteurs de nds malheurs , pour s'áftáèher'ftff'bi^-
gands & les fans culottes, lorsqu'ils n'auront plus cTirgeiìt
ni d'assignats -à distribuer , finiront par leur permettre le
•pillage des niaisons , Sc ordonner le- fanage des terres.- Une
jcont te-révolution , qni remette le Roi dans nh pçirffbîr juste
Jc fixe par de (âges limites f qui protège nos biens & nos
personnes contre 1 avidité & la fureur d'une populace dé-
* chaînée , est k doit être «tefirec par tous les honnêtes gens.
Du Bclloy a dit. : , i.
-Malheur au Souverain qpí,^>«st que respecté ...
Plus malheureux celui qui «'cil que redouté»..
Çombien'donc doit être" plur ítlalhciitettï , lc :
•sic yoit réduit à aêtre ait'un ní l'autre I '
:.'.»Hfl,,jMi:».' • • .!i )„ », nv.K. »{
--• ASSEMBLEE N ATI O N A I. EL
Séance du tà Mari'."'W*"J'■ ' 'J.

? continué la itfcullîoo fur l'organi ution du tríióf


tpuWií.. —Wi lc PrF$4e?t.' |\" íe bulle. in de la rnaMitta
Tome II. Année i 7«>i<j K
(5>« )
Roi. La fiente a A le méfrie cóursJiler , nJaT^ctlè a été moins
vive: la rémission S été ehtre'3 Meures , & ìt redouble-
meut u comniciice vers les 7 heurts ; tous les symptômes de
la gorge moindres ; cependant il a paru "encore du sang dans
plurreurrcrachats ; ce sang au refte vient -manifestement de
la gorge, & nullement de la poitrine, qui s'est maintenue
uUez libre ; la bile a coule avec plus de facilité -, les urines
"fonnuujuws raies & sumtw. La uuil a íié plus tranquille :
cc matin , la fièvre est. modérée.
Signés Lcmohier , La Servollc , Vicq-d'Azir , Andouillé,
Loustoncaruv . \ ' ■ -, • • • • . -i

; A*,.ï VAiRlÉTÉS.
-s! A , Jr.o-:.:.iV . . r.", ù ut ... , .-: : . vv7'
Je me- fuis présenté par curiosité à la cour du grand Róî
Éslvaiu. L'áúgultc princelle paroit sur une ottomanes vetufe
Jjebfenc; comme une nouvelle accouchée; elle présente s&
ínain à'bai'fet à son peuple idolâtre, soutit à l'un , jette
un coup-4'ceil à l'autre. On diroit qu'elle va vous parler.,
.elle jCaM'ouVjVe fa bouche vermeille , Sc mille jolies choses
expirent fur les lèvres. Elle est affable à tout le monde en
générai , obligeante pour chac.m en particulier , 6c ■ tirés4-
■ouverte- ; ò là bonne pwoftile-i ■ '■- "?

L'on repandoit hier que le Prince de Condé étoit'en-


tré en France , & s'étoit emparé de Landau : malheureuse
ment.... pour ceux qui l'ont débitée & crue cette npuvelle
comme mille jaunes , est fausse. — M. Brhsot, Carra ,
DfsMovuns, &c. ont clairement démontré qu'une armée as
cent mille Autrichiens qui'voudroient entier en Frnucc , nî,jr
fetpisnt que de l'eau claire : nous sommes trois millions de
páfciiolcí'ariláéés jusqu'aux dents, qui.avons jutéde h'ej» lais
ser pas réchapper un seul.

Ï! covrtVre" liste des amis du Roi", qui se. sorit trolives


,« Louvre'/fe 1 s février, íl 'y est dit que l'ubbc MaursT

/
étolt en petite queue ; tout ceux qui lc connQissent, , assurent
que c'est une calomnie. ,; . " 'n . <f'"'

• II est plus facile à l'homme de contenir les flot* de la meU


en courroux, qu'aux factieux de contenir te jeuple soulevé
par eux. —Nous donnons cette maxirr.e à méditer aux clés de
meute du club des Jacobins.
màm • ' ,'V ■1
M, de la F.... fera un grand komme ! on fait .comme pen
dant la march1: de la fédération , il oía ava er un verre d'eau,
que lui offroit un inconnu, en se rappelant lestait d'A^
lexandre. On l'accusel voyez comme dans Ta défense insé-j
rec au journal de Pari? , 7 mars, ainsi que Scij^on, il en appel»
le à ses exploits. « Au reste, (i dans cette journée ma conduite
» a été de quelquemilité , j'en abandonne volontiers quel-
»> ques détails à la critique de mes ennemis ».

Auroit-on pu soupconner la philosophie d'être capable


de produire tous les maux qui nous affligent ? Oui , ceut
qui lisent l'hiltoirc de l'cmpire romain dans fa décadence.
Les grands mots d'humanité, de justice, de tolérance, font
dans la bouche de tous ces monstres , & tout ce qu'i.s
écrivent , -tout ce qu'ils font , est en contradiction avec
les principes qu'ils affichent avec tant de faste. Qui auroit
cru , par exemple , lorsque rSstémblce dite nationale dé
créta que nul ne pourroit être inquiété pour ses opinions ,
qu'elle condamnerait à mourir de faim , les prêtres qui
refuscroient d'être attachés à la religion catholique . aposto
lique Sc romaine , déclarée la religion dominante de l'état ì

Un admînistratetit de Castres , cita au tribunal sien , un


curé de la meme ville, curé qui lui avoit été dénoncé comme
n'ayant pas instruit le peuple dans lc sens de la révolution i
le cure prévenu , interpellé par cet administrateur , de dírc
lc sujet sut lequel il avoit fait son instruction, répondit
qu'il l'avoit instruit sur le symbole. . • : J
. ( ) .
Mais Monsieur , dit notre savant administrateur , étoit-*
ec hier Saint Symbole ? Le pauvre curé atterré fat la force
de ce raisonnement , avoue "que MM. les administrateurs
sotpassoient eìícoré l'idée qu'il s'étok formée de leurs lumières ,
te se retira plein d'admiration.' • ■
i. . .j -, .. a . " . j
- ... -. ../,».:, .1
Le maréchal de Brog... doit être bien reconnoissant de
l'éloqucnt &i audacieux discours de son fils le roitelet. C'est;
eé' discours qui lut a procuré la protection de l'allsmblec,
ou, pour mieux dire ; c'est la crainte qu'inspirent aux tyrans
ie la Fiancé j le courage & les talens de ce grand généra!;
ïjs redontçnt fon bras vengeur, comme le scélérat tremble
au nom de In maréchaussée. ■

Un mauvais plaisant , aristocrate de son métier, entendant


parler des évêques de la nouvelle manufacture , qui avoient
été sacrés íe matin , disoit , ces jours derniers , à plusieurs
fie ses amis : Ce font des sackês matins. Avec quelle irré*.
,veien«çeiuaraut parle des dieux-L . .; ». "j . ... ... ,

Dans mon district , on vantoit l'autre jour


CHABR,..-Savon 5c d'Aì^ui..; le vautour. '
ir,- On agitoit si la branche de ché&S r,
Pe l'un des deux ombrageroit le chef. <i
' '"' ,',TJn. cocardier j tranchant du Démosthène , . ■> ;
' "t " Dit tous les deux méritent ce relief. 1 " • *l
Prenez toison de la plus pure laine ;
r , -Maître d'Alqui.:. l'empreindra de noirceur. .'t
Donnez un merle à Chabr... dégrailseur , • 1
Jîientôt colombe il la rendra sans peine.
Vous décidez^ Messieurs, fur la couleur,
Dit certain rustre, avçç un pçu d'h'JOUW î
(loi)
Tel qu'un aveugle , il faut qu'on vous apprenne
Que noir d'Alqui... d'ivoire a la blancheur ,
Et blanc Chabr... est un vrai noir d'ébenc.

Les imprimeurs Jacobin* volent l'argcnt qu'on leur pro


digue: toutes les listes de proscriptions qu'ils debitent , por
tent les mêmes noms , & sent copiées mot à mot fur celles do
club monarchique qui ne s'aíTemble plus. Par exemple, fui
la liste des Aristocrates prétendus conjurés désarmés
aux Tuileries lc iS février, on voit plusieurs noms qui ne
méritent pas ^e s'y trouver , & il en manque des millions
de ceux qui mérircroiert d'y erre , & qui y étoient de lait
oa d'intention. II falloit , après les noms de véritables ac
teurs, mettre cent pages d'ácc. &c. &c. , & ensuite ajouter ,
ca trés-gros caractères , ces mors : Er tous les Français
dans l ame desquels il est resïé quelque sentiment
d'honneur et de vertu.

Le journaliste de la feuille du jour ou d'un jour , nous.ayjtnr


blâmé tres-férieusemrnt d'avoir annonce gaiement le bal
de M. Bed.... , nous allons prendre le Tneme ton , pour
icndre compte de cette féte curieuse.
Le lundi 7 Maïs 1791 , les plus jolis hommes de Paris
font arrives avec confiance, chez cet illustre étranger,;
les femmes les plus ravissantes s'y font montrées cn toute
sûreté , Sc tout s'est passe comme nous l'avions promis, à
la réservé de quelques changemens que nous allons indi
quer , & de quelques détails que nous allons donner. Ee
miitrc des ballets , Charles V.... , vu fa nouvelle dignité
de général des sans culottes, n'a pu se décider à moutret
les figures , 8: il s'est retranché dans les bornes de fa place *
mais il a amené pour le remplacer , & pour exefeer fous
lui, le fameux Peixo.. , son élève, r? venu depuis peu de
Florence, où il a en les plus ptofonds succès. Cet artiste
pénétrant , ayant saisi tout-à-coup l'esprit du fondateur,
fit exécuter une nouvelle farandole de fa composition, où
( IOZ )
les hommes & les femmcsss'en vont chacun da leur .côté,
dans tous les coins de la maison , & ne sc réunissent qu'âpres
im tems honnête. Cette danse lavante ne plut pas d'abord
à tout le monde : elle donna mcme aux femmes un petit
air délaissé, qui les rertdit si touchantes, qu'à la seconde
farandole, les deux sexes se mêlèrent un peu, ce qui pensa
causer beaucoup de scandale. Heureusement l'ordre masculins
fc rétablit bientôt , &i peu d'hommes ftírent assez sensibles
four oublier où ils étoient. II avoit é:é décidé le matin , que
ícs danseurs scroient en uniforme, à cause des avantage*
^íc l'habit retrouste ; que tout le monde porreroit la man
chette comme signe de fraternité , & qu'on nc refuscrok
que les confédérés , & pour cause. Le louper fut d'une íi
grande profusion , d'une telle recherche de primeurs , qu'il
avoit tout l'eclat d'un festin contre nature. Entoures de
ganimedes, les déesses ne lurent pas les mieux servies j mais
aux cœurs prés, rien ne leur manqua ; les jeunes gens
fjrcnt fort ferres à table. On mangea beaucoup , peisonnc
ne dit rien, & le endemain , touc le monde s'étoit fort
amusé. Madame d'Ar.... avoit encore eu ce jour-là, Ta
complaisance , ou plutôt le courage , de composer la partie
foible de la société , c'est-a-dire , d'y introduire une ving
tain; de femmes de bonne compagnie , & elle s'effotcer
de faire les honneurs de l'assemblee, ce qui paroit impol-
fîble i enfin, cette féte mémorable est aussi glorieuse pour
le généreux anglois qui l'a donnée, que pour les séduisans
français qui Pont reçue , & ce n'est qu'eu nous liviaut à
des cenchans si maies , Sí à des plaisirs si bornés, qile
nous parviendrons à ensevelir la honte de aotre revolutoin :
en effet , quand on détruit la gencracion, on peut braver la
postérité.

Mardi , un merveilleux arrive dans un café da Palais-


Royal , & dit : Messieurs , je vous annonce que Straf-
. bourg est pris. —<< Vous en avez menti » , s'écrie uín
.grenadier d'un régimrnt en garnison dans cette ville.
—Comment ! que vou'ez-vous dire ? —•« Oui , vous en
» avez menti. J'ai reçu hier une lettre de mon camarade.
( io3 )
i> Si la Vrfle étoit puise , il ne m'auroît pas écrit ; il sero*
» mort ».

Au Roi, sur son rhume.

Air : Ne vla-t-il pas que j'aime !


i
Chaque jour ton cctur est navré
De fiel & d'amertume ; . ,
-<]haque jour il est déchiré
Voilà ce cjiu t'enrhume. . ,
Au lieu de poursuivre aux forêts
Un ceií couvert d'éeuma.
Tu végètes dans ton palais i . ' ,
Voilà ce cjui t'enrhume.
A mille sujets insolens ,
Louis , ^e le présume ,
Ta porte s'oavre à tous momensi
Voilà ce qui t'enrhume. .. .
De là révolte le fanal
Lorsque ton peuple allume;
Tu quittes ton manteau royal ) •■ '
Voilà ce qui t'enrhume.

La maladie du Roi inquiète tous les honnêtes gens , 'fc


réjouit peut-être les sci lérats qui , depuis deux ans , l'accablent
de douL-ur, de chagrin & d'humiliation. On ne peut se
dislìmulcr'que la cause de cette maladie ne vienne des agica-
Aqus continuelles dans lesquel'cs on le tient constammenr.
La scène 'horrible da lundi z f février, lui a porté le dernier
-coup, il a m maltraiter dans son palais , quelques sujets
fidèles qu'il avoit témoigné lui -même désirer voir autour
de lqi. daat les momens où ses jours pouvoi'n: etre me
nacés , les mimes qui , le jeudi précédent , lorsqu'une horde
- ( 104 )
ée femmes soudoyées par les jacobins , étoient Venues as
siéger les Tuilerk-s , accoururent lui faire un rampart de
leurs cor; s, & qu'on oie calomnier aujourdhui d'une manière
tour -à la-lois íi absurde &si atroce. Ce bon Roi a beso;n
» d'exercice , Si ses geôliers , depuis trois ferriaines , ne lui
permettent pas d'en prendre , non qu'ils lc lui défendent ,
.fnais ils lui font craindre adroitement que le peuple de Paris
n'en conçoive des allarmes. Tygres ! si les François ne
vous punissent pas enfin de votre scélératesse , ne yotre
cruauté , envers le meilleur &. le plus vertueux des monarques,
lé ciel s'en chargera, Sc punira m.-me leur exécrable in
différence. ' .-. .

Sepclacle. ' ■

Les grands Baladins du Manège donneront aujourd'hui i


Les Législateurs à l'A. B. C.
Acteurs. Messieurs, Mesdames,
La Constitution. K O,
L'Evcquc d'Autan. A T..
Cabales. M E.
Mirabeau. À 1.
Target. D C D. - : -
Robertlpierre. E B T.
Lc Marquis de Vilare. M Q. -■>..,
Errata da Numéro jshier.
•An yers cmzicmc du, frontispice, après . Usés lis. Nancy.
Pag. jí. II s'esi gliltî vrnè erreur que nous nous eolpreslenS
de relever. prix de souvrage de M- Montjoye,
Histoire dz la RtroitriioN dk Franck y &c n'cft
j>as de 44 lív. 4. f., mais de 4 tiv. 4 £ :

On s'abonne pour ce Journal , nu Percée-Saintr


.\ Anclrí-des-Arcs ,N.° 21. ' l:

De l'ImpriuHiie du Journal de ta Coût & de la Viilà


N." li.

':. JOUR N A L
de la Cour et de la Vittt.
■ ■* ■ . v . ^ - - - , ' - -1 >
Toùt faiseur (k Journal doit tribut au rnallsl
La Fontaine.

Du Saruedi 12 Mars 1791.

Lâ populace, <íit Vdltatte, (Cri (íes nations) n'dst-c'í


pas une traînée de poudre à laquelle on peut mertre on
jour la feu?
Si on se donnoit la peine ( dit endote Voltaire , Idées ré
publicaines ) de lire attentivement ce JiTré du contrat so
cial , il n'y a pas une page où l'on ne trouvât des erreurí
01 des contradictions.
Je ne rn'attendois pas à trouver dans le même auteur
ce qui fuît : Le corps des évêques en Francs , est cornpofé
de gens de qualité, qui pensent & qui agillent avec une
noblesse digne de leur naissance: ils íont charitables Sí
gcnjrcux ; c'est une justice qu'il fant leur rendre, Totn. j,6 ,
pag. 78, édition de Kell.
MM. Gorsas , Carra , Marat , Garra , & autres de la
mème religion , ne sont-ils pas de ces politiques dont parla
Voltaire tom. 48, p. 131, qui font le destin du monde du
haut de leurs galetas, & qui, n'ayant pu gouverner leur
servante, se mettent à enseigner les rois à deux fols la
feuille ì .

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 1 1 Mars.

á lb tine lettre de M. le Maire de Paris fur le»


penbaac,- atré ées dans les appartemens du roi; l'asscmblé*
'i orne IL Année 1791. L
( to6 )
a paste à l'ordre du jour. On a fait le rapport sur les im
positions. ' * .■ y
Voici le bulletin du roi,
L'état modéré de la fièvre nous a déterminé hier matin
à donner un grain de tartre émétique en lavage , lequel
a procuré des évacuations copieuses par le vomissement &
les selles : elles ont été faciles , & ont beaucoup soulagé.
Le reste de la journée a été assez calme ; il n'y a point
en de toux acre , ni de lang dans les crachats; le redou
blement a commencé à neuf heures. La nuit a été tran
quille : au réveil , le pouls est encore fréquent , mais il
est souple. Les' urines font toujours foncées , & peu abon
dantes. Signé , Lemonnier , la Servolle , Viq-d'Azyr ,
Andouillé , Lonstoneau.

VARIÉTÉS.
Le général la Fay.... prie les soudoyés jacoHtes , qui
ent mis dans leurs poches les armes ( il a oublie les taba
tières , les montres , les mouchoirs ) des personnes qui etotent
au Louvre, le 2.8 Février, de les remettre au procureur-
syndic de la commune.

Des lettres de Bretagne apprennent quî dernièrement


une bande de trente seekrats qui avoient eu la coupable
audaca d'en lasser l'uniforme nrtional se transportèrent au
château de M. de la Bourdonnois , à Gonblanche ; que,
d'abord, ils lièrent Madame de la Bourdonnois & ses do
mestiques-, qu'ensuite ils rirent griller les pieds du vené-
nablc maître du lo^is , âge de 70 ans, jusqu'à ce qu'il eût
déclaré où étoit cache son or. Le tait est de notoriété.
Meude-Monfas. - •

II faut se garder' de confondre les misérables soudoyé*


par les jacsbius , avec nos braves gardes nationales, patm
( 107 )
lesquels îls 'avoient eu l'impudence de se mêler le 18 fé
vrier , jour aussi mémorable que le 6 octobre. Les premiers
étoient si animés , qu'en fouillant les imprudens serviteurs
du roi , ils prirent tous les bijoux pour des armes à
feu j des tabatières d'or pour dïs boîtes de poison , des
porte - feuilles d'assignats pour des recueils de chansons ,
& confisquèrent le tuut au profit do la aation. Cet excès
de zele n'étonnera personne , mais il amène une réflexion
bien consolante , c'est que le roi perdanr petit-à-petit, tout
ce qu'il a , finira par se trouver en sûreté au milieu de ces
gens-là. .

Le ii septembre 1790 , le marquis de Corti , général-


major , commandant les rroupes Autrichiennes à Falmagne ,
allant reprendre le village de Blaimont, dont les patriote»
s'étaient emparés , par la défection d'un détachement du
régiment de Banbírg, apperçoit un groupe de soldats
Français des régimens Dauphin , infanterie , & Charrres ,
en garnison à Giver , que la curiosiré avoir attiré* , & que
les -hussards Aurrichiens vouloxnr faire ranger. « îîon ,
»» dit ie général , laissez ces Français être remoins de la
»> manière dont de braves soldats doivent se battre poaí
» leur roi ! »
Meude - Montas. . '

On ne sera peut-être" pas fâché de rerrouver ici quelques


détails relatifs à M. de Court, arrêté au château des
Tuileries ; il est étoupant qu'aucun journal n'ait encore ins
truit le public des circonstances qui ont précédé & suivi cet.
événement. En voici que nous tenons de deux frères cheva
liers de Saint-Louis , Sí ses amis. ,
M. de Court... avo't à parler pour affaires à une femme
attachée à la Reine; il se rend aux Tuileries vers midi,
Sc arrive à l'ancichambre de fa majesté, il est obligé d'at
tendre la personne à qui il veut parler. Pendant qu'il est
astis "tranquillement , le soldat de garde apperçoit un très-
petit couteau de chaise au côté de M. de Court /outre son
( 10* )
épée ; ce solda' lui dit , qu'on ne pçijc entrer au château
avec une arme pareille. M, de Court lui remit le couteau
de cruís: ; bientôt il apprend qus Ton couteau de chaise est
passé dans le cerps-de-garie , à ia section des Fcuillans -, il
sy rend -, le premier propos qu'on lui tient , c'est d'essajet
(î cJttc arme n'est point empoisonnée. On en sait l'essa) sur
un pigeon que l'on bleste àlacuilsc. M. de Court apperce»
vant deux plateaux de bois , dont l'un contenoit des graines ,
St l'autre de l'eau , Sc eraignanr, si le breuvage &c les graine»'
étoient empoisonnées, que l'on en eût fait manger au pigeon ,
& qu'il n'en mpuiût plutôt que de kkpiqûte, mangea sur-
le-champ ur>e poignée de graines , Sc but de l'eau préparée
pour l'oiseau. Du moins, dit-il , nous mourrons ensemble ;
car je reponds que mon couteau de chaste n'est pas empoi
sonné. II çlt bon d'observer , d'après le dire de M. pe,
Çourt , lui-rnérne , que ce fut son domestique qui lui
wopoía de prendre son couteau de chasse comme c'eloic
son usage journalier. —M. le comte fut conduit 4 l'ab-.
baye. A-pcjne ses amis en furent. instru its , qu'ils se rendw
sent chez, M. lç Maire, aveç un mémoire ligné de 30.
ou 40 personnes. M, le Maire leur dit que M. de Ccurt
n'ayant pas été arrête rai ses ordres , il ne pouvoit lui rendrej
epçcre ce service. Ils se tranlportèrent à l'Abbaye en grand
nombre, pour lui faire visite, ic lc trouvèrenj; au moment,
où il subijsoit un UKeijogatoire. Touché de l'inrerèt & de}
l'amitie de tant de personnes , il se livre à sa sensibilité , 8ç
quelques larmes coulèrent alors de ses yeux. RalTurcî-vous,
Monsieur , lui dit l'interrogatcur , ( on ne se rappelle point
fi ee n'étoit pas lc grand ÎHquisiteur Void... ), L'indignation
frit alors la place de la sensibilité, & M. DE Court lui
fie sentir avec noblestc & avec fermecé qu'il n'avoit rieai
a traitidie. ,

. -Çhacun s'occupe à l'envi de dissrper la sublime fille du)


baron de Çopct. II vient de lui être ordonné un remède ,
dont le docteur Pqrtal. ,' quj est fort dans le sens de 1%
r-cvolution , a prescrit l'usage avec succès , à la sensible
épouse du grand ministre de l'annec passée. Pour égayer ses»
instans. de' loisir, son ve-ftaipujc ami s'gcçupe à baja^cei:,
( 109 )
pendant quatre heures par jour , fa rcistc compagne , & très-
innocemment , mad. l'ambaíTadrice en donnoit les détails à
Genève. Elle a etc tres-piquée de ce que mad. la maréchale
de Castries n'avolt voulu ni la voir , ni écouter ses pitoyable*
tragédies : cile devroit plutôt verser des larmes fur celles que
son exécrable père a préparées , & dont le dénouement s'ap
proche. Ses transports démocratiques la rendent encore plus
ridieule pour tous ceuxçui l'accueillent. Si elle aime passion
nément à jouer l'efcarpolette , on lui conseille d'engager
le ci-devant evéque d'Autun , à lui tenir la corde , ainsi
qu'à toqs ceux qu: l'ont si bien nwritée de la nation , & par
générosité , ils la feront fauter quclque-tcms. Mad, Romot
du Bourg , fa chaste amie , lui a promis, par excès de com
plaisance , d'essayer ce jeu-là. Son directeur , le ctué de Saint-
Eustache , depuis qu'il est fonctionnaire jureur , lui a donné
toute absolution à ce suj« : il ne veut plus écouter les aristo
crates au pied des autels, mais il attend les démocrates à.
la sellette nationale , près le palais d'Orléans. On l'avertit
au club des Jacobins: il ne potte plus de bonnet catté, mais
un grand chapeau boue de Paris , perruque de filasse , brodés
cn ruban à la Barnave : il a toujours les cas réservés : cet
avis est pour Philippe le rouge , Sec.

Le futur évêque de Patis, monseigneur Dumouc..„, n'a


plus rien dç caché pour ^personne : il dit pat-tout, à qui
veut l'entendre, qu'ayant été obligé de faire face à unff
infinité de dettes criardes qu'il avoit avant que M. l'ar-
chevèque le fît nommer député , il n'est pas aujourd'hui
tres-bien dajjs ses finances , malgré ses dix-huit francs par
four , son rectorat , fie sa chaiie de rhétorique ; en^ tout
dix à douze mille livres. II desireroit donc trouver à bon
marché un bréviaire de rencontre, & quelqu'un qui lui
apprît à le dire. Superbe occaíion pour un de nos prerres de
réforme ! Comme le défaut d'exercice Pa un peu rouille fur
les rubriques , il scroit bien a'sc que le mime ecclésiastique
yonlut aufli lui enseigner, au rabais , les cérémonies de la
»csse, parce que tout gaucher qu'il est, il ne veut pas
pareître gauche en habits pontificaux. II prendra ses lccoUi
. ( no)
tous les soirs , non pas ail collège de la Manche , màis dan*
fa petite ma son , rue des Grands ■■■ Degrés , proche la
place Maubert. Pour arrêter certains bruits que les envieux
f;nt circuler avec un malin plaisir, Monseigneur doit faire
décrérer au premi:r moment , le mariage des prêtres , Sc
la polygamie. Ces deux petits décrets rendus, 11 se flatte
tju'on n'aura plus à lui reprocher que les foibleffès inséparables
de l'humanité.

C'est un íieurBR...., ci-devant valet de M. le comte de


Pér'gord , actuellement tenant la plus belle boutique de
parfumeur de la rue du Bacq , près les Jacobins , qui a le
plus maltraite e duc d-' Pienne , hindi ig février, au'
château des . Tuileries. Nóus ne doutons pas que ce dé
vouement l patriotique ne lui procure la pratique de tous les
honnêtes gens:

Le complot du lundi n'a réussi ciu'en patrie. Les fers da


roi font bien reíícrres davantage; la noblesse aigrie & dans
l'impossibilité de parvenir jusqu'à lui pour- le défendre , dans
un moment d'émeute & de dangers : mais leurs combinaisons
politiques ont été déjouées par Tobéilsanec passive de la no
blesse au deíìt de l'infortuné monarque. Nos perfides tyrans
espéeoient qu'indignés des outrages , & de mauvais traite-
mens,quckuies gemíKhommes, entraînes par le sentiment na-
tutel de la défense personnelle , tireroient l'épée. Si un seul
pistolet étoit parti, l'on auroit massacré tout ce qui ctoit
au château , & ensuite l'on auroit pénétré dans routes les
maisons pour cgo'.vcr les nobles. L'on ne peut calculer,
jusqu'où la rage se seroit portée. Un membre du club ja
cobin député , a dit tout haut dans la cour du château :
le coup estencore man nié ; ce fera pour une autre fois. Quelles
réflexions ne viennent pas assaHir l'ame d'un bon Français,
quand on songe que les trcnt-tïois factieux dénoncés par
M. de Mirabeau , creusent le précipice de la France , nous
retiennent dans un horrible esclavage, & bravent impuné
ment les loix divines 5c humaines ! fauvre peuple", comme
on t'abase ! Ne ícras-tu donc jamais détrompé 1 -
Ç ur ).

te général a peur ; il désire que le donjon de Viocennes


foie abaitu. L'alscmblée ou les iactieux de Pasfcmblée ont
peur ; tout l? mende a peur. On nous crie depuis si long-
tems d'avoir peur, qu'à la fin la maladie de la peur gagne
les petits comme les grands. Oh! la belle révolution ! la
peur la faite, la peur la déféra; Scies Français auront ac
quis le surnom de chevaliers de la peur. M. de la Fayette,
le héros de la peur, qui, plus que lui, a inspiré du respect
pour la peur ? Tremblez , citoyens , gardez, de vous guérir de
la peur ; ayez peur le jour & la nuit. Vous etes mille contre
un, cela pouiroit vous rassurer; ayez toujours peur. Que
pourroient mille lièvres contre un chasseur ? Mais les chas
seurs ne nous poursuivent pas, direz-vous; c'est qu'ils ont
peur, Sc si vous celsez d'avoir vous-meir.es peur , ils n'auront
plus peur. Ah ! ne vous défaites pas de la pcui ; la peur est
votre fauve-garde , Sc tous les patriotes se disent : ayons peur
jusqu'à ce que la misère , la faim & le désespoir les aient
guéris de la peur, & de toutes les autres maladies. An
lieu du LIBERA , on chantera: •
Quani on est mort , c'est' pour long-tems;
"'. Òn est guéri du mal de dent,
,.. . Dé la potence & du carcan.

Bouche de fer. Quelle est le plus violent supplice qu'on


pourroit taire éprouver aux Lam... Bar... Meh ?... Ce serait
d* leur donner le coeur d'un honnête homme.

J'ai vu le Maite.... Sc sa baise arrogance ;


J'ai vu cc traître, en lui faisant la loi,
. • Insulter à son roi.
Ce lâche ambitieux, pour gouverner la France ,
Du firmament se croyait descendu
J'aí palîj par la grève Sc jc l'ai vu pradu.
( m )

Quand on aura bien saisi le sens de ces deux précieux mots


égalité. & liberté , alors plus de dieux , d'enfer , de pape , à*
toi , de nobles, de prêtres, de riches, d'impôts, d'arméet
d'argent , de jullice, de loix., 3t alors nous pourrons, fan*
étre obligé de rendra compte de noue conduite , marcher a
xjuatre panes, si ce}a nous plaît, & coucher no* portes ©*-
vertes. ' ' - -'

■ te cardinal rignoSntuie vient d'être nommé à l'évèche


de Toulouse) il cédera an dclìr que ses nombreux enfer»
témo'gnent de le revois. L'on fait que s'il n'a pas travaillé
à h propagation ds la foi, il s'est toujours occupé de celle
de l'ïfpecc humaine. Chacun cultive à fa manière , la vigne
du seigneur.

A l'hôtel de Berlin , rue Sainr- Guillaume, faubourg


Saint-Germain , N." 6 , loge Mgr. l'évcque de Lvp... ainsi
que plusieurs aunes députés de l'aifemblée prétendse natio
nale. II y a dans ce racitic hôtel un jeu de bhibi depuis dix
mois : il paioit constant que ce font ces mêmes députés qui
le protègent,' Ces augustes inviolables communiquent de
leur inviolabilité à tout ce qu'ils touchent : c'est trop juste.

Ce JOURNAL paroít tous les matins.


Le prix de Vabonnement ejî de 3 liv.par mois
pour Paris, 6" de 3 livres 1 5 fols pour la.
Province , franc de port. Le Bureau ejî établi
rue Percée-Saim-Andrc-dès-Arcs , N.° 21.

. De rimpumerií du Joarnal de la Cour & de la Ville»


N.° 13. \

JOURNAL
D E LA CO UK ET DE LA V I L I 1.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin
La Fontaine.

• ' Du Dimanche 12 Mars 1791.

Chanson toute neuve , sur la nomination du


nouvel Evêque in panibus de Lyon.
Air : Turlurette , ma tanturlurette.
Pour remplir un évêché
Au gré de maint débauché ,
On a choisi l'Amourette ,
Turlurette , Sec. (bis)
Les uns aiment le sermon ,
D'autres la confession :
Jc préfère l'Amourette,
Turlurette, &e. (bis)
Lyonnais diocésains ,
Vous êtes un peu badins ;
Vous n'aimez que l'Amourette ,
Turlurette , &c. (bis)

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Bulletin de la maladie du Roi.

La fièvre a diminué sensiblement ; il n'y a pas eu de re


doublement le soir. Le roi a été levé pendant pluesiurs heu-
Tome II. Année 17 jrr. M
( ii4 )
res dans la journée. La toux a été rare , les crachats murs
& cuits -, , 'a bile a coulé avec íacilité ; les urines font cou-
jour» chargées & en petite quantité. Le sommeil de cette nuit
a cte souvent interrompn par la toux.
Mgné , Lemonn'cr , la Set voile, Vicq - d'Azir , An
douille , Lcnitoneau. . .
Séance du iz Mars.
M. sê- président a lu un avis donné par le département à
la mui.icipairtc de Paris, !ur les personnes arrêtées an châ
teau des Tuileries le 18 février dernier : il lui eçnseille de
s'adr.Iïç-à l'assembléè nationale , &z dans le cas où elle pas
sera à Tordre du jour, de donner la liberté aux prisonniers.
L'ardre da jour a été demandé 8c adopté, Se on a kve la
fiance.

VARIÉTÉS.
Je fais que le comité militaire est très- embarrassé de
trouver un moyen pour empêcher les soldats de déserter :
"vous pouvez leur donner celui que jé vous envoyé, avec la ,
certitude de leur en donner un qui réussira au-deli de leurs
espérances : —C'est de faire tous les soldats membres du
coté gauche de rassemblée.

Un témoin auiiculairc& trcs-d'gnc de foi., nous, a assure


que M. rBail!y a dit dc:ni.tcmenc dans son saíion , devant
beaucoup de monde : « II sera impossible de rétablir l'ordee
j) & la tranquillité .publique, tant que le club des Jacobins
1» subsistera ». Nous pensons en cela tout-ù-fait comme M.
Bailiy ; niais lui qui les connoìt ,lì bien, devroit lavoir qu'en
en parlant de la lortç, il court le risque d'etee leur victime ,
d'autant nVtçux que la place t ente plusieurs des peu hono
rables nu-murcs.

L'on dit qu'on va recevoir M. de B***rd dan? là


Bonne coai.Tgnie. La fetc brillante qu'il vient de donner j
foi a coaqui» m bennes grâces de nos dames. Elles font.
( 'II 5 •)■;

si indulgentes'. & l'or est un métal si pur! II n'y a d'ail


leurs que le premier pas qui coure, & elles l'ont , à-peu-
près , toutes fauté le six de ce mois; ainli , rien n'emprche
que le Crésus anglais ne devienne l'homme àr la mode. La
Chronique 'médisante en avoit fait un monstre à leuis yeux j
mais , depuis qu'elles ont vu chez, lui la toiiette de Psichê ,
il n'en est pas une qui ne vouiùt que ce fût la sienne.
Dans l'embarras de donner les bouquets aux hommes
ou aux femmes , M. de B***rd a pris le parti de les atta
cher aux lambris , d'en former des nœuds & des guirlandes
aux draperies , dont la salle, étoit décorée. Cette tournure
ingénieuse , qui lailsoit la pomme suspendue entre les deux
sexes rivaux , a généralement plu ; les femmes , fur-tout , :
prenant cela pour une conquête , lui en ont su bon gré.
L'on a remarqué qu'il n'y avoit point d'Anglais a ce bal.
Tant pis pour eux : pourquoi sont-ils si sottement délicats ?
Ces censeurs moroses feroient bien mieux d'aller songer
ereux , & tristement boire du punch à Londres , que de
venir faire ; à Paris , laftrtyre de notre conduite. L'honnêmé
ne fait point ici de dupes. Eh bien! ceux qui ne voudront
pas vorr M. de B***rd , n'en feront pas pour cela privés
des bals, des concerrs, des plaisirs de tout genre qu'il
donne : il leur suffira de lui tourner le dos chez. lui. Jaloux
de bk'n vivre avec tout le monde , cet étranger «e prend
pas cela pour un aíhont.

Conseils à M. le Marquis de la Fayette , pour


faire cesser les émeutes dans moins d'une
heure, & fans tuer personne.

Faire battre un ban , & annoncer que rous ceux qui fe


ront trouvés dans les rues du quartier où fera le foyer de
l'étneute, un ouirt-hturî après , feront réputés révoltés , &
traités en conséquence, & que tous les particuliers dont les
maisons feront «av?rtes après ledit ban, payeront une forte
amende fans pouvoir marchander.
FYire disposer & armer une compagnie ferme & obéissante,
de manière qu'au premier ordre, le premier rang distribue
( n6 )
aveuglément R Vigoureusement des coups de plat de sabre"
& de crosse de fusil au petit nombre de bandits qui composent
en pareille circonstance le nerveu de i'cmeute:}ar te deuxième
rang, des coups de baguette de fusil aux femmes & filles qui en
font Ic brw\ánt;& par le troisième tang, des volées de "coups
de fouets de postes aux petits garçons & petites filles qui en
composent la foule. . : .
.... ,St. M. citoyen dégoûte de pastel pont actif.
' . - .. . / . '.ì
r. '• m
Le grand Condé disoit qu'il y avoir plaisir d'obéir à uni
rei qui s'y connoît.

Avis aux victimes des Jacobins.


. Une calomnie qui a une secte poui organe , s'établit
toujouvs maigre la preuve contraire , parce que chez les honw
mes, ia hatdiellc &í i'obstination du calomniateur, à repétet
fis impostures, devient une raison pour y croire , au lieu que
l'attcncion de l'accuse à se justifier, commence par fatiguer, 8c
finit par le faite coupable. .

La satyre Ménipée, composée pat un chanoine de la


Saime-Chapelle. de Paris, rendit les états de la ligue ridi
cules t Sc apolanit le chemin du trône à notre adorable
lìcnri IV.

■ -. .. n Avis aux Parisiens.

Préparez- vous au pire , en espérant le mieux.

Pour faire cesser les propos qu'on tient fur mon compte,
relar.iven.Kuc au delií qu'on sas suppose d'eue éveque de Pa-
(
ris , je vôv« prìerái cl'antióncer an public qu'oìi vient deme re
cevoir au club mondi chique en qualité d'aumonier.
Signé , Claude Fauchet., aumônier du club
monarchique.

Un gros jacobin des plus ardens dans le sang; de la ré


volution , disoir hier, chez un Libraire du Fálais-Koyal , que
le premier coup de canon qu'on a-lloit tirer fur la frontière,
feroit jouer les possesseurs d'assignats au jeu du. corbillon. Ma
réputation d'aristocrate ne m'a pas permis de lui demander ce
qu'il a voulu dire.
Signé, la Porde.
il ■ *

Une femme d'esprit nous demandoit, il y a quelques jours ,


pourquoi ce M. Garât , si apprêté, si précieux , si impa
tientant, s'avife-t-il de faire un journal? & pourquoi M.
Suleau n'en fait-il pas un ? A coup fur ce feroit le plus gai ,
le plus couru , le plus original de tous. —Il n'est aucun de
nos abonnés qui ne se soit fait cette même "question. Eh
fciërr , nous avons le plaisir de leur dénoncer une feuille nou
velle rédigée par ce joyeux aristocrate: c'est, je pense, le
Tovrn al politique , ou n atiònai. : mais qu'importe le titre?
S'il veut nous en croire , il l'intitulera tout bonnemtnt : lc
journal de M. Suleau. Voila un secret excellent pour' avoir
tout-d'un-coup une foule, d'abonnés. Nous avons , peur no*
Eéchés , douze cents journaliers qui nous font pleurer à dix-
uir francs par jour ; il est trop juste de donner la préférence
au journaliste aimable qui fait nous faire rire à trois livre*
par mois. On souscrit à Paris , rue Caumartin , N°, 17 , Bis.
Le prix de l'abonnement est de 14 livres. Le premier N",
paraîtra le ier. du mois prochain.

On dit que le Roi, ennuyé de son loisir , ayant demandé


qnelqu'emploi à M. dk la F , ce général ne lui a pas
dissimulé qu'il n'existoit de moyens pour cela , que d'endosser
( »» )
l'antforme de la garde paria cnnej il a même promis de l'a-
vancement à fa majesté.

Chanson faite h Dijon, sur le nouvel Evêque,


sur Vair de Notre-Dame de Cléti.
Quel ennui, (bis)
D'entendre toute la nuit ,
Les cloches ! sbis)
Et pour qui ? ■ (bis)
Pour an renégat maudit ,
Un drôle. (bis)
Pour licol , (bis)
Qnc n'a-t-il au col
La corde ! (bis)
Le vaurien (bis)
Sera damné comme un chien ,
J'espère. (bis)
C'est en Pair- - . (bis)
Qu'il faudra le voir danser
Un branle ! . V (bis)
Ça ira , : . ì .' (bis)
Mes amis , n'en doutez pas :
Courage. (bis)

Depuis la veille du dimanche, des Rameaux , jusqu'à la


seconde ftte de Pâques, il étok permis, dans lá ville de
Béliers } de souíHetcr tous les juifs qu'on rencontroit 5 le peu
( "9 )
f\c, sur-totu ,usoit de ce privilège avec tant dezè'e, qu'en
fin les principaux de la synagogue établie à Bézîcrs , obtin-
tent d'-- l'évéque, moyennant une somme considérable pont
les pauvres , ou'il ne serok plus permis cn aucun tems de les
battre par pure dévotion. Si ce font Us defeendans des Juifs
de Béziers qui font aujourd'hui établis à Metz , Nancy ,
Strasbourg, &c. ils font rendre avec usure aux chrétiens lâ
somme considérable qu'on fit donner à leurs pères. —Parmi
les nombreux exemples à cet égard que je pourrois citer ,
je ne parlerai que de celui qui me regarde. —Un oubli de
mes parens m'a forcé à avoir recours a l'un de ces honnêtes
Israélites : après beaucoup de supplications , j'ai obtenu da
citoyen actif Moyse K.... deux assignats de mi;le livres cha
cun : j'ai fait une lettre-de-ehangc de cinq mille livres,
payable dar.s un an.
Signé , ¥ officier d'artillerie.

Quatre des nouveaux sacrés évêques , ont donné l'antre,


jour un grand exemple d'humilité & d'économie; ils se sont
embarques dans un fiacre , & l'ont fait courir aux quatre
coins de Paris ; leurs visites finies, ils ont eu une dispute
très-vive pour le payement avec le cocher, qui, après leur
ívoir prodigué des épii hètes fort énergiques , les a forcés
d'aller à une section , dont le commissaire, embarrasse de dé
cider entre 1a jultice . les égards dus ì de si respectable*
prélats, les a priés de donner chacun six liards de plus au
cocher.

II est bien étonnant que pas tin journal n'ait rendu compte
d'un fait qu'il importe de faire connoitre. Le iS du
mois dernier , journée qui fera époque dans l'histoire de ia
révolution, & quia servi à 'démasquer bien des personnes,"
#n a arrêté dans la cour du château des Tuileries , deux
jcnn.es gens ayant des coca:.ícs bianches ; on les a conduits
au corps-dc-garde : on eommencoit à peine à les question
ner , qu'il ste entré dan» le m«ne cor^s-de-garde j personnes
( 120 )
/ç»'à leur coërïure , je pouvois croire députes du club des
Jacobins. Ils ont parle au commandant -, un moment, après ,
on a fait sottiv íurtivem.-ni les d;ux jeunes gens. J'allois
Renoncer ce fait -dont j'ai été le témoin à lu municipalité ,
jnais j'en ai été détourné par un ami qui faic que , dans le sens
de ia révolution , les vérités ne font pas bonnes à dire. -,

, Go allure que M. Ic maréchal de Broglie refusera de devoir


aux ennemis de fa patrie 6c <áe son Roi , la restitution de foó
titre de maréchal de Frence , qu'ils n'ont pas eu le droit de lui
ôter: s'il l'acceptc, les scélérats ne l'en respecteront pas
plus -, s'il le rcrufe , les honnêtes gens l'cstimeront beaucoup
«Javantage.

La -ligue a produit autrefois la guerre de trois Henris :


la brouillerìe des Jacobins va occasionner la guerre des trois
Charles; Charles Lamc-th , Charles Viletic & Charles Co
chon, tuus trois rivaux en patriotisme, tous crois d'un
comite de recherches diffèrent , & tous «ois exerçant chacun
à leur manière leurs respectables fonctions.

On mande de Soiiíqns, comme un fait certain, que le


fui iTe du pala.s q ilcopal cic cousin-germain du nouvel évêque
4e cette ville. Où peuc-on être mieux qu'au scinde fa famille?

CE JOURNAL paroît tous les matins.


Le prix de Vabonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris, 6" d: 3 livres t $ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée~Saint-Andrc~des-Arcs , N.° 21.

De l'Imprimcrie du Journal de la. Cour Sc de Ja Ville.


III. I ' I !■■ ■ nn/JII BB m
SUPPLÉMENT

Du N.° 13. .
Aux Auteurs da Journal.
Votri journal, messieurs, est du peiìt nombre- des
ceux où l'honneur Sl la loyauté f ancaise peuvent encore
trouver accès, & c'est dans cette confiance que je vous
prie de vouloir bien inférer à la fuite d'un de vos prochains-
numéros , mon opinion fui le fatal événement du 18 Février
dernier. ' *■.
Je crois , messieurs , avoir prouvé mon dévouement à la
personne du roi , & mon zele pour ses intérêts ; mes fen-
timens font consignés dans plusieurs écrits , que la fidélité ,
la franchise & ' l'honneur ont dictés : j'ai désiré , avec'
toute il chaleur d'uae âme véritablement française , de
pouvoir verser mon sang, en contribuant à défendre moa
souverain contre lès attentats de ses régicides ennemis , &
certainement si je me íùfle trouvé à ïáris, le èundi 1S1
Février , je me serois fait çn devoir de nié réunir i ces'
loyaux chevaliers qui se rassernbletent au palais- des Tuileries
dans des'intentions aussi pures que les miennes l'autoieut été.
N'ayant pas eu part à teurs noblt-s St courageux desseins»
je n'ai pas partagé l'infortune qui en a été ìa fuite, mai*
je partage très-vivement leur douleur & leur indignation ,
de l'aflreuse ingratitude qui a été le -prix de leur zelc , &
de l'infolente audace avec laquelle on a abusé de l'autorité
&, de la force pour les outrager & les maltraiter. ,r
J'en appelle à tous les gens d'honneur de l'Europe; c'est,
à eux à juger cette scène horrible.
D'un côté, elle offre le spectacle touchant d'un nombre,
de fidèles & braves serviteurs prêts à sacrifier leuis. vies
pour défendre celle de leur roi.
De l'autre , elle présente ce même, roi humiliant ses
généreux défenseurs , en leur ordonnant de fc defatmet , en'
( )
souítant que, dans son palais même, on leur fasse les plus
odieux tra'teníens-, & donnant lieu par- là à l'erreut dii
peuple, oui, dans l'action la plu$ louable, a cru voir un
crime par l'instigation des traîtres qui foudroient faire
immoler tout ce qui n'est pas traître comme eux.
Chevaliers Français , obéissez au roi ; ne prenez plus
d'allarmes & de craintes pour lés jours de Louis XVI ;
ne vous armez plus pour la diícnse personnelle; il vous a
désarmés ,& des monstres ont voulu rendre votre générosité '
suspecte : renoncez meme à jaroìtre à sa cour, pour' ne
pa> troubler sa tranquillité : el.le; lui convient apparemment :
il vous a remerciés de votre, seepurs , . mais ne rallentiisons
pas notre zele à défendre en toutes occasions où nous lc
pourrons , & de toutes nos forces , les droits de la mo
narchie , liés nécessairement aux vrais intérêts de l'etat :
que notre juste sensibilité , à ('abandon d'un monarque que
nous voulianS servir , n'interrompe pas nos vœux pour fa
conservation i désirons toujours , & desirons avec ardeur ,
le retour de son autorité , de l» puissance & de sa gloire :

-nous l'oublier * Pensons


ce cher & intéressant dauphin, • '*" • »
Clíat.',' chevalier de l'ordre de Saint-Louis , ancien'
capitaine d'infanterie, à Saint-Germain , le 8 Mari ,'ijfiï'

, ;- Aux Auteurs du Journal. ' \ . ,.


Vons aìmei', messieurs , à recue'líic, dans votre journal ,
tous les traits' qiii' péùverit donner quelque satisfaction am
itmes honnêtes', dans un tems où ' tant d'horreurs lei
affligent. ' • ,' ' "■ "
Le fait dont il s'agit n'a certainement rien en lui-même
^ui puisse intéresser le public , mais dans les circonstances
jl peut être digne de remarque & d'estime.
( i n y
J'ctois à Paris avant-hier ; je traversois la place d«
Caroufel } un soldat, garde-suiíse, passant à côté de moi,
jeta les yeux fur ma croix de Saint-Louis. Cette déco-i
tatton , qui , dans ces jours-ci particulièrement , a ranime le
feu de la hane 3z les convulsions de la. rage contre ceux
qui U l'Ottcnt i «e prix , enfin , des services rendus à la
patrie , devenu chez une nation, ingrate & barbare ■ un
signe de proscription , parut à cet honnête Sc sans doute
biave soldat, devoir être toujours l'objet d'un juste respect.
Cet homme me salue , me regarde avec nn air d'intérêt
te d'artendrilscrneiît qui m'emut l'áme , jusqu'à m'en faire
tenir les larmes aux yeux ; ce salut paroissoit dire .une
infinité de choses touchantes, & le palais des Tuileries que
nous avions en perspective , ajoutoit de bien douloureuses
réflexions à l'émotion dans laquelle je me trouvois.
Ce n'est pas tout ; un particulier qui , dans le même
moment, passoit aussi à côté de moi, vêtu d'une redin-
gotte i.niforme national , 8c mis proprement , ayant remarqué
la manière dont 'çfe soleât m'avoit salué, s'arrêta avec un
air de satisfaction pour le regarder -, & coromeiae particulier;
continuoit de marcher près de moi, je ne. pus .m'cmpcch:r.I
de lui dire : 11 vient de casser un garde-tuifle , dont j'ai
u.ie exceiiente opinion , 8c il m'a paru, monsieur, que vous
avez fait attention 'à son honnêteté: —<-Oui, monsieur, nie
répond-il , je Tai remarquée arec grand plaisirj,&. il ajouta :
il est encore d'honnêtes gens. Que ne puìs-jc savoir le hon
de ces deux hommes estimables ! j'aurois une grande satis
faction à les faite connoître." ""*
Puiflc le sentiment si bien exprimé dans le salut de ce
respectable garde-suisse, faire rougir ces soldats insolente
8c brutaux , qui se plaisent à manquer à leuts officiers , qui
ont porté l'audace Sc la férocité jusqu'à outrager de vieux
m litaires , des grades les plus éminens , & d'autres de
tout grade , dignes de respect à touce sorte de titre 1
Puisse le trait que j'orfrc pour exemple , faire rougir
sur-tout les hommes ivres d'orgueil , d'ambition 8c d'atro-
ganec , qui , abusant indignement des forces qu'ils ont en *
mau, osent se permettre de parler insolemment , & d'agir
I

cscmème avec des gcus valant mieux qu'eux dans tous les,
génies , & i^uì, tete-i-tète , ils n'ofcròient jamais manques
ClérV ,: chevalier de l'ordre d« Saint-Louis , ancien
capitaine d'nii'anterié , à Saint-Geimain-en-Laye, le 7 Mars.
Í7jri. v". ... ,.)•;•,. j i.
'<■<«" "' ■ , - -
Fans,, cc 7 mars 1791.
. J'ai lu avec surprise , monsieur ,dans la feuille du Moniteur
qui rerçd' compt,ct,,de la séance du j de cc mois , une phrase
que 1c rédacteur «je oe journal a mise, dans la bouche d'wy
membre' de {'assemblée, cjui s'exprime ainsi à mon occasion::
u Je demande iTastèrobiée si M. Pabbé- de Bouvens , qu'elfe1
»> a résilie d'admettre hier, parce qu'il' a mis' des restrictions'
j> ï son sefroeW', né ptut pas être admis aujourd'hui , s'il
»i prête, (pn.j ferment pur & simple»?
Commerceste.thrafe lourroit donner à croire, que ; j'ai eiií
l'idéc de rétracter l'éiìception foTmílle que j 'avois mie- à:
mon ferment dans 'la séance du 1 mars, pour tout ce çuî>
touche au spirituels permettez, monsieur, que, par la volé'
de votre journal , jc déclare au public que jamais mon in
tention n'a été 8c "ne fera do paroitre à l'ailemblee pour y-
pjeter un ferment1 pur & siniple, qui, pat-là nv.mc , porte-
roit adoption de la constitution civile du clergé. Un pareil1
fermant est entièrement opposé à mes principes, qui font"
„ invariables, &;dpnt aucune considération ne me fera départir.
Si l'un de MM; bs députés à l'afllinblée s'est explique dan*,
les termes qSî lui fout atttibués dans le journal dn Moni
teur, il n'a prétendu fans doute raisonner que sur une hy--
ppthese; car, ni jtioì ní personne, ne lui avons donné lieu
de présumer que je changerois de détermination.
L'Abbé de Bouvens.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour & de la Ville.


N.» 14.

JOURNAL
de la Cour et de la Vuti,

Tout raileur de Journal doit tribut au malin


1 La Fonta ine.

Du Lundi 14 Mars 179,1.

Sur ks Prélats intrus. Air: Des simples jeux


de son enfance.
Les pleuts de Rachel désolée ,
Seront-ils envain répandus i
Jusqu'à quand l'augulte assemblée,
Applaudita-t-elle aux intrus?
Celiez vos scènes scandaleuses ;
Les saints arrêts font pronouas :
Intrus, comme brebis galeuses,
Du bercail vou» ferez chaises.
La pâle frayeur les surmo ite ,
Je les ycìs fuit de tous cç>tés ,
Cherchant un asyle à leur honte»
Oh ! comme ils font deconcertís !
Prétendus enlans de lumi«rc,
Qui du ciel vous a r.-jetés ?
• Fameux prélats, dans la poussière^ -,
Quel coup vous a précipités !
De Satan , des anges rebelles ,
Vous avez imite l'orgneil ,
Victimes des trieurs nouvelles , ',
Poussés contre un funeste (cucil,
Dans les taux de la ptnitenc:
Ah ! lavez-vous jus.iu'a la mort.
Implorez le dieu de clémence ;
En sangloitant , gagnez le port.
Tome II. Année 179^ M
(us) ■ y

ASSEMBLÉE NATIONALE.

• ' Bulletin de la maladie du Roi.

Deux heures de sommeil, & nne bonne moiteur ont réparé


hier le défaut de la nuit ; le reste de la journée a été assez
calme. L'ertrouement a continué avec quelques quintes de
toux gutturale ; la bile a coulé; les urines ont été plus
abondantes & plus claires. La nuit a été bonne , à quelques
mouvemens de toux près , qui n'ont point interrompu le
setrimeiî. Les urines de la nuit 8c du matin sout dans l'état
naturel.
Signé, Lemonnier , la Servoile, Vicq-d'Azir, An-
douillé , Lonstoneau. , ,' ■
Séance du 13 Mars.
M. Foucault est monté à la tribune , & a annoncé qu'il
avoit été arrêté à la porte des Tuileries , fous prétexte que
fa cMine renfermait une arme ; trente gardes nationales l'ont
conduit chez M. de>Gouvion , qui l'a fait relâcher , vu son
caractère d'inviolabilité. —Uiic lettre du Ministre des af
faires étrangères , rassure 1'assemhlée sur les craintes des pa
triotes , fur les entreprises des puissances étrangères.

VARIÉTÉS.

Couplets fur l'air : Si le Roi nìavoit donné, &c.


On va changer nos écus ,
Les rogner peut-etre ;
Crions comme des perdus .' , , ■ f
Sur ce projet traître , ■ ... m
Qui fait plaisir aux Anglais :
Grand peur a tout bon Français,
Et vient fans-doute de ces.... , , ",r.i \-
Qu'on enverra paître. } " j, ( _j
( **7- )

Le jacobisme , cette religion fondée sur la maxime que


Finsurrection est le plus saint des devoirs , a aussi , <jur lc I
croiroit î ses confesseurs & ses martyrs.
Deux feçgens de la garnison de Lille , membres de ces
synodes militaires qui sc tiennent dans presque tous les ré-
gimens , pour y entretenir & propager l'esprit de la nou
velle doctrine, ont eu i'inspiration d'aller prêcher la station -
du carnaval à Tournay ; ils ont pris l'unilorme d'officier ,
pour rendre leur mission plus respectable-, & faisant une'
pieuse infidélité à la cocarde tricolor , pour la mieux servir,
ils ont rois à leur chapeau celle que la nation a si jastcBVní '
répudiée , parce qu'elle étoit blanche j & fans tsche. Ils se
sont introduits dans les bats ; car c'est au milieu des plai
sirs , dam les tabagies & les tavernes que sc tiennent lei'
prêches de la propagande. L'uniforme trançáis a d'abord
fixe les regards ; bientôt il a inspire de la méfiance jcar c'est
aujourd'hui le premier sentiment que l'on éprouve chez,
l'etranger , à l!afpcct d'un français; le mépris est te second,^
Le zele indiscret $í trop ardent qa'ont eu les deux mission- '
naircs à se répandre dans la ville , à se mêler dans- toutes
les assemblées , a excite la vigilance de la police de Tour
nay : on les a épiés ; l'on a soupçonné que lc besoin de par-, .
tager des plaisirs qui nc s'offrent plus, hélas! en France,
étoit le moindre intérêt qui les avoit attirés : on les â saisis ,
on les a interrogés , & l'on a découvert) que c'étoit deux
goujats déguises en chevaliers, français, pour, à la faveur
de ce travestissement , mieux remplir le but de leur voyage.
On les a conduits fur la place publique-, là, on leur a fait mettre
culotte bas, & â la lace ct'un nombreux concours de peuple,
que le spectacle de cette panade nouvelle y avoit auiré ,
on leur a fait subir le châtiment dqs esclaves ; ils ont; été
fustigés d'iniportance avec des verges de bouleau. Le .boa
peuple de Tournay a crié bis; mais on n'a pas cru devoir,
lui donner -cette satisfaction , attendu que le spectacle lui
étoit dorçat gratis, & que. d'ailleurs la correction nc devoir
être que fraternelle pour la première fois. Content d'avoir;
imprimé vigoureuseiriîiit la honte sur le derrière degen^
( 128 )
dont le front ne la connoît pas, on * congédié ces messieurs
cn leur -disant : Allez, & racontez.,» ceux qui vous ont en
voyés, ce que vous avez va. Ils font sortis de la ville tout
glorieux d'avoir souffert pour la bonne caufe, & tn chan
tant I'Ih exuu Israël».... de poì-ulo barbaro.

..M. l'abbé Dumouçhel étant pourvu , l'abbé Fauchct écon-


duk par le club jacobin, leveque de Babylonne paroisloic
sûr-d,es suffrages ; mais il se met sur les rangs des concurrens
formidables, tels que M. l'abbé Sipyes & le curé de Saint-
André -des- Arcs. II n'y a pas jusqu'à l'ancien 'trésorier de la
Sainte- Chapelle qui n'intrigaille. Risium teneatis amici.

Suite des nouveaux Noms des Départemens.


Du Nord des canons Douay.
Pas-de-Çalais de la fièvre , . ., Xalafis, •
De. Loise des braves femmes Beauvais. .
Mozellî des juifs Metz.
Cótes-du-Nord des témoins véridiques Caen.
Eure des pommes Evreux.
Manche des cônes., Cherbourg. ' '
Finistère • • de la gale ■ •• Brest. .
Morbihan - i des sauvages Vanaes.
Maine & Loire de l'ardoiss Angers. i
Loire inférieure de la bonne police Nantes. . .
De la Vilaine du bon beurre. Rennes.
De la Vienne des anguilles de ha'.e ^oitiers.
La Vandée . des ânes Fontenay. . / \
Deux Sevrés des culottes de peau Niort.
HauterViennc de Pourceaugnac Limoges, . - '
Cha*ante des dindes Angoulême.
Gironde/ '•" ; des filles sages Bordeaux.
I

( "9 )\
Des Landes áu «enîevre Mont-de-Marsiai. :
Charantc ìnfér. des huîtres Marennes.
De i'Hétault de la médecine Montpellier.
Garonne des jureurs Toulouse. i
Du Lot des brûleurs de maisons Cahors.
L'Aude des draps Carcassonne.
Du Var du bon thon Toulon.
Du Gard des rabots Misines.
Du Puy-de-Dôme des chaudrons Cr:rraom:
La Nièvre des bijoux fragiles Nevers.
Saône 8c Loire du vin bourru Màcon.
De Loire 8c Cher du bon exemple (i) Blois.
Del'Aude des quatre braves députes Castelnaudari.
Du Doux & Cher du -saint suaire Besançon.
Des Ardennes des moutons Mézicrcs.
De l'Aure des poux Troyes.
Des Voges des ci-devant pucelles Epinal.
Haute Saône des mines éveptées Vesoul.
Du Jura des coupeurs de bourse Pontarlier,
L'AIliet des couteaux Moulins
Haute Marne du bon air. Chaumont.
Loiret des pendus Orléans.
De la Somme des nouvelles frontières Péronne.
Haut & Bas-Rhin des adieux Strasbourg.
Orne des dentelles Alençon.
Seine & Oise de la misère Versailles.
D.- l'Ain des campag. de Mandrin Bourg.

On nous mande de Troyes, ce qui fuit : <c On bat ac


tuellement ( huit heures ) pour rassembler les compagnies ,

(r) Voyez ce qui s'est passé cn 1588.


( 1 3° )
pour un Te Deum que la municipalité, 'le district, & le
département vont faire chanter à onze heures ,. en la paroisse
de Saint- Jean , pour rendre grâces à Dieu , de ce que, 1c
Roi n'a pas ét» assassiné par ícs nobles , les ecclésiastiques &
les gardes-du-corps. ,Les grenadiers, les chasseurs ,- & les
troupes de ligne, ne ïont point invités à cette cérémonie."

Motion clémentine.
Pour cimenter la révolution ,
II faut du sang, dit l'cnfancon Ranbavïì
Tout criminel de leze-nation
Sera de près , rase comme une rave.
D'ans Orléans, plaçons le tribunal:
(Nom"merveilleux , fécond en synonymes) ;
Qu'un mot , qu'un gclte augmente nos victimes.
Pour les noircit du péché capital
Par nous créé, nous donnerons des primes
Aux Turcatis : puis, pour les mettre à mal,
Selon les gens, nous forgerons des crimes.

Bulletin.
L'illustre Maréchal prince de Beau.... , & l'ancim iri-
* iolable prince de Po... , toujours courtisans dans l'amc,
se trouvent forr satisfaits des marques de familiarité &.d'a-,
initié, par conséquent, qu'ils ont reçues de leurs nouveaux
souverains. Ils fc portent tort bien ; les parties qui avdient
été offensées, font maintenant dans ie meilleur état' possible.

Le dimanche-gras , tous les acteurs de Bruxelles compo


sèrent une pantomins représentant les Titans foudroyés par
( »*f )
le maître des Dieux. Le public voyant les projets irnpuif-
sans île ces ambitieux, accumulant édifice fur édifice, saisir
l'allusion aux décrets de certain verbeux sénat. Cette pan
tomime le te,tmitia, comme de laison , par la punition des
coupables. Français ! c'ett ce que je vous souhaite. Amen.

Invocation a Dieu.
O toi! qui des' mortels veux éprouver le cœur.
Des fléaux de la France abrèges la rigueur !
S'il faut avoir été malheureux pour être homme,
Par trop nous en avons outre-passé la somme.
Soaffriras-tu long-tcms qu'au mépris de nos loir,
Un sénat de tyrans asservisse les rois?
■Que s'arrogeant, fans honte, un droit illégitime (i),
Le pur sang des Français devienne fa victime (r)?
Croirai-je que l'état , en proie à des ingrats,
A quelques prêtres vils, à d'obscurs avocats,-
Succombe fous les coups de certe foiblc engeance?
Nan, j'efpere, grand Dieu, que ta juste vengeance
De ces vils artisans punira les forfaits.
Ah! puisse leur supplice effrayer à jamais
, . . - _ 1 m,'
(i) Cette vérité est incontestable, puisque les états-géné-
saux n'avoient pas le droit de se constituer en assemblée-
national:; , fans l'aveu des bailliages, dont ils ont outre-pallë
les pouvoirs.
(x) II suffit d'être loyal gentilhomme, ou même dévoué
à la famille royale , pour être désigné comme rebelles -,
témoin les preux chevaliers qui, d'après les ordres, du roi,
ont dépose leurs armes , St qui, pour s'être empressés d'en
tourer leur prince , daris uíi temps d'émeute , font détenus
dans les prisons. Quelle liberté! Ceci rappelle une horrible
sëcnc de la tragédie de Zelmire, de Dubelloi.
- .. , i ' „ù i '
Tous tes ambitieux, les perfides, les traîtres,
^iii cherchent à ravir les suiets à leurs nKiitres '.
Mïudk-MonfaS.

On feso'it admirer à une femme spirituelle 8c sensible , la


beauté de la journée d'hier. Elle répondit: oui; mais les
Lam... les Barn... St autres de la mente trempe , jouissent
du mime soleil , ils respirent 1c meme air : cette idée en
laidit la nature à mes yeux!

Ouvrages nouveaux.
%.k France heurkusf , ou 1c prochain autodafé de tous
les clubs jacob'res; ouvrago dans lequel on demontre que
Knertie à:\ commerce, 1 indigence du p;-uple Sc les malheurs
ouï rtccablcnc routes les classes de la société , disparoitront ,
du moment que quelques braves Français auront pris la.
résolution de purger chaque province du royaume de ces
abominables monstres: i petits vol. in-11, rel. &í dor. fur
tranche. A Paris, chez, tous les marchands de nouveautés
jacobites.
Traité complet des meurtres, incendies, pillages, pro
fanations , sacrilèges , &c. Sec. par les membres du côté
gauche, commencé pat les clubs jacobites : i vol. gr. ín-îS.°
broche.
De la Punition des. Crimes , & de la prompte application
«le; peines , par un: société politique 5C nationale : x vol. in-i %,

CE J OU RN AL paraît tous les matins.


Le prix de l'abonnement ejì de 3 liv. par mois
pour Paris , 6* de 3 livres r 5 fols pour la
Province,, franc de port. Le Bureau efi établi
rue Percéc-Saint-Andrc-des-Arcs , N.° 21.

De l'Imptimetie du Journal de la Cour & de la Ville.


N." 15.

J OU R N A L
de la Cour et de la V u t ì.

Tout raiscur de Journal doit tíibut au matin


* • LaFontaine.

Du Mardi 15 Mars 1791.

Voltaire dit dcCromwel, qu'il fut ccclésiastinuc & soldat


qu'il devint théologien & colonel , qu'il prêcha & com
manda des armées. II n'y a point d'exemple en Europe d'un
homme qui, venu de si bas, se soit élevé si haut. Presque
tous les souverains envoyèrent des ambassadeurs à leur con
frère Crorawel, à ce domelHque d'un évéque qui venoit ét
faire périr, par les mains du bourreau, un souverain leur
parent. Espérons que nos apprentis Cromwels ne recevront
ras le mème honneur , ìtiais la récompense qu'ils méritent.
Lc magnetitme rendoit tous les individus des fous très-
giis; la révolution les rend des fous tristes.
Puisque l'aísemMce nationale vouloit absolument nous
donner des peines & des malhetrs, cl!e auroit au moins dû
nous laiiícr la religion pour les adoucir.
Faisons tout au nom du roi, & nous ne ferons rien d'im_
prjdcnt, parce que (ì les membres du corps veulent nuire
à la tète, ils s'en sentiront le-, pr.miers.
Par un ^Membre du Club Monarchique.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Bulletin de la maladie du Roi.
Ï_E mieux s'ell soutenu hier route la journée. La toux a
été plus rare . & l'enrouement est diminué. L'appetit com-
Tome II. Année 1791. N
( i40
mcnee à revenir; les évacuations ont été naturelles, faciles
& dans dSe ju lies proportions. la nuit a été bonne : ce matin ,
les urines font, abondantes Sí de bonne qualité.
Signé, Lemonnier , la Servolle, Yicq - li'Azir , An-
douiLe^ Loníloneáu.
Séance du 1 4 Mars.
Une lettre des électeurs du département de Paris, an
nonce qu'ils viennent de nommer M. lYvcquc de Lidda à
l'eveche de Paris. —On s'eit occupé, dans cette séance,
ic l'organiiation des corps administratifs.

VARIÉTÉS.
Je vous prie , messieurs , de vouloir bien insérer dans
votre journal, qu'on peut reprocher au c ergé d'eue in-
g:at , puisqu'il calomnie la nation dans le moment où elle
ne s'occupe que de fou bien»
L'Evêquc Gouttes, ci-devant Dragon,

Chacun peut, à son gré forger sa conscience,
A die en plein sénat l'apôirc Mirabeau,
Eí Grégoire aulsi-tôt d'en faire expérience,
En HêrÊsiarquant fur le ferment nouveau.

Un observateur de province voudroit savoir de qcel coté


boite l'évêque d'Aurun.

Bruxelles , 8 mars.
Ce matin , à !a' parade , un vieux capitaine d'invalides a eu
rimprudenec de fe promener avec une cocarde nationale-,
r
i ( '47 )
ma'gré les défenses que le Maréchal de BENDERafait pu
blier. On l'a arrêté fur-le-cham;; ; il a menacé alors, avec
une grande fierté, de se plaindre aux commissaires de la
soi-disant ailémblcc na.ionale ; mais les oiticiers Allemands
l'onc prié poliment d'aller rejoindre ce fameux Marquis dont
on vous accuse de parler un peu trop souvent. En attendant
qu'il soit parti , défenses lui ont cte faiies de porter lc signe
sacré de notre régénération.
Meude - Monpas.

A Charles Lam... , qui a là ftireur de se dire


VAmi du Peuple.
Jeun? homme , d'où te vient l'étonnant privilège
D'avilir ce bon peuple , & d'oser l'outrager í
Tu te fais son patron! tu veux le protéger :...
^ séduit ,
Lorsque .u l'as<: paye , c'est lui qui te protège. •

De la part de M. Honoré R**\


Saint-Jean, Bo«che d'Or.

Les habïtans d'Arnay-1e-Duc ont envoyé à ceux de Sau-


lieu une botte de foin pour se mocquer de leur bêtise Je
jj'avoir pas arrête Mesdames de France; les habitans de
Saulieu leur onc renvoyé une potence.

II est de notoriété publique , que M. de la F... ne


savoir pas un moc de ce qui paisoit au Loiivte , quand
il arriva á 1'hó.tel-de-ville , à son retour de Vincsnnes ; il
ett de tait aulli , que vovanc fou peu d'influence fut l'espm
des gardes nationales , il se jetta à corps pc-du dans le
kns jacobite , qui influençoit tout dans ce moment au châ
teau des Tuileries i alors le héros se conduisit comme l'au-
roit fait an ccolicr de sixième.
( 148)'

Le nouveau club des factieugicidfs doit ineestam-


ment tenir fa première séance ; on est curieux de savoir
ouels seront les moyens cm'emploieront les Jacobins pour
détruire cette société cjui lui donae cruellcménr à penser.

Aux Rédacteurs.
Si on peut , sans manquer de respecta rassemblée na»
tionale , lui proposer i'énigme suivante , je vous prie de
vouloir bien lc raire.
Enigme.
Je fuis un eprps tres-corpulent ,
Léger d'eiprit , lourd de matière ;
J'a'ffait entttr la Fiance entière ,
Dan:, mon ettomac dévorant ;
Je fais le brave', & si pourtant
Je ci ains & ia paix & la guerre ;
Si l'on m'attaquoit par-devant , .
On verrok bientôt mon derrière. »
' N. B. des rédacteurs. Nous n'avons point trouvé lc
root de cette énigme : si l'ássemblée le trouve , & qu'il
ne lui convienne pas de le dire, ells fera maîtresse de fairç
le saciirìce de sa pénétration.

Nous nous empressons de faire connoitre l'anecdote sui


vante , où nous a été fournie par un officier ci-devant
car haine dans le régiment d'infanterie du roi.
I.e 3 r Août, jour de la rameuse affaire de Nancy, Tur-
caod, (oldat vérétan de ce régiment ; étoit en faction à la
ppttç du trésorier , dans k moment que le reg ment d'Aax«
• ( *4<> )
rois entra dans la ville ; tous les postes & les sentinelles se
replièrent & s'enfuirent-, le brave -^Turcaud. fut le s.-ul qui
demeura ferme à son peste : il ; ortoit les armes au rogiment
d'Auxerrois qui paííoit devant lui, quoiqu'on lui tirât des
coups de fusil. ì 'officier qui étoit à la tetc de ce regiment ,
pénerré d'admiration pour la fermeté de ce soldat , n'aj rrocha '
de lui , & lui ordonna de le suivre. Ce brave homme lui
répondit » : Je suis ici ; our veilLr autréfor ,& je ne quitterai
» sas mon poste, duíse-je y rérlr ».' Er.hn , l'oíncier lui
ait : >! Mon ami , il sooit malheureux qu'un brave homme
» comme vous fût màllacrc • cédez à la ftrçe, taillez
« tomber votre fusil , pour qu'on .ne puisse- pas vous reprocher
» de vous ctre lai île desarmer ». Le brave vétéran sc voyant
dans l'impbffibiliti? de faire résiíiance , ouvre ' fes bras en
pleurant , & laiíse tomber son arme.
(NorE DKS rédacteurs). ,S'i M. Doportail est illstr.lit
de cette anecdote, nous croyons qu'il s'emprestera de re
compenser ce brave homme.

M. Barnave ayant parlé d'amnistie à la tribune , un de ses


auditeurs lui adressa ces petits vers:
De meurtres tout ensanglanté,
Un louptrès-imprudcnt pris dans la bergerie,
Propofoit aux pasteurs de conclure un traité;
Je consens, disoit-il, que le paste -s'oublie. «
Barnave n'est poinr dégoûté ,
Quand il nous parle d'amnistie.

On m nde qu'un maite de villap^, charrier de son métier >


8c grand jureur , en recevant lc décret qui cnjpignoit à son
curé, de- jurer, s'écria: ah! ce b -la ne nous rcfuseia
donc plus l'abfolution , pour avoir juré , puisera il va être
obligé de lc faire lui-même: eh ! f..... , je l'y forcerons bien
en eríèr ; & le curé en a été quitte , ajoute-on , pour un
je m'en f.„. bien articulé.
( r^o )

Nos inquiétudes fur k guerre n'étoient 'pas fans quelque


fondement ; car la dévorante compagnie des fourrages a été
lnandée par les différcns comités de l'aisemblee nationale.

Quejlîpn quçn se' dispenserait de faire , fî on


nespéroit pas qu'on y fera, réponse.
■ Lequel vaut le mie^x , d'avoir une connoïTance méd:ocrc
de toutes choses , ou Hen de polder une science ou un ast
au plus haut degré , & <i'ignorer toutes ies autres ?

M. de la F... disoit jeudi à un* dame infiniment puissante;


En vérité . c'est une négligence bien coupable à M. Baill...'
de ne pas faire sortir de prison les huit personnes arrêtées au
chíueau.
M. le maire disoit vendredi aux solliciteurs : « II n'y a vrai-
>» ment aucune charge qui retienne ces messieurs ; mais le
j> bon peuple est animé , & leur propre fureté exige dé
»> grandes précautions : il r.c faut pas se preíTer ».
Notez que le bon peuple est composé des •marchands de
nouveautés jacpbites , du club inférieur de In propagande , &í
de quclques chefs d'émeute du Palais-Royal, qui ne vont
tousqu'où on leur di: d'aller, & qu'avec ioo hommesbien dé-,
terminés & conduits de bonne-soi., on étolgnèroît pour ja
mais tous ces br'gsnds. Et M. Bailly avec son drapeau ronge,
•une loi & 30 mille sommes pour s'ápptvyer , fait semblant
de craindre ce soi-disant bon peuple , & par une lâche com-
p'aisance pour les factieux, sc sert de ce manvajs prétexre
four prolon: «r leurs vengeai. ces, —en la'ilant, faisánt rrtéme
débiter dans Paris ; toutes ^es absurdités qui pcuvçnt donnes
de la cou'eur à fa cpndnite. , ■
Jusqu'à quand exercera-t-on notre pati?nce. & sc joucra-
t-on de la crudel'té du vraiment bon peuple de Paris, qui
a la bonté de croire que l'on s'occupe seiicuscment de ses in
térêts & de fa tranquillité, j endant qu'il n'est pas un seul joùt
pu l'on n'invente des fables pour la troubler ?
( Mi )
M ... capitaine de la garde natioralc de la section des
Feui.lans , avoît éré charge, le 18 lévrier , de conduire devant
M. le maire , M. de Lillers ; arrête dans les cours des Tui
leries, parce qu'il éíoit giand Sc reisembioit à un garde-du-
corps. M. le maire vouloir qu' I fût renvoyé; mais les gre
nadiers n'ont voulu obéir ni à M. la nuire , ni A leur capi
taine, & out forcé cclui-ci. à cOncJuire M. de Lillers en pri
son. Ce pauvre capitaine honteux de son impuissance , a au
moins dédommage autant qu'il a été en lui, son prisonnier, en le
traitant avec honnêteté cette conduite a été la matière d'une
accusation intentée contre lui à sa section: on lui a reproché
son incivisme pour avoir appelé M. de Lillers Monsieur ,
Si ne l'avoir pas traité de j.-f. d'aristocrate , à l'exemple
du général quiavoit ju. é au château. —L'acaisateur a con
clu a la destitution. —On a délibère long-tems; enfin, à la ma
jorité de 74 voix osnece SA , il a été máíatcnu daos ion
emploi. .,

Le .dimanche fi mars , ír.o'x le jour indique à Troyes ,


pour la lecture de l'in!! Diction de l'alferuolée fur l'organi-
îàtioii civile du clergé. Elle a éré lac dans toutes les églises
par îcs jncfnts, oà ils fou im-îtrc ./ Deux seulctnent ont pieté
lc ferment ) & pr.r des munie';:cnx lì oi il n'y a point de
jurcuts. A S.iint-Panraléon, lc r;r? s'est mis à lire après
l'evangUc; ane vieille fille '.'est mise à crisr : e^pliqucz-nons
l'épìtre K l'óvarigUe ; il faut mus híltiiirc, & point de ces vi
lenies-là, Lrs huecs , les brouhaha'; , op.r forcé le curé de
«elíer fa lecture.

■ Dénonciation à M. Voydel.

Air : Du Jcrún qui te fah anylt?.

Malsrré vos veilles Sc vos peines,


• Monsieur le grr.-ad inquisiteur,
De vos misons ni de vo. chaînes
Jt ca est oui n'ont pas grand pear.
( 1^2 )
cannois un aristocrate ,
Qui voudroit de vous se jouer ;
Depuis très long-tems il s'en flatte ;
Je m'en vais vous le dénoncer.
A la ville comme au village ;
11 va pai-tout incendiant,
II brkande, il pille, il fouragei
Par fois même il répand le sangs
Malgré Pauguste aréopage,
On voit ,1c petit effronté H
Réduire tout à Icsclavagè",
Dans un íì'ecle de "liber te. .# ,-. ,
Dans les grands yeux bleus de Gllcere,
D'abord je l'ai vu se raontrerj
Pu'.i sou» une Paie légère,
I! courut vite s' cacher ;
Mes mains y poursuivant le traîtte,
II s'echsrpc • mais je le vi;
Sur fa bouche bientôt paroître;
J'y posai la mienne il fut pris.

Nos jcgi.Venrs ent -donne à notre Roi ntic grande dis»


tinction , en l'app-llant roi • des i ianeais : il est le seul cjtai
ne porte pas un nom de territoire. II ne partage cette préro
gative tpi'av -c les rcis des Gohts,de* Y iiigcts, des Ostrogots,
de., Huns & tics Vandales.

On s abonne, pour ce Journal rue Percée Sàint-


André-Jes-Arcs , K." XI.

De l'Imprimetie du Journal de la Cour & de la Ville.


( Mi )

SUPPLÉMENT

Du N.° 15.
Prédiction tirée de Nostradamus.

Sur l'Air : Malbrough s'en va-t-en guerre.

lV^omÊ va-t-en Alsace,


A Bender (bis) donner chaise ;
Moiti; va-t-en Alsace,
Ne sait s'il reviendra. (bis}
Peut-être bierl à Pâques, <
jMironton , &c.
Peut-être bien à Pâques,
Ou à la Trinité. " (bis)
La Trinité se passe;
Mironton , &c.
La Trinité se passe,
Moitié ne revient pas. (bis)
Lors vers Phôtel-de-ville ,
Mironton, &c.
Lors vers 1'hôtel-de-ville,
Madame porte ses pas. (bis)
Puis prenant la lunette,
Mironton, &c.
Puis prenant la lunette
De monseigneur' Bailly. (bis)
Elle voit fans épaulettes,
Mironton ,&c.
Elle voit fans épaulettes,
.Venir son chei Gouvion. (bis)
( M* )
Soutien de la Fayette,
Mironton, &B.
Soutien de la Fayette ,
Que fait ton général?
Madame & souveraine,
Mironton , &c.
Madame & souveraine,
Vos beaux yeux vont pleurer.
Quittez cette cocarde ,
Mironton , &c.
Quittez cette cocarde,
Pour la blanche arborer.
Par ce diable Bender ,
•Que mon cœur a de peine !
Par ce diable Bender ,
Mon maître est déconfié.
Son armée en déroute,
Mironton, &c.
Son armée en déroute.
Aux Pandours l'a laissé.
L'un a pris son grand sabre ,
Mironton, &c.
L'un a pris son grand sabre,
L'autre son cheval blanc
A la suite des Talpaeh.es,
Mironton , &c.
A la fuite des Talpaches,
II s'en revient à 'pied.
Tout tremble à leur approche ,
Mironton, &c.
Tout tremble à leur approche ;
Nos canons en ont peur.
Leurs fusils sont si braves ,
Mironton, &c.
Leurs fusils sont si braves,
Qu'ils vous tuent fans tirer»
( Í43 )
Leurs sabres font si diables;
Mironton, &c.
Leurs sabres font si diabtes ,
Qu'ils coupent fans toucher.
Bondicu ! quelles moustaches!
Mironton , Sec.
Bondicu ! quelles .moustaches,
Quels crocs & quels bonnets !
A Paris , dans deux heures,
Mironton, &c.
A Paris , dans deux heures ,
Ils vont fe cafeintt.
Mais déjà les trompettes
Mironton , &c. '
Mais déjà les trompettes
Annoncent que les voilà.
Paris ouvre fes portes,
Mironton , &c.
Paris ouvre ses portes ,
Criant vive le Roi.
Tout droit dans lc manège ,
Mironton , &c.
Tout droit dans le manège ,
Bender va débotter.
Sitôt à la tribune ,
Mironton , &e.
Sitôt à la tribune ,
Mirabeau veut parler.
Tartaiffe ! qu'il descente ,
Dit Bender tioulsant la moustache
Tartaiffe ! qu'il descente,
Ce touscentiemî Roi. .
Entrez , Pandours , Sarmates ,
Mironton , 8cc.
Entrez, Pandours , Sarmatcs j
Chassez ces gaillards-là.
(r44 ) .
À l'aspect des Croates, ,
Mironton , &c.
A l'aspect des Croates,
Le sénat fit caca, . , fl**)
Sur la porte da manège,
Mironton , &c.
Sur la porte du marége,
Ces mots on y grava: ., '- •' (bis)
Ci gît- de la France, . •
Mironton, &c.~
Ci gît de la France,
Les \ roitelets font fichus. (bis)
Quand fur chaque ferrure,'
Mironton , &c.
Quand fur chaque serrure ,
Cadenas on eut mis. (bis)
Bender courur au louvre,
Mironton, &c.
Bender courut au louvre ,
Saluer leurs majestés, . , (bis)
Vertueux Roi de France,
Miroaton , &C. .
Vertueux Roi de France ,
Sans être maître chez fout. (bis)
Courageuse Antoinette ,
Mironton , &c. r
Courageuse Antoinette,
Vos maux être finis. (bis)
Fout régner l'un & l'autre,
Mironton, &c.
Fout régner l'un & l'autre,
Sur tous les coeurs français. (bis)

Dt l'Itnprimcrîe du Journal de la Cour ft de la Ville.


N.« 16.

JOURNAL
p s la Cour et de ea Vieib.

Tout faiseur de Journal doit tribut au mafia


La Fontaine.

Du Mercredi ití Mars 1791.

Fragment tfune Scène de Romesauvée, aâe xt


qui semblé avoir été fàite le 18 février der
nier, aux Tuileries. II n'y a que les noms
à changer.
C R AS S U St
Que Éait César ?
C t C t R O N.
II a , dans Ce jour mémorable ,
Déployé , je Pavoue, un courage indomptable j .
Mais Rome exigíoit plus d'un cœur tel que le sien,
II n'est pas criminel, il n'est pas ciroyen.
Je l'ai vu dissiper les plus hardis rebèles (t}:
Mais bientôt ménageant des Romains infidèles,
11 s'effbrijoit de plaire aux esprits egarés ,
Jlux peuples , aux soldats , & m-me aux conjurés.
JPahs le péril horrible où Rom ■ étoit en proyc ,
Son front laiísoic briller une secrète joye;
Sa voir , d'un peuple entier , sollicitant l'amoui ,
S^mbloit inviter Rome à le servir un jour:
D'un trop coupable sang , sa main étoit avare.
C A T O N.
Je vois avec horreur tout cé qu'il nous préparé.
Je le redis encore , Sc veux le publier ,
De César en tout tems il faut le défier.

<i) A Vìncenacs.
T«m« II. Année 1791, O
• (*54)x

A S gfe ÛS N'ÀTk b M-A L E.


.-t 1 ' i V >$éancl.dui$ Mars. "

est effrayé de la f!éritrté fourchue des séances ; on


s'est' occupé dînns celie-ci , du rapjort Jur lçs impositions âc
contributions publiques. ■ , \t .1
, Bulletin de la maladie du Roi.

* Lc meilleur état du#lloi se, sourient : la nuit ëté.très-


borné ^'.enrouement subsiste encore; fi^la gorge cQiï.inuc
'à être érhbaVraílèe. ■'
Signé, Lemonnier , la Servolle, Vicq - d'Azir, An
douille, Lonstoneau. *. ,: •.
.•: ■ ■ . 1 D

VARIÉTÉS.
L'évèque d'Autun appoyoît lc préfet d'ure loi co.ntr 1
tre
lc jeu, après:y- avoir gagné beaucoup d'argent. On lui_"£ C
cete épigramme : *í '• • '

Périgord-, jurcur & jouítìr ,: - • ...<,* \


Ayant raífalìé son apétit avait " "*»
Contre tms lès jeax se déclare. p- . ,. ■>
D?o'ù lu: yiínr.donc •cette pudeur? •, , ; • ;
•-Vers. la. réforme est-ce ctu'jl penck'e t _ • - , ..« ••-'•«•
Bonhomme, ra: dit un. rajllïtir ,
Ne vol;-tu^pas qu'il veut esquivée la. revanche?


... J! )i-a ^Kloue-tems , c;u'tm corrrier envoyé de Baume à
Besançon, annonça que les AutiichLeus ccoknt -entrus en
Alsace , 6c mettoient tout .à feu & à sang sur la frontière
de 'Franche-Comte: on tait partir des troupes de- ligne ,qui'
apprennent eii chemin , i]ue !e prince de Monìbeillard a fait
une chaise, & qu'un cerf ell le neros qui a fait tremDlcr tout
le départ emenc.
Cette, ville de Baume se distingue par sa bravoure &
son zeic patriotique. Toute sa milice s'est mile lous les ar
mes, pour arrêter Sc escorter un chanoinellc qui avoit voulu
faire une contre-révolte , avec un petit écu donne à des
contrebandiers , par cha.itw. £>ou district a envoyé six cents
paylans pour enlever les armes' de plusieurs châteaux. Chez
un seigneur du canton , ils Ont trouve des boulets daiïs des
poêles pour y cnt:Ctenif la chaleur , ils en ont concíu' qu'il
vouloir battre le pays à boulets rouges , & ont ravage le '
château. Vous voyez, monsieur, que la va eur partlie nuise '
communique aux extrémités du Royaume. Elle va aussi vite
qac la peur.

• * Anagramme du Serment civiqui.


Qui JURE ,. MENT SEC.

Suspectant l'art d'un blanchisseur expert,


Un innocent de savon tuiu couvert,
S'en va cherchant une druandeiie,
Pour enlever quelques raches de noir
Qui font encore' ap'rcs fa f.ipcrie.
B-'au damais.l,, on veut vóus décevoir,
Dit un plaisant, voyant cette manœuvre;
Si blanc egal sur vous n'a pu faire œuvre,
If vou; faudra quelque coup de battoir.

M.dclaF difo'.t , le lendemain du x8 février: «Les


» aristocrates n'ont ni esprit," ni courage ». Cc propos rc-
marquul-e dans la bouche d'un homme que son esprit & s»n
( Ifs
caurage wit conduit i être, tout-à-tour , le valet -k la dup*j
de* Jacobins , lui a valu cette épigramme de la part d'uo
aristocrate : -
L'insolent geôlier dn trop bon roi de France
Prétend que nous manquons d'esprit & de valeur.
Quoi '. ce Cromwel manqué fait le dieu créateur j
II nous forme à fa relì'emblancc.

U refaite de tous les procès-verbaux, dits, contredits,


enquêtes, inculpations, justifications, Sec. que M. de ia,
Fayette étoit instruit dés le xí février de ce qui dévoie
se paslét a Vincennes le 18 ; qu'il a reçu une lettre le 17 »
qui lavertissoit , & que le jour même il eut avis de tres-
bonne heure de tout ce qui se pasfoit. 11 en parla citez;
le roi à midi; cependant les secours ne furent envoyé»
qu'à trois heures, St M. de la Fayette ne partit qu'à
quatre des Tuileries. On laiíle au lecteur à faire les ré*
flexions s nous ne nous en permettions aucune.

Examen & réception dun Aìde-de-Camp du


grand Général, aux Jacobins.
Le-J?R£SMjifeNTv'' Si ta sublime propagande vous chargeoít
d'une -expédition patriotique', comment vous y prendriez-
vous \ . C * ' • 'í ' '-' • -
Le JlÉciFiEHDMRE. Avec de l'eau-de-vie, du punch , 3c
des riiígnats de jo lïv. •
L'assist,* sce. Bravo ! bravol' • '■
Le P. .Si av.fc trois mille hommes bien armés , on vou«
eharg '» it d'atraquçr une j o'gnée d'aristocrates fans armes,
vous tn chargeriez-vous ?
Le R. Oui , avec de l'eau-de-vie , du punch , & des alSU .
jrats 3e jó liv. , ,v ' ; ;
L' As. " Bravo ! bravo ! bravo ! .K
Lc P. Et s'il vous etoit prescrit de faire baftbuctj mal»
( *vy
traite; , accuser & emprisonner ces aristocrates , quoiqu'il
n'y eût aucun sujet pour cela, comment feriez-vous pour
y déterminer vos concitoyens ?
Le R. Avec de l'eau-dc-vie, du punch , & des aíTgnats
dm y n jiv. , ,—
L'As. Bravo i bravo! braviílimol
Qu'il soit admis tout au plutôt ' -
Sans notre souverain tripot.

Une bouchère de Clermont reproeboit à son curé, son


intrusion : il la menace de la taire mettre en prison. n^Voo»
» me feriez bien de l'honneur , lui repond - etkV jc mt
»' croiroit un moment la Reine de France n.
»••''. ' ■ v •
M. de la Fay.... a ' donné le premier, l'ejreíBple de l'o*
béistance à la loi qui a défendu les masques: il etoit depuis
Jottg-tems dans l'habitude d'en porter un i mais il l'a jeté
le ti février dernier.
\ . ■
Avis mu Publie.
M. l'abW Fauch... , persuadé que son sublime discours de
vendredi dernier va lui attirer enfin la rcconnoillancc pu
blique , prie instamment MM. les cUctetirs de/ tous les
départemens , de ne.l'cxpoíer à aucune tentation, ni au
chagrin d'être obligé de les refuser , étaot dcterm.ne à
Borner toute ion ambition à instruire & amuser les conci
toyens, de concert avec l'on émule & confrère Pinettí.
■' ■ ''; ' ' ,: A

On- nous assure que nous avons été induits ' en erreur
fur le compte du docteur Vekd.... : son seul emploi dan*
la maison de M. de B..„d , est d'éclairer les goûts de
Mylotd, & d'en prévenir oo corriger les iuconvcnieas.
■ On mande de SoUTons , cjlie le nouvel évêque , M. Maro..;
vícnr de renvoyer son coufin-gerrriairi , ci-devant suisse
du pala's épiscopal, ce: fcm;.)loi devenant inutile, par le
parti qu'a pri; Monseigneur de n'y entrer que par la fausse
porte. 1

Les Anglais n'étant pas instruits de la résolution de M.


l'abbé Fauche... , & roulant 1 venger de l'ingratitudc de
ses .concitoyens , .viennent de le nomm-t à l'éveché de Bed-
lam. S'il se détermine à l'aecepter , on peut être sûr qu'il
sirá l'exemplè & le modelé de son diocèse.
. n .. » — .
Nos braves militaires bourgeois font furieux de ce que
la.- noblesse a ose se mettre entre rux ft £8 Roi; mais
ce f^roit bien pis , s'ils - voyoien: les gens qui pro
fiteur du m^uki t .où ^Is-íbnt de garde , pour se mettre
entr'eux & leur femmes. .

Réflexionsur hs.-fcfnm.Qs révolutionnaires. Petit


_ libelle trouvé dans un porte-feuille , qu'on
' "accfife M.' Cììamyccnet^ d'avoir- pêrdu ex-

Une, sirgulatité qu'on n'á pas . assez, remarquée, parmi


tpiues nos Utui'na.'es patriotiques , c'est la conduite de beau
coup te Fia-içaise":, qui, .faute d'intringues , ont épouse la ré-,
volutiôn : bêlas"! les pauvres femmes elles y ont perdu le
peu qu'elles valojcnt, & les plus foioles coupables ont été.
les plus punis. Les un:s y ont perdu leur fraîcheur Sc leur
jfunclre . les autres , leurs' -grâces St leur esprit , î&'.rprefque
tfemes leurs amans , ce qui lans doute liSur «IV le ...plus scr-
ssble. II semble que 1 nrs ïmes, en te flétrissant j? aient passé
fut leur figure , pour dégoûter à jamais leuríexe des cabales
;fopi*kteres. En e&t vqu'bn regarde madame Dif LA Chwiù ;
.-©a verta-uûifcjuek'tte héb-tc, dont le moral a applati lephy-
> íìtiyt-j^'eMÍaijc jeter.los yeux,,de veut .de-ïoir fem ire Je mépris ;
■'osant ouvrir les oreilles , île penr-iteorendte la latyje ; en
tourée de roquets législateurs, qui ne Te fervent d'elle que pour
raccrocher quelques n:»auds à leur parti , & qui, pour prir
• de'ses fewicîS ,'Jls-Un demandent sas mème les faveurs. Qu'on
-examine la--pr,i*c3tVe be JBhçg..., on trouvera une petite ma
chine gauche & basse 'que le bruit seul agite , dont l'air cem-
man annonce l/arnfcj tjtti pense Si raisonne comme ucc femme-
. de-chambre ,'qtii nc scdn'it personne, ìfiéme au Palais-Royal,,
$c qui mourrait vieige , li elle parloit toujours. Qu'on rêa-
~ contre madame sas Coig... , on entendra aac frmme qui a
ea de l'espriï du rems dé fa beauïe* cilá cro-iï cvfe iba jar
gon & fa voi\- rauque, peuvent encore briller du COTÉ GAU-
CIÍF. ; qui s'entoure de tout ce qu'elle meprifoit, jadis -, qui
plaísame tristemenrlûri*r.{;ònie cìì la France, & qui a per-
_Juij»squ'à,ce. bon-naturel q,uj lui valoit.tjmt djamans. Qi'on
, déterre la marquile deLav.v, morte díor.e dcjrjagojjie ren
trée, dans, un coíu de l'aíkmblée nationale., & l'on frémira
i la vue du spectre de tous les ïices./Ou'on laiílè to&hpr
Tes regatds sur.pne madame nu SAiNr-ÇíîAMA..-, 8c on dé
couvrira une' 'créature courte ót ignoble , une marchande
de pomme endimanchée , qui s'occupe fans cesse des.beíoins
de , la patrie 'qui court tous las tripots révo'utionuaires ,V3c
: qui lait palier les - faveurs, i travers . toutes les horreurs ilr,
- la liberté, h ne cite -pas. an tìiotístce en jupôn , lui nommé
..Staex..- qúine'tuiit a "espèce humaine quî .par la laideur,
& qui est né: trop vil, pour s'avîik Eufni^de tar.t d'.i-
ïlûîïfcs citoyennes', de tant Sà protectrices de la licence /il
n'y a que mesdames n'Aici:îixo;í & de i^Mr-ni, qu!,
' ayant conserve , l'une fa frtûiAeùr , & saiurc fa santé, Sc
; Ciii»re-)".tinc. .tc^le .Fáíiífanifc'i tst-ei'eplu's. òlírayante ^u'àd-
, mlraMe. ìaas deute., ij (croie l'acils d'opfolt5rJà,.as hideu^j
cfcàiiises, un tableau touchant & consolateur ; il sufiìrrîit
. de nomriict'im petirnoiiib'rc de f.-mmes sensible* , <juí ne par
tagent ni les crimes de leurs maris., ui.rn'erne ceux .de Luis
amans; qui vetfí -ut que lcurctrur s'accorde avec leur amc
'ou: s'enlbeltuT nt de tout l'cclat de rhomoir h de tontes
ses grâce, du courage,* '-qui; en ne restanrfidtllcs -qu'à ^eí
( **> )
, ckevalîers français, en écernisentia race* les triomphe*.
■ Mais il faut s'abstenir de toute louange indiscrète , & se
contenter d'honorer dans celte qu'on aine, toute* celle*
«jui sent dignes d'etre aimées.

Vous êtes trop justes, meflietiri, pour ne pas inférer


iat-ta-ebamp ma réclamation contre un article de votre)
journal , qui me compromet cruellement. Le nommé Bu....
qui a été valet de M- de Perigord , n'a jamais été marchand
pas rumeur rue du Bacq, ni ailleurs j c'est moi ns la
Briehke, qui fuis le propriétaire de la belle boutique en
question, $ je vous donnó Faiíurance la plus positive que
je n'ai en aucune pact à l'aííaire des Tuileries.
Signé ,ob lA Brierri.

On continue d'arrêter & de détrousser 'es voyageur* en


Franchi-Comté. On leur prend lîur arg.-nt , par cette raison
sans repique , qu'il appartient à la nation , comme lesbiens
da clergé.
Errata du Numéro d'hier.
Pag. i jo , lig. 9 , une dame infiniment puìíîànte ; lisez, tme
íame infiniment pressante. —Ibid. lig. , chefs d'émeute ;
lifei,clés de meute. —Ibid. lig. 176c 18, marchands de
nouveautés jacobites ; lisez , marchands de motions jaco-
biies. —Ibid- lig 13 , pour s'appuyer ; lisez., pour l'appuyer.

CE JOURNAL paroù tous les matins.


Ze prix de Vabonnement est de 3 liv. par mois
pour Paris f & de 3 livres i § fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau, efi établi
rue Percée-Saint~André~des-Arcs , N." 21.

fie rimprimctie du Journal de ta Cour & de la Villu.


N.» 17.

. ,,J O U R N A L .
p Á JC.0 U R ET DE LA Vlltï,

Tout faiseur de Journal doit'tribut au malin


•» . La Fontaine.
.... .' .-..t:- ■ | t .
-' } ; - - '
. . Du Jeudi 17 Mârs 17.01.

Bien des personnes assurent que l'aristocratie dés personne»


Enrichies par là révolution, fera plus dure & plus génétale
tque celle de: anciens ministres, courtisans, &c. Nous de-
Vons au contraire , espérer qu'ils se. feront un plaisir de nous
prêter de l'ârgent.
L'appétit du pouvoir est insatiable; nous ne nous sommes-
jamais convaincus de cette vérité, que depuis qu'on ne parlé
■que d'égalitéi
Avec les biens des moines, on eût payé les curés, 8c sou
lagé les jaysans des dîmes ; on auroit pu doter les. fabriquej
de paroisses pout extirper la mendicité ; on auroit pu auíG
payer, dans chaque village* un accoucheur, un maître d'école
& un maître d'fcXERCics national. On fera bien étonné
dans quelque-rems, quand on íaura remploi qu'on en fau
dans ce moment-ci.
- Le sentiment seul donné un prix à ce qu'on dit , & ce
qaì fait queJes démagogues font toujours ennuyeux, c'est
qu'ils nc sentent jamais.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 16 Mars.
T i A séance de mardi soir est remarquable far le très-
iaique décret qni dcpoui;le le prince de Conde du comtq
Tome XI. Annsie 1791. P
C r** )
du Clermontois. L'abbé Maury a tonné avec son tourage
& son éloquence ordinaires contre cette injustice ; éle n'es'
a pas moins été consommée, à la borne éternelle des soi-
disans représentans de la nation française. On assure que le
prince de Ccndé en appellera à Dieu & à son épée. II faut
absolument des moyens tranchans pour mettre un terme aux
attentats dont les trente-trois factieux régicides fouillent
la France aux yeux de l'Ktirope indignée. —A la séance
d'hier marin, M. le président a lu le dernier bu lctin du
toi : c< L'érat du roi est toujours satisfaisant ; l'enrouemeut
subsiste encore» Le petit-lait que.. S. M. prend depuis quel
ques jours entretient le ventre libre. Le roi fera purgé in--
•eísamment.

VARIÉTÉS.

