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MIRE

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UNIVERSIDAD COMPLUTENSE

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DICTIONNAIRE

DE CHIMIE

PURE ET APPLIQUÉE

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DICTIONNAIRE
W9459

DE CHIMIE

PURE ET APPLIQUÉE

COMPRENANT :

LA CHIMIE ORGANIQUE ET INORGANIQUE


LA CHIMIE APPLIQUÉE A L'INDUSTRIE , A L'AGRICULTURE ET AUX ARTS
LA CHIMIE ANALYTIQUE , LA CHIMIE PHYSIQUE ET LA MINERALOGIE

PAR AD . WURTZ
Membre de l'Institut (Académie des sciences)

AVEC LA COLLABORATION DE MM.


J. Bouis E. Caventou Ph. de Clermont H. Debray 1 P.-P. Dehérain
M. Delafontaine. Ch . Friedel
A. Gautier - E. Grimaux - P. Hautefeuille — E. Kopp — Ch. Lauth — F. Le Blanc
A. Naquet — G. Salet P. Schutzenberger - L. Troost
et Ed . Willm.

TOME PREMIER
UNIVERSITIS

PREMIÈRE PARTIE
R от
A- B

DI
VE
RS
LIBRAIRIE DE L. HACHETTE E BIBLIOTECADE FARMACIA
PARIS

Cie

77, BOULEVARD SAINT - GERMAIN , 77

1869

Droits de propriété et de traduction réservés.


:
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS

L'ouvrage que nous offrons aujourd'hui au public n'est pas , à pro-

prement parler, un Dictionnaire , c'est- à- dire un vocabulaire contenant des .

mots et des définitions . C'est un recueil de monographies plus ou moins

étendues , ayant trait aux divers objets dont s'occupe la chimie et faites

par des auteurs spéciaux et compétents sous une direction unique .

La forme alphabétique , qui facilite si singulièrement les recherches ,

a permis de confier à chacun des collaborateurs un sujet défini qui lui est

familier; tout article de plus de quinze lignes est signé.

On a cherché à donner à l'ouvrage, à défaut de l'unité de plan qu'un

dictionnaire ne saurait présenter , une grande unité de rédaction . Ainsi les

idées générales , aussi bien que le mode de notation et la valeur des

symboles , sont uniques M. WURTZ a exposé , aux articles ATOMIQUE

(THEORIE) et ATOMICITÉ , le système chimique adopté dans le Dictionnaire,

et l'on trouvera , à l'article ATOMIQUES ( POIDS ) , une liste des symboles des

corps simples avec leurs valeurs relatives ; ce sont celles dont on se sert

généralement aujourd'hui .

On a rapporté les dérivés communs de deux substances à l'une ou à

l'autre de celles - ci , suivant une règle qui s'est imposée comme la plus

commode sinon comme la plus logique :

Avec chaque METAL se trouvent traités les sels minéraux de ce métal

et un seul sel carboné, le carbonate . Si le métal donne des acides métalli-

ques ( acides chromiques , antimonieux . etc.) . les sels de ces acides sont

décrits avec le métal de l'acide ;

Chaque ACIDE INORGANIQUE est accompagné de généralités sur ses sels;


Avec les BASES ORGANIQUES et les ALCOOLS (moins ceux qui appar-

tiennent à la série grasse (alcools méthylique , éthylique , etc. ) , se trouvent

leurs dérivés organiques et inorganiques ;

Avec les ALCOOLS de la série grasse, leurs éthers inorganiques seule-

ment ;

Avec les ACIDES ORGANIQUES , leurs sels métalliques et leurs dérivés

méthylique , éthylique , etc.

Du reste , des renvois établissent de nombreux rapprochements entre

les articles . Lorsqu'un même sujet a été traité sous deux points de vue

différents par deux collaborateurs , les deux articles ne sont pas confondus

et le titre est répété.

Enfin l'on emploie , pour désigner les faces cristallines , la notation fran-

çaise , dont les principes sont exposés à l'article CRISTALLOGRAPHIE .

L. HACHETTE & CIE


LISTE DES COLLABORATEURS

ADOLPHE WURTZ. A. W.

Jules BOUIS . J. B. Émile KOPP . E. K.

Eugène CAVENTOU . • E. C. Charles LAUTH. Ch . L.

Ph. de CLERMONT . Ph . de C. Félix LE BLANC . Fx. L.

Henry DEBRAY. · H. D. Alfred NAQUET. A. N.

M. DELAFONTAINE . M. D. Georges SALET. G. S.

Charles FRIEDEL , C. F. P. SCHUTZENBERGER . • P. S.

Armand GAUTIER A. G. Louis TROOST . L. T.

Édouard GRIMAUX . E. G. Edmond WILLM . E. W.

P. HAUTEFEUILLE P. H. FRIEDEL ET SALET. F. et S.



DICTIONNAIRE

DE CHIMIE

PURE ET APPLIQUÉE

ABICHITE . ABIÉTIQUE.
ABICHITE . Voyez APHANÈSE. Chem., t. XCVI, p . 145. - Ann. der Chem . u.
ABIÉTINE (du mot abies, sapin) . [ Cailliot , Pharm., t. CXXIX, p . 94, et t. CXXXII, p . 249.
Journ. de Pharm . , juillet 1830, t . XVI, p. 436 . ] - Répt. de Chim. pure , 1862 , p. 443. --- Bull.
Cailliot désigne sous ce nom un corps cristal- de la Soc. chim ., 1864, t. I, p. 380, 1865, t. III ,
lin, neutre, qu'il prépare en traitant par l'alcool p. 297 , et 1866, t. VI, p. 143. ] On le prépare ai-
absolu le résidu de la distillation de la térében- sément en faisant digérer pendant quelque temps
thine de Strasbourg ou du Canada, avec de l'eau. de la colophane concassée avec de l'alcool à 70°
Par l'évaporation spontanée, il se dépose un mé- centésimaux, et épuisant le résidu avec de l'alcool à
lange d'abiétine et d'acide abiétique ; le mélange 90° la solution alcoolique est précipitée par l'eau,
sec est traité par une solution bouillante de car- et la masse résineuse que l'on obtient ainsi est
bonate de potassium ; on décante le liquide, et le abandonnée à elle-même jusqu'à ce qu'elle se soit
résidu, délayé dans 30 fois son poids d'eau, aban- transformée partiellement en cristaux : on purifie
donne à ce véhicule l'abiétate de potassium, tandis ceux-ci par des lavages à l'alcool froid et par une
que l'abiétine reste insoluble. nouvelle cristallisation dans l'alcool.
Elle se présente en pyramides allongées, à base L'acide abiétique a pour composition C4H64O5;
rectangulaire, inodores, insipides, insolubles dans la colophane est l'anhydride de cet acide : aussi
l'eau, solubles dans l'alcool surtout à chaud, dans l'emploi d'un alcool faible est-il indispensable
l'éther, l'huile de naphte, l'acide acétique cristalli- dans sa préparation.
sable ; elle se dépose cristallisée de ces solutions.- Propriétés. L'acide abiétique cristallise faci-
Sous l'influence de la chaleur, elle fond en un lement et souvent en cristaux assez beaux ( la-
liquide incolore , de consistance huileuse , et se melles pyramidales à 5 facettes ) , lorsqu'on le
prend par refroidissement en une masse blanche, précipite incomplétement par l'eau , de ses solu-
opaque, non cristallisée. -- Les alcalis caustiques tions alcooliques. Il est soluble dans l'alcool,
ne l'attaquent pas. CH. L. l'éther, la benzine, le chloroforme, le sulfure de
ABIÉTIQUE (ACIDE). On connaît sous ce carbone, l'alcool méthylique. Il fond à 165° , sans
nom plusieurs corps, l'un décrit par Baup [Ann. perdre d'eau à une température plus élevée il
de Chim . et de Phys . , t. XXXI, p. 108] , qui l'ex- se colore en se décomposant.
trait du Pinus abies : ce sont des tables carrées so- C'est un acide bibasique : Maly a fait connaître
lubles dans 7,5 p. d'alcool de 88 cent. à 14º; un autre la plupart de ses sels, qu'il prépare soit directe-
obtenu par Cailliot en décomposant l'abiétate de ment au moyen de l'acide en solution alcoolique
potassium par un acide ; le précipité recueilli est et des carbonates métalliques, soit par double
purifié par l'ammoniaque bouillante ( Cailliot, loc. décomposition. Ce sont des corps amorphes, gé-
cit. - Voyez ABIÉTINE ] . C'est un corps cristal- néralement floconneux, peu ou point solubles
lisé, soluble dans l'alcool , l'éther , les huiles dans l'eau, plus solubles dans l'alcool. - L'acide
grasses ; ces solutions sont acides. A 55° cet acide chlorhydrique gazeux, réagissant sur une solution
devient mou et transparent : il forme avec les alcoolique de cet acide , donne naissance à l'acide
bases des sels qui se comportent comme les au- sylvique et à l'acide sylvinolique. - L'acide sul-
tres sels des acides résineux. --- Le sel de ba- furique concentré dissout l'acide abiétique et
ryum renferme pour 153,2 de baryte (une molé- forme avec lui , après un contact de 24 heures, un
cule), 382 d'acide abiétique . acide conjugué ; les sels de ce nouvel acide sont
Enfin, récemment, L. Maly a publié un tra- incristallisables ; le sel de baryum est insoluble
vail complet sur l'acide abiétique et a fait con- dans l'alcool . -- Le chlore sec transforme à froid
naitre exactement sa nature. [Journ. fur prakt. l'acide abiétique en acide dichlorabiétique, fusible
I-1
ABRAZITE . ABSORPTION.
à 1240 . La potasse caustique le transforme en Après évaporation de l'éther, on lave le résidu
propionate de potassium . L'amalgame de so- avec une eau légèrement ammoniacale, qui enlève
dium attaque, à chaud, sa solution alcoolique et une certaine quantité de résine ; on fait digérer
produit un nouvel acide, qui ne diffère de l'acide l'absinthine non dissoute avec de l'acide chlorhy-
abiétique que par deux molécules d'hydrogène en drique faible, on lave à l'eau ; on reprend par l'al-
plus c'est l'acide hydrabiétique C4H68 O5 (voyez cool, on ajoute de l'acétate de plomb tant qu'il se
ce mot). L'éther abiétique peut être obtenu par forme un précipité ; puis après filtration et sépa-
l'action de l'iodure d'éthyle sur l'abiétate d'ar- ration de l'excès de plomb au moyen de l'hydro-
gent ; insoluble dans l'eau , peu soluble dans gène sulfuré , on abandonne dans un lieu chaud
l'alcool, facilement soluble dans l'éther. - Un la solution alcoolique préalablement étendue d'un
mélange de glycérine et d'une solution alcoolique peu d'eau. L'absinthine se dépose alors sous forme
d'acide abiétique abandonne, après quinze jours, de gouttes résineuses, qui se transforment à la
des gouttelettes huileuses qui se prennent en longue en une masse cristalline.
cristaux et qui ont pour composition C53 H76 08 Légère odeur d'absinthe ; saveur très-amère ;
(glycérine abiétique ? ). -- Le perchlorure de peu soluble dans l'eau, un peu plus dans l'éther,
phosphore réagit déjà à froid sur l'acide abiéti- très-soluble dans l'alcool ; elle se dissout aussi
que si l'on distille le produit de la réaction , il dans l'acide acétique, l'ammoniaque, la potasse.
passe d'abord de l'oxychlorure de phosphore, Elle se charbonne par l'action de la chaleur, en
puis des hydrocarbures dont le point d'ébullition répandant des vapeurs acres. L'acide sulfurique
varie de 295° à 350°, qui renferment tous 44 concentré la dissout avec une couleur jaune rou-
atomes de carbone et 60, 58, 56... atomes d'hy- geâtre, devenant promptement bleue ; l'eau pré-
drogène, et auxquels Maly a donné le nom d'abié- cipite alors une substance verte, sans amertume ,
tènes. soluble dans l'alcool avec une couleur jaune, et
Les travaux de Maly établissent que l'acide se déposant de la solution alcoolique avec une
abiétique est différent des acides pinique et pima- couleur bleue.
rique, ainsi que de l'acide sylvique de Siwert : Luck donne à l'absinthine la formule
ils prouvent, de plus, qu'il est identique avec C16 H22O5.
l'acide sylvique de Unverdorben, Trommsdorff,
Rose, etc. CH. L. [Mein., Ann. der Chem . u. Pharm ., t. VIII, p . 61 .
ABRAZITE. - Voyez GISMONDINE. Luck, ibid., t. LXXVIII, p. 87.] CH . L.
ABSINTHE ( ESSENCE D') . C10 H16 O. ABSORPTION DES GAZ PAR LES LIQUIDES.
L'essence d'absinthe brute est un liquide d'un Lorsqu'un gaz est en contact avec un liquide , il
vert foncé, qu'on peut, suivant Gladstone, séparer peut se combiner avec lui ou s'y dissoudre : dans
en trois produits un hydrocarbure analogue à les deux cas il y a absorption.
l'essence de térébenthine, une huile bleue qui se La quantité de gaz absorbé par dissolution
rencontre dans plusieurs autres essences , enfin simple varie avec la nature du liquide et du gaz ,
une huile oxygénée ; on obtient cette dernière la pression de celui-ci et la température. On peut
pure et incolore en rectifiant l'huile brute à plu- la calculer facilement à l'aide de ces deux der-
sieurs reprises sur de la chaux vive. nières données expérimentales , et d'un coefficient
C'est une substance d'une odeur pénétrante , variable avec la température, particulier à chaque
d'une saveur brûlante . gaz et à chaque liquide , qu'on appelle coefficient
Sa densité = 0,973 à 24°. Densité de vapeur d'absorption et qui exprime le rapport du volume
= 5,3. du gaz dissous ( 1 ) à celui du liquide.
Point d'ébullition : 205 . Henry de Manchester a remarqué le premier
Elle dévie à droite le plan de polarisation . ( 1803 ) que lorsqu'on augmente ou qu'on diminue
Les lessives alcalines ne l'attaquent pas ; la la pression, les quantités pondérables de gaz dis-
chaux potassée l'altère profondément, par voie sous augmentent ou diminuent proportionnelle-
sèche la masse noircit; une partie de l'essence ment; ce qu'on peut exprimer d'une autre façon,
distille inaltérée. en disant que le volume du gaz absorbé - évalué
L'acide sulfurique la dissout à froid avec colo- à la pression du gaz restant est indépendant de
ration ; il ne se forme pas de corps conjugué . cette pression. Il résulte de cette loi, qui est véri-
L'acide nitrique la résinifie. fiée dans tous les cas de dissolution simple , et
Distillée plusieurs fois sur l'acide phosphorique pour tous les gaz qui suivent la loi de Mariotte ,
anhydre, et traitée à la fin par du potassium , que le coefficient d'absorption est lui-même indé-
l'essence perd les éléments de l'eau et donne nais- pendant de la pression.
sance à un carbure d'hydrogène C10 H14, dont Lorsque plusieurs gaz sont en contact avec un
l'odeur rappelle celle du camphogène . Il est pos- même liquide, chaque gaz est absorbé comme s'il
sible que ces deux corps soient identiques. était seul , son volume étant évalué à la pression
[F. Leblanc. Ann. de Chim . et de Phys. (3), qui appartient à ce gaz dans le mélange. Cette
t. XVI , p. 333. - Gladstone , Journ. of the Chem . pression partielle est à la pression totale comme
Soc., janv. 1864, 2º sér. , t. II, p. 1, et Bull. de la le volume du gaz considéré est à celui du mélange
Soc. chim., 1864, t. II , p. 288.] dans les mêmes conditions ( Dalton, 1805 ).
C'est en partie à l'essence d'absinthe que la Les lois de Henry et de Dalton conduisent aux
liqueur connue sous le nom d'absinthe doit son expressions suivantes :
parfum. L'action qu'exerce cette liqueur sur l'éco- Cas d'un seul gaz . a coefficient d'absorption.
nomie, a été l'objet de récentes discussions de- Ppression du gaz resté en contact avec le liquide (2).
vant l'Académie. Suivant Marcé et Decaisne , l'ab- A poids du litre de ce gaz. h volume du liquide.
sinthe est un poison énergique, agissant spécia- a volume du gaz dissous, ramené à la pression P
lement sur le système nerveux. et à la température de zéro . p poids de ce volume.
Suivant Deschamps et Pécholier, elle n'exerce ΔΡ
sur l'économie d'autre action que celle qu'exerce- x = ha, p = ha 760
rait tout autre alcoolique.
ABSINTHINE ( amer d'absinthe). On pré- Cas de plusieurs gaz. a, a' , a'' ,... coefficients
pare cette substance en épuisant les feuilles d'ab- d'absorption . P pression totale après l'absorption (*).
sinthe desséchée par de l'alcool à 85° , évaporant n, n', n"... proportion volumétrique de chaque
l'extrait à consistance de sirop et reprenant par
l'éther; on traite par l'éther tant que ce solvant (1) Volume réduit à zéro.
présente une saveur amère. 1 (2) Corrigée de la tension du liquide.
ABSORPTION. ABSORPTION.
gaz dans le mélange , après l'absorption. ▲, A', 4"... 0 1,305
poids du litre de ces gaz. x, x', x'',2000 volumes des
gaz dissous, ramenés à la pression P et à la tem- Protoxyde d'azote dans l'eau...... +10 0,920

+++ +++ +++ +++


15 0,778
pérature de zéro. p, p' , p" ,... poids de ces volumes . 20 0,670
0 4,178
ΔΡ + 10 3,541
x= han, x' = ha'n ' , ... p = han Protoxyde d'azote dans l'alcool......
760 15 3,268
A'P + 20 3,025
p' =
= ha'n' 0 0,316
760**** 10 0,286
Bioxyde d'azote dans l'alcool....... 15 0,275
Voici les coefficients d'absorption des différents
gaz dans l'eau et dans l'alcool , d'après les travaux + 20 0,266
de Bunsen et de Carius [ Méthodes Gazom . , par 0 17,9
Hydrogène sulfuré dans l'alcool [Schon- +10 12,0
R. Bunsen , trad. franç . , 1858 ] . feld et Carius ]..……………. 15 9,5
20 7,4
COEFFICIENTS D'ABSORPTION 0 4,37
Hydrogène sulfuré dans l'eau [Schon- 10 3,6
feld et Carius ] ......

+++
Calculespour0, + 10°, +150, + 20° , d'après les expériences 15 3,2
de Bunsen. 20 2,9
PRE

0 0,020 0 328
+10 0,016 Acide sulfureux dans l'alcool [ Schon- 190
Azote dans l'eau . feld et Carius ] ..

+++
15 144
+++

+15 0,015
+ 20 0,014 + 20 114
0 80
PRE

0 0,126 Acide sulfureux dans l'eau Schon-


Azote dans l'alcool . 10 0,123 57
feld et Carius ]...

+++
15 0,121 15 47
+++ ER

20 0,120 39
0 0,0193 0 1050
Hydrogène dans l'eau .... + 10 0,0193 Ammoniaque dans l'eau [ Carius ]..... 812

+++ +++
15 727
+++ ER

15 0,0193
+ 20 0,0193 20 654
0 0,069 0 0,025
10 0,068 Air atmosphérique [ en quantité illi- 10 0,0195
Hydrogène dans l'alcool... 15 0,067 mitée ...... 15 0,018
+++ E+++O +++

20 0,0667 20 0,017
0 0,0315 ANALYSE ABSORPTIOMÉTRIQUE. On peut parfois
Ethyle dans l'eau . 10 0,0235 déterminer la composition quantitative d'un mé-
15 0,0215 lange gazeux à l'aide de simples opérations absorp-
20 0,021 tiométriques. Si l'on connaît , par exemple , les
0 0,033 coefficients d'absorption de deux gaz en présence,
Oxyde de carbone dans l'eau........ + 10 0,026 il suffit de mesurer un certain volume du mélange ,
15 0,024
20 0,023 et de le mettre en contact avec une quantité de
liquide insuffisante pour en absorber tout entier
CON+++

0 0,2044 l'un des éléments ; en lisant le résidu gazeux


Oxyde de carbone dans l'alcool .... 10 0,2044
0,2044 après l'absorption, on aura toutes les données né-
20 0,2044 cessaires pour calculer la composition du mélange
COM+++

0 0,0545 primitif.
Gaz des marais dans l'eau... 10 0,044 Soit V le volume du gaz avant l'absorption, ré-
15 0,039 duit à zéro et à la pression 1 ( ¹ ) ;
20 0,035 Soit V' le volume du résidu réduit aussi à zéro
CER

0 0,5226 et à la pression 1 ;
Gaz des marais dans l'alcool +10 0,495 Soient a et a' les coefficients d'absorption et æ
15 0,483
+++

20 0,471 et y les proportions en volume des deux gaz en


présence ;
CER

0 0,087 Soit h le volume du liquide. Posons V' + ah A


Méthyle dans l'eau..... +10 0,060
et V'a'h = B ; le rapport x sera donné par la
+++

+ 15 0,051
20 0,045 y
formule
TOER

0 0,256
Ethylène dans l'eau...... +10 0,184 х V- B A
=-
+++

15 0,1615
20 0,149 ม A- V B (2).
FOR+++

0 3,595 (1) On l'obtient en multipliant le volume à fo et à la


Ethylène dans l'alcool... 10 3,086 273
15 2,8825 pression P par P
20 2,713 273+
(2) En effet, soient x'et y' les volumes réduits de la par-
CAR

0 1,797 tie non absorbée de chacun des deux gaz, V' est égal à
Acide carbonique dans l'eau..……….. 10 1,185
15 1,002 x'y', et les pressions partielles des deux gaz sont
+++

x' y'
+ 20 0,901 V pour une pression totale = 1 . La partie absor-
CO +++ +++

0 4,329
+10 3,514 bée du premier gaz possède le volume ah à la pression'
Acide carbonique dans l'alcool .. 15 3,199 I' I'
c'est-à-dire à la pression 1 ; le volume total du'
+ 20 2,9465
0 0,041 premier gaz, réduit à zéro et à la pression 1 , est donc
Oxygène dans l'eau [ d'après l'analyse +10 0,0325 x' x' x
de l'air dissous dans l'eau] . 15 0,030 x=x' + ah ; égalité dont on tire V' = V'+ali
8

20 0,028 y
On a de même VI = V' + Y
0 0,284 a'h pour la pression par-
10
Oxygène dans l'alcool [ Carius] ....... +15 0,284 tielle du second gaz ; et comme ces deux pressions en
+++

0,284 s'ajoutant donnent la pression 1,1 = x Y


+ 20 0,284 V +all + 'V'+all'
ABSORPTIOΝ. 4 ACÉDIAMINE .
On remarque , à la seule inspection de cette elle se décompose en donnant naissance à de la
formule, que l'absorption des mélanges gazeux benzine, du cinnamène, du phénol, de l'acide
n'a pas lieu selon une loi simple ; ceux-ci en effet benzoique et de l'acide cinnamique. - Inso-
n'ont pas , à proprement parler , de coefficient luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et les alca-
d'absorption, puisque le volume relatif du liquide lis avec une couleur brune ; la solution alca-
absorbant intervient pour modifier la quantité line renferme du cinnamate et du benzoate. -
dont ce coefficient est l'expression ; de là une des L'acide nitrique l'attaque déjà à froid, et la trans-
applications les plus importantes de l'analyse ab- forme en acide picrique ; selon Stenhouse, ce
sorptiométrique. Supposons qu'on mette en con- moyen de préparer l'acide picrique est très-avan-
tact avec une même quantité de liquide, et à la tageux. [Stenhouse, Ann . der Chem. u. Pharm.,
même température, des quantités très-diverses t. LVII , p. 84.] CH. L.
d'un gaz composé, et qu'on calcule à chaque opé- ACECONITIQUE (ACIDE). [Ad. Baeyer, Journ.
! ration le coefficient d'absorption comme pour un für prakt. Chem. , t. XCIII, p. 223 (1864).- Bull.
gaz unique. Si le gaz n'est pas un mélange, on de la Soc. chim. , 1865 , t. IV, p . 193.]
trouvera des nombres identiques ; dans le cas con- C6 H8O6 = C6H5O³ (OH)³.
traire, et à moins que les gaz mélangés n'aient, à
la température donnée, le même coefficient, les Lorsqu on fait agir à chaud le sodium sur l'éther
nombres différeront avec la quantité de gaz em- bromacétique, il se forme une masse visqueuse,
ployée. L'on peut ainsi trancher une question que brune, qui noircit à l'air et se décompose ; en la
l'analyse eudiométrique laisse souvent irrésolue, distillant dans le vide, il passe vers 200° un li-
à savoir si un gaz donné est un mélange ou une quide composé des éthers de l'acide acéconitique ,
combinaison. Lorsque les gaz mélangés ont des et de l'acide citracétique . En saponifiant ce mé-
coefficients connus , on peut calculer l'égalité lange par l'eau de baryte, et traitant les sels par
V- B A x l'eau , on sépare l'acéconitate de baryum, fort peu
A- V B
- const. à laquelle leur absorp- soluble, du citracétate qui se dissout aisément.

tion doit satisfaire. M. Baeyer représente la formation de l'acide acé-
Les déterminations absorptiométriques se font conitique par l'équation
dans les appareils spéciaux de Bunsen , de Ca- 3 (CHBO ( 0 ) + 3 Na
rius , etc. , ou plus simplement et avec une ap-
proximation suffisante , dans un large tube baro- Bromacétate d'éthyle.
métrique retourné sur le mercure et dans lequel C6H5O3 ) 3 +3 Na Br + H.
on introduit le gaz et le liquide . On recouvre la 3C2H50
surface du bain de mercure d'une très - légère
couche d'acide sulfurique pour empêcher toute L'acide acéconitique cristallise en mamelons ; il
rentrée d'air par capillarité , puis on abandonne est soluble dans l'éther ; soumis à l'action de la
l'appareil, dans une pièce où la température varie chaleur , il fond et brûle en laissant un résidu
peu, pendant une journée ou deux ; il ne reste charbonneux ; chauffé dans un tube, il donne un
plus qu'à lire le résidu gazeux à la façon ordinaire. sublimé cristallin ; il est tribasique ; il donne un
Voyez ANALYSE EUDIOMÉTRIQUE. G. S. précipité grenu avec l'azotate d'argent, et des pré-
ABSORPTION ( SPECTRE D' ) . — Voir ANA- cipités blancs avec l'azotate mercureux et avec
LYSE SPECTRALE. l'acétate de plomb. Cet acide présente la même
ACACINE. - On donne quelquefois ce nom à composition que l'acide carballylique , obtenu à
la gomme arabique pure, provenant de certaines l'aide du tricyanure d'allyle par M. Simpson , et par
sortes d'acacia. l'action de l'hydrogène naissant sur l'acide aconi-
ACADIOLITHE. - Voyez CHABASIE. tique. (Dessaignes, Kekulé.) Peut-être l'acide acé-
ACAJOU (gomme). C'est la gomme qui s'é- conitique et l'acide carballylique sont-ils identi-
coule du tronc de l'Anacardium occidentale. ques. , E. G.
Substance jaunâtre, à reflets irisés , souvent rem- ACÉDIAMINE . [ Strecker, Ann . der Chem . u.
plie de bulles d'air ; elle s'attache aux dents quand Pharm., nouv. série, t. XXVII , p. 321 ( 1858 ),
on la mastique ; très-difficilement soluble dans Ann. de Chim. et de Phys. (3) , t. LII , p . 507.]
l'eau; la solution n'est précipitée ni par le borax C2H6 Az²= (C²H³) ''' Az².
ni par le sulfate de fer. D'après Trommsdorff, c'est
un mélange de gomme ordinaire et de bassorine.
On a donné le même nom à la gomme du bois On ne connaît que deux sels de cette amine :
d'acajou, et enfin à une substance contenue dans M. Strecker a obtenu le chlorhydrate , en chauf-
les noix du Phytelephas macrocarpa. fant l'acétamide dans un courant de gaz chlorhy-
ACAJOU (RÉSINE D') . - Se trouve dans le drique sec ; il reste dans la cornue un mélange
péricarpe des noix d'acajou , d'où elle a été extraite de sel ammoniac et de chlorhydrate d'acédiamine.
- Le chloroplatinate d'acédiamine est représenté
par Stædeler ; cette résine paraît être un mélange
d'acide anacardique, de cardol et de quelques par la formule
autres substances. (C2H6 Az², HCl ) 2 Pt Cl .
ACAROÏDE ( RÉSINE ) . [ Laugier , Ann . de Le sulfate d'acédiamine forme à l'état de purcté
Chim., t. LXXIV, p. 265.] C'est la gomme qui
s'écoule du Xantorrhea hastilis (famille des Li- des paillettes nacrées qui renferment
liacées). - Résine jaune-rougeâtre , très-friable, (C2H6Az²) 2, H2SO4.
d'une odeur balsamique et d'un goût astringent ; Lorsqu'on veut déplacer cette amine de ses sels
elle fond à une basse température, en repandant par une base plus forte, elle se dédouble en am-
une odeur analogue à celle du baume de Tolu ; moniaque et acide acétique :
chauffée sur une lame de platine, elle brûle avec
une flamme fuligineuse ; soumise à la distillation , C2H6 Az² + H2O = C2 HO2 + 2.Az H³.
M. W. Hofmann appelle l'acédiamine éthényl-
บ diamine. Il a obtenu le dérivé diphénylé
d'autre part on avait avant l'absorption 1 = V + vi en (C2 H3)"'')
réunissant les deux équations, il vient (C6 H5j2 Az²
H
I = [(V' + a'h)-V ( V' + ah ) en chauffant de l'aniline , de l'acide acétique et
У [V- (V' + ali) ' (V'+ a'li du perchlorure de phosphore. [ Compt. rend.,
ACERDESE. 5 ACÉTAL .
t. LXII, p. 729; Bull . de la Soc. chim. , 1866, qui passe réduit le nitrate d'argent. Le résidu est
t. VI, p. 163-165 . ] E. G. traité pendant quelques jours par une solution
ACERDÈSE. Min . [Syn . Manganite.] - Oxyde très-concentrée de potasse caustique qui décom-
manganique hydraté, pose l'éther acétique. On lave à l'eau , puis on
(Mn²) O' H² = Mn2 03. H² 0. sèche sur du chlorure de calcium et on rectifie en
recueillant ce qui passe au-dessus de 100°. (Stas.)
L'acerdèse se présente à l'état cristallisé, fibreux 2. On peut aussi préparer l'acétal au moyen
ou massif. Elle est d'un gris foncé, presque noir du chlore. On fait passer ce gaz dans de l'alcool
et possède quelquefois un à 80 centièmes et refroidi à 10°, jusqu'à ce que
aspect très-brillant. For- l'eau y détermine un trouble. On distille le
mes habituelles : Prismes
cannelés à 4 ou à 8 faces premier quart, neutralise, redistille un quart du
liquide ; puis par un traitement au chlorure de
appartenant au type or- calcium et à la potasse , analogue à celui qui
m thorhombique et termi- a été indiqué plus haut , on obtient le produit
nés par la base , par pur. (Stas.)
un biseau [ a2 ] ou par 3. On oxyde l'alcool avec le peroxyde de man-
des pyramides surbaissées ganèse et l'acide sulfurique dans les proportions
(fig. 1 ). Car. : L'acer- indiquées par Liebig pour la préparation de l'aldé-
dèse dégage de l'eau dans hyde. On recueille à part les portions bouillant de
le tube fermé ; chauffée 60 à 90°. En ajoutant à ce liquide une solution
Fig. 1. avec l'acide chlorhydri- concentrée de Cl2 Ca, on sépare une huile légère
que , elle met du chlore
en liberté; elle ne fond pas au chalumeau ; donne qui, rectifiée, puis traitée de nouveau par Cl Ca,
avec la soude une masse verte qui bleuit par le ne renferme plus que peu d'aldéhyde et d'éther
refroidissement , et avec le borax , à la flamme acétique. Par un traitement à la potasse caustique
d'oxydation , un verre violet-améthyste . Dureté 4. à 100°, on détruit ces deux produits et l'on n'a
plus qu'à rectifier pour obtenir l'acétal pur.
Fragile. Poussière brune. Densité 4,2-4,4 .
m : m = 99° 40, (Wurtz.)
Préparation de l'acétal au moyen de l'aldé-
a² : a2 114° 19. hyde. 1. Lorsqu'on ajoute du bromure d'é-
Clivages g¹ très - facile, m facile. Differences : Le thylidène C2 H Br2 à de l'éthylate de sodium sec
dégagement d'eau et la couleur de la poussière la et enfermé dans un ballon refroidi à 12º, une
distinguent de la pyrolusite. - Voyez MANGANESE. vive réaction se manifeste. Du produit de cette
F. et S. réaction , on peut, par distillation , séparer de
ACÉTAL , l'acétal :
C6 H14 O2 = C2 H4" 02. C2H4 Br2 + 2 (C2H5O Na)
2 C2 H5 SOC2H5
= 2 (Br Na ) + (C² H )" OC2H5 .
Produit d'oxydation de l'alcool.
Découvert par Doebereiner [ Journ. de Pharm., Acétal.
1833, t. XIX, p. 513], étudié par Liebig [Traité Si l'on remplace le bromure par le chlorure
de Chim. org. de Liebig, Paris, 1840, t. I, p. 380], d'éthylidène, il se forme de l'éthylène chloré et
Stas [Ann. de Chim. et de Phys. , (3 ), t. XIX , des traces d'acétal :
p. 146] , Wurtz [ Ann . de Chim. et de Phys.,
(3 ), t. XLVIII, p. 370] , Lieben [ Ann. de Chim. C2H4C12 +C2H5ONa
et de Phys., ( 3 ) , t. LII, p. 313] , Wurtz et Frapolli = CI Na + C2H6O + C2H3 Cl.
[ Ann. de Chim. et de Phys. , t. LVI , p. 139] , (Wurtz et Frapolli. )
Beilstein [ Ann. der Chem. u . Pharm., t. CXIÍ , 2. Lorsqu'on chauffe en vase clos, pendant quatre
p. 260 et Bull. de la Soc. chim. , 25 février 1859 et heures , au bain-marie , le chlorure
25 mai 1859].
On le prépare soit avec l'alcool, soit avec l'aldé- CHOCIO = (C2H )" SCI
hyde. OC2H5
Préparation au moyen de l'alcool . 1. On (obtenu par l'action de l'acide chlorhydrique sur
dispose dans un ballon de 50 litres des fragments un mélange d'alcool absolu et d'aldéhyde), avec de
de pierre ponce (lavée et calcinée) humectée d'al- l'éthylate de sodium et qu'on distille, on obtient
cool à 95°; on pose sur cette ponce des capsules un produit qui, traité par C12 Ca , puis par Na²,
plates renfermant du noir de platine ; puis on présente les propriétés et la composition de l'acétal :
couvre le col du ballon d'une plaque de verre 5
dressée, et on abandonne le tout à lui-même jus- l 2H5C2H O Na
(C2H4)" { COC
qu'à ce que l'alcool soit transformé en acide acé- OC2H5
tique. A ce moment , on fait arriver au fond du = C1 Na+ (C² H¹ )'' { OC2H5.
ballon 1 à 2 litres d'alcool à 60°. Après quinze à
vingt jours, et si l'on donne de temps en temps (Wurtz et Frapolli .)
accès à l'air, ce liquide est devenu sirupeux ; on 3. En chauffant de l'aldéhyde avec de l'alcool,
l'extrait alors du ballon et on le remplace par une dans des tubes fermés, Geuther a obtenu de l'a-
égale quantité d'alcool. On répète cette opération cétal :
jusqu'à ce qu'on en ait obtenu quelques litres. 2 C2H6O + C2H4O C6 H14 O2+ H2O.
On neutralise le tout par du carbonate de potas-
sium et on le sèche sur du chlorure de calcium Propriétés. Liquide éthéré, incolore, d'une
ou de l'acétate de potassium. On le soumet alors mobilité moindre que celle de l'éther, d'une odeur
à la distillation, en ne recueillant que le premier suave particulière ; saveur fraîche, avec arrière-
quart du liquide ; on ajoute au produit distillé du goût de noisette.
chlorure de calcium qui en sépare un liquide doué D à 22º,4 = 0,821. D' = 4,0817.
d'une très-forte odeur ; on l'enlève avec une pi-
pette; en ajoutant avec précaution de l'eau au mé- Point d'ébullition : 104°.
lange salin, on en sépare une nouvelle portion. Peu soluble dans l'eau, surtout à chaud ; à 25°,
Le liquide ainsi obtenu est un mélange d'aldé- l'eau en dissout environ la dix-huitième partie de
hyde, d'éther acétique, d'alcool et d'acétal. On le son volume; les sels très-solubles comme Cl2 Ca le
sursature de chlorure de calcium; après décanta- séparent de cette solution. Très- soluble dans
tion, on le distille avec soin tant que le liquide l'éther et dans l'alcool.
ACÉTAL. ACÉTAL.
Il se conserve sans altération dans l'air sec ou recueillant ce qui passe vers 65° d'une part et vers
humide ; mais sous des influences oxydantes , noir 85° de l'autre.
de platine, acide nitrique faible, acide chromique , Le méthyl-acétal
il donne de l'aldéhyde ou de l'acide acétique. C5H12 02 := C2H&SOC2H5
Il ne réduit pas l'acétate d'argent ammoniacal . OCH3
Les alcalis, hors du contact de l'air, sont sans estun liquide très-mobile, incolore, d'une odeurana-
action sur lui. L'acide sulfurique le dissout, puis logue à celle de l'acétal D = 0,8535 . - D' = 3,475.
le décompose en le noircissant . Il bout vers 85°. Il est inflammable et brùle
Le chlore donne avec lui divers dérivés de sub- avec une flamme éclairante . - Soluble dans l'al-
stitution. (Voir plus loin. ) cool en toutes proportions , et dans 15 parties
L'acide chlorhydrique concentré le dissout ; au d'eau. L'eau le précipite de sa solution alcoolique .
bout de quelques jours, le mélange noircit et ren- Il est indécomposable par la potasse caustique .
ferme alors de l'éther chlorhydrique . Le diméthyl -acétal
Le perchlorure de phosphore réagit énergique- CH³
ment sur lui en produisant de l'éther chlorhy- CH1002 C2H+ SO
OCH³
drique . Beilstein croit avoir observé dans la
même réaction la formation du chlorure C+H³ CIO: est un liquide mobile, incolore, d'une odeur éthé-
et en prenant deux molécules de perchlorure pour rée rappelant celle des composés méthyliques .
une d'acétal, la formation d'un autre chlorure Ꭰ ---= 0,8555. Il bout vers 65° et brûle avec une
C4 H³ C13. flamme blanche, bordée de bleu et assez éclai-
Lorsqu'on chauffe l'acétal au bain d'huile, dans rante.
des tubes scellés, avec de l'acide acétique cristal- DÉRIVÉS CHLORÉS DE L'ACÉTAL. [ Lieben, Ann.
lisable ( Wurtz ) ou de l'acide acétique anhydre deChim. et de Phys. , (3), t. LII, p. 313. ] — Lieben a
(Beilstein) , il se forme de l'éther acétique et de obtenu trois dérivés chlorés de l'acétal, en faisant
l'aldehyde. Wurtz a observé qu'il se forme pour réagir le chlore sur l'alcool ; dans ces conditions,
une molécule d'acétal, plus d'une molécule d'éther il se forme d'abord de l'acétal et par substitution
acétique; on a, en effet : le mono, le bi et le trichloracétal.
Monochloracétal ,
C2H4 (OC2H5)2 + 2 (Cª H³ O² . H) OC2H5
C6 H13CIO C² H³CI OC2H5.
== 2 (C2 H³ O². C² H³ ) + C2H4O + H2O.
Constitution. -La composition et l'équivalent Lieben le prépare en faisant passer un courant
de l'acétal ont été déterminés par Stas. Quant à sa de chlore dans de l'alcool à 44 degrés centésimaux,
constitution, ce chimiste établit que l'acétal pour- et maintenant le mélange en ébullition ; on cohobe
rait être représenté par une combinaison de deux et l'on continue l'opération tant que le chlore est
molécules d'éther avec une molécule d'aldehyde : absorbé ; puis on distille. On obtient ainsi de l'al-
mais,voyant l'acétal résister à la plupart des agents déhyde et divers éthers ; on fractionne pour sépa-
modificateurs de l'aldehyde, il est plutôt porté à le rer l'aldéhyde ; puis, après un traitement alcalin
considérer comme une molécule unique, dérivant qui décompose ces éthers , on rectifie et on re-
directement de la condensation de trois molécules cueille finalement un produit bouillant à 150° et
d'alcool en une seule qui perdrait 2H et H20 : qui constitue le monochloracétal.
On obtient aussi ce produit dans la préparation
3 (C² H© O) = C6H18 O3 = C6H1402 + H2 + H2O. du bichloracétal en recueillant les portions bouil-
Plus tard, Wurtz considéra l'acétal comme la lant vers 150°, les chauffant pendant plusieurs
diéthyline du glycol jours à 100° avec de la potasse caustique aqueuse
C²H et rectifiant.
C'est un liquide incolore , doué d'une odeur
2 C2 H5 0² ;
éthérée et aromatique . D = 1,0195. D' = 5,38.
mais la découverte qu'il fit ultérieurement de ce Point d'ébullition : 155º.
composé prouva que ces deux corps sont isoméri- Neutre, insoluble dans l'eau, soluble dans l'al-
ques et non identiques . cool, inattaquable par la potasse caustique , inat-
Les travaux de Wurtz et Frapolli établissent taquable par le nitrate d'argent.
les relations qui existent entre l'aldehyde et l'a- Bichloracétal,
cétal, et prouvent que ce corps est une compi- ( OC 2H5
naison d'aldéhyde avec l'éther ordinaire . Cette C6 H12C1202 C² H²C12 OC2H 5.
manière d'envisager la constitution de l'acétal rend On le prépare en faisant passer un courant de
parfaitement compte de son mode de formation chlore dans de l'alcool à 80° centésimaux, et ajou-
au moyen de l'aldéhyde , et de ses décompositions tant au produit de la réaction, de l'eau qui préci
sous l'influence des divers agents chimiques. Le pite une huile lourde ; cette huile, desséchée avec
groupe C2H qui figure dans la formule est donc C12 Ca, est soumise à la distillation . Les portions
le radical de l'aldehyde et non celui de l'oxyde les moins volatiles, et bouillant entre 170 et 185°,
d'éthylène , - c'est l'éthylidène . renferment le bichloracétal ; celles qui distillent
MÉTHYL-ACÉTAL ET DIMETHYL-ACÉTAL. Wurtz vers 150° renferment du monochloracétal .
[ Ann. de Chim. et de Phys., t. XLVIII , p. 373] Le bichloracétal est un liquide incolore, douć
indique le procédé suivant pour la préparation dé de la même odeur que le monochloracétal . -
ces deux corps. D = 1,1383 à 13°. D' = 6,45. Point d'ébullition :
On mélange dans une cornue spacieuse 300 par- 180°.
ties d'acide sulfurique, 300 parties d'eau, 200 par- Corps neutre insoluble dans l'eau, soluble dans
ties de peroxyde de manganèse et on y ajoute un l'alcool d'où l'eau le reprécipite. Il est inatta-
mélange de 110 parties d'alcool et de 90 parties quable par la potasse. Chauffé avec du nitrate
d'esprit de bois. La première réaction passée , on d'argent, il donne lieu à un abondant précipité
distille jusqu'à ce qu'on ait recueilli une quantité de chlorure d'argent.
de liquide égale à celle du mélange spiritueux Trichloracétal ,
employé; puis on rectifie en séparant les portions C6 H11 C13O2 = C² HC13 ) OC2H5
distillant au-dessus et au-dessous de 68°; on arrête ¡ OC2H5.
la distillation à 85°. Ce corps paraît avoir été obtenu par l'action du
On purifie chacun des deux produits de la ma- chlore sur l'alcool très-concentré. Point d'ébul-
nière que nous avons indiquée pour l'acétal lui- CH. L.
même (C12 Ca, puis KHO), et on les rectifie en lition : 186°. (Dumas, Lieben. )
ACÉTAMIDE. 7 - ACÉTAMIDE .

ACÉTAMIDE. - Syn. Azoture d'acétyle , C2H3O Az + 3SOH2 = CH¹ S² O®


H2S
C2H3O2 z A. disulfométhylique.
C2H3O. Az H2 - H A .
+ SO * H. Az H* + CO2 + H2O.
On obtient l'acétamide en chauffant en vases clos Sulfate acide
d'ammonium.
à 130° de l'ammoniaque aqueuse avec de l'acétate
d'éthyle (éther acétique) : On obtient en même temps de l'acide sulfacé-
tique :
C2H30 0+ Az H³ = C2H3O Az +C2H5 0. C2H30 ) Az + 2SO H2 = C² H& S O
C2H5 H2 H H² }
Acétate Ammoniaque. Acétamide . Hydrate A. sulfacétique.
d'ethyle. d'éthyle. + SO HAZH¹ .
[Dumas, Malaguti et Leblanc (1847) , Compt. rend. Sulfate acide d'ammonium.
de l'Acad. , XX, 5 , 657. ] Après avoir chassé par la La même réaction a lieu avec l'acétonitrile. [Du-
distillation l'excès d'ammoniaque , l'eau et l'alcool , mas, Malaguti et Leblanc (1847) , Compt. rend. de
on recueille au-dessus de 200° l'acétamide qui l'Acad., t. XXV, p. 657.]
passe sous forme d'une huile incolore et qui se ETHYL-ACETAMIDE. - L'éther acétique se dissout
concrète par le refroidissement. facilement dans l'éthylamine aqueuse : la solution
Il se produit aussi de l'acétamide lorsqu'on concentrée au bain-marie, puis dans le vide sec,
chauffe en tubes scellés le chlorure d'acétyle , sa- laisse un résidu sirupeux, incristallisable. C'est
turé de gaz ammoniac : l'éthyl-acétamide :
C2H3O C2H3O Az + HCl. C² H3O
a + Az H³ C2H5 Az .
H
Chlorure d'acétyle . Elle s'obtient aussi lorsqu'on mélange volumes
L'acétamide se forme aussi dans la distillation égaux d'éther cyanique ( cyanate d'éthyle ) et d'a-
de l'acétate d'ammonium , dont elle diffère par une cide acétique monohydrate ; la réaction a lieu à la
molécule d'eau, qu'elle renferme en moins. température ordinaire, il se dégage du gaz carbo-
L'acétamide est solide, blanche, cristalline; elle nique pur :
fond à 78 et bout à 221 ° ; elle est très-soluble C2 H3O
dans l'eau, l'alcool et l'éther; sa saveur est fraiche C2 H3 O 0 = = C2H5 Az + CO².
C2H5.CO Az +
et sucrée. La potasse bouillante la dédouble en } H
acétate et en ammoniaque. Distillée avec de l'an- Acide acétique. Éthyl- Gaz
Cyanate
hydride phosphorique, l'acétamide perd H2O, et d'éthyle. acétamide. carbonique.
se convertit en acétonitrile ou cyanure de mé- En soumettant ce mélange à la distillation , on
thyle C2H³ Az. recueille l'éthyl-acétamide vers 200°. [Wurtz, 1850,
Elle donne avec les acides des combinaisons Ann. de Chim. et de Phys., 3e sér. , t. XXX,
définies. [Strecker (1858) , Ann. de Chim. et de p. 491 ; 1854, même recueil, t. XLII, p. 53.]
Phys., (3), t. LII , p. 506.] Ce corps purifié bout à 205º. Densité à + 4º
Le chlorhydrate d'acétamide ==0,942 ; il est soluble dans l'eau, l'alcool ; la
potasse le sépare sous forme d'une huile de sa
[ C⁹H30
H2 Az ] * HCl solution aqueuse .
La potasse bouillante le dédouble en acétate et
s'obtient par l'action d'un courant de gaz chlor- en éthylamine .
hydrique dans une solution éthérée d'acétamide ; L'acide phosphorique anhydre le charbonne .
il est soluble dans l'alcool, insoluble dans l'éther, ETHYL-DIACÉTAMIDE . - [Wurtz (1854) , Ann. de
et cristallise en aiguilles lancéolées. Lorsqu'on Chim. et de Phys. , (3) , t . XLIII , p. 54.]
ajoute du chloroxyde de phosphore à de l'acéta-
C6 H11 Az O2 = 2 (C2H3O) )
mide fondue, il se forme une combinaison que C2H5 Az.
l'alcool décompose en éther phosphorique et en
chlorhydrate d'acétamide ; dissoute dans l'acide Le cyanate d'éthyle et l'anhydride acétique réa-
azotique froid et concentré, elle s'y combine et gissent en tubes scellés à la température de 180
donne l'azotate d'acétamide : à 200° ; il se forme de l'éthyl- diacétamide et du
C2H3O gaz carbonique
112 Az, Az HO3 . C2H5C AzO + C2H3O 0 = CO² + 2C2H3O Az.
C² H³O C2H5
Elle se combine à l'oxyde de mercure et à l'oxyde Cyanate Anhydride
d'argent. La combinaison mercurique est : d'éthyle. acétique.
L'éthyl-diacétamide étant rectifiée bout à 192º,
(C² H3 O)2 e
et constitu un liquide incolore, neutre, que la
Hg" Az².
H2 potasse dédouble en acétate et éthylamine.
ACÉTAMIDES CHLORÉES . - Aux dérivés chlorés
Si on la distille dans un courant d'acide chlor- de l'acide acétique correspondent des amides.
hydrique sec, il passe à la distillation du chlorure MONOCHLORACETAMIDE . - [ E. Willm ( 1857), Ann.
d'acétyle , de l'anhydride acétique , du chlorhy- de Chim, et de Phys ., (3), t. XLIX, p. 99.]
drate d'acétamide, un mélange d'acétamide et de H²CIO Az.
diacétamide , et il reste dans la cornue un mé- C2H4 CI O Az := C² H2
lange de sel ammoniac et du chlorhydrate d'une
nouvelle base, l'acédiamine , C² H® Az². (Voyez ce La monochloracétamide a été obtenue par
mot.) M. E. Willm, en faisant réagir l'ammoniaque sur
L'acétamide chauffée avec l'acide sulfurique fu- le monochloracétate d'éthyle (éther monochlora-
mant se décompose. [ Buckton et W. Hofmann cétique). Le même corps prend naissance lors-
(1857), Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t. XLVI, qu'on dirige un courant de gaz ammoniac sec à la
p. 366. ] Il se dégage de l'acide carbonique, et le surface du chlorure d'acétyle monochloré :
résidu traité par l'eau, puis par le carbonate de les équations qui en rendent compte sont ana-
baryum , fournit une magnifique cristallisation de logues à celles qui représentent la formation de
disulfométhylate de baryum : l'acétamide.
ACÉTAMIQUE . - 8 - ACÉTATES.
La monochloracétamide est soluble dans l'eau Williams , Journ . of the Chem. Soc . , nouv. série,
et dans l'alcool ; elle cristallise de la solution al- t. II, p. 106, mars 1864, et Bull. de la Soc. chim. ,
coolique en larges lames brillantes ; elle est fort 1864, t. II, p. 207. - Ch. Lauth, Bull. de la Soc.
peu soluble dans l'éther. Traitée par une solution chim ., 1865, t. III, p. 164. ]
alcoolique de sulfure d'ammonium, elle fournit C6H5
la sulfacétamide C↳ H8 Az² S O² . [ Schultze, Zeit- C8 H9Az O - C2H3O Az.
schrift für Chem. , nouv. sér. , t. I , p . 73. — Bull. H
de la Soc. chim. , 1866, t. I, p. 130. ] L'acétanilide représente de l'ammoniaque dans
TRICHLORACETAMIDE . - [ Malaguti ( 1845) , Ann. laquelle un hydrogène est remplacé par du phé-
de Chim. et de Phys. , (3), t. XVI, p. 5. - Cloëz nyle et un autre hydrogène par de l'acétyle.
(1846), Ann. de Chim . et de Phys ., (3) , t. XVII, On l'obtient suivant Gerhardt, en faisant réagir
p. 305. Cahours, même recueil, (3), t. XIX , le chlorure d'acétyle ou l'acide acétique anhydre
p. 352. Gerhardt, Compt. rend. des trav. de sur la phénylamine ; la réaction est très-vive ; par
Chim., 1848, p. 277. ] refroidissement, le mélange se prend en une masse
C2H2 C13Az O = =C2C130 ) cristalline que l'on purifie par une ou deux cris-
H2 Az. tallisations dans l'eau bouillante.
Elle résulte de l'action de l'ammoniaque sèche sur On la prépare facilement en faisant bouillir,
le chlorure de trichloracétyle C2C1³Ó . Cl. pendant une heure, équivalents égaux de phényla-
L'ammoniaque, en réagissant sur le formiate de mine et d'acide acétique cristallisable : en sou-
méthyle perchloré, sur le formiate, l'acétate, le mettant le produit de la réaction à la distillation,
carbonate, l'oxalate, le succinate de méthyle per- on obtient en acétanilide sublimée le poids de
chlorés, donne également la trichloracétamide. l'acide employé. (Greville Williams.)
Elle se présente sous la forme de paillettes C6H5 C6H5
C2 H3 O
cristallisées , nacrées , d'une grande blancheur. H³00 + HAzHO + C² H³ O Az.
Par évaporation lente de la solution éthérée , elle H H)
cristallise en prismes droits à base rectangulaire. En chauffant ensemble, pendant quelques heu-
Son odeur est assez agréable, sa saveur sucrée ; res, équivalents égaux d'acétate de phényle et de
elle est peu soluble dans l'eau froide, très- soluble phénylamine, et faisant refluer les vapeurs, il se
dans l'alcool et l'éther ; elle fond à 135°, brunit à produit une grande quantité d'acétanilide :
200° et distille entre 238° et 240° sans altération C6H5 C6H5
C2H3O C6H5
sensible. Elle dégage de l'ammoniaque par la po- CH$ ) 0 + H Az = 0 + C2H30 Az .
tasse bouillante en donnant du chloracétate que Hj
l'ébullition prolongée décompose en formiate et en On purifie le produit par distillation ou par un
chlorure. lavage alcalin et recristallisation . (Ch . Lauth.)
L'ammoniaque liquide la dissout , en donnant Suivant Ulrich, l'acétanilide se produit par l'ac-
des cristaux volumineux de chloracétate d'ammo- tion de l'aniline sur l'acide thiacétique :
niaque. C2H3OSH + C6 H7 Az = C$ H9 A 2O + H2S.
L'acide phosphorique anhydre enlève à la tri-
chloracétamide une molécule d'eau ; il se produit L'acétanilide s'obtient quelquefois comme produit
du cyanure de trichlorométhyle ( chloracétoni- accessoire de la fabrication de l'aniline.
trile ) C2C13 Az. Propriétés. L'acétanilide est un corps blanc,
En humectant d'eau la trichloracétamide et cristallisé en lames magnifiques, D = 1,099 à 10º,5.
l'exposant dans un flacon à l'action du chlore, on D' 4,847. Fusible à 101 (Greville Williams) , à
voit au bout de deux ou trois jours les parois du 112 (Gerhardt); volatile sans décomposition à 255°;
verre se couvrir de longs prismes aciculaires de peu soluble dans l'eau froide ; assez soluble dans
tétrachloracétamide . l'eau bouillante, l'alcool , l'éther, la benzine et les
TETRACHLORACÉTAMIDE ou acide chloracétamique. huiles essentielles.
- [Cloëz ( 1846) , Ann. de Chim. et de Phys. , (3), La potasse bouillante l'attaque à peine; la potasse
t. XVII , p. 309. ] en fusion en dégage de la phénylamine. CH. L.
ACÉTATES . - L'acide acétique est un acide
C2H Cl4 Az O = (C2 C13 O) HCl Az. monobasique ; il renferme 1 atome d'hydrogène
Obtenue parle procédé que nous venons d'indiquer, capable d'être remplacé par un métal :
elle constitue de longues aiguilles prismatiques C2H3O2 . H = C2H3O
incolores , inodores , d'une saveur désagréable. H 0.
Elle fond par la chaleur et distille en partie sans Un métal monoatomique se substituant à cet hy-
décomposition ; elle est insoluble dans l'eau, so- drogène, il en résulte un acétate de la forme
luble dans l'alcool et l'esprit de bois, très-soluble
dans l'éther. Elle donne des combinaisons cris- C2H3O2. R'= C2H3O R' 0.
tallisées quand on la dissout à froid dans l'ammo- R }
niaque et dans la potasse ; par l'ébullition avec cette La formule C2H3O2 . R' montre que les acétates
dernière substance , elle se décompose en ammo- à métaux monoatomiques renferment 1 atome d'un
niaque et en carbonate et chlorure de potassium. tel métal uni à un groupe Oxacétyle (C² H³ 02
BIBROMACETAMIDE. ― - C2 H Br2 O. H2 Az. [ Cloëz, = C² H¹ O² — H) .
Compt. rend. , t. LIII, p. 1120. ] Prismes incolo- Un métal diatomique se substituant à 2 atomes
res, fusibles 154°, résultant de l'action de l'am- d'hydrogène dans 2 molécules d'acide acétique,
moniaque sur l'acétate de méthyle pentabromé. il en résulte un acétate de la forme
BILODACÉTAMIDE. - [ Perkin et Duppa ( 1860 ), (C²H³ O)2 ) 02.
(C2H3O2)2 R" RS
Comptes rendus de l'Académie, t. L. , p. 1155. ]
=
C2 H12 O. H² Az. Quand on mêle l'éther biiodacé- La formule (C2H3O2) 2 R" montre que le métal
tique avec une solution concentrée d'ammonia- diatomique R" joint les deux restes monoatomi-
que, il se forme de la biiodacétamide , en cristaux ques oxacétyles, C2H3O2. VI
d'un jaune pâle, insolubles dans l'eau, solubles Un couple métallique hexatomique R2 se
dans l'alcool. E. G. substituant à 6 atomes d'hydrogène dans 6 molé-
ACÉTAMIQUE (ACIDE) .—Voyez GLYCOCOLLE. cules d'acide acétique, il en résulte un acétate de
ACETANILIDE. [ Gerhardt , Ann. de Chim. et la forme
de Phys., (3) , t. XXXVII , p . 328. — Ulrich, Ann . der VI (C2H3 O)6
Chem. u . Pharm. , 1859, t. CIX, p. 272, et Ann. (C2 H3 O2)6 R² = 06.
de Chim. et de Phys . , (3) , t. LVI , p . 238. - Greville K2
ACÉTATES . 9 ACETATES .
VI C2H3O2Na + NaHO = CO³Na + CH'.
La formule (CH³ O2,62 montre que le couple Acétate Gaz
de sodium . des marais.
métallique ² joint les six restes monoatomiques
oxacétyles. Il se forme aussi , dans ces conditions, de l'éthylène
Mais il peut arriver : 1º qu'une ou plusieurs C2H , du propylène C3H6, du butylène CH8, de
VI l'amylène CH10 [ Berthelot, Ann. de Chim. et de
des atomicités qui résident dans R2 soient satu- Phys., (3), t. LIII, p. 161] .
rées par le chlore ou le brome ; de là la forma- Dans toutes ces réactions le radical acétyle fonc-
tion de chlorhydrines ou de bromhydrines acéto- tionne comme du méthyl - carbonyle C2H3O =
métalliques de la forme suivante : CH3- CO . On s'explique aisément que sous l'in-
VI = (C2H3 O)2 ) fluence d'une haute température le méthyl- carbo-
(C² H3 O²) Cr² VI 02. nyle se scinde et que l'on obtienne ainsi
CI Cr2
CI soit de l'hydrure de méthyle CH ,
ΤΙ CH3
2º que le radical ², se substituant à l'hydrogène
de plusieurs acides, joigne les restes de ces acides soit de l'acétone CO ,
de manière à former des sels à plusieurs acides, CHз
comme, par exemple :
(C2H3O) soit d'autres dérivés de la série méthylique.
(C2H3O2) ) Fe ! = (Az02 06. Les acétates traités par l'acide sulfurique sont
(Az O3)2 ( décomposés et mettent en liberté l'acide acétique,
Fe ) facile à reconnaître à son odeur piquante . Chauffés
Nous divisons les acétates en deux classes : avec un mélange d'acide sulfurique et d'alcool , ils
1º Les acétates métalliques, dans lesquels l'hy- donnent naissance à de l'éther acétique. Chauffés
drogène basique de l'acide acétique est remplacé vers 200° avec un alcali en poudre et de l'acide ar-
par un métal ou un couple métallique. sénieux, ils répandent l'odeur caractéristique du
2º Les éthers acétiques ou acétates organiques, cacodyle. Ils donnent avec le chlorure ferrique
dans lesquels cet hydrogène est remplacé par un une coloration rouge foncé , que ne donne pas
radical alcoolique. l'acide acétique libre. -- L'azotate d'argent donne
dans les solutions pas trop étendues des acétates
un précipité d'acétate d'argent peu soluble à froid,
ACÉTATES MÉTALLIQUES. soluble à chaud. - L'azotate mercureux donne
dans les solutions des acétates un précipité blanc,
L'acide acétique peut produire des sels neutres, cristallisé, décomposable par la chaleur, avec pro-
des sels acides , des sels basiques. Les acétates duction de mercure métallique.
neutres sont ceux dans lesquels tout l'hydrogène L'oxychlorure de phosphore attaque les acétates
basique est remplacé par un métal . en donnant du chlorure d'acétyle et un phosphate
Les acétates acides peuvent être considérés tribasique :
comme des acétates neutres renfermant de l'acide
acétique de cristallisation : 3 (C2H3O2 Na) + PC1³O = 3 (C² H³O CI ) + PO4 Na³.
C2 H3MO2. C2H4O2. Le chlorure de soufre réagit sur les acétates, et
produit de l'acide acétique anhydre, du soufre , du
Les acétates basiques peuvent être considérés chlorure et du sulfate métallique :
comme des acétates neutres combinés avec des by- 4 (CHO Pb'') + 3 (SCI²)
drates ou des oxydes. Exemple : C2H3O
(C2H3O2)2 Cu , H² Cu O². = C2H3O
4 80 ) +3 ( CI²Pb " ) + S² + SO‘Pb ” .
Propriétés générales. Les acétates sont géné- [ Heintz , Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ) , t . LI,
ralement solubles dans l'eau et l'alcool; quelques- p. 487.- Schlagdenhaufen , Ann. de Chim. et de
uns d'entre eux sont déliquescents. Ceux de mer- Phys., (3), t. LVI, p. 299.]
cure , d'argent, de molybdène et de tungstène, seuls, ACETATES D'ALUMINIUM. - L'ACETATE NEUTRE
sont peu solubles. On les prépare directement D'ALUMINIUM a pour composition
par l'action de l'acide acétique concentré sur les
oxydes ou les carbonates. Dans le cas de la baryte (C2H3O26 12 :
et de la chaux, la solution ne s'effectue bien qu'en on ne l'a obtenu qu'en solution . On le prépare soit
présence d'une assez grande quantité d'eau. en décomposant à froid une solution concentrée de
Tous les acétates sont décomposés par une cha- sulfate d'aluminium par une solution concentrée
leur rouge. - Quand le carbonate du métal au- d'acétate de plomb , soit en dissolvant l'hydrate
quel est combiné l'acide acétique est stable et d'aluminium dans de l'acide acétique concentré.
que l'acétate se décompose assez facilement, il se Dans l'industrie des toiles peintes , on le prépare
forme de l'acétone et le métal se carbonate :
par double décomposition avec l'alun et l'acétate
(C² H³ O²)² Ba″ = C3H6O + CO³ Ba" . de plomb.
Acétate Acétone. Carbonate C'est un liquide incristallisable , déliquescent,
de baryum. de baryum. d'une saveur styptique. Quand on chauffe
Dans cette réaction, il se forme aussi de la mé- une solution concentrée de ce sel , additionnée
thylacétone , de l'éthylacétone , de la dumasine de sulfate de potassium ou de sodium , elle se
[Fittig , Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t. LXI, prend en une masse gélatineuse qui se redissout
p. 238, et Rép. de Chim . pure , 1859 , t. I , p . 380]. par le refroidissement. L'acétate pur ne présente
Quand le métal est facilement réductible, il dis- pas ce caractère (Guy-Lussac) . - Le sulfate de
tille de l'acide acétique et il se produit de l'oxyde plomb se dissout très-sensiblement dans l'acétate
ou du métal. d'aluminium ; une certaine quantité de sulfate de
Quand l'acétate, comme par exemple l'acétate sodium empêche cette solubilité [ Lenssen , Rép.
de sodium, ne se décompose qu'à une température Chim. appl. , 1862, p. 242] .
ACETATES BASIQUES. 1. Quand on abandonne
élevée , il se forme du gaz des marais [ Persoz et
Dumas, Ann. de Chim. et de Phys. , (2), t. LXXIII, à elle-même une solution d'acétate d'aluminium
p. 93 ] ; la réaction réussit surtout en présence d'un à 8 ou 9º, il se dépose au bout de quelques jours
excès d'alcali. une croûte blanche , porcelainée, dont l'épaisseur
10 - ACÉTATES .
ACÉTATES .
augmente peu à peu. C'est un acétate basique ACETATE D'ARGENT. -- On le prépare facile-
ment par double décomposition avec l'acétate de
renfermant sodium et le nitrate d'argent par une nouvelle
(C2H3O2)+ +5 H2O : cristallisation dans une grande quantité d'eau on
l'obtient sous forme de lames nacrées flexibles,
en équiv.: (Al2O3, 2 Ac + 5HO) peu solubles dans l'eau froide, assez solubles dans
l'eau chaude, noircissant à la lumière. L'acétate
[Walter Crum , Ann . de Chim. et de Phys. , ( 3 ), d'argent est décomposé par la vapeur de brome,
t . XLI, p. 1861 ; d'après Ch . Tissier [ Rép. de Chim . avec formation de bromure d'argent, d'acide car-
pure, 1858-1859 , p. 165] , il est représenté par la bonique et d'un gaz bromé renfermant probable-
formule (en équiv .) : ment CH3 Br :
A1203, 2 CH3 03 + 6 HO ; CH3. CO2. Ag + Br² = Ag Br + CH³ Br + CO2.
il est insoluble dans l'eau, peu soluble dans les
acides faibles, très-soluble dans les alcalis caus- [Borodine , Jahresber . , 1861 , 439. ] On l'emploie
tiques. fréquemment comme agent de double décomposi-
2. On obtient un autre acétate basique en chauf- tion.
fant la solution de l'acétate neutre : la décompo- ACETATE DE BARYUM .
sition, lente à 40°, se fait plus promptement à 80º, (C2 H³ O2)2 Ba".
et presque instantanément à 100° ; il ne reste en
dissolution que des traces d'alumine. Le sel ainsi On l'obtient en dissolvant dans l'acide acétique
obtenu est cristallin , très-peu soluble dans l'eau et le carbonate ou le sulfure de baryum. - En éva-
les acides étendus : il se dissout très -facilement porant la solution à une douce température, il se
dans les alcalis caustiques . Il a pour composition dépose des cristaux renfermant 1 molécule d'eau :
quand la cristallisation se fait à 0°, les cristaux
(C2H3O2) Al² + 2 H2O : renferment 3 H2O : ceux-ci sont isomorphes avec
l'acétate de plomb. - Les cristaux s'effleurissent à
en équiv. : ( Al2O3 . 2Ac + 2 HO ). l'air : ils ont une réaction alcaline . Solubles dans
(Walt er Crumrant
.) l'acétate neutre, à 37°, dans des 1,2 p. d'eau froide et 1,1 d'eau bouillante, - dans
3. En évapo 100 p. d'alcool froid et 67 p. d'alcool bouillant. In-
vases plats, et remuant fréquemment la masse, on solubles dans l'alcool absolu. - Soumis à l'action
obtient un résidu cristallin , présentant l'aspect de de la chaleur, ce sel donne de l'acétone et du car-
la gomme , quand on le mouille. C'est un autre sel bonate de baryum.
basique,le biacétate d'aluminium de Walter Crum : On l'emploie depuis peu de temps dans la fa-
brication de l'acide acétique, en remplacement de
(C2H3O 2)4 ) À¦² + 4H2O :
(C² H³03) l'acétate de calcium [ Dingler's polytechn . Journ.,
t. CLXXXII , p. 174, et Bull. de la Soc. chim.,
en équiv.: (Al2O3 . 2Ac + 4HO). 1866, t. VI, p. 493].
Ce sel est soluble dans l'eau ; mais il se trans- ACETONITRATE DE BARYUM . - E. Lucius pré-
forme facilement en un acétate basique insoluble : pare ce composé, très-remarquable au point de
le froid ou l'ébullition produisent ce changement ; vue du rôle qu'y joue le baryum comme élément
l'alumine se précipite alors, entraînant avec elle diatomique, en dissolvant un excès de nitrate de
les 2/3 de l'acide acétique. Quand on chauffe sa baryum dans une solution chaude et concentrée
solution très-étendue, pendant 48 heures, à 100º d'acétate de baryum. Par refroidissement, il se
et en vase clos, il se forme dé l'acide acétique et dépose d'abord du nitrate de baryum, puis des
en même temps de l'hydrate d'aluminium soluble cristaux longs de plusieurs centimètres, de la
nouvelle combinaison, qui a pour composition
(Walter ate
L'acét Crum).
neutre et les acétates basiques d'alu-
minium jouent un rôle très-important dans la tein- C2H3O2 ) Ba" + 4 H2O
ture et l'impression des tissus. Az O³ )
ACETATE D'AMMONIUM [ Kraut, Kündig, Jahres- [Lucius , Ann . der Chem. u. Pharm . , t. CIII ,
bericht, 1863, p. 313]. p. 113, et Jahresber . , 1857 , p . 340].
C2H3 O²Az H'. H. Schiff a tenté la préparation de l'acétochlor-
hydrine de baryum ; mais l'acétate et le chlorure
On l'obtient en saturant l'acide acétique cristalli- de baryum n'ont pas formé de combinaison : aussi,
sable de gaz ammoniac : c'est un sel blanc, ino- si l'on distille de l'acide acétique sur du chlorure
dore, très-soluble dans l'eau et l'alcool. Lorsqu'on de baryum, le produit distillé ne renferme pas de
le chauffe, il se dégage d'abord de l'ammoniaque , chlore [Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LXVI,
puis de l'acide acétique , enfin de l'acétamide ; il
fond à 89° ; exposé au-dessus de l'acide sulfurique p. 135 .
il perd 9 % de son poids et se transforme alors en ACETATE DE BISMUTH . -- On l'obtient sous
forme d'aiguilles en mêlant deux solutions chaudes
sel acide. La solution de l'acétate d'ammonium est de nitrate de bismuth et d'acétate de potassium .
employée en pharmacie sous le nom d'Esprit de L'acide acétique empêche la précipitaiton du
Minderer. nitrate de bismuth par l'eau.
LeBIACETATE se prépare en traitant l'ammoniaque ACETATE DE CALCIUM .
par un excès d'acide acétique , ou en évaporant la
solution du sel neutre, ou enfin en distillant équi- (C² H³ O2)2 Ca" + H2O .
valents égaux de sel ammoniac et d'acétate de so- On prépare ce sel, industriellement, pour les
dium dans les deux derniers cas, la moitié de besoins de la fabrication de l'acide acétique. L'a-
l'ammoniaque s'élimine , et le sel acide se forme. cide pyroligneux brut est saturé par de la chaux
Dans ces conditions, très-souvent il ne cristal- et le pyrolignite de calcium ainsi obtenu est sou-
lise pas, mais il suffit de projeter dans le liquide mis à une calcination modérée , qui détruit la
un cristal du sel neutre ou acide, pour que le tout majeure partie des impuretés renfermées dans
se prenne en masse. Ce sont des aiguilles déli- l'acide on dissout dans l'eau, et la solution cla-
quescentes, fusibles à 76° , et pouvant se sublimer rifiée au moyen du sang, ou mieux de l'albumine,
à 121º. est soumise l'évaporation .
ACETATE D'ANTIMOINE. - L'acide acétique ne Pour l'obtenir cristallisé, il faut ajouter à 1 vo-
dissout que très -peu d'oxyde d'antimoine : par lume d'une solution d'acétate de calcium renfer-
évaporation on obtient une pellicule jaunâtre,
ACÉTATES . -- 11 - ACÉTATES .
mant 27 % de sel sec, 5 à 10 volumes d'alcool à rouge prend promptement au contact de l'air la
88 % le mélange dépose des cristaux après 24 couleur caractéristique des sels chromiques.
heures. [Vogel, J. Pharm. , (3) , XXXVIII , 75. ] 2. ACETATES CHROMIQUES. [ H. Schiff, Ann. de
Aiguilles prismatiques brillantes, peu solubles Chim. et de Phys., (3), t. LXVI, p. 140.]
dans l'alcool, très-solubles dans l'eau : elles s'ef- ACETATE NEUtre. - L'acide acétique forme avec
fleurissent dans l'air sec. l'hydrate chromique une solution verte qui, par
Ce sel forme avec le chlorure de calcium une évaporation, donne une masse cristalline res-
combinaison bien cristallisée, décrite par Fritz- semblant au vert-de-gris. Séché à 80°, ce corps
sche [Ann. de Poggend., t. XXVIII , p. 123] , qui renferme
lui a donné pour formule VI
(C2H3O2)6 Cr² + 2 H2O.
CH³ Ca O*, Ca Cl + 10 aq. ( ¹) Il est insoluble dans l'alcool. Sa solution aqueuse,
C'est, en réalité, une acétochlorhydrine de cal- verte par réflexion , rouge par transparence, n'est
cium décomposée ni par l'ébullition , ni par l'eau de
C2H3O2 chaux ; mais l'ammoniaque en précipite de l'hy-
Ci ) Ca" + 5 H2O. drate de chrome soluble dans un excès de réactif.
ACETATES BASIQUES . - Chauffée avec un excès
Elle perd son eau à 100º. d'hydrate de chrome, pendant plusieurs jours, la
Quand on distille l'acétate de calcium avec de solution de l'acétate neutre prend une teinte plus
l'oxalate de potassium, il se dégage du propylène, foncée, perd sa réaction acide et donne, par éva-
l'acétone mis en liberté étant réduit par l'oxyde poration , une poudre verte, soluble dans l'eau,
de carbone de l'oxalate : et qui renferme
C3H® O + CO = C3 H3 + CO2 (C2H3O2) VI
Acétone (HO Cr2.
Propylène
Ordway [Rapport annuel de Kopp et Will, 1858,
[Dusart, Ann. de Chim. et de Phys. (3) t. XLV, p. 113] parait avoir obtenu un acetate tribasique
p. 339.] Par la distillation d'un mélange d'acé- rouge; Schiff n'a pu l'obtenir même après une di-
tate et d'œnanthylate de calcium, il se forme du gestion de dix jours au bain-marie, de l'acétate
méthyl- cnanthol. (Stædeler.) - Un mélange d'a- neutre avec un excès d'hydrate de chrome.
cétate de calcium sec et de cyanure de mercure
donne, à la distillation , de l'acétone, de l'acétoni- H. Schiff (Ann. de Chim. et de Phys . , (3), t. LXVI,
p. 147] et Schützenberger [ Bull. de la Soc. chim .,
trile et du cyanoforme (Voir ce mot). [ Nachbaur, 1865, t. IV, p. 86 ] ont fait connaître récemment
Répert.deChim. pure, 1858-1859, p. 517. ] L'acétate les composés suivants :
de calcium dissout le sulfate de plomb : 12 p. 2 1. ACETOTETRACHLORIDE DE CHROME ,
d'acétate peuvent dissoudre, jusqu'à 1 p. de sul-
fate de plomb [ Staedel, Zeitschr. für anal . Chem., (C² H³ O2)² VI + 4H²0 .
CF2
t. II, p. 180 ; Jahresber. , 1863, p. 245] . CI
ACETATE DE CADMIUM . -- Prismes très-solubles
On l'obtient en dissolvant le tétrachlorure basique
dans l'eau (Stromeyer. ) : sel incristallisable (John de chrome dans l'acide acétique concentré : c'est
et Meissner). un sel altérable, dégageant de l'acide acétique
ACETATES DE CÉRIUM. au-dessus de 100º.- Le nitrate d'argent ne le pré-
ACETATE CÉREUX. On le prépare avec l'acé- cipite que très-lentement à froid. Quant à l'acide
tate de baryum et le sulfate céreux ou avec l'acide acétique, il n'est pas masqué dans ce sel , car on
acétique et l'oxyde. Petites aiguilles peu solubles obtient facilement de l'éther acètique en le chauf-
dans l'alcool, plus solubles dans l'eau froide que fantavec de l'acide sulfurique et de l'alcool. (Schiff. )
dans l'eau chaude [ Lange , Journ. f. Prakt . Chem . 2. DIACETOSULFATE DE CHROME,
t. LXXXII, p. 129, 1861, et Répert. de Chim . pure,
t. III, 1861 , p. 473] . (C2H3O2) 2 ) VI
ACETATE CÉROso-cérique. Le sulfate céroso- (SO4 ) Cr2
cérique décomposé par l'acétate de baryum donne obtenu par la solution du disulfate basique de
une liqueur jaune qui ne peut être évaporée sans chrome dans l'acide acétique. ― Sel cristallin,
réduction de l'oxyde (Lange, loc. cit.]. exempt d'eau à 100°, et perdant de l'acide acé-
ACÉTATES DE CHROME. tique au-dessus de cette température. ( Schiff. )
1. ACÉTATE CHROMEUX, 3. PENTACÉTONITRATE ,
(C² H³ O2)2 Cr" + H2O . (C2H3O2)5 )
A203 Cr² + 2 1120 .
On le prépare en ajoutant à une dissolution de
protochlorure de chrome, une dissolution assez Schützenberger l'obtient en mélangeant deux
solutions faites , l'une avec de l'hydrate de
étendue d'acétate de sodium [ Peligot, Ann. de chrome dans un léger excès d'acide acétique ,
Chim. et de Phys. , (3) , t. XII, p . 541 ] . H. Lowel l'autre avec la même quantité d'hydrate de chrome
le prépare en versant dans une dissolution d'acé-
tate de sodium les liqueurs bleues qu'il obtient dans la proportion strictement nécessaire d'acide
par l'action du zinc sur les solutions de l'alun de azotique. Après concentration , le mélange est
abandonné à lui-même : il dépose bientôt une
chrome ou du sesquichlorure de chrome [ Ann . de abondante cristallisation d'un sel vert foncé qu'on
Chim . et de Phys., (3), t. XL, p. 52]. Petits
cristaux rouges, grenus, brillants : leur prépara- purifie par redissolution dans l'eau ou l'acide acé-
tion exige une foule de précautions destinées à tique cristallisable. Ce sel forme de volumineux
les préserver de tout contact avec l'air, qui les feuillets verts foncés : chauffés à 300° , ils dégagent
transforme promptement en acétate chromique : des vapeurs nitreuses ; en même temps le chrome
cette transformation est si énergique qu'en pré- se transforme en acide chromique.
ACÉTATES DE COBALT. — On obtient l'acétate
sence de l'air humide, elle donne lieu à une vé- neutre en solution par l'action de l'acide acé-
ritable combustion. Il ne peut être conservé que tique sur le carbonate de cobalt ; cette solution
dans des flacons pleins d'azote ou d'acide carbo-
nique. - Il est peu soluble dans l'alcool et l'eau évaporée donne une masse déliquescente rouge, et
froide : l'eau chaude le dissout mieux, la solution qui par la chaleur devient bleue. On s'en sert
comme d'encre sympathique. Le sesquioxyde
Co203 et l'oxyde salin Co³O se dissolvent dans
(3) C = 6, H = 1 , 0 = 8. l'acide acétique en donnant des dissolutions bru-
ACETATES . - 12 - ACÉTATES .
nes : la solution de sesquioxyde supporte l'ébul- B. ACETATES BASIQUES . Plusieurs de ces sels
lition sans se décomposer. sont renfermés dans le vert-de-gris ou verdet de
ACETATES DE CUIVRE. Montpellier. On obtient ce produit en abandon-
1. ACETATE CUIVREUX OU DE CUPROSUM, nant à l'air des lames de cuivre empilées avec du
marc de raisin ; l'alcool , s'oxydant à l'air, se trans-
(C2H3O2)2 Cu². forme en acide acétique sous l'influence duquel
Il se produit par l'action de la chaleur sur l'acé- le cuivre lui-même s'oxyde et se combine à l'acide
tate de cupricum (voir plus bas) . C'est un corps formé. Au bout de quelques semaines le métal se
blanc, cristallisé en belles aiguilles que l'eau dé- recouvre de croûtes bleuâtres de vert-de-gris , qu'on
compose en oxyde de cuivre jaune et en acétate de détache et qu'on façonne en boules avec une pe-
cuivre normal. tite quantité de vinasse. - A Grenoble , on prépare
2. ACÉTATES CUIVRIQUES OU DE CUPRICUM. le même vert-de-gris en arrosant le cuivre avec
A. ACETATE NEUTRE OU DIACETATE DE CUIVRE , du vinaigre chaud et, en Suède, en empilant les
(C2H3O2)2 Cu" + H2O. lames de cuivre avec des morceaux de drap im-
prégnés de vinaigre ; quand le tout est devenu
(Verdet cristallisé , cristaux de Vénus. ) — On le vert , on l'abandonne encore pendant un certain
prépare directement en dissolvant l'oxyde de cuivre temps à l'air, en ayant soin de l'arroser d'eau fré-
ou le vert-de-gris dans l'acide acétique, ou bien quemment .
par double décomposition en mêlant des solutions Le vert-de-gris est un mélange de trois sous-
chaudes de sulfate de cuivre et d'acétate de sodium acétates :
ou de plomb. L'acétate cuivrique se dépose par 1. L'ACÉTATE BIBASIQUE OU MONOACETATE CUI-
refroidissement en cristaux qu'on purifie par une VRIQUE,
nouvelle cristallisation. (C2H3O2)2 Cu , H2 Cu O2 + 5 H2O.
Les cristaux du verdet appartiennent au type
2. L'ACETATE SESQUIBASIQUE ,
clinorhombique. Combinaison ordinaire,
P, m , b1/2, a1.2. [(C2H3O2)2 Cu]2, H2 Cu O2 + 5 H2O.
On rencontre quelquefois des hémitropies. Angles 3. L'ACÉTATE TRIBASIQUE OU DIACETATE TRICUI-
VRIQUE ,
p : m = 105°30'; m ; m = 72°; p ; a¹/2 = 119°4'. (C2H3O2)2 Cu , 2 (H² Cu O).
Clivages selon p et m. Ce sont de beaux cristaux Voici les analyses de plusieurs verts-de-gris,
d'un vert bleuâtre foncé, d'une saveur métallique faites par Phillips [Annal. of Philosoph. , XX, 461]
très-désagréable. Ils renferment 1 molécule et qui, on le voit, rapprochent beaucoup ces corps
d'eau de cristallisation ; mais , dans de certaines du monoacétate cuivrique.
conditions, en exposant au froid ( + 8°) une solu- Vert- Vert- Vert-
tion de verdet dans de l'eau contenant de l'acide Calcul. de-gris de-gris de-gris
acétique, Wohler a obtenu de gros prismes droits français. anglais anglais
cristall. comprim.
rhomboidaux, bleus comme le sulfate de cuivre et Acide acétique sup-
qui renfermaient 5 molécules d'eau ; à 30 ou 35° , posé anhydre ..... 27,5 29,3 28,30 29,62
ces cristaux se transforment en verdet ordinaire Oxyde de cuivre .... 43.2 43,5 43,25 44,25
[Wohler, Ann. de Poggend. , t. XXXVII , p. 160 ] . Eau 29,3 25,2 28,45 25,51
Le verdet est soluble dans 5 fois son poids d'eau Impuretés.. 2,0 0,62
bouillante, et en petite quantité dans l'alcool ; la 100,0 100,0 100,00 100,00
solution aqueuse étendue se décompose par l'ébul- L'acétate bibasique constitue en grande partie
lition en dégageant de l'acide acétique et en lais- le vert-de-gris de nuance bleue : ce sont des pail-
sant déposer un sous-sel tribasique.
Les cristaux de verdet ne perdent pas d'eau à lettes ou des aiguilles, qui, chauffées à 60°, per-
100° ; leur déshydratation n'a lieu que vers 140° ; dent 23,45 % d'eau et se transforment en un beau
entre 140° et 240° , il ne se dégage plus rien ; mais mélange vert composé de sel neutre et de sel tri-
entre 240° et 260° il se développe de l'acide acétique basique.
cristallisable. A 270° apparaissent des vapeurs L'acétate sesquibasique se trouve, suivant Ber-
blanches d'acétate cuivreux ; en même temps il zelius [Ann. de Poggend, t. II , p . 233 ] , dans les
se produit de l'acétone , de l'acide carbonique et sortes vertes du vert-de-gris du commerce. On le
des gaz combustibles . - La décomposition dù ver- prépare en lessivant ces verts-de-gris avec de l'eau
det est complète à 330°, il ne reste dans la cornue tiède , et en abandonnant la solution à l'évapora-
que du cuivre métallique [ B. Roux , Revue scien- tion spontanée . On l'obtient aussi en versant de
tif. , t. XXIV]. Quand on chauffe brusquement, l'ammoniaque par petites portions dans une dis-
à l'air, les cristaux de verdet, ils s'enflamment et solution concentrée et bouillante d'acétate neu-
brûlent avec une flamme verte. tre, jusqu'à ce que le précipité qu'elle forme se
Si l'on dissout à chaud dans l'acide acétique dissolve le nouveau sel se dépose en masse par
cristallisable le verdet , préalablement chauffé à le refroidissement de la liqueur. Ce sont de
160°, il se dépose par refroidissement des cristaux petites paillettes bleuâtres, qui dégagent 10,8 %
verdâtres, très-instables, et qui perdent de l'acide d'eau à 100º, et dont la solution se décompose
par l'ébullition, en déposant de l'oxyde de cuivre
acétique à l'air ; c'est probablement un composé noir.
analogue à
(C2H3O2)2 Cu, x C² H¹O². L'acétate tribasique se trouve également dans
le vert-de-gris . On le prépare directement soit
La dissolution du verdet bouillie avec du sucre en faisant bouillir la solution de l'acétate neutre
laisse déposer de l'oxyde cuivreux sous la forme ou la chauffant avec de l'alcool, soit en mettant
d'une poudre rouge cristalline. - Lorsqu'on fait l'hydrate de cuivre en digestion avec une solution
passer un courant d'acide sulfureux dans une dis- d'acétate neutre. Dans le premier cas, on l'obtient
solution d'acétate cuivrique, la liqueur se colore sous la forme d'un précipité gris bleuâtre ; dans
en vert émeraude et contient alors du sulfite de le second, sous la forme d'une poudre verte.
cuivre. [ Péan de Saint - Gilles, Ann . de Chim . et L'acétate tribasique perd 9 % d'eau à 160º :
de Phys., (3) , t. XLII , p. 24. -- Parkmann, Jah- il se transforme alors en
resber. , 1861 , p. 312.]
Le verdet est employé en médecine , surtout 2 (C2H3O ) ) 04 :
pour l'usage externe ; on s'en sert beaucoup dans 3 Guj
l'industrie de la teinture et de l'impression. à une température plus élevée, il dégage de
A CÉTATES . - 13 ACÉTATES .
l'acide acétique. - L'eau bouillante le décompose taux bleus , peu solubles dans l'eau froide et dé-
en le brunissant : la substance brune, à laquelle composables par l'eau bouillante en une poudre
Berzelius a donné pour composition vert clair insoluble et en bichlorure de mercure.
Ces cristaux renferment
CH6O3, 48 Cu² 0,
est probablement un mélange d'acétate tribasique 2 (C² H30) O³, Hg Cl².
et d'oxyde de cuivre. 2 Cu
Usage des acétates de cuivre. - Les différents [Wohler et Hütteroth, Ann. der Chem. u. Pharm.,
acétates de cuivre que nous venons de décrire t. LIII, p. 142. ] .
sont employés dans la peinture à l'huile : ils ACÉTATES D'ÉTAIN . - On obtient l'ACÉTATE DE
servent aussi dans la teinture et l'impression , où STANNOSUM en dissolvant dans l'acide acétique
ils jouent le rôle de mordants et plus fréquem- le protoxyde d'étain ou l'étain métallique ; dans
ment d'oxydants. On les emploie enfin en mé- ce dernier cas, il se dégage de l'hydrogène ; la
decine, où ils servent comme escharotiques. Ils solution évaporée donne un sirop qui dépose des
sont tous très-vénéneux : leur fabrication ne pa- cristaux quand on l'additionne d'alcool.
rait pourtant pas donner lieu à des inconvénients L'ACETATE STANNIQUE est préparé par la dissolu-
sérieux. ( Pécholier et C. Saint-Pierre. ) tion de l'oxyde stannique dans l'acide acétique.
C. COMBINAISONS D'ACÉTATE DE CUIVRE ET D'ACÉ- C'est une masse gommeuse, incristallisable.
TATE DE CHAUX.-- On trouve souvent dans le ver- Le bichlorure d'étain donne avec l'acide acé-
det des cristaux bleus dont les caractères optiques tique monohydraté un composé cristallisé.
diffèrent de ceux de l'acétate neutre selon ACETATES DE FER.
Ure , ils constituent une combinaison d'acétate 1. ACETATE FERREUX (ACÉTATE DE FERROSUM),
bibasique de cuivre et d'acétate de chaux : ils
renferment (C2H3O2)2 Fe''.
(C2H3O2)2 Ca, (C2H3O2,2 Cu , H2 Cu O² + 2 H2O, On le prépare en dissolvant du fer métallique
ou du sulfure de fer dans de l'acide acétique con-
leur constitution est analogue à celle de l'acétate centré et chaud , ou en décomposant le sulfate
sesquibasique. - Suivant Ettling [ Ann . der Chem. ferreux par l'acétate de plomb ou l'acétate de
u. Pharm ., t. I, p. 296. ], en chauffant une molé- calcium. Pour 1615 p. de sulfate ferreux, il faut
cule d'acétate neutre avec une molécule d'hydrate 2575 p. d'acétate de plomb ou 999 p. d'acétate de
de calcium dans huit fois son poids d'eau, on calcium. Par le refroidissement de la liqueur,
obtient un précipité qui, redissous dans l'acide on obtient des aiguilles soyeuses, incolores, très-
acétique, donne par évaporation à 30°, de gros solubles et qui constituent l'acétate de ferrosum.
cristaux bleus , très - solubles dans l'eau , et se Ce sel attire l'oxygène de l'air avec avidité et se
décomposant déjà vers 75º en dégageant de l'a- transforme alors en acétate de ferricum ; la facilité
cide acétique. Ces cristaux renferment avec laquelle il s'oxyde le fait employer avec suc-
cès comme agent réducteur, spécialement dans les
(C2H3O2)2 Ca, (C2H3O2)2 Cu + 8 H2O ; réductions des corps nitrés.
on voit qu'ils se rapprochent , par leur constitu- On s'en sert en quantités considérables comme
tion, de l'acétate neutre . mordant dans la teinture et l'impression. Le py-
D. COMBINAISON D'ACÉTATE DE CUIVRE ET D'ARSÉ- rolignite de fer est un mélange d'acétate ferreux
NITE DE CUIVRE ( vert de Schweinfurt) [ Ehrmann, et d'acétate ferrique dans lequel, sous l'influence
Ann. der Chem. u. Pharm., t. XII , p. 92] . - des matières empyreumatiques qui accompagnent
On produit cette belle couleur en ajoutant à une l'acide pyroligneux , l'acétate ferreux se conserve
solution bouillante de 4 p. d'acide arsénieux dans assez longtemps inaltéré. On prépare ce pyroli-
50 p. d'eau , une bouillie claire faite avec 5 p. de gnite de fer en mettant en digestion pendant
verdet délayé dans de l'eau tiède : le précipité qui quelques semaines l'acide pyroligneux avec des
se forme ainsi est vert jaunâtre et ne renferme rognures de tòle ou de la vieille ferraille ; on ac-
que de l'arsénite de cuivre ; mais si l'on prolonge célère la dissolution du fer en soutirant le liquide
l'ébullition en ayant soin d'ajouter au mélange de de temps à autre ; on obtient finalement une
l'acide acétique, il devient peu à peu cristallin et liqueur d'une densité de 1,120, et qui constitue
prend une belle teinte verte. le pyrolignite de fer.
L'arsénite de cuivre est alors transformé en sel Les acétates ferreux et ferriques sont précipités
double auquel Ehrmann assigne la composition par l'hydrogène sulfuré.
2. ACETATES FERRIQUES (ACÉTATES DE FERRICUM).
(C2H3O2)2 Cu + 3 (As2O Cu). A. ACETATE NEUTRE ,
Le vert de Schweinfurt est insoluble dans l'eau ; (C2H3O2) 6 Fez.
soumis à une longue ébullition, il se décompose
en brunissant ; les alcalis aqueux l'attaquent ai- Ce sel peut être préparé à l'état de pureté lors-
sément ; ils en séparent de l'hydrate de cupricum qu'on décompose l'acétate de plomb par le sulfate
qui, bouilli avec le mélange, se transforme d'abord ferrique maintenu en léger excès : du jour au
en oxyde noir, puis est réduit et passe à l'état lendemain, l'excès de sulfate que renferme la
d'oxyde de cuprosum . La liqueur renferme alors liqueur se précipite à l'état de sel basique, et la
de l'arséniate alcalin. - Les acides minéraux liqueur ne doit plus renfermer ni acide sulfurique,
énergiques ou l'acide acétique concentré le dé- ni plomb. - On le prépare plus aisément, mais
composent complétement , en enlèvent tout le aussi plus lentement , en dissolvant dans l'acide
cuivre et mettent de l'acide arsénieux en liberté. acétique l'hydrate ou le carbonate de ferricum :
Le vert de Schweinfurt est fréquemment em- après une digestion de quelques jours, on obtient
ployé dans l'industrie à cause de sa belle couleur. de l'acétate ferrique assez concentré. - L'acétate
Les papiers peints, les étoffes légères , les fleurs ferrique neutre se produit également quand on
artificielles, etc. , en consomment de grandes quan- laisse une solution d'acétate ferreux exposée à
títés, et comme ce vert est un poison énergique, l'air il se dépose en même temps du diacétate
son emploi a souvent donné lieu à de graves ac- triferrique.
cidents. C'est un sel rouge foncé, incristallisable, très-
E. COMBINAISON D'ACÉTATE DE CUIVRE ET DE BI- soluble dans l'eau et dans l'alcool.
CHLORURE DE MERCURE.- Le mélange de solutions , La solution, d'un rouge vineux , présente des
saturées à froid , d'acétate de cuivre bibasique phénomènes remarquables, lorsqu'elle est soumise
et de sublimé corrosif dépose peu peu des cris- à l'action de la chaleur. - Chauffée jusqu'à un
ACÉTATES .
- 14 ---- ACÉTATES .
degré voisin de l'ébullition , elle devient tout à
coup beaucoup plus foncée, dégage de l'acide acé- Ces sels sont en général très- instables : l'ébul-
tique et renferme alors un sous - acétate ; une lition avec l'eau en précipite de l'oxyde de fer,
petite quantité d'un sulfate soluble ou d'acide en même temps que les acides sont mis en li-
sulfurique, ajoutée à la liqueur, en préc ipite tout bert é.
le fer à l'état de sous- sulfate ferrique jaune. Ce Tetracéto-diazotate ferrique,
sous-acétate persiste même en présence d'un excès
d'acide acétique , pendant assez longtemps . Ce n'est (C2 H3 O2)4 ) VI
qu'après plusieurs jours qu'il est transformé en (Az O3j2 ) Fe² + 6 H2O.
acétate neutre . Chauffée à l'ébullition , la solu- a. On prépare une solution d'acétate ferreux
tion perd rapidement tout son acide acétique et (D= 1,250) ; après lui avoir ajouté un excès d'acide
laisse déposer tout le fer à l'état d'hydrate : ce dé- acétique , on la chauffe à 80°, puis on y verse
pôtse fait instantanément à l'ébullition, en présence goutte à goutte de l'acide nitrique ordinaire, non
d'une très-petite quantité d'un sel étranger. (Le fumant une vive réaction a lieu et, quand l'opé-
nitrate de baryum , les acétates , nitrates , chlorures ration a été bien conduite , on obtient par refroi-
de ferricum , de plomb, de cuivre, de chrome et dissement de belles aiguilles , qu'on peut purifier
d'aluminium empêchent cette précipitation , peut- par redissolution dans l'eau bouillante :
être à cause de la formation de sels doubles .)
Quand on chauffe la solution de l'acétate ferrique , Fe"
aux environs de 100 °, dans un vase fermé, pen- 6 ( 2 C² 100²) +8 (Az ( AzO00)
dant quelques heures , on voit sa couleur passer VI
=3 (Fe ²)
peu à peu au rouge, et il arrive un moment où, la ( C2 H³ O) 06 + 2Az0 + 4 ( 11²0).
transformation étant complète , la liqueur ne pré-
cipite plus le ferrocyanure de potassium. 2 (Az O²)
présente alors les caractères suivants : elle Elle est 3. On dissout dans l'acide acétique le diazotate
d'une couleur rouge brique , trouble et opaque ferrique :
par réflexion , quoique parfaitement limpide en (Az O3)2 )
réalité sa saveur n'est plus du tout astringente. (HO Fe² + (C² H+ O?)
Une trace d'acide sulfurique ou d'un sel alcalin , ( C2H3 O2)4 ) VI
l'acide nitrique et l'acide chlorhydrique concentrés (Az 032 ( Fe2 +4H2O.
en précipitent immédiatement l'hydrate ferrique , La réaction est lente : elle est terminée quand
modifié , c'est-à- dire dans cet état particulier où le mélange ne précipite plus par l'acide nitrique ;
il est devenu presque insoluble dans les acides on sait que les azotates ferriques basiques sont
concentrés, et soluble dans l'eau pure , l'acide insolubles dans l'acide azotique .
acétique et les acides nitriques et chlorhydriques Y. On dissout 1 molécule d'hydrate ferrique
étendus. (Voir hydrate de fer. ) dans 4 molécules d'acide acétique et 2 molécules
Saint- Gilles Ann . de Chim. et de - Phys . , (3de
[Péan ), d'acide azotique .
t. XLVI, p. 53.] 6. On mélange 1 molécule d'azotate ferrique
Scheurer- Kestner [ Ann . de Chim. et de Phys., avec 2 molécules d'acétate ferrique .
(3), t. LXIII, p . 422 , et t. LXVIII , p. 472 ] a dé- E. On traite le dichloro - tétracétate ferrique ( voir
couvert récemment une nouvelle classe de sels de plus loin ) par l'azotate d'argent : il se forme du
fer, dont nous donnons ici la description et qui ont chlorure d'argent et du tétracéto- diazotate fer-
puissamment contribué à affirmer l'hexatomicité rique.
du ferricum. Celui-ci étant formé par l'union de Ce sel est très-bien cristallisé, en prismes
2 atomes de fer tétratomique (Fe = 56 ) , le couple rhomboidaux droits , d'un rouge de sang. Son
IV IV odeur rappelle à la fois l'acide acétique et la va-
(Fe - Fe ) devient hexatomique. Fe2 VI peut donc se
substituer à 6 atomes d'hydrogène dans 6 molé- peur nitreuse . -- Il est très - soluble dans l'eau,
cules d'un ou plusieurs acides monobasiques : soluble en toutes proportions dans l'alcool : inso-
luble dans l'éther, dont on peut en conséquence
NOTATION TYPIQUE. se servir pour laver les cristaux. - déc
posable par la plus faible élévation Ildeest tem pérom-
a-
VI VI tur e. - Traité par l'acide azotique, il donne du
6 [ C2H3O2.H] (C2H3O2 ) 6 . Fe² Fez 06.
tétracéto-azotate ferrique .
6 molécules Acétate ferrique . (C2H³ O)6 ) Diacéto- tetrazotate ferrique,
d'acide
acétique. (C2 H3 O2) 2 ) V
VI (AzO3) Fe2 + 8 (H2O).
4 [ C2H3O2 . H] (C2H3O2) Fe2 a. On fait une solution (D = 1,250) de tétrazo-
2 [ AzO³.H] vi C2H3 06. ferr
(Az O3)2 Fc2 ( O) tate ique , on y ajoute un excès d'acide acéti-
4 molécules Tétracéto- (Az O2jz que concentré et on fait cristalliser dans le vide :
d'acide diazotate on lave avec de l'éther alcoolisé.
acétique . ferrique . B. On dissout 1 molécule d'hydrate ferrique
2 molécules dans 2 molécules d'acide acétique et 4 molécules
d'acide
azotique. d'ac ide nitrique .
y. On mélange 1 molécule d'acétate ferrique
3 [ C2H3O2 . H] ( C2H³ O2,3 ) neutre avec 2 molécules d'azotate ferrique.
[CH] Petits prismes rhomboidaux obliques, souvent
C12F ( C2H303 04. accolés en croix.
1 [HO.H ] HO H B. ACETATES BASIQUES .
3 molécules Dichloro-
d'acide triacétate C12 1. Tétracétate ferrique,
acétique . ferrique.
2 molécules ( C2H3O2)4 VI
d'acide
chlorhydrique. (HO)2 Fe².
1 molécule On l'obtient en dissolvant à 50°, dans 10 p.
d'eau d'acide acétique à 30 p . % , l'hydrate ferrique pro-
venant d'une partie de fer , et évaporant cette so-
La théo rie dual isti que con sid ère ces sels com me lution à 70°. C'est une masse amorphe, soluble
des sels doubles. dans l'alcool et dans l'eau. [Oudemans , Jahresber . ,
1858, p . 282. ]
ACÉTATES . - 15 ―― ACETATES .
2. Triacetate ferrique, et que ce sel neutre se transforme en sel basique
par la perte de Az O. Scheurer a constaté, en
(C2H3O2)3 ) 1 effet, qu'il se dégage des vapeurs rutilantes pen-
(HO dant l'évaporation du mélange.
Ce sel est très-probablement renfermé dans la 6. Tétracéto-azotate ferrique ,
solution rouge que l'on obtient en traitant par
l'oxyde d'argent le dichloro - triacétate ferrique (C2H3O2 VI
Az 03 Fe2 + 4 H2O.
(voir plus bas) ; évaporée dans le vide, cette solu- но
tion devient sirupeuse, mais elle ne cristallise pas ;
elle se décompose promptement à la température On l'obtient par l'action de l'acide azotique sur
ordinaire en formant une gelée ocreuse. (Scheu- le tétracéto-diazotate ferrique. On le prépare
rer.) plus facilement en laissant digérer pendant plu-
3. Diacétate triferrique, sieurs jours, à 40° environ, un mélange de 1 mo-
lécule d'hydrate ferrique , 4 molécules d'acide acé-
(C2H3O2)2 )VI tique, 1 molécule d'acide azotique , et évaporant
(HO) Fe2, 2 Fe2O3 . dans le vide. - 1 molécule d'acétate ferrique
C'est le dépôt ocreux qui se forme quand on neutre, 1 molécule de diazotate ferrique et 1 mo-
laisse une solution d'acétate de ferricum exposée lécule d'acide acétique donnent le même résultat.
à l'air. Ce sont des cristaux rhomboidaux droits, rouge-
Ces trois acétates basiques sont les seuls dont brun , durs , brillants , moins déliquescents que
on connaisse la composition ; les autres sels qui se les autres composés de Scheurer ; très- solubles
forment par la décomposition de l'acétate neutre dans l'eau et l'alcool, décomposables par une faible
sous l'influence de la chaleur, ou dans d'autres élévation de température .
circonstances, n'ont pas été analysés . Mais plu- 7. Triacéto-azotate ferrique,
sieurs des corps décrits par Scheurer - Kestner
présentent la composition de sels basiques de fer- (C2H3O2)3 ) VI
ricum. Az 03 Fe2 + H2O.
4. Triacéto-diazotate ferrique, (HO)2
On le prépare en laissant digérer à 32° environ
(C2H3O2,3 VI un mélange en proportions convenables d'hydrate
( Az O32 Fe2 + 8 H². O. ferrique , d'acide acétique et d'acide azotique. -
но ) On l'obtient encore en agitant fréquemment un
On le prépare directement en mettant en présence mélange formé de deux molécules d'acide acétique
les quantités équivalentes d'hydrate et des deux et d'une molécule de diazotate ferrique ; il se pro-
acides. - On l'obtient aussi en traitant par l'azo- duit, dans ce cas, un mélange de triacéto -azotate
tate d'argent le dichloro-triacétate ferrique (voir et de tétrazotate ferrique.
plus bas). Ce sont des prismes rhomboidaux obliques ,
(C2H3O2)3 aplatis, d'un rouge foncé, très-solubles dans l'alcool
Cia Fe2 +2 (Az 03 Ag ) et l'eau, insolubles dans l'éther.
HO ACÉTO-CHLORHYDRINES DE FErricum .
(C2H3O2)3 ) VI 1. Dichloro-triacétate ferrique,
-= 2 Cl Ag + (Az O3)2 Fe².
(C2H3O2)3 VI
Ho C12 Fe2 + 3H2O .
Cristaux rhomboidaux , ou plaques cristallines, Но )
foncées, presque noires, solubles dans l'alcool. On obtient ce corps en traitant avec précaution
5. Diformio-diacéto-azotate ferrique, par de l'acide nitrique une dissolution chauffée à
(CHO2)2 80°, de chlorure ferreux dans l'acide acétique : la
(C2H3O2)2 VI liqueur concentrée abandonne par refroidisse-
Az 03 Fe2 + 5 H2O. ment de petits cristaux rhomboidaux ( obliques ?) :
НО les eaux mères décantées fournissent après quel-
Ce composé peut être obtenu par l'action directe ques jours une nouvelle quantité du même corps,
des trois acides, en proportions convenables , sur en cristaux volumineux ; il se forme en même
l'hydrate ferrique ; mais il est plus avantageux de temps du chlorure ferrique :
faire réagir lentement et au bain - marie l'acide 12 Fe" Cl2 +9 C² II ' O² + 4 Az O³ H
nitrique (D = 1,38 ) sur un mélange d'acétate et (C2H3O2)3 VI
de formiate ferreux. Lorsque l'oxydation est -3 Cl2 Fe2 + 3 Fe2C16
terminée, on obtient un liquide rouge, très-alté- но
rable, mais qui cristallise quand on l'évapore sur +4 ( AzO ) +3 ( H2O ).
l'acide sulfurique ; les cristaux ne commencent à
se montrer que lorsque le liquide est devenu si- Le même sel se forme quand on laisse digérer à
rupeux; à ce moment on peut favoriser la cristal- une température de 40°, pendant deux à trois
lisation en chauffant vers 50°, ou en refroidissant jours , un mélange de 1 molécule d'hydrate fer-
brusquement . rique, 2 molécules d'acide acétique et 1 molécule
Ce corps est très-soluble dans l'eau et l'alcool ; d'acide chlorhydrique .
il est insoluble dans l'éther. Ce sont des cristaux très - durs , noirs par ré-
Il est extrêmement altérable ; l'ébullition en pré- flexion, rouges par transparence , très - solubles
cipite de l'oxyde de fer ; si l'on pousse trop loin dans l'alcool et l'eau. - Traités par l'oxyde d'ar-
l'évaporation, même dans le vide , le sel se dé- gent, ils donnent le triacétate ferrique.
compose. Scheurer, qui a fait connaître ce corps, l'envi-
Si, dans la préparation de ce corps, on pèse la sagea d'abord comme le dichlorure de triacétate
quantité d'acide nitrique nécessaire à l'oxydation , ferrique. - Hugo Schiff [ Ann. de Chim . et de
on constate que cette quantité est double de celle Phys. , (3), t. LXVI, p . 136 ] fit voir plus tard qu'il
qu'exige la formule ci-dessus ; il est donc probable devait être considéré comme une acétochlorhy-
qu'il commence par se former le sel suivant : drine. Il dérive de l'acétate
(CHO2)2) VI (C2H3O2)3 ) Fe
VIz
(CH3O2 ) Fe² , (HO,3
(Az O3)2 ) dans lequel 2 HO sont remplacés par 2C1.
ACÉTATES . 16 - ACÉTATES .
2. Dichloro-tétracétale ferrique, tôt à l'état cristallisé. On l'obtient facilement en
ajoutant une solution chaude et concentrée d'acé-
(C2H3O2)4 ) VI tate de mercure, du sulfure de mercure récem
Ci² ) Fe2 + 3H2O. ment précipité, tant que le précipité formé se dis-
On l'obtient en dissolvant 1 molécule d'hydrate sout, étendant la solution d'un égal volume d'al-
ferrique dans un mélange formé de 2 molécules cool à 90°, et abandonnant à l'air pendant quel-
d'acide chlorhydrique et de 4 d'acide acétique , ou ques jours.
en oxydant , par l'acide nitrique , le chlorure Il se dépose ainsi des tables brillantes, formées
ferreux dissous dans de l'acide acétique très-con- par la combinaison du sulfure et de l'acétate de
centré. mercure elles ont pour composition
Ce sont des cristaux d'un rouge jaune , solubles
dans l'alcool et dans l'eau, facilement décom- (C2H3O2)2 Hg + SHg.
posables en acide acétique et en dichloro-triacétate (Voyez SULFURE DE MERCURE. ) [ R. Palm , Jahres-
ferrique. - Traité par l'azotate d'argent, ce sel est ber., 1862 , p. 220.]
décomposé au bout de 12 heures , à la tempéra- 3. ACETATE DE MERCURAMMONIUM. [ Hirzel, Ann.
ture de 50° : il se forme alors du tétracéto-diazo- der Chem. u. Pharm . , t. LXXXVI, p . 262.]
tate de ferricum :
(C2H3O2)2 Az2 H6 Hg + H2O.
(C * H3O ? ) } v (En équiv.: CH³ Az H+ O¹ . Hg O.)
C12 Fe2 + 2 (Az O³ Ag)
Lorsqu'on agite une solution d'acétate d'am-
= 2 (Cl Ag) + (C2H3O2)4
(Az O3)2 Fe². moniaque avec de l'oxyde de mercuricum récem-
ment précipité, on obtient des cristaux qui, puri-
ACETATE DE LITHIUM. [Rammelsberg, Ann . der fiés par redissolution dans l'eau, présentent la com-
Chem. u. Pharm . , t. LXVI, p. 79. ― Pleischl, position ci-dessus. Ce sont des tables rhombes
Zeitschr.f. Phys. u. verw. Wissensch. , t. IV, p. 108. solubles dans l'eau , insolubles dans l'alcool, faci-
Troost, Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ) , t. LI, lement décomposables. Chauffés à 100°, ils se
p. 143.] transforment en une poudre jaune qui renferme
C2H3O2. Li + H² 0.
2 C2²H3O 02
On le prépare en saturant l'acide acétique par Az Hg 0² + 4 H2O .
du carbonate de lithium : par évaporation , on
obtient une liqueur sirupeuse, au sein de laquelle (Acétate de tétramercurammonium . )
il se forme bientôt des prismes droits rhomboi- ACETATE DE NICKEL. — Cristaux vert pomme,
daux d'acétate de lithium. ( Pleischl . ) légèrement efflorescents , solubles dans 6 p . d'eau
Sel déliquescent, soluble dans moins d'un tiers froide, insolubles dans l'alcool.
de son poids d'eau à 15º : dans 4,64 p. d'alcool à ACÉTATES DE PLOMB. Berzelius , Ann. de
14° (D= 0,81 ). --- Sous l'influence de la chaleur, Chim., t. XCIV, p. 298 ; Payen , Ann . de Chim. et
il fond dans son eau de cristallisation , puis perd de Phys., (3), t. LXV, p. 239, et t. LXVI, p. 37 ;
son eau , subit la fusion ignée et se décompose Schindler, Archiv. de Brandes, t. XLI, p. 129 :
finalement en donnant naissance à du carbonate Wittstein, Rep. de Buchner, t. LXXXIV, p. 170;
de lithium et à du charbon. (Troost.) Brooke, Ann. of Philos., t. XXII , p . 374 ; H. Kopp,
ACÉTATE DE MAGNESIUM . Sel amer, gom- Einleit. in die Krystall . , p. 310 ; Carius, Ann .
meux, déliquescent, très-soluble dans l'alcool et de Chim. et de Phys. , (3) , t. LXVIII , p. 207 ; Capec-
dans l'eau. cioni, Mon. scient. Quesneville, t. I, p. 314.]
ACETATE DE MANGANESE. On le prépare ACÉTATE NEUTRE OU DIACETATE DE PLOMB (sel de
par dissolution du carbonate de manganèse dans Saturne, sucre de Saturne),
l'acide acétique bouillant : par refroidissement il (C2H3O2)2 Pb" + 3 H2O.
se dépose tantòt sous forme de tables rhombes,
tantôt sous forme de prismes réunis par groupes. Ce sel est préparé industriellement en dissol-
---- Sel rose pâle, soluble dans 3 p. d'eau. vant la litharge dans l'acide acétique, ou en ex-
ACÉTATES DE MERCURE . posant à l'air un mélange d'acide acétique et de
1. ACETATE MERCUREUX OU DE MERCUROSUM (terre plomb le métal dans ces conditions s'oxyde
foliee mercurielle), promptement aux dépens de l'air, et l'oxyde ainsi
formé se dissout dans l'acide acétique : les li-
(C2H3O2,2 Hg2. queurs évaporées jusqu'à ce qu'elles aient atteint
On l'obtient par double décomposition en mêlant une densité de 2,2, déposent des cristaux d'acé-
des solutions d'acétate de sodium et de nitrate de tate de plomb. On le prépare aussi en traitant le
mercurosum.- Paillettes nacrées ou lames mica- sulfate de plomb (100 p.) par une solution con-
cées d'un blanc argentin , solubles dans 333 p. centrée d'acétate de baryum (84 p .) , ou d'acétate
d'eau froide , insolubles dans l'alcool , décompo- de calcium (52 p. ) : la réaction est complète à
sables par l'eau bouillante en mercure métal- froid, elle est instantanée à chaud . [Kraft, Rép. de
lique et en acétate mercurique. - Quand on chauffe Chim . appl. , I, 324. ] — L'acétate de plomb cris-
le sel sec, il se décompose promptement en déga- tallise en prismes clinorhombiques . Combinaison
geant de l'acide acétique et de l'acide carbonique : ordinaire (Brooke et H. Kopp ), m , p, h¹ ; quelque-
le mercure métallique est régénéré. On l'em- fois p domine , de manière à donner aux cristaux
la forme de tables. Inclinaison des faces, m : m
ploie en médecine comme antisyphilitique. -= 128°; p ; m == 98°30 ' ; p ; h¹ = 109°32. Clivages
2. ACETATE MERCURIQUE OU DE MERCURICUM,
parallèles à p et à h¹. Ces cristaux sont trans-
(C2H3O2)2 Hg" . parents , légèrement efflorescents : ils ont une
On le prépare en dissolvant l'oxyde rouge de saveur sucrée et en même temps astringente : ils
mercure dans l'acide acétique. Lames nacrées laissent un arrière-goût métallique et désagréable.
brillantes, demi-transparentes . Solubles dans 4 p. D= 2,496, Buignet (J. Pharm. , (3), XL, 161,337] .
d'eau à 10° et dans 1 p. à 100º. L'alcool et --- Solubles dans 1 1/2 p. d'eau froide et 8 p. d'al-
l'éther en séparent de l'oxyde de mercure. cool. - La solution rougit le papier de tournesol.
Lorsqu'on ajoute de l'hydrogène sulfuré à une Elle est très-légèrement décomposée par l'acide
solution d'acétate de mercure, il se forme un pré- carbonique de l'air avec formation de carbonate
cipité qui disparaît par l'agitation : si la solution de plomb. L'acide acétique, mis en liberté, s'op-
d'acétate de mercure est suffisamment concentrée, pose à une décomposition bien avancée ; mais le
la combinaison qui s'est formée se dépose bien- sel sec effleuri est quelquefois assez profondément
ACÉTATES . 17 ACÉTATES .
altéré . Sous l'influence de la chaleur, l'acétate En opérant dans des conditions analogues, mais
de plomb fond dans son eau de cristallisation , à la température de 100%, on obtient de l'oxyde de
vers 75°; au-dessus de 100º, il perd de l'eau et plomb anhydre, cristallisé en lamelles transluci-
un peu d'acide : il se transforme alors en une des et brillantes (Payen).
masse blanche et poreuse d'acétate sesquibasique. L'acétate tribasique est le plus stable des sous-
Vers 280°, il fond de nouveau ; à une tempéra- acétates de plomb. Il joue un grand rôle dans
ture un peu supérieure il est complétement dé- la fabrication du blanc de céruse (procédé de Cli-
composé : il se dégage de l'acide carbonique et de chy) : c'est lui en effet dont la solution, décom-
l'acétone ; comme résidu on obtient du plomb posée par l'acide carbonique, donne naissance au
extrêmement divisé. carbonate de plomb ; il se forme en même temps
L'ammoniaque ne précipite pas l'acétate de du diacétate .
plomb cependant, si l'on en ajoute un excès, il Dans le procédé hollandais, la formation du
se dépose de l'acétate sexbasique ; si l'on fait carbonate de plomb est due également, selon
bouillir ce précipité avec un excès d'ammoniaque, Pelouze, à la production du diacétate triplom-
il se forme de l'oxyde cristallisé. bique qui se forme à la surface des plaques de
La solution aqueuse d'acétate de plomb dissout plomb et qui est ultérieurement décomposé par
la litharge en produisant des acétates basiques : l'acide carbonique .
cette dissolution est presque instantanée, lors- 4. Monoacetate triplombique ( Acétate sexba-
qu'on opère à 100°, dans une capsule d'argent sique),
(Rochleder). (C2H3O2) (HO) Pb, 2 PbO.
L'acétate neutre est employé dans l'industrie
de la toile peinte pour fixer l'acide chromique Préparation. On met la solution des sels pré-
(jaune de chrome) , et pour la préparation de l'a- cédents en digestion avec de l'oxyde de plomb.
cétate d'aluminium . Le monoacétate triplombique est une poudre
Capeccioni s'en sert pour donner au suif une blanche, peu soluble dans l'eau chaude, d'où elle
consistance plus ferme. se dépose en aiguilles brillantes (Berzelius).
En médecine, on l'utilise comme astringent et Le produit connu sous le nom d'extrait de Sa-
résolutif. turne est constitué en majeure partie par une
ACETATES BASIQUES. dissolution de monoacétate triplombique ; on la
1. Tetracetale triplombique ( Acetate sesqui- prépare en faisant bouillir dans une bassine de
basique), cuivre (où l'on introduit, par précaution , une
2 [ C2H3O2) 2 Pb] , (HO) Pb. lame de plomb) 9 parties d'eau avec 3 parties de
diacétate de plomb et 1 partie de litharge.
Préparation. On chauffe le diacétate dans L'eau de Goulard est préparée en versant dans
une capsule jusqu'à ce que la masse fondue soit 1 litre d'eau de rivière 8 à 30 grammes d'extrait
devenue solide, poreuse. On reprend par l'eau de Saturne. On se sert de ces préparations
bouillante et l'on évapore à cristallisation . — On pour l'usage externe comme astringent et réso-
obtient ainsi des lames nacrées solubles dans lutif.
l'eau et l'alcool. On se sert souvent, en chimie, des dissolutions
2. Monoacétate plombique (Acetate bibasique), de sous-acétates de plomb pour précipiter des ma-
2 [ (C² H³ O²) (HO) Pb] + H2O. tières colorantes, des tannins, des gommes, etc.
Guignet a observé que la solution d'acétate basique
Préparation. On fait bouillir du diacétate de de plomb donne dans une liqueur renfermant un
plomb (une molécule) avec de l'oxyde de plomb azotate soluble, ne fût-ce que 1 %, un précipité
(une molécule) : caillebotté d'azotate bibasique de plomb très-peu
soluble dans l'eau froide, mais soluble à chaud,
(C2H3O2)2 Pb + PbO + H2O et cristallisant par refroidissement : il est égale-
= 2 [ (C² H³ O²) ( H O) Pb] . ment soluble dans un excès d'acétate basique
Le sel cristallise par refroidissement (Schindler). [Bull . de la Soc. chim . , 1863 , p. 114] .
3. Diacetate triplombique (Acetate tribasique), ACÉTOCHLORHYDRINES, ACÉTOIODHYDRINES, ACÉTO-
BROMHYDRINES PLOMBIQUES,
(C2 H3 O2)2 Pb, 2 Pb O, H2O.
(C2H3O2) Pb" C2H3O2 Pb" C² H³02 ) Pb" .
Préparation. 1º On fait digérer 7 p. de mas- Br
sicot dans une solution aqueuse de 6 p. de diacé-
tate cristallisé. Ces corps très-intéressants ont été décrits par Ca-
2º Dans 100 volumes d'eau bouillante et préa- rius [Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t. LXVIII ,
lablement bouillie pendant 30 minutes, on verse p. 207. - Ann . der Chem. u. Pharm . , t . CXXV , p . 87,
100 volumes d'une solution aqueuse de diacétate 1863] , qui indique pour leur préparation les deux
de plomb, saturée à 30 ° ; puis on ajoute dans le procédés suivants :
liquide 100 volumes d'un mélange de 80 volumes 1. On ajoute de l'acide acétique à un mélange
d'eau pure à 60° avec 20 volumes d'ammoniaque intime de chlorure de plomb récemment précipité
exempte de carbonate. Le flacon étant immédia- et de diacétate de plomb anhydre, de manière à
tement clos, on voit peu à peu se former une former, avec le tout , une bouillie épaisse. La
abondante cristallisation de diacétate tribasique masse s'échauffe et se transforme promptement
[Payen, Ann. de Chim . et de Phys ., (3) , t . VIII, en un corps solide non cristallin qu'il suffit d'ex-
p. 302]. primer entre des feuilles de papier pour le débar-
Ce sel se présente sous la forme de longues ai- rasser d'acide acétique. Un tel mélange chauffé
guilles soyeuses, brillantes, d'un blanc satiné, in- en vase clos à 135° donne la combinaison cristal-
solubles dans l'alcool , très-solubles dans l'eau, à lisée.
laquelle elles communiquent une réaction alca- 2. On fait réagir sur le diacétate de plomb les
line. Quand on ajoute à 100 volumes d'une so- chlorures , bromures, iodures de radicaux alcoo-
lution aqueuse froide de diacétate tribasique sa- liques , éthyle , éthylène , etc. Pour obtenir les
turée à 15° , 50 volumes d'eau, et ensuite, en agi- composés chlorés ou bromés bien cristallisés , il
tant, un mélange de 20 volumes d'eau et 30 volu- faut opérer en vase clos à 180° (pour les composés
mes d'ammoniaque, on voit se former au bout de iodés à 140° seulement) et en présence d'acide
quelques heures une belle cristallisation d'hydrate acétique ( 1 molécule d'acide pour 1 molécule de
de plomb Pb³ H²O'. diacétate de plomb).
I- 2
ACÉTATES . 18 ACÉTATES .

