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a

BCU - Lausanne

* 1094 184986*
.1

<

I

CÉRÉMONIAL

DU SACRE

ET DU COURONNEMENT

DES ROIS ET REINES DE FRANCE.


CÉRÉMONIAL I \^

DU SACRE 1

ET DU COURONNEMENT

DES ROIS ET REINES DE FRANCE,

rRÉCÊDÉ D'US DISCOURS PRÉLIMINAIRE DÉMONTRANT L'AN


CIENNETÉ ET LES MOTIFS DE CET ACTE DE RELIGION , ET
LE MAJESTUEUX APPAREIL AVEC LEQUEL IL EST CÉLÉBRÉ ;
Suivi de la traduction de toutes les Prières de cette auguste
cére-monie ; et d'une Table chronologique et historique
du Sacre et du Couronnement des Rois de France de la
deuxième et de la troisième race.

PAR M. A. DE M.

DEUXIÈME ÉDITION.

A A ÇUB

A PARIS,
CHEZ F. DENN, LIBRAIRE,
Rue des Grands-Augustins, n» 21.
M. DCCC. XXV.
Préface.

Jue Sacre de nos Rois est la ce're'monie


la plus solennelle que la religion ait
e'tablie, pour rendre nos monarques '
respectables. Tout ce que la majeste
royale a d'auguste, tout ce que les
richesses des rois peuvent offrir de
pompeux, et tout ce qui peut frapper
les yeux par la magnificence, y est étale'.
Les ornemens même qui revêlent et
decorent les premiers dignitaires du
royaume , excitent l'e'tonnement , par
ce qu'ils ont d'extraordinaire et d'e'loi-
gne' de nos mœurs, et nous retracent
des usages venerables parleur antiquite'.
L'elite de la nation, formee des divers
vj PRÉFACE.
ordres de l'Etat, s'y trouve rassemblée :
les corps militaires les plus distingués,
qui environnent le monarque , annon
cent la force, la puissance, la supério
rité; et tout ce spectacle enfin porte
dans l'âme des sujets la plus grande
véneration pour leur souverain.
Le temps qui perfectionne toutes
choses , a ajouté de jour en jour quel
que nouvelle décoration au sacre de
nos rois. Cependant, quoique les céré
monies soient souvent arbitraires, l'es
sentiel de cet acte n'a point changé, de
quelque pompe extérieure qu'il soit
accompagné. On comprend facilement
que ce spectacle de religion étant aussi
remarquable par toutes les circonstan
ces de son appareil, et étant ordinaire
ment assez rare, il doit attirer un grand
concours : les uns se rendent a Reims,
PRÉFACE. VÎj
flattés de l'espérance d'avoir accès jus
que dans le lieu de la cérémonie; les
autres, pour en voir du moins les
parties accessoires et extérieures , telles
que la marche en ordre de procession ,
qui se fait depuis le palais archiépis
copal jusqu'à l'église, ou bien le festin
royal, etc. : car il n'y a que les per
sonnes qui, par leur rang et leur di
gnité, leurs charges et leurs fonctions,
ou ceux que leur état et leur qualité
font honorer d'une invitation, qui
soient les spectateurs de la cérémonie
du sacre : le reste de la nation ne sau-
roit jouir de ce coup d'ceil.
C'est ce qui a donné lieu aux rela
tions qui ont été faites des derniers
sacres. Mais comme elles n'ont eu pour
objet que tel ou tel sacre en particulier,
il nous a paru convenable, eu égard
viij PRÉFACE.
aux circonstances du temps, de donner
plus d'etendue à ce sujet; de considerer
Cette ceremonie en gênerai; d'en assi
gner l'origine; d'en faire connoître
l'esprit; de presenter les differentes
situations du tableau, telles qu'elles
doivent se trouver dans tous les sacres;
de ne faire mention que des officiers de
la céremonie, sans nommer les per
sonnes; enfin, d'en marquer exacte
ment le céremonial , et de suivre , à cet
égard, ce qui s'est pratiqué dans les
derniers sacres.
Le cérémonial se règle ordinaire
ment par le passé : c'est dans les re-
troacta qu'on cherche les décisions
des difficultés qui naissent entre -cer
tains corps, ou entre de grands offi
ciers, dans les cérémonies publiques.
A l'égard de celles qui s'observent- au
PRÉFACE. IX
sacre des rois, on en trouve l'ordre dans
plusieurs ouvrages que nous avons sur
cette matière. Celui qui nous a paru
le meilleur est une Histoire chrono
logique du Sacre et Couronnement
des Rois de France, par le savant
M. Menin, conseiller au Parlement de
Paris. Elle est le fruit de bien des re
cherches, et on y trouve quantite' de
faits curieux, relatifs a la matière qu'il
traite; aussi nous a-t-elle e'té fort utile.
Nous avons encore eu recours au grand
ceremonial de France, qui fait partie
de celui des cours de l'Europe, et qui
forme le tome Ier du Supplément au

Corps universel diplomatique du


Droit des Gens, ouvrage en cinq vo
lumes in-folio. La relation qu'on y lit
du sacre de Louis XV, se trouve con
forme à celle qui fut imprimee à Pveims,
X PRÉFACE.
avec privilège, en 1722, et dressee par
des témoins oculaires. Avec de pareils
garans, nous ne pouvions nous egarer.
C'est sur de tels memoires que nous
nous sommes re'gle's pour l'ordre des
marches, et pour celui des rangs et des
séances, et qui est exactement le même
que celui observé au dernier sacre.
L'auteur de ce grand ouvrage (1)
déclare, dans sa Préface, qu'il a tiré
tout ce qu'il rapporte du Cérémonial
de France, du manuscrit original de
M. de Sainctot , qui ayant vieilli dans
la charge d'introducteur des ambassa
deurs , avoit déjà travaillé à ce Céré
monial du temps de Godefroy, auteur
de l'ancien Cérémonial François. Il

(1) Duruont, et augmenté parRousset. La Haye,


17 3g.
PRÉFACE. X]
laissa ces memoires à ses fils , qui
lui ont succédé. Dans une matière qui
demande la plus scrupuleuse attention,
nous nous sommes cru obliges de de
clarer quelles sont les sources où nous
avons puise, de peur qu'on ne nous
imputât quelque erreur.
Cette nouvelle description nous a
paru pouvoir être commode et utile à
tous ceux qui assistent au sacre comme
spectateurs. Avec ce petit ouvrage à la
main, ils verront la marche de toute
la ce'rémonie ; ils seront instruits de tout
ce qui se passe; ils suivront dans toutes
ses actions le prelat qui sacre le roi ,
ainsi que dans toutes les oraisons qu'il
récite.
Elle pourra faire également plaisir a
tous ceux qui sont privés de voir cette
cérémonie, et qui, pour bien des rai
XÎj PRÉFACE.
sous , ne la verront vraisemblablement
jamais : ce qui compose la totalité, du
moins morale, des sujets du royaume.
Ainsi, a quelque distance que soit un
François de la ville de Reims, il pourra,
à l'aide de ce Cérémonial, savoir exac~
tement ce que c'est que la célébration
du sacre des rois; et par le détail que
nous lui donnons de toutes les circons
tances qui précèdent, qui accompa
gnent et qui suivent cette cérémonie,
il s'en formera facilement une assez
juste idée.
Il nous reste une observation à faire
touchant les prières et oraisons qui se
récitent dans la cérémonie du sacre.
On ne les trouve qu'en latin dans les
livres qui traitent de cette matière.
C'est ainsi qu'on les lit dans l'ouvrage
de M. Menin, dans le Cérémonial Fran
PRÉFACE. xiij
çois, dans le Rituel même du sacre.
Ces oraisons sont en grand nombre : on
peut les estimer à plus de cinquante.
Elles doivent conse'quemment em
porter la majeure partie du temps de
la cérémonie , et tenir par là les assis-
tans dans une espèce d'inaction et d'at
tente, par la raison que la plupart
d'entr'eux ou n'entendent point cette
langue, ou sont trop éloignés du prélat
qui les récite.
Comme elles font une partie essen
tielle de la cérémonie , nous nous
sommes fait un devoir de les rapporter
telles qu'on les trouve dans les livres
dont on vient de parler; mais par des
égards justement dus à beaucoup de
lecteurs, uous avons cru devoir leur
en donner la traduction. Nous nous
sommes appliqués à cet objet avec toute
Xiv PRÉFACE.
l'attention que demandoil une matière
qui a la religion pour fondement. Qu'il
nous soit permis de faire observer que
la nature de ce latin en rendoit la tra
duction plus difficile qu'on ne pourrait
sel'imaginer,à cause d'un grand nombre
de tours me'taphoriques et d'expres
sions figurées dont elles sont remplies,
et qui se ressentent du goût singulier
qui re'gnoit dans les siècles où ces orai
sons ont e'tè composees. Cependant
nous croyons en avoir rendu le veri
table sens ; mais dans les endroits peu
susceptibles d'une traduction françoise,
nous nous sommes bien plus attaches
au fond des choses qu'à la lettre des
expressions.
Nous osons nous flatter que cette
traduction relèvera en quelque sorte
le mente de l'ouvrage; qu'elle pourra
PRÉFACE. XV
faire plaisir à toutes les personnes qui
assistent à cette ce're'monie , et qu'elle
leur en fera sentir parfaitement l'esprit.
Il y a également lieu de croire que
les rois eux-mêmes verront avec salis-
faction toute cette suite d'oraisons,
qui, présentées dans la langue natio
nale, leur mettront sous les yeux, et
sans aucun effort d'attention, ce que
l'Eglise demande à Dieu dans les prières
qu'elle lui adresse pour leurs personnes
sacrées ; qu'elles rappelleront a des
idées de religion toute leur cour, ainsi
que tous ceux qui assistent à cette
cérémonie imposante, et qu'elles les
engageront a se joindre, aux vœux
ardens et multipliés que forme cette
même Eglise pour le bonheur présent
et à venir de leur auguste souverain,
Charles X, dont l'avènement à la cou
Xvj PRÉFACE.
ronne, comparable à l'aurore d'un beau
jour, a e'te' marque' par des actes me
morables d'e'quitë et de bienfaisance,
sources de la joie universelle qui a e'claté
de toutes parts , et dont le règne s'an
nonce pour être celui de la justice, de
Tordre et du bonheur de son peuple.
CÉRÉMONIAL

DU SACRE

ET DU COURONNEMENT DES ROIS


DE FRANCE.

INTRODUCTION.

Institution et ancienneté du Sacre des Rois.


Epoque de celui des Rois de France , et
appareil majestueux de cette cérémonie.

Le Sacre des Rois n'est point dans son


origine une invention de la politique, par
laquelle on ait prétendu concilier à la souve
raineté plus de respect et de vénération : c'est
un acte d'autant plus saint et mystérieux ,
qu'il est d'institution divine.
18 Cérémonial du Sacre
Saùl, le premier roi qui ait reçu l'onction,
la reçut par l'ordre de Dieu. David, Salo
mon, les rois de Juda et d'Israël, fuient
tous sacrés à son exemple ; et la pratique en
dura près de neuf cents ans. On ne la voit
point ailleurs que chez les Hébreux avant
Jésus-Christ. Mais au lieu de l'onction sainte,
il n'y a point de nation qui n'ait observé
quelque cérémonie particulière d'appareil et
d'éclat dans l'élection et couronnement de
ses princes. Toutes, malgré les nuages de
l'idolâtrie qui leur cachoient la véritable lu
mière, l'ont néanmoins invoquée à leur ma
nière, si l'on ose ainsi parler de leurs cultes
superstitieux, pour obtenir au nouveau roi
la force, le courage et la prudence dont il
avoit besoin pour les bien gouverner.
Il est vrai que la cérémonie de l'onction
demeura comme ensevelie avec la monarchie
Judaïque; car on remarque que, ni Cons
tantin , ni Théodose , ni aucun autre prince
chrétien ne l'avoienl point mise en pratique.
Ce fut notre roi Clovis qui la fil revivre
lors de sa conversion à la religion chrétienne.
des Rois de France. ig
Ce prince avoit été élevé, quatorze ans au
paravant, sur le Irône de ses pères à la ma
nière des Germains, ou plutôt des druides
Gaulois , dont les usages subsistèrent quel
que temps dans l'inauguration de nos pre
miers rois. Mais, après avoir été baptisé par
les mains de saint Remi , archevêque de
Reims , il fut oint et sacré roi par le même
prélat
Le testament de saint Remi, cité par
Flodoard, nous insinue , avec assez de vrai
semblance , que les quatre enfants de Clovis
qui partagèrent après lui son royaume, ont
aussi été sacrés. Les autorités ne manquent
pas pour l'assurer expressément de Childé-
berl I , Chérébert, Childéric I, Dagoberl I,
Childéi ic II , Thierri I , Childéberl II , Dago
berl 11. On ne va au-delà que par conjectu
res dans la première race, et les savants nous
laissent dans bien des incertitudes jusqu'au
règne de Pépia. Mais le chaos se débrouille
à cette époque. Les deux races suivantes ne
fournissent pas seulement des preuves plau
sibles pour la cérémonie du sacre; ces sortes
20 Cérémonial du Sacre
de solennités y sont fidèlement marquées
de règne en règne, avec l'ordre des dates, le
nom des villes et celui même des prélats
consacrants.
Pour en convaincre le lecteur, nous avons
recueilli en forme de table, ces époques do
la vie de nos rois , éparses dans nos annales ;
et pour éviter une trop longue interruption
dans ce préliminaire, nous avons renvoyé
cette table à la fin de ce petit ouvrage.
Quoique nous reconnoissions les droits de
nos monarques indépendants de toute céré
monie , et attachés à la seule loi de leur nais
sance , il semble néanmoins, d'après l'usage
constant où ils sont de se faire sacrer, qu'il
manque quelque chose à leur majesté, si l'on
ose parler ainsi , tant qu'ils ne sont pas sa
crés ; ne fût-ce que pour leur assurer la pro
tection du Seigneur, donc l'onction qu'ils
reçoivent est le gage. On peut d'ailleurs re
garder le sacre comme une ratification pu
blique de leurs droits, une confirmation du
premier acte qui les a mis en possession du
trône, une espèce d'alliance spirituelle entre
des Rois de France. ^i
eux el lenrs sujets. Enfin , celte onclion sacrée
semble les dévouer plus particulièrement aux
soins de l'état. Et en effet, jusque dans le
douzième siècle , ceux de nos princes qui
succédoient au royaume, n'étoienl reconnus
roi que du jour de leur sacre : avant cela , le
roi. dormoit, disentnos vieilles chroniques,
et l'autorité royale demeuroitsi absolument
aux grands, ou au régent du royaume, que
leur nom seul écoit marqué dans les actes.
C'est apparemment ce que figure encore cet
endroit du cérémonial , où les deux évêques
pairs , députés pour amener le roi à l'église,
le trouvent couché sur un lit. On tenoit alors
pour maxime, que les rois ne devoient point
être sacrés qu'ils ne fussent majeurs, et la
majorité n'éloit qu'à vingt ans. Charles V ,
par son édit de Vincennes de i3y4, ordonna
qu'elle fût à quatorze; et Charles VI, confir
mant l'édil de son père quant à la majorité ,
établit par un autre édit, donné à Paris en
1 5g2 , qu'il n'y auroit point de temps déter
miné pour le sacre. La loi depuis a subsisté,
et nous avons plusieurs exemples dans l'his
22 Cérémonial du Sacre
toire dela monarchie, de quelques princes
sacres et couronnés en un très bas âge. Saint
Louis fut sacré dans le cours de sa douzième
année , Charles VI dans sa quatorzième ,
Charles VIII au même âge.
Au reste, le sacre n'imprime pas un ca
ractère indélébile, puisqu'il peut être réitéré.
Charlemagne fut sacré roi de France à Saint-
Denis , à Milan roi de Lombardie,à Rome
empereur. Charles le Chauve fut sacré à Li
moges en 854, à Rome en 876, et ensuite à
Pavie. Philippe-Auguste a été sacré et cou
ronné à Reims en 1179 , et couronné, pour
la seconde fois, à Saint- Denis en 1180.
11 faut encore observer que les rois peu
vent êire sacrés par d'autres que par l'ar
chevêque de Reims : témoin Pépin, qui fut
sacré à Soissons en 761 par saint Boniface,
archevêque de Mayence. Louis le Débon
naire fut couronné à Reims par le pape
Etienne IV en 816. Louis VI, dit le Gros,
fut couronné à Orléans par Daimbert, arche
vêque de Sens, le 5 août 1106. Louis VII,
dit le Jeune, fut sacré à Reims par le pape
des Rois de France. 20
Innocent II, le 25 octobre 1171. Il n'est pas
non plus absolument nécessaire que le sa
cre se fasse à Reims. Louis d'Outremer fut
sacré à Laon , Pépin le fut à Soissons , Louis
le Bègue à Compiègne; et sur ces deux ar
ticles, on peut consulter la savante lettre
d'Yves, évêque de Chartres, qui commence
par ces mots : Noverit sancta Romana Ec-
clesia, etc. Cependant ce sont comme des
exceptions à l'usage que l'on peut regarder
comme immémorial, savoir, que ce droit
a toujours été dévolu à l'archevêque de
Reims.
Ajoutons enfin, que, selon l'usage, le
roi doit être confirmé avant que d'être sacré.
Le roi Louis XIII n'ayant pas été confirmé ,
le fut la veille de son sacre dans l'église de
Notre-Dame de Reims, étant présenté par la
reine Marguerite et par le prince de Condé.
À l'égard des cérémonies du sacre , elles
ont souvent varié, comme il paroîl par les
divers formulaires qui en ont élé rédigés par
écrit, par ordre des rois Louis le Jeune,
Louis VIII, Louis IX, Charles V, etc., qu'on
24 Cérémonial du Sacre
trouve dans le Cérémonial François de
Godefroy , tome L
Quoique cette cérémonie ail toujours été
accompagnée d'un pompeux appareil , elle
s'est toujours perfectionnée avec le temps , et
on peut dire qu'elle est devenue aujourd'hui
la cérémonie la plus auguste et la plus so
lennelle de l'univers : en sorte que le sacre
et couronnement des rois de France est l'acte
le plus grand et le plus auguste de la nation.
C'est par cet acte que le prélat q;ji a le droit
de sacrer le nouveau roi, lui donne la sainte
onction , le revêt des omemens royaux ,
étant assisté des prélats, des pairs, des prin
ces et des grands du royaume, en présence
des ministres des puissances de l'Europe, et
aux yeux des sujets les plus distingués de
tous les ordres de l'État.
Les dépenses de cette auguste cérémonie
sont ordinairement très-considérables, et
une infinité de circonstances les rendent né
cessairement telles. Elles tomboient autre
fois sur les archevêques de Reims, tant pour
l'entrée, que pour le séjour et le festin , et ils
des Rois de France. 25
en étoient extrêmement grevés. On raconte
que Guillaume de Joinville, au sacre de
Louis VIII, y employa quatre mille livres
parisis , ce qui peut revenir à quarante-sept
mille sept cent cinquante livres , somme
très-considérable alors : c'est ce qui engagea
ce prince à ordonner que tous les bourgeois
de Reims, ban et seigneurie de l'archevê
que, porteraient leur part des frais, régle
ment qui a passé en usage pendant long
temps, mais que la libéralité des rois a rendu
moins onéreux à la ville par l'exemption de
certains impôts, et par d'autres grâces dont
ils l'ont souvent gratifiée. Aujourd'hui cet
usage est entièrement aboli.

Préparatifs du Sacre (1).

Le roi ayant fixé le jour de son sacre et


d«3 son couronnement, S. M. fait écrire à

(i) Ex Irait du Cérémonial des Cours de l'Europe,


tome 4, du Supplément au Corps universel diplomati
que du Droit des Gens, article 4; du Cérémonial de
France , au sacre de Louis XV.
Nous avertissons ici très-expressément que personne
2
26 Cérémonial du Sacre
l'archevêque-duc de Reims, ou à celui qi i
doit le représenier, une lettre par laquelle
elle lui ordonne de se trouver près d'elle au
jour et lieu marqué pour cette cérémonie.
Une pareille lettre est adressée aux échevins
et corps de la ville de Reims, pour qu'eux
et les habitans se disposent à l'entrée et à la
réception de S. M.
Pendant que celte ville fait ses préparatifs
pour orner ses rues, pour enrichir ses portes
qu'elle change en arcs de triomphe , qu'elle
élève des portiques ornés d'emblèmes, de
devises convenables au sujet, le grand-maî-

ne doit ni ne peut tirer aucun avantage , ni aucune


conséquence des rangs et séances, ni de la disposition
des places , bancs et amphithéâtres dont il est parlé
dans cet ouvrage , non seulement parce que cette dis
position a varié presque à tous les sacres , mais encore
parce qu'il n'y a que MM. les Jgrand-maître et maître
des cérémonies qui puissent régler ces rangs comme ils
doivent être , ayant seuls dans leurs registres tous les
éclaircissements convenables à ce sujet. Mais comme il
falloit nous fixer à un cérémonial , nous nous sommes
réglés sur celui qui a été observé aux sacres de Louis XV
et Louis XVI.
des Rois de France. 27
Ire des cérémonies, suivant !es ordres qu'il
a reçus du roi , marque les lieux où Sa Ma
jesté doit être reçue, et désigne le lieu où
elle doit être haranguée. 11 fait dresser le
trône, préparer les places que Sa Majesté
doit occuper dans l'église, et disposer les
siéges et les tribunes où doivent s'asseoir les
princes , ambassadeurs , cardinaux , prélats ,
minisires, pairs , députés , seig"neurs et offi
ciers, suivant leur rang : on pare des plus
beaux meubles de la couronne les apparte
nions du palais archiépiscopal où le roi doit
loger; on fait aussi apporter du trésor de
Saint Denis les ornemens royaux dont le roi
doit être vêtu et paré en son sacre. En un
mot tous les officiers , soit de la garde, soit
de la conduite, soit de la garde-robe, soit
des écuries et de la bouche du roi, exécutent,
et donnent , chacun en ce qui le concerne,
tous les ordres nécessaires, afin que, pen
dant le voyage et le séjour du roi, rien ne
manque, ni à la sûreté, ni à la commodité ,
ni à la pompe, ni à l'abondance.
28 Cérémonial du Sacre

Décoration de l'église métropolitaine de


Reims , pour le jour et la cérémonie du
sacre, et disposition des sièges, tribunes
et amphithéâtres (i).

L'église, depuis les hautes galeries jusqu'au


bas, tant dans le chœur, que dans la nef et
les deux ailes, est tendue et ornée des riches
tapisseries de la couronne. Le marche-pied
de l'an tel et tout le pavé du chœur, sont cou
verts de tapis de Turquie, et le grand autel
est paré des magnifiques ornemens que le
roi donne la veille de son sacre, avec le
reste dela chapelle. Sur le même autel est
posée la chapelle d'or massif : elle est ac
compagnée de deux reliquaires, dont l'un
est un présent donné par Louis XIV, et
l'autre par Louis XV.
Au bas du degré devantle grand autel, est
posé le fauteuil qui doit servir à l'archevê-

(i) Extrait du grand Cérémonial de France, par Denis


Godefroi , imprimé en l'an i64q ; du Théâtre d'Honneur
de Guillaume Merlol ; et du Sacre et Couronnement de
Louis XIV , imprimé à Paris en 1717.
des Rois de France. 2g
que de Reims, ou au prélat qui le repré
sente, couvert, comme tous les autres bancs
et siéges , de velours violet , semé de fleurs
de lis d'or. Vis-à-vis , à huit pieds, ou envi
ron, dudit fauteuil , est posée une estrade
de huit pieds en quarré, et d'un pied de
haut, couverte d'un tapis de velours violet,
en broderie de fleurs de lis ; et sur celui-ci
est un prie- Dieu , couvert d'un autre tapis,
un fauteuil et deux carreaux , avec un grand
dais suspendu au-dessus, préparé pour le roi,
le tout de pareille étoffe. Au milieu , eutre
le fauteuil de l'officiant , et ledit prie-Dieu
est un grand carreau couvert de semblable
étoffe, sur lequel le roi doit se prosterner
avec l'archevêque de Reims, pendant qu'on
chante les litanies.
Derrière, à cinq pieds du fauteuil du roi,
est un siége pour le connétable, représenté
par le plus ancien maréchal de France; un
autre, trois pieds plus éloigné, pour le chan
celier, et, en son absence, pour le garde
des sceaux ; et plus eu arrière un autre ,
pour le grand maître , le chambellan , et
3o Cérémonial du Sacre
le premier gentilhomme de la chambre.
Au côlé droit de l'autel est mis un banc
pour les pairs ecclésiastiques, derrière le
quel il y en a un autre pour les cardinaux;
plus loin, deux autres pour les prélats qui
n'officient point ; plus bas encore , au-des
sous des pairs ecclésiastiques et-dcs prélats,
sont disposés des bancs pour les conseillers
d'état , les maîtres des requêtes et les secré
taires du roi. Plus haut que le banc des pairs
ecclésiastiques, on en met un à côté de l'au
tel, pour les évêques qui sont chargés de
chanter les litanies, et derrière, deux autres
bancs pour les douze procédans et assistans,
diacres et sous- diacres , chanoines de l'église
de Reims.
Du même côté entre deux piliers, a douze
pieds de haut, est dressée une tribune en
forme d'oratoire pour la reine, quand il y
en a une, et pour les autres princesses qui
doivent l'accompagner; et joignant cette
tribune, on place une espèce d'échafaud
pour les dames de la suite de la reine et
autres de grande qualité.
des Rois de France. 3r
Au côlé gauche de l'autel , vis-à-vis le
banc des pairs ecclésiastiques, est un siége
avec un marche pied de demi-pied de haut,
pour le premier prince du sang, qui doit
représenter le duc de Bourgogne , et contre
celui-ci, un banc pour les autres pairs laï
ques , derrière lesquels sont mis des bancs
pourles maréchaux de France eiautresgrands
seigneurs ; plus bas, pour les secrétaires
d'état, et plus bas en arrière, pour les offi
ciers de la maison du Roi.
De ce même côté, entre deux piliers,
est un échafaud à douze pieds de haut, pour
le nonce du pape, pour les ambassadeurs et
les résidens des princes étrangers invités au
sacre.
Les hautes chaires ou stales du chœur
sont réservées pour les chanoines, à l'excep
tion des quatre premières du côlé droit , qui
sont gardées pour les quatre chevaliers de
l'ordre qui doivent porteries offrandes, et
les quatre du côté gauche, qui sont destinées
pour les quatre barons qui doivent conduire
la sa'nte ampoule.
32 Cérémonial du Sacre
Depuis l'entrée qui est au milieu des chai
res des chanoines , de part et d'autre sont
dressés deux grands escaliers montant au
jubé, de six pieds de large, ayant chacun
un même nombre de marches , couverts par
basd'un tapisde trois largeurs, deux de drop
d'or, et celle du milieu de velours violet, semé
de fleurs de lis d'or, et les accoudoirs de part
d'autre, couvert de pareil velours.
Les chaires des chantres et sous-chantrrs
sont posées des deux côtés, entre lesdils
escaliers et les chaires des chanoines; l'espace
d'entre les deux escaliers demeurant libre
pour l'entrée et la sortie du chœur.
Sur le milieu du jubé, dont lesbalustres
du côté du cœur sont ôtés , est élevé le trône
sur lequel le roi doit s'asseoir après le sacre,
sur une plate-forme de trois marches de haut,
de huit pieds de long, et cinq de large; et
sur laquelle est posé un prie-Dieu sur le de
vant, un fauteuil sur le derrière, et un grand
dais au-dessus ; le tout de velours violet , semé
de fleurs de lis d'or , en tel sorte , que le roi
étant sur son siége, peut être vu, tant de la
des Rois de France. 33
nef, que du chœur, ayant le visage tourné
vers l'autel.
Au-devant du trône du roi, sur le plan
du jubé, est mis un siége pour le connétable,
ou celui qui le représente: à la droite, sur
la seconde marche du trône, est la place du
grand-chambellan de France; et à sa gauche,
sur la dernière et plus basse marche , celle
du premier gentilhomme de la chambre.
Sur une petite estrade ou échafaud, entre les
deux escaliers, avançant un peu dans le
chœur, à plain-pied dudit jubé , est un siége
pour le chancelier à la droite, et un autre
pour le grand-maître à la gauche. Contre les
halustres du jubé qui regardent la nef, à la
droite du roi , est un banc pour les pairs ec
clésiastiques , et à Ta gauche un siége ayant
un petit marche- pied, pour le premier prince
du sang représentant le duc de Bourgogne,
et ensuite un banc posé sur la même ligne,
pour les autres pairs laïques.
Au bout du jubé, au côté droit du trône,
il y a un autel avec un dais au-dessus, où
un aumônier doit dire une messe basse,
*
34 Cérémonial du Sacre
aussitôt que la grande est commencée.
Depuis le jubé jusqu'aux portes collatéra
les du chœur, départ et d'autre, au-dessus
des chaires ou siales des chanoines , sont
dressées des galeries en amphithéâtre pour
toutes les personnes de distinction, et der
rière le grand autel, est dressé un échafaud,
tenant toute la largeur de l'église, pour la
musique du roi, ou, si l'on ne le trouve pas
assez commode pour les voix, la musique
est placée dans la galerie au-dessus des pre
mières chaires des chanoines, du côté gauche,
comme il arriva au sacre de Louis XIV.
Dans l'arrière-chœur, entre le grand-au
tel eteelui qu'on appelle à Reims du cardinal
de Lorraine, on dresse des tables pour les
ornemens des évêques et'des chanoines olïi-
cians.

Des Ornemens Royaux.

Jusqu'au règne de saint Louis, nos rois


ont constamment gardé ces ornemens dans
leurs palais; mais ce prince pieux, par véné
des Rois de France, 35
ration pour saint Denis et les saints martyrs,
protecteurs de la Fiance, les confia au tré
sor de cette abbaye, sous condition de lui
être remis , tant à lui qu'à ses successeurs ,
toutes les fois qu'ils eu feroienl la demande.
Ces ornemens consistent en sept diffé
rentes parties : la grande couronne impé
riale ; Yépée ; le sceptre ; la main de justice;
les éperons; Vagraffe servant à tenir le man
teau royal, et le livre de prières. La plupart,
et entre autres la couronne et l'épée , vien
nent du souverain pontife Léon III. C'est le
présent qu'il fit à Charlemagne le jour qu'il
le sacra empereur d'Occident; et l'épée s'ap
pelle encore pour cela Yépée de saint Pierre;
on l'appelle aussi Yépée joyeuse , parce
qu'elle ne sert que dans les jours de réjouis
sance. La poignée, la garde et le haut du
fourreau, sont d'or massif, et le fourreau
de velours violet, parsemé de fleurs de lis
brodées en or.
La couronne, qui est aussi de pur or,
ebargée de gros rubis, de saphirs etd'éme-
raudes, a un fort grand circuit. Comme son
56 Cérémonial du Sacre
poids et sa grandeur ne permettent pas à
nos rois dela porter, on la soutient sur leur
tête pendant la cérémonie du couronnement ;
et ils en font faire ordinairement deux antres,
d'or et d'argent doré, qu'ils mettent pen
dant la messe et pendant le festin royal.
Le sceptre, la main de justice et les épe
rons , passent encore pour avoir appartenu à
Charlemagne.
Le sceptre a six pieds de haut; Charlema
gne y est représenté en relief, assis sur une
chaire, garnie de deux lions, de deux aigles,
le globe en main; et de la manière qu'on a
coutume de le peindre : le tout d'or massif,
émaillé et enrichi de perles orientales.
La main de justice, appelée en latin
Virga virtutis atque œquitatis , est une
verge, ou bâton d'or d'une coudée , surmon
tée d'une main d'ivoire : il y a de distance
en .distance trois cercles à feuillages tout bril-
lans de perles , de grenats et autres pierres
précieuses.
Les éperons sont d'or émaillés d'azur, se
més de fleurs de lis d'or, et ornés de gre
des Rois de France. 37
nats, avec les deux boucles à tête de lion.
L'agraffe est un losange d'or, d'un prix
inestimable par les pierreries qui la relèvent.
Le livre contient les prières qui sont pro
pres à la cérémonie du sacre : il est couvert
d'argent doré, et les accompagnemens en
sont aussi extrêmement riches. Jamais on
ne change ces ornemens, au lieu que les au
tres , savoir, les bottines ou sandales , la lu-
nique , la dalmatique et le manteau royal se
renouvellent presque à tous les sacres, en
imitant néanmoins, autant que l'on peut,
les anciens. Car, excepté les cérémonies pu
rement ecclésiastiques, il n'y en a guère où
les précieuses traces de l'antirpiité soient
plus respectées cju'en celle-ci : chaque ac
tion , chaque démarche a son principe, fondé
sur la pratique des premiers temps. Par
exemple , l'archesêque de Reims , assisté des
évêques de Laon et de Beauvais, demande
au roi sa protection pour les églises qui lui
sont sujettes, et le roi la lui promet sans se
lever de son siège, et la tête couverte : ce qui
étant fait, les deux eveques soulèvent le roi,
58 Cérémonial du Sacre
Je présentent aux seigneurs assistans et au
peuple, leur demandent s'ils l'acceptent pour
leur souverain ; et après qu'ils en ont reçu le
consentement par un respectueux silence, le
roi prête tout haut le serment du royaume ,
assis, la tête couverte, et tenant les mains
sur l'évangile. On voit ici ks droits d'une
souveraineté héréditaire, que le prince tient
de Dieu seul, et ceux de la liberté publi
que fort sagement ménagés; de sorte que,
sans blesser la dignité du prince, les ordres
de l'Etat sont toujours censés maintenus dans
la possession où ils éloienl originairement
de veiller à la sûreté du nouveau règne, et
de prendre pour cela de certaines mesures
et certaines précautions autorisées par les
lois.
La bénédiction de l'épée nous montre
bien encore quels étoient les sentiments de
nos pères sur le droit de la g'ierre, celui de vie
et de mort, et généralement sur tout ce qui
concerne la puissance du glaive. L'archevêque
la bénit sans la tirer dh fourreau , la met au
roi et la lui ôte en même temps. Après il la
des Rois de France. 3g
laisse nue sur l'autel, la reprend et la pré
sente à Sa Majesté; le roi la baise et la pose
sur l'autel , d'où, l'archevêque la reprend une
seconde fois pour la donner au roi, qui la
reçoit à genoux, et la remet entre les mains
de son connétable ou de celui qui le repré
sente. Il est clair par ce détail, que tout y
marque l'esprit de religion , et qu'on en fait
la première règle du pouvoir le plus absolu
d'ailleurs, et le plus indépendant qu'il y ait,
au monde.

Départ et voyage du Roi pour Reims.