Réponse fa'te par un Frère visiteur , à la


'porte des Tuileries , à un homme auquel
■ il enlevoit fa canne a épée.

« Pardon, bon citoyen, fi nous vous visitons;


» Et très-civiQUEMENT aujourd'hui nous tentons,
» Cc qu'on n'eût pas osé sous l'anciennc police.
» Eoéc ou pistolet, fur-tout, nous arrêtons;
» Avec prudence, eníìn , il faut cue l'on agisse.—
C'est fort mal! » Point du tout, nous nous tendons
justice;
n NoUS LAISSONS PASSER LES RATONS ».
Comme témoin ccculaire ,
Sain r- Jean , Bouche-d'Or.

' On parloit de .l'abbé Maury & du Due de Ll... en pré-


fenc; d'une femme qui lait tirer avec justesse les traies de
reíTítnblance. L'un, a-t-elle dit , a pris le rôle de l'autre;
le gentilhomme est poltron comme ua abbe, S( l'abbe est
brave eonww un chevalier français.
I

( ^3 )

Le nombre des factieux qui s'aílcmblent dans trente-deux


sections de Paris feulement , diittinue tous les jouis. Par
un dernier recensement que l'on croie juste , ils ne font
plus que II cents cinquante , p^rmi lesquels on pout en
.compter le cjuatt qui n'y vont que ia" curiosité, ou pour
instruire ies gens honnêtes des moiiohs absurdes , incen
diaires & illégales qui s'y font , & qui y font portées
par des membres da club des Jacobin;. Nous pouvons assurer
nos lecteurs , que le peuple de Paris s'éclaire tous. les. jours,
& que bientôt il demandera luUméme le châtiment de ceux
qui Pont égaré. On ne voit plus la man; assurance dans
les gens chargés de perpétuer le trouble & l'anarchie au
Palais-Ro)al ou aux Tuilerie*. La vue d'un honnête hom
me fuftu po.ir les déconcerter. Les feuilles des Marat, -, des
Gorsas ne se vendent presqte plus , & ce qui donne encore
plus d'espoir, c'est que 1 indignation se manifeste dans les
gestes & dans les expressions des femmes, fur-tout lors
qu'elles entendent ces bràiileurs foiioyes par les Jacobins;
eux-mêmes conviennenc qu'ils font un mauvais métier , mais
ils ajoutent : que voulez-vous que nous faisions ? Ainsi ,
la milere .mira: que les factieux ont attirée fur le peuple ,
leiu est utile, & leur fait trouver des moyens de répandre
leur venin.

Mad. Bail.... rcprochoii, il y a quelques jours, à son


tendte époux, de n'avoir pas asTcz. d'Exiérieur.

Lorsque le club clémentin eut appris que M !VÎ. les Elec


teurs dociles à ses ordres suprêmes j avoient nommé l'cvcque
de Lyd..-, il envoya une députation de six de ses membres ,
pout le féliciter. Le nouvel évêque monte en voirureavec
eux , & la première visite est à ce club, où il fut Te^u
avec de grandes acclamations. Dans le discours anti chré
tien-, anti-royalifte qtvil prononça , & qui arracha des
tannes d aticndriilernciu des yeux de tous les auditeurs , il
( ïí4 )
demanda d'être affilié , ce qui lui fut accordé unanimement »
cn criant , dignus ,.DIGN'JS est intrare in ncjtro piabq»
I.ÎCO C0KÎORE,

Avis aux Rois.


Selon qu'il est timide, ou hardi , lâche , ou brave,
Un Roi , de ses sujets , eít le maître ou l'cfctave :
II n'est point de milieu ; c'est à lui de choisir ,
S'il veut vivre cn monarque , ou ramper & servir,
Arétiw.

Vous rendrez service ì bien des personnes, si vous in


férez dans votre journal le tab'cau suivant des diverses ma
nie: s dont , avec deux dez , peuvent se former les onze-
chances, pree que vous empêcherez bien des personnes de
n'etre pas la dupe de e;:ux qui entendent les combinaisons.
1 i-i.
3 • r-*- i-r.
4 • ï-3- i-i- 3-1.
í • • • • • • • 1-4-
6 . • « i-î- )-'. 3-3- 4-1. i-4-
7 r"í' 5-1. 4-3. 3-4.
■8 . 4-4. 6-1. %-6. 5-3. 3-5,
?.. • 6-3- 5-4- 4-5'
10 -'. .5-5. 6-4. 4-*.
11 ....... , 5-6. <í-j.
11. **.*.»....*., 6-6,

Le curé de Saint-Etienne-du-Mont est ftiort ; e'étoit u»


des plus zélés juteurs.
Le curé de Choisy-le-Roì , qui, fur son premier refus de
4'épiscopat , avoit été menace d'abord par la nation de fa .
( 1*1 )
paroisse, ensuite par la nation voisine de M. son neveu,
juge de pair à Paiis ; 8c qui, enfin, pour nc pas voir
mettre le feu à l'afyle qu'on lui avoit donné, avoit accepte,
vient de se rétracter, Si refuse formeliement. On va procé
der à une nouvelle élection. On ccnleiUë aux juif», pro-
testans, athées, Sc autres faiseurs d'eveque, de n' plus fixer
leur choix fur d'honnêtes ecclésiastiques. II ne manque pas
de moines apostats , de pn tres scandaleux qui ne . leur íeront
pas le mtm; affront. Les ctis , les hurlcrriens , les m ■na.antes
exhortations , les bayonnettes peuvent bien airacher ua
consentement; mais a conscience d'un honnete hcmme fi
nît toujours par l'em^orter fur tous le., motifs humains.
Courage , vertueux [ rciats , courage , respectables cures &C
vicaires. Vos ennemis m, me ne peuvent vous tefuser leur esti
me. Ils soudoient des fecktats qu'ils ont renvoyé des galères
ou faic sortir des priions, , our vomir des injures contre vojs ,
St ces scélérats meme font honteux du rò.e exécrable qu'on
leur fait jouer. L' ntamie restera à ceux qui vous dépouil
lent , & la gloire à vous, dignes ecclésiastiques. Noltrada-
irius a prescrit en i ç 5 3 , cette persécution; il a annoncé
rricme qu'elle fera plus forte que celle d'Afrique , mais elle
doit cesser en 1791. Encore quelques mois de patience Sc
de résignation , & vos vertus, votre constance, obtier.dront la
récompense qui leur cil due. i isez des-à-présent dans les
yeux de vos ennemis , la honte &c le remords. Ils fuient
toutes les sociétés honnêtes ; leur œil sombre & cave ,
leur teint décoloré , annoncent la pénible situation de leur
arae. C'est une observation que tout le monde peut faire.
Presque tous les royalistes qu'on s'obstine à appeler aristo
crates , ont conservé leur gaieté au milieu de tons les mal
heurs qui nous affligent. Le plus grand nombre des démo
crates, au contraire , ont l'air féroce, triste, soucieux; s'ils
sourient, c'est au récit de quelque meurtre, de quelqu'in-
cendie, de quelques nouveaux crimes impunément commis
par leurs pareils.

Tremblez , factieux , le voile tombe. De;à vos chefs font


tu horreur. Ils font menacés du meme soit qu'ils ont fait
( 166 )
Éprouver à leurs victime». Quel aisreux avenir se présenté à
eux! Egalement odieux au peuple qu-'ils ont égaré, Sc aux.
honnêtes gens qu'ils ont persécutés, quelle fera leur tessourec?
Leur supplice commence au tond tic leur cœur. íís méditent
encore ii nouwaux crimes, pour essayer de té soustraire aux
cbar.meirs que méritent ceux dont ils se íbnt déja rendus
coupables; mais ils ne peuvent se dissimuler qu'ils ne font
que reculer l'ìnstant de lear punition. Aristocrates, puisqu'il
faut se servir d'un nom que les monstres ont invente pour
dciigncr les amis de Tordre , dont ils étoíeut les ennemis ;
aristocrates, ils vous ont dépouillés, poursuivis comme &
voks ctirz des betes féroce»; ils ont épuise tout ce que la
scélératesse a jamais injaginé de p'.as atroce pour vous p r-
dre : vous n'en ères pas moins cent, fois plus heureux qu'eux.
\otre sommeil n'est trout>'é que. paf la crainte des aííás-
finats , des abus du pouvoir que les factieux ont usurpe. Vous
ne craignez ni la honte qui les attend , ni les remords qui
les déchirant. Vous n'avez pas- un seul ciime à vous repro
cher, & ils se sont souilles des plus exécrables. Voytz ceux
qu'ils cm entraînés dans l'abìme', ìatter, avec peine, contre
fa faim & ie désespoir. Voyez cette coupable vïlie, que le
séjour de nos rois rendoit si florissante , aujourd'hui detérte ,
abandonnée. Les étrangers la fuient. è.es propres habitans
l'abandonnent. Voyez cette Capitule de l'ur.ivcrs dont le
luxe étpnnoit , dont la prospérité excitoit l'envie , où Ton
anivolt de toute? les parties du moide ; vo ;s n'y rencontrez
plus que des malheureux qui épu.íent leurs dernieres res
sources pour subíìlter , d'auires, en plus grand nombre , qui.'
n'ont que Taírrcusé perspective de mourir de raim,, óu de
solliciter de Toccupation dans d'iiuitiles' travaux publics ;
, & pour comble de deíeípoir , ils ne vo'yent d'heureux que ;
ceux qui ont profite de ('égarement qui les a perdus , qui fc^
sont fait élire à quelques places lucratives,, pour prix de
leur prétendu patriotisme, ii'ils voient encore dans les rues' "
quelques voitures, elles renferment à coup-fùr ,quelques-urts.
de ceux qui (e font fait leurs idoles, pour s'enrichir à leurs
dépens , des députés bien factieux , des banquiers , des agio
teurs, leurs nouveaux juges qui alloient modestement à pied
avant la révolution, leur maire, qui n'étoit riche que des
feieniaks du Roi, & qui aujourd'hui- affecte plus de faste
( )
(çne lui-, un commis du bureau, devenu ministre de 1a just'ce.
'C'est cependant, & c'est poar cela seulement que Ce peuple
a renoncé à l'aîsance dent il jouiiToit : qu'il me le dise,
«ju'a-t-il gagné à être libre? ou plutôt qu'il me prouve qu'il
est libre. Mille hommes au plus 1e gardeent, l'empèchoient
de se livret à des exc s qui Ilìì auroienc été nuisibles à lui—
même; il ne peut plus faire un pa> qu'il ne tiouvcdes sol
dats , des. commissaires de section , des maîtres , ou des fa-
- tellitcs de ses Comme on le croit ton-
jours fur le point de se révolter contre la nouvelle tyran
nie qu'on exerce, on l'ob serve sans celle, on l'entoure de
fusils , de canons. Le tambour retentit fans ceile à ses oreil
les. Ce n'est plus au r.cm du Roi qu'on menace de le tuer ,
c'est au nom de M. dé 1a Fa.y.,. son nouveau souverain:
ciue dis-je ! le souverain de son mairie , son géoueR , sost
iïran. Le Roi etoit un pere toujours occupé du bonheur
• de fa famille , qui prófperoit , quoi qu'en disent les déma
gogues. Ce nouveau maicre peut-il avoir la même affection
pour le peuple, qu'il lait servir à son ambition? II règne
fur des misérables , & pour les renir dans la siijépíon , ce
n'est pas trop d'une année de 40 mille hommes auxquels,
il est vrai , il obéit lui-même ; c\ï tel est le sort des ty
rans <, ils font obligés de crai^lre les instrumens de Iíur
pouvoir usurpé.

Le théâtre de M. s'etoit aífei heureusement préservé de


l'épidemie patriotique : on n'avoit à lui rep'rochcr que le
Procès de í.oerate, où le bur trop marqué d'insulter à un
tribunal anéanti, étoit au moins cornpcnlé par quelques
beautés de détail,
í>i l'éruprion a été tardive , elle n'en a été que plus y'~
rulente. Ou y a dcnné, marJi m , la première, & ( s'il
plaît à Dieu) la derniere représentation d'un acte & deini
des CíïWam, pi;ce nouvelle du Cousin -Jacques , jeune
auteur , qui , enivre par quelques succès , a cru pouvoir
exercer fur la scène ['apostolat de la révolution, faire dis
cuter sérieusement & dms ce sens, la constitution civile da
clergé, & donner aux eveques de France, fur les tréteaux
,áes bouffons, des leecRs de théologie civique.
( 16Ì )
Tout le pathétique de cette pièce, puise dans tes feuiíìe'é
áe Gorsas , du journal de Paris , &c. n'a pu être soutenu
ni par l'inrrigue scandaleus; du nov ce, qui , par l'ingcnuité
maladroite du frère coure - choux, & malgré l'appui d'une
forte cabale, le parti raisonnable a triomphe , & cette mons—
truóíité n'a pu finir.
Si les dir cteurs de ce charmant théâtre veulent con-
fístYerJcurs intérêts, ils n'accueilleront que difficilement 5s
avec une extr.;me cìtconfpection , les ouvrages des auteurs
fanatiques , Quï n'ayant qu'un instant à vivre, s'erflbarraíl'ent
peu de braver toaces les bien!eances, & prennent les Con
vulsions d'une partie du public, pour des applaudisseniens
.inerties.
Les gens honnêtes, les vrais amateurs du spectacle, ceux
qni le soutiennent , veulent y jcm:r. avec tranquiliícé des
productions du génie : ils n'y potreiu point, leur, argrnt pour
retrouver le style plat , dégoûtant Sc insolemment calom
nieux du journal du soir.

Les brave; invalides, ceux qui ont eu la loyale fermeté &e


résister aux suggestions empoisonnées des Jacobins , commen
cent a voir clair, par conséquent à murmurer de .ee qu'on
leur affilie & ou'oîi sasle lo^er dans leur hôtel , par ordre
d'un des principaux chefs des factieux $ M. Lam...h, des Ca- '
rab'm... qui on: été chasses de leur corps; & livrés à la jus
tice pat leurs camarades, pour avoir eu. U bassesse de trahir
leur gênerai , &. qui auroient été dégradés , Sec. si on leur
avoir renia justice.

CE J OU UN AL paroir tous les matins.


Xc prix de l'abonnement efl de 3 lív. par mois
pour Paris, & de 3 livres 25 fols pour l&
Province , franc de port. Le Bureau efl établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N.° 21.

•c l'Imprimxiie du Journal de la Cour 5c de la Ville.


S U PPL É M EN T

Du N.o 17.

Fait & r/flexions fur la scène du lundi z8


• février, au Château des Tuileries.
/. l ■ . ■'"
Il est très-utile de faire ^marquer combien l'insuborélinar A
lion & l'anatchie deviennent ' de cruelles tyrannies -, -cotr.^
bien elles multiplient les tyrans ; combien elles • répandent
d'égarement fur ces fourmilliçres de tyrans, & combien cei
égarement, une fois répandu 8c communiqué, fait 'com-;
mettre d'horreurs Sc d'injustices même à cels 8c tels qu'on
n'auroit jamais pu réussir à rendre barbares,, fi jati. rfaVoit
càs commencé par les rendre aveugles 8ç insensés; • Pour
mieux faire sentir cës vérités, nous allons faire le rappro
chement suivant, qùì présente un contraste ,bien bisarre.
Parmi les personnes, qui , le lundi z 8 février , ont été
traitées au château comme ne pourroient mériter de l'étre
que les plus indignés rtaîtres à la patrié):pu 'ses plus vils
«fclaves du despotisme, iì s'est trouvé dés gens" pour q^ui les
justes droits de l'humamté & les principes d'une sage liberté
ont toujours été sacrés. 'Il-s'est trouve entr'autres, un homme
qui méritera- d'être 'éternellement distingue, par la sagesse;
8c rinvariabilité dé ses principes fous tous les règnes, à toutes
les époques, & sous tous les régimes; pr Jes sacrifices le%
plus constans , 8c par le courage inaltérable" àv'ec lequel il g,
attaqué ou repouffé indistinctement toutés les .tyrannies ,
tous les abus , toutes les -erreurs nuisibles à la nation 8c at)
genre humain. ■ ■•**•'
- II fut du nombre tfé ceux qui étoient Encore dans la
chambre du roi, lorsque sa majesté vint leur dire : Je vous
prie, messieurs, de déposer ici les armes que, le iele pour
la défense de ma personne pourroit vous avoir fait apporter,
8c de vous prescrire la plus grande modération fur tput ctque
pourroient taire Commettre à cet égard l'erréur, la,,preven-
tion 8c les fausses interprétations. Tous ceux qui en avoient
les déposèrent aussi-ték ; 8c une heure après, ils surent ex
posés aux plus indignes vexations, aux plus affreux outrages.
C, 70 X
M. de *** , dont nous avons voulu parler ci-dessus, compte
donner au public quelque détail fur cette journée, & il nous
a prié de supprimer ici son nom. II partit seul; car il n'y
avoit aucune espèce de coalition entre les hommes que l'on
a affecté d'accuser de mauvais desseins. II n'avoit d'autre
aime que son épée, 8c cependant il fut maltraité, injuiié,
pouíîé, tiraillé, frappé indignement depuis l'appartcment du
roi jusqu'à j'hòtel de Brionne, sans un mom^nc de relâche,
par une multitude, d'hommes dont nous osons Sire que: pas
un seul peut-étre, ne pourroit soutenir avec lui la concur
rence de vrai patriotisme, de zelc éclairé pour l'intétct gi-
nér^l, d'amour pour Tordre public, & d'efforts pour lc b'on-
Jieur de ses semblables.
Peut-être lorsque l'on connoîtra toutes les victimes 'de1
cette féroce brutalité, s'en trouvera- t-il beaucoup , qui ,
fous tous les rapports possibles, chez d'autres nations , Tie
rccevrçùeBt que des hommages. . '' "
Tels font la démence, lc vertigé , le délire & la r/igc,
que , par le bouleversement des idecs, la corruption des ecceri
& la dissolution de tous les freins , on est parvenu à inocu
ler à la nation la plus particulièrement distinguée pat fa
douceur , fa gaieté , fa générosité & l'urbanité de ses moeurs.
Grande 8c nouvelle preuve que c'est moins que jamais
par de sages lumières, 8c par leurs propres lumières , que les
Français se gouvernent aujourd'hui : nouvelle & incontes
table preuve , que ce n'est point la raison des gouvernés r '
mais le vice ou la vertu des gouvernails qui font le destin
des empires : grands &: irrécusable preuve que tous ces il
lustres amans de la liberté , font plus esclaves que jamais ,
& que si tes tyrans des régimes pc.Tcs disposoknt de leut
bourse , de íeiiíS corps & de leurs propriétés, les tyians ac
tuels ont asservi jusqu'à leur am:. Oui , les tyrans actuels
commandent meme a la pensée de ces-humbles & dociles dé
voues , 8c leur pepsiíe se soumet ; ilsdeur ordonnent le dés-
Iionneur , 'Si ilsíe déshonorent. Eutìuí ces illustres 8i généreux
Français, qu'on est parvenu à portes a» point jde soumettre
fc de vendre' lerir honneur au gré Sí an caprice de leurs .Bu-
siris > "sôftt toujours prêts à traiter bk-n plus crucilcmanr qu'ils-
ne traíreroie'nt des íerpens Srdes tigres , ceux que leur nou
velle coiístitùtWn a'ppéí'ic à chaque ligue LtURS freiiUS. Etí
ce oui rend véiirapiímcnt la Fiance, «dans cette mémorable
( i7*,>
époque philosophique le pays le plus exécrable qui aie ja
mais existé , c'est que si les vexations , si les cruautés des
Denys , des Phalarès , des Richelieu , des Louis XI, arra-
choient les biens & la vie, du moins assuroit-clle à jamais la
gloire de leurs victimes ; au lieu que les Phalarès actuels &
tous leurs agens , tous leurs émissaires , ont inventé l'arrs
infernal de déshonorer leurs victimes , avant de les égor
ger , & de les plonger dans l'infamic , avant de leur arracher
Ic jour.

Consultation d'hommes de loi, fur la solidité


ou les risques d'une acquisition de biens
nationaux.
Les hommes de loi, consultés fur les questions annoncées ,
veulent bien supposer , avec les novateurs , que les biens
donnés à l'cglife de France , appartiennent à la nation comme
formant fa communion. Mais dans ce fystême , & pour,
arriver à la solution, des questions proposées, il faut définir
le mot nation : ce mot , les hommes de loi le soutiendront-
contre tous les docteurs modernes , ne s'entend pas feulement
de la génération préfente d'un empire ; il embrasse toutes
les générations futures , & d'après cette définition , les biens
appartenons à une nation, font les biens de toutes les gé
nérations qui la représentent & la représenteront : leur pro
priété réside dans les mains de la nation génériquement prise,
& chaque génération n'en a que l'usufruit ; elle est tçjiue de
les transmettre à la génération suivante , qui les duit elle-
même à une autre génération. Aucune génération ne peut
disposer de 'ces biens à son profit particulier -, elle en dis- ;
poseroit au préjudice des générations à venir. Ils font
frappés d'une substitution perpétuelle en faveur de toutes
les générations appellées à représenter la nation à leur tour,
& à en jouit comme les générations précédentes. Com
ment la génération représentant actuellement la nation Fran
çaise , se permet-elle donc de vendre1- les biens appartenans
a cette nation , fur lesquels elle n'a qu'un droit d'usufruit ,
& sur lesquels ce même droit .est .acquis .à .toutes les gé
nérations futures?
Tout le . monde connoît les principes qui gouvernent
les biens des communautés d'habitans : ces biens font ina>
( 172 )
licnables , imprescriptibles à perpétuité ; ils n'appartiennent
pas seulement aux individus formánt actuellement les com
munautés , ils appartiennent également à ceux- qui les for
meront par la fuite, & à. qui les minorités successives des
enfans faisant toujours partie desdites communautés , les;
conservent à toujours. II est arrivé quelquefois , il est vraí^
qu'au mépris de ce principe de substitution perpétuelle , les
individus formant aucune de ces communautés , ont vendu
à kujfcdécharge , les biens appartenans à ces mêmes com-
nuimrotés ; mais ces ventes ont toujours, été réprouvées, &
fes commuriautés autorisées à rentrer dans ces biens aliénés ì
elles ont seulement été assujéties, à payer , dans des délais
fixes , le prix des aliénations faites pour causes légitimes ,
St qui avoient tourné à leur utilité.
II en est des biens appartenans à une nation , comme
des biens appartenans à des communautés d'habitans; & ÚV
les uns étoient plus íacrés , plus favorables que les autres,'
cc seroient sans doute les premiers. Le même sort qu'ont
sebi, dans tous les tems, les acquéreurs des biens de maí*
mnnaaté, est donc réserve aux acquéreurs des biens natio
naux , leurs successeurs & ayans cause. Les décrets de 1»
génération présente sont incapables de les en' garantir. Les'
décrets qui compromettent les droits des' générations futures
ne seront point obligatoires pour elles : d'autres décrets
émanés d'elles-mêmes , & qui feront plus équitables , parce
qu'ils seront un retour au droit comm'íín, les vengeront de
l'usurpation de la génération actuelle. L'ignorance de droit
n'est point excusable, comme on le saisi personne ne peut
se dissimuler qu'aucune pniflance humaine rie commande &:
rfenchaìne les siécles à venir. Les acquéteurs- deï biens na-'
tionaux & leurs possesseurs, ne seront dònc pas même rece-
vables à se plaindre des corrections qtt'ils éprouveront aux'
conditions qui leur seront prescrites , áí des actes en garaurie
& indemnités auxquelles ils feront exposés. Ils ont dû le
prévoir & s'y attendre-, & si l'église renaissent de sa cendre,
recouvroit tous fes droits, quel autre risque encore pour eux
à courir! < ■•' • •' ' ,i ■
Délibéré à Paris par des hommes de loîr;. - ;,

'De rimprimerte du Journal deia Cbar&fle ia Ville. ;


N.« 18.

JOUR N A L
de la Cour et de la V i l i u
■■ • ■ ■ ~
Tout faiseur de Journal "ffcit tribut au malin
La. Fontaine.

Du Vendredi 18 Mars 179 r.


■ * ti . ••• :T
Un souverain doit, selon Isocrate, aimer le peuple, tè
lui faire aimer son autorité. Tout gouvernement ne £e main
tient que par l'attention qu'a le souverain , de ménager'
les intérêts de la multitude : il doit dorie savoir la pro-»
téger & la contenir. En élevant aux honneurs les citoyens
les plus dignes , il garantira les autres sujets de l'oppres-
fion qui appelle la résistance", & amène la chiite des princes
foibles qui ont abandonné une autorité dont des minis
tres corrompus ont indignement abusé. P. 15, in-11, Didot^
Morale d'Isocraie. —C'étoit à Versaiilts qu'on. «aroit
dû graver en lettres d'or, ces sages préceptes. Dahs ce
moment,'.c'est le livie inutile des regrets, & mon projet
ft'est pas d'imiter le pédant de la fable, qui s'amuse à
moraliser l'enfant qui se noye, au ieu de lui prêter un
prompt secours. :
Qui est celui qui ne se plairoit point à voir une rebel*.
lion étouffée, & ('héritier légitime du trône s'y maintenir,,
en assiégeant fa capitale rebelle , en donnant une sanglante
bataille , & en prenant toutes les mesures dans lesquelles la
force, la prudence, la valeur & la générosité, brillent à
l'envi f Jugement des Contemïorains , à la fuite de la
Henriade, édit, de Neufchâtel, p. 338.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

, Séance du ij Mars.

^Jne lettre du Maire de Paris , invite rassemblée à se rendre


dimanche prochain en députation à l'églisc Notre-Dame t
Tome IL Année 1791, Q_
( r74 )
<i>i l'on doit chanter un TeDeum,pouî la conualescenee
du Roi ; ce qui a été décrété. —De-là , on a paílé à une
question bien intéressante : c'étoit de savoir si le Roi serok
soumis à la contribution personnelle ; les aristocrates one
fait jouer tant de ressorts, qu'on est passé à Tordre du jour*

VARIÉTÉS.
.: v: • . : i
II n'y a point deux partis en France. S'il y en avoit deux,
âí qu'il fût libre à chique citoyen de prendre celai de son
coeur, nos malheurs cesseroient bientôt. Je fais de la France
deux parts , l'opprimante & l'opptimec. Je déteste l'une ,& je
méprise l'autre, qaoiqué j'en sots, hélas '.

11 scroit important pour la sûreté publique, de savoir le


nom d'un prêtre apostat, qui prèchoit , il y deux ou trois
jours , aux Minimes , aussi dévotement que chrétiennement,
de massacrer la noblesse, lc tout à la plus grande satis
faction de l'auditoire.

i Le député de Provence disoit hier, à fa manière, une


grande vérité : « Messieurs, le pot au feu fera toujours ht
base de la constitution ». Vous voyez qu'on a eu bien taiíoa
4e le nommer Mirab... marmite.

L'évèque de Paris est nommé , & Mgr. Du.wouc... , art


grand regret de ses pròncurs Jacobins , en est pour ses
irais íc ses courses. Les électeurs ue tarderont pas à s'ap-
percevoir du vol qu'ils font à la bonne ville. Ils rougiront
fur-tout , quand ils sauront que, plus justes qu'eux , les
électeurs du département du Gard , fans le connoître , fans
l'avoir jaruais vu, Tont, fur une íìmpte recommandation,
nomme à ,'evéchè de Nîmes. M. Rabaut òe Saint-Etienne
l'eracle de ce pays, fur-tout depuis qu'il a prelide Tailem-
( r75 )
blet , leur avoit expédié de Paris nn couricr extraordinaire
pour leur proposer son ami. Ils étoient fi peu familieri
avec son nom , que presque tous l'otit défiguré dans leur
scrutin. Mais au dépouillement , un des scrutateurs qui
étoit dans le secret , a fait disparoitre aisément cette
leoere erreur. Cette nomination l'emporte sur les quatre-
▼ingt-deux autres , par une particularité bien frappante ,
c'est qu'il ne s'est trouvé que quatorze électeurs , parmi
lesquels douze protestans , & deux catholiques : au surplus ,
on n", doit point leur en vouloir , parce qu'ils n'étoient
pas en plus grand nombre. II leur jfallo't un évêque , le
tems pressoit ;' ils avoient juré de nommer le plus digne ,
& ils ont fait la besogne en conscience

Portrait <fArèté , femme </'Alcinous , fait à


Ulysse, par Minerve.
(Odyssée de Pope , Lir. 7).
—Her Alcinous chose h;.s royal mate
With honours yet to vvomankind unkoWn
This Queen. He grâces and divides the throne
In equal tenderness her sons conspire
And ail the children emulate their Sire.
"When thro' the street she gracions deigns to move
The publick wonder and the publick love)
The tongues of ail with transport sound her praise ;
The eyes of ail , as on a goddels, gaze.
She feels the triumph of a generous breast
To heal divisions , to relieve th'opprest
In virtue rich , in bleíTing others blest.
Traduction libre.
Fixé par les vertus, comme par la beauté,
Lc choix d'Alcinous fit régner AitÈrí ;
( )
Des honneurs , jusqu'alors inconnus à nos Reines d
De l'amour d'un époux lui furenr les garans.
Avec lui, de l'empire elle soutient les rênes;
Elle est , comme du Roi , le Dieu de ses enfans.
Lorsqu'au milieu de nous elle daigne paroître ,
Sa majesté, fa grâce attirent tous les yeux;
Pn l'admire , on la loue ; en elle on voit un être
Qu'aux hommages du monde ont destiné les cieux.
Son cœur noble apprécie un triomphe si rare,
Et, de le mériter constante à prendre foin,
Réunir les esprits que la haine sépare ,
Protéger l'opprimé , secourir le besoin ,
Sont les biens dont jouit cette âme généreuse :
C'est de tout rendre heureux qu'elle est toujours heureuse.
Par Madame de L. V.

L'abbé de Marolles, n'a point autant de tort qu'on


lui en suppose. II ne prétend pas dépouiller le prélat qu'il
a l'air de remplacer. II lui laisse le foin des catholiques , SC
se contente d'être le pasteur des protestant. II n'a vu que
ces derniers à Saint-Quentin ; il n'a fait de visite qu'à eux,
n'a mangé que chez eux , ne s'est servi que de leurs voitures.
Ce font deux protestans, M. Joly , ci-devant de Reman-
co'îrt, & un autre M. Joly , ci-devant de Bumevillï ,
qui lui ont apporté la nouvelle de son élection. 1

Couplets,
Air : Avec les jeux , dans le Village*
De Necker la fille chérie , ■
De matière est un bloc charmanr 5
Sa gorge de graisse bquffi,e
( 177 )
Remplit les deux main1; d'un amant.
Jc la vis dans un beau désordre ,
Ses appas charnus m'ont seduir -,
Mais à si gros morceau pour mordre ,
Je n'ai pas assez d'appétit.
Voyant fa croupe rebondie ,
Un chacun s'écrie en passant ,
Si fa figure est peu jolie ;
Son derrière est intéressant.
Si le petit dieu dcCythere
M'avoit rendu d'elle affamé ,
De fa figure , ou son deniere
Ne fais lequel eût mieux aimé.

A Messieurs les Rédacteurs.


Tout le monde, ainsi que moi, Messieurs , a sûrement
lu avec infiniment d'intérêt & de plaisir , le RívtlL DE
M. Suleau. Ce petit OHViage n'est que le prélude d'un
journal que l'on attend avec autant de confiance que d'em
pressement. Les écrirs de M. Suleau , profondcm.nt semis,
malgré leur légèreté , ont une grâce & un caractère d'o
riginalité qui ctoic leur assurer une longue vie : les quatre
portraits qu'il a ébauches, prouvent qu'il est excellent ob-
servateut : ses dévcloppemens & ses critiques judicieuses,
porteront par-tout fa lumière, & deviendront le fléau lc
plus redouté des factieux.
Je n'ose hasarder aucune observation sur le personnel d«
M. Suleau; il en a dispensé ses amis, en prenant lui-même
scrupuleusemcnr le soin de se dessiner comme il veut qu'on
le voye. C'est ainsi que, pag. 4 de la brochure , la marquise
dit a son bel ami : u Vous avez toujours mis votre o:-
» gueil à outrer les vertus; &; page 11 : quelque carrktc
»> que vous embrassiez, vos talens & votre activité vois
m offrent la perspective d'ujie considération distinguée, Sc
( '7* )
» & d'une grande fortune ; & enfin , page 1 1 : reeevez le
» serment que je fais de vivre pour vous aimer , ( j'aurois
» dit autrefois de vous aimer pour vivre ) ».
C'est ainsi qu'il dit lui-même , page i'j : «< J'ai tout vu,
>» j'ai tout su , je n'ai rien oublié ; & pag. 1 8 , moi quí
» m'environnant volontatremcntde tous les dangers , ai qucl-
» quefois réuilì à pro venir à ce prix de grands désastres ;
»> moi cjui trois lignes de points ; & enfin, page 44 ,
» & moi aussi , j'ai un cortège..;.,, ne fût-ce que la raison,
» la justice, la verite , mon courage, ma plume & mon
» épée ». N'est-ce pas parler comme Henri IV , ou au moins
comme Bayard ? M. S'uleau nous apprend ensuite qu'il a
éré en relation intime avec les hommes les plus considé
rables, & qu'il a non-feulement tout prévu, tout pttdit,
mais qu'il a m, me indique souvent le remède ; & pour nous
ôter toutes inquiétudes fur les nouveaux dangers qui pour-
roient le menacer, il date son ouvrage de I'imprimerie de
i'homme sans ÏLUR. '
Je crois tout cela avec une foi entière , puisque c'est M.
Suleau qui le publie ; mais je ne peux me défendre d'un peu
de jalousie , voyant qu'il n'a laiile aucun moyen d'ajouter à
son éloge, & qu'il l'a complété mieux que personne n'auroit
pu le fjiie. II pardonnera cette soibiesse, lorsqu'il saura que
pour m'en dédommager , j'ai placé son nom fur mon cata
logue , immédiatement aptes ceux d'Augustin Caron , M.
Linguet,M. Ni.cker, & Claudu Fauchet : c'est la plus
glande preuve que je puille douier de Pimpartialité avec
laquelle j'apprécie ses talens & fa modestie.
Un de vos Abonnés.

On ne fera pas fâché de connoìtre un peu la poésie de


M. Grég... évccjue de- la dernhre fabrique. Voici un petit
couplet que nous tfnons de fa ravaudeufe. Mademoiselle
Lisette, ouvrière en homme , rue bourg-l'abbé.
Air : Avec les feux....
Lisette est une aimable fiUc,
Que Ton dit savante en tout point ,
Maniant jolim.-nt l'aiguille
( «79 )
Pour nos plaisirs ou nos besoins. M
Aux jeunes filles de son âge , 'J
L'araout qui fi bien en de coud , .
Doit lui donner beaucoup d'ouvrage,
Et force reprises fur-tout.

Strasbourg.
L« droit exclusif de la chasse est aboli, & tout proprié
taire a le droit de détruire & faire détruire fur ses possessions
toute espèce de gibier, &c. &c. Décret de l'assemblêï
MATIONALE.
Avis aux Strajbourgeols.) qui ont , comme les
■ autres , le droit de chasse , en vertu du dé
cret ci-dejsus.
Le public est averti , qu'il est arrivé en cette ville un
lion , un tigte & un léopard , trois betes des plus dange
reuses , cjui ne respirent que iaug & carnage; elles ont laiile
des traces de leur cruauté par-tout où elles ont passé : déja
plusieurs villes de la province etoient fur le point d'en res
sentir les plus funestes esters. Ces animaux font d'autant
plus à craindre, qu'ils ont défà été chasses de par-tout, ce qui
augmente leur, desespoir & double leur force. L'un (t),
a deja ressenti l'atteinte des chasseurs suisses ; l'autre (i) a
été expulsé de sa tanière natale; le troisième (3) a été chaste
d'un régiment de cavalerie, où il s'etoit réfugié, & qui l'a-
voit cru apprivoise. Tantôt ils font les chiens couchans au
naturel , taiuôt ils font pattes de velours, pour mieux al
lécher Sc surprendre leurs proyes. Lorsqu'ils entrent en futcur,
ils ont les yeux étincelans , la bouche écumante , la langue
Chvenimée , les grisses meurtrières. A peine ont-ils mordu

. (1) Hcr. .. de Scch... bâtonné par les fuiíles.


(i) Fois ..ci
Duin.... s
( «8o )
quelqu'un qu'en apperçoit dans leurs traits féroces , l'allé-
greffe de la vipère qui a répandu son venin. Les bons chas
seurs font invités à se tenir <r i'astùt ; leur passage eíì connu;
ils se rendent tous les soirs de leur repaire à la caverne
où serallcmblcnt plusieurs autres animaux auilî enragés, mais
moins forts qu'eux. On promet bonne récompenle à ceux
délivreront la ville de ces crois betes fauves, Sí on avertit que
leur dépouille, quoiqu'un peu ufee , vaudroit encore son prix.

Les honnêtes-gens ont lu avec plaisir , messieurs, le compte


que vous rendez dans votre feuille d'hier, de la trille dé
convenue de la pièce des Capucins. J'y étois: les coups de
sifflets partoient des quatre coi. s de la salle. Non ! jamais
auteur famélique ne s'est si bien régalé: il a été honnis
baffoué , conspué comme il le vnéritoit. On devoit cettje
leçon â ces plumes viles qui se prostituent sans pudeur au-
parti payant. Entré les deux pièces , la bile des démagogues
s'est épanchée; Ijs aristocrates chantoient:
Du démagogue impuissant
Que la turcur éclate ,
Je n'en vais pas moins chantant
Vive un aristocrate.
Oui , je fuis soldat moi ;
Oui, pouv ma patrie ,
Pour ma Reine & pour men Roi
Jé donnerois ma vie.
* Errata du Numéro 16.
Pag. t 5 y , troisième vers, traanderic; lisez , buanderie;
^-Septième vers, si blanc éga!; lisez., si blanc Chabr....
Errata du Numéro d'hier.
P. iíS, lig- 3 , ni par l'inmgue scandaleuse du novice,
qui, par l'iagcnuicé ; lisez , ni par l'iutrigue , ni par l'ingé-
ijuitc. —Ibid. lig. 9 & io, auteurs fanatiques ; lisez, au
teurs faméliques.

On s'abonne pour ce Journal rue Percée Saint-


André- des-Arcs , N.° 2 r.

De riwprimeric du Journal de la Cour & de la Villft


!

N. 19.
; J O U R N A L ■ :

Ï>1 J.A GO U R ET DE EA Vl*tj|

Tout faiseur de Journal d»**t ttibui au malia


, V' ;'■»"' La Kontàiní; ' 1

. j 1 ~: . .... J «>1
Du Samedi 19 Mars i7s>r. .

Tertallen, chap. -V, &e ExiitiRT. , 3cc. 'remarque que e*.


f«c un Lameth , petit fils de Caïn au cinquième degré, -
. «jui encourut la maìedicïion,'<sé Dieu , poar avofr porte le
" trouble & le désordre dans la société , en introduisant lc
premier , le divorce & la , pluralité des femmes ; contt»
l'ordie que D ieu avoit établi j en iuftUuant le mariage :
ÍRlvlUS LAMECH, ADEO I^AtEDlCTUS DVA|^US
CONTRA D£l PRA-CEPruít TKES IN UNAM CARNhíf EFFECIs. 1
Opinion de M. P....B, Membre, du Club de 89.
Le pire des partis , est de n'en prendre auçunj mais si on
■'en prend qu'un , on se trompe. '
Nous avons une lueur d'espérance qui «omm*nce à nous
faire croire qu'on renonce enfin aux excès, & qu'on sépare
enfin la cause d^ la liberté de "celle des fa&ieux &c des io-
tri^aus. , • ,.••-.•..••-> r tv'y
' Celui-là est véritablement i'bre, qui n'a pas besoin do
nicttre les bras d'un autre au bout des siens pour faire là
votante.
Claude Fauchet, de la part de J. J. Rousseau.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 18 Mars.
M« Mirabeau a dénoncé un avis requifitorial d? la Dèice
íic Ritisbonne , Si la réponse à cet avis dii commissaire
Impérial.
Tome II. Année 1751. R
II paroît . d'après les observations de cet honorable mem
bre , qii« cette pièce est controuvée. En général , c'est d»
côté de i'AUemagne , que se portent aujourd'hui 1 s re
gards i l'empirc GcrmanjqBc ne s'ebianle que difficilement;
triais l'impulsion une fois donnée à cette maiTe redoutable,
elle imprime une commotion terrible à tous les corps fur
lesquels elle se porte. —» C'est du nord aujoued'hui que
nous vient la lumière » , disoit Voltaire , il y pres de 2.0
ans. Ce vers est beau -, il présente un espoir consolateur à
tout le* honnêtes gens.

VARIÉTÉS. x

Air : J'mì vu Lise hier au soir.


Si dans chaque motion ,
Parie l'abbé Goutte ,
Aux plailans c'est un plastron
V Qui fort les déroute:
■ ' Çcs messieurs plus ne pourront
Nous dire dans leur chanson,
Qu'à la constitution *
Nous a'entendons goutte.

Oa a remarqué avec eftroi , que la ruine de M. le Prince


de Conde >'est consommée sous la présidence d'un Mon-
telquiou i cette circonstance a renouvelle les crim'nels rap
ports qui, depuii deux cents ans , existent encre ces deux
noms , & le dépouillement du Clermontois s'est encore
nomme un coup de jarnac.

On ciioit , avant-hier soir, à la porte des Tuilerie*


íc de l'alPjmblée , grands conspiration bks fïíku-
(,'UIer.s ciiMT&ï i.g club uks iacobins. Ce jour-là memo
( 1*3 )
«Jreuloit dans tous les cafés de Paris , la nouvelle de la prise
de Landau en Alsace, par M. d'Autichamp , avec une partie
des troupes soi-disant rastVmblées par M . le prince de Condé j
cela donna l'idee à un aristocrate de faire les vers suivans :
» Que l'ennemi plutôt dans notre sang sc baigne ;
» Que notre civisme s'éteigne >i ,
Dans un accès de fa bachique humeur ^
Etant dimanche au grand vainqueur ,
Çrioit, en jurant, míître Empeigne,
Du club des Jacobins , vénérable orateur.
r> Mourir cent fois' avant que l'on enfreigne
n Serment sacré ». C'est fort bien , mais la peur
Fait que souvent du nez on saigne -,
Loin du péril on le dédaigne ;
Cest le lot des plats estafficrs.
A peine les braves guerriers ,
Qui de Condé suivent l'enseigne ,
Ont-ils l'air de vouloir entrer fur leurs paliers, .
Adieu serment, adieu courage, adieu lauriers ;
Plus poltrons que n'est une duegne ,
Ils s'en prennent .aux perruquiers ,
Tant ils ont peur du coup de peigne.

Ne vous semble-t-il pas, messieurs , qu'à dater de l'épo-


c]ue heureuse de noire régc-n.ration , le nom de Français ne
nous va plus ? Nous voila maintenant des hommes nouveaux;
& grac-s au ciel, le peuple-roi d'aujourd'hui ne ressemble
guere au peuple esclave du siécle de Louis XIV. Voyez 1c
grand Cm nier sor les ailes de la liberté , comme il plan*
& s'eleve au dessus de Ratine! Que Fenclon est petit devant
l'abbé Fauch 't ! Eíajois donc jusqu'à la trace de ces tems
de barba ií Sí d'à virilement -, prions l'asicmblée de rendre
un décret oui ordonne qu'à l'avenir,le mot de Français soit
regardé comme une injure , & qu'on lni cn substitue un autre
<*«4 ) ,
fiisertble fisfh «tués-, celui de Wtixmsst kRolseft àoW
BQ«úné , 1c Roi des Welchss ; l'alsenùlee nationale , sénat
Weiebe , le peuple ci-devant Français , sera ie bon peuple
Velche,& M. Chenier, comme de saison , sera le poète
seiche par excellence.

Discours dé Men'tor.
{Odyssée de Pope, Liv,
O ! never , never moire let Kìng be just
Be mild in po'\fèr , or fait h fui to his trust.
Let tyrans govern vith an iron rod ,
Oppress, destroy,and be scourge ofGod..,.
Sincc he who like a father held his reign.
So soon forgot , was just and mild in vain.
True -while my friend is griev'd , his griefs J shate.
Yet now tbe rivais are my smallest care
They for the mìghty mischiefs they devise.
Ere long sháll pay... their forfeic lives the price.
Bnt agaifl you , o Grecksì ye cowatd tt'aîn ,
Gods !... how my soûl is mov'd vt/fth just disdain !
Dumb ye ail stand!... and not onetongue afrords
His injur'd Prince the liuieaid «f words !

Traduction libre.
Oh! que jamais, jamais le Ciel n'offre à la terre,
TJn Roi , qui , désormais., esc'ave de sa foi.,
■Ami de la justice, & gouvernant en perc,
Soumette son pouvoir à celui de la loi l
Nouveaux fléaux de Dieu , que des tyrans sauvages
Sous leur verge de fer oppriment les états ; , .
Qu'ils répandent par-tout la aainte & les ravages , .
( I*î )
Vojsque ttnt de vertus n'ont fait que des ingrats-.. -1
En vain dans tes sujets , ton cœur doux , équitable,
Ulysse , cheich-. ro<t un ami véiitstlc.
Ils sembloient tes enfans.... pas un ne songe à toi.
Seal partageant tes maux , je ne m'occupe guère
De ceux dont les complots inspirent tant d'effroi...
Un jour viendra , sans-doute !..... II existe un tonnerre !»
Mais vous , Grecs !... peuple lâche !... Ah ! dieux ! ce n'cft
que vous ,
Pour lesquels mon mépris égale mou courroux.
Vous restez tous muets ! il n'est pas une bouche
Qui de la voix , du moins , prêtant dans ses discours
A son Prince outragé le trop foible secours ,
Ose annoncer un cceur que son injure touche!
Par Madame de L. V.'

Aux Auteurs du Journal. ,


Vous saver , messieurs , que le sieur Dum^jch.... recteur de
l'universite de Paris, vient , pat ses intrigues , d'ètte nommé
au siège épiscopal de Nîmes. Voulez-vous bien annoncer
dans votre Journal que ce prélat de nouvelle fabrique ,
« nn oncle portant le meme nom que lui , qui est caché chex
madame de Guecny , tue 8c ille Saint- i.ouis , N°. 66 , le
quel se iceommanck- à la protection du club jacobinite pour
•btenit, comme son cher neveu , un siège plus eleve & plus
lucratif que celui qu'il occupe , il jure aussi bien que son pa
rent , Sí a le meme goût que lui pour devenir fonctionnaire
fublic.

M. l'abbé Laumont, vicaire de la paroisse (PAmilly,


diocèse de Meaux , & greffier de la mur.icipalicé de ce lieu,
a pensé, en recevant le décret du 17 novembre , que sa cons-
ciance ne lui permettoit pas de pteter le serment tel que
Kassemblce l'exige. II s'est promis de faire les restrictions
( tî6 )
qu'il a cru devoir. Maïs eonsid érant, 1 5 jours après, que par
«eue conduite,il le réduifoit à son ancien traitemmt de j ç o liv,
au lieu de 700 liv. qu'il pouvoit accrocher du district, ju
rant purement & simplement , ( quand je dis purement , c'est
façon de parler ) v considérant donc cette différence , & la
faim se faisant apparemment sentir, il a j. ris son estomac
pour fa conscience , celui-ci lui a reproche de s'en être rap
porté trop légèrement aux lumières du pape , du sacré coll.ge
& des évêques de France ; alors il a examine la chose de plus
près : H s'est reconnu plus éclaire que tou* ces savans & ver
tueux personnages ,& a dit : n'hcsitons pas: il vau- mieux
être apostat , que de donner l'exemple de l'insurrection à un
peuple naguéres paisible, Sc qui ne demande ae moi, que la
CoumiftioD à mon évoque légitime ; en conséq ienc de ces
réflexions , on l'a vu le dimanche 17 fevrier , prêter d'un ton
de voix plus assuré qu'on ne lui avoit jamais connu , le fêr-
jsient de prendre la première cure qu'on lai offtiroit , en at
tendant qu'une conduite plus patriote encore , l'eleve jusqu'à
l'évéché. /

Grande conspiration découverte , ou charrette de


fumier arrêtée sur le boulevard du Temple ,
par la Nation.
Attention , citoyens ! Les aristocrates s'y prennent de toute
«lanière pour nous déjouer. Mardi dernier , de bons patriotes
arrêtèrent une charrette de fumier fur le boulevard du tem
ple. Vous auriez ete touche jusqu'aux larmes ,du zèle qu'ils
mirent à la décharger. Jamais le patriotisme n'inspira plus
d'ardeur. Gardez-vous de rire de l'inutilite de leurs recher
ches ; songez que *e bien public seul les animoit. Je l'avoue ,
ils nd trouvèrent rien.Mais en font-ils pour cela moins braves,
moins louables ? ne pouvoit-il pas se faite que sous ce fumier,
ont eût caché dix ou douze picecs de canon , quatre ou cinq
mille fusils , ou poignards faits d'après le modelé que le club
des cordeliers en a donné , &í dont il fait vendre la gravure
dans tous les lieux pab ics , fur-tout au Palais-Royal ? Cha
que crottin ne pouvoit-il pas renfermer une baie de fusil? enfin
y a t-il des précautions inutiles ; quand il est question de dé*
( i«7 )
Couvrir ks trames de ces aristocrates , que le bon peuple áe
Paris a chaises pour de si bonnes raisons ?

Bouche de feu. Pourquoi étouffet-on à rassemblée na-


tio.iale la voix de nos Teprésentans , lorsqu'ils annoncent de
grandes vérités , notamment celle de dire que les incomenen-
lucables secours qu'on acculée tous les jours á la dévorante
municipal iw de Paris , aggravent les charges des Provinces,
de la patience desquelles il est dangereux d'abuser?
Réponse. C'est parce que nos representans savent qu'il»
font encore , par leurs décrets , fur les cs, rits des provinciaux ,
ce que La torpille fait fur les corps.
Quand ou demanda au Czar Pierrc-le-Grand , comment
îl trouvoit la ville de 'Paris , il répondit que s'il en avoit une
pateiìle , il seroit tenté d'y mettre le feu , de peur qu'elle n'aV
íorbàt son empire.

J'ai parcouru quelques cafés , entr'autres les cafés Pro-


cope , Turc, du Caveau , d'Artois , de Manoury : j'ai cra ètre
chez un peuple de Cannibales ; un n'y parloir que de tuer,
d'égorger , de les mêmes scélérats qui cherchent à inspirée
leur férocité à ceux qui les écoutent , ont le ttont de se plaindre
4; ceux qui ont fui cette terre maudite. Peuvent-ils revenir,
avant que la France soit purgée de ces monstres ?

Aux Rédacteurs du Journal de la Cour & de


la Ville.
Quelqu'un a, eu l'idie de ro'attribuer le ïetit lupus,
sor les femmes révolution MAIRES-, cela elt tout simple....
jl me prend la fantaisie de le désavouer ; cela est plus íitnple
encore , & je vous prie de n.'aidcr dans ce petit travail.
Ce n'est pas l'horreur de la satyre qui m'y engage ; c'est au
contraire , un noble penchant tour elle, qui m'a sait rougir
de «w voir accuse d'une si foibleattaque. D'abord , jc/teouva
C iss )
'«tte'huît portraits ne suffisent pas dans un pareil sujet _
la raison que huit boisas ne- prouvent rien contre l'espccr
humaine. Ensuite, je pense que dans ces huit portraits , ao
y cn a encorb quelques-uns de flat es , parce que dans uu
icitain monde , il y a une foule d'objets qu'honore la défi
nition. II me semble donc qu'on a trop monrié madame de
IA Châtre , trop appeau madame de Brogiie, & rtc?
négligé mad. de- ColorU. Je trouve|auíiì qu'on a eu très-grand
tait de ressussaer madame de Laval , de connoître madame
«L- Saint-Chamant, & de reçonnoìtre madame de ì'taejì.
JWais fans doute la plus foire gaucherie de edui quia pris
mon nom , c'est de n'eu avoir pas assez abuse pour louer
jusqu'à la fadeur , mesdames d'AiguillonjSc de Lamech, &,
par ce moyen , faire trois victimes de la calomnie. Eh puis,
messieurs, je m'en rapporte à votre discernement ; le tendre
|anigyriquc qui termine cette diatribe, peut-il être sorti de
map.ume ? En fair de louange & de sentiment , ai-jc jamais
dit ce que je pensoís ? Et la vie cinique que je mène, peut-
clle ro'inspircr d'aulli douces vérités S Vous me connoissez,
& c'est à vous à répondre de mon innocence. J'ai perdu, il est
-▼rai , un porte-feuille , mais s'il n'eût i enfermé que de pareil»
ppiers , jc n'etì rejrtetterois pas' tant la perte. J'ignore si
celui qui l'a trouve , m'en veut autant que celui qui, m'*
calomnié ; mais la vérité est que je loussre bien plus de 1»
jiifcretioa de l'un , que de l'indilcrétion de l'autre.
J'ai ,'honneur d'être, messieurs, avec rattachement 1«
jlus littéraire • ■■< '■•
Signé , C'H AMÎCENETZ.
Errata du Numéro d'hier* ^
Pag. 1 3 o , îìg. Yj y ne s'est si bien régalé , lifex , ne s'est
tu li bien régalé. -*

On s'abonne pour ce Journal rue Percée Saint"


'•André-,des-Arcs , N." ,2,i,ì \ '
" 11 I "' ' .'I ■ 1 m
De rimprimetie du Journal de la Cour te de la Ville.

f
. ( 1*9 )

SUPPLÉMENT
DU N.o I9. . 'r-ù; ;,'»

SERMENT DE LA MARMITE.

Rêve d'un Ecolier dénoncé au Comité des


Recherches le $ Février ij<)t.
J' £ t o 1 s au sermon de S * * , énerguníene apôtre du
serment. Son zèle s'exhaloit en blasphèmes , pompeux» Sa
fanatique emphase enchantoit l'auditoirc. Moi , de dégoût
& d'ennui, je m'endormis; & plein du serinent , je ne
séve autre chose... ..-.^ . r
Je crois être à ce jour solemnel ,
gù les bons citoyens accouroient à l'autel ,
evant le long Bail. . . , planté comme une pique ;
Faire profession de foi patriotique :
Défroqués, prestolets, & moines, & pédans,
Et ministres en rabats, tous hommes à talens, ,
Tdus favans , tous d'accord fur ce point nécessaire :
Le serment est utile , & partant, bon à faire.
La faim presse , & l'on fait briller devant leurs yeux ,
Argént , mitres , honneurs , & rout étoit pour eux.
Parmi la troupe famélique ,
Certain trotte-menu de figure classique ,
Le petit C....t me frappe .... II étoit si petit ,
Si fluet de corps Sc d'esprit ,
Que dans la foule il se perdit.
Du démocrate Lerg**
Paroît la figure empesée.
Sa conscience est robuste & bien organisée.
Tout pesé, calculé, pour tres-bonne raison,
II fait tout rondement
Son serment.
J'cb appetçois un autre* il est des plus cossus.;
1 De loin on l'cût pris à la mine,
P*nt un Mufti, pour un Bramiae,
( 1^0 )
„.Ç& plutôt pour le vieux Plutus,
IÍ en avoit la dégaine & l'alluce ,
. li'air. ibmbre , & la triste encolure;,
'* Et le visage rcnfroigné, '•
Et le sourcil noir & foncé, ...
Mais non , c'est Dub d , c'est fa figure austère ^
C'est son œil équivoque & son air de mystère. . , ,
Tartuffe politique , il veut , 11 ne veut pas ;
II avance, il recule.... & dans cet embarras,
De trois braves champions une escorte légerc,
Près de luj se rajliç > & rassure ses pas,
' Devant lui 'marche son génie ','
Portant ía marmite (i) cnérie,
Sa marmite fidclle, objet de tpus ses vceuxj
Sa marmite qui fait se richesse- Sc se gloire ,
Par qui son nom fameux doit vivre dans l'histoire j
Sa marmite enchantée, où, prodige étonnant!
seau se change en flots d'or, en clairs ruissraux d'argent,
11 la couve des yeux : comme ils sont doux pour elle?
On croiroit voir Tyrcis fur les pas dç se belle,
Sa marmite est son tqut : pour mieux se l'assurer. ,
Par un serment il va la consacrer,
Sans le ferment , elle est proscrite j
Ainsi l'onc ordonné les loix.
S'il nç faut que jurer , plutôt jurer cent fois ,
Poiit ne pas perdre ma roarmice. ■.
II le diloit tout bas , mais chacun l'entendoit ;
}\ eut beau la cacher, nurmire pavoìssoit. . . .
Fi , le vilain ! On s'indigne , on murmure ,
On crie au mercenaire , à l'impie, au parjure:
On l'appelle imposteur , apostat , hypocrite,'... ,
Tòilt bas , Messieurs , pense?, tout ce qu'il vous plairai
Je jure tput ce qu'on voudra :
Mais laissez-moi conserver ma marmite.
Ses vecux sont exauces : il s'en alioir content
Joujr en paix du fruit de son ferment.
Mais en chemin , que d'avanies 1
Que d'opprobçes , d'ignominies \
• 'Sifflé, honni, confus, humilié,

'( i ) C'est l'emblême de çe qu'on appelle vulgairemen.1


marchand, de soupe,
( 1*1 )
II gerd la tête, il fait pitié.,
O hontes ô désespoir ! ôv martttiri , W mie !
N'a^-m tant rendu d'or, que pour cette infamie ï
Source dè tous mes biens , cause de ma douleur ,
Je te sacrifierois foi , conscience , honneur.
II le faut, c'en est fait. . . . DèsMors il se^osrment*
Jl avoue, il excuse, U ment, il argumente,
Et toujoùrs variant , se défend de son mieux,
A tous çes censeurs ennuyeux
II oppose, vaille que vaille,
Mille raisons, mais on s'en.^raille.
La feule bonne , c'étoit son secret, i ,
Qu'en homme prudent & discret , ,
A" tout le monde il n'a pas dite ;
C'est qu'en jurant, il fauvoit fa marmite.
Tel qu'on voit un gros limaçon
Heurté , froissé , les cornes bassés ,
Se renfoncer dans fa maison :
Tel , accablé de ses disgrâces ,
Tout malade , & meurtri des coups qu'il a reçus ,
Rentre dans son palais le malheureux Plutus ,
Et va se consoler en comptant ses écus.
Pour mieux charmer le chagrin qui l'agite ,
II ordonne un râpas ; ses ami* 'il invite ,
Ses bons amis du club , ses confidens choisis ,
Tous jureurs , tous bien assortis ;
Même il devoit, pour couronner la fête ,
Donner la comédie , & la salle étoit prête :
Les écoliers en filles habillés ,
AHoient fetuer leur rôle : ils étoient rassemblés.
Déjà les spectateurs se hâtoient de se rendre ;
J'allois aussi tout voir & tout, entendre:
Mais la fin du serrnorí vint rompre mon sommeil ,
Et dissipa mon rêve. , . . & vîte à mon réveil ,
En prose , en vers , l'histoire en fut écrite ;
Je l'appellai ferment de la marmite.
N. B. Toutes les recherches faites , le rêve a été trouvé
<i parfaitement conforme à la vérité , que le comité en a
ordonné la publication. Mais ce n'est qu'un léger emblème ,
une foible esquisse d'un g:a id tableau r & ì'abrégé d'une
longue histoire , e« attendant le comblement.
Chanson sur le Serment. ,*. ,,
AlR : Le Sultan Saladin ,

Qnc nos scrupuleux prélats, • í


Sous peine d'être apostats, 1: j
Nous défendent le parjure ,
Nous menacent de censure ;
Ils l'cntendent ma foi bien , •
Très-blen! —Fort bien! ' ■* _ f.
C'est du régime ancien.
Pour moi , je veux , comme Grégoire,
Jurer & boire.
De tout ce qu'ils ont cité
J'en appelle au comité :
L'évangile a des paroles,
Le comité des pistolets.
Que cela résonne bien! • .■ .
Très-bieu ! —Fort bien î ,,. ■ '
L'or est . tout , la foi n'est rie»;, .;.
Pour moi , &c. , «:
Dans ces superbes décrets,
Cbatfun a mis pour ses frais ;
Emery ,4e judaïsme ; • ■
Barnave , le «alvinîsme ;
Mais la raison n'y mit rien.
C'est bien î —Fort bien !
Jurons-en donc le maintien.
Pour moi , &c.
Les uns jurent pour de l'or; ...
Les autres pour pis encor.
Cc font tous prêtres d'élite ,
Sots , libertins , hypocrites ,
Qui font tout, & ne croyent rien.'
C'est bien ! —Fort bien !
Des décrets , quel beau soutien !
Pour moi, je veux , comme Crégoire,
Jurer & boire.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour & de la Ville.


N. 20.

JOUR N A L
de la Cour et de la Ville.
{
Tout taise u r de Journal doit tiibut au malin
La Fontaine.

Du Dimanche 20 Mars 1791.


Des Guises , cependant , le rapide bonheur ,
Sur son abaissement élevoit leur grandeur ;
Us fbrmoienc dans Paris cette ligue fatale
De fa foib'.c puissance , orgueilleuse rivale. , -
Les peuples déchaînés. . . ,
Períécutoient leur prince , & íervoient des tyrans.
Au Louvre épouvanté ses peupics l'enfermerenr.
Dans Paris révolte , l'étranger accourut :
Tout périssoit enfin, lorsque Bourbon parut:
Le généreux Bourbon , pL>in d'une ardeur guerrière,
A son prince aveuglé, vint rendre la lumière;
11 ranima sa force , i! conduisit sc pas ,
De la 1 onte à la gloire, aux armes, aux combats.
• ' (Henriade , Chant premier).

L'abbé Tilladet disoit : « Dès qu'une chose est imprimée ,


pariez sâns l'avoir lue, qu'elle n'est pas vraie, je ferai tou-
joars de moitié avec vous , & ma fortune est faite»..!. » Ils
li feroient dans ce ruomcnr bien rapidement j une se
maine seule fuifiroit.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du zg Mars.
D ìpuis que nous sommes en proie aux horreurs de l'anar-
chie, nous nous égorgeons stupidement les uns les autres,
Tome II. Année 1791. L
( '5* )
en criant plus stupidement encore": vite la liberté. H règne
à Douai unc/fíirrteiitati'já titra rante : on y a perdu deux
citoyens ; on en a estropié un, > lus .grand - nombres on y a
pille des bateaux & des rrtiiîons'' Voilà des maux que les
plus beaux decrt-is du monde uc guériront pas. Ah! quand
Bous n'avions qu'un Iloi, le iang ne ruìík'lok pas comme
aujourd'hui,, fur' le plus beau ío! de ì'univers." II .aut l'es-
pérer-, de l'exces de nos maux va bientôt. renaître un nouvel
ordre de choses. Nous ecraseions nos tyrans, Si les lis re
prendront leur première blancheur.

: V A R IE T É S. '
Le nouveau réquisitoire de l'emejrî donne un peu à penser
à la partie gauche de l'auguste assemblée ; cependant elíe fait
bonne contenances M. Lam.. a ■ dit l'autre jour qu'il. en
étoit enchanté , & que bientôt cm ne vertoú plus de tyrans
dans le monde; nous avons t-oas lieu de l'elperer, du- moins
en France où il n'y en» a plfls gtièies d'autres que lui,
ses trente-trois amis, & c nq à dx mil ions de Jacobins.

Chanson sur l'Air : Pauvre Peuple, quand tu


rìavois qu'un Roi , &c.
Pauvres auteurs, quand vous n'aviez qu'un roi,
\ ous ne sentira tas ia misère ;
Mais aujourd'hui fans mônarque Sc fans loi,
Vous manquez de tout si-r la terre : . ,,j
' De nós seigneurs vous p. lpiez les écus, .1
Et vus vers avoient leur salaire y ■'■ ;"*
Ils vous donnji m part à leurs superflus,
" . - Et» vôttè fort étoit prospère.
Pauvres aureurs , &c. ... s . 9
Vaus vendiez bien votte insipide encens , f jF
Vos mensonges , ves rêverie. ; .,' ' .
ï.e son de l'or anímoit vos accens i
On vous payoit vos flatteri.s.
. auteuts , &c.
Pauvres .. . - . < - 5 .,i.;o .
Voos n'avez plus que la voix du corbeau,
' Et vos chansons attristent la nature j ,.A-mu'u.I i
Vos ça ira conduisent au tombeau ,
En nous berçant d'an bonheur en peinture.
Pauvres Auteurs, &c. ;, • - •_• .' -v :sq Aï
Qui vous plaindra, fléaux du genre ìmtaàxo^V'^i^
Plus dangereux' queja -guerre & > peste.- ?i ZJ.^Ïi'''''
Mourez, ingrats , dç misère •& ,de fana, ; • '
Vous méritez le íort lc'plus funeste. '•"'■> t
Pauvres auteurs, &c. ". ' ;ul ';.o :;.-i;snr'.. ,

Le ,laquais d'un de mes amis rient de me dire avoir lu>


dans un numéro de M. Desraoulins, que « j.'ctois venu à
Bruxelles, baiseí les bottes da maréchal Bender ». Au reste,
ce seroit une nouveauté , ciu'cn ma qualité d'original ,
j'aimetois mieux, que d'administrer des coups de bâton au
fastidieux auteur des révolutions, qui, dit-on^ s'y est ha
bitué "comme MITRIDATE au poison. Un autre laquais m'a
dis avoir lu auíít une liste des aristocrates qui se sont portés
aux Tuileries pour défendre k Roi; j'y fuis tout du long,
dit-on , venu de Bruxelles en moins de deux heures ; car je.
luis a'.lez connu à Bruxelles, & pour m'etre absenté, ce ne
peut être que pendant a nuit , avec le secours d'un ballon ,
qui m'aura servi , des que' le oup aura été manqué. Ce' qu'il
y a de b e i certain , c'est que , fi j'culse été à Paris , j'atteste
le -ciel , que j'aurois péri cent lois , plutôt que de voir en
traîner dai>s les pri'ÏBm, de braves gens qui venoient défendre
les jo'irs de leur Roi. J'aurais sûrement succombé sous le
nombre -, rmis ne vaut-il pas mieux cesser d'exister , que
vivre au milieu des tygres ?
Meude-Monfas,
( 19*') S

Jaeo-Noailles a f it preslentir aux Jacobins de Bordeaux,


«ue l'alTemblée nationale verroit. avec plaisir Tevèque de
Lydda occuper ce. siège-, on a , en conséquence, travaillé
vigoureusement les électeurs dans le sens de ce désir. ( Ex
trait d'une lettre de Bordeaux). *

II n'est pas vrai qu'il y ait ici de la fermentation. L'ex-


cellcnte prudence du ministre Mercy-Argentcau , & la ferme
résolution du maréchal Bender-, tout cela feroit bientôt
rentrer dans l'ordre les factieux. II existe bien quelques
vils associés au c'ub infernal -, mais cette engeance est im
puissante contre uns armée formidable, où règne une su
bordination dont je ne pouvois me faire l'idée. En ma qualité
d'être très-íUiLux , je voudrois voir quelle mine feroient,
ou feront, les eloquens gauchers, à l'aspect d'une dépu
tation de grenadiers hongrois, qui sabrent les hommes avee
autant- de:faciliié, que l'auguste sénat a sabré la base de tous
les, principes de l'ordre social.
,-i . M e u n e-M o N P AS.
. ' • '

"Le café national de Bordeaux a dénoncé à la Municipa


lité un prône du Rituel ..prononcé par l'abbé Rauzan ,
aux paroissiens de l'église i'aint-Projet : les dévotes font
fort ,inquiètes du fort qu'on destine au Rituel.

Dans nn village à quelques lieues de Paris, la Yeuve d'u*


négociant retirée du comrr.ctce , après s'etre procuré du
solide par la vente du liquide , prônoit à sa voisine les heu
reux effets de la révolution : je peux donc maintenant, disoit-
ellc , me j romencr à côte d'une ci-devant ducheíle qui n'est
pas plus que moi ì Rien de plus facile , reprit la voisine ;
mais par la mème raison , il est libre à la femme de notre
«corcheur d'en faire autant avec nout. Notre" ex-marchande
( *97 •) ; '
«l'un caraftçre-hautain, se retira confuse , & fort mécontente
du gros bon sens de fa> voisine.

Une bonne femme cjui alTìstoit au sacre du premier évê


que de la constitution , dans l'eglise de l'Oratoire, s'informoit
à quoi devoit servir la phiole qu'elle Voyoit entre les mains
de-Tevéque consecrate ur : c'est de l'huile bénite, lui dit-
on , pour faire Ponction sainte. —Vous me surprenez , dit-
clle , je croyois que c*étòit du vinaigre des quatre voleurs.

On vient de nous communiquer la pièce suivante, que nous


sous empressons de faire connoìtrc à nos lecteurs.
Adrejse des trois ordres réunis de la Province
du Languedoc y envoyée au Roi le premier
Mars iyç)t.
Depuis long-tems vos fidèles sujets du Languedoc , gé
missent fous un despotisme exercé par les differens corps d'une"
administration ^monstreufe , leurs yics & ieuxs fortunes , fans
«esse attaquées, ne trouvent point de défenseurs dans ceux
que les loix nouv-lies semblent avoir placés pour veiller à la
fureté publique. Des scélérats dévastent impunément les pro
priétés ; l'incendie est ie flambeau funèbre qui éclaire cette
malheureuse province , & l'inipuhité fuit tous les foifaits.
Nous avions espéré , Sire, après avoir vu les représeiitans de
la. nation manquer indignement à leurs mandats, après les
avoir vu anéantir la religion de nos percs, & renverser la mo
narchie , nous avions espéré alors, que votre majesté oseroit ,
«n frappant d'anathème ces coupables législateurs,rendre à son
peuple , ( pour les livrer à fa justice ) les monstres qui l'ont éga
rée 8c trahie, en abusant de fa confiance: mais V.M. s'obili-
■ant à gatdcr un profond silence, tous les bons Français
doivent eusin le rompre & s'expriaier avec toute l'énergie
qui n'appartient qu'à la vérité.
Le clergé , la noblesse & le tiers-état de votre province du
Languedoc réunis , ( non en vertu des décrets qu'ils regardent
eomme injustes & -mils mais réunis par un même esprit, &
in même amour pour lcbien commun , déclarent cn ce jour
à V. M. qu'ils protestent formellement contre tous les dé
crets prononcés pat des commis, qui, infidèles à leurs mandats,
font déchus par-là, de leur qualité de mandataires. En vain
colorent- ils leurs prétendus décrets de votre sanction; ils n'en
deviendront pas plus sacres, toute l'Europc tachant,,ainsi q- *
rwas , que vous n'etes point libre , Sc la sanction d'un Roi pri—
fermier etant toujours nulle. , ,. , • •
Rompez donc , Sire , les indignes chaînes dont yous êtes
chargé ; osez reprendre les rênes de votre empire ; ralliez-vous
à votre auguste ramille , à votre armée , à vos fidèles sujets ;
arrachez-vous à cette ville criminelle , qui tient (ans cestc le
gláíve levé sor vorre tête , & s'il faut périr , sachez périr cn
Roi & braver le danger. Croyez que le nombre de vos sujets
fidèles est grand, îí qu'à peine hors de votre capitale , ils for
meront près de vous & avec leurs corps , un bouclier impé
nétrable aux traits de vôsj lâches allartîns. '«'■"
Mais , Sire , si l'amour de vos sujets , si votre prdpíc
gloire ne font pas des motifs aíiez puilfans pour ous ren
dre à vos peuples & à vous-même , si yous voule£"vivre en
core fous 1c joug d'un f. nat tyrannique & barbare,alotS le cœur
navré rie douleur, nous déclarons à V. M. que votre province
du Languedoc est résolue à réunir toutes ses forces pour s'ar
racher à {'esclavage honteux dans lequel elle gémit. Une ar
mée rassemblée par l'amour de la religion , & pat céluide a
mònarchic, se forme dans tes plaines de Jalès j. elle porte la
croix & les lys fur sou étendard blanc , Sc c'est à ce signe sacré
que hous allons tous nr.ns rallier , invçquant le dieu des
combats; appcllant près de nous un prince que l'Eúrope ad
mire : nous allons l'élever' fur un bouclier , Sc le proclamer
notre chef. Guidés par lui , nous renverserons jusqu'aux
moìndres vestiges d'une révolution cimentée par le sang , 8c
bravant tous les dangers , nous irons rompre les fers de no
tre roi, l'arrachcr à fer ennemis , 8c lui rendre une couronne
dont 11 est dépouillé. ' ?
Telles font , aire, les dernieres résolutions de tous les ha-
bitans du Languedoc : lorsque l'on ose en manifester de fem-
blábles.on les soutient jusqu'à la mort. Nous jurons donc de
périr- mille fois plutôt que de vivre encore sous un despotisme
( J99 )
sanguinaire; ii-o.s sacrifices sont faits, & la justice de notre
•auie nous promet un heureux succès. Mais iì nos espérances
«toieut trompées, si nous venons à succomber , nous aurons du
moinsla consolation de mourir victimes de noce attachement
à la religion sainte ,à notre Roi & â notre patrie ; nous ne ver-
rons plus le tableau déchirant- des calamités faus nombre qoi
dévastent tous les jours la France, $c qui finiront enfin par
aucantir ce malheureux empire. " " ,
Pénéttes "des sentiiríens que nous venons de manifester, &
C|ui feront' à jarhais inébranlables dans nos cœurs , nous som
mes avec les Iciitîméns du plus profond respect ,
SIRE, «
De Votre Majesté ,
Les très -humbles , très-dévoués
& ttis-jtdeles sujers , tout le
cierge , la noblesse & le tiers-
état d^ la province du Lan
guedoc , à l'exeeption d'ua
' Y'"/' tres-petit nombre d'individirç
des trois ordres vendus A l*as_
semblce íe disant nationale.

On a renouvelle jeudi 17 mars, la cérémonie ordinaire


du jeudi-pras : le héros de la f; te à montre allez d'imejli-
gence dans les différentes promenades qu'on lui a fait faire:
mais fa vue n'a pas excité les transports de joie accoutumés-,
apparemment que fa maigreur fait imaginer que fa substance
sera peu nourrilîantr : les dam s de la nation fur-tout lui ont
fait un accueil p Uis que froid , & lui ont vivem -ut reproche la
Kiîsquinïriï' das bien aits de fa corne d'abo. d.mce.

Nous sommes chargés, de la part d'une société très-nora-


breufe , de proposer aux amateurs , un prix pour cekii qui
^fcva les deux meil cures chaulons , Vuue fur l'air : » ailçz-
»ous-en ; gens de la noce, âcc ». l'autre ;» quoi! vou>
( 200 )
partez , sans que rien vous arrête , &c. On desireroìt que les
chansons renfermassent quelque prédiction vraisemblable. Lc
prix qu'on propose sera une médaille du métal de la première
cloche qu'on fendra pour faire la nouvelle monnoie j elle sera
du prix d'une journée du travail du jeune Barnave ou com
pagnie , & meme du sieur Chabroud, en cas que le poète
ait rencontré juste. La médaille représentera un champ de
bled que des corbeaux viennent de manger, & qui !c trouvent
pris par le cou , au moment où ils veulent s'envoler. Si le
íîeur V , connu par son talent , veut se donner la peine
de travaillera ces petits ouvrages, ou lui promet une mé
daille particulière pour lui seul.

On mande d'Orléans , un événement assez extraordinaire.


Un monsieur distingué , fur-tout, pat une belle chevelure,
se promenant dans la forêt , a été emporté par son cheval ,
qui a pris le mors' aux dents , & il s'est trouvé suspendu à un
arbre près du grand chemin j il y séroit resté sans un blan
chisseur qui s'est trouvé là , 18c qui l'a dégagé ; ou ajoute que
le monsieur l'a très-généreusement récompensé.

Le chanvre & le lin sont , sans contredit , les deux


plantes auxquelles le <>enrc humain va avoir le plus d'obli-
g.uion ; c'est de leur substance qu'est forme le papier sur quoi
sont écrits les admirables décrets de l'alsembléc : c'est le lin
ui fournit la matière avec laquelle on compose les richesses
e notre monnoie végétale ; c'est du chanvre que le ben
peuple s'est servi en mille occasions , pour affermir norre
excellente constitution. Puissent ces deux plantes achever
notre bonheur , & devenir encore plus particulièrement utile»
à ceux à qui nous devons toute leur utilité !

On s'abonne pour ce Journal rue Percée Saint-


André-des-Arcs^." 21.

De l'Impriraerie du Journal de la'Coui & de la Ville.


N.° 21.

JOURNAL

de la Cour et de la Viles.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


La Fontaine.
■ i ■

Du Lundi 21 Mars 179t.


■ ■ ii . • •
Permettez - moi que je vous reproche à vous-mêmes ;
Messieurs, votre partialité. Vous citez avec une forte de com
plaisance Voltaire, Montesquieu, Montaigne, Bodin, Cii
céron , Isocrate , & tous les Auteurs de cette force qui font
le procès à la révolution. L'équite autoit exigé que vous
citassiez aussi les Auteurs qui leur font bien supérieurs, je
qui la 'préconisent. Les premiers, en cftet , paroitroient bien
petits, auprès de MM. Carra. Marat, Gajiat, Gor-
sas,Noel, Grouvelle Kersaint , Pastoret, Champ-
f'KRT, & tous ceux qui leur ressemblent & inondent le Pu
blic de leurs fouilles démagogues. Poiir moi, quand je songe
à ce déluge de pamphlets qui paroissent lous les matins ,
je dis comme M. de Pourccaugtiac : Jamais je n'ai été si
saoul de sottises.
Le peuple, en détruisant la bastille, a été mû par la va
nité. Cette prison n'étoit pas faite pour lui; il y échappoit
rar son obscurité. Aucun des vainqueurs de la Bastille n'au-
roit eu l'honneur d'y être renfermé. Bicêtre ou la salle de
discipline étoient la prison du peuple. Il a servi la vengeance
& la fureur de quelques philosopha energumènes", de quel
ques écrivailleurs, & dcquelq* es courtisans ingrats, qui pru
demment n'ont pas voulu courir les dangers très-peu con
sidérables auxquels pouvoit ies exposer la reddition de ce
fort qui n'existe plus que dans le souvenir des contemporains,
& dans les tablettes de ['histoire.
Tome II. Année 1791. T
( 202 )

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du zo Mars.
t
On a fiât le rapport du malheureux événement arrivé ì
Douai. Le peuple de cette ville, à peu de «hose près , s'est
montré l'cmulc des parisiens, par la férocité avec laquelle íl
a pendu & déchiré les sieurs Derbe Si ÏSiicolom. —M.
Lameth a renvoyé 60 mille livres en assignats , à la caisse
de l'extraordinaire , que la famille royale avoit donné à
MM. de Lameth pour leur éducation. —Un fermier vie
un jour un villageois qui pcriiloit : il lui fauve la vie , & lui
donne de l'argent. Le misérable s'en lert à acheter un poi
gnard, il cn perce le sein de son bienfaiteur. —Tiens , voilà
ton argent , lui disoit-il , en l'alsaílinant : reprends-le , jc
na te dois plus rien.

VARIÉTÉS.
Annonce d'un Deuil civique*
Fa\ propageant la noire épidémie,
Dont Bclsébut infecte ma patrie,
Un moine blanc oui jadis fut dragon f
Depuis pasteur , un vrai lacrogoigon ,
D'un faux serment e^§» l'infamie ;
( Catéchise par un brave docteur ,
Maître subtil en escobárderie ),
Se débattant sur sou lit de douleur,
Le renc-gat est mou de sttanguiic.
Re^uiescax. Avis à tout jureur:
C'est ua avancement d'hoirie.
imam., ..
& ìt grand homme , que Dupont , s'il n'est pas
C 203 ) . 1

Vers à une demoiselle de on^e ans , par un


jeune homme âgé de dou\e.
Légére comme le vent ,
Aulsi belle que Flore ,
Elle surpasse en dansant ,
L'agile Terpsicore.

La maladie du Roi n'ayant pas été assez grave pour ins


pirer une grande inquiétude, il ne paroissoit pas, qu'on dût
faire chanter un Te Deum pour fa fin ; mais on veut ins
taller l'éveque de Paris avec magn ficence ! —C'est le secret
1 de la comédie: on donne le beau rôle , les belles décorations,
des billets de parterre, le jour des mauvais acteurs.
L. M. de St. C.

Un patriote zélé, voulant transmettre à la postérité , cei


traits des rapporteurs par excellence de l'assemblée na
tionale , a fait graver dans ,1e même médaillon , les portraits -
de MM. Void... A!q... Chab... Un^ristocratc , fans-doute ,
a mis au bas les vers fuivans :
Void Alcj.... , Chab...., oh! le rare assemblage'.
Quel infernal trio ! Tremblez , honnêtes gens !
Ce n'est que par leurs yeux que vpit Taréopagc ,
Quand il faut assurer gain de cause aux brigands.

M. de Lessart, par fa lettre auíli éloquente qu'utile, écrite aax


administrateurs du département de la Gironde , les remercie ,
de la pan du Roi, des précautions qu'ils ont prises pour étouffer
dans fa naissance , !a contre-révolution qui se sormoit dans le
parterre de la comédie à Bordeaux ; il termine fa lettre par
ces mémorable paroles .... « que cette affaire soit poursuivie
( 204 )
»» de manière à réprimer les mauvais desseins de ceux qui
» veulent troubler l'ordre étab'i pour la constitution. » D'à-
ffts la port jtn.djc qu'on a que ce font les jacobins qui ont fait
caba.er contre les honnêtes gens qui vouloient empêcher la re-
' sentation de la -pièce de Calas , faite pour dégoûter tous ceux
qui ont de l'ame , du bon goût Sc de la sensibilité , on nc
doute pas que M. de Lelïart n'ait vouju désigner, par les
dernieres paroles de fa lettre , les jacobins de Bordeaux. Si la
constitution a besoin de pareils étaies, à quoi ferons-nous ré
duits ? car les jacobins de Bordeaux ne valent pas mieux que
ceux de Paris , qui , comme on fait , ne valent pas le diable.

Te Deum pour un Rhume.


Air : Où s'en vont ces gais Bergers ?
Où s'en vont nos députés
Ensemble côte à côte ?
Chut ! ce sont des Majestés :
Voyez leur mine haute :
Ahl bon íicu! comme ils font escortés !
Ont-ils fait quelque faute ?..
Croyant la réalité ,
Sous l'une & l'autre espèce ,
A tous, ils ont tout ôté:
Mais par ce tour d'adrefïe,
Or , argent , tout va de leur côté:
A nous, billets de caisse.
Le tsait est assez futé ,
En signe d'allegrelse
Qu'un Te Deum soit chanté ;
Chacun y fera presse:
C'est le sort d'un vulgaire hébété ,
D'êtie dupe sans- cesse.
( 20^ )
Dans mon drap empaqueté ,'
Je consens qu'on me couse ,
Si l'écho n'a repété ,
Avant quatre- vingt-douxe,
Deux grands mots : patrie & liberté
t Nous ont mis dans la blouse.

Je passai hier soir dans la cour du Louvre; deux en-


fans qui me parurent être de la derniere classe du peuple ,
se disputoient, & d'injures en injures, l'un de ces enfans
appclla l'autre f. .tu Miiab.... A ce nom , la colère de l'of-
feasé fut telle qu'il y riposta par des coups. Le tems présent
fournira un grand supplément au dictionnaire des noms
que le peuple applique à ceux qu'il a en horreur.

Sur la convalescence du Roi.


Nos vceux font exaucés, & le bon Louis est rendu à la
vie '.Ainsi dieu a écouté nos prières. Tremblez, vils scélé
rats, qui, fous prétexte de réprimer les abus du pouvoir mi
nistériel , avez usurpé l'autorité royale. Le dieu , le merac
dieu qui veille sur les jours de Louis , saura le faire remonter
sur le trône , & punir les coupables. Et toi , peuple trop
facile, crois -tu que des réjouissances bruyantes puissent
sécher les pleurs du plus infortuné monarque? Loin de pré
parer des illuminations qui ne feroient qu'éclairer le cachot
de ton roi , couvre de voiles funèbres le sanctuaire des
vertus •pprimées par une horde d'ingrats & de biigauds.
La feule lumière qui puisse luire aux yeux de Louis , est
celle qu'aura fait naître l'cxcès du malheur.
Meude-Monïas.

Dem. Bouche de Fer. Pourquoi les illuminations pour


b convalescence du roi ont -elles été ordonnées le mème
/
»,

( 2ÓS )
jour où a été faite U proclamation au siège de Paris du
nommé Gober, évécjuc de Lidda?
Rép. Afin que lc bon peuple pût se méprendre à la
cause des illuminations. >
Dem. Pourquoi le Tf.-Deum pour la convalescence dti
roi a-r-i'' lieu le mème jour que tons les curés apostats sent
installes daiis les églises que leur hérésie leur a conquise?
Rép. Afin que lc bon peuple pût se méprendre à l'objet
«lu Te-DeumÌ

Voici encore quelques Couplets extraits d'un


Cantique Lyonnais , en Vhonneur de Saint
Lamourctte , premier Evêque constitutionnel
de Lyon.
Les fillettes de Lyon,
Eprises d'un si beau nom,
Ne rêvent qu'à l'Amourette ,
, Tùrlurectc.
Voyez cet abbé joufflu ,
S'il pleure son superflu :
II sourit à l'Amourette,
Turlurctte.
Dans un éent plein de £cu ,
II prouvi qu'on n'est heureux ,
Qu'en tátant de l'Amourette ,
1 urlurette.
Aussi, tous ces mandemens
Seroiit-ils pour les amans ,
De vrais pâmes d'Amourette,
Turluretre.
( 2°7.)
Sitòt qu'il fera sacré ,
Le chanoine & 1c cure , *j
Viendront croí&r (i) l'Amourette) *•
Turluicttc.
Et puts chacun s'en ira ,
Et du talon saluera
M. i'abbé l'Amoutette, ' í '•■ '
Turlurettc."

L'abbé.... député à rassemblé: nationale , a été élu éveque


da département de.... vous direz lequel , car je ne fais plus
la géographie de mon pays. Ils -font changée à ne pas s'y
reconnoître. Je. leur conseille de changer aussi le cours des
rivières. Quoi qu'il en soit, c'est à Angoulême que cette
élection s'est faite. Elle est de bon augure, car ou a dansé
toute la niiic dans l'église , & chante Ça ira. Vous auriez
été édifié de la dévotion de ce bon peuple. U a autant de
religion' que de douceur. O le glorieux tems ! C'est pour
le coup, que nous pouvons dire que nous sommes libres!
i&ii foi, ni loi, ni religion: voilà de terribles entraves de
Bioins.

Les observateurs ont remarqué que les mêmes modes


puisent Sc reviennent continuellement en France : celle des
J.-f.-s. par exemple, y reprend tout -à- fait faveur; fans
parler de ceux qu'on voie depuis long-tems dans les Tui
leries à main gauche, on vient d'en planter dans les jardine
de trois ou «uatre anciens, & de tous les nouveaux évêques .

(i) Le manuscrit porte rosser , au lisu de crosseii. Nom


avons pense que c'est uoe faute du copiste ; nous avons rcs-
ritu-: la lectre C , qui donrae à ce ccuplet un sens plus res
pectueux & mieux assorti au digne prélat que l'auteur a.
fui4* célébrer.
( r<?4 ) i
jnais les pins gros ifs qu'on connoiísc à Paris, font ch«
MM. d'Orl.... d'Aig de Lianc... de Men... &c. Au
reste , comme cette espèce d'arbres est fort triste , & n'est
bonne à rien, on est persuade que cette fantaisie ne durera
pas , & que tout le monde les arrachera avant qu'il loit peu.

L'histoire de lous les tems fait mention de monstres hi


deux & extraordinaires : on connoît celle de l'hommc à deux
têtes , qui vivoit dans la ville de Lydda du tems de saint
Jérôme ; c'est apparemment ce' qui a donné au ci - devant
évêque de cette ville l'idce de venir faire la seconde tête
de l'église de Paris. «

On prétend qu'il n'y a rien qui donne des idées, comme


de se gratter la tête : si—eela est vrai, on ne doit pas être
surpris que les jacobins aient tant d'esprit-, leur coëffiire de
jìockeis laisse voir de petits habitans qui les excitent con
tinuellement à s'en procurer par ce moyen.

Les auteurs anciens foutenoient qu'il n'y avoít que quatre


iges ; l'áge d'or , l'áge d'argenc , l'agc d'airain , l'âge de fer :
c'est qu'iis n'avoient jamais eu d'aíiemblée nationale , 8c par
conséquent d'astìgnats; car, habiles comme ils étoient à donner
aux choses , lc nom propre , ils n'auroient pas manqué d'en ,
trouver un cinquième , qu'ils auroient appelle à juste titre
Siécle de papiêk.

Ce JOURNAL paroít tous les matins.


Le prix de Vabonnement est de 3 liv. par mois
pour Paris , fy die .3 livres z 5 fols pour la
Province, franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N.° 21.

De rimprimeric . du Journal de la C&ur & de la Ville.


' JOUR Ni LA "\.

D i la Cour et de la Vit i b.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


.. . 1 i -" i ' La Fontaine.
» L ' , ' \ »!► '''
Du Mardi 22 Mars 1791,
♦ fr
Voltaire, après avoir réfléchi ftrr les excès du\despotifm«
Si les horreurs del'anarchie ,dit : J'aime mieux trembler fous
"la griffe du lion, que .d'être dévoré par des millions de rats
mes confrères.
On surprit un jour Volrake api compto'.t ses doubles louis
d'un air joyeux, en disant : Un açii , deux amis, trois amis,
&c. &c. Pour peu que i'cmigrapiori du DUtnérafre continue ,
, nous ne poutrons plus compter d'amis de ce genré qu'avec
dos assignats ; ce qui n'est pas tout-à-fait là" même chose.
Voici ce qu'Isocrate diíbit aux Barn... de son tems :
ti N'oubliez jamais que ce qui sied davantage à un jeune
homme c'est la modestie, a pudeur ; l'amour -de la tera-
pé.ance St de la justice ». Pag. Si.
Gouverner & dominer Yo'ht deux choses que l on confond
souvent , & qui sorit cependant bien différentes. Celui qui
gouverne, consacre ses soins au bonheur de ceux qui lui
obéissent : celui qui domine fait servir à, ses tolaisirs & à ses
iritérêts les travaux & les biens de ceux qu il rient soumis
à (a puissance'. Pag. 44. —Le club jacobin domine , &i mal
heureusement notre roi légitime ne veut pas nous gouverner,'
• mes amis! voilà pourquoi tout va si mal.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

• Séance du z z Mars.

M. le Président a U' Une lettre de la municipalité de


i Jouai , qui parle des efforts qu'elle a faits póur arrêter fes
Tome II. Année 1791, T
( 2ro ) •
désordres qui ont désolé cette ville. II a été décidé qu'on
la feroit passer au tribunal d'Orléans. —La discussion s'est
ouverte ensuite sur la qHcstion : Les mines appartiennent-;
elles à la nation?
i

VARIÉTÉS.
Le prétendu rescrit .reqnisitorial qui paroît depuis quel-
Kjues jours , est une piecé fabriquée dans un grenier; l'Em-
pereur tera connoître sá|is-douie les intentions , qui (iront
conformes à la noblesse , à la générosité , & fur-tout à l'e-
quité qui dirige toujours toutes ses actions; mais jusqu'à
présent on ne peut que les présumer !

Le principal voleur des bijoux de Madame du Barry ,


est un nommé Levex , d'Issoire en Auvergne. II est arrêté,
ainsi que ses çomplices ; il est neveu de M. Biauz.... ; il
. avoit un passeport de M. di Monim... & une lettre de
recommandation de M. Roberisì1,... Nous di ons les laits
...sans faire^dç reflex.ous. . . ,

Vénable désaveu de M. de Ckampctrzet^, mu


sujet du petit libelle sur les femmes révo~
lutionnaires.
3- . - -- • < •
t , f-
J'âppr«nds qu'on se sert de mm nom pour outrager des
fémmes aussi respectables psr leurs moeurs, que par leurs
principes. J'apprends aussi qu'on les a peint avec une fi
nuire exactitude , qu'ailes m «vs ont firerai en se contem
plant : en deux mors , jc vais me justifier de tant d'horreurs :
je certitie doue que je ne connois- nullement les dames en
question , que jé ne les rencontre jamais, & que dans une
poíitioa aussi avantagcuíè, je si|tic aussi à l'absi d'etrs leir
feimre que kw «^evaliw.


( *rr )

Le CoNCItE DtS TRENTE FACTlrUX EN DEROUTE , petite


brochure nouvelle, dit qu'il ne faut pas confondre toute la
íbcicté des Jacobins avec son directoire, qui se cache des
honnêtes gens , qui trompe ceux qui ne font pas instruits ,
& qui mène les têtes exaltées.

Je n'approuve point , Messieurs , toutes les diatribes qu'oa


accumule de tous côtés fur la tête du Général Blaffard ;
ctle est indigne d'un gentilhomme & d'un militaire , je
l'avoue ; mais le vin, comme on fait , excuse tout. Ce gé
néral , qui, comme, on fait, ne boit que de la limonade ,
révérant de Vincennes , étant très -altéré, but plusieurs
verres de vin ; il donna l'exemple ; l'effet fut prompt ,
■& les fuites affreuses -, mais encore un eoup , il faut tout
mettre fur le compte de l'ivresse.

Les démarches du nouvel évêque font trop intéressantes,


pour n'en pas faire part au peuple chrétien. Après avoir
fait fa visite de remerciement au club Jacobin , il a été se
faire affilier au club des Laquais , qui se tient au-destous, 3e
leur a d -mandé humblement leurs lumières, & leur pro
tection fraternelle.

On reprochoit hier au patriote St.-Htar., , d'être san


guinaire : il prouva le contraire , en disant que s'il voyoit
deux hommes fe battre contre un , il se mettroit du parti
le plus fort , parce qu'il y tt"oit à parier qu'il n'y aurore
qu'un mort, & qu'il pourroit y en avoir deux , s'il se joignoit
au parti le plus foible.

Par un ordre du café national de Bordeaux, eousin-ger-


waiii du club des Jacobins , la municipalité de cette ville
vient d'envoyer deux députes à notre héros national , poift
le féliciter du íuccèî qu'il a eu le 18 Février , à Vinccnnes ,
&deú;ite au chscea'i des Tuileries. Le héros , qui croît que
ç' est une mauvaise plaísàntetie dont on yeut tirer parti , pour
ajouter au ridicule dont il s'est couvert ledit jour , a rcfuíis
jusqu'à présent de recevoir la députation.

Extrait d'une lettre de Chafons , datée du


zq, Mars.
Le département vient de s'assembler pour la nominatiom
-de l'év cjue de Reims ; le choix est tombé fur le curé de
Mareuil pres Ay; on est aile sur-le-champ lui faire part de
sa nomination , Sc on est revenu annoncer qu'il refusoit
-l'épiscopat , .parce qu'il n'a prête le serment qu'avec la res
triction quç la religion lui impoíoit de faire.. II a eu 3 y»
voix sur 450. Nos électeurs font maintenant fort embar
rasses , parce que tous les curés de notre canton n'oat
prêté le ferment, qu'avec les memes restrictions.

Aux Rédacteurs*
Je vous prie d'annoncer par la voye de votre journal >
que nous sommes enfin à la veille d'entrer en jouissance
.d'une nouvelle législature; elle est déjà très - près de hos
frontières , & apporte avec elle une ample provision de dér
crets tous faits en forme de cartouches. Les bons citoyens
doivent ètee fort tranquilles, car on assure que ces nou
veaux décrets ne plairont nullement aux Cartouches mas
culins de í'assembiee, ni à tous ceux qu'elle euttetient à
fk grands frais. Elle est munie aussi d'un fameux ttaité de
droit canon , qui fera infiniment plus, de brait que celui
.des, docteurs Mir.,.., Cam.,., Treil.,.- , & autres théo
logiens de «tte espèce : il donnera au clergé constitutiog-
8el des /acotins, ks lumières qu'il lui fant, & servìia
( 2I3 )
aussi à former révocation de ce curé de Saínt-Eust.... qai
n'est e.icore en théologie qu'un très-petit poucart , fort
sot , fort suffisant , & qu'il est absolument r.éccilairc de
corriger.
Par un Abonné bien instruit.

Avis.
Le nommé Mart.... charretier , a été chargé de con
duire une charrerec d'assignats au tresor-ruyal ; il s'est
égaré , a'inii que son camarade, charge de taire transpor
ter au bureau de la guerre v:nc caiu; contenant ^4,000
croix de Saint-Louis. Ceux qui pourront donner quelque*
renscignemens j ce sujet , fout piiés de let zdrcnér à M.
ài Men.. secreuire du ministre de la gu:rre.

Bien des personnes croyent être autorisées à désirer que


la banqueroute sc fasse plutôt que plus tard ; ils imaginent
qu'à cette époque l'ordre renaîtra, que les capitalistes qui
ont cause & qui entretiennent la révolution , setont ruines ,
les forcenés de Paris anéantis , l'assemblée dissoute , quclqutí
députes pendus, &c le pouvoir suprême rendu au Roi.
Dans ce cas , Ainsi soir-it.

Bruxelles ,cc ií mars.


Pour punir quelques émissaires soudoyés, criant dans la
ville de Bruxelles : —vive Vandernoot, le gouvernement a
ttes-jastement fait administer publiquement cinquante coups
de bâton à chacun de ces bandits. Cette MOTION a rétabli
l'otdre ; tant il est vrai que la sévérité en est la base, & que
punir des factieux , c'est emputer une plaie, dont les progrès
dcviendioîent incurables. Encore une lois , ia foib'esse est un
vice , & fur-tout en politique. De la trop grande facilite d'un
Toi, que réfulte-t-il ? le malheur des peuples, l'ancantissc
( 214 )
ment des pri«clpe« sociaux, enfin le despotisme multiplié
cens fois pite que celui d'un seul ! Quand ['anarchie domine,
le commerce est sans activité; les arts, les métiers, fani
mouvement, & ce désordre annonce la chute des empires!
Meude-Monpas.

On trouve chez le sieur Vachez , marchand d'estampes aa


Païaís-Royal , le portrait du clab des jacobins: toutes les
difformités de fa figure font parfaitement saisies, ce qui
rend ce portrait auiii hideux que ressemblant.

LTinrmonicux auteur de Tara... le moral Figaro, va met


tre au thcârfc la mkre coupable; cette metc coupable a cu ,
une fille d'un da ses amans ; for mari a eu un garçon d'une de
ses maîtresses. Pour ariunger cette aìsaire, on marie les deux
petits adultérins. Tel est le sujet profondément moral de cet
ouvrage. Nous regrettons de n'avoir pas d'éloges à donner a
fauteur fur l'invention. On assure que fa femme & M. de S;
M. , lui ont fourni le fond de la pièce. Ce qui nous porteroit
à le croire , c'<-st que M. Alex... de Lam... ayant obtenu de
lai la rromdí; de fa fille , vient de se dédite, parce qu'il *
su que ett c demoiselle n'etoit point fille unique.

Souscr'ption en faveur des Ecclésiastiques sé


culiers & réguliers de la ville diocèse de
Par's , qui se trouvznt maintenant réduits à
Vindigence.
Cette souscrirKión íî dign- d'exciter le zèle actif & géné
reux des enfui? de régisse, est d.ja ouverte, & Mgr. l'Ar-
cheveque de Pmis l'a formellement approuvée; huit admî-
«Llrateuvs cu dirigent tous les détails. On pourra s'adresser
depuis oeuf heures jusqu'à midi , excepté les dimanches 3c
fetes , aux perlonnes suivantes : M. Fk aNCOIS, rue Perdue ,
ptes la place A.aubert , N". 5 1— M. Dénis, procureur des
comptes, rue neuve Saint-Paul , N". 18. —M. Facuet, rue
Princeise , la première porte cochère a droite , en entrant ) ar a
rue du Four. — M. Cm;NU,rue des Fontaines pires du tem( ,c,
^".7. — M. de la Courtír, procureur au parlement , rua
Regrattiere. Nc , 8 , Ille Saint-Louis.

Ces jours derniers, on donnoit Cinna , fur un des aon-


Ycaux théâtres de la liberté. Le nouveau parterre, croyant
que Ton vouloir jouer un député , dans chaque rôle de con
juré , cria : a bas ! a bas! l'auteur A LA LAN1ERNI : alors
un acteur s'avance , & dit : Messieurs , l'auteur n'est point
coupable , c'est un nommé Corneille, mort il ya plus décent
,ans. " Lh bien , s'il est mort , nous n'avons que faire de ses
i> pièces , s'ecrii un citoyen en veste: pourquoi ne pas jouet
» Charle IX , de l'ami Chénier S Parlez-moi de ça , c'est un
ji auteur qui fc porre bien lui,& aussi-tôt tout le monde
» cria , Cnarlcs IX , Charles IX ! La troupe civique obéit,
joua la farce patriotique de l'ami Chénier , & fc promit
biea de ne plus fc mettre du Cosoeillc dans la tète.

Le Duc D'Onr..... n'a pas été informé de la maladie d*


Roi, car il ne lui a pas rendu une feule visita.

La chronique d« Paris, le journal du foir,& autres feuilles,


uniquement destinées à tromper & à ennuyer le public, ont
annoncé que l'illumination du iS avoit pour objet ['instal
lation de i'cvcquc de Lidda , au siépe percé de celui de Pari-,;
mais ce qui prouve ou'clle éroit bien en rcjouiliancc de !a
convalescence du Roi, c'est que le palah d'Orléans,
connu fous le nom de Palais - Royal , n'étwit illumine que
p;x dix vu douze lampions.
i ( )

Le duc de WlRT... qu'on peut très-littcralemnt appelcí i


le pere de ses sujets , vient d'arriver dans notre capitale ; il a
loue l'hôtel de Montho ... II traite vér'rablement avec lc
club jacobin , pour les indemnités à lui dues en compensation
des propriétés leignc'.irla'es qu'il tenoit en Alsace. —Le prince
est tort dans le lens dt: la révolution : à peine arrivé, il a fait
demander au président fa loge, par malheur elle est du côré
de nos chevaliers français; iis l'ont entouré ,& lui ont fait
entendre un langage désespérant , pour ceux qui, comme lui,
préfèrent l'argent a tout.

