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-997
H20
165
11/39
PERI
iri CHA ND
LE S
PROS
Legat
MAR o
PASSIONS
.Ex
Cl
V
DE L'AM E.
PAR
1
RENE DES CARTE S.
A AMSTERDAM ,
3 AVER-
AVERTISSEMENT
d'un des amis de l'Autheur.
LET-
LETTRE PREMIERE ,
A Monfieur
DES CARTES.
MONSIE VR₂
RE-
RESPONSE.
A la lettre precedente.
MONSIEU
R,
Parmi les injures & les reproches que je
trouve en la grande lettre que vous avez pris
la peine de m'efcrire, j'y remarque tant de
chofes à mon avantage , que fi vous la faifiez
imprimer,ainsi que vous declarez vouloir fai-
re, j'aurois peur qu'on ne s'imaginaft qu'il y
a plus d'intelligence entre nous qu'il n'y en
a, & queje vous ay prié d'y mettre plufieurs
chofes que la bienfeance ne permettoit pas
que je fiffe moy mefme fçavoir au public.
C'eft pourquoyje ne m'arrefteray pas icy à y
refpondre de point en point : je vous diray
feulement deux raiſons qui me femblent vous
devoir empefcher de la publier. La premiere
eft, que je n'ay aucune opinion que le deffein
que je juge que vous avez eu en l'efcrivant
puiffe reüllir. Lafeconde, que je ne fuis nul-
lement de l'humeur que vous imaginez ,que je
n'ay aucuneindignation , ny aucun degouft,
qui m'ofte le defir de faire tout ce qui ſera en
mon pouvoir pour rendre fervice au public,
auquel je n'eftime tres-obligé, de ce que les
efcrits que j'ay desja publiez ont efté favora-
*blement receus de plufieurs.Et que je ne vous
ay
ay cy-devant refufé ce que j'avois efcrit des
Paffions, qu'affin de n'eftre point obligé de le
faire voir à quelques autres qui n'en euffent
pas fait leur profit. Car d'autant que je ne l'a-
vois compofé que pour eftre leu par une Prin-
ceffe , dont l'efprit eft tellement au deffus du
commun qu'elle conçoit fans aucune peine ce
qui femble eftre le plus difficile à nos do-
êteurs, je ne m'eftois arrefté à y expliquer
C que ce que jepenfois eftre nouveau. Et affin
que vous ne doutiez pas de mon dire, je vous
8 promets de revoir cet efcrit des Paffions , &
d'yadjoufter ce que je jugeray eftre neceffaire
pour le rendre plus intelligible , & qu'après
cela je vous l'envoyeray pour en faire ce
qu'il vous plaira. Car je fuis, &c.
D'Egmont, le 4 Decembre, 1648.
LETTRE SECONDE
A Monfieur
DESCARTES.
M ONSIE VR,
RESPONSE
A la Seconde lettre.
- MONSIEVR,
LES
I
LES
PASSIONS
DE L'AM E.
PREMIERE PARTIE ,
DES PASSIONS
EN GENERAL :
ARTICLE
I.
ARTICLE II.
ARTICLE III.
ARTICLE IV.
ARTICLE V.
AR-
PREMIERE PARTIE.
7
ARTICLE VI.
10
A fin donc que nous evitions ce-
fte erreur , confiderons que la
mort n'arrive jamais par la faute de
l'ame , mais feulement parce que
quelcune des principales parties du
corps fe corrompt ; & jugeons que
le corps d'un homme vivant differe
autant de celuy d'un homme mort ,
que fait une montre , ou autre auto-
mate (c'eſt à dire , autre machine qui
fe meut de foy-mefme) lors qu'elle eft
montée , & qu'elle a en foy le prin-
cipe corporel des mouvemens pour
lefquels elle eft inftituée , avec tout
ce qui eft requis pour fon action , &
la mefme montre , ou autre machi-
ne , lors qu'elle eft rompue & que le
principe de fon mouvement ceffe
d'agir.
A 4 A R-
8 DES PASSIONS
ARTICLE VII.
>
pour rendre cela plus intelligible
j'expliqueray icy en peu de mots
toute la façon dont la machine de
noftre corps eft compofée. Il n'y a
perfonne qui ne fçache deja qu'il y a
en nous un cœur , un cerveau , un
eftomac , des muſcles, des nerfs, deş
arteres , des venes , & chofes fem-
blables. On fçait auffi que les vian-
des qu'on mange defcendent dans
l'eftomac & dans les boyaux , d'où
leur fuc , coulant dans le foye , &
dans toutes les venes , fe mefle avec
le fang qu'elles contienent , & par ce
moyen en augmente la quantité .
