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X
XX
Aus FEUER UND WASSER GERETTET
BEIM GROSSEN BRANDE DER
BAYERISCHEN STAATSBIBLIOTHEK
IMMÄRZ DESKRIEGSJAHRES 1943
J.STACOLA
1
<36615931580013
<36615931580013
Bayer. Staatsbibliothek
1
#
1
20.
22 .
Physm
Bod
in
R
. Soc. Vest ex dono day daRaissan
domus Profiffe Paris
DE LA
DEMONOMANIE
DES SORCIERS.
A MONSEIGNEVR M. CHRE-
A PARIS ,
M. D. LXXXI.
Phys m
Bodin
1
Domus Profiffi Parif
. Soc. VESV ex one day du Ruissean
DE LA
DEMONOMANIE
DES SORCIERS.
A MONSEIGNEVR M. CHRE.
A PARIS,
M. D. LXXXI.
AVEC PRIVILEGE DV RO Y.
Bayer, Strub
Eibliotek
Minches
A MONSEIGNEVR M. CHRESTO
FLE DE THOV CHEVALIER SEI-
GNEVR DE COELI . PREMIER
Prefident en Parlement , & Con-
feiller du Roy en fon pri-
ué Confeil.
la peine que Zoile receutpour un prefent pareil qu'il fift à Ptolemee Pli-
Ladelphe Roy d'Egypte. Orie n'efperepas queperfonne efcriue contre ceft
fi ce n'eft quelque Sorcier qui deffendefa caufe : maisfi i'enfuis ad-
œuure,
uerty , ieluy diray ce qu'on diet en plufieurs lieux de ce Royaume à ceux
quifont fufpects d'eftre Sorciers , d'autant loin qu'on les voit fans autre
forme d'iniure on crie à haute voix, IE ME DOVBTE , afin que les
charmes malefices de tellesgens nepuiffent offenfer . De Laon , ce xx.
jour de Decembre , M. D. LXXIX .
LIVRE PREMIER .
PREFACE DE LAVTHEVR.
ă iÿ
PREFACE.
ce du luge de Selis:Et fi fut trouué, qu'elle auoit accouftumé de changer
de nom & de lieu,pour couurir fon faict.Et que par tout elle auoit eſté
attainte d'eftre Sorciere . Se voyant conuaincue , elle requift pardon ,
faifant contenance de fe repentir : deniant toutesfois , beaucoup de
mefchancetez qu'elle auoit commiles, & au parauant confeflees : Mais
elle perfifta en la confeffion qu'elle auoit faicte du dernier homicide,
ayant ietté quelques pouldres, que le Diable luy auoit preparees, qu'el-
le mift au lieu où celuy qui auoit battu fa fille deuoit paffer. Vn autre y
paffa, auquel elle ne vouloit point de mal,& auffi toft il fentit vne dou-
leur poignante en tout fon corps. Et d'autant que tous les voisins qui
l'auoient veu entrer au lieu , où elle auoit iecté le fort ,le iour mefme
voyant l'homme frappé d'vne maladie fi foudaine crioy et qu'elle auoit
iecté le fort. Elle promift de le guarir, & de faict elle garda le patient
pendaut la maíadie, & confeffa que le Mecredy deuant que d'eftre pri-
fonniere, qu'elle auoit prié le Diable de guarir só malade, qui auoit fait
refpóce qu'il eftoit impoffible:Et qu'elle dift alors au diable qu'il l'abu-
foit toufiours, & qu'il ne vint pl' la voir.Et lors qu'il dift qu'il n'y vien-
droit pl', & que deux iours apres l'home mourut.Et auffi toft elle s'alla
cacher en vne grange, où elle fut trouuee .Ceux qui affifterent au iuge-
ment, eftoient bien d'aduis qu'elle auoit bien merité la mort : Mais fur
la forme & genre de mort il y en eut quelqu'vn plus doux,& d'vn natu-
rel plus pitoyable, qui eftoit d'aduis qu'il fuffifoit de la faire pédre. Les
autres,apres auoir examiné les crimes deteftables, &les peines eftablies
par les loix Diuines & humaines, & mefmement la couftume generalle
de toute la Chreftienté, & gardee en ce Royaume de toute ancienneté,
furét d'aduis qu'elle deuoit eftre códá nee à eſtre bruflee viue : ce qui fut
arrefté, & la fentence,dont il n'y eut point d'appel , executee le dernier
iour d'Auril à la pourfuyte de Maiftre Claude Dofay , Procureur du
Royà Ribemont . Depuis la condamnation elle confella qu'elle auoit
efté trafportee par le Diable aux affemblees des Sorcieres , apres auoir
vfé de quelques greffes, que le Diable luy bailloit,eftant guindee d'vne
fi grande vifteffe, & fi loin, qu'elle eftoit toute laffe & foulee, & qu'elle
auoit veu aux affemblees grand nobre de perfonnes, qui adoroiettous
vn homme noir, en haut lieu,de l'aage comme de trente ans, qu'ils ap-
pelloient Beelzebub. Et apres cela ils fe couploient charnellement: &
puis le Prince leur faifoit fermon de fe fier en luy, & qu'il les vengeroit
de leurs ennemys, & les feroit bien heureux . Interrogee fi on bailloit
de l'argent,dict que non : Et accufa vn berger & vn couureur de Gélis,
qu'elle dict eftre Sorciers , & fe cófeffa, & fe repentir, requerant pardon
Dieu. Et parce qu'il y en auoit qui trouuoient le cas eftrange, & quafi
incroyable. Le me fuis aduifé de faire ce traicté que i'ay intitulé , DE-
MONOMANIE DES SORCIERS , pour la rage qu'ils ont de cou-
rir apres les Diables pour feruir d'aduertiffemét à tous ceux qui le ver-
PREFACE.
ront ,afin de faire cognoistre au doigt & à l'œil , qu'il n'y a crimes qui
foient àbeaucop pres fi execrables que ceftuy- cy, ou qui meritent pei-
nes plus griefues. Et en partie auffi pour refpondre à ceux qui par liures
imprimez s'efforcent de fauuer les Sorciers par tous moyens : en forte
qu'il femble que Sathan les ait infpirez, & attirez à fa cordelle , pour pu-
blier ces beaux liures , comme eftoit vn Pierre d'Apone Medecin , qui
s'efforçoit faire entendre qu'il n'y a point d'efprits, & neantmoins il fut
depuis aueré qu'il eftoit des plus grands Sorciers d'Italie. Et afin qu'il
ne femble eftrange ce que i'ay dict , que Sathan a des hommes atiltrez
pour efcrire,publier, & faire entédre qu'il n'eft rien de ce qu'on dict des
Sorciers.Ie mettray vn exemple memorable , que Pierre Mamor en vn
petit liure des Lamies a remarqué d'vn nommé M. Guillaume de Line,
Docteur en Theologie qui fut accufé & condamné comme Sorcier , le
•
douziefme Decembre, mil quatre cens cinquante trois, lequel en fin ſe
repentit , & confeffa auoir plufieurs fois efté tranfporté auec les autres
Sorciers la nuict pour adorer le Diable, qui fe monftroit quelquesfois
en forme d'homme, & quelquesfois en forme de bouc,renóçant à tou-
te religion, & fut trouué faifi d'vne obligation, qu'il auoit auec Sathan,
portantpromeffes reciproques, & entre autres, le Docteur eftoit obli-
géprefcher publiquemét que tout ce qu'on difoit des Sorciers n'eftoit
que fable & chofe impoffible, & qu'il n'en failloit rien croire. Et par ce
moyen que les Sorciers auoient multiplié, & pris grand accroiffement
par ces prefches, ayant les Iuges laillé la pourfuyte qu'ils faifoient con-
tre les Sorciers.Qui monftre bien que Sathan a de loyaux fuiets de tous
Eftats,& de toutes qualitez : comme le Cardinal Benon, & Platin efcri-
uent qu'il y a eu plufieurs Papes,Empereurs,& autres Princes, lefquels
fe font laiffe piper aux Sorciers , & en fin auoir efté precipitez malheu-
reufement par Sathan. Et mefmes à Tolede , où eftoit anciennement
l'efchole des Sorciers.On n'euft iamais pensé que tels perfonnages euf-
fent efté de la partie : quand on rapportoit les procez des Sorciers , ils
ſe prenoiet à rire , & faifoiet rire vn chacun des traicts qu'ils dónoient,
& affermoient conftamment, que c'eftoit choſe fabuleuse , & impoffi-
ble, & amolliffoient tellement le cœur des luges ( comme fift Alciat de
fon temps,defpit qu'vn Inquifiteur auoit fait brufler en Piedmót pl' de
cét Sorciers) que tous les Sorciers refchappoient.M. Barthelemy Faye
Prefidet aux enquestes de la Cour, s'eft plaint en fes œuures,que la fouf-
fráce de quelques Iuges de ne faire brufler des Sorciers come le Parle-
ment a faict de toute ancienneté , & tous les autres peuples,a efté cauſe
des grandes afflictions que Dieu nous a enuoyees. Mais M. d'Auenton
Confeiller en Parlement, & depuis Prefidét de Poitiers(auquel a fuc-
cedé en l'eftat de Prefidét Saluert) fift brufler quatre Sorciers tous vifs à
Poitiers, l'an M. D. LXIIII. nonobftant l'appel par eux interiecté : Se
plaignant de ce qu'on auoit enuoyé abfouls auparauant d'autres Sor-
PREFACE.
ciers appelas, qui depuis auoiet infecté tout le pays , & que tout le peu-
ple fe mutinoit. Vray eft qu'ils cófefferét auoir fait plufieurs homicides
par charmes, & Sortileges : & les faifoit executer, come prenotables, nó-
obftant l'appel : Quia plus eft ( dict la Loy ) occidere veneno quàmgladio. Or
l'impunité des Sorciers de ce temps -là fut caufe , qu'ils prindrent vn
merueilleux accroiffement en ce Royaume, où ils aborderent de toutes
parts,& mefmement d'Italie: entre lefquels eftoit vn grad Sorcier Nea-
politain, qu'on appelloit le Conferuateur, & qui a efté affez cogneu par
fes actes : & depuis ont continué , en forte que le Sorcier Troil- efchel-
les Manceau ayant eu fa grace , apres le iugement de mort contre luy
donné,à la charge de deferer fes complices, dict qu'il y en auoit plus de
cent mil en ce Royaume, peut eftre fauffement, & pour amoindrir fon
impieté ayant fi belle compagnie . Quoy qu'il en foit il en defera fort
grand nombre: Mais on y donna fibon ordre, que tous où la plus- part
refchapperent : & encores qu'ils confeffaffent des mefchancetez fi exe-
crables, que l'air en eftoit infect. Dequoy Dieu irrité a enuoyé de terri-
2.Leuit. bles perfecutiós, comme il a menacépar fa loy d'exterminer les peu-
cap.20. ples qui fouffriront viure les Sorciers . C'eft pourquoy S.Auguftin au
liure de la Cité, dit que toutes les fectes, qui iamais ont efté, ont decerné
peines contre les Sorciers.Ie n'excepte que les Epicuriens , que Plutar-
que au liure de Oraculum defectu , & Origene contre Celfus l'Epicurie, ont
refuté, & apres eux, Iamblique , Procle Academiques, ont deftriuct les
fondemens de la fecte Epicurienne : combien qu'ils eftoient affez rui-
nez par les principes de la Metaphyfique d'Ariftote: où il conclud par
neceffité qu'il y a autant de cieux, qu'il ya d'intelligences, ou efprits in-
telligibles pour les mouuoir : lefquelles intelligences il dict eftre fepa-
rees des corps, & que l'Ange fe meuue au mouuement de fon ciel, coin
me l'ame de l'homme fe meuue au mouuemét de l'homme, qui eft bien
4.li.4.0
pour montrer, que la difpute des Anges , & Demons ne fe peut traiter
6. Quot Phyficalement : Et que ceux-là s'abufent bien fort , qui denient qu'il y
xis ango. ait quelque chofe poffible, qui foit impoffible par nature . Car l'attou-
Arift.s. chement , le mouuement, lelieu ne peut conuenir finon au corps , * &
lib. 8.
en corps parlant en Phyficien : Et neantmoins fi la verité eft toufiours
6. inlib.de femblable à foymefmes , il faut confeffer que l'attouchement, le mou-
Damon.So- uement, & le lieu conuiennent aux efprits,auffi bien cóme au corps, ce
cr atis. qu'Ariftote a demonftré en fa Metaphyfiques parlant des Anges , on In-
7. in lib.de telligences, qui meuuent les cieux : Combien que Plutarque & Apu-
7
deo socra- lee difent qu'Ariftote a laiffé par efcrit , ce que toutesfois ne fe trouue
tis. point en fes liures qui nous reftent , qui n'eft pas la moitié de ce qu'il a
Aufſi Albert a monftré l'erreur d'Ariftote touchant l'arc au ciel , en 6.in l.1.se
sẽ
ce qu'il dict, qu'il n'aduient point la nuict, chofe notoiremeet faulſe , &
te.q.3.7.li.
par confequent auffi la raiſon d'Ariftote , comme à vray dire,il n'y a ny decœlo.
I.
Rithme ny raiſon . Caril faudroit par mefme raiſon , que toutes les 8. in lib.
nuces fuffent de mefme couleur. Ielaiffe mille merueilles de nature,
dont la cauſe n'eft encores defcouuerte . C'est pourquoy le Cardinal περὶ τῆς
citis TI-
Cufan,des premiers hommes de fon aage, a touché au doigt la varieté,
ambiguité , & incertitude de la doctrine d'Ariftote, & au parauant luy, malo tu-
le Cardinal Beffarion. Etfur tous le Cardinal d'Alciac , ou d'Ailly, a 2029vas.
fouftenu & difcouru par viues raifons , qu'il n'y a pas vne feule demon- 9.inl.2.
ſtration neceffaire en Ariftote , horfiis celle par laquelle il a demon- placitis
ftré qu'il n'y auoit qu'vn Dieu , & bien peu d'autres qu'il a remarquees. Hippocratis
Et quant à la ' demonftration de l'eternité du monde d'Ariftote , qui a 1.Plutar
eftéle premier, & feul entre les Philofophes anciens de cefte opinion, chusinpla-
elle eft pleine d'ignorance comme Plutarque, Galen , ' les Stoiciens, citis Philo-
2
' les Academiques , ont monftré : & mefmes les Epicuriens ' s'en font foph.
mocquez, & entre les Hebrieux le Rabin Maymon , lequel pour fon 2.Plate in
fçauoir excellent, a efté furnommé la grande Aigle , a difcouru fort do- Timao, &
dement l'impoffibilité de la demonftration d'Ariftote , & Philopone Philopon.
en quatorze liures en Grec, qu'il a faict cótre Procle Academicien , qui li.14 . con-
meritoient brief eftre traduicts , touchant ce fubiect : Et depuis auffi tra Procl .
Thomas d'Aquin aremarqué l'impoffibilité de cefte demóftration par 3.Lucretius
autres argumens,que ie pafferay pour cefte heure,l'ayant traicté en au- & Plutar
tre lieu. Ettoutesfois & quantes qu'Ariftote s'eft trouué en quelque chus inpla
lieu,duquel il ne pouuoit fortir,il a mellé fi bien la fuſes, que perfonne citis.
ne peut deuiner ce qu'il a voulu dire , comme on peut voir au premier 4.4.2.Ne-
chapitre de la Phyfique , & au liure de l'Ame, où l'Efcot des plus fubtils more Hane-
Philofophes qui fut oncques, a remarqué la contrarieté incompatible boquin.
des raifons d'Ariftote, deſquelles les vns ont tiré la corruption d'icelle,
BiL
PREFACE.