Aux Auteurs du Journal.,


Trêves , ce 1 1 Mars ij9ï.
J'ai ln daas le N.° 6^ du joprnal intitulé , le Moniteur ,
«ne pétition íaite par mon fus , dont je fuis Pobjet. J'.n été
surpris qu'il se soit permis de ne pas déférer a la défense ab
solue que je lui ai renouvelle pluïicurs soit d'entrenir de moi
lc public, tons quelque prétexte que ce put ette.
Mon étonnement a été plus grand encote, ea voyant
que les paroles qu'en , met dans ma bouche , les faits qu'on
rapporte, les aliénions contenues dans cette longue* pé
tition, qu'il a Tan> doute a loptées fans examen , font d'une
égale íauilcte. Mon respect pour la véiite m'impofe le
devoir, bien pénible pour un père, de" les. désavouer for
mellement. •'-
Signé , lc Maréchal duc de Broglie.

Ce JOURNAL paroi t tous les matins.'


Le prix de l'abonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris , 6' de 3 livrés 1 5 fols pour l&
Province , franc de port. Le Bureau ejl établi
rue Perçée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

0« t'Imprimctie du Journal de U Cou & de la Ville»


' JOUR N A L ;■;

de la Cour et de e a Viliï;

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


'. La Fontaine.

Du Mercredi 23 Mars 1791.


Enfin , mes yeux ont vu, du sein de la poussière,
Ce fantôme effrayant , levei sa tête altière ,
insulter aux mortels, ■
Et d'un pi :d dédaigneux , renverser nos autels; ' ,
Loin des vi les alors, en cette grore obscure,
De la religion , je vins pleurer l'injure.
Lì, quelque espoir ait mohis flatte mes derniers jours.
L^n culte si nouveau ne peur dtteer toujours:
Des caprices de l'homme , il a tiré son trre ,
On le verra périr ainsi qu'on l'a vu naître.
Les œuvres des humains sont fragiles comme eux;
í>ieu dissipe à 'son gré leurs deileins factieux.. -
La Henriade, Chant I,?»
De quelque manière qu'on s'y prenne , soit par. la. supers
tition , soit par le patriotisme mp.me soit par les breu
vages spiritueux, on n'ôte point à l'homme sa raison, sans
de fâcheuses conséquences. Si vous l'enivrez , quelle que
fòit son ivresse , ou elle cessera promptement , ou vous vous
en trouverez mal.
Raynal , Hist. Phil. Tome % , page 16V

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du Z- z Mars.
M. de Mirabeau , qt'i a la tête 1 emplie de bribes politi
ques «, manque cependant de ce coup - d'œil perçant q*i
Tome II. Année 1791. V.
( *»« )
qtii appartient au génie senl. II rit , drt-il, des efforts de ce»
pigmêes , qui veulent renverser l'édifice de la constitution: s'il
elt de bonne-foi , il rentre, en parlant de la forte, dans :a tourbe
ie ces ècrifailleurs , qui croyent bonnement que leurs r
reries quotidiennes , dirigent & influent les révolutions d'u»
empire. Nous verrons bientôt (i ces pigmees, dont jarle M.
Mirabeau soat ausll méprisables qu'il cherche à se le persua
der. —La dil'gence de Paris a^ete arrêtée à Douai i ar la
garde nationale , & l'a'.gent saisi , d après'fexëmplc que lui en
a donné 'a mun:cir alite de Paris. —La discussion s', st ou
verte fur la régence & la garde du Roi ! On leur paíie de dé
libérer fur la fe rme des boutons de nos habits n.u'onaux ; mat»
on frémit d'indigna:ion , quand on voit cetee troupe impie
toucher impedemment à des questions , dont la dtcilïon tient
à l'etíencc méine de la monarch e. Une réflexion feule nous
console, c'est que leurs foi-difans décrets son: amant de coups
d'epee dans l'eau. Le dénouement s'approche , notre ivresse
ne sera pa* eternelle ; rouis gare le réveil !

VARIÉTÉS.
Les patriotes font furieux contre le Pape , & l'on assure tp»
te schisme va être déclaré incessamment ; on ajoute que,
jiour se venges du Saint-Pete, norre' Sainte - Mère l'as-
semblée, va nommer Pa:mrch? des Gaules le Cardinal l'í-
CNOMlvtE. Cette dignité le dédommagera de celle de Car
dinal , s'il est vrai que le Paj*e lui ait écrit qu'il falloîc
opter entre le chapeau reuge ou la rétractation de so»
serment impie.

I.a horde épiscopale de nouvelle confection , voudroic


trouver à emprunter1 une somme quelconque pour sub
venir aux siais.de route , en le rendant à fa destination res
pective. Elle donnera pour nantissement , la horde de sçj
premiers , second-, & troisièmes vicaires. On est très-prellè.
S'adresser à 1a manufacture , cui-de-sac rî« l'Otatoire , rue
ïaint-HoBoré.
Quand on entend M. Alquikr , député protestant de
la Rochelle , accuser les ecclésiastiques des malheurs at-
tìvr.i à Douay, ón frémit d'horreur & d'indignation. Est-il
pcíîìble qu'il existe des hommes qui osent afticiier aux yeux
l<ie l'Europ entière, une miuvaise roi si caractérises ? On par
donne au péufte qui a eu égare , Sc qui n'est tas accoutumé
a réfléchi, d'accuser les aristocrates de se faire piller , incen
dier & tuer; ma* M. Alquier !.. on refusera un jour de
«roi-c'à tout ce que nous voyons, à tout ce nous entendons.
O justice ! reviens parmi nous ; toi feule peux purger là
France des monstres qui la ravagent, Si qui ajoutent encore >
l'ironie à la scélératesse.

Gnerre jurée aux patentes, par les provinces , malgré tout


les efforts des cluhs Jacobites, pour les naturaliser. Le
peuple leur oppose souveraineté & liberté. Comm^ souvç-
lain , ce droit, qui reconstitue les sujets & les vassaux d«
J'ancicn régime, contrasteroit avec fa dignité : comme libre,
il enchaíncroit son industrie : il est vrai qu'il .y auroit
»:ngt millions de moins à parra^er entre les municipalités Iç.
la caisse pubìnuc; mais remission prochaine de nouveaux
assignats y suppléera; il n'en toûteta que du papier & la
fcçon.

• Dialogue entre un Municipe & un Curé.

Le Munich e.
La soumillìon seule assure votre sort ;
Votre repos dépend du ferment qui vous lie:
Comment, fans Iç prêter , envisager la vie*
Le C u r e.
Comment , si je le prête , envisager U mort 1
'( lío )

. M. ,,le Prince de Condé par oit pour, aller passer en ravue


"une partie de l'armee qu'il doit commander, lorsqu'il a
reçu la nouvelle du décret qui annuité la cession du Cleiy
montois faite & garantie au grand Condé , par lc Traité
des.Pirénécs : c'est le coup de pied de l'ane , a-t-il dit ;
un Traiie de Paris m'en fera raison , & il est parti.

Le Rabbin de la synagogue de Nancy a eu huit voix


four être évêque de ladite ville , & le prêtre Fauche*
seulement une. O tempora t, o mores 1

On trouve chez G atîy , libraire au Palais-Royal , la


■vie & les avantures des chevaliers de Saint-Louis de la
Jriòûvélie espece, 14 vol. in-g°. —Nous recommandons aux
'«fnateurs , ta> lecture de llvîttoiré du Gascon qui l'a ob
tenue pour cmq poules dindes farcks de truffes.

Qri ;sc.rappelle la motion faite au manège, par M. de


JBro-ç...-, .relative à M. le maréchal de Brcg... son perd ,
£ qui ii a 'Vuula raire partager sa Çonrç Sc son deshonneur.
Une lettre de M. lc maréchal, ( inférée dans 'notre N*,
d'hier,) donne à son fils le jdémenti qu'il méntoit, Sc
remet à h place un héros, dont quarante ans de services
8c dis »lcnre auroient été fouillés, par une grâce du manège.
—— m ''
Si M. Barn... joue & perd au trente-un , cent mille
livres dans une nuit , & eue le lendemain il paye cette
femme en assignats , on ne doit pas être étonné, que M.
Lam... rcmoi.iuíeà la nation' avec la même monnoye , le
prix de son éducation, sur-tyut Joríque Ion patriotisme lc
met à meme d'appeicevoir que les instituteurs ont volé
les gages qu'on kur donnofo ;
C )

Extrait de Védifiante & honnête mercuriale,


faite par M. de Mirabeau au clergé, en-
présence des députés de cet ordre , le 26 no
vembre z ygo.
» Nos _évêques savent , comme toute la France , à quel
«dieux brigandage la plupart d'entr'eax sont redevables du
caractère qu'ils dépl.oyent maintenant avec tant de hardiesse ,
'contre la sagesse de vos loix. Certes, il en est plusieurs qui
auroient trop à rougir de voir se dévoiler au grand jour , les
obscures & indécentes intrigues qui ont détermine leur voca
tion à l'epifcopat ; & le clergé dans fa conscience, ne peut pis
se dissimuler ce que c'etoit que l'administration de la feuille
'des bénéfices. Je ne veux pas remuer ici cette iourca impure,
qui a long-tcms infecté l'églife de France de fa corruption
profonde\ tri retracer cette iniquité publique & scandaleuse',
cjui repoussoir loin des dignités du sanctuaire la portion sakre
& laborieuse de Tordre ecclésiastique , qui faisoit ruisseler dans
le sein de l'oifiveté & de l'igHorance , tous ks trésors de la re
ligion & des pauvres, '& qui ecturonnoit de ìa thiare sacrée ,
des fient; couverts du inépris public , Si fletr;s de l'eir.prcimc
de tous íes viçes.
Actuellement on prie M. de Mirabeau, de nous dire ea
son ame Sç. conscience , ce qu'il pense de la forme nouvelle,,
édifiante, & tféc:ntc des élections faites à la cathadrale,,
substituées au brigandage des nominatiois du toi ; ce qu'il
pense du premier consacrant de la nouvelle hiérarchie , nomroi
fous l'ancien régime , Scdont le front , comme celui de sçs
confrères , doit être couvert du mépris public, & flétri de
l'citipreinte de tous ks vices ; ce qu'il pense enfin de la sain
teté, des vertus, de la science , des mœurs des nouveaux élus ,
qui ne vont plus infecter l'églife de France , de fa corruption
ancienne.

On assure «jue notre nouvel évêque , désirant capter, par


quelques largesses, l'afrcction des pauvres de fa paroisse, q*i
( )
sent en grand nombre , & cn grande nécessite , a prié le clul»
par excellence , de Uri avancer un louis d'or- sut .fa paye, & sa
grandeur 'eur a magnifiquement distribué cette aurhôn: , de
laquelle ils ont été. très-émerveillés.

Nouveaut's.
ApíERCÚ de la situation des finances au premier mai
& ji di-cembre 1790. Relevé des différentes erreurs & varial-
t'.oui du comité dei finances de l'aífcinbkéc nationale, & nou-
ve. examen des discussions qui ont eu lieu fur les dépenses de
,179%. Far M. BfcRNlGAUp de Gsumge, député. Brochur*
ia-o". , se vend à Paris, chez le Viqueuv , libraire, dans le
vestibule de .'aisembléc.. '.
L'appereu donne pat M. de Grange , paroît appuyé sut le*
preuves les plus authentiques. Nous invitons les personnes
i]ui voudront avoir une idte txacte de l'etat actuel des fi
nances , à se procurer cette brochure.

La municipalité vient de défendre les cannes à épée dan»


ce m>ment d'anarchie, où les brigands, assures de i'impuni-
tc , vo ent & assassinent publiquement ; n est-ce pas livrer le*
citoyen, honn> tcs,que de leur interdire un moyen de se défen
dre.' S'il exist.it une police vigilante, une force publique bien
■•dkîgéc, on pou'ftoit le reposer lur elle du soin de sa sûreté
personnelle. Mais quand ia nuit est venue, 'les rues de Paris,
<)ui ne son: pas tres-frequentées , font aussi dangereuses' que
'le grand chemin. Nous pensons do'c que rinttret meme des
peuples exige qu'on révoque cette cr jtnnance mal vue.

L'auguste aréopage a fait écrire par le comité complaisant


interprète constant de ses intentions^ pour recommander aux
électeurs de Nancy , de nommer à leur evéché M. l'év... de
•TinBfL...; c'est un '««;:lent présent à faire a- cette ville, oà
il est soit connu. La mère Dlsarmaises l'avoit pris chez elle,
( V3 >
po»r lui dire la messe s& comme il avoit beaucoup de ten»
de reste.il s'anlufo'tà faire des culans aux femmes-de-ch ambre
<fc lairarquise,qiii, s'cnetamappe;rcue, Ic fit mettre à la porte
par ses laquais. Ce fa!t est de notoriété publique à Nancy.
Il est bon de faive connoute aux honnêtes gens l'cfpcce
d'hommes, que le vénérable co;é gauche honore particulière
ment de la protection.

1 ^ s
On ditgue la municipalité de Paris va travailler la belle
«a:hedrale de cçae ville , da:js le sens de la révolution :
on va, dit-on , détruire la suherbe boiserie du chœur, pour
lui donner la forme de ceux des paroiilcj , afin d'entendre
j"" mieus cinq ou lix gueulards, qui font maintenant au rabais,
«ne partie de l'oiticc ancien de la manière ìaplusexpéditive Si
la plus leste. Par fuite de ce projet , on doit , dit-on , vendre ,
&je ne laisàqui, la plus superbe collection de tableaux <de
. coie française qui cx'.ste dans l'Eutope , objet de l'admiration
artiste* Si. des amateurs. II cn sera de raèmc probablement
de toutes les églises & monastères du Royaume. La Francs
fera «ojiv«rte de magnifiques ruines. Je 1 e crois pas cu: d.~
pois l'invasion des nations barbares qui ont détruit Pempirc
d'occidínf , Si l'irmption des Sarraims dans celui d'orient,
les arts puiisent recevoir des ccups plus mortels : cependant,
fauteur du journal de Paii., nuus ailutc que la révolution
d-jit donner aux ar:s un noarsl élan. Depuis deux ans, ou
bous assure que , pour arriver à la régénération , il faut
éprouver une mort réelle. Ce predige étoit réservé pour la
fin de ce iîeclc de lumières.

Un ecclésiastique aggrégé cn l'unive ficé de Paris, placé dans


un des meilleurs coi.eu^s de cutc vile, Sc qui a tait l'e»
ducation d'un jeune homme, qui a obtenu quatre j lix à
l'vniversiié en son annee de rhétorique , se voyant à la
veille de perdre son état par le refus qu'il croît devoir faire
de pr;tct le serauni , desireroit être chargé d'une ciucation.
S'adreil'ec par íc\ur, à M. de Thuìur tils, rue du pont-
aai-choax , au Mara'í , ÌS,0 41.
( 224 )

La municipalité de Paris vient de faire un miracle , en


mettant d'accord fur un po'nt , les aristocrates & les démo-
cratas qui se sont joints pour blâmer à outrauce ce qu'elle
vient d'ordonner fur le port d'armes.

On est dans l'indignatlon ,


Lorsqu'on entend à pleine gorge ,
Crier :' vive la nation , > • "j
Que de toutes parts on égorge!

Avis aux Banquiers.


Le sieur de Montesq.... ci-devant marquis de Montesq..";^
prétendu Fezcuy..., président de l'aísembléc nationale , ja
cobin , & écuy;r de .Monsieur, gros joueur & malheureux ,
n'a pas laillé pour cela d'augm;n-.er fa fonune ; ceuè"énigme
est fort aisée à deviner , puisqu'il est vrai que la dépense de
l'écuric se montoit à 750,000 1. Ôc qu il vo ;loit encore 1 aug
menter depuis qu'on a réduit Monsieur , à n'avoir plus qu'un
million pour fa maison. II a demandé 500,000 liv. , pour l'e-
curic , ne voulant pas laiíTrr de côté^ cette petite ressource,
mettant tout à profit. Ncus vous rendrons compte de ce
que fa présidence lui aura rapporte pour corriger les revers
de la toug : ou de la noire.
Par un Abonné.
M-- -■—: I !
CE JOURNAL paroît tous les matins.
Le prix de Vabonnement est de 3 liv. par mois
pouf Paris , &" de 3 livres 1 c, fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau esc établi
rue Percée-Saini-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

De l'Imptûnctie du Journal de la Cour & de la Ville.


N°. 24. f ■ ì

.vr J O U R N A L -'ìa

de la Cour et de l A Ville.
- A : — -O
Tout -faiseur de Journal doit tiibut au malin
S La Fontaine.

Du Jeudi £4 Mars 1791.

"FRAGMENT de la huitième scène du second


aâe du Barbier de Séville , par P. A%
CARON y ci-devant de BEAUMARCHAIS.
"Bazì'l*:. « Susciter unetnéchante affaire.... & pendant la
»> fermentation , calomnier à dire d'Experts.
Bartclo." » Singulier moyen de se défaire d'un homme!
Bazile. » La calomnie , monsieur ? Vous ne savez guercs
y> ce que vous dédaignez; j'ai vu les plus honnêtes gens prêts
» 'd'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas dt: plate mé-
»> chancetê , pas d'hcmurs , pas de conte absurde, qu'on
» ne íaísc adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y pre-
>i nant bien , &c nous avons ici des gens d'une adresse !
>i D'abord un bçyjt. léger , rasant le sol comme hirondelle
i> avant l'oraga , ïiaí.o»iiì.o murmure &fiie,& sèrrie en
» couEanr, le trait empoisonné. Telle bor.che le recueille, St
» piano, ïiano vous le gliíse en l'oreillc adroitement. Le
j> mal est fait, il germe, il rampe, il chemine , & rifor -
» zando de bouche en bouche , il va le diable ; puis rout-à -
» coup , ne fais comment , vous vovez calomnie Te drelser,
» siffler , s'enfler, grandir à vue d'oeil. Lllc s'e:ance , étend
» son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne,
j) éclate 8c tonne ; Sc devient , çrace au c el , un cii général ,
>? un cKesckndo public , un chorus universel de hjùne Sc
>? de proscription. Qui diable y résisteroit !
Tome II. Année 1751. X
( 22f5 )

A S S É M B L ÈJE , N AT I O N A L E.

Séance du 23 Mars.

O n S'Continué la discussion sar la régence , 'a garde du Roi


mineur, & la résidence des fonctionnaires publics; on a dis
tingue tur-tout , l'opinion de M. de Clernionc-Tonncrre ,
cjni a démontré , avec Con éloquence ordinaire , les dangers de
la agence élective. M. de Mirabeau s'est rargé à l'avis de
l'hércdité. Voici le décret rciáu fur cette question : la
régence appartiendra au plus proche parent du Roi , suivant-
l'ordre de l'hérédité au trône. Par "Un ordre-decret, les'f.'mmcs
four exclues de la agence. On est tout ébahi de Pinsouciante
facilite avec lao.uelle vingt ou trente factieux tranchent , dé
cident , ou s'aW.ogent des u'.àgcs consacres par des siècles 8c
par la sanction des trois ordres de l'erat, depuis la fondation de
ls monarchie.
- 1 iMHHirPSSiaMga»"»--.
VA. R I É T É S.
Nos plus habiles souverains ,
Les. infaillibles Jacobins ,
Se régalent de bienfaisance :
Pour fêter la convalescence
De leur commis , Roi des Françík , ,
Qu'ils aiment vruiment à l'exccs ,
-Ils marieront trente pucelles
Dei llícktts fraternelles; t
Et par cc beau ptojet , fans employer la force,
lis te rcecageut doucement ,
Mieux qu'ils n'ont fait Ioïs du ferment,
Des client ailures pour la loi du oivorce.
n»> j. I

Deux dp.rors de la halle nllìstoient à Installation de


íeveaue coiutitutkíi'ncl de Paris. Une d'elles le »oyam
trouble , àecentc:uncc , K pieí^ue t;;ni'cïSî , dit à l'autre:
♦'Tiens, ma commère, regarde-le clone ; on díroìt qu'il a
»> fait un mauvais coup ». ■:

Tons les arrsngemens que pourroit faire le due de Wirt.'..


•avec le club des jacobins , n'empêcheront pas que la guerre
n'ait lieu , si clic doit exister. En conséquence , les sommés
'qu'on lui donnera seront en pure perte , si elles ont un autre
objet que celui de payer son foin.

Bruxelles, ce 19 mars 1791.


Lorsque M. de P-ivarol (1) fit paroitre son charmant al-
manach des grands hommes, chaque écrivain obícur ambi-
tionnoit ia célébrité du ridicule. II en est de meme des femmes
démocrates que vous avez omiíes dans votre W'.-'îtf. .Pour
quoi n'ayoir pas parlé de cet être gouverneur, dont le íexe se-
roit problématique , si l'on ne sc rappelois son grand usage
du monde, & l'attcstation d'un millier d'expcnî , qui assureur
que , semb'ablc aux oiseaux , elle n'a quitte le duvet que pour
prendre la plume ? Pourquoi n'avoir pas parlé d'une comtesse
de Beauh.... , coloriée par le fade Chci de Cun,...?Eo vé^-
rité, c'est bien la peine d avoir fait, l'un portant l'autre , au-
moins deux mille vers patriotiques , pour erre si cruellement
oubliés! Pourquoi n'avoir pas tait mention de la docttiue dé
magogique de certaine riche veuve d'un nommé Sor... , le
quel ne parvint jamais à sc blanchir, quoique dans la farine
jusqu'au cou? On at:roit pu engager cetre vaporeuse à ména
ger un peu plus les propos fur la cour , qui a empêché ce di
gne époux d'expirer fn place ; on auroit pu auífi lui dire que
le vrai patriotisme consiste moins dans des phrases populaires,
que dans la restitution des biens usurpes fur la première subsis
tance du peuple. Pourquoi n'avoir pas par é de la démocratie

(1) Le chevalier de Rivarol , ci- devant garde-du-corps ,


est ici. Quoiqu'il n'ait pas la p 'étemion d'tgaler son frere ,
ce très- aimable hommo a non-seuU-mint beaucocip d'esprit,
Biuis encore un ï.idtablc attachement pour ses maures.
'áe cerramé princesse douairière, qni a anram d'esprit qú'mi
avare a d'argent ? Pourquoi avoir oublié la duriuscule com
tesse d'Oss... , pour qni les atours ne font pas faits ? Pour
quoi avoir oublié ces darnes à qui tant i'ïr cotera con
viennent.? Mais je me tais, crainte de déplaire à un-sexe au
quel je dois le principe des talcns qui me distraient de mes
peines. Oui , j'aime à le dire ; s'il est vrai que l'enthousiafme
soit contraire àla sévérité d'un homme en place, il ne l'est
pas moins que dans ks seuls regards de la beauté , nous
puisons le sentiment , &que le beau sexe produit sur les coeurs
sensibles , la même impression que le père de la lumière fur
toute la nature.
y . ' r *'*?-' i
» L'amant doit l'immort alité . i
» A l'objet qu'il adore.
; •■ » Pétrarque n'eût pas existé,
» Sans les appas de Laure ».
Meude-Monpa?.

Examen de la révolution française , relativement à là


-justices à l'intéret du peuple, un volume in-8^.-s se vend
■à Pfiris , cher. Descnne , libraire au Luxembourg. On- petit
íe faji'C une idee des principes dans lesquels cet ouvrage est
■écrit ,. pat cette phtafe bien vraie , titée de l'avant-propos.
. » Des ciimes ont été honorés da nom d'exploits, & des
») brigands ont osé s'appeller la nation ». . " -
L'esti'Tiable auteur de ce livre se fera sans doute connoître,
lorsqu'il sera rermis de dite la vérité , lans courit de danger:
c* tems paroit encore éloigné ; en attendant , nous invitons
nos iecicurs à se procurer cet intéressant ouvrage.

Les personnes qui savent que madame Dubary a été volée ,'
Sí qui savent calc;iler les évenemens , n'ont pas été étonnées
de voir , dans !a chronique de Paris , des articles concernant
le décret, qui JWipe tan: qu'il peut , rinfamie qui rejaillit fut
Jcs parens d'un supplicié.
( *29 )

A Bruxelles on attend le sieur la Rive, comédien-électeur.


Lc limonadier de la comcHie se dilposc à demander une
indemnité , d'après la remarque des connoisseurs , < ui lui ont
assuré qu'un jeu patrioticuc , un débit emphatique, des sou
papes méthodiques, de ce tragique-éuique , nuiroient à fa
boutique, & que personne ne prendroit glaces, ni liqueurs
fraîches.
M eu d e - Mon p a s.

LA RÉVOLUTION.
Opéra en cinq grands actes.'

PRÉFACE.
On reconnoîtra aisément que nos plus célèbres auteurs ,
Raciue , Corneille , Voltaire , se sont disputés l'honneur de
cette composition. —Les trois unités n'y sonc pas très-
exactement observées, mais celle de principes compense toutes
les autres.
Personnages.
Tous les députés a l'assemblce naticrnale.
Une voix céleste.
Chœur de démons. ,
A C T Ë L
La ícène est à Versailles ; l'assemblée se forme;
(Ils parlent tous confinement , mais on distingue).
Mi Rab... Je vieni âpres mille ans , changer vos loixgroffierej-.
Cam . . De la religion renversons les autels.
TRIO.
M i r a b . '. . , Rab.. de St.-E ti .. .., Targ.ì
, ENSEMBLE. •. •
II faut aux stupides mortels,
-

( ajo )
Mirai..> Nos vertus , ,*
Ra b... Nos dieux,
•;T a r g . . Nos lumières.
( On entend les basses du chœur ). .
Faisons , faisons ,' faisons.
A C T E I I. *
La scène est au 14 Juillet. #
Sur la nouvelle de la prise de la bastille, on chante en tumulte;
Chantons la victoire-,
Ils font détruits ces ramparts odieux.
Chantons la victoire, ■>■■. '
Célébrons la gloire
De nos Parisiens belliqueux.
( La sonnette est très-agitée ).
Le Président. ;
Trompez , sonnette , & faites croire
Qu'on veut le bon ordre en ces lieux.
ACTE III.
La scène est au 5 Oilobre.
De Foucault. Où vont ces soldats Sc ces femmes ?
Cazales. Je crains tout pour mon Roi.
De Vrigny. Son fils est menacé, .
L'Abbê Maury. Sachons braver &le fer & les flammes;
Que leur projet soit terrassé.
Barn . . . Qu'importe qu'au hazard , un sang pur soit versé ?
LaFay.... Nous, qui dans les révoltes mèmeS,
Trouvons les devoirs les plus saints ,
( Chœur du coté droit ). '
Tu viens d'entendre leurs blasphèmes,
Et la foudre, grands dieux', reste oisive en tes mains 1


( *3' )
ACTE IV.
La scène est à {'expiration des de lais pour le ferment des
prêtres.
Une voix céleste.
Rcbnt des nations , tu déclares la guerre
Aux dieux , aux pontifes, aux rois ;
Rentre daus !a pcufsierc ,
Et sais place à mes loix.
( Le trouble se répand sur le côté gauche. )
CaM.. Sacrés fermens, feriez-vous superflus ?
( Chœur de démons qui se précipitent sor lui.)
Inventons des tourmens.
CAm .. Jc ne me conno'.s plus.
C h oá U r de d £ M o n s. II a tué fa mere.
( Le tumulte augmente ; tous prennent la fuite.)
ACTE V.
La scène est au 7 Avril 1791.
D AND. . ( après s'ètrc promené long-rems seul dans la lâlle
vuide, dit au bonhomme Girard qui arrive).
Eh ! que font nos amis dans ce commun effroi !
(jír ard. Hélas ! tous font pendus , excepté vons & moi.
La pièce finit par des balais; & k rideau que l'on avoit
hai:sé avec foin à la fin de chaque aìtc , reste ici levé pour
toujours.

On aísire que le club monarchique, ou des amis de la


constitution monarchique , va reprendre ses séances. Le club
dominateur son rival, fera sans doute de nouveaux efforts
pour troubler cétte association , qui , ne vou'ant que le reta-
WiXcment du bon ordre, lai est infiniment suspecte ; mats in-
( 232 )
vesti lui-même de la rftéfianee & du mépris public , ses seuls
moyens (c réduiront bientôt à la force ouverte : cependant
K' conducteur Barn tout amateur qu'il est du sang , pourra
y regarder à deux fois , pour la conservation du fien : il com
mence a quitter en apparence la peau d;i tigre , pour se re-
verir de celle de 1 agneau : il a lu à son club une adresse in
sérée dans le N°. 68 de Camille d:s Moulins , en style plat ,
mais monarch ste , dans laquelle on trouve des phrases , que,
comme le remarque tres-judicieufeme^t i'ami des patriotes,
il auroit dénoncées, il y a trois mois, íi elles eussent été in
férées dans quelqu'où vrage du club monarchique.
Au surplus, les monarchistes onr arrêté, que, par respect
pour la loi & pour l'opinion publique , ils s'assembleroient
fans se permettre de porter lur eux aucune arme à feu , ni
cachées : ces vrais amis du peuple , forts e leurs consciences,
& dévoués à souffrir , s'il le saiit , pour une si belle cause , se
mettent sous la fauve-garde de l'immensitc d'honnêtes gens,
dont M. Barn..a. n'a pu, par des calomnies non soutenues ,
corrompre l'honneur & la loyauté : íi l'on attaque leurs dis
cours , ils répondront ; maii il fera diihcile de calomnier leurs
intentions.

Un aristocrate abonné au journal du eonrier de l'Hymen,


Journal des dames , nous prie d'inviter les, rédacteurs de ce
journal, à lai donner le titre qui lui conviejt , couricr des
Jacobins, journal dea démocrates.
Errata du Numéro d'hier.
Pag. m , lig. derniere , la mere Désarmasses ; lisez, la
marquise des Armasses.
■ —-— " ; 1
CE JOURNAL paroît tous les matins.
Le prix de l'abonnement est dé jj liv. par mois
pour Paris, 6" de 3 livres fols- póurt. la-
Province , franc de port. Le Bureau efl établi
rue Percée-Saint-Andrc-des~Arcs , í\'°. 21.

De rimprimeiie du Journal de la Cour & de la Ville.


SU P P L É ME N T :

Da N.o 24.

^íwx Auteurs du Journal.


rr%
J- o u t s bonne action dans le sens de la révolution
mérite d'être connue.
Des citoyens actifs de Saint-Germain-en-Laye , très-bien
intentionnés pout moi , quoiqueje n'aie jamais mérité cette
bienveillance de leur part, mont fait l'honneur de me
dénoncer, au club nouvellemeat établi dans cette ville, à
l'occafîon de mon écrit fur l'affireux événement du 18 Févries,
Ces Meslieuts , dans leur bouillonnement ïàtrio-
tiQUE, ne m'ont pas épargné, dit-on , les épithètes d'a-
listocrate & d'ennemi de la révolution 5 enforte qu'il- n'á
pas tenu à ces excellens patriotes qu'il n'y ait eu, en "ma
faveur, une petite fermentation , dont le produit aurotepû
devenir poux eux une jouissance fort agréable s mais une
contrariété d'opinions fur mon compte, a privé les amateurs
(du moins jusqu'à présent) du doux spectacle qu'ils eípe-
• II se trouve encore dans ce pays-ci , des gens qui pensent
que là justice & la vérité doivent l'eroporter sur l'efprit
de parti , & même sur le civisme : un assez bon íiombra
me connoissent depuis long-tems , savent que je fuis de
ces aristocrates qui voudtoieat faire le bonheur de toutes
les classes de citoyens, & que par-tout où j'ai habité , le peupla
honnête a toujours trouvé en: moi un véritable ami de
l'hurrianité. Enfin , cette variété dans les dispositions à mon
égard , -a ralenti apparemment les élans de patriotisme ,
«■uours prêts à ajouter de nouvelles victimes à celles qui
|0 mis Saint-Germain au rang des villes que la révolution
a rendues les plus célèbres. - • i
Au surplus , comme je ne fuis ni intrigant , ni caba-
lewr , que jamais je ac troublent Verdie public , je yous
C **4 )
fric, Messieurs , de vouloir bien, par votre journal, pré
venir tous les clubs des lieux où je pourrois habiter, que
J'aime beaucoup à jouir <Jes droits de 1'homme -, qu'à c*
ïitre & à ctlui de citoyen, mes pensées, mes scnrímens ,
«na manière de les exprimer, sont une propriété que je
prétends conserver,. & à laquelle ;pçrsonne n'a le droit de
porter atteinte. On peut très-civiqueraent m'aílassincr ,
nais aucune loi ne me défend d'écrire ou de parler.
Signé Clery , chevalier de l'ordre de Saint-Louis* -
 Saint-Gcrmain-cn-Laye , le ií Mars 1791.

. , Aux Redaâeurs.
v
Émpressez-vous , messieurs , d'instruire l'univers de la plus
sublime dés conceptions. M. Ruant , bienfaiteur de l'hu-
fnaniré , a fait distiller onctueusement , par la Bouche de fer ,
les paroles suivantes ( voyez le N." ji du journal ). . . ' ,
m Lés rois font les malheurs du peuple... les despotes, quoi-
•» que forts de l'abrutisscmínt de quelques milliers d'asclaves
>>, enrégimentés, doivent enfin à leur tour , connoître leur»
»» maître*,... Paris s'élève au-dessus de ( l'ancienne } Rome..;
»» Nous devons obéir provisoirement au décret qui a prononcé
» Finviolabilité des Rois ; mais la nation n'a pas encore mis le
t> sceau à cette loi... L'inviolabilité des rois ne peut être ad-
i> mise... Pouvez-vous concevoir une mission plus sublime
*> que dé faire du peuple français , une nation vengeresse de
V la liberté ? . . . . La France peut créer un tribunal où
» les rois aggresseurs seront jugés , & les nations secourues...
»» Tremblez , tyrans ! Des millions d'hommes viennent
» de briser leurs chaînes : si vous vous opposez à ce qu'ils
r> deviennent les bienfaiteurs du genre humain , ils se le-
ft veropt contre vous , iis réveilleront l'univers, itl'univcis
,>» ,sec<>!ndera leurs efforts 1». ju.
1 Çà discours, composé au foudroyant alambic de M. R\J/4M
revu &i électrisé dans k petit boudoir de la rue Chabanois (1 )t

fi) ©_ua»d l'abbé Fauc.,. fuit la société , il va , die-on ,

/
( *35 )
la & prononcé grandement le 11 Mars; par lc grand
orateur, à la séance j du cercle social, cn présence de sis
mille individus des deux sexes , fraternellement rassembles
3c pairuniquement remplis de la parole du Cage , a été
suivi d'une motion unanimement adoptée, tendante « à ce qu'il
»> fût sait une adresse aux 48 sections de Paris , & à touteá
x les sociétés eutopéennes , fans exception , pour aviser aux
» moyens de créer dans cette capitale de la liberté , un
w tribunal général & suprême, où les rois & les peuples
» seront appelles , entendus & jugés ». . .
Rien n'étant plus simple, plus raisonnable, qu'un pareil
établissement , nous ne doutons nullement du succès ; nous
prenons même fur nous d'annonect que le grand Claude
Fauchkt, cet homme sublime, quia constamment refusé
l'épiscopat, voudra bien accepter la place de procureur-
général-fyndic de l'Univeis. Nous présumons que le tri
bunal fera prov.fòirement établi rue de Seves , au coin
de celle de la Chaise , dans la maison la plus nationale
de France (1), &'que le premier souverain mandé) sera
Dieu le ïÈre, pour voir ordonner qu'il sera tenu d'a
bandonner tous ses ministres inciviquement fidèles à fa
loi, Sc de les remplacer par les jureurs patriotes qu'il
aura plu aux Jacobins , aux protestans Sc à ses anciens
bons amis les Juifs , de choisit dans leur sagesse.
Que de nations vont accourir chargées de trésors! que
cette cité va devenir iichc & imposante!... Les coftres
de M. Camus ne suffiront jamais pour contenir les tributs....
Bénédiction aux rentiersw^gioteurs , banquiers, s&c, qui
ofoient se méfier de la iajjryiencc : honneur , mille sois
honneur à la philosophie :^khissons lc genouil devant la
sublime pensée de M. Ruant, Sc admirons cn esprit les
talens plus sublimes encore du grand Claude Fauchet.

se recueillir dans ce boudoir, dont Mad. Col. ..lui a donné


l'entrée.
(1) L'çndroit ici désigné est précisément les Petites-Maisons.
—II faut que l'autcur se soit trompé -, car,....
' Tandis que le numéraire est d'une rareté , extrême tû
France , que nous sommés menacés de Tacheter piochai*
«ement quinze pour cent , on apprend qu'il en a été confisqué
entre les mains d'émissaires du club des Jacobins , qui ont été
eux-mêmes arrêtés , poar seize millions en Allemagne , desti
nés à débaucher les troupes de l'Empereur, ■& pour cinq
millions en Prusse, destinés à corrompre le conseil du Roi.
JLes preuves écrites de ces faits font, ajoute-t-on, entre le»
«ains du général Bender , de M. le comte- de Mercy , «m-
hassadeur , du Roi de Prusse lui-même.
Et c'est ainsi , Tançais, que se sait le grand œuvre.
Votre loyauté, votre honneur, votre argent, tout est
sacrifié par vos mandataires du côté gauche à leur crainte
individuelle de voir des puissanees étrangères qu'ils ont of
fensées , vous porter leurs plaintes , vous demander ven-
feance , se réunir à vous pour faite justice à toute l'Europc,
:í auteurs d'une propagande criminelle , & concourir , si
vous le désirez , à fixer amiabicmer.t , Sc fans commotion
entre vous & votre Roi, d'après vos cahiers par lui ac
ceptés , une ligne de démarcation immuable de vos droits
respectifs , & à opérer la réforme des abus par vous dénoncés*

On demandoit à un député lai du côté gauche, eé


que lui & ses confrères pensoient du décret du 2.7 no
vembre : —S'il n'étoit pas rendu , nous ne le rendrions pat :
—Et de ceux qui l'ont exécuté ? s—Ce qu'on pense des traîtres
8c des parjures. Nous mettons leurs sermens à profir , ma*
notis les méprisons.

Emplois municipaux à donner. S'adreflcr aux directoire»


- des district & département de Douai , Sc de tous ks autres
districts & départemens du royaume. La hardiesse de s'ea
eharger fera la feule condition exigée pour les obtenir.

De Tlmpiimerie du Journal de la Cour Sc de 1a Ville.


N°.' 2f.

J O U R N AL v
DE LA COOR ET DE LA VlLLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


La Fontaine.
Du Vendredi 25 Mars 1791.
Si j'entcndols frémir autour de vous les acclamation
de la populace; si votre vue excito it le même tumulte, les
mêmr-s applaudissemen:; que l'cntrée d'un bateleur ; si, dans
la ville entière ,Jes femmes & les cnfans s'empressoieBt à
chanter vos louanges, j'aurois pitié de vous , & pourquoi?
C'est que je connois ,ra route qui mcne à cette faveur
i Lettre ij.eme de Seneque à Lúcitiús. ■
Extrait des Avertìjsemens aux Proustans , par
BOSSVÈT , cinquième avertissement , Arti
cle 5.
Je n'ai pas bcsinft de pavlcr de la France: on sait aslez
que la violtnce du parti réformé , rerenue sous les rè-
fiKs fort de François I , & de Henri II, ne manqua pas
'éclater dans la.foiblelse de ceux de François II, Sc de
Charles IX ; on lait aflez, dis-jc, « que ce parti n'eut pas
» ; lutôt senti ses forces , qu'on n'y médita rien moins que
»» de parrager l'autorité de s'emparer de la personne du Roi,
» Sc de faite la loi aux catholiques. On alluma la guette
j» dans tout~s les villes & dans toures les provinces; oa
» app'la des étrangers de toutes patts au sein de la France ,
,1 comme en un pays de conquêtes, & on mit ce floris-
» lant royaume, l'honn;ur de la chrétienté, suc les bords
» de fa ruine ». 11 n'y a que les acteurs de changés.
ASSEMBLÉE NATIONALE,
Séance du 2.4 Mars.
J*jA discussion s'est ouverte fur la suppression des Invalides
Cette question' a été ajournée. —Un -déMet oce au corps
législatif le droit de nommer à la régence.

VARIÉTÉS.
Une dame de qualité , réfugiée à Bruxelles , disoit, il y a
quelques jours.au chevalier de Meude-Monpas : «II eil bica
» malheureux qu'aux princes français , il faille vingt voi-
' » tures pour sortir du Royaume ,& troiscents mille hommes
» pour y rentrer >iT , .

Contre la noblesse & l'églisc,


Chaque jour annonce un décret, . • "
Que le peuple qu'on électrise ,
Sut la foi des jongleurs , gobe comme cerise.
Dans son erreur il se complaît,
Ce bon peuple si doux qu'en toatpays on prise:
II lui faut toujours un hochet.
Quand donc finira cette crise?
II croit voir dans Claude Fauch..
De la loi le sûr interprête.
Donc pour le peindre tout d'un trait/
« i>on oracle est une sonnette ;
» On le conduit à la baguette ,
j> On l'amuse avec un Gobet (i).

Le général BENDER.cn lisant les détails ^ ^


4« Tuileries du x8 février dernier, s'est écaé : « Qu attend

{i\ Gobet , évêque-curé.


( *19 )
âonc la noblesse française pour venger son Honneur , «a
mont ir avec lui »?

On est très-édifié de M. de Lam.... c'est fort bien fait


à lui d'avoir rapporté au trésor public lés ío mille livres
qui font notées fur le livre rouge. Pour, achever de bien
faire , M. de Lam... devroit rapporter aussi , i°. l'intérêt
de ladite somme -, tu. grand nombre d-'autres sommes
qu'il a touchées par-ci par-rlas 30. la valeur de la maison
du cul-de-sac de N.-D. des C. qui ne lui a absolument
rien coûté. En bonne conscience , cette maison est un biea
national. . .

Enigme. ... ; -
II est un corps fameux dans un état critique* .1 "
Du plus grand médecin , il est abandonné :
■ Le côté gauche est gangrené',
Le côté droit, paralytique.

Dans la séance du 7 mars, un décret accorde une ré


compense à ceux qui se livreront à la pèche de fa morue &
du hareng. Deux députés gauchers qui n'avoient encore parlé
que du derrière, crurent que le moment étoit venu de
manifester oralement leur opinion. II faut, dit fë premier ,
que cette récompense ne puisse être accordée qu'autant
que les morues qui proviendront de la pêche feront re
connues nationales : l'autre , en appuyant cette motion ,
ajouta qu'avant tout , il faudra visiter les harengs , pour
savoir 5 ils font tous patriotes.

Les filles des rues, & les ci-devant bourreaux gérant in


contestablement des fonct.onnaircs publics, on va, décrérer
qu'ils ne pourront exercer aucune fonction /fans, avoir prêté
le serment. II sera enjoint à tonte personne qui voudra , ou :
qui íera obligée de s'en servir , de leur en faire la question ,
îc de refuser leurs services , en cas de négative. L'iustitution
canonique fera donnée aux jurcurs par le sieur Barn.... &
aux juteuses , par 1: ci-devant duc d'Or...

Le sieur Fessier , curé de... ayant été nommé évêque du


département de l'Orne, le jeune ci- devant marquis de V....
a ete député par les jacobins pour lui porter les complimens (
de leur auguste assemblée : l'illustre membre s'est acquitté de
fa commission avec beaucoup de noblesse & de dignité ; il a ;
tendrement embrasse le respectable candidat , & on a vu les
larmes couler fur ses joues. II lui a ensuite débité d'abon
dance de cœur , un discours très-touchant , que nous don
nerons inceslaram:nt , & qu'on trouvera à la fuite des œu- .
vres de M. de V.... chez tons les libraires qui ont fait 'ban
queroute. Il

Une femme d'esprit que rien n'a pu corrompre , '


Assistait au manège , applaudissoit-souvent :
Un des membres gauchers lui fait son compliment :
Que ne puis-'je, dit-elle, applaudir à tout rompre !

On a comparé les soi-disanr évêques actuels aux vaches .


maigres du foíige de Joseph dans l'écriture > & les évêques •
dépossédés aux vaches grasses : malheureusement lc rêve s'est
accompli mot à mot. ,*•'...: * j

_ Mgr. l'évêque de Parilidda n'a rien oublié pour se con


cilier les cœurs de ses nouveaux moutons : il a été porter au
club jacobite ses respects & ses tendres remercîmens : il n'a
pas meme dédaigné de descendre dans cet antre respectable
des amis du bien de tout le monde , qui tiennent leurs séances
seos la salle des jacobins : il a reçu dans ces deux illustres a&
( W )
serhbléei , ce qu'on peut appeler, en style d'apocalypse le sceau
de labéte; & cependant, par une contradiction singulière, on a
reconnu la vente de cc qu'a dit noire journal IN". 11 , para
graphe avant-dernici ; on a vu que Mgr. n'avoit jamais eu
plus d'esprit a d'idecs, que ce joui-là.

Le sieur Lavte , député de 1'asscmbÌée nationale , y a ih


l'autre jour, que si les ennemis entroient en France, cn leur
opposeroit les hommes du Jeu de pXume. II y a apparence:
eue si cela arrive, ces hommes nommeront poyr général M.
de Lam car c'est dans le jeu de pàume de Nancy qu'il
palíbit autrefois tout son tems,& qu'il étudioit les grands
coups qu'il vient d'exécuter avec tanr d: gloire ; mais il s'en
íalloit bien qu'il méritât dans cetems-li,dcsgalencsde Nancy,
les applaudissemcns qi 'il reçoit à-présent de celles du manège.

Le même M. de Lam... vient d'envoyer an trésor national


une liasse d'assignats tout neufs de iooû liv. chactin.v.Ce qui ,
dans tout autre , eût été appellé rendre gorge , n'a passé chez
hli que pour un léger cternuement.

La municipalité va marier les quatre plus belles filles de»


vainqueurs de la bastille II est bien à craindre que ces qua
tre autres bastilles n'aient deja trouvé des vainqueurs qui
ne laisseront plus de sang à répandre.

La preuve la plus convaincante qu'on veut nous rappeler


à la primitive église , c'est qu'à Saintes , des proteítans
maries ont eu des voix pour être .évêques. . -

Un bon paysan vient de m'apprendre , sur la soi du secret,


que la rairon pour laquelle ses semblables poursuivent les no
bles , c'est , m'a-t-il dit , parcs que ces messieurs ont la peau
• i , - •
(,242 )
plus blanche & plt^s potelée que nous, s différence qui détruit
cette belle égalité prescrite par les droits de l'homme.

Vers pour mettre au bas du Portrait de l'Abbé


Fauchet, représenté dans son laboratoire dií
Cirque national. -,
Avec tes contes bleus qu'aux badauds il débite,
Claude Fauchet fait bouillir fa marmite.
De ses pareils , dit-on , la démence est le lot -,
. Si Fauchet est un fol , le public est un sot.

Je jouois, il y a quelques jours, aux questions dans une so


ciété d'aristocrates , où l'on cherche par fois à se distraire
des ennuis de la révolution. II fut demandé à une femme
aimable & spirituelle, st un aristocrate ïouvoit aimer
vu démocrate. EUe remit fa réponse au lendemain : je la
crois digne de figurer dans votre j ournal , & je vous l'envoye :
elle est faite comme elle est sentie , & celle qui l'a écrite , bien
capable , sous tous les rapports , de faire opposition avec les
BÎrnphes dont vous nous avez donné les portraits dans un de
tos derniers Numéros : le sien (eroit plus agréable à peindre ,
mais je craindrois de mériter ses reproches , en la faisans <
eonnoître.
Queflion a résoudre.
TJne eemme aristocrate ïeut-elle aimer un démo»
'CRATE î '
Mes amis , si j'en crois le bon goût & 1'h.onneur , .
Aimer un démocrate est la chose impossible j
Femme aristocrate Si sensible
Ne saurgit avilir son cceùr.
Laissons au sentiment son antique noblesse.
( *43 )
Souvenons-nous , avant de faire un chcîx,
Que celui qui n'a plus de respect pour ses Rois,
A peu d'amour pour fa maîtresse*
D'un patriote furieux ,
Irions-nous , ô mes sœurs ! adopter le système ?
Non, le cœur a bssoln d'estimer ce qu'il aime:
L'amour seul ne rend point heureux.
Jamais, jamais, Messieurs les démagogue»,
, • > Vous n'avez rien pour nous de séduisant-,
Voí longs discours , vos a!rs de pédagogues ,
Et votre ton bassement important ;
Vos frayeurs puis votre courage ,
Quand vous êtes cinq a six cents
Coiltte CINQ A SIX BRAVES GENS,
Tous ces hauts faits n'ont point notre suffrage.
Bravoure, honneur & loyauté,
Voilà ce qu'il fau^ pour nous plaire.
Dans votre secte impie on trouve le contraire ,
Bassesse, intrigue & lâcheté:
Des citoyens actifs, tel est le caractère -,
Chaque jour est garant de cette vérité.
Vous qui chérissez la vaillance ,
Sexe foible... mais courageux,
Dpnnez toujours la préférence ,
A ces chevaliers valeureux ,
Que de nos jours on nomme aristocrates:
Jurons de n'aimer jamais qu'eux ,
De haïr tous les démocrates ,
Les ingrats & les factieux :
Va tel serment est agréable aux dieux !
Si de le prononcer vous nous trouvez coupables.
Messieurs les citoyens , cs vain vous nous blâmés
( 24.4)
Les plus braves , les plus aimables ,
Seront toujours les plus aimés!

Lc prince de Sal... , le plus sot Sc le plus plat souverain


qu'il y ait fur le pave de Paris, n'ayant pu trouver son pro
fit à travers toutes ies batseilcs de ìa révolution, vient de
mettre- en loterie lc palais qu'il habitoic à crédit. II compte
beaucoup fur le produit de cette opération ; mais au cas qu'ellè
éciiou; , il se ménage pour derniere redource , de faire une au
tre loterie de1 ses ctats , où la populace feule pourra mettre,
afin -qu'il soit dignement remplacé à Rilbour...

Enfin, la Vache-Impériale a trouvé un défenseur. C'est


dans un chlrîon obscur qui se vente d'être la feuille du
Jour, qu'on eílaie par queiques éloges de nettoyer le nom de;
Sxael. —.On ne fait si le journalier veut faire preuve de cou
rage ou de tempérament , mais on ne peut , fans injustice ,
loi supposer des prétentions au goût & à l'efpiit. Peut-étrc
aussi qu'il loue fur parole : en ce cas , son mal n'est pas fans
remède , & ane feule rencontre peut le guérir.

Quelqu'un difoit l'autre jour, en parlant de la Mere coU-


ÏABLF d: Beaumarchais , que c'etoit la pièce qui remplilloit
le mieux son ritie : " l'auteur a donc mis (a merc fur la
scène » , s'ecria un bon raisonneur.

CE J OU RN AL paroît tous les matins.


Le prix Je Vabonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris , 6f de 3 Uvres 1 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejl établi
rue PercéeSaini-Andrc-des-Arcs -, N°. 21.

De fImprimerie du Journal de la Cour & de ia Ville.


N°. ií.

J O U R N A" L ú
: . . .: .a
D£ la Cour et de la Villi;

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


i LA
m >■ FONTA !NE.
p• 4. w^^— ii —
i . '. .(
Du Samedi 26 Mars 1791.

Mad. Jer'nifHe entra dans le magasin de Mad. RévpJ ;


;& vit « des bonnets, a l'Atlantide : cc ,fonr des pe
tites cornettes bien modestes, jusqu'à ce que l'on ait passé
la cour & les antichambres i mais qui, me fois dans le
sallon, se développent en un elin-d'œil, & deviennent -au/fî
& plus hauts qu'un, rdiadème.
» Des talons élastiques : ils forment assortiment avec
les bonn:ts à l'Atlantide ; & le même ressort qui opère la
métamorphose subite de ceux-ci, élève aufiì rapidement
teeux-là-ídesortu , qu'à l'alde de ces deux moyens^ une taille
• ordinaire devient tout de fuite gigantesque, , -, ,> ■
_'. , >'» Des robes a ta Crésus moderne ; cc n'est que du pa-
. fier ; mais il y a dessus des images qui amusent beaucoup.......
."ceux à qui il ne faux que des images.
... Extrait do deuxième fagot d'Ann'quin-Bredouille , ou.
le petit-cousin de Frictram Shandy ; ouvrage pour lequel on
s'abonne chez. Guillot , imprimeur-libraire , rue des
nardins, à Paris. —-• ■ --

••'■■ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du %$ Mars.

N a replis la-djscussion fur la suppression de l'riôtel deS


Invalides. II a été décrété qu'il seroit conservé "avec la ii-
Tome II. Année 1791, Y
( 24<í ) :: •
berté à chacun de se retirer , s'il lc vouloir. —On a continué
k discussion" fur la régence. Un décret déclaré quiè le Roi sera
déclaré majeur à 1 8 ans.

',. VARIÉT É S.
Bouche de fer. —Cc qui vient de se palier a Douai
&c. Sec. ne nous annonce-t-il . .pas que l'aísemblée nous
a trompé , en nous faisant entendre qu'à l'époque de la
formation des municipalicésjl'ordr.: renaitroir? —;Nous avons
de plus attendu rétablissement des departemens, des dis
tricts, des comités des recherches , des Juges de paix, la
ruine de la noblesse & du clergé , la fabrique de plusieurs
charretées d 'assignats, la sanction de plusieurs milliers de
décrets , & que faut-il donc attendre pour être tranquille ?
Réponse. —Que les factieux des Jacobins soient pendus.

Un jeune homme, âgé d'environ 18 ans , d'une conduite


irréprochable , qui a cultivé route fa vie la littératate , 2c qui,
outre la langue française , possédé à fond lc latin , Tanglois
. & l'italien , desireroit être placé comme instituteur , ou
. comme secrétaire. II se contenteroit des plus modiques ap-
pointemens. I^ous ne nous permemion; point d'inférer cet
article , si nous ne connoissions pas particulièrement ce jeune
homme également honnête & instruit', & que nous prenons la
liberté de recommander à nos abonnés. w» ij . >- ■ . ■ ;

Un Français a été en pèlerinage à Bruxelles, baiser la


botte miraculeuse du général JJ.índeIi 5r qfui guérit de l'a-
harchic, & a plus de vertu que la mule du Saint-Bèfc.

II y a deur jours , dans un balïer anx' Variétés , un jeuiîe


•Weur parut -en abbé, 8c voulut danser une allemande i
*-

( 247 )
trois , avec deux danseuses : le public , indigné de cette in
décence, en a fait justice , & l'a forcé de rentrer dans .les
couliiles. J'ai du plaisir à vous tendre compte de cette anec
dote peu intéressante au fond , mais qui prouve que le
Français n'a pas encore perdu toute idée de démence & de
piété. Peut-être le club Jacobin , outré de ce desavantage ,
va-t-il faire redemander l'abbé : cc sera le pendant, en petit ,
de la représentation d'Iphigénic en Aulidc.

Le saint tems où nous allons entrer , m'eagage à vous


prier de présentes au public lé ptofpectus d'une semaine
lâince nationale , qui aura le précieux avantage d'empêcher
les araes dévotes de perdre leut tems. Je vous envoyé un
échantillon de mon ouvrage ; c'est la paillon de Jesus-Chtist
ea ii syllabes.
De Sort
Ce Fort
Lieu Dur
Difcu Mais
Sort Très
Mort Sûr.

Prophétie de Nofiradamus.

7* Avril 1791. Gare la bombe! fauve qui peut. La


Botte est le signe redoutable qui luit fur les Gaules. Camus
auront un pied de nez; pendeurs seront pendus : on verra
nager dans la Seine ttentre-trois hommes fans tête. Un
graid Astrologue tombera dans un ru'ts. Quatte chevaux
nioreaux prendront la place du cheval blanc. Samson
dansera un rigodon avec Phlippot. L'homme - tigre ,
l'homme-femm.! , & les deux hommes-viptres danseront
sous la corde. Les lys refleuriront ; les autels sc relèveront.
Unefiere amazone brisera les fers du captif auguste enchaîné,
('*4* )
sur son t*pa4,x par des sujets rebelles; Sc après une longue
éclipse , le soleil plus radieux , étincèlera fur nos têtes. Amen
. ,- ■ , ...... s

De Bruxelles, ce n mars;
Le frère d'un écrivain célèbre a fait imprimer ici un petit
ouvrage , intitulé : Adresse a la Noblesse Française.
Les pensées énergiques que renferme c tee production , pa-
roissent ne pas avoir été approuvées de quelques grands
Seigneurs , dont l'égoïfme mal raisonné affoiblit la bonne
cause. En effet , si 1 a morgue fut jamais ridicule , c'est dans
un tems où la nobleíle peu fortunée fc rastemble pour rendre
aux grands ce que leurs déprédations leur ont fait perdre ;
car il est incontestable que la (impie noblesse perd moins à
la révolution que h. noblesse titrée. Individuellement ce n'est
pas moi qui me plains de cette derniere , n'en recevant que
que des marques d'une confiance dont j'ose ne me pas croire
indigne.
Meude-Monpas.

Une phrase anti-jacobite a fait naìcre une vive alterca


tion entre MM. Alex... Lam... 8c Barn... ; s'ils sc battent ,
comme il jj»; a apparence , on est embarrassé de savoir chez
lequel des deux se transporteront les tapissiers de l'hôtel
de Castries.

À Madame de SïAE.. fur le contraste de ses


appas.
Air : Ton humeur efl , Catherine.
u . r s-.a sïj.; , . .. .• . <• : .-.
Sta..; est d'un gentil corsage , ■ ■l
' "Et ses traits font déplaisans " ,
. ., Pourtant la critique sage ,
L'- ilsaitianne. beaucoup d'arnáns^. .. _„ ..;Vra^jj)
, ( 249 )
Mais cc bisarre apanage,
A d'autres auroit déplu.
On voi: toujours lc visage
Et fort rarement le c...
Le Marquis de Villette.

Voici la copie d'un petit avis imprimé qui a été remis aux
électeurs , dimanche dernier ro du présent mois , jour fixé pour
"élection d'un nouvel éveque.
» Au nom des vrais amis de la patrie, messieurs les ék-c-
>• tears du département de l'Aube , sont invites, de, choisit
» pour évêque de Troye> , monsieur Dillon , cuté du vieux
» Pousangcs , au département de la Vendée, membre de
» l'assemblée national:, patriote éclairé, prêtre respectable,
» généralement connu par son attachement à la chose pu-
»» blique. Les aristocrates l'ont designe fous le nom de grand
» ïénitencier do Pai. ais-Roy al ; épithète glorieuse qui
» lui assure des droits à l'estime des honnêtes gens n.

Voici, messieurs , une grande question qui va être incessam


ment agitée au directoire de la société des jacob;ns , au fujec
r'cs préparatifs de guerre que l'on fait fur nos frontières du
côté des Pays-Bas, des magasins que l'on a donné ordre d'y
établir , & des mesures que l'assemblée nationale a chargé
le ministre de la guerre de prendre pour la sûreté de l'in-
térieur du royaume.
Si, dans le cjrs d'une rupture ouverte , le Roi déclare qu'il
veut se mettre à la tête de son armée , comme son devoir «fé
Roi semble le lui prescrire , quel parti prendre? Devons -pous
lc lâcher fur fa bonne-foi , ou le garder ici , & à vue , fous
lc prétexte apparent de fa précieuse conservation ?
Danger des deux côtés.
Si nous permettons qu'il cède a»x impulsions de son cou
rage & de son zèle pour la gloire rie l'état , & le salut de ses
sujets , le voila libre à la tête de son armée ; & dar>s cc
cas, que deviendrons-nbus, à moins que nous ne lui faisions
( )
prêter serment errtrc nos mains de revenir, comme- Régulas
& le Roi Jean ,1e remettre en prison , après que tout aura
été terminé de façon pu d'autre ?
Si nous nous cp^ osons à ce que Louis XVI remplisse
im< des plus importuns devoirs de la royauté , outre que
nous déclarerions par-lâ que le roi n'est pas libre , si les
afraires tournoient mal , nc pourroit-on pas encore nous im
puter ce manque de succès , dont la présence du Roi à l'ar-
niée auroit pu préserver le royaume ? Qui ne sait que la
seule présence de Louis XV , & la fermeté avec laquelle il
refusa constamment de repasser le PONT-DE-CALONNE,con--
servé pour ía retmite, que quatre canons pointés à propos ,
& ces mots si célèbres , maison du Roi , marchkz , contri-
baerenr autant que le courage des troupes, ranimé parla pre-
lênce du Roi , au gain de la fameuse bataille de Fontcnoy ?
Tous les commissaires cho íìs encre nous , les M... les L .. les
B... &c. &c. pue nous enverriens fur le champ de bataille, hit-
celc général M.... lui-même, feroit-il k même esseA Cela
est embarraisant... TjUS les bons Français qui doivent s'il -
t.resscr à la gloire du Roi , & à celle de nos armes , vont etre
impatiens d'apprendre comment cette grande question aura
été décidée.

On assure que I'Empcreur a fait offrir au Roi des Français,


dans le cas où il scroit force de sortir de France , le grand parc
«e Pavie , pour s'y livret au divertissement de la chasse, dont
il ayoit besoin dans fa convalescente. On a eu l'attention de
faire démolir la chapelle construite à l'endroit oùFrancob Ier.
set sait prisonnier-, pour ne pas rappeler à S, M, le souvenir
du château des Tuileries.

Un marchand de la rue St. Denis , bon mari & bon perc


avant la révolution , s'est livré depuis qt e.quc-:ems à la lec
ture de l'histoire des républiques. Frappe d'admiration de la
bclh réponse que fít Çornélie à une dame de Capoue qui
ctaloit avec affectation devant elle ses a'justemens & ses bi
joux , il a cru, comme la mërc des Ôracches , que fa femme
me devoit *Vojr d'autres bijoux que ses enfans, 8c a porté pour
4ooo lìv. de diámaris de fa femme au Mont-de-Piété. A
'quelques jours de-là, notre souverain de la fontaine des in-
nocens ayant trouvé son épouse dans un tête-à-tête non
équivoque avec juu jeuu: garde national , s'est cru en droit
de lui faire quelques représentations ; mais leur cours a été
■arrêté par cette réponse sublime: « Monsieur, je rattrape des
« bijoux. » Voila ce que c'est que d'avoir lu.

Le grand Mirab... commence à parler le langage de la


wérité , & la vérité est terrible. II l'a fait entendre lundi
dernier. II a menacé plusieurs de ses confrères de la potence.
11$ ont frémi. Ils en rêvent à-prtsent toute la nuit. A la
mine de la plus grande partie des gauchere, on voit bien qu'ils-
me dorment pas paisiblement depuis long-tems. I!s ont tous,
ou presque tous , le teint plombé ou jaune, les yeux caves , la
■vue égarée -, ils bailsent les yeux devant les honnêtes gens. Les
philosophes modernes leur ont en vain petsuadé que la cons-
• cience n'etóit qu'un mot vuide de sens ; ils, entendent fa voix
malgré eux. EUe leur cric : tremblez 1 le moment fatal appro
che. IJs craignent d'être se ils. Tant de malheureux qu'ils ont
faits , viennent comme autant de spectres les effrayer. Des
pères leur demandeìït leurs enfans tués ott morts de misère
& de désespoir. Des families entières fans paiu , appclent la
foudre fur leurs têtes coupables. Les Parisiens qu'ils ont ága-
tés , leur reprochent j usqu'aux erreurs dont ils les ont en-
nivrés , leur redemandent leur ancienne prospérité perdu
" pour long-tems. t • . -

Le grand Condé disoit qu'il avoit au parlement an pro


cès qu'il, craignoit de perdre: —Fakcî-le porter au conseil
de guerre, lui dit-on, & je vous réponds du succès.
^ , - * * *T
!- "> » I I .■■IIMiii. V, < -,..' ■ ■
M. le nouVel évêque d'Auch est prié de vouloir bien
livrer à l'impreslion son discours, tel qu'il a-eu le front dp
•lc tenir à rassemblée nationale. C'est un chei-d'acuïr^ d«
( 5
.style ridicule & bouffon , & tous les gens de lettres l'at-
tendent avec impatience. II pourra en consacrer le produit
à son frère, pauvre tailleur à Paris.

■ L'on nous mande que l'on croit à Langres que les élec
teurs , au refus de M. l'évêque de Lidda , plus richement
pourvu , auront l'impndeur scandaleuse de nommer ['orateur
du cirque! II teroit aíscz plaisant que M. de la Luzerno
•fùt remplacé par un Fauche.. . •- t .
iiinlM—
Pari. ' '
le parie qu'avant peu , l'éloquence Boursoufflée de
l'enseigne da crime; le babil du parleur ' Sécularisé ; l'in-
•íîgmfiance des deux frères ennemis de la reeoonoissanee ;
ia basse diction de l'indigne fils d'un général honteux d'être
père-, je parie, dis-je, que fous peu, l'éloquence de ces
MM. & compagnie, changera sensiblement.
M K U D E - Mou F AS.

A V I S.
Messieurs les Souscripteurs dont ('abonnement expire 1
~ìn fin de cc mois , font pries de le faire renouveler au plutôt ;
afin de n'éprouver aucun retard dans la réception de cette
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"- '— '" 1 ■ 1 ■ 1 V
De l'Imprimerie du Journal de la Cour 5c de la Ville.
JOURNAL
í> í LA COvUR ET DE LA VlLLE.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


•<L„- La Fontaine.

Du Dimanche 27 Mars ijçpr. . -


Trait hifioriquf: .,'
Lc li mats 1594, à 3 heures du matin', le brave roi
Henri entra dans Paris , & il en. chalta les jacobins alors.
Notre sublime corps municipal cjui concentre en iui tous
les pouvoirs , & qui elt a-la-fois législateur , pontife ,
monarque , cour souveraine , siège de police , de recherche ,
d'inquisition , &c. <5ìc. &c... craignant sans doute de rappelle;
au bon peuple la démarche peu constitutionnelle des ci-
devant Français , dans Lur obéissance à ce bon prince,
vient de supprim;r'!a commémoration de cc jour à jamais
mémorable , dont lc souvenir incivique est peu propre à
inspirer de la sécurité aux traîtres.
Nota. Un négromancien très-habile, instruit du passé,
qui lil couramment dans L'avciir comme dans un- livre,
prétend que deux siécles ayant imprime à cette cérémonie
un air de vétusté, des homme., nouveaux auxquels elle a déplu,
réunissent leurs estons pour en préparer une nouvelle , dont
la date fera long-tems íraicke dans le souvenir de lcuis
concitoyens.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du %6 Mars.

O n a lu une lettre du général Wasingthon , pleine de lieur


communs; mais comme ils étoient flatteurs pour l'alsemblée ,
ils onr ete tort applaudis. On elt passe ensuite à la question de
Tome II. Année Z
V
C *54 )
la résidence des fonctionnaires publics; M. Alexandre de
Lameth a profité de l'oceasion pour dire des douceurs à fa
manière , au pouvoir exécutif. Ah ! M. de Lameth , si u»
jour ce potivoir exécutif reyenoit en vigueur !

VARIÉTÉ S.
Outre les deux mille écus accordés aux évêques intrus ;
poui leur voyage , il a été arrêté de leur donner cent mille
livres pour faire des aumônes dans leur nouveau diocèse ,
afin d'entretenir l'illusion du peuple aveuglé , 8ç,l'ernpêcher
de regretter ses pasteurs. II est bon que les pauvres des
provinces sachent qu'ils peuvent compter fur ces cent mille
livres, qui font huit millions 300 mille livres; le tout, pour
emp êcher la banqueroute.

Bouche de Fer J Que ferons-nous des évêques constitu-


tionnles , quand le délire qui 'les a élevés à cette place fera
dissipé ?
Rcp. Nous les enverrons tous à la Trappe.

Le bruit de l'arrestation de mesdames , par les brigands


d'Arnay-le-Duc, étant parvenu à SïMDr en Auxois, le sieur
Guen Monbeill capitaine à la fuite des chasseurs
de Bretagne , & commandant de la garde nationale de Semur,
fit battre la générale ; assembla fa troupe , & montanr fur une
table, fit un discours des plus incendiaires , pour échauffer le
parriotifme de ses concitoyens, & les engager à aller prêter
tnain-forre à leurs frères d'Arnay-!e-Duc. II ne put cependant
en déterminer que 13 de la populace, pour cette belle expé
dition. Atrivé à Arnay-le-Duc , il icnconrra un officier de
son régiment , à qui il demanda ce qu'il fesoit en ce lieu ? Je
suis à la fuite de mesdames , dit l'officier , & moi à la pour
suite, répondit le Guen L'officier lui tourna le dos , ainsi
nue tous ses compatriotes ont fait depuis son retour à Semur.
Mesdames n'ont pu voir fans indignation , un officier vêtu
(

( *K )
ie l'uniforrhe de chasseurs de Bretagne , servir de records an
exécuteurs de la justice du club des Jacobins.
Ce même Guen.... Monbeiix.... se donnoit beaucoup
de mouvemens , pour sc faire uommer commandant de ta
garde nationale de Semur cn Auxois , dont les nobles étoient
exclus. II alloit à tous ks groupes de peuple , leur dire que
ce n'étoit pas fa faute , s'il étoit né noble , qu'il étoit prêt de
jeter ses titres au feu. Un vigneron lui répondit monsieur
se gausse-t-il de nous ? Ils ne btûlcroient pas, ils font trop
verds.

Avantages de VAJsemblée nationale sur les


> ci-devant Parlemens.
I. L
Les membres de l'assemblée Les conseillers ao Par
nationale ont par an aurdclà lement n*avoient pas cent
de 7000 liv. de traitement. écus.
I I. I L
A l'assemblée nationale , tout Aux audiences du Par
íe monde parle à-la-fois -, tout lement , on étoit obligé
citoyen de tout âge 8c de tout de gatder un silence gê
sexe, a droit de dire , son avis, nant ; les juges , seuls ,
&: de menacer ceux qui n'en avoient droit d'opiner.
font pas.
I I L I I I.
Les députés viennent en re- Les magistrats avoient
dingotte , en bottes , avec les un costume uniforme , dé
cheveux roulés & fans poudre ; cent , & très-impofant.
. beaucoup de citoyens y viennent
fans culotte.
I V. I V.
L'assemblée ne fait point un Les parlemens rejet-
crime à ses membres , de beau toient , de leurs corps,
coup d'erreurs un peu graves i tout membre accusé oa
elle empêche les tribunaux de soupçonné de quelque bás^
les pendre 5c de les metue aux fesse , ou feulement d'in-
galercs. conduite.
V. V.
L'assemblée juge beaucoup Les Parlemcns ne pro-
d'aíra;íes particulières , quoique nonçoient leurs arrêts ,
,ce ne, ioic pas son, inilitution; qu'aptes le plus, mûr exa
mais pour abréger, elle a foin men.
de n':.couter que les parties à
qui elle vent donner gain de
cause. . * * ' .
V I. *■ VI.
Enfui, l'aíîemblce ne juge que Les parlemens jugeoient
dans le sens de notre heureuse félonie sens de la justice,
révolution. & en ■ général ils pen-
choieut en favenr du pau
vre:

On vóus a assez fait le triste tableau de votre situation pré


sente & future. Je veux vous offrir celui du bonheur qui vous
attend au plus tard Tannée prochaine. L'aísemblée dite natio
nale touche à sa fin ; rrlai^ sa dissolution ne ramenera pas sur-
le-champ dans vos mirrs les hòhnètes gens , les aristocrates ,
pour parler un langage que vous entendez : ils •voudront
s'assurer ,<le!vètre parfaite guérison; ils, craindront encore
quelques mois de retour des accès de frénésie & de fureur
auxquels vous vous étés livrés depuis deux ans. Mais lorsque vos
démagogues les plus forcenés , lòrtque les idoles de ce peuple
abuse leront punis, lotfsque vos rues auront été quelque-tems
fans retentir de ces cris qui tous les jours vous réveillent ,
lorsque vos marchands , vos artistes , vos ouvrieTs auront re
pris leurs occupations ordinaires , & ne ie montreront plus
avec cer air guerrier qui excite le rire & la pitié , vous les re
verrez ces chers aristocrates , vos perei nourriciers. Vos pro
menades ne feront plus fréquentées comme aujourd'hui , les
jours ouvriers, par des milliers de malheureux faus occupa-.
( :%Vl )
tion : eltes présenteront ce spectacle enchanteur qui frappoit
les étrangers d'aimiration. On y viendra de toutes les parties
de l'univers , prendre des leçons de çoût , d'urbanité & de
parure. Vos boulevards libres aujourd'hui pour les charrettes,
seront de nouveau le rendez- vous de mille & milic brillantes
voitures. Le marchand redevenu modeste, raais conteur,
Terra arriver les chalands avec transport. 11 passe sa vie au
jourd'hui au corps-de-garde , parce qu'il n'a rien de mieux
à faire. L'ouviier rravaillcia toute la semaine ,Sc se prt nie
ra gaiement le dimanche & les jouis de frtes , fans craindre
de perdre fifr son nécessaire pour ses plaisirs. Sept ou huit
cents hommes suffiront pour ctablir votre sûreté. Vous nç
ferez plus environnés de brigands rassemblas de toutes les
parcies de la France & de l'Europc. Vous n'aurez plus cette
légion' d'oiììcie'.'s municipaux & de police, d'administrateurs &
de lbus-ádministra:eurs qui vous grugent. Vous aurez des
juges décens ; qui, riches de patrimoine, enrichiront la classe
industrieuse , sons tirer aucun profit de leur place. Vous re
nverrez vos princes, qui , avec eux, ramèneront tous les loyaux
chevaliers qui les ont suivis dans leur exil., Les bourreliers ,
les châtrons , les carrossiers, les brodeurs , les orfèvres , les
tailleurs, les .procureurs, les avocats , les marchands, les
ébénistes , les jouailtiers , les peintres , les doreurs , les sculp
teurs i tout le monde gagnera fa vie Sú aidera les auttes à
la gagner : alors vous ne songerez à toutes vos erreurs que
pour en gémir ; à l'àfscmblec nationale , que pour l'abhorrer
& désirer d'être vengés de vos infidèles mandataires ; aux ser-
mens qu'on vous a arrachés , qu.: pour en demander pardon
à Dieu , aux hommes & à vorre Roi -, à lu constitution , que
pour détester les majx qu'elle a faits , Si a votre perc , que
pour pleurer fur les chagrins que vous lui avez causés , fur
les affronts que vous lui avez faits-, fur l'mgratitude dont
vous avez payé son amour pour vous.

,Pour être à nièrrie de faire connoître à. la nouvelle lé


gislature, au Roi & à la noblesse, le patriotisme des officiers
du régiment de mestre-de-camp cavalerie , nous desirons
.savoir le nom des officiers de ee corps , qui ont l'incroyable
.( *58 )
tí noble civisme d'y continuer leur service} bous désirons de
savoir au/si ce qu'est devenu le précieux noyau de cc régi
ment , qui, malgré son patriotisme , doit être errant & vaga
bond , si on le reçoit aux garnisons où il se présenre , comme
íl a éré reçu à Neuf-Château , &c. , où on l'a convié de
pas entrer.

J'ai des raisons de ne plus douter que si toutes les pre*-


TÏnces étoient instcuires que la sanction du toi n'est pas libre ,
les bons paysans ne vinssent , à pied, délivrer un monarque
dont la signature n'est pas plus valable que celle d'un pri
sonnier. Mais au bas des décrers , .ils lisent Louis -, alors le
respect étouffe le murmure ; car ils commencent à voir que
la féodalité , déjà éteinte avant cette époque, & dont l'as-
semblée sait sonner si haut la suppression , sera remplacée par
nn impôt exorbitant , & que la noblesse sera hors d'état de
*enir à leur secours. Ils s'appercoivent qu'au lieu d'obéir
a des grands , ils setout opprimés par des parvenus com
posant les départemens, & que la feule liberté qu'ils ayeat
acquise , c'est d'expirer de misère.
Meude-Monïas.

Chanson.

L'Qrne a choisi pour prélat


Un fessier jadis soldat ;
Qu'on le sacre à la Vilette ,.
Turluretta , Sce.

Avignon , 14 Mars. Cette ville est toujours dans la dé


solation. On y pille les maisons religieuses les unes après les
autres. On a chassé fans pitié les re.igieuses de S.-Laure»t ,
& emporté tDut ce qu'elles avoient. Madame de Jaron su
périeure, n'a jamais voulu sortir : Je ne crains point la mort,
( M* )
»-t-elle dit aux brigands; dressez vos potences, j'y courrai
avec joie. Cette fermeté en a impose à ces scélérats i dc-là ,
ils ont cte aux Celcltir.s, qu'ils ont traites de ments , Si ensuite
au couvent de Sainte-Catherine. L'orsqn'on aura achevé le
pillage des couvons , on tombera fans doute fur les maisons
des nobles cnvgrans. Le Bas- Comtat eít cn proie aux abo
minations des déserteurs de Soissonnois , qui pillent, brû
leur & violent impunément.

M. l'archevècjue de Sens a demandé d'allonger d'une syl


labe le nom de son diocèse, en dédommagement de celle
qu'on ôte à son titre. L'assembléc n'a pas cru devoir lui re
fuser une si petite grâce ; ainsi , dorénavant il s'appellera l'c-
vêque de Non Skns.
Le no.ivcl évêque de Paris a demandé de changer le sien
en anagramme latine. Ainsi , il s'appellera l'evêque de
Rapis.
Ces deur exemples ont encouragé tous les auctes nouveaux
évêques à damander la suppression de deux lettres ,& l'as
sembléc , qui ne demande pas mieux , le leur a accordé : ainsi,
comme on disoit ci-devant les fonctions de l'apostolat , on
dira à présent , les fonctions de I'apostat.

Les démagogues ne font pas très-conféquens dans leurs


principes d'tgalité. Avant-hier, le maître du café de la
Régence , diloit fièrement qu'il étoit l'cgal des princes du
sang. M. Dubois de Crancé , d'Expilly, & phisieurs autres ,
l'applaudiient beaucoup. Au mème instant , un homme assca,
mal vêtu entre , & demande du café ; le maître le toise
du haut en bas , & lui dit : mon ami , on ne reçoit ici
que des gens comme il faut -, il n'y a point de café pout
vous : MM. d'Expilly & Dubois de Crancé applaudirent
çncore.

Un tribunal de district a jugé hier un procès entre un ca


pitaine national & M. ('archevêque de Lyon : celui-ci, obligé
( *9° )
de quitter l'abbayc de Saint-Germain , est ailé loger chez ía
tante madame de Marbeuf. Lc capitaine réclamant une
dette , sait saisir les meubles, non de l'archevêque, qui n'en
avoit point , mais ceux de fa tante : celle-ci, qui ne doit rien-,
appelle de la saisie ;lerribanaí la déclare bonne & valable ,
ensorte que madame de Marbeuf qui est étrangère à toute
cette affaire, e!r condamnée pour avoir donne ['hospitalité
à son neveu. T^I'est-jas là le vrai sens de la révolution ?

C'est M. de Mirab.... qui est 1; pere spirituel de M. l'A-


ÍIoUr..'. & madame le Jay le canal par où il est arrivé à
l'épiscopat : ces deux amans lui trouvant une forte d'esprit,
beaucoup d'intrigue & suffisamment de bassesse, l'ont em
ployé à plusieurs petits oiivrpges , enîr'iutrcs au mandement
qui a passe fur le compte de M. de Mir... , lequel l'a payé à
Fauteur à raison de 4 louis la feuille , avec la promesse de
le íaire évêque : il lui a tenu parole pout Lyon , où il n'é-
tolt connu de qui que ce fút, & comme Mgr. n'avoit pas le
fou pour se mettre en équipage , son protecteur lui a prêté
11 mille liv. : mais ce qui fait l'eloge du prélat, c'est fa
reconnoissance envers madame le Jay , à qui il fait la cour
la plus assidue. II dîne chez, elle presque tous les jouis, &
il a déposé à ses pieds fa croix , fou cœur & fa calotte.

Avis.
Messieurs les Souscripteurs dont l'abonníment expire à
la fin de ce mois , font priés de lc faire renouveler au plutôt,
afin de n'éprouver aucun retard dans la réception de cetto
feuille.

Ce JOURNAL paroît tous les matins.


Le prix de Vabonnement efi de 3 liv. par mois
pour Paris , & de 3 livres fols pour la.
Province , franc de port. Le Bureau ejì établi
rue Percée-Saint-Andrc-dcs-Arcs , N°. 21.
De l'Imprimetié du Journal de la Cour & de la Ville.
N». 18.

J O U R N A L
DE LA COUH ET DE LA VlLLÍ,

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


La FoNTAtttB.

Du Lundi 28 Mai's 1751.*.

Bien des personnes croyent que l'idée de suspendre le:


hommes^à la place des réverbères, est venue naturellement
au bon peuple désireux de s'éc'airer ; mais elles sont dans
Terreur. Voici ce que je trouve dans une brochure intitulée,
Lettre d'un Philosophe, imprimée en 176 j , fans nom
d'auteur , ni d'imprimeur. II y a beaucoup d'humeur dan»
la lettre de ce philosophe; & dans un accès, il s'écrie:
« Eh bien , puisqu'il faut périr , étonnons l'univers par
»> l'intrcpidité dt notre résistance.... Rappelions -nous que
» jadis le peuple juif ne sachant plus que devenir, a rcm-
» porté une victoire complette avec des bouteilles et pes
n lanternes: nous en avons, 8c quelque choie de plus,..,
j> Les passions font pour nous, Sc par conséquent une bonn.
» partie des hommes, fur-tout les hommes en dignité. On
v criîra comme des aigles; on écrira des traités, des bro-
» chures, des dissertations -, les librai e. y gagneront, mais
t> nous ne répondrons pas ».

ASSEMBLÉE NATIONALE,

Séance du zy Mars.

C^'tte séance n,e pré/ente riea d'intérellant , 8C pour abré?


jer davantage, rfcuj n1en dirons riea du tout.
Tome II. Armée 1751. A a
A R I É f É S.
Le Jeune Barn.... a dit, mardi matin, à ,1'asscinblée :
« Combien n'eût-il pas été facile à deux ou trois person-
» nages fameux de s'emparer du sceptre, s'ils eussent voulu
»i profiter de leur immense popularité, 8c de l'ascendant
» que leur donnoifia toute-puissance du corps législatif !
.—Le redresseur des factieux, le comte de Mirabeau, a dit,
pour l'instruction de cet adolescent législateur : <■ Quant à
}ì ce que vient de dir« le préopinant relativement aux deux
»i personnes qui auroiedt pu se faire roi, je pense que ces
j» deux petits personnages n'en aurúicnt été que plus vìt'e
»> & plus facilement à la potence. Cromv/el, qui connois-
»» soit les tommes , disoit à son favoii , en lui parlant
»», de la foule qui les applaudifsoit: ils applaudiroient bien
» davantage, s'il» nous vojoient pendus ».

Un Gascon disoit à son adversaire : « si tu avances, je te


»i tue; si tu recules, tu es mort ». Précisément voilà la posi
tion de cettain blondin, qui sera victime d'un des dçux partis.

On lit floe lettre de Mademoiselle de Régnauld deBissy,


oui réclame contre ce qu'ont avancé divers journaux , qu'elle
avoir demandé une indemnité, portée par les uns à 4foo,
d'autres -à 10,000 liv. pour raison de détention à l'abbaye
& au châtelet. II est important de rétablir les faits : il
n'etoit point question d'indemnité ; mais feulement du rem
boursement d'une somme de 4500 liv., pour frais de nourriture
& de logement, lant pour elle que pour M. le cíievalier
de Livron. II est évident que si Mademoiselle de Livry
eût demandé une indcípriité , elle- »e se scroir pas bornée
à une somme aussi modique. Saroit-ce parce qu'elle est
étrangère , qu'on lui a fait éprouver un refus ausst dur 3C
aussi injuste ?

Ce qui prouve que la contre-révolution par l'opinion est


fias prochaine qu'on ne pense , c'est la décadence de si
( **3 l
puissance jacobitc, en ce que l'aísemblée nationale a, ofît
décréter l'arrestation des officiers municipaux de Dopai ,
qui, bien sûrs que les troupes de ligne ne leur obéiraient
pas , n'ont eu d'autre tort que ceux de toutes les municipalités ,
celui d'avoir perdu du tems à consulter les membres du club
des Jacobins , dont les parcns & les amis , en massacrant , pen
dant ic pillant, agissaient dans le sens de la révolution:
c'est ccqui prouve aussi la vérité de ce que.dMbit M. de
Beauharnais , qu'on commence à ne plu$ savoir sur quel sied
danser.

Aux Francs.

• Air : J'aime une jeune beauté'.


i>.
Que peut votre loyauté ,
Dans cette horrible anarefiieï
r • 'Je n'ai plus de volonté , . j
Ma liberté m'est ravie : '
< Des-mjets impudens
Ont pollué mon trône »
Des décrets blolens
Ont souillé ma couronne.

Les Néron veulent du sang


' Pour cimenter leur puissance. .
On m'a pris jusqu'à mon rang ;
Je nc suis plus Roi de France ; .
Mais Pallas & Thémi« ,
Protégeant cette empire,
Relèveront les lis •
- ' • Qu'en vain on veut détruit»

Leurs suppôts vont croassant


Chaque jour nouvelle injura ,
leur appétit va croissant ;
Maint pied-plat roule an voiture}
Et si jamais Bcnder
Les pourfend jusqu'au rable,
Au fin fond de l'enfer
. t' • 11$ grugeront le diable.

M. Barn... est enrhumé fonêrn«nt. J'ose espérer que


nous régalerez aussi de son intéressant bulletin. En eftct,il est
bien plus roi ,'cjue ce soi-disant pouvoir exécutif, qui fait le
mort si naturellement , que xout le monde s'y méprend. Ne
manquez pas* tsé nous dirè ab juste ses amggdales fle son go
sier, en attendant la suffocation.

C'est probablement la botte de Pimmoral Bender qui va


dénouer la pièce : cette botte descend en droite ligne de cell«
que l'aristocrate Charles XII envoya au sénat, de Suède,
qui se mutinoit pour le mettre à la raison.

Ne poutroit-on pas comparer , dans ce moment- ci, U


peuple Français à l'enfant prodigue ? comme lui , il eft^ tombé
dans la misère; il faut espérer que, comme luì aussi , il finir»
par retourner à son pere.

Supplément aux réflexions fur les Femmes ré


volutionnaires.
Plusieurs personnes, au lieu de se plaindre de Pamertume
de ce petit libelle, ont reproché à l'auteur d'avoir épargné
quelques intrigante» dignes de fa plume, & lui ont envoyé
les notes suivantes , qu'il soumet à la justice des lecteurs ,
toutes cruelles qu'elles lui' paroissent,
( *î )
' Mat*, de Sill.... auífi vieille d'esprit que de corps, ayant
perdu les faiseurs avec ses charmes, & ne pouvant faire des
princes de ses élèves, s'est avisée d'en faire des petits ramo
neurs , des petits ftaters, des petits" drôles enfin, & clic a
parfaitement réussi. La révolution c!f venue à l'appui de fa
besogne, 6c depuis le 14 juillet, clic ne cesse de demnnder
a la nation le prix de ses services. Elle intrigue nuit & jour
aux jacobins pour qu'on lui confie l'cdacation de M. lc
dauphin. Eìlc se chatge de flétrir de bor.ne heure le cœur
de ce prince, de fermer cn lui le passage à la grande aae'
de sa mere, & d'en faire un jour, sous le nom de Roi, le
moins libre & ie plui lâche des Français. . ->
Julie , qu'on avoit surnommé Juuk Sêg..., pour s'excuser
d'aller souper chez elle, après avoir-mis dix ans à dccra'scr
son eccur & son esprit cn bonne compagnie , s'ett trouvée
incommodée de quelques remords ; son médecin lui a con--
seillé l'air natal, & elle v'eíl renfermée dans la plus noire
crapule. Elle s'est accouplée avec une de ces machines de
théâtre , rampantes dans tous les terns, méprisées dans tous
les pays, & au-dessous, par état,, de la plus vile populace.
Sa maison sert de caverne aux pins plats histrions de. la ca
pitale. Elle excite fans cesse à chanter fur 'a scenc les dou-
eenrs de l'anaichie, Sc elle oublie, au milieu d'eux , les,,
fautes honorables de fa jeunesse.
Mad. de Bfauharn.... n'ayant tien gagné depuis vingt
ans à faire son visage , Sc à ne pas faire ses vers , a cru que
des têtes échauffées par la licence , pourroient encore la
désirer aveuglément : elle s'est faite révolutionnaire. Elle a
chasse de chez elle quelques pauvres beaux-esprits, & elle les
a remplace s ptr une douzaine de gredins motionnant ,
aboyant, pillant & dévorant. Ces misérables lui paîlent de
ses attraits à fa table , de son esprit dans son boudoir, Sc de
ses faveurs dans la rue. La sotte femme se plaint encore de
ces mal-entendus, 8c il n'y a qnc son miroir qui lui fasse
entendre raison.
Carline, satisfaite d'avoir jadis coule à fond tous les
membres de l'aristocratie , a passé depuis deux ans au peuple ,
avec la pins vive complaisance. La qualité étant détruite , el!c
a. senti que la quantité réunissent tous les avantages, Sc
elle s'est dévouée au service de la patrie. Eìle est employée
Ç 266 )
«îjns tontes les orgies nationales , &• les joors d'infurrcctío» ,
elle sert de récompense aux vainqueurs de la bastille, 3c aux
Jkéros du faubourg Saint-Antoine.
La Baronne ì>'Esc ...après s'ètre lassée aussi vîtedu ma
riage que du nom de son mari, a repris aussi vite ses amant
que les fentimens de M"'. Labord.. Depuis la révolution, elle
est rentrée dar.s les calculs de fa famille: elle prêche la liberté
a tous les jeunes sots de fa connoissanec -, elle s'immole pour
elle jusques dans les coffres de son père , & malgré tous (es
«Larmes, un tel siège ne lui est pas inutile.

Grand Dialogue au Café Piocopc , entre des


Patriotes.
L.. Que dites-vous de Marat d'aujourd'hui , & de fou
iáce de tuer trente ou quarante mille aristocrates ?
Y)... 11 est bon , tres-bon -, il fera un grand effet.
L-. J'ai dejà vu quelques groupes au palais -royal qui
paroissent bien disposes.
D... Et moi je fors du café Turc. Vous n'avez pas d'idée
des excellens propos qui s'y tiennent ! Nous y avons , il est
vrai, des sujets de la première force; un abbé, fur-tour, Sc
un grand homme dont le hom ne me revient pas.
L... Ils ne font pas fans talens ; mais il n'en faut pas beau
coup pour travailler les gens de l'espèce de ceux qui vont
dâns ce café. Vieux radot:urs , la plupart domestiques retirés ,
rentiers de cent écus ; ce qu'il y va de marchands, de bons
bourgeois, de militaire, est peu de chose, ce qui prouve
que l'abbé n'est pas fJtt , non plus que le grand motionnairc
dont vous parlez.
D... II faut tout dire j on n'a plus íî beau jeu à-présenr,
G... C'est votre saute , messieurs , on ne tue plus. '
P.... M. C... a raison, nous molliífons.
D.... Ce n'est pas aux habitués de ce café que vous vous-
cn prendrez, je l'efpere; nous íefons bien ce que nous pouvons.
' M. Toudoux. Oui , oui , on auroit déja massacré tout
Paris , si on vous en avoit cru.
M. D.... M» ioi , quand une moitié'auroit bien pendu l'au
tre , il n'y auroit pas de mal. Il y a loug-tems que je 1c dis.
M. C.„. Ta constitution ne s'achevera pas fans cela,4fc
tí. tous conviendrez, mïsticurs , qu'il tic faut pas y regardés
de lî près. Ce font les pustules de la liberté.
M. D,..; Sans doute, nous avons parmi nous des irnbécil&
qui.or.t horreur du sang.
M. Toudoux. Pas ici ; excepte moi & deux on trois au-
xres , le reste ne demanderoic pas mieux que de voir rougît
la rivière.
M. D... Vous dites cela d'un ton qui fait croire qnc
vons nous désapprouvez. Savez-Voas cjnc nous sommes' les
plus forts î . • •-..!.{
M. Toudoux. Sans cela vous ne feriez pas si -méchins.
M. C... II faut le losser. -
M. D... Pourquoi pas le tuer ?
M. Toudoux. Vous êtes les maîtres j aussi bien je suif
miné.
M. P. . Von? vous feriez une histoire pour trop peu
de chose , meilleurs j nous n'avons besoin que de le noter.
Parlons du Journal de la Cour & de la Ville. Est-ce que
.nous fourbirons plus long-tems que l'auteur plaisante, k*
patriotes f
M. C... Que diable voulez-vous! à moins de le hacher,
nous ne le forons pas taire.
! M. D... C'est qu'on 1= lit.
M. Toudoux. II est p'aifant '. il me fait rire.
M. C... Chien d'aristocrate , on ne vous demande paj
▼ otre avis. Je gage que c'est lui qui va rendre à GAUfîE»
lout ce que nous dilons.
M.. Toudoux. Non , mais tout le monde le devine saas
vous entendre. On (ait que jamais chez les Cannibales,
oriu'a parle comme vous faites, &í on fait aussi que deut
Js»y<4nnettes vous íeroient fuir. Vous ayez la langue meur
trière. Vous exciteriez volontiers le peuple à le faire tuer,
pourçxéci>ter vos barbares projets : niais vous etes laclies com-
ta; toutes les aines cruelles le font , & íì d'.-ux braves gctíi
tjueje distingue au milieu de vous, veulent m'aidîr, je yait
tous yous chailer de cc case.
M. D.... Vous ?
M'. C..„ Nous te....
Dìux. AuurocRAsiiS. Altc-lì , messieurs, point de voys

- *
( 265 )
de fait , ou nous nous joignons à cc galant homme ponr
Vous mettre à la porte.
M. D;... & M. C... suivis de cinq ou six autres. Allonî-
Bous-en, parce que....
Lë resìë des Assistans. Ma foi , messieurs , nous fora-,
mes bien aises qu'ils soyent partis ; cc font des coquins payés
par les Jacobins. . f
M. Toudoux. Pourquoi les écoutez-vous ?

Le déloyal évêque de Lyd.... aprèí s'être présenté aux


prélats de Sens & d'Orléans , pour être institué , & en ayaut
leçu un refus, s'est présenté au mécréaqt ci-devant Evêque
d'AuT... qui n'a pas trouvé plus de difficulté à lui donner
Institution , que de manquer à la parole d'honneur qu'il
avoit donnée a son district , de tic plus jouer ; car nous
savons tres-.positivement que ce parjure a perdu chez M.
le duc de Luynes, à Dampierrc, une somme assez forte , il
y a quatre jours.

Le mémoire justificatif du sieur de Champelas paroìt de


puis peu de jours. II contient un historique propre à* faire
i tevenir tous ceux qui ont pu recevoir quelques impressions"dé
favorables à son égard. Il résulte de la lecture de ce mémoire,
que lors même que Paccusation relative à la commande d'une
fianche seroit vraie & prouvée, il n'y auroit qu'une in
tention qui «'ayant pu nuire à la société , nc peut être
répréhensible ; mais cette intention ratme n'a jamais érí
manifestée , comme lc sieut Champelas le démontre dans son
nu-moire. — T e procès paroiisant donc en état , la défense
de l'aceusé doit lui procurer aujourd'hui un prompt ju
gement, & la liberté.
. ! -
Ce JOURNAL paroù tous les matins.
Li prix de Vabonnement efl de 3 liv. par mois
pour Paris, & de 3 livres t$ fols pour la
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De rimprira«tie du Journal de la Cour & de la Ville
N». i9.

JOURNAL
i
DE LA CPOR ET DE LA VlLLE.

| Touc faiseur de Journal doit tribut au malu


'La F o n ta i n k.

Du Mardi 2<j Mars 1791.* -»


r-
Extrait des Annales politiques de Mj*tirltgfiet ,
tom. /> pag. $6.

Destruction des monastères , fous Henri VÍII, roi d'An


gleterre. —u U est fort douteux que cette opération fùt aulfi
avantageuse qu'on le croit communément. Sans se' perdre
dans une théorie qui paroitrovt toujours susceptible de dis
cussion , on n'a qu'.i voir le Néron de l'Angleterre , ce monstre
scrupu'cax qui alîaslìnoit avec la loi, & transformoit ses
parlemens ea bourreaux de ses femmes; g»rgé de rchesles
ecelcfiastiquts, il ne s'en trouva que p'us pauvre. Deux ans
après ces rapines, il fut oblige de faire banqueroute, & fen
rere, en mourant, lui avoit laisse presque autant de tKsorj
que son avidité ed vola depuis à ses églises. I n'est pas né
cessaire de chercher , dans l'mtervemion divine, la calife de
cette contrariété apparente. II est alîez ncturel qu'uni opu
lence subite & imprévue, irrite les passions d'un homme
rout-puiíìant : il l'est que des richesses arrachées par vio
lence, soient mal gérées, & que les comt lices de ce bri
gandage en absorbent une grande partie pour leur salaire ;
il l'est que l'infidelite de la ìegîe trom,ie les calculs de 1 ava
rice , & que des califes qui avoi-nt paru pleines de loin, se
trouvent vides, des qu'il est r.ueítion de réaliser ]» #011 rei u i».
—On a vu en petit une preuve de ces vérités dMW la destruc
tion des Jésuites, dont les créanciers nc font pas eucore payés.
Peut--tre en verron»-nous uc autre en grand.
Tome II. Année 1791. B b
( 27° ) '

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 7.8 Mars.


■N"ous reviendrons fur cette séance. Nous nous bornerons
aujourd'hui à présenter les deux décrets mémorables qui
viennent d'ctte rendus. Ils font un nouveau monument de
l'audace coupable & ridicule de ce ramas de factieux, qui,
trop avancé» pour retourner fur leurs pas, accumulent ou
trages fur outrages, Sí croyent éluder le châtiment qui les
attend , à force de se rendre criminels. — Un décret dé*
cìare que le Roi ne pourra faire fa résidence à plus de vingt
lieues de l'Alícmbléc. —Un second décret déclare le Roi
déchu de fa couronne, s'il refusoit de rentrer dans le
royaume, sor la ~roclamarion*du corps lcgiûatif.

VARIÉTÉS.
M. Dl LA F. qui répond du club des Jacobins, des
barrières, des lanternes, &c. &c. repoud-jl de fa tetc? •
A A u B.

Lorsqu'on a prenoncé le jugement du tribunal du district


de Sainte-Gencvicvc , qui dcoarc qu'il y a abus dans le refus
fait par les éveoues de .Vens & d'Orléans, de donner ^insti
tution canonique à l'cvéque inconstitutionnel de Paiis, quel
qu'un s'ell ícfie : ce n'est pas íà ou est l'abus, il est dans lc
jugement, qui ne feta qu'un eveque abusif.

On rencontre à chaque instant des évêques. II y en a ac-


tucìlcmciK deux ernts dix environ. Les bons évêques fout
.pour un teins, dispenses de résider : les autres vont résider
fous peu ^ fans permission de i'cgîise. Un bonhomme salue
l' homme à crois d'or-, une poissarde iui lâche un quelibet. Va
fans culotte ic traite de f., aristocrate. On propose, paut éviter
(271 )
méprise envers les évcquss aationaux, de leur donner un cos
tume. Un ruban barré aux trois couleurs, indiquera l'évéque
constitutionnel. Sur la barre du milieu fera brodée 8c rele
vée en or la lettre J. significative du jurement. Si l'on veut
y joindre une F. , la distinction fera complette.
" • Aub.

Nouveautés.

Observations fur l'accord de la raison & de la religion,


pour le rétablissement du divorce , ['anéantissement des sépa
rations entre époux , & la réformaiion des loix relatives à
î'adulterc ; par M. B.ouchotte, député du département de
l'Aube, in-8". A Paris , ehíz les marchands de nouveautés.
Rousseau avoi: bien raison ; les livres &c les iliilofopb.es
ont bien faic du mal. On démontre dsns fou cabinet, ce qu'on
veut. Mais Platon, qui nous a laisse un li beau modèle de
république , auroit probablement très-nul gouverné un vil
lage. Eh ! Messieurs , de grsce laissons-là los abstractions &
les chimères: prenez les hommes tels qu'ils font , Si non tels
que notre imagination ^aréc nous les représente. Conser
vons des v.íages consacrés pat des siécles , parce que le plu*
souvent ils tiennent à l'cssence,mcme de la machine politi
que. Combien de préjugés qu'il faut respecter! L* mariage
Jtti-mcme n'en est-il pas un bien cruel 8c bien injuste ? De
quel droit, vous , M. B.iucHoriE, êtesrVous possesseur ex
clusif d'une femme charmante ? Que de lieux communs , je
pourrois débiter, si je voulois.fur ce sujet ! quelques badauds
m'applaudiroient peut-ètre. En scrois-jc moins un sot ? Mais
pour en revenir à la question du divorce , le rétablir , ne se-
roit-cc point ouvrir la porte a«x plus terribles inconvéniens *
Nos moeurs n; font deja que ttop dépravées-, il ne faudroit plus
que ce décret-là pour leur parier le dernier coup.

Une foc-été de Casuistcs a trouve une nullité bien grande


dan* ìe sacre des deux premiers évêques de la nouvelle
fabiiquo , messcigneurs Exfilly 5c Marolees , & prétend.
( 2?*)
en conséqurnce , qu'ils ont été massacres. Le joar de leur
sacre , le boiteux consecratcur croie encore à table à deux
heu. es du matin, parce qu'une panie de biribi l'avoit em
pêché de souper plutor. Il ne pouvoit donc pas, en conscience ,
dire la messe le mcine jour ; du moins c'étoit assez, l'usage
de l'églisc gallicane d'auttefois. II n'y a que le grand-pé
nitencier Chab.... , íeul nanri des cas réserves d'aujourd'hui ,
qui puisse absoudre & le massacrear , Si les massacres.