Ceux qui ont tant foit peu ouy par-
ler de la Medecine, fçavent outre ce-
la comment le cœur eft compofé , &
comment tout le fang des venes peut
fa-
PREMIERE PARTIE. ୨
facilement couler de la vene cave en
fon cofté droit , & de là paffer dans le
poumon, par le vaiffeau qu'on nom-
me la vene arterieuſe , puis retour-
ner du poumon dans le cofté gauche
du cœur, par le vaiffeau nommé l'ar-
tere veneufe , & en fin paffer de là
dans la grande artere , dont les bran-
ches fe refpandent par tout le corps.
Mefmetous ceux que l'authorité des
Anciens n'a point entierement aveu-
glez , & qui ont voulu ouvrir les
yeuxpour examiner l'opinion d'Her-
veus touchant la circulation du fang,
ne doutent point que toutes les ve-
nes & les arteres du corps , ne foient
comme des ruiffeaux , par où le fang
coule fans ceffe fort promptement ,
en prenant fon cours de la cavité
droite du cœur par la vene arterieu-
fe , dont les branches font efparfes
en tout le poumon , & jointes à cel-
les de l'artère veneufe , par laquelle il
paffe du poumon dans le cofté gau-
che du coeur , puis de là il va dans la
A 5 grande
10 DES PASSIONS
grande artere , dont les branches e-
fparfes par tout le refte du corps font
jointes aux branches de la vene cave,
qui portent derechefle mefme fang
en la cavité droite du cœur : En for-
te que fes deux cavitez font comme
des efclufes , par chacune defquelles
paffe tout le fang , à chafque tour
qu'il fait dans le corps . De plus on
fçait que tous les mouvemens des
membres dependent des muſcles ;
Et que ces muſcles font oppofez les
uns aux autres en telle forte, que lors
que l'un d'eux s'accourcit, il tire vers
foy la partie du corps à laquelle il eft
attaché , ce qui fait allonger au mef-
me temps le muſcle qui luy eft oppo-
fé : Puis s'il arrive en un autre temps
que ce dernier s'accourciffe , il fait
que le premier fe rallonge , & il reti-
re vers foy la partie à laquelle ils font
attachez. En fin on fçait que tous
ces mouvemens des muſcles , com-
me auffi tous les fens , dependent
des nerfs , quifont comme de petits
filets ,
PREMIERE PARTIE. II
filets , ou comme de petits tuyaux
1
qui vienent tous du cerveau , & con-
tienent , ainfi que luy , un certain air-
ou vent tres-fubtil, qu'on nomme les
efprits animaux.
1
ARTICLE VIII
ARTICLE IX.
ARTICLE X.
ARTICLE XII.
ARTICLE XIII.
ARTICLE XIV.
ARTICLE XV.
AR-
PREMIERE PARTIE. 25
ARTICLE XVI.
ARTICLE XVII.
APres avoir
tes les ainfi
foncti onsconfideré tou-
qui appart ie-
nent au corps feul , il eft ayfé de con-
noiftre qu'il ne refte rien en nous
que nous devions attribuer à noftre
ame, finon nos penfeés , lesquelles
font
PREMIERE PARTIE. 27
font principalement de deux genres,
à fçavoir les unes font les actions de
l'ame , les autres font fes paffions.
Celles que je nomme fes actions ,
font toutes nos volontez,à caufe que
nous experimentons qu'elles vie-
nent directement de noftre ame , &
femblent ne dependre que d'elle ;
Comme au contraire on peut gene-
ralement nommer fes paffions , tou-
tes les fortes de perceptions ou con-
noiffances qui fe trouvent en nous ,
à caufeque fouvent ce n'eft pas no-
ftre ame qui les fait telles qu'elles
font, & que tousjours elle les reçoit
des chofes qui font reprefentées par
elles.
ARTICLE XVIII.
De la volonté.
ARTICLE XIX.
De la Perception.
ARTICLE XX.
ARTICLE XXI.
B 4 AR
32 DES PASSIONS
ARTICLE XXII.
ARTICLE XXIII.
B. 5 AR-
34 DES PASSIONS
ARTICLE XXIV.
ARTICLE XXV.
ARTICLE XXVI..
ARTICLE XXVII.
APres
quoyavoir ainfi confideré
les paffions en
de l'ame dif-
ferent de toutes fes autres penfées ,
il me femble qu'on peut generale-
ment les definir , Des perceptions, ou
des fentimens , ou des emotions de
l'ame , qu'on rapporte particuliere-
ment à elle , & qui font caufées , en-
tretenues , & fortifiées par quelque
mouvement des efprits.
A R-
PREMIERE PARTIE. 39
ARTICLE XXVIII.
ARTICLE XXIX.
ARTICLE XXX.
ARTICLE XXXI.
ARTICLE XXXII.
ARTICLE XXXIII.
