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EUROPEAN HISTORT
A\TDTHE COUNTRIKS
OFNORTHERN APRICA
FKOM TIIK
BEOUKsT OF
BATARD CITTÏTNG
OKNEWT0R.K
class of l900

SUIT
( N° 38. ) jWffj^^ ^

LA ROCAMBOLE;

o ir
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom Régius Asti- Jacobino s.

« Une Foi , une Loi , uh Roi ».

Du Jeudi, î Novembre IJ9J,

À V I s.
MM. les abonnés qui ont reçu ce ïournal depuis le
premier Juillet, sont avertis qne leur abonnement est
•xpiré , et sont priés de le renouveler. (Dernier Avis.)

NOUVELLES POLITIQUE^. \

bulletin des Pays-Bas i du 2.4 octobre.

garde le plus profond fecret fur les opérations!


des puiffances coalifées. Un officier Autrichien ayant
montré la lifte des rëgimens Autrichiens en marche , a
été mis pour cela aux arrêts par le général SAbon-
court. ; •.< - c, . - . .. •
II. — On préïume que l'a&ion commencera en no»
vemtre.
III. — On attend à Tournay , 400 dragons. . 3
iV-- **** 1
An» 12 19^5 PP
fond / .t*:
( 374)
la poite d'ë Lille à l'adreffe fuivante : à Mtffieurs tti
Officiers Français Jeans au grand café } /tir la place t
« Tonrnay. Il renferinoit la proclamation du roi & une
leltte. On a lu la lettre; màis il n'a pas été poflîble
d'achever Iale&urede la déclaration. On a fait la motion de
brûler le tout , mais plufieuTS Ofïciets s'y font oppofés par
refpedt pour le nom du Roi. On a feulement brûlé
' l'enveloppe. *
V. — Tous les chevaux des Gardes - du - Corps font
-irrivés i & o n vient de les armer. Ce font les Hollandais
qui ont fourni mille chevaux en démontant plufieurs ré,
gimens 5 ils ont encore vendu des canons à nos Priuces
qui font arrivés à l'ënr defti nation.
VI. — Les plus grands facrifices ne coûtent rien auï
émigrés» Un Moufquetaire fort riche avoit acheté cent
chevaux & les avoit équipés. Il les a offert à ceux de
Jes tainarades qui n'avoient pas le moyen de fe monter i
en leur difànt de le rembtiurfer quand ils le pourroient >
te îamais fi cela pùuvoit les gêner.
VII. Un< négociant SïOJlcnde vient de traiter avec
les Princes pour la fourniture de îiooo fulils ; il y eit
a f©»o- que l'on doit envoyer à Jeffey pour les Nor-
inans émigrés dans cette île r 6000 pour le ratfemblement
des Pays Bas , Se iooo pour Coblenti^. Un autre négo
ciant de Mâejlritl a conclu avec M. le Marquis de la.
Queiàlle un rharché de zoooo armes, également pour
Cbblentz. Ces fournitures ont été faites très-promp»
iement*

Copie d'une Lettre écrite d'Ath a M., dû


Portail i par M.i delà Béravuiè-île.
« J'apprends à l'inftant , Monfieur , que vous m'aveà
tiomihé à la fous-lieutenancs eu pied de la compagnie.
\ m )
-èt Sîgny du 10e régiment des chaffeurs à cheval. Se
h'knagiaois pas, d'après ma conduite, qu'on cAc pu me.
croire capable de vouloir faire divorce avec l'honneur,
en m: propofant un ferment aùfli infime .qâe ceux qui
l'ont inventé. Tout emploi cônîlitutionnel m'étant odieux;
je vous prie (Te nommer à cet emploi. Je prétends ;
Moniteur -, ne: rentrer au ïervice que pat là bonne porté
fie non par un mauvais portail »'.
, Signe , Philippe rte la Béràudière., ci - devant •foi^s^-
Lieutenant de remplàctmerit au ioe régiment des Chaf-
•feurs à cheval..
N. B. Ce régiment eft celui des CuâfTeurs de Bre
tagne;.. aorjn^Mi . .••

MjiioâÀiîoNs^
Dit Lùriil i$ oàùhrt.
' TfcVmigration eft toujours incroyable. Il efi arrivé nîet
un grand nombre de perfonnes des deux fixes II paiTèV
tous les Jours un grand nombre de foldats qui fe deguifent
pour arrieer aux frontières. M. le Duc aie Fit\-ta..: cft
ieparti pour Coblent^; après, avoir .fait;paffe'r iîo , Bas-
Officiers & Soldats de Dillon. — Îioyal-Suedois pafT*
à force , Officiers & Soldats. — Les Officiers d'artillerie
commencent à palier , ainfi que ceux dii géni;. On a
compté aujourd'hui , depuis' 6 jufqii'à. 7 heures du foir^
6^ ivojtures'. i \ .' . . V
Les Princes ont reçu une adreiïe de la Noblsïfet di%
Périgord & de 356 membres du tiers-état de cette pro
vince , qui demandent à. palier , . fuivis de ,zombie de*
leurs. — Il va auflî y avoir une nômbreufe ëmisi'àiîpa
d* tiers,-état d: Normandie , de Picardie , de. l'Auver~
gne & ..du Limoufin , &ç.
.- . ( 37« )

Bxtrait d'une Lettre de Tournay.


tt On eft mal Informé furie compte du mari & de la
femmt ... Quand au Brouillon qui cft à Bruxelles , fon
créait eft mort } il eft tombé dans le plus profond
méi iis ».

BJponse de M. le Vicomte de Dortjus


. à M. Dvp
« Je viens de recevoir, Monfieur, la lettre fans dater'
par ' laquelle vous m'annoncez que !'ai été nommé Co
lonel du lîxième régiment de cavalerie , ci-devant régi
ment du Roi. Je ne puis vous dîiïimuler. l'indignation
dont je fuis pénétré J îe recevrai toujours , -avec la plus
Vive reconnoiffance & le plus profend refpeél , les grace9 -
qui me feront accordées par le Roi ; mais celles émanées
d'un minifirt infidellt & fujet rebelle , font trop mépri-
fabïes à mes yeux pour que je les accepte jamais.
. Je fuis avec les fentimens que vous méritez, &c.
Signe , le Vicomte de Do RT A ir , Gentilhomme
Français , fidetle' fujet & ferv.iteitr du Roi »,

^dresse de M. le Baron. n\Isc u JSB. ds


Vi l le P otlt Officier au régiment de
'Limousin , à M. Dtrp.. '..
.' ' tV Oatobre.
« Pourquoi, indigne Miniftrte du meilleur des Rois,
avez - vous eu la temerité d'exiger le ferment que des.
foVcénés i éevetèrent le si Juin dernier ? Lorfque l'armée
deiabufée connoîtn le crime que vous lui avei fait coav
(3/7)
mètre , oii trouverez - vous un afyle pour vous dérober
à fa jufte fureur ? Tous les militaires qui ont refté fournit
à l'honneur vous mép.ifent & brulnt de voir aniver le
jour heureux où. ils prouveront à l'univers que malgré
ce ferment , le Roi n'eût jamais de plus fidiles lujets,
& la Patrie de meilleurs fervitcurs
• ••• a • .
( Suivait quelques autres paragraphes non moins éner
giques- M. de Villefort y abjure le ferment qu'on lui
a extorqué , & continue ainfi ) . . . . « Je vais à Ath ,
me réunir à mes freres d'armes , à ces vrais chevaliers
Français qui ont toujours porté dans leur cœur & le Roi
Se l'honneur. Là , je renouvellerai le plus faint des fer-
mens , que les affoits du monde entier ne pourront me
faire violer; c'eft de facrifier ma fortune, ma liberté i
pia vie , tout enfin pour relever le trône des lys &
Tauteldu Dieu des armées que des fcélérats en démenct
vnt renverfés de leurs mains impures & facriléges ».
Thermomètre de Taris.
Les révol«tionnaires baillent encore l'oreille , parce
qu'ils font inftruits , à n'en pouvoir douter , que nos
Princes prennent les mefines les plus adives pour faire
renaître l'ordre en France , & qu'il eft très-certaia qu'ils
feront aidés par les puilfances.
Eh ! comment pourroit-on douter encore que le règne
in crime & de l'iniquité ne touche à fa fin , quand on
voit les coupables auteurs de nos calamités rcalifer leurs
fonds Se fa dilpofet à une prompte expatriation ? Déjà
madame de Sille... , mademoifella d'Ort.... , mademoi
selle Pamel... , font parties pour l'Angleterre , accom
pagnées de MM. Péth... & Void...
Pour comble d'infortune , la mifère eft générale ; les
rues font pleines de nveitdians qui vous aiSégent jufque*.
'dans les maîfons ; le prix des denrées augmente d'urç
ïour à l'autie, l'arge ', çft à? t.r,' poui'ioo. Nous
iommes menacés d'un hiver très-rude , le peuple çft
£ms travail, & fç. peu d'appiovïfionnemens fait crain
dre qu'il ne foit bientôt fans pain. Auïïi ne phante-t-îj
i . . . .
SA jplB A T S J JLÇ 0 5 I T ES, !
Des î8 $ç 30 octobre.- -
Sous ta elocfiette die grand Prêtre Fauchet.
L'hydrophobie !'acobite vient de fe manifefter chee
^Laiîeurs femmes de Bojrdeaux ; réunies fous le titre,
d'amies de Targinette x elles ont leur repaire & leur
tribune, leur prifidente & leur fonnçtte , leurs fecrétaires
& leurs huiiîîers. Ces hoiiorables inculottées font régu
lièrement des làbbats de tous les diables , par concomi
tance 5c fous l'inlpeétion immédiate de la jacqueri^.
bordelailë ; elles ont mêxe juré par Bel\£biu de ne
plus donner l'être qu'à des Jacquinots ou des Jaç-
quineues.
Cette importante nouvelle a été proclamée le 28 , dans le
Çibbat par excellence des vénérables jacobins de Paris*
Ç»ri y a lu aulli la copie d'une lettre datée de Tonrnay,
Ijignéç Brouflana , qui en attend la réponfo à Cablent^ ,
pofte. reliante. Lrs frérotes de Bordeaux difent que.
l'original a été envoyé à la municipalité de Paris. Quoi
qu'il en ièit de ce Broujiana. , être tézl ou fantaftique ,
il, invite un tien ami , dont on a tu le nom , à venir
le joindre à Çoblent^ , avec fon frète , fon voi£n & force
chevaux ; il lui annonce que toute la maifon du Roi ,
îotrnée fur l'ancien pied , ' y eft réunie , & qu'il aura des
appoiiitejnens en arrivant. Si vous vous décidez à venir ,
ÇOurfuU-il, Y*yc? "H abbé de ParU * dont il indique,
(375)
le nom , la rue & la demeure î traçant. enFuite la r»ufe*
que doit fuivre le futur éinigiant, BrouJIana ajoute i
qu'arrivé à Tournuy , on voit le commandant qui donne
les renfcignemens néçatTaires & des fonds anbefoîn, qu'a-.
vant le départ de la capitale il faut prendre le petit
mot d'une dame du faubeurg Montmartre , dont le nom
& la demeure font également cités. — Le.s fins, narquois
que nos jacobins ! avec quelle adreiTe ils défignent au
comité ,inquifitorial Se aux braves làns-culottes tous ceux
qui leur font ombrage , mais fur-tout , avec quelle
imperturbable audace ils bravent effrontément la loi Se les.
galères , ce que je prouve ainfi. La lettre BrouJIana.
çft vraie ou fuppofée i dans le premier cas, ils, en ont
violé le fecret ; dans le fecond, ils font coupables d'uni
faux atroce, & Targinetfe veut ahfoliuc , qu'on donna
un brevet i'efpqfiet au auteurs de l'une Se l'autre de ces
efpiégleries jacobites. — Après la leclure de la lçîtrc
BrouJIana , on a fait le rapport d'une rixe furvenue à
la comédie de Marfeille , le \6 •ctobre , entre les oîa-
ciers d'Erneft Suijjés Se le peuple fosverain , au fujet
d'un Hijlrion , renvoyé & reclamé ; l'un des officiers efi:
infulté & fond avec plufîeurs autres dans le parterre ;
les deux partis fortent fur la place Se fe battent ; toute
la ville accourt , les Officiers font arrêtés , emprifonnés ï
les portes occupés par les Su'uTes , relevés le lendemain'
par la garde nationale & le régiment caferné. Le récit
de\e défordre a conduit frère Machenauk à celui du,
jour fur les prêtres non-aiTermentés, Le fougueux jacobin
ne voit en eux que des traîtres , des J'riyons , des fa-s
natiques , des charlatans ; fc dans les Rois , qui d:s
tyrans couronnés qui ne font plus à craindre depuit
que le peuple ejl influât de /es droits. \\ vc41dso.it qu'erv
çrofcrivÂt la fautan,!» des jrêtres Si le célibat , 4001104
(38o)
on a profcrit livrées , les cordons , les armoi
ries , les robes rouges & noires & qu'on créât un
nouveau ceftume digne d'un peuple qui ne doit imiter
perfonne & fervir d'exemple à l'univers. Cette extrava
gante rodomontade a fait dire à plufieurs profanes que frèie
Machenault avoit le plus preffant befoin d'être mis au ré
gime. — Frere Istuird, l'un de nos Monarqnes, cft venu le
30 préfenter it la fonction jacobite fon proj.t de loi contre
les prêtres & les Prince» ; il, veut que les premiers
foient bannis du royaume pour 5 ou 6 ans , & que les
feconds foient condamnés à mort , comme le fat Manlius
par les Roma:ns. Machenault , le Brutus de la îaco-
binière , renchériffant fur le préopiaant , a exhalé auflî
dans un difcours bien digne de l'auditoire , fon virus
Jtrchi-républicain. « Le fiège , a-t-il dit , de la conjura-
» tion d s princes eft aux Tuileries , che-[ le Roi des
» Français , les Princes , les émigrés n'en font que
3» les bras Pour que la tête reftc fans moyens ,
» détruifcns tous ces bras à la fois ; fi le monftre en
» confetvoit un fcul , il pourroit faire encore beaucoup
x> de mal ». — Le bénin fère conclut enfin à ce
que les Princes foient condamnés à mort lî plutôt pof-
fible , & que la fentence foit exécutée en effigie à la
Grève , au Caroufel ( fous les yeux du Roi ) & dans
toutes les places frontières du royaume Quelques
tetes tranchées , & vous verre\ pâlir tous nos ennemis !..
Les f.ibbatiftes fe font retirés avec cette confolante idée , •
& dan» le doux efpoir de voir bientôt l'univers plongé
dans le cahos d'où i'a tiré l'auteur de la nature,
MÉLANGES.
COMPLAINTE. »
Ojiel défefprflr s'empare de mon arne !
^ Quel défefpoirî ..

v
(38a )
J'en pleure du matin au foir!
Lire aux cicux n'cft pas mon affaire;
Jamais , îamais Coco ne me fît mère î
3'étois maîtrçfie & je- m'en confolois.
Bientôt , hélas ! pour combler ma mifere ,
Mon cher Coco , mon grand niais ,
Ne fera plus ni père ni maire.
Paroles & mujlque de madame BAlL,.-CocO%

Lettre à JDom Régius anti-jacobinus.


Car vous saurez que le Roi Lequinio ,
très-illustre breton , monta dernièrement
dans la tribune des jacobins pour y débiter
un discours qu'il ne s'étoit pas même donné
la peine de lire. Car, le grand Chapelier ,
ex-monarque , lui avoit envoyé la veille
son opinion , avec plein pouvoir de s'en
faire honneur pardevant le sabbat jaco
bine^ mais le Roi Lequinio ne s'étoit pas
apperçu que l'ex-monarque Chapelier ne
lui avoit remis qu'un croquis informe ,
qu'un canevas à broder ; car il se prit à
déclameF bravement ces mots dans la tri
bune aux harangères : « c'est l'opinion >
Monsieur , que vous devez proposer; je
ne vois pas , Monsieur , que vous ayez
d'autre parti à prendre ». A ces mots ,
tous les sabbatistes ébranlèrent la voûte
infernale de leur repaire par des brouhaha
( 38?. )
longuement dirigés contre le pauvre sire.
C'est du Chapelier tout impur , disait l'un ;
car l'ex-Roi Chapelier à un goût décidé
pour la particule conjonctive car. —* C'est
ainsi , disoit l'autrê , que défunt Mirabeau
donnoit toujours une force épouvantable à
$es périodes boursoufflées * en s'écriant :
certes^ } Messieurs. Et cet ainsi , remarguoit
un troisième , que le petit Bar/tare passoit
pour un renouvelé de Jûémdsthène en disant »
TOUR CE QUI EsT QUAND J'z'ÉGARZ).
Certes , on devient orateur à peu de frais
dans un siècle de révolution ; car , avec
des particules & des adverbes , on se fait
claquer à tout rompre. Four ce qui est
quant à lxégard 4e Démosthène & de
Cicéron , tout le monde sait que ce fut
avec des particules conjonctives qu'ils firent
trembler Philippe & Catilina.
Signé , le vieux Puriste de la rue
du Puits-qui-Parle,
• ' nii

Le Roi a dit à M., le duc de Cerestc


JBrancas , en apprenant la nouvelle des.
massacres de Saint-Domingue : Voilà l'effet
des prédications de l'abbé Grégoire.

te yiskpis hier à Sévs la njanufa.çtur-f


de porcelaine', & je fus surpris d'y volt-
nn service dé 2800 pièces , pour M. le
duc d'Orléans 5 «on prix est de 90 mille
givres. Les peintures en sont superbes ;
elles représentent la collection des oiseaux
de M, de Buffîon.
igjiwi ' 1
M. de Saint - Huru.. , citoyen poussif
rient d'envoyer une déclaration en forme
à madame de Sta.. : Chère Baronne, lui
écrit-i^ , j:'apprezPds, que vous donnez ccn$
louis jpar an à Cmax,pc... pour qu'il fasse.
Yotre appartement trois fois par jour z
çomme la gloire est ma chimère , je vous
servirai volontiers de frotteur pour trente
écus de gages par mois. Le cher Gorfa.
%t Tutti Quanti m'ont si souvent frotté
Gratis, que je puis hardiment vous ré-,
pondre de mon talent & de mon dési/ité-,
ressèment. Je suis grosso modo , votre , &c*

L'horreur & le mépris qu'inspirent les,


prêtres de la nouvelle loi , éloignent d'eux
les bons catholiques qui ne fréquentent plus
les églises depuis qu'elles sont profanées
par les Intrus î de sorte que le casuel ne
donne rien , absolument rien , & cela est
bien affligeant pour des coeurs qui ont sa*
(384)
ciifïé leur honneur & leur conscience i
dans l'espérance d'accumuler les biens de
la terre. Aussi n'est-il pas de pasquinades
qu'ils ne fassent pour déterminer l'aveugle
fortune à leur être plus favorable.
Dernièrement le curé juretrr de M<zr-
gueritte , village à une lieue de Nismes r
surprenant que la femme d'un de ses parois
siens étoît morte , court chez les parens de
la défunte pour demander à faire son
convoi. On lui répond qu'elle est enterrée „.
& il se retire couvert de confusion. Cepen
dant il rumine & dit : M.orbleu , je vois
hiert que je suis berné 1 mais fou... je n'en
aurai pas le démenti , 6c sacré-D... je
m'en vais envoyer chercher la gendarmerie
nationale , & nous verrons. Sitôt dit , sitôt
fait ; accompagné de la maréchaussée , il
iexhume la morte , & ne pouvant la trans
porter à l'église , à cause de l'odeur qu'elle
commençoit à exhaler , il la rend à la terre.
Cela fait , il retourne att logis des parens
& demande le payement du canvoi qu'il
vient de faire ; mais il avoit oublié d'ame
ner la gendarmerie nationale , & il fut
constitutionnellcment renvoyé sans pécule-

On annonce un grand bouleversement


(385)
pa*mi les ministres. MM. Duportail &
yiLontmorin se retirent , dit - on. M. de
Lessart devient ministre des affaires étran
gères, & M. de 'Bertrand passe aux sceaux
par l'expulsion de M. Duport du Tertre
qui redevient ce qu'il étoit... O.

La plus augustê assemblée de l'univers


tombe dans l'avilissement le plus complet :
on commence par n'en plus parler , oa
finira par s'en lasser & la chasser.

Tiré du London-ChronicU.

. Le jour approche ou le grand Bail., va


nous quitter î on dit que c'est un Camus
qui va succéder à l'homme au plus long
nez de la France.

Les pefîts billets sectîohaux tombent en,


discrédit : ceux de la rue de Grammont „
n". y , sont par-tout refusés ; le comité de
l'Oratoire vient de désavouer tous ceux
qui portent le titre , section de l'Oratoire :
.les billets en parchemin ne passent plus»
Bientôt ce sera le tour des patriotiques &
conséquemmenï de la banqueroute.
(386)

t È G I S L A T I Qt li
Seconde race de nos Rois.
Des lettres lues à la Féanee du i$ Octobre , ont con
firmé lesnouvellas défaftreufes venues de Saint-Domingue:
iL'infurreifUaii y eft au comble i 7 mille nègres armés , &
retranchés i ii8 plantations incendiées & ravagées, ttoi»
Cents blancs mafTacrés ; cette prétieufe colonie prbbable-
taent perdue pour la France ; tel eft , comme nous l'avons
déjà obferve , le réfultat du finiftre décret fur la liberté
des Colons, & des déclamations de l'abbé Gregoire. Cstté
Isle infortunée craint d'éprduver le même f.rt que celle,
de Saint- Vincent, dont les kabitans furent maffacréspat
les Carayhes. Cette con!oncture a paru terrible à 'not
Souverains qui fe font lamentés fur lés fuites funeftes dit
TyMême des ésonomiftes lî impolitiqnement adopté pat
l'aiTemblée confti tuante.. Sire Brijfot les a exhortés de né
pas fe défefpéter , Se cette affaire a été renvovée au comité
de marine Se des colonies. — On a lu & approuvé en-
fuite la forme en laquelle le miniftre de la guerre fubi-
roit fon Interrogatoire. CapucIncS - ChabOT , le glorid
.patrl dé tdutes les opérations l:'giflatives , vouloit y ad-4
ditionner un interrogat d* fa façon , que l'on ex-révé
rence a abandonné. — L'ordre du fonr rouloit fur les trou-
Vies religieux. Les Rois Taillefer Se Ramoiid ont paflé;
parlé potin... ne rien direi Enfin tous les mit.iftres font
fcntrés : on â lit le décret de la veille qui a!ournait le
Miniftre dé la guerre à comparoître & à rendre compta
«Se fa conduite , ce qu'il a fait au grand Contentement
de l'affemblée , én offrant même à cîiaciin des mem
bre» de répondre à toutes leurs queftions. — Ou à
décrété , dans la féapee du 30 , que Monfieur i
Hère du Roi, fera tenu de rentrer en France dans deu£
<%)
moisi à compter du jour de la proclamation qui lèri
Faite le 3 novembre. — Le fauteuil prëïîdental a été
décerné à lire Verniaux qui s'y eft afïïs. —• D» nouvelles
dépêches de Saint-Domingue annoncent que le raffemble-
ment des Nègres fe porte à jo mille , & qu'ils font
campés à trois lieues SC demie du cap. Le monarque Brijjot ^
qui ne croit qu'à ce qu'il voit & qtta ce qu'il touche dé
fis deux mains , a élevé de nouveaux doutes fur cette
terrible nouvelle ; mais fon iu'crédulité a eté combattue
en ces termes par le Roi Tarbé. M. Brijjot révoque eri
doute la véracité des nouvelles données par Edouard t
planteur Anglais, homme três-ejlimé ; mais je demande
rai â mon tour quel homme c'est que M. BrissOTï
Sur fa motion ^ le foin de pourvoir à la coufervation dé
la Colonie eft renvové au Roi , qui a dejà ordonné l'em
barquement de 1,300 hommes pour Saint - Domingue i
&. en fait préparer un plus conlîdérable encore. — La
feance du 3 1 s'eft ouverte par une reclamation de Ca-~
puclho - Chabot , fur le verbal de la veille, rédigé dé
manière à faire préfumer l'innocence du Miniftre de la
guerre. Cette motion , appuyée pat lîte Merlin , a été
imife ?.u rebut. — Quelques Majeftés ont propofé des ad
ditions à la loi des Juré» , renvoyées au comité de lé-
giflation. —< Rapport fur le remplacement des Offi-
fciers émigrés. Il fera fait d'ici au premier de dé-
terab^e uno revue générale de l'armée , depuis les
ïolda£s jufqu'aux maréchaax de France en préfeupe des
officiers municipaux ; les 6fHciirs feront tenu$ de .fignet
les procès verbeaux : ceirx dont la fignature ne s'y trou
vera pas , & qui ne juftifieront pas d* leur, congés
feront déchus de leurs emplois & déclarés incapables
d'en jamais remplir dans l'armée. — La difeuffion dit
projet a été ajourûée à 3 jours. Le monarque Isnard t
à récité eufuite à l'afXcmblée le difeours contre les
(388)
è*mîgrans, dont il avoit régalé la veille la facobinaîl'e.
Frappe\ , s'eft-il écrié, ne tremble-^ pas devant le fan
tôme abattu de la noblejje . Les confpira-
zeurs fînt lîs plus abominables des fce'lérats. .....
fi le feu du ciel étoit dans mes mains , je le lancerais fur
leurs têtes coupables ... Le vœu incendiaire du fire Ja
cobin étoit applaudi avec la plus grande intempérance ,
quand le miniftre de la marins eft venu annoncer qu'on pou
voir fe moquer des intentions hoftiles du Dey d'Alger,
& que notre madne étoit fnr le pied le plus formidable.
Le mîniftre des affaires étrangeres n'a point fait un
rapport auflî fatisfaifant. — Les puiflanecs étrangères
ont répondu à la notification_ qui leur a éti faite de
l'acceptation du Roi, que fa Majefié ne jouiffbit , ni
de la libeite morale , ni de la liberte, phyfique puif-
qit'il avoit accepté. — M. de Montmorin a en même
tems annoncé fa retraité du miniftère. M. de Sdgur, nomrri
pour le remplacer a refufé & eft parti pour la eampa
gne. La formule de réquifition à Monfiiur frère du Roi
lue à la féance du icr novembre, eft ainfi conçue
« Louis-Stanislas Xavier, Prince Français. L'afsem
ilée nationale de France , vous requiert en vertu d-
la conftitution Françaîfe , titre 3 chap. i , feSlion 3
art. z , de rentrer eri France dans le délai de deu:
mois, à dater de ce jour; & à défaut , vous fere\ cenj l
avoir abdiqué votre droit à la régence. — On a enfui; e
décrété l'émiffio» de 300 millions d'ajjîgnats de cent
fols , qui après leur fabrication feront dépofés aux
Archives Nationales. Voila tout ee que cette féance.
offre de remarquable.

.— ' ' r—1


Ce Journal paroît deux fois la semaine. L'abonnement,
pour faris et la Province, est de 14 liv. pour' un an',
1 z liv. pour six mois , 6 liv. pour trois mois , franc de
port.
On fouferit au Bureau rue Montmartre, N°.
»i 9, près le paffage du Saumon , ou Von ejl pri
d'adreJJ'er les lettres , avis & réclamations , en affrar
chiffant le port.
a ( n°: 39. )

LA ROCAMBOLE,

o u
JOURNAL DES HONNETES GENS -| .

Rédigé par Don»' RÉgIVS Anti- Jacosinv s. .


, . ; - . ; ..»
« Une Foi ,' Une Loi , un Roi » .

Z?i* dimanche 6 Novembre 1797.

SITUATION PRÉSENTE
Des affaires étrangères.

"JL.i e s Apôtres de la propagande ont beau prêcher le faînt


devoir de l'iufurredion , leur dottnne infe.nale ne prend
nulle part. Les nations étrangères , effrayées de nos cala
mités , n.anifeftent les plus heureufes difpolîtions pour
nos émigrés. L'armée des princes fe groflît tous les jours ,
non-feulement par l'afHuenre des étrangers qui vont les
ttouver,' mais encore par une infinité de Pruffîens ,
à.'Autrichiens & autres qui viennent demander du fervice
à leurs AlteJ/es Royales.
Les fa&ieux , pour encourager leurs paitit' ns , difent :
que plufieurs des émigrés font rçntres & rentrent en
France. Mais on fait que ces émigrés ne font retournés
que parce qu'étant fusp dis pa. les opinions qu'ils ont
manifeftées ou par la conduite qu'ils ont tenue , ©11 ne les a
pas jugés dignes de refter dans un corps , dont l'honneur
eft le chef fuprêrr.e,
(V)
L'empereur, que des motifs particuliers ont fait balan*
eer dans Tes deffcins, a écarté tous les obftacles & doit
joindre Tes armes à celles des émigrés.
UiMpèratrici de RvJJît , inébranlable dans Tes réfolu-
tioos , témoigne hautement l'intérêt qu'elle prend aux
émigrés, Se ne ce fie de les en afiurer.
L« Roi SEfpagnt a fufhTamment manifefté Ton opinion
Se fa volonté , en répondant officiellement que Louis XVI
o'étoit libre ni au moral , ni au phyfique*
Lé Roi de Suide a fait mieux encore * car il a nette
ment refufé de recevoir la notification de l'acceptation
du monarque français»
Le roi de Prujfe , digne fuccefleur de Fréderic , ne
démentira pas l'engagement authentique , qu'il a io-
lemnellement ligné à Plinits*
Le roi de Sarddigne Se les princes fouverains d'Aile»
magne fe joindront à toutes ces puiflances.
Tous les empires de l'Europe réunis enfin par les mê
mes intérêts , veulent rendre à la monarchie françaife fa
premiere fplendeur , & la purger des républicains , des
•làclieux & des Jacobins.

Depuis environ un mois , la phyfionomle (ùiiftre des


îacobins faifoit naître les plus trilles preiTi ntimens. Hélas <
ils n'ont été que trop juftifiés par les affreufes nouvelles
qui font arrivées de toutes parts. Dans le même temS
on a appris les troubles de MarfeilU , la fanglante infur-
reftion de nos Colonies, le malTacre de plus de 40a
citoyens HAvig On & du Comtat , le fiége & ta profa-
oatinn des églifes de Bèthune par des brigands révolu
tionnaires qui ont traîné violé des femmes jufques fur
l'autel du Saint des fainf. Ce n'eft pas tout encore ; la
(V)
Ville de Montpellier eft ïur le point d%re faccagée par
les protefttns. Ces monftres ont un plan d'horreur trace
& connu qu'ils veulent mettre à exécution ; ce plan feri
foutenu par quelques régiraens gagnés, & par une l rirdé
de brigands falariés qui ont divers points de ralliement;
Les habitans de cette malhèureufe ville , livrés aux plus
vives allarmes , n'ont pu , comme on fait , 'obtenir du
commandant de la place que les portes en fulTent fer
mées la nuit. Quel eft donc le motif de cette conduite J
Pourquoi ne pas fe précautionner contre les ennemis du
dehors ? Ne fait-bn pas que pour avoir fait abattre les
remparts de Nifmes i les catholiques furprfs dans lé
tommeil & les ténèbres ne purent fe mettre en défsnfe|
te furent Impitoyablement égorgés par les proteftans >
Certes , le commandant dé Montpellier n'eft pas moins
blamable que le fut alors M. de Màrguerittes , maire
de Nifmes $ & le finV.ime difeours qu'il prononça depuis
\ la tribune du manège , dans lequel il pafîa l'épongé
fur les crime* atroces des proteftans , ne l ont certaine-
■nent point rendu ni plus eftimable , ni plus Cicufable.

Thermomètre dé Varis-.
La rhiferé du peuple augmente tous les {ours d'ùnè
manière effrayante & Ton mécontentement , qui commencé
à éclater peut dévenir funefte à ceux qui , en l'Jgarant t
ont multiplié fes calamités au point qu'il lui fera bien
tôt impoflible de les fupporter. Déjà il fe plaint d'avoir
été trompé par fes mandataires : ils nous avoient pro
mis, dit-il k que la conftitution feroit polir nous une
fource abondante de bonheur. Nous l'avons attendue i
cette conftitution ; nous àvdns fouffert taille maux avant
de l'obtenir , & maintenant qu'elle eft faite , acceptée:
par le Roi > nous fwnrnés encore plus miférables. Ceul
(3^) .'
qui nous faifoient gagner la vie fe font éloignés & diP-
paroiffent chaque jour. Nos députés eux-mêmes , enri
chis des biens du clergé , paffent chez l'étranger après
avoir quadruplé, dit-on, la dette publique Se rendu la
banqueroute inévitable.
Telles font les doléances du peuple Pour l'appaifer ,
on lui infînue que les émigrans font encore plus malheu
reux que lui , qu'ils manquent de tout ; que le befoin
les forcera de réntrer dans leur patrie , & qu'alors l'a
bondance renaîtra. Mais le peuple croit auffi peu a ces
fornettes qu'au compte de M. de Montefquiou ; & le
rapport qu'a fait M. de Montmorin , dans la féance du
3,1 , le perfuade de plus en plus, que l'orage fe forme
de toutes parts & qu'il éclatera bientôt.

MÉLANGES.

Grande motion d'un Champenois , co-


Souverain de France pour un, sept cent
quarante - cinquième.

Un député Champenois , voyant ses braves


confrères sur le point de se prendre aux
cheveux pour être employés dans les comités
des assignats & des monnoyes , tandis que
personne ne -vouloit être du comité mili
taire où il n'y a , dit-on , rien de . bon à
gagner, s'écrie d'une voix de Stentor t
Messieurs, silence , dressez vos oreilles &
écoutez-moi. J'ai trouvé dans le trésor de
'mon imaginative le moyen de vous accorder.
Grâce à notre sainte constitution , nous
(393)
sommes tous égaux , tous aussi savans les
uns que les autres ; pourquoi donc nous
disputer , nous battre , pour savoir qui
sera de tel & tel comité , ou qui n'en sera
pas? Que le sort en décide ,< tirons a la
courte - paille. Cette motion Champenoise
frappe d'abord tous les esprits ; on est prêt
à l'adopter^
Nous garantissons
mais elle laestvérité
enfin
de rejettée.
ce fait.

Depuis quelques jours on vend au palais*


Royal la gravure d'un monstre dont la
figure est parfaitement ressemblante à celle
de Rabaud-Saint-Étienne. Ce monstre,moitîé
llomme, moitié serpent, est couvert d'une
robe deprédicant ; sur sa tête est une légende
avec ces mots -. coups de rabot. Il tient
cet instrument d'une main, avec lequel il
travaille une planche sur laquelle on lit :
Constitution. Le premier copeau sortant
du rabot porte ces mots : massacre de
Nismes. Les autres copeaux présentent les
légendes que voici :

Sare sare-(i).
Massacre d'Uzès. , t

( i ) Çri avec lequel les calviniftes s'excitoient au


carnage t lois du maiïacre des catholiques de Nifmes,
v (3^)
Massacre. de Montauban._
Perte d'Avignon. 3
Désarmement des çatholiques^i \
Destruction des prêtres. \
Pouvoir exécutif (1).
Hypocrisie protestante*
Point de Roi.
Républiques fédératives.

Tout cela donne une idée affreuse dtt


monstre $ niais pour le définir en quatre
mots . il faut lire la légende qui tient à, sa
queue & que yoici : /
JE SUIS RÂMPANT COMME LE SERPENT 4.
WAIS J'AI PLUS, PE VENIN QUE LUI.

Un citoyen très-actif s'amusoit ces jours


derniers au Palais - Royal à Brissoter deft
^orterfeuilles y on le prend sur le fait. ---
jéth ï coquin , ce sont dont là tes œuvres ?
—.--. M.essieurs î c'efs un badinage innocent
que. je me suis permis ; car d^aiiîeurs je.
suis honnête homme,. Voyez , dit - il en
montrant une carte de district „ je suis

(») Ttaope çotmpof/e d'Hugnenots & de Jacobins,


oui, dçtp,ui$ le mafla'cre , fe font livrés S{ fe ltyrfot en-
%: , , ,» ' i ' .
èïtoyen, actif. —— Oh !• nous le voyons bien*
— De plus, , messieurs , j'ai été président
dans ma section. Fort bien. Monsieur esf
jacobin sans doute } J'allois vous la
dire. •— Très-bien. Ça , monsieur lejacobin ,
suivezrnou» j on reconnaîtra votre- mérite
comme il convient.

Monseigneur Gobet, non content d'avoir


gobé le siège archi-épiacopal de M. de Jui-<
gné\ youdroit aussi gober Sainte Géneviéve ,
afin d'attirer les fidèles qu'une répugnance
invincible éloigne de lui & de son église.
Pour avoir un prétexte d'enlever la patrone de.
Paris , le prélat constitutionnel vient de faire
prononcer , par des experts , que le temple
où repose son corps est prêt à crouler,
qu'on <ne peut décemment l'y laisser ; mais
le. faubourg S. Marceau est très-décidé à
ne poinç souffrir qu'on lui enlève ce pré-»
cieux dépôt.

Le sieur Gorsas s'en vint hier tout con-


tristé , rue de la Verrerie , dans la bou-^
tique à] épices du cir-devant Roi d'André.
— Je suis t dit-il , le Courrier des 83 dé-,
partemens , le grand Go&sas en personne ;
n'est-ce pas ici que le Coq ( x ) chante £

(«} AlluûçD au jouinal intitulé le Chant,, du Coq , affiché


Oui. t. répond ^èx,- n^narqu^.à » j^yre ,
gajlus cantat r gallus cqutabit. ^— ^A-udrè ,
mon cher André,, Je^perds tous mes 'abonnés}
Qonsas . cantat Gors^s cantabit ne ?
0» trouve 'm on style trop fade, &<je
viens vous prier , pour le relever un peu ,
de me vendre à crédit, quelques livres
d'épices. _ , ~ '

Madame. Brul, dite Siller.'? mangeant


ces jour3 derniers 'Tine" tête de-, carpe -,
recevoit force compliimens -sur son 'appétit.
J'aime beaucoup les carpes , répondit-ele.
M. ne R*-*** lui adressant la< parole '. ma
dame, dit-il , la caque sent toujours^ le
hareng. ' * •« 'l \ 'f i -r.. 'io-. {,

On assure que le grand Chapelier vend


son petit bien eii Bretagne pour se réfugier
au plus vite en Suisse.

Plusieurs lettres du comté de Foix an


noncent que l'émigration est prodigieuse de
ce. côté , & que les. troupes espagnoles ., ren
forcées par des trot\pçs. de l'Empereur , ve-

chaque matin dans toutes les rues de Paris, & dont on


affûte que M. d'André eft l'auteur.
( 397 )
nues du Milanoîs par mer , sont prêtes à
' passër'leS Pyrénées. :

? . $L. de, la Fayette promène ses principes


, -dans' tîous les clubs dç Lyon, où il a été
-lassez mal accueilli. Le cliâteau de M. de
~ teorttagu son beau - frère , se trouvant sur
' sa roitte , :& celûi-éi craignant qu'il ne s'y
'i! .ftPrêtâjfY . à"écrit à' sa femme que , si elle re-

^çev.c/it qîiez elle un . hoinme qu'il rougissoit


» ..^'ay^tr .pour parent, il iroit lui-même. mettre
- le -feu à' son <château. ,

I :-&&ÙÀa£&. H.ÇO BITES.


'•'{'. " 'Dès jo a&àbt'é:& icr Novembre.
' I . . . i:ot '•.*: _*.;.• '.
, .; Sous la clochette du grand Ftitre Fauchee.
.; 'Les Soldats de Château-Vieux , légalement' conftitué»
furies galères de Brejl, & la conduite de M. Monmwr'm
à leur égard, ont grandement- occ'apé les fabbatiftes dans
la féance du ' j t. Chacun d'eux , :& jufqu'à l'âne de la
jïcobihière , a donné au ci -devant Miniftre mainte Se mainte
ruade. i°. D'abord frère 'CoP.ot-d'Herbois' , l'étoile polaire
de la horde enragée , pr'êrfàhfla parole , a dit : « Frèresi
Se antts- y vous lavez qu'àpVès 'l'affsire de Nancy ; 27
foldats patriotes du régiment de Château - Vieux furent
pendus & 47 autres envoyés aux galères , où ils font encore ,
tandis que M. de Bouillé , leur persécuteur , a été déclaré
innocent ! M. A'Expilly avoit époufi , dans l'afTemblée
•conftituante , la caufe de ces illuftres forçats; mais ad
mirez Vhypocrifie & la /au/Jeté du mini/Ire Montmorin»
C%8) a:.\ r
il promet de négocier leur gr?ce aup^s de, la .diète de*
fniffes , & d'ecrire à cet effet au miniftte de Franc©
près la dicte. M. Rabit , témoin de cet engagement,
s'offre d'être le poiteur des dépêches : ôr.. iès iui ntae %,
l'adreffe de fil. Beher , il part , îl eft' parti ;; devines ,
frère» 8c amis, ah i devinez ce qu il portoit;..., un psqyet
pour s'aller faire penire dans un pays oà la patriotisme
françois éft honni Se confpué 1 . mais çe n'eft là qu'affaire
de Bibu- , & vous allez être tout, autrement ébahis , qu?j«i
vous faurez, qu'à cette époque , h diète des Sinises n'é-.
toit plus rassemblée. Je "demande dont eii grarJe, que
l'aflYmblée nationale ne lache poinjt M. deî 'Moirtmorm ,
qiV ne fe foit clairement expliqué, fut cette àf-
f : Dixi. — à l'iriftant frère Habit , jugeant le mo
ment oppoitun , remet s l'éloquent' avocat des gderien*
biffes une lettre de la Jacquerie de Brej\, qui follicite
une foulcriptkm , quelque mince qu'elle foit, pour ces
infortunés martyrs du patriotifme. Elle annonce auilî , qoe
voulant effacer complettement l'infamie du jugement qui
les comdan:ne à ramer , elle a décrété, neminc- çonfra-.
dicente , qu'ils feronr vêtus de l'habit de garde naiional.
— Ému de compaflipn', Jaçobino Colot demande » que '
le tréforier foit tenu de délivrer pour cette œuvre pie ,
une femme de îoo liv. , fur le prix à lui adjugé fi; qu'il
defiinoit à une édition foignée de fon fubKmç ajrnanack.
Un exemple aullî beau de générofité a émerveillé toute
la bande , qui détonnant de concert , s'efi écriée : Bravo ^
bravijjîmo ! -fc a cpmblé frere Collot- almanack de*
plus bruyans applaudiffemens. ——- Frère, Moreton. , vu,
la griii lté de l'inculpation faite à M. de Mpntmorin ,
avoit envie de le traiter à la jacobine & de ne pas fev
contenter de ces mefures timides qui...... Cette propo
rtion a excité d'abord quelque brouhah» dans les tri*
( 399 )
taies, nais le nifé jacobite à bientôt tout calmé, par
quelque flagornerie au peuple & a même BriJJoté des.
appaudiflemens. Quelqu'autre fabbati^e a prétendu , qu'i^
n'appercevoit pas dans l'esrpofé des faits articulés contre
le miniftre des preuves fuffifantes pour le dénoncer;
mais l'archi-jaçobin Carra , fe levant , a repliqué que fes
confrères avoient la berlus & qu'il voyoit, lui, bien
plus clair que toutes ces taupesTlà , ce que le dodiifime
orateur a établi, à peu près ainfi.... «M. Rabit a fait,
par ordre du miniftre, un voyage pour porter des dé
pêches ministérielles à un homme qui n'avoit pas de car-c-
tère pouf les recevoir & a couru de grands dangers.
Que M. Rabit faffe une déclaration, la ce qu'on
appelle...,! enfin une déclaration bien cirçonftanciée , &
voilà d'abord une pièce par écrit contre le miniftre; que
M. Collot d'Herbois enfuite , déclare qu'il a vu remettes
la lettre à M. Rabit, & je crois voir en tout cela la
preuve complette contre M. Moritmorin. » D'après une
telle vifion, nous conferions au grasd Carra de fe faire
faire l'eitraftion de la catarafte. — Enfin voici venir
itère Dubois décraffi , qui prétend trouver les preuves
de l'incivifme des miniftres , dans la coalition de la noblefie
du clergé & des légions de citoyens qui vont les joindre ,
mais , pourfuit-il , je ne crains pas moi , Us puiÇfancts
étrangères. On n'inquiète pas ainfi une puijfance comme,
la nôtre, & je déclare que fi nouveau PoRsZtiNA , Is.
Roi de Suède sKavifoit de porter fes armes contre la.
Francepour affesvir Jà liberté , nouveau SçÈvotA , j'irai
moi-même le poignader dans /on camp. — Qn juge
fans doute combien cet honorable proîet a été applaudi
par la bande ennemie des Rot$. Notre Scévola a déploré
eniutte la défunion des fouverains Iégifhtifs , qui lê mé-
#*ot les uns, des, autres & donnent aùifi, un ttèi - grandi
(4oo)
avantage aux miniftres. , — Frète Mlllin , l'un de noi
monarques, a répliqué : ejl-ce au moment -oâ nofts avons
jieut-étre parmi nous des gens à double face comme
les Bftrnave , & où nous ne nous connoljjons point
v .tncoreyqu'on peut nous faire de tels reproches? Mejfîeurs,
encore quelques jours, & l'on ne nous forcera plus à
faire des fottifes , & fi par malheur tous nos efforts
font vains ,. alors je jure avec M. Dubois Décrafjè,
qu'après avoir joué le rôle des Solon & des Min os ,
je jouerai celui des Scévola. — Le brave tyrannicide
a été couvert d'applaudiffemens. — Frère Condorcet a
• été proclamé le î novembre préfident du repaire jacobite t
& frère Dubois-Scévola , vice-préfident. Le fabbat de
ce jour n'offre abfolunvsnt rien d'intéreflant î on y a admis
une députation jacobite de Breft, venant re clamer des
fecouis pour les galériens patriotes de Breft, Se l'on
imagine bien tout ce qu'un .orateur jacobin a pu dire çn,
pareil cas. -, , i . • •;

LÉGISLATION.

Seconde race de nos Rois.

. Un certain M. de la Séglière , felon les uns , ou


Boldiron felon les autrçs , a préfenté à leurs maîeftés j
légiflatives fon itinéraire efpio - patriotique , dans Je
Luxembourg & a Coblent^. En voici le contenu. '— |
L'honorable voyageur eft forti de France par Varennes,
ville à jamais fameufe par l'arreftation de fon Roi , Se j
-qu'il a trouvée livrée à rariftocratie la plus virulente. —
Un nommé Henriquès , qui fait la contre-bande des
émigrans, a favorifé fon paflage. —« Le voilà parve*nu
- i • 'K ' 3.:- . ...' ,» ' , ».U. i
enfin faîn & fauf à Cùbkni\. Son premier emprelTe-
irient eft de s'enrôler d:ins l'armée des Princes; il y voit
quatre efcadrons des gardes-du-corps & beaucoup d'emi-
grans tous pleins de rage. De là, notre efpion va
guîtter ceux de Trêves Se les trouve plongés dans l'aba#
tement .&: l'arflidVion ; on l'initie au grand fecret , connu
des Princes feuls , & il apprend que le plan d'attaque
doit, commencer par l'invaCon de la ville de Dun , od
les émigrés ont des intelligences sûres, ainfi que dans
celle de Met\ , dont le commiffaire des guerres leuc
eft vendu , avec nombre d'officiers & le régiment qui
eft en garnilbn à Sarlouis. Les émigrés efpèrent d'être
fecondés par le Roi, qui en défaut, leur fait-ou dire,
courroit les plus grands dangers. Ces précieufes décou
vertes , pourfuit le narrateur, l'ont fouvent expofé à
faire le faut périlleux; mais le voilà heureufement
arrivé , après avoir été néanmoins obligé de fuir au plus
vite & de regagner à pied le royaume fortuné de la
liberté. — Ce précieux & vindique détail , fur-tout ,
a été appuyé & recommandé aux profondes méditations de
l'aflemblée ; puis pour r 'compenfer l'cfpion -d'avoir
anfli généreufement bravé la corde pour le falut de. la
patrie , on lui a accordé l'honneur infigne d'aflifter à la
féance. — Une adreffe du diftricl: de Saint-Omer apprend
enfuite que tous les prêtres affermentés de ce canton',
vaincus par les remords , donnent la démiffion cre teins
cures. Une feconde , annonce celle de M. Charrier, évêque
conftitutionnel de Rouen. Ce prélat y expofe fon repentir
dans les termes les plus touchans & les plus propres à
effacer jufqu'a là trace de fon ir.trutlon. Ah! puiffe cet
exemple édifiant être bientôt imité de tous les intrus !
puiiTent-ils fe reffouvenir enfin que s'il eft dans l'huma
nité de pécher , comme l'obfervc S. Bernard , c'eft un
t*»0
crime diabolique que de perfévérer, humdkum efi p'ec-
care , diaboûcum perfevèràre. — Ces nouvelles conf
iantes pour ceux qui n'ont point àbfuré leur foi , ont
terriblement rembruni les mines législatives î & pour faire
diver(ion aux accablantes réflexions qu'elles font naître)
An seft amufé à écouter Un fondeur de cloches qui pré'
tend avoir trouvé le fecret d'en rendre le métal malléa
ble. — Le Roi Vaublanc à été proclamé vice-préfident
dans la féance du 3 , & fires Monteix , Ifnard, Coiithoh.
te Tomé, fecrétaires. — Une lettre des négociai» «e
armateurs du Havre a confterné l'affemblée. — Saint-
Domingue' n'eft plus , écrivent -ils î cette riche 'colonië
tji la proie des flammes ; des efclaves révoltes & diri
gés par des traîtres , ma/sacrent leurs maîtres ; tn uh
inftant la ruine de la France ejl cohfomméé. Qu'ellè
Jauve,.s'il en ejl téms encore , les débris de cette co~,
lonie en fe hâtant d'y envoyer des forces fuffifantm. -m
Les armateurs du Havre offrent de faire partir , fous
le bon plaiilr du Roi, une frégate & plusieurs ntvires*
Cette offre à d'abord été indécemment combattue, mair
(elle a été renvoyée au comité colonial ; pdur Paire ail
plutôt fon rapport fur le mode d'emploi de eeS arma
teurs. — Mirabeau , ce fléau de fa patrie « & l'horreur
des gens de bien i a été fôlemncllement déclaré ban
queroutier , & il a été décrété que les frais de fon
Convoi feront payés par le tréfor national î afin fins-doute «
que même après fa mort , cet homme nuifè encore ad
bien public. — L'abbé AudriAi en vertu de tordre du
*jbur , a pris la parole fur les troubles religieux te à
plaidé en homme intéreffé en caufe , celle des prêtres
jureurs , fon opinion eft de leur prodiguer protection & fe-
Cours, &de mulfterparla privation de leurs chétivespenfions
tous les prêtres non - affermenlés qui occafionneront de*
(4oi)
fctoubles ; or on devine aifément qu'on ne difcontirruers
.j»as de leur attribuer tous ceux que les fchifmatiques
excitent d'un bout du royaume à l'autre , pour fe délivree
des fidèles mini 1res, dont les vertus contraire nt fi forte
ment avec les vices des intrus. L? grand prêtre FaucheC
«qui, gros & gras des d-pOuilles de ceux qu'il peiTécute,
mvoit précédemment vine pour les faire ciêver de Limt
s'eft emparé , bon gré malgré , de la tribune , & a exhalé
de nouveau le venin de fa haine. Eh! pour gui, s'eû-il
écrié , pla'ule-t-on fi vivement ? Pour des gens qui n'ont
qu'aitathéme dans la bouche & fiel dans le cœur ; pour
des giiis qui profzffeitt une religion de réprobation
Mt de sang , qui s'emprejjint de tuer Us hommes pour
Us damner plus vîte...> Le véritable caihohclf-ne fauvé
tous les gins de bàhni-fÀ , & ne damné que les mé-
thans ; voilÀ là vraie religion...*. On nous parle dé
l humanité. Cefi ici qu'il faut être philofophe tout-â—
feit ) car une demie phïlofophie n'efi que la caricature
de la rdifon. Quoi ! lis pldintis non fondees de quel
ques prêtres largement fanatiques & obfcurément inu
tiles nous toucheroieht plus que les cris dis pauvres »
au fecours defquels la patrie ne peut venir , fi elle
confomme fes fonds au ficoilrs des prêtres iiiaSifs—»
Mais ils vont mourir de faim , me dit-on , qu'ils trd-
vaillent i Sec..*. La barbare déclamation de ce prètre-roii
qui fubftitue a la dodVine de Jefus-Guift , à celle des
SS. Pères & des canons , celle de fon imagination en
délire , a été ii tirroitipue pat la ledure a'une adieffe de
nul intérêt , & la fuite de la difonflion a été ajournée à
huitaine. — Des dépêches de l'île de Bourbon , lue dans
la féance du 4 , ont appris que les troupes y font en.
pleine infurre&ion. — Le mir.ifrre de la guerre eft venu
C»aluUer la volonté fu^rême de l'afiemblée fur le terme
& la nature des engagement contrats par les volontaire»
des frontières. — On a lu enfuite la lettre du miniftre
de la marine au Dey d'Alger, qui s'avïfe de narguer la
nation Françoife , fous prétexte qu'elle n'a plus de Roi ,
tandis qu'elle en a ramaflé 745 t auxquels elle a aflîgné
une lifte civile de 10000 liv. par jour, fans compter, &c.
—p L'iufolence du Dey a uidigné les Rais Taillefer Se
Lacroix , qui ont fait la motion de châtier cet hardi
mutin là, & d'aller détruire fon empire. — La féance
s'tft terminée par le rapport confirmatif des défiftres
d'Avignon Se du Comtat , provoqués par l'abbé Mulot ,
commiiïaire médiateur , dont les dénonciateurs demandent
le rappel & le !ugement. . —' Décrété après les plus
bruyans debats que ledit abbé paroîtra à la barre fous
quinzaine pour y être interrogé , & vu que nos fouverains
ne fc mêlent point de calmer & de punir le défordre , le
refte de l'affaire à'Avignon a eté renvoyé au pouvoir
exécotif-

Errata du dernier n°.


Page 381 , vers 4e , maîtreffe ; lïfe\ , mairefle.

Ce Journal paroît deux fois la semaine. L'abonn-ment ,


pour Paris et la Province, est de 14 liv. pour un an,.
11 liv. pour six mois, 6 liv. pour trois mois, franc de
port.
On fouferit au Bureau rue Montmartre, N°.
Zip, près le paffage du Saumon , où Fon ejl prié
d'adreJJ'er les lettres , avis & réclamations , e- affran-
chiffant le port.

De l'Imprimerie de la Rocambole.
»jg&ggK»^ ( N'° 4O. ) ig^ÉgpÉ^

LÀ ROGAMBOLE,

6 u
JOURNAL DES HONNÊTES GENS % .

Réîligé pàr Dôm Régius Asti- Jacoêisv s.

«Une Foi, une Loi, ùa Roi ».


■ wro,, . ' m ■ 1' II ""

: Du Jeudi 10 Novemhre ijpv.

t'OMBRÈ DÉ MIRABEAU.
( Là. scène est au Panthéon des grands
liommes de la révolution. )
Il est minuit. L'ex-Roi Cam.. ; une torche
â la main , s'avance à la tête de la Jac
querie du manège i vers le catafalque dit
grand Mirabeau. Surpris d\y rencontrer
Targinette , il s'écrie :
Eft-ce vous , Târginette ?

T A R G t N E T * À.
Ejl-ce toi , cher Càm . 3
Quel Tort nous réunit £ près d'être penrius !

C A M . .
Qu'entends-Jé ? de quel mot frappex-vous mon oreille j
Nous, prets d'être pendus l
Uo«)
I
. T A R G I N E T T fi.
Eft-ce grande merveille 1 '

C A M . .
Hélas ! non ; & s'il faut avouer ma peur ,
Heine , depuis long-tems îe crains bien ce malheur*
Mais dans ce temple iaint quel fujet vous amene ?

Targinett E.-
Un fonge. . . .

La Jacquerie du Manège.
\ Oh ciel ! un fonge aufli nous met en peine.

C a m . . , à part.
!V!ais îe ne fuis donc pas Jout féul mauvais rêveur !
( A Targinette. )
Ih: qu'avez-vous donc vu qui vous ttouble le cœur J

T a r g i N e T T E.
Avec mes jacobins j'errois dans les ténèbres ,
Soudain de tous côtes j'entends des cris funèbres..
Sous mes pas chancelans un gouffre s'eft ouvert ;
L'appareil des gibets à mes yeux s'eft offert.
Un fpcftre me faifit : Ah! monftre abominable !
Voici de tes forfaits le terme redoutable,
(Dit-il.) Au même infiant je me fens étrangler.. .r
Que faire?. .. Vous fentez que^je n'ai pu parler.
En vain vous accourez pour fauver Targinette î
J'ai la douleur encor de voir votre défaite.
( 4?7 )
Pour me -fauver , hélas ! vous vous êtes perdus.
Et vos corps dans les airs demeurent fufpendus.
Que' pehfes - tu , Cam. . , de ce rêve fmifrre i

C A M. .
Que des décrets du ciel il eft l'affreux miniftre.

La Jacquerie, en sànglottant.
Ah Dieux ! nous avons tous vu ce trifte tableau ,
Nous venions là-deffus confulter Mirabeau.

T A, B. G I N E T T E.
Eh bien , puifqu'en ce lieu même efprit nous rafferable ,
Amis , nous allons tous le confulter enfemble. '

Cliœur de la Jacquerie , pendant que


Tarci nette évoque l'ombre de Mira
beau
Air du cantique de fainte .Geneviève.
Grand Mirabeau , Dieu de la Jacquerie ,
Si nos chagrins peuvent toucher les morts ,
Reviens , revbns au fejour de la vie,
Pour tes amis quitte les fombres bords î
Éveil le-toi , fleur de démagogie;
D'unjbrt fâcheux
Sauve-nous Ci tu peux.
On nous menace
D'une difgrace
Dont l'odieux
Fait dreffer les cheveux.
Grand Mïmbtau , Sec,
L'oirbRE dé Mirabeau , pàfoissatih
Qu'efpérez - vous trouver près de votre victime î
La terreur fut toujours le falaire du criaie.
Le glaive de Thémii confondra l'aflaflih ;
.Quoique lent à punir i le ciel punit enfin.
Targïnette i se précipitant dans les bras
de Mirabeau.
Què va done devenit ta fille infortunée ?
L'o m fi r e de Mirabeau.
TU viendras aux Enfers, c'eft-là ta deitinée. {_ .
(L'ombre difparoît avec Targinette.)

C A M.
Âmis , vous le voj'ez i nous n'avons plus d'efpoîr,
Et déjà je prévois tout ce qu'il faut prévoir.
Msis puifqu'il faut mourir par «a honteux fupplice ,
Qu'avec nous , s'il fe peut , la nation périffe.
( La Jacquerie applaudit & fe retire pour aller méditer
de nouveaux forfaits. )

SABBATS JACOBÎTES.
Des î & 4 Novembre.
Sous la clochette du pieux frère Condorce+.
Depuis long-tenis des profanes non initiés aux miftères
diabolico-ï'acobiteis s'introduifent dans l'antre où les Cy-
elopes de la révolution forgent la Poudre qui ravage U
France & msoace l'Europe. Xet abus a frappé plufleur»
de nos adeptes , & frère Moreton a préfenté un projet
de règlement en onz.e mortels articles, tendant à préve-
nir l'admiflîon de tous ceux qui n'ont pas été jugés di
gnes d'être marqués du fceau de la bcte. Cette lecture a
entièrement rempli le fabbat du 3.
La fociété des Nomophiles eft venue fe plaindre dans
relui du 4 , de ce que les couronnes qu'elle avoit portées,
dans une hotte le 7 oélobre dernier , pour être distribuées
aux arcs - boutans de la révolution , s'étoient fanées dans
un coin poudreux , au lieu d'être fufpendues à la voûte
de l'antre jacobite , felon la promeffe folemnelle de
rex-préfident Briff'ot. — Répondu que ces doléances fe
ront prifes en. confidération. frères 'Delplanque , Rojb
& Affènet , huiflîers du manège qui avoient émigré chez
les Feuillans , demandent avec compon&iôn d'être réin
tégrés dans la bande &font admis à la féance ; ils font
fuivis par un homme & une femme , porteurs d'une of
frande de 3$ liv» 17T. 1 Iiard , ramafTée dans les tri
bunes & deftinée aux foldats de Château - Vieux , domi
ciliés aux galères, de B«/7. — Les fabbatiftes fe ruent
enfuite fur les émigrés. Doit - on porter une' lai contre
eitx ? Faut-il Us punir * Qui font-ils ? Le Démofthène
Jacobino - bâtard qui propofe ces importantes' queftions
regarde d'abord la loi à peu près comme inutile ; mais,
nul doute , dit - il , qu'il ne faille attaquer l'arbre pour
détruire les branches , Si ces branches font les foi-difans
princes Français qu'il faut exterminer , aimî que les Mi-,
niftres , les potentats, & jufqu'à ce petit faquin de Dey-
d'Alger, quia l'impudence de fe croire un grand feigneur,
tandis qu'il n'efl: que le chef d'une poignée de brigands.
L'éloquent redreffeur des torts conclut au prompt réta-
blifferaent de la haute^cour nationale , à la convocation
.

(4io)
des jurés & au fupplici de tous les Rois & Princes de
l'univers, nés & à naître. — Atteint de la. mime hy-
drcphobia , frère Blancheneuve empaume la parole 8c dit i
« A demain,, frères, à demain le grand décret fur les
émigrans. Apprenez que tous les députés patViot-.s fit
font coalifés contr'euic! Tempus eft il eft terris, qu'après
avoir donné aux peuples l'exemple d'une fainte ipfurrçclion
contre les defpotes ,- nous leur apprenions auflî que ,
réunis fous. les étendarts de la liberté, nous formons une
phalange epouvantable ! il eil temps tempus eft, de
forcer ces petits tyrans (les Rois de la terre) » nous
communiquer leurs grands projets : tempus eft. Mais,,
frères ik amis , les plus grands coupables font les Pp.inces
Français ; ergo donc c'eft coutr'eux qu'il faut diriger
tous nos efforts ». L'orateur parcourt enfuite la conduite
des Princes depuis la révolution. — « Ils ont quitté leur
patrie , dit-il , -parce que la liberté les affligeoit &..qu'its
n'étoient point accoutumés à la douceur de fon règne'}
il faut donc porter coutr'eux un décret-, ne fut-ce que
pour élever à la patrie , au milieu du délaifiement de
fes enfans ingrats, un hommage des mains de les vr, ;.s
enfans. Mais comment convaincre les traîtres desr crimes
dont nous les foupçonnons 1 La loi veut qae les cou-pa-
» bîes foient entendus » ! Ceci paroît embarralTer un peu le
déclamateur ; mais un jacobin n'y va pas de fi Pils, &
voici comme il tranche la difficulté : * Nous enfreindrons
la loi qui porte qu'on ne peut condamner perfonne fans
l'entendre ». — Ceci n'a pas befoin de commentaire. —
Puis voici venir des dépulalions , celle du corps électoral,
qui ne veut pas que M. Bnilly , maire de Paris , pafïe
au département où il a été nommé fans avoir rendit
compte de fa geftiou , ce qui eft très-fufte ; & finalement
des émiflaires de la fociété fraternelle qr}i communiquent
( 4ti )
i U Jacquerie un projet d'arrêté au fujet des églifes
prêtees aux prêtres non - affermantes.
L'abondance des matières nous force de renvoyer au
prochain numéro le détail des fabbats fuivans. Frère
Thomas a communiqué , dans celui du 6 , une lettre
écrite la veille au comité de correfpondance par l'efpion
patriotique Boldiron , celui-là même auquel nos Monar
ques accordèrent , le i de ce mois , les honneurs de Ta
féance. Sa lettre , datée de chez le coramiffaire de fa
feétion des Lombards , porte qn'il y eft détenu , a:cufé
de vol par le bruit public i il reclame l'afliftance des
bons frère» , & finalement l'affaire s'arrange & le protég-i
eft lâché.
Thermomètre de Taris.

•Tandis que le grand prêtre Fauchet exhale fon virus


conftïtutioimel contre les apôtres de la foi , le peuple
inftruit par les calamités dont il eft la trifte victime
revient de fon délire & commence à donner des lueurs
de raifcm. Il avoue que. le ferment facrilège exigé par
nos conftituins , des miniftres de la religion a produit de
grands maux. Il ne fe . diflîmule pas , que ceux qir,
l'ont, prêté n'y ont été pouffés que par le p!us vil in
térêt , & dans l'efpérance de profiter des dépouilles des
vrais ferviteurs de Dieu. Eh, commsnt pourroit il en
doater ! les rétractations de tous les, intrus ramenés par
les remords dans le fein de l'égîife , porrent , que ce font
des confedérations purement humaines , que à'ejl la
perfpeclive des biens de la terre qui les a fe'»tttits &
égarés; ils reconnoiffent toute l'énormrté de leur crime,
& ce ne font pas feulement de (impies piètres qui offren^
ce confolant exemple , plufïsttrs évêques conftitu.tionntte
font au/G renttés dans l'unité de h foi.
Le peuple ne fe borne pas à raifonner far les prêtres
çonftitutiannels , il coniîdère aufll fa fïtuation bien oppofée
aux brillantes promefles de fes mandataires . Toutes les.
fources qui le vivifioient , & auxquelles il devoit en quel
que forte fon exiftence font prefîue deflechées. Pour
comble d'infortune , il s'apperçoit qu'il n'infpire qu'un
foible intérêt aux pouvoirs conftitués , & qu'on ne le
ménage plus. Il n'a vu qu'avec fureur l'ordre donné
'par la municipalité de détruire toutes les échoppes qui
obftruent les rues, & de donner la çbaffe aux marchands
ambula,ns. Plufieurs groupes de ces meffieuis fe font for
més , dans lefquels on a confidéré cet ordre , comme
contraire à la liberté , tendant à opprimer le peuple fou-
verain , & là , • il -a décrété à l'unanimité que l'on oppo-
feroit la plus vigoureufe rèfifiance à VoppreJJion, , €r
que la lanterne feroit le faUilre de tous ceux qui
cferoknç attenter 4 la . majcfté. du peuple Roi.

MÉLANGE S,

\du rédacteur de. ha Roçamhole.

T ic Bien s.û.r , Monfîeur , du plaifir que j'ai à vous lire ,


yoas continuez à m'adrefler votre journal quoique je
n'aye pas renouvelle mon abonnement. Je vous remercie
do m'avoir alTez Lien jugi pour ne pas douter que les
. çyconftançes feules m'e.mpêcliqient de fouferire p«ur le
trimeftre qui vient de commencer. Vous auriez reçu
depuis long- temps le prix de l'abonnement 3 fi j'avois
. ^té sûr de, recevoir votre ouvrage intéreffant à W'orms.
pu kÇoblent^ y c'eft là que le trouvent tops les vérita
bles Français , qui chçrifTcnt leur patrie , leur honneur
ic. leur Roi, & c'eft là que doivent trouver prclque
^us vos abonnés. Difcoiitinueai, je vous prie t l'envoi d%
Yfttre feuille , jufqu'à ce que je puiiTe la prendre a
Paris Si in'acquitter avec vous. Voici une anecdote qui
rn'eft perfonnelle & qui , je crois , doit y trouver place.
J'arrive à Valenciennes , le configne à la barrière
arrête ma voiture. — Ces meneurs n'ont rien à déclarer?-
— Non, monjieur. — Ces messieurs n'ont rien contre.
l'affemblée nationale! ( c'étoit la contenante ) — Le
plus profond mépris. — Meffieurs , il ejl défendu de
laiffer. paffer des brochures contre l'affemblée. — Ce
n'ejl pas une brochure , c'ejl un fentiment. — MeJJiews.
vous powe\ paffer.
Veuillez bien , Moniteur , agréer l'expreiïïon de tous
les fentîmens qui peuvent flatter un homme honnête ,
aimable & fenfible ., & croyez qu'il eft difficile de s'in-
{érefler plus vivement au fuccès de votre ouvrage que.
votre très-humble, &c. »
Rocroi, 18 oftoire 1791.
P. S. « Tout le monde commence à fe laffer da
défordre; excepté cependant les enfans de la conftitution,
qiii trouvent encore à pêcher en eau trouble. Voici un
moyen que je vous prie de foumettre à nos 700 & tant
de Rois, pour rétablir l'ordre & la pa\x , fuivis dit
calme & de la tranquillité. ( Paroles du grand Target. )
« Proclamer le même Jour le Roi municipe général
des 44 mille municipalités ; décréter que les maires
exijlans ne feront que fes lieiuenans & tenus de fe
conformer ponctuellement aux ordres de fa majejîè ,
fous la nfponfibilité des miniftres. De phis nommer
le Roi préfident de tous les départemens , de tous les
dijlricîi & directoires , de toutes les affembL'es électorales
& primaires , toujours avec la même autorité que fu
ies maires. — Combien de préfidens n'auroient lien à
a'oater à leurs titres pour devenir vice-prefidçns.
(4*4)

H nous est bien doux, après avoir annoncé


l'intrusion de M. l'abbé Noguès à la cure
de Pointis de Rivière , d'avoir à publier son
retour voici la lettre qu'il nous a écrit à
ce sujet. y.
Au rédacteur de la Rocambole.
Monfieur , ...
« Je vous ferai bien obligé d'inférer dans votre journal la
lettre fuivante que j'ai envoyée à Mefïîeuis les adminiftia-
teurs du diltrict de S. Gaudens. )
« J'ai l'honneur de vous renvoyer, Meilleurs , I-
» procès-verbal & l'inftitutioa en vertu defquels j'ai çté
» nommé à la curé de Pointu de Rivière ; ma cpnfçieiîce
e me fait, reconnoitre l'infuffifanee de ces deux titres.
» Je rends grace à la providence qui daigne m'éclaiier
» & je vous préviens que îe me retire chez moi pour
» lailfer la dire&ion des ames^de la paroiffe de Poiutis
» à fon véritable & légitime pait^Hr.. »
c Signé , Noguès , ancien vicaire
de Lier de Rivière.
Premier novembre 17gi.

Couplet à la dams Brul. . . de Sl.ll. . lors


de son départ pour l'Angleterre.
Sur l'air de la Catakoy.
Va te cacher , exécrable Mégère ,
Dont le cœur eft de tous vices nourri;
Monftre odieux r' tit l'afFreUx car?£tère ,
Par les enfers eu fureur fut pattu î
(4x5)
De l'impotture infâme meffagèrei
Cloaque infedt d'oidures tout pourri.
, i Vieille guenon
Sale' chiffon ,
Puant fouillon
Plus hideux qu'un démon;
Va, porte ailleurs ta langue de vipère,
L'horreur te fuit ; tout frémit à, ton nom.

Tout le monde sait que les grenadiers de


Royal-Liégois , en garnison à Strasbourg ,
s'étant rendus en foule le 10 du mois der
nier aû spectacle, où l'on donnbit Richard
cœur-de-lion y furent provoqués par les
émissaires du club jacobite qui ne vouloient
point laisser chanter l'ariette , 6 Richard ,
6 mon Roi, applaudie par ces braves
guerriers ; ils eurent môme l'audace du
les suivre à l'issue du spectacle , & cette
. ridicule bravade auroit eu sans doute des
suites funestes, si le maire d,e la. ville ,
homme prudent & sage , n'eût arrêté ces
factieux ; mais le club républicain , ennemi
juré des troupes fidclles à l'honneur & à
leur Roi, a envoyé une députation au
général Luck/tér-î ' pour lui enjoindre dé
foire sortir de la ville les grenadiers de
Royal-Lir!gcois & les chasseurs Breto72s.
Ces premiers t instruits de ' cette démarche
(4*6)
ont écrit au Roi & le supplient de les
défendre de l'injustice qui les pour
suit. On lit dans leur lettre , pleine des
plus vifs sentimens de fidélité , d'amour ,
de respect & de dévouement , les vers
suivans : «
O Louis ! 6 mon Roi r
Si le ciel t'abandonne ,
Le r/giment de Liégeois
Suivra pat tout ta perfonne -%
Aux yeux de l'univers ,
Il briferoit tes fers ,
Et foutiendroit ta couronne.

Charles Vil.... caca vilain a voulu se


vendre à la Cour , à condition qu'on créeroit
pour lui une charge de grand porte-coton
du Roi. '

On assure que M. le Duc d'Orléans achète


des louis d'or de tout côté & qu'il part au
premier jour pour Londres , au grand regre%
de ses créanciers.

Lettre du singe- vert à madame la baronne


de Sta... . ». ,
s.
Je fuis' un vieux finge très-connu dans Paris ; & fet
viens madame vous demander la furvivap.ee -de l'éyêrp*
( 4*9 )
il'Aut.. , comme lui j'ai l'efprit retors , j'efcamotte avec
une adrefle égale k la fienna , & qiia:it à mes autres
taîens , je me flatte qu'i's ne fauroient fouffrir une corn-
paraifon avantageufe à la puiflance du prélat.
Je fuis, madame la Baronne , avec trois grimaces St
une gambade,
votre très-puiflant Se très-
malin ferviteut ,

Le singe vERtf»

LÉGISLATION,
Sur la demande d'un fecours provifoire , demandé dans
là féance du f i pour les commis & employés des fermes
fupprimées, lire Gouffïac, monarque ruflaut , ôtant fon grand
chapeau pointu & fon gros bonnet de laine , a dit : ah ! je
voyons ben. qu'on ne donné ici des fecours qu'aux gens
favans de leur croix dt par Dieu & qui fxiviont écrire :
Ceux meneurs les commis aux barrieres qui font des
gens de lettres , faveht demander & on leur donne ben
vîté; mais dans nos campagnes , qu'il y a de pauvrei
bonnes gens qui perdent davantage , à ceux-là on ne
leur donné rien du tout , à caufe de ça je demandions ,
moi , l'ordre du jour ; Se à caufe de la motion ruftique ,
le provifoire demandé a été renvoyé au comité de liqui*
dation. —L'académie de peinture, &. de fculpturc , admife
à la barre, à prétènté une pétition contre fes détracteurs,
qui , ne pouvant s'élever à la. hauteur du génie croafl'ent
contre lui. — Répondu , que l'affemblée S'occupera de tout
ce qui peut concourir à l'état des beaux-arts. — M.
Cl»ivière , également admis à la barre , a propofé un fit-»
perbe projet de finances dont l'objet est d'arrêter le rem-
bourfement des offices, brevets, maîtrifis Sec, fauf les
emprunts^ — Renvoyé au comité dés finances, & l'auteur
de l'équitable projet admis à fieger parmi nos fouveràins.
— Giand & fubliine défintérelTement des fameux Mangin
& Drouard, citoyens de Varennes , qui donnent aux pau'
vies de ce. te ville , )e prix de leur attentat fur la perfonne
fierée du Roi. — Applaudiffemens, décret qui ordonne qu'il
fera parlé honorablement de ces deux perfonnages dans...
le verbal. — M. Montmorin , aceufé de n'avoir pas né
gocié la grace des galériens patriotes de- Brejl a envoyé
fa fu'ffificatioh , qui a été renvoyée au comité diplomatique
pour l'éplucher. L'ambaiïadeur d'Angleterre a notifié offi
ciellement les fecours envoyés par mrlord EJfmgam aux
habitans de S. Domingue , & il a été voté des remerciemens à
la nation Anglaife , au gouvernement & à milord Effinganu.
Il a été propofé dans la féance du 6 de prier le Roi
d'envoyer le plus de troupes poïfibles au fecours de Saint-
Domingue. A cette proportion , fire Merlin , qui h'eft
pas Merlin l'enchanteur, mais bien Merlin le fou. erain ,
a cru déjà voir à l'es trouffes tous les émigiés , fuivfs des
Hulhins , des Pandoures & des Talpaches. Quoi , s'eft-
îl écrié , dégarnir les frontières; N'eft-ce pas en ouvrir les
portes à nos ennemis ? On eft heureùfement parvenu à
ca'mér fa frayeur. — Les adminiftrateurs du département
de Mayenne & Loire annoncent que î ou 4 mille per-
fonnes armées donnent la chafje aux prêtres jureurs. —
Sire Camion ajoute qu'on en fait autant dans le difhicl:
d'Angers', & qu'un curé y a été affaffiné. — C'cft comme
chez nous , fe font écriés les monarques Goupillait ,
Gofj'uin , Gouthon Se Merlin. Nous croyons inutile de
dire que tous ces troubles relig'eux , fruits amers d'une
intolérance coupable & impolifîqùe font attribués aux
fidc'çs rciniïhes du dieu de paix. Le Roi Ifnaid a épuifé
l'épouvantable tréfor de fou éloquence pour prouver
(4*9)
«îu*ïl étoit terns que Vorgueil de l'ençenfoir s'abaïjfât
Jbus le fceptre de la fouveraineté du peuple , & que les
rebellas fuffent e'çrafe's fous la force & fous la volonté
générale. — Le rapport des mefures à prendre à ce fujet
cft renvoyé au fur-leudemain. — M. Bertrand , électeur
du département dn Gard , admis à la barre , s'efforce d'y
juftiner l'infurreôion de« lbldats du 38° régiment, ci-de
vant Dauphiné , aceufés d'avoir chaffé leurs oîEciers , Si
menacés de voir exécuter contr'eux la loi martiale , dont
il demande la fulpenfion. — On a décrété le renvoi de
cette affaire au comité militaire , & la communication au
iminiftie de la guerre pour en faire le rapport. Voici,
venir enfuite les vainqueurs de la Bajiïlle , qui karan-
guent leurs maîejlés légijlatives , qui font applaudis Se
admis aux honneurs indicibles de la (éance.* Puis arrive
une fi'e de plaignans. — Deux maréchaux-de lîigis , qui,
renvoyés , difent-ils , de leur régiment , fans ombre ni
figure de procès , veulent être jugés & fervir la patrie.
M- de Moreton, ancien colonel du régiment de la Fère,
qai fe plaint d'avoir été deftitué arbitrairement fous le
miniftère de M. de Brienne , & éconduit fous le règne
de nos feux Rois. — Enfin M. Dubois Décraff'é, •élec
teur de Paris, efeorté de deux autres, fe plaignant auflî
que M. Bailly ait été porté dans le département fans
avoir rendu compte. Son dire a eté renvoyé au comité
de légiflation, & celui des premiers au. comité militaire.
— On a lu dans la féance du 7 une pétition lignée de
plufieurs citoyens de Paris , dont l'ob!et eft d'obtenir la
révocation du décret qui ordonne la formation en 3 régi—
meoi de la garde foldée de Paris. <— Grand vacarme,, 3c
rien de décidé. — Un membre du comité militaire a fait
fon rapport fur l'événement arrivé à Marfeille , le zi3 du
mois dernier, au fujet du régiment d'ErteJr ftt'tjïè. Cette
affaire a été. renvoyée au pouvoir exécutif. — Une lettre
( 4*° )
du gouverneur de S. Domingue , lue à la féanee du î ,
confirme les défaftreufes noavèlles déîà données fur
cette malheureufe colonie. . Le gdufrerneur con
clut le détail qu'il en donne par dire que l'on croit
généralement les nègres dirigés par des blancs fcélécats Se
gagés ; s'il en eft ainfi , ajoute-t-il , la colonie eft perdue
fans reflource. — Le Roi Ducaftel a enfin fait fon rap
poit fur les emigrans. — Décrété que tous les Français
raffemblés fur les frontières font dès-à-préfbnt déclarés
fufpefti de conjuration; il leur eft enîoint de fe fépavei
avant le premier janvier prochain, fous^ieine de mort. — •
Les revenus des condamnés par contumace feront perçue
au profit de la nation , fans préjudice des droits de leurs
enfans, parens & créanciers, antérieurs au préfent décret:
Les biens & revenus des Princes Français , des fonction
naires publics civils & militaires , les traiteaiens & pen-
fions accordées par l'état aux abfens fans congé, font
fequeftrés' dès ce «moment, deffenfe de les payer fous
peine de deux années de gêne. — Tout fon£lionna»<e
public qui s'abfentera fàns congé fera puni comme un
foldatdéferteur. — Il fera formé de fuite une cour mar
tiale. — Tout embaucheur de foldats pour l'étranger fer*
puni de mort. — Il eft; furcis k la fortie des armes ;
chevaux & munitions du royaume. — Lefdits objets feront
faifis dans la diftance de 6 lieues des frontières. — Lfc
Roi fera prié d'avifer aux moyens à prendre contra les
puiflances étrangères qui fouffrent le raffemblement fur
leur territoire , d'après le plan qni lui fera tracé. — Tels
font les décrets de cette fameufe féance.
On fouferit au Bureau rue Montmartre, N6i
Zip, pris le paffage du Saumon , oà l'on eft prié
d'adrejjèr les lettres ., avis & réclamations , en affran~
ehijfant le port. \ ,

De l'Imprimerie de la Rocambolei
LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom Règius A N T I - Jaç O x 1 N 9 s.

« Une Foi , une Loi , un Roi ». . . i

Du Samedi 12 Novembre 1791.

Thermomètre de Paris.

I,A fièvre de la rage tourmente les Jacobins qui ma


nifestent jusques dans le manigé une soif dévorante du
sang des Français émigrés. Le peuple électrisé de nou
veau par des antropophages s'imagine que les mesures
violentes , qui ont été adoptées., rameneront la psix
& avec elle l'abondance. Cette idée- a un peu ranimé
son courage abatu par la misère la plus affreuse , & '
au moment où la Municipalité semble annoncer la
famine, le peuple se livre encore à l'espérance.
Cependant Paris n'est point approvisionné : la Com
mune a fait connoître ses inquiétudes par la voie du
Moniteur. Elle invite dans ce Journal toutes les per
sonnes éclairées en matière d'administration , de lui faire
passer ces mémoires sur l'objet des subsistances. Mais
( 422 )r
cotrrme elîe ne veut point être responsable desivérie-
mens qu'elle prévoit , elle a soin d'avertir que l'on se
trçmperoil , si parceque ce Corps Administratif prend à
l'approvisionnement de Paris un intérêt direct & de sur
veillance , on en concluoit ,- que c'est un de ses devoirs
d'y tenir les denrées . abondantes & à un prix médiocre.
jîucun règlement , aucune Loi ancienne ou nouvelle ne
condamne la Municipalité à tenir la halle fournie defa
rine ; c'est au commerce a produire cet effet
C'étoit autrefois le gouvernement , & il s^en acquit-
toit fort bien ; pareequ'il embrassoit en même temps
tous les besoins & tous les moyens. Aujourd liui cela
est impossible non-seulement au Roi dont le pouvoir
est nul i mais encore à l'Assemblée législative , quand
même elle seroit mue par l'amour du bien public ,
parceque le trésor national est à sec , & que le moule
des assignats ne peut pas même suffire aux dépenses
courantes.
La Municipalité attribue aux mouvemens populaire»
la cause de la disette des denrées ; & elle dit : « Ce
n'est point un sou de plus ou de moins à payer sur
le pain qui peut faire le plus grand tort au peuple ;
ce qui le ruine , c'est le défaut d'ouvrage , & le dé
faut d ouvrage suit toujours les troubles , les insurections
& les dangers que courent les gens riches au milieu d'une
multitude égarée ». Et pour attirer ces gens riches
dans leur ingrate Parrie , on ne cesse de la leur mon
trer couverte de titres avides de leur sang & prêts à
les dévorer , quel délire !
C 423 )

Sâbbats jacobites.
Des 6 & 7 Novembre.
Sous la ehochette du Pieux CondoÀcet.
Venez, les bien aimés de Targiriette , l'élixîr de
tous nos affidés ; venez siéger au sabbat dont vous
êtes l'ornement & la gloire. Hélas ! sans vous qu'allions?
nous devenir ? Ah ! si pleins d'une républicaine au
dace vous n'eussiez hapé au colet le Roi des Français ,
sï vous' ne l'eussiez ramené , bon gré malgré , dans
sa bonne viile de Paris , c'en étoit fait sans doute ,
nons étions tous pendus. Venez, intrépides^uitio^reî dii
patriotisme , invincibles talpaches dé la liberté , fiers
hulans de la révolution ; venez vous enivrer du tor
rent d'applaudissemens qui vous a été préparé par les
braves jacobins. — Tel est à-peu -près, dit-on, la su
blime harangue prononcée aux fameux Gentil &
DroUET , citoyens de Varennes , lors de leur recep
tion au grand sabbat du 6 de ce mois , & qui a failli
les assimiler à la grenouille de la fable.
Après des claqu=mens de mains horriblement bruyans
& longuement prolongés , frère Dufoumy a demanda
l'exécution de l'arrêté jacobite portant que « les noms
de ces pousse- culs royaux seront inscrits en lettres d'or
sur lin marbre noir , do:it on intrustera le principal
pilier du repaire. » Cette importante motion a été
interrompue par frère Rœderer. ss Amis ., voulez-vous
savoir ce que font nos émigrés en Allemagne ? Voici
une lettre que j 'ai reçue de ce pays-là , vraie comm e
la vérité; mais taisez-vous si vous pouvez, & dressez
les oreilles. — Les aristocrates se donnent plus de mou-
S s J
< 4=4 )
ventent que jamais. Leur espoir est d'engager le Roi
dans ' ieUr parti ; ils paroïssent entierement anéantis ;
ils veulent lever des régiment , & ils se sont adrestét à
plusieurs Princes de ma connaissance ; ils y réussiront
s'ils payent bien 6v d'avance ; sans cela , ajoute le
Octé petit Jean , point d'argent point de Suisse. Le
numéraire abonde chef eux. Les Princes vivent avec
beaucoup d'économie. L'entretien des réfugies coûte inoi -
mément. Le Prince Condè paye tous les jours 3 5
kreta%ers à ceux qu'il ne peut admettre à sa table.
L'ambassadeur de Russie est toujours en l'air , & vol
tige d'une Cour à l'autre ; il doit se trouver à Ratisbonne.
Cn dit que les Princes veulent négocier un grand ca
pital en Hollande. Le plus grand nombre des réfugiés
est à Cablent^. Les Princes ecclésiastiques jont, le plus
pour eux. Il y a un nombre prodigieux de piètres. Plu
sieurs maisons religieuses ont ordre d entretemr pendant
quin%e \ours les nouveaux venus. » —. Puis frère Tho
mas rapporte la déconfiture arrivée à l'honorable
espion qui en reconnoissance de la petite farce pa;
tîiotique qu'il a s-i bien jouée au manège , fut admis
le 2 à siésrer côte- à- côte de nos Rois: déchu de ce
haut point ài gloire il s'est vu accusé de vol , ar
rêté ., conduit chez un commissaire , comme nous
l avons dit dans no:re dernier uuméro &c. — Arrive
(rr uice le grand . arra au nom duquel tout genou
fléchit dans. !e sabbat. — S^vea -vous.,. dit-il, que nos
frères de Rennes se sont avisés de recevoir le renégat
Chapeliier dans leur sein ? Pour pnnir ces étourdis ,
privons-les de l'honneur de notre correspondance , jus-
quà ce qu'ils l'ayent chassé ; & les sabbatistes s'çcrient
( 425 )
tous d'une voix : soît fait ainsi qu'il est requis. — Vient
en queue un frère tout frais moulu de la Russie ,
qui jure , fit de îacobin , qu'il n'y a pa3 le iou chns
tet Empire , que les troupes fatiguées des dernières
guerres ., sont sur 'e grabat . & que l'Imperatrice ne
peut être d'aucun secours aux émigrés qui ont le pl-v
grand tort de compter sur elle, & même sur l'argent
comptant qu'tlle leur fournit. A cette parade succède
le long & très-long discours de l'ambassadeur extraor
dinaire des jacobins de Brest, sur les galériens du-
régiment de Château-vieux ; malgré le vœu de la France
entière , c'est-à-dire , de la !acquerie , ces martyrs du
patriotisme sont encore au nombre des forçats , par
3e fait du ministre de la guerre. Après cet exposé , ïe
sapeur Auàouîn se lance sur les prêtres ; il ne voi4
en eux que les empoisonneurs des sources ou les peuples
cherchent ie bonheur, & propose la plus extrava
gante des lois que nous crevons devoir soustraire à
l'indignation de nos lecieurs. — On lit dans la séance
du 7 une lettre de frère Lambert qui réclame l'exé
cution de la loi portant que , le maire & les admi
nistrateurs de la ville de Paris rendront leur compte
définitif tous les ans , que ledit compte sera imprima
& rendu public. L'année étant révolue , frère Lambert
demande qu'avant que le maire & les ofiiciers mum
cipaux de Paris puissent exercer de nouvelles fonc
tions , ils soient tenus de rendre leur compte : or ,
comme il faut rendre justice au diable même , con
venons que frère Lambert a raison , tout !acobin qu'il
est. — Frère Manuel spris avoir observé qu'il est
très - important d'accoutumer les magistrats à rendre
S s 3
( 426 )
compte , & le peuple à re méfier de l'intégrité de
ses administrateurs , cède la place à frère Jean-de-
Brie qui sonne le tocsin sur les prêtres ennemis de
Baal & de ses autels , il les charge de toutes les ini-
' quités des intrus & les apostrophe ainsi : Alle%, pieux
jongleurs , inocule^ vos saintes fureurs aux héros d€
Coblent^, ou puissie^-vous en enseveli»- avec vous le germe
fatal au monde , dans les déserts de SciOTO. — Le dé
lirant orateur propose ensuite un projet de loi en cinq
articles dont le plus doux est de défendre aux prêtres
xîe porter le costume religieux hors l'exercice de leurs
fonctions , sous peine de trois mois de gêne. — Frère
B'iauTfit fait chorus , & voudroit qu'on comprit sous le
même anathême les prêtres non-assermenté» & les émi-
grans : pour augmenter l'effervescence jacobite , il fait
lecture de la lettre suivante venue , dit-il , de Caën t
département du Calvados , en datte du 5 novembre.
« Dans le moment où je vous écris , on s'égorge
dans une des principales églises, saint-Georges , la
g.'nérale est battue ; des hommes en armes se pré
sentent de tous côtés , plusieurs coups de fusil viennent
di se faire entendre : le directoire s'assemble ,quefcra-
t-il ? Le régiment est parti d'hier : peu s'en faut que
je ne regarde cette guerre civiie comme l'écroulement
de la constitution. » La lecture de cette lettre venue
très à -propos , atteint son but & excite des cris d'in
dignation contre les prêtres non-assermentés , continuel
lement peints , sans preuves & contre les preuves
comme les auteurs des affreux désastres qui désolent
la patrie , & déchirent le cœur des gens de bien. Peut-
on s'empêcher de reconnoître dans ces détestables ma
( 427 )
«œuvres le plan constamment suivi d'anéantir la re
ligion de nQ5 pères ? Pour y parvenir i il falloit sans
doute avilir ses légitimes ministres , & on a employe
pour y parvenir les moyens les plus odieux r depouilles ,
persécutes, leur patience, leur . résignation i leurs
vertus , en un mot , sont insupportames à leuïs' en
nemis , & pour les ex terminer , ils lancent sur eux
tous les traits de la calomnie.
Mais opposons à la lettre Blauzat le cri redoutable
de la vérité. « Les principes atroces de Claude , ai ent
différentes lettres , ont facilement germé dans une
ville déjà abreuvée du sang de l'infortuné Belzunce ;
Caé'n est devenu un nouveau Comtat. Les brigands
après y avoir intrigué sourdement , levent aujourd hu i
la tête avec une audace semblable à celle de leur
cbef qui , absent du pays , y a laissé des scéjérats
formés par lui , pour .souffler le feu dojit il voudroit
embraser tout le Royaume. Le sang coule & le mo
tif qui le fait couler est une infraction odieuse', faite
j)ar des assassins à des décrets formels...... le
curé non-assermenté de Saint] Jean, à l'abri delà loi,
se disposait à dire la messe dans son ancienne église;
les par Jsans de la religion ,aou\elle , indignés , vont en
foule à l'église de Saint Jean % frappent tous ceux qui
s'y trouvent.... Quelques-uns sans doute repoussent
les maltraitemens , & la horde en profite pour fondre
sur les victimes désignées: prêtres non - assermentés ,
nobles , bourgeois , enfin tous ceux qui sont connus
pour préférer leur Dieu & leur religion au Dieu &
à la religion ds Claude , sont poursuivis , arrêtés.»
s s 4.
(428)
fusillés dans lsurs maisons.... 'On compte des morts
& des. blessés , &c. »
Enfin cet affreux sabbat est terminé par une gen
tillesse de frère Broussonnet : il a observé que le fa
meux air ça ira est pour les aristocrates ce qu'est
l'eau pour les Hvdrophobes , ou un homme de bien
pour un jacobin ; partant le frère goguenard fait la
motion expresse de l'adopter pours/e pas de charge,
dans toutes les troupes françaises , afin que si elles
ont à donner sur nos aristocrates , leur musique seule
les terrasse , comme le son des trompettes des Hé
breux renversa les murs de Jéricho. Vive l'ingé
nieux Broussonnet. »

MÉLANGES.