Lc plus grand des jureurs, le plus grand des curés est mort
& enterre. Sa maladie , quoiqu; rres-peu longue, a fort
embarrasse la faculté de médecine. Les plus habiles docteurs
ont été appelles. M. Guillotin lui-même a été prié d'inter-
rempre ses expériences nv.chaniques , & de venir visiter le ma
lade. II y a eu plusieurs consultations en règle , dont le ré
sultat a été que la ma adie etoit d'un genre extraordinaire.
Les symptômes les plus marqués étoient un rransporr vioienr ,
&des convulsions qui tenoient de la rage. Après avoir em
ployé fans sucY-ès , tous les remèdes connus, la faculré a
condamné le malade à mort, & pou r son instruction, a dé
cidé qu'on ouvvkoit le caJavre. L'ouverrnre s'est faite avec
pompe dans les premiers jours de la semaine derniere , 8c on
a trouvé à la place ducceur, unc.excrescence de chair que
les doctears ont appellé epiorcie,ou leiment rentre. Grande
& salutaire leçon pour tous nos nouveaux crosses ! Ce bon
'cure étoit fi attaché à la révolution , qu'il a déclaré', par ses
dernières dispositions , qu'il vouloit être enterré avec la
cocarde nationale. Je puis attester qu'elles ont été fidèlement
observées ; oar j'ai vu fur son cercueil, le figne de notre
liberté accolé à l'etole sacerdotale.

Je vous prie , M\s, les journalistes , d'i istruirc le public,


comm; fjit certa n , que h veille d'une gaieté parisienne, on
a íau joser les eaux des tuyaux qui environnent le cirque du
Palais-Royal. Ceíi le signal connu des habitués de cet en-
dfpjt, Si de tous ceux qui ont aScrmi jusqu'à présent la bh'n-
C m )
heureuse constitution. II est nécessaire que ce moyen ne soit
pas ignoré, afin que «eux qui , dans des occasions utiles pour
déjouer les manoeuvres des aristocrates , faire palier des dé
crets, ou les taire sanctionner, voudront se joindre aux boas
patriotes , soient instruits à tems.
> • Aub.

On vient de donner chez le nommé Tref.... un bal , où


toutes les femmes fc fout empressées d'aller. Si, pour s'atùrcr
les suffrages de la bonne compagnie, il ne faut cm'ètre cou
vert de ridicules , certes, ce conseiller du ci-devant par
lement de Paris , mérite à tous égaxdj la préférence. Eh quoi !
tandis que les Gilbert , les DaligtîE , les Paçvurs , «St
auires magistrats respectables , gémissent en silence, fur la.
destruction de leur corps , St l'aiiéíntissejneru: de ia monarchie,
dont ils ctoient les plus fermes soutiens, ce p-rtir roquet de
Tref.... paitù d'Impudence 5c de fatuité , s avise de donner
un bal ! Si MM. Par.... Mont.... Par..... du Vern.... re-
venoieat au monde, & qu'ils vident ia figure fardée da
rouge & de blanc ; l'air apprêté comme une poupée du Palais-
Royal , de leur cousin M. de Tref , ils feroient sur
pris de voir, qu'au lieu' d'aller chez lui , tous les honnêtes
gens ne lui tournent pas 1e dos. Mais nous voiià bien , nous*
autres imbccilles Français ! Un sot a-t-il de l'argent , un bon
cuisinier do>ine-t-il des fêtes , nous le caressons~& nons au
torisons son impertinence. N'a vons- nous pas mauvaise grâce
de nous plaindre de la révolution ? èi nous n'avions pas fonri
a un tas de frelaquets , qui n'avoient d'autre mérite que du ca
quet , la Fiance ne seroit pas comme elle est aujourd'hui, per
due dans un abîme de maux. Ah! mon petit Tref.... ! mon
petit ami! pour dieu , écoutez un conseil que je veux bien
vous donner. Par pitié, cessez d'insulter lâchement, par vos
scandaleuses orgies , à là douleur de votre corps , St à celle
de tous les bons Français > rcfpectez-U au moins en apparence,
& craignez que ce paiement qu'on croit détruit , re renaisse
bienrôt de fa cendre : époque terrible pour les factieux & , les
traîtres !
II vous demandera : que fesiez-vous, M. Tref , quand
votre corps etoit dans 1c deuil & dans la désolation ì
(^74)
Je dansois, ne vous déplaise.
—Vous dansiez ! j'en fuis fort aise :
Eb bien , ramez maintenant.
Pau nnCoN.TULER au parlement de Paris, fidèle à son
roi , à Ion corps & à ses principes.

Lepftnce de Coudé à l'extremité le 18 de ce mois, fepor-


toi: a merveille h ti. Nous pouvons en assurer vos lecteurs
aristocrates & d. mocrates. Ce digne descendant du grand
Condé, niv:. no; Factieux donnent à déchirera la canaille,
sera reçu avec transport par tous les honnêtes gens. J'espère
qu'on chantera un Te Deu m à sen retour.

Du dimanche 17 mats.
Ce jour, M. Jacobinus G obéi, évique de Lydda , nommé
par !a natiou au (1 <Te de -'Paris, a reçu l'instirution cano
nique des mains du ci- devant évécue d'Auttin , à la giande
édification des ci-dsvant fidclcs , dans l'eglise Notre-Dame.
Pendant la cérémonie , 0:1 a remarqué une femme qui plcu-
10k à chaudes larme:. , & l'on se demandoit pourquoi : un"
petit prêtre des Bouches du Rhône, emprunté pour la cé
rémonie, d;,t : a Ne vous econaez de rien , rattcndriiTcrnent
» est naturel ; cette femme qni pleure., est madame Rich-
» MA.., grande quodataire de l'évéché de Lydda: ellï
*! craint de pcfdrc la joui.fanée de fa charge; mais à
»» coup-fur ce1 a s'arrangera ; car..: je vous dirai le reste
» âpres la cérémonie ». . La fuite à demain.

Précis de Vinsurrection qui s'est manifestée a


Chambéry.
Les domestiques de plusieurs Français réfugies à Chambéry,
dévoues ail club de la propagande , s'astembloient danv un
café, pour délibérer fur les moyens d'occasionner nnc insur
rection contre leurs maîtres , íomenus par quelques am
C 271 )
oaisadeurs du club des Jacobins, ils ìmagin;rent de per
suader au peuple de faire quitter la petite cocaide blanche
tjue portoient les"Frayais avec la permiilion ^iu gouverneur.
Plusicus jeunes chevaliers instruits du projet par quelques,
fidèles serviteurs, aa lieu des petites cocardes de bazin, mirent
à leurs chapeaux de tres-grandes cocardes en ruban , & Z&-
choient de íe montrer par-tout.
Les patriotes profitèrent de cette nouvelle circonstance,
pour effrayer le peuple , & n'attertdirertï cjuc le moment fa
vorable pour remplir lear milîìon ; cile se présenta le 17 aa
soir.
Le mariage de M. de Ville-Franche , âgé de ío ans , avec
«ne jeuní veuve française, riche, aimable & jolie, ayant
occasionne un charivari dai.s cette ville , les inalvei lans
profitèrent du rassemblement du s:euple pour i'exciter à in
sulter les Fi'unçú.., Sí a leur faire mefre bas lá cocarde,
Pltifieùrs futen: insultes & maltraités à coups de pierrcssle
commandant de la garde, instruit dé la Fermentation, ík
doubler les postes, Sí ordonna à 60 cavaliers Picmontóls
«le monter a cheval j te peopic ks ayant assaillis avec des
pierres , Tofricier cjui ies corumandoìt , fit mettre ic sabre à
la main, sit chaiger les mutins, jd on: étu tues, Sc beau
coup d'autres blcics tla sarde les pourfaivoit jusques dans
les allées des màiioir. Les emiisri ires de la. propagande efiìaycs,
se retirèrent dans les «rafs, où iU s'alserobloicnt ordinairement.
Le gouverneur en ayant été instruit , y envoya un officier
d'infanterie, avec 11 grenadiers , paur les en chaíler , 8c
aïrèter tous ceux qui feroient quelques résistances. Cette
troupe s'etant présentée à la porte du case , pour exécuter
ics ordres , elle fut insultée; le; patriote; n'ayant pas vojIu
sortir , roffitier y força la bayonnette au bout du fuiïl ; plu
sieurs furç-nt tués , d'autres bledes ; les grenadiers cassèrent
tcus les meubles du case.
Il y a plusieurs Français d'arrêtés, parmi lesquels estime
chaimante soubrette fiança se.
Ln avocat de Ctumbcry, vivement soupçonné d'être ì
la téte de cette insurrection , a été arrête. L'on a trouvé
dan; sc> papiers , une correspondance qui compromet beau
coup de personnes. Doux de ses confrères se sont sauve*
( )
Toutes les personnes arrêtées font entre les mains de la
justice , & vont être jugées sévèrement.
Cinq ou six familles françaises seulement fort parties pour
Bruxelles depuis cette époque ,&í nous sommes très-paisibles
depuis cet acte de vig ueur.

L'on diíoit à' Mir.... De quel droit avez - vous eu Ic


front de vous ériger en convention nationale , de brûler
vos cahiers, d'etre réfractaires à vos mandats, d'attenter
à-la-fois au t'ônc & à l'autcl, &c. &c. ? L'immortel répondit
d'un ton tragique comme Mahomet : ' *v
Du droit qu'un esprit vaste Sc ferme en fes desseins ,
A\fur l'çfprit grorGer des vulgaires humains.

M. de Mir. . à qui quelqu'un parloir ces jours derniers


de son prétendu empoisonnement , lui répondit avec naïveté :
»> Vous étés bien bon , de vol-s allarmer ; mais je ne crois
» pas qu'il y ait de poison aiscz fore pour moi ».
Errata du Numéro d'hfcr.
fag. zí.-j. , lig. ït , de nous dire au juste íes amggdalesj
usez , de nous dire au juste l'état de ses amygdales.
Pag. í6% , au dernier article, il faut lire CLampclos , & npa
l"as Champelas. ' '

Cs JOURNAL paroít tous les matins.


Le prix de Vabonnement est de 3 liv. par moh
pour- Paris , & de 3 livres z 5 fols pour ta
Province , franc de port. Le Bureau ejl étatfiì
me PevcéeSaint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

©c flmprimiiie du Journal de la Cour & de la Vill^


N°. 30. V ' "
. ; • J O U R N A h

©e ia Cour et, de la Vile t.


. ■ : - : . 1 ■_
■> Tout faiseur de Journal doit tiibnt au malia
« >' '
La Fontaine:'
1 f
Du Mercredi 30 Mars 1791.

Extrait dun Journal du 14 Mars tyyz.


Vjbcz , messieurs du Farlerntht, v
Liquider chaCu n votfe«office ■.
L'état veut votis re n4jÇ" service :
Tout est prêt pqur votre paiement.
Mais où l'argent, , le numéraire ,
Vous ecriez-vous maintenant ?
Pour gens consommés en affaire,
Vous raisonnez bien gauchement.
L'argent est un métal solide -,
"•• -Il i'agit ici de liquide.
Oh ! pourquoi vous tant intriguer !
On veut à tous vous déléguer
Une rente liquide & claire,
. . . Sur ;lçs brouillards de la rivicre.
- La justice a fait désirer une réforme, la philophie a fkrá-
parc la révolution , la peur Ta fait réussir , l'argent l's
secondée , les assignats retardent un instant fa destruction j
le ter & les potences l'anéant iront bientôt.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du iç) Mars.
C3n a 'repris la fuite des articles fur la résidence •, to'ei lof
principaux qui ont été décrétés. L'kiritier de la couionne
Tome II. Année 1701. C c
( 27s ) - '-V*
sera tenu de résider près .dt lajpersonne du Roi ; il ne pourra
sòttir du royaume sans un décret da corps légiílarif. —Dans
lc cas de îa sortie du royaume, l'héritier présomptif , la
xeine , le parent majeur, suroat dépouilles de tous 'leuis
droits de succession, de grade Sc de régence,' s'ils ne reutrent
pas en Fraase fur la proctamatioa du corps législatif.
M. Mirabeau,, venant iundi à la séance de Taiïemblée
nationale , a eu une atteinte d'un mai subie , a pensé mourir,
k est encore cn très-grand danger. . .

• VARIÉTÉS.

Un vieux cùré du diocèse d'JLvrcux sc présenta un de ce*


jouts , au district pour recevoitun lejpfcr à-compte far son
traitement. On lui demauefe s*n^ prononcé lc ferment or
donné par la loi ? U répond affirmativement , & ajoute que
si l'on veut , il est prêt -à recommencer. Le nouveau Judas
reçut alors la récompense due à sa trahison. Comme il sor-
toit, un des honorables membres du district s'écria d'une
manière assez plaisante : Ce vilain b. ... , ce vieux coquin se
damne pour bien peu de chose; & tous ses confrères de rire
& d'applaudir à cette faillie.

D'Alembert , en 1776 , écriyoit à Voltaire : «• Le rêve de


»» Bailly , fur ce peuple ancien qui nous a tout appris , ex-
»> cepté son nom & lòn existence , me paroît un des plus
I» creux qu'on ait jamais eu. Cel a est bon à faire des phrases ,
» comme d'autres idées creuses que nous connoillons , ií
n qui font dire qu'on est sublime».

Décidément l'assembléc nationale va réformer Tordre du


£aÌQt-Esprit , ooname un vestige de royauté, dangereux à
laisser à Louis XVI; & pour flétrir à jajeais , rendre
indigne de regrets cette ancienae marque de faveur, oa
- . .1 . , : .' . ì v.- 1
( *79 )
Jéerétera tjan Robesí... , Vilbt... & Saint-Hurti..
feront décorés, trois roois avaat fa destruction.

"A sélection de 1'évcque de Saint-Flour , il s'est trouvé'


hu.t voix pour ie comte de Mirabeau , quatre ppur un juif,
& vingt pour un fameux voleur qui venoit d'eue arrête, St
«ue la croise a pense sauver de la, corde, •"/••y. ,
' . ..; u-... ■ ■> ■ ■■

Décret sur les Mines. .,j i

Tel un animal dàns sâ rïgr


Dév.orc tout sur son passage; ") ; Me'J.
Tourmentés pat la soif dflj'or, . . ur iouù"-
Nos Meflìeurs sent bien pis encor. ' i ' '
Cés dispensateurs de besace,
* Non»conrens des biens envahis ' * **
; Jpu superbe empire des -1U,
Dont ils onti pillé la surface,
Ses trésors en teerc enfouts',
Vout tomber fous leur1 dent vorace

Je vìcds de lire dans le numéro dun Mars de la feuille


du jour , la phrase suivante : » La révolution étoit dans tous
>» les coeurs & dans tous les livïes ; ainsi rien d'étonnant
n dans la promptitude sv%c laauellenous l'avons vu s'aehe-
m yen no í'avoae que ceae alVcnion me paroît étrange. Je'
nc fuis point Français , qooiqae depuis long-tems je sois
. à. [Paris. Je puis assurer que lei prétendu despotisme français'
étoit une insigne calomnie, & qu'il s'y a pas en Europe
uae monarchie où 1W ait été plus réellement libre qu'en-
France. J'ai peine à comprendre comment un bouleversement
gênerai qu'on appelle révolution , excitée par des financiets
( *8t> )
&e$ capitalistes , par an banquier ministre,' St par qoelquts
députés factieux , perdus 'de «nœurs & de dettes", <qui n'eût
jamais eu lieu fans la foiblesse du gouvernement , » pouvoir,
être dans tous les coeurr&'dans tous les livres » ; à moins
que Pirrcligion ne fût aufli u dans tous les coeurs & djh.5 tpus
les livres », avec le défit' de s'àpproprier le bien tì'âutrùi »
"égoïsme , le sot orgueil de légalité , & ensuite dc ìa domw
•ation qui a 'tourné la tê-te ■àé vos lcsatds bourgeois"; Póur'
faire voir aux Parisiens cornbién ils font coupables 8i'tròrSpésV
il furfiroit de les conduire 14 heures seulement dans les pays
qui avoisinent la France ; tflènfôì: 'revenus de leur erreur,
ils méprileroient les infidèles écrivains, dont les mensonges
rendent le peuple-français íi barbâre & -si malheureux.

L'abbé Gascon , aulfi-tôt aptes la cérémonie de sintro- .


misation du nouvel évêque de Paris , s'est empressé de re
joindre le petit groupe de curieux, & a repris ainsi son récit :
»> Jé bous disois que monseigneur Gobet gardera ses yieux
» ébéchés, & boici comment: il a. transporté fagément ,
» dépuis quelques années ,' le siège de Lydda, dahs"unrpetit
» oratoire d'une maison -rue Méfiée, N.o 10 ', * 'óù il
i> officie régulièremeut &^ tous - les.' jours in parTÍÍus
» depuis onze heures jusqtt'^ ;inidi , depuis trois heures
i> jusqu'à cinq, & depuis/neuf jusqu'à minuit ». Sa grandi
quodataire , madame Richmahn , exerce le sous-diaconat ;
son mari soi-disant , Juif d!ûrigjne , capitaine chassé de la
garde nationale , est marguillier , concierge , & moyennant
salaire , allume Sc éteint' à propos le luminaire : un certain
abbé RÈgn..., foçt counu de- la ci-devant police , qui le -
traitoit en ingrate , &. tïop. méconnu des évêques Beau-
mont &í Jma n È', qui lui avrtient refusé constamment la
prêtrise , í£ lui donnóient seulement 3 6 liv. par mois pour '
vivre ^ s'est fait sacristain de cet oratoire , après l'avoir été '
dp beaucoup d'autres. II a , en .outre, certams cas réservés;
vous le verrez «u premier jour grand-vicaire de Paris , car-
monseigneur rend justice aux talens. Vous voyez que rie»
n'empêchera la réunion de deux sièges aufli voisins -, ce qui
»'empêchera pas encore que ce prélat ne garde & place à
( *i )
l'aiTembláe nationate, ou au moins ses 18 liv. par jour.
— Sur ce', mon gascon partit encore, cn nois diíant' au
re voir.

Une femme disoit de Mad. de Stael : sa figure nouj


venge de son esprit.

Voeux d'un Homme qu'on honore du titre de


mauvais Citoyen.
. , , .■ • •
L'église un jour renaîtra de sa cendre; .... .
Et peut-ètre ce jour n'est pas fort éloigné.
Le trône aussi que l'on a renversé, '
Pour n'avoir pas su le défendre,
Redeviendra plus brillant que jamais.
Voilà les vœux que chique jour je fais. ,.iv. -
Moment tant désiré! qu'attends-tu pour nous rendre '
Lë repos que fans toi nous perdons fans retour?' . , ^ '
Ah! si mon sang pouvoit hâter ect heureux joue, • . , , ,
Je fuis tout prêt à le répandre. . . '..us

Les Jacobins font rfeu des quatre pieds. Fiers de leur*


succès dans lc choix qui a été fait des éveques íchifmatiques ,
ils portent leur ambition plus k>in i ils veulent nommer les.-
ministres. Le sieur Roumon a d'abord propoté modestement -
de les laister à la nomination du Roi, mais à condition qu'il ;
y .auroit un comité de vérification nationale , &t un comité
ce surveillance. .!.•,■>
Le sieuc Laclos lui a succédé, & a vomi une énorme quan
tité de bile contre lc Roi. .-i'--:
Le sieur Barnave a péroré avec moins de fureur fur lc
même objet , mais a dit la même chose.
X-Tn sieur Boise t ,un sieur Cypierre, íbbe d'Anjon , »»
ì leur tour fixé l'attencion des Jacobins. Mais ce, dernier,
s'est distingué par une diatribe contre cette pauvre cour ,
qui n'a à se reprocher , que de souffrir l'existence de ce club ,
ennemi du genre humain. ITâ été applaudi à tout rompre.
Qn a dénoncé l'emprisonnement d'un- fondeur de- cane» ,
accusé d'avoir été le meurtrier du cavalier tué lë j*>ùr de
l'aflaire de Vincennes. On a nommé quatre commissaires
pour [découvrir la prison où, il est détenu & arrêté, qu'on
iroit en force le délivrer,
v La Section des Augustins a dénoncé un comité militaire ,
que la municipalité veut établir. Les avis les plus violens ont
été ouverts contre le corps municipal , Sc M. de la Fayette.
Le sieur ChEpi s'est plaint de ce qu'on voulait perdre le.
vertueux Santerre. On a arrêté que les membres des diffé
rentes sections qui étoient à l'Assemblóe , se chargeassent dfc
recommander à chacune d'elles, de veiller à ce qu'aucun
officier ou soldat , ne se rende au conseil de guerre .qui <ioit
être tenu pour juger ce fameux commandant de bataillon.
Le club des Cordeliers, le bras droit des Jacobins, a fait
afficher un arrêté-, par lequel il invite les sectiotís à révoquer
leurs mandataires au corps municipal. L'intentionde nos sei
gneurs & maîtres les Jacobistes, est que les nouveaux soient
, tous pris parmi eux. Les émeutes qu'ils commandent , n'ont,
pas le succès qu'ils en attendent , parce qu'on s'est avisé de
choisir un grand nombre d'honnêtes gens.

Forcer une prison ; cn arracher un co-tpabje pour le sous


traire à son jugement , est saus-contredit un crime de lèze-
nation au premier chef. Ce crime a été propose 2c applaudi
au club des Jacobins , dimanche 17 de ce mois. Comment
M. de la Fayette, & les municipaux laissent -i'.s e.x;ster une as
semblée qui seroit coupable , quand on n'anrdk que ce re
proche à lui faire ; une assemblée qui veuc s'opposer à ce
qu'on suive le procès d'un autie homme accule, nous nc di
sons pas convaincu d'avoir donné l'otdre de tirer fur ta garde,
nationale? Nos nouveaux maîtres se jouent d: nous , s'ils ne
détruisent pas ce repaire de factieux, cfú bravent haute-?
ment les lobe anciennes & modernes.
( 2*3 )

Inscription placée sur la porte de la Loge dt


VAmitié, ou le Club monarchique devoil
s*assembler lundi >8t rue des petites Ecuries
du Roi,
» Lc i g mars , l'an second de la liberté ,
*> De l'ordre des Jacobins,
» II est défendu aux honnêtes gens de s'assembler,
» Sous peine d'être massacrés. -
n Baiily & le b'.ond Morphée, quoiqu'avertis
» Quatre jours d'avance , laisseront faire.

Les couleurs qu'a adoptées une nation , quelque bisarre


fc de mauvais goût qu'eu soit le mélange, est fans doute
un objet respectable. Cependant , chaque jour la cocarde na
tionale patriotique française est insultée par les nations voi
sines , jalouses de notre gloire & de notre prospérité. Dès
ique vous passez les frontières de la France, vous êtes baf-
foué, honni, conspué, espionné, souvent emprisonné ott
chassé, si vous paroilsez avec la cocarde de la liberté. Le
ftnat français, qui s'occupe de tant de choses utiles ,devroit
bien rendre un décret pour faire respecter son pavillon. II
est bien dur pour un peuple libre de courir chez soi le risque
d'être massacré par des brigands , ou arrêté par un comité
des recherches, & d'essuyer des outrages & des vexations,
fi on va chercher chez l'étranger repos Sc sûreté.

M. le Comte de Cl... disoit dernièrement : comment


voudriez-vous que mon cber ami Morphée ne fût pas pendu ?
les monarchistes lc tireront par un pied , 4c les Jacobistcs
par l'autre.

ì
C 284 )

J'étois à la séance de samedi dernier, lorsque le vertueux»


le brave , le magnanime Cazalès a prêté le serment de fidé"-
Iité au sang de Henri IV & de saint Louis. Tout le côté
droit Fa imité avec transport, & moi aussi, simple témoin.
Le côté gauche a frémi. Ah! M. le journaliste, j'ai cru
entendre les rugissemens de l'enfer. S'il y a un. honnête
homme dans ce côté gauche, comment a-t-il pu y rester?
comment ne s'est-il pas jeté du côté droit ? Non , je ne vous
crois pas vous qui, honteux de vous voir associés à des
factieux, protestez , .dans la bonne compagnie, que vous
ne pensez pas comme eux. On doit vous confondre avec
les plus criminels. II est teim que les dépucés du côté droit
fassent imprimer une liste qui indique à la nation ceux de
ses mandataires qui lui font restés hdèles , Sç cette liste doit
être répandue avec la plus grande profusion.

II y a au marché Saint - Jean un corps-de-garde oc


cupé par des volontaires. Ce corps-de-garde est vieux. On
demandoit à la municipalité d'en construire un autre. La
jpuit du 17 au xg, une çuile du toit est tombée fur un
factionnaire. Le; soldats ont profité de l'occasion pour
démolir le corps-de-garde.

CE J OU RN AL paraît tous les matins.


Le prise de Vabonnement efl de 3 liv. par mois
pour Paris y 6" de 3 livres 1$ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

De rimprimerie du Journal de la Coar & de la jVille.


N". 31.

JOURNAL
de la Cour et de la Ville.
1 / '■
Tout faiseur de Journal doit tiibut au malin
L* F O N I A I SI K, ■

Du Jeudi 31 Mars 1791.

Extrait de VHiftoire de 1rance , sous les cinq


premiers Valois.
m . . . . LA degrés des crimes étoient encore évalués en
argent , & le scélérat pouvoit calculer d'avance quelle
partion de ses richelíes il auroit à sacrifier pour payer le
droit de se rendre criminel.... Les mœurs étoient dures 8C
féroces, la loi lailsoit aux maris le droit de battre leurs femmes,
pourvu qu'ils ne les tuassent pas.... II y avoic même des
pays où le mari pouvoit tuer fa femme avec assurance de
rimpunhé. Suivant les établissenieii'i ou loix de Bordeaux,
l'époux meurtrier juroit fur le corps de Saint S'everin, que
ce n'etou pas à dessein qu'il avoit tue fa femme , & qu'jl
étoit fâché de fa mort; il étoit quitte de toute censure &C
excommunication. Joindre le parjure à la scélératesse, c'étoit
un mcfyen affûté de braver les lcix ». —Ce qui se passe dans
«e moruent-c-i, permet de croire d'en revenir à ces principes.
C'est ce qui nous fait espérer que les femmes vont travail-
jet de tout leur ceeur à la contre-révolution.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 30 Mars.
I^ous ne nous arrêterons pas fur cette séance , qui jje pré-
Tome II. Année 1791. D d
s.

( ^ò* )
sente absolument rien d'intéressant. —Une séance qui n'est
que stérile, est un bienfait du ciel.

VARIÉTÉS.
Te« plus grands ennemis , Rome , sont à tes portes.
R AC I N F.
Je dirois sux députés à l'alfemblée soi-disante nationale :
'vos plus grands ennemis ne font ['as lut ks ítoiuieres ;ils ton*
dans le lein meme .de la patiie que, vous avez dech.réc. Vous
fûtes appellés par le meillcut des Rois , pour le bonheur
de tous lès sujets fans distinction, S: vous avez agi comme
si vouy.nc l'un,z que pour la canaille & les brigands. Vous
comptez les soldats qui peuvent entrer dans le royaume , &
vous ne coruptez. pas ceux tjw'ils trouveront prêts a le joindre
à eux. Vous ne comptez pas tous les malheureux que vous
avez laits, & qui tendent les bras vers nos princes fugitifs.
Restez dans votre aveuglement -, il favorise le châtiment qui
vous est du. , c». auquel vous ne pouvez échapper.

Ouelou'un difoit : les Etsts-Généraux font comme des


enfans ; 'il faut qu'ils touchent à tout , 5c tout ce qu'ils,
touchent , ils le brisent.

Sur le bruit qui se répand que les brigands


quittent Paris.
Quclqu'mi m'a donné pour certain
Que les brigands fuyaient grand train»
A le croire j'ai de la peine i . ' ' .
Car Uier du club jacobin
La lai le ctoit encore pjcine. v
, ( 2g7 )
Au reste, d'un pareil avis
On peu: tirer un bon augure.*"
Quand on voit de quelque logis-
Décamper les rats, les souris,
C'est preuve que biemòt croulera la masure (i).
N s ot.

Bouche de Fer. Comment designera-r-on désormais les


évêques dépossèdes?
R. Ils feront appelles à leur rour, ÉvÈques in partibus
INFIDELIUM.

On prjmet récompense civique & reconnoilsanee consti


tutionnelle aux citoyens qui feront passer dans toute l'Eu-
rope, le signalement bien exact de messieurs de la majorité
de l'atsenioke nationale, afin que, dans le C3S où leur mo
destie les por:eroit à fuir les honneurs du cordon dont on
doit les decoteí incessamment , l'on puisse , fans méprise, leur
déférer cer honneur dans tous les lieux où ils jugeront à-
propos de se retirer, en vertu des droits de l'homme.
Par un Souverain de la Nation.

On disoit à M. Mirabeau : Vous seriez bien embarrasses , fi


le Roi venoit à mourir. Comment feriez-vous? Ce que nous
ferions ? ropondit-il en pensant profondément : nous l'em-
1>A1LLER10NS. ...

Le cure de 'Marly-le-Roi , qui avoir prêté son serment,


tremblant de voir fondre sur lui les foudres du Vatican, vient

(i) Masure, petit édifice vieux ou mal bâti; dans ce


dernier sens , masure & la constitution sont synonymes.
( a*8 )
démonter en chaire, pour sc rétracter hautement, & avouer
qu'il aime mieux s'exposer à devenir martyr de la constitu
tion, cjue d'être continuellement ea guerre avec sa cons
cience, &c.

Maîtré Périg..,. tient fabrique


D'évêques d'un genre nouveau;
II va dans peu lever boutique,
Ne faisant rien fur le tréteau;
II espère avoir la pratique
De messieurs les départemens;
II en tient» des petits, des grands,
Des évêques de tonte fort*. "
Tous les goûts il contentera,
Et pour enseigne on en pendra
Quelques-uns au seuil de la porte ,
Comme tons ces maichands de joujous enfantins,
A leur avant- boutique accrochent des pantins.

Presque tous nos nouveaux évêques ont des bonnes amies


mariées, ce qui facilitera, infiniment les loix projertécs fur
le divorce Sc fur lè mariage des prêtres. Voyez combien
la nouvelle constitution aura détruit de scandales!

Avis important.
L'appartement de monseigneur í'evéque de Paris- Lydda ,
ou de Lydda-Paris ,
» Car íì n'importe guefe ,
Que Paris soit devant , ou Paris soit derrière ,
n'étant pas encore préparé , attendu qu'il en faut un tout
attenant pour madame Corrimodc fa gouvernante , grande
amie de madame Richm.... les personnes pieuses qui auront
( *h )
affaire à ee bon évêque depais midi jusqu'à cinq heures , &
depuis 9 heures jusqu'à minuit , sont prévenues qu'elles le
trouveront régulièrement rue Méfiée, N.° 10, au rez-de-
chaussée , du côté du boulevard.

Detnièrement , les patriotes du caféFrary parloient projet1


de contre-révoluriou. L'un disoit que l'Empereur pou voit
mettre sur pied tout au plus joo mill - hommes ; & qu'est-
ce que cela , ajoutoic-il * Pour moi , dit un autre , si les
Autrichiens entrent en France, ma motion est toute prête ;
c'est de confisques tous les biens des fugitifs , & de donnée
a chaque soldat Autrichien trois arpens de terre , pour
le débauchet & l'attacher au fol français.
On voit que l'idee du partage- égal de terres fait fortune
& que par-tout où il y a de la terre à voler , & un exécuteur
patriote , la contre-révolution est la chose impossible.

Sur les refus de MM. de Sens & d'Orléans, amis de M-


de Juigné , & honteux de coopéret à fa spoliation , M»
Gobel s'étoit pourvu au tribunal du cinquième arrondissement,
séant à Sainte-Geneviève , qui l'avoit envoyé en possession
d'u temporel, & kii avoit permis de se pourvoir pour son
intronisation devant l'ex-prélat d'Ai't.. qui n'est ami de
personne , & n'a honte de rien. II avoit été arteté qu'en ca$
de refus de U patt de ce dernier , le tribunal lui-même se
chargeroit de donner l'institution canonique-
Ceci rappelle le trak suivant. Un protestant avoit envoyé .
chercher plusieurs fois inutilement un curé de son voisinage,
poutbaptiset un enfant qui lui venoit de naître: lassé dés refus,
il envoya ub huissier qui tïtmina fa sommation en ces tetmes :
» & ràute par ledit sieui cure d'obtempérer aux désirs de
»> ma partie, le présent exploit vaudra baptême >>.

On ne fauroit trop louer la municipalité de Paris d&


i'auention àvec laquelle elle cache à ce bon peuple l'érat
,( 2J?° )
desespéré où i! est.' Eli; rousse la tendteflé maternelle jusqu'à
fe're courir des voitures dans les rues pour rendre la bonne
ville plus vivante. •- , - .

J'ai vu une chasuble,!): autres ornemens , étalés fur le attaj^


des ThcatÍBS , vis-à-vis k- Pont-royal. Ces dépouilles de nos
temples on: -tait fur mename une impression profonde Mille,
ídees tnstes naissent en foule & bouleversent mon esprit. Que
prétend - on en taire, me diíois-je ? Les . chapitres , ni les
couvents ne peuvent les acheter. Les municipalités n'en ont
pas beloin pour leurs nouvelles paroiíìes ; puis ce font elles,
<]ui s'en son; em,ai\'és & qui les feint vendre. II rest? donc
si en faire des fauteuils & des ottomanes; ainsi , ces pieux
ornemens vont palier dans les boudoirs. Mad. de C. a,
«jit-on , un petit meuble charmant , que M. le ci- devant
Evêque d'Aut... lui a fait faire galamment avec des chapes
de Ion chapitre, dans ses bénites main" : les aubes , les'
surplis, onc.pt is la forme de peignoirs élégans , garnis de
superbes dentelles. Ce laine prélat croyoit apparamtnent de
cré:r une chapelle ou otner anc vierge.

Les citoyen; de Bordeaux se sont montrés dans tous les


tems singulièrement attaches à leurs concitoyens. Les clubif-
tes Jacobins de cette ville viennent de donner une preuve
bien éclatante de cet ancien attachement. —En donnant
l'ordre de procéder à l'elsction d'un éveque onstitittioruiel ,
po.it le département de la Gironde , les clahitl.es Jacobins
de Patis ont fortement recommande á leurs conhercs de ,
Bordeaux, de sixer leur choix fur un des curés gauchers
de l'aílemblée nationale qu'il; avoient désignés. Ceux-ci
n'ont point déféré à la tcc.on-.rnr.!idsticni mais aptes avoit .
cherché inutilement ' parmi le clergé de Bordeaux quelque. ,
ecclésiastique de la secte impie des philosophes , ils ont été
forcés de recourir à la secte Janfenicnne. Les suffrages se
font portés en faveur de l'abbe Paccafau , chanoine de
la cathédrale, ancien at pcllánt , & le P. Coustafit , do
minicain son disciple , & professeur de l'Université. Le '
( )
-premier l'a emporté de six voix. I!s avoîent mérité l'un Sc
i'^tre cette prédilection , par un petit écrit qu'ils a voient
compose de concert en saveur du. serment civique.
——
Pat ON CITOYEN DE LlBOL'RNE.
f

Uri cocher de fiacre qui a le tems de service requis pat


les décrets pout avoir !a croix de saint Louis, vient de se
présenter à M. Dupòrt du Tertre , homme en place comme lui.

Surìm honorable Membre qui a dit a tAssem


blée qu'un lièvre mangeait pour dou^efrancs
de foin par an.

Que mons Dupont ait connoiiíance


De ce qu'un lièvre en foin dépense, ..
>i Je n'en crois rien -,
Mais qu'il sach: mieux ce qu'en somme,
Par an, un !-audet en consomme,
Je le crois bien.
ÎÍÊOJt.

On a saisi dans le Brabant 14 millions qui étoient destines


j tomemet la pro; agandc. On alsute que le général Bendet
va Irs faire paiser incelsaniruent à M. le prince de Condé ,
pour k dédommager de la perte de sou Clermontois.

Lundi dernier, dans la rue des petites Ecuries, deux Ja


cob... présidant les scélérats payés pour échaivírcr la canaille
contre les monarchistes , ont 1 té pr.s , par cette ca.-.a Ile même , x-
|Ot:r des honnêtes gciK, parc qu'elle ne s'y co: noir pas.
Us eij ont 'Jtc maltraites cruellement. L'un d'eux l'a été
au point que fa vie est on danger. Ce n'est . u'ua, préluda,
( )
car nous osons prédire à tous ces Jacob... que cette même
canaille , fans être payée , les traitera bientôt comme ils le
méritent.

Le grand motionnaire, le famciix Saint-Huru.., qui a porté


par-tout impunément le trouble, le desordre & la fureur
dont il elt agite , se vantoit hier d'avoir imagine , pour
échauffer le peuple, de répandre que les monarchistes por-
toient la cacarde blanche. íl se vantoit àulli de n'avoir rien
épargné pour taire égorger les citoyens les uns par les autres ;
St cet homme brave la loi fous les yeux de l'atsemblée na
tionale , de la municipalité & de quarante mille hommes
qui se disent armes pour la sûreté publique1. O tems! ô
mœurs !

te jour de ('installation de l'Evéque eonstitutionnel de


Paris à Notre-Dame , on a , pour la première fois , rendu
le pain béni dair. cecte église nouvellement paroissiale. Les
cierges , qu'on cil dans l'uiage de 'placer fur le pain béni ,
tombèrent , 6c fc brisèrent tous. Lc peuple, témoin ck cet
accident , l'a r,cgirdé comme d'uu très-mauvais augure pour
la nouvelle hieraichie.

Comrríent ose-t-on se plaindre de la municipalité , qui a


fi bien secondé le schisme ; qui a dépouillé les cours de justice,
ks couvents, le; églises, avec tant d'em, ressèment ?

"l'ii""- 1 g gSSgSS T
Ce JOURNAL parait tous les matins.
Le prix de Vabonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris, 6* de 3 livres ?5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efl établi
rue Rercéc-Saint-Andrc-dcs-Arcs , N°. 21.

De rimprimetic du Journal de la Cour ií dp la Ville.


JOURNAL
de u Cour et de la V i l l f,

Tput faiseur de Journal doit tlfbut au malia


-_ La F o nia in k,.

Du Vendredi? Avril 1791.


Allez, prince, & suivez vos généreux desseins ;
Da Roi , de son royaume assurez' les destins ;
Et tandis que, flatté d'un sort si plein de charmesf . ' •
Je vais offrir au ciel 3c rn.'s vaeux'Sc itiei larmes : ,
A trayers les dangers , intrépides soldats,
Marchez en invoquant l'arb'ttc des combats-,
Au manège aussi-còr ( tous tyrans sout timides )
Chass-z-fn fan; retour ces crudi régicides -,
Et tous les coenrs plongés dans un lâche sommeil f
Vous voyant approcher dans ce noble appareil,
S'empresseront bientôt de suivre votre exemple,,
Songez qu'en ce moment l'Europe vous fopiempL' :
Que le Roi, par vos mains, recouvrant tousses drçits
Fasse régner' par-tout la justice & les loíx :
De ses jour; malheureux effacez la mémoire ,
Vê liez fur fa pedbnuc ainli que fur fa gloire.
( Extrait d'un -Recueil de diverses piïces , avec des
notes historiques St critiques , qui se trouve á Paris chez
tous les marchands de nouveautés).

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du $i Mars.
On a continué la fui e des décrets concernant- Vorganifa-
. lion de la haute cour naiioua',e. —M. de Mirabeau est t»^-
•jqurs très-maj. . „
Tome II. Année 1791. Ee
( 2?4 )

VARIÉTÉS.;
Bruxelles , ce 17 mars.
Je réitère au pubjic & aux gens de lettres , mes remer-
cîniens de leur bon souvenir , & de la confiance dont Uï
m'honorent; mais je repete que mes moyens pécuniaires 11c
me peimettent pas de recevoir [Innombrable quantité de
lettres & de journaux qu'on m'adtesse , dont le port ne
sauroit être paye jusqu'à Bruxelles.
, . . • ■' M E U D E - M O N P A 3.

Pour mettre au bas du Portrait de la MAIRE


Jeanne Bailly.

Dites-moi quelle est cette femme


Dont la langue est toujours en train
Comme un cliquetis de moulin ;
Qui , du matin au soir, entame
Propos qui n'ont jamais de fin ?
Vrai perroquet , elle pérore, v
Parle, parle, & puis parle encore >
Et jamais op ne comprend rien.
En vain elle se préconise :
C'est , & je crois la juger bien %
C'est le tocsin de la betisc.

M. Alex.... de Beauh... a voulu voler de ses propres


aîles; c'est dire assez qu'il a recommencé ses sottises. Ce-
petit muguet a voulu parler fur l'affaire des Invalides , <Sc
(!2<J5 )
voici sa logique : « L'hôtel des Invalides a été bâti fous
i> le règne du despotisme : quand une grande nation se ré-
» génère , il faut détruire c: qui leste de l'ancien régime ».
Non-content de cette superbe togique , ce ridicule roquet a
voulu aboyer contre l'un de nos grands orateurs , M.l'abbé
Maurit. —» Le tems n'est plus , a dit le Vicomte , où l'on
» pouvoic éblouir par l'éloqiiencc , où 400 fermes étoitnt
» le prix d'un beau sermon ». Cette plate diatribe lui a
valu des nuées au-dessus desquelles il s'élève, & une repartie
fort vive de M. de la Chaise: « Le tems n'est plus , a dit
» celui-ci , où l'on avoit des regimens potor avoir bien
» danse ». Cette repartie, qui portoìt á bout touchant sur
l'Akxandre de la danse, a beaucoup amusé. L'abbé Maury
est monté à la tribune , & lúi a poussé quelques argumens
irrésistibles. —Un membre du côté de la droiture, voyant '
qu'il s'échaufíoit trop, Pengagcoit á descendre. —» Mcs-
» sieuts , je voulois répondre , l'ássemblée en ordonne au-
» trement. L'cstime du loyal Marquis de Beauharnais me
» dédommage amplement de la jalousie que je pourrois avoit
» de l'eloqucnce de M. Alex.... de Beau....
1 t il
Le ci-devant cardinal de Loménie, en rendant le chapeau
dont il s'est reconnu indigne, donne le démenti aux Jacobins ,
qui avoient répandu le bruit que le bref du Pape à cette
ic'uc éminence étoit fuppo.sé. '

Le journal intitulé , lé Lendemain, qui a de Pcsprit lors


que les autres joun.au i en ont eu la veille, trouve mauvais
qiW-nous né lui en fournissons pas assez : il critique plusieurs
paragraphes de notre N.° 11 ; enrr'auttes , celui où nom trai
tons de l'organifation de la tête des Jacobins. II prétend que
c'est lì un style de laquais. II faut que, fans y penser, nous
ayons mis lc doigt dans quelque plaie secrète du journaliste ;
niais cn dépit de l'humeur qu'il a aujourd'hui, & de l'esprit
qifil aura demain , nous allons encore insérer l'article suivant.
La chevelure des Jacobins ressemble à ces nids de pies
qu'on vo'rt accrocli's au sommet des arbres : dans peu , les
nouveaux nids i ont ten't com agnie aux anciens*

Jugement dernier.
Kit Maudits. 1 Venez a mou
L'orguc'I La met h; La prudence Cazalès.
L'envie Luport; I.a force Maufy.
L'avariee • Camus. La justiee d'E .■■rcrn?(nil.
l a luxure d'Aigui Ion. La temperi l'ar.hev. d'Aix.-
La gourmandi. Mcnon. La foi l'ev.deClermonc
I acolcrc Ba nave. L'espérance l'cvcq. de Nancy;
Lá parcise La Fayette. La charité l'arch. de Paris*

Xé décret du 18 mars est le fru't de la plus profonde sa


gesse , & vâ mettre enfin tout lé mon !e dVcord. Les aristo
crates ne pourront pliis crkr que le roi est en prison; ils
pourront tout au plus dire qu'il est consigné au quartier.

,OuL, messieurs, yous étiez bien informes , il est vrai, que


la Léda d'un de nos nouveaux évêques demeure rue Meílée,
N.° 10. Nous aurons foin de donner l'adreíle de tourc: les
aimables suppléantes de ces respectables fonctionnaires pi bi cs*

On a donne à Virgile le nom du Cygne de Mantoue ;


bn va donner à M* l'cvccjuc Gobet le nom du Cygne de
Paris. , ■ ... .1 , .■> •

Lés pierres delà mura'lle qui environne M capitale, vont


être transportées à vi.igt lieues à la ronde, pour être em-
E''lovées à la construction d'un grand pac, qui ne pourra
e'tvir iju'à fèuserrhér des ínoutons t & autres animaux fa*»
( W )
íiblcs-, ceux d'un instinct courageux lc franchiraient «dp;
facilement.

Les 15 ou 10 millions de nos assignats oui ont été fe'tfis


a Bruxelles,- ont servi de modelé à !a fabrication de 3 à 4 10
antres n.'llions , que les Brabançons rous ont tcnvtìyes-poui
a .heter d?s biens du cierge- Nons pourrons dite comme tó
Lion, dans la fable de La Fontaine :
Que de filles, grand dieu! nos pieces de monnoie
Ont produites! &c.

Les alij náts cjuc nous avions envoyés pour exciter l*îií—
furiection isbr-ic de Chambcry, ont un peu éveille l'indul-1
nie des bons 5avoyaid>; ils o:it assez mal réussi dans la pre-*
jniere épreuve de la fabrication ; mais ils travai lent à réparer
les incorrections de leur ouvrage : i s ort m m.' deja fait
leur soum'ssion pour plusieurs biens domaniaux du Dauphiné,

Nous pensons que le club rríorâ chique n'auroít jamais dû


choisir d'autre emrl cernent pour ses séantes que la salle
rtlèmc des Jàcobins : nous l'exhortons à les y aller tenir,
les' droits de Hhorrffhe à la main : s'il ers rcsultoit Cji.eli.jus
petite discussion avec les Jacobins (ce qu'on ne crcíi pas ),
Ja garde natio>;a e connoìt à-présent trop bien ses devoirs ,
s>n honneur & ses intérêts, pour fe mêler de la représen
tation de cette piece, àurrènient que par ses applaudiiìcm.ns,
si elle étoit bien jouée.

Dn va décréter que dorénavant on ne dira plus l'Hiíroire


de France; on dita l'Histoirc des Français.

Des personnes qui se disent bien instruites, prétendait


qì: fi M. de Mirabeau oVút jamais parie des trente-trois
( *$8 )
sactieùx qu'il a dénoncés , il sciait très- bien sortant au
jourd'hui

Comme je présume que vous avez des abonnés au-deli da


Rhin , je vous prie de vouloir leur donner un avis salutaire.
Nos faiseurs vont faire partir pour les différentes villes con
sidérables de la Germanie , des hommes chargés d'observer les
mouvemens des réfugies , de pénétrer leurs deiítins , de noter
, leurs ressources , de connoître leurs liaisons avec les puissances
de rempire. Je puis vous désigner deux de ces mandataires;
l'un est M. de SJainï-Maur, fort capable d'une mission de
ce genre , par un très-bon esprit d'observation , & un ca
ractère qui ârtirc la confiance ; l'autre est M. Bonne-Car
rière , qui n'a pas les qualités du m:me genre, mais qui a
un talent d'intrigue iiifininienc dangereux.

On demande fur quels fonds se prend !ft dépense de cette


immense quantité de papiers incendiaires, dont la distribu
tion se raie dans hs cà'íïpágnes gratis. Les révolutions de
Pans, par. exemple , se portent dans placeurs villages aux
environs de Paris , & ce n'est que la troisième ou quatrième-
fois, que 1c colporteur reçoit de ceux à qui il est charge de
les remettre, une piece de deux (ois pour ses peines : ce fait
est certain.

Air de Joconde.
Du roi presque sous le balcon ,
Je vis aux Tuileries
Les gardes au jeu de ballon ,
Fai'anjt maintes parties.
Ti scmbluienr dire à chique bond ,
A ce roi qu'on peiote :
» C'est ainsi que la nation
» Vous joue & vous balote ».
( *99 )
M—» i — i
L'amour- propre blessé , enfante par fois dts belles actions r
témoin la restitution faite par M. C. de Lam... des 60
mille livres du livre rouge ; mais la vengeance est au bout.
Une motion vigoureuse le prépare pout torcer tous les ins
crits au meme livre a pareille restitution , & c'est elle qi i
explicjueia la différence d'une belle à une bonne action.

L'ultramontain Marquis de Vil,... fut veir un jour ctbis*


fa tente , M. DE Montc ekon, & le trouvant fur Ion lit qui
se rcposo.t , il lui dit : Eh bien"! mon ami , vous voilà comme
Tobie, couché fur votre fumier. —Oui , dit M. de Mt.nt-
geron, & comme lui, insulte par la cai:ail!c.

Les dames blanchisseuses de la nation de Paris font Jars


l'usage , a l'approche de la mi-careme , de se nommer une
Reine pour ce jour-là. Hier mardi elles ont nomme Reine
une bonne patriote ; & lur la motion qui a ete laite $c
appuyée , de nommer austì un Roi, 011 a | rocede à cette
nouveile élection par aiiìs, & levé , & M. Chabr.. a été
nommé d'un cou* de cul unanime.

Je me fuis rrouvé, Messieurs, par hasard, lundi pallé, à


íix heures, rue des petiu-s Ecuiies du Roi : j'y ai rencontré
deux domestiques de MM. Dt Lam... Je leur demandai ce
que c'etoit que ect attroupement : —("h ! me dirçnt-ils, ce
n'est rien; ce font nos maîtres nui nous envoy nt ici, avee
d'autres bons vivans, pour loílêr les m mbres du club mo
narchique , qui veulent Cvl.'lrer l'anni\e. faire du 18 : nr us
pou rons bien, au besoin , en assirrav.er cu tques-uns : voule?-.
vous ctre des nôtres ? Vous nc vo s cn repen iiez pas'. ..
A ces mots, j'ai sen.i m.-s cheveux se círe;rer d borretr.
Je luis couru chez moi, jour vous rio! ner av s de ce fait.
It est boii que la France soit instruite que, quand il y «
tftie émeute , MM. de Lam... ne sont pas bien loin. Jufqu'l
j>résem j'aVois toujours cru qre c'étoit les aristocrates qui
fesoient tout. Je crains , à la fin , de le devenir malgré mpi.
Signé, Saint- Jean, domestique de M. Seran,
bijoutier.

Catéchisme nouveau & raisonné, à l'usage de tous les


íatholiques français. Brochure in-X.° de 11S pages. Se
trouve à Paris, chez Richa-f d, libraire au Luxembourg , 8c
«nez tous les marchands de nouveautés.
L'autcur de cet ouvrage trace aux vrais fidèles d s icglrs
íûres de conduite pour íes cvxi;cchcr de participer à l'apos-
tasie grncrale, dont la France va être frappée, pour affermir
leur croyance,' & d'rigcr leurs | as. II peut êtte rangé parmi
le trés-jeùt nombre de bons ouvrages que la révolution a
fait naître.

On m'aíTure que les lettres de France, & pour la France»


■sont décachetées. Tant mieux; la faine morale finira par
convertir m:me bs es ions, qui s'aprercoiveni bien que leur
existence n'est pas fixe , & dépend de !a moindre circons
tance. Qu'on rie soit f as surpris de me voir -désirer la con
version des coupables. J'en atteste le ciel ; je voudiois pou
voir apprivoiser les panthères, les tigres, les Lam... &c.
0c jarrais on ne me prouvera tyje la vengeance égale le
.charme de la geaérosiré.
M n d e - Mon p a s.

Ce , JOURNAL paroít tous les matins.


Le prix de façonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris , 6" de } livres 1 5 fols pour la
" Province , franc de port. Le Bureau ëjì éiaì U
tue Percle-Saim-Andrc-des-Arcs , N ". 21.

í)ç .i'Impi'uiienc du Journal de la Cour & d<^ la Ville,


S U P P L,É M..£:ÊÌ' t

Du'^N;0 32.
t" ".,37s r* r"** • ' * 1 y "D
Air : Que h Sultan Saladitu >

C^ue les, sultans. jaçobjns


Veuillent faire des jardins ( , ; r>t) y
De nos villes les plus belles, ,.j £t
Pour planter des loir npuveljes ^
Auxquelles on n'entend rien; -; i_
C'est bien, très-bien,
Dit le bourgeois parîfién. -'■')/
Moi je pense comme Grégoire J ' < '
J'aime mieux boire. a ' ■ (bis)
. :.\ >•> > «••<" tiCiài.
Que notte grand général-.; .
î»'endorme fur son cheval; ' '■ /")
Qu'il paroisse aj?rès. l'orage, . . ; • :: •. ,1
El qu'il s'oppose au $\Uag« ..,
Au moment qu'on en revient;
C'est bien , -très-bien :
L'on fait ce qui le retient.
Quand on .veut farler de fa gloirey"-'"u-' '
J'aime mieux- boire. T (bis)
Qu'on nous donne pour prélat, .(: fjv y
Un évêque renégat.; _ 1.,.-/ .CT
Qu'au berger donnant la chaste , . .
I.e loup soit mis a f» place, •
Et croque J>rebisi & chien;
C'est bien , fort bien.
( 3°2 )
:': :r. 'our mo'' 1n' ^a's hon chrétien;
A Lyd. jc ne saurois croire ;
i. J'aime mieux boite, v: "~ ■'. (bis)

Que Bail., dans fa grandear,


Conservant le ton flatteur,
Caresse la populace (i),
Et semble demander grâce ; , •
Dans son humble & sot maintien
C'est bien, tr's-bien *
La bassesse eft son soutien.
Moi je suis fier comme Grégoire ;
J'aime mieux boire. (bis)
( -i . * - -•
Que pour quelques assignats , . ;;~
Pêrig... , nouveau Judas, .
i \ Trahisse avec perfidie , _ • ;
Sa foi , foui nom , sa patrie
C'est bien, très-bîèhj
C'est le fort qui lui convient;
Pour moi , loin d'en salis l'histoire
J'aime mieux-bo^reV•'• - •. - (bis "J

Que les Treil..., les Cam»


Connoissant tous les abus,, -, , ,.. i
Veuillentj ppur tarir leur source,;
; - La détourner dans leur bourse ,
En renversant Tordre ancien i
C'est bien , très-bien. ■
Doit-on aboyer pour rien ?
Moi qui parle comrne'Gregoire,
J'aime mieux boire. (bis)

(i) Rue des petites Ecuries, le it mars.


( 303 )
Qu'en attendant les hasards
' Qui relevenr leurs poignards,
Les brigands fument la pipe,
Et qu'il ne reste à Philifpe /
Pas plus d'honneur que de bien ,
C'est bien, très^bienj
Pourquoi fait- il le vaurien?
Pour rnc i qui n'aime que Grégoire ,
J'aime mieux boire. ' ' ( bis )

Qu'on dise au bon roi Louis-,


Qu'il est libre dans Paris;
Qu'on le fhaise de son trône ; • •
Qu'il accepte , qu'il sanctionne
Des décrets tant qu'il en viínt 4 i- •
C'est bien , très-bien J ■■
C'est un fort bon citoyen. - J ' - " .i li
Moi, jc rn'agocie à fa gloire, *■:-■>■- ■ : vT
Quand il faut boire. •• ...j . ••. (bis)

' - -
LE CURÉ D E V E N Û E V E Q U E,

Imitation de la fable de la Tontaine :


. . : r;- : .. . .. •■.
LE LOUÏ DEVENU BERGER.
Un prêtre, mécontent de la condition
D'être curé dans ub' village,
Fm enfin, en jurant, la résolution . .
De faire un plus grand personnage.
II s'habille en évêque , endosse le rochet
Sur un long cafaquin violet -,
( 3<H )
Prend la croix , la croise & la mitre,
Pour qu'on ne doutât de son titre :
II auroit volontiers écrit fur son rabat :
Ne vous t trompez pas , messieurs , je suis Prélat.
Sa personne ainsi costumée ,
Sa mine de Judas , saintement composée ,
Séduisent le troupeau dont il devient pasteur.
Du troupeau le vrai chef sur ses ouailles rebelles ,
Gémit dans le fond de son coeur ;
II parle , mais fa voir ne peut plus rien fur elles,
Et leur égarement le rràvre de douleur.
L'hypocrite en rit a<* contraire i . .";.«
Et pour mieux réussir à tromper les brebis, s. .. f
II prétend ajouter la parole aux habits ;
Chose qu'il croyoic /nécessaire.,
Chose qui gâta son affaire. . : . .ì
II ne put d'un prélat contrefaire la yoìx: L.'~j
Le ton rauque & grossier de notre villageois i , V
'. .w Fit découvrir tout le mystère. ., . " ...... ;
Le troupeau connoît son erreur -,
On crie haro fur rimposteur.
"f r Le faux prélat dans cet- esclandre; ' ;
Se trouvant en habit de chœur ,
Ne put ni fuirai se défendre. . r.
Toujours par quelqu'endroit fourbes se laissent prendre.
Celui-ci sut pris , Il par où ? - '
Par le bon endroit, par le cou. . i ; ., „.,,• .
N E o t.

De T Imprimerie Bu Journal de la Cqar &.de


N». 33. ; v

J O U R N A L :
i>e la Cour et de la Ville.

Tout raiseur de Journal doit tÙDUt au malin


• L* Fontaine*
Du Samedi 2 Avril 1 79 r J ■ ■ '■

Rcf.exìons. . .
Avilir la nobleífe, eft-« valoir mieux qu'elle?
Ce vers, qui terminait mon apologue du Cerf - volants;
déchiré par d'envieux poiuons-, c? vers, dis-je, fut plate
ment réfuté par lus eclaboulsans ecriveurs. Au reste, je
m'y attendois. Mais ce à quoi je ne devois jamais ro'at-
tendre , c'est à la subite conversion démagogique de nos
insolcns courtisans. Comment croire que d. s grands soient
dans j-'KNCHANrEMENr de n'etre que les egaux de leur»
valets? Qu'un duc Considère, respecte in.me les sublimes
talens en tous genres; qu'avec raison , il pense que le mer té
couronnant les vertus, rapproch.: les distances focia!es-, ru'à
s«« yeux Ro'e Fabert, Chevert , Racine > Rouileau, Vol
taire, Sec. soient 'supéíieurs i un pince nul ; mais aie daris
une révolution, su te des déprédations de ces courtiians,
ils affectent une résignation oui ne lâuroit être dans la
' nature, dilons le mot , voilà la lâcheté. Malgré son erreur,
le' peuple désirant s'élever, est excusable. Mais , encore une
fois, tous les grands démocrates ibut des , Sec.
- 1 . • M eu d e- Mon p as.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
, , Séance du z Avril.
M , Charles Lameth a reçu , à la séance de Jeudi soir, un
astront sanglant : il a fait des efforts ii ridicules pour taire
Tome II. Année 1791.-, F f
( V6 ) . /
revenir l'aflemb^ce sy:r. le dccret porté sur les ÎKvaliJes,
qu'on a été obligé 4e lui couper la párojjè pì.r un décret
formes: '1 etoit lurieuy. —Bulletin de M. Mirabeau. -*-G»
1c dit mort. ,t .

V A R I E T É S.
On a dit de tout terr.s , & de tout teins il aété vrai , qae
rkn r.'écaioit l'msoltncc des i ctits & d. s rots , quand ili s^nt
parvenus Les fkaux de la Frauce le piouvcnt fc'uni I.c côté
gauche de certaine astlnitke , n'est compose cjue de ce que
les provinces avoiem de plus.ro dicerc en avocats , gens de
loi ou d'affaires , de ce oce la cour avo't de plus intr gant Sc
'de plas bête , de'ce que .*tg:ise avt.it de plus corrompu. Av> c
quelle audace & qae IL- insolence ce reb'Jt de la nàii; n foule
aux pieds tout ce que nous avons de respi-ctai4í & de sacre !
La persécution qu'éprouve l/église de Fiance , ne ressemble
à. aucune de cel'es dont l'hiltore faît mention , c'est t irrcli-
fxè' comme elle
en son nom'
gu'ou.l'exerçoit. Ici il est l'une de1 seí victimes. Courage,
vertueux ecclésiastiques : si Nostiadamus a prédit que cette
persécution scro t plus forte que celle d'Afrique, il a auffi
prédit qu'elle finiroit en 1791 , que i'qa íroìroit ëtre «ne ré
novation de ficelé. ;
-i /
r.l .... . .. t- •. ,

Quelqu'un disoit que M. C. Lam.... embrasseroit la


bonne cause , fi on le prenoit par les senumeos^.: n i'aodis ! ré.-.
n pondit un gascon , cé séroit bouloir prendre un tondu sac
» les chebeux ».

Copie d'une lettre écrite à certa'n grand blondin , quj a


«t i'hnpuidence de fairé piiblier que jetois, venu exprès.
Bruxelles, <laus lcdcilèhi d'enlever te I\oi.; .. ;
( 307 )
«c la preuve , Monsieur, que je n'étols pas à Patis le ig
*• Février , c'est que vous existez encore ».
Meude-Monfas.

Epigramme.
■Quel est Ce sénateur Français
Tout frais sorti de la coqai'l--? ,
C'est Mon eigneur de B:a.ihar
Au ba!, dit-on, son talent brille, .
Mais c'est au ba! paré;
Ici, voycz-lc en chenille ;
Le trouvez-vous défiguré ?

On assdre que les pl is jolies épouses de MM. les députés,


à la vue du décret qui exclut l.s femmes de la régence, se
sont assemblées ; que pour venger l'outragc fa'.t à leur s.-xe,
elles ont décrété cntr'elles d excl.ire leurs rruris de l.iirs
lits , & que ce décret s'exécute tous les jours depuis ctf tems.
Toutes les f.'mm.s intéressées omme elles à soutenir l'hon-
neur comni.in , sont, invitées à saivre leur exenirle. Plus ds
faveurs fan; l'abolitioo de la gothique loi salique.
» Qui maîtrise les cœurs , a le droit de régner >i.

On assure que Phix... dit le rouge, fait fóire pour c°nt


mille écus, c». forvire de porclaiue pour Agnès Buis.. :
c'est à Tournay, autant qu'on peu» juger. II est vraisem-
Wab'e de supposer que 1a ma rice d'assignats liquidera cette
dcae-lii . . /

Messieurs, j'entrai dimanche à Saint-Joseph vers l'heure


de midi, jt fus tiés-ctonnc, fans être édifié, d'entendre la
( 3û8 )
musique guerrière qui jouoit des airs d'ariettes ; & notam
ment a l'clevation, cetui cjiìi rappelle ces pardles : « Jen'fa'u-
ioìs danser , ina pàntouffle est tiójj étroite : sârís préjudice du
fameux eivico-consttuiionnel Ça ira ». Cette scène lyrique
fut termince au Domine salvum, par le branle, vivk
Htn« IV! *r~ -
A la bonne heure pour celui-ci, quoiqu'un peu gaillard;
du moins il rappelle te souvenir d'uu fieVos qui connoissoit
le prix d'une messe. Puissent bientòc ses_ augustes rejetons
en rcnouveller l'cpoquel -••»'*

Un de nos corref>-ondans nous envoyé «ne relation du


sacre d'un éveque constitutionnel; die finit par une naïveté
aristocratique qui pourra faire sourire quelques-uns de nos
abonnas : « Un accident a un peu troublé ces réjouissances.
»> Un canon a crevé avec grand fracas; mais heureusement
» il n'a fait de mal à personne ; U n'y a eu que deux pa-
i> trìotes de tués ».
———— !, ,.'
On fail à la manufacture du plaqué, hôtel Pompone,des
croix , des crosses , & autres bijoux d'un goût nouveau -, ils
font d'un or faux , & qui ne rougit jamais : d'autres dont e
Sedans ne répond pas au dehors , lotit enveloppés d'une écorce
<àror tres-'frn. Vous voyez. Meilleurs, qu'il est, essentiel que
nos évêques intrus en fo'ènt instruits, afin qu'ils puissent
officier à l'avenir caDoniqucrncnt., Le cardinal L'ignofninie j
qui s'y entend, pourra donner de plus grands renfrignemens.
On fait qu'il s'est vanré de iTCfVôìr prononcé le serment que
de bouche, tandis que son coeur juroit tout. bas le contraire.

j: Lcjournal de Garât mita biéntót le fort de celui de Prud*


homme. II faudra le distribuer gratis pour le faire lite. Les
h'jnn-tes gens, dont la soufinflprion n'est pas, finie, le re-
jètent menie ■ n le | avare. 11 révolte plus que les écrits des
Voxfas, des Marat, des Çarr'a,' des le Mercier, &e. II Yù
( i°9 )
restera les cafés, les cabarets. Le rédacteur des petites affiches
marche fur ses traces.

Le club de 1785 est plus dangereux que cïlui des Jacobins :


il est gouverne par le plus profond scélérat de l'Europe,
C'est ce club qui a , à fa disposition , plusieurs journaux,
entr'autres le Moniteur.

Offrande aux Français, par un ci-devant noble de


race, qui tachera de l'etre toujours pat les scntimens.
Des chevaliers français tel est le catactèrei. *.
En général , il est maladroit d'entretenir le public de foi , de
fa famille, de fà généalogie , Sec. voilà peut-ètre le deiaut dfe
l'ouvtagc que nous annonçons. D'où vient cependant le lit—
on avec tant d'inteiet ? C'est que Tarne aimante de /auteur s'y
peint pour ainsi dire à chaque page. Ses tableaux rembrunis
quelquefois par une teinte legere de mélancolie, n'en souqué
plus attachans, & souvent l'on aimer oi: a pleurer avec l'au-
teur. Telle est la magie du sentiment, qu'il sait proter aux
détails les plus simples un charme qui, subjugue.

Un pauvre malade , à qui depuis deux ans il n'étoit par


venu que du bouillon & le Journal de Paris , a été tout
étonné , en sortant de son hôpital , de ne pas trouver la
France florissante, les peuples éclairés, la misère anéantie.,
en un mot, toutes les beautés de la révolution. II a frémi
en apprenant les sanguinaires exploits du peuple ; il rougit
pour l'efpèce humaine , en approchant des brigands qni gou
vernent la France: PéTprît & le jargon barbare de ceux qu'il
croyoit des orateurs l'ont confondu d'inaignatiop i& il a
de mandé comment une misérable feuille pouvoit rastembler
â-la-fois tanr de grossiers mensonges , tant d'ineptes juge-
mens , & tant de ridicules réflexions. Un homme fenfe lut
a répondu que cela étoit tout sim.;le-, que l'auteur de ce vil
"papier étoit le plus plat rhéteur de la capitale , qui ne pou-
( 3ro )
Toit penser que dans un tems d'anarehte , & dont la plume
amphygourique n; pouvoit qu'offenser la raison & l'huma-
niie. 11 a ajoute que dins un pays où le bon goût ôc la
littérature (ont perdus , il falloit bien que de tels écrivains'
s'eiriparafTcnt de la renommée , & que fans leur honteux
focces, les fureurs du peuple feroient sens ejciises. L'honnète
convalescent est conver.u de tout cela , Sí pour venger son
âme & son esprit des plates atrocités da Journal de Paris j
îl a été s'abonner sur-le-champ au Journal Politique-National
de M. Rivarol.

Epitaphe de la Maire Jeanne Bailly.


' - . - ' . ■ * . • \ ■ '" ■
Jeanne , de son vivant , fut tel'cment bavarde,
•Tellement à sa langue elle donnoir l'elsor ,
Qu'aujourd'hui dans la tomb- , eh que Dieu nous en garde !
Jc scrois peu surpris qu'elle par'.àt encor.

Autre pour la même. . -


Ci-gît la sotte Jeanne , '"
Que le deliin condamne
An plus profond oubli ;
A moins que l'on ne dise ,
Pour éterniser sa sottise :
Elle fut la femme à Eailly» . j
> - ■™ 1 •
Mad. de Staï... vient , dit-on , de partir pour Bruxelles.:,
©n aísure , ciue pioi'ée du peu de succ:s des dernier■> émissaires
"envoyés par la propagande ', dans cette ville , son projer est
d'aller elie-mme fake debaníer les troupes de Bender. Les
Jacobins s'en rejouiisent beaucoup, parce qu'ils font sûrs
iu succès. .' ' >J
< 3" ).
.\ ,:, . m z. s -.r- --• ■ 1/ i

Le petit roquet Bhai ks.ftiC..." Vêtant avisé d'aborcr


après lc licn> Wanxy , a tte si bien- ttotrfpiite , ouç depuis
huit jours ii «e peut lociir ide íà V^iie :bel,«emple.Jlour
tous ces p'-tits gicdin*. 1 ^iûatcurt qu^i eymptçnt an (peu
trop' fur le met-ns qu'ils mc it.nt & jçjiii, o>3nt se fwtter
fans cesse aux geans de l'eloqi ence j finissent' par en obtenk
quelques repliques mortelles. N'cíIm:'- point leu* faiéíroj»
d'honneur ? Hercule sc fetoh - il -setvà tic sa aiailuc foui
assommer un p}&meeî, . .. . ,„ , ... t(/tl (jj
, ,• .., * »î
., : ,1 I I *'4
La Vache ïmpêrialk poursuit pa'r'-tóut lé pauvre prince
de SaL , pour qu'il lui donne u.i bal : celui-ci l'a reíufë
coaltomoKnt, ne sachaut avec qui l'apparci]ler , ni dans çjtiel
.lieu la faire bondir. Mais un dé ses amis vient de lui Conr
ïcillcr de louer lá rneûageiic , & par ce moyen, Ú n'ajjra
"besoin de prier personne. ;S'
i * . 1< » t., . ù . í .. ,:i
r- ■ • ' . ■" > ■ .ri
: : '•• • , », • -, ,a .,
'VERS au Prince de Condé f h íoccasion dk
brigandage exercé h' son égatd dans taftr
• faire du Clermomcis. .

Le grand Condé, comme un donb.se. héritage,, ; tf.--^


" Vous a transmis ses bsens Sc fa valeur.'- ' I "»
On prehd les bîens; fnsi; vous gariez l'honneur.'- ' 0'
Un Bourbon peut souscrire à ce jartsgç. • -• — '
A ceí brigands qui se sont tons ferslbís ;!)
Contre leur dieu , leur roi, votre pays, '»*>>•, >l
II vous convient de vous montrer en •prince:' \-
Trop d'attehtatS eo font vos, ennemis. ~' * . ' -.w;
Ca grand héros dont vous etes se:lìls,
Anroit déjà conquis ouelcœ proviact.
...... ! uì, il:..-- ..1 M
(312)
Qu'attendez-vous ? Auprès -de vos drapeaux
"Votre nom seul doit fixer la victoire.
Les vrais Français , amis de votre gloire,
Partageront de si nobles travaux ,
' Et pour appui vous aurez vos rivaux.
Voyez deja les filles de mémoire ■
. $e préparer à chanter vos succès.
. Pat leur récit, la muse de l'histoire
Etonnera nos n eveux ; mais jamais ' ,
Le repentir , & vous devez le croire ,
N'atrachera du livre aucuns feuii,i,ets(i).

L'évcque constitutionnel de Blois, eh demandant à l'af-


íembléc un congé pour aller dans ceuc vi k , a donné pour
motif te projet d'y déjouer les amis de la monarchie, de
la religion & du bon ordre, qu'il arpi lie les ennemis de
la constitution. Mais_ûP~eciit de Blois qu'il fera seul cintre
tous, & on demande comment il fera. —II prendra pos-
/eflìon de ,1'évéfché, Çc deierteur de sa "foi pour l'obtenir,
i\ le deviendra, s'il le faut; de la constitution, pour lc
cotìsérvtr.'" J '"' ' » " r

(i) Allusion au tableau de la galerie de Chantilly , où le .


grand Condé est peint , ordonnant à -i'Histoire d'arracher
du livre de sa vie., les pages fur lesquelles elle venoit dVcrire
le nom des batailles qu'il avoit gagn-.es contre la Françe.

CE JOUJRN AL paroít tous les matins.


Le prix de Vabonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Paris , & de 3 livres 1 5 Jols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efi établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N",. 21.

De rimprimerie du Journal de la Cour 8c de la Ville.


N°. 34.

JOURNAL
de la Cour et de la V i l 1 i«

Tout lailour de Journal La


doitFtiibut
o n taauinmalirt
b.

Dii "Dimanche j Avril 1791.


Comme il rrícnoit une ennuyeuse vie ,
Danî son Palais, clos coroma à VAbbaye,
Lc prince noir , d'assa:Iins entouré ,
Portant au front l'ame d'un conjuré ;
D'un feûtre rond affublant fa visière,
Foulo.t aux, pieds la Fiance prisonnière....
D'une autre part, (uivant ses noirs desseins,
L'Etnn qui tient fa forge aux Jacobins,
Frappe en écus , l'or qui couvre les saints,
Et fans respect pour Je sus 'ou Marie ,
De maint» cgliíc, il fait mainte écune!„„
Ainsi qu'on vòir dans une bergerie
Des loups fangians de carnage altérés
Ce club infect , exhatant fa futie ,
Va préparant le.meurtre & Pincendie....
A tous les maux quand nous lotnnijs livres ,
Eux "orges d'or, ces doux tondeurs de cloches.
Par des coursiers superbement rires ,
Déguerpiront, en nous vuidant les poches,
Et le gaussant des baJaodí effares ,
Qui leurs décrets auront mis cn galoches.
'■ , . (Voltaire & Compagnie).

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 2 Avril.
M. I: Président a annoncé la mort de M. de Mira-
*^au , qui est mort cc matin à huit heures 8c derab.
Tome II. Année iJ9i, G Q
( 3^4 )
— I '¥<• I 1
MiRAtEAU est mort U nuit du i au i avril , anpoisonné ,
dlt-on , & victime des lactieux auxquels il s'etot lié. Cet
homme très-extraordinaire , voit perdu la France : il étoit
rc seul en état de la sauver : sa mort elt une calamité. Les
Français le pleureroht , & ne sauront ni le venger , ni dé
truire ses bourreaux. Lâches ! qu'attendez-vous ? votre Roi
ne peut rien vous l'avez livré à vos plus cruels ennemis ;■
D'Ori... & les Jacobins triomj hent : les LaMETH n'ont pa*
voulu l'al'er voir pendant fa maladie. Barnave y a été fer-
cément. —Le r.oinmé Combs son valet- de-chambre , vendu
au parti jacobicc , voyant approcher les derniers moiriens
de son maître, 8c les soupçons s'élever , s'tû coupé le col;
il n'est pas mort : il est catre les mains de la justice. —Le
peuple est dans La consternation. Les têtes- .s'échaufíent ;
mais, hélas !' les i ennemis des Jacobins ne savent point se
rallier à ptoros , & personne ne dirige les roouvemens
saluuircs. Ce moment fera époque dans la révolution»

VARIÉTÉS.
Le club des amis de la constitution catholique , apostolique
& romaine , doit tenir ses premières séances demain. Nou
velles inquiétudes pour >« club des Jacobins.

L'évêché de Blois, bâti en amphithéâtre, avec une superbe


Tjic sur les coteaux de la Loire, est compose de dix appar-
t,emcns complets de maîtres, salles à manger & de compa
gnie, d'hyver & d'été , mago fìçue salon à l'itali nnc, dou
bles cuisines & ofÇces, vingt chambres de domestiques, tri
ples berceaux de caves , vastes greniers à soin , paille &
avoine, six remises, écuries pour vingt-cinq chevaux , belle
terrasse garnie d'arbres en ailées, trois jardins potagers en
contre-terrasses. M. Greg... craignant de s'y perdre avec
fa Jeanneton , & aucun tapissier n'ayant voulu le meubler
à «edit , ptofoíè de le livrer à la charge de l'entrctka.
(.*«* )
A l'égard du prix , qui scta una aubaine pour lui , il en few
bonne composition S'adresser à lui-même, soit à Paris , soit
à Blois , ou dans U chemin.

Sur le sobriquet donné, par les Poissardes, à


Sylvain le long.
Tu n'es qu'un Maire-lent , far un mot trivial } 1
Lent à faire le bien, îrompi à faire le mal.

Av;z-vo'is vonlu faire un compliment à Mai de Stael,


(pag. 18 i de votre feuille)? Je me fuis trouvé hier dans une
société où cette questioi a occasionné une discussion très-
vive. J'ai fourchu la ri.'gative, & j'ai succombé dans le combat
i la pluralité des voix. «1 Sa figure nous venge de son ef-
»> prit ». Je fotitenois qu'il falloit entendre : « Sa figure luî
» fait plus dé pèin: que son esprit he nous fait de main. II
a été décidé que 1: vrai srns étoit , qu'en voyant Mad. DÌ
Stael, fa laideur fait oublier son esprit. J'en ai appdlé , c'est
i vous de décider.
Rep. Voilà sans contredit une des questions les plus ar
dues Sc l?5 plus camele.is.-s qui jamais nous aient été proposées.
Nous nous garderons de prononcer -, mais nous oHfrrvorfs
que jamais femme laide ne s'est fait justice. C'est faire pres
sentir notre décision.

Vers adrejs/s àu Club des Factieux , connu fous


, le nom de Jacob... \
Repaire monstrueux , où tìc vils scélérats
Méditent chaque jour lus plus noirs attentats i
Ne vertai-je jamais tes murailles en poudre!
Tous res affiliés écrasés par la foudie !
, Que fur ton fol infect on place vingt poteaúx ,
(3i«)
Où le bon citoyen puisse lirV ces mots :
>» Partant , tu vois ici l' nfame sépulture
» D'un an.as de brigands ( l'horreur de la nature ;
» Les perfides entr'eux , fai ant d'atroces lois,
»• Aiuoient tranche les jours du plus lage des Rois ,
» Si le ciel , irrite de leur conduite impie ,
» N'eut sauvé par leur mort le prince & la patrie >».

On voit que la nation française commence à reprendre un


peu de confiance dans son Roi; clic vient de lui accofder
de n'etre plus prilonnier que fur ía parole.

Lc chapeau de cardinal que le S. L... vient de tenvoyer,


ne fera pas vacant ; il étoît d jì réserve in feit.o. Le pape,
après l'avoir purifié de ses fou liures , va lc conférer à M,
1' Abbe , qui lui redonnera un nouveau lustre.
Malius est Mori quam ignorcinia.
Tout le monde va voir avec empressement le portrait da
jnème abbé , rue...
On doit graver au bas cette devise latine , tirée d'Horace :
Pulce & décorum est pro Deo & rege Mori.

Ceux qui comparent le ci-devant Roi de France au Dcge


de Gènes , ont assurément grand tort ; le Doi;e ne peut
sortir de fa ville fans perdre fa place, & le Roi ne peut
perdre fa fonction qu'au cas qu'il s'échappât au-delà de
vingt lieues à la ronde. Pour éviter cet inconvénient, on
va, planter des poteaux de distance en distance, còmme-
autour des vi les de garnisons : fur ceux-ci seront écrits ces
mots ; limites de la majesté royale.

II faut que junte sublime constitution n- soit pas un fruit


propre à tous les pays j cat lesi étrangers méroe, nos plus
C 317 )
proches voisins", n'en veulent absolument point : nous avons
beau les exciter, les stimuler tar toute forte de moyens,
ils nous écoutent froidement , prennent notre argent , 8c
restent immobiles. Des so.iíars rioncriois , Allemands, Ita-
liens, &.c. ont m^me pouffe l'injulticc jusqu'à ruaìtiaitct ,
empiisonner , liv/et a leurs chef > , pluíkurs de nos prepa-
gandkrs qui les accabioient de bienfaits. Quelle ùiir. rence
de-, nos braves loldats & de notre bon pLupie , qui ont
toujours lerupuicusement exécute les actes de civisme íoidé
qu'on leur avoit prescrits , comme de tuer des aristocrates,
brûler des maisons , p. lier des meubles &LC &íc. Austì les
barbare, étrangers seront -ils bornes à la jouiíiance d'une
paix léthargique, d'une liberté passive , d'un commerce
corrupteur qui 11e leur produira qu ; i'or , l'argent & autres
vils métaux ; tandis ou'ils nous verront en possession d'une
liberté active & encigique , & sur-tout des assignats- monnoie
& des droits de l'honime, sublimes inventions dont on
tcconnoitra bientôt futilité pour l'objtt auquel elles íont
égalemtru propres.

íe petit Brogl... de l'asscmblée , porte le nom de Victor


de M. le maréchal son pere , comme un valet porte le nom
de son maître.

Dimanche 10 de ce mois, j'entrai, pnr hasard , dans


une des écuries de l'hôtel de í-oubisc, où plusieurs pei sonnes
par'oient avec beaucoup de feu. Un homme de niauva se
mine y lisoit des papiers incendiaires. On me dit que c'etoit
un club preíidc par l'un des' Secrétaires de M. Alex... LaM„.
Pans un moment de discussion fort vive , le président se
servit de la sonnette pourrappclicr à l'otdr.". Un petit garçon,
couche dans un râteler à l'autre bout de l'ecurie, sc r'-
ve'lle en sursaut, vient au président, St lui dit, cn'ap-
paramment il est heure de donner t'avoinc, & combien il
faut de mesures II s'est irouve à l'exarnen , que la so'-nette
dont on se servoit , ctoic ìe signal convenu pour distribuer
la pâture accoutumée aux hôtes de ces lieux , c'est-à-dire ,
(3»«)
aux bête; de l'éeurîe. Beaucoup de personnes qui étoient là,
fe font mis á rire de fort bon cccur & avec assez d'éclat
pour dissoudie l'assemblée. /

Termine , juste ciel , notre longue souffrance ;


Punis des scélérats fans foi , ni loi , ni Roi :
Nous sommes investis du plus cruel effroi.
Le ravage & la mort plan.-nt fur notre France.

L'altercation entre l'abbé Maury & l'abbé Fauchct , qaì


devoit se terminer par un combat à l'épce , & qui attira
hier une quantité énorme de curieux au bois de Boulogne,
b 'a pas ea lieu.

On n'a pas vu fans étonnement MM. DE Lam..-, Cam..


& Barw... se promener hk-r au Palais- Royal , en talons
rouges. Les conjectures qu'on tire de cela dans les cafés , font
auilî singulières que variées.

On lit dans le Journal de M. Sulean , que certain curé*


jureur, empresse de faire comprendre ses droits à «ne belle
aristocrate, cette dame lui coupa la parole , qu'un chat em
porta SVBiro. Une telle nouvdlca fait rentrer en eux-mêmes
les jurcurs amoureux.

Permettez -moi , Messieurs , de dénoncer par la voye de


votre journal , une broch.ire intitulée, Dictionnaire pour
servit à l'intcHigence des allaites présentes. II est inttreflánt,
pour la sûreté de la constitution , d'en faire connoìtce l'auteul
à M. Voidel ou à M. Cochon , puisque ans expliquer
l'article Roi de France , il dit , voyez esclave , &■ ai»
wot esclave , voyez Roi de France.
( 1*9 )
i ,

Troh régimcns ont répondu à la lettre composée par le


R. Pere Robeift , ci-devant capucin , signée & ' envoyée à
l'armée pat le ministre ím íartibus de l'aimée , que leui
intention étoit de se joindre a celui qui, íe presenteroit en
France , avec le noble courage de r:mettre le Roi sur 1c
trône.

Bien des personnes assurent qu'on a trouvé à l'Abr<a.y«


■Saint-Germain-des-Prés, le corps d'un évoque enterré il y
a joo ans & qu'au moment où on l'a exhume , un mauvais
plaisant lui a soulevé le bras , en disant : al'ons, monseigneur,
prêtez votre ferment cirique ; que le mort, en rabaistant son
bras , l'a confirmé par un soufflet parfaitement bien appliqué.
( Extrait de la feuille villageoise).

Mille livres à gagner. . _


M. de Montesq... a perdu le paquet d'assignats que M.
de LaM... lui remit à l'allemblec nationale. Ceux qui l'ont
trouvé sont, prki de le rapporter à M. de Montesq... qui
xemettra la recompense promise.

TVr. Marò..,. nouvel évêque de Sois..-., a été reneontré


dernièrement tar un de ses amis, auquel il dit qu'il venoit
4'achcter ses habits pontificaux, qui lui coûtoúnt 100 louis
&c plus. Son ami lui a répbtidu,: ■< Je crois que, pour le
» tems que vous serez cn place, ,vous auriez mieux fait
jt d'en Ipucr »,

Tout te rrtònde fait qu'à la mort de Voltaire , son cceur


éat mis entre les mains de "V'úette, pour ee couserver ta
( 3*° ).
gangrené. Voici quatre vers qui , à cette, x>ccasion , furent
écrits fur un coin de fa tombe , à l'abbaye de Sciilieres ;
De l'athéïsine , Arrouet fut l'apôtre :
Sans Cœur , fansáme, il pourrit en ces lieux i>
Vilette a l'un , le diable a l'autre -,
Dieu pouvoit-il le punir mieux ?

Des ennemis en aussi grand nombre que les bons Pari


siens en ont vu & chaise les li & 13 Juillet 1789, pré
parent pour la semaine sainte, une contre-revolution. On
elt certain que des Juifs, qui se raílêmbìent actuellement ,
doivent se rendre à Fa.is dans des jambons , & d'accord
avec des Autrichiens qui feiont enfermes dans des ceafs
roi:ges , ils rétabliront l'ancien régime, Qn engage les b< ns
patriotes , M. le commandant-général , & les chaífeurs des
barrières , de visiter , & de laite viíitcr tout ce qui entrera
dans Paris.

Brisez une perle , le chapelet se relâche. Souverains de


la terre, vous ne sauriez trop tôt m'entendrej
Errata du Numéro d'hier.
Pag. 307 , vers 6 , ici , voyez-le en chenille ; lisez , ící ,
le voyez en chenille.

CF. JOURNAL paroh tous les matins.


Le prix de Vabonnement ejì de 3 ,liv. par mois,
pour Paris, 6' de 3 livres z 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejì établi
rue Pcrcée-S ain t-André-des-Arcs , N". 21.

De ['Imprimerie du Journal de la Cour Si de la Ville


N». 3S.

JOURNAL
de la Cour et de la Ville.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


. La Pontaink.

Du Lundi 4 Avril 179 r.


Prédications dt Noftrodamus..
S,1 X A I N 46. »'
Le j ourvoyeur (1) m.'ttra tout cn déroute :
Sangd.e & loup en mon dire n'écoute:
Quand Mari fera au signe du mouton,
Joint à i-í turne , & Saturne à la lune ,
Alors sera la plus grande infortune ;
Le soleil , lors en exalration (z).

(1) Monseigneur le Prince de Condé . grand maître de


France , n'est-il'pas en cette qualité , le pourvoyeur annoncé
depuis plus de 100 ans ! k
?" La conjonction dans le signe du Bélier, de Mars à
Saturne , & de Saturne à la Lune, quand le Soleil sera
dans le Bélier, qui est son exaltation, airive cette annee
if91. Le 3 & 4 Avril , plusieurs siécles s'écouleront avant
que ce mêm; aspect puise rcparoìtre.
N'est-ce pas le moment heureux où le pourvoyeur mettra
fin aux vexations que la sangsue & loup exercent, & mettra
çn déroute tous les loups qui , pour pouvoir dévorer lès
brebis, châtient les pasteurs ?
íj») L'exa'tacion dure depuis le 11 mari jusqu'au 11 avril.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
1 Séance du 3 Avril.
M. d'André nous fait bonnement espérer que la fin d
ecte éternelle législature s'approche : il -fixe meme la con_
Tome II. Année 1791. H h
( 3" )
Yocoeation de celle qui doit suivre au i y de ce mois. Nous
ne dirons pas, Dieu le veuille, nous, aurions un vœu plusx
cher à énoncer ; mais attendons. v—On a ouvert le corps de
M. de Mirabeau: il paroit qu'il est mort d'une maladie au
cœur , genre de mort extraordinaire comme fa vie. Une
députation des 48 sections s'est présentée ; elles demande nt
que M. Mirabeau soit inhumé sous l'autel dit de la patrie.
Le directoire du département de Paris, de son côté, de
mande qu'il soit itihurrlé <tans l'tglise de Sainte-Geneviève.
On a renvoyé cette question au comité de constitution , & ce
pendant on a déclaré M. de Mirabeau digne des honneurs
décernés aux hommes illustres. —II est difficile de peindre
la sensation que la mort de cet homme extraordinaire a
fait à Paris : nous sommes encore trop près de cet événement
pour pouvoir asseoir une opinion satisfaisante parmi tant de
írismes -& d'opicions difterente»; une chose seulement nous
a frappé , c'est que les Jacobins eux-mêmes paroiisent cons
ternés. II y a plus , plusieurs d'emr'eux nous ont paru croire
qu'il tomboit victime de leur propre parti & du reilentimenc
de leurs chefs.
< y

VARIÉTÉS.

En supplément de générosité , M. de Lam... vient de


prier M. le Duc de Castries de lui faire savoir à combien
se monte le démeublement que la nation fit chez lui, à la
suite de leur combat , son intention étant de rembourser le
montant audit Duc.

I.c titre de Sire qu'on a donné jusqu'à-présent aux Rois


de France, a paru trop aristocrate à nos législateurs ; ils
viennent de le supprimer , & y ont substitué celui de Ciron.

Le Palais-Royal est la honte de Paris , comme Psris est


la ho.te de la France,. & la France la honte de l'Europe>
( 3*3 )

LurHíR débuta à la diète d'Ausbourg, par abolir lés vcrux


momstiques. Quel rappiochement terrible ne- pourroit-on
pas faire!

Motion unanime & tris-nationale , dont


l objet ejl de réduire au plutôt la taille inégale
des députés gauchers , au niveau de celle de leur
confrère, ïAbbé tíASBECOV RT , qui n est
que de quatre pieds environ. Brochure in-S*
de 32 pages d'impreífion.
Inexécution d'un plan si patriotique , aura 1: double avan
tage de présenter le spectacle séduisant de l'cgalité la plus
parfaite , & de retrancher tout ce qui , ai;-delHis de cette
hauteur , rend ces messieurs si venimeux , si voraces , & fì
< nuisibles au genre humain.

Personne ne doute du sexe dominant dans l'hermaphroditc


J'Ai... : il n'en est pas de merne des amphybies ; tels que
les Men.... , Lam Noai.... , Lian.... , &e. 5>i ces grands
hommes font susceptibles de progéniture , on peut bien dire
avec la Fontaine :
Que ferons-nous, s'il leur vient des enfans ?
; Lin seul soleil à-peine
Se peut souffrir ,une demi-douzaine
Mettra la mer à sec & tous fes habitans.

Quand on n'a pas vu l'cntrcc triomphante de M. Gobet ,


dans l'église de Notre-Dame , on n'a rien vu. Voilà ce qui
s'appelle un spectacle bien national , d'un grand neuf, de
' , ( 3*4 )
vraiment digne d'admitation pour ics amatcuts du haut
comique. Cavalerie , infanterie , musique militaire , canons ,
rien n'a tte omis : austi ce ministre de faix a-t-il reçu une
institution taut-i-íait canonique : nous Pavons vu & entendu.
Dans cette cérémonie religieuse, tout s'est passe avec le plus
grand ordie , & rien n'a cloché que Instituteur ; encore
dit-on que ce n'est pas fa faute. Nous pouvons aufli certifier,
à la décharge du régiment royal lans culottes , qu'il a
gagné son argent , en tout bL-n tout honneur. Lt.s"eîhos
de la seine; répétoknt jusqu'au-delà du Pont-Neuf, ses
bravo & ses ça IRA1. Personne ne doit plus être ùirpris si.
le numéraire est plus cher depuis queiques jours , c'est qu'il
a fallu beaucoup de petite monnoie pour iaire passer cet
évêque de contrebande.

L'évêque national de Saintes , déjà vieux , a amené avec


lui fa gouvernante Ettste'le P... pour le réchauffer dans fa
route ;6c l'on doute qu'après ce voyage aucun Adonias
patriote la jeune Sunamite.

Caligula fit son cheval consul : combien de députés,


valsât encore moins que la monture de l'empercur romain1.

Nous ne nous sommes pas trompé , quand nous avons


annoncé , dans le numéro í$ de ce journal \ que la pré
sidence du sieur Montes...... lui- rapporteroit quelque chose.
Nous connoiílons trop bien le pèlerin pour ne pas pro
phétiser juste: bas valet en tout tems,'ifa' toujours en-
cenlé le parti donnant'; c'est par cetjte raison qu'il est
vendu aux Jacobins. II a obtenu pour son fils aîné arie
place d'ambailadeur : ceci nous fait faire une réflexion bien
juste , c'est que l'cgalité est cohibiî la liberté , un bien idéal ,
dont on berce le peuple ; car il est vrai que si les places
étoient données au ìnéiite , fous <e nouveau régime , on
ne yerroit pas un envoyé qui ne connoìt pas un seul mot
C 325 )
du droit public , & dont toute la science est de connoître
la chnnce des dez, ou les «aieuls de la rouge. Nous prions
le public de juger de la vérité de ce que nous avaucons.

Sixte~Ouint disoit qu'il aimoit mieux voir les gibets rem


plis que les prisons. Ce qui se passe en France , ne le feroit
sûrement pas changer de façon de penser.

Tous les papiers publics ont annoncé le grand désintéres


sement de M. Freteau , sur le remboursement de son office de
conseiller au parlement. II faut rétablir les laits dans la plus
grande exactitude. M. Freteau , qui a acheté fa charge 43
mille livres, s'est adresse à M. Dula.... liquidateur des oríices
de. judicature, pour obtenir de lui une liquidation favorable
& affective de 50,000 livres. II a fair vaioir ion zèic pour
la chose publique, Bc les égards que fa qualité de dépure mé-
ritoit. Le liquidateur , qui ne pouvoit fixer le remboursement
de ce magistrat , qu'au taux des derniers contrats , qui font-la
loi pour tous les titulaires de fa classe, a fait voir à M. Freteau
qu'il feroit injuste de lui donner plusqu'à ses autres confrères,
cn un mor, plus qu'il n'avoit réellement débourse. M. Freteau
insista beaucoup , mais il ne réussit pas. Econduit de ce côté ,
il ne fait qu'un faut de la place Vendôme à l'Assemblée na
tionale , pour se faire valoit auprès d'elle , & de tous les bons
patriotes comme lui. II s'est présenté à la tribune , a fait offre
à la soi-disante nation , de l'excédent des 45,000 livres portci
en son contrat , en déclarant qu'il n'avoit débourse que eett<;
somme. Beaucoup d'applaudissemens ont étés prod:gucs au
député , qui , ainsi que quatre autres de ses confrères depu.es ,
& attachés au parlement de Paris , Ibnt les seuls qui se fassent
liquider. Si l'aífemblée eût été instruite de la démarche de
M. Fréteau, aupres du liquidateur, elle auroit vu que le
prétendu désintéreflèment de ce magistrat, d'apres le refus
qu'il avoit éprouvé, étoit une forfanterie , pour ne rien dire de
plus. Voilà comme on se fait valoir, & comme on trompe -
le public. ; ,

1
( 3* )

Un Angloîs a observé que les honnêtes gens qu'on de


signe fous le nom d'aristocrates , font bons & joyeux , même
«fans le malheur , & les démagogues font méchans & tristes
au milieu de leurs succès , Sc de ['abondance.

On recommence les manœuvres de l'armée derniere. On


travaille de nouveau les troup-.s. Sans doute , qu'après avoir
renversé le trône, on vent le faire disparoître tout-á-fait;
On co redoute les ruines. Le géant clt terrassé ; il a suc
combe aux efforts redoublés des traîtres , & l'aspcct de son
corps étendu fans mouvement , remplit encore de terreur les
lâches qui l'ont assassiné. Voyez comme l'on avance à grands
pas vers Fétár républicain, tout en faisant chanter au peuple
Ses Te Deum , en signe de joie de la conservation du mo
narque. Un insolent valet du peuple a eu l'audace de dire,
«bnS une assemblée qui se qualifie nationale , & il a trouve
des applaudissemcns , « qu'ils étoient venus apprendre aux
n Français , que les Rois de France n'avoient pas de sujets ».
Ií a raison ; ce titre honorable n'est pas fait pour lui , Sc ceux
de fa bande ; il suppose des vertus ; la dénomination d'en
claves révoltés leur convient bien rnieux. Nation frança'sc ,
apprenez donc enfin à eonnoìtre queis font vos régénérateurs t
Ont-ils couvert votre patrie d'afléz de maux? Qu'est devenue
TOtre religion, cette religion à qui vous devez votre empire Sc
votre gloire ? On la joue fut h théâtre ; on tourne en ridicule
ses pratiques Sc ses ministres ; on fait plus , on excite , on pro-
TO.]ue contre ceux-ci les hommes-tigres ; on les invité à les
déchirer , & les hommes de la loi, plus cruels , de leur côté ,
Jís laissent mourir de faim, tandis qu'ils s'engraissent de leur
fcbftance. Qu'est devenu votreroi ?Sa courornen'est plus pour
Ini qu'une couronne d'épines, qu'on enfonce cruellemenr dans
fa tête, Sc son sceptre un roseau. La proscription a frappé sa
famille ; elle s'est enfuie pour se dérober aux poignards , Sc lui-
même n'y est échappé deux fois , que par miracle. Qu'est de- '
venu votre or? Qu'est devenu votre comrncsce? Que font
devenus vos arts ? Qu'ttes - vous devenus vous-mtrr.es?
( 3*7 )
Nation Française! rappeliez-vous l'époque où tout cela a
disparu; & vous eonnoissez les auteurs de vos désastres!

Bouche de Fer ! Qu'est-ce que c'est que la révolution


française ?
Rep.—' C'est l'oubli de tous les principes ajoutés aux abus
& au despotisme de l'ancien régime.

On ne conçoit rien à la coquetterie des aristocrates , qui


font faite des cocardes nationales.

L'évèque <TAutun commence à mortifier ses sens. Depuis


le carême , il ne fait que tro'is repas par jour. II a meute
banni la fymmétrie de sa table; car hier, à son dîner, il n'avoit
que trente-six plats au premier (et vice , & vingt-huit au se
cond , encore la majeure partie des mets étoient-ils en pois
son de mer , peu de gibier & de volaille ; quelques douzaines
de boureilles de vin de Champagne Au dessert , seule
ment ;Hu Malaga ,du Frontignan , du Roussillon, &c.&c.

Extrait d'une Lettre de M. B... , membre des


amis de la constitution de Strasbourg , trouvée
dans la poche du cuisinier du cardinal de
Rohan f au moment de son arrestation.
Enfin, si «;s moyens ne réussissent pas, vous serex
toujours à tems de lui douner un coup de pistolet dans
un bouillon.

Le feu Roi de Prusse disoit que le plus beau songe que put
faire un Souverain , étoit de rêver qu'il étoit Roi de France.
I
( 328 y
—-Ces paroles du grand Frédéric , mises en opposition avec
la situation de Louis XVI , ferment un rapprochement
qui déchire.

On commence à croire généralement à Paris r que la


rille de Bordeaux fera la première qui levera l'étendard de
la contre-révolution, parce qu'elle féra la première qai
connaîtra, fous son vrai point-de-vue , l'abus du tripotage
naiional dont tous les honnêtes gens font les victimes.

D'Amiens le 19 mars. Le nouvel évêque est attendu îcile


6 avril Le club des amis de la constitution a donné ordre à
tonte la milice nationale, d'aller au devant du prélat avec
armes & drapeaux. En feroil on autant pout le Roi ?

' , Blois, le 17 Mars.


M. Grég.... , notre nouvel évêque, a été installé hier:
c ìnrae il fasse poui ga'ant , la semaine derniere on bartit
la caisse pour annoncer que fa femme éroit accouchée d'un
gros garçon , & que la mere & l'enfant se portoient bien*

Errata du Numéro d'hier.


Pag. 31Í , lign. 15 , Malias est Mori; lisez, Melius eíl
Maki.

CE JOURNAL paroît tous les matins.


Le prix de Cabonnement cfi de 3 liv. par mois
pour Paris , 6' de 3 livres z 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est: établi
rue Ptrcée-Saint-André-des-Arcs , N°. 2ì.

De l'Imprimcrie du Journal ie la Cour & de la Ville.


N°. 36.
JOURNAL 1
DE LA COUR ET- Dt LA VlLXBÏ

Tout faiseur de Journal doit ttibut au malin


. 1^ a F o n ta i n r. ;

Du Mardi 5 Avril í7$»r.


%t 4r*«dW- f-
V I v s le R o 1 !
Vive le RoiJ vive le Roi?
Ce cri des nations nous rappelle à la loi.
Chez nos braves Gaulois , signal de la victoire, •
II fut les. ramener â la paii , au bonhetff ;
H:ureux signal ccor de l'honneur, de la gloire f
d cri des opprimés , serti du fond du cœur,
A nos républicains imprime la terreut î
Oui, par ce cri de confiance, •■"
Qui terrasloit leur arrogance,
De ces nouveaux Brutus, Cazalcs est vainqueur,
Du peuple & de la monarchie ,
II ne sépare point les droits :
Avec l'amour de la pairie ,
Son éloquence concilie
La pleine autorité des Rois ,
Et le nœud sacre qui les lie.
A cette grande vérité', •" .
Jeunes Romains , rendez hommage,
Soumettez-lui votre fierté ; . ■
De la droite raison , c'est l'imroortet langage.
Vive le Roi! y ive. le Roi!
Ce cri des nations vous rappelle à la loi.

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 4 Avtil,
O N a lu une lettre de l'exécuteur testamentaire de M. <Js
Mirabeau, M. de la Marc, qui annonce que le convoi fers
Tome y. Année 1791. Ii
( 33° )
pïêt à quatïe heures. Un décret déclare que l'Aflcmblée
assistera à son cenvoi , Sc que le corps de M. de Mirabeau
sçra.depofé dans i'église Sainte-Genevkve. Un autre dé
cret ajoute que cette méme église sera destinée à recevoir,
la cendre des grands hommes. —Cette cérémonie a eu
lieu à 6 heures du soir. II n'est pas facile de se faire une
idée de l'afHuence des amateurs. II faisoit le plus beau tems
du monde.