Ou
Our r l'opinion de ceux qui pen-
fent que l'ame reçoit fes paffions
dans le cœur , elle n'eft aucunement
confiderable ; car elle n'eft fondée
que fur ce que les paffions y font ſen-
tir quelque alteration ; & il eft avfé à
$ re-
46 DES PASSIONS
remarquer que cette alteration n'eft
fentic comme dans le cœur , que par
l'entremise d'un petit nerf qui de-
fcend du cerveau vers luy ; ainfi que
la douleur eft fentie comme dans le
pied , par l'entremiſe des nerfs du
pied; & les aftres font aperceus com-
me dans le ciel , par l'entremife de
leur lumiere & des nerfs optiques :
en forte qu'il n'eft pas plus neceffaire
que noftre ame exerce immediate-
ment fes fonctions dans le cœur ,
pour y fentir fes paffions , qu'il eft
neceffaire qu'elle foit dans le ciel pour
y voir les aftres .
ARTICLE XXXIV.
AR-
PREMIERE PARTIE. 49
ARTICLE XXXV.
ARTICLE XXXVI.
ARTICLE XXXVII.
ARTICLE XXXVIII.
C 3 A R-
54 DES PASSIONS
ARTICLE XXXIX.
ARTICLE XL.
ARTICLE XLI.
ARTICLE XLII.
C $ AR-
N
S SIO
58 DE PAS
ARTICLE XLIII.
A R
PREMIERE PARTIE. 59
ARTICLE XLIV.
ARTICLE XLV.
NOspaffions neeftre
directement peuvent pas s
excitée auffi
ny
oftées par l'action de noftre volon-
té; mais elles peuvent l'eftre indire-
Єtement par la reprefentation des
chofes quiont couftume d'eftre join-
tes avec les paffions que nous vou-
lons avoir , & qui font contraires
à celles que nous voulons rejetter.
Ainfipour exciter enfoy la hardieffe
& ofter la peur , il ne fuffit pas d'en
avoir la volonté , mais il faut s'ap-
pliquer à confiderer les raifons , les
objets , ou les exemples , qui perfua-
dent que le peril n'eft pas grand ;
qu'il y a tousjours plus de feureté en
la defenfe qu'en la fuite ; qu'on aura
de la gloire & de la joye d'avoir vain-
cu, au lieu qu'on ne peut attendre
C 7 que
62 DES PASSIONS
que du regret & de la honte d'avoir
fui , & chofes femblables.
ARTICLE XLVI.
A R-
64 DES PASSIONS
4 ARTICLE XLVII.
A R
68 DES PASSIONS
ARTICLE XLVIII.
AR.
70 DES PASSIONS
ARTICLE XLIX.
tant
PREMIERE PARTIE. 71
tant grande difference entre les refo-
lutions qui procedent de quelque
fauffe opinion , & celles qui ne font
Jappuïées que fur la connoiffance de
la verité : d'autant que fi on fuit ces
dernieres , on eft affeuré de n'en a-
voirjamais de regret, ni de repentir ;
au lieu qu'on en a tousjours d'avoir
fuivi les premieres, lors qu'on en de-
couvre l'erreur.
ARTICLE L.
B
PREMIERE PARTIE. 73
requiert point un long ufage. Ainfi
lors qu'on rencontre inopinement
00 quelque chofe de fort fale , en une
viande qu'on mange avec appetit , la
furpriſe de cette rencontre peut tel-
lement changer la difpofition du cer-
B₁ yeau, qu'on ne pourra plus voir par
apres de telle viande qu'avec hor-
reur , au lieu qu'on la mangeoit au-
paravant avec plaifir. Et on peut re-
marquer la meſme choſe dans les be-
ftes; carencore qu'elles n'ayent point
de raiſon , ny peut eftre auffi aucune
penſée , tous les mouvemens des e-
fprits & de la glande , qui excitent
en nous les paffions , ne laiffent pas
d'eftre en elles , & d'y fervir à entre-
tenir & fortifier , non pas comme en
nous les paffions , mais les mouve-
mens des nerfs & des muſcles , qui
ont couftume de les accompagner.
Ainfi lors qu'un chien voit une per-
drix,il eft naturellement portéà cou-
rir vers elle , & lors qu'il oit tirer un
fuzil , ce bruit l'incite naturellement
D à s'en
DES PASS. PREM. PART.
74
à s'en fuïr: mais neantmoins on dref-
fe ordinairement les chiens couchans
en telle forte, que la veuë d'une per-
drix fait qu'ils s'arreftent , & que le
bruit qu'ils oyent apres , lors qu'on
tire fur elle, fait qu'ils y accourent .
Orces chofes font utiles à fçavoir ,
pour donner le courage à un chacun
d'eftudier à regler fes paffions. Car
puis qu'on peut avec un peu d'indu-
trie changer les mouvemens du cer-
veau , dans les animaux depourveus
de raiſon, il eft evident qu'on le peut
encore mieux dans les hommes ; &
que ceux mefme qui ont les plus foi-
bles ames , pourroient acquerir un
empire tres-abfolu fur toutes leurs
paffions , fi on employoit affez d'in-
duftrie à les dreffer, & à les conduire.