La réaction par laquelle l'acétochlorhydrine de aiguilles ou en paillettes blanches et grasses au


plomb prend naissance est la suivante : toucher. -- - Il est très-soluble dans l'eau, et dé-
C2H5 CI + (C2H3O2)2 Pb" liquescent :
Chlorure d'éthyle. 1 p . de sel se dissout dans 0,531 p. d'eau à 20
11 Pb" . 0,437 1309 Osann.
= C2H3O2 . C2H5 + C² ³0 CI 0,321 2895
- 0,203 - 620
Acétate d'ethyle. Acétochlorhy
de plombdr. ine Une solution, saturée à l'ébullition , contient
Il est évident qu'il ne faudrait pas prendre 2 mo- 1 partie de sel pour 0,125 p . d'eau ; cette solution
lécules de chlorure d'éthyle , car on aurait bout à 169 (Berzelius).
Il est soluble dans l'alcool , mais moins que
2 (C2H5CI) + (C2H3O2)2 Pb" dans l'eau : il se dissout, en effet, dans 2 p. d'al-
= Cl2 Pb + (C2H³ O² . C² H³ , 2.
cool absolu bouillant et dans 3 p. d'alcool ordi-
Propriétés. Ces composés sont généralement naire (Destouches).
bien cristallisés, dans le type clinorhombique. Ils La solution bouillante dépose par refroidisse-
sont solubles en faible quantité dans l'acide acé- ment l'acétate en beaux cristaux. Sa dissolution
tique. L'alcool et l'eau les décomposent lente- alcoolique est précipitée par l'éther. Elle est
ment en diacétate et en chlorure, bromure , iodure décomposée par l'acide carbonique avec formation
'de plomb. de carbonate de potassium et d'une notable quan-
COMBINAISON D'ACETOCHLORHYDRINE ET DE DI- tité d'éther acétique .
ACÉTATE DE PLOMB. Quand on chauffe une L'acétate de potassium est soluble dans l'acide
dissolution de 3 molécules de diacétate de plomb acétique qui le transforme en acétate acide de
avec une molécule de chlorure de plomb récem- potassium (voir plus loin) , et dans l'acide acéti-
ment précipité, celui- ci se dissout et l'on obtient, que anhydre avec lequel il forme une combinai-
par évaporation, de beaux cristaux qui présentent son spéciale.
la composition La solution aqueuse de l'acétate de potassium
C2H3O2 évaporée à siccité se transforme en une masse
(C2H3O2)2 Pb"' + CI Pb" +3 H2O. lamellaire (terre foliée du tartre des anciens) , qui
Diacétate de plomb. Acétochlorhydrine fond à une température plus élevée (292º environ)
de plomb. et se prend par refroidissement en cristaux feuil-
Ce sont des prismes, longs . souvent d'un centi- letés, tellement déliquescents qu'ils se recouvrent
mètre, solubles sans décomposition dans l'eau et presque à l'instant même de petites gouttelettes
qui, traités par l'acide acétique, lui abandonnent d'eau à cet état , l'acétate de potassium est em-
du diacétate de plomb, en même temps que l'acé- ployé fréquemment dans les recherches chimi-
tochlorhydrine est mise en liberté. ques, comme déshydratant, et comme puissant
Ce même corps paraît avoir été obtenu , à l'état agent de double décomposition. Au rouge, il
impur, par Poggiale, en traitant à chaud le chlo- est détruit, en donnant de l'acétone, des gaz in-
rure de plomb par le monoacétate tribasique de flammables, des produits empyreumatiques et en
plomb et ajoutant ensuite un léger excès d'acide laissant du carbonate mêlé de charbon.
acétique. Chauffé avec un excès de potasse , il se trans-
COMBINAISON D'ACIDE ACÉTIQUE ET DE MINIUM. forme en carbonate de potassium et en hydro-
[ Fischer, Journ. f. Chem . u . Phys. von Schweig- gène protocarboné :
ger, LIII, 124 ]· En chauffant à 40° un excès de C2H3O2K + KHO = CO3 K2CHI'.
minium avec de l'acide acétique cristallisable, on [Persoz et Dumas, Ann. de Chim . et de Phys.,
obtient une dissolution qui dépose , par refroidis- t. LXXIII , p. 93. ]
sement, de beaux prismes rhomboidaux obliques. Distillé avec de l'acide arsénieux, il produit de
Ces cristaux sont très-altérables ; si l'on essaye de l'oxyde de diméthylarsine (liqueur fumante de
les sécher, ils se décomposent en acide acétique Cadet) . Cette réaction est si sensible qu'elle sert
et en bioxyde de plomb. Leur solution même se généralement à constater la présence de l'acide
décompose au contact de l'air ou par l'addition de acétique :: la plus petite quantité d'acétate de po-
l'eau. Les cristaux chauffés à 160° entrent en fu- tassium chauffée avec un excès d'acide arsénieux
sion et se décomposent presque immédiatement donne naissance à des vapeurs blanches, douées
en plomb métallique, acétone, acide acétique ; ils d'une odeur alliacée très-pron ncée . - — Lorsqu'on
répandent en même temps l'odeur de la fève de soumet à l'électrolyse une solution concentrée
Tonka. D'après Jacquelain [ Compt. rend. des d'acétate de potassium, on obtient des produits
trav. de Chim . , 1851 , p . 1 ] , ces cristaux sont gazeux formés en majeure partie de méthyle, d'a-
représentés par les rapports cide carbonique et d'hydrogène [Kolbe, Ann. der
3 (CH3O³ ) , PbO² (?) . (¹) Chem. u . Pharm ., t . LXIX, p. 257] .
ACETATES DE POTASSIUM . C'est le procédé qui a servi à Kolbe pour obte-
MONOACETATE DE P TASSIUM. (ACÉTATE NEUTRE. nir le méthyle libre.
Arcanum tartari , Tartarus regeneratus , Terra Lorsqu'on électrolyse un mélange d'acétate et
foliata. Blættererde, Gebletterde, Weinsteinerde.) d'oenanthylate de potassium, il se forme, en très-
Il existe en abondance dans la sève des végé- petite quantité à la vérité, du méthyle -caproyle
taux : c'est lui qui dans la calcination du bois [Wurtz, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XLIV,
donne naissance à la majeure partie du carbonate p. 296] .
Lorsqu'on fait passer un courant de chlore dans
de potassium qu'on retrouve dans les cendres.
On le prépare, en dissolvant dans l'acide acétique une solution d'acétate de potassium, la liqueur
le carbonate de potassium ; quand, dans cette acquiert des propriétés décolorantes énergiques,
préparation , on emploie le vinaigre brut, il faut qu'elle perd par le séjour à l'air.
avoir soin de n'ajouter le carbonate que par petites Pendant le passage du chlore , il se dégage de
portions, et de maintenir la liqueur toujours acide : l'acide carbonique.
on évitera ainsi la formation de matières colo- L'acétate de potassium distillé avec de l'acide
rantes que l'action alcaline du carbonate dévelop- butyrique ou valérique se transforme en acétate
perait promptement (Fremy père) . acide de potassium .
L'acétate de potassium est blanc, cristallisé en Il est employé en médecine comme fondant et
diurétique; on l'a employé avec succès dans le
(1) C6, 0 := 8, Pb = 103,5. traitement de la gonorrhée.
ACÉTATES . 19 - ACÉTATES .

ACETATE ACIDE DE POTASSIUM , On le prépare généralement aujourd'hui en dis-


C2 H3 O2 K, C2H3O2 H. tillant le pyrolignite de calcium purifié, avec de
Thomson l'obtint en évaporant, dans le vide, un l'acide sulfurique et saturant le liquide distillé
mélange d'une molécule d'acétate de potassium et par du carbonate de sodium . On peut aussi satu-
rer directement l'acide pyroligneux préalablement
d'une molécule d'acide acétique. purifié par distillation, avec du carbonate de so-
Melsens l'étudia avec soin et constata que , pour dium ; on évapore et l'on obtient par cristallisa-
le produire, il suffit d'évaporer une solution d'acé- tion de l'acétate impur, brun , que l'on soumet,
tate avec un excès d'acide acétique ; par refroi- dans des vases peu profonds en tole , à la tem-
dissement , on obtient une masse cristalline de
diacétate Journ. de Pharm., (3) , t. VI, p . 415, et pérature du rouge sombre. Les matières goudron-
neuses sont ainsi détruites ; il ne reste plus qu'à
Compt. rend. de l'Acad. , t. XIX, p. 611 ] . On peut reprendre par l'eau pour obtenir un sel complé-
également le préparer en chauffant le monoacétate tement blanc.
avec de l'acide butyrique ou valérique. Ce sont de gros prismes clinorhombiques. Com-
Ce sont tantôt des lamelles nacrées , tantôt de
binaison ordinaire : [ Kopp, Einleit. in die Cris-
longs prismes aplatis, très -flexibles, déliquescents, tal. , p . 310. - Brooke , Annals of Philosophy,
solubles dans l'alcool. On peut les chauffer dans t. XXII, p. 39] p. m, h¹ , d¹² , plus rarement avec
le vide à 120° sans qu'ils perdent de leur poids h¹ , b1/2, b1/4, a1/2; m m par-dessus g¹ = 95°30';
ou qu'ils soient altérés. p : m - 75°35'; b1/2 : d1/2 = 117° 32 '. Clivage pa-
Le sel, soumis à l'action de la chaleur, fond rallèle à p et à m .
vers 148° en dégageant un peu d'acide acétique ; Ce sel possède une saveur amère et piquante
à 200°, il entre en ébullition en se décomposant sans être désagréable. Il est soluble dans 3,9 par-
et en produisant de l'acide acétique cristallisable.
La température monte progressivement jusqu'à ties d'eau à 6º, dans 2,4 parties à 37° et dans
300° ; à ce moment, la cornue ne renferme plus 1,7 à 48° ( Ozann ) . D'après Gerardin , 100 parties
que du monoacétate de potassium. On utilise ces d'alcool à 0,9904 dissolvent 38 parties de sel cris-
tallisé , à 18°; cette solubilité diminue avec la con-
propriétés du diacétate de potassium, dans la pré- centration de l'alcool qui, à 0,832, n'en dissout
paration de l'acide acétique monohydraté. En dis- plus que 2,1 p . La solution aqueuse saturée à l'é-
tillant, en effet, de l'acétate neutre avec de l'acide
acétique très-étendu, le sel fixe une molécule bullition renferme 0,48 p. d'eau pour 1 de sel et
d'acide, et quand la concentration est arrivée à un bout à 12404 (Berzelius). Quand on expose le sel
point suffisant, le sel acide est décomposé et pro- cristallisé à l'air sec, il perd peu à peu ses 3 mo-
duit de l'acide cristallisable. Dans cette distilla- lécules d'eau qu'il reprend facilement dans l'air
tion , il faut maintenir la température au-dessous humide. Si on le fond, il perd également ses
3 molécules d'eau, mais il est alors devenu déli-
de 300° pour éviter la formation de produits em- quescent et il peut attirer jusqu'à 7 molécules
pyreumatiques. L'acétate acide de potassium est d'eau; il forme alors un liquide assez mobile, so-
décomposé sous l'influence d'un courant de vapeur lution sursaturée qui cristallise avec un vif déga-
d'eau. gement de chaleur quand on l'ébranle avec un
Combinaison d'acétate de potassium et d'acide corps dur, ou quand on y projette une parcelle d'acé-
acétique anhydre, tate de sodium desséché ou cristallisé ; un frag-
2 (C2H30²K) + (C² H³O)20. ment d'acétate fondu ou d'autres sels ne produi-
Ce corps a étédécouvert par Gerhardt, qui lui donna rait pas le même effet [ Reischauer, Ann. der
le nom de biacetate de potasse anhydre [ Ann. de Chem. u. Pharm . , t. CXV, p. 116 , juillet 1860, et
Chim. et de Phys., ( 3 ) , t. XXXVII , p. 317] . Si Répert. de Chim. pure, 1861 , p. 65].
le diacétate de potassium est de l'acétate neutre L'acétate de sodium subit la fusion ignée vers
+1 molécule d'acide acétique monohydraté de 319°. Lorsqu'on soumet à l'action de la chaleur
cristallisation, le corps de Gerhardt peut être con- un mélange à poids équivalents d'acétate de so-
sidéré comme l'acétate neutre + 1/2 molécule dium et d'acétate de potassium (dont le point de
d'acide acétique anhydre , de cristallisation. fusion est à 292º) , il fond à 224" [ Schaffgotsch,
Il se forme dans l'action du potassium sur Poggend. Ann. , t. CII , p. 293].
l'acide acétique anhydre, ou par la dissolution du Le chlorure de soufre brun attaque l'acétate de
monoacétate dans l'acide acétique anhydre bouil- sodium fondu, et produit de l'acide acétique an-
lant; il se dépose par refroidissement des aiguilles hydre , du sulfate et du chlorure de sodium
incolores, très-déliquescentes , moins cependant (Heintz).
que le monoacétate. Le sel sec chauffé dégage de L'acétate de sodium est employé en médecine à
l'acide acétique anhydre, et laisse comme résidu la dose de 2 à 8 grammes comme fondant et diu-
du monoacétate pur. rétique ; à plus haute dose il est purgatif.
ACETATE DE RUBIDIUM. [ Grandeau , Ann. de ACÉTATE DE STRONTIUM.- Prismes clinorhom-
Chim . et de Phys. , (3), t. LXVII, p. 234. ] biques. Inclinaison des faces : m ; m == 124°54';
p : h¹ 96°10' . Clivage peu marqué parallèlement
C2H3O2 Rb. à h¹ . Ces cristaux sont ceux que l'on obtient en
Paillettes nacrées, grasses au toucher, que l'on soumettant la solution d'acétate de strontium au
obtient en soumettant à une lente évaporation la froid ; ils renferment 26 % d'eau, soit environ
dissolution du carbonate de rubidium dans l'acide 5 molécules d'eau ( 5 molécules d'eau - 26.8 ). -
acétique concentré. Il est soluble dans l'alcool et Quand le sel cristallise à 15", il renfe me 4,23 %
dans l'eau. d'eau (Mitscherlich) . Ce rapport nous paraît peu
ACÉTATE DE SODIUM ( terre foliee minérale) , probable, 1 molécule d'eau exigeant 6,8 %.
C2H3O2 Na + 3 ( H2O) . ACETONITRATE DE STRONTIUM,
On peut le préparer directement en saturant C2113 021
Sr" .
l'acide arétique par du carbonate de sodium. In- Az 03
dustriellement, on le préparait jusqu'à ces der- [Journ. fürprakt . Chem . , t. LXXIV, p . 431 , et Répert.
nières années par double décomposition avec le de Chim . pure, 1858-59, p . 125. ] On l'obtient en lais-
pyrolignite de calcium et le sulfate de sodium, sant évaporer une solution qui renferme 1 molécule
mais ce procédé n'est pas avantageux à cause des d'acétate et 1 molécule de nitrate de strontium :
pertes qui résultent de la formation facile du sul- quand la solution est un peu acide, le sel se dé-
fate de calcium et de sodium pose en belles tables, inaltérables à l'air. - Chauffé
(SO¹)² Na² Ca". à 100°, il perd toute son eau de cristallisation ;
ACÉTATES. 20 ACÉTATES .

chauffé davantage , il détone en produisant une une face bien nette ; ces cristaux perdent H2O à 1
belle flamme pourpre. - D'après de Hauer, qui 100º, mais le reste de l'eau ne s'en va qu'à 275°,
l'a découvert, ce sel, très-intéressant au point en même temps le sel devient rouge .
de vue du rôle qu'y joue le strontium comme élé- Pincus a proposé l'emploi de l'acétate d'uranium
ment diatomique, renfermerait 3 molécules d'eau pour le dosage de l'acide phosphorique [ Répert.
de cristallisation ; sa composition est représentée de Chim. pure, 1859, p. 300] .
par la formule Combinaisons doubles. On peut les préparer
par trois procédés :
2 (C2H3O2) ) Sr" + 3H2O . 1° Quand le carbonate du métal qu'on veut
(Az O³) j combiner à l'acétate d'uranium est soluble , on
ACÉTATES DE THALLIUM. [ Kuhlmann fils, Ann. ajoute la solution à la solution chaude de l'acétate,
de Chim . et de Phys . , (3) , t. LXXVII , p. 433 . jusqu'à ce qu'il commence à se former un préci- 1
E. Willm, Ann . de Chim . et de Phys. , (4), t.V , p.76 .] pité d'uranate ; on ajoute de l'acide acétique qui
ACÉTATE DE PROTOXYDE DE THALLIUM, dissout ce précipité et on abandonne à l'évapo-
ration.
C2H3O2 TI.
2º Quand le carbonate est insoluble , on en
Il s'obtient par la dissolution du carbonate dans ajoute à la solution bouillante de l'azotate d'ura-
l'acide acétique : sel déliquescent, conservant tou- nium jusqu'à ce que tout l'oxyde uranique soit
jours l'odeur de l'acide acétique ; très- soluble à précipité on dissout ce précipité dans l'acide
chaud dans l'alcool , qui le dépose par refroidis- acétique et on fait cristalliser.
sement, en beaux mamelons soyeux (Kuhlmann 3º On mélange deux molécules des acétates
fils). simples et on fait cristalliser à plusieurs reprises
ACETATE DE PEROXYDE DE THALLIUM , dans une liqueur acidulée par l'acide acétique.
(C2H3O2)3 TI"" + 3H2O. Ces sels sont généralement bien cristallisés,
jaunes, solubles dans l'eau. L'acétate d'uranium et
On le prépare en dissolvant à l'ébullition du per- de sodium possède la propriété de faire tourner le
oxyde de thallium dans l'acide acétique. Par éva- plan de polarisation [ Marbach, Ann. de Chim. et
poration spontanée , on obtient de belles tables de Phys., (3), t. XLIV, p. 45] .
appartenant au système du prisme rhomboidal ACETATE DE ZINC ,
oblique. - Ce sel est décomposé par l'eau en acide (C2H3O2)2 Zn" + 3H2O.
acétique et peroxyde de thallium. Il se décompose
de même quand on le laisse exposé à l'air, et On le prépare en dissolvant dans l'acide acétique
d'autant plus vite que la température est plus le zinc métallique , l'oxyde ou le carbonate de zinc .
élevée ; à 100° elle est très-rapide et complète Par évaporation on obtient des lames nacrées,
(Ed. Willm. ) onctueuses au toucher. Type clinorhombique.
ACÉTATE DE THORIUM . Petits cristaux acicu- Combinaison ordinaire : [ Brooke, loc. cit . ] p, m,
laires, très-peu solubles dans l'acide acétique h¹ , b1/2, a¹/2. Les cristaux ont la forme de tables
étendu ; insolubles dans l'eau [ Chydenius , Jour. par suite de la prédominance de la face p. Incli-
fur prakt. Chem. , t. LXXXIX , p. 464, 1863 et naison des faces : mm au-dessus de g¹ = 112°36′ ;
Bull. de la Soc . chim . , 1864, t. I, p. 133] . p ; m = 112°28' ; p : h¹ = 133°30 ; p : b1/2 = 75 °35'.
ACÉTATE D'URANIUM . [ Rammelsberg, Ann. de Clivage parallèle à p.
Poggend. , t. LVIII , p. 34; Peligot, Ann. de Chim. Cristaux très-solubles, fusibles à 100° dans leur
et de Phys., (3) , t. V, p. 13 ; Wertheim, id. , (3) , eau de cristallisation et subissant à 195° la fusion
t. XI, p. 49 ; Weselsky, Journ. für prakt. Chem . , iguée il se sublime à cette température de l'acé
t. LXXV, p. 55, 1858 et Répert. de Chim. pure, tate de zinc anhydre. En augmentant la tempéra-
1858-59 , p. 177]. ture, il distille de l'acétone, puis la décomposition
ACETATE URANEUX, est complète et il ne reste plus dans la cornue
que de l'oxyde de zinc mêlé de charbon et de zinc
4 C2H3O
(C2H3O2) Ur 2 = 2Ur 0.. métallique. Selon Larocque [ Recueil des trav.
de la Soc. d'Émul. p. l . sc. pharm . , janvier 1847 ,
On le prépare en laissant évaporer spontané- p. 54 ] , il se forme, à un certain moment, un
ment une solution d'hydrate uraneux dans l'acide acétate basique de zinc .
acétique ; ce sont de fines aiguilles , d'un vert foncé, ACETATE D'YTTRIA. [Berlin , Gmelin's Handbuch,
groupées en mamelons. 4 édition , t. II, p. 273, et Popp, Ann. der Chem.
ACETATES URANIQUES. - Le sel neutre a pour u. Pharm . , t. CXXXI, p. 179.] - Prismes roses ,
composition rhomboidaux, terminés par des sommets trièdres.
C21130 0. Inaltérables à l'air, solubles dans 9 p . d'eau
C2 H3 O² (Ur O)' - UrO' froide, insolubles dans l'alcool concentré. Ils per-
dent leur eau de cristallisation ( H2O ) à 100° et
Il forme avec les autres acétates des composés ré- deviennent opaques .
pondant à la formule générale :
2 C2 H³ O' ) ÉTHERS ACÉTIQUES.
Ur O' 02x aq. - (C2H3O2)2 ) Ur""' +xaq.
R R'S Nous ne décrirons ici que les éthers dérivés des
principaux alcools monoatomiques de la série
Pour l'obtenir on calcine légèrement les cristaux grasse les autres éthers seront décrits avec leurs
de nitrate d'uranium , jusqu'à commencement de alcools respectifs.
réduction : on traite le résidu par l'acide acétique ; Ceux dont on trouvera ci-dessous la description
la solution abandonne de très-beaux cristaux d'a- dérivent de l'acide acétique par la substitution
cétate pur : le nitrate non décomposé étant beau- d'un radical d'alcool monoatomique à l'hydrogène
coup plus soluble reste dans les eaux mères. Si basique de l'acide acétique :
la cristallisation a lieu à la température ordinaire,
le sel renferme 2H2O ; si elle a lieu au-dessous de C2H3O2. H. C2H3O2. Cn Hm .
15º, il renferme 3 H2O. - Dans le premier cas, ce Acide acétique. Acétate alcoolique.
sont des prismes rhomboidaux obliques, jaunes et Dans la théorie des types on les envisage comme
transparents, décomposables par l'eau bouillante. dérivant d'une molécule d'eau dans laquelle un
Dans le second, ce sont des octaèdres à base hydrogène est remplacé par un acétyle, et l'autre
carrée , dont le sommet tronqué est remplacé par hydrogène par un radical alcoolique monoato-
ACÉTATES . 21 - ACÉTATES .
mique : ils représentent donc des acétates alcoo- Bouis le prépare par la distillation d'un mé-
liques. C2H301 lange d'alcool caprylique et d'acide acétique, ou
C2H3O 0. par l'action d'un courant d'acide chlorhydrique sur
H H C2H5 ce même mélange, ou par l'ébullition d'une solu-
Eau . Acide acétique. Éther acétique . tion alcoolique d'iodure de capryle avec de l'acé-
tate d'argent cristallisé : le meilleur procédé de
ACETATE D'AMYLE. [ Cahours, Ann. de Chim. et
de Phys . , (2), t . LXXV, p. 197. - Hofmann, id., préparation consiste à verser sur l'acétate de so-
(3), t. XXXIV, p. 325.] dium une dissolution d'alcool caprylique dans
l'acide sulfurique , et à distiller. - Pelouze et
C2H3O2.C5H11. Cahours l'ont préparé récemment avec le chlo-
On le prépare en distillant un mélange de 1 p. rure de capryle et l'acétate de potassium [ Ann . de
d'acide sulfurique, 1 p. d'alcool amylique et 2 p. Chim . et de Phys . , (4), t. I, p. 55] . - Liquide plus
d'acétate de potassium : le produit distillé est lavé léger que l'eau, d'une odeur de fruit très-agréable :
à l'eau, séché sur du chlorure de calcium et rec- insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, et dans
tifié sur du massicot ( Cahours ) . On le prépare l'acide sulfurique, d'où il est reprécipité par l'eau.
plus pur en chauffant en vase clos, à 120°, de Point d'ébullition : 193°. Décomposé par la po-
l'iodure d'amyle avec de l'acétate d'argent (Wurtz). tasse bouillante avec formation d'acétate et d'al-
Pour lui enlever des traces d'alcool amylique , cool.
qu'il retient assez opiniâtrément, Berthelot re- ACETATE DE CAPROYLE ou D'HEXYLE ,
commande de le laver avec de l'acide acétique C2H3O2 . C6 H13.
étendu de son poids d'eau : on enlève ainsi l'al-
cool amylique, sans dissoudre d'éther en quantité Obtenu par l'action de l'iodure de caproyle sur
appréciable. Liquide incolore , limpide , d'une l'acétate d'argent ou de potassium [ Pelouze et
odeur très-agréable de poire jargonelle, quand on Calours, Ann. de Chim. et de Phys. , ( 4), t. I, p. 38] ;
l'étend d'alcool. D= 0,8762 ( Mendelejef) , sui- ou par la distillation d'un mélange d'alcool hexyli-
vant d'autres 0,8837 . Point d'ébullition : 125° que, d'acide sulfurique et un excès d'acide acétique
(Cahours), 138,5 ( H. Kopp) . D' = 4.458. Insoluble [Wanklyn et Erlenmeyer, Zeitschr. Chem . Pharm . ,
dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, décom- 1864, p. 101 , et Jahresber., 1864, p. 509] .
posable par la potasse alcoolique en acétate de Liquide, incolore, D = 0.8778 à 0° et 0.8310 à
potassium et alcool amylique. Chauffé au bain 50°, bouillant à 145° (158, Wanklyn) ; décomposé
d'huile, en vase clos, avec du protochlorure de par la potasse alcoolique en acétate et en alcool.
phosphore, il donne de l'acide phosphoreux, du ACETATE DE CÉTYLE . - [E. Dollfus, Ann. der
chlorure d'acétyle et du chlorure d'amyle : Chem. u. Pharm . , t . CXXXÌ , p. 283, sept. 1864 et
3 (C2H3O2. C5H11) + 2 (PCI³) Bull. de la Soc. chim . , 1865 , t. III, p. 432. ] - On le
prépare en faisant passer un courant d'acide chlo-
= 3 (C5 H11 CI) + 3 (C² H³ O. C¹ ) † P203. rhydrique dans une solution acétique chaude d'al-
[Schlagdenhaufen , Journ. de Pharm . et de Chim., cool cétylique. On précipite par l'eau, et on lave
décembre 1856. ] Lorsqu'on chauffe l'acétate d'a- avec une liqueur alcaline.
myle à 240° pendant 4 heures avec de l'alcool Liquide, incolore, oléagineux, d'une odeur acé-
absolu, il se forme beaucoup d'acétate d'éthyle, tique. - En l'exposant à une basse température ,
sans trace d'acide libre [Friedel et Craffts, Bull. Becker l'a obtenu en cristaux prismatiques, fusi-
de la Soc. chim . , 1854 , t. II, p . 100] . On le fabrique bles à 185 [Ann . der Chem . u . Pharm. , t. CII ,
sur une certaine échelle pour les besoins de la p. 541 ] . - D = 0, 858 à 20°. Point d'ébullition :
parfumerie, qui le consomme étendu de 6 fois son 220° sous une pression de 202 de mercure.
volume d'alcool , et le désigne sous le nom d'es- A 14º, il se prend en une masse cristalline ,
sence de poires. fusible à 18°.
ACETATE D'AMYLE BICHLORÉ , ACÉTATE D'ÉTHYLE (Éther acétique). - — [ Laura-
C2H3O2. C5 H9C12 :- C519 C2H30 ) 0. guais, Journ. des Savants, 1759, p . 324 ; Dumas
C12 et Boullay, Journ . de Pharm., t. XIV, p. 113; Lie-
On le prépare en faisant passer un courant de big, Ann. der Chem. u. Pharm . , t . V, p. 34 ;
chlore sec dans l'acétate d'amyle chauffé au bain- t. XXX, p. 144 ; Berthelot, Ann . de Chim. et de
marie. C'est une huile incolore , mobile, d'une Phys ., (3), t. LXVI, p . 6 ; Frankland et Duppa,
odeur agréable, plus lourde que l'eau, dans la- Comp. rend., 1865 , t. IX , p. 853, et Bull . de la
quelle elle est insoluble ; soluble dans l'alcool et Soc. chim., 1865, t . IV, p. 209.]
l'éther ; décomposée par la distillation. - On ob- C2H3O2. C2H5.
tient des produits de substitution plus avancés
quand on l'expose au soleil dans des flacons rem- Découvert en 1759 par Lauraguais, qui l'obtint
plis de chlore. en chauffant un mélange d'alcool et d'acide acéti-
ACÉTATE DE BUTYLE . - [Wurtz , Ann . de Chim. que. -- Il existe en quantités notables dans le vi-
et de Phys., (3) , t. XLII, p. 159.] naigre de vin et même dans certains vins.
C2H3O2. C4H9. Préparation. - On fait un mélange d'acide sul-
furique et d'alcool , et on le verse sur un acétate
On chauffe pendant quelques heures au bain- bien desséché ; on chauffe avec précaution en
marie quantités équivalentes d'acétate d'argent commençant, puis on pousse le feu jusqu'à ce
et d'iodure de butyle, enfermées dans un matras qu'il ne distille plus rien. Les proportions les
d'essayeur on réussit également avec le chlorure plus convenables sont :
de butyle et l'acétate de potassium , ou enfin en 3 p. acétate de potassium , 3 p. alcool absolu ,
distillant au bain d'huile un mélange de sulfobu- 2 p. acide sulfurique, ou bien 16 p . acétate de
tylate et d'acétate de potassium. - Liquide, inco- plomb, 4 1/2 p. alcool , 6 p. acide sulfurique, ou
Jore, éthéré, d'une odeur très-agréable . D à 16° bien encore 10 p. acétate de sodium, p. alcool,
-0.8845 . - D' = 4.073. - Point d'ébullition : 15 p. acide sulfurique.
111°. Le produit distillé est lavé, desséché sur du
Il est décomposé par une longue ébullition avec chlorure de calcium et rectifié.
la potasse caustique en acétate de potassium et On obtient également de l'éther acétique en
alcool butylique . chauffant, en vase clos, à 200° , un mélange d'io-
ACETATE DE CAPRYLE . - [ Bouis, Ann. de Chim. dure d'éthyle et d'acétate de potassium [ Schlag-
et de Phys., (3), t. XLIV, t . 135. ] denhaufen, Compt . rend. de l'Acad. , t . XLVIII,
C211302 . C8H17. p. 576] , ou bien encore en distillant un mélange de
22 - ACÉTATES .
ACÉTATES .
10p . oxyde d'éthyle , 25 p . acide acétique , 70p. acide et qu'on peut représenter par
sulfurique : on produit ainsi 4 p . d'acétate d'é- CH . CH3 CH3 . CO 0.
thyle [Duflos , Gmelin's Handb. d. Chem ., t. IV, C2 H5 }
p.778 ( 1848)]; Berthelot [Ann . de Chim , et de Phys., L'éther disodacétique , traité par l'iodure d'é-
(3) , t. XLI, p. 436]. Pour obtenir l'acétate d'é-
thyle, donne l'éther caproique (éther diéthacéti-
thyle complétement pur, Engelhardt [ Journ . de que) ou un isomère de cet éther :
Pharm . , (3) , t. XXXIX, p. 159] , et plus tard Ber-
thelot [Ann . de Chim . et de Phys . , t. LXV, p. 398] , CH.C2H5.C2H5.CO 0.
ont proposé de laver le produit brut avec une solu- C2 H5
tion alcaline faible , puis, après rectification , de l'a- Traité par le sodium en présence de l'iodure de
giter à plusieurs reprises avec une dissolution satu- méthyle , l'éther acétique produit deux corps
rée de sel marin : on dessèche sur du carbonate de éthérés
potassium pulvérulent (et non pas sur du chlorure CO" ) CO"
de calcium , qui , soluble dans l'éther , donne des C4 HT 02 et C5 H9 02,
soubresauts quand on rectifie) et on distille à C2 H5 C2 HS
point fixe. lesquels sous l'influence de la baryte forment du
L'acétate d'éthyle est un liquide incolore , d'une carbonate de baryum , de l'alcool et deux nouveaux
odeur éthérée suave. D -- 0,9146 à 0° (Kopp ) ,
0,8981 ( Mendelejef ) , 0,932 à 200 ( Gossmann ) . produits
D' 3,067 . - Point d'ébullition : 74°; 72,78 Geu- CHT }O et C5 H9 0.
H II
ther). Chaleur spécifique 0,48344 . - Chaleur
latente 105,796 unités [ Favre et Silbermann , On obtient des résultats analogues avec l'iodure
Ann. de Chim. et de Phys. , t. XXXVII , p. 463 ]. d'éthyle et le sodium (Frankland et Duppa) .
Il brûle avec une flamme blanc jaunâtre . L'acétate d'éthyle forme avec l'éthylate de so-
Il est soluble en toutes proportions dans l'al- dium une combinaison décomposable par l'eau,
cool et l'éther , soluble dans 11 à 12 p. d'eau, d'où avec production d'alcool et d'acétate de sodium .
il est précipité par le chlorure de calcium . Il forme [Beilstein , Bull. de la Soc. chim., 8 fév. 1859 , et
avec ce sel une combinaison , qui se détruit à Ann. der Chem. u. Pharm ., t. CXII , p. 121.]
100º. - Il est inaltérable dans l'air sec : l'air hu- C2H3O2 . C2H5 + C2H5O Na + H2O
mide le transforme à la longue en alcool et en = C2H3O2 Na + 2 ( C² H6 O) .
acide acétique ; l'eau à 240º, surtout en présence
d'un acide libre, détermine la même décomposi- Quand on chauffe à 150°, en vase clos, une mo-
tion [Berthelot et de Fleurieu , Ann . de Chim. et de lécule d'acétate d'éthyle et deux atomes de brome,
- Les alcalis favorisent
Phys. , (3) , t . XLI , p. 443 ] . — il se forme du bromure d'éthyle et de l'acide bro-
ce dédoublement . - Quand ils sont employés à l'é- macétique
tat anhydre , il se forme de l'acétate et un alcoolate : C2H3O2. C2H5 + Br² = C² H³ Br + C² HI² Br O². H.
2 (C2H3O2 . C² H³ ) + 2 (Ba'' O) L'acétate d'éthyle ne forme pas de produits de
= (C2H3O2 )2 Ba" + (2 C2H5) Ba" O². substitution bromes.
[Berthelot et de Fleurien , Ann. de Chim. et de L'acide bromacétique chauffé à 180° , en vase
clos, pendant trois heures , avec de l'acétate d'é-
Phys., (3), t. LXVII, p. 80.] thyle, donne de l'acide acétique et du bromacétate
L'acide sulfurique concentré le transforme à
d'éthyle [Crafts, Bull . de la Soc . chim . , 1863 , p . 117] .
chaud en oxyde d'éthyle et en acide acétique. - Un mélange d'eau de chaux et de chlorure de
L'acide chlorhydrique ou bromhydrique en chlo- chaux donne, avec l'acétate d'éthyle, du chloro-
rure ou bromure d'éthyle et en acide acétique.
Le protochlorure de phosphore chauffé avec l'éther forme [ Schlagdenhaufen , J. Pharm ., (3), t. XXXVI,
acétique à 176° produit du chlorure d'acétyle, du p. 199].
chlorure d'éthyle et de l'acide phosphoreux an- DÉRIVÉS CHLORÉS DE L'ACÉTATE D'ÉTHYLE.
hydre.
On peut chauffer l'éther acétique avec une so-
lution alcoolique de suifhydrate de potassium [Malaguti, Ann. de Chim. et de Phys. , (2), t. LXX,
HKS jusqu'à 200°, sans qu'il y ait formation de p. 367, et (3) , t. XVI , p . 57 ; Leblanc, id. , (3), t . X,
mercaptan [Wanklyn , Chem . Soc. Journ. (2) , t. II, p. 197; Cloëz, id. , (3) , t. XVII, p. 304. ] -
— L'acétate
p. 418, et Jahresber . , 1864, p. 463] . d'éthyle est vivement attaqué par le chlore : ex-
L'éther acétique traité par le sodium donne nais- posé au soleil dans des flacons pleins de chlore, il
sance à de l'éther sodacétique : peut détoner. - Quand la réaction est modérée,
on obtient divers produits chlorés.
2 CO) ACETATE D'ETHYLE BICHLORÉ,
[ CHOCO
C2H5 } 0 ] ² + Na² = [ CH² Na.C2H5
Goo]² + 1.².
CHỔ C ! O.
[Geuther, Arch. pharm . (2), t. CXVI , p. 97 ; Jahres- Le chlore attaque très- énergiquement l'acétate
ber. , 1863, p. 323 ; Frankland et Duppa, loc. cit.] d'éthyle, à la lumière diffuse ; il est bon de refroi-
L'éther sodacétique mis en contact avec l'iodure dir le liquide. Quand la réaction est terminée , on
d'éthyle produit de l'éther butyrique (éther étha- distille jusqu'à 110 °, de manière à séparer les por-
cétique ) : tions les plus volatiles. Le résidu bien lavé est
CH2 Na.C O) 0+ IC2115 séché au-dessus de la chaux vive et de l'acide sul-
C2 115 furique. Il constitue l'acétate d'éthyle bichloré ; li-
CH2 C2 H15 .CCO 0. quide, incolore , doué d'une odeur de menthe poi-
= INa + CHO
C2 H5 O ou C2 H vrée. D = 1,344 [ Schillerup , Ann. der Chim. u.
Pharm., t . CXI, p . 129 ( 1859) et Répert. de Chim.
En faisant réagir sur une molécule d'éther acé- pure, 1858-1859 , p. 590] Il bout, mais non sans
tique, une molécule (2 atomes) de sodium , on ob- décomposition , de 120 à 125°. Il est décomposé à
tient de l'éther disodacétique qui, traité par l'io- la longue par l'eau , qui le transforme en acide
dure de méthyle, donne un isomère de l'éther acétique et en acide chlorhydrique . -- La potasse
butyrique, éther diméthacétique : aqueuse ne l'attaque que lentement ; mais la po-
tas se alcoolique le décompose immédiatement en
CH2 . C2115 CO } 0,
G2115 ) acétate et en chlorure ( Malaguti ) .
ACÉTATES . 23 ACÉTATES .
ACETATE D'ETHYLE TRICHLORÉ, l'attaque nullement.--Il distille à245º en se trans-
formant en chlorure de trichloracétyle :
C& H³CI³O = C2H2 CIO120
C2H3C 2 (C2C1³O CI) = C+ C18 O².
isomère du trichloracétate d'éthyle C2C13O Il se décompose lentement sous l'influence de
l'humidité, instantanément en présence des alca-
On le prépare en soumettant le corps précédent à lis ; dans ces conditions il donne naissance à de
l'action d'un courant de chlore, pendant plusieurs l'acide trichloracétique . - L'ammoniaque l'atta-
heures, en ayant soin de garantir le dòme de la que vivement et produit du sel ammoniac et de la
cornue des rayons lumineux. trichloracétamide. L'alcool absolu donne du tri-
C'est un liquide analogue à l'acétate d'éthyle bi- chloracétate d'éthyle et de l'acide chlorhydrique.
chloré, décomposable par la distillation , et atta- Le chlore, sous l'influence d'une température de
qué par les alcalis avec formation de chlorure, 120° et d'une vive radiation solaire , le transforme
d'acétate et probablement de chloracétate ( il ne en sesquichlorure de carbone , C2C16.
se forme pas de trichloracétate ) : il se produit de ACETATE DE MÉTHYLE (Æther lignosus, spiritus
plus une huile chlorée, d'une saveur sucrée , et pyroaceticus). [Dumas et Peligot, Ann. de Chim.
qui résiste à l'action de la potasse. et de Phys , (2) , t . LXVIII, p. 46 ; H. Kopp, Ann. der
ACETATE D'ÉTHYLE TÉTRACHLORÉ, Chem. u. Pharm ., t. LV, p . 180 ]
C2C130 C2H3O2.CH³.
CHCIO.
L'esprit de bois brut en contient beaucoup.
Obtenu en abandonnant longtemps au soleil l'acé- Pour le préparer, on distille un mélange de 2 p.
tate bichloré, dans des flacons remplis de chlore. d'esprit de bois, 1 p. d'acide acétique et 1 p.
Huile lourde. D = 1,485 à 25°. Décomposable par d'acide sulfurique ; où bien, 3 p. d'esprit de bois ,
la potasse en chlorure de potassium, en une huile 14 1/2 p. d'acétate de plomb desséché, 5 p . d'acide
chlorée et en divers sels parmi lesquels se trouve sulfurique: ou bien encore 1 p. d'esprit de bois,
le trichloracétate. 1 p. d'acétate de potassium et 2 p. d'acide sulfu-
Ces trois premiers dérivés chlorés de l'acétate rique (Weidmann et Schweizer) .
d'éthyle sont décomposés par la baryte. Quand on On arrête la distillation aussitôt qu'il se dégage
distille , il passe du chloroforme, et l'on trouve dans de l'acide sulfureux, puis on traite le produit dis-
le résidu du formiate de baryum ( Schillerup). tillé par le chlorure de calcium qui se combine à
ACETATE D'ÉTHYLE PENTACHLORÉ , l'esprit de bois non attaqué, et l'on rectifie sur le
C2C13O 0. carbonate de sodium . Pour l'avoir complétement
C2 H3 C12) pur, on emploie le procédé d'Engelhardt. Voyez
ACETATE D'Éthyle.
On l'obtient en faisant passer un courant de chlore Liquide incolore, d'une odeur éthérée agréable.
dans l'acétate tétrachloré, chaud et exposé au so- D = 0,9562 à 0° ; 0,9328 ; 0,919 à + 22. Point
leil. - La potasse le décompose en donnant nais- d'ébullition : 58° à 762 ; 56,3 à 760 (H. Kopp) ;
sance à beaucoup de trichloracétate. 55 à 762 (Andrews). D' 2,563. - Indice de
ACETATE D'ÉTHYLE SFXCHLORÉ , réfraction 1,3576. - Soluble dans l'eau et en
C2 C130 i toutes proportions dans l'alcool , l'éther et l'esprit
Cam2C13 0. de bois. Sa solution aqueuse n'est guère décom-
posée par l'ébullition . Les alcalis le transforment
Obtenu en exposant le précédent au soleil dans en acétate et alcool méthylique, la chaux potassée
des flacons pleins de chlore. Huile lourde , en acétate et formiate avec dégagement d'hydro-
D= 1,698 à 23°,5. gène, l'acide sulfurique en acide acétique et acide
ACETATE D'ETHYLE HEPTACHLoré , méthylsulfurique. L'acétate de méthyle est isomé-
C2 C3 O rique avec le formiate d'éthyle ; contrairement à ce
C2 H CI 0. qui se passe toujours pour les liquides isomères,
ces deux corps suivent la même loi de contraction
M. Leblanc a réussi une seule fois à le préparer pour des variations égales de température, comp-
en exposant au soleil pendant plusieurs mois d'hi- tées à partir de leurs points d'ébullition ( Is. Pierre,
ver l'acétate bichloré, dans des flacons pleins de Ann. de Chim . et de Phys., (3) , t. XXXI, p. 147] .
chlore. Cristaux mous, insolubles dans l'eau,
solubles dans l'alcool et l'éther, fusibles au- des- DÉRIVÉS CHLORÉS DE L'ACÉTATE DE MÉTHYLE .
sous de 100°, décomposés par la distillation.
ACETATE D'ÉTHYLE PERCHLORÉ , ACÉTATE DE MÉThyle bichloré. [Malaguti, Ann.
C2C130 } 0. de Chim. et de Phys. , t. LXX, p . 369.]
C2C155 C3H4 C1202.
On ne peut le préparer que sous l'influence des On fait passer un courant de chlore sec dans l'acé-
rayons solaires de l'été. Dans ces conditions tate de méthyle chauffé au bain-marie ; quand la
même , il faut , pour 100 grammes d'acétate réaction est terminée, on distille jusqu'à ce que
d'éthyle bichloré, à l'aide duquel on le prépare, la masse noircisse ; on lave au carbonate de so-
faire agir le chlore pendant 8 jours au moins, à dium , puis à l'eau, et l'on sèche dans le vide.
120° environ. La réaction ne se passe pas sans Huile limpide, incolore, d'une saveur alliacée
décomposition , et formation de sesquichlorure de et brûlante. D = 1,25. Il bout à 148° en se dé-
carbone : il faut, pour s'assurer du moment où elle composant. L'eau le décompose lentement , les
estterminée, constater par l'analyse l'absence d'hy- alcalis immédiatement , avec formation d'acides
drogène. A ce moment, qu'il ne faut pas dépas chlorhydrique, acétique et formique ( Malaguti).
ser, sinon l'on produirait beaucoup de sesquichlo- ACETATE DE METHYLE TRICHLORE. [ Laurent, Ann.
rure de carbone , on dirige dans la masse un de Chim. et de Phys . , (2) , t. LXIII, p. 382. ]
courant d'acide carbonique sec, on lave à l'eau, C3H3 C1302.
puis on sèche à 100°, on porte dans le vide et on
chauffe finalement à 200° pour chasser le sesqui- Pour le préparer, on fait passer lentement du
chlorure de carbone. chlore dans de l'acétate de méthyle, jusqu'à ce
Liquide oléagineux , d'une saveur brûlante, d'une qu'il n'y ait plus d'attaque. On distille en rejetant
odeur pénétrante. D à 25° 1,79 . Insoluble dans les premières portions ; les dernières parties, rec-
l'eau et dans l'acide sulfurique concentré qui ne tifiées à plusieurs reprises, constituent le produit
ACÉTATES . - 24 - ACÉTIQUE .

cherché, liquide, incolore, plus lourd que l'eau, potasse concentrée et chaude en bromure de po-
distillant sans altération à 145º, décomposé par la tassium , bromoforme et oxalate de potassium
potasse avec formation d'un corps dont la vapeur (Cahours). - D'après Cloëz, la potasse et l'ammo-
irrite fortement les yeux, et d'une huile niaque aqueuses l'attaquent en donnant naissance
C2 H2 C12 à du carbonate et à du formiate, tandis que l'am-
(CHLOROMETHYLASE . Voyez ce mot) ; il se produit moniaque alcoolique produit de la dibromacéta-
en même temps du chlorure et du formiate (Lau- mide.
rent) . Le point d'ébullition et les propriétés de cet ACÉTATE D'ENANTHYLE . [Bouis et Carlet , Compt.
éther le rapprochent singulièrement de l'acétate rend., t. LV, p. 140 et Répert. de Chim. pure,
de méthyle bichloré. 1862, p. 353.]
ACETATE DE MÉTHYLE PENTACHLORÉ. [Cločz, Compt. C2 H2O2 . C7 HI[15.
rend. , t . LIII , p. 1120 ; Répert . de Chim. pure, On le prépare en chauffant sous pression un mé-
1862, p. 127. ] lange d'aldehyde oenanthylique, d'acide acétique
C³ HC15 02. cristallisable et de zinc. Suivant H. Muller [Jah-
Produit de l'action du chlore sur les citrates alca- resber., 1863, p. 532] , on le prépare plus facilement
lins, ou sur l'alcool méthylique à l'abri des rayons en chauffant pendant 12 heures à 150° du chlo-
solaires. Décomposable par la potasse en dichlor- rure d'oenanthyle avec de l'acétate de potassium et
acétate, chlorure et carbonate : l'ammoniaque l'at- de l'acide acétique. - Liquide oléagineux , plus
taque en donnant naissance à de la dichloracéta- léger que l'eau (D = 0, 8707. Schorlemmer) , d'une
mide. odeur de fruits. Bouillant vers 180°. - Insoluble
ACETATE DE MÉthyle perchlorÉ. [Cloëz, Ann . de dans l'eau décomposé par la potasse.
Chim. et de Phys. , (3), t. XVII, p . 297 et 311 ; ACETATE DE PROPYLE (ou de TRITYLE) ,
Compt.rend., t. LIII , p. 1120 ; et Répert. de Chim . C2H3O2.C3H7.
pure, 1862, p. 127. ] Berthelot le prépare par la distillation d'un mé-
C2 C130 ) lange d'alcool propylique, d'acide sulfurique et
CC13 0, d'acide acétique . - Point d'ébullition : 90°.
identique avec le formiate d'éthyle perchloré CH. L.
(Cloëz). On l'obtient en traitant l'éther méthyl- ACÉTÈNE . Le nom d'acétène a été donné
acétique ou l'éther éthylformique par le chlore, au par M. Berthelot à l'hydrure d'éthyle CH6. D'au-
soleil, aussi longtemps quele gaz est absorbé, ou en tres chimistes ont appelé acétène le radical C² H³,
soumettant l'acide citrique à l'action du chlore : nommé aussi vinyle, et qui paraît fonctionner
C6H80716C1 + H2O comme tel dans certains dérivés de l'aldehyde ; ce
radical C2 H3 diffère de l'aldéhydène, on peut re-
= C3 C16 O2 + 10 CH3CO2.
Liquide incolore, d'une odeur suffocante, d'un présenter cette isomérie par les formules sui-
goût désagréable, devenant bientôt très-acide. --- vantes C. CH3 acétène . CH. CH2 aldehydène.
M. Harnitz Harnitzki a donné le nom de chlor-
D= 1,705 à 18° . D' = 9,615. -Point d'ébullition :
204° ; il se décompose légèrement à cette tem- acétène au corps C2H3 C1 , résultant de l'action
pérature. - L'air humide, l'eau , les alcalis , le du gaz chloroxycarbonique sur les vapeurs d'al-
transforment en acide chlorhydrique, acide carbo- déhyde. Pour lui l'acétène serait donc l'éthylidene
C2H.
nique et acide trichloracétique. - L'ammoniaque ACETINES. Voyez GLYCERINE.
gazeuse ou en dissolution donne de la trichloracé-
tamide ; l'alcool le décompose en produisant de ACÉTIQUE (ACIDE),
l'acide chlorhydrique, du trichloracétate d'éthyle C2H4O2 = CH3.CO.OH.
et du chlorocarbonate d'éthyle. - La vapeur de L'acide acétique étendu d'eau , et constituant le
l'acétate de méthyle perchloré , décomposée au vinaigre, est connu depuis la plus haute antiquité.
travers d'un tube de porcelaine rougi , donne du Au siècle dernier seulement on est parvenu à
chlorure de trichloracétyle, obtenir l'acide acétique pur et cristallisable
C2C140 = C2C1³ O CI , (Wertendorf et Lowitz) ; cependant Basile Valen-
et du chlorure de carbonyle , tin avait décrit la préparation du vinaigre radi-
CO C12. cal par la distillation du vert-de -gris.
Une foule de réactions donnent naissance à
ACÉTATE DE MÉTHYLE PENTABROMÉ, l'acide acétique ; on l'obtient en traitant l'aldé-
C³ H Br³ O². hyde, l'alcool, les éthers éthyliques par les agents
Ce corps a été obtenu par M. Cahours dans l'ac- Oxygénants, en faisant fondre avec la potasse , le
tion du brome sur les citrates de potassium , de sucre, la fécule, les acides oxalique, tartrique,
sodium ou de baryum, et appelé bromoxaforme. citrique, etc. , en soumettant à la distillation sèche
En ajoutant du brome par petites portions à le bois, le sucre, la gomme, etc. La gélatine , la
une solution concentrée de citrate de potassium , caséine ou la fibrine, distillées avec un mélange
on observe un vif échauffement du liquide et un d'acide sulfurique et de peroxyde de manganèse,
abondant dégagement d'acide carbonique ; quand fournissent également de l'acide acétique.
laréaction est terminée , on enlève l'excès debrome Le cyanure de méthyle, sous l'influence de la
par de la potasse étendue d'eau : il se précipite potasse, se transforme en acide acétique et en
alors une huile incolore , mélange de bromoforme, ammoniaque (Dumas, Malaguti et Leblanc) .
de bromoxaforme et d'une troisième substance qui CH3 . C Az + KHO + H2O = C H³ . CO² K + Az H³.
ne se produit qu'en petite quantité. On sépare le Acétate de
bromoforme d'avec le bromoxaforme par distilla- Cyanure
de méthyle . potassium.
tion [Cahours, Ann. de Chim. et de Phys. , 1847 ,
(3), t. XIX, p . 488] .- M . Cloëz obtient également M. Wanklyn a fait aussi la synthèse de l'acide
le bromoxaforme par l'action du brome sur l'al- acétique en dirigeant un courant d'acide carbo-
cool méthylique et l'acétate de méthyle; il a re- nique dans une solution de sodium-méthyle [Ann .
connu son identité avec l'acétate de méthyle pen- der Chem. u. Pharm. , 1859, t. CXI, p. 234 (nouv.
tabromé [ Cloëz , Compt. rend. de l'Acad. , t. LIII , série, t. XXXV) . · Répert. de Chim. pure, 1860,
p. 1120 ; Repert. de Chim. ' pure , 1862 , p. 127 ] . p. 27 ] . Pour préparer le sodium-méthyle, on a
C'est un corps solide, insoluble dans l'eau, solu- ajouté du sodium à une solution de zinc - méthyle
ble dans l'alcool , qui le dépose par évaporation dans l'éther :
spontanée, en belles tables, fusibles à 75°, décom- CO2 + Na CH³ = C² H3O2 Na.
posées par la distillation , et transformées par la Sod-méthyle. Acétate de sodium.
ACÉTIQUE . 25 - ACÉTIQUE .
M. Kolbe, ayant préparé l'acide trichloracétique Acide Acide Acide
acétique Densité acétique Densité acétique Densité
par l'action de l'eau et du chlore sur le chlorure cristal- à 20º. cristal- à 20°. cristal- à 20°.
de carbone C2 Cl , et l'acide trichloracétique pou- lisable. lisable. lisable.
vant être transformé en acide acétique par l'hy- 64 1,068 42 1,052 20 1,027
drogène naissant, a réalisé ainsi la synthèse de 63 1,068 41 1,0515 19 1,026
62 1,067 40 1,0513 18 1,025
cet acide [ Kolbe , Ann . der Chem. u. Pharm., 61 1,067 39 1,050 17 1,024
t. LIV, p. 181 ] . 60 1,067 38 1,049 16 1,023
L'oxychlorure de carbone et le gaz des marais 59 1,066 37 1,048 15 1,022
étant dirigés dans une cornue chauffée à 120° 58 1,066 36 1,047 14 1,020
se combinent avec dégagement d'acide chlorhy- 57 1,065 35 1,046 13 1,018
drique et donnent du chlorure d'acétyle que l'eau 56 1,064 31 1,045 12 1,017
55 1,034 33 1.044 11 1,016
décompose en acide acétique et en acide chlorhy- 54 1,063 32 1,012 10 1,015
drique. Cette méthode est générale [Harnitz- Har- 53 1,063 31 1,041 9 1,013
nitzki Bull.de la Soc. chim. , 1865, t. III , p . 363] . 52 1,062 30 1,040 8 1,012
Le produit de la fermentation acide du vin et 51 1,061 29 1,039 7 1,010
des autres liquides spiritueux constitue le vinai- 50 1,060 28 1,0384 6 1,008
gre, formé essentiellement d'acide acétique étendu 49 1,059 27 1,036 5 1,0067
d'eau. - Voyez VINAIGRE. 48 1,058 26 1,035 1 1,0055
47 1,056 25 1,034 3 1,004
L'acide acétique consommé dans les arts pro- 46 1,055 24 1,033 2 1,002
vient de la distillation sèche du bois : les produits 45 1,055 23 1,032 1 1,001
acides de la distillation sont saturés par la chaux 44 1,054 22 1,031 0 1,000
et l'acétate de chaux est converti par double dé- 43 1,053 21 1,029
composition avec le sulfate de sodium en acétate Sa densité de vapeur prise entre 219° et 231°
de sodium . Ce sel purifié est aistillé avec de l'acide est égale à 2,12 (2,17 Cahours).
sulfurique concentré ; le liquide qui passe est La vapeur de l'acide acétique est inflammable ,
soumis à la congélation, et la masse solide sépa- et brùle avec une flamme bleue ; la tension de
rée par décantation des produits liquides consti- cette vapeur est de 7,7 à 15°, de 14,5 à 22º,
tue l'acide acétique cristallisable C2H4O². —Voyez et de 32mm à 32º [F. Bineau , Ann. de Chim . et de
pour les détails : PYROLIGNEUX (Acide) . Phys., (3), t. XVIII , p. 226].
L'acétate de cuivre soumis à la distillation sèche L'acide acétique cristallisable ne décompose pas
donne le vinaigre radical , mélange d'acide acétique le carbonate de chaux ; il doit être étendu d'eau
concentré et d'acétone. pour réagir sur ce sel. Un mélange d'alcool et
M. Roux emploie le verdet pour la prépara- d'acide acétique ne rougit plus le papier de tour-
tion de l'acide acétique cristallisable ; il dessèche nesol et n'attaque pas certains carbonates (Pelouze).
d'abord le sel entre 160 ° et 180 °, et obtient par Si l'on fait passer la vapeur d'acide àcétique à
la distillation un acide mélangé d'acétone et de travers un tube chauffé au rouge, une partie échappe
sel de cuivre qu'il suffit de rectifier pour l'avoir à la décomposition , l'autre se détruit avec pro-
entièrement pur. 100 p. d'acétate de cuivre out duction de gaz combustibles d'acétone , de naph-
fourni 32 p . d'acide acétique cristallisable [B. Roux, taline, etc. , et laisse un abondant résidu de char-
Revue scientif., t. XXIV, p . 5). bon Berthelot, Compt . rend . de l'Acad. , t. XXXIII,
. En évaporant de l'acétate de potassium neutre p. 210] .
avec de l'acide acétique concentré, on obtient du Le chlore l'attaque très-lentement à la lumière
biacétate de potasse, qui, distillé avec précaution diffuse ; au soleil l'action est rapide ; il se forme
jusqu'à 300° environ, fournit de l'acide acétique de l'acide chloracétique et de l'acide trichloracé-
cristallisable parfaitement pur. Il ne faut pas dé- tique ( Leblanc , Duinas , Hofmann et Kekulé ).
passer la température de 300°, à laquelle l'acide Avec le brome, il y a production d'acide broma-
qui distille commence à se colorer Mohr, Ann. cétique (Perkin et Duppa).
der Chem. u. Pharm. , t. XXXI, p. 277] . Le protochlorure de phosphore et l'acide acé-
L'acide acétique cristallise au-dessous de 17° en tique cristallisable réagissent en tubes scellés, à
grandes lames : sa densité à 0° = 1,0801 : liquide, 30 ou 40° ; il se produit de l'acide phosphoreux
il est incolore et d'une densité égale à 1,064 ; il hydraté et du chlorure d'acétyle. Le perchlorure de
bout à 120° (116° Kopp ) ; son odeur est suffocante ; phosphore agit de même ; l'oxychlorure de phos-
étendue, elle est assez agréable ; il rougit forte- phore n'attaque pas l'acide acétique à la pression
ment le tournesol ; mis sur la peau, il détruit ordinaire. Le perbromure de phosphore le convertit
l'épiderme et produit la vésication . Il attire l'hu- en bromurc d'acétyle. Avec l'iode et le phosphore,
midité de l'air ; il se mêle en toutes proportions à on obtient un liquide coloré en brun par de l'iode
l'eau et à l'alcool . Mélangé avec l'eau, il augmente libre , et qui parait être l'iodure d'acétyle , mais
de densité jusqu'à une certaine proportion, la- l'ébullition le décompose [ Gerhardt, Traité de Chi-
quelle étant dépassée, la densité diminue . Le maxi- mie, t. IV, p. 907 ] . On obtient l'iodure d'acétyle en
mum de densité est de 1,073, et correspond à un employantl'anhydride acétique ( Cahours , Guthrie).
mélange de 77,2 p. d'acide et de 22,8 d'eau : Si l'on chauffe un mélange d'acide sulfurique
C² HO², H2O, mais ce n'est pas un hydrate délini . concentré et d'acide acétique , il se colore et dé-
M. Mohr a construit la table suivante qui indique gage du gaz sulfureux et du gaz carbonique : l'a-
la densité des mélanges d'acide acétique et d'eau. cide sulfurique anhydre se dissout dans l'acide
Acile Acide Acide acétique, et si l'on maintient plusieurs jours le
acétique Densité acétique Densité acétique Densité mélange à une température de 60° à 75°, on ob-
cristal- à 20". cristal- à 20º. cristal- à 20º. tient de l'acide sulfacétique [ Melsens , Mém. de
lisable. lisable. lisable.
l'Acad. roy. de Bruxelles, XVI. - Ann. de Chim.
100 1,0635 88 1,0730 76 1,073
99 1,0655 87 1,0730 75 1,072 et de Phys., (3), t . V, p. 392 ; t . X, p. 370].
98 1,067 86 1,0730 74 1,072 Le cyanate d'éthyle et l'acide acétique réagis-
97 1,068 85 1,0730 73 1,071 sent à la température ordinaire, avec dégagement
96 1,069 81 1,0730 72 1,071 de gaz carbonique et production d'éthyl-acéta-
95 1,070 83 1,0730 71 1,071 mide (Wurtz) :
91 1,0706 82 1,0730 70 1,070 C2H30 )
BREF