5.2.dift. comme Dicearque du temps mefmes d'Ariftote, l'Epicure Atticus, A-
1.9.3. phrodifeus,Simon Portius,& Pomponatius . Et au contraire, des meſ-
6.li.deMe- mes raifons Theophrafte, Themifte, Philopone,Simplice,Thomas d'A-
thode hift. quin , le Prince de la Mirande ont conclud l'immortalité des ames , &
les Arabes mefmement . Auerrois a conclud l'vnité de l'intellect de la
cap.6.
o.lib.4. nature humaine des mefmes lieux d'Ariftote. En quoy on peut iuger,
6.Graci qu'Ariftote n'a pas veu les beaux fecrets de nature, ce que les anciens
vagulu . ont bien remarqué,figurant, au derriere de fa medaille, vne femme qui
LatiniTor- a la face couuerte d'vn voile nommee Phyfis, c'cft à dire, Nature: figni-
pedinem ab fiant quela beauté de nature luy a efté couuerte , & qu'il n'a veu que
effectu ap- l'exterieur des veftemens. Auffi dict- on qu'il fe precipita en la mer có-
pellat mira me Procope pour n'auoit fceu entendre pourquoy la mer au deftroit
cult natu- de Negrepont en vingt & quatre heures a fept flux & autant de reflux.
ra vfitatif- Et files plus beaux trefors de nature nous font cachez, comment pour-
fimum. rons nous attaindre aux chofes fupernaturelles, & intelligibles : C'eſt
7.Arift.in pourquoy Heraclite le premier, comme efcrit Plutarque , & apres luy
Eth.Nico- Theophrafte, difoit que les plus belles chofes du monde font ignorees
ma. xo par l'arrogance des hommes qui ne veulent rien croire des chofes dont
jago l'efprit humain ne peut comprendre la raifon : Entre lefquelles on peut
Song T mettre les actions eftranges des malings efprits , & des Sorciers , quí
το εἶναι paffent l'efprit humain, & les cauſes naturelles. Mais tout ainfiqu'à bon
droict on reputeroit fol & inſenſé celuy qui voudroit nyer que la Ca-
Φάμεν. ὁ
lamite l'Aymant , ne donnaft pas vne impreffion à l'aguille pour la
Je aixi- tournerouvers la bife , pour n'entendre pas la raifon: ou qui ne voudroit
ew TXU- confeffer que la torpille, eftant entree és filets: ne rende les mains puis
THU THY les bras, & en fin tout le corps des pefcheurs endormy & ftupide, pour
πίςιν
istyne fçauoir la raifon : Auffi doit on reputer pour fols & infenfez , ceux-
Vu só- là qui voyent les actions eftranges des Sorciers, & des efprits, & neant-
Tega iga . moins parce qu'ils nepeuuent comprendre la caufe , ou qu'elle eft im-
2.Exo.c. 2. poffible par nature, n'en veulent croire. Car mefme Ariftote "fe trou-
Leuit.20.et uant eftonné de plufieurs chofes dont il nefçauroit la caufe , dict que
21. Deut. celuy qui reuoquera en doute ce qu'on voit , il ne dita pas mieux que
18.Hie.27. les autres. Or nous voyons que Orphee, qui a efté enuiron douze cens
19. ans deuant lefus - Chrift, & apres luy Homere, qui font les premiers au-
50. Nahu. theurs entre les Payens, ont laiffé par efcrit les Sorcelleries, Necroman-
3. 4. cies , & charmes qu'on fait à prefent . On voit en la loy de Dieu , pu-
Reg.c.9.et blice plus de deux ans deuant Orphee les Sorciers de Pharaon contre-
2. Paral.c. faire les œuures de Dieu . On voit la Sorciere de Saül euoquer les e-
33. Iefa . 3. fprits,les faire parler: Les deféces portees en la loy ' de Dieu d'aller aux
4.8. Deuins,Sorciers, Pithons, où toutes les fortes de forcelleries , & diuina-
47. Num. tiós sót fpecificespour lesquelles Dieu declare, qu'il auoit exterminé de
23.04. la terre les Amorrheans,& Chananeans . Et pour lefquelles forcelleries
Reg.23. Ichu fift manger aux chiens la Royne lefabel, apres l'auoir fait precipi-
PREFACE.
ter de fon chasteau. On voit auffi les peines eftablies contre les Sorciers
és loix des douze tables , que les Ambaffadeurs des Romains auoient
extraites des loix Grecques : on voit encores les plus cruelles peines 3. Tot. tit.
qui foient en toutes les conftitutions des Empereurs Romains , eftre de Male. C.
eftablies contre les Sorciers , où ils font appellez ennemis de natu- 4. ob ma-
re,ennemis du genre humain , & malefiques pour les mefchancetez leficiorum
grandes qu'ils font, & les imprecations abhominables portees par les magnitu
loix,qui ne fe trouuent en loix quelconques, finon contre les Sorciers dinem ma→
que la pefte cruelle( dict la loy)puiffe efteindre, & confumer. On voit lefici ap-
les hiftoires Grecques, Latines, anciennes, modernes , de tous les pays, pellantur,
& de tous les peuples , qui ont laiffé par efcrit les chofes que font les 1.3. de Ma-
Sorciers, & les mefmes effects en diuers pays, & l'ecftafe enl'efprit, & le lefi.C.
transport en corps & en ame des Sorciers commis par les malings e- s.l. Nemi-
fprits en pays eflongné , & puis rapportez par les malings efprits nem eodem
en peu d'heure. Ce que toutes les Sorcieres confeffent d'vn com- tit. Quos
mun confentement , ainfi qu'on peut voir és liures des Allemans, Ita- feralis pe-
liens,François , & autres nations. Ce que Plutarquea laillé par e- ftis abfu-
fcrit d'Arifteus Proconefien , & de Cleomede Aftipalian : Herodote mat.
d'vn Philofophe Atheiſte , Pline d'vn Hermon Clazomenien : Philo- 6. Plut. in
ftrate d'Apollonius Thianeus, & toutes les hiftoires des Romains ont vita Rom.
certifié de Romule , lequel deuant toute fon armee fut emporté en o. Hug.
l'air: Comme nous lifons en noz Chroniques eftre aduenu à vn Com Floriacen-
te de Mafcon : Et s'eft trouué par infiniz procez , que plufieurs faisant fis.
comme les Sorciers, & fe trouuans trafportez en peu d'heure à cent ou
deux cens lieues de leur maison, voyant les affemblees des Sorciers, au-
roiét appellé Dieu en leur ayde. Et auffi toft l'affemblee des malings e-
fprits, & des Sorciers s'efuanouyffoit, & fe font trouuez feuls, & retour-
nez en leur mailon à lógues iournees.Briefon voit les procez faits con
tre les Sorciers d'Allemaigne, de France, d'Italie, d'Espagne , en ce que
nous auons par efcrit ' & voyons par chacun iour les telmoignages in- 7. Spräger
finis,les recollemens, confrontations, conuictions, confeffions, efquel- in Maleo.
les ont perfifté iufques à la mort ceux qu'ó a executez , qui pour la pluf- Paulus
partfontgens du tout ignorans ou vieilles femmes, qui n'auoient pas Grillädus.
veu Plutarque,ny Herodote, ny Philoftrate, ny les loix des autres peu-
ples , ny parlé aux Sorciers d'Allemagne & d'Italie , pour s'accor-
der fi bie en toutes chofes, & en tous poincts come elles font.Elles n'a-
uoiét pas veu S. Auguft.au xv. liure de la Cité de Dieu, qui dict, qu'il ne
faut aucunement doubter & qu'il feroit bien impudent , qui voudroit
nyer, que les Demos & malings efprits, n'ayent copulation charnelle a-
uecles femmes , que les Grecs pour cefte caufe appellent Ephialtes , &
Hyphialtes, les Latins, Incubes, Succubes & Syluas : Les Gaulois, Dufios
(c'est le mot duquel vfe Saint Auguftin) les vns en guife d'homme, les
autres en guife de femme, laquelle copulation toutes les Sorcieres font
é iij
PREFACE.
d'accord qu'elle fe faict, non point en dormant , ains en vueillant , qui
eft pour montrer que ce n'eft point l'oppreffion de laquelle parlent
les Medecins, qui demeurent tous d'accord qu'elle n'aduient iamais fi-
non en dormant . Et qu'il feroit auffi impoffible que la meſme chofe
aduint aux Succubes , comme aux lucubes. Encores eft-il bien eftran-
ge que ces Sorciers depofent & demeurét d'accord, & que les malins e-
fprits fe monftrans en forme d'homme , ordinairement font noirs , &
8.inlib. de plus hauts que les autres, ou petits cóme Nains : ainfi que Georges A-
spiritibus gricola des premiers hommes de fon aage,a laiffé par efcrit.Or les Sor-
fubterra- ciers que nous difons n'auoient pas veu ce que dict Valere Maxime, au
neis. premier liure parlant de Caffius Parmenfis, auquel fe prefenta vn hom-
me haut, & fort noir , & interrogé qu'il eftoit, il dift , fe navsdaiμova
effe. C'est à dire, qu'il eftoit mauuais Demon. Auffi les Sorciers n'ont
pas veu les hiftoires de Pline le ieune és Epiftres de Plutarque , Florus,
Appian, & de Tacite , où ils parlent de Curtius Ruffus Proconful d'A-
frique, & Dion, & de Brutus, qui eurent ſemblables vifions en veillant,
6.Plin . 2 , ny l'hiftoire memorable du Philofophe Athenodore , qui eut mefme
vifion d'vn maling efprit en veillant en forme d'homme haut & noir
in Epift.
enchefné, qui luy monftra l'endroit où eftoient cinq corps meurtris,
au logis qui demeuroit inhabité à caufe du maling efprit, comme il eft
2. in Cali- auffi recité en Suetone ' apres le meurtre de l'Empereur Caligula, & en
Plutarque apres la mort de Damon, & de Remus , apres la mort def-
gula.
3. Plutar quels, les efprits rendoient les lieux inhabitez, que les Latins appelloiét
chus in vi- Remures, & par mutation de Liquide Lemares, à caufede Remus.l'ay dict
au commencement , que Ieanne Haruillier auoit confeffé que le Dia-
ta Cimonis,
ble s'eftoit toufiours apparu à elle en guife d'homme haut & noir. le
mettray encores cefte hiftoire , qui eft aduenue le fecond iour de Fc-
urier, mil cinq cens feptante & huict.Catherine Doree femme d'vn la-
boureur demeurant à Couures pres de Soiffons , eftant interrogee par
Hunaut Bailly de Cauures , pourquoy elle auoit coupé la tefte à deux
ieunes fillettes, l'vne qui eftoit fa propre fille , l'autre la fille de fa voifi-
ne,refpondit , que le Diable s'eftant monftré à elle en forme d'homme
grand & fort noir , l'auoit incitee à ce faire, luy prefentant la ferpe de
fon mary.Elle fut iugee à Compiegne,& depuis executee à mort. Ie de-
duiray en fon lieu la conuenance & accord perpetuel d'hiftoires fem-
blables des peuples diuers , & en diuers fiecles rapportees aux actions
des Sorciers, & à leurs confeffions. Il ne faut donc pas s'opiniaftrer co-
tre la verité,quand on voit les effects, & qu'on ne fçait pas la caufe Car
il faut arrefter fon iugement à ce qui fe faict, c'eft à dire,ön koti quand
4.Verba l'efprit humain ne peut fçauoir la caufe,c'eft à dire , dtórt, qui font les
Platonis deux moyens de monftrer les chofes . Et mefme Platon * quoy qu'il
lib. 12.de fuft grand perfonnage , & comme il a cfté furnommé Diuin : quand il
legibus. vient à difcourir des actions des Sorcieres , qu'il auoit diligemment re-
PREFACE.
ἄξισμ
cherchees , & examinees en l'onziefme liure des loix, dict : que c'eft in ä§iop
chofe difficile à cognoiftre,& quad on la cognoift, il eft difficile à per- mxleep
fuader, & plufieurs,dict-il,fe mocquent quand on leur dift,que les Sor- en av-
ciers vfent d'images de cire, qu'ils mettet aux fepulchres , & aux carre-
fours,& enterrent foubz les portes, & qui par charmes, enchantemens , οτε ἄρα
ἴδοσίπου
& liaisos font chofes emerueillables. Nos Sorciers n'ót pas efté en Gre-
ce,ny leu Platon, pour faire des images de cire , par le moyen defquel- ungeva μe
les, & des coniurations qu'elles font , elles tuent les perfonnes à l'ayde μμт
de Sathan, come il s'eft verifié par infinis procès, ainfi que nous dirons, T-
& mefme le procez des Sorcieres d'Alençon pour faire mourir leurs quévad
ennemys: & leprocés d'Enguerand de Marigny eftoit principalement leu-
fondé fur les images de cire cóiurees,par le moyen desquelles, il eftoit ραις εἴ τ
accufé d'auoir voulu tuer le Roy. Comme il eft encores nouuelleméti Tgio-
aduenu d'vn Preftre Sorcier d'Angleterre , & Curé d'vn village, qui ser
s'appelle Iftincton , demye lieuë pres de Londres , qui a efté trouué faifi ἐπ μν
ὶ ή
au moys de Septembre,mil cinq cens ſeptante huict, de trois images de
cire coniurees,pour faire mourir la Royne d'Angleterre, & deux autres μασι γε
véwp vide
proches de fa perfonne. Vray eft quand l'aduis eft venu d'Angleterre,
le faict n'eftoit pas encores bien aueré. Or combien que Platon ne catera.
fçeuft aucunemet la caufe de telles chofes,fi eft-ce qu'il a tenu cela pour
certain & indubitable, & aux loix de fa republique il a eftably peine de
mort contre les Sorciers, qui feront mourir hommes ou beftes par ma-
gie, lequel homicide il a tres-bien diftingué des autres homicides fans
magie: Comment en cas pareil Philon Hebrieu au liure di Tharα-
Φερομλίωμ εἰ εἰδή νόμωμ. Les ignorans penfent qu'il eft impoffible : Les
Atheiſtes, & ceux qui contrefont les fçauans , ne veulent pas confeffer
ce qu'ils voyent, ne fçachans dire la cauſe,afin de ne ſembler ignorans.
Les Sorciers s'en mocquent pour deux raifons , l'vne pour ofter l'opi-
nion qu'ils foyent du nombre: l'autre pour eftablir par ce moyen le re-
gne de Sathan: Les fols & curieux en veulent faire l'effay:comme il ad-
uint en Italie en la ville de Come n'a pas long temps , ainfi que recite
Sylueftre Prieras , que l'Official & l'Inquifiteur de la Foy ayant grand
nombre de Sorcieres qu'ils tenoiet en prifan, & qui ne pouuoient croi-
re les chofes eftranges qu'elles difoient , ils en voulurent faire la preu-
ue,& fe firent mener par l'vne des Sorcieres, & fetenas vn peu à l'efcart
ils virent toutes les abhominations , hommages au Diable, danſes, co-
pulations, & en fin le Diable qui faifoit femblant ne les auoir pas veuz,
les battit tant , qu'ils en moururent quinze iours apres. Les autres ont
renoncé à Dieu, & fe font vouez à Sathan pour faire l'experience. Mais
il leur aduint comme aux beftes, qui entrent en la cauerne du Lyon, qui
ne retournent iamais. Or les homes, qui ont la crainte de Dieu, apres
auoir veu les hiftoires des Sorciers , & contemple les merueilles de
Dieu en tout ce monde , & leu diligemment fa loy , & les hiſtoires ſa-
PREFACE.
crees, ne reuoquent point en doute les chofes qui femblét incroyables
aufens humain,faifant iugemét , que fi plufieurs chofes naturelles font
incroyables,& quelques vnes incomprehenfibles,à plus forte raifon la
puiffance des intelligéces fupernaturelles, & les actios des efprits eft in-
comprehenfible. Or nous voyons des chofes en nature eſtranges, neat-
moins qui fe font ordinairement, cóme d'enuironner la terre & la mer,
ce que font noz marchans, & courir la pofte pieds contremont , qui a
femblé ridicule à Lactance,& à S.Auguftin,lefquels ont nyé qu'il y cuft
des Antipodes,chofe toutesfois auffi certaine, & auffi bien demonftree
que la clarté du Soleil, & ceux qui difoient qu'il eft impoffible que l'e-
fprit malin transporte l'homme à cent ou deux cens lieuës de fa maiſon,
n'ont pas confideré, que tous les cieux & tous ces grands corps celeftes
fontleur mouuement en vingt & quatre heures, c'est à dire, deux cens
quarante & cinq millions , fept cens nonante & vn mil, quatre cés qua-
rante lieuës à deux millepas la lieue , come ie demonftreray au dernier
chap.S'ils difent qu'on void celà par chacun iour, & qu'il faut s'arrefter
au fens,ils confefferót doncques qu'il faut croire & s'arreſter aux actiós
des efprits contre le cours de nature, puis que nous ne pouuos pas mcf-
mes comprendre les merueilles de nature,que nous voyons affiduelle-
ment deuant noz yeux,attendu mefmemét que les Philofophes ne font
pas d'accord en quoy gift la marque de verité qu'ils appellent xpiтgiov
THS &λнedas. Les Philofophes Dogmatiques mettet la reigle,pour co-
gnoiftre le vray dufaux aux cinq cens rapportez à la raison : Platon &
Democrite reiectent les fens, & difent que l'intellect eft feul iuge de la
verité.Theophrafte mettoit entre les fens & l'intellect, le fens commun
qu'il appelloit To Evægyés . Mais les Sceptiques voyans qu'il n'entre rié
en l'ame raisonnable, qui n'ait premierement efté perçeu par lefens , &
que les fens n'ous abufent,ilz ont tenu qu'on ne peut rien fçauoir. Car
1.To πwα ilz diſoiét,que fi la maxime d'Ariftote empruntee de Platon, que l'ame
κίδιον intellectuelle eft come la carte blanche ' propre à iecter les peintures,
AeUxóv.
Λευκόν. & qu'il n'y a rien en l'ame qui n'ayt premieremét efté au fens, eft verita-
2. xxxo ble,qu'il eft impoffible de rien fçauoir. D'autant que le fens,qui eft le
μάρτυ plus clair, & le plus agu de tous les fens , eft la veuë, & neantmoins que
les yeux font faux tefmoins, comme difoit le bon Heraclite, ' nous mó-
ρες ανθρώ
ftrant le Soleil d'vn ou deux piedz de grandeur, qui eft cent & foixante
ποισιν,
& fixfois plus grand que la terre, & font voir en l'eau les chofes beau-
ὀφθαλ
coup plus grandes qu'elles ne font, & les baftons tortus qui font droits:
μοί. Et quant aux autres fens qu'ilz font tous differens aux ieunes & aux
3.Ptolome vieux, encores qu'ilz foyent bien fains. Car l'vn trouue chaud, ce que
in Alma- l'autre trouue froid : Et vne mefme perfonne en diuers teps rend diuers
geftib.li.s. iugemés de mefmes chofes appliquees aux fens,come il est tout notoi-
re. Le premier qui fift cefte ouuerture fut Socrate,qui dift qu'il ne fça-
uoit qu'vne chofe, qui eftoit qu'il ne fçauoit rien: Et depuis cefte fecte
prin c
PREFACE.
print accroiffemétpar le moyen d'Arcefilas chefde l'Academie, & fut
fuiuy d'Arifto, Pirrhon , Herile, & de noftre memoire par le Cardinal
Cufan,aux liures qu'il a fait de la Docte ignorace. Et tout ainfi que les
premiers s'appelloiét par hóneur Dogmatiques , c'eft à dire, Docteurs,
les feconds s'appelloient Septiques , ou Ephectiques,c'eft à dire, Dou-
teurs : lefquels mefmes ne vouloiet pas confeffer qu'ils ne fceuffent rie:
} (cóme Socrate auoit cófeffé)car en confeffant qu'ils fçauoient tresbien
2. lib. 2. monde eft diuifible en corps infinis,le Phyficien demonftre, ' qu'il n'y a
rien infiny, & le Metaphyficien tiet que la premiere caufe eft infinie: Le
φυσικά
Phyficien mefure le téps paffé & futur par le nombre du mouuement :le
Metaphyficien prend l'eternité fans nobre, ny teps ,ny mouuement: Le
3.lib.4. Phyficien demoftre, qu'il n'y a rien ' en lieu du mode qui ne foit corps,
6. Quot & que rien ne peut fouffrir mouuemét que le corps , & qu'il n'y a tou
фить- chement que de corps à corps :le Metaphyficien demonftre qu'il y a des
κῆς ἄκρο
efprits & Anges qui meuuet les cieux , & accidentalemet fouffret mou-
4. lib. 8: nemet au monuement de leurs cieux comme Ariftote + confelle, & par
των με
confequent que les efprits ne font pas par tout en mefme teps . Ains que
τὰ τὰ
par neceffité ils font au lieu où leur action fe fait paroiftre: le Phyficien
φυσικά demonftre que la forme naturelle n'eft peintdeuant le fubic& , ny hors
de la.