LES
LES
PASSIONS
DE L'AM E.
SECONDE PARTIE ,
ARTICLE LI.
AR-
SECONDE PARTIE. 77
ARTICLE LII.
ARTICLE LIII.
L'Admiration.
ARTICLE LIV.
D 4 A R-
80 DES PASSIONS
ARTICLE LV.
ARTICLE LVI
ARTICLE LVII
Le Defir.
E la mefme confideration dư
DEbien & du mal naiffent toutes
les autres paffions , Mais affin de les
metre par ordre , je diftingue les
temps , & confiderant qu'elles nous
portent bien plus à regarder l'avenir
que le prefent ou le paffé , je com-
mence par le Defir. Car non feule-
ment lors qu'on defire acquerir un
bien qu'on n'a pas encore , ou bien
eviter un mal qu'on juge pouvoir ar-
river ; mais auffi lors qu'on ne fou-
haite que la confervation d'un bien ,
ou l'abſence d'un mal , qui eft tout'
ce à quoy fe peut eftendre cette paf
fion , il eft evident qu'elle regarde
tousjours l'avenir.
D 5 AR-
82 DES PASSIONS
ARTICLE LVIII.
A R-
SECONDE PARTIE. 83
ARTICLE LIX.
D 6 AR
84 DES PASSIONS
ARTICLE LX.
Le Remors.
ETfions'eft determiné
action , avant à quelque
que l'Irref olution
fuft oftée , cela fait naiftre le Re-
mors de confcience : lequel ne regar-
de pas le temps à venir , comme les
paffions precedentes , mais le pre-
fent ou le paffé.
ARTICLE LXI.
ARTICLE LXII
D 1 AR-
86 DES PASSIONS
ARTICLE LXIII.
ARTICLE LXIV.
A I-
SECONDE PARTIE. 87
ARTICLE LXV.
ARTICLE LXVIL
ARTICLE LXVIII
ARTICLE LXIX.
DUNĂRTICLE LXX.
Del'Admiration.
ARTICLE LXXI
ARTICLE LXXII.
ARTICLE LXXIII.
ARTICLE LXXIV.
ARTICLE LXXV.
E A R-
98 DES PASSIONS
ARTICLE LXXVI.
ARTICLE LXXVII.
E 2 A R-
100 DES PASSIONS
ARTICLE LXXVIII.
ARTICLE LXXIX.
ARTICLE LXXX.
ARTICLE LXXXI.
ARTICLE LXXXII.
ARTICLE LXXXIII
ARTICLE LXXXIV.
ARTICLE LXXXV.
ARTICLE LXXXVI.
La Definition du Defir.
ARTICLE LXXXVII.
ARTICLE LXXXVIII.
A R-
114 DES PASSIONS
ARTICLE LXXXIX.
ARTICLE XC.
ARTICLE XCI.
La definition de la Ioye.
ARTICLE XCII.
La Definition de la Trifteffe.
AR-
120 DES PASSIONS
ARTICLE XCIII.
ARTICLE XCIV.
F 2 A R-
124 DES PASSIONS
I
ARTICLE XCV.
ARTICLE XCVI.
ARTICLE XCVII.
ARTICLE XCVIIL
En la Haine. 1
IE
E remarque au contraire en la Hai-
ne , que le poulx eft inégal, & plus
petit , & fouvent plus vifte , qu'on
fent des froideurs entremelées de je
ne fçay quelle chaleur afpre & pic-
quante dans la poitrine , que l'efto-
mac ceffe de faire fon office , & eft
enclin à vomir , & rejeter les viandes
qu'on a mangées , ou du moins à les
corrompre & convertir en mauvai-
fes humeurs.
ARTICLE XCIX.'
En la Toye.
ARTICLE C.
En la Trifteffe.
ARTICLE CI.
Au Defir.
ARTICLE CII.
A R-
SECONDE PARTIE. 131
izi
ARTICLE CIII.
En la Haine.
ARTICLE CIV.
En la loye.
ARTICLE CV.
En la Trifteffe.
ARTICLE CVI
Au Defir.
ARTICLE CVIL
ET je ,deduis
сесу lesaraifons
de ce qui cy tout
efté dit de def-
fus , qu'il y a telle liaiſon entre noftre
ame & noftre corps , que lors que
nous avons une fois joint quelque
action corporelle avec quelque pen-
fée , l'une des deux ne fe prefente
point à nous par apres , que l'autre
ne s'y prefente auffi . Comme on
voit en ceux qui ont pris avec gran-
de averfion quelque breuvage eftans
malades , qu'ils ne peuvent rien boi-
re ou manger par apres , qui en ap-
proche du gouft , fans avoir derechef.
la meſme averfion ; Et pareillement
qu'ils ne peuvent penſer à l'averfion
qu'on a des medecines , que le mef-
megouft ne leur reviene en la penfée.