Le jour que le roi a fixé pour se rendre


en cette ville étant arrivé, Sa Majesté part
de Versailles ou de Paris , à sa volonté : elle
est accompagnée de la reine, quand il y en
a une ; de ses frères, si le roi en a, et des prin
ces du sang. Il est escorté par les gardes-du-
corps de quartier , les gendarmes , les che-
vau-légers de la garde, des mousquetaires
gris, des mousquetaires noirs et du vol du
cabinet.
4o Cérémonial du Sacre
Les gardes- dû-corps accompagnent le car
rosse du roi : les gendarmes ferment la mar
che. Après eux suit un nombreux cortège dé
carrosses, où. sont les princesses dela fa
mille et de la maison royale, et un grand
nombre d'équipages, tant du roi que de ceux
des princes , des minisires et des seigneurs
qui suivent Sa Majesté dans loutle voyage,le-
quel est de cinq jours. Les rues ei les fau
bourgs par où passe Sa Majesté pour pren
dre la route de Reims, sont ordinairement
remplies d'une multitude de peuple, qui,
par des acclamations continuelles, et d'au
tres démonstrations de joie, témoigne la
sincérité de ses vœux , pour obtenir du ciel
qu'il continue de répandre sur l'auguste per
sonne de Sa Majesté les bénédictions les
plus abondantes, et que son sacre soit le
présage du pluslongetdu plus glorieux règne.
Le premier jour , le roi va coucher a
Dammarlin,le second, Sa Majesté part pour
Villers-Cotiercts, château apparlenantà M. le
duc d'Orléans, premier prince du sang; le
troisième jour, le roi part de Yillers -Cotte
des Rois de France. 41
rets , et arrive ordinairement sur les trois
heures après midi à Soissons ; le gouverneur
de l'Ile de France se trouve à la porte de la
ville, à la lête du corps des officiers de cette
ville et il en présente les clefs à Sa Majesté ,
qui reçoit ensuite les harangues de ces offi
ciers , celle du présidial, des trésoriers de
Fiance , de l'élection et de l'académie, avec
les cérémonies ordinaires. Le quatrième jour,
le roi va coucher à Fismes , petite ville en
Champagne, dans le diocèse de Reims; et
le lendemain , Sa Majesté arrive à Reims
sur les deux heures après-midi. C'est du
moins ainsi que fut réglé le voyage du roi
Louis 1LV , lorsqu'il alla en celle ville pour
être sacré; car cela peut varier selon la vo
lonté du roi régnant.
Au reste , ce ne sont que fêtes, illumina
tions et réjouissances publiques partout où
le roi passe; et tous les chemins sont bordés
d'une multitude innombrable de peuple ,
qui par leur empressement et leurs cris de
vive le roi! assurent le monarque de leur
soumission et de la sincérité de leurs vœux.
ij.2 Cérémonial du Sacre

Arrivée du Roi d Reims.

Lorsque le roi n'est qu'à une petite dis


tance de la ville, Sa Majesté trouve les trou
pes de sa maison qui éioient campées en cet
endroit, rangées en bataille sur son passade,
et aussitôt elles l'accompagnent dans son
entrée. Le gouverneur de Champagne se
trouve à l'entrée de Reims à la tête du
corps-de ville, et il en présente les clefs au
roi. Sa Majesté y fait sou entrée dans l'or
dre suivant.
Les détachemens des deux compagnies
de mousquetaires , et la brigade de quar
tier des chevau- légers de la garde qui ont
suivi le roi pendant son voyage, marchent
à la tête , ensuite un carrosse du roi, un au
tre carrosse de Sa Majesté, dans lequel sont
le grand-écuyer de France, le grand-cham
bellan, le premier gentilhomme de la Cham
bre, et quelques-uns des principaux officiers
de la maison du roi : les pages de la grande
et petite écurie, le détachement des quatre
des Rois de France. 4^
chevau - légers de la garde, le carrosse de
parade de Sa Majesté, dans lequel le roi est
accompagné des princes du sang. Le capi
taine des gardes-du-corps en quartier est à
cheval à la portière du carrosse , autour du
quel marchent vingt-quatre valets de pied :
les gardes-du-corps qui ont accompagné le
roi pendant son voyage , la brigade de quar
tier des gendarmes de la garde, les grena
diers à cheval, les quatre compagnies des
gardes-du-corps, les chevau -légers de la
garde continuent la marche, laquelle est
fermé* par les gendarmes de la garde. Le
gouverneur de Champagne et le général de
la province marchent à cheval auprès du
carrosse de Sa Majesté : le grand-maître et le
maître des cérémonies , occupent dans la
marche les places qui leur sont destinées dans
les cérémonies.
Le roi ayant passé sous les arcs de triom
phe , traverse la grande rue du faubourg de
Vesle , occupée par un régiment de la garde
et les Suisses , qui sont en haie sous les ar
mes jusqu'à Ja porte de l'église métropoli
44 Cérémonial du Sacre
taine, où Sa Majesté va descendre. Pendant
celte entrée, on entend le bruit des trom
pettes, celui de toutes les cloches de la \ille ,
et plusieurs décharges du canon.

Arrivée du Roi à l'Eglise Métropolitaine.

Le roi est reçu à l'entrée de l'église par


l'archevêque-duc de Reims à la tête du cha
pitre, et assisté des évêques de Soissons,de
Laon , de Beauvais , de Châlons , de Noyon ,
d'Amiens et de Senlis, ses sufliaganis : ces
prélats sont en chape et en mitre , et les cha
noines en chape. Le roi se met à genoux à
la porte de l'église, et après avoir baisé le
livre des Evangiles , qui est porté par l'un
des chanoines, Sa Majesté est complimentée
par l'archevêque de Reims, après quoi le
grand-chantre entonne le répons suivant :

Ecce ego mitto an- Voila que je vais en-


gelum meum , qui voyer mon ange devant
praecedal te, et custo- vous pour vous garder. * Si
diat semper. *Obser- vous écoutez mes paroles,
va et exauji vocem et si vous les observez, je
meam , et inimicus serai l'ennemi de vos enne
des Rois de France. 4^
mis , et j'affligerai ceux qui eio iuimicis tuis , et
vous affligeront, et mon affligentes te affligam ,
ange marchera devant et praecedet te angelus
vous. meus.
f. Israël, si vous écou- -fr. Israël, si roe
tcz ma voix, vous n'aurez audieris , non erit in
point de dieu nouveau, et te deus recens, neque
vous n'adorerez point de adorabis deum alie-
dieu étranger , car je suis num ; ego enim Do-
votre Seigneur. * Si vous minus. * Observa,
écoutez mes paroles.
Le clergé rentre dans le chœur en ordre
de procession , ei le roi , marchant après les
évêques, est conduit à un prie-dieu dressé
au milieu du chœur , sous un dais. Sa Ma
jesté y assiste au Te Deum chanté par la
musique, au bruit de plusieurs salves de l'ar
tillerie de la ville ; et pendant qu'on le
chante , on apporte le riche présent que le
roi fait à l'église de Reims. Le premier
gentilhomme de la Chambre le remet entre
les maius de Sa Majesté, et Sa Majesté va
l'offrir à Dieu en le posant sur l'autel.
Le Te Deum fini , l'archevêque récite
quelques prières, puis il donne la bénédic
tion , et ensuite le roi se retire dans l'arche
vêché. Sa Majesté y reçoit les hommages du
Ifi Cérémonial du Sacre
chapitre de Reims , le doyen portant la
parole. Le corps de viile apporte aussi les
présents ordinaires} et l'université a l'hon
neur de complimenter le roi par l'organe
de son recteur. Le présidial et l'élection en
font de même.

faille du Sacre.

L'après-midi de ce jour, Sa Majesté, ac


compagnée des princes du sang, et suivie
de toute sa cour , se rend à l'église métropo
litaine pour assister aux premières vêpres du
sacre. Elle est reçue à la porte de l'église par
l'archévêque-duc de Reims, en chape et en
mitre, à la tête du chapitre, et assisté des
évêques de Soissons , de Laon, de Beauvais ,
de Châlons , de INoyon , d'Amiens et de
Senlis, ses suffragants : elle va se placer au.
milieu dix chœur sur un prie-dieu , dressé
sous un dais. Les princes du sang sont à la
droite et à la gauche de Sa Majesté ; ses
principaux officiers derrière son fauteuil :
le grand-aumônier à la droite du prie-dieu,
des Rois de France. 47
el les cardinaux invités à la gauche, tous
en rochet et en camail. Derrière le grand-
aumônier sont deux aumôniers du roi en
quartier. Les archevêques et évêques, in
vités par le roi à la cérémonie du sacre,
sont placés près de l'autel, à la droite, et
les places de l'autre côté sont occupées par
les seigneurs de la cour. L'archevêque de
Reims va se placer dans la première haute
stale à droite , et les évêques de Soissons ,
de Beauvais, de Noyon, de Senlis, occupent
les quatre suivantes. Les évêques de Laon ,
de Châlons , el d'Amiens , se mettent dans
les hautes slales du côté gauche : les autres
sont occupées par les chanoines , tous en
chape , et les hasses stales par les habitués
de l'église.
Tous étant à leur place, l'archevêque de
Reims entonne les vêpres du jour : elles sont
continuées parla musique du roi et par celle
de la métropole. Après les vêpres, il y a un
sermon sur la cérémonie du sacre, et pro
noncé ordinairement par un évêque. Après
la prédication , le roi sort de l'église avec les
48 Cérémonial du Sacre
mêmes cérémonies observées lorsqu'il y est
arrivé; et Sa Majesté étant rentrée dans
l'archevêché, elle se dispose par la confes
sion à la sainte cérémonie du lendemain.

JOUR DU SACRE.

Ordre des places ( i ).

L'église métropolitaine étant ainsi dis


posée pour la cérémonie , les chanoines ,
tous en chape , y entrent vers les six heures
du matin : ils se placent dans les hautes sta-
les, à l'exception des quatre premières qu'ils
laissent vicies. Le grand-prieur de l'abbaye
de Saint- Denis, le trésorier, et un des an
ciens religieux qui ont apporté les orne
ments royaux du trésor de cette abbaye ,
sont placés à côté de l'autel, pour être à
portée de livrer ces ornements lors du cou
ronnement du roi. On commence prime;
pendant ce temps- là l'archevêque- duc de

(i) Cérémonial diplomatique des Cours de l'Europe.


Sacre de Louis XV et Louis XVI.
des Rois de France. 49
Reims arrive à l'église : il va dans la sacris
tie prendre ses habits pontificaux , et revient
ensuite à l'autel ; il est précédé du grand-
chantre, du sous-chantre , tenant leurs bà -
tons d'argent, et des quatre évêques qui
doivent chanter les litanies , en chape et eu
mitre. Après ces quatre évêques marchent
l'évêque d' Amiens, sous- diacre, l'évêque
de Soissons , diacre , tous deux en mitre.
L'archevêque de Reims vient après , assisté
de deux chanoines en chape, et destinés
pour les cérémonies. L'archevêque ayant fait
sa révérence à l'autel , s'assied , le visage
tourné vers le chœur, sur la chaise qui lui
est préparée vis-à-vis le prie-dieu du roi. Les
évêques de Soissons et d'Amiens se placent
à ses côtés, et les évêques de Senlis , de
Verdun , de Nantes et deSaim-PapouI, vont
prendre leurs places au côté droit de l'ait-
tel. Le grand-aumônier de France , et après
lui les autres cardinaux invités, tous en ro-
chel , et revêtus de leur chape de cardinal ,
sont placés sur une forme un peu plus haut
que le banc des pairs ecclésiastiques, mais
5o Cérémonial du Sacre
un peu moins avancée. Les archevêques et
évêques invités , sont placés sur des formes
derrière les pairs ecclésiastiques. Après eux
sont les agents du clergé , derrière lesquels
sont les abbés aumôniers du roi, en rochet et
en manteau noir.
Les conseillers d'état et les maîtres des
requêtes invités au sacre, tous en robe de
cérémonie , occupent les formes qui sont
au-dessous de celles des archevêques et évê
ques : après eux sont six secrétaires du roi ,
députés de leur compagnie pour assister au
sacre.
Les pairs ecclésiastiques , conduits par le
grand-maître des cérémonies, étant arrivés
en chape et en mitre, se placent sur un
banc couvert d'un tapis de velours vio
let, semé de fleurs de lis d'or, placé auprès
de l'autel du côté de Pépîlre. Ces pairs sont :
l'évêque-duc deLaon , l'évêque-duc de Lan
gues , l'évêque-comte deBeauvais , l'évêque-
comte de Chàlons et l'évêque-comte de
Noyon. Nous ne parlons point du premier ,
qui est l'archevêque- duc de Reims; sa place
des Rois de France. 51
est ailleurs , ainsi qu'on l'a marqué, parce
que c'est lui qui fait la cérémonie de sacrer
le roi(i).

(i) On prétend que ce fut Hugues Capet qui institua


les pairs de France. Quelques auteurs néanmoins attri
buent leur institution , les uns à Charlemagne , d'autres
à Hugues Capet, et il y en a qui la font descendre jus
qu'à Louis le Jeune. Mais quelque incertaine qu'elle
soit, la plus commune opinion est de les rapporter à
Robert. Ce prince voulant s'attirer les grands de son
état par le titre flatteur et magnifique de pair, comme
s'ils lui ctoient égaux , il les établit pour assister le roi
à sou avènement à la couronne, pour juger avec lui les
causes de fief, pour décider les différends des vassaux ,
pour le conseiller dans les affaires importantes et pour
le servir à la guerre. Les pairs étaient officiers de la
couronne. 11 y en avoitsix ecclésiastiques, qui furent
choisis à la sollicitation des papes, qui étoicut venus
en ce temps-là plusieurs fois en France; et six laïques ,
qui furent choisis parce qu'ils tenoient les six plus
grands fiefs mouvants de la couronne , dont ils étoient
alors propres seigneurs ; savoir : Eudes , descendu de
Robert , possédoit la Bourgogne ; Henri d'Angleterre,
la Normandie ; Thibaut le Vieil , la Champagne ;
Guillaume de Normandie , la Flandre ; Rnymond , fils
d'Alphonse, le comté de Toulouse ; et Guillaume , père
d'Eléonore, le Poitou. Aujourd'hui le nombre des pairs
est illimité.
52 Cérémonial du Sacre
Les trois maréchaux de France qui doi
vent, dans la cérémonie, porter la couronne,
le sceptre et la main de justice , se placent
sur un banc derrière celui des pairs laïques.
Les quatre secrétaires d'état occupent un
banc séparé, et au-dessous de celui des trois
maréchaux de France. Les autres maréchaux
prennent leur place sur une forme qui est
derrière le banc des honneurs. D'autres sei
gneurs se mettent auprès d'eux sur la même
ligne, et sur les autres formes sont les prin
cipaux officiers de Sa Majesté.
Le nonce du pape et les ambassadeurs
invités à cette cérémonie , sont conduits à
leur tribune par les introducteurs ; et ceux-
ci se placent auprès d'eux sur la même ligue:
le reste de la tribune est occupé par un grand
nombre de princes et seigneurs étrangers.
La reine , lorsqu'il y en a une, les princesses
et les premières dames de la cour sont pa
reillement conduites à une tribune élevée au
côté droit de l'autel, par une galerie cons
truite depuis la salle du palais archiépisco
pal. Entre les piliers des deux côtés du
des Rois de France. 53
choeur et dans les galeries en amphithéâtre
qu'on a élevées pour cette cérémonie, sont
placées toutes les autres personnes de dis
tinction.
Vers les sept heures ,- les pairs laïques
arrivent du palaiï archiépiscopal : ils sont
reçus et conduits par le grand-maître des
cérémonies ; ils vont faire à l'autel les révé
rences qui sont d'usage dans les grandes
cérémonies, et vont se placer sur la forme
qui leur est destinée du côté de l'évangile,
couverte de même que celle des pairs ecclé
siastiques. Ils sont vêtus d'une veste d'étoffe
d'or, qui leur descend jusqu'à mi-jambe,
ils ont une ceinture d'or, et par-dessus leur
longue veste un manteau ducal de drap vio
let, doublé et bordé d'hermine, ouvert sur
l'épaule droite; l'épitoge ou collet rond est
aussi bordé d'hermine; il ont tous une cou
ronne ducale dorée sur un bonnet de satin
violet. C'est le premier prince du sang , ou
le prince le plus près de la couronne, qui
représente le duc de Bourgogne; son siége
a tin marche-pied plus haut que celui des
54 Cérémonial du Sacre
autres pairs. Les autres princes du sang,.
selon leur rang, représentent, l'un le duc
de Normandie, l'autre le duc d'Aquitaine,
un autre le comte de Toulouse , un autre le
comte de Flandre, un autre le comte de
Champagne.
Les trois qui représentent les ducs» ont
des couronnes ducales, et les autres qui
représentent les comtes, ont des couronnes
de comtes; ils ont sur leurs manteaux le
collier de l'ordre du Saint-Esprit (1).
Un moment après que les pairs laïque»

(i) Il est bon de savoir ici, qu'il y avoit autrefois en


France trois ducs-pairs et trois comtes-pairs , en même
nombre que les six pairs ecclésiastiques. Les trois ducs-
pairs étoient les ducs de Bourgogne , de Normandie et
d'Aquitaine. Les trois comtes-pairs étoient les comtes
de Flandre, de Champagne et de Toulouse. Mais ces
six pairies ayant été depuis long-temps réunies à Ja
couronne, excepté le comté de Flandre, ces six pairs
ne laissent pas d'être représentés au sacre des rois en
la personne des princes du sang , et au défaut de quel
qu'un d'eux , en celle d'un seigneur de la première
qualité. Ainsi ils assistent à cette cérémonie pour faire
les fonctions qui étoient attachées à la dignité de ces
six pairs.
des Rois de France. 55
ont pris leurs séances, ils s'approchent, ainsi
que les pairs ecclésiastiques, de l'archevê
que- duc de Reims, et ils conviennent de
députer l'évêque-dnc de Laon , et l'évêque-
comte de Beauvais, pour aller quérir le roi.
Ces deux prélats revêtus de leurs habits
pontificaux, et ayant des reliques de saints
pendues à leur cou , partent en procession ,
précédés de tous les chanoines de l'église de
Reims, entre lesquels est la musique. Le
chantre et le sous -chantre marchent après
le clergé, et devant le grand-maître des cé
rémonies, qui précède immédiatement les
deux évêques; ils passent par une galerie
découverte qu'on a construite depuis le por
tail de l'église, jusqu'à la grande salle de
l'archevêché; et étant arrivés à la chambre
du roi qu'ils trouvent fermée, le chantre y
frappe de son bâton. Le grand- chambellan,
sans ouvrir la porte, dit: Que demandez-
vous ? L'évêque de Laon répond : le roi. Le
grand-chambellaq repart : la roi dort. Le
chantre ayant frappé, et l'évêque demandé
une féconde fois le roi, le grand-chambellan
56 Cérémonial du Sacre
fait la même réponse : mais à la troisième
fois, le chantre ayant frappé, et le grand-
chambellan répondu de même, l'évêque de
Laon dit : Nous demandons Louis (r) que
Dieu nous a donné pour roi. Aussitôt les
portes de la chambre s'ouvrent, et ïe grand-
maître des cérémonies conduit l'évêque de
Laon et l'évêque de Beauvais auprès de sa
Majesté, qu'ils saluent profondément. Le roi
est couché sur un lit magnifique : il est vêtu
d'une longue camisole cramoisi , garnie de
galons d'or, et ouverte, ainsi que la chemise,
aux endroits où sa Majesté doit recevoir les
onctions. Par-dessus cette camisole, le roi
a une longue robe de toile d'argent , et sur
sa tête une toque de velours noir, garnie
d'un cordon de diamants , d'un bouquet de
plumes et d'une double aigrette blanche. L'é
vêque de Laon présente de l'eau bénite au
roi , et dit l'oraison suivante.

(1) Partout où le lecteur trouvera le nom de Louis ,


il devra substituer celui du roi qui se fait sacrer.
des Rois de France. 5j
OREMUS.
Diett tout- puissant et Omnipotens sempi-
éternel, qui avez élevé à terne Deus, qui famu
ta royauté votre serviteur lum tuum Ludovicuni
Louis, accordez-lui de pro- regis fastigio dignatus
curer le bien de ses sujets es sublimare, tribue ,
dans le cours de-son règne, quxsumus, ei , ut ita
et de ne jamais s'écarter hujus saeculi cursu
des sentiers de la justice multorum in coni
et de la vérité. Par Noire- mune salutem dispo-
Seigneur Jésus-Christ. nat, quatenus à veri-
tatis tua; tramite non
recedat. Per.
Celte oraison finie, les deux évêques sou
lèvent le roi de dessus son lit, et le con
duisent à l'église en procession, dans l'ordre
qai suit , en chantant le répons Ecce ego
mitto, etc., ci-dessus, page 27.

Ordre de la procession pour conduire le roi


à l'Eglise. .

Les gardes de la prévôté de l'hôtel, le


grand- prévôt à leur tête , commencent la
marche, et précèdent le clergé, qui avoit
accompagné les évêques. Après le clergé
marchent les cent-suisses de la garde, dans
leurs habits de cérémonie, ayant à leur tête
58 Cérémonial du Sucre
leur capitaine, lequel est habillé de drap-
d'argent, avec un baudrier de pareille étoffe
et brodé, un manteau noir doublé de drap
d'argent et garni de dentelles , ainsi que les
chausses retroussées, et une toque de velours
noir garnie d'un bouquet de plumes. Le
lieutenant des cent suisses est vêtu d'un pour
point et d'un manteau de drap d'urgent, et
d'une toque de pareille étoffe. Les autres
officiers sont vêtus d'habits de moire d'ar
gent et de satin blanc. Les hautbois, les
tambours et les trompettes de la chambre
viennent après les cent-suisses. Ils sont sui
vis des six hérauts d'armes , en habit de
velours blanc, les chausses troussées, garnies
de rubans , et leur toque de velours blanc :
ils ont par dessus leurs pourpoints et leurs
manteaux, la cotte-d'arme de velours violet,
chargée des armes de France , en broderie,
et le caducée à la main. Le grand-maître des
cérémonies et le maître des cérémonies mar
chent après. Ils sont vêtus de pourpoints de
toile d'argent, de chausses retroussées de
velours ras noir, coupé par bandes, ayant
des Rois de France. 5o,
aussi des capots de velours ras noir, garnis
de dentelles d'argent , avec une toque de
velours noir , chargée de plumes blanches.
Us précèdent les quatre chevaliers de l'ordre
du Saint-Esprit , destinés à porter les offran
des, et vêtus du grand manteau de l'ordre.
Le maréchal de France, représentant le con
nétable , vêtu comme les pairs laïques , avec
la couronne de comte , marche après; il a à
ses côtés les huissiers de la chambre du roi,
vêlus de blanc , et portant leurs masses d'ar
gent doré. Ils sont habillés d'un pourpoint
de satin blanc, les manches tailladées à plu
sieurs étages, et la chemise bouffante par les
ouvertures; ayant les hauts de chausses,
aussi de satin blanc, retroussés , avec le man
teau de pareille étoffe, doublé de même , les
bas de soie gris de perle, et les souliers
de velours blanc. Le roi paroît ensuite,
ayant à sa droite l'évêque de Laon, et
à sa gauche l'évêque de Beauvais. Le grand-
écuyer de France, qui doit recevoir la toque
du roi, lorsque Sa Majesté l'ôte pendant la
cérémonie, et qui est destiné à porter la
60 Cérémonial du Sacre
queue du manteau royal, marche après le
roi, et derrière Sa Majesté sont à droite le
capitaine des gardes du corps, commandant
les gardes écossais , et à gauche le capitaine
des gardes en quartier ; ils sont vêtus d'habits
et de manteaux très-magnifiques. Le roi est
environné de six gardes écossois , ou de la
manche, vêtus de satin blanc, et ayant leurs
cottes-d'armes en broderie par dessus leurs
habits, et la pertuisane à la main. Le chan
celier de France, ou, en son absence, le
garde des sceaux, son représentant, marche
après le roi, il est vêtu d'une soutane de
satin cramoisi, par-dessus un grand manteau
d'écarlate, avec Pépitoge retroussée et four
rée d'hermine, et il a sur la tête le mortier
de chancelier, de drap d'or, bordé d'her
mine. Le grand-maître de la maison du ror,
portant son bâton à la main, vient ensuite ,
ayant à sa droite et sur la même ligne, le
grand-chambellan de France , et à sa gauche,
le premier gentilhomme de la chambre; ils
sont vêtus tous trois comme les pairs laïques,
et ils ont la couronne de comte sur la
des Rois de France. 6f
lêle; les gardes du corps ferment la marche.
Le roi ayant passé par la grande galerie
découverte , qui est ornée de tapisseries,
les gardes de la prévôté de l'hôtel restent
à la porte de l'église. Les cent-suisses for
ment une double haie entre les barrières
par lesquelles on traverse la nef, et les tam
bours, les hautbois et les trompettes se
mettent entre les deux escaliers qui montent
au jubé.
Lorsque Sa Majesté est arrivée à l'église,
le clergé s'arrête à l'entrée de la nef, ci l'évê-
que de Beauvais dit l'oraison qui suit.
PUIONS. j OHEMUS.
O DiEtr, qui savez que Deus, quiscisgenus
le genre humain ne peut humanum nulld vir-
subsisler par sa propre tule posse subsisterez
vertu, accordez votre se- concede propitius,ut
cours à Louis, votre ser- fa mulus tuus Ludovi-
viteur, que vous avez mis eus quem populo tuo
à la tête de votre peuple, voluisti praeferri, ità
afni qu'il puisse lui-même tuo fulciatur adjuto-
secourir et protéger ceux rio , quanto quibus
qui lui sont soumis. Par potuit prseesse valeat
Noire-Seigneur. - *!>t... et prodesse. Per.
Après cette oraison, on chante le psaume
suivant.
§7, Cérémonial du Sacre
Domine, in virtute Seigneur, le roi se ré
tua lsetabitur rex, et jouit dans votre force , et il
super salutare tuum est transporté de joie de ce
exultabit vehementer. que vous l'avez sauvé.
Desiderium cordis Vous avez accompli les
ejus tribuistiei, et vo- désirs de sou cœur, et vous
luntate labiorum ejus n'avez point rejeté les priè
non fraudasti euin. res de sa bouche.
Quoniam prsevenisti Vous l'avez prévenu de
enm in benedictioui- vos grâces et de vos béné
bus dulcedinis ; po- dictions; vous avez mis
suisti in capite ejus co- sur sa téte une couronne
ronam de lapide pre- de pierres précieuses.
tioso.
Vitam petiit à te, 11 vous a demandé la
et tribuisti ei longitu- vie , et vous lui accordez
dinem dierum in sae- des jours qui s'étendront
culum , et in sseculum dans le temps et dans l'é
sseculi. ternité.
Magna est gloria Sa gloire est grande,,
ejus in salutari tuo; par le salut que vous lui
gloriam et magnum avez accordé; vous l'avez
decorem impones su* revêtu d'éclat et de ma
per eum. jesté.
Quoniam dabiseum Vous l'avez établi pour
in benedictionem in être à jamais la source des
sacculum sacculi ; laeti—bénédictions ; vous l'avez
ficabis euni in gaudio rempli de joie par la vue
cum vultu tuo. de votre visage.- .
Quoniam rex spe- Parce que le roi a mis
rat in Domino, et in son espérance dans le Sei
misericordia altissimi gneur , et dans la miséri
non oommovebitur. corde du Très-Haut, il
sera inébranlable.
Inveniatur manus Votre main trouvera
63
tous vos ennemis; votre tua omnibus inimici»
droite trouvera tous ceux tuis; dextera tua in-
qui vous haïssent. veniat omnes qui te
oderunt:
Vous les ferez brûler Pones eos ut cliba-
comme un four ardent , num ignis in tempore
au temps de votre indi vullûs tui : Dominu»
gnation : le Seigneur les in ira sua conturbabit
consumera dans sa colère, eos, et devorabit eos
et le feu les dévorera. ignis.
Vous exAerminerezleurs Fructum eorum de
enfants de dessus la terre , terra perdes , et se-
et leur race du milieu des men eorum à filiis ho-
hommes. niinum.
Parce qu'ils ont travaillé Quontam declina-
à faire tomber toutes sortes veFunt in te mala ;
de maux sur vous; ils ont cogitaveruntconsilia,
formé des desseins qu'ils quse non potuerunt
n'ont pu exécuter. stabilire.
Vous les dissiperez , et Quoniam pones eos
les mettrez en fuite : à l'é dorsum : in reltquiis
gard de ceux que vous vous tuis praeporabis vul-
êtes réservés, vous les ferez tum eorum.
jouir de votre présence.
Paroissez , Seigneur , Exallare, Domine,
dans tout l'éclat de votre in virtute tua : canta-
grandeur;nous chanterons bimus et psallemus
et nous publierons dans virtutes tuas.
nos oantiques les merveil
les de votre puissance. "
Gloire soit au Père. Gloria Patri.

Ce psaume est continué par les musiciens


en faux bourdon j et dans le même temps
G4 Cérémonial du Sacre
le roi , précédé du clergé , entre dans le
chœur , accompagné des évêques de Laon
et de Beauvais; et s'étaut mis à genoux
au pied de l'autel, l'archevêque de Reims
se levant de son siége, dit l'oraison sui
vante.
OBEMU». PRIONS.
Omnipotens Deus, Dieu tout-puissant , qui
cœlestium moderator, réglez tout ce qui est au-
qui famulum tuum dessus de nous, et qui
Ludovicum ad regni avez daigné élever au trône
fustigium dignatus es votre serviteur Louis; nous
provehere concède, vous supplions de le pré^
quaesunius , ut à cunc- server de toute adversité t
tis adversitatibus , et de le fortifier du don de
ecclesiasticaepacisdo- la paix ecclésiastique , et
no muniatur, et ad de le faire arriver, par
aeternae pacis gaudia, votre grâce, aux joies d'une
te donante , pervenire paix éternelle. Par Notre-
mereatur. Per. Seigneur.

Cette oraison finie, Sa Majesté est con-


duitepar les mêmes évêquesau fauteuil qui est
sous le dais au milieu du chœur. Les deux ca
pitaines des gardes prennent leurs places à la
droite et à la gauche du fauteuil du roi. Le
capitaine des cent-suisses qui a suivi le roi
dans le chœur , prend la sienne au côté droit
des Rois de France. 65
de l'estrade sur laquelle est Sa Majesté. Les
six gardes écossois se mettent plus bas aux
deux côtés du choeur , et le lieutenant , en
seigne et exempt de la compagnie des gardes
écossais, restent auprès dela porte du chœur
pour y donner les ordres nécesssaires : ils
soni \êlus de pourpoints et manteaux de
drap d'argent et velours blanc, et ils ont des
baudriers de pareille étoffe, et des toques
chargées de plumes blanches. Le connéta
ble ayant à ses côtés les deux huissiers de la
chambre portant leurs masses , se place sur
le siége qui lui est destiné derrière le roi , et
à quelque distance. Le chancelier de France
prend place derrière le connétable, à trois
pieds de distance. Le grand-maître de la
maison du roi , ayant son bâton de comman
dement à la main , se place sur un banc qui
est derrière le chancelier, et sur lequel le
grand-cbambellan deFrancese met à la droite,
et le premier gentilhomme de la chambre a
la gauche. Le grand-écuyer de France de
meure auprès et à la droite du roi, et les
quatre chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit
66 Cérémonial du Sacre
nommés pour porter les offrandes, se pla
cent dans les quatre premières hautes stales
du chœur du côté de l'épître.

Arrivée de la sainte Ampoule.

Chacun ayant pris sa place, l'archevêque


présente de l'eau bénite au roi , et à ceux
qui ont leurs séances dans la cérémonie :
on chante ensuite le Veni , Creator, après
lequel les chanoines commencent tierce , et
cet office étant fini, la sainte ampoule arrive
à la porte de l'église (1).
Cette sainte ampoule est portée de Saint-
Remi en procession par le grand-prieur de
la même abbaye , en chape d'étoffe d'or , et
monté sur un cheval blanc de l'écurie du roi ,

(1) C'est une petite bouteille, qu'une tradition res


pectable et des auteurs assez anciens, tels qu'Hincmar,
archevêque de Reims , qui vivoit au temps de Charle-
magne, assurent avoir été apportée du ciel par une
colombe blanche pour le sacre de Clovis. La garde de
ce saint dépôt est confiée à l'abbaye de Saint-Remi de
Reims , d'où on la transporte en l'église métropolitaine
pour le sacre de nos rois , et cette translation se fait
avec beaucoup de cérémonie.
des Rois de France. 67
que deux maîtres palefreniers de la grande
écurie conduisent par les rênes , et couvert
d'une housse d'argent richement brodée:
ce religieux est sous un dais de pareille
étoffe , qui est porté par quatre barons , dit»
chevaliers de la sainte ampoule, vêtus de sa
tin blanc, d'un manteau de soie noire, et
d'une écharpe de velours blanc garnie de
franges d'argent, avec la croix de chevalier
passée au cou , et attachée à un ruban noiiv
Les religieux minimes , tes chanoines de
l'église collégiale de Saint-Timothée et les
religieux de l'abbaye de Saint-Remi en au
bes , précèdent le dais , devant lequel l'aide
des cérémonies marche immédiatement , et
devant le grand-prieur de l'abbaye. Les
quatre seigneurs nommés par Sa Majesté
pour conduire la sainte ampoule, et dont le
rang a été réglé par le sort, marchent à
cheval aux quatre coins du dais , et ils sont
précédés chacun de leurécuyer, portant un
guidon chargé d'un côlé des armes de France
et de Navarre, et de l'autre de celles de leurs
maisons.
68 Cérémonial du Sacre
L'archevêque de Reims ayant été averti
par le maître des cérémonies de l'arrivée de
la sainte ampoule, va à la porte de l'église,
accompagné de ses assistants et avec les cé
rémonies accoutumées, la recevoir des mains
du grand-prieur de l'abbaye, qui, eu la re
mettant à l'archevêque , lui dit ces paroles :
Monseigneur , je mets entre vos mains ce
précieux trésor envoyé du ciel au grand
saint Remi pour le sacre de Clovis et des
rois , ses successeurs y mais auparavant je
vous supplie , selon Vancienne coutume ,
de vous obliger à me la remettre entre les
mains , après que le sacre de notre roît
Louis , sera fait. Ce que l'archevêque
lui promet en propres termes : après quoi
ledit grand prieur lui met la sainte ampoule
entre les mains, et le chantre commence
l'antienne suivante.

O pretiosum mu- O présent précieux. ! à


nus! ô pretiosa gem- pierre précieuse! qui avez
ma ! quae pro unctione été envoyée du ciel, par
Francoruuiregumnii- le ministère des anges k
nisterio angelico ex- pour sacrer les rois de
litùs est einissa. France.
des Rois de France. 6g
f J'ai trouvé David, Inveni David ser-
aaûon serviteur. vum meum.
b[. Je l'ai saer&de l'huile b[. Oleo sancto meo
sainte. unxi eum. -
Pendant cette antienne , l'archevêque ,
précédé de tous les chanoines, rentre dans
le chœur , et va poser la sainte ampoule sur
l'autel; le roi et tous les assistants la saluent
avec respect. Le graud-prieur et le trésorier
de l'abbaye vont prendre place au côté droit
de l'autel, pour y rester pendant toute la
cérémonie , et les quatre barons vont se
placer dans les quatre premières stales des
chanoines , du côté de l'évangile : leurs
écuyers se placent dans les basses stales vis-
à-vis d'eux, et tenant toujours leurs guidons
à la main. .
Le verset, étant fini, l'archevêque, après
qu'on lui a ôté la mitre, dit l'oraison sui
vante :
PRIONS. OREMUS.
Dieu tout -puissant et Omnipotens sempi-
élernel , qui, par un effet lerne Deus, qui pieta-
de votre bonté, avez voulu tistuse dono, genusre-
que la race des rois de gum Francorum oleo
France reçût l'onction perungi decrevisti ;
70 Cérémonial du Sacre
praesta, quaesumus, ut sainte, avec le baume qui
famulus luus rex nos- est ici présent, et que vous
ter, perunctus hâc sa- avez envoyé du ciel au
crâ etprsesenti unctio- saint évêque Renai; faites
ne, sancto pontifici que notre roi, votre ser-
Remigio emissâ divi- viteur, ne s'écarte jamais
nitùs, et in tuo servi- de votre service, et qu'il
tio semper dirigatur , soit délivré , par votre mi-
et ab omni infirmitate séricorde, de toute infir-
mîsericorditer libère- mité. ParNotre-Seigneur.
tur. Per.