93 1,0708 81 1,0732 69 1,070 C2H5


92 1,0716 80 1,0735 68 C Az O + CH O2 CO2 + C2H5 Az.
839

1,070 H
91 1,0721 70 1,0785 67 1,069
90 78 1,0732 6i 1,069 Cyanate Acido Éthyl- acetamide.
1,0730 d'ethyle. acétique.
1,0730 77 1,0732 05 1,068
ACÉTIQUE . 26 ACÉTIQUE .
En distillant l'acide acétique cristallisable avec Bromacétate de sodium. Très-soluble dans
le pentasulfure de phosphore, M. Kekulé a obtenu l'eau, insoluble dans l'alcool .
l'acide thiacétique C2 H OS [ Kekulé, Ann . de Chim. -
Bromacétate d'argent. · Obtenu par l'addition
et de Phys., (3) , t. XLII, p. 240, t. LVI, p. 236. ] d'une solution d'acide bromacétique à une solu-
Pour reconnaître de petites quantités d'acide tion d'azotate d'argent, il constitue un précipité
acétique, on sature l'acide par la potasse, et on cristallisé qu'on lave à l'eau froide et qu'on sèche
chauffe le sel avec de l'acide arsénieux : il se dé- dans le vide en présence de l'acide sulfurique.
gage l'odeur caractéristique du cacodyle. Il est très-peu stable ; à 90°, il se décompose avec
une sorte d'explosion ; la lumière l'altère rapide-
PRODUITS DE SUBSTITUTION CHLORÉS , BROMÉS ment. Soumis à l'ébullition avec de l'eau, il donne
DE L'ACIDE ACÉTIQUE. du bromure d'argent et de l'acide glycolique.
Ethers bromacétiques . On les prépare en
ACIDES BROMACÉTIQUES . - [Perkin et Duppa, chauffant l'acide bromacétique avec un alcool ,
Chem . Soc. quat. Journ. , t. XI, p. 122, et t. XII, à 100°, en vases clos et pendant une heure. Ils se
p. 1. Compt. rend. de l'Acad. , 1858, t. XLVII, décomposent partiellement par la distillation ; leur
p. 1017 et t. XLIX, p. 95, t. L, p. 1155.] odeur est irritante ; ils piquent vivement les yeux.
ACIDE MONOBROMACÉTIQUE, C2 H³ BrO2. - Il se L'ammoniaque décompose rapidement à froid
produit par l'action du brome sur l'acide acétique l'éther méthylique et l'éther éthylique, mais réagit
cristallisable : il se forme en même temps de lentement sur le bromacétate d'amyle.
l'acide dibromacétique. Pour le préparer, on Le bromacetate de methyle, C2 H2 Br O2 . C H³,
introduit un mélange équimoléculaire d'acide est liquide, incolore, mobile, plus dense que l'eau .
acétique cristallisable et de brome dans des Il bout à 144º environ.
tubes scellés et résistants, et on le chauffe gra- Le bromacetate d'éthyle, C2 H2 Br O2 . C2 H5, est
duellement au bain d'huile jusqu'à 150°. Il est un liquide incolore , plus dense que l'eau, dont
bon d'employer un léger excès d'acide acétique les vapeurs irritent les yeux ; il bout à 159° et
pour absorber les vapeurs d'acide bromhydrique prend naissance aussi dans l'action de l'alcool
et diminuer la pression. Lorsque le bain est à sur le bromure ou le chlorure de bromacétyle ;
146°, le liquide est à peu près sans couleur ou mis en contact avec l'iodure de potassium , il
d'un jaune ambré clair, et les tubes paraissent échange son brome pour de l'iode , et il se forme
près d'éclater, quoique la température du bain de l'éther iodacétique , C² 12102. C² H³ . Traité à
puisse être portée à 155º . Après refroidissement, chaud par le sodium , il donne un mélange d'aco-
on ouvre les tubes ; il se dégage des torrents nitate et de citracétate d'éthyle . - Voyez Aco-
d'acide bromhydrique . Le contenu est chauffé NITIQUE (Acide) .
jusqu'à 200°, et se prend, en se refroidissant, en Le bromacetate d'amyle , C2 H2 Br O² . C5 H11,
une masse cristalline composée d'acide mono- et est oléagineux ; il bout à 2070 avec une décompo-
d'acide dibromacétique, mélangée d'un peu d'acide sition partielle .
bromhydrique. On chasse les dernières traces de ACIDE BIBROMACÉTIQUE, C2 H2 Br2 02. -On l'obtient
cet acide en chauffant à 130° le mélange pendant par l'action du brome sur l'acide bromacétique,
qu'on y fait passer un courant de gaz carbonique à la température de l'ébullition et sous l'influence
sec. On sature par un excès de carbonate de des rayons solaires. Liquide incolore, inodore,
plomb et on porte à l'ébullition avec un volume très-caustique , soluble dans l'eau, l'alcool et l'é-
d'eau égal à celui de l'acide. Après quelques ther. Il bout en se décomposant entre 225° et 230°.
heures de repos, le bromacétate de plomb cristal- Bibromacetate d'ammonium. I forme de
lise, tandis que le dibromacétate reste en solu- magnifiques cristaux qui perdent de l'eau à 100º ,
tion . Les cristaux sont lavés avec une petite en devenant blancs et opaques ; il est facilement
quantité d'eau froide, mis en suspension dans soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther.
l'eau et décomposés par l'hydrogène sulfuré. La Bibromacetate de potassium. Longs cris-
liqueur filtrée est évaporée jusqu'à cristallisation . taux très-brillants, renfermant de l'eau de cris-
L'acide monobromacétique forme des rhom- tallisation, très- solubles dans l'eau et dans l'al-
boèdres très - déliquescents , très-solubles dans cool, mais non déliquescents .
l'eau et dans l'alcool. Il fond au-dessous de 106° Bibromacetate de plomb. Très- soluble , in-
et bout à 208º.- Il se produit aussi dans la décom- cristallisable .
position du bromure ou du chlorure de broma- Bibromacétate mercureur. --- Il ressemble au
cétyle par l'eau (Gal) ; avec l'ammoniaque, il sel d'argent et se décompose comme lui par
donne du glycocolle. l'ébullition .
Get acide est monobasique ; plusieurs de ses Bibromacétate d'argent. Il cristallise en pe-
sels sont cristallisables ; ils se décomposent faci- tites aiguilles souvent groupées en étoiles . Il se
lement. Leur formule générale est décompose facilement à 106°, avec formation de
C2 H2 Br O2 M. bromure d'argent et d'acide bromoglycolique.
Le Libromacétate d'ethyle s'obtient soit en
Bromacétate d'ammonium . Presque incris- chauffant en tubes scellés durant une heure ou
tallisable, très- soluble dans l'eau; la chaleur le deux une solution alcoolique d'acide b.bromacéti-
décompose avec formation de bromure d'ammo- que, soit en décomposant par l'eau le bromure de
nium. bibromacétyle .
Bromacétate de baryum. Cristallise diffici- C'est un liquide très-dense , ses vapeurs sont ir-
lement en petites étoiles qui renferment de l'eau ritantes. Suivant Perkin et Duppa, la distillation
de cristallisation ; il est assez soluble dans l'al- le décompose : suivant Gal [ Bull.de la Soc . chim.,
cool. 1863 , p. 388], il bout à 1940. Avec l'iodure de
Bromacétate de calcium. Très-soluble dans potassium , il se comporte comme l'éther mo-
l'eau; il cristallise difficilement. nobromacétique et on obtient l'éther biiodacé-
Bromacétate de cuivre. - Sel cristallin vert, tique , C2H202 C2 H5.
très-soluble dans l'eau ; il parait se décomposer ACIDE TRIBROMACÉTIQUE . -- [ H. Gal , loc. cit . ]
par l'ébullition. C2 H Br³ 02.
Bromacetate de plomb. Cristallise en aiguilles En traitant par l'eau le bromure d'acétyle tri-
presque insolubles dans l'eau froide, modérément bromé, on obtient des cristaux d'acide tribroma-
solubles à chaud . cétique, qui fond à 135° et bout à 250º. - Avec
Bromacelate de potassium. Cristallin , très- la potasse bouillante il donne du formiate et du
soluble dans l'eau et dans l'alcool. bromoforme.
ACÉTIQUE . 27 - ACÉTIQUE.
Le tribromacétate d'éthyle est liquide , bout à et de l'acide triglycolamidique
225º et possède une odeur agréable. Il résulte de
l'action de l'alcool sur le bromure de tribromacé- (C² H2 O.OH)3 Az
tyle. [Annal. der Chem. u. Pharm., 1862 ( nouv. sér.) ,
ACIDES CHLORACÉTIQUES . t . XLVI, p. 257].
ACIDE MONOCHLORACÉTIQUE , C² H³ CI O². -. Il a D'après le mème chimiste, il se forme de nou-
été découvert par M. Leblanc , qui l'obtint en veaux acides dans la réaction de l'acide monochlor-
faisant réagir, à l'ombre, du chlore sec sur l'acide acétique sur le méthylate , l'éthylate , l'amylate
acétique. L'action est très-lente à l'ombre, même et le phenate de sodium [ Heintz, Monatsberich der
en l'aidant d'une température de 100°. Quand elle koniglichen Preuss. Akademie der Wissenschaften .
paraît épuisée, on fait passer dans le liquide un zu Berlin, p. 554, août 1859. Répert de Chim .
courant longtemps continué de gaz carbonique pure, 1800, p. 95. Ann. de Chim . et de Phys.,
sec (Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , 1844, t. X, 1860, (3), t. LVIII, p. 247 ]. O Ces acides que
p. 212 (en note) ] . On l'obtient facilement en fai- M. Heintz appelle méthoxacétique , éthoxacéti-
sant arriver du chlore dans de l'acide acétique que, etc., sont des éthers acides de l'acide glyco-
cristallisable, chauffé à 120° et exposé à l'action lique ainsi l'acide méthoxacétique est l'acide
des rayons solaires ; on arrête l'opération lorsque glycolique monométhylé.
le chlore paraît ne plus être absorbé : on le sépare Le cyanure de potassium et l'acide monochlor-
par distillation (Hofmann, 1857 , Ann . der Chem . u. acétique réagissent en donnant naissance à l'acide
Pharm . (nouv. sér. ) , t. XXVI, p . 1. - 1858, Ann. cyanacétique [ Kolbe , Journ . of the Chem. Soc. ,
de Chim. et de Phys , (3), t. LII, p. 215] .- L'opé- août 1864, p. 109] .
ration marche mieux avec l'acide acétique étendu Les monochloracétates sont tous solubles [Ke-
d'un peu d'eau [Maumené, Bull . de la Soc. chim., kulé, loc. cit.; Wurtz, loc. cit .; ils se préparent fa-
1864, t. I, p . 417 ] . - En ajoutant de l'iode à cilement par l'action de l'acide dissous dans l'eau
l'acide acétique (environ 40 ou 60 gr. d'iode par sur les oxydes et les carbonates . On connaît le
1/2 lit. d'acide acétique), la préparation de l'acide sel de potassium : il cristallise en petites lamelles.
monochloracétique est facile, et l'on peut se pas- Il existe un sel acide
ser de l'influence de la lumière solaire [ H. Müller,
même recueil, 1864, t. II, p . 126] . - L'acide mo-
nochloracétique prend naissance aussi 1° dans la (CH COO, CICIO o) ,
décomposition par l'eau du chlorure d'acétyle qui cristallise en petites paillettes nacrées. Le sel
chloré (Wurtz, 1857 , Ann. de Chim . et de Phys., de baryum est en prismes rhomboidaux. Le sel
(3), t . XLIX, p. 61 ] et du bromure d'acétyle chloré d'argent est anhydre .
[H. Gal, Bull. de la Soc . chim . , 1863, p. 386] ; 2° dans Monochloracelate d'éthyle ou Éther mono-
l'action du chlore sur l'anhydride acétique ( Gal, chloracétique, C²H²C1O2.C²H³ [ Willm., Ann . de
1862. Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . LXVI, Chim. et de Phys . , (3 ) , 1857 , t. XLIX, p. 98] .
p. 18]. La réaction est très -vive entre le chlorure d'acé-
Cet acide est solide , cristallisable en tables tyle chloré et l'alcool : quand elle est terminée ,
rhomboidales, fusibles entre 45° et 47° ; il distille on lave, on sèche et on distille le produit de la
entre 185° et 187°. Densité à 73° =1,3947 . Il est réaction. C'est l'éther monochloracétique, liquide
sans odeur à froid, ses vapeurs sont irritantes . Il incolore doué d'une odeur éthérée et d'une saveur
se dissout dans l'eau en produisant un abaisse- brûlante, plus dense que l'eau dans laquelle il est
ment de température ; il est déliquescent ( Hof- insoluble. Il bout à 143° 5 sous la pression de 758
mann). — Traité par le perchlorure de phosphore, millimètres. L'ammoniaque le transforme en mo-
il donne du chlorure d'acétyle chloré [ De Willde, nochloracétamide. La potasse le dédouble en al-
Bull. de la Soc . chim . , 1864, t. I , p. 423) . cool et en acide monochloracétique. Chauffé avec
L'acide monochloracétique CH2Cl . CO² H, en du cyanate de potasse , il donne de l'éther allo-
échangeant son atome de chlore pour l'oxhy- phanique, et un nouvel acide C6 H9 K Az2O5, que
drile, se transforme en acide glycolique M. Saytzeff appelle oxethylglycolyl - allophanique
CH2CO . OH [Sayizeff , Bull. de la Soc. chim., 1865, t. III ,
p. 350].
OH. ACIDE BICHLORACÉTIQUE , C2 H2 C12 O2 . [Maumené,
Cette transformation a lieu lorsqu'on chauffe pen- Bull . de la Soc. chim., 1864, t. I, p. 418.
dant longtemps le monochloracétate de potassium H. Müller, méme recueil, 1864, t. II, p. 128.]
à 100° ou 120° [ Hofmann , loc. cit. Kekulé , Il s'obtient soit en même temps que l'acide mo-
Ann . der Chem. ù. Pharm . (nouv. sér.), t. XXIX, nochloracétique, par l'action du chlore sur l'acide
p. 28 ]. acétique en présence de l'iode ( H. Müller), soit par
Chauffé avec une solution d'ammoniaque dans un mélange de chlore sec et d'acide monochlora-
l'alcool faible, cet acide se transforme en glyco- cétique exposé au soleil dans de grands flacons
colle ou sucre de gélatine (Cahours, 1858, Ann. de (Maumené) . M. Maumené a réussi à l'obtenir cris-
Chim. et de Phys. , (3), t. LIII , p. 355] : tallisé, mais en employant les précautions sui-
vantes : il l'a maintenu d'abord pendant une heure
C2H2CIO )
0+2Az 113 - C2H2O.OH ) Az au bain-marie pour chasser la plus grande partie
de l'acide chlorhydrique, puis il l'a distillé en
A. chloracétique. Glycocolle. rejetant les premières portions qui renferment
+ Az H Cl. encore ce gaz ; enfin il a dù le placer sous une
Dans ces deux réactions, l'acide chloracétique cloche auprès d'une solution concentrée de po-
tasse . Celle-ci absorbe les dernières traces de gaz
se comporte comme une chlorhydrine de glycolyle chlorhydrique qui s'opposent à la solidification
CH ( CO.CH de l'acide bichloracétique ; et enfin celui -ci finit
CI. par cristalliser au bout de quelques jours, si l'on
M. Heintz a montré que, dans la réaction de prend soin d'agiter fréquemment les tubes qui
l'acide monochloracétique sur l'ammoniaque, il le contiennent.
se forme, outre le glycocolle , de l'acide glycolique, Cet acide, à l'état liquide , présente une densité
de l'acide diglycolamidique : de 1,5216 à 15°; cristallisé, il forme des tables
rhomboédriques. Il bout à 1950. Il est excessive-
2 C220.OH ment corrosif. Il se décompose facilement au con-
Az, tact de l'eau.
ACÉTIQUE.
28 ACÉTIQUE .
Les bichloracétates sont, pour la plupart, très-
solubles dans l'eau ; ils cristallisent difficilement. Lorsqu'on verse de l'acide azotique fumant sur
Le bichloracétate d'argent C2HC1202 Ag cristal- le chloral , il y a d'abord une vive réaction , pro-
lise en masses mamelonnées ; il est anhydre, duction de chaleur et dégagement de vapeurs ni-
presque blanc et peu altérable à la lumière. Il est treuses ; plus tard l'oxydation est lente, et il est
peu soluble dans l'eau. nécessaire de chauffer le mélange. On peut aussi
Le bichloracetate d'éthyle ou éther bichloracé- employer comme oxydant le mélange de chlorate
tique s'obtient en faisant passer un courant de de potasse et d'acide chlorhydrique, mais il n'a-
gaz chlorhydrique sec dans de l'alcool absolu te- git que sur le chloral liquide , il n'attaque pas le
nant en diss olution de l'acide bic hlo racétique . chloral solide.
C'est un liquide dense, d'une odeur agréable, aro- En distillant le produit de l'action de l'acide
matique, d'une saveur sucrée ; il bout à 156° avec azotique sur le chloral, on enlève l'acide azotique ,
décomposition partielle. L'eau le décompose com- puis on fait cristalliser l'acide trichloracétique
plétement. dans le vide en présence de la chaux et de l'acide
Le bic hlo racétate de méthyle s'obtient par un sulfurique. Ainsi obtenu, cet acide est assez pur ;
procédé analogue ; il ressemble au composé éthy- il renferme cependant quelques traces de chloral.
lique . Il est préférable pour cette préparation d'employer
ACIDE TRICHLORACÉTIQUE, CH C13 02. la modification insoluble du chloral .
découvert par M. Dumas; il se produi été
- tIl adan s L'acide trichloracétique est inodore, cristalliséen
différentes circonstances : par l'action du chlore rhomboèdres ; son odeur est faible à froid; sa saveur
sur l'acide acétique cristallisable [ Dumas, Ann. est caustique . Il blanchit les muqueuses ; mis en
de Chim. et de Phys. , 1840, t. LXXIII , p. 77. ] , contact avec la peau, il détermine la vésication . Sa
par celle de l'eau sur le chlorure de trichlora- vapeur est suffocante. Il est très- soluble dans l'eau
cétyle [ Malaguti, Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , et même déliquescent ; il fond à 46° , distille sans
1846, t. XVI, p. 10 ] , par celle du chlore et de alté ration entre 195° et 200° . Sa densité à 46°
l'eau sur l'éthylène perchloré (protochlorure de égale 1,617; celle de la vapeur égale 5,3. Il est
carbone) C2C1 , par l'oxydation du chloral ( Kolbe, fortement acide, et rougit la teinture de tournesol
Ann. der Chem . u . Pharm . , t. LIV , p. 182. ] , enfin sans la décolorer. Chauffé avec l'acide sulfurique
par l'action de l'eau ou des alcalis sur les dérivés concentré, il échappe en partie à la décomposition;
perchlorés des éthers éthyliques [ Leblanc, Ann. les portions altérées fournissent des gaz chlorhy-
de Chim. et de Phys. (3), 1844, t. X, p . 204] . drique, carbonique et oxyde de carbone.
M. Dumas remplit de chlore sec des flacons à Mis en ébullition avec un excès de potasse, il
l'émeri de cinq ou six litres ; il y introduit 9 dé- se détruit, et on obtient du chloroforme, du car-
cigrammes d'acide acétique cristallisable par litre bonate , du formiate et du chlorure de potassium.
de chlore. Les bouchons étant fixés, les flacons Ces deux derniers corps sont secondaires, et pro-
sont placés de man ière à rece voir dir ect ement les viennent de l'action de la potassé sur le chloro-
rayons sola ires . Qua nd l'ex posi tion au soleil a forme . En effet, avec l'ammoniaque , la réaction
duré une journée, on trouve le lendemain les fla- est nette, il se dégage du chloroforme et du car-
cons tapissés d'une substance cristallisée . En ou- bonate d'ammonium ,
vrant les flacons , il se dégage de l'acide chlorhy-
drique , du gaz carbonique, du gaz chloroxycar- C2 HC13 02+ Az H³ + H2O
bonique ; ces gaz étant dégagés, on reprend par A. trichloracétique .
l'eau les cristaux qui constituent un mélange d'a- = CHC13H (Az H¹) C O³.
cide oxalique et d'acide trichloracétique . L'acide Chloroforme. Bicarbonate
oxalique cristallise le premier, puis l'acide chlor- d'ammonium .
acétique se sépare en beaux cristaux rhomboédri- L'acide tric hloracétique , sous l'influence de
ques. Quelquefois la liqueur concentrée refuse de l'hydrogène naissant dégagé par un amalgame de
cristalliser . M. Dum as alors la distille avec un peu
pho potassium, se transforme en acide acétique :
d'acide sph orique , anhydre, qui déc ompose l'a-
cide oxalique sans attaquer l'acide trichloracétique . C2 IC13026 H = C² II¹ O² + 3 H Cl.
La liqueur distillée, séparée des premières por- Cett e réaction est due à M. Melsens : c'est la pre-
tions, se prend en masse cristalline dans le vide. mière substitution inverse qui ait été opérée [ Mel-
On débarrasse les cristaux d'acide trichloracé-
tique des dernières traces d'acide acétique dont sens (1844), Ann . de Chim. et Phys. , (3), X, 233] .
ils sont imprégnés en les abandonnant 24 heures Les trichloracétates [ Dumas , Memoire cité,
dans le vide sur quelques doubles de papier Jo- p. 83 et suiv. ] sont solubles dans l'eau ; à la dis-
tillation sèché, ils se décomposent en chlorures ,
seph [ Dumas, Mémoire cité, p. 17] , oxyde de carbone et gaz chloroxycarbonique
Comme l'éther perchloré
[Kolbe, Memoire cité].
C2C15 Le trichloracétate d'ammonium ,
C2C15 } 0 C2 C13O2 (Az H ) , H2O ,
se dédouble par la distillation en sesquichlorure est en prismes très- solubles dans l'eau ; ils fon-
de carbone C2 C16 et en chlorure de tricloracé- dent à 80° et se décomposent entre 110° et 115º en
tyle sel ammoniac, chloroforme, gaz chloroxycarbo-
C2 C13O . CI , nique et oxyde de carbone [ Malaguti, Mémoire
et que ce dernier est décomposé par l'eau , cité, p. 60].
M. Malagut i [ Mémoire cité, p. 17] conseille de L'acide phosphorique anhydre le transforme en
préparer l'éther perchloré et de recevoir dans l'eau trichlor acétonitrile.
les produits de sa distillation . Le trichloracétate de potassium , C2C1³O ( OK ',
Le chloral ( hydrure de tri chloracétyle ), cri stallise avec une demi- molécule d'eau en fibres
soyeuses, très- solubles dans l'eau, mais non dé-
C2 C13 O. H , liquescentes. Les trichloracétates de calcium et
traité par les oxydants, se transforme en acide
tric de baryum sont très- solubles dans l'eau.
hloracétique
Le trichloracétale d'argent, C2C130 (OAg) , est
CCIO.H + 0 = anhydre ; il est peu soluble dans l'eau et se dé-
C2H C13 02. pose de ses solutions en petits cristaux grenus
Chloral,
A. trichloracétique . ou en plaque cristallisée Il est anhydre, très-
[Kolbe, Mémoire cité .] altérable à las lumière. Chas.uff é, il se décompose
brusquement en répandant des vapeurs douées de
ACÉTIQUE. 29 ACÉTIQUES .
l'odeur de l'acide et en laissant un résidu de chlo- 2e série , t. II , p . 206 , juin 1864. Bull. de la Soc.
rure d'argent. chim., 1864 , t. II , p. 365] :
Le trichloracétate de méthyle, C2C1302. C2H3, C2H3102 + HI = 12 + C² HO².
se prépare par la distillation d'un mélange d'es-
prit de bois, d'acide trichloracétique et d'un peu On a préparé les iodacétates de potassium , d'am-
d'acide sulfurique ; on recueille la quantité théo- monium, de baryum et de plomb. Ce dernier se
rique de cet éther qui est incolore, huileux, plus décompose par l'ébullition en iodure de plomb et
dense que l'eau , insoluble dans ce véhicule et acide glycolique. L'acide iodacétique se décompose
doué d'une odeur agréable de menthe ; il est iso- de la même manière lorsqu'on chauffe sa solution
mère de l'acétate de méthyle trichloré. aqueuse avec de l'oxyde d'argent.
Le trichloracétate d'éthyle, C2 C13 O2. C2H5 , s'ob- L'iodacétate d'éthyle est huileux , plus dense
tient facilement lorsqu'on distille un mélange que l'eau, d'une odeur très-irritante ; la lumière
d'alcool, d'acide trichloracétique et d'acide sulfu- le décompose ; il réagit sur le cyanure de potas-
rique. Il se forme aussi dans l'action de l'alcool sium en donnant l'éther cyanacétique [ H. Müller,
sur le chlorure de trichloracétyle [ Malaguti, Mé- Bull. de la Soc . chim., 1864, t. II, p. 168] .
moire cité, p. 12 et 58] : ACIDE BIIODACÉTIQUE, C2H212 02. On prépare
du biiodacétate d'éthyle en faisant réagir l'éther
C2C13O. CI + C²H6 O - C2C1302. CH5 bibromacétique sur l'iodure de potassium , et l'on
Chlorure de Alcool. Éther trichloracétique . saponifie cet éther à froid par un lait de chaux.
trichloracétyle. L'acide biiodacétique séparé de sa combinaison
Le produit lavé à l'eau et séché distille à 164°. calcique par l'acide chlorhydrique se sépare sous
Sa densité de vapeur = 6,64. Il est oléagineux , la forme d'une huile lourde qui se concrète ulté-
incolore, d'une odeur de menthe. L'ammoniaqué rieurement en une masse cristalline d'un jaune
le transforme en trichloracétamide ; la potasse le citron. Il est peu soluble dans l'eau , très-soluble
dédouble en trichloracétate de potassium et en dans l'alcool et l'éther ; il cristallise très-bien de
alcool. Il est isomère avec l'acétate d'éthyle tri- sa solution éthérée. Il se volatilise lentement à.
chloré : l'air ; chauffé, il se sublime en partie ; une autre
portion se décompose et émet des vapeurs d'iode.
C2H2CIO 0 Les sels de baryum, de plomb , d'argent, ont été
C2 H3 C12 } ; préparés ; ils sont jaunes et cristallins ; le sel
l'action prolongée du chlore transforme les iso- d'argent bouilli avec de l'eau donne de l'iodure
mères en un produit identique, l'éther acétique d'argent et l'acide iodo-glycolique.
perchloré : Le biodacétate d'éthyle s'obtient dans la réac-
tion de l'éther bibromacétique sur l'iodure de po-
C² C13080 tassium ; avec l'ammoniaque, il donne la biioda-
C2 E. G.
cétamide. Voyez ACETAMIDE.
[Malaguti, Mémoire cité, p. 12 et 58] . ACÉTIQUES (ANHYDRIDES) .
ACIDE CYANACÉTIQUE. [ H. Müller, Bull. de la ANHYDRIDE ACÉTIQUE OU ACIDE ACÉTIQUE AN-
Soc. chim., 1864 , t. I , p . 167.- Kolbe, Journ . HYDRE . [ Gerhardt, Ann. de Chim . et de Phys.,
of the Chem . Soc. , août 1864 , p. 109. 1853, (3), t. XXXVII , 311.]
Bull. de la Soc. chim . , 1864 , t . II, p. 3.] C2 H3O )
Cet acide n'a pas été isolé à l'état de pureté : C2H30 0.
il se trouve dans la solution aqueuse qu'on ob- Ce composé et ses analogues ont été découverts
tient après la réaction de l'acide chloracétique et par Gerhardt.
du cyanure de potassium. Son mode de décompo- On prépare l'anhydride acétique en faisant ar-
sition par la potasse ne laisse aucun doute sur sa river de l'oxychlorure de phosphore goutte à goutte
formule, qui doit être C2H2 (CAz) O. OH. En effet sur l'acétate de potassium fondu , introduit dans
il se convertit dans ces conditions en acide malo-
une cornue tubulée ; la réaction est très-vive, elle
nique : se fait à froid, et une partie du liquide distille.
C2H2 ( CAz ) O2K + KHO + H2O On le rectifie trois ou quatre fois sur de l'acétate
Cyanacétate de de potassium, puis on rectifie le produit seul en
potassium. rejetant ce qui passe avant 137°5. La réaction se
= C3 H2O2.02 K2 + Az H3 passe en deux phases : dans la première il se
Malonate de forme du chlorure d'acétyle :
potassium. 3 C2H3O2K + Ph O Cl³
L'éther cyanacétique résulte de la réaction de Acétate de potassium. Oxychlorure
l'éther chloracétique ou iodacétique sur le cya- de phosphore.
nure de potassium : c'est une huile lourde, vis- 3 C2 H3 O Cl + PhO K³ ;
quease, presque inodore à la température ordi- Chlorure d'acétyle. Phosphate tripotassique.
naire avec la potasse, il donne du malonate de dans la seconde, le chlorure d'acétyle réagit sur
potassium . l'acétate de potassium :
C2 H3 O
ACIDES IODACÉTIQUES . [ Perkin et Duppa, 1859, C2 H3 O CI + C2 H3 02 K = C2H300 + KCl .
Compt. rend. de l'Acad., t. XLIX, p. 93 ; t . L,
p. 1155.] Chlorure Acétate Anhydride
ACIDE MONOIODACÉTIQUE , C2 H³IO2. -— On met en d'acétyle. de potassium. acétique.
contact avec l'iodure de potassium en poudre fine L'anhydride acétique se prépare aussi par le
du bromacétate d'éthyle étendu de trois fois son protochlorure de phosphore. On fait arriver ce
volume d'alcool ; le mélange s'échauffe, et le bro- chlorure goutte à goutte sur l'acétate de potassium
mure de potassium produit ayant été séparé par le fondu (1 partie de chlorure pour un peu plus du
filtre, la liqueur alcoolique renferme de l'iodacé- double de l'acétate). La réaction commence à froid,
tate d'éthyle. Celui-ci étant décomposé par la ba- il distille du chlorure d'acétyle : on est ensuite
ryte, on isole l'acide iodacétique. Cet acide cris- obligé de chauffer pour recueillir l'anhydride acé-
tallise en lames rhomboidales, incolores , élas- tique, qu'on a parfaitement pur en le rectifiant
tiques ; il fond à 82º et se décompose à une tem- sur l'acétate de potassium.
pérature élevée. Il est décomposé à froid par On obtient en chlorure d'acétyle environ la
l'acide iodhydrique avec formation d'iode et d'a- moitié du chlorure phosphoreux employé, et le
cide acétique [Kekulé, Journ . of the Chem . Soc . , tiers de celui-ci en acide acétique anhydre.
ACÉTIQUES. 30 ACÉTIQUES .
Dans la réaction du chlorure de benzoile sur L'action du potassium est très-vive ; il y a déga-
l'acétate de potassium, il y a formation de chlo- gement d'hydrogène, production de biacétate de
rure de potassium et d'anhydride acéto-benzoi- potassium , et d'un liquide éthéré dont la nature
que : n'est pas connue ; le zinc en grenaille très - fine se
C2H3O comporte de même, mais avec moins d'énergie.
C7H5O ) 0; L'anhydride acétique dissoutà chaud l'acétate de
mais à la température où a lieu cette double dé- potassium par le refroidissement il se sépare
composition, une partie de l'anhydride acéto -ben- des aiguilles de biacétate de potassium.
zoïque se partage en anhydride acétique et anhy- Le chlorure de zinc fondu, pulvérisé , chauffé à
dride benzoiqu :: 100 en vase clos avec l'anhydride acétique le
transforme en eau, en acide acétique hydraté, et
C2 O C2 H3 O C7 HS O en une matière ulmique brun-noirâtre, pulvéru-
2 ( CH30 (0) = C2 H3 O 0+ C7 H5 O 0. lente, dont la composition correspond à la formule
Anhydride acéto- Anhydride acé- Anhydride ben- CH2O ou à un multiple [A. Bauer, 1862, Ann.
benzoïque. tique. zoïque. der Chem. u. Pharm. , nouv . sér. , t. XLV, p. 370.
M. Heintz a constaté que le chlorure de soufre Répert. de Chim. pure , 1862, p . 231 ] . Chauffés
en réagissant sur l'acétate de sodium en dégage en vase clos entre 180° et 200 Tanhydride acé-
de l'acide acétique anhydre, et forme du chlorure tique et le cyanate d'éthyle réagissent et donnent
et du sulfate avec dépôt de soufre [ Ann. der naissance à du gaz carbonique et à de la diéthyl-
Chem. u. Pharm . , t. C, p. 370 (nouv. sér. , t. XXIV). acétamide [ Wurtz, Ann. de Chim. et de Phys.,
Poggend. Ann ., t . XCVIII, p. 458. Ann. 1854, (3) , t. XLII , p. 54.]
de Chim . et de Phys ., 1857 , (3) , t. LI, p. 487] . C2 H3 O CO" C2 H3 O
M. Schlagdenhaufen a étudié cette réaction ; il C2 H3 O 0+ C2H5 } Az = CO2 + C2 H3 O Az
emploie 164 gr. d'acétate de sodium, et y verse C2
par petites portions 108 gr. de chlorure de soufre Anhyd .-acétique . Cyanate Gaz carbon. Diéthyl-acé-
C12 S. La réaction , vive d'abord , se calme à la fin d'ethyle. tamide .
de l'opération , et en chauffant la cornue on re- En tubes scellés, et à la température de 180°,
cueille d'abord du chlorure de soufre, puis de l'aldehyde et l'anhydride acétique se combinent ;
l'anhydride acétique, en même temps qu'il se dé- la combinaison
gage du gaz sulfureux [ 1859 , Ann. de Chim . et
de Phys. , (3 ), t . LVI, p . 299] . C2 H+ O". C2 H3 O
C2 H3 O
L'anhydride acétique est un liquide parfaite-
ment incolore, très-mobile, très-réiringent, d'une est isomérique du glycol diacétique. On obtient
odeur extrêmement forte, analogue à celle de l'a- des composés du même genre avec l'hydrure de
cide acétique hydraté, mais plus vive, rappelant benzoile [ Geuther, Ann. der Chem u . Pharm .,
celle des fleurs d'aubépine. Sa densité à 20º 5 nouv. sér. , 1857 , t . XXX, p . 251.- Ann. de Chim.
== 1,073 ; il bout à 13705 sous la pression de 750mm. et de Phys., 1858, (3), t . LIV, p. 231 ] , et l'al-
Sa vapeur irrite les yeux ; la densité de cette va- déhyde valérique.
peur = 3,47. Avec le glycol, à 170°, l'anhydride acétique
Il s'hydrate au contact de l'air humide ; il ne donne du glycol monoacétique et de l'acide acé-
se mélange pas immédiatement à l'eau ; versé dans tique cristallisable Maxwell Simpson , Ann . de
ce liquide, il se rassemble au fond du vase en gout- Chim . et de Phys ., 1859, (3) , t. XLVII , p. 485] .
tes oléagineuses qui se dissolvent, si l'on agite ou Quant à ce qui concerne la constitution de l'an-
si l'on chauffe légèrement le mélange. hydride acétique ou oxyde d'acétyle, nous ren-
Traité par le chlore, il donne du chlorure d'a- voyons le lecteur au mot ANHYDRIDES .
cétyle et de l'acide monochloracétique . Le brome
agit d'une manière analogue ; avec l'acide chlorhy- ANHYDRIDES MIXTES .
drique on obtient du chlorure d'acétyle et de l'a-
cide acétique [ Gal , Ann. de Chim . et de Phys. , ACÉTO- BENZOIQUE (Anhydride) ,
1862 , (3), t. LXVI, p . 87 ]. Chauffé avec de C2H3O
l'iode et du phosphore, il donne de l'iodure d'acé- C7H5O 0.
tyle [Guthrie, Ann. der Chem. u. Pharm., t. CIII,
p . 335 (nouv. sér. , 1857 , t. XXVII. - Ann. de Le chlorure d'acétyle réagit à la température or-
Chim. et de Phys., 1858, (3) , t. LIII , p. 250]. dinaire sur le benzoate de sodium desséché . Il se
Il se forme l'acide thiacétique anhydre forme un produit sirupeux , qu'on lave à l'eau et
C2 H3 O au carbonate de soude ; et qu'on purifie de l'eau
C21130 S, et des matières étrangères en l'agitant avec de
l'éther exempt d'alcool et chassant l'éther à une
lorsqu'on fait réagir à une douce chaleur le penta- douce chaleur.
sulfure de phosphore sur l'acide acétique anhy- L'anhydride acéto-benzoïque est une huile aussi
dre [Kekulé, Ann . der Chem. u . Pharm., nouvelle pesante que l'eau , neutre aux papiers réactifs,
série, t. XIV, p. 309. Ann. de Chim. et de Phys., d'une agréable odeur de vin d'Espagne. L'eau
1854, (3) , t. XLII , p. 240]. bouillante ne l'attaque que très-lentement, en
L'acide sulfurique fumant s'échauffe avec l'an- prenant une réaction acide; mais les alcalis caus-
hydride acétique, et dégage de l'acide carbonique ; tiques ou carbonatés déterminent promptement sa
il se produit une combinaison sulfo - conjuguée transformation en acétate et en benzoate.
dont le sel de plomb est gommeux . L'anhydride Il entre en ébullition à 150°, mais en se décom-
acétique s'échauffe considérablement avec l'aniline posant; il distille de l'anhydride acétique ; le ther-
et par le refroidissement le mélange se concrète momètre monte jusqu'à 280° ; si on arrête à ce
en une masse cristallisée d'acétanilide . Mêlé à du point la distillation , le résidu se prend en une
peroxyde de baryum, il fixe un atome d'oxygène masse cristalline d'anhydride benzoique [ Gerhardt,
et donne du peroxyde d'acétyle Ann. de Chim . et de Phys. , 1853, (3) , t. XXXVII,
C2 H3 O p. 308].
ACETO-CINNAMIQUE (Anhydride ) . - Le chlorure
C2 H3 O 02 d'acétyle et le cinnamate de sodium réagissent
[Brodie, Ann. der Chem . u. Pharm ., 1858, nouv. très-vivement, en donnant un composé peu stable.
sér., t. XXXII , p. 79. -· Ann. de Chim., et de Le produit de la réaction ayant été lavé au
Phys., 1859, (3) , t. LV, p . 224] . carbonate de soude, l'éther n'extrait de la masse
ACÉTIQUES . - 31 ― ACÉTONE.
pâteuse qu'une huile mélangée d'acide cinna- le cyanate d'argent, ce corps n'a pas été obtenu à
mique. Cette huile, plus pesante que l'eau, res- l'état de pureté.
semble à l'anhydride acéto - benzoique dont elle ACETATE D'IODE [ Schützenberger , loc. cit.] ,
possède l'odeur. Il n'a pas été possible de la pu-
rifier et d'en faire l'analyse [ Gerhard , Ann . de 3 ( C² H³ 0 0³.
I''
Chim. et de Phys. , 1853 , (3) , t. XXXVII, p. 318].
ACETO-CUMINIQUE (Anhydride) , Par l'action du protochlorure d'iode sur l'acétate
C2H3O de sodium , il se forme de l'acétate d'iode , mais
on ne peut séparer ce composé des autres produits
C10H1100. de la réaction.
Il se produit par l'action du chlorure d'acétyle sur Si l'on ajoute peu à peu de l'iode à de l'acétate
le cuminate de sodium . Il constitue une huile de chlore bien refroidi, il disparaît en mettant du
neutre, plus lourde que l'eau, d'une odeur agréa- chlore en liberté ; et il se forme bientôt des cris-
ble; ses caractères sont ceux de l'anhydride acéto- taux incolores qui se comportent sous l'influence
benzoique. de la chaleur, de l'eau, de l'alcool, comme le pro-
A l'état humide , elle se transforme prompte- duit de la réaction précédente. Souvent le mé-
ment en acide cuminique et acide acétique ; les lange fait violemment explosion dès l'addition des
alcalis déterminent le même dédoublement. premières portions d'iode.
La distillation la décompose [ Gerhardt, Ann. de Pour préparer l'acétate d'iode pur, on met en
Chim. et de Phys. , 1853, (3 ) , t. XXXVII , p. 309]. suspension dans 30 grammes d'anhydride acé-
ACÉTO - SALICYLIQUE ( Anhydride ) . Gerhardt tique environ 15 grammes d'iode pur et sec, et on
donnait ce nom au composé C H O , qui résulte dirige dans ce mélange refroidi un courant d'an-
de l'action du chlorure d'acétyle sur le salicy- hydride hypochloreux. Il se forme d'abord des
late de sodium ; l'acide salicylique étant diato- cristaux blancs jaunâtres en aiguilles , qui dispa-
mique, ce composé devient raissent ensuite, et quand le liquide est entière-
ment décoloré, il se précipite de nouveaux cris-
C2H3O 02, taux grenus, incolores, d'acétate d'iode , qu'on fait
H égoutter sur une brique en plâtre, et qu'on prive
des dernières traces d'anhydride acétique par un
et n'est pas entièrement comparable aux anhy- courant d'air sec à 50º.
drides acétique , acéto-benzoique , etc. Du reste L'acétate d'iode est représenté par la formule
lorsqu'on ajoute le chlorure d'acétyle au salicylate
de sodium, il y a réaction , et la masse durcit ; 3(C2H3O
‫ ייין‬03 ,
mais si l'on veut purifier le composé par le carbo-
nate de soude, l'hydrate d'acéto -salicyle se détruit, dans laquelle l'iode joue le rôle d'un élément
en donnant naissance à de l'acide salicylique et à triatomique.
de l'acide acétique . Sa composition ne peut être Il constitue des cristaux grenus , se colorant
que prévue par la théorie, l'analyse n'en ayant rapidement à l'air en rose, puis en brun ; ils sont
pas été faite [ Gerhardt, Ann . de Chim . etde Phys., déliquescents ; l'eau et l'alcool les décompose in-
1853, (3), t. XXXVII, p. 326]. stantanément. A 100 ° , ils se détruisent brusque-
ACETO-SALICYLE, C9 H8 03. - Composé obtenu par ment ; chauffés avec de l'anhydride acétique , ils
Cahours dans l'action du chlorure d'acétyle sur fournissent comme produits de décomposition de
l'hydrure de salicyle . [ Voir SALICYLE (hydrure de). ] l'iode, du gaz carbonique et de l'acétate de mé--
ACETATE DE BROME ( ANHYDRIDE HYPOBROMACÉ- thyle la formation de ce dernier est représentée
TIQUE). Ce composé paraît se former dans l'action par l'équation :
du brome sur l'acétate de chlore ; au bout de quel- B(C2H
ques heures , le produit détone spontanément. 2 ( ³ ( C³ H³ 0 ) { 0³) = 3 CO² + 1² +3 ( (C² 1901
CH³ , 0 ) ;
ACETATE DE CHLORE (ANHYDRIDE HYPOCHLORACÉ- Acétate de méthyle .
TIQUE). [ Schützenberger, 1861 , Compt. rend. de E. G.
l'Acad. , t. III, p. 359. Thèse de la Faculté des
ACÉTIQUES (Éthers monoatomiques ) .- Voyez
sciences de Paris, 1863, nº 249.] ACÉTATES.
C2 H3 O 0. ACÉTIQUES (Éthers diatomiques) . — Voyez les
divers GLYCOLS .
Lorsqu'on dirige un courant d'anhydride hypo- ACÉTIQUES ( Éthers triatomiques ). - Voyez
chloreux dans de l'anhydride acétique refroidi , GLYCERINE.
le gaz est bien absorbé , et se combine immédia- ACETONE , C3H6O . - On appelle acétone un
tement ; dès que le liquide a pris une couleur liquide limpide , incolore , inflammable, volatil,
jaune prononcée, on chauffe à 30° pour chasser d'une odeur éthérée, et qui se produit dans la dis-
l'excès de gaz hypochloreux : tillation sèche des acétates. Remarqué, dès 1754,
C2H3O C2H3O par Courtenvaux , il fut nommé éther pyroacetique
- par les frères Derosne, qui étudièrent ses proprié
C² 11300+ 1 } 0 = 22 (CH³00). tés [Ann. de Chim . , t . LXIII, p. 267] . Chenevix,
L'acétate de chlore ainsi obtenu est un liquide après avoir cherché quelles sont les conditions les
jaune clair très-pâle , d'une odeur forte et irri- plus favorables à sa production, essaya sans suc-
tante. Il est peu stable ; à 100º, il détone avec vio- cès de le dédoubler par l'action de la potasse,
lence : il ne se conserve assez bien que dans l'obs- comme l'éther acétique ; il conclut de là que ce
curité et à une basse température. A la tempéra- n'est pas un éther, et il changea son nom en celui
ture ordinaire, et à la lumière diffuse ou directe , d'esprit pyroacétique [ Ann . de Chim., t. LXIX,
il se détruit peu à peu . Avec l'eau, il se dédouble p. 5].
en acide acétique et acide hypochloreux ; la plu- La composition centésimale de l'acétone a été
part des métaux et des métalloides le décompo- établie définitivement par M. Dumas [Ann. de
sent. L'iode et le brome en dégagent du chlore, Chim. et de Phys., t . XLIX , p. 208] et par
mais il n'est pas possible d'isoler l'acétate d'iode M. Liebig [Ann. de Chim. et de Phys. , t . XLIX,
et l'acétate de brome qui paraissent s'être formés : p. 193] . M. R. Kane, qui l'a étudiée ensuite, en
souvent le produit de la réaction détone sponta- a décrit un grand nombre de dérivés ; mais, parti
nément. de l'idée que c'était une sorte d'alcool , il a quel-
ACETATE DE CYANOGÈNE.- Entrevu par M. Schüt- quefois méconnu le sens des réactions [ Pog ·
zenberger dans l'action du chlorure d'acétyle sur gend. Ann., t. XLIV, p. 473 ] . I attribuait à
ACÉTONE. 32 ACÉTONE.

l'acétone, qu'il appelait alcool mésitique, la for- La préparation se fait en distillant l'acétate à
mule C6H12O2. En traitant cet alcool par l'acide une chaleur allant jusqu'au rouge sombre dans
chlorhydrique ou par le perchlorure de phosphore, une cornue de verre lutée ou de grès , ou dans une
il en dérivait un chlorure de mésityle décompo bouteille à mercure. Il faut refroidir soigneuse-
sable par la potasse et fournissant de l'oxyde de ment le récipient. Le produit brut est additionné
mésityle ; ces réactions n'ont pas pu être repro- de chlorure de calcium qui sert à séparer l'acétone
duites au moins n'a-t-on jamais isolé le chlorure de l'eau et à la dessécher, puis simplement distillé
de mésityle. Il n'en est pas de même de celles en ne recueillant que les parties passant avant 60º.
par lesquelles M. Kane a obtenu le mésitylène et Quelquefois on abandonne le produit brut , pen-
divers autres composés qui, bien que dérivés de dant plusieurs jours, sur de la chaux grossière-
l'acétone, s'y rattachent d'une manière moins di- ment concassée, pour le rectifier ensuite. On l'ob-
recte et sont peu propres à jeter quelque lumière tient encore plus pur en le combinant au bisulfite
sur sa nature et sur sa constitution. de soude et en distillant la combinaison , lavée à
L'acétone étant devenue, par suite de la décou- l'éther, avec de l'eau et du carbonate de soude.
verte de la butyrone, de la valérone, etc., le type On obtient dans l'industrie des quantités consi-
d'une classe étendue de composés, M. Chancel l'a dérables d'acétone dans la préparation de l'ani-
étudiée en même temps que ses congénères ; c'est line, lorsqu'on distille le mélange d'acétate de fer
lui et non M. Loewig, comme l'a dit M. Stædeler et d'aniline provenant de l'action du fer et de
[Ann. der Chem . u. Pharm. , t . CXI, p . 277 (nouv. l'acide acétique sur la nitrobenzine.
série, t. XXXV), sept. 1859] , qui a le premier rap- 2º L'acétone se produit encore lorsqu'on fait pas-
proché les acétones des aldehydes, en énonçant ser des vapeurs d'acide acétique dans un tube de
la supposition que les premières sont une combi- porcelaine chauffé au rouge sombre. L'acide acé-
naison des secondes avec l'hydrocarbure simple tique est décomposé suivant l'équation :
de la série immédiatement antérieure. Il appelait 2 C2H4O2 = CO2 + H2O + C³ H6 O.
hydrocarbures simples les hydrocarbures homo- 3º Elle prend également naissance dans la dis-
logues de l'éthylène [ Compt. rend. de l'Acad., tillation sèche du sucre, des acides tartrique, ci-
t. XX, p. 1580, et Journ . de Pharm. , (3) , t. XIII, trique, lactique, etc. L'acide citrique, chauffé avec
p. 268]. du permanganate de potasse ou avec du peroxyde
Cette opinion , admise d'abord par Gerhardt, de manganèse et de l'acide sulfurique étendu ,
a été traduite par lui dans le langage de la théorie fournit également de l'acétone [ Péan de Saint-
des substitutions, lorsqu'il appelait l'acétone al- Gilles, Compt. rend. , t. XLVII , p. 555].
déhyde méthylée [ Traitéde Chim.org . , t. I, p . 700]. 40 MM. Pebal et Freund ont montré qu'on peut
Elle s'appuie maintenant sur un grand nombre de l'obtenir par l'action du chlorure d'acétyle sur le
réactions analytiques et synthétiques. Il faut tou- zinc-méthyle.
tefois faire quelques réserves sur l'existence dis- 5° M. Friedel en a également réalisé la synthèse
tincte du méthyle (et de ses homologues) dans en mettant en présence le chloracétène (voyez ce
l'acétone (et dans ses homologues) . Les travaux mot) et l'alcool méthylique sodé [ Compt. rend.,
qui ont particulièrement fait ressortir l'analogie t. LX , p. 930].
qui existe entre les acétones et les aldehydes 6º M. Linnemann a réussi à régénérer l'acé-
sont, après les mémoires de M. Chancel (1 ) , dans tone par l'action de l'acide hypochloreux aqueux
lesquels il a montré que la distillation sèche des et de l'oxyde de mercure sur le propylène mo-
butyrates et des valérates fournit le butyral et le nobromé et sur le propylène monochloré. Il se
valéral en même temps que la butyrone et la valé- forme de l'acétone monochlorée que l'on peut
rone; ceux de M. Williamson (2) sur les acétones transformer en acétone par l'action du zinc et de
mixtes ; de M. Stædeler (3) sur la combinaison de l'acide chlorhydrique :
l'acétone avec les bisulfites alcalins , analogue
avec les combinaisons des aldehydes et des mêmes 2 C3 H5 Cl + Hg Cl² O² = Hg Cl² + 2 C³ H³CIO.
bisulfites découvertes par Bertagnini ; de M. Frie- Le propylène monobromé peut encore être trans-
del (4) sur l'action du perchlorure de phosphore sur formé en acétone d'une manière plus simple. Il
les acétones et sur la transformation de ces corps suffit de le chauffer pendant plusieurs jours à
en alcools ; de MM . Pebal et Freund (5) sur 100 avec de l'acétate de mercure et de l'acide
• la syn-
thèse des acétones, etc. acétique cristallisable [ Ann . der Chem . u . Pharm.,
[(1) Journ. de Pharm. , ( 3 ) , t. VII , p. 113. t. CXXXVIII, p. 122, avril 1866, et Bull. de la
Compt. rend. de l'Acad. , t.XXI, p. 905. ] [ (2) Ann. Soc . chim ., t. VI , p. 280 (1806 )] .
der Chem. u. Pharm. , t. LXXXI , p. 86.] [ ( 3 ) Proprietés. L'acétone est un liquide limpide,
très-fluide, d'une densité de 0,7921 à 18° ( Liebig)
[(4) Compt. rend. , t. XLV, p. 1013. ] [ (5) Ann . der et de 0,814 à 0 (Kopp). Sa densité de vapeur est
Chem. u. Pharm. , t. CXV, p . 21 , et Repert. de de 2,0025 (Dumas). Son point d'ébullition est situé
Chim. pure (1861 ) , p . 11 et 193.] à 56° (Dumas), à 56,3 (Kopp) pour la pression de
Modes de production et préparation . 1 ° L'acé- 760mm. Un froid de 15° ne la solidifie pas . Elle est
tone prend naissance dans la distillation sèche facilement inflammable et brûle avec une flamme
des acétates, et surtout, ainsi que l'avait déjà dé- éclairante. Elle possède une odeur éthérée parti-
montré Chenevix, de ceux qui renferment des culière et une saveur brûlante . Soluble en toutes
oxydes difficilement réductibles. Les acétates de proportions dans l'eau, dans l'alcool et dans l'é-
plomb, de chaux, de baryte, sont ceux qui en ther, elle ne dissout ni le chlorure de calcium , ni la
fournissent la plus grande proportion . potasse , mais la plupart des résines, des matières
L'équation suivante rend compte de la réaction : grasses, des camphres ; le coton-poudre y est aussi
facilement soluble.
(C2H3O.O)2 BaCO3 Ba + C2H3O . CH³. Elle forme, avec les bisulfites alcalins, une
En même temps que l'acétone, il se forme tou- combinaison cristallisée insoluble dans un excès
jours des hydrocarbures, dont les uns se dégagent, de bisulfite ainsi que dans l'éther, mais soluble
et les autres, moins volatils , restent mêlés au dans l'alcool bouillant et cristallisable par refroi-
liquide distillé ; il se produit également un corps dissement ; soluble aussi dans l'eau et facilement
découvert par M. Kane et appelé par lui DUMASINE décomposable par l'ébullition avec un carbonate
(voir ce mot) ; et , d'après M. Fittig, deux acétones alcalin ou avec un acide. Dans beaucoup de cir-
mixtes ( voyez ACETONES ) , la méthylacétone et constances, on réussit à isoler l'acétone, ou à la
l'éthylacetone [ Ann . der Chem. u. Pharm. , t. CX, purifier en l'engageant dans cette combinaison. Il
p. 17 , et Répert. de Chim. pure ( 1858-1859), p . 380] . est nécessaire d'employer la solution de bisulfite
ACÉTONE. 33 -- ACÉTONE.

aussi concentrée que possible ; la combinaison se fusible à 48°, insoluble dans l'eau, soluble dans l'al-
produit alors plus rapidement et a lieu avec déga- cool, et enfin une acétone pentabromée en aiguilles
gement de chaleur. incolores, insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool
Modes de décomposition. Lorsque l'acétone tra- et dans l'éther, inattaquable par l'acide sulfurique
verse un tube chauffé au rouge, elle laisse déposer concentré et par l'acide azotique fumant. Elle fond
du charbon et donne de la dumasine. à 75º, et la potasse la décompose à chaud en bro-
Lorsqu'on la fait passer en vapeurs sur l'hy- moforme et oxyde de carbone [Journ. für prakt.
drate de potasse, elle se décompose, suivant la Chem., t. CXI , p. 472].
température, en carbonate de potasse et hydrure L'action de l'iode est moins nette et n'a pas en-
de méthyle, core été élucidée. Celle de l'acide chlorhydrique,
C3H6O + 2KHO = CO OK? + ? CH *, d'après M. Kane, fournirait du chlorure de mési-
tyle, C3H5Cl. Récemment , M. Baeyer a montré
ou en acétate et formiate de potasse avec dégage- que le produit de cette réaction traité par la po-
ment d'hydrogène : tasse alcoolique fournit principalement de l'oxyde
C3H6O2KHо + H²о de mésityle, bouillant à 130°, C6H10O, de la pho-
= C ? H3O.OK + CHO.OK + 3H2 . rone, cristallisable, bouillant vers 196°, et ne don-
nant pas de cumène. - Voyez oxyde de MÉSI-
Lorsqu'on l'abandonne longtemps avec de la TYLE et PHORONE. - [ Ann . der Chem. u. Pharm.,
chaux, le mélange se solidifie et le produit de la
distillation renferme deux liquides , dont l'un, t. CXL, p. 297. ] L'acide iodhydrique donnerait,
bouillant à 131 °, insoluble dans l'eau, ayant une suivant M. Kane, de l'iodure de mésityle, C³ H51.
odeur de menthe, ne se combine pas aux bisul- Le perchlorure de phosphore agit sur l'acétone
fites alcalins et renferme C6H100 [ Fittig , Ann. comme sur l'aldehyde :
der Chem. u. Pharm . , t. CX, p. 23, et Repert. de C3H6O + Ph C15 = C3 H6 C12 + Ph O Cl³.
Chim pure, 1858-1859 , p. 381 ] . Ce corps paraît
être identique avec l'oxyde de mesityle de M. Kane. Le chlorure formé est isomérique avec le chlo-
L'autre liquide est la phorone, C9H14 O, bouillant rure de propylène ; on l'a appelé méthylchlora-
de 200º à 205° et identique avec celle qui pro- cétol. Il bout à 70º. Densité à 0º égale 1,117 . Den-
vient de l'acide camphorique [ Fittig. , Ann der sité de vapeur 4,08 . Th . 3,92. La potasse alcoo-
Chem. u. Pharm. , t. CX , p. 23 , et t. CXII, lique, l'acétate d'argent, l'ammoniaque le décom-
p. 309, et Répert. de Chim. pure, 1860, p. 124]. posent en lui enlevant HCl . Le chlorure restant
D'après les expériences récentes de M. Baeyer, C3 HCl est identique avec le propylène chloré.
cette identité ne serait pas encore entièrement Le même chlorure C3H5Cl prend naissance en
certaine [ Ann. der Chem u. Pharm . , t. CXL, quantité notable dans la réaction même du per-
p. 297]. chlorure de phosphore sur l'acétone. Il se sépare
Les actions oxydantes ne transforment pas l'a- facilement du méthylchloracétol par distillation .
cétone en un acide renfermant le même nombre Son point d'ébullition est situé à 26° [ Friedel,
d'atomes de carbone qu'elle ; c'est là ce qui la Compt. rend., t . XLV, p. 1013, et Bull. de la Soc.
distingue essentiellement, ainsi que ses congé- chim., 1858, p . 3, 27].
neres, des aldehydes . Son oxydation par le bichro- Le perbromure de phosphore réagit à la façon
mate de potasse et l'acide sulfurique (Dumas et du perchlorure et fournit un méthylbromacétol
Stas) , ou par l'oxyde d'argent à 100° en présence C3H6 Br2, isomérique avec le bromure de propy-
de l'eau (Linnemann) , donne de l'acide acétique. lène et bouillant de 115 à 118° . Densité 1,39
Par l'action de l'oxygène électrolytique , c'est-à- [ Linnemann , Ann . der Chem. u. Pharm ,
dire en décomposant par la pile un mélange d'a- t. CXXXVIII, p. 125] .
cétone, d'eau et d'acide sulfurique, on a obtenu L'acide azotique réagit à chaud avec violence
de l'acide acétique et de l'acide formique [ Friedel, sur l'acétone; il se dégage des vapeurs rouges, il
Bull . de la Soc. chim. , 1859 , p . 59] . Par l'acide se forme un liquide insoluble dans l'eau, qui est,
azotique fumant , l'acétone est transformée en d'après M. Kane, un mélange d'aldéhyde mési-
acide oxalique [ Mulder, Journ. für prakt. Chem., tique ( ?) , CH'O , et de nitrite de ptéléyle,
t. CXI, p. 472, et Bull. de la Soc. chim. , 1864, C3 H³ Az O2 (ptéléyle - C³ H³) . Gerhardt fait re-
t. II, p. 211] . marquer que l'aldéhyde mésitique pourrait être
Le chlore, en présence des alcalis, et le chlorure le nitromesitylène ; le nitrite de ptéléyle pourrait
de chaux la transforment en chloroforme ; le brome, être de même le trinitromesitylène impur.
en présence des mêmes alcalis , en bromoforme. L'acide sulfurique mélangé avec de l'acétone
Le chlore, agissant seul , fournit des produits de s'échauffe et donne, lorsqu'on distille, du mési-
substitution chlorés , savoir la monochloracétone tylène, et lorsqu'on se contente d'ajouter de l'eau,
et la bichloracétone. L'acide chlorhydrique et le un mélange de mésitylène C9H12 et d'oxyde de
chlorate de potasse donnent naissance à des pro- mésityle C6H10 O identique , d'après M. Heintz,
duits plus chlorés. Quant au brome, il agit d'une avec la dumasine [ Poggend. Ann. , t. LXVIII,
manière particulière. Lorsqu'on met les deux corps p. 277] . Il se produit en même temps de l'acide
en présence, en refroidissant le mélange avec de mésitylsulfurique ; M. Kane a obtenu, dans cette
la glace, l'acétone étant, comme l'aldehyde, un réaction , plusieurs sels de chaux solubles , mais
corps non saturé, fixe deux atomes de brome et les formules de ces composés ne sont pas encore
donne un bromure très-instable qui se décompose bien établies.
déjà à la température ordinaire , et brunit avec L'acide phosphorique vitreux donne également
dégagement d'acide bromhydrique et en répan- un acide conjugué, dont le sel de soude paraît
dant l'odeur de l'acroléine . Les produits de la dé- avoir pour formule PhO. (C³ H5 O ) ( HO) ( Na O)
composition sont de l'épibromhydrine C³ H5 Br O + 2H2O (Kane). M. Zeise [ Ann. der Chem. u.
et de l'acroleine C3H4O [ Linnemann, Ann, der Pharm., t. XLI, p . 27 , et t. XLIII, p . 69] et M. Kane
Chem. u . Pharm. , t. CXXV, p. 307 , et Bull. de ont encore indiqué divers autres acides phosphorés
la Soc. chim., 1863, p. 476] . dérivés de l'acétone et obtenus soit par l'action du
Toutefois M. Mulder décrit une acétone mono- phosphore sur ce composé, soit comme résidu de
bromée obtenue par l'action directe du brome en l'action de l'iode et du phosphore. Le sel de ba-
quantité insuffisante sur l'acétone ; une acétone ryte de l'acide qui se produit dans cette dernière
tetrabromée qui se forme lorsqu'on chauffe le mé- réaction est, d'après M. Mulder [Journ. fur prakt.
lange et qui donne un hydrate cristallisa le, Chem., t. ACI , p. 472] ,
C³ H2Br+ O + 2H2O, C * ! PhO3? Ba .
1-- 3
ACÉTONE . - 34 ACÉTONE.
par enlèvement des éléments de l'eau à 3 molé-
Le bichlorure de platine sec se dissout dans
l'acétone, avec dégagement de chaleur ; lorsqu'on cules d'acétone :
distille la solution , on voit se dégager beaucoup 3 C3H6O - 2 H2O = C9H14 O
d'acide chlorhydrique , et l'on obtient comme ré- [ Fittig , Ann. der Chem. u. Pharm ., t. CX, p. 23.
sidu une masse poisseuse qui renferme un corps - Répert. de Chim. pure, 1859 , p . 381. - Stæ-
cristallin . Ce même corps crista llin se produ it deler, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CXI, p. 277.
lorsqu'on abandonne en vase clos une bouillie - Répert. de Chim. pure, 1860 , p . 22] .
épaisse d'acétone et de bichlorure de platine. Il se L'eau éliminée , décomposée par le sodium,
produit un corps qui irrite vivement les yeux et donne de l'hydrogène naissant qui se porte sur
de l'acide chlorhydrique . En même temps, la 2 molécules d'acétone et forme la pinakone , qui
masse se prend en cristaux . On lave les cristaux elle-même cristallise en fixant 6 H2O :
sur un filtre avec de l'acétone, et on les fait cris-
talliser dans le même dissolvant bouillant. Ainsi 2C3H60 + 2H = C6H14 O².
purifiés, ils sont jaunes, peu solubles dans l'eau, L'hydrogène naissant dégagé par l'amalgame de
dans l'alcool et dans l'éther. Leur solution aqueuse sodium en présence de l'eau , et celui développé
rougit le tournesol . Ils laissent après calcination par l'action du zinc sur l'ammoniaque [ Lorin,
un résidu de carbure de platine, Pt C2. Ils ren- Bull. de la Soc. chim. , 1863 , p. 616 ], se fixent
s
ferment, d'aprè M. Zeise , CH10 C12 Pt O. Ce com- sur l'acétone et donnent naissance en même temps
posé a reçu le nom d'acéchlorplatine [ Ann. der à un alcool , l'alcool isopropylique et à la pina-
Chem. u. Pharm. , t. XXXIII , p. 29] . kone. La formation de la pinakone dans ces cir-
Abandonnée avec un mélange d'acide cyanhy- constances permet d'interpréter ainsi qu'on l'a
drique et d'acide chlorhydrique aqueux, l'acétone fait plus haut la réaction du sodium sur l'acétone.
donne de l'acide acétonique, comme l'aldéhyde La pinakone paraît se comporter comme une sorte
benzoïque dans les mêmes circonstances donne de glycol.
de l'acide formobenzoilique (Stædeler) : L'alcool isopropylique
C3H6O + CAz H + 2H2O + HCl (C3H8 O = C3H6O + H² )
- CH8O3 + AzH Cl . peut être séparé de l'acétone en excès à l'aide du
bisulfite de soude, ou encore mieux en le trans-
L'ammoniaque mélangée à l'acétone et abandon- formant en iodure , par l'action de l'iode et du
née à l'évaporation spontanée laisse un résidu si- phosphore. On le régénère de l'iodure en passant
rupeux réduisant l'azotate d'argent ; ce résidu se par l'acétate d'isopropyle et en saponifiant ce der-
transforme peu à peu à froid et plus rapidement nier par potasse. Ainsi purifié et distillé sur le
par l'action de la chaleur en une base, l'acétonine sodium , l'alcool isopropylique bout vers 86°. Son
C9H18 Az2, ayant avec l'acétone les mêmes relations iodure bout entre 90° et 95°. 11 paraît identique
que présente l'amarine avec l'hydrure de benzoile avec l'alcool propylique qui a été obtenu par
ler
[Stæde , Ann. der Chem. u. Phar . , t. CXI, m M. Berthelot en faisant absorber le propylène par
p. 277 , et Répert . de Chim. pure. , 1860 , p . 22 ] . l'acide sulfurique. Ce dernier alcool , de même
L'ammoniaque et l'hydrogène sulfuré, réagissant que l'alcool isopropylique , régénère l'acétone par
simultanément sur l'acétone , fournissent une base l'action des réactifs oxydants. On peut dire que
sulfurée, la thiacétonine, à laquelle M. Stædeler at- les acétones sont les aldehydes de la série parti-
tribue la formule C9 H18 Az S2. Elle est soluble culière d'alcools dont l'alcool isopropylique est le
r
dans l'éthe et dans l'alco ol , crista llisab le en pe- type [Friedel , Compt . rend. , t. LV, p. 53, et Bull.
tits prismes incolores , et forme des sels cristallins de la Soc. chim., 1863, p. 247 ].
avec les acides chlorhydrique , azotique , sulfu- Le zinc-ethyle réagit vivement sur l'acétone ; il
rique , acétique . L'akcethine de Zeise, obtenue, se produit des gaz non absorbables par le brome
en même temps qu'un certain nombre de corps et de la phorone, qui prend naissance par déshy-
mal définis , dans l'action de l'ammoniaque et du dratation de l'acétone [ Beilstein et Rieth. , Bull.
soufre sur l'acétone , pourrait être ident ique avec de la So. chim. , 1863, p. 246].
la thiacétoni ne [ Ann. der Chem. u. Pharm., Constitution de l'acétone . Toutes les réac-
t. XLVII , p . 24 ]. tions qui viennent d'être signalées s'expliquent de
Le sulfure de carbone, l'ammoniaque aqueuse la manière la plus simple en considérant l'acétone
et l'acétone donnent par leur action réciproque, comme formée de deux groupes méthyle saturant
la température ordinaire, des cristaux jaunes , in- les atomicités libres du carbonyle :
solubles dans l'eau, peu solubles dans l'éther,
auxquels M. Hlasiwetz attribue la formule com- CH3
pliquée C30 H52 Az6 S9 [ Journ . für prakt. Chem. , co
t. LI, p. 357] . D'après M. Stædeler, c'est le sulf- CH³,
hydrate d'une base faible qu'il a appelée carbo- hypothèse qui n'est en définitive autre chose que
thiacétonine, et qu'il formule celle de M. Chancel.
C10H19 Az2 S2SH. Le carbone du méthyle étant lié sans intermé-
diaire à celui du carbonyle , on comprend la sta-
La solution alcoolique de ce composé , mélangée bilité relative du groupement acétone, et l'on voit
avec du bichlorure de platine, donne un précipité ses relations avec le groupement hydrure de
amorphe brun jaunâtre, qui renferme propyle :
CH3
C10H18 Az2 S3 Pt C12. CH2
Le sodium attaque vivement l'acétone , mais CH³.
sans dégagement d'un gaz permanent . Il se sépare L'isomérie du chlorure de propylène et du mé-
des flocons d'une matière blanche, le produit de- thylchloracétol peut être exprimée par les for-
vient gélatineux et l'action s'arrête bientôt. En dis- mules
tillant, on recueille de l'acétone non altérée, puis CH2Cl CH2Cl
un liquide aqueux au-dessus duquel nage une CH3
couche huileuse. L'évaporation spontanée trans- CC12 et CH2 Ou ĆHCL
forme le tout en cristaux baignés dans une huile. CH3 CH2 CI CHз
Les cristaux sont l'hydrate de pinakone et l'huile
est de la phorone. Ce dernier produit est formé Méthylchloracétol . Chlorure de propylène.
ACETONE . 35 ACÉTONE.
cette dernière formule permettant d'expliquer Le perchlorure de phosphore le transforme en
comment les produits obtenus par l'action de la un chlorure C3H4Cl bouillant à 153° et différent
potasse alcoolique sur les deux chlorures isomé- du chlorure de propylène bichloré ( Borsche et
riques sont identiques. Fittig, Ann. der Chem. u. Pharm., t . CXXXII ,
L'isomérie de l'alcool isopropylique et de l'alcool p. 111 , et Bull . de la Soc. chim. , 1865, t. IV,
propylique normal se représente ainsi : p. 362].
CH3 CH2. OH La trichloracétone se produit par l'action du
СН. ОН CH2 chlore sur l'esprit de bois brut qui renferme de
l'acétone. Les cristaux qui se forment d'abord
CH³ CH3 renferment C5H10 C1202; l'action continuée du
Alcool Alcool propylique. chlore les transforme en un liquide huileux, plus
isopropylique . dense que l'eau et ayant la composition de l'acé-
La synthèse de MM. Pebal et Freund a lieu en tone trichlorée. Il n'est pas distillable sans dé-
vertu de l'équation : composition. L'action ultérieure du chlore sur les
CH3 alCH3 cristaux fournit la tétrachloracétone C3 H2 CIO,
CH3
2 CO + Zn CH3 = ZnCl2 + 2 co liquide huileux très - caustique et vésicant. Il at-
tire l'humidité de l'air et cristallise avec l'eau
ĊI CHS qu'il absorbe ; les cristaux renferment C³ HCl O
Chlorure d'acétyle. Acétone. +4 H2O, fondent à 35°, et se dissolvent dans
Celle de M. Friedel, si l'on admet que le chlo- l'eau, dans l'alcool et dans l'éther. En les distil-
racéténe a pour formule lant avec l'acide phosphorique anhydre , on régé-
CCI nère le composé primitif [ Bouis, Ann. de Chim .
CH³, et de Phys., (3) , t. XXI, p. 111].
La pentachloracétone prend naissance par l'ac-
ce qui rend compte de son isomérie avec l'éthylène tion de l'acide chlorhydrique et du chlorate de
chloré et de sa transformation en aldehyde par
l'action de l'eau : potasse sur les acides quinique, citrique, gallique,
H pyrogallique, catéchique, sur la quinone, la chair
CCI • musculaire , l'albumine , l'acide salicylique , l'in-
H2O + CH3 = HCI + CO digo, la tyrosine. L'acide quinique est le corps qui
CHз se prête le mieux à sa préparation . L'huile distil-
cette synthèse, disons-nous, peut être exprimée lée, séparée d'une partie de l'eau, par des rectifi-
par l'équation : cations avec du chlorure de calcium , si elle est
CH3 assez pure, se prend en une masse cristalline lors-
CH3 CCl qu'on abaisse sa température à - 4 ou 5º, en
Na 0 + 3 = NaCl + CO
présence d'une certaine quantité d'eau. Si elle ne
CHз se comportait pas ainsi , on la dissoudrait dans
Alcool méth. Chloracétène. Acétone. l'eau et on la séparerait en chauffant la solution
sudé. à 60º environ. L'huile devient insoluble à cette
Enfin il faut encore mentionner la synthèse de température. Elle se sépare également de son eau
la propione que M. Wanklyn vient de réaliser de cristallisation lorsqu'on la chauffe. On achève
avec le sodium-éthyle et l'oxyde de carbone ; on de la sécher en l'exposant dans une cloche sur
pourra sans doute obtenir d'une manière ana- l'acide sulfurique. L'hydrate renferme CHC15 O
logue l'acétone en employant le sodium -méthyle + H2O; il fond à 15-17°.
au lieu du sodium-éthyle : La pentachloracétone est un liquide mobile , in-
C2H5 colore, d'une saveur brûlante et d'une odeur qui
2 Na C2H5CO Na² + CO rappelle celle du chloral . Elle ne se solidifie pas
Ć² H5 à - 20º, se volatilise lentement à l'air à la tempéra-
ture ordinaire , et bout vers 190°. Densité , 1,6-
[Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CXXXVII , p. 256 , 1,7 . Soluble dans l'alcool et dans l'éther. L'eau en
février 1866 , et Bull . de la Soc . chim . , 1866 , t. VI, dissout 10 % de son volume à 0º.
p. 206 ] . La potasse alcoolique la décompose avec forma-
ACETONES CHLORÉES ET BROMÉES . tion de chlorure et de formiale de potassium en
La monochloracétone C³ H5 CIO a été obtenue même temps que d'un sel de potasse en écailles
par M. Riche en électrolysant un mélange d'acide cristallines, peut-être du bichloracétate. On au-
chlorhydrique aqueux et d'acétone. C'est un liquide rait alors, pour expliquer la réaction , l'équation :
huileux , qui agit d'une manière extrêmement CHC.CO.CC13 + H2O
vive sur les yeux et sur la muqueuse nasale . Il bout Acétone pentachlorée.
à 117°. Dens. à 14° = 1,14. Dens. de vapeur 3,40
=
[Compt. rend., t. XLIX, p. 176 ]. L'hydrogène = CC³H CHC12. CO.OH
naissant la transforme en acétone. - Chauffée avec Chloroforme . Acide bichloracétique.
de l'oxyde d'argent humide, elle donne un mélange On sait d'ailleurs que le chloroforme en présence
renfermant de l'acide glycolique, de l'acide acé- de la potasse donne du chlorure et du formiate
tique et de l'acide formique. Il se produit en même [ Stædeler , Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXI ,
temps des matières noires. La monochloracétone p. 293, et Répert. de Chim. pure, 1860, p . 22] .
est donc isomérique et non identique avec l'épi- L'hexachloracétone se forme par l'action du
chlorhydrine [ Linnemann, Ann. der Chem . u. chlore à la lumière solaire sur une solution
Pharm. , t. CXXXIV, p. 170] . aqueuse d'acide citrique. C'est un liquide hui-
La dichloracétone, chloral mésitique de Kane , leux, d'une odeur irritante, dont le point d'ébulli-
prend naissance par l'action du chlore ou par t on est situé entre 200 et 201° et dont la densité
celle du chlorate de potasse et de l'acide chlorhy- est de 1,75 à 10°. A 6 ' , il forme avec l'eau un hy-
drique sur l'acétone. C'est un liquide limpide, drate cristallin C3 C16O + H2O, qui se décompose
huileux, très-caustique, d'une odeur qui provoque à 15° avec séparation du produit ( Plantamour ).
le larmoiement ; il bout à 116º ,5 (Stædeler) , à 121,5 La monobromacétone a été obtenue par M. Riche
(Fittig) . Densité = 1,331 (Kane) - — 1,236 à 21° par le même procédé qui lui avait fourni la mo-
(Fittig). Densité de vapeur 4,32 (Th . 4,39) . Insoluble nochloracétone. D'abord incolore, elle brunit ra-
dans l'eau. Il se combine avec les bisulfites alca- pidement ; elle passe en partic à la distillation ,
lins. Les alcalis caustiques et même l'ammoniaque entre 140 et 1450, en se décomposant. Ses vapeurs
le décomposent avec formation de produits bruns. irritent fortement les yeux.
ACETONES . 36 ACÉTONIQUE .

Nous avons signalé à l'article ACETONE les acé- que des observations directes de M. Berthelot,
que dans la distillation du sel de chaux d'un acide
tones monobromée , tétrabromée et pentabromée , monobasique , il se produit un grand nombre
décrites par M. Mulder . d'hydrocarbures plus ou moins condensés ; une
L'iodacétone paraît se former en petite quantité partie de ces hydrocarbures , à l'état naissant ,
par l'électrolyse d'un mélange d'acétone et d'acide se fixe sur le radical mis en liberté de l'acide
C. F.
iodhydrique aqueuxOn . donne ce nom à une classe [ Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t. LIII, p. 158] .
ACÉTONES . I paraît probable que le radical de l'acide est con-
de corps dont l'acétone proprement dite est le servé dans l'acétone qui en dérive : c'est au moins
type, et qui renferment , comme elle , un radical ce que tendent à prouver certaines expériences
d'acide monobasique uni à un radical d'alcool faites sur l'oxydation des acétones ; cependant ce
monoatomique , ou , ce qui revient au même, deux point aurait besoin d'être étudié plus compléte-
radicaux hydrocarbonés monoatomiques combinés
avec du carbonyle CO. Elles prennent naissance ment.
On connaît maintenant un assez grand nombre
dans la distillation sèche des sels des acides mo- d'acétones normales ou mixtes dérivées des acides
nobasiques et principalement des sels de chaux, gras. Dans la série aromatique , la plus ancienne-
de baryte et de plomb. L'équation générale qui ment et la mieux connue est la benzophenone
exprime le mode de production de l'acétone d'un ou phényle - benzoyle. côté d'elle se place le
acide gras quelconque est la suivante : méthyle-benzoyle, appartenant à la fois aux séries
(Cn H2n- 10)202 Ca ou (CO . Cn- 1 H2n−1) O² Ca grasse et aromatique .
Cn-1H2n -1 Nous n'avons parlé jusqu'ici que des acétones
dérivées d'acides monobasiques on connaît un
= CO
Co² + co
0:+ corps, la phorone, analogue aux acétones et dé-
Cn-1 H2n-1. rivée , par distillation sèche, du sel de chaux d'un
acide bibasique , l'acide camphorique [ Gerhardt
On voit que cette acétone et Liès-Bodart, Compt. rend. des trav. de Chim .
C2n-1H4n-20 (1849 ) , p. 385 ] . Dans cette réaction une seule
renferme le carbonyle uni à deux fois le radical molécule de sel de chaux entre en jeu, et la pho-
alcoolique renfermant un atome de carbone de rone prend naissance par simple soustraction de
moins que l'acide , ou encore le radical de l'acide carbonate de chaux :
uni à ce même radical alcoolique . C10H14 Ca OC Ca O³ + C9 H14O.
Les acétones ne se dérivent pas toutes des aci- On cite encore la subérone et la succinone dé-
des de la série grasse. On en connaît qui pro-
viennent d'acides de la série aromatique. rivées des acides subérique et succinique , mais
L'acétone dont nous venons d'indiquer la for- la nature et même la composition de ces corps ne
mule générale et qu'on peut appeler normale n'est sont pas encore suffisamment établies. C. F.
pas la seule à se produire dans la distillation des ACÉTONINE , C9 H18 Az² = 3 (C3H6) " Az².
sels d'un acide gras. Il se forme en même temps e
La masse sirupeus qui se produit par l'action
d'autres corps analogues , mais dans lesquels les de l'ammoniaque sur l'acétone étant abandonnée
deux radicaux hydrocarbonés ne sont pas sem- à elle-même, ou bien traitée par la potasse éten-
blables on les appelle acétones mixtes [Friedel, due, ou encore chauffée pendant longtemps à 100°
Compt. rend. , t. XLVII , p . 552. - Limpricht , en vase clos , se transforme en une base ayant
Ann., t. CVIII, p. 183, et Repert. de Chim . pure, avec l'acétone les mêmes relations que l'amarine
1858-1859 , p. 181. - Fittig, Ann. , t. CX, p. 18, avec l'hydrure de benzoyle. L'acétonine forme
et Répert. de Chim. pure, 1858-1859 , p. 380]. avec l'acide oxalique un sel cristallisable
Les acétones mixtes ont été découvertes par C9 H18 Az². H2 ) O2 + H2O ,
M. Williamson , qui les a obtenues en distillant C202
un mélange intime des sels de deux acides gras insoluble dans l'éther ; son chlorhydrate se com-
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LXXXI , p. 86] . bine avec le bichlorure de platine ; le sel cristal-
La distillation du valérianate et de l'acétate de
lise en petits prismes quadrangulaires obliques
potasse lui a fourni le méthyle-valéryle d'un jaune orange, solubles dans l'eau et dans
CH3 l'alcool chaud additionné d'acide chlorhydrique. Ils
co renferment (C H18 Az² . H Cl) 2, Pt Cl . La base est.
précipitée de ses sels par la potasse sous la forme
CH" , d'une huile incolore, d'une odeur urineuse, dis-
dans lequel les deux radicaux hydrocarbonés unis tillable avec l'eau, soluble dans l'eau , dans l'alcool
au carbonyle sont différents . On a obtenu par le et dans l'éther, et brunissant à la longue, même
même procédé d'autres acétones mixtes , entre en vase clos [Stædeler , Ann. der Chem . u. Pharm . ,
autres le methyle-benzoyle, t. CXI , p. 305, et Répert . de Chim. pure, 1860,
C. F.
CH3 p. ACET
25); ONITRILE . Voyez CYANURE DE MÉ-
co
C6H5 , THYLE,
ACÉTONIQUE (ACIDE ) , C4H8Q³ . — Cet acide
qui contient unis au carbonyle un radical de la a été obtenu par M. Stædeler en abandonnant un
série grasse et un radical de la série aromatique mélange d'acétone , d'acide cyanhydrique et d'acide
[ Friedel , Compt . rend . , t . XLV , p. 1013 ] Enfin chlorhydrique aqueux , évaporant et reprenant par
M. Piria a réalisé la synthèse d'aldéhydes des l'éther. Sa préparation ne paraît pas réussir faci-
divers acides en distillant leurs sels de chaux mé- lement :
langés intimement avec du formiate de chaux C3H6OCAz H + 2 H2O + HCl
[Ann . de Chim . et de l'hys . , (3), t . XLVIII , p. 113 ]. = CH8 O3 + Az H+ Cl
Dans cette réaction les aldehydes apparaissent Son mode de formation est l'analogue de celui ue
comme des acétones mixtes dans lesquelles l'un l'acide formobenzoylique . Il se présente en petits
des radicaux serait réduit à l atome d'hydrogèn ; prismes incolores , sans odeur, solubles dans l'eau,
elle nous donne en même temps la clef de ela dans l'alcool et dans l'éther. Il est entraîné par
production des aldehydes dans la simple distilla- lesvapeurs d'eau. L'acide sulfurique ne l'altère pas
tion sèche du sel de chaux d'un acide gras , pro- à froid, mais le décompose à chaud sans brunir,
duction qui a été signalée par M. Chancel [ Compt . avec dégagement de gaz. La potasse caustique
rend .,t. XX , p . 1590 ]. Il résulte de ces faits , ainsi
ACETULMIQUE. 37 - ACÉTYLE .

l'attaque à chaud ; dans la réaction , il paraît se à l'hydrogène, soit par substitution du soufre à
produire de l'acétone. L'acétonate d'ammoniaque l'oxygène. Le remplacement de l'hydrogène ba-
réduit à la longue l'azotate d'argent. sique de l'hydrate d'acétyle par un radical alcoo-
Le sel de zinc ( CH7O3)2 Zn + 2 H2O cristallise lique fournit les éthers acétiques.
en petites tables hexagonales ressemblant à celles La synthèse de l'acide acétique par le méthyl-
du lactate de zinc ; il est peu soluble dans l'eau. sodium et l'acide carbonique [ Wanklyn], la dé-
Le sel de baryte est soluble dans l'eau et dans composition des acétates en carbonates et hydrure
l'alcool , insoluble dans l'éther et cristallisable de méthyle (Persoz) permettent de considérer l'a-
[Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CXI, p . 320. cétyle comme le méthyl-formyle CH³,CO, c'est-
Repert. de Chim. pure, 1860, p. 26]. à-dire le radical formyle CHO dont l'hydrogène
D'après sa composition et d'après toutes ses est remplacé par le méthyle ( Kolbe, Gerhardt).
propriétés, l'acide acétonique appartient à la série Cette formule explique aussi la monoatomicité de
de l'acide glycolique et de l'acide lactique . Il est l'acétyle, qui est du carbonyle diatomique [CO ",
isomérique et peut-être identique avec l'acide bu- oxyde de carbone] dont une atomicité est satis-
tylactique de M. Wurtz [ Mémoire sur les glycols, faite par l'adjonction du méthyle CH3 . E. G.
1859, p. 54. - Ann. de Chim. et de Phys., (3), ACETYLE BROMURE D³), C²H³O. Br. [Ann .
t. LV, p. 400] . Il paraît différer de l'acide oxybuty- der Chem. u. Pharm . , t. XCV, p . 268 . ] — M. Rit-
rique de MM. Friedel et Machuca [ Compt . rend. , ter l'a préparé par l'action du perbromure de
t. LII,, p. 1027]. C. F. phosphore sur l'acide acétique cristallisable. II
ACÉTULMIQUE ( ACIDE ). [ Hardy, Ann. de se forme en même temps du bromoxyde de phos-
Chim, et de Phys , (3), 1863, t. LXIX, p. 291.] - phore et de l'acide bromhydrique. Suivant M. Gal,
Poudre jaune, soluble dans l'éther, incristallisable, il est plus avantageux d'employer 3 molécules
non volatile ; il n'existe par conséquent aucune d'acide acétique avec les quantités de brome et
preuve qui puisse faire admettre la formule de phosphore rouge nécessaires pour la formation
CH12 O2 donnée par M. Hardy. Cette matière de 2 molécules de protobromure de phosphore
s'obtient par l'ébullition avec la soude de l'acide [Bull. de la Soc. chim. , 1863 , p. 386 ] . Outre
chloracétulmique, pulvérulent , amorphe ; celui-ci l'acide bromhydrique, et le bromure d'acétyle, il
provient de l'action du sodium sur un mélange de se produit de l'acide phosphoreux.
chloroforme et d'acétone. La formule proposée C'est un liquide incolore, fumant ; il bout à 81 °;
CHCIO manque entièrement de contrôle . Il en il est décomposé par l'eau en acide bromhydrique
est de même de l'acide oxyacétulmique, des déri- et acide acétique. Son caractère de bromure d'un
vés bromés et nitrés, etc. , tous ces corps étant radical acide fait prévoir ses réactions, qui se-
bruns, amorphes et non volatils . raient analogues à celles du chlorure d'acétyle.
ACETYLAMMONIUM ( SULFITE D' ) , BROMURE D'ACÉTYLE MONOCHLORÉ ou bromure de
C2H3. Az H O. SO2 [ Redtenbacher, Ann . der Chem. chloracétyle, C2H2CIO Br . [P. de Wilde, Bull. de
u. Pharm., 1848, t. LXV, p. 37 ]. ― Un courant la Soc. chim., 1864, t. I , p. 424. — H. Gal , même
de gaz sulfureux dirigé à travers une solution recueil, 1864, t. I, p, 426.] - On le prépare par
d'aldehydate d'ammoniaque dans l'alcool absolu la réaction de l'acide chloracétique, du brome
est rapidement absorbé, avec élévation de tempé- et du phosphore. C'est un liquide incolore, fu-
rature ; en refroidissant le liquide, on obtient de mant à l'air, dont les vapeurs irritent vivement
petits prismes blancs, qui sont lavés à l'alcool et les yeux. Il bout à 1270 (de Wilde), à 133°, 135°
séchés dans le vide. (H. Gal) . L'eau le décompose en acide monochlo-
Le sulfite d'acéty l-ammonium , isomère de la racétique et en acide bromhydrique ; avec l'al-
taurine, a une réaction acide , une saveur faible, cool , il donne du monochloracétate d'éthyle . I
et s'altère lentement à l'air ; il se dissout dans est isomérique avec le chlorure de bromacétyle
l'eau et dans l'alcool ordinaire, mais ne peut C2H2BrO. Cl.
cristalliser de ses solutions. Les acides et les alca-
lis le décomposent en mettant en liberté de l'al- Bromure de bromacétyle, C² H2 Br O. Br . [ H. Gal.,
déhyde. Chauffé avec de la chaux, il donne de Bull. de la Soc . chim. , 1863, p. 386 ] Il prend
l'éthylamine et du sulfate de chaux [Gössmann, naissance lorsqu'on chauffe au bain-marie et
Ann. der Chem. u. Pharm. (nouv. sér. ), t. XV, en vase clos pendant quelques heures un mé-
p. 122. Ann. de Chim. et de Phys. , (3), t. XLII, lange de brome et de bromure d'acétyle. Li-
p. 246] . Ce composé s'obtiendrait sans nul doute quide incolore , fumant ; bout à 152° ; il est dé-
en agitant l'aldéhyde avec une solution de bi- composé par l'eau en acide bromhydrique et
sulfite, d'ammoniaque . E. G. acide bromacétique ; avec l'alcool , il forme de
ACETYLE, C2H3O . - Radical acide , monoato- l'éther bromacétique. Chauffé avec de l'acétate de
mique, dérivé de l'éthyle C2H5, par substitution soude, il donne de la glycolide C2H2O2 entre
de atome d'oxygène à 2 atomes d'hydrogène. autres produits [ Nauman , même recueil, 1864 ,
Comme tous les radicaux monoatomiques, l'acé- t. I, p. 464] ; il se comporte dans cette réaction
tyle C2 H3 O ne peut exister à l'état de liberté. comme le bromure de glycolyle C2H2O" . Br²,
Séparé des combinaisons où il est entré , il se avec lequel il serait identique .
doublerait pour donner l'acétylure d'acétyle BROMURE DE BIBROMACÉTYLE , C² H Br2 O. Br.
C2H3O ) [ H. Gal, loc . cit. ] Il est isomère avec le bro-
C2H3O mal; il résulte de l'action du brome sur le com-
posé précédent ; la combinaison se fait lentement
Ce composé n'a pas encore été obtenu. M. Freund à 150° en tubes scellés ; elle n'est terminée qu'après
n'a pu réussir à le préparer par l'action du sodium quelques jours. C'est un liquide incolore, fu-
sur le chlorure d'acétyle, action qui permet ce- mant, passant à la distillation à 194°. L'eau ne le
pendant, avec le chlorure de butyryle, d'isoler le dissout que lentement; avec l'alcool, il dégage du
butyrure de butyryle. gaz bromhydrique et l'on obtient un liquide
Le radical acétyle substitué dans les types de dense, aromatique, qui, d'après l'analyse, paraît
Gerhardt donne naissance aux composés acéty- être l'éther bibromacétique.
liques ; l'oxyde d'acétyle est l'anhydride acétique ; BROMURE DE TRIBROMACETYLE , C2 Br30 . Br.
T'hydrate est l'acide acétique ; l'azoture est l'acéta- [H. Gal , loc. cit. ] Il se produit à 200° par
mide, etc. On connaît les combinaisons de l'acé- l'action du brome en excès sur le composé précé-
tyle avec les corps halogènes, ainsi qu'un grand dent ; il distille entre 220° et 225°. Il est liquide,
nombre de composés où l'acétyle est modifié soit incolore, fumant, attaqué difficilement par l'eau
par substitution du chlore, du brome ou de l'iode qui finit par le convertir en acide tribromacétique.
ACÉTYLE . - 38 ACETYLE.

Avec l'alcool, on obtient l'éther tribromacétique. C2H3O


BROMURE DE CYANACETYLE , C2 H2 ( CAz ) O. Br. CH³ O. CI + C6 H7Az = C II5 Az + HCl .
[Hübner, 1864, Ann. der Chem. u . Pharm. (nouv. H}
sér.), t. LV, p. 66. - Bull. de la Soc. chim., Acétanilide.
18.5, t. III, p. 137. ] - On chauffe le bromure de Il se décompose au contact de l'alcool avec for-
bromacetyle étendu de chloroforme avec du cya- mation d'éther acétique et d'acide chlorhydrique :
nure d'argent en vase clos et à 100° pendant une
heure; on épuise le mélange par l'éther bouillant ; C21300 + HCl .
C2H3O. CI + C² H6 O = = C2H5
la liqueur éthérée dépose des aiguilles peu solu- Éther acétique .
bles de bromure de cyanacétyle et de grandes
tables transparentes, très-solubles, de cyanure de En réagissant sur les acétates, il forme l'anhy-
bromacétyle. Le bromure de cyanacétyle, cristal- dride acétique :
lisé dans un mélange de chloroforme et d'acide C2H3O
acétique cristallisable, fournit de petits cristaux C2H3O. C + C2H3O2 Na = = C2H3O 0+ NaCl.
presque cubiques , appartenant au système du Anhydride acétique.
prisme à base carrée. Sous l'influence de la potasse
ce bromure dégage de l'ammoniaque et fournit Ces réactions sont générales ; avec les alcools,
des acides qui sont , d'après M. Kolbe, l'acide le chlorure d'acétyle donne naissance à l'éther
E. G. acétique de ces alcools ; avec les sels des acides
cyanaçétique et l'acide malonique. monoatomiques, il forme les anhydrides mixtes.
ACETYLE (CHLORURE D'), C² H³ O CI. - Il a
été découvert par Gerhardt [Ann . de Chim. et de Ainsi, avec le benzoate sodique, il donne l'anhy-
Phys., (3) , t. XXXVII, p. 294 , 1852] . Le chlorure dride acétobenzoique :
d'acétyle s'obtient en faisant arriver de l'oxychlo- C3H3O
rure de phosphore sur de l'acétate de potassium C3H5O } 0;
fondu et pulvérisé placé dans une cornue tubulée. avec le valérate sodique , l'anhydride acétovalé-
L'oxychlorure de phosphore y est introduit par rique :
un tube effilé, et doit tomber goutte à goutte. La C2H3O
réaction est très-vive, et le mélange s'échauffe CHOO ,
assez pour que le produit distille. On le purifie
par une ou deux rectifications sur de nouvel acé- etc., etc. (Gerhardt).
tate de potassium , pour le débarrasser de l'oxy- Le chlorure d'acétyle faisant la double décom-
chlorure de phosphore qu'il aurait entraîné. Fi- position avec les alcools, les acides , les amines ,
nalement , on le distille en ne recueillant que ce et le radical acétyle se substituant à l'hydrogène
qui passe entre 55° et 60°. typique de ces composés, ce réactif permet de con-
naître combien d'atomes d'hydrogène sont en
3 (C211302.K) + PhOCl3 dehors du radical.
Acétate Oxychl. de Ainsi le glycol C2H6O2, traité à la température
de potassium. phosphore . ordinaire par le chlorure d'acétyle, se transforme
= PhO K3 + 3 (C2H3O . CI ). en glycol monoacétique
Phosphate Chlorure C² H+ CH302
tripotassique. d'acétyle. ОН ,
L'emploi du protochlorure de phosphore est et celui-ci, traité à son tour par le même agent,
moins avantageux ; il se dépose alors dans le pro- donne le glycol diacétique
duit distillé une matière cristalline blanc jau- C2H3O2
nâtre, très-déliquescente et qui paraît être une CH+ C H3O2.
combinaison de chlorure phosphoreux et de chlo- Si le chlorure d'acétyle et le glycol sont chauffés
rure d'acétyle (Gerhardt). au bain-marie en tubes scellés, il y a formation
On peut remplacer l'oxychlorure de phosphore d'eau et de glycol acétochlorhydrique :
par le perchlorure, mais alors la réaction est très-
violente et difficile à régler. C2H SOH - C2H³O CL
On peut aussi préparer le chlorure d'acétyle en ОН
versant peu à peu de l'acide acétique cristalli- = H2O + C²H 5 C2H302
sable sur du perchlorure de phosphore ; celui-ci CI
transforme également en chlorure d'acétyle l'an- [Lourenço, Compt. rend. , t. L, p . 88. — Répert. de
hydride acétique [ Gerhardt, Traité de Chimie, Chim. pure, 1860 , p. 94. - Ann. de Chim . et
t. IV, p. 912] . Phys. , 3 série, t. LXVII .
Le même composé se forme par l'action du Avec l'oxyphenol C6H6O2 ou pyrocatéchine, le
chlore sur l'anhydride acétique : chlorure d'acétyle fait la double décomposition ,
C2H3O C2H2CO et le nouveau produit représente l'oxyphénol où
O
C2H3O O + Cl2 = C2H3 O. Cl + 2 atomes d'hydrogène ont été remplacés par le
radical acétyle
[Gal , Compt. rend. , t. LIV, p. 570. ― Répert. de C2H3O2
Chim. pure, 1862, p . 178 ]. C6 H+ CH302
Le chlorure d'acétyle est un liquide incolore,
fort mobile, très-réfringent, plus pesant que l'eau, [Nachbaur (1858) , Ann. der Chem. u . Pharm .,
fumant à l'air humide. Son odeur est suffocante ; t . CVII, p. 243 ( nouv. sér. , t. XXI). - Repert. de
es vapeurs irritent les poumons et les yeux. Chim . pure, 1859, p. 107].
Point d'ébullition : 55'. Densité 1,125 à 11°. Les réactions de ce genre ont été essayées avec
Versé dans l'eau , le chlorure d'acétyle se dissout un grand nombre de composés. Plus récemment,
peu à peu en donnant de l'acide acétique et de M. Wislicenus a déterminé l'atomicité de certains
l'acide chlorhydrique : acides polybasiques ( acides tartrique, malique,
citrique, mucique) par l'action du chlorure d'acé
C2H3O . CI + H2O = C2H4O2 + H Cl. tyle sur les éthers neutres de ces acides; c'est
Avec l'ammoniaque, il donne de l'acétamide; ainsi que dans l'éther tartrique neutre
avec l'aniline, de l'acétanilide :
C+ H2O ( 22C02H H5O
C2 H3 O. Cl + Az H³ = = C2H3O109 Az + HCl.
2 atomes d'hydrogène ont été remplacés par le
Acétamide. radical acétyle ; la tétratomicité de l'acide tartrique
ACÉTYLE. - 39 ― ACÉTYLE.
était donc mise hors de doute [ Wislicenus ( 1864), Avec l'épichlorhydrine , on a l'acétodichlorhy-
Ann. der Chem . u. Pharm. , t. CXXIX, p. 175 drine :
3O2
(nouv. sér. , t. LIII) ] . C3H5C2H
Le chlore transforme le chlorure d'acétyle en C12
chlorure d'acétyle monochloré [Wurtz, 1857, Ann. [ Truchot , 1865, Compt. rend. , t. LXI , p. 1170.
de Chim . et Phys., 3° sér., t. XLIX , p. 58] . En le -Bull. de la Soc. chim. , 1866, t. V, p. 447].
chauffant avec du brome, en tubes scellés, on Le chlorure d'acétyle et le sulfure de plomb
n'obtient que le bromure de bromacétyle [ Gal, réagissent vivement ; il distille un liquide inco-
Bull. de la Soc. chim. , 1864 , t. I, p. 264] . En em- lore, doué d'une odeur désagréable ; ce liquide
ployant un appareil à reflux de Liebig au bain- soluble dans l'eau paraît être le sulfure d'acétyle
marie, et exposant le tout aux rayons du soleil, (Gerhardt).
M. Nauman a obtenu un mélange de chlorure CHLORURE DE BROMACÉTYLE , C2H2 Br O. Cl . [ P.
d'acétyle bromé et de bromure de bromacétyle ; ce de Wilde , Bull. de la Soc. chim . , 1864 , t. I,
dernier en constituait la partie principale [ Nau- p. 424. - H. Gal, ibid. , 1864, t. I, p. 426. ] - 11
man, 1864, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXIX , s'obtient par l'action du protochlorure de phos-
p. 257 (nouv. sér., t. LIII . Bull . de la Soc. phore sur l'acide monobromacétique. Liquide in-
chim., 1864, t. I, p. 464]. Avec le perchlorure de colore, fumant , d'une odeur irritante ; il bout à
phosphore, le chlorure d'acétyle donne du chlo- 127° (P. de Wilde) ; entre 133° et 135° (H. Gal) ;
rure d'acétyle trichloré CC13OCI, un composé l'eau le transforme en acide monobromacétique,
C2H3C13 paraissant bouillir à 60° et des cristaux et l'alcool en éther monobromacétique. Il présente
incolores passant de 180° à 181° et correspondant les mêmes points d'ébullition que son isomère, le
à la formule C2 HC15 [ Hübner, 1861 , Ann. der bromure de chloracétyle.
Chem. u. Pharm . , t. CXX, p . 330 ( nouv. sér., CHLORURE DE CHLORACETYLE , C2 H2 CI O. Cl.
t. XLIV) . - Répert. de Chim. pure, 1862, p. 177 ] . [Wurtz, 1857. Ann. de Chim. et de Phys. , (3),
Traité par le cyanure d'argent, il se transforme en t. XLIV, p . 60. P. de Wilde , Bull. de la Soc.
cyanure d'acétyle (Hübner). chim . , 1864, t. I, p. 423.-H. Gal , mém . cité. ] Il a
Versé sur de l'amalgame de sodium, le chlorure d'abord été obtenu par l'action du chlore sec sur
d'acétyle se détruit ; il y a une réaction violente et le chlorure d'acétyle. On le prépare aussi en trai-
production de matières résineuses [ Freund, 1860, tant l'acide monochloracétique par le protochlo-
Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXVIII. p. 33 (nouv. rure de phosphore. Liquide incolore, d'une
sér., t. XLII ). - Repert. de Chim. pure, 1861 , odeur irritante, fumant à l'air ; il bout à 105º.
p. 301 ] . Avec le zinc-méthyle, il fournit de l'acétone L'eau le décompose avec production d'acide mo-
C2H3O nochloracétique; avec l'ammoniaque, il donne la
2 CH³OCI + Zn (CH3)2 = CH3 + ZnCl2 chloracétamide, et avec l'alcool , l'éther chloracé-
Acétone. tique. La potasse bouillante le transforme en
et avec le zinc éthyle une acétone de la formule acide glycolique. Le chlorure de chloracétyle re-
présente en effet le chlorure de glycolyle.
C2H3O CHLORURE DE TRICHLORACETYLE, C2CI³O CI. [ Ma-
C2H5 laguti , 1844, Ann. de Chim. et de Phys., (3),
[Pebal et Freund , 1860, Ann. der Chem . u. t. XVI , p. 8. --
— Cloëz, ibid. , t. XVI, p. 309. ] — Ce
Pharm., t. CXV, p . 21 (nouv. sér. , t. XXIX) . Ré- composé, appelé aussi aldehyde perchlorée, a été
pert. de Chim . pure, 1861 , p. 11. Freund, Si- découvert par M. Malaguti dans la distillation de
tzungsberichte der K. Akad. der Wissenschaften l'éther perchloré, qui se dédouble alors en chlo-
zu Wien, t. XXIX, p. 845, et t. XLI, p. 499. Ann. rure de trichloracétyle et en sesquichlorure de
de Chim . et Phys. , t. LXI , p. 493. Repert. de Chim . carbone, CC110 O = C2 C130 . Cl + C2 CI6 . Ce dé-
pure, 1861 , p. 193]. doublement s'effectue même quelquefois dans la
En chauffant pendant six à huit heures à 120° préparation de l'éther perchloré. Tous les éthers
et en tubes scellés un mélange de chlorure d'acé éthyliques perchlorés fournissent du chlorure de
tyle et d'aldehyde benzoique, Bertagnini a opéré trichloracétyle à la distillation . On le prépare en
la synthèse de l'acide cinnamique : distillant l'éther perchloré, cohobant le liquide
fumant, recueillant les premières portions et les
CHO + C² H3³ CIO = C³ H8O2 + HCl rectifiant jusqu'à ce qu'une petite quantité ne se
[Bertagnini , 1857 , Ann . de Chim . et de Phys . , 3º sér., trouble pas par l'addition de l'eau , ce qui indi-
t. XLIX, p. 376.- Il nuovo Cimento, t. IV, p. 4 ] . querait la présence du sesquichlorure de carbone.
Avec l'aldéhyde acétique , la réaction est diffé- C'est un liquide incolore, limpide, fumant ; il
rente; il y a formation d'un composé bouillant de bout à 118° ; sa densité est de 1,608 à 18°. La
120 à 124°, CH7 CIO2 ; l'eau le décompose en densité de sa vapeur a été trouvée égale à 6,320.
acide chlorhydrique et acide acétique. M. Wurtz Il se comporte avec l'eau , avec l'alcool , avec
l'avait déjà obtenu parmi les produits de l'action l'ammoniaque comme un chlorure d'acide , en
du chlore sur l'aldéhyde [Maxwell Simpson, 1858. fournissant l'acide trichloracétique, ou l'éther de
Compt.rend., t. XLVII, p. 874.- Répert. de Chim . cet acide, ou la trichloracétamide.
pure, 1859, p. 181 ]. Traité par l'hydrogène phosphoré, il s'y com-
L'action du chlorure d'acétyle sur l'hydrure de bine, et l'on obtient le phosphure de trichlora-
salicyle donne nai- sance à l'acétosalicyle C9 H8 O³, cétyle ou chloracéthyphide, CCI³ O. Ph H² :
isomere de l'acide coumarique [ Cahours, 1858, C2C13O.Cl + Ph H3 C2C13O . Ph H² + HCl.
Ann. de Chim. et Phys ., 3 sér. , t . LII , p . 192).
Si l'on verse du chlorure d'acétyle sur de l'u- Ce composé se forme également quand on fait
rée sèche , il y a remplacement d'un atome d'hy- passer l'hydrogène phosphoré dans l'éther for-
drogène par le radical acétyle et formation d'acé- mique perchloré ( Cloëz). C'est une matière blan-
tylurée (Zinin). - Voyez URÉES COMPOSÉES. che, en petites paillettes cristallines très - légères.
En traitant à 120°, en tube fermé, l'acide phos- d'une odeur alliacée, d'une saveur amère. Elle
phoreux hydraté par le chlorure d'acétyle, M. Men- est insoluble dans l'eau , se dissout en petite
schutkio a obtenu l'acide acétopyrophosphoreux : quantité dans l'alcool, l'éther et l'esprit de bois.
Ph2 Chauffée au contact de l'air, elle se décompose.
Elle représente la trichloracétamide dont l'azote
C2H3O 05 est remplacé par du phosphore. E. G.
H3 ACETYLE ( CYANURE D' ) , C2H3O , C Áz.
[Bull. de la Soc. chim. , 1864, t. II, p. 221 et 241 ]. [ Hübner , 1861 , Ann. der Chem. u. Pharm.,
ACÉTYLE. - 40 - ACETYLE.