PREFACE.
de la matiere, & fe perd du tout par corruption: Ce qu'Ariftote dict ge-
nerallement de toutes formes naturelles : Mais il demóftre que les for-
mes Metaphyfiques demeurent feparees fans fouffrir aucune corruptio
ny changement , & qui plus eft le mefme autheur en fa Metaphyfique
* dit que la forme de l'home qui eft l'intellect, vient de dehors vfant du 4.lib.12.
mot lúgalerie , & demeure apres la corruptio da corps, d'auáta- 2. lib . 2. de
getous les Phyficiens tiennent pour vn principe indubitable, que deux generat.
formes ne peuuent eftre en vn fubiect , ains que toufiours l'vne challe animal.
l'autre , & qu'il n'y a iamais de tranfport ou commigration de formes lib.12 . Me-
d'vn corps en l'autre,& neantmoins on void à l'œil,que les Demons, & taphyfic.
malins efpritsque les Peripateticiés appellentformes feparees, fe met-
tent dedans le corps des hommes & des beftes,parlant dedas leur corps
la bouche de l'home clofe, ou la langue tiree hors iufques aux Laryn-
ges, & parlent diuers langages incogneuz à celuy qui eft poffedé de l'e
fprit:& qui plus eft,ils parlent tantoft dedans le vétre,tátoft par les par-
ties honteufes , que les anciens pour cefte caufe appelloient yyasgo
μύθοις , & έγγας ιμάντεις , & εὐρικλέας , & ( on veut dire comme les
Academiciens, que les Demons ont corps,il fera encores plus eftrange,
& contre les principes de nature,qui ne fouffret pas qu'vn corps pene-
tre l'autre: & toutesfois celà s'eft veu de toute antiquité, & fe void ordi-
nairemét en plufieurs perfonnes affiegees des efprits . C'est pourquoy
Ariftote dict , que les anciens n'ót pas voulu mefler la difpute de la Phy-
fique auec les fciences Metaphyfiques: mettat les Mathematiques entre
les deux,pour faire entendre qu'il ne faut pas apporter les raifons natu-
relles au jugemét des Sorciers, & des actions qu'ils ont auec les Demos
& malins efprits. Et afin q le fuget, qui eft de foy difficile & obfcurfoit
mieux entedu , i'ay diuifé l'œuureen quatre parties. Au premier liurei'ay
parlé de la nature des efprits, & de l'affociatió des efprits auec les hom-
mes , & des moyens diuins pour fçauoir les chofes occultes : puis des
moyens naturels pour paruenir à mefme fin.Au fecond liure i'ay le plus
fommairemét qu'il a efté poffible, touché les arts & moyés illicites des
Sorciers, fans toutesfois que perfonne puiffe tirer aucune occafió d'en
faire mal fon profit:ains feulemet pour monftrer les pieges & filets def-
quels on fe doit garder, & foulager les luges qui n'ot pas loifir de recer-
chertelles chofes: & lefquels neantmoins defiret eftre inftruits pour af
feoir iugement.Au troifiefime liure i'ay parlé des moyés licites & illici-
tes pour preuenir ou chaffer les fortileges. Au quatriefme liure de l'in-
S
quifition & forme de proceder cótre les Sorciers,& des preuues requi-
1
fes pour les peines cótre eux ordónces.A la fin i'ay mis la refutation de
Ica VVier,& la folutió des argumés qu'o peutfaire en ce traité,rappor
tát tous mes difcours aux reigles & maximes des ancies Theologies, &
à la determination faite par la faculté de Theologie de Paris le xix.iour.
de Septébre M. cccxcviii. que i'ay faict adioufter pour y auoir recours .
FIN. í ij
DETERMINATIO PARISIIS FACTA
PER ALMAM FACVLTATEM THEOLOGICAM.
Anno Domini M. CCCXVIII . fuper quibufdam
fuperftitionibus nouiter exortis.
PRAEFATIO.
EST AVTEMA.
ST AVTEM primus articulus quòd per artes magicas & maleficia &
inuocationes nefarias quærere familiaritates & amicitias & auxilia dę-
monum non fit idololatria. Error. Quoniam dæmon aduerfarius perti
nax & implacabilis Dei & hominis iudicatur:nec eft honoris vel domi-
ni cuiufcunque diuini verè feu participatiuè vel aptitudinaliter fufcep-
tiuus vt aliæ creaturæ rationales non damnatæ:nec in figno ad placitum inftituto , vt
funt imagines & templa Deus inipfis adoratur.
Secundus arriculus,quòd dare,vel offerre, vel promittere demonibus qualemcun-
que rem vt adimpleant defiderium hominis,aut in honorem corum aliquid ofculari
ve portare non fit idololatria.Error.
Tertius,quod inire pactum cum dæmonibus tacitum vel expreffum non fitidolo.
latria vel fpecies idololatrię vel apoftafiæ.Error.Et intendimus effe pactum implicită
in omni obferuatione fuperftitiofa,cuius effectus non debet à Deo vel natura ratio-
nabiliter expectari .
Quartus,quod conari per artes magicas dæmones in lapidibus ,anulis ,fpeculis aut
imaginibus nomine eorú confecratis, vel potius execratis includere cogere & arctare
vel cas velle viuificare, non fit idololatria.Error.
Quintus,quod licitum eft vti magicis artibus , vel aliis quibufcunque fuperftitio-
nibus à Deo & Ecclefia prohibitis pro quocunque bono fine.Error: quia fecundum
Apoftolum non funt facienda mala vt bona eueniant.
Sextus,quod licitum fit aut etiam permittendum maleficia maleficiis repellere.
Error.
Septimus,quod aliquis cum aliquo poffit difpenfare in quocunque cafu, vt talibus
licite vtatur. Error.
Octauus,quod artes magicæ & fimiles fuperftitiones & earum obferuationes fint ab
Ecclefia irrationabiliter prohibitæ.Error.
Nonus,quod Deus per artes magicas & maleficia inducatur compellere dæmones
fuis inuocationibus obedire.Error.
Decimus, quod thurificationes & fuffumigationes quæ fiunt in talium artium &
maleficiorum exercitio fint ad honoré Dei & ei placeant . Error & blafphemia, quo-
niam Deus alias non veniret vel prohiberet.
Vndecimus,quod talibus & taliter vti non eft facrificare feu immolare dæmonib
& ex confequenti damnabiliter idololatrare.Error.
Duodecimus,quod verba fanéta & orationes quædam deuotæ & ieiunia & bal-
neationes & continentia corporalis in pueris & aliis , & miffarum celebratio: & alia o
pera de genere bonorum quæfiunt pro exercédo huiufmodi artes excufent cas à ma-
lo & non potiùs accufent .Error :nam per talia facræ res immo ipfe Deus in Eucharis
ftia dæmonibus tentatur immolari ,& hæc procurat dæmon,vel quia vult in hoc ho-
norari fimilis altiffimo,vel ad fraudes fuas occultandas, vel vt fimplices illaqueet fa-
cilius , & damnabilius perdat..
Decimustertius , quod fancti prophetæ & alii fancti per tales artes habuerunt
fuas prophetias , & miracula fecerunt aut dæmones expulerunt . Error & blafphe--
mia.
Decimulquartus,quodDeus per fe immediate vel per bonos angelos talia maleficia
fanctis hominibus reuelauerit Error & blafphemia.
Decimufquintus quod poffibile eft per tales artes cogere liberum hominis arbitriu
ad voluntatemfeu defiderium alterius. Error: & hoc conari facere eft impium & ne-
farium .
Decimuffextus, quod ideo artes præfatæ bonæ funt & à Deo, & quod eas licet ob-
feruare:quia per eas quandoque vel fæpe euenit ficut vtentes eis querunt vel prædi-
cunt,quia bonum quandoque prouenit ex eis .Error.
Decimuffeprimus, quod per tales artes dæmones veraciter coguntur &compellun--
tur,& non potius ita fe cogi fingunt ad feducendos homines .Error.
Decimufo& tauus,quodper tales artes & ritus impios,per fortilegia , percarmina
ž jij
& inuocationes dæmonum,per quafdam iufultationes & alia maleficia nullus vnquã
effectus minifterio dæmonum fubfequatur.Error . Nam talia quandoque permittit
Deus contingere:patuit in magis Pharaonis & alibi pluries :vel quia vtentes, fen co-
fulentes propter malam fidem & alia peccata nephanda dati funtin reprobum féfum
& demerentur fic illudi .
Decimufnonus, quod boni Angeli includantur in lapidibus & confecrent imagi-
nes vel veftimenta aut alia faciant quæ in iftis artibus continentur.Error: & blafphe-
mia.
Vicefimus,quod fanguis vpupa vel hædi vel alterius animalis , vel pergamena vir-
gineu vel corium leonis & fimilia habeant efficaciam ad cogendos vel repelledos dæ
mones minifterio huiufmodi artium.Error.
Vicefimufprimus, quod imagines de ære plumbo vel auto, de cera alba vel rubea
vel alia materiabaptizate exorcizate & confecratafeu potius execrata fecundum
prædictas artes &fub certis diebus habent virtutes mirabiles, quæ in libris talium at-
tium recitantur.Error in fide & philofophia naturali, & aftronomia vera.
Vicefimuffecundus ,quod vti talibus & fidem dare non fit idololatria & infidelitas.
Error.
Vicefimuftertius, quod aliqui dæmones boni funt,alij omnia fcientes,alij nec fal·
uati nec damnati. Error.
Vicefimufquartus, quod fuffumigationes quæ fiunt in huiufmodi operationibus
conuertuntur in fpiritus,aut quod fint debitæ eis. Error.
Vicefimufquintus,quod vnus dæmon fit rex Orientis & præfertim fuo merito &
alius Occidentis,alius Septentrionis,alius Meridiei Erros.
Vicefimuffextus,quod intelligentia motrix coeli influit in animam rationale: ficut
corpus cœli influit in corpus humanum.Error.
Vicefimueffptimus,quod cogitationes noftræ intellectuales & volitiones noftræ
interiores immediatæ caufantur à cælo & quod per aliquam traditionem magicam
tales poffint fciti , & quod per illam de eis certitudinaliter iudicare fit licitum.
Error.
Vicefimufoctauus articulus ,quod per quafcunque artes magicas poffimus deue-
nire ad vifionem diuinæ effentiævel fan& torumfpirituum . Error.
Actafunt hæc & poft maturam crebrámque inter nos & deputatos noftros exami-
nationem,conclufa in noftra congregatione generali Parifiis apud fanctum Mathuri
num demanefuper hoc fpecialiter celebrata. Anno Domini M.ccccxviij.die 19.men-
fis Septembris,In cuius rei teftimonium figillum dicæ facultatis prefentibus literis
duximus anteponendum,
SOMMAIRE
SOMMAIRE DES
CHAPITRES.
LIVRE PREMIER.
LIVRE SECOND .
LIVRE QVATRIESME.
FIN.
Ι
LA DEFINITION
DV SORCIER.
CHAPITRE PREMIER.
2. Lib. S4- me dit Salomo que Dieu à creé l'homme à fon ima-
pient.ca.
& Ecclefia3ge , pour eftre immortel,mais que par l'enuie de Sa-
ftici c.17.et than la mort eſt entree au mode, ce qui eſt auſſi recité
bons
LIVRE PREMIER. 2
tout ainfi que les efprits Angeliques font toufiours e- devera re-
lig. cap. 13.
ftimez bons, qui eft vne refolution trefbonne , & ne- & lib.con-
εἰπᾶν καὶ γνῶναι τω γένεσιν μεῖζον ἢ καθ᾽ ἡμᾶς : πιςέομ 5 τοῖς εἰρικο-
A ij
1
DES SORCIERS
7.xob.c.40 ne à Deo conditus ' eft:Et pour montrer qu'il n'a pas efté
0.41.
creé en grace, on allegue le lieu de Iefaye ' , où Dieu
8. cap. 54 parle aifi: l'ay faict & formé Satha pour & affin de per-
dre,gafter,& deftruire:Et pour cefte cauſe ſouuent il
guent Ezechiel chap.xxi . & Iefaye ' , où il eft dit que 3.cap. 27.
Dieu Erunt, dit lefcripture ,ficut Angeli Dei , & que par SoMarci 13 ;
mefme moyen les homes qui ont renoncé Dieu, & ſe
fôt dédiez au feruice'de satha , outre les tourmés, qu'ils '
Diables , des cileuz & des reprouuez eft que les vns au-
ront la vie eternelle , les autres mourront eternelle-
A iij
DES SORCIERS
8. In libro que Plutarque ' entre les raifons qu'il met, quad il dif-
Поль
έκλελοι - court pourquoy les Oracles font faillis ( ce que Cice-
Siop luy ) il dit que la vie des Dæmons eft limitee, & que i-
9. In libro
de diuina- ceux defaillás, les Oracles ont ceffé: Et Porphyre'auf-
tione. fir'apporte l'oracle d'Apollon en ces vers.
1. In libro
μοι τρίποδες ςοναχήσετε οίχετ᾽ ἀπόλλομ
JRI EU-
οίχετ' ἐπὶ φλούο μεβιάζεται οράνιο φως .
λογίωμ
417900- C'est à dire: Helas, helas pleurez tripodes , Apollon
φίας.
eft mort,il eft mort,par ce que la lumiere flamboyan-
te du ciel me force. Et le mefme autheur fur le Timee
o . lib . 5. vie des Dæmos ne paffe point mil ans.Et de faict Eu-
cap.1.8.9
Teo To.. . febe hiftorie Ecclefiaftique, allegue l'hiftoire memo-
(é)
LIVRE PREMIER . 4
mes qu'il y ayt iniquité ' en Dieu, comme faifoit Ma- 506.370
nes Perfan chef des Manicheans , lequel pour euiter,
des, auffi bien que les vertus, & que les vnes auffi bien
tes qui portet poizos aux vns, & medecine aux autres :
comme
LIVRE PREMIER.
5
come dict Salomon au liure de la fageffe : & que Dieu
tray celuy qui eft aduenu n'a pas long teps a Paris d'vn
Del
'Affociation des Efprits auec les Hommes.
CHAP. I I.
entre les pierres, & les plates font les efpeces de corail,
& tirét leur vie par les racines attachées aux pierres:En
pericur,
LIVRE PREMIER. 8
mes ',que Dieu a fait l'homme peu moindre que les 1.Pfalmo. &
ainfi en lieu que Marot a tourné :Tu l'as faict tel , que
des hommes aux Anges.Nos, inquit f ,icut oues mira die inlegi--
bus &
uinorumpaftorum cuſtodiafemper egemus . Puis doncques de
fiaft . 15. Î'homme l'a laiſſé en ſon franc arbitre, & luy a dict :
cord, que l'homme ale franc arbitre, & que celà n'eſt
point reuoqué en doubte , dequoy, dit-il, Dieu ſoit
7. Libro 3. loué . Voyla ces mots '. Etpar ainfi la decifion des
נמרי הנבור
Theologies demeure veritable, que tous efprits font
que Dieu diuifa les eaux d'auec les eaux : & que les
hommes font le moyen entre deux : Carles vns font
affociez auec les Anges , & les autres auec les Dæmos :
plus
LIVRE PREMIER, D
là, & les efprits , qui de leur naturel font Effences in-
moins parfaicts les vns que les autres ,foit que le fu-
get n'eft pas fi propre : tout ainfi que le Soleil ne fe
7. Pfal. 91. eft dict en l'efcripture ' de celuy qui eft en la garde du
hault.
LIVRE PREMIER 10
des efprits auec les hommes, & dict que Socrate ,qui
lir vn feul iour, que Dieu luy enuoyaft fon bon Ange
& chantoit fouuent les Pfalmes , qu'il fçauoit quafi
tuer, ayant fceu qu'il deuoit aller par cau , il eut vifion
Fvn rouge & l'autre blanc, qui fut caufe qu'il enuoya
louer deux cheuaux ,& fon homme luy amena deux
dict,
LIVRE PREMIER.
13
Anges
LIVRE PREMIER . 14
uais efprits .
croire, & les Sorciers , qui font bone mine pour leuer
idoles,.
LIVRE PREMIER. 15
chaffer tous les ferpens d'vn pays .Ce n'est donc pas
Dejij
DES SORCIERS
ayant
LIVRE PREMIER. 16
2014
5.lib.3.cap. racteres pour prophetizer, & conclud que la prophe-
24. 27. tie n'eft point naturelle , ains que c'eft le plus grand
o. 1. etiam don de Dieu , & que tel donne vient que de Dieu , à
Synefius li-
receluy qui al'ame purifiee: & qui plus eft, il reprouue
6.41.3.6.13
7.lib.3.ca.. quiert par Hydromantie, Lithomantic, Actinoman-
14.per aqua tie, Xilomantie, Rabdomantic, Orneomantic, & Al-
quesfois
LIVRE PREMIER. 17
me.Et qui plus eft l'an M.D.L XV 111. les Italiens , &
portent .
LIVRE PREMIER. 18
tous les oracles qu'ils auoient pour les plus facrez n'e- beo quis
Aftrologus
Aoient queforceleries , comme nous auons dict , & de iniur.to.
maleficis.C. rheans, & Indois.Vray eft que les vns cftoiết Sorciers
cas n'eft pas tant diuifé, qu'il eſt eſtably & affeuré , &
bles, & que les vns ne foient ruinez par les autres, co-
me les mefchans ne font ruinez ordinairemét que par
uéc fontla guerre aux bos ,à plus forte raifon les mef
chans aux mefchas, & les Diables aux Diables . Or no?