Copie Littéralle d'une Lettre adressée


au Rédacteur de la Rocambole.
Che^l'hôtel du Prince de Galles, ce n Nov. 1791.
« Mylord Dom Régius , j'arrive de London , per
voir le révoluebion Frenchaise. On dit à'moi au Pe
lais -Royal : voule\-vous voir un bel party. — Je marche
apres vous , je réponds à ce Monsier qui avoit un re-
tingotte chamois; & nous venons dans une salle fort
proprement belle où Ton taille le pharaon. Un grand
jeune Mvlord & deux Miledis me disent qu'il y a oc
casion pour gagner 50 lois ; je joue , je perds cent
guinées , & je sors dehors le tripot pas content de le
révoluebion. Un joly fame prend moi par le manche :
Mon petit bijou , eun leitre-de-change à toucher sur te
( 429 )
pied de . t , ; . . — Ce lettre-de-cliange venoit fort 3
propos , & j'entre avec le joly fame ; mais .... je sors
pas content de le révolucliion. Je vois Mylord Dom
Regius , dans ce capital , on a le liberté d'être
volé. On y recroche pour le pharaon , le creps , &
la biribi comme pour le fame. Je rentre chez l'hôtel
du Prince de Galles , & je demante le papier & le
novel. J'avois besoin beaucoup fort de pas songer à le
joly fame & le rettingote chamois. On porte à moi une
tiable de Journal , le Rocambol ; je lis & tout de
suite je viens prier vous , Mylord , de faire à moi un
petit souscription pour eun an. Je suis grandement fort
content de lire le Rocamsol. Vous avez , Mylord ,
tun fond de gaité & de spirity que vous placés avec
grand beaucoup avantage dans la banque des beaux
esprits.
Signé , Jcuvh Splenik.
.n . —.

La conduite loyale des soldats du Regiment d'Er


nest à Marseille , prouve combien ces braves militaires
connoissent la véritable gloire , & combien ils sont fi
dèles aux loix de l'honneur. M. l'abbé Royou , ce ju
dicieux appréciateur du mérite & de la vertu , a dit
en parlant d'eux , que de tout temps les Suisses fu
rent la terreur des révoltés , Si l'appui de nos Rois ;
que ce furent eux qui sauvèrent Charles IX, en
core dans l'enfance ; des mains des Protestans, qu'ils
l'enfermèrent dans leurs bataillons invincibles & con
tinrent la fureur des factieux sectaires. On croit , a-
joute-t-il , que le souvenir de ce Wrrible danger qui fit
( 4?o),'
une profonde Impression sur son esprit , ne cprrtrrbu*
pas peu à lui arracher l'ordre fatal qui a souillé son
regne & notre histoire.
M. l'abbé Royou se trompe sur ce point ; ce n'est
pas lesouvenir.de ces attentats qui rendit ce prince si
cruel ; Charles eut à gémir sur des calamités bien plus,
tristes. Sous son regne le calvinisme signala toute l'atro
cité de son caractère. Dans plusieurs villes du Royaume
les Catholiques furent poursuivis & égorgés jusques
dans les Tombeaux où ils s'étoient réfugiés. On ne peut
lire sans frémir le tableau du carnage horrible qui se
fit ï Orlhès. On voyoit,dit l'historien du Béarn , des
rw.sseaux de sang, couler dans les maisons , les places * &
les rues. fleuve du Gave, parut tout ensanglante, &.
ses ondes empourprees portèrentjusqu'aux mers voisines les
nouvelles de cet affreux désatre. Et comme si le 24 Août
eût été , dans ce siècle , une époque sinistre consacrce
à des exécutions barbares; ce jour-là même la fleur de
la Noblesse fut massacrée à Pau. C'est ce massacre ,
dont les protestans se glprificient par-tout qui inspira,
à Charles IX la première idée de celui de la saint
Barthelemy exécuté à pareil jour trois ans après. On
lit à ce sujet , dans l'histoire de Navarre , ces paroles
remarquables .• « Ces nouvelles fâchèrent extrêmement le
Roi Charles ', qui dès lors résolut en son esprit de.
faire une seconde sAINT Bmtiîelemv en EXPIATION
de la première.

M. de Montesquiou, s'étant fait voir dernièrement au


spectacle à Montpellier , on lui cria du parterre , rends
tes comptes. Cette petite mortification lui apprend
(43i)
que , s'il' s'est enrichi au manège , son roman du moins
n'a pas fait fortune dans l'opinion pubique.

L'ex-président Du Caste!, dans une de css horrib'ss


tempêtes , si fréquentes au manège , prend pour la conju
rer la bruyante sonnette, & s'aperçoit qu'elle renferme
un petit papier proprement plié : il le prend , l'ouvre
& pâlit en le lisant. L'Assemblée entiere effrayée de
son trouble , veut en çonnoître la came & demande la
lecture du billet. Voici son contenu :
« Tremble^ , vi's factieux , voire regne est passé ».
Nos Monarques ont bien vite demandé l'ordre du jour..

LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois.


La rédaction du grand décret, rendu la veille à l'ur
nanimité , contre les émigrans, a provoqué dans la séance
du 9 un brouhaha parfaitemement semblable à celui
des halles , & les Forts du manège s'y sont escrimés ,
d'estoc & de taille pour en obtenir le redressement...
L'article II portoit que tout les émigrés en état de ras
semblement au premier Janvier prochain 1792 , se-
roient occis sans miséricorde : mais nos Monarques ayant
ruminé sur leur grabat le déficit de ce dispositif , ont
soutenu qu'il falloit spécifier ainsi l'état du rassemble
ment : — « Les émigrés vulgaires doivent seulement
se disperser, mais les princes français & les fonction
( 432 )
mires doivent rentrer , sinon les voilà constîtués en
état de rassemblement ., par conséquent de conjuration ,
& les voilà morts ipso facto. — Cette distinction a été
adoptée. — Une majesté) législative vouloit de plus
que , la réserve , accordée aux femmes , aux enfans &
aux créanciers antérieurs au décret sur les biens des
futurs Guillotinés , ne pût tourner à leur profit qu^i
la charge par eux de faire enre ;i:trer leurs titres de
créance ou d'en former 'a demande dans quinzaine
devant les tribunaux : ce moven d'augmenter la masse
ds la confiscation projettée a été mis au r;but, on ne
:ait trop pourquoi. Enfin l'auguste Brissot secrétaire
a lu couramment le surplus des articles décretés qui
ont été trouvés dans un point émînent de perfec
tion. — Incontinent est advenu sire Garan de Couloit
lequel a représenté que le prodigieux travail sur les
troubles Religieux faisoit suer sang & eau au comité
législ atif & que cette subiims élucubration ne pou
voir paroître que le n du mois. Ce retard a exalté la
bîte de certains monarques empressés d'abaisser Vdrgueil
àe l'encensoir & d exterminer le sacerdoce. Le Comité
a été vertement tancé ; mais il a obtenu le délai demandé.
— Par supplément au décret contre les émigrés , on a
proposé de soumettre leurs propriétés foncières &
•nobiliaires à une triple imposition : ce petit projet a pa u
bon, & l'examen en a été renvoyé au comité de lé
gislation ; enfin sur la motion de sire Merlin , ce fa
meux décret qui prononce la peine de mort contre
les frères du Roi , sera présenté dans le jour à ce 'Mo
narque infortuné : le sanctionnera-t-il ? le rejettera-
t-il? . . . . Hélas 1 ! 1 11 — Autre décret , y*r
( 433 )
l'invitation du Bol Gaussin , qui défend aux officier»
& soldats des troupes de iigne & de la garde natio
nale de passer ies frontières à peine des galeres. Puis
on lit une lettre eu ministre de la guerre qui dénonce
comme un vil imposteur ., ce même homme admis à
la séance, après avoir 'accusé M. d'Aibignac com
mandant- général de la îpe division de l -armée , &
plaidé la cause des soldats révoltés du 38e régiment.
Les preuves évidentes fournies par le ministre contre
le calomniateur, sont renvoyées au comité militaire.—
Le ministre de la marine demande 10 millions 370
mi le livres pour les frais de l'expédition à Saint Do-
mingue , & l'un des monarques, qu'il soit fait un
rapport le premier décembre ^.our connoitre les mo
teurs des troubles des Colonies. l'y consens, s'est
écrié sire srisset i & je *uis prêt à porter ma téte sur
un écliafaud , si i'on peut n,e prouver que je suis
l'auteur de l'insurrection; rien no scroit plus contraire
à ma morale & à cel:e de MM. Prtion & Gregoire ;
& pour donner que'qus i'oids- à son assertion, sire
Brissot a voté pour l'envoi des secours à Saint Do-
mingue , sur lequel on n'a rien statué. — Une bande
de citoyens actifs ont assassiné ik dévalisé le courrier
de Paris à Duukerque tk C&la.:s. Cette affligeante nou
velle annoncée dans la séance du 10 a rappelé que
les maréchaussées , destinées à protéger la sûreté des
grands chemins , ont été entraînées dans le gouffre
de la destruction , & que la gendarmerie nationale
destinée à la remplacer, n'est pas encore organisée.
Le ministre de la guerre a été accusé d'insouciance
par les uns & excusé par les autres. — On lit ensuite
[ 434 ]
des adresses, l'une d'un bataillon soldé du départe
ment du Nord qui offre ses services pour les colonies ;
l'autre du bataillon de seine 6c Marne qui se plaint
de la fatigue de la route & de la mauvaise chère. —<
L'abbé Audrin , grand amateur de nouvelles , a pro
posé ce déclarer le ministre de la guerre déchu de la
confiance de là nation; parce qu'il n'en donne aucun». Un
évèque de nouvelle fabrique s'est plaint des criaillerieS
perpétuelles des monarques , qui croyent , dit-Il, avoir
fait merveilles , quand ils ont abové une frêle dénon
ciation : à ce mot Capuçino -chabot Je croyant traite
comme un chien, crie àrtféve-soreiHe r à l'ordre .. .;'
à l'ordre .... Sire de la. Croix fait chorus ; mais le
Roi Vaublanc leur expose sagement qu'un pareil ton
compromet apure perte iftur,s majestés législatives,
& propose de traiter honnçtement le mode de res-'
ponsabiliié : Luc oviis , hic labor tit. — L* < discussion
sur le remplacement des officiers émigrans étoit à
l'ordre, du jour ; un des sept cents & tant a dit qu'il
ne falloit pas être scrupuleux sur le choix i^exarnî-
noit-Qp les gentils-hommes quand en les recevait? —'-
Bah ! s'et écrie Merita , ils ne sav«ient pas Mt$, Ce
sarcasme grosùer a fait assimiler le sire à Mue de la
fab'e , donnant son coup de pied au lion décrépit. —-
Enfin on a décr.été la suspension des décrets du 28
septembre dernier,, sur l'admission des officiers , qui
seront pris à l'avanture , sauf pour les corps de l'ar-
tillerie & du génie. — Les sous - iieutenances seront
données , moitié aux sous-officiers de ligne , moi
tié aux gardes nationales du Royaume. — Les dépenses
ordinaires , a-t-on ^dii dans la séance du 10 , sont
égales à la recette ; mais les retards qu'une grande
i 435 )
revo'ution apporte dans le recouvrement des contri
butions ; mais .... mais .... mais ..... font que la
depense du mois d'Octobre excède de 19,730,187 livres
la fecettç de ce mois. En conséquence le comité de
finances demande , & l'on décrète que la caisse de
l'extraordinaire prêtera le déficit. La tréioreriea aussi<
besoin de vingt-deux millions 720 mille livres pour
faire face aux dépenses extraordinaires de'175/r'.
Second décret qui les adjuge. On a lu des dépêches
des officiers municipaux de çaën relatives aux trou
bles de cette viile voici le détail qu'ils en font.
Depuis quelques temps les aristocrates affectoient dé
l'arrogance & faisoient des Calvalcâdes dans tes places
publiques... . La lettre du Ministre de l'intérieut qui
ordonne la tolérance, a enflé l'insolence des prêtres
rëfracraires*- Le sieur Bunel , ci-devant cure de ra Pa
roisse de S.-Jean ,. est allé y dire la messe, le cheeur étoit
plein de ci devait r.obles & de leurs talets armés de
pistolets. Le sieur Bunel annonça qu'il officieroit le 'len
demain , recommanda la patience , la constance 8c la
confiance sur le secours du 'Ciel. Tout cela excita Ai
la fermentation ; pour -la calmer le sieur Bunel est in
vité à ne pas officier le lendemain , mais ses partisâns
se réunissent à l'Eglise , & chantent un Te Deum. A
la sortie les valets insultent les Gardes-Nationales , les
maîtres volent à leurs secours, les premiers lâchent
plusieurs coups de pistolet sur les gardes qui les sabrent
à leur tour; la Municipalité déploie le drapeau rouge
& calme les esprits, pendant cela 82 malveillans s'as
semblent sur la place S.-Sauveur> ils sont arrêtés ; dé
sarmés , interrogés , fouillés & l'on trouve sur deux
[436]
d'entr'aux le projet d'une immense conspiration dont
l'objet est de lier la cause des Prêtres à celle des émi-
grans. Plusieurs officiers de justice , des administrateurs
& MM. Durosel & Barisi sont, ajoutent-ils, dans le
complot. La Municipalité a fait enfermer les quatre -
vingt-deux Conspirateurs.
A cette nouvelle venue si à-propos dans les circons
tances , sire Cambon demande que la haute cour na
tionale soit convoquée sur - le - champ. Le Monarque
Jsnard a invoqué des loix de sang : il faut , a-t-il
dit , que le glaive de la loi , forgé par la liberté , se
promene sur toutes les têtes , & frappe les coupables.
Marchons en souverains , que la foudre tombe au milieu,
des conjurés , & quelle y jette la mort & l'effroi !
Bannisse^ , bannisse^ la crainte & la pitié .' Avons le^
sentiment de nos forces Que les principaux coupables,
montent sur l'échataud irc. — M. du Castel a trè:-pru-.
demment demandé qu'avant tout on lit venir de Caen
les originaux des pièces indiquées dans la relation de
la municipalité. Après plusieurs débats il a été décrété
que l'assemblée les attendra, & elle a chargé le Pou
voir exécutif d'eipédier à l'instant un courrier pour
aller les chercher.

Ce Journal paroit deux fois la semaine. L'a


bonnement , pour Paris & la Province , est de
24 liv. pour un an , ia liv. pour six mois , 6 liv.
pour trois mois , franc de port.
On souscrit au Bureau rue Montmartre ,
N° 219 , prés du passage du Saumon , où l'on
est prié d'adresser les lettres , avis et réclama
tions , affranchissant le port.
LA ROCAMBOLE,

ou

. JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédige par Dom Régius A n t i - Jac o a i x * s.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi iy Novembre iy<)i.

AVIS.
Nous avons compté sur l'honnêteté de plusieurs de
nos Souscripteurs en leur continuant l'envoi de notre
Journal , quoiqu'ils ne nous ayent point fait par
venir le prix du renouvellement. Nous les prions de
l'adresser , franc de port, au bureau de la Rocambo'e ,
rue Montmartre, n* 219, près du passage du Saumon.

N O U V E L L E VISION
du Curé de Schierick. . .

I. I_i*AN du Messie 1791. Le neuvième mois de


la troisième année de ls captivité de Louis XVI, &
du regne de YAntecrist.
II. Moi, Zurich, Curé de SçhieriR , & grand
C 43» 1
Aumonier de l'armée d'Outre-Rhin , je tus transporté
par l'ange du Seigneur dans ma patrie , heureuse au
paravant sous les loix d'un prince vertueux dont tous
les travaux n'avoient pour but que le bonheur de son
peuple.
III. Tout-à-coup il se fit un grand tremblement
de terre ; le soleil de la France fut couvert de téne
bres , & la lune devint comme du sang.
IV. L'abîme fut ouvert & il en sortit un MonstrS
Houx , à qui il fut donné pouvoir d'enlever la paix de
dessus la terre & de faire que les hommes s'entretuas-
sent.
V. Bientôt je vis paroître un Centaure dont la tête
pâle , armée de cornes menaçantes étoit semblable à
celle de Rab... SaiM-Etien.... l'enfer le suivoit ; & le
pouvoir lui fut donné de faire mourir les serviteurs de
Dieu par l'épée & par les bêtes féroces des climat»
brulans du midi.
VI. Dans le* même temps je vis les ames de ceux
qui avoient souffert la mort pour avoir confessé le nom
de Dieu , & pour avoir été fidèles à leur Roi jusqu'à
la fin.
VII. Et elles entouroient un Prince de l'illustre sang
des Bourbons , & à ses paroles plus douces que le miel ,
& à la gloire qui l'environnoit , je reconnus le Comte
d'Artois.
VIII. Et les ames crioient d'une voix forte , en di
sant : O vous que le tout-Puissant a. armé de son ton
nerre pour punir les médians qui ravagent notre mal
heureuse Patrie , grand Prince , jusqu'à quand différe-
rez-vous à nous faire justice , & à venger notre sang
«le ceux qui ont eu la cruauté de le répandre.
JX. Et le Prince les regardant avec un tendre In-
. \ -•

. .. ( 439 ) '
térèt leur dit en soupirant, que le très-haut avoitprp»
nonce dans sa sagesse , qu'il attendroit encore uq
peu à-, temps !usqu'à ce que fut rempli le nombre des
serviteurs de Dieu & de leur frères qui devoient auçsi
bien qu'eux souffrir la mort.
X. Je vis ensuite les Rois des Nations , les Princes .
les Officiers de guerre réunis pour purger la terre des
monstres qui l'infectoient. La trompette guerrière re
tentit dans les airs , & une voix , aussi éclatante que le
tonnerre , fit entendre ces paroles :
XI. Malheur ! Malheur ! Malheur aux pervers qui
sous le voile de l'humanité & d'une fausse philosophie ,
ont plongé l'Empire des lis dans le deuil & la désola
tion.
XII. Malheur aux apostats qui .ont sacrifié leur
conscience aux biens périsiables de la terre.
XIII. Malheur aux sectaires qui ont persécuté les apô'«
tres de la foi, & qui se sont baignés dans le sang des
fidèles.
XIV. Car le jour de !a colère céleste est arrivé, l'ar,
rêt est prononcé. Les coupables vont recevoir le châ»
timent dû à leurs forfaits. Amen.

NOUVELLES POLITIQUES.
'Extrait Sune Lettre de Tournay , le 6 Novembre 1791.
Kh , mon ami, je les ai vus ces émigrés sur les*
quels vos démagogues ont fait tant de contes ridi
cules , & que cependant ils craignent tant ; je les ai
vus , & je vous prédis qu ils brideront les chaînes dç
leur Roi.
Çet oracle est plus sûr que celui de Calchas.
youdrois que vous fussiez témoin de tout ce cjuj
tt 3
C 44° )
se passe ici ; il est impossible de peindre l'ardeur dont
notre Noblesse est animée. Dejà les armes sont distri
buées ; l'artillerie s'avance , elle sera formidable. A la
place des jeunes chevaux qu'on avoit achetés pour les
Gardes-du-Corps , l'Empereur a donné des clievaux ro
bustes & vigoureux. En un mot tout est dans le plus
bel ordre possible. Le-s émigrés ne cessent de manœu
vrer. Avec quelle dextérité ils manient les foudres qu'oH
a confiés à leur mains généreuses ; l'œil peut à peine
suivre leurs mouvemens. Je ne crois pas que les Soldats
de la liberté opposent une grande résistance à leurs ef
forts. Après la manière dont 150 des leurs ont été
traités par dix-huit soldats du Despotisme , ils do;vsnt
bien rabattre de leur confiance , & ils apprendront bien
tôt à leur dépens qu'il est bien plus dangereux de com
battre des guerriers guidés par l'honneur, que d'assassiner
des prêtres & fouttter des Religieuses.

Extrait d'une Lettre de Tournay , du 8 'Novembre.


Depuis la défaite de la bande bleue par les Hullans
de la forêt du Bourg , ce poste qui n'étoit composé
que de dix-huit hommes , a été fortifié de deux Compa
gnies d'Infanterie. L'événement a démontré combien
cet?e précaution étoit sage , car Samedi dernier les vo
lontaires des environs de Maubeuge , honteux de ce que
1 50 des leurs avoient été houspillés par ' 8 Autrichiens ,
sont venus en ph.s^grand nombre que la première fois ,
mais s'apercevant du renfort qui étoit au poste , ils
ont fait prornptemer.t volte-face , sans oser en venir aux
mains avec les soldats de l'Empereur. Le dimanche ils
sont encore revenus avec des auxiliaires. Le con.bat
( 44i ) .
s'est engagé , naais les soldats de la liberté quoique dix
fois plus nombreux que ceux du Despotisme ont été
repoussés par ces derniers , après avoir laissé 15 de leurs «
camarades sur la place.

Thermomètre àe Paris.
L'Hidrophobie des jacobins bien loin de diminuer s'ac
croît tous les jours. Ils ont manifesté une joie féroce
lorsqu'ils ont appris que le pouvoir executif refusoit sa
sanction au décret homicide qui lui a été présenté contré
sa famille & sa fidèle Noblesse. Soudain l'antre jaco-
bite a vomi une foule d'émissaires qui se sont répandus
dans Paris pour soulever la populace , & l'on voir ac
tuellement les sans-culonss faire les menaces les p'us
horrib'cs contre la personne sacrée du Roi. On entend
des misérables , pour qui le gibet seroit une grace , dire
hautement: notre volontéfait la loi; lorsque le Roi la
connoît , il doit la respecter ; il doit la faire exécuter.
Puisqu'il ne le fait pas , il est indigne de regner. C'est
ainsi que la plus vi!e canaille échauffée par la tourbs
des disciples de Damiens , s'agite dans la fange de ses
passions , & exhale son venin contre le bon , le sensible ,
le malheureux Louis XVI.
Cependant les jacobins n'ont pas obtenu tout le
succès qu'ils attendoient de leur manœuvre , qui ne
tendoient qu'à détruire tout l'intérêt que le Roi a
su inspirer , pour le perdre entièrement. Leur rage
n'a servi que le parti des Monarchiens , qui se sont
empressés bien vhi de prôner que le veto du Monarque
prouveroit aux plus incrédules qu'il jouit de sa liberté ,
que d'après cela , les princes ne peuvent sans se rendre
coupables de haute trahison , faire la guerre aux factieux î
tt 3
( 442 )
luteurs de nos desastres. Les plus modérés d'entie îe<
partisans de la resolution , saisirent avidement cette"
idée toute absurde qu'elle est; les jacobins en grincent
les* dents ; les honnêtes gens gardent le silence , & ren-
dent graces à la divinité , d'avoir confondu les projet!,
des méchants , & préservé l'Empire des nouveaux
malheurs qui lui étoient réservés.
On s'occupe de l'é ection du Maire & des OfïicierS-
Muniupaux qui doivent iortir de place. M. Dandrë «,ui
sait aussi bien que Ba^de que ce qui est bon à prendre
est bon à garder, auroit bien voulu succéder à M. Bail.jr
qui quitte la Mairie sans rendre des comptes à l'efem-i
pie de ses illustres collègues du manège ; mais l'empres
sement de M. Dandrè à se faire épicier dans un teins
où la doctrine dont il est apûtre consommoit la ruine
de nos Colonies , a fait ouvrir les yeux aux moins clair-
voyans. En un mot les suffrages ne sont plus pour M.
Dandre'. C'est un malheur , qu'y faire ? On n'ett pas
toujours heureux. r.

SABBATS .TA CO BIT ES.


Des 9 & 1 1 Novembre.
Sous la clochette du PlEUX ÇîNdOSCST,
' Nos braves Cesars partis pour les front. ères sont
(enfin arrivés à Strasbourg i presque nuds , gelés / mor
fondus , moitié morts & n'avant la plupart leur triste
humanité couverte que de quelque placards furtive
ment brissotc's dans divers lieux de leur route. Ce plai
sant uniforme qui rappelle les culottes ce l'enfant de
chœur Lucas (i ) , faites des lambeaux d'un antiphonier ,

\t) Lutrin vivant de Grssscv


( 443 )
S indigné les pitoyables Jacobins de Strasbourg, qui
pour faire parade de patriotisme ont partagé leurs gue
nilles avec les héros des frontières ,- c'est ce qu'ils ont
dénoncé à leurs illustres frères de Paris , dans une
lettre lue au grand sabbat du neuf de ce mois
Voici venir ensuite une petite dénonciation de la bande
jacobice de Morlaix contre le ministre de la guerre qui
a défendu au commandant de bataillon du 19e régiment
de laisser assister les soldats aux séances des prédicans
de l'insurrection & du désordre. Un vénérable inter
rompt la lecture de celte précieuse correspondance pour
annoncer que le suprême comité de législation occupé
des moyens les p!us brefs de se défaire des prêtres, a
dejà arrêté que tous ceux qui reçoivent un traitement
de la Nation prêteront un serment civique ou creveront
de faim. Frire Biau^at , à son tour , régale la Jacobinière
d'un projet de décret bien digne de l'auditoire , en voici
le precis. — Tout ministre de cu're indistinctement , Juif,
Anabatiste , Luthérien , Calviniste , Sandemonien ,
Quaker, Prêtre catholique ou renégat ,' sera tenu de
declarer, en presence des officiers municipaux des lieux, que-
tous les citoyens naissent libres & égaux en droits . que la
souveraineté réside essentiellement dans la Nation ( ja~
cobite ) ; qu il était juste & trés-juste de supprimer la
féodalité , les dîmes &c. — Les cultes exercés en secret
sont réputés suspects ; tout prêtre convaincu de ce délit
sera condamné à deux années de chaîne pour la pre
mière fois , à dix pour la seconde , & au bannissement
perpétuel pour la troisième .... les assistons mulctés par
une amende de 3 go livres , &• s'ils récidivent, déclarés
ineptes à toutes fonctions civiques. — Tout ministre con
vaincu d'avoir provoqué les sectateurs de son culte contre
les autorités constituées . ou contre notre divine Constitw
tt 4.
( 414- )
tïon , ou contre la levée dès impôts , ira 'amer pendant
dix ans , & sera guillotiné s il récidive. — B.avo .' s'est
écrié laban'de jacobite , guil'o Jnons , guillotinons. Alors
Albeit , non le grand Albeit , mais Albert le gendre
monte sur les treteaux , & commence le pl is viru'ent
des discours par ces deux vers du patriarche di l'im
piété ( Voltaire ).
- « Les [-rétros ne sont pas ce qu'un vain peuple pense;
» Notre crédulité fait toute leur science. »
Frères, vous savez tous qu'un beau jour le Démon
de l'aristocratie s'étanc niché dms le corps de Dont
Gerle , patriote vertu»ux ,' mais pauvre d'esprit ,\ lui
inspira l'afireux cessein ce demander que la religion,
catholique, apostolique & ;oaialne fût déclarée reli
gion dominante en France. Vous savez aussi que cette
motion infernale devoit être défendue par les Cabales
& les Maury ; unis le gr^nd , l'immortel Mirabeau,
dont l'effigie placée dans cette salle nous électri:e tous,
Mirabeau , dis-je , ecrasa ces insolens Pigmées avec la
foudre de :on é'oquence dont les éclairs vifs & per-
çans firent trembler Médicis dans ses appartemons. —
Le fougueux jacobin ss rue ensuite en forcené , sur ce
qu'il appelle les ci - devant cardinaux , archevêques ,
évèques , &c. , sur le msii'eur & le plus infortuné des
Roi? ; ii déclare sur- tout à belles dents le cardinal de
Rofcan, & termine' enfin sa diatribe insensée par l'amphi
gouri suivant bien digne de l'exorde.
L'heureux toléranûsme
De tout esprit bienfait devient le Cathéchisme.
. Les enfans de Sara , que nous traitons de chiens ,
Savourent du jambon fumé par des chrétiens.
( 445 )
Des tresors de Laurette , amassés pour Marie ,
Nous voyons l'indigence habillée & nourrie.
Le chaud abbé Cournand quitte le Célibat;
Il est pour la Patrie , époux , père & soldat.
Et le grand Turc lui-même , en dépit du prophète
Se fera Jacobin pour se meubler la tète.
L'univers va changer, la Constitution
Offrira ses bienfaits à chaque Nation.
Quel spectacle I ô prodige ! Eh ! que !'aime à le croire.
Les talens , les vertus feront seuis notre histoire.
En tous lieux le Français sera féré , chéri
Mais qui pourroit aimer un Bamaxe , un Maury.
Indigné de la prose & des vers d'Albert le gendre , un
Anglois que la curiosité aveit conduit dans ce repaire
s'écria : la France est perdue ,
Si de ces Jacohinî l'engeance toute entière,
Ne va la tète en bas rimer dans la rivière.
Le sabbat du onze a été un jour d'allégresse pour
les Jacobins ; frère Manuel leur a appris la nomina
tion de frère Rœderer à la place de procureur syndic du
Département, & celle de frère Prieur à !a présidence du
Tribunal criminel , en attendant qu'il puisse leur an
noncer l'accaparement général de tous les emplois , la
subversion de la Monirchie , & sa métamorphose en ré
publique fédérative , objet constant des vœux & des
manœuvres de la gent Jacobite. Puis , le Prieur Con-
dorcet precant !a parole dit d'un ton benin : Frères &
amis, il est mathématiquement démontré qui inil'e
liomirus , étant plus forts que cent , doivent nécessai
rement recueillir l'avantage du nombre; d'où je con
clus, mes frères , eue pour aveir la prépondérance dans
les élections actuelles , vous devez tous vous rendre
dans vos différentes Sections afin qu'on n'y nomme qui
( ,446 )
tfes personnes épurées dans le creuset du patriotisme*
c'est-à-dire des francs Jacobins. — La supputation algé-
brique du frère Président est admirée , applaudie &
adoptée. — Frère de la source recapitule à sa manière le
désastreux événement de Caè'n. Frère Manuel prie
ses confrères de lui dire si le Roi sanctionnera bientot
]e décret sur les émigrés , pareeque , ajoute-t-il , s'ill'ou-
hlioit , il faudrait le lui rappeller , ou bien nous en RAP
PELLERIONs A L'OPINION PUbLIQUE , PLUs FORTE QUE.
LEs Rois. — C'est-à-dire 3 à la Nation sans culottes ,
ce qui s'entend de reste. — On se jette de nouveau sur
les Prêtres , & frère Ballet propose gravement , que
lorsqu'un certain nombre de personnes seront reunies pour
déclarer un prêtre suspect , il soit subito interdit de. ses
fonctions , privé de tout traitement , banm de la société ,
& exilé du Royaume, Cette extravagante motion inter
rompue par une réputation de greiind:^iî des ci-devant
gardes Françaises a terminé l'épouvantable sabbat. Nous'
parierons au prochain n°. de celui du 13 auquel !a so
ciété fraternelle a envoyé une dsputation i.our grom
meler sur le refus qu'a fait le Roi ds ïancticr.ner le
decret eontre les emigrés.

MÉLANGES.

Madame Bail., scutenoit eue chacun devoit suivre


sa façon de penser, & que si elle avoit été aristocrate
tlle auroit été à Coblent^. — Sans doute pour y servir
de guérite aux émigrés , répondit amèrement Monsieur
maire Coco.

Le curé jureur d'une petite ville située dans le ds-


( 447 )
parlement de la Nièvre, prêchant en dernier lieu serf
paroissiens leur dit : Mes Frères , îe m'aperçois que
les honnêtes gens , je veux dire les aristocrates , nous
abandonnent pour aller à CObLENTZ. Que veu
lent-ils faire ? Porter la guerre dans nos foyers ; mais
rassuie^-vous , & pour leur prouver que vous n'ave%
pas peur , chante^ avec moi le saint cantique, dE L'IN-
surrbctios , & là dessus , du liaut de la chaire où il
étoit perché, il chante d'une voix glapissante, Ahçi
ira , ça ira Des éclats de rire retentissent dans
l'église, & le troupeau se retire en disant: il est fou,
il est fou.
( Nous garantissons l'authenticité de ce fait. )

Un patritte disoit l'autre jour à un de ses amis que


les prêtres constitutionnels ne justifioient que trop par
leur conduite les désagrémens qu'ils éprouvent dans
diffër»ns districts ; leurs aventures , ajoutbit-il , four-
niroient matière au roman le plus varié; teais pour
ne point décréditer les élus du peuple , nous gardons
in pecto bien des faits , malheureusement trop répan
dus , & qui intéressant mîme l'ordre public. l! seroit
absurde de prétendre que, dès-lors qu'un ecclésias
tique a prêté le serment requis , il est au dessus des
foiblesses humaines MM. Fauchet & Grégoire ont
trop bien démontré qu'ils ont un physique , pour le
moins aussi sensible que les autres citoyens.
fm
Lettre de M. de Calonne aux Ramassés.
a Souvenez-vous , Messieurs , de la loi du talion. Je
( 44* )
» suis avec le souverain rr.épris que vous commandez. »
Signé de Calonne.

On vient d'apprendre par des voies très-sûres que


M. de Choisy, Lieutenant-général est entre avec sa troupe
dans Avignon dont il s'est rendu maître sans coup fé
rir , qu'il tient actuellement sous sa main l'armée des
brigands & ses chefs.
Le chevalier Paul..... entre dernièrement dans la
boutique d'un ouvrier du faubourg Saint Honoré ; il
s'aperçoit que toute la famille fond en larmes , & se
plaint douloureusement de manquer de pain. — Eh quoi ,
s'écrie le chevalier , êies-vous si infoitunés que vous ne
puissie\ travailler ? — Non sans doute, Monsieur, dans
mon état il faut faire des avances , & je ne puis pas
mime nourrir ma femme- & mes enfans ; autrefois ce
n'était pas ainsi , 6- cette Noblesse qu'on a chassée me
donnait de l'ouvrage & me payoit bien. — Oui , mais
si elle fut restée , veus n'aurie\ pas la LlSÊRTÊ. —
Me prene^-veus pour un imbecille , Monsieur , je me
bien des droits de l'homme , s'il faut mourir de
faim , tandis que des gredins se réjouissent & s'engrais
sent dans leur manège à nos dépens.

LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois.


Deux Monarques jaloux de jouir en tout bien & tout
honneur de leur liste civile, se sont plaints à la séance
du 12 de ce que la majeure partie de leurs confrères ,
pour épargner le déjeuné sans doute , dorment, la grasse
C 449 ']
matinée au lieu d'être à leur poste. Ils ont demandé
qu'aux termes du rag'ement la séance s'ouvrît à neuf
heures & non à onze passées. La motion contradic-
toirement plaidée , décret qui la met au néant & laisse
aux majestés dormantes la faculté de gagner nos dix-
lmit francs même en rêvant. — Sire Bazihe , dans les
mains duquel est tombée des nues une lettre écrite le jp
Octobre dernier , par un sieur Varnier à son corres
pondant , eri fait la lecture. Elle contient une demande
d'hommes pour grossir l'armée des Princes ; le sieur
Varnier, y est-il dit , va conduire à Coblent% les 63
qui lui ont été adressés ainsi que tous ceux de la direc
tion de Dijon & des environs. L' Assemblée 'Nationale ,
ajoute-t-il, est tombée dans le discrédit & n'attendra pas
pour décamper qu'on la chasse. — Décret qui ordonne
que le sieur Varnier soit arrêté & conduit à la barre.
— Dans l'intervalle arrivent les ministres en corps
qui annoncent le veto apposé par le Roi au décret sur
les émigrans. — A Vordre du jour , crie le fier Mer
lin, le ministre veut continuer, on l'interrompt; il
reprend la parole; on s'y oppose; il veut parler en
core , on ne l'écoute pas & l'on passe enfin à l'ordre
du jour. — Le Ministre de l'intérieur interpellé sur les
troubles de Caën répond , qu'ils sont excités par des
malveil'ans & des ennemis de l'ordre. Le département
a réclamé un régiment pour cette ville , qui va s'y ren
dre. —Le grand prêtre Fauchet demande qu'il n'y soit
envoyé qu'arec l'agrément de la Municipalité & accuse
les administrateurs du département d'être les ennemis
de l'ordre & de la Constitution ; la demande & l'ac
cusation du prêtre-Roi sont mis au rebut. — Le sieur
Varnier , arrêté , introduit & interrogé répond qu'il
(45<») ^
'A été receveur principal des traites à Auxennes , qu'il erî
venu à Paris solliciter un autre emploi / & que la lettre
qu'on lui présente est fausse & supposée. On l'a provi
soirement envoyé en prison. — Leurs Majestés législa
tives ont ouvert la séance du 13 par faire rétablir dans
le verbal !a note obmise , de l'inculpation faite la veille
par l'illustre Fauchet contre le département du Calvados
& ce , nonobstant les clameurs du pacifique prélat.
1— Soulèvement des habitans de Chaumont qui s'oppo
sent aux transports de grains faits par les marchands ;
la force publique a été vainement employée pour l'exé
cution de la Loi ; le peuple souverain piqué qu'on osat
contrarier sa volonté suprême a forcé l'Hôtel-ds-Ville
& l'a pillé; le département a quitté la ville & demande
du secours à l'Assemblée , qui ja renvoyé sa demande
au pouvoir exécutif, p—. Le grand prêtre Fauchet exhibe
à l'Assemblée un patctde lettres que lui ont envoyées ses
fidèles ouailles de Caè'ri avec copie des pièces indica
tives qui leur sont tombées en main , selon les us £V
coutumes ordinaires. Ces notes placent à la tête de !a cons
piration qu'on dit s'être tramée dans cette ville , entr'au-
tres noms , ceux de IViM. de Rose!, de Bissy , & Adolphe'.
Le patriotique prêtre appuie fortement sur tous ]çs
faits ; & sur . a demande on ordonne le renvoi de toutes
ces pièces au comité déjà nahti de cette affaire. — Un,
pétitionnaire d'une espèce nouvelle se présente à la
barra, il prétend se nommer Charles - Alexandre , de
Bourbon-Montmorency de Créqui, 6V être fils naturels de
Louis XV, qui l'a reconnu à sa moit. Un nommé Blan-
chefoit , son tuteur , ta fait enfermer ainsi que sa mire
dont il ignore le sort ; rendu à la Liberté , il trouve 1$
fils de et tuteur en possession de ses biens & de son non}^
( 45^ )
II reclame la justice de l'Assemblée qui le renvoie SU
comité de législation.
Jamais nos feux Rois , de destructive mémoire , n'ont
affecté une morgue plus révoltante que celle des Mo
narques ramasses qui leur ont succédé. Le ministre de
la Marine leur avoit demandé une somme de 10 millions
pour sauver , s'il en est tems encore , les débris infortunés
de la plus précieuse de nos Colonies; les seçoursqu'on lui
envoie arriveront trop tard peut-être pour la sauver
d'une entière destruction , l'assemblée ne peut se le dis
simuler , & cependant , parce qu'elle croit voir un dé
faut de forme constitutionnelle dans la lettre du Mi-
nistra , elle déclare n'y avoirjieu de délibérer. —. Le bon,
le sensible , l'infortuné Louis écrit au Président, lai
expose que supposant même l'omission de la forme,
que son ministre n'a point négligée , l'Assemblée ne doit
pas compromettre par une difficulté de ce genre , le
salut de la Colonie , ravagée par le .meurtre , & l'incen
die & le commerce menacé d'une ruine totale.
.— Cette lettre lue dans la séance du 14, glisse sur le cœur
de plusieurs de nos Monarques , sire Goupilleau , appuyé
par deux de ses confrères , demande indécemment
l'ordre du jour ; certains membres réclament , & l'on:
décrète enfin qu'on s'occupera sur*le-chaif.p du mes
sage du lloi i & d'une Colonie livrée au glaive des
tructeur des propagandistes. — Arrêté . après les plus
bruyans débats qu'il sera remis incessamment au mi
nistre trois millions pour l'expédition de St. Domingue ,
& le surplus mois psr mois , jusqu'à concurrence de 10
millions. — Sire Isnard s'élance ensuite à la tribune,
armé de son tonnerre contre les prêtres, & vomit
fpntre eux une doctrine de sang & de carnage. Son
C 452 )
• ir.cîiidis'îre discours , d'abord applaudi, est voué à un
trop juste oub'i, & ma'grî di longs débats , l'Assem
blée refuse l'impression demandée. — Nouveau* débats
• dans ia séancG du 1 5 , -sur l'inexactitude de no? Sou
verains à se rendre aux séances, à. l'heure indiquée.
Propositions pour les y contraindre ; elles sont rejettées.
— Sire Vaublanc est proclamé président. — Projet de
décret pour hâter la répartition de l'impôt pour 1791?
'Annonce d'un Auto-âa-fé pub'.ic de 9 mil. ions d'assignats
pour le 18: brùiure totale jusqu'à ce jour, 330 mil
lions. — Additionne au décret du 8, sur les rernplacs-
' Biens de l'armée , qu'il n'y aura d'gdmis que les citoyens
& fils de citoyens actifs qui auront servi personnelle
ment daus la gsrde nationale depuis le premier jan
vier 1791. — Compte rendu par le ministre de l'inté
rieur de l'exécution du décret de réunion d Avignon à
•la :France. Te! est le résultat ds cette aride séance.

ERRATA du No 41.
. ' Fag. 438 , !;g. 12 Orîhis t lisez Orthis.
a , ......_
.. -
Ce Journal paraît deux fpis la semaine. L'a-
. bonnement, pour Paris &. la Province , est de
• ..4 liv. pour un m , 12 liv. pour six mois , 6 liv.
. pour trois mois , franc de port.
On souscrit au Bureau rue Montmartre,
*N° 219 , prés du passage du Saumon , oh l'on
est prié d'adresser les lettres , avis et réclamz-*
lions , affranchissant le port \ & che\ Gatey,
Libraire , au Palais-Royal. 4
LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS P "' '

Kèâ'gè par Dom R&oivs A N TI - Jac o s i n vs.


— ,—" i—, •
« Une Foi , une Loi , un Roi ».
* r* *H—*»
Vu Samedi ^ 19 Novembre 1791.

REFLEXION S.
ijç^u'it est douloureux pour les Français que la cor
ruption a'a pu atteindre , de voir chaque jour le crime
se reproduire sous une forme plus effrayante, & ladestinée'
de l'Empire dans des mains uniquement occupées à fon
der une puissance monstrueuse sur la ruine de ceux qui
ehérissent encore les vertus sociales & religieuses ? Ce
n'est pasjassez pour les novateurs d'avoir dépouillé l'église
de ses richesses . qui dans tous les temps oÉfroient les
ressources les plus nombreuses à la classe indigente,
victime de cette honteuse spoliation ; ce n'est pas assez
d'avoir avili le caractère sacerdotal , d'en avoir confié
les augustes fonctions à des hommes l'opprobre de l'es
pèce humaine ; il falloit encore calomnier les Ministres
fidèles , diriger contre eux le glaive des assassins & des
bourreaux î faire de la Divinité un objet de dérision
YV
( 45+ ) r
& de mépris ... . . C'est ce que le manège n'a pas
rougi d'entendre de la. bouche du jacobin Isnard ; c'est
ce qu'il a eu l'impolitique d'approuver . avec une im
pudeur dont on n'avoit encore pas eu d'exemple.
Voilà donc les hommes auxquels la Patrie a confié
son sjlut & sa gloire ! Les voilà ces législateurs qui ,
dans leur orgueuil'euse ignorance , veu'ent étouffer
toute idée religieuse, & substituer au culte divin....
le cro:roit-on ? . . . '. l' Athéisme. Mais de quelle es
pèce sont doncces légis;ateurs ? Dans quelle source
empoitOnnée ont-ils puisé ies principes qu'ils veulent
nous inoculer ? Insensés ! ne savent-ils pas que la reli
gion est le premier garant de la durée des Empires ,
& le plus' ferme lien de la société ? Ne savent- ils pas
que les peuples les plus sages & les plus libres de la
terre , ont' été en même tems les plus pieux ? Les
Romains , bien loin de penser comme eux , croyoient
que pour rendre l'union sociale invariablement douce
& tranquille , ils devoient la sanctifier par le lien d'une
Communion divine qui consistoir, dans un accord par
fait d'idées , & un sentim.nt unanime sur la nature de
kurs Dieux , sur le culte qu'ils devoient leur rendre ,
& sur les devoirs auxquels ils étoient obligés les uns
envers les autres. Ce t à ce lien sacré que les Latins
consacrèrent le nom Religio qui signifie redouble
ment de lien ; p3rce que la religion, en même tems
qu'el'e répand un nouveau lustre sur la société, donne
le plus grand degré de force au pacte civil qui unit
tous ses membres. i '-.
Tout autre langage est donc inspiré par l'esprit de
désordre & de dissolution. Eh ! comment pourroit - on
en douter d'après ce que nous avons vu , & ce qu»
nous voyons journellement? \
t 455 )

NOUVELLES POLITIQUES'

I. — On écrit de Bruxelles qu'il y a des magasins de


toutes sortes d'armes pour les émigrés ; que depuis
quelque tems on voit arriver une infinité de Français
du Tiers Etat qui vont se réunir seus les drapeaux de
nos Princes ., pour partager avec eux la g'oire de briser
les chaînes de la Patrie, & de rétablir le trône & l'au
tel dans leur antique splendeur.
II. —. Les emigrations qui se font du côté de l'Espagne
sont encore plus considérables ; les royalistes sont très-
bien accueil U des Espagnols , qui sont indignés des fu
reurs auxquelles les révolut'«nnaires ne cessent de se
livrer. Les crimes des protestans de nos provinces mé
ridionales, les hotribles vexations qu'ils font éprouver
aux prêtres catholiques , ont révolté ce peuple , dans
le sein duquel la religion est gravée en traits de flamme ;
leur impatience égaie celle des bons Français pour le
retour de l'ordre. En un mot toutes leurs actions prou,*
vent qu'ils sont parfaitement disposés àieconier les in
tentions connues de leur Roi , de combattre à ou
trance les peifldes novateurs qui tiennent le fis aine de
l'Eglise dans la servitude la plus humiliante.
III. '— L'Italie ne s'intéres e pas moins à nos affaires.
Le mémoire envoyé par le Papes tous les Potentats de
^'Europe , sur l'envahissement d'Avignon & du Comtat ,
est bien fait pour réveiller l'attention des Rois sur les
brigandages de nos tyrans , en supposant , comme le
disent les démagogues, qu'ils soient plongés dans une
jtupide sécurité à l'aspect des dangers qui les mena,
cent , ce qui est impossible. * • . .
V Y a
(456)
L'orage se forme , il n'est pas permis d'en douter ;
mais quand crèvera t il ? C'est ce que l'on ignore , &
ce qu'il est très-important qu'on ne sache point.

Thermomètre de Paris.

Les honnêtes gens sont dans une position semblable


à celle des compagnons d'Ulvsse dans la caverne de.
Poliphême. Que dis-je ? le sommeil suspendoit du moins
la férocité du Cvclope antropophage , au lieu que le
Jacobin ne dort jamais , & lè crime veille toujours
avec lui dans sonantre. On a vu les manœuvres de cette
horde républicaine pour soulever le peuple contre le
Roi , parce qu' il a refusé de signer l'acte le plus hor
rible que la scélératesse puisse imaginer ; les efforts
ont été vains: les sans-culottes, intimidés par le sou
venir de leur défaite au Champ-de-Mars , n'ont osé
Se montrer ; la Jacobinière en a été consternée , mais
n'a point perdu courage. Elle cherclioit à maîtriser la
garde nationale dont elle a besoin de lier le zèle actif ,
lorsque ses satellites seront en mouvement , & voici le
moyen qui lui a paru le plus sûr pour réussir.
La peur d'une sinistre catastrophe avoit envoyé en
Angleterre le membre le plus forcené de la Jacquerie;
on l'a fait revenir pour le placer au premier
poste municipal. Le farouche Pétion est arrivé, & les
Jacobins ont tellement travaillé les sections , où les
bons citoyens ne vont plus depuis long-tems , qu'ils
ont réussi même au delà de leurs espérances. Cette
victoire a subitement électrisé les sans - culottes à la
solde des Jacobin?. Dans leur féroce joie on les a en
tendus dire avec des juremens épouvantables : Oh .' nous
ne serons plus maltraités par la garde nationale \ M. Pe?
[457 3 •
tlon est notre ami , il nous protégera , & nous aurons
caite blanche. Eh vite , eh vite , allons nous saouler , pour
lui témoigner notre satisfaction.
Telle est la situation de Paris. Il n'est pas néces
saire de méditer long - tems , pour sentir tout ce
qu'elle a d'affreux, & combien elle peut influencer les
autres . villes du Royaume.
A cette affligeante perspective se joint encore la
captivité du Roi , qu'on n'a pas fait difficulté de lui
déclarer. Depuis qu'il a été ramené de Varennts . on
l'a consigné aux Tuileries ; mais l'infortuné Monarque
l'ignoroit sans doute , car ayant voulu jouir de la pro
menade le jour même de sa proclamation pour en
gager les émigrans i rentrer en France , il fut arrêté
par la sentinelle : Sa Majesté en ayant voulu savoir la
raison , le Caporal de garde vint lui annoncer que tels
étoient les ordres , & ce malheureux Prince qui pro
met protection & liberté à ses frères & à sa ridelle
Noblesse , rentra tristement dans sa prison / sans
répliquer.

SABBATS JACOBJTES
Sous la Clochette du Pieux Coudorckt.
Un frater jazobinus tout haletant de joie ouvre le
sabbat du 13 par cette exclamation : ah ! mes bons amis,
quand vous saure\ le beau coup qu'a fait notre che%
frere Bazire , comme quoi il a escamoté un plan de
conspiration tout frais moulu de la fabrique ! Avec quel
succès il ta dénoncé à l'Assemblée nationale ! Comment
•a fait semblant de le croire véritable l Mais dame aussi »
V V J
( 45*)
c'est que c'est si bien comrouvë , qu'enfin je suis d'avis
de voter des remerciement à frire Bazire , en le priant
de neus raconter cette petite historiette-là. — En atten
dant le narrsteur , frere Manuel , perché sur la tribune ,
dit : « le Roi, vous le savez , a refusé de sanction
ner le décret contre les émigrans , mais patience, mor
bleu , ses amis seront les dindons du refus , & comme
à quelque chose malheur est bon , le Roi perdra un
peu de cette popularité qu'il ne mérite pas ; quant i
nous qui ne pouvons pas l'aimer con-rue oa voudroit ,
nous aimerons la loi , seule L'oie d'un 'peuple libre. »
C'est ainsi que sous un manque perfide l'aati-:r.onar-
chique sociétc prrclame effrontément ses principes ré
publicains , & s'efforce ian? cesse de rendre odieu-. le
plus vertueux 5c le p'us inÇbrt'iné des Rois. — Autre
nouvelle , mes freres , s'écrie l'iilustre Moreton , écou
tez', & il commence son petit conte, en ces termes:
— « Plusieurs bons citoyens , du nombre desquels je
suis , grâce au Ciel, s'assemblent tous les jours dans
un club ou café pour y diner ensemble , lire les pa
piers publics , & préparer les grandes destinées de
l'Empire; voilà qu'avant - hier , sur la brune, arrive
un ancien maréchal de camp , M. Fcidrere , tenant
un billet d'invitation pour un club ; il i'approche, exa
mine , ne reconnoît personne , lit le bi let, & ajoute
qu'il seroit tres-heureux qu'on établît des chibs monar
chiques à Paris. Survient un de nos affinés qui se hâte
de lui donner un exemplaire de la Constitution ; à cet
aspect, l'ancien maréchal de camp sot & pénaud dé
campe sans mot dire , Ôt court encore. Or vous sau
rez , mes freres , que je ne fais, cette anecdote - ci ,
qu'afin de réveiller votre vigilance , contre les clubs
monarchiques qu'on veut établir , ce qu'il faut empê
( 459 )
cher ex totïs vîribus nostris , & par toutes' sortes de
voies & moyens jacobites , Dixi. » A l'instant d'hor
ribles battemens de mains ,'des hurlemens affreux ébran
lent les voûtes du repaire ; le voici , le voilà , s'ecrie-t-on
de toutes parts .... c'étoit frere Baiire ; il monte à la
tribune , & dit : « Le grand , le beau, le sublime de
voir que j ai rempli, mes freres , en dénonçant les
conspirateurs de mon département , & en les plaçant
sous la hache des ioix ! Mais comment ai-je fait cette
précieuse découve, te ? Ah ! plus fin que moi n'est pas
bête, vous allez voir .... Un garçon ser.urier d' Auxfm ,
tout en courtisant la servante de M. Roarden de Mont
pellier , aperçoit une lettre, i! la prend, la lit, & voit
qu'on y parle des émigran*; l'honnête serrurier s'em
pare du précieux papier , & le porte à son maître .•
celui-ci convoque de suite le ban & arriere- ban de sa
famille; la lettre enlevée est lue, relue; il est décidé
que M. Varmer , résident à Paris , l'a écrite , qu'elle
contient un plan de conspiration, & qu'elle me sera
envoyée pour la faire valoir ainsi que de raison. L'es
poir du patriote serrurier & de son auguste famille
n'a point été trompé ," je dénonce Varnier , il est pris,
on l'amene , il nie , mais qu'importe : je n'en obtiens
pas moins un décret qui englobe tous les dénoncés ,
& Varnier est provisoirement calfeutré dans l'abbaye,
hic jacet. » — Un seul point inquiete l'honnête Ba^ire;
M. Varnier est un ancien employé dans les fermes,
le nombre de ces employés peut faire une armée nom
breuse qui , jointe à celle de coblent^ , pourroit bien
renverser les projets de la nation jacobite ! . . . . Cette
idée frappe nos sabbatiites , & il est arrêté que , pour
engager MM. les ci -devant employés à garder la neu
tralité , on sollicitera pour eux une petite gratification
C 460 )
4— Frere de la Source , parlant à tour de rôle dît e
« Ah ah ! le Roi des Français s'avise donc de refuser
sa sanction à un decret qui ordonne que ses frères
seront guillotinés, Si en attendant, les traîtres vien
dront nous égorger ? oh que nenni ! 6k voici le moven
de nous moquer de ça. Il faut porter un decret d'ac
cusation contre les deux frères du Roi ; un tel drcret
n'a pas besoin d'être sanctionné , & malgré les clameurs
de nos ennemis , ils mordront la poussiere & seront
vaincus. » — Les plus épouvantables applaudissemens
couvrent ce superbe projet , & frere Moreion l'appuie
en digne jacobin. — Vient l'illustrissime carra , la perle
de la ilacobiniere , qui après avoir dcbrouillé , dit - iL,
l'histoire de tous les siècles , n'a pu y trouver , &
on l'en croit bien , aucun exemple d'une révolution
semblable à la nôtre , ni des suites de cette révolu
tion , ni de l'influence qu'elle doit avoir sur les autres
peuples de ce Continent , ni , ni &c. &;c —« Forcé d'errer
à l'aventure le grand Carra cherche d'abord à se ras
surer & à encourager sa bande sur le futur contingent.
« Point de peur , mes freres , au moins ; courage , ne
tremblons pas, car , avoir peur de ses ennemis, c'est
être vaincu d'avance : d'ailleurs nous sommes cent
contre un. » Le bravache orateur parcourt ensuite
notre position actuelle , & le résultat de sa soporifique
analyse , c'est qu'il existe une çonspiration contre la
constitution , la gloire & le repos du peuple français .
que les cliefs des conjurés sont les freres du Roi , sé
rieusement combinés avec la Cour des Tuileries ; que
le Roi lui-même veut laisser détruire la Constitution
par la conjuration ; que les conspirateurs divisés en
deux classes sont , les uns à CobUntç , à Vorms , &
Jçs autres en France, On, çompte dans la premiere
U<t.)
classe les parens du Rot & les despotes de l'Europe :
dans celle de l'intérieur, les ministres du Roi, les pre
miers commis des bureaux ministériels , les agens du
ministère , leurs adhérens , les prêtres perturbateurs
Notre déclamateur planoit voluptueusemeut dans le
vague des chimeres , lorsqu'il s'aperçoit que les deux
tiers de son auditoire dort , & que l'autre baille : il
en pâlit de rage , & se voit forcé de renvoyer à la
prochaine séance la suite de ses rêves politiques. —»
Une députation de la société fraternelle veut aussi
débiter les siens sur le Veto du Roi ; mais nos jaco
bins accablés par le narcotique que vient de leur admi
nistrer frere Carra . courrent vite se coucher,

MÉLANGES.

Lettre d'un Volontaire enrôlé pour la défense


des Frontières.

tt Vous avons l'original en main »,

Mok cher Papa,


a La présente est pour vous écrire ces deux lignes
à cause du regret que j'ons de vous avoir quitté. Ah ! le
chien , mon papa , de métier d'être volontaire par force i
Que vous êtes bête & aussi ma mère comme Jeanne ma
sœur dont auxquels je les embrassions tous , de croire
nôtre engeoleur de curé çusthionnel , avec sa liberté que
le diable l'emporte , car il ne m'a fourré volontaire qu'à
cause de quoi que je gênions ses manigances avec
Jeanne ma sœur dont dites lui qu'elle prenne garde à
9Qn honneur , car je ferai voir à son maudit curé quç
(4«0
Chariot il ne se mouche pas avec les doigts. Enfin vous
saurez, mon Papa, qu'on a fait signer un engagement
aux volontaires des Frontières , & que puis ils étiont
traités comme des ânes quand ils veulent s'en aller pro
mener un peu. Enfin vous voyez comme quoi c'est mal
honnête ; on les met dans des cachots tous noirs , après
ça j'allons à présent vous (taire ce qu'il a dit notre ca
pitaine, que si les anigrens ne viennent pas nous battre,
dont il en tremble 8: nous aussi, ah ben ! ils vont nous
mener aux frontières des Isles , ce qui , voyez -vous , n'est'
pas fait pour nous donner du courage , & puis ce que
nous avons été diablement mal reçus par tous les en
droits & nourris comme des chien*. Enfin tant y a que
nous souffrons beaucoup dans notre garnison, où est-
ce que l!eau n'est pas bonne,, pour du vin je vous en
rase , ce qui a fait arriver de grosses maladies qui font
mourir les gens. Pour quant à l'égard de moi, je me
porte très- bien moyennant un gros rhume & des ange-
lures à mes deux talons des pieds qui me font comme
quoi quand j'avions la gale, vous savez bien. Ah! le
diable emporte , mon papa , cette maudite liberté & notre
mâtin de curé qui m'a mis où je me trouvions. Si j'ons
le bonheur de m'en échapper , il sera bien fin celui qui
me fera ressortir de notre maison avec laquelle je suis ,
mon papa, enragé d'être ici , votre cher fils très véri
table ».

La gazette de Paris , dit en parlant de M. de Con-


dorc. . . . TlGRE dont chaque matin l'ame atroce appele
les poignards de toutes les sectes centre les prêtres du
rit catholique-romain. ( Mardi 8 Nov. ) M. de Condor...,
nous écrit à ce sujet pour nous prier d'instruire le pu-

/
(463)
blic qu'on auroit tort de le prendre pour le TigM
Rofal ; & qu'il s'intitulera désormais le tiquÈ VO
MANEGE NATIONAL.

Lorsque l'abbé Maury a été présenté à M. le Comte


à' Artois , le prince Français lui a dit : je vous trouve
bien engraissé depuis la Révolution. — 6- moi, Monsei
gneur, je vous trouve bien GRANDI.

Madame de Cor.do.... a l'honneur de prévenir le pu


blic qu'elle ouvrira , le Ier Décembre prochain , un cours
de principes du droit naturel , dans lequel elle dévelop
pera les droits de l'homme , on peut se faire inscrire
chez elle , tn {.ayant un assignat de cent sols. Les
sans-culottes entreront gratis. Le vade retro Vil... fer
mera le cou: s par une dissertation sur les fondeuiens
de la poli i^ue.

Le situr Dandré prévitnt le î-ub.ic qu'il vient


de mettre tn vente une excellente huile patriotique
propre à enlever les taches ce »'aiktocratie ; des opiats
nationaux bons pour guérir ée la i.eur ces revenans ;
des pillules-jacobites propres à Lire digérer les coups de
bâton , & des savonnettes philantropiques qu'oT peut em
ployer avec succès pour blanchir tous les crimes de la
propagande , le tout à juste prix;

Un, observateur profond a remarqué qu'on trouvoit dans


l'assemblée législative ( chome étrange ) un vice de plus
que dans l'assemblée constituante , le vice-président.
C 464 )
Depuis que le fanatisme républjcain dirige à son
gré l'opinion & les mouvemens du peuple, on a re
marqué que toutes les fois qu'on entend au manège
des délations contre les prêtres non-assermentés , c'est
une marque infaillible qu'ils sont les victimes des plus
horribles vexations. Si l'on considère d'après cela l'achar
nement avec lequel' la calomnie les poursuit dans le mo
ment présent, ne doit -on pas frémir destourmens qu'on
leur fait souffrir ? Hélas 1 ce n'est que trep vrai , nous
apprenons que dans presque toutes les parties du
Royaume & particulièrement à Caen , à Angers, à Li
moges , à Rhe::ns, la haine la plus féroce poursuit les
spotrss de la foi , & c'est pour étouffer leurs cris plain
tifs que leurs infâmes délateurs sont accueillis par le
manège , qui croit par là couvrir d'un voile son iniquité
& justifier ses décrets atroces.
BULLETIN DE NISMES
Du 10 Novembre.
Lundi dernier on fit le convoi de M. Chassmn , Cha
noine. Lei prêtres Apostats s'y trouvèrent tous sans
avoir été mantlés. Monseigneur Dumouchel y vint aussi -
&*en sa qualité d'Evêque constitutionnel il voulut se cou
vrir de la chappe, mais le curé de la paroisse de S.
Paul , se jitte sur Monseigneur , &ç la lui arrache des
mains. Sa grandeur se fâche ., & traite le curé d'inso
lent ; lui dit qu'il manque à son caractère. Le curé ré
pond avec énergie que Monseigneur est une f... bête ,
qui ne sait pas son métier i mais qu'au moins il ne devroit
pas ignorer le proverbe qui dit que Charbonnier est maître
cke% lui. Après bien des juremens de part & d'autre»
pour terminer le différent il fut décidé que la chappe.
resteroit à l'Egli.e, ce qui fut, exécuté.
(♦«5 )
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Nos souverains ont peloté dans la séance du 16 pat
une petite plainte contre la proclamation du Roi , re
lative aux émigrans , que quelques majestés trouvoient
infectée d'un vice inconstitutionnel. Les ridicules ob
servateurs des formes ont été vigoureusement appuyés
par le monarque Brissot , premier du nom ; mais l'ordre
du jour a fait justice de c,ette pointillerie jacobite. — On
lit une lettre du Cap Français du 30 septembre der
nier qui confirme les désastreuses' nouvelle? que nous
avons déjà racontées. « Cent mille Noirs sont révoltés dans
la partie du Nord de cette Isle; 2CO sucreries sont brû
lées , les propriétaires massacrés, leurs femmes enchaî
nées. Les Noirs ont gagné les montagnes, & y ont porté
l'incendie & la mort. De toutes parts, femmes ., vieillards.,
enfans , cherchent leur salut sur les vaisseaux
Nous ne vous dirons pas , poursuivent les membres
de l'Assemblée Coloniale, la cause de tant de maux »
VOUs dEVEZ LA C O IV N 0 I T S E. -Ah!
nous ne la connoissons que trop , colons infor
tunés , malheureuses victimes de nos propagandistes ,
& le cœur des vrais français en est glacé d'épouvante
& d'horreur ! Le voilà donc exaucé ce détestable vœu
formé par Te plus factieux de nos républicains ! Perissent ,
a-t-il dit , périssent les colonies , &' l'enfer docile à la
voix de son suppôt , déchaîne à l'instant contre elles
toutes ses furies ; mais conso'ez-vous , il a été décrété
que le président de nos augustes monarques vous écrira
qu'ils s'intéressent à votre déplorable sort. — En at
tendant , leurs Majestés se hâtent 4'augmenter l4
( 466 )
nombre d«s victimes. — Quatre rapporteurs du comité
de législation se présentent armés chacun d'un projet
de décret contre les fidèles ministres du cu'.te catho
lique j tous s'accordent à leur ravir pensions , traite-
mtns , tout moyen de subsistance , & ne varient que
sur le plus ou le moins de rigueur, à employer pour
aggraver la persécution. Voici les bases de celui auquel
on a décerné les honneurs de la priorité. — Dans la
huitaine après la proclamation du présent décret , tous
les ecclésiastiques qui n'ont pas prêté le serment pres
crit par -la loi du premier novembre 1790, seront tenus
de se présenter devant la municipalité de leur domi
cile , de prêter ledit serment, & de ligner le procès-
verbal qui en sera dreisé. Ceux qui refuseront seront
déchus de toutes pensions & traitement,' réputés suspects
de conspiration contre les lois ., & recommandés à la
»surveillance des autorités constituées.
Tout ecclésiastique non-assermenté qui se trouvera
dans une communauté où il s'élevera des iroub'es, sous
prétexte de relibion , pourra être éloigné du lieu de son
domicile par un . arrêté du département , & incarcéré
pendant deux ans s'il vient à rompre son ban. — Admi
rons l'adresse de, cette disposition, & tout ensemble
son atroce injustice. Quoi ! les intrus , & ils n'y man
queront pas , susciteront adroitement des troubles ., 8c
les prêtres non-assermentés en seront réputés coupables
& punis comme te's ! Vit-on jamais, une telle infamie ,-
un despotisme aui si effrayant ? mais reprenons. » Le ser
ment civique ordinaire sera substitué au serment par
ticulier prescrit aux ecclésiastiques. Le titre de cons
titution civile du clergé sera supprimé & remplacé par
celui des lois sur les régies extérieures du culte catholique,
— Les évêqués , curés & vicaires ne seront plus dé
(467)
signés que comme ministres du culte salarié par l'Etat.»
Le dernier article du projet exhorte tous les bons es
prits , dans le sen9 de la révolution , de s'évertuer
contre le fanatisme, & de composer sur ce sujet ,
moyennant salaire , quelqu'ouvrage qui puisse faire
valoir nos intrus assez généralement méprisés & dé
testés. Enfin après un long débat il a été décrété que
tous Us minisires du culte catholique qui n'ont pas prêté
le serment civique , y seront contraints. — On a repris
la discussion le lendemain 17. Décrété que tous les
ecclésiastiques seront tenus de prêter le serment civique,
dans huitaine à compter du jour di la publication du pré
sent décret. — A l'expiration de ce délai , chaque muni
cipalité enverra au directoire du département un ta
bleau des ecclésiastiques domiciliés dans son territoire ,
en distinguant les jureurs de ceux qui auront refusé.
Le refus de pension & traitement , proposé pour ces
derniers, a excité un brouhaha dont celui des halles
n'offre qu'une foible image ; nos Monarques se rappe-
loient réciproquement à l'ordre , z\ ec des cris effroya
bles. Capucino Chabot hurle contre le président qui le
xappelle à l'ordre , & le déserteur de la capucinicre reste
immobile comme un fondeur de cloches. On décrete
enfin que tous ceux qui ne se seumettront pas à prêter
le serment civique , seront privès de toute pension &
traitement. —: Cette discussion avoit été interrompue par
la lecture des dépêches à' Avignon apportées par le mi
nistre. Les commissaires envoyés pour procéder à la
réunion mandent qu'elle s'est opérée heureusement. Les
troupes françaises occupent Cxrpentras & Avignon.
Jourdan, Tournai & Lkcuver , monstres qui se sont
vautrés dans le sang des citoyens , sont arrêtés. M. le
( 46* )
Monteîx quî lisolt ces dépêches n'a pu continuer lire
le détail des crûautés horribles exercées par ces exé
crables cannibales ; mais celui-là même qui nagueres
se lamentoit à la tribune de n'avoir pas en main la
foudre du Ciel - pour réduire en cendres les prêtres &
les émigrans , sire IsKARd enfin s'est offert d'achever «
& pour peindre .«on courage « il suffit de dire que l'As
semblée même n'a pu l'entendre sans un mugissement
d'indignation & de douleur.
— De nouvelles dépêches reçues la veille de Saint'
Domingue ont été lues dans la séance du 18. Elles an*
noncent un concordat entre les Blancs & les hommes
de couleur , qui les a réunis. Ils combattent depuis les
Noirs de concert. — On a repris la suite du projet do
décret contre les prêtres, & les atroces dispositions
qu'il renferme ont été successivement adoptées par les
tigres du manège* C'est ainsi qu'après avoir dévoré les
biens du Clergé , on cherche à faire ressource du chétif
traitement qui lui a été accordé , en suscitant à ces vic
times de la barbarie la plus ratifiée , la' querelle du loup
contre l'agneau.

Ce Journal paroît deux fois la semaine. L'a


bonnement , pour Paris & la Province , est de
24 liv. pour un an , 12 liv. pour six mois , 6 liv,
pour trois mois , franc de port. . .
On souscrit ait Bureau rue Montmartre ,
N° 219 , près du passage du Saumon , où l'on
est prié d'adresser les lettres , avis et réclama
tions , ajfranchissant te port ; & che-% Gatey,
Libraire, au Paldis-Roya$ ' ^ • -• - - '
^E==E N° 44. ^^==^

LA ROCAMBOLE,

OU

JOURNAL DES HONNÊTES GENS, ,

Redigé par Dont Rèoivs An t 1 - Jjc o b t m u s.

« Une toi , ni . . ' , un Roi ».

Du JeWi 24 Novembre 179 1.

NOUVELLES POLITIQUES.

fxtftMi d'une Lettre de Coblent^ , du 12 Novembre

ÎjA lettre que l'Impératrice de Russie a écrite au*


Souverains de l'Europe pour les engager à détruire sans
délai le foyer de rébellion qui existe en France , a pro
duit le plus heureux effet. Toutes les Puissances pren
nent une allure menaçante , & l'on croit qu'avant
fin de l'année les factieux seront attaqués de tous co
tés. Le général d'Aponcourt vient d'être nomme pour
commander la cavalerie Autrichienne destinée à cette ex-
pédition.En attendant les Princes ont envoyé aux chefs des
cantonnemens de leurs légions , un secopd règlement
relatif à l'organisation des gentilthommes & volontaires
"" " . *
X X
( 470 )
de tous les états qui se sont rassemblés sous leurs dra
peaux , suivi de la promulgation suivante.
Schonbornlust , le 30 Octobre 1791.
« Indignés des calomnie* par lesquelles on s'efforce
de rendre suspect notre amour pour un Roi que ses
malheurs ne nous rendent que plus cher & plus res
pectable i nous croyons qu'il ne suffit pas de livrer ces
calomniateurs au mépris qu'ils méritent ; mais que notre
honneur nous engage à publier hautement une pro
fession de foi i qui fut & sera toujours la nôtre. Ré
tablir le respect dû à la religion catholique & à ses
ministres ; rendre au Roi la liberté & son autorité lé
gitime; aux différens-ordres de l'état leurs droits véritables
fondés sur les lois de la Monarchie ; à chaque citoyen ses
propriétés , au royaume son antique & immuable cons
titution ; à tous les Français & particulièrement aux
habitans des campagnes, la sureté , la tranquillité, &
l'administration de la justice dont on les a privés. C'est
.l'unique [but que nous nous proposons . & pour le
quel nous sommes prêts à verser , s'il le faut , jus
qu'à la dernière goutte de notre sang. Jamais aucune
ambition personnelle ne souillera des rues aussi pures.
Nous l'attestons ici sur notre foi de gentilshommes , &
nous donnons en même-tems le démenti !e plus formel
à toute allégation contraire. .

Signés, Louis -Stanislas-Xavier ; Charles -Philippe.

Extrait d'une Lettre de Tournay , du 18 Novembre.


Nos frontières sont déjà couvertes de Troupes. Si les
Jacobins comptent sur les secours des Belges , ils se trom
( 471 )
peht bien , car on est à l'affut de leurs manoeuvres &
leurs complots sont presque aussitôt découverts qde
conçus.

NOUVELLES D E L'INTERIEUR, -
Extrait d'une Lettre de Lille , du i6 ftovembr'e 179t.
Les Citoyens' de Lille sont si indifférens pour le non-
Veau régime , qu'on, n'a trouvé que 600 citoyens ac
tifs pour procéder à la nouvelle élection des Magistrats
piébeyens , & malgré ce petit nombre de votans , les
Jacobins ont encore eu le dessous. Il n'ont î»û parve
nir à faire nommer M^fRE , un Serrurier connu pour
être ie demagogue le plus enragé du département, Ua
marchand de dentelles, qu'on dit honnête homme, niait
pauvre d'esprit, a réuni la majorité absolue des suf-
fraSe,< .. , ..i . .»
Autre de là même ville i du 18 TRovëmbtei 3
La contre-révolution de l'opinion est presque faife
dans cette ville. On remarque que les honnêtes getts
hff portent plus la cocarde Orlêanique , le peuple fa
tigué des excès du régime constitutionnel, témoigne
aveç énergie son mécontentement. Il vient de deman
der au directoire que les églises des couvents ne soient
plus fermées à la piété des fidèles. Le directoire ne sa
chant quel parti prendre a écrit à l'Assemblée Nation
nale pour savoir la conduite qu'il doit tenir.
On dit que dans le HainauU les Intrus se 'sont'
livrés aux excès les plus horribles contre les prêtres
prétendus réfr'actaires.
Les nouvelles du dehors , sans entrer d'ans des détails
x % a
I 473 ]
.rur les operations des Puissances , sont on ne peut plut
satisfaisantes. Le silence des Cours n'inquiète personne,
parce qu'on sait que le secret est l'ame des grandes
entreprises , & que d ailleurs on est persuadé que les
cabinets de l'Europe ont arrêté in petto notre sort fu
tur. Le bon sens veut que cela soit ainsi , pour as
surer le repos de tous les peup'es & de tous les Souve
rains.
Thermomètre de Paris.
Plus on observe le peuple de la Capitale , plus oit
a lieu de se convaincre que la sottise & la méchan
ceté sont les seules divinités qui maîtrisent ses affec
tions , & dirigent tous tes mouvemens. Si par fois i!
donne quelques lueurs de raison , «lies sont précédées
& suivies de tant de folies , de tant d'extravagances ,
qu'il est impossible d'en retirer le moindre fruit salu
taire. La pétition faite à l' Assemblée légis'atîve , con
cernant l'approvisionnement , par plusieurs citoyens de
diverses sections, est de cette nature.
On roit dans cette pétition que la peur de "man
quer de subsistances trouble les habitans de la bonne
ville , & Cette crainte est d'autant plus fondée , que la
municipalité cache autant qu'elle peut ses opérations
commercùles , & rejette toute proposition qui tend à
lui faire rendre compte de son administration. Le
peuple n'a point dissimulé son mécontentement; il s'est
assemblé dans ses sections pour délibérer sur les moyens
de prévenir la disette ; mais dans un tel bourdonne
ment d opinions , il étoit bien difficile de s'accorder ,
& môme de s'entendre. Les sections en ont fait la triste
expérience , ce qui les a décidées à nommer des com
missaires pour se concerter ensemble par un travail
préliminaire.
Qu'on se représente, si l'on peut, l'inquiétude Sî
la colere) de la municipalité & du département , en
voyant ces nouveaux representais du pe iple , disposés '
a faire valoir cet article de la déclaration àa droicS
qui dit que , la Société a le droit de demander compte
à tout agent public de son administration , pour fouiller
dans|l'abùne des dépenses publiques , & dévoiler au pro
fane vulgaire des vérités qu'il importe tant de lui tenir ca
chées. Aussi l'administration populaire a-:-elle développé
toute son énergie pour dissoudre ce comité inquisitorial.
Cet acte d'autorité auquel les commissaires se sont
soumis, a ému la bile du peuple qui dans sa pétition
réclame vivement contre un acte au<si inconstitutionnel,.
& discutant ensuite les causes de la dissette , il l'at
tribue en partie aux exportations qui se font au dehors '
il l'attribue encore & avec plus de fondement au monopole
intérieur des agioteurs , & des compagnies de fournis-»
seurs qui accaparent toutes les denrées.
Parmi ceux qui font usage de ces ressources abomi
nables pour s'enrichir , les pétitionnaires comprennent
toutes ces maisons qui livrent au public leur papier
monnoie, & qui entassent les tré;ors que cette duperie né
cessaire 6- trop heureuse leur procure. « N'ont-elles pat
( ajoutent-ils ) dans leurs mains de quoi envahir let ali-
mens de toute une ville, & n'est-ce pas pour eux un
second bénéfice , d'autant plus convenable 1 leurs in
térêts , qu'il est un gage plus sûr de l'emploi ds leurs
]mmenses capitaux , qui sans ces spéculations, ne pro-'
duiroient que la perte des entrepreneurs, au lieu qu'elle
leur assume , sur ces deux genres d'exister du peuple •
son pain & son numéraire, uu bénéfice & des richesses
immenses »,
.> . ( 474 )
—fTasques-là on ne voit rien d'extraordinaire , & si i
quelque chose étonne dans cette petition c'est de voir
que la plupart des faits qui y sont énoncés portent
l'empreinte du bons sens. Mais patience ! les couleurs
du peintre vont changer, l'influence jacobite va se ma
nifester , & nous n'avons plus à lire qu'un monstrueux
assemblage de calomnies contre les ministres , qu'on
suppose agir de concert avec les municipes pour haus-^
ser le prix des denrées & affamer la Capitale.
Ce n'est pas seulement pour ses subsistances que le
peuple s'agite. Le mécontentement se manifeste de tous
côtés de la part des marchands ambulans , parce que.
M. Pétion est déçidé à débuter clans, le rôle de Maire
par l'exécution de la loi contre les revendeurs qui
obstruent les rues. Sur l'avis que les bouchers te-
n'oient des propos menaçans, la garde-nationale soldee
a été consignée dans ses casernes , afin d'être prête à
inarcher au premier signal. • _ •
Mais ce qui doit le plus effrayer i c'est le nombre
dçs vagabonds dont la Capitale fourmille. Samedi der
nier ils se sont jettés sur les marchands d'argent du.
Perron , sous prétexte de les punir de ce que l'argent
ctoit à 22 pour ioo. , & la plupart de ces malheureux
n'en ont pas été quittes pour des coups de bâton , leurs
espèces leur ont encore été volées.
Tant de désastres sont bien faits pour allarmer les
citoyens paisibles & pour leur faire désirer le dénovU
rn,ent d'une tragédie aussi terrible.
SABBATS JACOBITE S.
Des iC & 18 Novembre.
Sous' la' clochette de Frère C o V T H 0 if.
Nous avons parlé dans notre avant-dernier numéro
(475 )
4» grand patriotisme «les jacobins de Strasbourg , quî
voyant arriver chez eux les volontaires des frontières
dans l'état de pure nature , se sont hâtîs de les couvrir '
de leurs haillons. Voici l'a- peu-près de la lettre écrits
par les bons freres à ces heros de la liberté , dont
lecture a été faite au sabbat du 16.
Frères fit Amis ,
L'état déguenillé dans lequel vous êtes arrivés nous
a fait pleurer comme des veaux ; & en effet quel est
le jacobin qui no se kmenteroit pas en voyant l'insou
ciance des administrateurs de la chose publique , pour
vous couvrir du moins le derrière : mais ce n'est pas
assez que de l'arroser de nos larmes; un tel délit de
lèze- humanité nationale doit être encore veneé.
Et pour tout jacobin que la vengeance est douce !
Nous allons donc dénoncer à l'opinion< publique , à
l'Assemblée nationale , à nos chers & féaux , les sans -
culottes , à tous les républicains , à Dieu & au Diable ,
tous les agens du- pouvoir exécutif , jurant de les pour
suivre jusqu'au fin fond des enfers , après toutesfois
nous être fait oindre de pied en cap avec l'huile pa
triotique que notre cher épicier Dafidrè vient d'in
venter pour garantir de la brûlure. En attendant 3 braves
amis , recevez les petites guenilles que chacun de nous
affecte de vous offrir , parce .qu'il n'est point de bar
bare qui puisse voir son frère montrer le eu , quand
tes frimats attachés jusqu'à la queue des ânes nous
font tous greloter. Prenez donc , mes Dons amis , pre
nez toujours , & sachez que l'excédant du bien deg
hommes riches est de plein droit le patrimoine des gueux-
hei loix t il est vrai, riapprouvent pas ce partage , mais
x x 4
( 47* )
la NAtWre le commande , & à ses yeux LA commu
nauté des miens, n'est pas une chi'meRe , retenez
bien cela. N'a'iez pss sur-tout nous humilier par un
refus qui ne vous feroit pas honneur ? A la bonne-
heure que vous dédaignassiez la fausse, l'orgueilleuse gé
nerosité d'un maître, d'un Roi, par exemple, elle est
^e gage de la servitude ; mais celle d'un homme libre ,
d%n jacobin iur-tout , ne saurait avilir l'homme qui la
reçoit. Si vous refusiez ce foible tribut de notre amour »
nou? irions tous nous pendre , & que feroil , hélas ! le
monde entier sans nous? » On devineaisément quecette
lettre a été app'audie à tout rompre. — Vient ensuite
frere Barbotte , Barbaro ou Barbaron, jeune jacobin de
Marseille qui offre aux matadors de sa bande un fcetùs
conçu dans les ventricules ds son génie. L'anatomiede
ce fœtus offre letimo'ogie profonde & lumineuse des
mots Sire & Maiesté , qui, comme l'on sait, écor-
ciient les orei;les jacobites. En terminant sa dissection
on est tout ébahi d'apprendre , que , lorsque les Empe
reurs de Éome entroient au cirque . ils se proiter-
noient devant le peuple & reconnoissoient ainsi sa
souveraineté. — Le decte jacobino Barbara s'attendoit
à recevoir au moir.s une couronne civique , mais hélas !
le croira-t-on ? n'a pas même éfiê applaudi. — Une
lettre de la Jacquerie de Tours à l'Assemblée natio
nale ., fixs un instant nos sabbatîstes ; elle annonce que
d'après un arrêté du directoire du département , on
avoit ouvert une église sur la porte de laquelle étoit
gravé ,en gros* caractères Temple des Frêtres nos-
.assERMEîités. Les benins jacobins de Tours avoient , selejn
l'usage , publiquem:nt exhorté le peuple à ne pas coq-
. trarier cette liberté civile {^religieuse.' mais sous main»..
Enfin malgré l'exhortation publique le peuple s'«st/
. C 477 >
attroupé autour de l'église , en a fait sorti? les fidèles ,
jl forcé les prêtres à bénir une serviette s en a enve
loppé tous les vases sacrés , les a portés à l'église
constitutionnelle, & a délibéré de démolir l'église ca
tholique. Le peuple est en effet revenu le lendemain
avec des maçons pour procéder à la démolition ; mais
municipalité a très-adroitement obtenu qu'on se bor
nât à murer la porte de l'église , ce qui a été exécuté.
Après le récit de cet événement , la nation jacobite de
Tours demande le parti qu'elle doit prendre dans les
circonstances , bien persuadée que l'urne des destinées
de la France est déposée exclusivement dans les fa-
talcs mains de la Jacobinaille ; mais l'hommage apparent
qu'elle rend à l'autorité législative, ne peut en im
poser qu'à ceux qui ont des yeux sans voir & des
oreilles sans entendre. — Le secrétaire fouille de rechef
dans les sacoches de la correspondance, & en extrait
des nouvelles de Coblem\ , qui disent que Monsieur
est déclaré régent du Royaume, & M. le Comte d'Ar
tois lieutenant-général , jusqu'à ce que le Roi soit
réintégré dans ses droits , que les chefs des ci-devant
paclemens minutent un petit bout d'arrêt contre l'As
semblée nationale, l'aimable Targinetie & ses bons amis.
A cette sinistre annonce, on entend un affreux mu
gissement; les figures jacobites prennent une teinte en
core plus hideuse ; l'infernale clochette échappi des
mains du président ; l'un se pâme d'un côté & tombe
.renversé; celui-ci tout -effaré se jette sur son voisin;
celui-là veut parler & fait de vains efforts ; tous , en
un mot, l'œil hagard & le poil hérissé , croient avoir
l'armée des émigrés aux trousses ; Enfin quelques pintes
d'eau de Cologne ou de Carme remettent leurs esprits
egarés , & frère Manuel pour completter la cure , leur

:
(478)
innonce que l'illustre Pétion est nommé Maire de
Paris. Cette heureuse nouvelle ramene la confiance &
la joie; nos bons apôtres , d'un vivat discordant , font
retentir les airs , &. frere Battre propose de forcer les
Parisiens à célébrer l'allégresse de la Jacquerie par
une l'iumination générale. L'enthousiasme étoit au
'eomb'e quand l'illustrissime frere de SiUeri prenant la
'parole, a dit : savez-vous bien, mes -frères., que les
aristocrates ont le diable au corps ? Voici un de leurs
petits tours pour prouver que te Roi n'est pas libre.
' lis ont gagns un caporal de la g;r3e nationale qui a
consigné le Roi dans son château ; le caporal a dit
avoir reçu cet ordre d'un autre, & cet autre ne se
trouve pas , d'où je coaclus que les aristocrates au-
roient pu dire que le Roi n'étoit pas libre puisqu'il avoit
r été consigné. Capucino- Chabot , pour dégager son con
frere du mauvais pasdans lequelil s'embourboitsi gauche-,
ment, s'est hâté de l'interrompre, & a dit qu'il avoit reçu
le matin un paquet de lettres qui n'étoient pas pour lui ,
mais qui cependant lui appartenoient. D'après ce clair
début on décide que Capucino - Chabot doit les mettre
au secret. — Puis viennent les ruades sur les prêtres
pon-jureurs ; chaque frere leur donne brutalement la
sienne , & ce passe-tems jacobite eût été prolongé ,
s'il n'eût été interrompu par une députation delà société
des amis des droits de l'homme, qui vient proposer
d'accaparer les voix pour porter le grand Danton à la
place de procureur - syndic. — Dulciur , camarades,
répond frere Dubois décrassé , occupant par intérim le
fauteuil présidental , dulciter ; Danton , il est vrai ,
est l'Alexandre de tous les patriotes, il s est bien mon
tré dans la révolution ; oh! très bien, mais gardons-
nous cCvbntuçr la .liberté des suffrages *. demain notre,
( 479 )
Cçy/sci&îlCÊ seule drcidera du choix. — JS* qu'est-ee donc
que la conscience , demande unfrater étonné. — Nous
n[en savons ma foi rien, lui répond - on de7 toutes
parts , c'est sans dpnte un mot vandale ou grec. — On
a fait dans le sabbat , du 18 le détail de l'installation
de frère pétion. Le grand Baillv lui a fait un très-faible
discours , auquel son successeur a très-vigoureutement
répondu , & cela fait , l'ex-maire s'est retiré à petit bruit.
Dieu fasse paix au pauvre trépassé. — Amen. — In
continent advient dans la Jaçobiniere frere Pétion qu'on
assourdit par des applaudissement efiroyables. Paix donc,
paix là , finisse^ donc' , s'ecrioit le président enroué,
sa voix se perdoit dans les airs. Enfin fatigués de
brailler & de claquer des mains, nos joyeux frere's se
taisent , & l'illustre en-maire' leur parle en ces termes :
— Freres , mon premier empressement a été de courir
comme un lévrier, pour me rendre au milieu de vous,
& m'y voilà ; mes sentimens vous sont connus , &j'y serai
fidele ; je n'ai qu'une grace à demandera mes chers freres,
lorsque je ferai tout ce qui dépendra dé moi pour pour
suivre les ennemis iJe la chose publique , lorsque je la de
fendrai contre toute sorte d'attaques , je les prie de me
défendre contre celles auxquelles je pourrai être en lune-
-— Bien entendu répond le président de la Jacquerie,
Eh .' qui mieux que vous pouvions - nous choisirpeur con
sommer le grand œuvre de la régénération. Vive%, illustre
rétion , pour vos freres , vive%_ pour les braves citoyens ,
vlve% pour tout t Empire qui , tout influencé de votre ad
ministration paternelle , va atteindre l'apogée de la
gloire Se' du bonheur. — Oui , vivat , cent fois viutt ,
s'écrie la bande jacobite ; puis M. le snàire est baisé ,
rebaisé , & chacun va se coucher.
( 4*0 y
MÉLANGES.
Couplets dialogues , chantés tnStte-à-tiie le iSNovembre
à un petit souper, parCEvéque FawchsP (f la Mar
quise de Condor
L * É V Ê Q U E.
C'est envain que l'on fronde
Les amoureux desirs, '
Nous ne venons au monde
Qu'au moyen des plaisirs.
LA MARQUISE.
Eh mais oui dà - ,
Comment peut-on trouver du mal à ça...
Ensemble* ,< . . . i.-- ' r .
Oh ! nenni dà.
On ne saurait trouver du mal à ça.
' LA MARQUISE.
Qu'il est aimable , honnête .
Mon cher & tendre époux,
L'ÉVÊQUE.
Chacun vante sa tête ,
L'honneur en est à vous.
LA MARQUISE.
Eh mais oui dà
Comment peut-on trouver du mal à çà !
Ensemble. /- .
Oh! nenni dà
On ne sauroit trouver du mal à ça.