Car
136 DES PASSIONS
Car il me femble que les premieres
paffions que noftre ame a euës , lors
qu'elle a commencé d'eftre jointe à
noftre corps,ont deu eftre, que quel-
quefois le fang , ou autre fuc qui en-
troit dans le cœur , eftoit un aliment
plus convenable que l'ordinaire,pour
y entretenir la chaleur qui eft le prin-
cipe de la vie ; ce qui eftoit caufe que
l'ame joignoit à foy de volonté cet
aliment , c'eft à dire , l'aymoit ; & en
mefme temps les efprits couloient du
cerveau vers les mufcles , qui pou-
voient preffer ou agiter les parties
d'où il eftoit venu vers le cœur, pour
faire qu'elles luy en envoyaffent da-
vantage; & ces parties étoient l'efto-
mac & les inteftins , dont l'agitation
augmente l'appetit , ou bien auffi le
foye & le poulmon , que les muſcles
du diaphragme peuvent preffer. C'eſt
pourquoy ce mefme mouvement des
efprits , a tousjours accompagné de-
puis la paffion d'Amour.
A R-
SECONDE PARTIE. 137
ARTICLE CVIII.
En la Haine.
ARTICLE CIX.
En la loye.
ARTICLE CX.
En la Trifteffe.
ARTICLE CXI.
Au Defir.
ARTICLE CXII.
ARTICLE CXIII.
ARTICLE CXIV .
ARTICLE CXV.
G A R-
146 DES PASSIONS,
ARTICLE CXVI.
AR-
SECONDE PARTIE. 147
ARTICLE CXVII.
ARTICLE CXVIII.
Des Tremblemens.
ARTICLE CXIX.
De la Langeur.
ARTICLE CXX.
FT la Paffion qui
dinairement caufe
cet le plus
effect or-
eft l'A-
mour ; jointe au Defir d'une chofe
dont l'acquifition n'eft pas imaginée
comme poffible pour le temps pre-
fent. Car l'Amour occupe tellement
l'ame à confiderer l'objet aymé, qu'el-
le employe tous les efprits qui font
dans le cerveau à luy en repreſenter
l'image , & arrefte tous les mouve-
mens de la glande qui ne fervent
point à cet effect. Et il faut remar-
quer touchant le Defir , que la pro-
prieté queje luy ay attribuée de ren-
dre tout le corps plus mobile , ne luy
convient que lors qu'on imagine
G 4 L'objet
152 DES PASSIONS
l'objet defiré eftre tel, qu'on peut des
ce temps là faire quelque chofe qui
ferve àl'acquerir. Car fi au contrai-
re on imagine qu'il eft impoffible
pour lors de rien faire qui y foit uti-
le, toute l'agitation du Defir demeu-
re dans le cerveau , fans paffer aucu-
nement dans les nerfs ; & eftant en-
tierement employée à y fortifier l'i-
dée de l'objet defiré , elle laiffe le re-
fte du corps languiffant.
ARTICLE CXXI.
ARTICLE CXXIL
De la Pafmoifon.
ARTICLE CXXIII.
ARTICLE CXXIV.
Du Ris.
ARTICLE CXXV.
AR-
SECONDE PARTIE. 257
ARTICLE CXXVI.
ARTICLE CXXVII.
A R
ARTICLE CXXVIII.
ARTICLE CXXIX. -
ARTICLE CXXX.
A R-
SECONDE PARTIE . 165
ARTICLE CXXXI.
ARTICLE CXXXII.
ARTICLE CXXXIII.
ARTICLE CXXXIV.
ARTICLE CXXXV.
Des Soupirs.
ARTICLE CXXXVI.
ARTICLE CXXXVII.
porels
SECONDE PARTIE. 173
porels qui les caufent ou les accom-
pagnent,nous n'avons plus icy à con-
fiderer que leur ufage . Touchant
quoy il eft à remarquer , que felon
l'inftitution de la Nature elles fe rap-
portent toutes au corps , & ne font
données à l'ame qu'entant qu'elle eft
jointe avec luy : en forte que leur u-
fage naturel eft d'inciter l'ame,à con-
fentir & contribuer aux actions qui
peuvent fervir à conferver le corps,
ou à le rendre en quefque façon plus
parfait. Et en ce fens la Trifteffe & la
İoye font les deux premieres qui font
employées. Car l'ame n'eft immedia-
tement avertie des chofes qui nuifent
au corps, que par le fentiment qu'el-
le a de la douleur , lequel produit
en elle premierement la paffion de
la Trifteffe , puis en fuite la Haine
de ce qui caufe cette douleur , & en
troifiefme lieu le Defir de s'en deli-
vrer. Comme auffi l'ame n'eft im-
mediatement avertie des chofes uti-
les au corps , que par quelque forte
H 3 de
174 DES PASSIONS
de chatouillement , qui excitant en
elle de la Ioye , fait en fuite naiftre
l'amour de ce qu'on croit en eſtre la
caufe , & en fin le defir d'acquerir ce
qui peut faire qu'on continue en cet-
te loye , ou bien qu'on jouïffe enco
re apres d'une femblable. Ce qui fait
voir qu'elles font toutes cinq tres-
utiles au regard du corps ; & mefme
que la Trifteffe eft en quelque façon
premiere & plus neceffaire que la
Ioye, & laHaine que l'Amour : à cau-
fe qu'il importe davantage de repouf-
fer les chofes qui nuifent & peuvent
deftruire , que d'acquerir celles qui
adjouftent quelque perfection fans
laquelle on peut fubſiſter.