& terreftres, & coioindre les vns auec les autres, pour
les
n'auoir pas moins de puiffance en la Magie , que
hymnes de Dauid en la Cabale, de laquelle nous par-
1
LIVRE PREMIER. ZI
СНАР . I I I I.
me menfonger,Menteur,qui femble e-
o.Cicero in
ſtre tiré du Grec. Les Latins l'appellet Diuinum,mal à libre De Di
propos, donnát vn trefbeau no aux Sorciers, auffi bicwinar.
facer,
par ce que les Sorciers rauis ,fot comme ceux, qui
ont le mal caduc. Les Hebrieux appelloient au com-
mencement les Deuins,Videntes , comme Saul ayant
ant,' & demanda à ſon copaignon vne dragme d'ar- vidit, au-
gentpour bailler au Deuin , & demandant à Samuel diit, intelle.
tic.Propheté
de Rabi que la Prophetie eft vne largeffe enuoyee de Dieu,
Maymonis , par le moyen & miniftere de l'Ange ou Intelligence
libro.3 .
actiue fur l'ame raisonnable premierement , & puis
. כמרי הלב
fur l'imagination : & n'exceptent que la Prophetic de
grcz.
LIVRE PREMIER. 23
alors les pl furieux & infefez , & ceux qui fot infpirez
de Dieu, sot alors plus fages q iamais . C'est pourquoy
& Encha- qu'il n'y a que les Sages qui foient Prophetes. Et tout
teur Deute-
contraire fe void des Sybilles & Propheteffes d'A-
ron.c.13 . le
pollon , qui ne difoient rien qu'en fureur,& en rage
efcumante:Et fe void auffi le femblable des Prophe-
Samuel,il n'y eut que Samuel qui fut appellé ' fidele, 7.Libro 1.
Samuel.ca.
& loyal, & qui iamais n'a dictchofe qui ne foit adue- 3.Ecclefiaft.
nuë. Et de faict tous les Theologiens font d'accord, cap.penul:.
point, car Dieu fut appailé par penitence. Čelà eft re-
marqué non feulement en Hieremie xxvi . & Ionas
III. ains auffi en Ezechiel xvII.Mais ordinairement
uid.
LIVRE PREMIER . 26
Dieu, & du peuple, & fut tué par fes ennemis :Et fur ce
9. Tob.cap. Auffilifons nous en Iob, que Dieu ' ayant pitié des
33.
hommes, les aduertift en fonge, &leur tire l'oreille , les
&
tios, & fur tout quel eft le Dieu qu'ils adorét . Car il fe ,
peut faire, que tel aura vifio & fonge, & dira ce qui eſt
à venir, & aduiendra, & fera miracle, & neantmoins il
occultes.
Des moyens naturelspourfcauoir les chofes
CHA P. V.
num, cuius
li bles , & inuifibles fans moyen,qui eft toutesfois felon
ber à Cy-
rillo penè le texte formel de l'hiftoire facree, où il eft dict , Au
träfcriptus cómécemét Dieu a creé le Ciel & la terre, & puis cha-
eft.
cune des creatures, comme il eft porté par ordre &
iubilé, & pour ceſte cauſeils difét qu'il n'eſt faict me-
tió de la creation des Anges à la création de ce mode,
fur la Cabale. Voyla que les Hebrieux en leur fecret- oRabi xu-
da, Leo
te Philofophie tiennent, & Origine auffi laquelle o- Hebraus,et
doBodinic
6. . d'Ariftote qui le premier a pofé & fouftenu l'eternité
du monde,chofe impoffible, & incopatible par natu-
7.in lib. fentemét , come auffi Plutarque ', & Galen ' , & mef-
που της mes les Epicuriens s'en font mocquez. Et par ainfi
ἐν τῷτι
μαίω ψυ nous arrefterons là, que Dieu a creé la matiere de rien,
2029rias . ce que le mot sa fignific, c'eft à dire Creer: car autre-
8.in libr.de ment l'escripture euſt dictus c'eſt à dire, Faire , com-
placitis Hip
pocratis , et me quand il eſt di &
t , que Dieu a fait l'homme du li-
Platonis. mon
de la terre, ayat pris la matiere,qu'il auoit ja pre-
parce, & qui fignifie auffi vn fecret plus haut,c'eſt à fça
d'autre creature, mais que c'eft luy qui done eftre à tou
tes chofes, & que fans luy rien ne peut fubſiſter. Quád
res,auffi bié que les efprits bos &mauuais, & les hom-
mes auffi , & les vens, & le feu s'appellet Anges'è l'Ef- 3.4.104 .
cripture .Et par ainfi quad on void les cieux & lumic-
res celeftes fe mouuoir , celà fe faict par le miniftere
ture que Dieu eft en l'affemblee des Anges , & que les
malins efprits fe trouuent auffi en l'affemblee , come
come il eft dict en Iob '.Ce que tous les Hebrieux in- 9.1ob.ca.r
les fept yeux par lefquels Dieu void , & les Anges qui
verfent de l'huyle de deux oliues à la dextre de Dieu:
feulemet queDieu eft par fus tout celà, & qu'il ne faut
decalogue, entre les luifs dict, que les enfás d'Ifrael ne font point
adem tradi
tu in libris fubiects aux Aftres,il entend tous ceux qui fe fient ch
pulfi
funt:lequel paffagetrauaille plufieurs , qui n'ont
auffi dict que Dieu diuifa les eaux qui font foubs le
firmament,qui font les influeces celeftes , des eaux fur-
qu'ilsferoient pour fignes des teps, & des ans, & des
& couurir les racines des plantes, vanner les grains &
Mais il cuft bien plus efté eftóné , s'il euft entendu les
effects des autres Planettes, & des conionctios, & re-
gard des vnes aux autres, & aux eftoilles fixes, mefme-
&
tió de la Lune , ne la fait pas ordinairement longue.
effence des plantes, & mineraux, & font des huilles, &
caux admirables , & falutaires , & difcourut fubtile-
celeftes fur les corps , & fur les humeurs. Vray eft que
les efprits , & meurs des perfonnes , fuyuent bien
I ij
DES SORCIERS
republ
de . & qu'il ny a point de neceffité. Ioinct auffi , qu'il a eſté
methodo
hiftoriaru , impoffible depuis trois mil ans feulement , que nous
auons les obferuations Aftronomiques ( car la plus
zar l'a donné àl'Oriét, & la triplicité des eaux au my. 6. in ſexti
di, qui a efté fuiuy de Paul Alexandrin ' , & de Henry magni in-
troductory.
de Malignes : Et neantmoins Alcabice Caphar , Abe- 7.in infti-
nacra,Meffahala , & Zael Ifraelite, done la triplicité de tart.
Apotelef
terre aux peuples Meridionaux. Or il eft ipoffible de matica.
taires: & celuy qui eft agité d'vn bon efprit,il furpaffe
I j
DES SORCIERS
fpond àla caufe, qui n'eft pas difficile , comme elle eſt
tes & futures, font bons & louables,auffi font tous les
qui retire fa force, quand bon luy femble, & qui rópt
la force du pain, comme il eft dict en la loy de Dieu,
faire ,que les Grecs & Latins ont traduit par yn ver-
be actif, lequel abusa eſté cauſe de pluſieurs erreurs,
n'a rien faict que par fes Anges, car il commanda àfon
couftu-
LIVRE PREMIER. 37
fuyant les malins efprits, quand ils viënët les vexer : &
Plu-
LIVRE PREMIER . 38
Kij
DES SORCIERS
les orages, les vens, les pluyes, les tempeftes par expe-
rience ordinaire , encores qu'ils n'ayent aucune co-
apres
LIVRE PREMIER 41
tre ans apres fut pris par fes fugets , & priué de fon c-
ftat, & getté en vne prifo où il eft encores . Voyla doc
quant aux predictions humaines, difons maintenant.
par
LIVRE PREMIER. 42
nas falché faifoitla plainte à Dieu ,Ne fçaurois-je pas 2.1onas ca.
2. Leuit. 19 facrifices, qui n'eft gueres moins offenfer Dieu ' , que
20.
Deuter s'adreffer aDiable mefme : comme il y en a au cas pa-
ono .
18.
reil,qui ne voudroient pas s'adreffer à Sathan , pour
qu'il foit idolatre, & n'offenfe pas tant que celuy qui
Nous voyons auffi au Leuitique ,quele fort eft get- 2.bp. 16,
té fur deux boucs I'vn pour facrifier à Dieu , l'autre
comme fut Ionas '. Auffi eft le fort frequent, & ordi- 3.1ona ca.1
naire , quand il faut partager * & lotir les fucceffions, 4.1 . Sed cu
ambo.dein-
. l.fi
& chofes communes, & permis parles loix de tous les dic.ff
peuples, & qui font fort neceffaires , pour cuiter aux duobus in
princip.co-
debats & contentions qui ne prendroient iamais fin. mun.deleg.
Ainfi faifoient les Romains ' , qui tiroient au fort les cocfors,
Luges es cauſes publiques,& les magiftrats Romains & c.hi qus
& c. illud..
gettoient les charges & prouinces au fort, fi autre- 269.2 .
ment ils ne fe pouuoientaccorder ce que les Latins . vlt. de
Sortileg .
difoient , Sortiri aut comparare interfeprouincias . L'oc SAſco-
cafion de la guerre cruelle entre Marius & Sylla fut nim in Vir-
rianas..
prife de ce que le fort de fairela guerre à Mithridate
re: Et apres ils gettoient les forts, & tiroient tout pre-
par
LIVRE PREMIER. 45
qui eft celle, qui eft la plus vfitee , & par liures publiez
& imprimez , qui eft vn autre art Diabolique, & fon-
7.βοτανο- fe, & inufitee, & que ie ne declareray point,à fin qu'el-
Maira le foit auffi enfeuelic,auffi bien que la Botanomatic,
Gunoμal & Sycomatie qui font encores plus ineptes, & ridicu-
τζαι
les, qui dependoit du get des fueilles de figures agi-
tees du vent la nuict, & felon qu'elles fe rencontroiet
4.numeri vaut la que fix: & neantmoins ceux qui en font cas
fant 666. interpretent par ces lettres ainfi nombrees les nom-
no . bres attribuez à la befte en l'Apocalypfe . Quant aux
14
anagram-
LIVRE PREMIER. 46
Mij
DES SORCIERS
calum , eft venu, qui eft vn trou,ab ore paruo terra hian-
dict des fortileges, qui fe font par fort, nous dirós par
cy apres des autres . Mais il faut auffi noter que le mot
princi-
LIVRE PREMIER. 48
Hierofcopie, autresfemblables.
CHAP . VII:
garde les mouuemens des oyfeaux , pour fçauoir les id eft , dini-
natio exa--
chofes futures. Hierofcopie eft la confideration des uibus T
Hofties & facrifices, pourfçauoirla verité des chofes portentis.
fuyuet Ariftote n'a rie veu en tout celà. Auffi font fi-
tous les ans,tous les mois , tous les iours, & les impref-
fions de feu en la region ætheree ne fe voyent pas
que celà nous eft clos & couuert , & qu'il n'y a que
Dieu qui en difpofe à fa difcretio.C'eft pourquoy on
void changer les faifons,le beſtial mourir , les fami-
nes
LIVRE PREMIER. 50
niés, dic Plutarque ' bruſloiết anciennemét tous vifs 3.In Pericle
touchat le vol des oyfeaux, dont les liures des anciens διωνοσκε
5.1n Methe eux , & auec les Hebrieux , comme i'ay remarqué sail-
dehiftoriar .leurs. Auffi Hieremie le Prophete, quand il parle des
ca.5.
Arondelles, des Turterelles, & des Cygongnes , dict
en impicté.
DE LA MAGIE EN GENERAL,
LIVRE SECOND.
CHAPITRE PREMIE R.
eft la clef, qu'il auoit promife, & que fes difciples Sor-
ciers ont publiee, il meſle ſa poiſon Diabolique , des
vray moyen pour piper les gentils efprits , & les attirer
2. Hierom . Royne des cieux, ' ainfi appellee par Hieremie , que
23.
de ces idolatrics là. Or Dieu iure en Hieremie , qu'il
deftruira à feu & à fang, & par peftes & famines, tous
en leur impieté, difant qu'il faut tout vnir , & par les
creatures elementaires attirer les eftoilles , & planet-
tes , & paricelles leurs Dæmons, & puis les Anges &
moindres Dieux celeftes, & puis par ce moyen auoit
Dieu.Et neantmoins tous ces beaux mediateurs n'at-
ligences
LIVRE SECOND . 53
ter,à fin qu'on allaft droit à luy , & non pas par les 20..
icy, que les villes , les villages, les champs , & les Ele-
peut faire par nature, & qu'il eft defendu par loy de
fter foy, c'eft toufiours pour paffer outre , & par tels
on
M. D. LXVII. On m'apporte quelque procez de Sor-
lettes n'y font rien, ains que tout celà eft conduict &
mené par l'artifice & malice du Diable, qui s'ayde des
hommes, aydant auffi leur mefchante volonté : il
apert
LIVRE SECOND : 59
Auffi voyos nous en Tobie ', que vn malin efprit tua 3 cap. 7 --
fept maris, qui auoient efpouzé la fille de Raguel,la .
premiere nuict de leurs nopces . Et ne fe faut pas ef- x
ſe peut faire par la vertu des paroles, quoy que les plus
fçauans en telles fciences ayent efcript :mais le Diable
eft feul autheur, & miniftre de telles faſcinatios. Et n'y
ftoit pas mois coulpable , que s'il cuft tué le Roy. C'eſt
dócle but & l'intétion du Diable d'arracher du cucur
.
DES SORCIERS
aux fimples que ce n'eft pas luy, mais la force des paro
claufes,fur les mots ,fur les fyllabes , fur les lettres, voire
fet LXXII.nos de Dieu , & autat d'Anges : & puis ils fub-
ceux qui le tétét n'eft pas factifié , ais pollué & blafphe
mé. Or il eft dicté la loy de Dieu , que celuy qui pro- 4. Lenit.
Dieu à ſon ayde: & qui plus eft, la ſeule craicte, & fra
yeur qu'on a de Dieu chaffe les Diables , come no' di-
5. Lib.1.de ros cy apres . Et mefmes Paul Grilland ' qui viuoit l'an
Sortilegy's.
M.D.X X X VI I.eſcript qu'il y eut vn pauure hōme Sa-
bin demeurant pres de Rome, qui fut perſuadé par fa
femme de ſe greffer come elle, de quelques vnguens
bonne,
LIVRE SECOND. 63
res, ou figures des nos de Dieu auoit mesme effect, les qui inferi-
Sorciers n'é vferoiét pas en leurs inuocatios car leurs butur, ca-
pita pa-
liures en sont pleins.Et par ainfi nous cocluiros que la rum, aut,
ses bones pour l'abus: Mais bie en la secrette intelligé Mofis if-
quam repe
des merueilles de Dieu , couuerte d'allegories par riuntur
tur:
toute la saicte efcripture.Car il n'y a quafi propos ny
περί όσ- deurs did trois mots , πῶν σα πρὸν κακώδες quidquid cor-
μῶν.
rupiturfædu exhalat odorem: comme l'œuf, qui eft fort
le couper s'il y en auoit : Mais c'eſt à dire qu'il faut dum ve-
logs feripto- ftre des Eglifes Chreftiennes apres les Apoftres , & le
rum.
fouillee & infectee par Sathan & fes fuppofts . Car c'eft
fe leuer matin pour prier Dieu, & ceux qui offrent les
&
ture, ou des ftatues, & autres chofes artificielles, mais
fur les Secrets de Dieu , comme ceux qui ont auffi bien
damné de damnation eternelle Socrate h , Pocion,
Ariftide
LIVRE SE COND . 69
tous à mefme peine.Laloy ' de Dieu dit qu'il faut de- 1 . Denter.
& àla Lune & autres corps celeftes au lieu que Noë
& fes fucceffeurs long temps apres luy ſacrifioient à
ftoir l'va, qui eft deux fois auffi grand que le Royau-
fé, & qu'il eftoit fon ennemy, & qu'il auoit donné le
Royaume à Dauid ,pour n'auoir obey à la parole de
Dieu, & que luy & fes enfans feroient le iour fuyuant
LIVRE SECOND. 71
ftoit preparé pour ceft effect, & filt mettre la tefte ſur
apres.Et s'il eft ainfi , qui peut doubter que Dieu n'ayt
mis en la bouche de ceft enfant occis ces deux mots ?
car
LIVRE SECOND . 72
fçauoir les chofes futures : Qui n'eft pas vne impieté vulu-
nouuelle ,mais bien fort ancienne, come à noté Elias no vocabi-
tur.
Leuites, qu'il appelle cela en fon Hebrieu Teraphim :
les iouës , & autres parties . Mais ie croy mieux que 2.Apulei
Efcripture n'a fait mention , & qui n'ot iamais eſté re-
Samovió eft vray Sorcier:Et non pas celuy qui n'a poinct in-
λεπτοι .
ATO . uoqué, ny appellé le diable:ains qui eft poffedé , & af
bie luy attachoit les deux mains l'vne fur l'autre auec
à dire , que efprit, qu'il le tourmete, & le tourne en furie, & quel
tiquesfois ille tue: Comme i'ay fceu depuis deux ans,
muniquer
ent re les auoit vn efprit familier en vn anneau , duquel il vou
Dieux & loit difpofer à fon plaifir, & l'afferuir comme vn efcla.
les hommesue l'ayant achepté bien cher d'vn Efpagnol, & d'autat
& le feul
Lien pour les qu'il luy mentoit le plus fouuent, il getta l'anneau de-
s'ennuyent
LIVRE SECOND. 78
CHAP. I II I.
V iij
DES SORCIERS
fon fang. Et n'y a pas long temps, c'eft à dire l'an M.D.
gnent
LIVRE SECOND . 80
&
tiers Aduocat en parlement m'a dict qu'il auoit affi-
fté à l'inſtruction du procés d'vn sorcier marefchal de
bre riches, & pauures que les vns firent efchapper les
autres : en forte que cefte vermine à toufiours multi-
qu'il
LIVRE SECOND. 82
peur & foudain elle fut tranſportee auec ſes Pere &
hoc eft
ftrioportium,aut qui aneum portare dicitur, vbiftria,
concinant ,& conuincere nonpoterit, foluat folidos LX11 .