VARIÉTÉS.

A ta séance du 30 Mars dernier, M. Duport , en an


nonçant la .nécessité de supprimer jusqu'à 300 tribunaux de
districts , ajouta que des ménagement pour les lieux , les
personnes & les circonstances empêchoient bien de le faire
actuellement ; haais que l'économie de la chose publique de-
mandoic qu'on s'en occupât prochainement. Pauvres villes !
pauvres juges ! fur qui la suppression tombera , que dira-t
on de vous ! Ce qu'on dit des amans d'une coquette abusés
par elle. En acceptant ses faveurs , ils ont dû compter
fur ses perfidies.

Artisans de rébellion,
Vous prétendez , pleins d'arrogance/
Représenter la nation. "
Quel affreux portrait dt la France !

}A, Camus a tant répété que le trésor public étoit ea-


combré d'assgnats / que chaeiliin cherche à -le déblayer.
Une pétition en jndetnnité est faite à l'assëmblée nationale
par les Forts de la -Douane, fous • prétexte que la suppres
sion. des droits d'entrée leur enlève, 8c le droit de garde qa'rls
s'éioicnt attribués fur: tiiites"" lis'- njarcháti'dTfès- déposées à
C 33r )
fa Douane , & le privilège qu'ils avoîent usurpé de ]K
transporter cher les propriétaires. On annonce que plusieurs
pétitions semblables sont fous presse; une entr'autres , de la
part des ventilateurs , à raison de l'emigration d'un grand
nombre de leurs tributaires. 5

Avis.
D'un crapaud , dans votre chemin ,
Sans le vouloir , blessez la tête ,
Pour se venger ^ la Jaide béte
Sur l'heure jette son venin :
Tel fait Gorsas, folliculaire,
Auteur famélique & rampant j
Heurter cet insecte éphémère, .
II lance son dard impuissant.

Quels tems! quelles moeuru


Si l'on veut se les rappeller ,& considérer l'horrible tablean"
que ce siècle nous présente, on conviendra, je crois, qu'en
général , la vie des citoyens seroit moins exposée sous le
régne d'un Néron , que fous celui d'un Roi , dont la foible
autorité produit onc multitude de petits tyrans.
( Essais historiques fur Paris , tom. i , pag. i js ).

M. de la Fayette disoit hier à un Jacobin : « Mais


jtntore, comment l'entendez-vous. ? Je persiste à evoive qtse
la liberté tempérée par la monarchie , convient 'au* Fran
çais. —Eh ! monsieur , y penseï-vous ? teprit lé Jacobin -,
liberté & monarchie , voilà deux mots qtù ne s'accoupleront
jamais l'un à l'autre. Par-tout où je vois un Roi, je vois
aussi la liberté, à l'agonie ; ainsi , choisissez, car je vou*
préviens >qu*il y a long-tems qu'on vous accuse de n'être pas
Îijus.attachc à l'un qu'à l'autre ». —Cet naïvetés jacóbltes
ont précieuses à recueillir ; elles mettent au grand jour le
' fysteme favori de ces meilleurs.
u ^^^^
Dis-moi qui tu hantes , je te dirai qui tu es. Ce
proverbe de la piusTame morale , s'applique merve!lleusemenc
au dîner que donna l'autre jour, à l'evêquc intrus de Paris»
la nommée Catherine Darre , femme du nomme de Noux >
avoué , rue des Noyers. 1 < 1

Morale d'une Fable insérée dans l'almanach


des Muses de ijj4,pag. 6cj.
Un chef, même cruel, vaut mieux qu'un imbécille :'
L'un , il est vrai , nous fait du mal ;
Mais l'autre en laùTe faire; ii est bien' plus fatal:
On n'auroit qu'un tyran , on en a plus de mille.

* • y
On assure que M. Mirabeau n'a point voulu de confesseur
'jjn-eur : on ajoute que dans son testament , il a demande à
être inhumé pat des prêtres non-jureurs.. , j ;.
Le mime demandoit à M. Petit , íonmédjectu , s'il croyoit
fa maladie dangeteusc ? —Oui, lui à repon.lu ce dernier , le
côté droit est gangrené. —Oh non, a repris vivement M. de
Mirabeau, c'est le côté gauche gui me tue.

1- . .: ™ ,r> st-1 !y..'" ".' ':


Vers fut U hon mot de M. 'Foucault, dans fy
r. ,.i Séance du %4 Mars.. ..
ït: * » . -. . ■ ..';▼«'■"•'; ■;
, , - Jle pomsoivrai les factieux ;.;ï , ^ ■ j
f)it un jour Mirabeau , dans fa juste colère $
X 333 )
Je les démasquerai , .j'en fats serment aux dieux ..^
Alors, le bon Foucault j d'une voix de tonnerre, - j
S'écrie , eu face des coquins (>).;,, j j . ■»
« Détruisons donc les Jacobins ». ■ *•

Les curés & plusieurs autres ecclésiastiques de Saint-Sau-


venr , de Saint - Quentin , &c. se sont rétractés de leur
-ferment , & chaque jour voit paroître une protestation nou
velle dans ce département. ■'•■<■• % .... ' "

Contre- révolution ìmmánquàble. ■}■

Après une longue absence, la raison & rhumanité doi-


yent rentrer çn France à la tète de cenx. marne qui les en
eut châtiées. La misère sonnera l'alairae générale : elle apr»
prendra aux tlupides Français, qu'ils fc lont dépouillés. $
affamés, en détruisant la richesse., & en éteignant le luxe
& les beaux arts. Vhonneur reparaîtra le premier, en habit
de chevalier français : à son noble aspect , les soldats égarés
se rallieront; les lâches déserteurs s'abîmeront dans leurt re
mords, Si la nature entière se ressouviendra qu'il fut en tout
tems le salut St la gloire de la pa-.ric. L'amour de nos rtojs
combattra ensuite dans tous les cœurs, & triomphera aisé
ment d'un peuple toujours heureux, quand il est fidèle, ta
vraie liberté fermera la n.arche, & fc montrera enfin telle
qu'elle est, appuyée fur la loi & fur le monarque, préchant
elle-même le respect pour une douce autorité, & faisant
rougir vingt millions d'hommes 'de-Vêtrc laissés gouverner
quelque- tems par une troupe d'avanturicrs, de procureurs
& de poltrons révoltes. Cette contre^révolution est peut-être

(i) Cc loyal chevaliet regardoit dans cc moment le


■petit coin du côté gauche de ^'assemblée , où se rencognent
ks TRENT£-TROIS. ,
encore' éloign'e, maïs elle est sûre; ses progrès sent insen
sibles , mais ils font jonrnaihiSj chaque instant la forme ,
chaque crime la demande, & chaque décret précipite fa
marche. ... . . , -i :'•■ '•> -„• :

La grande fille du grand f igneur de la grande terre de


Cppet, aisoit modestement, l'autre jour, dans une société,
«jue tous les ouvrages de son pere etoient immortels : « Ah!
.»» Madame, s'écria un jeune homme en la fixant, c'est im-
» possible, car j'en connois de bien fragile »; v

Place d'Ecuyer du Manège à donner au


_ concours.
' Lé sieur Dngas, à qni M. de Mirabeau avoit succédé" , -
étoit fore pour 1; coup cVépexon; M. de Mirabeau l'étoît
jpoar le coup de fouet : on desircroit quelqu'un qai le fût
'pour lc coup de pied.
.-..■}-. . • " ' •'"
Un patriote rropose une souscription pour lé portrait d'un
des successeurs de Pierre Marcel, pendu .par le peuple qui
lavoit fait maire de Paris, avec cet hémistiche connu de
JVirgile, pour épigraphe.: . ' , ,. .."
i .■' 1 >» Tu Marcelevs BrisV. '■ '■
Le mîme patriotc^propose aussi une souscription pour le
portrait de M. Void... avec cc passage de Tacite pour épi
graphe: ?•••;£•
s . uCelebre inter accusatores Trionis ir.gcn'.um mr , avidum--
<jue famae mal* ».

Le comiré central veut,, dit -on , que l'on supprime la


prem.ere & la dernière lettre du mot Roi. II pretend què
«elle du ruilittu indique suffisamment un roi constitutionnel.
( 335 )
Des rédacteurs encore plus laconiques , & doues d'une pré
cision admirable {ans-doute , ont réussi à donner une idée,
parfaitement jtfste des décrets de Ffllïêmblée avec cette feule
lettre, semblable en tout à un zéro. Cette comte ana
lyse d'une collection íi effrayante-, ne présentera au« yeur
du public, que ce que l'on a pu en extraire de bon, £Sc<ce
qui en passera à la poltérité. U.n aussi excellent ouvrage
aura le plus brillant succès; il y en a.deja plusieurs t-di-
tions superbes en Allemagne, en Angleterre, cn Prusse,
cn Hollande , en Espagne, en Italie, en Russie, Sec. Sec

■ ■A■
Quand on connoît le proverbe bien vrai qui dît : It
VAU.DROIT MIEUX QU'UNEGTsÊ PÉRIT, QU'UN GUEUX s'Eli-
HICHIT i peut-an sJetonner du bouleversement arrreui qui
e*i{le en France'/ Elle ne reprendra son antique splendeurs
que lorsque tant de nouveau* millionnaires rentrés dans leuc
état originaire, redeviendront des gueux , & seront traites
en consequence.

Le curé de V. . . . fur les bords de la seine , reçut , il


y a quelque-tcms , tine invitation amicale de 1a parr da
seigneur de fa paroisse. Si l'honneur Sc la conscience , lu»
écrivoit cc: homme respectable , vous font une loi de ce
pas prêter le serment, je vous offre un asyle dans mon
château ; vous y serez reçu comme l'arni , comme l'enfaut de
la maison. Pour toute reponse , lc cuic prtta le serment pea
0e jours après ; maintenant il menace son seigneur de le
dénoncer aux tribunaux & à la justice du peuple , comme
ayínt voulu le séduire, & le détourner de i'obéissance ì
la loi. Quelle rcxomioillance! quci excès de bonté de la*
part de ce vénérable pasteur! II faut convenir que la rent-
lution a lait écloru de bien grandes vertus.

Si Charles Vilctte desiroit ardemment de faire transportît


lc coeur de Voltaire daus l'église de Sainte - Geneviève^
c'en" qu'il vouloir placer un uonc à côté, pour recueillir,
( ii* )
par ce moyen , les prémices des fruits de la révolution,
Cependant , tous les ágiomancs s'accordent à dire que ce»
fruits font bien amers.

'Lc jeune BeauhaánAis sc trouvant, l'automne dernier ,


à un feu d'attifice dins un petit village près de Paris ,
îl' lui échappa un mot qui mérite d'être relevé ; c'est une
comparaison auíîí juste qu'ingénieuse. Voila,dit-il , en voyant
partir uhc iusee , ce qui arriv«ra à notre assemblée ; elle
se levera bien haut, & retombera ensuite dans l'obfcurité ,
ne pouvant plus se soutenir.

D*après Couverture du corps de M. de Mirabeau , faite


le 3 avec la plus grande publicité, il a été reconnii que
le poison n'y avoit aucune part.
Le principe de sa mort est attribué , par les gens de l'art j
à l'adhérence d'une partie du poumon , au dessèchement
du coeur , Sí l'occasion prochaine à une indigestion qu'une
saignée faite mal-à-propos a rendu funeste. Le sieur Combs
( íecrétaire , & non valet-dc-chambre, comme on nous l'a-
voit dit d'abord ) est en liberté.
Tout Paris a été en mouvement pour les obsèques de
cet homme extraordinaire , auquel son parti a provisoire
ment adjugé des honneurs proportionnés à l'cnthousiasme
universel.'
Ce qu'il y a cu de remarquable i la .douleur n'étoit , à
çctte époque, sur aucun visage; & cette perte immense de
la democrat'.c, loin 'de faire répandre des larmes, a cu à
Textérieur, toute la couleur d'un triomphe. II a été porté
a Sa'nt-Eustache , pour de-là être transteré à Sainte-Ge
neviève.

On s abonne pour ce Journal, au Bureau y rus


Percée Sinì-André-des-Àrcs , N.° 2 1 .

De l'Imprimeiîe du Journal de la CoUi & de la Ville.


N°. 37.
j o 0 r:n a l
d £ xa Cour et d e l a ''V S i$.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


"" ' *" " "La Fontainr.

]"T .Da Mercredi 6 Avril 17PÍ. ! .


yNous ne salirions ttop faire' cón'ii'oitre Us bonnes chesés.
Ce ne font point les ennemis de li constitution , ce font
ses défenseurs qui la tueroijt -, elle ne fera point altérée par
leî efforts du paai de ['opposition , mais paí l'abus que h
partt'trioniphant fait de ses avantages. La constitution fera
dévorée par ceux qui se disert se» amis , 4c abandonnée de
. mjme par ces prúcndus amis, lorsqu'elle ne pourra" plus
leur donner à dîner, ou servir à leur ambition.,.. Uri/^Aftl \
—Avec du terris Sc de., la .patience , les feuilles du mûrier,
devirnrunt du satin. ■ -,
Puis est le creuset où touc reftue , 1c goisfsre qui engsoi tít
.-tout , 2c qui ne se remplit qu'en dépouillant les provinces ,
dont, il «st île vampire qui les suce & l*s exténue : çjrst
le loyer du luxe , & plus encore celui de la corruption des
mœurs. On n'y a ui foi, ni loi, nî Roi , & plus que ja-
n a'u il est fbpprobre du royaume. Les provinces dorment
encore. Gare le réveil ! '

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 5 Avril.
a continué la discussion fur les successions testamentaire».
M. le Pelletier a fait une motion tcnJar.t-e à ce que l'cgliù
Tome II. Année 1 701. K, k,..
Sarnte-GeAvic^e-soit>'<í:claiói le '«jml-eau des grands Rois
comme des. grands komn.es. L'assembla: eít paslec à' l'otdre
li^our1. < ' ÌH TA a -!

V À R í É T É S.

Dieu promit à Abraham de sauver Sodome , s'il se tro«-


▼oh quarante justes dán's cette' ville , tandis qu'en France ce
' font quarante scélérats partisans du féroce Lam.,.. qui vont
attirer fur elle un déluge de maux.

vn.:.' , .... i - ■
t'áutrèi jtìuy C. Lamj.. se plaighoit amèrement de fa
l lâait de fa mère. Une pçrse-nn:? qlii le connoît, bien , dit
., fierai- voix , . mais cependant assez haut pour être entendue
" "ceux quiTentouroient : « Ce Néron français regrctteroit-il
' -'-ide h'ávoit pu arraefrer les entrailles du verîtrfe qûì Y»
»'» Muni »'?

Le jour de la mort du comte deMtRABEAU , un Jacobin


dit dans íe club infernal , qu'il avoit envie de fa.irë une motion
pour que cét îîlustrc íégiíUteur fût enterre à Saint-Derís.
Gardez-vous-en1 bien , liìi dit son confrère , st y seroit plácé
Éwtrbp mauvaise compagnie. > .■ I ; .
——■ r ifa i '

Tableau de la France,
Mous avons des jcgislateurs ,
Ignorans , cruels , imposteurs}
De leurs décrets persécuteurs
Des brigands pour exécuteurs ; ■ Aïgì
Des évêques usurpateurs , ' i :
Xans foi , sanís mériíe tí fans mœurs ;
Dis prêtres vils , de vils jureurs ,
( 339 )
Qui nous chassent les vrais pasteurs.
Dans ce séjour des rii , des fleurs , ..... r', |
On ne voit plus que rage St pleurs. ... :e ...
Pour fuir les crimes , lés malheurs , .
II faut mourir ou vivre ailleurs. ■« ■

Lorsque les paysans de la terre de Noailles en Limousin ,


apprirent la nomination du vicomte à la présidence de
Palscmblée nationale , ils furent boire à fa santé tòutJlc
Tin du château : on prétend que cette gaieté nationale n*a?
pas été parfaitement du goût de M. le président'. J :r v

..•<.'. , , .;M
M. Mirabeau a foufièit 4es douleurs incroyables. "Úì
pouv..nt prier , il a écrit pour demander qu'on lui donnât
de l'opiutn. Qu \\vì a représenté qu'on nc pwvD,iti attendre
ion salut que d'une crise quj ne devoit , sans doute , étre
opérée que par les plus violentes souffrances. II se disposoit
à répondre encore par écrir , lorsqu'un vomissement h in
terrompu. Après cet effort , la Voix lui èff revenúcVífl s'est
plaint alors des tourmens affreux qu'il enduroit. II a infistï
pour qu'on lui donnât de 1'opiuxru On lípd serjriçe au mal
heureux qui est fur la roije, lorsqu'on hâte sa.^n , a-t-'j ajouté
Dans ce moment de plus fortes douleurs lui ont arrache un*
cri, & il «ft motr.' ' " " J™m J
De tous les propos qu'on lui prête, les seuls biea constatés
font d'un affreux augure pour la France n J'emporte aveq

plus l.crvis 1uc luií a"M ?vo" °es taicn*,


Et quefP^' ^'cn avo'r un usage st funeste à Ta patrie,
teffer Ics'l"5' ^ue *enx "se savoir ilatter la mul$ìçud«[ , Ca-
respectablés onS '. am"ancn'r du joug des préjugés les plut
Peuple, anéanti'"'*" *a can,N'"ri TOrveiller les mœurs da
■©h wTOKl f** ,r*>''lJ>'on •
Tonlo se enar^r Ví meffieurs «te Làmerh naypîenfr "pas
ù : .. ^"PS" «J.c, députation du club de? 7ac<fcWï
( 340 )
pour venir s'informer de son état. 11 Je savais bien cu'iîs
ctoient des lâches, a-t-il dit , mais je ne les croyois pas si
bites ».
Tout ce qu'on adk d'ailleurs de fa résignation est de l'in-
vention de ces éciivains oui nous vendent depuis long-tems
des mensonges de la derniere impudence.
>nr- '
Le curé de Saint-E.istache s'est eísxtivement présenté,
comme 011 l'a dit , chez M. de Mirabeau , mais il n'a pas été
reçu. L'ancien évenuc d'Autun est aile au-dryanr de lui ,
pour lui dire que Ion minilterc étoit ínuti e , que M. de
Mirabeau avoit vécu en philosophe , & vouloit mourir en

■ >'t> . . . ' ' 1


"'■■Les deux Rois malades.

jí.- ? Aptes un long & terrible conflit » . , .,


Tramé ponr leut malheur, & far-tout pour le nótre ,
-l;'"J)eux souverains dè divers accabit
. "'t'Languissamment attenjoient dans leur, Ht "
Une mort trop peu faite & pour l'un & pour l'autre. ;
£•>;•..'Mais cëqu» confond tout orgueil , -. 0^s> ,
©é'qul-dòit relever l'efpoir de la patrie x. . ''
Au mílieu du triomphe, ou dans l'ignominle -, *' * .
./Touchant tous deux au mènic écueil
^,;;l.LcJIç)Ì vaincu rxprend la vie,
r> i£*
il* Roi vainqueur
vainqueur. entrevu
enrre.au cercueil. . .
i Zîliu CjÌ i, j - ■ 4j T"|r| 't'y i* '

\ ^pfefVF'lk le-mot.de ce proviucirV à


plauans fireptpatîourjr les rues les pBS'),ottws%dí °ar,s ■»
«Sus une chaise à porteurs, qui » avoit pas de fonds : fi

1
. . C 341 )
«e n'ctoit l'honneur, disoit-il , j'aimeròîs presque autant aïïet
à pied. —Si cc n'éroit l'honneur, drlo.it dernièrement nù'
patriote parisien d'álfcz bon sens , j'aimerois presque autans
n'etre pas libre: la. révolution me coule à fond; voyez
un peu la belle avance ! II vaioit bien la peine de tant se
trémousser pour être un peu plus mal que nous n'etions.
Tenez, je vous l'avoue en rougistant, je ferois quelquefois
tenté de regietcer le bon vieux temps ; il valoit encore mieux
manger son pain à l'ombre des murs de la baltille , que
de mourir de faim en dansant stupidement fur ces mines.

D'après l'avis des médecins , la. musique feule peut faire


- sortir la nation du sommeil léthargique dans lequel elle <st
plongée. En conséquence , nous invitons les poètes &c les
amateurs à nous fournir des chansons :. on n'en recevra
que d'analogues aux circonflaiccs , Si on espère que personne
ne scia tenté d'en composer fur Fait : rêveillez-vuus ,
BELLE ENDORMIE. , ,

Plus on examine la constitotion civile du clergé , &


plus on y découvre les erreurs des Albanois j des Mani
chéens , des Albigeois, des Férots , des Vaudois, des Fra-
tricelles , des Turlupihs , íe Luther , de Calvin , des Puritains-,
en un mot, des milic Sc une sectes qu'enfantèrent jadis
Tigcorancc, le fanatisme & l'ìrreligiou. Les uns damnoienf
les ecclésiastiques poflerseurs des biens temporels ; d'antres
attaquaient les cérémonies de l'église -, plusieurs égotgeoient
les nobles, les prêtres, pilloient les châteaux, dévastoient
les çampagnqs; mais tous se reunifîoient pour combattre
les prérogative* du Saint-Siège , détruire l'autorité du pape,
fa puissance spirituelle, la hiérarchie ecclésiastique.

Le Sauveur fut renvoyé de Caïphe à Pilate, & de Pilate'


à Caiphe, Les ministres aujourd'hui font' renvoyés du dis-
nt , du département au comité, &.puis
partement , du département au district:
s mains , les ministres font payés.

Sous Charles -VI, on boucher séditieux nommé <?on»^


fin tué pàtHcs Armagnacs, Si apporté à Sainte -Geneviève.
Jouvencel des Urfins dit : « On loi fit r»<oult lionoiable»
„ oW'eques , autant' que fi fc'eût étc un grand cap«»inc o*
r, on comte, *i: y fet préient le duc dé Bourgogne , àve*
n foison de 1euple ».

1 On n? peut comparer lVntertèmcnrrde- M. MiraWau Vaîní',


íjo'a i'éntrée triomphante de M. Ì3«ker à Paris. La^lsoti»
'ks réflexions à láire.
l'U'îi"'! ii" . :::tn"z:.mz- ' :• /» i» •/!»•»
,■ ' . U1.I...<jì !..!' tHO ,11 u.S. ì't
Le sieur Chartes Lameth, choisi pat les Jacobins" pcmr
»Htr voii M. de Mirabeau dans les derniers momens , a
refuse d„- remplir ía mission : il a voulu prouver par-lj ,
içp'jl favetk être Ligrat envtfs les complices au(si bien
«ru'envers ses commettans & envers ses bienfaiteurs.

Voî*i un fit, Messieurs, qui s'eft passé fous mes yeux",;


£1 vous peindra d'un trait nos grands hommes du jour.
■—Vend'-'edi soir, 1e jour meme où Mirabeau luttoit p.éni-
h^menr entre la vie & la mort, MM. de Lam IÍar.n....
& d'Áig...,. étoient à l'opéra dans la loge du duc. Ces
Mcílicuis , pour .se distraite de leur douleur , avoient auprès
d'eux rrois ou quatre de nos plus célèbres impures , 'aVejc
lesquelles ils se permettoient Se très-grostas gaietés , St des
éclars de rire qui ont indigné jolis les hormetes gens. Cette"
joye plus cTd'im'ifcrète , étoit cependant bien naturelle ,
puisqu'ils yoyuiei t prêt d'entrer dans la tombe , l'audacjeux
_yi venoit de- les démasquer Sc de les roenater de la .potence.
( 343 )

Dcfcartet fut apporté «le Stockhlom, & enterre à Salnte-


Ccncvieve cn 1*57: Jacques Rohaulr fou disciple elt près
de lui.

Pòur la place d Ecuyer du Manège , demand/k


par la Feuille H.° 36, pag. 334.
Si c'est pjur donner- le coup, de pied que reçue le lioa
analade, pienez M. Jacobin Men. . . .

II oc Hianquoir o i»e des picceì de canon au convoi de St.


le corme de Mirabeau,

Le choíi des nouveaux éreques est parfaitement boa te


âgé , quant aux talent & atre vertus , mais un p;u sin-
Íolier quant aux noiriS : ceux de Melleigncurs HorìoB,
odet, Avoine, Minet, Marollcs , Fessier . Gòjttc, l'As-
SrhoHrrcttc, p'rêtctoicnt a la plaiiac;esie, li elle pouvoii «14
permise sur des íujets austî respectables. '

Le siège de T^aris est ì- peu-prts le seul meuble que pos


sédé i>otre nouvel évêque. On assure que ce digne piélat ,
«nuuyé d'etre obligé de recevoir debour la bonne com
pagnie qui va le voir tous les jours, ddircroit emprunter
une somme de 300 liv. pour meubler l'on palais épiscopal :
îl dire pair hypothèque les productions qui croissent autour
de l'ile Notré-Dáme. En attendant , il prévient les personne*
qui youdtone Thonorer de leurs visites, qu'il les recevra
avec beaucoup de plaisir chez Madame ion épouse, m;
Meslce, V." ì.0.
il <li in —
Les Jacobins font enchantes i de la mort, Sc fur-tout
du genre de marc de M.' it Miiabeau : ib> lé regardent
(344.)
comme un augure favorable : nous craignons bien qu'ils ne
{oient pas tous aussi heureux. . -,

, Les ministres & les ambaífadeurs ont été dénoncés avant-


hier au club jacobite , par le sieur Men.,.„ qui a été soit
applaudi ;• on ne conçoit pas comment cet hemme , autli
lourd d'esprit que de íorps , aussi -ridicule cue crapuleux*,
a pu actjuerir une forte de crédit mime parmi cette espece
de geus. *

L'auguste assemblée viení enfin de décréter qu'elle ne


fera pas eternelle : il y a long-tems que nous savons qu'elle
De fera pas immortelle.
wmmi ■• t.
On ne Conçoit pas robttihatîbn du général Bender , ds
ne pas vouloir protìtcr de l'cxemple de notre heureuse
révolution , pour donner à la nation la sublime constitution
qui fera le bonheur, &c. &c. fc , qui en attendant , met tous
les Français à la demi-ration.... Nous prenons la liberté
de donne: au ^encrai un petit conseil, dans un petit couplée
ires-coutt & analogue au sujet :
Si Bender est dans l'cmbarras, . ,
Pour rendre heureux ses Pays-Bas,
Vifctte fera son affaire ,
. . Laire lanlaire lanlaire, &c.

CK JOURNAL parait tous les matins.


Le prix <U l'abonnement ejt de $ liv. par mois
pour Paris, & de 3 Uvres 1$ fols pour la
Province , franc de poft. Le Bureau eft établi
nu Percée~Saiiu~/indrc-disTArcs , N°. 21.

}ìs i'Imp rimerie du Journnl áe la Cour Sc àc la Ville


JOURNAL
Dt la Cour et de la Ville;

Tout faileur de Journal La


doitFontaine.
tribut au malin

Du Jeudi 7 Avril 1791.


Une nation galante , ou plutôt libertine, ne tarde pas à
être défaite au-dehors , Sc subjuguée au-dedans. Plus de
noblesse , plus de corps qui défende ses droits , ni ceux
du peuple , parce que tout se divise, & qu'on ne songe qu'à
soi. Nul homme ne veut périr seul. L'amour des richeiles
étant Tunique appât , Thomiste honnête craint de perdre fa
fortune , te Thomme fans honneur veut faire la sienne. L'un
se retire , l'autre se vend, Sc Tétat est perdu. Raynal, in-8.° ,
tom. 9., page tiS.
Clovis , en bâtissant Sainte-Geneviève , ne se doutoit pas
que Ton mettroit près de lui, douze cents qu-.tre-vingts ans
après , un douzecentieme Roi. Cloitlde fa femme , qui en
acheva les bátimens , n'etoit pas accoutumée à croire qu'une
Reine n'étoit rien. ;
» Dieu de Clotildc , s'écrioit Clovis avant la bataille <*e
»> Tolbiac, donnez-moi la victoire, Sc Je vous icconnqis ».

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 6 Avril.

O N a continué la discussion sur les successions testamentaires:


de-là , on est passé à celle fur Torganisation du ministère.
Tome II. Armée 1791. L 1

*
( 34* )
Un décret a décidé cjue le corps législatif pourra déclarer
au Roi , que les ministres n'ont pas la confiance de la
nation.

V A R I É T É S.
Qui peut nous assurer que nous ne seron? paá forets de
nous faire tous circonscrire ayant trente ans , si L-s t hoies
continuent à aller comme elles vont daus ce moracut ì

On croît rêver, lorsqu'on entend dire que les comédiens


jadis Français, ci-devant de la Nation, ont demande à
í'aftèmblee- nationala , de n'étre plus . obliges de payer les
penlions accordées à leurs camarades. A peine pourroit-on
leur pardonner cette parcimonie , s'ils n'avoient pas effacár
de leur répertoire les pièces aristocrates de Corneille ,
Racine , Molière , &c. pour y substituer la Liberté conquise,
Charks IX , les Victimes cloîtrceì , Calas, &c. &c.
( Extrait de la Feuille villageoise. )

Théadork , quoíqu'Avien , avoit un ministre catholique


auquel il accordoit toute sa confiance. Le ministre crut
.s'assurer c. cure davantage des bonnes, grâces de son sou
verain , cu venonij3"t .i la religion. Thcodotic l'ayant
appris, lui St traixh?r la tête í>i cet homme, dit-il, eft
infidèle à Dieu, m« srra-t il fidèle, à moi, qui ne suis
qu'un homme ? La pmiiíion de ThéoJonc est fam-dome trop
fevère, mais fa réflexion est juîle. Avis à Messieurs le&
juteurs 1 '

La partie de la rue de la chaussée d'Antin, où est mort


Mirabeau , s'appeite la rue de Mirabeau 1e pankne. J'y- ai
( 347 )
la hier , l'inscription : il y avoir un monde infini qui ne pouvoit
voir que les murs & la porte de la maison. C'est ainsi qu'on
va voir les lieux frappés de la foudre , ou ravagés par
un incendie.

Je ne puis vous dissimuler , Messieurs , que M. Par....


de Tref.... est indigné que vous ayez fait imprimer qu'il
mettoit du rosge & du blanc comme une poupée ; il dit
par-tout, que c'est une affreuse médisance. ■>

Un aristocrate voulant exprimer , d'une manière énergi


que , son amour à nnc belle Dame , lui dit : u Je vous aime
»> comme l'ancienne constitution »>.
♦ 1 ì

Comme l'on craint que MM. les députes du côté gauche


n'aient été empoisonnés , un bon citoyen propose de les
ouvrir tous l'un âpres l'autre, pour s'assurer du fait.

La grande marmite aux grands bouillonnemcns , vient


d'être renversée au moment ou on s'y artendoit le moins , Sc
où quelques nouveaux bouillonnemens auroient pu être
utiles. On craint beaucoup que cette chute n'entraîne ce41c
d'une quantité d'autres marmites appartenant à de très-hon
nêtes ecclésiastiques qui ont tout fait pour la conserver.

. Vous aviez été fort mal instruits , Messieurs , en annoa-


}ant que l'aíneur du vol fait à Mad. du Barry , nommé
„eve , étóu d'Issoire. II n'y a ì Issoire , qu'une famille
de ce nom; íc tous ceux qui la composent y sont actuelle
ment, à l'exception d'un seul capitaine au corps royal-da-
geniî , en garnison à Bcforr. Les mœurs & la conduite de
tous, exigent que vous rectifiez cette erreur dans votre plass
prochain Numéro.
( 34» )

, .Le portrait de M. l'abbé Mori se voit rue des Francs-


Bourgeóis , près la comédie française, N.° 1x7.. t- :••
Melius est Mori <jnam ignominia.

PLuíîeurs de nos lecteurs se sont plaint de n'avoir rien


compris à l'article de notre journal , N.° 33, p. 3 17 , qui
dit : on ne conçoit rien à la coquetterie des aristocrates, qui
font faire des cocardes nationales. —On a oublié à l'Impri-
tmerie d'ajouter —d'une grosseur & d'un prix si considérables ,
qu'on en voit de grosses comme des choux , & qui coûtent^
au magasin des trois pigeons, 1 g francs la pièce.

; Portrait d'une auguste Princesse.


Vrai courage au milieu des dangers , provenus d'une cause .
étrangère; caractère digne de les augustes aïeux; esprit
l.LECrRlSANT , qui, semblable aux rayons du père de la lu
mière , éclaire quiconque en reçoit la divine influence ; voir
qui cesse de rendre fabuleuse celle des sirènes ; énergie fous
t.ous les aspects : telle scroii l'esquisse dangereuse pour les
coeurs sensibles, dont l'enthousiasme oublieroit qu'il n'ap
partient qu'aux dieux d'adorer les déesses. . !!•
M E U D E - M O N P A S.

Opinion de M. de BENGY DE PuiVALLEE ,


Député à VAssemblée nationale ,sur la ques
tion de savoirfi le Comté de Clermontois efi
une propriété domaniale.
Cette dissertation nous a paru un modelé de critique &
it discussion historique ; elle présente, en faveur de M. l'e
( 349 )
prince de Condé , un faisceau de preuves irrésistibles. II est>
fâcheux qu'un ouvrage aussi bien fait soit à-peu-près inutile.
A quoi sert de faire briller le flambeau de î'evidence à des.
yeux privés de la lumière , ou bien décidés à ne rien voir ?
La perdrix qui se débat fous la griffe du vautour , a beau
crier à l'injustice , le vautour la dévore , & voilà fa réponse.
En général, on écrit trop aujourd'hui. Dans ce moment-ci,.
ce n'est pas de fa plume que Bayard se seroit servi , mais
hélas ! Ba yard. n'est plus: l'antique honneur de la noblesse
française seroit -il descendu avec ce heros dans la nuit de
la tombe?

In-promptu à une btlle Anglaise qui habite


Bruxelles.
Nous pourrions oublier la haine des Anglais:
Mais on ne verra pas le beau sexe Français
Souffrir fans murmurer & répandre des larmes
A l'afpect des mortels qui vous rendent les armes.

Paris, le 4 Avril 1791.


' J'ai appris , monsieur , en arrivant du Berry , où j'étois
depuis quinze jours, qu'on a fait insérer dans les papiers1
publies une lettre prétendue que j'avois écrite au commandant
des Carabiniers. Je dois à la vérité , de déclarer que je ne
l'ai pas écrire. Je vous prie , monsieur , de vouloir bien
insérer ce défaveeu dans votre prochain numéro. * '
>
Signé, Chabrill AN*. '

M. de Mirabeau entendant de son lit le bruit que fai-


soit la foule des curieux qui se rasscmbloient autout de fa
maison, pour savoir.de ses nouvelles, dit au ci-devai t
evêque d'Autun, qui étoit alors auprès de lui, & c^ui lui
( 35° ).
faisott observer l'empresse.ment du peuple : « II est bien
>» heureux, lorsqu'on a joui de la faveur populaire, de mourir
» horisontalbment dans son lit ». On assure que ces'
paroles remarquables ont tellement frappé le cerveau du-
pauvre M. Perigord , qu'il les répète á chaque instant, 1
& que déja MM. Bailly & la Fayette ont été à même
de ïís entendre plusieurs fois, quoiqu'ils aienc voulu laire
la sourde oreille.

Epitaphe d'Honoré Requetti , ci- devant Comtc


de Mirabeau. - ' ^
C!-gît Mirabeau , grand Apôrrc :
Ah ! qa'il est bien,
Pour son repos & pour le nôtre !

Un Aoglois a dit que 1« Français étoient trop petits


pour pouvoir meíurer le genie de Mirabeau.

L'histoire nous apprend que le cardinal Spinosa fut da


nombre de ceux qui contribuèrent à faire- condamner à mort
le Prince Dom Carlos. Cabrera , dans son histoire d'Espagne,
au chap. j,liv. 8 , parlant des obsèques de ce prince infortuné»
ïaconte que le prélat espagnol n'accompagna le corps que
jusqu'à la porte de l'église, où "on le pottoit «n dfpôt, &
qu'il feignit d'être indisposé, pour ne se paint rrouver à la
cérémonie du service , où la présence du corps de Dom Carlos
eût été pour lui un supplice.
Les Jacobins qui ont assisté hier au convoi de M. de Mira
beau , se sont trouvés à-peu-près dans la mime position du
cardinal Spinosa. Si toutefois ils n'ont pas contribué ia
mort de cet homme étonnant, au moins on ne péut pas
mettre en doute que cette mort leur a causé une secrète
joie. M. de Mirabeau qui a ▼éeu-parmi eux , a été 1» témoin
de leurs principes affreux. II avoir annoncé à la tribune d*
( 31» )
l'aflemblée , qu'il poursuitrcir les factieux jusqu'aux epfers.
Cet éveil étoic horrible pour cette secte abominable, & ils
doivent se rejouir sans doute , de ce que .,1a mort n'a pas
donne à cet ennemi bien redoutable poui eux , le tems de les
démasquer aux yeux d'un peuple qu'ils tgarent.
De Saint-Simon.

II paroît certain qu'on va transférer lrs cendres de Voltaire


& de Rousseau à.Sainte-Geneviève, t^ntei scandale prouveroit
bien , en ester, le projet d'anéantir la religion catholique.
Quoi! placer dans le temple de Jefus-Chriir sis deux plus
grand; ennemis; ce Voltaire fur-tout, qui sienoit routís
les lettres qu'il adrelsoit à ses impies complices, Ecr l'In>. ,
cc qui vouloir dire, écrasez l'ioiamc ; Si c'irtoit à Jésus-Chrilt
qu'il osi.it parler ainsi !Tel étoit 1c mot de ralliement & le
plan de cette conjuration dans laquelle étoient entrés MM.
de Condor-.. & la Har.. . comme o;i peue i'en convaincte.
dans la correspondance de Voltaiie.

A tort les grands seigneurs roe sauroient mauvais gré


4e /que loues diatribes imprimées fous mon nom : mes aches
eiiricmis n; pouvant combattre mes opinions , m'amibuctit
leurs platitudes , dont je ne me plaindrois pas, si la bounc
«ompagnie voaloit reconnoitre mon- style. »
Meude-Monpas.

Qnoioue !a hain? des marckmJs fasse l'eluge des honnîtes


gens , M. Dicres. conseil cr à la conr-deí-aide?, Íí ci-devam
représentant de la commune <!c Paris, tn outre ci-devant
commandant de bataillon rie la Garde-nationale de ect
endroit ; ce M. ois-je , réfugié à Bruxelles, n'a pas vu
fans horreur , son nom sali de la bave du dégoûtai t
Matât. Daas un N°. de ce d'stiHarcnr ven'mctix , méprisé
des deux partis, & de lui-mjme, M. Diircs est désigné
(T31* )
•comme agent du généra! la Fayette , & correspondant de
ce club inièrnal, qui bientôt corrompra l'Europe entière,
si les souverains ne se réveillent !
Meudf.-Monïas.

Un bon ecclésiastique va faire paroître un savant traité sut


le mensonge; il compte le dédier à M. Victor de B....
II faut avouer que c'est bien mal à son père de n'avoir pas
voulu sanctionner, par mi silence inrame , les mensonges de
son fils. Ce dernier l'en a puni comme il le méritoit , car il
vient de déloger de la maison paternelle. C'est recompenser
que punir de la sorte. Mais je ne vois en lui qu'un fils
obéissant. ' 1

Bouche de ter. Pourquoi la maladie de Mirabeau a-t-elle


fait une sensation beaucoup plus forte que celle du Roi?
B.EP. —C'est que l'un a été le héros de la révolution,
tandis que l'autre n'en est que Pefclave.

Livre nouveau.
DialogueentreMM.de Mirabeau & M. de Pascalis,
a,ux Champs-Elifecs. Brochure in-8°. Se trouve à Paris ,
chez M. d'André , & chez tous les marchands de nouveautés.

CE JOURNAL parait tous les matins.


,Le prix de l'al onne/nent ejì de 3 liv. par mois
pour Paris , 6' de 3 livres 1 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efl établi,
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

De ['Imprimerie du Journal de la Cour & de la Ville.


dí la Cour et de la Yiui,

Tout taíscur de Journal doit tribut au malin


• '■ La Fontaine.

Du Vendredi S Avril 179 1.


Jban Cans Terre, Roi d'Angleterre, assiège,( er^í-j^ cy
4e château de Rochester. Guillaume d'Aibinet ( cjui vrai-
semblablémefít n'étoit ^»as Jacobin), gouverneur d« eettfe
place i' y écoit enfermé avee toute fa famille. Ce gran<J
homme voyant un arbalêtier qui vífoit au Jtpi, âc qui alloii
le tuer: « Malheureux , s'ccria-t-il, en détournant la Coup ,
songes-tu que c'est le Roi? Je fais que nous sommes réduits
à la dc'ruicre extrémité , qtoo nous manquons de tout , que
hem n'avons aucun espoir de secours , <ju'il Ta donner l'as»
saut , que ma SU* as moi Ferons peut-être ses prénYrc"rcï' vic
times : —Mais c'ìsik Rjjj^^
, La forte tête est pour les philosophes., la bonne lanju*
pout les orateurs, la poitrine four les athlètes, les bras pourâ
les .soldats , les pieds pour les coureurs , les épaules poux le
porte-faix , le grand ccur ïour ìks Rois,

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 7 Avril.

O.N a fait à l'.aJsercblée rhommage du buste dV c* grâW


Mjrabeau. Uu détret défend aux defutés d'accçptet aucune;
place du gouvernement, jusqu'après l' efface Je uuatre au*.
Tome II. Année 1791, Mot
-1

C 354 ) . .,
On a passé à la suite de la discussion sur ['organisation 4ú
ministère. ! / ' s, \ \ * •

VARIÉTÉS.

Grande course au Rai. , . . cy.

Le public est averti qu'un ci-devant , chargé d'une miíToa


importante .à la" co>ir de' Londre» , f3':t courir ::nc centaine
d'Auvergnats, enfermes chaqm dans un sac , jusqu'au col.
Celui 'qui , âprès le moins 3é culbutes, arrive au but, tire
avee ses- dents un louis d'or posé sur les genoux d'Agnès
fl^ff„^l,Cctte |fa.r«.c est une imitation d'un jeu fort connu
à Parisj,^au théâtre. cjui est auprès dés Tuileries , où l'on voit
Ta'ptàpârt dès acteurs agir la tête dans un sac. Ôa 'tieni
• oc fait id'ûn -remoifl oculaire. .i * «»á
t ■••:•» 9l >ur.;;.-o.->'ì u3 t í\-;-S.-; ,'t ,:■,<•■ ■ ' .
2:'- '•'.7 t-tismo' îL'ofi * mmm 1 f : . ^ .-. > ..•-»•••
- MiWíwo -fft' mott entée i'évêque apostat d'Aut......
Si k;pmlicant Ra*. . . . cs; qui a íaii dire que, comme
Jcfus^Cht^^U.jjétait.mort tot.ee deux brigands. t .. ^
rW- ; ■■ 'V
, » . • ., i i ,. .' , , > . - i . 'r . ... - -,
T*r un avertissement inféré ,dans le N°. 85 du Journal
^e Paris , Te ministre de la justice invite les juges nommes
pour ftìîrmer'fes'fi'X' tribunaux étábìis' à Paris, & dont il
ignoré k-s deiricutis f- i se trouvpï^ fa chancellerie, poui
accélérer , autant qu'il dcpcnl de nous, la marche des af-
sairw i pnjus'noíss sommes empressés •le faire passer l'aver-
riisemenr (lu 'journal de Paris , aii gouverneur du chiteítt
de B aux commnndans des ports de Rochefort
& Toulon ,aux concierges des différentes prisons du royaume,
aux admiràstrajeurs dcs hôpitaux, aux maîtres des tripots, ,5:^
/k' ta 'capliafe', "3c enfin à tous «eux <iai peuvent " nous
donm-r cònnotlfaiice du dernier, domicile cenaa de- ces
McifiíBiS. ::
I

( 34* )

II y a plnsiertrs versions fur le genre de maladie qui a


Mi M. de Mirabeau. Voici la plus accréditée : on assure
qu'il a été surpris d'une attaque de goutte, ad sortir d'une
orgie , pendant laquelle il s'cíY vante d'avoir fait sis po
litesses a une figurante de . l'opéra , nommée Coût
mauvaise drnseufe, mais folle de démagogie : cet excès,
à la fuite de tant d'«mtus, l'a, dit-on, tue.

Que de réflexions tait naître l'cnrhousiasme vraiment


extraordinaire qu'a fait éclater le peuple , à la more de
Mirabeau ! II nous prouve que les aristocrates sont encore
loin de leur compte, Sc que le charme de Tillasion n'est
pas aussi près .de se rompre qu'ils se plaisent à se l'imagin-r.
Le peuple a pleuré , & pleure encore Mirabeau ! Nous le
répéton;, à cette idée les réflexions s'accumulent & se
pressent en foule. Au reste, nous consolions à cs MM.
de mettre à profit ce regain d'effervescence t . pour nous
volet encore quelques millions. -\

Gn desireroit avoir , pendant le reste du Cari m-, des orufi


frais sortant du cul de la poule. .S'adrellcr .1 monseigneur de
Gobet , Eveque de Paris , ou à madame *' ; hôtel du ci-
devant archevêché de Paris.

On difoi' Mirabeau empoisonné ; mais.il est presque


ptouvé aujourd'hui , que , comme M. de la Palisse ,
Qu'il est mort de rrahdie.
Hclas ! s'il n'étoit pas mort ,
II scroir encore en vie.

On fait qu'i l'oceasion de la mort de cet homme dont om


parle tant , on avoit fait afficher au Palais-Royal , qui!
falioit fermer les spectacleSj^uisgue la Franae avoir perdu
son libérateur. Les exécuteurs 8? dépositaires ordinaires des
vplontes. de lapaȒon, le font transportes aux divers spectacles
jjpur ljsi faire fermer; ils se four servis, en parlant .au*
&ctsur$ , á'iinc expression qu'un a remarquée: u t«eï 1*
rideau , la farce est jouée >v, ;; ., . , .~ . .',
M O V V E l L B
Plusieurs soldat* en garnison >â Vatencierines , viennent;'
de donner L'exempk aux fidèksjjrenadiers français. Ayant à
leur tète trois de leurs ossicítrs íís se disposent à vaincre
ks geôliers -d'un monarque inioKuné, $c se sont tendus
aux ordres d'tui prince qui sereit 'indigne du sang illustre donc
il tienr le joor , s'il ne préféxoit un trépas glorieux , à l'op-
yrob.rc-cternel;de subir le joug impose par des scélérats , qui
p,'ont pas même l'audace des grands criminels.
' y■ ■ ' -' MbUDE-MoNÏAS.
S" ' n ■ ■ .' , - - , •
I !: ,.j i ..t 111 '
Vn grenadier enthousiaste de la nouvelle religion, a cru-
sanctifier son zelc religieux , éh se faisant sacrer évêque: en
conséquence , après s'etrç fait ftouper les moustaches, jl s'est
revêtu d'habits fSontificaux , & s'est présenté à l'église de
Noue-Dame, «vee les dieux domaines d'évêques qu'on y a
íaetifs dinsaoche, dernier : on ne fait s'il a été sacré , ou s'il
ne. i'ai.pa.s été; mais comme il pourrait aller s'emparer de
ciuelqu'évêché , nous croyons devoir avertis ks département
ìk cette anecdote plus qu'ordinaire, c'est-à-dire, dans, le
sens dç la révolution.
• _ - -, ■ ( Extrait de la feuille villageoise).

On vient de me dire , AíclTkurs , que M. d'André avoit


prévenu nos rrès-augnfttt reprèscntans , que k terme de
leurs travaux devoir ctre fixé au mois de Juillet : je vous
prie d'avertir ces Messieurs, nue l'idée lumineuse à ajouter
au chef-d'œuvre de la eonstìtu£îofi7 & que je me propose
dç Jcui ççrm^gni.cjuer pour Je boeheuï de Ijnnivcrs, ne peut
ffW redigçe-paìíaìêement qu'au »pis d'estobre ftoclûiOj
( 3170. . .
& qu'en conséquence , je les prie de vouloir bien renvoyer
Je terme de leurs travaux à eetré 'époque. Le tems que
j'ai perdu »u cirque, avçc mon confrère Maitíi Chàteau-
Rcgnaud, en est la feuie cause, ij
Signé, Claude Fawcket.

Quand M.'" Vuler représente Psyché dans le ballet de


t& nom , on se rappelle cc pallágc de La'Fontatnc : Psyahé
folTédoit tous les .appas que l'Lnaginatioa peut se figurer,
&. ceux que l'imagjnation meme peut atteindre.

Extrait d'une Lettre du Département du Nord,


du 4 Avril ijg?.

Nous avons aussi une manufactura sacerdotale. Ott


y a fait un évêque A la façon ds Barbari , mon ami:
cela est si vrai a la lettre, que le Grand-Sultan a eu onze
voix : il est vrai aussi que le pnpe en a eu trente-six, ('ar
chevêque 4c Camtcai quarante , & le diable -en a eu cinq,
Ne pranrz point ceci pour une mauvaise plaisanterie-, c'est
l'exacte vérké. Vols voyez qu'on n'a oublié personne; maií
le curé de Saint-Jacques de Douay, l'a emporté fur le pape,
fur lc diable , far ie grand-seigneur , & sur 1c tres-petic nombre
de jureurs de ce département, où à-peinc s'en trouve-t-it
une demi-douzauje fur cent, si l'on excet te -quelques échap
pés de couvent , qui le scandalisent pat leur conduite.

Le duc de Chartres vieni d'être promu à ta charge


já'kuifGcr du club des Jacobins.

Des lettres de Bordeaux annoncent que k sexe du nouvel


evêque qu'os vient d'y' fabriquer, n'est pas très-décidé,
& qu'U est au moins hermaphrodite,
( 31* )
7*v y-' ■ ■
St' " '
" Quand M- Lam..... pria trois on quatré fois l'ássem-
blíe de l'écoue- au nom de rhumanité, un membre du
côté droit dit très-liaut : écouter M. de Lam au »om
de rhumanité , ce setoit profaner la vertu. «

" Lé naturel des Jaeabins est de ne pouvoir demeurer ca


repos : quand ils dorment., le diable les berce.

Quand le Mathieu Lansbsrg de l'assemblée nationale,


M. PÉriON , eut parlé à gogo , Sc déraisonné complette-
tnent fur les sécessions, un des membres de l'alfemblée na
tionale s'écria, ig lîv. par jour ne dédommageoient
pas assez les mallKurcax condamnes à écouter & à supporter
de pareils blasphèmes politiques. . . -

M. Victor Brogl... nous annonce un régiment levé par


M. le vicomte de Mirabeau, uniforme, habit, -veste Sc
culotte noires (i). On ne lc croiroit pas , si fa dénonciation
n'etoit consignée dans le journal des débats. Ce régiment est
de mille hommes au plus, a-t-il dit , & il le fait trembler.
Je le- crois , il en faudroit moins pour imposer au régiment
sans culottes , qu'U a à ses ordres

On dit que MM. les membres du côté gauchi sont jaloux


d« superbe convoi fait à leur confrère Mirabeau , que la
plupart d'entr'eux , après tout, égalent au moins fous
quelques rapports. II y a moyen de,s'arranger Sí de contenter

■ (r)" Un mauvais plaisent observa à M; Victor, que, sans


doute, M. le vicomte de Mirabeau avoir, voulu faire porter
d'avance à son prétendu régiincnt , le deuil de son frère.
( 35? )
tout le monde. Ils a'ont qu'à décréter de se faire tous enterrer
de la rnemé manière : on peut leur répondre que , pour cetw
fois , les memotes du côte droit ne s'opposeront point au
décret. Voilà, une belle occasion de, íç réunir . . . . d'opinions

' Bouche de Fer. Si le Roi ét,oit Ubre ,, sanctionaeroit-íí ■


tous les décrets qu'on lui pic-fente,.' . , , ,, .'■ ,..
Rêp. Non. :' \
,. ■ . .:• !
L'intariiTable gaîté des aristocrates n'étonne que les sots ,
les médians, les démocrates, les révolutionnaires. Les pet-i
secutés n'ont rien à se reprocher , & lei persécuteurs font dé
vorés de remords. U est donc vrai que repos de conscience!
vaut mieux que fortune. Les démocrates font de vains ef
forts pour être plaisans : iis ne réuiiìilent que quand ils veulent
Être atroeîs. Nous avons vu une société de cette espece de
£ens , tenter' de rivaliser avec les auteurs des Actes des
Apôtres. Ils ont inspire 1c dégoût, & lés Actes des Marryrs
en sont reltés à leurs premiers numéros.
' Quant aux Carra, Garât, Marat, DcsmouHns, Noél, Brlssoc,
Gorsas, &c. &c on nê les accuseVa } as d'être plaisans dan»
leurs écrits , ni dans leur allure. Ils ne regardent en face qu^
ceux dont ils devinent , corniste par instincts , les intentions*
malfaisantes. Les honnères gens 1èof font baiiser les yeux.
Leur ame inquiète & bourrelée , se peint c'ans leur figure. .
Nous recommandons à ceux qui souhauenc de li; dérider,,
la lecture du compre rendu de M. Arthúv Dillon , à M. dé
Cazalès. 5a situation fâcheuse, quioit cïllç d'un million d*
ses semblables , y est rendue avec une gaìte.pcu commune.

Lorsque , quelque événement srnistre vient étonner les


médians , la première pensée qui" se présert" à leur esprir ,
c'est d'accuser ceux í'u'i's ont ; sn; haine , du crime •uotft1
ils sont eux-memes feuls cap-biés. Les duó»ites Jacobins
«sui, forts de. lí^ur; consciences > comme Js soac ordinair*-
( ¥° )
imeht les plus grands scélérats , voient pár-totft le fer ^
lè feu, le foison & les auttcs chàtimens qut la justice
sollicite depuis long-tems contte eux , oht accuse les aris
tocrates d'avoir empoisosthé feu M. de Mirabeau. Le*
bouigeois de Paris , devenus peuple dans route la force da
terme, & qui n'ont ~p!úT Suj'òUriPnuî d'autre foi, d'autre
Jpi , que ccilts que leur enseignent ìcs impies & leí factieux
Jacobins , ont demandé la visite du corps du défunt. Cette
visite a donné Leu à •uiTe"découvcrte singulière, & d'oà
résulte la certitude que tous les députés gauehers de l'as-
semblí» nationale sont t'savp'p'és" au cul d'on calus rogneux.
Ce mal leur vient , dit-on de ce que, trop ardent à opiner
Jsour faite passer leurs décrets, fur-tout lorsqu'ils font
injustes , íls tapent trop fóitumsnt du cul ( fur les bancs
du manège. Cet inconvénient rend impossible le signa
leront de ces memeurs , qu'on désite bien exact & exempt
3e méprise i pai;ce que si on leur fait mettre culottes bas t
òn pourra les confondre avec leurs amis les juifs , qDÌ t
dit-on, apportent en nailiant une rog»e galleuse au cul,
eti signe d'o- piobrc , suivant ce verset du pkeáume y-j.u^i
Ès PERCUSSU ÌNIM1COS SUOí IN ÏOSJERIORA : OFPKO-
BRIUM SEMPUERNUM DÉDIT ILLIS. " '. '.'
^- ■ . * , ', . . v * * i- . *
i ,. Errata du Numéro d'hier. 1
Pag. f lig- 5 , circonscrire; j lisez , circoncire,
Pag. 351, lig. i j , haine des marchands ; us^z haine de*
■ ' 'méchant.
■ ....... 3.?. -
71 ! 1 1 5
CE J OU RN AI, parott tous les matins.
Le prix de V abonnement eft de $ liv. par mois
pour Paris , b de 3 livres i$ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efi établi
tue Percée-Sfiint^André-des-Arcs , NB. 21.

De l'ístipritfieïie du. Jòurtial ie la Cour «t de ht Ville.


I
(O

SUPPLÉMENT

' Du N.° 39.

LE COUP DE PIED DE L'ANE,

o u

Motion civique de NICAÎSÈ DUBOIS


DE CRAN** , Député prétendu inviolable ,
qui a proposé de changer le nom de. Che
valier de Saint-Louis en celui de Porte-Croix.

D U hideux animal qui marche à reculons,


On trouve en toi Cranc. ... le manège & les noms.
Cancre ou cancer ( 1 ) , tous deux peignent ton caractère )
Démagogue hypocrite , on te croit populaire -,
Tu n'es qu'un flagorneur, qui, d'un peuple hébété ,
Achete bassemenc la faveur éphémère,
Par une insigne lâcheté. —
D'un fainéant ex-mousquetaire,
Pour tout service, ayant la triste nullité,
Pour garder un ruban, que chaeti n te conteste,
Tu voudrois l'avilir , & faire ainsi penser
Que Ton avoit pour toi le droit d'en abuser l
Mais le public te juge , & !a honte te reste. —
D'un brave chevalier , tu fais un toute-croix ;
Et fous un faux dépit que ton cceur dissimule,
Tu veux contre toi-même, armant le ridicule,

(1) Cancre ou cancer, offrent l'anag'ramme, du nom


fameux de ce député. ; ■ ..t
( 2 ) .
A ton lâche projet faire servir les loix! — '.
Tu ne fais ras combien l'on prise
1 Un bien dont de son sang on paya la douceur ;
Que ce bien qu'avec art aujourd'hui l'on déprise,
D'un ancien officier fait ia gloire & l'honneur ;
Qu'à ce bien aisément lijflrfelqu'heureux arrive ,
Quand un infortuné n'a jsas d'autre bonheur,
\ C'est erre son bourreau qug vouloir qu'on le prive
D'un plaisir qui , trente ans ,<*a fait battre son cœur j
Qu'on y peut rien changer-, le ruban, la couleur ,
Le nom , tout lui devieut & cher & respectable ; •
Que ce bien tout enrier , est fa propriété ; *
' Que défendre cc bien est un droit décrété ;
Que vouloir y toucher , est un plan dérestable ,
Que ne peut proposer qu'un lâche tel que roi,
Infidèle à l'honneur , & parjure à son roi. —
Si tu n'as pas une âme assez, grande, assez forte
Pour braver du moment l'injuste préjugé,
Eh bien , paisiblement accepte ton congé : i
Jse porte plus, la -croix, attends qu'elle te porte;
Fais 1c métier si conforme à ton choix ,
De nos jnreurs sacrés deviens le porte-croix. —
Avec tes focs écrit!, les lauriers que tu cueilles,
Pourront orner en paix tes tristes porte-feuilles ;
En guerre , tes exploits , ta gloire & tes hauts faits
Pic feroient pas , Cran , dignes d'un porte-faix ! — ,
Mais de parler encor, s'il re prenoit l'envie,,
Kappelles-toi , qu'aux dépens de ma vie,
De tes puants discours tu me feras raison.
Dn porc-épic (i) aurois-tu la toison,
Quelque matin avee un porte- balle (%),•

( i ) On prétend qu'une balle ne perce pas un Porc-

(i) Ceux qui mesurent Nicaise- Cranc. à l'aulne qu-'il


mérite , croiront que, par porte-balle, ena voulu désignet
ici un de ces citoyens crovhctcurs , armés d'une badine pa
(3)
Jt saurois bien guérit ta fièvre nationale. . . . ,
Par un chevalier de Saint-Louis , officier de fortune,
cjui n'a pour tout bien , pour toute consolation ,
four toute propriété , cjue la Croix , & qui est
cousin-germain de S. Jean Bouche d'or.

Sur la nomination d'un nommé Bon.., CAR.-


h la place de Ministre à Liège.

Tristement conseillé par le très-sot Hen...


Ou par lc plat Rhein,... , nommé le débonnaire (i),
Pour se donner certain ton populaire , >
Ta garder son emploi , le tremblent MontMOR...
En vil esclave, au Peuple-Jacobin ,
Pour cette fois a voulu plaire. —
Afin d'aller remettre cn bon chemin a
Le Liégeois q«i bêtement s'ingetc
De tronver heureux son destin ,
Depuis qu'il vit en paix, à fa vieille manière ,
11 vient donc de nommer certain Bon.. Car., (i),

triotique , qui trouvent si aisément , depuis quclque-tcms ,


pratique aux Jacobins. —On a entendu très-loyalement,
par ce mot , ce que l'on doit entendre.
( i ) Nous donnerons incessamment des notes instructives
& curieuses fur ces deux ïetitS pendans de ce trÈs-ïetit
ministre.
Ci) Cet homme fans consistances très-mal famé , n'»
jamais servi dans la partie des affaires étrangères, randis que
d'anciens employés qui ont rendu les plut réels services , font
indignement oubliés. Le public sera instruit incelfamment ,
&í saura combien le choix pitoyable déshonore, un ministre
cjui, le premier, auroic dû ctre chassé, aves ses dignes acolytes.
, (4 )
î/ua des actifs agens du -tripot clémentin. *—
Pauvre France ! voilà comme on te régénère !
* Lorsque^ les gens instruits ont fui du ministère ,
Quand díanciens serviteurs n'éprouvent que dédain , \
Pour l'important objet, pour la plus grande affaire, s V ■
On a gardé le petit" MôtfrMoRi. !
S. J £ a n , Bouche d'Or.
' ■ ■ '- —■■■r. ì "\
D'après l'annonce de votre journal du 1 avril , N,° 33 ,,
"|e me fuis procuré, chez "M. Belm, libraire, rue Saint-
Jacques, t'OFFRANDE AUX FRANÇAIS , DE QUELQUES ACTES
DE NOTORIÉTÉ, DE RÉSIGNATION , DE PRÉVOYANCE ET DF.
conservation : le titre seul prépare le lecteur à quel
ques détails généalogiques , comme le titre d'un livre" de
jurisprudence, à quelques citations de loix & de jugemens :
mais le sujet s'est tellement agrandi ou généralise sous la
fUme de i'auccur ,• qu'il paroìt embraiíer presque toutes
- les branches de l'ordre social, & remplir son vœu d'eerhe
non-íeulcment pour toute la noblesse de l'Europe , mais pour
toute la grande famille du genre-humain. L'ouvrage , plein
de fentimens tendres, de principes lurainèux , & de recherches
profondes, est encore^femé de mopceaux intcrelsans de
" religion, de philosophie, de littérature & d'histoire. M. 1«
: Vicomté de Toustaini, qui conlervc une ame noble & fran
çaise , au milieu des boulcverfcmens de sop ordre & de
Ion pays, n'à point employé des couleurs bien riantes , en
■ peignant une révolution qui ne satisfait aujourd'hui que
î< les trompeurs & Les trompés , mais son livre est exempt de
fiel, ainsi que de mensonge ; gç ses idées , peu favorables
au dérhagogiíme du jour , me paroissent conformes au vrái
* •' patriotiiroe de tous leí tems.
Un de -vos Abosnés.

De rimprimferi* du Journal de ,la<GoBr&d«


U Ville.
; J O U R N AL;]
de la Cour et de la Ville,

« Tout faiseur de Journal doit t.ibut au malin


i . 1 " La Fonta in r.

Du Samedi 9 Avril 1791. ,


A Athènes, l'accu^ateur qui n'.ivoit point pour7 ldî B
cinquième pattie des suffrages, payoic une amende de mille
dragmes. —A Rome , l'injustc accusateur étoic noté d'inr
famie : on lui imprimoit la lettre K sur le front. Que de
K M. Voidel pourroit faire imprimer, si cette loi étoic
en activité en France! ">i ) fs
Observation sur VAccusateur public. ■** ,
Quintilien dec'are qu'il n'y a qu'une trèsrperite distar.Ci
entre un voleur de grand chemin & un accusateur de pro
fession .
La chose la plus, étonnante xi u inonde, c'est qu'il y aie
toujours fur la terre une maíTe de vertu qui résiste aux
affronts qu'elle y souffre, k à l'cnc^uragernent qu'on j
donne à l'iniquicé m.-rac , car nous éprouvons plus que jamais
que tous le» honneurs font pour elle, quand elle peut échap
per aux loix qui la condamnent.

ASSEMBLÉE NATIO'NALÈ.'

Séance du 8 Avril.
On a íontinué la discuiion fur l'organisation du rninif*
tere. Nul ^ministre ne pourra être traduit devant les tribal
Tome II. Annëe 1791. N h
( 3*2 )
■aux, qu'après un décret du corps législatif. L'alscmblée dé-
cretc qu'au Roi seul appartient le choix & !a rcvocation des
aùn.ltiîs. 1

VARIÉTÉS.
L'acquéteur de ls chartreuse de Rouen, vient de donnée
un jioillon d'avril aux orficiets municipaux de cette ville,
qui vrascmblablement servira d'cxcmplc à beaucoup d'au-
tres. II a compté quinze mille livres , douzième du prix
^e c-tte chartreuse, 'ii Tachetant ; enluite il a vencu
ks J>aís de l'enclos & du jaidin , les p'ombs , charpentes ,
/pierres ', fers, &c. &c. , •So,ooç> ìiv. argent comptant , Sí est
■part» le premier avril pour Lcndies , cù il a fixé son séjour.

Ta brochure intitulée, Vie Sc Aventures de Jacques


Bo .. Cah... qui du secrétariat desJaco'ans;- vient de .dcC-
eendte à Pambastadc <s: Liegc,sc vend chez Mad. Vautleury,
libiaire au Palais- Royal : cette brochure peut servit de
pendant aux avantuies de Gnírnan d'Alfarachc.

í '• ' 'Avis aux Militaires.


.. Ce n'est point à l'hommc de paille DuportaH , jouant Ic
rôle de ministre de la "uerre , qu'il fact s'adresscf pour obtenir
des flBplois; c'est á M M. LaMETH , Mf.NOU , d'AICOULON ,
Bkogliq, Dubois ds. Crancê , &ç.« ' '■»
N. B. On accorde , dan*" ce mom.stc-ci , les croix de
Saint-Louis au rabais. , " -, »
.d .: ..V Pi.... l'Observateur.

I.cpontif; pour rîreGoBF.T, se plaint dans le bon genre,


X íùi-tout,. pour que les honnêtes gens en soient instruits ,
_jjc ;canal de la Chronique de Paiis, que f resque tous
les électeurs se sont refusés d'alíiller á la nomination des
(3*3)
fonctionnaires publics -, il a inventé des toarmcns pont les
pun'u dans ce bas-monde , fa is parler cependant de ceux
qu'il leur réserve dans l'autre. Ce benoît personnage a ou
blié , que si tous ceux qui devoi-nt assister à son élection
7 avoimt été, il n: serolt aujourd'hui que ce qu'il fer»
quand la raison nllumeia son ía/ib'ai, que l'irreligion,
ia folie Sí la rage infernale des Jacobins ont éteint.
Ainsi soit -il. :
s Noc Electeur.

- II est de notoriété publique, que M. Camille-Defmoulini


s'est plaint à l'assemblée des Jacobins, que M. de Bonne-
carres l'avoit traité d'incendiaire & l'avoit menacé - dt
coups de bâton ; qu'à cela , M. de Bonnecarres a répondu
qu'il étoic tres-vrai qu'il a voit tenu ce propos en prefenct
de joo personnes; que nan-seulern.'nt il le répétoit dans
l'assemblée, mais roeme qu'il en .disait autant à un grand
«ambre de m .u vais sujets, qui déshonoraient ta société,
. & qui siniroient par la perdre. < .*.'<.!■:...> ...j-U-i

La place d'aga des coupe-jarrets soldés par «n cett ùn


Philippe , cta ìt devenie vacante, c n-q concurrent viennent
'Je s'ofFiir à lut, & chacun pour obtenir la préférence-,
lui a faic hommage de ce qui étoit en son pouvoir':
• Deux frères picards lui ont présenté un gro* vokime
ìn-fol. contenant mi le & un exemples d'ingra-.hudes'a:róeès ,
dont plusieurs vonr jusqu'à assassiner son bienfaireur ; mais
Philippe les a repousses avec dédain, cn leur diant : - .
Gardez vos rêveries ; u j'ai fait moi seul plus que tout
cela ».
Un chapelier breton lui a propose un traité complet
sur Part de voler des cannes, de faire fauter la carte,
de pip.-r les dés , Sec. avec la manier: de perdre i ç 0,000 liv.
dans un; séance , & de les' payer fans y m.'ttre un sol du
sien : il y a voit j»int des observations fur la posture à prendre
lorsqu'on reçoit des coups de bâton, 011 qu'on est jetté
par la fen:tre: mais Philippe l'a éconduit aussi avec ces
( %H )
pots:.; ; « J'aì. exercé, j'ai éprouve , pu jîéjrrouverai
»> bicntòt touc cela , & je n'ai pas besoin de vos conseils :
í> j'en fais plus que vous p. . . •
, Un propriétaire dauphinois l'a remplacé , & a dit
Philippe , si tu m'accordes la préférence, jd te livrerai aise*
de sang d'aristocrai.s pour faire jouer , pendant toute la
semaine , dite sainte , tous les jets-d'eau de ton palais
national. ,x '
. Le bon Philippe, séduit à l'instant par cette motion sur
humaine alloit la décréter 4 lorsque le plus camus des
trenie-trois tigres de la ménagerie française , s'écria -
•> Arrêté , Philippe , ecoutes-moL. 1
i> Je viens ('offrir tout 1c sang des prétros , même ju>
5> r".uK; .1 n'en faut pius , épargnons les fiais du culte. 3m
u t'ossre encore io is ies assignats que tu feucc deirer: Je fuis
»> chef de cette manufacture, & d'un mot , je peux en creer
ta .pour des milliards ».
i Oa pense bien que Philippe lui a donné :ra préférence.,
(Xi se riisant tout bas à lui-même :.;•.« ma lâcheté
DÉCOURAGE MES COMPLICES , CET ARGENT LES RANIMERA.

Nous méprenons tous les jours , que des mou-veau* ■évêques


«reviennent en diligence de leurs diocèse* , avec ie projet id(F
pins retourner , parce qu'on ne les y a .pas reçus .dans
le sens de la «évolution , au contraire ; entt'aucres, cehli
4e SuasWtg, à qui on a craché au visage, & qu'on a
essuyé avec le poing.
; .^ Pi. .» . «bservatear.

Mardi , au conseil général de la Commune , M.


président fit lecture d'une lettre .darçs laqueJle M. le Maire
deíiroit que la Eue où est mort M. je Mirabeau , perdît fou
nom , & prit dorénavant celui de Mírabeau. Quand .on
annonce de pareils désirs, juiì est fût d'avance d'être bien
.accueilli. Aussi la .Commune complaisante pour son chef,
ta^t-elle battu des mains ; & si elle a témoigné quelquas
itçgwtS;, o'est devoir .cié jpré.vepue. ÍUn 4u»naiable:'niernbr.e|',
( m >
ecclésiastique de son métier , inspiré comme par ls circons
tance , a demande ensuite -âne le «Mqaiem: te dernier pié—
destal .vacant dans la salle dç la Commune , fût occupé ,
sur-le-champ , par le buste de M. Mirabeau , avec cette
modeste inscription au bas , Mirabeau. La motion -a éc$
accueillie par acclamation. MM. Lam... , 1 Barn... Sí com*
pagnie som donc pries de ne pas se donner tant de mou-
vemens , pour se dépêcher de mourìk : presque toutes les
flaces étant pxises , 00 seroit peur-«rc obligé de les laisset
lux îa grande .place.

Madame de Mirabeau , broniHce avec son fils depuis nom


bre d'années , apprenant le danger qui le menafoit , ne
voulut pas le laisser descendre au tombeau sans lai par
donner jjénérei'.semcnt tous les petits écatts de fa jeunefle.
Sîlle se fait annpncer chez le malade : II est trop tard ,
iépondit-il , je n'ai plus assez de temS à vivre.

te patriote Le Coint. . président du département de Seine


& Oise séant à Versailles , a redamp , au nom de son départe
ment, un morceau du grand homme, dont il étoit l'adjui-
dant-général les j 8c S octobre 1789. On a trouvé juste
de lui donner le doigt index qui avoit servi à montrer let
sentiers de la victoire , & à désigner les holocauste*. Le
Cchmt... fier de cette riche dépouille l'a modestemeet placóe
dans le jeu de paulrae de Versailles, où, selon lui & bcaur-
■coup d'autees, Mi r tout entier eût 4û être enterré. H
«/« jélearé un monument provisoire orné de piquet , de cètes
& de torches, avec cette inicripion: •»
VlEO I M MO R Ail.
Des plaisans «le Versailles ont trouvé de <U malice ou de
l'ignorance à cette devise. Le Còint... leur a fermé la
.bouche, ep leur prouvant que, par son décret du 3 avril,
^'assemblée nationale avoit décrété que les mots immobj»
yAU & immoral! feroient déformais synonymes, à datet
4e Pépoque de la {évolution.
.. Le rédacteur du courier des Jacobins , intitulé de l'Hy*
men, reclame deux lettres inférées dernièrement dans la
feuille du Jour , parce qu'elles font de son district. . ,

: On rrioit dans les rues , la mort de Cromurel v ingt-qnatre


hearcs avant qu'elle arrivât. C'est le feirl trait dé jessera-
Wance de la fin qu'il a faite avec celle qa'il autoit du faite.

M. Mo... avocat, celui qui, à force de é&iuincries , est par


venu à débaucher la garnison de Nancy ; celai qui a été dé
crété de prife-de-corps par le tribunal de justice, comme cause
première des horreurs commises à Nancy ìc } i août ; celui
qui a été chasse d'une église paf tous ceux qui s'y trouvoient,
dans le moment où l'on enrerroit ses victimes tuées le j i
août ; celui que tous les honnjtes Lorrains ont en horreur , &
ont refuse d'un commun accord de recevoir chez eux ; celui
.«ui rioic en lisant un imprime qu'on faisoit circule; le jour
4e la mort du brave Desilles , & fur lequel on lisoit ces mot»:
DeSIIL'ES EST MORT, . *,
" * ' Et M o„... v i t -,
celui enfin dont lc moindre crime est d'être le président
•du club des Jacobins de Nancy, qui n'est composé que des
'principaux assassins du ji août, &, comme par-tout, de l'ó-
cume de la populace, ou des coquins renforcés, vient d'ette
nommé juge du tribunal de cassation....... .•. v .,

Aux Auteurs du Journal.


J'ai vu, Messieurs., la pompe funèbre du grand homme
ìnhnmé le 4 de ce mois ; & semblable à ce paysan qui ne
pleuroit pas à un beau sermon , parce qu'il n'etoit pas de
la paroisse; n'étant point de Paris, jí n'ai point partage
C 3^7 )
l'cnt houCasme des ba. . . . yeurs de la capitale , & j'ai Ta
à froid. —J'ai remarqué , en gcne-ar, plaide gaîté que ië
trilfellé; de forte que, fans ['approche du cercueil , il eât
été difficile de deviner qu'il" étbît qiíeltion d'un enterrement -,
feulement quand ia rauhquc taifoit entendre' des sons lugu
bres, ies bonne», femmes 'diloicnt : mon died ,'(tuè c'cílítrntcl
Une immensité d'babiis bleus , de tulils de de sabres m'ont
patu donna à la liberté les couleurs du despotisme.
Des pretres sales, 8í qui H'avoie'nt ptis pris mesure- de
lcuis habits, annoncoient |a friperie de ia nouvelle église.
Des invalides accouples aux enfant aìéus,., fymbolifoierit
. mcrveilleuícment avec le projet du Dusois de Cr. . . .
L'aíscinblec nationale & la municipalité .""suivies dès Jato-
bius , ces dernicis ayant à leur tete l'ailommeur it. Hurug...
en habit rouge, & âpres eux la fociçce fraternelle , çepre-
sentoient ces despotes d'Orient , qui ne marche; t jamais en
public, fans ette suivis, de lems tourteau*.. ■' ■ ■ •" *
Des ministres du roi. - - - Ç'tjfaì-dire des greffiers des
comités figurant les étages du pouvoir exécutif.
. Mais ce que j'ai remarqué de plus frappant à mon avis,
a été l'enchainement d une quinzaine de cent - fuilfes / ou
gardes de la prevòte de l'hòtel du ioi., fans aimes, cn-
tre-mêles & entamés entre deux rangs de gardes nationaux,
cn avant du clergé. Ce tableau m'a rappelé l'entrée triom
phante du 6 octobre 1789, où javois vu des gardei-du-
ceps de votre bot» roi en pareille posture , & j'ai trouvé
soit ingénieux, celui qui a imagine, un pareil trophée en
avant du corps du grand homme, à qui la ville de Paris
doit cc mémorable triomphe.

■ Le Papillon- Abeille, ou dialogue des vivans 8c des


morts. Nouveau journal rédigé par M. Df.svokgks. Ou s'a
bonne à Paris, chez Martin, libraire du tribun il séant à
FAbbaye Saint-Germain, rue Saintc-Margu;rite , N°. 60.
Nous ne lavons point encore dans quel esprit fera rédigée
cette feuille ; m is le nom de M. Desforges réveille des iPH-
vesirs si agréables , que nous cioyons pouvoir annoncer avsc
( & )
fiance ,. le succès d'un journal rédigé par cet estimable'
rateur.

, te vicomte «Te Mirabeau , dans fa jennesse, écrivît à son


perc ce billet flngulier , qui montre que rcrigioalité est
R' cachet de certe famille :
■ [. -_|ë ne fuis ni pluvier ni vanneau ;
■ Je ne vis ni d'air ni d'eau:
Etrroyez-moi de ■ fargent , perc Mirabeau.
L'ami des hommes lui répondit , en le parodiant :
Soyez pluvier ou vanneau i >
Que vous viviez d'air ou dtaB , "* ' " -
Vous n'aurez point d'argent du pere Mirabeau.
î. * " ; "' \ ' * ■' v
Les observations qne les- patriotes fa'foient faire as
fcálàîs-ro; al , fur la prétendue mort de Mirabeau, com
mentent à se réaliser -, car plusieurs voyageurs atrivés hieï
à Paris, assurent l'avoir rencontré fur la route de'Vienne.

Bouche de Fer. Qu'a-t-on de mieux à faire , quand lc


périt est inévitable 1
Reî. —C'est de l'affronrer.

CE JOURNAL paroh tous les man


Ht prit dt Vabonnement ejì de 3 liv. par m
ppur Paris, 6* de 3 livres t/$ fois pour
Province , franc de port. Le Bureau ejì etc.
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

"De l'Impriroétie du Jôutnûl de la Cour St dcla Ville.'


N°. 4 1.

J O U R N A L ,"
D £ la Cour e t d e ia Viuï.

Tout faiseur de Journal doit tiibut au malin


La Fonta it< e.

Du Dimanche ia Avril 1791.'


te ftionde ell 1c tkéâtr-c , les íommes senties comédiens ,
les hasards composent la pièce , la fortune distribué les rôles,
les muftis gouverneni les m» hinés , Sc les philosophes sont
les spectateurs. Les riches c.ccupent les logr-í , les puiiíans
l'axnph:th:átre, St le panf.cre est pour les mal heureux : les
femmes portent les rati.uchiiîemeos par-ci , par-là, & les>
sots mouchent les chancelles ; la folie bat la mesure, le
rems tire le rideau : L'i piiee a pour titre j Le jhovdS'
vbxìv Èrar. tRompê -, hrco , n. est trompé L'ouve/tuie
de la comédie commee.ee pat des larrries & des soupirs* —Le
pu'.iiet acte- repr, fente les projets chimctiçjues -, les Vnsenses
frappent des mains , & les sages sifflent îa pièce. On .y voit
des géans qui, tout d'un coup, détiennent des p:gmées ,
& des nains qm , tout dVn. coup, devierwera iles geans :
les hommes y prennent routes les raclures imaginables qtri'
peuvent les détourner <'n bonheur qu'ils chelchent. Telia
est la comédie que no'JS jouoíjs. Celui qui en veut profiter
ïï'a qu'à se tenir daas un coin , pour s'en moquer comme elle
le milite. »
P i .... Observateur.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
. - .'.^Séance du cj Avril.

On a cooriaue la discussion sut l'org anisation du minif-


tue, &c sur la queílion s'il y auta un m ir.istie des ÇqLgbw,
Tome II. Année 1791. O o
( 370 )

í - 'V.A R I É T É S.

Dans tous les jourríaux de la capitale ou des provinces,'


ou on lira ces mots : <t les nouveaux évêques ou ciirés qui
ont obtena les l\ tirages da peuple »; lisez qui ont obtenu
les suffrages de la populace ou. canaille, aux otdrcs des
clubs jacobistes.

On rcpvophoit à un homme peu affligé de )a mort de


Mirabeau , d'avoir pleure cu entendant la musique lugubre
qui accompa^noit son convoi. Parbleu, dit-il, quand on
nie mec le doigt dans l'ail , je pleure, mais jc nc fuis pas-
, affligé.
■ —
1
On dit tu'on vient d'expédier un courier , par ordre de
l'xlK mb!ée nationale , ì M. Neckkii , pour, l'invíter à venir
au secours du comité des finances, qui ne fait plus de quel
bois faire flèche. >

Bouche de Fer. La providence a-t-cile mis des bornes à


la méchancïté des hommes 1
Rkï. —Tu t'en appercevrás,, quand il ea fera tems , &
ce tems apptoche.

M. de 3r. .. en instruisant l'aísembîée', que Pévêquc fait


à la hâte , tn dernier lieu , à Strasbourg , avoit été insulté
par le peuple , a oublie de dire que le Coupable puni est
un exemple roar la caiiiillc ; mnis qu'un iniioceut condamné
est i'aflaire de tous les honnètes-gens.

Cn pense assez communémeni que la mort de M. de Mi


rabeau va causer un grand vuide dans cette agrégation pfe-,
béïer.nc que lui seul avoir eu le talent d'ériger cn aslemblce
Worale, & dans laquelle on ne peut douter qu'il n eut uns
( 370
influence majeiue. La fameuse dénonciation qu'il a faite peu
de jours avaijt fa mort , de trente factieux jacobites ses con
frères, nous inspire cette façon d: penser, U nous nous
empressons de ('exprimer par l'ej igramme suivante :
Sans chissrc , qu'est-ce qu'un zéro ?
Parbleu , la réponse est aifec :
C'est ce que vaut notre assemblée, , (
Sans l'unité de Mirabeau.
Par M. lc C. D. S. S.

Pour persuader aux devotes que lc soi-diant évéque de


Paris Gobct est un saint homme , la propagande cherche à
leur fairu croire qu'il a converti cent mille anu-s dan» un
déserr.
Pi. . . . Observateur.

M. le Baron de Grand-Court, connu dans les sociétés


de Paris, lous le nom du Marquis de Tulipano, devant
pavtir incelTamment , prie les personnes qui lui écriront,
d'ajouter à son nom de Baron de Grand-Court , la qualité
de Comte du Saint-Empire.
Le vinaigre des (quatre voleurs est absolument nécessaire
aux personnes qui vont le promener au Palais-Royal , pour
détruire le mauvais cflsct des exhalaisons pestilentielles qui
s'elevent du bassin & des fosses qui entourent lc cirque na-
, tional , & qui sont remplis d'une eau verdâtre , croupie Sc.
infecte.
I '

Le club de Falaise est en schisme ouvert ; les uns veulent


que M. Target soit mort & enterré depuis neuf mois ; lès
autres qu'il n'ait [qu'un: rétention de parole très-dargereufe
à la vé-rité , mais dont il guérira, s'il peut rendre les vents
qui le suítoqitent. Cctus, il feroitbien triste que la constitu
L 372 )
tion .restât orphelin; do si bonne heure. MM, Sieye*-,
Chnpei'ur , Ht. Sec. restént encore i mais on lait que les
teneurs ibrtt toujours leurs affaires aux dépens de Icuts
•piîfiicS.

Le département de i'Orme , rrcs-mécontent des trom


pettes patriotes qui n'ont pas annonce 3ux quatre coins de
la France, l'aíceníion réjoui:iânte de Mgr. Fessier , qui en
a été ic prôneur & ie patron, a jure, fur '.'inviolabi
lité- de fen auguste perc, que ce sacré Fessier figureroir à
ïtìírvtii'c entre le sacré Gobet & le sacré Maróiles , & qu'ils
font tail és tout exprès pour faire pendant avec le clair
voyant Goûtes , son rival en bonne mine.

On assure que MM. Lam. ... Men. .. . Cam . . , Bou.. . .


Robes..., Duc de Cr,... Vgid. ... -Bar. ... d^Orl....
Cócho LiAN'ç. ... Nair.... Nîcod. ... Yvern. ...
donnent décidément leur démission anx Jacobius,, & à
rassemblée nationale, & qu'ils vont partir au presiier jour
pour le Scioto , où ils se proposent d'établir une consti-
Jttìtion à leur guise , qu'ils voyent impossible d'établit et»
France.

MM. Mt;rlf.. Bàili.y , Harfi. . font tres-dangereu-


escrnent malades . Alexandre Lameih crache le. sang. Est-ce
urne le ciel voudroit aussi fe mêler, d'une contre-révolution?
•Que îcs ar.ges exterminateurs y prennent gat<le ; on les
•enverra à Giicans, & ils auront péri Void.... ou Victor
de Brog*... pour rapporteurs, ou Chabr,... ou AlQMER»
car, ces messiems fc reísemblent tous. \
■>

te père P< ir.„. que pluíicurs mauvais catholiques s'a-


rrïufent à appcller turc de Saint-Sulpice, a été obligé de
p&vter les sacrements pendant la nuit : il n'ofoit pas , maïs
la garde nationale l'ayant accompagné, il Ta tenté, II ne
J ' . . .
( 373 )
connoîssoit p«s les cérémonies cpi prescrîl l'cglîse. L'officier
commandant la garde national- l'a guidé. Apres avoir admi
nistré au moribond l'extrcme-onction , cet officier lui apprit
qu'il devoir se laver ks mains , avant de toucher le
iaint-cibnue : Parbleu, lui ajouta- t-il , quand on ne (ait
pas un metier , il ne ihut pas s'en mêler. Mot plein ■de
sens & de philosophie, que je réitérois au Roi, à se",
ministres , à la noblesse , à l'afleinblcc nationale , & à tous
les bons Français*

Dans l'église même de Sainr-Eustache , les gardes-na


tionales pour honorer le cadavre de Mirabeau , se sont
imaginées défaire une décharge générale-, la plupart des
armes etoient chargées à balles, jqui, cn recombant , ont
blessé plulieut,! personnes.

M. l'abbé Gour.... a été très-mal reçu àl Autun : les


religieuses , les femmes de la ville , personne n'a voulu lc
reconnoitre pour évêque il n'a trouvé dans son diocefc
presque aucun prêtre jureur. II est bon de remarquer que
la ville d'Autun est unie à la France , ne s'tlt jauiais ecattee
de Rattachement & de la fidélité qu'elle devoit à Dieu
• & à ses vrais maîtres. Parii pourroit-il cn dire autant !

Un juge est tombé roide mort , il y a trais jours , au


palais, sor son sieg- : aussi-tôt grande rumeur; on prend
< le premier chirurgien qui lc saigne en vain : quelqu'un arrive,
te demande ce qu'il y a ; On lui dit que c'est un juge qui
vient de mourir. —Et de quoi est-il mort? —De honte,
reprit un procureur au parlement , qui se trouroit là.

Uu colporteur , pour mieux piquer la curiosité du bon


:uple, crioit : mort de l'abbé Maury. L'abbé paiîe sor
pont-neuf j l'cncend , s'eu approche, lui sangle un vigou-

>
( 374 )
rer.x soufflet , cn lui disant : Tiens-, si je suis mort , au moin»;
tu croiras aux rcvenans.

Tous les di tails ciui concernent les personnages tjui occu


pent l'attcntion dj public, lui paroissent précieux. En voici
u» de la.jeuneile de M. de Mirabeau -, il peint son ima
gination ardente, ainsi cjuc l'originale impieté de son pere.
A (3 ans, il courr. auprès de l'ami des hommes lui raire
part qu'il a le projet de fonder une religion nouvelle;
que la base & les principes sont si bien établis , que tous
les hommes entraînés, l'adopteront fans résistance. Son perc,
avec un froid silence, le prend par la main, le mene dans
une chambre retirée, où il y avoir un crucifix , & lui dit
cn le lui montrant : Tiens , vois où cela conduit.

Avant de décerner les honneurs dûs aux grands hommes


Otli ont mérité la reconnoiìïance' de la patrie, l'allemblc-e
nationale au i oie sbj n slù consulter un- corps respectable
dont l'o iinion é'toit faite pour décid.r la «question , & dont
le témoignage me semble nécessaire. Qui donc ? Le chàtelet.

On s'accorde généralement à dire que si M. le Comte


de Mirabeau a rendu des services à la constitution , la
révolution l'en a récompense avec profusion. Les grandes
acquisitions c,u"il venoit de faire altèrent un peu le mérite
de son patriotisme, & son testament prouve qu'il n'etoit pas
patriote gratis.
*•
Le don pattiorique présenté à rassemblée nationale , dans
la séance du jeudi 7 Avril, par les exécutcuts de la haute
Justice, consiste cn un quintal de graisse de pendu pour les
hôpitaux. Cette marchandise devient plus rare tous les jours ,
quoique M. de Saint-Hur... air propose aux Jacobins de
"prendre lui-même M. le comte de MoniM....
( 375 )

La bonne madame Bailly recevoit des visites i! y a quel


ques jours , & parloir, à madame ìa marquise de la Fayette
des-, affaires de son époux , lorsqu'elle fut interrompue par
la visite de madame d'Aiguillon. La marquise de la Fayette
voulut se lever,-, niais notre respectable madame Bailly la
retint , en lui diíant : >> ne grouillez pas, ma chère reine ; nc
grouillez pas, je vous prie ».

M. Lïxguët rédige un mémoire que les femmes vont


présenter à rassemblée nationale , par lequel il cil prouve
qu'elles sont auffi nécessaires au travail de la constitution, que
lá plupart des membres de rassemblée , qui n'y ont jamais dit
un mot , & que pour "la nouvelle ^législature', ehes demandent
i-ctre députées.
1 Far.Mad.Uo Liz...

Epltaphe de M. le Comte de Mirabeau.


., ■ Ci-ffîf un homme de génie ,
Qui, majtriiant toujours la fortune & le fort , ;
Reçut de fa foile patrie ,
En maise le jour de sa mort ,
L'iionneur qui lui manqua tout le temps de fa vie. v . '

Tel est Pempire des grands génies, ils éclipsent tout cc


qui les entoure. Un groupe de dames de la halle dépjoroir
la perte de M. de Rlitabeau : une d'elle exprimant ses
regrets, s'écria: t< Oui, je donnerois tout le teste de
» J'assemblee pour ressusciter ce grand homme.

Les grands talens ont toujours su s'honorer entr'enx ;


"A n'y a qae tel médiocre , ou qui a des prétentions i ta
avtdi-^qui leur refusent les hommage-; qui leur sont dûs.
De-li les larmes échappées à jMM. Maury & de Cazalcs,
( 37* )
en apprenant la mort de M. de Mirabeau, St les démonstra
tions de joie reprochées à MM. Lain..„ & autres membres
du coté ' gauche.

Le barbouilleur patriote quia été chargé de faire pour


1a chauiíee d'Antin, l'inscrip ion provisoire à Mirabeau le
tatf.iòte , ne savoir probablement- pas lire ; car ayant
mêlé ses lettres, & les ayant ensuite placées comme elles ve-
noicnt,ilaécrit: A TOI, MIRABEAU LE PIRATE ;
ce qui a prodigieusement scandalisé Messieurs du comité
de la section de la Grange-Batelière.

De Caen en Calvados.
Un amateur de cette vijfe s'est amusé , ces jours gras , ì
tirer au fort les lettres qui composent te département du
Calvados. II n'a pas été peu émerveillé de trouver pour ré
sultat: A~ tA cavkrne des Louis. Une chose l'inquiète ,
c'est qu'il lui reste <3c6 lettres qu'il rie' sauroit placer sans
déranger le sens qui est'si complet. II demande' aux connoisteurs
s'il peut tout uniment les mettre à la fuite avec des points ,
comme initiales á« nom de MM. ses Administrateurs. ' '■

II y a à Paris un bureau d'émeutes , où, vont se faire


inscrire ceux qui ont des moyens, ou une petite troupe
de brigands à- leurs ordres. S'adrelser chez MM. Lam....
Barn..,; & compagnie. On prie à l'entrcpríst, suivant la
férocité (tes acteurs. Nous tenons de bonne part que la
petite émeute de Saint-Sulpice a coûté noo 11 v.

On s'abenne pour ce Journal, au Bureau, rue


Percée-Saint-André-des-Arts , N.° %i.

De l'ímjrimetie du Journal de la Cour & de la VVt%

/
N». 4*.

JOURNAL
de la Cour et de la Vieik

: Journal doit tribut au malin


La F o n ta i n e.
m
Du Lundi r r Avril 179 r.
Ì>eíí'í Dialogue en vers fur le Bref du Pape,
qui va enfin paraître.
UN CHANOINE ET UN ARISTOCRATE;
L'Aristocrati
Voyez comme dort le Saint Perc
Dans la vieille barque de Pierre !
Le Chanoinb.
Ile fur elle , 5c fulminer
T> A
L'Aristoc rate.
Ce Bref existe-t-il , comme chacun Patteste ?
11
Le Chanoine.
On le verra paroître avec le manifeste.

« attendant l'instant, vivons dans l'efpéranee,


fistons, par nos vœux, la céleste vengeance.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
séance du 10 Avril.
M. Chabroud a été élu Président. —On a continué la
dilcustìon fur rorganifation du ministère.
Tome II. Armée 1791. P p
( 378 )

VARIÉTÉS.

Grandes & petites choses , tout étoit darrs le domaine da


génie de M. de Mirabeau. II n'eailorassoit pas7 seulement tous
les intérêts de la France ; il avoit étudie, ji^t délassement , les
caractères Sí tes moyens de tous les individus de l'asstmblée
nationale, & il les connoifioit parfaitement. Combien en
a- t-il peints traits pour traits! Ayant appris pendant fa maladie,
que l'abbé Ítréc... étoit allé à Blois pour se faire introniser
dans l'évcché : » Jeparkiois, dit-il , qu'il fera là quelque
DRAGONADE à fa façon » ; & en cela , il saisoit toui-à-la-íois
alluiion à l'état de dragon qu'avoit jadis cet évêque intrus
avant d'entrer dans celui ecclésiastique, & satyre à son caractère
soldatesque.

Les Quinze- Vingts ont auflì envoyé à rassemblée une


députation de plusieurs de leurs membres les plus éclairés:
on les a fait passer honorablement dans le côté gauche de
la salle, comme étant la partie la plus analogue à leur
situation.

Un décret du sénat déclare qu'il y a lieu à accusation


de crime de lèse-nar?on contre M. le cardinal de Rohan ,
rrtrdanr av.joi-rd'hui druis sa principauté co-ctat de l'etn-
pîrc , à raison d'uiu monition canonique par lui publiée, comme
cn-cqiiedc .Strasbourg , & le renvoyé à la haute cour natio
nal? pr v's.i'C séante à Orléans, pour fou procès lui être
tait. D'à pré* c<: <U«vt, on dcii '.'attendre, lorsque le ma
nifeste de la dicté de Rariíbonrie t: té r.fcripr de l'cmpereur,
qui Ipnr íovs pi-líe, pár»hrei,t, à voir rendre ui> décret
aussi «létiioiie contre leurs auteurs. Des lípílateun avocats
ne eotnoni.'.it pour. aimes que la plume; mais gare la ìi-
polre des Allemands! c'est a coups sabre & de cat.on qu'iís
I8L ( 37> )

Dem. Bouche de Fct. Pourquoi la liste des ofTLcicrV


généraux qui est arrêtée par le Roi depuis plusieurs jours,
ne paroìt-elle pas encore?
Rí.P. C'est que Philippe le roux, qui en a été rayé plu
sieurs fois, ne cesse de raire de nouvelles demar.
s'y fairé comprendre, & que le tics-patriote mie:
gaerte ne se lasse pas de i9.llic.iter cn fa faveur.
Dem. Si le Roi cède, qu'arrivera-t-il?
. RêP. C'est qu'ilnc pourra y avoir d'employés
vision, que les Lac... les Men... les Lam... les
petit menteur Brog... Síc. &c.

a Paris beaucoup plus souvent


cfois la bourse, 1 ■ •
P i . . . observateur.

es d'école viennent de faire nart à rassemblée


projet qu'ils ont d'effacer des rudimens', dic
tes mots de religion, humanité, raison, moeurs,
'ination, & autres qui ne conviennent qu'à

Conseil préparatoire donné à. un membre du club jaco-


bite de Montteuil-fur-Mer, qui venoit de proposer de faire
désarmer tous les nobles de ce district.
•>' *! i
Si nos tranchantes armes

e le bW ' -

pliquer aux quinze


nationale provi-

v
C 380 )
foire séante en cette ville , ce que Pyron disoit des quarante
de l'academie française , qu'ils ont de l'csprit jcomme quatre.
II n'y en a fn cftct que quatre qui annoncent quelques lu
mières , encore sont-elles bien au-dessous de l'importance
des fonctions qui leur font confiées. A l'égard des autres,
ils ont la bonhomraic d'avouer qu'ils n'ont jamais étudié leis
matières criminelles.
>i Et c'est ajusi qu'on rend la justice aujourd'hui ! >■

M. de Mirabeau n'avoit point été d'avis du décret 1


novembre dernier; mais quand il a été rendu : Je pardonne
aux eccIcf.astiques qui l'exécurent , parce qu'ils y sont forcés,
disoit-il dans 1 intimité , mais je ne leur pardonne pas d'ac
cepter la dépouille des vivans. Cc procédé volontaire n'est ni
honnête; m délicat; & fa lâcheté réclamera toujours. Aussi
M. de Pengord, ami de ce génie clair-voyant ,a-t-il refusé
d occuper le siège de Paris.

De nos rentes, pour nos péchés,


Si nos quartiers font retranchés,
Pourquoi s'en émouvoir la bile ?
Nous n'avons qu'à changer de Hcuì
Nous allions à l'hôtel-de- ville ,
Et nous irons à l'hòtel-dieu.
Ce qui se disoit autrefois fur ce cha peut fc dire
aujourd'hui mieux que jamais.

N'en doutons plus , c'est M. de ■abeau qui foutenoit Is


crédit de l'afl emblée;
mblée; c'est à luiqu'
lui qu'elle est redevable du 1droit
attrib
qu'elle s'est attribuée de proroger ía session au-delà di
pouvoirs. En voici
oici ía preuve. Depuis fa mort ,' lé peuple
croyant privé de son plus
Ile législature , dans laquelle
":ur. C" 1— o
( 3«r )
aujourd'hui dans les assemblées partielles des Tuileries & du
Palais-Royal. Le peuple est souverain , comme on fait -, ses
désirs sont des ordres. On laisse à la prudence de ses manda-
raires , à décider lequel vaut mieux pour eux , de lc prévenir ,
ou d'être forcés de lui obéir.

Trois évêques sortis de la fabrique de l'Oratoire , ont


été envoyés à Bord.... pour y donner Ponction constitutior-
■nclle à un sale janséniste, âgé de plus de quatre-vingts ans,
célèbre depuis long-tems pat son cynisme , & connu par son
civisme , depuis qu'une mauvaise apologie du serment Pa
mis au noml-re des- prêtres à croiser. Les troupes natio
nale! avoient eu ordre d'aller à la rencontre de ces irto-
culateurs du virus schismatique , qui sont arrivés à leur
destination le premier jour d'avril. Le major de Pun des
régimens dont la milice est composée, n'a pas cru devoir
avilir fa troupe par des honneurs rendus aux envoyés de la
nouvelle église; mais pour éviier les réprimandes du major-
général de l'armée patriotique bord , il Pa aborde, cn
en lui disant : « Sandis! mon général, vous vouiiez me faire
» manger un poisson d'abril. Vous auriez bien ri à racs dé-
s, si j'avots pris les armés pour des renégats qui viennent
dré ici dé la maubaise huilé. Je n'ai pas été la dupé de
n vos ordres, & c'elt vous qui avez abalé lé goujon ». Le
itajor-général a ri de la plaisanterie , & la conduite de l'offV*
îcr n'a pas été taxée de désobéissance.

Ha V Air : Ah ! le bel oiseau > maman !


De la constitution,
Vive le saint évangile !
Ah ! vive la nation !
'■>-.': Qu'elle est honnête & civile!
Des nones pour un écu, (t)

(i) Les sou fouetteurs se vantent publique»


ment d'avoir 1là pour cette opération.
( 38z)
Par un décret du concile j
es nones pour un écu ,
vous fait fesser le cu.
le régime charmant !
Quels miracles il opère!
Que le Français est galant (i),
Depuis qu'il sc régénère!
A Paris pour un écu ,
( Pour un écu , c'est l'affaire ) ;
A Paris poux un écu ,
On vous fait fouetter maint cu.