t. CXX, p. 330 (nouv. sér. , t. XLIV) .- Répert. de entouré de glace 3 p. de liquide environ , on ar-
Chim. pure, 1862 , p. 177. ] --- Le chlorure d'acé- rête l'opération et on rectifie le produit sur du
tyle, chauffé avec du cyanure d'argent dans des chlorure de calcium en rejetant ce qui passe au-
tubes scellés et à 100°, se transforme au bout de dessus de 60°. Le liquide recueilli est mêlé à deux
deux heures en cyanure d'acétyle. fois son volume d'éther et saturé de gaz ammo-
Le cyanure d'acétyle bout à 93° ; il est moins niac sec. Les cristaux d'aldéhydate d'ammoniaque
dense que l'eau et s'y dissout peu à peu en se obtenus sont introduits dans un ballon , mélangés
décomposant en acide cyanhydrique et en acide avec de l'acide sulfurique étendu, et l'on distille
acétique. Traité par la potasse, il donne un iso- à une température de 25° ou 30°. Les vapeurs
mère cristallisé fusible vers 69° et bouillant vers d'aldéhyde se condensent dans un ballon forte-
170°. ment refroidi, après s'être déshydratées en passant
CYANURE DE BROMACÉTYLE, C2H2 Br O. C Az . [ Hüb- sur du chlorure de calcium.
ner, loc. cit.] Ce corps s'obtient en même 2º Procédé de Stædeler. Un mélange de 100 p.
temps que le bromure de cyanacétyle (voyez plus d'alcool, 280 p. d'acide sulfurique étendu de trois
haut) . Il constitue des cristaux appartenant au fois son volume d'eau, après avoir été préalable-
système du prisme rhomboidal oblique, très-so- ment refroidi, est introduit dans une cornue pla-
lubles dans l'alcool, l'éther, le chloroforme ; fusi- cée dans un mélange réfrigérant, et qui contient
bles de 77 ° à 79°, décomposés par l'air humide. 150 p. de bichromate de potasse en fragments de
L'ébullition, avec les alcalis, l'eau ou l'alcool, le la grosseur d'un pois. La cornue communique
décompose en acide cyanhydrique et en acide avec un récipient surmonté d'un réfrigérant en
ou éther bromacétique. E. G. serpentin, et celui-ci est lui-même en communi-
ACÉTYLE (HYDRURE D') Syn. Aldehyde cation avec deux éprouvettes dont la dernière
acétique , aldehyde , hydrate de vinyle , oxyde renferme de l'éther anhydre ; elles sont l'une et
d'éthylidene, acide aldehydique. l'autre placées dans un mélange réfrigérant.
C2 II' O CH3.CO.H. Les matières premières étant introduites dans
la cornue, la réaction commence à se produire.
Ce composé a été obtenu à l'état impur par Quand l'ébullition cesse, on chauffe très- légère-
Doebereiner (1821 ) , étudié et analysé par Liebig ment la cornue. Dès que le liquide s'est condensé
[ Ann. der Chem. u. Pharm . , t . XIV, p. 133 ; dans le récipient, on chauffe légèrement celui -ci,
t. XXII , p. 273. - Ann. de Chim . et de Phys., et on maintient l'eau du réfrigérant en serpentin
1835, t. LIX, p. 239] . Il se produit par la déshy- à 50º. De cette manière, l'eau, l'alcool, l'acétal,
drogénation de l'alcool : de là, par abréviation , son l'éther acétique, refluent dans le serpentin, tandis
nom d'aldehyde, alcool dehydrogenatum. que l'aldéhyde presque pure passe dans les éprou-
Il prend naissance lorsque l'alcool est soumis vettes où elle se condense . Le contenu des deux
à l'action des agents oxydants; il se forme aussi éprouvettes étant mélangé et saturé de gaz ammo-
dans la décomposition au rouge des vapeurs d'al- niac sec, on obtient des cristaux d'aldéhydate
cool et d'éther. Suivant Stædeler, il se produit de d'ammoniaque. Ce procédé fournit environ 40 p.
l'aldéhyde mélangée de chloral quand on traite l'a- d'aldehydate pour 100 d'alcool employé [ Stæde-
cide lactique et les lactates par l'acide sulfurique, ler, Journ. für prakt. Chem., t. XXVI, p. 54. -
le peroxyde de manganèse et le chlorure de so- Répert. de Chim. pure, 1859, p . 306] .
dium . Engelhardt conseille de préparer l'aldéhyde Il est une modification du procédé de W. et
par la distillation sèche de l'acide lactique ou du R. Rogers , qui conseillent d'ajouter goutte à
lactate de cuivre [ Ann. der Chem . u . Pharm . gonte de l'acide sulfurique à un mélange en par-
t. LXV, p. 359 et 367, t. LXX, p. 241. D'autres ties égales de bichromate et d'alcool de 0,812.
expérimentateurs n'ont pas observé dans cette dis- La quantité d'acide sulfurique ajoutée doit être
tillation la production de l'aldéhyde. Traitées par le 1/13 du bichromate employé [ W. et R. Rogers ,
les agents d'oxydation , la fibrine, la caséine, don- Journ. für prakt. Chem , t. XL, p. 248].
nent de l'aldehyde entre autres produits ( Guckel- L'aldehyde est un liquide incolore, mobile , d'une
berger) . odeur pénétrante. Densité 0,80551 à 0° [Isid .
Il s'en forme aussi lorsqu'on arrose des cris- Pierre, Ann . de Chim . et de Phys . , (3) , t. XXI,
taux de permanganate de potasse avec une solution p. 123] . Elle bout à 20°,8 sous la pression de
aqueuse d'éthylamine [ Carstangen , Journ. für 760mm [Kopp], à 22° sous la pression de 758,2
prakt. Chem., 1865 , t. LXXXIX, p. 486. -- Bull. [I. Pierre] . Se mêle en toutes proportions à l'eau ,
de la Soc. chim. , 1863. p. 616]. à l'alcool, à l'éther. Elle brùle aisément avec une
La déshydratation du glycol par le chlorure de flamme pâle.
zinc fournit de l'aldéhyde C2H4O, et non son iso- Elle s'altère à l'air en s'oxydant et finit par se
mère, l'oxyde d'éthylène [Wurtz, Compt. rend., convertir en acide acétique ; le noir de platine
1858, t. XLVII , p. 346. - Rép. de Chim. pure, favorise cette réaction , qui est très-rapide avec
1859, p. 65. --- Ann. de Chim . et de Phys. , (3), les agents oxydants (acide chromique, acide azo-
t. LV, p . 423] . tique, eau de chlore, etc. ) . Il y a fixation d'un
Enfin ce composé se produit par la distillation atome d'oxygène :
sèche d'un mélange équimoléculaire de formiate C² 1:40 + 0 = C² H¹ O².
et d'acétate calcique (Limpricht) : Aldehyde. Acide acétique.
(CHO ?)2Ca + (C2H3O ?)2 Ca " Maintenue à 160° pendant 100 heures , l'al-
Formiate Acétate
de calcium. de calcium . déhyde pure se détruit complétement. Il se forme
== 2 C² H¹O + 2 (CO³ Ca). de l'eau, un produit résineux et en même temps
Carbonate une petite quantité d'alcool et d'acide acétique
Aldéhyde. [ Berthelot, Ann . de Chim . et de Phys., 1863,
de chaux. t. LXVIII, p. 368. - Bull. de la Soc. chim. , 1863,
On prépare l'aldéhyde en oxydant l'alcool par p. 563] .
le peroxyde de manganèse ou le bichromate de L'aldehyde subit avec facilité des transforma-
potasse. tions moléculaires ; conservée dans des tubes
1° Procédé de Liebig. On distille dans une cor- scellés, le finit par se transformer en métal-
nue assez spacieuse pour contenir trois fois le mé- déhyde ; sous l'influence de l'eau et de traces
lange qu'on y introduit, 2 p. d'alcool, 2 p. d'eau, d'acide sulfurique ou d'acide nitrique, elle fournit
3 p. de peroxyde de manganèse et 3 p. d'acide de la métaldehyde et de la paraldehyde, 3 ( CHO).
sulfurique. Quand on a recueilli dans le récipient En outre, sous des influences mal connues, elle
ACÈTYLE. 41 —— ACÉTYLE.

donne un autre polymère , l'élaldehyde ( voir plus en fournissant un liquide isomérique avec le gly-
bas). col diacétique, le diacétate d'éthylidène
Avec la potasse , l'aldéhyde se résinifie , en même O. C2H3 O C2 H4
temps qu'il se produit du formiate et de l'acétate (C² 11+ ) O. C2H3 O = 2 (C² H³ O) 02;
de potassium. Si l'on dirige les vapeurs d'aldé-
hyde sur de la chaux potassée, dans un tube il bout à 168°, les alcalis le décomposent en aldé-
chauffé, il se dégage de l'hydrogène, et le résidu hyde et acide acétique [ Geuther, Ann. der Chem.
est entièrement composé d'acétate [ Dumas et u. Pharm., t. CVII , p. 249 (nouv. sér.), t. XXX.
Stas, Ann. de Chim. et de Phys ., t. LXXXIII , -Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . LIV, p . 231.-
p. 151] : Répert. de Chim. pure, 1859, p. 33].
CHOKHO = C² H³ KO² + H³. Le chlorure d'acétyle et l'aldéhyde chauffés à
100° dans des tubes scellés se combinent directe-
L'aldehyde mélangée d'ammoniaque réduit l'azo- ment ; il se produit un liquide CH7 CI O², bouil-
tate d'argent à une douce chaleur, et les parois du lant de 120° à 124° , décomposé par l'eau en acide
vase où l'on opère se couvrent d'une couche mi- chlorhydrique et acide acétique ; M. Wurtz l'avait
roitante d'argent métallique. L'ammoniaquesecom- rencontré dans les produits de l'action du chlore
bine avec l'aldéhyde, en formant de l'aldébydate sur l'aldéhyde [ M.- Simpson , Compt . rend. , 1858,
d'ammoniaque ou acétylure d'ammonium. t. XLVII, p. 874. Repert. de Chim. pure, 1859,
L'acide sulfurique concentré et l'acide phospho- p. 181 ] . Il paraît être l'acétochlorhydrine d'éthy-
rique anhydre charbonnent l'aldéhyde. lidène
L'aldehyde fixe directement deux atomes d'hy- ( O. C2 H3 O
drogène et se transforme en alcool ; cette réaction (C² H¹)" CI.
n'a pas lieu si l'on emploie, pour dégager l'hydro- Le gaz chlorhydrique est absorbé par l'aldéhyde ;
gène naissant, un mélange d'acide sulfurique et de
zinc. Il faut se servir de l'amalgame de sodium , on obtient de l'eau, et un liquide bouillant à 116º-
117° :
mais la soude formée résinifiant l'aldehyde , il
est bon de maintenir les liqueurs acides avec (C? H !" ) } O
(C² H+"') † CI²,
l'acide chlorhydrique [ Wurtz, Compt. rend. , 1862,
t. LIV, p. 915. - Repert. de Chim . pure, 1862, oxychlorure d'éthylidène [ Lieben , Compt . rend.
p. 236]. de l'Acad., t . XLVI , p. 662].
On obtient de même de l'alcool en mettant en D'après Geuther et Cartmell, le premier pro-
contact de l'aldéhydate d'ammoniaque avec l'am- duit de l'action serait le composé C6H12 CO²,
moniaque aqueuse, et des fragments de zinc à la qui, doucement chauffé dans une atmosphère de
température de 30° à 40° et sous une légère pres- gaz carbonique, se dédouble en aldehyde et en
sion [Lorin, Bull . de la Soc, chim. , 1863, p . 616. oxychlorure d'éthylidène. Le composé C6 H12 C1202
- Compt. rend. , t. LVI, p. 845] . peut être considéré comme une triple molécule
Traitée par un courant de chlore, l'aldehyde d'aldehyde où O est remplacé par C12 [ Ann , der
donne du chlorure d'acétyle [ Wurtz , Ann. de Chem. u. Pharm. , t. CXII , p. 13. - Proceed. of
Chim . et de Phys. , 1857 , (3) , t. XLIX, p. 58] ; il se the Royal Soc., t. X, p. 110].
forme en même temps un composé CH7 C1 O2 qui En faisant passer un courant de gaz chlorhydri-
distille entre 120° et 130°, identique avec le produit que dans un mélange d'alcool absolu et d'aldé-
de l'action du chlorure d'acétyle sur l'aldehyde hyde, on obtient un liquide bouillant entre 95° et
découvert par Maxwell Simpson. 100º C Hº CI O, chloréthyline d'éthylidène :
Parmi les réactions que nous venons de citer, ( O. C2H5
la transformation de l'aldéhyde en acide acé- (C2 II )" CI.
tique et la production du chlorure d'acétyle font
considérer l'aldéhyde comme l'hydrure d'acé- Ce composé en réagissant sur l'alcool sodé fournit
tyle, représenté par la formule de l'acétal [Wurtz et Frapolli , loc . cit. ). Ce dernier
C2H3O . H. CH³. CO. H. corps se forme aussi quand on fait réagir du zinc-
éthyle sur de l'aldéhyde, à la température d'ébul-
L'aldehyde se combine directement aux bisul- lition de celle-ci, et qu'on reprend le produit par
fites alcalins. Il suffit d'agiter une solution aqueuse l'eau [Beilstein et Rieth , Bull . de la Soc. chim.,
d'aldehyde avec une solution concentrée de bi- 1861 , p. 245 ] :
sulfite de sodium , et bientôt se forment les cris-
taux de la combinaison de sulfite d'acétyl-sodium . 2 (C² H¹O\ + (C² H5)² Zn + H2O
Le perchlorure de phosphore agissant sur l'al- =(C6 H140 ) + C² H6 + Zn O.
déhyde la transforme en un chlorure C2 H4 C]² Acétal.
= CH³. CC12. H, isomérique avec la liqueur des Chauffée pendant 8 jours au bain-marie avec un
Hollandais. C'est le chlorure d'éthylidène , formé excès de glycol, l'aldéhyde s'y combine ; on re-
en vertu de la réaction suivante : cueille par la distillation un liquide bouillant à
CH +0 + PC] = C* H * CI + POC13 82º, qui constitue l'oxyde mixte d'éthylène-éthy-
lidène :
[Wurtz, Compt. rend,, t. XLV, p . 1015 . - Ann. C2H4"
de Chim. et de Phys . , 1857, t. LIV, p. 104. - Geu- G2 HO2,
ther, Ann. der. Chem . u. Pharm . , t . CVII , p. 233
(nouv. sér.), t. XXXI. Ann. de Chim . et de combinaison d'aldéhyde et d'oxyde d'éthylène
Phys., (3), t. LIV, p. 103.- Wurtz, même recueil, [Wurtz, Compt. rend., 1861 , t. LIII , p . 378. --
(3) , t. LVI, p. 103]. Repert. de Chim. pure, 1861 , p . 16].
Le bromure de phosphore fournit avec l'aldé- L'aldehyde aqueuse traitée par un courant de gaz
hyde le bromure d'éthylidène, peu stable [ Wurtz sulfhydrique fournit l'aldéhyde sulfurée, hydrure
et Frapolli , Compt . rend., t. XLVII, p. 418. de sulfacétyle ou sulfure d'éthylidène , C2 HS.
Ann. de Chim. et de Phys. , (3), t. LVI, p . 144. Voyez ETHYLIDENE (sulfure d').
Répert. de Chim . pure, 1859, p . 184] . Suivant Beil- Avec l'aniline, l'aldehyde donne naissance à
stein, le chlorure d'éthylidène est identique au une matière colorante violette (Charles Lauth ) .
chlorure d'éthyle chloré [ Compt. rend . , t. XLIX , - - Voyez ANILINE (couleurs d').
p. 134 ]. - Voyez ETHYLIDENE (chlorure d'). M. Hugo Schiff, en faisant réagir l'aldéhyde sur
Chauffé à 180° en tubes scellés avec de l'anhy- l'aniline, a obtenu des diamines isomériques avec
dride acétique, l'aldehyde s'y combine directement celles qui dérivent des glycols [ H. Schiff, Compt.
ACÉTYLE . -- 42 ACÉTYLE .
rend., 1864 , t. LVIII, p. 637. Bull. de la Soc. cool, d'où l'éther le précipite en flocons blancs.
chim., 1864, t. I, p. 469 ] : Les analyses répondent à la formule Az6 (9 HO
C²H [Knop, Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXX,
C H5 ) p. 253. ( nouv . sér. , t. LV) . - Bull. de la Soc.
2 C² HO + 2 H2 Az C2 H " Az² + 2 HO.
(C6 H5,2 chim., 1865, t . I, p . 212].
Cette amine est la diphényle-diéthylidène amine. Lorsqu'on abandonne à lui-même un mélange
Dans ces différentes réactions le radical C² H d'aldéhyde, d'acide cyanhydrique et d'acide chlor-
est conservé ; M. Lieben l'a nommé éthylidene hydrique, on obtient de l'acide lactique
pour le distinguer de son isomère l'éthylène ; le C2 HOCAz H + HCl + -2 H2O
nom d'oxyde d'éthylidène et la formule C² HO Aldehyde . Acide
rappellent tout un ordre de réactions de l'aldé- cyanhydrique.
CH3 CH2
hyde. L'éthylidène étant CH² , = Az H, Cl + C² H SCO.OH
сн et l'éthylène ! ОН
on se rend compte de l'isomérie de certains déri- Chlorure Acide lactique .
vés de l'aldehyde avec ceux de l'éthylène. — Voyez d'ammonium .
ETHYLIDENE. Il se forme en même temps de l'acide formique
Le gaz chloroxycarbonique, agissant sur les va- [Wislicenus, Ann . der Chem. u. Pharm. , 1863,
peurs d'aldéhyde, fournit un liquide bouillant à t. CXXVIII, p. 1 (nouv. sér. , t . LII) . — Bull . de la
45°, solide au - dessous de 0º , le chloracétène Soc. chim., 1864 , t. I, p. 368] .
C2 H³ CI = C H³. CCI , isomère avec l'éthylène Additionné d'ammoniaque , l'hydrure d'acétyle
chloré. Voyez CHLORACÉTÈNE. [ Harnitz Harnitzki, fournit avec l'hydrogène sulfuré la thialdine ,
Compt. rend., 1859, t. XLVIII , p. 649. - Répert. avec l'hydrogène sélénié la sélénaldine , avec le
de Chim. pure, 1859 , p . 308. ] sulfure de carbone la carbo-thialdine (voyez ces
M. Lieben, en chauffant au bain-marie l'aldé- mots ) . Avec l'acide cyanhydrique l'aldehydate
hyde avec des solutions aqueuses et concentrées de d'ammoniaque fournit, si l'on ajoute de l'acide
certains sels neutres, formiate de potassium , acé- chlorhydrique, de l'acide lactamidique ou ala-
tate de sodium, a obtenu un composé CH O qui nine ( Strecker ) . L'acide cyanhydrique aqueux
présente avec l'aldehyde les mêmes relations que et l'aldéhyde réagissent promptement à la tempé-
l'éther avec l'alcool. C'est un liquide incolore, rature ordinaire ; l'acide cyanhydrique est détruit,
neutre ; la distillation l'altère ; il s'épaissit à l'air, et il se dépose du paracyanogène [ Strecker, Ann.
se résinifie avec la potasse et avec l'acide sulfu- der Chem. u. Pharm ., t. LXXV, p. 27].
rique [Lieben , Sitzunsberichte der K. Akademie L'industrie prépare l'aldéhyde impure ; elle sert
der Wissenschaften zu Wien , 1860, t. XLI , p. 619. à l'obtention de la matière colorante violette, dé-
- Répert. de Chim. pure, 1861 , p. 190. - Ann. couverte par M. Ch. Lauth.
de Chim. et de Phys., (3), t. LXI, p . 489]. Ces deux Constitution. ― L'aldehyde est du carbonyle
réactions représentent l'aldehyde comme de l'hy- saturé par un atome d'hydrogène et un groupe
drate de vinyle méthyle :
C2H3. OH.
CO ( CH3
Le chloracétène devient le chlorure de vinyle | H.
C2H3. CI , Cette formule rend compte de ses réactions
comme oxyde d'éthylidène , hydrure d'acétyle ou
et le composé découvert par M. Lieben serait hydrate de vinyle.
l'oxyde de vinyle MODIFICATIONS POLYMÈRES DE L'ALDEHYDE.
(C2H3)2 O. ACRALDEHYDE. [ Bauer, Compt. rend. , 1860 , t. LI,
p. 55. Bull. de la Soc . chim. , 1860, p. 175. -
Cependant ce pourrait être un polymère de la Répert. de Chim . pure, 1860 , p . 294. ] - M. Wurtz
formule CH6 O. avait remarqué , dans l'action du chlorure de zinc
Chauffée à 100° avec l'iodure d'éthyle , l'aldé- sur le glycol, la production d'une matière acre
hyde se transforme en paraldehyde ; le cyanogène isomérique avec l'aldéhyde. Cette substance a été
lui fait subir la même transformation. Dans ces étudiée par M. Bauer, qui l'a nommée acraldé-
deux réactions, l'iodure d'éthyle et le cyanogène hyde. Lorsqu'on traite par quelques fragments de
ne sont pas altérés [ Lieben, loc . cit.] . chlorure de calcium la liqueur aqueuse produite
D'après Liebig [ Ann . der Chem . u. Pharm ., dans l'action du chlorure de zinc sur le glycol, on
1860, t. CXIII, p. 360 (nouv. sér. , t. XXXVII) . sépare un liquide plus léger que l'eau.
--
- Répert. de Chim. pure, 1860, p. 181] , l'aldéhyde Il bout à 110°, sa densité de vapeur = 2,877 et
mélangée d'eau et saturée de cyanogène laisse dé- répond à la formule CHO2 ; il se mêle en toutes
poser des croûtes cristallines d'oxamide : l'eau proportions à l'eau, à l'alcool, à l'éther. Il réduit
mère qui reste après la séparation de l'oxamide le nitrate d'argent ammoniacal. Son odeur est
se comporte comme une combinaison d'aldéhyde pénétrante.
et d'oxamide. L'ébullition décompose cette com- L'acraldehyde se forme aussi dans l'action du
binaison ; l'aldéhyde distille lentement, et il se chlorure de zinc sur l'aldehyde.
dépose une masse de cristaux d'oxamide. ELALDEHYDE, 3 (C2 HO) [ Fehling, Ann . der Chem .
Si l'on fait passer du cyanogène à travers l'al- u. Pharm., t. XXVII , p. 319] .- L'élaldéhyde se pro-
déhyde brute, il se forme un précipité blanc duit sous des influences inconnues ; elle se dépose
C6H10 Az O , et qui représente les éléments du quelquefois de l'aldéhyde sous forme de longues
cyanogène unis à ceux de l'eau et de l'aldéhyde aiguilles transparentes fusibles à + 2°. Elle bout à
[Berthelot et Péan de Saint-Gilles, Compt . rend., 9 ° elle ne se combine pas avec l'ammoniaque, ne
1863, t. LVI, p. 1179. Bull. de la Soc . chim., brunit pas par la potasse, et n'agit pas sur les sels
1863, p. 502]. Ce précipité serait une combinaison d'argent. Sa densité de vapeur = 4,457 , et répond
d'aldehyde et d'oxamide avec élimination de H2O. à la formule C6H12O3 , qui représente 3 molécules
L'acide cyanique étant dirigé sur l'aldéhyde re- d'aldéhyde condensées.
froidie, on obtient de la cyamélide, de l'aldéhydate Suivant Geuther et Cartmell, et Lieben , il n'y
d'ammoniaque, et de l'acide trigénique ( voyez ce aurait pas lieu de distinguer l'élaldehyde de la
mot). paraldehyde.
L'aldehyde dissout la cyanamide ; le mélange, METALDEHYDe. La métaldehyde se dépose de
au bout de 24 heures, se transforme en un corps l'aldehyde , surtout pendant les froids de l'hiver,
ressemblant à la résine copal, soluble dans l'al- en cristaux prismatiques , allongés , transparents ,
ACÉTYLE . - 43 - ACETYLÈNE.
sans odeur ni saveur, insolubles dans l'eau, fort ACÉTYLÈNE. - — On donne le nom d'acétylène
solubles dans l'alcool. Ils se subliment à 120° sans à une combinaison de carbone et d'hydrogène re-
fondre ( Liebig). présentée par la formule C2H2. C'est le prototype
Lorsqu'on met de l'aldéhyde pure, étendue de d'une série parallèle à la série éthylénique, et
la moitié de son poids d'eau, en contact avec une isologue avec elle. L'acétylène est ainsi nommé
trace d'acide azotique ou sulfurique , et qu'on parce qu'il existe entre cet hydrocarbure C2 H2
maintient la température au-dessous de 0º, il se et le radical simple C2H3 ( acétyle de Berzelius ) le
dépose des aiguilles qui ont les caractères de la même rapport qu'entre l'éthylène C2 H et le ra-
métaldehyde [ Weidenbusch , Ann. der Chem. u. dical éthyle C² H³.
Pharm., t. XXVII , p. 319] ; chauffée pendant L'acétylène dérive de l'hydrocarbure saturé
quelque temps à 180° dans un tube scellé, elle se C2 H6 (hydrure d'éthyle ) ; il en diffère par H+ en
transforme en aldehyde [ Geuther et Cartmell , moins, c'est-à-dire que, pour se saturer, il a besoin
Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CXI, p. 16] . de se combiner avec quatre atomes monoatomiques
PARALDEHYDE, 3 ( CHO ) . - — Dans la prépara- quelconques ou avec leur équivalent : il est donc
tion de la métaldehyde par l'acide azotique ou tétratomique. Cependant, quoique la tétratomi-
sulfurique, il surnage un liquide qui n'est autre cité de l'acétylène soit manifeste, cet hydrocar-
que la paraldehyde (Weidenbusch). bure semble jouer de préférence le ròle d'un
La paraldehyde est fluide, limpide, d'une odeur corps diatomique.
aromatique, d'une saveur âcre. Elle se dissout dans Découvert en 1836 par Ed. Davy, l'acétylène a
l'alcool et l'éther, elle est peu soluble dans l'eau . surtout été étudié par M. Berthelot [ Ann . de Phys.
Elle bout à 125°, se solidifie à + 12° : sa densité et de Chim., t. LXVII, p. 52, 3º sér. ].
de vapeur 4,583 . Elle se transforme rapidement L'acétylène est un gaz incolore , assez soluble
en un acide particulier non encore étudié. La po- dans l'eau, doué d'une odeur particulière et désa-
tasse ne l'altère pas chauffée avec une trace gréable ; il est inflammable et brûle avec une
d'acide sulfurique, elle se convertit en aldehyde. flamme très-éclairante et fuligineuse. L'acétylène
- En chauffant à 100° un mélange d'aldéhyde et peut être considéré comme un gaz permanent ;
d'iodure d'éthyle, on obtient la paraldehyde ; elle jusqu'à présent on n'a pu le liquéfier ni par le
se forme aussi quand on fait passer un courant de froid, ni par la pression .
cyanogène gazeux dans de l'aldéhyde refroidie Un volume d'acétylène exige pour sa combustion
[Lieben, Répert. de Chim. pure, 1861 , p. 190]. complète 2 volumes 1/2 d'oxygène, et forme deux
Suivant M. Lieben, la paraldehyde et l'élaldéhyde volumes d'acide carbonique.
seraient l'éthylo-acétate d'éthylidène : L'étincelle d'induction le décompose.
( O. C2H5 Chauffé à 240° avec le chlorure de zinc , l'acé-
(C2H )"' O.C² H³O. tylène se transforme en un corps polymère qui
rappelle par son aspect le goudron de houille.
HYDRURE DE sulfacétyle . - Voyez ETHYLIDÈNE Sa densité est égale à 0,92.
(Sulfure de). E. G. L'acétylène est le moins hydrogéné de tous les
ACÉTYLE (IODURE D'), C2H3O.I. [Cahours , carbures gazeux. Il est le seul qui renferme son
Compt. rend. de l'Acad., t. XLIV, p. 253. propre volume d'hydrogène sans condensation.
Guthrie , 1857 , Ann. der Chem. u. Pharm .,
nouv. sér. , t. XXVII , p. 335.] Pour préparer C2H2 2 volumes ; H2 = 2 volumes.
ce corps, on traite l'anhydride acétique par le Le caractère distinctif de l'acétylène est de for-
phosphore et l'iode, qu'on ajoute peu à peu. mer dans la solution ammoniacale de protochlo-
On chauffe , et lorsque la réaction est terminée, rure de cuivre un précipité rouge marron, qui con-
on distille le liquide sur du phosphore sec. On tient du cuivre uni à un radical carboné , et tou-
recueille les parties qui passent vers 108° et on jours aussi à de l'oxygène. Cette substance a été
les rectifie après les avoir agitées avec du mercure. appelée par Berthelot acetylure de cuivre.
L'iodure d'acétyle est liquide , brun ; il bout à Solubilité de l'acétylène. - L'eau, le sulfure
108 (C. Guthrie), entre 104° et 105° (Cahours) . de carbone , l'hydrure d'amyle dissolvent environ
La distillation le décompose partiellement . Sa leur volume de gaz acétylène ; le pétrole d'é-
densité = 1,98. - Il est fumant; son odeur est clairage 1 1/2 volume, l'essence de térebenthine
suffocante. L'eau le décompose. E. G. et le perchlorure de carbone 2 volumes ; le chlo-
ACETYLE (PEROXYDE D') , roforme, la benzine, 4 volumes ; l'acide acétique
CHOO = (C2H30,202. cristallisable et l'alcool absolu près de 6 volumes
[Berthelot, Ann. de Chim. et de Phys ., (4) , t. IX,
[Brodie, Proceed. of the Royal Soc. , t. IX, p . 361 . p. 424].
- 1858, Ann. der Chem . u. Pharm . , nouv. sér. , Action de la chaleur.- L'acétylène chauffé dans
t. XXXII. - 1859, Ann. de Chim . et de Phys., (3) , une cloche courbe, jusqu'au ramollissement du
t. LV. p. 224. Repert. de Chim. pure, 1858-59, verre, pendant une demi-heure, est décomposé :
p. 225.j la majeure partie de ce carbure est transforniée en
Cette combinaison , découverte par M. Brodie, produits liquides et fixes , qui paraissent contenir
présente les mêmes rapports avec l'anhydride acé- principalement du styrol , du métastyrol , des
tique, que l'eau oxygénée avec l'eau. On mélange traces de naphtaline et un peu de charbon. Quant
peu à peu 1 molécule d'anhydride acétique et 1 aux produits gazeux, ils renferment un peu d'hy-
molécule de peroxyde de baryum délayé dans drogène, d'éthylène, d'hydrure d'éthyle et d'acé-
l'éther anhydre. Il se forme de l'acétate de ba- tylène non décomposé [ Berthelot , Compt. rend. ,
ryum, qui est séparé par le filtre, et la liqueur t. LXII, p. 905] .
éthérée, étant distillée au bain-marie , laisse un L'action que la chaleur exerce sur l'acétylène
résidu de peroxyde d'acétyle qu'on lave à l'eau . diffère dans ses résultats , lorsqu'elle a lieu en
Le peroxyde d'acétyle est liquide , visqueux , présence de corps divers : ainsi , en présence du
doué d'une saveur très-âcre. Délayé dans l'eau, charbon (coke éteint dans le mercure ) l'acétylène
il décolore le sulfate d'indigo ; il agit comme un se résout en ses éléments , l'hydrogène se dégage
oxydant énergique . L'eau de baryte le décompose ; et le carbone se dépose.
il se produit de l'acétate et du bioxyde de baryum. En présence de l'azote ou de l'oxyde de carbone,
- Chauffé, même en très-petite quantité, il se l'acétylène éprouve des transformations analogues,
détruit avec une violente explosion ." E. G. mais ne donne pas de produits particuliers.
ACÉTYLE. — Dérivés sulfurés. -Voyez Acides L'hydrogène retarde la transformation de l'acé-
THIACÉTIQUE et SULFACÉTIQUE. tylène ; les produits sont les mêmes, sauf une plus
ACETYLÈNE . 44 ― ACETYLENE.
Dans cette expérien ce l'action est plus éner-
grande production d'éthylène : l'hydrogène, dans gique que dans la précédente aussi l'acétylène
cette expérience, semblerait se combiner directe- tend à reprendre son état complet de saturation .
ment avec l'acétylène : Ce n'est plus l'éthylène C2H , mais bien l'hydrure
C2H2 + H2 = CH'. d'éthyle C2H6 qui paraît se former . Le gaz obtenu
n'a pas d'odeur, il n'est absorbable ni par l'acide
L'action la plus remarquable de la chaleur sur sulfurique fumant, ni par le brome , et brûle avec
l'acétylène est celle qu'elle exerce sur cet hydro- une flamme éclairante [ Bull. de la Soc. chim.,
gène carboné en présence d'hydroc arbures non p. 175 ( mars 1866 ) , et Bull . de l'Acad. roy. de
saturés. M. Berthelot chauffe des volumes égaux
d'acétylène et d'éthylène, à la température du ramol- Belgique, 2 sér. , t. XXI, nº 1 (1865) ] .
En résumé 1º un mélange d'hydrogène et d'acé-
lissement du verre ; au bout d'une demi - heure tylène chauffé à une température que M. Berthe-
environ les 2 tiers du mélange ont disparu , et lot estime entre 600 et 700° donne naissance à
parmi les produits divers qui se forment, le prin- de l'éthylène et à des carbures polymériques .
cipal est un liquide très-volatil, facilement absor- 2º L'hydrogène naissant produit au sein d'un
bable par le brome, par l'acide sulfuriq ue mono- liquide alcalin se combine à l'acétylène et forme
hydraté, peu soluble dans la solution ammoniacale
de protochlorure de cuivre et répondant à la for- de l'éthylène.
3° L'hydrogène et l'acétylène en présence du
mule CH6 ; c'est le crotonylène ou son isomère noir de platine donnent de l'hydrure d'éthyle.
[Compt. rend. de l'Inst., t. LXII , p. 947 ]. Action du chlore. - Le chlore mélangé avec
Dans cette expérience, l'acétylène et l'éthylène l'acétylène détone même à la lumière diffuse.
se sont combinés à volumes égaux avec une con- Il se forme de l'acide chlorhydrique et un dépôt
densation de moitié. de charbon C2H2 + C12 = C²+ 2HCl .
C2H2 (2 volumes) + CH (2 volumes) = C4H6 Cependant le chlore peut s'unir avec l'acétylène
(2 volumes). à volumes égaux pour former du chlorure d'acé-
Chauffé dans les mêmes conditions avec un ex- tylène, c'est un liquide oléagineux analogue à la
cès de benzine , l'acétylène est promptement ab- liqueur des Hollandais [ Berthelot, Ann. de Chim.
sorbé , il reste à peine le cinquième du volume et de Phys. , t . LXVII, p . 54, 3º sér. ].
gazeux primitif, et par l'évaporation spontanée de Le chlore se combine encore à l'acétylène dans
la benzine on obtient un carbure cristallisé , dis- d'autres proportions , lorsqu'on prépare cet hydro-
tinct de tous les carbures connus. carbure à l'aide de l'acétylure de cuivre et d'un
La naphtaline absorbe aussi l'acétylène , mais grand excès d'acide chlorhydrique . M. Berthelot a
plus promptement que la benzine. Le résidu ga- observé la formation constante d'un corps chloré
zeux dans ces deux réactions est formé d'hydro- qui répondrait à la formule C H². HCl [ Compt.
gène mélangé d'un peu de gaz éthylène et d'hy-
rend., t. LVIII, p. 978].
drure d'éthyle. Action de l'iode et de l'acide iodhydrique.
Action de l'hydrogène. [ Ann . de Chim . et de L'iode ne paraît pas se combiner avec l'acéty-
Phys., t. LXVII , p . 57 , 3 sér . ] -- Le gaz hy- lène à la température ordinaire même sous l'in-
drogène mis en contact avec l'acétylène à la tem- fluence des rayons solaires, mais si l'on chauffe
pérature ordinaire n'a pas d'action sur lui ; mais ces deux corps dans un balion scellé, pendant 15 à
à une température élevée, il se forme de petites 20 heures à la température de 100°, la combinai-
s
quantité de gaz éthylène et des produits poly- son s'opère et l'on obtient des cristaux d'iodure
mères , tels que la benzine , C6H6 = 3 (C² H2) . d'acétylène C2H212. Ces cristaux sont fusibles
Soumis à l'action de l'hydrogène naissant, cet hy- vers 70º. met en contact une solution concentrée
drocarbure se transforme en gaz éthylène : Si l'on
d'acid e iodhydrique et d'acétylène, l'hydrocarbure
CH2 H2: C' II'.
est absorbé, et il se forme un diiodhydrate d'acéty-
Cependant cette combinaison ne peut se former lène C2H2 (HI)2 . Ce composé est liquide, il distille
dans un milieu acide , elle ne se produit qu'au vers 182 sans qu'il y ait de décomposition no-
sein d'une liqueur alcaline. Ce résultat s'obtient table.
facilement en faisant réagir sur l'acétylure de Sa densité est environ le double de celle de
cuivre un mélange de zinc et d'ammoniaque, qui l'eau. Isomérique avec l'iodure d'éthylène , il est
dégage , comme on sait , de l'hydrogène . On re- plus stable que ce dernier. Traités par la potasse
cueille ainsi une grande quantité d'éthylène , de alcoolique , l'iodure et l'iodhydrate d'acétylène re-
l'acétylène non attaqué et un peu d'hydrogène . On produisent le gaz acétylène . L'iodure d'éthylène
purifie le gaz éthylène en faisant passer le mé- produit aussi de l'acétylène dans les mêmes cir-
lange gazeux à travers une solution ammoniacale constances [Compt. rend. , t. LVIII , p . 977 ].
de protochlorure de cuivre, qui laisse dégager M. Max Berend a réussi à former avec l'iode et
l'hydrogène , absorbe l'éthylène , et forme de nou- l'acétylène un composé qui répond à la formule
veau avec l'acétylène un composé insoluble d'acé- CH21 ; on l'obtient en agitant l'acétylénure d'ar-
tylure de cuivre. On porte alors la liqueur cui- gent avec une solution éthérée d'iode, tant que
vreuse jusqu'à l'ébullition ; comme l'acétylure celle-ci est décolorée . Par l'évaporation , l'éther
cuivreux ne se décompose pas à cette tempéra- abandonne des cristaux jaunâtres doués d'une
ture, le gaz oléfiant se dégage à l'état de pureté. odeur très-irritante , qui fondent vers 74° en se
M. de Wilde a constaté que l'hydrogène pouvait décomposant en partie, et peu volatils à la tem-
se combiner directement à l'acétylène dans les pérature ordinaire . Ils sont très-solubles dans
conditions suivantes :' l'alcool , l'éther, le sulfure de carbone, la benzine,
Dans une cloche graduée placée sur la cuve à le chloroforme .
mercure, on introduit un volume d'hydrogène, Lorsqu'on les chauffe avec de la potasse alcoo-
puis un peu de noir de platine comprimé, et sou- lique, il se dégage de grandes quantités d'acéty-
tenu au - dessus du mercure à l'aide d'un fil de lène, et il se forme en même temps des traces
platine contourné en spirale. On introduit ensuite d'une huile iodée qui constitue probablement
un volume d'acétylène, l'absorption se manifeste l'acétylène iodé CHI.
aussitôt, et si l'hydrogène a été ajouté en excès, Traité par le brome , ce tétraiodure est converti
l'expérience prouve qu'un volume d'acétylène ab- en bromoiodure de carbone C Br3 13. Il se dégage
sorbe exactement deux volumes d'hydrogène : de l'acide bromhydrique , et il se dépose de l'iode.
Le bromoiodure de carbone forme de beaux
C2H2 + 2 H2 = C2116. cristaux blancs, fondant vers 100°, et se dé om-
2 vol. 4 vol. 2vol.
ACETYLÈNE. 45 -- ACETYLÈNE.
posant à une température plus élevée, en émet- mure d'éthylène tribromé C2 H Br³. Br2, qui reste
tant des vapeurs d'iode : en partie dissous dans le composé précédent.
BrIIBr + 2H Br + I Br. Ce corps est doué d'une odeur camphrée ; il est
CHI 12+ Br = C2 C2BrI fusible vers 48 à 50° comme le protobromure de
Tétraiodure Bromoiodure carbone, mais il en diffère par sa forme cristal-
d'acétylène. de carbone. line , le protobromure de carbone cristallisant en
Lorsqu'on traite par un courant de gaz nitreux plaques nacrées ; déposé de sa solution alcoolique
une dissolution éthérée de tétraiodure d'acétylène, bouillante, le bromure d'éthylène tribromé donne
de l'iode mis en liberté colore d'abord la liqueur, des aiguilles soyeuses enchevêtrées. Par l'évapo-
ration spontanée, on peut obtenir de beaux prismes
qui s'éclaircit ensuite de nouveau. Par l'évapora-
tion, l'éther abandonne un corps très-peu stable qui atteignent presque 1 centimètre de longueur.
qui cristallise en aiguilles brillantes répondant à La chaleur le décompose, il est insoluble dans
la formule l'eau, et soluble dans l'alcool et dans l'éther, sur-
tout bouillants.
C² H (A201) 12. Si l'on fait passer de l'acétylène pur dans du
C2HI
brome, il ne se forme que du bromure d'éthylène
[Berend, Ann . de Chim. et de Phys . , t. VI , p. 499, bibromé et pas trace de cristaux. Ainsi, lorsqu'on
4 sér., et Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXXV, fait réagir du brome en excès sur l'acétylène et
p. 257 ( nouv. sér., t. LIX ), septembre 1865.] sur son dérivé bromé C2 H Br, quatre atomes de
Action du brome. - Le brome se combine en brome se fixent immédiatement sur une molécule
plusieurs proportions avec l'acétylène ; on connaît de chacun de ces corps qui repassent alors dans
le dibromure C2H2 Br2 et le tétrabromure d'acéty- la série éthylénique : l'action ne va pas plus loin,
lène C2H2 Br , l'acétylène bromé C2 H Br, un com- car il ne se forme pas de produit de substitution.
posé C2 H3 Br isomérique avec l'éthylène brome, M. Reboul signale aussi la formation d'une pe-
le corps C2H Br³ , etc. tite quantité d'un composé bromé qui serait re-
M. Berthelot a obtenu le dibromure d'acétylène présenté par la formule CH Br³, composé qu'on
en faisant passer un courant de ce gaz à travers peut considérer comme de l'éthylène tribromé ou
du brome placé sous une couche d'eau. L'acéty- du dibromure d'acétylène bromé C2 H Br . Br².
lène est absorbé , et, après avoir purifié convenable- L'acétylène joue cette fois le rôle d'un corps
ment le produit , on obtient un corps neutre, inco- tétratomique : or, M. Berthelot ayant prouvé que
lore , oléagineux , et possédant une odeur ana- celui qu'il obtient par ses procédés ne fixe que 2
logue à celle du bromure d'éthylène. atomes de brome, on doit admettre que le gaz
Ce bromure ne peut être distillé, la chaleur lui acé ylène produit dans ces conditions différentes
fait éprouver une transformation polymérique don- n'est pas tout à fait identique.
nant un produit qui ne peut se réduire en va- L'acétylène bromé ne peut être obtenu à l'état
peurs sans décomposition . Cependant les pre- de pureté complète, il est toujours accompagné
mières gouttes qui passent à peu près incolores d'un peu d'acétylène. En opérant de la manière
vers 130° répondent assez bien à la formule suivante, M. Reboul a pu obtenir un mélange ga-
C2H2Br². Il est isomérique avec l'éthylène bibromé zeux qui en contenait jusqu'à 80 et 85 %. Dans
C2H2 Br2 [Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t. LXVII, la réaction qui produit ce mélange gazeux, on a
p. 72). vu que l'éthylène bibromé se condensait dans le
En 1858, M. A. Perrot avait déjà obtenu deux premier flacon laveur ; ce liquide bromé retient
bromures C2 H2 Br2 et C2H2 Br en combinant avec en dissolution une grande quantité d'acétylène
le brome les gaz formés par la décomposition de bromé mélangé d'acétylène. On le recueille avec
la vapeur d'alcool par l'étincelle électrique [ Compt. beaucoup de précaution , car il s'enflamme à l'air ;
rend. , t. XLVII , p. 350]. puis, après avoir remplacé l'air de l'appareil par
M. Reboul a étudie la réaction qui se produit de l'acide carbonique, on chauffe doucement jus-
lorsqu'on fait tomber goutte à goutte du bromure que vers 80°, point d'ébullition de l'éthylène bi-
d'éthylène bromé C2H3 Br. Br2 dans une solution bromé. Le gaz qui se dégage alors, débarrassé de
de potasse alcoolique bouillante en excès, et dont l'acide carbonique au moyen de la potasse, contient
l'air du flacon a été chassé par une ébullition de environ 80 % d'acétylène bromé ; il s'enflamme
quelques instants [ Compt. rend. , t. LIV, p. 1229, spontanément à l'air, brûle avec une flamme
et t. LV, p. 136, et Compt . rend. de la Société pourpre en produisant de l'acide bromhydrique,
philomat. , séance 22 juin 1862. - Journ. l'In- de l'eau, de l'acide carbonique et du charbon.
stitut, n° du 2 juillet 1862] . Il se forme de l'éthy- On peut arriver à l'obtenir encore plus pur en
lène bibromé, et il se dégage une grande quantité faisan tomber dans de la potasse alcoolique bouil
de gaz ; on le recueille sous le mercure après l'avoir lante du bromure d'éthylène bibromé C2H2 Br². Br²,
fait passer à travers deux ou trois flacons laveurs l'acétylène bromé étant le seul corps gazeux qui
à moitié remplis d'eau, et dont l'air a été remplacé se forme dans ce cas. Cependant il contient en-
par de l'acide carbonique , ce gaz s'enflaminant core de petites quantités d'acétylène :
spontanément à l'air. On enlève ensuite l'acide C2H2 Br -Br¹ = C²H².
carbonique auquel il est mélangé à l'aide d'un
peu de potasse : l'éthylène bibromé se condense L'acétylène bromé, gazeux à la tempé ature or-
dans le premier flacon laveur. Ce gaz, entièrement dinaire, se liquéfie sous une pression de près de
absorbable par une solution ammoniacale de pro- trois atmosphères; est assez soluble dans l'eau,
tochlorure de cuivre ou de nitrate d'argent , est très-soluble dans l'éthylène bibromé qui, à 15º,
on mélange d'acétylène et d'un corps nouveau, en dissout environ 50 à 60 fois son volume, tan-
Facetylene bromé ČHBr, gazeux à la température dis qu'il ne dissout que 2 volumes d'acétylène .
ordinaire, et spontanément inflaminable à l'air M. Reboul explique la propriété curieuse que
Lorsqu'on fait passer ce mélange gazeux à tra- possède l'acétylène bromé de prendre feu à l'air,
vers du brome placé sous une couche d'eau, dans tandis que l'hydrocarbure lui-même ne la possède
un tube entouré d'eau froide, le gaz est entière- pas, en supposant qu'à la double affinité de l'oxy-
ment absorbé, et si la température est assez basse, gène pour le carbone et l'hydrogène vient s'en
on voit bientôt se déposer un abondant précipité joindre une troisième, celle du brome pour l'hy-
cristallin. C'est le bromure d'éthylène tribromé, drogène. Ces trois affinités puissantes concour-
C2H Br³. Br². Il se forme ainsi deux combinaisons raient à la destruction du corps gazeux lorsqu'il
bromées : 1º du bromure d'éthylène bibromé est mis en contact avec l'oxygène de l'air . M. Re-
C2B.2. Br², qui es: u corps liquide ; 2º du bro- boul fait remarquer que, dans la production de
ACETYLÈNE . 46 - ACETYLÈNE.
l'acétylène par l'action de la potasse alcoolique Action du bioxyde de cuivre ammoniacal.
sur le bromure d'éthylène bromé, le brome éli- Lorsqu'on fait passer un courant de gaz acétylène
miné ne forme pas de bromate , il se produit à travers une solution de bioxyde de cuivre dans
simplement du bromure de potassium, et l'oxy- l'ammoniaque , le gaz est lentement absorbé , la
gène mis en liberté se portant sur l'alcool, l'oxyde plus grande partie est brûlée, et il se dépose sur
pour former de l'acide formique. En effet, dans les parois du vase une matière charbonneuse mé-
les résidus, on trouve du formiate de potasse et langée d'une petite quantité d'acétylure de
pas trace de bromate. cuivre [ Berthelot , Ann. de Chim. et de Phys .,
L'acétylène chauffé avec l'acide bromhydrique (4), t. IX, p. 422] .
concentré à 100 donne naissance à un composé Action de la liqueur ammoniacale de protochlo-
bromé gazeux ou très-volatil, entièrement absorbé rure de cuivre sur l'acétylène. - L'acétylène
par la solution cuivreuse ammoniacale. M. Ber- forme dans la solution ammoniacale de protochlo-
thelot pense que ce composé doit être le mono- rure de cuivre un précipité rouge marron . Cette
bromhydrate d'acétylène C2 H2H Br, isomérique réaction est caractéristique . Ce précipité est iden-
avec l'éthylène bromé C2 H3 Br [ Compt. rend., tique avec la matière détonante que M. Quet
t. LVIII , p. 977]. a obtenue en faisant passer à travers une solution
Action des métaux. - Le sodium forme deux ammoniacale de protochlorure de cuivre les gaz
combinaisons avec l'acétylène . qui se produisent en décomposant la vapeur d'al-
1º Chauffé à une douce chaleur en présence cool amylique par la chaleur ou l'étincelle élec-
d'un excès d'acétylène, le carbure est attaqué : le trique [Compt. rend., t. XLVI, 1858 , p. 905 ].
sodium fond, se gonfle et se couvre d'une couche M. Boettger a étudié aussi ce même composé
blanchâtre qui noircit sur les bords. Il y a ab- qu'il a obtenu en faisant passer le gaz de l'éclai-
sorption d'environ la moitié du volume gazeux rage à travers des solutions salines, et prin-
primitif, formation d'acétylène sodé (acétylure de cipalement la solution de protochlorure de cuivre
sodium) et d'hydrogène ammoniacal [ Ann . der Chem. u. Pharm. , t. CIX,
C2H2 +Na C2H Na + H. p. 351. - Journ. de Chim. et de Pharm . , t. XXXV,
2º Chauffé au rouge sombre , 2 atomes de sodium p. 388, 3 sér. ]. MM. Vogel et Reischauer avaient
aussi obtenu une matière détonante en faisant
mettent en liberté les 2 atomes d'hydrogène et passer le gaz de l'éclairage à travers une solution
se substituent à leur place ; on obtient ainsi de neutre de nitrate d'argent [ Neu. Repert. der
l'acétylène disodé : le volume gazeux , dans ce cas, Pharm., t . VII, p. 207] .
ne change pas sensiblement :
Le précipité rouge marron se forme encore en
C2H2 + Na2 C²Na² + H², faisant passer l'acétylène dans une solution am-
C2H22 vol. H² = 2 vol. moniacale de sulfite cuivreux, ou dans une solu-
L'eau attaque violemment ces deux acétylures tion de protochlorure de cuivre dissous à l'aide
en reproduisant de l'acétylène. du chlorure de potassium ; mais, dans cette der-
Le potassium exerce une action beaucoup plus nière expérience, il faut ajouter un petit fragment
énergique. Fondu en présence de l'acétylène, il de potasse caustique pour que la formation de
s'enflamme avec explosion et production d'un acé- l'acétylure cuivreux soit continue ; sans cette pré-
tylure. L'eau l'attaque aussi violemment, en re- caution, la réaction s'arrête presque aussitôt
produisant de l'acétylène. Le potassium, en réa- qu'elle est commencée .
gissant sur l'éthylène à la température du rouge Quelques expériences faites par M. Berthelot
sombre, donne naissance au même composé : pour reconnaître la limite de sensibilité du chlo-
C² H + K² = C²K² + 2 H². rure cuivreux ammoniacal à l'égard de l'acéty-
Il en existe des traces dans le potassium du lène prouvent que ce réactif peut accuser encore
commerce. la présence d'un 200 de milligramme d'acétylène
La plupart des métaux, tels que l'aluminium, mélangé à de l'hydrogène [ Bull . de la Soc. chim.,
le cadmium , le cuivre , le thallium, le platine, etc. , 1866, t. I, p. 191 ]
n'exercent pas d'action spéciale sur l'acétylène ; En présence de l'air, la réaction peut être ma-
les produits qui se forment sont sensiblement les nifestée jusqu'à 1 centième de milligramme ce
mêmes que ceux qu'on observe par l'action de la qui prouve que ce réactif absorbe l'acétylène plus
chaleur seule. Il n'en est pas de même du fer rapidement que l'oxygène de l'air. Du reste, le
au rouge sombre, il détermine la décomposition précipité formé disparaît promptement par suite
de l'acétylène en charbon , hydrogène et hydro- de l'oxydation consécutive.
carbures liquides, qui ne paraissent pas être les L'acétylure cuivreux répond à la formule
mêmes que ceux que l'on obtient à l'aide de la C2HCu" )
chaleur seule ; et, d'après la proportion de char- CHCu" 0.
bon déposé, ces carbures doivent être plus riches
en hydrogène que l'acétylène et ses polymères. Il est variable dans sa composition , il est peu
Le fer ne se combine pas à l'acétylène , car, stable et s'oxyde avec une grande facilité ; lors-
traité par un acide après l'opération, il ne dé- qu'il se forme, il se dépose en même temps des
gage pas d'hydrocarbure [ Berthelot, Compt. rend., sels basiques dont il est difficile de le débarrasser.
t . LXII, p. 630. - — Bull . de la Soc . chim. , 1866, L'acétylure de cuivre fait explosion par le choc ;
t. V, p. 187]. chauffé, il détone entre 95º et 120° en produisant
Action du permanganate de potasse. Lors- de l'eau , du cuivre, du carbone, de l'acide carbo-
nique et des traces d'oxyde de carbone. L'acide
qu'on fait réagir à la température ordinaire , en
prenant les précautions convenables, une solution chlorhydrique dilué attaque l'acétylure cuivreux,
aqueuse de permanganate de potasse sur le gaz il se forme un sel de cuivre, et l'acétylène régé-
acétylène, de l'oxygène se fixe directement sur ce néré se dégage à l'état de pureté. C'est même le
dernier pour donner naissance à de l'acide oxa- seul moyen d'obtenir ce gaz dans un tel état . Les
lique : acides acétique et sulfurique, la potasse, la soude,
C2H240 C2H2O¹ . n'ont pas d'action sur le précipité cuivreux : une
dissolution concentrée de cyanure de potassium
Il se forme en même temps de l'acide formique attaque l'acétylure, il se dégage un gaz et il se
et de l'acide carbonique, mais ces derniers sont
en plus faible proportion, et proviennent d'une siam.. du cyanure double de cuivre et de potas-
forme
réaction secondaire [ Berthelot , Compt. rend., En présence du chlore, du brome ou de l'iode,
t. LXIV, p. 35] . l'acétylure cuivreux détone en laissant un résidu
ACÉTYLÈNE . - 47 - ACETYLÈNE.

de charbon. Un mélange d'acétylure cuivreux et de l'élévation de la température, et qui reproduisent


chlorite de plomb détone au moindre frottement. l'acétylène lorsqu'on les traite par l'acide chlor-
M. Berend a étudié l'action que le brome exerce hydrique.
sur l'acétylure d'argent délayé dans l'eau ; il se M. Berthelot admet , dans ces composés , l'exis-
forme du bromure d'argent, et à la distillation tence de radicaux organométalliques, auxquels il
sous l'eau les deux produits suivants prennent donne les noms de cuprosacétyle, argentacétyle,
naissance : 1° une huile C2HBr3 ; 2° de beaux etc. , qui se combineraient avec l'oxygène, le
cristaux blancs CH Br3. H Br, fusibles vers 42°, chlore, le brome, pour former soit des oxydes,
doués d'une odeur agréable, se dissolvant dans soit des chlorures, bromures , etc. Mais l'étude
l'éther, l'alcool , le sulfure de carbone, le chloro- de ces composés étant loin d'être complète, il suf-
forme, la benzine . De l'acétylène est régénéré lors- fit de les indiquer sans entrer dans de plus grands
qu'on traite ce corps par les agents réducteurs détails [ Compt. rend. , t . LXII , p. 455, 628, 909 ] .
[Ann. de Chim . et de Phys. , (4) , t. VI, p. 501 , Combinaison de l'acétylène avec l'acide sulfu-
et Ann. der Chem . u. Pharm., t. CXXXV, p. 257 rique [Berthelot, Ann . de Chim. et de Phys. , (3),
(nouv. sér., t. LIX ] . t. LXVII, p. 56]. L'acétylène se combine avec
Ces composés sont isomères avec deux des corps l'acide sulfurique pour former l'acide vinylsul-
bromés obtenus par M. Reboul, dans des condi- furique :
tions différentes, et ils offrent cette particularité
singulière qu'ils sont inversement liquides ou ОН.
cristallisés ; ainsi : L'opération se fait en mettant dans un grand
Berend C2H Br³liquide. C2H Br³. H Br cristallisé. ballon de l'acétylène, de l'acide sulfurique et du
Reboul C H Br3 cristall. C2H2 Br liquide . mercure. La combinaison n'a lieu qu'après une
longue et vive agitation . D'après M. Berthelot, il
M. Berend a réussi à obtenir de l'acétylure faut au moins une heure, et environ 4000 secousses
d'argent bromé en opérant de la manière sui- pour obtenir l'absorption d'un litre d'acétylène.
vante. On dirige dans de l'alcool froid les va-
peurs qui se dégagent lorsqu'on traite, comme on On sépare l'acide vinylsulfurique formé de l'acide
l'a vu plus haut, le bromure d'éthylène bibromé sulfurique en excès , en ajoutant avec précaution
par la potasse alcoolique bouillante ; l'alcool re- de l'eau au mélange des deux acides , puis en sa-
tient ainsi en dissolution de l'éthylène , bibromé, turant par le carbonate de baryte. On filtre, et
par l'évaporation on obtient tantôt un sel bien
de l'acétylène bromé et de faibles quantités d'a. cristallisé, le vinylsulfate de baryte,
cétylène. On étend la solution avec de l'alcool et
de l'ammoniaque, puis on fait tomber goutte à (SO¹. C2H3) Ba,
goutte une solution ammoniacale de nitrate d'ar-
gent; un premier précipité amorphe explosif se tantôt un sel incristallisable et moins stable.
forme d'abord, puis vient ensuite un précipité M. Berthelot pense que cette différence provient
cristallin . Dès qu'il apparaît, on filtre la liqueur, de l'altérabilité de l'acétylène au moment où ce
puis on achève la précipitation. Le corps cristallin gaz entre en combinaison.
qui se dépose est du bromacétylure d'argent : L'acide vinylsulfurique étendu d'eau, puis sou-
mis à des distillations fractionnées, se décompose ;
C2Br Ag + Ag Br +4 H2O. l'acide sulfurique est régénéré, et dans les parties
C2BrAg les plus volatiles on trouve un liquide très-alté-
Ce composé cristallise en aiguilles d'un blanc rable, plus volatil que l'eau, possédant une odeur
d'argent, et détone avec violence par le frotte- très-irritante, soluble dans 10 à 15 parties d'eau.
ment ou au contact d'acides concentrés. Agité Pour le séparer complétement de l'eau qui l'ac-
avec une solution éthérée d'iode, l'éther tient en compagne, il faut employer le carbonate de po-
dissolution un corps bromoiodé probablement tasse , le chlorure de calcium ne produisant pas
identique avec le bromoiodure de carbone cet effet.
C Br³13 précédemment décrit. Ce liquide est un alcool qu'on pourrait appeler
Les propriétés de l'acétylure cuivreux, et la vinylique (ou hydrate d'acétylène)
présence de l'acétylène dans le gaz de l'éclairage C2H3 . OH
donnent l'explication des explosions qui ont eu
lieu quelquefois en nettoyant des tubes en cuivre et qui serait l'isologue inférieur de l'alcool ordi-
qui avaient servi à la conduite du gaz. Ces explo- naire.
sions proviennent de la formation d'acétylure cui- Mais l'étude de ce corps n'ayant pas encore été
vreux, et les expériences de M. Crora, qui con- poussée plus loin, on ne peut qu'en signaler
sistent à mettre en contact de l'acétylène , de la l'existence.
tournure de cuivre et des traces d'ammoniaque, Production de l'acétylène. Les expériences de
sont venues confirmer cette manière de voir M. Berthelot ayant démontré que la formation de
[Compt. rend., t. LV, p. 435]. l'acétylène était un phénomène général dans les
La propriété que possède l'acétylène de se com- combustions incomplètes , il existe un grand nom-
biner avec quelques métaux établit un certain bre de procédés à l'aide desquels on peut pro-
rapprochement entre celui-ci et quelques combi- duire l'acétylène.
naisons de l'hydrogène, telles que l'hydrogène Voici les plus importants :
phosphoré, l'hydrogène arsenié, l'hydrogène anti- 1° Lorsqu'on traite par l'eau les matières noires
monié, qui, comme lui, peuvent échanger un qui proviennent de la préparation du potassium .
atome d'hydrogène contre celui d'un autre métal. Ce procédé est surtout intéressant au point de vue
Récemment , M. Berthelot a cherché à expli- historique, car c'est par ce moyen que l'acétylène
quer les réactions qui se produisent lorsqu'on a été produit pour la première fois par Edmond
fait passer un courant d'acétylène à travers des Davy.
solutions ammoniacales de protochlorure de cui- 2º L'acétylène se forme toutes les fois que l'on
vre ou de nitrate d'argent, d'hyposulfite double de fait passer dans un tube chauffé au rouge le gaz
soude et d'or, additionnées d'ammoniaque, de sul- oléfiant, la vapeur de l'éther, de l'alcool, de l'aldé-
fate chromeux dissous dans un mélange de chlor- hyde et même celle de l'esprit de bois. C'est la
hydrate d'ammoniaque et d'ammoniaque , d'io- vapeur de l'éther qui fournit l'acétylène en plus
dure de mercure rouge dans l'iodure de potas- grande quantité.
sium, etc. Il se forme des précipités , amorphes 3º Combinaison directe du carbone avec l'hydro-
pour la plupart, faisant explosion par le choc ou gène. Le carbone et l'hydrogène peuvent s'unir
ACETYLENE. -- 48- ACETYLURES.
directement pour donner naissance à un hydro- rouge un mélange d'oxyde de carbone et de gaz
carbure, mais seulement dans des conditions spé- des marais :
ciales . C'est en faisant jaillir l'arc voltaique qui CO + CH * = C* H2 + H2O .
se produit à l'aide de la pile entre deux pointes
de charbon, au sein d'un courant d'hydrogène pur Lorsqu'on fait passer un courant d'éthylène
et sec, que M. Berthelot est parvenu à former bromé, C2H3 Br, dans une solution ammoniacale
cette combinaison d'une manière continue . Ce de nitrate d'argent, il se forme un précipité qui ,
chimiste a fait varier les conditions de l'expé- traité par l'acide chlorhydrique dilué , dégage de
rience il a mis en présence de l'hydrogène les l'acétylène [ Miasnikoff, Ann. der Chem . u . Pharm .,
diverses espèces de charbon , soit calciné, soit à t. CXVIII, p. 330].
l'état de division extrême, puis leur mélange a M. Berthelot a constaté la production de l'acé-
été soumis à la plus haute température possible ; tylène dans la combustion incomplète d'un mé-
à la chaleur solaire concentrée à l'aide d'une len- lange d'hydrogène pur et de gaz ou vapeurs car-
tille à échelons ; à l'étincelle d'induction , en opé- bonés ne contenant pas d'hydrogène , tels que le
rant avec des étincelles tantôt longues et déliées , cyanogène, l'oxyde de carbone , le sulfure de car- 1
tantôt larges et courtes ; il ne s'est formé d'hydro- bone. La chaleur n'a pas d'action sur ces mé-
carbure dans aucun cas. Jusqu'à présent, la com- langes; mais si l'on y fait passer l'étincelle élec-
binaison ne s'est opérée que sous l'influence de trique , il y a formation immédiate d'acétylène.
l'arc voltaique ; elle est instantanée, et l'acéty- Ainsi :
lène est le seul hydrocarbure produit. Entraîné 1º Avec le cyanogène , il y a formation d'acéty-
par le courant d'hydrogène à mesure qu'il se lène, mais il faut employer un appareil à forte
forme, l'acétylène est recueilli dans une solution tension, parce que le cyanogène oppose une grande
ammoniacale de protochlorure de cuivre. Pour résistance au passage de l'étincelle.
que l'expérience marche convenablement, il faut 2º Avec le sulfure de carbone, il y a produc-
employer 40 à 50 éléments Bunsen . Dans ces tion d'acétylène, en même temps il se fait un
conditions, on peut obtenir environ 10cc d'acéty- dépôt de soufre, dont une partie sulfure les fils
lène par minute. de platine .
Aan de recueillir le gaz pur de tout mélange, il 3 Un mélange d'hydrogène et d'oxyde de car-
est nécessaire que le charbon qui sert d'électrode bone donne aussi de l'acétylène, mais il se pro-
soit purifié avec le plus grand soin. On y parvient duit en même temps de l'acide carbonique qui
en le chauffant au rouge presque blanc , dans un s'oppose à la formation de l'hydrocarbure ; pour
courant de chlore sec. On élimine ainsi de l'hy- que l'opération réussisse, il faut avoir le soin
drogène que le charbon retient constamment d'introduire dans l'éprouvette un fragment de po-
dans ses pores, des traces de matières goudron- tasse caustique, très- légèrement humectée à la sur-
neuses, du soufre, du fer, de l'aluminium , du si- face, afin que l'acide soit absorbé à mesure qu'il
licium , etc. se forme [Bull. de la Soc . chim :, 1866, t. I, p. 169].
Le charbon de cornue ainsi purifié est celui qui M. de Wilde a réussi à reproduire l'acétylène
présente le plus d'avantages [Ann. de Chim. el de en faisant passer la vapeur du chlorure d'éthy-
Phys , (3), t. LXVII , p. 64]. lène à travers un tube en porcelaine chauffé au
4° M. Sawitsch a indiqué un procédé fort élé- rouge vif. La liqueur des Hollandais subit dans
gant pour produire le gaz acétylène; il consiste à cette décomposition une altération profonde : il
traiter l'éthylène bromé C2 H³ Br par l'amylate de se forme de l'acétylène, du charbon qui se dépose,
sodium : de l'hydrogène, du gaz des marais , etc.
C2H3 Br + C5H11 . O Na L'acétylène se forme encore dans la combustion
=- Na Br + C5 H¹¹. OH + CH2. incomplète d'un mélange d'un volume de gaz
oléfiant et de deux volumes de chlore.
On met équivalents égaux d'amylate de sodium En puisant, à l'aide d'un tuyau en terre de pipe
et d'éthylène bromé dans un grand matras en relié à un appareil aspirateur, les gaz qui se for-
verre vert, qui est ensuite fermé à la lampe ; puis ment à l'intérieur d'un jet de gaz éthylène pur et
on chauffe au bain-marie pendant une heure en-
viron Le bromure de sodium formé se dépose et enflammé, M. de Wilde a prouvé qu'il se formait
le contenu du ballon redevient liquide, à cause de de l'acétylène. Il a obtenu le même résultat en ré-
l'alcool amylique qui est régénéré. Après avoir pétant l'expérience avec le gaz de l'éclairage privé
plongé le matras pendant un certain temps dans préalablement d'acétylène par son passage à tra-
un mélange réfrigérant, on en brise la pointe avec vers le réactif cuproammoniacal [ Bull . de la Soc.
précaution, et, à l'aide d'un tube en caoutchouc, chim., 1866, t. V, p . 172, et Bull . de l'Acad . royale
on recueille sous l'eau le gaz qui s'est formé de Belgique, 2e sér . , 1865, t. XIX, nº 1 , p. 90] .
[Compt. rend., t. LII , p . 157 , 1861]. M. Berthelot a fait voir par de nombreuses ex-
5º Pour mémoire, on doit rappeler le procédé périences que l'acétylène se formait dans toutes
de M. Reboul , qui a été décrit plus haut. les combustions incomplètes , il a institué à ce
L'acétylène se produit encore dans une foule de sujet une expérience élégante, qui peut être re-
circonstances. En voici quelques-unes : produite dans les cours. Voici la manière d'opé-
rer :
Quand on fait agir la vapeur du chloroforme On versedans une éprouvette de la solution am-
sur le cuivre métallique ; dans la distillation de moniacale de protochlorure de cuivre, qu'on étale
la houille : il existe dans le gaz de l'éclairage.
Quand on soumet à l'action de la chaleur, ou à sur toute la surface interne du vase, puis on y
celle d'une puissante machine d'induction du gaz ajoute un peu d'éther ou un liquide organique in-
des marais , il se produit de l'hydrogène et de l'a- flammable quelconque, qu'on allume aussitot. On
cétylène : incline alors l'éprouvette en la faisant tourner
2CH = CH2 + 3 (H2). lentement dans la main, de manière à mettre le
plus possible en contact l'éther enflammé et le
L'acétylène prend naissance en faisant passer réactif cuivreux on voit se produire immédiate-
l'éther méthylchlorhydrique dans un tube chauffé ment le précipité rouge caractéristique d'acéty-
à une température inférieure au rouge sombre. lure cuivreux.
En faisant passer l'oxyde de carbone mêlé de Enfin, l'acétylène se produit toutes les fois
vapeurs chlorhydriques sur du siliciure de ma- qu'un composé organique brûle au contact de
gnésium chauffé au rouge. T'air, avec production de noir de fumée . E. C.
L'acétylène se produit encore, d'après Odling, ACETYLURES on ALDEHYDATES. --- On
quand on fait passer à travers un tube chauffé au a donné le nom d'acétylures à des corps qu'on
ACHILLÉINE . 49 — ACIDES .
regardait comme dérivés de l'aldéhyde par substi- qu'on l'additionne de très-peu d'acide , elle s'y
tution d'un atome de métal à un atome d'hydro- dissout. Elle est soluble dans l'ammoniaque.
gène ; mais l'existence des acétylures d'argent et ACHILLÉIQUE (ACIDE ). [ Zanon, Ann. der
de potassium est douteuse : on ne connait avec Chem. u. Pharm., t. LVIII, p. 31. ] Cet acide se
certitude que l'acétylure d'ammonium. trouve dans la millefeuille : il constitue de petits
ACETYLURE D'AMMONIUM. -- [Syn. Aldehydate prismes incolores, solubles dans deux parties d'eau
d'ammoniaque, Aldehyde ammoniaque ] , à 12°. Il forme avec les alcalis des sels solubles
C2H3O, AzH ou C2H4O, Az H³. dans l'eau, mais insolubles dans l'alcool . Les sels
de potassium, de sodium et de calcium sont cris-
Découvert par Doebereiner, cet acétylure est pro- tallisables : ceux d'ammonium et de magnésium
duit par la combinaison directe de l'ammoniaque sont incristallisables . Le sel de quinine s'obtient
avec l'aldéhyde. Il constitue des rhomboèdres de cristallisé, quand la solution aqueuse est étendue
85°, volumineux, incolores, transparents et très- d'alcool , bouillie, puis abandonnée au froid.
réfringents. Il est très-soluble dans l'eau, assez Les solutions des achilléates sont précipitées
soluble dans l'alcool , très - peu soluble dans par l'acétate neutre de plomb ; l'acide lui- même
l'éther. Sa solution possède une réaction alcaline. n'est précipité que par l'acétate de plomb ba-
Il fond entre 70° et 80°, distille sans altération à sique.
100°. Sa vapeur est inflammable. Il s'altère à l'air Suivant Gmelin , l'acide achilléique ne serait
en brunissant.
que de l'acide malique impur. — D'après Hlasi-
Distillé avec l'acide sulfurique étendu , il laisse wetz, ce serait de l'acide aconitique.
dégager l'aldéhyde ; une solution concentrée de ACHIRITE. Voyez DIOPTASE.
potasse caustique ne l'attaque pas distillé avec ACHMATITE (Min.). Variété d'épidote verte
de la chaux , il fournit de l'éthylamine [ Diez , et riche en oxyde ferrique .
Ann. der Chem. u. Pharm., t. XC, p. 301 ]. ACHMITE (Min .) . ·- Silicate de fer et de so-
Lorsqu'on mêle des solutions aqueuses et con- dium renfermant un peu de manganèse, d'acide ti-
centrées d'azotate d'argent et d'aldéhydate d'am- tanique et de chaux. Rapports de l'oxygène dans
moniaque, il se précipite une substance blanche les protoxydes , les sesqui-
qui paraît être une combinaison des deux corps. oxydes et la silice
Quand on chauffe le mélange, les parois du ballon
se recouvrent d'une couche miroitante d'argent == 1 : 2 : 6.
métallique. [ Rammelsberg , Poggen-
Chauffé avec l'acide cyanhydrique et l'acide dorff's Ann. , t. LXVIII ,
chlorhydrique , l'aldéhydate d'ammoniaque four- p. 565 et t . CIII , p. 286 et
nit l'acide lactamidique ou alanine (Strecker) : 300.]
CAZH + CH O, Az H3 + H2O = C³ H7 Az O². Cristaux d'un brun noir,
Alanine. opaques , allongés , engagés
Si le mélange n'est pas chauffé, il se forme, au dans un granite de Run-
bout de quelques jours, des cristaux incolores demyr, paroissed'Eger (Nor-
d'un composé C9 H12Az , l'hydrocyanaldine (Strec- wége). Éclat vitreux.
Caract. Faiblement atta-
ker).
L'acétylure d'ammonium dissous dans l'alcool qué par les acides avant ou
absolu absorbe le gaz sulfureux ; il se forme du après calcination . Fusible
au chalumeau en un globule
sulfite d'acétyl - ammonium C2H3O, AzH S02 : noir attirable à l'aimant.
isomérique avec la taurine [ Redtenbacher, 1848, Avec le carbonate de soude,
Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXV, p. 37].
En dirigeant dans une solution aqueuse d'aldé- surlalamede platine, donne
une fritte vert bleuâtre.
hydate d'ammoniaque un courant d'hydrogène Dureté 6. Poussière gris
sulfuré, on obtient la thialdine ( Wohler et Lie- Fig. 2.
big) : jaunâtre clair. Densité 3,2
à 3,55.
3 C2 H3 (Az H ) 0 + 2H2S Forme cristalline .
= C6H13Az S2 + 2 Az H3 +3 H2O; Géométriquement iso-
Thialdine. morphe avec le pyroxène. Prisme clinorhombique
mm = 86° 56' , el el = 119° 30' , e1 h1 = 103° 47'.
avec le sulfure de carbone , il se forme la carbo- Clivages : m faciles, h¹ et gi moins faciles. Plan
thialdine (Redtenbacher et Liebig) : d'hémitropie h¹ . F. et S.
2C2 H³ (Az H¹ ) O + CS2 = C5H10 Az² S² + 2H2O. ACHROÏTE (Min .) .- Variété incolore de tour-
Carbothialdine. maline.
Chauffé à 120° en tubes scellés, l'acétylure ACHTARAGDITE (Min.). 1 Cristaux tétraé-
d'ammonium se décompose ; il se forme deux cou- driques pyramidés , d'un blanc grisâtre terreux,
ches de liquide ; la supérieure est de l'ammo- pseudomorphiques, qu'on ne sait encore à quelle
niaque aqueuse , avec une petite quantité de substance rapporter. Venant de la rivière d'Ach-
taragda , Sibérie.
bases volatiles ; l'inférieure, distillée à 200° , laisse ACICULITE .
pour résidu une substance, C10 H15 Az O, considé- Voyez AIKINITE.
ACIDES . - Jadis le mot acide était synonyme
rée comme un aldéhydate de tétravinylium : de aigre. Ce nom était appliqué à tous les corps
C2H3O. Az (C2H3) . jouissant de cette saveur. Plus tard, lorsque La-
L'eau de baryte transforme ce composé en hydrate voisier fonda vraiment la science chimique, on
de tétravinylium : crut les acides des composés binaires oxygénés,
Az (C2H3) . HO l'eau ne paraissant jouer dans ces corps qu'un
rôle de dissolvant [ Lavoisier, Traité élémentaire
[Babo, Journ. für prakt. Chem ., t. LXXII , p. 88 . de Chimie] . On distinguait d'ailleurs les acides
Chemic. Gaz., 1858, p. 136] . E. G. des bases (oxydes basiques) par la propriété qu'ont
ACHILLÉINE. [ Zanon, Mem. dell' Imp. R. Ist. les premiers de rougir la teinture de tournesol
veneto di Sc. ed Arti, t. V, p. 11. ] - Matière et les secondes de rendre au tournesol rougi sa
amère de la millefeuille ( Achillea millefolium ). nuance première. Berzelius compléta la théorie
C'est une substance amorphe d'un jaune brun ; de Lavoisier. Suivant lui, certains oxydes étaient
elle est soluble dans l'eau et l'alcool bouillant ; susceptibles de s'unir entre eux pour former des
elle est insoluble dans l'éther : cependant lors- composés ternaires, des sels capables par l'élec-
1-4
ACIDES . 50 - ACIDES .

trolyse, de se scinder dans les deux oxydes pri- électro-négatif C2H3O2 de l'acide acétique et le
mitifs. Berzelius appela électro- négatif l'oxyde radical positif K de l'hydrate potassique repré-
qu'il supposa se rendre dans ce cas au pôle po- sentent des affinités puissantes. Les radicaux À et
sitif et électro-positif celui qu'il supposa se rendre OH représentent au contraire des affinités faibles.
au pôle négatif. Les oxydes négatifs furent pour Dans ces conditions, les deux premiers radicaux
lui des acides et les oxydes positifs des bases. s'unissent pour former de l'acétate de potassium
La théorie dualistique de Lavoisier et de Berze- C2H3O2K, et les deux autres se combinent pour
lius ne tenait pas compte de l'eau contenue dans former de l'eau.
les acides. De plus elle ne montrait pas les rap- Un fait démontre qu'en effet c'est le caractère
ports qui existent entre les hydracides du chlore, électro-négatif du radical qui donne ses proprié-
du brome et de l'iode et les acides oxygénés. Davy tés spéciales à l'hydrogène des acides : lorsqu'on
fut le premier à reconnaître cette lacune. Il s'ef- ajoute un élément fortement négatif comme l'oxy-
força de la combler. A cet effet, il proposa une gène à un composé hydrogéné neutre ou déjà
théorie qui consistait à ne plus considérer comme acide, l'acidité du composé se détermine ou s'ac-
des acides les acides oxygénés anhydres, mais croît considérablement par cette addition.
seulement les acides hydratés ; et il admit que Ainsi l'hydrogène sulfuré H2S est faiblement
tous ces corps sont analogues aux hydracides et acide. Y ajoute-t-on O³, on obtient l'acide sulfu-
forment des sels par la substitution d'un métal à reux, H2SO³, dont les propriétés acides sont déjà
l'hydrogène. Dulong alla plus loin et admit que bien plus prononcées que celles de l'hydrogène
les acides dérivent de l'union de l'hydrogène avec sulfuré. Y ajoute-t-on un quatrième O, il se pro-
un radical composé. Mais à cette époque on duit un acide puissant l'acide sulfurique H2SO¹.
croyait qu'un radical composé est nécessairement Un fait du même ordre, mais plus frappant en-
un corps isolable ayant une existence propre. core, s'observe avec l'hydrogène phosphoré PHI³.
L'hypothèse de Dulong, faisant prévoir une multi- Non-seulement ce corps n'est pas acide, mais en-
tude de radicaux jusque-là inconnus, fut considé- core il est légèrement basique à la manière de
rée comme devançant par trop l'expérience et l'ammoniaque. Y ajoute-t-on 02, un de ses trois
abandonnée, sans qu'il fût cependant possible de atomes d'hydrogène devient remplaçable par les
la démontrer fausse. C'est par ces considérations métaux , on a l'acide hypophosphoreux, PH³Qª.
que M. Dumas l'écartait en 1836 dans son cours Lorsqu'on y ajoute un troisième O , deux atomes
de Philosophie chimique professé au Collège de d'hydrogène deviennent remplaçables par les mé-
France. taux, on a l'acide phosphoreux , PH3O3. Eufin ,
Les choses en restèrent là jusqu'à Gerhardt. Ce avec O , les trois atomes d'hydrogène deviennent
chimiste, ayant été conduit par des considérations remplaçables . On a l'acide phosphorique, PH3O .
tirées de la chimie organique à doubler le poids Dans l'acide acétique que nous avons cité plus
atomique de l'oxygène et à rapporter tous les haut comme exemple, un seul atome d'hydrogène
corps à 2 volumes de vapeur, reconnut que les était remplaçable; dans l'acide sulfurique, il y en
acides monoatomiques ne renferment point les avait deux ; dans l'acide phosphorique il y en a
éléments d'une molécule d'eau. Dès lors il fallait trois. On a donné le nom de basicité à cette pro-
nécessairement les considérer comme un tout priété qu'ont les acides de renfermer un, deux,
renfermant de l'hydrogène remplaçable par les trois... atomes d'hydrogène remplaçables par les
métaux. C'est la définition qui règne encore au- métaux.
jourd'hui. Outre l'hydrogène remplaçable par les métaux,
Pour nous, les acides sont des composés hydro- les acides peuvent contenir de l'hydrogène qui ,
génés dans lesquels l'hydrogène est uni à un ra- tout en étant en dehors du radical , ne soit pas
dical électro - négatif. On les reconnaît surtout à remplaçable par les métaux, mais seulement par
l'action qu'ils exercent sur les hydrates basiques, les radicaux négatifs ; l'acide phosphoreux en
action qui consiste en une double décomposition offre un exemple. Le potassium ne peut se substi-
ayant pour résultat une production d'eau et la tuer qu'à deux seulement de ses atomes d'hydro-
substitution d'un métal à l'hydrogène : gène, mais le troisième atome d'hydrogène peut
être facilement remplacé par l'éthyle . Cet hydro-
C2113 02.H + KHO = C² H³ 02. K + H2O. gène remplaçable par des radicaux négatifs ou
Acide Hydrate Acétate Eau.
acétique. de potassium. de potassium. faiblement positifs a reçu le nom d'hydrogène
typique non basique des acides.
Cette réaction cependant à elle seule ne suffirait Tout acide qui renferme plusieurs H typiques
point à caractériser les acides. D'autres corps la est dit polyatomique (mono, di, tri , tétra,... ato-
possèdent également, les phénols par exemple. mique). Tout acide qui renferme plusieurs H ba-
Nous y joindrons ce caractère de pouvoir fournir siques est dit polybasique (mono , bi , tri , tétra,...
un chlorure qui en dérive par la substitution de basique). Lorsque le nombre des hydrogènes ty-
Cl à OH et qui est susceptible, lorsqu'on le traite piques des acides est le même que celui de leurs
par l'eau, de reproduire l'acide primitif en même hydrogènes basiques, on dit que leur basicité
temps que de l'acide chlorhydrique se dégage : égale leur atomicité. Ainsi l'acide phosphorique
AzOCl + H2O = HCl + Az O. OH. PH³ O est à la fois triatomique et tribasique.
Chlorure Eau. Acide Acide Dans le cas contraire, on dit que l'atomicité dé-
de nitrosyle. chlorhydrique. azoteux. passe la basicité ; l'acide phosphoreux, par exem-
ple, PH3O3 , est triatomique et bibasique.
On explique la propriété qu'ont les acides Les acides qui renferment les éléments d'une
d'échanger leur hydrogène contre un métal par ou de plusieurs molécules d'eau peuvent, sous
voie de double décomposition , par les propriétés certaines influences, se déshydrater et donner de
électro-négatives de leur radical et par les pro- nouveaux corps appelés anhydrides . Quand ces
priétés électro - positives du radical contenu dans anhydrides renferment encore de l'hydrogène
l'hydrate, propriétés qui communiquent à ces typique , ils fonctionnent comme acides , mais
deux radicaux une puissante affinité l'un pour leur atomicité diffère de celle de l'acide primitif
l'autre. Or, ainsi que M. Dumas l'établissait il y par 2n , n étant le nombre des molécules d'eau
a vingt ans, dans un mélange quelconque, les éliminées. Il y a cependant quelques exceptions à
affinités fortes se satisfont d'abord et laissent les cette règle. Lorsque le radical d'un acide est lui-
affinités faibles se satisfaire comme elles peuvent. même hydrogéné, l'hydrogène peut lui être par-
Appliquant cette règle à l'exemple ci-dessus, on se tiellement emprunté, et les acides obtenus par
rend très-bien compte de la réaction. Le résidu déshydratation ne sont inférieurs que d'une unité
ACIDES. - 51 ACIDES.
aux acides générateurs au point de vue de l'ato- 5. Lorsqu'on leur fait perdre CO2, ils perdent
micité. Ainsi, l'acide citrique C6H8O7 tétrato- par cela même la seule atomicité qu'ils possèdent
mique donne, en perdant H2O, l'acide aconitique et donnent un hydrocarbure :
C6H6 06 qui, au lieu d'être diatomique, est en-
core triatomique. C2 H+ O2 = CO2 + CH'.
Les acides organiques peuvent, sous certaines Acide Anhydride Gaz
influences, perdre de l'anhydride carbonique CO2. acétique. carbonique. des marais.
On observe dans ce cas qu'ils perdent une atomi-
cité basique. Ainsi, lorsqu'on enlève CO² à l'acide Les principaux acides monoatomiques connus,
aconitique qui est triatomique et tribasique, on en chimie inorganique, sont les acides chlorhy-
a l'acide itaconique C5 H60', qui est seulement drique, bromhydrique, iodhydrique, cyanhydri-
diatomique et bibasique. De même lorsqu'on en- que, hypochloreux, chloreux, chlorique, perchlo-
lève CO2 à l'acide salicylique C7 H6 O3, qui est rique , hypobromeux , bromique , perbromique ,
diatomique et monobasique, on obtient le phénol iodique, periodique, azoteux, azotique, métaphos-
CHO, corps qui est encore monoatomique, mais phorique, métaarsénique et antimonique. Les aci-
qui ne renferme plus d'hydrogène basique, qui des organiques à 2 atomes d'oxygène appartien-
n'est plus acide en un mot. nent également à cette catégorie.
On connaît actuellement des acides monoato- ACIDES DIATOMIQUES. - Ils peuvent être mono ou
miques ; des acides diatomiques, les uns mono- bibasiques.
basiques, les autres bibasiques ; des acides triato- Acides diatomiques et monobasiques. 1. En
miques mono, bi ou tribasiques ; des acides qualité de monobasiques, ces acides forment une
tétratomiques de basicités diverses, et quelques seule série de sels. Ainsi, il n'existe qu'une classe
acides d'une atomicité supérieure à 4. Nous pas- de lactates : les lactates neutres , C3H5O3 M.
serons en revue les caractères distinctifs de ces 2. Par substitution de 2 Cl à 2OH, ils peuvent
principaux groupes d'acides. donner un chlorure qui, lorsqu'on le traite par
ACIDES MONOATOMIQUES. - Ils sont nécessaire- l'eau, échange un seul Cl contre un OH, et fournit
ment monobasiques, l'atomicité pouvant dépasser ainsi un acide monoatomique chloré. La molécule
la basicité sans que jamais l'inverse puisse avoir de ce chlorure renferme toujours deux atomes de
chlore :
lieu, ainsi que cela ressort de la définition même
de l'atomicité et de la basicité. Les caractères de C3H6O320H † 2 Cl - = C3 H4O C12.
ces acides sont les suivants : Acide lactique . Chlorure de lactyle.
1. Ils forment une seule série de vrais sels,
produits de la substitution d'un atome de métal C3H OC12H2O = C³ H+ CIO.OH + HCl.
à H. Ainsi, l'on ne connaît qu'un seul groupe d'a- Chlorure Eau. Acide Acide
zotates, Az O³ M , etc. Il existe, il est vrai, des sels de lactyle. chloropropionique. chlorhydr.
acides dérivés d'acides monoatomiques, comme
les biacétates C2H3 M O2, C2 HO2 ; mais ces corps 3. A ces acides correspondent deux monamides
isomères : l'une acide , l'autre neutre ( voyez
ne peuvent pas être envisagés comme de vraies
combinaisons atomiques ; ce sont plutôt des sels AMIDES) . On conçoit aussi qu'ils puissent fournir
neutres qui renferment une molécule d'acide des diamides , mais aucun de ces corps n'est connu
combinée avec eux probablement au même titre jusqu'à ce jour.
que l'eau de cristallisation avec les sels . 4. Ils fournissent trois éthers : l'un dialcoolique
2. A chacun de ces acides correspond un chlo- résultant de la substitution de deux radicaux al-
rure qui peut le régénérer sous l'influence de cooliques à l'hydrogène , le second monoalcoolique
l'eau, et qui renferme un seul atome de chlore. acide résultant du remplacement de l'hydrogène
Ce chlorure dérive de l'acide générateur par sub- non basique par un radical d'alcool ; le dernier
stitution de Cl à OH : monoalcoolique neutre provenant d'une substitu-
tion analogue opérée sur l'hydrogène basique.
C2H4O2 - OH + CIC2H3 O. Cl . 5. On connait aussi des composés dérivés de ces
Acide acétique. Chlore. Chlorure d'acétyle . acides par la substitution d'un radical d'alcool à
3. Ces acides ne peuvent donner qu'une seule l'hydrogène basique et d'un radical d'acide à l'hy-
amide et ne forment avec les radicaux alcooliques drogène typique non basique. Exemple, le lacto-
qu'une seule classe d'éthers. butyrate d'éthyle :
4. Ne renfermant pas les éléments d'une molé- (C2H4) CO. OCO 2H5
cule d'ean, ils ne peuvent former d'anhydride OCHT .
qu'en se doublant eux-mêmes :
6. Ils forment un seul anhydride qui ne ren-
C2 H
H3³O ferme plus d'hydrogène typique et qui peut être
2 (C2H300) = H2O + CO C² O) .
obtenu directement par l'action des agents déshy-
Acide acétique. Eau . Anhydride acétique . dratants. La molécule ne se double pas dans la
formation de cet anhydride :
Il en résulte que les deux molécules qui s'unissent
en perdant H2O peuvent appartenir à deux acides C3H6O3 = H2O + C3H + O2.
différents, ce qui donne des anhydrides mixtes : Acide Eau. Anhydride
C2H3O 0 + C HO 0 - C2H3O lactique. lactique (Lactide).
H C+H7O 0+ H2O. 7. Par élimination de CO2 , toutes les fois
Acide Acide Anhydride Eau. qu'une telle élimination est possible, ils fournis-
acétique. butyrique. acétobutyrique. sent des corps qui renferment encore de l'hydro-
Ces anhydrides ne peuvent jamais s'obtenir gène typique, mais qui ne renferment plus d'hy-
par le seul effet des agents déshydratants, mais drogène basique. Ainsi, en perdant CO2, l'acide
seulement par des réactions détournées qui con- salicylique se convertit en phénol.
sistent à faire agir les chlorures acides sur les 8. Dans des conditions favorables, plusieurs
molécules de ces acides s'unissent en éliminant
sels des mêmes acides : de l'eau et donnent des acides condensés . Tel est
C2H3Oì C2H3O 0 = KCl + C²H³O O. l'acide dilactique C6H10 O5 que M. Pelouze a ob-
K C2H3O tenu par l'action de la chaleur sur l'acide lactique.
Chlorure Acétate Chlorure Anhydride On ne connait aucun acide minéral qui appar-
d'acetyle. de potassium. de potassium. acétique. tienne à ce groupe. Tous ceux qui, en chimic or-
ACIDES . 52 ----- ACIDES .

ganique, dérivent des glycols par substitution de élimination d'eau et sans que la molécule sc
O à H², en font partie. Il en est de même de double :
ceux qui dérivent de corps moitié alcools moitié ( OH
(C+H+ O2)" ОН = H2O + (C * H *OO.
phénols, comme la saligénine. Eau.
Acides diatomiques et bibasiques . -1 . Ces acides Acide succinique. Anhydride succiniq.
forment deux séries de sels avec les métaux mo- Quand ils sont de nature organique et qu'ils
noatomiques, les uns neutres répondant à la for- perdent CO2, ils se convertissent en un acide
mule générale monoatomique et monobasique. S'ils perdent deux
OM' CO2, ils se transforment en un hydrocarbure :
A" OM
', CHCO CO.OH
.OH = CO2 + C6H5, CO. OH
les autres acides ayant pour formule
OM' Acide phtalique. Anhydride Acide benzoïque .
A" OH. carbonique.
CO . OH
Les sels neutres peuvent renfermer deux métaux C&H CO.OH = 2 CO2 C6H6.
différents. On a alors des sels doubles. Quelque- Acide phtalique. Anhydride Benzine.
fois les acides de ce groupe forment des sels té- carbonique.
tracides résultant de l'union d'une molécule d'un
sel acide et d'une molécule d'acide libre ; tel est 6. Ils peuvent s'unir soit à eux-mêmes, soit
à d'autres acides du même groupe ou d'un groupe
le quadroxalate de potassium : différent , en perdant H2O et en donnant nais-
SOK ОН sance à des acides condensés.
(CO²)" OH. (C202)" (ОН. Les acides sulfurique, sulfureux, hyposulfureux,
Ces sels ne peuvent point être considérés comme dithionique, trithionique , tétrathionique, sélé-
de vraies combinaisons atomiques. Ils sont aux nieux, sélénique, tellureux, telluriqué, diméta-
acides bibasiques ce que les sels acides sont aux phosphorique P2H206 , chromique , stannique
Sn H2O3, et tous les acides qui , en chimie orga-
acides monobasiques . nique, dérivent des glycols par substitution de O²
2. Ces acides peuvent subir la substitution de
deux Cl à deux OH. Ils donnent ainsi des chlo- à H , appartiennent à cette classe.
rures qui régénèrent l'acide primitif sous l'in- ACIDES TRIATOMIQUES. - Les acides triatomiques
fluence de l'eau : peuvent être mono, bi ou tribasiques. Les pro-
priétés générales de chacune de ces classes peu-
(C* H *O *} } CI + 2H2O vent être prévues, d'après ce qui précède .
Chlorure Eau. 1. Tous les acides triatomiques, lorsque leur
molécule est assez stable, fournissent un chlorure
de succinyle . qui en dérive par substitution de trois atomes de
ОН
== 2 HCl + (C¹ H+ O2 )" ) OH. chlore à trois atomes d'oxhydryle. Seulement lors-
Acide Acide succinique. qu'on traite ce chlorure par l'eau, il régénère
chlorhydrique. l'acide primitif si celui-ci est tribasique. Il
échange seulement deux Cl contre deux OH et
La molécule de ces chlorures renferme toujours donne un acide diatomique monochloré s'il dérive
deux atomes de chlore. d'un acide triatomique et bibasique. Il ne subit
Quelques acides fournissent en outre un chlo- qu'une seule fois cette substitution s'il correspond
rure où un seul atome de chlore est substitué à à un acide triatomique et monobasique :
l'oxhydryle. Ces derniers chlorures peuvent for-
mer des sels en échangeant H contre un métal. PO" C13 + 3H2O = (PO)'''(OH)33H Cl.
Ainsi, il existe des sels qui dérivent d'une chlor- Chlorure Eau. Acide Acide
hydrine chromique de phosphoryle . phosphorique. chlorhydrique.
(CrO2) (OHIОН C12
(C³ H³O)' ' 'C1³ + H²O = (C³ H³0) { CH + HCl.
Chlorure Eau. Acide Acide
Tel est le corps connu sous le nom impropre de de glycéryle . bichloropropionique. chlorhydr.
chromate de chlorure de potassium : L'acide phosphoreux fait pourtant exception à cette
OK règle. Son trichlorure échange tout son chlore
(CrO2)" Cl.
contre de l'oxhydryle, bien que cet acide ne soit
3. Ils donnent naissance à une monamide qui que bibasique. Mais en chimie organique cette
dérive de leur sel ammoniacal acide par élimina- règle est absolue.
tion de H2O et qui est acide ( voyez AMIDES) , et 2. Ces acides peuvent tous donner trois séries
une diamide neutre qui dérive du sel neutre d'éthers provenant du remplacement de un , deux
d'ammonium par perte de deux molécules d'eau . ou trois atomes d'hydrogène typique par des ra-
4. Ils fournissent deux éthers avec chaque al- dicaux d'alcool. Les éthers trialcooliques sont
cool monoatomique . L'un est acide et résulte.de toujours neutres, et les éthers di ou monoalcoo-
la substitution d'un radical d'alcool à un H ; l'au- liques toujours acides, lorsqu'ils dérivent d'acides
tre est neutre et résulte de la substitution de deux tribasiques. Dans le cas, aucontraire, où ils provien-
radicaux d'alcool à deux H. Ainsi , l'on connait le nent d'acides dont la basicité est inférieure à trois,
sulfate acide d'éthyle ils peuvent être neutres ou acides selon que le
OC2H5 radical d'alcool y est substitué à de l'hydrogène
(SO )" ОН basique ou à de l'hydrogène non basique. Ainsi
l'on connaît un malate diéthylique neutre, bien
et le sulfate neutre d'éthyle que l'acide malique soit triatomique.
3. Les acides tribasiques donnent trois amides
(SO2) OC2H5 dont une neutre et deux acides ( voyez AMIDES ).
OC2 H³. Les acides mono et bibasiques de cette série ne
Ils peuvent encore former des éthers mixtes con- donnent jamais de triamide comme leur triatomi-
tenant les radicaux de deux alcools différents . cité le ferait supposer, mais seulement des dia-
5. Ils donnent un anhydride par l'action directe mides neutres et des monamides acides s'ils sont
des agents déshydratants, au moins dans la plu- bibasiques, des monamides neutres s'ils sont mo-
part des cas. Cet anhydride se produit par simple nobasiques. Au moins jusqu'à ce jour n'a-t-on ob-
ACIDES. 53 - ACIDES .