Après celte oraison , les chanoines com


mencent sexte, et pendant ce temps-là, l'ar
chevêque de Reims va derrière le grand-au
tel se revêtir de tous les ornements pour
dire la messe : il en revient , précédé de
douze chanoines procédants et assistants,
dont les six diacres sont vêtus de dalraati-
ques et les six sous-diacres de tuniques, tous
marchant deux à deux ; ensuite l'archevêque
officiant précédé de sa crosse, et assisté de
deux chanoines en chapes.
Les procédants et assistants chanoines
prennent ordinairement place sur deux
bancs derrière les quatre évêques qui doivent
chanter les litanies.
L'archevêque ayant fait la révérence à
des Rois de France. 71
l'autel et au roi, va s'asseoir sur sa chaise de-
-vant l'autel, deux évêques demeurant sur
leurs sièges à ses côtés.
Promesses et Serments du Roi.
L'archevêque s'approche ensuite du roi,
€l lui fait la requête suivante pour toutes les
églises de France qui lui sont sujettes.
Demande de M. VArchevêque de Reims
au Roi , pour l'Eglise.
Nous vous demandons A vobis perdonari
de conserver les privilèges petimus, ut unicuique
canoniques, les droits et de nobis , et ecclesiis
la juridiction, dont cha- nobis commissis, ca-
cun de nous et les églises nonicum privilegium,
qui nous sont confiées , et debitam legem , at-
sommes en possession, et quejustitiam conser-
de vous charger de notre velis, -e.t defensioneîu
défense, comme un roi le eshibealis,sicut rexin
doit dans son royaume à suo regno debet uni-
chaque évêque et à l'église cuiqueepiscopo,etec-
qui est commise à ses soins, clesiae sibi commisses.
Alors le roi , sans se lever de son siége
et la tête couverte , répond ainsi :

Promesse du Roi.
Je promets de conserver Pkomitto vobis et
à chacun de vous, et aux perdono, quod unicui
7» Cérémonial du Sacre
que de vobis, et eccle- églises qui vous sont con
siis vobis commissis , fiées, les privilèges cano
canonicum privile- niques , les droits et la ju-
gium, et debitant le- ridiclion dont vous jouis
gem, atque justitiam sez , et de vous protéger et
servabo , et defensio- défendre autant que je le
nem, quantum potero, pourrai, avec le secours
adjuvante Domino, de Dieu, comme il est du
exhibebo , sicut rex iu devoir d'un roi dans son
suo regno unicuique royaume de protéger cha
episcopo, et ecclesiae que évêque , et l'église
sibi corn missac,per rec qui est commise à ses
tum exhibere debet. soins (1).

Le roi ayant fait celte promesse, les évê-


ques de Laon et de Beauvais soulèvent Sa
Majesté de son fauteuil , et étant debout ,
, 1
(O Le roi de France est la première personne ecclé
siastique de son royaume. En vertu de son sacre , et
comme tel , il promet de maintenir les libertés de
l'église gallicane, et d'en protéger les évêques et autres
ecclésiastiques dans la jouissance de leurs juridictions,
droits et privilèges. C'est ce qui a fait dire à Jean Juvc-
ual des Ursins , archevêque de Reims , à Chartres , en
i 398 , que le roi peut présider au concile de son église
de France , et de l'avis des prélats , des princes du sang
et du concile, conclure au fait des libertés et franchises
de son église, et en faire loi, ordonnance et pragma
tique, et les faire observer par toutes voies dues et
raisonnables.
des Rois de France. 73
ils demandent , selon l'ancienne formalité ,
aux seigneurs assistants et au peuple , s'ils
acceptent Louis pour leur roi ; et leur
consentement reçu par un respectueux si
lence , l'archevêque de Reims présente au
roi le serment du royaume, lequel Sa Ma
jesté, étant assise , et tête couverte , prête
tout haut en latin , et tenant les mains sur
le livre des saints évangiles. Voici les termes
de ce serment :
Serment du Roi.
Je promets, au nom de ïïmc populo chris-
Jésus - Christ , au peuple tiano, et mihi sub-
chrétien qui m'est soumis: dito , in Christi pro-
mitto nomine :
Premièrement, de faire In primis , ut ec-
conserver en tout temps à clesiae Dei omnis po-
l'église de Dieu , la pais, pulus chrislianus ve-
par le peuple chrétien. ram pacem , nostro
arbitrio, in omni tem-
pore servet.
D'empêcher les person Item, ut omnes ra-
nes de tout rang de com pacitates , et omnes
mettre des rapines et des iniquilaies, omnibus
iniquités, de quelque na graiLbus interdicam.
ture qu'elles soient.
De faire observer la jus lient, ut in omnibus
tice et la miséricorde dans judiciis aequitatem et
les jugements ; afin que misericordiam pracci
4
^4 Cérémonial du Sacre
piam ; ut mihi et vohis Dieu, qui est la source de
itidulgeal suam mise- la clémence et de la misé-
ricordiam clemens et ricorde,daigne la répandre
misericors Deus. sur moi et sur vous aussi.
Item, de terra mea , De m'appliquer sincère
ac jurisdictione mihi ment, et de tout mon pou
subditâ, uni versos hae- voir, à exterminer (1) de
reticos ab ecclesia de- toutes les terres soumises
notatos pro viribus à ma domination , les
bonâ fuie exterminare hérétiques , nommément
studebo; hsec omnia condamnés par l'église. Je
supra dicta firmo ju- confirme par serment tou
ramento : sic me Deus tes les choses énoncées ci-
adjuvet, et haec sancta dessus : qu'ainsi Dieu et ses
Dei Evangelia. saints Evangiles me soient
en aide (2).

(1) Cette promesse d'extirper les hérétiques n'a été


eu usage que depuis le concile deLatran, en 121 5.
(2) Le sernient que le roi fait aujourd'hui à ses sujets ,
est différent de celui d'autrefois : car ilpromettoit alors
de conserver et défendre la souveraineté, les droits et
. la prééminence de la couronne de France , et de ne les
t -ansporter, ni aliéner : Superiorilalem , jura , et nobi-
litales loronœ Franciqi inviolabiliter custodiam , et illa nec
transportabonec alienabo. C'est ainsi que se sont exprimés
les rois jusqu'au couronnement de Charles VIII, en
1 484. C'est ainsi que s'expriment encore les empereurs
et les rois de Hongrie, de Bohême , de Pologne , d'An
gleterre , etc. Mais depuis ce temps-là on a trouvé
cette promesse inutile , parce que c'est une suite né
cessaire des autres promesses, qui ne pourroient sortir
des Rois de Fiance. yîi
Après ce serment, le roi prononce celui
de chef et souverain grand-maître de l'ordre
du Saint-Esprit , en ces termes :
« Nous , Louis , par la grâce de Dieu , roi
« de France et de Navarre, jurons et vouons
« solennellement en vos mains , à Dieu le
« créateur , de vivre et mourir en sa sainte
« foi et religion catholique, apostolique,
ce et romaine, comme il appartient à un
« bon roi très - chrétien , et plutôt mou-
ce rir que d'y faillir ; de maintenir à ja-
« mais l'ordre du Saint-Esprit , fondé et ins-
« titué par le roi Henri III , sans jamais le

leur effet, si le roi transportait ses sujets à quelque


autre souverain. Il y a des rois qui ont fait re'diger leur
serment par écrit , et l'ont signé. Louis XI envoya au
Parlement de Paris, dans le mois d'avril i48a, le ser
ment qu'il avoit prêté à son sacre, ordonnant qu'il y
fût enregistré, et exhortant le Parlement à l'acquitter
du contenu de ce serment, en rendant bonne justice à
ses sujets. Henri IY signa de sa propre main celui qu'il
prêta à son sacre , et le fit soussiguer par Baulieu Ruzé ,
secrétaire de ses commandements, et le roi en fit donner
copies pour être déposées dans les archives de l'évêché,
dans celles du Cliapilre,et à l'Hôtel-de-VilledeChartres.
76 Cérémonial du Sacre
« laisser décheoir, ni diminuer lant qu'il sera
« en notre pouvoir; observer les statuts et
« ordonnances dudit ordre entièrement ,
« selon leur forme et teneur, et les faire
« exactement observer par tous ceux qui
« sont et seront ci-après reçus audit ordre,
oc et par exprès ne contrevenir jamais, ni
a dispenser, ou essayer de changer, ou in-
« noverles statuts irrévocables de l'ordre. »
Savoir , le statut parlant de l'union de la
grande-maîtrise à la couronne de France ;
celui contenant le nombre des cardinaux ,
prélats, commandeurs et officiers ; celui de
ne pouvoir transférer la provision des com
mandes, en tout ou en partie, à aucun au
tre , sous couleur d'apanage ou concession
qui puisse être. Item , celui par lequel nous
nous obligeons , autant qu'à nous est , de ne
pouvoir jamais dispenser les commandeurs
et officiers , reçus en l'ordre, de communier
et recevoir le précieux corps de noire sei
gneur Jésus-Christ-, aux jours ordonnés ;
comme semblablement celui par lequel il
est dit, que nous, et tous commandeurs et
des Rois de France. 77
officiers , ne pourront êlre autres que catho
liques, gentilshommes de trois races pater
nelles, ceux qui le doivent être. Item , celui
par lequel nous nous ôtons tout pouvoir d'em
ployer ailleurs les deniers affectés au revenu
et entretien desdits commandeurs et offi
ciers, pour quelque cause et occasion que
ce soit; et pareillement celui auquel est con
tenue la forme des vœux et obligations de
porter toujours la croix aux babils ordinai
res , avec celle d'or au col, pendante à un
ruban de soie de couleur bleu céleste, ei
l'habit aux jours destinés. Ainsi le jurons ,
vouons et promettons sur la sainte vraie
croix , et le saint évangile touchés.
Le roi prononce ensuite le serment de
chef et souverain grand-maître de l'ordre
militaire de Saint- Louis, en ces termes :
« Nous jurons solennellement en vos
« mains, à Dieu le créateur, de maintenir
« à jamais l'ordre militaire de Saint-Louis ,
« fondé et institué par le roi Louis XIV ,
« de glorieuse mémoire, notre très-honoré
« seigneur, et par nous confirmé , sans ja
78 Cérémonial du Sacre
a mais le laisser décheoir , amoindrir , ni
« diminuer tant qu'il sera en notrepouvoir,
a observer et faire observer les statuts et or-
« donnances dudit ordre ; savoir , le statut
a d'union de la grande-maîtrise à la couronne
« de France, celui par lequel il est dit, que
« tous gran d-croix, commandeurs, chevaliers
« et officiers ne pourront être autres que
« catholiques, apostoliques et romains, et de
« n'employer ailleurs les deniers affectés aux
ce revenus , entretien et pensions desdits
« grand-croix , commandeurs, chevaliers et
« officiers, pour quelques causes et occa-
« sions que ce soit , et de porter la croix
« d'or pendante à un ruban de soie couleur
« de feu : ainsi le jurons et promenons sur
« la sainte vraie croix et le saint évangile
« touchés. »
Enfin le roi prononce le serment de
l'observation de l'édit contre les duels, en
ces termes :
a Nous , en conséquence des édits des
ce rois , nos prédécesseurs , registres en no
ce tre cour du parlement contre les duels ,
des Rois de France. 79
« voulant suivre surtout l'exemple de
« Louis XIV, de glorieuse mémoire, qui
« jura solennellement au jour de son sacre
« et couronnement l'exécution de sa décla-
« ration donnée dans le lit de justice qu'il
« tint le septième jour de septembre i65i.
« A cette fin nous jurons et promettons
« en foi et parole de roi , de n'exempter à
« l'avenir aucune personne pour quelque
« cause et considération que ce soit , de la
« rigueur des édits rendus par Louis XIV
« en i65i , 1669 et 167g , qu'il ne sera par
« nous accordé aucune grâce ou abolition
« à ceux qui se trouveront prévenus des-
« dits crime» de duels , ou rencontres pré-
« méditées ; que nous n'aurons aucun égard
<( aux sollicitations de quelque prince ou
« seigneur qui intercédera pour les coupa-
« bles desdits crimes : protestant que , ni
« en faveur d'aucun mariage de prince ou
« princesse de notre sang, ni pour les nais-
« sances de dauphin et princes qui pour-
« ront arriver durant notre règne , ni pour
« quelque autre considération générale et
80 Cérémonial du Sacre
« particulière que ce puisse être, nous ne
« permettrons, sciemment, être expédiées
t< aucunes lettres contraires aux susdites
« déclarations ou édits ; afin de garder in-
« violablement une foi si chrétienne , si
« juste et si nécessaire : ainsi Dieu me soit
« en aide et ses saints évangiles. »

Bénédiction des Ornements Royaux.


Pendant ce temps-là les habits et orne
ments royaux dont le roi doit être paré
en son' sacre, sont mis sur l'autel; savoir,,
la grande couronne impériale de Charle-
magne, la moyenne, l'épée, le sceptre, la
main de justice, les éperons, et le livre de
la cérémonie. Les habits pour le sacre sont :
une camisole de satin rouge, garnie dTor,
une tuniqne et une dalmatique , qui repré
sentent les ordres de diacre et sous-diacre ,
des bottines , et un grand manteau royal de
velours bleu , semé de fleurs de lis d'or ,
doublé d'hermine.
Après que le roi a fait tous ces serments,
l'archevêque de Reims retourne à l'autel, au
des Rois de France. 8t
pied duquel le roi est conduit par les évê-
ques de Laon et de Beauvaisjet là étant
debout , le premier gentilhomme de la
Chambre lui ôte la robe longue de toile
d'argent, qu'il remet entre les mains du
premier valet de chambre , et le grand-
écuyer ayant reçu la toque des mains de
Sa Majesté , la remet entre les mains du
premier valet de la garde -robe, et le roi
reste debout, la tête découverte, et vêlu
seulement de sa camisole de satin. Aussitôt
l'archevêque dit lés prières suivantes :
f. Notre secours est f. Ad/utoïiium nos-
dans le nom du Sei - trum in nomme Do-
gneur. mini.
Vf. Qui a fait le ciel et si. Qui fecit cœlum
la terre. et terra m.
f. Que le nom du Sei f. Sit nomen Do-
gneur soit béni, mini benedictum.
i^. Maintenant et dans v}. Ex. boc; nunc et
tous les siècles. usqne in sa;culum.
■f. Que le Seigneur soit jr. Dominus vobis-
avec vous. cum.
1%. Et avec votre esprit. I^. Et cu-m spirittï
tuo.
PRIONS-. OUEMUS»
O Dieu, qui êtes Tau- Deus inenarrabili*
teur ineffable du monde, auctor mundi, coruli-
82 Cérémonial du Sacre
ter generis humani, ie créateur du genre hu
gubernator imperii , main , qui gouvernez les
confirmator regni , qui empires, et qui en êtes le
es utero fidelis amici soutien ; qui avez choisi
tui palriarchae nostri dans la race d'Abraham,
Abraham prseelegisti re- notre patriarche, votre fi
gem séEculis profu- dèle ami, un roi qui de-
turum , tu praesentem voit faire le bonheur des
regem hune Ludovi- siècles à venir, comblez de
cuni coni exercitu suo vos bénédictions , par l'in-
per intercessionem tercessiondetousles saints,
omnium sanctorum votre serviteur Louis, ici
uberi bene \ dictione présent, avec l'élite de ses
locupleta, et in sol i um armées, et affermissez-le
regm firma stabilitate sur le trône. Visitez-le de
connecte : visita eum votre présence , comme
sicut Moysen in rubo , vous avez visité Moïse dans
JesumNave in praelio, le buisson ardent, Josué,
Gedeon in agro, Sa- fils de Navé , dans le com
muelem in templo , et bat, Gédéon au milieu d'un
illa eum bene ■{■ dic champ , Samuel dans le
tione sidereâ aesapien- temple. Envoyez d'en haut
tiae tua: rore perfunde , sur lui cette rosée de votre
quam beatus David in bénédiction céleste qui
psallerio, Salomon fi- donne la sagesse, cette bé
lius cjus, te remune nédiction que le saiut roi
rante percepit è cœlo. David a reçue du ciel , en
Sis ei contra acies ini- composant ses psaumes ,
micorum lorica , in ainsi que l'a reçue Salo
adversisgalea,in pros- mon , son fils. Soyez sa
peris fascia, in pro- cuirasse contre les armées
fectione clypeus sem- de ses ennemis, son casque
piternus. Et praesia, ut dans l'adversité , son dia
gentes illi teneant fi- dème dans la prospérité,
dem, proceres sui ha et son bouclier dans son
des Rois de France. 83
•voyage, dans ses démar beant pacem , diligant
ches : faites en sorte que caritatem, abstineant
ses sujets lui gardent la à cupiditatc, loquan-
fidélité , que les grands de tur justitiam, custo-
son royaume vivent en diant veritatem. Et ita
paix, qu'ils aiment la cha populus iste pullulet,
rité, qu'il s'abstiennent de coalitus bene -j- dic-
la cupidité, que la justice tione xternitatis, ut
soit dans leur bouche , semper maneant tri-
qu'ils gardent la vérité; pudiantes in pace vie-
et que son peuple , nourri tores. Quod ipse praes-
de vos bénédictions , se tare dignetur, qui te-
multiplie de plus en plus, cum et cum Spiritu
et que, supérieur à ses Sanclo sine fine per-
ennemis, il goûte les dou manet in saecula saecu-
ceurs de la paix : que celui lorum. Ameu.
qui règne avec vous dans
la suite des siècles, daigne
lui accorder cette grâce.
Ainsi soit-il.

Après cette oraison, on apporte le fauteuil


du roi devant celui de l'archevêque de Reims;
et Sa Majesté s'y étant assise ,1e grand-cham
bellan vient lui chausser les bottines de ve
lours, qu'on nomme aussi sandales. Le prince
représentant le duc de Bourgogne, premier
pair, lui met les éperons d'or, qui ont été
apportés de l'abbaye de Saint-Denis, et il les
lui ôte tout de suite.
84 Cérémonial du Sacre

Bénédiction de l'Êpée.

Après quoi le roi s'étant mis debout, l'ar


chevêque fait la bénédiction de l'épée de
Charlemagne , laquelle est dans le fourreau ,
en disant l'oraison suivante :
Oremus. Prions.
Exaudi, qusesumus, Exaucez nos prières ,
Domine , preces nos- Seigneur , et daignez bé
tras ; et hune gladium, nir de votre main cette
quo famulus tuus Lu- épée,dont votre serviteur
dovicus se accingi de- Louis veulêtre ceint; afin
siderat,niajestatis tuae qu'elle puisse lui servir à
dextera bene -f dicere défendre et à protéger les
dignare, quatenùs de- Eglises , les veuves, les or
fensio alque protectio phelins, et tous vos ser
possit esse ecclesia- viteurs , contré la méchan
rum , viduarum , or- ceté des infidèles : que
phanorum , omnium- cette épée inspire la crain
que Deo servientium , te et la terreur à quicon
contra saevitiam paga- que osera tendre des pièges
norum, aliisque insî- à notre roi. Par notre Sei
diantibus sit pavor , gneur Jésus-Christ, votre
terror et formido. Per Fils, qui, étant Dien, vit
Domînum nostrum Je- et règne avec vous en l'u
8um Christuni, etc. nité du Saint-Esprit , etc.
Cette bénédiction faite, il ceint l'épée au
roi , et la lui ôte en même temps , puis l'ayant
tirée du fourreau, qu'il laisse sur l'autel, il
dit la prière suivante :
des Rois de France: 85
Phinez cette épée , qui AccciPE hune gla-
vous est donnée avec la dium , cum Dei bene \
bénédiction du Seigneur; dictione tibi collatum ,
afin que par elle et par la in quo per virtutem
force de l'Esprit - Saint , Spiritûs Sancti resis-*
vous puissiez résister à tere et rejicere omnes
tous vos ennemis , et les inimicos tuos valéas,
surmonter, protéger et dé et cunctos sanctae Deî
fendre la sainte Eglise , le Ecclesiae adversarios ,
royaume qui vous est con regnumque tibi com-
fié , et le camp du Sei missum tutari , atque
gneur f par le secours de protegere castra Dei ,
Jésus-Christ, le triompha per auxilium invictis-
teur invincible. Prenez , simi triumphatorisDo-
dis—je ,.de nos mains con mini nostri JesuChris-
sacrées par l'autorité des ti :-accipe, inquam ,
saints Apôlres , celte épée hune gladium per ma-
dont nous vous avons nus nostras ; vice et
ceint, ainsi qu'on en ceint auctoritate sanctorum
les rois , et qui bénite par Apostolorum conse-
notre ministère , est des cratas , tibi regaliter
tinée de Dieu pour la dé impositum , nostra;-
fense de sa sainte Eglise. que bene f" dictionis
Souvenez- vous de celui officio, indefensionem
dont le prophète David a sanctae Dei Ecclesiae
parlé ainsi dans ses Psau ordinatum divinitùs ;
mes : O vous qui êtes lefort et esto memor de quo
d'Israël! prenez votre épée, Psalmista prophetavit,
et disposez-vous au com dicens : Accingeregla-
bat ; afin que par son se dio tuo super femur
cours , vous exerciez la tuum , potentissime r
justice, vous brisiezla mâ ut in hoc per eundem
choire des injustes; que vini sequitatis exer-
vous protégiez et défendiez ceas, molam iniquita-
la sainte Eglise de Dieu et lis potenter destruas,
86 Cérémonial du Sacre
et sanctam Dei Eccle- ses enfants ; - que vous
siam ejusque fideles n'ayez pas moins d'hor
propugnes ac prote- reur pour les ennemis se
gas : nec minus sub crets du nom chrétien ,
fidefalsos,quàm chris- que pour ceux qui le sont
tiani nominis hostes ouvertement , et que vous
execreris ac destruas , travailliez à les perdre ;
viduas ac pupillos cle- que vous protégiez avec
menter adjures ac de- bonté les veuves et les
fendas , desolata res orphelins j que vous ré
taures, restaurata con pariez les désordres; que
serves ; ulciscaris in- vous conserviez ce qui a
justa , confirmes bene été rétabli j que vous pu
disposita : quatenùs nissiez l'injustice ; que
bsec in agendo virtu- vous affermissiez tout ce
tum triumpbo glorio- qui a été mis dans l'ordre -,
sus, justitiaeque cultor afin que couvert de gloire
egregius , cum mundi par la pratique de toutes
Salvatore,cujus rypum ces vertus , et faisant ré
geris in norr.ine, sine gner la justice , vous mé
fine merearis regnare , ritiez de régner avec celui
qui cum Deo Patre et dont vous êtes l'image , et
ôpirituSanclo, vivit et qui règne avec le Père et
regnat Deus, per om- le Saint-Esprit, dans les
nia saeculasaeculorum. siècles des siècles. Ainsi
Amen. soit-il.
Après celte prière, l'archevêque remet
l'épée toute nue entre les mains de Sa Ma
jesté , et le chœur chante l'antienne suivante.
Confortare , et esto Armez - vous de force ,
vir, et observa custo- et soyez un homme de
dias Domini Dei lui , cœur : gardez les lois du
ut ambules in viisejus, Seigneur votre Dieu:i
des Rois de France. 8?
chez dans ses voies : ob et custodias cerimo-
servez ses préceptes , ses nias ejus et preecepta
ordonnances et ses juge ejus, et testimonia et
ments , et que Dieu soit judicia, et quocumque
votre appui en quelque te verteris confirniet te
circonstance que vous Deos.
soyez.
Et dans le temps que le roi tient l'épée la
pointe élevée, l'archevêque dit l'oraison sui
vante.
Prions. Oremus.
O Dieu , qui réglez avec Deus, qui providen-
sagesse tout ce qui se passe tiâ cœlestia siniul et
dans le ciel et sur la terre , terrena dominaris ,
soyez propice à notre roi propitiare christianis-
très - chrétien : que toute simo regi nostro : et
la force de ses ennemis omnis hostium suorum
soit brisée par la vertu de fortitudo virtute gladii
voire glaive spirituel : spiritualis frangatur,
combattez pour lui, et ils ac te pro illo pugnan-
seront entièrement dé te , penitùs contera-
truits. Par notre Seigneur tur. Per Cbristum.
Jésus-Christ.
Le roi, après avoir tenu l'épée quelque
temps, la baise, l'offre à Dieu en la posant
sur l'autel. L'archevêque la reprend, la remet
entre les mains du roi. Sa Majesté la reçoit à
genoux, et la dépose entre les mains du sei
gneur qui fait la fonction de connétable :
88 Cérémonial du Sacre
celui-ci la tient la pointe levée pendant toute
la cérémonie du sacre et du couronnement,,
et pendant le festin royal. Cependant le roi
demeure à genouS , et l'archevêque dit , pour
Sa Majesté, les oraisons suivantes.
OXEMUS. Prions-.
Prospice , omnipo- Jetez , Seigneur , des
tens Deus , serenis ob- regards favorables sur vo
tutibus hune glorio- tre serviteur Louis , qui
sum regem Ludovi- est ici tout environné de
cum : et sicut bene- l'éclat de la royauté : et
dixisti Abraham, Isaac comme vous avez béni
et Jacob , sic illum Abraham, Isaac et Jacob ,
largisbenedictionibus daignez le combler des bé
spiritualis gratis eum nédictions de votre grâce
omni plenitudine tuas spirituelle, et revêtez-le de
potentiae irrigare, at- la plénitude de votre puis
que perfundere , di- sance. Que la rosée du
gnare. Tribue ei de ciel et la graisse de la terre
rore cœli et de pingue- procure dans ses Etats une
dine terrae abundan- abondance de blé, de vin.
tiaia frumenti , vini et et d'huile , et que, par vos
olei ; et omnium fru- divines largesses , la terre
gum opulentiam ex soit couverte de toutes sor
larguate divini mune- tes de fruits pendant de
ris longa per tempora, longues années ; afin que
ut illo regnante sit sa- sous son règne, les peuples
nitas corporis in pa- jouissent de la santé ; que
tria , et pax inviolata la paixrègne dansleroyau-
sit in regno et digni- roe; que la splendeur de
tas gloriosa regalis pa- la puissance royale éclate
kuii maximo splen- dans- le palais de nos rois -f
des Rois de
qu'elle brille aux yeux dore regioe poteslatis
de tous avec la vivacité oculis omniumfulgeat,
éblouissantp des éclairs. luce clarissimâ corus-
Faites qu'il soit le puis care , atque splendere,
sant prolecteur de la pa quasi splendidissitna
trie , le consolateur des fulgura maximo per-
églises et des saints mo fusâ lumine videatur.
nastères ; qu'ils se ressen Tribue ei,omnipotens
tent de sa piété et de ses Deus, utsitfortissimus
libéralités royales ;. qu'il protector patrise , et
soit le plus puissant des consolator ecclesia-
rois; qu'il triomphe de ses rum , atque ccenobio-
ennemis; qu'il assujettisse rum sanctorum maxi-
les nations rebelles et ma cum pietate rega-
idolâtres ; que la force de lismunificentise, atque
sa puissance royale le ut sit fortissimus re-
rende la terreur de ses gum,triumphator hos-
ennemis; qu'il se plaise à tium ad opprimendas
répandre ses grâces sur les rebelles etpaganas na-
grands de son royaume ; tiones. Sitquesuis ini-
qu'il s'en fasse aimer, et micis satis terribilis
qu'il les aime à son tour, prae maxima fortitu-
afin qu'il soit craint et . dine regalis potentia? ,
chéri de tous; que dans le optimatibus quoque ,
cours des temps , il naisse ac praecelsis proceri-
de lui des successeurs à bus ac fidelibus sut
son trône : enfin, qu'il soit regni sit muni ficus et
digne de gouverner sage amabilisetpius, ut ub
ment ses Etats, et qu'après omnibus timeatur, at
un règne glorieux et les que diligatur : Eeges
douceurs de la vie présen quoque de lumbis
te , il mérite de jouir de ejus per successiones
celles de la béatitude éter temporum futurorum
nelle. Daignez lui accor egrediantur. Regnum
der cette grâce, vous qui hoc regere totum, et
9° Cérémonial du Sacre
postgloriosa tempora, régnez arec votre Fils Jé~
atque felicia pressentis sus-Christ et le. Saint-Esr
vitae gaudja , sempi- prit dans les siècles des
terna in perpetua bea- siècle». Ainsi soit-il.
tîtud i ne haberemerea-
tur. Quod ipse praestarc digneris , qui cum unige-
nito Filio tuo Domino nosfro Jesu Christo et Spi-
ritu Sancto vivis et régnas Dcus,per omuia stecula
saeculorum. Amen.
Oremus. Petons.
Benedic , -j- Domi Bénissez , Seigneur ,
ne , quaesumus , hune notre prince; et dans la
principem nostrum , confiance où nous sommes
quem ad salutem po- que vous nous l'avez don
puli nobis à te credit né pour le bien de votre
mus esse concessuaa. peuple, donnez- lui une
Fac eura esse annis longue vie, une santé vi
multiplicero , vigenti goureuse : qu'il arrive à
atque salubri corporis une heureuse vieillesse et
robore vigentem, et enfin au bonheur éternel.
ad senectutem atque Nous espérons qu'il ob
demum ad fînem per- tiendra pour son peuple,
vfinire felicem. Sit no la même grâce qu'a obte
bis fiducia , eum obti- nue Aaron dans le taber
nere gratiam pro po nacle , Elisée sur le fleu
pulo , quam Aaron in ve , Ezéchias dausson lit ,
tabertiaculo , Eliseus et Zacharie chargé d'an
influvio, Ezechias i» nées dans le temple^ Faites
Ieetulo , Zaoharias ve- qu'il gouverne son royau
tulus impetravit in me avec la même force et
templo . Si,t illi regen- la même autorité que Jo-
tli virtus atque aucto- sué eut dans le camp ,
ritas , qualem Josue Gédéon dans le combat,
suscepit in castris , Pierre en recevant les clefs,
des Rois de France. gi
Paul dans la prédication Gedeon sumpsit in
de l'Evangile ; et que par praeliisjPelrus accepit
le soin des pasteurs , il in clave, Paulus est
procure le bien de votre usus in dogmate , et
troupeau avec le même ita paslorum curâ tu-
succès qu'Isaac recueillit um proficiat in ovile,
les fruits de la terre , et sicut Isaac profecit in
que Jacob vit multiplier fruge , et Jaeob dila-
ses troupeaux. Daignez tatus est in grege.
lui accorder cette grâce, Quod ipsepraestare di-
vous qui étant Dieu, vivez gneris,qui cumunige-
et régnez avec voire Fils nito Filio tuo Domino
unique Jésus-Christ et le nostro Jesu Christo et
Saint-Esprit, dans tous les Spiritu Sancto vivis et
siècles des siècles. Ainsi regnas Deus , per om-
soit-il. nia sxculasxculorum.
Amen.
Prions. Oremus.
Que Dieu le Père, qui Deus Paier aelernae
règne éternellement, soit glorise sit adjutor tuus1
votre aide et votre protec et proteclor, et om-
teur : que le tout-puissant nipotens bene-fdicat
vous bénisse ; qu'il exauce tibi , preces tuas in
vos prières en toutes cho cunctis exaudiat , et
ses , et qu'il vous accorde vitani tuam longitudi-
une longue suite de jours ; ne dierum adimpleat.
qu'il affermisse de plus en Thronum regni tui ju-
pl us votre trône ; qu'il con giterfirmet, et gentem
serve à jamais votre na populumque tuum in
tion et votre peuple ; qu'il sternum conservet , et
couvre de confusion vos inimicos tuos confu-
ennemis; que Jésus-Christ sione induat, et super
soit sanctifié en vous; afin te sanclificatio Chris-
que celui qui vous a donné ti floreat, ut qui tri-
Qtf Cérémonial du Sacré
huit in terris impe- sur la terre un empire;
rium , ipse in ccelis ■vous donne dans le ciel
conferât . prgemium , une récompense éternelle:
qui v i vit et regnat tri- lui qui dans l'unité de subs-
nus et unus Deus per tance est Dieu en trois
omnia saecula saeculo- personnes , dans tous les
rum. Amen. siècles des siècles. Ainsi
soit-il.

Préparation du saint Chrême.

Ces oraisons étant finies, l'archevêque de


Reims met sur le milieu de l'autel la patène
d'or du calice de sain t Remi ; et le gra n d-prieu r
de Sain t-Remi ayant ouvert la sainte ampoule,
la donne à l'archevêque , lequel, avec une
aiguille d'or que lui présente le grand- prieur,
tire de cette sainte ampoule la grosseur d'un
grain de froment de cette huile précieuse, il
la met sur la patène : puis ayant rendu la
sainte ampoule au grand-prieur, il prend,
avec la même aiguille d'or , du saint chrême,
et le mêle avec cette huile.
Pendant ce temps-là r le chœur chante le
répons et le verset suivant.
Gentem Franco- Le saint évêque Remi
rum inclytam , simul ayant reçu du ciel ce pré-
cum rege nobili, bea- cieus baume , sanctifia
des Rois de France, 93
l'illustre race des François tus Remigius sumpto
dans les eaux du baptême, cœlitùs chrismate, sa-
et les enrichit du don du cro sanctificavit gur-
Saint-Esprit. gite , atque Spiritûs
Sancti plenè ditavit
munere.
f. Ce fut par une grâce f. Qui dono singu-
singulière qu'une colom laris gratise in colum-
be , qui lui apparut , ap ba apparuit, et divi-
porta du ciel à ce saint num chrisma cœlitùs
prélat ce baume divin. pontifici ministravit.
Après ce répons, l'archevêque de Reims
se tourne vers l'autel, et sans mitre, il ditle
verset et l'oraison de saint Remi.
■f. Priez pour nous ; f. Ora pro nobis,
bienheureux. Remi. béate Remigi.
Bf. Afin que nous soyons I^. Ut digni efficia-
dignes des promesses de mur promissionibus
Jésus-Christ. Christi.
Prions. Ohemus.
Seigneur , qui avez Deus , qui populo
donné le bienheureux Re tuo aeternaesalutisbea-
mi à votre peuple pour le tum Remigium minis-
ministre de son salut , trum tribuisti; praesta,
faites que nous ayons pour quxsumus , ut quem
intercesseur dans le ciel doctorem vitae habui-
celui que nous avons eu mus in terris, interces-
pour docteur sur la terre. sorem semper habere
Par Jésus-Chrit notre Sei mereamur in cœlis.
gneur. Per Christum.
Après celte oraison , le roi se prosterne
94 Cérémonial du Sacre
devant l'autel sur un long carreau de velours
violet, semé de fleurs de lis d'or. En même
temps l'archevêque de Reims se prosterne à
sa droite, et les évêques de Laon et de Beau-
vais se tiennent debout aux deux côtés de
Sa Majesté. Alors les quatre évêques nom
més pour chanter les Litanies suivantes , les
entonnent, et le chœur y répond.