ARTICLE CXXXVIII.
ARTICLE CXXXIX.
H 5 AR
178 DES PASSIONS
ARTICLE CXL.
De la Haine.
ARTICLE CXLI
AR
SECONDE PARTIE. 181
ARTICLE CXLII
A R-
SECONDE PARTIE. 183
ARTICLE CXLIII.
ETi
quel faut exacte
ce queje vien deremarq
ment dire deuer,
ces
quatre paffions , n'a lieu que lors
qu'elles font confiderées preciſement
en elles mefmes , & qu'elles ne nous.
portent à aucune action . Car entant
qu'elles excitent en nous le Defir
par l'entremife duquel elles reglent
nos mœurs , il eft certain que toutes
celles dont la caufe eft fauffe peu-
vent nuire , & qu'au contraire tou-
tes celles dont la caufe eft jufte peu-
vent fervir; Et mefme que lors qu'el
les font également mal fondées , la
Loye eft ordinairement plus nuifible
que la Trifteffe , pource que celle- cy
donnant de la retenue & de la crain
te, difpofe en quelque façon à la Pru→
dence ་, au lieu que l'autre rendin
con
184 DES PASSIONS
confiderez & temeraires ceux qui s'a-
bandonnent à elle.
ARTICLE CXLIV..
ARTICLE CXLV.
ARTICLE CXLV I.
ARTICLE CXLVII.
ARTICLE CXLVIII.
LES
195
LES
PASSIONS
DE LAME.
TROISIESME PARTIE,
ARTICLE CXLIX.
A R
TROISIESME PARTIE. 197
ARTICLE CL.
I 3 A R-
198 DES PASSIONS
ARTICLE CLI.
A R-
TROISIESME PARTIE . 199
ARTICLE CLII.
I 4 A R-
200 DES PASSIONS
ARTICLE CLIII.
A R-
TROISIESME PARTIE. ZOI
ARTICLE CLIV..
ARTICLE CLV.
ARTICLE CLVI.
ARTICLE CLVII.
De l'Orgueil.
ARTICLE CLVIII
qu'e-
TROISIESME PARTIE. 207
qu'eftant efclaves de leurs Defirs , ils
ont l'ame inceffamment agitée de
Haine , d'Envie , de Ialoufie , ou de
Colere. "
ARTICLE CLIX.
De l'Humilité vitièuſe.
ARTICLE CLX.
ARTICLE CLXI.
ARTICLE CLXII.
De la Veneration.
A R
216 DES PASSIONS
ARTICLE CLXIII.
Du Dedain.
ARTICLE CLXIV.
Τ
ET c'eft la Generofité, & la Foi-
bleffe de l'efprit ou la Baffeffe ,
qui determinent le bon & le mau-
vais ufage de ces deux Paffions. Car
d'autant qu'on a l'ame plus noble &
plus
TROISIESME PARTIE. 217
plus genereufe , d'autant à t'on plus
d'inclination à rendre à chacun ce
qui luy appartient; & ainfi on n'a pas
feulement une tres-profonde Humi-
lité au regard de Dieu , mais auffi on
rend fans repugnance tout l'Hon-
neur & le Refpect qui eft deu aux
hommes , à chacun felon le rang &
T'authorité qu'il a dans le monde , &
on ne mefprife rien que les vices. Au
contraire ceux qui ont l'efprit bas &
foible,font fujets à pecher par exces,
quelquefois en ce qu'ils reverent &
craignent des chofes qui ne font di-
gnes que de mefpris , & quelquefois
en ce qu'ils dedaignent infolem-
ment, celles qui meritent le plus d'e-
ftre reverées. Et ils paffent fouvent
fort promptement , de l'extreme im-
pietéà la fuperftition , puis de la fu-
perftition àl'impieté , en forte qu'il
= n'y a aucun vice ny aucun deregle-
= ment d'efprit dont ils ne foient ca-
pables .