Le duc d'ORL... fuit , au tribunal établi au palais , la pro


cédure dirigée par lui contre le charclet , & fur-tout contre
M. de Brun vi.-xi;, procureur du Roi, & Boucher d'Argis.
Lundi dernier il embrassoic tendrement M. Aux , juge chargé
du rapport, & le greffier. Mercredi ce meme juge faisant
un rapporr , fut saisi fur son siège d'une douleur ciíroy
il jera un cri affreux, & mourut. Le peuple, témoin
événement tragique, y reconnut le doigt de Dieu , r
les honnêtes gens le reconnoilfent dans la mort de Mi

Lc 7 je ce mois , le sieur Bonne Carrere a fait aux Ja


cobins un discours à l'occafìon de fa nomination à la place
d'envoyé à Liège. en commençant , & applaudi
en finissant. On a voulu renonveller la querelle qui avoit
existe entre MM. Lameth & feu Mirabeau ; mais les dis
positions u'ont pas paru favorables aux premiers.
On a lu une lettre des canonniers-matelots de Cherbourg,
qui se plaignent du ministre de la marine & de kur com-
, Ils disent qu'en vain i rtemenc
des amis de la con ..espotisme '
du ministre; que ces deux corps sont composés de gens tenant
à l'aristocratie, & qu'ils n'ont pas voulu les entendre ; Sc qu'ils
m déclarent que quoique ìe ministre leur ait écrit que le Roi
leur donnoit leur congé absolu , ils vont se rendre à Brest
pour y servir la patrie. On a lu une lettre d'un s;cnti'homm-
de Languedoc, qm annonce que le zS de ce mois , il y aura
une contre-révolution générale en France. Les dirrèrens dé-
pattemens ont écrit pour demander à concourir, par une dé
putation de li [garde-nationale de leur arrondissement, à ['hon
neur de garder le Roi: un Pariiìen a voulu s'opposer , en pré
tendant que la garde parisienne pourroit fournir cooo hommes
* vice. Un membre du club s'est élevé contre cettí
, & fa motion a eu la préférence.
mmmv..,
• On écrit de Gi lite ville de Gascogne, à cinq lienes
d'Aucfj , que la ìa ne dit pas pour quelle raison , a
fouetté la fille lux quatre coins de la ville : pout
rétabli :a cu recours à la garde nationale 8c
au drapeau roi ; les mutins ont été plus forts que la
garde , & après un combat afíez opiniâtre , ils íont parvenus à
s'emparer du maire , dont ils ont fait une horrible boucherie ,
cu lc coupînt par lambeaux , qu'ils se sont partagés entr'eux.
Voilà un nouveau fleuron à ajouter à la couronne dont les
Français veulent orner déformais le bonnet de la liberté,
qu'ils trouvent trop nud fous la forme ordinaire.
vu

. /" clîfs (lc meute des Jacobins ne icu.vrvt dteiser la


pie qu'ils ont de la mort de Mirab-au . El ie pourroit cepen-
dant leur être plus funeste que fa vi 'II
alloit réunit ses efforts à ceux ïuV
tous les honnêtes tejru-r
laguerre dejaMr. , , t réussi à dimi-
nuer leur i: pTÎS de íui des teçcr.s
qui leur aur de ie déjouer. Les fans.,
cuhwre auroieni fini par 1»
I v .(384).;
faire lanrerner. II emporte avec Uú l'admiration de la popu
lace , Sí cette populace íait que les Jacobins étoient ses en
nemis : elle fait qu'il leur avoi: prédit qu'ils seroient pendus.
Elle voudra pem-etre que les dernieres paroles de son héros à
la tribune soient regardées comme un oracle. On assure que
ceux qu'il a menaces de ce fort , n'étoient pas tranquilles à
son enterrement , 5c qu'ils craignoient qu'il ne prît envie à se»
sectateurs de lui sacrifier des victimes. '

A la derniere séance des Jacobins , un honorable membre


m dit en face au fieur Menou , qu'il étoit un gueux. Peut-on
teuir un pareil propos à un homme qui 'vient de faire une
soumission dé 1800 mille livies pour acquérir des biens do.
clergé? _ •- "•' . . ■•

Tomes les puissances érrangeres vont enfin prendre le paiti'


de chasser tout Français quelconque, mêrne embassadeur,
qui refuseroit de prêter un ferment inverse de celui qu'on exi
ge en France ; c'est-à-dire, de détester , de tout son cœur, la
prétendue constitution française , ses bêtises , ses crimes &
ses futeurs, & d'avertir les princes respectifs de rous les com
plots que les Jacobins formero!ent contt'eùx. Tout Français
refusant de prêter ce serm.-nt, seta regardé comme un de leurs
émissaires chargés d'en agir envers les aunes peuples comme
les Turcs Pont plusieurs fois tenté envers les Russes ; c'est-
à-dire ,de leur porter la peste; Sc quelle peste'. ■ 1
Errata du Numéro d'hier. . .
Pâg. 3 7 i , lig. turc de Saint-Sulpice; lisez , curé de Saint-
Sulpice.

On s'abênne pour ce Journal , au Bureau , rue


Percée-Saint-André-des-Arts , iV.0 %z. ' ■
- : 1
J»t 1 Imprimerie du Jòwwtl de la Cour & de la Vilfc

1
N°. 43.

J O U il JN A L
de la Cour et de la Ville.
• ——1———■ —— •——•
Tout faiseur de Journal doit tribut au rhalïíi
La Fontaine.

Du Mardi 12 Avril 1701.

Sur l orage du g Avril.


Ah! quel orage épouvantable ,
Et quel prelage redoutable!
Est-ce donc un décret qu'on rend !
Quelques archives où l'on fouille?
Quelque bon Rot que l'on dépouille? • *
Quelque propriété qu'on prend?
Ou quelque église qce l'on souille?
Le ciel tonne , le tems se brouille.
Entendez-vous siffler le vent?
Mon ruisseau rellemble uri torrerít.
Bon! dit gaiment l'ami Bredouille,
Tous ces maux étoient faits avant í
Mais ce ruiíseau dans son cousant
Vient d'entraîner urîe patrouille
Que soldoient nos frères Clément.

ASSEMBLÉE NATIONALE,

Séance du il Avril.

La. difouiTion s'est ouverte fur les fonction* du miiûstiï


Tome II. Année 17^1. Q <j
( & )
de la justice. On a tracé ensuite fes' fonctions du ministre
de la guerre & celles du ministre des affaires éfra

, VARIÉTÉ S.

Plusieurs prêtres jureurs de Saint-Sulpke.jont été prêcher


l'amour de la patrie dans une de ces maisons où les citoyens
actifs vont se rafraîchir £jí reprendre de nouvelles forces aux
dépens des bienfaiteurs Jacobins -, les prédicateurs ont mis
tant d'onction & de. feu dans leurs discours , que leurs têtes
& leurs jambes leur ont manqué tout-à-la- fois , & qu'il a sella
les emporter à quatre, Sí les déposer chez eux, dans ua
état de léthargie. ■ .

tes brigands & poissardes scroient très-louables , fi au lien


de fouetter de pauvres religieuses , ils eustent fait cette petite
opétatioii à ces belles dames qui ne peuvent pas quitter Paris,
qui ne veulent renoncer à aucuns de leurs' plaisirs , dans ces
malheureux momens ; qui au lieu de laister éteindre la
révolution , faute d'aliment , lui en fournissent au contraire
fans cesse , par leurs parures , leurs bals , leurs spectacles
& leur luxe de toute espèce ; c'étoit à elles qu'il fallok
infliger la petite correction : les spectateurs y auroient perdu j
mais la cause des honnêtes- gens y auroit beaucoup gagné.
- ■ f

On a déciété l'autre j:our la peine des galères contre tcAis


ceux qui ont vio!é ou.qulviolcront le sectet nies lettres ; ainsi
nous allons voir si MM. Voidel , Cochon k compagnie
rempliront aussi dignement ces nouvelles fonctions que celles
dont ils s acquittent si glorieusement depuis plus d'un an.
. r—•m^mm
L'asscmblée nntionale vient d'accorder encore des. titres ■
honorables' à pUisieurs, de ses membres. MM. d'Aiguil
lon , Menou, Liaucgurt , Dh Luynss , viennen; d^tre
( ì>7 ì
déclarés gros hommes. MM. de Lamth , quelqu
qu'ils soient , briguent à-préfent le même honneur.
. —————
Lc nouveau régiment composé dans le sens de la rév"o-

On nous mande d.e Nancy , que l'herbe croît dans les


rues en si grande quantité, qu'à peine peut-on appexcevoir
les paves.
Daves. 1 -

Epitaphe du Comte de Mirabeau , par le Roi


des Français.
i
Ci-git Mirabeau ; qu'il est bien ,
Pour l'on repos & pour le mien !
>; "■'vhthíàib.. vi.fi Mf mrTiì" ''^fffc iwair lìniilfrjiipj
■ ■■
Tout nous excite à croire qu'on aura commis une injustice
«riante , en dépouillant le clergé de tous ses biens , dont on
ili'aura tiré d'autre parti , que celui d'avoir enrichi une foule
d'intrigans , Sí d'avoir bouleverse le plus beau dos royaumes ,
fans empêcher la banqueroute , qui se fera plutôt que plus
tard ; alors les écailles tomberont de delfus les yeux des bons
patriotes , & leur laisseront appercevoir que rassemblée na
tionale aura traité le clergé comme l'a été la Poule aux
XEuÍ5 d'or de La Fontaine.
-,

M. Jacobin Menou fut si abasourdi, il y a quelques


jours , lorsque M. Hardy rinterrompit à la tribune , & en
présence de neuf cents Jacobins, po<urdire, d'une voix de
Stentor : M. de Menou n'est qu'un gueux , qu'il lui fu
impossible de répondre à cette apostrophe : revenu de son «i-
gourdifleínent , il prie M. Hardy de vouloir bien expliquât
çe qu'il a entendu dire par le mot de gueux.

,• Avis au Public.
Ceux qui voudront apprendre le grand art de ne point
mentir en ne disant pas vrai , n'ont qu'à lire le Moniteur.
, Exempte. Sî le rédacteur de cette feuille ( flétrie dans le
sens enragé de la révolution ) , raconte qu'un garde nationale
qu'il soupçonnera d'être uri peu aristocrate , commandé pour
monter la garde chez le Roi , ne se présente pas , parce qu'U
est malade, —il dira : M commandé pour la garde du ■
Roi, ne s'est pas rendu à son poste , — Si taira la raison qui
l'en a empêche. * ' ^*

M. Phliet.... ci- devant de Saint -Farg.... a propoíï


très-sérieusement à l'assemblée nationale de mettre aux ga
lères & au carcan les ministres du Roi. II a fait la motion
en même-tems de supprimer la peine de mort, qui, en effet,
inquiète toujours un peu les brigands. Les ci-devant bour
reaux, effrayés de ce projet, qui diminueroit beaucoup leurs
fonctions publiques, ont fait, pour le parer, une offrande
de ifòo liv. à l'honorable assemblée ; somme médiocre, à
•la vérité, mais suffisante pour faire impression sur des geas
liés áyee eux par une réciprocité d'affection & d'intérêt.
; , •'">.. i. i,-,- i ■ i

On dit qu'il y a eu de fortes motions à Sainte-Gcnç»


yieve pour qu'on mît M. Mirabeau dans la châsse.

1* çaufe de tous hos maux vient autant de notre duperie),


íjue de la scélératesse de nos persécuteurs. Nous pensons
que toiu homme, même ecclésiastique, dont on a exigé uu
fcrrnçnc, aurojt dû le prêter sens hésiter. C'est up point 4e
. ( 3«5> )
morale très-délicat , mais fur lequel je ne dirai qu'un mot.
Un brigand me dépouille fur le grand chemin , & me foi
à jurer que je le regarde, lui & son métier, comme tu
honnêtes; croyez-vous mon serment bien obligatoire ?

Des patriotes de province nous prient de leur faire con-


noître le nom des 3 3 factieux désignes par le comte de
Mirabeau : ils nous font entendre que c'est pour les meure
à même de leur rendre les honneurs qui leur font dûs,
Sc qu'ils se proposent de leur rendre , quand ils retourne-'
ront dans leur dépatrement. Si quelqu'un de nos abonnés
les connoît, nous 1; prions de nous les indiquer.

Admirons la sagesse de rassemblée nationale , des dé-


partemens & des municipalités. Ils détruisent à l'envi les
églises , & favorisent rétablissement de nouvelles salles de
spectacles. Paris seul en aura une trentaine avant la fin
de Tannée. II ne leur manquera que des spectateurs, si
une contre-révolution ne rappelle pas parmi nous les hon»
nétes gens ; mais' si elle a lieu , comme tout le fait espérer ,
cette extravagance, comme tant d'autres , ne sera pas tolérée:
ainsi , dans tous les cas, la folie des entrepreneurs est ex
trême. 1

Qui peut douter que Mirabeau ne soit un grand homme ;


an homme vertueux, qui mérite l'estime , le respect, l'ad-i
miration de l'univers ? Carra , l'illustre Carra , était sos
ami : il nous le dit , & il faut l'en croire. II a doniié des larmes à.
fi perte: les larmes de Carra honorent plus la mémoire
de Mirabeau, que toutes les folies faites par la capitale,
que les provinces ne manqueront pas d'imiter. Carra
tend bien à oecuper un: place à Sainte-Geneviève i
côté de son ami.

Carra , te grand Carra , Timmortel Carra a le


ftyle d'un grand homme : quand il parle des ministres,
( 39° )
il en parle avec le ton qui convient un à grand kornme j
Montmorin, Duîortail; il laisse le mot de Monsieur
aux stupides aristocrates. Ah! le grand homme , que Carra l
Ce qui doit donner de la révolution la plus majestueuse
idée, ce sont les vertus morales, le sens profond, le bon
ton , la dignité de style de ses primeurs & de ses soutiens.
Carra, Marat , Garât, nie, divin trio sublime, vos pro
ductions font honte à tout ce qu'on a vanté jusqu'à ce
jour !

journée du 28 Février au château des Tui


leries , par M. de RoSSI.

Vous avez repoussé avec indignation les mille & un


«jensonges répandus avec profusion parmi lc peuple au sujet
de cet événement : opposez maintenant à ces récits perfides
la relation d'un citoyen aussi vertueux qu'éclairé, & qu'oa
se plaît à citer parmi le très-petit nombre d'hommes dont lc
çœur sert encore d'asyle au feu sacré de l'honneur français .
Lisez, dis-je, la relation de M. de Rossi , & vous frémkei
d'horreur \

Le curé de la paroisse de à Aarillac , a dit aux


officiers-municipaux qu'il ne prêteroit pas le serment civique,
parce qu'il craignoit Dieu , & qu'après Dieu , il ne craignoit
511e ceux qui 11e le craignoient pas.
( Extrait de la feuille viilagcoiseì

M. Bonne Carrerk a promis des coups de bâton au


fieur Camille Desmoulins & à quelques autres Jacobins , qui,
dit-U , déshonorci.t leur assemblée. II faut , si cela, est , qu'il
soit échappé quelque b j'nne action à ces messieurs. Au reste,
la lettre-de-chsr.ge que M. Bonne Cancre doit payer ici,
lui fera remboursée à Liège , sur les fonds de la caisse da
régiment de B:nder.
( 191 )

Histoire véritable.
:puis la fameuse défense
D'entrer armés dans le palais
De nos ci-devant Rois de France,
Un jeuae chevalier français
Pour monter l'escalier s'avance.
II étoit grand, beau, fait au tourj
C'étoit un Hercule en amour.
Costumé , non fans élégance;
Un vêtement juste & ferré
Satisfaifoit à la décence,
En dessinant la nudité.
Ce preux chevalier d'Amathonte
Avoit , à ce cjue l'on raconte ,
Pris à l'amour son plus beau trait.
L'étroit carcuois le trahissoit.
Un homme en bleu, mis là de garde,
De la tête aux pieds le regarde,
Et lui soupçonne un pistolet
Caché pour un dessein perfide.
i> A moi, s'écria l'intrépide.
Un cent , à ce coup de sifflet ,
Accourt , & le happe au collet :
On le rudoyé , on lc maltraite ,
Et puis, par le plus long chemin,
Ob le mens au dillrict voisin,
président prend fa lunettes,; m
! dit—il en nasillant , raf
jus tenons : ail sergent ,
( Ì92 )
» Pour voir un peu tout cc qu'il porte ».
Et déjà l'honnête cohorte
Se disposoit à le fouiller,
d Un instant , dit le chevalier,
» Votre recherche seroit vaine:
j) Je vois ce qui vous met en peine ;
11 Sur moi ne mettez pas la ma'n >r.
II dit , & leur montra soudain ,
Que l'arme dont on se défie ,
Loin de l'ôter , donnoit la vie-.

L'alsetïiblée dite nationale a , elle seule , autant d'esprit


que MM. Turgot & de Calonne ensemble : elle a pris du
premier la destruction des maîtrises; du second, rétablisse
ment du timbre & de l'impôt territorial. Elle imite aussi la
enduite du Parlement dans l'affaire de Réveillon; elle
laisse impunies , elle excite même iles fureurs de la populace.
MM. de Calonne, Turgot, les Parlemens ont été chastés,
& l'assemblée nationale reste !

Parisiens , vos ancêtres ont souffert des maux incroyables


tout le tems que les ligueuts les ont séduits & maîtrisés.
Vous ferez malheureux , comme eux , tout le tems que les
Jacobins vous égareront & vous maîtriseront. Vous étés
bien fûts que leur régne doit finir; pourquoi n'en hâtez-vous
pas le terme ?

Ce Journal paroît tous les matins.


Le prix de Uabonnement efi de 3 liv. par mois
pour Paris , & de 3 livres z 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau efi établi
me Percce-Saint-Andrc-des-Arcs , N". 21.

De rimptirnaie du Journal de la Coiu & de la Ville.


N°. 44.

JOURNAL :
B £ la Cour et de la Ville.

Tout faiseur de Journal doic tiibut'au roalia


La Fóniaine.

Du Mercredi r 3 Avril 1791.

Note à insérer dans les pièces justificatives de l'oraison


funèbre de M. le comte de Mirabeau , extraite d'une lettre
du marquis de Mirabeau à M. de Marigi-ane , datée du y
septembre 1777 , & imprimée dans le mémoire à consulter
pour Mad. la comtesse de Mirabeau.
L'ami des hommes , en parlant de son fils aîné , dit :
«' Plus une expédition est folle , plus elle lui rit, parce
»» qu'il prend Cela pour de l'éclat : il en aura toujours , des
» moyens quelconques, ayant I'art de rallier les bri-
j> Gands. II en avoit rassemblé une troupe en Hollande ».

Un démagogisinane exhorta un jour Lycurgne d'établir


la démocratie à Lacédémone. Cc législateur anstocrare lui
répondit : « Mon ami , votre projet est admirable; mais
je vous conseille d'en faire Teíai dans votre maison ».

Un citoyen disoit un jour à Cléomene , qu'il falloit


qu'un Roi fût débonnaire : u Oui , repondit-U , pourvu que
cela «'aille pas jusqu'à lui attirât le mépris ».

ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du z z Avril.

C^ette séance n'a tien présenté d'intéressant. On a lu une


lettre de M. le maire sur la vente des biens nationaux. Uaq
Torne II. Année 17? r. R r
1 .(3*4)
lettte de M. Duportail annonce que le régiment de Lan
guedoc , en garnison à Figeac , s'est empare de la cá'uïe du
régiment , où il y avoit 15 mille liv.

VARIÉTÉS.
11 n'appíttiestt qu'aux Jacobins de donner à leurs yic-
times leur caprice pour îégle , leur puiúance pour, preuve,
fc leurs succès pour raisons.*

Soixante siécles précédens


N'ont produit qu'un seul Erostrate.
Le n6tre plus heureux se flatte
D'en avoir produit douze cent?.

Les bandits de la horde nationicide , quoique bien payés


pour s'habiller en James de la halle & scandaliser les hon
nêtes gens , cn insultant & fouettant quelques bonnes reli
gieuses , oubiièrent , en mettant des jupes , d'ôter leurs
culottes Si leurs bottes ; cette négligence a fait découvrir
qu, c'étoit , comme à l'ordinaire ,un détachement des Tapis
siers de l'hòtcl de Castries , aux ordres de M. de Lam...
qui , comme on fait , a une inspection absolue sur les
couvens de reVgienses , depuis fa fameuse expédition à
celui des Annouciades.

Le compte rendu par plus de 31Í0 membtes.de l'a (sem


blée nationale , à lcurs.commettans , par lequel ils protestent
contre le décret du iS Mats, qui tend à détruire l'mviola-
biliré dit Rri, commence à causer quelques fermentations
dans k's provinces.

Li comte dî Mirassav , comme législateur , travailloît


( 395 )
four des siécles ,' en observant l'Europe & le Royaume -, éfe
M. B-^rnave , comme législateur aufîî , travaille pour au-
jourdTiai , en observant le Palais - Royal & le club des
Jacobins. . .

Bouche de Fer. Quel est le principal bienfait de notre


révolution? '.
Réf. —C'est de faire rrgardet l'empirique comme mé
decin , le pédant de collège comme l'orateur Fauchet ,
l'épigrammatiste comme poète, le folliculaire Garât comme
Marat , le diiséqueur comme anatomiste, le maçon comme
architecte, le saiseut d'almanachs comme l'abbé Noël,
l'orateur. du peuple Fríçon , comme l'orateur des jacobins
La Clos, le journaliste comme le critique éclairé , le mar
miton comme le cuisinier, la concubine comme l'épouse,
l'intrigant comme l'honuête homme, le palfrenier comme
l'écuycr. &c. Síc. Sec.

Un bon royaliste ayant affaire à M. Treu alla posr


le voir. On lui dit à la porte cjue ce roitelet étoit malade ,
& qu'il, étoit en sueur. —Est-ce la fièvre , ou le crime
qu'il sue? demanda-t-il.

J'étois ces jours derniers , avec un ami , arrêté à considérer


les portraits de nos izoorois, & je disois,en les lui mon
trant : voila les Lam.... , voila Barn.... , Cam.... ; & un de
mes voisins me dit d'un ton d'humeur : vous pourriez bien dire
Messieurs ; ils le font bien pour vous, ces vrais amis du peuple.
—Pardon, lui répondis-je , mais l'usage est pour moi. Oa
ne dit pas M. Cromwel , M. Cartouche , M. Mandtin.
Je m'en allai à ces mots, & je laissai mon homme stu
péfait.

La patience des Parisiens étonne les gens qui penscw.


fl est vrai qu'on paye les reaces (k l'hôtcl-de-ville, & c'eít
( 3J>?,)
pour Paris le thermomètre assuré de la gloire & de* la
Íirospcrite de la nation. Ce sont les aflîgnats qui prolongcne
eur erreur. Ces bons badauds rellemblent à cet hum me
qui s'étoic laisse tomber du haut d'un clocher, & qui Ce
sentant doucement tendre les airs, disoit : cela va bien ,
pourvu que cela dure. • ■

M. de Men.... fait semblant de ne pas pouvoir sortir,'


parce que ses créanciers font semblant de vouloir le saisie
pour le mettre en ptison,

A la dernière représentation de Psiché, à Puissant cm


le théâtre représente l'enfer, un capitaine de la garde .
nationale s'est écrié tout haut : voila le boudoir des ja-í
cobins.

A la mort du grand Saint qu'on vient d'enterrer à Sainte-»


Geneviève, les poissardes s'assemblèrent autour de fa maison,
£c demanJerent de ses reliques. On laur distribua ses che
veux. Comme il n'y en avoir pas assez pour tout le peuple
dévot, on fut obligé de tondre le grand homme. Ces
nouvelles Dalila étoient soudoyées par L's jacobites , cjui
crurent qu'en ayant les cheveux de Samson ils auroient
aussi fa. force, .

La tére du monstre jacobite est enfin abattue -, il ne


reste plus qu'à prendre des précautions , pour que la masse
du- corps n'écrase personne en tombant.

Un gentilhomme français nous écrit : Je scrois quelquesos


tenté de regretter Mirabe au , en pensant à tout le bien qu'il
auroit pu faire. C'est alors seulement que rhístoirc auroit pu
graver dans ses annales ces mots : Mirabeau a mis Feœpire
( Î97 )
Français fut le; bord de l'abîme 5 mais cédant à uq repeptlt
généreux, il a su l'en sauver.

Ami , quel beau ruban flotte fur votre crête ?


Vous devenez faquin bien tard,
í—Des frères jacobins ont menacé ma tête.
. Pour éviter tout périlleux hasard ,
J'ai pris le signe de la bête.

Le cardinal de Rohan a failli être pris à Etenheim ;


fur le territoire d'Allemagne, par douze coupe-jarrets que
des méchans disent avoir été envoyés par le vicomte de
No Ils l'ont manque de deux heures : leur projet étoit
àe l'amener à Orléans;

Ne pleurez pas , Français , la mort de M..


Tout le royaume y gagne, excepté le B,

M. Gob.... a dîné chez M. de la Fay.... deux jours


après son intrusion au siège de Paris. Mad. de la Fay....
a gardé ce jour-là la chambre , & cependant elle n'éto^t
pas malade. Après le dîner, le nouvel évêque a fait part
au général , que des femmes riches & en grand nombre
avoient chez elles des chapelles pour ne pas lè rendre dans
les églises paroissiales, & y entendre de la bouche des prêtres
constitutionnels , chanter les louanges du Seigneur. II a
nommé principalement Mesdames de No ail..., de Mouch.... ,
& de Poi , parentes de Mad. de la F.... II a engagé le
général à agir de concert avec lui , pour faire fermer toutes
les chapelles & les maisons religieuses. M. de la F a
répondu à M. Gob.... , qu'il ne devoir pas ignorer que
e'étoit à lui qu'il étoit redevable de fa nomination a» siège

■ S
( 3<?* )
de Paris ; que la chose étant faite, il ne lai disoit pas
s'il s'en repentoit ou non , mais qu'il étoit étonné qu'or»
lui proposât de persécuter , au nom de la constitution, des
citoyens que leur opinion ne réunit pas à celle générale j
que si lui, M. Gobet, vouloit en agir ainsi, il trouveroit
toujours cn son chemin un général qui l'opposeroit à ide
pareilles entreprises. M. Gob.... «>'e« a pas moins été son
chemin , de concert "avec les chefs des jacobins , dont il est
membre, & avec les Barn.... & Lam.... On a soudoyé de*
femmes de la lie du peuple, pour fouetter mercredi & jeudi
6 Sc y de ce mois , les hospitalières & religieuses de dir
à douze couvens de Paris. Les scènes qui ont eu lieu ces
jours-U, annoncent bien la barbarie Sc. l'indécence d'un
peuple fans mœurs Si fans religion : ces cruautés atroces
ont été exercées fur un sexe timide & foible, fur des filles
qui font l'cxemple de la charité & de l'humaniié.

Pour mettre au bas du portrait de MlR...»

Quand on est mort , c'est pour long-tems ;


On est guéri du mal de dents,
Et de maints autres accidens , &c.

Pour mettre au bas du portrait des LAM.~,


. Mais quand on est encore vivant ,
: On est sujet au mal de dents ,
A la potence & au carcan.

Le sieur Journal, gazer ier d'Avignon , «c ci-ievast


rnáitrc d'école, a dénoncé , dans une de ses feuilles, à la
haine populaire , MM. Savrin , chevalier de Sainr-Louis ,
Goxkt, parde du roi, & de VaiuX, frère, du maire de
•Bagriols.. Lc crime de^ces bons & braves citoyens est d'avoir
volé au secours d'Usés, avec environ 30 gardes narionaux.
i>ur leur route; ils ont soustrait huit ou dix protestans à
( 199 )
Jb yengeance d'une partie des eatholiques, horriblement op
primes ailleurs: en un mot, ils s'y sont comjortés avee
autant de sagesse , de patriotisme & d'humanité , que' le
fit en juin 1790, à Avignon, leur compatriote M. de
Barruel, capitaine des troupes de ligne , alors commandant
de la garde nationale de Bagnols en Languedoc, & main
tenant juge de paix.
— ii^w^—- .... 1
Les Juifs de Metz, de Nancy & de Strasbourg , viencenc-
de délibérer , que . pour détruire le ligne de réprobation
qu'ils portoient fur leur figure, ils se peigneroient & pou-
dreroient les cheveux , & le seroient faire la barbe. —Cet
exemple de proprece va être suivi par les jacobins barbets,
au grand contentement de perruquiers.

S'il étoit possible que la conduite de quelques individui


pût tacher l'honneur des cantons fuisses, on poitrroit de
mander quels font ceux qai y auroienr le mieux réussi ; de
quelques fo dats du régiment de Château-vieux, ou de quel
ques cent-suisses de la garde du roi , qui ont eu l'air d'al
ler avec ernpressement à l'enterrement d'un homme mort
soupçonné d'avoir contribué aux horreurs qui se sopt -com
mises â Versailles le 6 octobre * . .

Avis aux Eteâeîirs.


La liste des députés désignés au public , pour la pro-
ehainc législature , se vend chez le sieur Descnnp , libraire
au Palais-Royal. Prix, 1$ fols.

M. Duîortau , ministre de la guerre civile, a été à


Berne de perdre fa place , pour avoir cu l'imprudcnce de
frelenter au roi la liste des ossicìers-gpnéraiix employés',
(400 )
.sans l'avoir fait sanctionner par Messieurs de Lamett ;
Si compagnie.

Changement de domicile.

Le diable , ci-devant rue d'Enfer, demeure maintenant a


la nouvelle église Sainte-Geneviève.

On a observé que Mad. de Nante.... pétrie des grâces


patriotiques , quoique fille de M. le Noir , ci-devant lieu
tenant de police , n'a pas manqué une séance de l'ás-
semblée nationale , pendant la présidence de Monsieur de
MofiTESQ.... Ceux qui font instruits du motif de ce' zèle t
font priés de nous le faire savoir.

Nous pouvons assurer , avec connoissance de cause , que


toutes les religions feront tolérées en France, à l'exccptioa
de la religion catholique , apostolique & romaine.

Un jeune ecclésiastique de nos collaborateurs, d'une fa


mille très-hennète , & d'une bonne société, desireroit trou
ver une place d'aumônier auprès d'une femme d'un âge
au-dessus de la critique, ou de secrétaire auprès d'un homme
qui auroit pour lui les égards d'un ami. S'adresser à notre
buteau.

Ce Journal paroît tous les matins.


Le prix de l'abonnement -est de 3 liv. par mkris
pour Paris, & de 3 livres z 5 fols pour Im.
Province , franc de port. Le Bureau ejl établi
■rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.

De l'Imprimerie^Su Journal de U Cour & de la Ville,'


SUPPLÉMENT'

Du N.° 44.

DA n S un instant où le nom de Mirabeau est dans toutes


les bouches, nous avons cru faire plaisir à nos abonnés,
en leur mettant sous les yeux les morceaux suivans , extraits
de l'cxcellent journal de la noblesse, de la magistrature,
du sacerdoce & du militaire, par M. de la Croix , gé
néalogiste pour l'otdre de Malthe.
11 L'ordrc du jour ramenoit la discussion sut les successions
» ab intestat. Ces mots ont aussi-tôt rappelle un travail
i> que M. de Mirabeau avoit fait fur ce sujet; & le plus
j! morne silence a régné dans l'assemblée. M. de Mirabeau
»> n'étoit déjà, plus, & la veille il avoit fait son testament »
j"i il étoit décédé à huit heures & demie du mat in, Lissant plus
A d'admirateurs de son génie que de censeurs de ses actions.
j> Ce moment a semblé maîtriser toutes les voix. La patrie
11 entlefe à oublie tous les maux qui ['affligent , - pour
ii ne regretter 'que le grand homme. Les royalistes ont cessé
j» de voir le ttibun qui les poursuivoit avec la torche du,
»v patriotisme populaire j & les ennemis que fa supériorité
iV lui avoit faits dans son propre parti , ont oublié ces
fi jalousies qui se sont manifestées jusqu'au dernier moment.
fi Ce n'est point encore l'instantde le juger : il faut fe
)> content et de dire qu'il a été trop admiré & trop haï.
11 II aimoit plus le triomphe que la vengeance : î'élogc
» éto.t la íeule arme qu'on pût employer pour le vaincre:
,'■> son amour-propre dirigeoit fa gloire, & le royaliste qui
>» auroit su maîtriser cet amour-propre , en eût fait le plus
ferme défenseur des droits du trône. II aimoit la liberté
» jusqu'à l'ivressc , & il s'est apperçu , dans plus dVns
» occasion , qu'il avoit inuoduit la tyrannie ; c'etoit ua
» monstre qu'il s'apprétoit à combattre * quand la mort est
» venue lc frapper ».
I

(O
Le génie le plus sinistre qui ait présidé aux destinées de
la France , a cédé à l'ascendant du sien ; mais il ne l'a ter
rassé que quand toutes les calamités ont été accumulées fur
nous, j
L'assemblée a décidé dans le premier mouvement , que ses
membres assisteront à ses obsèques, non par députation,
mais tous individuellement. Ges honneurs destinés aux Ré
publicains rendent plus amère Pignominie qui couvre déjà
la tombe de l'ancien patriotisme français.
* -Un ecclésiastique , membre du côté droit , a demandé
que le ttavail de M. de Mirabeau , fur les successions , fût
imprimé. Cette motion , qui a été adoptée , venge le côté
droit du reproche que lui font les feuilles des patriotes du
sestèntrment qu'ils lui attribuent. On ne pouvoit mieux ho
norer M. de Mirabeau , qu'en publiant ses ouvrages. Ce ne
font point les membres de ce coté qui ont pressé la reprise
de l'ordffc' du jour; & l'assemblée a décidp , à l'unanimité ,
que les regfets que cette perte lui occasionnoit , seroient
exprimés dans le procès-verbal.
Après une légère discussion & un discours asséz long de M.
Péthion fur les testarnens , M. de Talleyrand est monté à la
tribune pour faire la lecture da travail de M. de Mirabeau.
II a rendu -compte des derniers momens de son collègue.
>» Jc suis allé hier , a-t-il dit , chez M. de Mirabeau.
Un grand concours remplilloit cette maison , où je portoi»
un sentiment encore plus douloureux que la tristesse publique-
Ce spectacle de désolation remplissoit l'ame de l'irhage de la
ta ort ; elle étoit par-rout , hors dans l'esprit de celui que
le danger le plus imminent menacent. II m'a fait demander.
Je ne m'arrêterai point à i'emotion que plusieurs de ses discours
m'ont fait éprouver. Rassemblant son intérêt sur la suite
de nos travaux , il a su que la loi sur les successions étoit
à Tordre du jour ; il a témoigné ses regrers de ne pas as
sister à cette discussion , & cen'etoit que par cette impuissance,,
qu'il paroissoit évaluer la mort. Mais comme son opinion
sur l'objet "qui vous occupe eft écrite , je vais remplir ce
devoir. L'auteur de cet écrit n'est plus* je vous apporte
son dernier ouvrage^ & telle étoit la réunion de son sentiment
& de sa pensée égaient Youés à la chose publique , qu'en
l'écoutant , vous assistez presque à sou dèrnier soupir ».
( 3 )

Des aristocrates fans-doute, ont trouvé que le rapport


Je M. Victus de Br avoit la noirceur de Chab.....
& l'impudencc d'Au> fans avoir l'art du premier, ni
la logique du second. En un mot , le côté gauche lui-même
l'a trouvé plat, 8c celui de la droiture scélérat. Etre plat
& méchant ; oh c'est trop !

Aux Auteurs du Journal.


II est incontestablement dans les droits de l'homme í£
dans les droits avoués par la justice , la raison & l'honneur ,
d'être sensible à un outrage, & de le repousser avec autant
d'éclat ^u'il a été reçu.
Dans la journée du ig février, M. de la Fayette a
outragé toute la noblesse française & tous les fidèles ser
viteurs du roi, en offensant les membres qui les repré-
sentoient.
Tout gentilhomme, tout bon citoyen pensant comme
ils 1c doivent, ont donc le dioit d'en marquer publique
ment leur juste indignation; & dût-il même m'en coûter
cc qu'il en a coûté à M. de Favras pour avoir eu de
puissans ennemis , je veux remplir le ï'lus saint des
devoirs, je veux dire la vérité. Oui, & pour la dire,
je vais me servir de cette grande expression si chère aux
patriotes dans le sens de la révolution : » les Français
ont conquis leur libetté u.
Quoi! c'est au moment où vous vous exaltez, Français,
fur cette liberté conquise , qu'un fonctionnaire public, abu
sant de l'autorité 3c des forces qui lui ont été confiées,
ose se permettre des insultes & des violences atroces contre
ses concitoyens , & dans une circonstance où ils meritc-
roient les plus grands éloges.
Quoi! d'après un fait aussi injuste, aussi flétrissant pour
son auteur dans l'opinion de toute l'Europe , la loi se
tait ! Mais , que dis-je? cette nation devenue si metveilleu-
sement libre , n'a plus de loi qui assure la liberté , k
(4)
propriété , l'honneur , la vie d'un citoyen contre les atten
tats d'un autre.
O Français! vous vous dites libres, & je vois parmi vous
plus de despotes, plus de tyrans qu'il n'y en eut jamais chez
aucun peuple de la terre.
Mais si la loi est impuissante contre tous les désordres ;
contre toutes les vexations , contre tous les crimes , sachons
au moins reprocher aux hommes injustes leurs injustices,
fans craindre leur ressentiment.
Ce général dormeur, quand il falloit combattre des assas
sins armés pour poignarder son Roi, le i8 février, faisoit
le diable à quatre, affectant d'inspirer le soupçon & l'effroi,
lorsque de vrais Français , pleins d'honneur & de z.ele à
défendre ce Roi, venoient se dévouer; & pour une action
aussi noble que belle , ce chef audacieux osa les outrager.
Signé Cléry, chevalier de l'ordie de Saint-Louis» Si
qui ne veut pas céder fa part des droits de l'kommc.
A Magny, ce j avril 179 1.

On demande pourquoi M. un tel s'est laissé mourir si


promptement ? C'est que les prédictions qui couroient fur le
moi* d'Avril lui ont fait peur , & qu'il n'a pas trouvé d'autre"
moyen de gagner le pari considérable qu'il avoit eu Van-
ptudence de faire il y a six semaines , de n'etre pas pendu
dans deux mois.

Mirabeau étoit si méchant , disoit un aristocrate , qu'il


a pris pour mourir précisément le seul instant où l'on à pu
dire de lui avec quelque espece de fondement , que sa mort
ítoit une calamité publique.

Vive la révolution ! puisqu'on est moins exposé à de


venir la victime de ses crimes que de ses vertus.

De l'Impriííiené du Journal de la Cour Sc de


la Ville.
N". 4<-

JOURNAL
de la Cour et de la Vile*.

Tout faiseur de Journal doit tribut au malrtì


La Fontaine.

Du Jeudi. 14 Avril 1791.


Sous lá troisième race, le droit fucceáif héréditaire s'cstl*
bien établi , que Les Rois ne sosit plus les maîtres de déran»
ger Tordre de la succession ; la Couronne appartient à leur
•iné par une courume établie , coutume plus forte que la ltfi
même, cette loi ayant été gravée non dans du marbre ou
en du cuivre , mais dans le coeur des Français. La rhaisoa
régnante de Fiance , qui a pour auteur Robert-le -Fort , Du*
d'Anjou , chef de cette troisième race , compte aujourd'hui,
de l'aveu des meilleurs historiens , plus de mille soixante ans
de la plus haute & de la plus ancienne íllustranon : noblesse
qui n'a point d'égale dans aucune nation m dans autan
íìecle. Jérôme Bignon.
II est bien tems qnc nos législateurs dans le sens de la
révolution, calculent que leurs commettans se sont apperçuí
qu'on avoit tout avec de l'or, excepté dfiS mœurs * de»
citoyens.
Charles VII , Roi de Fiance , appella d'un décret injustes
du parlement à son *pée.
ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du 13 Avril.

M. Desrrteuniers a annoncé qtte la nouvelle tégistaíw*


Tome II, Année 17P». Sf
( 402.)
pourroit entrer en exercice le 14 Juillet. On a continué l'or-
ganisation du ministère.

VARIÉTÉS.
Les couleurs ne tiennent pas fur M. de Lomsn.... j la
rouge s'est effacée totalement , la violette ne tiendra pas long-
tems , la noire feulé lui restera , & lui convient parfaite
ment par l'analogie qu'elle a avec son ame, dont elle est
le véritable emblème.
Par un Teinturier.

On ne cesse de reprocher à nos législateurs l'énormité de


leur paye ; mais' nous demandons à ceux qui s'en plaignent ,
s'il y en a beaucoup parmi eux qui voulussent , pour le même
prix, courir le risque d'être pendu au premier jour ï

Comment peut-on traiter nos députés de parjures T nVat-


iis pas juré de ne pas suivre un mot de leurs cahiers, de ,
tout détruire , de rétablir le cahos le plus universel, de ne
point se séparer «jue la constitution ne soit achevée î AuíE
les verroas-aous certainement mourir ea place.

Epitaphe. ,

Ci-gît l'aîné des Rìquettis,


L'horreur du parti jacobitc,
Le plus fidèle des maris , /
Le plus respectueux des fils,
La perle des sujets soumis,
Le grand héros d» h marmite.
1 (40? )
II fut brave..!, comme un TherfyteJ
Tempérant comme un sybarite ,
Joli , mignard comme crapaud ,
Humain tomme une Brunehaut,
Et pieux comme une Dcmocritc.

On a célébré à Toul une Messe solemnelle , suivie d'u»


Te deum, en action de grâce de la convalescence du roi. Sur
une pyramide placée sur l'autcl , on liseit ces mots :
A DIEU , LA PATRIE ET LE ROt.

Tandis que Mad. Dumas est occupée ici à augmenter lac


bois de son mari , ce dernier à passé en Allemagne pour
quelques grands motifs sûrement ; mais il y a été découvert
par M. le vicomte de Mirabeau , qui l'a vigoureusement
poursuivi, & cc n'est que par le plus grand bonheur pour lui,
qu'il s'est échappé. On ne croit pas que le projet du vicomte
fût de l'envoycr au tribunal d'Orléans.

■Je vous prie, Messieurs , de faire savoir , par la voie de


▼otre journal , à Madame de S.... , qu'une femme laide eft
■n monstre , quand elle eft méchante.

Dialogue entre Messieurs Chapel.... & la Bête...»

Chap.... De grâce , modérons un peu nos entreprises;


.- • 'Si l'on veut tout régénérer,
Comment nos successeurs pourront-ils figurer f
La Bete,.., Comptez-vous pour rien les sottises;
Que nous laiftons à réparer \
( 4°4 )

Que de personnes nous prouvent dans ce moment, que


quand on a »té pauvre avec bassesse, 011 est riche avec in
solence !

Un grenadier appellé Jardin, après avoir sauvé la vie 3


un ofhcier des troupes de ligne, courut pour sauver aussi
celle du sieur Dfmay , officier de la garde nationale, qui a
été si humainement assassina par la canaille de Douay , in
fluencée par le club des jacobins. II s'élance au milieu de ces"
cannibales, le prend dans ses bras, déjà à moitié mort. II
fut obligé de leut rendre leur proye, qu'.ils achevèrent de
déchirer. Qu'on ne nous reproche pas d'ajouter qu'ils nc
dévorèrent pas leur victime. Le Français pourra bien parvenir
à ce degré de férocité , si on ne vient pas à bout de dissoudre
ces assemblées exécrables de jacobins qui les poussent tous
les jours aux plus gtands crimes.

Pourquoi vous étonner , lorsque, par nos robins,


La France est presque anéantie ?
Nous devions prévoir nos destins ;
Ainsi que leurs çliens , Us traitent leur patrie.

Les factieux sont semblables aux orages de l'été , q«i


causenç des naufrages , font beaucoup de désordres, mais
durent peu de tems.

Un grenadier de la troupe du centte , se montra ces jonrs


derniers, indigné contre plusieurs soldats bourgeois qui
avoient conduit de Notre-Dame chez un commissairç , vn
prêtre accusé d'avoir avoué qu'il reconnoilsoit la fcpériorité,
OU Pape, Ce brave gtertadicr leur reprocha vivement Içs
( 4°0
mauvais traitemens & les injures qu'ils 4ui prodiguoient à
l'envl Que duc-il penser du comrr.llsaire , qui envoya ce
digne ecclésiastique en prison? Si c'est un crime de con-
felser sa foi, pourquoi l'alsemb!ée nationale ne l'a-t-elle pas
décrété? Elle ne doit plus rougir de rien.

Prévenez vos lecteurs qu'ils verront renouveller , dans la


semaine Sainte, 0:1 prut-etre plutôt, les scandaleuses hor
reurs qui ont précédé Tordre de fermer lei églises des cou
vents de religieuses. La municipalité ayant deilcin d'en faire
autant pour celles des religieux , se prépare le meme pré
texte. Les filles de mauvaise vie, les femmes soldées, Sc
Jes brigands, font avertis de se tenir prêts. II faut que la
prédiction de Nostradarnus s'accomnliTe. « Et commençant
» icelle année , fera faite plus forte persécution à l'eglisc
»> chrétienne , que celle d'Afrique, & durera jusqu'en l'an
» 1791, que l'on cuidera être une rénovation de lieclc.
»» Pag. 8, verso, êdijion de Lyon, 1768 »•

Le vertueux Cam.... se compare modestement au célèbre


Bodin, qui , aux états-généraux de Blois, fit trembler ks
deux premiers ordres. II fc fait surnommer Bodin second.
Mad. Cam.... l'appelle son petit Bodinct. Un de ses ami»
a fait aussi le parallèle de ces deux hommes.
Bodin , défenseur du peuple , & sévère persécuteur des abus ,
respecta le trône & l'autel, la noblcífe & la magistrature,
& sut néanmoins se concilier l'estime la considération de
ceux qui redoutoient son austère vertu Ce nom a été
transmis avec éloge à la postérité.
Cam.... a fans cesse insulté la majesté royale, a persécuté
impudemment le clergé, qui l'a nourri, a dépoui le sans mé
nagement les ministres de lVglifc, les nobles & les gens
de tout état ; il a employé toute la subtilité de son avocas-
serie à falcincr les titres, Si faire voir des abus oà il n'7
avoit que de la justice ; 8í pendanr ce tems , il favorisoit le9
iniques de scandaleuses prétentions d'un Latude , d'un
I
■C.4«>0
d'Orl...., personnages voués au mépris universel : son nom à
lui-même sera transmis à la postérité , couvert de l'igno-
minie qui lui est bien due ; 8c si l'on parvient à découvrir
où reposent les cendres d'Erostrate , ce fera à côté de»
restes de ce fameux incendiaire que l'on portera publi
quement le cad. vre infíct du grand homme Cam....
Des critiques ont pensé que la comparaison manquoit
de justice, en ce que Bodin avoit à l'hôpital un rival de
gloire , au lieu que Gam.. . unique en son espece , & supérieur
à tout, paísera presque seul de cette législature à l'imaaor-
.talité.

, Quelqu'un disoit , en parlant de la mort de Mirabeau j


qu'on voyoit bien, à cet événement, le doigt de Dieu: que
dites- vous! le doigt , reprit un aristocrate ; c'est bien les quatre
doigts & le pouce.

Vienne, jx mars. « Le congrès de Sistowe a eu une


» heureuse i lue. La paix est conclue avec le Tutc. L'Empe-
»> reur n'est parti pour l'Italie qu'avec la certitude de cet
>» événement, dont la nouvelle répandue depuis , explique la
» caule de la joie que í. M. a manifestée la veille & l'avant-
»> veilie de son départ; II lui fera donc enfin permis de
» secourir un souverain opprimé, & de venger une soeur
» trop cruellement & trop long - tems outragée. II pa-
» roît que la flotte anglaise, au lieu d'entier dans la flal-
» tique, pourroit bien , avant peu , bloquer quelque port de
» la Manche, ou de l'Ocean...„ II faut que votre clergé
» s'attende à payer les frais de la guerre. Les 400 mil-
» lions qu'il oííroit il y a 18 mois , serviront à cela.
»> Aussi-bien cette dette payée, on croit que Louis XVI
» ne devra plus rien. Le clergé , pour effectuer ses offres,
» fera autorise à vendre une partie des biens des moines:
» quant à ceux qui en ont acheté de gens qui n'avovent
» pas droit de Us vendre , ils font condamnés à des amen-
» des doubles des sommes qu'ils auront payées à compte,
» suivant les loix romaines : ce fera un moyen simple de
» s'acr^itter avec eux , & de se procurer les fonds néces-
( 409 )
n faires , pour donner quelques secours de charité à cenx
ji des lenticts qui rcsteroient fans pain !

Si vous avez une fois tiré l'épée contre Totrc Sou


verain , brûlez-en le tourreau. II paroìt que nos Caiilinas
du jour ont profondément médite ce mot digne de Ma
chiavel. Dernièrement, chez Mad. de la Ch... M. de P.,.
obfervoit à l'un des LaM... qu'il avoit tort d'aller toujours
cn avant, tandi; que s'il revenoit fur ies pas, il pouvoit en
core espérer son pardon. Je vous répondrai , dit M. de
Lam.... à ctt indiscret, par ce mot de Cuomwcl : « Si lei
ji Stuards font alscz lâches pour oublier tout ce que j'ai
u trame contre eux, ils font indignes du trône ».

Certains aristocrates croyent que le voyage d'un célèbre


patriote à Sainte - Geneviève nc fera pas le d.riicr qu'^a
lui fera faire. Ils imaginent qu'on pourroit bien, quand
nous ne ferons plus tout-i-íait auíli libres , le transférer
d'une manière moins triomphante peut-ctre , & pour la for
me feulement , tout vis-à-vis du grand portail de l'hôtel-
de-ville, pour y recevoir encore une fois les acclamations
du boa peuple pour lequel il a tout fair.
Emon

Qu'il est heureux M. Dufrefnc! II m savoir plus de quel


bois faire fkche , & le voila hors d'embar ss ! II s'étoit mis
en quatre pour que la machine all.it tant bien que mal -, on
le met en six , & ça ira. Cela ne peut pas rtre autrement ; un
métaphysicien, un chimiste , un économiste, & des gens de
cette force, quelle trouvaille! Oh, ça ira, n'en doutons
pas. D'autres disent qu'on se mette cn íìx, qu'on se m;-tte
en cent , qu'on se mette en mille , tant qu'il y aura deux
autorités, il n'y en aura point j tant qu'il n'y en aura point
tout ira mal, & nous mourrons de miserc &c de faim. Les
bons Parisiens he s'en doutent pas ; mais iLs rapprendront
à leurs dépens.
( 398 )

îîos sages législateurs ne veulent plus du noth de Die*


fut la monnoic, oc il est décrété que le six NOMEN do-
mini benedictum ne rappellera plus au peuple l'existence
d'un ttre suprême. On ne sait pas ce qu'ils veulent faire
des Français. Que n'ont-ils ordonné qu'on mettroít pofut
légende, ni Dieu, ni foi, ni loi 1 C'est la leur.

Nouveautés.
Mémoire de M. de Calonne , ministre d'état, contre
le décret rendu le 14 février 1791 , par rassemblée se disant
nationale. Brochure in-4.0 & in-8.° A Paris, chez Lau
rent fìk , rue de la Harpe , n.° 18.
Avis aux vrais catholiques, ou conduite à tenir dans
les circonstances actuelles. Brochure in-8.° A, Paris, chez
Crapart, libraire, Place Saint-Michel.
Protestation & démission de M. de Grosbois , députer
pnr l'oidrc de la nobleste du Bailliage de Besançon aux
états-genévaux : une feuille in-8.° Se trouve à Pari- , chez
Stcgmuller, libraire dans le vestibule de l'aiíemblée nationale.
Idées de M. Gcrvais, évêque -du Calvados, fur la né-
esssite & les formes d'un concile : in-8.°, chez le miras
libraire.
Lettré de M. le cardinal de Rohari, à Messieurs les
administrateurs du district ds Strasbourg: in 8.° chez, le
rur.ne libraire.

Ce Journal pawít tons les matins.


Le prix du rabonnement ejl de 3 liv. par mois
pour Pars , & de 3 livres- z 5 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejl, établi
rue Percée-Saint-Àndrc-des-Arcs , N°. 21.
, ni 1 ii. — 1. n 1 ■ . - m
De ['Imprimerie du Jaiiraal de la Cour & dr. la Ville,
N°. 46.

JOURNAL ■

DE LA COVH ET p E LA VlLLÉ.

» Tout faiseur de Journal doit tiiout au malin


La Foniaink.

Du Vendredi 15 Avril 1791.

Vous, bruyans & vils animaux, dont j'abhorre leí


fcvcurs , comme la vapeur contagieuse d'un marais empesté ,
gu des cadavres privés de sépulture, votre haleine infecte
l'air que je respire ; je vous banpis de moi , & vous con
damne à rester dans cette enceinte en proie à votre inquiète
inconstance. Qu'à chaqne instant,- de vaines rumeurs vous)
agitent d'effroi! que vos ennemis, par le seul mouvement
de leurs panaches flottans, vous ,picuigent dans le déses
poir! conservez toujours le pouuoir de bannir vos' dé
fenseurs, jusqu'à ce qu'à la fin votre aveugle stupidité,
qui ne voit les maux qu'à Ionisant qu'elle les sent, vous
laissant seuls avec vos plus grands ennemis , vous memes ,
vous livre , tomme les captifs les plus avilis, les plus dé
génères, à quelque nation qui s'empare de vous fans coup
t|tir.- —•A.inji, dédaignant, à cause de vous, ma pairie, je
lui tourne le, dos, —Loin de vous, il reste de l'univers.
Shakespeare. Coriolan, traduction de le Tour
neur , édition in-4.0 pag. 16}.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du •r 4 Avril.

Persuadés que ce ne fera pa? pour nos bcteurs une grande


privation , nous ne parlerons point aujourd'hui de la Scaain.
Tome II. Année 17^1. T t
t 4'<> )
d'aitt j mais nous en donnerons demain matin I'fxtraht
accoutumé avec celui de la fiance d'aujourd'hui.

VARIÉTÉS.
Le comte de Mont entra avant-hier chez ui»
marchand de cannes, & demanda un cordenpour mettre
à la fimne. On lii demanda de quelle couleur il ie vou-
loit ? B-lle drmande! répondit-il, je le veux noir Est-ce-
que tous les bâtons ne sont pas en deuil , depuis la mort
de Mir ?
M. l'Evêoue Minet réussit parfaitement dans son nouveau
diocèse; les femmes fur- tout en font folles ; cìles disent
toutes qu'il fait tort bien pane, de velours.

Fpitaphe.
Sous ce triste ic fatal tombea»
Repose legrnn^ Mirabeau,
Lequel ne fut ni bon ni beau ,
Dans son esprit ni dans fa peau.

; Le tout-puislant , !e redoutable , le magnanime, le troi»


fois grand pn'uc; régnant de Levens mande & or
donne à ses cinq cents soixante sujets de renvoyer tous les
Fiançais qui n'auroient ras un patle-port de leur munici
palité présentement existante ; défend à aucun de ses cinq
c nts soixante sujets , de s'enrôler dans l'arméc des mécon-
t nr. II a reçu pour cette proclamation, la somme de qua
rante-quatre mille livres, pour lesquelles il étoit poursuivi
par ses créanciers , .& il fait humblement fa cour à un co
mité de r'alícmblée foi-difante nationale , pour obtenir
quelques.assignats de plus. Un député avocat cui lc protège,
lui fait espérer, s'il fe comporte bien, de faire porter îoa
UdcniKKé jusqu'à cinquante miìls livres.
( 4xr )

Vn des nouveaux curés de Paris , est , dit-on , allé se


plaindre aux Jacobins, que dans une quête qu'il avoir faire
dans une église , il n'avoir recueilli que deux sols : un hono
rable membre, ea observant que cette plainte éroit impo
litique, s'est écrié que c'étoiu montrer la corde ; expres
sion qui a indigné & rroublé rous les vénérables membres
4c rassemblée.

Le journaliste du soir s'est égayé fur 'a flagellation des


religieuses, sœurs-grises & dévotes, Sec. qui a eu lieu la
semaine derniere dans plusieurs églises. II faut que cet effronté
cannibal ait ignoré ce qui s'est passe à Saint-Sulpice, car cela
lui auroit fourni un patagraphe digne de fa plume. Un,
homme vêtu d'une redingotte bleue , s'étant mis en'devoit
de présenter une de ces malheureuses victimes à la fusti
gation , s'est apperçu qu'elle étoit dans une circonstance que
les médecins respectent. . . . Ah ! mesdames , a-t-il dit aux
exécutrices lailíons ccl|e-ci. . . . Un autre mis
sionnaire, boucher , moins scrupuleux , la retirant des mains
de son trop délicat confrère, dit : cet aspect n'a rien qui m'é-
tonne ; laissez-moi faire ; & il s'est mis à fustiger cette
pauvre femme , au point de ne plus distinguer ce qui ap-
partenoit à la nature, de ce qui étoit le produit du supplices
Et pendant cette exécution d'autres femmes rient,
d'autres femmes dansent, d'autres vont aux spectacles! Mal
heureuses! vous pleurerez à votre rour des larmes de sang ,
& il n'y aura plus de pitié pour qui que ce soit.

Le gros Men... tonnant contre les abus ministériels,


vient d'acquérir une nouvelle illustration. Comment en ester
a-t-on pu choisir, par exemple, un homme qui a éré un
instant de la société des amis de la monarchie ? N'ctoit-ce
pas une vraie hérésie en civisme? & M. de Montmorin
rie devoit-il pas savoir que le monarchisme est une tache
ineffaçable, que tout l'art du vernisseur Ch«.br.... ne sauroit
( 4*a )
déguiser ? . ". '. . LJimbécille ! pendant qu'il a tant de grands
hommes à placer! . . . rendant que le candide Laclo. . "!
Le lucide Claviers \ ì, le Itger Tour-non ! ! ! ', lc
profond Cawii.lk !!!!,& par-de<lus tout, le diplomatique
Çarra!!! !! tous forgerons jacobites , font à placer.
Peut-on filer chosir nn SÊGt'R , un Gouvernet, i»n_..i
Ma foi la plume tomba des mains ,& l'on voit bien ou'il
faudra que M. Danton ptenne h timon exécutif, & -que
la propagande le charge exclusivement de la direction. & sur
veillance de tous les ministre;.

On dit que M. de No.... est de retour de fa tournée,


te. qu'il n'est pas très-content du peu de dispositions que
montrent les troupes à de nouvelles insurrections. II est
Constant que la plus faine partie des nos régimens frétait
secrettement de douleur & d'indignation. Ces guerriers
frdèles n'attendent qu'un signal , pour venir se rallier sous
les drapeaux du héros que Dieu a choisi pour venger lea
injures du trône & des Bombons.

. C'est bien à tort que vous semblez faire des reproches


à cette pauvre C... pour avoir empoisonné M.... : loia de
lui en vouloir, je demande, moi, que la couronne civique
lui soit solcmnellement décernée pour cette œuvre méritoite.

Les exécuteurs de la haute justice , déja infiniment lésé*


i par la concurrence de la légion de Saint-HuRU... ayant
appris que lc ci-devant St.-FÁRG.... fe propofoit de parler
pour la suppression de la peine de mort, qui les feit vivre,
ont boursillé , & fait à nos législateurs une offrande de
1500 liv. , qui a été bien accueillie. On dit que , par un acte
secret, ils ont fait assurer à tous ces grands hommes,
d'employer pout eux gtatuitement leur ministère, avec toute
Fadrcsse & la célérité possible , dans 1e cas où la sonuneil-
• Jante justice viendroit à let atteindre.
(4*3 )
^ '

ï>Em. PoWrqtì«i tìos sublimes législateurs fònt-ift defintí-


ressés , au point de déclarer qu'ils rie veulent plus de place
ministérielle , ni pour eux ni pour leurs amis ?
Rep: C'est qu'ils les ont tellement deshonorées ; que le\irt
laquais & leurs savetiers leur ont dit qu'ils n'en vouloicnt
plus.
Dem. Mais cette renóncîâtîón s'ítendra-t-elle à toutes
les places civiles d'une certaine valeur ?
Rep. Laissez-les faire; le peu qui reste à prendre est
a fin n donne aux jacobins. On ne reçoit pas un cavalier , encore
moins un officier de gendarmerie nationale, fans une re
commandation de la propagande ; Sc Sr.-HuRU.... a toujours
le département des exécuteurs: on en n'admet plus fans que
ce grand homme certifie ses talens.

Mirabeau connoissoit trente-trois factieux qui tramoient


& opéroient la ruine de la France. II avoir mime , dans un
de ses bouillonnemens enfin patriotique , offert en pleine
assemblée de les nommer. Il meurt, Sc emporte volontaire
ment dans le tombeau son funeste sccrít. Ce zélé patriote"
laisse sciemment la Frâncc en proie aux dévastations actuelle!
& aux projets plus pernicieux encore, de trênt'e-trôTs Rt-
lérats qu'il connoit & ne nomme pas. II sc surcharge, en
expirant , de ce dernier attentat contre sá pàtiie. ìl veut
survivre à lui-même, dans les crimes qu'il hisse commettre
après fa mort , & qu'il pouvoit empêcher. Et voila l'homrhe
à qui le peuple, dans son ridicule enthousiasme, décerne
les honneurs de l'apothéofe ! Que de perversité d'une patt !
que de sottise Sc d'aveuglement de l'autre!
. E M o N...",

Portrait trls-reffemblant.
Cœur excellent-, équité rare; résignation qui, dans art
lang inférieur, feroit le comble du stoïcisme: tel est le
( 4'4 )
caractère d'un érre aussi vertueux quliifortuné , à qui ce
pendant on peut dire, qu'en tems calmes', si la prudence
est nécessaire, dans des momens orageux, elle pourroit être
interprétée desavamageusement pat le peuple , qui toujours
méprise ce qu'il ne craiut pas.
Meude-Monfas.

Que les folliculaires patrigots mentent, c'est tout simple;


fi par hasard il leur échappe une vérité, ne leur en sachez
pas mauvais gré, ce n'est pas leur faute; mais il est da
devoir des écrivains véridiques de réfuter les impostures.
Par exemple, loin qu'à Bruxelles on ait quitté la -cocarde
blanche, les acteurs mane la portent fur le théâtre d'après
le vœu unanime. Cependant les corbeaux démocrates ont
eu la dégoûtante audace de publier le contraire.
Meude-Mon pas.

Ce pauvre Cérutti ! quel bon patriote ne prendroit part


à fa honte! L'assemblée a refusé d'insérer son éloge fu
nèbre de Mirabeau. Elle a eu assez de sens pour ne voté
Jans ce discours ,
Qu'un emphatique & burlesque étalage ,
Un faux sublime , enté sur l'assemblage
De ces grands mots , clinquant de l'oraifon ,
Enflés de vent, & vides de raison.
Roussiaú.

Afin que les voyageurs qui viendront à Bruxelles le sa


chent , je m'empresse de leur dire que la bru de certain
députe gaucher est ici , & que cette charmante personne
est bL-n eh. ignée de partager les opinions aussi viles que
fiâtes de son bíau-pèrc indigne.
Meube-Mompaí.
( 4r5 )

C'est une calomnie d'accuser le grand Mirabeau d'avoir


eu Pinrencion un jour de faire une religion : il étoit l'en-
nemi de coures celles qui ont la morale pour base. Le trait
raconté est vrai; mais il est de Poulain, frère de Saint-
Foix , l'auteur de l'Oracle & des Grâces, & ce Poulain
étoit un honnête homme.

Conspiration découverte à Malthe, extrait d'ope


lettre du %i Mars.
Quelques membres rrès-fcivens.du club universel , dit dç
la Propagande de France , artivès depuis queique-tems
dans l'ifle de Malthe , se lièrent d'abord avec les habitans ,
& soufflèrent à-propos l'esprit dénonciant de leur société, &
finirent par tramer un plan de coaspiration , dans lequel iis
firent ent er seize chevaliers. On devoit égorger le grand
maître & touc le conseil , s'emparer de la citadelle , du port
& de la ville , accorder la liberté aux esclaves , fie donner
lc tout à la France. La mèche ayant été éventée à-propos ,
huit chevaliers conspirateurs se jetterent brusquement dars
une felouque fans agrès , & furent porces , dit-on , ve g
les côtes de Sicile : les huic autres arrêtés font enfermés dans
le château , & les étrangers , ainsi que les habitans complices
ou instigateuts de cet abominable complot , font enfermés
dans une galère qui louvoyé autour de 1 isle , pendant qu'on
instruit le procès des coupables.
Les politiques qui demando!ent pourquoi les Jacobins de
France avoient laisse respirer les chevaliers de Malthe , ver
ront qu'ils savoient birn ce qu'ils faisaient , & que ces sages
législateurs qu'on accuse souvent d'impiété &i d'irreligion ,
croyent encore quelquefois à la providence.

Nous apprenons que madame la duchesse d'Orléans a aban-


bonné le Palais-Royal, 5c s'est réfugiée chez son respectable
per« monseigneur le duc de PìlNiuievaï. Cette prinscJla
( 4IÍ )
livoit fait asse^ , & trop de sacrifices aux devoirs d'epouse.
Quel prix de ses vertus ! Mais on doit plaindre davantage lc
pince. Combien il étoit aimé dans fa jeunesse ! Avec quel
plailir on le voyoitï Que l'amour, que le respect qu'il ins-
piroit alors , croient bien préférables a tous les plaisirs dans
lesqiMk il s'est plongé ! II n'a peut-être pas perdu fans retour
l'efpoir de reconquérir l'eftime publique. Qu'il écarte de lui
ces monstres , hommes ou femmes , qui le corrompent 1
Poison le plus Çunçsts
Que puisse faire aux Rois la colère céleste :
qu'il se montre aussi zélé défenseur de l'autorité du Roi & de
la religion , qu'il s'en est déclaré l'iinplacablc ennemi. Qu'il
feroit grand , d'avouer publiquement ses torts , dé les répa
rer, de revenir sinceremenr à la vertu ! Plus il en coûte pour
abandonner de criminelles habitudes , plus on acquiert de
droits à l'oubli de ses fautes , au retour de l'estirae Sí du res
pect des honnêtes gens. II a commencé par être chéri , il finira
jpar l'êtrc encore. 11 ne lui faut , on le répete , que secourir le
joug des perfides conseillers dont il est environné. Personne
ne doutera de son repentir, lorsqu'il aura pris ce parti, &C
Îu'il se sera entouré de personnes vertueuses & sages. On dira ;
:s erreurs n'étoieut pas de lui, mais de ses lâches corrupteurs.

On voudroit trouver à emprunter 160 ou 180 mille


francs , pour placer en cautionnement dans une place d'ad
ministration. On fournira toutes les sûretés néceílaires.
S'adresser au rédacteur de la Chronique de France, rue
de l ancienne Comédie Française, n.a 38.
Errata du Numéro d'hier.
Pag. 40Í, lig. 8 , Bodin avoit à l'hôpital; lisez , Bodin
avoit en L'HOPirAL.

Qn s'abonne pour a Journal, au Bureau , rut


Pcrcée-Saint-André-des-Arts , N.° %i.
De l'imprimcrie du Journal de la Cour & de la Ville.
'6
47-

JOURNAl
la Cour êt de la Villé*

Tout railcur de Journal doit tribut au malfa


La •jFonta i n e.
' 1 ' ' "—' ' ' ' 1 ' «.—' v »
Du Samedi 16 AWil ìfpi.
Les armoiries , qui , dans l'origine',.Vétoíent que de sirtl-»
pies marques ou rec nnoiílances que-.les anciens chefs de9
guerriers français portoient lur leur armure dans les bataîl'c.
& aurres rencontres où il> se trouvoient pour le service de
leur prince , afin d'etre mieui diltinguis dans, la foule des
combattans , ayant cnrui:e été adoptées héréditairement
par leurs enfans & descentans, tant pour conserver la mémoire)
des hauts fairs de leurs anceires, que pour s'exciter à les
imiter, & étant ùicceûìvement devenues le signe dlstinctíf
des Hiffct nres maisons 8c famines nobles, il fut etâbli ,
fous PhTippe Auguiie, pour maintenir l'ordre & la police
dans le port desdites armoiries, prévenir les usurpations Sí
la confusion qui s'en seroit su'vie ; il fut établi ttn foi
d'armes . dont les foneboní éroient entr'aurreS,de tenir íoùi'.
rinspecti n du connetaiie & des maréchaux de Francis'
da reg'lrres de tontes les familles nobLs,- de toutes lcuií
armoi ies blasomces, ai des noms, surnoms, qua.Lés des
tous ceux qui avoi-nt dioir d'en pester, pour être en érat
de rendre compte au ro: de lá nobles!» de son royaume.
Le premier roi de France dont on ait u» sccauy&oà
l'on trouve d;s rieurs de lys , est Louis VII.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du t $ Avtil.
O N a ternarqué dans la séance .'e eu'i, le décret oui
iac au vingt de ce mois , l'iastallatioa du tribunal de Caí»
Toi^ : ih Annéa. iJ9f. T t

■ <f

\
( 4*8 )
sation. Les députés, membres de ce tribuna1, re ponrront
remplir leurs íonctions qu'âpres ìa présence cssion. —A la
la scaiicc d'hier, les agens dc-change ont été opprimés. O»
a repris ensuite l'o: ganílation de la marine.

VARIÉTÉS.
L'aíTerablée du manège a décrété que le cardinal de Rohan
scroit conduit à Orléans , pour y être jugé fur l'accusation
de crime de Use-nation. C'est à-peu-près comme si ce prince
ordonnent que l'afleroblce (ût conduite au-delà du Rhin , pout
y être jugée comme criminelle de lese-majesté divine Si. hu
maine. II n'y auroit de différence que la réalité du crime.

Dem. Bouche de Fer , pourquoi la majorité de l'airer»-


blce nationale a-t-elle donné la gauche à l'arméc?
Rép. Pour la mettre de ion côté.

Au Prince de ConDE , qui a pris pour devise:


Vaincre ou mourir. .
Vaincre ou mourir est ta devise;
Elle est celle de tes soldats ;
Vengeurs du trône & de l'églisc,
Venez, Si vous ne mourrez pas.
P I L ... T.

Extrait d'une lettre de D outillé en Auge.


« On débite ici parmi nos paysans, qui heureufcm:nt n'en
font pas trop édifies, que M. de Bayeux , le véritable
4vèquc de Bayeux, est gardé dans son palais épiscopal , par
4 à joo hommes de cœur , armés pour fa défense , & que
le département du Calvados va envoyer ioco hommes avec
C 419 )
du eanon, pour faire un siège & éconduire ainsi civilement
lc brave évêque ».

Mirabeau révolté contre les Jacobins , & sentant 1« vieeí


de la nouvelle constitution , térr.o gnoit le désir de la dé
truire. On lui répondit : vous n'etes pas assez fort pour
détruire ce que vous avez fait , & vo:is rappeliez les physi
ciens de Pharaon, qui convenirenr les baguettes en serpens,
œais qui ne purent jamais rechanger les lerpens en baguettes.

Composition du Comitésecret des Jacobins.


MM. les fieres Lamcth , Barnave , Menou , Alexandre
Bcajharnais , Brogiic, Biulart, Laclos , Duport & quel-
quesagens subalternes.

Le nouvel évêone de Câhors avoit été chassé, il a trois


tns , dn meme palais épilcopal qu'il occupe aujourd'hui ,
pour avoir tu la hacdíefiè de jurer en présence de son
eveque. Dernièrement ce prélat national , en prenant pos
session de faiguste palais, s'écria : « Un jurement m'en a fait
» chasser , ut juremeDt m'y fait rentrer ».

Mad. B... est fastueuse. Qui est-ce qui l'auroit cru,


quand elle demari'loit à un de ses amis , si son mari auroit
bien n mille livres de rentes de fa place de maire i quand
die disoit au mème qui la reconduisoit en sacre a Chaillot ,
qu'elle craignoit qu'il n'arrWat malheur à son mari : <i Da wf !
j'kn ai déja pkrduin?» Aussi , aujonrd'h'ii c lc dir à M. la
maire : » Je ne veux pas que vous sortiez sans deux gens der-
» rierc vous ».

M. Ch. Lam... est allé à Vers... dans tï courant de 1»


semaine derniere. Dimanche , lotsque le mor.de ctoit à rcglìse
( 4*° )
gt se disposoit à fíire les pâques , M. l'évêque est entré dans
l'eglise , a fait enlever la nappe de la communion , en disant
que l'on n'étoit pas dans la quinzaine, Sí que cet acte ne
yalojt rien ce jour-là.

Vous ferez aussi surpris, Messieurs , que je l'ai été , quand


yous saurez que la Chronique de Paris vient enfin d'inférer
un article qu'un honnête homme peut lire. — A la vérité,
l'artiçle est un des plus courts qu'on y ait vus ; & le con
seil qu'il donne vient si tard , qa'on peut le comparer à
la précaution de celui qui ferme l'ecurie quand les chevau*
font voles : Je vous- l'envoie pour vous mettre à mcme d'en
>> Puisque la religion veut bien concourir à la revota
is tipn , je demande que ce précepte des livres saints
»> soit gravé dans les bureaux du trésor national ; —tu
»» NE DÉROBERAS JOINT.»',

M. Lidd. . , , Gob... , ne sachant où aller dîner le jónr


de son installation, imagina d'aller demander la /oupe à un
procureur au parlement , ci-devant de ses amis :ï y a peut'
être del'imprudence à moi , ditwl en entrant : —De l'im»
prudence! répond le procureur; c'est aisurénent un air
( un R ) que vous vous donnez; je vous prie it vous adresser
pilleurs,

Un conteur d'anecdotes dînant, il y a qvelque-tems , chez


M- l'cvèque de Lidda , avec quinze prdars que ce dernier
venoit de sacrer, régala la compagnie, de l'histoke suivante,
d Xe cardinal de Rohan avoit sacré cuelques mauvais
» évêques nommés par le r>gent, & donnoit un grand
v festin, où sc trouvoit le cardinal de Blois, premier
» ministre. Pendant le repas, on vint dire au cardinal de
î» RohaN qu'il lui étoit arrivé de Saverne une si grande
»> quantité de gibier, & fur-tout de sangliers, qu'on en
l> étoif embarrallc ; chacun dpnua fa reçcttc fut la manière
( 4" )
»> de les conserver ; il faut les meitre (dans du blé , disoit
» l'un; il saut les saller, disoit l'autre;' il faut les mariner,
i> disoient la plupart. — Vous n'y êtes pas , leur dit brusque»
» ment M. Dubois , astis entre deux vieux évêques , il rfj
>» a qu'à les sacrer ».

Le senat constituant s'occupe toujours avec la même


ardeur de nos intérêts les plus chers. II résulte des foins
«ju'il veut bien prendre, que notre vie cil à la merci des
assallins , notre fortune entre les mains des voleurs , notre
liberté entre celle ; des comites des recherches , & que notre
conffiencc'scra dirigée par des excommunies. Il n'y a qu'une
pareille assemblée capable de faire des choses aussi étonnantes.

M. Lidda Gobît, étant allé l'autre jour visiter l'abbaye


du. . . l'abbessa lui a demande qui il étoit : —Je suis , a-t-il
dit, Tévèque de Paris: — Eh quoi! Mgr., Monlicur
de JuignÊ est mnrr ? Ah ! c'étoit un bien digne préiat ,
bien vertueux, bien charitable, bien pieux : pardonnez à-
ma douleur, mais elle ne me permet pas.de rester avec
Tons plus long-tems.

Mardi soir r. ami, Tassemblée nationale s'est occupée',


pendant presque toute la séance, de décider laquelle des
deux couleurs, bleue ou verte, mrvitoi: la préférence. L'ín-
térét & la sagacité avec lesquels cette grande question
a été discutée , ont empêché les spectateurs de regretter les
quarante-cinq mille liv. qu'elle a coûté à la nation. M. le
président Chabroud y a déployé une impartialité surprenante,
n'ayant absolument fait entendre que sa sonnette & ers mots
continuellement répétés: à Tordre, à Tordre, à Tordre,
à Tordre,

On vient de nous assurer très-potìtiremcnt , que M. de


Hen.... n'a nullement contribué à la nomination de M.
( 4*2 )
Bonne Carrere , comme l'a cru l'auteur d'une jolie petite
pièce de vers inférée dan? le supplément de notre N.° 59.
M. Hen.... n'est ni un sot ni un jacobin ! C'est bien assez de
ceux qu'il y a dans le déparrem... des affai... étrang.....

La loi de la résidence n'a jamais été si mal observée


qu'à présent : presque tous les nouveaux évoques font à
Paris: nuis c'est le | tincipa! trait de leur ressemblance avec
Noïre-òeigneur : on peut diïc de chacun d'eux, comme
dans i'tvangiie de saint Jean : Sui euM non receíerunï.

On a Consacré régisse de Íìaiotc-Genevievc à rccevoít


1« corps véncraoLs des philosophes , des athées , des
déistes, des spo iateurs des biens de l'cglise, des meurtriers,
des iiiccnd'aires des destructeurs des" loix, des mœurs &
de la monarchie írancaiíc. Certes ! voila une Sainte; une
▼terge bien honorée ,' & en bonne compagnie II est vrai
que tons ces gens-là s'appefleront grands hommes. On iira
tar le fronton du temple: aux grands hommes, ia
r-Amis rsconnowsante. Aílurémetit la patrie pourroit
lépondre: il n'y a fas de quoi. L'académie des inscrip
tions pourroit trouver daris celle-ci , un mauvais latinilmei
nais je m'attache à une autre remarque; c'est que l'af-
lembite a oublie de décréter qu'on canouiseroit ces grnnds
hommes ; car on ne peut dédier des temples chrétiens qu'à
Dieu, à la Vierge & aux Saints. Voila cependant une
íjjUsc dédiée, par Ton inscription, à des héros profanes, tous
damnes probablement ; comme les temples payens ctoieut
dédies à des empereurs , à des femmes , & meme à des
jolis garçons, tels qu'Antinous. Cette petite impiété a
éèhappe à nos législateurs, u Cn ne s'avise jamais de tout.

L'asserablée nationicide vient de décréter que l'empreinte


des monnoics pqrteia d'un côté l'elEgie du Rot , avec cette
inscription : Louis seize , Roi des Français; au revers , le
( 4*3-')
génie de la France gravant sur un autel les articles de U
constitution ; aux cous , un faisceau & un coq , avec cette
inscription : regn ; de la loi, Si qu'en attendant que les
directeurs des m nnoies puissent se procurer des lingots
d'argent , on fabriquera des écus-asllgnats de carton.

Nouvelles du Brabant.

On compte au moins six mille Français dans 'Bruxelles ;


fle chaque jour il en arrive ; ils y font reçus avec tout
Tintérct qu'inspire à d'honnêtes gens le fort de ceux qui
éprouvent une persécution auíîì injuste qu'atroce.
Les Woukistcs , émules & meme écoliers des jacobins
de Paris, viennent de publier en Brabant , un ouvrage digne
des Briss..,., des Lacl...., Sc de tous les scélérats qui onc
empoisonné notre malheureuse catri:. Les Brabançons , qui
savent ce qu'il en coûte pour avoir écouté un moment des
imrigajis & des avocats, méprisent cet ouvrage, quideja
sc vend à la livre aux épiciers.

Le Principal du collège de Nancy n'a pas fait le fermenr.'


Cet honnête ecclésiastique paiìoit dans la rue du Pont
Mouja; il fut renverse par un bœuf; on accourr; le pre
mier mouvement est de s'mrotmcr s'il n'avoit pas de mal;
mais quelqu'un l'ayant reconnu , s'écria : » II n'a pas prêté
» le ferment , le beeuf a bien fait , c'est un bon patriote a».
On achete des rubans aux trois couleurs, on en orne &
tère, on le conduit par la ville avec des violons, en criant;
vive le becur! Quel délire !

On voyoit au Palais-Royal un homme & une femme sau


vages pour n fols: ceux qui donnoíent ttois livres a voient
l'avantage de voir le sauvage expliquer la déclaration des
droits de t'homme à la femme. La municipalité de Paris
a fait enlever aristocratiquement ces deux patriotes. Quoique
( 424 )
M. Bai. ... ait réussi dans cet acte de despotisme, il Ivii
en est resté un pied de nez.

Tableau de compofitiort.
ta Catipso du lac Léman , la Mlle du vertueux Genevois ,
savante comme son pere, belle comme sa mere , vient dtf
recevoir Thommagc reconnoissant du petit Piclus lirog...,
pour le discours patriotico-fìlial qu'elle a compolc pour lai,
■ & qui a fair tant d'honni-ur à cet honnête enfant.
Cc tendre législateur , devenu peintre par amour, a re
présenté, sur une toile magique, en grandeur & grosseur
naturelles , fa co-sauverai ne , fous le costume modeste de
la bouquetière d'Athènes, présentant sa Corbeille à tout le
côté gauche du manège. Le peintre a pris le moment oi
madame de Sta.. , ayant parcouru le demi-cercle , artive
vers la tribune :toutesles roses se trouvent prises ou tombées ;
il ne reste plus que des boutons pour M. Bouche. Le petit
Brogl... , fous la figure d'Alcibiade, fuit & s'amuse à ra-
niailer les feuilles.

Le jeune dOrl... épouse la jeune Pamila. Ils demeure


ront bourgeoisement dans une petite maiton que lc cher perc
vient d'achriir rue de la Lanterne.
Errata du Numéro d'hier.
Pag. 41 6 , líg. 18, secourir le joug ; lisef_, secouer le joug.

Ce Journal paroft tous les matini.


Le prix ds Vabonnement efi de 3 liv. par mois
pour -Paris , 6" de 3 livres 1 4 fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-André-des-Arcs , N°.'2J.
De l'Iruprimerie du Journal de 1a Coujt & de. U Vill*
N°. 48. .. £

J O U R N A h
d t la Cour et de e a ¥ i l 1 1í
; 1 — ì, m
Tout iaileur de Journal doit triblu au malin
La Fontaine.

Du Dimanche 17 Avril 17^.


J'ai entendu parler d'un homme à qui quelques autre*
avoiínt donné leur confiance , célèbre par fa férocité Sc
ses cruautés. —II ícíoic commettre tous les jours quel
ques meurtres & quelques violence; , dont il ne lui revenefic
sien; mai; encore avoir- íl ses raisons; c'etoit pour se tenir
en haleine, & ne pas perdre l'habitude des méchantes ac
tions. Mai; quel besoin avoit - il de s'y exercer ! C'étoit
pour parvenir à fe rendre maître de son Pays , s'élever
aux chaiges, avoir le commandement dis armées , amaSir
,o» jT^-de grands biens , enfui , pour éviter la sévérité des loix ,
& se mettte à couvert de ce qu'il avolt mérité par sc»
trimes. —'Si l'hillorien Saluste revenoit parmi nous", il
verio'.t que ce qui se paíse à Paris & en France , dans le sets
de h révolution , a beaucoup de rapport à ce qu'il nous dit ,
fìir-rour s'il connoiJoit la conduite de nos factieux Jacobins.
Un peu de philosophie rend un homme athée , &í beaucoup
de philosophie roene à la connoilsance d'un Dieu.
Claude Fauchet, de la part du chancelier Bacon.
. ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 1 6 Avril.
T_Jn décret ordonne que les cent mille soldats ïUxiRaíVîH
íertot léves dans chaque département , eo raison de la pej-
- Tome II. Année Í79Í. V v
( 4** )
pulation. On leur a accords la mcme paye qu'aux troupes de
ligne, &í ils recevront ieur pave de j en ttois mois.

"' * t VARIÉTÉ S.

On parle d'un député, qui , n'étant pas grand, veut se


faire allonger le col , pour avoir droit d'être enterré au ca
veau des' grands komœes.

Mad. le duc à'Aig..... a fait la motion de donner trente


mille livres de rentes viagères à tous les députes morts
auxquels on donneroit la oualité de grands hommes, & mi'te
écus seulement aux autres. L'assembléc , âpres de grands
débats, a passé à Tordre du jour.

Avis a nos législateurs futurs , que nos légis


lateurs actuels ont négligé»
L'agriculture ,'le commerce & la justice, ont, de tout
tems , été la source du bonheur des peuple*.

On assure que M. Victus de Brog.... renonceroit à tine


grande partie de la succession du maréchal, s'il venoit à
mourir : c; vrai patriote s'en tiendfoit au mobilier & aux im
meubles.

Au nouvel Evêque de P....,


te Pontife de Rome, à ton élection
Ne veat po'nt accorder fa confirmation.
Pareil refus est une bagatelle ,
( 4*7 )
Dont an prêtre jureur nc peut être allariné.
Ne crains donc rien, Gob...; dans ta place nouvelle
le te confirmerais plutôt», à poing fermé.
P I L .... T.

Certain ci-devant duc , a , dit-on , imaginé un moyen ci-


devant malhonnête ( i ) de s'enrichir aux dépens de l'en-
ncmi. II dispose des relais fur la route de Mons , ville
oà est établi la loterie du Brabant : se* couriers partent
de Mons à l'instant du tirage, & vienaent à toute bride
les apporter à Paris ; alors ce digne citoyen les fait prendre
au bureau correspondant , & gagne ainsi des sommes consi»
dérablcs à l'Empercur , qu'il met par-là d'autant plus hors
d'état de nous nuire. Le patriotisme de ce duc ne lui permet
pas même de regretter trois ou quatre couriers qu'il a crevéa
à ces courses civiques.

Nous ne savons pas comment on fair une si grande affaire


du prétendu, ferment civique qu'on exige de nous, p.our
avoir un prétexte de noas dépouiller. N'a-t-on pas vu cenc
■fois à la guerre, & entr'autres dans les campagnes du roi
de Prusse, des villes prêter , dans le meme mois, le serment
d'être fidclles aux Anglais, aux Hanovriens, aux Autri
chiens , aux Russes, aux Prussiens, aux Français, & le
garder fidèlement jusqu'à l'arrivèe d'úue autre armée? Tous
ces sermens exigés par le droir du plus fort , nc font qu'une
pure cérémonie, comme l'a fort bisn prouvé le ci-devant
évêque d'Aut... , aujourd'hui agen:-de-chaage ailleurs.
11 Le parjure est vertu, quand le serment fut crime »» !

La nation française vient de révéler à l'Europc son


.secret. II est bien démontré qu'elle est incapable de sc

( i ) Aujourd'hui patriotique.
( 428 )
donner un gouvernement, & de se conduire; qu'il lui faut
un maître juste & ton, sans-doute, mais vigilant, sévère ,
absolu. Nous cn demandons pardon aux amateurs de la
ttibjjne, à tous ceux qui ont la manie de la constitution
& des assemblées , il nefai t point ù'alsemblées à cette nation
legerc, passionnée, spirituelle, présomptueuse , novatrice Sc
turbulente.

Fréron disoít Qu'avec une douzaine de mot» , on faisoic


lin opéra. II n'en faut pas plus pour faire une constitution.
Egalité, liberté, patriotisme, despotisme, restaurations,
d.oits de l'homme, aril ocratie, pouvoir constituant, .légis
latif, exécutif. C'est en combinant ce jargon, qoe nos
cibalistes ont fait une constitution si belle, qu'elle n'a cm
ni n'aura jamais d'exemple.

Aux Rédacteurs. '

Vous avez parlé de tous MM. les évêques jureurs , mais


vous n'avez pas dit un mot du vénérable M. JDumoucnel ,
recteur de l'univeríité , rouvei évêque de Nismes. Vous ne
nous avez point parlé de M."* de Villeneuve, fa tendre moitié,
de Mad. fa mere leur cuisinière , ni du petit bonhomme
Jeut fils, âgé d'enviton 10 à 1 1 ans , qui annonce déja le$
dispositions les plus avantageuses pour le maintien de notre
bienfaisante constitution. Peut-étrc pourriez-vous vous pro
curer quelques reuseignemens fur le départ, le voyage &
J'arrivée à Nismes de cette intércllante famille , en von»
adressant directement au frère du papa Dumouçhtl , qai
est commis à la barrière Saint-Jacques. '
/ 1,1
On a maltraité plusieurs personnes qui alloient entendre
la meH'a dans les couvents des religicuíès de Sainte- Marie,
Çc des Miramionnes; entr'autres une dame qui a été arrêtée
(fui les boulevards, & si rudement froissée, qu'elle c» est
i
C 429 )
^ morte. Voila les jeux du peuple, ou plutôt de ces bri
gands , que les adm nist ateurs s'obstinent à entretenir. Quand,
on lent en parle , ils ont l'impudencc de dire : nous en
avons encore besoin.

M. de Noailles a eu raison de dire aux Jacobins , à son


retour d'Alsace , que tout alloit bien dans ce pays-là , puis
qu'il est très-vrai que les décrets de l'alsemblee nationale y
font respectes comme ils le méritent , ainsi que les évêques
Sí prêtres jurcurs ; & que, dans le sens de la révolution ,
on se fait gloire de n'y rien faire de ce qui se fait à Paris.

Les personnes qui ont été effarouchées de la petite histoire'


envers, insérée dans notre numéro 43, doivent être informées
que l'arme dont il est parle à la fin, & qui loin d'ôter, donne
la vie, e'X un de ces petits pains vulgairement appelles flûtes,
que U jeune homme avoit dans son gousset.

Le pouvoir exécutif ministériel est très-ridiculemcnt orga


nisé quant à la raison , mais très-bien quant à la rime.

Les ci-devant bourreaux sont venus offrir l'autre jour à


Rassemblée leurs services gratis en don patriotique : les
honneurs de la séance leur ont été accordes; mais ils n'ont
pas voulu, dit-on, passer dans la patrie droite de la lalle ,
n'y v.oyant personne de leur connoiílance.

Un prêtre jurcur qui n'a pas encore , ou qui ne désire peut-


étre pasd'éveché, vient d'établir une école de jeunes filles
à l'Abbaye Saint-Germain : il invite les peres ôc les meres à
lui confier les leurs ; il promut de leur inculquer les vrais
principes de notre heureuse constitution. II assure que s'il est
( 43° )
obligé d'employer" quelquefois le châtiment , ce fera toujwM i
de la manière la plus douce, & fans aucun intermédiaire.

Rendez-moi mon pistolet ,


Ou j'en aurai le cœur net :,
Poème en cinq chants , dédié à M. de la Fay Dans !«
troisième chant , on yoit le dieu Mars qui invoque le secours
ie Bacchus. II y a d ans l'ouvrage des contrastes frappans.

Aux auteurs du Journal.


Je difoîs un jour à Mirabeau : On voit bien que vous étés
plus occupé-de la révolution que de la constitution ; que vous
n'avez travaillé à celle-ci qu'à b.: ton rompu ; que l'abbe Sieyes
ayant faic un pont neur en proie , intitule ; Qu'ejt-ce que
Tiers-Etat? s'est cru un grand législateur; qu'il a tait un
galimathias du jargon métaphysique du contrat social , & de
les principes mal appliques , & que vos étourdis l'ont pris
pour^une constitution. Mais la révolution , c'est-à-dire , la
révolte de Paris 5c du royaume, est un chef-d'œuvre d'in-
" trigue, & c'est votte ouvrage. Slitabeàu accepte ce double
complim;nt. Au teste, ajoutai-je, il n'est pas si difficile
qu'on le croie, de produire de grands eílets, lorsqu'on employé
le crime &l'argent. Les moyens des conjurés ont toujouisété
les mémes , & à vingt ans , jc les cormoiilbis ; je faiCois alors'
de petites conjurations de province avec.mís camarades. Le
talent de brouiller , d'intriguer est commun ;j>u le pousse loin,
lorsqu'on se permet, tout. Je .me suis. occupé en spéculateur ,
du moyen de démonter vos batteries, de punir les déma
gogues , & fur-tout la bonne ville de Paris qui pend ,
rnaílacre pour s'amuser , & mange de la chair humaine. Je
me suis étonné moi-même de tout ce que j'ai conçu. Un joor
jc vous proposerai une joute ; vous me révélerez ce que j'i
gnore de vos intrigues; je vous exposerai les moyens que
j'ai imagines; & je veux qu'apres m'avoir entendu, vous
( 43' )
fessiez lagiifflace de. stupéfaction que fit le diable, lorsque
Saint Guilain eut amené rafflc de sept. J'accepte lí défi ,
nie répondit Mirabeau en éclatant de rire ; & puisqu'il est
cjuestion d'une grimace de diable , vous avez déjà gagné la
moitié de la gageure.

Barn... disoit dernièrement à Alex Zam„. n II est


» vrai , vous nous avez défait d'un antagoniste redoutable;
»» mais convenez aussi, que vous nous avez enlevé uuc
» ressource que nous ne retrouverons plus ».

Òn- demande si le roi se prépare à venir séparer les état»


le mois de mai prochain ?

Lam... disoit : me voila bien vengé de l'alíàut des An-


nonciades : j'ai fait foreçr les cloîtres , j'ai fait fouetter les
vierges renfermées dans ces asylss' mais ce qui m'a le plus
réjoui, c'est de voir la Fay„.. & Ba soutenir cette
inrarnie, & Paiis y applaudir.

Projet d'une manusacture de boutonspatriotiques*


Madame d'Ori..... quitte son illustre époux. Mad. Dest..»
est bien lasse du sien. Les jacobins décrètent le divorce ,
Sc ont arrêté que la fiïlle du vertueux ministre convoteroir
en secondes mees avec le héros de la propagande. Cette
union aura lieu le 14. juillet.

Plusieurs religieuses craignant qu'on ne vînt renouvellet


chez elles les- scènes faires dans maints autres couvents,
avo'ent pris des gardes qu'elles payoient Sí nourrissaient bien:
ces gardes ont ose lent tenir des .propos indécens : on n'en
est pas surpris; mais ce qu'on a peine à croire, s'est qu'urç
(43* )
comnjíífaire îui-mc.me ait plaisanté avec une petite totsf*
riere, & lui ait dit : Eh bien ma petite, couchez- vous
avec ces messieurs ? Sic...., n 5.î les personnes chargées de
faire respecter ces- pieux .alyles , Tort les premiers à les
profaner, les jeunes filles qu'ils renferment , .dont tout fe
crime est «Perister, feront obli^txs de s'expatrier, & d'aller
manger le morceau de pain qu'on leur laisse, dans une terre
étiangere, loìu de leurs parcus & de tous ceux dont les
conseils adoucisso ent leurs peines.

Un ingénieur - géographe qui ignore absolument0 sous


quelle, platitude ( i ) est située la principauté dont M. Wolf
a fait un si brillant hommage à l'asscmblee nationale, prie
MM, ses savans ík. les politiques, ] aniculicrement M. Car-
Ra , de l'instruire par la voie dc> journajx.

Les chefs du clergé, en ne réclamant point contre l'en-*


vahiíiement des biens ecclésiastiques,, ont eu une iuiérosité
faillie & coupable; lis ont oubiié qu'ils etoient ob igés en
conicier.ee- de rruintenir des poliestions dont ils n'eteient
íju'usuhukiers & dépositaires. Ils dévoient enecre les dé
fendre , parce que ce dépouillement aveit pour but manisclre
de détruite le clergé , & avec lui la religion : enfin ils étoient
tenus, cornue citoyens, de repousser une attaque aussi violente
qu'iilcgsle h:ite à toutes les propriétés dans la leur. Nc
ciaiçnous pas de le à'ne , leur silence a été une triple
prévarjeatkm.
( i ) Liiez latirudc.

CE j O U RN A L piuoù tous les matins.


Le prix ds Vabonnement cj'i de 3 liv. par mois
peur Fars, 6' de- 3 livres 1 c, fols pour la
Province, frenc de port. Je Bureau ejì établi
rue Percéc-Saint-Andrc-des-Arcs , N°. 21.
De ilmfiimciic du Journal de la Cour Si ds la Ville.
JOURNAL -,
de la Cour et de la Vitn

Tout faiseur de Journal doit tribut áo malin


La Fontaine.
-•
Du Lundi 18 Avril 1791.
Lofsque je songe aux prétendus complots dont les jonf-.
naux, chaque matin , repaissent la crédulité du bon peuple?
parisien, je ne puis m empêcher de citer ces paroles de Bayle
à '/article portuga' : « C'est un artifice qu'on rjier souvent en
usage , pour se défaire des gens suspects ; c'est une ruse souvint
nécessaire, que de publi;r qn'ona découvert utKÍuríeux com
plot. N'importe qu'au bout du compte on ne puílïe con
vaincre personne ; on a jeté des alarmes ,8c on a pris des
mesures pour renir le parti contraire en respect"& en effroi »«
L'espèce de faveur populaire usurpée par les Lam... 8c
autres factieux , ne surprend pa9 ceux qui savent que souvent
(ce sont les plus aflreux tyrans qui ont été encenses avec le
plus de fureur. Les applaudissemens des Anglois avoient
fatigué Henri VIII; il disoit qu'il ne savoit plus qu'en faite.
Le plus fâcheux des abus , est l'abus de la philosophie ; car
ce font les meilleures choses dont l'abus est le plus funeste.
Cjlaude Fauchet.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du ij Avril.
On a lu une lettre du ministre de la guerre, quî apprend
qu'il y a eu nue rixe à \(/eìlfembourg, ic 11 de cernais,
lomé 11. Armée 1791. X x
entre les officiers & les soldats. Plusieurs d'entr'eux ont été
bielles. —La Municipalité d-. Nantes tend compte «gaiement
d'une infutrection survenue à l'inaugutatien d'un pavillon
national. Tout est rentre dans l'otdie.

VARIÉTÉS.

Lorsque le maréchal de Turenne mourut , on appellale»


dix maréchaux de France , qui furent ríommés la monnove
de M. de Turenne. Cn nomme , pòur remplacer M. de
Mir. . . . au département ,dix membres qui sont factieux,
frippons, faussaires, féroces, faux, fiers, mauvab fils,
mauvais frères , mauvais maris , mauvais citoyens, Sí à-
eoup-fùr ils feront la monnoye de ML àt Mir. . . .

Depuis le bon exemple donne dars les couvents de Paris ,


beaucoup de percs de famille s'tmprclltat d'y placer lcnrs
mfaní; on espère même que toutes les familles réfugiées
vont suivre le merne exemple.

NoiiS avons paiîé fi électriquement de l'cfclavage à k


liberté, que nous n'avons pas encore eu le tems de nous ea
apperceveir .

On natloit à M. l'àbbé Sk\es des horreurs commises fur


des femmes & fur des rel:gicules. —Cette persécution , dir-D,
me révolte: il faut que les jacobins ayent véritablement
perdu le fïns commun ; ils ventent donc qu'avant six mois
toute la Fiance redevienne catholicité ? Précieuses paroles,
& qui sortant de sa bouche , appellent une foule de ré
flexions.

Monsieur Gobm étant à dîner chez M. la Fay.... , parla


des chapelles domestiques , & dit qu'il obligcroit tout, le
mouds d'aller à la paroisse. Le commandant insurgent, ac
( 435 )
|»«t «'empêcher de lui dire : « L'aflemblée ne l't jamaij
»» entendu ainsi ; chacun est libre de ses opinions & de
»> son culte. «Si vous osiez violer l'intérieur sacré des rnai-
» sons, & moi & la garde nombreuse que je commande,
» nous vous abandonnerons fans vous prêter le moindre
>i secours ». En effet , comment pourroit-on, au moment
où l'on accueille & admet tous "les cultes, persécuter la
seule religion catholique ? Laifsez-nous notre culte, nos
pasteurs, nos opinions; nous ne vous empêchons pas de
former une religion, ou plutôt une secte nouvelle; mais
n'espérez pas pousser le despotisme & la tyrannie jusqu'à
nous en faire changer à rotre gré. Malgré tous les jaco
bins réunjs, nous tiendrons toujours à notre Dieu & à
notre roi.

L'asscmblée ayant ajourné indéfiniment la question fnr les


testamens, on craint beaucoup qu'elle ne meure ab-intestat.
Ce seroit une grande perte pour la France, si quelque natioa
étrangère rccueilloit une si belle succession.

Voici des vers de Virgile , qu'un amateur propose , pour


mettre au bas du buste de Mirabeau :
Fendidit hic auro patriam dorninum que furentem
Jmposuit , fixit leges pretio atque refixit.

On m'a assuré qu'on avoit mis fur Ic cercueil de Mir... , la


couronne de comte , couverte de flears. Si cela est , j'adopts
tout ce qu'en dit l'écrivain qui écrit pour le sieur Prud-
homme.

Une dame fut , il y a quelques jours , chez monseigneur


l'évèque Feffier , pour lui demander la permission de lui
présenter un confrère qui, disoit-ellc , desireroit beaucoup
de faire sa connoisiance. Très-volontiers , répondit avec
caspressement fa grandeur } mais à-peinc le consentement
étoit4í prononcé , que !a dame tournant le dos , découvrit
effectivement aux yeux de M. Tejsier, te*plus volumineux
confrère qu'il puisse jamais rencontier à Alençon.

Quefiioti a. résoudre. . . A
Un honnnête homme peut-il être de la société des Ja
cobins ?

Quelqu'un qui venoit d'entendre parler Mirabeau, dì-


soit: cet homme est le poison de l'aísemblée. Cela est vrai ,
répondit-on; mais faires Tânágram me de son nom & vous
trouverez l'antidotc : Abbé Maury,

Un homme difóit r je ne crains rien ; fcs brigansi font


lâches & j'ai du courage. Je dis , j'écris, & j'imprime tout
ce que je pense ; j'appiiye toutes mes démarches & mes
opinions fur les loix émanées -de l!aâ*emblée ; en -un mot,
je fuis à cheval furies décrets.- Quelqu'un lui dit: Prenez-
garde à vous, car votre selle est pourrie.

Les ambassadeurs des puissances catholiques , instruits que


l'exercice de leur religion vient d'être interdit en France ,
ont demandé d'avoir chez èux, une chapelle oè' ''ils puis
sent faire célébrer la1 messe ,' comme il cil d'usage en An
gleterre, en Hollan'de 'y &c ,:. 'On eroit que cette permis
sion leur fera accordée, à condition qu'aucun Français ne
pourra y assister.
f .... ~
, JÒouche de Fer. Oublions pour un moment que tous
les Fiançais , même les matelots & les soldats font devenus
philosophes, St fuppofons-lts ce qu'ils étoient avant no:re bien
heureuse révolution. Si"; à -mérite egal, tu leur ofirois le
fils de Turenne ou celui de Defiues , pour les commandes
< 437 )
sur le chemin de l'honneur , à qui crois-ru qu'ils dorine-
xoient la préférence ?
Rep. Consulte Claude Fauchct , qui devient raisonnable
depuis le i d'Avril, 8c observe que c'est la première fois,
que questjonee, je demeure fans reponle.