Litanies et Oraisons avant le Sacre.

LES évêques.

Kyrie , eleison Seigneur , ayez pitié de


nous.
TiE CHŒUR.
Kyrie , eleison. Seigneur , ayez pitié de
nous.
Christe , eleison. Jésus - Christ , ayez pitié
de nous.
Kyrie, eleison. Seigneur, ayez pitié de
nous.
Christe , audi nos. Jésus - Christ , écoutez-
nous.
LE Cil (EUR.
Christe , exaudi nos. Jésus- Christ , exaucez-
nous.
des Rois de France.

LES ÉVÊQUES.
Sainte Marie, Sàncta Maria ,
LE CHŒUR.
Priez pour nous. Ora pro nobis.
LÈS ÉVÊQUES.
Saint Michel , Sancte Michael ,
Sainl Gabriel, Sancte Gabriel ,
Saint Chœur des An Sancte Chorus An-
ges, . gelorum ,
Saint Jean-Baptiste , Sancte Joannes Bap-
tista ,
Saint Pierre, Sancte Petre ,
Saint Paul, Sancte Paule,
Saint André , Sancte Andraea ,
Saint Jacques, Sancte Jacobe,
Saint Jean, Sancte Joannes,
Saint Thomas , Sancte Thoma,
Saint Philippe, Sancte Philippe,
Saint Jacques, Sancte Jacobe ,
Saint Barthélemi, Sancte Bartholomxe,
Saint Matthieu, Sancte Matlhaee ,
Saint Simon, Sancte Simon ,
Saint Thadée, Sancte Thadaee,
Saint Mathias, Sancte Mathia ,
Saint Barnabé, Sancte Barnaba ,
Saint Chœur des An Sancte ChorusApos-
ges, tolorura ,
Saint Etienne, Sancte Stephane,
Saint Clément , Sancte Clemens,
Saint Caliste , Sancte Calixte ,
Saint Marcel, Sancte Marcelle,
Cérémonial du Sacre

Sancte Nicasi cum Saint Nicaise avec vos
sociis tuis , Compagnons ,
SancteMaurici cum Saint Maurice avec vos
sociis tuis , Compagnons ,
Sancte Gervasi , Saint Gervais,
Sancte Protasi, Saint Protais ,
Sancte Timothaee, Saint Timothée ,
Sancte Apollinaris, Suint Apollinaire,
Sancte Chorus Mar- Saint Chœur des Mar
tyrum , tyrs :
Sancte Sylvester , Saint Sylvestre ,
Sancte Remigi, Saint Remi ,
Sancte Augustine , Saint Augustin ,
Sancte Hieronyme , Saint Jérôme ,
Sancte Ambrosi , Saint Ambroise ,
Sancte Gregori , O Saint Grégoire ,
Sancte Siste, Saint Sixte ,
Sancte Rigoberte ( ~0 Saint Rigobert,
Sancte Martine , Saint Martin ,
Sancte Maurilli, Saint Maurille ,
Sancte Nicolae, Saint Nicolas,
Sancte Chorus Con- Saint Chœur des Con
fessorum , fesseurs ,
Sancta Maria Mag- Sainte Marie -Made
dalena, leine ,
Sancta MariaiEgyp- Sainte Marie Egyp
tiaca, tienne,
Sancta Felicitas , Sainte Félicité ,
Sancta Perpetua, Sainte Perpétue ,
Sancta Agatha , Sainte Agathe ,
Sancta Agnes , Sainte Agnès ,
Sancta Caecilia , Sainte Cécile,
Sancta Eutropia , Sainte Eutropie ,
Sancta Genovefa , Sainte Geneviève ,
Saacta Colomba, Sainte Colombe ,
des Rois de France. 97
Sainte Scholastique, !? Sancta Scholastica, O
Sainte Pétronille , g- Sancta Petronilla , •T3
Sainte Catherine, y Sancta Catharina, -
Saint Chœur des Vier- p Sancle Chorus Vir- O
Ses' . 1 ginum, O
c
Tous les Saints, Omnes Sancti ,
O Dieu, soyez -nous favo Propitius esto , exau-
rable , exaucez - nous , di nos , Domine.
Seigneur. Ab insidiis diaboli ,
Délivrez-nous des embû libera nos, Domi
ches du démon , déli ne.
vrez-nous , Seigneur.
De la damnation éter-O A damnatione per- &
nelle , Si petua ; t
. Par le mystère de vo- 2 Per mysterium san- Z
tre sainte incarna- 7 ctae incaruatîonis g
tion, - tua: , "a
Par la grâce du Saint-». Per gratiam Sancti o
Esprit Paraclet. <§ Spiritûs Paracle-
mc 11 , a
Au jour du jugement,-"1 In die judicii ,
nous qui sommes pé Peccatores , te roga-
cheurs , exaucez nos mus, audï nos.
prières.
Nous vous prions de nous Ut pacem nobis do- ^
donner la paix ; m nes , a
Que votre miséricorde g Ut misericordia tua 3
et votre bonté soient g et pietas tua nos p
notre sauve-garde , g custodiant , 5
Que vous daigniez ré- g Ut gratiam Spiri-J"
pandre dans nos • tûs Sancti cordi- »
cœurs la grâce du 2. bus nostris cle- &;
Saint-Esprit; menter infundere a
digneris , 2
Que vous daigniez con- Ut ecclesiam tuam
5
Cérémonial du Sacre
regere et defende- duire et défendre vo
re digneris , tre Eglise ,
Ut Domnum apos- Que vous conserviez
tolicum et omnes H dans votre sainte re-
gradus ecclesiae ■-< ligion le souverain M *
in sancta religio-oa pontife , et tous les"
ne conservare di- g ordres de l'Eglise. S
guéris, g
Ut arcliiepiscopum"^ Nous vous prions de f
hostrum elcctum = fortifier etde conser—«
cum omni grege "- ver notre archevêque 5:
sibi commisso, in o et tout le troupeau S
tuo sanclo servi- - qui lui a été confié , -
tio confortare et dans la soumission
conservare digne- qui vous est due.
ris ,
Ce verset se répète trois fois.
Ut obsequium servi tu- Que le culte que nous
tis nostrse rationa- vous rendons , soit rai
bile facias , te ro- sonnable et spirituel ,
gamus, audi nos, exaucez nos prières.

Après ce verset , l'archevêque de Reims


se lève , et la mitre en tête , tenant la crosse
de la main gauche, il dit les trois versets
suivants, tourné vers le roi,, prosterné de
vant lui.
Utbunc preesentewïfa- Nous vous prions de bénir
mulum tuamLudo- votre serviteur Louis
vicuni in regem co- ici présent , que noaâ
des Rois de France. gg
allons couronner roi , ronamlum bene f
exaucez nos prières. dicere cligneris , te.
Le chœur répète ce verset.
Nous tous prions de bé Ut hune présentem fa-
nir et d'élever au trône mulum tuum Ludo-
votre serviteur Louis vicum in regeni co-
ici présent, que nous ronanduw bene f
allons couronner roi , dicere, et sublimare
exaucez dos prières. digneris , te roga-
mus, audi nos.
Le chœur répète ce verset.
Nous vous prions de bé -Ut hune pnesentem
nir, d'élever au trône famulum tuum Lu-
et de consacrer votre dovicum in regem
serviteur Louis ici pré coronan d um bene *J"
sent, que nous allons dicere, «ubli f mare
couronner roi , exaucez et consecra "f: re di
nos prières. gneris, te rogamus,
audi nos.
Le chœur répète ce verset.
Après ces trois versets, l'archevêque se
prosterne encore au côté droit du roi comme
au paravaut, jusqu'à ,1a fin des litanies, qui
sont ainsi continuées par les évêques,
Nous vous prions de «don Ut regibus et princi-
ner la paix aux rots et pibus christianis ,
aux princes cbrétiens,et pacemet veram con-
de les maintenir dans cordiam donare di
l'union , gneris, te rogamus,
prières. audlno^
ÎOO Cérémonial du Sacre
Ut cunctum popu- De conserver tout le
lum christianum peuple chrétien qui m
pretioso sanguine n a été racheté par vo- g
tuo redemptumera tre précieux sang , g
conservaredigne- g
ris, g
Ut cunctis fideli-"^, Nous vous prions qu'il »
bus defunctis re- Seu vous plaise d'accor-"S_
quiem aeternam"- der le repos éternel à 2j;
donare digneris , o tous les fidèles qui S
sont morts,
Fili Dei , O Fils de Dieu ,
Agnus Dei , qui tollis Agneau de Dieu , qui effa
peccata mundi, par cez les péchés dumonde,
ce nobis , Domine. 4 pardonnez - nous , Sei
gneur.
Agnus Dei , qui tollis Agneau de Dieu , qui effa
peccata mundi , ex- cez les péchés du mon
audi- nos , Domi de , exaucez-nous , Sei
ne. gneur.
Agnus Dei , qui tollis Agneau de Dieu, qui ef
peccata mundi, mi facez les péchés du
serere nobis. monde , ayez pitié de
nous.
Christe , audi nos. Jésus - Christ , écoutez-
nous.
Kyrie, eleison. Seigneur , ayez pitié de
nous.
Christe , eleison. Jésus - Christ , écoutez-
nous.
Kyrie , eleison. Seigneur , ayez pitié de
nous.
Les litanies finies , les quatre évêques qui
les ont chantées, se prosternent ; et l'arche
des Rois de France. 1 01
vêque debout, sans mitre, tourné vers le roi,
qui est toujours prosterné, dit les prières et
oraisons suivantes.
Notre Père , etc. Pater noster , etc.
Et ne nous laissez pas Et ne nos inducas,
s uccomber , etc. etc.
f. Sauvez votre servi tf. Salvuul fac ser-
teur , vum tuum,
Bf. Qui espère en vous, 1^. Deus meus, spe-
ô mon Dieu. rantem in te.
ir. Soyez pour lui com f. Esto ei , Domi
me une forteresse. ne , turris fortitudi-
A la vue de l'ennemi. nis ,
f. Que son ennemi b[. A facie inimici.
n'ait point d'avantage sur f. Nihil proficiat
lui , inimicus in eo ,
Bf.. Et que l'enfant de 1^. Et filins iniqui-
l'iniquité n'entreprenne tatis non apponat no-
pas de lui nuire. cere ei.
f. Seigneur , exaucez ■f. Domine, e&audi
ma prière, orationem meam ,
b{. Et que mon cri aille Hf. Et clamor meus
jusqu'à vous. ad te veniat.
f. Que le Seigneur soit ■f. Dominus vobis-
avec vous , cum,
rJ. Et avec votre es Et cum spiritu
prit. tuo.
PRIONS. OREMUS.
Accoudez , Seigneur , Prétende, qusesu-
le secours de votre grâce mus , Domine , huic
céleste à votre serviteur famulo tuo Ludovi -
Louis , afin qu'il vous re- co , dexteram ccelestis
1 ol Cérémonial du Sacre
auxili i , ut te to to corde cherche de tout son cœur,
perquirat, et quas di- et qu'il mérite d'obtenir
gnè postulat, assequi ce <;u'il vous demande
mereatur. Per. humblement.
OREMUS. PUIONS.
Actiones uostras , Nous vous supplions ,
quxsumus , Domi - Seigneur, de prévenir nos
ne , aspirando prae- actions par votre esprit,
veni , et adjuvando et de les conduire par une
prosequere, ut cuncta assistance particulière de
noslra oratio a te sem- votre grâce; afni que tou
per incipiat, et per te tes nos prières et toutes
cœpta flniatur. Per nosœuvres sortent de vous
Dominum nostrum. comme de leur principe ,
et se rapportent à vous
comme à leur fin. Par no
tre Seigneur.
Après ces prières , l'archevêque , assis sur
son fauteuil , le dos tourné vers l'autel et avec
sa mitre , dit les oraisons suivantes sur le roi,
qui est à genoux devant lui.
Oremus. prions.
Te invocamus, san- Nous vous invoquons ,
cle Pater omnipotens, Dieu saint, tout-puissant
aeterne Deus, ut hune et éternel, qui êtes no-
famulum tuum Ludc— tre père, vous qui, dans
vicutu qirem tu» di- la création des êtres, aviez
vin» dispensationis réglé par votre providence
previdentiâ inprimor- que votre serviteur Louis
tlio plasma tum , us- croitroil jusqu'à ce jour
des Rois de France. io3
dans une brillante jeunes que in hune prsesen-
se; faites qu'enrichi du tem dieni juveui 11 flore
don de la piété, et plein laetanlem crescerecon-
de grâce et de vérité, il cessisti , eum tua? pie-
croisse pareillement en tatis dono ditatum ,
jverlu de jour en jour de plenumque gratiâ ve-
vant Dieu et devant les rilatis, de die in dieni
hommes ; afin que, com corail) Deo, et homi-
blé de vos dons , il prenne nibus ad meliora sem-
avec joie le gouvernement per proficere facias ,
de son royaume , et que , ut suum regiminis so-
préservé de toutes paris de lium gratise supernse
ses ennemis, par le rem larçitate gaudens sus-
part dcvotre miséricorde, cipiat, et misericor-
il conduise dans la paix, diae tuae tnuro ab Uos-
et par le fruit de ses vic tium adversitate undi-
toires, le peuple qui lui est que muuitus, plcbem
confié. Par notre Seigneur sibi commisfam cum
Jésus -Christ. pace propitiationis et
virtule Victoria; félici
ter regere mereatur.
;r Christum Dominum.
PEIONS. Oremus.
O Dieu, qui veille» sur Dias , qui populis
vos peuples par votre puis tuis virtuie consulis,
sance, et qui régnez sur et amore domina ri s ,
eux par amour, donnez à da huic famulo tuo
votre serviteur Louis l'es Ludovico spiritual sa-
prit de sagesse et celui da pientiae Uiae, cutn rc-
gouvernement, afin qu'eu gimine disciplina; , ut
vous demeurant attaché tibi tolo corde devo-
de tout son cœur, il soit tus,in regai regiinine
toujours capable de régir semper maneat ido-
son royaume ; que sous neus , tuoque miniere
io4 Cérémonial du Sacre
ipsius temporibus ec- son règne l'Eglise jouisse
clesiae securitas diri- d'une pleine tranquillité ;
gatur in tranquillitate, que la piété réside dans
devotio ecclesiastica ses membres -, afin que ,
permaneat, ut in bo persévérant dans les bon
nis operibus perseve- nes œuvres , il parvienne
rans , ad aeternum sous votre conduite au
regnum , te duce , va- royaume du ciel. Par Jé
leat pervenire. Per sus-Christ.
Christum.
Oremus. PRIONS.
In diebus ejusoria- Que toute équité et toute
tur omnis aequitas et justice naissent sous son
justifia , amicis adju- règne ; qu'il soit le pro
torium, inimicis obs- tecteur de ses amis , le
taculum , humilibus rempart de ses peuples
sola tium,elatis correc ■ contre ses ennemis , la
tio , divitibus doctri- consolation des humbles ;
na , pauperibus pie- qu'il réprime les orgueil
tas , peregrinis pacifi- leux; qu'il soit une leçon
catio, propriis in pa- pour les riches ; qu'il soit
tria pas et securitas , charitable envers les pau
unumquenique secun- vres, le pacificateur des
dùm suam mensuram nations-, qu'il fasse régner
moderatè gubernans , la paix et la sûreté parmi
seipsum sedulus rege- ses propres sujets; qu'il
re discat : ut tuâ irri- gouverne avec modération
gatus compunctione , les uns et les autres , cha
toti populo tibi placita cun selon son état ; afin
praebere vitae possit que , sensible à tant de
exeiupla , et per viam grâces , il ne donne que
veritatis cum grege des exemples de piété à
gradiens sibi subdito , tout votre peuple ; que ,
opes frugales abun- marchant par la voie de
des Rois de France. io5
la vérité, avec le troupeau danter acquirat , si-
qui lui est soumis, il amas mulque ad salutem ,
se , avec modération , les 'non solùm corporum,
richesses qui lui sont né sed etiam cordium à
cessaires. Donnez-lui, Sei te concessam cuncta
gneur , tout ce dont il a accipiat : sicque in te
besoin , non - seulement cogitatum animi ,con-
pour la santé du corps , siliumque omne com-
mois pour celle des âmes-; ponens , plebis guber-
qu'ainsi mettant en vous nacula cum pace simul
toutes ses pensées et tous et sapientia semper
' ses desseins, il gouverne invenire videatur; te-
toujours son peuple en que auxiliante , prae-
paix et avec sagesse ; qu'il sehtis vitae prosperita-
jouisse , par votre secours, tem et prolixitatem
d'une vie longue et heu percipiat , et per tem-
reuse; que les temps , tou pora bona usque ad
jours favorables pour lui , summam senectutem
le conduisent jusqu'à une perveniat , h uj usque
extrême vieillesse ; que dé fragilitatis finem per-
livré des liens de tout pé fectum , ab omnibus
ché, par les richesses de vitiorum vinculis tuse
votre miséricorde , et ar largitate pietatis libe-
rivé à la fin de cette vie ratus , infinitse pros-
périssable , il mérite de peritatis praemia per
jouir de la récompense petua , Angelorumque
d'un bonheur sans fin , et aeterna commercia
de la société éternelle avec consequatur. Per
les anges. Par notre Sei Christum Dominum
gneur Jésus-Christ. nostrum.

Consécration du Roi. t

L'archevêque de Rheims demeurant tou


to6 Cérémonial du Sacre
jours assis avec sa mitre, dit l'oraison sui
vante, et d'une voix plus élevée,
OmMUS. PUIONS.
Omnipotens sem pi- Diec tout- puissant et
terne Deus , guberna- éternel , qui gouvernez le
tor ceeli , terra? condi- ciel , qui avez créé la terre ,
tor, dispositor ange- roi des rot», et seigneur
lorum et boiainum , des seigneurs , qui réglez
rex regum, et Domi- le sort des anges et des
mis dominoruot, qui hommes , qui avez fait
Abraham fidelem fa- triompher de ses ennemis
mulnm tuuni de lios- Abraham, votre fidèle ser-
tibus triumphare fe- viteur , qui avez fait rem-
cisti , Moysi et Josue porter un grand nombre
populo tuo praelatis de victoires à Moïse et à
multiplicemvictoriam Josué, les chefs de votre
tribuisli , humilem peuple ; qui avez tiré de
quoque pucrum David l'obscurité David pour l'é-
regni fasligio subli- lever au trône , qui l'avez
masti , e unique de ore délivré de la gueule du
leonis, etdcmanubes- lion , qui l'avez fait sortir
tiac atquc Goliae, sed vainqueur do combat avec
et de gladio maligno Goliath , échapper du
Saiil, et omnium ini- glaive de Saùl , et l'avez
mieorum ej us liberas- délivré de tous ses enne-
ti , et Salonionem sa- mis ; qui aves enrichi Sa-
pientise pacisque inef- lomon du don de la sa-
fabili munere ditasti; gesse, et l'avez fait régner
respice propitius ad en paix ; écoutez nos très-
preces nostra? lmmili- humbles prières , et ré-
tatis , et super hune pandez vos abondantes
famulum tuum Ludo- bénédictions sur votre ser-
vicum , quem supplîci viteur Louis, que nous
des Rois de France.
élisons pour le roi de ce devotione in hujus re-
royaume au milieu des gtii regem pariter eli-
prières que nous vous gimus, bene -j- dictio-
adressons ; afin que, doué numtuarumdoaa mul-
de la fidélité constante tipliea , eumqne dex-
d'Abraham , de la douceur terâ tua: poten tire sem-
de Moïse , de la force de per et ubiqne circuni-
Josué , de l'humilité de da ; qualenus prxdicti
David quil'éleva au troue, Abrafiae fidelitate -fir-
et orné de la sagesse de matus,Moysis mansue-
Salomon, il vous complai tudine fretus , Josue
se en toutes choses ; qu'il fortitudine muni tus,
marche d'un pas ferme et Davidis humilitate ex-
sûr dans le sentier de la sa altatus , Salomouis sa-
gesse; qu'il pourvoie aux pientiâ decoratus, tibi
besoins des églises de son in omnibus compla-
royaume; qu'il en soit le ceat; et per tramitem
moniteur et le défenseur; justitiseinoffenso gres-
que par votre puissance il su semper incedat ,
gouverne ses états avec et totius regni Ec—
toute l'autorité royale ; clesias deinceps cum
qu'il réprime tous ses en plebibus sibi annexis
nemis visibles et invisi ita enutriat , doceat ,
bles ; qu'il n'abandonne muniat et insiruat ,
point ses droits sur les eontraqueomnes visi-
royaumes des Saxons , des bilesetiavisibileshoS- •
Merciens, des peuples du tes , idem patenter re-
Kord et des Cimbres ; galiterque luae virtutis
qu'en inspirant à ces peu reginien administre! :
ples des sentiments de ut regale solium vide-
paix, il change leurs coeurs, licet Saxonum , (i)

(i) Le roi réserve expressément dans son couronne


ment ses droits sur la couronne d'Angleterre , comme
[o8 Cérémonial du Sacre
Merciorum , Nordan, et qu'il les rappelle à leur
Cimbrorum sceptra ancienne fidélité; afin que
non deserat; sed pris- devenu plus puissant par
tinae fidei pacisque leur soumission , et ho
eoncordiâ eorum ani- noré de l'amour dont il
mos , te opitulante , est digne , il affermisse et
reformet ; ut utrorum- gouverne en pais , par
que hor umpopulorum votre grâce, le trône de
debité subjectione ful- ses pères pendant une lon
tus , condigno amore gue suite de jours : que
glorificatus, p-er lon- toujours muni du casque
gum vitae spatium pa- et du bouclier de votre
ternae apicem gloriae protection , et tout envi
tuâ miseratione uni- ronné des armes célestes ,
tum stabilire et guber- il triomphe heureusement
nare niereatur : tua? et selon ses souhaits de
quoque protectionis tous ses ennemis; que sa
galeâ munitus , et puissance inspire de la ter
scuto insuperabili ju- reur aux infidèles ; que
giter proteclus , ar- par ses vertus qui l'ac
inisque cœlestibuscir- compagneront dans les
cumdatas , optabilis combats, il recueille avec
victoriae triumphum joie les fruits de la paix.
de hostibus feliciter Ornez-le de toutes celles
capiat , terroremque dont vous avez orné vos

il paroît par ces noms : Saxonum, THerciorum et Nordan ,


Cimbrorum. Ils ont été mis sous Louis d'Outre-Mer en
la place deFrancorum, Burgundiorum , et Aquilanorum ,
qui étoient dans les anciens formulaires , afin de per
pétuer la mémoire de ses prétentions à la couronne
d'Angleterre , qui lui avoit été conférée par la libre
élection du peuple , qui avoit chassé Jean Sans-Terre ,
qui la reprit ensuite.
des Rois de France 109
fidèles serviteurs que nous suse potentiae infideli-
venons de nommer ; hono bus inferât , et pacem
rez - le de bénédictions sibi militantibus lae-
abondantés ; établissez -le tanter reportetvirtuti-
glorieusement dans le gou bus : necnon quibus
vernement de son royau praefatos fideles tuos
me, et répandez sur lui decorasti , multiplici
l'onction de la grâce du honorisbene^dictione
Saint-Esprit : par notre condecora , et in regi-
Seigneur Jésus - Christ , mineregni sublimiter
qui parla vertu de la crois colloca,et oleo gratiae
a détruit l'enfer, surmonté SpiritûsSancti perun-
l'empire du démon, et est ge. Per . Dominum
monté victorieux au ciel , nostrum , qui virtute
à qui appartient toute crucis tartara des-
puissance , le règne , la truxit, regnoque dia-
victoire , qui est la gloireboli superato , ad cœ-
des hommes , la vie et le los victor ascendit , in
salut des peuples : Dieu quo potestas omnis ,
qiii vit et règne avec regnumque consistit
vous, etc. et victoria , qui est
gloria humilium , et
vita , salusque populorum. Qui tecum vivit et reg-
nat Deus , etc.

Après cette oraison, le roi demeurant


toujours à genoux, l'archevêque de Rheims
assis, comme en la consécration d'un évê-
que, tenant en main la patène d'or du calice
de saint Remi, sur laquelle est l'onction sa
crée, il en prend avec le pouce droit, et com
mence d'oindre le roi en la manière suivante.
I td Cérémonial du Sacre
Premièrement , sur le sommet de la tête ,
en faisant le signe de la croix, et disant ces
paroles.
Unco te in regem Je vous sacre roi avec
Je oleo sanctificato , cette huile sanctifiée , au
in nomine Patris + , et nom du Père, du Fils, et
Filii-f-, et Spîriy tûs du Saint-Esprit,
sancti.
II répète les mêmes signes de croix aux six
onctions suivantes, et tous les assistants ré
pondent à la fin de chacune, amen.
2°. Sur l'estomac , les évêques de Laon et
de Beanvais ouvrant les ouvertures faites à
la chemise, à la camisole du roi , et à chacun
des endroits où doit se mettre la sainte onc
tion.
3°. Entre les deux épaules.
4°- Sur l'épaule droite.
5°. Sur l'épaule gauche.
6°. Aux plis et jointures du bras droit.
7°. Aux plis et jointures du bras gauche.
Pendant les onctions, les musiciens chan
tent l'antienne suivante.
Unxerunt Salomo- Le prêtre Sadocli et le
Mm, Sadoch Sacer- prophète Nathan sacrèrent
des Rois de France. 111
Salomon dans Sion ; et dos , et Nathan pro-
s'approchantde lui, ils lui pheta regem in Sion ,
dirent avec joie : "Vive le et accedenteslaui dixe-
roi éternellement. ru"nt : Vivat rex in
aelernum.
Après quoi l'archevêque , toujours assis
avec sa mitre, et le roi à genoux devant lui ,
dit les oraisons suivantes.
PRIONS. OREMUS.
O Christ, sacreïvous-mê' Curiste , perunge
me ce roi pour le gouverne hime regem in regi»
ment., ainsi que vous avez men , unde unxisti sa-
sacré les prêtres , les rois, cerdotes , reges , et
les prophètes , les martyrs, prophètes, et marty
qui par la foi out subjugué res, qui per fidem vi-
des royaumes , ont accom cerunt regna, operati
pli les devoirs de la justi sunt justitiam , adepti
ce , ont reçu l'effet des sunt repromissiones.
promesses : que cette onc Tua sacratissima unc-
tion sacrée se répande sur tio super caput ejus
sa têle, et qu'elle pénètre defluat, atque ad inte-
jusques dans son âme et riora descendat , et
dans le fond de son cœur, cordis illius intima
et qu'il mérite d'avoir part penelret , et promis-
aux promesses dont les rois sionibus quas adepti
fameux , par leurs victoi sunt victoriosissimi
res, ont vu en eux l'ac reges gratiâ tuâ di-
complissement : en sorte guus «fiieiatur , quale-
qu'il règne heureusement nùs et in prajsenti sae-
dans le siècle présent , et culo feliciter regnet»
qu'il soit admis dans leur et ad eorum consor
société, dans Te royaume tium in cœlesti regno
Cérémonial du Sacre
perveniat, Per Domi- des cieux. Nous vous le
Dum nostrum Jesum demandons par notre Sei
Christuni filiura tuum, gneur Jésus-Christ, qui a
qui unctus est oleo été- sacré d'une huile de
laetitiae prae consorti- joie , d'une manière plus
bus suis , et virtute excellente que tous ceux
crucis potestates aè qui participent à sa gloire ,
reas debellavit, tartara et qui , par la - vertu de sa
destruxit, regnunique croix , a vaincu les puis
diaboli superavit , et sances de l'air, a détruit
ad cœlos victor ascen- l'enfer , triomphé de l'em
dit : in cujus manu pire du démon , et est
Victoria, omnis gloria monté vainqueur aux
et potestas consistant, cieux, à qui appartiennent
et tecum vivit et reg la victoire , la gloire et
nat in uni tate Spiritûs la puissance, et qui règne
Sancti Deus , per om- avec vous dans l'unité du
nia ssecula saeculorum. Saint-Esprit, dans tous les
Amen. siècles des siècles. Ainsi
soit-il.
OREMUS. prions.
Deus electorum for- O Dieu , qui êtes la
titudo , et humilium force des élus , qui élevez
celsitudo, qui in pri- les humbles, qui , au com
mordio per effusionem mencement du monde ,
diluvii , mundi crimi- avez voulu punir , par les
na castigare voluisti , eaux du déluge , les cri
et per coluinbam ra- mes des hommes , et qui
mumolivae portantem, avez fait connoître par une
pacem terris redditam colombe , portant un ra
demonstrasti :iterum- meau d'olivier , que vous
que sacerdotem Aaron rendiez la paix à la terre ;
famulum tuum per qui avez sacré prêtre votre
unctionem olei sacer- serviteur Aaron par le
des Rois de France. 1 13
moyen de l'huile sainte , dotem sanxisti, et prse-
qui , par cette même onc terea per hujus un-
tion, avez établi les prê guenti infusionem ad
tres , les rois , les prophè regendum populum
tes pour gouverner le peu israeliticum j sacer- -
ple d'Israël , et qui avez dotes , reges , ac pro-
prédit par la bouche pro phetas perfecisti , vul-
phétique de David, votre tumque ecclesiae in
serviteur , que toute la oleo exhilarandum per
face de votre église seroit propheticam famuli
resplendissante par une tui vocem David esse ,
telle onction ; nous vous prsedixisti ; ita , quae-
supplions, Dieu tout-puis sumus , omnipotens
sant, de sanctifier, par Deus pater , ut per hu
votre bénédiction et par jus creaturae pingue-
l'effet de cette huile sainte, dinem , hune servum
votre serviteur ici présent: tuum sanctificare tuâ
faites que, participant à bene -f" dictione digne-
la douceur de la colombe , ris , eumque in simi-
il donne la paix à tout le litudine columbae pa-
peuple qui lui est confié cem simplicitatis po
dans la simplicité de son pulo sibi commisso
cœur : qu'il imite avec praestare , et exempla
soin les exemples d'Aaron Aaron in Dei servitio
dans le service du Sei diligenter imitari , re-
gneur : qu'il monte sur le gnique fastigia in con-
trône, assisté des conseils siliis scientiae et aequi-
de la science et de l'équité tatejudicii semperas-
dans ses jugements, et que sequi, vultumque hi-
par votre bénédiction et laritatis per hanc olei
par l'onction de cette unctionem tuamque
huile sainte , la satisfac bene -(- dictionem , te
tion et la joie éclatent tou adjuvante , toti plebi
jours sur son visage aux paratum hâbere facias .
yeux de tout son peuple. Per Dominum nos-
Par notre Seigneur J.-C. trum.
î 1 4- Cérémonial du Sacré
OHEMUS. PHIOKS.
Deus Dei Filins Que notre Seigneur Jé
Dominas nostfir Jesus sus-Christ, le Fils de Dieu,
Christus , qui à patre qui a été sacré par son
oleo esultationis une- père d'une huile de joie ,
tus est prae participi- d'une manière plus excel
bus suis, ipse per pré lente que tous ceux qui
sentent s cri unguinis participent à sa gloire ,
infusionem Spiritûs répande sur votre tête ,
Sancti Paracleti super par l'effusion de cette
caput tuum infundat huile sainte, la bénédic
bene-fdictionem, eam- tion du Saiut-Esprit , et
demque usque ad in- qu'il en pénètre votre
terioracordistui pene- cœur; afin que par ce don.
trare faciat : quatenùs visible et sensible, vous
lioc visibili et tracta- méritiez d'avoir part aux.
bili dono invisibilia biens invisibles , et qu'a
percipere , et tempo- près avoir gouverné avec
rali regno justis mo- une juste modération un
tleraminibus executo royaume temporel , vous
seternaliter cum eo méritiez de régner avec
regnare merearis , qui celui, qui seul, le roi des
solus sine peccato rex rois , et sans péché , vit et
vivit et gloriatur , est glorifié avec Dieu le
cum Deo pâtre, in père dans l'unité du même
unitate ejusdem Spi esprit, dans tous les siè
ritûs Sancti Deus, per cles des siècles. Ainsi
omnia saccula saeculo- soit-il.
rujn. Amen.
Ces sept onctions et ces oraisons finies,
l'archevêque de Rheims, aidé des évêques de
Laon et de Beauvais , referme les ouvertures
de la chemise et de la camisole du roi, avec
des Rois de Èrahce. 115
d«s lacets d'or. Ensuite le roi s'étant levé, le
grand-chambellan revêt Sa Majesté de la tu
nique, de la dalmatique et du manteau royal;
ces vêtemens sont de velours violet, semé de
fleurs de lis brodées en or, et représentent
les habits des trois ordres de sous-diacre, de
diacre et de prêtre.
Le roi ainsi revêtu, se met à genoux de
vant l'archevêque de Rheims, lequel assis
avec sa mitre, reprend la patène, et fait à Sa
Majesté la huitième onction sur la paume
de la main droite , et ensuite la neuvième
sur celle de la main gauche , en faisant cette
prière.
Que ces mains soient Ungantur manus
ointes de l'huile sancti- istae de oleo sanclifi-
fiée, de laquelle les rois et cato , unde uncti fue-
lesprophèlesontétéoints, runt reges et prophe-
et de la même manière Us , et sicut unx.it Sa
que Samuel sacra le roi muel David in regem ,
David , afin que vous ut sis benedictus et
soyez béni et établi roi constitutus rex in re
dans ce royaume que gno isto, quod Domi-
Dieu vous a donné à ré- nus tuus dedit tibi ad
gir. Que Dieu , qui vit et regendum et guber-
règne dans tous les siècles nandum : quod ipse
daigne vous accorder cette prseslare dignetur , qui
grâce, vivitet regnât Deus,
per omnia , etc,
1 16 Cérémonial du Sacre
Puis le roi toujours à genoux, et tenant
les mains jointes devant la poitrine, l'arche
vêque debout et sans mitre, dit l'oraison
suivante.
OREMUS. PRIONS.
Diîus , qui es Justo- O Dieu , qui êtes la
rum gloria et miseri- gloire des Justes , et qui
cordia peccatorum , faites miséricorde aux pé-1
qui misisti filiumtuum cheurs; qui avez envoyé
pretiosissimosanguine votre fils pour racheter le
suo genus humanum genre humain par son
redimere , qui conte- précieux sang ; qui exter
ris bella , et pugnator minez les armées; qui com
es in te sperantium, battez pour ceux qui es
et sub cujus arbitrio pèrent en Vous ; et qui te
omnium regnorum nez sous l'empire de votre
continetur potestas, te volonté toute la puissance
humiliter depreca- des rois : n»us vous sup
mur , ut praesentem plions humblement de bé
famulum tuum Ludo- nir sur ce trône votre ser
vicum in tuâ miseri- viteur Louis ici présent,
cordiâ confidentem , qui met toute sa confiance
in praesenti sede re- dans votre bonté, et de
gali bene -f dicas , ei- lui être propice. Et puis
que propitius adesse que votre protection est
digneris : ut qui tuâ l'objet de ses vœux , faites
expetit protectione de - qu'il soit supérieur à tous
fendi , omnibus bosti- ses ennemis ; qu'il en
bus sit fortior. Fac soit le vainqueur , et que
eum, Domine , beatum le bonheur l'accompa
esse, et victorem de gne. Couronnez - le de
inimicis suis. Corona la couronne de justice
eum coronâ justitiae et et de sainteté , afin que
des Rois de France. 117
plein de foi en vous , pietatis , ut ex toto
de tout son cœur et de corde et totâ mente in
toute son âme , il vous te credens , tibi deser-
serve fidèlement ; qu'il viat , sanctam tuam ec-
défende votre sainte égli clesiam defendatet su-
se , et la fasse triompher ; blimet, populumque à
qu'il conduise avec équité te sibi commissum
le peuple que vous lui justè regat,nullis in-
avez confié , et qu'à l'abri sidiantibus malis eum
de toute adversité , il lui in justitiam convertat.
enseigne à pratiquer la Accende , Domine, cor
justice. Enflammez son ejus ad amorem gratis
cœur de l'amour de votre tua? per hoc unctionis
grâce , par l'effet de cette oleum , unde unxisti
huile sainte dont vous sacerdotes , reges ,
avez oint les prêtres , les prophetas , quatenùs
rois et les prophètes, afin justitiam diligens, per
qu'aimant la justice et tramitem similiter in-
marchant toujours dans cedens justifia?, post
les sentiers de cette vertu , peracta à te disposita
et après avoir régné com in regali excellentia
me les meilleurs rois pen annorum curriculo ,
dant le cours des années pervenire ad aeterna
que vous avez réglé , il gaudia mereatur. Per
mérite d'arriver aux joies eumdem dominum
éternelles : Par le même nostrum, etc.
Jésus -Christ notre Sei
gneur.