La ville de Montpellier n'offre dans ce moment qu'u»


(4*i)
theâtre de désolation & de carnage. Les protestans., après
avoir fait désarmer les catholique?,exercent contr'eux tout
ce que la haine & le fanatisme ont de plus atroce.

On assure que l'un des quatre étrangers débarqués


en dernier lieu à Bordeaux , & auxque's on a rendu des
honneurs distingués , est un des fils du Roi d'Angle
terre, à qui 60 mille protestans ont proposé de livret
la Guitnne & le Languedoc. /

Monsieur vient , dit-on , de créer un ordre de Cheva?


lerie pour les Gentilshommes émigrés , dont les marques
sont une croix émaillèe à trois fleurs-de-lys , avec cette
devise: Fadert juneti. L; rubaa est le même que celui
de la Croix de S. -Louis.

Un curé constitutionnel des environs de Versailles s'est


évadé , emportant avec lui !a bourse des marguilliers
Je sa Paroisse qu'on assure être assez bien garnie.

LÉGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.


Séances des 19 , 20 & 21 Novembre.
On a lu dans la séance du 16, un é'oge pompeux
de quelques jacobins de Riom. sur le plus absurde ,le
plus in<po itique , !e plus in!uste des décrets , celui contre
les émigrans. Cet encens a chatouillé la faculté sensHve
" de nos monarques qui pour conserver aux races futures
une pièce aussi rare , en ont ordonné l'insertion dans la
( 48* )
procès-verbal. — D'après le rapport des dépensés or
dinaires & extraordinaires de la présente année . jus
qu'au premier Octobre» elles se portent à un milliard
267 raillions 277 mille 224 livres. — M. Va~nier pro
visoirement incarcéré à l'abbaye , en attendant les preu
ves du délit qui lui est imputé i se plaint à l'assemblée
de ce qu'au mépris de la Loi qui veut que tout accusé
soit interrogé dans les vingt-quatre heures de sa dé-
i tention , il ne l'est pas encore depuis huit jours qu'on
le tient au secret ; il en demande la levée , afin de pou
voir porter du moins quelque consolation dans le sein
de sa mère & d'une famille désolée. Mais qu'est-çe que
la Loi & l'Humanité pour des cœurs barbares ? Les dé
futés Couihon & Le'opold s'y opposent & ont l'impu
deur de dire que la seule manière de répondre à la pé
tition de M. Varnier c'est de s'occuper à for.aer la
haute cour nationale. On lit ensuite une lettre de fit.
Vèdon . maire de Paris. Je supplie , dit-il , l'Assemblée
d'honorer de quelques bontés celui que les ÇtTOYEtfs dM
TAXIs ont honoré de leurs suffrages.
On ne peut s'empêcher d'observer que M. le maire
prend ici la partie pour le tout , eh ! quelle partie ?
car sur plus 'de cent mille citoyens actifs que renferme
Paris , il n'en est venu qu'environ dix mille aux asr
semblées « & M. Pédon n'a eu qu'un peu plus de la
moitié des voix. Quoi qu'il en soit , la lettre du maire
est consignée dans les fastes législatifs. — Sire François
dit de Ncufchâteau parcequ'il est né dans cette ville ,
fait décréter que « s'il s'élève dans une commune, à
l'occasion des troubles religieux , des séditions qui né
cessitent le déplacement de la force armée, les frais. en
' seront supportés par la commune t sauf son recours contre
( 483 )
les chefs de témeute. » — Une séance extraordinaire
du même jour 19 a été consacrée au rapport qu'à
fait l'abbé Mulot des horreur* commises dans Avignon
& le Comiàt. S'il faut l'en croire, il a été calomnié par
l'abbé Maury & par les brigands , en attendant que la,
vérité ocrce les ténèbres qui la couvrent , l'abbé Mu'
loi a été admis en sa qualité de député de Paris.*-
De nouvelles félicitations encore dans la séance du 20»
lur le décret contre les émigrans. Ce sont que'ques ci
toyens de la section des Lombards qui se croyant les
trgsnés de la voix publique , viennent élever jusqu'aux
nues nos sublimes légis'ateurs ; il» sont accueillis avec
transport', & admis à la séance. — Sire Brissot de
mande qtlV le 'comité colonial fasse le rapport des trou
bles de Saint 'Domingue, avant le premier décembre,
ou d'être autorise à le faire lui-même. On lui oppose
que les député: de cette isle sont sur le point d'arriver,
qu'il faut les attendre ; M. Aubert du Bayel ajoute que
sire Brissot, qui a entretenu une correspondance ac
tive avec Saint Domingue , ne pourroit bien faire voir
cette affaire que sous une face. Malgré ces sages ob
servations le rapport a été fixé au premier décembre.
—Arrêté dans la séance du 21 , que le Roi nommera
les deux commissaires à la haute cour nationale , qui
siégera à Orléans. Leurs majestés Gensonné & Goupilleau
ont sollicité un exemple de vigueur contre la Munici-
de Montaigu , qui a doqné sa démission la veille du
lour où le cure jureur deroit être installé. — Décrété
qu'avant de prendre un parti rigoureux il falloit voir
Jet îrocès - verbaux de la démission de? municipaux.—
On a ensuite ajouté quelque; petits articles à la loi
monstrueuse portée contre les prêtres catholiques. —
Le directoire de chaque département fera dresser deux
•> . C 48+ )
listes , l'une des noms & demeures des pretres cons
titutionnels , l'autre des prêtres inconstitutionnels , avec
les plaintes & les procèi-verbaux dressés contre eux.
Cette table de prescription sera envoyée aux conseils
.généraux de departement , avant la fin de leur session .
actuelle. — Les procureurs - généraux - syndics rendront
compte auxdits conseils des diligences faites dans leur
ressort relativement à l'exécution des loix sur l'exer
cice du culte catholique salarié par la Nation. Ce
compte contiendra le dérail des obstacles opposés à
l'exécution de ces lois , & sur-tout la dénonciation de
ceux qui les ont provoqués ou favorises. Le conseil gé
néral de chaque département prendra sur ce sujet un
arrêté motivé qui sera adressé sur -le-champ à l'Asr
semblée nationale , avec des observations sur la con-
duite individuelle des prêtres non - assermentés , & de
leurs relations séditieuses , soit entre eux , soit avec les
émigrés. — Le serment civique sera substitué au ser
ment Camus ci-devant exigé. On vouloit ôter aux in
trus la dénomination de clergé constitutionnel ; mais
l'abbé Boyer a vu dans cette spoliation ia ruine entiere
de la Constitution , & a, si bien déraisonné qu'il a excité
une rumeur épouvantable qu'on n'a pu faire cesser qu'en
ajournant la question indéfiniment.

Ce Journal paroît deux fois la semaine. L'a


bonnement , pour Paris & la Province , est de
24 liv. pour un an, 12 Jiv. pour six mois, 6 liv.
pour trois mois , franc de port.
On souscrit au Bureau rue Montmartre',
N° 319 , prés du passage du Saumon , ou l'on
ts* prié d'adresser les lettres , avis et réclama
tions , affranchissant le port ; & che\ Gatej,
Libraire, au Palais-RoyaU .
LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédige par Dom RéGIVS A N T I - Jaç O M X » 9 s.

«.'. 'O*, Une Foi , une. Loi . un Roi ».

Vu Dimanche 27 Novembre 1791.

HO V TELLES POLITIQUES.

On écrit tout récemment de Trêves qu'il va paroîrre


Un manifeste des frinces rédige par le . maréchal de
Êraglto , quon regarde comme un chef-d'œuvre. L'or-
^aniisrion des provinces va très-bien ; celle de Cham
pagne fournit à elie-seuïe 15,000 hommes; les autres
moins , mais il ne se passe pas de Jour qu'il n'arrive
30 à 40 Français , tant nobles que soldats ou bourgeois.
On ne tentera rien avant la belle saison ; en attendant
le moment de cueillir les pa'mes de la gloire , la No
blesse charme son impatience par différentes féteS
qu'elle donne aux Dames. Là même lettre aîoure que,
la livrée, qui est très-considérab e dans cette ville. •:
exciter quelque rumeur, avoît persuadé aux habitant
que le feu leroit mis à leur ville; l'Electeur instruit
[ 486 ]-
< des motifs de ce propos a fait braquer les canons , mais
l'on n'est pas sans inquiétude.

Extrait d'une Lettre de Bruxelles , du 20 Novembre!

« Avant-hier il y a eu une assemblée de 80 gen


tilshommes chez M. de là Queille , il leur a communi
qué une lettre des Princes , & leur a parlé en ces ter
mes : MM. , que la Proclamation du Roi ne refroidisse pas
votre espoir; Sa Majesté ne l'a signee que par contrainte,
mais son cixur vous est connu. Vous dave% d'autant moins
perdre courage , que le Nord & le Midi veulent & doi
vent secourir les Princes autant par inclination que par
politique. Cela n'empêche pas qu'on ne regarde les dé
marches du Roi contre les émigrans , comme incom
préhensibles ». < i

.Cobhnt^ , io Novembre.
«.Tout va le mieux du monde ici; lorsque j'aurai sur
le corps mon uniforme de Mousquetaire , que j'aurai
payé mon cheval , & que je serai plus tranquille , je
pourrai vo»s réguler du détail de la réception qu'on a
faite aux émigrés de p'us d'un tiers d'une province , à
des municipalités entières qui sont venues déposer aux
pieds des Princes leurs écharpes & les témoignages
hon-équivoques de leur entier dévouement. On compte
déjà 64 mille gentilshommes dont 22 mille à cheval,
presque ' autant du Tiers -si ta t. Sept régimens entiers-
n'attendent que le moment favorable pour se joindre
à nous, 6c nous sommes assurés de cinq provinces qui
se déclareront sur-le-champ. Le Prince de Condé vient
de prendre à sa solde les 6qo Hongrois que l'Empe
reur vient de licencier. Notre machine se monte & la
t v
C 487 ) ,
Votre se démonte. De la patience, de la gaîté , tout
ira bien » ah \ ça ira , nous le disons aussi ».

: P. S. On vient de nous dire que le genéral Luckner


qui a eu l'adresse d'escamoter 50 mille éeus à l'As
semblée nationale , voyant ses possessions en Alsace au
moment d'être envahies , vient de donner sa démission*
Cette nouvelle me parolt extraordinaire , & mérite
confirmation*
t \
Autre de Coblent^i du 20 Novembre 1791»

Plus je Considère ce qui se passe ici , plus j'ai lieu de


croire que !e jour de ls juMice n'est pas éloigné. La Cour
des Frinces brille dun nouvel éclat; les tétes couronnées
s'empressent de leur envoyer des Ambassadeurs ; \ed
courriers se succèdent & se suivent avec une rapidité
étonnante ; les troupes sont en mouvement ; une explo
sion se prépare, on n'en peut douter » & ce qui mecon»
firme d'autant plus dans mon opinion , c'est la lettre
qu'a écrite le Docteur Burck \, depuis qu'il est ici , à
un Français -de ses amis qui le pressoir sans doute,
de trop près pour savoir le secret des Cours.
Les Français , dit - il , ont une étrange manie t
ils veulent absolument tout savoir , & c'est une
raison pour qu'on ne leur dise rien. Il ajoute qu'il ne
révélera ni l'époque des attaques , ni le plan de l'o
pération, mais, continue -t-il, , qu'il vous suffise de sa
voir que tout a été prévu, que tout a été sagement
combiné , & que le succès de ce plan est immanquable. .
Qu'il vous suffise de savoir que les factieux n'ont au
cun moyen de sé soustraire au glaive qui va les pour*
suivre, pas 'même en fuyant.
y y *
.
( +88)

Thermomètre de Paris. . .

Une maladie bien cruelle tourmente les braves hav-


bitans de la bonne faille , & cette maladie , hélas '. c'est
la peur. Il n'est par-tout question maintenant que des
projets des Princes , de la fureur des Pandoures , des
moustaches des Hu'lans , &c. &C. Envain les Frudhomme .
les Audoin , les Carragarramarra se mettent en quatre
pour rassurer les démagogues , leurs feuilles dégoû
tantes ne font aucune impression. Aisément cela se
peut croire , puisqu'on sait que la Jacobinière dont ils
sont les suppôts est dans des transes continuelles, &
que le manège lui-même ne peut dissimuler ses anr
goisses en considérant le sort que la justice divine pré
pare aux uns & aux autres.

SABBATS JACOBITES.

Des 20, 22 Se 23 Novembre.


Sous la Clochette du F B É se Gou t h 0 w.
L'attrait des Jacobins pour la pendaison se manifeste
dans toutes les circonstances , & . ne pouvant mieux ,
ils viennent d'accrocher aux voutes de leur repaire , sur
la motion de frère Dubois décrassé , les drapeaux de
France , d' Angleterre , & les faisceaux Américains. On
doit y joindre au: ile manteau du général Fauchet, cri
blé de baies au fameux siège de la Bastille : le procès-
verbal de l'exécution p<era envoyé aux Etits-Unis de
l'Amérique & aux Jacobinets de Londres. On a pro
posé de joindre à cet envoi , l'almamch du rusti-
(.489 )
que Girard, enfanté par Collot d'Herhois l'astrologue
de la Jàcobinière , assis le 20 , par interim , m cathe
dra pbstilentiie , autrement dit, dans le fauteuil
présidental. — Voilà , tandis, une excellente idee, je m'en
réjouis, s'est écrié le tendre père de ce chef-d'œuvre
' lunatique , manibus & pedibus descendo in tuam senten-
liam , & tous les frères de hurler & d'applaudir en vrais
démoniaques à la franchise du vice président. — Une es
pèce de petic frère en se grattant l'oreille annonce qu'il
se forme dans les pays-bas Autrichiens une coalition,
ée plus de 20 mille patriotes qui ont juré par le nez
de Baillv , de mettre en capilotade les princes, leur ar
mée & hèopold lui-même , s'ils ont la téméraire audace
d'attaquer la France. A propos de ça ,/ratres , intérompt
le Président , à demain les petites mesures à prendre sur
le veto mis par le Roi au drcret des èm'grans, — Ar
rive frère Rœdçrer criant à crève - oreille , chut , chut ,
silence , mes bons amis , voici du frais , du nouveau ,
& sur-tout du vrai, je le jure, foi de Jacobin, c'est
tout dire : écoutez donc ce que m'apprennent mes fi
dèles correspondans d'Allemagne : Les primes Français
ont à leur disposition 4 millions de florins à Amsterdam 3
ce qui fait 10 millions de France ,Cest à Francfort sut
le Mein que les fonds se réalisent; mais doù vient cet
argent? Est-ce l'Impératrice de Russie qui, le prête?
Sont ce les négocians à.'Amsterdam ? Seroit-ce... Avant
peu nous saurons tout ce'a , St puis laissez-moi faire. En
attendant , les princes regorgent d'or & d'argent, le
mouvement qu'ils se donnent à Mayence , à li^orms ,
à Fiancfort 8c à Coblent^ est incroyable. On ne s'y oc
cupe que des dispositions d'une prochaine campagne... !
Le général l^athington , frère du général Américain 4
levé un Corps de Volontaires de son nom qui doit grot
yy 3
C 490 )
sir l'armée des Princes. Le Comte de Roman^ou est à
Çoblent^. Les engagerhens se font publiquement dans
lé pays de Worms , ainsi que les manœuvres militaires,
Les émigrans assurent qu'il leur suffira de se montrer
pour triompher; miis nous qui avons des yeux de lynx,
nous voyons leur perte assurée & celle de ceux qui ne
font que des demarches equivoques pour les empêcher d'agir.
Le grand Rœdérer se noie ensuite dans uiî océan de ré
flexions Jacobino-Politiques , & conclut en disant à son
auditoire, que Mornac a dit ,en latin , que les prêtres
appelloient Louis XII , un Roi sans culotte , & que ce
titre pourroit suffire à la gloire de ses successeurs. —
Un petit éloge a succédé à cet impudent bavardage ,
c'est celui de M. ThouniUe , colonel du 38e régiment ,'
ci- devant royal Auvergne , qui bravement & bien a fait
jurer fous les nouveaux officiers du Corps , a denoncé les
absens, & notamment MM. de Çhampore & Mérery ,
qui a pressé le ministre de la guerre de les rem
placer sur-îe-champ , quia .... Oh ! le bon patriote que
ce M. Tkourvillel Puis frère Machenault , qui veut aussi
payer son écot en nouvelles , lit une lettre de Cobler.i%
trouvée , dit-il à l'entrée du manège des Tuileries ;
cette lettre , signée comte de Lauraguay , est adressée à
M. de Grainville , à son defaut à M, de Lataur . & au
défaut de celui-ci sans doute , au premier qui la trou
vera. Ce qu'elle offre de plus intéressant est une exhor
tation à M. de Latour de se défaire vite des assignats
dont l'armée des émigrés décrétera la nullité à son ar
rivée en France , fixée aux jours - gras. Le sabbat se
termine par le rejet de la proposition que viennent faire
aux jacobins quelques citoyens de former un corps de
Volontaires pour les défendre envers & contre tous. —-
Le sabbat du 22 n'offre absolument rien de plaisant, que

/
< 49i )
le doii fait par un frère , du portrait du grand-prétre
Fauchet. Il demande qu'on le pende dans la salle. Cette
motion excite les plus grands murmures & est rejetée.
— Frère Santerre rend compte dans le sabbat dn 23 <hi
voyage qu'il vient de faire avec son collègue Panis ,
pour épier les citoyens du Royaume , & voici le com^
qu'il en rend. « Le clergé de Met* est très-patriote ;
cette ville peut tenir tête à soixante mille hommes pen
dant deui ans. — Du côté de Reims, le patriotisme
n'est pas rare , mais la haute bourgeoisie est furieu
sement entachée d'aristocratie. La ville de Laon en
est infectée , malgré le civisme du colonel Bertot. A
Cambrai , c'est pis encore ; cette ville semble avoir ac-
câparé toute l'aristocratie de l'univers ; mes paren s1
même , ajoute frère Santerre , sont tous devenus fous ;
cette sinistre catastrophe coupe la parole à,l'orateur.
A'ors frère Loustalot s'en emparé , & fait le rapport
des' exécrables horreurs commises dans Avignon & le
Comtat v'enaissin ; il y joint la série suivante des faits
imputés à l'abbé Mulot. — Le peuple avignonais l'ac
cuse d'avoir surpendu l'exercice de la justice , en s'at
tribuant le droit de juger despotiquement & exclusivement.
— D'avoir arrêté les autorités judiciaires , lorsqu'elles
poursuivaient les assassins de plus de 80 patriotes égorgés
froidement D'avoir forcé , à main armée , les muni'
cïpalités d'ouvrir les prisons aux scélérats coupables de
ces assassinats. — D'avoir fait désarmer la garde na
tionale. — D'avoir fait surprendre la ville de SORCUEs
pour la livrer au pillage , au massacre , à la dévastation^
.— D'avoir fait jeter dans les cachots tous les citoyens
1 patriotes. — D'avoir laissé la petite armée qui étoit à
ses ordres , éloignée de la ville , pour faciliter îinsurrec-

y y 4
( 492 )
lion du 16 octobre. — Le sabbat a été terminé, par
Une adresse de quelques sections qui riconneissent l'éli
gibilité de frère Manuel à la place de procureur-
syndic. . .

MÉLANGES..-

Epltre à un Deputé de VAssemblée Consti


tuante, quiavoit envoyé à un de ses ci-devant
amis la dèclaiation des Droits de l'Homme , en
lui vantant avec emphase le trop fameux article :
Les hommes naissent et dsmeurent
égaux en droits.

Nous soiflines tous égaux , c'est là le cri suprême,


yoltaire nous l'apprit, tu me l'apprendi de même;
Mais il eutditplus vrai , ton apôtre implorai,
S'il eût ainsi changé son sophismç banal.
« Les hommes, sont egaux , mais non par la naissance )
» Esprit , argent , santé font une différence ».
'Un homme sans argent est un sot animal ,
L'indigente vertu conduit à l'hopital.
Ainsi donc , n'en déplaise à ton sénat de France ,
Les hommes ne sont pas égaux, comme il le pen:ç.
Les uns naissent bossus , aveugles , contrefaits ,
D'autres de la nature ont reçu mille attraits.
L'un naît robuste & fort au sein de l'indigence,
L'autre accablé de maux nage dans l'opulence.
Damis est plein d'esprit, & Mondor n'est qu'un SQt }
Voila l'égalité , contentez-vous du mot
Les hommes sont égaux devant l'être suprême ,
( 493 )
Devant son tribunal qui juge la loi même ;
Mais non pas sur la terre où tout est inégal ,
Les forces, les talens, l'esprit , le bien, le mal.
Rico n'est égal sortant des mains de la nature;
Voii ce feuillage vert, a-t il même figure?
Cet être industrieux, qui du matin au soir .
Dans les bo's, dans les champs, s'exerce à la culture
Qui rompu de travaux repo e sur la dure ,
Qui vit si pauvrement dans son tri- te manoir ,
•Et se croit fortheiireux s'il a sa nourriture,
Dis : est-il ton' égal , drgueilleux député?
Toi q:'i vis bien vêtu , bien nourri, bien rente.
Pour hurler des décrets qui renversent le trône,
L'Empire , le commerce & la tranquillité ,
Qui font naître le meurtre avec l'impunité ,
Qui , vous seuls exceptés , n'enrichissent personne.
Tyrari , montre- moi donc où git l'égalité.
Le pauvre se nourrit du pain de la détresse ;
Tu ne trouves jamais de mets assez friands.
Il s'endort sur la dure , & toi dans îa molesse.
Il boit de l'eau , souvent on te voit dans l'ivresse.
Ça vie est le travail , la tienne la paresse.
Son art , celui d'un Sage., & le îien, d'un brigand.
Spn travail le soutient , le tien t'ouvre des mines.
Il est utile à tous , tandis que tu les ruines.
Cesse donc de vanter ta belle égalité :
Tu m'empêches de croire à sa réalité.
Dicte aux Français trompés tes leçons assassines ;
.Prends leur bien , leur argent , vends-leur la liberté ,
.Exagère leurs droits , & poursuis tes rapines ,
Fais retentir par-tout le grand mot d'équité,
'( 494 )
Sous ce vofe imposteur on vole en sûreté.
Autrefois ton ami , maiSwjaurȕhui ton ennemi juri.
Signé Garrureau le jeune.

Le club jacobite de Nîmes vient de décerner la cou- .


ronne civique à Monseigneur Dumouçhel, prélat in
trus de cette ville, & d'en envoyer une semblable au
sieur Paul Rahaut , très-digne père du député de ce nom.
Un grand vicaire a été chargé de la lui porter , ac
compagné de six, acolytes précédé-, de toute la musique
Nùnoise , ce qui a fait dire à un huguenot , témoin de
cette ridicule farce, qu'on n'avait jamais vu un prêtre
couronner un pre'dicant, O tempora , o mores l

On mande dë Nismes que l'arrestatioVi de JoVRdAK


.coupe-tête, de Tournai , Girard & autres chef de
Vigsnds gl^ce d'effroi les Huguenots de cette ville. Ils
appréhendent sans doute que ces scélerats ne dévoilent
les iniquités de leurs complices ; aussi employent-ils
tous les moyens pour les faire évader & empoisonner.
Çastor Chas , surnommé Damien , & un adjoint es
cortés de dix Dragons sont partis pour Avignon, La
suite nous apprendra de quelle mission ces Messieurs
é.oient chargés.

Les Huguenots de Nismes s'occupent en ce moment


de l'élection des Officiers Municipaux qui sortent de
place. Croiroit-on que ces misérables qui ont égorgé,
tar.t de Catholiques pour s'emparer des places m.uniçi-
\
* Ç495 )
pales, témoignent à présent la plus grande répugnance
pour ces mêmes places Rien n'est plus vrai cepen
dant , ' car sur trois mille votans que cette secte de
Cannibales peut fournir , il ne s'en est trouvé que 301.
Le mot de l'énigme c'e'.t que les Huguenots sont ins
truits de l'orage qui lés' menace , & ils craignent
d'être trop exposés au premier rang.

Un Vicaire constitutionnel de la Paroisse ètS.-Paul


de Nismes s'enivra dernièrement avec des Patriotes
dans une tav'«rne qu'on' appelle la Grille. Un tam
bour national buvoit avec un maçon à une autre table. Le
renégat leur cherche querelle , le couteau à la main, &
crève la caisse du tambour. La patrouille survient ,
saisit l'intrus , le conduit devant la Municipalité qui
le renvoie au tribunal de Monseigneur Dumouchel. Le
saint Evêque de la Constitution ,-qui. entend son cama*
rade pester , jurer contre tout le monde, le condamne
à payer 20 liv. au tambour , â une amende envers les
pauvres, & à deux mois de détention dans la prison
d'arrêt.

Discours iTun Patriote au Roi.


Sire,
Vos enfans. ... le peuple. - . . la Nation
vous êtes son père; la liberté. ... la Constitution,
la puissance exécutrice. . . . dans vos mains. . . . .
puissance légis'ative. . . . l'équilibre des finances, la
gloire de votre regne , l'amour de vos peuples. ....
Sire t le crédit , les fondemens de la Monarchie çbran
(' 49« >
lée. " . • tout concourt. . . . tout rassure. . . . &
votre équité. . . . !es yeux , l'Europe étonnée. . . .
l'esprit de sédition détruit , les larmes de ros peu
ples. . . . propriété , abondance. . . . gloire , enthou
siasme. . . . patriotisme. . . . abus du pouvoir. . . .
Clergé , Tiers -Etat , Noblesse. . . . sublimes efforts,
vertu , conscience , le siècle éclairé. . . . l'admiration .,
l'honnêteté & l'éclat du Trône. ... la bienfaisance
aujourd'hui. ... & dans les siècles à venir gloire &
prospérité , voilà les vœux de votre Royaume , puis-
sante réunion d'une Nation. . . . époque à jamais im-
portsr.te , éclat de votre couronne , vertus de LouisXII,
talens & courage d' Henri IV î douze & quatre font
seize.
( inveitît & fecit Vie. de Segur. )

On a:uire que le sieur pet..., étant huissier - pri-


seur à Chartres fît une vente à la fin de laquelle il
présenta un crucifix en disant : qui est -ce qui veut
acheter, ce pendu - là ? Personne ne répond. Personne
n'en veut, je serai donc obligé de le gardrr. Deux
particuliers indignés de cette impiété, firent leur dé
position, & le sieur Pet...... fut condamné à faire
amende honorable devant la cathédrale, tenant à la
main le même crucifix contre lequel il avoit dirigé ses
blasphèmes.

LEGISLATION.

Seconde race de nos Roîs.


Jamais séasce plus aride, & eonséquemment moins fu->
«este, que celle du 23 ; on y a lu une petite dénonciation
( 497 )
Au sieur Souton directeur de la monnoie de Pau contre
le ministre qui lui a ordonné de se rendre sous quin
zaine à son poste. Cet ordre déplaît au directeur ; il
en demande la révocation , & est vivement appuyé par
IsHARd , tonnerre le Salmonte du manège . non moins
empressé de foudroyer les ministres , que les Prêtres
du culte catholique ; mais il n'est point écouté ainsi
qu* son client. — On proclame un Auto-da-fè de six
millions pour le 25. — Brûlure totale jusqu'à ce jour,
336 millions. — Le secrétaire lit une pétition de Ma
dame de Marsac ci-devant religieuse à l'abbaye des
Allois à Limoges , qui, après avoir déserté son couvent,
réclame , au nom de ses enfans , la dot qu'elle a portée
dans le monastère. On juge bien que la pétition de
cette vestale a été favorablement accueillie. — i'.M.
Creusé de la Touche , du département de la Vienne, Mar
quis , du département de la Meuse , AUbaret, de celui
de l'Aude, & Calmer, du département iie la Manche,
ont été proc'amés grands juges , en présence de MM.
Duveyrier & Bertholzot , commissaires du Roi. — Un
député du haut-Rhin dénorce ùne tentative des Princes
auprès du commandsnt de Neuw-Brissic , pour l'engager
à leur livrer cette ville. — Décrété que ledit comman
dant fera & signera sa déc'aration à ce sujet , qui sera
envoyée à l'Assemblée. — Un« lettre adressée au pré
sident de l'Assemblée , & lue dans la séance du 23 ,
ouvre le plus vaste champ aux réflexions , la voici.
« M. le président , je vous déclare du fond du sé-
» pulcre constitutionnel où je suis plongé , que c'est
» moi qui suis le coupable dans l'affaire du sieur
» Varnier. Je me suis servi de son nom ; j'ai fait écrire
» mes lettres par un jeune homme dont j'ai guidé la,
» main. Je vous tairai son nom ; le déclarer seroit une
( 49* ) .- . .
» lâcheté , & un homme de mon caractère , qui a âttà-»
» que la constitution , est incapable d'sne lâcheté.
» Cessez donc de balancer le fer , de la justice & de
» la vengeance sur des têtes innocentes , je suis le seul
» coupable. Que l'on me frappe , bien des personnes:
s» apprendront de moi comment il faut mourir. — Paris»
>i le 23 nov. 1791. Signé Pgupart-BeauboUrg détenu
» aux prisons de l'abbaye Saint Germain. » —• Que
signifie cette lettre, cette ténébreuse trame d'une cons
piration obscure , s'est écrié une majesté législative ? Je
la regarde , répond sire Cretin, ancien procureur du
Roi, comme un indice à la charge de l'accusé. Pou-
part Beaubourg , ajoute-t-il, est un fabricateur de faux
assignats ; il peut se faire que sa cause soit désespérée,
& qu'il se charge, d'un crime de plus. Cette absurde
supposition est suivie de la lecture d'une lettre de la
municipalité d' Auxonne à l'Assemblée, qui va éclairer
cette infernale trame. — M. Satire deputé a provoqué
l'accusation de M. VasnieIi , sur la lettre vraie ou
sUPPOsÉE qui lui a été remise comme de la part de
M. Vqulon 3 serrurier à Auxonne. M. bAZIRÈ * fait
sa dénonciation sur cette lettre , 6- il a ensuite écrit au.
serrurier d'Auxonne pour le remercier de ce qu'il l'avoit
mis à. portée de dénoncer une formidable conspiration.
M. youlon, serrurier, a été fort étonné de recevoir
cette lettre de remerciement de la part de M. Bazire.
Il dit ne lui avoir îamais écrit 3 & n'avoir jamais connu
la conspiration dont on lui parle. — Telle, estla déclara
tion qu'a faite ce serrurier à la municipalité, en déposant
la lettre de M. satire : celui-ci a répondu à cette déclara
tion , en produisant une nouvelle lettre de la même
fabrique , sans doute, signée Voulon. Toutes ces pièces
i +99 )
ont été envoyées aux archives , & en attendant, 1
sieur Varnïtr , victime d'un mystère d'iniquité , gémit
dans les fers !& en attendant, on poursuit , on enchaîne
ses prétendus complices , & la faction ennemie de?
Rois & du repos public , triomphe audacieusement sous:
le masque d'un perfide patriotisme ! Mais qu'importe,
disent certaines gens? il falioit un prétexte pour éta
blir la haute cour nationaie, le voilà tout trouvé
— Ces lettres qui auroient dû faire rougir Mons satire
& opérer l'élargissement provisoire des accusés , ont
éte «envoyées aux archives • & voilà camme nos légis
lateurs se jouent des droits de l'homme, & erercent
le plus dur & le plus révoltant des despo'hmes. Cette
séance a été terminée par un nouveau décret qui or-'
donne que les listes des ecclésiastiques de tous les Dé-
partemens S: les plaintes dirigées contre eux seront re
mises au comité de législation , afin d'aviser aux moyens
de les exterminer promptement.
Tandis que la Re'.igion , l'Humanité & la Justice dé
plorent la fanatique setivité de nos Roitellets , le pré
sident se plaint de leur noncha ançe à se rendre au
manège. Compte fait par un huissier il ne s'en est trouvé-
que 160 à la séance du 24, quoiqu'il fût près de midi.
Ils sont enfin arrivés & ont discuté sur les finances , l'un
d'eux a dit qu'il fal'oit y mettre de l'ordre , payer la
dette de l'état & hâter la rentrée des impôts; mais
c'est ce qui paroit assez difficile , pareeque le peupltf'
en vertu de sa souveraineté suprême se refuse au paie
ment. D'après l'exposé du Monarque Chambon , la<
caisse de ]'Extra.ordinaire aura jettédans la circulation
à la fin de Décembre prochain, 1750 millions en as
signats , il en aura été brûlé 3 50 restera 1400 millions
en circulation. De ces 1 400 millions , î 54 ont été em
( 5°° )
ployé» en remboursemens. Le calculateur conclut a un*
suspension de paiement.
On lit ensuite une lettre que le Roi des Français a
l'honneur d'écrire aux Rois de France , sur un Rica
nement de form* fait à son ministre. Sa Majesté y éta
blit qu'elle connoît parfaitement les formes constitu
tionnelles , & que son minière ne s'en est pas écarté.
— M. Pèrigol a été proclamé second grand procurateur,
Puii vient une adresse des adminutrateurs de Loir &
Cher;. qui trouvent très- mauvais qus Louis XVI se
soit avisé d'apposer son veto au décret contre les émi
grés , & CiUÏ disent des injures aux ministres. — Sire
Jsrissot prend la parole & dit , que la plupart de ceux
que Ton rembourse sont des aristocrates qui ne méritent
pas de l'être. On r» connoît bien là le grand Snssqt. —
Encore une lettre interceptée & envoyée au Merlin du
manege , quoiqu'adressée à M. de calonne auquel M.
Deiatre , proferseur en droit de' l'Université de Paris
envoie son fils. — Sur-le-champ ordre d'arrêter M.z>e-
tatre ; en l'emmene ; la lettre lui est présentée , il
l'avoue , & est envoyé de suite à la Bastille nationale.
— Sire Merlin a rapporté dans la séance du 15 , qu'un
rassemblement d'érçigrans réunis à Greventaktr en Al-
lemagne , à trois lieues de Thionville d.'valîsest & as
sassinent les français qui passent dans ce pays-là , &
il demande en corséquTencç qu'il soit décrété que les
Princes français , leurs complices & adhérent sont en e'tat
d'accusation. M. Rulh député de Strasbourg demande
que le cradinal de Roha* TOUT LÉPREUX dE crimes
soit compris1' dans le décret ; enfin sur la motion du
cé;ébre ba%ire on ressuscite le comité des recherches ;
ce tribunal , digne des despotes asiatiques . est baptisé
c*mké de surveillance. Vive la liberté \
LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS, -

Rédigé par Dom Réoius A ivtî - Jac o m i xvs,

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeu.li i". Décembre 179 1.

CRÉATION DU RÉGIME CONSTITUTIONNEL


Par Dom ViLAt , Citoyen passif.
î. Au commencement le Roi créa le Çahos, c'est*,
à-dire les Etats-Généraux.
II. Or ce cahos étoit la chose du monde la plus in-;
forme & la plus horrible. Il y avoit bien en lui un
principe de vie & de mouvement ; mais ce principe
étoit étouffé par celui de l'antipathie, du désordre 8c
de la mort.
III. Le principe de vie étoit composé de deux sorte»
d'élémsns , honneur & vérité.
IV. Le second principe n'étoit qu'un monstrueux
assemblage de férocité, d'oRgUEiL &'d'igNORANCE.Cet
élément s'étoit forme dans les ténèbres , & de la cor
ruption des êtres les plus yils ; sa masse étoit effrayante»
%7k
( 503 )
V. Et le Roî vit dans L'élément du premier ordrs
le génie Maurv dont l'éloquence faisoit jaillir au loin
des torrens de lumière.
VI. Et il jugea que cet ordre étoit bon , quoiqu'il
ne fût pas sans tache , & il le sépara de celui qui étoit
putrefié , pour le garantir de son infection.
VII. Le Roi vit ensuit* dans les élémens du second
ordre un mélange de bons & de mauvais génies ; ceux,
ci avoient pour chef un monstre rubicond, façonné à
.tous les vices , à tous les crimes , Se qu'on ne pouvoic
envisager sans horreur.
, VIII. Le Roi sépara aussi ce second ordre du troi
sième , & il vit que cela étoit bon.
IX. Ayant ainsi débrouillé le cahos , le Monarque
adressa aux différens ordres d'élémens dont il étoit com
posé ces paroles affectueuses :
X. Que chacun de vous développe ses moyens , ses
facultés , ii travaille de son mieux , dans la sphère qui
lui est propre , pour concourir avec moi à la prospérité
de l'Empire. Vous trouverez touîours dans votre
Roi les sentimens d'un peux qui ne veut que
le m0nheur de ses bnfans.
XII. Il dit , & les deux premiers élémens s'empresserent
de seconder les intentions bienfaisantes de leur Prince.
XIII. Mais le troisième élément se trouvant isolé ,
fut étonné lui-même de sa difformité; sa rage en devint
plus terrible ; les voûtes de son antre retentirent d'af
freux mugissemens , & son agitation fut si violente que
l'Empire infernal en fut ébranlé.
XIV. Soudain l'abîme fut ouvert ; le calvinisme pa
rut tenant à la main le plan de ses Républiques fédéra
mes , ordonnant le meurtre, l'incendie, tous les crimes,
& il fut obéi.
C 50? ]
XV. Alors tout fut confondu ; les élémens supé
rieurs rentrèrent dans le çahos , & de ce désordre na<
quirent lps monstres de la Jacquerie, qui por
tèrent le ravage par toute la terre , renversèrent les
autels de ia divinité , dépouillèrent , persécutèrent ses .
fidèles ministres , occirtnt les serviteurs du Roi , &
l'enchaînèrent lui-même , après avoir placé sur son
trône le Régime constitutionnel. 1

NOUVELLES POLITIQUES.

Extrait d'une Lettre de Teurnay, duiz Novembre 1791»


Ne doutez pas un instant de tout ce que je vous ai
écrit de notre situation politique. Je vous certifie de
plus fort que tout va le mieux du monde , & qu'on
ne tardera pas à ouvrir la campagne. Nous avons toutes
sortes de provisions tant de bouche que de guerre.
Ajoutez à cela qu'on voit ici plus de pièces d'or Se d'ar
gent , qu'on ne voit en France de gros sous.
Les Princes ont 160 Millions en espèces sonnantes
pour soutenir la guerre qu'ils vont entreprendre. V«s
Jacobins n'ignorent point ces faits. Ils voyent avec fu
reur qu'il leur sera impossible de soutenir les efforts
de l'élite des bons Français qui ont juré leur perte,
& comme c'est avec les armes du crime qu'ils ont con
quis leur empire , c'est avec les mêmes armes qu'ils
veulent frapper leurs redoutables ennemis.' Voilàpourquoi
ls ont tenté de faire assassiner nos Princes ; mais la Pro
vidence qui les destine aux plus grandes choses, les a
couverts de son égide immortelle. Dix - huit patriotes
de Paris ont été arrêtés, Ils seront jugés , & si la jus.
z » »
( 5°4 )
tlce se montre- dans toute sa sévérité, leur supplice
épouvantera les scélérats qui seroient tentés de les
imiter, .

Thermomètre de Paris.
Rien n'est plus effrayant que le tableau de notre si
tuation, un écho sinistre nous menace des scènes d'hor
reurs qui ont plongé les Villes de Nismes , à.'Avignon,
de Montpellier , d'l/%ès, de Montauban dans le deuil &
la désolation. Déjà la horde Jacobite a marqué du sceau
de la mort une multitude innombrable de victimes. Déjà
les brigands qui ont ravagé le Comtat-Venaissin sont
rendus à leur poste, & n'attendent que le signal du
carnage. [Et pour préparer le peuple aux atrocités que
l'on médite, autant que pour détourner ses regards des
vices du nouveau régime , on échauffe son imagination
par le récit de mille conspirations conçues dans le cer
veau des délateurs. On lui dit que les prêtres catho
liques & tous les amis de l'ordre sont les auteurs de
sa misère. On le prévient par des cartes jettées dans
les maisons, de ce qui doit arriver, en l'invitant à ne
point se montrer lorsque l'alarme se manifestera : si
l'on n'y prer< . garde le glaive de la proscription va se
promener sur la tête des meilleurs citoyens : mais il
faut espérer que les honnêtes gens , que la Garde-Na
tionale ne se livrera pas au sommeil de la sécurité , &
que, par leur vigilance, ils feront avorter ces exé
crables projets.
Cette situation alarmante a été remarquée par bien
- du monde. On lit à ce sujet dans un journal royaliste,
- qu'il est impossible de calculer le nombre des coquins
qu'on rencontra tous les jours autour du manège & de la
Oo5)
Jacôbinière : on diroît qu'ils brûlent d'impatience de se
mettre en activité. Leur moindre regard est une menace
qui effraie les citoyens paisibles.
Mais ce qu'on ne conçoit pas , c'est que l'auteur de ce
journal estimé à juste titre , aie cherché à, rassurer les
esprits sur les manœuvres des protestant , principaux
auteurs de nos calamités ; & pour cela il rapporte le
dire d'un calvimste qui veut qu'on croie que les pro-
testans doivent être distingués des jacobins , dont ils ont
été , dit-il , les dupes & les victimes ; comme si l'on
ne savoir pas que les protestant ont fomenté 3 qu'ils ont
fait & soutenu la révolution , de tous leurs moyens ,
jusqu'à l'époque du vol de« biens de l'Eglise ; coritma
si l'on ne savoit pas que l'acte prétendu constitution
nel (,) ne présente que le développement des principes
de Calvin , & la lettre de plusieurs régkmens faits dans
les assemblées factieuses des sectaires ; comme si l'on ne

(,) Ceux qui y ont concouru sont ou Protestant


ou s'étoient montrés auparavant amis du protestantis
me. L'avocat ne doit le premier rôle qu'il a
d'abord joué au Comité de Constitution qu'à un mé
moire volumineux , dans lequel il avoit entrepris de
justifier'le mariage d'un Protestant qui n'étoit pas même
revêtu des formalités civiles. Ce grand homme tenta
de faire réformer l'arrêt du Parlement de Bordeaux
qui avoit jugé qu'une pareille union n'étoit qu'un vrai
concubinage.
Dans ce mémoire, tous les anciens principes sur, le
mariage sont attaqués par le philosophisme qu'il a dé
clamé depuis au manège , & auquel il doit le ridicule
ineffaçable dont il est couy ert.
z z 3
(5o6)
«avoît pas qu'ils inspirent encore les actes du manège,
& qu'ils dirigent tous les mouvemens de la Jacquerie du
Royaume. Certes un pareil langage a de quoi étonner, &
sur-tout quand on convient en même tems que les protes-
lans ont influe dans tous les massacres des catholiques qui
se sont commis & qui se commettent encore dans toute la
France . quand on convient que c'est *ux ambitieux de
Cette secte , aux Necker , aux Barnave , aux Rabaud ,
(rc. &c. que l'Eglise de Jésus- christ doit la cruelle per
sécution qui l'afflige dans ce moment.
Qu'on ne s'y trompe donc pas , le Calvinisme né de
]a corruption des mœurs est aujourd'hui ce qu'il fut
dès son berceau , 8c ce qu'il a été depuis. Il ne faut que
parcourir les annales de notre histoire pour voir que
les protestans furent toujours les plus furieux , les plus
terribles tnnemis de la Monarchie & de la religion ; que
dans l'espérance d'établir ieurs Républiques fédératives ,
âls ont p'uvieurs fois réduit la France aux dernières
extrémités, par la fureur des guerres civiles, des ré
voltas mille fois réitérées, & par tous les horribles
excès de la rage & de l'impiété.

SABBATS JACOBITES.
[ Sous la clochette du Frère C o V T H o N.
Dçs 25 & 27 Novembre.
Pleurons, frères, pleurons, tel est l'ordre du jour.
A ces lugubres mots qui ont ouvert le sabbat du 25 ,
un profane niché dans les tribunes demande à son
voisin : est-ce que Us tigres pleurent ? Ceux-ci , lui re-
pond-on , en font par fois le semblant , écoutons. —
kV«ici , mes frères 1 la réponse des. Jaciueis de Londres
( 5°7 )
à notre missive larmoyante sur la mort du docteur
Price. — « Ah ! si cet Attila des Despotes n'étoit pas
mort, & qu'il fut encore en vie , comme quei il vous
féliciteroit ! comme quoi il s'sitâsieroit de votre triomphe
sur les aristocrates ! comme quoi il partsgeroit vos joui?»
sances , en voyant l'accomplissement du grand anivrt
social, & votre zèle infatigabîe pour la propagation
de la liberté dans;Jes quatre partievdu G obe. Instruisez-
■ous, frères, de toutes vos machinations pour préparer le
bonheur des nations, & de l'espoir que vous en concevez,
pareeque nous sommes vos serviteurs les Jacobins de
Londres. » — Cette lettre provoque de longs hi hi
plaiotifs ; chacun feint de verser une ou deux larmes
au Çioins ; & passant du tragique au comique , on lit
une/ lettre des Jacobins de Versailles i dont voici l'ip-
peoçu. — « Illustrissimes créateurs de la liberté , àc
se» plus intrépides défenseurs , en nommant Petion
çjvef de votre Commune , vous avez fait preuve d'un
patriotisme à trente-six Carras. . . . c'est par de pa
reils choix qu'un peuple He-cule , nouvellement né à
la liberté , écrase le serpent qui entoure son berceau
politique. Fetion est un de ces hommes vierges dont
l'elevation est un bienfait pour une grande ville.
Qu'on vienne nous dire maintenant que la révolution
rétrograde comme l'horloge à'Acha% , ou comme une
ècrevisse : nous répondrons à vos ennemis & aux nôtres,
ils ont nommé Petiom , & ce nom seul leur coupera
le sifflet. » — Quelques Piiionnistes vouloient que cette
lettre fût consignée dans le procès-verbal cum elogio ,
mais on a mis néant à leur requête. — Autre lettre d'un
jacobin d' Arras , qui a la berlue, & prie le président
du sabbat de lui envoyer ses lunettes , afin qu'il puisse
voir si les annales patriotiques du grand Carra sont
4 z z
( 5°* )
aussi pitoyables , aussi incendiaires que les gens de
bien l'assurent. — Doléances de la bande jacobite de
Barbantale ; elle a fait élire maire son bien aimé Cham-
Jiot i mais on ne veut pas le raconnoître , & la société
se voit en bute à la persécution. — Cette nouvelle
exalte l'humeur peccante du frère président qui dit :
Messieurs, il ne faut plus douter des mauvaises intentions
du Roi, car il a , protégé ouvertement let contre-revolu
tionnaires, &ily a plusieurs projets formés contre nous...
Que ferons-nous ? Que dirons-nous ? Voyons. — Il a*
raison, M. le président , dit un petit ftater , car deu^
gardes-du-corps , arrivés hier de Coblem^, répandant
que le Roi £Espagne a prêté 80 millions aux émigrftns,
ce qui a tout l'air d'une fourberie. — Bah / sVcrie
quelqu'un /ces gens- là ne sont pas des étrss dangereux.
— cependant , reprend l'orateur , ils font connoître
vérités importantes ; c'est avec du fumier qu'on fait gcrrkxr
ZE PAIîT qui nous nourrit. — M. de crillon , poursuit-flfc
est parti ce matin pour YEspagne , & est venu che£'
moi avant son départ ; là , dans une conversation d'une
heure, il m'a développé tous ses secrets. i° Il m'a
montré deux brevets du Roi-, pour nommer colonels â
deux régimens, qui il avisera. i° Il a ajouté qu'il alloit
en Espagne pour arranger tout avec le Roi, pour faire
passer des troupes & de l'argent. Voyant qu'il ne me
connoissoit pas -, je lui ai dit que j'étois Jacobin ; à ce
mot il a reculé d'effroi , 8t auroit voulu pour tout au
inonde retirer ses confidences, mais il n'étoit plus tems. &c
— Après ce conte absurde, digne d'un échappé des
petites - maisons , frère Loustalot a parlé de la haine
prononcée des Espagnols , qui nons regardent comme
des gens sans foi ni loi , & que nous devons craindre.
•^-Quoi donc , maudits ^bavaxdr, interrompt MvedeZa
( 5°) )
Sou^e , vous allez barbotter jusques dans le fumier ,
pour faire des phrases, tandis que des légions innom
brables de catilina conspirent contre nous ? Laissez-Ià
la tribune , & prenez un mousquet. . . . Maïs nous n'en
avons pas, répond jacobino carra , il en faut cepen
dant , car vous ne doutez pas de l'effroyable conspiration
formée par tous les tyrans de l'Europe contre les Ja
cobins & la Constitution ; heureusement nous tenons le
centre de la révolution & des conspirateurs ; le grand
foyer des troubles qui agitent la patrie est au château
des Tuiierks , c'est un fait clair & net. Après avoir
longtems rêvé sur notre position , j'ai dans l'idée que
nos ennemis feront bkntôt la fo'ie de nous attaquer ;
eh bien ! il faudra se défendre comme des enragés , &
puisque nous n'avons pas de fusils , ayons recours aux
piques : que tous les gons de la campagne en soient
promptement armés; la belle, l'utile chose que des
piques ! Vous savez bien , mes freres ! . . . Avec ces
armes dont je voui expliquerai dans quelques jours la
tactique merveilleuse , & avec mon épouvantable jour
nal nous exterminerons tous nos ennemis. En attendant ,
rassemblons-nous autour de l'Assemblée nationale; elle
est notre seul centre , notre palladium : qu'elle parle ; &
aux accen"i de sa veix vous verrez les tyrans d;s peu
ples trembler & mordre la poussière. — Une lettre des
jacobins rie Givet , lue dans le sabbat du 27 , annonce
que le point de ralliement des émigrés est à Liege ;
que le ministre de la guerre s'entend av<ic eux , & que ,
comme membres du vrai Souverain , ils sanctionnent
pour leur cotte- part le décret contre les émigrans. %-
Frère Lequinio , moderne Iconoclaste , propose de subs
tituer aux images des Saints , repandues dans les cam
pagnes , celles des grands hommes de la révolutien. —.
Ah ! elle n'est point faîte cette révolution, dit frère
Manuel) la Cour est toujours la même, composée de
maîtres & de valets qui sont étonnés des vertus du
peuple. Je demande que certains d'entre nous aillent
dans les campagnes & les sections de Paris faire aux
enfans le cathéchisme de la liberté , & la discussion de
cette sublime idée a été ajournée au 30. — Frère rétion ,
maire de Paris, étant en tréau milieu des applaudisse-
mens ., le grand Lequinio a dégoisé un long phébus sur
le vito du Roi, qu'il a terminé ainsi : non , Messieurs,
Louis XVI ne sera pas touîours le frire des ennemis du
peuple français ; il sait que Brutus a condamné ses en-
fans , & que Pierre le grand a fait mourir son fils,
& il ne sera ni moins ami de la patrie que Brutus , ni
moins juste & moins sévère que PIERRE LE gRANd.
— Frères Duchosal & albie ont aussi donné leur coup
de pied aux Princes , & nos bons jacobins se sont re
tirés dans la douce espérance de voir bientôt le Roi
faire guillottiner ses frères.

MÉLANGES.'

Dénontiations des Jacobins , qui a été affichée


dans tous les quartiers de Paris.

FrakçAis , je vous dénonce les Jacobins ; ils en


veulent à la vie de votre Roi. Ils ont attiré à Paris
ceux des brigands A'Avignon qui ont échappé aux re
cherches des troupes envoyées dans cette malheureuse
I ville pour sauver le reste de ses habitans. Déjà plu
sieurs sont arrivés; ils marquent leurs victimes fie les
( 5*0
maisons que les scélerats de jacobins leur indiquent,
pour les mettre au pillage, & les réduire ensuite en
cendres. Aux brigands à'Avignon se joindront ceux qui
sont à Para depuis le commencement delà révolution..
& ceux qu'ils font venir de toutes les provinces & de
l'Etranger; ils reçoivent une solde de ta sous par
jour.
Parisiens , vous]pouvez être sûrs de ce que je vous
annonce. Mais ce que vous ne pouvez pas ignorer , c'est
que Lundi dernier 21 de ce mois, on a proposé aux
Jacobins de mettre le Roi en état d'accusation , parce
qu'il a refusé sa sanction au décret contre ses frères ,
& le scélérat qui eut l'audace de faire cette horrible mo
tion fut applaudi. Cependant elle fut ajournée à quel
ques jours , pareeque les émissaires de ces monstres leur
ont dit qu'ils ne pouvoient pas résoudre le peuple à
se soulever contre notre malheureux Monarque. Fran
çais , Concitoyens , je vous en conjure, veillez sur ces
exécrables ennemis de la Fatrie , de notre bon Roi &
de Dieu , ou plutôt ne souffrez plus qu'ils s'assemblent
& qu'ils dé:ibèrent contre toutes les Loix , si vous ne
voulez voii les plus grands malheurs fondre sur cetie
Capitale, si vous ne voulez éprouver le sort d'Avignon.
Avant cette dénonciation , on a vu circuler une lettre
interceptée , dit-on , à un député & signîe , dont voici
la teneur / « Faites tout ce que vous pourrez pour en-
» voyer ici des Patriotes à qui nous ne pourrons doiineîr
» que 12 sols par jour pareeque nous n'avons ni cré-
» dit ni argent : mais comme nous nous attendons à
» un grand coup , & qu'il nous faut du mond« , ils
" » seront généreusement récompensés ». Cette lettre étoit
à l'adresse d'un particulier de Provence.
\ Les menaces des Jacobins contre notre infortunéMo
05") '
narque ont volé jusqu'au delà des Frontières. Une lettr«
de Tournay annonce que les Français qui résident dans
cette Ville sont dans la consternation , d'après la nou
velle qu'on leur a donnée que le Roi alloit être assas
siné. Domine salvvm vj.c Regem.

Le Jacobin Santer.... disoit hier à un de ses amis : je


viens de parcourir les principales villes du Royaume , tout
le monde y est aristocrate , jusqu'au peuple. Nous sommes
f...ut à moins d'un coup du Ciel. — Cela etant , répond
l'ami , notre chute est certaine , nous sommes trop enne
mis de la Divinité pour en attendre du secours.

Le Roi ayant envoyé ces derniers jours le Ministre des


affaires étrangères à M. Garnier, avec le porte-feuille de
l'intérieur , celui - ci répondit à M. de Lessan , qu'il
étoit pénétré de la préférence que Sa Majesté daignoit
lui donner , mais qu'elle ignoroit sans doute qu'il avoit
1 2,000 liv. de rente , plus que suffisantes pour son am
bition.

On ne doit pas craindie que le Roi s'échappe de sa


prison , car depuis qu'il e;t question de former sa garde
de 1800 hommes, plus de du-huit mille se sontempressi*
de se faire inscrire.

«
Il paroit que l'intrépide Peti..., tient autant à la con
servation de ses oreilles que le prudent Bail... à celle
de son nez. Il a déjà fait deux reculades depuis qu'il
(5*3)
fient les rênes de l'administration. Voici ce qui a donné
lieu à la dernière.
M. péti.... ayant fait signifier à 'a -Cavalerie de la
Garde-Nationale , assemblée place du Louvre , que son
intention étoit de la caserner , un murmure général
& très énergique , fut la répomc de la troupe , & il
n'a plus été question de l'assujétir à cette discipline.

La bruit court dans ce moment , que deux Régimens


en garnison à Perpignan , se sont emparés de la Cita
delle , ont arboré la cocarde blanche , & font retentir
le< airs des cris redoublés de vive le Roi.

LÉGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.


Le 14 de ce mois , les satellites de !a Propagande se
sont encore livrés à Montpellier au plus saint des devoirs »
ontj pendu un menuisier nommé Jourdan , lui ont Coupé
la tête & l'ont exposée sur les murs de la ville ; puis ,
pour continuer , sans danger , leurs patriotiques exploits
Ils ont requis la Municipalité de désarmer les Volon
taires. Tandis qu'on consultoit à cet égard M. le
Compte' Montesquioux , Commandant de la Place , les
héros de l'insurrection fusiiloient ces mêmes volontaires;
M. Roland & sa femme, qu'une imprudente curiosité
avoit attirés sur la poite , ont été tués. Tel est le pré
cis d'une lettre du Procureur - Syndic de cette Ville ,
lue à la séance du 26. — Les sieurs Chabot , Fauchet ,
Audrin , Bœzire , Goupillau , Gouihon & Lacreielle ont
été proclamés grands inquisiteurs de France. Ce dernier
«^remercié, ne se sentant point une ame assez robuste
pour un tel métier, Mais les autres ont accepté arte
<' 5*4 )
transport', entr'autres Capucino-Chnhot qui s'est dém's
de la place qu'il occupoit dans le Comité des lettres
de cachet , pour venir briller dans l'odieux comité des
recherches. — Longs débats sur la formation du tribu
nal qui doit prononcer sur les exécrables forfaits com
mis à Avignon. —'Décrété que cette commission provi
soire sera composée des Juges pris dans les tribunaux
limitrophes , & siégera à Avignon. — Madame Delâtre
qui , au même instant , a vu son mari enlevé & préci
pité dans un cachot, son fils se casser une jambe, tous
ses effets mis sous le scellé , seule mec la mère de son
époux , âgée de 92 ans , expose le tableau de son acca
blante situation à l'assemblée .,& demande qu'il lui soit
permis de pénétrer dans la prison de son mari.Cette liberté
qu'aucune loi ne prohibe , contrarie la froide inhumanité
de l'aréopagei A l'ordre du jour , crie le barbare Rou-
hier , & il est vivement appuyé par Goupillait & plu
sieurs autres. — On a lu, dans la séance du soir , une
lettre signée d'environ 60 Capitaines de navires, qui
annonce une rupture de l'Assemblée Coloniale de Saint-
Domingue avec la France. — L'achevement de la Loi sur
le remplacement des Officiers démissionnaires ou qui
ont émigré, a occupé ensuite nos illustres Monarques.
— Décreté que le Ministre de la guerre présentera la
liste nominative des Officiers à remplacer & des su
jets admis , afin, d'après l'observation de Sire de la Croix,
qu'on connoisse les Officiers iraitres à leur Patrie; que
d'ici au 10 Janvier prochain , il sera fait une revue
générale de l'armée en présence de deux Officiers-Mu
nicipaux de chaque garnison qui contresigneront les
procès- verbaux des commisaires des guerres. Les Of
ficiers absens seront destitués de leurs emplois sans
aucune pension de retraite. Même peine contre les Of
ficiers qui ne déposeront pas dans le mois au Greffe de
leur Municipalité , l'attestation de leur serment civi
que. — Les interrogatoires & réponses des prétendus
conspirateurs de Çaen . ont amusé nos Licurgues dans
la séance du 27 ; on y a lu une adresse de quelques
savans de Mois , qui , après avoir attesté que la Verse,
{Egypte & même la Grèce , n'ont fleuri que par la vi
gueur de leurs Loix , proclame l'assemblée digne d'ef
facer la gloire de ces Empires. — Quelques Religieuse»,
amies zélées des droits de l'homme, demandent si elles
ne peuvent pas en dépit de leurs vœux , prendre au
moins un mari , & si les enfans qu'elles ont envie da
donner à la Patrie ne seront point batards? Pour ré
ponse on passe à l'ordre du jour. — Le Roi Salaiin.
propose d'accorder à madame Ddâtre la permission d'al
ler" consoler son mari dans les fers; Sire Bicourt de
mande même faveur pour M. Varnier. — Le Monarque
Thurîot s'oppose à cette justice , & son col'égue Ver-
niaux fait entendre envain la voix de l'humanité : on
se hâte de passer à l'ordre du jour , d'écouter une ha
rangue des forts de la halle, & de les admettre aux hon
neurs de la séance. — Les Emigrans viennent ensuite
sur la scène. — L'Alsacier Rulle les présente comme
des baladins dont Finsolence ne mérite que le fouet :
mais l'assemblée ajourne au surlendemain la discussion
d'une députation au Roi pour lui témoigner que malgré
le bavardage de quelques-uns de ses membres , elle n'est
nullement tranquille sur le compte des émigrés. — Sire
François débute dans la séance du 28 par une plainte
contre le Secrétaire , qui n'a point relaté dans le pro
cès-verbal de la veille, que l'assemblée n'avoit point
rejetté la Pétition des Religieuses qui veulent se marier.
L'assemblée , dit-il , ne connoit point de vœux ,& verra
avec plaisir les Citoyens croître & multiplier, — Une
lettre venue à'Alais annonce quelque rumeur dans la
ville d'Aubenas & l'arrestation du principal Correspon
dant des émigrés de Cr.blcntz : il est inutile de dire
que les papiers saisi vrais ou faujt annoncent selon
l'usage des conspi' -«ons contre notre* préciease liberté .
— On s'est e- -<î ooeupé des fiaânces , & d'une con
firmation d*-^*ii*tr> la Fraîice & le Dey d'Alger.
La séance^?' , fxix la proclamation de Sire
Lacepèdc au ti.. iidental.
— Il a paru indispensable à sire François de NEUF-
CHATEAU ( ce sont ses termes ) de mettre le der
nier sceau à la loi de proscription contre les fidèles
ministres de la religion de nos pires. lia fait en con
séquence , dans la séance du 29 , un rapport , vrai
chef-d'œuvre d'ignorance , de fausseté & de haiiT:,
d'après lequel il a été décrété que les ministres du
culte cathoiiqae , qui auront refusé de prêter le ser
ment civique ou qui l'auront rétracté , ne pourront
exercer leur ministère. — Peuf ne pas effraye: les amis
ds la justice & de la paix , le docteur par excellence
a souverainement décidé que les prêtres catholiques
. nYtoient divisés d'opinion avec les prêtres constitution
nels que sur des points de pure politique, qui n'at-
taquoknt nullement la foi , & pour éviter l'embarras des
: preuves il a invoqué ce qu i! appelle l'évidence du fait*
Quelques voix vouées à la vérité ont voulu se faire en.
tendre à plusieurs reprises ; mais elles ont été étouffées
par la faction ennemie du Trône & de l'autel. L'Im
placable acharnement du Roi français contre le cleré a
indigné les honnêtes gens instruits qu'il doit son exis
tence à un riche commandeur de la vi/!e de Neuf- Château,
qui, touché de l'excessive misère de son père, alors ty.
maghter de village , fournit aux frais de s«n éducation,
& l'a fait tout ce qu'il est.
N° 47. 5==^

LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

-^Rédigé par Dora Réoius A n ti - Jac o b i nvs.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 4 Décembre 1791.

.NOUVELLES POLITIQUES.
Extrait d'unc Lettre de Madrid, du 18 Novembre.
« Soyez bien persuadé que les Espagnols prennent
l'intérêt le- plus chaud i la situation des Catholiques
Français qui sont restés fidèles i leur Religion , ainsi
qu'à l'infortune iu Roi très chrétien. Sa Majesté Ca
tholique est dans les mêmes dispositions. Elle vient de
faire au Ministre de France , qui lui a remis la Lettre
de Si Ma'esté très -chrétienne , une réponse semblablo
à celle qu'elle fît le premier Octobre : cela doit vous
rassurer sur les faux bruits que vos Démagogues cher»
client à accréditer ».

Autre de Liège, du 20 Novembre 1791»


a On prépare à force des logemens pour ' environ
15,009 hommes de l'armée des émigrés qui doivent êtr»
csntonnés îci. Le fauxbôurg Sainte Marguerhte est re
tenu pour -cela, A cette peiite armée , doivent se réu-
lnir lcJ émigrés du Brabant & de la Flandre. Les or
dres sont donnés pour qu'ils soient munis de toutes
les armes qui leur sont nécessaires , & l'on en presse
le 'travail sans re'âche Le Règlement pour
la formation en différentes compagnies, du Tiers-Etat
.trtssemblé' auprès de Monsieur & de Monseigneur
Comte £ Anois , s'exécute avec un accord charmant ;
'réunîT pour le même objet, la Noblesse & le Tiers-
Etat paroissent n'avoir qu'un esprit S: qu'une ame... ».

Thermomètre de Paris.
, ,UV-Ji3 r.
^ Les Jacobins ont beau faire , leurs mano2uyr< pres té-
"nébreûses n'aboutiront qu'à les couvrir' de confusion,
&! à. les vouer à l'infamie & à l'exécration du peuple.
A force d'être atroces leurs complots deviennent moins
'dangereux. Les Citoyens de toutes les classes ont en
5 l&rreur cette horde d'assassins & de bourreaux. On
'entëiid dire de tous côtés qu'il faut en purger "le
* Royaume , que le salut du peuple dépend des mesures
' vigoureuses que l'on prendra contre eux. Ce jardin qui
; fut si long-temps la place d'armes de leurs brigands,
«ou, le crime avoît: ses signaux, (i ) le Palais-
' Èôyâl vient dé leur faire éprouver toutes sortes d'hu-
'miîiatioRs." Là ^ plusieurs groupes int délibéré de ' se

( i ) Quand il falloit mettre à exécution quelque


" atrocité ,' on fareoit jousr les eaux du'FalàisTRoyal", afin
•tiVfirfir' îes Brigands dt -t& tè'oâr prëtëi-'mareher. •
... (5*9)
transporter clans l'antre de ce» Tigres Nationaux , au
moment où ils y seroient rassemblés , & de les trai
ter comme ils ont traité les Citoyens les plus estima-
Ves.... Là , un Jacobin s'étant permis , Merciedi der
nier, de tenir des propos régicides, un soufilet. lancé
par une main rebuste l'a réfuté complètement. Qu'on
juge d après ce!a combien l'opinion publique est chan
gée. Un Royaliste qui auroit osé développer une logi
que aussi nerveuse, il y a six mois i auroit été assommé
tur-lc-e'iamp. . ..
Le manège est généralement méprisé i mais il ne va
pas moins son train. Livré tout entier à son système
Jacobite , il n'est rieri qu'il n'ose entreprendre pour éta
b<ir le gouvernement populaire. On assure même qu'il
'a ea-vue d'enlever le Roi , & de le livrer aux Protes-
tans du Languedoc , qui , comme 6ri sait, sont les par
tisans les plus fanatiques des républiques fédératives ;
.fiiais la Garde-Nationale ., qui ne cesse de veiller , 'avec
un zèle au-dessus de tout éloge , sur les entreprises
des factieux , saura les déconcerter. Pour] entretenir son
àrdeur vigilante , on vient, d'afficher la proclamation
suivante :

:. PEUPLE FRANÇAIS!
La Patrie , le/ plus beau & .le plus florissant des
Royaumes , va se voir la preie des plus horribles fac
tions : il est d'un bon Français d'en prévenir les effets.
La faction Républicaine est la plus apparente ,
eMc siège aux Jacobins, & ses Ecrivains ne ceisent de
dire qu'il ne faut pas de Roi , que c'est une cinquième
rcue à une charrette.
Ces Ecrivains sçnt cependant membres de «es soi-
dnans amis de la Constitution.
aaa »
C 520 )
Cette Constitution vous donne un Roî , & ce même
Roi a accepté cette Constitution qui fait son patri
moine du titre de Roi des Français.
Bons , généreux, braves citoyens, énonçons notre
vœu ! Nous ne pouvons anéantir cette fiction répu
blicaine, qu en la faisant succomber sous le nombre
des votans pour une Constitution & un Roi.
Que ceux qui veulent une Constitution sans Roi se
montrent & signent !
Et nous tous qui voulons une Constitution avec un
Roi , montrons-nous & signons.
En attendant, sommons les Républicains de répondre
s'ils acceptent la proposition , & d'après leur réponse
nous leur indiquerons un lieu propre à recevoir les si
gnatures , où nous accepterons celui qu'ils nous indi
queront.

Le Ministre de l'Intérieur vient d'écrire au Maire de


Paris que le Roi est informé qu'on répand 8t qu'on
s'efforce' d'accréditer dans Paris des bruits propres à
a'armer la tranquillité publique que des courriers
sup^ o>és doivent arriver à Paris ., & y publier que
les émigrans sont entrés en France les armes à la
main. On doit annoncer en même tems, que le Roi a
quitté Paris. Cet avis certain mérite d'autant plus
d'attention , que d'autres faits antérieurs manifestent
l'intention d'ei citer à Paris un grand mouvtrAent.
Un sous - officier de garde chez le Roi donna , il y
a quinze jours, une fausse consigne, sous le prétexte
d'un prétendu projet de départ de Sa. Maiesté. On
faisoit crier dans un faubourg de la Capitale que le Roi
n'éioit plus à Paris. Sa Majesté , Monsieur , poursuit
c 5*0
le M'n'stre 3 me charge de vous prévemr de ces cou
pables manœuvres , & ne doute pas qi,e vous ne pre
niez les mesures convemb'es pour préserver la Capitale,
des désordres qui en seroient la suite.
D'après cette lettre il étoit a présumer que'M. p£-
ûon se seroit occupé des moyens d'empêcher. les dé
sordres ., mais les brigands avoient d. jà reçu leur
paye , en consequence ils se sont transportés au Cafeî
de Foi pour y mettre en pratique le saint devoir de
l'insurrection. Le mal n'a cependant pas été aussi loin
que les Jacobins le croyoient , pareeque les honnêtes gens
s'étoient retirés.

-ibni iw
SABBATS JACOBITES.

Des 28 & 29 Novembre.


Sous la Clochette du Frère C ou t h oit.
L'illustrissime Suint Hum . . . après avoir bravement
confessé le nom de Targinettt , & s'être un peu sou
lagé du poids des argumens dont on l'a si souvent as
sommé , s'est présenté clopin-clopant à la séance du 28,
cV y a été proclamé grand-maître des cérémonies jaco-
bites. A l'instant un tintamare affreux se fait entendre :
gare .' gare ! place.' ievez- vous tous . . . plaud'tte ma-
nibus ! bravo .' bravis.timo ! C'étoit le généralissime de
la bande , son créateur * son Dieu , & le Doge in
fteri de la République , frère Roberspierre. — A son as
pect , Collot Almaxach , qui pour 1ers se pavanoit
dans le fauteuil présidental ^ o.uvre la bouche , & dit :
ça, notre général, sans façon, vene% prendre ma place»
a aa3
( *5*2 )
c'est à vos incorruptibles mains qu'il appartient âe-branht
dignement la cloche du beffroi. En même tems on le
pousse , on le prend , on le porte , & Te voi'à intro
nisé. — Silence ! il va parler. — En mé guimiant ici ,
FRJTREs CARissiMl , je me vois en défaut , & mon es
prit rétif contrariant mon cœur le force à faire banque^
route à la' reconnaissance ; mais à bon entendeur demi
mot ; j'espère que vous me fere^ quittance de cette dette.
— On applaudit , on applaudit , & le sabbat ne finis-
soit pas, quand frère Dubois décrassé , du haut de la,
tribune, obtient enfin ti'être entendu. — Voici , dit-il,
Messsieurs , la quintessence de mes idéss , que je viens
soumettre au tribuna' suprême & infaillible de vos flam
boyantes opinions ; veuillez ni m'applaudir ni me husr ,
je commence. — !is ost menti ceux-là qui disent aq
Roi des Français qu'il est constitutioneUemem inviolable
dans tous les cas , tr que ses ministres seuls sont res
ponsables, ha Comtitution le décide bien de même , mais
il est important pour la Nanon d'établir le contraire ,
ce que je fais ainsi : Roi des Français , écoutez-moi
La France est environnée de méconuns , de factieux qui •
S'arment., disent-ils , pour votre défense. Vos parens les
plus proches sont à la tête de cette cabale infernale. Il
s'agit de choisir entre la justice éternelle & les préjugés
honteux. Le choix est fait Vingt- cinq millions
d'hommes sont armés ; voyons si VOUs déposerez , OU
SI VOUs CONsERVEREZ VOTRE COURONNE. La Nation
. a déclaré que vous sere^ censé avoir abdiqué la Royauté ,
si vous ne vous oppose^ à tout ce qu'on pourroit entre
prendre contre tintérêt national. VAssemblée nationale
a pris des mesures contre les malheurs qui menacent la
pitrie ; vous vous y êtes opposé, vous êtes donc reiponsabie
dés événement. Qu'allez - vous faire'? Vous réunîrez-
vous aux rassemblemens ? Vous armerez-vous contre
votre patrie ? Alors , accusé comme un simple citoyen ,
votre TETE T0MBER01T devint une Nation souveraine.
Voilà , mes frères , poursuit le bon apôtre , le langage
précis de votre Constitution. Tout ce que j'en dis
au surplus n'est que par amitié pous le Roi ; car, foi de
jacobin, je serois faché de le voir guillotiné. Frère Dubois
décrassé présente ensuite le croquis d'un petit décret dont
l'objet est de faire une prière i.ijonctîve au Roi, d'écrire in
continent & sans délai aux Princes , ses frères , aux émi
grés & à tous les Potentats , pour leur ordonner d'a
voir à faire cesser la crainte & l'épouvante que causent
leur rassemblement & leurs insultes tant à l'auguste
Sénat qu'à !a cocarde & à l'uniforme national. De son
côté l'Aréopage déclarera que si les intimés ont l'au
dace d'attaquer la Nation , elle jure de né déposer les
armes 3 qu'après avoir exterminé tous ses ennemis , &
planté l'étendart de la liberté sur leurs membres fa-
mans & mis en hochepot. — Ce courageux projet est
vivement applaudi , & les sabbatistes décrètent par ac
clamation, qu'il soit mis tout chaud sous presse, afin de le
distribuer au plus vite aux illustres du manège. Plusieurs
autres jacquets brédouillent aussi leur petit avis; presque
seul entre tous ,le général Roberspierre n'avoitpas encore
soufflé le mot ; il empaume enfin la parole & dit .• —
« Le projet de décret du Révérend Dubois décrassé , est
en somme , dans nos principes , sauf la correction que
voici , le très-honoré frère , y fait concourir l'Assem-.
blée Nationale avec le Roi; mais fi donc ! Doit- on com
promettre ainsi la majesté de la Nation ? Que signifie d'ail-
lçurs une députation au pouvoir exécutif? Quand l'As-

a aa 3
(5*+)
(emblée Nationale a peur ; . elle fait un
décret , & dit aux Przncipions d'Allemagne & à Lèo-
poid , vous violez le droit des gens en souffrant les
rassemblemcns des rebelles ; nous ne les craignons ce
pendant pas , mais, néanmoins cela nous inquiète. Il vous
est donc enjoint, de par la Nation Française , de
dissiper au ^lub rite cette canaille , sinon nous al
lons tous vous guerroyer & vous occire, . . . Voilà ,
poursuit le grand Roberspierre , comme il faut parler,
sur-tout ne trtmblons pas , du courage, mes frères, &
le plus grand mépris pour les tyrans ; telles sont les
bâses de la liberté. Traçons autour de Lèopold wn
cercle semblable à celui que Popiiius traça autour de
Mitridate 3 qu'il n'en sorte pas , sans s'être nettement
expliqué ». — Vivat ! cent fois vivat'. Novus Doctor
qui tam bene parlai , s'écrient nos Jacobins émerveillés»
Mon instinct , ajoute frère Albit , m'avoit dit tout jus
tement ce que vous venez d'entendre , jusqu'à un
iota , oui , ce setoit nous avilir que de prier le pou
voir exécutif de prendre des mètures contre des bri
gands qui ne sont point à craindre & qu'il faut punir»
— Cette Jacobite bravade termine l infernal Sabbat.
Un député du manège , & Jacobin qui ps est , ar
rive tout essoufflé au Sibbat du 29 , & y dénonce le
maître du Café de Foi du Palais -Royal qui amis à la
porte un jeune membre de la Jacquerie; mais le dé
nonciateur supprime de son récit , & les discours incen
diaires du forcené Jacobite & le vigoureux soufflet
qu il a reçu , & l'indignation générale qui s'est mani
festée contre les principes atroces de la Jacobinaille
in globo. — Cette nouvelle fait couler quelques larmes
de rage, & chaque frère in petto jure de v/engi:r cetteinjure
per /as & ne/as, — Arrive un Poè'te , tout frais moulu
C 5*5)
du parnasse Jacobîte , qui offre à la societé un poi'me
contre le Tape , dont voici les premiers vers :

jissiste%moi , grand Dieu , dans ma sainte entreprise j


Je veux prêcher le Paye , 6- convenir i Eglise.
Le sub ime genuit du poète délirant a été accueilli
avec enthousiasme , & l'anti chrétienne société a dé
crété d'expédier un brev:t d'immortalité à l'auteur du
poème mort né. — Frère Bourdon annonce un memoire
des Jacobins de Marseille , contre l'épicier Dandré , ci-
devant Roi de France, en procès avec les vénéra
bles frères. — On est occupé, dirent-ils , à rassembler
une masse de toutes ses infamies. Nous connaissons , ajou
tent ils , sa vie toute entiere , e'ie est exécrable. — Frères
Collot almanach , Palissot , Manuel , Clavières & Rœ~
derer parlent , à tour de râle , du Roi , des prêtres ,
des nobles , des émigrés , des colonies , & toujours en
très-dignes jacobins. Le sabbat se termine enfin par la
nomenclature des frères qui ont compiotté d inoculer
le virus constitutionnel à tous les enfans. — retian,
Roberspierre , Lanthenas , Raderer , Collot almanach &
Bourdon sent les entrepreneurs de cette œuvre pa
triotique.

Silence donc, Messieurs, paix-là?


Cessez enfin ce.brouhaha ,
Disoit i certaine seance
Des sept-cens ramassés de France
fauxehef le fameux renégat.
(5*6 )
Vit-on jamais pareil sabbat ?
Ce lieu , ma foi, semble une foire.
Eh î pourquoi non, répond Gregoire ?
A l'Encan n'y vendons- nous pas
Louis , son peuple & ses Etats.

Sur un Commis de la guerre tout contrefait


qu'on ci vu tous les jours de l'été dernier ,
assis sur le boulevard de la Comédie Ita
lienne , & qui s'est constamment montré très-
encrouU de la morgue Bvrosratique , &
totalement infecté du virus Démagogique,
Admirez donc de ce magot
Et la démarche & la structure .*
D'un Satire il a la figure ,
Et le derrière d'un crapaud.
Sur le même.
Vit on jamais , sous le Soleil ,
Un B. . . . re à ce monstre pareil?
Oiïrant par-tout sa croupe ronde ,
ll fait b;au cul à tout le monde. . . .
.... Ah I pour Viilette quel éveil î.

On demandait à un homme de bons sens , quels iont


les plusmsuvrus sujets de la nouvelle Législature ? Il
répondit : à mon avis , c'est dom-Chab. . . . Isni . . .
Bar,}. ... & l'id£. . . Fau. ... puisque les adora
teurs d; leurs f^ies „.ds, leurs extraYagance.3 & de leurs
( 5*7 )
fureurs , en un mot la Nation sans - culotes des tri
bunes , a manifesté son mécontentent par un murmure
général' , au moment ou le manège les a proclamés,
membres du Comité des Recherches.

Le Curieux. Quelle différence y art-il entre un mem


bre du Comité d-.s Recherches & un
membre du Comité de Surveillance ?
Bouche, d'os. La même qu'entre le Bourreau & l'exé
cuteur des hautesTixuvres.

Frère Manu. . . désigné par la horde Jacobite pour


être Procureur Syndic de la Commune , dispit derniè-
rcincnt dans une société très-r.ombreu»e : le monde ne
sera jamais heureux que lorsque le dernier des Rois
sera pendu avec les boyaux des Frétres. Qu'on juge
d'après cela des conséquences affreuses attachées au
choix de la Jacobiniire.

Le Courrier du Cabinet du Roi , envoyé à Coblent% i


est arrivé depuis quelques jours chargé des dépêches des
Princes qui ne sont pas satisfaisantes pour le manege.
Leurs A!tesses Royales donnent aisez à entendre
qu'Elles ne rentreront en France que les armei à la
main.

Lettre au Rédacteur de la Rgcavibole.


Monsieur , que de fruits amers n'a pas déjà produit
l$ liberté indéfinie de la presse ? Quel corps respeç
. (5*8)
table , quel liomme vertueux n'a pas été victime des
calomnias les plus atroces ! Mais , Monsieur , cette li
berté n'avoit encore que délayé ses poisons. . . » . ils
viennent d'être recueillis tous , & il en a été formé un
monstre contre lequel il est bon de prévenir les pères
de famille & les ames honnêtes. ... Il paroît , de
puis quelques jours , au FalaU - royal , une brochure
sous le titre de Justine ou les ma'heurs de la Vertu.—
On diroit que l'on n'a eu pour but que l'apologie de
tous les vices , & la destruction de toutes les vertus
sociales & même naturelles. Sous cet ancien régime
que les novateurs voudraient tant nous faire haïr ,
il a paru , à la vérité , quelques ouvrages contre les
mœurs; mais, écrits avec légèreté , ils ne pouvoient
corrompre le cœur, ni gâter l'esprit; s'il tn a paru
contre la Religion , contre la Morale , une sage admi
nistration en arrètoit aussitôt le cours ; ils étoîent d'ail
leurs d'un prix qui ne permettoit qu'à peu de personnes
de se les procurer Et celui-ci, outre qu'il ren
ferme les maximes les plus dangereuses , les situations
les plus horribles , ks tableaux les p'hs obscènes , les
îophismes les p'us hardis, est malheureusement, quoi
qu'en deux volumes , d'un prix si médiocre, qu'il
tombera inévitablement dans les mains même de la
classe la moins instruite, & par conséquent la moins
en garde contre les raùonnemens spécieux de cette phi
losophie moderne qui , vou'ant reporter l'homme à
l'état de nature , ne fait de l'homme civilisé qu'un
être féroce & cruel. — Cependant nous devons l'avouer,
cet ouvrage ne nous a inspiré que l'horreur du vice ;
mais nous ne conseillons à personne d'en faire usage..,..,
( 529 )
Un remède Violent produit si rarement un effet sa
lutaire ! Je suis &c. M. . .

LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Sire Vaublanc a rendu compte dans la séance da 23
au soir, de l'accueil que les 24 Monarques de France,
députés au Roi des Français , en avoient reçu. Leurs
Majestés législatives ont d'abord été saluées par Louis
XVI , & elles lui ont honnêtement rendu le salut. Ce
cérémonial rempli , l'auguste président a chargé le Roi
d'écrire aux princes d''Allemagne , & de leur notifier
qae , s'ils continuent à favoriser les préparatifs dirigés
contre les Français , ils iront tous porter chez eux ,
non le fer & la flamme , mais la Liberté. C est à eux,
a-t-il ajouté , de calculer quelles peuvent être les suites
du réveil des Nations &c. &c. Le Roi a répondu : MM, , que
VAssemblée nationale compte sur tous mes soins pour
faire respecter la Frince au dehors , d> pour y main
tenir tordre au dedans. — M. Morthon , ci-devant de
chabrillan , officier destitué sous l'ancien régime , a
été réintégré dans cette séance..— La lecture de plu
sieurs adresses a rempli l'ouverture de la séance du
30 , parmi lesquelles on distingue celle de M. cahier
de Gerville , nouveau Ministre de l'Intérieur ; il assure
qu'ayant fait ses preuves de patriotisme, depuis le iî
Juillet 1789 , il ne gardera son nouveau poste qu'au
tant qu'il pourra s'y livrer à son inviolable attachement
pour la belle Targinette. — Les six députés arrivés de
Saint-Domingue sont admis à la barre , & y font le
récit des désastres affreux de la colonie. La horde fé
roce des Noirs , ayant pour étendart un enfant blanc
( 530 )
empalé ail bout d'une pique , y a massacré ses maîtres
Avec un rafiniment de barbarie bien digne des scélérats
qui l'ont provoquée. Les femmes de ces infortunées
victimes ont été violées sur le corps de leurs maris ,
de leurs pères , de leurs mères massacrés. Lts Blancs qui
•s'échappoient & fuyoierit vers la partie espagnole de
•l'isle en ont été impitoyablement repoussés; les Es
pagnols Ont plus fait encore ; ils en ont vendu & livré
.plusieurs aux Chefs des Noirs , qui maintenant s'entre -
' déchirent. La Colonie, pouVsuit l'orateur, attribue toutes
• ces exécrables horreurs aux ami< des Noirs» eux ieuls
-en ont été les instigateurs. —Quoi ! s'écrie le député
Baxfte , ces gens -ci osen.' insulter à la philosophie ?
«Mille huées vengent à finstant l'outrage fait à là Na
ture , & demandent l'impression du discours; mais
l'intrépide ?vocat des Antropophages 'se récrie de nou-
* veau, qualifie le discours de lîbeî'é : l'illustre Brissot,
- Capucine chabot , & quelques autres de leur bord , vien
nent au iréours'du barbare Ba^ire : malgré leurs cris
féroces , hués , siffles de- toutes parts , l'impression est
i décrétée. M. le Monteix a été proclamé vice président.
On s'est d'abord occupé dans la séance du premier
•'. Eécembre , de la comptabilité des Ministres , puis Sire
Beccuet demande , aû nom de la Loi & de l'Humanité ,
la levée du secret où est sévèrement tenu M. Varnicr
depuis son arrestation pour un complot imaginé par ses
délateurs. — L'inhumain Thuriot crie à l'ordre du jour;
ses dignes collègues font un brouhaha affreux , la voix
hivt sensible Becquei est étouffée . l'itifortuné Varnier
gémit , en attendant , dans leS rigueurs d'une captivité
fcrinellemmt proscrite par la Loi , & l'on ose nous
r vàn'er encore: le -regné fortuné de la liberté ! — Une
députation des Citoyens de S.-Malo est introduite à la
I -
i
(53*)
%arre ; l'un des membres prend la parole & peint en
'iVaits 'de flamme les malheurs de la Colonie de S.-do-
mingue. La France , dit-il , connaît & nomme les mons-
tres qui se sont parés des dehors de l'humanité , pour
souffler de tous côtés la révolte & exciter le carnage. —
Jouisse^ , prétendus pkilantropes , îouisse^ de vos suc
ces , ils sont dignes de vous. La partie du Nord de St-
Bomingue n'est plus qu'un monceau de cendres baigné
du sang des blancs & des noirs. . . . Cette affreuse vé
rité, jointe à beaucoup d'autres , exalte l'humeur de
plusieurs de nos Souverains. Les célèbres Thuriot ,
Merlin , Goupillau & l'abbé Audin demandent que les
pétitionnaires ne soient plus entendus , c'est trop peu
pour Sire de la croix , il opine en sus que l'orateur
soit rappsllé au respect dû à l'Assemblée , & le pré
sident l'y rappelle en effet , en lui permettant néan
moins de continuer , ce que l'orateur fait avec la même
énergie. Après quoi , le Président exhorte les pétition
naires à se confier dans l'humanité & la justice de t As
semblée , & les assure , en les invitant à laséance, que
les auteurs de tous ces malheurs n'échapperont pas aux
regards perçans de l'aréopage; décrété que le rapport
de cette affaire sera fait dans dix jours. ... Qu'ils trem
blent , s'écrie l'illustre Brissot , ceux de qui J.uvenal a
dit , ils ont Fame froide à force de crimes. Frigidem
habent mentem criminibus. Je suis impassible , le légis
lateur comme la divinité pardonne l injure qui lui! a
été faite dans son sanctuaire ; ce nouveau dieu de man ége
exsminant ensuite la Révolution des Noirs n'y voit
'qu'un projet des contre-révolution de la part des Blancs ,
' qui ' se sont fait égorger pour en avoir le' prétexte.
Après s'être égarei dans 'un cercle vicieux de conjectures
et en avoir cruellement< parcouru tous les points ; Wé
C w ]
nonce toute la colonie comme suspecte « et assure qu#
le foyer delà contre-Révo utlon est à Paris. Enfin sire
Goidct a demandé que les c'i'oes resiassent M quo.
Son co legue o^cas, que le Concordat des B ancs et des
Gens de couleur fût confirmé. L ajournement de ces
motions a été fixé au î de ce moi . On a décrété dans
la Séance du soir , que sous quatre jours la haute cour
Nationa'e se tran porteroit à Orléans pour y juger
les prévenus du crime de lèze-Nation.
La séance du 2 Décembre n'offre absolument rien
d'intéresant. M. Duportail , Ministre de la guerre ,
a annoncé qu'il avoit donné sa démission , & que li
Roi avoit eu la bonté de l'a.ce:iter. — Il a été dicrits
que M. Tardv , receveur ces douanes à Quirnper , &
qui a été arrêts comme complice de M Varmer , Se
rait traduit à Orléans pour y être jugé. — Le Roi
Sriche a dit qu'un administrateur du dcpirternsnt du
lisut-Rhin lui svoit écrit que le général ti^an fin croit
sa dél.catciri; intéressée a ne pas nommer t'^'"- V -.r-
tique qu iu a ci-aevaat assura lui avoir prppctsc de
trahir la Nation.

Ce Journal paroît deux fois la semaine. 'L'a


bonnement , pour Paris & la Province , est de
34 liv. pour un an , 12 liv, pour six mois , 6 liv.-
pour trois mois , franc 'de port.

On souscrit au Bureau rue Montmartre,


N° 219 , fris du passage du Saumon, où l'on
est prié d'adresser les lettres , avis et reclama
tions , ajjj-anchissant le port ; & ch.t\ Gatej,
Libraifi, au Palais-Royal,
LA ROGAMBOLE,

JOURNAL DES HONNÊTES GENS,


Rédigé par Bom Ràafus A iv t r - J^4c 0 s 1 n V S.

r . « Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 8 Decembre 179 1,

AVIS..
Nous prions MM. nos Souscripteurs i dont l'abonnement est
fini . & auxquels nous avons continué avec confiance l'envoi de
ce' Journal , de vouloir bien faite paver le remboursement de lcdr
souscription au Bureau rue Montmaite, N°. 219, pres du pns-
sage du Saumon à Paris. Notfs ne négligerons rien pour conser
ver à ee Journal la raveur dont il jouit. On a dû même s'aper
cevoir depuis quelque cemps.-que la partie Typographique est
non-seulement Deàucoup mieux soignée , mais encore , que rions
avons substitue le caractere m tu Romain au caractere Ciccro , afin
de fournir plus d'alimcns a la curiosité de nos Lecteurs.