Roy
LIVRE SECOND. 83
fonnes & viandes, & tables, & demeura feul tout nud ,
gnic, elle dit, Dio benedetto che cosa e queſta? Dieu beniſt,
&
tions, & fouuent fans onction:tantoft fur vn bouc,
qui luy fift renoncer à Dieu, & àfa foy , & religion
promettant auec ferment d'eftre fidelle , & obeiffante
vou depuis, ce qui fut certifié & attefté par les Princes
ftre le plus grand Sorcier de fon aage , & d'au- 10.er 21.de
ciuit. Dei.
tant qu'il y en a quelques vns qui fe veulent preua- ThomasA
loir d'vn Concil national où Conciliabule d'Aqui- quin.in su-
lee, que nous auons remarqué cy deffus , i'ay bien ma, fecuda
fecunda, q.
voulu remarquer les Theologiens qui font d'ac- 95 .Artis .
peuples & natios,à fin que la verité foit mieux efclar- primapar-
tis.q.8.tit.
cie, & par tant d'exemples fi fouuent experimentez , de mira
m'a efté recite, eſtant fur les lieux , & depuys en-
cores par Saluert Preſident de Poitiers , qui fut
ele ne perfonne
, aux affiftans , & danfoyent à l'entour
- sh ... du Boue : puis vn chacun luy baifoit le derriere a-
oured vhe chandelle ardente : & cela faict , le bouc fe
DV RAVISSEMENT, OV ECTA-
CHAP. V.
E
que nous auons dict du transport des
Sorciers en corps , & ame , & les expe-
mons & sorciers , comme en cas pareil par toute l'E- 1.fapientiæ..
cholic,que peuple qui foit foubz le ciel, car ilz font 3.4.6.13 .
tous blons generalement , ou de poil de vache.Il faut 15.23.25 .
46.47.50.
donc que ceux la confeffen t leur ignoranc e . car Plu- 51.Ezechi
tarque efcript d'vn nommé Soleus, & Pline d'vn Herd 8.48 .
Daniel 11 ..
motime Clazomenien , & Herodote d'vn Philofo- Zach.c.2.
qu'il eftoit par ecftafe raui hors du corps quád il vou- Geneji.
loit, fans qu'il demeuraft aucun fentiment au corps .
que l'ame n'eft point rauie , & que c'eft vne viſion
tius, que fon pere fut plufieurs fois raui en telle ecſta
ou par maladie.
Aa ij
DES SORCIERS I
DE LA LYCANTHROPIE ET
fectz n'eft pas fi claire, que celle qui procede par les
1.In pofterio cauſes,ſin'eft elle pas moins certaine. Or la cofeffion
T
analyticis . de noftre ignorance, eft vne belle louange de Dieu
phete
LIVRE SECOND. 95
fort, l'vn pour Dieu, l'autre pour Zazel: & que le bouc,
quifera pris au fort pour Zazel, & fur lequel le facrifi
elle quand elle vouloit: & que cela luy continua tou-
par Eloy Gibier, & à Paris chez Pierre des Hayes , & à
gé qua-
LIVRE SECOND. 27
& depuis fe trouua en fon lict auec le traict qui luy fuc
arraché eftant rechangé en forme d'home, & le traict
cognu par celuy qui l'auoit tiré,le temps, & le lieu iu-
&
thon efcript,qu'il auoit toufiours penfe, que ce fuſt
' re,qu'ils onten Liuonie. C'eft que tous les ans fur la
fin du mois de Decembre ; il le trouue vn beliftret
fur les hommes & fur les troupeaux , & font mille
croire veu que tous les peuples de la terre, & toute l'a-
tiquité en demeure d'accord. Car non feulemet He-
gille.
Has herbas atque hæcponto mihi lecta venena
Ipfededit Maris,nafcunturplurimaponto.
His egofæpelupumfieri, fe condere syluis Marim.
miers Autheurs entre tous les Grecz, qui dit qu'en Ar-
cadic la lignée d'vn nomé Antæus paffe certain fleu--
fugit,nactúfquefilentia ruris,
Territus ipfe
fruftraque loqui conatur.
Exululat ,
ftoit ainfi chagé, & que cela eft encores ordinaire par
VII. & apres auoir difputé d'vne part & d'autre deuat
fembles rien ignorer, ont dit & laiffé par efcript , que
rōt les fées,les luytós les Dæmons & ceux qu'il appel-
Cc ij
DES SORCIER S
buzé que s'il vouloit fouftenir que les peintres & au-
rer les corps morts , & les rogeriufques aux os: ce que
que
LIVRE SECOND. ( 104
LCHAP. VIN
luy, & qu'elle ne voulut pas .l'ay auffi leu l'extrait des
gnic: & bvn d'eux qui l'auoit menée danfer la print, &
repen .
LIVRE SECOND. 108
fient aufli les enfans: qui eft l'vne des plus deteftables
mefchancetez , qu'on peut imaginer, & pour laquello
CHAP. VIII.
les autres , les vns plus mefchans que les autres , &
mes ,tantoft par les beftes .Bref toute la nature eft pre-
fte à venger l'iniure faicte à Dieu Mais le fondement
neray tout nud, Dicu m'a donné des biens, & les à re-
force, & allegreffe, & deux fois plus de biens qu'il n'a-
uoit eu :Et luy donna fept enfans mafles , & trois fil-
les, & le fift encores viure cent xlans en paix , & dou !
ceur de vie. Or cefte hiftoire eft bien fort confidera-
ble, & tout le difcours de Iob auec fes amis , & lare-
& fesAleaux par les mauuais :Et n'eſt pas moins necef-
que les loyers aux bos, & par ainfi quad la Loy dict:
Multi non dubitant magicis artibus elementa turbare, 1.1.4.de
Malefi. Co.
vitam infantium labefactare, & manibus accitis audent ven
1. Nullu eft C'est pourquoy Dieu parl ant de fes vengeances . ' 11
ment, & feulement fur le village, & fur tous ceux qui
raifon que les autres (qui eftoit peut eftre vne illufitó)
il fit venir fes bœufs, charrettes, & feruiteurs en plein
3. chap.54. Dieu en Iefaye , l'ay faict & formé Sathan pour rui-
faire feruir l'homme aux plus fales & ordes beſtes . Car
il est tout vulgaire que les Sorcieres font ordinaire-
fift ainfi qu'il confeffa, & autres chofes qu'il n'eſt be-
foin d'efcrire . Depuis il fut bruflé tout vif . Les
2.In
cinq Inquifiteurs des Sorciers recitent aussi que en- 2. malle
maleficaru.
tre autres,ils ont fait le procés à vne Sorciere , qui
confeffa auoir receu l'hoftie confacree en fon mou-
Gg
DES SORCIER S
l'an mil quatre cens vingt , lors que les Allemans s'a-
Sathan, & à qui le feruira mieux , & qui fera plus d'e-
uoir & preuenir les chofes futures, & qui font permis
& licites :Au fecód liure nous auos traicté des moyés
"
LES MOYENS LICI-
CELLERIES,
CHAPITRE PREMIER.
&
tees, & par les plus anciennes hiftoires on void que le
pays de l'Afie Mineur, la Grece , l'Italie, qui n'eftoient
5.in d.l.iteries & diuinations: car Vlpia ' quoy qu'il fuft Paye &
apud Labeo ennemy capital des Chreftiens, & quià compofe fept
§.fi quis a-
froldein- liures de la punition des Chreftiens : Neantmoins
iuriis.
auoit en horreur la Sorcellerie & toute diuination ,
le peuple
LIVRE TROISIES ME. 121
ceftes & parricides qu'il peut, tel que fut Neron . Car
les Sorciers & Diables luy faifoyent entendre , qu'il
point de plus recent, & qui foit aduenu plus pres d'i-
cy que d'vn Sorcier de Noyon, qui aftoit familier de
.
grád Dieu terrible & tout puiffant pronocé à bonne
intétio, & par celuy qui crait Dieu, chaffe les troupes
des
LIVRE TROISIES ME. 122
fent par tout , & auec telle impunité & licence que
uoir la langue percee d'vn fer chaud, & apres pendu &
eftran-
LIVRE TROISIES ME. 123
qui aura nommé Dieu par mefpris ,fera lapidé, qui eft
ples, que ceux qui auoiết eſté menez aux Sabbats par
deuant & apres les repas: & donner pour le moins vne
3 vier.ibi. ' Fernel en recite vn autre d'vn ieune enfant qui fut
Ab-
4.de - emporté en appellant le Diable.Voylaquant aux fa-
milles
LIVRE TROISIE SME. 124
pauperibus
LIVRE TROISIESME. 125
dinaire & qui eft vne idolatrie mefcháte: car c'eſt dō-
entiers
LIVRE TROISIES ME. 126
fe outre, & tient que Dieu a donné puiffance aux ma- Deutero . S
Ezech. 22.
lings efprits de chaftier & nuire le quatrieſme & la 23. Secretu
feptiefme nuict: & qu'il ſe faut bien garder d'offencer, & teſſeram
ny defaire œuure quelconque le Samedy , Mais il vocat inter
Deum &
rend vne raiſon d'Aftrologue, qui m'a femblé plus c- hominem .
Ii iij
DES SORCIERS
te & vn,il eft dict, que celuy qui ne fera purifié le troi-
Ti iij
DES SORCIERS
CHAP. ΙΙ .
pas
LIVRE TROISIESME. 128
qu'ils
LIVRE TROISIESME. 129
corps: & fur ce, qu'on luy dift, que c'eftoit elle qui l'a-
ficher des pointes entre les ongles des pieds & des
qu'elle fut bruflee on n'y à rie veu : Ce fut l'an mil cinq
cens trente cinq.Et par ainfi nous pouuons conclure
nerfertilité.
DESSORCIERS
CHAP . III.
le fut toute rauie, & ne luy fiſt aucu deplaifir. C'eſt, dit
vouloit,qui elt plus que fon pere n'auoit faict ; Il di & adfinem.
auffi que les efprits malings font puants, & le lieu pu-
ret Pape, & non pas sathan, come penfent fes mifera-
rables Sorciers: & neantmoins Silueftre fe repentit
que:
LIVRE TROISIESME. 135
lieu ,qu'ou luy bailla quafi pour neant l'an mil cinq
temps
LIVRE TROISIESME. 136
res n'euft efte que Coftantin leur dift, que Sathã ren-
doit toufiours les oracles à double fens, & que ce mot
Maymon
LIVRE TROISIESME. 137
qui tire apres foy la fciéce & les vertus morales , con-
force des Aftres ,fieffe que leur but eft de nourrir les
hommes en erreur & ignorance extreme , comme le
feul comble de tous malheurs . C'eft pourquoy ils co.
nent toufiours des bourdes & menteries àleurs ferui-
LXXVIII . quia cfté des plus belles qui fut dix ans
refpons que tous ceux qui ont efcript & faict le pro-
cés aux Sorciers , tiennent pour maxime indubita-
ble, que toutes les foupleffes & tours de paſſe à paſſe,
Troif
-cfchelles, qui dit à vnCuré deuat fes parroiffies,
Voyez ceft hyppocrite qui fait femblant de portervn
breuiaire, & porte vn ieu de cartes , Le Curé voulant
moftrer que c'eftoit vn breuiaire, trouua que c'eftoit
CHAP. IIII.
ble,traduire ainsi,
fait. le tiens auffi de bon lieu quad fon petit fils eftoit
malade à l'extremité, on demanda lors à vn Sorcier
habiles les vns que les autres . Bien toft apres les Sor-
ciers vindrent, & quelque bonne efperance de gua-
confeil de ne rien dire : & qui plus eft il leur ofte les
fers des pieds & des mains, ce que i'auois leu en Phi-
Pouriamaisfe retire?
Conclus donc en l'entendement,'
N'aucunepefte cheminant,
cast Lors qu'en tenebres
ſommes:
Nepourra nulleplaye. !
Car ilafait commandement,
De teguarderfoigneusement
due .Vray eft que les afflictions des iuftes font bien ra
res, car qui eft femblable à Iob ? qui eft celuy qu'o peut
& que par ce moyé les offences foyent punies, & que
CHAP. V
L.eorum ,de perftitieux, & de ceft aduis font auffi les, Canoniftes,
malefi. C. & mefmement Hoftienfe, Panorme, & GoffredHun-
Raymodus
de Villa No bertin, & autres : & quelques Theologiens come l'E-
general
LIVRE TROISIESME. 145
Oo iij
DES SORCIERSIJ
ont publié par loix & par edits qu'il eft licité par telles
feuil des portes pour ofter les images de cire, & au-
tres
LIVRE TROISIES ME. 148
les petis enfans , & les font paffer par le feu, pour les
preferuer de mal qui eft vne abomination des Amor.
fi
uocation du Diable. Les autres Sorciers ne font pas
impudes, mais plus ruzez & plus mefchans: car ils par
fait elle ſe miſt au pied du lict ,la face cótre terre ioin-
gnat les mains , & appellant le grand Diable à haute
Mais depuis elle n'a efté veuë par deça . On void cui-
PP
DES SORCIERS
auoit cfté cinq ou fix ans malade , & eftropiat : & que
Le pere refpond qu'ily auoit cinq ans & plus qu'il n'a
Pp ij
DES SORCIERS !!
voidAutholycus guery
. du flux de fag par parolles.Et
que Dieu, qui efface les pechez, quifoit noftre falur &
& les ayat veu ietter des poudres aux maiſõs, & fur les
bleds difans ces mots,Malediction fur ces fruits, ma-
bles: Et faut croire que file Roy, qui eftoit d'vne for
te complexion & robufte, cuft faict brufler ce maiſtre
eft qu'on peut dire que c'eftoit pour accufer les copli
fonne
LIVRE TROISIESME. 152
126 q. met . Thomas d'Aqui paffe plus outre: car il tiết queto⁹
97ca admo
neant. remedes & preferuatifs qui ne peuuet par raifon vray
6.in can. auffi le texte formel du cano ,á fin qu'o ne s'arrefte pas
admoneant
26.9.7.0 àl'opiniõde l'Efcot, nyd'Hoftiefe , ou il dit vana vanis
quis
cia ria s. 23. qui ne fot poïct illicites: qui cft chofe impofible: &par
persor
9.1. ainfi la fuperftitio Payene de ceux qui chaffoiết les ef-
prits en prenat certain legume en la bouche, que ie ne
fer les enfas par le feu.Moyfe Maymo, qui eft entre les
de faire paffer leurs enfans parla flamme ,eftans fortis 4.Reg. lib.
du ventre: & auoyent opinion que cela les garatiffoit 23. Pa-
de beaucoup de calamitez , & mefmes il dit auoir veu ralip.li.2.c.
28.
033.7
' en Egypte que les nourriffes gardoyét écores cefte Lib. 3. Ne-
s'il eft ainfi que Dieu ait en horreur cefte fuperftition, quina.
combien penfons nous qu'il detefte les charmes & re-
medes contre les malefices, defquels on vfe ? On peut
Qq ij
DES SORCIERS
Qq iij ,
DES SORCIERS
eſtre fols ſeulemét, & qui riet & fautent fans propos:
eftre affiegé d'vn malin eſprit, & deliuré par iceluy : &
à dire vray,fi la folie de l'homme ne prouient de ma-
me-là ſoit liuré à Sathan, à fin que fon efprit foit fau-
duire
LIVRE TROISIESME. 158
car il s'en eft trouué de cefte opinion , qui ont dit que
tal ne coufte que trois efcuz fur les lieux : Il eft figuré
& poly par nature d'vne beauté que tous les artiſans
voir que c'eftoit: auffi toft l'efprit luy fit voler fon
qui
LIVRE TROISIES ME. 161
permet aux vns & aux autres,cela ce peut faire: & d'en-
cores qu'il fuft fans lettres : & difoit à fon pere qu'il
oftaft le collier de l'ordre de fon col, & l'efprit inter-
fruit.
LIVRE TROISIESME. 162
6.Deut.ca.
12 . C'est pourquoy la Loy de Dieu ' commande expref-
fément de rafer les Temples ou les Payens faifoyent
Vier ' recite qu'ila veu vne fille demoniaque en Alle- 8.Lib.5.ca.
14. .
maigne : Et fur ce qu'vn certain exorcifte l'interro-
inuiti videntur
facere,& fimulantfe coactos vi exorcifmo
rum, quosfingunt in nomine Trinitatis , cófque tradunt ho-
,
DE L'INQVISITION
DES SORCIERS,
CHAPITRE PREMIER.
Tt
DES SORCIERSVI
tous les pechez qui tirent leur peine apres eux , com-
tes, & que la veüe au doigt & à l'œil ne s'en peut ayſé-
nes d'vn crime fi deteſtable, & qui tire apres foy tou-
ainfi qu'on fait aux volleurs, & n'en faut qu'vn pour
en accufer vne infinité. Cela fut verifié foubz le Roy
1. nullu dete d'autant que les vns craignent , & les autres ne veulet
ftib.l.fiquis
inhocde E- pas s'ingerer d'en faire éux mefmes la recherche , il
pif
. cle- cft bichbefoing que les Procureurs du Roy , & fub-
rick.c. ftitutsfe facent parties: quieft le fecond moyen : Car
n cer
Il faut donc comme par chofes legeres & dignes
-
uons parlé cy deuant. On enuoya à Verberi expreffe
e
ment pays de fa naiffanc , & il fe trouua qu'elle auoit
n e e
eſté condam d'eftre bruflee plus de trente ans au-
er fa fille lors bien fort ieu-
parauat, & Leanne Heruilli
nee au foüet .
ne condam Car il n'y a rien plus ordi-
t
naire que les meres feduifen leurs filles , & les de-
s
font craignan eftre accufées , quand elles fe voyent
rt e s o oy elles ont
defcouue , & fçauoir l'occafi pourqu
•
fement à
changé de lieu , & prendre garde foigneu
: en t
leur vifage car telles gens n'oferoi regarder les
s
perfonne
LIVRE QVATRIESME. 170
bits & leur faire razer tout le poil, & alors les interro-
queſtion,
LIVRE TROISIESME. 1711
les ongles & la chair des pieds, & des mains: qui eft la
veut rien dire,il luy faut faire croire que fes compai-
gypte
LIVRE QVATRIES ME. 172
que Sará ne dift pas la verité, eſt bie friuolle . Car men-
tiri eft contra mentem ire, comme difoit Nigidius Figu
СНАР. II.
ptions plus grandes les vnes que les autres , & non
pas preuues indubitables . Quant à la verité du fait
l'accufé s'en fut rapporté à leur dire . Car ils font re-
prochables de droict , lequel droict doibt eſtre ſup-
plée par le Iuge. Auffi eft telle preuue plus forte que
la con-
LIVRE QVATRIESME. 173
Stephanus Ber- uable . Et par ainfi quand les poifons & Sortileges
trandi confils font trouues fur la Sorciere , qui en eft faifie , ou en
337. de arbi-
trys.coll.9.4- fon Cabinet, ou coffre,ou qu'on la trouue foüyr fous
lexand . confil, l'effucil d'vne eftable , & que la fe trouuent les poi-
63.lib.3.1afon.
confil.21.collat, fons qu'on luy a veu mettre, & le beftail mourir, on
2.lib.x.
peut dire au cas qui s'offre que c'eft vn faict euident
4. comme dict
La gloffein l.1 . & permanent :Si on trouue celle qui eft accufee d'eftre
tabulis exhibe- crime qui s'offre , font faicts permanens.en cas pa-
dis.ff. Balde reil ,fi on trouuue la Sorciere ou fufpecte d'eftre tel-
plus
LIVRE QVATRIESME ... 175
Ateurs appellent Conteftes , & plus encores fila Sorcie - bonorum pof-
re en prefence du luge & autres faict quelque inuo-feßionib. inne.
incap.qualiter
cation à Sathan: c'eft notorieté de faict, & telle preu deaccufat.De.
ue eft des plus fortes pour eftre procede à la condam- cius in l.qua
extrinfecus ,de
natio . Et fila confeffion de l'acufée eft concurrente verbo . obligat.