Bénédiction des Gants.

L'archevêque de Rheims debout et sans


mitre , fait la bénédiction des gants , les as
1 18 Cérémonial du Sacre
pergeanl d'eau bénite, et dit l'oraison sui
vante.
OBEMUS. PKTONS.
Omnipoteus Crea- IHeu tout-puissant , qui
tor , qui homini ad avez donné à l'homme
imaginem tuam crea- créé à votre image des
to, inanus digitis dis- mains, dont les doigts
cretionis insignitas, sont propres à divers usa-
tanquam organum in- ges ,comme un organe de
lelligeniise ad reclè discernement pour bien
operandum dedisti , agir , et que vous avex
quas servari mundas voulu qu'on conservât pu-
praecepisii , ut in eis rcs et nettes , afin qu'elles
anima digna portare- pussent porter, pour ainsi
tur , et tua in eis digne dire, une âme toujours di-
contrectarentur mys- gne de Dieu, et qu'elles
teria, beoe-j- dicere et servissent d'instrument à
sancli-f-ficare digneris la célébration de vos
haec manuum tegu- saints mystères ; daignes
menta : ut quicumque bénir ces vêtements qui
reges iis cum humili- servent à couvrirlesmains;
laternanus suas velare afin que tous les rois qui
voluerint, tam cordis voudront en faire usage,
quàm operis mundi- ne montrent que des
tiam tuâ misericordiâ oeuvres pures tant à l'in-
subministrent. Per- térieur qu'à l'extérieur:
Christum Dominum , Par Jésus - Christ notre
etc. Seigneur, etc.

Les gants étant bénits, l'archevêque de


Rheims étant assis, et ayant la mitre en tête ,
les met aux mains du roi , en disant :
des Rois de France. 1 1g
Envibonnez, Seigneur , Cihcumda, Domine,
les mains de Louis , votre manus hujus famuli
serviteur , de toute la pu tui Lutlovici mundi-
reté de l'homme nouveau tiâ novi homints, qui
qui est descendu du ciel, de cœlo descendit : ut
afin que comme Jacob , quemadmoduni Jacob
votre bien -aimé, ayant dilectus Unis pellicu-
couvert ses mains de la lis haedorum opertis
peau de chevreau , etayant manibus paternam bc-
offert à son père un metset nedictionemobluto pa-
un breuvage qui lui furent tri cibo potuque gra-
très-agréables, en reçut la tissinjo impelravit, sic
bénédiction; de même ce et iste graetiae Une be-
roi qui est ici devant vous , ne -f- dictionem inipe-
mérite d'obtenir la béné trare uierealur. Per
diction de votregrâce:par eunidum dominum
le même Jésus-Christ notre nostrum Jésum Chris-
Seigneur, qui dans la res tuua , qui in siniilitu-
semblance d'une chair de dinem carras peccaii
péché, s'est offertlui-mêiue libi obtulit semetip-
a votre Majesté. suni. Amen.

Benédiction de l'Anneau.
Ensuite l'archevêque se tenant debout sons
mitre, bénit l'anneau royal qui lui est pré
senté par le premier valet-de-chambre du
roi , et dit l'oraison suivante.
PHIONS. OREMBS.
O Dnu, qui êtes le Deus , tolius çrea-
principe et la fin de toute turae principinni et fi-
créature; qui avez confia- nis, creator et cousa-


I 20 Cérémonial du Sacre
crator generis huma cré le genre humain, donué
in , dator gratiae spiri- la grâce spirituelle et le
tualis , largitor aelernse salut éternel . et qui ren
salutis, in quo clausa fermez toutes choses, ré
sunt oninia:tu, Do pandez votre bénédiction
mine, tuam emittebe- sur cet anneau, daignez
ne ■f dictionem super le bénir et le sanctifier,
hune annulum, ipsum- afin qu'étant le signe re
que bene-f-dicere, et présentatif des honneurs
sanctifi-j-care digne- de votre serviteur , jl le
ris : ut qui per eum soit aussi de ses vertus :
famulo tuo honoris in- qu'il ait toujours l'esprit de
signia concedis, virtu- discernement-, qu'il brille
tum praemia largiaris, de la splendeur de la vraie
quo discretionis habi foi; qu'armé du bouclier
tuai semper retineat,. de la sainte Trinité, soldat
et verae fidei fulgore invincible , il surmonte
praefulgeat , sancta; vaillamment les forces du
quoque Trinitatis ar- démon , et qu'il se procure
matus munimine , les biens de l'âme et du
miles inexpugnabilis corps : par Jésus -Christ
acies diaboli constan- notre Seigneur.
ter evinçat, et sibi ad
veram salutem mentis et corporis proficiat. Per
Christum.

L'anneau étant bénit , l'archevêque assis


avec sa mitre en tête, le met au quatrième
doigt de la main droite du roi, en disant ces
paroles :
Accipe annulum , Receyez cet anneau, qui
signaculum videlicet est le signe de la foi , et de
fidei sancta , solidita- votre dignité royale, la
des Rois de Fi ance. 121
giarque de votre puissance,- tem regni, argiunen-
afin que par son secours tum polenliae , per
vous triomphiez de vos quem scias triumphali
ennemis , vous détruisiez potentiâ hostes refcl-
l'hérésie , vous teniez vos lere , hsereses destrue-
sujets dans l'union , et de re , subditos coaduna-
meuriez persévéramment re, et catholicae fidei
attaché à la foi catholique. perseverabiliter con-
necti.
Puis ayant quitté la mitre, il dit cette
oraison.
PRIONS. OBEMUS.
O Dieu , à qiii toute Deus, cujus est om-
puissance et toute dignité nis potestas et digni-
appartiennent, faites que tas , da f'amulo tuo
votre serviteur recueille prospcrum suae digni-
les fruits de sa dignité , tatis effectum, in qua,
qu'il y demeure affermi te remunerante, per-
par votre grâce , qu'il maneat, semperque te
vous craigne toujours , et timeal , tibique jugi-
qu'il s'étudie à vous plaira ter placere conlendat.
sans cesse en toutes cho Per Christuni Domi-
ses. Par Jésus-Christ. num.
Tradition du sceptre et de la main de
justice.
L'archevêque ayant remis sa mitre, prend
sur l'autel le sceptre royal , et le met dans
la main droite du roi, en disant ces pa
roles :
6
122 Cérémonial du Sucre
AcciPESceptrumrc- Recevez ce sceptre, qui
.aiae potestatis insigne , est la marque de la puis-
virgam scilicet regni sance royale, appelé scep-
\ icctam, virgam virlu- tre de droiture et règle
lis , quâ teipsum benè de la vertu , pour vous
regas , sanctam eccle- ^bien conduire , et vous-
siam, populumque vi- ^méme,et la sainte église,
delicet christianùm et le peuple chrétien qui
tibiàDeocomniissum, vous est confié, pour le
regiàvirtuleabimpro- défendre des méchants,
bis defendas , pravos par votre autorité royale,
corrigas, rectos paci- et pour corriger les per-
iices ; et ut rectam vers ; pour pacifier les
viam teriere possint , bons , et les aider à mar-
tuo juvamine dirigas; cher dans les sentiers de
quatenùs detemporali la justice; afin que par le
i-egno adseternumreg- secours de celui dont le
iium pervenias , ipso règne et la gloire s'éien-
adjuvnnte cujus reg- dent dans tous les siècles ,
iium et imperium si- vous passiez d'un royaume
ne fine permanet, in temporel à un royaume
saccula sacculorum. éternel. Ainsi soit-ii.
Amen.
Ensuite ayant ôté sa mitre, il dit :
OREMITS. PRIONS.
Omnipotens Domi- Dieu tout-puissant, qui
sie , fons bonorum êtes la source de tous le.s
cunctorum Deus , ins- biens , l'auteur des pro -
litutor profectiuini , grès qu'on fait dans la
tribue , quaesumus , vertu; faites que votre ser
fuuulo tuo Ludovico viteur Louis use avec sa
,-uleptam benè regere gesse de sa dignité. Don -
dignilatem, et à te sibi nez-lui la force nécessaire
pr^estitum honorem pour soutenir l'honneur
des Rois de France. 123
de la royauté, dont vous dignare roborare. Ho-
lui avez fait part. Faites-^e norifica enm prae
respecter plus que tous cunctis regibus terrae ,
les rois de la terre : com uberi euni bene ■julien-
blez -le de vos bénédic tione locupletâ , et in
tions ; affermissez- le sur solio regni finnâ sla-
son trône : faites-lui sen bditate consolida ; vi
tir votre présence par sita eum in sobole ,
les enfants que vous lui praesta ei prolixilatem
donnerez : accordez - lui vitae : in diebus ejus
une Longue vie : que la semper oriatur justi-
justice fleurisse sous son tia , et cum jucundi-
! , et qu'il soit cou- tate et laetitia seterno
vert de gloire et comblé glorietuririregno.Per
de joie dans le royaume Dominum nostrum.
éternel. Par notre Sei
gneur.
Celte oraison finie , l'archevêque reprend
sa mitre, et met la main de justice en la
main gauche du roi , en disant :
Recevez ce sceptre , la- Accipe virgam vir-
verge de la vertu et de tutis atque aequitalis ,
l'équité : afin qu'elle vous qui intelligas mulcere
apprenne à user de dou pios , et terrere repro-
ceur envers les gens de bos, errantibus viam
bien, à vous faire crain doce , lapsis rnanum
dre des méchants , à re porrige , disperdas su-
mettre dans le droit che jierbos, et releves hu-
min ceux qui s'égarent, miles , ut aperiat tibi
à tendre la la inain à ceux ostium Christus Jesus
qui sont tombés , à con Dominas noster; qui
fondre les orgueilleux , à de ipso ait : Ego mm
relever les humbles ; afin ostium . per me si qui-'
1 24 Cérémonial du Sacre
inlroierit salvabitur ; que Jésus- Christ notre
et ipse, qui est clavis Seigneur tous ouvre la
David , et sceptrum porte du ciel, lui qui a
domûs Israël, qui ape- dit de lui-même : Je suis
rit , et nemo claudit , la porte : si quelqu'un en*
claudit et nemo aperit, tre par moi , il sera sau -
sit tibi adjutor , qui vé : le même, qui est la
eduxit vinctum dedo- clef de David , le sceptre
mo carceris, sedentem de la maison d'Israël ; qui
in tenebris et timbra ouvre, et personne ne fer
mortis : ut in omnibus me , qui ferme, et person
sequi mereariseum de ne n'ouvre : qui tire de
quo propheta David prison le captif assis dans
cecinit : Sedes tua , les ténèbres et l'ombre de
Deus , in sœculum la mort : afin que vous
sœculi; virga œquita- méritiez de suivre en tou
tis , virga regni tui ; et
tes choses celui dont le
imiteris eum quidicit: prophète David a parlé en
Diligas justitiam , et ces termes : Votre trône ,
odio habeas iniquita- 6 Dieu , est un trône éter
tem, propterea unxit nel ; et le sceptre de voire
te Deus, Deus tuus , empire est un sceptre d'é
oleo lœtitiœ; adexem- quité : et que vous imitiez
plumillius, quem ante celui qui dit : Parce que
saecula unxerat, prae- vous avez aimé la Justice,
participibus suis , Je- et haï l'iniquité , Dieu
sum Christum Domir vous a sacré d'une huile
num nostrum. de joie ; enfin à l'exemple
de celui que Dieu a voit
oint, avant tous les siècles, d'une manière plus
excellente que tous ceux qui participent à sa gloire:
savoir, notre Seigneur Jésus-Christ.
des Rois de France. 1 23

Convocation des Pairs pour le Coumnne-


menl du Roi.

Ces cérémonies et ces oraisons finies, le


chancelier de France , ou le garde des sceaux
qui le représente, s'éiant mis du côté de
l'évangile, le visage tourné vers le roi et le
chœur, appelle les pairs selon leur rang, les
laïques les premiers, puis les ecclésiastiques,
en la manière suivante : Monsieur le prince,
( ou monsieur te duc de, ou monsieur le
comte de ) qui représentez le duc de Bour
gogne , présentez-vous à cet acte. Se servant
de cette même formule pour appeler le
prince, ou Je duc, ou le comte qui. repré
sente le duc de Normandie , puis appeler le
prince, ou le duc. ou le comte qui repré
sente le duc d'Aquitaine , et de même
pour appeler les princes l'un après l'autre,
ducs ou comtes qui représentent , l'un le
comte de Toulouse, l'autre le comte de
Flandre, et un autre le comte de Champa
gne : il appelle ensuite les pairs ecclésiasti
ques dela même manière; savoir :i'évêrjue
1 26 Cérémonial du Sacre
duc de Laon , l'évêque duc de Langres ,
l'évêque-comte de Beauvais, l'évêque-comie
de Chàlons, et l'évêque-comle de Noyon.
Notez qu'il n'appelle point l'archevêque-duc
de Reims, le premier des six pairs, parce
qu'en celte cérémonie , la fonction de ce pré
lat est de sacrer le roi.

Couronnement du Roi.

Le chancelier de France s'éiant remis à


sa place, l'archevêque de Reims prend sur
l'autel la grande couronne de Charlemagne ,
qui aété apportée de.l'abbaye de Saint-Denis,
et la soutient seul à deux mains sur la tète
du roi, sans le toucher. Aussitôt les pairs
laïques et ecclésiastiques y portent la main
pour la soutenir ; et ce prélat la tenant
toujours, mais de la main gauche, dit cette
prière.
Coronet te Deus Que Dieu vous couron-
coronâ glorise , atque ne dela couronne de gloi-
justiliae , honore, et re et de justice ; qu'il vous
opère forlitudinis , ut arme de force et de cou
per officium noslrae rage , afni qu'étant béni
benedic^j" tionis , cuni par nos mains, plein de foi
des Rois de France. 127
et tle bonnes œuvres , fide recta , et multi-
tous arriviez à la couron p'ici bonorum operuiu
ne du règne éternel par i-ructu , ad coron-am
la grâce de celui dont le perverrias regni perpe-
règne et l'empire s'élen- tui , ipso largientc
dent dans tous les siècles cujuss regntim et ini-
des siècles. Ainsi soit- il. perium permanet in
scecula saaculorum.
Amen.
Après celte prière, l'archevêque met seul
cette grande couronne sur la lête du roi , en
disant co qui suit :
Recevez la couronne AcciFEcoronam re
de votre royaume au nom gni in nomine Pa-firis,
du Père , du Fils et du et Fi-flii , et SpirLtûs-{-
Saint-Esprit , afin que sancti : ut spreto anti-
rejellant les prestiges de quo hoste, spretisque
l'ancien ennemi des hom contagiis vitiorum
mes , et vous gardant de omnium, sic justitiam,
la conlagion de tous les misericordiam et ju-
vices, vous soyez si zélé dicium diligas, et ita
pour la justice, si acces juste et misericorditer
sible à la compassion et etpièvivas, utab ipso
si équitable dans vos juge Domino Jesu Chrïsto
ments , que vous méritiez in consortio sancto-
de recevoir de notre Sei rum aelerni regui co-
gneur Jésus-Christ la cou- ronam percipias. Ac-
ronnedu royaume éternel cipe , inquam , co-
dans la société des saints. ronam , quam sane-
Hccevez donc cette cou titatis gloriam et ho-
ronne , et faites qu'elle norem et opus forti-
porte les marques glorieu tudinis intelligas si-
ses et honorables de votre gnare : et per banc te
128 Cérémonial du Sacre
participem ministerii piété et de volrecourage ,
nostpi non ignores : et sachez que c'est par
ita ut sicut nos in in- elle que -vous participez à
terioribuspastoresrec- notre ministère; et que de
toresque auiinarum même qu'on nous regarde
intelligimur : ita tu comme tes pasteurs et les
contra omnes adversi- conducteurs des âmes dans
tates ecclesiae Christi les choses spirituelles, de
defensor assistas , re- même vous preniez notre
gnique tibi à Deo da- défense contre les ennemis
ti , et per officium de l'église; que parle mi
nostrae benedictionis , nistère de notre bénédic
in voce exultationis , tion , et tandis que nous
vice aposto!orum,om- faisons en cette partie la
niumque sanctorum fonction des apôtres et de
roeitnini tuo commissi tous les saints, au milieu
ulilis es.cc.ilor, pers- de nos cantiques , vous
picuusque regnator vous montriez le protec
semper appareas : ut teur et le ministre fidèle
inter gloriosos athle- du royaume qui est confié
las virttitum gemmis à vos soins , afin qu'orné
ornatus , et praemio de toutes les vertus qui
sempiterna: feîicitatis brilleront en vous comme
coronatus , cum re- autant de pierres précieu
demptore ac salvatore ses , et couronné comme
nostro Christo , cujus un vaillant athlète de la
nomen vicemque ges- récompense du bonheur
tarc crederis, sine fine éternel, vous régniez glo
glorieris , qui vivit et rieusement avec Jésus-
i mpera t Deus cum Deo Christ notre rédempteur
patre in sscula saecu- et notre Sauveur , dont
lorum. Amen. vous êtes l'oint, et dont on
vous regarde comme le
lieutenant : lui qui ét nt Dieu, vit et règne dans
tous les siècles des sièl s. Ainsi soit-il.
des Rois de France. c 2g
Le couronnement ainsi fait, l'archevê
que de Reims étant debout sans mitre ,
dit les oraisons, el fait les bénédictions sui
vantes.
puions. OREMUS.
Dieu de l'éternité , Deus perpetuitatis ,
source de toute vertu , dux virtutum , cunc-
vainqueur de tous vos en torum hostium viclor ,
nemis , bénissez votre ser bene-j-dic hune famu-
viteur , qui baisse ici la lum tuum tibi caput
tête devant votre Majesté. suum inclinantem , et
Conservez -le dans une prolixâ sanitate , et
santé toujours florissante , prosperâfelicitateeum
et perpétuez sa félicité. conserva, et ubicum-
Soyez son aide et sa protec que pro quibus tuum
tion dans toutes les occa auxilium invocaverit ,
sions, ainsi que de ceux en cità adsis, et protegas
faveur de qui il implorera ac defendas : tribue ei,
voire secours. Faites-lui queesumus , Domine ,
part des richesses de votre divitias gloriae tua: ,
gloire : comblez ses bons comple in bonis desi-
désirs : couronnez-le dans derium ejus, cororia
votre miséricorde et votre eum in miseratione et
bonté , et faites qu'il vous misericordia , tibique
serve toujours avec piété : Deo piâ devotione ju-
Pttf Jésus - Christ notre giter famuletur. Per
Seigneur. Ainsi soit-il. Christum Dominum.
Bénédiction.
Que le Seigneur étende Extendat omnipo-
sa bénédiction sur vous: tens Deus dexter.im
qu'il vous environne de suae benc-f"diciionis,,
i3o Cérémonial du Sacre
et circumdet le muro bonheur et de toute sa
felicitatis, ac cuslodiâ protection , ainsi que des
sua? prolectionis, sanc- mérites de la sainte vierge
tae Maria:, ac beati Pe Marie , de saint Pierre ,
tri apostolorum prin- cbefdes apôtres, de saint
cipis , S Dionysii at- Denis, de saint Remi et
(jue B. Remigii et om de tous les saints. Ainsi
nium sanctorum inter- soit- il.
cedenlilms îueritis.
Amen.
Indulgeat tibi Do- Que le Seigneur vous ac
minus omnia peccata corde la rémission de tous
quoe gessisti, et Iribuat vos péchés ; qu'il vous
gratiam et miserieor- donne la grâce et la misé
diam , quam ab eo hu- ricorde que vous lui de
militer deposcis, etli- mandez humblement; qu'il
beret te ab adversitati- vous délivre de toute ad
buscunctis etab omni versité et des embûches
bus ininiicorum visibi- de tous vos ennemis visi
lium etinvisibilium iu- bles et invisibles. Ainsi
sidiis. Amen. soit-il.
Angelossu.os bonos , Qu'il établisse autour
qui te sempcr et ubi- de tous ses bons anges
que praecedant , comi- pour vous garder; qu'ils
tentur et subsequan- marchent devant vous ,
tur , ad custodiam lui qu'ils vous accompagnent
ponat, et te à peccato et tous suivent toujours
scu gladio , et ad om et en tous lieux ; que par
nium periculorum dis sa puissance il vous déli
crimine suâ potenliâ vre de tout péché ; qu'il
liberet. Amen. vous mette à couvert du
glaive ennemi et de tout
danger. Ainsi spit-il.
Inimicostuos ad pa Qu'il tourne le cœur de
ris cbaritatifique beni- vos ennemis vers la paix
des Rois de Fiance. 10 i
et In douceur; qu'il vous gnitatein convertat , et
rende aimable et bienfai bonis operibus te gra-
sant par vos bonnes ac tiosuni et amabilem fa
tions ; qu'il couvre d'une cial , pertinaces quo-
confusion salutaire , ceux, que in lui insectatioue.
qui vous persécuteroient et odio , confusione
et vous haïroient avec salutari indual : super
obstination , et que les le autem participatio
fruits de la paix qu'il vous etsancti-j-ficaliosempi-
fera goûter , fleurissent terna floreat. Amen.
toujours en vous. Ainsi
soi:—11.
Qu'il vous fasse toujours Vietoriosuru te al-
triompher de vos ennemis que triumphatorem de
invisibles : qu'il répande iuvisibilibus hostib;;s
dans votre cœur sa crainte seuiper efliciat, et sau-
et l'amour de son saint cti nominis sui tiuio-
nom : qu'il vous fasse per rem pariteret anoreni
sévérer dans la vraie foi ,conlinuum cordi tuo
et qu'après vous avoir faitinfundat , in fide recta
régner en paix et rempor ac bonis operibus per-
ter les palmes de la vic severabileni reddat. ,
toire pendant voire vie , et pace in diebus tuîs
il vous conduise au règne concessâ , cum palma
éternel. Ainsi soit-il. victoria? te ad perpe-
tuum regnum perdu-
cat. Àmen.
El que celui qui vous a Et qui te voluit su
établi roi sur son peuple, per populum siunu
et vous a rendu lieureux constituera regèm,et
en cette vie , vous rende in prxsentt saeculo fi:-
participant de la félicité licem , seternae felicita-
éternelle. tis tribuatessc consor-
lem.
Que celui dont le règne Quod ipse prxsiare
Cérémonial du Sacre
digneiurcujusregnum et l'empire s'étendetit dans
et i m peri u m sine fine tous les siècles, vous ac
permanet in saecula corde cette grâce. Ainsi
sxculorum. Amen. soit-il.
Autres Bénédictions.
Bjbne-{-dic, Domi Bénissez , Seigneur ,
ne, regem nostrum , notre roi, vous qui gou
qui regna omnium vernez depuis le commen
regum à saeculo mo- cement du monde les
deraris. Amen. royaumes de tous les rois.
Ainsi soit-il.
Et tali eu m bene- Glorifiez-le d'une béné
dic-j-tione glorifica, ut diction si abondante, qu'il
Davidicâ teneat subli- tienne le sceptre du salut
mitale sceplrum salu- avec la même dignité que
tis , et sanctifies pro- David, et enrichissez-le du
pitiationis munerere- don de sainteté et de pro-
periatur locuplelatuf. pitiation. Ainsi soit-il.
Amen.
Da ei , tuo spirami- Faites que , par l'inspi-
ne , cum mansnetudi- ralionde votre esprit-saint,
ne itàregerepopulum, il gouverne son peuple
sicut Salomonem fe- avec douceur, et que son
cisti regnum oblinere règne soit aussi pacifique
pacificum. Amen. que celui de Salomon.
Ainsi soit-il.
Tibi cum timore, sit Qu'il vous serve avec
subditus , tibique mi crainte : qu'il combatte
lite! cum quiete : sit pqurvous avec confiance :
tuo clypeo protectus , couvrez-le de votre bour
cum proceribus, et clier, lui et les grands de
ubique gratiâ tuâ Vic son royaume , et que , par
tor e&isiat. Amen. votre grâce , il demeure
toujours vainqueur.
des Rois de France. 1 33
Qu'il soit honoré plus Honorifica eum praa
que les rois des autres na cunctis regibus gen-
tions : qu'il règne heureu tium , felix populis do-
sement sur ses peuples : minetur , et feliciter
que les nationsle comblent eum nationes ador-
de louanges , et qu'elles nent, vivat inter gen-
célèbrent toute sa magna tium nationes magna-
nimité. Âinsi soit- il. nimus. Amen.
Qu'il soit d'une équité Sit in judiciis sequi-
remarquable dans ses ju tatis singularis , locu-
gements : que celui qui pletet eum praedives
est la source des richesses , dextera , frugiferam
lui en donne de grandes : obtineat patriam , et
que la fertilité règne dans ejus liberis tribuas
son pays , et comblez de profutura. Amen.
vos biens ses enfants.
Ainsi soit-il.
Accordez-lui une lon Praesta ei prolixita-
gue suite de purs : que tem vit» per tempora,
la justice fleurisse sous ut in diebus ejus oria-
son règne : rendez son tur justifia -, à te ro-
trône inébranlable, et que,bustuni teneat regimi-
comblé de joie, il possède nis solium, et cum ju-
un royaume éternel. Ainsi cunditate et laetitia
soit-il. seterno glorietur reg-
no. Amen.
Que celui dont le règne Quod ipse praestare
s'étend dans tous les siè dignetur , cujus re-
cles des siècles , daigne gnum et imperium ,
lui accorder celte grâce. sine fine prrmanet in
Ainsi soit-il. saecula saeculonim.
Amen.
OKEMUS. PRIONS.
Omsipotens Deus Que le Dieu tout-puis-
i*4 Cérémonial du Sacre
det tibi de rore cœli sant fa.«-se tomber sur votre
et de pinguedine terra; Royaume la rosée du ciel ,
abundantiam frumen- et que la graisse de la terre
ti , yiui et olei : ser- y produise une abondance
viant tibi populi, et de bled , de vin et d'huile :
adorent te tribus : que vos peuples vous soient
esio Dominus fratrum soumis ; que les tribus
tuorum , et incurven- vous rendent l'hommage
tur ante le (ilii marris qui vous est dû. Soyez le
tuae,etf|ui benedixe- Seigneur de vos frères , et
rit tibi, benediclioni- que les enfans de votre
bus repleatur, etDeus mère s'inclinent devant
erit adjutor tuua: om- vous : que celui qui vous
nipotens beue -f dicat bénira, soit comblé de bé
tibi benediclionibus nédictions , et que Dieu
cœli desuper, in moo- soit voire secours : que le
tibus et collibus, be- Tout-puissant vous bénisse
nedictionibus abyssi des bénédictions qui des
jacentis deorsum , be- cendent du ciei , de celles
nedictionibus ube- des montagnes et des col
rum , uvarum pomo- lines, de celles des vallées,
rumque; benedictio- de celles qu'il répand sur
ncs Pairuni anliquo- les fruits de la terre. Que
rum, Abrabam , Isaac les bénédictions que Dieu
et Jacob , confortatae vous donnera, soienleuco-
sinl super te Per Chris- re plus grandes que celles
tam. qu'il a données aux an-
.... ciens Patriarches Abra-
ham, Isaac et Jacob. Par Jésus-Christ notre Seigueur.

ORKMUS. riuons.
Bene -J- die , Domi Bénissez, Seigueur, la
ne , fortitudinem Prin- force de notre prince , et
cipis , et opera ma- coopérez à toutes ses œu
nuum ilii us suscipe , vres; et que, par voire
des Rois de France. i33
bénédiction , le pays de sa et benedictione tuâ
domination soit rempli terra ejus , de ponds
des fruits de la terre, des repleatur , de fructu
fruits du ciel, de la rosée crelesti et rore atque
des vallées , des fruits du abyssi subjacentis , de
soleil et de la lune, de fructu solis et luuae,
ceux du haut des monta et de vertice antiquo-
gnes et des collines éter rutn montium, de po
nelles ; de ceux que la terre nds selernorum col-
donne en abondance de lium , et de frugibus
son sein. Que la bénédic- terrae et plenitudine
ticn de celui qui apparut ejus : benedictio illius
dans le buisson ardent, se qui apparuit in rubo ,
répande sur sa tête : que le veniat super caput
Seigneur comble de béné ejus, et plena sit be
dictions ses enfants : qu'il nedictio Domini in (ï-
recueille la plus grande liis ejus , et tingat in
abondance d'huile : qu'il oleo pedem suum : cor-
ait la force du rhinocéros, nua rhinocerotis, cor
et qu'il chasse devant lui, nus îllius , in ipsis
comme mi vent impétueux, ventilabitgentcsusque
les nations ennemies , jus ad lerminos lerrac :
qu'aux extrémités de la quia asccnsor cœli
terre : parce que celui qui auxiliator suus i n seni-
est élevé au-dessus des piternum. Pcr Do-
cieux, sera son bras droit minum noslrum Je-
à Jamais. Par notre Sei suin Ghristum Filium
gneur Jésus-Christ. tuum , etc.

Intronisation du Roi.
La cérémonie du couronnement étant
finie , Parchevêtpe de Reims , précédé de
son porle-crosse et de deux chanoines en
1 36 Cérémonial du Sacre
chape, prend le roi par le bras droit, et le
conduit au trône élevé sur le jubé, dans
l'ordre suivant. Les six hérauts d'armes , qui
éloient placés au milieu du chœur, mar
chent les premiers jusqu'au bas des marches
qui conduisent au jubé. Les pairs ecclésias
tiques montent par l'escalier qui est du côté
de l'épître : les pairs laïques par celui du côté
de l'évangile. Le maréchal de France repré
sentant le connétable , tenant l'épée nue «t
droite, ayant à ses côtés les deux huissiers
de la chambre, marche devant le roi. Sa
Majesté a la couronne de Charlemagne sur
la tête, et porte en ses mains le sceptre et la
main de justice. Les deux capitaines des
gardes-du-corps de quartier, précédés des
six «ardes écossois, marchent aux deux côtés
du roi, dont la queue du manteau royal est
portée par le grand-écuyer de France. Le
chancelier de France marche seul derrière le
roi , et après lui marche le grand-maître de
la maison de Sa Majesté. A la droite du roi
est le grand-chambellan de France, et à sa
gauche le premier gentilhomme de la cham
des Rois de France. 1 37
bre. Les six gardes écossois s'arrêtent au haut
des marches du trône, trois de chaque côté.
Le roi étant monté à son trône par l'escalier
du côté de l'évangile, les pairs ecclésiasti
ques et laïques se placent , chacun selon son
rang, aux deux côtés du trône du roi, et les
grands officiers dans les places qui leur sont
marquées. Les deux capitaines des gârdes-
du-corps se tiennent sur la marche de l'es
trade à côlé du fauteuil du roi. L'arche\ê-
que de Reims fait asseoir Sa Majesté sur
son trône , ensuite la tenant debout et par
le bras droit , le visage tourné vers l'autel , il
dit les prières suivantes :
Demeurez ferme , et Sta , et retine amo
maintenez-vous dans la do statum, quem hue
place que vous avez oc usque paternâ succes-
cupée jusqu'ici, comme sione tenuisti , haere-
ayant succédé à vos pères; ditario jure tibi dele-
qui vous a été transmise gatum per auctorita-
Îiar droit d'héritage , par tem Dei omnipoten-
'autorité du Dieu tout- tis , et per présentent
puissant, et dont nous traditionem nostram ,
vous mettons en posses omnium scilicel Epis-
sion, nous et tous les évé- coporum , caeterorum-
ques et tous les Serviteurs que Dei servorum ;
tfe Dieu; et comme vous et quantô clerum pro-
voyez le clergé plus près pinquiorem sacris al-
i38 Cérémonial du Sacre
taribus prospicis , tan- des saints autels que le res
tô ei potioreni in locis te des fulè'.cs, plus vous
congruenlibus hono- devez avoir attention à le
rem impendere me- maintenir dans la plaee la
mineris ,quatenùs me- plus honorable , et en tous
diator Dei et homi- lieux convenables, afin que
nuru te medialorem le médiateur de Dieu et
cleri et plebis consti des hommes vous établisse
tuât. le médiateur du clergé et
du peuple.