Les Couches de Madame, Target,


Par M. Zvrik , grand Aumonier de l'armée d'outre-Rhin,
1. Ën ce temps-là, il parut un grand prodige dans
la capitale des Gaules ; c'étoit une femme dont les
allures & le costume n'ànnonçoient rien moins que
' son sexe.
*' 2'. ^— teé les poliscôns de Lute'ce la prenoient pour
un homme.
3. — Et«lle avoit figuré , comme la ChevalièreDicti,
bbb
( 534 >
dans l'Ordre des Avocats . mais non dans l'ordre Mi»
litaire.
4. — Et son nom étoit Targkt.
^ - — Et cette malheureuse étoit grosse , & elle
crioit i crève-oreille étant dans le travail & les dou
leurs de l'enfantement.
6. — Et ce fut dans un Manège qu'elle se rendit
pour accoucher.
7. — Et dans ce Manège on entendoit des voix
qui célébroient la gloire de l'enfant qui devoit naître,
& cette musique ressemblent beaucoup à celle des
Anes.
8. — Et la pauvre Target confuse de leurs louanges,
bai soit timidement les yeux , & disoit ces paroles à
la troupe asinique. . '.
9. — Mùn arne se glorifie de vos hommages , & vos
cantiques ont ravi de joie mon cœur & mon esprit.
10. — Parce qu'ayant égard à ma bassesse . vous
m'avez élevée ai'ec vous au faîte de la fortune & de
la gloire.
11. — Vous avez renvené les grands de leurs sièges
pour y placer la canaille qui , comme moi , croupissoit
dans la fange de ses vices & de ses passions.
13. — Vous avez gorgé de biens les va-nud-pieds,
hrhsout & vidé les poches de ceux qui étoisnt riches,
& opéré par ce coup de ja<nac la plus belle des ré
volutions... . Que !a Nation vous bénisse.
13. — Ainti parla la divine Target.
14. — Soudain un Dragon de la Tribu de Judas , x
dont la tête étoit couleur de lie de vin , s'approche
d'elle, & lui ayant fait une large ouverture au ventre,
il en tire une fille difforme qui fut nommée Cons
titution,
(<35)
t$ — Et cette fille fut présentée par le Dragon à
la populace des Gaules qui l'adora. . .
16. — Et le Dragon la plaça sur le trône, aprè*
en avoir arraché le Souverain , & lui promit de la faire
régner sur toutes les Nations avec une verge de fer.
17. _ Mais depuis ses couches , Dame Target fut si
déchirée qu'on ne pouvoit la voir sans rire , & qu'elle
n'osa plus paroître.
18. — Elle vécut dans la retraite, comme le cochon
de Saint- Antoine , & l'on n'entendit plus parler de
set œuvres.

NOUVELLES POLITIQUES.

Extrait d'une Lettre d'Oudenarde*


» Depuis quelques jours les Nouvelles sont de là
plus grandi séchiresse ; rien ne transpire , si ce
n'est que les Cours sont toujours dans les mêmes dis
positions à notre égard , & que l'Espagne , le Portugal,
& la SarJaigne , à qui nos affaires tiennent fort à cœur ,
Viennent de traiier arec les Suisses , pour un corps de
vingt-quatre mille hommes. Pour nous , nous sommes
tranquilles d?ns nos cantonnemens , où il paroit que
nous passerons l'hiver. En attendant , notre armée
s'accroît tous les jours , par le grand nombre de braves
gens de tous les états , qui viennent se réunir à nous,
Si cela continue , notre- armée , purgée de tout ce qui
est suspect , sera au mois de Mars de plus de cent mille
hommes. Ce qui seroit suffisant pour triompher des
factieux qui déchirent notre malheureuse patrie , quand
même nous n'aurions pas les secours qui noue sont
[ 536J
promis, & que nous aurons sûrement parce que le salut
de l'Europe y est intéressé. »

Thermomètre de Paris.
Tant qu'il existera des Jacobins , nous n'aurons ni
tranquillité ni sûreté. Le crime marchera tête levée ,
& nous verrons souvent des scènes d'horreurs, sem
blables à celles qui ont dévasta nos contrées méridio
nale!. Si la ville de Paris n'a pas été frappée des mêmes
plaies , c'est à la vigilante activité de la Garde Natio
nale qu'il faut en rendre grâces. Sans cette Garde ,
nous serions aussi malheureux que les habitans de
Nzsmes , à!Avignon , de Montpellier , &c. victimes de la
fureur des Sectaires & des Clubistes ; mais jusqu'à ce
jour les complots des Jacobins ont été drconcertés.
Le Peuple d'ailleurs commence à s'indigne» contre les
coquins qui l'ont trompé , & ne se laisse pas é'-ctri-
ser par leurs clameurs. L'expérience lui prouve qu'en
servant cette horde féroce de factif : , %\ '.. cait
que travailler à sa ruine, & se, préparer 4-v îiçmords
éternels. »v <.-f .
Cependant la peuple a peur de la contrç-révolu}iony. .
pareequ'il craint la justice des Princes , mais dès qu'il
sera convaincu de leurs généreuses intentions, dèsqu,'il
saura que la Noblesse française est disposée à tout
oublier , à tout pardonner , & qu'elle ne demande que
le châtiment des factieux, il est à présumer qu'il
s'empressera de demander lui-même le retour de l'ordre,
des loix , de la religion ; en un mot , que le Peuple
manifestera autant de zèle pour la g'oire du Trône &
de l'Autel , qu'il a mis d'acharnement à les combattre
& à ks détruire.
C 537 )
En attendant , en. remarque une agitation extrême
parmi les chefs des sans-culottesi.» d^ux d'entr'eux furent
reconnus dans le fin -fond du Faubourg Saint- Antoine,
Dimanche dernier » à deux heures du matin. Tout an
nonce de nouveaux forfaits. . ' '.
Gardes Nationales, infatigables défenseurs des pro-.
priétés , de la vie des Citoyens , le crime ne dort pas ,
veillez sur lui, Philipje est dans nos murs, . .

SABBATS JACOBITE S.
des 2 (r 4 drcembre.
Sous la clochette de frère IsNARd-Tonnerre.

La forge Eês lettres ét?.b'ie depuis la révolution , avec


approbation & privilège de la geni Jacobite , est toujours
dans Ta p'us grandè activité. Eh voici une nouvellement*
sort » B Si lue dans le Sabbat du % de ce
mois, iV Jst datée de Torentruy , le io Novembre ', '
sl^ncc' Girardot , & adressée à un certain Renard. —
u Mon cher ami, la guerre est indispensable , attendu qu'au-
lieu de dONNER plusieurs sern.siïs comme les volontaires ,
nout n'en prêtons qu'un seul , que nous dictent l'innocence
opprimée, rameur de' noire Roi & de notre Patrie. Cest
de vaincre ou de mourir. — Les Gantiers démocratiques
font courir le bruit que les Princes sont dans la disette,
mais c'est un mensonge aussi absurde , que de croire que
fEmpereur ne prenne point' de part à nos affaires , (t
que le Prince de Condé ne commande pas une troupe
de Hessois & 24 mille Emigrés. — On vient de lever
le camp d'ETHÉNblM ; en rapproche toutes'les troupes. Six
mille chevaux de remonte arrivent le 1 décembre , ainsi
bbb l
( 558 )
que les Cuirassiers Autrichiens gui viennent camper à
PORbNTRUI. Je pars à l'instant pour Bale, 6- de là
ÀrogMs, à ce que je crois.»— Jusqu'ici les forgeurs de
lettres ne racontent que des vérités connues , mais voici
le fin mot. Mille choses de ma part à tous mes amis ,
ainsi qu'à MM. Pasqvier, frères &. M. Bretagne fils
QUI doivent se îoindre A moi . J'attends de toi cette
grace , comme celle de parler à ceux qui auraient l'in
tention de venir nous joindre Admirons la
perspicacité de nos rusés matois ! Comme dans un
seul trait de plume ils dénoncent adroitement à leurs
sans-culottes , trois personnes à la Pois.r Oh! ma foi ,
vivent les Jacobins, pour l'adresse & le génie! — Se
conde lettre de quatre cents Laboureurs à'Ampuis, dépar
tement de Rhône & Loire , qui assurent nos vénérables
Frères, que si les perfides Emigrés s'avisent de tenter
Une invasion , ils se chargent de les réduire à \éro. —•
Advient frère Manuel nommé par la société Procureur-
général de la Commune de Paris. Fratres , dit-il d'un
ton benin , le peuple que j'ai déjà eu l'honneur de servir ,
Veut encore que je continue d être son serviteur . que la
volante' souveraine du Peuple soit faite , en toutes choses*
& non la mienne. Les nominations de nos dignes frères
PETION , R(BdERER , PRIEUR , 6" plusieurs autres
m avaient prouvé qu'il e'toit juste ; mais la mienne preuve
qu'il est reconnaissant. . . . Or, mes bons amis , vous le
savez , j'ai besoin de lumières , & j'espére que vous
me servirez de reverbère. Pour vous prouver que je
ne serai jamais un frère apostat , je jure de me faire
nne cuirasse . de la Constitution 6" de l'almanaçh du
père Gérard. — La Société , Monûe.ur, répond en na
sillant Capucino-chabot , président postiche du Sabbat ,
applaudit à votre nomination qui est son ouvrage ; sans
vous Paris etcît perdu , mais le voilà sauvé, A l'instant
( 539 )
on entend chanter à la tribune ce refrein d'une
chanson connue.

Sans le pauvre Lustucru


Tout le village étoit perdd.

Arrive une esco.uade de dénonciateurs , Loustalot,


Couthon , Grange Neuve , ayant en croupe le géneral
carra, qui se ruent de concert sur M. Duportail, ex-
Ministre de la Guerre , & opinent pour qu'il soit mis
en état d'accusation , après l'avoir déclaré atteint &
convaincu d'être tout gangrené du virus aristocratique,
ainsi que M. de Montmorin. Cette dénonciation soulève
la bave venimeuse du Patrigot carra, qui après l'avoir
jetée sur tous les Ministres , passas, présens & à venir,
s'efforce d'en salir aussi les Emigrés & les Frinces.
Vous voye% , Frères, dit-îl , où se reunit la troupe,
la chancellerie , enfin tout cet air de grandeur des Princes ;
eh bien ! moi carra , après avoir braqué mon télescope,
& consulté les astres , je vous prédis . que c est préci
sément la trape où nous pourrons prendre cette canaille,
car, c'est le TERME. A la seule vue du drapeau tricolor ,
trente mille Liégeois , subitement électrisès , s'élèveront
contre nos ennemis. Certes , les Emigrés ne pouvoient pas
.aller dans un lieu qui fût plus favorable aux Français.
Pour donner quelque poids à la prédiction de l'impu
dent Nostradamus , frère Dubois décrassé Vit une adresse,
venue de je ne sça}-.. où , & signée par je ne sçais quïi
mais dont les auteurs sont à coup- sûr les favoris des
Fées , si l'on en juge par le merveilleux de leur»
offres. — Après avoir juré devant la terre 8c le ciel •
. d'employer gratis leur fortune & leur vie pour l'in
bbb 4
( 54o >
térçt de la Nation , d'armer & de nourrir en campagne
tous ceux qui seront dans le besoin , ces magnifiques
pétitionaires offrent encore à l'assemble nationale , cent
mille hommes , deux cents mille hommes . plus , s'il
le faut, tous vrais césars de bon sloi , & qui ne
demandent pas mieux que d'exterminer les despotes ,
gratis aussi. Nos Monarques, diserrt-ils, n'ont qu'à
parler ., & dans un clin d'œil, le rameau de la liberté,
planté sur les ruines de la tyrannie , obombrera tout
l'univers.—'Voici venir ensuite ,'i je ne sçais quelle dé-
putation , demandant que les Princes soient mis en
état d'accusation. — Optime * répond le Président du
.Sabbat, ouï vraiment optime , Monsieur l'orateur,
dignus es intrare in nostro diabo'àco Sabbato. Il est enfin
terminé pàr la dédicace que fait frère dulaure à la
Societé , d'un o-ivrage ayant pour titre, histoire cri
tique de là Noblesse , depuis la fondation de la Monar
chie jusqu'à nos jours. — c'est LE coup ti\ PIEd dE l'ane
à la Noblesse. — Une nouvelle affligeante a ouvert le
'Sabbit du 4. Le sieur Jousseran , maure du Café dje
foy , au pilais royal , a eu la criminelle audace
de mettre à la porte un Jacobin , qui professqit pu
bliquement le républicanisme. Ah 1 je le vois bien ,
s'écrie le Prendent Isnard, les ennemis du bien public
s'agitent en lous sens pour détruire la Constitution. Ils
n'ont que la rage , mais nous avons la force & le cou
rage de la liberté A bon entendeur demi-mot -
Voilà bientôt après , la force & le courage qui , avec
< une escorte de cinq à six cents Aiguazils de la
liberté , ne varietur , se rendent au Café de foy
pour y punir le sieur Jousseran de son attentat contre
' la constitution. Mais la Garde Nationale accourut, &
à ion aspect la force Cr je tourage Jacobites s' enfuirent
4 u '• «
( 540
sans pouvoir exécuter leurs sinistres projets. — Tandis
que nous bravos Patrigois s'agitent au dehors , ceux
qui sent au Scbbat ecoutent frère Manuel, qui leur
dit que les choses sont dans le plus mauvais état j
mais qu'il y z : éanmoins encore dans la. commune
des gens pénétres des principes Jacobites , & qu'il est
instant de lui donner pour adjoint un Jacobin digne
dî concourir avec lui au salut de la Patrie. Frère
a" Aubigni propose le grand danton , frère Rhéal vote
pour collot almanach , mais le très-vénéiabie Robespierre
représente aux accapareurs de toutes les places, qu'il
n'est pas de la «aine politique de faire ce petit commerce
en public. —: Frère Briv'al disserte très-barbarement
ensuite , pour établir qu'il ne faut point envoyer des
Troupes à St.-Domingue , qui, à la vérité , «auveroient
peut-être les débris ' de cette Colonie . mais qui asser-
viroient 3 à coup-sûr, des liommes qui ne veulent qu'être
libres. — Puis arrivent des personnages , se disant
chargés par les Citoyens de Saint-Pierre , ville de la
'Maitinique , dé rendre compte de leurs valîlans efforts
pour faire gerrrfer le Jacobinisme dans cette isle infor-
tuaée. Ces ambassadéurs sont complimentés, embrassé;: ,
& le' Sabbat est levé.
t'

MÉLANGES.
VERS.
Sur tAntechrist FAUXCWST:
Quand on entend Fauxchee , ce prêtre abominable *
Suivant sa maxime exécrab'e ,
Interprêter les livres saints ,
Ne croit-on pas que c'est le Diable
( 54* )
Député des enfers , par les Esprits malins ,
pour pervertir tous les humains.
L'Evêque constitutionnel de Tulles, fut avant son
sacre chez un Libraire de Paris , marchander un Pon
tifical romain , nécessaire pour cette cérémonie. Le prix
qu'on en demande lui paroit cher , il propose au Libraire
de le lui prêter moyennant un petit écu, l'assurant
qu'il sera rendu de 'suite. Le Libraire plus généreux ,
refuse le prix , & livre le Pontifical. Plusieurs jours
s'écoulent , Monseigneur ne paroit pas ; on va chez
lui , & l'on apprend que sa grandeur est partie , em
portant avec elle le livre qu'on lui a confié. Le Li
braire indigné écrit au Brissoteu» , point de réponse;
seconde lettre , même silence. l'Intrus trouve ce livre
excellent à garder, & refuse de le rendre. — Nous
garantissons l'exacte vérité du fait.

On se ressouvient sans doute de la farce ridicule que


les factieux firent jouer au manège , le a Novembre
dernier, par un Aventurier nommé la Sègliére, qui,
après avoir été admis aux honneurs de la séance , fut
accusé de vol , arrêté & mis en liberté , grâce à la
protection du Club suprême. Ce misérable eut l'au
dace de compromettre dans le roman qu'il débita à la
barre , M. Henriquès , Elève du Génie , qui nous prie
de donner un démenti formel à l'imposteur , qu'il no
connoît ni directement ni indirectement. Nous nous
empressons d'apprendre à cet estimable militaire , que
l'opinion publique a prévenu son assertion.

Nos augustes Souverains portent à tour de rôle les


( 543 )
oracles du manège à la sanction du Roi. Capuc'ino Char
iot , chargé dernièrement du message, en attendant
l'audience, arpentoit l'anti-chambre à pas de Grhbour-
don, son chapeau sur la tête & ses cheveux huilés.
Surpris d'une telle indécence , l'Huissier de la Chambre
représente poliment à l'ex- Révérend, que l'usage est
d'étr* découvert. L'audace du représentant choque le Mo
narque législatif , il tance vertement l'huissier & lui dite
apprene\ que eelui qui tient son chapeau sur la tête dans
t Assemblée Nationale , peut bien l'y tenir che% le Roi.
Le ton du Roquet percs jusques dans l'appartement de
Sa Majesté ; elle demande ce que c'est ? — Rien , Sire .
répond - on. — Mais encore ? On lui raconte alors l'ob
jet du courroux véhément de Capuzino-Chabot. — Ah\
je comprends , dit le Roi , U fait du train pour que je
l'achete , mais je n'en donnerois pas un écu.
Cette aventure a donné lieu à des recherches sur le
Monarque barbu , & voici ce qu'on raconte.
Capucino-chabot, dans sa jeunesse étoit marmiton dans
une Abbaye de Benédictins près Rhodes. On lui apprit
à lire . & il se fît Capucin. A l'époque de la Révolution ,
il sort de son Couvent pour al:er prêcher la Liberté.
En parcourant la France , comme autrefoi- P'erre l'Her-
mite couroit l'Europe }'o.:r recruter l'arrrée des Croisés ,
notre Barbiche tomba dans le Blaisois , où sa bruyante
éloquence & son zèle révolutionnel charmèrent bien
tôt l'Evëque Grégoire , qui jaloux de conserver à ses
ouailles un missionnaire ausii précieux , se hâta de l'en
rôler dans sa Vicairerie générale dont il le fît le Chef
suprême. De ce poste éminent, l'illustre Intrus , l'a fait
passer au Manège où il grossit la troupe renommée des
Taille fer , des Baijre , des Merlin Si autres bidets de
même acabit.
( 544)

LES RESOLUTIONS

D'AVIGNON ET DU COMTAT VENAISSIN.

Par M. GR4$s0N , Auteur des nouvelles Annales de cette


Province, Ouvrage en 4 vol. it»-8°. de 300 pages
proposé par souscription.
La Révolution Française sera pour la postérité l'é-..
poque la plus étonnante. Depuis longtems le Calvi
nisme & le Philosophisme faisoient fermenter mille ger
mes de mort; ce,s germes se sont diveloppés tout-à-.
coup , ils ont produit une affreuse dissolution.
Mais c'est sur tout dans le Midi de la France foyer
du protestantisme , que la Révolution a fait le plus de
ravages. Cette malheureuse contrée .ne présente au-»
jçcrd'hui., qu'un tableau de calamités & d'horreurs ,
qu'un spectacle «ffreux de meurtres & d'incendies , de
sang & de carnage. •...'». .
L'ouvrage que M. Grassoh offre au public, renfer
mera l'histoire exacte de ces événemens malheureux qui
ont ménsgé la conquête d'Avignon & du Com'tat à la
France. Nous souleverons en frémissant , dit l'Auteur »
le manteau, aux —trois couleurs (1) qui cache les atrocités
de nos puritain*.
Nous croyoris devoir dire , que personne ne peut
mieux que M. Grasson s'acquitter de la tâche qu'il va
entreprendre; , & on doit lui en savoir beaucoup de gré.

1 Permettez-vous tout ce que vous voudrez : mais, çachez toutes


vos actions :du Manteau aux trois couleurs. Piab. . . .' de St. Eti. .."
à ses frères et bons amis de tiismes. . • < . 3 • '' '
( 545 )
C'est servir la Patrie & l'humanite , que de tracer
l'histoire de nos malheurs , & sur-tout d'en faire con-
noître les causes; afin que les peuples soient désor
mais en garde contre la doctrine empoisonnée des Nova
teurs; qu'ils soient convaincus, que ces scélc'rats ne
flattent les passions de la multitude ignorante , que
pour s'enfcfaire un appui , & la sacrifier ensuite à leurs
vues ambitftuses & criminelles.
On souscrit chez l'Auteur , vis-à-vis de la Paroisse Ste
Croix à Montelimar ., & au Bureau de la Rocambole ,
N°. 219 , près du passage du Saumon à Paris.

t
LÉGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.


Le décret contre les Emigrés , frappé d'anathèms
par l'opinion publique , &l paralisé par le véto royal ,
a consterné tous nos Monarques. Pour contreba
lancer cet échec , ils ont chargé les Jacobins d'écrire
à leurs affidés dans les divers départemens du Royaume,
& de faire parvenir au Manige'des approbations de
cet atroce décret dont on a eu soin de fournir le mo
dèle. Les Jacquets de Province ne dorment plus depuis
cet instant , & se liâtent d'envoyer toutes les adresses
qu'ils peuvent extorquer. L'aréopage , de son côté,
présente ces témoignages mendiés comme l'expression
du vœu national , mais il n'en impose qu'à ceux qui
ne connoissent pas la tactique Jacobite. On a lu dans
la seance du 3 une de ces pièces venue du departement
de YAude. A cette lecture a succédé celle d'un procès-
verbal de la Municipalité de Brest. M. de la Châtre
( 54«.>
s'ctoit rendu dans , cette ville pour y prendre le coitii
mandement d'un vaisseau destiné pour Saint-Domingue.
Quelques sans-culottes appostés & payes sans doute ,
le poursuivent sur les glacis du port , criant que c'est
un Aristocrate qu'on envoie aux Colonies pour y opérer
]a contre-révolution. Les Officiers municipaux ac
courent , & parviennent , non sans peine , à arracher
M. de la Châtre au glaive des Brigands. ^L'intolérant,
îe fougueux abbé Faucket , accuse le Ministre de l'in
térieur de deux crimes de haute trahison. lia, dit-il,
retardé à mauvais dessein , Texëiuiion de la loi sur
timpôt , & s'est rendu coupable de la plus criminelle
audace en diffament le corps législatif Voye\,
continue le charitable Pré'at, avec quelle attention toute
particulière , il protège les prêtres ré/ractaires , ces sédi
tieux & éternels ennemis de la constitution^ Il conclud
à ce que le Ministie soit mandé à l'instant. Quelques
membres indignés de la rage forcenée du grand Prêtre
Fauchet, s'écrient qu'il est juste que M. deLessàrt soit
puni s'il est coupable ,mais que s'il ne l'est pas, l'atrocité
des imputations doit être vengée. — La dénonciation
est renvoyée au Comité ce législation. — Le vénérable
Brissot lit son projet de décret. Il veut que toute la
Colonie de Saint-domingue soit décrétée d'accusation
comme coupable de haute trahison , & conduite dans
les prisons d'Orléans. Grands débats. — —Le
tout est ajourné au lendemain.
Une majesté législative demande à la Séance du 4.,
que le nom de Fauchet soit attaché à la dénonciation
atroce contre M. dE Lessart. Sire Godet se fâche &
prétend qu'un Député a le droit d'inculper tout le monde
à tort & travers. — Adresse de M. Rutlige compromis
par le grand Prêtre Fauchet dans la dénonciation du

\
(547)
Ministre , qui demande d'être admis I' répondre avnc
inculpations absurdes de son calomniateur. — Sa de
mande est reje/tée. — La Municipalité de Toul mande,
qu'elle a interrogé les sieurs Maitin , François , Simon
& Marthe accusés de s'être enrôlés pour l'armée des
Emigrés chez MM. Gauthier & de Malvoisin , Lieute
nant Colonel du treizième régiment, qui ont nié le fait;
mais sur le titre de l'accusation , décrété , d'après l'équi
table avis des Monarques Gouvion & Lacroix , que tout
les accusés seront provisoirement arrêtés ., conduits à
Orléans , & que pour ne point manquer cette capture,
un courrier partira sur-le-champ. — Des Députés du
Département du Nord , admis à la Séance du 5 , ont
représenté que la suppression des octrois a réduit à 50
mille livres le revenu de cinq hôpitaux de ce dépar
tement qui se portoit à 480 miile livres. Cette sous
traction expose 280 mille pauvres à périr de misère;
ils réclament de prompts secours, mais le sensible aréo
page renvoie au 15 de ce mois à délibérer sur la péti
tion. — Un Député , muet jusqu'à ce jour , mais pro
fondément occupé à étudier le caractère de ses collé-r
gues , à démêler leurs intrigues , leurs passions , leur
a fait entendre le langage redoutable de la vérité 8c
de l'opinion publique. — Qu avons-nous fait , leur dit-il,
jusqu'à ce jour? RlbN. Le citoyen cherche envain parmi
nous l'image de la décence Aulieu de délibérer ,
nous intriguons ; aulieu de discuter, nous Ans injurions.-.
Intolérance , confusion , tumulte ; telle est l'histoire scan
daleuse de nos débats , fi» le Peuple nous juge. — L'ora
teur a été justement applaudi , mais les Rois Thuriot
& Albite ont trouvé mauvais qu'on exposat ainsi leur nu
dité.— Malgré leurs clameurs, l'impression du discourt
a été décretée, —Un pétitionnai™, arrêté peur l'affaire
( 54» )
du champ de Mars, & relâché en vertu'de l'amnistie, s est
présenté à l'Assemblée du soir , en veste courte , un
tablier jaune des sabots, & a représenté qu'il avcit perdu
depuis , sa réputation , son travail, & qu'il étoit réduit
à mendier. L'honorable Assemblée s'est appitoyée sur
son malheur , & en attendant mieux l'a admis à la
Séance.
Le grand Prêtre Fauchtt a lu une lettre de l'Assem
blée genéral e de St. Domingue ; elle a appris que le
Grand Brissot a l'osé inculper, & qu'il cherhe à détourner
de lui l'attention publique , embarrassé de tout le ma^
qu'il à fait à la France. Sire Merlin crie au blasphème»
veut qu'on interrompe la lecture , mais elfe continue.
.— Cette lettre est renvovée au Comité colonial. — La
Section appellée de Henri IV est venu se plaindre des
menées des Factieux pour avilir l'utile autorité du Roi.
— On a discuté ensuite la suspension de l'envoi des
Trr'.res à St.-Domingue , qui malgré les Factieux a été
reictt.e. L'JiomulogatioM âu toncoroet'tki &s»mi :av*c
les Gens de couleur, après le plus horrible tumulte ,
a été ajournée au lendemain.

i.. AVIS IMPORTANT.


Il nous à été adressé plusieurs lettres qui se trouvent
égarées pa^cé^u'elles ont été sans doute mal indiquées.
•— Pour prévenir cet inconvénient, nous prions les per
sonnes qui nous feront l'honneur de nous écrire , de
s'adresser , non à Dont Régius , personnage fictif'^ -ni
â tout autre , mais au Directeur du Bureau de la B.ocam~
iok , rue Montmartre N*. 215 , pris \iu passage du Sau-
'mon à Pjks, . - .«-..*•.. . t . - - • * '.: j.j K
LA ROCAMBOLE,

o u

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom Régius A n t i - Jac o b i nv»é

\L « Une Foi , une Loi . un Roi ».


- .

Du Dimanche 11 Décembre -1791.

V O V V E L*LE^ politiques.
Extrait d'une Ltrtre M*-Çoblem^ , du 28 Novembre.

^)uoi qu'en disent vos démagogues, les différentes


Puissances de l'Europe manifestent toutes , sans excep
tion, la résb'uiion qu'eiles ont prise de soutenir la
cause d;s Princes, qui est celle du trône & de l'humanité :
encore un peu de temps , & les Jong'eurs changeront
bien de 'angage ; c'est pour prolonger leur coupable exis
tence qu'ils abusent le peuple , & qu'ils veulent ren
dormir sur le bord de l'abîme; mais le règne du
charlatanisme & de la férocité touche à sa fin , & plus
Us font d efforts pour le maintenir, plus leur chute sera,
terrible. ' ' ' "; if
En attendant, les préparatifs de nos Emigrés se foB^
«vec la plus grande céléiité ; il leur arrive de l'artillerie
ecc
( 550 )
de toutes parts, et leur armée s'accroît prodigieusement.
Pour l'augmenter encore davantage, les Princes vont
faire une proclamation dans laquelle il sera enjoint
à tout Gentilhomme français de se rendre auprès d'eux.
Ceux qui n'obéiront pas seront jugés par leurs Pairs.
D'après cela , il y a lieu de croire qu'il ne restera bientôt
plus de Noblrs en France , que ceux que les infirmités
y. retiendront. Je ne parle point des traîtres qui ont
vendu leur Roi & leur Religion, ceux-là ne sont point
comptés dans un Ordre qui est le Palladium de
l'honneur. Devenus l 'opprobre du monde, leur existence
est le plus grand argument que les impies pourroitnt
alléguer contre la Justice céleste.
Tournay , i Decembre 1791.
Les Emigrés Nobles & du Tiers-Etat vivent dans
la p'us parfaite union. Ils vannent de signer un acte
par lequel ils s'engagent à rétaffnr, de concert, l'autorité
du Roi, à rendre à la Noblesse Ses droits honorifiques ,
fi à la Religion toute sa majrsté. Cet acte renferme
encore plusieurs autres articles , qui ont pour but
d'assurer le succès d'une aussi généreuse entreprise.
Nous venons d'apprendre qu'avec l'or du Manege on
est parvenu à corrompre un homme que l'honneur
d'appartenir au Corps le plus estimable, n'a pu dé
tourner de l'infâme métier d'espion. Une lettre tom
bée de sa poche a vendu ce misérable. Celui qui l'a
ramassée, surpris de voir qu'elle étoit adressée àMM.
les Secrétaires de l'Assemblée Nationale, en a fait
l'ouverture & s'est couvaincu de la trahison avant que
le traître eût pu lui arracher sa lettre. On pense bien
que ce coquin a dû tout disposer pour décamper ; on
ne lui en a pas donné le temps. II a été arrêté , conduit
(550
devant M. le Duc de G auquel il a avoué son
crime , & qu'il avoit brûlé la lettre. On le tient
en prison.
Barcclonne 30 Novembre.
Si l'on pouvoit douter des sentimens du Roi d'Es
pagne , ce . qu'il vient de faire ne permettroit pas de
s'y méprendre. Il est si peu porté pour la Constitu
tion française , qu'il a fait chasser de ses Etats tous
les Français soupçonnés malades du virus révolutionnel ,
leur défendant tous des peines très-graves de reparoître
dans ses Etats.
Pendant que les Jacobites iont traités comme des
pestes publiques, on s'empresse d'accueillir les Royalistes,
& le Roi les prend tous à sa solde.
DISCOURS
Du Maréchal Duc de Broglic à la tête de la Noblesse
Française , tenu le l'y 'Novembre 1791 , chr.% le Baron
d'Oxenstierna , Ministre de Sa Majeste' Suédoise , pris
de LL. AA. RR. Monsieur & Monseigneur Cornu
f «J'Artois à Coblent^.
Mon sieur,
Les malheurs de notre Monarque n'ont point été
vus avec indifférence par votre auguste Souverain. A
peine une guerre qu'il a soutenue avec tant .de gloire ,
a-t-elle été terminée, qu'il a conçu le noble dessein de
venir à son secours , & il est impatient de l'exécuter.
Le droit de défendre la cause de tous les Potentats
appartenoit sans doute au Roi que la victoire a cou
ronné , & dont les loix sages qu'il sçait faire exécuter ,
assurent à ses sujets la tranquillité & le bonheur.
L'intérêt qu'il marque dans ce- moment pour son an
cien & fidcle Allié , excite la plus vive reconnoissance d«
cc c a
(550
la Noblesse Française î elle me charge d'en offrir le res
pectueux hommage à ce Prince magnanime. Cet hom
mage est digne . d'être accueilli par son cœur généreux
& sensible. . . .
J'ai l'honneur de prier Votre Excellence de le Lui
faire parvenir.
'L'illustre Chancelier Oxenstierna se montra constam
ment l'ami de la France ; nous nous félicitons , Mon
sieur , de ^trouver en Vous les mêmes sentimens.

i Réponse du. Baron cf'Oxenstierna.


Monsieur le Mabéchal ft vous Messieurs ,
« Vous venez remercier le Roi d'une démarche que
son cœur Lui a indiquée , que la Justice Lui a prescrite.
Le Souverain dont le génie & le courage rendirent heu
reusement au Trône une splendeur & une force , aussi
nécessaires au bonheur des Sujets, qu'au lustre de la.
Monarchie, ne peut pas être indifférent aux malheurs des
Bourbons , à ceux d'un Royaume dont les Gustave &
leurs successeurs ont été depuis des siècles les amis &
les alliés ».
. « Les Peuples reconnoîtront enfin que leurs vrais enne
mis sont ceux qui les flattent & les égarent; qui les acca
blent de calamités & les environnent de crimes , en faisant
retentir à leurs oreilles le saint nom de liberté : que
leurs vrais amis sont les Princes qui la respectent en
les gouvernant. Le Rei est venu chercher le Trône des
Bourbons auprès des Princes généreux qui ont protesté
contre son avilissement, auprès des Chevaliers illustres
qui se sacrifieront pour le défendre. La preuve imposante
que donnent aujourd'hui de !a hauteur de leurs sentimens,
les descendans des Turenne & de tant d'autres Héros
C 553 3
leur doit être garante de l'intérêt aussi vif que constant
que 'e petit Neveu de Gustave-Adolphe prendrts toujours
à leur sort ».
« Prscédé daniune si noble carrière par une Souveraine
qui içair imprimer tur toutes ses actions un grand carac
tère, le Roi a été moins jaloux de s'y voir devancé , que
glorieux d'y marcher auprès d'Ëlle. L'ample moisson de
gloire que renferme cette carrière lai se sans doute aux
autres Souverains que de semblables desseins animent ,
une récolte aussi abondante que precieuse: e'Ie n'est point
en effet du genre decelxs qui s'épuisent , si on les par
tage <i.
« On est vraiment heureux , Messieurs, d'être l'or
gane de pareils seritimens , quand on les porte soi-même
gravés dans son cœur. On l'est sur-tout quand à la suite
d'un jour où les plus douces espérances se sont dou
loureusement évanouies, où après avoir été entraînés par
l'élan d'une joie commune , tous les cœurs ont été res
serrés par une égale afiliction , & ont manifesté le plut
bel accord dans leurs sentimens pour un Roi chéri , dte
pouvoir exprimer ceux d'un Souverain, qui ne donna
jamais d'espérances mensongères , & dont le dévouement
à Votre Cause sera aussi constant que Votre courage.
Oui , Messieurs , je sens vivement tout l'honneur qu'il
y a à remplir oette partie' des fonctions de mon Minis
tère , devant des hommes tels que Vous , Messieurs, &
tels que le Chef illustre qui Vous conduit ».

Thermomètre de Paris.
Quoique les coupables projets des Jacobins soient
connus, ils ne se livrent pas moins encore aux excès>
les plus atroces, ils disent hautement que la ville dé
ccc 3
C 554 r
Paris a besoin d'être traitée comme celle d'Avignon
pour être raisonnable. Voilà pourquoi ils ont fait ve
nir les Brigands qui ont ravagé cette malheureuse ville.
Voilà pourquoi ils ne cessent d'effrayer] la multitude
sur le prétendu projet d'évasion qu'ils prêtent au Roi.
lis espèrent sur- tout . à l'aide de ce mensonge, ( qu'une
partie du Peuple a la foiblesse de croire ) allumer le
flambeau de. la guerre civils , faire égorger les Minis
tres ds la religion qu'ils veulent anéantir, & avec eux
tous les fidèles sujets du Roi , c'est à -dire , tous les
amis de l'ordre & de la paix.
Mais quoique le Peuple en général craigns la
contre-révolution , il s'en faut bien qu'il se laisse en
traîner par les vociférations de la Jacobinière. C'est
envain que l'on a travaillé le Faubourg saint-Antoine'.
. Bien loin de se prêter aux vues criminelles des fac
tieux , le Peuple de ce faubourg n'a été occupé que
de sa misère , qui t^-t extrême., & s'il a tourné ses re
gards sur le Manège , c'est pour le maudire , c'est pour
l'accuser d'être l'auteur de toutes les calamités publiques;
c'est pour menacer ses membres de les précipiter du
trône qu'ils ont usurpé, & de les faire rentrer dans la
poussière dont il ne sont sortis que pour le malheur
de l'humanité. Tel a été le succès des Jacobins sur la
classe- du Peuple qui a le misux servi- ses passions
forcenées. .•
Les honnêtes gens sont encore p'us indignés , &
leur' opinion commence à prendre un certain empire
jusques dans les assemblées des Corps administratifs.
Le Département de Paris vient en conséquence de faire
une adresse au Roi , pour le prier de metrreun frein
aux fureurs du Manège, en apposant son veto au
décret rendu contre les prêtres non-assermentés. Ain»i,
à l'exception des brigands & des calvinistes ramassé*-,
dans tout le royaume , & particulièrement dans les
provinces méridionales , les Jacobins sont en horreur
à tout le monde. On les dénoncé chaque' Jour à l'opi
nion publique , dans des affiches , toutes plus vigoureuses
les unes q:e les autre». Malgré cela, ils comptent
beaucoup sur leurs brigands , mais le Peuple est en
garde contre la surprise ; les Volontaires de la Garde-
Nationale veillent sans cesse. On peut juger delà dispo
sition du plus grand nombre, par le iragment de !a
lettre suivante , écrite le 7 de ce mois , par un Gre
nadier de la Garde-Nationale , à ses frères d'armes :
« Nous faudra/t-il être toujours en armes pour pré-
» venir l'exécution des complots que les Jacobins ne
» eussent de former contre notre Roi , contre notre
» père,.& contre tous ceuiTqui leur déplaisent , ou qui
» ae veulent pas exercer leurs fureurs ........ A qui
» nous adresserons-nous pour en être délivrés ? Ce ne
» sera pas à l'Assemblée-Nationale : les deux tiers de
» ses Membres font partie de cette société , & les plus
» fougueux ennemis de l'ordre & de la paix la pré-
» sident tour-à-tour. Sera-ce au Département? Le Pro-'
» cureur-Syndic est un des plus ardens Jacobins. Sera-,
« ce à la Municipalité ? Le Maire & ie Procureur de
» la Commune ont été choi.is par cette Société.. . .
n Sera ce au Roi dont elle menace tous les jours la vie ?
» Il a besoin de nous pour le défendre contre elle.
» Nous n'avons donc de ressources qu'en nous-mêmes.
» Disons que nous ne voulons p'us de Clubs , plus
» d'associations. Citoyens, vous n'aurez pas plutôt dé-.
» truit ces foyers de désordres , que la paix renaîtra
» parmi vous Oh ! mes Concitoyens , vous sur-
» tout, mes chers Compagnons d'armes , ne me refusez
CCC 4
(556)
» pas. Dissolvons cette société quî cause tous nos
» maux , &c. »

BATS JA COBITE S.

Des' 5 & 6 Décembre,


ibus & ÇLochetie du foudrovant Frère IsnÀr&,
Jusques à quand la horde exécrable des Jacabites, ious
le masque d'un patriotisme perfide, abu era t elle de
la patience dé la Nation ? Jusques à quand quinze cens
factieux, secondés par leurs affiliés dans les divers"
départemens , prétendront ils gouverner tyranniquement
vingt cinq millions d'hommes ; diriger le pouvoir légis
latif ; faire trembler le pouvoir exécutif \ s'emparer de
toutes les places; s'ériger en Réviseurs des loi x ; mena
cer ou frapper dé leur glanx assassin tous les amis de
l'ordre & de la paix ! Si la, déplorable illusion, dont
ils ont jusqà'ici fasciné tous les, yeux , ne se dissipe
promptement ; si les Citoyens , que menace leur affreux
Despotisme , ne se bâtent de faire rentrer dans le néan r
cette corporation redoutable , ennemie de la religion
des Loix & de la Monarchie après avoir déjà renversé'
le Trone , l'autel , & précipiie l'Empire dans 'e gouffre
de l'anarchie, elle opérera bientôt son entière dissolu
tion. Depuis longtenu & trop longtemps l'audace de
cette secte régicide ., qui fonde sur la durée du désordre
«elle de son crédit , ne connolr plus de frein ; les voûtes
de son antre retentirent, sani cesse des maximes les-
p!us incendiaires. Les Sabbars du 5 & du 6 de ce mois .
ont été presque entièrement consacrés à entendre aveç.
cemplaiiauee deux orateurs forcenés , distiller le va-
( 557 )
nin de leur liain» féroce contre le meilleur & le plus
patient des Rois i calomnier ses vertus , & s'efforcer,
mais envain , de le rendre odieux 4 ce ptuple qu'il
chérit si tendrement & auquel il à si généreusement
sacrifié les prérogatives les plus précieuses d'une légi
time autorité. — Une dépuration , sous le titre de la
Société des droits de l'homme & du Citoyen , est venue
communiquer à la Jacobinaille , une de cïs adresses
qu'elle forge dans les ténèbres , & se fait présenter
ensuite en public. Çelle-ci à pour objet l'inutilité
de la responsabilité des Ministres , & la proposition des
mesures propres à la mettre eh activité. On juge bi.n.
de l'accueil que la bande Jacobite fait à son propre
ouvrage & à ceux qui en sont les porteurs. — On pror
pose dans le Sabbat du 6 deux aspirans , MM. Bonjour,.
Sade la Salle. Le trèsrvénérable Robespierre , leur fait
l'injure atroce de ne pas les croire dignes d ètre initiés,
d.emblée aux mystères Infernaux. La demande des pau
vres diables est balottée ; celle du sieur Boniotfr, ajôur-,
née à la huitaine , & relie du sieur de la Salle , à l'é
ternité bien heureuse que nous lui souhaitons de grsnd
cœur. — Voici venir ensuite , son Excellence l' Ambassa
deur extraordinaire des Wliigs,QU Jacobins d Angleterre,
le même qui fut admis ces jours derniers à la Cour. . . .
des Souverains du Manège. Les plusbruyans applaudisse-
mens annoncent son entrée ; on le fait asseoir sur le
trône , côte à côte du Président qui s'écrie : quand je vois
ici le porteur d'une lettre aussi.patriotique, aussifraternelle.
Mussi sentimentale, que celle que la Nation Anglaise (i) a.

(i) Observons qulsnard qualifie de Nation Anglaise,


Une poignée de révolutionnaires Anglais, parce qu'il est
<Convaincu que dans ce Royaume , comme en France,
tes Jacobins , seul» composent l» Nation. Quelle folie l
( 55? )
écrite , je crois pouvoir, mesfrères , prendre sur moi de lui
faire un petit compliment. Pirouetant -aussitôt du côté de
l'Ambassadeur , il dit : « — Exceilence i il n'en est pasi .
de l'éloquence patriotico-Jacobite , comme' de l'élo
quence académique , composée de phrases arrondies &
boursouflées qui causent des nausées. La nôtre git dans
les sentimens ; or est-il que les sentimens n'ont point
de touche , ergo ils ne peuvent parler pour vous pein
dre congrûment tout ce que vous leur inspirez. Quand'
votre Excellence sera de retour dans sa patrie , dites que
vous avez vu les Français enivrés de ia liberté; dites
qu'ils mettront tout l'univers en révolution ; dites enfin
que si les torches de la philosophie 'peuvent incendier
les préjugés de l'erreur, aussi facilement que les châ
teaux des Aristocrates , ce seront les Anglais & les Fran
çais , qui auront tourné celle heureuse page du livre des
destins. Voilà, Excellence , ce que les Français me chargent
de vous dire. Mais ce n'tst pas tout , je me sens en
core une démangeaison violente de vous embrasser ; en .
même temps , frère Isnard s'élance au cou de Mon
sieur l'Ambassadeur , & lui donne l'accolade Jacobite.
Cela fait , son Excellence répond : Mvlord Pré
sident , ATQUK TOTA COMPAGNIA AUssI , quand moi
être venu che% ici céans , moi pas croire dire obligé
de parler tout haut, & s'il m'étoit venu dans mon
pensée un réception pareille , faurois porté un réponse
beaucoup fort reconnaissant. — Après cette petite farce ,
on accorde à l'Ambassadeur les grandes & les petites
entrées du Sabbat pendant son séjour i Paris. — Pour
varier la scène on fait entrer un Dragon du sixième
Régiment ci-devant Régiment de la Reine , qui , selon
les us du nouveau régime , vient dénoncer M. Gouy
d'Arcy , son Colonel , pour avoir eu l'inconstitutionnelle
( 559 )
audace de faire rétablir sur les Drapeaux les armes de
la Reine , qui en avoient été effacées. — bravo ont ré
pondu les Jacobins , partez , volez , patriote Dragon ,
allez dénoncer cet aristocrate-là au Comité militaire':
nous lui dirons un petit mot , & vous serez bien reçu ,
oh ! très-bien reçu. — Arrive frère Dufourny , qui crie
à pleine gueule , bonne nouvelle , mes frères ! L'illus
trissime Danton a accaparé la piace de substitut de
Procureur- généra! de la Commune. Ah! dit un autre ,
les choses sont si bien montées que nous les aurons
toutes. — Puis on fait lecture de quelques calomnies con
tre les prêtres non jureurs, envoyées .par les Jacquets
de Die's-sur-Loire. Suit une dénonciation d'un certain
Beaufort , Lieutenant d'Invalides contre M. àe-Gespart,
Commandant de Besançon , qui lui a défendu d'aller à
la Jacobinière. — Frère Dubois Décrassé dénonce le
Département de Paris , qui supplie le Roi d'apposer son
Véto à l'exécrable Décret contre les prêtres non-con-
formisteS. Robespierre juge le cas plus qu'à demi pen-
,dable, & invoque contre le Département, le .mépris &
J'indignation publiques. Les Sabbatistes htrient, se dé
solent, crient haro sur une pétition qui va soustraire
au poignard homicide une foule d'innocentes victimes ,
& se séparent U rage dans le cœur.

MÉLANGES.
On trouve dans !e dictionnaire des hommes célèbres,
édition d' Anvers , 1783 ,1 au mot SouPflot , Archi
tecte de l'Eglise Sainte- Geneviève , la prédiction suivante
celui qui la fît ne croyoit peut-être pas que ce superbe édi
fice consacré à la patronne de Paris, fût destiné à recueillir
'( Jffo )
les cendres des monstres (i) qui ont renversé le trône
& l'autel.
Digne de la Cité Ç2) qui règne sur la France ,
J'élève à Geneviève un édifice immense.
Piété trop tardive , inutiles honneurs ,
Avant qu'il soit fini , dans ce siècle d'horreurs ,
- r
JJathéisme ennemi de tout pouvoir suprême ,
Du Temple & de la ville aura chassé Dieu même.
AVIS à ceux qui ne paieront pas volontiers
le Don patriotique.
. Le District de Ponûvy en Bretagne , a fait vendre ,
ou plutôt donner , les meubles & le linge de M. le
Marquis de Lambillvt<^xi a refusé de payer une somme
excessive à laquelle il a été imposé pour le don pa.,^
ÏRIOTIQ.UE. On a aussi séquestré les Fermiers de M.
de Montîgny , pour le montant de l'imposition à
laquelle il.a été compris malgré l'incendie de son château
de Compert par les Brigands. Qu'on dise après cela qu%
les Départemens ne mettent point de l'énergie pour lever
les impositions.

C'est une belle chose que. la liberté de la presse t


& il faut croire qu'on n'en doute nullement à Rennes,
puisque M. Pieot , Négociant a été' décrété d'ajourne»
ment, pour avoir donné un exemplaire de l'adresse
Aux provinces sur les dilapidations de la premier*
législature. ,

(1} Mirabeau , Voltaire , bc,


(2) Parti.
1 561 ]
Un Batelier de Morlaix , aux gages des Jacobins . *
fait dernièrement échouer son bateau , rempli de cin
quante-deux Nobles , tant hommes que - femmes ou
enfans , & de quelques domestiques. Heureusement ils
se sont tous sauvés de ce danger ; mais la Nation sans-
Culotes qui les observoit a Brissotè leurs effets &
60 mille livres [en argent. Puis , pour les dédommager ,
elle les a accablés d injures & de menaces. Telle est
le Change de la liberté . & n'en est pai qui veut
quitte pour sont argent.

Extrait d'une lettre de M. Thèvenau Morande , a*


Redacteur de la Galette Universelle.
« J'ai lu dans votre feuille, Monsieur, la note qui
vous a attiré une réponse de Jean-Pierre Bxissot
Quant aux épithètes qu'il donne a ceux qui l'ont fait
Connaître , elles lui conviennent beaucoup mieux qu'à
personne. Il faut espérer que ce Judas de t'élection de
Paris ( il ajété élu le t îe ) finira par être bien connu ,
& que les Electeurs rougissant de leur choix , ne tom-'
beront plus dans de pareils pièges. Je crois aussi,
Monsieur , devoir vous observer au sujet de la pro
fonde médiocrite que le Gazetier Brissot vous accorde ,
que vous devez faire plus que lui rendre son bien. Ce
malheureux qui n'est ni médiocrement sot , ni médio
crement fourbe, ni médiocrement méchant, a droit à
des épithètes plus expressives. Voilà ce que vous auriez
pu & dù lui dire. Puisque vous ne l'avez point fait,
je prends sur moi cette tâche , en le renvoyant à sa
horde qui n'est pas seulement composée de brigands ,
ce sont des monstres dont il est le plus horrible. Sa
honteuse existence est un outrage aux Loix, à la Nation,
& à la)Nature. Signé , Charles The'veneau Morande. »
< ( 5<0
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Tous les Jacobins de France envoyent des adresses
journalières à Nosseigneurs du manège, pour les féli
citer de leurs décrets contre les émigrans & contre les
prêtres fidèles à leur Dieu. La séance du 7 s'est ou
verte par la lecture de ces méprisables rogatons. Sire
François dit JHevf château , cet implacable ennemi du
clergé aux charités duquel il doit son existence , ne
pouvant totalement anéantir le culte divin . a proposé
d'en changer la for:ue , & de décréter que la messe que
l'Eglise catholique célèbre dans la nuitdeNoe/, seroit
remise au point du jour. — Néant à la motion du ré
formateur. — Une députation , se disant de la Marti
nique , vient dénoncer l'assemblée coloniale , tous les
gouverneurs , intendans & officiers , comme des francs
aristocrates qu'il faut guillotiner. — Billet du Roi qui
annonce la nomination de M. de Narbonne , au minis
tère de la guerre. — Grand bavardage de sire' Brissot
sur la co'onie de Saint-Domingue , avec un supplément
par Garan de çoulon. Le nouveau Ministre de la guerre
suivi de ses collègues Tarbê, Duport & Cahier , proteste
de son attachement à la constitution , àl'égalité civile ,
& promet de faire son devoir. — On reprend le projet
de brissot ; il est combattu. Le Ministre de la justice
veut parier ; sire Lacroix lui impose silence , & est
appuyé parle foudroyant Isnard. Enfin le décret d'ur
gence est rétracté. — On lit dans la séance du 8 une
lettre d'un Anglais qui avertit , pro bono pacis , dit-il ,
de ne pas donner trop d importance & de publicité à
l'adresse des it^igs constitutionnels cinglais dont le nombre
tst très-petit 6- peu considéré en Angleterre. Nos Mo
'( 563 )
narques fort une vilaine moue , jettent l'adresse au »
rebut , & passant à un objet plus important , ils or
donnent une nouvelle fabrication de 200 millions d'as
signats de 10 & de 25 livres.
On a lû le même jour , à la Séance du soir , de nou
velles lettres de félicitations sur le Décret des Emigrans ,
& sur celui des prêtres non-sermentés ; nul cïub Ja-
cobite qui n'envoie la sienne & n'extravague à qui
mieux-mieux sur ces chefi-d'œuvre de délire & de bar
barie , proscrits par la majeure & la plus saine partie
de la Nation. Un Maquignon Normand se plaint de ce
qu'on ne luiachète pks des chevaux pour remonter l'ar
mée, & qu'on les prend en Allemagne. Le grand prêtre
Fauchet , sur la parole du Normand, appuie sa plainte
& déclare le Ministre de la guerre convaincu d'une per
fide iniquité , malgré le démenti donné au Maquignon "
par Sire L.:meih & quelques autres Roitelets.—Deux jeu
nes frères de la congrégation de St. La%are se plai
gnent de ce que leurs Supérieurs doublés, disent-ils,
d'aristocratie , au lieu de partager avec eux les revenus
de la maison, les rossent de coups de bâton. Leur, péti
tion est renvoyée au Comité des Domaines. — On
présente tiois plans pour la nouvelle formation de la
salle. Le Monarque Dumas voudroit qu'elle fût cons
truite de façon que ses confrères ne pussent plus donner
ni à droite , ni à gauche. —- Pour allécher les acqué- '
reurs des biens Naticnsux , le terme fixé pour le paie,
ment au premier Janvier 1792, a été prorogé jus
qu'au premier Mai suivant.
Une nouvelle désastreuse a ouvert la séance du 9,
MM. de Gauthier & de Malvoisin , mis en état d'arres
tation , sous prétexte de quelque enrôlement pour l'ar
mée des Emigrés, ont confié leur liberté à la fuite;
( 5*4 )
on n'a pu arrêter que le sieur Marthe , il fera seul le
voyage d'Orléans. — Les Electeurs Jacobites du Dis
trict de Valenciennes envoient à i aréo^age , copie de
leur adresse au iioi., pour le prier d'accélérer par sa
sanction, le massacre des Prêtres.— Applaudi à tout
rompre par nos benins Representai». -— Autre dénon
ciation de commande, envoyée par le sieur Roisset ,
Administrateur du département du Nord , qui , selon
l'ordre du iour, charge les Prêtres non-asst:i mentes,
des troub.es qu'excitent dans les départemens Méri
dionaux , :es Scni matiques & les Intrus. — Renvoyé au
redoutab:e Tnbunai de surveillance. — On fait paroître
ensuite des p' rsonnages qui se disent Colons de St. Do-
mmgue , & qui attestent que tout ce que les soi-disans
Leputes de l'As cmb ée Coloniale ont ci-devar.t dit
est entierement vrai. Cette attestation officieuse est ré
compensée par les honneurs de la Seance. Vient en
queue le Journaliste de la Colonie, M. Gatieran, il
répète mot i mot tout cequ'a dit le grand grissot contre
l'Assi mblée Colomale , & nos Monarques émerveillés
de sa mémoire, l'admettent aussi à la Séance. On dis
cute ensuite ;'équitab e projet, proposé par le sieur cla*
vière & dignement soutenu par brissot,he suspendre le
remboursement des dettes exigibles de l'Etat. Les sagei
observations de M. Dori^i font rejetter cette brisso-
ierie,& il est décrété que les reinboursemens ne seront'
pas suspendus , & que ies Comités des Finances présen
teront un plan sur le mode de remboursement.
AVIS.
Tout ce qui intéresse l'humanité nous affecte trop
vivement pour ne pas nous empresser de le publier.
M. Gillet de la Tourette , célèbre Chirurgien de
Loudun en I oitou , vient d'adresser à M. bahav Méde
cin de la capitale , le Prospectus d un petit ouvrage
sur les vertus de l'e'corce d'orme pyramidal , dans l'état
de santé & de maladie. Ceux qui voudront connoître les
merveilleux, effets de cette écorce, dans les maladies
de la peau' sur-tout , peuvent s'adresser à M. BANJU %
Médecin, rue de Savoie 3 N". 9 , chez lequel seul ou
trouve la véritable éeoree dorme pyramidal, & la manière
d'en user. 1
LA ROCAMBOLE,
ou . ...'
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,
Redigé par Dom Ré g i u s Antz-Jacobisus.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 15 Décembre 179 1.

A V I S.
Nous prions M Ma nos Souscripteurs, dont l'abonnement est
iini , & auxquels nous avons continue avec coniiance l'envoi de
ce Journal , de vouloir bien faire payer le remboursemen» c'e ieâr
souscription au Bureau rue Montmartre, h", ziçt, prés du pas
sage du Saumon li Paris. Nous ne negligerons rien pour conser
ver à ce Journal la faveur d'int tl !ouit. On a dû même, s'aper
cevoir depuis .quelque temps, que la partie Tvpographique est
non-seulement beaucoup mieux soignee, mais encore , que .nous
avons substitue le carac»ère p»nt Romain au caractere Cicero , aiin
de fournir plus ù'alimens à la curiosiré de nos Lecteuis.

NOUVELLES POLITIQUES.
Lettre de MONSIEUR, frère du Roi,
En réponse à celle de SJ M A J EsTÉ , concernant la
rentrée des Princes en France.
SIRE, mon Frère et Seigneur,

• « \—i E Comte de Vergenncs m'a remis , de la part


de Votre Majesté, une lettre dont l'adresse, maigre
' mes noms de baptême qui s'y trouvent , est si peu la
, ( 566 )
mienne , que j'ai pensé la lui rendre sans l'ouvrir. Cepen
dant . sur son asiertion po itive qu'elle étoit pour moi,
je l ai ouverte , & le nom de frère que j'y ai trouvé
ne m'aya.-it p'us laissé de doute , je l ai lue avec le
respect que je dois à l'écriture & au seing de Votre
Majesté. L'ordre qu'ele contient de me rendre auprès
de la personne de Votre Majesté , ne t point l'expres
sion libre de sa volonté , & mon honneur, mon devoir,
ma tendresse même me défendent également d y obiir.
Si Votre M:-jesté veut connoître toui ces motifs en dé
tail, je la supplie de se rappeler ma lettte du 17
Septembre dernier ; je la supplie aussi de recevoir avec
bonté l'hommage des sentimens aussi tendres que
repectùeux avec lesquels je suis,
SIRE, mon Frère et Seigneur,
De votre Majesté , &c.
Signe , Louis Xavier.

jlutte.de Monseigneur Comte d'ASTÛIS.

SIRE,
« Le comte de Vergennes m'a reiris hier une lettre
qu'il m'a assurée m'a/oir été adreisée par Votre Ma
jesté ; la suscription . qui me donne un titre que je ne
:puis admettre, m'a fait croire que cette lettre ne
m'eioit point destinée. Cependant , ayant reconnu le
cachet de votre Maje té, je l'ai ouverte; j'ai respecté
l'écriture & la signature de mon Roi. Mais l'omission
totale du nom de frère, & plus que fout les décrions
rappelées dans iette lettre m'ont donné une nouvelle
preuve de la captivité morale & physique où cos
«nnemis osent retenir Votre Majesté. D'après cet ex
posé . Votre Majesté trouvera simple que, fidèle à
1 567 )
tnott devoir & àuxloixde l'honneur, je n'obéisse pa*
à des ordres évidemment arraches par la violence.
Au surplus, la lettre que j'ai eu l'honneur d'adresser
à Votre Majesté , conjointement awc Monsieur , le
17 Septembre dernier , contient ks sentimens, les
principes & les résolutions dont je ne m'écarterai jamais.
Je m'y réfère donc absolument; elle sera la base de
ma conduite , & j'en renouvelle ici le serment.
Je supplie Votre Majesté de recevoir l'hommage des
tentimens , &c.
Signe, Charles Philipe.

Lettre d'un Erriigre' du Tiers-Etat.2 Décembre,


a Je suis à Bruxelles depuis trois semaines , & je
prendrai bientôt la route de Cablent^ , pour entrer dans
la Maison du Fioi. Tout va bien , mon ami , tout va
bien, sois en sûr. A propos, nous venons d'apprendre
que les Jacobins & les intrigans des Thuileries ma
nœuvrent ds concert pour porter le Roi à faire une pro
clamation contre ses frères. On dit qu'il sera ordon
né à leurs Ahesses Royales de rentrer dans le délai
de quinze jours , sous peine d'être pourchassés , rabamès
& Jourdanite's , comme les Prêtres de France. On ajoute
que les Princes £Allemagne seront requis de nous ex
pulser de leurs Etats. Nous voilà bien embarrassés !
Heureusement nous sommes de bonnes gens, & nous
voilà décidés à obéir. Nous rentrerons donc , mail
comment ? Les armes à la ruain, la cocarde & le plumet
blancs. En attendant , les menaces du Manège & des
Jacobins ne nous inquiètent guères & ne nous empêchent
pas de rire. Nous allons aux bals & aux cercles que
nous donnent les Princes du Pays. La Cour de \'Ar*
thiduc est très-belle , & nous y sommes bien reçus.
* ddd *
( 568 ) •
L'Archiduc Charles , troisième fils de l'Empereur ,-
est un jeune homme charmant , & qui fait bon accueil .
a tous les Français. Il danse & joue avec nous. Juge
d'après cela , mon ami , si nous avons le temps de
nous ennuyer, & si nous sommes mal à notre aise,
comme le prétendent les Feuilïistes vendus aux Jacobins.
Adieu . &c.
Thermomètre de Paris.
Si le flambeau de la guerre civile n'est pas allumé
dans la capitale, si l'armée des sans-culottes n'a pas'
poignardé les prêtres & les amis du Trone & de l'Autel,
c'est que les caisses des Jacobins & de Phi;ippe sont à
sec , '& qu'on ne peut payer leurs crimes. Vainement
le manège a-t-il accordé les honneurs de la téance à
l'un des satellites de !a propagande ; cette faveur n'a
pu réchauffer leur zèle : c'est de l'argent qu'il faut aux
brigands, & c'est pour s'en procurer que leS'Protes-
tans redoublent d'activité. Le prédicant SAb . . . tient
I ce sujet des conférences nocturnes , dans !a rue Saint'
Thomas-du- Louvre , où vont se réunir tous les chefs de
cette faction. Le décret contre les prêtres est ce qui
tient le plus à cceùr aux factieux ; ils veulent qu'il soit
sanctionné & exécuté a quelque prix que ce soit. Dé'à
plusieurs émissaires sont psrtis pour les contrées pro
testants , afin d'en obtenir des secours d'hommes &
d'argent. En attendant , ceux de la Capitale contribuent
de tous leurs moyens ; & pour en augmenter la masse ,
voici ce qu'ils ont fait insérer dans la galette univers
selle & dans quelques autres journaux qui leur sont
vendus. :
v« Les protestans doivent célébrer, dimanche pro
chain 18 -, dans leur oratoire, un service solennel qui
sera suivi d'une collecte .extraordinaire destine*
' . : f
(569)
'A FOURNIR AUX FRAIs pV CULTE , ET A SOULAgER 'LÉS
PAUVRES. Nous invitons les amis de la tolérance 8c
de l'humanité à assister à cette cérémonie de religion
& de bienfaisance, pour secourir par leurs aumones
& par leurs charités les indigens que les malheurs du
tems multiplient. »
Que ceux |. qui ont des oreilles pour entendre ap
précient bien cette invitation des protestans.
De son côté M. rétion , maire de Paris , vient de
publier un petit écrit dans lequel, après avoir rassuré
les habitans sur la crainte d'une famine prochaine , il
convient ingsnuen'ent que la police est dans un état
.de relâchement absolu ; que les vols & les délits de
toute espèce se multiplient . d'une manière effrayante ;
qu'en un mot l'anéantissement des revenus de la mu
nicipalité , & la nouvelle manière de pourvoir à ses
dépenses, l'empêchent de venir au -secours des infor
tunés., & va devenir une source d'inquiétudes, de
-tourmens & de dégoûts.
Au moment où nous' écrivons , on nous apprend que
la collecte des calvinistes commence à produire quel
ques effets. Le faubourg saint- Antoine s'agite', les sec
tions sont travaillées de la fièvre patriotique , & pour
l'exalter on accuse notre Roi dans une multitude d'affiches
d'êtrjla cause des calamités du peuple. Ce n'est pas tout
encore , & Louis XVI n'est pas le seul Souverain que
4a faction régicide veuille immoler : le glaive de la ca
lomnie menace tous les souverains de l'Europe. Un for
cené connu sous le nom de Prudhqmme , annonce dans
une de ces affiches , qu'il s'occupe à tremper dans la
'poison , des traits forgés dans l'antre du crime , pour
•porter chez tous les peuples les ravages qui ont faît
Vïe 4a France une terre de sang. 11 déclare audacieu-
. dddj
( 57° )
sement que les efforts des despotes n'empêcheront pa<
qu'il les fasse pénétrer para milliers dans leurs Etats,
— Quel monstre !
SABBATS JA COBITES.
Des 8, 9 & il Décembrt. ,
Sous la Clochette duViCZ-président , Coli.OT., d'Hereois,
&• du fouiroyant F S ÈRE I sX A bd.
Jamais l'adage asinus asinuin fr:cat n'a eu autant
d'énergie qu'au sabbat du 8 , dans lequel le docte
Bourdon a bourdonné son plan d'éducation nationale.
De crainte qu'une aussi sublime production ne fût
ni assez bien sentie, ni assez dignt ment louée i unes -
' caciron de jacquets , entre lesquels on distingue frères
Simonne , Billaud de Varenne & Manuel , grimpe suc
cessivement à la tribune , fait l'éloge de l'ouvrage „
& par la vertu magique de son épouvantable eloquence,
parvient à accaparer les suffrages de la Jacobinière en
faveur de l'instituteur patriotico-Boutdon. Il ne man-
quoit p'us à la gloire du pédant national , que la sane»
tion du vice- président qui, loin d'apposer «on veto au
décret de ses confrères, renchérit sur leurs flagor-
' neries. — « Les éloges, dit-il, donnés au plan d'édu
cation ci-devant présenté par M. Talleyrand, ex-évêque
d Autan , appartiennent de droit à notre cher Bourdon
dont le Prçlst clopinant a grivelé les principes insti
tutionnels , & je les revendique . non à cause du plagiat
que je suis bien éloigné de blâmer , à Dieu ne plaise
m.ais pareequ'il faut rendre a chacun ce qui lui ap
partient. » —• Frère CoHot d'Herbois analvse ensuite
le mode d'éducation de l'ancien régime , qu'il trouve
oxécrahlc , & qui , selon ce çi-devant comédien de pra?
viaçf , n'a formé que des déprédateurs , des officiers
traître* &. parjures aai déshonorent U nom français ; d*$
( 571 )
parlementaires Insolens qui jouent à Tournay des farces,
ridicules , (r'des e'vêques parfumés qui crient que la Re
ligion est perdue parceque . . . &c. &c. l'éloge de J. J. .
Rousseau se trouvoit naturel'ement accolé à celui de
Jacobino-Bourdon; l'orateur évoque l'ombre de ce génie
paradoxal, se prosterns devant elle , la fait sourire au
nouveau plan d'éducat'cn , k t/aîne aux pi?ds du g and
Bourdon les pères & mires Je famille , lui prcsentant
dans la décrépitude leurs erifans formés d'après son
plan d'éducation , devenus le» p'us vaillans champions
de la liberté, & pour tout din en un mo: , de diînes
Jacobins.—- Le désordre du jour a airr. né la di eu sion
sur le pétition du départi menr de Paris. Frère a'avières
la considère cemme contraire à l'esprit .& au patriotisme
de la Jacquerie. — Le Gi:.-é.\ti Robespierhs escobar-
dant à l'ordinaire, observe d'abord qu'il est bord sensus
atque prudentiœ de fortement travaillai à persuader
' â tous & un chacun que les Jacobins , loin de diriger
t l'opinion pub'iq'ie , n'en sont que le fid le éclio. Quant
* à la pétition & à ses auteurs , su moyen de l'union
fraternelle , aidée sans doute par l'armée des sans cu
lottes , l'intrepide Robesp:erre se flatte de 'es faire ren
trer dans li poussière. — Le révérend frère Desmoulins
plus eftrayé que le préopinant, voit dans cette pétition
le premier feuillet d'un vaste registre de guerre civile ,
envoyéàla sousciption & à la signature des 83 dépar*
terriens , &c. .. . Le cou^-d'œil de ce Lynx archi-j^co-
bite a terminé le sabbat. — On lit dans celui du 9 l'a
dresse de quelques habitans de la section de l'Observa
toire , destinée à l'Assemblée nationale. La pétition du
directoire du département de Paris y est déclarée anti
civique, anti constitutionnelle & anti jicobite» — On
y vote aussi des reraerciemens pour les décrets contre
( 572 )
les ém'grans & les prêtres , & pour encourager les
souverains du manège à aller en avant , on leur offre
libéralement trois cent mi' le patriotes prêts à se faire
hacher pour mettre heureusement à fin la révolution.
;— A la lecture de cette adresse émanée de la forge
ordina.re, succèdent les réflexions inflammables du
Général Tempête : « oui , s'écrie frèrs Robespierre ,
la Nation commence à être fatiguée de ce charlatanisme
qui. ne laisse apercevoir que des intrigues , des cons
pirations , des parjures; on ns la trompera pas plus
longti'ir.s ' ( i ). T.emb'ez , . admii ima'ieurs perfides ,
civ,i.;n-7.:qwe l'on ne se rapp lie que c'e-t ie directoire
du dé. artement-de Paris qui a donné le premier des
églises aux prêtres réfractaires (2) Tremblez ,
perfides, la liberté est plus forte que les Tyran? ! »
— Après cotte sortie bien digne de son auteur ,'MorrS
carra annoncî oue le Roi a reçu le 6 uns lettre de
l'Empereur qui lui marqua q<»e les Puissances sont dans
l'intention îrès-formelle de venir à son. secours & à#
celui de la Monarchie française. « Mon avis , pour-'
suit -il, e:t de les attaquer au plus vite. — Bah ! ré-
' pond ixobespien'e , les Puissances étrangères veulent
' nous effrayer /mais point de p,ur. — Encore une nou
velle adressé de la seccion du théatre français contre^
' îa pétition du directoire. Oh 1 nos Jacquets n'ont pas
* toujours leurs mains d^ns les poches.
—Frère uussaufx a' offert' à la bande Jacobite , dans
le 'Sabbat du '1, trois volume? in-folio , tout frarche-
rir|T irnu i ■ n m i < ; im mmm n i miii iinii inn i niuumm
(1) -Non, car les Jacobins sont connus.
(2) ' Voilà le vrai punciùm irce de cette secte impie &
régicide. -. '* '
£ 573 )
Tuent éclos de son cerveau, la passion du jeu, —
l'insurrection parisienne 6- la prise de la bastille. Sen
sibles à cet hommage , nos Sabbatistes ont décrété
que frère Dussaulx seroît inscrit dans la Kirielle des
•Docteurs patriotes. —- Que <ie génies renouvelés des
Grecs , notre sainte révolution a fait éclore ! Que de
brevets d immortalité expédiés , qui ne sont que l'extrait-
mortuaire de ces productions éphémères ! — Tel que
le grand Anniba'. , qui disoit qu'on ne vaincroit jamais
les RomainSque dans Rome ; le bien plus grand carra
veut a toute forçe que la Nation Française aille attaquer
dans leurs foyers les Potentats coalréés contre elle;
mais le Général Robespierre , qui n'est point battant
crainte d'être battu, trouve la proposition inconstitu
tionnel!:i , & le parti.dangereux. — Deux députatîons,
l'une de la section, du Palais-Royal , l'autre de celle
des innocetis, viennent soumettre à l'examen Jacobite
d^-ux adresses contre le département de Paris. —. Le
.Présidera fàuf'a' répondu : « Ls Sociéte voit avec la
mêm; Indignation que vous, -l'abus que font vos
Magistrats de votre confiance; l indi£n:tion publique
les poursuit. S: qvand l'indignation publique poursuit
les coupable.< \, le glaive de la Loi est prêt à les frap. er. n
—i Voilà' qui n'est pas trop consolant pour 'es Jacobins.
M L L'A N G E S.
J'écoutois .au Caveau déclamer avec grace
Un grand homme bien sec: « — Vive mons Pétionl
ll connoît les Français, peuple fol & konace;
Le drôle , en les dupant , enflera sa besace.
Vivent les Jacobins, la Constitution,
Les clubs par qui se fait la Révolution i
Vivent les Assignats, l'Autel de la Patrie,
La sainte Liberté, la très-douce Anarchie.' »
( 574 )
Lorsque M. de Malvoisin te rendît en dernier lieu
à la Municipalité de Toul où il étoit mandé, les
Dragons l'y suivirent & entrèrent dans la Maison-com
mune , le sabre nud. Les Officiers écharpés ( & craignant
de l'être ) prient M. de Malvoisin de les faire retirer —•
M. le Maire , vous en ave% le pouvoir , d'après les
Drcrets de tAssemblée Nationale , mais je vous préviens
qu'Us ne vous obéiront pas plus qu'à moi. — Il faut
pourtant , Monsieur , trouver le moyen de nous défaire
de ces gens-là. — Je n'en sais qu'un. — Quel est-il?
C'est que le Club Jacobite & l honnête Citoyen qui
ïn'ont dénoncé viennent me demander excuse de [insulte
qu'ils m'ont faite ; ce qui fut exécuté , & les Dragons
ramenèrent M. de Malvoisin en triomphe.
ÉCHO.
Qu'est LUCKXRR le matin quandà boire Use livre .' — Ivre.
Comment appele^ vous le bilieux Brissot ? — — — Sot.
Qu'est-ce qu'un Démocrate appélé Monarchieni Chien.
Et la RochePou qu'eft-il dans le Tiipotî — Pot.

M. Vade ret/o Sathanas Vil vient de dénoncer


aux Jacobins la devise de Madame Dubarry : boutez
IN avant, il trouve très -inconstitutionnel que la
Maison des Dubarry affecte de conserver encore c&
reste honteux de la barbarie féodale de ses ayeux, &
il proteste contre.

Dem.— Pourquoi mons ConDoit... prêchant la République*


Veut-il mouler Paris sut Amsterdam ,
Ou le Peuple Français sur le Peuple Helvétique ?
B. d'Or. C'est qu'en sa femme il a REM fVRVÇAM,
< 575 )
Mon cœur s'épanouit lorsque j'entends crîer
Bienfaisance , Brigands , humanité-., Tuerie ! »
Ah\ sans doute , Monsieur , est de l'Academie,
Lui dis-je en souriant. — ii Qui ? moi ! je suis Cocher, i*

Les Gazettes Anglaises annoncent depuis quelques-


jours le retour prochain de Philipe d'Or.... à Londres.
La Reine djlngleterrc qui a le plus cordial mépris pour
ce Prince malgré lui, dit dernièrement , assez haut pour
être entendue de notre Ambassadeur constitutionnel :
Quoi ! çe lâche polisson revient encore ici ?

Capucino - Chabot , déjeunant en dernier lieu au


Café du Manege avec mons de Rouhiers, Maire de
Béliers, & quelques autres ramassés, on agita si le
'Roi sanctionneroit ou non le décret sur les Prêtres.
Capucino -chabot qui se pique d'une grande perspicacité,
soutient l'affirmative , & l'appuie d'un pari digne de
l'aneien Marmiton des Bénédictins de Rhodes. Je parie,
s'écrie-t-il devant l'Assemblée , une Dinde farcie & un
billet de <premières loges, pour un spectade quelconque ,
gue le Roi sanctionnera. — Et moi, dit le Maire Rouhier,
Législateur de la même trempe , mais dans ce moment
son digne antagoniste , je soutiens qu'il apposera son
véto , & fajoute au pari un lièvre piqué , avec un plat
de truffes. — L'illustre Saint-Huruge , l'un des co-
déjeunans , pour rendre la gageure plus intéressante
aux deux athletes, leur dit .-Messieurs , joîgne\-y donc
dis filles.

« Considérez , je reus prie, si jamais des troupe*


mal disciplinées sont parvenues à prendre une ville
sur l'ennemi , ou à défendre contre sec attaques le*
.... ( 576 )
places de leurs alliés , & si de telles troupes ont été
jamais victorieuses. Examinez si une Armée peut jamais
être plus aisément défaite , que quand chacun songe
à pourvoir à sa sûreté particulière ; en un mot si jamais
on a réussi dans aucune entreprise , en manquant
d'obéissance à ses Chefs , &c. ».
. ' ( La cyropèdie ou histoire de Cvrus , traduite du Gree
de Xenophon , par M. d'acier. Paris 1777 , 2 vol. in-iz.
40m. 2, livre 8, pag. 271.)
COPIE
D'une Lettre adressée au Vénérable GoA dE là. Plan-
CHE , grand Vicaire Constitutionnel à Nevers.
Par une Nimpfie du Palais-Royal.
« J'aurois cru , Monsieur , en faveur des services
que je vous ai rendus , mériter dumoins une réponse
à mes lettres ; mais votre changement de décoration ,
votre fortune inattendue , vous ont fait oublier les pei
nes que je me suis données pour pourvoir à votre sub
sistance , & toutes vos promesses. Vous n'ignorez pàs
'que vous avez fait des dettes ici, qui vous sont abso
lument personnelles & pour lesquelles on va vous pour
suivre. Madame Colson ne veut plus attendre , & vous
vous repentirez, je crois , d'avoir ainsi négligé ceux à
qui vous devez tout ; si vous persistez à ne pas répon
dre^ je. m'adresserai à votre Evéque & je lui dirai :
i: Monsieur , je suis femme du monde, j'ai rencontré
» M. Goa de la Planche au Palais-Royal , je l'ai atta-
» que , il m'a plu ; je l'ai engagé à venir chez moi ,
» il y est v#nu ; il a paru désirer de loger avec moi ,
». j'y ai consenti ; il n'avoit rien , j'ai: été obligée de le
» nourrir , &c. Pendant quatre mois , il a partagé moa
» lit cVcc quej'àvois; il à en outre fait des dettes , 3c
i

( <77 )
» ce sont ces dettes-là dont je rc'clame le paiement;
» il doit avoir le moyen de les payer puisqu'il est votre '
» grand- Vicaire. Quant à ce que j'ai fait pour lui ,
» je ne demande rien , parce que je l'aimois dans es
» temps-là , & que je ne savois pas qu'il fût Prêtre.
» C'est à cause de son caractère & du vôtre, que je
» ne vous fais pas le détail de sa conduite pendant les
» quatre mois qu'il est resté avec moi ».
Voilà , Monsieur , ce que je dirai à votre Evêque ,
& s'il ne m'écoute pas , je présenterai un Mémoire à
l'Assemblée Nationale , & si enfin on ne vous force
pas à payer Madame Colson , je vous dénonce tai à l'opi
nion publique »
Paris ce 24 Novembre 1791. *
, Nota. L'original de cette lettre est déposé chez un
fonctionnaire Public.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois. .
Courage, dignes représentai d'un grand peuple,
disent quelques citoyens Jacobites de clermont-Ferrand ,
dans une adresse lue au Manège à la Séance du 10. Cou
rage : vos Décrets sur les Emigrans & les Prêtres sé
ditieux sont charmans , divins ; ne reculez pas , le peu
ple vous porte dans ses bras, & si la mort vous frappe ,
il est tout prêt à déposer vos cendres dans le tombeau
des grands hommes. — Arrive le Custodinos de Tar-
glnette , l'ex-Monarque Camus, qui toujours enflammé
de l'amour du bien pubHc , propose d'aiguillonner l'ac
tivité des bureaux & Comités de l'Assemblée , le tout à
juste prix. — Entr'autres adresses , on entend avec édi
fication celle du Curé Constitutionnel à'Oléron , qui
supplie l'Assemblée de lui permettre de prendre femme
( 578 )
et pTus tôt que plus tard. — M. Roustan, Membre'de l'As-
sem blée générallc de St. Domingue , se plaint d avoir été
calomnié par M. Dupont , ami cîss Noirs & Rédacteur
de la correspondance universelle; il entre dans le plus grand
détail & est souvent interrompu; mais ayant voulu par*
ler de Sire Brissot , le brouhaha redouble , & comme
si c'étoit un crime de faire luire le flambeau de la Vé
rité dans les ténèbres , M. Roustan est appelé au res
pect ou à l'auguste Aréopage , il achève néanmoins «on
discours , & pour le consoler de la mercuriale , le
Président l'invite à la Séance, malgré l'opposition du
Roi Merlin. — M. de Narbonne , Ministre de la guerre,
témoigne sasurpiise d'un Décret qui !e force de rendre
compte des troubles élevés h Besançon , & qu'il ne con-
Boit que par la voie des Journaux. J'adopte avec plai
sir , dit le Ministre patriote, la définition d'un Mem
bre de cette Assemblée. La responsabilite des Ministres ,
e'est la mon. Oui , MM. , nous voilà tous résignés à être
guillotines , o> ois encore si vous voulez ; mais du moins
diminuez nos entraves ; que la correspondance entre le
coi ps législatif & le ministère, soit prompte & facile....
Nos intérêts , nos ennemis sont communs , nos démar
ches doivent être concertées — Ordonné qm le dû-
cours hètoïco-cviique du Mirisrre sera inséré au procès»
verbal , ad perpetuant rei memoriam. La Séance est ter
minée par la proclamation de Sire le Monteix , à l'émi-.
nenwsime rignité de Président. — La séance du soir &
celle du lendemain 1 1 , ont été entièrement consacrées
à la lecture de diverses adresses de félicitations sur les
décrets des Emigrés & des Prêtres , a recevoir des Pé
titionnaires de Paris , sur le même objet , & contre le
département. La brigade des Plaignans est admise à sa
Séance. La voix de la raison , si souvent étouffée au Ma
( 579 )
liège , s'est enfin fait entendre dans la séance du 1 2. — Le
grand Prêtre Fauchet, l'un des Secrétaires avoir rédigé à sa
manière plusieurs adresses & pétitions contre le veto;
mais div.rs Membres entr'autres , MM. Quatremer &
Vuveyrou't , se sont élevés avec fece contre une ana
lyse qui tendoit à avi ir le pouvoir exécutif & il est
décrété que le Pontif Fauchet biffera sa rédaction.
Sire Grangeneuve , autre Secrétaire, avoit aussi relaté
dans le procès-verbal de la veille , qu'un grand nombre
de Citoyens étoit venu réclamer contre la pétition au
Roi , par les Membres du Département de Paris, mm.
cheron & Ramond , surpris d une hyperbole aussi insi
dieuse , réclament vigoureusement contre l'inexactitude
du Scribe. A l'instant un tumulte affreux s'é'eve dans
la Siile ; nos Monarques hurlent, tempêtent; le Pré
sident & sa sonnette ne sont point entendus. Le désordre
devient tel que les Tribunes manifestent hautement
leur indignation. Enfin , après le plus horrible des
.Sabbats , on révoque le décret portant la mention
honorable des adresses au procès-verbal, & l'envoi aux 83
Départemens.
— On apprend dans la Séance du 13 que les troubles
excités à Besançon , sont appai:és. — Décret qui enjoint
au Ministre de l'intérieur de présenter l'état de l'em
ploi de l'argenterie & des c'oches des églises suppri
mées.— Grande motion du Monarque RuUe , pour|for-
cer les Princes d'Allemagne d'entrer sous un mois en
négociation sur les indemnités qui leur sont dues ; en
défaut , leurs possessions en France confisquées & ven
dues. — Renvoyé au comité Diplomatique. — La Muni-
ciil^ité de Paris ayant M. Péiion à sa téte , annonce
à l'Assemblée que les Emigrés éludent la Loi qui exige
un certificat de rétidence , pour être payés de leun
( 58o )
pensions & traitement. — Décrété que tout Français
ayant traitement, pensions , rente ou créance quelcon
que sur le trésor pubiïc ne sera payé qu'en présentant
un certificat de résidence non interrompue dans Je
Royaume depuis iix mois. — Ce? ceitificats .dé<ivrés par
la Municipalité du domicilié & visés par le District ne
seront valables que pendant un mois. Les fonction
naires publics, pour être payés , seront ob:ig.is de pré
senter un certificat de résidence à leur poste depuis six
mois. Les Négociants sont exemptés ces présente: dis
positions. —rTout Receveurou Trésorier , contrevenant
audit Décret, sera responsable & privé de son état-
— Les cesiionnaires des créances sur l'Etat. qui ne
' justifieront pas de la résidence de leur vendeur en. Francs.
•pendant & depuis, six n:ois ne seront pas payés. — O
'Divine liberté que tu es aimable!
Séance de la nuit du 14 au 1 5.
Le grand Prêtre Fauchet annonce dans la Siâr.cé
du soir [ia découverte faite par le Comité 'du sur
veillance, d'une bande d enrôleurs pour l'a: niée des
Emigrés, dont il importede s'assurer prouiptsinen*. L'or
dre est aussitot donné ; on arrête , on amCne un Garçon
Menuisier , u.'. Tambour- Major , un Limonadier, sa
femme , une cousine . : deux pauvres hères , sans feu
ni lieu; les uns prétéi '^urs , ceux-ci solli
cités ; &' les aui.es produits comme témoins. L#
nuit ei...ire se passe à les interroger , à les confronter.
Quel est le résultat de ces grand» mouvemens? RiJi-
tulus mus. Le?, accusans !k les accusés ne se sont
jamais vus ni connus. •— La suite au prochain N°. 1
LA ROC A M BO LE,

ou

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom R É G I U s A N T I - JA C 0 S I N V s.

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 18 Décembre 1791.

P R O P H E T I E.

ici-. V^o 1 ci les paroles du Prophète Zurich , grand


Auiîionkr îles Pandourcs, des Hullans & des Croates , aux
Ministres fidèles de l'Eglise de France.
- 2. — Je sais quelle esi votre affliction & votre
pauvreté ; mais vous êtes riches en vertus & en cou
rage , cela me console.
3. — Je sais qui; vous êtes noircis par les calomnies
de ceux qui se disent les amis du peuple , & ne le
sont pas. N'en soyez pas surpris ; l'esprit immonde ne
pr«:ce-t-il pas toujours dans leur infernale syna-
'gb£ue?
Persévérez sans cesse dans vos principes ; que l'appa
reil du supplice ne fasse point mollir vos cœurs. DLu.
vouà destine à de grandes épreuves.
£ee
( 58*)
5. — Apprenez que les Démons du manège Je pré-
parent à vous tourmenter. La Jacobinière s'agite dans
son antre : bientôt plusieurs d'entre vous seront em
prisonnés & souffriront le Martyre pour la gloire du
Très- Haut.
6. — Le Tout-Puissant veut que cela soit ainsi ; afin
que votre vertu soit épurée dans le creuset des ca
lamités.
7. Mais soyez fidèles jusqu'à la mort ; celui qui doit
vous délivrer va bientôt venir. Le Dieu des Batailles
s'armera de son tonnèrre ; les mé chans voudront fuir &
ne le pourront pas. C'est là qu'il y aura des pleurs &
des grincemens de dents.
8. — Que celui qui a des oreilles les ouvre , pour
entendre les paroles du Prophète.
NOUVELLES POLITIQUES.
Extrait d'une Lettre de Mons , du 1 1 Drcembre.
Quel triomphe pour 'a liberté , mon ami ! Les Jaco
bins viennent d'obtenir la récompense la plus digne de
leurs travaux patriotiqi.es. Ecoute & admire. Un Mis
sionnaire des droits de l'homme , convaincu d'avoir prê
ché dans Bruxelles , contre le Gouvernement du pays ,
a reçu des honneurs dignes des grands hommes , car
touche & Mandrin. En un mot il a été pendu en pré- -
senec de ses confrères & d'une multitude immense d'ho
norables assistans. Je m'empresse de t'envoyer cette
bonne nouvelle , qui ne manquera sûrement pas' d exal
ter les espérances & le zèle apostolique des vénérables
apôtres de la propagande. Puissent- ils tous participer
un jour aux mêmes honneurs & à la même fortune.
Amen,
i
C 583 ]
Autre de Barcelonne , du 3 decembre.
Les mouvemens extraordinaires dont nous somme!
témoins donnent lieu de penser qu'on prépare quel
que grand coup , & on croit que l'explosion se fera
avant le Printemps. Les troupes Espagnoles s'avancent
sur la frontière , la masse des Emigrés s'accroît tou»
.les jours , & i! règne entr'eux le plus parfait accord.
Des munitions de guerre de tout genre , sont arri
vées dans différens ports de la Catalogne. L'Espagnol
fcrûle d'en venir aux mains avec les Français rébelles
& sur-tout avec les Calvinistes qu'il qualifie d'ennemis
de Dieu & de suppôts de l'Enfer. Si les autres puis
sances manifestent autant d'ardeur , je vous prédis que
c'en est fait de votre Constitution , des Jacobins , des
Camisards , & autres factieux qui sont les fléaux de la
France. Je vous prédis encore , qu'il sera fait un tel
exemple de tous ces coquins , qu'on en parlera éter
nellement.

^ Autre de Worms , du 8 Decembre.


Les manœuvres des Jacobins sont parfaitement con
nues dans toute l'Allemagne. On sait qu'ils n'ont ré
pandu le bruit de la fausse évasion du Roi, que pour
exciter un soulèvement général , & profiter de ce dé
sordre pour surprendre les Français émigrés. Mais la
savante tactique de nos Princes a déjoui ce plan de
scélératesse. Leurs Altesses prouvent par-là qu'Elles mar
chent d'un pas ferme & sûr à leur grande & géné
reuse entreprise , & ce qui doit d'autant plus déses
pérer la Jacobinaille , c'est qu'Elles sont parfaitement
secondées par les Princes de l'Empire , qui s'empressent
à l'cnvi de lever des troupes pour les leur offrir. On
eee a
( 5*4 )
assure que les décisions défininves delà Diète vont paroî-
tre , & qu'eUes seront de la plus grande vigueur.