tenu aucune triamide avec des acides triatomiques nettes. Ainsi l'acide tartrique devrait pouvoir don-
d'une basicité inférieure à trois. ner un tétrachlorure C+ H2O2 Cl , tandis qu'aucun
4. Les acides triatomiques forment deux anhy- corps de cette composition n'est connu.
drides : l'un directement et sans se doubler, l'autre ACIDES DONT L'ATOMICITÉ EST SUPÉRIEURE A QUATRE.
par doublement de leur molécule : - Certains acides triatomiques actuellement con-
ОН nus ne sont que les anhydrides d'acides normaux
(PO)" OH = H2O + ( PO)''' 10" pentatomiques qui n'existent pas . Ainsi l'acide
( ОН ( ОН. phosphorique
Acide Eau. Acide ОН
phosphorique. métaphosphorique (PO) OH
(ler anhydride (OH
phosphorique).
= H2O + P205. n'est que l'anhydride de l'acide normal inconnu
2 ( POOH) ОН
Acide Eau. 2e anhydride ОН
métaphosphorique. phosphorique. рон
Leurs premiers anhydrides fonctionnent tou- OH
jours comme acides dans le cas où les acides sont ОН .
tribasiques. Si leur basicité est moindre, ces an-
hydrides peuvent être acides ou neutres selon que On ne connaît jusqu'à ce jour aucun acide pen-
c'est l'hydrogène basique ou l'hydrogène non ba- tatomique , et les acides saccharique et malique
sique qui est éliminé. Toutefois cette dernière sont les seuls acides hexatomiques connus.
ACIDES CONDENSÉS. - Lorsque deux molécules
propriété n'est encore que théorique. On ne con-
nait jusqu'à ce jour aucun premier anhydride nant d'un acide monoatomique s'unissent en élimi-
neutre d'acide triatomique. de l'eau, le produit est un anhydride qui ne
5. Les acides triatomiques forment trois séries renferme plus d'hydrogène typique. Aussi ce
de sels s'ils sont tribasiques , deux s'ils sont bi- corps est-il incapable de perdre une seconde fois
basiques, une s'ils sont monobasiques. de l'hydrogène pour se combiner avec une nou-
6. Plusieurs molécules de ces acides s'unissent velle molécule d'acide, et la condensation s'arrête-
avec élimination d'eau et donnent des acides con- t-elle là.
densés : Lorsque, au contraire, ce sont des acides polya-
ОН tomiques qui s'unissent de la sorte, le produit
ОН PO OH d'une première condensation renferme encore de
PO OH O" l'hydrogène typique et fait fonction d'acide comme
2 ( pi (OH = H2O + ses générateurs. Le produit est alors capable de
PO OH perdre encore H et conséquemment de s'ad-
|ОН.
Acide Eau. Acide joindre de nouvelles molécules de l'acide simple
phosphorique. diphosphorique en éliminant H2O pour chacune d'elles. Il en ré-
(pyrophosphorique ). sulte que la condensation n'a aucune limite ail-
leurs que dans la stabilité des corps formés. La
L'acide phosphoreux , l'acide phosphorique, théorie de la saturation n'en laisse pas prévoir.
l'acide borique , et en chimie organique tous les Les acides condensés qui proviennent d'acides
acides dérivés des glycérines par substitution de diatomiques renferment autant d'hydrogène ty-
0,02 ou 0³ à H2, H ou H6 sont triatomiques. pique que les corps générateurs. Ceux qui pro-
Les anhydrides des acides dont l'atomicité est im- viennent d'acides d'une atomicité supérieure à
paire et supérieure à cinq pourraient être aussi deux en renferment un nombre qui va en croissant
triatomiques. avec chaque condensation suivant une progression
ACIDES TÉTRATOMIQUES. - On en connaît de té- régulière. Ex.:
trabasiques, comme l'acide silicique,
OH ( SO2) ( OH)2 (PO) ( OH)3 Si(OH)
Si ОН ОН
Acide
sulfurique.
Acide
phosphorique.
Acide
silicique.
OH, IV
(SO2 )2 (OH)2 (PO )2 ( OH ) Si2 ( OH)6
de tribasiques comme l'acide citrique Acide Acide Acide
CO.OH disulfurique. diphosphorique. disilicique
CO.OH (hypothét.que).
(C3H4)iv CO.OH
Он , (SO2)3( OH)2 (PO ) ( OH ) ( 1 ) ( OH)
Acide Acide Acide
de bibasiques comme l'acide tartrique trisulfurique triphosphorique trisilicique
CO.OH (hypothétique ). ( hypothétique ) . (hypothétique)
CO.OH L'hydrogène L'hydrogène L'hydrogène
(C2H2) V OH reste constant. croît d'une unité croît de
à chaque deux unités
ОН , condensation. à chaque
et de monobasiques comme l'acide gallique condensation.
CO.OH THEORIE DES acides. Nous l'avons déjà dit, les
OH acides résultent de l'union de l'hydrogène avec un
(CGH ) ОН radical fortement électro - négatif. Il résulte de
ОН , cette définition même que les conditions qui peu-
vent donner naissance à des acides varient avec la
On pourrait répéter, au sujet des propriétés de nature des éléments que ces acides contiennent.
ces acides, des remarques semblables à celles que Les éléments sont-ils assez fortement négatifs ,
nous avons faites sur les classes précédentes . leur simple union avec l'hydrogène peut commu-
Nous ne le ferons cependant pas, parce que, vu
niquer à ce dernier des propriétés acides. C'est
la complication de leur molécule, ces acides sont ce que nous voyons se produire avec le chlore, le
moins stables et donnent des réactions moins
brome et l'iode qui, en s'unissant à l'hydrogène,
ACIDES. -- 54 ACIDES.
forment les acides chlorhydrique , bromhydrique sance à plusieurs acides, tous de même atomicité
et indhydrique. que lui, mais d'une basicité variable suivant la
D'autres fois, les éléments ne sont point assez quantité d'oxygène de substitution qu'ils con-
négatifs pour rendre directement l'hydrogène basi- tiennent.
que. Dans ce cas , il faut , pour qu'un acide se Les figures suivantes représentent la constitu-
produise, qu'un nouvel élément intervienne et que tion de l'hydrure de propyle , de l'alcool propy-
l'hydrogène soit attaché à l'élément fondamental lique, du propyl -glycol, de l'acide propionique , de
par l'intermédiaire de l'oxygène ou d'un de ses l'acide lactique et de l'acide malonique. L'hydro-
congénères comme dans l'acide silicique gène basique y est marqué du signe et l'hydro-
OH gène alcoolique du signe -:
H-
Si ОН
ОН H ዕ
OH.
H H-C-H H-C-H
D'autres fois encore, il faut, pour acidifier l'hy- H-C-H H-C-H H-C-H
drogène, que la molécule du composé renferme
plus d'atomes d'oxygène ou d'un de ses congénères H-C-H H-C-H B-C-H
qu'elle ne contient d'hydrogène basique. Ainsi, H-C-H ό
avec le phosphore , l'addition de 3 O à l'hydrogène
phosphoré PH3 ne fournit qu'un acide bibasique , н H- μ-
et il faut un quatrième atome d'oxygène pour Hydrure Alcool Propyl-
rendre basique le troisième atome d'hydrogène. de propyle. propylique. glycol.
Les acides ont donc une constitution variable (OH+ SOH + ( OH+
suivant l'élément qui les donne. On a surtout Co Co" Cio"
bien étudié les lois qui président à la constitu- CH2 CH2 CH
tion des acides organiques , c'est-à-dire des acides
du carbone. COH+ CLH2OH CH3
Dans les carbures d'hydrogène , l'hydrogène Acide Acide Acide
est directement uni au carbone. Lorsqu'un atome malonique. lactique. propionique.
d'hydrogène s'élimine, il peut être remplacé par
de l'oxygène qui se fixe sur le carbone par une de On y voit comment il se fait que l'acide lac-
ses atomicités, tandis que par l'autre il se soude à tique est diatomique et monobasique, tandis que
l'hydrogène éliminé, comme l'exprime la formule l'acide malonique est à la fois diatomique et biba-
H3 sique.
ОН. Cette théorie se vérifie dans tous les cas, à l'ex-
Alcool méthylique. ception d'un seul, celui de l'acide carbonique.
Mais, chose remarquable , cette exception tourne
L'hydrogène ainsi uni au carbone par l'intermé- encore à l'avantage de la théorie.
diaire de l'oxygène est déjà plus facile à rempla- L'acide carbonique CH2O3 est bibasique. Or
cer que celui qui tient au carbone. C'est lui que cet acide dérive du méthyl-glycol inconnu CHO²
nous avons appelé jusqu'ici hydrogène typique par substitution de O" à H2. Il devrait donc être
non basique, ou hydrogène alcoolique. Les corps seulement monobasique comme ses homologues,
qui contiennent de l'hydrogène rendu typique par les acides glycolique et lactique. L'anomalie s'ex-
un tel mécanisme sont des alcools. Ainsi le plique cependant aisément.
propyl-glycol et le propyl-alcool peuvent être re- En effet, d'après la loi , pour qu'un acide soit
présentés par les formules : bibasique, il faut que chaque oxhydryle ait un
H oxygène dans son voisinage. En fait, cela conduit,
dans tous les cas , moins celui de l'acide carbo-
H ዕ nique, à dire qu'il faut autant d'oxygènes de sub-
H-C-H н-С-H stitution qu'il y a d'hydrogènes basiques, puisque,
1 par ce moyen seulement, la première condition
H-C-H H-C-H
peut être remplie.
H-ċ-n H-C-II Avec l'acide carbonique le cas est différent. Le
ό méthyl-glycol
OH
H H CH2
Propyl-alcool. Propyl-glycol. ОН
Pour que l'hydrogène typique devienne basique, a ses deux oxhydryles attachés à un seul et même
il faut que, dans son voisinage le plus prochain, un atome de carbone. Il en résulte que si l'on y rem-
second atome d'oxygène vienne se substituer à place H2 par O'' , les deux (OH) sont tous deux voi-
deux atomes d'hydrogène directement unis au sins de cet oxygène et par conséquent rendus ba-
carbone. On conçoit, d'après cela, que si, dans un siques. On a en effet
alcool polyatomique, la substitution se fait seule- OH
ment dans le voisinage d'un hydrogène typique et CO"
non dans le voisinage des autres , celui-là seul , ОН.
dans le voisinage duquel cette substitution s'o-
père, acquiert des propriétés basiques. Pour trans- En un mot , si dans l'acide carbonique, et dans
former tous les hydrogènes typiques en hydro- cet acide seulement, un seul atome d'oxygène
gènes basiques, il faut donc introduire autant de substitution rend deux hydrogènes basiques,
d'atomes d'oxygène de substitution qu'il y a c'est que c'est le seul corps carboné où un seul
d'atomes d'hydrogène typique. atome d'oxygène substitué se trouve dans le voi-
Lorsqu'on introduit une quantité moindre d'oxy- sinage de deux groupes (OH) .
gène de substitution dans la molécule , l'atomicité La théorie que nous venons d'esquisser relati-
de l'acide reste égale à celle de l'alcool , mais le de- vement à la constitution des acides organiques a
gré de sa basicité est déterminé par le nombre des été pour la première fois exprimée par M. Wurtz ,
atomes d'oxygène substitués. Cela explique com- lequel a reconnu que les propriétés basiques de
ment un alcool polyatomique peut donner nais- l'hydrogène des acides croissaient avec l'oxygène
ACIDIMÉTRIE. - 55 - ACIER.
renfermé dans leur radical. M. Kekulé l'a systé- souder. Enfin le métal qui renferme plus de
matisée, en ajoutant que la basicité est égale au 19 millièmes de carbone n'est plus malléable à
nombre d'atomes d'oxygène substitué ( voyez BA- chaud.
SICITÉ). A. N. La trempe communique toujours un peu d'ai-
ACIDIMÉTRIE. - Voyez ANALYSE VOLUME- greur à l'acier ; le recuit lui enlève cette fâcheuse
TRIQUE. propriété tout en lui conservant de la dureté ; le
ACIER. - L'acier est un composé de fer et meilleur acier est d'ailleurs celui qui ne perd sa
de carbone, durcissant par la trempe et suscep- dureté que par un recuit très-intense. Pour pro-
tible d'acquérir par un recuit convenable de portionner la dureté de l'acier aux usages aux-
l'élasticité et de la souplesse saus perdre toute quels on le destine , on le polit après l'avoir
sa dureté. L'acier, moins carburé que la fonte, trempé, puis on lui fait subir un recuit partiel.
l'est plus que le fer ; en effet, l'acier le plus fu- On utilise, pour apprécier la température du re-
sible renferme 1,9 pour 100 de poids de carbone cuit, la propriété que possède le métal de se co-
et l'acier le plus doux en contient 0,6 pour 100. lorer par suite d'une oxydation superficielle.
Les corps étrangers que l'on rencontre le plus L'acier chauffé successivement devient d'abord
souvent dans l'acier sont, comme pour la fonte et d'un jaune paille, passe au jaune doré, puis au
le fer, le silicium, l'azote, le soufre, le phosphore, pourpre, au violet, au bleu clair, au bleu foncé
l'arsenic et le manganèse. Ces corps , en l'absence et enfin au bleu noir. D'après la qualité de l'acier
du carbone , ne forment pas avec le fer de véri- et la nature des objets , on recuit jusqu'à telle ou
tables aciers ; un fer riche en silicium est mal- telle couleur. Les instruments destinés à travail-
léable et la trempe ne le durcit pas ; un fer azoté ler le fer se recuisent au jaune ; ceux destinés à
est cassant et même friable ; un fer combiné à mordre sur les métaux moins durs se recuisent
une petite quantité de soufre, de phosphore ou au jaune doré ; on doit aller jusqu'au pourpre
d'arsenic , est dur et cassant, la trempe et le recuit pour les couteaux, au violet et au bleu pour les
n'en modifient pas la dureté ; enfin le manganèse ressorts de montre, et au bleu noir pour les scies
communique au fer pur les qualités des meilleurs fines et les forets.
fers doux. Les propriétés de l'acier sont profon- La densité de l'acier oscille entre 7,2 et 7,9. Le
dément altérées par des quantités très-faibles de durcissement de l'acier par la trempe est accom-
ces corps lorsque, comme le silicium et le soufre, pagné, ainsi que l'a reconnu Réaumur, d'une di-
ils peuvent presque entièrement déplacer le car- minution notable de sa densité. M. Caron a con-
bone sous l'influence de la chaleur. Ces deux staté que la densité de l'acier diminue avec le
métalloides rendent les aciers cassants soit à nombre des trempes qu'on lui fait subir. La cas-
froid, soit à chaud ; mais ils ne décèlent pas im- sure de l'acier est unie, grenue et d'une couleur
médiatement leurs défauts lorsqu'ils ont été tra- plus claire que celle du fer. Le grain de l'acier
vaillés avec habileté : plusieurs chaudes succes- devient plus fin par le martelage et la trempe.
sives les altèrent toujours en déterminant le L'importance de l'industrie qui a pour objet la
départ d'une partie du carbone que la présence fabrication des aciers s'accroît chaque jour. L'amé-
du silicium ou du soufre empêche de rentrer en lioration de la qualité des aciers produits et l'abais-
dissolution par un martelage énergique, opération sement du prix pour une qualité égale témoignent
qui contre-balance les effets destructeurs de la des progrès de cette branche importante de la
chaleur sur un acier exempt de ces impuretés . métallurgie dont les origines se perdent dans
Au contraire , les corps qui s'allient au fer et l'Inde, où se fabrique aujourd'hui, par les procé-
au carbone peuvent exister dans un acier de qua- dés d'autrefois, l'acier Wootz , véritable type des
lité supérieure. Le manganèse surtout, par sa aciers fins. L'avancement de l'industrie de l'acier
grande affinité pour le carbone, retient ce corps est dù au génie inventif des peuples européens,
à l'état de combinaison et donne par suite au et la France y concourut la première par des re-
métal des qualités qui le font rechercher. Cette cherches scientifiques ; car ce sont les remar-
affinité du manganèse , jointe à la propriété fort quables travaux de Réaumur qui établirent que
intéressante qu'il possède à un haut degré le principe aciérant est le charbon pur et que
d'entrainer, en se scorifiant , le soufre et le l'acier est simplement un intermédiaire entre le
silicium qui souillent les minerais et les fontes, fer et la fonte.
explique comment les minerais et les fontes man- Depuis une longue suite de siècles, on fabrique
ganésifères donnent de bons aciers. L'affinité du de l'acier dit naturel par des procédés identiques
fer pour le charbon est donc assez faible et peut à ceux usités pour la fabrication du fer au bois,
ètre puissamment modifiée par l'introduction d'une et depuis 1630 on convertit en acier le fer en
substance étrangère. barres en le chauffant à la température de la fu-
Le carbone de l'acier est plus ou moins intime- sion du cuivre dans un lit de charbon . L'acier
ment combiné au fer, car tantôt les acides dis- obtenu par ce procédé est appelé acier de cémen-
solvent en même temps les deux corps, tantôt ces tation. La phase suivante de cette industrie est
mêmes réactifs laissent un résidu charbonneux celle de l'acier fondu, inaugurée en 1740 à Schef-
insoluble. Les qualités qui constituent l'acier field par Benjamin Huntsman, le créateur des
croissent en même temps qu'augmente la pro- aciéries du Yorkshire. L'emploi des combustibles
portion de carbone combiné soluble dans les minéraux dans l'affinage de la fonte pour acier,
acides. Le martelage et surtout la trempe favo- mis à l'étude en 1838 par le célèbre métallurgiste
risent cette combinaison intime des deux élé- Karsten, fournit aujourd'hui d'une manière cou-
ments. rante l'acier dit puddle. Enfin, depuis quelques
Les effets de la trempe et du recuit sont en rap- années, la conversion de la fonte en acier se fait
port avec le degré de carburation du métal . Un aussi par le procédé de M. Bessemer, qui permet
métal que la trempe durcit assez pour étinceler d'élaborer en quelques minutes plusieurs tonnes
sous le briquet renferme au moins 6 millièmes d'un acier connu sous le nom d'acier ou de métal
de carbone, et l'acier qui acquiert par la trempe Bessemer.
le maximum de dureté et de ténacité en renferme FABRICATION DE L'ACIER NATUREL. - - 1º Affinage
10 à 15 millièmes. Lorsque la proportion de car- de la fonte pour acier au charbon de bois.
bone excède cette dernière limite, le métal gagne Les fontes qu'on traite pour acier au bas foyer
en dureté, mais aux dépens de la ténacité et de sont les fontes blanches grenues très-pures ou
la soudabilité . Avec 18 millièmes de carbone, les fontes spéculaires ; ces dernières , toujours
l'acier peut encore être travaillé et martelé ; il est très-cristallines , possèdent une forte teneur en
très-dur , très-tenace , mais il ne peut plus se carbone et en manganèse. La fonte s'affine sous
ACIER. - 56 - ACIER.

le vent de la tuyère en restant couverte d'une le foyer catalan, on doit mentionner la présence
couche d'environ 6 centimètres de scories moins d'une forte proportion de manganèse dans le mi-
riches en oxyde de fer que dans l'affinage pour nerai. L'oxyde de manganèse forme une scorie
fer. On se règle pour la rapidité et le poids des très-fluide qui garantit de l'oxydation l'acier déjà
charges sur la consistance du métal et sur la formé. Le fer aciéreux se trouve ordinairement à
nature des scories. La masse métallique doit la partie supérieure du massé. Le cinglage se fait
conserver pendant toute la durée de l'affinage la comme pour le fer. Les barres d'acier obtenues
consistance du beurre; elle ne subit aucun bras- par le cinglage sont trempées ; elles doivent être
sage , ni aucun soulèvement. La loupe extraite triées et affinées.
du four est martelée en forme de plaque et 3° Affinage de la fonte au feu Rivois. Dans la
divisée en huit morceaux. Le réchauffage des méthode rivoise appliquée aux fontes de l'Isère,
morceaux se fait pendant l'opération suivante on décarbure la surface d'un bain de fonte liquide
dans le foyer même, ou mieux dans un foyer spé- contenu dans un creuset brasqué , en dirigeant
cial, et chacun de ces fragments est étiré en forme sur le métal le vent d'une tuyère à axe mobile et
de barre. en ajoutant des scories riches en oxyde de fer.
2º Extraction directe de l'acier d'un minerai De temps en temps on peut retirer du bain le
de fer par la méthode catalane. La fabrication métal qui se solidifie sous la forme de boules de
de l'acier naturel s'effectue également dans les 20 à 30 kilogrammes . Ces boules sont souvent
forges catalanes. Le travail en acier naturel exige ferrugineuses et quelquefois incomplétement dé-
qu'on favorise la carburation du fer et qu'on en carburées. En allure ordinaire, la méthode rivoise
prévienne ensuite la décarburation . On satisfait ne donne pas plus de 40 pour 100 d'acier moyen-
à ces deux conditions en employant une forte nement dur. La majeure partie des produits se
proportion de charbon de bois dense, en faisant compose d'aciers doux, qui ne conviennent qu'à
constamment écouler les scories basiques qui la fabrication des instruments agricoles. Le ré-
s'accumulent au fond du foyer et en donnant peu chauffage des boules se fait dans un four soufflé,
de vent à la fin de l'opération . Parmi les circon- voûté et alimenté par de la houille.
stances qui facilitent la production de l'acier dans FABRICATION DE L'ACIER PUDDLE. Les fontes

Fig. 3. Four bouillant pour le puddlage de l'acier.

destinées au puddlage pour acier doivent être sont toujours bibasiques. Dans le puddlage pour
manganésifères et très-riches en carbone . Le pud- acier, le brassage favorise la formation et la réu-
dlage se fait dans un four bouillant sur une sole nion de grains solides d'acier en grumeaux blancs
formée avec des scories riches et des crasses de ressemblant à des choux-fleurs. On commence la
marteau. La conservation du four exige l'emploi formation des loupes dans une atmosphère réduc-
de parois en fonte refroidies par un courant d'eau trice plutôt qu'oxydante, dès que les scories de-
pour le pourtour de la sole, qui doit être assez viennent d'un blanc jaunâtre, se collent au rin-
mince pour que les scories qui la forment ne se gard, présentent à l'air des points étincelants
liquéfient pas, et assez profonde pour que les nombreux, et que le crochet du puddleur trouve
flammes n'agissent pas avec trop d'énergie sur le une grande résistance à se mouvoir dans le four.
bain métallique. On commence la charge du four Les 180 kilogrammes d'acier formés à chaque pud-
dès que la sole a acquis assez de cohésion pour dlage sont divisés en 6 loupes du poids de 30 ki-
résister au frottement d'un ringard. La fusion de logrammes qu'on cingle immédiatement. Les lou-
la charge effectuée, on brasse le bain avec un pes sont réchauffées dans un four de chaufferie à
crochet introduit par une petite ouverture ména- la houille ou mieux sur la sole du four à puddler
gée à la porte de travail, tandis qu'on projette dans pendant la fusion d'une charge, ainsi que nous
le four des scories riches en oxyde de fer, du bi- l'avons vu pratiquer dans la magnifique aciérie
oxyde de manganèse et du sel marin ou du spath de M. Holtzer, à Firminy-Unieux. Au sortir du
fluor : la fonte s'épure, puis se décarbure partiel- four les loupes réchauffées sont étirées au mar-
lement sous la nappe des scories ferrugineuses et teau.
manganésifères. D'après M. Gruner, ces scories FABRICATION DE L'ACIER CEMENTÉ. - La cémen-
ACIER. 57 — ACIER.
tation du fer s'effectue dans des caisses en bri- plus au fer qu'à une température voisine de la
ques disposées dans un four particulier consacré fusion de ce métal.
à cet usage. Les barres de fer y sont rangées par La présence constante d'une très-petite quan-
lits avec le cément. Le fer que l'on soumet à la tité d'azote soit dans le fer soumis à la cémenta-
cémentation doit être en barres plates, de 4 à 6 tion, soit dans la fonte soumise à l'affinage, n'est
cent. de large sur 1 à 1,5 cent . d'épaisseur. Un pas nécessaire à la constitution de l'acier, et n'est
bon acier de cémentation ne s'obtient qu'avec pas même indispensable à l'aciération, ainsi qu'une
des fers purs et bien corroyés : les aciers des belle expérience de M. Fremy a permis de le
premières marques, tant en France qu'en Angle- prouver. En effet, ce chimiste ayant fait voir que
terre, ne sont guère obtenus qu'avec les meil- l'hydrogène pur et sec chasse complétement l'azote
leurs fers de Suède. Le cément est formé par du fer, de la fonte et de l'acier à l'état d'ammo-
du charbon de bois en poudre grossière. On niaque, M. Caron a pu constater que l'acier, dé-
a longtemps, d'après les conseils de Réaumur, barrassé des traces d'azote qu'on y rencontre
fait entrer le sel marin dans la composition du presque toujours , ne perd aucune de ses pro-
cément. La suie, le cuir, le carbonate de baryte, priétés caractéristiques, et que le fer privé d'azote
associés au charbon, constituent un cément puis- se cémente dans un courant d'hydrogène proto-
sant. Le charbon qui a déjà servi à une cémen- carboné pur. Enfin , M. Margueritte a réalisé des
tation n'acière plus le fer que lentement : toutes cémentations également sans azote par le carbone
choses égales, d'ailleurs le charbon de bois le plus pur et par l'oxyde de carbone. La théorie qui fait
dense est celui qui acière avec le plus de rapidité. de l'acier un azoto-carbure, introduite dans la
Enfin, le charbon animal est un des céments les
plus énergiques.
Les barres de fer, après une cémentation de
10 à 20 jours, présentent à leur surface de petites
soufflures ou ampoules dépendant de la présence
d'une petite quantité de scories dans le fer. Cet X-
acier ne peut être employé qu'après fusion ou
corroyage.
La cémentation des objets confectionnés en fer,
connue depuis longtemps, sous le nom de trempe Z
en paquet, s'effectue toujours avec des céments
renfermant soit des matières animales, soit des
cyanures.
Le fer en lames minces, chauffé 20 heures en
vase clos à la température de la fusion de l'or en
contact avec de la tournure grossière de fonte
2222
grise, se transforme en un acier d'un grain ma-
gnifique, d'après M. Cailletet. Le fer poli et cé-
menté par ce procédé conserverait son éclat et
n'offrirait pas une seule soufflure.
On peut également enlever du carbone à un
acier ou à une fonte solide . Ainsi , en chauffant
Ide l'acier avec de la limaille de fer, on désacière
assez pour faire acquérir à des instruments en
acier fondu la propriété de couper le fer sans se
grener.
Ainsi, la fonte chauffée au rouge vif dans de la
poussière d'hématite rouge, dans de la craie ou B C
dans des rognures de fer, perd du carbone et ac-
quiert de la malléabilité : elle se convertit en
fonte malleable. La découverte de la fonte mal-
léable est due à Réaumur, et c'est lui aussi qui
apprit à brûler, par l'acide carbonique, l'excès de
carbone des aciers intraitables. D
La cémentation, telle qu'elle se pratique indus-
triellement, paraît nécessiter non-seulement la
présence du charbon et de l'azote, mais encore
celle d'un alcali . Or, ces trois corps mis en pré-
sence un rouge forment au cyanure, et les cya-
nures sont, de tous les corps, ceux qui cémentent
le fer avec le plus de régularité et de promptitude.
Les cyanures n'agissent pas dans l'aciération en Fig. 4. Four de cémentation.
raison de l'azote qu'ils contiennent, mais seule-
ment comme véhicules du carbone. Cette propriété science par Schaffhaütl, de Munich, ne résiste donc
remarquable des cyanures serait due à une fixité pas à l'épreuve des faits : elle fut d'ailleurs aban-
qui leur permettrait de ne céder le carbone qu'ils donnée par son auteur lui-même. Il reste à de-
contiennent qu'à la température convenable à la mander à l'expérience la solution de la question
carburation. Ces corps partagent d'ailleurs cette suivante : Les fontes et les fers aciéreux sont-ils
propriété avec les autres corps carburés qui ré- plus riches en azote que les fers et les fontes
sistent au rouge : le gaz des marais donne, lors- avec lesquels on ne peut faire de bons aciers ?
qu'on ménage la température, des cémentations L'azote constaté qualitativement dans ces pro-
très-belles ; l'oxyde de carbone même cède du duits par la belle expérience de M. Fremy a été
charbon au fer. Le rôle du charbon lui-même dosé par MM . Marchand, Caron, Bouis, Bous-
n'est pas négligeable dans une longue cémenta- singault, Rammelsberg. Les recherches docima-
tion : le charbon de sucre et le diamant peuvent siques de ces savants montrent que la fonte con-
cémenter, d'après M. Margueritte. Seul, le char- tient plus d'azote que le fer et le fer plus que l'a-
bon, devenutrès- cohésif par une forte calcination, cier ; que les fontes et les fers français en con-
a perdu la faculté de cémenter : il ne se combine tiennent plus que les fontes à acier et les fers de
ACIER. 58 — ACIER.

Suède, et que les fontes lamelleuses les plus pro- d'une atmosphère . Pour faciliter les manoeuvres du
pres à la fabrication de l'acier n'en contiennent chargement et de la coulée, cet appareil est mo-
pas. Il est donc certain que l'azote n'est ni acié- bile autour d'un axe Z passant par son centre de
rant, ni indispensable pour transporter le carbone gravité. Le convertisseur , après avoir été porté
dans l'intérieur des barreaux de fer soumis à la au blanc , est rempli de fonte grise liquide et sa
cémentation. gueule est amenée sous une hotte en communi-
Les beaux travaux de M. Caron sur l'aciération cation avec une cheminée pendant qu'on donne
permettent d'apprécier l'importance relative des
différents agents de la carburation du fer dans la
trempe en paquet et même dans les caisses de
cémentation. En effet , en mettant hors de doute
que le fer chauffé avec du charbon sans alcali et
sans azote, ou sans l'un de ces deux corps, ne
s'assimile que des quantités très -faibles de car-
bone , et en restituant au cément épuisé toute
son énergie primitive en y ajoutant l'alcali qu'il a
perdu , M. Caron montre que les circonstances
d'une bonne cémentation industrielle se trouvent
être celles qui permettent la formation des cya-
nures. D'après le même expérimentateur, la ba-
ryte et la strontiane peuvent suppléer les alcalis ;
mais la chaux ne régénère pas un cément épuisé :
la chaux, comme on sait , ne forme pas de cya-
nure au rouge en présence du charbon et de
l'azote. Le cément doit donc vraisemblablement
son activité aux cyanures alcalins ou terreux qui
ne peuvent manquer de s'y produire, et partant,
si ces cyanures ne sont pas les agents exclusifs
de la cémentation industrielle , ils sont certaine-
ment de beaucoup les plus énergiques.
La nature des cyanures n'est pas sans influence
sur le temps et la profondeur de la cémentation .
Les cémentations superficielles et rapides s'ob-
tiennent en employant pour cément un mélange
de charbon et de savate brûlée : ici c'est le cyan- Be
hydrate d'ammoniaque qui cémente. Ce cyanhy-
drate , ainsi que le constate l'expérience directe , F
est un des agents les plus puissants de la carbu-
ration du fer, mais sa grande volatilité rendant Fig. 5. — Convertisseur Bessemer.
son action un peu éphémère , le carbone ne pé-
nètre pas profondément. Le cyanhydrate d'ammo- le vent. Le bain de fonte , traversé alors sur une
niaque joue un rôle, concurremment avec les
carbures d'hydrogène, dans les cémentations réali- épaisseur de 50 à 60 centimètres par de nombreux
sées dans le gaz de l'éclairage par Mac Intosch. Les filets d'air, fait entendre un clapotement sec qui
cémentations rapides n'ont trouvé jusqu'ici qu'une se transforme en quelques minutes en un bouil-
application restreinte, bornée aux objets que l'on lonnement sourd, pendant que l'appareil émet une
acière superficiellement. Les cémentations pro- flamme dont l'aspect indique à un œil exercé les
fondes s'obtiennent par le cyanure alcalin formé phases de la décarburation et le moment précis
aux dépens de la potasse d'un cément formé de où la fonte est transformée en un fer suraffiné et
charbon de bois et de suie ( 1). Les cémentations à brûlé. Ce produit transitoire obtenu, on supprime
cœur se réalisent rapidement avec un cément le vent et on ajoute au métal brûlé 7 % de son
formé de 3 p. de charbon et 1 p. de carbonate de poids de fonte manganésifère préalablement fon-
baryte , parce que la faible volatilité du cyanure due ( 1 ). Cette addition de fonte produit un bouil-
de baryum permet d'opérer à une température lonnement tumultueux de toute la masse liquide.
sensiblement plus élevée qu'avec le cément à base On coule, au bout de quelques secondes, le mé-
de potasse ou de soude. Ces mélanges ont le grave lange dans une poche de fonderie qui sert à dis-
inconvénient d'exposer à sacrifier la régularité du tribuer le métal dans des moules.
travail à sa rapidité. Les fontes grises qu'on affine par ce procédé
FABRICATION DE L'ACIER BESSEMER. Le procédé doivent renfermer 5 % environ de carbone et
de M. Bessemer est une méthode d'affinage four- 2 % de silicium et, au maximum , 0,0 % de
nissant directement et en quelques minutes de soufre. Leur teneur en manganèse ne doit pas
l'acier fondu par grandes masses . L'affinage s'exé- dépasser 1 % si l'on veut éviter les explosions
cute dans un appareil spécial, qui a reçu le nom qui accompagnent souvent un affinage tumultueux.
de convertisseur, espèce de cornue à col très-court La fonte d'addition est une fonte blanche miroi-
en tòle de fer garnie intérieurement d'un lut ré- tante renfermant 5 % de carbone, 0,5 % de
fractaire a, b, c, d. Le fond de la cornue est occupé silicium et de 5 à 10 % de manganèse. Ces fon-
par une sorte de bouchon mobile xx' logeant dans tes, au prix moyen de 18 fr. les 100 kilog., four-
son intérieur des tuyères ou canaux en terre réfrac- nissent un acier Bessemer brut à 30 fr. les
taire de 1 centimètre de diamètre qui amènent le 100 kilog. Le déchet est d'environ 15 % et chaque
vent d'une bonne soulierie sous une pression 1000 kilog. de fonte exige, par minute, l'injection
de 14 mètres cubes d'air pris à 15° et à la pres-
sion normale de 0,760.
(1 ) Le cément de Réaumur (charbon de bois et sel Au début de l'affinage Bessemer le silicium et
marin) porté à une haute température dans des caisses le manganèse sont les principaux aliments de la
perméables aux gaz du foyer toujours chargés de combustion qui s'établit au sein de la masse de
vapeur d'eau , sera un cément riche en soude, M. Fou-
qué ayant prouvé que le gaz aqueux décompose des
quantités notables de sel marin en soude et acide chlor- (1 ) En Suède on arrête l'affinage lorsque la fonte est
hydrique. arrivée au degré voulu de décarburation.
ACIER. 59 — ACIER.
fonte grise incandescente ; mais , après quelques sets ( 1 ) lorsqu'ils commencent à se ramollir par
minutes, le carbone et le fer sont en pleine com- la haute température développée dans le four. Un
bustion, soit directement , soit indirectement, four chauffé au coke , contenant 2 ou 4 creusets ,
comme dans toutes les méthodes d'affinage. La peut faire 3 coulées en 12 heures. Un four chauffé
température s'élève rapidement et l'oxyde
de carbone, produit en abondance, vient
brûler à la gueule du convertisseur ,
d'abord avec une flamme rougeâtre, puis
de plus en plus éclairante jusqu'à deve-
nir, au bout d'un quart d'heure environ,
d'un blanc éblouissant. La flamme se
déchire et tombe dès que la production
de l'oxyde de carbone se ralentit : cet état
de la flammecoincide avec un métal très-
chaud et chargé d'oxyde de fer. L'addi-
tion de la fonte miroitante faite à ce
moment réduit l'oxyde de fer, recarbure
le fer dans une proportion connue , et
par son manganèse donne au laitier une
grande fluidité et entraîne le soufre en
se scorifiant. Malgré l'abaissement de la
température déterminé par cette addi-
tion, nous avons pu constaterdans l'usine
de MM. Petin et Gaudet, à Assailly, que
le métal Bessemer , au moment où il
sort du convertisseur, est à une tempé-
rature bien supérieure à celle de la fu-
sion des aciers doux : le jet métallique
apporte à la rétine l'impression d'un
blanc éblouissant possédant cette nuance
violette que M. H. Sainte-Claire Deville
a signalée comme le caractère des tem-
pératures supérieures à 1800°.
L'affinage pneumatique de Bessemer,
installé comme à Assailly , permet de H
couler des pièces de 1 mètre cube d'une
manière courante. L'acier obtenu est de
composition constante , homogène et
exempt de soufflures ; il tient bien au
feu et présente une soudabilité plus Fig. 6. Fusion de l'acier au coke.
grande que les aciers fondus ordinaires.
FABRICATION DE L'ACIER WOOTZ.- On
le fabrique par fusion dans les Indes orientales : il à la houille, contenant 9 creusets, peut , avec un
possède des qualités qui le rendent préférable à chauffeur habile, faire 5 coulées en 24 heures.
tout autre acier. Le tungstène et le chrome seraient, La fusion de l'acier est amenée au point conve-
d'après quelques savants, les métaux auxquels cet nable pour la coulée lorsqu'une baguette d'acier,
acier devrait ses propriétés. Faraday a constaté plongée rapidement dans le creuset, en sort sans
que lorsqu'on chauffe de la fonte très-carburée étinceler. La coulée se fait en lingotières huilées
intimement mélangée avec de l'alumine, pendant ou mieux flambées à la flamme du goudron. Le
longtemps, à la température de la fusion du fer, poids des lingots peut varier depuis celui de l'a-
l'on obtient un culot renfermant de l'aluminium cier contenu dans un creuset jusqu'à celui de l'a-
qui ressemble au wootz et se damasquine sous cier fondu au même moment. On coule directement
l'influence des acides, comme l'acier indou . On se l'acier fondu des creusets dans la lingotière à
procure également cet acier en fondant 100 p. de moins que le lingot ne doive peser plus de 400
fer doux avec 2 p. de noir de fumée. Cette fusion kilog ; lorsqu'on atteint ce poids, il est presque
du fer et du charbon est pratiquée dans quelques toujours préférable de se servir de la poche des
usines pour fabriquer des aciers fondus : le fer fonderies de fonte. Dès que le lingot est coulé, on
est alors chauffé avec 1 à 2 % de charbon de bois pose dessus un morceau de fonte qui entre exac-
et 1 % de bioxyde de manganèse. Dans cette fa- tement dans la lingotière. L'effet de cet obturateur
brication de l'acier fondu, on a remplacé avec est de solidifier la surface qu'il touche et d'em-
avantage le charbon et le bioxyde de manganèse pêcher par là les gaz de s'échapper en produisant
par de la fonte miroitante manganésifère. Depuis un acier bulleux. Ce sont d'ailleurs les aciers
que l'on fond des aciers doux d'une manière doux dont la trempe modifie peu la dureté qui
courante, ce dernier mode de génération de l'acier sont les plus sujets à être dépréciés par des ca-
s'est beaucoup répandu. vités nombreuses. Les aciers bulleux sont, d'après
DE LA FUSION DE L'ACIER. La fusion de l'acier M. Caron, ceux qui, comme les aciers doux, se
s'effectue dans des creusets ou au four à réver- solidifient à la température à laquelle l'oxyde de
bère. fer dissous dans l'acier peut produire de l'oxyde
Les creusets à fondre l'acier exigent des soins de carbone aux dépens du charbon de l'alliage.
extrêmes dans leur fabrication : ils ne doivent L'acier très-carburé et les fontes qui sont plus
être recuits qu'après avoir séjourné au moins six fusibles rochent avant la solidification et, par
semaines dans un séchoir. Ces creusets ont 20 conséquent, ne présentent pas de soufflures.
cent. de diamètre et 50 à 60 cent. de hauteur; ils La fusion de l'acier au four à réverbère s'ef-
peuvent contenir de 20 à 40 kilog. d'acier. On les
chauffe à la houille ou au coke : à la houille ils
font 5 à 6 coulées, au coke ils ne font que 3 cou- (1) Dans les usines du bassin de la Loire on fabrique
un acier recherché pour les limes et les outils tranchants
lées. La charge formée de 20 kilog. d'acier en fondant l'acier dans des creusets avec 1 à 3 % de
cassé en fragments est introduite dans les creu- wolfram réduit.
ACONIQUE. - 60 — ACONITINE .
fectue parfaitement, comme l'a montré M. Sudre, il cristallise en tables rhomboidales ; il s'effleurit
en préservant l'acier du contact de l'air par un lentement à l'air sec. Il renferme
laitier formé par du verre à bouteille ou des sco- C5 H3 Na O + 3 H2O
ries de haut fourneau au bois. La fusion de plu-
sieurs tonnes d'acier s'opère sous ce laitier sans [Kekulé, 1861 , Ann. der Chem. u. Pharm. , sup-
faire perdre au métal aucune de ses qualités. plém ., t. I , nº 3.- Répert. de Chim. pure, 1862,
p. 305].
ACONITINE, C30H47 Az O7.-M. Hep, le
premier, a retiré de l'aconit napel (Aconi-
tum napellus, famille des Renonculacées) un
alcaloide d'apparence cristalline , doué de
propriétés vénéneuses énergiques et auquel
il a donné le nom d'aconitine [ Ann. der
Chem. u. Pharm. , t. VII , p. 269 ]. D'autres
chimistes , tels que Vauquelin , Braconnot ,
Marson, Hottot, T. et H. Smith, etc., ont fait
aussi des recherches chimiques sur cette
plante. Ainsi , M. Marson en a extrait une
substance cristallisée pour laquelle il a pro-
posé le nom de napelline [ Ann. de Poggend.,
t. XLII, p. 175] . Plus tard , par des études
chimiques et physiologiques sur le même su-
jet, le docteur Hottot fit voir : 1 ° que l'aco-
nitine de M. Hep possède toutes les proprié-
Ix tés toxiques de l'aconit, mais qu'elle est
une substance incristallisable ; 2° que la na-
pelline de M. Marson est un principe bien
cristallisé , jouissant aussi de propriétés
toxiques, mais à un degré bien moindre que
l'aconitine [Journ. de Pharm. et de Chim.,
t. XLIV, p. 130 , et t. XLV, p. 304, 3º sér.]
Enfin , MM. T. et H. Smith ont retiré de
l'aconit un principe cristallin qu'ils ont fait
connaître sous le nom d'aconelline , et qui ,
par ses propriétés , se rapprocherait de la
narcotine [Journ. de Pharm. et de Chim.,
t. I, p. 142, 4e sér.]. Comme elle, en effet,
elle se colore en rouge lorsqu'on la met en
contact avec de l'acide sulfurique contenant
de petites quantités d'acide azotique. Elle
paraîtrait privée de propriétés toxiques. 0,30
centig. donnés à un chat ont été sans effet
sur lui. Pour la préparation de l'aconel-
line, voir à la fin de l'article.
En résumé, l'aconit napel contiendrait :
Fig. 7. Fusion de l'acier à la houille. 1° L'ACONITINE , matière pulvérulente et
incristallisable douée des propriétés les plus
énergiques de la plante.
L'acier fondu l'emporte sur les autres aciers en 2º La NAPELLINE, substance cristalline possédant
homogénéité, en dureté et en finesse ; mais il ne aussi des propriétés toxiques , mais moins éner-
peut être travaillé sans se détériorer que par des giques que celles de l'aconitine.
ouvriers exercés, et encore aujourd'hui son prix 30 L'ACONELLINE, matière cristallisée, paraissant
est fort élevé. Les aciers naturels, puddlés et cé- privée de l'action toxique de l'aconit.
mentés, sont indistinctement soumis à la fusion. L'aconitine pure se présente sous la forme d'une
Les lingots d'acier sont étirés en barres minces poudre blanche très-légère, contenant 20 pour 100
au moyen du marteau ; un ou deux étirages suc- d'eau ; chauffée à 85°, elle perd son eau d'hydra-
cessifs suffisent pour faire acquérir à l'acier tation et devient anhydre ; dans cet état, elle offre
fondu la finesse de grain requise pour toutes les alors l'aspect d'une masse résineuse de couleur
applications : il porte, ainsi préparé, le nom ambrée; à 120°, elle brunit; à 140°, elle se vola-
d'acier fondu étiré. P. H. tilise en se décomposant en grande partie. Elle
ACONIQUE (ACIDE) , CH* O*. — Lorsqu'on n'a pas d'odeur, mais elle possède une amertume
neutralise par la soude une solution d'acide bi- et une âcreté persistantes.
bromopyrotartrique, et qu'on porte la liqueur à L'aconitine est peu soluble dans l'eau froide,
l'ébullition, elle prend une réaction acide. En plus soluble dans l'eau bouillante, dont elle exige
saturant pendant l'ébullition par le carbonate de environ 50 parties pour se dissoudre ; cette solu-
sodium, de manière à avoir 3 molécules d'hydrate tion ramène au bleu le papier de tournesol rougi
de sodium pour 1 molécule d'acide bibromopyro- par un acide. Elle est soluble dans l'alcool et dans
tartrique , on obtient, par le refroidissement de la l'éther.
solution concentrée, des cristaux d'aconate de L'acide azotique dissout l'aconitine sans la colorer.
30dium. L'acide sulfurique à chaud la colore d'abord en
On sépare l'acide aconique par l'addition de jaune, puis en rouge violacé.
l'acide chlorhydrique au sel de sodium. Il est Cet alcaloide sature les acides et forme avec
cristallisable et très- soluble dans l'eau. Il prend eux des sels incristallisables , non déliquescents,
naissance en vertu de la réaction suivante : solubles dans l'eau et dans l'alcool, et peu étudiés
jusqu'à présent.
C5H Br2O = CHO + 2H Br. Le tannin donne avec leur solution un préci-
pité abondant.
L'aconate de sodium est très-soluble dans l'eau ; La teinture d'iode , l'iodure ioduré de potas-
ACONITINE. -- 61 ACONITIQUE .
sium forment un précipité couleur kermès ; ce matisme articulaire aigu . Elle rend encore des
dernier réactif, d'après le docteur Hottot, paraît services dans certaines maladies des oreilles , en
être son meilleur antidote. rétablissant promptement la sécrétion du céru-
Le bichlorure de mercure donne un précipité men. Elle est ordinairement prescrite sous forme
blanc caillebotté assez soluble dans le chlorhy- de granules, qui contiennent 0,0002 d'aconitine .
drate d'ammoniaque et l'acide chlorhydrique. D'après le docteur Hottot, la dose peut être élevée
Le chlorure d'or, un précipité jaunâtre, inso- progressivement jusqu'à 0,003 au maximum dans
luble dans l'acide chlorhydrique. les vingt-quatre heures. E. C.
Le sulfocyanure de potassium , un précipité ACONITIQUE ( ACIDE ) [ Syn . Acide équise-
blanc. tique ou citridique] ,
L'acide picrique, un précipité jaune insoluble
dans l'ammoniaque . C6H6O6 - = ( C6 H3 03)''' . O³ H³.
Le chlorhydrate d'aconitine s'obtient en faisant [ Peschier, 1820, Journ . der Pharm. v. Tromms-
passer un courant de gaz chlorhydrique sur la base dorff, t. V, 1, 93; t. VIII , p. 266. Braconnot ,
chauffée à 100° ; d'après le dosage du chlore, ce sel Ann. de Chim . et de Phys., ( 2 ) , t. XIX , p. 10.
semble renfermer C30 H47 Az O7 (2 HCl) . Buchner, Repert. f. d. Pharm. v. Buchner,
L'iodure double de mercure et de potassium t. LXIII , p. 145.- Regnault, Ann. de Chim. et de
forme un précipité blanc jaunâtre caillebotté. Phys., (2), t. LXII , p . 268. - ·Crasso, Ann. de
Le bichlorure de platine , le phosphate de Chim. et de Phys. , (3), t. I, p. 311.- Baup. , Ann .
soude ne forment pas de précipité dans la solu- de Chim. et de Phys. , (3) , t. XXX, p. 312. - Pe-
tion des sels d'aconitine. bal, Ann. de Chim. et de Phys. , (3), t. XLVII ,
Différents procédés ont été indiqués pour isoler p. 379. Wichelhaus , Ann. der Chem. u.
l'aconitine. Voici celui que M. le docteur Hottot Pharm., t. CXXXII, p. 61 , oct. 64, et Bull. de la
a employé, et qui doit être suivi de préférence, Soc. chim., 1865, t. III, p. 72. - Marchand, Journ.
parce qu'on isole par ce moyen un principe qui für prakt. Chem . , t. XX , p. 319. - Wicke,
renferme les propriétés les plus énergiques de Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XC, p. 98. ] -
l'aconit. Cet acide a été trouvé dans le suc d'Aconitum
On prend la racine d'aconit réduite en poudre napellus, dans certaines espèces de prêles (equi-
et on la fait macérer pendant huit jours dans l'al- selum) , et dans les parties herbacées du pied-
cool à 85°; la teinture filtrée est ensuite distillée d'alouette des champs (Delphinium consolida) . On
au bain- marie. Le solutuin aqueux est alors mé- le prépare facilement par l'action de la chaleur
langé avec une quantité suffisante de chaux éteinte sur l'acide citrique.
et agitée de temps en temps ; la solution filtrée Préparation. - 1. Avec l'aconit. - Le suc de
de nouveau et précipitée par un très-léger excès la plante, concentré au bain-marie , abandonne
d'acide sulfurique est évaporée en consistance de l'aconitate de chaux. Ce sel bien lavé à l'eau
sirupeuse. On ajoute enfin au produit de l'évapo- froide est décomposé par un carbonate alcalin. On
ration deux ou trois fois son poids d'eau ; on laisse sature l'excès de carbonate par de l'acide acétique,
reposer afin d'enlever une huile verte solidifiable puis on précipite l'aconitate alcalin par l'acétate
à 20° qui vient surnager sur le liquide, puis on de plomb. L'aconitate de plomb ainsi formé est
se débarrasse des dernières portions de cette huile décomposé par l'hydrogène sulfuré ; la solution est
en versant le tout sur un filtre mouillé. On ajoute évaporée , reprise par l'éther et filtrée ; puis on
de l'ammoniaque dans la liqueur filtrée, et on la chasse l'éther et l'on reprend par l'eau ; la solution
porte à l'ébullition pour chasser l'excès d'alcali aqueuse est évaporée dans le vide (Buchner) .
volatil et rassembler le précipité qui est recueilli 2. Avec les préles. Les prêles cueillies au mo-
sur un filtre; enfin ce précipité est lavé, séché et ment de la floraison sont hachées, puis pilées dans
traité par de l'éther pur. un mortier. Le suc exprimé est porté à l'ébulli-
Ce précipité est un mélange d'aconitine et de tion , filtré, saturé par un alcali, puis traité par
matière résinoïde , peu soluble dans l'éther. La l'acétate de baryum qui enlève les phosphates et
solution éthérée, filtrée, abandonnée à l'évapo- sulfates, filtré et précipité par l'acétate de plomb;
ration spontanée , laisse l'aconitine encore im- puis comme ci-dessus (Regnault) .
pure. Pour obtenir l'alcaloide à l'état de pureté 3. Avec l'acide citrique. On introduit dans
parfaite, il faut le dissoudre de nouveau dans une cornue de verre 70 à 80 grammes d'acide ci-
l'acide sulfurique dilué , le précipiter par l'am- trique cristallisé, et on chauffe en poussant la
moniaque , faire bouillir, recueillir le précipité , température très-vivement ; il commence par se
le laver, le sécher et le traiter encore par l'éther. dégager de l'eau, puis on voit apparaître des
En répétant ce traitement deux ou trois fois, et nuages blancs formés en majeure partie d'acétone,
en ayant la précaution au dernier traitement de et, peu après, on observe la formation de gouttes
ne verser l'ammoniaque que goutte à goutte, afin oléagineuses se condensant le long du col de la
de pouvoir séparer le premier précipité encore cornue; à ce moment, on arrête l'opération ; on
coloré, on finit par obtenir de l'aconitine blanche, reprend le résidu par l'éther qui dissout l'acide
amorphe et très-pure. Par ce procédé, 10 kilog. aconitique. Par évaporation, on obtient l'acide
de racine d'aconit donnent en moyenne 4 à assez pur. On l'obtient dans un état de pureté
6 grammes d'aconitine. complet en reprenant le résidu huileux par cinq
L'aconelline de MM. T. et H. Smith s'obtient fois son poids d'alcool absolu et faisant passer
en suivant le procédé qui vient d'être indiqué plus dans la solution un courant d'acide chlorhydrique ;
haut, seulement au lieu d'employer l'ammoniaque dans ces conditions , il se forme un éther aconi-
pour neutraliser la liqueur acide, on se sert de tique ( il ne se forme pas d'éther citrique) qu'il
carbonate de sodium , en ayant soin de ne pas neu- suffit de précipiter par l'eau et de décomposer en-
traliser complétement la liqueur ; il faut qu'elle suite par une solution alcoolique de potasse.
ait une légère réaction acide. Dans ces conditions, L'aconitate de potassium est transformé en sel de
l'aconitine reste en solution et l'aconelline cris- plomb, qui, décomposé par l'hydrogène sulfuré,
tallise au bout d'un jour ou deux sur les parois donne une solution d'acide aconitique. Cette solu-
du vase. tion évaporée se prend en une masse cristalline
L'aconitine est un poison violent ; elle irrite feuilletée (Crasso) .
fortement les muqueuses et détermine la dilata- Propriétés. -- L'acide aconitique se dépose de
tion de la pupille . Prise à doses convenables, sa solution éthérée à l'état d'une croûte mamelon-
elle agit comme un sédatif puissant ; on l'emploie née ; on n'en a pu déterminer la forme cristalline.
pour combattre les douleurs nerveuses, le rhu- Il est facilement soluble dans l'eau , l'éther,
ACONITIQUE. 62 - ACONITIQUES.
l'alcool ; sa solution s'effleurit beaucoup pendant sition ou directement. Il cristallise difficilement.
l'évaporation. Soluble dans quelques parties d'eau.
Soumis à l'action de la chaleur, il se liquéfie à ACONITATE De fer. - L'aconitate de ferricum se
140° en se colorant, mais sans s'altérer sensible- précipite quand on ajoute à une solution de chlo-
ment tant qu'on n'atteint pas 160° . A cette tem- rure ferrique une solution d'aconitate neutre
pérature, il se décompose en un produit huileux d'ammoniaque.
qui distille et qui est l'acide itaconique. ACONITATE DE MANGANÈSE. -- S'obtient directe-
Pebal a observé la même réaction en chauf- ment. Petits cristaux rosés , octaédriques , inal-
fant à 180°, dans un tube fermé, une solution térables à l'air et peu solubles dans l'eau froide ;
d'acide aconitique ; en même temps le tube se décomposés par l'eau bouillante.
remplit d'acide carbonique. ACONITATE MERCUREUX. — Précipité blanc, grenu .
Le perchlorure de phosphore transforme l'acide ACONITATE MERCURIQUE . On ne l'obtient pas
aconitique en chlorure d'aconityle. L'aniline chauf- par double décomposition , mais en saturant à
fée à 130° avec l'acide aconitique détermine la une douce chaleur l'acide aconitique par l'oxyde
formation de phényl - aconitimide ( Pebal ) . Ke- de mercure. Poudre blanche insoluble, altérable.
kulé, Dessaignes et, plus récemment, Wichelhaus ACONITATE DE PLOMB. ― Précipité blanc , non
ont constaté que l'hydrogène naissant réagit sur cristallin ; s'obtient quand on ajoute de l'acétate
l'acide aconitique et donne naissance à l'acide neutre de plomb à l'acide aconitique ou à un de
carballylique C6 H8 O6. L'expérience se fait facile- ses sels. Il perd 5,29 pour 100 d'eau à 140º.
ment en mettant l'amalgame de sodium en con- ACONITATE DE POTASSIUM. Neutre. Incristalli-
tact avec une solution d'acide aconitique. sable ; masse gommeuse, hygroscopique.
L'acide aconitique , à l'état de sel de chaux , se Bimetallique. S'obtient en ajoutant 1 partie
transforme, par la fermentation avec du fromage, d'acide aconitique à 1 partie d'acide aconitique
en acide succinique (Dessaignes). neutralisé par la potasse, et faisant cristalliser. La
Cet acide, isomérique avec l'acide fumarique et première cristallisation donne de l'aconitate mo-
avec l'acide maléique se distingue du premier par nopotassique ; il se dépose ensuite un sel qui
sa solubilité beaucoup plus grande dans l'eau, et paraît être le bimétallique. - Lamelles quadran-
sa fusibilité (140°) ( l'acide fumarique fond très- gulaires ou prismes aplatis, transparents, inalté-
difficilement) ; il se distingue du second par sa rables à l'air, décomposables par l'eau en sel
propriété, à l'état de sel ammoniacal, de précipiter mono- et trimétallique.
le chlorure ferrique ; en outre, l'acide maléique Monométallique. --- A 1 partie d'acide neutra-
est volatil, tandis que l'acide aconitique se décom- lisé par la potasse, on ajoute 2 parties d'acide
pose par l'action de la chaleur. libre. Petites lames triangulaires , superposées.
Constitution. L'acide aconitique a pour com- Transparentes d'abord, elles deviennent opaques.
position C6H6O6 ; il est tribasique et triatomique; Moins soluble que le sel précédent.
sa formule rationnelle est ACONITATES DE SODIUM . Neutre. Hygrosco-
pique, incristallisable, insoluble dans l'alcool .
(C6 H³ 03 0³ = C3 H3 (CO. OH)3 ; Bimétallique. - S'obtient comme le sel cor-
H3 " }
respondant de potassium ; il cristallise très-bien ,
il dérive de l'acide citrique par élimination d'une si l'on ajoute de l'alcool à sa solution aqueuse
molécule d'eau, mais l'acide citrique étant saturée. Soluble dans 2 parties d'eau à 15º.
ACONITATE D'ÉTHYLE, C6H3O6 ( C2H5,3. - On
(CHO = ¹ (OH) (CO. OH)3,
) OC³H le prépare en dissolvant l'acide aconitique dans
cinq fois son poids d'alcool absolu, et saturant la
on voit que l'hydrogène de cette molécule d'eau solution par l'acide chlorhydrique. En étendant
provient à la fois du radical et de l'hydrogène d'eau, l'éther se précipite (Crasso) .
typique. Marchand l'a obtenu également en distillant un
ACONITATES. mélange d'alcool , d'acide aconitique et d'acide
sulfurique, et cohobant plusieurs fois.
Il existe trois espèces d'aconitates , puisque Liquide incolore, possédant une odeur aroma-
l'acide aconitique est tribasique ; ils sont repré- tique, et unesaveur extrêmement amère. D = 1,074
sentés par les formules suivantes : à 14° . Point d'ébullition : 236°. Il se décompose
C H3 03 03 C6H303 ) 03 C6H3O3 03. facilement si on le chauffe au- dessus de son point
M3 M2H MH2 d'ébullition . Malaguti a observé que le chlore
ou C6H3O6.M3 C6H+ O6.M² C6H5O6. M l'attaque en donnant une masse poisseuse [ Ann.
Aconitates neutres. Aconitates Aconitates de Chim . et de Phys., (3), t. XVI, p. 84] . CH. L.
ACONITIQUES (AMIDES ) . [ Pebal, Ann. de
bimétalliques. monométalliques. Chim. et de Phys ., (3) , t. XLVII, p . 379. ] — On ne
ACONITATES D'AMMONIAQUE. Sel neutre. - ·In- connaît pas les dérivés amidés proprement dits
cristallisable. de l'acide aconitique, mais Pebal a fait connaître
Sel bimétallique. ― S'obtient en ajoutant deux phénylamides de cet acide.
1/2 partie d'acide à 1 partie d'acide neutralisé. ACIDE ACONITOMONANILIQUE ( acide phénylaconi-
Croûtes cristallines, très-facilement décomposables tamique ou aconitanilique),
par l'eau.
Sel monométallique.- Se prépare avec 2 parties C¹2H9 Az O - (C6 H3O3)''' ' О Н.
d'acide et 1 partie d'acide neutralisé. Cristaux (C6H5 Az)"' )
distribués en amas hémisphériques, solubles dans On prépare cet acide en faisant réagir le per-
6 parties 1/2 d'eau à 15º. chlorure de phosphore sur l'acide citromonanilique
ACONITATE D'ARGENT. - Se précipite quand on (phenyl-citramique ) . En exposant le tout à une
ajoute du nitrate d'argent à un aconitate ; il est douce chaleur, on obtient un liquide jaune, décom-
facilement décomposable. L'ébullition déjà met de posable par l'eau , avec formation d'acide chlor-
l'argent métallique en liberté ; il se forme en hydrique, d'acide phosphorique et d'une nouvelle
même temps un autre sel d'argent dont on peut substance molle, peu soluble dans l'eau, soluble
isoler l'acide, au moyen de l'hydrogène sulfuré. dans l'alcool . On la redissout dans l'eau chaude
Chauffé à 118°, l'aconitate d'argent brûle avec et l'on obtient ainsi de petites aiguilles jaunes d'a-
déflagration . cide aconitomonanilique. La réaction se fait sans
ACONITATE DE CALCIUM. - Le sel monométal- doute en deux temps ; il se forme d'abord un chlo-
lique, seul connu, se prépare par double décompo- rure d'anilaconityle, lequel, décomposé par l'eau,
ACONITYLE. 63 - ACROLÉINE.
donne naissance à l'acide aconitomonanilique : c'est seulement en 1813 que Redtenbacher l'a
C6H5 iv préparé à l'état de pureté et analysé [Ann. der
Az Chem. u. Pharm. , t. XLVII , p. 114 ] . L'aldehyde
H2
} [ (C©H₂OS) 02 " + Ph C15 acrylique se forme soit par la déshydratation de
Acide citromonanilique. la glycérine :
C3H8032 H2O + C³HO,
= PhOCl3 + [ (CH303) CI + CIH + H³O . Glycérine. Eau. Acroléine .
(C6H5 Az)"
Chlorure d'anilaconityle. soit par l'oxydation de l'alcool allylique au moyen
du noir de platine ou d'un mélange d'acide sulfu-
[ (CHS AZ))"" ] CI + HO rique et de dichromate de potasse [ Cahours et
Chlorure Hofmann, Ann. de Chim . et de Phys., (3) , t. L,
d'anilaconityle. p. 438] :
(C6 HS 03), OH. C³H60 +0 = C³HO + H2O.
= HCl + | (C6H5Az)'' Alcool Oxygène. Acroleine . Eau.
Acide aconito- allylique.
monanilique.
On a généralement recours, pour la préparer, à
Le sel d'argent de l'acide aconitomonanilique la déshydratation de la glycérine. A cet effet, on
se précipite à l'état de flocons rosés quand on distille ce dernier corps dans une cornue très-spa-
ajoute du nitrate d'argent à de l'aconitomonani- cieuse avec du bisulfate de potassium ou avec de
late d'ammoniaque. l'anhydride phosphorique. L'anhydride phospho-
L'acide aconitomonanilique représente 1 molé- rique donne un produit plus pur, mais avec le
cule d'acide aconitique, plus 1 molécule de phé- bisulfate potassique il y a moins de mousse et la
nylamine, moins 2 molécules d'eau : distillation est plus facile à conduire. Le produit
C6H3 03. (OH)3 + C6H5.H² Az distillé et recueilli dans un récipient bien refroidi
Ac. aconitique. Phénylamine. contient , outre l'acroléine, des acides acrylique
et sulfureux. On le fait digérer sur de l'oxyde de
(C6H3O3)'''
= [ (CH302)"" ]' OH + 2H2O . plomb. On le rectifie ensuite au bain-marie, puis
on le dessèche sur du chlorure de calcium fondu,
ACONITOBIANILE (phényl aconitimide) : et on le distille de nouveau. Toutes ces distilla-
tions doivent être faites dans un courant d'anhy-
(C6 H3O3)"
C18 H14 Az203 = 2 (C6H5) Az². dride carbonique pour éviter l'oxydation de l'al-
déhyde acrylique. Il faut aussi conduire, dans une
bonne cheminée, les vapeurs qui échappent à la
On l'obtient en traitant le chlorure d'anilaco- condensation, parce qu'elles sont fort incom-
nityle par l'aniline ou en chauffant l'acide aconi- modes pour l'opérateur.
tique à 130° avec de l'aniline, ou enfin en faisant Hübner et Geuther, qui se sont occupés de la
réagir l'acide oxychlorocitrique sur l'aniline : préparation de l'aldehyde acrylique, admettent
C6H5 que, lorsqu'on opère au moyen du bisulfate potas-
(C6H3O3)''' sique, la réaction s'exécute en deux phases [ Ann.
(C6H$ Az ) " ' GI+ HAz der Chem. u. Pharm . , t. CXIV, p . 35. Répert.
H
Chlorure Aniline. de Chim. pure, 1860, p. 226 ] . Dans l'une il se
d'anilaconityle . formerait du sulfoglycérate de potassium et de
(C6H3O3)*** l'eau, puis dans la seconde le glycérosulfate se
== HCl + 2 C6 H5 Az². décomposerait avec production d'acroleine.
H L'acroléine pure est un liquide incolore, lim-
Aconitobianile. pide et très-réfringent. Sa vapeur irrite si forte-
ment les yeux et les organes respiratoires, qu'il
C'est un corps cristallisé en fines aiguilles d'un suffit d'en répandre quelques gouttes dans un ap-
jaune clair, insolubles dans l'eau , peu solubles partement pour en rendre l'atmosphère insuppor-
dans l'alcool. table. Sa saveur est brûlante.
Traité par l'ammoniaque en vase clos, l'aconi- L'acroleine est plus légère que l'eau. Elle bout à
tobianile se dissout et est décomposé. L'acide 520,4 suivant Hübner et Geuther. Sa densité de
chlorhydrique précipite de la solution des flocons vapeur = = 1,897 . Elle est soluble dans 40 p. d'eau
incristallisables , insolubles dans l'eau, fort solu- environ et beaucoup plus soluble dans l'alcool.
bles dans l'alcool et l'ammoniaque. Neutre au moment où elle vient d'être préparée,
ACONITANILIde. - Dans la préparation de l'aco- sa solution s'acidifie promptement au contact de
nitobianile par l'acide aconitique, on observe gé- l'air. L'acroléine brûle aisément avec une flamme
néralement la production d'un corps amorphe, blanche et lumineuse.
insoluble dans l'eau, fort soluble dans l'alcool et L'acroléine se conserve difficilement, même
qui parait être l'aconitanilide. CH. L. dans des vases fermés. Elle se transforme en une
ACONITYLE (CHLORURE D') . Ce chlo- matière floconneuse nommée par Redtenbacher
rure est probablement constitué par le liquide disacryle. Quelquefois aussi il se produit une
cerise foncé qu'a obtenu Pebal en traitant l'acide substance résineuse, la résine disacrylique. Il ar-
aconitique par le perchlorure de phosphore [ Ann. rive que l'acroléine se concrète immédiatement
der Chem. u. Pharm. , t. XCVIII, p . 67] . Če li- après avoir été préparée, et l'on n'évite même pas
quide, en effet, régénère l'acide aconitique quand cette métamorphose en l'enfermant dans des tubes
on l'additionne d'eau. scellés à la lampe. La même transformation s'o-
On obtient ce même chlorure en traitant l'acide père sous l'eau, mais alors le liquide se charge
citrique par le perchlorure de phosphore et main- d'acide acrylique, d'acide formique et de beaucoup
tenant longtemps la chaleur. d'acide acétique .
ACROLEINE, C³H+ O . [ Syn . Aldehyde acryli- Les alcalis caustiques transforment l'acroléine
que - On a donné ce nom au corps qui se en substances résineuses analogues aux corps qui
produit lorsqu'on soumet à l'action de la chaleur se forment lorsqu'on fait agir les mêmes agents
la glycérine et les corps gras qui en dépendent . Il sur l'aldéhyde ordinaire. Suivant Gerhardt, l'air
a été obtenu pour la première fois par Brandes intervient probablement dans leur production
en 1838 [ N. Årchiv. de Brandes, t. XV, p. 129 ] ; [Traité de Chim. organique, t. I, p . 781 ] .
ACROLÉINE. ― 64 - ACROLÉINE.
L'acroléine, comme l'aldéhyde, se combine di- ment un tel corps pourrait se former au moyen
rectement avec l'ammoniaque en formant une de l'acroléine - ammoniaque
substance blanche, cristalline , sans odeur. C12 H20 Az2 03 ou C12 H22 Az20*.
Le chlore et le brome attaquent vivement l'a-
croléine. Il se produit des huiles pesantes ainsi Le chloroplatinate doit répondre plutôt à la for-
que de l'acide chlorhydrique ou bromhydrique. mule C12H20 Az2 O2 C12, Pt Cl .
A travers un tube chauffé au rouge l'acroleine se Soumiseà la distillation , l'acroléine-ammoniaque
détruit avec formation d'hydrogènes carbonés et se décompose. Parmi ses produits de décomposi-
dépôt de charbon . Le perchlorure de phosphore tion, on trouve une base liquide dont les sels
la convertit en dichlorure d'allylène et en un sont cristallisables. Le chloroplatinate de cette
autre chlorure huileux qui paraît être isomérique base serait C12 H16 Az2 O2Cl2 , Pt Cl . La base libre
avec ce dernier [ Hübner et Geuther, loc. cit .]. supposée à l'état d'hydrate serait C12 H18 Az202 et
L'acide sulfurique concentré la noircit en déga- dériverait de l'acroleine-ammoniaque considérée
geant de l'anhydride sulfureux. elle-même à l'état d'hydrate par perte de 2 molé-
Les agents oxydants énergiques convertissent cules d'eau (Claus) :
l'aldehyde acrylique en un mélange d'acides for- C12H22 Az2O = 2H2O + C¹² H18 Az² O².
mique et acétique. Mais, sous l'influence des oxy- Acroléine- Eau. Nouvelle base.
dants moins énergiques , cette aldehyde fixe seu- ammoniaque.
lement de l'oxygène et se convertit en acide BISULFITE DE sodium et d'acroléine. - On pré-
acrylique. Elle réduit facilement l'oxyde d'argent. pare ce corps en évaporant au bain-marie un
En présence de l'azotate de ce métal elle donne un mélange de bisulfite de sodium et d'aldehyde
précipité blanc qui paraît correspondre à la for- acrylique dissous dans l'eau. C'est un liquide si-
mule C3 H3 AgO ( Gerhardt , loc. cit. ]. Ce précipité rupeux d'où l'on ne peut ni séparer l'acroleine au
se réduit à la longue et se transforme en acrylate moyen des carbonates alcalins, ni séparer l'acide
argentique. On favorise cette dernière réaction sulfureux au moyen de l'acide sulfurique. Ce bi-
par l'addition de quelques gouttes d'ammoniaque. sulfite ne ressemble donc en rien à ceux que
L'argent devenu libre n'a pas l'aspect miroitant fournissent les aldéhydes grasses ou les aldehydes
comme lorsque la réduction a lieu au moyen de aromatiques.
l'aldéhyde ordinaire. CHLORHYDRATE D'ACROLÉINE , C³ HO , H Cl.
L'anhydride acétique se combine facilement Lorsqu'on fait passer un courant d'acide chlorhy-
avec l'acroleine en formant un diacétate drique gazeux sec à travers de l'acroléine chauffée
(C2H3O2)2. (C3 H4)"' au bain-marie, qu'on lave ensuite le produit avec
que Geuther et Hübner considèrent comme iden- de l'eau et qu'on le dessèche dans le vide en pré-
tique à tous les points de vue avec celui qui se sence de l'acide sulfurique, il se forme de petits
forme lorsqu'on traite le bichlorure d'allylène par cristaux veloutés qui fondent à 32° en une huile
l'acétate d'argent. L'acroléine se combine avec le épaisse dont l'odeur rappelle celle de la graisse
bisulfite de sodium . rance. Ces cristaux consistenten chlorhydrate d'a-
ACROLEINE-AMMONIAQUE . [ Hübner et Geuther, loc. croléine. Ce corps ne se dissout pas dans l'eau ;
cit. Claus, Ann . der Chèm. u . Pharm. , t. CXXX l'alcool et l'éther le dissolvent et l'abandonnent
(nouv. sér., t. LIV) , p. 185, et Bull. de la Soc. sous la forme d'une huile ; la chaleur le trans-
chim., 1864, t. II, p. 458.] forme en acide chlorhydrique et acroléine ; l'eau
Préparation. - Hübner et Geuther obtiennent bouillante et les solutions alcalines étendues ne
ce corps en faisant agir directement le gaz ammo- paraissent pas l'altérer. Chauffé à 100° avec de
niac sur l'acroléine dissoute dans l'alcool , et pré- l'ammoniaque dans un tube scellé à la lampe, il
cipitant par l'éther. Claus préfère diriger les va- donne du chlorure d'ammonium et de l'acroleine-
peurs d'acroleine produite par l'action du bisulfate ammoniaque.
de potassium sur la glycérine, dans de l'ammo- L'acide chlorhydrique concentré, ainsi que les
niaque aqueuse . Il chasse ensuite l'excès d'ammo- acides sulfurique et azotique, le décomposent en
niaque par l'ébullition et précipite par l'alcool et mettant l'acroléine en liberté. La solution alcoo-
l'éther. lique de chlorhydrate d'acroléine ne donne pas
L'acroléine-ammoniaque a pour formule de combinaison avec le perchlorure de platine et
ne réduit pas sensiblement l'azotate d'argent en
C12 H20Az2O3 ou C12 H22 Az2 O , présence de l'ammoniaque.
si on la considère à l'état d'hydrate d'ammonium . L'acide iodhydrique se combine aussi avec l'a-
Elle se forme d'après l'équation : croléine. La combinaison s'accompagne même
4 C3H4O2 Az H³ = H2O + C12 H20 Az203. d'un sifflement comme lorsqu'on plonge du fer
rouge dans l'eau. Le corps qui se produit est une
Acroléine. Ammoniaque . Eau . Acroléine- résine insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, qui
ammoniaque. perd de l'iode quand on la chauffe et qui aban-
C'est un composé amorphe, blanc ou légèrement donne un peu d'iode au sulfure de carbone [ Geu-
jaurâtre (Hübner et Geuther , jaune rougeâtre ther et Cartmell, Ann . der Chem . u. Pharm .,
(Claus) , soluble dans l'eau froide et l'alcool chaud, t. CXII, p. 1. Repert. de Chim . pure , 1860 , p . 13].
insoluble dans l'éther et peu soluble dans l'eau METACROLEINE . Lorsqu'on décompose le chlor-
même bouillante. Il commence à se décomposer hydrate d'acroleine par l'hydrate de potassium et
vers 100°. Les acides le transforment d'abord en qu'on distille, il se produit une huile qui cristal-
une masse gélatineuse et le dissolvent ensuite en lise en petites aiguilles déliées et incolores isomé-
donnant des sels incristallisables ; les alcalis le riques et probablement polymériques avec l'acro-
précipitent de ces solutions salines. léine ; c'est à ce corps qu'on a donné le nom de
L'acroléine ammoniaque se comporte donc métacroléine. La métacroléine a une saveur fraîche
comme une base. Son chlorhydrate aurait pour et une arrière-saveur brûlante. Elle fond à 50° et
formule, d'après Claus , C12H20 Az² O2 C12. Il déri- se solidifie à 45°. Elle émet déjà des vapeurs
verait de l'hydrate par la substitution de 2 Cl à avant de fondre, aussi peut-on facilement la dis-
2OH. Suivant Hübner et Geuther, le bichlorure tiller avec l'eau. La chaleur la convertit en acro-
de platine donnerait dans la solution chlorhy- léine; avec l'acide chlorhydrique elle régénère le
drique de l'acroléine-ammoniaque un précipité chlorhydrate qui a servi à la préparer ; avec
jaune qui, après dessiccation à 100°, répondrait à l'acide iodhydrique elle fournit un iodhydrate qui
la formule C12 H22 Az2 O2 C12 , Pt Cl . Cette formule cristallise à la température ordinaire après avoir
est peu probable. On ne voit pas, en effet, com- été bien lavé, et qui ressemble au chlorhydrate
ACRYLIQUE . 65 - ACRYLIQUE .
comme goût et comme aspect extérieur. Cet iodhy- On n'a pas encore fait agir le chlore sur l'acide
drate se décompose en abandonnant de l'iode, acrylique, mais, sous le nom d'acide chlorosuc-
lorsqu'on essaye de le des écher sous une cloche cique, M. Malaguti a décrit un corps dérivé de
au-dessus de l'acide sulfurique (Geuther et Cart- l'acide chlorosuccinique et qui paraît être l'acide
mell). trichloracrylique CHC1302 . Le chlorosuccide,
DISACRYLE. Le disacryle est une poudre également décrit par Malaguti, serait dans cette hy-
blanche, amorphe, sans odeur ni saveur, qui de- pothèse le chlorure trichloracrylique C³ Cl³OCI.
vient électrique par le frottement. Il est insoluble ACRYLATES MÉTALLIQUES. — L'acide acrylique est
dans l'eau, les acides, les alcalis, le sulfure de monobasique. Ceux de ses sels qui renferment
carbone, les essences et les huiles grasses. Il se des métaux monoatomiques se représentent par
dissout lentement dans la potasse en fusion, mais la formule C3H3O2 M C3 H30 . OM. Presque tous
les acides le reprécipitent de la solution aqueuse les acrylates sont très-solubles dans l'eau . Ceux
de ce produit. Redtenbacher attribuait au disa- d'argent et de plomb font seuls exception. A 100º
cryle la formule C5H7O2, mais il est plus pro- tous subissent un commencement de décomposi-
bable que le disacryle n'est qu'un polymère de tion et cessent alors d'être entièrement solubles
l'acroléine . dans l'eau. Pour obtenir les acrylates purs, il faut
La RÉSINE D'ACROLEINE ( Disacryl- Harz ) présente les décolorer par le noir animal, car il se produit
des caractères différents du disacryle . C'est une toujours une coloration jaune lorsqu'on sature
poudre blanche, qui fond à 100°, et se prend, par l'acide acrylique par une base. A la longue les
le refroidissement, en une masse cassante et dia- acrylates se décomposent et se transforment en
phane. Elle est insoluble dans l'eau, mais soluble acétates.
dans l'alcool et dans l'éther. La solution alcoolique Acrylate d'argent, C3 H3O2 Ag. On l'obtient
rougit le tournesol et est précipitée par l'eau . Les par l'action de l'oxyde d'argent sur l'acroleine
alcalis aqueux dissolvent aussi la résine d'acro- brute. Il est très-soluble dans l'eau et cristallise
leine que les acides reprécipitent de ces dissolu- en aiguilles blanches qui ont un éclat soyeux.
tions . La solution alcoolique précipite plusieurs Acrylate de baryum, (C³ H³ O²)² Ba" . - Ce sel
solutions métalliques telles que celles de plomb est anhydre ; il se prend , par l'évaporation de sa
et de cuivre. Redtenbacher attribue à ce corps solution aqueuse , en une masse gommeuse qui
la formule C20 H26 03 qui manque de contrôle. cristallise à la longue lorsque le sel a été décoloré
Les résines qui se produisent lorsqu'on fait par le charbon animal. A 100° le sel se transforme
agir l'acroleine sur les alcalis ont une composition en acrylate basique insolub'e dans l'eau.
moins bien établie encore. A. N. Acrylate de calcium , (C3 H3 O2) 2 Ca" . --- Sel
ACRYLIQUE (ACIDE), C³ H4 O². - On obtient soluble dans l'eau, cristallisé en groupes d'ai-
l'acide acrylique en oxydant l'acroléine par l'oxyde guilles ; il se transforme en acıylate basique lors-
d'argent Redienbacher , loc. cit. (voyez ACRO- qu'on le chauffe à 100°.
LÉINE. ) Claus, Ann. der Chem. u . Pharm . , Acrylate de plomb , (C3 H3O2 )2 Pb " . — Ce sel
1862 , t. II supplém . , p . 117 ; Bull . de la Soc. chim., cristallise en belles aiguilles lorsqu'on laisse re-
1863 , p. 213] . Suivant M. Claus , les meilleures froidir sa solution concentrée et bouillante. Par
conditions sont les suivantes : On mélange de l'évaporation de sa solution dans le vide il se dé-
l'oxyde d'argent récemment précipité et mis en pose en prismes plus volumineux, qui fondent à
suspension dans l'eau avec de l'acroléine étendue 100° en se décomposant.
de 3 fois son volume d'eau, et l'on abandonne le Acrylate de sodium , C3H3O2 Na. Ce sel cris-
tout pendant 2 jours à l'abri de la lumière. Le tallise en lamelles , presque en dendrites. Il est
liquide est ensuite porté à l'ébullition et l'on y anhydre d'après Claus. D'après Redtenbacher au
ajoute assez de carbonate de soude pour lui com- contraire il renfermerait 2 1/2 molécules d'eau
muniquer une réaction alcaline. La liqueur fil- de cristallisation . On l'obtient en dissolvant le
trée est ensuite évaporée à siccité et traitée par carbonate sodique dans l'acide acrylique.
de l'acide sulfurique étendu, puis distillée après ÉTHERS ACRYLIQUES . - On n'a décrit jusqu'à ce
filtration. Elle fournit de l'acide acrylique, tandis jour que l'acrylate d'éthyle. Redtenbacher l'a
que le filtre retient de l'acide hexacrolique. préparé en distillant un mélange d'alcool, d'acide
L'acide acrylique constitue un liquide incolore, acrylique et d'acide sulfurique, lavant le produit
d'odeur piquante, très-acide, miscible à l'eau en distillé avec une solution de carbonate de soude
toute proportion et passant à la distillation avec et le distillant après l'avoir desséché sur du chlo-
la vapeur d'eau. rure de calcium. Le liquide ainsi préparé n'est
On peut obtenir l'acide acrylique privé d'eau cependant pas de l'acrylate d'éthyle pur. On n'a
en décomposant l'acrylate d'argent par l'hydro- pas réussi à l'obtenir plus pur en substituant les
gène sulfuré ; il faut modérer la réaction au moyen acrylates métalliques à l'acide acrylique dans la
de la glace. L'acide recueilli après rectification se préparation précédente., A. N.
présente à l'état d'un liquide limpide , d'une odeur ACRYLIQUE (ALDÉHYDE). - Voyez ACRO-
qui rappelle un peu celle du vinaigre. Il ne se so- LÉINE.
lidifie pas à 0° et bout au-dessus de 100°. Son ACRYLIQUE (SÉRIE) . - On a donné ce nom
point d'ébullition étant à peu près intermédiaire à la série qui renferme l'acide acrylique et ses
entre celui de l'acide formique et celui de l'acide homologues tant naturels qu'artificiels. Les acides
acétique, il ne s'altère pas par la distillation. naturels sont, outre l'acide acrylique, l'acide cro-
L'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique ne tonique C4H6O2, l'acide angélique C8H8O2, l'a-
l'altèrent pas ; mais les oxydants énergiques le cide pyrotérébique C6H10O2, et l'acide oléique
détruisent avec formation d'acide acétique et d'a- C18 H34 02.
cide formique. Le même dédoublement s'accom- Quant aux acides artificiels, ils sont isoméri-
plit sous l'influence des alcalis hydratés. Dans ce ques avec les précédents. MM. Frankland et Duppa
cas de l'hydrogène se dégage : les ont préparés par une méthode synthétique
qui consiste à déshydrater les homologues de
CHO2 + H2O + 0 = CH2O2 + C² H4O² l'acide lactique [Journ . of the Chem. Soc., (2),
Acide Eau. Oxygène. Acide Acide t. III, p. 133, juin 1865. Ann. de Chim . et
acrylique. formique. acétique. de Phys., (4), t . V, p. 802 ] . On sait qu'ils ont
obtenu ces derniers en substituant deux radi-
(3H4022 KHO = CHOªK + C2H3O2K + H². caux d'alcools à un atome d'oxygène dans l'acide
Acide Potasse. Formiate Acétate Hydro- ou plutôt dans l'éther oxalique : la déshydratation
acrylique de potassium . de potassium. gene. se produit soit par l'action du protochlorure de
1-5
- 66 - ADIPIQUE .
ACRYLIQUE .