Ensuite, ayant fait asseoir le roi sur le


trône, et le tenant par la mainr il ajoute ce
qui suit ;
In hoc Begni so'io Que Dieu vous afFur-
confirmet te , et in, misse- sur ce trône , et
regno aeterno secum que Jésus - Christ notre
regnare faciat Jésus- Seigneur vous fasse régner
Christus Dominas nos- avec lui dans son royaume
ter , Res regnum et éternel, lui qui est le roi
Dominus dominan- des rois et le Seigneur des
tium , qui cum Deo seigneurs , qui vit avec le
Pâtre et Spiritu sancto père et le St. -Esprit dans
vivitet regnât per om- tous les siècles des siècles.
nîa ssecula saeculorum. Ainsi soit-il.
Amen.
f. Firmetur manus jf. Que votre main soit
tua, et exaltetur des- remplie dft force , et que
tera tua. votre droite fasse des cho
ses éclatantes.
t^. Justitia et judi- Que la justice et l'é
cimn praeparalio sedis quité soient les bases de
tua;. voire trôue.
des Rois de France. i 3ç)
fi. Seigneur, écoutez fi. Domine , exaudi
ma prière, orationem meam ,
Vl- Et que mon cri s'élè Et clamor meus
ve jusqu'à vous. ad te veniat.
fi. Que le Seigneur soit fi. Dominus vobis-
avec vous , cum ;
Et avec votre esprit. 1^. Et cum spiritu
luo.
rRIOKS. OREMUS
O Dieu , qui avez affer Detjs, qui victrices
mi les mains victorieuses Moysis manus in ora-
de Moïse dans la prière , tione firmasti , qui
lui qui, quoique avancé quamvis setale fatisce-
en âge , n'en étoit pas ret , infatigabili sanc-
moins infaligabie dans le titate pugnabat : ut
combat; a fi ri q u'a près avo i r dum Amalec iniquus
vaincu l'injuste Amalec , vincitur; dum profa-
après avoir subjugué des nus nationum popu-
nations profanes , et exter lus subjugatur, exter-
miné b»s étrangers, il ren minatis alienigenis,
dît voire peuple possesseur baereditati tuae posses-
d'une vaste étendue de sio copiosa serviret ;
pays; exaucez nos prières, opus manuum noslra-
et affermissez l'ouvrage de runi piâ nostrae ora-
nos mains. Père saint , tiouisexauditione con
nous avons pour interces firma. Habemus et nos
seur auprès de vous Jésus- apud te , sanc!e Pater ,
Christ notre Sauveur, qui Dominum Salvato-
a étendu pour nous ses rem, qui pro nobis
mains sur la croix. Grand manus suas retendit in
Dieu , c'est par lui que Cruce, per quemetiam
nous vous supplions de precamur, Allissiniej
briser et d'anéantir, l'im ut ejus potentiâ suffra-
piété de tous nos ennemis : ganle , universorutu
1 4o Cérémonial du Sacre
h istium frangatur im- faites que votre peuple li-
pietas, populusque bre de toute crainte, ap-
tuus , cessante formi- prenne à ne craindre que
dine, te solum timere vous seul : Par ]e même
condiscat. Pereundem Jésus Christ notre Sei-
Dominum. gneur. Ainsi soit-il.

Ces prières achevées, l'archevêque de


Reims ayant quitté sa mitre, fait une pro
fonde révérence au roi , et le baise. Alors il
dit tout haut, et par trois fois : Vivat rex in
œternum. Ensuite les pairs ecclésiastiques et
les pairs laïques baisent Sa Majesté , avec
pareille acclamation, à leur tour; et s'étant
remisa leurs places, les hérauts d'armes mon
tent au jubé. On ouvre les portes de l'église,
et le peuple y entre en foule pour voir son
monarque sur son trône, dans toutela pompe
de la royauté; et dans ce moment, toute
l'église retentit d'acclamations de vive le roi.
En même temps les trompettes et les autres
instruments de musique qui sont dans le
chœur, se font entendre, et se joignent aux
cris de joie de tout le peuple. Les oiseleurs
lâchent une grande quantité d'oiseaux, et
les régiments des gardes-françoises et suis
des Rois de France. 141
ses, qui sont dans la place et autour de l'é
glise, font une triple salve de mousquelte-
rie. Pendant ces acclamations , les hérauts
d'armes distribuent dans le choeur et dans
la nef une grande quantité de médailles d'or
et d'argent, qui ont été frappées pour cette
cérémonie, qui représentent d'un côté le
buste du roi avec cette inscription : Lu~
dovicus , rex christianissimus. Au revers,
l'instant de son sacre, avec cette légende,
rex cœlesti oleo unctus, et dans l'exergue,
Remis, avec la date du jour, du mois et de
l'an. L'archevêque de Reims descend du
jubé, et étant arrivé à l'autel, il entonne le
Te Deum, qui lui est annoncé par le grand-
chantre, et qui est continué en plain-chant
parla musique du roi, et toutes les cloches
de la ville se font entendre, ainsi que le bruit
des salves de l'artillerie.

Célébration de la Messe.

Le Te Deum fini, le chantre et le sous-


chantre eutonnent l'Introït, qui est continué
par la musique. L'archevêque de Reims
i^i Cérémonial du Sacre
commence la messe, et alors un chapelain
du roi commence une messe basse à l'aulel
dressé à un bout du jubé. Après le Kirie
et le Gloria m excelsis chantés par la musi
que, l'officiant dit la collecte suivante :
OREMUS. PRIONS.
Qu^esumus , omni- Accordez à nos prières,
potens Deus , ut fa- Dieu tout-puissant, que
mulus tuus Rex nos- votre serviteur Louis, no
ter Ludovicus, qui tuâ tre Roi , qui par votre nii-
miseratione suscepit séricorde a reçu Ja con-
regni gubernacula , duite de ce royaume , re-
virtutum etiam om- çoive aussi l'accroissement
ni uni pei-cipiat incre- de toutes les vertus; afin
menta, quibus decen- que revêtu de leur force. ,
terornatus,etviliorum et saintement orné de leur
monstradevitare,hos- éclat, il ait les vices en
tes superare , et ad te horreur comme autant de
qui via, veritas, et vita monstres, qu'il soit vic
es , gratiosus valeat torie;iX de ses ennemis, et
pervenire. Per Domi- qu'agréable à vos yeux par
num nostrum. ses bonnes œuvres, il puis
se enfin arriver jusqu'à
vous, qui êtes la vo"ie -, la
vérité et la vie. Par notre
Seigneur.
Après cette oraison et celle du jour, un
des évêijues qui fait la fonction de sous-
diacre, ayant quitté sa mitre, chante l'épître.
assisté de deux chanoines. Après le graduel,
des Rois de France. i43
l'-éyêque qui fait la fonction de diacre, chante
l'évangile pendant lequel les Pairs ecclésias
tiques quittent leurs mitres, et les pairs laï
ques leurs couronnes. Le prince représen-
tantle duc de Bourgogne, ôte au roi sa cou
ronne , et la pose sur une crédence , et après
l'évangile il la remet sur la tête de Sa Ma
jesté.
Dans le même temps Je grand-maître, le
maître et l'aide des cérémonies descendent
du jubé, les hérauts qui étoient au bas de
l'escalier marchent devant eux, et lorsqu'ils
sont avancés dans cet ordre au milieu du
chœur, ils font leurs révérences à l'autel,
au roi, à la reine, et aux princesses et dames
qui sont dans la tribune, aux ambassadeurs
et aux cardinaux qui sont à la tête du clergé.
Le grand-maître des cérémonies fait une ré
vérence au grand-aumônier de France (1);
celui-ci quitte sa place pour aller porter au
roi l'évangile à baiser ; il est précédé du grand-

Ci ) Lorsque l-archevêque de BeimsTst gr,in;i-aumô-


uii-r, on nomme nn autre prélat pour faire ses fonctions.
1 44- Cérémonial du Sacre
maître et du maître des cérémonies, et ac
compagné de l'évêque diacre et d'un cha
noine diacre qui porte le livre des évangiles
couvert d'une tavaïole de satin blanc : il est
en habit de cérémonie, c'est-à-dire, en chape
de tabis rouge, s'il est cardinal, et en chape
detabis violet, s'il est seulement évêque. Le
grand aumônier étant arrivé au bas de l'es
calier du jubé du côté de l'épître, fait au
roi une première révérence, une seconde au
milieu de l'escalier, et une troisième auprès
du trône : puis ayant présenté le livre des
évangiles à baiser au roi, il le remet entre les
mains de l'évêque-diacre : il descend ensuite
An jubé par l'escalier du côté de l'évangile
avec les mêmes cérémonies , et répétant les
mêmes révérences qu'il a faites en montant
au trône, et lorsqu'il est arrivé près de l'au
tel , il fait les révérences accoutumées en pa
reilles cérémonies.

Cérémonies de l'offrande.

Pendant q«e l'archevêque officiant fait l'o«


blation, et que la musique chante l'offertoire,
des Rois de France. i45
le roi d'armes et les hérauts vont prendre sur
les crédences de l'autel les offrandes qui y
ont «té mises , et ils les portent sur des ta-
vaïoles de salin rouge, bordées de franges
d'or, aux quatre chevaliers de l'ordre du
Saint-Esprit qui sont placés , comme il a été
dit, dansles quatre premières hautes stales du
chœur, et qui doivent porter ces offrandes
pour le roi. Le roi d'armes présente au pre
mier de ces seigneurs un grand vase d'argent
doré; les hérauls donnent au second un pain
d'argent, au troisième le pain d'or, et au qua
trième une bourse de velours ronge brodée
d'or, dans laquelle sont treize pièces d'or
qui portent la même effigie , inscription et
légende que les médailles distribuées pen
dant la cérémonie. Ces quatre chevaliers te
nant ces offrandes, sont conduits par legrand-
maître, le maître et l'aide des cérémonies
au trône du roi , où ils montent par l'esca
lier du côté de l'évangile, en observant de
faire au bas au milieu et au haut de l'escalier
les révérences accoutumées. Le roi ayant été
ainsi invité d'aller à l'offrande , Sa Majesté
7
1^6 Cérémonial du Sacre
descend de son trône par l'escalier du côte
de l'épîire dans cet ordre.
Les hérauts d'armes précèdent le grand-
maître, le maître et l'aide des cérémonies :
après eux marchent les quatre chevaliers de
l'ordre du Saint-Esprit , le chancelier de
France , le connétable tenant l'épée nue, et
ayant à ses côtés les deux huissiers de la
chambre portant leurs masses ; les pairs ecclé
siastiques à la droite et les pairs laïques à la
g uche, marchent auprès du roi, qui tient dans
ses mains le sceptre et la main de j ustice, ayan t
à ses côtés ses deux capitaines des gardes
el les six gardes de la manche : ceux-ci res
tent au milieu du chœur. Le grand-écuyer
de France porte la queue du manteau royal.
A l'égard du grand chambellan et du pre
mier gentilhomme de la chambre, ils res
tent dans leurs places sur le jubé, pour gar
der le trône. Le roi élant arrivé à l'autel , où
l'archevêque de Reims est assis, le visage
tourné vers le chœur, Sa Majesté se met à
genoux; et ayant remis le sceptre à l'un des
maréchaux de France , tt la main de justice
des Rois de France. 1 4-7
à l'autre, elle reçoit le vase d'argent doré,
le pain d'argent, le pain d'or et la bourse,
des mains des quatre seigneurs, (1) et pré
sente ces offrandes à l'archevêque de Reims,
lui baisant la main à chaque fois. Après l'of
frande, le roi reprend son sceptre et la main
de justice, et remonte à son trône dans le
même ordre qu'il en est descendu. Les pairs
ecclésiastiques montent par l'escalier du côté
de l'évangile : ils reprennent leurs pinces à la
droite et à la gauche du trône de Sa Majesté,
et l'aide des cérémonies reconduit les qua
tre chevaliers de l'ordre à leurs places.
Pendant l'offertoire , un aumônier du roi
apporte de l'autel du jubé sur le grand autel,
une grande hostie et une petite , laquelle
doit servir à la communion du roi, après
avoir, selon l'usage ordinaire , fait l'essai de
l'une et de l'autre.
Quand le célébrant en est à l'oraison dite
la secrète, il y ajoute la suivante.

(1) Au sacre de Louis XV, ces quatre seigneurs


etoient, l'un, un marquis, deux comtes, et le qua
trième, un maréchal de France.
i -48 Cérémonial du Sacre
oremus. mio^-s.
Munera , qusesu- Sanctifiez , Seigneur ,
mus , Domine, oblata ces dons que nous vous
sanctifica, ut et nobis offrons, afin qu'ils devien-
XJnigeniti tui Corpus nent pour nous le corps
et Sanguis fiant , et et le sang de votre fils uni-
Ludovico Regi nostro que, et qu'ils servent, par
ad obtinendam animée votre grâce, jusqu'à la fin
corporisque salutem, à notre roi Louis, pour
et ad peragendum in- obtenir le salut de l'âme
junctum officium , te et du corps , et pour s'ac-
lurgiente, usquequa- quitter dignement des de-
que proficiant. Per voirs de la royauté. Par
Uoujinum nostrum. notre Seigueur.
Avant l'élévation dela messe, le prince
représentant le duc de Bourgogne, ôte au
roi sa couronne , et la pose sur le prie-Dieu.
Les pairs laïques quittent aussi leur cou
ronne , et les pairs ecclésiastiques leur mi
tre , et ne les reprennent qu'à la fin du canon
de la messe, et lorsque le prince représen
tant le duc de Bourgogne , a remis la cou
ronne sur la tête de Sa Majesté.
Au Pax domini , l'évêque qui fait l'office
de diacre, se tourne vers le chœur, et
ayant sa mitre en tête , et la crosse de
l'officiant en sa main gauche , annonce la
bénédiction , en chantant ces paroles : Hu
des Rois de France. i4g
fniliaie vos ad benedictionem ; c'est-à-dire
humiliez-vous pour recevoir la bénédiction ;
éi à chaque bénédiction , le chœur répond ,
Amen. L'archevêque officiant, tourné vers
le chœur, tenant sa crosse de la main gau
che , dit sur le roi et sur le peuple , l'oraison
suivante.
PB IONS. OREMUS.
Que le Seigneur tous Benedicat \ tibi
bénisse, et qu'il vous garDominus, custodiens-
de : et que, comme il a que te , sicut te voluit
voulu vous établir roi sursuper populum suum
son peuple, il vous com consti lucre Regeru ,
ble de prospérité dans le ità et iu praesenti sae -
siècle présent, et vous renculo felicem , et aeter
de participant du bonheur nae felicitatis tribuat
éternel. Ainsi soit-il. esse consortem. Amen.
Qu'il vous fasse la grâce Cleruni ac popu
de gouverner pendant une lum , quem suâ voluit
longue suite d'années , se opitulatione , et tuâ
lon l'ordre de sa provi sanctioue congregari ,
dence, et par votre sage suâ dispensatione , et
conduite, le clergé et le tuâ administratione ,
peuple qu'il a eu la bouté per diuturna tempora
de réunir avec vous ; unionfaciat feliciter guber-
que vous avez confirmée nari. Amen.
par vos promesses. Ainsi
soit-il.
Afin qu'en accomplis Quatenùs divinis
sant la loi de Dieu, étant monitis parentes, ad-
à l'abri de toute adversité, versitatibus omnibus
I.IO Cérémonial du Sacre
carêmes, bonis omni comblés de toutes sortes
bus exuberantes; tuo de biens, et vous servent
minisierio fuieli amore avec amour et fidélité, ils
obsequentes, et in prae- jouissent de la paix clans le
senti saecalo pacis tran- siècle présent , et qu'ils
quilîilate fruantur,et méritent d'être réunis avec
tecuni rclernorum ci- vous dans la société des
vium consortio potiri cilovens du ciel. Ainsi
mereantur. Amen. soit-il.
Quod ipse prseslare Que cehii dont le règne
dignetur , cujus reg- et l'empire s'étendent dans
num etimperium, sine tous les siècles des siècles,
fine permanet , in sx- daigne vous ac ordcr cette
cula focculorum. grâce.
Et benedictio Dei Et que la bénédiction
omnipotentis , Pa ~f - de Dieu le Père tout-puis
tris , et Fi-|-!ii, et Spi -J-- sant , du Fils et du Saint-
rilùs snncti , desceu- Esprit , descende sur vous
dat super vos , et ma- tous, et qu'elle y demeure
neat semper. Amen. à jamais. Ains-. soit-il.

Céremonie de la Paix donnée.

Aussitôt après que l'archevêque de Reims


a donné cette bénédiction , les hérauts d'ar
mes , le grand- maître , le maître et l'aide des
cérémonies, ayant fait les révérences ordi
naires , le grand - maître des cérémonies
en fait une particulière au grand - aumô
nier de France : ce prélat sort de sa
place , et va recevoir de l'officiant le
des Rois de France. 15 1
baiser de paix; et à l'instant il monte an
jubé dans le même ordre, et avec les mêmes
cérémonies qui s'observent pour le baiser de
l'évangile; et ayant fait au roi une profonde
révérence, il lui donne le baiser de paix , et
ensuite les pairs ecclésiastiques et les pairs
laïques vont recevoir de Sa Majesté le
même baiser de paix. Pendant ce temps-là,
le grand aumônier retourne à sa place, en
observant les mêm°s révérences qu'il a faites
en montant au trône.
Lorsque l'archevêque officiant est aux
oraisons , qu'on appelle la postcommunion,
il dit la suivante pour le roi.

PHIONS." OREMOS
Que cette oraison sa ELec., Domine, ora-
lutaire préserve votre ser tio salutaris farnuluui
viteur Louis, notre roi, tuum Ludovicum re-
de toute adversité ; afin gein ab omnibus tue-
qu'ilpuissejouirdela tran atur adversis , quatr-
quillité de la paix dans nijs et ecclesiasticae
votre église, et qu'il par fiacis obtineat tranqui-
vienne , après le cours de itatem , et post il lins
cette vie, à l'héritage éter temporis decursum ad
nel. Par notre Seigneur. seternam perveniallia;-
reditatem. Per.
1 52 Cérémonial du Sacre

Communion du Roi.

La messe étant finie, le roi, avec les pairs


ecclésiastiques et laïques, elles grand offi
ciers dela couronne, descendent du trône
pour la commuuion , et dans le même ordre
que lorsqu'ils sont allés présenter les offran
des , si ce n'est qu'alors le grand-chamhellan
et le premier gentilhomme de la Chambre
marchent aux deux côtés du grand maître
de la maison du roi.
Sa Majesté étant arrivée devant l'autel ,
le prince représentant le duc de Bourgogne ,
lui ôte la couronne, et la met entre les mains
d'un maréchal de France (1). Sa Majesté

(1) Henri II communia avec la grande couronne sur


la tête ; Henri IV se la fit ôter par le prince de Conli ,
en approchant de l'autel, par révérence de la sainte
communion ; et les pairs laïques imitant le roi , ôtèrent
aussi leurs couronnes. Louis XIII suivit l'exemple de
. son père ; Louis XIV se la fit ôter par Mousieur , qui
représentoit le duc de Bourgogne , avant d'entrer dans
le pavillon pour la réconciliation, et Louis XV en fît
de même.
des Rois de France, i53
remet le sceptre et la main de justice entre
les mains des mêmes maréchaux de France
à qui elle les avoit mis lors de l'offrande.
Ensuite le roi entre sous le pavillon qui a
été dressé auprès du grand-autel du côté de
l'évangile, et où son confesseur l'attend , et
il se réconcilie. Après quoi Sa Majesté vient
se meure à genoux au bas de l'autel : l'ar
chevêque de Reims lui ayant donné l'abso
lution dans la forme de l'église , communie
le roi sous les deux espèces ; savoir , d'une
petite hostie qu'il a consacrée exprès , et
du précieux sang de notre seigneur qu'il a
réservé dans le calice de saint Remi. (1) Pen
dant que Sa Majesté communie , la nappe
est tenue du côté de l'autel par le grand-au
mônier du roi et par son premier aumônier,
et du côté du roi par le pair représentant le
duc de Bourgogne, et par le pair représen
tant le duc de Normandie.

(i) Le roi communie à son sacre sous les deux es


pèces : cela est ainsi ordonné dans le rituel du sacre
dresse" en 1261 par l'ordre du roi Charles Y, et dans
celui de Louis XIII.
1 54 Cérémonial du Sacre
Après la communion, l'archevêque de
Reims remet à Sa Majesté la couronne de
Charlemagne, qu'elle garde quelques mo-
mens, à genoux, en faisant son action dë
grâces , et pendant que le même prélat fait
la purification du calice. Après quoi le roi se
lève, et l'archevêque lui ôte cette grande
couronne, et lui en met une autre plus petite
et plus légère, faite exprès, et enrichie des
plus belles pierreries de la couronne. La
grande est mise entre les mains du maréchal
de France ou seigneur qui est désigné pour
la porter devant le roi dans la marche, et sur
un riche oreiller.
La cérémonie étant achevée , le grand-
prieur de Saint- Rémi reporte la sainte am
poule dans le trésor de Saint-Remi, dans le
même ordre qu'elle a été portée à la cathé
drale. Les quatre seigneurs qui ont été don
nés pour otages , y laissent les guidons de
leurs armes , et on les décharge de leur ser
ment par un procès-verbal qui en est fait.
des Rois de France.

Retour du Roi à V'Archevêché.

Les gardes de la prévôté de l'hôtel , qui


étoient restés pendant la cérémonie du sacre
à la porte de l'église , commencent la mar
che, ayant à leur tête le grand prévôt de
l'hôtel : ils sont suivis des cent-suisses de la
garde marchant deux à deux, et après leur
capitaines ; ils sont suivis des hautbois,
tambours et trompettes de la chambre : le
reste de la marche est dans cet ordre :
Les hérauts d'armes.
Le grand-maître et le maître des cérémo
nies.
Les quatre chevaliers de l'ordre du Saint-
Esprit qui ont porté les offrandes.
Un maréchal de France portant la cou
ronne de Charlemagne sur un coussin de ve
lours violet , et à ses côtés les maréchaux de
France quiavoient porté le sceptre et la main
de justice.
Le connétable représenté par un maréchal
de France y tenant l'épée nue et élevée ayant
1 56 Cérémonial du Sacre
à ses côtés les deux, huissiers de la chambre
portant leurs masses.
Le roi ayant sa couronne sur la tête, et
toute brillante de diamants , revêtu de ses
habits royaux , tenant son sceptre et la main
de justice, marchant au milieu de ses pairs ,
ayant d'un côté l'archevêque de Reims pré
cédé de sa croix et de sa crosse, accompagné.
de deux chanoines assistants en chape, et de
l'autre le prince représentant le duc de Bour
gogne : les pairs ecclésiastiques à la droite en
chape et avec leurs mitres, et les pairs laï
ques à la gauche, ayant leur couronne sur la
tête , et le grand-écuyer portant la queue du
manteau royal.
Ensuite les deux capitaines des gardes de
quartier.
Les six gardes écossois, ou de la manche,
marchant sur les ailes du cortège.
Les officiers des gardes-du-corps ferment
celte marche , qui se fait par la galerie dé
couverte, et qui se termine à la porte de la
chambre du roi : le tout au bruit des accla
mations de joie du peuple, qui remplit la
des Rois de France.
place devant l'église et dans les cours de
l'archevêché.
Lorsque le roi est arrivé dans son appar
tement, Sa Majesté se déshabille : ses gants
et sa chemise qui ont touché aux onctions ,
sont remis au grand - aumônier de France
pour les brûler. Le roi s'étant reposé quel
que temps , est revêtu d'autres habits et de
son manteau royal par-dessus : Sa Majesté
conserve sa couronne de diamants sur sa
tête, le sceptre et la main de justice sont
remis aux deux maréchaux de France qui
avoient déjà tenu ces honneurs entre leurs
mains.

Le Festin Royal.

La grande salle de l'archevêché est desti


née pour ce festin et richement meublée.
Cinq tables y sont dressées : celle du roi est
placée selon la coutume , devant la cheminée
vis-à-vis la porte de l'appartement de Sa
Majesté, sur une estrade élevée de quatre
marches , et sous un dais de velours violet ,
semé de fleurs de lis d'or en broderie. Les
ï 58 Cérémonial du Sacre
tables des pairs ecclésiastiques et des pairs
laïques sont dressées à la droite et h la gau
che de la salle à égale distance de l'estrade
du roi , et de deux pieds plus basses. Sur la
même ligne et au bout de ces deux tables , il
y en a deux autres; l'une à droite pour le
nonce du pape et les ambassadeurs invités ,
et l'autre à gauche, dite la table des hon
neurs , pour le grand-chambellan de France,
le premier gentilhomme de la chambre, les
chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit qui ont
porté les offrandes, et autres seigneurs qui
ont droit de s'y placer (1).
Lorsque tout est prêt , le grand- pannetier
de France fait mettre le couvert du roi, et
s'étant rendu ensuite au gobelet, il en apporte
le cadenas de Sa Majesté, étant accompagné
du grand-échanson qui porte la soucoupe,
les verres et les carafes du roi, et du grand
écuyer tranchant, qui porte la grande cuiller,

(1) Au sacre du roi Louis XVI, on avoit dressé une


tribune d'où les princesses voyoient la cérémonie du
festin , ainsi que plusieurs princes étrangers qui y
étaient incognito.-
des Rois de France. 1 5o,
la fourchette et le grand couteau : ils sont vêtus
d'habits et de manteau de velours noir, et
doublés de drap d'or. La nef (1) d'or en
richie de pierreries , est mise au coin de la
table le plus éloigné du roi , et du côté droit.
Le grand-maître des cérémonies va ensuite
avertir le grand maître de la maison du roi
que la viande du roi est prête. Le roi ordonne
de faire servir, et le grand- maître se rend au
lieu où les plats sont préparés, et un mo
ment après le premier service est apporté
dans l'ordre suivant :
Les hautbois, les trompettes et les flûtes
de la chambre jouant des fanfares, marchent
à la tête.
Les six hérauts d'armes.
Le grand-maître et le maître des céré
monies. -
Les douze maîtres-'d'hôtel du roi marchant
deux à deux, et tenant leurs bâtons.
Le premier maître-d'hôtel du roi.
Le grand maître (ou celui qui en fait les

(1) Vase d'or dans lequel on enfermoit les serviettes


dont se servoit Sa Majesté.
i Bo Cérémonial du Sacre
fonctions ) tenant son bâton de commande
ment, et précédant immédiatement le service.
Le grand-pannetier de France , portant
le premier plat.
Les gentilshommes servants de Sa Ma
jesté, portant les autres plats.
Etant tous arrivés dans la salle, le grand-
écuyer tranchant range les plats sur la table ,
les découvre , en fait faire l'essai , et les re
couvre , en attendant que Sa Majesté soit
arrivée. Cependant le grand- maître de la
maison du roi , précédé du même cortége ,
va avertir le roi: alors Sa Majesté se rend à
la salle du festin dans cet ordre.
Les hautbois , les trompettes et les flûtes
de la chambre.
Les six hérauts d'armes.
Le grand-maître et le maître des cérémo
nies.
Les douze maîtres-d'hôtel, deux à deux,
tenant leurs bâtons.
Le premier maître-d'hôlel.
Les quatre chevaliers de l'ordre du saint-
Esprit, qui avoient porté les offrandes.
des Rois de France. i61
Le maréchal de France, destiné pour
porter Ta couronne de Charlemagne, sur
un carreau de velours violet , marchant
au milieu des maréchaux de Fiance qui
avoicnt porté le sceptre et la main de
justice.
Le grand-maître dela maison du roi, te
nant son bâton, et marchant entre le grand-
chambellan et le premier gentilhomme de la
chambre.
Le connétable de France, représenté pari-
un maréchal de France, tenant l'épée nue et
droite, ayant à ses côtés les deux huissiers
de la chambre, portant leurs masses.
Le roi , avec sa couronne de diamants sur
la tête, tenant dans ses mains le sceptre et
la main de justice, ayant à ses côtés l'arche
vêque de Reims et le prince représentant
le duc de Bourgogne.
Les pairs ecclésiastiques, revêtus de leurs
chapes et la mitre en tête, marchant sur la
droite du roi, et les pairs laïques, revêtus de
leur manteau ducal, et la couronne sur la
tête, marchant sur la gauche.
162 Cérémonial du Sacre
Les deux capitaines des gardes, marchant
a;inrèfi du roi.
Les six gariics de la manche, ou ecossoia,
sur les ailes.
Derrière Sa Majesté, le grand-ccuycr, por
tant la queue du manteau royal.
Le chancelier fermant la marche.
Lorsque le roi est arrivé à sa table, l'ar
chevêque de Reims fait la bénédiction or
dinaire; et dans le même temps la couronne
de Charlemagne est posée à l'un des coins
de la table à droite, le sceptre à l'un des
coins de la même table à gauche, et la
main de justice à l'autre coin du même
côté; le tout sur des carreaux de velours
violet.
Les maréchaux de France qui ont porté ces
honneurs dans la cérémonie, se placent au
près, et s'y tiennent debout pendant tout le
dîner.
Le connétable prend sa place devant la
table et vis-à-vis du roi, tenant l'épée nue,
et ayant à ses côtés les deux huissiers, portant
leurs masses.
des Rois de France. 16 3
Legrand-écnyerse met derrière le fauteuil
de Sa Majesté, et à ses côtés sont les deux
capitaines des gardes.
Le grand- maître se lient debout pr ès de la
table et à la droite du roi : c'est lui qui pré
sente la serviette à Sa Majesté, avant et après
le dîner.
Le grand-pannetier, le grand-écbnnson et
le grand-écuyer tranchant, se placent de
vant la tab'e, vis-à-vis de Sa Majesté, pour
être à portée de faire les fonctions de leurs
charges. Le grand-pannetier change les as
siettes , les serviettes et le couvert du roi. Le
grand-échanson lui donne à boire toutes les
fois que Sa Majesté en demande , allant à cet
effet chercher le verre, le vin et l'eau, dont.il
fait faire l'essai devant Sa Majesté; et le
grand écnyer tranchant sert et dessert les
plats , et approche ceux dont le roi veut
manger.
Un aumônier du roi est auprès de la nef,
pour l'ouvrir toutes les fois que le roi veut
changer de serviette.
Le second service est apporté par les offi
1 64 Cérémonial du Sacre
ciers du roi , avec le même cortége, et le troi
sième, qui est celui du fruit, est servi par le
grand-pannetier de Fi ance.
Aussitôt que le roi s'est assis , les pairs
ecclésiastiques et les pairs laïques descen
dent de l'estrade, et vont se plaeer aux pla
ces qui leur sont destinées : les pairs ecclé
siastiques à celles de la droite et dans cet
ordre.
L'archevêque de Reims , ayant derrière
lui debout les deux chanoines assistants dela
messe, en chape, et vis-à-vis deux ecclé
siastiques en surplis, tenant debout , l'un sa
croix, l'autre sa crosse. L'évêque - duc de
Laon, l'évêque-duc de Langres, l'évêque-
comte de Beauvais, l'évêque-comte de Châ-
lons et l'évêque-comte de Noyon , sont sur
la même ligne que l'archevêque de Reims,
tous en chape et en mitre. Mais les évêques
de Soissons, d'Amiens et de Senlis, suffra-
gants de l'archevêque de Reims , et qui sont
placés à la même table, vis-à-vis les trois
derniers pairs , sont seulement en rochet et
avec le camail violet.
drs Rois de France. a 65
Les pairs laïques se placent à leur table
dans l'ordre suivant.
Le prince représentant le duc de Bourgo
gne, se met à la première place; le prince
représentant le duc de Normandie; celui
qui représente le duc d'Aquitaine; celui qui
représente le comte de Toulouse; celui qui
représente le comte de Flandres, et celui
qui représente le comte de Champagne, oc
cupent les cinq autres places, sur la même
ligne : ils ont tous les mêmes habits et man
teaux dont ils éi oient revêtus dans la céré
monie du sacre , et leur couronne sur la
tête.
Le nonce du pape et les ambassadeurs
se placent à leur table de la manière sui
vante.
Le nonce à la première place du côté des
fenêtres; l'ambassadeur d'Espagne vis-à-vis
de lui; l'ambassadeur de Sardaigne à côté
du nonce; l'ambassadeur de Hollande vis- à-
vis celui de Sardaigne, et l'ambassadeur de
Malte à côté de ce dernier. Le chancelier vis-
à-vis l'ambassadeur de Malte, après lequel
l66 Cérémonial du Sacre
sont assis, sur la même ligne, les deux in
troducteurs des ambassadeurs.
A la table dite des honneurs, qui est vis-
à-vis celle des ambassadeurs, et au dessous
de celle des pairs laïques, sont placés, sur
la même ligne, le grand - chambellan de
France, le premier gentilhomme de la cham
bre, les quatre chevaliers de l'ordre du Saiut-
Esprit qui ont porté les offrandes, tous revê
tus des mêmes habits qu'ils avoient à la cé
rémonie du sacre.
Ces quatre dernières tables sont servies
par les officiers du corps-de-ville , et par
les notables bourgeois ; et toutes, même
celle du roi, aux dépens de la ville de
Reims.
Dans ce festin royal, le roi est toujours
seul à sa table, à moins qu'il n'ait des frè
res; auquel cas, ces princes se placent à la
gauche du roi, comme il s'observa au sacre
de Louis XIV, où Monsieur, frère unique du
roi , tint ce rang.
Lorsqu'il y a une reine, on lui dresse une
espèce de tribune ou balcon, élevé dans la
des Rois de France. 167
salle, d'où elle peut commodément, avec les
princesses et les dames de la cour , voir dîner
le roi , comme il a été observé en plusieurs
sacres.
Lorsque le roi a dîné, l'archevêque de
Reims s'avance vers la table, et dit les grâces.
Ensuite Sa Majesté reprend le sceptre fil la
main de justice, et est reconduite dans son
appartement, précédée par les pairs et au
tres grands officiers, dans le même ordre tt
avec les mêmes cérémonies qui ont été ob-
srrvées lorsqu'elle est venue à table. Après
quoi tous les princes , seigneurs et officiers se ,
retirent, et le roi va prendre quelque repos,
dont il a besoin après une si grande cérémo
nie. En même temps, c'est-à-dire vers les trois
heures après midi, le connétable représenté
par un maréchal de France, le grand maître,
les seigneurs qui ont porté la couronne, le
sceptre et la main de justice, le capitaine des
gardes, le grand-maître des cérémonies, le
maître et son aide, et autres officiers , se re
tirent à Phôtel-de-ville, où ils sont traités et
ser\ isà plusieurstablesaux dépens dela ville.
i&8 Cérémonial du Sacre

Cavalcade à Saint-Remi le lendemain


du Sacie.