K A R-
218 DES PASSIONS
I
ARTICLE CLXV.
A R-
TROISIESME PARTIE . 219
ARTICLE CLXVI.
K. 2 A R-
DES PASSIONS
220
ARTICLE CLXVIL
De la Ialoufie.
ARTICLE CLXVIII.
ARTICLE CLXIX
ARTICLE CLXX.
De l'Irrefolution.
ARTICLE CLXXL
urag
Cour
E Co e , lors que c'eft une
age
LE ,
Paf fio n , & non point une habi-
tude ou inclination naturelle, eft unc
cer
TROISIESME PARTIE. 225
E certaine chaleur ou agitation , qui
= difpofe l'ante à fe porter puiffam-
1 ment à l'execution des chofes qu'elle
veut faire , de quelle nature qu'elles
foient. Et la Hardieffe eft une efpece
de Courage, qui difpofe l'ame à l'exe-
cution des chofes qui font les plus
dangereufes.
ARTICLE. CLXXI
Del'Emulation.
ARTICLE CLXXIII.
K6 A
228 DES PASSIONS
ARTICLE CLXXIV ..
ARTICLE CLXXV.
De l'ufage de la Lafcheté.
K7 AR
230 DES PASSIONS
ARTICLE CLXXVI.
De l'ufage de la Peur.
A R-
TROISIESME PARTIE 231
ARTICLE CLXXVII
.
Du Remors.
ARTICLE CLXXVIII
De la Moquerie.
ARTICLE CLXXIX.
ET onuts
defa voit que
fort ceux
appa qui
rens , par des
ont ex
ARTICLE CLXXXI
De l'ufage de la Raillerie.
ARTICLE CLXXXI.
A R-
TROISIESME PARTIE. 235
ARTICLE CLXXXII.
De l'Envie.
A R
$36 DES PASSFONS
ARTICLE CLXXXIIE
ARTICLE CLXXXIV.
ARTICLE CLXXXV.
De la Pitié.
ARTICLE CLXXXVII.
·L AR-
242 DES PASSIONS
ARTICLE CLXXXVIII.
ARTICLE CLXXXIX .
.
xc.
ARTICLE CXC
AR-
TROISIESME PARTIE. 245
ARTICLE CXCI.
Du Repentir.
ARTICLE CXCII.
De la Faveur.
ARTICLE CXCIII.
De la Reconnoiffance.
L 4 A R-
248 DES PASSIONS
ARTICLE CXCIV.
De l'Ingratitude.
ARTICLE CXCV..
De l'Indignation.
ARTICLE CXCVI.
A R-
TROISIESME PARTIE. 251
ARTICLE CXCVII.
ARTICLE CXCVIII.
Defon ufage.
ARTICLE CXCIX .
De la Colere.
R
LA Colere
Hai ne oueft auffi
erfiune
auffiune
d'av espece
on , que de
nous
avons contre ceux qui ont fait quel-
que mal , ou qui ont tafché de nuire,
non pas indifferement à qui que ce
foit , mais particulierement à nous.
Ainfi elle contient tout le mefme
que l'Indignation , & cela de plus
qu'elle eft fondée fur une action qui
nous touche ,& dont nous avons De-
fir de nous vanger. Car ce Defir l'ac-
compagne prefque tousjours , & el-
le eft directement oppofée à la Re-
connoiffance , comme l'Indignation
à la Faveur. Mais elle eft incompara-
blement plus violente que ces trois
autres Paffions , à caufe que le Defir
de repouffer les chofes nuifibles , &
de fe vanger, eft le plus preffant de
L 7 tous
254 DES PASSIONS
tous. C'eft ce Defir, joint à l'Amour
qu'on a pour foy meſme, qui fournit
à la Colere toute l'agitation du fang,
que le Courage & la Hardieffe peu-
vent caufer ; & la Haine fait que c'eft
principalement le fang bilieux qui
vient de la rate , & des petites venes
du foye , qui reçoit cette agitation,
& entre dans le cœur ; ou à caufe de
fon abondance , & dela nature de la
bile dont il eft meflé , il excite une
chaleur plus afpre & plus ardente,
que n'eft celle qui peut y eftre ex-
citée par l'Amour, ou par la Ioye.
ARTICLE CC.
ARTICLE CCI.
ARTICLE CCII.
ARTICLE CCIII.
ARTICLE CCIV.
De la Gloire.
De la Honte.
ARTICLE CCVI.
ARTICLE CCVII.
De l'Impudence.
ARTICLE CCVIII.
Du Degouft.
ARTICLE CCIX.
Du Regret.
ARTICLE CCX .
De l'Allegreffe.
A R-
TROISIESME PARTIE. 267
ARTICLE CCXI.
ET maintenant
noiffons toutes , nous
que con-
nouslesavons
beaucoup moins de fujet de les crain-
dre , que nous n'avions auparavant.