Ce sont les acides naturels. En se dédoublant
phosphore , soit par l'action de l'anhydride sul- sous l'influence de la potasse tous donnent de l'a-
furique : cide acétique, qui est produit comme dans le cas
OH C ОН précédent par la substitution de H2 à la chaîne
C O"
O" latérale, tandis que celle-ci en s'annexant 02
CO O"H C (C2 H³)2 donne de l'acide acétique dans le cas de l'acide
OH crotonique , de l'acide propionique dans le cas de
Acide Ac. leucique l'acide angélique , et de l'acide valérique dans le
oxalique. ou diéthoxal ique . cas de l'acide pyrotérébique .
qui devient en perdant H2O Indépendamment de cette série d'acides natu-
ОН rels, M. Frankland en a d'artificiels , isomériques
CO" avec les précédents et qui se rattachent à ceux-ci
par la substitution d'un radical CnH2n-1 à l'hydro-
C2H gène du premier atome de carbone. Les formules
C C2H5
suivantes font comprendre quelques cas d'isomé-
Acide isopyrotérébique. rie qui peuvent se présenter :
Ajoutons qu'en faisant bouillir le cyanure d'allyle (C3 H6)" (C2H4)" (CH2)"
avec la potasse alcoolique , M. Claus a réussi à (C+ HS)" CC2H5 CCS HT
préparer un acide isomère ou identique avec CCH3
C O" C O" CO"
l'acide crotonique . ОН
Les acides naturels de cette série sont suscep- H 10H
tibles de s'unir à l'hydrogène naissant et de se Acide Acide méthyl- Acide éthyl- Acie
transformer en acides saturés C" H2n O2. Il est pyrotérébique. angélique . crotonique. propyl-acry-
probable que les acides artificiels se comporte- (isopyrotérébique. ) lique.
A. N.
raient de même. ACTINOTE . Voyez AMPHIBole.
Lorsqu'on les traite par la potasse fondue, les
acides de cette série tant naturels qu'artificiels se ADAMINE ( Min. ). Arséniate de zinc hy-
décomposent avec dégagement d'hydrogène et se draté renfermant un peu deAfer :
transforment en sels potassiques de deux acides s003
de la série grasse : Zu"
As Zn2H 05 Zn ' ་
· C18H34022 (KHO ) 0.
Potasse. н
Acide
oléique. Cristaux violacés, ou grains cristalli ns d'un jaune
== C16 H31 O2 K + C²H³O²K + H². de miel et d'un éclat vitreux, accompagnés d'em-
Palmitate Acétate Hydrogène. bolite, d'argent natif et de calcite, et venant de
de potasse . de potasse. Chañarcilloes(Chili).
Caractèr . Soluble dans les acides. Sur le
CONSTITU TION S
DES ACIDE DE LA SÉRIE charbon, fond en émettant une légère odeur ar-
senicale et en s'entourant d'une auréole blanche.
ACRYLIQUE. Le globule devient cristallin en se solidifiant .
M. Frankland admet que ces acides renferment Avec le borax, perle jaune à chaud , incolore à
comme noyau une chaîne de deux atomes de car- froid. Sur la lame de platine, avec de la soude,
bone qui ont échangé entre eux une atomicité . Cha- donne une fritte verdâtre.
cun d'eux conserve donc 3 atomicités libres qui sont Dureté 3.5 . Poussière blanche. Densité 4.33.
saturées soit par de l'oxygène , soit par des groupes Forme crist. Prismes rhomboidaux droits
hydrocarbonés , soit par de l'oxhydryle . L'acide le de 91° 33' ; a¹ a¹ = 107° 20'.
plus simple de la série est l'acide acrylique : Clivages faciles a¹ .
Isomorphe avec l'olivénite et avec la libethé-
((C H²)"' F. et S.
C nite.
ADAMSITE (Min . ) . — Variété de mica à deux
C 0" axes écartés, de Derby en Vermont ( États - Unis ).
ADINOLE (Min .). - Pétrosilex rouge de chair
En se dédoublant, sous l'influence de la potasse et translucide,
fondue, il se convertit en acide acétique et en ADIPIQUE (ACIDE ) , C6H10 () 4. [Laurent
acide formique, réaction qui s'opère par l'oxyda- (1837) , Ann. de Chim. et de Phys. , (2), t . LXVI,
tion de la chaîne latérale CH2 qui devient acide p. 166. - - Revue scientif. , t. X, p. 126 . - Bro-
formique, et par le remplacement de CH2 par H2 meis, Ann. der Chem . u . Pharm . , t. XXXV, p . 105.
dans la chaine principale qui devient ainsi acide — Smith, ibid. , t. XLII , p . 252. -Gerhardt , Revue
acétique : scientif., t. XIII , p. 362. - Malaguti , Ann. de
H2 Chim. et de Phys. , (3), t. XVI, p . 84. — Wirz, Ann.
H H der Chem. u. Pharm., t. CIV, p. 257. Crum-
((CH2)"
+ 2H20 = cl +CO" + H2. (1) Brown, ibid. , t. CXXV, p. 19 ; Bull. de la Soc.
CO" o n
ད་
( OH chim., 1863, p. 372. ] - Cet acide est le cinquième
98 OH terme de la série d'acides diatomiques et biba-
Acide acrylique. Acide Acide siques dont l'acide oxalique est le premier terme.
acétique . formique. On l'obtient par l'oxydation de diverses matières
Dans les homologues supérieurs de l'acide acry- grasses, telles que les graisses, le suif, la cire
lique, la chaîne latérale CH est remplacée par ou le blanc de baleine, et par la réduction de
les groupes C2H4, C3H6, C4H8 : l'acide mucique.
(C2H4)'' (C3H6 " (CH )" Preparation. -1° Laurent et plus tard Mala-
CH CH guti ont obtenu l'acide adipique par l'oxydation
CO CO des matières grasses citées plus haut. Malaguti
CO" CO" H conseille de faire bouillir du suif avec de l'acide
OH azotique de concentration ordinaire, en cohobant
Acide crotonique. Acide angélique . A. pyrotérébique. le produit distillé jusqu'à ce qu'il ne reste plus
de substance grasse dans l'appareil distillatoire et
(1) Il est bien entendu que l'eau représente ici théori- que le liquide donne des cristaux par le refroi-
quement l'hydrate de potassium, et les acides les sels de
potassium. dissement. On évapore alors le liquide au bain-
ADIPIQUE. 67 - AFFINAGE.
marie. La liqueur concentrée se prend en une le seul éther adipique connu, a été préparé par
masse cristalline. Cette masse est jetée sur un en- Malaguti par l'action d'un courant d'acide chlor-
tonnoir, lavée d'abord avec de l'acide azotique hydrique sec sur une solution d'acide adipique
concentré, ensuite avec de l'acide azotique étendu , dans l'alcool concentré . C'est une matière huileuse
et finalement avec de l'eau froide. On achève la un peu ambrée dont l'odeur rappelle la pomme de
purification du produit en le faisant cristalliser reinette et dont la saveur est amère et caustique.
dans l'eau bouillante. Sa densité est de 1,001 à 20° 5 ; il bout à 230°
2º Wirz traite d'une manière analogue les acides en s'altérant. Les alcalis le saponifient aisément.
gras de l'huile de noix de coco. Il se produit en Le chlore l'attaque avec dégagement d'acide chlor-
même temps que l'acide adipique d'autres corps hydrique et le transforme à la longue en une
de la même série dont on le sépare par des cristal- masse qui présente la consistance de la térében-
lisations fractionnées. thine (Malaguti). A. N.
3° M. Crum-Brown a obtenu l'acide adipique en ADIPOCIRE. - On a donné ce nom à une
chauffant pendant 20 heures à 140° dans un tube substance blanche qui se forme lorsque des ma-
scellé à la lampe, un mélange d'acide mucique, tières animales se décomposent sous l'influence
d'acide iodhydrique et de phosphore. En ouvrant de l'humidité et à l'abri de l'air. L'analyse a
les tubes il s'est dégagé de l'anhydride carbo- montré que l'adipocire est un mélange de mar-
nique. Le liquide a été saturé par le carbonate de garates d'ammonium , de potassium et de calcium.
plomb, puis filtré ; on a ensuite décomposé les li- ADULAIRE. - Voyez ORTHOSE.
queurs par l'acide sulfhydrique, filtré et évaporé. ÆDELFORSE. (Min . ) [ Syn . Ædelforsite, Ko-
Il s'est déposé, dans ces conditions, une petite bell. Silicate de chaux renfermant un peu de
quantité de cristaux que l'on a reconnus être de magnésie, d'alumine et d'oxyde de fer Ca2 Si³ (8 (?).
l'acide adipique : Masses compactes ou fibreuses , translucides ,
C6H10 088HI blanches et brillantes.
Acide Acide Caractères. Fait gelée avec les acides. Fond
mucique. iodhydrique. au chalumeau en un verre incolore. Dureté 5,5.
= 412 + 4 H2O + CH10O4. Densité 2,58 .
Iode. Eau. Acide adipique. ÆDELFORSITE . (Retzius . ) — Substance rouge
d'Edelforss (Suède), se rapportant probablement
Propriétés. -- L'acide adipique forme des tu- à la stilbite ou à la Laumonite.
bercules radiés agglomérés. Ces cristaux sont ÆGIRINE ( Min . ) , ou plus correctement OEgi-
souvent hémisphériques parce que, le plus sou- rine.,- Variété de pyroxène.
vent cet acide cristallisant à la surface de la solu- AEROLITHES. - · Voyez MÉTÉORITES.
tion , la surface de chaque cristal reste aplatie , ÆSCHYNITE (Min . ) . [Berzelius , Jahresb ., t . IX,
tandis que la partie inférieure s'arrondit. Dessé- p. 195. - Substance de composition encore mal
chés à 100°, ils renferment suivant Wirz de l'eau déterminée, analysée par Hartwall [ Berzelius ,
de cristallisation et ont pour formule : Jahresb., t. XXV, p . 371 ] et par Hermann (Journ .
(C6H10O4 )2 H2O. fur prakt. Chem., t. XXXI, p. 89, t. XXXVIII,
L'acide adipique se dissout très -bien à chaud dans p. 116, t. L, p. 170-193, t. LXVIII , p. 97 ] . Ren-
l'alcool, l'éther et l'eau. Ce dernier liquide à 18° ferme les oxydes de titane , niobium , zirco-
nium (?), cerium , fer, yttria, lanthane, calcium
dissout 7,73 p. d'acide cristallisé . Mais si on le et une petite quantité d'eau et de fluor. Cristaux
sature à l'ébullition et qu'on le laisse ensuite en prismes orthorhombiques presque noirs ; trans-
refroidir, il en retient 8,61 p. à la même tempé- lucides et d'un jaune foncé sous une faible épais-
rature de 18° (Wirz). seur; d'un éclat résineux. Se trouve dans une
Le point de fusion de l'acide adipique est mal roche granitoide de Miask (Oural) accompagnée
connu . Suivant Laurent et Malaguti, il serait si- de zircon.
tué à 130°, suivant Wirz à 140°, et suivant Bro- Caractères. -- Dans le matras, donne de l'eau;
meis et Crum -Brown, à 145°. ·-- L'acide adipique dans le tube ouvert, des traces de fluor. Sur le
distille sans altération et se sublime sous forme
de barbes de plumes. Fondu avec de la potasse, il charbon, se gonfle et prend une couleur jaune
sans fondre. Avec le borax, forme un verre jaune
dégage de l'hydrogène sans se colorer et donne un foncé qui devient incolore à froid et rouge au feu
sel d'où l'acide sulfurique expulse un acide vola- de réduction en présence de l'étain .
til qui a l'odeur de la sueur (Gerhardt). Dureté 5-6. Poussière grise ou brun jaunâtre.
ADIPATES MÉTALLIQUES . - L'adipate ammonique Densité 4,9 à 5,14.
cristallise en aiguilles. Les chlorures de baryum, Forme crist. - Prisme orthorhombique : mm
de strontium et de calcium ; les sulfates de ma- = 127º 19 ' ; e¹el := 73 34. Cliv. h¹ traces.
gnésium , de manganèse, de nickel et de cadmium F. et S.
et l'azotate de cuivre et de plomb ne troublent pas AFFINAGE. Généralement affinage signifie
la dissolution de ce sel. Ce caractère permet de purification, et l'on dit affinage du cuivre, affinage
distinguer l'acide adipique de l'acide pimélique, de la fonte, etc.; mais lorsque le mot affinage est
ce dernier étant précipité par les sels solubles de employé seul , il s'applique principalement aux
cuivre et de plomb. L'adipate d'ammonium préci- métaux précieux . C'est à ce dernier point de vue
pite le perchlorure de fer en rouge briqueté. que nous consacrerons cet article, renvoyant aux
L'adipate de baryum desséché avec de l'acide mots cuivre, fonte , etc. , la description des procé-
sulfurique se présente en masses blanches , opa- dés à l'aide desquels on purifie ces divers corps.
ques et anhydres. L'affinage a essentiellement pour but de séparer
L'adipate de strontium , CH8 O¹Sr" +3 aq. , se l'or et l'argent des alliages , ou bien d'isoler l'or
précipite en aiguilles microscopiques, par l'addi- contenu en minime proportion dans l'argent ou
tion de l'alcool à un mélange d'adipate ammo- réciproquement. Ainsi, la loi fixe le titre des ma-
nique et de chlorure de strontium. tières d'or et d'argent en n'indiquant que le mé-
L'adipate de calcium ,C6 H8 O Ca " +2aq., se pré- tal qui entre en plus forte proportion dans l'al-
pare comme le sel de strontium . liage. Les monnaies d'or, par exemple, étant à
Le sel de plomb renferme 56,16 de plomb mé- 0,900, les 0,100 restant peuvent ne pas contenir
tallique. d'argent ; de même les monnaies ou les ouvrages
Le sel d'argent est un précipité blanc. d'argent, à un titre déterminé, peuvent ne renfer-
ETHER ADIPIQUE. - L'adipate d'éthyle, mer aucune trace d'or. Il y a donc tout intérêt à
C6 H8 O+ ( C2H5 )2, retirer des monnaies ou ouvrages d'or et d'argent
AFFINAGE. 68 AFFINAGE.
les faibles proportions d'argent ou d'or qui , dans de cuivre très-peu soluble dans l'acide sulfurique
ces alliages, ne sont comptés que comme ayant la concentré. L'alliage le plus convenable pour ce
valeur du cuivre. L'analyse des monnaies et mé- traitement doit contenir de 0,800 à 0,950 d'argent
dailles égyptiennes et même romaines prouve que et de 0,050 à 0,200 de cuivre et d'or. La pro-
les procédés d'affinage étaient inconnus des an- portion d'or ne peut dépasser sans inconvénient
ciens ; on employait souvent l'or et l'argent natifs 0,200.
à leur fabrication. A mesure qu'on s'éloigne de La première opération consiste donc à ramener,
notre époque, on constate que les objets en ar- autant que possible , l'alliage dans les conditions
gent renferment plus d'or et les objets en or que nous venons d'énoncer. Si l'alliage renferme
plus d'argent. La séparation de ces métaux s'est trop de cuivre, on le grille au rouge sombre dans
d'autant mieux effectuée que les arts chimiques des fours particuliers et on le traite par de l'acide
ont progressé. L'oxydation par la fusion pro- sulfurique étendu qui ne dissout que l'oxyde de
longée au contact de l'air, la cémentation , le cuivre; on l'enrichit ainsi de manière à élever le
salpêtre , le soufre , le sulfure d'antimoine, le su- titre à 0,700 ou 0,800. Autrefois on fondait les
blimé corrosif, etc. , ont été mis en pratique pour alliages avec du salpêtre et on donnait à cette
séparer l'or de ses alliages avec les métaux oxy- opération le nom de poussée.
dables. Quant à l'argent, on l'extrayait au moyen L'alliage , obtenu dans des proportions conve-
du salpêtre ou de la coupellation ; plus tard ces nables, est fondu et grenaillé en le projetant dans
divers modes ont été remplacés par le départ au des tonneaux remplis d'eau froide , au fond des-
moyen de l'acide azotique ; mais ce procédé , en- quels se trouvent des vases en cuivre. Les gre-
core suivi de nos jours dans les laboratoires , ne nailles égouttées sont desséchées et traitées par
pouvait utilement et économiquement être appli- l'acide sulfurique concentré à 66º. Ajoutons , avant
qué dans l'industrie lorsque les alliages ne conte- d'aller plus loin , que certains affineurs ne gre-
naient pas plus de 2 à 3 millièmes d'or. En 1820 naillent pas l'alliage et qu'ils traitent directement
Dizé a proposé l'emploi de l'acide sulfurique pour des lingots du poids de 30 à 35 kilogr. On em-
l'affinage des métaux précieux. ploie de 2 à 2 1/2 son poids d'acide sulfurique et
L'art de l'affineur dépendait autrefois des hôtels l'opération se fait dans des vases en fonte. On fait
monétaires et était une des prérogatives de la bouillir jusqu'à ce que la dissolution de l'argent
couronne. Divers édits , de 1689 , 1692. 1721 , et du cuivre soit complète . Pendant la réaction il
1757 , etc. , réglaient que les opérations de l'affi- se forme du sulfate d'argent, du sulfate de cuivre,
nage ne pouvaient se pratiquer qu'en présence et il se dégage de l'acide sulfureux et il distille de
sous l'inspection des officiers des hôtels moné- l'acide sulfurique . Ces acides sont recueillis dans
taires, et cet état de choses dura jusqu'au moment. des chambres de plomb de petite dimension ;
où la loi du 19 brumaire an VI supprima la ferme l'acide sulfurique se condense d'abord et l'acide
des affinages et rendit libre l'exercice de cette sulfureux est transformé de nouveau en acide
profession. sulfurique par les procédés ordinaires ; c'est du
Dans l'ancien procédé d'affinage , les alliages , moins ce qui se pratique dans les usines bien
amenés au titre convenable pour le départ, étaient installées .
grenaillés et traités par l'acide azotique dans des Les vases en platine, qu'on avait substitués aux
vases en platine, en grès, ou dans des cornues en vases de fonte , sont maintenant abandonnés et
verre, lutées et chauffées au bain de sable ; l'ar- exclusivement remplacés par la fonte.
gent et le cuivre étaient dissous, l'or n'était pas Après la dissolution de l'argent et du cuivre on
attaqué ; l'argent était ensuite réduit à l'état mé- fait bouillir quelques instants le contenu de la
tallique par des lames de cuivre. Le prix élevé de chaudière avec de l'acide sulfurique à 58° et on
l'acide azotique, sa perte inévitable, ont fait aban- laisse reposer. On décante dans des chaudières
donner ce procédé, qui n'était adopté, il y a quel- en plomb et , par l'addition d'eau , on amène la
ques années , que dans une seule usine en Angle- dissolution à 20° Baumé environ .
terre. L'or est resté dans le vase sous forme de poudre
Le procédé actuel , par l'acide sulfurique , a noire ; il est à l'état spongieux dans le cas où l'on
permis d'affiner avec avantage les anciennes ma- agit directement sur les lingots sans les grenailler.
tières d'or et d'argent qui se trouvent dans le Cet or, recueilli et lavé , est traité comme nous le
commerce; car il suffit qu'un alliage d'or con- verrons plus loin.
tienne 0,020 d'argent ou qu'un alliage d'argent Dans la dissolution des sulfates on plonge des
et de cuivre renferme 0,0004 d'or pour affiner lames de cuivre et on fait circuler, dans des tubes
avec bénéfice. en plomb , de la vapeur pour élever la tempéra-
Depuis la création des grands ateliers d'affinage, ture. L'argent se dépose à l'état métallique et il
c'est-à-dire depuis 1825 , on peut évaluer à plu- se forme du sulfate de cuivre ; lorsque l'on a con-
sieurs milliards l'argent aurifère qui a passé dans staté , au moyen du chlorure de sodium , qu'il ne
les affinages , et comme les anciennes monnaies reste plus d'argent en dissolution , on détache
d'argent renfermaient 0,001 , 0,002 et jusqu'à l'argent métallique ( appelé chaux d'argent ), on le
0,003 d'or, on voit que cette industrie chimique lave , on le sèche rapidement et on le comprime
a accru la fortune publique de plusieurs cen- par la presse hydraulique ; après l'avoir séché
taines de millions. De nos jours on affine annuel- graduellement, on le fond et on le coule en lin-
lement pour une somme de 400 à 500 millions gots .
provenant des piastres du Mexique ou du Pérou , L'argent d'affinage ne contient que des traces
des lingots arrivant de la Chine ou de la Cochin- impondérables d'or et 0,003 à 0,004 de cuivre ;
chine , des anciennes monnaies , de l'argent des beaucoup de lingots d'affinage sont à 0,996 ou
mines d'Amérique ou des déchets d'orfévrerie. 0,998.
Le procédé d'affinage employé aujourd'hui repose L'or en poudre , ou à l'état d'éponge , est ordi-
sur ces faits : 1° que l'acide sulfurique concentré nairement traité à deux reprises par de l'acide
et chaud transforme l'argent et le cuivre en sul- sulfurique concentré afin de lui enlever les der-
fates solubles, sans attaquer l'or ; 2° que le sulfate nières traces d'argent ou de cuivre ; il est ensuite
d'argent est réduit par le cuivre à l'état d'argent fondu seul ou avec l'addition de salpêtre . L'or
métallique, en produisant du sulfate de cuivre. d'affinage est habituellement au titre de 0,998, et
L'alliage , avant de passer à l'affinage , est sou- on trouve beaucoup de lingots à 0,999.
mis à un essai indiquant sa composition ; car s'il La dissolution acide de sulfate de cuivre est
renferme trop d'or, tout l'argent n'est pas attaqué; évaporée dans des chaudières en plomb jusqu'à ce
s'il contient trop de cuivre , il produit du sulfate qu'elle marque 40° B. Il se dépose des cristaux de
AFFINITÉ . 69 AFFINITÉ .
sulfate de cuivre anhydre qu'on enlève ; une nou- la phrase d'Hippocrate, ὁμοῖον ἔρχεται πρὸς τὸ
velle concentration fournit de nouveaux cristaux ópotov, disait que les semblables saisissent plus
qu'on réunit aux premiers et qu'on fait recristal- volontiers leurs semblables ; l'école de Stahl sou-
liser dans des vases revêtus de plomb. tenait ce principe à outrance, et Lavoisier lui-même
Les cristaux ainsi purifiés et égouttés sont livrés dans son Traité de Chimie dit que les métaux,
au commerce. Dans le traitement des alliages par ayant de l'affinité pour l'oxygène, doivent s'u-
l'acide sulfurique on observe quelquefois la for- nir entre eux , en vertu du principe, quæ sunt
mation d'une poudre rouge qui n'est autre chose eadem uni tertio sunt eadem inter se. Nous n'a-
que du sulfite de protoxyde et de bioxyde de cuivre. vons pas besoin de démontrer le peu de généra-
Des tarifs , déterminés par le gouvernement , lité de ce principe qui, pour être applicable, sup-
indiquent les droits que l'on doit acquitter pour pose précisément que l'affinité soit un fait de si-
les frais d'affinage, lorsqu'on présente des alliages militude ; car s'il est vrai que deux choses sem-
aux hôtels de monnaie; mais , dans l'industrie , blables à une troisième soient semblables entre
ces droits sont discutés avec l'affineur et varient elles, il n'est pas dit pour cela que deux choses
selon les circonstances et la concurrence . On peut différentes d'une troisième diffèrent entre elles de
cependant prendre pour point de départ que l'af- la même façon. Du reste, Bergman a fait justice
finage de 1 kilog, d'argent revient environ à 0º,90 de cette opinion bizarre en montrant que l'expé-
ou 1 franc. J. B. rience lui donnait à chaque instant un démenti ;
AFFINITE (Hist. ). 1 On appelle affinité la l'on sait, en effet, que les sels ont moins d'affinité
cause quelle qu'elle soit des combinaisons chimi- pour un excès de base ou d'acide que la base libre
ques. Quand un mélange de chlore et d'hydrogène n'en a pour l'acide libre ; et cependant , dans le
se transforme en acide chlorhydrique, il y a phé- premier cas, on est sûr, expérimentalement, d'a-
nomène chimique, et l'on dit que l'affinité a réuni voir mis en présence des corps ayant un principe
les deux corps primitifs en un composé unique ; commun.
quand on plonge une lame de zinc dans du chlo- Mais revenons à Barchusen et à sa Pyrosophia ;
rure de cuivre, et quand celui-ci se transforme en si nous n'y trouvons pas une définition satisfai-
chlorure de zinc pendant que le cuivre se dépose, sante de l'affinité, ce dont nous ne devons pas
on dit que l'affinité du zinc pour le chlore a être surpris en lisant la date de l'ouvrage ( 1698),
vaincu l'affinité plus faible du cuivre pour ce métal- du moins y rencontrons-nous, au milieu des vues
loide L'affinité est donc pour le chimiste quelque alchimiques du temps, quelques expériences bien
chose de déterminé et, jusqu'à un certain point, de faites et quelques idées justes qui nous éclairent
susceptible de mesure ; il sait, à la vérité, que dans sur la valeur scientifique de l'homme. L'axiome
les phénomènes chimiques les forces physiques premier, notamment, contient une explication très-
interviennent d'une façon non douteuse, qu'il y nette et très-philosophique des phénomènes chi-
a une grande part à faire, dans la réaction du miques qui se manifestert par la voie sèche ; le
chlore sur l'hydrogène , à la chaleur et à la lu- voici Axioma 1. Non novas antehac non exis-
mière, ou dans la réduction du chlorure de cuivre tentes producit ignis substantias ; sed Principia
par le zinc , à l'électricité ; mais toujours est- il corporum, mire inter se intricata, ab igne a se
qu'il se croit en droit de distinguer dans ces diffé- invicem separantur, vel separata , eodem auxi-
rents cas ce qui porte l'hydrogène ou le cuivre sur liante, variis modis tantum conjunguntur. « Le
le chlore de tout autre agent naturel, et c'est feu ne crée rien , il ne produit pas de substances
cela qu'il désigne sous le nom d'affinité . nouvelles ; mais sous son influence le merveilleux
Le mot a été introduit dans la science par les assemblage d'éléments qui constitue les corps se
alchimistes. On le trouve pour la première fois détruit et ces éléments se séparent les uns des
dans la Pyrosophia de Barchusen , mais dans un sens autres, ou simplement se groupent entre eux de
plus rapproché de sa signification étymologique et diverses manières. »
par conséquent assez différent de celui qu'on lui Boerhaave, le célèbre médecin de Leyde, est le
attribue aujourd'hui. Voulant expliquer l'impossi- premier qui ait attribué la cause de la combinai-
bilité où l'on se trouve d'isoler les quatre pre- son des corps à une force spéciale, c'est donc à
miers principes qu'on admettait alors dans la lui qu'on doit réellement l'idée d'affinité. Voici ce
constitution de tous les corps , Barchusen disait qu'il dit à ce sujet. « Une observation journalière
que ceux-ci se trouvaient toujours mélangés de nous apprend que dans beaucoup de cas les par-
quelque chose de terrestre ou d'une autre nature ; ticules du menstrue, après avoir agi comme dis-
car ils ont entre eux une affinité étroite et ré- solvant, s'unissent aux particules du corps dissous
ciproque qui fait que tel qu'on croyait avoir en- et forment ainsi un composé très-différent par ses
tièrement purgé de tel autre, finit par reprendre propriétés des corps dont il dérive ; telle est l'ac-
celui ci sous l'influence d'une exposition prolon- tion de l'esprit de nitre sur le fer, de l'eau régale
gée à l'air, toujours riche en particules de tous sur l'or. Dans ce dernier cas pourquoi les particu-
genres (1). » les d'or, dix-huit fois plus denses que l'eau régale,
Affinitas était donc pour Barchusen ce commun ne se réunissent-elles pas au fond du vase ? Ne
lien de parenté qui existe entre les éléments et voyez-vous pas clairement qu'il y a entre chaque
qui fait qu'ils se recherchent ; et il n'y a pas particule d'or et chaque particule d'eau régale une
aussi loin qu'on pourrait le croire de cette opinion force en vertu de laquelle elles se recherchent,
à celle que se sont faite de l'alinité les chimistes s'unissent et se retiennent? Ne faut-il pas qu'il y
du siècle suivant. On a admis pendant longtemps ait une cause pour que les particules du menstrue,
que la similitude de nature ou de propriétés se séparant les unes des autres, aillent chercher
des composants était une des conditions les plus les particules du corps à dissoudre plutôt que de
favorables de la combinaison ; Becher traduisant rester dans leur état primitif? Et, la désagrégation
une fois opérée par l'action dissolvante du mens-
(1) Restat et insuper admonendum, hæc quatuor a true, ne faut-il pas admettre une raison semblable,
nobis jamjam recensita Principia, non esse tam simplicia pour que les particules de ce merstrue et celles
neque tam pura, quantumvis optime depurata, quin non
aliquid terrestre vel aliquid aliud ab eo possit sepa- du corps dissous restent unies ensemble, plutôt
rari; arctam enim et reciprocam inter se habent affini- que de se rechercher à leur tour entre elles, et de
tatem, quod illud, quod a se separatum modo videbatur, se réunir de nouveau selon l'affinité de leur na-
tractu temporis ab aere ambiente, omnis generis parti- ture en corps homogènes ? (1) » Comme on le voit,
culis abundante , id sibi demum adsciscat ; quapropter
impossibile quid arbitror, inveniendum elementum quod-
piam simplicissimum , quod non peregrinis heteroge- (1) Igitur causa certa hic requiritur, quæ efficit , ut
neisve gaudeat particulis . particulæ dissolventis a se mutuo recedentes potius pe-
AFFINITÉ. - 70 ---- AFFINITÉ.
si l'idée d'affinité a été clairement définie par Boer- pour chaque circonstance particulière, si on veut
haave, le sens dans lequel il emploie le mot est qu'elles soient bonnes, ou sinon elles seront d'au-
singulièrement différent de celui qu'on lui donne tant plus fautives qu'elles seront moins nom-
à présent ; l'affinité de Boerhaave fonctionne breuses.
comme la cohésion de Berthollet. Voici en effet C'est ce qui fait l'inexactitude flagrante des ta-
une phrase de la Statique chimique : « Le pre- bles de Bergman ; il voulut identifier les tables
mier effet de l'affinité sur lequel je fixe l'atten- d'affinité correspondant à plus de six acides diffé-
tion , est celui qui produit la cohérence des par- rents et ne réussit qu'à donner une liste égale-
ties qui entrent dans la composition d'un corps . ment mauvaise pour les divers acides considérés .
C'est l'effet de l'affinité réciproque de ces parties - Voici quelques colonnes de rapports prises dans
que je distingue par le nom de force de cohésion les ouvrages qui eurent le plus de renommée.
et qui devient une force opposée à toutes celles
qui tendent à faire entrer dans une autre com- TABLES DES RAPPorts (Geoffroy).
binaison les parties qu'elle tend au contraire Acide vitriolique.
à unir. » Berthollet procède plutôt de Boerhaave
que de Lavoisier ses idées et son style le mon- Principe huileux du soufre primitif.
trent. Sel alcali fixe.
Pour Boerhaave , l'union des corps dissemblables, Sel alcali volatil.
la véritable combinaison chimique est une espèce Terres.
de mariage ; lorsque l'acide nitrique dissout le fer, Fer.
c'est moins une désagrégation violente qu'une Cuivre.
union intime, cela provient plutôt de l'amour que Argent.
de la haine : « magis ex amore quam ex odio. » TABLES SYMBOLIQUES.
Les circonstances mêmes qui accompagnent le
phénomène servent à Boerhaave à continuer sa Acide vitriolique. Eau.
métaphore ; l'effervescence, la chaleur, le bruit,
la lumière qui se manifestent pendant les combi- Phlogistique . Esprit de vin .
naisons sont comparables aux fêtes et à la joie Sel alcali fixe. Ꮎ Sel .
qui accompagnent les noces. Il faut convenir avec Sel alcali volatil.
M. Dumas qu'il y a quelque vérité dans cette Terre absorbante.
image poétique, qui a le mérite de résumer les Fer.
principaux caractères du phénomène chimique,— Q Cuivre .
dissemblance des composants , manifestation de Argent .
forces physiques au moment de la combinaison ,
union intime après celle- ci. TABLES DE BERGMAN, éd. française, 1780.
En même temps que Boerhaave développait ces Acide aérien Acide du sucre (1)
idées dans son cours de Leyde, Geoffroy l'aîné pu-
bliait à Paris, la première table d'affinité sous le (carbonique). (oxalique).
titre de : Table des rapports observés entre les La terre pesante pure. La chaux.
différentes substances. C'est un recueil de listes La chaux pure. La terre pesante.
comprenant les noms de divers corps, classés L'alcali fixe végétal pur. La magnésie.
dans un ordre tel que le premier - celui qui L'alcali fixe minéral pur. L'alcali fixe végétal,
occupe le haut de chaque colonne est considéré La magnésie pure . L'alcali fixe minéral.
comme ayant plus d'affinité pour le second que L'alcali volatil pur. L'alcali volatil.
pour le troisième, pour celui-ci que pour le qua- Le zinc . L'argile.
trième , et ainsi de suite. Il y a donc une idée La manganèse.
nouvelle dans l'œuvre de Geoffroy. C'est l'idée de Le fer.
plus ou de moins appliquée à l'affinité ; l'affinité
est déjà une quantité, tous les efforts du XVIIe siè- ATTRACTIONS ÉLECTIVES SIMPLIS (BERGMAN).
cle vont tendre à lui trouver une mesure. (1788. )
Mais en réalité que représentent ces tables ? Voie humide.
L'ordre de décomposition des sels d'un même acide
par les différentes bases ou inversement ; or cet Acide vitriolique. Liste exactement pareille
ordre n'est constant que dans des circonstances Baryte pure. pour les acides sulfu-
identiques : il faut donc une infinité de tables , -une Potasse pure . reux, nitreux(nitrique),
Soude pure. nitreux phlogistiqué
Chaux vive . (nitreux) , marin (chlor-
tant illas materiæ dissolvendæ particulas, quam ut in an- Alcali volatil pur? hydrique) , marin dé-
tiqua statione maneant.
An non similis ratio exigitur, quum particulæ solvendi, Magnésie pure? phlogistiqué ( chlore ) ,
jam divulsæ per virtutem solventis, sicque jam separatæ, Argile pure. et pour l'eau régale.
potius maneant nunc unitæ illis menstrui partibus, per Chaux de zinc .
quas solutio facta fuit, quam ut iterum, post solutionem fer.
peractam, particulæ solventes et solutæ denuo se affini- ...
tate suæ naturæ colligant in corpora homogenea? Oro cuivre.
vos, auditores, cum cura perpendite id quod dico, dignis-
sima est cogitatione et memoria observatio... antimoine.
Quotidianum habetur observatum quod particulæ
menstrui, postquam actione sua jam dissolverunt suum ...
solvendum, tunc statim ita nectant suas particulas sol- mercure.
ventes ad particulas soluti, ut mox oriatur ex concretis argent.
his novum coalescens compositum, multum sæpe distans or.
a natura simplicis, resoluti, corporis.
Dum aqua regia solvit subtipulum auri in liquorem platine.
flavum, partes auri dissoluta manent unitæ partibus Eau.
aqua regia dissolventis, ut auri particule, aqua regia Esprit de vin.
decies et octies graviores, maneant suspensæ in aqua 腻
regia, neque in fundum delapse se colligant sub leviore (1) Il cède les alcalis aux acides vitriolique, nitreux
aqua. Nonne evidenter cernitis hinc inter unamquam- marin, arsenical et phosphorique, la chaux à aucun, la
que auri et aquæ regiæ particulam, virtutem quamdam terre pesante à l'acide vitriolique, la magnésie à l'acide
mutuam, qua auri pars illam, hæc vero auri particulam spath que, l'argile aux acides vitriolique, nitreux et
amat, unit, retinet ? (Boerhaave, Elçm, chymiæ, 1733.) marin, l'argent et l'antimoine à l'acide marin, etc. »
- 71 - AFFINITÉ .
AFFINITÉ .
marqués, d'autres pour lesquelles il y en a un
plus grand nombre... » Remarquons en passant
ATTRACTIONS ÉLECTIVES DOUBLES (YOUNG). combien d'aperçus profonds l'on trouve dans cette
phrase, comme dans presque toutes celles de son
Les dissolutions de deux sels étant mélangées , illustre auteur ; qui donc, en 1782, pensait qu'une
chaque base reste unie à l'acide qui s'en rappro- solution pût contenir de l'eau décomposée?
che le plus dans la table. Bergman, l'auteur des tables qui furent le plus
consultées , apporta dans la chimie les idées d'un
Acide sulfurique. Acide sulfurique. astronome . En tant qu'observateur , il nous appa-
Baryte. raît comme un des meilleurs chimistes de son
Baryte. temps , mais ses théories le mènent aux plus
Strontiane. Potasse.
Chaux. Soude. étranges conséquences . Frappé de ce fait que
Potasse. Strontiane. Newton avait pu résumer en une formule unique
Soude. Ammoniaque. le mouvement de tous les corps célestes, il crut pou-
Mercure? Magnésie (1). voir ramener les attractions chimiques à un même
Alumine. degré de simplicité . Malheureusement, s'il est
Fer? vrai que le plan de la nature est toujours simple,
Magnésie . Chaux.
ce plan ne nous apparaît souvent que derrière
Ammoniaque . Acide sulfureux. des perturbations nombreuses qu'il faut savoir
Alumine.
Cuivre? éliminer. Celui qui veut trouver la simplicité dès
l'abord, qui cherche une loi approchée pour ré-
Acide muriatique. sumer les faits bruts et non débarrassés des cir-
constances accessoires , celui-là risque beaucoup
TABLE NUMÉRIQUE D'ATTRACTION (YOUNG). de se laisser tromper par quelque rapprochement
fortuit, de généraliser des idées qui ne sont pas
Acide oxalique. susceptibles de généralisation , et de donner, en
Chaux .. 9,60 résumé, des phénomènes une explication peut-être
• 9,30 simple mais inexacte. Tel est le sort de Bergman.
Baryte.. Ce chimiste admettait qu'en général l'ordre des af-
Strontiane 8,25
8,20 finités est constant ; c'est une opinion qui a pu se
Magnésie. soutenir le jour où l'on a considéré l'affinité comme
Potasse. 6,50
6,45 n'ayant qu'une part accessoire dans le phénomène
Soude . du déplacement des différents corps les uns par
Ammoniaque .. 6,11
les autres ; mais, du temps de Bergman , alors
Etc.
qu'on attribuait ce déplacement à l'attraction
Nous voyons par ces exemples le peu de portée élective seule, c'était une grave et déplorable er-
scientifique de ces tables . Au point de vue de reur déplorable surtout à ce point de vue qu'elle
la théorie , elles ne nous apprennent rien sur l'affi- introduisait dans la science chimique une sim-
nité, puisque Berthollet a démontré qu'un acide plicité illusoire au mépris des faits les mieux
faible déplaçait un acide fort, pourvu que l'inso- observés, car s'il est vrai que l'ordre des affinités
lubilité ou la volatilité du sel qu'il produit le de bases pour l'acide sulfurique soit celui-ci :
mit à l'abri d'une réaction inverse. Au point de baryte, potasse, argent, il est impossible que ce
vue de la pratique , elles donnent des indications tableau puisse servir à l'acide chlorhydrique , ni-
vagues et trop souvent fautives ; l'on sait qu'une trique, etc. L'on voit que Bergman réagissait
usine s'est montée pendant la Révolution pour contre l'expérience lorsqu'elle lui donnait tort ; il
fabriquer industriellement de la baryte afin de aurait fallu, disait-il, éviter certaines causes per-
précipiter avec elle la soude du sel marin ; réaction turbatrices , comme l'élévation de température ,
impossible , et qui pourtant était manifestement etc., et il regardait les exceptions trop nombreu-
indiquée par la place que Bergman donnait à la ses à ses lois comme des irrégularités dout on au-
rait la cause dans la suite. Lorsque Berthollet
baryie dans la liste correspondant à l'ac.de mu- découvrit cette cause, il s'aperçut qu'elle expli-
riatique .dant quait également bien non-seulement les excep-
Cepen les tables d'affinité eurent le plus
grand succès , chaque chimiste faisait la sienne ; tions, mais la règle elle-même.
Les imitateurs de Bergman voulurent couronner
l'Académie des sciences ne leur reprochait guère son œuvre en lui ajoutant l'élément numérique
quede supposer l'intervention d'une force attractive, qui lui manquait ; or, c'est la marque des théories
singulière raison , au milieu de tant de bonnes , pour fausses de ne pouvoir supporter l'introduction du
ne pas les adopter ; on les modifiait de toutes les
manières , on cherchait à y introduire l'élément calcul, et l'inconséquence des tables éclata bien-
numérique qui les aurait rendues parfaites ; Lavoi- tôt dans tout son jour. Voici comment on s'y
prit pour exprimer les affinités par des nombres.
sier même donnait une table des affinités du prin-
cipe oxygine ., mais sans y attacher une grande im- Bergman figurait ainsi les décompositions :
portance et en faisant fort bien ressortir ce qu'il y
avait d'illogique dans la plupart de ces listes.
« Une telle table, dit-il, ne peut représenter des Vitriol de potasse.
résultats vrais qu'à un certain degré de chaleur ... Vitriol Acide Potasse.
Il en faudrait une pour chaque degré de thermo- de vitriolique. Οι
metre. Un second défaut est de ne faire entrer Chaux.
chaux.
pour rien les effets de l'attraction de l'eau et peut-
éire de sa décomposition , dans les combinaisons
par la voie humide . Une troisième imperfection Ce schema revenant à celui- ci :
est de ne pouvoir exprimer les variations qui
surviennent dans la force attractive des molécules Avant : Vitriol de chaux et potasse en solution .
des corps , en raison des différents degrés de satu- Après Vitriol de potasse en solution et chaux
ration; il y a certaines combinaisons pour les- précipitée.
quelles il y a deux ou trois degrés de saturation
Il exprimait donc que la potasse avait plus d'affi-
(1) 11 se forme un sel composé. A chaud la magnésie nité pour l'acide vitriolique que la chaux. Elliot fut
prime l'ammoniaque . »
AFFINITÉ . 72 AFFINITÉ .
conduit à représenter ces affinités par des nombres cepté sur l'une de leurs bases. - Voyez plus loin
tels que 62 et 54. Ex. : AFFINITÉ ET ÉLECTRICITÉ.
Fourcroy, voyant l'acide nitrique et le mercure
Vitriol de potasse. s'unir avec violence et former un sel qui se décom-
Acide 62 Potasse. pose très-aisément, tandis que l'acide chlorhydri-
Vitriol que donne avec plus de difficulté un composé sur
de vitriolique. lequel la chaleur est sans action , disait que l'affi-
54 nité devait plutôt se mesurer par les difficultés
chaux. Chaux. qu'on a à séparer un composé en ses principes
que par la vivacité de leur union.
Comme 62 > 54, la décomposition s'effectue. Elliot Lavoisier entrevoyait un moyen tout à fait nou-
s'occupa de même des doubles décompositions et veau de mesurer les affinités. Il se proposait de
représenta ainsi l'action du nitrate d'argent sur l'employer à la suite de ses recherches calorimé-
le sulfate de potasse : triques . Voici le passage du mémoire sur la chaleur
dans lequel, avec Laplace, il développa ses vues à ce
Nitre de potasse. sujet. « ... L'équilibre entre la chaleur qui tend à
écarter les molécules et leurs affinités réciproques
Potasse. 8 Ac. nitreux.
Vitriol 9 2 Nitre qui tendent à les réunir peut fournir un moyen
de Acide Chaux d'argent. très -précis de comparer entre elles les affinités ; si
potasse. l'on mêle par exemple, à une température quel-
vitriolique . d'argent. conque au-dessous de zéro, un acide avec de la
Vitriol d'argent. glace, il la fondra jusqu'à ce qu'il soit assez affaibli
pour que sa force attractive sur les molécules de
Comme la somme des affinités des bases pour glace soit égale à la force qui fait adhérer ces molé-
les acides avec lesquels elles sont combinées cules les unes aux autres, et qui est d'autant plus
actuellement , ( 92 ) , est inférieure à la somme grande que le froid est plus considérable ; ainsi le
des affinités de ces bases pour les acides avec les- degré de concentration auquel l'acide cessera de
quels elles seraient combinées après la double dé- dissoudre la glace sera d'autant plus fort que la
composition (8 + 4) , cet échange s'effectue. Les température du mélange sera plus abaissée au-
affinités qui tendent à laisser le système dans dessous de zéro, et l'on pourra rapporter aux de-
l'état primitif furent dites quiescentes (Kirwan), grés du thermomètre les affinités des acides avec
les autres divellentes. La somme de ces dernières l'eau, suivant ces divers degrés de concentration .
est-elle plus grande que la somme des premières, Réciproquement un acide affaibli soumis à un froid
la double décomposition se fait. Mais comment donné devra perdre de l'eau à l'état de glace jusqu'à
déterminer ces différents nombres ? Par la mé- ce qu'il ait acquis le degré de concentration cor-
thode des approximations successives. L'acide respondant à cette température . » — Lavoisier
sulfurique a plus d'affinité pour la potasse que concevait de même toutes les dissolutions, il es-
l'acide nitrique, puisqu'il le déplace ; figurons pérait généraliser ce procédé de mesure.
ces affinités par 9 et 8 ; la potasse a plus d'af- Séguin pensait que le degré de température
finité pour l'acide sulfurique que l'oxyde d'ar- (compté à partir du zéro réel) , auquel deux corps
gent, puisqu'elle le précipite : l'affinité de l'oxyde s'unissent, est inversement proportionnel à leur
d'argent pour cet acide est donc <9 ; faisons- affinité .
la == 4. L'affinité de l'acide nitrique pour l'oxyde Les recherches de Berthollet sur l'affinité vin-
d'argent doit être moindre que 8, et que 4 ; de rent modifier profondément les idées des chimistes
plus, ajoutée à 9, elle doit faire un total infé- sur ce sujet si controversé. Avec lui les forces de
rieur à 84 : nous la supposerons égale à 2. cohésion et d'expansibilité prennent une part
Le choix des nombres est donc de plus en plus considérable et même prédominante dans les phé-
restreint et de moins en moins indéterminé puis- nomènes chimiques. L'attraction élective , celle
qu'il doit satisfaire à une multitude d'inégalités qui suppose l'union entière d'une substance avec
tirées de toutes les décompositions connues : la une autre de préférence à une troisième qui est
méthode n'est donc pas tout à fait dépourvue d'es- en présence, est définitivement rayée de la science.
prit scientifique. Mais il arrive ceci : l'affinité L'affinité, dans l'action des corps les uns sur les
de A pour B, d'après un groupe de réactions, doit autres, n'intervient plus seule : un facteur nouveau
être comprise entre 28 et 32 ; or un autre groupe est introduit dans l'expression de cette action, les
de réactions assigne à cette affinité une valeur in- quantités pondérales des corps en présence. Enfin
termédiaire, entre 4 et 11 par exemple. Il y a donc cette même affinité est définie à nouveau , elle de-
impossibilité complète de faire concorder les faits vient fixe et inversement proportionnelle à la
avec la théorie. quantite saturante, c'est- à-dire à l'équivalent.
Cependant l'idée de mesurer l'affinité était si L'objection faite par Lavoisier aux tables d'affi-
naturelle et si séduisante que la plupart des nité s'était présentée à tous les bons esprits :
chimistes du temps s'en occupèrent. Guyton de aussi donnait-on pour chaque corps deux listes
Morveau chercha à déterminer par des moyens différentes représentant les affinités dans deux
physiques l'attraction au contact du mercure pour circonstances bien définies, la voie humide et la
les métaux : c'étaient suivant lui autant de données voie sèche. On admettait donc que l'affinité était va-
numériques dont la théorie future de l'affinité riable selon que les circonstances ou l'état physique
ferait son profit. Kirwan, d'après des expériences variaient : Berthollet établit ce principe nouveau et
incorrectes, posa d'abord ce principe singulier fécond que l'on pouvait expliquer toutes les réac-
que les affinités des bases pour un acide sont en tions en admettant une affinité fixe et une force
raison inverse des quantités d'acide réel néces- antagoniste variable, la cohésion ou l'expansibi-
saire pour en saturer une même quantité , et les lité. Il est clair que l'inégalité entre ces deux
affinités des acides en raison directe des quantités forces n'étant donnée que par l'expérience, et pour
de base qui les saturent ; Wenzel , au contraire, chaque cas particulier, la nouvelle règle ne de-
adoptait cette opinion d'une certaine valeur, que vait pas avoir d'exceptions; c'est ce qui fit son suc-
l'affinité des métaux pour un dissolvant commun cès. Mais les idées théoriques qui lui donnèrent
(l'acide nitrique) était en raison inverse du temps naissance méritent d'être rapportées en voici
nécessaire à la solution, les surfaces attaquées un aperçu . La force chimique agit en raison de
étant égales et invariables. L'expérience se fai- l'affinité et de la quantité pondérale des corps en
sait avec de petits cylindres enduits de cire ex- présence , c'est-à-dire proportionnellement à la
AFFINITÉ. - 73 AFFINITÉ.
masse chimique ainsi définie, ou bien, pour les un des plus illustres savants de ce siècle. Il ne
chimistes modernes, au nombre d'équivalents (¹). serait pas tombé dans de telles erreurs si son es-
Il y a combinaison chimique dans toutes les pro- prit se fût plus préoccupé de la constitution des
portions possibles entre deux limites déterminées corps, s'il eût mieux connu la théorie atomique
par la cohésion ou l'expansibilité. La cohésion ou qui naissait alors en Angleterre, ébauchée par
l'expansibilité des composants existe en tant que Higgins et agrandie par Dalton ; ou plutôt s'il n'eût
force vaincue, comme un ressort comprimé mais pas regardé avec dédain cette théorie qui ne sem-
agissant, dans des combinaisons chimiques. La blait alors qu'un jeu de l'imagination , qu'une
cohésion tend à ramener le corps à l'état solide, simple hypothèse proposée par Dalton pour ren-
l'expansibilité à l'état gazeux ; - ces deux forces dre compte de ses lois. L'imagination n'est pas
sont fonctions de la température. La force chi- aussi contraire qu'on le pense au véritable esprit
mique, en mettant ces corps en contact intime, a le scientifique ; pourvu que celui- ci commande, elle lui
plus souvent à vaincre une de ces forces, mais elle fait gagner en pénétration beaucoup plus qu'elle
développe la cohésion par le rapprochement des ne lui enlève en rigueur ; et si c'est un instru-
parties ; lorsqu'on la fait varier en faisant varier ment souvent trompeur, on peut dire qu'il vaut
continûment les proportions des corps en pré- mieux apprendre à s'en servir, que d'en être privé.
sence, on voit qu'il y a certains points pour les- Les lois de Berthollet furent admises comme
quels la condensation est la plus grande ; il est représentant bien des faits, mais leur interpré-
naturel qu'à ce point, qui correspond à une com- tation fut modifiée à mesure que la théorie
position chimique constante, corresponde aussi la atomique se précisa davantage. Thenard disait :
plupart du temps la plus grande tendance à la " 1° que rien ne prouve que l'affinité d'un acide
précipitation. Ce sera le plus souvent le point où pour un oxyde soit proportionnelle à sa capacité
les affinités sont le mieux satisfaites (masses éga- de saturation ; 2º qu'il paraît même que cela n'est
les) . C'est ainsi qu'on peut expliquer la fixité à pas ; 3° qu'on suppose que la cohésion peut
peu près absolue des espèces chimiques. L'on s'exercer entre les particules d'un corps qui n'est
conçoit qu'une pareille théorie devient infiniment pas formé et qu'il est difficile d'admettre cette
peu probable lorsqu'elle arrive à expliquer la for- supposition . Mais on peut répondre , ajoute-t- il,
mation de l'eau et qu'elle est radicalement ren- que, quand deux dissolutions salines sont mê-
versée par le fait de la combinaison sans conden- lées, la distance des molécules change proba-
sation du chlore et de l'hydrogène. Ajoutons que, blement par l'agitation ; que ce changement fai-
pour Berthollet, la cohésion joue un si grand role, sant varier l'affinité, il doit en résulter çà et là
que c'est elle qui provoque la double décomposi- des portions de sels insolubles et des portions de
tion, lorsqu'on précipite un sel neutre par un au- sels solubles ; qu'en vertu de la cohésion ces pre-
tre sel neutre elle agit donc chimiquement. mières portions ne peuvent point se désunir, tan-
Voici ce qu'il dit à ce sujet : « La force de cohésion dis que les autres peuvent se décomposer, par cela
est souvent une cause qui détermine des com- même qu'elles se sont formées ; et que par consé-
binaisons... Toutes les fois qu'il se produit quel- quent il doit arriver une époque où toutes celles
que substance solide soit par une séparation soit qui sont insolubles doivent être précipitées. >>
par une combinaison , il faut chercher dans l'ac- Plus tard les illustres disciples de Berthollet
tion réciproque (cohésion ) des parties qui acquiè- et enfin M. Dumas donnèrent à ces lois la forme
rent la solidité, la cause même qui la produit suivante sous laquel'e elles devaient rester :
quoiqu'elle ne se manifestât pas auparavant. L'al- Dans un mélange de deux sels « il y a partage
calinité et l'acidité n'ont aucune influence sur de chaque acide entre les bases et de chaque
l'action réciproque des sels qui sont à l'état neu- base entre les acides. » Ce partage est un fait
tre ; mais tous les phénomènes qu'elle produit d'affinité. Il se forme donc quatre sels qui, si
doivent dépendre des propriétés qui émanent de rien ne vient troubler l'équilibre, subsisteront
l'action réciproque de leurs parties intégrantes... indéfiniment. Mais il n'en est plus de même si
Dans le mélange de substances liquides (neutres), l'un d'eux , par une cause quelconque, insolubi-
des combinaisons qui doivent jouir d'une force lité ou volatilité, est écarté de la sphère d'activité
de cohésion capable de les séparer doivent se for- des autres... La portion de ce sel existant dans
mer et se séparer en effet. » ( Stat. chim . , passim). le mélange s'élimine, mais l'équilibre se rétablit
En somme, Berthollet a changé totalement le sens par la formation d'une quantité nouvelle du sel
du mot affinité. Il prouve que les phénomènes qui éliminé ; celui- ci se soustrayant encore à l'action
ont été jusqu'à lui considérés comme dépendant réciproque, un nouveau partage a lieu , et ainsi de
uniquement de l'affinité ou de la force chimique, suite jusqu'à l'élimination totale du sel insoluble
en dépendent en réalité très - peu ; puis il définit ou volatil.
l'affinité à nouveau et d'après une notion qui en La différence capitale entre cette explication et
fait quelque chose de fixe, d'après la quantité sa- celle de Berthollet est que l'insolubilité ou la vo-
turante, c'est-à-dire celle qui produit la neutra- latilité du corps qui s'élimine n'intervient plus que
lisation. Enfin il suppose que l'action chimique est parce que le corps existe dans le mélange, tandis
en raison composée des quantités en poids et des que Berthollet voyait dans son insolubilité ou dans
affinités (ainsi définies) des corps en présence ; sa volatilité la cause même de sa formation . De plus
ce qui l'amène à penser que les combinaisons s'ef- on admet que c'est l'affinité qui décide du partage
fectuent en proportions indéfinies (2) , tant que la entre les sels neutres. Il est clair que dans le cas
colésion ou l'expansibilité ne leur prescrivent de la précipitation des bases par les bases ou des
pas de limite. Voilà à quelles conséquences la acides par les acides on n'admet pas non plus que
considération unique des forces en chimie mena « la force chimique de l'acide , se partageant entre
les deux bases, n'est plus suffisante pour vaincre
(1) La quantité en poids P est égale à nE, E étant le la cohésion de la base insoluble , laquelle s'isole
poids de l'équivalent. L'affinité est inversement pro- avec une quantité d'acide proportionnelle à la
a A. La force chi- force que l'acide total manifestait à son endroit à
portionne le à l'équivalent : d'où E
l'instant de la précipitation . » (Stat. chim. ) On
mique est proportionnelle à la masse chimique AP, c'est- suppose simplement le partage, la mise en liberté
à-dire à n. de la base en nature, et sa précipitation en vertu
(2) Les chimistes ont souvent regardé comme une de son insolubilité comme dans le cas des sels
propriété générale des combinaisons de se constituer neutres. Ainsi modifiées, les lois de Berthollet
dans des proportions constantes. C'est une hypothèse qui
n'a d'autre fondement que la distinction entre la com- apparaissent comme très-logiques et comme très-
binaison et la dissolution. générales ; l'existence du partage sur lequel elles
AFFINITÉ. 74 AFFINITÉ.
se fondent a été d'ailleurs mise hors de doute par Lorsqu'un des deux sels mis en présence est
une foule d'expériences, parmi lesquelles nous solide, il y a lieu de distinguer la façon dont les
citerons celles de Margueritte, de Malaguti , etc. éléments ont été groupés au début. L'état final
Qu'on prenne une solution de chlorate de po- du système sulfate de baryte et carbonate de
tasse assez concentrée pour qu'elle soit légère- soude ne sera pas le même, par exemple, que
ment louche , et qu'on y jette un cristal de chlo- celui du système carbonate de baryte et sulfate
rure de sodium ou d'ammonium ; le louche dispa- de soude. Il y a bien dans les deux cas échange
raîtra , parce qu'il se forme ainsi quatre sels dont partiel de bases et d'acides, comme le prouvent
aucun n'est à sa limite de saturation . Margueritte.) les expériences de Dulong [ Annal . de Chim ,
Le sulfate de baryte n'est pas absolument inso- t. LXXXII, p . 273] ; - mais dans le premier cas (et
luble dans l'eau ; il se dissout dans environ dans la supposition d'équivalents é aux mis en
200,000 parties de ce liquide. L'on conçoit que présence ) 1/5 de la baryte se transforme en car-
dans la plupart des cas cette solubilité est absolu- bonate à l'ébullition , et dans le second 1/3 du
ment négligeable ; mais si l'on ajoute une liqueur carbonate de baryte reste non attaqué. Ces frac-
saline à l'eau, le sulfate paraitra devenir plus so- tions sont loin d'être identiques. On peut ex-
luble, parce qu'il y aura partage et que la portion pliquer ces faits en admettant que les sels dits in-
de baryte et d'acide sulfurique dissoute ne sera pas solubles agissent comme des sels très-peu solubles
tout entière à l'état de sulfate de baryte. Une ex- et qu'en réalité à cause de leur différence de so-
périence peut se faire à ce sujet. On jette une lubilité, le sulfate de baryte étant bien moins so-
goutte de chlorure de baryum dans un verre d'eau, luble que le carbonate de baryte, on ne fait pas
puis on étend la moitié de cette solution , déjà si entrer en réaction le même nombre d'équivalents
faible, d'eau distillée et l'autre d'un volume égal de sulfate ou de carbonate. Un excès de carbonate
de solution de sel ammoniac . Si l'on ajoute du de soude décompose une plus grande portion de
sulfate de soude dans ces deux liqueurs qui con- sulfate de baryte ; il suffit de 5 équivalents du
tiennent de la baryte en égale proportion, on premier sel pour 1 du second pour que la décom-
obtiendra un précipité dans la première et non position soit à très-peu près complète. Mais si l'on
pas dans la seconde. veut tirer des conséquences théoriques de ces ex-
Qu'on mêle enfin équivalent à équivalent deux périences , on doit prendre dans de telles détermi-
sels dissous dans l'eau qui puissent par le par- nations la masse du liquide en sérieuse conside-
tage en donner deux solubles et deux insolubles ration .
dans l'alcool ; puis qu'on projette la solution Tout le monde sait que le sulfate de cuivre, qui
dans l'alcool en grand excès. On doit admettre est bleu, devient vert par l'addition de chlorure
que la composition du précipité représentera celle de sodium. Il y a donc formation d'une portion
de la partie insoluble dans l'alcool qui existait de chlorure de cuivre. Gladstone a étudié avec
dans le mélange au moment de la précipitation ; soin de semblables phénomènes au moyen de solu-
or voici ce qu'on trouve dans ce cas : tions de couleurs très-riches [ Phil . Trans . , 1855,
MÉLANGES PRIMITIFS . APRÈS LE PARTAGE. p. 179] . Il a pris du sulfocyanate de potassium
1 éq. azotate de 0,92 Azotate de 0,92 Acétate del et y a ajouté divers sels ferriques. Il se forme par
potasse . plomb. double décomposition un sel rouge très-colorant et
plomb et 1 éq. il est facile, d'après l'intensitéde la coloration , d'é-
acétate de pot. 0,08 Azotate de 0,08 Acétat e de
potasse . valuer les proportions dans lesquelles il s'est pro-
plomb.
1 éq. acétate de 0,91 Azotate de 0,91 Acetate de duit. Or on trouve ainsi que cette proportion croit
potasse.
plomb et 1 éq . 0,09 Azotate plomb. continûment lorsqu'on ajoute à équivalent
azotate de pot. de 0,09 Acétate de' de nitrate ferrique de 1 à 375 équivalents de sul-
plomb. potasse focyanate. Un équivalent de nitrate ferrique ne
1 éq. sulfate de 0,81 Sulfate de 0,84 Chlorurede zinc. donne avec 3 équivalents de sulfocyanate de po-
potasse.
zinc et 1 éq. chio- 0,16 Sulfate de 0,16 Chlorure tassium que 0,194 équivalent du composé rouge,
rure de potass. Zinc. de pot. et avec 375 équivalents de sulfocyanate il y a
1 éq . sulfate de 0,83 Sulfate de 0,83 Chlorure
potasse . de zinc. encore du nitrate ferrique non décomposé. L'in-
pot. et un éq. 0, 17 Sulfate de 0,17 Chlorure fluence de la quantité est donc ici évidente ; lors-
chlorure de zinc. zinc. de pot. qu'elle augmente progressivement, la proportion
de sel décomposé varie continùment : il n'y a
L'on voit par ce tableau que l'état du système de saut brusque que lorsque les substances en
présente un équilibre auquel on parvient quelle présence peuvent s'unir en plusieurs proportions;
que soit la façon dont les éléments mis en pré- l'on rema que en outre que l'équilibre s'établit la
sence ont été groupés au début ; les bases fortes plupart du temps dans un instant très-court, mais
s'unissent aux acides forts en une plus grande que dans certains cas l'état final n'est atteint qu'au
proportion que les bases faibles aux acides forts et bout de quelques heures. Cette question de la vi-
inversement ; lorsque les acides et les bases sout tesse des réactions a été étudiée avec grand soin
à peu près égaux en énergie, ils se partagent à peu par Berthelot et Péan de Saint-Gilles au sujet de
près également entre eux, de façon que si on ap- la formation des éthers, c'est-à-dire de ce cas par-
pelle coefficient de décomposition d'un couple de ticulier de double décomposition où l'on met en
sels la portion d'équivalent qui fait la double dé- présence, au lieu de sels métalliques, un alcool
composition, ce coefficient se rapproche de 0,50. et un acide. -- Voyez ETHERIFICATION .
Voici un tableau qui nous éclairera à ce sujet, Bunsen a prouvé que lorsqu'il s'agit de gaz,
il est dû à Malaguti [ Ann . de Chim. et de Phys., corps pour lesquels la combinaison s'effectue avec
(3) , t. XXXVII , p. 198] . une égale facilité et simultanément dans un in-
tervalle de temps également court, l'influence de
COEFFICIENTS DE DÉCOMPOSITION : la quantité est singulièrement modifiée [ Ann.
Azotate de plomb et acétate de potassium . 0,92 de Phys et de Chim . , ( 3 ) , t. XXXVIII , p. 344 ].
Sulfate de zinc et chlorure de potassium 0,84 « Lorsqu'on offre, dit-il, au corps A, dans des
Azotate de plomb et acétate de baryum. 0.77 circonstances qui permettent la combinaison , deux
Sulfate de zinc et chlorure de sodium. 0,72 ou plusieurs corps B , B' ,... qui se trouvent en
Azotate de strontium et acétate de potassium . 0,67 excès , le corps A choisit de chacun des corps
Azotate de plomb et acétate de strontium.. 0,66
Sulfate de sodium et acétate de potassium. 0,62 B, B' ,... des quantités qui se trouvent entre elles
Sulfate de manganèse et chlor. de potassium . 0,58 dans des rapports atomiques simples, de sorte
Sulfate de magnésium et chlor. de potassium. 0,56 qu'il se forme 1 , 2, 3,... équivalents d'une des
Sulfate de magnésium et chlorure de sodium . 0,51 combinaisons pour 1 , 2 , 3, 4,... équivalents de
AFFINITÉ. --- 75 AFFINITÉ .

l'autre. Dans le cas où il se forme ainsi, avec et d'eau de baryte par une solution d'acide carbo-
1 équivalent du corps AB, 1 équivalent du corps nique, ou de chlorures de calcium et de baryum
AB' , on peut augmenter jusqu'à une certaine par du carbonate de soude très - étendu . Dans
limite la masse du corps B par rapport à celle des solutions très-faibles , les molécules jouissent
du corps B' sans que le rapport atomique des com- d'un état chimique qu'on a souvent rapproché de
binaisons qui se forment soit modifié. Mais dès l'état gazeux, et l'analogie que Debus a signalée
que cette limite est dépassée, ce rapport change dévoile entre ces deux états un nouveau trait de
brusquement ; de 1 à1 il devient 1 à 2 ou 1 à 3, etc. ressemblance. Si le chlorure de calcium est mé-
Dans ces conditions, la masse du corps B peut être langé de 5 parties de chlorure de baryum , une
augmentée de nouveau sans que ce nouveau rap- petite quantité de la solution étendue de carbo-
port change, et cela jusqu'à ce qu'on ait atteint une nate de soude précipitera du carbonate de chaux
certaine limite au delà de laquelle il éprouve une presque pur ; si la proportion eût été de 1 à 5,7,
nouvelle modification . Enfin lorsqu'un corps A le carbonate eût précipité deux ou trois fois plus
exerce une action réductrice sur un corps BC qui de chlorure de baryum que de chlorure de cal-
se trouve en excès, de telle sorte que Ċ soit mis cium [ Ann. der Chem. u. Pharm . , t. LXXXV,
en liberté avec formation du composé AB , et dans LXXXVI, LXXXVII] . On savait depuis longtemps
le cas où C peut réduire à son tour le composé AB, que l'acide borique ne met pas en liberté une
le résultat final de la décomposition est tel que la quantité appréciable d'acide sulfurique lorsqu'on
portion de la combinaison qui est réduite se le mélange avec du sulfate de soude (Thenard).
trouve dans un rapport simple avec la portion qui Il semble donc, en résumé, que dans certains cas
ne l'est pas. La masse d'un des corps variant, on il n'y a nullement partage, celui-ci pouvant peut-
observe des sauts brusques dans ce rapport. » être s'effectuer lorsqu'on fait varier les propor-
Voici les expériences qui ont permis d'établir tions : mais ces cas sont assez peu nombreux ,
ces lois : et l'on peut dire que l'interprétation actuelle des
lois de Berthollet est suffisamment d'accord avec
Volume des gaz mélanges Volume de gaz combustibles l'expérience.
avant la combustion eu- ayant subi la combus-
diométrique. Lion. Nous nous sommes sans doute trop étendu sur
H toutes ces questions de statique chimique, mais
CO H 0 CO nous nous y croyions forcé par l'importance du
72,57 18,29 9,14 • 2,18 : 6,10 = 2 ; 1 sujet et par cette considération que le mot affinité
59,93 26,71 13,36 13,06 13,66 = 1 : 1 rappelle inévitablement à l'esprit les lois de Ber-
36.70 42,17 21,13 10.79 31,47 = 1 : 3
40,12 47.15 12,73 14,97 20,49 = 1 ; 4 thollet. Nous pensons qu'il fallait, pour montrer
les modifications progressives qu'elles ont subies
Rapports des volumes après dans leur énoncé et dans leur interprétation ,
la combustion. réunir tous les travaux auxquels elles ont donné
CAZ Az 0 CO CO2 Az lieu, mais nous regrettons d'avoir eu , à ce sujet,
18,05 (¹) 53,08 28,87 • 11,93 22.90 : 17,42 = à abandonner un instant l'ordre chronologique ;
2: 4: 3 nous devons maintenant y revenir.
Higgins, le précurseur de Dalton dans la théo-
Rapports des volumes après rie atomique, semble s'être beaucoup plus occupé
la combustion. que celui-ci des forces qui unissent entre eux les
CO² H CO CO2 atomes , c'est- à- dire de l'affinité. Il avait des
0 idées très-nettes sur la manière dont les « der-
8,52 70,33 21,15 18,61 12,48 = 3 : 2
CO2 CO H CO brûlé 4,59 : CO restant nières particules » se groupent pour faire des
2,96 4,41 68,37 14,02 1 :3 composés et sur la valeur des forces qui les re-
0 tiennent. Voici un passage de son ouvrage [A
24,26 comparative view of the phlogistic and antiphlo-
gistic theories] qui montrera l'état de la chimie
moléculaire avant le xixe siècle.
Produit de la décomposition de la vapeur d'eau « L'air nitreux , selon Kirwan , contient 2 par-
par le charbon chauffé au rouge.
ties d'air déphlogistiqué pour 1 d'air phlogistiqué...
1 vol. CO²; 2 vol. CO ; 4 vol. H. Je pense que chaque particule primaire d'air
phlogistiqué ( azote ) est unie à deux particules
Bunsen fait remarquer avec raison que ces lois d'air déphlogistiqué ( oxygène ) et que ces molé-
ne peuvent pas s'appliquer aux cas où les réac- cules sont entourées d'une commune atmosphère
tions simultanées s'établissent avec plus de diffi- de calorique.
culté ou de lenteur l'une que l'autre. En effet, « Pour faire mieux saisir ma pensée, supposons
soient les corps B et B'agissant sur A, de telle sorte que P soit une particule ultime d'air phlogistiqué
que la combinaison AB s'effectue cu moins de (dans le langage actuel, un atome d'azote) qui at-
temps que la combinaison A B ' ; on peut admettre tire l'oxygène avec une force égale à 3 ; soit a un
que dans le principe le rapport atomique de AB à atome d'oxygène dont l'attraction pour l'azote
AB' est un rapport simple ; mais la composition du est supposée aussi égale à 3 ; la force qui les unit
mélange qui reste à décomposer se modifie con- est égale à 6.
stamment à cause de la plus grande rapidité de 3 6 3
la réaction AB ; le rapport change donc bientôt ; P. ..a
il peut changer ainsi plusieurs fois ; et le résultat
final sera un rapport compliqué. « Considérons ce nombre comme la valeur maxi-
Il faut rapprocher de ces faits si bien étudiés par mum de la force qui peut exister entre l'oxygène
Bunsen, ceux qui ont été observés par Debus et l'azote. Supposons main-
dans la précipitation de mélanges d'eau de chaux tenant qu'un second atome
d'oxygène b s'unisse à l'a- 41
( 1 ) CAz ( 1 vol.) + 0² (2 vol . ) CO² (2 vol. ) + Az (1 vol. ) . zote , il ne pourra être re-
Il n'y a donc pas de changement de volume pour une tenu par une force égale à P.
combustion complète du carbone ; mais CAZ ( 1 vol. ) +0 6, mais seulement à 4 1/2 ;
(1 vol. ) = CO (2 vol. ) + Az ( 1 vol. ) . Il y a donc augmen- c'est-à-dire que la force de
tation d'un volume par chaque double volume d'oxyde P qui est de 3 se divisera
de carbone formé . On n'a par conséquent qu'à faire une
lecture pour évaluer la proportion de CO qui existe également et sera dirigée
après la détonation. vers les deux points a et b, de telle sorte que les
AFFINITE . 76 AFFINITÉ .
atomes Pet a, b seront unis entre eux avec les succès de notre temps? N'est-ce pas là en un mot
forces qui leur sont attribuées , a et b agissant l'image de nos combinaisons moléculaires ?
sur P avec leur attraction entière, et P partageant Dalton s'occupa presque uniquement de la con-
son action entre a et b. Telle est , à mon sens, stitution moléculaire et laissa de côté les forces qui
la véritable structure du gaz nitreux. Supposons menaient Berthollet à un système radicalement
maintenant qu'un autre alome d'oxygène s'unisse opposé au sien. Depuis, cette scission entre les dy-
à P; il ne pourra s'y combiner qu'avec une force = namistes et les atomistes semble s'être perpétuée,
4; ce sera la force d'attraction avec laquelle a, b, c au grand détriment de la science , pour laquelle
et P graviteront les uns vers les autres. Telle est l'heure où un rapprochement s'effectue entre deux
la structure des vapeurs nitreuses ou de l'acide branches de connaissances jusqu'alors distinctes
nitreux rouge…….. est toujours marquée par quelque découverte im-
« En dernier lieu qu'un cinquième atome d'oxy- portante.
gène s'unisse à P, il se combinera avec une force On put croire un instant que Berzelius était
égale à 3 3/5, de sorte que a, b, c, d, e graviteront destiné à opérer ce rapprochement; malheureu-
chacun vers P, comme vers leur commun centre sement le fait physique sur lequel il fonda sa
de gravité. C'est l'acide nitreux ( azotique) à l'état théorie , - la décomposition par la pile , - ne
de pureté. Selon moi , l'azote ayant dépensé toute pouvait mener et ne mena effectivement qu'au
sa force d'attraction sur les atomes a, b, c, d, e ne dualisme ; on n'avait pas encore posé les lois de
peut plus s'unir à l'oxygène. nombre qui régissent l'électrolyse ; la notion élec-
« Nous apercevons donc pourquoi l'oa ygène est trochimique se réduisait donc à une classification
moins retenu dans l'acide nitreux (azotique) que linéaire des corps ( 1 ) et à la subdivision dichoto-
dans les vapeurs rouges ou dans l'air nitreux ; ce mique des formules. Pour Berzelius , l'affinité
qui nous explique la séparation facile de cet oxy- n'est autre que l'électricité, et il fait remarquer
gène et la conversion de l'acide nitreux en vapeurs que la théorie dualistique, qui est la conséquence
nitreuses, etc. (1) » de ce principe, explique fort bien tous les faits
La phrase suivante contient une idée excessi- observés. «< Si les vues électrochimiques sont
vement remarquable sur la constitution des sels : justes, il s'ensuit que toute combinaison chimique
« Soit I du fer, D de l'oxygène uni au fer avec dépend uniquement de deux forces, qui sont
une force égale à 7 ; supposons que D soit la l'électricité positive et la négative , et qu'ainsi
quantité nécessaire pour saturer I , de façon à chaque combinaison doit être composée de deux
former une chaux parfaite (un oxyde parfait) ; parties constituantes réunies par l'effet de leur
soit S du soufre, d de l'oxygène attaché au soufre réaction électrochimique, attendu qu'il n'existe
par une force de 6.7/8 . Supposons que S ait une pas une troisième force. De là découle que tout
tendance à s'unir à plus corps composé, quel que soit d'ailleurs le nombre
1. 7 •D d'oxygène, et supposons de de ses principes constituants, peut être divisé en
2 même qu'il y ait une at- deux parties, dont l'une est positivement et l'autre
traction entre le soufre et négativement électrique... qui l'une et l'autre
S d le fer, ce qui existe en réa- peuvent être encore divisées en deux éléments,
6 lité. Faisons la somme des l'un positif et l'autre négatif, etc. (Prop. chimiques,
forces développées entre S, 1835) . »
Det I, égale à 2. Cette force totale ne pourra pas Dans cette manière de voir, la dissolution n'est
séparer le fer) de D (l'oxygène) ou d (l'oxygène) pas une combinaison ou plutôt c'est une com-
de S (du soufre) , mais elle sera capable de com- binaison d'un autre ordre, comme Berzelius le
biner I- D (l'oxyde de fer) à S-d (l'acide sulfu- dit très-explicitement. « Il est une combinaison
rique ) , lorsque ces corps se trouveront en con- d'une nature tout à fait différente de celles dont
tact et qu'il n'y aura pas de force antagoniste en nous avons parlé jusqu'ici ; c'est lorsqu'un corps
jeu. >> solide, en contact avec un liquide, se fond, rend
Certes, il y a beaucoup à dire sur cette con- latente une portion de calorique et se mêle avec
ception du chimiste anglais ; mais ne retrouvons-
nous pas des idées analogues soutenues avec
(1) Voici les raisonnements de Berzelius à ce sujet et la
liste électrochimique des corps simples qui remplaça les
(1) Nitrous air, according to Kirwan , countains 2 of tables d'affinité du siècle précedent ; les corps les plus
dephlogisticated to 1 of phlogisticated air... éloignés dans la série ont entre eux le plus d'affinité
I am of opinion, that every primary particle of phlo- Les expériences faites sur les rapports électriques mu-
gisticated air is united to two of dephlogisticated air, tuels des corps nous ont appris qu'ils peuvent être par-
and that these molecules are surrounded with one com- tagés en deux classes : les électropositifs et les élec-
mon atmosphere of fire. tronégatifs Les corps simples qui appartiennent à la
To render this more explicable, let us suppose Pto be première classe, ainsi que leurs oxvdes, prennent tou-
an ultimate particle of phlogisticated air, which attracts jours l'électricité positive lorsqu'ils rencontrent des
dephlogisticated air with the force of 3 ; let a be a par- corps simples ou des oxydes appartenant à la seconde;
ticle of dephlogisticated air, whose attraction to P we et les oxydes de la première classe se comportent tou-
will suppose to be 3 more, by which they unite with the jours avec les oxydes de l'autre, comme les bases salifia-
force of 6 : the nature of this compound will be here af- bles avec les acides.
ter explained. On a cru que la série électrique des corps combusti-
Let us consider this to be the utmost force that can bles différait de celle de leurs oxydes ; mais, quoique les
subsist between deph. and phl. air. Let us suppose différents degrés d'oxydation de quelques composés pré-
another particle of dephl. air b to unite to P, they will sentent des exceptions, l'ordre electrique des corps com-
not unite with the force of 6, but with the force of 4 1/2 ; bustibles s'accorde en général avec celui des oxydes,
that is the whole power of P, which is but 3, will be de telle manière que les degrés d'oxydation des divers
equally divided and directed in two points toward a and radicaux, qui sont doués des affinités les plus fortes,
b, so that P and a, b, will unite with the forces an- sont entre eux comme les radicaux eux-mêmes.
nexed to them; for the attraction of a and b to P mee- En rangeant les corps dans l'ordre de leurs dispo
ting with no interruption, will suffer no diminution. - sitions électriques, on forme un système électrochimi-
This I consider to be the true state of nitrous air..... que qui, à mon avis, est plus propre qu'aucun autre à
Lastly, let us suppose à fifth particle of deph. air e donner une idée de la chimie...
to unite to P, it will combine with the force of 3 3/5, Voici à peu près l'ordre dans lequel les corps sim-
so that a, b, c, d and e will each gravitate toward Pas ples se suivent, relativement à leurs propriétés électro-
their common centre of gravity. This is the most perfect chimiques générales et à celles de leurs plus forts oxydes :
state of colourless nitrous acid ; and in my opinion no 0. S. Az . Fl. Cl. Br . 1. Se . Ph.As. Cr . Va . Mo. W. Bo .
more dephlogisticated air can unite to the phlogisti- C.Sb.Te . Ta . Ti.Si. H.Au . Os . Ir. Pt . Rh.Pd.Ig.Ag. Cu .
cated air, as having its whole force of attraction expen- Ur. Bi . Sn . Pb. Cd . Cb . Ni . Fe . Zn . Mn . Cé . Th . Zr. Al . Yt.
ded on the particles of dephlogisticated air a, b, c, d, e. Gl . Mg.Ca Sr. Ba . Li . Na . K. »
AFFINITÉ . 77 AFFINITÉ .
le corps liquide , ce que nous appelons se dis- Chevreul a introduit dans la science le mot
soudre. Ce phénomène n'est pas accompagné d'une affinité capillaire pour exprimer le caractère élec-
neutralisation électrique et chimique ; le corps tif de la force qui fixe les couleurs sur les tissus.
conserve sa réaction électrique sans diminution Voyez à ce sujet l'article TEInture.
et l'exerce plus vivement par la mobilité de ses Avogadro a trouvé une relation très-inattendue
particules que lorsqu'il était à l'état solide ; aussi entre le volume atomique et l'ordre électrochi-
ne se dégage-t-il pas de calorique ; au contraire, mique; cette relation l'a conduit à des nombres
il y en a d'absorbé, et les expériences nous por- dits affinitaires , qui devaient représenter l'énergie
tent à croire que cette absorption augmente en chimique des corps simples [ Ann . de Chim. et de
raison de la distance qui sépare les molécules Phys., (3), t. XXIX, 1850] . Nous renvoyons aux
du corps qui était solide. C'est pourquoi, si l'on sources, parce que les vues qui y sont développées
verse de l'eau sur un sel qui n'est pas susceptible sont singulièrement hypothétiques ( 1 ) ; toujours
d'absorber de l'eau combinée ou qui en contient est-il que le volume de la molécule intégrante
déjà la quantité qu'il peut en retenir, la tempé- paraît être d'autant plus grand , que le corps est
rature baisse pendant la dissolution du sel et la plus électropositif.
dissémination de ses atomes dans l'eau ; mais si Williamson a formulé sur la nature du phéno-
le sel peut prendre de l'eau combinée , il se dé- mène de la combinaison une hypothèse qui laisse
gage premièrement du calorique dù à la combinai- peu de place à l'affinité, ou plutôt qui en modifie
sou de l'eau avec le sel, et ensuite, lorsque le sel considérablement la notion . Selon lui , les atomes
contenant de l'eau combinée commence à se dis- changent continuellement de place dans les com-
soudre , la température baisse... L'action intime binaisons fluides ; dans l'acide chlorhydrique, par
d'une dissolution est tout à fait différente d'une exemple , le même atome de chlore est successi-
combinaison chimique et ne peut être envisagée vement en rapport avec les divers atomes d'hy-
comme un degré différent du même phénomène. » drogène ; l'échange s'effectue de même entre les
L'idée de Berzelius est tout à fait conforme aux atomes non similaires , mais alors il est d'au-
notres, car nous définissons aujourd'hui la disso- tant moins rapide que ces atomes se ressemblent
lution simple une fusion suivie d'une diffusion moins [ Chem. Soc. Q. J. , VI, 110. Ann. der
(voyez ces mots) ; nous sommes cependant amenés Chem . u . Pharm. , t. LXXVII]. Ainsi le sulfate
à faire en outre une seconde distinction entre la de cuivre étant mis en contact avec l'acide chlor-
combinaison atomique (la vraie combinaison chi- hydrique , le cuivre et l'hydrogène changent de
mique) et la combinaison moléculaire, combinai- place entre eux , et l'on admet que l'échange
son qui dégage aussi de la chaleur -- celle, par est d'autant moins rapide que les corps sont
exemple, qui unit un sel à son eau de cristallisa- moins semblables ; ce qui explique pourquoi dans
tion . les mélanges de sels il se forme une plus grande
On voit que l'affinité occupe de moins en moins quantité des composés AB et ab que des composés.
de place dans la chimie à mesure qu'on avance Ab et aB (A et B étant les acides et les bases .
vers notre époque. Le problème semble aban- énergiques et a et b les acides et les bases faibles) .
donné aux physiciens, et tandis que Gay-Lussac, C'est , comme on le voit , une forme rajeunie des
Dumas, Gerhardt font faire à la théorie chimique lois de Berthollet destinée à mettre la théorie
des progrès considérables , c'est à peine si l'on chimique en harmonie avec les idées de mouve-
trouve dans leurs ouvrages un chapitre sur l'af- ment qui tendent à prévaloir aujourd'hui en phy-
finite. Pendant ce temps, Faraday, De la Rive, sique. Elle est conforme à la théorie de l'éthéri-
Joule, et enfin Favre et Silbermann préparaient les fication telle que la conçoit Williamson . - Voyez
éléments d'une future théorie mécanique de la ETHERIFICATION .
chimie , et l'on peut dire que leurs travaux ont Clausius a adopté une manière de voir analogue
plus fait pour la théorie de l'affinité que ceux de pour expliquer le phénomène de l'électrolyse ; mais
tous les chimistes qui les ont précédés. On en l'une et l'autre de ces théories, qui expliquent fort
trouvera un peu plus loin le résumé, sous le bien ce qu'explique le dualisme de Davy , devien-
titre de Thermochimie et d'Électrochimie. nent très-difficiles à concilier avec les réactions
Ce qui n'a pas peu contribué à l'amoindrisse- d'un autre ordre [ Ann . de Chim. et de Phys., (3),
ment de la notion d'affinité entre les mains des t. LIII].
chimistes , c'est la théorie des substitutions ; il Plus récemment, Deville a introduit dans l'étude
semblait, en effet, que le dualisme électrochi- de l'affinité un élément expérimental nouveau , la
mique, qui représentait en 1840 l'opinion générale Dissociation (voyez ce mot), qui est appelé à ser-
sur l'affinité , était manifestement contraire à la vir à l'éclaircissement de plusieurs questions im-
notion nouvelle. Nous savons aujourd'hui que cette portantes. Entin Berthelot a appelé l'attention des
contradiction ne prouve que l'insuffisance du pre- savants sur la thermochimie, qui , considérée au
mier systéme. Voici ce que dit à ce sujet l'illustre point de vue purement mécanique, peut singuliè-
inventeur de l'isomorphisme : rement élucider certains problèmes du domaine
« Si tous les atomes d'une combinaison pou- de l'affinité. - Voyez plus loin THERMOCHIMIE et
vaient être remplacés par d'autres de n'importe l'article CHALEUR.
quelle nature, cela serait en contradiction fla- HYPOTHESE SUR LA NATURE DE L'AFFINITÉ.
grante avec la loi d'affinité chimique qu'on con- Newton est le premier qui ait fait une hypothèse
sidere comme fondamentale dans les combinaisons sur la nature de l'affinité. Selon lui, elle procède
minérales . Mais ce point n'a encore été prouvé de l'attraction universelle. Il est vrai que devant
par aucun fait, et l'on n'est pas encore parvenu la grande diversité des phénomènes chimiques
à remplacer le carbone par du chlore ou d'autres dont il était bien instruit, car on sait qu'il s'occu-
corps analogues. Ainsi, si cela était vrai , on ob- pait de chimie, il est tenté d'admettre aussi des
tiendrait pour chaque type une combinaison com- forces différentes . « ... La nature, dit-il à la fin du
posée d'atomes similaires, par conséquent compo- troisième livre de son Optique, produit presque
sée uniquement d'atomes de chlore, qui tiendraient tous les petits mouvements des particules des
ensemble par leur groupement . » [ Mitscherlich, corps par d'autres forces attractives et répulsives
Compt. rend. de l'Acad. de Berlin, fév. 1841.] entre ces particules. » Clairaut soutenait contre
On répondrait aujourd'hui que le fait existe
pour le premier type, le chlore n'étant que de (1 ) Le nombre affinitaire est donné par la formule
I acide chlorhydrique chloré, et qu'il ne peut
exister pour les autres types, précisément parce V étant le volume atomique et K une constante.
que les atomes ne tiendraient pas ensemble. V
AFFINITÉ. 78 AFFINITÉ.
Buffon, à l'Académie des sciences (1745) , que la préciser l'étendue et les difficultés du problème ,
loi du carré des distances ne devait pas intervenir ce qui est un premier pas fait vers sa solution.
seule dans l'attraction au contact. Buffon faisait Il est clair, par exemple, que la théorie de l'élec-
remarquer avec beaucoup de sens que la figure tricité y conduira tôt ou tard , car l'action chi-
des molécules devait modifier la loi de l'attraction mique est intimement liée aux phénomènes élec-
newtonienne, de telle sorte qu'il était inutile de triques qui, nous le ferons voir, en reproduisent
chercher une autre cause pour expliquer les ano- fidèlement les diverses particularités . Mais la
malies apparentes de l'attraction moléculaire. théorie de l'électricité est elle-même à établir.
Voici un passage de sa Seconde vue sur la nature : Le fait de la production indéfinie de chaleur
« La figure qui , dans les corps célestes, ne fait sans perte ni transformation de matière , mais
rien ou presque rien à la loi de l'action des parties avec dépense correspondante d'activité dynamique
les unes sur les autres, parce que la distance est (frottement, etc. ), semble imposer à l'esprit l'idée
très-grande, fait tout ou presque tout quand la de la nature dynamique de la chaleur. Or la
distance est petite ou nulle. » Bergman donne à chaleur peut se transformer, presque sans com-
l'affinité le nom d'attraction élective et la dérive plication étrangère, en courant électrique (piles
de l'attraction universelle modifiée seulement par thermo-électriques) ou en force chimique (décom-
la configuration des corps entre lesquels elle position , restitution aux éléments de leur activité
s'exerce, « et enim non solum totius sed partium chimique) . Les mêmes raisons qui ont milité en
quoquefigura et situs attractionum effectus magno- faveur de la théorie mécanique de la chaleur, doi-
pere variant. » (Opuscul. ) C'est aussi l'avis de vent donc être invoquées pour l'établissement de
Macquer et de de Morveau. Celui-ci démontre que la théorie mécanique de l'électricité et de l'affinité.
l'attraction newtonienne de deux tétraèdres for- Mais en même temps on voit quelle sera la pre-
més chacun de dix sphères matérielles que l'on mière difficulté à résoudre : c'est le fait de l'at-
oppose par la base ou par le sommet est pour des traction, qui n'intervenait pas dans la théorie de
distances 1 , 2 et 3 comme 9,80 : 5,95 : 4,07 dans la lumière et de la chaleur et qui serait inexpli-
le premier cas, et comme 25 10 : 6 dans le se- cable par un mouvement selon la surface de
cond. Berthollet admet aussi l'affinité comme une l'onde, c'est-à-dire sans résultante dans le sens
attraction particulaire. du rayon. Il est probable que l'étude de l'attrac-
Plus tard, lorsque les idées atomiques eurent tion électrique nous forcera à admettre l'interven-
pénétré dans la science et que l'on considéra les tion active de l'espace qui entoure les corps atti-
molécules comme des solides formés d'atomes sé- rés dans le phénomène de l'attraction ; mais
parés et tenus à des distances déterminées, on jusqu'ici les hypothèses manquent du degré de
admit une force attractive variant avec une puis- netteté qui indique la marche d'une vérification
sance quelconque de la distance et une force expérimentale, et une étude raisonnée des rap-
répulsive variant avec une puissance plus éle- ports qui existent entre les forces ou, si l'on
vée que celle-ci, ou bien on compara la molécule veut , les manifestations du mouvement qu'on
à un système planétaire, et alors le mouvement appelle chaleur et électricité d'une part , et la
des atomes était suffisant pour contre-balancer la force chimique, doit tenir lieu aujourd'hui de
force attractive. théorie mécanique de l'affinité.
Les vues électrochimiques donnèrent un autre
tour aux idées. Davy, OErstedt, Grotthuss, Am- AFFINITÉ ET CHALEUR, THERMOCHIMIE (Théor.).
père, Becquerel et surtout Berzelius firent des (Voyez aussi Chaleur. )
hypothèses nombreuses sur la manière dont les 1º INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE. -a. Gaz.
atomes s'attiraient électriquement. Supposons tous les corps de la nature portés à
Davy pensait que les attractions chimiques et une température excessivement élevée . On peut
électriques étaient produites par une même cause imaginer qu'ils se présentent tous alors à l'état
agissant dans un cas sur les molécules et dans gazeux et se mêlent sans se combiner. Leurs
l'autre sur les masses. atomes sont libres, doués de mouvements extrê-
Selon Ampère, chaque atome est doué d'une mement rapides dans toutes les directions, et
électricité spéciale neutralisée temporairement leur écartenient est assez considérable pour que,
par une couche , une sorte d'atmosphère d'élec- dans leurs trajets, la portion d'espace où ils s'in-
tricité inverse. La combinaison était la neutrali- fluencent l'un l'autre soit négligeable. C'est l'état
sation des atmosphères de deux atomes inverse- gazeux parfait. Dans cet état une paroi idéale qui
ment électrisés et le groupement de ceux-ci en serait choquée par les atomes d'un gaz subirait
vertu de l'attraction de leurs deux fluides. La de leur part une certaine pression proportion-
décomposition consistait à restituer aux atomes nelle au nombre N des atomes qui la viendraient
leurs atmosphères. Selon Berzelius , les atomes frapper dans un temps donné , à la vitesse V de
étaient plus ou moins chargés d'électricité. Ils ceux-ci et à leur masse M ; or le nombre Nest
avaient deux pôles et contenaient les deux fluides, lui-même proportionnel au nombre D d'atomes
mais avec une tendance à abandonner l'un plus contenus dans l'unité de volume et à la vitesse V
facilement que l'autre . « L'affinité n'est que l'effet de ces atomes. La pression est donc, en définitive,
de la polarité électrique des particules ; l'électri- proportionnelle à DMV2. Dans ce cas, la loi de
cité est la cause première de leur action chimique ; Mariotte et celle de Gay-Lussac seraient exactes,
elle est la source de la lumière et de la chaleur c'est- à-dire que , pour un accroissement de pres-
(dégagées dans les combinaisons) qui n'en sont sion donné, la densité recevrait un accroissement
peut-être que des modifications... » Faraday alla proportionnel ( puisque D, pour un même gaz , est
plus loin; selon lui , l'électricité est l'affinité trans- proportionnel à la densité) , et que la pression
portée à distance : « The forces called electricity varierait elle-même proportionnellement à la tem-
and chemical affinity are one and the same. » pérature , celle-ci étant comptée à partir du zéro
Enfin, pour une troisième classe de savants, absolu et représentant la forc vive atomique
l'affinité est une force spéciale, conversible en MV2. La loi de Dulong et Petit serait aussi véri-
forces physiques, mais différant de celles-ci au fiée très-vraisemblablement, car les atomes se-
même titre qu'elles diffèrent entre elles. C'est raient dans un état strictement comparable.
l'opinion la plus prudente, celle qui peut le mieux Faisons décroître maintenant la température.
expliquer ce qu'il y a de caractéristique dans son Les atomes vont s'influencer, et leur action réci-
mode d'action . proque aura pour effet de les réunir en molécules
Aujourd'hui toute théorie de l'affinité serait formées de différents nombres d'atomes similaires
prématurée ; on est cependant assez avancé pour ou non similaires. En un mot, l'affinité commen-
AFFINITÉ . 79 AFFINITÉ .
cera à agir ; mais par une réaction des molécules cessivement, à moins que le refroidissement ne soit
entre elles il s'établira communément , au bout assez rapide pour que la combinaison n'ait pas le
d'un certain temps, un rapport fixe entrele nombre temps de s'effectuer en totalité lorsqu'on atteindra
des atomes combinés d'une certaine façon et celui A; à ce point , l'action cessant, le mélange pré-
des atomes combinés différemment ou restés sentera au- dessous et à partir de A une composi-
libres , et cet équilibre variera avec la tempéra- tion identique. Si donc on est parti d'une combi-
ture et aussi avec d'autres conditions, pression, naison existante qu'on a chauffée à T degrés, on
dilution , etc. Au sein d'un tel mélange, qui dit qu'elle s'est dissociée par la chaleur et que ses
représente dans les idées atomistiques le pêle- éléments se sont réunis intégralement par le re-
mêle des bases et des acides de Gay-Lussac, des froidissement, circonstance qu'on peut éviter en
corps qui ont entre eux une grande affinité peu- rendant l'abaissement de température depuis celle
vent coexister en petites quantités sans se combi- de la dissociation jusqu'au - dessous de A très-
ner ; la présence d'un excès des produits de la rapide et presque instantané, comme H. Deville
réaction est un obstacle suffisant à sa continuation nous a appris à le faire. Voyez DISSOCIATION.
ultérieure. Ce point important a été acquis à la 2º Le point A tombe au-dessus de T. Dans ce
science par H. Deville. C'est la base de la théorie cas, il n'y a pas de combinaison par le refroidis-
que nous développons. Si la température baisse sement, et si l'on est parti d'un corps existant, on
encore, on atteindra un certain point de l'échelle dit qu'on l'a décomposé.
thermométrique au-dessous duquel les molécules 3 Le point A tombe entre T et T' . En refroi-
n'auront plus d'action les unes sur les autres. Ce dissant le gaz au-dessous de A, il présentera tou-
point est variable pour les différents corps ; il est jours la composition qu'il offrait en ce point, et
influencé par la pression , l'état de dilution, la si l'on est parti d'un mélange, on dira qu'il s'est
présence de corps poreux, etc.; c'est ce point que combiné partiellement, tandis que, si l'on est
la température doit atteindre lorsque l'on pro- parti d'une combinaison , on dira qu'elle a subi
voque la réaction en chauffant. Nous l'appelle- une décomposition incomplète.
rons point de réaction. L'existence d'un pareil Si, dans le cas de dissociation (1º), on réussit à
point est bien connue. L'hydrogène et l'oxygène abaisser instantanément la température depuis un
melés à 200° ne détonent pas ; à 500° ils se point intermédiaire entre T et T' jusqu'au-dessous
combinent immédiatement. Si ce degré de tempé- de A, on pourra juger par l'analyse du rapport de
rature varie avec l'état de dilution des corps, on la partie mélangée à la somme du mélange et de
peut concevoir que ce que nous avons d'abord la combinaison pour la température donnée. Ce
appelé point de réaction occupe un certain espace rapport BC : DB prend le nom de tension de
sur l'échelle thermométrique ; car, en supposant dissociation , si l'on convient d'exprimer les quan-
qu'une réaction commence à 200", elle ne pourra tités de gaz en volumes et d'introduire le facteur
se compléter si elle a besoin de 205° pour s'effec- 760. Il peut être facilement déterminé par la
tuer lorsque les corps réagissants sont dilués densité du gaz dans le cas fréquent où la partie
dans le double de leur volume des produits de la combinée a une densité différente de celle de la
réaction ( nous négligeons à dessein l'influence partie mélangée. Voyez DENSITÉS DE VAPEUR.
thermométrique de la chaleur produite par la Nous ne développerons pas la série de raison-
reaction). Mais cela importe peu dans l'éclaircis- nements qu'on peut faire sur l'état des gaz lorsque
sement de la question que nous allons traiter. leur température croit ; ils seraient analogues à
Supposons, pour simplifier, que nous ayons ceux que nous venons d'exposer.
affaire à un mélange de deux corps susceptibles B. Liquides. - Lorsqu'on refroidit suffisam-
de se combiner intégralement et d'une façon ment un gaz, il se liquéfie. Que se passe - t - il
unique . A la température T, il n'y a pas du tout alors ? C'est un problème qu'il n'est pas de notre
de combinaison formée ; à une température un ressort de poser . Toujours est-il que les distances
Jeu inférieure, une petite portion de mélange s'est moléculaires étant excessivement diminuées et
combinée ; cette por- rendues comparables à celles qui séparent les
tion augmente à me- atomes dans les molécules, l'exercice de l'affinité
sure que la tempéra- est fortement modifié par ce changement. En géné-
Partie mélangee ture baisse ; à T' et ral, on peut dire que les combinaisons plus compli-
au-dessous, nous n'a- quées et les surcompositions deviennent possibles.
vons plusqu'unecom- On connaît chez les liquides comme chez les gaz
binaison sans trace des exemples de points de réaction ; on en connait
de mélange. même pour des systèmes composés d'un liquide
La figure ci-contre et d'un solide.
représente graphique- L'existence des phénomènes de dissociation est
Temperatures

L ment cette réaction beaucoup plus difficile à constater. En effet, s'il est
progressive ; elle n'a vrai que des chlorhydrates d'hydrocarbures se dé-
pas besoin d'explica- composent même en vase clos et se reproduisent
tion. peu à peu par un abaissement de température,
Faisons maintenant l'acide chlorhydrique étant gazeux, on ne peut pas
intervenir la consi- identifier son action à celle d'un corps liquide qui
dération du point de resterait en contact avec la partie non décompo-
réaction. Ce point sée; mais toujours est-il qu'il y a décomposition
peut tomber au-des- provoquée par la chaleur et recombinaison par
sus de T, au-dessous le refroidissement.
Partie combinée de T'ou entre les La décomposition par la chalenr est du reste
1' deux, et, selon le cas , fréquente dans les liquides ; on sait qu'elle donne
on dit qu'on a un desD'autres résulats différents suivant la température.
actions de la chaleur ont été étudiées
exemple de décompo-
Quantités de matière sition, de dissociation par Berthelot : ce sont la transformation en iso-
ou de décomposition mères et l'accélération donnée aux réactions.
partielle. Expliquons Celle - ci est très - sensible dans l'éthérification ,
ces distinctions : 1° Le point de réaction A tombe dont la vitesse dépend , par exemple pour le sys-
au-dessous de T' , c'est-à-dire qu'entre T' et A il tème d'équivalents égaux d'acide acétique et al-
ne peut pas exister de mélange et que, la tempé- cool, d'un coefficient 22,000 fois plus grand à 170°
rature baissant depuis T, tout se combinera suc- qu'à 8c. - Voyez ISOMÉRIE et ETHERIFICATION.
AFFINITÉ. 80 - AFFINITÉ.
Y. Solides . --- La chaleur provoque la décompo- gagée dans ces deux cas est la mesure de la
sition des corps solides : il y a aussi un point de chaleur qui est absorbée ou dégagée par le fait
réaction . La vitesse de décomposition croît avec la de la réaction, les produits étant ramenés à la
température comme pour les autres états phy- température ambiante. Cette méthode, appliquée
siques. Elle s'accroît d'elle-même et la décompo- d'abord par Favre et Silbermann à la transfor-
sition peut être explosive lorsque la chaleur mation de l'aragonite en spath et du carbone
qu'elle dégage en un point est suffisante pour éle- en oxyde de carbone, a été employée avec fruit
ver la température des particules voisines au-des- par Berthelot à l'étude des réactions organiques :
sus du point de réaction . ce chimiste brûle complétement les substances
Il y a encore un point de réaction entre solide et agissantes et les produits de la réaction et prend
liquide ou entre solide et gaz. L'antimoine ne se la différence des chaleurs dégagées ; c'est donc
combine pas au chlore à-- 80°, et la plupart des une importance nouvelle donnée aux chaleurs de
métaux ne s'unissent pas à l'oxygène à la tem- combustion. --Voyez CHALEur.
pérature ordinaire. Il est extrêmement probable que les réactions
Enfin des phénomènes de dissociation peuvent qui s'effectuent avec dégagement de chaleur sont
être mis en évidence dans la décomposition de les seules qui aient lieu directement ; mais il faut
l'oxyde de mercure ou du carbonate de chaux par évidemment distinguer la chaleur dégagée par la
la chaleur. combinaison elle-même, de celle qui peut être dé-
2 INFLUENCE DE LA QUANTITÉ DE CHALEUR. — La gagée ou absorbée par des phénomènes physiques
formation des molécules avec les atomes doit être accessoires. Ainsi l'alcool traité par le chlorure de
toujours accompagnée d'un dégagement de cha- silicium réagit avec une énergie considérable ; ce-
leur. S'il y a des décompositions qui en dégagent, pendant la température s'abaisse, mais cet abais-
c'est que ce sont des réactions complexes où il y sement est intimement lié à la gazéification de
a destruction et formation de molécules , la se- l'acide chlorhydrique (Ebelmen ) . On ne connaît
conde partie du phénomène rendant libre plus de guère que la réaction de l'oxyde de carbone sur la
chaleur que la décomposition elle-même n'en ab- potasse qui s'effectue directement à une tempé-
sorbe. Exemple : rature peu élevée et pour laquelle cependant on
H200 + H200 = H²0 + H²0 + 00 ait remarqué une absorption réelle de chaleur
ou Az20 + Az20 = Az² + Az² + 00. (Berthelot) ; mais encore faut-il faire observer
avec Deville qu'elle ne s'effectue qu'avec la solu-
On peut admettre que les affinités satisfaites tion d'oxyde de carbone, solution très -étendue dans
dans des groupes H2O, Az², O2 sont supérieures à laquelle une diffusion énorme paraît avoir opéré
celles qui agissent dans les molécules H2O2, Az² 0. le même effet que l'élévation de température , un
La transformation d'un système dans l'autre sera relâchement de l'affinité entre les constituants ou
donc accompagnée d'une évolution de chaleur re- un accroissement donné à leur énergie. De la
présentant la différence de ces affinités . sorte, la réaction peut fort bien s'opérer avec dé-
La chaleur dégagée par la formation d'une molé- gagement de chaleur, mais il faut en fournir à
cule mesure le travail de l'affinité : c'est l'équiva- l'oxyde de carbone, pour sa diffusion , une quantité
lent de l'énergie perdue par les atomes dans le qui entre en déduction et qui rend la somme né-
fait de la combinaison . Sa détermination est donc gative (1).
fort importante ; malheureusement elle est aussi Nous venons de dire que l'action générale d'une
fort difficile , car il y a par exemple pour le cas addition de chaleur était l'exaltation de l'énergie
peu compliqué d'une réaction entre deux corps des éléments ; on peut supposer en effet que cette
simples , l'un liquide et l'autre solide , à tenir énergie n'est qu'une portion de la force vive af-
compte 1 ° de la chaleur totale absorbée pour fectée à la molécule et dont une partie seulement
porter le solide au point de fusion ; 2° pour le manifeste une action thermométrique. Ainsi pour
fondre ; 3° pour porter les deux liquides à l'ébul- nous une molécule sera un système d'atomes
lition ; 4° pour les vaporiser ; 5° pour porter les ayant perdu par le fait de leur réunion une cer-
vapeurs au point où les molécules se séparent en taine portion de leur force vive . Cette perte a
atomes ; 6º pour effectuer cette séparation ; puis, la été compensée par un dégagement équivalent de
combinaison une fois effectuée, de la chaleur dé- chaleur ; et une restitution correspondante de
gagée par le retour du système à la température chaleur, en rendant aux atomes l'intégralité de
initiale. Il faut en outre que toutes ces transfor- leur force vive, détruira la combinaison . Quelle
mations ne donnent lieu à aucun phénomène loi préside à la répartition de la chaleur en cha-
étranger, mécanique ou autre. Un problème aussi leur thermométrique (force vive due aux mouve-
compliqué est donc à peu près impossible à ré- ments moléculaires) et chaleur latente de décom-
soudre complétement dans l'état actuel de la position (fonction de la force vive atomique) ? Peu
science ; l'expérience ne donne que des résultats nous importe en ce moment : toujours est-il que
bruts , et les conclusions qu'on ne peut en tirer ces deux quantités croissent ensemble.
qu'à l'aide de nombreuses hypothèses , sont par Les doubles décompositions sont aussi très-gé-
ce fait dénuées de rigueur. Mais on peut compa- néralement accompagnées de phénomènes calori-
rer avec plus de sûreté entre elles des actions chi- fiques , les deux actions inverses et corrélatives
miques qui s'effectuent dans les mêmes condi-
tions ; ainsi la précipitation d'un métal d'un de (1) C'est ainsi qu'il faut entendre la phrase suivante
ses sels en solution étendue, avec dissolution du mémoire sur la chaleur de Lavoisier et de Laplace :
d'un autre métal et formation d'un autre sel so- Dans les changements causés par la chaleur à l'état
luble, est un phénomène où la chaleur dégagée d'un système, il y a toujours absorption de chaleur... Par
peut être prise presque rigoureusement pour la exemple , dans le changement d'eau en vapeur, il y a
différence des affinités des deux métaux à l'égard sans cesse de la chaleur absorbée , et le thermomètre,
de l'acide considéré , etc. place dans l'eau bouillante ou dans les vapeurs qui s'en
La détermination même de la quantité brute de élèvent, reste constamment au mème degré ; la même
chose doit avoir lieu dans toutes les décompositions qui
chaleur développée par une réaction est une opé- sont uniquement l'effet de la chaleur ; et, si quelques-
ration très - difficile. On peut dans une foule de unes en développent, ce développement et dù a des
cas se servir avec avantage de la méthode suivante causes particulières. Ainsi, dans la detonation du nitre
fondée sur le principe de la conservation des avec le charbon , le nitre , en se décomposant, absorbe
forces vives. On transforme des substances réa- de la chaleur ; mais, comme au même instant la base de
gissantes et les produits de la réaction en sub- l'air fixe (carbone) contenue dans le charbon s'empare
de l'air pur (oxygène ) du nitre, cette combinaison pro-
stances identiques. La différence de chaleur dé- duit une chaleur considérable. »
AFFINITÉ . 81 AFFINITÉ .
absorbant et dégageant des quantités inégales de tous les cas et à chaque électrode, des quantités de
chaleur. Berthelot a montré qu'on ne pouvait matière chimiquement équivalentes.
obtenir que par ce moyen , du reste extrêmement Cela ne veut pas dire que ces quantités soient
fécond, certains corps dont la décomposition a lieu entre elles comme les équivalents, à moins qu'on
avec dégagement et par conséquent la produc- ne donne à ce mot une signification rationnelle et
tion avec absorption de chaleur. Dans ce cas qu'on ne lui fasse exprimer des quantités de ma-
d'affinité par intermède ou disposée, comme di- tière qui fonctionnent avec la même alomicité.
saient les anciens chimistes, la réaction concomi- Ainsi l'acide sulfurique, l'acide chlorhydrique et
tante dégage une quantité de chaleur qui suffit l'ammoniaque étant décomposés par le même cou-
et au delà pour compenser cette absorption . Exem- rant, les quantités des différents corps qui se ren-
ple : la formation du chlorure de baryum accom- dront aux électrodes seront représentées par H;
pagnant la destruction du bioxyde de baryum et Cl. 1/2 ( H2 ; SO4 ) . 1/3 ( H³ ; Az ) , parce que les
la formation de l'eau oxygénée. quantités de matière proportionnelles aux nom-
Les substances explosives doivent leur nais- bres qu'expriment des symboles H, Cl , ( SO ) 1/2
sance , soit de semblables réactions , soit , au Az 1/8 sont chimiquement équivalentes, c'est-à-
point de vue général , à une telle suite d'actions dire manifestent le même nombre d'atomicités.
chimiques que les éléments qui ont entre eux une On a en effet H' , Cl' , SO '' , Az''' .
grande affinité sont amenés à coexister l'un près Selon cette loi , les quantités de chlore déga-
de l'autre sans que ces affinités soient satisfaites. gées par l'électrolyse des différents chlorures doi-
Il suffit de porter un point de ces substances à vent être égales, à cause de la monoatomicité du
la température de réaction pour que celle-ci com- chlore : c'est ce qui a lieu en effet, car le mème
mence; elle s'accélère sans cesse , si la décompo- courant décomposant les chlorures cuivriques,
sition d'une partie de la masse suffit à élever la cuivreux et antimonieux , met en liberté aux élec-
température d'une portion plus grande au-dessus trodes des quantités de matière représentées par
du point de réaction.
Mais nous voyons ici la différence qu'il y a à 1/2 (Cu ; Cl² ). 1/2 (Cu² ; Cl² ) . 1/3 ( Sb ; Cl³ ) .
établir entre la chaleur qui sert à décider la réac- On voit que notre définition du mot équiva-
tion et celle que la réaction dégage : la première, lent exige deux équivalents pour le cuivre ; on est
qu'on peut rendre aussi petite qu'on veut, a dis- arrivé à la même conclusion toutes les fois qu'on
posé les conditions d'exercice de la force chimique ; a cherché à rendre logique la notion d'equiva-
la seconde est de la force chimique transformée. lence.
La première, pour nous servir d'une comparaison La même raison s'applique aux composés où
de Tyndall, est la force qui précipite les atomes l'hydrogène est mis en liberté ; dans tous les cas
penchés sur le bord de l'abîme ; l'autre est la force les quantités d'hydrogène dégagé sont égales.
développée par leur chute. Lorsque la décomposi- Exemple :
tion continue d'elle- même , c'est, pour ainsi dire, H ; Cl. 1/2 ( H2 ; O ) . 1/2 ( H2 ; O² ) . 1/3 ( H³ ; Az ).
que les atomes s'entraînent réciproquement, et
que la chute des uns sert à précipiter les autres. Le groupe 02 est diatomique comme O, de même
Appendice. PHOTOCHIMIE. que Cu était diatomique comme Cu..
La lumière joue un rôle semblable à celui de Cette loi doit être étendue au travail chimique
la chaleur dans la combinaison du chlore avec intérieur de la pile qui fonctionne comme un
l'hydrogène. Seulement, à cause de la nature ga- voltamètre.
zeuse des composants et du peu de chaleur déve- Il est bien entendu qu'elle n'est strictement
loppé par le phénomène chimique, il peut se faire applicable que lorsque le courant est uniquement
que la combustion ne se propage pas, la chaleur employé dans l'électrolyte à la décomposition . En
étant absorbée au dehors : c'est comme si les un mot , s'il arrivait que les liquides eussent une
atomes de tout à l'heure ne s'entraînaient pas l'un conductibilité indépendante de l'électrolyse, tout
l'autre à la chute de chaque atome correspond se passerait comme si le voltamètre n'était pas
une force donnée qui le précipite. De là le rôle traversé par la totalité du courant, et comme si
photométrique du mélange hydrogène et chlore. une parue de celui - ci passait dans un circuit
Voyez LUMIERE. dérivé.
La lumière paraît agir plus directement dans 2º INFLUENCE DE la tension. — Si, avec la quantité
le cas de la fixation du carbone dans les tissus d'électricité produite par la dissolution d'un équi-
végétaux, puisque cette réduction exige une addi- valent de fer dans l'acide chlorhydrique, on pou-
tion de force vive . La lumière alors , qui n'est que vait mettre en liberté un équivalent d'hydrogène
de la chaleur rayonnante de faible longueur dans chaque cellule d'une suite de voltamètres
d'onde, agit comme une élévation de tempéra- aussi longue qu'on voudrait , on obtiendrait une
ture. Les curieuses observations de Boussingault assez grande quantité de ce gaz pour pouvoir s'en
prouvent qu'il faut encore satisfaire à une condi- servir à évaporer le chlorure de fer, à le réduire,
tion pour que le phénomène s'accomplisse : c'est à produire encore par sa combustion un travail
que le gaz acide carbonique soit dilué ou raréfié mécanique et reconstituer ainsi le système primi-
par un abaissement de pression, toutes causes tif, fer, acide chlorhydrique et eau, avec un gain,
qui contribuent à augmenter sa force vive ato- ou pour employer le mot vulgaire, un bénéfice net
mique, c'est-à-dire à faciliter sa décomposition. de travail. Cette création de force vive est méca-
niquement impossible. Aussi existe-t-il une loi
Affinité et Électricité, ÉlectrochIMIE [ Théor.] physique complémentaire de celle de Faraday,
Voyez aussi Électricité. qui, dans tous les cas où, en vertu de celle-ci, il
y aurait production de force vive, rend le courant
1° INFLUENCE DE LA QUANTITÉ D'ÉLECTRICITÉ. impossible. La voici : Tout travail chimique (ou
Lorsqu'un courant électrique traverse un liquide mécanique) effectué par le courant suscite une
composé, il le décompose. Certains éléments se force électromotrice inverse à celle de la pile et
rendent à l'électrode positive, les autres à l'élet- qui, dans le cas de l'égalité, annulerait le cou-
trode négative. On n'est pas maître de modifier ce rant. Cette force électromotrice est proportionnelle
départ, mais on constate que dans tous les cas il à la fraction de l'energie de la pile qui s'est trans-
y a une relation simple entre l'act on chimique et formée en force chimique (ou mécanique).
la quantité d'électricité qui a traversé l'électro- Eclaircissons certe notion par une construction
lyte. Cette relation peut se formuler ainsi : Quan- graphique. Soit la ligne BB' représentant un cir-
tités égales d'électricité mettent en liberté, dans cuit fermé d'une résistance égale en tous ses
I-- 6
AFFINITE. - 82 - AFFINITÉ.