Thermomètre de Paris.
Oh ! pour cette fois , les Jacob:ns ont perdu la tete.
Les dispositions pacifiques du Roi avoient tellement
exalté leur rage, qu ils men=coient la Capitale des
scènes les plus sanglames , si I on ne iéclarou la guerre
aux Emigrés & aux Princes d' Allemagne , qui veulent
épouser leur querelle. Tout-à-coup Louis' XVI prend
»ine allure martiale , & voilà les lacqaetî dans la cons
ternation & le désespoir. Il y a qudque anguille so'is
roche , s'écrie la baurie rég'clde . la conduite du pouvoir
exécutif le prouv-. On s'entend sûrement avec les
Emigiéi. L'abîme est ouvert, & on veut nous y pré-
cipii*r. Ah ! gardons-nous de donner dans le piège;
point de guerre , ou nous sommes perdus. •
Ces drclamations de la Jacquerie n'ont point fait
changer les résolutions du Roi , & les honnêtes gens,
sans approfondir les vues qui ont provoqué la dé-
m-rche du Monîrque, en sont très-s*tisfaits , parce
qu'elle met les jours do Sa Majesté hors des atteintes
du fer assassin , & déjoue entièrement les manœuvres
crirîiir.eMes de ses ennemis : aussi les Ravaillac de la
Jacob.niere ne savent plus à quel Démon se vouer.
Ils ont fait mille extravagances , qui toutes décèlent
pius ou moins leurs fureurs , leur coquinisme & leur
impuissance. Les bornes de cette feuille , ne nous per
mettant pas d'entrer dans le détail des excès auxquels ils
se sont livrés, nous nous bornerons a rapporter le
trr.it suivant.
Les Jacobins , sachant que le Roi devoit se rend
( y? 5 )
an Manège, ont envové au-devant de lui une escouade
de sans-culottes . qui , au lieu des expressions d amour &
de fidélité que merite ce bon Prince , ont fait retentir
sur son passage ces cris forcenés , crevé le Roi. Quelle
férocité !
Cependant la majeure partie des Habitans de Paris ,
considérant, quils n'ont d.'jà que trop fait pour sou
tenir une révolution qui leur enlève leur fortune &
leur repos; qui ne fait du bien qu'aux brigands & à
ceux qui les tont agir , bien plus brigands qu'eux encore,
disent que cela ne vaut pas la peine de faire le sacrifice
de leur vie , & en cela ils ont raison. Que les Factieux ,
auteurs de leurs désastres , aillent braver eux-mêmes les
dangers qui nous menacent. Mais les lâches n'oscroient
se présenter devant leurs fiers ennemis; ils se contente
ront d'observer de loin la tempête , d'exciter „ ce sou
lever . s'ils peuvent , la populace contre les prêtrg.s &
contre leur Roi; d'accaparer le numérairé avec les
assignats , dans l'espérance de se dérober enfin par
la fuite au juste châtiment qui leur 'est réservé..

SABBATS JACOBITES.
.des 12 6' 14 décembre.
Sous la Clochette du foudroyant frère Isnard.
Dépuis que l'abomination de la désolation est dans
le lieu Saint., & que les plus vils des hommes profa
nent le Sanctuaire , chaque jour offre à la Religion de
nouveaux scandales à déplorer.
On a lu dans le S?bbat du 12 la lettre suivante : bien
digne d'un Ministre de la nouvelle Eglise ; elle est |du
sieur sois , Curé constitutionnel du Département de
l'Héraut. — « J'ai été le premier , dit-il , à nt'aper-
eee 3
(5S6)
cevoir qu'en promettant de n'être pas homme, on pro-
mettoit plus qu'on ne pouvoit tenir. J'ecrivis en carac
tères de feu à l'Assemb'ée constituante dans le mois
d'Août dernier. Elle se tut , S: moi j'agis. Je me mariai
par provision. L'Etre suprême bénit mon mariage. Mon
épouse , à qui j'avcis fait lire l'éloge funèbre de Mira
beau , ne me reçut qu'à condition, que nous tàcherioTS
de réparer la perte du grand homme. . . . Tout a été
au gré de mes vœux & de ses désirs. Elle est
enceinte d'un petit Mirabeau. — Quoique j'aie
solemnellement promis à mon épouse de nommer mon
fils , Mirabeau 3 j'éproure un regret mortel qui me dé
chire. Je suis au désespoir de m'être tant pressé. Au
moment de sa naissance , j'aurois écrit comme Zacharie ,
si ma voix n'eût été étouffee par le plaisir : BrissoT
en nomen ejus. Si ce patriote jette sur la présente un
coup-d'œil bénévole , il y verra que je lui offre mon
fils à tenir sur les fonts-Baptismaux. Je !e supplie d'en
être le parrain, Se l'Assemblée Nationale la marraine.
Il sera baptisé par su»croît au nom de la Nation , de la
Loi & du Roi , (rc. » Peut-on braver ainsi les loix
canoniques , l'honnêteté publiqus , & afficher l'impicté
avec une audace aussi effrénée. — Un autre intrus du
Département^ l'Oise , a^é d'environ 70 ans , vient de
prendre pour épouse une fille d« quinze ans, en pré
sence du Juge de Paix. O Siècles ! O Mœurs ! — Dignes
appuis de tels Ministres , tous les Jacquets de France
s'efforcent de faire exterminer ceux dont ils ont usurpe ,
les dépouilles en les chargeant des iniquités des intrus.
— Frère dubois décrassé monte à la tribune , & après
avoir dit franchement à ses confrères , qu'il étoit pkis
aisé de sentir la difficulté de leur position , que de trou
ver les moyens d'en sortir , il s'efforce de les rassurer.

'<?
'(5*7)
en leur peignant tEspagne prête à secouer le joug ; les
Anglois agités au-dedans ; tous les Rois de l'Europe
effrayés & renversés à l'aspect de nos armées; à la
vérité , nos régimens sont presque tous incomplets ;
l'armée insuffisante de par moitié & indisciplinée ; qua-
i rànte Officiers manquent dans beaucoup de corps; nous
n'avons, ni tentes , ni équipages de guerre , ni hôpital
ambulant , ni argent ; le Gouvernement est dans une
inertie absolue; les citoyens corrompus & fatigués; les
impôts non- perçus ,& l'Assemb;ée Nationale sans tacti
que , & c'est dans ces circonstances que le Roi vient
demain proposer de déclarer la guerre. A qui ? A l'Em
pereur ? Point de motif. A l'Evèque de Spire ? Je me
charge , dit le brave Dubois , de prendre ses Etats avec
vingt hommes. AuxEmigrans dont le globe e»t surchargé ?
A-t-on donc déclaré la guerre à Cartouche ou à Man
drin7. Frère dubois decrasse résumant sa lourde dia
tribe est d'avis< d'ordonner aux 83 Départemens de se
munir des piques de neuf pieds de long , d'en armer
30 mille hommes, & de les iâcher sur les emigrés pour
les dissiper & les détruire; mais point de guerre; que
tout s'oit seulement disposé pour entrer en campagne
au pis-aller. Le Général. Robespierre & son aide- dé-
Camp , Carra , sont du même avi< , vu la difficulté de
se fier aux agens du pouvoir exécutif. — Nouvelles dé
nonciations , au Sabbat du 14. Les ci-devant Nobles de
je ne sais quel Département , coalisés , suivant le nou
veau style, avec les prêtres réfractaires ont ouvert, dit-on,
une souscription pour la contre-révolution. Toute la
Jacobinaille en un mot ne voit d'un bout du Royaume
à l'autre que des complots , des conjurations , des aristo
crates & des prêtres qu'il faut se hâter d'immoler sur
l'Autel de la Liberté. <— Frère Rua accourt tout haie
( 583 )
tant pour rendre compte du Bi: cours que vient de pro
noncer le Roi à l'Assemblée, & de la réponse du Pré
sident. — Frère Bian^at veut exhorter les Jacquets à
ne point se méfier des intentions du Roi i.il est vive
ment combattu par l'anti-Royal Robespierre , & le fou
gueux d'Anton , qui ne veulent point ta guerre.
MÉLANGES.
LE PLAISIR A LA MODE.
Ua Enfant de Luther fond l'épée à la main
Sur un Assermenté qu'il guettoit au passage ,
Le renverse à ses pieds , & lui crie en sa rage :
Jure dieu , jure diable , ou rend l'ame , vilain .'
Le Drôle jure tout, & l'assassin infâme
Lui plongeant aussitôt sa lame dans le sein :
O 1 vengeance ; dit- il , j'ai le P&AIsIR divin
de tuer à la fois ù- son corps 6- son ame .'
.iigWgteU M»" —
Demande. - D'où vient lisez-vousllaj Chronique?
B. d'Or. >— Morphée a fui mon traversin ,
Et j'ai besoin d'un narcotique
Pour m'endormir jusqu'à demain.
* Hloël a l'élixir sans fin ;
L'huile d'ennui soporifique
Se distils dans sa boutique ,
Oh ! l'impayable Médecin !

Un Jacobin prie M. l'Abbé de Lille de déclarer , si


lorsqu'il a dit dans son poème de l'imagination , en
parlant de Joad :
Cet enfant malheureux menacé d'être Roi :
il n'a pas entendu prophétiser du Prince - Royal ?
[ 5*9 ]

*i V I S.
Le Pub'ic est averti, qu'à com -.ter -du pr^m-r Un-
vier prochain, le bureau des Tapeculs d-.' Paris k de
VenaiUes sers établi Quai Voltaire , mairon 'r M.
de Vill. ...On trouvera chez lui , A dvs îrix tr -mo
dérés , toutes sortes de voitures . Ccn .'nies , ii lies ,
Pots -de- Chambre , pour le service publu , ticcpti des
vis-à-vis. . . ..

Notre Evéque-Sclmmatique , écrit- on dp Vancy ,


a délogé & s'est rendu à Paris , sous un nom emprun
té. Il est aussi' dégoité de nous » que nous le «o unies
de lui , ce qui n'est pas peu dire. V oici ;'un des deniers
brocards dont on l'a affublé.
Frèro Luc , dit-on , en boiteux ,
Et son ame est toute contrite
De ne voir marcher à sa suite,
Que des Pois.ardis & des gu-iux;
De n'avoir jamais la viMte
•'- De nos honnêtes habiians.
De dépit, j'apprend: qu'il nous quitte...*
Cher Pasteur, ne pars pas û vite ,
Demeure avec tes braves gens.
De la bienheureuse Austrasit
Le vin est bon jusqu'à la lie: (i) *
L'encens de la Foissonnerie (2)
N'e»t-il pas toujours, de l'eucens?
(1) L'Auteur fait allusion ici à une fameuse Orgie
que l'Evéque ha'ande avoit fsite avec quelques Pois
sardes incarcérées par ordre de la Police, 6c dont il ob-
. tint la grâce.
(2) On comprend sous ce nom, à Nanci, les Forts
& les Dames de la Halle.
(59°)
QUATRAIN.
Chabot , indigne Capucin ,
Dans le Manège se tracasse
Pour voler au Français son pain,
Et pour lui donner sa besace.

On lit au bas de l'effigie d'un certain François,


accrochee au Boulevard . l'inscription suivante.
Pour mieux tromper les yeux , son adroit artifice
Fait A chaque vertu prendre le nom d'un vice ;
Et par lui , de splendeur faussement revêtu ,
Chaque vice emprunte le nom d'une vertu.

Nouveautés qui se debitent che% Gattey au Palais-Royal.


L'art d'empailler les animaux du Manège , — par
M. de la Ceped. Continuateur de Buffon. in-8°.
Le Bouffon de Buffon, dédié à M. de la Ceped. — in- 1 S.
de 54 pages.
Le grand talent de se montrer républicain , quand
on croit le despotisme renversé , par M. de Condorc.
in-8°. »
N. B. — M. de Condor. ... a fait des libelles bien obs
curs, tant que la bastille a été debout.
Un écrit clandestin n'est point d'un honnête homme.
Nouveautés qu'on peut se procurer
Che\ Syhe's , place du Palais-Royal.
1. Chabotines — Ou Capuchon d'un nouveau goût, &
que les femmes peuvent aisément
mettre le matin.
2. Brissotines, — Ou Déi pipés à l'usage des Amateurs.
3. Pastqretines-Ou Savonnettes pour faire pousser
la barbe.
(59«)
(N. S.) — M. Tastor fido n'a ni barbe ,. ni cils,
ni sourcils ; mais en revanche sa femme a de très-
larges & profondes moustaches. Verum enim vero , &c,
4. Condorcikes. — Très -larges & profondes bombo-
nières, inventc'es par Madame de Cok-
dor & pouvant contenir force
bâtons d'orge.
ha suite incessamment.

LEGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.


La dénonciation du grand inquisiteur Fai/chet , sur
les enrolienuns, n'a abouti qu'à tenir sur pied nos illus
tres Monarques toute la nuit du 13 au 14. Ce même
jour' à six heures du soir., le Roi a fait savoir qu'il
alloit se rendre à l'Assemblée. Bientôt après , la députa-
tionenvoyée au devant de Sa Majesté est rentrée en la pré- *
cédant; le Roi , monté à sa place , a lu mot à mot le dis
cours qu'on lui avoic donné à lire, & dont voici la teneur.
et MM.,, j'ai pris en grande considération le Décret
du 29 du mois dernier , par lequel vous m'avez invité
à prendre des mesures de vigueur pour le soutien de
l'honneur du peuple Français & la sûreté de l'Empire
contre les rassemblemens qui en compromettent la tran
quillité. — Vous ne m'avez pas dévancé dans la résolu
tion de prendre des déterminations qui fassent respec
ter aux yeux des Nations , les Représentans élus & le
Représentant héréditaire d'un grand Peuple. — Vous
désirez que je fasse connoître aux Puissances , que la
Nation Française veut faire cesser ces rassemblemens
qui nous entraînent dans des dépenses qui minent plus
la liberté , que ne le feroit une guerre ouverte. — J'ai
( 592 )
pensé longtemps que les circonstances exigeoient une
grande circonspection ; qu'il falloit donner la Nation, à
peine sortie des agitations d'une revolution, ie temps de
se reposer sur le» bases de sa Constitution. — Mais vous
m'avez fait entendre que le cri de la ^ ation est : «plutôt
la guerre qu'une patience ruineuse <i —r J'ai pente que
rotre Décret étoit l'expression du vœu du eu pie ; pour
éviter les maux incalculables de la guerre , j'ai employe
tous les moyeni. — D'un côtJ , j'ai tout fait pour que
les Emigrans adhérassent aux Loin que confirme la
grande majorité de la Nation. — D'un autre coté , j'ai
fait faire des réquisitions aux Puissances étran èris ,
pour qu'elle», ne tolérassent plus chez eiies des r,. ♦m-
blcmens & des armemens contraires au bon voiiinaie o
& aux droits des gens. L'Empereur a rempli ce qu'on
devoit attendre d'un bon & fidéie allié, il a dissipé les
rassemUcmens qui se fo: moient dans ses Etats. — D'au
tres Princes m'ont fait des réponses peu mesurées ; leurs
injustes refus provoquent des determinations de vigueur.
Je vais vous faire connoître celles que j'ai prises. — J'ai
fait déclarer à l Electeur de Tièves , que si d'ici au
15 Janvier, tout attroupement de Français n'étoit pas
dissipe sur ses terres , je ne verrois plus en lui qu'un
ennemi de la France. — J'ai pris la même mesure à
l'égard de tous ceux qui tolèrent de sembhb'es rassem-
blemens. En garantissant la liberté la plus entière S:
la plus équitable aux étrangers qui prennent un asyle
en France , j'aurai bien le droit d attendre une répa
ration authentique des outrages qui ont été faits aux
Fiançais chez l'Etranger. — J'ai écrit à l'Empereur
pour l'engager à continuer ses bons offices , & même
à agir comme C,:ef de l'Empire pour le maintien de la
paix. J'attends beaucoup de son intervention. Si rues pro-.
( 593 )
poiitions ne sont point écoutees , il ne nous restera plus
d'autre parti que la guerre. — La guerre qu'un Peu
ple genéreux sait faire en toutes circonstances quand
l'honneur le commande. Mais pour répondre à cette
génereuse résolution, il importe que vous veiliiez, MM.,
très-soigneusement aux Finances ; que vos délibérations
prennent une marche grave, fière , imposante; telle
enfin qu'elle convient aux représentant d'un grand Peu
ple ! — Que les pouvoirs déterminés par la Constitu
tion se respectent entre-eux po^r te rendre respecta
bles ; enfin , qu'ils soient distincts ; mais non pas enne
mis. — Ii est temps de montrera l'univers , que le
Peupie François , ses Représentans & son Roi ne font
qu'un. C'est à cette union , c'est à ce respect mutuel,
que l'on reconnoîtra que la Constitution est inébran
lable. — ïour moi, c'est envain que l'on chercheroit
à semer de dégoûts mes travaux. Je le déclare devant
la France entière ; il ne tiendra pas à moi que la loi
, ne devienne l'appui des citoyens & l'effroi des pervers. —
Je garderai fidèlement le dépôt de la Constitution qui
m'es; confiée. Si des hommes qui ne veulent que le
désordre & le trouble attaquent mon autorité , je
ne m'abaisserai point à les repousser. — Ceux qui ob
servent exactement & sans partialité mon gouvernement,
verront que je sens profondément qu'il est beau d'être
Rai d'un Peuple libre. »
Le President a répondu à Sa Majesté que
« l'Assemblée Nationale , après avoir délibéré sur
ses propositions , lui notifieroit par un message le
résultat de sa délibération.» Le Roi s'est retiré, &
l'on a décrété l'impression & l'envoi de son discours
aux 83 Départemens. — Le Ministre de la guerre a
dit ensuite qi/e Sa Majesté l'avoit chargé de donner
( 594 )
des ordres pour que 150 mille hommes soient ras-
semblés avant un mois sur les frontières. L'armée,
divisée en trois corps, sera commandée pari MM. Ro-
chambeau , Luckner & la Fayette. — Le Ministre ajoute
qu'il va partir pour vérifier l'état des Frontières. -—
Quelques adresses, de nul intérêt pour nos lecteurs,
ouvrent la Séance du 15. — Un Monarque , Député du
Uaut-xhin , expose qu'on n'y trouve pas a^sez d'Apos
tats pour remplacer les fidèles Ministres si indignement
chassés de leurs, places. Un autre exhorte l'Assemblée de
s'occuper sans relâche à faire rentrer l'arriéré dei impôts";
Biais hoc opits , hic labor est. Le Maire de Paris présente à
l'Assemblée les nouveaux Officiers de la Garde Nationale
Parisienne , qui demandent à défiler devant elle. Sire
Vaublanc enchanté de ce coup -d'oeil propose de dé
cerner aux Guerriers qui auront bien mérité de la Patrie
les honneurs d'un triomphe semblable à celui que l'an
cienne Rome accordoit aux Camille, aux cincinnaius,
& aux Sapions. — Sa motion est renvoyée au Comité
d'instruction Publique. — M. le Monteix , Président,
lit le projet suivant de réponse au Roi -»- «Sire , l'As
semblée Nationale vient se soulager du silence auquel
la condamneit la nécessité de prendre des déterminations
plus profondes. ( Ce début , approuvé par les uns , excite le
murmure des autres. ) Au langage que Votre Majesté lui
a fait entendre , l'Assemblée a reconnu le Roi des Fran
çais ; elle a senti plus que jamais combien est précieuse
l'harmonie des pouvoirs , 8c les communications fran
ches qui sont le vœu, & qui seront le salut de l'Empire.
— Sike , elle attachera toute son attention sur les
mesures décisives que vous lui annoncez ; & si tel
est l'ordre des événemens , qu'elles doivent s'effectuer ,
l'Assemblée Nationale promet à Votre Majesté plus de
( 595)
gloire qu'aucun de vos ayeux n'en a recueilli. ( Quelle
générosité!) Elle promet à l'Europe !e spectacle nou
veau d'un grand Peuple, outragé dans son amour immua
ble pour la liberté. Les bras qui s'ai meront seront mus
par le cœur. — Par-tout le Peuple Françai. combattra
avec fierté ses ennemis , qui sont ies Vôtres. Du Rhin,
aux ryrénées , d-.s Alpes à l'Océan , toute la France sera
couverte des regards d'un bon Roi & de Soldat» intré
pides & fidèles. Voilà , «Si'e, la'fami.lc que mérite votre
cœur ; ceux-ll sont vos amis, ceux-là ne vous ont pas
abandonné. Tous le» Représentans du Peuple Français,
tous les vrais Français garantirent sur leur téte la
défense d'une Constitution jurée , & du Roi chéri dont
elle a affermi le trône.» — Cette adresse a paru trop
doucereuse aux Roitelets Grangeneuve, Lacroix, couthon .
Merlin, Royer , Albhe & même à l'ancien marmiton
Capucino- chabot , qui se sont opposés à son admission;
mais malgré les cris féroces de ces Jacobine & l'indi
gnation qu'ils ont excitée , elle a été adoptée , avec la
suppression de la première phrase. Après une lé
gère discussion sur les assignats , il a été décrété dans
la Séance du 15 , qu'on en fabriquera au-dessous de 5
livres. — Des dépêches apportées de Strasbourg par un
Courrier extraordinaire annoncent un nouveau plan de
conspiration dénoncé par un sieur Boyer , Soldat du
I3eme Régiment. Il prétend que M. de Sily , Officier
au même Régiment, M. cers , autre Officier, & M*
Loyauté, ancien agent de M. le Cardinal de Rohan
ont voulu l'engager, il y a quelques mois , tandis que ce
Régiment étoit en garnison à Strasbourg , à livrer le
poste du grand Rhin à 600 émigrés qua îd il y seroit
de garde, ou à défaut la Citadeliede Strasbourg. Ces pro
jets, poursuit le dénonciateur, ont été déconcerté!
C 596 )
par le r1 ''isrt du Régiment de Strasbourg. Ces con"pi-
ra-."ur. ont eovo.e en.uite dans l'armée des émigrés.
Le rote So dat s'est, dit -il, prêté à tout, & il
fin.i . a ';. dé.ionre''. Mi;is pourquoi ie sieur Boyer a-
t-i! yri: un at;«M long ii'ence sur une tentative aussi
i !; ta:: -:? Foi iquoi avant de déserter n'a-c-il pbint
î '.vi. nu la fcu'iicipalité que sa désertion avoit pour
l. V h'.vn d» la c'uore publique ? C'est ce que !• Pa-
1 „r »v dit oini , & ce qui donne à sa délation les
c ?c--ns le» {'lus marqué:, d'une affreuse imposture;
' ai« c-mrne on n'y va , as de si près sous k règne for-
t m ci: ia Libere, on a mis provisoirement les accu
sés e<. etat d arrestanon ; interrogés, ils ont tout nié.
ï 'importe. , leurs f-.î; s*és Lé^i-..:aùv-s Jensonnet , Ver-
n-ûu , Grup.Vau & Bec , net ont conclu au ' cret d'ac-'
ru<r:v. < «i. re •< pre venus , tk l'équ:r;ble aréopage l'a
V" .'. ^ :~\ ' "'. ^ .5'..-.. 0.1 J-.'*- tè.

A V l S l M P G R T A N T.
Nous rtii'ii» MV. nos Souscripteurs, dent l'abonnement est
fn'. i <'. ' i'.'l.s ri"us avons continué avec confiance l'envo de-
Ci' . . .. . e voulon b '' tatie payer le rembourscu.*nt de leur
s i<si \.. J'urean 'e Rccan-.l oie, rie A'ontn.r t e N°. ;iq,
pre« ,»* c Saumon à Paris. Nous ne négKg.-.oa-t riist-
peu . v ..ver Mce Jour..a; U faveur dont il joui<. On a dû méine
l',i;xuo i. . vi« qu.. que temp' que la' partie Tvpographique est
non-si.s.-.b-.i
«vins . . .. . leI,at .i »ip. mieux
c uactetu soignee,aumais
p< nt-Komain encoreCicéro
car. «ere , que ,nous-
afinV
de rournir pms d'à' mens à la curiosité de nos Lecteurs.
' - Frrata d.s dernier N°. — Les quatre vers qui se trou-
v»ntvu co ".rverrernent de lapage^75 ont eté transposés,
& son' de la sr..te des vers qu; se trouvent folio 5^3 ;njîaé.
Nous prévenons noi eb-<naé« de ne point insérer des
àf'ÏV,: ats 'd^ns- 'ts Mc-tres qu'il nous adressent par la
!ioite:, paiceqnr. plu ieurs de ces lettres sont enlevées.!
! noi.s en a eté adresé ure de Carca»conne avec 12 l«
?ui 're nous e t point parvenue. L'ùniqu;- moven d?
revenir cet l'of . bjt.' brigandage , c'est de' faire charger'
les lettres dans lcflfcvers bureaux.
LA ROCAMBOLE,

ou
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,

Redigé par Dota Régivs A JTT 1 - Jaco b 1 UV tu

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi »2 Décembre 179 1.'

E P 1 T R E
Dutris-ve'nèraMe Curt de Scuiérik, à Ï>om RÈOiVt
AutiJaçqbivvs.

Adorez • mon cher fils , adorez îa divine providence ,


& remerciez-la de m'avoir inspiré de vous écrire , pour
vous annoncer les merveilles que le Tout-PuissanWra
faire éclater en faveur des Royalistes. A ces causes ,
moi Zurich , Patriarche de la Loi Monarchique, je vous
envoie le Cathéchisme de cette divine Loi, que vous
défendez avec un zèle & un courage (vraiment louables,
& qui vous ont concilié l'estime des gens de bien. Sur
ce , mon cher fils , je prie le Grand Jéhovah de vous
tenir en sa sainte & digne garde.
- Signé Zurick, Cure & grand Aumonier de tarmtm
d'outre- Rhin.
f'ff
' ( 598 )
CATHECHISME des royalistes.
CHAPITRE Ier.
Qualites necessaires pour être Royaliste.
Demande. — Etes-vous Royaliste ?
Réponse. — Oui , par la grace de Dieu.
Dem. A quels caractères peut-on connoître un
•* • Royaliste.
Rép. — — Aux nobles sentîmens ; à son. amour pour
son Roi ; à sa haine pour les clubs ; au
courage avec lequel il est toujours prêt à
combattre pour soutenir lacauie sacrée du
Trône & de l'Auter.
Dem. — '— Les Royalistes ne portent-ils 'aucun signe
qui les distingue des autres hommes ?
RÉP. — —- Pardonnez-moi , ils ont la cocarde blanche ,
symbole de I'honneur , inaltérable dans
son essence , qui né s'allie qu'avec lui-
même, 8c repousse tout melange qui por*
teroit atteinte à sa pureté.
ha suite incessamment.
«SITUATION POLITIQUE SES ROYALISTES.
• Les nouvelles du dehors ne font que confirmer ce
que nous avons déjà dit dans nos précédens numéros.
On nous écrit que les espérances des Emigrés sont tou
jours les mêmes , & que nos Princer. manifestent la plus
grande joie. Les Emigrés se louent beaucoup de leur
honnêteté , de leur popularité. M. ie Prince de coniè
joue le Boston à quatre sols la fiche , & la princesse
ie reversi à quatre sols. On ne peut rien de plus
modeste. .
ivi
( 599 )
Thermomètre de ^Fans.
Depuis la démarche du Roi au Manège \ h Capitale
est moins agitée; mais c'est un calme qui ne peut du
rer longtemps, paresque les Calvinistes, pour réparer
la défaite des Jacobins , sont plus en activité que ja
mais. Leurs assemblées nocturnes se multiplient , & ils
y méditent le massacre des Prêtres, des Catholiques
& des Nobles. On assure que les Frotestans ont déjà
reçu des secours d'argent, & ce qui le prouve, c'est
qu'ils ont déchaîné Jeurs brigands contre les Ecclésias
tiques & les Fidèles assemblés pour rendre hommage à
la divinité , dans l'église des Lombards. Mais cette fois-
ci la vertu a triomphé du crime , 5c les monstres ont
été vigoureusement repoussés.
Ce sera bien la faute du Peuple , s'il se laisse encore
•surprendre par les ennemis qu'il a le plus à craindre;
car on ne cesse de l'avertir , dans des affiches , des ma
nœuvres des Jacobins. Le Peuple sait maintenant que
le? Séances nocturnes du Manège & les dénonciaîîons
qui y ont 'été f.-itcs n'avoîent d'antre but que de
jeter Ta'arme dans Paris , afin de profiter du désordre,
pour se livrer au meurtre & au piilàge.
Le Peuple sait encore , que cette affreuse catastropha
*n'est que renvoyée ; que nous en sommes menacés pour
les fêtes de Noë. ; que les brigands ont osé dire qu'on
pouvoit être tranquille jusqu'à ce trmps-là, & qu'alors
le sang ruisseleroir dans toutes les rues de la Capitale.
Voilà ce que les affiches ont dinoncé au Peuple.
Dans une autre, non moins importante , on dévoile la
tactique dev Jacobins depuis l'acceptation de l'acte Cons
titutionnel , & on confirme ce que nous avons déjà
rapporté dans un ds nos Nume'ros ; c'est-à-dire , qui
{{fi
( 600 )
y « un cempht formé entre tous les clubs des lac»*
Uns & tous Us Protestans , qui murit depuis trois mois ,
& qui est sur le point d'être exécuté. Le projet est d'en'
lever le Roi ,& de le transporter dans Us Provinces méri-
dionaUs , de tentourer de cent mille Protestans . de toutes
les troupes de ligne qu'on pourra ramasser* & de tous
les Jacobins les plus effrénés.
Les auteurs de cette adresse demandent i grands
cris aux Parisiens la dissolution du Club infernal qui
a causé tous nos désastres. « Ce club , disent-ils arec
saison ce club qui vous avilit & vous tyrannise, &
qui i avec le mot de liberté dans la bouche , a le plu*
affreux despotisme dans le cœur ; ce club a inondé de
•sang la ville dAvignon & celles des environs ; ce club
a fait incendier les Colonies & massacrer ses habitans. •
ce club a voulu faire assassiner votre Roi & son au
guste famille ; ce club a fait périr l'innocent Favras «
dont le sang crie vengeance ; ce club dévore les pro
priétés du Clergé , & veut engloutir celles de la No
blesse; ce club ne veut que votre sang & votre or ; il
médite votre ruine , il ne respire que forfaits. L'incen
die , les meurtres , les conspirations sont ses moyens ;
le Ciel , la trrre , les hommes , rien n'est sacré pour
lui ; il veut tout anéantir , pour conserver son exécra
ble domination. Citoyens de Paris .' Citovens François-!
Souffrirez-vous plus longtemps cette horde de tyrans ,
plus tyrans que les Tibère & les Néron ? Un moment
de volonté vous suffit ; veuillez , & ils ne sont plus.
Sachez donc que toutes les places de votre Départe
ment s'ont données à des hommes qui ne sont pas nés
parmi vous ; que le Club des Jacobins est peuplé de
vingt étrangers sur un Parisien , & que vos ennemis
ne cessent de dire que les habitans de Pari» sont des
( 6oi )
fiches 8i des cau*s pourris. Sachez que leur sein le
plus cher est d'apprendre aux Provinces i vous mé
priser injustement.
Que la Capitale} vomisîe de son sein ce Prince rt'gi-
eide , qui a d'abord protégé les Jacobins , & qui en est
'aujourd'hui protégé ; ce monstre qui se nourrit' d'op
probre & qui épie toujours le moment du crime , comme
.la Hiène éoie sa proie! Que fait-il parmi vous. lui.
cet homme à qui la Nature n'en a donné que le mas
que ; cet assassin public & particulier , cet ami de Jour-
dan ! Repondez , habitant; de Paris , que fait-il parmi
vous ? Attendez-vous qu'il s'entoure encore de la horde
.qui a souillé vos rues j vos maisons . vos places pu
bliques , du sang de vos Citoyens ? Attendez-vous , que
son Ministre Jourdan revienne dans vos murs & y en
tasse les victimes comme dans Avignon ? Voilà le sort
qui vous menace , si vous ne sortez de votre engour
dissement. Je vous le prédis :/« famine , l'incendie, le
viol, le pillage sont à vos portes. Voyez vos familles
en pleurs & dans la désolation, les mains jointes &
.' les genoux ployés , vous crier : mon père , mes frères .
. sauve\-nous ! . . . . Que ce spectacle émeuve d'avance vos
entrailles ! Sachez être humains pour vous-mêmes ; le
temps presse . le piege est sous vos pas , & mille fléau*
. sont sur vos têtes. '
SABBATS JA COBITES.
t •, »
Des 16 & 18 Décembre.
Sous la Clochette du foudroyant frère IsNArb,
Frère Bourdon a de nouveau bourdonné'dans le Sabbat
du \6 son plan d'éducation nationale • c'est-à-dire
la methode la plus sûre & la plus brève d'inoculer
' aux enfans le virus pestilentiel du Jaeoquinis me, mais,*
fff J
( 6oi )

' " 'Avant que ces hiboux funèbres


. » Puissent flétrir nos rejetions ,
.Eux-mêmes , tristes avortons ,
Seront plonges dans les ténèbres.

En attendant l'accomplissement infaillible, de cet oracle»


tous les Jscquets 6e sont mis à braire en l'honneur
du Pédant national, La voix de Frère Simone a prédo
miné, & il s'est escrimé d'estoc & de tailie, pour éta-
.blir . que l'homme n'est en naissant, qu'un vrai beta
feuiUand, un automate brut, capable de sentir , mais
sans idées innéei, & ne pouvant avoir que celles qu'on
. lui donne ; qu'il n'est soumis à des despotes que par le
vice d'une éducation qu'on doit se hâter de réformer,
.si l'on veut affermir le règne de la liberté ou de la
tyrannie Jacobite. Pour mieux arrondir ses périodes .
lu Fraur doctissimus les a enflées dés noms de bacon ,
Loche , J. J. Roussenu , & a fini par se précipiter avec
eux dans l'abîme de la. métaphysique. Dieu lui fasse paix !
Amen, Le désordre du jour a conduit le Révérendissime
B.issot à la tribune. Ecoutons cet illustre Patriarche
, de la jacoquiniire « Depuis <ix mois , mes frères,
& même depuis la Révolution , j'ai rêvé nuit & jour sur
le parti que je vais soutenir, & toute la magie de noi
adversaires ne sauroit me faire aller reuo. Je dis donc ,
moi Brisset , qu'un Peuple qui a conquis la liberté après
dix siecles d'e- ravage a be' o'n de la guerre pour la conso
lider., pour la purge r dei vices du Despotisme, & pour faire
disparoïtre de son sein les hommes qui pourroient la
corrompre. . . . Vous avez des rébelles à châtier , voui
en avez la force; prenez-en donc les moyens.... La
france ne seroit-elle pas déshonor-e si, la Constitu- '
tion étant achevée , elle toléroit une poignée de fac«

I
( 6o3 )
tieux qui insultent à des autorités constiiuées. ... t/n
Louis XIV déclare ta guerre a l'Espagne parc?que son
Ambassadeur avoit été insulté par celui d'Espagne ; &
nous qui sommes libres , nous balancerions un instant;. .:
Vou!ez-v eus détruire d'un veul coup l'aristocratie , les
rèfraciai'es . les mècontens ? Détruisez cob'entç ; le Chef
de la Nation sera forcé de régner parla Con^rution ;dtt
ne voir son saiut que dans l'attachement à la Cons
titution ; de ne diriger sa marche que d'après elle. i#
C'est ainsi qu'un Brissot a la coupable ard.ce de vomir
sans cesse son venin sur le Monarque le p'us digne de
l'amour de ses sujets. — Frère d'Anton trouve le dis
cours Brissot excellent , divin ; mais après avoir promit
au peuple d'assommer lui seul ses tnnemis , avec la mas>
• sue de la raison , & le g'aive de la Loi , ce nouvel Hér~
cule voudroit que le Roi trouvât néanmoins quelque
expédient pour éviter la guerre. Il est interrompu par
une députation des Jacquets de Ver ailles . porur<:. unie
adresse au Roi contre le Directoire, da Département
de Patis : adresse qui , comme toutes celles dont le Club
de Paris a fourni le modèle \ ses affiliés , porte l'em
preinte de l'antre infernal où elle a été fc-gée.
Une farce risible a ouvert le sabbat du 18: Qo lqués
sœurs Jacoquines ont paru sur la scène avtic une cor
beille qu'elles ont déposée sur le bureau . puis l utte
d'elles trotte à la tribune aux harangères , & dit-:
« Frères , nous ne sommes pas des Dames romaines , tant
s'en faut : nous ne vous offrons pas nos bijoux , mais
un tribut de reconnoissance pour les tendres sentimeris
que vous nous avez inspirés. Un wigh constitution
nel (i) , un frère , un Anglais , nous donna l'aure

(i) Député, n«n par les lf^ighs ; mats par quelque»


ivrognes d'Angleterre.
'our ici les plus douces étreintes ; nos cœurs en sont
encore tous émus. Vous pendez aujourd'hui à la voûte
du temple les trois dtapeaaxAméricain , Anglais & Aan
çais. Quel coup - d'œil ravissant '. Cela vaut- bien uh«
couronne :..recevez-la , petits /rérotes, c'est l'amour qui
vous la donne; & vous , frère - Anglais , vous en mé
ritez bien une autre : la voilà ! attrape. Recevez aussi
des mains de l innocence l'arche d'alliance pour nos frères
,Wighs constitutionnels; elle renferme la carte de
.France divisée en 8j dipartemens , le bonnet de la li-
berté , l'acte constitutionnel des Fiançai» , une couronne
civique , des épis de bled . trois dapéaux , une cocarde
nationale , & notre chere devise , vivre libre ou mou-
.B.IH...N'oubliez pas sur-tout de dire à vos femmes <k à
.vos enfans , que celles qui leur font cette offrande ,
sont des filles sages, des épouses ridelles, des mères
tendres , qui après avoir fait le bonheur de leurs fa"
.milles & de leurs époux, viennent le cimenter dans
,cc sabbat. ,i Son Excellence , Morsieur l'Ambassadeur
de la Taverne de Londres , quoique duement prévenu
du rôle qu'il doit jouer , en est si ebahi qu'il oublie la
réponse qu'an lui svoit donnée, & dit en place : Mvladis,
. & vous , Mylord Président , moi pas être du tout préparé
à faite une Oratiok ; mais qui diable aussi pouvait
croire un pareil réception ! Moi avoir écrit à Londres mon
premier visite à vous , & j'ai eu vite un réponse, Mais
KON PAs dE MA Société , parce qu'il faut beaucoup
fort du temps pour son assemblemem ; ( Nous n'en dou
tons point. ) mais ça ne m'empêchera pas de rendre compte
de votre bon réception. Pour empêcher son Excellence
de découvrir entièrement le pot-aux-roses , toute la
Jacquinaille s'est hâtée de couvrir la suite de son dis
cours des plus bruyans applaudissemens., de bénir notre
précieuse liberté & de maudire la tyrannie 6c les Tyrans*
(6o5)
XJn honorable Jacquet a proposé ensuite de faire venir
de Londres la buste d'Algermont Syndney qui plui
malheureux que Mi'abeau , fut pendu , pour avoir
' comme lui défendu la liberté. — Puis on offre aux re
gards de l'Assemblée une lame d'épée envoyée aux Sab-
batistes par M. Virthaux. Frère Isnard s'en empare ,
la brandit dans ses mains 8c s'écrie : — « Avec cette épée
divine , tous les ennemis de la liberté seront effacés du
nombre des Vivans. » Prédiction d'autant plus infail
lible , qu'on assure que cette épée merveilleuse est
la même dont le père Eternel arma l'ange qu'il mit
en vedette aux portes du Paradis terrestre , après la
chute du premier homme. — Ce précieux cadeau enfle
.le courage de la bande Jacobite. — Frère Raderer s'exta
sie à son aspect; sonnons, dit-il, l'attaque; que l'on
se mette en rang ; qu'on se serre ; que coblent^ soit
détruit ; la guerre ' La guerre 1 Allons chasser nos enne
mis des terres de l'Empire , & disons aux Peuples.- vous
êtes libres, .Allemands , maîtres de devenir esclaves de
vos Tyrans , Si nous leur pardonnons, eu de vous en
donner d'autres. — Cette pitoyable farfaronade n'a pu
émouvoir le Général Robespierre , qui persiste à ne vou
loir point se battre. L'opinion contraire de frère Sillery
termine le Sabbat.

MÉLANGES.

Bouquets suaves adresses à quelques Journalomep , par


M. Betisi.

Quel est ce grand sapeur des Carmes ï


Cest Tonnerre Audouin , patrigot plein de charmes .
Qui recueillant les bruits du faubourg Saint - Marcel »
,( êo6 )
. De la Courtille & de la Halle,
Fait le Journal universel ,
Et sape le Cierge , le Trône & la morale.
Vous le saurez par moi , Race future;
Tant que Chark le grand salit le SfECTATEUR,
Chaque jour il gagne une injure ,
Et chaque jour il perd un souscripteur.
i Qu'est-ce , bons Dieux ! que la Chronique ?
C'est un cloaque où sourdement ,
Villet .. asseoit son fondement ,
Et Condor • . sa République.
Rome dut son salut jadis au chant des oies :
Dandré vient de l'apprendre , & vite , avec raison ,
Pour sauver son pays il prend les mêmes voies;
Depuis , le chant du ccq s'appelle chant d'oison.
Monsieur Brissot, patriote en fureur ,
Qui barbouillez chaque jour tant de pages w
La République a dans vous un prôneur
Qu'elle d»vroit casser aux gages.
Four nettoyer Paris , Marat , gonflé de rage ,
A fait par la Police adjoindre un tombereau;
Car le fie' qu'ii vomit dans son sixième étage ,
Tombe aussitôt dans le ruisseau .
C'est sur l'épaule des Brissoteurs qu'on mettoit la
lettre V dans l'ancien régime ; mais l'évéque consti
tutionnel de Langues , surnommé Malotru , ci-devant
curé de Porentruy , a changé cet usage. I! trouve plus
raisonnable d'exposer ce caractère à la vue de tout le
monde , & pour cela il a fait graver un double W
qu'il met en tête de tous ses mandement» O merveil
leuse imaginative!
( 6o7)

Le célèbre Brissot . l'un de nos Monarques antU


royalement regnans, ayant inséré dans le numéro 883
de son journal une petite calomnie travaillée de main
de maître, comre la Cour & le Cousin - Jacques »
celui-ci en a témoigné son indignation à l'auteur de
YArgus patriote, dans une lettre dont voici un petit
fragment. — « Si tous les gens honnêtes que Brissot
» calomnie faisoient connoître comme moi la fausseté
».des imputations dont il les charge , le peuple seroit
» bientôt éclairé sur les vrais motifs des factieux qui
» mettent tout en œuvre pour le soulever contre ses
» chefs . . . Brissot est un imposteur payé par nos en-
» neitiis pour prolonger l'anarchie • ... Si Brissot em-
» ploie cette manœuvre pour animer le public contre
» le Monarque , il faut qu'il en ait employé bien d'au-
» tres pour atteindre son but. Si Brissot n'a pas honte
» de prostituer sa méchanceté rénale' à quiconque lui
» suggère , en payant , uns idée anti - constitutionnelle,
» il est clair que c'est un scélérat sans ame & sans
» pudeur , dont le motif est de dégoûter le R 01 & sa
» famille du séjour de la capitale , a force de calomnies
» & de terreurs , & de le rendre ensuite responsable
» d'un départ que Brissot & sa clique infernal» auront
» nécessité &c. »
Espièglerie du comité des Recherches.
On a publié dans toute la France la grande découverte
des Fabricateurs de faux assignats , que fit sire Voideli
& dont il rendit compte au Manège , vers les fêtes de
Pâques dernières. On sait que tous les gauchers d'alors
s'empressèrent de faire délivrer une somme de 83
mille livres aux délateurs. Eh! bien, la Justice a de
( 608 )
couvert que ce; délateurs n'étoient que des coquins
gagés pour cette manœuvre. C'est par ordre du Comité
des recherches, que quelques faussaires avoient fabriqué à
la main, trois assignats de 2000 liv. pour un Coëffeuc
£.e Comité avoit non-seuleir.ent donné Tordre , mais il
avoit er\core fourni le mode'le t sans lequel on ne pouvoir,
rien commencer , 6- une presse sans laquelle on ne pomoit
tien finir.
M. P. . . . Marcon, victime dans cette odieuse affairei
vient de faire paroître là- dessus un mémoire [intéressait
dans lequel il dévoile bien des iniquités. On le trouve chez
Madame Duchesne , Libraire au Palais.
Demanee. —< — Pourquoi donc , l'Evèque constitu
tionnel de Lang.. . met -il un double
W en tête de ses mandrmens?
Bouche d'Or. — Parceque cela signifie Voleur de Mitre
& Voleur de crosse.

Frater, disoit Grégoire le petit, à son grand


Vicaire chabouc , vous savez que nous ne sommes pas
en bonne odeur ; tâchons aumoins de sauver les appa
rences. Je vous dis cela , Frère , parceque nous avons
la réputation d'aimer un peu le cotillon. Eh ! Monsei
gneur , répond le Barbiche, je vois bien que la médi
sance n'épargne personne ; msis je vous assure que bien
loin de l'aimer, si l'Assemblée Nationale vouloit me
croire, les femmes n'en porteroient bientôt plus.
Nous garantissons la vérité de l'anecdote.

II avoit été proposé dans la séance législative du 12,


de compter le nombre des signatures de chaque péti
tion présentée à l'Assemblée; mais la motion fut re-
jcttéc, parcequ'tlle auroit éclairs les vrais amis de la
( 6o9 )
Patrie , sur leurs forces ; parcequ'elle aurait démontré ,
que tous les signataires & les Va-nud-pieds qui y ont
apposé des croix , se trouvent dans la Jacoquinaille.L*
réunion des signataires de ces pétitions , toutes sorties
du même moule , ne va'peut-être pas , à Paris , à plus
de cinq mille individus, & cette Capitale renferme
800 mille liabitans. La proportion est infiniment moindre
dans chacun des Départemens ; voilà néanmoins ce qu'on
a l'audace de produire comme le vœu général de la
Nation.
Souhait.
Mons vicq-d'Aiire , dans une épizotîe,
fit savamment assommer tous nos bœufs , ....
Du bel esprit craignant l'épidémie ;
J'en suis marri , mais je fesois des vœux
Pour qu'il traitât ainsi l'Académie.
N OuVEAUTÉs.
L'Ane d'or d'Apulée , relié en veau blanc , traduit par
M. l'Anok. Se trouve à Asnières, chez'M. Moulin. Vol.
in-8°. , prix: — un picotin d'avoirre.

LEGISLATION.

♦ Seconde race de nos Rois.

Quelques Amszonnes ., non de la Cappadoce , mais


de clermont- Ferrond , élcctrisées par le Gépie Jacobite.,
ont écrit un billet doux à nos augustes Souverains,
qu'ils se sont empressés de publier dans la Séance du
17. Ces illustres Guerrières , après les flagorneries
.d'urage , disent : qu'elles ont envoyé aux. trousses des
Emigrés leurs époux , leurs fils, &ijue depuis ce saeri
( 6to )
fice , bien pénible à leurs cœurs , elles font sucer à
leurs enfans un lait incorruptible , clarifié à l'alambic d*
la raison. Au premier signal de guerre , ajoutent-elles ,
nous apprendrons aux ennemis du dedans & aux Prêtres
réfractaires , qu ils ne sont pas même faits pour porter
la quenouille. Sire counhon fait decréter l'insertion de
ce petit poulet dans le procès-vtrbal. — Autre adresse
des césars volontaires ds Marke , qui se plaignent des
gros draps qu'on leur donne & de leur couche militaire,
beaucoup trop dure pour ces nouveaux enfans de Ma ri.—
L'un des 24 Commissaires qui ont porté la veille , au Roi ,
le message de l'Assemblée , rapporte en ces termes la ré
ponse de Sa Majesté. «Je conr.oi , MM. le langage & le cœur
» des Français , dans les remercimens qu'ils m'adressent.
» Oui , ils sont ma famille , & j'espère que cette fa-
» mille se réunira toute entière sous la protection de
» la loi, c'est là mon vœu le plus cher. » Exaudiat
te dominus. — Puis pour tenir la Nation en haleine,
on a lu une déclaration de la prétendue tentative faite
auprès de M. W^impffen, au nom Ces Princes, pour
fcisgager à leur livrer la ville d? Neuf-Brissac.
Décret non- moins désastreux que les précédens , qui
ordonne 1*. l'émission de 200 millions d'assignats;
2'. une nouvelle création de 300 millions , savoir un
tiers de 5 liv un tiers de 10 liv. ... &-un tiers
de 25 liv 30. un compte particulier des assignats
de \ liv D'après un calcul exact , on assure qu'au
1e1. Janvier prochain nous serons «n banqueroute ouvert'
de 176 millions, en évaluant même le produit des
biens nationaux au-delà de leur valeur. —<,—
Le mauvais coton que la France jette au dehors a
porté quelques habitons de Sasle en Suisse à demander
la permission à nos souverains d'établir une nouvelle
( fin ;
manufacture de coton dans la puissants ville de tarit.
Leur supplique est adressée au très - honore &. très-
favorable seigneur president. Cette lettre a été ren
voyée au comité &c. — M. de Malvoisin , lieutenaat-
-colonel de Dragons , arrêté à Toul sur une simple dé
nonciation , écrit d'Orléans où il est détenu , pour sol
liciter des juges : mais rien ne presse quand il s'agit
de justifier l'innocence. — La séance du 18 a été tota
lement employée à entendre des pétitionnaires mandés
par les Jacobins des quatre parties du Globe. Le sieur
Collot-d'Herbois a fait aussi l'hommage à l'Assemblée
de ses guide-ânes , ou . Alinanach du père Gérard : le
président trouve l'ouvrage utiity au peuple , & admet
son auteur* avec la légion des pétitionnaires , aux in
signes honneurs de la séance. Des patriotes Liégeois
rk Brabançons viennent offrir leurs bras à nos Monar
ques. Cette honnêteté en valait bien une autre ; ils
ont aussi été admis à la séance. Leurs Majestés Thuriot
& capucino-Chabot ont ricané à la séance du 19 leur
collègue Dubui VE iong - champ , sur son surnom;
l'ex- marmiton a tant braillé , que la radiation du sur
nom a été ordonnée, après un brouhaha aussi long
que digne du sujet. — Quelques habitans de St.-Malo
convaincus du besoin qu'ont nos Législateurs d'évacuer
leurs humeurs peccantes « leur ont envoyé une racine
énorme de rhubarbe, mais nos sires se croyant incu-
hables en ont décrété l'envoi au jardin des plantes. On
s'est ensuite occupé du mode d'échange des petits as
signats dans les départemens: — Grand discours du
Ministre de la marine sur les causes des malheurs des
Colonies , & sur les moyens d'y remédier. — Vient en.
queue l'état des biens nationaux vendus & engloutis :
total, un milliard 23 î millions. — Nouvel ÂM-àa-ft
(6n)
de sept millions d'assignats, fixe au 2} de ce mois. —-
On lie la note des Décrets sanctionnés par le Roi ,
& les amis de la Religion, de la Justice & de l huma
nité voient avec transport le veto de sa Majesté apposé
i celui qui placoit les Prêtres non-jureurs sous le glaive
des brigands ; mais tandis que la vertu sourit à cet acte
évident de justice , un forcené n'a point rougi de faire
entendre dans le sein du manège des réclamations anti-
Constitutionnelles & séditieuses dont l'ordre du jour
a fait raison. — Sire Ramond a lu son projet de Décret,
sur les mesures relatives au rassemblement des Braban
çons dans nos places de guerre. La discussion a été
ajournée au lendemain. — Un des Monarques a solli
cité la clémence de l'Assemblée , en. faveur de l'équi
page de la frégate l'Embuscade qui s'est livrée au plus
saint des devoirs. On ne doute pas qu'elle n'en ressente
les effets. La discussion a été ajournée. Le nourrisson du
Clergé 8c son plus implacable ennemi , Sire Fran
çois dit de ÎHeufchSieau a été proclamé ViCE-Prési-
dent. '-_ n. ,
Errata du dernier N*. — Page 580 • 11e. ligne, au
lieu de chaque vice emprunte le nom d'une vertu , Use% :
chaque vice à son tour prend un nom de vertu.

AVIS IMPORTANT.
Nous prévenons nos abonnés de ne point insérer des
assignats dans les lettres qu'il nous adressent par la
poste , pareeque plusieurs de ces lettres sont enlevées.
11 nous en a été adressé une de Carcassonne avec 12 l.
qui ne nous est point parvenue. L'unique moyen de
prévenir cet horrible brigandage , c'est de faire charger
les lettres dans les divers bureaux. S'adresser au Direc
teur du Bureau rue Montmartre N'. 21p.
L A ROC AMBOL&,

ou

JOURNAL DÉS HONNÊTES GENS ,

Rédige par Dom Rêgius A N t i - Jac o b i nvs.

« Une Foi , une Loi, un Roi ».

Du Dimanche 25 Décembre 1791.

SECOND CHAPITRE

Du Catéchisme des.R»vAi,istes.

Demande. — C^u'ese-ce que le Roi?


Réponse. — Le Roi est le Chef suprême de la NatÎM*
le Souverain Seigneur des Français ; le Suc
cesseur de St. Louis, du grand Henri ,
au trône des Bourbons, & l'image rivante
de la Majesté Divine dans l'Empire- des Lis.
Dem. — — Pourquoi dites-vous que le Roi est lo Chef
' suprême de la -Nation?
Rbp. — — Parce qu'il est de l'essence de la Royauté ,
que dans le Gouvernement des Peuples .

SSS
(6i4)
rien ne doit se faire sans l'ordre du Roi
ou sans sa permission.
Qem. — — Pourquoi dites-vous que le Roi est l'image
vivante de la Majesté Divine ?
RÉF. — -"- Parce que le Roi doit être independant du
caprice des Peuples qu'il gouverne ., &
qu'il maintient l'ordre & l'harmonie en
tre toutes les classes des Citoyens , comme
le Tout -Puissant parmi les Etres in.
nombrables qui composent le système de
l'univers. .
Dfm. — — Nous sommes donc obligés d'obéir à la
volonté 'Royale ?
Rép. — — Sans doute, parce que Dieu l'ordonne, &
que notre propre intérêt nous y oblige*
Dem. —. — Qu'est-ce- donc que la volonté Royale ?
Rip. — — La volonté Royale est l'expression de la
loi. — «Si veut le Roi, si vfiit lu ï^ou,

NOUVELLES POLITIQUES.
' De Rome , \ décembre.
La Cour de Rome a reçu les assurances les plus po
sitives de l'intervention des Puissances pour le rétablis
sement de la Monarchie, & de la Religion Catholique
en France. Un orage terrible se forme , n'en doutez
pas: pour le détourner, les usurpateurs de l'auroriti
Royale & pontificale voudroient bien négocier un ac
commodement avec sa Sainteté ; mais peut-il exister
quelque accord entre le Crime & la Vertu , entre
la Religion & l'Impiété ? Comment écouter les propo
sitions d'une horde de scélérats qui , avec les expres*
sions d'humanhé , de Patriotisme , de liberté ont la plus
horrible férocité dans le cœur , & ne se délectent qut
dans le sang & le carnage des malheureux qu'ils^frou-
vcnt sans défense. Non, point d'accommodement.— Nous
n'ignorons pas cependant que la fermeté du Chef dé
l'Eglise est cause que les ennemis de la Reiigion ont
• de nouveaux accès de rage ; qu'ils affectent de dire que
le Vicaire du Dieu de paix ne soupire qu'après la guerre ;
mais qu'importent les calomnies de la Jacobinaille ! Les'
ientimens du Saint pire sont connus . & toute !a Chrét
tienté est instruite que s'il veut 'a guerre , c'est pour
combattre les tyrans de la Religion , du peuple 5c des
Rois ; c'est en un mot , ;que la guerre est l'unique moyen
qui puisse sauver , de la fureur des tigres du Manège ,
ceux qui n'ont pas abandonné les drapeaux de la Foi.
Nous attendons M. l'Abbé Maury ; les plus grands
honneurs sont destinés à cet intrépide défenseur de
l'Eglise. On assure qu'après avoir reçu le chapeau de
Cardinal , il sera envoyé auprès des Princes Français
en qualité de Nonce.

De Coblent^ , 8 Décembre.

'M. de Noycltes voit souvent Monseigneur Comte


d'Artois ; dernievement ce Prince lui dit en lui frap
pant sur l'épaule . Courage , mon ami , tes affaires vont
bien. Et en effet la coalition des Puissances du Nord
avec celle du Midi n'est plus un problème. L'immortelle
Catherine a ta/it travaillé qu'elle en est enfin venue
à-bout.
Aih , le 16 Décembre.

La Province de Flandre fournit une multitude innonv*


brable d'étnîgrés bourgeois qui viennent avec armes &
eagage , qui sans s'arrêter ici continuent leur route
<

( 6i6 )
jusqu'à .Cbblent'^, Les liabitans des campagnes en faî-
soien'r* autant; rosis sur les représentations de nos Chefs,
^plusieurs sont retournés dans leurs foyers où leur pré
sence est encore plus nécessaire qu'au dehors. On assure
que d'après le dernier Ultimatum de la Diète de Ratis-
lfonne , l'Empereur vient d'ordonner à tous les Princes
à Allemagne de se disposer à fournir leur contigent de
troupes.
Bruxelles , le 1 8 dècembrt. ,

Si vous lisez les Journaux Jacobites & Monarchiens,


ils vous diront qu'il existe des mécontens dans tous
les Etats, & que les Princes d'Allemagne bien loin de
donner des secours aux émigrés pour détruire le foyer
de désordre quitrienacc les Nations , sont fort embar
rassés pour trouver des moyens d'empêcher chez eux
l'insurrection. Vous pouvez d'abord répondre à ces Jour
nalistes , qu'ils en ont menti. Le fait est que les Apô
tres de la propagande se sent répandus dans toute l'Eu
rope , qu'ils y ont preché leur doctrine abominable , mais
le fait est aussi, qu'on leur donne la chasse partout
à Coups de bâtons , ou à coups de fouet; & kBruxeliet,
autant qu'il s'en présente , autant de pendus. (l)
La bor.ne aventnrc au gué, la bonne aventure.

Thermomètre de Paris.

: De tous les spectacles que le désordie & la putré


faction des mœurs ont enfanté dans la Capitale, celiS
delà Jacobinicre est sans contredit le plus abomina
ble; mais il vient de s'en former un autre, dont les

(i) Le 16 de ce mois on a pendu encore a Jacobins.


C 617 3
acteurs , quoique moins féroces que les Jacoqu'ns , ne
sont pas moins méprisables par leurs principes. On voit
bien qu'il est ici question du Club des Feuillans.
Ce C'ub prévient dans ses affiches , que ses représen
tations seront publiques comme celles du Manège. Qael
est donc le Démon qui inspire ces nouveaux perturba
teurs de notre repos ? C'est le Démon de l'ambition (1) ,
& comme leurs rivaux n'en sont pas moins dévorés
qu'eux , la Scène publique va bientôt nous offrir le ta
bleau hydeux des prétentions ridicules des uns & des
autres , de leurs querelles & de leurs fureurs. Dans
cette lutte scandaleuse de deux factions , consommées
dans l'art des intrigses & des manœuvres les^plUs cri
minelles , de quel côté sera la victoire ? On peut répon
dra à cela , que les deux partis se flattent également
de la fixer sous leurs drapeaux- Les Feuiilans préten
dent qu'ils seront soutenus par le Cabinet des Tuile
ries ; mais les Jacobins, sont protégés par le Manège ,
& reçoivent de puisians so^ours des Protesîans. Or ,
on n'ignore pas que dans le moment présent , ils redou
blent d'activité; on n'ignore pas, que les Officiers ab-
sens sont remplacés par des Calvinistes (2) ; que ceux-ci

(1) On compte dans ce Club , les premiers auteurs


de nos calamités, c'est-à-dire, leS Talleyrand , les
Syeyes , les Thourel , les Treillard , les d'André, &c. &c.
Marna. ... le destructeur de la race humaine y est nussi
placé par le parti Protestant , non pour servir le Club ,
mais pour épier ses démarches.
(2) On compte parmi ceî Officiers de nouvelle fabri
que , un nommé Ferrand , qui est Colonel du Régi
ment de Languedoc , un VaissIère, Clerc de Procu
reur, accusé par la veuve Gas., d'être l'assassin de son
•poux , & un Vicv , tous deux sous-Lie»tenans.
(6i8)
ont à leur solde les brigands du Champ -de - Mars ,
ceux d'Avignon, du Comtai, bc. &c Les Feuil-
lans auront donc affaire à forte partie.
Cependant il faut convenir que depuis le premier
veto du Roi , les Calvinistes éprouvent bien des revers ;
le second veto qu'ils attendoient avec impatience pour
soulever le Peuple , a encore trompé leur attente. On
doit conclure de là , qus la révolution est à son déclin.
Les amans de la pauvre Targinïtte sentent déjà les
glaçons de l'hiver , & s'ils expirent , ce sera de lassi
tude, d'impuissance. 5c non d'amour.

' SABBATS JACOBITES.


• .
Pu 19 décembre.

Sous la Clochette du fou irovant F st. È se I sX atxd.

Ferons - nous imprimer la liste de nos vénérables frè


res les Jacobins , demandait dans ie Sabbat du 19 , un
Fraier , au firent sinistre , à l'œil hagard , au regard
faux. — Sans contredit , lui répond certain Jacquet de
pareille encolure , même avec leurs qualifications & sur
tout, celle de deputé à l'Assemblée Nationale , afin
qu'il soit notoire à tous & un chacun , que la majeure
partie de ceux que nous avons placés sur le trône légis
latif sont assez ingrats , assez lâches , assez poltrons ,
assez fesses - Mathieu , pour n'oser venir à nos pom
peux Sabbats ! — Mille pipes d'un Diable ! s'écrie un
Marmiton Jacquet , en grattant son oreille , qu'est-ce
donc que ça veut dire ? Des qualifications ici , morbleu î
Je ne prétendions pas cela moi. Je m'étions planté Jaco
bin , à cette fin d'être l'égal de tout le monde, de
( 619 )
piller , d'incendier & de tuer les aristocrates Sç lei prê
tres impunément en tout pays ; mais non, ma foi, pour
avoir quelqu'un qualifié en sus de moi , pas même
un Bourbon. -«- Il a raison , disent les uns. — Vous en
avez menti , répondent les autres ; les F. . . les B. . . .
volent de toutes parts : on est prêt a se battre ; enfin ,
après le plus épouvantable orage , !a question est ajour
née , & l'on ouvre la pacotille des dépêches. Use lettre
des Jacoquives de Perpignan sort la première du sac ,
la voici. « Illustres frères Se amis , grace à nos
soins , ça commence d'a^r "au delà des Pyrénées , &
sans la Constitution civile du Clergé , l'Espagne se se-
roit déjà livrée au plus saint des devoirs. L'abominable
découverte de l'éga'ité a fait tourner toutes les têtes
Espagnoles ; le dernier artisan se croit déjà au niveau
d'un Grand de la premiere classe. Le laboureur espère
âc traiter un jour tous ces gueUx-là à la Française. Tout
seroit baclé dans ce moment , sans la maudite supersti
tion du peuple ; mais patience , le volcan souterrain
qui lance de temps à autre des étincelles , fera bien
tôt sauter tous les despotes de !a terre. » — Autre lettre
écrite de la ,.même Ville , par un vénérable de la
Sainte ligue sans doute , qui raconte en style Jaco-
bite {la rixe survenue le 5 de ce mois à Perpignan
entre les Soldats du Régiment de Roussillan > àe.Cam-
hrcsis , 8c la garde Nationale. Le bon Jacquet ne man
que pas, comme de coutume , d'attribuer ces querelles
particulières à l'incivisme des Officiers , véhémente
ment suspects d'un projet de contre-Révolution ; ils si
sont efforcés, dit-il, de'pervertir leurs Soldats; leur
dessein étoit de s'emparer de la Citadelle, de canonner
a Ville , de la piller & de la réduire en cendres. Après
( 02© X
beaucoup de résistance enfin , graçc à l'ordre donné. , .
nous nous sommes défait des tapageurs. Le Bataillon
de Cambresis est parti. Les Officiers étoient encore à
la Citadelle , mais leurs Soldats s'y sont portés en foule
& leur ont bravement arraché les habits , les épées ,
les croix de St. Louis , les ont conduits en prison , &
vive la Liberté ! On cherche maintenant les Bourgeois
& les Prêtres atistocates pour les incarcérer. Six Sol
dats n'ont pas voulu suivre le bitai'lon qui est parti,
disant qu'ils ne vouloient pas suivre des brigands. » —
Qu'on ose encore nous dire , que tout ne va pas le
mieux du monde depuis notre bienheureuse Révolution!
™Frère Loustatot , Commissionnaire de l'illustre bande
a communiqué une lettre des Jacquets de St. Jcan~de-
iM%y ,, qui lui marquent , que le despote Espagnol
appelle Roi, a fait passer douze mille hommes à Pan-
ptlune ., & environ 16 à 17 mille sur les frontières,
pour observer de plus près les merveilles qui s'opèrent
en France. La curiosité de ce tyran a excité le sourire
de la pitié, & frère pillaud de Varennes rappellant
le désordre du jour , grimpe à la tribune, armé d'un
ïnterrr.inxble discours , pour faire trembler les patriotes
sur le sort qui les menace , & les exciteir à plonger au
plutôt leurs bayonnettes dans le cœur de leurs ènnemis ;
c'est-à-dire de tous ceux qui ne partagent pas le brigan
dage & les fureurs de la Jacoquinaille. Selon ce farou
che Jacquet , la Nation doit se méfier des Ministres ,
du Roi.de toutes les autorités constituées, agir elle-
même & consommer ainsi la ruine totale de notre in
fortunée Patrie. —. Les proclamations des frères Grange-
Weàve à la présidence & de CUvières à la vice-prési
dence ont terminé le Sabbat. — Le très-renommé frère
de St. huruges , Ambassadeur plénipotentiaire de tous
les Peuples de l'univers, a notifié de leur part dans le Sab
bat du 21 ^ au suprême Club, un traité de ligue offensive
& défensive avec tes très-hauts & très-puissans Jacoquins
de France , conclu , disent les nouvtaux fédérés , pour
h bien genéral de l'humanité , le rétablissement de l éga
lité & des droits de l'homme. Les Nations , dans l'en
thousiasme de leur zèle' pour la liberté , exhortent les
Français d'exterminer au plus vite les Princes , les
Nobles , les prêtres, les Emigrés présens & à venir; en
un mot, tout ce qui n'est pas humblement soumis à
Isurs révérences séditieuses & républicaines •, pqis de
venir planter dans les quatre p-.rties du Globi l'éten
dard sacré de la révolution , jurant les susdites Na.
tiJns souveraines, à la souveraine Nation Française»
amitié , assistance & secours , tant en la vie qu'en la
mort. — Suit au bas de ce traité la signature de quel
ques va-nuds-pieds stipulant pour l'Europe , [Asie ,»
l'Afrique & ïAmérique. Après cette grossière farce ,
renouvelée de nos constituans , survient frère le Maire,
Cordonnier & Bouffon du Sabbat, lequel craint, dit-il,
que le miel dE N^RbÔNNE ne soit mêlé de quelque poi
son , & qui propose de donner au Ministre ds ce nom
quelques adjoints pour épier ses opérations sur les
frontières qu'il va visiter. On calme les soupçons de
maître Crépin , en lui apprenant , que M. de Narbonne
est escorté par MM. d'Arblay , Desmottes , Montmo
rency, Bellay-d' Agier & d'Arçon. — La forge des dénon
ciations n'ayant rien de préparé contre les émigrés &
les prêtres, un vénérable Jacquet pansupplément pro
voque l'indignation publique contre l'adminis tration mu
nicipale de Paris , qui dans la nuit du 19 au ao , ten
tée par le Diable , a violé le domicile des sieurs
( 622 )
tiidot & Gurnery, Imprimeurs pour y saisir traîtreuse
ment , au nom des créanciers du St. Riqveiti Mirabeau ,
les lettres galantes que ce satyre écrivoit il y a quinze
ans à la Marquise de 'Mounier.
— Rassurez-vous, mes bons amis, reprend frère Ma -
nue!, ce délit est dénoncé au tribunal qui va en con-
noître ; l'auteur de ce viol nocturne sera puni ; car
le laboratoire d'un imprimeur doit être inviolab'e , puis
qu'il est l'asvle des pensées : il doit l'être autant que
l'est la tête de celui qui pense. Cette vérité n'ayant pas
trouvé de contradicteurs , on a repris la question sur
la gusrre. Le grand Carra doat le nom seul annonce
un républicain farouche & incendiaire , Carra qui vou-
loit la guerre , tant qu'il a cru le Roi éloigné de»la
faire , s'y oppose depuis la déclaration de sa Majesté-
& développe • ses motifs dans une diatribe insensée, qui
fait bailler & dormir à l'ordinaire les deux tiers de ses
auditeurs. Si cependant il faut se battre , Mons Carra
n'est point d'avis d'aller à Worms ni à Coblent^ , &
pour cause , mais bien dans les provinces Eelgiques &
à Liège. « Vous savez , dit-il , que -les peuples vous y
attendent avec impatience pour secouer le joug de leurs-,
propres tyrans, & pour y arborer les couleurs sacrées
de la cocarde nationale. » Ce ne sont pas des brigands
poursuit le jacquet , des lâcïies qui fuiroient devant
vous qu'il faut s'amuser à suivre à la course ; ce sont
les peuples opprimés au delà de vos Frontières , qu'il faut
soulever et Muxicipaliser , comme l'a dit friiv
Baderer. Telle est la doctrine abominable de cette sect*
impie , meurtrière & régicide.

.1
• ( 6*î )

MÉLANGES.

Sur l'auteur de la defunte Chronique scandaleuse*

Enivré des fureurs de sa musex effirontée


Champce. ... a quitté le peigne pour l'épée.
Et comme il n'est jamais de naturel menteur .
Il fait encor la barbe à tout le peuple auteur.
Il savonne les grands , les Ministres , les belles,
Et frotte les bureaux , ainsi que les ruelles;
Rien n'échappe au piumeau dont il arme sa main,
Pélas ! tout ce qu'il touche , il le salit soudain,
Et de Brissôt lui-même il feroit unpigmée,
S'il envoyoit sur lui son haleine empestée.
La fange du mépris est son arme aujourd'hui ;
Plus il en jette & plus il en tombe sur lui.

Comment! vous n'êtes pas des nôtres, disoît Sire


Bris!... à certain Municipal de Montmartre. — Je ne
suis pas assez savant pour cela. — Vous rn'étonnez.
Eh! quoi, ne savez-vous pas conjuguer le verbe aCcipetel
— Je sais bien ce que cela veut dire , mais
— Eh! bien, mon ami, vous savez tout ce qu'il faut
«avoir.

Un bon Laboureur des environs de Langres va


trouver l'Evêque intrus pour le prier de lui accorder
une dispense, afin d'épouser une petite voisine , jeune
Jk jolie , qui lui plaîsoit beaucoup. Mais , dit le prélat
constitutionnel, est-ce qu'elle est votre parente ? — Non ,
Monseigneur. — Eh bien ! vous n'avez pas besoin de dis
( 6*4 )
penses.— Mais c'est que j'ai une autre femme qui m'a
quitté , & vous m'entendez bien ? — Dans ce
cas-là , il faut l'extrait-mortuaire de votre femme, —
Comment , morbleu , Monseigneur , avie^-vous l'extrait-
mortuaire de M. de LA LuzSRNS , quand vont ave\
xrissote son Evêché.'
Nous garantissons l'autenticité de cette anecdote
—■iirgnr^ l'n'iu: m h—
A Dom Rêgius^ Redacteur de la Rocambole.
Votre lettre, Monsieur, m'a confirmé dans l'opinion
que j'avois que vos feuilles hebdomadaires éteient
arrêtées à la poste. Ce brissotisme ne m'a point étonné ,
il fait l'éloge de votre délicieux journal ; les fripons
ne volent que^ce qui est bon. Je suis même étonné
que votre ouvrage parvienne dans nos provinces , par
la raison qu'il jette gaiement le ridicule sur le jaco
binisme. Cette secte , malheureusement trop puissante,
doit savoir que l'arme la plus redoutable est le ridi
cule. Continuez , Monsieur , à vous en servir avec cet
avantage qui vous caractérise. Vous riez , tandis que
M. de Ro%pi pleure; & votre plume & la sienne servent
e'galement bien notre malheureuse patrie. Heraclite &
démocrite n'étoient - ils pas deux Philosophes cé
lèbres , &c.
Ce 20 Décembre 1791.
Un respectable Ecclésiastique ( M. l'abbé de ChAît )
gémissant sur les malheurs de la patrie , avoit dit , que
dans les cirtonstances actuelles il mourroit volontiers. Cette
expansion de sensibilité a donné lieu à une épître en
ver', dans laquelle on lui répond
« Le sage sur la terre est un dépôt sacré;
» L'Eternel l'y plaça pour adoucir nos peints. »
; ( *»5<>.
L'auteur a célébré, d'une manière touchante I« vertu»
de son héros dans l'abbaye de Saint- Mesmin-de-Mixi,
Voici comment il s'eïprime :
» Cette abbaye
Par le plus digne abbé fut long-temps embellie . <
Et le seroit encore sans ces atroces loix , .
Qui brisent les autels & détrônent les Rois.
Nous invitons nos lecteurs à lire ce petit ouvrage
qu'ils trouveront fort intéressant.

Il y a plusieurs Claude* dans l'Assemblée Nationale.


En latin, Claudus veut dire boiteux. Or il s'agit de
faire inarcher droit les anti-Constitutionnaires; on a
créé ad hoc- un Comité de surveillance , & j'y vois
arec admiration , Claude Fauchet, Président, & Claude
Ba%ire, Secrétaire. Stupete, gentes ! Nos chers bien amez
& bien Claude Fauchet , Claude Battre sont les étaies
de la Constitution. S
Verspour mettre au bas du buste de MlRAB..*
placé dans le lieu des Séances de l'Assemblée
Nationale.
Il courut à la Gloire, échappé du Supplice.
L E G r S L A T I O N.
Seconde Race de nos Rois.
Stances des 19 ait soir, ai, 226- 23 drcembre.
Le Démon de la Jacobinaille s'étant emparé du dér
partement de la Mayenne a dicté au Directoire un ar
rêté marqué au sceau de ce génie infernal; il oblige
les prêtres nen-sermentés à se faire inscrire chaque jour
i midi, au chef- lieu du département t pour eansiaiet
( 6â6 )
leur présence. — gravissimo ! se sont ecriés quelques
Monarques possédés , comme )e Directoire, de cet esprit
immonde ; l'un d'eux demande même que cet acte
atroce soit honorablement infusé dans le procès-verbal :
mais' une Majesté législative qui n'a point trempé ses
lèvres dans la ccupe impure de l'infâme sabylonne ,
s'éleve avec force contre l'attentat du Département aux
loix constitutionnelles , & contre les roitelets qui Ont
l'impudeur de vouloir insérer l'éloge du plus affreux
despotisme dans les registres immaculés de la sainte
liberté. Les sages observations de l'homme juste ont
été 'senties , & l'on est passé à l'ordre du jour. Mais
étoit- ce, hélas , assez ! ! ! ! — Voici venir ensuite une dé-
putation du conseil général du Département de X'Yonne ,
ayant à sa tête M. le Pelletier de st.-fgrgeau, l'un des
feus Rois de la première race. Cet ex-Monarque , dé
pouillé de la rouille du vieux homme, crache, se mouche
& dit : mm. les choses vont au mieux dans nos can
tons ; tous lés prêtres ont juré tant qu'on a voulu , 9c
partant sont à leur poste ; quelques mauvais sujets
seulement ont émigré, mais en petit noiribre. .'. .Pour
suivez » mm. , marchez à ipas de Gargamhua dans la
carrière législative. Eh ! qui pourroit vous arrêter ? Se-
roit-ce le Roi ? il est garrotté à la Constitution. Seroit-ce
les Ministres ï Une responsabilité sévère les enchaîne
A la vérité quelques clameurs se font entendre sur les
bords du Rhin ... Des Français indignes de ce nom,
des armées étrangères menacent la France , mais mo
quez - vous de cela .... On lit dans la vallée de Moral
en Suisse cette inscripiton : « Lt; Duc de Bourgogne etant
entré en suisse n'a laisse'que ces seules traces de son passage.
Ces traces sont les ossemens de 80,000 Soldats. » -L
I

( é2f î y
A bon entendeur , salut. — L'orateur est applaudi à|tout
rompre ; décret qui ordonne que son discours , l'ins
cription & les 80,000 soldats massacrés seront tous
mis dans le procès-verbal. —• Puis , pour la bonne
bouche, on a lu les procès-verbaux de l'arrestation de
M l'abbé de Paulmyre soupçonné d'avoir voulu en
voyer à Sl'armée des Emigrés un renfort de deux
soldats < M. Gauthier, Juge de paix à Rennes , demande
ce qu'il faut faire dudit abbé. Nos Monarques plus qu'à,-
demi-dormans alloientdélibérer , quand la pendule sonne
dix heures & demie. Quoi! si tard que ça, s'écrient
certains Monarques , nous qui étions accoutumés
a nous coucher au plus tard à neuf heures ! mais
c'est de quoi crever tous , & que deviendroit la Patrie ?
Four la sauver, allons vite gagner nos lits. Chacun
court à l'instant', & le manège est désert. Sire Godet
sonne le tocsin de la peur , à la séance du Mercredi , &
veut, i°. que l'Assemblée constate par un décrer., que
la patrie est en danger ; 2°. que les portes du royaume
soient fermées à triple verrou , aux personnes , au nu
méraire , aux provisions , &c. — On rit de la frayeur
du Monarque , & l'on décrète que les étrangers ras
semblés dans la ville de douai & de Lille seront tenus
provisoirement de fixer leur domicile hors des villes
de guerre. On s'est ensuite occupé de la distribution
des petits assignats: — Décrété que ceux qui resteront
entre les mains des receveurs des Districts seront
donnés en échange aux FaBricans , agriculteurs ou
armateurs qui justifieront du btioin. — Des déptches
lues à ia Séinae du 22 ont appris que la maison où
s'asstmbloit le Directoire du Département du Puy en
Velay a été incendiie pendant la nuit. On est à la
piste des coupables. Projet de décret sur la haute-cour,
ajournée au 26,
/
P C-faft ) -
Sire Roithier , on s'en sourient sans doute , avoîî n»-
gucres dénoncé les agens du pouvoir exécutif, comme
portant sur l'état des pensions un M. de là Mothe ,
ancien militaire, quoique mort depuis 30 ans ; d'après
les perquisitions ordonnées , il a été constaté que M.
de la Mothé n'est mort qu'au mois de Mars dernier.
Sire Rouiller, un peu pén3Ut , a tou!ours soutenu, que
son M. de la Mothe éto« mort depuis 3 d ans. On lui
a ri au nez , & il a répliqué , au lieu de s'amuser à
trouver . un député calomniateur* on ferait mieux d»
meure à l'ordre du îour la dénonciation contre le ministre
de la Marine , nous verrpns comment il /ep tirera. M.
de Leisari' eit entré dsns ce moment , au grand re
gret du Monarque Rçuhier , il a confondu , pulvérisé
le pontife Fauciiet sur tons les chefs de son accuiation.
Ce grand inquisiteur a voulu ' répondre , mais on est
passé à l'ordre du jour.— La Séance du soir a été entière
ment employée à récapituler les adresses, hommages ,
'.félicitations des Jacobins répandus dans les divers dé-
parremens , & à délibérer sur le sort de M. l'abbé
Bouant, que la 'Municipalité de Mois a fait arrêter ,
comme répandantà ia Ronde une odeur d'Aristocratie.
= Décret qui erdonne qu'il sera l?cî:é. — Lu Séance
du 53 n'offre d'mtéressant-qufurie er.iiusica d'Assignats
dont' nos msgnifiques Souverains ont ordonné ,,oue la
France fût inondée. En conséquence on va fabuqer40
millions d'Assignats de 10 sous, 60 millions de 15 sou?,
ico mi lions àe 25 {ous & -ico millions de 50 scus.
Heureuse France! Fus-tu jamais aussi fortunée , aussi
riche en chiffons !!!'. !?! ! SU!

-» ' A V I S. '
Nous prions MM. les Souscripteurs, dont l'ab^npenierit
«pire ii la fin de ce mois , de le faire renouveller in-'
ee:'sament pour- ne point éprouver d'interrùpt'ioii
dans l'envoi. .S'adresser au Directeur du Journal ëe la
Rocambole . rue montmartre , l\° 2 19, à Paris.—Prix
6 livres pour 3 mois — 1 2 livres pour six— 8c 24,livrts
pour un an , franc de port, »
LA ROCAMBOLE,

JOURNAL DES HONNÊTES GENS,; 4

Redigé par Dom Rieitrs Auti - Jaco b i x v »

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 2 g Décembre 1791.

NOUVELLES POLITIQUES.
Madrid, 14 Décembre.

« T ' P. 5 intentions de la Cour ne sont pas probléma


tiques ;bien loin de s'envelopper d'un voile mystérieux ,
Sa Maîesté catholique reconnoît la captivité du Roi très-
Chrétien , & refuse de recevoir ses prétendus Ambassa
deurs qu'elle regarde avecjraison , comme de vils agent
de la faction qui domine en France. D'un autre côté
les Ministres du Roi de Suède sont dans les plus inti
mes relations avec le cabinet Espagnol. On assure même
que tout est disposé ;-<our r*..eiîir à-s troupes Suiz
doises qui vont arriver au premier jour. ...» -U«
Barcelonne . 16 Décembre.
a II faut qu'à la férocité dont les Français ont d<»ief
tant de preuves terribles , ils joignent encore un g\. i&
( «3P )
fonds- de folie , pour prétendre nous faire croire que
leur-Roi,. est.Jibre , qu'il est respecté & -obéi comme
Un .Souverain doit -l'être-.' Mais pour- cela, il -faudrait
que nous ne fussions pas instruits des fureurs des Jaco
bins & des Qamisards. Les français pensent- ils donc
que les Rabaut , les barnave , les lsnard, ies Catra-
garamara , & autres monstres de cette espèce ne nous
tour pas connus ? Pensent- ils qu'on ignore ici , que
ceux qui iont élus aux pinces administratives sont les
ïrinehiis les plus implacables du Roi, dé la Royauté
& de la Religion? Oui, tous les Espagnols savent
cTlà , & leur indignition est telle qu'on doit l'attendre
d'un peuple fidèle & religieux. Jugez d'après cela , de
sa satisfaction en apprenant que la Cour de Madrid , de
concert avec, toutes le* puissances de l'Europe , va pren
dre les mesures les plus actives pour délivrer la France
de ses ennemis. Il est question que l'Espagne & la Sar-
daigitf traitent pour avoir à leur solde les troupes que
les Cantons Suisses aVoient ci - devant au service de
Franc*,-»
' * De CoblenfÇ, 18 Décembre.'

« A bon chat , bon rat , dit le proverbe. Le'opold le


dit aussi. La conduite qu'il a tenue jusqu'ici est un chef-
d'œuvre en po'itique. Enfin . il étoit temps de
fester ses intentions, & il l'a fait , après avoir disposé i
tes clicses pour assurer le succès de ses grands desseins ;
dans le même ternes , les Princes ont reçu la décla
ration de tous les Souverains de l'Europe , & l'imasor-
telle Catherine leur a fait tenir des sommes considéra-
Vies d'argent. Toutes les troupes sont en mouvement
& s'avancent dans le plus bel ordre possible. .
in Les Officiers Autrichiens, qui jusqu'a ce jour «voient
<*?»)
vécu dans la plus grande réserve avec les Officiers Fran
çais , libres enfin de se livrer aux sentimens de leur
cœur, vivent avec eux dans la plus grande intimité.»

NOUVELLES INTÉRIEURES.

Le Roitelet dtltmàs, Député de la ville de Toulouse,


nous fournit une nouvelle preuve des manœuvres Jaco-
bites pour perpétuer l'anarchie & toulever le peuple
contre lç Roi. Voici le fragment de la lettre séditieuse
*îue cette Majesté législative a écrite aux honorables Jac
quets des rives de la Garonne, et que le défaut d'eîpace
nous a empêché de rapporter dans» le précédent N".
. « Le Club de Toulouse dqit sol;iciter tous les Clubs
de la France , à demander que le Roi se rétracte du
veto suspensif concernant ses frères. On n'ignore pas
<qu ils. sont prêts à fondre sur la France : que les Rois
de l'Europe les étaient de tout leur pouvoir. Le silence
des Emigrés eu aussijerrib!& gue leurs canoitii.Qa est
prêt à faire main-basse sur la sainte Constitution. Les
meches allumées & les canons sont prêts à la foudroyer;
mais quatre millions d'hommes doivent s'y opposer. Le
Roi rétractera , ou il sera censé avoir abdiqué la Cou
ronne ; pour lors il sera regardé comme simple citoven ,
et on Pourra le Juger comme tel. » Pour allécher
la bande républicaine , l'illustre ramassé leur présente
ainsi l'appât du pillage. « Les pensions des réfractaires
seront distribuées aux nécessiteux Patriotes. Le Roi
demeurant responsable des hostilités des Emigrés. » Le
moyen de résister à un argument aussi irrésistib'e !
Voilà donc nos Jacquets Toulousins qui fagotent une
adresse à toutes les sociétés Jacoquinet du Royaume ,
dans laquelle ils se ruent en vrais démoniaques sur le
hhh a
'1

(6p.)
Roi. Après trois ans d» révolution, disent-ils , &. de
déchirement , la patrie croyoit enfin respirer. . * . . Mais
Yéternel ennemi de son bonheur , le pouvoir exécu
tir exIsïe encore , &c. Ils arrêtent enfin qu'ils sera
fait une adresse au Roi , non pour le prier de retirer
le veto qui autoit dû respecter le Décret contre les émi
grés , mais pour l'y déterminer; & afin , ajoutent-ils,
que le pouvoir exécutif soit frappé dans le même ins--
tant ., par la masse imposante de la volonté Nationale .
nous prions toutes les sociétés, nos affiliées , de faire
parvenir leurs adresses à Paris le 25 du mois de Dé
cembre actuel. Signés Lignaç , Président, La Pont ,
Dupui , Molinier , Rupé, Ben aven , Secrétaires. »
Une lettre plus exécrable encore circule dans le Quercy.
« Arborez » y est il dit, le drapeau de la mort : aigui-
» sez vos glaives ; il est tems qu'il commence une Saint-
» Marthelemy contre les Prêtres & contre les Nobles;
» qu'ils soient tous égorgés ; qu'aucun d'eux n'échappe ,
» du moment où le premier cuiip de cation sera tiré
» sur les frontières. » Ici le c œar se serre & la plume
tombe
* - des mains.

Thermomètre de Paris.

De quelles horreurs sommes-nous menacés , grands


Dieux ? C'est dans notre tein que se couvent les pro
jets les plus épouvantables. Ceri est fait, le glaive des
bourreaux va multiplier Jes horribles ravages , si la pro-
tecrien Divine ne couvre de son égide immortelle les
victimes innocentes que le calvinisme dévoue à la mort»
• Le consistoire de Paris e<t instruit que le: Protes-
tans de Nismes ,• de la Gardonneqae , des cevennes , de
la Saunage , de tAuvergne , &e. jont prêts î qu'ils n'at-
: . . - . . . : i »
tendent que les~ordres des chefs de la secte pour égor»
ger tous les Catholiques de leurs contrées, Cette nou
velle , qui est arrivée en même temps que le Gênerai de
l'expédition du 6 Octobre , a redoublé la rage du Con
sistoire, & aussitôt les assemblées nocturnes ont re
commencé.
Comment ne pas être effrayé des fléaux qui se pré
parent dans ce laboratoire du Crime , quand on considère
qu'il va mettre en activité les mêmes Calvinistes qui ,.
depuis la révolution, ont fait les massacres de Mont
pellier, d'Unis , de Lunel , de Montauban , de Nismes,
d'Avignon & du çomtat ? Ces tigres altérés de sang ,
qui furent toujours les ennemis du Trône & det'Au*
tel , qui ont succé avec le lait toute la férocité rte
leurs ancêtres, (t) & qui ne 'cesseront de la faire écla
ter tant qu'il existera parmi eux un Catholique.
Pendant que les çhefs des Calvinistes préparent la
plus sanglante catastrophe, le -peuple manifeste ses in
quiétudes sur les chiff&ns - mennoie dont il est inondiV
Il craint avec raison leur très-prochain discrédit , 6c il
paroit que c'est là sa seule crainte. Les préparatifs de
guerre ne font aucune impression sur son esprit ; les.
dangers de la pauvre Targinette ne Pafïéctent point du
tout , & cette malheureuse est tombée dans un tel mé
pris , que pour définir quelqu'un de souverainement'

(1) Les Calvinistes n'ont jamais négligé d'inspirer k


, leurs enfans la haine la plus sanguinaire contre le Roi .
contre les Prêtres & contre les Catholiques. On lit à
ce sujet , dans l'Histoire des Religionnaires , que le Baron
Des- Adrets , un de leurs chefs , faisoit prendre à ses
enfans des bains de sang pour les familiariser avec l'hor
reur de le répandre,
hhh »
<63+>
béte, le peuple dît : tiens, il raisonne comme la CONS
TITUTION.
Mais la guerre du dehors n'est pas la seule dont nous
soyions menacés. Les Feuillans & les Jacobins parois-
sent décidés à se battre à outrance. C'est la Jacquerie i
comme de raison , qui a commencé les hostilités. La
bande meurtrière s'est- transportée au club Monarchien
& en a vigoureusement chargé les Membres qui ont iié.
forcés de céder le champ de bataille à leurs ennemis.
Cet échec ne les a cependant pas abattus ; on assura
qu'ils se disposent à faire tête à l'orage , & que pour
cela- ils ne s'assembleront qu'armés de toutes pièces.

SABBATS JACOBITES.
des 23 8c* 2 5 décembre. . î

Sout la Clochette de Fxère GraucesievvZ. ,, ' .