Car nous voyons qu'elles font tou-
tes bonnes de leur nature , & que
nous n'avons rien à eviter que leurs
mauvais ufages, ou leurs exces; con-
tre lefquels les remedes que j'ay ex-
pliquez pourroient fuffire , fi chacun
avoit affez de foin de les pratiquer.
Mais pource que j'ay mis entre ces
remedes la premeditation , & l'in-
duftrie par laquelle on peut corriger
les defauts de fon naturel , en s'exer-
çant à feparer en foy les mouvemens
du fang & des efprits , d'avec les pen-
fées aufquelles ils ont couftume d'e-
ftre joins . l'avoue qu'il y a peu de
perfonnes qui fe foient affez prepa-
rez en cette façon, contre toutes for-
M 2 tes
268 DES PASSIONS
tes de rencontres ; & que ces mou-
vemens excitez dans le fang , par les
objets des Paffions , fuivent d'abord
fi promptement des feules impref-
fions qui fe font dans le cerveau , &
de la difpofition des organes , encore
que l'ame n'y contribuë en aucune
façon, qu'il n'y a point de fageffe hu-
maine qui foit capable de leur refi-
fter , lors qu'on n'y eft pas affez pre-
paré. Ainfi plufieurs ne fçauroient
s'abftenir de rire eftant chatouillez ,
encore qu'ils n'y prenent point de
plaifir. Car l'impreffion de la Ioye &
de la furprife, qui les a fait rire autre-
fois pour mefme fujet , eftant reveil-
lée en leur fantafie , fait que leur
poumon eft fubitement enflé mal-
gré eux , par le fang que le cœur luy
envoye.Ainfi ceux qui font fort por-
tez de leur naturel aux emotions de
la løye, ou de la Pitié, ou de la Peur,
ou de la Colere , ne peuvent s'em-
pefcher de pafmer , ou de pleurer , ou
de trembler , ou d'avoir le fang tout
emeu,
TROISIESME PARTIE. 268998
20
emeu , en mefme façon que s'ils
avoient la fievre, lors que leur phan-
tafie eft fortement touchée par l'ob-
jet de quelcune de ces Paffions.
Mais ce qu'on peut tousjours faire en
telle occafion , & que je penfe pou-
voir mettre icy comme le remede le
plus general , & le plus ayfé à prati-
quer, contre tous les exces de Paf-
fions > c'eft que lors qu'on fe fent
le fang ainfi emeu, on doit eftre aver-
ti, & fe fouvenir que tout ce qui fe
prefente à l'imagination,tend a trom-
per l'ame , & à luy faire paroiftre les
raifons,qui fervent à perfuader l'objet
de fa Paffion , beaucoup plus fortes
qu'elles ne font , & celles qui fervent
à la diffuader, beaucoup plus foibles.
Et lors que la Paffion ne perfuade que
des chofes , dont l'execution fouffre
quelque delay , il faut s'abftenir d'en
porter fur l'heure aucun jugement,
& fe divertir par d'autres penfées,juf-
ques à ce que le temps & le repos ait
entierement appaifé l'emotion qui eft
M 3 dans
270 DES PASSIONS
dans le fang.Et en fin lors qu'elle in-
cite à des actions , touchant lefquel-
les il eft neceffaire qu'on prene refo-
lution fur le champ , il faut que la
volonté fe porte principalement à
confiderer & à fuivre les raifons qui
font contraires à celles que la Paf-
fion reprefente , encore qu'elles pa-
roiffent moins fortes. Comme lors
qu'on eft inopinement attaqué par
quelque ennemi , l'occafion ne per-
met pas qu'on employe aucun temps
à deliberer ; mais ce qu'il me femble
que ceux qui font accouftumez à
faire reflexion fur leurs actions peu-
vent tousjours , c'est que lors qu'ils
fe fentiront faifis de la Peur , ilsta-
fcheront à detourner leur penſée de
la confideration du danger , enfe re-
prefentant les raiſons pour lefquel-
les il y a beaucoup plus de feureté&
plus d'honneur,en la refiftance qu'en
la fuite ; Et au contraire lors qu'ils
fentiront que le Defir de vengeance
& la colere les incite , à courir incon
fide-
TROISIESME PARTIE. 271
fiderement vers ceux qui les atta-
quent , ilsfe fouviendront de penfer,
que c'eft imprudence de fe perdre,
quand on peut fans deshonneur fe
fauver; & que fi la partie eft fort in→
egale , il vaut mieux faire une hon-
nefte retraite ou prendre quartier,
que s'expofer brutalement à une
mort certaine.
ARTICLE CCXII.
FIN.
IN-
INDICE
DES
PASSIONS
DE L'AM E.
PREMIERE PARTIE,
Des Paffions en General : & par occafion
de toute la nature de l'homme.
ARTICLE I.