& que la forme des anciens , d'abſoufdre l'accufé fi la 6.4. qui accu-
preuue n'eft claire & entiere de tout point eft abolie . Sure,de accufat.
C.l.fi autem de
Mais nous dirons par cy apres des peines , quand i'ay probatio.ff.
1.actor
bat ioni,.depro-
C. & puis les hommes ou le beftiail y foit mort. L'au-
in l.x.de tefta- tre depofe que le mefme Sorcier ayant touché quel-
an vero
de ede , nu.3 . fent pour prouuer l'vfure, ou la concuffion, ou l'adul-
ndo,
ibi latè afon . tere, à plus forte raifon doyuent fuffire,pour le crime
fub §. Pretor. le plus deteftable & le plus couuert qui foit de tous
Alexă.
nu.18.
cofil. vifa. les crimes qu'on peut imaginer. Et non feulement
Alexa,
89.
per totum.lib.2 telle preuue eft fuffifante comme les Docteurs alle-
Decius Confil.
577. vifo.nu. guez en font d'accord : ains auffi Bartole ' paſſe plus
12.Socinus con- oultre . Car il eft d'aduis en crimes fi occultes que la
peine
LIVRE QVATRIESME. 176 2.Innocetius in
cap.qualiter ,de
peine iufques à la mort exclufiuement.Et non feule- accufat.Immo-
ment les docteurs en droict Ciuil, ains auffi les Cano- la . in cap. cum
2
niftes font de meſmes aduis , & entre les Papes, le cufationib
de. a-
plus grand Iurifconfulte Innocence 1111. Et la rai-3 . Bald. in ru-
bricadecontro
fon eft pertinente , d'autant que les tefmoings s'ac- uerf. inueftitu
cordent au cas vniuerfel , & crime general, en forra,de vfib.feu-
te que la fingularité n'eft pas incompatible ny re- dorum , & in
authentica ro-
pugnante, ains elle ayde & conforte la preuue . Cegati.c . dete-
3 Aib. & in l. de
que Balde appelle fingularité adminiculatiue , qui
eft bien different e de la fingularité contradictoire & quibus,collan
tepenultim.
repugnante à foy- mefmes , qu'il appelle obftatiue, Curtius intra-
Etatu de teftib...
quand vn tefmoing deftruict la preuue de l'autre, concluf.46 .
d'vn adultere , l'autre d'vn larcin : cela fait bien preuue nu.3 . Dect. in-
d'vn homme fcelere : mais non pas qu'il foit prouué cabinte
cap.vlt.defuc-
..
DES SORCIERS
canon ' pratiqué pour ce regard , iaçoit que la loy le cum te, de
tiet pour infame,fi eft ce que le tefmoing codamné fentent's
indicata. re
gemet n'eft confirmé comme dict la loy , & toutes- qui notantur
infamia.ff.
fois le luge ne doibt appliquer à la queftion pour vn 8.Iacob. Butri-
tefmoing infame de faict encores qu'il ne foit con-gar. Bartol.
dáné: mais bien fice tefmoing eft aydé d'autres tef- Cuneus in l.
moings, ou de prefompons violentes, autrement il furti,de iis qui
notantur infa-
32.9.5. & Empereurs ont aduifé que les plus grades mefchá.
cetés demeuroyent impunies fi cela n'auoit lieu:
5. Lex eo. de te-
fib.ff.Nouella Et pour cefte caufe ils ont fagement pourueus , à ce
Leonis Philofo- que les crimes fuflent teftifiez par toutes perfonnes,
phi.48.
& la raiſon eft peremptoire . Car es actes legitimes
on a moyen de prendre des tefmoings tels qu'on
1. Ita
ratus, l. A- grande receuoir les perfonnes infames de faict & de
advulne-
quil.ff. droict en tefmoignage contre les Sorciers , pourucu
roue: & iaçoit qu'il declaraſt qu'il mouroit innocet, in cap.funt ca.
veniens c. per-
comme ils font presque tous, & voulát blafphemer Jonas de teftib.
3.1. parentes de fang ' :mais ceftuy cy eft fingulier.Et faut ouyr la fille
seftib.c.
contre la mere en ce crime de Sorcellerie , par ce qu'il
o . Doft. in di- menee, & file pere & le fils en crime de lefe Maiefté
Eta l.Paretes, et
inleg.quifquis, font receus à telmoigner & accufer l'vn l'autre, & mef
ad legem iulia mes fi les loix decernent loyer à qui tue fon pere,
maieftatis . C. venant pour ruiner fa patrie (comme la loy dit que
4.l.minime, de
Teligiofis.ff. tous font d'accord en ce point la pourquoy ne fe-
ront ils receus l'vn contre l'autre en vn crime de lefe
ple auoit faict le veau d'or , ceux , dit- il, qui font du
party de Dieu, qu'ils s'aprochet de moy ;les Leuites fe
dre les armes, & tuer chacun fon frere & fon pro-
chain,qui auoyent idolatré apres le veau d'or. Ce qu
'
tre la defence à eux faicte:combien eft plus deplai- Baldus & sa-
licet in .nota--
fant à Dieu d'adorer le Diable. Il ne faut donc pas bili.C.de reftas-
s'arrefter aux voyes ordinaires qui defendent d'ouyr ment. vbi pro-
9.c. teftimoniu ce qu'en ce crime, il fera receu auec d'autres , s'il n'a
can.fi
de teftib.can haine capitale contre l'accufé.Et iaçoit que l'Aduo.
facras,90.dift.
Bald. Salic. cat & le Procureur ne puiffent , & ne deuoient eſtre
in l.fi ex falfis, contraints de depofer au faict de leurs parties :fi eft-
de tranfaction.
1 Ex l.manda- ce qu'ils doyuent eftre contraints en ce crime icy,
tis,deteftib
C.R ; combien que plufieurs ont tenu qu'ils peuuent eftre
ff
omana cod.
ita indica- contraints de repofer fur le faict de leurs parties ce
partie. Et n'y fait rien que on * n'eft pas receuable d'al- tearis, de reus-
leguer & defcouurir la turpitude : Car cela s'entend candis donatio-
nib.c. in l.
contre ceux qui en veulent tirer prouffit , & non pas fi creditorib . de
contre eux mefmes quand ils s'accufent les vns les au- ferue pignori.
tres .Vray eft que tout ce qui eft, & qu'on peut dire les C.
DE LA CONFESSION VO.
CHAP. 111.
faut pas ouyr encores que la loy les excufe, & que Pla-
tendu en fon eftat de diuifer les faicts en faifant l'in- 2.lib.2.cap. 55.
anno
terrogatoire.Et ne faut pas s'arreſter à l'opinion de Etob.2 1554.
7. 0-
ceux qui tiennent , que le luge les ayant faict pofés 3. qui iuraffe.
9.penult.de iu-
par l'accufateur,y adioufte que la confeffion fera pri- reiurando
ende &
fe comme eftant faicte hors iugement . Ce qui n'a cap. ad hoc , de
n'eft point fur les faicts articulés , & neantmoins elle turiſdict.ff.
eft plus forte que fi elle eftoit fur les interrogatoires s.l.fifine §.1.
comme dict la loy . Et en matiere criminelle , &
de Interroga-
mefmement en ce crime de Sorcellerie la voye ordi- tory's actio.
8.1 .fiquis in vue chofe fauffe ou qu'il denie ' chofe vraye il n'eft
&
Lure . 1. de pas fi coulpable que celuy qui refpond par ambages.
atate.de inter-
rogatoriis. ff. Car en ce cas il faut tenir pour confefflé ' la refponce
quis ins dicen- cede d'vn telmoing qui doibt eftre contrainct ' par.
a
ventre infpi amédes & prifons à depofer: & neantmoins le luge
1.1.1.9.18
de
doibt eftre bien poifee par vn Iuge fage entendu.Et fi quis vltro.
de quæftio.ff.
ne faut pas prendre la Loy premiere de Confeßis , pour 6.1.1 . §.diuus,
les autres crimes qui emportent peine capitale: que dequeftio ff.
celuy qui eſt confeffé , foit tenu pour condamné, 7.arg.l. exins
l.
cendio,
s'il n'appert d'autres prefomptions fuffifantes , & padius de in-
comme dit la Loy , Si nulla probatio religionem iudi- cendio.
8.1 3. quorum.
cantis inftruat: & mefmement fi la confeflion eft fai- appellat.nonre-
&
te en la torture , ou eftant prefenté à la torture: cipiuntur. C.I..
item apud.§.
carla Loy tient telle confeffion faicte au pied de la adiicitur verf.
&.
torture femblable à celle qui eft faicte en la tortu- quæftionem.
9.1.metu autě .
re. D'autant que la peur du tourment eſt vn tour- de eo quod me-
ment.Et en matiere des Sorciers qui ont paction ex- tusff.
preffe auec le Diable , & qui confeffent auoir efté 4.qui femen-
tiam ,de pænis..
aux aſſemblees , & autres mefchancetez , qu'on ne c.azoin fum--
ment s'il eft foupçoné, & tenu pour tel, encores qu'il
ble, cela eſt faux: car ce qui eft impoffible par natu-
9.linde Nera- leur moyen : Il eft donc poffible . Et par ainfi quand
tius ad l . A on dit que la confefsion pour y adioufter foy doibt
quil.ff.c.final.
de confeff.li.6 . porter chofes qui foit pofsible, & veritable : & qu'el-
Bald.in l..de le ne peut
eftre veritable fi elle n'eft pofsible ; & que
confeßis.C.
rien
LIVRE QVATRIES ME. 184
minorib. Ale rent accuſez par vn tiers qui eftoit conucincu d'eftre
xăd, confil. 22
verfu praterea Sorcier , Lemary diſt qu'il auoit eſté aux aſſemblees
ponius .§. 1. fon mari y auoit efté . La difficulté fut fi on deuoit pré
ibi.safe. col.2.
de acquir. pof- dre la confeffion du mary à la defcharge fans la diui-
· fefeff. Bald. in fer , comme plufieurs docteurs ' font d'aduis qu'il
&tionib. a
had faut prendre la confeffion entiere tant à la charge co
fuft portée parvn article ou plufieurs . Et leur raifon 4.in hoe indi-
cio.famil, her-
principale eft que le ferment eft indiuiduel , qui eft cfcun.Bald. et
vne raiſon bien froide. Car par mefme moyen cin, Florentin.ibid.
per l. Cornelia,
quanteftipulations en vn contract, quine porte que de iure
patro-
vn ferment , feroyent prifes pour vne ftipulation . nat.Bald . in
l.z.dere iudic.
Chofe notoirement faulfe & abfurde , attendu qu'il
C. Felin.in c.cu
ya autant de ftipulations que de claufes: & autant de inter primafal
len.de re iudi-
fentences que de chefs, qui peuuent fe diuifer * en ap- cata,
pellant d'vn chef & laiffant l'autre : & en cas pareils . exl.perfect
.AccurfAn
ne cefte queſtion fuft difputee & refolüe, que la con- ibi
fçauoir s'il faut prendre toute la confeffion pour ve- quid iniurifi
ritable,tant ce qui fait à la charge comme à la def dixiffe probare
potes.fides veri
charge de l'accufé. Car il femble que c'est le cas au- a calumnia te
quel on doibt prendre toute la depofition , ou la reie- vindicabit. ide
in l.1. de ficu-
ter du tour,comme en cas femblablele Iurifconfulte
rys.C.
A Aa
DES SORCIERS
ftrenfis confil. foit que fon mary ny auoit efté que cefte fois la. Mais
2.69 .2. il n'eltoit pas excufable attendu qu'il enduroit que fa
finelib
Stephanu s Ber-
8. Dat.in.l. Cela eft vulgaire .A plus forte raifon celuy eft coul
quifquis, ad l.
Tulram maieft. pable qui a fçeu le crime de lefe Maiefté diuine &
C.
humaine , & la plus deteftable qui peut eftre, & la re-
1.cap.v
de vlt. cele.
ergetis,
hæret.I. Nous dirons cy apres fi ceftuy la doibr eftre
ption pour la torture . Et qui plus eft,la plufpart ' des lim, de refcrip-
tis.Corneus co-
Canoniftes tient que la confefsion extraiudiciaire nefil.128. lib . 1.
de confeffis.ff.ou il dit que celuy n'eft pas iugé quia co inlinbona fi-
dei, de Iurein-
feffé en l'abfence de partie aduerſe : mais ce n'eft pas rande.c.
6.l.ita vulne- comme dict la loy : & faire tellement que l'iniquité
A-
ratus,adl. - & abfurdité de loy foit oftée ' .& mefmement au faict
guiliam.ff.
7.1.Salmius , de des Sorciers ou la preuue eft fi obfcure, & les mefcha-
CHAP .
LIVRE QVATRIESME. 187
CHA P. IIII.
derniere elle peut eftre fondee en droit, & qui eft plus
lomon donna foniugement fur le debat de deux me- capper tuas ,de
condi . appofit.
res qui debattoient pour auoir l'enfant . Et Claude quisadulte-
l'Empereur qui commanda à la mere d'efpoufer ce- rij.de adult.C.
Sinc. afferte,
luy qu'elle ne vouloit recognoiftre pour enfant , de prefumptia .
luy qui eft tué. Mais les prefomptions qui font de licet, de liberis
droict ' , & articulees au droict,font fondees fur vnepræteritis. C...
de
donareuocand.
t.nu .133. du payement * eft receuë , iaçoit qu'il n'ait voulu iu-
C. rer auoir payé,n'y referer le ferment , d'autant qu'il
3. Doct.in l. ma pouuoit auoir oublié s'il auoit payé ou non : & ne
nifefta turpi-
tud. de reinfçauoit s'il auoit la quittance :Mais il ne faut pas pren-
rado ff. Panor. dre pour vne prefomption du droict les efbouiffe.
mt.inc.afferte ments des yeux que font les sorciers , & les miracles
de prafumptio.
inc.quanto, contre nature :car la Loy de Dieu met cefte preuue
eod. pour certaine &indubitable, (Tu ne laifferas point vi-
4.in cap.qnan.
to, de prefum- ure celle qui charme les yeux ) chofe dont elles ne le
prio. Iohan . de cachent point. Car la Loy de Dieu tient pour tout
Graßis in d.ca.
quanto. Et Cy- certain & indubitable , que tous ceux-là qui char-
nusin authen- ment, ont paction auec Sathan:faifans chofes contre
Co-
Bica,fed
dem donat. le cours de nature .Si donc pour venir aux prefom-
de id,
ante nupt. c. ptions des Sorciers , on trouue les enfans tuez en la
5.1. in
thent. a main de la mere , encores qu'il n'y euft autre qu'elle
de aqua-
litatedotis. à la maiſon , il ne faut pas prefumer qu'elle ait com-
mis
LIVRE QVATRIESME. 188
preuue bien euidente, par laquelle elle foit conucin- penult.§.de uno
de ritu nupt . l.
cue du parricide:Mais fi elle à le bruit d'eftre Sorcie- creationibus.de
re,il eft à prefumer qu'elle eft parricide de fes pro- Epifcopali au-
diential.buma
pres enfans , fi elle n'eft iuftifice par preuues au con- nitatis,de im-
traire. Il eft aduenu à Cœuures le deuxiefme iour de puberum & a-
Feurier,mil cinq cens feptáte & huict , que Catherine lus fubftitutio..
C.
Daree couppa la gorge à deux filles : I'vne qui eftoit
Deciusin
libra rius,del.fifuffira
re. pour la prefomption violente, &pour l'infamic
gul , Capola de faict.Car fi la loy ' veut que la femme accufee de
cofil.21.col.4.