Le très-h»ut 8c très-puissant Jacobin, Antoine,
ci-devant Roi de France par la grace de la révolution ,
& maintenant maître d'école par l'ascendant de sa fa
conde , n'est pas mort d'une esquinancie patriotique
comme quelques ignorans l'avoient publié. Il s'est pré
senté frais, gaillard & rayonnant de gloire au Sabbat
du 23 , armé d'un diplôme qui le constitue Ambassa
deur extraordinaire & plénipotentiaire des Jacquets de
Met^ , auprès de leurs révérences Jacoquines & des
Majestés législatives. L'objet de la mission du grand
Antoine est de rendre compte de l'état des frontières ;
de disserter sur nos moyens de défense ; de faire
un petit conte sur la situation des Emigrés , & de pré-|
senter l'opinion de la Jacquerie de Menr-,.comme l'opi
nion publique ; son Excellence est subsidrairsment-ehar '
( 635 5
gie de donner un démenti formel aux bêta Feuillanit ,
qui ont écrit -que la ville de Metz vouloit ouvrir se*
porte: à l'armée des Emigrés ; mais voilà l'Ambassa?
deur dans la tribune, écoutons-le. « Primo , mes frères,
on a dit que les habitans de Met^ vouloient ouvrir leurs
portes à l'armée des Princes étrangers ; s'il existe dç
telles armées , on verra ce qu'ils savent faire pour le
maintien de la Constitution ; je réponds d'eux sur mi
tête. Ce Département est défendu par une garnison
Jacobine dans l'ame , & sur-tout le Régiment ci -de
vant Coniè vrai prototype' de patriotisme. — 2e. Nous
avons des artilleurs Se des Canonniers qui ont entre les
mains des bouches dont l'éloquence en imposera peut-
être aux émigrés. Le peuple de Met^ n'est pas moins
patriote & vient en foule à nos Assemblées. Ces citoyens
qui descendent en ligr.e droite de la république ds
Rome, par une filiation transmise de/z/creceen lucre'ce
sans la moindre la.cunç ; ces citoyens , dis- je , pour
éterniser leur origine •antique , pure & intacte , m'ont
nommé Professeur de morale , instituteur en chef de
leurs enfans nés 8c à naître j & voilà comme ils ont
illustré le tendre ami de la Constitution & des immor
tels Robespierre Se Pe'tion. î*. Enfin , pour dire un rnor
de l'etat extérieur des frontières , vous saurez , que les:
plus coupables des e'mi^re's sont les freres du Roi i l'un
veut le rétablissement de l'ancien régime; celui-ci If
gouvernement de Pologne ; celui- là ce'ui d'Angleterre j
l'autre des modifications dans notre Constitution ; quel
ques-uns la république. Tout cela prouve , mes frères ,
qu'ils sont très-divisés entr'eux. Presque tous s'ennuien.Ç
à Cohltnt^ 8c désirent de rentrer en France. v'xi. » —*
Lss Sabbatistes applaudissent cette macédoine de. rai*
sonnetnens , 3c témoignent à Mons Antoine combien il*
'• • .r..\r,-.;-.. . lihh ^ ....:.
(M)
(ont charmés Se voir en lui le plus docte Professeur
rie Morale , qu'ait jamais eu la Colonie Romaine de
fAet%.. — Entr'autres adresses , on en lit une des Jac
quets de Strasbourg qui crient ha+o sur les rebelles d ou
tre-Rhin , & appellent la France à leur secours pour les
exterminer. — Voici venir l'astrologue de la Jacobinière ,
collot d'Herboïs , surnommé Almanach, qui fait un pa
thétique rapport de l'affaire des patriotes Soldats de
Vhâteau-\ieux , que la Justice tient aux galères. Frère
Dubois drcrasse, dansun redoublement de civisme, veut
qu'il soit donné ordre aux Ministres de faire paroître
sous quinzaine ces honorables forçats à la barre de
l'Assemblée Nationale , & sa demande s'abîme dans le
désordre du jour sur la guerre. Frère Real ressasse ,
dans un interminable discours , les rapsodies debitées*
pour & contre , revues, corrigées, augmentées des
siennes , & il conclut par dire qu'il faut laver' dans le
sang de'} émigrés leurs bravades insolentes. — Des Dépu
tés extraordinaires du Département de la corre%e , quî
étoient venus faire au Roi la demande extraordinaire
de sanctionner l'atroce Décret sur les Prêtres , se sont
présentés au Sabbat du & ont exprimé ï la Jaco-
«pinaille, combien ils étoient fâchésde n'avoir â rapporter
chez eux .que la nouvelle du veto. — Frère collot-Alma-
nach rend compte du projet de Décret du Comité , rela
tif aux Soldats de Château-vieux. Il porte de demander
le consentement des Officiers Suisses qui les ont jugés
dignes des galères.
Cette formalité déplaît aux Jacquets , & frère Aima-
nach quî avoit déjà inculpé le Ministre de l'intérieur'
dans cette affaire , ajoute , que s'il a l'audace de s'op
poser encore à son succès , il n'en sera *îue plus cer
tain , parce qu'une bonne action n'a jamais plus de par
tisans ., que quand leis méçhàns s'y «ppotent. . Nous
acceptons cet augure de grand cœur ! — Le géneral Ro
bespierre , d'une voix femmiellée annonce au public que
le tumulte prédit pour les fêtes de Noël devoit être
excité par les Feuillans , dans la vue de l'attribuer aux
Jacobins , de les détruire & d'enlever au Maire de Pari»
l'attachement du peuple ; mais , poursuit le bon Apô
tre , en attendant le moment où les forfaits des tyrans
provoqueront la vengeance du peuple justement filtrage ,
il faut livrer au mépris & à l'indignation publics les
vils ennemis qui veulent détruire la Constitution. —
Four la conserver , • '
Feuillans 6- Jacobins , il faudrait tout noyer:
Frire Doppet s'empare de la chaire pestilentielle &
y commence une dissertation sur la guerre, dans le
genre de la somme de St. Thomas , quoique très-diffé
rente dans son objet. Nous croyons devoir la soustraire
a l'indignation de nos lecteurs rassasies sans doute des
visions cornues de la Jacquinaille sur cet objet.

MÉLANGES.
Voici U . meilleur des Noëls qui ont paru cette annee.
Air De Jésus la Naissance, &c.
Jésus dans une étable
vient de naître aujourd'hui.
Une foule innombrable
s'assemble autour de lui.
Ah l quels chiens d'enragés ! Us sont Irait cens en somme.
J'y vois des médians & des sets 3 ., ,
des fous , des plats , des idiots , t
& pas un honnête homme l
( M >

Long comme un dromadaire, '


cépède vient sans bruit.
L'âne se mit à braire
aussitôt qu'il le vit : .
je le reconnois bien , dit-il , à sa manière ;
quoiqu'un peu plus savant que moi ,
s'il n'est pas aussi sot, ma foi,,
il ne s'en faut de guère.

Le condorcet s'avance ,
un poignard à la main ;
Mais Jottph qui s'élance
le désarme soudain ;
que se glissant le long de la muraille,
Bris en carcnant l'enfant ,
lui vole très-àdroitciBenV' W'
'tone botte de paille.

Voyant ce vo! impie ,


camhon court à grands pas , <•• *
aux genoux de Maris ,
»w?er dés assignats.'
Point de façons, dit-il , je. le dis sans mystère
je vous donnu-la du bon bien ,
niais ce bien ne nous coûte rien ,
prenez , prenez , ma, chère*

A l'aspect dç iaijrt ,
le bœuf se rengorgea.
Chacun se mit' à rire
voyant ces cornes-là» . ,
Mais ta^ire , piqué d'une injure fatale »
tout aussitôt le dénonça ; ...
& pour le juger on manda
la Cour Nationale. r
r wm\
à Isnard , l'énergumène ,
vouioit qu'on l'assommât;
chtboi , à perdre haleine ,
crioit qu'on l'écorchât.
Mais le peuple irrité d'un tel excès de rage ,
par son veto les foudroya ;
& ces deux boucliers renvoya ,
leur crachant au vi'age.

Quelle est cette figure


de couleur gris de lin ?
Je vois à son allure
qu'il médite un quatrain.
Veuf château dans ses murs autrefois le vit naîtrt
mais je crains fort que son tombeau
ne soit bien loin de s«n berceau,
& plus fameux peut-être.

En main portant sa crosse,


p ein d'amour & de vin .
Fauchet sort de carrosse,
suivi de sa Catia.
Mais Joseph, révolté d'une audace aussi forte,
brise la crosse. sur le dos
du Député de calvados ,
& lui ferme la porte.

Je tous défends l'entrée,


leur cria-t-tl à- tous :
ma demeure sacrée
n'est point faite pour vous.
Au Manège fuyez , jusqu'à ce que la foudre
des potentat? èe Tunivers
frappe vos fronts vils & pervers,
& les- réduise en poudre.

M. de cambon ,'Evêque de A'.irepoîx , étant mort 1


Toulouse dans le mois deriiier , le ci devant Va-nud-
pîed SEKMET.i.^Evôpao, dwici&;tionnel de cette Ville,
escorté de son Clergé d-irucr.illé vint s'emparer de
son :.;rps , proprio motu , & lui rendit les honnturs de
la scv» ,.'mre: la cérémonie finir, Mon-eianeur l'intrus
court au directoire ou Dé M-te< ît & v réclame les
irais du Convoi , éva:u;;'- , . <• . • eience , à deux
mil:é !îvres'. L'état c*'i: . ut payé comme1
il devoit rftre1* •'• ri; ;i and'-ur , & îe
transfuge du K..'-t r.v .,'d sVfl revint
.comme il....eteit vm. .'i,
.0 N.
Suorde- m<'
, ; »..
Seance --.»es 24 , 3;
Sire Dumas , au nom du x rappelle
\ l'auguse aréopage la fanta faire les
( «+I )
Généraux Rochamieau^i Luckner Marechaux de France
Constitutionnels. Avide d'en obtenir la permission pour
sa Majesté , l'illustrissime rapporteur a exalté le civism»
des Maréchaux in fieri ; chemin faisant , il a même en
censé le Général la Fayette, &a prédît que , sous des
généraux d'un si rare mérite , nos trois armées feroient
échec &. mat à tous les potentats de l'univers. Revenant
ensuite à son sujet, le Monarque Dumas a supplié l'as-,
semblée de vouloir bien agréer que Louis XVI pro
mût au grade de Maréchal de France les deux aspï-
rans. ta discussion de sa requête a été ajourné au 27*.
.— Après quelques débats , décret qui ordonne que l'in
térêt des sommes dues par l'Etat aux titulaires d'offices
supprimés sera sujet à la retenue des deux vingtièmes
& des quatre sous pour livre jusqu'au premier Jan_
vier 1791, & depuis cette époque à la retenue du cin
quième. — M. de la Fayette , que M. Suponail a créé
Lieutenant général avant sa démission , est venu renou-
veller à la barre de l'Assemblée sa profession de foi ,
ses sennens patriotiques 3 & remercier l'Assemblée des
suffrages dont elle l'honore. —• Le Président lui a ré
pondu que son nom rappelloit la liberté & les victoires
Américaines Se ressouvenant ensuite du bon mot
d'Henri IV au sujet de Sulli , le mémoratif Pré
sident ajoute. ... Le peuple Français présentera toujours
avec confiance aux tvrans ses ennemis , comme aux Na
tions ses amies, sa CoNiTiTimon et la Fayette. Après
cette douce suffumigation , le bien aimé de Targinette
est invité aux honneurs de la Séance & va se placer (
tout rayonnant de la gloire Constitutionnelle , côte i
côte du Président. — Après le beau temps le mauvais
suit , dit le proverbe. Voici donc le Ministre des affaires
étrangères , affublé de pied en cap des réponses des S«u
verains de l'Europe à la notification de l'acceptatlem
qu'a faite le Roi de l'acte constitutionnel : elles contien
nent toutes les plus grandes démonstrations d'attache
ment pour Sa Majesté ; mais , hélas ! pas le moindre
petit mot sur cet acte Constitutionnel , sur la Nation
& ses représentai. En voici bien d'un autre; l'Empereur
qui s' avise de se plaindre de ce que le Roi lui a écrit
dans un idiome non-usité entre les deux Cours ; de ce
qu'il x'a point rétabli dans l'ancien ordre de choses
les droits spirituels & temporels des Princes Allemands
ecclésiastiques & laïcs possessionnés en Alsace & en
Lorraine. L'Empereur nie que les traités faits avec la
France depuis 1648 , aient donne toute souveraineté à
la France sur les terres des Princes Allemands cédées
à la France. Il taxe d'iniquité toutes les innovations
•faites depuis 1789 par l'assemblée Nationale, & «n de
mande le prompt redressement. Sa Majesté Impériale
apprend en même temps qu'elle ratifie le conclusion
de la Diète de. Ratisbonnp* -*» .
— La bombe allemande est donc prête à éclater ; rawre
qui peut ! ... Mais que dis je ! peut-on trembler , quand
on a quatre millions d'hommes , un Rochambeau , un
Luilr.er , et sur-tout un La Fayette'. — Encore vingt
mille livres de perdues pour la Nation ! Le 25 , nos
Majestés législatives ont entièrement consumé cette
Séance à entendre les pétitions & les adresses dont les
Jacobins iaondent le , Manège. Le fils de M. Delâtre ,
accusé devant la Haute-Cour d'Orléans, admis à la
barre avec sa mère et son ayeule , a invité nos souve
rains de se faire l'honneur de rétracter le décret d'accu
sation contre son père. Ce qui sert de base, a- 1-il dit
à cette accusation est un crime aux yeux même de l*
(«4J )
Constitution. On a enfoncé ma malle; la lettre écrite
par mon père à Coblent^ y a été prise ; elle a été dé
cachetée. C'est un vol dé s'en être emparé; c'est un
tr rae de l'avoir ouverte. Au nom de la loi , des mœurs ,
- de la Constitution, ma mère, mon ayeule et moi
plongés dans la douleur, vous demandons de rendre la
liberté à mon père. Cette demande ne pouvoit souffrir
aucune difficulté , « mais le Président lui a répondu que
l'Assemblée a aussi sa piété filiale qui lui fait un de
voir sacré de la conservation de la Patrie ». Quel vaste
champ pour les réflexions, si les- bornes de cette feuille
ne nous forcoient de les supprimer. — Plainte du sieur
le Tailleur contre les grands inquisiteurs Faucha, et
Mfrlin , qui l'ont fait arrêter pour un fait dont il n'étoit
point coupable. — Le plaignant est renvoyé pardevant
les. Tribunaux ; et voilà comme nos législateurs se jouent
des droits les plus sacrés de l'homme.
'Une lettre de la Municipalité de Strasbourg , lue a la
Séance du 26 , . apprend qu'une brigade du quatrième
Régiment de Cavalerie , ci-devant Lorraine a quitté la
Ville pendant la nuit & a été joindre l'armée des Prin
ces , avec chevaux , armes & bagages. Sire bn^ire s'est
lamenté sur cette désertion, d'une manière tout à fait
touchante. — Le Ministre de la guerre , parti pour visi
ter les frontières , prie l'Assemblée Nationale de
terminer proBvptement l'organisation des Volontaires. —
Un membre, du Comité Colonial communique- des let
tres de St. Domingue , qui assurent que tout est tran
quille au Nord &. à l'Ouest de cette Isle. — La demande
de 20 millions de fonds extraordinaires faite par le Mi
nistre de la guerre est ajournée au- 29. —i Sire Frahj
çOis, dit Chditau-ntuf .est proclamé Ptésidint. — L'ho
( «44 )
norable colx. , Evêque constitutionnel de Rennes, annonce
à la Séance du 27 , que des troupes de brigands exer
cent vigoureusement les droits de l'homme dans le Dé
partement de Hsle & VHaine. — Etat des biens Na
tionaux vendus ; total , un milliard 503 millions. — De
cret qui defend aux Jacoquins & aux Feuillans de tenir
leurs Sabbats dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale.
— Nouveaux Secrétaires , dumas , Dorisy , Lacuëe & la
Source. — Sire Verniaux propose une adresse au peu
ple Français pour . le. diriger dans la voie du salut,
selqn l'ordre du jour- « Bientôt , dit-il, les Rois porte
ront avec orgueil le titre de citoyen Français , comme
ils portèrent celui de citoyen Romain ». Cet horoscope
a été applaudi par l'auguste aréopage.

a TTs 'Tm p b r t a h t;

Nous prions' MMii'fes Souscripteurs , 'dbfït 1 abonne


ment expire 1 la fin cle ce mois, de le lair'e^ renou
ai»:;:* fi»aV« ."'/•v.H, ?-'c::D 'V *
relier incessamment pour ne poin:, çprouv,ets-d^intfrr.
nrption dans l'envoi.; s'adresser au Directeur du Jour
nal de la Rocambobfe , rue , Montmartre- fW^îç à ,
Paris. — Prix 6 livres pour J niois. -^ ,ia livres pour,
six — & 24 livres pour un an. Dupes de noire honnê
teté envers plusieurs.souscripteurs / nous prévenons que
fenvoi sera'suspendu à tous ceux qui differeront l'en»
roi de leur souscription. . < .
LA ROC A M BOL E,

ou
i:.-. : V .' B-Mum ,-.» - i 1. »
JOURNAL DES HONNÊTES GENS', '

Rédigé par Dom Rïarvi A n ti - Jac o b i nvs.

« Une Foi , une Loi . un Roi ».

Du Dimanche ier Janvier 1792.

ÉTRENNES DEMANDÉES AUX LECTEURS.

Fbêres, sur du blanc quand je jette du noir


quand deux fois, par semaine, éveillant me paresse
pour vos menus plaisirs , je fais gémir !a presse ,
& vous offre du temps le magique miroir ;
lorsqu'en bon Citoyen , je dis ce que je pense
En dépit des Jacquets , pour le bien de la France ,
j'y £PSne Peu ^e g'o're & j'y perds mon argent.
Dès longtenps j'ai souscrit à votre jugement.
A votre tour, venez à mon bureau souscrire
& fair» rire ainsi celui qui vous fait rire.
Tout comme nos Solons.. du haut de mon grenier»
je puis changer bientôt, vo're argent en papier :
îpour ces tours de sorcier mon adresse est extrême ;
Venez : ne craignez pas l'effet de mon système }
il ne ruine point... . tout au plus il endort;
Tome III. Année \J^2. a
C 2 1 .
or, comme vous savez le sommeil vaut de tioP.
Un certain Financier dont parle la Fontaine ,
se plaignait plaisamment , dans son liumeur hautaine',
qu'on n'eût pas au Marché fait vendre le dormir <
Eh ! bien , Dom RÉGiui , vendra cet élixir;
il le publie afin vieillir l'épigramme
qu'on pourroit lui lancer pour le bien de son ame;
& .par ce noble aveu déjouant les railleurs ;
qui voudroit mordre ici, s'en ira mordre ailleurs.

TROISIEME CHAPITRE

Du Catéchisme des Rivahstes.

Demahde. — Combien y a-t-il de Rois en France?


Réponse. — Il n'y en a qu'un stul de légitime , qui
est Lout#:lX,yî fèt il ne peut yen avoir
plusieurs ; mais il f a sept cent Roitelet»
îu Manège , 83 Départemens, 44 mille Mu
nicipalités , & environ cent mille Jacobins ,
qui ont dé[ ouille le Roi de son autorité ,
& le tiennent cruellement' captif dans la
Capitale de son' Royaume.
Dem. - Toute la famille Royale est elle dans la
mcrr.e captivité?
.Ri?-. Non , heureusement psur nous. Les frères
& les cousins de l'héritier des Bourbons,
ont su , en s'tloignant de leur patrie, préser-
• ver -leur tète du glaive des assassins ; mais
notre auguste Reine , bravant le fer meur-
i trier , n'a pis quitté le Roi , & elle par-
< tage ses souffrances avec un héioï soie que
( 3'" l'Europe étonnée admire.

fi

s j»..•-
(})
DêM: — ^~ Que font les illustres Prîncës", depuis qâe
l'ange tutelaire de la France les a- soustraits
aux dangers qui les menaçoienr }
Rêp. -i- — Ce* Princes sont destinés par la Providence
aux plus erandîs choses. Ils n'ont cessé
un seul instant de s occuper des moyens de
briser . lés chaînes nsvr
... ;jsucûpq du Roi
t , & *igraces
U"au
eénie actif du Comted'Artois 8c du eraiid
. . .. ^5o a î î {*» sïc^ap ?».... . - " 53
Ministre qu'il. a auprès de lui, (i), les puis-
sancesjde) l^ij^!g Jogtî reconnu que la
Cause de Lobi< XVI est celle de tous les Sou-
vi*ràin*»ac îk«îhmtaj .
t)EM. Ppflrquoi donc le Comte A Aitois t ne vient-
Mb: Y- iwmmo3 —- . s r i-
u pas délivrer son frere t
- '.< ';Ai uu ifp s 113. ;y. ;I u î-.;;i
Réi. — ^.^^ivjen^a tçnan^.i^Jaidjt. Les promesses
àî ce grandPxince -ne peuvent tromper; il
viendra tout rayonnant de gloire if Je Ma
jeste , ik avec les forces; des Souverains qui
ont juré d'épousef aa fluerelie. Dejà pour
Afib liiq&i iffflPuder ses magnanimes desseins , de tbh-
cert avec le Roi àe Suida. , l'Ernpei eur , lé
.-.-.£< alla i2 R°» J Espagne & les . autres têtes cburotl-
nées, vimmur;el e Catherine a renoncé inné
J .iù0.§W«:«îi luia«uroit mille victoires ; pré-
•' sfa TO^g$ffife?«:mi:ttre sursontrénë ùi»
Roi vertueux aux p^us brillantes conquêtes,
A.
N O V V Ê L LES V Q l ï T I Q V E S.
L'Empefeui & ,le Roi dë Prusse, ont fait notifier do
la manière suivante à la Diète , '.'alliance qu'ils venoient
i. .•' : - •. ..* •. — " i . » . • " • -, n
(i) M. de Galonné.
1 *
• <
«
i 4 >
de contracter pour le maintien de !a Constitution ger
manique.
Déclaration -de l'Archiduc ir Electeur de Bohême.
« Le maintien & la garantie de , la Constitution ger
manique Se des' droits de l'Empire d'Allemagne , sont
' une des ba?es essentielles de l'alliance contractée , entre
Sa Majesté Impériale & Sa Majesté le Roi de Prusse.
Leurs Majestés , au moment de cette heureuse réunion ,
se sont engagées de la manière la plus sacrée à main
tenir & garantir la Constitution de l'Empire germani
que ii.
Déclaration 'de l'Electeur de Èrandebowg.
.'. •- ï ■■ 'bipFV. î.T-''' '.-.ii #
« Et moi aussi, '(a dit l'envoyé') je m'estime infi
mment heureux d'avoir survécu au moment désiré de-
' puis longtemps , où les ordres de S. M. le Roi mon
maître , relativement à- la natore & aux bases essentiel-
. les de son alliance avefc -8mM»-l'Empereur , me mettent
à même d'adhérer completteœent if la déclaration qui
vient d'être faite de la part à&t'Archiduc d'Autriche ».

Rome le '8' decembre. — M. l'Abbé Maury est ar-


' rivé à Rome le 6 de ce mois. Il a eu la satisfaction de
trouver le Saint Pire en bonne santé. Les ennemis de
l'Eglise , pour affliger les fidèles, avoient répandu que
Sa Sainteté étoic dans un danger imminent de mort, à
la suite d'une attaque d'apoplexie ; le fait est , qu'il n'a
eu qu'une légère fluxion à la joue, qui ne l'a même
pas empêché de continuer ses audiences ».
:i. 'M---';. . "T" .
Barcelonne , 15 Décembre. — « Les troupes de ligne
qui doivent entrer en France , s'avancent vers nos fron
îières. On travaille à former plusieurs Régjmens de
Miquelets, & déjà 100 pièces d'artillerier sont arrivees
au Château d'U. ...,.».-

. , .-w -.. ... \.K . - ' 1 J


Tournai 25 décembre — Il n'est rien que les Jaco.
bins ne fassent pour semer l'insurrection & le désordre
parmi les troupes de l'Empereur. On rient d'arrêter
un soldat envoyé par l'enchanteur Metlin , pour tra
vailler le Régiment de Clair/ait. Ce misérable a étit
pris en flagrant délit; son affaire sera bientôt faite.

Thermomètre de Paris. * '.'

A quelque chose rnalhtsuf ' e«*\)ofa^'La guerre qua


les Jacobins font aux Feuillant ^st cause que le» hon
nêtes gens & sur-to»ty|g%^uy^Eîu-ttres «on asser
mentés jouissent d'un, fçrtftia Jça!ï«9Ç» Depuis quelques
jours, on ne les dénonce, ^niia la, Jacobinière , ni au
Manège. Cela prouve bien/que çe que la bande répu
blicaine a le pl^s i cœur dans ce moment, eîest la des
truction des Monarclriens. Rien n'égale aussi l'achar
nement 'avec lequel on leur donne la chasse Ces mal
heureux iont poursuivis par la Jaquinaille jusques dans '
leu^r répaire.'Sire Merlin s'y est transporté suivi d'une
escouade de sans- culottes ; il est. vrai que ce Roi de
Cocagne a été d'abord <un* peu houspillé ; mais il est '
survenu des troupes auxiliaires qui ont rangé là vie- '"
toire sous ses drapeaux. & les infortunés Feuillans»
obligés d'abandonner le champ de bataille, se sont re
tirés dans le plus pitoyable état.
ÇÀBB ATS JA C OBI TE Si

ifeapce «fa 26 decembre^ "—.' ««

Sauila Cloçhetie de Frère Graîi^eneVv^.


• ' ' .. . ii •.•':« osa :' U -
Vivent les mouchards Jacoquins ! toujours furetant «
dénonçant & ca'omniant i jusqu'à ce que mort s'en
suive. Voie} leurs nouvelles découvertes , envoyées aux.:
rpitadors de la Capitale. La bande à'4nûbes , départ 1
femsnt duf<ir,écr-it i° que M. nupaquet , Capitaine
au 51e Régiment, nommé Lieutenant-ColOnel dspui$
quatre mois , n'a pas rejoint , ${ n'est pas remp'acé.
S0 Que les soldats du 72e Régiment , ci-devant Vexin ,
s» plaignent du retard de la nomination des Officiers;
presque tous ceux de<ce corps ont abandonné le champ
fertile de la liberté ,,ipQur aller végéter dans le pays,
du Despotisme. Les soldats priept les pères du sabbat
de leur donner M. 0e Pouillv pour Cqlonel , vu ses
preuves admirables, 4e p»^rigp.tisme à Marseille. — Les
Jacquets de bergerac e&voyent le signalement de tous,
le."- pr.'tres- npn-jureurs du Département , qualifiés , sç-
lçin, , le style ordinaire, de séditieux, de perturbateurs
Sçç. &e. Ils manifestent leur indignation contre le Roi au
sujet cju K«o. Même impudence de la part des Jocoquin,s,
de hongres. ; depuis Içs deux Veto, , çliseqt 'Is , leur ville
compte [iIus de 60 émigrés ., dpnt le nombre augmente
chaque jour. Quatre Y'Usges voisins sonj armés, pour
s'opposer à l'installation des >ntrus. De sori côté !a Ja-,
cpguinaille dç Mdridan accuse sei prêtres de calomnier
l'aimable Targinette ; mais i ajoutent-ils , nous sommes
sans ces e àjeurs ttousses. — La correspondance épuisée,
/rater au growin rubicond propose un projet de jour
(7)
na!. A ee mat , frère oèflers , journalomane ën chef
de la Jacoquinière , brddouille un long discours , pour
établir l'inamovibilité de sa place , & l'incivisme de la
proposition. Grands débats. Frère Polferel veut con-
noitre le pro!et de journal , & sa motion est ajournée^
— Le Général Robespierre , toujours occupé de la' chose
publique, annonce à sa bande chérie, que les électeurs
de Paris doivent procéder le 2S à l'élection de deux
membres du tribunal criminel, &• il exhorte ds ne
rien négliger pour accaparer ces places çn faveur des
Jacquets , Antoine Se Bu^ot qui ont donné drs preuve!
d un patriotisme à vingt-quatre carrats. —• L'arçhi-
jacquet desmoulins , passant au désordre du jour , fai*1
la revue dç toutes les opinions énoncées au sujet de la,,
guerre , & se résume en disant qu*l est du bon sen^
& de la prudence de ne pas aller* éd devant de* émi
grés , mais de les attendre de pied ferme., pour les
exterminer plus aisément. Ce sublime discours, a ter-
nine le sabbat. i 0 T

m é hrA<m & E.^ ' /.


•• .»'"<" .... : »
Qorsas che% spn Libraire.
Est-ce vous , cher Gorsas , bouillant Journalomane ?
Quel Démon aujourd'hui vous mène ici.' — La faim.
A m'imprrmer tout vif, tout chaud, chaque matin,
Ma tête s'allourdit , je perds la tramontane , 9
De plus mon ventre crie à faire reculer.- '
Je suis rempli de vent , & je ne puis parler
Sans frapper I la fois & le nez & l'oreille.
Il faut faire du bruir pour briller. — A merveille.
Pouah ! talo tonantem credidimus Jovem,
Tonamtm est ici mis peur crepitantem. '•. •• 1

* 4
Svnz de i'a-bnohce des Nquvaûtés qu'on peut s*
procurer che^ 'Sikes , place du Palais Royal :

Platitudes *tationales. — Boitei enrichies des por


traits de Mirabeau, la Fayette, Bail/y &ç. peints à la
manière poire , par Burk.e.
Encriers en terre anglaise , à la Chabroud. L'encre
dont on les garnit , a la vertu de blanchir le crime &
de noircir la vertu.
Badines patriotiques. — Ce sont des massues de
Cornouiller & de Néflier , du poids de vingt livres , qui
peuvent , sans danger de se rompre , mesurer les p'.us
larges épaules. M. !e Marquis de St- Hur .... se fera
un plaisir d'en souffrir l'épreuve ., moyennant la rede-<
Vance d'un billet patriotique de dix sols.

Lettre au Redacteur de la Rocambole,

Moiî*arife de copient^! , Monsir du Rocampol , & je


marche ta l'instant sur Paris,. Moi tiens fous tire que le
bombe il est tout prête d'éclater, & qu'il faut, mille zyeux!
que le Chaquopin vite cherche la casemate. T'un drole de
frippone que moi appelir Villei. . . a donné l'insolence à
lui de ténigrer le treize Cantonne Suisse, tans la chacopi-
jiière de le rut St.-Honoré ; & temain par le matin ,' moi
fouloir fenir dans son chambre peur faire a s'ti drôle
j|n petit préposition de rincer son pouche avec un dé
coction de plomb, ou de faire marche au grand galop moi»
iabreau traders de son ame ; mais parcequ'il répond peut-
être à moi par un petit dsclinatoirc j'apporte mon per
sonne chez lui avec un fort pâton ,• pour l'y châtier son
poltronnerie reconnu , & de s'ty bâtonne , moi fouloir
rendre son dos plus plate que -son grimeir \ fcA liso
(9 )
hique , à s'ty fin là de foir son patricotisms en mar
melade , & son filain plume taillé arec le sabre d'un
bon l'aristocrate.
Moi laisser passer mon respectueux service à Mon sir
du Rocampole.
Signé Terterle, grenadier de Fribourg.

M. vade retro sathanas Vil . . . vient d'adresser un


mémoire en forme de pet-ition , au comité militaire &
au nouveau Ministre de la guerre. l l y enseigne un
nouveau moyen d'assurer les derrières de l'armée fran
çaise, & demande à se charger de cette opération.

On lit dans le journal de bienfaisance ., dont le pro


duit est consacré aux vertueux ecclésiastiques qui n'ont
point fléchi le genou devant ««ai, le panégyrique de la
nguvelle Législature , en vaudevilles — air de Joconde.
En voici quelques couplets :
Plus sot , plus rripon que malin ;
Peste anti Monarchique ,
Précepteur manqué, du Dauphin , , _ ,
Pédant Académique
Condorcet veut que sur sa foi ,
Adoptant son système , ^
Le Français n'ait ni Dieu , ni Roi A
Ainsi qu'il fait lui-même.
Le grand Fauehet , qui fou naquit, *:
L'est peur toute sa vie.
Etant Prêtre , tout ce qu'il fit
Fut scandaleux, impie;
fio)
Ma aàroit bien quelques raisons
Pour le pendre au plus rite ; • •
Mais non , qu'aux petites maisons '4
On lui prepare un gîte. . - ;
.•. ( .s
Pour 3rissot , on le veillera ,
Et de bien près j'espère ,
Autrement il brissotera
Comme à son ordinaire. ''
Brissotés depuis tente, mois i
Par ceux qui nous balottent , , s
Il faudroit bien cquper les doigt» i
A ceux qui nous brissottent.
Des huit cent nouveaux potentats
Je vous tairai le reste,
Psrmi ceux qu'on ne nomme pas , \
Pas un ne vaut un zeste.
Médians ou foux , fripons ou sots,
Telle est toute la clique ;
Voilà lecteurs , en peu de mots .
Son vrai panégyrique.

« Oh! le beau spectacle que celle d'un la Favet..


s'éenie l'aristocrate. sultau dans son Journal d.;rjié à tou
tes les Puissances ; ah ! De grace , ne m'envie point la
douceur de faire mes adieux aux héros des deux mondes,.
Je ne crains rien de ton désespoir ; tu nous a bien
prouvé que ton grand cœur est aguerri contre les re
mords : mais qu'il me seroit cruel que la frayeur usur
pant l'office du bourreau, anticipât sur le jour de ton
jugement? Je n'ai point d'autre souci , & pour calmer
mon inquiétude , j'invoque sans relâche la Déesse de
)a peur • tous mes yceux la sollicitent de nous çonseç-
vît le Dieu du sotnmeil. ..........

Quoique plus dangçrepx peut-être , tu es un peu moins


infâme que ce Philippe , qui a consacré toute sa vie à
fajre le monopole du crime; ce Philippe, la sentine
de tous les vices & l'arsenal de tous, les forfaits. Eiî
résultat , tu peux bien rivaliser d'atrocité avec lui , &c, »

, Le Chevalier de busselot , qui de concart avec qua


tre autres , avoit formé le dessein d'assassiner le Prince
de Çondé , a subi son premier interrogatoire le 19 de
ce, mois ; & a découvert la trame de çet exécrable atten
tat. Il a déclaré 40 de ses complices , parmi lesquels,
dit-on , sont compris le frère du Maire de ThionviUt &
un nommé Dinon. L'Electeur de Mayence l'a fait rç-
Hfettre çntre les mains de sqn Bailli.

Carricaturés qu'on étale aux Palais-Roval.

' L'une représente les braves brigands d'Avignon , dé


vorant les membres palpitans de leurs victimes , avec
cette Iégende : — Protestans des cevénes ,.<fe la Van
nage , ir de la Qardonnenque , qui se font bonne bouche'
Les principaux personnages du tableau sont , le pré-
dicant Rab. . . , Bouch. . , , Cam. . . , Tournai & JoUrianl
Cet exécrable scélérat invite les autres monstres a se
gorger des cadavres qu'il leur fait voir, par cette lé.
gende : =z CÛt pour vous traiter à bouche que veux tu.
vient ensuite Rab. . . , appuyé sur les épaules de Jour-'
dan , & qui témoigne sa satisfaction par ces paroles : '
ce joli coup de Rabot , fait venir l'eau à la bouche ,
C ÏJ )
les autres legendes sont toutes analogues au caractère
des personnages.
On voit dans une seeonde gravure , la Religion entre
ï'Evéque cCAut. . . & Rab. ..Le Rdligionicide Prélat ,
s'adressant à cam. . . qui tient un porte-feuille plein
d'assignats lui dit : que me donnere^-vous si je vous la
livre? .. '
Pendant que ces deux coquins font leur infâme mar
ché , Rab. . . dit à son complice : de moitié nous serons
ensemble ; & arrachant d'une main l'encensoir à la Re
ligion , il lai 'plonge de l'autre un poignard dans le
sein.
On distingue encore deux autres caricatures non
moins saillantes , la première représente le ci-devant
Roi patriote d'André dans sa boutique à épiceries , avec
cette épigrai lie : le pttrietisme en canelle. La seconde
offre la representanion de M. Narbo. . copet-can-a-gar*'
mara-lara . ayant une tête d'oison. Il est emouré de
bombes , canons , fusils , sabres ckc. au-dessus des
quels on lit : miel de Narbonne.

" RÉTRACTATION' DU SERMENT.


« Diacre infortuné du Diocèse à'Evreux , séduit , en
traîné par la voix trop impérieuse de la chair & du
sang , je me suis laissa conduire ju<qu'aux pieds de l'In
trus qui vient d'envahir le siège de mon . Evéque légi
time; j'ai courbé la tête, je lui ai promis respect &
obéissance en recevant une ordination sacrilège : j'ai
fait plus ; & en vertu d'une mission évidemment illu
soire , j'ai accepté une place de desservant dans son pré
tendu Diocèse < & j ai exercé sous ce titre toutes les
foncions du sacré ministère. Je sens ma faute : je .la
(.13)
deteste , 8f j'en recherche le remede. En conséquence $c
pour commencer à réparer, aitant qu'il est eta moi,
une démarche si fausse , si cond-minablé , je déclare â
la face du Ciel & de la terre , que je me repens vive
ment de la témérité arec laqueile j'ai reçu la prêtrise
des mains d'un Ev-êque intrus & schématique ; que je
retracte formellement la promesse1 de respect &. d'o
béissance que je lui ai faite, pour ia rendre en entier»
M. de Varbonne . mon seul & véritab;e père, & à ses
légitimes successeurs ; que sans titre Canonique & vala
ble , je suis entré dans la place de desservant de la
Paroisse de Montmarcè qui m'a été désignée, & qu'en
. conséquence j'ai exercé invalideront & sans fruit toutes
,les fonctions du ministère qui exigent !a juridiction.
Daigne le Seigneur , accepter , dans sa miséricorde , le
désaveu que jï lui offre dans l'amertume de mon cœur».
Daigne l'Eglise catholique , son épouse , me recevoir
dans son sein . & me pardonner une suite de prévari
cations auxquelles mon inexpérience & ma timidité ont
eu plus de part que la désobéissance & l'indocilité.
- Signé , Lèche iNE desservant de la Paroisse de Mont-
maree , Département de l'Orne. *ti vil? , .•" 'f
Puisse ce nouvel exemple trouver beaucoup d'imita
teurs. _ ;''—.«. '.«a .... .-m. i-<
'< legisLati o-f.:i

Seconde Race de nos Rois. ..


Sèanets du 27 ait soir, 28 , '29 6-' 30 Décembre. '
Nos augustes Mon a: ques ont adopté dans la séance
du 27 au soir un nouveau plan de salle qui doit
a*oir la vrrtu magique de faire naître l'ordre , le calme
& la décence dans leurs délibérations. Ils oat aussi per
( $ M )
mis au ftoi, saris tirer à conséquence 4 de gratifier à*i
piton de Maréchal de France les Généraux Luckneï
& Rochambeau afin de donner à leur patriotisme' un
degré d'effervescence de plus , &• de les décorer aux yeux
de l'armée d'une marque extérieure de la, confiance na
tionale. On fait ensuite l'appel nominal de nos villes
' de gusrre qui sont toutes hérissées de canons , gar
dées par 130 mille hommes, & partant imprenables;
nos magasins regorgent d'approviiionnemens ; nouts
avons deux grands trains d'artillerie de campagne , de
neuf cents pièces de canons , trois mille chevaux pour
les traîner, six millions de boulets, 125 mille fusils
en magasin, 250 mille hommes sur pied, 54 batail
lons de gardes nationales . non fournis à la vérite ,
mais décrétés : qui diable oseroit nous attaquer avec
.ces puissans moyens de défense ' Oh ! pour cela oui ,
•s'écrie sire,. Duma* « envoyons vite cet état aux 83
-départemirns , pour çlectriser leur patriotisme , &
-engager les citoyens à payer les impôts. Quelques Ma
jestés législatives s'opposSnt à l'envoi , disant que le
rapport qui vient dètre fait, A pour bases des pièces
apocriphes ; sire dumas, s'obstine , ,& vaille que vaille»
l'impression, du rapport . & son envoi aux 83- départe
ntens est décrété. — Nouvelle pétition des jeunes .Laza
ristes assommés ,. disent-ils i toutes les nuits par les
vieux , en haine de leur patriotisme , & pour s'appro
prier seul* le< revenu de la maison. ï)écret qui en met
l'administration sous la surveillance de l» municipalité,
les Monarques ia^ire , Garan & compagnie se sont
élevés dans la séance du 28 contre le décret de la veille .
qui autorisé le don du bâton à huckher & Rochambeaù.
Ce décret leur parolt inconstitutionnel, & qui pis est,
tontraire à la sainte égalité. Ltfs pauvres iirts ont jette
( *5 )
leur poudre au Vent , & l'aréopage a déclaré les Gé
néraux patriotes bisn & duement bâtonnés. — Décret
tîui ordonne que tout citoyen français, porteur de re-
connois^ance de liquidation provisoire ou définitive ,
ûe pourra être payé qu'en certifiant de la résidence
habituelle exigée par ' les précédens décrets. — Une
adresse des administrateurs du département de Loire Cr
Cher, lue à la- séance du 29 . prouve 'que l'enthou
siasme de la liberté n'échauffe pas toutes les têtes. La
municipalité de Son , arec tous les paysans des environs,
's'est portée en armes au chef- lieu du District , & d'une
voix unanime ils ont déclaré & signifié même par écrit
qu'ils n'entendoient pas payer les impôts de 1791 ;
.qu'ils voulaient que le District & le tribunal de Mont-
doubleau fussent supprimer & que tout rentrât enfin
•dans l'ancien ordre. Le District accuse le commandant
de la garde nationale & le procureur de la commune
d'avoir provoqué cette sédition. La plainte a été ren-
.voyée au comité inquisitorial.
-:.vO— Qui de 48 millions en paye 30 , reste à 18 qui
iflanquent pour établir la balance entre la recette & la
dépense du mois dernier ; niais la Caisse de l'extraor
dinaire, en vertu d'ùft Décret Va remplir le déficit éc
verser en outre 13 millions 300 ir.ille livres pour les
menus frais & loyaux - coûts du mois dernier. — La de-
ftlande de 20 millions faite par !e Ministre : pour la
campagne prochaine & décrétée , a exalté la bile répu
blicaine du Roitelet Brissot , qui apràî avoir jetté , .du
haut de sa tribune un coup-d'ceil dédaigneux sur tout
les Potentats de l'univers, a terminé sa virulente dia
tribe par un projet de Décret ajourné au premier Jan-
- vier. Le pieux Cçmforcet lit le projet d'un manifeste '.
( I« )
publier de par la Vation, dans tous les Etats des Rois
de l'Europe. Sïre Damas , enchanté de cette heureuse
idée la fait adopter par l'aréopage qui en ordonne l'im
pression, la traduction dans tous les idiomes connus;
l'envoi au Roi, aux 8) Département 5c à toute l'armée.
On entend le soir le rapport sur la dénonciation de la
Municipalité de Brest contre le Ministre delà Marine,
^ . ùi plaider contre le printems ,
. L'hiver dmt perdre avec dépens. • . . . ' 'i
Le comité de la marine juge le ministre indigne de là
confiance de la Nation. — Le suprême' jugement est
renvoyé au. 31. — Décret rendu à la seance du 30 qui,
autome les assemblées électorales à nommer à tous
les emplois quelconques. — le tableau approximatif des
.dépenses' de. Tannée 179a se porte ^774 millions. Toutes
les recettes réunies n'offrent qu'un total de J30 mil
lions'; il existera donc un déficit de 244 millions dont
la caisse de l'extraordinaire, beurrée d'assignats fera
raison. — On a «journé au a janvier un règlement s«r
la haute cour- nationale. — On fait lecture d une lettre
du maire de strasbourg , & d'une adresse qu'il dit lui
avoir été envoyée par le magistrat de Wonns . por
tant qu'il a requis le Prince de condë de quitter cette
•ville. L'Alsacien Rulh ajoute que les émigrés s'enfon
cent dans l'Allemagne ; il nous apprendra sans doute
bientôt qu'ils se sont réfugiés en Syberie.

" " ï "'.''.


tt ^ l S I M P O H T AN T.
Nous prions MM. les Souscripteurs , dont l'abonne
ment expire. à la fin de ce mois, de le faire renou
veler incessamment pour ne point éprouver d'inter
ruption dans l'envoi ; s'adresser au Directeur du Jour
nal de la Rocamboble , rue Montmartre , N°. 219 k
Paris. — Prix 6 livres pour 3 mois..— 12 livres pOar
six — & 24 livres pour urr an. Dupes de notre honnê
teté envers plusieurs souscripteurs , nous prévenons que
l'envoi sera suspendu à tous ceux qui différeront l'e»-
voi de leur souscription.
la rocambole,

ou

. JOURNAL DES HONNÊTES GENS »

Redigé par Dom RÉtflfJ A N T I - Jac 0 S I N v i

« Une Foi , une Loi , un Roi,».

Du Jeudi 5 Janvier I791.

F li O F H i' T I £

J5u Fière Neuv ille , faut il y a plus de qvarams


ans dans son panégyrique de St. Augustin ( voye2
res oeuvres , tome 6 , page 474. )

« C3 Religion Sainte de 3ésvs.,Christ ! ô Trône de)


noi Rois! 6 France ! ô ma Patrie ! ô Pudeur! ô Bien-<
séance' Ne fut-ce pas comme chrétien, je gémïrcis.
comme Citoyen'; je ne cesserûis de pleurer les outrages
pnr lesquels on ose vous insulter', & la TaisTE des
tiné?, qu'on vOVi prTeparE: Qu'ils continuent de s'é
tendre & de s'affermir» ces affreux systîmes; leur .poison
devenant ne tardera pas à consumer les principe», l ap*
pui, le iou:ieri nécessaire & tssentie! de l'Etat. Amour
dei Prince & de la Patr^ , lieds de famille & de société ,
déiir -de l'estîme & de la réputation publique ; Soldat»
Tomé III, Année 1792; i>
c i«;
Intrépides , Magistrats désintéressés t amis généreux «
épouses ridelles , enfans respectueux, riches bienfaisansi
ne les attendez , ne les espérez pas d'un peuple dont
le p'aisîr & l intérêt sont l'unique Dieu , l'unique loi
l'unique vertu, l'unique honneur. Dès- lors , dans le
plus florissant Empire , il raudra que tout
croule , que tout s'arPaisse , que tout s'anean-
tisse. Pour le détruire . il ne sera pas besoin que Dieu
déploie sa foudre & son tonnerre : le Ciel pourra se re
poser sur la terre du soin de le venger & de le punir.
ENTRAINE PAR LE VERTIGE ET LE DÉLIRE DE
LA NATION, L'ÉTAT TOMBERA, SE PRÉCIPI
TERA DANS UN ABYME D'ANARCHIE , DE CON
FUSION , DE SOMMEIL , D'INACTION , DE DÉCA
DENCE ET DE DÉPÉRISSEMENT ».
( La suite du Catéchisme des Royalistes , incessamment. }

NOUVELLES EXTÉRIEURES.
De Saint-Petersbourg , 30 Novembre.
La cause des désastres arrivés dans la Province de
Novogorod est connue maintenant. On sait que les bri
gands qui ont livré au meurtre & à l incendie les
environs du lac de Ladoga avoient été ramassés par des
missionnaires de la propagande. Ces scélérats s'imagi-
noient par là distraire l'Impératrice de l'attention qu'elle
porte à l'état de la France , & des travaux auxquels
elle s'eit livrée pour assurer aux Princes Français le
secours de toutes les PuisspncES de l'Europe. Mais les
mesures vigoureuses dii Gouvernement ont déconcerté
ces exécrables manœuvres. Les Chefs des brigands ont
Subi le supplice ; le reste a été dissipé. La fuite a mal
heureusement sauvé les apôtres Français ; mais on ne
er«ît pas qu'il leur prenne envie d'avantage de Vê'«'
nir troubler notre repos.

D'jtth , 26 Décembre*
tes Jacobins & les Monarchiens travaillent coflti»
nuellernent à nous jouer quelque mauvais tour. La Jac
querie a dernièrement mis le feu dans un quartier de
la Ville , plusieurs mauoos ont été brûlées. Nous avons
su que l'intention de Jacobins étq'.t d'aliéner l'esprit
du peuple en lui persuadant que nous rtisns les au*
teurs de l'incendie , afin de le soulever contre nous»
Notre bonne conduite a déjoué cette .infernale machi
nation.

t)e Coblent^ , 24 décembre,


Avant qu'ils soit trois mois , les Jacobins auront
ôxpié leurs crimes.

Thermomètre de Pans.
Les revers de fortune ne rebutent ni les Jacobins ,
ni les Feuillans , ils n'en sonr que plus acharnés à sou-
tenir leur système destructeur. Depuis sa défaite, la
bande monarchieïme s'est retranchée dans un autrs
local où elle se prépare à soutenir de nouveaux assauts.
De son côté la Jacobinaille n'est pas moins alerte & sa
tactique est toujours la même. Prêcher la doctrine d«
l'insurrection , du meurtre & du brigandage au peu
ple des faubourgs ; dire à ce peuple que les Emigrés!
n'en veulent qu'à lui; que le Roi est d'intelligence avec
les Puissances étrangers ; qu'il faut l'en punir, en renou
velant les Scènes affreuses des 5 & $ Octobre. Tel»
b a
«ont lef Moyens employés par les disciples de Ri*
vaillac. Mais le croiroit-on ? Ce peuple qui s'est montré
si enthousiaste pour le système des novateurs ; ce peu
ple est sourd à toutes leurs clameurs , il méprise ces
criminelles déclamations , il reconnoît hautement qu'il
a été trompé , & qu'on lui a fait commettre de grandes
fautes; il .en gémit, & la guerre dont on le menace»,
bien loin de l'effrayer, paroit être son unique espé
rance. Il pense avec raison que la guerre purgera la
France de tous les brigands dont elle est infectée : il
ne sera donc plus question de Jacobins , de Manar-
chiens ; nous n'aurons plus de Rab. . . . plus de Ccm. . . ,
plus de Bouc. . . . plus de Philippe , &c. . . &c.
La guerre ne sera vraiment terrible que pour les scé
lérats de cette trempe, mais d'ailleurs tout le monde
y gagnera jusqu'au bourreau.
Il paroît que le 'peuple sent très-bien tout cela,&
nous ne serions pas étonnés de le voir au premier jour
se ruer sur les clubistes de l'une & l'autre secte & en
faire une déconfiture totale.

SABBATS' JACOBITES.

Stances des 27 8c 30 drcembre.


Sous la Clochette de Frère Granqenevçb.
Plus le danger s'approche, plus la Jacoquinaille af
fecte une audace insensée; plus elle s'efforce de dé
sorganiser les pouvoirs constitués, d'avilir, d'insulter
la ma;esté Royale , & de prêcher , non la Constitution
Monarchique que veulent 25 millions d'hommes , mais
le gouvernement Républicain. N'envoyons point surpris}
l'unique objet de ces factieux , est de tenir le peuplt
(ai)
dans leur dépendance, en le trompant sans cesse; de
s'arroger le plus inique des pouvoirs, le plus contraire
aux intérêts delà Nation , & de trouver sur-tout , dans
le gouffre de l'anarchie , l'impunité de leurs forfaits :
improbi ne pereant , perdunt. Mais encore quelque
temps , & cette secte impie & régicide rentrera dans
le néant d où elle n'est sortie , que pour le malheur
des Peuples & des Rois. En attendant le jour de la jus
tice , suivons-la dans ses effroyables Sabbats.
Le petit Roi Merlin, rend compte dan celui du 27,
des nasardes & gourmades qu'a reçues en d.-rniar lieu
Sa Majesté législative, en allant à la tète d'une' escouade
de Jacquets , débusquer les Feu llans de leur repaire.
Ce fatal échec , ranimant l'intrépide valeur de notre
Alexandre , il a redoublé d'efforts , & secondé par le
Dieu des batailles , il a terrassé les sentinelles , dispersé
la horde rivale , & s'est réfugié au Manège avec la palme
de la victoire.
Mais dans de teh combats , on acquiert peu de gloire.
Nos Jacquets l'ont sans doute pensé ainsi , pui-qu'on
n'a pas décerné au vainqueur les honneurs du triomphe-
nî. mirpe ceux des applaudissemens ; & voila comme
on laisse l'or dans la boue , & le mérite dans le mépris t.
— Le révérendissime frire Manuel remplace le brave
Merlin dans la chaire pestilentielle , a l'air de fureur
réjiandu sur son visage : à l'horrible agitation de son
corps, on le croiroit sur le trépied sacré, couvert de
la peau du serpent Phhon. (1) Pour entendre ses ora-
— i'i ni. »
»(i) Peu de personnes ignorent ce que la fable ra
conte de. ce fameux trépied , sur lequel se plaçoit la
pythonisse de Delphes , quand elle rendoit ses oracles
dans le temple à Apollon,
( iu )
eles ou pour mieux dire tes blasphèmes , les frères du
Sabbat dressent leurs oreilles i dressons aussi les notres,
il va parler, (t).
« Oui , Mes chtrs & tendres frères , oui nous ne pou
vons être sans méfiance sur un Roi qui , trop foible
pour frapper d'un Décret dsux frères , dont l'un re
belle , & l'autre tout-à-la fois rebelle & parjura , in
voque lui - même contre eux tous les canons & toutes
les piques d'un peuple libre ..... Rien ne me partît
encore être sorti du caur de Louîs XVI , qui puisse
faire oublier qu'il a éte pris à V AREXNEs , tien gui
puisse lui faire recouvrer le titre QV il A FERdV , etêtre
le plus honnête homme de la France. Se coiitenteroit-il
aujourd'hui qu'il est Roi d'un peuple libre , de n'être
toujours que comme des Monarques de naissance , au
meilleur desquels je ne voudrois pas ressembler J qui
sont sans vçrtu , même quand ils n'ont point de vices, »
& qui pendant leur vie comme après leur mort ne
sont que des Rois de bronze. Sous la Constitution il
a pourtant bien d'autres devoirs à remplir , que quand
il regnoit par la grâce de Dieu Je vois des
nuages épais qui se balancent sur nos tètes. . . ...
Hé-bien ! il n'y a qu'un coup de tonnerre qui puisse
les dissiper & s'ils crèvent avec fracas , dumoinsfaut-il
gue quelques Tyrans en soient écrasés : car la bombe de
lu Liberté doit rencontrer des Trônes. Qui sait si dans
ce tremblement de l'Europe , quelques Nations in
dignées de leur imbécille servitude ne vomiront pas
ou leurs Rois ou leurs Prêtres La guerre
donc I la guerre ! Quand des Pigmées se trouvent sous la

(i) Nous ne rapportons que le précis d» long dis«j


eours de çç farouche Réfublicain*
massue A'Hercule , il faut bien qu'Hercule ecrase dés Pig-
mées. » — Nous ne suivrons pas ce forcené Jacquet
dans les plates injures qu'il vomit contre nos Princes & les
Rois de l'Europe, le blasphémateur des vertus du meil
leur & du plus infortuné des Monarques. Un Jacobin
seul a. pu dire qu'il faut fletrir les augustes frères du.
Roi avant que de les battre , & qu'ils ne doivent rentrer
dans le pays de la liberté que four être livrés au bour»
reau qui a tourmenté DAMlSNs. — Frère Dubois dé»
crassé donne aussi son coup-de-pied. Le Decret d'acem-
sation contre les Princes est, dit-il, la manne que les
Jacquets attendent tous avec impatience. Frères La
Source & Sencal , de leur côtés , lâchent maintes ruades ,
& le repaire infernal se sépare en poussant d affreux
mugissement — On lit dans le Sabbat du 30 , les ren
seigne mens demandés par la Jacoquinière mère à ses
divers affiliés , sur la situation politique des lieux qu'ils-
infectent de leur halaine. Les Jacquets d'Alby mandent
que leur tribunal de District est très-mal composé ,
mais que leur administration est bonne, ce qui pré
sente un sens inverse , parce que l'éloge des Jacoquins
flétrit autant que leur critique loue. Au surplus , ajoute
cette secte impie & barbare , qui envie à ses vic
times jusqu'aux cris de la douleur, les prêtres fanati* '
ques sont réduits au silence; c'est-à-dire, qu'à l'exem
ple de leur divin maître , ces fidèles M nistres souffrent
patiemment, comme ils l'ont toujours fait les persé
cutions , les outrages , les calomnies dont on les acca
ble , & ne cessent d'implorer pour leurs bourreaux la
clémence céleste. Les Dragons du Roi , poursuit la Jaco-
quinaille àAlby , sont pleins de zèle & de civisme 8c
soumis à la discipline la plus exacte. — La bande de
Châlons écrit, que le bonheur commence 1 s'établir
dans leurs cantons sur des bases soldes . pafee q»4 îei
Administrations , les tribunaux, les Municipalités- sont'
remplies d'excellens Jacobin* , fie q:'on hV voit que des
prêtres jureurs. 4- La horde dé sa'nt Gdr.goux , pour
preparer l'amour des droits do l'homme , à proposé
quatre prix pour ceux , qui l'an quatre de notre adm i
rable .l.be rte, & le 14. Juilitt 1752 , répondront le mieux
«ux questions qui-Ieur seront faites 'sur les droits. pré
cieux de l'homme & du Cito :en ; droits , qui dans l'ac
ception que leur donnent les Jacquets, ne tendant
Cjù'i consommer la destruction de l'ordre social. .
. Les frères de Cahots , annoncent un redoublement
de- -patriotisme éaiis leur pays, les femmes meme
t'y montrent jacoquines; plus. de'700 d'entr'elles ont'
célébré une orgie Patriotique , qui a tellement épouvante?
les PrêtreS non-jnreurs , qu'ils h'bsenf 'plus parler. Le«
ïèla'.llè-'fcçs ibtulo!ttées, a beaucoup influé sur la h6~ '
rnination des excelleùs' Jacquets qui' cômporent l'ad-
piinistraticn & les tribunaux. La société enfin a acca-
paré treize cens signatures au bas d'une adresse qu'elle
envoie ad. Soi , sur la position actuelle de» intérêts'
de la frahee.., ce qui veut dire des Jacoquins. La
brigade fraternelle de St-Giro'ns dénonce le tribunal
de cette Ville , qui accorde aux bourgeois une por
tion double de celle des habitans de la campagne ,
dans les bois communs. Ce partage; dit-elle, sent la résur
rection des privilèges et de l'aristocratie , qu'il faut
tenir dans le tombeau , auquel effet , elle envoie une
adresse à l'Assemblée Nationale. — La bande Jacobite
de Saint- Li^ieu se félicite de l'émigration de toute la
Noblesse de cette ville , Se voue le plus profond mé
pris aux Prêtres fidèles. Tout ce que vous veaea d'entendre,
î *5 )
8*ecrie frère Lamhenas , n'est qu'un b'ibus , et tios
nouveaux administrateurs se conduisent par-tout en
vrais aristorrates. Croiriez-vous , si je ne ]c disois , que
dans ce même mornsnt ,le département de Rhône d
Loire perséçute le seul Journaliste patriote qui soit
dans -on sein. Le voici! le vo.là devant vous ; il vient
chercher la protection que vous lui devez. Je demande
en :us, qu'il »oit envoyé en tout pays des Prédicans
au Peup'e , pour lui expliquer la Constitution , lui lire
noi gaz.ttes & les bons ouvrages. Item , plus , que
norre Salle, tout le temps qu'elle sera libre, & le
Dimanche sur- tout , soit ouverte aU Peuplé , pour
le même objet. — Cette proposition ' est adootée à
l'unanimité. DénonciatSoa pàr frète Lousta'.ot , de M.
Duchilleau , Commandant ides troupes de ligne , qui a
défendu aux Gafdes -nationales d'obéir aux ordres du
Directoire. Tâchons de le faire mettre en état d'arres-
tation ; oui, oui, scçne-t-,on de toutes parts, quil
soit arrêté, &c. &c. — Fççrç dubois décrassé fait -la
revue des ennemis de la dation , & classe au premier
rang —duporl, Lameth, barnave, de Lessart, Lafayette,
l'Abbé de Montesquiou & Jiuinouthie*, secondés des
Puissances étrangères & du Cabinet Autrichien.
La suite au N". prochain. * .-

M É %-'k #- G È; s.
,' ,. y. ,t:> , '0.' .. :»
La Badaui>erie: Air des trembleuru
Cité bizarre & futilfv
Mais encore plus imbscille.3 «'. < s
Seras-tu toujours l'asyle,
La dupe des hommes faux ?
Toujours le charlatanisme ,
(*6>
Le mensonge & le sophisme ,
La fraude & le fanatisme
Troubleront- ils t'on repos?
Est-il donc vrai que les badauds
Ne furent jamais que des sots, sots , sots , sots.
Quand la ligue anti-Royale
Désoloit la Capitale ,
De seize fripons vassa'e , ,
Elle adoroit ces Cagots.
Qu'elle stupeur e«t la sienne ?
Elle préfère Mayenne '
Qui dans l'abîme l'entraîne ,
Au plus charmant des héros!
Il est donc vrai que les badauds
Ne furent jamais que des sots , sots , sots , Sots;
Le temps passe, & de la fronde
Que le Parlement seconde
Et qui sur coudé se fonde ».
Je vois voler les drapeaux : ,
Bientôt ces stupides êtres,
Pour suivre des petits- Maîtres ,
Des factieux & des traîtres ,
A leur Roi tournent le dos.
Il est donc vrai que les badauds
Ne furent jamais que des sots, sots, sots, sots.
Du Royaume Britannique
Un fastueux Empirique , (i)
De la richesse publique "
Promet de grossir les flots :

(i) Law.
(V )
« Peuple, dit-il, que l'on s'empresse
de vider chez moi sa caisse ;
Et je vous fais la promesse
De la remplir de lingots ».
Il est donc vrai que les Badauds
Ne furent jamais que des sots, sots, sot!. Sots»
On le croit sur sa parole :
En foule on court 8c l'on vole .
Pour apporter chez le drôle ,
Ses écus vieux & nouveaux;
Chacun reçoit en échange
De jolis billets de change ,
.Qui dans le pays étrange
Lut vaudront force réaux.
Il est donc vrai que les Badauds
Ne furent jamais que des sots , sots , sots , SOtSi
De plus , l'avide Maltote
Achete, vend, agiote
Cette finance de crotte :
On vend ses biens , ses joyaux «
Pour se procurer la joie
D'avoir de cette monnçie
Que sûrement on envoie
Du pays des Esquimaux,
Il est donc vrai que les Badauds
Ne furent jamais que des sots , sots , sots , sots.
Lors , par une fuite prompte ,
Le prometteur n'a pas honte
D'évader , sans rendre compte,
Comme aux Etats Généraux»
Et la badaude Commune
/

(2S)
De pleurer son infortune ,
Dont la mémoire importune
Lui cause encor bien de maux.
Il est donc vrai que les Badauds
Ne furent jamais que des sots , sots, sots , sots.
Lu suite au prochain numéro.
A Mademoiselle. M. . . . •
L'Amour & l'Amitié te dressent deux autels ;
J'y vois brûler deux saintes flammes,
L'amitié de toutes les femmes ,
Et l'amour de tous les mortels
Enfant de la Nature & son plus be! ouvrage ,
Je ne voudrois avoir de Déesse qiio toi
De Patron que l'Amour, de Temple qu'un bocagf ,
Et de Prêtre que moi,
.... . . f Par M, G. T, d* V.... . :
Le Jeu des Emigbaks. : ' '
Je le trouve bien bète ce jeu des Emigrans ,' disoit le
Philosophe Condor à une jojie Aristocrate : que
signifie cela , je vout prie? = Ce que celâC'signîfie !
Comment M. le Député, ne voyez-vous pas que ce jeu
se fait au moyen d'une corde & d'une - petite roue?
— Eh bien ! Madame ? -"' ' ' ,!" . <• ' " V
Eh bien, Messieurs , ente voyant . . , "
Vous voye^ tout le sort qui voits attend.
.... < . i i V. E R- 6 •('*'•••
Pour mettre au bas du. Poitrait du dERNISS BARON
Chrétien' "v •"<•
Quel est ce grand Flandrin , •
Qui cachant les fureurs d'une secte maudite ,
Sacrifie à Rabaud la véu*e & lxirphtfliifr?
.... C'est le Baron de Margucritte.
X *9)
II paroît une Consultation pour les 84 Citoyettl
détenus dans la tour de Caen, depuis le 5 Novembre
1791, qui ne fait que confirmer l'opinion publique en
faveur de leur innocence ; elle y est présentée dans
une évidence si lumineuse , qu'elle ne laisse à leurl
délateurs & au Pontife Faucket , que la honte d'avoiî
accumulé sur la téte de ces victimes du Jacobisme ,
toutes les horreurs d'une persécution non-moins crùell» /
quJinjuste.

La bazilique de Sainte- Geneviève , fondée par Ùovis,


premier Roi de la monarchie Française , n'a point re
tenti cette année-ci , des Cantiques chantés pendant
tant de siècles en l'honneur de la Patronne de Paris ,
ni de l'éloge de ses vertus ; mais en attendant que
la translation de ses reliques ait fait place nette à Saint-
Mirabeau &à Saint- Voltaire , l'Evêque constitutionnel
de Paris a pontifié le jour de sa' féte dans l'Eglise de
St\nt-Etienne-du-Mont , & son confrère Fauchet , qui
n'aime pas les Vierges , a substitué au panégyrique de
la Sainte un discours digne de l'orateur. Cette fête
d'un genre nouveau , avoit été annoncée dès le 1er.
de l'an , par de nombreuses affiches.

LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois. •

Seances des 31 drcembre, 1,26-3 Janvier 1792.

Nos illustres Monarques ont décrété, le dernier jour


de l'an , qu'ils ne souhaitoient la bonne année à per
sonne , & qu'ils nevouloient point eux-mêmes recevoir
C 30 ]
lie pareils souhaits. Voilà donc tout l'univers forcé de
taire ses vœux ardens pour l'exaltation de l'auguste aréo*
page. — Les Ministres en corps diplomatique entrent
& M. de Lessart déclare, de parle Roi , qu'il est por
teur d'un office de l'Empereur, qu'il vient très-officielle
ment communiquer aux Pères conscrits. Sa Majesté Im
périale , instruite de la déclaration du Roi à l'Electeur
de Trêves , considérant que l'insubordination des pou
voirs pourrait entraîner les Français à quelques hosti
lités contraires au vœu du Roi , ainsi qu'à celui de la
Nation Française , se voit nécessitée par l'amitié & la
parenté qui subsiste entre lui & l'Electeur de Trêves ,
& par la Constitution germanique , de lui prêter se
cours contre toute incursion dans ses Etats. Enconsé-
quence , Sa Majesté Impériale donne ordre au Maré
chal Mender , Commandant de ses troupes, de porter
des secours prompts & efficaces dans l'Electorat d«
Trêves, en cas d'hosti ités •• l Empereur croit que ces
mesures de prudence , qui ont pour objet la sûreté & la
dignité des Couronnes, ne troublera point l'harmonie &
l'amitié qui régnent entre les deux Cours. Cette décla
ration est datée du 216ms, Déc. 1791. — Le Ministre a
remis ensuite une lettre du Roi au Président , dans la-
q elle il témoigne le grand étonnement que lui cause
la réponse de l^Empereur , & renouvelle l'intérêt que
prend Sa Majesté au bonheur , au maintien & à la
dignité de la Nation. Le Ministre lit deux notes de l'Evé-
que de Spire & de l'Electeur Palatin , qui assurent qu'ils
n'ont aucun projet de contre-révolution. — Les Magis
trats de la ville de Worms déclarent , de leur côté,
qu'ils sont très-éloignés de déplaire à Sa Majesté T. C_
— Décret qui autorise les commissaires de la Trésorerie
(ît)
Nationale a payer les sommes qui seront ordonnées
pour les dépenses de 1791, conformément aux états
faits pour 1791, jusqu'à ce qu'if >oit procédé à de
nouveaux. — Défendes d'exporter des fourages depuis
Bunherque jusqu'à Besançon. Les anciens gardes de
Monsieur sont venus, dans la Séance du soir, former
oppostion sur son traitement, pour le paiement de
ce qui leur est dû — Décret qui ordonne que les 40
Soldats de Château-vieux détenus aux galères pour
avoir voulu assassiner leurs officiers , & s'être joints aux
Brigands pour piller la viile de Nancy, ieront mis en Li
berté.—Un Quidamse disant garçon Perruquier est admit
à la Séance du premier de l'an, & dépose ?ur le bureau qua
tre louis destinés , se'ofl ses désirs , aux frais d'un»- Guil
lotine pour les émigrés. Le magnifique pa•riotisme du
garçon Perruquier lui vaut les honneurs de la Séance.
— Sire Grangeneuve , Président du Club Jacobite, au
nom du Comité de .surveillance & de Légis'ation réu
nis , fait son rapport sur les Princes , & propose contre
eux le Décret d'accusation. Les Monarques Genty 6c
Thorillon s'y opposent . mais envain : — décrété à l'una
nimité ...qu'il y a lieu à accusation contre Louis-Fran
çois stanislas Xavier , Charles -Philippe , & Louis-Joseph
Princes Français. — Contre colonne. — Laqueille l'aîné &
Riquetti Cadet. Ce Décret à jamais mémorable . qui force
nos Princes à vaincre ou à mourir, a servi d'étrennes
au peuple , qui les a reçues avec la plus grande indif
férence. — Après l'admission de quelques dépurations
de parade à la Séance du 2. . . on décrète sur la mo
tion du Roitelet Satire , que l'an de la Liberté sera note
dans tous les actes publics, administratifs, judiciaires
&^iplomatiques , ainsi qu'il a été décrété pour les mon-
noies. Le compution de l'année fortunée de cette Li
( *,* y
. berté est fixee au premier Janvier. Lettre de M. de fi*'
chambtau , qui , sensible au bâton dont l'ont _gra-«
tifié les Rois de la dation , jure qu'il mourra en dr*
fendant la Constitution contre tous ses ennemis. On
eccute ensuite la justification conip'ctte às M. de
Bertranq Diî. MollkvIlle, sur toutes
les denonciations faite- contre lui, & des applaudisse-
tmns unVenels vengent ce ministre honnête homme
de ses calomniateurs ; nuis le grand prêtre Fauchei, poui/'
qui l'innocence semble un supplice , produit à point
nommé une lettPe où on lui apprend , dit il , qu'il y
a- des ouvriers payés dans les tribunes pour applaudir,
il devoit y en avoir aussi sans doute pour huer Mon«
rclgneur l'inquisiieur , & non* sommes forces d'avouer,
que dans ce cas, ils n'ont pas volé leur argent.— La
v-entedes biens nationaux 3 & la consommation sur-tout
du produit va toujours le meilleur train. D'après le
nouvel état fourni par M. Ameloi , en voilà pour dix-neuf
millions d'expédié. .— Un membre du comité des finances
dénonce une nouvelle fabrication de faux coupon*
d'assignats , à la séance du 3 ; on a longuement discuta
ensuite les articles relatifs à la haute cour Nationale
qui com/oîtra de toutes les secusations portées devant
elle pendant le cours ce sa- session ,• & dont l'existence
finira avec celle du corps législatif. .i
A VIS IMPORTANT.
Nous pr'ons MM. les Souscripteurs , dont l'abonne
ment expire à la fin de ce niais , de le faire renou*
veller incessamment pour ne point éprouver d'inter-
ru; t'on dans l'envoi ; s'2clresTer au Directeur du Jour
nal àc la Rccamboble , rue .Montmartre , N°. 219 k
paris. — Vnx 6 ';ivres pour 3 mois. — 12 livres pour
six — & 24. livres pour un an. Dupes de notre bonne-
tetéenvers p'usieurs souscripteurs , nous prévenons que
l'envei sera suspendu à tous ceux qui différeront l'en
voi ce leur souscription.
«SES NV5 SSE»,

A ROC AMBOLE,

; . OU

JOURNAL DES HONNÊTES GENS j

Redis* par Dom Riîcivs A N T I - I* ç o a 1 N W t


iza : . . '« - . •• * - , .v

« Une Foi, une Loi. un Roi ».


tJ .'. .. .i ]. '. - ' _ ' '. ' ; ' *
Du Dimanche 8 Janvier 1792.

SECONDE E PITRE

rApètre Rab. . , aux Matadors de sa Secte , c»mpc*


sont le Club Jacobite 6- le Directoire d* Départe^
ment du G. . . . , .» , ,
i. T . ' .i.'i . . 'i- -:i - ;. s : i-3
1. J eas-Paul Rab. Saint-Et. . Prédieant â"q
désert., dictateur de* braves brigands des Cevenes , de
\»\Vaunage ,& i' Avignon, Apôtre de l'immaculce Tar-
lMMETTE. i
'2. — A vous tous qui vous êtes engraissés du'patiU
moine de l'Eglise , illustres enfans de cob/in , fléaux
oe la Royauté & des Papistes, & pour tout dire en un
mot, soutiens intrépides du manège & de toutes les
' Jacobiniaires.
3. — Salut & miséricorde de par la Nation sans-cu4
lottes i Amen.
Tome III, Année 179a %
(H)
4. — Frères & amîs , vos œuvres sont parfaites
comme celles de l'Eternel. Quelle satisfaction pour moi
de voir que vous n'avez point dégénéré de vos ancêtres ;
que , comme eux , l'espoir de vous baigner dans le sang
vous procure les plus douces émotions & vous plonge
clans un saint ravissement. . .
5. — C'est du brave Général l'Eneormi , que j'ai
. appris les dispositions où vous êtes de mettre en mar
melade tous les Catholiques de vos contrées ; que nos
plia1anges belliqueuses sont prêtes & qu'elles n'atten
dent que 'l'ordre de leur Dictateur pour faire une se
conde Antoniade plus sanglante que la première. Le
Ciel en soit loué. • .
. 6. — Cet ordre vous l'auriez déjà reçu , mais je crains
t pour vous avec raison les plus terribles represailles ,
parce que nos afraires prennent la plus mauvaise tour
nure , S: que , pour peu que le vent du Nord vienne à
soufiler , Targinetu est au Diable.
^ '7. — Or , comme un habile Général se ménage tou
jours une retraite, j'y ai pensé d'avance, & pour cela .
il faut que nous changions de batterie , afin de marquer
davantage le dessein que nous avens d'exterminer les
. Catholiques. " " . . .r
i 8. — Que faut—il donc faire ? Le voici :
. 9. — Vous savez que le système Républicain que
nous avons porté au Manege est odieux au plus grand
. nombre des Français ;
' ~iô.'-^Vous savez qu'on accuse les partisans de ce
' syst'émé ., 'c'es^-à-dire les Jacobins, d'être les auteurs
' des meurtres ,'des incendies , & de tous les autres fléaux
qui ont fait de l'Empire des Bourbons une terre de sang
* & de mort; '- - . . r
• *î. — Eh ! bien , meifrères , tout en servant les Jaco
bins , feignons de ^les abandonner.
, 13, — N'oublions- pks les sages maximesque le Pa
triarche des brigands enseigne à nos pareils.
i'î. — Enfans de Calvin prosternez-vous devant Ma
chiavel ; écoutez-le , il va parler. • .••' • ~ •lr
14. — Lorsque..ten ennemi est dans la boue , s'il peut
s'en tirer sans toi , préte~lui une main secourablt ', sinon
mets-lui le pied sur la gorge , pour qu'il soit plutôt
étouffe.. • ..
iij.-— C'est pour me conformer à ce divin précepte.
que je me suis rangé sous les drapeaux des Monâr-'
chiens. ci . L • "'•
k-i6. — Frères » que ce nom de Monaktiiin rie vous
«larme pas ; les hommes rie cette Secte ne sont les Amis'
de la- Monarchie qu'en- apparence; dans le fondils la-'
détestent autant que les Jacobins. f .V .
1% — Que vôûT8îrài-fe de plus , j'ai trouvé là tous
nos anciens amis de Cour; c'est-à-dire , nos serviteurs
à gigcs , qui. avant l'époque delà Révolution , ne cesr-
soient de tromper le Roi sur nos intentions , & détrui- .-
soient, par leurs mensonges , les fidèles avis qu'il rece-.
voit de son Clergé. , ,
. 18.'— Ces hommes ont toujours pour nous le même
zèle. Afin donc d'agir dé concert avec eux , & de faire ,
s'il est possible , oublier nos fureurs , je vous invite à
remercier le pouvoir exécutif d'avoir apposé son V.ÊTO
sûr té Décret rendu par ïc Manège contre les préuss
Catholiques. ''"-.i .'"
: vu. - : i-'-/«..:--cr î.f i -:i
19. — Vous sentez . .frères . toute la finesse doucette
tactique & tous les avantages que nous pouvons en re
tirer; car si le Roi reprend son autorité , comme il y
C a
» apparence, nbus soutiendrons que nous 11'arons januu*
cessé de lui être fidèles. - . '
no» ?' '
.,.20. — Et si l'on -nous dit que nous sommes les en-
nénn£ implacables des Papistes , nous répondrons que
nous avons prêché la tolérance des cultes.
21. — Vous avez tort de craindre que le Baron do
Marg. . . . nous dévoile : cet homme ne. vous est pas
connu comme à moi. Soyez tranquilles sur son compte.
22. — Une chose m'inquiète pourtant , ce sont les
horribles massacres que nous avons commis, tant à Nismes .
que dans le Comtai. Il importe que vous fassiez massa
crer les brigands qui sont dans les prisons -Avignon ,
afin d'ensevelir avec eux le secret de nos attentats; -tf'
33.-— A tout événement, frères, tenez-vous prêt»
à agir au premier signal , & s'il faut expier nos crimes»
qu'avec nous, s'il se peut, tout l'univers périsse»

. NOUVELLES ^OLïTIQU ES.


». . .'. •
ïVorms, 20 Decembre 1791. — Nous avons décou
vert que les Protestans du Languedoc , de concert avec
un parti Protestant à'Allemagne , travaillent à mettre
le désordre dans ce pays: & en effet , il y a eu une
émeute occasionnée par la crainte qu'on a inspirée au'
peuple d'une invasion de la part de la France. Le Prince
de Candi est parti avec les héroi de sa suite pour
Coblent%.
Trêves . 28 Decembre. — Les troupes de l'Empereur
sont arrivées à Trêves. Leur présence a fait disparokre
les troubles qu'on y avoit fomentés , en rassurant les
habitans sur les craintes qu'ils avoient des entreprises
du Manège de France. '
Cobhnt^ , z6 Decembre. — Les Princes ont tenu us
grand Conseil d'Etat auquel M. de Colonne a .été ap
pelle. A l'issue de ce Conseil , on a expédié des Cour
tiers pour Saint-Pétersbourg % stockobn , Vienne & Ber
lin , & les emigrés sont depuis , dans la plus grande acti
vité. Tout semble annoncer que la bombe va éclater,

SITUATION DE LA FRANCE.

L'état actuel de l'Empire Français annonce une dis


solution très-prochaine du régime Constitutionnel. El»
vain on cherche à réchauffer le zèle Révolutionnaire ;
depuis la déclaration de l'Empereur , le parti démagogi
que dépérit à vue d'œil , pendant que celui des Roya
listes s'accroît prodigieusement & présente déjà uns
Majesté imposante. Le Ministre à tète d'oison s'en est
^ien aperçu dan? ses -caravanes ; il n'a retiré que If
plus profond mépris de sa démarche inconsidérée à Met^ y
la troupe de ligne a garde* le plus morae silence . lors
qu'on lui a nommé les illustres héros: qu'elle auroit à
combattre. Eh .'qui ne frémiroit d'indignation ! Comment
peut-on croire que des Militaires qui chérissent l'hon
neur puissent tourner leurs armes contre les bourbons ,
contre les frères de leur Roi ! Qu'ils puissent méoon-
noître leurs chefs légitimes , pour obéir aux êtres les
plus vils & les p]us méprisables. Non ., le Soldat Fran
çais ne sauroit descendre à ce*dégré d'avilissement. La
présence du Roi, peut seulecommander leur valeur. Mais
les troupes désirent envain Sa Majesté pour connaîtra
ses véritables intentions ; la Constitution , le Manège
& tous les ennemis de l'Etat leur interdisent l'hon-
Stut éte posséder leur maître.
Les Soldats n'ont donc d'autre parti à prendre qu4
<38)
de se ranger sous lei drapeau? de nos Princes , & c>st
ce qu'ils feront.
A,, l'égard des Volontaires Nationaux; ceux qui sont
au fait de la tactique Militaire les rangent dans la
classe des sans-culottes. Ces gens-là , disent-ils , ne s.oat
dangereux que pour les Prêtres où les Religieuses ; l'ap"
pareil & le bruit des armes suffisent pour les faire ren
trer d»ns la poussière. ' '' ' S r t ; • \ '
La contre-Révolution ne sera donc pas difficile ; elle
est d'autant plus assurée , que, sur toutes nos frontières
comme dans l'intérieur , à l'exception des Protestant , des
Juifs & des brigands révolutionnaires , les habitans des
campagnes la désirent & la demandent. Les Protestans
n'en doutent pas , & c'est la peur de l'orage qui les
menace qui a dicté au Département du Gard l'adresse
qu'il a envoyée au Roi , pour le remercier d'avoir ap
posé son vëta sur les Décrets contre les Prêtres non-
assermentés. <.-
Bncore un peu de temps, & les malheurs de la France
aurontidisparu arec leurs coupables auteurs , pour faire
place au règne des loix, de la justice &de l'humanité.

Thermomètre de Paris.

Malgré la faction régicide qui continue toujours à


prêcher au peuple sa doctrine meurtrière, la Capital*
iotiit d'un certain ca'me fit l'accueil qu'a reçu le Prince
maigri lui , au château des Tuileries, le premier de l'an .,
prouve que l'amour du Roi , qui caractérisa si long
temps le/s .Français, se réveille dans, leur cœur. :
„X peine ]e Duc $Qr. ,ra-t-i.l .p?rîu au. Palais de «os
Rois , que chacun s'est empressé dejui fermer pas-,
?" «K'SUt: p-rtnez, gîtât à -gqcheu Cetse^çe-
mïère humïlïatîon ne l'ayant point arrêté, il a cOntu'
nue de porter ses pas jusqu'au salon où Ton prépàroit
le service pour le dîné de Sa Majesté. Aussitôt l'on'
entend de tous côtés 5 veille^ sur les plats, prene\ gardt'
au poison , & dans l'instant, la table est entourée par
les serviteurs du Roi , qui se disposent à en écarter fe
Prince régicide. Il sort l'œil hagard , emportant pour;
étrennes les malédictions de tout l e monde , & va ca
cher cheç lui sa lionte & son désespoir. On assure que
les créanciers de ce Prince né veulent pas adhérer à
ses propositions, sachant qu'il a placé toute sa for
tune en Angleterre. ' _ ' V '\

n ,S ABBA TS J ACOBI T ES.. ,' %j


Des i er. &2 Janvier, avec la suite de celui du îo décembre*
. .. Sous la Clochette de Frères Graxgeneuve Éf . _
c ' j '".1 s::-"" »
uÎNTOliELLB.
- Nous avons laissé , dans le dernier Sabbat , frère DtH
bois décrassé dénonçant à la JacoquinaîHë les artisans
de nos malheurs ; « c'est, poursuit le clairvoyant Jacquet,
dans les mains des Lameth & des Barnave , qu'est la
fatale boite de pandore. Le Roi est leur dupe » les Mi
nistres leurs valets , & bientôt, si on n'y prend garde »
le peuple sera leur victime, à moins que la Guillotine
ne nous fasse raiso/i des Scélérats., — Lesirattendrons-
hovls? Irons-nous les attaquer? Le premier parti est
dangereux, le second- nous assure la victoire. Gaxdons'î
nous sur-tout d'avoir peur , quoique ce ne soit pas tout
à fait sans cause. Je sais que l'aimable TargînÀtie a bien'
-des si & bien des mais qui ta rendent difforme i • malgré
.tout, elle a pour moi lfa. charmes de ces. coquette»
qtfoa aime avec tous leurs défauts. En un mot y j'e%.
suis épris ; j'ai- juré de la défendre & de mourir pquç:
elle.; je tiendrai mon serment. Mon avis est donc qu's^
l'instant du .Décret d'accusation conire les traîtres^
50 mille bommes aillent s'emparer pour leur début,»,
de Cologne ,.de Mayence & de cablent^ ; en attendant , je;
15e permettrai , mas chers frères , d'observer ici que
j'ai confiance en Luckner & Rochambeau Mais bt<
Fayette, à. qui l!on a tant prodigué le, nom de} libéi-,
r^teur?-, . .. Je crains un péril caché sous cette flagor-î
nerie. ..... Si Luckner passe le Rhin , mes craintes re
doublent ; si la Fayette reste entre ïes frontières Sfr
Paris , je vois notre perte Ji faut donc que l'Assem
blée Nationale ordonne à Luckner & Rachumbeau de ne
point quitter nos frontières , & qu'elle envoyé la. Favette
au-aehors , faire une franche lipée de tous les émigrés ».
— èe /-projet/ Brîssott tous-'-les suffrages. Voici' venir
ensuite frère Bancal qui voulant pérorer sur le môme
objet est submergé par le flux & reflux eternel du t*m-
haf'tmtrt la.: raison (r Us préjugés , entre les peuples?- (r
Us Tyrant ,&c..~ — Frère srisiwinus dont l'Héroi-ja±
ïabito-courage brave tous les dangers , se noie à son
tourdaqi un interminable discours sur- la nécessite d'aller
raser à coups de canons tout l'Empire d'Allemagne;
mais3yan»vpalu ajouter,, pafaVeHture; qu'il falloir res
pecter la Loi, $£ fle point .polluer l'aimable Targtnette »
le géhéeal yra/re & son aide de Camp d'Anton ,
te sont violemment élevés contre l'admirable prosopo-
pée- de l'orateur;' la plus grande chaleur se répand
dans le repaire , & brissotisius , craignant le feu, pro
met d'éckîrer les ténèbre s, de sa diatribe , au gré des
vénéïables «éclamans. — Et le premier de l'an qua
tre oe-notre incomparable Liberté, entre chien & loup,
C'A )
arrive dans le Sabbat frère çollot Ahnanach , tout
rayonnant de joie, qui trotte rudement à là tribuns
& s'écrie , « victoire ! victoire , mes frères ? Nos galeriens
àé château-vieux «ont libres : ainsi l'a decrété le très-
juste Sénat. Mais . ce n'est pas la seule étrenne que
nous donnent ces incomparables Législateurs ; ils ont
encore rendu le Décret d'accusation contra les Princes »•
4cces mots , mille cris redoublés de , virent les galériens !
ïive le Manège ! font retentir les voûtes de l'antre Ja*
cobite. La lecture de la correspondance fait enfin cesset
les élans de cette allégresse exotique. —7 Bonne nou-<
yelles de iéthune & de Dijon. Le Jacoquinisme y fait
des progrès rapides, il est, écrit -on» dans cette -Ville)
tù j2eme degré. Les chers frères ont tout vaincu : Re*
ligion, Prêtres, Parlemens, Noblesse, Cabarets, tire-»
lire , cabales , tout est anéanti. La Jacquerie triomphe
& occupe toutes les places. Les aristocrates , ajoute la
bande Républicaine 8c factieuse , n'ont à Dijon qu'a*
parti .faible &r lâche; neus leur avons fait baisser la
tête dans toutes les occasions , ils ne la relèveront plus ;
mais ce n'est pas tout , nous fabriquons des lances î
femmes, enfans tout est, armé; les circonstances dicte
rent nos décisions » s'il lefaut 3 elles seront terribles. Amis
compte\ sut des hommes libres. . . . Ah 1 dites donc plu
tôt , race féroce d 'antropophages , dites- : surles compli-
icw de voi foreurs ù de vos crimes. — Les Département
du Midi ne sont pas livrés a un fléau aussi funeste,
& les Jacquets d'Aigue-vives en Languedoe en témoi
gnent leurs regrets. La ville de Lunel, disent- ils , tien*
les Protestant sous l'oppression la plus dure. — Pour
égayer la Sainte Ligue , un Frater lit une lettre cfe
Valenciennes , où il est dit que M. Kochambeau fils»
4 fait une capture de 25 millions envoyés aux émigrés*
c y
Cet agréable conte réjouit la Jscqùinaîll» le est «p*
plaudi. — Frère Moreton , ci-devant de chabrillant, em
ployé dans la division de Rochambtau , prend congé des
Sabbatistes , jure d'être fidèle a Targinette & de sacri
fier pour elle sa fortune & sa vie. Fuis, selon le rit
Jacoquin , on dénonce divers membres des Corps ad
ministratifs de Lyon. Frère Gouget-des-Landes iit un
projet de Décret sur le mode de responsabilité des
Ministres , & propose d'appeller au secours de la France
tous les guerriers Français , notamment le Vrai Vas-
Tiington. Frère bancal écorclie à son tour les oreilles
de ses auditeurs, massacre les émigrés & confisque leurs
biens. — cloots & boisguvon leur donnent le coup de
grâce. — Et le second jour de l'an quatre de la liberté
Française , paraît dans le Sabbat Antoine , mon ami ,
Ambassadeur des Jacquets de Met^ , & Professeur de
Morale en pied des enfans de cette ci-devant Colonie
Romaine» lequel rend compte du passage de M. de là
Fayette à Net-. Les habitans de cette Ville ont renou
velle en faveur du grand homme les mêmes farces dont
les Parisiens ont honoré son départ : vous connoissez »
poursuit le maître de Morale , ce la Fayette , je crains i.
hé !.. . Je vous prie d'enjoindre à -vos Scribes- d'écrire
à cet égard aux frères de Met~\ , dans votre sens & dans
le mien. On a besoin d'être stimulé , & les Provinces
ne sont pas patriotes comme vous l'êtes ici. Aidez-moi
donc à empêcher l'esprit immonde . le Démon de l'aris-
.tocmie d'y faire des ravages ; & si jamais la Fayette , se
faisant illusion sur sa profonde nullité, rouloit faire le
cesar , il trouvera un Brutus , & ce Mrutus , le croi-
roit-on 1 sera M. le Professeur. — Le Général Robes -
pierre réfute ;l$-, discours de brissot sur la guerre. Le
Patrigot cura alloit aussi dégober quelques rebus^
I 4? 1
mais frère broussonet fixe l'attention des Sabbatistes
sur la manière de trlssoter les biens des Emigré:.
— O vénérables Jacoquins, apprenez Se retenez bien
qu'il ne faut vendre la peau de l'ours qu'après l'avoir
couché par terre. : -, * .. ^ _

M É L A N G E S.
suite de la Badaudbris : Air des , Tremlleurs.
Toujours nouvelle bêtise :
Un Parisien s'avise , .•
De publier qu'à sa guise . ï
Il peut marcher sur les eaux. - -• - f.
Sous vos yeux, dit-il. sans peine.' - • --C, ! ri f:
A tel jour de la semaine ,
Je traverserai la Seine #'
Sans enfoncer sous les flots.
Il est donc vrai que les badauds
Ne furent jamais que des sots, sots, sots, sots.
Jouets du même prestige, • "
Le Seigneur & l'homme-lige . v.c- s -.
Couvrent, pour. voir xe prodige ,..:i: i . . ,
Les quais . les ponts , les batteam. . r' .s-.'iSJ'
L'impatience étoit vive ; •«'ie • .- < f
Mais voyant que sur 'la rive • ' ;
Leur imposteur point n'arrive , .
Ils reviennent tons penauds. v 3~t'i "
Il est done vrai que les badauds \\xr\ .
Ne seront jamais que des sots, sots , sots , Sots.
Sottise plus étonnante.!; ,: '
VnHydroscope se vante • -J •-.
Sous la terre transparente i t. v- - -a *. j
l De voir couler des ruisseaux.
Crédulité sans pareilîes ! ~
Paris croît à ces merveilles ,
Et donneroit ses oreilles,
Pour garant d'un fait- si faux. , '
Il est donc vrai que les badauds '
Ne furent jamais que des sots, sots, sots, sots.
On voit arriver ensuite
Des Sycophantes l'élite
Qui vient nous faire visite .
Mesmer avec ses suppôts.
De l'enchanteur on s'enivre ,
Qui , comme il dit dans son livre ,
D'un tour de main vous délivre
Des plus 'incurables maux!
XI est donc vrai que les Badauds
Ne seront jamais -que des sots , sots, sots, sots.
H en sait plus long encore y '
Car il fait d'une pécore
iXJn Médecin qui pérore -• - -
Et qui voit tout, les yeux clos :. ~ .
Qui même dans son délire , * c?'; ' . .'
Jusqu'en votre ame peut lire , :
Et sur l'avenir vous dire ' i
Les plus étonnans propos. -,
I II est donc, vrai que les Badauds "
Ne furent jamais que des sots , sots , sot», so«.
îipj • fj , '
Le fait est que la croyance
Qu'on avoit en sa science, -^-k -<»;i i - . .'-
A bien enflé sa finance, ... o' *•
Qu'il nous en a coûté gros, w: iW£ -• -
_ t 45 -1
Encor si l'apprentissage \ , 3 • . -.
Qu'en a fait de ce pillage ,
Rendoit le Badaud plus sage,
A tout croire moins dispos!
Vaine espérance, les Badauds
Ne seront jamais que des sots, sots , sots, sots*
La Kuite au N*. prochain.