Nos rois ont coutume d'aller en cavalcade


à Saint-Remi le lendemain du sacre, pour y
entendre la messe. Dès le matin, les régi
ments des gardes-françaises et suisses se met
tent en haie, et occupent les rues qui condui
sent du palais archiépiscopal à cette abbaye.
Sur les dix heures , le roi part , et la marche
se fait dans cet ordre :
Les grenadiers à cheval.
Les deux compagnies des mousquetaires,
les officiers à leur tête.
Les chevau-légers de la garde.
Les gardes de la prévôté de l'hôtel mar
chant à pied deux à deux , avec le grand-pré
vôt de l'hôtel à leur tête, et achevai.
Plusieurs seigneurs de la cour magnifi
quement habillés, et montéssur des chevaux
richement harnachés.
Trois chevaux du roi , dont les équipages
sont couverts de caparaçons de velours bleu
des Rois de France. 169
brodés en or et en argent, menés en main
par des palefreniers de l'écurie du roi.
Douze pages à cheval, savoir : six de la
chambre, trois de la grande écurie, et trois
de la petite.
Les trompettes de la chambre.
Les cent-suisses de la garde dans leurs ha
bits <le cérémonies, leur captaine étant à
cheval à leur tête.
Plusieurs maréchaux de France, et plusieurs
chevaliers des ordres du roi à cheval , sans
observer de rang entre eux.
Le grand-écuyer de France marchant à
cheval devant Sa Majesté.
Le roi vêtu d'un habit de la plus grande
magnificence , et monté sur un cheval super
bement harnaché, dont les rênes sont tenues
par deux écuyers de Sa Majesté.
Quatre autres écuyers marchant à pied
autour du roi.
Les deux capitaines des gardes à cheval
aux côtés du roi.
Les six gardes écossois marchant à pied
sur les ailes.
8
1 mjO Cérémonial du Sacre

Derrière le roi, le grand-chambellan , le


premier gentilhomme de la chambre, le pre
mier ecuyer du roi.
Les princes du sang , ayant chacun auprès
d'eux un de leurs premiers officiers.
Les officiers des gardes-du-corps de quar
tier, marchant à la têie du guet de ces mêmes
gardes.
Les quatre compagnies des gardes-du-
corps.
Les gendarmes de la garde fermant la
marche.
Le roi, après avoir Iraverséla grande rue
qui conduit à l'abbaye deSaint-Remi au bruit
des acclamations du peuple, est reçu et com-
plimentéà la porte de l'église de celte abbaye
par le grand-prieur à la tête de ses religieux
en chape. Sa Majesté entre dans le chœur;
elle y entend une messe basse , qui est dite
par un chapelain du roi, pendant laquelle lu
musique du roi chante un motet.
Après la messe, le roi va faire sa prière
derrière le grand-autel près du tombeau de
oint Remi , dont on a tiré la châsse pour la
des Rois de France. 17 1
faire voir à Sa Majesté, à qui on montre en
suite la sainte ampoule.
Fendant ce temps -là les troupes de la
maison du roi se mettent en marche, et Sa
Majesté retourne au palais archiépiscopal
dans le même ordre qu'on vient de voir, et
par les mêmes rues où les régiments des
gardes-françaises et suisses sont restés en
haie et sous les armes.

Cérémonies des Chevaliers de l'Ordre du


Saint-Esprit, où le Roi est reçu Grand-
t Maître-Souverain de l'Ordre.
Le même jour le commandeur prévôt et
maître des cérémonies de l'ordre du Saint-
Esprit fait assembler tous les commandeurs ,
chevaliers et officiers de l'ordre , et on y
délibère sur ce qui doit être observé le len
demain en la cérémonie dans laquelle le roi
doit être reçu grand -maître souverain de
l'ordre.
Les mêmes tentures, tribunes et amphi
théâtres qui ont servi à la cérémonie du sacre
dans l'église métropolitaine de Reims, servent
172 Cérémonial du Sacre
à celle-ci, et le prévôt des cérémonies donne
les ordres nécessaires pour que cette église
soit ornée d'une manière convenable à une
cérémonie aussi auguste; et en même temps
pour disposer les places et les séances.
Le grand-autel est paré des ornements de
l'ordre du Saint Esprit, et l'on élève un dais
au-dessus. Letrône sur lequel le roi doit être
placé pendant les vêpres et les complie6 , est
dressé sous un dais à la première place à
droite en entrant dans le chœur, et il est aussi
paré des ornements de l'ordre. On élève près
de l'autel du côté de l'évangile et attenant la
tribune des ambassadeurs, un autre trône et
un dais semblable, sous lequel Sa Majesté
doit signer son serinent, et recevoir le man
teau et le collier de l'ordre du Saint-Esprit.
Les armoiries du roi et celles de tous les
chevaliers sont mises au-dessus des stales
qu'ils doivent occuper suivant leur dignité
et le rang de leur réception. Les bancs decenx
qui doivent assister à celte cérémonie , sont
rangés à droite et à gauche, à peu près de la
même manière qu'ils l'étoientle jour du sacre ;
des Rois de France. iy3
mais avec cette différence qu'on ôte plusieurs
de ceux qui étoient du côté de l'évangile ,
afin que les chevaliers puissent être aux ave
nues du trône du roi , et que les officiers aient
la liberté de faire les fonctions de leurs char
ges.
]\a galerie découverte qui conduit de l'ap
partement du roi au grand portail de l'église
métropolitaine, est ornée , à droite du côté
de l'église, de riches tapisseries, et de l'autre
côté de tapis à hauteur d'appui.
Le lendemain, sur les trois heures après
midi , les cardinaux , les archevêques et les
évêques invités à cette cérémonie, arrivent
en corps : ils sont reçus et conduits avec les
cérémonies ordinaires dans le sanctuaire, où
ils se placent sur les formes qui leur sont des
tinées auprès de l'autel du côté de l'épître ,
les cardinaux occupant la forme la plus avan
cée. Les aumôniers du roi se mettent sur un
banc derrière les évêques.
Le chancelier, en habit de cérémonie , se
place dans un siége à bras sans dossier, qui
est au-dessous des formes occupées par le
i y4 Cérémonial du Sacre
clergé ei il est accompagné de plusieurs con
seillers «l'état .et maîtres des requêtes, qui
prennent leurs séances sur le même banc que
le jour du sacre, tt les secrétaires du roi sur
le banc derrière les maîtres des requêtes.
Les formes préparées du côté de l'évangile,
vis-à-vis celles du clergé et du conseil, sont
occupées par les principaux officiers de Sa
Majesté et les seigneurs de sa cour. La reine,
s'il y en a une , les princesses du sang et les
dames de la cour, assistent à celte cérémo
nie dans la même tribune où elles étoient
pendant le sacre, ainsi que les princes qui
gardent l'incognito pendant leur séjour à
Reims.
Le nonce du pape et les ambassadeurs oc
cupent la tribune qui est de l'autre côté, et
un grand nombre de personnes de distinc
tion occupent les amphithéâtres dressés au-
dessus des stales des chanoines.
Les commandeurs , chevaliers et officiers
de l'ordre du Saint-Esprit , tous revêtus du
grand habit de cérémonie de cet ordre, s'é-
tant assemblés dans l'appartement du roi ,
des Rois de Fiancée iy$
le prévôt vient annoncer à Sa Majesté que
tout est disposé pour Ja cérémonie, et le
roi ordonne qu'on se mette en marche, ce
qui s'exécute dans l'ordre qui suit :
Les gardes de la prévôté de l'hôtel, revê
tus de leurs hoquetons, le grand-prévôt de
l'hôtel à leur tête.
Les cenl-suisses de la garde en habit de
cérémonie, tambour battant, drapeaux dé
ployés, leur capitaine à leur tête.
Les tambours, trompettes et fifres des
écuries du roi.
Les six hérauts d'armes dans leurs habits
de cérémonie.
L'huissier des ordres du roi , vêtu de son
habit de l'ordre du Saint-Esprit , et portant
sa masse.
Le héraut des ordres du roi , vêtu de même.
Le commandeur, prévôt et maître des cé
rémonies, revêtu de son habit et grand man
teau de cérémonie de l'ordre, ayant à sa
droite le grand-trésorier, et à sa gauche le
secrétaire des ordres, vêtus de leurs habi'.s
de cérémonie de l'ordre.
i y6 , Cérémonial du Sacre
Le chancelier des ordres du roi , revêlu de
son habit de cérémonie.
Deux ou trois seigneurs qui doivent être
reçus chevaliers , marchant seuls l'un après
l'autre en habit de novice d'étoffe d'argent ,
portant l'épée argentée à fourreau blanc.
Les chevaliers revêtus du grand manteau
de l'ordre, avec le collier par-dessus, et mar
chant deux à deux.
Les princes du sang, chevaliers , marchant
seuls l'un après l'autre.
Le roi en habit de novice, ayant à ses cô
tés le grand-aumônier de France, et son pre
mier aumônier , tous deux commandeurs de
l'ordre du Saint-Esprit.
Les deux capitaines des gardes de Sa Ma
jesté, le grand -chambellan de France, le
premier gemilhomme de la chambre destiné
à porter la queue du manteau royal , et plu
sieurs autres principaux officiers delà mai
son du roi.
Les deux huissiers de la chambre dans leurs
habits de cérémonie de satin blanc, portant
leurs masses.
des Rois de France. 1 7y
Les six gardes écossois vêtus comme ils
ï'étoient au sacre, marchant aux deux côtés
du roi.
C'est dans cet ordre qu'on va , depuis l'ap-
partemeni du roi , au sortir duquel tous ceux
qui composent cette marche, se couvrent ,
jusqu'au portail de l'église métropolitaine,
par la galerie découverte dont on vient de
parler. On traverse toute la nef de l'église
sans se découvrir : cette nef est bordée par
les cent-suisses , les tambours, les fifres el les
trompettes de la grande écurie, et par une
multitude prodigieuse de peuple rangée en
haie ; les garde de la Prévôté de l'hôtel étant
restés, suivant l'usage , à la porte de l'église.
En arrivant dans le chœur, l'huissier, le
héraut, et ensuite les quatre grands- officiels
de l'ordre se découvrent : ils avancent jus
qu'au milieu du chœur, et là ils font les ré
vérences accoutumées en pareille cérémo
nie (1) '. ils vont ensuite se ranger vis-à-vis

(i) Ces sortes de révérences sont à peu près les inouï» s


que celles que font les femmes : on ne s'incline point
on fléchit seulement les genoux.
iy8 Cérémonial du Sacre
leurs siéges , qui sont des tabourets couverts
des housses de l'ordre, et qui sont placés au
bas du chœur ; savoir : celui du chancelier
devant le trône du roi , et à une distance rai
sonnable ; celui du maître des cérémonies
plus enavant et entre celui du grand-trésorier
à la droite, et celui du secrétaire à la gauche;
celui du héraut est placé seul en avant, et ce
lui de l'huissier presque au milieu du chœur.
Les deux princes ou seigneur qui doivent
être faits chevaliers , entrent ensuite l'un
après l'autre : après avoir fait des révérences
ordinaires, ils vont prendre leurs places de
novices au bas du chœur, du côté de l'évan
gile; et ils se tiennent debout devant les ta
bourets qui y ont été placés. Les chevaliers
entrent ensuite, toujours deux à deux; et après
avoir fait les révérences accoutumées , ils se
rangent aux deux côtés du chœur , vis-à-vis les
places qu'ils doivent occuper pendant les vê
pres, et ils y restent jusqu'à ce que le roi soit
arrivé.
1 Sa Majesté étant entrée dans le chœur,
salue l'autel; puis elle monte sur son trône,
des Rois de France. iygf
placé au bas du chœur , à droite en entrant -
les chevaliers montent à leurs places. Le
grand-aumônier se met dans l'une des s talcs
basses au-dessous, et à la gauche du roi; et
l'aumônier du roi de quartier se place au
près de lui. Les évêques commandeurs de
l'ordre du Saint-Esprit, s'il s'en trouve dans
cette cérémonie, vont se placer dans le sanc
tuaire du côté de l'épître, sur un banc des
tiné aux commandeurs ecclésiastiques, et qui
est sur la même ligne que le fauteuil de l'ar
chevêque de .Reims officiant, dont il n'est
séparé que par un tabouret, occupé par un
des assistans. Les deux capitaines des gardes-
du corps sont aux deux côtés du fauteuil du
roi. Le grand-chambellan de France , le pre
mier gentilhomme de la chambre, sont de
même auprès de Sa Majesté* Les princes du
sang sont à la droite du roi.
Les séances étant prises, les quatre grands-
officiers de l'ordre, précédés du héraut et de
l'huissier, sortent de leurs places, et vont
vis-à-vis de l'autel faire leurs révérences
comme auparavant : puis étant retournés à
i8o Cérémonial du Sacre
leurs places, et s'étant couverts, comme le
sont le roi et tous les chevaliers , le maître
des cérémonies, précédé du héraut et de
l'huissier, va faire une révérence à l'autel;
ensuite il vient en faire une au roi, pour sa
voir de Sa Majesté si l'on commencera l'of
fice, et il va avertir l'archevêque de Reims
de commencer. Ce prélat est dans ce mo
ment en chape et en mitre près de l'autel ,
et il est assisté de trois chapelains de la cha
pelle du ro\} assis à ses côtés, et de trois
clercs de la même chapelle , qui sont debout.
On commence les vêpres, qui sont chantées
par les musiciens de la chapelle du roi.
Avant l'hymne, le maître des cérémonies,
précédé du héraut et de l'huissier, va faire
une révérence au roi, pour l'avertir de se
mettre à genoux , et de se découvrir , et il
observe la même cérémonie au Magnificat,
pour avertir Sa Majesté de se lever.
Après que les vêpres sont finies, et que
l'archevêque de Reims a dit l'oraison, les qua
tre grands-officiers de l'ordre, précédés du
héraut et de l'huissier, sortent de leurs places,
des Rois de France. 18 1
et s'étaul avancés jusqu'aux marches du
sanctuaire, ils recommencent leurs révéren
ces, et vont prendre leurs places sur l'estrade
du trône élevé pour le roi près l'autel, du
côté de l'évangile; savoir: le chancelier à
côlé du trône, à la droite; le prévôt et
maître des cérémonies , à côté du trône , à
la gauche; le grand-irésorier, sur l'estrade ;
après le chancelier, le secrétaire de l'ordre ;
aussi sur l'estrade; après le maître des céré-
m onies , le héraut et l'huissier au bas de l'es
trade, le premier à droite, et l'autre à gauche.
Pendant que ces officiers prennent leurs
séances , les chevaliers de l'ordre descendent
de leurs stales, et s'avancent deux à deux jus
qu'aux marches du sanctuaire, où, après avoir
fait les mêmes révérences , ils montent au
sanctuaire, et se placent suivant leur rang, aux
avenues du trône, en observant que les plus
eminents en dignité en soient les plus près.
Le roi descend alors du trône où il a en
tendu les vêpres , et Sa Majesté marche à l'au
tel , précédé de deux huissiers portant leurs
masses, et suivie du grand -aumônier de
1 82 Cérémonial du Sacre
France, de ses deux capitaines des gardes,
du grand-chambellan, et du seigneur nommé
pour porter la queue de son manteau. Les
six gardes de la manche marchent aux deux
côtés de Sa Majesté. Le roi étant arrivé au
pied du sanctuaire , y fait ses révérences^
et monte à son trône, près de l'autel. Le
grand-aumônier de France se place sur l'es
trade à la droite du roi, entre le chancelier
et le grand-trésorier de l'ordre.
L'archevêcjtie de Reims sort dans ce mo
ment de sa place, et vient au trône du roi ,
où l'on apporte un fauteuil qui est mis sur
l'estrade , vis-à-vis de Sa Majesté. Ce prélat
s'étant assis, demande au roi, s'il veut signer
k serment de l'ordre du Saint-Esprit, qu'il
a fait à son sacre : à quoi Sa Majesté ayant
consenti, le secrétaire de l'ordre le lui pré
sente à signer ainsi que la profession de foi
écrite dans un registre , où les rois , prédé
cesseurs de Sa Majesté , et les chevaliers , ont
tous signé, depuis l'établissement de l'or
dre du Saint-Esprit, et dans lequel le roi
signe aussi.
des Rois de France. 1 83
Sa Majesté s'étant levée, ôte sa toque , la
remet au grand-aumônier, et celui-ci à l'au
mônier de quartier. Le grand-chambellan ,
qui est derrière le fauteuil du roi, lui ôte son
capot de novice. Alors Sa Majesté s'étant
mise à genoux sur un carreau, elle reçoit des
mains de l'archevêque de Reims la croix de
l'ordre du Saint-Esprit,.attachée à un cordon
bleu, que ce prélat lui passe a u cou. Le maître
des cérémonies qui est au côté du fauteuil du
roi, lui met le manteau sur les épaules, et
l'attache. Puis l'archevêque de Reims ayant
reçu le collier de l'ordre des mains du grand-
trésorier , le passe au cou de Sa Majesté.
Après quoi il lui présente les statuts et l'of
fice de l'ordre avec un dizain, lesquels ont
été remis à ce prélat par le généalogiste des
ordres du roi.
Cette cérémonie achevée, Sa Majesté se
relève, se couvre, se remet dans son fau
teuil; l'archevêque de Reims retourne pren
dre sa place dans le sanctuaire, du côté de
l'épître. Tous les chevaliers viennent au trône
baiser la main du roi, comme grand-maître
i-8-4 Cérémonial du Sacre
souverain de l'ordre, chacun selon leur rang ,
les plus éminents en dignité les premiers, et
ils retournent reprendre leurs places. Les
officiers de l'ordre ont aussi l'honneur de
baiser la main de Sa Majesté, et ils se re- .
mettent à leurs places , sur l'estrade du trône
auprès du roi.
La cérémonie finie, l'archevêque de Reims
entonne le Veni , Creator, qui est continué
par les musiciens de la chapelle du roi. Pen
dant cet hymne, le maître des cérémonies,
précédé du héraut et de l'huissier, descend
du trône, en faisant une révérence au roi 5
il va ensuite avertir les princes , ou les che
valiers, qui doivent être parrains des seigneurs
qui seront reçus chevaliers , de les conduire
au trône du roi. Après quoi il va prendre
ces deux novices qui sont restés au bas du
choeur pendant qu'on a reçu le roi grand-
maître. Ces deux seigneurs, conduits par
leurs parrains, et précédé du prévôt et maître
des cérémonies , du héraut et de l'huissier ,
étant arrivés au bas du sanctuaire, y font
leurs révérences : Us montent sur l'estrade .
des Rois de France. 1 85
du trône du roi, après avoir fait, en y arri
vant, une nouvelle révérence à Sa Majesté.
S'étant misa genoux sur des carreaux, ils
lisent le serment de l'ordre qui leur est pré
senté par le secrétaire , ilsle signentàgenoux ,
ainsi que la profession de foi écrite sur le
même registre où le roi a signé , le chance
lier de l'ordre tenant le livre des évangiles
ouvert sur les genoux du roi pendant le ser
ment. Le héraut ôte à ces deux seisneurs o
leur capot denoyiee; le grand-trésorier pré
sente à Sa Majesté le cordon bleu, au bas
duquel pend la croix de l'ordre; le roi le
leur passe au cou sur l'habit de novice, en
disant à chacun d'eux : Recevez de notre
main le collier de notre ordre benoît du
Saint-Esprit , au nom du Père , et du Fils
et du Saint-Esprit. En même temps le maî
tre des cérémonies les revêt du grand man
teau de l'ordre, et le grand-trésorier ayant
présenté le collier à Sa Majesté, le roi le leur
passe au cou sur le grand manteau. Ces deux
seigneurs se relèvent , font une révérence au
roi, en descendant du trône, et vont se mettre
1 86 Cérémonial du Sacre
dans le rang qu'ils doivent occuper près de
l'autel. Ensuite le maître des cérémonies
ayant dit une révérence au roi, les officiers
qui étoient restés sur l'estrade près de Sa
Majesté, en descendent, s'avancent au mi
lieu du chœur vis-à-vis l'autel, y recommen
cent leurs révérences, étant précédés du
héraut et de l'huissier ; puis ils retournent
aux places qu'ils ont occupées pendant
les vêpres. Le roi descend alors de son
trône, et Sa Majesté étant suivie de tous
ceux qui l'y avoient accompagnee, s'arrêta
devant le sanctuaire ; elle y fait les mêmes
révérences qu'elle y avoit fait en y arrivant;
après quoi elle retourne à son trône placéau
bas du chœur.
Les musiciens de la chapelle du roi com
mencent les complies, et lorsqu'elles sont
finies, les quatre grands- officiers, précédés
du héraut et de l'huissier, s'avancent au mi
lieu du chœur jusqu'auprès du sanctuaire :
ils y recommencent leurs révérences, et se
mettent eu marche pour reconduire le roi
dans son appartement. Les chevaliers des
des Rois de France. 187
cendent de leurs places, et après avoir fait
deux à deux leurs révérences, ils suivent les
grands -officiers de l'ordre dans le même .
rang qu'ils sont venns. Alors le roi descend
de son t rône , fait une révérence à l'autel , cl .
se met en marche, éiant précédé et suivi
comme il l'avoil été en arrivant, des mêmes
personnes qui avoient eu l'honneur de l'ac
compagner. Sa Majesté retourne au palais
archiépiscopal par la même galerie décou
verte , dans le même ordre de son arrivée à
l'église, avec cette seule différence , que le
roi est revêtu du collier de l'ordre du Saint-
Esprit et du grand manteau dont la queue
est portée par le même seigneur qui avoit
fait celte fonction lors de la cérémonie.
En arrivant dans l'appartement du roi,
les commandeurs, les chevaliers et les offi
ciers se rangent en haie à droite et à gauche,
chacun suivant leur rang et dignité, pour
voir passer Sa Majesté ,el se retirent aussitôt
qu'elle est entrée dans sa chambre.
Le lendemain, les cardinaux, les arche
vêques et les évêques qui composent le
1 88 Cérémonial du Sacre
clergé, invités à la cérémonie du sacre , s'as
semblent dans la chapelle du palais archié
piscopal pour aller à l'audience *du roi, et le
complimenter. Un archevêque portant la
parole au nom du clergé, remercie Sa Ma
jesté de la protection qu'elle a toujours ac
cordée au clergé , et des nouvelles assuran
ces que le roi lui en a données le jour de son
sacre : ils sont présentés à l'audience du roi
avec les cérémonies accoutumées , par le se
crétaire d'état qui est chargé de ce qui con
cerne le clergé, et ils sont conduits par le
grand-maître etle maître des cérémonies (1).

Revue des Troupes de la Maison du Roi.

L'après-midi du même jour, le roi, ac


compagné dans son carrosse des princes du
sang , se rend au camp formé près du che
min de Châlons, entre la ville de Reims et
le village de Saint-Léonard. Les gendarmes
de la garde ferment la gauche, et sur la
même ligne à droite, les chevau-légers de

(i) Le tout ainsi qu'au sacre de Louis XV.


des Rois de France. 1 f}g
la garde, les deux compagnies des mousque
taires, les gardes-suisses, les gardes-françoises,
les quatre compagoies des gardes-du-corps
ferment la droite , au-dejà desquels et sur
la même ligne les grenadiers à cheval sont
campés.
Sa Majesté étant montée à cheval , fait la
revue des troupes de sa maison et des régi
ments des gardes-françoises et suisses. En
suite Sa Majesté ordonne à ses troupes de
renti er dans le camp : elles se rangent en
haie et sans armes devant leurs tentes, où
le roi les voit une seconde fois (1).

(1) Au sacre de Louis XV et lors de cette revue, ce


priuce repassa le long de la ligne , en descendant de
cheval, et avant de remonter en carrosse ; il trouva à la
tète du camp les officiers des troupes de sa maison qui
avoient eté nommés chevaliers de Saint-Louis, tous
à genoux , formant une enceinte d'environ cent cin
quante pas, dans laquelle étant entré avec S. A. R.
Monsieur le duc d'Orléans , les autres princes du sang ,
ses capitaines des gardes, et le secrétaire-d'élat ayriiit
le département de la guerre ; le grand-prévôt maître des
cérémonies et grand'croix de l'ordre de Saint-Louis ,
lit lover la main aux chevaliers qui devoient être rpçu-s,
1 ut le serment accoutumé , et Sa Majesté ayant l'épéc
igo Cérémonial du Sacre

Du Toucher des malades, et de la JSeu-


vaine à saint Marcoul (1).

Autrefois nos rois avoient coutume de


partir le troisième jour après le sacre , pour
aller à Corbigny visiter l'église de saint-Mar-
coul, et y toucher les malades des écrouel-
les, qui s'y rendoient en très-grand nombre.
Ce pieux pélerinage avoit été introduit par
le roi saint Louis, et ses successeurs imitè
rent son exemple. Mais nos derniers rois,
empêchés, ou par les guerres , ou parce que
ce voyage souffroit quelques difficultés, se
sont contentés de se rendre en cérémonie à
l'église de l'abbaye de Saint-Remi , où ils
font apporter en procession la châsse de saint
Marcoul et la ils y commencent nne neu-

nueà la main , commença la réception à l'ordinaire par


ceux des gardes-du-corps, et continua de suite : le
trésorier de l'ordre de Saint-Louis présenta les croix à
Sa Majesté , à mesure que chaque chevalier étoit reçu.
(i) Saint-Marcoul est un prieuré dans le diocèse de
Laou , dépendant de l'abbaye de Saint-Remi en Cham
pagne, et où sont gardées les reliques de ce saint.
des Mois de France. igi
vaine qui est continuée par l'un des aumô
niers de Sa Majesté: c'est ainsi qu'en ont usé
les rois Louis XIV et Louis XV.
Dans celte cérémonie le roi est vêtu d'un
manteau de drap d'or, par-dessus lequel il a
le collier de l'ordre du Saint-Esprit; Sa Ma
jesté est accompagnée dans son carrosse des
princes du sang. Etant arrivée à la porte de
l'église, elle y est reçue parles religieux,
tous en chape, avec les cérémonies ordinai
res , et elle y entend une messe basse, après
laquelle Sa Majesté va toucher les malades
des écrouelles. (1)
Après la messe, selon la même relation ,
le roi alla faire sa prière devant la châsse de
saint Marconi , placée près de l'autel du côté
de l'évangile. Sa Majesté entra ensuite dans
le parc de l'abbaye, pour y toucher plus de

(i) Dans la relation du sacre de Louis XV , il y est


dit que cette messe fut célébrée par le grand-aumônier
de France , que Sa Majesté y communia , la nappe étant
tenue du côté du roi par M. le duc d'Orléans et M. le
duc de Chartres , et du côté de l'autel par deux aumô
niers de quartier.
i<)2 Cérémonial du Sacre
deux mille malades des écrouelles, qui
étoient rangés dans les allées de ce parc. Le
roi étoit précédé des gardes de la prévôté
de l'hôtel , des cent-suisses de la garde , des
gardes-du-corps et d'un grand nombre de
seigneurs de la cour. Les deux huissiers de
la chambre portant leurs masses, marchoient
devant Sa Majesté, autour de laquelleétoient
les six gardes écossois. Le premier médecin,
et plusieurs médecins et chirurgiens du roi
étoient devant Sa Majesté, qui a voit à ses
côtés ses deux capitaines des gardes. Le pre
mier médecin appuyoit sa main sur la tête
de chacun des malades, dont un des capitai
nes des gardes lenoit les mains jointes. Le
roi, la tête découverte , les touchoit, en éten
dant la main droite du front au menton et
d'une joue à l'autre , formant le signe de la
croix , et en prononçant ces paroles : Dieu
te guérisse] , le roi te touche. Le grand- au
mônier, qui étoit toujours auprès du roi
pendant la cérémonie, dislribuoit des aumô
nes aux malades qui avoient été touchés
Trois chefs de gobelets se trouvèrent à
des Rois de France. ig3
l'endroit où finissoit le dernier rang des ma
lades que Sa Majesté toucha , ayant trois
serviettes fraisées et mouillées différemment,
qu'ils tenoient chacun entre deux assiettes
d'or, dont le roi se lava les mains. La pre
mière, imbibée de vinaigre, fut présentée
par M. le duc d'Orléans; la seconde, mouillée
d'eau commune, par M. le duc de Chartres,
et la troisième , trempée d'eau de fleurs d'o
range , par M. le duc de Bourbon.

De la délivrance des Prisonniers.


Toutes ces cérémonies finissent par un
acte de clémence digne de la majesté et de
la puissance de nos rois : savoir , l'abolition
et le pardon général qu'ils accordent aux
criminels ; coutume aussi ancienne que la
monarchie. C'est le grand - aumônier de
France qui est chargé de la délivrance de
ces prisonniers. Selon la relation du sacre de
Louis XV, le prélat, en camail et en rochet
assisté de deux aumôniers du roi, en rochet
se rendit aux prisons de la ville, pour don
ner la liberté aux criminels auxquels Sa Ma
i g4 Cérémonial du Sacre
jesté vouloit bien accorder la grâce, à l'oc
casion de son sacre. Le cardinal de Rohan
ayant fait assembler ces prisonniers , qui
éioient au nombre de plus de six cents, leur
parla d'une manière très-touchante, pour
les engager à mériter par leur conduite, la
grâce que le roi leur avoit accordée : ensuite
il leur apprit les ordres que Sa Majesté avoit
donnés pour faire expédier gratis toutes
leurs grâces, et faire fournir des secours à
ceux qui en avoient besoin pour retourner
chez eux.
Le grand-aumônier étant sorti des prisons
pour retourner à l'archevêché , fut suivi de
tous ces prisonniers , qui allèrent donner les
premiers témoignages de leur reconnais
sance, par des acclamations de Vive le roi ,
dont ils firent retentir tous les environs de
l'archevêché. ■
Après que les prisonniers eussent été déli
vrés, quatre maîtres des requêtes, qui avoient
été nommés par Sa Majesté pour examiner
les informations faites sur les différents cri
mes, et dont quelques-uns étoient exclus du
des Rois de France, i g5
pardon accordé par le roi, (1) se rendirent
dans l'appartement de Sa Majesté, et lui fu
rent présentés par le grand-aumônier qui
rendit compte au roi de l'exactitude avec
laquelle ils s'éioient acquittés de cette com
mission.

Départ du Moi.

Le jour fixé du départ du roi de la ville


de Reims, pour retourner à Paris, étant
venu, Sa Majesté, après avoir entendu la
messe dans la chapelle du palais archiépisco
pal , monte en carrosse , accompagnée des
princes du sang; le vol du cabinet marche

(1) Les crimes exceptés du pardon , et que le roi et


son conseil ont trouvés irrémissibles, sont les duels,
les vols de grands chemins, les crimes de lèse majesté
divine et humaine , le poison, la fausse monnaie,, le
rapt , le viol , les incendies prémédités , les assassi
nats de guet-à-pens , les faux-sauniers , contrebandiers
en attroupement avec port d'armes, ceux qui sont
condamnés à garder prison par les maréchaux deFrancc,
les faussetés commises par les officiers de justice , les
déserteurs , et les prisonniers pour amendes au profit
du roi.
1 96 Cérémonial du Sacre ; etc.
toujours auprès du carrosse pendant la route.
Les brigades de quartier de gendarmes et des
chevau- legers dela garde, les détachements
des deux compagnies de mousquetaires, et
le guet des gardes- du-corps, les officiers à
leur tête, marchent devant et après le car
rosse du roi, dans leurs rangs ordinaires. Le
roi sort de la ville au bruit de plusieurs sal
ves d'artillerie qui est sur les remparts , et le
gouverneur de la province de Champagne se
trouve sur le passage du roi, à la tête du
cbrps-de- ville.
Le même jour les troupes de la maison du
roi, et les régiments des gardes-francoises
et suisses quittent le camp de Reims, et re
prennent la route de leurs quartiers.
Au reste, nos derniers rois ont imité la
piété de leurs augustes ancêtres, en allant à
Saint-Denis au retour de leur sacre, pour
mettre leurs personnes et leurs royaume sous
la protection des apôtres de la France.
TABLE CHRONOLOGIQUE

ET HISTORIQUE

DU SACRE ET DU COURONNEMENT DES ROIS


DE FRANCE,

DE LA DEUXIEME ET TROISIÈME RACES,

Contenant les noms des villes où ils ont été sacrés


et couronnés ; ceux des papes , cardinaux , arche-'
vêques , ou évëques qui ont fait cette cérémonie ,
et la date de leur couronnement , jusqu'au sacre
de Louis XVI.