Curfius fenior paillardife & abfoulte demeure norée toute fa vie,
confil.55.Ale- combien plus doibt on eftimer celle eftre notée &
in ca.t.depre- d'eftre Sorciere, qu'elle eft telle , & qui fuffit pour la
fumptionib. codamner à la queftion auec quelques indices ioints
1.1.Pala §.que
in adulteri. de au br uict comun,jaçoit que l'ordonnance de Louys
Et ne
1892. Ioan, Andr.
LIVRE QVATRIESME.
in add.ad Spe-
Et ne fautpas auffi appliqr à la torture pour vn bruit cul. tit . depro-
comun és autres crimes de droit.Et en cela tous les bation.. vide-
dum, verf. 13.
docteurs prefque en demeuret d'accord, jaçoit que Bald. in l.mili-
par couftume de Mantoüe la cómune renomee fuffit tes,de queftio-
nib . Cynusin
de quatre tefmoings, qui depofent l'auoir ouy dire final.eod . C.
cōdemnatio, mais ordoner qu'il en fera plus ample- um, coll.5. vers.
alterius,de qua-
ment enquis, & ce pendat luy faire ouuerture des pri- ftionib.Feli in c.
rondelles, il tue les petits & les foule aux pieds : &fur
ce qu'on l'accufoit de cruauté,il y a, dit-il, trop long
8.de fera numi, temps qu'elles ne font que me reprocher que i'ay tué
nis vindict. mon pere: ainfi que Plutarque 8. recite: & fur cela on le
à fon feruice, fitoft qu'ils font nés: comme i'en ay re- Alexand.con
fil.77.lib.1.so-
marqué des exemples . Et n'y a pas long temps que in.conf.15.1.1.
reil Barbe doré qui fut auffi bruflee, & les Sorcieres de
Longny en Potez, & les Sorcieres de Valeri en Sa-
1. quid ergo quand le crime a efté faict, ou qui a efté trouué pres
ad Syllanian
I. Bartol. inl. . de l'acte ', & crime perpetré. Nous en auons les hiſtoi
fur defurtisff. res recentes mefmement de Cazal en Piedmont , ou
l'on
LIVRE QVATRIES ME. 191
là pres de fept ans , ou plufieurs moururent . Nous li- Litem apud La.
beonem. §. ad-
fons vne femblable hiftoire de cent feptante Sorcie- duxiffe,de iniu-
quand celle qui eft foupçonée a accouftumé d'e me- li bi qui adul-
ter de adult. C.
nacer * . Carle naturel des femmes impotent brufle losi vero non,mă.
ff.3.de ro-
d'vn appetit de vangeance incroyable, & ne peut te- dati,
deuant qu'il mouruft,il auoit dit que l'annee ne paf- deferuis fug.t-
uis ,C. Felin. in
feroit pas qu'il ne fechaft comme vn bafton : & de fait l.cumoperier de
3.1. de minore, qui fuffiroit en tous autres crimes ' , & en ceftuy-cy
tormenta , de
question menace eft encores plus violente : Et la confef
quaftio.An- telle
gel.Aretin. in fion hors iugement és autres crimes fuffift à la tor-
fua inquifitio.
in gloff.fuper ture : En ceſtuy - cy , elle ſuffiſt à la condemnation,
verbo comparet .comme en cas pareil , file coulpable à demandé
s.cap.
bilis venera- icy fi deteftable il fuffift pour la condemnation à la
deelect.
D.in c. exhibi- peine , qui fera reiglee felon la qualité des perfon .
ta,de homicid. nes. Car tous les Docteurs & practiciens demeurent
Toan.And. Ho
frien.Butri.Ca r d'accord ' que l'accufé eft conueincu , s'il à requis par-
& alij D.in l. font indice, & prefomption violente contre les Sor-
quoniam ,de in-
fam . Alexand ciers,pour les appliquer à la queftion . Oril faut que
Socin. com- le iugement de ce crime fi deteftable foit traicté ex-
Lierum.c.cu di fe majesté Diuine & humaine, & qui comprend ' tous
lectus , de con-
faguinitat . les autres crimes qu'on peut imaginer. Car combien
que le
LIVRE QVATRIES ME . 192
auec terreur, & qu'on y applique les autres: & non pas de Marfil.in l.
les vieilles Sorcieres endurcies & opiniaftres en leur repetit colla. 4.
de quæft.vide..
meſchäceté.Et fi apres qu'on aura tiré la verité de ce- fup.ca.s.lib. 4.-
iuffores.nu . 17. cteurs font d'accord és autres crimes qu'on peut ap-
Licet verba le-
gis,mariti , de pliquer à la queſtion fur la depofition d'vn feul tef
lexand. lib . 3. femme aux affemblees des Sorciers , & qu'elle denye ,
confil.60 . Af-
flictus in con- elle doit eftre appliquee à la torture , fi elle n'alle.
fuetud .Neap gue hayne capitalle, ou parjure du mary . Car ces
li.z.denox.cap.
1. teftimonium , deux points de reproche font toufiours receua-
fumer ' , puis qu'il c'eft repenti , & qu'il a inuoqué 6.ex. l. vlt. ad
7.Vide Bald . in voir ficeluy qui meurt parle pour fe venger,' & s'en-
tit.depace co- querir diligement s'il a eu inimitié contre ceux qu'il
oldrat. confil. lors qu'elle fut fur le point d'eftre bruflee, on luy de-
1.92 . vifo. Hi-
pol. Marfil.in máda fivne Damoyfelle,qu'elle auoit accufee , en ce-
fequent l.fi pastis, tuportaues lo topin dans les pofons? C'eft à dire, ne
.Lati
Bartol.in
quis ingraui § . fçais tu pas que la derniere fois que nous fifmes la dã-
dre des fouliers neufs greffés d'oing de porc aux ieu- penult.
nes enfans , qui vont àleglife ,de laquelle les Sorcie . cap.praterea,
cum glo.ext.de
res ne peuuet fortir,s'il ne plaift à ceux qui ont les fou teftib.Panorm .
liers: ou bie de lier les deux pieds & mains à la Sorcic-inc .venerabi-
lis.col. z.eod. l.
re, & la mettre doucemet fur l'eau: & fi elle eft Sorcie-fi quiadulte-
ritas melius ha eſté faifi de crapaux nourris en pots , ou autre lieu fe-
beri poteft ex
Bartolo. in l. cret , & neantmoins que le Sorcier n'ait menacé
per-
sta §.mulier . et tres peines . Difons donc de la peine des Sorciers qui
ibi. Bartol . de doibt eftre aggrauce, ou moderee pour la grandeur
fundo inftructo.
ff
. de la preuue, & des forfaicts .
DE LA PEINE QUE ME
ritent les Sorciers..
CHA P. V.
quoy il eft comandé aux Iugés quad ils auroyet faict 2.Doute.ca:233.
4. Deuter. cap. autres , come il eft dit en la Loy de Dieu , que les au-
15.0 19. tres ayant veu la punition , craignent d'offencer. Le
que le
LIVRE QVATRIESME . 197
que peine qu'on luy face fouffrir, s'il ne s'en repent : &
tray les mots de la loy ' de Dieu, qui faict bien à noter r.zeif.24 .
יהוה מות יומת- ון קב שם: איש איש כי יקלל אלהיו ונשא הטאו C'est pour-
tous Dieux , & aux anges. Car il femble que Dieu veut
tention : & qui fonde les cœurs & voluntés des hom-
& les plus dereftables font vne folle & mettent la face
ainfi faict mourir quarante & vn.Le fixieſme crime Lefixieſine vi-
me.
paffe encores plus outre : car les Sorciers ne fe conten-
ner.Le feptiefme & le plus ordinaire eft , que les Sor- septiefme crime
ainfi appellé doit faire lapider celuy qui l'a voulu de-
baucher.L'huictiefme crime eft,d'appeller & iurer par L'buitieſme
Orefuo rupit,
pendentia corpora carpfit,
met au cœur des hommes pour les faire tuer, & man-
ger les vns les autres , & ruiner le genre humain . En-
DD d iij ,
' DES SORCIERS ,
2.1.1. de male- comme nous dirons tantoft , & encores plus grief
fic.Cod. de faire mourir par Sortilege ' que par poifon . Gra-
nous auons dit ſoit miſe à mort, ains auffi celuy qui
1.l.nemo arus demande ' confeil aux Sorcieres, que la loy abhomi-
fpice,de malefi.
Cod. nefi fort qu'elle appelle tantoft telles gens , hoftes fa-
2.l.vlt.eod. lutis communis ,tantoft obfacinorum magnitudinem , ma ‹
3.d.l.nemo, eod.
4.l.multi, eod . leficos , tantoſtperegrinos natura, bos tanquam * naturæ pe-
proceder
LIVRE QVATRIES ME. 201
qui les baillent, & non pas ceux qui les prennent par
ignorace , foyet pourfuyuis en Iuftice . Car ce font
mains, & quant à la loy qui dict , actore non probante bli.iudic.ff.
EEc ij
DES SORCIERS .
6.in l. quicun-
que, le feruisfure abfoluitur. Cela eft vray: mais la preuue n'eft pas feu-
gitiniscoll. l. lement celle qui eft neceffaire , ains auffi celle qui ap
verfu , & nota
otano.in proche de la preuue indubitable , meſmement des
tance::
LIVRE QVATRIESME. 203
quando,
le bruit d'eftre Sorciere,telles prefomptios font tref 3.Albertus
violétes & vrgétes : ou bien fi autrefois elle a efté re- Gandi.in tra-
&at.malefiti-
priſe de Iuftice,& nó iuftifice :c'eft vne prefomption tulo depr pra-
bien fort vrgente: ou bien fi on la veuë fortir de l'efta- fumptio . coll.3.
codemnatio des peines fufdictes: & iufques à la mort non eft verifimi-
le quod metus.
exclufiuemét . C'est la regle que no deuos tenir, oftat f. in l.eius.
la peine de mort, & adoucir la rigueur des loix, quad inS..de teftam.et
l.fciat cuncti
pas s'arrefter
on procede par prefomption . Et ne faut deprobatio.Cod
à ceux qui difent ' qu'il ne faut condáner à peine cor- adfinem, verſu
6.vbi etia Ca-
porelle par prefomptios pour violétes qu'elles foyet : reis:Bal.inl..
& ceux qui font de ceft aduis ont fuiuy l'opinió d'Al- fugitiui,col.2 .
bert Gandin : & mefmemet de Paul de Caftre : lequel& ibi Capolade
collvle lib. 2. payer , il doibt eftre puny corporellement par les loix
Alexand. in l.diuines & humaines . Et s'ils iugent que les prefom-
1.coll. 8. verfu
·
ad vnu,fi cert.
ptions violentes meritent peine , pourquoy font ils
petatur ff .& doubte de proceder à la punition corporelle , meſ-
confil. 15. viso
proceffu.coll. 2. mement quand l'enormité du crime y eft ? Les luges
lib. confil. & Parlemens de ce Royaume n'ont pas fuyuy les o-
115.incaufa ,li.
3. confil. 2. pinions des Docteurs Italiens. Car ils procedent à la
6.lib.1.§.gene pres fi enormes, que celuy dont eft queſtion . I'ay co-
raliter , depœ-
nis.ff.l.fi quis, gneu vn Gentil - homme, que ie ne nommeray point
fon
LIVRE QVATRIESME. 204
de droict puis que l'edict eft faict: & l'edict eft faict
pour cefte caufe ie fus d'aduis que vne de Mufet pres Caredicebat
nullam legem
soiffons fuft códánée à mort, ayát celé fa groffeffe , &
fatis commoda
fa deliuráce, & enterré fon enfant en vn iardin le mois omnib.eſſe.
de Mars l'an M. D.LXXVIII.Et en ce cas beaucoup 9.l.fi qui adul
tery , de adult
moindre ceux qui ont efté accufés d'adultere, puis ab- cod .
ption humaine de ceux qui ont fait la loy fur telles the in fingul.
prefomptios , & qui plus eft,d'vn faict prefent la loy 116.
qui.
LIVRE QVATRIESM E. 206
qui eftvne violente poifon, & de tefte de corbeaux & feruos fine,
de cri. public.
autres ordures & auec autres prefomptions & infor cod. Lucas Pe-
' en ces termes,nifi ipfe pati velit quod aliis dißimulandó 77.104.Plat.in
conceffit.Et à ce propos André Iferni dit que Charles Cod.
, de deferto.
9.l.nulli
finene fique le tuge eft coulpable, & doibt fouffrir la peine
facribaptifma
c.Andr.fern. de lefe Majefté, qui a remis ou diminué la peine de
berin d.l. nulli. qui enuoyét abfoultes les Sorcieres ( encores qu'elles
7 finies fur ce faictes depuis deux ou trois mil as, & don
& pour le moins les tenir en fterilité, qui eft en bons 2.de Sepulchro
violato, &l.
termesvn facrilege.Ne peut auffi nier qu'il ne foit ho- vlt.ad l.Iul.de
micide:car celuy n'eft pas moins homicide qui em- vi publica , & ~
1.præcepit,C.
peſche la procreation des enfas,que s'il leur couppoit de caus largit.
la gorge.En troifiemelieu il ofte l'amitié mutuelle du 2.ca.vlt.defri-
mariage qui eft le facré lich de nature & de focieté huid .& malefi
ciat.can.fiper
maine , & y met la haine capitale. Car ordinairement sorciarias.35 .
ces noüeurs mettent yne haine capitale entre les deux 9-8.
coioints.En quatriefme lieu cefteliaifoſe faict au mef
lel
eluge, qui lafcha la prifonniere fans autre peine, par
ce que plufieurs & iufques aux enfás en font meftier.
4. d. l.fi quis que les Docteurs demeurét d'accord que l'effort fans
non dicam ,& effect és crimosatroces; doibt cftre puny capitalemet.
in l.1.ad l.Cor-
8.1.cetera fam faifoyent fans les mettre en partage & come nous
Toy, Culpa fimilem effe tam prohibita difcere , quàm docere . 21.4.de maio
nus fut puny par confifcation de tous ces biens pour sellin.lib. 29 .
s'eftre enquis aux diuins fifa femme eftoit enceinte
d'vn fils ou d'vne fille . Vn autre nommé Lollianus 4. Nicephorus
fort ieune fut bany, & fon bien confifqué pour auoir lib.10 .
GGg
DES SORCIERS A
6.1.2.de male uct font prins pour sorciers :Mais il ne faut pas reiet-
ficis,& Mathe
maticis Litea- ter les belles fciences pour l'abuz : autrement il fau-
pud, fiquis a droit condamner tous les arts & fciences du monde,
strologus ; de
iniuriis,
ff.l.vl. voire la loy de Dieu.Mais il y a de gras perfonnages q
demaleficis & pour n'auoir pas feparé le droict vfage d'Aftrologic
Mathematicis ,
S.C.Valerian . de l'abuz, ont tiré pluſieurs en erreur : c'eſt à fçauoir
lib.1.cap.4 . ait Iean François Pic, Prince de la Mirande, qui l'a blaf-
Chaldæos ex 1-
talia exire in mee outre mefure, & Philippe Melanchon , qui s'eſt
Jos intra deci par trop arrefté à l'Aftrologie diuinatrice . Les Egy-
& eft vraye idolatrie : & pour cefte cauſe les Payans
ces fumees là , & les bannir du pays Car s'il eft ainfi
que les Empereurs Payans ayent banny ' ceux qui fai-
foyent telles chofes, quò leues animi fuperftitione terrea- 8.d.l.fi quis a-
tur, que doiuent faire les Chrefties enuers ceux- latou liquid , de pœ-
nis.ff.
qui contrefont les efprits, comme on fift à Orleans, &
à Berne?Il ny a doubte que ceux là ne meritaffent la
mort,come auffi ceux de Berne furet executes à mort
can. aliquat vtay qu'on peut dire que c'eft la peine ecclefiaftique
ex confil. Aga-
thenfi , & can . qui ne fait aucun preiudice aux peines des Magiftrats
fi quis Epifco- lais. Ortout ainfi que par proportion de iuftice har-
pus sexconciliomonique la peine eft plus grade , & le crime aggraué
ges, ce n'eft pas la raifon que le preftre foit puny fi paftorales ,de in
reiurando.
griefuement:Mais la dignité de fa perfonne doibt a-
moindrit la peine : & celuy qui offence les preftres
& miniftres de Dieu, doibt eftre puny plus griefue-
ils font induits à dire des meffes pour les Sorciers , &
4.1. excipiun- arrefté propos qu'il a auec les Diables . Car fi la loy
tur ad Sylla- condamne à mort l'enfant qui n'a pas attainct la pu-
nianum.ff.
bertépour n'auoir pas crié quãd on tuoit fon maiſtre
onze ans, qui auoit tué d'vn coup de pierre vne fille,
& l'auoit cachee. Il fut trainé fur vne claye au gibet
les enfants, qui leur font voüés, s'ils n'ont attaint l'aa-
ofte la peine de droict & de la loy de Dieu , qui eft ca- blico, ff.&- c.
Supereode ofs
pitale qui ne peut par penitence quelle qu'elle foit ,fi.de leg. ca.
nat.
quiafaict penitence de fon crime , peut eſtre accusé can feudi.
.vl t.29.q.
& puny en Courlaye : car l'abſolution de l'Egliſe ne vltima.
fait aucun preiudice au bras feculier , comme dict in placet ,de
Balde Encores la plupart des Docteurs en droict facrofanit.Ec-
clef.c.
ftinct.2 . arti.. peines eftablies par les loix, & a fin auffi que les me-
q.item. Thomas chancetes en quelque forte que ce foit,ne demeurent
in 3. partefum-
me,q.68.artic. impunies, qui eft le but auquel tous les Iurifcófultes
fil.4.quod lai.
cus,Bartol.in emplaire fans s'arrefter à l'habit , ny aux priuileges,
1
rence
LIVRE QVATRIESM E. 7.l.1.netut.vel
214
că C.authent.
rence que la peine de feu foit relachee , s'il fe repent, fed nono Iure.
tant pour eſtre moins coulpable, que pour attirer les C.depana i
dicis,qui malè
autres à confeffer la verité & fe repentir : Et mefmes indicauit , cap.
en Athenes celuy qui confeffoit fans eftre conuain- vltim .& ibi
glof.de furtis,
cu eftoit abfoubs , comme dict Plutarque en la vie cap. inter
d'Alcibiade : mais cefte loy n'a pas efté fuyuie pout corporalia ver-
fare,detransla
l'impunité des malefices qu'elle tiroit apres foy: tie.Epifco .
blation pour le facrifice de fon peché . Beaucoup 2& cap. non di-
catis, 12. q. 1.
moins doibt la peine eftre relachee , fi celuy qui con-
gloff.not . in l.
felle peur eftre conuaincu Mais celuy qui con-
nomne, §. ule.
de remilit.Pa-
feffe lans eftre accufény preuenu , ny attainct , & qui nermit. in cap.
ne peut eftre conuaincu & fe repent, & accufe les co- atfi Clerici,
plices , ceftuy la merite pardon :no pas qu'il n'ait me- ibid. Fel.cell.2 .
facit lex edicto
rité la mort d'auoir adoré sathan & renié Diéu : mais princip . deiure
la vie luy doibt eſtre laiffee tant pour loyer d'auoir de . 3. §. vlt.
alien and.
accufé fes coplices , que pour attirer les autres par telle 8.Exod. 22 :
bien diminuer, & non pas ofter la peine , s'il ny auoitficlerici , vter-
HHh ij
DES SORCIER S
5.l.fed & fi vi- fubiect, ou le maiftre fon feruiteur, ou le pere fon fils,
uus.§.fiiuffu ou la mere fa fille de faire les actes des sorciers , aller
Domini,de iniu aux affemblees, renier Dieu:fi ceux la font ſujets aux
rys off.& l.ult.
in fine, bi peines de la loy . Ie dy que le faict n'eft pas receua-
glo.de bonis da- ble : ioint auffi qu'il n'eft
" ny veritable ny vray-fem-
nat . l.feruus
ibi de actio. blable , d'autant que Sathan veut le plain confente-
oblig.ff . l.li- ment & franche volume des perfonnes comme nous
beroru ,§. excu-
fantur,de y's auons monftré par exemples cy deuant . Et quandil
qui notantur in fe trouueroit vn pere, ou Seigneur fi mefchant de
fam.ff.l.liber contraindre fon fils à renier Dieu , il ne feroit pas
homo.z ad l. .