Les deux Philippe en opposition.


Aux mânes de Louis - Philippe d'Os. ... : PÉRB
Putatif du Prince Monstre.
Que Philippe en effet , mérite bien nos pleurs !
Digne par ses venus du sang qui le fit naître ,
1l sut être à la fois noble & simple en ses mœurs ;
Frère, ami , Citoyen , tendre époux & bon maître.
Au Prihce Monsiaï,
Parodie,

Philippe à l'échafaud tarira bien des pleurs.


Pour les plus noirs forfaits le crime le fit naître !
Ce monstre distilla ses poisons sur nos mœurs ;
Sans foi, ni loi, toujours vil , ingrat , lâche & traître.

Adresse au Roi.
MM. de çlermont-tonntre , Colonel-Commandant du
2îeme Régiment de Cavalerie, ci-devant Royal Guienne,
Farjonel , François de Toustaih-Virav , Capitaines-
Commandans , Charles de Bottrc'ter , Lieutenant , & huit
autres Officiers du même Corps ont adressé au Roi leur
démission le premier de l'an. Après avoir exposé à Sa Ma
jesté , que le seul espoir de la servir utilement les aveit

!
(4<0
fixés à leur poste , & leur avoir fait vaincre leur répu
gnance pour le serinent exigé , ils ajoutent : « Mais ,
d'après les préparatifs 3e guerre annoncés & dont le
but, quoique surement démenti par votre cœur, Sire,
n'en peut pas moin; être mis à exécution , nous ne pou
vons- phls occuper des places qui nous forceroient à
aller troubler l'asyle des Princes de votre auguste fa
mille , de vos plus fidèles serviteurs & sujets , réunis au
tour d'eux , inquiéter les genéreux Princes Souverains
d'Allemagne , qui donnent retraite à nos parens , à nos
àmis &'i 'tous les Français persécutés dans leur patrie;
nous croirions cèmmetre .un grand crime, de sembler seu
lement nàus préparer à obéir , &c. »

.. 'LEGISLATION.

Seconde race de nos Pϔs.


Séances du Mardi soir 3 , des 46- 5 Janvier.
Dans le nombre des adresses lues le 3 à la Séance
du soir , on' a remarqué les deux suivantes. La première ,
de quelques sans-culottes d'Avignon qui annoncent, que
le feu ayant pris le jour de Noël au Palai* d'Avignon ,
les prisonniers furent transiérés à la Conciergerie où
l'on craint que ces braves Patriotes n'ayent été égor
gés. Dans ce cas , Tes pétitionnaires auroient du récla
mer une indemnité pour le bourreau. Mais on ne songe
pas à tout. — La seconde adresse est du fils de ce Guil
laume, Citoyen de Sainte- Menehould , l'un des malheu
reux qui eut la criminelle audace de porter ses mains
sacrilèges sur son Roi, le 21 Juin dernier. L'Assem
blée constituante avoit récompensé cette infâme trahison
d'une somme de io.oco livres. Guillaume fils avoit
( 4!? î
retenu sur ce don 600 livres pour les frais £c loyaux
coûts de l'arrestation Royale; mais son honoré père les
* ayant refusées , il les renvoie à l'Assemblée Nationale.
Cette restitution rappelle celle de l'infâme Judas , qui
après avoir trahi, vendu son maître , restitua au Prince
des Prêtres le prix de son crime, à cette difference
près , que le traître Judas se pendit lui-même , & que
' mons Guillaume ne s'est point pendu. ..; que les
. Princes des Prêtres refusèrent un argent qui avoit été
: consacré au plus grand des forfaits , & que nos i lus-
' tres Ramassés l'ont repris avec plaisir , en ordonnant
' que la générosité du traître fut consacrée dans les fas
tes législatifs. — On a fait ensuite ie rapport des trou
bles arrivés à Perpignan , dont nous avons parlé. U n de
nos érudits Monarqiesa proposé très gravement de dé
molir la Citadelle de cette Ville , ou tout au moins de
la mettre en état d'arrestation & de la faire conduire
à Orléans , sous bonne & sûre garde. La motion de ce
pauvre d'esprit a r:joui l'aréopage , & dans l'excès
de sa gaieté , il a seulement décrété d'accusation MM. de
cholei , Saillant & environ 40 ou 41 Officiers. — La
Séance du 4 n'a presque eu lieu que pour la forme :
au défaut de dénonciations à entendre & d'Aristocrates
à faire incarcérer, on a controversé, si les décrets d'or
ganisation de la haute Cour Nationale seroîent sujets ou
non à la sanction. Cette question a été ajournée. — Un
Anglois , ou soi-disant tel , se présente avec un don pa-
' triotique de 1000 livres. On se hâte de le complimenter,
de le faire asseoir & de prendre son présent. Un Mo
narque témoigne quelque scrupule ; « peut-on recevoir
de l'argent d^un étranger ? .. .» Bah i répend Siie Pas-
loret . tous les hommes sont Membres d'une même fa
mille ; le pétitionnaire est homme , ergo , il e;t Fran
fais. Cet argument « du genre de ceux que l'honnête'
sa%ile appelle irrésistibles , a levé toute difficulté , & les
idoo livres ont été empochées au profit de... . la Na
tion. Sire Grangeneuve vouldit qu'on donnât en échan
ge au donataire le titre de citoyen Français ; mais sa mo
tion a été huée. — Le grand Prêtre Fauchet a demandé
& obtenu , dans la Séance du 5 , la liberté de l'Abbé
Gauthier , Vicaire d'un Village au-delà de Rennes dans
le Dictrict A'Evron «arrêté comme prévenu d'avoir voulu
enrôler pour les Emigrés. Il faut qu'il y ait sans doute
impossibilité morale & physique de convaincre cet Abbé.
— Rapport sur la liquidation des titres des créanciers
de l'Etat ; débats dans le genre ordinaire ; Décret enfin >
portant, que les porteurs des créances exigibles, qui n'au
ront pas présenté leurs titres ., d'ici au premier Mai »
seront déchus de leurs droits sur le trésor public, sauf
les exceptions dont le Comité fera le rapport. —• Sire
Isnard , le foudroyant, que nous avons vu envier le ton
nerre de Jupiter pour réduire en cendres les Prêtres ,
s'humanise à l'aspect des foudres de Mars qui nous me
nacent. Après avoir exhorté ses collègues à l'union, à
la décence, &c , il les conjure de se, concilier avec le
Roi pour appeller à leur secours quelques Puissances
de l'Europe. Mais où les trouver ces Puiisances ? Admi
rons comme la peur trouble le jugement.1
AVIS INFO R T A N T.
Nous prions MM. les Souscripteurs , dont, l'abonne
ment expire à la fin de ce mois, de le faire, renou-
veller incessamment pour ne point éprouver d'inter
ruption dans l'envoi ; s'adresser au Directeur du Jour
nal de la Rocamboble , rue Montmartre , N*. ëioJ à
Faris. — Prix 6 livres pour 3 mois.'— 12 livres .pour
six — & 24 livres pour un an. Dupes de notte honnê
teté envers plusieurs souscripteurs , nous prévenons que
le service sera.suspendu pour tous ceux qui différèrent
l'envoi de leur souscription*
LA ROCAMBOLE,

0 u

. JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom Résius Au t i - Jac o s i nu s

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi ia Janvier 179a.

DÉCRET D'URGENCE

De l'Assemblée du Manège.

'Quoique cette pièce courre les Rues , nous pensons qu*


nos Lecteurs seront bien aises de la trouver ici.
<M

ohsidér AHT que le crime a trop à rougir devant


la vertu, & que des va-nuds-picds , te's que nous ,
ne peuvent supporter l'éclat de la Majesté Royale ;
Considérant que tout ce qui suppose de l'éducation ,
. des mœurs, de la décence, de l'honnêteté est contraire
à nos inclinations, à nos vues & à notre nature; : .
Considérant que l'usage de rendre & de recevoir de$
:' visitis , au premier jour de l'an , a été établi 8ç s'est
.maintenu dans des temps où l'on croyoit sottement qu'il
étoit avantageux de resserrer les liens qyi, unjssoient
Tome III. 4nnU J792 d
t 5* >,
les familles Se les individus ; & que dans le plan de dis*
solution | de destruction , de subversion de la sociéte.»
que nous avons adopté , pour nous rapprocher-, le plus
qu'il sera possible , des Cannibales , il est convenable de
proscrire cet usage ; < .'
Considérant que nous ne pourrions rien dire de pas
sablement honnête au Rôi,"qui ne fut démenti par
nos actions , par nos paroles, par. nos complots, par
nos sottises dans cette Assemblée , par notre corres
pondance avec les Clubs de Jacobins;
Considérant que nous devons l'exemple à tous les
Pépartemens , à tous les Districts , à toutes les Municipa
lités , de l'insolence , de la grossièreté , de l'extrava
gance , du mépris de toutes les loix divines & humaines
Considérant qu'il faut que nous nous rapprochions,
autant que faire se peut , des sans-culottes nos soutiens ,
nas amis, nos coopéraréurs ; & que nous ne saurions
trop nous modeler sur eux;
Considérant' que nous avons à nous renger de l'af
front qui nous a été fait à notre début , lorsque, nous
avons voulu ôter au Roi, les titres de Sire & de..
Majesté qu'on nous a forcé de lui conserver;
Considérant que honnis, vilipendés, comme nous le
sommes /nous ne risquons' que deTitre un peu plus, &
que cela nous- importe fort peu , pourvu qu'on nous
laisse encore quelque temps palper nos dix-huit francs:,
i & piller comme nos prédécesseur^ ;
Considérant que nous n'avons pas encore long-temps
à jouir de l'impunité & du droit que nous nous sommes
arrogé d'insulter aux Rois & à Dieu;
Considérant que notre exemple ne peut pas tber. à.
conséquence , & quë le Roi n'en sera pas moins chéri ,
respecté de là majeure partie de sesaujets;
(5»r
ÊonsidéraBt qu'il faut être toiit cfuné pièce & per*
sister dams notre rolïe jasqu'au bout J
Oui, les dindons, les oies, les ânes , les loups , le*
tigres , les hiènes & autres animaux à poil & à plume
de cette Assemblée » décrétons ce qui suit :
. Article J,
À compter du premier Janvier 1 79 ï » Bous 4é réà»''
droits -p'us aucun devoir au Roi.
À R t I C t E II,
Nous saisirons toutes les occasions qui pourront s'of*
feir de le faire repentir d'avoir appelle ses sujets , \aù«
.tour de lui, pour les consulter sur la manière de le*
rendre heureux. . V
'S - . • A r T t c t E I I î. ,
• . • " ; in
' ' . i.
Nous réserverons , avec soin , les attentions , les lion*'
neurs» les égards pour les brigands, les assassins , le*'
scélérats qui viendront avec confiance à notre barre de-
,, . , - . Vt
mander l'impunité ou le prix de leurs crimes.
. . • . -i • <v .'. . i'
NOUVELLES P O. h t T I.Q U E &

Extrait d'une lettre de Coblent% du 30 Dèctmirei


La Contre - Révolution s'avance à pas de Géant;
elle vient fondre sur la France, à la tête des Emigrés,
Ses troupes Impériales , Prussienne} , Espagnoles . Sat'
des , Suisses, Italiennes, &c. Il s'approche le temps,
où 'ceux qui ont rèfusé des comptes , seront forcés d'eu
rendre . en dépit de l'ex-Monarque épicier. Les Prince*
sont déjà' instruits de choses très-importantes. Onas-
lure ^ue^M.frrr i écrit à M. de Calohne , qué le
Pue d'Or. . . , a deux mUlfonf de rentes sur la banqu»
£Angleterre , & que les factieux de la première legis
laturé y ont un Capital de sept cens millions. M. Put ,
ajoute-t-on , nommera quand on voudra les personnages
qui, sous des noms empruntés, ont placé des fonds si
énormes.
On a encore arrêté un homme envoyé par la pro
pagande pour assassiner nos Princes ; ce scélérat étoit
muni d'un stijet empoisonné. . . ....
M. de Ste.-Croix , Ambassadeur delà faction Monir-
chienne , continue de faire la plus triste figure ; il est
méprisé autant qu'il ! doit l'être , ce qui n'est certes pas
peu dire; il- le sait . & il. reste 1 Tant il est vrai que les
hommes de cette trempe sont insensibles aux traits de
la honte & de l'infamie!. -
Aih , 30 Décembre. — C'est la force des armes ,
qui de concert 'avec la justice' va obtenir raison de la
violation des traités. LEmpereur se refuse à toute négo
ciation, & tout le corps 'germanique prend les mesures
les plus actives , & les p'us vigoureuses pour seconder
ses intentions. — Les Français cantonnés dans cette
Ville vont se transporter à Trêves pour faire place aux
troupes de' l'Empereur. ...»
Bruxelles , premier Janvier. — On n'a jamais vu arri
ver tant d'armes & d'autre» munitions de guerre, qu'on
en voitderuis qu -lques jours. Des préparatifs siextraor- -
dinaires ne se font pas sans dessein, & il y a lieu de
croire que tout cela finira par une terrible explosion.

riSPUV-EL^ES, INTÉRIEURES.
19. < • jjei jg ^ 20 décembre &' Janvier.
-tti.~' .-iîr '
0 LenSçhisnie.qui désole l'Fglise Catholique de France
a.'étend point également par-tout ses funestes ravages;
(;53') f....iK<^:i..ir
plus de là moitié des Vil agcs du Diocèse de Btoîs re
fusent de reconnoître les Intrus. Les habitant fonf jus
qu'à deux lieues pour venir , à l'Hôtel-Dieu de *bloist
entendre la messe d'un Prêtre non-jureur. Les parois
siens de Vïlerbon , au nombre de 200 , sont v.enus de-
r mander au Département un prêtre qui n'eût pas juré ,
pour faire l'office dans leur Eglise' le 'jour de la fete
Paroissiale , & on n'a osé le leur refuser. Les habîtans
de Saint cyr-du-Gan , à ieux lieues de blois , 'ont fait
signifier qu'ils ne recevroient jamais aucun Prêtre in-
. trus••, &, qu'ils vouloient garder leur Cucé .-.légitime. En
réponse, la Municipalité a fait cadenasser l Eg'ise ilnaais
le peuple a dressé un autel dans une grange où il célè
bre les offices divins avec une ferveur édifiante. On
: craint que l'intrus Grégoire , qui. vient d'aggréger à son
Clergé un second chàfyot-, ne s'efforce de troublee» cet
asy'e d'une piété éclairée.^ Le peupje ,de .Beauvais
est également attaché à la Religion de^es pères ; il
ne voit qu'avec peine le 'Clergé* scandaleux de 1791 ,
.respecte ses légitimes. Pasteurs. Le Gbjuiirs^ ççmtinue
ses offices très-réguliè.reaient, çh^que^ jojy ro dans line
, Chapelle peu éloignée de ]a Cathe^raje..U ,s'eiT. faut fie
•beaucoup que la ville de Toulouse nous-offre un exem
ple aussi consolant. La Religion n'es^. nulle, part, auçsi
persécutée, que dans eette Ville ^autrefois surnommée*
la Sainte , & maintenant le centre de l'intoléran.tisme &
du fanatisme constitutionnel. Les Catholiques n'avoient
qu'une seule Eglise , elle a été fermée , & la Munici
palité a fait des recherches dans les maisons pour voir
si on n'y célsbroit, pas les Saints Mystères. C'est ains1
qu'on respecte les Décrets sur la liberté des Cultes ;
mais n'en soyons fias surpris ; Toulouse a pour Evâquo
(54)
le plus fanatique des intrus î un transfuge des Carmes
déchaussés, Sermet enfin, c'est tout dire. 'ï
Les pieux solitaires de la Trappe , au nombre de 40 «
viennent de fonder une Co'onie à la Val-$aimt , sur
les Montagnes du Canton de Pribpvrf.cn saisit : ce nou
vel établissement servira d'asyle à ceux de leurs frères.
' e^uî sont encore dans leur Abbaye , si l'impiété les en
ciassc, •',

Le Maire de Paris, à la tête de la Muni:ipaliteVa


passé en revue, la semaine dernière, la Gendarmerie
Nationale à cheval , & ensuit» le Régiment des Gardes
Suisses , en présence de M. dAffry , qui lui a donne 1»
droite ,& de plusieors autres Officiers généraux.. Les
. spectateurs n'ont point été étonnés de cette revue J
l'égard de la Gendarmerie Nationale , mais ils l'ont été
infiniment de voir le Maire & la Municipalité passer en,
revue les troupes de ligne & les faire défiler devant eux.
Thermomètre de Paris, :• .0
J y. - . - ^ . - ; t
Plâs la Jacobinière s'agite pour soulever te peupl©
contre son H«i , & plus le peuple sent lé besoin d'ai
mer ce vertueux Monarque. Pour démontrer qu'il ne»
* partage point Us fureurs de la faction régicide , il reV
i j?ond par ce couplet à ceux qui veulent enço/e l'égarer»
Vhi Lovis sei%e\
Vive ce Roi charmant ! .;
Son mal-àrl'aise
Ne durera pas longtemps,
-..,• .. . yî^ Louis Seize?
... - : Vive ce Roi charmant!
* ' façtion Jw#* la seule agitée ; cette<
"des '&ipfijçkkni ?st a«x abçis depuis que le Ministre,
t 55 )
Linotte lui a rendu compte des .dispositions de l'armée
de ligne. Elle n'affiche plus des placards inso'ens contre
les Souverains ; bien loin de demander la guerre, elle
appréhende le moment terrible ou la foudre éclatera ,
& pour la détourner , elle a fait faire, au Roi une Pro
clamation dont l'objet principal .est .d'ordonner aux
corps administratifs , aux Officiers généraux & aux Com-
mandans des troupes nationales de ligne , de veiller
avec la plus grande attention , à ce que tout le ter
ritoire etranger soft ihviolablement respecté ; d'avoir
l'œil à ce que tous les étrangers qui peuvent se trou
ver en France,. de quelque Nation qu'ils soient., y
jouissent de tous les égards de l'hospitalité &- dé ht
' protection des loix ; enfin de prendre les mesures les
' plus efficaces , pour que nulle altercation né puisse
's'élever entre les habitans ou les troupes des Fron
tières respectives, & pour quelle soit promptemenc
' appaiséev * ' '. ' t . ;
Ces Messieurs , comme on voit , ont bien changé
de ton; mais comme ils jugent que cette proclama
tion ne peut tout au plus que reculer l'époque de la
: guerre , ils ont encore le moyen que. vflki ':
Les habitans du Manège- qui sentent la nécessité' Ae
revenir sur le Décret contre le» Jroits* des Princes,
• à'Allemagne possessionnés en Alsace?, se proposent de
tirer parti de leur position , pour', tendre un piège au
Roi. En conséquence, ils rendront un Décret qui don
nera carte blanche à Sa Majesté , pour traiter avec la
Diète de Ratisbonnt. Ce Décret rendu , les Monar-
chiens feront le reste , & le Roi ordonnera l'exécu
tion du traité de O^estphalie. Cela fait, le Manège
trait être à l'abri de tous les dangers, & alors il jet-
- w* les hauts cris ; il accusera U Roi d'avoir trahi
d 4
c s6 )
la Nation , & vio!é l'acte constitutionnel , en ce qui
concerne l'abolition du régime féodal dans toute l'é
tendue 'de l'Empire Français. Le Parti régicide ne mé
nagera plus rien , & ses attentats se développeront avec
plus de fureur que jamais.

SABBATS JA COBITE S.
Des 6 & 8 Janvier.
Sous la cachette de Frire AntOnelle.
Les Jacquets qui , oubliant la sainteté de leur vo
cation primitive , l'ont scandaleusement souillée en
allant aux Feuillans , peuvent-ils être admis de nouveau'
dans l'antre Jacobite & y recevoir l'absolution de leur
apostavie? Cette importante question , longuement &
méthodiquement di-cutée, secundum artem, au iabbat du
6 a été décidée pour la négative au grand contente
ment du général Robespierre , & contre le vœu de frèré
coUoi-Almanach. — Aux Jacobin* comme en Enfer, nulla
est redemptio. Une nouvelle bande de Jacquets , séante
à sarrazat , demande & obtient l'inestimable faveur'de
l'affiliation. — Frère Osselin , ayant enfanté ïAlmanach
du juré Français, présente cet embryon aux Sabbaîistes
avec humble prière de le pousser dans le monde Ja-
coquin, comme * y t poussé celui du Père Gerard.
— Vient ensuite le grand désordre du jour. Le Roi doit-
il influencer , ou non, la formation de la haute . Cour
Hationale ? Frères Dubois décrassé & d'Anton déci
dent qu'il seroit extra vagant de lui permettre cette
licence. Après eux , le Révérend simonne , le Scalpel
à la' main dissèque la Constitution , & trouve tous ses
fibres musculeux tendus contre l'influence Royale. Le
grand- voyant, de sïUery^ bégaie aussi, maintes phrases
(57)
sur cet ob!et & manifeste ses sublimes visions sur les
projets du comité des Tuilleries. —• Le Sabbat est cloturé
par l'admission des Députés de la Société des dçoits
de l'homme , ayant à leur tête le Professeur de morale
Constitutionnelle à Met^ , le grand Antoine , qui pré
sente à la sanction Jacobite une harangue lamentable
qu'il doit débiter à l'Assemblée Nationale en faveur de
deux Citoyens tués il y a près d'un an à l'affaire de la
chapelle. — Le sabbat du 8 est ouvert par une grande
plainte de frère de Sillery , contre l'ancien régime^ On
lui a constamment refusé un grade qui lui étoit dû ,
dit-il, à juste titre. L'honorable Jacquet n'a pas cru.de
voir se plaindre de ce passe-droit du pouvoir arbitraire
à l'assemblée contituante dont il étoit membre; mais après
avoir coopéré à notre régénération , il veut encore aller
répandre sur les frontières le peu de sang qui coule
dans ses veines; avant de consommer ce précieux sacri
fice , frère de Sillery supplie la Jacquinaille de' prendre
ses doléances en considération, de l'étayer de ses doctes
conseils & de lui donner ad hoc quatre Commissaires .
auxquels il expliquera par le menu ses prétentions civi
ques — Octrové. Puis , selon le désordre du jour ., vien
nent les discussions relatives à la haute Cour Nationale.
Frères Antoine , Real, Albit , dégbisent successivement
le ur avis , dont le résultat est , que l'organisation de
cette Cour ne doit point être sujette à la sanction du
Iuii. Frère Bancal prononce sur cet objet le plus ban-
croche àa, discours. Chacun en l'écoutant , bientôt baille 4<
sVî'dart & le Sabbat est levé. '
M É l A*N CES.
Suite de la Badaubbriz : Air des Trembleufs,
Sans recourir à l'histoire,
Dont l'affligeante mémoire
(58)
Nous donneroit lieu de croire
Qu'ils furent toujours des Gotbs;
Ce que dans ce siècle horrible
Ils font de sot, demible.
Est une preuve sensible , •. .?
Que dans leurs teins les plus beaux
Les^ Parisiens . les badauds
Ne seront jamais que des sots, sots , sois , sets.

Voilà-t-il pas qu'on s'embarque


A vouloir que le Monarque
Et tous les hommes de marque
Aux va-nuds-pieds soyent egaux!
A vouloir qu'on assimi'e
La plus illustre famille
A la race d'un soudrille ,
Celle même des Bourreaux.
Il est donc vrai que les Badauds <• .« \ ~J. * f
Ne seront jamais que des sots « sots, sots, sots*

Pour faire voir qu'if est sage


.D'instituer cet usage » .
Oh recueille le suffrage / . ^ < '
De gens sort îs. des. cachots : , . ' . s . v.
Brigands que sans injustice
.' i VI
On eût au derriier supplice »
.S'il étoit une justice ,
Conduits sur les e'chafFauds
II est donc vrai que les Badauds. '
Ne seront jamais que -des sots, s»ts , sots, sots.

.Peupje * à qui tu te confie î ... 7 ' ' '


Des hommes dont la folie ,
Va de notre Monarchie
Ébranler tous les pivots :j..
A des animaux farouches - '•"
Qui n'ont éperon , ni bouches ,
Des barnave & des bouches , . . • <
Des Voidélt & des Rabauds ?
Il est donc vrai que les Badauds .
Ne seront jamais que des sots , sots , sots , sots.

La. suite au N". prochain.


< ...... . ,? ....... , - •« \.
£<TTJtE <2« Rédacteur de la Rocambole. . ,

Je vous py , Montzieur , d'anomcer o peupliq ke jo


vyen de me breouilteer aveq le petit Barnnav , pour
aveoir u l'eindiscraition de m'ameneer à soupeer le Mar-
qui de Villet , ki a tou pty à rebours chè moy. Je
n'aime pa kon reste en ariaire , & ge me suye mise
assais en avant pour que le peupliq le sache.
.t. .' • : . Signé:, La P?5ë. oc. BROGL, - i. A

Passe- temps Jacobliç.. $


Quand les Jacoquins n'éventrent point les Nobles
pour en faire le plus horrible des repas; quand ils ne
brûlent pas leurs châteaux avec les torches du Patrio
tisme ; quand ils sont fatigués de profaner les Eglises,
de calomnier les Prêtres & de fouetter les Religieuses ,
ils s'amusent à forger des adresses remplies de fausses
signatures. Telle est la majeure partie de celles que
les Rois du Manège ont . si ridiculement accueillies sur
le véto apposé aux monstrueux Décrets contre les Emi
grés & les Prêtres.
Les habitans de Givet , le Departement de la Moselle ,
le Conseil général du Département de ta Seine infé
[6° 3
rieure & 'nombre d'autres , ont fortement réclamé con
tre cet affreux Jacoquinume. Si nous avions fait une
adresse , disent au Président du Manège, dans une
Jettre qu'on s'est bien gardé de produire , les adminis
trateurs du Département de la Moselle , elle serait ab
solument contraire à celle qu'on nous prête. Ils demandent
que le Roitelet qui la leur a imputée soit traduit de
vant les Tribunaux , afin que le faussaire qui l'a trompé
soit connu & puni. Mais ! . • . Va-t-en voir s'ils viennent
Jean.
ETRENiiEs à tous les Potentats de la terre , affichées à
la porte de tHôtel des Ambassadeurs. , . i

O bourreaux de l'espèce humaine,


Antropophages couronnés ! .
Vous dont les cœurs au crime façonnés
Se repaissent d'orgueil, de vengeance & de haine,
Rois , Princes , Empereurs , Muftis , Pages , tremblez.
Aux caprices de nos semblables » .
Ne voulant plus être immolés,
Nous punissons les grands coupables ;
• . La raison parle & des bras formidables
Sappent les trônes ébranlés i
Sous la hache du peuple ils tombent en poussière.
La liberté ! Je l'aperçois
Au sein de leurs débris renaître à la lumière ,
Et planter les drapeaux sur la tombe des Rois.
Ces vers dont l'abondance des matières nous a forcé de
retarder l'impression, décèlent leur auteur ; c'est comme
l'a très-bien observé le reipemble auteur du Journal de
la Noblesse , la platitude du style de Pradon & l'esprit ri
pait ù sacrilège du Drame de CHiiSiS.s IX.
.

[ tl 1

A Madame de Biàumont,
Auteur d'un Journal aussi piquant çue repandu.

L'esprit & la raison ornent ton bulletin


En le lisant , on t'aime , & l'on t'admire ;
Et l'on voudroit toujours baiser & lire
Dans tes nouvelles à la main.

LEGISLATION.

Seconde Race de nos Rois.

Séances des 6 ,7, 8, 9 & 10 Janvier.

On ne peut plus se dissimuler l'accomplissement des


prédictions que firent les vrais défenseurs des intérêts
de la Nation lors des fameux débats sur la création
des assignats. Ce numéraire fictif & décrié, est aujoyi-
d'hui si parfaitement contrefait que l'œil le plus exercé
ne peut distinguer le vrai du faux. Les Receveurs qui
ont les mains remplies de ce papier de contrebande
seront-ils remboursés? Quel moyen p'rendra-t-on pour
les garantir d'une surprise inévitab'e? C'est ce qui a
été proposé à la Séance du 6 & ajourné pour la dis
cussion. On s'est occupé ensuite des mesures à prendre
pour assurer la libre circulation des grains. Sire Le-
quinio , revêtu de l'armure des économistes , a prétendu
que le vrai moyen d'entretenir l'abondance est de n'avojf
ni grains . ni magasins , ni approvisionnemens , & de
s'en reposer sur l'intérêt des Marchands & sur la con
currence des vendeurs , &c Dans le nombre des audi
teurs étoient des gens experts en pli.s d'un genre qui
ont conclu que Sire Lequinio devoit être envoyé à l'é-

:
eole 8e mis au B-À *a de la politique. Lettre de
M. de Ste.- Croix . Ambassadeur auprès de l'Electeur de
Trêves , qu! malgré le triste accueil qu'il a reçu & les
petites niches qu'on lui a faites, vante les miracles
que sa seule présence a opérés dans cette Cour. La
Séance du 7 a été totalement consacrée à discuter si le
Décret d'organisation de la haute Cour Nationale doit
être sujet à la sanction du Roi ; avis pour & contre.
Ajourné au lendemain. — Trois habitant de Chantillv,
admis à la Séance du soir , demandent que les Officiers
du Prince de' Conâé' soient exclus de la garde Nationale
où on les a reçus , comme des gens suspects à la Nation.
— Un membre du Comité Militaire propose la conser
vation des Chasseurs volontaires , ci- devant supprimés ,
& de lès former en six bataillons d'Infanterie légère. —.
Ajournç. —. Projet de vente des Forêts Nationales qui
peut produire un milliard ; la perspective de cette re-
ceSe chatouille m»s Mosaf^ues. La motion est renvoyée'
cum elogio au Comité des Domaines. — Projet d'envoi
des-' Commissaires Civils dans l'Inde pour complimenter
Tipoo-said , fidèle allié de la Nation ;'& relever nos'
établissement. — Ajourné. — Lettre du Ministre de l'in
térieur lue à la Séance du 8 , contenant le procès-ver-
b"al d'une émeute à Su-Opur. La Nation souveraine de'
cette Ville, en vertu des droits de l'homme, s est op
posée, à là sortie' de trois chariots de grains, en
dépit des affiches & des. proclamations de là Munici^a-
mé'. 'One femme çommandoi.t la Nation & a été dange
reusement blessee, ainsi que trois hommes. Un seul des
séditieux a été tué, &le désordre eût été bien plus con
sidérable sans lesseme. Régiment qui a rétabli J'ordrel
Un vjenx èoldat pommé.Cuittaume îvfc,, dit Ît.-Màrtint
qui prit le général Anglais '£||wuer à la *bataille '3*
Xmftlit , auquel on donna alors une gratification 8c
une pension annuelle de 50 écus, est venu se plain
dre de la modicité de cette récompense & a joint à sa
plainte le récit de ses exploits guerriers. Nos Monar
ques lui ont accordé 7000 livres i titre de récompense
Nationale. — Une lettre du Ministre de . la guerre anr
nonce son heureuse arrivée. Celui des affaires étran
gères a notifié un nouvel office de l'électeur de Trêves ,
toujours très-disposé à plaire en tout au Roi de France.
Partant , point de cantonnement dans l'Electorat pour
les Emigrés ; s'ils sortent à cheval , ce ne sera que pour
se promener ou voyager; on leur défendra même lo
port des armes. On ne peut assurément rien'de plus sa
tisfaisant. — Sire d',tveyroult a été proclamé Président.
— Grande discussion dans la Séance du o sur la cocarde
blanche des émigrés. Le Monarque Herault qui n'aime
point cette couleur , symbole de l'innocence & de l'hon
neur , propose de mander incontinent le Ministre dqs
affaires étrangères pour savo^rv»1l en a requis la pros
cription. i< Ne nous y trompons pas, MM., poursuit l'en
nemi du Blanc cocarda cor dat ; oui la cocarde blan
che tient seule les é migrés rassemblés ; proscrivons la
cocarde & je réponds du reste. » Nos sublimes législa
teurs , au lieu de discuter une motion aussi impor
tante , oat plaisanté le .cocatdien & sont gravement pas
sés à l'ordre du jour. On lit une lettre du Maréchal
Constitutionnel Luckner qui déclare , qu'après avoir été
gratifié du bâton , il ne peut se dispenser de vaincre lçs
«nncmis de la Nation. — L'état des biens Nationaux
vendus jusqu'à ce jour dans 416 Districts se porte à
1,849,765.000 livres, le surplus sera bientôt, expédié ,.
grace à l'esprit de consomption qui nous anime. Ôn re
prend enfla la discussion sur les Décrets réglementaires
( 6+>\
3e la haute Cour Nationale. Seront- x!s sujets à la sanc
tion , ne le seront-ils pas ?... Oui. . . . non ; mais. . . st . . ■
Isnard, Lacroix , Merlin & Grange-Neuve veulent qu'un
ajournement leur laisse le temps de refléchir. Leuri
Majestes Êequet, du castel & Ramond, s'y apposent
vivement ; la querelle s'échauffe & le prudent aréopage
pour éviter tout sinistre accident , ajourne indéfiniment
les questions controversées , & met la bride sur le cou
de la haute Cour Nationale , qui prendra au gré de son
envie, le pas, le trot ou le galop. Dieu veuille régler sa
marche & la garantir de tout faux pas en dépit du rr-o-
verbe qui dit , qu'il n'y a si bon cheval qui m- broi.<.
— La fabrication des assignats de 5 livres est dans le
meilleur train, & enrichit la Nation de deux millions
par jour ; l'émission seroit même portée jusqu'à trois,
si le nombre des coins étoit augmenté. — Décret le 10 ,
qui ordonne que l'original du coin de cette précieuse
monnoic sera confié àJM.. Gi'eau , graveur. r-Sui Goua-
det a été nommé vice-Piésident , & Secrétaires Jnto-
nelle , btoussonnet & Girardin. — Décret qui ordonne
que l'installation des Tribunaux criminels sera faite sui-
'vant je règlement du 24 Aout 1790, pour les Tribu
naux de District.
• . .. .... < ... . • »
AVIS IMPORTANT. . •

Nous prions MM. les Souscripteurs, dont l'abonne


ment expire à la fin de ce mois, de le faire renou
veler incessamment pour ne point éprouver d'inter-
rni-tion dans l'envoi ; s'adresser au Directeur du Jour
nal de la Rocamboble , rue Montmartre , N°. 219 à
Paris. — Prix 6 livres pour 3 mois. — 1 a livres pour
' six — & 24 livres pour un an. Dupes de notre honnê
teté envers p usieurs .souscripteurs , nous prévenons que
le service sera su.' pendu pour tout ceux qui différeront
l'envoi de leur souscription.
LA ROC AMBOLE,

ou

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rédigé p «r Dom Rêgiv s Anti-Jaco3ih9s

« Une Foi , une Loi » un Roi ».

Du Dimanche 15 Janvier 1792.

Q U A T R IEME CHAPITRE
Du Catéchisme des Rovaiistes.

Demande. — Louts XVI a-t-il provoqué la haina


de ses sujets par la'tyrannie ?
Réponse. — Non , au contraire ; ce Monarque s'est tou*
jours montré le meilleur des Souverains ,
, comme le plus tendre des époux & des
pères.
Dem. Quand est-il monté sur le Trône de ses
ancêtres ï
Rép. L'an de grace 1774 , le 10 Mai.
Dem. Qu'a-t-il fait lors de son avènement à l*
Couronne?
Rép. Il a remis à son peuple le droit de joyeux
avènement , qu'on peut évaluer à 11 mil-
Tome III. Annét 1792 e
( 66 )
lions ; il a rappelé les Parlemens , les seu
les barrières contre le despotisme ; les
soutiens du trône & de l'autel ; les gar
diens des Loix , les fléaux du crime , les
conservateurs des propriétés , de la sûreté
. & de la liberté des Français.
Dem. Qu'a t-il fait depuis ce mémorable événe
ment ?
Rép. — — Il a élo'gné de son Trône les Terray , les
Boynes , les Maupeou, que poursuivoient
l'indignation publique, & a promu au Minis
tère les Turgot , les Saint-Germain , les du
Muy , les Maksherbes & tous ceux qui lui
étoient désignés par l'opinion publique ; il
r a soulagé la classe laborieuse du peuple par
l'abolition des corvées dans ses domaines ;
,. il a aboli la torture, la peine de mort con
tre les déserteurs ; il a accordé l'état civil
aux Piotestans ses cruels ennemis , & sa
bienfaisance s'étendait jusques dans l'asyle
du crime , il a fait donner aux prisons cet
airsalubre, qu'avoit, jusqu'à lui, vainement
imploré la tendre humanité.
Dem. Qu'a fait de plus ce bon Prince ?
Rép. Sans cesse occupé du bonheur de ses sujets,
il assemble à deux reprises les Notables de
son Royaume , pour s'éclairer sur un objet
si cher à son cœur. Ce moyen lui parois-
sant insuffisant , Sa Majesté convoque les
Etats Généraux , malgré l'opposition de plu
sieurs Ministres , & les conseils de la poli
tique. Il donne au Tiers-Etat , qui en. a de
puis si lâchement abusé , une double repré
( «fi v
sentation , & se livre avec un entiet< aban
don aux doux espoir d'être le Restaurateue
de la Nation. En un mot , toutes les années .
de son règne.ont été marquées par des bien
faits. . » -• . *
Dem. — —Eh comment le peuple Français at-il re
connu les vertus touchantes d'un ii bon Roi?
Rép. Par la plus affreuse rébellion.
Dem. A quelle l'époque l'autorité du Roia-t-elle
été méconnue & ravalée ?
Rép, A l'époque de la convocation des Etats Géné
raux, organisés de la manière la plus vicieuse,
'.* • d'après les conseils d un Ministre Protestant,
de ce Nectar, dont le nom & la mémoire
, .sont & seront en exécration aux vrais Fran
çais. :: -»"• • •
Dem. — De quelle es-pèce d'hommes les Etats Génc-
. < , raux furent-ils composés ?
Rép, — — De courtisans faux & ingrats, de quelques
Prêtres athées , d'une foule d'Avocats sârrrs
mœurs , dont le mérite n'avoit jamais brillé
que dans le dédale obscur de la chicane. Enfin,
des chefs de la Secte Calviniste , & autres
implacables ennemis de la Religion & de la
Monarchie. . .
Dem. Il n'y avoit donc, dans cette cohue, au>
..... cun personnage recommandable par le savoir
& la vertu ? . ^ .
Rei. — •— On en voyoit dans les trois Ordres , mats en
. petit nombre qui formèrent dans la suite le
côté droit , ainsi nommé , à cause de' ladrow
ture & de la loyauté de ses Membres.
.i- - £"» Suite aux H'*, prochain.
e a
NOUVELLES POLITIQUES.
(Extrait d'une heure de Madrid, du 24 Decembre 1791.
. Les geoliers de Louis XVI ne font rien faire à leur
auguste prisonnier, que la Cour d'Espagne n'en soit
Instruite d'avance. On sait qu'il a été agité dans leur
ténébreux conciliabule, si on ne devoit p'as menacer
le cabinet de Madrid de rompre le pacte de famille au
cas que Sa Majesté Catholique s'obstine à regarder
l'acceptation forcée du Roi très -chrétien comme une
preuve de sa captivité physique & morale. Des con
sidérations qui sont toujours d'un grand poids auprès
des lâches & des coquins lès ont empêché d'avoir re
cours à cet expédient; mais ils continuent d'envoyer
des missionnaires prêcher sourdement le plus saint des
devoirs. Le Gouvernement informé de cette exécrable
manœuvre ,.prend les mesures les plus actives & tes plus
vigoureuses pour détruire ces germes de corruption, ou
pour les renvoyer à leur source empoisonnée. En consé
quence on ne souffre de Français , que ceux qui ont fait
preuve de fidélité à Dieu & au Roi , ou qui sont nantis
de bons témoignages : les autres inspirent autant d'hor
reur que les reptiles les plus venimeux.

cohlent^ , 4 Janvier. — Les Puissances ne veulent pas


k - guerre , disent les feuilles des Démagogues, elles
appréhendent de se mesurer avec nous , pareeque nous
leur avons fait voir clair comme le jour , que nous ne
les craignons pas. Tort bien; m lis cependant le Roî
de Prusse vient de faire une déclaration conforme à
celle de l'Empereur : cette pièce doit être à présent
dans les mains de M. de Les. . . . & elle sera bientôt
suivie de celle des autres Souverains , c« qui nous coq
(«9)
duira jusqu'au printems.En attendant, les préparatifs se
font avec beaucoup de célérité , & 40 mille Autri
chiens s'avancent vers les Pays - Bas pour admirer de
plus près les chef-d'œuvres du Manège.

Extrait d'une lettre SAih .dut Janvier

Les dix compagnies à'Ath qui avoient reçu ordre de


partir pour Coblent^ viennent de recevoir contre-ordre;
en conséquence elles resteront. — Les troupes de l'Em
pereur arrivent tous les jours, & occupent déjà plusieurs
postes importans. — Le Prince- de, condè est à Ettenheim
àvec 8,000 Français; on croit que nous attaquerons
de ce côté-ci. Tout marche bien.

Thermomètre de Paris!

Lorsque le Prophète - Rpi a peint ces hommes dont


le gosier est un sépulcre ouvert d'où il ne sort que
des exhalaisons fétides , & dont la langue a le venin
mortel des aspics & de la vipère , on est tenté de
croire qu'il avoit en vue les Jacobins & les Feuillans.
Et en effet , ces deux espèces de monstres sont non-
seulement cause de tous les fliaux qui ont ravagé la
France ; ils s'efforcent encore tous les jours d'agrandir
ses plaies toutes saignantes : les Jacobins , en prêchant
la rébellion , le meurtre & la haine de tout ce qui est
digne de la vénération des mortels ; les Feuillans , en
pratiquant les maximes infernales de Machiavel , pour
diviser les vrais amis du Roi. Les succès qu'ils ont
obtenus en débutant, & auxquels on doit la longue anar
chie dans laquelle nous vivons , les ont enhardis à en
poursuivre de plus éclatans , & ils n'ambitionnent pas
moins à présent , que de dissoudre la coalition do l'Eu
(yo)
rope , en Inspirant de la jalousie & de la défiance à
tous les Souverains réunis pour la cause de Louis XVI,
comme ils avoient fait à l'une des plus augustes vic
times de la révolution. Les Ambassadeurs Français n'ont
pas d'autre mission , & on assure qu'ils ont reçu de
nouvelles instructions dont le comité des Tuilleries at
tend les effets les plus heureux.
Toute l'espérance des Feuillans n'est donc que dans
la pomme de discorde ; mais ils ont beau faire , les Po-
tentats connoissent trop bien leurs intérêts pour se
diviser , & la sagesse de leurs conseils présentera tou
jours un bouclier impenétrable aux traits empoisonné»
de cette criminelle faction.
Cette manœuvre ténébreuse n'empêche point la bande
feuillantine de surveiller les actions des Jacobins. On
a même dû remarquer qu'elle a des sans-culottes comme
ces derniers. Lorsque la Jacquerie envoie ses satellites
sur la terrasse des Feuillans pour y soutenir les tra
vaux apostoliques de leurs frères du Manège, de son
côté la faction monarchienne y dépêche sa troupe , 8c
c'est à qui fera le plus de tapige les uns pour les
autres contre le Roi.
Qu'on ne prsnne donc pas pour l'opinion publique)
ce que l'on entend sur cette terrasse , qui n'est autre
chose , que le théâtre du désordre de deux Factions en
nemies de l'Etat & du Roi. C'est dans l'intérieur des
familles de bons bourgeois qu'il faut chercher cette
opinion. Là , on pourra se convaincre que les factieux
de toutes les sectes sont' abhorrés ; qu'aucune calamité
pub! que n'est imputée à Sa Majesté ; qu'on l'aime sans
oser trop le faire connoîtré , & qu'on ne soupire qu'a
près un nouvel ordre de choses , qui en détruisant l'a
C 7i ] ;
narchie, ramène l'abondance, la paix, la sûreté, &
mette chacun à sa place.
SABBATS JACOBITES.
Des 9 & 11 Janvier.
sous la Clochette de Frire Axtouelle.
L'an quatre de notre Sainte liberté , à l'ouverture du
Sabbat du neuf ; un Prater facoquinus , n'importe comme
il se nomme , demande , obtient la permission d'inter
rompre le désordre du jour , monte à la tribune dit :
or écoutez , illustrissimes frère»! , l'histoire véritable du
courage patriotique d'un grand Juge de Paix d'un petit
Village duCanten de Cornbreute , Département du tity*
du-Dôme & l'étonnante merveille opJrée par la vertu
Magique de l'Almanach du père Gérard. Vous saurez
tous d'abord que dans le susdit lieu git une race maudite
d'aristocrates , ci-devant fiis de leurs pères , mais main
tenant bien Scduement dènobilhés, lesquels aidés par quel
ques Procureurs d'aussi mauvais aloi , étoieact parvenus à
rendre notre admirable Constitution percluse de tous ses
membres , & à inspirer le plus grand mépris pour le
nouveau Curé , qui étoit venu s'emparer civiquement
des dépouilles de l'ancien. Le pauvre intrus, hué , honni
& conspué jusques par les chiens du Village, le havre-
sac sur le dos , son bâton à la main étoit prêt à dé
guerpir , lorsque le grand Juge de paix lui dit: «eu
vas-tu donc , benêt ? Ignores- tu qu'on ne peut pas tou
jours rafler le bien d'autrui sans s'exposer à quelque
rebuffade ? Reste donc, gros dindon , & , comme tes pa
reils , apprens à toit braver : je me charge du reste. »
Réconforté par ce conseil , l'intrus se resout à affrontes
l'orage. Le lendemain Dimanche , au moment où le fidele
( 72 )
Pasteur / entouré de ses ouailles , célèbre le Saint
sacrifice , voici venir le Juge de paix , suivi du faux
Berger qui demande au Curé & aux Officiers Munici
paux de faire le Prône ce jour- là en sa qualité de fonc
tionnaire public. Sa demande lui est accordée ; il monte
en chaire , & se met à lire , au lieu d; i'Fvangile ,
VAlmanach du pire Gérard. A peine est- îi à la fin du
second entretien , qu'url aristocrate accompagné de plu
sieurs autres veut lui représenter que ie temple du Dieu
de vérité ne doit point être profané p?r des lectures
de ce .genre. Taisez-vous , lui répond le pacifique Juge ,
ce n'est pas pour vous que je lis , mais pour le pauvre
peuple que vous trompez. A ces mots , là troupe villa
geoise , miraculeusement convertie, tembe aux pieds du
Curé constitutionnel , le reconnoit î our son Pasteur ,
renie le légitime, chasse les mécon-en-' de l'Eglise, &
veut même , selon l'ordre du jour , ltur infliger une cir-
vectien- civique; mais levFuge de Paix, quittant la
clisire suit ses Néophùes , parvient à calmer leur zèle
patriotique & Se retire ivre de joie &bien résolu d'aller
opérer de pareils prodiges dans les Villages de sa con
trée , par la vertu du précieux Almanach. — — —S
Ce petit roman extasie toute la Jacquinaille , & elle
en récommande la publication à tous les Journalistes
gagés. Pour nous qui s ne le sommes , ni n'avons
voulu l'être, nous l'annonçons gratis pro Deo. — Les
honorables sabbatistes donnent ensuite une somme de
fîoo livres au sisur Carnier , journaliste patrigot de Lyon,
à l'effet de sortir , s'il le peut, arec honneur du pro
cès que lui ont intenté les aristocrates de cette Ville.
Pqis le petit Merlin lit une lettre du grand Merlin,
1 un des Rois de la première race , qui lui marque
que les rassçmblemens des émigrés à Ath sont sur l«
(7î)
meilleur pied , ce que tout le monde sait. Le séditieux
Carra qui a eu la scélérate audace de vomir, contre son
Roi & la dynastie regnante, des blasphèmes dont nous'
n'avons pas voulu souiller nos feuilles , Carra appuie
la nouvelle donnée par Merlin. — Frère Doppet se nié
sur les Ministres & les ministériels. «Est-ce, dit-il, à des1
insectes qu'il appartient de détourner l'abeille laborieuse?
Les clameurs de quelques viisintrigans doivent-elles faire
cesser les sublimes travaux des Jacoquiris ? Non , il est
tems de ne plus douter des bienfaits de la Constitution ,
& que l'injustice soit reprimee , quelque part que la trouve
le legislateur. » t— Puisse ce vœu promptement exaucé
délivrer la Nation de ces hypocrites Jacquets , qui sous
le masque d'un patriotisme perfide s'efforcent de per
pétuer l'anarchie , à laquelle seule ils doivent l'impu
nité de leurs crimes. Le Sabbat est terminé par uri
discours he'roïcorisible de frère Leuvet , pour aller ail
plus rite guerroyer l'Empereur , & l'emmener dans Ici
prisons d'Orléans. — Frère Loustalot , dans le sabbat
du 1 1 , rend compte à sa bande du rapport que M. de
Naibonne a fait à l'Assemblée Nationale , de son voyage
aux Frontières. Ce rapport , dit le Jacquet, seroit bien
consolant pour la Nation si le Ministre disait la vérité ;
mais! ! ! faisons semblant de le croire : le tems nous ap
prendra s'il ne nous en a pas imposé.— Fratres , ajoute le
vénérable Aïbite , considérez bien l'astuce du Ministre
de la guerre qui voudroit faire rentrer les volontaires
dans les troupes de ligne , pour les isoler & les ra-
mener au Royalisme. — Arrive le Doge in, fierl
de la République Française , Mons Robespierre , qui ,
foute réflexion faite , veut aujourd'hui la guerre , à
condition toutesfois qu'on Commencera par exterminer
les conspirateurs & les tyrans de l'intérieur ; cela fait;
[7+3
marchons à Liopold Si cette condition n'est pa*
remplie , je demande encore la guerre , non comme un
acte de sagesse & de prudence , mais comme la source
du désespoir.... Que sont devenus, poursuit le gené
ral Jacquet , les hommes qui , le 14. Juillet .. san'; guides
& sans maîtres., conquirent la liberté ? Où sont les.
Soldats de Château-vieux ? Que sont devenus ces légions
innombrables de citoyens qui se, sont emparés de la
Bastille dont on leur avoit ouvert les portes , & quî
vainquirent avec une bravoure incompira.ble cinquante:
invalides qui défendoient ce 'fort terrible ? . . . Hélas l
Héros du Comtat 6- d'Avignon, , vous qui pérîtes sous
les coups des assassins encouragés par nos tyrans ; vous
qui languissez dans les fers où. ils vous ont plongés ,
vous ne viendrez pas avec nous à la guerre que nous
voulons leur faire ! Ah ! venez dumoins, gardes natio
nales qui vous êtes dévouées à la déftuse de nos Frontiè
res; mais depuis un an & demi,vous êtes encore sans^rmes
& vous montrez le cul ; n'importe , venez- toujours „
les Jacoquins s'ébbursilleront pour vous armer , &
vous combattrez nuds comme les Américains : venez ,
attendrons-nous pour renverser les trônes des tyrans de
l'Eutope , les ordres du bureau de la guerre '. Consul
terons nous le génie de l'humanité ou celui de la cour 2
ifon , marchons nous-mêmes à Léopold, reprenons con
seil que de nous-mêmes c'est mal servir la, liberté- que.
de se laisser aller aux impulsions de la cour. Nous re-,
grettons que notre cadre ne nous permette pas de rap*
porter en entier le discours factieux de ce farouche Ré-
icain. La Jaequinaille en a. ordonné l'impressiort
& l'envoi aux diverses bandes de sa ligue & la dis-,
tribution aux citoyens dçs tribunes , ainsi qu'aux Seç-*
tions de Paris. , „ •. •
(75 )

LETTRE OFFICIELLE

Des Jacobins de ia Ville d'Avahok


A Messieurs les Manipulateurs de la Rocambote (i). '

Dispensez vous , Messieurs , d'envoyer, les poisons de


votre pharmacie dans la ville d'Avallon. Votre opium
sous la denomination de Rocambole ne produira ja
mais «i léthargie , ni délire dans le cerveau de aos
Concitoyens : ne vous y attendez pas. . . .\
Nous avons ici des tempérarnçns à la Mithridate ,de
sorte que tous vos poisons , à quelques soulèvemens
de cœur près, sont sans effet sur nous. , ., -
Adiuu. Messieurs; nous faisons des voeux pour votre
conversion ; nous vous appelions à grands cris sous la
bannière de la Constitution , car , en. vérité nous ne cou-,
cevons pas en quoi l'anarchie , ou la guerre civile peur-
roient vous être utiles: nous ne s,ommes pas, assez la.*
justes pour trôire que vous auriez 'ils desiein de bu»
tiner 'un jour au milieu du désordre.
Si par malheur vous étîez. mal en vos aPPaires*

Cette lettre nous a été envoyée avec plusieurs


Numéros de notre' Journal tofflbîs dans les mains d s
Jacobins d' Avallon , on ne s'ait cornaient. Mais ce qu'il
a de certain, c'est que nous n'avions qu'un seul abonné
Avallon depuis le mois d'Octobre dernier , qui n'a
reçu aucun de nos Numéros inalgrs l'exactitude de nos
doubles & triples envois , & que ceux que nous avons
reçus sont précisément les mâmes qui ont. été adresses
à cet abonné. Fant-il s'étonner ensuite d;s nombreuses
réclamations qui' nous viennent de toutes parts? Les
Jacobins ignorentrils donc que la loi Constitutionnelle
prononce la peine des galères contre les violateurs du
(tecret des lettres , ou se croysnt-ils au-dessus de la loi ?
( 7< )
vous pourriez user de remèdes moins vioiens : les Pa
triotes sont généralement de braves çens : je réponds
que si jamais vous leur donnez quelques preuves de
resipiscence , Ils îe feront un plaisir de vous ten
dre des secours : vous en obtiendriez même aux Jaco
bins , car nous avons été plus d une fois les heureux
témoins de leur bienfaisance 8c de leur faci:ité à pardon
ner aux méchàns.
Adieu , nous ne vous dirons pas que nous sommes
fraternellement, car votre sublime philosophie repugne
à ce langage.
Pour les expressions de très-humbles serviteurs , il
faut les effacer du protocole épistolaire , & les aban
donner aux esclaves qui veulent encore en caresser les
oreilles des ci-devant.
' Tout simplement donc , nous vous apprendrons que
nous sommes les membres de la société des amis de la
Constitution de la ville d*Avallon , amis & frères des
Jacobins de Paris , objets éternels de vos odieuses ca
lomnies , pour leur honneur. ,

PEMAT, Président.

D'Avallon , Département ROY, Secrétaire,


de l'Yonne , ce 2 Janvier
i702.L'an3de la Liberté
Française.

Réponse de Dom R ég iu s & Compagnie.

Les faits les plus mémorables ne nous apprennent


que trop. Messieurs , que le cœur des Jacobins est en
croûté dans une double enveloppe d'acier ; ainsi , lorsque
vous nous assurez à votre manière que vous êtes incar»
r 71 1 .
pat!e! de remords , cela ne bous étonne pas. Mais com
ment prétendez-vous insinuer que nous sommes les par
tisans de l'anarchie & de la guerre civile! Nous, qui
n'avons pris la plume , que pour en combattre les cou
pables auteurs ! Nous , qui ne cessons de prêcher la
soumission à la loi , le respect pour la Religion , l'amour
de l'ordre Se de la paix !
Cessez donc , Messieurs , de nous prêter si gratuite
ment vos plus chère» inclinations ; vous devriez avoir
appris à nous estimer & à nous craindre.
Quant à vos OPrres Patriotiques , apprenez , Mes
sieurs , que nous ne sommes pas1 comme les compa
gnons b UnssE , qui (iour avoir reçu les présens «Tune
sorcière, méritèrent d être < transformés en pourceaux.
Non . jamais vous ne ferez de nous des Gorsas, dqs Prud-
homme.iœCaTra-Gaïa-Mara/tt autres Monstres sembla
bles de votre Jacobinière.
Tandis que vous formez d'inutiles vœux pour notre
conversion; nous adressons les nôtres à l'Etre suprême , &
le conjurons dans toute la ferveur de notre ame , de
substituer un eœur de chair à votre cœur de pierre,
afin qu'après avoir été les fléaux de la Patrie , vous la
consoliez un jour, en vous réunissant à ses vrais en-
fans.

Dom Rtaius , antz- Jacob:nus ,


& compagnie,

Paris & 15 Jami*r 170*


< v.:
(7* >
••• ' ' / M Ê L A N C É S.

ANECDOTE. • >
M. Vade tetro Vil. . . s'anlusoit l'Eté dernier à rem
plir ses poches de petits hannetons , & à courir de ban
quette en banquette dans la salle des Jacobins, pour
en glisser furtivement trois ou quatre dans les culottes
des Vénérables frères. Il en résultoit un trémoussement
général qu'il observoit avec plaisir. Ayant été pris un
jour sur le fait par l'illustrissime Gor....; « M. Vade
Retro , dit-il , vous êtes comme le Père Duchesne ,
b Patriotique ; mais voilà le vénérable Gaup. il,
& le Régiment Roval Pituite qui entrent , allez vous
amuser avec eux , si vous ne voulez pas que je vous
dénonce.. » Vade Retro fut obligé d'en passer par là ,
& de laisser Royal- bomèqp-Çaca à la merci du Courrier
des 83 Département. . , ,'t *-,»
L E G I S L A T I O N. T-

Seconde race de nos Roisa : i co A

Séances des 11, & 12 Janvier.


....... . -,i :. : '- ' '» ' :' : *
L'abbé. Mulot demande à la séance noçtawie du
qu'on s'occupe de' l'affaire à' Avignon dans laque.ll* il
il est gravement inculpé. Qu'il attende , répond un des
700 Monarques ;. les instructions que nous attendons
le montreront innocent ou coupable. Soa honneur est
intact, réplique- t-on , puisqu'il est parmi nous; — ce qui
ne prouve rien , ajoute un autre. — Une lettre adressée
au Roi des Français tV à l'Assemblée nationale est con
damnée au feu sans^ être lue , comme suspecte de per
siflage. SiieGrangentuve, l'un des inquisiteurs de France,
(79)
rapporte qu.un nommé Chès , de Lyon , actuellement
à Paris , a été enrollé pour les émigrans par MM. Sa/-
vact & Desbrosse, Officiers qui habitent à Pari*. Ce der
nier a donné une lettre à Chès , qui finit ainsi : « /•
t'assure que t Assemblée nationale ivmb-tra dans le mé
pris , 6- qu'elle marche à sa chute. Sires Gourd & Ca-
minat disent q.e lhonorable délateur, Chès, se trou
vant à Paris sans ressource ni travai;, s'y livre? à des
espiègleries lucratives, pour ne rien dire de pius. D'à-
près cette observation on passe à 1 ordre du jour. —
La nouvelle de l'arrestation de M. l'abbé Henry , pré
venu d'embauchage, a désopilé -la rate de nos Souve
rains, à la séance du ri. Sire Tarbé , au nom du
comité colonial , a continué le rapport sur les troubles
des colonirs. Le rapporteur , après en avoir récapitulé
les causes , connues de tout le monde , conclut par de
mander qu'il soit envoyé 300 ouvriers constructeurs
& des secours de toute espèce, pour réparer les pertes
des Colons. — Le Ministre de la guerre , arrivé sain
& sauf des Frontieresj, annonce publiquement que tout
y est le mieux possible ; on va faire un camp retranché
sous Maubsuge; les trois armées présentent un aspect
imposant & un patriotisme indomptable. Les troupes
commandées par MM. Rochambiau & Lockner ont re
doublé de fierté, depuis que leurs Généraux oit été
gratifiés du bâton, & qu'Us ont vu M. de la Favette,
Nous pouvons lionc entreprendre la guerre avec hon
neur , pour.-uit le Ministre , qui termine son rapport
par ces paroles remarquables : le Roi & h Ministre ne
peuvent plus avoir de gloire que la vôtre ( celle de l'As
semblée nationale ) ; la cause dt la Noblesse est ÉTRAN
GÈRE AU Roi comme au peuple. — Certains médecins*
non contens du droit de tuer impi ûnent per omnem
lerram , prétendent avoir aussi celui Je le faire gratis ;
ils ont demandé en conséquence , à la séance du ia,
d'être affranchis du paiement de la patente; mais leur
pétition a été rejetiée. — Une question de compétence
proposée par le Ministre de la Justice & l'accusateur
puHic au premier tribunal , occupe l'Aréopage. L'ex-
Monarque , Meunier - Dubreuil , devoit depois longtems
500 livres à Madame b'u , marchande de Paris , qui,
voyant sa Majesté législative au moment d'être détrônée,
«lia lui demander son paiement au comité de finances.
( *Q )
Indigné d'une telle audace , sire Meunier prit sa créan
cière à la gorge , déchira tes habits , l'accabla d'injures,
& la paya ce mptam à coups de poing-. Plainte contre
ce paiement inconstitutionnel . . . .L'invulnérabilité de
l'accusé à cette époque , le lieu du délit , ne rendent'
ils pas incompétent le tribunal nanti de cette affaire ?
Le bon sens disoit non; mais l'Assemblee a presque dit
oui , en renvoyant cette affaire au comité de législation.
.'—Celui des finances , par l'organe d'un de ses mem
bres , rend compte de l'état des pensions qu'il vient
.de réviser , & propose de ne payer que celles de* per
sonnes nées dans les années 171 5, 16, 17, 18, 19,
ao , ai & 1722. Il demande la suppression de toutes
les autres, même celle de 3,000 liv. dont jouit M. de Rtà-
mondis, Chef d'eveadre , qui montoit le vaisseau le
Çesar dans la dernière guerre , qui a servi avec dis
tinction pendant 48 ans, & auquel un boulet de canon
a enlevé le bras droit en 1778 ; mais pour le consoler
de la perte de sa pension , le comité propose de don
ner à M. de Raimondis une gratification de 12,000 liv.
.Ce projet est ajourné à huitaine, — Décret portant que
les procédures instruites dans les tribunaux de District ,
avant le cbde<les' jur*»» y seront jugées sans leur être
renvoyées. — Abolition de l'appel ronna >Qm îe nom
a minimâ ; appel formé sous l'ancien régime- par
les procureurs du Roi , quand le jugement porté contre
. un accusé leur paroisseit trop doux.

t,*-, . ' i.ï.,4


,v. A V I S IMPORT A M T.

Nous prie— ,ulî.4. les Souscripteurs , dont l'abonne»


l ment expire' a''' - fin de ce mois, de le faire renou-
< veller incessamment pour ne point éprouver d'înter-
' ruption dans l'envoi; s'adresser au Directeur du Jour-
nal de la Rocamboble , rue Montmartre , N*. 2ip à
' Paris. — Prix 6 livres pour 3 mois. — 12 livres pour
• six — & 24 livres pour un an. Dupes de notre honnô-
' teté envers plusieurs souscripteurs , nous prévenons que
le service sera suspendu pour tous ceux qui differeront
' l'envoi de leur souscription.
L A ROC AMBOLE»

ou ;

JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Rèdig» Par Do m Rêgivs A n ti - Jac o s i n &S

<k Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 19 Janvier îyçi.


yiir .Mii vi: r 'ii- '- . • -v v' ru a i v .• aa rtif

CINQUIEME CHAPITRE
Du Catéchisme des Rotaiistes^

LoVls XVI détroné : sa captivité.

Demande. C^) ù e t jour le Roi a-t-iï été détrôné ?


Réponse. lie premier jour de la Révolution » le 14 Juil
let 1789.
Ï)em. Qu'a-t-on fait dans ce jour d* deuil & de
désolation ?
Rép.—. —Les sans-culottes de Paris, excités & payél
par le plus' abominable des scélérats , se sont
soulevés contre leurs Magistrats; la SattiUe à
e'té surprise, k le sang des de Launay, de Losme,
de Miray , de Flesselle: a coulé sur l'autel des
Furies t que les factieux Républicains ont tout"
Tome III, Année 1793 f
C, ** )
à -coup substitué à celui du génie tutelaîre
des Français , & sur lequel ils égorgent bien
tôt après , les malheureux Foulon & Benkier.
Dem, — Qu'est devenu le Roi dans ce désordre épou
vantable !
Rép. — Le Roi a été traîné dans sa Capitale au miiieu
d'un peuple de tygres prêts à le déchirer , &
malgré leurs fureurs , arrivé à l'Hôtel-de-
Ville » il y fait entendre ces paroles touchan
tes : Mon Peuple peut touiours compter
SUR MON AMOUR. *
Dem. — Qu'a fait ensuite Sa Majesté ?
RlP. —r Elle a sanctionné purement & simplement tous
les Décrets que l'Assemblée Nationicide lui a
présentés.
Dem. — Pourquoi le Roi a-t-il donné sa sanction à
des actes d'iniquité ?
Réï. — Parce qu'il ne youvoit la refuser sans exposer
sa tête au glsive des assassin? . & sans voir
en même temps massacrer fa famille , sa no
blesse , son Clergé Se tous les honnêtes gens
de son, Royaume.
Dem. — Mais en s'immolant lui-même, pour sauver
sa Adèle Noblesse & les Ministres de la Re
ligion , a-t-il garanti , ces amis du Trône &
de l'autel, du danger qui 'es menaçaient?
Rép. — Hélas ! non. Dans toutes les Provinces del'Eir-
pire , les Nobles & les Prêtres ont été assail
lis comme des bêtes fauves. Leurs propriétés
ont été ravagées , leurs Cliâtesux inct ndiés ,
& une multitude d'illustres victimes ont été
égorgées , avec une barbarie incuie , par les
* • antropo^kages Nationaux.
i?... \ '. \ ,
thai. — Qu'ont ils fait de p'us ?
IlÉPi — Des hoireurs quef la postérité refusera* de
croire. Le ix Octobre suivant , Louis XVI a
été assiégé dans son Palais par une armée de
sujets rébelles. Mirab. . . déguisé en Charles
XII , afin d'être plusméconnoissible , & d'Ai-
guil... en Catin , à la tête des Brigands , les con
duisirent au plus affreux carnage. C'étoit contre
les jours du Roi & de la Reine que les poi
gnards étoient dirigés. On vouloit assassine?
Sa Majesté pour mettre à sa place un mons
tre infâme. Tout étoit combiné pour cela,&
le Général Marmotte , pour paroître n'avoir
aucune part à cet abominable régicide , s'étoit
adroitement étendu dans son lit.
DeM. — Comment la Providence préserva-t-elle les jours
de Louis XVI.
Rép, — En élevant le courage , la constance des Gardes-
du-Corps . au-dessus des forces humaines, ces
héros intrépides, fidèles à l'ordre qu'ils avoienï
reçu du Roi , de se laisrer égorger plutôt que
, de tuer un seul homme , soutinrent en lu1
obéissant, l'effort de plusieurs milliers d'as-
sasiins , & en mourant au poste de l'honneur ,
ils eurent la gloire de sauver leur maître.
Drm. — Qu'arriva-t-il ensuite ?
Rép. — Le Roi 8t sa famille furent conduits à Paris ,
comme des Criminels ; au milieu des poignards,
des lue lies, des piques & des faulx. .Sa Ma
jesté fut enfermée au Château des Tuillerîeg
& y gémit depuis , sous le joug de l'esela-
vage, livré sans cesse aux alarmes, aux pri
vations, aux outrages &-aux sacrifices les p'u*
douloureux à son ceeur. f a
s

NOUVELLES POLITIQUES,

i . r, , • Ath.'.,<y..
îo Janvier, , •i
Depuis l'arrivée du Prince de Çondè à Etteinheim ,
une infinité de Français , de la bonne bourgeoisie sur
tout , viennent se ranger sous ses drapeaux. Les habi-
rans dur pays sont dans' l'enchantement , parce que toutes
leurs denrées se vendent très-bien & que l'argent cir
cule chez eux comme les billets Patriotiques à Paris.
•+j On a arrêté à Coblem^ six Italiens de la Secte des
Tyranmcides. Ces monstros s'étoient chargés d'assassi
ner les Princes & les Seigneurs Français les plus dis
tingués'- de leur armée. La vie du Prince de Condé étoit
au prix de 48 mille livres. . . . Quelles horreurs !

. %0urnay , o Janvier. — En dépit du farouche Bre-


teuil. & de sa détestable faction , les affaires vont le
mieux du monde. Personne ne doute que YEmpereur
n'agisse comme il le doit en qualité d'allié du Roi de
France & de Chef de l'Empire. Tout !e brabanl est
déjà jjarni de troupes , & il en arrive journellement.
Celles du Roi de Prusse sont en marche. On n'a jamais
vu tant de préparatifs militaires & tant d'ardeur dans
le Soldat pour les travaux de Bellonne. Tous brûlent de
combattre îusqu'aux paisibles habitans des campagnes ,
qui , avec l'agrément de Léopold viennent de former
difrerens Corps de Volontaires. Ah ! pauvre Targinent
que vas - tu devenir ?

Barcelonne , 4 Janvier. — Ori assure que Monseigneur


le Comte d'Amis va bientôt se rendre en Espagne pour
( *5 )
se mettre à la tête des troapes qui doivent fondre sur
les Provinces Méridionales de la Francs. En attendant
, KaTrivée de ce grand Prince . on prépaie un superbe
Palais pour le recevoir» & les Espagnols impatiens de
venger la cause sacrée ,de la Religion & des Rois, re-
. doublent de zèle & d'activité. On a construit plus 'de
10 mille tentes, & les approvisionnement de bouche
& de guerre .son£^énor.mes. , T.

NOUVELLES INTÉRIEURES.
<T iEe fetour de l'opinion 'ffâns plusieurs Provmées de ' la
France , est un stimulant pour la ragé des Jacôbms. 'On.
mande de la basse:Bretàgne que Madame de ^MBllS a ;
éj;ê massacrée avec ses enfans dans son'tîhâreau paf '^o.
Soldats dé la' Nation . ' " i«*.i»wiou. '
» >»:<. i . . 'i 't i < " '. r» '•• • ' ''V''™
., ']., Dans le District at'Ploëhnel
v: e.-'i . i, .les Paroissiens
< .. r1 'tfîcCAmè-
h. i
neaci pour s'être avisas de refuserrtie Curé Constitu
tionnel ont été assiégés par aoo Nationaux % qi^i .^on
content d'être bien logés & bien nourris chez ..leurs
. liâtes, se font encore payer chacun 20 sois par ,!our*
ti'ancien Curé du lieu , dépouillé de tout ^par i'ratrus ,
est forcé de loger six de ces coquins , auxquels il fait
le même traitement.
On écrit du même District, que dans la nuit du 5
au 6 de ce mois , on a enfoncé la porte de la -Chapelle
de la Galonnais ; le Crucifix a été rompu , le retable.d»
l'autel brisé & porté avec la pierre sacrée dans un champ;
la nappe de l'autel & les ornemens trainés dans la botte ;,
la cloche emportée, & pour comble d'abomination les
sacrilèges auteurs de ces horribles excès, ontfaitleurs
immondices sur l'auteL Cette Chapelle est à un quart
de lieue de Gaël , 5c appartient à M. de Montgamont >
I

(8#)
' qui y faifoit dire la Messe les jours de Dimanche &
.Fête. ... . . ~i
Dans les Provinces où le protestantisme fait la loi ,
comme dansée Quercv , le ravage est encore phi' con
sidérable. On incendie les Châteaux , on donne la chasse
aux Prêtres & ce n'est qu'en fuyant qu'on peut éviter
une mort affreuse. • . M
i " . , i?'*»' - : . . ' i «3
Thermomètre de Paris.
Le plus violent orage devoie fondre , disoit-on , sur
les Royalistes le 15 de ce mois ; mais, au grand regret
des Camille , des Carra, &. de leurs semblables , ce jour
a disparu sans laisser des traces sanglantes , parce, que
la-ville de Pf 'ii est sur ses gardes & qu'au premier
-mouvement de désordre , les factieux senoient les pie-
rnières victimes'.. Cependant , quelques précautions que
l'ôn'prenne, 1l s'en faut de^beibcoup que la sûreté' pubti-
' que soit pleine Scentière; si les'orîg'<rids' ne tuent pas , ils
n^'$e 'dédommagent sur les porte-feuî'fss , 5c l'on ne parle
partout que des anssçtenei, de cette nature.
'La, situation du Roi est toujours la même. Ce qu'il
rieiit" 4e faire confit me de plus en plus .l'éYç à'vage
honteux' dans lequel on le fait gi'mir. Maîtrisé par les
factieux qui l'environnent, il a chargé d'une négocia
tion auprès de l'Angleterre, les deux hommes qui ont le
plus' contribué à bouleverser l'Empire & la Religion ,
i: en provoquant la dilapidation des biens de l'Eglise,
la suppression des Pasteurs légitimes , & le ca nage des
fidèles catholiques. Rab. . . chef de cette Ambassade ,
après avoir travaillé , par ses émissaires , les Calvinistes
puritains (1) de la grande Bretagne , va essayer lui-

\ (1) Il ne faut p« confondre cette Secte, avec laRe,-»


même les moyens destructeurs qui lui ont si bien réussî
en France. Mais la réputation du monstre a devancé
son départ. Les catholiques d'Irlande & les Luthériens ,
pour prévenir les malheurs qui menacent la Patrie , ont
déjà fait au Gouvernement des pétitions très-sages. La
mine est éventés : on ne doit plus craindre l'explosion.

SABBATS JACOBITES.

Séances des 13 & 15 Janvier.

sous la Clochette de Frire AnTONELLE.

L'illustre nom de bête Feuilland a retenti le 1 3 daas


le repaire Jacobite. Ce. Journaiificoteur nocturne t'est
permis d'imprimer dans ses feuilles soporifiques , que la
dernière émeute survenue aux Feuillans avoit été pro
voquée par les Jacoquins , en réparation duquel délit ,
frère Be'court conclut que le dit bête Feuilland soit re
tranché du nombre des membres de la vénérable so
ciété. Fiat ! fiai .' s'est écrié to'ite la Jacquinaille, &
l'excommunication ai'oit être fulminée , quand frère Real
l'élançant à la tribune dit : « il se peut que notre frère
bite Feuilland soit coupable de calomnie , cela parait
même assez clair , mais ce n'est ici qu'un délit maté-

ligion dominante en Angleterre. Les Calvinistes puri


tains sont à la Nation Anglaise , ce qu'est l'ivraye dans
ua ebamp de froment. Comme les Calviniste» de France ,
le désordre est leur élément , & ils ne respirent que sang
& carnige. Ce sont les mêmes Calvinistes qui , conduits
par cromwel , ravagèrent l'Angleterre , eteignirent la
Monarchie , fondèrent une République fit mirent le com
ble à leurs crimes par le jugement & la mort de Char
les leur Roi.
rie.1, & peurriez-vous donc vous résoudre à punir la,
matière Item plus, un coupable, avant d'être con-.
damné , doit être entendu ; je demande que bête Falk
land le soit , si faire se peut. » La motion bien & due-
' mement balottée est admise a cul-levé, — A propos
ieçe grand homme , on voit au Palais Royal un por-.
trait qu'on prend pour le sien , tant la ressemblance,
çsç frappante , .& au bas du(juçl s,ont cçs vers connus..

Loin du mousquet & de la balle ,


Mon éloquence martiale
Fait la leçon aux Généraux ;
Entends-je un fusil dans la rue
r ' - • Ma v*leur s'enfuit éperdue ». • •,}.». '
: . Et laisse trembler le .héros. . i' . . '.
i ,'' / iJ
.i;i
Nos Jacquets , passant au désordre du jour , agitent»
s>i les Chasseurs volontaires , supprimés de la Garde Na
tionale , doivent être conservés sous cette déiiomin,a-.
tion , ou sous toute autre. — Plusieurs orateurs Jaco-
. bites ayant déraisonné pour & contre sur. cet objet, le-
v Çénéral Rob:spierre décide souverainement qu'une force
armée est le fléau de la liberté , ( il vouloit dire des
• sans-culottes) & que le projet de rétablissement des
Chasseurs doit être repoussé par l'Assemblée Natio
nale & les bons Jacquets , avec autant d'ardeur que
' d'indignation. — Le vénérable Desmoulins s*adressànt
-'à l'illustre' Dubois décrassé , lui dit : « ehl par quelle
' aventure avez-vous donc supprimé dans l'impression de
votre discours toutes les gentillesses que vous nous avez
débitées ici sur les intriguans du Cabinet des Tui-lle-
' ries ?» — Oh ! Puisqu'il faut le dire , j'avouerai , répond
lç frère , que je n'avois point de preuves de ce qpc
j'ai avancé sur leur compte , & je n'aj pas vouju, m'e^po-.
r *9 3 . <
.1er à un procès criminel. — Des brouhahas s'élèvent
de toutes parts; frère Billaud de Varenms représente
qu'on ne doit dire à la tribune , que ce qui .peut êtie
imprimé ; chacun crie hjtro sur Pubais dicr4isfi ; &
pendant cet orage , l'illustre Matamore se couvre du
nunteau de sa modestie. Puis , voici venir la société^fs
i amis des droits de l'homme 5c du Citoyen A qui, pour
faire honne bouche à la Jaçquinaille , dcnon.ee M«.- lie
Villerey , qui , dit-elle , à force d'intrigue , a aristqcra-
: ti$é ,U Municipalité de Aîeiifiesy. —* Frère P#èoAt ,îic-
, çrfissé , faisant les fonctions de Président, s'ex.tasîeWisur
L la loîo^ue patience, des h$$gp$..i&MtWlMy i 5çleur, pro
met , au nom des patriotes , appui Se protection, r~
Frère Collot <. :Alnîanach communique dans le Sabbat
du 15 une lettre qu'il a reçue des Soldats de Château-
vieux & qui a- été écrite sur les bancs des galètes où
ils sont immatriculés. Ces honorables forçais gisent à
leurs protecteur qu'Us n'ont pas de plus grande envie
que celle d'être incorporés' aux phalanges Jacpbites ;
de voir leurs chaînes metamorphosées en armes pour
en pourfendre tous les tyrans. & de prouver ainsi aux
Jacquets de Met^ & dé Paris , qu'ils sont dignes , en
tout sens , de leur tendre affection. — Frère^ CoVot.
ajoute, que les inculctte'es de Brest , ayant appris le
Décret rendu en faveur de ses protégés, ont^été les
féliciter . les embrasser, & les étouffoient presque cLuis
leur' ardeur patriotique. Les Jacoquins de Brest prepa.
rent une fête pour le jour de la délivrance «les ^lustres
forçats , & doivent fair jouer, çe même jour , l4.fam.iUc
Patriote , pièce analogue à la circonstance , & qui plus
est, ëclose du cerveau de Collot Almanach. — Le Gé
néral Robespierre administre à la bande une dose de
Républicanisme dont la Cour $c les Ministres fout les
frais. — Frère Doppet la Te-itère & coijure l'assistance
de se méfier des Minières. l e machiniste du Sabbat fait
ensuite paroître les veuves des l atriotes tués dans l'af
faire de la Chapelle. Frère derrière , leur interprête , de
mande , que l'Iliade de ce -malheur soit gravee en lettres
d'or sur une pierre de la -Bastille ; qu'on incruste les
rourt de Chapelle de cette pierre' précieuse ; qu'un
Evoque intrus célèbre la Messe au lieu même du mas-
*aope-, & que le patriarche Rabespierrii y 'prononce
l'oràisen funèbre des occis pour la cause de la Sainte
Liberté. —•- Convenons qir'on ne sauroit trouvw'des
• Ministres plus dignes de faire les honneiirs d'une telle
solennité.-' . .'. '. '» 'i'-,:1
. " MÉLANGE S. '.' •

. - .ttfixE de LA Badaùderie : Air des trembleurs.


XJn benêt, nommé Philippe ^ < .
...Des înarauds le prototype, .
VJui sur Mandrin anticipe
Et sur les plus francs nbiuds-,
Trouble Paris , le djsoic ,
Y cabale & monopole ,
E: n'en est pas mons l'ido!e(i)
' ÏTun mondé entier de nigauds.
Il est donc vrai que lss babauds
î^e seront jamais que des sots , sots , sots , sots.

Pour enflsmmer la cervelle


D'un Peuple jadis fidelle ,

(0 Ceci se rapporie à l'époque de la Révolution ,


car cette idole a été depuis foulée aux pieds , mime
par les Sans-Culottes,
( 90-
Mais aujourd'hui s,i rebellé.,,
On lui dit dans des Journaux :
Qu'on creuse pour sa ruine . j ;
Une épouvantable mine i,,-,;'- , /
Qui dans une heure extermine . -,
' Maisons, Palais & Châteaux^..., i ..
Il est, donc vrai que les Badauds t , ._V
Ne seront jamais que des sots, sots, sots, sots.

Aussitôt la populace
Lâche-, crédule & bonace, ^ - i> ,«
Va courant de place en place ,
Pour détourner ce^ fléaux :
Jusqu'aux Bourgeois les plus minces, .»
Jusqu'au fond de nos Provinces ,
On s'arme contre les Princes ,
Même. Içs P.rinçes Royaux. ,ii , , , /it)
. . Il est donc vrai que les Badaùds ,' '„. -a
Ne seront jamais, que des sots, 5©^., -sotfr , sots. 0

Peuple insensé , tu peux Croire


Que Louis ïe debonnaire', ' ' ' ''
Comme un Neron , un Tybére. ;
Des maisons! fait dts tombeaux ?
Mais ce dessein exécrable , -i ' ' '"/'' '' *
Evidemment incroyable | .
\ Dès qu'on le dit véritable »
Pour toi n'a plus rien de faux.
Il est donc vrai que les Badauds
Ne seront jamais que des sots, sots, sots, sots.

Pour rétablir dans la France


Le crédit & la finance
Qui tombent en décadence ,
( 9* ï
Cherchons des moyens nouveaux :
Paris trouve nne recette
Qui double & triple la dette ;
Mais la méthode est parfaite ,
On ne lève plus d'impôts.
Il est donc vrai que les Badauds i '"•
Ne seront jamais que des sots, sots, sots , sots.
La suite aux N°s. Prochains.

MM. Fauchet , Grïgoire , Fessier, ,ivofne , Lindet*


Lamouretie & autfes'Prélats, intrus ayant desiré qu'on
donnât de la publicité au Fait suivant', nous nons
hâtons de leur donner une marque saluante de notre
considération pour eux' : le Roi Henri "ÏÏ ayant offert
une place d'avocat général à Henri de fycsmes , l'un
des magistrats le plus illustre de son 'Siècle , il <refusa
de l'accepter, pàrcéqueV disoit-it , 'elle n'etait pas va
cante.'* Elle l'èsï ," répnqùa le'Moharqùe .,' puisque je
suis mécontent de celui qui la remplit' ii.—-.Pardennez-
moi , Sire , répondit Henri, de ltyesmes^ « après avoir
fait l'apologie de l'accusé i,j-aimerçisT .wiçux graur loe
terre avec mes ongles, que d'entrer daas^^ cette charge
par une telle porte. .,• ,.:il,.-; .

iEGISLA T ï ON.'
.).:.:.- S.' l'O .y .;
Seconde race de ne$ Roisi "
• -i '.«.'.••. , / .' . '
Seantes des, 13 , 14, 15 6- i,(S Janvier.

Encore une nouvelle farce fraîchement éclose du cer


veau des Jacoquins, 6k bien digne, par sa grossiereté-
de celles qu ils ont si souvent fait jouer au Manège. L'ex~
Cl 9 il] -
Cardinal de trknne , plaisamment surnomma L'isito-
minIE , envoie au Président une lettre qui lui a été
adressée par; un soi-disant Emigré , réfugié , non à Co-
blent^ ,nia It^orms. mais à Rome. Le pauvre Hère vient
d'v être complettemenr volé & se trouve presque dans
l'état de pure nature. Il a écrit à M. le Comte d'.Artois
pour l'engager à [lui faire l'aumône , & ce Prince ne luia
point répondu-, piqué de ce mépris, le va-nud-pied
tout à-coup désarinocratisë , ne trouve rien de plus
beau que la Révolution ; il brûle d'envie de prêter le
Serment civique , & de venir augmenter la horde des
pandoures de la liberté; pour accomplir ce sublime
projet , il demande de l'argent à nos souverains et s'ef-
force de capter leur compassion , en dénonçant son pro
pre père comme le plus enragé des aristocrates. —
A cette platitude Jacobite , qui égaie quelques instans
la Séance du 13,. succède la dénonciation d'un R.AT
Aristocrate. Le maudit animal a eu la téméraire audace'
de manger les deux tiers & demi d'un assignat de 50
livres dans l'armoire d'un Patriote. Convaincu y' que
celui qui péclie dans la cause péclie aussi dans l'effet ,
le Pntrigot prétend que l'Assemblée doit lui rembour
ser la valeur mangée ; un Monarque Rustaud ajoute
eue le Rr.t doit être mis en état d'arrestation ; on passe
sur le tout à l'ordre du jour. —-Sire Rouille fixe en
suite ses co lègues sur la dénonciation de la Munici
palité de brest contre M. de bertrand, dont le grand
tort est d'avoir trop raison , & à qui on ne peut par
donner, d'avoir écrasé ses délateurs sous le poids de l'évi
dence. Le Comité n'en persiste pas moins dans son projet
de Décret contie le Ministre ; plusieurs membres taxent
d'erreur Se de fausseté les assertions de ce même Comité,
la décision est^ ajournée.— Vers la fin de la Séance,
C 94 1
tios illustres Monarques ont failli tous créVer de moft
s-,bite. Une émanation des substances animales du Ma
nège a tout-à-coup méphhisè l'atmosphère législatif, (i)
M. de Narbonne , constipé de frayeur, s'est enfui au
galop : nos Roitelets redoutant Tasphixie s empressoient
de le suivre, mais Sires bnssot. Ducos & Rouillé, familia
risés avec ce miasme, les ont rassurés; on a ouvert les
fenêtres, & la vapeur morbilque s'est évanouie. — Le
Diplomane Genson'né a fait le 14 son rapport sur la
lettre de l'Empereur au Roi de France * l'auguste Roi
telet ne voit dans Léopoli & les potentats fédérés ,
qu'un frêle épouvantait prêt à tomber en poussière,
au moindre souffle de nos représentans ; il veut que
l'Empereur, s'explique clair & net, sur ses dispositions ,
d'ici au 10 Février prochain, & qu'an défaut, il soit
bien & duement guerroye'. — L'impression de ce pro
jet est ordonnée. — Sire Guadet propose de déclarer
infâme & traître 'à la patrie quiconque osera tenter
de modifier la Constitution , de transiger avec les
Révoltés , ou de ' composer avec les Princes pos-
sessionnés en Alsace ,, pour le rétablissement de leurs
droits féodaux. Il demande que ce Décret soit in
continent porté à la sanction du Roi avec invitation
de le notifier aux Puissances, en leur intimant , que la
Nation les traitera en ennemies, si elles s'avisent de
porter atteinte à une Constitution pour laquelle le Ma
nège se fera mettre en hochepot, sravisùmo ! s'écrie Is-
nard le foudroyant , oui , morbleu je le jure. Cet élan
civique électrise subitement l'aréopage ; toutes les mains
sont levées & le? voûtes du Manège retentissent du»
ierment en faux-bourdon. Le Décret est rendu & porté
de suite à Sa Majesté. — Advient le Ministre des aftai-

(1) Un poêle étoit crévé.