points ce sera, par exemple, le développement par la différence de tension qui existe entre ces
selon une droite du courant d'une pile, avec deux points : w = ( T — T′ ) Q. Supposons main-
cette convention que les longueurs figurées sont tenant qu'il existe en F une force électromotrice
proportionnelles aux résistances. Au point B qui inverse , un voltamètre par exemple. Il y aura
coincide avec B' est le siége de la force électro- une brusque différence de tension T -Te, qui
motrice c'est la surface du zinc. Il s'établit en mesurera cette force électromotrice, et là, entre
ce point une différence constante de tension , et deux points contigus, nous pouvons admettre qu'il
c'est cette différence qui mesure la force électro-
motrice. Nous la figurerons par la perpendiculaire M'

E M
x T-T E
B' R B
B' F B
AB. On sait que la tension diminue régulière-
ment le long d'un conducteur de résistance égale
en tous points ; elle sera donc représentée par la y a aussi dégagement de la chaleur ( T — T') Q.
ligne AB' . L'angle a sera d'autant plus grand que Cette chaleur sera employée en totalité au travail
la force électromotrice sera plus grande, la ré -is- électrolytique , elle disparaitra en tant que cha-
tance étant la même. Il sera d'autant plus petit leur thermométrique : en sorte que celle-ci sera
que cette résistance sera plus petite, la force réduite à EQ — eQ = LEQ .
électromotrice étant constante. En somme on a On verra à l'article ÉLECTRICITÉ qu'un moteur
AB E électromagnétique absorbant la même quantité de
tang a = BB' R' si l'on appelle E la force élec- chaleur (T- T ) Q, produirait un travail mécanique
qui serait évidemment équivalent à la fois : 1° à
tromotrice, et R la résistance. Cette expression là chaleur disparue, 2º au travail chimique qu'elle
E
tang a est l'intensité I du courant, I= R. Supposons aurait pu produire. De là la faculté d'exprimer
ce travail en calories ou en kilogrammètres.
qu'en un point F du circuit s'établisse une force En réalité , le rectangle ABMM ' = EQ repré-
électromotrice directe ou inverse, inverse, par sente ce que nous avons appelé l'énergie de la pile,
exemple ; nous la représenterons par la ligne notre construction exprime ce fait qu'elle se dé-
DG, et elle devra être prise de façon que les pense en chaleur, travail chimique ou mécanique,
lignes AD, GB', soient parallèles , l'intensité du dans les divers points du circuit. Cette energie,
courant étant la même dans toutes ses parties. dans les piles hydroélectriques, est empruntée à
L'angle GB'B ne sera pas changé si l'on porte une réaction chimique , elle exécute un travail
AC DG sur la ligne AB. L'on voit donc claire- chimique dans l'électrolyte : la mesure des forces
CB ΣΕ électromotrices offre donc identiquement le même
ment que, dans ce cas , I = = BB' R
ΣΕ étant intérêt et la même valeur que la mesure des cha-
la somme algébrique des forces électromotrices. leurs de combinaison, puisque ces deux éléments
Si E0 l'intensité est nulle, il n'y a pas de nous permettent d'évaluer l'énergie perdue ou ga-
courant. gnée par le fait de la réaction, c'est-à-dire le tra-
vail positif ou négatif de l'affinité.
On peut ainsi mesurer indifféremment des
D quantités de chaleur , ou des forces électromo-
C trices. On peut combiner ces deux moyens et
G apprécier au calorimètre la chaleur empruntée
par le fait d'une électrolyse à celle fournie par
B' F B une pile donnée, enfermée aussi dans le calori-
mètre. Tous les résultats numériques ainsi obte-
nus concordent autant qu'on doit l'espérer.
Ceci posé, on a trouvé que la chaleur W, dé- On pourrait enfin, comme l'a faitWenzel, mesu-
gagée par une pile tant dans le circuit exté- rer le temps que met un équivalent de métal à se
rieur que dans la pile elle-même, est propor- dissoudre dans une pile : ce temps est en raison
tionnelle au produit de la force électromotrice par inverse de l'intensité, et, pour une même résis-
la quantité d'électricité développée, de sorte qu'en tance, de la force électromotrice.
choisissant convenablement l'unité de force élec- Appendice. -- Il n'est peut-être pas inutile de
tromotrice, w = EQ. Cette quantité peut être re- faire remarquer, en terminant, le lien étroit qui
existe entre la quantité et la tension électrique
M' d'une part et ce que nous appelons en chimie
l'atomicité et l'affinité. Ceci nous aidera à préciser
entre ces notions une distinction qu'on a souvent
méconnue. Les composés représentés par les for-
mules HC et KC sont tout à fait analogues au
M point de vue de l'atomicité : deux atomes mono-
E atomiques se saturent réciproquement, ou, si l'on
Q veut, échangent deux atomicités, en prenant ce
mot pour celui-ci unité d'atomicité. Ils seront
B' décomposés en ( H ; Cl ) , ( K ; CI) par le même
courant. Les composés H Clet Zu Cl2 ne sont pas
analogues à ce même point de vue ; mais il y a
présentée par le rectangle ABMM ' . C'est le produit autant d'atomicités échangées dans 2 ( HCl) que
de Q par la différence de tension qui existe dans Zn C12 :
entre B et B' . Or , cette définition est générale , et
entre deux points quelconques, a et b, du circuit, H Cl
la chaleur développée est égale au produit de Q Formule de constitution 11 CI Zu"
AFFINITÉ. 83 AIR.
Les quantités électrolysées par un même courant Claire Deville, Compt. rend. de l'Acad. , t. XLV,
seront donc entre elles comme 2 (H; Cl) et ( Zn ; Cl²), LII, LVI, etc., et Leçon faite à la Société chimique
et, pour la quantité 1 d'électricité (H ; Cl), et 1/2 en 1864. - Berthelot et Péan de Saint-Gilles, Ann.
(Zn ; C12). Mais les quantités de matière qui cor- de Chim. el de Phys., (3) , t. LXVI et LXVIII. -
respondent à des atomicités égales ne sont pas Berthelot, Ann. de Chim. et de Phys. , (4) , t. VI, et
du tout égales au point de vue de l'affinité. En Revue des cours scientifiques, t . II.
effet , le potassium monoatomique ( K ) a beau- AGALMATOLITHE . ( Min .) [ Syn . Pagodite, Lar-
coup plus d'affinité pour le chlore que l'hydro- dite.] Variété de stéatite ou de pyrophyllite
gène monoatomique ( H) et que son équivalent venant de Chine sous forme d'objets tailles.
monoatomique de zinc 1/2 (Zn) , les travaux corres- AGATE. - Voyez QUARTZ .
pondant à la formation des quantités K CI, H Cl , et AGROSTEMMINE . - Schulze [Archiv. der
1/2 (Za Cl2) étant entre eux comme 4, 1 et 2 ap- Pharm ., t. LV, p. 298, t. LVI, p. 163, et Gerhardt,
proximativement : c'est la quantité de chaleur t. IV, p. 200].
développée dans l'acte de la combinaison . Il suit de Alcaloide découvert par Schulze dans la partie
là que le rôle chimique des chlorures de K et de H, externe des graines de la nielle des champs (Lych-
tout à fait semblables au point de vue de la consti- nis githago, Githago segetum, famille des Silé-
lution, est essentiellement différent. Dans le chlo- nées). - On n'en connaît pas la composition ; et
rure de potassium , une quantité énorme de force d'après les recherches de Crawfurd , l'existence
vive atomique a disparu, le composé a ses atomi- même de l'agrostemmine paraît douteuse [ Vier-
cités saturées et ses affinites satisfaites en d'au- teljahrsschr. pr. Pharm., t . VI , p. 361 ] .
tres termes, il est fort difficile à décomposer parce Quoi qu'il en soit, voici le procédé indiqué par
qu'il faut dépenser un travail considérable pour Schulze pour sa préparation on traite les se-
restituer à ses éléments l'énergie qui les constitue mences entières par de l'alcool faible, aiguisé
à l'état de liberté. Dans l'acide chlorhydrique, la d'acide acétique : la solution concentrée est pré-
saturation atomique est la même, mais la combi- cipitée par de la magnésie, et le précipité des-
naison est moins intime , la perte d'énergie des séché est épuisé par de l'alcool . Par évaporation ,
éléments est bien différente, le résultat est encore l'agrostemmine se dépose cristallisée. Après une
un corps actif. Les métaux en chasseront l'hydro- nouvelle cristallisation , on l'obtient pure. Elle
gène avec facilité, et la réaction sera accompagnée se présente sous forme de paillettes d'un blanc
d'un grand dégagement de chaleur ; même sans se jaunâtre, très-fusibles, insolubles dans l'eau, très-
détruire, le groupement HCl pourra former des solubles dans l'alcool auquel elle communique
combinaisons moléculaires , où il fonctionnera une réaction alcaline.
par ce qui lui reste de l'énergie de ses éléments. Quand on la traite par une solution bouillante
Berthollet semble avoir entrevu cette idée que de potasse, elle est décomposée avec dégagement
nous croyons féconde, lorsqu'il dit : « Il faut dis- d'ammoniaque la solution donne, après ce trai-
tinguer deux espèces de saturation l'une est la tement, un précipité blanc avec l'acide chlorhy-
limite de l'action chimique qu'une substance peut drique. L'acide sulfurique concentré colore l'a-
exercer sur une autre dans des circonstances don- grostemmine d'abord en rouge, ensuite en noir.
nées..., l'autre est le terme où les propriétés Les sels d'agrostemmine s'obtiennent par la sa-
antagonistes d'une substance sont déguisées par turation directe de l'alcaloide au moyen d'acides
celles d'une autre ...; cette seconde saturation faibles : ils sont généralement cristallisés . Le
se rencontre rarement en même temps que la sulfate est soluble dans l'alcool et l'eau chaude.-
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tricité ( 1854-1858 ). Avogadro, Ann. de Chim . et Dureté 2 à 2,5. Poussière gris-noir. Densité :
de Phys. , (3) , t. XIV et t. XXIX . - Dumas, Philo- 6,1 à 6,8.
sophie chimique (1836 ). --- Margueritte, Compt. Forme crist. Prisme orthorhombique d'environ
rend. de l'Acad. , t. XXXVIII. Malaguti, Ann. 110°. Clivage facile parallèle à l'axe du prisme.
de Chim. et de Phys.. (3) , t. XXXVII. — William- AIR .
son, Chem. Society Qu . Journal, t. VI (1852 ) AIR ATMOSPHÉRIQUE. - L'enveloppe gazeuse qui
Clausius, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. L et entoure le sphéroïde terrestre, enveloppe à laquelle
LIH. - Bunsen, Ann. de Chim. et de Phys., (3), les physiciens et les astronomes assignent une
t. XXXVIII. - Joule, Ann. de Chim. et de Phys., hauteur limitée qui n'est qu'une faible fraction du
(3), t. L. - Favre et Silbermann, Ann. de Chim. rayon de notre globe, l'ATMOSPHÈRE ou l'AIR ATMO-
et de Phys. , (3), t. XXXIV et XXXVI . - — Gladstone, SPHÉRIQUE, dont nous avons à traiter, semblerait,
Phil . Transact. (1855). Marié- Davy et Troost, de prime abord, devoir présenter une composition
Ann. de Chim . et de Phys., (3), LIII . - H. Sainte- assez complexe et variable avec le temps.
AIR . 84 - AIR.
En effet, toutes les émanations gazeuses conti- tuait un mélange et non une combinaison chi-
nues ou intermittentes produites à la surface du mique ; cette dernière opinion, qui a encore été
sol terrestre sont versées dans l'immense réser- soutenue il y a un certain nombre d'années, et sur-
voir atmosphérique. tout par quelques chimistes anglais, ne peut plus
Malgré des sources nombreuses d'altérations , être acceptée aujourd'hui par aucun savant.
nous verrons cependant qu'abstraction faite de Pour démontrer que l'air est un mélange, on
très-petites quantités de principes existant , soit peut s'appuyer sur plusieurs ordres de considé-
normalement , soit accidentellement, dans l'air, la rations :
composition chimique de l'atmosphère présente, D'abord l'ensemble des propriétés chimiques de
dans ses éléments essentiels, une constance de l'air représente sensiblement celles d'un mélange
composition remarquable. artificiel d'oxygène et d'azote ; remarquons d'ail-
Nous aurons à indiquer les causes, disons de leurs que lorsqu'on mêle de l'oxygène et de l'azote
suite les grandes harmonies naturelles, qui inter- dans les circonstances ordinaires, on ne voit ap-
viennent pour assurer pendant la durée des siè- paraître aucun des phénomènes qui décèlent une
cles l'équilibre de composition chimique de l'at- action chimique ; ainsi, il ne se produit aucun effet
mosphère. thermique.
L'air est essentiellement un mélange d'oxygène Le pouvoir réfringent de l'air est sensiblement
et d'azote dans les proportions de 20,93 d'oxygène la moyenne des pouvoirs réfringents de l'oxygène
et de 79,07 d'azote en volume, ou en nombres ronds et de l'azote, eu égard aux proportions relatives
21 d'oxygène et 79 % d'azote. En poids, ces pro- de ces gaz.
portions sont représentées sensiblement par 23 Si l'air était un composé chimique, il devrait
d'oxygène et 77 % d'azote. présenter la simplicité de rapports que l'on ob-
C'est à Lavoisier qu'est due la démonstration serve constamment pour les volumes gazeux qui
de la composition de l'air atmosphérique. La mé- se combinent, conformément à la loi de Gay-Lus-
thode employée en 1775 par cet illustre chimiste sac ; or le rapport en volume de l'oxygène à l'azote
consistait à chauffer un volume déterminé d'air dans l'air n'est pas un rapport simple.
au contact du mercure à une température voi- Enfin lorsqu'on met l'air au contact de l'eau
sine de l'ébullition de ce métal. parfaitement pure et exempte de gaz en disso-
Le mercure se recouvre alors de paillettes cristal- lution , il se dissout proportionnellement plus
lines rouges que les alchimistes appelaient le pré- d'oxygène que d'azote, et l'air extrait de cette
cipité per se et qui est un oxyde de mercure. Le eau saturée contient environ 33 % d'oxygène
gaz qui reste lorsque l'action est épuisée a perdu en volume, au lieu de 21. Chacun des gaz s'est
la propriété d'entretenir la respiration et la com- donc dissous dans l'eau en raison de son coefficient
bustion. C'est de l'azote. Lavoisier détermina de solubilité propre, conformément à la loi de
après le refroidissement de l'appareil le volume Dalton . Donc l'oxygène et l'azote sont simplement
du gaz, qu'il trouva être approximativement les 5,6 mélangés et non combinés dans l'air ; ajoutons
du volume primitif. qu'on ne saurait d'ailleurs admettre la possibilité
Ayant chauffé les particules rouges produites à d'une décomposition chimique, opérée au contact
chaud au contact de l'air et du mercure, il en dé- de l'eau, d'après les circonstances que présente le
gagea un gaz, l'air vital , appelé ensuite oxygène, phénomène.
possédant au plus haut degré la propriété d'entre- EAU CONTENUE DANS L'AIR. - L'air atmosphéri-
tenir la combustion et la respiration . Le volume que contient en tout temps, en tous lieux , une
du gaz ainsi dégagé représentait sensiblement le certaine proportion de vapeur aqueuse en disso-
volume gazeux disparu au contact du mercure lution, à l'état invisible ; lorsque cette eau passe à
chauffé ; en mêlant ce gaz au résidu gazeux ob- l'état particulier que l'on appelle vésiculaire, elle
tenu, Lavoisier reconstitua un mélange qui pré- constitue les nuages ou les brouillards ; c'est là
sentait toutes les propriétés de l'air atmosphé- un état semblable à celui que prend la vapeur
rique. en dissolution dans l'air, lorsqu'on répand dans
Ainsi , en se fondant sur la propriété que possède l'atmosphère certains gaz très-avides d'eau , tels
le mercure d'absorber l'oxygène à une tempéra- que l'acide chlorhydrique, etc. , qui donnent nais-
ture voisine de son ébullition et sur la propriété sance à des fumées.
de l'oxyde formé de se décomposer à une tempéra- Cette quantité de vapeur aqueuse est variable,
ture un peu plus élevée en mercure et oxygène, suivant les saisons, la température, l'altitude, la
Lavoisier réalisa, il y a près d'un siècle, l'analyse situation géographique, etc. Pour une même tem-
et la synthèse de l'air atmosphérique avec une pérature et une meme pression, la quantité maxi-
approximation remarquable pour l'époque à la- mum de vapeur aqueuse tenue en dissolution
quelle il opérait. dans l'air, est invariable. Des tables donnent, dans
Depuis ces méthodes ont été perfectionnées par les ouvrages de physique, la quantité de vapeur
plusieurs chimistes. Gay-Lussac et de Humboldt aqueuse à saturation contenue dans un volume dé-
publièrent en 1804 leurs beaux travaux sur l'eu- terminé d'air pour les diverses températures.
diométrie; plus récemment, MM. Dumas et Bous- L'état hygrométrique de l'air, pour une tempéra-
singault d'une part, et M. Regnault d'autre part, ture déterminée, n'est autre chose que le rapport
ont fait acquérir aux méthodes d'analyse de l'air entre la quantité d'humidité existant réellement
par les pesées et par les volumes un rare degré dans l'air et celle qui y existerait si l'air était sa-
de précision. - Voyez ANALYSE de l'air. turé à cette même température.
Proprietés de l'air. - L'air atmosphérique est L'emploi des hygromètres de condensation a
transparent , invisible , sans odeur, sans saveur, pour objet de déterminer ce rapport, en amenant
pesant , compressible et parfaitement élastique . artificiellement l'air à l'état de saturation , par un
Lorsqu'il est pur et sec, il pèse, sous le volume de abaissement convenable de température pour
1 litre à 0° et à 0,760 de pression , 15 , 2932 laquelle les tables donnent alors la force élastique
(M. Regnault) . Les physiciens rapportent à la den- maximum, ce qui permet de calculer en poids la
sité de l'air, prise pour unité , la densité des divers quantité de vapeur aqueuse contenue dans l'unité
gaz. Les températures les plus basses et les pres- de volume d'air.
sions les plus élevées n'ont pu réaliser la liqué- C'est par des moyens de réfrigération que l'on
faction de l'oxygène ou de l'azote de l'air. Le constate la présence de la vapeur d'eau dans
coefficient de dilatation de l'air par la chaleur est l'air.
uniforme et égal à 0,003665 (M. Regnault ). Si dans un ballon en verre, par exemple , on
Nous avons dit que l'air atmospherique consti- place des corps à une basse température, il arri-
AIR . - 85 AIR.
vera un moment où la température de l'air en la proportion d'acide carbonique , à Paris, le jour,
contact avec les parois du ballon sera suffisam- étant représentée par 100 , elle était au même mo-
ment abaissée pour que cet air se trouve saturé ; ment représentée par 92 à la campagne, à An-
la température continuant à baisser, il y aura pré- dilly, à quelques lieues de Paris.
cipitation de rosée ou de givre à la surface exté- Principe hydrogéné. Plusieurs observateurs
rieure du ballon . ont démontré, surtout dans les grandes villes, la
Plusieurs chimistes et physiologistes ont eu re- présence d'une petite quantité d'un principe hy-
cours à cette méthode de condensation de la va- drogéné et probablement carburé. M. Boussin-
peur aqueuse atmosphérique, dans le but de re- gault a le premier constaté par des expériences
chercher, dans le liquide condensé, les petites précises, dans l'air de Lyon, la présence d'un gaz
quantités de matières organiques volatiles en dis- ou d'une vapeur hydrogénée dont la teneur en
solution dans l'air, ou les corpuscules en suspen- hydrogène atteignait au maximum 0,0001 dans
sion, substances qui , répandues dans l'air des une partie d'air en volume. M. Verver, à Gro-
marécages , ou des lieux infectés pendant les épidé- ningue, analysant l'air des contrées marécageuses,
mies, jouent peut- être un rôle important dans le a trouvé que le principe hydrogéné y atteignait
développement de certaines maladies. une proportion un peu plus forte, et que ce prin-
cipe était le gaz des marais ou protocarbure d'hy-
MATIÈRES DIVERSES CONTENUES DANS L'AIR drogène, CH .
ATMOSPHÉRIQUE. Ammoniaque. L'air contient incontestable-
ment de petites quantités d'ammoniaque , certai-
Acide carbonique. - L'air atmosphérique con- nement en partie à l'état de carbonate d'ammo-
tient constamment une petite quantité d'acide niaque, en partie peut-être aussi à l'état d'azotate
carbonique , variant ordinairement entre 4 et 6 ou même d'azotite d'ammoniaque , ainsi que l'a
dix-millièmes en volume. admis récemment M. Schoenbein. L'origine de
Rien de plus facile que de constater la présence cette ammoniaque doit être évidemment attribuée
de ce gaz , en exposant à l'air un vase renfermant surtout à la décomposition des matières végétales
de l'eau de chaux ; celle-ci se recouvre bientôt et animales. La présence de cette ammoniaque
d'une pellicule formée de petits cristaux de car- dans l'air a certainement de l'importance au point
bonate de chaux et dont il est facile d'extraire l'a- de vue des phénomènes de la végétation et de la
cide carbonique . statique chimique des plantes.
Th. de Saussure, puis Thenard ont indiqué Plusieurs chimistes se sont occupés de déter-
des méthodes pour doser l'acide carbonique dans miner la proportion de cette ammoniaque dans
l'air. Dans ces dernières années, M. Boussingault, l'air Elle ne paraît pas dépasser quelques mil-
qui s'est occupé de ces déterminations, a indiqué lionièmes du volume de l'air.
des méthodes de dosage à la fois simples et pré- Ozone. On sait que l'on doit à M. Schoen-
cises. Récemment M. Pettenkoffer s'est servi, pour bein la découverte d'un principe particulier qui
ces déterminations, de liqueurs titrées. Voyez se produit dans un grand nombre de circonstan-
Analyse des gaz et de l'air en particulier. ces et notamment sous l'influence de l'électricité
La quantité d'acide carbonique contenue dans exerçant ses effets en présence de l'air, principe
l'atmosphère, toujours faible, malgré les sources auquel le savant précité a donné le nom d'ozone,
nombreuses de cette production , en raison de la en raison de ses propriétés odorantes.
diffusion des gaz , varie ainsi que nous l'avons dit. M. Marignac d'abord, MM. Fremy et Edmond
Elle est plus forte la nuit que le jour ; elle dimi- Becquerel ensuite , par une série d'expériences
nue après la pluie, elle est moindre au-dessus des très-concluantes, ont démontré que l'ozone n'était
grands lacs et des mers que sur les continents . autre chose qu'une modification de l'oxygène de
Elle paraît plus forte dans les grandes villes l'ordre de celle du phosphore rouge comparé au
que dans la campagne ; elle doit être plus forte phosphore ordinaire , etc. Les dénominations
aussi au voisinage des évents volcaniques, qui d'oxygène électrisé, oxygène allotropique, oxygène
versent dans l'atmosphère d'énormes quantités na ssant, oxygène actif, proposées depuis, s'appli-
d'acide carbonique. quent à ce même principe.
On sait que l'acide carbonique est le produit de Plusieurs circonstances dans lesquelles l'ozone
la respiration des animaux. Ainsi un homme peut prend naissance ont conduit à admettre que ce
verser dans l'air 18 à 22 litres d'acide carbonique corps peut se rencontrer dans l'air, sinon d'une
par heure. La combustion du bois , du charbon , des manière permanente, au moins d'une manière
combustibles minéraux , des corps destinés à la temporaire ou accidentelle ; ainsi , sous l'influence
production de la lumière, engendre journellement de l'électricité atmosphérique , sous l'influence
d'énormes quantités d'acide carbonique , surtout d'une foule d'actions oxydantes à la surface du
dans les grands centres de population. globe, une petite quantité d'oxygène atmosphé-
M. Boussingault s'est proposé de rechercher la rique passerait à l'état d'ozone. M. Schoenbein et
quantité d'acide carbonique contenue dans l'air plusieurs autres chimistes ont même cherché à
d'une grande ville, telle que Paris, et de compa- évaluer les variations de proportions de l'ozone,
rer sa proportion à celle qui existerait, au même dans une localité donnée, au moyen de la réaction
moment, à la campagne et à distance des habita- du papier ioduré amidonné dit ozonométrique, le-
tions. quel bleuit plus ou moins, suivant la proportion
Ce savant a calculé, en 1844, pour Paris (avec d'ozone, ce corps ayant la propriété de mettre en
les limites de la ville à cette époque) une produc- liberté l'iode de l'iodure de potassium, réaction
tion d'acide carbonique de 2,914,600 mètres cu- qui n'est pas réalisée par l'oxygène ordinaire.
bes, tant par la respiration que par la combus- M. Schoenbein a émis le premier l'opinion que
tion. Sans la diffusion des gaz, ce volume aurait l'ozone est un agent destructeur des miasmes pu-
formé, à la surface du sol de Paris (avec son an- trides qui peuvent exister dans l'air, de sorte que
cienne enceinte), une couche de 0085 d'épaisseur. la présence de l'ozone libre dans l'air serait jusqu'à
Les observations de M. Boussingault, faites à un certain point un gage de la salubrité de l'atmo-
Paris, lui ont donné en moyenne 4,2 d'acide car- sphère, tandis que son absence pourrait coincider
bonique pour 10 000 parties d'air en volume pour avec l'existence de miasmes toxiques engendrant des
la nuit et 3.9 d'acide carbonique pour 10 000 par- épidémies . Cette opinion a trouvé quelque créance
ties d'air en volume, pour le jour. auprès de certains médecins et observateurs .
MM. Boussingault et Léwy ont trouvé, dans une Le docteur Cook qui a fait des observations ozo-
série d'expériences simultanées, qu'en moyenne nométriques suivies dans l'Inde, sur les bords du
AIR. 86 - AIR.
Gange, croit à une relation entre la proportion les mêmes circonstances que le sulfate de soude,
croissante ou décroissante de l'ozone et le déve- parce que l'air est ordinairement exempt de par-
loppement du choléra, des dyssenteries ou des ticules de ces sels en suspension .
fièvres intermittentes. Miasmes. Nous avons dit plus haut qu'on avait
On voit que la question de la présence de l'ozone cherché à manifester leur présence dans l'eau
dans l'air a acquis de l'importance ; cependant la provenant de la condensation de la vapeur aqueuse
prudence commande peut-être encore beaucoup contenue dans l'atmosphère libre ou dans une
de réserve dans des conclusions de ce genre, sur- atmosphère confinée ; on a souvent trouvé dans
tout en présence des objections qui ont été soule- une parcille eau des matières organiques, suscep-
vées à l'égard des méthodes employées pour dé- tibles d'entrer en fermentation putride.
celer la présence de l'ozone. Qu'il puisse y avoir dans l'air des matières or-
Acide azotique. Cet acide peut être contenu ganiques volatiles ou solides en suspension , cela
dans l'air et dans la vapeur d'eau, surtout à l'état ne paraît pas contestable ; mais, ainsi que le fait
d'azotate d'ammoniaque . M. Liebig a constaté, il y observer M. Wurtz, cette constatation ne saurait,
a longtemps, que l'eau des pluies d'orage contient dans l'état actuel de la science, entraîner la con-
de l'azotate d'ammoniaque. clusion que cette présence sit la cause de mala-
Acide azoteux. - Suivant M. Schoenbein, cet dies contagieuses ou d'une épidémie régnante,
acide existerait dans l'air à l'état d'azotite d'am- jusqu'à ce que ces principes aient été isolés et
moniaque ; ce savant admet qu'il peut se former leurs propriétés bien définies .
par la réaction de l'azote et de l'eau , sous l'in- Germes contenus dans l'air. - La question de
fluence de l'oxydation vive ou lente des matières la présence ou de l'absence de germes ou de spores
combustibles par l'air. A cet égard nous pouvons en suspension dans l'air atmosphérique se lie à
faire remarquer que la formation de l'acide azo- la doctrine des générations dites spontanées. On
teux et de l'acide azotique a été constatée comme doit à M. Pasteur des expériences remarquable-
coincidant avec certains phénomènes d'oxydation . ment instituées pour démontrer l'existence des
Ainsi , dans la préparation de la liqueur bleue cu- germes ou spores en suspension dans l'air avec
pro-ammonique de Schweitzer (réactif de la cellu- d'autres poussières . En faisant passer de l'air at-
lose) obtenue par l'action de l'ammoniaque sur le mosphérique à travers une bourre de coton -pou-
cuivre au contact de l'air, il se forme , outre une 1 dre, cet air abandonne les particules solides en
combinaison ammoniacale d'oxyde de cuivre, de suspension, et en dissolvant ensuite le coton- pou-
l'azotite et de l'azotate, ainsi que M. E. Peligot l'a dre dans l'alcool éthéré, on obtient pour résidu
démontré. On peut expliquer de la même manière` ces poussières de l'atmosphère qu'un rayon de lu-
(oxydation par voie d'entraînement) la présence mière rend visibles lorsqu'il pénètre dans une
de l'azotate et de l'azotite de cuivre, constatée par chambre obscure.
M. Cloëz dans la patine des statues de bronze Parmi ces poussières l'examen microscopique
exposées à l'air. fait découvrir des germes , des spores de mucédi-
lode. - La question de la présence ou de l'ab- nées.
sence de l'iode dans l'air a donné naissance à de Des liquides, des matières putrescibles peuvent
nombreux travaux contradictoires. se conserver indéfiniment au contact de l'air et à
Suivant M. Chatin , l'air atmosphérique contien- la température de l'étuve, lorsque cet air a été
drait habituellement une petite quantité d'iode. privé de tout germe ou spore ; la fermentation
La disparition ou la presque disparition de l'iode ou la putréfaction s'établit au contraire par l'in-
dans l'air ou dans les eaux de certains pays mon- troduction de ces poussières , recueillies comme on
tagneux serait, suivant M. Chatin, liée avec l'exis- l'a dit. A mesure que l'on s'élève dans l'atmo-
tence du goitre chez les habitants de ces contrées. sphère, les germes deviennent plus rares ; ainsi ,
Les conclusions de M. Chatin ont été généralement par exemple, sur 20 prises d'air faites par M. Pas-
accueillies avec une certaine incrédulité par les chi- teur au Montanvert à 2000m au-dessus du niveau de
mistes. Cependant si l'on considère , comme le fait la mer, une seule a montré la présence de germes.
remarquer M. E. Peligot, que les eaux pluviales Constance de proportions des elements consti-
recueillies dans les pluviomètres contiennent des tutifs essentiels de l'air atmosphérique. - Nous
sels assez variés provenant du lavage des pous- avons dit que l'air atmosphérique, pris sur tous
sières en suspension dans l'atmosphère, et que des les points de la surface du globe et à diverses al-
chimistes exercés, M. Bouis notamment, ont sou- titudes, présentait sensiblement les mêmes pro-
vent constaté la présence de l'iode dans les eaux portions relatives d'oxygène et d'azote ; on peut
pluviales , on pourra accorder sans difficulté que la dire que les différences constatées d'une part dans
présence de l'iode libre ou combiné peut être les expériences de MM. Dumas et Boussingault en
admise, sinon comme normale , au moins comme opérant par les pesées, d'autre part dans les expé-
accidentelle dans l'air. riences de M. Regnault en opérant sur les volu-
Diverses particules salines. L'air contient mes à l'aide de sa méthode eudiométrique perfec-
des particules salines en suspension . On doit à tionnée, sont habituellement de l'ordre des erreurs
M. Gernez , entre autres chimi tes, des observa- possibles d'observation .
tions très-curieuses sur les dissolutions salines Cependant les phénomènes de la respiration ,
sursaturées. Or M. Gernez admet, d'après ses expé- les effets de la combustion produisent continuel-
riences, que les dissolutions salines sursaturées ne lement une grande masse d'acide carbonique aux
cristallisent au contact de l'air que lorsque celui- dépens de l'oxygène atmosphérique ; on serait done
ci contient en suspension des traces du sel même tenté de supposer que cetoxygène doit éprouver une
contenu dans la dissolution ou d'un sel isomor- diminution par suite de la continuité de ces effets.
phe. L'auteur est amené à conclure qu'il existe Mais, en vertu d'une de ces grandes harmonies
dans l'air du sulfate de soude , par exemple, et il naturelles qui lient le règne animal et le règne vé-
explique les résultats obtenus avec les dissolutions gétal, tandis que les animaux fonctionnent comme
sursaturées de sulfate de soude (qui ne cristal- des appareils de combustion , fixent l'oxygène
lisent pas, ou qui cristallisent, suivant que l'air de l'air et le rejettent à l'état d'acide carbonique
qui les traverse a passé ou non sur un tampon dans l'atmosphère, les végétaux jouent un rôle in-
de coton ou d'amiante), par la présence du sulfate verse ; ils fonctionnent, en effet, comme des ap-
de soude très-répandu dans l'air ainsi que le
chlorure de sodium. Certaines dissolutions sur- pareils de réduction : sous l'influence des rayons
saturées, telles que l'acétate de potasse ou l'acétate solaires , les parties vertes des plantes réagissent
de soude , au contraire, ne cristallisent pas dans sur l'acide carbonique , le décomposent, fixent le
carbone et restituent l'oxygène à l'air. L'atmo-
AIR. 87 - AIR.
sphère que les animaux tendent à vicier est puri- et Boussingault arrivaient à conclure qu'il fau-
fiée par l'action des végétaux . L'équilibre chimique drait opérer sur 1000gr d'air pour que les ana-
de composition de l'air tend donc à se conserver lyses pussent réellement devenir de quelque uti-
en vertu de ces actions inverses exercées sur les lité dans la discussion des lois générales de la
éléments constituants de l'atmosphère. physique du globe.
Certains phénomènes , dus à la décomposition Les nouvelles méthodes eudiométriques perfec-
des roches par oxydation, sembleraient d'abord tionnées, en opérant sur un volume d'air très-
de nature à modifier à la longue la composition limité, ne permettent de reconnaître que des
de l'air ; mais une série d'actions inverses, de ré- variations de quelques dix -millièmes dans les
duction, tend à restituer à l'atmosphère , sous la proportions de l'oxygène.
forme d'acide carbonique, l'oxygène disparu. L'emploi de méthodes de plus en plus perfec-
Ainsi que le fait observer Ebelmen, dans son bean tionnées permettra peut-être de résoudre , avec
mémoire sur les altérations des roches, le jeu des le temps, des questions d'un haut intérêt pour la
réactions de la matière minérale à la surface du physique du globe.
globe semble aussi de nature à établir une com- AIR CONFINE. Lorsque l'air atmosphérique est
pensation pour maintenir la constance de compo- soumis à certaines causes d'altérations et que sa
sition chimique de l'atmosphère . communication avec l'atmosphère est interdite ou
Cette compensation s'établit-elle d'une manière que le renouvellement de cet air ne peut se faire
exacte ? En supposant qu'elle n'ait pas lieu , ce avec une activité suffisante, on donne habituelle-
qui est possible, la quantité d'oxygène ira-t-elle ment à l'air placé dans ces conditions le nom
en diminuant ? « C'est une grande question , disait d'air confiné.
Thenard, dont on ne pourra avoir la solution qu'au Les causes d'altération de l'air sont diverses ;
bout de plusieurs siècles, en raison de l'énorme nous en passerons quelques-unes en revue , et
volume d'air dont notre planète est entourée. » nous citerons quelques analyses qui donneront
Dans leur beau mémoire sur la véritable con- une idée du degré d'altération que l'air peut
stitution de l'air atmosphérique, MM. Dumas et éprouver dans ces conditions.
Boussingault s'exprimaient ainsi en 1841 : Certains phénomènes, tels que les dégagements
Quelques calculs qui ne peuvent avoir une d'acide carbonique dans divers lieux ( mines,
précision bien absolue, sans doute, mais qui grottes), l'absorption de l'oxygène par certaines
reposent néanmoins sur un ensemble de données roches, par les matières organiques en décompo-
suffisamment certaines, vont montrer jusqu'où il sition (mines, puits , caves, fosses d'aisances) , peu-
conviendrait de pousser l'approximation de l'ana- vent exercer une influence plus ou moins mar-
lyse pour atteindre la limite où les variations quée sur la composition de l'air.
d'oxygène pourraient se manifester d'une manière Dans les lieux habités, fermés ou mal ventilės,
sensible. L'atmosphère est sans cesse agitée ; les les effets de la respiration des hommes ou des
courants excités par la chaleur, par les vents, par animaux, les phénomènes de la combustion du
les phénomènes électriques, en mêlent et en con- charbon ou des matières combustibles peuvent
fondent sans cesse les diverses couches . C'est donc amener l'air à un degré d'altération notable.
la masse générale qui devrait être altérée pour Aussi dans les appartements , casernes , salles
que l'analyse pût indiquer des différences d'une d'hôpitaux, amphithéâtres, dans les puits et gale-
époque à l'autre. ries de mines, etc. , l'analyse chimique, lorsqu'elle
« Mais cette masse est énorme. Si nous pou- est suffisamment précise, indique-t-elle toujours
vions mettre l'atmosphère tout entière dans un une composition différente de celle qui corres-
ballon et suspendre celui-ci au plateau d'une ba- pond à l'air libre.
lance, il faudrait pour lui faire équilibre dans le En outre, dans les lieux habités et même en
plateau opposé, 581,000 cubes de cuivre de 1 kilo- dehors de l'influence de la présence de malades,
mètre de côté. les émanations animales qui s'échappent avec la
a Supposons maintenant avec B. Prévost que vapeur aqueuse par la transpiration pulmonaire
chaque homme consomme 1 kil. d'oxygène par et cutanée peuvent exercer une influence physio-
jour, qu'il y ait mille millions d'hommes sur logique incontestable et souvent plus fâcheuse
la terre et que , par l'effet de la respiration des que celle de la production de l'acide carbonique ou
animaux et la putréfaction des matières organi- de la disparition de l'oxygène en faible quantité.
ques, cette consommation attribuée aux hommes Il est presque impossible d'arriver à doser ces
soit quadruplée. matières, dont la présence se révèle souvent par
« Supposons de plus que l'oxygène dégagé par une odeur repoussante.
les plantes vienne seulement compenser l'effet C'est surtout lorsque l'air arrive à l'état de sa-
des causes d'absorption d'oxygène oubliées dans turation par les causes précitées qu'on est porté à
notre estimation ; ce sera mettre bien haut , à considérer l'atmosphère comme nuisible. Aussi
coup sûr, les chances d'altération de l'air. Eh M. Péclet a-t-il cru pouvoir fixer à 6me la quantité
bien ! dans cette hypothèse exagérée, au bout d'un d'air à renouveler, dans une enceinte habitée, par
siècle, tout le genre humain et trois fois son équi- heure et par individu adulte, attendu que ce vo-
valent n'auraient absorbé qu'ure quantité d'oxy- lume représente celui qui est nécessaire pour te-
gène égale à 15 ou 16 cubes de cuivre de 1 kilo- nir en dissolution à 15° la vapeur aqueuse prove-
mètre de côté, tandis que l'air en renferme près nant de l'exhalation pulmonaire et cutanée.
de 134,000. Ce volume est considéré aujourd'hui comme
Ainsi, prétendre qu'en y employant tous leurs insuffisant pour les salles d'hôpitaux ventilées ar-
efforts, les animaux qui peuplent la surface de la tificiellement lorsqu'on veut arriver à expulser les
terre pourraient en un siècle souiller l'air qu'ils odeurs qui se développent dans ces enceintes. Soit
respirent, au point de lui ôter la huit-millième qu'on ventile par aspiration , soit qu'on procède par
partie de l'oxygène que la nature y a déposé, c'est injection d'air, on donne aujourd'hui souvent
faire une supposition infiniment supérieure à la 60c d'air pur par heure et par individu . (Hòpi-
réalité. » taux de Necker et de Lariboisière à Paris.)
Ces considérations montrent combien la préci- Influence de la respiration. -- D'après les ex-
sion des méthodes d'analyse doit être reculée, ou périences de MM. Andral et Gavarret, un homme
combien la masse d'air mise en expérience doit adulte brûle environ 12 de carbone par heure
être augmentée, pour arriver à constater, par des pendant le jour et à l'état de repos. (Cette quan-
analyses en poids, de faibles différences de com- tité est plus faible la nuit, pendant le sommeil,
position à des époques éloignées, et MM. Dumas ainsi que le démontrent les expériences de
AIR . - 88 -- AIR .
M. Scharling.) Cette proportion de carbone équi- Analyse de l'air des enceintes habitées.
vaut sensiblement à 445 ou 22 d'acide carbo-
nique produit aux dépens de l'oxygène atmosphé- Voici quelques résultats d'analyses d'air confiné
rique , lequel disparait en quantité à peu près sur 100 parties d'air en poids :
égale en volume à celle de l'acide carbonique formé. I. II. III. IV. V. VI. VII.
Les gaz expirés par les poumons contiennent Acide carbo-
environ 4 % d'acide carbonique , en volume , nique.... { 0,01 1,03 0,04 0,08 0,80 0,58 0,47
et à peu près autant d'oxygène en moins, compa- Oxygène.... 22,96 21,96 22,94 22,91 22,52 22,60 >
rativement à la proportion normale de ce dernier VIII. IX. X. XI. XII. XIII. XIV.
gaz dans l'air libre. On pourrait donc calcu- Acide carbo- En vol.
ler, avec assez d'exactitude, le degré d'altération nique..... 0,87 0,25 0,23 0,43 1,05 0,22 0,13
anquel un homme amènerait un volume donné Oxygène.... » 22,20 22,90 20,97
d'air au bout d'un temps déterminé, dans l'hypo- Azote ( est partout le complément ) .
thèse où le renouvellement de l'air serait nul.
L'expérience apprend que l'air arrivé au même I. Serre du Jardin des Plantes.
II. Amphithéâtre de chimie non ventilé après le séjour
degré d'altération que l'air expiré est incapable de 900 personnes pendant 1 heure 1/2 environ.
de soutenir la combustion des lampes à simple III. Chambre à coucher ventilée ( à la fin de la nuit) .
courant d'air et des bougies. A la vérité, ainsi que IV. Salle d'hôpital ventilée (id . ).
l'expérience des mineurs l'apprend , l'homine V et VI . Salles d'hôpital non ventilées et encombrées
peut encore vivre dans une semblable atmosphère, (id. ) .
mais la sensation de malaise devient bientôt pro- VII. Salle d'école primaire avec ventilation imparfaite.
noncée, et le séjour dans un pareil milieu ne pour- VIII. La même salle, complétement close ; à cela près,
mêmes conditions.
rait se prolonger sans inconvénients . IX. Air pris dans la cheminée d'appel de la Chambre
Il faut remarquer que lorsque l'acide carbonique des députés, à Paris ( 1842 ), à la fin d'une séance.
est simplement ajouté à l'air au lieu d'être pro- X. Salle de spectacle à la fin de la représentation
duit aux dépens de l'oxygène atmosphérique , (parterre ).
l'homme peut supporter alors plus facilement des XI. Même salle, même moment, près du plafond .
XII. Ecurie fermée, à la fin de la nuit
doses supérieures d'acide carbonique ; ce fait est XIII. La même , ventilée, mêmes conditions.
démontré par l'analyse de l'air dans quelques XIV . Cellule de la prison Mazas habitée par un détenu.
mines, par exemple, où il existe des sources de Le renouvellement d'air était de 45me par heure.
dégagement d'acide carbonique par les fissures
des roches. Une chambre de caserne à l'École militaire, à
Dans une expérience faite pour juger de l'ac- Paris, fut affectée en 1847 à des expériences sur
tion toxique due à l'acide carbonique seul, l'auteur divers modes de ventilation . La capacité de cette
d'un mémoire sur la composition de l'air confiné chambre type était de 128me. Onze soldats y
a constaté que dans des atmosphères artificielles passaient la nuit. Lorsque les fenêtres de cette
d'air normal et d'acide carbonique pur (ce der- chambre avaient été ouvertes pendant 2 ou 3
nier étant ajouté successivement ) , un chien de heures, l'analyse indiquait toujours la composi-
forte taille avait pu supporter, sans asphyxie im- tion de l'air normal. On ramenait constamment
médiate , une proportion de 30 % d'acide car- l'air à cet état au commencement de chaque expé-
bonique en volume ; le complément , c'est -à-dire rience. Les nombres qui suivent se rapportent
70 %, était de l'oxygène et de l'azote dans les à des analyses faites dans l'intérieur de la cham-
proportions qui constituent l'air atmosphérique. bre avec l'aspirateur de M. Boussingault, au bout
10 p. de cette atmosphère contenaient donc en- de 9 heures de séjour des hommes et de l'expé-
core 16 % d'oxygène en volume , c'est - à - dire rimentateur.Les seules conditions qui variaient
à peu près la proportion contenue dans l'air ex- étaient celles de la fermeture ou du renouvelle-
piré par l'homme [ Félix Le Blanc, Ann . de Chim . ment de l'air. Les résultats étaient contrôlés par
et de Phys., 1842, (3) , t. V, p. 223] . Ainsi la des analyses faites sur des prises d'air recueilli
diminution du volume de l'oxygène dans l'air dans des tubes scellés ensuite à la lampe. On opé-
exerce une influence nuisible et plus prononcée rait soit par la méthode de M. Regnault, soit par
encore que l'addition d'un volume égal d'acide celle de Doyère. Voici quelques nombres afférents
carbonique. Toujours est-il que l'énergie toxique à l'acide carbonique sur 1000 parties d'air en
de l'acide carbonique ne se manifeste que pour des volume.
doses beaucoup plus fortes que celles que l'on I. II. III. IV. V.
considérait autrefois comme immédiatement mor- 7 5,6 4,4 2,2
telles. Acide carbonique 12
I. Portes et fenêtres fermées et calfeutrées
Dans le mémoire précité, il a été démontré que II. - fermées, non calfeutrées.
les atmosphères rendues asphyxiantes par la com- III, IV. Portes et fenêtres fermées ; divers systèmes de
bustion du charbon devaient leurs propriétés dé- renouvellement d'air.
létères, non à l'acide carbonique, mais à une faible V. Ventilation par appel dans un tuyau vertical
débouchant au-dessus du toit sous l'influence d'un
proportion d'oxyde de carbone . C'est là véritable- excès de température de 8º entre l'intérieur et l'extérieur
ment le gaz qui produit l'asphyxie lors de la com- (120me d'air par heure appelé vers la fin du séjour ).
bustion du charbon, en l'absence d'appareils de
tirage pour l'expulsion des gaz brûlés. Une atmo- Il semble naturel de conclure de nombreuses
sphère devenue mortelle pour un chien par suite expériences de ce genre, que la proportion d'acide
de la combustion du charbon dans un espace clos carbonique accumulée dans une enceinte par les
contenait en poids : effets de la respiration peut, jusqu'à un certain
Acide carbonique.. 4,61 point , servir de mesure du degré d'insalubrité
Oxygène... 19,19 et indiquer l'utilité d'un renouvellement d'air
Azote . 75,62 plus ou moins actif, sans entendre cependant
Oxyde de carbone. 0,54 attribuer pour cela à l'acide carbonique seul les
Hydrogène carboné. 0.01 effets nuisibles d'un séjour prolongé dans un air
100,00 confiné (Félix Leblanc , Extrait d'un rapport sur
les casernes de Paris.)
L'influence toxique de l'oxyde de carbone est Influence de la combustion . La combustion
démontrée par la mort presque immédiate des du charbon ou des matières combustibles desti-
animaux à sang chaud portés dans un air auquel nées à l'éclairage est encore une source d'altéra-
on a ajouté 1 % en volume d'oxyde de carbone pur. tion de l'air. Une bougie stéarique, brûlant 10 ™
AIR. 89 - ALANINE.
de matière combustible par heure, consomme envi- de ce carbure détone immédiatement et avec vio-
ron 20 litres d'oxygène et produit environ 15 litres lence . Nous renvoyons aux analyses de M. Bis-
d'acide carbonique. Un bec de gaz de houille qui chof, qui a recueilli et analysé l'air des mines
débite par heure 140 litres de gaz (bec des lan- de houille à grisou . A la dose même de quel-
ternes de l'éclairage public à Paris ) consomme ques centièmes, l'hydrogène protocarboné ne pa-
environ 230 litres d'oxygène et produit environ raît exercer aucune influence délétère ; ce gaz est
112 litres d'acide carbonique. Une lampe Carcel, donc surtout redoutable en raison de son inflam-
brûlant 425 d'huile de colza épurée à l'heure, con- mabilité.
somme un peu plus de 80 litres d'oxygène, en L'expérience prouve que, dans certaines cir-
produisant près de 60 litres d'acide carbonique. constances, l'air non renouvelé des mines peut
Air brûlé. - On appelle ainsi dans les usines être asphyxiable par défaut d'oxygène sans avoir
l'air qui a passé sur les foyers de combustion et été altéré par l'effet de la respiration et de la
qui est expulsé dans l'atmosphère par les chemi- combustion ; cela peut arriver par exemple par l'in-
nées d'appel . fluence de certaines roches contenant des pyrites
Cet air contient essentiellement de l'acide car- qui se vitriolisent, ainsi qu'on le verra plus bas
bonique, de l'oxyde de carbone, de l'oxygène et (Félix Le Blanc) . C'est ce qui paraît aussi résulter
de l'azote. La connaissance de la proportion de des analyses de M. Moyle sur l'air des mines du
l'oxyde de carbone a de l'intérêt pour constater Cornouailles qui indiquent souvent une altération
le bon emploi du combustible brûlé ; en effet, du même genre, puisque l'oxygène varic de 18 à
l'oxyde de carbone est un produit de combustion 15 % en volume, tandis que l'acide carbonique
incomplète qui aurait fourni beaucoup de chaleur ne dépasse pas au maximum 1 %.
par sa conversion en acide carbonique. On estime
que , pour brûler utilement 1kgr de houille, il Analyse de l'air de mines (sur 100 en volume).
faut environ 8c d'air. On trouve très-souvent
10 % d'oxygène dans l'air brûlé. 1. 11. 111. IV. V. VI. VII. VIII.
Air des fosses d'aisances . - La production de Acide car- 0,06 0,8 3,9 3,6 2,3 0,0 0,3
l'acide sulfhydrique, gaz énergiquement toxique, bonique. (
est souvent une cause d'asphyxie par le gaz des Oxygène.. 18,44 20,4 19,5 15,8 17,1 18,5 9,6 17,8
Azote..... 81,50 79,6 72,7 80,3 79,3 79,2 90,4 81,9
fosses. Mais il est à remarquer, ainsi que l'a con-
staté depuis longtemps M. Chevreul par l'analyse , I. Galerie de mine en Cornouailles ( Moyle ) .
que la grande proportion d'azote dans le gaz pré- II. Galerie de mine ventilée à Poullaouen ( Finistère ),
cité, en raison de la putréfaction des matières à 60m au-dessous du sol. Travail des ouvriers suspendu
depuis 12 heures (F. Leblanc).
des fosses, qui amène la disparition de l'oxygène, III. Galerie à Poullaouen après un coup de mine ( les
jone souvent le principal rôle dans l'asphyxie par lampes brûlent bien ) .
les gaz de ces fosses. IV. Prise d'air dans une taille montante (Poullaquen).
Nous terminerons en citant quelques résultats La lampe s'y éteint. Air un peu lourd à la respiration
d'analyses d'air puisé dans certaines grottes et (température 20° ).
dans diverses mines. V. Prise d'air sur un autre point de la même galerie ;
Air de la grotte du Chien , près Pouzzoles (Ita- la respiration y est peu gênée ; il y a plus de fraîcheur
par suite d'infiltrations d'eau ( température 18° ).
lie). On sait qu'il se dégage à la surface du sol VI. Galerie de roulage à 300m d'un puits. La lampe
de cette grotte et d'une manière continue de l'acide peut brûler. Les mineurs trouvent l'air faible.
carbonique qui, en raison de sa densité, ne se mêle VII. Air recueilli dans une taille ascendante dans une
pas immédiatement à l'air. En conséquence, une partie de la mine abandonnée. L'air y était asphyxiant
couche gazeuse d'une faible hauteur, à partir du au moment de la prise d'air. Les roches contenaient une
grande quantité de pyrite disséminée .
sol, se trouve assez chargée d'acide carbonique VIII. A la naissance de l'entaille contenant l'air nº VII,
pour produire l'asphyxie chez un chien que l'on à la couronne de la galerie, à 2m de distance de la prise
introduit dans cette couche, tandis qu'à une hau- d'air précédente . Fx. L.
teur un peu plus grande, la diffusion de l'acide
carbonique s'est opérée d'une manière assez pro- AKANTHITE (Min .) . - Sulfure d'argent (Ag2S)
noncée pour qu'un homme debout puisse respi- cristallisant, d'après Kenngott [ Poggend. Ann.,
rer sans danger d'asphyxie. t. XCV, p. 462] , dans le type orthorhombique,
Deux analyses de l'air de cette grotte, recueilli et se trouvant souvent implanté sur les cristaux
à deux époques différentes, ont donné en volume d'argyrose (argent sulfuré cubique).
Ch. Sainte- Claire Deville et Félix Le Blanc) : Dureté = 2,5. Densité = 7.31 7.36.
On a souvent pris pour l'akanthite des défor-
Acide carbonique....... 67,1 73,6 mations de cristaux d'argyrose très-fréquentes
Oxygène. 6,5 5,3 dans cette espèce.
Azote 26,4 21,1 AKANTICONE. - Voyez ÉPIDOTE .
100,0 100,0 AKMITE. -Voyez ACHMITE .
ALABANDINE. (Min . ) [ Syn . Manganèse sul-
Air des mines. - La respiration et la combus- furé, manganblende. ] Sulfure manganeux, Mn S.
tion des lampes sont évidemment des causes Ce minéral se trouve en masses irrégulières, à
d'altération de l'air dans les mines et exercent une structure cristalline et souvent lamelleuse, d'un
influence d'autant plus grande que la ventilation éclat imparfaitement métallique et d'un noir bru-
est moins parfaite. Dans les mines de houille, nâtre rarement en octaèdres et en cubes.
l'air peut être en outre altéré par le dégagement Caract. L'alabandine se dissout dans l'acide
du gaz hydrogène protocarboné (grisou) qui se chlorhydrique en dégageant de l'hydrogène sul-
mêle à l'air; dans les houillères, c'est ce dernier furé; elle donne avec le borax, à la flamme d'oxy-
gaz qui , en certaines proportions , rend l'air ex- dation, une perle violet améthyste ; et, après gril-
plosif et produit ces formidables détonations , lage avec la soude, une masse verte , bleuissant
malheureusement trop fréquentes encore. On sait par le refroidissement . Dureté : 3,5- 4. Raclure
que, pour les éviter, on fait généralement usage, verdâtre. Densité : 3,954,014. Clivage cubique.
dans ces mines, de la lampe de sûreté, inventée ALALITE . Voyez PYROXENe diopside.
d'abord par Davy. ALANINE. [ Syn. Acide lactamidique.]
L'air peut contenir 2, 3 et 4 % d'hydrogène pro- CHO.OH Az.
tocarboné sans que l'on ait à craindre de déto- C3 H7 Az O² - H2
nation ; la lampe continue à brûler tranquille-
ment ; mais un air contenant 1/8 de son volume [Strecker, Ann. der Chem . u. Pharm. , t. LXXV,
ALANINE. 90 -- ALANINE.

p. 27. Compt. rend. de l'Acad. , t. XXXIX, p. 55 . mique) au moyen du dérivé chloré d'un acide
Gerhardt, t. ler, p. 678 et t. III , p. 942. monoatomique est donc analogue à celle du gly-
Kolbe , Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXIII, cocolle par l'acide chloracétique (Cahours).
p. 220 et Ann. de Chim . et de Phys. , t. LIX, Kekulé a réalisé cette transformation plus di-
- Kekulé, Ann. der Chem . u. Pharm ., rectement en partant de l'acide bromopropio-
p. 201 . nique en chauffant cet acide avec une solution
t. CXXX, p. 11 et Bull. de la Soc. chim. , 1864,
t. II , p. 371. Limpricht, Ann . der Chem. u. alcoolique d'ammoniaque, il a constaté qu'il se
Phys., t. CI, p. 295 et Ann. de Chim. et de formait du bromure d'ammonium et de l'alanine :
- Preux, Ann. der
Phys., (3) , t. LII , p. 111. C3H5Br O2 + 2 Az H³ C3 H7 Az O2 Br Az H¹.·
Chem. u. Pharm . , t. CXXXIV, p. 372 ( 1865 ), et
Bull. de la Soc. chim . , 1866, t. V, p. 387. ] Propriétés. - L'alanine est un corps solide,
Préparation. On mélange la solution aqueuse cristallisant en prismes obliques à base rhombe,
de deux parties d'aldéhydate d'ammoniaque avec durs , craquant sous la dent, d'un éclat nacré ;
une partie d'acide cyanhydrique anhydre et l'on sa solution est fortement sucrée.
ajoute un grand excès d'acide chlorhydrique : puis Elle n'agit pas sur les papiers réactifs.
on chauffe au bain-marie jusqu'à ce que le mé- L'alanine, soluble dans 4,6 parties d'eau à 17º,
lange soit réduit de moitié. On laisse refroidir, il plus soluble à chaud, est insoluble dans l'éther
se dépose ainsi du sel ammoniac : les eaux mères et exige 500 parties d'alcool à 80 centièmes pour
(renfermant le chlorhydrate d'alanine ) sont trai- se dissoudre. Sous l'influence d'une tempéra-
tées à l'ébullition par de l'hydrate de plomb ture élevée (2002) , elle se sublime en petits cris-
tant qu'il se dégage de l'ammoniaque : on filtre et taux neigeux ; si la chaleur a été appliquée brus-
l'on traite le liquide filtré par de l'hydrogène sul- quement , l'alanine est décomposée en acide car-
furé, pour séparer le plomb. Le liquide séparé du bonique et éthylamine ( Limpricht ) :
précipité donne , par évaporation , des cristaux C³ H7 Az O² = CO² + C² H7 Az.
d'alanine les eaux mères de ces cristaux en
donnent une nouvelle quantité si on les addi- Chauffée sur une lame de platine, elle brûle avec
tionne d'alcool. - On peut simplifier cette pré- une flamme violette. - Les acides les plus éner-
paration en traitant le mélange de sel ammoniac giques ne la décomposent pas , même sous l'in-
et de chlorhydrate d'alanine par de l'alcool éthéré fluence de la chaleur. -- L'acide sulfurique fu-
qui précipite la plus grande partie du sel ammo- mant la noircit : il se dégage de l'acide sulfureux ;
niac tenu en dissolution : on opère ensuite comme mais la décomposition de l'alanine n'est pas com-
ci-dessus (Strecker). plète [ Strecker, Ann. der Chem . u. Pharm .,
L'équation suivante rend compte de la forma- t. CXVIII, p. 290] . La potasse très -concentrée
tion de l'alanine : en dégage, à chaud , de l'ammoniaque et de l'hy-
drogène il se forme en même temps du cyanure
C2H4O. Az H + CAzH + CIH+ H2O et de l'acétate de potassium. - Sous l'influence
Aldéhydate des agents oxydants (oxyde puce de plomb avec
d'ammoniaque. ou sans acide sulfurique) , elle donne de l'acide
= C3 H7 Az O2 + Az H¹Cl . carbonique, de l'aldéhyde et de l'ammoniaque :
Alanine.
(C³ H+O. OH12)' } Az + 0 = CO² + C² H + O +AzH³ .
Dans cette préparation , il est indispensable de
chauffer le mélange d'aldéhydate, d'acide cyanhy- Lorsqu'on fait passer un courant d'acide nitreux
drique et d'acide chlorhydrique ; car si on aban- dans une solution aqueuse d'alanine, il se dégage
donne ce même mélange à la température ordinaire, de l'azote ; la solution acide concentrée à une
il s'y dépose au bout de quelques jours des cris- douce chaleur et reprise par l'éther abandonne à
taux qui constituent l'hydrocyanaldine C9 H12 Az¹ : ce véhicule de l'acide lactique (Strecker) :
3 (C2H4O . Az H³ ) -3 (CAz H ) + 2CH
C9H12 Az4 + 2 AzHCl + 3H2O. (C³ HO. OHH2Az +Az O. O !!
On obtient aussi l'alanine en partant de l'acide == C3H4O . ( OH )2 + 2 Az + H20.
lactique on transforme cet acide en chlorure de Acide lactique.
lactyle ; le chlorure de lactyle est traité par l'al- L'alanine, chauffée entre 180 et 200° dans un
cool pour donner naissance à l'éther chlorolac- courant d'acide chlorhydrique sec, perd de l'eau
tique : et se transforme en lactimide :
C³H+O ( O. C2H5
°CH { O = (C3H •O ) CI. C317 AzO2 - C3H4O" . HAZ + H2O
CI Alanine. Lactimide .
Cet éther, mis en contact avec une solution concen- (Preux).
L'alanine forme avec la cyanamide une combi-
trée d'ammoniaque, est chauffé en vase clos à 100° naison découverte par Strecker, mais qui n'a pas
pendant plusieurs heures ; le tout se transforme encore été étudiée.
en un liquide homogène qu'on évapore au bain- COMBINAISONS DE L'ALANINE AVEC LES ACIDES .
marie le résidu , mélange de sel ammoniac et de L'alanine se dissout plus facilement dans les
chlorhydrate d'alanine , est traité comme nous arides que dans l'eau ; quoique les acides ne soient
l'avons indiqué plus haut (Kolbe). pas neutralisés, il n'y a pas simple dissolution, il
Il est facile de se rendre compte de la forma- y a véritable combinaison :: en effet, l'alcool et
tion de l'alanine dans ces circonstances : l'éther ne précipitent plus d'alanine de cette dis-
( O. C2 115 solution.
( C³ II+ O) " } CI +2 (Az 13)+ H2O Avec l'acide chlorhydrique, l'alanine forme les
Éther chlorolactique. deux combinaisons suivantes :
2 C3 H7 Az O2. H C et C3 H7 Az O2. HCl.
= ( C³¹O. OH₁₂ { Az + Az H¹ C¹ + C² H© O.
H2 Le premier composé s'obtient soit en traitant
Alanine l'alanine sèche par le gaz acide chlorhydrique, soit
Le chlorure de lactyle est identique avec le chlo- en la dissolvant dans une quantité d'acide chlor-
rure de propionyle chloré C3 H CIO. CI : la forma- hydrique correspondante à la formule précé-
tion de l'alanine ( amide de l'acide lactique diato- dente. - Ce sont des cristaux prismatiques, très-
ALANINE. 91 - ALBUMINE.
solubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool. le remplacement par Az H2 de l'oxhydrile attaché
Le second chlorhydrate s'obtient en dissolvant directement au radical C2 H donnera naissance à
l'alanine dans un excès d'acide chlorhydrique : une amide acide, tandis que le remplacement de
composé déliquescent, très soluble dans l'alcool. l'oxhydrile attaché au carbonyle donnera l'amide
Ces chlorhydrates ne précipitent pas par le bi- neutre ; on a donc :
H
chlorure de platine ; mais on obtient une combi-
naison (renfermant 35,4 % de platine) en repre- CHCO.O CHC CO.Az
H . H2
nant par l'alcool éthéré le mélange de chlorhy- Az H2,
Alanine . Lactamide.
drate d'alanine et de chlorure de platine et laissant
évaporer la solution. La diamide lactique encore inconnue serait :
Le sulfate d'alanine se prépare directement : C2HCO.AzH?
c'est une masse sirupense, peu soluble dans l'al- AzH2.
cool éthéré, très- soluble dans l'eau.
Le nitrate d'alanine se produit directement. L'alanine fait partie de la série homologue dont
Longues aiguilles, incolores, déliquescentes, peu les termes sont :
solubles dans l'alcool : elles jaunissent par la des- 1. Le glycocolle, ou acide acétamique :
siccation à 100°. Leur forme cristalline a été ré-
CH2CO.OH
cemment établie par Loschmidt [Jahresber. , 1865, Az H2.
p. 365].
2. L'alanine, ou acide lactamidique :
COMBINAISONS DE L'ALANINE AVEC LFS MÉTAUX . H
C²H₁CO.O
Sel de baryum. - On le prépare en faisant Az H².
bouillir la solution aqueuse de l'alanine avec du 3. L'acide oxybutyramidique :
carbonate de baryum. Sel cristallisable , très-
soluble, il a une réaction alcaline. Quand on C3H6 )CO.OH
fait passer un courant d'acide carbonique dans sa Az H2.
solution ; il se dépose à la longue du carbonate de 4. L'acide oxyvaléramidique ou amidovalérique :
baryum , mais ce carbonate se redissout quand on
le fait bouillir avec la liqueur d'où il s'est déposé. CHCO.OH
Le sel de plomb s'obtient en faisant bouillir une Az H2.
solution aqueuse d'alanine avec de l'oxyde de 5. La leucine, ou acide oxycaproamidique :
plomb : aiguilles incolores, d'un éclat vitreux. CO.OH
Le sel de cuivre se prépare par la même mé- CH10 Az H2. CH. L.
thode : i se présente sous la forme de tables
hexagonales allongées ou d'assez gros prismes ALBÂTRE CALCAIRE . --- Voyez CALCITE CON-
rhomboidaux , bleus , solubles dans l'eau avec CRÉTIONNÉE.
une nuance bleu foncé que l'acide nitrique fait ALBATRE GYPSEUX . Voyez GYPSE SAC-
disparaître immédiatement ; ils sont presque in- CHAROÏDE.
solubles dans l'alcool. Ces cristaux renferment ALBINE. -- Voyez APOPHYllite.
C6H12 Cu Az2O + H2O : ils perdent 6,5 % d'eau ALBITE. Voyez FELDSPATH.
à 120°. ALBUMINE. On en connaît deux modifica-
Le sel d'argent se présente sous la forme de tions, l'une soluble, l'autre insoluble.
petites aiguilles jaunâtres , très - solubles dans A. ALBUMINE SOLUBLE . Jusqu'à ces derniers
l'eau, et non décomposables par l'ébullition ; on temps, on a confondu sous le nom d'albumine les
le prépare en faisant bouillir de l'oxyde d'argent principes solubles et coagulables par la chaleur,
avec une solution aqueuse d'alanine. contenus dans le blanc d'oeuf, dans le sérum du
Kraut et Hartmann ont constaté que, par l'ac- sang, la lymphe, le chyle, les sucs parenchyma-
tion de l'iodure d'éthyle sur l'alanine argen- teux, les liquides séreux, les transsudations , les
tique, l'éthyle se substitue à l'hydrogène ; mais ce kystes, le colostrum, le lait, l'urine albuminuri-
composé est peu stable et régénère de l'alanine que, et enfin dans la plupart des sucs végétaux.
par l'action de l'oxyde d'argent [ Ann. der Chem. Des recherches récentes [ Denis, Mémoire sur
u. Pharm ., t. CXXXIII, p . 99. - Bull. de la Soc. le sang. Paris, 1859. Hoppe - Seyler, Chem.
chim., 1865, t. IV, p. 283]. centr. , 1865 , p. 785 ] ont révélé des différences
On obtient une combinaison d'alanine et de très-sensibles entre l'albumine d'oeufs d'oiseaux
nitrate d'argent, sous forme de tables rhomboi- et celle que l'on rencontre dans les diverses par-
dales , en reprenant par l'alcool le résidu de ties de l'économie animale. Quant à l'albumine
l'évaporation d'une solution aqueuse de nitrate végétale, elle n'a pas encore été isolée à l'état de
d'argent et d'un excès d'alanine, et laissant cris- pureté ; et l'on ignore, par conséquent, si elle con-
talliser cette solution alcoolique. stitue ou non une espèce particulière. A moins
L'alanine ne donne de précipité avec aucun des d'une indication spéciale, les propriétés suivantes
réactifs usuels. s'appliquent aux deux variétés d'albumine.
L'alanine se distingue de ses isomères, l'uré- Composition. - Voyez ALBUMINOÏDES ( SUB-
thane et la lactamide, par le point de fusion de STANCES ) .
ces deux derniers corps, lequel est au-dessous de Proprietes physiques . — A l'état sec, elle forme
100 : elle se distingue de son autre isomère, la une masse amorphe , transparente , jaunâtre.
sarcosine, par ce fait que celle-ci se volatilise déjà Saveur fade ; odeur nulle ; densité - 1,2617 (C.
à 100º. Schmidt ) . Soluble en toutes proportions dans
CONSTITUTION. -·L'alanine est une amide acide l'eau, avec laquelle elle donne des liquides d'au-
dérivée de l'acide lactique. C'est l'acide lactami- tant plus visqueux qu'ils sont plus concentrés. Les
dique : elle est isomérique avec la lactamide, la- solutions dévient à gauche le plan de la lumière
quelle est l'amide neutre dérivée de l'acide lac- polarisée.
tique. Pouvoir spécifique pour la raie D de Frauenho
Les considérations suivantes permettent d'in- fer :
terpréter ce cas d'isomérie Albumine pure des œufs . 35° 5
L'acide lactique étant représenté par la formule Sérine pure du sérum .... 5650
CHCO.OH (Hoppe-Seyler) .
on, Le pouvoir rotatoire se modifie sous l'influence
ALBUMINE. 92 ALBUMINE.
des acides ou des alcalis, par suite d'une altéra- maintenue dissoute par suite d'une combinaison
tion plus ou moins profonde. Ainsi avec l'albu- avec l'acide, combinaison soluble dans une eau
mine d'œufs, l'acide chlorhydrique ajouté jusqu'au peu chargée d'acide.
moment où un excès déterminerait la précipitation Les acides acétique , tartrique , phosphorique
l'élève à 37º,7 . La potasse conduit à un maximum normal et carbonique, qui semblent être sans ef-
d'effet représenté par 47° ; mais, par un contact fet, provoquent des modifications analogues.
prolongé, la rotation décroît de nouveau. L'acide Action des sels. - Une solution d'albumine.
acétique élève le pouvoir rotatoire de la sérine de aiguisée avec quelques gouttes d'acide acétique,
56° à 71º. est complétement précipitée par le cyanure jaune.
L'albumine est insoluble dans l'alcool, l'éther, Beaucoup de sels métalliques (sulfate de cuivre,
les huiles essentielles . Agitée avec de l'éther, la bichlorure de mercure, sous- acétate de plomb, azo-
solution d'albumine d'œuf se précipite compléte- tate d'argent, etc.) précipitent les solutions d'al-
ment ; celle de la sérine n'est pas modifiée. bumine pure ou alcaline (solutions naturelles),
Son pouvoir diffusif est faible. Ainsi , au bout de tantôt en la coagulant (sublimé corrosif) , tantôt en
14 jours, une solution au dixième n'a perdu que luiconservant sa solubilité (sous- acétate de plomb).
32,75 % d'albumine, et celle-ci ne s'est pas ré- Dans le premier cas, le dépôt renferme l'albumine
pandue au delà du tiers de la hauteur du liquide insoluble combinée tant à l'acide qu'à la base du
[ Graham , Ann. de Chim. et de Phys., 3º sér. , sel .
t. LXV, p. 192 ; 1862). Action de la chaleur sèche, des alcalis causti-
Propriétés chimiques. - Gonflée ou dissoute ques concentrés et à chaud, des oxydants , des
dans l'eau, l'albumine se coagule sous l'influence agents de putréfaction. - Voyez ALBUMINOÏDES.
de la chaleur, c'est-à- dire qu'elle passe de l'état Préparation. Pour obtenir l'albumine et la
soluble à l'état insoluble. Température de coagula- sérine pures, on étend le blanc d'œuf battu , ou le
tion, 73°. Le changement s'accuse déjà à 59",5 par sérum, d'une quantité convenable d'eau ; on préci-
un léger trouble . pite les autres substances albuminoides qui l'ac-
L'apparence du phénomène et les conditions de compagnent, soit par l'acide acétique (quelque
température dans lesquelles il se produit varient peu) , soit par un courant soutenu d'acide carbo-
avec la nature et les proportions des matières que. Le liquide filtré, après dépôt, est concentré
étrangères mélangées (sels, acides , alcalis, al- à une douce chaleur et soumis à la dialyse (pro-
cool , etc.). cédé de Graham) , ou précipité par l'acétate basi-
L'addition successive de doses croissantes de que de plomb (procédé de Wurtz) . L'albuminate
sels alcalins ou d'alcool abaisse progressivement de plomb, bien lavé, est délayé dans l'eau et dé-
la limite de coagulation . Avec l'alcool, il arrive composé par un courant d'acide carbonique ; on
même un moment où la précipitation se fait à froid. filtre et on précipite le plomb dissous par l'hydro-
Dans ce cas l'albumine d'œuf est instantanément gène sulfuré. Comme il serait difficile d'écarter
coagulée, celle de sérum garde encore pendant par filtration le sulfure de plomb tenu en suspen-
quelques minutes sa solubilité. sion dans le liquide visqueux , on détermine un
En présence des alcalis caustiques ou carbona- commencement de coagulation par la chaleur. Les
tés, la séparation de l'albumine, sous forme de premiers flocons formés emprisonnent le sulfure
précipité et par l'action de la chaleur, n'est plus métallique.
complète. Une partie de la matière protéique reste Recherche et dosage. Pour l'analyse qualita-
en solution à la faveur de l'alcali ; mais elle n'en tive, on utilise le plus souvent la propriété que
est pas moins modifiée, vu qu'elle se sépare par la possède l'albumine de se précipiter par l'ébulli-
neutralisation du liquide. En augmentant la dose tion ; mais il convient de tenir compte des obser-
de potasse ou de soude, on arrive à une limite où vations de Scherer et de neutraliser exactement
l'ébullition ne troubie plus la solution. les alcalis naturels par de l'acide acétique.
Action des bases. - L'albumine possède des La coagulation , à froid, par l'acide nitrique est
tendances faiblement acides ; elle s'unit aux bases aussi un bon caractère. Dans tous les cas, on doit,
pour former des sels peu définis , mais dont l'exis- en outre, rechercher sur les précipités les carac-
tence est certaine. Les composés alcalins sont so- tères généraux des substances albuminoides.
lubles. C'est même sous cette forme que l'albu- On dose l'albumine en recueillant sur un filtre
mine se rencontre dans les liquides de l'économie taré l'albumine coagulée avec les précautions ci-
animale, tandis que dans les sucs des végétaux la dessus indiquées ; on lave à l'eau, à l'alcool et à
réaction est acide (Dumas). l'éther; on sèche à 120º et on pèse après refroi-
Les bases alcalino-terreuses , terreuses et mé- dissement dans un exsiccateur. Il ne reste plus
talliques, donuent des sels insolubles que l'on pré- qu'à retrancher les parties minérales déterminées
pare directement, ou par voie de double décompo- par incinération .
sition effectuée entre un sel métallique et l'albu- En l'absence de toute autre substance active , le
mine alcaline. saccharimètre de Soleil peut servir à déceler et à
Gerhardt considère l'albumine comme un acide doser l'albumine .
bibasique. Cette opinion semble corroborée par les Usages. L'albumine soluble sert comme sub-
expériences de Lassaigne, qui a obtenu des sels à stance nutritive ; la photographie et surtout la fixa-
deux métaux. tion des couleurs sur étoffes en consomment de
Une lessive caustique concentrée, versée dans grandes quantités.
une solution concentrée d'albumine, y détermine B. ALBUMINE COAGULÉE , INSOLUBLE. - Humide,
un précipité épais, gélatineux, insoluble dans l'eau elle est blanche, opaque, élastique ; elle rougit le
froide. Ce dépôt, débarrassé, par lavage , de l'excès tournesol . Après dessiccation , elle est jaune, cas-
d'alcali, se dissout dans l'eau bouillante. Les sante, susceptible d'absorber l'eau et de se gon-
acides séparent de cette solution de l'albumine fler. Par une ébullition prolongée au contact de
coagulée. l'air, elle se dissout en s'altérant. Sous l'influence
Action des acides. La plupart des acides mi- de la surchauffe avec l'eau, elle se liquéfie aussi.
néraux font passer l'albumine à sa modification Le liquide ainsi obtenu n'est pas coagulable par la
insoluble. Quelques-uns (CIH) ne précipitent que chaleur. En contact avec les alcalis ou les carbo-
s'ils sont concentrés et employés en masses assez nates alcalins, elle s'unit à la base en chassant
considérables, mais l'altération n'en existe pas l'acide carbonique et donne un albuminate (Wurtz)
moins elle se révèle par le changement du pou- soluble dans l'eau, d'où les acides reprécipitent la
voir rotatoire ; de plus, en neutralisant par un matière organique insoluble. Elle s'unit à certains
alcali, l'albumine coagulée se sépare. Celle-ci était acides ; les composés résultants sont insolubles
ALBUMINOÏDES . 93 ALBUMINOÏDES .
dans une eau acide, solubles dans l'eau pure. Les nent moins de carbone et plus d'azote que les
solutions d'albuminates alcalins sans excès de base congénères immédiats de l'albumine , nous pou-
et les solutions d'acides d'albumine sans excès vons les exclure de ce groupe .
d'acide se décomposent par le courant électrique. Malgré cette limite un peu arbitraire, le nom-
Dans le premier cas , l'albumine se rend au póle bre des substances albuminoïdes est considérable ,
positifen formant un liquide trouble ; dans le se- si l'on admet toutes les espèces établies par les
coud, elle se dépose au pôle négatif sous forme auteurs. En voici la nomenclature : Albumine du
d'un coagulum [ Witich , Erdmann's Journal , blanc d'œuf, albumine du sérum ou sérine, albu-
t. LXXIII , p. 18]. mine des exsudations hydropiques ( paralbumine ,
La précipitation par la chaleur ne fournit pas métalbumine, hydropisine) ; globuline du cristal-
l'albumine coagulée pure, celle-ci retient toujours lin, matière protéique des globules du sang et
des sels minéraux (phosphates). Pour atteindre ce hémoglobine ; substances protéiques du jaune
but, il vaut mieux coaguler la solution albumi- d'oeufdes oiseaux , des poissons cartilagineux et cy-
neuse par un excès de soude, à froid, laver le dépôt prinoides, des tortues (vitelline, ichthine, ichthu-
gélatineux, le dissoudre dans l'eau chaude et pré- line , ichthidine , émydine) ; caséine ; légumine ;
cipiter en neutralisant par l'acide acétique. Ce gluten insoluble dans l'alcool ; fibrines du sang
précipité dissous dans un excès d'acide acétique, veineux et artériel ; fibrine musculaire ou Synto-
et le liquide étant soumis à la dialyse, on obtient, nine ; gluten soluble dans l'alcool ou glutine ; ma-
lorsque tout l'acide a passé à travers le septum, tières albuminoïdes jouant le rôle de ferments so-
une solution opalescente , coagulable par la cha- Jubles (pancréatine, ptyaline , pepsine, entérine,
leur et précipitant par la plus petite quantité d'al- diastase, amandine ou émulsine, matière azotée de
cali ou de sel alcalin. Cette solution correspond à la levure alcoolique, etc.).
la silice et à l'alumine soluble de Graham [ Schüt- Les différences signalées, tant au point de vue
zenberger, Compt. rend. de l'Acad. , t . LVIII, p . 86] . de la composition qu'à celui des propriétés, sont
Paralbumine. - On ne l'a trouvée jusqu'à pré- souvent si faibles, qu'on est vraiment embarrassé
sent que dans les kystes de l'ovaire. Les solutions pour se faire une opinion arrêtée sur la valeur
sont très-visqueuses ; elles ne précipitent pas par réelle de ces divisions .
le sulfate de magnésium (distinction d'avec la ca- Les expériences récentes tendent à diminuer le
séine). L'alcool la précipite, mais sans lui faire per- nombre de ces corps . Ainsi , M. Vintschgau a dé-
dre sa solubilité dans l'eau. L'acide acétique et montré l'identité de la globuline du cristallin et
l'acide carbonique la déplacent également, surtout de l'albumine. La distinction entre la caséine et
à chaud . L'acide azotique, le cyanure jaune, l'acide la légumine ne repose que sur de petits écarts
chromique, le sublimé corrosif, le sous-acétate de dans les résultats analytiques. De nombreuses re-
plomb et le tannin la précipitent abondamment. cherches montrent l'analogie presque complète
Metalbumine. - Trouvée par Scherer dans les qui existe entre les solutions naturelles de caséine
exsudations hydropiques, elle se rapproche de la du lait et celles des albuminates alcalins [ Rollet,
paralbumine par la plupart de ses caractères. Elle Sitzungsberichte der Kaiserl. Acad. in Wien,
s'en distingue, parce qu'elle ne précipite pas par t. XXXIX, p. 347, 1860].
l'acide acétique et le cyanure jaune, et ne donne Composition et constitution chimique. - Les
qu'un léger trouble, à chaud, par l'acide acé- éléments constitutifs de ces corps sont le car-
tique. bone, l'hydrogène, l'azote, l'oxygène et le soufre.
L'hydropisine de M. Robin , découverte dans le L'impossibilité d'amener la plupart d'entre eux
liquide des exsudations péritonéales, se coagule par à la forme cristalline , et la difficulté souvent insur-
la chaleur et précipite par le sulfate de magnésie. montable que l'on éprouve à les débarrasser des
La pancréatine se comporte comme l'hydro- matières minérales ( phosphates ) qui les accom-
nisine et, de plus, se colore en rouge par l'enu de pagnent naturellement, jettent quelque incerti-
chlore. P. S. tude sur l'interprétation des nombres fournis par
Bibliographie. Becquerel , Compl. rend. , l'analyse. Aussi beaucoup de chimistes négligent-
t. XXVIII , p. 89. Gannal, Thèse pour le docto- ils les différences peu marquées de l'analyse, et
rat, Paris, 1858. - Hoppe, Archiv. fur Patholog. considèrent-ils ces corps comme des modifications
Anat., t. V, p . 171. - Lebonte et de Goumoens , allotropiques , des états moléculaires distincts,
Journ. de Pharm., 3e série , t. XXIV, p . 17. d'un seul et même produit.
Lehmann, Archiv. der Physiol. , Heilk. , t. I, p . 234. En suivant cet exemple, nous prendrons comme
Lieberkühn, Poggend . Ann . , t. LXXXVI, p. 117. type de composition celle de l'albumine du blanc
- Marchand et Colberg, Poggend. Ann . , t. XLIII , d'oeuf, donnée par MM. Dumas et Cahours :
p. 625. Mialhe et Pressat, Compt. rend. de
l'Acad., t. XXXIII, p. 450 et t. XXXIV, p. 754.- Carbone.. 51,3
Mulder, Journ. für prakt. Chem. , t. XXII , p. 340, Hydrogène 7,1
Azote. 15,8
et Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XLVII , p. 300 . Soufre 1,8
-- Rochleder, Erdmann's Journal , t . LXII , p . 320. Oxygène... 21,0
C. Schmidt, Ann. der Chem. u. Pharm , t . LXI, 100,0
p. 156. - Wurtz, Compt. rend. , t. XVIII , p. 700
et t. XXX, p. 9. [Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. VI, p. 400] .
ALBUMINOÏDES ( SUBSTANCES) . - - Autour La traduction de ces nombres en formule con-
de l'albumine se rangent un certain nombre de duit à des expressions très-complexes, si l'on vent
composés très-voisins du principe immédiat du y faire figurer le soufre avec un nombre entier
blanc d'oeuf par leur composition, les caractères d'atomes.
physico-chimiques et le rôle physiologique. De là Telle est la formule de Lieberkühn :
le nom de substances albuminoides donné à ces
C72 H112Az18 SO22
corps.
Toutes les matières azotées de l'économie ani- [Poggend. Ann. der Phys. u. Chem. , t. LXXXVI,
male appartiennent à cette classe, ou en dérivent p. 117 ] , qui, ainsi que d'autres semblables, n'est
par des altérations graduelles et plus ou moins pas suffisamment contrôlée , pour passer définiti-
profondes ; aussi est- il difficile de fixer une limite vement dans la science. Quant à la constitution
absolue, devant laquelle doivent s'arrêter les sub- moléculaire, elle reste tout à fait indécise, faute
stances albuminoïdes. Cependant, comme les pro- de réactions et de dédoublements nettement ob-
ductions épidermiques et les parties constituan- serres.
tes des tissus à gélatine et à chondrine coutien- Sterry-Hunt considère depuis longtemps les sub-
ALBUMINOÏDES. - 94 ALBUMINOÏDES .
stances albuminoides comme des nitriles de la A chaud les alcalis caustiques concentrés dé-
cellulose ou de ses congénères : gagent de l'ammoniaque et des ammoniaques
Albuminoide =Cellulose + Ammoniaque Eau. composées ; il se forme, en même temps , de
l'acide carbonique, de l'acide formique, de la leu-
Cette opinion a été confirmée, jusqu'à un cer- cine, de la tyrosine et du glycocolle.
tain point , par les expériences de MM. Dusart, Avec les hydrates de potasse ou de soude fon-
Schoonbrodt, P. Thenard, Schützenberger et Gui- dus, on obtient, en outre, du cyanure de potas-
gnet. En effet, en chauffant des composés hydro- sium . Les matières protéiques insolubles , ou
carbonés neutres ( sucre , cellulose , etc. ) avec de rendues telles, peuvent former avec la plupart
l'ammoniaque caustique, ces chimistes ont ob- des acides des combinaisons insolubles dans une
tenu des produits azotés se rapprochant des albu- eau acide, mais solubles dans l'eau pure.
minoïdes. L'acide acétique concentré et l'acide phospho-
L'ancienne hypothèse de Mulder, qui considé- rique normal ( PhOH³) les dissolvent ; laliqueur
rait ces corps comme forinés par l'union d'un radical précipite par le cyanure jaune ( distinction entre
(protéine) avec plus ou moins de soufre, de phos- les substances albuminoides et les tissus à géla-
phore et d'hydrogène , est complétement aban- tine) .
donnée. L'acide sulfurique concentré les gonfle et les
Etat naturel et rôle physiologique. -- Les ma- transforme en produits ulmiques . Avec l'acide
tières albuminoides se rencontrent en fortes pro- sulfurique plus étendu ( 1 partie SOH², 1,5 par-
portions dans l'économie animale. Elles représen- tie H2O) et à l'ébullition on voit se former de la
tent les éléments nutritifs , immédiats , aux leucine et de la tyrosine [ Erlenmeyer et Schæffer ,
dépens desquels se forment les tissus ; de là le Erdmann's Journal, t. LXXX, p . 357, 1860].
nom de substances protéiques (prototypes, géné- L'acide chlorhydrique fumant les dissout à
ratrices des composés susceptibles d'organisation), chaud, en même temps le liquide se colore en
souvent employé comme synonyme. bleu violacé intense, surtout au contact de l'air.
Si dans les végétaux leur masse , par rapport L'acide nitrique fumant ou ordinaire les colore
aux autres principes, n'est pas aussi prédomi- en jaune par la formation d'un corps nitré, inso-
nante, elles n'y jouent pas moins un rôle impor- luble ( acide xanthoprotéique ) ; la teinte passe à
tant et essentiel. l'orangé , sous l'influence de l'ammoniaque. Une
Propriétés physiques. -- Elles sont solides , gé- dissolution acide de nitrate mercurique développe
néralement amorphes. On a cependant observé la par la chaleur une couleur rouge foncé ( réactif
cristallisation de quelques - unes d'entre elles : de Millon ) . [Compt. rend. de l'Acad. des sciences.
hématocristalline et hémoglobine , combinaison t. XXVIII, p. 40.]
cristallisée de caséine dans la noix de para ( Ber- L'iode teint en brun les matières albuminoides.
tholletia excelsa ) , cristaux cubiques de protéine Sous l'influence des oxydants énergiques, tels
trouvés par Cohn dans la partie corticale des tu- qu'acide chromique , mélange d'acide sulfurique et
bercules de pommes de terre [ Erdmann's Journal, de bioxyde de manganèse, les albuminoides don-
t. LXXX, p. 129, 1860 ; t. LXXIV, p . 487 , 1858] . nent des dérivés multiples.
Desséchées, elles forment des masses blanches On a signalé :
ou jaunâtres , friables ou cornées , élastiques, 1° Tous les acides volatils de la série homologue
demi-transparentes et susceptibles de se gonfler des acides gras (C^ H²n O²), depuis l'acide formique
dans l'eau. L'eau dissout les unes et reste sans jusqu'à l'acide caproïque inclusivement et peut-
action sur les autres. Souvent la solubilité n'est être l'acide caprylique ;
qu'apparente et dépend de la présence de sub- 2º Les hydrures et les nitriles correspondants ;
stances étrangères (acides, alcalis , sels) . L'alcool, 3º L'acide benzoique et l'hydrure de benzoile:
l'éther , les huiles essentielles et en général les 4º Un nouvel acide volatil , cristallisable, l'acide
liquides organiques neutres ne les dissolvent pas. collinique ( C H4O2 ) et son hydrure ( C6H2O2) ;
Les albuminoides solubles possèdent un faible 5º Enfin un acide aromatique très-voisin de
pouvoir diffusif et appartiennent à la classe des l'acide toluique [ Froehde , Erdmann's Journal ,
colloides. Ils sont optiquement actifs et dévient t. LXXVII, p. 290 , 1859].
généralement vers la gauche le plan de polarisa- L'ozone est absorbé par les congénères de l'albu-
tion de la lumière. mine et les modifie profondément, mais on n'a
Odeur nulle, saveur nulle ou très-faible. On ne pas encore isolé de principes définis formés dans
parvient à les foudre qu'en les altérant profondé- cette réaction [ Gorup-Besanez, Ann. der Chem.
ment; à plus forte raison ne peut-on les volatiliser. u. Pharm., t. CX, p . 86 , 1859] .
Propriétés chimiques. - Un certain nombre de Sous l'influence du suc gastrique, naturel ou
ces corps subissent, sous l'influence de la chaleur artificiel, dans la cavité stomacale ou au dehors,
ou d'agents chimiques variés et en présence de toutes les substances protéiques sont converties
l'eau, des modifications moléculaires qui les font en un produit soluble et diffusible ( peptone ou
passer de l'état soluble à l'état insoluble. La cha- abuminose ).
leur sèche les décompose. Ils fondent, se boursou- Les matières albuminoides subissent, à une
flent, dégagent une odeur particulière de corne brù- douce température, en présence de l'eau, et après
lée. Les principaux produits de leur distillation un accès d'air plus ou moins prolongé , un alté-
sont : l'eau, l'acide carbonique, l'hydrogène sulfuré, ration progressive et profonde, accompagnée d'une
l'ammoniaque , diverses ammoniaques composées combustion lente et d'un dégagement de gaz fé-
(aniline, picoline, pyridine, lutidine, pyrrol, mé- tides.
thylamine , propylamine, butylamine , etc. ) , des Ces phénomènes, attribués pendant longtemps
carbures d'hydrogène , des produits oxygénés mal à une instabilité propre aux corps de cette
connus. Il reste un charbon volumineux et riche classe, sont le résultat, d'après M. Pasteur [ Compt.
en azote. rend. de l'Acad. , t. LVI , p . 1189, 1856 ] , du
Les alcalis dissolvent plus ou moins facilement développement d'infusoires dont les germes se-
les matières protéiques, en se combinant avec raient apportés par l'air. - Voyez PUTRÉFACTION.
elles. Par l'ébullition de ces liquides, une partie Le tableau ci-joint résume les propriétés diffé-
du soufre se sépare sous forme de sulfure et d'hy- rentielles les plus caractéristiques des albumi-
posulfite. La molécule organique précipitée de noides. Sauf avis contraire, il se rapporte aux
cette liqueur par les acides , en flocons blancs, produits tels qu'on les trouve dans l'organisme.
retient encore du soufre reconnaissable par voie (Pour plus de détails, voir les articles spéciaux
sèche (protéine de Mulder). consacrés à chaque corps en particulier.)
ALCALAMIDES. 95 ALCALAMIDES.
Albumine et sérine. Ne précipitent ni par l'acide acétique, ni par l'acide
phosphorique normal.
Vitelline. N'est probablement qu'un mélange d'albumine et de caséine.
Matière azotée des globules. Insoluble dans le serum et peut se changer
en hémato-cristalline .
Seuls ...... Hemato-cristalline. Cristallise en prismes, tétraèdres, tables hexagonales,
rhomboèdres.
Hydropisine. Insoluble dans une eau chargée de sulfate de magnésium .
Ne se colore pas en rouge par l'eau de chlore.
Coagulables Pancreatine. Insoluble dans une eau chargée de sulfate de magnésium.
par Se colore en rouge par l'eau de chlore.
la chaleur. Avec
le concours Paralbumine. Se coagule en flocons.
Solubles de l'acide Metalbumine. Donne un trouble peu abundant.
dans acétique.
l'eau . Caseine du lait. Identique avec les albuminates alcalins, se coagule par
la présure de veau ; précipite par les acides acétique et phosphorique
normal.
Legumine Mêmes réactions .
Non coagulables parla cha- Ferments solubles.
leur. Caractérisés par les réactions chimiques qu'ils pro-
Voquent.
Albuminose. Diffusible, non précipitable par les acides, précipitable par
le sublime corrosif.
Ichthidine. Mal definie.
Albumine coagulee.
Insolubles dans l'eau salpêtrée ou aiguisée de 1/1000 d'acide chlorhydrique . Fibrine cuite.
Insolubles Soluble dans l'eau salpêtrée.. Fibrine du sang.
dans Soluble dans l'eau acidulée de 1/1000 .. Fibrine musculaire, gluten.
l'eau. Soluble dans l'alcool. ... Glutine.
Ichthidine.
Caractères peu tranchés, ne donnent pas de coloration violette avec l'acide Ichthuline.
chlorhydrique... Emydine.