C. & ibi Faber, qui ont bien peu defobeir: Mais pour quelque reue-
Gelliusl.2.c.7
6.Denter.13. . rence n'ont pas defobei . Ce qui ne fe peut entendre
table, & non feinte . Et iaçoit que les prieres d'vn Prin-
8.1.1.quod inffu
ce , ou d'vn fouuerain font plus violentes que la for- etibi glof Bart
. .
ceneantmoins l'obeiffance en cefte mefchanceté fi in trac.de tyra.
nous de celuy qui renie Dieu , & fa religion, & fe don- qui cum aliter
adl. Aquil.cy--
ne au feruice de Sathan pour guerir d'vne maladie, nus Faber in ?
ne qui puiffe dire que par erreur il ait renié Dieu fon
par tous les procés que Sathan veut vne franche vo-
furb.ctlege Feneralle. Que dirons nous donc de ceux qui ont in-
deridepace
ftant.pro quin- uoqué les malings efprits , & fait les myfteres pour
quefolidispans l'attirer, & que Sathan ne foit point venu : combien
capitalis decer-
nitur.
qu'il n'y faut iamais , & toutesfois qu'il n'ait point
2.l.1.§.diuus ,
ibi.Bart .adrefpondu comme il contrefait les paillardes ru-
1. Cornel.de
fica. fees qui fe font prier. On ne peut dire que ce foit vn
rijs,ff
.& inl.fi attentat feulement , mais vne deteftable Sorcele-
in rixa coll.1.
cod.Bald. in l.fi tie accomplie & parfaite . Et par ainfi la peine capi.
quisnö dică, de tale y efchet, & la diminution de la peine és atten-
Epifco..eod.
in l.is qui cum tats qui n'ont forty effect n'a point de lieu en ce
telo.cum duabus cas. Car ce n'eft pas vn fimple attentat , mais vne
Seq.C. de ficar mefchanceté faicte & parfaicte ' , C'eſt à fçauoir d'a-
3. Bald. Alex.
Salic. in limi- uoir inuoqué & prié Sathan , qui eft auffi vne droi-
t.l.fiquis non te renonciation à Dieu : Et par ainfi c'eſt abufer des
dicam rapere,de
Epifcopis.C. loix diuines & humaines , de pardonner au Sorcier
penitent
LIVRE QVATRIESME. 216
penitent,foubs ombre que les loix & canons ' veu- 4.1. Manicheos
lent qu'on pardonne aux heretiques repentis (com- de haret. Cod..
5.cap.ad abole-
bien les Magiftrats en quelques lieux par cy dams, pœnite-
que
deuant,y ont eu tel efgard , que celuy qui auoit ti,de haret..
lib.6.
mangé de la chair au Vendredy eftoit bruflé tout
&
te, &comme on dit en droict,Factum infectum effe no
n'eft pas puny fans l'effect: Cefte maxime n'eft pas ve-
ritable en tous les crimes atroces , où l'attentat &
2.Bald.Salicet. l'effort eft puny fans l'effect : & celuy qui a baille la
jicary's, C.et auffi que les Princes font vne grande iniure à Dieu
REFVTATION
218
REFVTATION DES
OPINIONS DE JEAN
VV IE R.
de l'œuure. Long temps au parauat Wier auoit tenu 2.in lib.de Pra
cefte opinion : & fur ce qu'on luy auoit refifté fansfig.
rir :ce qui m'a fort eftonné: car il faut bien que telle
3.lib.3.4
de Praft. neantmoins il enfeigne en ces liures mille forcelle-
ries damnables , iufques à mettre les mots , les inuo-
cations, les figures , les cercles , les characteres des
ons les petis, & en met fix mil fix cens foixante & fix
Pimpo-
DE IEAN WIER. 219
que dit auffi Origene, & l'iterprete Grec de Synefius. 4.in lib. moşă
ceux qui font les autres sorciers, & qui les attirent par
phat,
DE IEAN WIER. 221
καὶ ἐνθύμωμ καὶ ἐυβίοτος καὶ λέγεται φαρμακεία είναι πια τὸ πολυΐ
7.in libro de opisiva . Auffilifons nous en Hippocrate , que ceux
Morbofacro.
qui eftoyent enforcelés par les Sorciers, s'appelloyent
pagyulio :cartout le liure de morbofacro efcript con-
tre les Sorciers , qu'il appelle μαλούς , 29ητὰς, φαρμακοὺς κ
Car il eft dit que Medee facrifia ces deux propres en-
de leurs peres, & foubz les portes, ou l'o voit cuidem- víμxos-
ment les images de cire, dont ils vfoient du temps, & véwp .
almo Hefichius les appelle λαμιώδης γυναικάς : combien 9.1m lib . odyf.
que à la verité Euftathius fur Hom ere dit ' que lamia VideDyon.
13.num.33 .
me fignificatio l'a pris Philoftrate ', ou il dict que Ap- Lybica fabula
1.in vita A
pollonius Thianeus chaffa de Corinthe vne lamie pollony.
vifage d'vne femme tref belle, & pour attirer les paf-
fans , elle defcouure fon efto mmach , & fes tetins
KKk iij
REFVTATION DES OPIN.
raty,
fa Neupra-
Lami a. caufe le poiffon , qui deuore tout , & les hommes
3. Apud Eu- tous entiers eft appellé lamia, comme dict Nicandre
3
ftathium in o- Colophonien & d'autant que les Sorciers hument
diß.li.13.
auidemment le fang des perfonnes , Apulee appelle
Sorcieres lamias , comme celle qui fift vne ouuer-
6..nemo,de ma efcripture ' & quand il eft dict au liure des Roys que
leficis & Ma- des Sorcelleries de Iefabel Royne de Samarie la terre
thematicis.C .
Daniel.c.2 eftoit infectée , on lit le meſme mot de qui ne
uerte , & non pas par poifons : & depuis que ceſte
forciere la eut attiré les sorciers en Samarie , comme
la Royne Medee en Theffalie , fix cens ans apres la
fouffrir la queftion que les hommes, comme il fut ef- 9.Tacitus libr.
beftes que la loy de Dieu appelle imodes & puis fur les
fur les fémes pluftoft que fur les homes & fur les homes
x.lib.2.c. 4. & ' eſt d'accord que les sorcieres ont communicatió , &
par tous ces efcripts qu'ily à de bons & malins efprits bi.c.2
qui ont intelligence, & paction auec les hommes . Il
gereufes.
DE IEAN WIER. 227
homme du monde, dit qu'il à veu de mil ' hommes 8.in Prouerbiis.
5.lib.3.c.35 . de pardon: & en autre lieu il dit que s'il fouftenoit que
Praftig. non feulement les Sorciers ne doyuent eftre punies
Miche.c. 3.
cap.s. les Efcriptures, Baleham infpiré de Dieu benift le peu-
Ezechiel ca.13. ple d'Ifraël , quoy que Balaac Roy des Madianites ,
. ca.19. le fuppliaft
Num.ca.a.
Ierem - instamment de n'en rien faire : &
tref
& 23. 27. le Prophete le rend la raiſon : Car , dit- il , il n'y any
sosette. Enchanteur, ny Sorcier en ce peuple : Mais Dieu luy .
cap.16.
Nahum.c.3. fait fçauoir fa volonté quand il eft befoing. Et quand
Dieu
DE IEAN VVIER. 228
nent tous les autres ' : Mais il faict bien à noter qu'il 7.Deut. c. x 8
Ton peché , dit il, eft auffi grand que le peché des
Sorciers . Et pour monftrer combien Dieu auoit en
eft dict que les dix lignees furent exterminees & em-
menees esclaues , parce qu'elles eftoyent addonnees
il eft dict que cinquante ans apres , Dieu qui eft tar-
difà la végeance, vengea les Sorcelleries de Manaffes ,
cum Damone initum propria ex fuo delectu , vel maligno Praftig. & li.
de Lamiis.c.s.
Damonis instinctu impulfúque , illiúfque ope qualiacunque
ment vne difionction , comme dict Ariftore : ' Com- 9 li. 6. Topico-
rum.
me fi on diſoit , le meurtrier eft celuy qu'on penſe
re eft celle qu'on penfe qui eft Sorciere , & qui ne l'eſt
point , il ne falloit point faire de liures des Sorcie-
pris
DE IEAN WIER.
230
وo.lib.2.de A-
pris d'Ariftote qui appelle L'intellect äμntornaì ௠nima.
.Mais confeflant la cocretionen la nature fpiritu-
elle , il faut auffi confeffer, qu'ils ont corps, comme
que tous cófeffent eftre formes pures & fimples ' , & 3.1.3.Sentent.
neantmoins ils s'accordent auffi en ce point que les
4.l.nutu,de le- d'œil, & comme dict la Loy , nutu * folo, & neantmoins
gat.z.ff.
Wier eft d'accord ' que les Sorciers ont paction , &
5.lib.2.cap.2.
conuention auec Sathan , & qu'il parle à cux , & qu'il
Praftig.3. c. 12. les Demons prennent les corps des hommes , & des
lib.4.c.14. beſtes : en forte qu'on peut iuger la contrarieté de
fes efcripts , & l'incongruité de fes conclufions . Car
&tous les peuples ont tenu pour certaine , & les Theo-
France , & d'Italie out mis par efcrit , que toutes les
de , comme nous lifons , au liure des cinq Inquifi- 9.in maleo ma-
ure la Sorciere, il eft dit toft apres, que ceftuy qui pail-
hors du corps. c'eft que tous ceux qui font ainfi rauis
pelloit la cauerne de l'ame .Outre ces argumens & rai- blica Platonis.
2.in Romulo.
fons, aufquelles Wier ne refpond rien , nous auons
3.in li.de Ani
l'authorité des plus grãdz perfonnages de toute l'an- ma.
procés infinis, ou l'on void les tefmoignages , les re- 7an tertium
collemens , confrontations , conuictions, confeffi - fenten.diftin.
19.9.3.
ons iufques à la mort , ce n'eft pas opiniaftreté à 8.l.2.de Sorti
cap.27 . Fulgo- puiffance qu'il auoit alors ? car c'eftoit apres la mort
fius.lib. 8.c.116
3.In li.de Pra- de Iefus Chrift . Et mefmes Wier dict ' auoir veu en
Aigis. Allemaigne vn baftelleur sorcier , qui montoit au
fes liures: Carluy mefmes efcript qu'il a veu les hom- 4.lib.2.cap.12
de Praftigiis
mes tranfportés en l'air par les Diables , & qu'ilny à pagina.8.
point d'abfurdité, & au mefme lieu il efcrit vne chofe
efté plus leger que Sathan.Et tout ainfi qu'il les auoit
tranfportees , il ne leuft pas auffi toft rapportees.
væuz, & prieres des Sorciers, & par vne iufte permif-
leurs peres, & meres, & mis le feu aux bleds . Car ces
pourquoy
DE IEAN WIER. 236
toutes ſciences dict , que la caufe ceffant , les effects 4.. conditionis
ceffent. Tout ainfi qu'on cuft peu dire au contraire ,pupillus,
decondit.princ.
&
quece n'euft pas efté la caufe ,files perfecutions cuf- dem.ff. penult .
ceffa , comme l'ay fçeu du luge qui luy a fait fon pro-
que de celuy qui les prononce, qui n'a pas ceſte puif-
fance, ny par confequent les parolles , quoy que dit
tout ainfi que le corps feul ne peut rien fans l'ame , &
que l'ame feule ne peut auffi lås les actios qui touchet
prié, & adoré pour ce faire par les Sorcieres , & fans la
priere, inuocation, & adoration , defquelles fa force
peine , s'il eft ainfi que Sathan vſe d'icelles pour ex-
deplacitisHyp
pocratis. pinion
tous . Or nous
les sorciers fommes d'accord
demeurent , quetermes,
en plus forts Sathan car
ne
vne pure , frache , & liberale voloté de fes fugets, & cổ-
par la loy , ains laloy dict que tous tels actes font vo- 6.1.mulier „eodě
lontaires. A plus forte raifon les contracts , conuen- ff.
tions,facrifices, adorations , & deteftables copulatios
des Sorciers auec les Dæmons, non feulement font vo
depend pas des inftruments , & qu'il n'y a que la fin 7.l.Diuus,ad l.
Argumente
inftrumens de mal faire , & pour executer fes mefcha- l.quimihi,de
.
tes entrepriſes, puis qu'il eft ainfi , que la poudre , ny Donat.ff
les paroles, ny les charmes n'ont point de puiffance.
1.l.fiquisnon di donc pas que Wier , & fes bons docteurs fe plaignét
carapere, ibi
Baldus, Ange- qu'on faict porter la peine de Sathan aux Sorciers, ny
lus Salic. calomnier indignement de la loy d eDieu , qui ne veut
2. Ezechie.21.l, pas que les vns portent la peine des autres:Et neant-
cri men patro-
num depenis. moins toute la faincte efcripture eft pleine, que Dieu
C.l.sancimus
codem. a en extreme horreur les Sorciers, voire plus que les
contre nature , lefquels neantmoins la loy reçoit ' & 3.1. Hermaphro
tale, que de faire mourir par feu & par glaiue les fruits,
les hommes , &les beftes : car cecy fe faict contre les
& pour eftre eftimés fort habilles , qui eft pour tran.
cher la racine à Wier & à tous ces fuppofts , & aux
des malefices gettes fur les fruits ,(qui font les moin-
PPp iij
REFVTATION DES OPIN.
tant , que ceux qui font ces tours eftranges , & con-
VVier 'fe monftre plus hardy , & fouftient que tout . Aguſtinus
cela n'eft que illufion . Ce n'eft pas faict en Mathema- lib.18.ca.18.de
Ciuit. Dei, &
ticien , ny en Philofophe , d'affeurer temerairement in lib. de spiri-
1
yne choſe qu'on n'entend point : Mais il faut en ce tulit.c.16.
cas voir l'effect , & ce qu'on dict , orı isì , & laiſſer
à Dieu la caufe , c'eſt à dire , si ori. Or tous les argu
les vés, la foudre, le feu, & les ennemys pour faire ruy-
ner & brufler les maiſons , enfans, & famille , & tout
& autres beftes eft fabuleux, & que c'eft vne illuſion:
il faict vne conclufion que l'hiftoire facree eft vne fa-
ble & illufion: Car s'il eft fait en l'vn, il fe peut faire és
8. Dift.7.art.5. fance que Dieu leur a donnees , que Thomas ' d'A-
QQq ij
REFVTATION DES OPIN.
QQq iij
REFVTATION DES OPIN.
8.lib.de sorti la nuit , parloit à eux , & Paul Grilland ' efcrit que de
legfectione7.
num.24. fon temps il a veu brufler vne Sorciere à Rome qui
9.cap.16 . de que ce foit faire cuader les Sorciers , dict ' qu'elles
Lamy's.
font poffedees , & forces du Diable . Chacun fçait
Phyficien
DE IEAN WIER. 248
trente fix millions cent quarante & fix mille huict ces
in Caio. & brisoit l'image de Vefta , que les Veftales luy bail-
dit auoir efté l'vn des plus grands Sorciers d'Italie, le- de sortileg.
nous auons dit que Sathan , fait ce qu'il peut ,pour de-
ftourner les hommes de la fiance de Dieu aux creatu-
phemer
DE IEAN WIER. 253
fcopi repeté tant de fois par VVier, i'ay par cy deuat re-
marqué, qu'il n'eft point faict en Concile general, ny
fynodal , ains vn conciliabule, & qui eft reprouué de
10.21.de
touts les Theologiens , ' en ce qu'il nye le tranfportuguft lib.
rax, & Thiſias, dont parle Aule Gelle . Car il dit ainfi, Il
ssf
REFVTATION DES OPIN.
noga§ Coruus . voleurs , & meurtriers repentis par toutes les loix diui-
fon le Sorcier obſtiné , qui cft pire que tous les vo-
leurs meurtriers , & parricides , comme coulpable de
leze maiefté diuine , & humaine doibt eftre puny à
Quand Dieu fift dire à Dauid que fon peché luy eftoit
`x.Exod.. 34′ remis , il ne laiffa pas d'eftre bien puny. Et quand Dieu
apres,
DE IEAN WIER. 254
qu'il puniffe tous les pechez felon leur merite: car log
temps a que le genre humain fuft pery : mais il faict
fait plus de bien qu'on n'a merité, & punift plus dou-
cemet que l'on n'a deferuy : qui eft l'vn des plus beaux
dain, que meritet les Sorciers qui adorofet Satha & luy
facrifiết ? Et faut bié dire que Wier eft du tout delaiſſé
de Dieu d'ofer efcrire chofe fi abfurde qu'il faut par-
Îuy gardaſt, & q s'il auoit tort, qu'il ne perdift pas pour
cun des Sorciers parlent trop , & faict comme font les
met falfifié, car il eft dict, ' que celuy qui tuera le larrons. Exo.22.
parle de celle qui fafcine , & qui eblouift les yeux , &
ciers , & contre ceux qui les recelent , ou qui les font
cuader : S'il faut pluſtoft s'arreſter à Wier qu'à l'ex-
7. Leuit,ca. 20. 7 & qui a dictà Hieremie qu'il preſchaft , haut & clair
8. Hiere.cap.15 . qu'il raferoit à feu & à fang la ville de Hierufalem , &
FIN.
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