(95 r
res etrangeres, qui apprend aux augustes Jureurs ;
que l'aristocrate Léopold a donné ordre au terrible
Behder de prendre ses bottes & de marcher contre la
France , si l'Electeur de Trêves est attaqué. Ce rabat-
joie est renvoyé au Comité diplomatique. Le Ministre
cependant rassure l'Assemblée en lui disant , qu'il se
dévoue au maintien de la Constitution jusqu'à la mort
inclusivement & qu'on peut compter sur lui. Mons
Guadet, président de la dépuration envoyée au Roi >
rapporte que Sa Majesté a reçu le décret , & l'a assuré
de son tendre attachement pour la fille à Target. —
Puis , voici venir les. dénonciations. Le tribunà! de
Longwi a fait incarcérer un vicaire d'Autun , prévenu
d'tmbauchage : prouvera qui pourra. — Les soldats du
dcuzïsme régiment , ci-devant Roassillon , imputent à
lenrs officiers les troubles qui ont agité la ;ville de
Perpignan tel est l'ordre- du jour.
Le révérendissime Thibault , évêque constitutionnel
du Cantal .envoie copie de ia missive au Roi , au sujet
d'un prêtre j ireur de son diocise , assassiné , dit i! ,
au pied des autels , la nuit de Noël. Le charitable
Prélat exhorte le Roi de déployer la plus grande sévé
rité contre ce que l'intrus appelle le fanatisme, si Sa
Majesté veut empêcher que la Nation souveraine de ce
diocese ne le fasse elle-même. — La séance du i»j a été
entièrement consacrée à recevoir des dépurations & des
pétitions fastidieuses , & de nul intérêt pour nos lec
teurs. — Les commi saires de l'assemblée coloniale de
saint-Domingue rendert compte dans la séance du 16
de la situation déployable de la Colonie. Tùute la Pro
vince du Nord est incendiie ; la partie de \'Est en à feu
& à sang : les hommes de couleur, à la tête d»-s Noirs ,
veulent exterminer les Blancs. C: rapport, si di^ne
(9«)
de toute l'attention de nos Législateurs , & si propre
à faire couler les larmes de l'humanité , ennuie l'insen
sible Fauchet&iGrangeneuve ; leurs réclamations exciteitt
de longs débats. Les Commissaires continuent enfin &
confirment la nouvelle de l'incendie de la ville du Port-
•an-Prince. Leur rapport est renvoyé au comité. —-
M. à'Albignac , officier général , faussement accusé par
le trente - huitième régiment d'avoir voulu faire exé
cuter contre lui là loi martiale , est pleinement jus
tifié pat le comité militaire. Le Ministre est chargé
d'instruire l'Assemblée de l'opposition que les soldats
pourraient faire à Ta rentrée des officiers qui prêteront
le serment prescrit. — Une lettre de Fau annonce que
6,000 soldats venus du Nord ont débarqué à Fontarabiei
Cette ville craint une invasion prochaine des Espagnols.
.— Proclamation du Decret qui drclare Monsieur , frère
du Roi , déchu de son droit à la régence , malgré les-sitges
représentations de M. Gcmv qui regarde ce décret
comme inutile , injuste & dangereuse à coup sûr. —;
Le Roi a ordonné à tous les officiers d'avoir leurs équi
pages prêts pour entrer en campagne.

ANNONCÉ.
La France telle quelle sera , o<x Alrr.ar.ach des iroh
Ordres, contenant les noms de MM. les Membres du
Clergé . da la Noblesse & du Tiers-Etat*, qui fidèles à la
Re'àgion & au Roi , n'ont accepté aucune place sous le
nouveau régime. Un vol. in-8°. de 600 pages , 6 liv»
pour Paris , éc 7 liv. pour la Province.
• On souscrit pour cet ouvrage , qui paroîtra à la fiti
du 'mois de Février prochain, chez TEdkeur, rue Haut'tf-
Feuille, N0.' i2. , Fauxbourg 'Saint-Germain.
La souscription est ouverte jusqu'au 16 Février seule
ment. Suivant la demande de quelques souscripteurs +
en tirera plusieurs exemplaires sur papier vélin.

De l'Impr.merie de Jacques Girouard , Imprimeur ,


rue du Bout-du-Monde , N*. 47.
L A ROC AMBOLE,

.< ou

JOURNAL DËS HOxNNÊTES GENS ,

Rédigé par Dom Régius ANTi-f,teObiît9$

« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 32 Janvier 1792.

-
NOUVELLES POLITIQUES.
Coblent^ » 10 Janvier.

Î-/Ë départ ou Prince de Conâi & de tous 'es Fran>


çais , de Sriorms , tient à des considérations politique»
dont on ne tardera pas à avoir le développement. Eh
attendant cette époque terrible pour les démagogneSi
voici le discours que le petit • fils du vainqueur de
Rocroy prononça avant de partir , aux illustres guerrier^
'réunis sous ses drapeaux.
'.' « Messieurs < !e ne vous apprends rien en vous disant
que les circonstances nous forcent à quitter IP'orms. C'est
'uneextrémité sans doute, mais j'espère qu'elle n'abattra
pas plus votr* courage que l» mien. Je ne vous aban*
donnerai , ni à la vie , ni à la mon. A mesure que n«us
approchons du but , car nous y marchons, il faut
Tome III, Année (
s'attendre que les persécutions augmenteront ; mais .
entre les persécutions & le succès, il n'y a point Je
milieu , Si il faut se soumettre aux unes pour arracher
l autre. »
Le bruit de ce départ s'étendit jusqu'à Strasbourg , îk
i l'approche du grand Condê , les Gardes Nationales
ateourent en foule au pont de Kell..... Quoi ! quel
que brave révolutionnaire va-t-il renouveller le trait
héroïque & immortel d'Ilot atius codes !... Non pas
«"il vous p'aît : nos héros Natonaux sont trop pru-
dins;ce n'est pas po'<r défendre le pont qu'ils accou
rent , le danger ieroit trop grand ; mais pour l'abattre
à coups de haches!... Entendez-vous?

U^orms , 9 Janvier. — Les habitan<! de U^orms sont


^nconïolables du déport des Français , & !e peup'e a été
sur !e point ds se porter aux plus cruelles extrémités
contre les Magistrats qui «voient sollicité cet éloigne-
rnent. Ce mouvement des Emigrés n'inquiète penonne ,
parce que l'on sent bien la raison pressante . qui force
encore à temporiser quelques mois. ,'

Cobleat% , 12 Janvier. Le projet d'une coalition


générale de la Noblesse du Royaume . insinué par le
Brettuil & autres ageris du Comité des Tuileries , a
trouvé beaucoup d'opposit ors, St très- peu de partisans.
.Cette belle chimère va s'ensevelir dans le gouffre de
l'oubli, qui attend bien d'autres innovations. Ce plan
.spécieux dans sa théorie , par les accessoires dont on
Tenluminoit , n'-eunt rien moins qu'impo'itique & dan
gereux dans l'exétution, Ce n'étoit point, comme on
• l'avoit dit d'abord, le vœu le plus sincère des Princes, *
mais bien une idée enfantée par l'ambition de quelque*
iiatrigans. On s'accorde maintenant à la regarder comme
(99)
line contre - façon des deux chambres , ou comme une
edition de ce même ouvrage avec des variantes.
Les Emigrés vont quitter les cercles du bas; Rhin ;
on leur prépare des logemens à Dilembourg\. dans le
Comté de Nassau. — Le Prince de Nassau est parti
pour Vienne, &leMarJchal de Castries pour bruxelles.
. Lisbonne, 20 Drcembre. —» C'est une verité démon
trée , que la Secte des Francs-Maçons a beaucoup con
tribué à la Révolution de France. Le système maco-
nique est à-peu-près le ' même que celui de la Consti
tution. C'est dans cette Secte , que tous les novateurs ,
qui se sont élevés en France durant ces trois derniers
siècles , ont puisé leur doctrine empoisonnée. C'est là,
que Calvin apprit son système religieux Si Républicain);
sa baine féroce pour les Rois, & pour toutes les au rou
tés révérées des mortels. Delà sont sortis les Philosophes ,
Jes Philantropes , les Quakers , les Jacobins & autres san
guinaires auteurs des désastres des Colonies Française-',
loges Maçoniques sont aujourd'hui les chaires de l*
propagandes C'est au moyen de ces loges, qu'on tra
vaille à infecter toutes les Nations du virus immoral
& pestilentiel qui mine les Français. Le Gouvernement ,
informé de tant d'odieuie> manœuvres, a fait les rc-
' cherches les plus exactes pour trouver qieîques-uns de
ces repaires de l'hypocrisie & du brigandage. Enfin on
est parvenu à découvrir une loge de Francs-Mscons ;
les vénérables frères assemblés ont été surpris & ren
fermés dans les prisons de i'inq'iisition. Le peu le , qui
attribue , avec raison , à cette Secte tous les fléaux dont
l'Ëurope est frappée depuis trois ans , rend grâces à
Ôieu de cette intéressante découverte.
' Les dernières nouvelles de Luxembourg portent qu'on,
y a donmTordre de tenir io,coo hommes frets à mitfclur;
g "a
(iôo)
io pièces de canon de il ,& 500 boulets ; 4. petits mor
tiers & 120 bombes; 24 pièces de campagne & 1200
boulets ; 800 grenades & 50,000 cartouches , indepen
damment des fournitures dont chaque bataillon de cam
pagne est pourvu. Trente-cinq mille hommes d'élite ,
forment la garnison de cette place On assure positive
ment que la paix est conclue entre la Russie & la Porte,
Thermomètre de Paris.
Ce n'est point delà Capitale» que la Jacobinière tire
maintenant sa plus grande force; la vigilante acti
vité de la garde Nationale & des honnêtes gens a dé
joué ses criminelles manœuvres. Cette horde impie ne
doit sa sinistre influence, qu'aux Villes où le protes
tantisme fait la loi. Les Calvinistes de Caën ne cessent
de se livrer à tous les excès de la plus horrible scélé
ratesse. C'est peu pour eux de proscrire les Prêtres
fidèles, d'engloutir dans les prisons les bons seiviteurs
du Roi , ils brûlent encore de faire tomber la téte de
Louis XVI , comme celle de Charus Ur , sous la hache
du bourreau. On va en juger par l'extrait de l'adresse
que ces monstres viennent de faire: ,
Roi des Fiançai».
« L'Assemblée Nationale prend donc envain , contre
les Emigrés & contre les prêtres séditieux , des mesures
repressives •• tu frappes de nullité l'effet de ses mesures ,
au moment même où tu dénonces tes frères, où tu de
mandes 150 mille hommes pour les combattre Il
est temps de t'arracher aux séditions du despotisme,
c'est à la Cour que sont les factieux : tes amis . tes seuls
amis , si tu fais régner la liberté , sont les Françai,
libres qui ont confié a toi & à tes drscendans , les ira-
mortelles destinées de la Constitution. ' '»
(. 101 )
m. La vérité nous osons te la dire, entends-là , tné-
dite-là ; la tête de tesfrères conjurés f> de tes Ministres
perfides doit tomber sous le glaive de la Loi: ils ont
mérité le supplice des conspirateurs ; CRAINS DE DE
VENIR LEUR COMPLICE. . ... v.
« Deux chemins : choisis , l'un conduit à la recon-
soissance d'un peuple libre & souverain , l'autre. . . . .
À LA perte du Trône. ..........
Voilà Un échantillon des crimes que a Jacobinière couve
dans son antre. De son côté !a bande feuillantine con
tinue ses intrigues tant . au-dedans qu'au dehors pour
ecarter les Jacobins des places lucratives & pour faire
avorter' les héroïques desseins de nos Princes. Les prin
cipes, de ces hommes faux & perfides autant qu'ambi
tieux ont plusieurs points de contact avec le système Jaco-
binique. Comme les Jacobins , ils sont les ennemis impla
cables de la Religion & des Prêtres. Ils ne demandent
qu'à s'engraisser des débris de la fortune publique. Le
gaspillage » les vols les plus honteux » les proscriptions ,
les sacrilèges sont leurs .moyens favoris. Ils. ne différent
ejitr'eux qu'en un seul point , & ce point le voici : les
féuîilans veulent une République avçc un Simulacre dé
5rtoi;' aulieu que les Jacobins ne sauroient même souf
frir le fantôme de la Royauté dans leur système Réput-
"~\ .. i- arc ta i-3i .
felicain.
SABBATS JA COBIT&fa

Séance du x6, Janvier»


i l., ,.g»us la Clochent de Frire GVAdST. .

,; Sandisl mes frères , s'est écrié un Jacquet des rives>


de. la Garonne , dans ie Sabbat du tô,Sandis'. je suis:
furieu* , enragé fit bous allez tous l'être, Boici unp
Il iô2 ]
lettre qui m'arribe de l» Comtat d'Avignon par un Sabe«
tier de mes amis , où est-ce que l'on me dit que
le par.-igotisme y est en canelle , comme chez l'épicier
d'André, & puis que les Jacouquins, ils n'o;ent pas
souffL-r le'mot & tremblent, comme desbouleurs, d'être
tous pendus ou assommés à coups de canons. Si l'ar
mée des dénigres arribe dans ce pays. Caddidis , si j'é-
tois là avec ma braboure quand cette canaille y bien-
àte. , d'un souffle de ma bouche , par debant , par der
rière je bous anéantirois tous ces Ariuocrlch.es. — Mes
frères , reprend le général Robespierre , avant que le
préopinant eût commencé sa docte harangue , j'avois
aussi la rage de parler, car, l'affaire du Comtat &
d'Avignon n'est pas affaire de Bibus pour qui , comme
mei , connaît le fond du sac ; .il importe de con-
noître la source des atrocités 'commises envers nos
chers frères les patriotes lï'Ayignon ; fe.'ix qui po-
tuil rerum cognosetre causas ! Or donc , j'ai vu d'abord
'une trams ourdie dans l'Assemblée Natioiiafc consti
tuante pour nous empecher d'escamoter Avignon au
r*ape , ce qui nous désespéioit, nous, les amis de la
Liberté ; nous qui savons que rien de tout ce qui ten4
a nos sublimes projets ne doit ètçe négligé; nous enfin.....
Mais il ne faut pas tout dire & pour cause. J'ai vu
ensuite l abomination coniomiriée par les Commisaires
i i Roi soutenus d'une force pubKqa-: , d-,e ala des
potisme, & sans lesqu«!s nos aristocrates de Coblent^
n'auraient pas réussi dans leur cxécrible attentst con
tre notre sainte l.berté. Oui , mes frères, la'œajeure
partie de ces Caai;nhiaircs a été le ^utien des crimes
ëe Farincrcratie. Envai'n vint^on jetter un voile sur* la
conduite crirr.ir.eHe de l'Abbé Mulot , cet o!iprtfSseîrr
4et irtrgnonah: Je ne cennoîs t ci cet Abbé Midbr'jïA
Xroy)
ses attendait? , ni ses «mis , ni ses ennemis; mais je no
le comprends pas moins dans la classe des hypocrites
& des perfides qui ont porté les plus grands coups
aux droits du peuple ( Jacobité ). Quand son crime ne
porteroit que sur les Avignonais patriotes' , je les défen-'
drois envers & contre tous, avec le stylet de lindi-
gnation ; mais cet abominable crime attaque les droits
sacrés du peuple Souverain de France, puisque Avignon
& le Comtai en font partie ("comme la bourse d un
passant fait partie de celle du brigand qui le vole ). Ce
qu'on .a fait contre le peuple Avignonais , contre le peu
ple du Cotmai, -oule feroit contre le peuple Français
tout entier , s'il n'étoit plus nombreux que celui
d'Avignon. Le Doge de la Republique projettes
se précipite . ensuite dans une récapitulation de tout
ce qui a- été dit pour Si contre la guerre ; che
min faisant il donne une ruade au général la Fayette,
dont toute la carrière, di^ril,.' est marquée par des
traits de duplicité, qui n'ont été rachetés par . aucun,
service rendu à la chose publique. Il conclut enfin sa>
longue diatribe par dire qu'il veut toujours la guerre?
mais aux mêmes conditions que ci-devant, c'est à dire
qu-'on commencera d'abord par «terminer en France;
tout ce qui n'est pas Jacobin. —-One lettre insérée le
même jour dans le Patrio te Français provoque une rixe
entre l'auguste Brissot.&i le général Robespierre; m»is
frère Houitté la calme , monte à la tribune , sonne -la
tocsin de 4a- guerre & défie mous Robespierre de prou
ver qu'il ne faille point la faire au plus vite; auquel
effet il l'ajourne à jour fixe , lui promettant que s'il
veut bien consentir que la Nation attaque les émigrés,
elle ira , avant six mois', planterTétendaid de la Révo
lution dans tous les Palais des Rois de l'univers. — Ob.
et, Robespierre, reprend frère Louvet , convenez qa»
jusqu'à présent vous avez assez déraisonné, & pour
mieux lui en faire sentir le ridicule , extravagant à,
son tonr il dit : n'entendez-vous pas Lèopold , disanti
tout-bas au fier-à-bras Gustave & à sa chère anii« Cathe
rine ; vous me pressez de dépêcher ces gens. - là , vous,
«n parlez furt à i'aise ; i'affronterois bien leurs bayon-
aettcs ; mais leurs petits livres m'empêchent de tom
ber plutôt sur cette canaille ; si une armée de sans-
eulottes met le pied chez moi , adi tu tous les Barons}
«te mon Empire. Laiisez-moi donc faire; j'ai, des .ïa/-»
paches chez eux qui les guettent, ..... Oh î ça ira 4
ça ira. Mais près d'ici , tout près d'ici » j'entends d'ans,
un beau- Château vietuv* que nous connoiss«as tous »
une autre bande de conspirateurs, dire plus bas : payons^
promettons, achetons , divisons, trompons , corrorn-»
pons , ehftn viendra le beau jour d'une St. Eirtltalemy?
politique & religieuse., « . . . , Ah 1 otoa, citer Hottes*
pïerrt , vous tenez l'opinion publique en suspens i «et
excès d'honneur vous était bien dû 4 mais t si vous pei*
sistez dans votre opinion , la postérité viéudrA ; cotrg
tous & moi Jacobin indigne ^. & elle dirait» .: Robem
pierre avoit la berlue ; un précipice «'ouvrit devant luii*
il ne le vit pas ; mais Louvet alla à Robespierre - tti lui
dit : frère., vois donc l'abyme, touche-le iiU doigt ; Ro.-
bespierre détourne les yeux , retire la main ; enfin Lotin
vet s'obstine & sauve son pays. .— Ainsi finit ce.risibld;
& pitoyable Sabbat dont la folie & le délire ont {kit
Ml IMIs, .y«..»t,i: -i. •'.•* »r. '} .. i i:i ' • .•/
( v>5 )

MÉLANGES.

MA HCHE NATIONALE.
AlR : Ménutt à'Çxaudtti
Les Hulans, fij
Les Trabans (a) ? î
Le Pandoure, (=() v i
Les Flanquiers (4) & les'Strelitz (5)
S'avancent vers -Paris :
Pif ! paf ! tir-lire-!oure ! i x
Mons Target
Stupéfait 'J':'"
Fait la nfctféî •• ' - °
Par le col ,'lè Jàéôbin , '
Serre comme un vilain,
S,entoUc,.nJ '-'T""03 " '
"4?
Dragons de Westrogotliie , (6)
Zaporogues cfe lïussie , (7)
£r!"$î!««!*i • n wrt
JWanovnens
EtTaipïc^v^y;-

(1) Hullans, Soldats AHeiWirts «^pfflar&J IoOiI •


^Trabans, Soldat* delafg**dè Iin^riale otflWtale,
<n Allemagne, Suede,< Seci'/'"-''''^ •"••a*^ *I •
(3) Pandoures, Soldats Hongrois, pillards. !
(4) Flanquiers , gardes da Roi de Suède. '"» 11 •
(5) StrtVt^ i Corps Russe , pillard. î#
X<5) Dragons 'de W'esirogôthie Régiment Suédois, "
(7) Çaporogues, trou'peVpWardes & féroces^ ''
Talpaçhes , troupts AÎlèiaahuês &
Vas moustaclie*
Font seules fuir nos Césars '.
Cosaques (9) & Houzards (no)- , .
Criblez de toutes parts • \
Ces lâches..
Le boulet., ,:
Le mousquet,
Et la dague » - . .f
Le' tambour , rclanrplan-plat» ;
Le canon , patapan; • < '
Le sabre , zigue-zagae y... . .
Quels éclat* 'iî ..
Quel fraca^î,. .
Quel tonnerre ï . .1
CieU L* Constituent.,, r„,
Casse comme un lampioit
Ehe verte ^
Scete de la BahàTiderie : Air des trembttun*
mieux accorder ,
On la trouble , on h rlîrise : '
On élève , on intronise
— "fcev Prêtres les moins dévots ï
Pour rendre » dt$ei»J«e' a - ' (.)

Le Conseil qui prédomine , • •. -, ',. , , .\ ,<}


Est celai des. hu&uert©»; . , ' .'.';:'»•».\ ,) .
Il est donc vrai que les badauds .;,, ^\
Ne seront jamais que des sots, sots , iots , soM-

(9) Cosaques, Soldats moscovites pillard». ' .


(10) Hou%ards , Cavalerie, légère Allemande Se pjl-
larde.'
De l'Eglise primitive '
On veut que l'esprït revive ! ' . '<
C'est pour cela qu'on la prive
De ses honneurs les plus beaux !
On la pille, on la dépouille, ':i s\i"^i-i ,
Crainte que l'or ne la souille,
Et de sa sainte dépouille
On enrichit des Marauds.
Il est donc vrai .que les badauds ,
Ne seront jamais que des soti , Sots, sots. sots.
Tromper des gens sans malice . . • . . -
Est une double injustice.'
Quel crime donc & quel viee ^,
Losqu'on livre tant d'assaut*
A la naïve franchise .
D'un peuple dont la bétise . • '\. .
Ne sauroit , quoiqu'on lui dise, • .
S'imaginer qu'il soit faux !
Il est donc vrai que les badauds
Ne seront jamais que des sots , sots , sots « sots.
Mais.ila plus forte pilule „. a ;,j 9,.V< -IJ
C'est la farce ridicule ; , ^ y ..< ïi-^.™
Qu'au .Parisien crédule . l5i .. . lie .5
JouÇ-ren^ le* Mi; abeaux;_ ' ,. , .... . ,
Lorsqu'eo. costume bizarre. ; ,/
Comparent à la Barrg .-. < <sswril8i ..„,„. -, ,
Perses, Chinois & Tarutr*. „...
Ittpons, Hurons, HettentQts,, hct , Jt_ ir.
Il est donç. vrai que les badaudr<î , u ,,„.,, i y ,
Ne seront jamais que des sots , sots , soîs , sots. .
A cette scène falote
Là :»uVbVoVs sans-culotte,
( io8 )
Porte-ste , & porte-hotte '3
Sont donnés pour des héros ,
Que du plus lointain rivage
Envoient polar nous rendre hommage
Dans l'auguste aréopage :
Tous les Peuples nos rivaux.
Il est donc vrai que les badauds
Ne seront !amais que des sots , sots , sots , sots»
La suite aux Nos. Prochains.

Les Châteaux que les pandoures du Jacoquînisme


viennent d'offrir, dans' lé 'Qaeïcy'»L'cn ^holocauste à
notre sainte Liberté,' sont celui dé M. de Turenne %
de M. de Gale & de Madame de la Carrière ; mais le
jour approche, où ces exécrables scélérats subiront le
sort du nommé Caffe Bourgeois de chamhérl ,'qui a été
pendu pour avoir 'écrit ^distribué 'des brochures in-
cendiaires,
tLik! - .» •- .» ii inoo ij} i
.::;i;Fauni»i*T «EsTES B&t fMTllUiî.

U« Vicaire de Beauéixîre , ayant 'eh îterViîer lieu


porté le Viatique à un malade , ''rfcn'rre 'dïhs' PEg'.ise »
& sans y réciter les pri':res d*u;ag; en pareil cas ., sans
n:ême s'agenouiller de/ant le Saint! des Saints, il re"
met le ciboire dans lc'Tabernac'e &'se retire. Quel
ques dév&m l'arritent,& le prient de'^bn-nerla béné
diction otdinaire, —- J0t\ vous faire 'f. répond le;
sacrilège intrus., d'uite voix ferme .& chaire; — Du côté
du Havre* un Çifré Cohstitutionne' épouse publique
ment, le io dte' te 'mois,' une nllraifctf'iaquelle il vi-
roit depuis long-temps; mais pour 1$ f»up, le peuple
fusteiaent indigné a çUassâ le Curé vaiielJk le; Cuiet
marieur. Non contens d'afficher en. tons ïlenx le plus'
grand scandale , les intrus ne cessait de foreenter lai per
sécution contre les Prêtres non-jureurs , dont les vertu»
contrasrent si fort avec leurs vices ; plusieurs de ce» fidè
les Ministres ont été enlevés pendant la nuit, dans le
Département de Finistère , jettés sur une ebarette,
comme des scélérats ., conduit; à Quim^er , & delà à
Brest. Quel est donc leur crime? Hélas! ils ont cons
tamment refusé de partager ceux de leurs tyrans.

On assure que l'assassin du . Prêtre Constitutionnel


qui a été égorgé la nuit de Noël en célébrant la messe ,
est un Jacobin connu du sieur Thibauld , Evêque du.
Cantal; on ajoute que cet horrible assassinat a été corn-
iris pour surprendre la religion du Roi , en l'attribuant,
au fanatisme des Prêtres non-sermentés. Quoiqu'il en,
soit » le Prélat intrus n'a point manqué de les en accu
ser, i^oyez sa lettre au Roi, dans notre dernier N%
article: legislation, page 95.
LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois. i


, Seances des 17, 18,6-19 Janvifr.
Un cri de guerre, jette par les Citoyens de la See-
tion du Luxembourg, fait tremb'er, le 17, les voûtes dtt
Manège. Plutôt la mort, s'écrient-ils, que de souffrir,
qu'on ose polluer l'aimab e Targineue '. Et voilà.ce que
c'est que d'avoir du cœur ! Les malheureux dont la.
Révolution a peuplé tous les Départemens. font enten
dre un autre cri ; celui d'une excessive misère. — Décrété
que d'ici au premier Avril , il leur sera donné quelques
(no.)
modiques secours , avec pleine liberté de subsister cotfimff
iîs pourront jusqu'à cette époque.— Proclamation d'un
Autodafé de 8 millions d'assignats pour le vingt. Brû
lure tctale 385 millions.., ..Quant à l'émission , c'est
le secret, des Dieux.;, nous , ne le . saurons pas. En
core une petite farce récréative, donnée gratis au pu
blic , dont ViLliam-Beker', Anglais ou soi-di.'ant te! ,est
le héros. Honneur & gloire,, s'écrie-t-il , à vous philo,
sophes humain- qui avez pq>é les bases de la Liberté
sur les fonJcmcns de l'éternité! Il existe dans ma
patrie une armée plus nombreuse que celle des duodt-
Ctm rrr.ïïuk signati de l'apocalypse, qui, au moindre coup
de sifflet , ei't prête à voier à votre secours , & à met
tre en marmeizde tous vos ennemis. Tel e. t l'er prit pu
blic des Arlg'ais, & pour le prout'er ji joins à ma let
tre 2C0 liv. sterlings. — Décrété que la somme sera
reçue & que Villiam Brker, sera loué pour son argent,
dans le procès- verbal. On lit plusieurs lettres de Saint-
Comiiigue écrites p3r le Gouverneur, qui confirment les
dcVastr»s affreux de cette Colonie, l'incendie de la ville'
du Pcrt.-,âu ^Pririce , ' & Annoncent l'arrivée dds Ccm-
mir-saires civils. — Une lettre du Roi au Président , in
vite l'Assemblée à /occuper d'un nouveau mode de re
crutement propre à mettre l'armée au complet , d'une
augmentation de/ 8 Lieutenants généraux , S Maréchaux
de Camp , 8 Commissaires des Guerres , 2 Aides 'de
Camp Généraux . & d une augmentation de traitement
pour les Officiers. — Sire Brissot, après avoir prouvé
que l'Empereur n'aime peint la Constitution , pTopssfe
de lui déclarer la guerre & de le battre sans quartier ,
ili avant le 10 Février il n'a donné entiere sa<isfaciion
l la France.^ Le grand homme que Brzssot I Léopold
eût-il dû s'attendre d'être vilipande, menacé par un
tel homme ? — On apprend dans la Scéance Au soir l'iieu-
reuse arrivée de la haute Cour à Orléans qui n'attend
,que les pièces des procès pour instrumenter. — M.
Ameloi annonce que l'état des biens Nationaux , ven
dus ou à vendre, se porte à dix neuf cens 29 millions,
ce qui s'éloigne assez de lévaluation primitive à 3
mil îards 500 millions. — Le ministre de la guerre presse
l'Assemblée de délibérer sur les forges de Moytuvit &
de Mouiiers . parce qu'il faut des bou'ets pour battre
l'Empereur , ailleurs que dans le Manège. La Muni
cipalité ét Brunoi dénonce le départ pour Coblem^ de
M. de cremet du Bourg , Intendant du Château. — Le
Co nité d'inquisition Nationale déclare ne pouvoir trou
ver prise contre M. Oudemar arrêté à Neufchatel. —
Décret qui le lâche.—De nouvelles lettres du Cap, en da«
du premier Décembre , sont lues à la Séance dit 18.
La paix , disent-elles , s'y est faite de nouveau. — Le
Ministre de la guerre demande , si les Officiers desti
tués arbitrairement par leurs Soldats doivent être payés
dei leurs appointemens pendant le temps de le'ir ab
sence. Aulieu d'une demande aussi saugrenue , ï! au-
roit dû solliciter la punition des Soldat; rebelles qui
se sont impunément livrés à de tels excès. — Lé dé
ficit dans la recette du mois dernier , se portant à 26
mil 'ions 260 mille livres, Décret qui ordonne que cette
somme sera prise dans la caisse de l'extraordinaire.
<,ran.de dissertation du Monarque Dumas sur l'office
de l'Empereur, qui dans l'ivresse de son audacieuse élo
quence qualifie de rébeiles nos Princes & les braves Che
valiers de leur suite. Sa Majesté législative ignore saris
doute que la Constitution même donne le droit aux
Citoyens de se réunir pour manifester leurs opinions
>ur les loi*. Ceux-là seuls sont rebelles qui trompent le
peuple & qui , sous le masque d'un patrîotî:me impos
teur , le précipitent & l'Etat avec lui, dans le gouffre de
le misère & de l'anarcliie. Sires Verniaus & Ramonct
appuient leur confrère Dumas, & l'Assemblée décrète
que les sublimes discours de ces grands hommes feront
gémir les Presses. — Sire Guadet a fait enfin dans l1
Séance du 19 le rapport des 84 victimes du despotisme
Jacobite , qui , sans preuves de délits , & malgré la plus
authentique démonstration de leUr innocence , gémis
sent depuis trois mois dans les prisons de Caè'n. Le
rapporteur , après a voir lu les différentes notes & let
tres attribuées , aux détenus demande l'ajournement de
cette affaire au lendemain , & pour consoler de ce reiard ,
il prévient que le projet est de décréter d'accusation
M. de la Bigne de mander à la Sarre M. de Mcnnevillt
& d'ouvrir aux autres les portes d'une prison qui de-
vroit se refermer sur leurs iniques délateurs. — Le MU
nistre dfc la marine est venu completter sa justifica
tion 3 nir les deux clmfs d'accu ation adoptés par le
Comité , d'une manière aussi victorieuse que sur les pré'
cédens. On a présenté plusieurs projets de décrets dans
la séance du soir , qui sont tous ajournés.
Les prisonniers de l rïoîel de la force y ont mis le
feu., avant hier dans la nuit ; plusieurs d'entr'eux se
sont évadés, & la Garde , dit-on , en a tué trois qui cher»
choient à s'évfder par dessus les murs. Malgré le Prompt
secours, l'incendie a fait de grands ravages. — La Na
tion sans-culottes, en vertu de sa Souveraineté, s'est
emparée avant hier matin d'un magasin de sucre de
l'ex- Monarque d'André au Faubourg Saint-Marceau, &
a mis au pillage sans nul respect pour cette ei-devaat
Majesté. -■iniiiii m , ,„.„
De l'Imprimerie de JacqubS Girovasd . rue du
Bout-dit'Mond€ . N°. 4"v
.

£ & ROC AMBOLE ,


"i
I
JOURNAL DES HONNÊTES GENS ,

Ridîgè P ar Dom RÊ0IVsÀhTI~jAC0 3IKV$4


..-.m —— .' •
« Une Foi , une Loi , un Roi ».

Du Jeudi 26 Janviet 1792.

TUO* S ;D I S G O U R S
A.
Prononce le 12 Janvier dans tÉglise de l'Hôtel- Dieu de
la tille d'Arles, par M. îloiROU , Prêtre, ci-devant
grand Canne & Cure dudii Hôtel- Pieu , en présence
des Daiites hospitalières, des malades & de beaucoup de
' fîàelés'de tout sexe qui s'y sont trouvés.

« J 'ÉTOis la brebis égarée; j'allois périr pour toute Une


éternité, si le Seigneur dans »a miséricorde ne m'eût
tenriu son bras secourable. Je rrarcliois à grands pas dans
la voie de perdition. Déjà je n'étois plus l'enfant de Dieu,
îe n'appartenois plus a son Eglise Sainte que j'avois quittés
en prêtant un serment téméraire par lequel j'avois adhér»
Tome ÏJI, Année 1794 * , h
à un Décret destructeur de la. fpj & de
spirituelle de l'Eglise Catholique, Décret qui est con
.
traire aux saints Canons , à l'autorité du Saint Si
& qui renverse la discipline & la hyérarchie
tique. Ma conscience, mon salut éternels mon
neur ne me permettent pas de persister plus longtemps
dans , un schisme scandaleux qui dçsole L'Eglise de i'rance -
depuis près de deux ans. En abjurant mes erreurs , je
confesse que j'ai scandalisé-, tog,te une Ville, toute une
Province , & vous , Mesdames , en particulier ; chastes
épouses de îÉsus-CHRisT,,c'est à vos fjrvantes prières,
à votre fermeté dans la foi orthodoxe, à votre cons
tante fidélité à notre Eréque légitime, à votre ardente
charité envers les pauvres malades , à votre amour pur
& brûlant pour Jésus-Christ\ à vos bons exemples &
à la bonne odeur de vos vertus chétiennes , que je dois
ma conversion. C'eit vouç , Mesdames , qui avez attiré
sur moi la miséricorde du Seigneur , priez-le avec moi ,
qu'il daigne appaiser sa colère & fléchir sa justice , par -
donner mes erreurs & mes égaremens passés. Je vous
dois, Mesdames, & à toutes les penonnes qui. habitent,
cette Sainte maison , ainsi qu'à tous les fidèles catholi
ques de Cette cité , Une réparation authentique. Puissai-
je , par un aveu sincère de . mes erreurs & par ru a.ré
tractation solennelle & publique, mériter du Ciel mon
pardon , & votre indulgence'.
Vierge Sainte , patrone spéciale de mon ordre , re
fuge assuré des pécheurs: ; rempart de la foi orthodoxe,
j'implore en ce moment votre puissante protection. J'ai
f&éhé 'contre le Ciel, contre le Saint Esprit & contre
vous , en m'unissant aux scliiifnatiques qui divisent , qui
dispersent le troupeau chéri de votre fils. Depuis sept
rnoh , je n'ai été qu'un vil mercenaire, & je ne suis plut
c m )
«ujo.vfd'W quAin serviteur inutile. Il est teins q"ù*je
^'élpigne iderces Vierges Saintes , vos filles chéries , ifa
la ccrrjpjgnie desquelles je ne fus jamais digne. Proté-
gee-les contre l'ennemi commun ; délivrez-les de lai
gucul,e du Lion; préservez-les de . tout schisme, & dë
toute hejréis^e. Elles sont vos enfans,, soyea leur eonso*
latriçe- d^q? les maux, qu'elles endurent, à la vue du
«chûiM qui (jéiOle l'Eglise de ]eur e'ppux.» •. ;• -
Après avoir proirçncéee discours , l'orateur, déchira
par l« remords , a fait amentje, ht«iora,ble . la corde ad
cou, dtvapt le Saint Çacremcnt, 8c en ppésouçe. dd
fidèles psçeçpbj[és dans l?Hotd-Dicu. / Y.,
M. l'Abbé* Rvffier, qui «y$it eu aussi le malheur df
prêter je. serment & d'accepter h> Cure de fiviePs <i|
Lorraine , rient de lp rétracter, d'abandonner la Çq^
& de consigner, dans un mémoire touchant, les mo?
tifs de s*>n heureux retour dans le sjrn de l'Eglise», Lé
premier
fi. , . de cé .mois ., <Mfa.
M i Llesv' Curés
. - de baux sainte.
' ' vr 2* vf
Croix ï &' de Mamelon , près d'Evreux , ont rétrapté lent
serment. Ceux de Portes Se de Capelte près de Bernay en
ont fait autant. Dans la même Semaine, le Curé Cons>
titutionnel du Cormier, près Pacy-sur-Eure , du même
Diocète , a remis lés clefs du. Presbitère au légitime
Curé de cette Paroisse , en lui déclarant qu'il abandon-
Doit le bénéfice. L'ancien Pasteur a repris ses fonctions
curiales à la grande satisfaction des gens de bien. Puis»
sent ces exemples, que nous nous empressons de pu
blier pour l'édification & la consolation des fidèles , avoir
beaucoup d imitateurs î ,
NOUVELLES POLITIQUES.
Cù¥.ent^, 16, Janvier,
Vous me demandez, si MosiifO'a va a Vtmnt j
voici ma réponse.
(lté?
v «.Messieurs , nous dit ce' Prince, avec sentiment &
dignité : Messieurs , les égards que nous devons au
respectab'.e Electeur qui nous a si bien accueillis dans
ses Etats , & les déclarations de l'Empereur , nous ob
ligent à' éloign-r les corps qui se sont formés avec tant
de zèle autour de nous. C'est une démarche qui con
trarie nos cœurs; mais qui est une suite des citcons
tances facheuses qui ne cessent de nous entraver. Cela ne
découragera certainement pas des Chevaliers Français.
Si nous n'étions obligés de veiller à des intérêts chèrs ,
esta* du Rei notre frère , & ceux de la Nob'csie , nous
serions partis à la tête des premiers pelotons pour ne
inoùs en séparer jamais ; mais en restant ici , nous vous
Jurons encore, foi de Gentilshommes , que rien n ebran
lera 'notre constance , & que' nous ne vous abandon
nerons jamais. » ' *
J'aurais voulu que rous eussiez été témoin du ton
d'assurance avec lequel Monsieur prononça ce peu de
irots. Ce qui prouve que c'étoit !e langage de son cœur ,
c'est qu'un Gentilhomme lui ayant dit , qu'il n'étoit pas
etonnant que la Noblesse Francai'e manifestat un grand
courage , qu'elle en a.voir le modèle sous ses yeux. »
— « Je ne saurois , répondit Monsieur , prendre ce
compliment pour moi ; je n'ai enco'e pu donner que
Tes preuves de ma constance ; mais j'ambitionne le mo
ment où je pourrai montrer mon courage. »
• Vienne , 6 Janvier. <• L'insolence du'Manège de France
vient' enfin de déterminer le Cabinet de Vienne à ouvrir
le temple de Janus plus tôt qu'on ne l aurait crû. En
conséquence , a l'issue d'un Conseil , dans lequel il a
«té question des menaces par les Rcbe'es Français, on
m expédie des courriers à Saint-Petersbourg , à Berlin ,
1 Turin , à Dresde , & les ordres ont eté donnas sar le
champ de faire avancer les troupes sur les frontières
de France ; avant qu'il soit peu , le Maréchal de Stit-
der aura tous ses ordres 120 mille hommes. On as
sure que ce brave Général a dit , qu'il gardoit ia meilt
leure de ses bottes pour les ennemis de Louis XVI.
Ainsi soit il. »

îtsovie , »4 Drcembre. — Lorsqu'il fut question k


la diète de la vente desSTAROsTiEs, le Comte Potecki »
s'y opposa fortement, en disant qu'il falloit bien se gar
der d'imiter la Nation Française d?.ns ses excès î qu'elle
•voit suivi une théorie incompatible avec l'ordre so
cial , & commis des injustices qui avoient souillé sa ré
volution d'une tache ineffaçable. Alors le Prince Primat .,
frère du Roi , comparant cette vente à celle des biens
du Clergé de France , s'écrie : « craignez ces lanternes
fatales , à la lueur desquelles les Français éteignirent
la Religion , l'honneur , le sens commun par un sotte
interprétation des droits de l'homme & de l'égalité.»

Copie d'une Leure ecrite de Bruxelles , le 19 Janv. 1792.

Une conjuration affreuse vient d'être découverte. Les


Gouvernement soupçonnant des intelligences des gens
de ce pays-ci avec Vandernoot h. la France, a fait en-
forcer plus eurs maisons dans la nuit du 16 au 17 de
ce mois. On a arrêté plusieurs particuliers & trouvé
toutes les preuves chez l'Abbé Tangerlot , un des chefs
de la Révolution de ce pays. Le plan de la conjura
tion a été saisi entre les mains de leur Secrétaire, avec
la relation des Membres de l'Assemblée Nationale & des
Clubs Jacobins. On devoit,sous peu 'de jours, aisas-
liner îArchiduc , TArchiduchesse & tous les Français.
H y aillai à^irêUbé- i^î* Fïitàqift ^WTÔ éevdW ïairV
1b ro Février à' l'Empereur-' , s'il' ifav&ir dfcnnb' une
«tponie ana'ogué à ce qu'en loi drmâhlJbit .-érbit con-
-certée avec cette infernale ctorijuibtfon. Uri gràrid nom-
• •ère de personnes sont arrêtées & gardées eh^z ëlîes par
Jès- Soldats qui y sont à discrétion , Je 6h les jugera
tout de suite. Il v a à psrier que le massacre du de-
hors n'eût pas été le seul , & que tout ce qu'il y a de
iïôftiès & de Prêtres eh ÏTaricé àùroîr. subi le meme sort.
.Gri jïèïîsé que c'est pour là même cause q'nVn ob!i-
geoît les Pritres à seréndre en VHÏè, afin dé lesâvbîr
^ous la main. On Fait ici des patrouilles continuelles à
pied & 4 cheval , & oti< arrêté toujours qaèlqu'un. Il est
d'autant plus aisé de, caohoître lès conjurateùrs , qù'o'n
^ttbûvélà liste de tous ceux qu'on devoir, empfoyer ,
•itoez l'Abbé Tarigeûoi ; qui h'étoit pas chez lui dès la
nuit Si 16 ka.ff.
: 0hÀ fait la même expédition dans les autres endroits ,
iititi qu'en Hollande. .Te ne sais ce que vWt drre PBht-
tyreun te VAssemblée 'iSàûokale. Il sera difficile iîuVne
puisse nièr, attendu, qîue. tout étoît dirigé par %\}e. On
dit qu'on a trouvé 12 millions dans la caisse de fAbbé
Tangerlot : je ne l'assure.: pas , mais bien tous les autres
faits. Le Régiment de Cokourg Dragons a passé par ici
pour se rendre à sa destination. On atttend celui de
Toscane^ On pense que cette dornière affaire accélérera
les projets , de l'Empereur. Tous les honnêtes Citoyens
, »a«t 'enchantés de cette heureuse découverte , parce-
qu'ils n'ont pas envie de voir une nouvelle révolu -
-tion.Flusrcurs Chefs sont arrêtés , & personne n'ose re
muer,, de sorte que l'oa est aussi tranquille que s'il n'y
«voit rien du tout. Toutes les troupes ont été ronde
ment & !« trouvent fort bien à discrétion. On voit la
Joie sur leur visage, & elle y ga'oppede bon coear. »
C "9 1

-NOUVELLES. INTÉRIEURES;;

- Le brigandage exerce ses ravages avec plus de fu


reur que jamais dans plusieurs Provinces. On rencontras
de tous côtés des incendiaires & des voleurs ; ces moni-
tres pullulent en France , comme la vermine sur le ca-
àavre infect d'un Jacobin. Grâces aux Jacquets de Brest,
la Bretagne est dans' le plus grand desordre. On écrit
«le cette Province , que le Château du Menee . apparte
nant â M. le Voyer', a été brûlé. Ceux qui l'habitoient
fa'ont eu que le temps de se sauver.
Les habitans de la Paroisse de Plonguin , éloignee
de cinq lieues de Brest, pour avoir demandé leur an
cien Curé non-jureur , ont souffert toutes sortes de
vexations. A peine leur requête a-t-elle été présentée
au District , que 300 Gardes Nationaux ont été envoyés
dans cette paroisse pour vivre à discrétion chez les
habitans. Les Officiers Municipaux ont été traînés dans
les prisons de Brest; on les a cassés, remplacés, & ces
malheureux , après dix-sept 'jours de captivité , n'ont
obtenu leur liberté qu'en signant , qu'ils avoieftt com
mis un crime de lèze-Nation. On lésa forcés déplus,
à payer chacun 46 livres pour leur nourriture, & 33
Kvres pour les frais de l'acte; & pour mieux inoculer
aux" liabitans du tien l'amour des Prêtres intrus , on
les a condamnés à payer 2600 livres pour frais de garni-
itm , quoiqu'elle y eût été nourrie à bouche que veux-tu ,
& qu'elle eût consommé toutes les provisions de la pa
roisse: •
-Les Officiers Munieipaux, en sortant de prison , ont
protesté contre l'acte forcé qu'on leur a arraché ; ils
ont présenté requête au Département contre le District ,
& formé plainte devant les Juges pour réparation des
outrages & des vexations qu'on a exercés contre-eux ;
mais les Jacobins ont tant d'empire sur les pouvoirs
constitués , qu'il est plus que probable, qu'ils empêche
ront les Juges de faire leur devoir, parce qu'ils seroient
obligés de punir ces infâmes perturbateurs de l'ordre
& du repos publics.
O ma Patrie, où sont les beaux jours de ta gloire \
Le Français appelle le bonheur , mais c'est . hélas !
envain ! Peut- on donc le trouver , quand on n'a plus
de foi, plus de loi, plus de roi, plus de conscience,
plus d'honneur?.,.. On nous prêche la Constitution,
& les apôtres les plus zélés n'y croient point. Ils ne
la font servir qu'à leurs vues ambitieuses & criminelles.
On nous parle de loix , & nous n'avons que des décrets;
contre la raison & le sens commun. Ces loix sont sanc
tionnées «publiées , affichées, & pre que toutes violée»
itvec audace & impunité par ceux-là même qui les ont
fabriquées ou fait fabriquer. Si nous jettons- les yeux;
sur le trône des Bourbons , nous nJy voyons qu'un,
roi captif & malheureux. On defend de lui obçir , de
le respecter, de le plaindre , même de l'aimer?. .
Pour lui déclarer qu'on. le chérit , qu'on le révere &
qu'on lui est fidèle, on i'expose à périr sous le glaive
des assassins salariés par les tyrans qui l environnent
sans cesse.Qu'est donc devenu l'honneur qui fut si longr
temps l'apanage des Français? l'honneur,
Chacun a fait serment de n'en plus avoir . & c'est
maintenant par des bassesses , que l'on peut s'élev!er »
par des atrocités que l'on peut se distinguer , par.ye.nii;
à la célébrité , & mériter ,. comme Mirabeau des
honneur» de l'Apothéose & du Panthéon, otîs, „
Thermomètre de Paris. " :ti ,r- '

L'imagination des Jacobins est toujours fertile en


OH).
hiojreiis'flestructeurs. Leur' but, comme on sait, est
fie susciter'un grand' désordre dans Paris pour'enïever
le roi & le livrer_aux ptQte^tans des provinces méri
dionales; mais' le ' nerf de toutes choses leur manque;
les protestans sont exténu'és plar les sacrifices qu'ils
ont faits pour payer„les crimes de la révolution, &
le prince malgré lui, entièrement ruiné , ne peut plus
fournir d'argent. Afin 'de s'en procurer , on a tenté
deaire enlever le trésor-public, ce qui n'a point réussi.
Dans le même temps pour soulever le peuple , on a
répandu le bruit que le roi devoit s'évader ; le feu a
été mis aux prisons de la Force ; la Nstion sans-culottes
a assiégé & assiège encore plusieurs boutiques de
marchands épiciers, qu'elle Hvre au pillage. Indignée
*de tant de désordres , la Garde Nationale Parisienne ,
digne de servir de modèle à ioûtes celles du royaume ;
a fait une adresse au corps législatif , dans laquelle le
Club des Jacobins est accusé à juste titre d'être cause
de tous les malheurs publics.'-''' ...«..»
« Ce club , ( disent les' pétitionnaires ) , est le cefuge
rie tous les scélérats qui cherchent à se soustraire aux
poursuites delà justice.. On a osé y plaider hautement
la cause des brigands d'Avignon ; on y a reçu ceux de
ces brigands qui ont échappé aux troupes de ligne
envovées contr'eux Mais , c'est sur-tout dans leur
Comité Secret , qu'ils enfantent les exécrables projets
dont nous sommes, continuellement occupés à prévenir
l'exécution. Où en sommes-nous, si tous les mauvais sujets
du royaume / rassemblés dans cette société, dictent
les lois par lesquel'es nous devons être gouvernés ?
Aussi voyons-nous tous les crimes impunis...... »
Ne pouvant supporter plus long-temps un pareil
brigandage , la garde nationale demande la dissojution
( M* )
de tout \si,.,clubs établis dans la capitale ; mais noua
les assurons bien d'avance que le M&Hfeot n'en fera
rien.. • ' y • .,
MÉLANGES.
'. A V t B M I 6 » * ,.'
AiRr Avec les jeux dans U I^Slâ^t', "'" ' i.
Vous, en qui la France alarmée • . ,ir .'
Fonde son espoir & ses vœux, .
Guerriers Français , brillante armée ,
Qui vous retient loin de ces lieux?
Ah ! contre une ingrate Patrie
Est-ce un crime de s'élever ?
Quand elle enfante l'anarchie ,
La combattre , c'est la sauver # • i».
i «oceexo
Au sein de la neige & dos glaces
Précipitez vos escadrons ,
Bravez de bruyantes menaces ,
Et la bise & les aquilons.
Ne craignez point que la victoire 1
S'envole à l'aspect des hivers;
Tous les temps sont bons pour la gloire ,
Et les lauriers sont toujours verts.' ' hs.
f -«eaCKO
Guerriers , la mort est-elle à craindre
A qui combat pour ses foyers ?
Le héros se croit-il à plaindre
Quand il tombe sous des lauriers?
Mourir, c'est rettdre à la Nature
Un bien qu'elle nous a prêté ;
Mais quand on meurt sotis son armure J ; ;
' '-'^Cert riaîtr» a l'i»iB0tfialit«» ; • i -v ht».
On -parloitdernièrement dans une société ., d'un Régi
ment de Cavalerie qui laîssoit croître ses moustaches ,
comme l'on fait aux approches d'une campagne.' Une
personne de cette société demanda à un Capitaine de
la Garde Nationale qui venait de manifester la plus
grande envie d'aller contre les Emigrés : Monsieur lais-
scr<t-t-il croître ses moustaches ? — Oui , répand le brave
National , au C. —- Monsieur se prépare dont à mon
trer le derrière ?

ManiPeste des Frihcis

Contre le repaire infernal de U Jacoquiniire*


Ennemis du Giel & des Rois,. .. -.,.'<.
Dans l'excès de. votre délire ,
Aux dignes soutiens de l'Empire,
Vous osez prescrire des loixi, :.. . i
Et vous les menacez du poids
De votre risible colère !
Eh ! quoi ! scélérats Jacob. . .,
Infâmes brigands , vils coquins , ^ . lv/
Vous nous déclarez donc. la guerre ,
Comme de lâches assassins !
Soutenez , jusqu'au bout , cette attitude fièie ;
Vous en aurez besoin , ètr tous les Souverains
S'appiétentà venir, arttès de leur torfherre ,
Punir vos attentats contre tous les humains<:'
Vous sere» écrasés comme des vers de terre.
Tremblefc , ridicules faquins ; '[ \
Votre orgueil va bientôt rentrer dans la poussière.

A'vanl que rériergùmêne'CWd ne fut atteint de la


^agfc ami-rcyxle't tl s'atftuaort ; dit-lob , 'à 'Èrissottr,
( »V)
M. Chas* qbï ne veut pas qu'on croye à ce f»'t 'sur
sa parole , a promis de rendre publiques, par la voie
de l impression , les preuves authentiques d'un vol fait
avec effraction par l'honorable Jabino- Carra : ce qui
valut au pauvre diable deux années de prison , d'où
il n'est sorti que sous un plus amplement informé.
Couplets sur l'air de Figaro,
Avec canons & bombardes i
Quand vous voyez approcher
Toutes ces blanches cocardes,
Et de loin escarmoucher ,
Vous vous tenez sur vos gardes ,
Et courez tous vous cacher.
•oaooobd. ' "1
Redoutez- vous quelques atteintes;
Qu'on ne vienne renverser
Cette œuvre sublime & Sainte
Que l'on vient d'édifier ?
Cairnez-vous , soyez sans crainte,
On vient la canoniser
Sur une montre.
Regarde : sur l'émail , cette aiguille courir,
Pendant que celle-ci lentement se promène : . , ,
Mortel , l'une est pour toi l'emblème du plaisir ;
L'autre est l'image de la peine. ,
.,. M.G.T.de V...,.
LEGISLATION.
Seconde race de nos Rois.
Séances des 20 , 21,22,23 & 24 Janvier.
Le Roi Brissot , après avoir exhalé, dans la Séance du
»o , le venin de .sa haine farouche contre la Mauoa
ffAutriche , exhqjtje ^eç .Français de fondre sut, .l'Em
pereur, de briser . spjn . sceptre ainsi que tous ceux des
Rois.de la terre, & d envisager , comme rompus, les
Traitff honteux quittent. la France & l'Allemagne. —-
Sire beugnol plus modéré, se borne à exiger de l'Em
pereur des satisfactions , sur sa conduite; iocons!tjfu-
tioime'.le , & à l'examen, du. traité de . sy,^ e^H.^0"-
narques Dumas & Rpmpnd proposent des négociations ;
mais le, grand Prêtre Fauchet , pour qui la .guerre &
le carnage ont les r^us. doux attraits, veut, que pour
pelotter, en attendant partie , on déclare k guêtre.
pereur, à l'Espagne, ,, aux Electeurs -de,. Tffeug Jk de
Mayence , aux Evêques de Spire kàzfyrentm.Çs pro
îet, digne d'un habitué de çharenwn , extasie les saas,-
culottesqui le couvrent d'applaudissemens.,. Vient ensuite
Isnard ^ le foudroyant, qui s'écrie : de concert ayecles
Belges , les Liegeois & les flfqllandois , pourchassons Jçs
^yrans. Eh! que r^ître Roi,ne foibfijsse pio.iint. Ja 05 :cejte
guerre ! La Vaâon,a Pardonné des fau^s.t^ten^ein.par-
donnerait plus,Roii Ministres , Ge'ne',:auX) tenP%~vout, pour

nôtre, s'v mêler.,- H • .•;, . , „


Qu'on le, lie »JHu,}f,,cmns à son air fuzieux^ ,1-: n
inc « noui/eoit. Tiian n'escalade Ut, depita: .
-vCe* Roiteletsise'ttb/ftit-ils donc 'eiiv§^^4*Nà-
tèon pour outrager avec und telle insoltfrilàe -?ou#"feg
Rois de l'Europe ? — Le gwritl Prêtre Fâucheu raconte ,
le aa , l'incendie àes- prisons de la Fo#6ëy-4e;44ège.Sc
la prise d'une boutique de sucre & de- Café au Fau-
jbourg Saint-Marceau , & propose , pour arrêter la hausse
vraiment extraordinaire de ces denrées , d'accorder
aux étrangers & aux Hollandais sur-tout , la liberté de
les importer en. France. Le Ministre de la guetrfe'se
( 12Û )
plaint du silence de l'Assemblée qui le met dans l*im-
possibilité à"agir,quoiqu'ontoache[au tetmelndîquépour
guerroyer tout l'univers entier. Une Majesté de mar
que & se nommant la Marque, remarque, qui si l'on
ne mec au plustôt en sequestre les bisns-des français'
émj^rés- , la Nation sans-culottes', juttement irritée , ra
vagera , incendiera , exterminerà, '& que telle est là
suprême décision d'un des Souverains Districts du Dé
partement de la Dordogne. Grands applaudissemens des
inculottés tfcr tribunes . à cette nouvelle. Surpris d'une
telle horreur » le Monarque Hubert du Boyel , demande
que la bande, soldée pour àpplaudir, soit rappellëe'à Tor'^
dreleHe répond par des liurlemens , fie le benin la Mar
que remarque encore ingénieusement, que tout celà ne
désigne que la- grande euvie qu'ont les va-nuds-pieds dé
voir la loi -substituée au brigandage. L'eût-«d jamais
cru! — Sire Dumat lit ensuite le projet de Décret dû
Comité militaire sur le recrutement de l'armée , car
pour détrôner les Rois il faut des Soldats, fit qut'pnié
est, des Chefs & de l'argent sur-tout :^e Roi Débrye
trouve que le plan présenté n'a pas le sens commnn;
il enlumine sa critique d'une docte citation sur là ma
nière dont les recrues se faisaient k'Lacedt'mone , fit nous
apprend que ce ne sont pas desVolontaires qui ont porté
û loin l#glowe|fck puissance ià> i:ett« République,,Par
tant „ ^Sa ^Majesté légi>!atiifen ne veut Dctntiqu*io»sfVr«-
Salaires N*t«W3Ux servent au recrute aaeat,Mons TaiV*
lefir est «du, même avis pw «rente-cû «aissMU. Sire AI*
bite rojeMS le vide de l'armée sur la perfidie des Minis
tres, êese^e W4elui 4e la guerre, présent à la 8^ancer.
qui, impassible comme la loi -, écoute de sang- twsd
les brocarts demi *a l'aftiWe. Enfin après plusieurs d4-
bat> la dUçuujpn est jjpufaée. au.toir > 8t il «se do*
<"7)
crété a'ors , «a milieu du plus horrible tumulte , que
l'on pourra recruter l'armée de ligne partoi les Volon
taires Nationaux. — On revient sur ce Décret le 23.
décidé qu'en aucun cas , l'artillerie ne pourra s»
recruter dans les Volontaires. — Sire Guadet est porté
dans le fauteuil Présidental. Des lettres du Départe
ment de Lot & Garonne apprennent qu'un éboulement
a renversé 73 maisons de la Ville de Port-Sainte-Marje»
Les Commissaires civils envoyés à Avignon mandent
que des émissaires ( payés- par les Jacquets ) s'efforcent
de corrompre les troupes pour sauver les coupables
détenus dans les prisons. lis certifiant, & nous l» savions
bien , que tout ce que les soi-disant patriotes SÀtfgnen
ent dit à la barre de l'Assemblée , n'est qii'un. tissu
d'impostures inventées par ces scélérats en faveur des
prisonniers leurs complices. -. • .J';
. ' Un nommé, surnet Prêtre-jnreur s'est présenté à la
barre avec la veuve Lidic Kilkam , protestante anglais*
qu'il a épousée. Ce digne Ministre constitutionnel escorta
de sa progéniture a été accueilli avec transport. O honte!
^scan^nç't .': . , Cependant , Sire le Çointre a demandé ,
le 23 ^ que; renonciation de ce fait ne fut point insérée ,
cans le procès-verbal , afin, ajoute-t-il, que les fitna-
tiques , lei pfêtrei fripons , & les Idiots ne crient j>as :
comme si tous les êtres vertueux auxquels le roitelet
le Cointre prodigue ces épithetes si faciles à retorquer ,
pouvaient ne pas être indignés de voir le Manège
devenu l'asyle des.scélérats &des athées. -r I,es Jacobins
d'Arles témoignent leurs inquiétudes sur le sort;' de
tette ville qui a eu la sagesse de se soustraire à la
funeste influence de ces pestes publiques. — Nouvelles
deraaades du Ministre de la guerre pour la prompte
levée de 51 mille hommes pour compléter l'armée qui
doit morigéner tous les rois de la terre ; si on ne te ftàce
pas de lui accorder sa demode, ij ir» chercher la morti
Comme les autres, en qualite de soldat. Cette menace
est suivie d'un décret qui régie la • forme du'mJiUfe-»
ment. — La Municipalite de Kmtayant le MaireV*»»*»;
à sa tête paroifà la Séance du 24 où elle étoit mandee;,
il y rend compte des mouvçmens qui depuis plusieurs
jours agitent la capitale , :5éi:qbe 4ibus avions 'prédits:
d'avance, comme préparés !i& payés par les fecrieuxy
auxquels la cherté vraiment extraordinaire du ( suexe,
n'a servi que de prétexte. Qnci qu'il en soit, la nation
inculottée s't't^raESembiée tarife plusieurs quartiers de?'
ï^tès-.fT» rtt»£oricé des magasins, cassé les vitres du
paiaisi.de . sa . Ma esrçé-nratçl^ande le roi Bosçariiti qui,
n'osant en sortir a écrit au^résideiit pour réclamer une
loi qui ''ft garantisse deiâ fureur du peùple. Sa'requèîe
est rerivo.ee iu .pouvoir exécutif; vient ensuite le
rapport sur les moyens de; détruise les accaparement
du sucre & d'en faire baisfse^. le '^prîx,. Lç r?Pf*rtfBr,
pérore longuement pour erablir qi'il h'én connoît aucun;
les tribunes s'indignent ; Crient , & Sire Ducastel réclame?
l'exécution de la loi qui kur-ihhibt tout signe d'ap
probation ou d^ mécontentemeftt^La discussion cantmue
K & ierntihé» par uit projet de décret qui concilie l'in-,
tétêt pu*lici kitc la liberté -cm'',c6wmerCe. — Ènïïfi'i
enSn».a!pn»:pJusd«. troté wdftWcaptivité , d'angofcs'rti,'
de souffrances, inconnues même sous 1 ancien despotisme,
les victimes de .la fureur-, Jacobite . détenues dans, 'es
prisons îit Cuen , ont été'fugees.'my la Big'tie, est décrète
d'accusation. M- AeManÀêftlli3, mandé à la barre ( pour
la pturijîe£:i sans doute parrifhi présence de ce. preu*
cheyaliir.) , ' $ tpus.^ Içs -i a^trçs.;id^la^s^imiççensl%.,e«
dépit cti'faiïxchef, de tou? Mes infames calomniateurs
de ceWeti-c-inpVï & iwndttVi'nrTÏ clameur tiè làÈmtre 't
lVnj{ik,:nfis; rois à ,18 lwrdsi^j «'t 3*. ••' '• '!
Une"! ?! . A ' VL"\ 1 ' " J"Jt 1
în:Nbtts avtfnS' l'honneur de^'reVen'r nos' abonnés', qui
compter dulpremierFévrierr'ceuxqiii n'auront pas renou-
vellé leur abonnement , ne^ecev^ont plus notre Journal ;
s'adresser
NViffr.'' àû— directeur
'-t- - du^Eurçau
i :n'\ *- , rue, Montmartre,.
•; ; ;_y

"' De r-Imprlmerie de J acoves.Çircvaiid , rut du .


L A RO.C AMBOLE,

' - . o u
»
JOURNAL DES HONNÊTES GENS,

RtDIGÉ PAR COM RÉGIUS ANTI - JACOBINUS.

« line Foi , une Loi , un Roi ».

Du Dimanche 29 Janvier 1792.

SIXIEME CHAPITRE

Du Catéchisme des Rovaiistes.


. D« la fuite du Roi & de son arrestation.

Demande^ Pourquoi le Roi n'a-t-il pas travaillé à


•se; soustraire à l'esclavage?
Réponse. Il l'a tenté vainement. Ce bon Frince étoit
..*.»: si ma! conseill S ; les mesur-îs étoient si mal
1 1 -." prises , qu'il a eu le mallieur de retomber
•£*' . j entre les mains de ses bourreaux , 8c son état
t .:iv. en -est devenu pire.
Tome III. Année 1792 i
Dem. — Le Roi n'a-t-U point manifesté les motifs qui
l'avoient déterminé à prendra ««M» Mu!»
jion ?
Réî. — Pardonnez-moi ; Sa Majesté avoit fait une dé
claration qui contenoit ses protestations contre
tous les actes qu'on lui avoit extorqués du
rant sa captivité.
Dem, — Qu'annonçoit encore le Roi ?
Réi. —• Qu'il ne reparoîtroit dans sa Capitale., que
lorsque son peuple , éclairé par l'expérience ,
respecterent la Religion , les loix , & ne de
manderait d'autre liberté que celle qui est
fondée sur les bases sacrées de la morale &
de la justice. , .
Dem. — Quel jour & où l'a-t-on arrêté ?
Rép. — A Varenkes le 25 Juin , le troisième jour
après sa faite.
Dem. — Quel est le scélérat qui a osé porter ses mains
sacrilèges sur la personne sacrée de son Roi ?
Réf. '»— Ce scélérat se nomme Guillaume Drouet.
Dem. — Quel supplice a-t-on fait subir à l'infâme ?
Rép. — Bien loin de le punir , le Manège l'a gratifié
de la Couronne civique & d'une somme de
dix mille livres.
Dem. —< Qu'est- U arrivé à Louis XVI après son arres
tation ?
Réi. — Ii fut environné par une troupe de canni
bales , qui se disputant le barbare plaisir d in
sulter à son malheur , lièrent avec des cordes ,
sur le devant de sa voiture, les trois fidèles
serviteurs qui l'avoient accompagné. Mais ce
qui affecta le plus douloureusement Sa Ma
jesté , ce fut la mort du vertueux Comte do
\ i . , i• . r • < • , < l
• -- DAitPiERRB , le Dieu tutéiaire de ià contrée'
de Vartnnes ; ce loyal Chevalier i massacré
sous les yeux de son maître , expira à ses
pieds i en priant le Seigneur de pardonner &
ses assassins. Dans. l'impossibilité de décrire
toutes les horreurs dé , cette execrable jour
née i il suffira dé savoir que , les Ordres du
.. ' Général du six Octobre, Chef delà houvelle
expédition , furent entièrement exécutés , &
qUe de VàrennES , à Paris , ori fit boire i
Louis XVI , jusqu'à la lie , le calice des soufe
frantes & de l'opprobre.
Dfeii. w* Comment fut-il traité par le Manège ?
rlÈP. — Le Manège lui fit subir Un interrogatoire èarii
sa prison , & on faurait traité comme les CaU
Vinistes Paritairh traitèrent Charles 1er, Roi
d'Angleterre , si les menaces de l'Europe indi
gnée n'àvoiçnt retenu le bras des bourreaux
prêts à le frapper.
DeM. — Quels moyens employèrent les ennemis de Si
Majesté pour se tirer d'embarras ?
Rép. — ils firent dire au Roi qu'il s'étoit trompé , cil
croyant que la Constitution ne plaîspit qu'aux
factieux qu'elle â enrichis, & l'obligèrent à
déclarer à tous les potentats qu'il étoii par
faitement libre ; qu'il aiirtbit TARGijTET'tË ivté
fureur ; qu'il vouloit qu'on le crût absolument,
à peine d'encourir sa malveillance.
BêM. — Quel jour la Providence a-t-elle fixe' peur tï*
tirer ce Prince' de l'opprobre & le rétablir*
corrïme Job dans toute- sai gloire & si splefl*'
• deur?
%£F< — Le jour auquel U Cofrte tArt&ht art^M*
la foudre , paroîtra à la tête de la Noblesse
& de l'élite des bons Fiançait.
Dem. — Quel jour s'est- il évadé de sa prison?
Rér. — Le 22 Juin 1791.
Dem. — Que fera- t-il alors?
Rep. — Il ramenera la concorde & la paix, remettra
!. en vigueur les lois & la justice ; protégera les
S' • '• fidèles serviteurs du Roi , & punira les Jaco-
' bins & les factieux du Manège.
Dem. — Quelle sera la récompense des Royalistes ?
Rep. — Les Royalistes jouiront de la satisfaction la
plus pur;; celle de voir le meilleur des Rois
".' . rétabli sur le premier trône du monde.
Pem. — Quelle sera la punifion des Jacobins ?
Rep. — Les Jacobins seront livrés à l'exécuteur des
hautes œuvres , qui , au grand contentement
: .de tous les gens de bien , leur expédiera au
^ . ^out d une corde dei pssse-ports pour aller
planter l'étendard de la Révolution dans l'Em-
,.' . ...pire de Bc'elzébut.
NOUVELLES POLITIQUES,
Les nouvelles du jour confirment tout ce que nous
avons dit de la marche des troupes , & des grands pré
paratifs de guerre qui <e foit chez l'étranger. L'armée
du Roi de Prusse composée de 40 mil'e hommes est ar
rivée . & fait partie de celle commandée par le Géné
ral Bender qui est de 120 mille hommes.
On assure d'un autre côté, que les Ambassadeurs
de la faction feuillantine sont arrivés en Angleterre ,
qu'ils ont tenté par les offres les plus brillantes de sé
duire M. Pitt , & de l'attacher au char de la Cons-'
ÙQitÎQfl Française^ ^ ,^ *Aâ
t ml
Mais que ce Ministre indigné de leur présomptueute
audace a répondu : la Nation Anglaise est trop brave (s
trop généreuse pour ne pas recevoir avec horreur vos
odieuses propositions. Alle% , dites à ceux qui vous ont
envoyés , que la Grande-Bretagne ne s'abaissera jamais à
traiter avec un peuple de factieux & de révoltés , ni à
écouter des espions & des parricides. Dispense\-vous de»
vous présenter au Roi. Le même soir, la maison des
Ambassadeurs feuiliantins fut investie par le peuple , ce
qui les a forcés de se cacher & de s'évader. Le fils du
Marchand épicier de Muret en Languedoc le nommé
Bonne Carrete , .n'a pas été mieux accueilli.
Fendant que l'infâme Rab. . . . manœuvre en Angle
terre, les Protestans suivent de point en point le plan
de persécution qil'il leur a tracé contre les catholiques-
II existe encore aux environs de Nismes , une ville qui
n'a point subi le joug des Calvinistes. C'est contre cette
Ville que leur rage se déploie. Ces monstres , dont les
mains sont encore teintes du sang de leurs concitoyens
& «les malheureux habitans du comté Venaissin , furieux
de n'avoir pû. réussir à faire évader les complices & les
compagnons de leurs crimes^, que la ville d'Avignon tient
dans ses cachots , brulent de se baigner dans le sang
des Citoyens de la. ville d'Arles , & c'est pour y être
autorisés , qu'ils ont déployé de nouveau le Manteau aux
trois couleurs , (i) en accusant dans une adresse lue au

(i) î£ous avons déjà eu occasion d'observer , que dans


les instructions données par Rab. . . aux Protestans de
îlismes , il leur écrivoit : « permettez-vous tout ce que
vous vouflrez ; mais cachez toutes vos actions du man~
teau aux trois couleurs, »
(*?#;) j
Manège , la yH'e d'Arles . d'avoir des projets de contre*
révolution.
NOUVELLES ï N T É R f EUR E S,
, Faits ii gestes à: s Schhinciiques intrus.
Le sieur Franehet , Curé de Mamans en Foiii( , Dio
cèse de Lyon , s'est marié le 3 Janvier avec sa servilite,
Voici, comme en faisant le prône, il a, annoncé son
Mariage.
« Mes frères , je sais que le bruit de la groîsesse de
ira servante commence à se répandre dans ma pa
roisse ; je me crois obligé de vous dire que c'est de mon
fait; & ç}e vous annoncer, que pour réparer lo scanr
dale , je me . marierai avec elle mardi. Je vous Invite
aux noces. Vous y auiez abondamment de quoi boire
& manger ». Au jour indiqué, le s-acrilége intrus t après:
avoir dit la messe, prend le surplis, l'étoile, s'age
nouille devant l'autel . à côté de sa servante & reçoit
la bénédiction nuptiale deç mains d!un Prêtre de même,
alçtt. . .
L'Abbé Desplanques , Prêtre Normand & Jureur, vient
aussi de se marier dans la %ouraine ; mais l'Evêque
constitutionnel a refusé de concourir à son mariage.
Vous donnerie\ à penser, lui dit-il , que la Religion est
' changée. —- Doutez-vous quelle le soit , réplique le sieur
Desplanques , si la Religion n'e'tsit point changee, vous:
ne setieç point ici. A défaut de Prêtre qui veuille le
marier , l'Abbé Desplanques se rend devant les Muni
cipaux & déclare , qu'à la face du Ciel , & au nom de.
la Nation, de la Loi 6- du Roi, il prend la nommée»
Aiicc pour son épouse. Les épousailles sont suivies d'un
festin auquel assistent la Municipalité & plusieurs Prê
tres constitutionnels.
d?5)
Tandis que ces derniers sont par-iout l'opprobre
du Sacerdoce , la honte des mœurs & l'objet du mé
pris public , il est bien consolant pour nous . de pou
voir fixer nos lecteurs sur les sublimes vertus des fidèles
Ministres de Jésus-Christ. Dans le nombre infini des
honorables victimes qui souffrent , pour la gbire de son
nom , toutes les horreurs de l'indigence , on en a reconnu
deux dans Paris ; l'un faisant le métier de porteur d'eau ;
l'autre , au service d'un Maçon , & rapportant le soir ,
à sa mère infirme & octogenaire , un salaire gagné au
péril de sa vie. Que pourrions-nous dire à cet égard
qui ne fut bien au-dessous du sentiment qu'un tel hé
roïsme inspire à toute ame honnête & chrétienne.
' Le Çuré & le Vicaire tfOuliias, dans le Départe
ment de Lyon , ont publiquement rétracté leur serment.

Thermomètre de Paris.
Les excès auxquels les sans-culottes se sont livrés
contre quelques Marchands épiciers , en faisant craindre
avec raison de bien plus criminels , ont enfin déterminé
le corps administratif à 'prendre des mesures vigoureuses
pour les prévenir. Le drapeau rouge est déployé ; les pil
lards sont au désespoir. Quoi .' disent-ils ; est-ce ainsi
que l'on traite les bons Citoyens ? ( car c'est ainsi que
la plus vile canaille se qualifie.) Est-ce ainsi qu'on
reconnoît les services que nous avons rendus à la Cons
titution î N'est-ce pas nous qui avons balayé les Nobles *
le Clergé , la Religion , la Monarchie & l''Aristocratie ?
Eh 1 pour qui avons - nous donné la chasse aux proprié
taires des richesses, des honneurs & des dignités de
l'Etat ? Est-ce pour enrichir un coquin d'André ? ... *
Four qui aroas - nous dépouillé tant d'honnêtes gens &
les avons -nous condamnés sans pitié, i l'abjection &
à l'indigence ? N'est-ce pas pour nous? .Eli! qu'a-t-o»
fait de leurs dépouilles * 5c ce be.i& de l'Eglise, qu'on
disoitétre 'e \ auiuichie. d~i pa.vrcs '. Qa; veut-on faire
enfin de nous ?...i. .Gc que l'on a fait dss biens de
l'Eglise. ........ I,s ont. seivi à »ngrai stries sacri-
Jéges spoliat»urs. A i'ég<rd de tau , p;up e insensé qui
fus l'.nsirument de taot de c iuies , on te considère
coi:me un ba ai usé qui n'est pW bun à rien. Le re
but , une mi ère sans rc. source sont ton. partage; ne te
plains pas de ton sort, tu l'as bi.n mérité.
M. Pètion i Maire àe,P,aris, accuic d'être du nombre
des accapareurs de sucre-, avoit f:<u affilier, une notice
pour se disculper de cette. inculpation. Plusieurs.çitoyçns
viennent de lui répondr^par un placard affiché sur tous
les irurs d' P*-ix , dan» lequel , entre bien c'autres
choses , on lui reprocne » ..on l'accaparement du sucre »
mais sa blamable nc-nclià-ance à remp'ir-son devoir dans
les trcub'es qu a excités a cherté subite de cette den
ié* nonchalance b'en. au-dessus de celle de so!p- pré-
déces et r BaUlv. Brutus doit-il donc dormir quand Jat
République est en danger.
SABBATS JACOBITES. :
sous la Clochette de Frire Guadet. i .. .

. Séance du 20 Janvier. . • ..
Les Sabbats d.s Jacoquins offrent plus que 'jamais le
ridicule spectacle de quelques grimauds , qui montés
sur les échasses de la folie, s'efforcent d'inoculer à
leurs adeptes , l'amour de la révolte & la harhe des
Rois. Telle, le poète latin nous peint la furie Alect» ,
Un tison à la main, che%^ le Roi Latinus-.p ...
.î Soufflant la rage au sein o'Amate b de fuMVS*.
- t 137 ] .
d'accord sur les principes , mais divises dans les moyens
de traiter les chefs des Nations , comme le fut jadis le
Roi des AmaUcues (1) , & d'asseoir leur tyrannique
domination sur le bouleversement du globe ; les diffé
rentes opinions de la Jacoqainaille produisent par fois
des scènes comiques. Telle est celle qui distingue le
Sabbat du ao. — Le grand Brissotinus , depuis quelque
temps en guerre ouverte avec le Général Robespierre ,
s'élance dans l'infernale tribune , tousse , se mouche,
crache , pousse un profond soupir & dit : se peut-il
donc , illustrissimes régénérateurs de l'espèce humaine ,
qu'il me faille encore une fois répondre au terrible Ro
bespierre ? N'ai-je pas porté au faîte de l'évidence l'ab
solue nécessité d'aller moriginer dans ses propres Etats
l'insolent Léopold, qui s'avise de méconnoître la sou
veraineté Jacobite .3 N'ai-je pas prouvé par A, plusB,
qu'il est impossible d'atteindre notre but , tant que
l'Empereur , en vertu du traité de 17 56 avec la Cour
de France , se mêlera de nos affaires ? Je soutiens
donc , mordicus , en dépit de notre Général , qu'il faut ,
& plus tôt que plus tard , attaquer , vaincre Léopold ,
& le forcer à reconnoître notre suprématie sur tous
les Rois de l'univers. Mais à propos de tous ces petits
êtres-là , qui ne sont rien à nos yeux , n'étant poiiit Ja
cobins ; le Révérend Robespierre veus a promis, mes
chers frères , de grandes dénonciations contre moi :
voyons, morbleu ! comme il s'y prendra , car tout comme
lui, je crois pouvoir me dire : innecens tua sceleritfue
purus. Oui , mes frères , mon ame a la même trempe
d'innocence , que celle de Robespierre , & pour vous en

(1) Tout le monde sait que ce Roi lommé -Agag ,


fut tue & coupé en morceaux sous le règne de Saul,
( ij* )
convaincre , contemplez-moi d'abord depuis mcn intro
nisation. Supprimant ici tout ce que je ne dis pas , voyez
mon beau discours à l'Assemblée Nationale ; mes lon
gues 8t doctes dissertations sur nos florissantes Colo
nies , & contre les Ministres , où se peignent ma can
deur , ma francliite & sur-tout mon incorruptible im
partialité. Rétrogradant ensuite , comme l'horloge d'A-
ena^, admirez ma conduite avant le déplorable mas
sacre du 17 Juiilet; jour à jamais exécrable, où tant
d'illustres patriotes virent, au champ de Mars, leurs
lauriers transformés en Cyprès. Avant cette fatale décon
fiture , e voyois la Fayette , & m'efloiçois de souffler
dans son ame le feu sacré du patriotisme , pour l'en
gager à soutenir le peuple. le croyois la Fayette capa
ble d'atteindre à la hauteur d: sa destinée, & d'élever
les Jacobins à la hauteur de celle qui les attend. Mais *
hé'as! le dirai-je! Il me trompa, & plus sot qu'un
dindon , n'en pouvant tirer ni pied ni aile , Je roftitfls
brusquement avec lui & ne l'aï plus revu Miis
pour trancher court, continue l'immaculé Brissot,
supplie l'illustre Robespierre de terminer une querelle
scandaleuse qui nous expose à la risée publique
Opùme , s'écrie un pacifique frère , optimè. Au fait , de
quoi s'agit-il? Notre Général veut qu'on attende pour
assommer l'Empereur qu'il entre en France, & son
Aîde-de-Camp brissot, qu'on aille le détrôner dans
Vienne Tenez, nos vénérables , vous ressemblez
d'après nature aux deux voleurs delà fable qui segour-
moient pour un âue enlevé; l'un rouloit le garder,
l'autre vouloir le vendre Eh! qu'importe que ce>
soit en France ou en Germanie , que Leopold soit vaincu ,
dès qu'il ne peut nous écliapp*r , d'après nos sublimes
«Jeere». . . .Terminez donc , mes frères x vos futiles dé
( i19 >
bits ; allo** , qtie l'on s'embrasse. — Et voilà qu'i
l'instant, Robespierre & brissot, chatouillés par l'amour
fraternel , s'élancent dans les bras l'un de l'autre , pieu*
rcnt comme des veaux ; se lèchent, se flattent , se bai
sent & rebaisent au grand contentement de tous les
Çabbatistes , & au bruit effroyable de leurs applaudisse*
mens. — Après cette grotesque farce, frère Rouille ou
vre la bouche & dit : je n'ai rien à ajouter au dis
cours du grand brhsotinus , si ce n'est , qu'on ne peut
aller guerroyer sur les terres d' Allemagne & d'Espai
gne avec des assignats , il faut de "argent qui montera
à 80 livres pour cent , & le royaume est ruiné. Par
quelle fatalité , interrompt frère Doppet , ne nous en
tendons-nous guères plus que les maçons de la tour de.
Babel ? De quoi s'agit- il ? Nul doute que nous ne veuik
lions tous le bien public; eh ! bien , pour consommer ce
noble projet, l'espoir de la Nation Jacobite , il faut
anéantir les ennemis de la Constitution , & mon avis
n'est point d'aller la jouer contre des victoires dan*
l'étranger. De la prudence , frutres , & point d'enthou
siasme. Tout comme vous je brûle d'envie de voir l'uni
vers Jaçobinisè , Léopold dépouillé, tous les trônes ren-*
versés & les Dom Quichottes d'outre-Rhin bernés comme
$ancho pança , mais je voudrois avant purifier notre
sol des cyclopes aristocrates qui dans leurs labyrintes
ténébreux forgent journellement des fers ; je voudrois le
purger de ce conseil perfide , où pour cacher le bruit des .
poignards qu'on agite , on éblouit l'œil de la surveil
lance avec des masses d'or ; de ce Comité secret , qui
vomit chaque jour des torrens de poison. ... On nous
a comparés à un voyageur qui sur un grand chemin
voyant plusieurs voleurs prêts à fondre sur lui , ne doit
pas attendre leur réunion pour les combattre» Mais , .
( I4Ô )
mes frères, si ce voyageur ètoit en même temps assnrg
d'avoir un assassin à ses côtés , & marchant avec lui, ne
seroit-il pas prudent alors dE sE dÉFAIRE dE sON COM
PAGNoN de vovage.*, avant de s'exposer à lutter avec
les aulnes.? . . . . Js ne suis pas embarrassé de trouver
ce qui convient à noire position ; îe ne suis que surpris
de voir qu'il, soit necessaire de le dire Ainsi donc,
tygres f.roces , détestables antxopophages , monstres
nés poux k malheur des humains; c'est dans le sang*
. ]e* plus pur que vous voulez vous frayer une route
au plus affreux despotisme ; mais tremblez, le Ciel s'ap-^
prête à punir vos forfaits ; votre règne est passée

M É L A N G E S. ..
Epigramme*. .
Caligula , grand Empereur, -, .. •
Fit son cheval Consul de Rome } nisïfiî
Mais nos Jacquets da*is leur fureur q ii^n
Ont bi«n plus fait que ce grand homme
Car il nous ont , tout d'une voix , ,
Donné sept cens ânes pour Rois. •„ • ; •

: La proclamation faite dernièrement par les Municipes


de Paris , au sujet des troubles qu'a excités la cherté
da sucre, commençait ainsi : citoyens, c'est vous qui
ave% cxÊÊla constitution ; vous deve% la soutenir , &c. &c...
A ces mots , un quidam mêlé dans la foule des Badauds
s'adresse ainsi à son voisin. Dis donc , camarade , est-ce
qué tn as fait la constitution? .... Ma foi non.
— Et toi, dit-il , à un autre? . . . . Même reponse. —
Eh .' que nous chantent donc ces b. . . . . d'enjôleurs ?
Le beau chien d'ouvrage que nous aurions fait là ! Une
y

(14O
Constitution qui fait crèter de faim tout le monde. Tette% ;
camarades , m'est avis que je ferions bien dal'er chercher
nos bons Princes , la 'Noblesse , les Evèques ii -le Parle
ment , tr d'envoyer au diable toute cette canaille-là. Ce
propos f tenu assez haut pour être entendu di-s Mun:ci-
pes, fut généra'ement applaudi. .. . Ah ! pauvre Tar-
ginette! ...
Le Fleuve et le.s Tomeeaux.
. fable.
Sur les bords de l'Euphrats , un Caliphe puissant ,
De la race des Abassides ,
Sous d'orgueilleuses pyramides
Reposoit éternellement.
Un jour, assis sur^une pierre,
Sadi près du tombeau, revoit profondément;
Quand un Génie , éclatant de lumière,
Protecteur de ce monument ,
Avec fracas s'élève de la terre : —
Que fais-tu là ? dit-il. —« Ce Sépulcre & ces flots
« Des loix de la Nature attestent la puissance ,
« Et Sadi contemple'en silence
» L'éternel mouvement & l'éternel repos. »
- M. G. T. de V
Seconde Lettre de John SplenicIï
:.. A Pont Regius , Redacteur de la Rocambole.
« Mylord Dom Règius, je fis à vous un lettre à mon
arrivé dans le Capitale, contre lefatraon , la biribi', le
femme & le recrochement. Vous le puplîates cians ie
Rocambol, & je demande à vous le même grasse pour
celi-cy. Vous trouverez sans doute nullement ce lét'tre
plus frïnchaise que l'être , pareeque jé prise le grant
t H* )
îkmsAs pour metre de la langue à moi. Je viens au*
fait de la cause du sujet; & je dénonce à vous , My-
lbrd , tnon hote à moi qui vient de faire péyer un demi-
livre de sucre un guinée ; parseq'i! di que le litberté
petmete de vandre le sucre kome on veu. Ge lé de
mandé à venire ché le komissère ki a répondu , en
konjédlant nous sans écouter poin de tout . que le geu
ne valet pas le chandail. Geai repliké que si le . sucre
vale eun guynée , la Komissère ne valoir pas un sche-
ling. — « Vous avilyssé , à dite lui fort grandement
en fureur , le pouvoirs konstitués. » — Et le Carte Na*
cioiale a kondui moi au.citot au prison, où j'é restai
Irai jour pour le polisse-korrectionel , & où l'on volé à
rnoi mon bourse & mes chemiz's pour (n'apprendre à
komprendre à vivre.
Demain tonc, Mylord Dont lUgïus , !e partiré pour
liondon où l'on ne peye point le demi livre 4e sucre
un guiriée ; ou l'on ne vole point le chemiz's pour
avoir dit le Vérité au komissère , & je komprends point
du tout , que le liberté soit une bonne racine à culti
ver en France. » Chez l'hôtel du Prince de Calles à
Paris, 28 de l'année 1792.
Signé John SplekiciCi

On remarque les caricatures suivantes dans le nom


bre de ceiles qui se vendent au Palais royal, 6k dont
des objets plus intéressans nous ont empêchés de
parler plutôt. r e
La première représente l'ex - Monarque Dandré^ mar
chand épicier , dans un pain de sucre qui nage dans)
le sang , avec ces vers :
Dandré, cet épicier de fabrique nouvelle , .
Pour son commerce a tant d'habileté ,
( H3 )
Quïl vient de mettre, avec la liberté.
Son patriotisme en canelle.
On voit dans une seconde le General la Fayeae
marchant à l'ennemi ; il est suivi d'un tambour de
Royal-caca , d'un soldat de Royal-Pituite , & d'un gre
nadier de Royal-bombon : ces redoutables guerriers s'a
cheminent vers les frontières , tenant chacun à la main
une constitution , autrement dit tmigrant dont ils jouent
chemin faisant. Une troisième caricature offre un pay
sage Français , que le Rhin sépare de l' Allemagne. On
aperçoit , au milieu d'un champ, un épouvantail , dont
la tête ressemble au Marquis de la Fayette. Son corps ,
empalé par un long bâton , est armé de ses deux épies.
\\ a un havre-sac sur le dos, d'où sort un papier,
sur lequel est écrit : — La Constitution ou la bourse fir
la vie. On voit dans les airs un vol de têtes , repré
sentant les divers monarques de l'Europe. Ces têtes
soutenues par des ailes , ont l'air de venir voir ce qui
se passe en France ; mais dés qu'elles aperçoivent te'pou-
vantail la Fafettb , elles font vite un contrevol Si se
retirent.
ha fin de la Badauderie aux Prochains. N<".

LEGISLATION.

Seconde race de nos Rois.


Séance du 25 Janvier.
On a décrété , dans la Séance du 24 au spir , qu'il
sera accordé 40,800 livres à l'établissement des mines ;
& 400 livres par an, depuis 1790, à chacun des six
élèves de ces mines. — La loi provisoire [ des Con
seils Militaires a été abrogée. La lecture de plusieurs
adresses , commandées & payées par les Jacobins , a ou
( »44>
vert fastîdieusement la séance du 25, Sire SAvàirouh '
contraire à ceux qui veulent qu'on attaque l'Empe
reur , demande qu on le force de s'expliquer avant toute
œuvre sur la prétendue ligue des puissances contre la
France : &' qu'on attende sa réponse jusqu'au premier
Mars. Le roi Condovret effrayé de cette coalition & de
l'orege qui gronde sur la tête des rébelles, propose de se lier
avec les Anglais , les Polonais, les Américains; mais
nul de ces peuples ne voudra d'une telle alliance , &
l'opinion des Anglais à cet égard est prononcée. —
Arrive le Général Eochambeau, il remercie l'Assemblée
du bâton dont elle l'a gratifié , jure de nouveau de se
faire hacher pour la gloire de la nation , de !a loi &
du roi. Les troupes , ajoute-til , sont p'eires de courage ,
mais elles n'entendent rien au métier de la guerre, ce
qui n'est qu'une bagatelle. Le géneral demande encore
que la paie se fasse en argent & non en papier ; '
voilà le difficile, Le président a répondu au maréchal
constitutionnel : vous êtes accoutumé à combattre & à
vaincre; vous sere^ invincible. Plusieurs n i itaires de la
Vieille-Roche se sont mis à rire & le rouge ds la
modestie a coloré la figure du génira'. En attendant,
on décrete qu'à défaut par l'Empereur de donner pleine
& entière satisfaction à la Nation , avant le premier
Mars , son silence sera regardé comme une déclaration
de guerre. •. ,
Errata du dernier No. feuille 124 , premier vers '
du second couplet , quelques atteintes , lisez quelque
atteinte.

AVIS.
Nous avons l'honneur de prévenir nos Abonnés ,
qu'à compter du premier- février ,i ceux qui n'auront
pas renouvelle leur Abonnement, ne recevront plus
notre Jeurnal. S'adresser au Directeur du Bureau , rue
Montmartre , No. 219 , près du passage du Saumon ,
' à .Paris. ,

De (Imprimerie de Jacques Girouaro , rue du


Bout- du-Monde » K°. 47,
.

\
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