On assure que d'ici au mois de juin prochain , les évêques


constitutionels auront un costume pariicuíicr , qui les distin
guera de ceux de l'églife catholique, avec laquelle , comme
chacun fait , cbs meilleurs ont fait scission. La principale difte-
rence consistera fur-tout dans la forme & la matière de leurs
croix. Celles qu'on leur preparc seront de bois simplement ,
Si au lieu d'être posées fur la poitrine , elles feront appliquées
fur les reins. On les nommera croix d'orsales. (
C'est ausli dans le cours de ce meme mois , que beaucoup
de gens, célèbres par leurs hauts faits , recevront l'Ordre
de Saint-André. La promotion fera tres- nombreuse. On
compte déja trente-trois grands-croix. Ceue pompeuse
cérémonie se fera publiquement dans la grande place de
l'hôtel-dc- ville de Paris . en face du Pont-Rouge. M. S....
citoyen , dont l'activité est bien connue , fera chargé de don
ner l'accolade.

Les geôliers civils & militaires d'un prisonnier d'impor


tance, ayant vu dans les mémoires de Trcnck & de la Tude ,
combien l'amour de la liberté donne de moyens pour la re
couvrer , ont été l'autre jour visiter exactement les porres ,
grilles , murs , plafonds , &c. de la prison où il est renfermé ;
ils n'ont rien trouvé de dérangé ; le prisonnier lui-même n'«
témoigné aucune impatience , quoique fa captiviré ruine en
tièrement les affaires de fa famille & les siennes propres ; il a
feulement demandé par grâce d'avoir un confesseur à son
choix ; mais on la lui a refusée.

Le décret qui accorde à tout le monde la libetté la plus en


tière d'établir par-tout des spectacles , vient 'd'être sagement
( 438 )
Kmitc, à l'égard de la religion catholique seulement : on vient
de lui interdire les églises ,& on les ferme en conséquence. II
n'y aura plus que chczOdinot, Nicolet ,8c dans les carrefours j
qu'il fera permis de prêcher , & de célébrer les orïïccs.

La mort de Miraef.au redevient un problème ■> les Ja


cobins font honteux que leur régulateur , leur.rnaître, ait fini
comme un autre, par une mort naturelle. Les aristocrates
au contra te , sembl.nr vouloir insinifcr que Mirabeau a été
pani pat les factieux , d':ivo'r montre l'intcntion d'aban
donner leur parti , & qu'un poison lent Ils se trompent
tous , & Mirabeau qui les trompe auílï , n'a dû son empoi
sonnement qu'à sui-rnenae :.il est vraiment mort d'une sueut
rentrée.

M. Min.., eveque de Nan.. , se trouve aujourd'hui dan»


la position la plus fâcheuse: il y a douze ans, qu'étant pas
sionnément amoureux d'une bergère de la rue du Chantre,
il fut reduit â l'epoufer ,pour lui plaire. II se lassa' bientôt'
de sa compagne, l'abaridcnna à ses charmes, & se mit à
solliciter une cure aux environs de Paris : U l'obtint aisément ,
& s'y établ t avec toutes ses vertus ; niais malheureusement
Mad. Min., ayant appris que ce bénéfice valoit huit mille
livres de rente, vint le sommer de. partager son lit & sa
fortune avec elle : le pauvre Min., fur lort embarrasse, L'ar-
cheveque Beaumçnt , instruit de l'affairtf, entra dans la-
plus sainte colère; fit venir chez lui le conjugal curé , &
après l'avoir sermoné vertement , il le condamna à appaiser
sa femme avec une sommé de douze mille francs, & à la
renvoyer a son cinquième étage. La paix fut donc faite;
Min., obéit , fa moitié accepta , & il resta le maître dans
son presbytère. H y vivroit encore heureux 8t tranquille ,
fi notre sublime révolution n'avoit pas échauffé toutes les
tètes & égaré tous les espriis. Min., se croyant citoyen ,
venoit cìe icms en cems sauver la pattie , au Palais-Royal :
ne très- colère., il s'y lia bientôt avec le pere Duchcsne; il
&t sous lui un cours d'imprécations , 8c comme on eut
' ( 439 )
grand besoin de jureurs dans la nouvelle formation du clergé ;
on le proclama évêque de Nant... II éto:t dcjà secte , fie .
savourou toates les douceurs épiscopales , quand Mad.
Ali/i.. , maigre tous ses engagemens , est encore venu le re
lancer au milieu de son diocèse , son contrat de mariage
dans une main , & un petit eníant dans l'autr.- ; a mis pppo-<
fition fur les revenus de l'éviché , & s'est installée dans la
palais , comme chez elle. Cette apparition a indigné toute
la Bretagne ; Min... est teste comme frappé de la foudre ;
rassemblée nationale elle-même a été Icandalisee ,Sí comme
elle est chatuee de prononcer sur cet événement , on croit
que pour se tirer d'afraite , elle Va décréter sur-le-champ
le' mariage des prêtres. •

• Lettré de Madame de Stael à M. Dfc


Cmampcenetz.
Averiijsement des Rédacteurs.
Nous inférons la lettte suivante dans aotre journal , d'a
bord pour prouver noire impartialité dans toates les que*
relies particulières; ensuite , parce que l'âuteur nous apprend
que l'on va bientôt sevir contre tous les crimes de la presse ; &
puis cnSij , parce que ce peiit morceaux nous a paru plein de
cette colère naïve, qui repousse moins les outrages, qu'elle
ne les excuse.
.Lettre.
Ce i 5 avril 179 1.
II est tems, monsieur, que je réponde uníRjìs pour toutes,
aux infatties , que dcpu's dix ans, vous ne celiez d'écri é
contre moi. Je. m'en iuìs lonç-tems honorée , mais coerms
aujourd'hui la calomnie a tou» us succès de la médisance , je
vous dénonce à fout le- h .mneres g"«s ^ti royaume , en at
tendant que nos nouve les <^x soient cnt'.crement etnbuVs, 3c
qu'un tribunal patriote, me taiío c-ntiu (ulHcede vous. Trrm-
blez! jeune folliculaire; il ne sera bientôt plus permis d'outra
ger les bonn.-s citoyenne , St, en fait de libelle , la nation
ítança'ifc va denir encor- plus sevcie que votre ancienne
eour! Si vous étie» né avec un peu d'àme , mon se.xe fcUi auroit
( 44° )
ílWîn pour vous désarmer -, mais votre cœur est indigne de la
moindre délicatellc , Sí vous n'avez Cte m s au monde que
pour déchirer tour ce qu'il renferme de respectable. Ne croyez
pas, monsieur, que le but de cette lettre,.soit de vous eorri-<
ger i ne vous imaginez pas, fur-tout, que je vous lasse' 1c
moindre reproche ; mon seul désir & ma seule vengeance, sont
de vous faire connoitre , & si vous n'etés pas trop blazé fur lc
mépris de tout le monde , je vous offre le mien , dans toute
son étendue. Voilà la seul réplique que vous obtiendrez ja
mais de moi ; encore ne la devez-vous qu'a cette noble indi
gnation , que les cœurs honnêtes , éprouvent malgré eux, en
vòus lisant. Je vous abandonne donc aux chàtimens futurs
que vous méritez, & je fuis, monsieur, avec tout l'orgueil
qu'inspire votre haine.
Voue estimable ennemie ,
"■ ' Signé Necker-Stael.

Mercredi à Popéra , le ci-devant duc d'A , appcllé au


jourd'hui tout bonnement Jacques A...., W pavanoit dans fa
loge qui donne fur le théâtre ,& étaloit, fi? sâ bonne rrti'ne ,
& son uniforme aux deux épaulettes. II fut très-remarqué-, Sc
quelqu'un que je crois étranger, dir très- haut : II porte un?
habit bleu qui n'est pas de Roi , & une veste blanche qui n'est
pas fans tache. Ce n'est pas la peine de tant se pavaner.

L'abbé Ccu vu comme il devoi: l'ètre, & comme it


devoir <■'•■ a- tendre a Autun, s'est retiré dans la petite ville de
Ctuiij. C'ei-li , qu'après avoir implore inutilement les lu
mières úisterens lavant religieux , tl a tire de son cerveau
un mandement , auquel personne n'entend goutte , tant il est
maioue au coin dí ce cher homme.

On's'ahenne peur ce Journal , au Bureau, rue


Percée- î'ahu--André- des -Arts , M." zz.

De i'iroj'iiiiierie du Journal de la Cour & de la Ville.


N°. 50.

JOURNAL
de la Cour et de e a Viliiì
i ....
Tout faiseur de Journal doit tribut au malio
La Fontaine.

Du Mardi 19 Avril 1791.


• Les honneurs les plus pompeux ont été rendus aux mane*
de Mirabeau. Cromwcl fut déposé dans la sépulture des
Roi$; & six mois après, ce même peuple quíl'avoic déifié,
le traînoit au milieu des tues de Londres. Ce tyran con-
noissoit les hommes i il savoit apprécier la saveur du peuplai
auslî sir—il mettre dam le cercueil qui lui étoit destiné, le»
os du malheureux Charles IL L'événcment justifia fa pré
voyance. Mais comment le banquier Pirig.,„ n'a-t-il pas
eu la mime peur pour son ami M..,, qui ne. peut éviter
le même sort? . ..
Oa ne pourra plus employer le mot de nation que dans
la style burlesque ou populaire. Le voilà banni du genre
noble. Le nom de philosophe sera une injure , celui d'aca
démicien un reproche , celui d'avocat un tidicule , celui
d'auteur fera chasser de la bonne compagnie.
Quand on commence par mépriser le prêtre, on finit
par briser ['autel.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séance du z 8 Avril.
On s'est occupé fur-tout de la4ettte du directoire da
département de Paris , consernant Ion afíl.fé pour les église*
Tome II. Année 1791; *k^Y y
paroissiales. —Le Roi youloit partir pour Saint- Cloues;
mais le peuple , pour prouVeu /ans réplique , qu'il est faux
que le Roi soit prisonnier, s'est opposé á ce départ. II faut
avoir été témoin de ce tumulte & de cette scène scanda
leuse , pour s'en faire une idée. stf. de la Fayette n'a pu
se faite pbéir de la garde nationale. Gn assure qu'il a de
mandé sa démission. —Ee département a ordonné sur-le-
champ la convocation extraordinaire de toutes lest celions.

VARIÉTÉS.

Ccplc de la Letire de la REINE de Naples ,


" aux■ Erisans de PejliritaBle Marquis de Bom
belles , Ambassadeur du Roi de France.
«i Vous avez des païens ii respectables , que je-ne puis
p' vous désirer , rncs cheis enfans, que le bonheur de leur
j> ressembler. Voire éducation ne faisoit que de cora
il mencer : j'oserai vous faire toucher ii,ooq liv. de
» ''pension , j our la. continuer jusou'au moment où vos parens
» feront de nouveau rentres dans les charges , dignités &
» emplois qu'ils méritent' si bien : recevez cc foible don
» avec k ùntiment qui vous le fait oftnr , & comptez à
» jamais fur noue Véritable intérêt pour vous , mes chers
»> enfant, & fur l'eHîfne & rattachement qu'aura toujours
»' pcíur vos parens , votre éternelle amie Charlotte d.
> Cme lettre acte écrite aux enfans du marquis de liom-
iellis, à l'ôecaíìon du refus qu'ii a fak(de prêtée L- ferment.

Vous pouvez apprendre de tous les Flamands possibles,


que le prince ÏÏ^OtF est tout bourgeoisement le fils da
maître de poste de la ville d'Yprcs : ce' jeune insensé se
fait donner l'a teise par .tous ses postillons: c'est son seul
poinr'dc' folle , 8c il'aHIduis , il fait paríaiìCHK'nu son état ,
tí ajies mœurs íì douces , qu'il se contente àc désirer ce
traitement d'altesse, mais nc l'exige pas. Par pitié -& par
:( 443 )
plaisanterie , l'on est contenu de eareTer son Illusion. Mr
de Mercy , l'ambassadeur , plusieurs fois- questionné fur çe
mouveau prince, a reçu & donné l'éclaircillement- ci-deslus.

• " ,- ■ ■'- ■ . >• j >r\.\> -> •/ . ï- ■• i k. i .i .


On ne lit pas fan? indignation , l'arrêté du département
relatif au r églises des religieuses , II ose m^ne annoncer une
plus forte persécution pour les prêtres fidèles à leur devoir.

Bouche de Fer. Pourquoi cet imbécille de Léss.....


a*t-rT proposé au ftoi pour la conduite du trésor public , um
kornrae aussi dcciié âc taré ? ,.' , ;. . ,.<i ' )
. Rép. Cela étoit embarrassant ; le tartuffe successeur partial
ia vertueux ministre, avoit ptomis a son proteAeur d'em-
ployet ses créatures ; & n'ayant trouve que des frippons , il
a choisi le moins dangereux.
Dem. Est-ce par jalousie que Clavieres a dénoncé ce mau
vais choix ?
Rép. Clavieres «st aussi «n vertueux ag....ent de la rue
"Vivienne; il'connoìt Stubcr, comme Stubcr le connaît , il n*T
avoit rien à gagner à ce choix ; il a donc mieux aimé se
faire le mérite d'une dénonciation qui , comme le dit le
pere Voidel, est le plus précieux des devoirs , Sc comme
í'avoue l'inquisiteur Camus, est le plus doux.

' Á' fi r i ' ' ' '" ' '


De Bruxelles , ce 1 3 Avril.
La semaine prochaine , sopr espions de la propagande , ju
gés perturbateurs du repos public , seront pendus publique
ment. L'affaire feroit déjà faite, si le prévôt étoit arriv'.

Le» proscriptions de Sylla^ de Marius n'étoient que de»


jeux d'enfans aupres des atrocités de la révolution française.
Jusqu'à présent les plus grands scélérats avoiqnt <respecté la
décence & les mœurs publiques. Nos brigands à bous, ae
( 444 )
sont pas st scrupuleux ; j'en appelle i ee qui vient de se
passée. Le faic est constaté. On a vu deux hommes tenant
une malheureuse religieuse , tandis que les mains fengui-
naiies de Cannibales femelles étoient employées à épìler un
cndr»it que la pudeur defead de nommer. Ces attentats se
passent sous vos yeux, ô Bailly} La Fayette l & vous les
souffrez ! & vous ne sévissez pas contre des monstres qui
outrageât la nature , & se font un jeu barbare des crimes
les plus atroces !

De Bruxelles , ce 1 3 a#kil.
Quelques émissaires du séditieux Vanfler- noot , ayaat
chanté, dans un cabaret, des couplets indécens, plusieurs
patrouilles s'y font transportées ; mais les séditieux maltrai
tant la garde, elle fit feu, tua un de ces bandits, & en
blessa plusieurs. Cependant , deux patrouilles ayant refusé
de tirer, ont été cassées le lendemain, & deux bas-officiers
chassés , après avoir reçu cinquante coups de bâton en place
publique. Cette sévérité ne sauroit être trop louée, car c'est
le moyen d'arrêter Yhémorrhagie licentieusc. J'atteste l'aur
thenticité de cette aventure.
Meude-Monpaí*

Petit faiseur de motion ,


Ce Vilette, pourquoi, me demandòit Glycere,
De notre révolution
Eft-il si partisan? —Pourquoi? C'est qu'il espère,
Et son espoir , hélas ! ne fera point déçu ,
Qu'étant réduits à la misère ,
Nous allons tous montrer le cu.

Plusietírs personnes nous ont prié de ne plus salir notre


-jtìuinal du nom de cc petit Ai. Vihttt, fur qui toutt c(*
' ( 445 )
pèee de ridicule doit enfin être épuifëe. Ainsi nom le laiíît-
ront-là désormais avec ses inscriptions, ses goûts, ses frayeurs
& fa chronique.

M. d'Or ... étant fort dérangé par les dernieres insurrec


tions , est venu prier instamment M. Cam... de faire un
nouvel effort pour lui procurer les 4 millions en question :
celui-ci faisant beaucoup de difficultés, M. dOr... lui a dit :
Rappellez-vous donc , mon cher Cam... que voos avez un
fils Si moi une fille ; c'est assez vous en dire.. Cette raison
a , dit - on , fort ébranlé le tendre perc , k nous espérons
voir bientôt Mlle. dOr... devenir la princesse Cam..-. &
avoir en dot la somme qui cn a déjà servi à une de set
ancêtres.

Comme personne ne veut louer d'appartement aux prêtres


jureurs , on va être obligé de les loger à la craye. On en
chargera ce maiéchal-dcs-logissdu palais-royal, qui, Tannée
derniere, marquoit les maisons destinées à la brûlure.

On parle de former un nouveau régiment , dont M. Dub.. *


ét Cr.... fera colonel. II faudra, pour y entrer, avoir été
victime du despotisme ministériel ou judiciaire; c'est-à-dire
avoir été dégradé ou chassé de quelque corps; avoir traîné
ie boulet, passé par les verges, ou enfin être au moins por
teur d'une canouche jaune.

Quelqu'un disoit l'autre jour que M. dOr.... étoit capable


île tout : A la bonne heure fur mer, répondit-on, mais no»
fur terre , puisqu'on l'a rayé deux fois de la liste des lies?
teaans-génêraux employés.

Le meilleur argument contte la prétendue égalité , est


4c même que contre ceux qui oioient le mouvement - on
.. ì , , . : ,'
f; eontentoit ie marcher devant eux. Un petit homme?
fòible & bossu, disoit l'autre jour : nous sommes tous égaux.
Un homme de cinq pieds hait pouces, parfaitemím bîc*
lait, se levé sans rien dire, & se place à côté de lui.'

tes spirituels & honnêtes Tarisiens ne font pas contens


de tenir leur Roi en prison-, ils veulent, encore' violenter
fa conscience. Ils lui reprochent de ne pas agir & penser
comme eux , après avoir sanctionné le décret coneertwnt
le serment exigé jdes ecclésiastiques. Ont-ils donc oubVié
crn'il a écrit à l'allembiée une lettre qui auroit d« leur
faite ouvrir les yeux , & par laquelle il se défcadoK de
sanctionner cet acte tyrannique ? L'aflemblée nationale ae
áécréta-t-elle pas honnêtement qu'on insisteroit ?Le club des
jacobins ne souffia-t-il pas le feu de la révolte? Ne menaça-
t-il pas d'insurrection ? Ne sc fit-il pas des attroupemcns ?
N'est-ce pas comme contraint , que ce bon roi sancîicnnàì
Ingrats sujets, lâches chrétiens , tremblez ! Le ciel éprouve
la vertu quand il la lailse opprimer; 'mais il la venge.
Vous méritiez nn tyran, non un jere. Vous faites hotreur
à outes les nations voisines : ce qui restoit d'honnêtes
gens au milieu de vous, fuyent. Ceux-là seuils qui tve le
peuvent pas, restent. Vous voulez/ factieux , que; yojre
monarque aille communier des mains d'un piètre que.riatétct
a rendu parjure , qui a osé se revêtir, de la dépouilLe d'un
ecclésiastique fidèle à sa religion! N'est-il donc le roi q*c
de la canaille & des agioteurs? de ces vils usuriers qui
n'ont de Dieu que l'ot ?

On fait que Ic Roi devoit partir hier pour Saint-CÍoud {


' Kiais la nation, 4 qui le club jacobíte' avoit fait distribuer
samedi au soir 30,000 liv., a gagné son argcati M. deìa
Fayette leur a dit en vain : Vous álléz faire dire aux puis
sances éttangeres & à tons les depanemens de France que
tous retenex le Roi prisonnier. Lc Roi reste prisonnier : les
voitures, les chevaux, tout a étérenvoyé; le piquée de la
garde nationale, la maison domestique, la cuisine, ont été
( 447 )
íappeCes. Les honnêtes gens gémissent ; la constitution pé
riclite ; les jacobins font obéis; les factieux triomphent.

Grande découverte £unpapier anti-patriotique ,


trouvé dans un porte-feuille du comité des
recherches.
Aux Auteurs pu Journal.
C'est le siècle de la calomnie ; jugez-en , Messieurs ; voila
eomaií on traite ces jacobin.; à qui la Fiance élèvera dea
autels ! ce. jacobins a qui nous devons l'heureuse inven
tion de la lanterne, (i ) des exécutions populaires, (i)
des corrections fraternelles, (3) 'des récréations patrio
tiques, (4) à qui noub devons l'honncur attaché à la
délation , ( j ) devenue la vertu des grandes ames révo-'
lutiortnaircs. J'en diiois trop à leur louange; je me tais,
de peur de devenir suspect. Je v ens au tait Si je livre à
l'imprcssion tout ce que la plus infernale cabale a pu faire
conn'eux. -~
J'ai volé cet écrit, Messieurs-, je ne m'en cache pas-;
nôtre heureuse révolution a changé les Vices en vertus ,
& j'en profite, afin que mon patriotisme ne soit pas équi
voque. Lisez donc ce qui luit.
Club des jacobins amis de la confiitution.
En employant ces mémes lettres , on trouve:
C'est hun, juste cielt l'icume de la nation.
Vous n'etes pas au bouc; voyez comme ils tirent parti

( 1 ) Le malheureux boulanger.
( 1 ) Le maire de Saist-Deni; , celui de Chàlons , &c.
( 3 ) Pillage de shekel de Castries.
(4) Les scènes scandaleuses des religieuses 6c autres,
dont une victime a été enterrée hier à Sainr- Paul,
(jì Voyez M, Bonjour à l'aflemblés nationale.
( 44« )
des rnóiodres choses. Ils ont trouvé , en continuant eettd
décomposition , toutes les semi-phrases 'que voici :
Ce club de boue. —Cette société des assassins —
£st un colosse de caca. —Association de démons. —
Jeans... de la nation. —Détestables ennemis de la nation.
Enfin, on y trouve encore:
Cest la maladie de la nation. —Où est le médecin
Cest h canon.
Délivrez-nous du médecin, mais plus encorc d* mal.

Toutes les fois qu'on viendra nous dire qu'un être quel
conque a présenté & envoyé à rassemblée , ou applaudis'
sèment , ou consentement, ou accommodement , ou serment ,
nous dirons tout simplement que c'est un J. F. de plus:
c'est une maudite plante qui croît dans tous les terrains Sc
dans tous les climats, fur-tout qaand elle est arrosée par
la pluye bienfaisante dont le réservoir sc remplit à mesura
qu'il se ruide.

Le décret qui destine Sainte-Geneviève à recevoir let


cendres des grands hommes, est l'ouvragc de l'égoïsme. Not
souverains du jour, en s'emparant du plus beau monument
qui existe en France, se le font modestement réservé. Sur la
motion qu'on a fait d'y déposer le brave Des-ljles, n'a-t-on
pas paise à Tordre du jour? Si Lconidas& ses trois cents com-
-pagnons avoient été Français, & qu'on eûr proposé de dépo
ser leurs cendres à Sainte-Gencview, on eût pailé également
à Tordre du jour. On en eût fait autant pour le chevalier
d'Assas.

On s'abonne pour ce Journal, au Bureau, rut


Percée-Saint-André-des-Ans , N.° %z.

De TImprimeric du Journal d* la Cour & do la Ville.


( * )
' I ,1 ' . . .■

S U P P L';É MENT

Du N.° 50.

Aux Auteurs du Journal.

J e reçois aujourd'hui , Messieurs , avec votre fî.° du mardi'


12 avril, le prospectus d'un nouveau Journal qui auW
pour titre : Journal des micontens {t); l'épigraphe doit
disposer en sa saveur :
Vtrìtl , Équité , Fermeté. *W
Assurément, si tous les Français mccontens;?e mettent
au nombre des souscripteurs, si chacun d'eux y fournit son
article , j'arnais ouvrage n'aura eu un plus grand nombre
d'abonnés \ un plus grand nombre de coopérateurs ; & si ,
.çhe.x les aVtfcs naiiqns, toutts les ames sensibles aux ou
trages faits' à la religion , à tous les souverains & à .l'hu-
ijrjanicé en général, souscrivent encore, quelle foule im-
•meisse de lecteurs aura ce journal !
Pour moi, messieurs, je m'y abonne dès ce moment , Sc
.je peux dire que ce n'est aucun ressentiment personnel cjui
m'y porte; je n'ai rien éprouvé particulièrement cjui ait pu
me mécontenter. La gentillesse de la petite denouciation au
club de Saint-Germain , ne me laille aucune rancune. .
Je me piais racme à . renouvcller ici le juste- tribut de
reconnoissance que j'ai déja offert dans un de mes é crits à
mes concitoyens de tout état , de la Ville de Magny en
■Vexin, & des environs; je deviois à cet égard chair la
révolution , puisque dans un tems où la quaiitc. de gcBtiJ-

i í ) On s'abonne pour ce Journal, chez Guillot , im-


• primeur - libraire , rue des Bernardins, N.* 15, & chea
- Seuucville, libraire au Palais-royal, galeries de bois, N.° 114.
( * )
h'omma sufïisoit pour être outragé & proscrit , la subver
sion presque générale dans le royaume de tout principe de
justice 8c d'honnêteté , n'a fait que me rendre plus touchans
& plus chers les égards & l'aff'ction des habkans de ce
pays: en général, tcus ceux qui l'habitent n'ont que des
témoignages honorables à rendre, de la décence Si de la
tranquillité qui l'ont distingué dans les momens même de
la plus grande effervelsence : on peut en dire autant des
campagnes voisines, à très-peu d'exception que je sache,
& aucune cruauté n'a souillé 1c caractère des bons Vexinols.
Le seul sujet' de peine particulière que j'ai eu dans les
destructions qui ont fait tant de victimes , a été de voir
jerdre à une de mes filles son état de chanoinesse; mais au,
moment du décret qui l'a décidé , je lui dis en l'embrassant :
je vous plains , ma chère enfant, & d'autant plus , que je
fuis dénué des moyens de suppléer à votre perte; mais jc
vous avoue que ma sensibilité aux malheurs de notre patrie,
à ceux de notre roi , & de son auguste famille , à ceux
enfin des dignes ministres des autels, & d'un si grand nombre
de citoyens respectables & intéteisans , fous tous les rapports ,
ne me laisse que peu d'attention à ce qui nous touche
personnellement,
Ce sentiment , Dieu le íìit , est dans mon coeur tel qu'il
est exprimé par ma plume; j'ose même dire que c'est lui
seul , ( ce sentiment ) qui m'a porté à écrire fur les af
faires publiques, fans calculer ce qu'il pouvoit en coûter
à l'amour- propre d'un écrivain qui possède aussi peu que
moi , la connoissance de la langue & de tout ce qui serolt
nécessaire pour plaire à mes lecteurs ; mais comme je ne
joue pas la modestie , je déclare avec la même franchise
que je me sais livré à une espérance , précieuse pour moi,
c?lle de persuader facilement aux personnis qui auroient la
complaisance de me lire, que la source de m;s écrits est
dans une-ame fensibic & vraie, fans que l'esprit ait pré
tendu y paroître.
Je me mets dpnc au nombre dei mécontens , par cç sen
timent tendre & respectueux qui doit affliger un chrétien ,
tout pécheur qu'il soit , lorsque sa religion est en danger;
jpax ce sentiment d'amour Sç de fidéljté cjui affecte viveiqeQt
. ( 3 )
le cosur de tout bon Français , à l'afpect de son Roi outragé
dépouillé , quoique ce Roi se soit abandonné lui-même,
en abandonnant ses fidèles seivit:urs; pat ce sentiment
véritablement fraternel qui fait louíirir tout honnête homme
à la vue de ses conctoyeas malheureux; à la vue, fur-tout ,
d'un peuple égaré , dont il desircroit le bonheur , qu'il voit
Courir à fa perte totale , & sortant de son caractère naturel ,
pour l'emporter en férocité sut les animaux les plus
cruels, servir d'inilrument à l'ambiiion, à l'orgucil, à la
barbarie de quelques factieux.
Enfin , je me joins aux mecontens , parce que s'il falloir
décidément vivre fous l'empire de ces hommes exécrables
qui ne respectent ni l'autel , ni le trône, ni l'humanitét
de ces hommes qui ne veulent pas de religion, pour
s'éviter des remords, & qui ne voudroient plus de mo
narchie pour s'en partager les lambeaux ; s'il fàïloit , dis-jc ,
ployer fous un tel joug , plutôt mourir mille fois; je le dis
& je le demande à Dieu ; cependant , je tiens à la vie tout
Sutant qu'un autre; des liens puilfaps m'y attachent , Sc je
n'eus jamais ce caractère de hardicífe qui paroìt rendre
insensible aux répugnances de'la nature. Lc plus simple cou
rage , celui de 1'ho.ineur, m'a suffi , grâces à la proviJençe ,
dans tout çc que le devoir & lc zèle ont demande ; ce mémç
honneur me feroit désirer la mort , si je ne dois vivre
que pour voir consommer la ruine de ma religion, de mon
souyerain & de ma patrie.
CLtRif, Chevalier de Tordre de Saint-Louis.
Ce 14 Ayril 1791.

4ux Deparfemens , Directoires , Municipaux x


Clubs patriotiques , &c. qui ont ordonné de-
prendre le deuil pour Mirabeau.
En.prdonnant , meilleurs , du noir pour Mirabeau,
Vpas vous glorifiez d'un décret aussi bea.Uj
( 4).
Mais vous n'avez tien fait qu'il n'ait fait çtóvantage :
Le grand homme a pourvu lui-mime à cet hommage;
En plongeant la justice Sc l'honneur au cercueil,
II a mis pour trente ans toute la Fiance en -deuil.

Jef crois devoir vous dénoncer, cemme un des aristocrates


ic plus décide qui air jamais existé , le íìeur Dub.... de Cr.....
II cultive depuis plusieurs années, dans fa terre, des char
dons, dont il tire un très-grand produit , tandis que l'idée
a,uroit dû lui être venue mille fois d'en faite hommage à
l'astemblçe nationale : mais il est des gens qui ne pcnícm
qu'à eux , au grand malheur de l'efpece humaine.

Complainte de Marie-François ÂLQU...., Rap


porteur de faffaire de N..... fur Vantériorité
donnée à M. CilAB... , pour la place de pré-
jìdenti
Orage! ô désespoir! fatale préférence !
Dit Pimpudent Alqu..,. Quoi! malgré tant d'efforts,
Chab.... le blanchisseur obtient la présidence!
Qu'a-t-il fait , cë grand homme ? a-t il par trois rapports
De nos législateurs étouffe la justice?
II a blanchi Philippe, ainsi que Mirabeau;
Mais déja l'un n'est plus , & son lâche complice
Est d'opprobre abreuve, s'il échappe aujj bourreau;
Tandis que par nos foins Rab.... fa fectî impie ,
De. leurs aífaíìinats goûtent en paix les fruits.
"Cependant ' redoublons d'infamie ,
Et montons au fauteuil ; il n'importe à quel prix.

De l'irnpùmerie du Journal de la Cour '& de la Ville.


N.0 11.

J O U R N A L
»£ la Cour et de la Villè;

. . Tout faiseur de Journal doit tiibnt au maiíû


La FoniainÉ;

Du Mercredi 20 Avril 1791. ^


Un décret du 9 Avril ordonne la fabrication deS non-*
•Velles monnoyes , cn prescrit Itís empreintes, l'exerecte,; la
légende , &c. Lc nom de Di . u en est banni , comme de raifen,
atteadu que la c! ose 8c le. nom choiu-ent également l'a-
théïfme qui élève insolemment lorí empiré íur lès débris de
la religion <le nos pères. Eri trav;pllant i ces monnoies , ori
devroit se rajipeller que ce tut au moment où les-nouvelles
espèces ordonnées pour les provinces bclgiques par iíF'ail*
der-noot & complices, & déíovecs aasli du bonnet de la-
^prétendue liberté, verio.ent de sortir du bal. nciér ; o,ue la
rébellion fut fctouí&e dans ces provinces , & qu'on y *it
lenaùre la tranqiriilirté , fa sécurité, compagnes inséparables
de l'autorité légitime , Sc fans lesquelles il ne reste aux hommes
aucuo motif de vivre en socícce. Ce pronostic devroit faire
épargner à nos hôtels des monnoies, beaucoup de tra
vaux inutiles.
Balzac éírivoit au mois de Novembre : « Qt,efl
monstre raîtroit-il de .a monarchie & du gouvernement po
pulaire? Et que sçroit un Souverain depen ant de ses fujetsy
Si son conseil devenu subalterne de leur maison-de-viUe >f î

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Séhncc du tQ Avril.
T
AL s'est présenté ure députation. du département de Paris,
a l'occasion de la convocatlou des sections fur lc départ du
Tome il. Aiinee 175)1. Zz
(
( 45° )
Roi. Voici l'objet de cette délibération : Faut-îl prier k
Roi d'execater Ion premier pTojct d'Jler a Saint-Cloudï
Faut-il le remercier d'avoir préféré la tranquillité publique,
On n'a vu, dans cette derniere question, qu'une ironie éga
lement barbare & ridicule, Quant à la convocation des sec
tions, il n'y* a personne qui ne sente le danger d'une dé
marche aussi absurde, aussi impolitique, aussi extraordinaire.
Croyez - vous que ce soit un bon moyen de nous sauver
des foreurs de l'anarchie, que de nous jeter stupidement
danoises bras ! —Le Roi s'eít rendu à l'alsemblee , & a
pionPice un discours, où il rappelle la résistance qu'on avoir
apportée à son voyage, & a déclare qu'il persistoit à vouloir
aller .à Saint- Cloud. —M, lc président a répondu. —Des
ris de y iv e le Roi ont accompagné Sa Majesté jusqu'à ce
qu'il soit sorti. —Le Roi vient de vous exposer,' a du un
membre, qu'il étolt nécessaire, pour l'acceptation & la sanc
tion des décrets, qu'il eût sair d'être libre. Cette fa.llie
a fait rira d'aifez bon cœur l'alsemblee nationale. Sur ce,
on a levé la séance.

VARIÉTÉS.

L» scène de lundi iSaviil est le premier acte de bonne-


foi qu'ayent fait les honnêtes Jacobins ; ils onr dit, publié,
affiché, prouve, que le Roi est prisonnier : cous espérons
que personne n'en doutera cette fois-ci : au reste, nous voyons
pa,t-li que ces messieurs n'ont pas perdu tout espoir de retour
à la vertu.

JUpitaphe de Mir. . , adressée par un impartial k


MM. LAM & BaRN. . . .
L'exemple est effrayant pour tous les sechrits :
Malheur à qui le voit & n'en profite pas L
• - EïSTIN.
( 45» >

Aux Auteurs du Journal.


Je pense, Messieurs, que vous avez été induits en erreur;
«n blâmant , dans votre numéro du x 3 de ce mois , ceux des
eent-siiisses qui ont accompagné le convoidu sieur Riquetti.
La réflexion qu'a fait naître en moi leur présence à cette
cérémonie, me paroìt simple. Les 5 & S octobre 1789,
ces généreux & fidèles gardes furent si allarm -s des dan
gers qui menacèrent les jours de notre roi chéri , §c
de son auguste épouse , & leur cœur en fut si navré da
douleur , qu'ils ont voulu s'assurer par eux-mêmes que l'on
met toit bien sûrement en terre le principal moteur de ces
désordres. Malgré la prétendue lessive par laquelle l'avoit
fait passer le blanchisseur ordinaire de l'assembiée , les cent*
suisses craignoient toujours quelque nouvelle ruade de xe
monstre contre leurs majestés. Ils sont maint eaant tout-
à-fait rassurés , puisque , morte la bite , mort le vtnirU

Un gros bourgeois de la bonne ville de Paris applau»


«lissoir humainement aux vexations , aux infamies , aux;
cruautés exercées contre les vertueuses soeurs de la charité
de diverses paroisses. Pourquoi, dit-il naïvemest , ne suivetït-
elles pas la nouvelle religion? Vous savez donc, Parisiens,'
qu'on veut vous faire abandonner la religion de vos pères j
mais apprenez encore qu'on désire que vous n'en ayez au*
cune, & grâces à votre corruption, il ne faudra pas de
grands efforts pour réussir.

Dystique tracé fur le revers du papier que Mr... dertanda


pour écrire, quelquss momens avant de mourir t"
II est donc des forfaits
Que le courroux det Dieux ne pardonne jamais ï
(45Ò

On assure que c'est un neveu de M. G. ie Et.... , àl*


, ftite à l'arsemblee nationale, qui est l'autenr du vol des
diaman* de Mail, du iiary. Voyez un peu ce peut té
méraire ! n'a-t-il pas l'impudence de prétendre être pencfa
avant son oncle ? . ■ ,

>
Un âne , qu'on venoit d'attacher à la porte d'un mar
chand d'estampes , où étoit expose le nouveau portrait de
?Mir..., frappé de sa ressemblance, se mit à braire. Mes-
•jieurs, Messieurs, dit un malin, passant, e/uendc^ çe
brave citoyen , il rend hommage a la vertu.

"Réponse de M. de ChAMPCENETZ à Madame


de STAEL.
Ce 18 avril 179'.
-•'Madame, .

ti C'est dans le- même journal où j'ai recueilli vos pré


cieuses injures, que je vais tâcher de vous en marquer ma
reconnoìíÇince : voire violente lettre m'a valu de ces trans
ports de joie que gonte bien rarement la critiqué , mais
jcp\ font fa plus douce récompense. Comment ! Madame,
Vous ttes assz bonne pour me dénoncer à tous les hon
nêtes gens du royaume ! Enfin, je vais donc en connoitre,
de ces hommes qu'on dil'oit si rares aujourd'hui ! Ils vont
donc tous se lassemolér à Votre voix , &i m'environner de
Jeur indignation ! Ah! qu'elle va m'erre chere , puisque c'est
ì Ja vôtre que je la devrai'. Votre projet de chatimept
tat ravit; ma's, hela> ! 'e succès m'en paroìt encore éloigné.
Vous ne (lacez l'cpoque de mon supplice qu'au moment
où la jufiçe fera bjen etafrie en France ; je vous ayoye
que cela m'allarme pour vous, & que, j'ai peur d'avoir
gneore quelaues armées à vous offenser. Convenez aussi ,
( 453 ) ^
Madame , qu'il y a bien quelques injustices dans votre der
nier accès de colère. Vous me 'dites qu'il saut queJ'aie
bien peu d'ame , puisque yotn sexe ne me désarme
pas; & comment me desarmeroic - il ? Je ne voas vois
jamais, & quand je .vous lis , votre sexe dísparoît ; toutes
vos vertus , toutes ves grâces font celles des hommes,
&í votre plus ardente ambition est de vous confondre fans
çeíse avee eux. Pardonnez-moi donc de ne pas vous traiter '
en femme , & ne vous réclamez plus d'an sexe auquel vous
t-aei si peu. Et puis, vous craignez que je ne fois si blasé
sur le mépris général, que le vptre n'ait plus de valeur
fur moi! Ali! madame, que vous connojï:z peu v«?s
forces ! Votre mépris fera .toujours, ma fcule.richeise ; voue
HK-prissera peui-etrs! ma seule gloire ; votte mépris me fau-
veroit la vie, s'il ne restoit plus que nous deux au monde.
* Mais je finis mes tendres reproches , pour ne pKis vousoinijr
que des actions de grâce. Continuez , madame , je vous
en conjure; adreifo.-tnoi encore quelques menaces conso
lantes, Sc nç irje pardonnez -jamais ni tout ce que vous
dites , ni tout ce que vous faites.
C'est dans toute rivïçíse de mes crimes envers vous , que jç
fuis ,
Madame ,
Votre fidèle persécuteur. '
. Signé, Cm amïcehetz.

Nous sommes parveiws au poi it où les ames honnêtes ont


ibuvent
r .• des motifs.de
' y*- f-- brouiller avec l'numanjté.

Voilà b'entôt.dcux ans que l'Europe voit l'un de ses


..Rois prisonnier , & de qui! D'un B.„. , d'un La F... —Qui
est-ce qui a produit cet événement? — Des- philosophes,
des écrivastìer*. —Qui a conçu ce projet déshonorant pour
Ja. nation ? —.Un prince lans m.rite , fans taiens , lans vettus,
aide d'un homme, auprès duquel Cartouch: un jour paroirjra
' grand. —Qui l'a exécuté ? Des femmes fie des hom.rtps
aussi lâches qu'elles. —Qu'en pensera la postérité? —EHe
C 454 y
«e voudra pas le croire. —Quelle fera la fin de cette t»
ìesque tragédie ? —La corde pour bien des gens.

A Mejfîeurs du cote drott.


Ces maudits bavards ne cesseront-i!s de parler? Pour*
tpioi , par des résistances inutiles, servir de point d'appui à
la discussion, & donner de ('authenticité aux décisions? —
Eh ! pour Dieu -, Initiez faire ces messieurs ; & songez que
des eh^vaux qui marchent fur leurs longes, ne vont jamais
aosti loin que lorsqu'on essaie de les retenir, fans en avoir la
force. —Doi'-on dicuter fur des objets que l'on n'a pas ménse
le droit de traiter ? —Les deux partis font également cou
pables. Amour-propre d'un côté; friponnerie de l'autre,
* la France coule entre les detix.

La servante Syllc... vient d'etre si dignement maltraités


par fa maîtresse , la duchesse dOrl..., , qu'elle a jure de s'en
▼CDger par te mariage de fa bâtarde Paméla avec le duc
áe Ch : mais ne doit-el!e pas craindre que cette opéra
tion ne lui coûte ses gages ? Cat, si cette infâme alliance
se taisoit, la duchesse d'Oll.... ne pourroit-elle pas bien di-
vorcier avec son époux ? Celui-ci ne pourroit-il
pa* bien erre tout-à-fait ruine, & mettre fa vieille goa<*
vernante à la porte?

Çuelqu'un témo'gnoit dernièrement en conversation, sa


■surprise de la richesse de la succession de M. de Mirabeau,
ïl n'y a nuliemenr lieu, lui répondit -on, d'en être surpris;
les crimes lui rap.portoicnt prod.gkufeœent ^ & ne lui
coûtoient rien.

U paroît, depuis quelquc-tems, un journal du journal de


Prudhomme, dans lequel on fait des efforts inouïs pour
être plaisent aux dépens de ce folliculaire : tien n'est fias
( 41* )
■íauvaís ni plus plat que cette critique, & pour ton* dire;
elle est plus mauvaise & plus plate que les production»
dè l'enncmi du genre humain qu'elle combat. On y pré
conise la déclaration des droits de l'homme , qui a ícrvî
designai à toutes les horreurs dont nous sommes témoins j
on s'y félicite du prompt remplacement de tous les évêques
réfractaires , c'est-à-dire de ces martyrs respectables de
leur foi. Qui nc croitoit que l'on patle d'un journal icnuence
par le club des jacobins ? Nous le disons à regret , mais
cn assure que c'est un membre du club monarchique qui
paye l 'auteur de cette feuille , lequel assurément lui vole
bien soa argent. Nous invitons les membres de cette société
à s'assurer de la vérité. Ils doivent craindre de servir d'ins-
trumens à une nouvelle faction , qui n'a peut-:t:c d'autres
■Mi^es que de triompher de celle du club des jacobins, & non
de rendre au roi son autorité, la paix à la France, Sc à
1a religion ses véritables ministres.

Extrait fidèle d'une adresse des amis de la ins


titution de Blois , aux amis de Id Çonjìimtion
_ de Nantes , en date du y. Avril tjgt , /ignés
L.RoGER, Président ;Férand & Nandier,
Secrétaires.
»> Lorsque les corps administratifs & municipaux, informés
)i- de notr; rassemblement , se sont rendus près de nous ,
» ils nous ont promis de notifier aux sieurs Thêmines , Ct-
i> devant évêque de Blois, Habert , Gallois, M^lldiiit ,
» Fcrcft & Mesnard, curés ou vicaires, de sortir de la
» ville &' du département, dans le délai de 14 heures.
1» Si, contre notre attente, ils tludoient ces orircr. de
»> départ, nous bous déterm'nerions bien vite à les cla'Ter
>> de notre cité t nous les embarquerions fur la loire.
» Sc pour ferrser tout espoir de retour , nous vous les adres-
»> ferions , dans la confiance que leur ouvrait les portes de
» l'Occan , vous les feriez porter fur quelques plages loía-
» taiues, Sec.
( 45f )
»» II vous en coûtera peu : vous pourrez en lester mite-
jj'íhenc quelques-uns de vos navires, qui , voguant dès-loi9
»> chargés du poids de leuts iniquités, en sillonneront plus
»irapidcment le sein des mers. Plusieurs chrétiens gémiisenï
»'dans les fers fur les côtes d'Afrique ; échangez-les contre
ji'ces précieux citoyens , qui né rentreront dans leut patrie,
» que pour fc prosterner devant une constitution qui est le
ji produit de seize siécles de raison & de philosophie. —Ou
n bien, pour les séquestrer enfin d'une société qu'il* íatiguent ,
»> envoye^-les au S'ckuo ».
RÂ F L B X"l ON S.
O sublime constitution ! qui inspire tant de dducenr í
céviï qui se disent ses amis ! Que nous devonï de remer-
cimeiis aux grands hommes qui ont su nous faire ap: ercevoi#
tei fruits succulens ! Que nous femmes , heureux d'exister
au moment de cette divine recoke . ò'iiyes & Chafther ,
Target, Robespierre , Bamave, & vous, cendres'de Mi
rabeau ! je me prosterne, en attendait les Africains...
ou- pouifcroieuï dire , les Autrichiens, qui viendront austi f
je l'cfpere, admirer votre ouvrage.

•Un homme d'une trenraine d'années, de famille hennífe,


& ayant de bons répondans , sachant fort bien lire & ecrirc , í£
la géographie, connoiííant le jardinage , la culture de la vigne,
Se --onrfkionner les vins, ayant avec lui fa femme, qui lait
parfaitement travailler en linge, d.sireroit trouver une place
de" concierge ou portier, en province ou à Paris, ou dans
les environ*:. 11 est cn état d'cnseig.er à lite & à ícrire
&-'la gvogra; hie à des eni'ans. S'adrelfct rue Sainte-Anne,
N.° 78 , à M. Remy.

On s'abennc pair ce Journal, au Bureau, rue


Percée-Saiiu-André-des-Arts , N.° %i.

De ('imprimerie du Journal de la Cour & de ^la Villes


N.° 51.

JOURNAL '
db la Cour et de la Vilií,

Tout faiseur de Journal doit tribut au malin


- - ■*»-- La í^nïaine.
- j r——
Du Jeudi 2t Aviig »7PÌ'
Extrait des œuvres du -poète ^Thécphih : êanS
son Epître au Lecteur, bri trouve :
..... » La merne façon de vivre qui s'appelojt autrefois déj
bauche , s'aj pelle aujourd'ui réformatum. Les esprits des
hommes font foib'es & divers par-tour; lc mérite ne se juge que
parla prospérité, ác a vertu n'a point d'éclat qtyédans les'orno-
mens du vice : ('éloquence n'a plus délace qu_à persuader la
liberté 3í les niauvai es moeurs; la 1 ointe Scia facilite de l'ef*
prit ne paroit plus qu'.t médire : être habile, c'est bien trahir í
la rai Ion est.inconnue, la religion encore plus : k. Roi ne voit
que des révoltes, Pieu n'entend que des impiétés; tant le
fièelî est maudit du ciel & de la terre : les «en de leitres ne
savent tien : la plupart des juges font criminels ; palier pour
honnête homme, c'est ne l'etre point. Dans cc rebours de
toutes choses , j'ai de l'ob.igati^n à mes infamies, qui, au
vra. sens , le doivent appeler des faveurs de la renommée ».
Les persécuteurs de Théo; hile etoient les petes Gaicjsc t
Gu'rin&c Voisin, Jésuites , qui l'auroíent perdu par leurs*
cab iles , fans la maison de Montruoicnci. —rt étoit ne dan&
'Un hameau en Agc. ois, fur la rive gauche du Lot, & preí*
:cue a son confluent avec la Gaionuej & à la portée du mous
quet du chàteaíì í)'Aiguilí.on. Quel beau nom !
ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 2.0 Avrìí.
Le pays de Porrnteni implore la protection <íe la franc*
contre Ici Troupes dont l'Enipereur inonde son teniioitO
Tome II. Année 175*1. Al a
Cette nouvelle a donne lien à des altercations fort vive*.
M. Menou a dénoncé avoc ;beancoup d'aigreur M. Mont'
morìn. Certain propos tenu aux Jacobins a été répété en
écho à l'asscrnblée nationale : mais I'bcnorable membre n'cft
- sas à cela prés. —0« a continué l'otganit'ation de la marine.

VARIÉTÉS. '
Le général Btndèr veut., dic-on, auffi faire prêter m
ferment à ses troupes; míis c'est celui de défendre de
tout Icút po,uvoir la cause des Reis, & de pulvériser la
nouvelle constitution française.; en conséquence , il en a
, commande une traduction en allemand , avec les commen
taires nécessaires pour en faire sortir tous les attentats
-qu'elle renferme contre les droics des souverains légitimes.
ê -

Nous n'avions , il y a quelques jours , qu'une munici


palité pour nous vexer , nous autres honnêtes gens ; nous
avons à-présent un département qui l'en-.portc de beaucoup'
ien despotisme. Ah ! ça ira , ça ira ; ce que l'une ne sera
pas , l'autre le fera. Nous n'avons que l'efpoir de voir nos
virant se battre entr'eux , & se détruire.


Mad. de Lam... disoit un jour, en parlant de deux de
ses fils , députés : Si je n'étois fùre de moi , je croirois que
je me fuis oubliée dans mon anti-chambre.

Un envoyé des Jacobins préchoit dimanche au soir fur


les boulevards , 8c finit son discours par ces mots : « C'est
M. de Lam... qui vous làit dire, par ma bouche, toutes ces
ètoscs-là »,
( 455> )

tendant le séjour de monseigneur le comte d'Artois à


Venise, quelqu'un lui demandoit ce qu'il pensoit de la
révolution de France : c'est un crible , oie—il , qui épure»
le royaume , en séparant l'ivraie da bon grain , & la cour
4c mon frere , en lui faisant connoître ses fidèles serviteurs.

Lorsque j'entends à pleine gorge


Crier vive la nation ,
Je dis avee émotion :
Ist-cc donc quelqu'un qu'on égorge ?

J'entends beaucoup de gens se plaindre de ee qu'ils ava-


lent plus de poussière que d'air dans les promenades publi
ques. Ce ne fout plus les quatre rangs de voitures qui
tous les soirs dans les beaux jours , rouloient lentement!
fur les boulevards , qu'il en faut accuser : les braves Pari*
siens ont su nous en débarrasser.

Kux Auteurs du Journal.


Vous êtes trop amis de la vérité, pour ne pas consentir
à détruire un bruit aussi deshonorant pour moi , qu'alar
mant pour la famille honnête à laquelle j'ai l'honneur d'être
allié. On dit , 6 fans horreur je nc puis le redire, que
mon patriotisme m'a lié successivement un peu trop avea
MM. de Lameth, de Montron, de lioçon, de Condor-
cet, Louis de Noailles, Ùc. Sic. L'irnpartialité dont ja
fais profession,, étant membrcjse du club de 1789, * pu
feule donnet cours à cette calomnie. Je vous prie de vou
loir bien , dans votre psochain numéro, établir la différence
des deux mots, impartialité & indifférence, qui, du
Mxmiér abord, paroilsent synonymes aux esprits lourds. Cette
erreur compromcttroit ma sensibilisé ; je ne saurois perdre
â ce jiiste déni, puisqu'il va nec.-ssairement me mettre à
dps Charles Valette Sç son parti, comme H nie reha-»
bilitera vis-à^vis des honnêtes génsv
Signé, Caparrus, femme Fontcnay.

Le mal touche à fa fin," car il est au comble. II faut ou


crever où guciir, • .. -

Quand on ose , messieurs , ridiculiser un prélat élu , il


faut être au moins véúdique.- Votre N,".^ nous apprend
que le nouvel éveque de Nantes ,est embarra!le d'une ber-
gere de la rue du Cliautto-^<]U71 a ci-devant epousee í~ &
qui est allée , avec un enfant de lui , le trouver dans son
palais épiscopal. Cette calomnie est indigne, S vous regret
terez d'y avoir donné place, lorsque vous saurez la vi-riré.
i Mad. la Croistue , comédienne , est la bergère en ques
tion-,: cette femme jolie ; elevede Mad. Suin ,&c d'un talent
díitíOgBf i n'a :jairJik été du nombre de celles que la
misère & ('abrutissement cwiduisont rueJ du Chenue. Elle
s'étoit mariée très-jeune à un comédien nommé la Croi-
Jette: ce comédien 'á long nez", mais à petit talent,
étoit resté fort peu de tems avec el!e ; elle l'ayoit perdu de
vue. Venue à Patiscn 177-7 ou 1778, pour - débuter aux
Fiançais , elle avoir eu du succès, & alloit être reçue; mais
apprenant fortuitement que son épouió; au"lo«g nez étoit
<teveiiu prêtre & cure à Saint-DeWis , elle àvoit tout-i-
coup disparu , préférant l'hònneur & la tranquillité de cêt
iufidele à une rec amation qui l'Airoir tuiné & couvert d'op»
probre. ---II n'est pas prcsumable , comme vous le yoyez,
messieurs, qu'elle soit "à Nantes, Uno fcmnrie qui- a eu assez
de courage , de pudaur & de vertu pour- préférer la- viï
errarue ác incertaine des comédiens de province, au (candalé
d'un pareil rapprochement , n'est pas capable d'aller troubler
son mari au faîte de fa gsoirc. '
Quant à M. Minée , do'nr. la femme s'appelle la Ovifette,
f) a regardé cette anion CQmme. un marias de tomediçj
I

(.4«f )
il'ì'a sans-doute oublié ; pourquoi l'en sa're souvenir ? Pour-'
quoi lui apprendre qu'il a un enfant-, lui qui a jure à ses'
amis intimes qu'il n'avoit jamais consommé le mariage,'
quoique la femme ftu jeune & jolie ? Pourquoi donner à'
Mad. U Blanc, fa gouvernante Sc dame de compagnie, la
tetteut de voir arriver une autre femme dans e patois épis—
còpVI? —Détracteurs insensés du patriotisme ! ayez patience^,
lá loi du divor.ee & celle du mariage des prêtres) bientet,
décrétées , ïeront dìipáïoîtte toutes les irrégularités qui)
fervent d; prétexte à vos médisances. Fil' que 'fc'est iai4 •
d'être Hiédiíans J ._. ^

Les provinces ne croiront pas las détails affreux qui leur


parviendront de'tîutes les horreurs gqi ont eu lieu pendant .
upe heure & demie que le Roi Sc la Reine font restés dans ■
leur voiture à attendre qu'on Voulût les laisser partir. l#*t
cheveux dressent fur la téts, quand, op y réfléchit. Ce boa
monarque a été lui-même rccablé des plus grosses injures;
niais la Reine; cette- auguste , fette courageuse prineelî*,
a- été traitée comme la plus vile des creatares; £lle s'est'
entendu dire. ce. que certainement nous nous garderons ljicni
d# répétet. Le premier gentilhomme du Roi a été arraché;
de la portière de-la.-voi.ture de, fa majesté., -tkatflc., presque»
dépouillé : le maître d'hòcel de la. Reine, a été traite avec,
la meme indignité ; un commandant de Bataillop , M. Cotin ,
a été maltraité ; tous les officiers de la garde nationale ont
été infu'tes pr elle; mais personne, excepté le Roi & la
Reine, n'a couru autant de risque; que M./ 'de la Fayette.
On ne parloir que de Jui envoyer desebaucres.dans le ventre :"
Vou; allez, disoit-il à ces forcenés, convaincre coure l'Eutope'
que le Roi est prisonniers je lérai le, premier, à le dire. On
lui a repondu par des huclemens', Le bataillon des Fiilcs-i'aipt-
Thomas s'est dist'ngué par son zèle , Sc naas pouvons le dire ,
fa ferme & courageuse contenance. On le dh dénoncé,
Croira-t-on que la distribution de trente mille livres faite
sctnedi' detniér , aîc inést ppur pa .er. cette scène d'horneJrï
Et tant de Parisiens qui n'ont certainement pas partagé tine''
fi modique fourme, ont-ils pu se 4aiíiet. entraîner a de fie
exécrables fixicòs,. par nnc. poignée < d«- íanmes de la pins'
( 4«* )
Tile espèce & de brigands fans culotte í Ce qui' est défis- ;
pérant , c'est qu'ils n'en font pas honteux ; c'est qu'ils s'en
applaudissent , & ne s'en vengent pas fur ceux qui les ont
égarés.

On a blâmé M. de Blacon d'avoir dit qu'il eonvenoi»


que le Roi eùt Vair d'i:tre libre. C'est cependant ce que
Sa Majesté avoir dit elle-ríitme dans son discours. II irtì»
porte qu'on me croie libre.

Quinze mille relations de ce qui s'est passé entre onze


heures du matin & une heure de l'aprcs midi , s'irnprimoient
la nuit du dimanche au lundi , & les couriers ont dû le*
ponet dans les provinces le jour même de cette horrible
seine.

Prudkomme le journalier propose de détruire la royauté,


& d'y substituer un président national , dont la décoration
seroit une ceinture de laine. Je propose, moi, de donner cette
place au sieur Prudhomme lui-mcmí,& par amendement, jç
demande que la ceinture soit faire d'une matière eneore plus
Commune que la laine , Sc qu'elle soit placée environ deux
pieds plus haut.

On peut appliquer ttès-à-propos à l'ex- évêque d'Aut-...


ci-devant chrétien, à-present publicain, ces deux vers d'unr
ode d'Horace:
Faro antecedentem sccsiefìum.
Deseruit pede peena Claudo.

Le Roi & fa famille ont enfin la permission de partir ven


dredi %i pour Saint-Cloud ; du moins cela paroît etre etr
ce moment le résultat des délibérations que l'on a invité
les sections de Paris à prendre fur cet objet. Ji a été arrêts
(4*3 )
*u conciliabule jaeobîte, que l'on crietoit vive le Roi ì fbtí
départ , pour lui faire c ;nnoître la satisfaction que l'on a
«le fa docilité, & que l'on ne crieroit rien pour la Reine.
Voilà ce qui s'appelle ïtre bien sûr de gouverner le peuple,
ou du moins de formeí à gré une prétendue représentation
«lu peuple.

Le discours dicté au Roi par le département , est l'extrait


de la proclamation affichée la veille. Ce taux de lumiera
est remarquable par la sottise des gens d'esprit qui gou
vernant. Quiconque avoit lu la proclamation poiivoit devinée
ce que le peuvoir inexécutif diioit à rassemblée.

On apprend à commander les armées navales en servant


dans les navires marchands , comme on apprend à com-
aaander les armées de terre en voyageant par le coche.

Un homme demandoit l'autre jour l'aumône à une dame ,


«]ui lui dit : mais , mon ami , étant robuste &: de bonne santé
comme vous êtes, vous devriez travailler: n'avez- vous pas
un métier ? —Je vous demande pardon , dit le mendiant -, je
fuis brigand j mais il y a trois jours que je n'ai été employé.

CHANSON fur l'air : Des pèches, des pèches*


Les évêque* d'à-présrnt
Font bien triste fgure :
Peu d'honneur , peu de talent ,
Peu de vertus , peu d'argent;
Ça jure, & ça jure, & ça jure.

Nos députés, par excès de précaut'on , viennent de s'at


tribuer une nouvelle dose d'inviolabilité : ils prétendent
C 4*4 )
Oa'clle doit durer -jusqu'à la fin de leurs jours : mais coi
décrets - là , ainsi que beaucoup d'autres, ressembleront à
Hne érdífe mal tiiluc ; dani tres-peu de rems, il ne leut
restera que la corde.
i

Les honnêtes gens de toutes les villes de département se


proposent de placer des coqs à portée de leurs nouveau* '
éveques; ils espèrent qu'au chant de c.s animaux, ces nou
veaux apôtres pourront , comme saint Pierre, se repentir,
pleurer amèrement,. Zí s'en aller.

T.e lendem-d"n de l'ihfnlte faite aux soeurs de la Charité,


M. B envoya chercher leur supérieure , St iui dit : con-»
Venez, madame, qu'il y a de vone saute de n'avoir pas
Voulu reconnóhre votre eveque. —Non ,' Monsieur , répon
dit la sceur; rlous ne reconnoìtrons jamaú aucun prêtre
schismatique ; d'aiileurs, ce feroit lort inutile a-present ,
car nous allons part;r pòur les jays étrangers. Plusieurs
souverains nous offrent des établíílemcns , & nous ne forâmes
embarraísees que du choix.

M. pitt... , curé de Pouzanges , furieux de n'avoir été


nommé à aucun évêché, est parti pour aller en Poitou,
prêcher la mission -jacqbite , c'dt-a-dire, éclairer le pays
Comme en Qaefcy & ailleurs : il ttouvera quelques difficultés
dans l'esprit des peuples de cette pro»in«e, quoique fa dé
putation soit , excepté six gentilhommes , la plus d stinguée
de l'aslemblée en scélératesse & en ineptie. °

On s'absnnc pour et Journal, au Bureau, rue


Perccc-Saint-André-des-Arts , N.° zz.

De l'Imprimerie du Journal de la. Cour Si .de la Ville,


N.° 53.

JOURNAL
de la Cour et de la Vilie.

Tout faiseur de Journal doit tiibut au malin


La Fontaine.

î)u Vendredi 22 Avril

La habitans d'Agrigeme , après qu'ils furent délivres da


tyran Phalaris, firent une ordonnance, que de-là en avant
il ne fût loisible à aucun de porter robe de couleur bleue ,
parce que les satellites de ce tyran avoient porté des hoque
tons bleus..-. C'est l'amour le plus saint & le plus puissant
de tous , dit Plutarque , que celui que les villes & le peu--
pie portent à quelqu'un de leurs citoyens poui leur vertu :
JCS autres honneurs, ainsi nommés à fausses enseignes, âc
démonstrations de bienveillance , que les peuples donnent à
ceux qui leur font bâtir des théâtres, jouer des jeux, dis
tribuer de langent, ou d'autres pré'Vns, ou de leur donner
le passe-tems de voir combattre des gladiateurs (d'aller aux
guinguettes, & de d. tipisser les maisons des nobles & du
clergé ), ressemblent ptoprement aux caresses & flatteries de»
putains, qui tiennent toujours à celui qui leur donne & qui
leur fait plaisir , qui est une réputation qui ne dure guer e
ain; fe passe en bien peu de rems. Pi.is~ARQVE , par Amiot.

Du %i Avril.

L'ordre que l'on donne ordinairement à la Ville, a été


conçu en ces termes :
ti M, de la Fayette informe la Garde nationale qu'il a
» remis"* A démission à M. le Maire ».
Tome il. Armée 1791. Bb b
( )I

VARIÉTÉS.
Malgré les députaticns de tous Irs bataillons , M. de la
Fayette, après avoir donné fa démission, vient de partir.
L'allarmé est générale. On craint, avec raison , que cet
événement nc soit lc signal de la plus terrible explosion.
" «
Strasbourg , '6 avril. — « Quatre hommes 3c cette pro
vince ont. été s'engager dans la nouvelle légion chez» le
Cardinal : leur but principal étoit d'aisassinct son éminence:
le coup a manqué; les assassins ont été arrêtés, & lc Car
dinal s'est retiré dans la fameuse abbaye de Saint -Biaile,
du moins pour quelques jours ».

Mefd. Jérôme Sc Dur..., ces Théroi nés des rives de la


Somme , avoient fait la motion d'envoyer au-devant du
nouvel évêque d'Amiens , une centaine de vierges vêtues de
blanc ; mais la difiicuké de ics trouver kor a fait abandon
ner ctt beau projet.

Les auteuts& les artistes sc sont tous, à l'envi , empressés


d'égorger leur pere nourricier, fans songer à l'abandon dan»
leqael ils fc trouveroient. Ils font déjà payes de leur in
gratitude. Quelques-uns, tels que M. ííailly, grapillenr,
& fc tirent d'aítaire-, niais les autres seront bientôt reduits
à aller travailler aux attcliers de charité. 11s y trouveront
nombre d'honnêtes gens qui étoient plus utiies qu'eux, Sí
qui n'ont pas mérite leurs malheurs.

On entend tous les jours les zdés démocrates dire : Eh !


moi aussi , jc sois miné , & je nc me p'ains pas. Quest-ce
que cela prouve? qu'ils font sots. Un marchand se feli-
caoit de ce que son commerce etoit nul , patee qu'il lui
( 4*7 ) . .
kiìísoit le tems d'aller à fa section , de monter la garde , &e.
Malheureux! lui répondit son voisin, tu as une femme,
d« enfans, & tu nc leur gagnes pas du pain à faire un
métier plus n.ùsible qu'utile à la chose publique. Mais un
patriote n'est ni pere, ni mari, ni enfant , si ami, ni chré
tien, ni homme ; il est patriote.

M. BarnrV: convaincu d'infidélité réfléchie, dans son


rapport des n & n Octobre i7jo à rassemblée natio
nale , concernant l'aftaire de Saint-Domingue , & d'imposture
également réfléchit , dam ses aliénions aussi à l'ajjemblée
nationale , k 5 Avril 1791 ;
o u
Discours prononce aux séances du soir de Taffcmblée na-
tionak, des 31 Mars & 5 Avril 1751 ; par M. Linguet ,
Conseil des 8 5 citojens de Saint-Domingue , faisant partie
de 1'asscmbléc géncta'c de cette Colonie. Fiat lux. Se vend
cfcez M. Linguet , rue Sain:-Dominiqu.' , faubourg Saint-
Germain , près la rue du Bacq , n.° 48.
Nous invitons notre ant i-confrerc M. Garât , à se pro
curer ce dernier numí rodes Annales politiqnrs de M. Z/'/z-
• gUCt i qui lui reproche , avec raison , de ne pas se contenter
des u ois gros écus que lui donne 1a nation, Sc d'aller
encore fur nos biifees , pour recevoir trois autres gros écus
d'un Libraire. Comment arrive-t-il qu'avec six gros écus
par jour , & la table de madame Pankoukc , : il fe soit
lait ccour.er pour épargner les frais d'un perruquier ?

Dimanche dernier aux Tuileries, à midi & demi, un grouppe


de patriotes entouroit une table au mil:cu de la promenade.
Un homme bien vêtu , de l'àge de plus de soixante ans , lisoit
je ne fais quelle feuille ; lorsque j'arrivai, il finilsoit un article
qui dut humilier ses auditeurs, íì ses auditeurs , ainsi que
luî, pouvoient être humiliés de quelque chose : il disoic
que les puissances voisines chassoient avec foin tous les
C 4*3 )
Français qui paroifToient tant soit peu suspects. II fc fit
une grimace générale. Pour rcmett.e leur figure , le lecteur
se hâta de palfer à l'article luivant , cjui dérida tous les
fronts, Sc fit faire une autre grimace dans un sens opposé.
II commençoir ainsi: " I a 'fustigation a fait prêter le
ferment à sept cents filles Je n'en entendis pas
davantage , & je laissai ces honnêtes citoyens dans les trans
ports d'une joie cjui rellembloit á celle des antropophages ,
quand ils dansent autour des victimes qu'ils égorgent len
tement , pour taire durer leurs plairas.

tes aimables gens , que ces jacobins ! J'ai vu dimanche


au soir', dans le palais-royal ,une cinquantaine de leurs émis
saires qui s'encouragoienr à maltraiter, à égorger mème les
femmes & les prêtres. II faut tout dire ; ils me parurent tous
être venus là pour y répéter la même leçon. Quelques cu
rieux s'approchoient , écoutoient, haulsoient les épaules, Sc
s'en alloient ; c'étoit des grouppes de pestiférés qui pou-
voiènr tout au plus se communiquer enu'eux an plus grand
degré de malignité.

II est bon que tout le monde connoiste le mot de M. A


Kivarol; ainsi nous allons le répéter. Un inconnu se présente
chez lui , & lui dit : monsieur , je viens causer, amicalement
avec vous; je suis monsieur Regnaud de Saint-Jean-
dAngeli : —Monsieur, répond M. de Rivarol, j'aime beau
coup mieux que vous le soyez que mai. La conversation amicale
n'alla pas plus loin.

Je me promenois ce matiu auprès des invalides ; je me fais


approché de quelques ouvriers qui parloient politique , Sí
j'ai entendu très-distinctement l'otateur dire : « II ne faut
pas que le nu nie homme soit Roi ; chacun doit avoir Ion
tour ; on ne pourra l'ètrc qu'un mois de fuite, & pendait
fe teros-là , il ne pourra parler qu'au corps législatif ». Quel
<ju'un à qui j'ai raconté eet étonnant discours , m'a dit qu'il
étok pris d'un N.° de Prudhotnmt. Je n'en savois rien,
car jc ne puis prendre fur moi de lire toutes ces révoltantes
productions du délire démocratique ; il seroit à souhaiter
<jue tous les honnêtes gens en fissent autant, bientôt ces li
belles infâmes tomberoient d'eux-mêmes.

On a trouvé , dans un cabinet de la salle du club des


Jacobins, où Mirabïau se tetiroit quelquefois , la nomen
clature ci-jointe. Nous ignorons quel motif on a eu de dé
signer les trente-trois personnages qui y font nommés : nou»
présumons cependant que c'est une liste par ordre alphabé
tique des ex-présidens du club des Jacobins.
Ncte des trente-trois , &c>
» Aiguillon, 17 Gobet.
i Alquier. 18 Gouttes.
3 Bailly. 19 Grégoire.
4 Baruave. 10 il Les Lamíth.
j Barèrc. 11 latoache.
6 Beauharnois le jeune. 13 Mcno'j.
7 Biauzat. 14 Noaillcs.
5 Bouche. 15 Orléans.
$ Broglie. itf Péthion. ,
lo Buzot., 17 Rabaud. »
ïi Camns. 18 Roberspierre.
ît Chabroud. 19 Rccderer.
13 Cochon. 30 Siey«,-(l'abbé)
14 Dubois de Crancé. 31 Taleyrand , ci-dev. évè<ju«
«5 Dumouchel 31 Treihard. d'Autun.
16 Gaiat le jeune. 33 Voidel.

H j a des Journaux qui disent que M. l'abbé Maury *


C 470 )
a été chaste de la tribune , pour avoir pris le parti de la re
ligion: ce trait , s'il est vrai, doit ranpcller celui que rar-
porte Milton , lorsque , dans l'aíiembiée des ançes rebelles
& prévaricateurs , l'apge Michel osa s'opposer à lecrs
crimes Sí à lenr révolte ; ils le challcrent sl'cntt'cux , Sc
depuis ce rr.oment-là, il fut regarde par Dieu meme comme
le premier & le chef de tous les anges du Ciel.

On nous a envoyé de Poitiers les quatte vers suivans, qni


ont été prononcée au marche le dinanehe 10 Avril, par
Mad. Gration, générale des dames poiílardes :
Tout chez nous rime cn u ;
Nous avons un évêque intrus,
Nous avons un Mail e cocu,
Et nous sommes tous f.... 1

On reprochoir, il y a quelques jours, à M. de 5t.-Hur...


ae .n'avoir, pas trop fait attention aux coups de bâton qu'on
lui avoit donnés su< le dos. Je ne m'oecupe point, repon-
dit-il , de ce qui se paíie derrière mou ,

Un grand abus de l'aucien régime ctoit l'arroscmcnt des1


promenades pubiques; dès oue la poussière y incommodait ,
on n'attcnsloit pas le mois de mats, h! d'avril, ni deniai,
on ne conlu'toit que le besoin & non la saison. Fi! parlei-
moi du régime actuel ! La municipalité s'occupe de chose»
plus importantu.,. Elle dépouille les églises, les fait fermer,
fait la recette & ía dépense des patoises, reçcit le casuet,
achete les cierges , les rsk allumer Sc éteindre à-propos , Sic.
Voilà ce qu'on.appelle dts sanctions vraiment Utiles, &
non pas celles des anciens Prévôts des. Marchands , Eche
vins, & de l'ancien Lieutenant de Police. Ls vcillcient à
la fut été , à la propreté , à la salubrité de la ville : encore
ujie fois, -fi de d; l'ancien régime! il auiroit loilt l'univeta
(47i )
à Paris , & le nouveau en chasse les riches habîtans. Auífi
l:s démocrates onc beau jeu , les ariltocrat.es leur out cédé
le champ de bataille.

Que le côté droit ne se lasse pas de lutter contre les factieux


du côte gauche , Si qu'il íéfende toujours avec le même zèle ,
les prérogatives de i'autorite royale. Plus il reçoit d'humilia
tions, plus il montre de générosité, Si plus il acquiert de
gloire & de droits au respect & à la reconnoilì'aiicc des ci
toyens honnêtes & vertueux : fur-tour qu'il plaigne le Roi,
& ne le blâme pas : s'il paroìt livrer ce qu'il a de bons , de
loyaux sujets à la canaille , qu'on songe qu'il est livré lui-
même ; qu'on se le représente avec son auguste épouse, en
touré d'assaifíns , couvert d'opprobre , Si qu'on le juçe ! ren-
tTé chez lui , qu'on le voye entouré de conseillers peihdes , de
ministres vendus à ses ennemis, de valets tiaitrcs , d'ingrats
abom'nables ; Si qu'on ne l'acculc pas dcfoiblcsse ! La provi
dence qui l'a fauve de tant de dangers , le conduit par la main
peut-étre : songeons que ses vci.'s font inconnues aux humains,
& qu'elle nous mène au but désiré , par des moyens surna
turel . Croyez-vous qu'il puisse voit sens en gémir, un si
grand nombre de ses sujets dans i'inforturie ï Ûu lui fait
nv'mc un crime de les lecOurir. Encote une fois, plaignez
cex infortuné monarque, & ne le condamnez pas.

Je vois pat-tout, hôtel , ma'fon, apparr-rnens à Ion r.


Voilà bien des planches & du papier perdus ; un seul écriteau
portant, ville à louer, suffira dans quelques mois.

Dans un grouppe au Palais-Royal , un orateur faisant


l'homme prudent , djsoit : » Messieurs, n'allons pas si vite
>» en besogne ; si cette société particulière qui doit s'alfcmblct
n aux Tniatins , est une société de protestans, on nous
» occuscroir de cruauté Sc d'intolcrance -, mnis si ce fonrdes
» rebellesj deí réfractaires, des aristocrates. , aots il faut
C 472 )
* tomber dessus; c'est: juste >». J'y étois, & mes oreilles nç
ms trompent pas.

Dans un autre gtouppe, ,on disoit qu'il falloit massacrer


tous tes prêtres ; l'orareis r reprit :» Oui, messieurs , & cela
» est juste. II est permis à fhomme de purger la terre de
m serpens fe d'animaux malfaisans. Tour le «rouppe applaudit ,
« en criant : maíiacrons tous les prêtres, écrasons ceg
» serpens ».

J'ai entendu un orateur reprocher assez plaisamment au


peuple sa légèreté. « L'on ne peut à-présent dire de Mira
it beau tout ce qu'on pense ; mais s'il y a près de deux ans ,
» je m'etois avisé ici de dire que M. Necker est un fripon
» Sí un gueux , vous m auriez, pendu à cet te lanterne. Une
» femme -reprit : oh ! c'est vrai ; nous ne (âvons pas ho-
» norer ceux qui le méritent. Eh ! Voyez comme nous venons
» de traiter nos maîtres qtìe nous devrions respecter ». On
applaudit à sa reflexion : si elle eût porté des culottes ,
elie auroit été peut-etie lanternée pour lavoir laite.

Hier , dans un grouppe fut le Carouzel , l'on parloít


diversement sur Mirabeau. Le principal harangueur disoit
que c'étoit une perte immense pour la'patrie Un jeune Jacobin,
petit,, d'une figure assez agréable, ricanna; ou lui eu de
manda la raison; il dit : tout cc que je puis vous dire, c'est
qtie nous ne lui avons pas laissé le tems de faire du mal,
(8c il disparut à l'instant). Je n'oublierai jamais la figure
de mon petit Jacobin.

On s'abonne pour ce Journal, au Bureau t rue


Percce-Saint-André-des-Arts, M" %t.

De l'Imprimerie du Journal de la Cour & de la Ville,


N.» 54-

JOURNAL
de la Cour et de la V i t i ê.

Tout faiseur de Journal doit tribut au m :'m


La Fonçai n f..

Do Sariiedí 25 Avril 1791.


tìn jour Dtiútfihhies dit à Phocion : <c le peuple t*
i> tueia quelque jour , s'il entre en fureur ». Cclui-ci kit
tîpondit : « c'est toi qu'il tuera , s'il entfc jarhais en son bor»
sens n. Plutarque aAmiot,
C'est un spectacle à-la-fois touchant & terrible, que celui
d'un combat entre la violence , le criníe & la fureur d'une
part; & de l'autre, la vérité feul« est livrée à ses propr-S
forces : ses ennemis peuvent aroir fur elle quelques avan
tages apparcn» , niais ílle fie tâfde pas a triompher d'eux-,
car, comme dit Pascal , elle est eternelle âí puissante comme
Dieu marner. < .
Anacharsis s'etant ttouvé un jtrur à une assemblée na
tionale à Athènes , dit à So/cn , qu'il s'émcrveitloít que!
duns l'asserftbléc des Grecs , les sages prer, ósôient les ma-'
tiercs , & les sots les décHoicnt. St Anacharsis revenolt fut
terre ,& paroissoit à notre manège, il seroit bien plus surpris*
que le> sots discutent les matières, les gens sages les dis
cutent St les rejettent , les gens modères Sí timides gardent le
silence, les factieux les décident, les jaobins les interprètent
áans le set» de la révolution, & les font exécuter par- le
régiment des tapissiers du palais-royal 8c des fans culottes^,

ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 22 Avrií.

SjA séance de jeudi ne fournit rien de bien rematquabfe'»,


n a annonce l'élcct.ou de M. l'abòé Fauchct à l'cvcthc da
Tome II. Annee 1791. Cçc
( 474 )
Calvados. —M. Bouche , pour appuyer la motion de la
réunion du Comrat Venajstin.à la France, a ailuié que tout
étoit en combustion dans ce pays-là. i'cpt ou huit pa
triotes se sont fait maí&crer 5c hacher en morceaux -, on a
chanté ensuite un Te Dtum d'actions de giace , Sí dansé
civiquement autour des cadavres. C'est très-ma' , assurément,
Sí nous sommes loin d'applaudir à de semblables noirceurs.
On a ajodfhé à mardi la question de la réunion.

VARIÉTÉS.

Un cocher de place de bon sens , mais un peu grossier de


son métiet, enténioit !a lecture des décrets relatifs à l'orga-
nisation du ministère. Quels F. écuyers, dit -il en inter
rompant le lecteur, ont ainsi bride tes ministres i Si je
bridais mes chevaux aujp courts, ils rìiroicnt qu'à re
culons.

II s'est établi Un commerce fott avantageux pour les ci


toyens de nos frontières ; iìs vendent les beaux fusils à bassinet
de cuivre , qu'on leur a distribués des arsenaux du royaume
aux étrangers , moyennant íìx ou neuf francs ; comme ces
fusils ne leur coûtent rien, la spéculation n'est point mauvaise;
il n'y a que le roi qui y perd; mais il y a si long-rems qu'il
fait ce métier-là , qu'il doit y être habitué.

Comme il n'y a rien de stable ici-bas , il faut espérer que


l'enthouliasme que la liberté & le régime lepublicain ins-
piient dans ce moment à la nation française , passera comme
celui qu'elle a éprouvé autrefois en faveur des Pantins, de
Ramponnaux , de à'aint-Médard , de l'opéra comique , de
Jeannot , du magnetisme , &c. &c. Sic. D;ms quelques années
chacun dira : Ah', mon Dieu , que i.cus tut as donc fous.,
dans ce tems-là , Ô" ccrnrne nos voisins dévoient ft-
moquer de nous !
( 475 )

Les illustres rédacteurs dVs petires affiches atteindroiít


bientôt à la gloire des Carra , Marat îc Garât ; leurs feuilles
respirent le patriotisme 1c plus séduisant pour les sots & pour
la canaille.

II faut avouer que les honnêtes gens font de drôles de


gens ; on les insulte , on les vexe ,on les assassine : un bal , une
promenade, un spectacle les consolent. 11s n'ont pas voulu
prêter de serment , c'étoit cependant bien le meilleur parti ,
car i: est toujours permis de combattre les mechaes avec leurs
propres armes. Ils ne veulent pas s'en aller , ce seroij cepen
dant le moyen d'éteindre la révolution, faute d'alimens ; dans
ce cavlà , messieurs , défendez-vous donc. Lc maréchal de
Saxe d i soit , à la fin de la guerre de. 1748 : La paix est dans
Mastrict -, Sc moi, je dis la paix est dans la salle des Jacobins.

II est de l'elscacc des abus de réclamer fans cefle. L'inrru-


íïon d'apostats dans des évêchés , & des cures non-vacantes,
en est un, dont, lamanstruofité ne peut qu'augmenter en vieil
lissant. Le prestige qui le soutient se dissipera ; lc jour des lu
mières arrivera , & chacun provoquera le retour aux prin
cipes & à la justice. Que deviendrez-vous alors , évêques &
curés constitutionels ? où fuirez-vous ? La terre ne vous of
frira d'asyle , qu'en ouvrant son sein pour vous engloutie
ÌTcmblez !
Cet oracle est plus sûr que celui de Calcas i

Avis aux fureurs.


L'abhé Sley disoit dernicrenvmr , chez monsieur <fe
J,avois à un dîner de trente personnes , que lc comité
ecclésiastique, dont il est chef, n'etoit jamais plus satisfait,
cjae lorsqu'on faisoit de mauvais choix d'évêques ou, de curé*,
<47* )
& que M. de Lìdda notamment, dont on yenoit de faírç
une mention peu honorable, mais exacte, n'étoit point encore
assez indigne de fa place à leur gré. II osa mrme avancer,
qu'il entroit dans le plan du comité, de dégoûter des prêtres
à force de les mal choisir , afin . disou-îl , qu'on pût bientôt
cesser de les payer , fans trop scandaliser la multiruje , lasse de
leur gnotaneeSc de lpursdésordrcît Enfn , il ajouta , que le
projet ctoit , que dans quelques années , les dévots & dévotes ,
qui voudroient encerc aller à la messe , fassent obliges de sc
cotiser , pour stipendier un prêtre qui la k-ur dit. On ne doit
plus s'étonner après cela , que M. l'abbé Siey, . , . ait eu peur
un instant que la France devint catholique,
Emon- . • ,

Sur le don fait depuis peu par les ei- devant


Bourreaux,
4
De melfíeurs les bourreaux l'aumône n'est pas grande ,
Puisqu'ils ont dû prévoir , en portant l.-pr olFiande ,
Qu'utj jour le côte gau... à la grève emmené, "t
Leur feroit regagner l'argent qu'ils ont donné.

Quel plaisir de voir ctlui des journalistes démagogues , qui


sert de trompettes anx autres ! le précieux Garât s'extasier fur
le dévpuement de ce grand prince IFolfì Cette anecdote figtlr
rera à côté de la mémorable ambassade de tous les peupl s
de l'univcts, de cflle d;s portiers-suisses de Paris, représen
tant les treize cantons , & mème de celle des Grisons avi-
gnonois , liégeois , & de la taverne de Londres Qld-Jeìrry ,
?ut figure en Angleterre précifçment comme le peut faire en
rance la grotte flamande du Palais-Royal , ou le case da
Caveau , ou celui du Buisson. Le grenadier qui a failli d'être
sacré à Notre-Dame, avec un quarteron d'antres évêques , ZM
fnilieu desquels il s'étoit fourré, vouloit fans- doute jouer un
four de la même espèce, & il a presque réussi; car , ce ne fut
íjp'au dernier moment f que la magnificence de habits j>bd-;


( 477 )
iirìcaux, fit naître malheureusement pour lui ou pour la
bonne eau'se, des soupçons fur son compte.

La citadelle de Metz avoir besoin d'ètte réparée ;qu'a-t-oa


fait? On a commence par la démolir; une sois cette belle opé
ration achevée, les fonds'ont -manqué ; de manière que cette
forteresse , qui , malgré ses défauts , avoit un air impoiant , Sc
dont l'efplanade ossroir une promenade délicieuse, neprelcnte
maintenant qu'un amas de ruines & de décombres , en a*
mot, uu plan en relief du royaume de France actuel.

Apelles eut seul le privilège


De pouvoir peindre Alexandre le grand ,
Comme l'ont aujourd'hui les Messieurs da manège ,
De représenter seuls le corps du peuple franc.
Apelles connut l'a-t d'être u:i peintre fidèle ;
Pour vous , repréleruans, votre ouvrage eít gâté :
Si vous vouiez qu'il ait cet air de vérité,
Etudiez votre modelé (.),

La marine royale est à la marine marchande , ce que


l'honneur est à l'intérét, ce que l'or pur est à l ot mélangé.
Les amalgamer l'un avec l'autre, il n'en peut refultcr qu'un
mauvais alliage. Cependant, nos légiflateuts , dont le plus
de haidiellc dans lepts opera'.ions est en proportion du moins
de connoilfances, viennent de les jetter dans ic meme creulet :
mais la marine royale les attend au brassage.

L'on dit que Ic Roi, à l'instigation de M. M...m...n , va,


écrire à tous les Rois de la terre, pour leur notifier qu'il

(1) Vos cahiers.


(4?* )
«st tout le prwníer à la tète de la révolution -, qu'ainsi U*'
ont tort de vouloir se mêler de ses affaires, & qu'il est
enchanté de toutes les indignités qui lui ont été faites de
puis deux ans. Leur répojil'c est" prête-, ils manderont à fa
majesté qu'ils ne croiiortt au contenu de fa lettré, que quand
•elle leur en aura adressé une pareille écrite & datée de fa
propre main de Fahncknncs, de Met[ ou de Strasbourg.

N'a pas íoiw-tems, te fameux abbé Tau..., accueilli pr


l'orígc , entre dans une ai.bcigc, & ,
Du cabaret où chopinoit ce prêtre ,
Le vieur plancher s'en alloit par lambeaux.
Malgré cela , filles & pastoureaux
Y répéloitrnt une danse champêtre.
On en 'fit tant, que le plane tomba.
Sut une poutre 0:1 vit gente pucelle ,
Comme à cheval , jambe-ci, jambe-là ,
Montrer à tous les appas d'une belle.
L'abbé Fau... de dire aux curieux:
» De par saint Jean , mes fils , fermez, les yea»;
j> Cc'.ui de vous qui yerra fille nue >
j> Sera piivé pour jamais de la vue »!
Lors un paysan répond : " J'en fais mon deuil ;
51 En clignotant , j'y sacrifie un œil ». (
M kude - Montas.

Au moment où M. de la Fayette arr'ra dans la cour du


château , lundi 18, un chasseur voontairc de la deuxième
division s'avance, & arr;te son cheval par la bride ; un aide-
de-camp du général v;ut lui faire lâcher prise; alors un ca
poral de cette même compagnie , nommé Kais...., Allemand ,
met le piítolec fous la gorge de cet aide-de-camp. Cet ade
de civisme a été trouvé si beau ', que le café Procope a roté
des rcmcrcìmcns à ces deux patriotes; on ajoute qu'ils se s< nc
mis fous la protection du pacifique' club des Cordeliers. La'
vérité de cette anecdote uous a été attestée par M. lc coaatî
de Cas

La révolution vient de perdre encore un de ses grands


soutiens, lc sieur Marcilly, qui dirigeoit le Moniteur sous
les ordres de . Pankouke , & du club des Jacobins ; mais il
laillé des coopéraceuts instruits par lui. II fau:, d'ailleurs , si.
peu de talent pour c: genre d'écrire de nos démagogues ! De
î'audace, des phiasei amphigouriques, des mots xonflans,
des iiees gigantesques, un grand mépris pour tout ce qui a
•cré réputé reipcctabie & sacré jusqu'à présent , des sophifmes ,,
&c.; tout cela se trouve aisément dans les cerveaux creux des
plus minces philosophes modernes. Les êtres malfaisans, les
Ma rat , les Carra , lis Garât , les Loullalau , les Prud omrae
font ceux dont la création coûte le moins. 11s naissent de l'a-
aarchie , comme les moustiques St les insectes vénéneux nais
sent des eaux croupies. —Voilà cependant quelques enncm's
de leur patrie qui meurent dans leur lit , & avant que le ten s
«k la justice soit arrive.

Mercredi, à huit heures du soir, M. le duc d'O passant


en cabriolet dans la rue Vivionne , rencontra cinq ou six;
des héroïnes du 5 octobre, vulgairement nommées pois
sardes : on a vu ce prince íês saluer du chapeau Sc de la
man, avec l'afFabilité la plus touchante. Ces dames , après
lui avoir rendu le salut , le disoient cutr'elles , d'un air pé
nétré : Oh '. pour celui-lh , ìfejt bien notre ami ; aussi
nous voila toutes prêtes , il n'a qu'à dire un mot, &
*morgue/nie ça ira.
Le meme soir trés-tard , lc club infernal a décide que le
roi feroit' détrône , Sí !c duc d' íait régent du royaume.

Le bruit s'étoit rcpaadu, la semaine derniere, à Londres,


( 4S0 J
«jue M. â'OrL- âlloit y revenir : f-'ient-il encore, dit ques-
tju'un , couvrirses payeurs & les reproches de fa cons-1
cience du voile dune mission importante l

La nouvelle du départ de M. de la Fayette étoii pré


maturée. On a dit de Mirabeau que sa mort étoi: une
calamité publique ; aisurimenr on pourroií lc dire à bien
plus juste titre dans cette Crise effrayante , de la retraite
de M. de la Fayette. II paroi: cependant qu'il persiste in
variablement dans le parti qu'il a pris de donner fa dé
mission , malgré le voeu bkn prononcé de la très-grande
majorité de? sections de Paris , qui se sont rendnes succes
sivement chez lui , pour le prier de conserver le commán-
fiement.

Extrait d'une lettre de Porentru le 1 6avril * 75) z •


« Les troupes autrichiennes qui font ici , se promettenr
» de palser les fêtes de la Pentecôte à Paris; on ne fait
» pas si c'est pour recevoir la confirmation de notre nouvel
» evéque, ou pour la lui donner. Les soldats disent qu'on-
» leur a proirris de marquer les maisons d£ ceux qui auront
i> acheté des biens ecclésiastiques , parce que ce feront le»
)> meilleures à piller- .. . .
Gn'ia pas de mal à ça ,
» La Tulippej
Gn'ia pas de mal à ça.

CË JOURNAL paroît tous les matins.


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pour Paris, & de 3 livres 1 5 fols pour la
Province, franc de port. Le Bureau est établi
rue PerCce-Saint-Andrc-des-Arcs , 2.1.

De ['Imprimerie du Journal de la Cour & de b Ville.


JOURNAL •

» e la Cour et de la Vile f.

Tout faiseur de Journal doit ttibui^iu m.ilin


La --.Fontaine.
■ i ■

Du Dimanche 24 Avril 1791,


Sylla, dans lc tems qu'il étoit ]c Bender des Romaini,
prestoit vivement le siège d'Athènes. Ariltion, tyran do
cette ville, lui envoya des avocats de son maiuge pour lui
faire des propositions. C'-'s gasouilleurs , au lieu de venir
bu fait, lui firent beaucoup d'étalage d'érudition. Sylla in
terrompit leur logodtorrhèc , & leur dit : Mes beau* ha
rangueurs, retouinci-voui-cn avec toute votre rhétorique*
car les Romains n: rc'ont pas envoyé ici ni p«iu apprendre
i ni pour étudier, r.ins pour de faire & dompter ceux qui se
font rebellés contre eux. Pjlvtar^ve , par Amiot.
II faut que lis aristocrates reviennent. II n'y a ajue ça
pour nous remettre. Audi mon compère & moi , nous avonî
langé la chanson que vous savez, & qui-tst £ bete; S: voilà
nous la chantons:
Ah! ça ira, ça ira, ca ira.
Nous reverrons les aristocrates.
Ah! ça ira, ça ira, ça ira;
Aycc eux le bon tems reviendra.

ASSEMBLEE NATIONALE.

Séance du 23 Avril.

I_y A séance de jeudi n'est remarquable que par la sup


pression de la charge de grai.d Amiral. 'Celle d'hiar a été
Tome II. Année 1791. Dd d
( 4»2 )
également frappée de stérilité. On s'est occupé des douanes
nationales.
' » —— P— —
VARIÉTÉS.
Le nouvel évêque de Nancy a été perdu le 7 de ce
moií ; récompense honnête à qui le rapportera à la munici
palité de cette ville.

M. de la Fayette est inébranlable. Tant mieux pour


lui, sans doute, majs tarit pis pent-etre pour le parti même;
qui jusqu'à présent a tant cu à se plaindre de lui. — Voilà
donc la seconde victime immolée par les factieux dans un
bien court espace de tems ! C'est un torrent qui franchit
ses rives, de renverse successivement les digues qu'on veuc
lui opposer. —II se médite, nous dit-on, des forfaits hor
ribles. II {e peut que M. de la Fayette eut réussi à les
prévenir. Cette considération n'auroit-ellc pas dû l'engagef
à céder ? Est-ce au moment de l'orage, que le pilote doit
abandonner le gouvernail ? íl faut savoir mourir, quand c'est
l'honneur qui nous en fait une loi ; & souvent une mort
glorieuse expie les torts d'une vie entière. —On s'occupe
dans ce moment du discours prononcé par M.-JeJa Fayette,
au Conseil-Général de la Commune. En voici en derlx mots
le résumé : il elf trcs-scnsiblc aux démarches de la garde na
tionale; mais il ne croit pas devoir reprendre le coaÉnan-
dement , parce qiericn ne luialsure que la loi sera désormais
mieux respectée que par le passe.

Ciroyens honnêtes , car il y en a encore , même parmi les


Parisiens, n'encouiagez pas l'audacc des motionnaires , en
vous arrêtant aupres d'eux : fuyez tous les grouppes qui se
forment dans le Palais-Royal ; dans ce lieu infâme gui sera
en exécration aux races futures : résistez à la curiosité qui vous
attire il'entout des scélérats payes pour vous égarer. Si vous
kc pouvez résister à l'ciivie de savoir de quelle* .horreurs Us
(4*3)
s'entretiennent , du moins ne faites que passer. Une minute
suffit pour apprendre dcciu:ls sujets on y traite. A coup-sûr f
on s'y excite au brigandage , au meurtre, aux plus grands
crimes.

Les séditions sonr plus de plaisir aux membres du côté


gauche, que l'ob;issance aux loix; car , lorsque le directoire
a annonce qu'il feroit son devoir à l'occasion des attentats
que les tapissiers de l'hôtcl de Castries ont porté contre la
liberté du Roi , lundi dernier , il s'est élevé , dans cette
partie gauche , des termes de delappi obation soutenus par d»
violens murmures.

Les paysans de qaelqucs paroisses aux environs de Bordeaux,


n'ont voulu recevoir lçs nouveaux curés juteurs , que fous
la condition qu'ils jurcroient fur l'evangile de ne jamais
leur refuser l'abl'olution , & que s'ils s'ennuyoient de ectte
libaté, ils pourioient rappeller l:ur ancien caré.

Avis utile.
Nos législateurs & nos administrareurs redoutent l'in-
fluence que doit nécíssaiiemcnt avoir fur les esprit? , le bref
du pape , qu'on attend avec impatience. Ils ont cherché dans
leur sagesse tcui les moyens possibles d'en détruire, ou du-
ruoins d'en atténuer considérablement l'effet; & ils ont fondé
leur plus grande espérance fur celui-ci. Ils font impiimer de
vingt à trente sortes de brefs postiches , dans lesquels les sen-
timeus du pape font disséremm.'ot dénaturés ou falsifiés ; Sc
au même instant de la publication du véritable bref , on criera
les contrefaçons dans toutes les rues de Paris , & on les ré
pandra avec profusion dans toutes les provinces : enlorte que
le bon grain fera , pour ainsi-dire , étouffe par l'ivraic , & qu'il
ne fera presque pas possible aux fidèles de le discerner. Mais
comme les faussaires sauront pariai: -ment le rcconnoìtrc ,
Us feront chargés de rct'.rer & supprimer , autant qu'on le
pourra , les exemplaires du bref aurhentique, & meme las
(- 4§4 ) . f\\
Witions entières, 1* fabrique d'assignats pouvant suffire l
tout. •' t * ' ' „ ' Aat flfpit
Cstte ruse n'est pas trop mauvaise ; mais comment ce*
bomjnei de génie, ces gt^nds calculateurs qui ne doutent dç-
tien , qui sont fûts de leurs moyens , ne favent-ils pas cal
culer les effets de lear indiscrétion , & appliquer sur leur bou
che le scellé qu'ils voucíroient river fur calle dn bon sens Sc
de la verité ? Quoi qu'ilen scir , il importe que le traducteur de.
la lettre du íaint-pere, & l'iropriiueur, soient informés du nou
veau piege tendu à la crédulité des Français, & qu'ils pren—
iení. d'avance tomes les précautions neeelîaires peur cm
rompre les mailles. -
Quel autre stratagème oppofera-t-on au décret de !a diète
de Rastisbonnc, au referir de ('empereur , aux avis falu:aircs
de nos bons voisins lc> Anglois , les Prussiens, les Efpa-»
gnols , &c. Stc. 1

L'aisemb'ée nationale , à qui nous avons l'obligation d'a


voir détruit tant d'abus , Sc établi tant de choses utiles , de-
vroit bien, cn échange des mots nouveaux qu'elle a introduits
dans nctre langue , cn proscrire plusieurs d'un style barbare &
ridicule ; tels que ceux-ci, La Mf vap/iysigue , La imamor- .
phose, La uzícmpsyccfc ( La vii-.r'àphore , Lameto/jí/71/'í
$ic. . . . L'extìrpation de fles mots feroit une reforme bien
tuile ; il n'en coûterait guerc; plus 3 l'aísemblée , qui a dej^
i-peu-près supprimé la méthode , Sc sur-tout la métal
lurgie.

Tont le monde est révolté de l'injustice qu'a commise le


d-épaiternent envers les Jacobins & les nouveaux cures, ea
proposant de remercier le Roi d'être relié dans la bonne
ville, le lundi 1S avril : ces respectables f 3st-nrs nous prient
de redresser cette erreur , & de pubiier que ce sont eux qui ont
envoyé trente à 40 mille citoyens actif, prier le Roi de des
cendre de voiture : ces braves ge is ont mis tant d'égards, ds
respect 8c de soumission dms la forme de leur pétition , quî
Ça Majesté n'a pas voulu les déloblipcr , d'autant plus qu'ils
s'étoicstc emparés de M. le Dauphin , qu'ijs avoient menacé
les cochers du Roi de les pendre, s'rls faisoient un pas , St
<jue pour leur éviter ce désagrément, ils avoient coupé les
/traits des voitures , & les avoient emportés chez eux.

Nous avons eu depuis trois ans six révoltes en- Europeâ


Celle de Hollande a eiésabsée par les Prussiens ; celle du Bra
bant a été ètoufjle par les Autrichiens , mais fans violence ,
par la bonté de l'empereur [ celle de Liège a été fchlaguit
par les mimes Autrichiens ; celle de Potentrui bfiftonnée en
core par les mémes; celle de Chambéiv houspillée pat
les Piémontois : reste donc une sixkme, mais les mêmes
causes produiront bientôt les mémes effets.

L'on a trouvé , dit-on , dans les papiers de Mirabeau , ui^


projet de contre-révolution-, aussi l'on cròit que le club ja
cobin va faite exhumer le grand homme, & punir son ca
davre. ' * '■- /

Le Roi a librement écrit de sa prison qu'il se déclaroit


le chef de la révolution. II a librement aussi engagé tousí
les fidèles serviteurs oui lui restoient , à l'abandonner. If
Ira librement à fa paroiile. On lui permettra, lorsqu'il aura
librement fait ce que les factieux exigent de lui, d'aller à
Saint-Clo.'d. Tous ses minist;e>, qui se déshonorent pout
conserver quelques jours de plus leurs places , n'en feront,
pas nioini châiles; ils n'en finiront pas moins par être éga-*
krnenr. les objets du rnepiis de tous les partis, de ía
canaille fur - tout, que la íoibieiTe de leur maître & 1»
leur encouraient. C'est apres avoir accablé d'opprobre
le Roi & la Reine, apres avoir évidemment, aux yeux de
toute l'Europc , attenté à leur librrté, qu'on ose annoríccr
que le cher de la narion se déclare celui de la révolutiop,
d'une révolution qui le dépouille de toute autorité, qui le
retient dans les fers, qui le met fous 1e couteau de cenc
roillc scélérats !.... Si cela n'etok pas usocc , cc setorit dtt
( '48* )

Avis à un Français.
Le Pape Ganganelli mourut après avoir communié avc4
nne hostie empoisonnée.

Lc bvave Gouvion, major de la garde nationale parisiennes


* tellement été consterné de la défection d'une partie de sa
troupe , & de l'attentat à la liberté & à l'inviolabilité du
Roi , qu'on assure ne l'avoir point entendu [urer pendant plus
d'une heure après.

Le club des Jacobins n'afriche point ; mais la société


fraternelle affiche ; mais u:i club des Cordeliers affiche ; mais
bientôt les ette'.icrs de charité afficheront. Aiusi le club des
Jacobins affiche & répand son poison par tous ses supplcans.
C'est lui cjui par-rout Icme la discorde & la mort , St il est
debout ! 6í il s'assemble tous les jours avec la plus grande
sécurité ! O lâches citoyens ! & vous vous croyez libre» !
& vous etes fiers de porter le joug affreux qui vous couvre
de honte & d'infamie !

Plusieurs personnes três-dignes de foi , qui se nommeront ,


s'il est nécessaire, étant au Palais-Royal lundi r8 Avril,
ont vu le nègre du Duc d'Orl.... soufflet l'insurrection par les
plus infâmes propos, & exciter les brigands à le rendre aux
Tuileries , pour s'opposer au départ du Roi.

Au nom de Dieu1, messieurs les honnêtes gens, prenez


donc un parti : vous ne voulez ou vous ne pouvez pas résister;
vous ne voulez pas renoncer à vos^laisirs : ainsi, croyez-moi ,
partez, & rrès-prornptement : dès que les tygres qu'on dé-
ehsìne''cot>tre vous ne trouveront plus de pâture, ils se
jetteront sur leurs maîtres , & les dévoreront.
( 4*7 )

On faifoit avant-hier , au Palais-Royal , une promotion:


Alexandre Lameth remplaçoit M. de la Fayette , & M.
d'Anton, ce président des Cordeliers , si connu , remplaçoit
M. Bailly.