Pépin le bref est le premier qui nous fixe


invariablement : il fut sacré et couronné deux
fois ; à Soissons en 761 , par saint Boniface,
archevêque de Mayence, revêtu de la qua
lité delégat du saint-Siége,elcommisaugou~
veruement de l'église de Reims, qui vaquoit
alors, et à Saint- Denis en 754, par le pape
Etienne III. Il n'y a cependant que le second
198 Table Chronologique
sacre, qui ait pour lui le consentement una
nime des auteurs. - .
Charlemagne , fils et successeur de Pé
pin , le fut quatre fois ; à Saint-Denis avec
son père en 754 ; à Noyon en* 768 ; au bourg
de Modece, comme roi de Lombardie, par
l'archevêque de Milan, en 774, et enfin à
Rome comme empereur d'Occident, par le
pape Léon III , en 800.
Louis I, dit le débonnaire, deux fois;
à Rome comme roi d'Aquitaine, en même
temps que Charlemagne reçut la couronne
'mpérîale , et à Reims , comme empereur
d'Occident , par le pape Etienne V, venu ex
près de Rome en France en 8 16.
Charles H, dit le chauve, quatre fois ;
à Rome, comme roi de Lombardie, par le
pape Sergius II, en 846; à Limoges, comme
roi d'Aquitaine , en 854 ; à Metz , comme roi
de Lorraine , par Hincmar, archevêque de
Reims, en 86g; et à Rome, comme empe
reur d'Occident, en 876. .
Louis II, dit le bècue, deux fois; à
Compiègne, comme roi de France, par le
des Rois de France. igg
même Hincmar, en 877, et à Troyes , comme
empereur d'Occident , par le pape Jean VIII,
en 87g.
Louis III , dit le fainéant, et Carlo-
MAN , son frère , furent sacrés ensemble dans
l'abbaye de Ferrières en Gâtinois , par Ansé-
gise, archevêque de Sens, en 880.
On ne voit point que Charles-le-Gros l'ait
été en France, où il eut moins la qualité de
roi que celle de tuteur du jeune Charles-le-
Simple; mais il le fut deux fois hors du
royaume; à Milan , comme roi deLombardie,
par l'archevêque du lieu, en 880, et à Rome
comme empereur, par le pape Adrien III,
en 881.
Eudes, qui eut aussi la tutelle de Char-
les-le-Simple , reçut solennellement la cou
ronne à Compiègne des mains de Gautier,
archevêque de Sens, en 887, selon l'usage
de couronner rois les régents, qu'on pré
tend avoir duré jusqu'au douzième siècle.
Pour i'onctiou royale , il n'en est fait aucune
mention.
Charles III, dit le simple, reconnu roi
Sloo Table Chronologique
par les grands du royaume, fut sacré et cou
ronné à Reims par Foulques qui en éloit ar
chevêque, en 8g3.
]J n'est point parlé de sacre au sujet de
Raoul de Bourgogne, qui ne fut en effet
qu'un usurpateur. La chronique dit seule
ment qu'il se fit proclamer roi, et ainsi cou
ronner à Soissons par Seulphe, archevêque
de Reims , en 923.
Louis IV, dit d'outremeb, fils de Char
les le Simple, fut sacré et couronné à Laon
par Artold, archevêque de Reims, en g56.
Lothaire, son fils, le fut à Reims par le
même Artold , en g54.
Louis V, dit le fainkant, fils de Lo-
thaire, le fut deux fois; à Compiègne, du
vivant de son père, en 978, et à Reims, par
l'archevêcpie Adalberon en g85. C'est où se
termine la race Carlovingienne.
Hugues Capet, élu roi par les seigneurs,
les prélats et le peuple, et que d'ailleurs
Loui^-le- Fainéant avoit déclaré son héritier,
prit la couronne à Noyon , et l'onction royale
à Reims des mains d'Adalberon, en g8y.
des Rois de France. 20 1
Ôn rapporte au même temps et an même
lieu le sacre et le couronnement de Robert,
associé au royaume par son père. .Quelques
historiens attribuent au roi Robert l'institu
tion des pairs : ils prétendent que ce prince
voulut s'attirer les grands de son Etat par un
titre qui les lui rendroit en quelque sorte
égaux ; que les six ecclésiastiques furent choi
sis à la sollicitation des Papes, et les six laï
ques parce qu'ils tenoient les six plus grands
fiefs mouvants de la couronne, dont" ils
éloient alors propres seigneurs.
Henri Ifut couronné à Reims par l'arche
vêque Ebalus, du vivant de son père, en 1027,
il n'a voit que sept ans.
Philippe I n'en avoit pas davantage , lors
que Henri, son père, prit à son égard la
même précaution que l'on avoit prise pour
lui-même. La cérémonie s'en fit à Reims par
l'archevêque Gervais de Bellesme, en io5g.
L'assemblée étoit magnifique , mais il n'y est
pas encore fait mention de l'assistance des
pairs , ni de rangs , ou de fonctions attachées
à celte dignité. C'est la première occasion
2ût Table Chronologique
publique où les archevêques de Reims aient
accordé à saint Remi et à ses successeurs le
droit de sacrer les rois , aussi bien que ht
primatie sur toute la France.
Louis VI , dit le Gros , en 1 108, choisit
Orléans pour son sacre, et Daimbert , arche
vêque de Sens , pour consacrant. Raoul, ar
chevêque de Reims, que le roi n'aimoit pas
y fit son opposition: ce qui excita bientôt
une guerre fort animée entre les savans de
ce temps-là touchant les prérogatives de l'é
glise de Reims.
Louis VII, dit le.Jeune , fut sacré du vi
vant de son père par le pape Innocent II ,
qui tenoit à Reims un concile très-nombreux ,
en n5i. Le pape, selon quelques-uns, n'y
remplit la place de consacrant qu'à la prière
de l'archevêque Renaud.
Philippe II, dit Auguste, fut sacré à
Reims en 1179, par l'archevêque de cette
ville, le cardinal Guillaume de Champagne,
oncle maternel de Philippe. Ce sacre fut le
plus solennel de tous. Louis VU vivoit en
core, et dès l'année 1176, il avoit dressé le
des Rois de France. 2o3
cérémonial, ou l'ordre qu'on doit observer
en ces solennités, et réglé spécialement les
fonctions des douze pairs : ainsi tous y paru
rent avec lenrs distinciifs; et Henri le jeune
roi d'Angleterre, représentant le duc de
Bourgogne, y porta la couronne devant Phi-
lippe,depuisson appartement jusqu'à l'église.
PhiKppe-Àuguste lut couronné une seconde
fois à Saint-Denis, en 1180, avec Isabelle
de Hainaut , sa première femme : Guy, ar
chevêque de Sens, y officia, non comme
métropolitain, car il en (il sa déclaration;
mais parce que Guillaume de Champagne,
archevêque de Reims, n'approuvoit pas ce
mariage.
Louis VIII, dit le Lion , reçut deux fois
la couronne et l'onction royale; à Londres,
en I2i5, comme roi d'Angleterre, età Reims
avec Blanche, son épouse, en 1 223, comme
roi de France; ce fut l'archevêque de Reims,
Guillaume de Joinville , qui fit la céré
monie.
Saint Louis, IX du nom, reçut aussi
l'une et l'autre à Reims, en 1226, mais des.
204 Table Chronologique
mains de Jacques Bazoches, évêque de
Soissons , le siége de la métropole étant
vacant. On croit que ce prince introduisit la
coutume d'aller après le sacre en pélerinage
à Saint-Marcoul, avant que de toucher les
malades.
Il n'y a plus désormais de rois , jusqu'à
Henri IV, qui n'aient été sacrés et couronnés
a Reims.
Philippe III, dit le Hardi, par Milon
de Bazoches, évêque deSoissons, en 1271 j
le siége de Reims vacant encore.
Philippe IV, dit le Bel, par l'archevê
que Pierre Barbet, en 1286.
Louis X, dit Hutin, par l'archevêque
Robert de Courtenay, en i3i5.
Ces deux rois l'a voient été aussiàPampe-
lune, comme rois de Navarre, l'un en 1284,
et l'autre en i3oy.
Philippe V, ait le Long , par le même,
en i3i6.
Charles IV, dit le Bel, par le même,
en i5ai.
Philippe VI, dit de Valois, par Far-
des Rois de France. 2o5
chevêque Guillaume de Trie, son oncle,
en i328. -
Jean I, par l'archevêque Jean d'Arcy,
en 1 35o.
Charles V, dit le Sage, par l'archevê
que Jean de Craon , en i364.
Charles VI, dit le Bien-Aimé , par
l'arche-vêque Richard de Picque, dit de Be
sancon, en i58o. .
Charles VII, dit le Victorieux, par
l'archevêque Renaud de Chartres, en i42g.
Louis XI, par l'archevêque Jean Juvenal
des Ursins, en i46i.
Charles VIII, par l'archevêque Pierre
de Laval , en i484.
Louis XII , dit le Père du peuple , par
le cardinal Guillaume Briçonnet, en i4g8.
François I, dit le Grand , par l'arche
vêque Robert de Lenoncourt, en i5i5.
Henri II, par le cardinal-archevêque
Charles de Lorraine , en ï547.
François II , par le même, en i55g.
Charles IX, parle même, en 156-1. .
Henri III , par le cardinal Louis de Lor
2o6 Table Chronologique
raine, évêque de Metz, le siége de Reims
étant vacant, en j5y5, le même jour, quih-
eième de février, qu'il avoit été sacré et cou
ronné roi de Pologne à Varsovie Pannée
précédente.
Henri IV, dit leGrand, eut des raisons
si puissantes pour presser son sacre pendant
que Reims étoit encore au pouvoir de la li
gue, que cette interruption ne saurait pré-
judicier à l'usage constant, qui avait prévalu
depuis plusieurs siècles, de sacrer les rois à
Reims et par l'archevêque de cette ville. La
cérémonie en fut faite dans l'église de Notre-
Dame de Chartres par l'évêque diocésain ,
Nicolas de Thou, en i5g4, nonobstant les
réquisitions de Renaud de Beaune , archevê
que de Bourges, et nommé à l'archevêché
de Sens, qui prétendoit représenter l'arche
vêque de Reims. On s'y servit, pour l'onc
tion , d'une ampoule conservée à Tours dans
l'abbaye de Marmoutiers, et que Sulpice Sé
vère, Fortunat et Alcuin disent avoir été
apportée par un ange à saint Martin, et l'a
voir guéri d'une chute qui lui avoit froissé
des Rois de France. 207"
tous les membres. Côme de Gausse , évêque
de Châlon»,étoit le seul des pairs qui y fut
présent, et qui y remplît les fonctions de la
pairie.
Les choses ont repris leurs cour» sous les
trois derniers rois : ils ont été sacrés et cou
ronnés à Reims.
Louis XIII , en 1610 , par le cardinal de
Joyeuse, archevêque de Rouen, représen
tant l'archevêque de Reims, Louis de Lor
raine, qui ne fut jamais que dans l'ordre du
sous-diaconat.
Louis XIV, dit le Grand, en i654',, par
Simon le Gras évêque de: Soisson , comme
doyen et premier suffragant de la métropole
pendant la vacance.
Louis XV, dit le BiEN-AiMÈ,en 1722,
par Armand-Jules de Rohan, archevêque-
duc de Reims.
Louis XVI , a été sacré à Reims , le 1 1
juin 1775, par le cardinal de Laroche -
Aymon, alors archevêque de Reims.
Louis XVH, mort au Temple , le 8 juin
I7g5,à l'âge de 10 ans, sans avoir été sacré.
208 Table Chronologique.
Louis XVIII , dit le Désiré , mort le i6
septembre 18524, sans avoir été sacré , à cause
de ses infirmités, quoiqu'ileût témoigné l'in
tention de l'être lors de son retour en France.
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CÉRÉMONIAL

DU SACRE

ET DU COURONNEMENT

DES REINES DE FRANCE.

Ces cérémonies sont presque aussi ancien


nes que celles des rois de France, avec les
quelles elles ont beaucoup de rapport. Il est
vrai que cet acte de sacrer et de couronner
les reines ne leur donne aucun droit à la cou
ronne ; mais il paroît qu'on l'a mis en usage
pour rendre l'épouse du souverain plus res
pectable.
Ce point intéressant de l'histoire n'a point
échappé aux recherches de quelques savants.
A commencer par Berthe, fille de Charibert,
comte de Laon, on compte vingt-neuf de ces
princesses qui ont été sacrées, non pas, à la
vérité , avec le baume de la sainte ampoule,
2 1o Cérèmon ial du Sacre
réservé pour nos rois, mais avec le saint
chrême ; et il faut observer que la plupart
ont été couronnées avec les rois leurs époux.
A l'égard du lieu où doit se faire ce sacre,
ou du prélat officiant, désigné pour la céré
monie, on ne voit point qu'il y en ait eu de
désigné particulièrement , quejusqu'au temps
d'Isabelle de Bavière , femme de Charles VI.
Depuis , elle a toujours été célébrée dans
l'église de Saint-Denis, excepté une seule
fois , qui fut le sacre de Marie Stuart, mais
par différents prélats, et tous cardinaux.
On ne fait aux reines que deux onctions:
l'une sur la tête , Faulre sur la poitrine. Pour
le couronnement, on se sert de la couronne
de Jeanne d'Evreux, troisième femme de
Charles le Bel , princesse d'un grand mérite,
et digne, par ses vertus, de cette espèce
d'immortalité. Soit que ce ne fût de sou
temps qu'un pur ornement trop massif, et
trop pesant pour être à son usage, il y a déjà
plus de deux siècles que la couronne de
Jeanne d'Evreux ne peut plus être employée
que pour la pompe. On y supplée comme au
des Reines de France. 211
couronnement du roi. La tradition de l'an
neau , du sceptre et de la main de justice , se
fait en silence , au lieu que le prélat officiant
quand c'est au roi qu'il les donne, a sur cha
que endroit des formules d'oraison ou d'in
vocation particulière. Le sceptre est plus
petit que celui de Charlemagne , et il ne pa-
roît dans les monuments aucun acte d'intro
nisation , quoiqu'il y soit parlé plusieurs fois
du trône de la reine.
On trouve divers formulaires anciens des
sacres des reines, qu'on peut lire dans le
tome I de Godefroi , qui consistent en di
verses oraisons et bénédictions que nous ne
mettrons pas ici : nous nous contenterons
de rapporter les cérémonies du couronne
ment des reines, d'après celles qui furent
observées à celui de la reine Marie de Mé-
dicis, le i3 mai 1610, et qui fut le plus so
lennel qu'on eût vu.
Premièrement, on n'oublie rien de tout
ce qui peut rendre superbe et magnifique
l'entrée et la réception de la reine dans la
ville de Saint-Denis : la préparation de l'é
a12 Cérémonial du Sacré
glise de l'abbaye de ce nom où se fait ordi
nairement cette cérémonie, est à peu près la
même que celle qui se fait à Reims pour le
sacre des rois. L'église est tendue des plus
riches tapisseries de la couronne, et le chœur
est tapissé de velours cramoisi semé de rieurs
de lis en broderie d'or.
2°. On élève vis-à-vis le grand-autel une
estrade de huit à neuf pieds de haut sur
vingt-huit de longueur et vingt-deux de
largeur, à laquelle on monte par huit ou dix
marches , et au milieu de cette estrade on en
dresse une plus petite d'un pied de haut
environ pour poser le trône de la reine avec
son prie-Dieu couvert de velours violet semé
de fleurs de lis en or, au-dessus duquel est
un dais de même. - ■
Le grand-maître des cérémonies ordonne
pareillement des amphitéâtres, des gradins,
des galeries à droite et à gauche pour les
princes, prélats, ambassadeurs, ministres et
autres personnes de distinction qui doivent
s'y trouver : il fait élever du côté droit une
tribune vitrée pour le roi. Au côté gauche de
des Reines de France, 2l3
l'autel et vis-à-vis la tribune du roi, est une
longue forme pour les cardinaux, et une au
tre derrière pour les archevêques et évêques
assistants à la cérémonie. Tout près de l'au
tel du même côté, est dressée une table pour
mettre la grande et la petite couronne, le
sceptre, la main de justice et l'anneau des
tiné pour le couronnement. A la droite, du
côté de l'évangile, est dressée une autre table
sur laquelle on met les honneurs de l'offrande
pour être distribués aux dames qui doivent
les présenter, et au-devant de cette table est
un fauteuil de velours cramoisi brodé d'or
pour le prélat officiant.
Les mêmes troupes de la maison du roi et
les mêmes officiers qui se sont trouvés au
sacre du roi, forment la marche.
La reine est vêtue avec la plus grande ma
gnificence ; elle a un grand manteau de ve
lours semé de fleurs de lis d'or : s'il y a des
filles de France, elles ont quatre rangs de
fleurs de lis d'or sur les bords de leur man
teau ; les princesses du sang en ont deux.
La reine est conduite et soutenue par deux
214 Cérémonial du Sacre
prélats ; si ce sont des cardinaux, ils sx>nt vê
tus de leurs longues chapes de cardinaux : ils
sont à côté de la reine, mais un peu derrière.
M. le dauphin, s'il y en a un, porte le pan du
manteau royal à la droite, et si le roia un frère,
il porte le pan du côté gauche ; s'il n'y 9 ni
l'un ni l'autre , les premiers princes du sang
font cette fonction. Les princesses du sang
portent la queue du manteau de la reine.
Après Sa Majesté marchent les duchesses ,
les dames d'honneur de la reine , les dames
nommées pour les offrandes : des gardes-du-
corps ferment la marche.
La reine se met à genoux devant le grand-
autel , sur un carreau qui lui est présenté par
un de ses officiers. Le prélat officiant, soit
cardinal ou archevêque, (1) revêtu de ses or
nements pontificaux , et accompagné de plu
sieurs évêques et abbés, donne un reliquaire
à baiser à la reine, qui est ensuite conduite
sur son trône par des prélats.

(i) Nos rois ont toujours choisi tel prélat qu'ils ont
voulu pour faire cette cérémonie ; ainsi ce privilège
n'appartient point de droit à aucun évêque.
des Reines de France. 215
Les filles du roi , s'il y en a , et les princes
ses et duchessesvontfàirechacuneunegrande
révérence à la reine , et vont s'asseoir à leurs
places. M. le dauphin et Monsieur, (si le roi
a un fils ou un frère), vont aussi s'asseoir aux
leurs : ces places sont à côté de celle de la
reine, mais hors du dais, se tenant près de
Sa Majesté pour lui aidera soutenir son grand
manteau et sa couronne , lorsqu'elle se lève
ou se met à genoux : au défaut de ces prin
ces, ce sont les princes du sangles plus pro
ches du trône.
Deux principaux officiers de la couronne
sont debout aux deux côtés sur l'estrade, et
auprès de celui qui est à gauche de la reine,
sont le grand-maître et le maître des céré
monies.
Les deux prélats ou cardinaux, et les deux
princes qui ont conduit la reine en son trône,
la mènent au grand-autel. Le grand-maître
des cérémonies marche devant avec son bâ
ton, ainsi que l'officier qui porte le carreau.
La queue du manteau de Sa Majesté est por
tée par les mêmes personnes. La reine se
216 Cérémonial du Sacre
prosterne devant l'autel : le prélat officiant
dit une oraison, pendant laquelle la .reine
baisse la tête , et cette oraison finie , les deux
prélats se lèvent. Ensuite l'officiant prend
l'ampoule où est l'huile sanctifiée et la patène
de la main de ces deux évêques : il verse le
saint chrême sur la patène, et fait les onc
tions à Sa Majesté : il commence par la tête
qui est découverte par une princesse du sang
la première par le rang, et finit par la poi
trine, qui est découverte par la princesse
qui est la seconde par le rang. Le prélat offi
ciant prend ensuite l'anneau qui lui est pré--
senté par un évêque ; et le met au doigt de
la reine : puis il donne à Sa Majesté le scep
tre et la main de justice, qui lui sont présen
tés par deux prélats. Après quoi le grand-au
mônier de France remet la couronne entre
les mains du prélat officiant; celui-ci la pré
sente sur la tête de la reine sans la quitter,
et il dit en même temps cette oraison :
OREMUS. PRIONS.
AcciPEcoronamglo- Recevez la couronne
riae , honoris et jucun- de gloire, couronne d'hon
ries Reines âè France. ù. i *j
«eur et de joie , afin que ditatis , ut splendidâ
tous soyez toute resplen- fulgeas et asterna exal-
dissante de son éclat , et tatione coroneris. Per
qu'élevée un jour au ciel, Dominum nostrum.
vous soyez couronnée de
celle qui «st éternelle^

Ordinairement, comme c'est la couronne


de Jeanne d'Evrcux qui sert aux sacres des
reines, et que celte couronne est très-pesante,
les deux princes le plus près du trône la sou
tiennent sur la tête de la reine conjointe
ment avec le prélat officiant, car les pairs, au
sacre des reines, n'ont point de fonctions
comme pairs ainsi qu'au sacre des rois.
Après l'oraison du couronnement, les
mêmes princes mettent surlatête de la
reine une plus petite couronne enrichie de
perles et de diamants.
La reine ayant reçu ces Ornements, re
tourne de l'autel au trône , dans le même or
dre qu'elle y est venue, tenant le sceptre et la
main de justice.
Le même prince ou seigneur qui a porté la
grande couronne, la reporte au trône de la
reine, où il la pose devant Sa Majesté, sur.
218 Cérémonial du Sacre
un carreau couvert de drap d'or. Les autres
seigneurs qui ont porté le sceptre et la main
de justice, accompagnent aussi la reine sur
le trône.
Aussitôt une des premières dames de la
reine se lève, et après plusieurs z-évérences,
elle présente les heures et le livre de prières
aux princesses qui doivent les présenter à la
reine ; ce qu'elles font avec trois révérences à
l'autel, à la reine et aux dames.
Ensuite la messe commence par le prélat
ou cardinal officiant, assisté de deux diacres
et de deux sous-diacres, qui sont archevêques
et évêques. Immédiatement après l'évangile ,
le diacre qui l'a chanté, présente le livre au
prélat officiant, qui, accompagné de deux
diacres et des deux sous-diacres, va le don
ner à baiser à la reine : elle se met à genoux
pour cela, ainsi que les princes qui sont ;i
ses côtés, et un d'eux tient en ses mains la
grande couronne élevée.
Après le credo , les maîtres des cérémo
nies donnent les offrandes aux trois dames
ordonnées pour les porter à la dame d'hon
des Reines de France. 219
neur sur la grande estrade ou échafaud. Ces
trois dames y montent l'une après l'autre :
ces offrandes sont le vin , dans deux petits
barrils d'argent doré, le pain d'argent, le
pain d'or, et un cierge garni de treize pièces
d'or. Au sacre de Marie de Médicis , la ma
réchale de la Châtre portoit les deux pains;
la maréchale de Lavardin, le vin; la maré
chale de Bois-Danphin, le cierge. A mesure
que ces dames avancent sur l'estrade, elles
font deux grandes révérences, l'une à l'autel,
et l'autre à la reine. Elles donnent ces offran
des à la dame d'honneur, qui les présente
à trois dames des plus qualifiées. Au même
sacre dont nous parlons, elle présenta le pain
à la duchesse de Vendôme, le vin à madame
de Guise , le cierge à mademoiselle de Ven
dôme. La reine descendit de son trône pour
aller à l'offrande, elle éloit accompagnée de
M. le dauphin , de Monsieur, des deux car
dinaux de Gondi et de Sourdis, et des prin
cesses nommées pour lui porter la queue du
manteau. MM. de Vendôme portoient le
sceptre et la main de justice; M. le prince
220 Cérémonial du Sacre
de Conti portant la couronne, M. le due
d'Elbeuf portant le earreau, et M. le comte
de Saint-Paul avec son bâton, marchant de
vant la reine , qui étoit suivie des trois prin
cesses portant les offrandes. La reine rece
vant ces offrandes des mains des princesses,
les donne elle-même à mesure à l'archevêque
ou prélat officiant, ( qui, à ce même sacre,
étoit le cardinal de Joyeuse. ) Après l'of
frande, Sa Majesté retourne dans le même
ordre à son trône. A l'élévation elle se met à
genoux, et dans le même temps le prince
chargéde porter la couronne, la tient élevée.A
Yagnus Dei, un des cardinaux va donner le
baiser de paix au prélat officiant; ensuite étant
monté au trône , il va le donner à la reine.
Après que le prélat officiant a communié ,
la reine descend de son trône, et elle est con
duite, pour la troisième fois, devant l'autel,
dans le même ordre qu'elle y est venue. Elle se
met à genoux, elle pose la couronne qu'elle a
sur la tête sur le carreau qni lui est préparé ,
elle reçoit la sainte communion des mains
du cardinal ou prélat officiant; ensuite elle
des Reines de France. 22 1
remonte sur son trône , et achève d'entendre
la messe. La cérémonie finit ordinairement
par des largesses que font les hérauts d'armes
au peuple, d'un grand nombre de pièces d'or
et d'argent, frappées exprès pour celte céré
monie ; et après la messe, la reine est con
duite dans son palais , dans le même ordre
qu'elle est venue à l'église j ceux qui portent
les ornements royanx marchant toujours de
vant elle au son des instruments. Au sacre
de Marie deMédici», M. le dauphin prit Sa
Majesté par-dessous le bras droit, et Mon
sieur, sous le bras gauche. MM. de Guise
portoient les pans de son manteau et toute
sa cour l'accompagna jusqu'à son apparte
ment.
Marie de Médicis, femme de Henri IV,
est la dernière reine qui ait .été couronnée.
Les monuments publics ne nous instruisent
point pourquoi cet honneur n'a point passé
aux reines suivantes (1). Mais quelques rai-

(1) Anne d'Autriche, Marie-Thérèse d'Autriche, et


Marie Leczinska.
222 Cérémonial du Sacre, etc.
sons qu'on ait eues, cette omission ne peut
préjudiciel' en rien au profond respect et à
l'amour des peuples pour les femmes de nos
rois.

4h
DESCRIPTION

DES HABILLEMENTS

QUI ONT SERVI AU SACRE DE LOUIS XV,

d'après celui oravé aux dépens de sa majesté.

Premier Habillement du roi à son lever , et


allant à l'Eglise.

IWob e longue de drap d'argent , en forme


de soutane : sous cette robe une camisole de
satin cramoisi : une toque de velours noir ,
garnie d'un bouquet de plumes blanches ,
surmonte d'une aigrette de plumes noires de
héron : au retroussis de la loque, sous le
bouquet de plumes, une agraffe de dia
mants : des mules de drap d'argent comme
la robe.
Second Habillement du Roi pour les
Onctions.
Une camisole de satin cramoisi , garnie d<
aa4 Description
petits galons d'or à jour sur toutes les cou
tures , et ouverte, de même que la chemise ,
aux endroits ménagés pour les onctions; ces
ouvertures fermées par de petits cordons
d'or et de soie : des bottines de velours vio
let , semées de fleurs de lis , brodées en or.

Troisième Habillement du Roi allant à


son Trône.

Le manteau royal de velours violet, semé


de fleurs de lis d'or , fourré et bordé d'her
mine : l'épiloge toute d'hermine : sous le
manteau une tunique et une dalmatique de
satin violet, semés de fleurs de lis, brodées
en or, et garnies tout autour de frangeons
d'or : la couronne de Charlemagne sur la
tête, le sceptre dans la main droite, et dans
la gauche la main de justice : les bottines de
velours violet , semées de fleurs de lis d'or.

Habillement oVun Pair Laïque.

Un manteau long de drap violet , doublé


et hordé d'hermine : l'épitoge toute d'her
I
des Habillements. 225
mine : sous le manteau une robe longue
de drap d'or, en forme de soutane : la cein
ture de soie violette, or et argent: la cou
ronne ducale sur la tête.

Habillement d'un Pair Ecclésiastique.

Une chape d'étoffe d'or, doublée de moire


de couleur : le chaperon et l'orfroi de la ehape
brodes d"or : le rochet garni de dentelles : la
mitre brodée d'or.

Habillement d'un Cardinal Assistant.

Une chape de moire de couleur de feu r


la cape de même, dont la doublure d'her
mine forme l'épitoge : le rochet garni de
dentelles : le bonnet quarré de drap couleur
de feu : la houpe de soie de même couleur.

Habillement du Connétable.

Le même habit que les pairs laïques : la


couronne de comte sur la tête, et dans la
main l'épée de Charleiungne.
226 . Description

Habillement du Chancelier.
Unjïianleau long de drapécarlale, ouvert
sur le côté droit, et relevé sur le gauche,
fourré et bordé d'hermine : l'épitoge toute
d'hermine : la soutane de satin cramoisi : la
ceinture et les gands de soie cramoisi et or -.
sur la tête le mortier de drap d'or, horde
d'hermine.
Habillement du Grand-Maitre de la Mai
son du Roi.
Le même habit que les pairs laïques : sur
la tête une couronne de comte , et dans la
main droite le bâton bleu , semé de fleurs de
lis d'or, et sommé d'une couronne royale.

Habillement du Grand-Chambellan.
Le même habit que les pairs laïques : une
couronne de comte sur la tête. 1

Habillement du premier Gentilhomme de


la Chambre.
Le même habit que les pairs laïques : une
couronne de comte sur la tête.
des Habillements. 227

Habillement cîun Seigneur nommé pour


porter la queue du Manteau Royal.

Un habit ordinaire : un manleau court ; le


tout d'étoffe d'or à fleurs : nn chapeau noir,
garni d'un bouquet de plumes noires à deux
rangs.

Habillement du Gouverneur du Roi lors


qu'ily en a un.
Ln habit ordinaire : un manleau court; le
tont d'étoffe d'or à fleurs : un chapeau noir,
garni d'un bouquet de plumes noires à deux
rangs.

Habillement d'un Maréchal de France por


tant lès Honneurs.

Un habit ordinaire : un manteau court de


velours noir : la doublure , les parements de
l'habit et le collet du manteau d'étoffe d'or;
le tout garni de point d'Espagne d'or; un
chapeau noir, garni d'un bouquet de plu
mes noires et couleur de feu à deux rangs :
le carreau sur lequel est la couronne de
228 Description
Charlernagne, est de velours violet, semé tic
fleurs de lis d'or.
Habillement d'un Chevalier des Ordres du
Roi portant les Offrandes.

Le grand manteau de l'ordre de velours,


semé de flammes brodées d'or , ouvert sur le
côté droit, et relevé sur le gauche : le collier
de l'ordre avec la croix du Saint Esprit atta
chée sur le collet: le pourpoint et les chaus
ses retroussés, de drap et de dentelles d'ar
gent :1a toque de velours noir, garnie d'un
bonquet de plumes blancbes, surmonté
d'une aigrette de plumes de héron.
Habillement du Capitaine des Gardes-
Ecossois.
Un Habit ordinaire : un manteau court :
un chapeau noir , garni d'un bouquet dé plu
mes- blanches à deux rangs : le bâton de com
mandement à la main.
Habillement du capitaine dès Cent-Suisses
de la Garde du Roi.
Un pourpoint de drap d'argent, garni de
des Habillements. 229
dentelles et de passements d'argent : un
nœud de rubans d'argent sur le parement des
manches : les chausses taillées par bandes de
velours noir, bordées de dentelles d'argent
à réseaux : les entre-bandes de satin blanc :
une fraise de dentelles à plusieurs rangs : le
baudrier de même drap que le pourpoint,
avec les mêmes ornements : le manteau de
velours noir, garni de dentelles noires , dou
blé de drap d'argent, garnie de dentelles d'ar
gent : la toque de velours noir , garnie de
plumes blanches à deux rangs : le bâton île
commandement à la main.

Habillement d'un Seigneur Otage de la


Sainte- Ampou le.
Un habit ordinaire : un manteau court
d'étoffe d'or : uu chapeau noir, garni d'un
bouquet de plumes noires àdeux rangs.

Habillement cTun Secrétaire d'Etat.


Un habit de velours noir, avec des bou
tons et des boutonnières en fil d'or : les
parements des manches d'étoffe d'or : un
a3o Description
manteau de velours noir , garni de dentelles
noires : la doublure du collet du manteau
d'étoffe d'or.

Habillement d'un Conseiller etEtat


Assistant.
Une robe longue avec des manebes pen
dantes ;. par-dessus une soutane de satin noir,
avec une ceinture de soie noire, garnie de
glands d'or.

Habillement du Grand-Maître des


Cérémonies.

Un pourpoint ouvert de drap d'argent ,


garni de réseaux, de dentellcs-et de rubans
d'argent : des g hausses de velours noir, re
troussées et coupées par bandes , garnies de
même, de dentelles et de rubans d'argent :
un manteau avec le capot de velours noir»
doublé de toile d'argent, garni de dentelles
noires par-dessus, et de dentelles d'argent
par-dessous : une toque de velpurs noir,
garnie d'un bouquet de plumes blanches, sur
montée d'une aigrette die plumes noires de
des Habillements. 23i
héron : des bas de soie blancs : les souliers
d'étoffe d'argent : les jarretières, roses et ro
settes de rubans d'argent : le bâton de com
mandement à la main.

Habillement du Maître des Cérémonies.

Le même habit que le grand-maître des


cérémonies: le capot, qui paroît plus dis
tinctement qu'au grand- maître , est formé
par différents rangs de petites dentelles noi
res bouiîlonnées au bas, comme aux deux
côtés du manteau.

Habillement du Roi d'Armes.

Un pourpoint de velours blanc, de même


([ne les chausses retroussées , garnies de ru
bans : un manteau court aussi de velours
blanc : une cotte d'armes de velours violet,
avec trois fleurs de lis brodées en or, sur
montées d'une couronne d'or fermée : sur
les manches, le cri Mont-JoieSaint-Denis :
une toque de velours blanc, avec un bou
quet de plumes blanches et une aigrette
a3a Description
noire , à la main le bâton de velours violet,
semé de fleurs de lis d'or , sommé d'une cou
ronne fermée.

Habillement du Grand-Prévôt de VHôtel.

Un habit de drap bleu , galonné d'or sur


toutes les coulures : la doublure de l'habit
et le parement des manches de drap de cou
leur de feu : les boutons et les boutonnières
de galons et de fil d'or , le bâton de com
mandement à la main.

Habillementdu Grand-Prieur de VAbbaye


de Sainl-Remi.

Une aube, et par-dessus une chape et


une étole d'étoffe d'or : le reliquaire suspendu
au col par une chaîne d'argent et qui rem-
ferme la sainte ampoule , est de vermeil dôré
enrichi de diamants et de pierreries de dif
férer! tes couleurs.
Habillement d'un Chevalier Porte-Da'ts de.
la Sainte-Ampoule.

Un pourpoint et des chausses retroussées


des Habillements. 233
de satin blanc : un manteau de satin noir,
doublé de satin blanc : la croix de la sainte
ampoule, suspendue au col par un ruban
noir, la même croix brodée sur le côté gauche
du pourpoint et du manteau : une écharpe
de velours blanc, bordée d'une petite frange
d'argent : un chapeau blanc, garni d'un
bouquet de plumes blanches à deux rangs :
les bas et les souliers blancs , avec des jarrre-
tières et des rosettes de ruban noir.

Habillement etun Huissier de la Chambre


du Roi.

Un pourpoint ouvert de satin blanc : des


chausses retroussées et découpées par bandes :
un manteau court, avec le capot de velours
blanc, bordé de petites dentelles bouillon-
nées, et de rubans d'argent : une toque de
satin blanc avec un bouquet de plumes blan
ches et une aigrette noire : des bas de soie et
des souliers blancs : la masse de vermeil
doré , sur l'épaule.
234 Description

Habillement d'un des six Gardes-Ecossois.

Un habit de satin blanc, par-dessus une


cotte-d'armes en broderie d'or : sur le cor
selet les armes de France, surmontées d'un
soleil , avec la devise, le tout brodé en car ti
sane d'or, sur un fond de trait d'argent,
formant des mailles : les manches et basques
de la cotte-d'armes brodées en or sur un
fond blanc : un chapeau blanc, garni d'un
bouquet de plumes blanches à deux rangs :
la pertuisane à la main.

Habillement d'un des Cent-Suisses de la


Garde.

Le pourpoint et le haut de chausses dé


coupés par bandes, et galonnés de la li
vrée du roi : les entre-bandes de taffetas
bleu et cramoisi : le bas du haut-de-chaus-
ses bordé et orné d'aiguillettes : une fraise
de toile à plusieurs rangs : une toque de
velours noir, ornée d'un tour et d'une ai
grette de plumes blauches : la hallebarde sur
l'épaule.
des Habillements. ^35

Habillement d'un des Gardes de la


Prévôté de VHôtel.

Sur l'habit d'ordonnance une cotte-d'ar-


ines : le plastron du corset , fond d'argent,
formant des mailles , bordés de trois rangs
de têtes de clou d'argent, au milieu, une mas
sue armée et acostée de deux épées posées
en pal , avec la devise du corps : les manches
et les basques de la cotte-d'armes, partagées
par bandes de drap blanc, rouge el bleu bro
dées de différents ornements d'or et d'argent :
le mousqueton sur l'épaule.

FIN.
TABLE

DES ARTICLES CONTENUS DANS CETOLUME.

Introduction. — Institution et ancienneté du.


sacre des rois. Epoque de celui des rois de
France, et appareil majestueux, de cette
auguste cérémonie 17
Préparatifs du sacre.. 25
Décoration de l'église métropolitaine de
Reims , pour le jour et la cérémonie du
sacre , et disposition des sièges , tribunes
et amphithéâtres 28
Des ornements royaux 34
Départ et voyage du roi pour Reims 39
Arrivée du roi à Reims 42
Arrivée du roi à l'église métropolitaine 44
Veille du sacre. 46
Jour du sacre. — Ordre des places 48
Ordre de la procession pour conduire le roi
à l'église 57
Arrivée de la sainte ampoule 66
Promesses et serments du roi 71
238 TABLE
Pagps.
Demande de M. l'archevêque de Reims au roi,
pour l'église y-x
Promesse du roi . . .% ih.
Serment du roi j3
Bénédiction des ornements royaux.. 80
Bénédiction de l'épée 84
Préparation du saint chrême 92
Litanies et oraisons avant le sacre g4
Consécration du roi io5
Bénédiction des gants 117
Bénédiction de l'anneau 119
Tradition du scepire nt de la main de justice. 121
Convocation des pairs pour le couronnement
du roi '25
Couronnement du roi 1 26
Bénédiction -- 129
Autre bénédiction i32
Intronisation du roi 1 35
Célébration de la -messe i4i
Cérémonies de l'offrande. i44
Cérémonie de la pais donnée i5o
Communion du roi i52
Retour du roi à l'archevêché i55
Le festin royal i5r
Cavalcade à Saint-Remi le lendemain du sacre. 168
Cérémonies dcscbevaliers de l'ordre du.Saint-
Esprit , où le roi est reçu grand-maître-
souvern in de l'ordre 171
DES ARTICLES. 2.3g
Revue des troupes de la maison du roi, ..... 188
Du toucher des malades, et de la neuvaine à
saint Marcoul 190
De la délivrance des prisonniers 1 93
Départ du roi -. iy5
Table chronologique et historique du sacre
et couronnement des rois de France de la
deuxième et troisième races 197
Cérémonial du sacre et du couronnement des
reines de France 209
Descriplion des habillements 223

TIN DE LA TABLE DES ARTICLES

A PARIS, DE L'IMPRIMERIE D'A. ÉGRON ,


rue des Noyers , u° 07.

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