Pour restreindre dans de justes bornes rioviolabilité des


députes de l'aisemblée, on va décréter qu'ils ne feront in
violables que òc la ceinture en bas.

Le sieur B.... excellent violon des Italiens , vient de com


poser une jolie pîtitc pi-ce, à laquelle on a donné lc nom
d'air : de la liberté du Roi. On l'execiiteta de teras-
en -tems fous les fenêtres de Sa Majefté , asin qu'il j uille
tn avoir Vair.

Les bons badauds de Paris réunissent à-préfent presque


toas , tiois professions différends ; celle de marchand , de
législateur & de militaire ; & ils ont les trois qualités
nécessaires pour s'en acquitter dignement; ils font honnêtes ,
ìntelligens Ù braves.

Mémoires secrets fur la vie civile, morale &


politique dit ci-devant Sou venin des Fran
çais , grand homme, Honore-Gabriel Ri-
qjietti , dévoilés & dialogués par lui-même
a la diète générale des Rois de France ,
tenue aux Champs -Elysées , &c.

Cette broshute est faus-doute la plus piquante que la


mort de Mirabeau ait fait éclose. Ce n'ell pas a.íez d'êtro
grès-gai , il faut encore, fous le voile de la plaisanterie ,
fevair cacher des vérités utiles ; & voila précisément lc
( 488 )
milite de l'opuscule -que nous annonçons. Vo'.is riez d'a
bord, & tout -à-coup' votu vous surprenez à réfléchir fui
lés points les plus impottans de notre étonnante révolu
tion. Encore un mot : j'ose croire que l'auteur juge avéc
trop de sévérité M. 'de Ckrtnont - Tonnerre & 1c club
monarchique; mais cette discussion délicate me mènerait
trop loin : je me tais bien vite.

■ te président Chah.,., fort embarrasse pourt répondre au


roi dans la séance de mardi , n'a parlé que de Tamour
du bon peuple, des projets des factieux ; il a paru étonné
que les honnêtes gens n'eussent pas applaudi le roi. Ccux-ci
n'ont rien dit tandis qu'il a- été -prêtent ; mais après son
départ , ils dnt répondu qu'il n'y avoit de faction que celle
«font le duc D'.... eroit le chef; lui Ch... l'avocat, & les
■jacobins les membres ;.; que s'ils n'avoient pas applaudi,
c'étoit peur ne pas «ònfondre l'expreflîon de leur attache
ment pour le roi , av.ee les fausses démonstrations de scé
lérats, toujours prêts à l'insulter , le violenter & l'as-
safsiner.
• Les dames de la halle arrîvo:ent lundi en voiture fut
la place du Carousel ; elles avoicm tontes fort-bien déjeuné,
8i personne n'ignore que c'étoit aux dépens du crapuleux ci-;
deyant grand Seigneur.
Nouveautés.
■ On trouve, ch'ex M. Crapart, libraire place Saínr-Mi-
•hel , n.° 119, une brochure intitulée, Déclaration d'Un
Citoyen t concernant la liquidation des Offices &
Emplois. s
Ce petit ouvrage nous a paru mériter d'être pris én con
sidération , par le grand nombre de ceux que la matière
n' il traite doit intéresser.

On s'abonne pour ce Journal, rue Percée-Saint*


André-dés- Arts , N.° 21.
9c l'Iflipriirterie du Journal de la Cour & da ht YUk.
N.» 56.
; 1 O U R N A L •

bêla Cour et de la V 11
■a
Toub faiseur de Journal doit tribut au malin
i J. .. j La Fontaine.

Du Lundi 25 Avril' 175)1.


Le Roi J<aï d'Angleterre ayoit chaise les Evêque» de
son Royaume , & pris leurs biens .:, lc Koj de France Pli i-
lippc- Auguste tint ses états à Voilions, où il proposa de
foire la guerre au Roi d'Angleterre, parce qu'il persecutoit
l'Eglisc. Voici, à te sujet , ce. qtoo rapporte du Hailfan»
Ecrivain fort paillon né contre les Papes. Le Roi tint à
■>»'Soi(sons úhe assemblée de Prélats» 8c Seigneurs de son
j» Royaume, pour aviser aux moyens qu'il y auroit de palser
» en Angleterre contre. le Roi Jean, pour lui taire la guerre
» comme à un persécuteur des Eglises La plupajt des
j) Seigneurs furent d'avis qu'il ayoit une juste cause de ce
» faire , tant pouc-y etxe csrau pabl'autorité du Pape, quo

u 'nìrhe , promirent à Philippe" de le' servir' de leur»' persoi


» erí cette entreprise"»».

•«n-'i,,;

J-iflSPfiL'$&i-SS /B9P»f»k£ ParigW Jwmcntatioriqul,


.foureire.^urdje^ - n'en cil quçJp}us\tikayai1ie. La ácuation
eu ^i'p^^àrmstifAKM^yÌ9^i,j^t^e^.p^
Tome U. Année 1791, E e e
( 49<> ) \* "\'A
durer long-rems., Quel tableau , quç celui quey présente ta
France, Sc fur-tout la capitale di& cette íriseìjerrible ! 11
faudroit un Tacite , pour écrire en caractère de sang l'his-
t«ire de uos malheurs. ^ | vj ><;:;,.> /, T 1 «»

Jv:"a r VjA 'RI É tXs.


Lorsque la eour prodiguoit Jes honneurs , -y
Xa/n rampoit fur les marches du trône ;

- ÀTeebaffeîftitki^blMraTftttrS. î - --"^tí 'i •


;'. «'ftp'" 'i "'-> ,t..!v.i<--' i; îjbjì •■ ; : «u ^íi»»va/i-r , .'.
'. :: .'<'.. ■ X> . ' .")-.'■■ 1—1 , - •'• H 5Httf^.»I t.! ì
. Le prince Maurice de- .Si .V». Jrère de- i'homme à la-toíeHe>,
est à flrj||eUes,. On assure.íqu'&R^v.ie^è.ti» ,d;j. seul parti
5»- convienne, à un. gent^ljoinme qui se reilljpuvient-.d,^ se»
«jeux. , '. ' ■ . - ' ,T
•••...;«<, i., :!•>:•■ : v f ;i Uli MMMM " ' '1, ."'J •<
-, : iïA-.- k.! : iuL,zt!'A!\ . iwii 9f,91.' L J oi^JrJgti^. 09 «t
Le jour de rarri*-£e^ du nouvel évêque a Amiens . la
cjoche du Bcfírcty-, j^kr^un' acc"cVcrit survenu, aTon rouage,
tefàsa à* sonner y •& :<6»efuit''<*M5gé' de-tmrièr: Vtíìci une
; épigramme à ce í»jet : dest te sonmour qui. paf la<i s i ,•-)■'< ;
■■ .-jï ?iL'^! :to 2?iT!n» * wi).-, ivlí . 1 3ïi:5srjeï ïvvi • <
.* Le ciel est po«t Mach-QM^t ,„ij£élat bon, sans reprocte:
L'íntrus est menacé des malheursj les plus grands;

Voici une petite prr&sé bisrr^ge^tTTle du journal du sieur


Pmdhomme. Après avoir vomi mille horreurs contre le
Roi, il liir: » il ii'f a que ÏHísâ'ie'tsl qfci'fi» jM8ahbl*i
m encore peut - é.cre n'est-! céffué parce qu^r¥t3rappVà nés
H sens, fc.parce qu'il occupé- «s-raondfe incunrtttHV. ' ' -n ' '
Un ettí janséniste-d'une nouvelle paroisse de Patís , difoîf
«qu'il aimeroic mieux qu'on louât 1'église des Théatins id**
juifs, pour en (aire une synagogue, qu'à des chiétiens pour
T célébrer les mystères de la religion catholique , apostolique
■ te romaine. Ce curé est député -a ['assemblée nationale, supé
rieur d'une maison d'Oratorien. C'est parce qu'on a confié
l'éducation de la jeunesse à cet ordrç, que nous yoyons là
religion de nos percs proscrite.

Vers pour mettre fur une pond


*' \ •
C'est ici le sacré manège
Où l'on voit les nouveaux Cromwels,
Qui, d'une main hardie & sacrilège ,
Ont renversé le trône Sc les autels. f. 4 .■
Accourez à leur éloquence ,
Vous tous leurs vertueux sujets ,
Gagner un écu par séance ' . -i
Pour applaudir à leurs décrets. ,
Si vous entendez quelque sage .. .
Protester centre tant d'horreurs, :T
Redoublez alors de courage ;
Perdez fa Voix dans vos clameurs ,
Et je vous réponds des faveurs
Du régicide aréopage.
Par M. D... , cì-dtvant de tOratoirel

Les janséniste» abusent de leur triomphe. ïh ne fc dourent


pas qu'ils ne le doivent qu'à la philosophie , ce «jui veut dire
aujourd'hui à l'atfeéisme., |c qu'il ac pc#t imçt qu'auça**
( 49*)
ie tetns que les soix. sciant muettes ou méprisées. Mais f«
hommes ont trop d'intcrjt à les voit rétablies , pour qu'on
cn teilse rong- trms ('Interprétation & ls force entre des mains
odieuses & ftélcrxict, ;,,;.;.v ;si«Ví W»i,-< ìi»»».»*^ r.-îis .>' :-*
• >•; .-• . . —i *»—: v:.ci «a ; "'''-'ì
On avoir déjà deviné , mais il est maintenant constatés
qoe la flagellation des religieuses a été commandée par lç con«-
ciliabulé connu des huguenots & des faíticux. Mais comme
n faiit fur-tout respecter la vérité t je dois ajouter que
M. liarn.... nc vottloit point qu'on foùetràt ces malheureuses
fillts ; qu'il traìtoit cette indéceatelioueur de petit moyen;
qu'il s'y opposa pendant plus de cinq minutes , & qu'enfin
il ne se tendit que quand on lui. eut allure que ,lê? vîctinws
{croient fouettées jusqu'au sang. -

Na'(vete drìfiocratiqui.^ r, •
'a....- ■»' ■ ■<'•■''• • .
Certain major, en uniforme,. _r, ^ .. . ^ .
Se trouvant chez la Reine, au jeu,
Hier , disoit : Par la morbleu. ,
Je n'ai pas trop suivi la .forme, .
Ce semble, qui règne cn ce lieu! .
-5 --CV f
Tenez-vous-en à votre xçlé ,
Reprit, soudain, "chacun de nous: ...
II est un jeu, que nous cOhnoístbns tous, -.
Où seulement vingt mille, comme nous, _ _
Fixeroient la chance' pout cìle. .'.(•.. ' •-
' ' * lui**' • * t ^
, ..iJ / » .i . . .v ,s , ...a .5 . . 4
5#r /e Cafg_J,íimcth , ws </« Zfocy.
.r JL'autre ayant-hier , un perruquier gascon t. r ; .
- Smsiun café,,lut écrit tout au long : •'
-~Catê Lameth : r—Ah, ah, dkd'hom«e au peigne»
< 493 )
Dans ce Paris , où tout est à foison , -.:-■»
. Je savois bien qu'on vcndoit du poison , ■
•- Mais j'igncroi; qu'on y mît une enseigne.
■t . -•• j ' • ' • '•

Les dragonades du sieur Grégoire , prévues pat M. de


Mirabeau, te réalisent à Blois. Tandis que le directoire du
département de ' Paris présente rolivier aux eccésiastique*
non-souillcs du serment , & aux catholiques-romains , ea
offrant de leur louer des églises pour exercer librement leur
çaltc, cet évêque apostat établit un foyer de persécution,
contre eux. II vient de surprendre au fanatisme ác à l'igDQ".
rance du directoire du département de Blois, dirigé pat
Un sieur Romé , réfugié dans cette ville depuis deux ou
tiois ans, on ne fait pour quelle raison , une. lettre de ca
chet , en forme de sommation, au seul & légitime évêque,
& à six ecclésiastiques aussi recom.uandablíes par leurs rnecuts
que par leur piété, portant injonction de sortir de la ville,
& du département dans 14 heures. La réclamation de ces
dignes citoyens contre un bannissement aussi odieux 8c aussi
illégal, est portée au chef suprême! de l'administcation gé
nérale à qui la counoislïnce en appartient. Son expose leul
2 déjà révolté, & l'on attend uue décision' qui apptendra
au directoire que s'il ne respecte pas les vrais ministres de
la religion, il doit respecter la double loi de la liberté indi
viduelle fit des opinions religieuses ; que les proscriptions
ne font point un droic administratif-, & qu'obligé, à raifort
de son impéritie , de s'abandonner dans ses opérations à>
des conseils étrangers, il n'a pas du sc prêter aux insinua-"
tions perfides d'un déserteur de la foi , dans fa propre cause ,
fit se rendre l'instrument servile de ses manœuvres pour
souteair son intrusion.

Un Jacobin disoit ec matin : j'^i tâté le pouls à l'opi-


nion publique : dans trois semaines le Français seta libre &
sans Roi, L'entcndez-vons , habitans de cette ville que
les prédécesseurs de ce Roi malhenrcux , retenu, dans vos
jnats, appelloicnt lcut Bonne ville! &--vous ne renversez
( 494 )
pas ce club régicide <rai va vous rendre Tkorreur de TËo-
rope & de la postérité ? Accourez , provinces ridelles à la
monarchie , ve^ez sauver le. 3,oi d£s furqure 4'jip peuple
barbare! hâtez- vous : un instant suffit pour consommer
le plus atroce des fortàtts^ ■.— - " ■■ • —
• •■ - r -,T f
—— —
... «
Ob débite cjue M. de la Fayette consent à reprends*
fc commandement , jnaií qu'il -exige un nouveau serment
des soldats d'obéir à ses ordres. í-i tous ros jitreurs nef
tiennent pas plus aa lear , bon Dieu î à qooi tient donc I*
la nouvelle constitution} J

Nous ì'avons déjì dit : M. de la Fayette marche entr*


deux abîmes, & toi ou tard il périra victime de l'un ou
l'autre parti. La retraite seule pouvoit le sauver : si ce parti
n'est pas le plus héroïque, il «it au»rnoins le plus fur. Peur-
ètre cût-il été plus généreux de se dévouer pour la chose
publique, en luttant jusqu'à la fin contre lts factieux, qui^
Comme on fait , l'ont couché lui-même à la tète de la liste
saoulante des proscrits.

On assure que M. de la Fayette n'a résisté si long-tem»


aux pressantes sollicitations qui lui ont été faites, que parce
qu'il s'est rappelé le fort de M. Necker. Qui auroitcru,lc joue
î* grand triomphe du ministre genevois, que bientôt ceméme
peuple briseroic avec fureur les statues que lui élevoit une
aveugle idolâtrie? —Nous ne voulons pas dire que M. Necker
ne méritât de très-grands reproches; mais assurément là
révolution n'en avoit point à lui faire.

On se demande, qui proclamçroit-on à la place dè Rí. 4^


la 'Fayette? Le brave Gouvion est -bon miliraire; .mais tro.p>-
souvent Tel Brille au second rang, qui sêclipse au pre~
í 495 )
lliìtf. Les Lamtth, les Dubois de Craneè% XtvSanttrrfi
Si mettent déjà fur les rangs. Si ces jacobites, maîtres deji
e ^opinion , s'emparent eacore du commandement , juste
eicÏT à queí fort affreux ferons- nous donc réservés? Je ne
fais , mais les pressentimer*s les plus funestes viennent , mal
gré moi , me glacer d'effroi ! Vovez-vous la tête sanglante
de ce Charles 1er. assassiné pat ses: propres sujets? Grand
Dieu ! fauve le Roi , 8c couvre de ton aîle fa famille in
fortunée. —C: prince difoit dernièrement-k M;. do Champc...
qui prenoit congé de lui : Combien croyez-vous <fue j'aie
encore de jours à vivre? Ces mots déchirent llspasft mais
hélas! cju'importent des larmes stériles & inutiles' Quoi!
Français, le poignard d'és jaísaífins est stifpcndn/'fur la tête
xle Louis XVI, Sc les scélérats entre les mains dé î[u[ vou*
voyez briller le ter parricide existent encore! '■■■■>.
ìiái m :- -■■ ' '; :d
. •„,-! , >o "!• ■ -i el A
Voyez s'agitet su» son siège
Notre confrère enTaint EÍoi;
r [» iCeLicurgbede .kas-'iloi ■'' i ti *r- i,»/,>"*
.■p-feághè moins ^Ivrtqu'án^neglri^? '^"■'r
" ' ''fcináque heiirc'ît'emfàutfne un íç*.','y
■ Quel est son rôle ? Tape-cú.
J o s s i:
ob i^íAp -r'j ■ : '■ ji 'vi-' î:":o!> V" '' ,
» X ■ -
On dit que la çjisyaliexfiJQia« a .=dûnac ,au, yeadu tous
•fcî omerrrerrs de fe f6llëïfè~V Sc q'tfëllé ira reprendre le
casque .iç l'^pée. Flusiesís d-ames francise* quilie foni pas
polfedées du d,émon de^a démagogie, • cotnme nos Par-i-
^fictíKes •," 'sS churgent de Ittl composer fl'n'í •arrriéé pout volît
ffë Cfçpurs de no? ang$()eV-prifonniits.'NVibHoTií pas que
. Jeanne . d'Arc cm du lys chassa- tems les ennemis de .
ífchsrses VIL —B>V '• •' "
. î s Vi ?.r&.-ï.li-V. ' -:iù'.j2-jS>'i'■»'*» '

-^/P^tle^és^du^ajs,. d5l C^fKfljen* prÊtí 1.


\A96)
serment. 11$ viennent de rétracter, au nombre 'de trisnSJ
•La municipalité de 'Rouen est furieuse : l'eveque intrus e»
mourra dé dépit , íe'-Ia perte ne fera pás grande.
: y:„: , . : <■ t3
- ' .-. .if •" iumm i i. in.jiijiia;'. íu. nain ,.l>iì
[..... _ ' s1'"' ■ ìwïí; '•■'f: . k.i« ^-"î
Air : P* Jocottde.
... ] ■ . ■„•■ ,í .ofl
Meilleurs, n? vous étonnez pas - -r r..
• Si Az ■CHài.:';. impu<TÌí)ac
Se 'livre à 3cux frères'"-—^-'rats 'v: :'i
Dans son kurríear lubrignc, ,,12l,u, - 'tinn-' í
i... -, Par -te tempérament- :ému-j .(y-.! ;-l v, (V j .>
Son cueut d*aimet dispense y;- i ' • *' '"jr
Et l'on n'est pas méjiff tenfré
A la reconnoiiíance.

Mirabeau disoit à M. de M. A. duiftptâAn,.). que


l'assassinat des gardes-dù-corps ,. ^. rnimc^cclpi de la -Reine,
n'étoient oue de petits drame»; qu il falloit de ces fortes de
préludes pour arrives aux grárides;p'lèces.*'

Nous donnerons incessamment la fuite des épitaphes da


Mirabeau.
'.'b lO

Ce Journal paroít tous 'les mêtans.


'Ze prix, de Vabonnement ejft . de liy. par, mois
pour Paris, & .de 3 liviïs< t $ fois potít /»
Province , franc de poru fï.i Bureau^ e]l_ éiahlì
rue Percéc-Saim-Andrc~des-Arcs , N°. 21.

De llmprifnctie du Jouríisf^e"la 'Cdui1 k '«ië1»1


N.» î7.

JOURNAL ;
n* la Cour et de la Ville.

Touc faiseur de Journal doit tribut au malin


La F o ïj ta ini.
. ..- i •»
Du Mardi 26 Avril ijpi.
r Gustave ï'asa, dit l'abbé Raynal, ètoit rté pour le
bonheur & la gloire de la Suéde. Un excès de confiance
1« fit tomber .«ans les mains de Chtistiern , son írPfUcgble
ennemi, cjui l'cnferma dans les prisons de Copenhague:*,
telle qu'un lion qu'on enchaîne, l'árne d'un héros ne peut
que s'indigner & le débattre -dans les fers. La captivité dc-
▼int insupportable à Gustave; il forma le projet de s'en
affranchir. A la faveur d'un dt gúiíernettt , il fort de fa pri
son; il erre iong-tems dans les Vastes déserts de la Dalé?-
carlié,. 8c arrive enfin à Lubeek. Tous les nobles Suédois
vitrrení ànsli-tôt se ranger autour de lui, k le ramenereat
ien triomphe à Stockolm , après avoir chassé les Danois; B,
Pere de -l'univccs .... í'v*,1."; :.
Par qui de Roi des Rois veut -il être honoré î
Daigne éclairer ce cœur créé pour te connoîtrei
Donne à l'iglise un fils; dónne'à la France un maître!
Des ligueurs obstinés confonds les vains projets- \ ■
Rends ies sujets au P rince •, & le Prince aux sujets.' ■•
fàròUí disEternel a'$t. Louis', Henriadç, eh. Xi

; ' A,$$jpí BLE E, , #A,T 1 0 N A L

Séance du 25 Avril.

On a leça tes nouvelles les plus affreuses des départefflens


«ics souches du Rhône i tout j eû à feu Sc à iane. —te*
Tome II. Année 17*1. F ff
( 498 ) • ■. " '
•4 mars, les gtcnadicrs du Port-au-Prinee sc sont empares
<ie leur colonel, M. Máuduit, l'ont massacré, lai ont coupé
la tete , & l'ont portée au bout d'un fusil: "*

VARIÉTÉS.

. Mad. de Montl... , traversant le 18 le Carousel , un de


ces bandits qui y ètoient réunis, dit à son camarade : Je te
parie que cette femme qui passe est une aristocrate. —Va , sis
francs que non , dit l'autre. — Eh bien ! va lui demander.
—Je n'ose. Alors eette femme courageuse va droit a-cclui qui
avoit proposé le pari.—Tefteií , voilà vos six francs ,'liil dît—
elle y prix de la gageure ; c'est pour vous remercier de
n'avoir ctu une honnête femme. ;: --° c«

M. de la Fayette, après les simagrées d'usage, vient enfin de


céder à. la douce violence que lui ont faite les 57 bataillons
■fur 60 qui font allés ebez lui le solliciter de reprendre une
place que lui seul peut occuper dignement. M. de la Fayette
peut compter cette époque comme la ci île la plus décisive Sc
' la plus sérieuse de toutes celles auxquelles il a survécu jusqu'à
présent; je. n'çn excepte pas.rnéme «elle du y .octobre.!*— Au
surplus , cette querelle n'étoit qu'une brouillerie d'amans : les
corts ne font que resserrer leurs noeuds davantage — Quelle
fera la moralité de tout ceci ? Le voici : dans ce. moment il
est fans doute tràs - heureux que M* dé la Fayette áít
repris Je commandement; c'étoit le coup ie plus sensible que
iïon. pût porter aux factieux; mais il n'en est . pas moins
" vrai que ces fluctuations perpétuelles prouvent «í confirment in«
vinciblemcnt que M. de la Fayette , avec d'excellentes qua
lités, est dépourvu de cette énergie, de ectte fcmieté'iejtii seules
«aractérisent les héros., . n

Non-contens de débiter mille horreurs fur! mon comptes


raes vils •nnemis ont cu k baflesse de faire imprimer, foui
( A99 )
Jnon nom , des libelles contre l'augustè frère de notre híJ
loïque Reine. On m'affure même que le club infernal a
choisi Bruxelles pour faire imprimer ces atrocités , que la
vigilance du gouvernement saura bientôt réprimer.
Meude-Monías.

Bruxelles, 21 avril.
J'ai vu Benderi
J'ai vu Bruxelles; j'ai vu des sujets redevenus fidèles ÍC
heureux d'être soumis à leur Roi; j'ai vu de bons Fran
çais; j'ai vu des cocardes blanches, ic j'ai pleuré délicieu
sement. • . . -..
J'ai vu la botte de Bender; j'ai vu des pandours & des
hussards; j'ai vu le fifre d'un musicien croate formé de l'os
de la jambe d'un soldat turc; j'ai lu le Moniteur, Sc j'ai
ri comme un fou.... Riez aussi.... J'ai vu oh! j'ai bien
.vu Amen.
Signé, Moi.
P. S. Je promets aux héritiers Menou, Lameth Sc Beau-*
harnois gauche, à chacun deux flûtes croates, si ces
• messieurs veulent bien tenter l'avanture, & me faire quitter.
te cocarde blanche aux frontières.
Toujours Moi.

Nous invitons nos lecteurs à se procurer u» mémoire qui


patoît de MM. C. L. Ducrest & de Boisbaudron ,
contre M. d'Orléans , relativement à une filature de coton
établie à Orléans, & fondée par ces deux messieurs. On verra
dans la première parrie de ce mémoire , toute relative à M.
Ducrest, quelle est la manière dont l'ex-prince reconnoît
les bienfaits. La seconds partie offrira le développement d'un
système fort ingénieux du même pour s'approprier toute en
treprise lucrative : on y verra auslì un moyen très-facile de
ne jamais remplir aucun de ses engagemens , quoique sacrés
qu'ils soyent.
La lecture de ce mémoire , les moyens victorieux de MM.
Ducrest & ' Boisbaudron défendeurs , 'quelques opération
(500)
pécunieres it M. HOrUdns , ác fur-tout la fqiblesse it fa
csiifc, teroient soupçonnât que et eUdévant embàjrádeur ex
traordinaire a faic uae spécalatioíi financière de ìa Tenta de
la. totalité de cette utile & immensément lucrative entre
prise , à l'exécution de laquelle il ne manque que le dépouil
lement des défendeurs, ce qui fans doute ne lui a semblé
qu'un loger & peu important obllacle.

Deux législateurs de la gauche bien eonrìUs , mais qu'il n'est


pas tems encore de nommer , dìnoient l'autre jour chez un
vcítauratcur , <lans un cabinet particulier, se croyant hors de
portée d'être entendus: la plus grande liberté de parler, la
plus intime communication de leurs secrets s'établit entr'eux.
Vrk locataire du restauratem étoit au lit malade , dans nne
chambre à côté : après la confidence de leurs intrigues ,
de leurs manœuvres , & de celles d'une partie de lèurs col-
LcgACi, voici ce qu'il entendit. Moi, dit l'un, j'ai déja
gagné áo,ooo liv. dans mon comité de liquidation , en mé
nageant des préférences , & avec l'intérét que j'ai dans la
compagnie qui trafique d« liquidations. Et moi , dit l'autre,
je n'ai en'corc gagné que mille iouis dans mon comité des do-
rViainK; mais un; affaire qui fera prochainement fur le tapis,
m'en próltiet autant ; & tous les deux fesant aísaut de pro
verbes. & de verres de vin , de dire alternativement qu'ils se-
roiírlt bien sots de ne pas faire jouer la balle , quand ils l'a-
voient à la main ; que le meilleur tems de pêcher, étoit celui
o^k l' eau étoit la plus trouble, & qu'au surplus , démêleroit la
fusée qui peurroit. Nous copions cet eïtrait de conver
sation,. fur les svagmens qu'en a crayonnés le locataire , &
uous disons à noue malheureuse patrie : ouvre les yeux, Sc
vois comme on ourdir , comme on reconnoît la dissolution
dans les comités particuliers , & comme on publie ta régéné
ration dans la tribune.

Si avèe la déclaration des droits de l'hommc, rétablisse


ment des clubs, desdépartemens , des.municipajirés, des dis
tricts, & d'autres* iavent ions merveilleuses, qui coûteront
à peu-près deux cent millions pat an , l'on parvient à rétablir
l'ofdre parmi le peuple ; si avec des jurés & des cours mar
tiales l'on remet la discipline dans l'atméc; si, enfin, avec,
l'impôt direct, l'on parvient à faire- payer à la nation près de
huit cent millions de subsides , l'on peut regarder la révolu
tion comme absolument faite; mais , si avec tous ces moyens-
là le peuple ne devient que plus misérable & plus scélérat , le
soldat plus indiscipline , & le citoyen de toutes les clalíes plus
malheureux , en un mot , si ['anarchie monte à son comble,
l'on n'aura besoin ni du général Bender, ni des grenadiers
hongrois , pour opérer une contre-révolution; clic se fera
d'elle-même , & cela malgré tous les petits héros du jour , qui ,
avant la révolution , etoient connus à Versailles par leur bas
sesse & leur intrigaillcrie ; à Paris par leurs dettes St leur fa
tuité , & à leur régiment par leur ignorance & leur fatuité.

Formule du nouveau ferment à prêter par le


commandant- général.
Envoyé par la société fraternelle séante au-dessous des Ja
cobins , à la municipalité de Paris , avec injonction de s'y
conformer. '
Le récipiendaire à genoux devant le statue de la liberté ,
prononcera à haute voix :
Att. I. Je jure d'ttre fidèle à la nation, à la loi & au
Roi.
II. Je jure de regarder exclusivement comme [a nation , la
multitude qui circule dans les rues , dans les cares, , & aux at-
tcliers de charité; de reconnoìtrc en cette multitude la sou
veraineté absolue, quand même il seroit à ma connoissance
u'il ne s'y trouve pas un seul individu jouissant des qualités
c citoyen actif.
III. Je jure de ne jamais m'informer si , dans cette mul
titude , il y a des gens envoyés & payés par les Orléanistes Sc
Jacobins.
IV. J; jure d'obéir à la loi de la multitude , de n'en point
citer ni articuler d'autre, £; de ne jamais l'empêcher de
faire tout ce qui fera selon son plaisir.
O* ) ; .
V. Je jure d'être fidèle au Roi , & de le garder soigneu
sement, non des entreprises de la multitude,, mais de Te re
tenir au contraire si bien , qu'il ne puisse jamais lui échapper,
& de faire courageusement arrêter & livrer au comité des re
cherches, quiconque osera dite, écrire ou penser, que Sa'
Majesté n'est pas libre.
VI. Je jure enfin , de maintenir l'anarchie ,& de la proté
ger tont autant qu'il le faudra , pour le bien , l'avantage des
Agnes amis & condtuìeurs de la multitude, appelles la nation,
& de ne rétablir l'ordre , que quand il plaira à la société fra
ternelle, représentant intégralement la nation ,. c'est-à-dire ,
lt souverain.
La municipalité sera certifier la société fraternelle, dans le
jont , de la prestation de ce ferment.

Un homme qui vouloit acherer un bien ecclésiastique, a


retiré fa soumission, après avoir reçu la consultation suivante."
Vous me demandez, Monsieur, si vous pouvez, fans
danger, acherer un fonds ecc ésiastique? c'est me demander
si vous pouvez être complice d'un vol, & d'un vol sacrilège,
bien public Sc bien scandaleux. Votre conlciencc prévient ,
ma réponse ; ear vous ne pouvez vous dissimuler que l'en-
vahissemeut des biens du clergé ne soit le vol le plus im
pudent , le plus criminel qui ait jamais été fait ; que le
décret qui les déclare appartenir à la nation, est une dé-,
rision insultante pour la nation entière, * qui expose les
propriétés de tous los citoyens au mrmr envahissement foui
le même prétexte. Vous ne pouvez donc douter oue votre
acquisition ne vous rende coupable, & ne soit sujette à la
restitution du capital & des frais. Cela roiirroir vous em
barrasser dans votre vieillesse 8t aux approches de la mort.
Vous feriez dans Palternative de ruiner vos enfans , ou de
renoncer à votre salut. Máís la puissance civile ne vous
laiflèra pas le choix. N'imaginfz pas que les biens du clergé
restent aliénés , puisqu'après un siécle on restitue ceux des
protestaiis. Vous persuaderez - vous que la France puistV
exister fans monarchie , la monarchie fans noblesse & fans
religion , & la religion fans ciergé , Sc le clergé fans pos-«
fessions? Ne favez- vous ■ pas que tout ce que- fait raflera
( 5°3 )
„blée est nui , parce qu'elle n'est point nationale , parce que
ses décrets font vicieux , criminels , forcenés } sanctionnes
far un Roi prisonnier dortt aucun acte n'est valide, &qui,
étant libre mime , ne pourroit sanctionner le vol ? Ignorez»»
vous que norre monstrueuse constirurion ne peut subsister,
"& qu'en la renversanr , on ne respectera pas ce qu'elle a
•de plus inique •& de plus odieux? Pensez-vous que la na
tion soit toujours aveugle , qu'elle ne fente pas bientôt que
le crádit du clergé lui est nécessaire dans ses besoins, &
pour éviter des banqueroutes? que le Roi veuille se privei
du droit de distribuer des grâces , des récompenses , des
encouragemens , & qu'après avoir sacrifié tant d'innoccns,
on trouve de l'inconvépient a sacrifier des voleurs publics?
caries acheteurs comme les vendeurs des biens du clergé
ne méritent pas d'autre nom. Je vai" plus loin , Monsieur;
lc complice d'un crime d^it subir la criéme peine que son
auteur; on pend le voleur, on brûle le Voleur sacrilège
Tirez les conséquences ; voyez ce que vous risquez, lì les
loix ressuscitent , si leurs ministres prennent de Thumcnr,
fi l'on sent la nécessité de faire un ex;:mp!e capable de
dégoûter à l'avenir les amateurs de- révolutions Sc de bri
gandages '. si le peuple souffrant attribue queiqúe jour ses
calamités aux attentats commis contre ('église ! }■: livre tout
cela à vos réflexions. Dans d'autres tem» , jí vous aurois
rappelles les pr'ncipes de l 'honneur; mai; on l'a supprime,
-cn supprimant :1a noblesse ,& lorsqu'on a couronné de laaí»
liers le gibet des frères Agasse.

*~ La bouche éloquente de M. Bouche a régalé, jeudi n;


l'assemblee nationale d'une ogrerie attribuée à levèqne de
■^toison', d'aprèí une lettre qu'il venoit de recevoir roat
fraîchement d'Avignon , & dont il a tû la signature. Cctre
•nouvelle, digne de -sauteur de la Barbe-bleue & du petit
jjPoucet ,• ou de M. Bouche , a fort rejoui une partie du
côte gauche; Car un éveque réfractaire, comme ces messieurs
l'appênenr, accusé 'd'avoir prêché l'évangile d'une main, un
poignard de l'autre , & d'avoir fait couper des patriotes pat
jjgi>ti;'morceauï , autour desquels des aristocrates ont danse,
( 5«4 )
c'est une curée du plus grand intérêt pour les comités de*
lapports & des recherchas réunis , &c.
Un membre incrédule ayant cependant osé demandel a
la' trompette Bouche, s'il étoit fat.de ce qu'il venoit de
dire , il a rependu d'un air fort gracieox : Si cela rítst pas
vrai . c'est au moins très-vrasfemblable.
Mais ce qui ne paroîtra jamais vraisemblable, 8c ce qui
est pourtant vrai , c'est que , sans autre information , fans
preuve , cette atrocité est sortie de la bouche de M. Bouche
\é jeudi il, & que le vendredi le président a lu une lettre
ignée, qui démentoit ce bruit , 8c que les démagogues onc
fait passer à Tordre du jour.
Le Moniteur, en rendant compte, le samedi ij , de cettè
lettre lue par le président, l'a fait d'une manière si adroite
& si fausse , que les lecteurs ont dû la regarder comme
apocryphe. C'est un homme bien eltimable dans le sens
áe la révolution, que cet auteur du Moniteur! II a bie»
tous les takns de son prédécesseur M. de Marcilli.

On assure que le diable a dévoré Mirabeau , disant qug


e'étoit un morceau de Roi ( i ).
Errata du Numcro_ d'hier.
Page 49Í , vers septième, Et son n'est pas même tente";
lisez, & Ton n'est pas même tenu. • _,

(1) Des 1100 Rois du manège.

CE Journal paroît tous les matins.


£e prix ds Vabonnement est de 3 liv. par mois
pour Paris f b de 3 livres z f fols pouriu
Province , franc de port. Le Bureau est établi
rue Percée-Saint-Andrc-des-Arcs y N". 2,^.'L'[
■ ,■ , . m
De rimprimerie du Journal de la Cour & de la Ville».
N.° 58.
• J O U R N A L . ;

ì)ì la Cour et de la Ville!

Tout tailcur de Journal doit cibut au malin


• 1 " " ~ La Fontaine.

Du Mercredi 27 Avril 179 r.


L'Empereur Anastase avoit embrassé les hérésies des
Eutychiens, que le concile de Chalcédoine avoit coudam-
necs ; tous les evèques qui priu-nt la défense du concije ,
furent chassez de leur siège & éprojvcrenr , de la part A'A-
'
llaftase riblí persécution, l'Empereur Payant
, la plus horribse
pas voulu se soumettre à la doctrine de l'cgliíç , proclamée
par le corciie. On lit à ce sujet , le passage suivant , dari$
la Chronique de Victor Tunonenfis :
>i Vitaliatuis Contes, fils de Pauiciolus , connoissant
n la subversion de la toi catoiique , tk. la condamnation du
» concile de Chalcédoine , ùc les bannilscmens des évêques
u ortiiodoxes , & les substitutions des hérétiques , assembla
»» un: puissante atmée , & etant venu aux mains avec Pa
ît tìicius , neveu de l'Empereur, & conuetable de l'enipire,
» lui tua c: mille hommes de la milice romaine,,
» prit prisonnier. (Et un peu âpres) / ualianus s'ttant,
i> campe aux portes de Constanti.n.oplc.< q elquqs demandes
>7 que l'Empereur lui fit de la paix , ne 'a lui voulut jamais
77 accorder, qu'à conditioii qu'il rappeileroit Us dcfen-«
» scars du concile de Chirc-doinc, qui a voient été jetas
» ho s de Içurs lièges , de réunirait toutei les églises á'O-
>» rient avec la Romaine »_.. ,.
ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance âú 16 Avril.

C^N s'est occujé, fur-tout , de la nécessité qu'il y auiqit d«


fabriquer une plus grande quant ité -de petit» assiguats, de cinij
Tome II. Année 1701. Gg8
livres , par exempte. —-Lk directoire du département de Pari»
a présenté une pétition pour modérer la liberté de la prelse.

VARIÉTÉS.

On a trouvé ee vers latin écrit fur la principale porte


d«i Tuileries :
fím fuge crudeles terras & lïttus iniquitm.

Bouche de fer ! Quels font les partisans & les soutiens


ie la nouvelle constitution ?
Rtp. —Ce sont des nobles déshonorés & couverts d'in-
fâfflle j 'dis prêtres impics Sc scandaleux , des raisonneurs
incendiaires 8c avides nommés avocats , de plats bourgeois
^vie la sottlfc^dc l'éga ité tait gonfler d'orgueil , de vils usu
riers nommes agioteurs Sc capitalistes , de gros financiers qui
fe croyent dépouillés de la crasse qni les couvroi: , des dé
serteurs , des soldats révoltés , des femmes perdues, toas les
brigands, les malfaiteurs , en un mot , les fans cu'ottes que
paye l'aircmblíe. Tels font les nombreux amis de la subver
sion ces loix & dfrsmceurs ini'cn nemme la constitution fran-

- J'ai dit que les provinces voyant au bas des décrets de la


fbi-diíânte all'crfibléc nationale , la signature du Roi, pou-
Tôicot le croire libre. Prefcnterncn't qu'elles font instruites d«
la tyuunie , si-non populaire» jdu. moins fondoyée, que ne-
doivent-clles pas entrepréhaVe jibuì délivrer le plus infortuné
«ettárqàcí »<"--' ^ 1 •
Meude-Monïas.

ik}ft hetoneoit pas trop là' démarche du Roi , qui s'est tendu
^ l'*IIetablÉc. Qui a - pjì la lui cqnséiííèt .?-Est-ellc placée-
comme Roi, & syrsirnc fils ^i'eglisç? Ppwqu^i veuç-il avoir
IVic,' d'être Hbttî Pourquoi les Jacobins «jr-ils paru désolés
de' cette dértiarche? Ce font-lá de ces énigmes que le temí
nous dévoilera • peut-étre ': fattends 1c mot de ceile-ci dans
la quinzaine prochaine ; sinon , jc la trouverai indignement
composée.

La véritable raison, dit une lettre de Sens, qui a déter»


íiún^i l'ejt-çardinal de Lomime à renvoyer son chapeau ì
Rome , n'est pas la menace que le pape lui a faite de le lui
eri-iver-, c'est que son front ne rougissant plus depuis long.-
£cms, il a craiut qu'il ne rougit par réverbération.

Un soldé des Jacobins , bien connu pour tel , djsolt, hier


Sìa'brune , dans la place de Grève, d'un ton benêt & bien
intentionné , qu'il éroir en effet malheureux , que M. de la
Fayette donnât ía démission , 8c après son éloge , ajouta cette
phrase..qu'il avoit bien retenue : » Mais entia-, fau>il dé»
yi'. rcTpérer dé ía chose publique ? II est encore dans l'assemblée
>>' de grands patriotes MM. Lamethy pa,r exemple, &
v Charles sor-tcut »...,. Cette transition rnal-^-droit^
8c trdp brusque , rcveìUa l'attention de deux grenadiers vor
lontaires du bataïllb'ii 3es Filks-Saiiii-Thórría's , qui",
fins m nage pour l'aoguste cai*ctere dent il ctoit revêtu,
ont étrillé d'iriij ortance l 'émissaire Jacobite. Ah '. que Ji'in-
âige-t'-on' cette corrcíti&n írateïne'ilc à qudqùes-rins'de; npl
plus chauds motionnait-eS Í à'coup-fûr leur frénétique fureur
ne ((endroit 'pas contre un -tel calmant administré ì-propos.
i •:■ '. "" 11 11—T .w.: ■* .«
"lits ëtri'ngers n'o'rrt. pas -hissé que d'ctrè'urí peu' surpris ;
fcn' intendant crier daós teitt.es les rués de PSrir : Fçilà là
^rmìde atristaUqn tfu'Roi. Ainsi , íe Roi-' est donc mis
Îi arrestation par le bbn peuple de Paris; 'En vérité , c'est
rès-'touchant 1 .•' " '
n,.. •' ' -y.ii... ■ >■. ■ . *. ■ cv
-ici ... • • -« -i «'/f'"" ;
I JÍf'cur-x 'eu l'atrocicé d'afiScher ce fî'acSi'í ^borninablci
tìi fou veut fi-wit ,le -pain » uti fcl 'iattvrv ,-p&ÌM de
/
... .

W* aorrpourl'cmgchcr!"^ " ^«SWW

Les trru-îcs de l'cmpite se mettent en mouvement ;.n»


«orps de trompes Bavaroises & Palatines, doit camper in
cessamment près de Miïnîquc ; douze bataillons d'Infàntcrie
& cinq regimcns de cavalerie Hanovrienne formeront agífi
up camp pies de Hanovre. On annonce un rassemblement
t areil de h>:»t mi le Hessoij ; il y a <To mille impériaux dans
le cercle d? Bourçogne , & 8 à 10 mille Autrichiens dans le
Burga*". L'aimée Pariíìenne éíl prête à se porter où le besoin
j'exig? ; o -, met en. mouvement les forces de terre &; de
mer de 1 Espagne. Le Roi de Sarda'gns songe à garnir ses
frontières. . . •..;> . • ..«

C'Ast un Robensp'erre qui s'oppose à ce que'Vassemblee


nationale 'aillé fâ'irc des nmerciemens au Roi ; il suffis; de lui
faire des stlicitíft'r(jrfs.?î.'Des ftlicitatîons '. ,& de quoi?' De cç
qu'il na s'est; .paf trouvé un' Dahiicn Han? la couc dcî
Tuileries',' le joiir qu'on a proclamé la liberté du Roi? ^

■llù.
. . .TÎnc.des.. .premières vi(îtçs que l'Empereur a faite à
Venise., a; été chez le duc Sc la duchesse de PoligJiac ; il
s'infoçipa^ç^ gjjqiçularite>,à. jamais m.-morables des hor^
riblcs journées des 5 & 6 octobre. Pendant & aptes le récit
du duc de Guicke , maHièuTcux' témoin de ces forfaits qui
restent fans vengeance, S, M. 1. ue put déguiser son hor
reur. Que. dira-t-il au récit de la journée du 18 avtilj
Aycugîes Parisiens! que de crimes vous commettez! D<ja
vous en êtes punis; on vous fuit, cri dqlertc vos murs $
& qui vojIcz-vous qui relie au milieu de vous? Lâches!
vous insultez , vous rnaltruicei jusques aux femmes ! Vous
êtes armés, & ce n'est pas aumoins cour protéger la foi-
blesse! Ah'! que vous êtes cegciiìsrés-!- Oue la liberté vou«
a jrendus djiférenfrde vous-^iémes ! La'pbilosofhic a fait de
( ) ,
t*usîdrt Cannibales '. Vos nouveaux maîtres' v'o'us prêchent'
la révolte, 8c la condamnant hypocritement le 1 lendemain;
Mais quíls maîtres aufli vous ctes-vous choisis !

: Le club des Jacobins de fl:£ançon est détruit ; on a mure


I* lieu' de leurs assemblées.' Bel exemple pour la garde na
tionale de Paris ! Si clic veut sauver lá v'iè au Gênerai , qui'
enfin , s'est rendu aux regrets qu'elle a exprimes , elle ne lais
sera subsister ni le club des Jacobins, ni Us cabarets où s'as
semblent fes-'aíHlii:* des sections. Nous ne parlons pas du
icpaire, dit club des Cordeliers , le bataillon de rOòscrvance
en a tait Ion aítaisc. . .

II fout convenir .que la lertre du Roi aux puiííànces est


bï n persuasive ; que n : pi fâk'-on écrire auíîì qu'il est 1; xí ro
4é1â constitution ? puisqu'eT. ic tient, il n'en coûtera pas da-
vintsge ; au resté ,1a lettre a été dictée par le comité diplo
matique de l'ass-mWée nationale , & le pauvre ministre n'en
doit pas porter la faute y ni la boute.
J,:,í; , i ______
Plusieurs jeunrs gens se pUiçnoicnt devant le çejèpre Filette
áu caprice de leurs rnaitresles. Vous êtes bien bons , leur dit
se ^-devant marquis, j'en ai eu beaucoup ;, j'en ai enivré:
uand elles .m'irnpaticiifent, prenez vor;e ;çb.apeîU ôc vo'.rí,
pée , leur dis-je , Sc allez-vous-eo.

"Un peintre habile four la perspective , prétend que le


■viíàgs infiniment laid de M.' d'Or.... ràroîtroit tout-à-
coup infiniment beau, s'il étoit vu au bout d'une pique , ou
au haut d'un guet , 5c que" la figure de la Fiance , actuel
lement renfrognée Sc totalement déguisée sous le boniiît
4e !a liberté, commençant alors à respirer, & levant les
jeux vers çctte perspective , reprendroit inia.iUiblane.nt , e»
i 5.1? )
k regardant, eet ait riant & gracieux, qui Im 6«â JÎ VLeaJ
' fc qu'elle a perdu' depuis l'an premier de fa liberté.

Ce n'est plus PassemMée nationale qûT fait la loi au Roi ,


c'est 1c departemeivc de Paris > & S, f/f,, s'est hirée Récrire
la lettre qu'il exi^coit de lui , pour que les unions ne Vy-
forcent pas ,'■ comme le directoire les y invitoit.
^^^^^ - '■, •»

L'abbé Faucha est enf.u eveque ; il inanrjaoic on iwrfifti*


enmme lui dans le nouveau cierge. Les ék-cteurs du dé
partement de Calvados n'ont pas voulu »'«xpesée à PaêroBC-
que leur avoit fait ie cure de Saint-Pierre de Caen, qu'ils
avoient nomme la première sois. Il y a des gens qui pré
tendent que c'eil par.ma ice 2c pour faire piece à la peijte
Tavgctinc qu'ils ont donne ieur voix à cet abbé si peta'ca-.
nonìque. On fait comment il a varié de notre rédempteur^
á nous étions journalistes dans lc sens de la révolution , nous
le répéterions; mais nous n'osons. ' ,

On avertit l'asfcmbîée natioi'msie , «éme le tout puis


sant côté gauche, que si elie ose traiter le département je
Pari; avéc" «ufïï peu de ménagement qu'elle traite lc Roi,
elle trouvera à qui parler. L'abbé CérÛtti , l'abbé Sieycs^
& ejuelquft's autres , lui ferotít voir qu'ils sont aufrî batirlcs
en iniur-recticm que les 33 factieu-x esifembie. ...~,i:>

Copie de la Lettre écrite h Z3 Avnl , ppr


M. DlfPOB-T, Ministre de,la Justice , à Mi
DE LA MlCHODIERE.
J'ai été désespéré , Monsieur , lundi dernier, qu'une cir->
constance bien fâcheuse m'ait mk dans le cas de lever préci-
pkaraaieat là derniere séance du' conseil, & m'ait privé dii
( 5" )
fh\&t de !ui porter Tes témoignages de satisfaction êâriRiij
ejue fa majesté m'avok expressément charge de laitrf.ijrijtet'tre.'
Je rri'ctois propolc de saisir cecre occa-.íon , de présenter à
3VÎM. tes magistrats l'cxpression des sentimens qu'ils m'oBt'
inspires. J'ai l'honneur de voiu adresser , monsieur, le petit'
discours que je devois vous prononcer; je lero;s flatté- tjiic'
vous voulussiez bien le communiquer á MM. du conseil est'
léai témoignant tous mes rcgrcts,'de ce que je ne pois plu*1
leur donner cette communication 'l'une manière plusíoîém-
jrellc. Si j'u différé, monsieur, de vous en écrire, je vont
prie d'attribuer ce re.aid à l'embarras des circonstances qui
oe m'ont permis depuis cette journée du lundi, de m'occia-
per que d'un seul objet.
Vous terminez aujourd'hi une carrière que vous avez,
parcourue avec honneur , Sc que vouá achevez avec gloires
Les derniers instans du conseil, seront !a plus belle époque
de son existance; car il ne faut pas' ubc Vertu commune,
pour redoubler de zelc St d'activé, au moment où l'en
va celfé d'etre, fur-tout lorsqu'on rit doit, attendre d'autre
récompense de ses services , que le témoignage de fa cons
cience , l'estime du petit nombre d'honrínes qui ont pa
apprécier vos travaux et i'iucîrtaine espérance d'une justice
tardive. II est beau d'avoir tait ion devoir jusqu'à ia fin ,
au milieu des -dégoûts Sc de toutes les. cacas de décou
ragement. En resignant vos importantes fouti ons 1 ceux
que la nation appelle à vous rcmpìaee-t vous nc regret-»
terra que b droit d'être, utile. Nloj , ^'éprouverai ui regret
plus vit , ceiui d'avoir moins d'occaíions de me, rapprocha-
de vous, de m'enrichir de vos lumières,, & de mettre à
contribution votre expérience. Ce n'est point ici ùnc vaine"
fcûvmile de comp lunens , le rems de les employer est palIcT"
perne tous le. monde ; jl n'exista jaTmis'pour moi. Je dis
vrai quand je sains cette circonstance, .pcnir ■ -témoigner a.a;
conseil ma profonde estime Sc mon "bien sincère attache
ment. Je n'ai paílé que 'queiv.aes ìruians ' parmi vous,»
Messieurs. Lavrï!atveilìanc; efpetoíc qwe'-cs serort au mSli.u
des m.-fiances mutuelles, 'lie >'cit. troropee : du premier ma*
ment mi confiance a été encirre auiti j'ai, pu voir qne
je "devois compter far quelque retour ,de votre parc , Sc fur
V.u.«" rccipíotiw dft seini-Jïus fyie je vbin"aï- rírró'.,''tc «juc

i
j'ai manifesté très-hautement. Pardonnez-moi , Messieurs ;
de vous pailer de mes femimens, lorsque je serois chargé
de vous transmettre rexpreflion de ceux du roi , dont queî-
que membre du conseil ont reçu hier le témoignage , de
la bouche méme de Sa Majesté. Elle me charge de vous
dire, qu'elle a toujours été fatisfa'te de vos services (
qu'elle vous fait par iculièrement gré. du zèle infatigable
que vous avez montré dans ces derniers instans ; & qu'elle
saisira, avec plaisir, tous les moyens que le nouvel ovdre de
cjioles peut lui laisser, de vous marquer í'a confiance & son
estime.

, Publicala Lam.... feroit aujourd'hui le plus grand


liemme de France , disoit-on dernièrement dans une société
de vrais patriotes , s'il avoît un cœur. A la lanterne, à la
lanterne, s'écrie vivement un honorable membre: peut-on
calomnier ainsi le défenseur le plus intrépide de la popularité?
Jc soutiens moi, envers & contre tous, qu'il en a un ; la feule
différence, c'est qu'il n'est pas placé comme calui des autres :
il lc porte à droite, comme le bourreau porte son épée.

■ Une jeune victime de la révolution , d'une famille fort


iKjnnètc , desireroit trouver une place de secrétaire , auprèí
«fun homme dans nos principes": s'adresser à notre Bureau.
' La personne qui nous a tait l'honnenr de rous écrire au
sujet du jeune ecclésiastique don: il est question au N.° 44
pourra trouver la réponse à notte bureau.

Ce JOURNAL paroît tous les matins.


Ze prix de Vabonnement est de 3 liv. par mois
pour Paris , (V de 3 livres t$ fols pour la
Province , franc de port. Le Bureau ejì établi
rue Percée-Saint-Andrc-dcs-Arcs , N". 21.

Pc '|ImjpàniMÌe du Jpurnni de La Cour Sc de la Ville.


JOURNAL
de la Cour ft de la Ville.
Tout íaileur àc Journal doit trífcu't áu mìiín
'" La Fo nta i n k.

Du Jeudi 28 Avïîl 1791.


Extrait de Pinftrucìion donnée par sAssemblée des
' 'Etats-Généraux de ìstS\ aux Députés des trots ù'r-
'irts, qu'ils tuvoyòitnt vers le Rot de Navarre.
Remontreront leí^its, IJeputjs,^' qu'étant assez connu
» d'un chacun, comrríê la reigion ca:áoliquc, apostolique
»i & romaine, soit cryïa naissance du tems de Clovis, ou '
» en cérémonie du (Sems du Roi Charlemngne , n'a été
» reçue à la feule volonté des Rois ; mais coníenùe &
» approuvée en gené ale aíkmblée des trois Etats , avee
» ferment & promesse réciproquement faites , tant par le
>> Roi que ses sujets', de n'en autoriser, perrri:*ttrc , ni tp- >
» krer autre; St ont voulu que tant le Roi en son sacre',
»> que tous les Officiers en leurs réceptions ,fut le crucifiv
» en fissent ferment public & protestation , de laquelle ïí
» est très -certain qu'ils ne peuvent plus varier , non plus
»> que de la loi falique ; étant ladite loi dé religion bèaù-
» coup plus fondamentale que n'est celle-là , te du tout
» immuable.
» Et est la couronne dr France fi conjointe à la reli-
ìì gion catholique, apostolique" & romaine, que non-seu-
>i lerpeot elle n'a pu içuftrir aucun (Roi) qui n'a voit été
d singulier protecteur & professeur ; mais aussi que les
» sujets ne font tenus d'ubitr aux Rois qu'après leur
1» sacre , comme il a ote pratique envers plusieurs , Se
}> même envers ìe Roi Charles VII; c'est pourquoi les
» trois litas a-'-mbl.s à Tours, régnant le ,Roi Charles
j> VlII , requirent q ;'il se fît sacrer en la plus grands
» dU'gence que faire se poun^t, comme fai/jnt doute de
» í: rccòn oìtr.^D. .
Tome II. Année 1791. Hhh

1
C 5*4 )
ASSEMBLEE NATIONALE.
Séance du 2 y Avril.

Un décret ordonne qu'il sera fourni une somme de 4


millions 400 mille liv. pour l'enròlement 1 3,8 18 hommes.

Plusieurs membres de la garde nationale qui ivoient refuse


à M, de la Fayette, le jour du départ du Roi pour St.Cloud ,
ont été désarmés ; ce qui cause une fermentation allez -con
sidérable cans les esprits. —La guerre civile vient d'éclater
avec fureur dans le Comtat-Venaiflìn ; les deux partis vien
nent de s'y livrer uuc„ bataille meurtrière & très-dilpuiée,
Kons attendons des détails.

VARIÉTÉS.
La société des amis de la constitution établie à Amiens ,
vient de dénoncer à la Commune , le fourrier des gardes-du-
corps du E.01, parce cju'il saisoit , selon elle, des achats d'a
voine au-delà de la consommation que les chevaux de la
compagnie dévoient en faire. Certe dénonciation est bien à
J'ordre jour, & MM. les clubistes jacobites pouvoient rai
sonnablement soupçonner qu'il se tramoit quelque complot
anti-constitutionnel , puisqu'on leur coupoit l'hcrbc sous le
pied.

On assure que les disscrens membres qui composent le dé


partement , & qui sont (-our la plupart du club de 89 , Vont
incessamment se raire affilier au ciub des Jacobins.

Le très-justement célèbre M. ^itt , en sortant du parle


ment , a vu fa vòirure dételée , & traînée par le peuple , qui
l'a conduit en triomphe chez lui. Notas laissons aux jour
( 5*î )
naliftes à qui noas avons de tout tems cédé la partie poli
tique , le foin de rendre compte du motif de cet enthou-
íialme. Nous novi s contenterons de duc qu'il a montre , dans
un discours sublime , le plus profond mépris pour notre
assemblée nationale, la plus juste horreur pour lés sujets'
rebelcs du meilleur des Rois, le plus grand intérêt pour
«et infortuné Monarque. Français ! vous êtes aujourd'hui
le dernier & le plus vil peuple de la tetre , vous en étiez lc
plus aimable & le premier : vous devez cette honte aux
philosophes , à cette secte qui depuis trente ans nienaçoit
la Frtnce des malheurs dont elle gémit. Ce n'est pas à
ia religion de vos pères qu'elle en veut , c'est à l'étre suprême,
qu'elle veut faire méconnoître.

Bouche de Fer. Dent. Eh ! tu bâilles ï.


hép. Non; c'est que je ma.... âche avide depuis que
j'ai. ...ai mon grand Clau....aude Fauchet.
D. N'as-tu pas Chdteaurenaud , Matìy? ,
R. Oui ; mais qu'çs-est-ce que cela dit ?
X>. Et le savaat Goupil ?
JÎ.Fi-i!
■£>■ Dis-moi un peu , qui est-ce qui a composé la lettre da
Roi à ses Ambassadeurs ?
R. C'est un grand homme , un pere de la constitution t
un....
D. Bon', est-ce que ce seroit Target!
R. Ta...arget n'est que la maie, & quand je parle d'un
pere , c'est le grand , c'est le ma...âle Tou... tau... ouret.
P.. Sa lettre sent l'avocat normand ; il semble avoir tout
rappeHé ; mais il a passé très-constitutionnellcment fous si
lence une petite anecdote un peu discordante.
R. Laquelle ?
D. La déclaration du i j Juin...
R. Chut Croyez-moi , bientôt d'autres que ee
grand homme vous en diront dey? mots,
; .. .-, ComwiLtf, Trag. du Cià,ach a
( w )

Si ra ne va pas , ce n'eíí pas faute de maîtres. I] n'y a 3a* >


ce'ui tjàjj devioit í'etre pour notre repos & pour notre bon-
Kct qui ne l'i st 1 as. Asscn.Mie-nationale, département , mu
nie!, alité, sections , club des Jacobins, club des Cordeliers,
club de 1789. club des monarchistes, club du diable. On
peut remarquer qu'à mesure qu'il se forme un nouveau pou
voir , lc trouble augmente. L'eiablissemcnt du département
y a mis le comble. II excite aux émeutes par ses adresses
insolentes au Roi, & prêche la paix lc lendemain aux ci-
tóy.TS, m .is de telle man:ere , qu'il puiile les trouv.'t jrets
pour un nouveau soulèvement , s'il en besoin. Qui nc sait
que c'est lui & la municipalité qui ont encouragé à insulter
les couvens , pour avoir un prétexte de faire fermer les
églises? ■

Bon Roi! autan: vos ennemis font odieux, cruels & fé


roces, autant vos amis font injustes. Ils osent vous repro
cher de céder à la fatale nécessité de souscrire i tout ce
qu'on exige de vous le couteau fur ta gorge. O'rit-ils dû
s'étonner de toutes les démarches que vous avez fartes áe-
ptí's l'èxécíablc journée du ifr dé ce mois } Ils n'ont donc
pas lu la proclamation par laquelle le départèrhérit a invitá
les section; a délibérer sur M cjucttïon Ht savoir si on éxigeróit
de vous, monarque infortune , que vous notifiassiez aux
puiíìa ices que vous vous deefarci lè cîiéf dë la révolution ?
Que je vous plains, ô rnhh Roi ! vó'ùs ne pouvez pas con
tenter les monstres qui vbus retiennent dans \zï fers ; íc ceux
qui g missent de vous y voir, (ans pouvoir les romprlï,
vous accusent dé trop de faiblesse. Grand Dìîu! veillé silï
lui : ta pui;láate main peut seule le sauver ; & tu le sau
veras. Sa vertu te désarmera. Tu ne laisseras pas triompher
plus long-tems le crime. Incrédules ! voyez les, pàrlemehs
punis d'avoir donné l'exemplc de la rébellion! voyez çe
Ntckcr, Tidote d'un peuple egare , fuyant avec précipita
tion ! voyez la Fayetfe rcconiíoitre, peut-étre trop tard,
le danger Át l'insurrection qu'il a ose appeller lc plus faine
(^7)
les deváirs! vòjréi Versailles & la càpîtiîc, àfcjcts 3e Jìilé
& d'hûrrctir!
Et qùêl tems fut jamais plus fertile en vengeances?
Dica n'a qu'à vòulqir , & les ennemis du meilleur des Rólì
se dechirant eux-mcnïcs, n'attendront pas que les loix pro
noncent leur àrrét de mort.

Les émigrations ne sont pas seulement un attribut tìc la


liberté ; cilcs font encore une fuite nécessaire des révô-
hnioír. Des novateurs bouleversent un royaume , sèment
íà discorde Sc le carnage dans toutes les parties , enlèvent
4 lá religion fes ministres, leur substituent des apostats ,
& il rie feròit pas permis d'aller dans une terre étrangère
chercher son repos & £á súre.té , professer la religion de kl
perei dans toute fa pureté! Tygrc insatiable qui provoquois
encore dernièrement une loi contre les émigrans , les ulectef
aónt la jât'riê est couverte ne te suffisent donc pas ; tu vou-
drois áuiîi déchirer les membres dont elle attend là guerisou.

Champa... , plat valet de la municipalité , vient d'être


instalé principal au collège de Louis-tc-Grand. On ose
confier l'education publique à cet ecclésiastique hermaphro
dite , mû n'est ni saïc, m prêtre ; qui porte fur fa figury
liVùîe éc blasée l'histoire de fa vie , & dont la vue même est
— en avoir
t question

Les événemens journaliers nous prouvent, depuis deux ans,


tfât les âmes dé dent qù'ón appelloìt ja'dís grands -étoient de
fe'rt insin'fnent supérieures à tout ce ^"ife ent'repVfehoîetit tfe
bieftoll dt mal, & q\le les roturiers VAtsiihi aut-rès d'eift
cjtfe des cctìlièrs ; 'car, de quels foyers foh't rartie's tontes Ml
ftéléttrtefTes qui «rit déstiotiefré nóxr'e réVòlùtiôh? fc qoí'petti
( Jlf )
disconveaír que sans Philippe ÍO..,. , Mirab.... k granl
homme, Btauhar.,.. le danseur , Larochef... le ^>rc4ouiJ-

leur, les deux Lam,.., lç petit Bro.g... , Liane..., Monts
mortne... . l'îtpbé'cile Montmor... , le lâche ÍAig... , 21
ffoaill..., le général Morphce, Brul.,. , Cril... &le mo-
tionnairc D^b... (|'ailqis dire Dubois de Cranc... ; mais jo
më rappelle qu'il n'a pas la home d'avoir jamais été gcntili
homme ); qui , dis-je, peut disconvenir que sans tous ces
paladins &c quelques autres encore ci-devant , ci-dessus &
voraces courtisans, notre révolution qui ne scseroit pas moins
feite, peut-ctre, auroit eu un aucre caractère? Qui , ían*
çux , eût imaginé & soldé k recrutement des brigands , les
incendies , les assassinats ? Qui «ût dessiné &. dirigé les jour-,
■ées mémorables des 17 Juillet , 8c 5 & 6 Octobre 1789»
3c celles non moins décisives des xi Février , 18 Mats &C
18 Avril 1791^ & le déménagement de l'hôte! de Câlines*
& tant d antres faits d'armes ? Ah ! n'en ravissons pas la
renommée à ceux à qui elle appartient si légitimement , 8c
convenons que les avocats ne font que des. parleurs , de$
chicaneurs, des verniiseurs , des bredouilkurs qui ont donne,
tout au plus la forme à cet ouvrage fur-humain, dont le
génie Ht le fond attacheront le souvenir de la postérité auï
grands noms que je viens de citer '!

M. de la Fayette a repris h commandement de l 'armée


parisienne , & n'a pas prêté le ferment décrété pat la société
fraternelle. Aussi cette société l'appelle réfractaire , & les
soeurs vigoureuses ont juré qu'il auroit à faire à elles. Une
députation de choix présidée par la sœur Bonjour , ira rendre,
visite un de ces matins , & porter le défi 'au'petit général.

J-4 poulinière Jutiï vient de recueillis le bienfait de


l'heureuse constitution civile du clergé : elle a trouvé un curé
jureur ,cjui, fans aucune condition, l'a mariée à l'un des pre-
fHers pensionnaires de la révolution, au héros du sublime
Çhinitr, audemagqgue Talpia. L'ipfiuenee de la liberté a
( V9 )
tellement agi, á été si brûlante, que le mime jour , elle est
accouchée d'un petit Talmijle , & que le curé constitutionnel
n'a eu que le tems de palier de l'hôtel nupciâl aux fouts bap-'
tismaux.
Quel bonheur ! quel honneur pour le digne patriote
Talma ! A combien de héros il succède ! Sc de combien d'ij-
lusttes passés , il a pu s'entretenir dans la couche de la senti
mentale Julie '. Les Soubise , les Ségur, les llougainville,
les Polonois, les Allemands , les Anglais , les liou-
ville , les Perruquiers, les Jockets , les Danseurs, les, &c.
&c. &C.&C :on n'en fìniroit pas , fans compter laitance d'ua
ménage enrichi des dépouilles de tous ces heros vaincus & dé-
oûtés. —Le reconnoiisant Talma a promis , que tant que
or, les diamans & l'argenterie embelliront cette caduque
possession , il s'aveuglera fur le délabrement de la figure ds
u complaisante moitié; mais si jamais le plus petit b;soin f#
fàit sencir , íi le mo ndie caprice n'ell pas promptement satis
fait , si le plus léger accès de jalousie vient troubler son auguste
existence , il ne repondroit plus d'une humeur irascible, qu'il
Si sucée avec le lait , & qui se inaniselle sur-tont , vis-à- vil
des femmes , & d'une certaine facilité qu'il a à fouiller la ceinr
ture de Venus du bout de son pied insolent. Alors , hélas !
cette pauvre Julie s'écriera, mais trop tard : Ah ! maman
Tristan ! que n'ai-je suivi ton exemple & les conseils! .. . jc
ne me ferois jamaii mariée ! Ah ! que jc fais bète , d'avoir
eu tant d'esprit !

La rocambole des journaux , ou histoire çapucino-


comique de la révolution. On souscrit à Paris, rue Haute-
Feuille Saint-Andrè-des- Arcs, N", j. Nous nous plaisons
à rappeler à nos lecteurs , que l'auteur de cetre feoiile est la
meme qui rédigeoit , íl n'y a pas long-tems, le Rôdeur-, ectte
observation vaut l'éloge le plus flatteur. Encore un coup , re-r
lisez quelques numéros du Rôdeur, & Tous courrez Mca vìtc
Vous aboruier à ce nouveau journal.

Le parlement d'Angleterre vient d'accorder au* catho


liques romains le libre exercice de leur religion. 11 fera
( $2e )
rkoJc érigé des églises pour eux. Les A nglois ont profité de
la révocation de l'edit de Nantes. Ils profiteront encore de la
persécution oue les philosophes apôtres de la tolérance font
á ce qu'ils appc.bnt les papilles. Malheureusement pour nous,
ils n'attireront que les gens honnêtes, riches il industrieux.
Ils nous laisseront la canaille, & ce qui est pis encore, cette
îeuneile fans mœurs & fans principes; ces auteurs fans goût ,
çororoe fans vertus , ces agioteurs , gui n'ont 'de Dieu gtífc l'or ,

II est de ces choses auxquelles on nçse fair point ; tel est


le double mariage qui se prípare dans le sang de la réyçilu^
tion. MtUe, d'Or.... épouse la cassette de M. de la Bo...
& M. le Duc de Ch... épouse la débauche de son pere ,
Pamêla sa sœur , fijle de Mad. de Sill.... & de W.
le duc cfO... Pour n'être pas témoin de ces horreurs , Mad.
la ducheílé d'Or..... s'est sauvée chez son pere. ìl n'est" pas
d'âme sensible qui ne plaigne cette malheureuse princesse,
& qui n'ait pour son époux cette
haine yertueusc
Que porte au yìcc heureux I'équité courageuse.
II est tems d'élaguer cette branche parasite eTOrl... si
l'on veut conserver le trône. Ses rameaux infeélés d'une fève
impure , s'ctendeiit & cherchent à l'étouíter.
Errata du Numéro dhifr. >
Pag. 509, lig. î.0 , j'en ai eu beaucoup, j'en ai enivré; lìftt,
j'en ai beaucoup, j'en ai encore.

On s'abonne pour ce Journal, rue Percée-Saint-


/indré-dcs-Âas , N.° 2Z. .

l'Im^rimiyie ,4u J.Qiir»»! 4e la Cour & de la Ville.


N.° 60. f -, s

- j o u r n a l
R£ LA COUR ET DE LA Y 1.1 LE.
Tout faiseur de Journal doit tribut au malia
La Fontaine,

Du Vendredi 29 Avril 1791/


Voici le serment littéral que Louis XV a prononcé à son
sacre : •- >
■ » Jt promets, au nom de Jesos-Chrîst , au peuple chré-
» tien qui m' est soumis , prmcqa!em:"nt de faire conserver;
»r en tout tems à 1'Eglifè de Dieu la paix : plus , d'empccber
n> tcutei rapines -Sc iniquités de quelque nature • qu'elles
ri soient ; plus, de faire observer la justice & la miséricorde
n dans ks jugemens , afin que Dieu , qui est la source de la
ri clémence & de la miséricorde, daigne les répandre fur
»' mefi, & vous aulìi ; pliis , d'exterminer entierc ruent rîc mes
»' Etats- tous les hérétiques 'condamnés nommément par
f' l'Eglise ; toutes lesquelles choses ci-dessus dites, je con-
>i" firme pár ferment. Ainsi , DiMJ & ses saints évangiles,'
n'rat soiîht'on aide ». —Nous noús abstenons de tout com
mentaire. Cependant , ccfaiment expliquer, après ce serment,
l'adrrsion, quoique forcée , à, la constitution civile du clergé,
la démarche du Mercredi in Avril , celle du jour de
PáquîS ? 3cc. II nous semble qu'il' existe des potstions óù
toutes confédérations humaioes doivent disparoitie." >■••
François Ier disoit que si le courage & la loyauré se
perùoient, on devroit les retrouver dans le coeur du Roi d»
France. ,_ „ . • .
• ASS EMBLEE NATIONALE. :

Séance du 28 Avril.

On cont mué la discussion sur l' organisation de la Garde-


Teme II. Année 175*1. I i i
( 5")
Nationale, * la motion de M. îlibettspìerte , reniant à y
admettre les citoyens actifs & nón-actifí , a été rejetée.

VARIÉTÉS.
". . . r. Vons nous avez déjà parlé de papa du Alouch..;
de son fanfan , de sa tendre moitié j mais il importe de vous
prier de fairé Connoìtre toutes les petites fredaines de dos
évêques constitutionnels; en voici la raison: on va publier très-
incelsamment un libelle intitulé : Fit privée de tous les
ivéques , & autres fonâiounaires publics ,. qui nom
pas prêt i le serment. Vous sentez qu'il est nécelìaire d'op- .
poser la vérité à la calomnie. Cet ouvrage , commandé par
les calvinistes de l'aísemblce, Rab de St. Et , Barn...,
Bois... dAng..., Meyn... , de Sal.... , ZaRoq..., Rcwb... sic.
oui né font pàs plus , comme on fait , amis da clergé que.
cru toi , est maintenant fous presse. C'est de cette racine
fabrique que font sortis les crimes des 1 ois de France »
tes Charles IX , les Calas , les Anne de Boulen, les
prêtres, religieux & religieuses, mis avec tant de succès
fur la scène. C'est cette association protestante qui fournit
aux frais de la feuille villageoise , dont le principal ré
dacteur est M. Rab... de St. Et....

Ob attend avec impatience que les Jacobins , si long-tèras


instrumens à vent , le soient enfin de corde ; nous aurons alors
de rharmonie.

Les Lam.... Barn.... & toute l'inferuale séquelle, ressembla


[eat
au serpent d'airain , qui n'apporta de soulagement au peuple
que lorsqu'il sot suspendu.

Voici ce qu'on nous écrit d'Aurillac, 18 avril. Notre


évíque de nouvelle làbrique a été reçu par son clergé or-
< 5*3 )
dìnaire , les bayonoct t es & les sabres ; il n'y jnairouoit que
des prêtres.
C'est à* ta daterie jaeobitique que s'expédient les bullej
des nouveaux évêques $ c'est fur-tout leur piété, leurs mœurs,
leur religion que l'on exalte; & voilà des gens qui n'etoient
que des fanatiques , des ignorans il y a dix-huit mqis !
Mais comment ces successeurs des apôtres, qui dévoient
marcher fur leurs traces, & retracer à nos yeux les tems de
la primitive église , ne s'annoncent-ils qu'avec des canons,
des gardes nationales Sc Papparcil militaire le plus menaçant ï
Ensuite pourquoi ne pas venir à pied; Si pourquoi la cha
rité feule ne su.ïiroit-eile pas pour les accompagner? pourquoi
ces repas? à quoi bon ces fères somptueuses? A-t-on jamais
rien fait de pattil pour ceux de l'ancien régime? —Atten
dons : dans peu , nous verrons la solution de tous ces pro
blèmes.

Séance des Jacobins du D'un. %o Avril ij$t

Au club-ttïpot, certain soir se príscnte.


Un très-bon citoyen , pour faveur demandant
Modestement avis fur affaire importante,
Avec l'avea du jeune président....
Chacun le tojfe, le regarde;
Car il avoit certain ton de candeur,
Certain air Itraager qui, dans le fond du eeeuf,
A l'instam contre lui met un chacun en garde.
Un membre dit: A-t-il quelqu'un à dénoncer?
Quelque pillage i proposer ?
Un autre ajoute : Auroit-U à faite
Quelque motion incendiaire? <
Contre le soi-disant pouvoir exécutif
S'«ft-il toujours montré enrreiprînant , Actifs ■
En aboyant , va dernier crie :
Seroit-il apostat , turc, sacrilège, impie?
'< 5*4 ')
Çiiet titre a-t-il pour paroitre céans?
Car , encore saut-il connoitre un peu les gens.— ; '. )
Bon! ne voyez-vous pas Ion air û'hypocritìe ,
Dk un des enragés? C'est un monurchien. —
Non-, reprit le premier, je le cormo s fort bien;
"' ïf est' íl'n'n' club qu'on nomme loya lifte. —1
On f;- trompe, dit l'autre; on veut dire iòcnifkl —
Eh non! messieurs, dit enfîn un censeur ;
J'ai tout vérifié , vous êtes dans Terreur;
C'est un boii citoyen, cjui veut votre suffrage,
Qui. s'est montré loyal & ferme dans l'orage ,
Dont les bons fentiroens font prouves pat les faits.:
C'est un ami de Tordre & de la paix ,
Une amc chauds , un ciïur honnête
Qui veut le bi-n , une prudente tété.', , ,,\ , v.
Aussi-tôt l'on s'écrie: il n'est pas Jacobin'.
Nous ne l'entíndrons point... —Et puis derlin , derlin.*.
Mais fans succès on,' trime la sonnette;
Le brave citoyen est déjà dans la cour,
Lorique, pour proposer de fesser la Nonette,
D'arréter notre Roi , dénouer la Fayette , : " ■ ■'•
Et le département & Ba'illy tour-à-tour ,
II entend, aux doux fous de la sainte clochette ,
En hcurlant, demander l'heureux ordre àti jour'.

.Saint-Jfí»n , bouche d'or.

Afìèmbtée nationale, département, municipalité , tribu


naux, clubs , tout encourage à la révolte, au mépris de l'au-
torité , a Tirreligion. Si le Français ne devient pas fans retour
le phu exécrable peuple de la terre, ce ne fera pas la faute de
nos nouveaux maîtres, *
( 4*5 )

Vous blâmez les femmes qui ont l'impadcur , dans ces


tems de calamites, d'aller aux spectacles. Je gémis, comme
\ous, Monsieur, de voir que la frivolité l'emporte chez
!*ll;s , far la raison : mais les hommes ne font-ils pas pius
coupables? Enfermés jour & nuit avec des banquiers & des
fripons , ils s'empressent de dilapider des fortunes chance
lantes , que leur', pères ont eu bien de la peine à amasser.
Ne rougit-on pas de voir des chevaliers français servir de
Croupiers , &. être banquiers ? Des êtres austì méprisables
justihent seuls ('abolition de la noblesse; car il vaut mieux ne
l'avoir pas, que la déshonorer.

II fait mainte & mainte réformes ,


Ko:rc sénat, d'après ses systèmes profonds.
II chang: tout , jusques aux formes;
Mais il nous laissera fans fonds.

De Nancy\ ,
Tontes les manœuvres des clubïstes de Nancy n'ont pu:
déterminer M. de Châtelain à se íaire íacrer. . II vient de
se dtsiíler formellement , & donne mille écus aux pauvres1
pour expier le scandale qu'a donne un instant de foibleílc.
On le Hiínacoit de lui faire payer les frais de l'election.
Il a répondu que fa conscience étoit au-dessus de fa fortune.

La fermentation , nous écrit-on de Rouen le 11 , qu'oc


casionne par-rout votre insurrection de lundi , inquiète tous
les honnêtes ;»ens. Le* ciubistes font furieux -, ils m:n*.cenr
& attendent le signal des Jacobi«3 , pour \/é livrer à des
excès dont l'idée fait frémir d'horreur. Notre évêque intrus
fait tout ce qu'il peut pour se concilier les réfractaires &
leurs partisans. Ni séminaires ni communautés religieuses
ne. veulent le reconncìue. II se promené journellement dsns
( n* )
les rues, ponr accoutumer le peuple à le voir; mais îl ne
fait pas fortune dans l'opinion ; i! est généralement méprisé.

La prostation du nouveau serment qu'on a fait faire a


ï'hôtel - de ville par l'armée, est une parade ridicule K
insensée.
La constitution a décrété la liberté de l'homrne & 'âç
ses opinions. Elle a aussi décrété pour le Roi la liberté de
voyager dans l'espace de 10 iicues. íi ne vouloit ccpend&nj
«lier qu'à une lieuci
L'armée avoit juré de maintenir certe constitution. Une
portion de cette armée s'est opposée à ce pexit voyage.
—Premier parjure.
L'armée avoit juré robéiîTance à ses officiers. Cette por
tion d'aimée s'est révoltée contre son général , parce qu'il
tfouvoit ce voyagé dans l'esprit & dans les termes de le
loi. —Second parjure.
II n'y avoit & rte devoit y avoir d'antre parti'à prendre,
que de faire punir les. révoltés par l'armée elle-Btcme, en
assemblant un conseil de guêtre. /
N'en doutons pas; si M. dt la Fayette a çu la foiblesse
oc reprendre le commandement fans ce préalable , il fera la
victime de son patriotisme.
Ce n'est point pat des complaisances & par des caresses,-
qu'un garerai d'araxe parvient à se laite «imer , mais en
mettant dans fa conduite uu" justice exacte & une grande
feîroeté. Voilà le vrai moyen de se faire craindre , res
pecter & méme aimer , s'il réunit à cefi quaikes les autre*
talens qu'il doit avoir.

On fait savoir aux amateurs dn plus íâinc des devoiï6 , que


l'insurrc&ion du ii avril, ayant encore coûté cinquante
mille livres au grand Pbilipele rouge, cet kabile calculateur
sentant la néceflité de mettre enfin qtì>elcjii'éconoiBÌe dans ses
finances , a , de l'avis de ma<l. Brul. ...de Syll son can*
sellier intime , résolu de proposer ces sortes d'expéditions i
Vfinfereprise $c au rabais : ainsi, totuxs ks fois que les jet*.
C 527 >
(seau du palais anti- royal, ou qu«lqu'autrc signal anti-patrio
tique annoncera le beioin d'une insurrection, on pouçra s'a
dresser au grand tactitien Ckodtrl. ... dit Lac.. . .qui don-
. nera ccnuoistànce de l'expédition , & recevra les soumis
sion*. Pou* peu que l'adjudieataire soit deja célèbre par quel-
qu'exploit, ou connu par un avoué de la propagande , il tou
chera moitié d'avance de la somme convenue , Si le surplus
après l'expédition .

Encore beanconp, & je me fais gloire d'être de lwr nombre ,


espérant que ['inscription décrétée par rassemblée nationale
s'entendra dans l'hiltoirc.:
Aux grands scélérats .
'La patrie pervertie.
Signé d'AgUisy, aDcien chevau-Iéger de. la garde-.
A Rofoy-sur-Serre , ce 13 Avril 17^1.

Au dernier autodafé des assignats , M. Camus fe brûla


les doigrs en faisant brûler le premier million, ce qui lui fit
eublier les autres qui sc font égarés : si on les retrouve, ob
îe&íera brûler à la première fournée.

, II est décidé que la nouvelle législature- ôtera aux députés


actuels les places de magistrature d'tgìi-c, &c. qu'ils se sont
Sût dojancr oa sait pourquoi & comment.

Virsfaits enfortant de la tragédie de Henri VIII.


Sortant de voir Bculen & son époux volage,
Le spectateur bâilloit tout plein de cet ouvrage ,
Et pleurant ses mome.ns si chèrement perdus ,
Discìt ivcçl/oulen : )e ne reviendrai plus.
( 5a8 }

... .. .• • ...,« ., i
_ L'abbè Maury annonça hier à l'asscrnblce nationale , que
fi les membres du côté gauche rinteiromt oient cemme à ^or
dinaire , il les allqmmerok avec une mâchoire qu'il trouve rois
facilement parmi eux. -^On est d'autant plu*, ctonné de ce
propos , que M- Aîen... n'etok pas 3, l'ailemblce ce jour-là.

Comment les honnêtes gens ont-ils le courage d'aller aox


spectacles, & de ie rejot- , ìoisque la patrie cít déchirée par
des factieux ? Qu'ils les abandonnent aux prétendus patrio;cs
aux ennemis de la religion , du Roi &' des mœurs ; qu'on poitTfe
jusqu'à des tems plus heureux , recennotrre ces pertes de la
société dans ces lieux devenus. inrames. On ne fait de quoi
s'étonner le plus de l'indecence ou de la platitude des pieecs
qu'on y dorme. "„--'

Nous avons déjà parlé du Journal de_ la Noblesse ,.du sa


cerdoce, &lc. par M. de la Croix , (jéneaìogiste do Tordre
de- -Maltlie*: norts disions qu'il rucriteroh d'être 'appelle le
journal de ['homme d'état. Ea effet , on, ne trouvera dans
aucune de nos reniìles' du jour des conceptions aussi vastes, >
des rapprochemens aussi hardis, & des vues politiques auíiì .
profondes. L'autcur , loin de íc laiíier subjuguer pat l'im-
pulsion du moment & le torrent -des cv> nemens , juge les
faits & les acteurs de ceite piece ii singulièrement com-
piiruée , cjui stf joue sous nps yeux j -cónfinïe r'hilroíre; & la
postérité les jugeront dans cinquante 1 àns. On s'abonne à
çe journal au bureaa du Journal de laCsmr&dc la Vile,
rue Percée, N.° 11.
- —■ : : . T .-. '— ;** (
On s abonne pour et Journal, rue Percée-Saint-
• Ándrc-dcs-Art/f
______ ' •*
De .'Imprimerie du Journal de íá Cour & de la Viïlc
N.° 6t.

\; jour n a:l; U
ÏT£ 'X'A COUR ET DE LA VltU.

. ..." Joue faiseur de Journal doit tribut au Wdliu


La Fontaine.

Du Samedi 30 Avrìt 1791!


Quel spectacle révoltant pour !a Vertu, que la vue d'un
scélérat , qui, comblé de forfaits íf d'attentats, meurt cepen
dant tranquille & honore en apparaice, tandis que rhomme
honnête 8c vertueux, qu'il a poursuivi , languit opprimé'.
Qui ne rcconnoítia , à ces traits,, le souverain le plus mal
heureux, 5c le législateur, U plus audacieux?
Anacharsis diíoit à Solon : Vos loix font des toiles d'arai-
gneesy où les foi'oles leront pris, & que les forts briseront.-
Avili ce législateur convenoit - il qu'elles n'etoient. pas les
. rripillpurcs possibles, mais les meilleures quj' les Athéniens
fulsctii capables de recevoir. '5^ nous avons quelcu'anaoois!
»Vec les Athíniesis j il faut çprivenir que pos l.g ílateur»,
n'en ont gueres , avec Sçlon,;,, ■ ■ "í .• niioi..'. i
Une société est le *:riuklel-íor>JMW*t de l'inégalité parmi
les hommes,;' '. , ["','" *"
Mgr. Calvados-Fauchtï, de .fo part de J. J. floujseau >

ASSEMBLEE NATIQ-NÂti^
Séance du X) \Avril: :Ahn,A '.'il .'2
Un déetè: per met aux soldats' d'assistçc au^clijbsy On,*;
Caritiime ia^ifcalEon fur \a pécéljàt'o de dect^r uueéniislW
de petîtis áíEgcat*. de cinq & dë-deUx liy^cs ^ pn^a
luj'íî'June pêti.ióii des n-^ocians de Paris, j ...-.'-il: •
Tosne II Année r 7 9 1 . K, k k
( 53o)
- Le nouveau serment prête par l'arjh$e , met les factieux sa
désespoir ï il n'y a sortes de ressort"!' qu'ils ne fàlscnt jouer
pour jeter la division à ce sujet parmi la garde nationale, Sc,
pour soulever le peuple contre elle ; & lur-tout contre son
chef. Ce» mouvemens divers expliquent la fermentation ef-
ítaystr.c ddnt la capitale est le théâtre depuis-quelques joars,
La garde nationale de son côté, est décidée à poursuivre les
factieux: , ou du moins à s'opposer de toures ses forces à leurs
tnunes crimindlcs. * ", .-. ,. . i - f>"> n( f

V A R 1 É TÉS.. \.\
Je passois dans la rue Saint-Antoine , il'mdxóa oi die
se partage en deux , celle de la Tueranderic d'un -côté , de
l'autre, celle <\u\ mene à W Grève. J'entre dans une bou
tique de fflïaneerie , qui est assez bien située là, mais assez
mal fournie. La dame étoit à spn «omptoir , dame à lunettes ,'
à .bonjoet de rancien régime. Apres-quelques propefs d'em
plette, j'apperçois fur lé comptoir la foule des papiers da
jour , & ee grai>d- moniteur ejui domine entre eux , comme
l'autruchc eiitre bs oiseaux niais. II étaloit là Tes grandes;
ailes & ta queuû appellée sikppléanent .du mercredi 19 AvriL •
í'admire son volume-, & m'ii forme ayee simplicité , s'il con
tient aujourd'hui beaucoup de chascs. Y a ce qu'il doit y
avoir, & comme il doit y £ re3 me dit une voix qui
m'etonna. Elle accrut mon éonnement , en répétant coin
ton plus aigre j Sf comme il doit y ûk. J'avise'i en ce
moment la figure de la d; me de qui' venoit la voix, file.'
me parut '.plus, qu'humaine , comme dit Télémaque 'du
sage Mentor , mais un peu moins attrayante. Je fuis., lais
sant la faïance & les papiers, & raadane Giieche-, & comme
elle.veu4t>it me ràppéller : lisez , niadsme , lui criái-je , lisez
je vous en laisserai le loisir i 8c je- Poxtni mes^ dix-huit francs>
ailleurs. Ainsi. fait-'on en Angletetre chez tous les aubergistes ■
& les marchandes bonrpaes l$c le. lendemain., on met
aventure dans ées papiers. Communément la boutique ou
i-'auberge- ne -tírtleiit pas à; "fe"lVrmér. François ! faites do
toi me féur cífbciutiques d'orateurs, de sections Si de cour-
taux-villaiss. Leurirîlolcncc est devenue^trop extrême.
( 53* )

Non» invitons toutes les facultés de médecine & de chi-»


tuigie a chercher un remède contre une espèce de rage très*
dangereuse qui a infecté plusieurs pays, & qui a fait de
grands ravages , fur-tout en }• rance : on a remarqué que
ïe mercure ne la guerissoit point , & que l'or 8í l'argent ,
fur-tout pris à grande dose, ne faisoient qu'irriter le mal.
Un habile médecin, nommé Bcnder , a réussi à fextirpei
dans plusieurs cantons, en employant le saífrao dé Mars,
&Ma préparation de plomb : nous le prions instamment í'm
venit faire quelques expériences dans ce pays-ci.

Un prêtre jurent nommé Boutin, étant ivre l'autre jour,


ttr. se promenant dans le jardin d'un district, ne vouloir pas
absolument croire à l'inviolabilicé de trois dames qui s'y
promeuoient aussi , & fc dispofoit à, agir en conséquence,
II fallut appeller la garde, qui, par égard pour l'illustrc' corps
dont il étoit membre, se contenta de lui faire comme à
l'aumònier ' de Jean Chandos dans la Pucelle , dans une oc
casion à-peu-près pareille :
On fit sortir l'aumô nies soaodaleiw. Pucelle, Cham 8|

Une lettre authentique de Chambéry nous annonce que


eòut y est tranquille , par le* parti qu'a pris le Roi de Sar-»'
daigne de chasser tous' les Français feulement soupçonnés de
la maladie anti-sociale qui bous insecte; toutes les troupes
Piémontoises ont aiguisé leurs sabtes , & ont juré de couper
les oreilles * tous ceux qu'ils rencontt;roient -, aussi ces mes
sieurs sont-ils tous rentrés en France j. 8c comme tous les
htonnéres' gens en sortent dans ce moment-ci , la composi
tion du royaume fera véritablement curieuse dans quelqac-
eems.

Les chevaliers français de la nouvelle constitution ae font


pas respectes plus que de raison- en Allemagne. Voici u» fai»
«out pn peut garantit l'authcnticité , 3c qu'il est bon de
dénoncer au com té des recherches. II est a présumer que fi
jjRice est fendiiecomnic à 1'ordinairc, fEmpereur pourra
bhn être mandé à la barre pour y rendre compte de la conduit*
de son commandant à Mons.
La mercredi^faint , le colonel du jardin, commandant à
Moi).- , ayar.t apperçû un national français avec une médaille
distinctive pendue .à un ruban aux trois couleurs, le fit ap-
pcller , Sc lui demanda ce que c'étoit que la distinction qu'il
poitîit. Ce. national , qui vouloit probablement propager le
Jy sterne- d'Jgalké décrété en France , lui répondit íàns dé
couvrir fa tïte, qu'il étoit bien étonnant qu'il ne connût pas
une auffi belle distinction; qu'il étoit un des conquérans de
la bastille, Sc que c'étoit le prix de fa va'eur. Alors le
calonel dit.en allemand , à un bas-officier, de venir avec
q la'úe fusiliers , Sc de s'emparer de ce brave patriote pour
1; mettre en prilon , les fers aux pieds & aux mains , & au pain
& à l'eau jusqií'à nouvel ordre. Lc pain Sc l'eau pour un mili
taire qui a soutenu des sièges , n'est certainement pas une
grande punition ; mais des fers à un homme libre, voilà
ce qu'un bdu décret bien sanctionné doit arrêter.

L'c duc d'Or... vetìd aujourd'hui les meubles de fa chan


cellerie, Sc va bientôt, dit-on, vendre fes aucres meubles;
tableaux , &c. Non; en avertissons ses créanciers , parce qu'il
y a grande apfarène: qu'il -est question chez lui de ce vi
lain mot de B.... qOe nous ne. prononcerons point , parce
que rassemblée nationale i'a défendu.

. Ceux qui font embarrassés pour accorder la lettre de M.


de Montrnorin , avec l'arrestation du Roi , & fur-tout avec
son discours à l'assemblee naiionale , n'ont qu'à se donner
la peine de lire Platon ; iis y verront le portrait d'un homme
juste qui fáit être libre jusques dans les fers : aussi chaque
souverain fera-t-il au Roi la mème'rèponfe que fait Didoa
à Eiiee dans l'opéra.
pourquoi m'en affurcr? croyez-vous que j'en doute i
f(m)

L'autre jour un officier municipal est allé faire des repro


ches à la maîtresse d'une pension de jeunes demoiselles , de
ce qu'elle r.e rnenoit pas ses élevés, au sermon : monsieur , ré
pond t ia maîtresse , je suis malade dans ce moment-ci , &
je n'ai personne pour les conduira : madame, répliqua de la
irì.'i/Ieiirc foi l'oíficicr municipal , je vous enverrai un grena»
liier de confiance , qui les nouera & ramènera.

. Le ferme it dem ndé par M. de là Fayette à la garde


nationale ; lait qu'elle est à-présent partagée comme le clergé ,
«n jureurs & non-jureurs : la différence est que la paítie des
jureurs nationaux est composée de tous les honnêtes gens ,
fidèles à leurs devoirs, 3c qu'ils font le plus grand nambre ,
& que dans le clergé , c'est absolument le contraire»

II y a long-tems que nos législateurs ont assuré que tont


l'univers viendroit admirer notre sublime constitution ; on
pourroit croire qu'ils se sont trompés , en voyant qu'au
«Ontrairc toùt le monde a l'air de la fgir; mais c'est que
eet adm'rable édifice est coran:e les tableaux peints à l'eftet
qu'il faut tígarder à un? grande distance pour en voir les
beautés ; & chacun cherche à se placer dans le jour favorable.

. II paroît un mémoire de M. Ducrest contre le duc d'Or...


izris lequel ce dernier est traité de fripon : cette accusation a
surpris & indigné tout le mande ; cependant; , on ne fait
qu'en dire, lorsqu'on fait réflexion que M. Ducrest a été
son chancelier pendant plus de dix ans , & qu'ainsi il doit
le connoître à fond.

Mardi zj , un frère jacobite nommé Tury s'amusoir à


arracher les affiches de la section des Quatre-Nations ■ la garde
( S34 )
Pà arrêté ; & Comme il faisoit résistance , on s'est permis de loi
donner quelques bourrades : mais ce qsi est d'un bien mauvais
augure pour cette illustre confrérie, c'est que le peuple
vóuloit pendre ledit membre. La section l'a fait conduire à
s la Force, où il va tâcher d'exciter le plus saint des devoirs.

Déjà une puissance voisine a répondu à la lettré dictée


au Roi, par le comité diplomatique , le département àc
Paris, la municipalité de la mème ville, & qui a coûté
un effort de génie à.M. Tkmtrct. La réponse Cil brave;
elle n? reconnoitra Louis XVI chef de lá révolution , que
lorsqu'il fera a trente lieues de fa capital; , à la téte d'une
armée , & hors des mains des factieux.

. R feroit possible que les assignats dont on a arrêté les


fabricateurs , eussent été employés le #j , le r«, te 17 &
le 18 avril à soudoyer les hommes & les femmes qui (e
- font portés au carou'sel pour empêcher le départ du Roi.
Oh sait qu'ils sont mc*tés de six & demi à sept Sc demi
immédiatement après cette' horrible scène. L'enlévertene
qui avoit été fait du numéraire pour payer les brigands , a
certainement causé cette augmentation. M. Rab... de Sainte
le... propose de faciliter les insurrections , er* décrétant des
assignats de cent fols. Ceur à qui l'on confie des assignat»
de jo liv. , pour en faire la distribution , commertent des
infidélités. II en résulte deux inconvénicnS ; l'un , que tous
les brigands ne reçoivent pas leur solaire; l'autre, que celui
on a confié l'astìgnat de jo liv. s'enivte à un tel'
, qu'il n'est pas en état de remplir son devoir de bri?

L'assemblée nationale finira par détruire les hôtels des


Monnoies , qui deviennent tous les jours plus inutiles. Elle:
▼a décréter des assignats de^cent sols, ensuite elle nous
en donnera de 3 liv., de 14 lt, de us. , & enfin elle noos
fera le cadeau d'assignats de * sols. Est-U possible que nous
soyons dupes à ce point du chatlatanisole de nos tyrans ;
M. Chafi..'. montroit s un ami une maiíon qu'il a achetée ,'
S la lai faisoit admirer : comment trouvct-vous cet escalier
dérobé * —Moi , reprit l'ami véridique , en se souvenant d'un-
yieux bon mot qui ne fut, jamais mieux appliqué , je h trouve
comme k reste de la maison. " '
«".* u'.ilj iM )! i
■; s .■ ■ ' ' ^ ; -J ■ 1
Qui né diroit, a voirie débordement de crimes qui ravagent
impunément la France, que les Français ne vpyent dans cc
qu'ils noaimene liberté, que la facilité de se livrer à tous,
les excès qui font dans leur caractère , & que de sages lois
conicnoLent avaut h glorieuse éjo^ue où l'on a vu leur Roi
détrôné par une poignée d'iommçs perdus d'iooneurj de
niccurs & de dettes? C'est peut-être aussi la raison qui les.
attache i îoxt à ce qu'il leur a plu de nosamex k révolwtien.

,.o'^ -, i. • 'r . - ■. T - . - -t > •>,,- ; /.


On nous mande de Rouen ; que Févêqae intrus se Tendant'
au brait du canon , à la cathédrale', & se trouvant aa mille),
du yieux marché , a demandé au municipal teJ JP*avaffeizr"
l'áiné ' et que c'étoit que cette' place ? C»lui-ci lui a répondu'
que c^tg/it le lieu des exécutions crimin-'llcs. Çctte réponse'
* cairse nne tdle révolution à l'intrus, qu'il cri a pâli, & a été
saisi d'une foiMeffe qui a failli IVrnpèchçr de cont muer ty
marche.- Etrfin , il a été instalé kiér 1.7, ì. i; heures- dV
matin. |— Les cioch,« ont formé toute la journée: Le soir U'
fi *eu ?llumiuarioti. Le club jaeobite s'est distingué : 'totisr
cehx qui ont été voit 'fi brillante i'inmtnation , hommes 3tl
íémmcs , ont été forcés d*entrer dans la salle d'au^mbTée-:'
pour j jurer : ceux & cellt* qui s'y font refuses, ouVété. mai-'
tuius êí c&afíes à «oup* de pied aa «W -—^ — - ...„. .....
-U.i-»' .■ V, ' ' i . i imf «n ' '] ' v,.j t : 0
( Thìítrï-Fkançais , rue de Richelieu.
.Mercredi, les nouveaux comédiens Français . de. fa íflp
Richelieu , ont débute far lg second «hef-d'eeuvre du grand
< ■««).
Chlnier. Malgré les vives déclamations de son patríotidr*
contre les Rois , malgré les horreurs de détail don: foui-»
mille la piece de ce terrible iivai de Corneille, elle a été
sifflée complertemcnt. Dans lés momens où les beautés rra-
ico-patriotiques lailsoient , respirer , les amateurs ont joui
'un autre spectacle non-rhoir.s, intcrcllant que celui de la
Icènc. On remaícjuòit aux premières , loges M. CharUs^
Lam avec mad. d'Aiguit;. . . , M. 'd'AÌgúil. . .
avec Dondon Piçct , qìi'on"3~b«tr difliugué,, malgré la res
semblance. : M. Mui avec M,"', lircel. . ./, .& ce
groupj-e national éteit flanque d'un côté , par Mlle. Co'uloa
ic Audirtot ;■ do l'autre , par M. Bisgaqon Les. patriotes
ont femarqiit avec attendriiicirse'riV }es vils appîaadiffemetw *
&• presque continués , que ces fleurs de la démagogie prodi-1
guoient à V'envi à toutes les tirades contre1s R.oi & la Reine r'
onassurrm rbé/qVils n'ont pu modérer teufs transports, erì
Voyant MM; íatn:. . . & rw*if.i«rV. l'cmpoftcr par leur
aèlr, fur rhiftirón- & les- deux rtbuts de sapera. Cependant,
cette troupe patriotique a erToiiyé une petice tribulation , par
les applaudiífemcns qui ont retenti de toute part , lorsqu'on
djt que. ,1a ■Rfine est jnnocepte, de, toutes.! les lautes que des
seçlerats B& tics inglMtí lui impurer>t. .Ctt crhec a rend»
ftrîejise.la ^coippegnie.24/n. . . .. . & la horde jacobite qu'elle
drrigSoit dans,ls ppvjárre. Mais, ie génétal des Annonciadcs,
accrut urne aux triomphes , s'eít remis en un moment -rtt ac-
tant four se distraire , que pour honorer le zele des baladits
flaàies & sinjcîles.qj^ij'aypifinoieni t il les a emmenés fouret
cLei .IuuTous les bons. citoyens, ppt. vu' avec délices , la fille,
q'iin;, Marechalr.de-France ,aux prises avec un farceur -} leSj
Lam. . . .avec des ceriphees d'ppéra..Au feste, ceux du ma
nège .peúvent Ucn figurer avec ceux du premier spectacle d«
la. capitale; tousses conuoiíléiras ont ailuré qu'ils étoienc
(signes les .uns dtt»Bfte£ / ( ,„* e..:j ^.j v<

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