Bibliographie. - Denis (P.-S.) , Nouvelles étu- calamides secondaires. On conçoit aussi la possi-
des chimiques, physiologiques et médicales sur les bilité d'une troisième classe dans laquelle le
substances albuminoides qui entrent comme prin- radical positif serait oxygéné et dériverait d'un
cipes immédiats, etc., Paris, 1856, in-8. - Du- alcool d'une atomicité supérieure à 1 par élimi-
com, Recherches sur les matières albuminoides, nation de OH, mais aucun corps de cette espèce
Th. de Paris, 1855 , nº 78 , in-4.- Melsens , Note sur n'a été découvert jusqu'ici .
les matières albuminoïdes , Bull . de l'Acad royale MONALCALAMIDES SECONDAIRES MÉTALLIQUES. -
de Belgique , t. XXIV, nº 2, 1857. - Skrzceczka Ces corps résultent de la substitution d'un atome
(C.-F. ), Quæritur quomodo caseinum et natrum de métal à un atome d'hydrogène dans une mona-
albumin tum pepsino officiantur , Diss. inaug. mide primaire. Tel est le sulfophénylamidate
Regimonti, 1855. — Weber, Ein eigenthümliches d'argent ou azoture de sulfophényle , d'hydrogène
Verhalten albuminöser Flüssigkeiten bei Zusatz et d'argent :
von Salzen , Virchow's Archiv. , t . VI , p. 257 , (C6HSSO ) )
1854. P. S. Ag Az.
ALCALAMIDES. - Ce sont des corps qui dé- H
rivent de l'ammoniaque par la substitution , à l'hy-
drogène, de plusieurs radicaux, dont les uns sont
négatifs et les autres positifs. On les divise comme Gerhardt désignait ces corps sous le nom de
les amines et les amides (voyez ces mots , c'est-à- sels d'amides. La plupart des amides primaires
donnent de semblables sels. On les obtient en
dire en monalcalamides , dialcalamides, trialcala-
mides , etc. , suivant qu'ils dérivent d'une , de faisant agir directement les monamides primaires
sur des oxydes métalliques. Les acides les dé-
deux, de trois ou d'un plus grand nombre encore composent en s'emparant de leur métal et en
de molécules d'ammoniaque.
leur cédant leur hydrogène basique pour recon-
stituer l'amide primaire . Les chlorures acides
MONALCALAMIDES. réagissent énergiquement sur les sels d'amides
primaires à base d'argent, et donnent, par double
décomposition , des amides secondaires et du
Comme le caractère fondamental des alcala- chlorure d'argent :
mides est le remplacement d'une partie de l'hy-
drogène par un radical positif et d'une autre par- (C6HS SO²)') C7H5O
tie de l'hydrogène par un radical négatif , il est Ag Az + CIS
évident qu'il ne saurait y avoir d'alcalamides sans H
que deux atomes d'hydrogène au moins soient Sulfophenylamidate deChlorure
remplacés. Il n'y a donc pas d'alcalamides pri- d'argent. benzoïle.
maires. Comme d'un autre côté les ammonia-
ques composées qui renferment des radicaux (C6H5SO2))
acides ne fournissent jamais de dérivés analo- = Ag) C7H5O Az.
gues aux ammoniums quaternaires , il n'existe H
pas non plus d'alcalammoniums quaternaires. Chlorure Azoture de sulfophényle
Nous n'avons donc à étudier ici que des monal- d'argent. de benzoïle et d'hydrogène.
calamides secondaires et tertiaires.
MONALCALAMIDES SECONDAIRES. Ils repré- MONALCALAMIDES SECONDAIRES A RADICAUX D'AL-
sentent de l'ainmoniaque Az H³ dans laquelle deux COOLS. - Préparation. - On prépare ces corps
atomes d'hydrogène sont remplacés l'un par un au moyen de réactions tout à fait analogues à
radica! positif, l'autre par un radical négatif. Le celles qui fournissent les amides primaires , en
radical positif peut être un métal ou un hydro- remplaçant toutefois , dans ces réactions , l'ammo-
carbure alcoolique , d'où deux classes de monal- niaque par une monamide primaire .
ALCALAMIDES . -.96 - ALCALAMIDES .
1° On soumet à l'action de la chaleur un sel diaire qui ne contient qu'un seul radical monoa-
de monamine primaire et d'acide monobasique : tomique :
C7H5 O CAZ CAZ Az + (CAz)2
CHO 0 = H2O + C6H5 Az. 3 C2H5 Az = C2H5 Az².
C$115.H³ Az H ( H (C2H5, 2) H3
Phenyl-benzamide É.hyl-cyanamide. Diéthyl- Éthyl-dicyan-
Benzoate de Eau. cyanamide . diamide .
phenylammonium . (benzanilide).
2º On fait agir une monamine primaire sur un Les alcalamides secondaires sont attaquées, sui-
vant Gerhardt, par le perchlorure de phosphore
ether composé d'acide monoatomique :
de la même manière que les amides primaires et
C² 3O
C2H HO + C² H5. H²Az secondaires :
C7H5O.C6 HS. HAz + PC15
Acétate d'éthyle. Éthylamine . Phenyl-benzamide. Perchlorure
C2I3O.C2H5.HAz + C2H5OH. de
Éthyl-acetamide. Alcooi. phosphore.
3º On traite une monamine primaire par un = (C7C6H5H5)''' Az . Cl + POCI³ + HCl .
chlorure d'acide monoatomique : Chlorure de phényl- Oxychlo- Acide
2 (CH3. H²Az) + C² H³O. C¹ benzamidyle. rure chlorhy-
Méthylamine . Chlorure de phosphore. drique.
d'acétyle. MONALCAMIDES TERTIAIRES . - Elles représen-
= C²H³O.CH³ HAz + CH³ . H³ Az Cl . tent une molécule d'ammoniaque AzH³ dans la-
Méthyl- Chloru re de quelle H³ sont remplacés : a. H2 par deux radi-
acétamide . méthyl-ammonium . caux négatifs monoatomiques ou par un radical
4º On soumet un anhydride d'acide monoba- négatif diatomique, et H par un radical positif
sique à l'action d'une monamine primaire : monoatomique ; B. H2 par des radicaux positifs, et
H par un radical négatif.
C7H5O MONALCALAMIDES TERTIAIRES RÉSULTANT DU REM-
2 C6 H³ . H²Az + C7H50 } 0 PLACEMENT DE H2 PAR DES RADICAUX NÉGATIFS ET
Phenylamine Anhydride DE H PAR UN RADICAL positif. - Le radical posi-
(auiline). benzoïque. tifpeut être un métal ou un radical d'alcool mono-
CH$ O atomique.
C7H5O . C6H5.HAz + C6H5. H3 Az 0. I. LE RADICAL Positif est un mÉTAL. —On prépare
Phenyl- Benzoate d'aniline. ces alcalamides comme les sels d'amides secon-
benzamide . daires, c'est-à-dire en faisant réagir une amide
En outre on obtient encore des monalcalamides sur un oxyde métallique : seulement on prend une
amide secondaire au lieu d'une amide primaire.
secondaires : La préparation de ces corps est même plus facile
5º Par l'action des acides monobasiques sur que celle des alcalamides métalliques secondaires :
les éthers cyaniques :
C2H5
CHO 7
" Az + (CO)" O. 2 [ ( C+ H + 0}} " } Az ] + Ag2O
“Ho+ c o Az = CHO
C2H5 H Succinimide. Oxyde
Acide Cyanate Éthyl- Anhydride d'argent.
formique. d'éthyle. formiamide. carbonique .
6 Par la distillation d'une monamine primaire = H² O + 2 [ (C + H + O²) Ag " { Az ] .
avec de l'acide oxalique : Eau. Succinimide argentique.
C6H5. fi²Az + (C²O2) OH Ces composés sont détruits par les acides qui
| ОН s'emparent de leur métal et régénèrent l'amide
Aniline. Acide oxalique. primitive. Les chlorures acides réagissent sur
= C6H5.COH.HAz + CO2 + H2O . eux avec énergie en donnant naissance à un chio-
Phenyl formiamide . Anhydride . Ea . u rure métallique et à des amides tertiaires :
carbonique .
- Les alcalami des secondaires sont (C+ H+O²)"' Az + C7H5O
Propriétés. Ag CI
des corps cristallisables , peu solubles dans l'eau, Succinimide Chlorure de
et incapables de se combiner avec les acides. argentique. benzoile.
Traitées par les acides ou par les hydrates alca-
lins en solution concentrée , elles fixent de l'eau et = (C *H4O2 ) Az + AgCl.
se transforment en acide monoatomique et en mo- C7H5 O
Azoture de succinyle Chlorure
namine primaire : et de benzoile. d'argent.
C2H3 O.C6H5.H Az + HOK 11. LE RADICAL POSITIF EST UN HYDROCARBURE AL
Phenyl-acetamide Potasse.
(acetanilide ). COOLIQUE. -- - Preparation. - On obtient ces com-
C6H5.H2Az + C2H3O.OK . posés :
10 Par l'action des chlorures acides sur les
Aniline. Acétate de potasse . alcalamides secondaires :
Les alcalamides secondaires qui renferment le C7H5O.C6H5.H Az + C7H5O. CI
radical cyanogène C Az jouissent de propriétés Chlorure
Phenyl-benzamide .
spéciale s: de benzoîle.
1º Ce sont des bases faibles capables de former
avec les acides concentrés des sels que l'eau dé- (C7 H5 O)2 C6 H5 Az + HCl .
compose. Phenyl- Acide
20 La chaleur les décompose en produisant une dibenzamide. chlorhy-
alcalamide tertiaire et une dialcalamide intermé- drique.
ALCALAMIDES . 97 ALCALAMIDES .
2º Par l'action des anhydrides des acides mono- 2° L'ammoniaque les convertit en dialcalamides
atomiques sur les éthers cyaniques : (urées) :
C2H3O (CO)" (CO)")
C2H5 Az C² Hs Az + Az H3 C2H5 Az2.
Anhydride Cyanate H3
acétique. d'éthyle. Éthyl-carbimide. Ammo- Éthylurée (éthyl-
C2H5 niaque. carbodiamide) .
= C2H3O Az + (CO) " O. MONALCALAMIDES TERTIAIRES RÉSULTANT DU REM-
C2H3O PLACEMENT DE H2 PAR DES BADICAUX POSITIFS et de
Éthyl- Anhydride H PAR UN RADICAL NÉGATIF. - Les seuls corps de
diacétamide. carbonique. ce groupe connus jusqu'à ce jour sont des compo-
30 Par l'action des monamines primaires sur sés qui contiennent du cyanogène comme radical
les anhydrides des acides bibasiques ou sur ces acide. MM. Cahours et Cloëz les ont préparés en
acides eux-mêmes et probablement aussi sur les faisant agir le chlorure de cyanogène sur les
chlorures correspondants : monamines secondaires [ Cahours et Cloëz, Compt.
rend. de l'Acad., t. XXXVIII , p. 354 ; Quart J. of
C6H5.H2Az + C10 H1402.O the Chem. Soc. , t. VII, p. 184 ; Ann. der Chem . u.
Aniline . Anhydride Pharm., t. XC, p. 97]:
camphorique.
C6H5 C2 H5 CAZ
- = H2O + C6H5 AzCAz. Cl = C6H5 Az + HCl .
(C10H14O2)" Az; H C2H5
Eau. Phenyl-
camphorimide. Éthyl- Chlorure Éthyl -phenyl- Acide
phénylamine. de cyanamide. chlorhy-
C6H5. H2Az + C10 H14 O². (O H)² cyanogène. drique.
Aniline. Acide camphorique .
C6 H5 Ce sont des corps liquides volatils sans décom-
= 2H2O + (C10 H1402)" Az. position. Lorsqu'on les chauffe avec des acides ou
Eau. Phenyl-camphorimide. des alcalis, ils régénèrent une amine secondaire
et donnent en même temps de l'acide cyanique
Propriétés. 1° Ce sont des corps neutres qui qui se dédouble à son tour en anhydride carbo-
n'entrent en réaction ni avec les acides ni avec nique et en ammoniaque :
les bases. CAz C2 H5 CAZ
2º Ceux qui renferment un radical diatomique ,
au moins ceux d'entre eux dont le radical mono- C2H5 Az + 0 = C2H5 Az + H 0.
C2H5 }
atomique est le phényle, les seuls connus jusqu'à
ee jour , donnent le sel ammoniacal d'un acide Diéthyl- Eau. Diéthylamine. Acide
amidé lorsqu'on les fait bouillir avec de l'ammo- cyanamide. cyanique .
niaque étendue : CAZ. OH + H2O = H3 AzCO2.
(C+H+ O2)"' ) Az + Az H+ ) Acide Eau. Ammoniaque. Anhydride
C6H5 } cyanique. carbonique.
Phenyl- Hydrate DIALCALAMIDES.
succinimide. ammonique.
(CHO². O Az H¹) ' Ce sont des alcalamides qui dérivent du type
C6H5 Az. condensé Az2 H6 . Il n'existe pas de dialcalamides
H primaires , parce que de tels corps résulteraient
Phényl-succinamate d'ammonium. du remplacement de H2 dans Az2 H6, par un ra-
3° Ils dégagent de l'aniline et donnent un sel dical acide et un radical basique, tous deux mo-
alcalin de l'acide dont ils renferment le radical noatomiques, et que de tels radicaux ne pourraient
lorsqu'on les soumet à l'action de la potasse ou jamais souder deux molécules d'ammoniaque. Mais
de la soude. - Voyez ANILIDES. on conçoit l'existence de dialcalamides dans les-
quelles 3H seulement soient remplacés et que
(C4H4O²)"' Az +2 HOK nous appellerons semi-secondaires ; de dialcala-
C6H5 mides secondaires où 4 H soient remplacés ; de dial-
Phenyl-succinimide . Potasse. calamides semi-tertiaires où 5 H soient remplacés
= OK et de dialcalamides tertiaires où la substitution
= (C+ H + O²)"' { OK + C$ H³. H²Az .
porte sur la totalité de l'hydrogène.
Succinate potassique. Aniline. DIALCALAMIDES SEMI -SECONDAIRES . - Dans ces
Comme l'acide cyanique corps H2 sont remplacés par un radical acide
diatomique et H par un radical d'alcool. On n'en
CAZO
H connaît pas où le radical alcoolique soit diato-
mique et le radical acide monatomique.
peut être considéré comme l'imide carbonique A l'exception de l'éthyl -oxamide
(CO)" } 0, (C202 )"
C2H5 Az2,
les éthers cyaniques peuvent être envisagés H3
comme des alcalamides de cette classe. Les pro- les seuls corps connus de cette classe sont les
priétés de ces corps sont les suivantes : urées composées primaires qui résultent de l'ac-
1 Avec les alcalis , ils donnent un carbonate tion de l'ammoniaque sur un éther cyanique ou
alcalin et une monamine primaire : de l'acide cyanique sur une monamine primaire .
- Voyez URÉES .
(CO)በ˝") Az +2 HOK DIALCALAMIDES SECONDAIRES. - Le nombre
C2H5
Éthyl-carbimide. Hydrate des composés de cette classe, théoriquement pos-
potassique. sibles, est considérable. On conçoit en effet l'exis-
- SO K tence possible : 1° de dialcalamides secondaires
= (CO)" OK + C2H5.H² Az . dans lesquelles H soient remplacés par deux
Carbonate Éthylamine . radicaux diatomiques, l'un négatif, l'autre posi-
potassique. tif; 2º de dialcalamides dans lesquelles H² soient
1-- 7
ALCALAMIDES. 98 ALCALAMIDES .
remplacés par un radical négatif diatomique et Ils sont décomposés par les acides qui donnent
deux autres H par deux radicaux positifs mono- un sel du métal et régénèrent la monamine pri-
atomiques ; 3° de dialcalamides résultant de la maire.
substitution d'un radical positif diatomique à H² DIALCALAMIDES SEMI-TERTIAIRES . - On n'a
et de deux radicaux négatifs monoatomiques aux préparé jusqu'à ce jour aucun composé de cet
deux autres H ; un petit nombre de ces divers ordre.
corps sont connus ; on n'a même préparé jusqu'ici DIALCALAMIDES TERTIAIRES . -- Elles représen-
aucun de ceux du premier groupe. tent une double molécule d'ammoniaque dans la-
DIALCALAMIDES SECONDAIRES RENFERMANT UN RA- quelle tout l'hydrogène est remplacé par des ra-
DICAL DIATOMIQUE NÉGATIF ET DEUX RADICAUX MONO- dicaux négatifs ou positifs dont un au moins doit
ATOMIQUES POSITIFS. — Préparation. - On les ob- être diatomique. On ne connaît jusqu'à ce jour
tient : 1º En chauffant le sel neutre d'un acide qu'un très-petit nombre de ces alcalamides. Ce
bibasique et d'un alcaloide primaire : sont la tétréthyl-urée,
(C² 0²)'' 0² = 2 H2O + (C202)" ` (C2H5) 2 { Az².
(C2H5)4
(CO)" Az²,
(C2H5. H³ Az)2 } H2
Oxalate Eau. Diéthyl-oxamide . obtenue au moyen de l'acide cyanique et de l'hy-
d'éthyl-ammonium . drate de tétréthylammonium ; l'éthylène disulfo-
carbamide,
2º Par l'action des monamines primaires sur
les éthers dialcooliques des acides bibasiques : (C'S):
²
(C2 O2)" 02 + 2 C2 H5.H2Az (C2H +, Az ,
(C2H5)2 qui prend naissance lorsqu'on fait bouillir le
Oxalate Éthylamine. chlorure d'éthylène avec une solution alcoolique
diéthylique. de sulfocyanate potassique ; enfin la diphenyl -car-
(C202 " boxamide. Hofmann a préparé ce dernier corps
(C2H5) 2 Az2 + 2 C2 H³.OH . en soumettant la dicyanmélaniline à l'action de
H2 l'acide chlorhydrique étendu :
Diéthyl-oxamide. Alcool.
C15 H13 Az53 HCl + 3H2O
30 Par l'action des monamines primaires sur Dicyan- Acide Eau.
les chlorures des radicaux acides diatomiques : mélaniline . chlorhydr.
4 (C6 H5.H² Az) + (CO)'' . Cl² (C202)"
Chlorure =
Phenylamine 3 (AZ ) + (CO) " Az² .
(aniline). de carbonyle. (C6H5)2
Chlorure Diphenyl-
(CO)" ammonique. carboxamide .
= 2 [( C6 H³. H³. Az). Cl ] + ( C6H5)2 Az2.
H2
Chlorure de phenyl- Diphenyl-carbamide
ammonium. (urée diphenylique). TRIALCALAMIDES.
Les urées composées secondaires (voir URÉES)
qui font partie de ce groupe se produisent aussi Ce sont des alcalamides qui dérivent de 3 mo-
dans la réaction de l'eau sur les éthers cyaniques lécules d'ammoniaque. On n'en connaît qu'un fort
et dans quelques autres réactions qui seront petit nombre. Parmi celles que l'on connaît, les
exposées à l'article URÉES. unes sont secondaires, c'est-à- dire résultent du
Propriétés. - Les dialcalamides secondaires remplacement de 2 H³ ; les autres, intermédiaires
de cette classe sont décomposées par les alcalis entre les secondaires et les tertiaires, dérivent
bouillants, avec formation d'une amide primaire de Az³ H par le remplacement de H7. Les autres
et d'un sel de potasse de l'acide dont elles dé- enfin sont tertiaires et ne contiennent plus d'hy-
rivent : drogène typique.
(CO2)" ) Au nombre des trialcalamides secondaires, nous
(C2H5)2 Az² + 2 HOK citerons : 1º La triphényl-citramide, que M. Pebal
H2 a obtenue en faisant agir l'aniline sur l'acide ci-
Diéthyl-oxamide. Potasse. trique et qui représente le citrate neutre d'aniline
OK privé de 3 molécules d'eau [ Pebal , 1852, Ann.
== (C20²) " OK + 2 (C2H5 . H² Az) . der Chem. u. Pharm . , t. LXXXII , p . 78] :
Carbonate de potasse. Éthylamine. ( C6H40042) 03
DIALCALAMIDES SECONDAIRES RENFERMANT UN RA- (C6H5.H3AZ ,3
DICAL DIATOMIQUE BASIQUE ET DEUX RADICAUX MONO- Citrate d'aniline.
ATOMIQUES ACIDES.- On ne connaît jusqu'ici, dans (C6H4O3 . OH)'''
cette classe, que des alcalamides dont le radical =3 (C6 H3)3 Az3.
=3 ( 0) +
positif est un métal diatomique. Tel est l'azoture H3
de benzoile, de mercure et d'hydrogène : Eau. Triphenyl-citramide.
(C7 H& O)2 ) 2º La triphenyl-phosphamide
Hg Az2.
H2 (PO)"'*
(C6H5)3 Az3
Ces corps résultent de l'action d'une monamide H3
primaire sur l'oxyde d'un métal diatomique :
et la trinaphtyl phosphamide
2 (C7 H5 O.H² Az) + Hg''O
Benzamide. Oxyde (PO)"''
de mercure. (C10H7)3 Az3,
Hg" 113
== ( C7 H5O)2 } Az² + H2O. que Hugo Schiff a préparées en traitant l'oxychlo-
H2 rure de phosphore par l'aniline ou par la naphty-
Mercur-benzamide. Eau. lamine.
ALCALIMÉTRIE. - 99 ALCALOIDES .
3° La mélaniline Parmi les savants qui ont le plus contribué à
CIV enrichir la science de ces principes nouveaux, il
C13 H13Az3 (C6H5,2 } Az³ faut citer en première ligne MM . Pelletier et Ca-
H3 ventou ; puis Robiquet, Laurent, MM. Dumas,
que M. Hofmann considère comme de la diphé- Liebig, Regnault, Bouchardat, Pasteur, etc. , dont
nyl-cyan- diamine les travaux importants ont ajouté des faits nom-
C Az breux et intéressants à l'histoire des alcaloides
(C6H5)2 Az², et de leurs sels, ou qui en ont fait connaître de
nouveaux.
Propriétés. Les alcaloides naturels sont li-
mais que nous préférons envisager comme une quides et volatils ou fixes et solides ; de là deux
trialcalamide , parce que, dans la formule de divisions qui ont servi à les classer. Dans la pre-
M. Hofmann, tout l'hydrogène est remplacé par mière, on place les alcaloides liquides et volatils
des radicaux monoatomiques qui ne peuvent sou- sans décomposition ; ils ne contiennent pas d'oxy-
der ensemble 2 molécules d'ammoniaque. gène et sont formés des éléments carbone, hydro-
Comme trialcalamides intermédiaires, nous ci- gène et azote ; trois seulement sont connus jus-
terons la triphényl-cyan-diamide de M. Hofmann qu'à présent la cicutine, la nicotine et la
CAZ spartéine.
(C6H5)3 Az² = C19 H17 Az³, Dans la seconde division sont placés les alca-
H2) loïdes solides et fixes, à l'exception de la cincho-
nine, volatile à une température peu élevée. Tous
qui provient de l'action du perchlorure de car- renferment les éléments carbone, hydrogène, azote
bone sur la phénylamine, et que nous préférons et oxygène.
écrire
C Les alcaloides naturels possèdent, comme les
bases minérales , la propriété de ramener au
(C6H5,3 Az³ , bleu le papier de tournesol, et verdissent le sirop
H2
de violettes. Il en est toutefois (comme la narco-
par des raisons analogues à celles qui nous ont tine) dont les propriétés alcalines sont si faibles,
fait considérer la mélaniline comme une trialca- qu'ils n'exercent aucune action sur les couleurs
lamide. végétales. Leur propriété la plus importante est
Entin l'acide cyanurique de s'unir aux acides pour former des sels. Cette
combinaison a lieu sans élimination d'eau , c'est
(CO)³ Az3 une simple addition de tous les éléments de l'al-
H3 03 = H3 caloide à tous les éléments de l'acide, comme on
est une triamide secondaire, et les cyanurates le remarque avec l'ammoniaque.
sont des trialcalamides tertiaires . Tel est le cyanu- Az H3 + H CI = H+ AzCl.
rate éthylique Ammoniaque. Acide Chlorure
Az3. A. N. chlorhydriq. d'ammonium.
(C2H5)3
C17 H19 Az O3 + HCl = C17 H20 Az O³ CI .
ALCALIMÉTRIE. Voyez ANALYSE VOLUME- Morphine. Chlorure de morphonium.
TRIQUE. (Az H3)2SO4 H2 = SO (Az H )2.
ALCALOÏDES NATURELS ( Alcalis végétaux, Ammoniaque. Acide Sulfate
alcalis organiques, bases végétales, bases natu- sulfurique. d'ammonium.
relles).
On donne le nom d'alcaloides naturels à une (C7H19 AzO3)2 + SO+ H2 = SO . (C17 H20 Az O3,2
classe de composés extraits des végétaux, jouissant Morphine. Acide Sulfate de morphonium .
de propriétés spéciales et dont la principale est sulfurique.
de s'unir aux acides à la façon de l'ammoniaque Les bases organiques, solides et fixes, sont in-
pour former des sels. colores ; quelques-unes ne s'obtiennent qu'à l'état
Historique. La découverte du premier alca- amorphe: la plupart cristallisent avec une grande
loide naturel remonte au commencement de ce régularité. Elles sont douées généralement d'une
siècle Séguin, Derosne vers 1803, Sertuerner en saveur amère, qui passe même dans leurs sels.
1804, retirèrent presque simultanément de l'opium Elles sont insolubles ou peu solubles dans l'eau,
des principes cristallisés auxquels ils reconnurent leur vrai dissolvant est l'alcool. Quelques-unes
des propriétés alcalines. Mais l'idée que l'alcali- sont solubles dans l'éther, telles sont la quinine et
nité de ces substances devait être attribuée aux la codéine ; d'autres sont insolubles ou très-peu
réactifs employés pour les extraire empêcha d'at- solubles dans l'éther : il en est ainsi de la cin-
tacher à cette découverte toute l'importance chonine, de la morphine, de la strychnine, de la
qu'elle méritait. On croyait alors que les végétaux brucine. Quelques-unes, telles que la quinine,
ne contenaient que des principes neutres ou des la strychnine, la brucine, se dissolvent abondam-
acides ; aussi ces premiers travaux passèrent-ils ment dans le chloroforme. Enfin certains carbu-
inaperçus. Ce ne fut qu'une douzaine d'années res d'hydrogène liquides et même des huiles
plus tard, vers 1817 , que Sertuerner attira l'at- grasses peuvent dissoudre les alcaloides.
tention des chimistes sur ce fait remarquable, en M. Pettenkofer a déterminé la solubilité d'un
publiant sur la morphine un important mémoire certain nombre d'alcaloides dans le chloroforme
dans lequel il démontrait la nature réellement et l'huile d'olive ; le tableau suivant représente
alcaline de cette substance. les quantités pour cent d'alcaloides dissous [ Répert.
La découverte du premier alcaloide végétal de Chim. pure, 1860 , p. 432 ] :
appartient donc de droit, sinon de fait, à Ser- Huile
therner. Chloroforme. d'olive.
Dès ce moment, la recherche des alcaloides Morphine. 0,57 0,00
naturels marche avec rapidité ; les plus remar- Narcotine.. 34,17 1,25
quables par leurs propriétés actives sont isolés, Cinchonine 4,31 1,00
Quinine... 57,47 4,20
et la découverte de la quinine, le plus important Stry chni ne .. 20.09 1,00
de tous par ses nombreuses applications médi- Brucine.. 56,70 1,78
cales, vient jeter un nouvel éclat sur ce genre Atropine. 51,19 2,62
d'études. Vératrine.. 58,49 1,78
ALCALOÏDES . 100 - ALCALOIDES .
1
On voit par le tableau qui précède que les al- de cinchonine, de veratrine ou d'atropine [ Ann.
caloides sont peu solubles dans les huiles, mais der Chem. u. Pharm. , t. CIX, p. 177 , nouv . sér. ,
cette difficulté peut être tournée facilement en t. XXXIII] .
combinant les alcaloides avec l'acide oléique. Pour Avec la strychnine, la nicotine, l'aconitine,
obtenir ces composés, d'après M. Atfield, il suffit cette sensibilité est encore plus grande ; car le
de triturer les alcaloides bien desséchés avec de réactif peut accuser leur présence en produisant
l'acide o'éique, et de laisser digérer le mélange un trouble sensible dans des solutions qui ne
à une douce chaleur pendant quelque temps . contiennent que 1/25000 d'alcaloide.
Il se forme des oléates insolubles dans l'eau , On obtient ce réactif en faisant tomber goutte
solubles dans l'alcool , et miscibles en toute à goutte du perchlorure d'antimoine dans une
proportion dans les huiles. M. Atfield a constaté solution d'acide phosphorique. Plusieurs matières
en outre que les sels des alcaloides naturels ne organiques, telles que l'acide tartrique , le sucre,
se dissolvaient pas mieux dans les huiles que l'albumine, masquent beaucoup d'alcaloides et
les alcaloides eux-mêmes [ Pharmaceutical Journ., empêchent leur précipitation par un certain nom-
t. IV, p. 388. — Répert. de Chim. appliq., 1863, bre de réactifs.
p. 136]. Des expériences dues à M. Oppermann prou-
La potasse, la soude, l'ammoniaque , les terres vent que, malgré la présence de l'acide tartrique,
alcalines précipitent en général les alcaloides na- le bicarbonate de soude précipite la cinchonine,
turels de leurs dissolutions salines en s'emparant la narcotine, la strychnine et la vératrine, tandis
de l'acide. que la quinine, la morphine et la brucine restent
L'infusion de noix de galle , l'iodure de potas- en dissolution [Compt. rend . de l'Acad. , t. XXI,
sium ioduré, la solution de l'iodure double de p. 844].
potassium et de mercure, le phosphomolybdate L'acide tartrique masque encore la réaction de
de soude, précipitent tous les alcaloides, mème l'infusion de noix de galle pour tous ces alcalis
en solution étendue . Ces deux derniers réactifs à l'exception de la cinchonine et de la strychnine,
sont surtout précieux dans l'analyse , parce qu'ils mais elle les précipite si on neutralise l'acide
précipitent tous les alcaloides et seulement les par l'ammoniaque ; cependant un excès de ce
alcaloides. dernier redissout le tannate de brucine.
L'iodure double de mercure et de potassium a Les alcaloides forment avec le bichlorure de
été proposé pour le dosage des alcaloides naturels. platine des combinaisons doubles de chlorhydrate
M. Winckler a indiqué le premier ce procédé de la base et de bichlorure de platine qui sont
[ Buchner, Rép. de Pharm., t. XXXV, p . 57] ; plus généralement très-peu solubles, et souvent cris-
tard il fut recommandé de nouveau par M. de tallines ; les chlorures d'or, de mercure, de zinc,
Planta Reichenau [ Das Verhalten der alcaloide forment des combinaisons analogues.
gegen reagentien, Heidelberg , bei J. C. Mohr, Les alcaloides forment, avec l'iodure ou le bro-
1846] . Dans ces dernières années, M. Mayer a mure de mercure, des composés pour la plupart
repris l'étude de ce réactif; il en a fait ressortir cristallisés [Groves, Quart. Journ. of the Chem .
l'emploi avantageux et l'extrême sensibilité [ Amer. Soc., t. XI, nº 11 , p. 97. - Répert. de Chim.
Journ. of Pharm ., janv. 1863, t. XXXV, p. 20. pure, 1859, p. 38 ] . On les prépare d'une manière
Répert. de Chim. appliq. , 1863, p. 102] . générale en mélangeant des solutions de chlorhy-
On l'obtient en faisant dissoudre 138,546 de drate de la base, et d'iodure double de potassium
sublimé corrosif et 498,0 d'iodure de potassium et de mercure il se forme un précipité blanc
dans un litre d'eau distillée. qu'on redissout dans l'eau ou l'alcool bouillant, il
Un centimètre cube de cette solution précipite . se dépose alors par le refroidissement des cris-
taux bien définis. Tel est le cas principalement
Grammes. des composés de quinine , de cinchonine , de
1/10000 d'équivalent d'aconitine = 0,0267 strychnine et de morphine. 1
1/20000 d'atropine = 0,0145 Quelques alcaloides naturels, tels que la qui-
1/20000 de narcotine = 0.0213 nine, exigent pour se saturer deux molécules d'un
1/20000 destrychnine 0,0167 acide monobasique, ils sont diacides. Il est à re-
1/20000 de brucine = 0,0233 marquer que ces alcaloides renferment deux atomes
1/20000 de vératrine 0,0269
1/30000 d'équival, double de morphine = 0,0200 d'azote, ils paraissent donc dériver de deux mo-
1/20000 de conicine = 0,00416 lécules d'ammoniaque. Cette remarque cependant
1/40000 de nicotine 0,00405 ne peut s'appliquer à toutes les bases naturelles
1/60000 de quinine = 0,0108 contenant deux atomes d'azote, car la strychnine
1/60000 de cinchonine = 0,0102 et la brucine, qui sont dans ce cas , n'exigent
1/60000 de quinidine = 0,0120
qu'une seule molécule d'un acide monobasique
pour se saturer.
Pour que ce réactif donne de bons résultats , il Pouvoir rotatoire . -- Les alcaloides naturels
faut avoir soin de verser la liqueur normale dans exercent le pouvoir rotatoire : tous dévient à gau-
la solution qui renferme l'alcaloide. La réaction che le plan de polarisation , à l'exception de la cin-
se fait aussi bien dans des solutions acides , neu- chonine et de la quinidine qui le dévient à droite.
tres ou légèrement alcalines. D'après M. Ressler, Lorsque ces bases sont en dissolution dans un
ce moyen permettrait de séparer les alcaloides de acide, employé seulement en proportion suffisante
l'ammoniaque [Chem . centralbl. , 1856 , nº 34]. pour les saturer, leur pouvoir propre s'affaiblit
La présence de l'amidon , de la gomme , de l'albu- généralement la quinine cependant fait excep-
mine, du tannin , etc. , n'empêche pas la réaction tion, son pouvoir rotatoire augmente sous l'in-
de se produire . La sensibilité de l'iodure double fluence des acides. La narcotine présente cette
de mercure et de potassium est si grande qu'il particularité intéressante qu'elle dévie à gauche
donne encore des réactions distinctes avec des les rayons de la lumière polarisée lorsqu'elle est
solutions qui ne renferment que 1/60000 de nar- pure, et qu'elle exerce la déviation à droite lors-
cotine, 1/25000 de nicotine, 1/150000 de strych- qu'elle est combinée aux acides . M. Bouchardat,
nine, 1/150000 de brucine, etc. qui a le premier fait connaître l'action que les
M. Schulze a indiqué un réactif qui précipite alcaloides naturels exercent sur la lumière pola-
la plupart des alcaloides naturels , et dont la risée , et auquel sont empruntés ces détails,
sensibilité est telle, qu'il peut faire naître de donne les nombres suivants pour le pouvoir ro-
légers précipités dans des solutions qui ne con- tatoire spécifique d'un certain nombre d'entre
tiennent que 1/5000 de brucine , de quinine , cux.
ALCALOIDES. - 101 ALCALOÏDES .

TABLEAU DU POUVOIR ROTATOIRE DES ALCALOÏDES NATURELS .


Pouvoir rotat.
Dissolvant. Températ. spécifique.
Quinine Alcool ... 22° [a] = 1260,7
Quinidine [Pasteur, Compt. rend. de l'Inst ,
t. XXXVI, p. 26 et t. XXXVII, p. 110].. [a] = + 250°,75
Cinchonine Alcool étendu d'acide chlorhydrique. ? [o] = + 190°,4
Cinchonidine ( d'après M. Pasteur) Alcool.. 130 1440,61
Morphine.... Alcool étendu d'acide chlorhydrique. ? 88°,04
Narcotine.. Alcool .. ? 130°,5
Codéine ? 118°,2
Narcéine ? 6º,7
Strychnine... ? 132°,07
Brucine.... ? 61°,27
Igasurine . 620,9
Nicotine Laurent , Compt. rend. des trav. de = - 930,5
Chim., 1845, p. 110...

Action de la potasse. - Lorsqu'on distille les Les iodobases sont eu général peu solubles
alcaloides naturels fixes avec de la potasse, ils dans l'eau et l'éther ; l'alcool est leur vrai dissol-
se décomposent, et la plupart dégagent des bases vant. La potasse et la soude les attaquent vivement ,
volatiles, telles que la méthylamine, la quino- il se forme de l'iodate et de l'iodure de potas-
léine, la lépidine, la pyrridine, etc. sium, et la base est mise en liberté.
Action du chlore et du brome. - Le chlore et Quoique les acides altèrent les iodohases, l'io-
le brome exercent une action très-énergique sur donicotine forme, avec l'acide chlorhydrique, de
les alcaloides naturels. Il se forme dans cette beaux cristaux d'un rouge de rubis clair ; et sous
réaction de l'acide chlorhydrique ou bromhydri- le nom d'iodo-sulfates des alcaloides cinchoniques,
que et des produits de substitution dans lesquels M. Herapath a fait connaître des sels provenant
1, 2 et même 3 atomes d'hydrogène peuvent être de l'action de l'iode sur les sulfates de ces alca-
remplacés par un nombre égal d'atomes de chlore loides, et qu'il considère comme des sulfates d'io-
ou de brome : ainsi, le chlore, en réagissant sur dobases [Quart. Journ . of the Chem . Soc. , t. XI ,
la codéine C18 H21 Az O³, donne la chlorocodéine p. 180, july, 1858. Repert. de Chim . pure,
C18 H20 Cl Az O3 ; le brome, par son action sur la 1859, p. 39. Ann. de Chim. et de Phys. , (3),
cinchonine C20 H24 Az2 O, donne la monobromo- t. XL, p. 247] .
cinchonine C20 H23 Br Az2 O, et la bibromocincho- Ces sels sont remarquables par leurs propriétés
nine C20 H22 Br2 Az² O. Quant à la substitution de optiques et leurs magnifiques couleurs ; l'un d'eux,
3 atomes de chlore ou de brome à 3 atomes d'hy- le bisulfate d'iodoquinine, rappelle par la couleur
drogène, on n'en connaîtjusqu'à présent que deux verte de ses cristaux l'éclat des élytres des can-
exemples, la trichlorostrychnine C21 H19 C13 Az2O2 tharides. Ils renferment tous de l'acide sulfurique,
et la tribromocodéine Cis H18 Br3 Az 03. de l'iode et une base organique plus ou moins mo-
Ces bases cristallisent, elles forment avec les difiée dans ses caractères. Ils sont très-solubles
acides des sels cristallisés bien définis , peu solu- dans l'alcool, et cristallisent par le refroidisse-
bles dans l'eau pour la plupart, mais plus solu- ment.
bles dans l'alcool , surtout à chaud. Leur constitu- Le procédé employé ordinairement pour obtenir
tion est identique à celle des alcaloides naturels les iodobases consiste à broyer les alcaloides hu-
qui leur correspondent. On doit la connaissance mides avec la moitié de leur poids d'iode, et à
de ces faits principalement aux travaux de Lau- traiter ensuite la masse par l'alcool bouillant , qui
rent [Ann. de Chim . et de Phys ., (3) , t. XXIV, laisse déposer l'iodobase par le refroidissement.
p. 303] et de M. Dollfus [ Ann . de Chim. et de Dans cette réaction il se forme constamment de
Pharm ., t. LXV, p. 217] . l'iodhydrate de la base employée qu'on sépare fa-
Action de l'iode. L'iode exerce aussi une ac- cilement par l'eau bouillante, les iodobases y étant
tion énergique sur les alcaloides naturels ; il ne pa- à peu près insolubles.- On obtient encore des io-
rait pas former de produits de substitution comme dobases en mélangeant des dissolutions alcooli-
le chlore et le brome, mais simplement des ques, aussi concentrées que possible, d'iode et
combinaisons. Les alcaloides semblent jouer dans d'alcaloide ; par l'évaporation spontanée l'iodobase
cette réaction le rôle d'un métal et s'unir à se dépose. Il n'est pas possible d'exprimer par une
l'iode, comme le potassium ou le plomb. Le fait formule générale les combinaisons de l'iode avec
suivant, observé par Pelletier, vient à l'appui de les alcaloides naturels, voici les mieux connues :
cette manière de voir [ Ann . de Chim. et de Phys., 1 molécule d'alcaloide avec 2 atomes d'iode (qui-
(2), t. LXIII, p. 164]. nine dans le bisulfate) ; 2 molécules d'alcaloide
Lorsqu'on verse dans une solution d'iodhydrate avec 12 (cinchonine), avec 31 (nicotine, codéine,
de strychnine une solution d'iodate acide de la papaverine , brucine ) ; 4 molécules d'alcaloides
même base, il se fait immédiatement un précipité avec 312 (strychnine, brucine, morphine).
brun, formé d'iodostrychnine et d'iode, que l'on Action des iodures de méthyle et d'éthyle..
peut séparer. Cependant dans presque toutes les Lorqu'on fait réagir les iodures de méthyle et
réactions de l'iode sur les alcaloides, Pelletier a d'éthyle sur les alcaloides naturels, il y a combi-
observé la production d'iodhydrate de la base non naison et formation d'iodures cristallisés, comme
attaquée ; il attribue, du reste, cette formation on le remarque avec l'ammoniaque. Ces iodures,
d'acide iodhydrique à l'action de l'iode sur l'al- traités par l'oxyde d'argent et l'eau, donnent de
cool bouillant, les quantités d'acides qui se repro- l'iodure d'argent et des bases nouvelles douées de
duisent étant relativement faibles. propriétés alcalines fort énergiques :
Les produits de la réaction de l'iode sur les 2 (C21 H22 (CH3) AzºOº, I ) + Ag2O + H2O
bases organiques sont amorphes pour la plupart,
et peu étudiés. Iodure de méthylstrychnium. Oxyde d'argent. Eau.
Cependant la strychnine, la codéine, la cicutine, = 2 (AgI) + 2 [ (C²¹ | (CH3) Az² Q2) { O
(C21 H²² 0 ].
la nicotine, font exception , et forment des combi-
naisons très-bien cristallisées. Iodure d'argent. Hydrate de méthylstrychnium.
ALCALOÏDES . 102 — ALCALOÏDES .
Ces composés méthylés et éthylés sont très-so- est précipité de nouveau par un alcali . - En le
lubles dans l'eau ; quelques-uns, tels que l'éthyl- redissolvant dans l'alcool et abandonnant celui-ci
quinine , la méthylcinchonine, la méthylstrych- à l'évaporation spontanée, on obtient l'alcaloide
nine, la méthylbrucine, donnent des cristaux par cristallisé et dans un état assez voisin de la pu-
l'évaporation de leurs solutions aqueuses, d'autres reté .
donnent des produits amorphes. En général, tous Quelquefois on se contente de décolorer conve-
forment avec les acides des sels bien cristallisés. nablement par le charbon la solution alcoolique
- Jusqu'à présent on n'a pu faire entrer dans la qui a servi à enlever l'alcaloide au tourteau ; dans
molécule des bases naturelles qu'un seul groupe ce cas, on filtre la solution avant de distiller l'al-
alcoolique, à l'exception toutefois de la conicine, cool.
qui peut en prendre deux ; cette base, en effet, On remplace quelquefois la magnésie ou la
renferme un atome d'hydrogène remplaçable par chaux par le carbonate de soude, la potasse ou
un groupe alcoolique. Dans cette condition , elle l'ammoniaque.
devient une base tertiaire qui peut alors se com- Un autre procédé , indiqué aussi par MM. Pelle-
biner avec une nouvelle molécule d'iodure de mé- tier et Caventou, consiste à précipiter par le sous-
thyle ou de ses homologues, et donner des iodures acétate de plomb les solutions aqueuses qui ont
d'ammonium quaternaires. servi à épuiser les végétaux de leurs parties acti-
Action de l'acide azoteux. - - L'action de l'acide ves ; il se forme un dépôt abondant, qui est une
azoteux a été étudiée sur quelques alcaloides na- combinaison de plomb avec l'acide employé pour
turels. Cette réaction s'obtient en chauffant jus- dissoudre la base, et avec les matières colorantes,
qu'à l'ébullition l'azotite de potasse, dissous dans gommeuses, etc. Il reste dans la liqueur décolorée
l'eau, avec le sulfate d'une base naturelle. L'acide la base combinée à l'acide acétique, et l'excès de
azoteux est détruit, l'azote se dégage et l'oxygène sous-acétate de plomb employé. On se débarrasse
se porte sur l'alcaloide. M. Schützenberger a pu du plomb en faisant passer dans la liqueur un
obtenir ainsi l'oxystrychnine , l'oxycinchonine, courant d'hydrogène sulfuré ; on filtre, et la li-
substance isomérique avec la quinine, la bioxy- queur évaporée au bain-marie laisse cristalliser
strychnine , l'oxyquinine , etc. [ Compt. rend., l'alcaloide impur à l'état d'acétate. Pour l'obtenir
t. XLVII, p. 79. Repert. de Chim. pure, 1859, à l'état de pureté, il suffit de précipiter la disso-
p. 37). lution de l'acétate par la potasse ou l'ammoniaque :
Les alcaloides naturels représentent générale- la base recueillie et dissoute dans l'alcool cristal-
ment la partie active des végétaux dont ils pro- lise par l'évaporation .
viennent. Ils exercent sur l'économie une réaction Un autre procédé consiste à mélanger les pro-
énergique, la plupart sont même de redoutables duits végétaux avec de la chaux, le tout réduit en
poisons ; et pourtant, par leur composition tou- poudre grossière ; on traite ce mélange par l'alcool
jours constante et par la sûreté de leur action , ils bouillant qui enlève l'alcaloide et le laisse cristal-
sont devenus de précieux auxiliaires de la théra- liser à l'état impur par l'évaporation.
peutique. C'est là un immense service que la chi- On a aussi proposé, pour certains alcaloides,
mie a rendu à l'art de guérir. l'emploi de l'ammoniaque aqueuse. On met les pro-
Extraction. Les alcaloides naturels n'existent duits végétaux pulvérisés dans des appareils à
pas ordinairement dans les plantes à l'état libre ; déplacement, puis on les traite par des solutions
on les trouvecombinés, soit avec des acides, comme ammoniacales jusqu'à ce que ces dernières pas-
l'acide malique ou l'acide acétique ; soit avec cer- sent incolores. Les parties non dissoutes sont en-
tains acides particuliers, comme l'acide méconique suite traitées par de l'eau acidulée d'acide sulfu-
ou l'acide quinique, qui se rencontrent dans l'o- rique, qui enlève l'alcaloide qu'on obtient presque
pium ou dans les quinquinas ; soit encore avec des pur, et cristallisé à l'état de sulfate, par une éva-
matières tannantes, comme le rouge cinchonique. poration ménagée .
Il existe des procédés généraux applicables à Certaines bases alcalines s'altèrent facilement
l'extraction des alcaloides naturels , mais qui va- sous l'influence de l'air, de la chaleur et des réac-
rient selon que la base est fixe ou volatile , ou sui- tifs employés à les extraire. Pour les obtenir on a
vant les mélanges dans lesquels elle se trouve proposé l'emploi du chloroforme, du tannin, et
engagée. voici en quoi consistent ces opérations. On fait
Toutefois le procédé que MM. Pelletier et Ca- une décoction de la plante, qu'on filtre lorsqu'elle
ventou ont indiqué, dans leurs recherches sur les est refroidie ; après avoir ajouté au liquide filtre
alcaloides naturels, est demeuré classique , malgré du chloroforme et un excès de potasse caustique,
quelques modifications suggérées par l'expérience . on agite vivement le tout à plusieurs reprises .
Ce procédé consiste à épuiser les végétaux ré- Lorsque le liquide est reposé , le chloroforme
duits en poudre grossière par des décoctions suc- chargé d'alcaloide se sépare ; on décante alors, et
cessives faites avec de l'eau acidulée par de l'acide le chloroforme, évaporé à l'air libre ou distillé ,
sulfurique ou par de l'acide chlorhydrique ; après abandonne la base assez pure et cristallisée. On
le refroidissement des liqueurs, qu'on a eu le peut encore séparer l'alcaloide en agitant la solu-
soin de passer sur une toile, on ajoute un lait de tion de chloroforme avec un peu d'eau acidulée
chaux où de magnésie par petites portions et en qui enlève la base.
léger excès. On précipite ainsi l'alcaloide et les Le procédé par le tannin consiste à précipiter
matières colorantes qui forment des laques inso- la décoction aqueuse de la plante par une solution
lubles avec la chaux ou la magnésie. Quand on de tannin ; le tannate d'alcaloide, lavé, égoutté et
emploie l'acide sulfurique et la chaux, ce précipité mělé avec de la potasse caustique, est ensuite
contient en même temps l'excès de chaux et du agité avec de l'éther qui enlève la base. Au lieu
sulfate de chaux. Il est recueilli sur une toile afin de potasse, on emploie quelquefois l'oxyde de
d'égoutter, puis on le soumet à une pression gra- plomb humide, dont l'action sur les matières or-
duée. Le tourteau , séché à l'étuve et pulvérisé, ganiques est bien moins énergique que celle de
est ensuite épuisé par l'alcool en vase clos et au la potasse. Le mélange, séché à l'étuve après un
bain-marie. certain temps de contact, est pulvérisé et traité
La solution alcoolique, filtrée et concentrée par par de l'éther ou du chloroforme qui enlève l'al-
la distillation , laisse cristalliser l'alcaloide ; mais cali organique.
dans cet état l'alcaloide est loin d'être pur : pour Quand la base végétale est volatile, on la sépare
l'obtenir tel, on le redissout dans l'eau à l'aide par une base minérale puissante, telle que la po-
d'un acide, et on décolore cette dissolution par le tasse ou la soude ; on réduit la plante en poudre
charbon animal . On filtre la liqueur, et l'alcaloide grossière, on la mêle dans une grande cornue avec
ALCALOÏDES . - 103 - ALCALOÏDES .

un excès de potasse ou de soude en solution con- On abandonne dans le vide la liqueur filtrée, ou
centrée ; on distille au bain de sable tant que le on l'expose à un courant d'air chauffé tout au plus
liquide qui passe est alcalin ; on le neutralise à 35º, si l'on n'a pas de machine pneumatique à
par de l'acide sulfurique ou de l'acide oxalique sa disposition.
étendu, et on évapore en consistance sirupeuse. Si, après la volatilisation de l'alcool, le solutum
Le tout est repris par de l'alcool qui ne dissout que aqueux renferme des corps gras ou des matières
le sulfate ou l'oxalate de la base organique ; on insolubles, on le jette sur un filtre mouillé par de
filtre, et par l'évaporation de l'alcool on obtient le l'eau distillée ; on réunit les eaux de lavage à la
sel cristallisé. Ce sel est mélangé avec une solu- liqueur filtrée, et le tout est évaporé dans le vide
tion concentrée de potasse et un volume égal d'é- presque à siccité ou sous une cloche, sur de
ther : après avoir agité, on laisse reposer ; il se l'acide sulfurique concentré. On épuise ensuite
forme deux couches, on décante la couche supé- ce nouveau résidu par de l'alcool absolu et froid ,
rieure qui contient l'alcaloide dissous dans l'é- puis on évapore l'alcool à l'air libre, à la tempé-
ther, et on chasse ce dernier ainsi que quelques rature ordinaire, ou , ce qui est préférable, dans le
traces d'ammoniaque en distillant au bain-marie. vide. On dissout dans la plus petite quantité d'eau
Enfin la base, complétement déshydratée sur des le résidu acide ainsi obtenu , et la solution intro-
fragments de potasse caustique, est rectifiée dans duite dans un petit flacon éprouvette est addi-
un courant d'hydrogène, ou , ce qui est préférable, tionnée peu à peu de bicarbonate de soude ou de
dans le vide. bicarbonate de potasse pur et en poudre, jusqu'à
Recherche des alcaloides naturels dans les cas ce qu'il n'y ait plus d'effervescence. On ajoute
d'empoisonnement. M. Stas, à qui l'on doit alors 4 ou 5 fois son volume d'éther pur, on agite
d'intéressantes recherches sur ce sujet , a indiqué le tout et l'on abandonne au repos. Quand les
une méthode générale à l'aide de laquelle on peut deux liquides sont séparés de nouveau et que la
retirer les bases naturelles des matières suspectes solution éthérée s'est éclaircie, on en décante une
qui les renferment. petite partie dans une capsule de verre , et on
Cette méthode est à peu près la même que celle l'abandonne dans un lieu bien sec à l'évaporation
qu'on suit pour l'extraction des alcalis végétaux ; spontanée. Le résidu constitue l'alcaloide cher-
la seule différence consiste dans la manière d'iso- ché, mais l'alcaloide peut être solide et fixe ou li-
ler ces bases énergiques, et de les présenter au quide et volatil.
dissolvant. Le procédé repose sur les faits sui. L'alcali est solide et fixe. - Dans ce cas on
vants : 1° la solubilité dans l'eau et l'alcool des peut ne pas obtenir de suite un résidu alcalin
sels acides formés par les alcaloides naturels avec après l'évaporation de l'éther ; quand cette cir-
l'acide tartrique ou l'acide oxalique ; 2° la décom- constance se présente, on ajoute au liquide une
position de ces sels acides en solution , par le bi- solution de potasse ou de soude caustique , et on
carbonate de potasse ou de soude (ou par les al- agite vivement avec l'éther. Celui - ci enlève à la
calis à l'état caustique) et la solubilité des bases solution de potasse ou de soude l'alcaloide natu-
organiques au sein du liquide ; 3° la faculté que rel devenu libre ; on laisse alors évaporer la solu-
possède l'éther employé en suffisante quantité tion éthérée. Après l'évaporation il reste quelque-
de s'emparer des bases végétales mises ainsi en fois autour de la capsule un corps solide, cepen-
liberté. dant le résidu est ordinairement composé d'une
L'application des réactions précédentes néces- liqueur incolore laiteuse, et qui tient un corps
site tout d'abord la séparation des matières étran- solide en suspension . Ce résidu bleuit constam-
gères ; l'intervention successive de l'eau et de ment le papier de tournesol ; il possède une odeur
l'alcool à différents degrés de concentration donne animale désagréable, mais nullement acre ou pi-
d'excellents résultats et permet d'obtenir, sous un quante comme cela a lieu avec un alcaloide vo-
petit volume, une solution dans laquelle l'alca- latil.
loide cherché doit être contenu. Le sous-acétate Quand on s'est ainsi assuré de la présence
de plomb a été indiqué pour la séparation des d'une base fixe, on doit chercher à la faire cris-
substances étrangères , mais, quoique ajouté en talliser afin de pouvoir faire l'étude de ses carac-
grand excès, ce réactif ne précipite pas compléte- tères et de ses réactions. Mais les opérations que
ment ces substances ; de plus, il a l'inconvénient l'on vient d'indiquer ne suffisent pas encore pour
d'introduire dans les matières suspectes un métal l'obtenir dans cet état ; l'alcaloide est encore
étranger, et de nécessiter, pour enlever l'excès de souillé par des impuretés . Pour l'en débarrasser,
plomb, l'emploi de l'hydrogène sulfuré. on projette dans la capsule quelques gouttes d'eau
On doit éviter aussi l'emploi du charbon ani- faiblement aiguisée d'acide sulfurique , et on les
mal pour décolorer les liquides : le charbon pou- promène sur les parois pour mouiller la matière
vant absorber tout l'alcaloide aussi bien qu'il et dissoudre la base. Comme le contenu de la
s'empare des matières colorantes et odorantes . capsule est un mélange de matière grasse et d'al-
Voici le procédé que l'on doit suivre pour re- caloide, l'eau acidulée n'en mouille pas les parois,
chercher une base végétale dans le contenu de elle dissout la base à l'état de sulfate acide et
l'estomac ou des intestins. Quand les recherches abandonne le corps gras. Si l'opération est bien
doivent être dirigées sur les organes, comme le faite, le liquide aqueux doit être limpide ; on le
foie, le cœur, les poumons, etc. , il faut d'abord di- décante doucement , on lave de nouveau avec de
viser ces organes en très-petits fragments, mouil- l'eau acidulée , on réunit les eaux de lavage au
ler la masse avec de l'alcool pur et concentré, et, premier liquide, puis on évapore dans le vide ou
par des lavages successifs à l'alcool , l'épuiser sous une cloche sur l'acide sulfurique concentré.
complétement de toutes ses parties solubles . C'est On mêle ensuite le résidu avec une solution très-
sur le liquide ainsi obtenu qu'on opère comme concentrée de carbonate de potasse pur, et on re-
pour un mélange de matières suspectes et d'al- prend le tout par de l'alcool absolu. L'alcaloide
cool, d'après la marche suivante : seul est dissous, et par l'évaporation de l'alcool on
On commence par additionner la matière avec l'obtient cristallisé. On en détermine ensuite la
de l'alcool pur et le plus concentré possible. On nature par l'étude de ses caractères physiques et
y ajoute ensuite 1/2 à 2 grammes d'acide tartri- de ses propriétés chimiques.
que, suivant la quantité et l'état de la matière L'alcali est liquide et volatil. - Quand l'alcali
suspecte; le mélange est introduit dans un bal- est liquide et volatil , on remarque sur les parois
lon et chauffé entre 60% et 75º. Après le refroidis- de la capsule, après l'évaporation de la petite
sement complet, le tout est jeté sur un filtre, et la quantité d'éther, des stries liquides qui se réu-
partie insoluble lavée avec de l'alcool concentré. nissent au fond du vase. Il se développe alors.
ALCALOIDES . 104 - ALCALOÏDES .
sous la moindre influence de chaleur, une odeur ce traitement, il faudrait le renouveler jusqu'à ce
désagréable, acre ou irritante, et qui varie suivant. que la base se présentât dans une assez grande
la nature de l'alcaloide. pureté, pour qu'on pût l'étudier et en détermi-
Dans ce cas on ajoute 1 ou 2 centimètres cu- ner la nature.
bes de solution concentrée de potasse ou de soude Les auteurs de ce procédé pensent qu'on peut
au restant de la solution éthérée, et l'on agite vi- aussi l'appliquer à l'extraction des alcaloides na-
vement. Ce traitement par l'éther est réitéré trois turels .
ou quatre fois, puis toutes ces liqueurs tenant l'al- L'acide phosphomolybdique a été proposé pour
caloïde en dissolution sont réunies dans le même extraire des matières suspectes les alcaloides na-
flacon ; on y ajoute 3 ou 4 centimètres cubes turels dans des cas d'empoisonnement.
d'eau distillée, additionnée d'un cinquième de son Voici le procédé généralement suivi : Les ma-
poids d'acide sulfurique pur, puis on agite vive- tières suspectes sont épuisées à plusieurs reprises
ment. Par le repos l'éther surnage, on le décante , par de l'eau acidulée d'acide chlorhydrique ; les
et la solution aqueuse qui renferme l'alcaloide à liquides réunis , on les fait évaporer en consistance
l'état de sulfate acide est lavée de nouveau par sirupeuse, en prenant soin que la température ne
un peu d'éther. Cette seconde opération a pour dépasse pas 30° ; on filtre, puis la solution est
but de débarrasser complétement la solution précipitée par l'acide phosphomolybdique ; le pré-
aqueuse des matières animales que l'éther avait cipité recueilli , lavé avec de l'eau aiguisée d'acide
enlevées précédemment à la solution alcaline. Il phosphomolybdique et d'acide azotique, est traité
ne faut pas oublier que le sulfate de conicine étant par de la baryte caustique. Le tout est placé dans
soluble dans l'éther, ce dernier en retient tou- un ballon muni d'un tube abducteur qui com-
jours en dissolution . Cependant la plus grande munique avec un appareil à boules contenant
partie de l'alcaloide se retrouve dans l'eau acidu- de l'acide chlorhydrique étendu d'eau . On chauffe,
lée ; l'alcaloide cherché est ainsi réuni sous un la baryte déplace la base organique combinée avec
petit volume et dans un assez grand état de pu- l'acide ; si elle est volatile , elle se rend dans l'ap-
reté. Pour l'isoler, il suffit d'ajouter une solution pareil à boules où elle se combine avec l'acide
concentrée de potasse ou de soude caustique, puis chlorhydrique ; si la base est fixe, elle reste dans
d'épuiser par l'éther ; on abandonne la solution le ballon ; on neutralise alors la baryte par un
éthérée à l'évaporation spontanée, à la plus basse courant d'acide carbonique, on évapore à siccité
température possible. L'ammoniaque se volatilise et l'on reprend par l'alcool concentré qui enlève
presque entièrement avec l'éther, et pour en chas- la base et l'abandonne par l'évaporation sponta-
ser les dernières traces , on place la capsule sous née. Si dans ces conditions elle n'était pas encore
la machine pneumatique sur de l'acide sulfurique. pure , on emploierait pour la rendre telle les
L'alcaloide se trouve alors dans des conditions de procédés indiqués précédemment.
pureté suffisante pour que l'on puisse déterminer Il faut encore signaler la dialyse comme moyen
sa nature à l'aide de ses caractères physiques et propre à séparer les alcaloides naturels des ma-
de ses réactions chimiques. tières suspectes. On sait que M. Graham a fait
MM . Uslar et J. Erdmann ont proposé l'emploi connaître le premier la faculté que possèdent les
de l'alcool amylique pour la recherche des alcaloi- cristalloides de traverser les corps poreux [ Pro-
des naturels dans les cas d'empoisonnement [ Ann. ceed. of the Royal Soc. , t. XI, p. 243 , juin 1861 .
der Chem. u. Pharm . , t . CXX, p. 121. - Répert. de Répert. de Chim . pure , 1862 , p. 102 ] . Les
Chim. pure, 1862, p. 156. Journ . de Pharm ., alcalis végétaux appartenant à cette classe , on
t. XLI ( 3e série ), p . 107] . Ce procédé a de l'ana- peut par ce moyen les séparer assez promptement
logie avec le précédent, il repose sur les faits sui- des matières suspectes, et dans un état de pureté
vants : presque suffisant pour pouvoir les reconnaître par
1 Solubilité des alcalis végétaux à l'état libre les réactifs ordinaires. D'ailleurs, par ce procédé
dans l'alcool amylique ; on a l'avantage de ne pas altérer les matières
2º Insolubilité des combinaisons salines des al- suspectes , de n'y introduire aucune substance
caloides naturels dans cet alcool. étrangère , et, en cas d'insuccès , de pouvoir les
Voici la manière d'opérer : traiter par les méthodes ordinaires.
On ajoute aux matières suspectes de l'eau aci-
dulée par de l'acide chlorhydrique, et le contact
est prolongé pendant deux heures environ à une LISTE DES PRINCIPAUX ALCALOÏDES
chaleur de 60 à 75º. On passe à travers un linge, AVEC LEUR COMPOSITION ET LE NOM DE LA FAMILLE
le résidu est repris par une nouvelle quantité A LAQUELLE APPARTIENT
d'eau acidulée chaude : les liquides sont réunis et LE VÉGÉTAL DONT ON LES EXTRAIT.
filtrés, puis on y verse un léger excès d'ammo-
niaque. Le tout est ensuite évaporé à siccité à une AICALOIDE DES BERBERIDÉES.
douce chaleur et au bain-marie. Le résidu sec est
épuisé par de l'alcool amylique chaud, qui dissout Berbérine ..... C21 H19 Az (5 —?
l'alcaloide ; on filtre la solution chaude, puis on
l'agite avec de l'eau bouillante acidulée d'acide ALCALOIDE DES BYTTNÉRIACÉES.
chlorhydrique qui enlève l'alcaloide ; les matières ... C7H8 Az¹0º .
grasses et colorantes, qui accompagnent ordinai- Theobromine ...
rement ce dernier, restent dans l'alcool amylique. ALCALOIDES DES COLCHICACÉES .
Afin de débarrasser complétement la solution
aqueuse de ces matières étrangères, on l'agite à Jervine C30 H46 Az203 — ?
plusieurs reprises avec de nouvelles quantités Vératrine C32H52 Az208.
d'alcool amylique ; dans cette opération il faut ALCALOIDE DES LAURINÉES .
avoir le soin de décanter avec une pipette l'al-
cool amylique, afin de n'en pas respirer les va- Bébirine . C19 H21 Az O3.
peurs. Lorsque la solution est incolore, on la con-
centre un peu, on y verse un léger excès d'ammo- ALCALOIDE DES LÉGUMINEUSES .
niaque, puis on l'agite de nouveau avec de l'alcool C8 H13Az -
amylique par le repos la solution alcoolique Spartéine ....
surnage, on la décante, et on obtient l'alcaloide ALCALOIDE DES MÉNISPERMÉES.
par l'évaporation au bain-marie .
Si l'alcaloide n'était pas suffisamment pur par Pélosine .... C18 H21 Az 03.
ALCALOÏDES . - 105 ALCOOL.
ALCALOIDE DES OMBELLIFÈRES. Hédérine ( Hedera helix ).
Conicine.... Helléborine ( racine d'hellébore noir ).
C8 H15 Az. Hyoscyamine ( Hyoscyamus niger).
ALCALOIDES DES PAPAVÉRACÉES. Jamaicine ( Geoffroya inermis).
Lobeline (Lobelia inflata).
Codéine... C18 H21 AZO³. Ménispermine ( Menispermum cocculus).
Morphine . C17 H19 Az O³. Oxyacanthine ( dans l'épine-vinette ).
Narcéine.. C22 H29 Az O⁹. Paraménispermine ( Menispermum cocculus).
Narcotine C23 H25 Az 07. Péreirine ( écorce de pao pereira ) ( Vallesia ine-
Papaverine. C20 H21 Az O'. dita).
Thébaine . C19 H31Az 03. Picrotoxine ( coque du Levant, Menispermum coc-
Chélidonine C20 H19Az3 03 — ? culus).
ALCALOIDES DES PEGANUMS. Sabadilline ( Veratrum sabadilla).
Sanguinarine ( Sanguinaria canadensis ).
Harmaline . C13 H14Az2O. Sépirine ( écorce de bébeeru).
Harmine... C13 H12Az2 O. Surinamine ( Geoffræa surinamensis) .
Violine ( dans les violettes ). E. C.
ALCALOIDE Des pipéritées.
Pipérine . ..... C34 H38 Az203 -
—? ALCOOL. C2H6O [Syn . Hydrate d'éthyle ].
L'alcool est le produit principal d'une fermenta-
ALCALOÏDE DES RENONCULACÉES. tion particulière du glucose. Les beaux travaux de
Aconitine ...... C30 H47 AzO7. M. Pasteur ont démontré que la production de
l'alcool , ainsi que celle de l'acide carbonique,
ALCALOIDES DES RUBIACÉES . de la glycérine et de l'acide succinique qui l'ac-
Aricine .... C23 H26 Az2 04. compagnent toujours, sont corrélatives du déve-
Cinchonine.. loppement vital du ferment alcoolique (voyez
Cinchonidine . C20 H24 Az2O. FERMENTATION) . [Compt. rend., t. XLI , p . 85,
Quinine..... t. XLVII , p. 224 et 1011 , t. XLVIII , p . 735 et 1149,
C20 H24 Az20º. etc. Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. LVIII,
Quinidine
Caféine . C8 H10Az+ O2. p. 323. ] Lavoisier et Gay-Lussac, croyant à un
simple dédoublement catalytique du glucose en
ALCALOIDES DES SOLANÉES. présence de la levûre, avaient établi pour la réac-
Atropine. C17H23 Az 03. tion génératrice de l'alcool l'équation suivante :
Nicotine .. C10 H14 Az2. C6H12O6 = 2 CO2 + 2 C2H6O .
Solanine.. C43 H71 Az O16-?
Cette équation néglige les produits accessoires
ALCALOÏDES DES STRYCHNÉES. de la fermentation , produits qui avaient passé
Brucine... C23 H26 Az2 O'. inaperçus avant les recherches de M. Pasteur ;
Strychnine.. C21 H22 Az2 02. elle reste néanmoins vraie à 5 ou 6 % près , car
Igasurine .. ? c'est à ce chiffre que monte la proportion du su-
cre transformée en acide succinique et en glycé-
ALCALOIDES DIVERS. rine, ou dont les éléments sont fixés sur la le-
vûre à l'état de cellulose et de matières grasses.
( Douteux et peu connus.) Les liqueurs fermentées sont connues depuis les
Anthemine ( Anthemis arvensis). temps les plus anciens, mais c'est seulement au
Apirine ( Coccos lapidea). moyen âge qu'on en a retiré par distillation l'es-
Asarine (Asarum Europæum ). prit-de-vin ou alcool encore étendu d'eau . Cette
Azadirine ( Melia Azedarach). découverte est souvent attribuée à Aboucasis et à
Belladonine ( dans les feuilles et les tiges de la Arnauld de Villeneuve ; mais elle paraît être plus
belladone ). ancienne. Le nom d'alcool était donné par les al-
Buxine ( Buxus semper virens ). chimistes à une substance réduite en particules
Capsicine (Capsicum annuum). excessivement ténues par des moyens mécaniques
Carapine (Carapa de la Guyane) . ou chimiques : le nouveau produit était pour eux
Castine (Vitex agnus castus) . le vin dépouillé de sa partie grossière, alcool vini.
Charophylline ( Charophyllum bulbosum ). Raymond Lulle a découvert le moyen de le con-
Chélérythrine (Chelidonum majus). centrer au moyen du carbonate de potasse. Lowitz
Chélidonine ( Chelidonum majus). et Richter sont parvenus à le déshydrater entiè-
Chiococcine ( Chiococca racemosa). rement par l'action de la chaux vive. Son analyse
Cocaine ( Erythroxylon coca ) . a été faite pour la première fois par Th . de Saus-
Colchicine (Colchicum autumnale). sure qui l'a trouvé formé de gaz oléfiant et d'eau
Convolvuline ( Convolvulus scammonia). dans les proportions de 100 : 63,58 en poids ,
Corydaline (Corydalis bulbosa et aristolochia ser- c'est-à-dire à très-peu près celles qui correspon-
pentaria). dent à volumes égaux de gaz oléfiant et de va-
Crotonine ( Croton tiglium). peur d'eau [ Ann. de Chim., t. LXII, p. 226 , et
Curarine (Curare). t. LXXXIX , p. 273 ] . Gay - Lussac a fait voir que
Cusparine ( Cusparia febrifuga ). la densité de la vapeur d'alcool s'accorde avec la
Cynapine ( Ethusa cynapium ). composition trouvée par Saussure [ Ann . de Chim.,
Daphnine (Daphné Gnidium et Mezereum ) . t. XCV, p. 311 ).
Delphine (Delphinium staphisagria). Si l'alcool peut se dédoubler en éthylène et eau,
Emétine (Cephaelis Ipecacuanha ). il peut inversement être reconstitué par l'union
Esenbeckine ( Esenbeckia febrifuga ). de ces deux corps, non pas directement, mais par
Eupatorine ( Eupatorium cannabium ). l'intermédiaire de l'acide sulfurique. Hennel a ob-
Euphorbine ( dans les euphorbes ) . tenu de l'acide sulfovinique par l'action de l'acide
Fagine ( Fagus sylvatica). sulfurique sur l'éthylène [ Philos. transactions,
Fumarine (Fumaria officinalis ). 1856 , p. 240. Ann. de Chim. et de Phys.,
Glaucine (Glaucium luteum ). t. XXXV, p. 154. -Poggend. Ann. , 1827 , t. IX,
Glaucopicrine ( dans la racine de Glaucium lu- p. 12 ]. Le même chimiste a reconnu que l'acide
leum ). sulfovinique chauffé avec de l'eau se dédouble
ALCOOL. 106 ALCOOL.
en alcool et acide sulfurique. Il a négligé tou- caustiques. On remplit aux deux tiers une cornue
tefois de tirer la conclusion de ces faits remar- de fragments de moyenne grosseur de chaux ou
quables et c'est à M. Berthelot qu'on doit de les de baryte et on y verse de l'alcool déjà rectifié
avoir rapprochés et étudiés d'une manière com- (à 90 % environ) , de manière à couvrir à peu
plète [Ann. de Chim . et de Phys., (3), t. XLIII, près la chaux. Au bout d'un certain temps le mé-
p. 385] . Ce mode de production de l'alcool peut lange s'échauffe. On le laisse digérer pendant
être exprimé par la formule théorique : quelques heures, puis on distille au bain-marie.
C2H4 + H2O = C² H6O . Quelquefois une seconde distillation sur la chaux
ou sur la baryte est nécessaire pour avoir un pro-
M. Berthelot a fait voir aussi qu'on peut obtenir duit suffisamment pur. On peut aussi se servir du
l'alcool par l'union directe de l'éthylène avec l'a- chlorure de calcium fondu qu'on laisse pendant
cide iodhydrique et la transformation de l'iodure plusieurs jours en contact avec de l'alcool à 90°;
d'éthyle, qui prend naissance, en alcool sous l'in- après quoi l'on distille au bain de sable. Il faut
fluence de la potasse caustique : avoir soin de ne pas employer une proportion trop
forte de chlorure de calcium, ce sel ayant la pro-
CHHI C² H³I, priété de former avec l'alcool une combinaison
C2 HI + KHO = C2H6O + KI. qui se détruit seulement à une température assez
Propriétés. - L'alcool est un liquide limpide, élevée et en donnant de l'hydrogène bicarboné. Le
mobile , fortement réfringent, d'une densité de chlorure de calcium se prête donc beaucoup
0,792 à 20°, de 0,7939 à 15°5 et de 0,8095 à no moins bien à la déshydratation de l'alcool qu'à celle
[ Kopp. , Poggend. Ann. , t. LXXII , p. 1 ]. II des acétones, de la plupart des éthers, des hydro-
bout sous la pression de 760mm à 78°4 (Gay- carbures, etc.
Lussac) . Sa densité de vapeur est de 1,613 (Gay- On a proposé encore l'emploi de l'acétate de
Lussac) par rapport à l'air et de 23,27 par rap- potasse et celui de l'hydrate de potasse fondus.
port à l'hydrogène. Théorie 23. Il n'a pas encore Sömmering a remarqué qu'en enfermant de l'al-
été solidifié ; mais il devient visqueux lorsqu'on cool étendu dans une vessie, on peut le concen-
l'expose à la température produite par un mélange trer, l'eau traversant peu peu la membrane et
d'éther et d'acide carbonique en neige. Sa saveur s'évaporant à sa surface . L'alcool peut arriver de
est brûlante ; son odeur est faible. Il brùle facile- la sorte à ne plus contenir que 3 % d'eau.
ment avec une flamme peu éclairante. Il a une [Denkschriften der K. Acad. der Wiss. zu Mun-
grande tendance à s'unir à l'eau, et s'échauffe chen, 1811 , 1814 , 1820 et 1824. ]
quelque peu lorsqu'on le mélange avec elle. Il se On peut aussi chauffer l'alcool pendant quelque
produit en même temps une contraction qui est temps en vase clos avec du silicate d'éthyle et le
maximum pour un mélange de 52,3 volumes d'al- distiller ensuite. On lui enlève ainsi les dernières
cool et de 47,7 volumes d'eau répondant à peu traces d'eau, par la formation de polysilicates
près à C2H6O3H2O. Le volume du mélange éthyliques [Friedel et Crafts, Ann . de Chim. et de
se réduit à 96,35 . En raison de cette grande affi- Phys., (4), t. IX, p. 5 ].
nité de l'alcool pour l'eau, il est très-difficile de Lorsque l'alcool est voisin de la pureté , la ma-
le déshydrater entièrement. Par des distillations nière la plus sûre et la plus commode de l'obtenir
répétées, on peut le concentrer jusqu'à ne plus absolu consiste à y dissoudre une quantité de
renfermer que 9 % d'eau. sodium dépassant un peu celle qui est nécessaire
Une première distillation des liqueurs fermen- pour transformer en soude l'eau que contient
tées fournit de l'eau-de-vie, renfermant environ l'alcool. On distille ensuite au bain-marie, ou
moitié d'alcool ; dans une deuxième rectification , même à feu nu lorsqu'on n'opère que sur de pe-
les premières parties qui passent à la distillation tites quantités, en ayant soin de s'arrêter dès que
renferment de 75 à 80 % d'alcool. Si l'on prend le mélange de soude et d'alcoolate de soude qui
de l'alcool à 60 % et qu'on le distille en ne re- reste dans le ballon ou dans la cornue commence
cueillant que les premières portions, celles-ci ne à jaunir. Il est nécessaire d'éviter autant que
contiendront plus que 10 à 15 parties d'eau. A possible, dans ces opérations, l'accès de l'air hu-
l'aide des appareils distillatoires perfectionnés mide.
construits dans ces derniers temps, on peut obte- M. Casoria a indiqué le sulfate de cuivre des-
nir du premier jet de l'alcool à 90°. Voyez plus séché comme pouvant servir à reconnaître si l'al-
bas Industrie de l'ALCOOL. cool est parfaitement privé d'eau. Enfermé dans
L'alcool en distillant entraîne souvent avec lui un flacon avec de l'alcool absolu, le sel reste
des matières odorantes qui le souillent (fusel- oil blanc ; il devient au contraire bleu lorsqu'il existe
ou alcool amylique, etc.); on le purifie en le lais- encore de l'eau dans le mélange [Journ. de Chim .
sant digérer avec du charbon de bois en poudre médicale, juillet 1816].
fine (Lowitz ) ou du charbon animal, décantant et D'après M. Gorgeu, on peut constater la pré-
distillant. On peut aussi se servir de potasse sence de l'eau dans l'alcool au moyen de la ben-
caustique ; les résultats sont excellents, mais trop zine saturée d'eau. Lorsqu'on verse sur 3 ou 4
coûteux dans la pratique. centimètres cubes de cet hydrocarbure contenus
Déshydratation de l'alcool. - Quand on veut dans un tube bouché, une goutte d'alcool aqueux
avoir de l'alcool renfermant moins de 9 % d'eau (de 65 à93 %), on le voit se troubler, avec dépôt de
et surtout de l'alcool absolu ou pur, il faut avoir gouttelettes, au fond du tube. Si l'alcool renferme
recours à des substances plus avides d'eau que moins de 7 % d'eau, il se produit seulement un
l'alcool lui-même. nuage qui disparaît lorsqu'on ajoute un excès
Le corps le plus anciennement employé pour d'alcool.
cet usage est, comme nous l'avons dit plus haut, Ces procédés ne paraissent pas très-sûrs lors-
le carbonate de potasse calciné. Ce sel est inso- qu'il s'agit de découvrir des traces seulement
luble dans l'alcool ; lorsqu'on le met en contact d'eau. M. Berthelot en a indiqué un autre qu'il
avec de l'alcool faible, il lui enlève une partie de regarde comme beaucoup plus sensible. La solu-
son eau et forme au fond du vase une couche li- tion d'alcoolate de baryte (C2H6O) 2 BaO prépa-
quide ou pâteuse. On enlève l'alcool qui surnage rée par dissolution de la baryte caustique dans
et on le met en contact avec une nouvelle portion l'alcool absolu, filtration et dissolution dans le
de carbonate, jusqu'à ce que ce sel reste solide, liquide d'une nouvelle proportion de baryte , se
après quoi l'on distille. L'alcool ainsi rectifié ren- trouble et donne lieu à un précipité d'hydrate de
ferme encore une petite proportion d'eau . Aussi baryte quand on le mélange avec un alcool ren-
emploic-t-on de préférence la chaux et la baryte fermant un peu d'eau . Pour obtenir un précipité
ALCOOL. - 107 ALCOOL.
abondant, il suffit de diriger l'haleine dans un s'enflamme . Si le noir de platine est préalable-
verre à pied renfermant une petite quantité d'al- ment humecté d'eau, l'action est modérée et four-
coolate [ Berthelot, Ann . de Chim . et de Phys . , (3), nit les produits que nous avons énumérés. Si l'on
t. XLVI, p. 180]. suspend dans la flamme d'une lampe à alcool , au-
L'alcool dissout les résines , les matières dessus et assez près de la mèche, une spirale de
grasses, les huiles essentielles, les éthers , les fil de platine et que l'on éteigne la lampe quand
alcaloides, la plupart des acides organiques et le fil est porté au rouge, il continuera à rester
certains de leurs sels. L'iode , le brome, le phoз- incandescent à la faveur de la combustion lente
phore, le soufre s'y dissolvent aussi, ces deux der- des vapeurs d'alcool (lampe sans flamme de Davy) .
niers corps en petite quantité seulement. Les car- Dans la fermentation acétique, l'alcool éprouve
bonates et les sulfates y sont insolubles , mais non une combustion lente analogue, sous l'influence
pas les chlorures. L'alcool absorbe d'un ferment particulier. Voyez VINAIGRE.
L'acide chlorique concentré provoque l'inflam-
68 volumes d'acide chlorhydrique, mation de l'alcool ; étendu , il donne naissance à
12 d'oxychlorure de carbone, de l'acide acétique.
23 - de cyanogène, L'acide chromique agit de même ; étendu , il
ainsi que des proportions considérables d'ammo- donne assez d'aldélyde pour pouvoir servir avan-
niaque et de bioxyde d'azote. tageusement à la préparation de ce corps. Souvent
L'alcool de 0,84 de densité , privé d'air, dissout : pourtant on préfère employer pour cette prépara-
tion un mélange d'acide sulfurique et de peroxyde
Acide sulfureux... 115,77 vol. de manganèse.
Hydrogène sulfure 6,06 Le chlorure de chaux, ou , ce qui revient au
Acide carbonique . 1,86 même, le chlore en présence des alcalis décom-
Protoxyde d'azote 1,53 pose l'alcool avec production de chloroforme et
Ethylène .... 1,27
Oxygène. 0,1625- dégagement d'acide carbonique. Une solution al-
Oxyde de carbone 0,143 coolique de potasse étant additionnée d'iode four-
Hydrogène ... 0,051 nit de l'iodoforme et de l'iodure de potassium .
Azote ... 0,042 Chauffé avec la chaux potassée l'alcool se trans-
forme en acétate avec dégagement d'hydrogène
M. Pelouze a remarqué que divers acides forts [Dumas et Stas, Ann. de Chim. et de Phys .,
en dissolution dans l'alcool ne sont plus capables t. LXXIII, p. 118 et 158] :
de décomposer certains carbonates. Ainsi l'acide
chlorhydrique dissous dans l'alcool absolu ne C2H6O + KHO = C² H³ KO² + 4 H.
décompose pas le carbonate de potasse ; il agit Il se forme également de l'acétate de potasse et
néanmoins sur les carbonates de baryte, de soude des matières résineuses , lorsqu'on abandonne
et de magnésie . longtemps à l'air une solution alcoolique de po-
Modes de décomposition. - Lorsqu'on fait pas- tasse.
ser la vapeur d'alcool à travers un tube de porce- L'acide azotique concentré agit fortement sur
laine chauffé au rouge, on obtient un dépôt de l'alcool, avec production de chaleur et dégagement
charbon, et il se forme de l'aldéhyde, de la naph- de gaz. Etendu , il exige l'aide d'une certaine cha-
taline, de la benzine , de l'acide phénique, de leur. La réaction est très-complexe ; il se produit
l'acide carbonique, de l'hydrogène, de l'hydrure de l'éther azotique et de l'éther azoteux, en même
de méthyle, de l'éthylène, de l'eau [ Marchand, temps qu'une partie de l'alcool est oxydée à di-
Journ. fur prakt. Chem. , t. XV, p. 7. - Rei- vers degrés en fournissant de l'aldéhyde, de l'a-
chenbach, Journ. für Chem. u. Phys ., v. Schweig- cide acétique, de l'acide formique, de l'acide
ger, t. LXI, p. 493. - Berthelot, Ann. de Chim. oxalique, de l'acide saccharique, du glyoxal , de
et de Phys., (3) t. XXXIII , p. 295] . La vapeur l'acide glyoxylique, de l'acide glycolique, de l'a-
d'alcool ne se décompose pas en passant à 300° cide carbonique. Cette oxydation de l'alcool s'o-
dans un tube rempli de fragments de porce- père très-bien en superposant dans un vase étroit
laine ; si , au contraire , le tube renferme de et profond des couches successives d'acide azo-
l'éponge de platine , la décomposition a lieu tique fumant, d'eau et d'alcool à 80° , et abandon-
avec dégagement de gaz dès 220° [ Reiset et nant pendant quelques jours à une température
Millon, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . VIII , de 20° [Debus , Ann . der Chem. u. Pharm. , t. C,
p. 280] . p. 1 , et t. CII, p. 20. - Ann . de Chim , et de Phys.,
L'étincelle électrique de l'appareil d'induction (3), t. XLIX, p. 216 , et t. LII , p. 114].
agit sur la vapeur d'alcool d'une manière analo- En comparant les formules de l'alcool avec
gue [Ad. Perrot, Compt. rend. , t . XLVII , p. 350]. celles du glyoxal, de l'acide glycolique et de l'a-
Il se forme divers hydrocarbures parmi lesquels cide glyoxylique, on comprend aisément comment
on remarque surtout l'acétylène. on passe par oxydation du premier corps aux trois
Quant au courant de la pile , il ne traverse pas autres :
l'alcool pur. L'alcool tenant en dissolution du po-
tassium ou de la potasse laisse passer le courant; C2 H6O C2 H2 O2 C2H4O3 C2H4O .
il se dégage de l'hydrogène au pôle négatif, et il Alcool. Glyoxal. Ac. glycolique. Acide
se forme de la résine d'aldéhyde au pôle positif. glyoxylique.
Actions oxydantes. - L'alcool brûle facilement Lorsqu'on ajoute de l'urée au mélange d'acide
à l'air avec une flamme très-peu éclairante, en azotique ou d'alcool , les produits nitreux sont dé-
fournissant de l'eau et de l'acide carbonique. Mé- composés par l'urée au moment de leur forma-
langé en vapeur avec l'oxygène, il détone en pré- tion, et de l'éther azotique se forme seul ou à
sence d'un corps incandescent. Lorsque sa va- peu près seul .
peur arrive en contact , mêlée d'oxygène, avec du Lorsqu'on chauffe l'alcool avec de l'acide azo-
platine ou d'autres métaux , il subit , avec for- tique et de l'argent ou du mercure, ou bien lors-
mation d'eau , d'acide carbonique , d'aldehyde , qu'on fait passer des vapeurs nitreuses dans une
d'acide acétique , d'acide formique, d'acétal , une solution alcoolique d'azotate d'argent, on obtient
combustion incomplète ; l'action est d'autant plas du fulminate d'argent ou de mercure :
énergique que le métal est plus divisé ; le noir
de platine la favorise particulièrement. Lors- · C2H6O2 Az O2 Hg = C2 Az2 Hg202 + 3H20.
qu'on verse de l'alcool en petite quantité sur du Azotite Fulminate
noir de platine , celui-ci rougit et souvent l'alcoo! de mercure. de mercure.
ALCOOL. - 108 --- ALCOOL.
Le nitrate mercurique transforme l'alcool en On est bien forcé d'admettre que l'alcool vinique
nitrate d'éthyle et de mercure [ Sobrero et Selmi, a réagi sur l'acide amyl -sulfurique :
Compt. rend., t. XXXIII, p. 67. - Gerhardt, Re- C2 H5 SO2) SO2) 02 C2H5
vue scientif. , 1852, p. 29] : H H2( chao ,
2 C2H5 Az O3 + Az² Hg308. et la deuxième réaction étant tout à fait analogue
L'acide sulfurique donne, suivant les propor- à la première, il est clair que deux molécules d'al-
tions, l'état de concentration et la température, cool interviennent dans la formation de l'éther,
de l'acide éthyl-sulfurique, de l'oxyde d'éthyle, du et que l'une commence par entrer en combinaison
sulfate d'éthyle, du gaz oléfiaut et d'autres hydro- avec l'acide sulfurique pour réagir ensuite sur
carbures. 1 l'autre molécule encore libre.
L'acide sulfurique concentré se mélange avec La présence de l'alcool libre est nécessaire, car
l'alcool, en donnant lieu à un vif dégagement de en chauffant de l'acide éthyl-sulfurique seul, à une
chaleur et en formant de l'acide éthyl-sulfurique : température qui dépasse même celle de l'éthéri-
SO2 fication , on n'obtient pas d'éther. Lorsqu'on
S O * H2 + C® H®0 = = CH . HO2 +H2O. chauffe dans un tube scellé de l'acide sulfurique
avec un excès d'alcool, il se produit de l'éther qui
L'acide étendu d'une molécule d'eau n'agit plus forme une couche dans la partie supérieure du
qu'avec l'aide d'une chaleur extérieure . Il reste tou- tube. Si , au contraire, l'acide est en excès, il ne
jours une partie de l'acide non combinée avec l'al- se forme pas d'éther.
cool, et cela se conçoit, l'acide étant de plus en Les sulfates, chauffés en vase clos avec de l'al-
plus dilué par l'eau qui se produit dans la réac- cool, l'éthérifient d'une manière plus ou moins
tion. complète. Dans quelques cas, il se produit un
Quand on distille un mélange de 1 p. d'alcool sulfate basique ; mais toujours une petite partie de
avec 1 ou 2 p . d'acide sulfurique concentré , la l'acide sulfurique paraît être mise en liberté, pour
température s'élève d'abord à 120°. A ce moment agir alors à la manière ordinaire [Graham, Chem.
il passe un peu d'alcool mélangé d'éther. A 140° Soc. quart. Journ . , t. III, p . 24. -Alvaro Reynoso,
on ne recueille que de l'éther ; à 160° , de l'éther Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t. XXVIII , p. 385.]
et de l'eau. Plus tard, la température s'élève en- Nous avons déjà dit qu'en chauffant le mélange
core, le mélange noircit et laisse dégager de l'é- d'acide sulfurique et d'alcool à une température
thylène mélangé d'acide sulfureux. Boullay a fait plus élevée que celle de l'éthérification , au mo-
voir qu'en maintenant l'acide sulfurique à 140° et ment où l'alcool n'est plus en excès, on obtient de
en y faisant arriver d'une manière continue un l'éthylène. Quand on veut préparer ce gaz , on
mince filet d'alcool , on ne recueille dans le réci- mélange 1 p. d'alcool avec 4 ou 6 p. d'acide sul-
pient que de l'eau et de l'éther, sans dégagement furique concentré, et l'on chauffe à 160 ou 180º.
d'acide sulfureux . La théorie de cette belle opé- A cette température , le mélange noircit et dégage
ration a donné lieu à de longues controverses ; de l'éthylène mélangé d'acide sulfureux , d'acide
elle a été regardée d'abord comme une sim- carbonique, d'oxyde de carbone, d'acide acétique,
ple déshydratation de l'alcool , l'alcool CH6O2 d'éther acétique, d'acide formique, d'huile de vin.
( C = 6, H = 1,08 ) perdant HO pour former On recueille le gaz après l'avoir fait passer par
l'éther CH5O ; on s'est ensuite contenté de la des flacons à trois tubulures renfermant de la po-
classer parmi celles qui sont provoquées par tasse, de l'acide sulfurique et enfin de l'eau.
les actions de contact, ou actions catalytiques, ce Lorsqu'on fait passer de la vapeur d'alcool à
qui revenait à dire qu'on en ignorait la cause, jus- 80° dans un ballon où l'on fait bouillir un mélange
qu'au moment où M. Williamson est parvenu à de 10 p. d'acide sulfurique concentré et de 3 p.
l'établir sur des bases expérimentales , en mon- d'eau, l'alcool est simplement dédoublé en éthy-
trant que l'éther renferme deux fois le radical lène et eau, et le mélange ne noircit pas. Il faut
éthyle dont on peut admettre l'existence dans toutefois laver le gaz pour retenir les vapeurs
l'alcool , et que deux molécules d'alcool con- d'alcool et d'éther qu'il peut entrainer [ Mitscher-
courent à sa formation . Selon lui, l'acide sulfu- lich, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. VII , p. 12].
rique réagissant sur l'alcool , l'acide éthyl -sulfu- L'acide sulfurique anhydre se combine avec
rique se forme tout d'abord , et à la température l'alcool absolu, en donnant naissance à du sulfate
de 140º environ, l'alcool encore libre réagit sur d'éthyle : SO2. 2 C2H5O².
l'acide éthyl-sulfurique et le transforme en acide Lorsqu'on place un petit tube contenant de l'al-
sulfurique par une réaction inverse, avec produc- cool absolu dans un vase renfermant de l'acide
tion d'oxyde d'éthyle : sulfurique anhydre, on voit, au bout d'un certain
SO2 02+ C2H5 0:=SO2 C2 H5 temps, se former dans le tube des cristaux d'acide
0. éthionique anhydre, ou sulfate de carbyle :
C2 HS.H HS H202+ C2H5
L'acide sulfurique régénéré est susceptible d'a- C² H¹. 2 SO³ ;
gir sur une nouvelle molécule d'alcool , pour il s'en produit également dans le vase , mais
former de l'acide éthyl-sulfurique, qui est décom- mélangés d'acide sulfurique anhydre, dont il est
posé à son tour, et ainsi de suite indéfiniment. difficile de les séparer. En même temps que les
Une quantité limitée d'acide sulfurique peut donc cristaux, il se produit des acides éthionique, isé-
servir à éthérifier une proportion considérable thionique, éthyl- sulfurique et sulfurique, aux dé-
d'alcool [Journ. of the Chem. Soc . , t . IV, p . 106, pens de l'eau enlevée à l'alcool.
229, 350. Philosophical Magazine, t. XXXVIII , L'acide perchlorique n'agit pas sur l'alcool
p. 350. Chemical Gazette , 1851. Ann. de comme oxydant, mais bien à la façon de l'acide
Chim. et de Phys. , (3) , t. XL, p. 98 ]. sulfurique, en l'éthérifiant .
Un fait qui donne un appui solide à la théorie L'acide phosphorique est aussi susceptible d'é-
de M. Williamson , c'est qu'en préparant de l'a- thérifier l'alcool . Mélangé avec lui à la tempéra-
cide amyl-sulfurique et en y faisant passer, à une ture ordinaire, il s'y combine en partie pour for-
température convenable, un courant d'alcool ordi- mer l'acide éthyl-phosphorique ; lorsque l'alcool
naire, on recueille d'abord de l'oxyde d'éthyle- est en excès et que la température s'élève, il se
amyle ou éther mixte éthyl - amylique ; plus tard, dégage d'abord de l'éther, puis de l'éthylène.
il ne distille plus que de l'oxyde d'éthyle, et à ce L'acide phosphorique anhydre en contact avec les
moment la cornue ne renferme plus d'acide amyl- vapeurs d'alcool absolu , se transforme en un mé-
sulfurique, mais bien de l'acide éthyl-sulfurique. lange d'acides éthyl et diéthyl-phosphorique.
ALCOOL. - 109 ALCOOL.

L'acide arsénique se comporte d'une manière distillables presque sans décomposition quand ils
analogue. sont isolés de l'excès d'alcool [Kuhlmann, Compt.
Le chlore se dissout dans l'alcool et réagit assez rend., t. IX, p . 496. - Leroy, Compt. rend.,
vivement sur lui pour qu'il puisse y avoir inflam- t. XXI, p. 371].
mation à la lumière solaire directe. Lorsqu'on Le perchlorure de fer se dissout dans l'alcool en
modère l'action au commencement , il se forme, s'échauffant; quand on distille, il passe beaucoup
avec dégagement d'acide chlorhydrique , d'abord d'acide chlorhydrique, du chlorure d'éthyle, de
un produit de déshydrogénation de l'alcool , l'al- l'oxyde d'éthyle. Le résidu renferme du peroxyde
déhyde et son dérivé l'acétal, en même temps du de fer.
chlorure d'éthyle, de l'acide acétique, de l'acétate Le bichlorure de mercure est aussi réduit par
d'éthyle, et lorsqu'on continue la réaction assez l'alcool.
longtemps, en chauffant légèrement à la fin, du Les chlorures de silicium , de titane et de bore
chloral ou hydrure d'acétyle trichloré C2H CI³ O : se transforment en éthers silicique, titanique , bo-
rique, avec dégagement d'acide chlorhydrique .
C2H6O + Cl2 = C² H¹O + 2 HCl. Le fluorure de bore, celui de silicium se com-
C2H6O + H2O + 2 C12C2H4O2 + 4 HCl . binent aussi avec l'alcool, et donnent des liquides
C2H4O3 C12 = C2 H C13 O +3 HCl. qui fournissent à la distillation de l'oxyde d'éthyle.
Le chlorure d'aluminium fournit, vers 180°, du
Le brome fournit des produits analogues : bro- chlorure d'éthyle, puis de l'acide chlorhydrique ;
mal, bromure d'éthyle, bromure de carbone, acide il reste de l'alumine.
formique, etc. Les chlorures d'antimoine donnent du chlorure
L'alcool dissout l'iode sans s'altérer d'abord ; à d'éthyle, un peu d'éther ; le résidu est formé d'oxy-
la longue, il se produit de l'acide iodhydrique et chlorure d'antimoine.
de l'iodure d'éthyle. Le protochlorure de platine porté à l'ébullition
L'acide chlorhydrique gazeux se dissout en avec l'alcool de 0,813 à 0,893 de densité, se trans-
grande quantité dans l'alcool. Lorsque la solution forme en une poudre noire détonante qui ren-
est portée à l'ébullition , elle dégage du chlorure ferme, d'après Zeise, C2 H4 PtO. La liqueur devient
d'éthyle. Le même produit se forme lorsqu'on dis- en même temps acide et répand l'odeur du chlo-
tille un mélange d'alcool et d'acide chlorhydrique rure d'éthyle.
concentré, ou lorsqu'on chauffe ce mélange dans Le bichlorure de platine distillé avec de l'alcool
un tube scellé. Si l'alcool est en excès, il se pro- de 0,823 de densité (1 p. pour 100 ) , de manière à
duit de l'éther en même temps que du chlorure réduire le liquide à 1/6e de son volume, fournit
d'éthyle Al. Reynoso , Ann. de Chim. et de de l'aldéhyde, de l'éther chlorhydrique et de l'acide
Phys., (3) , t. XLVIII , p. 385] . Il y a entre le chlorhydrique. Le résidu laisse déposer une ma-
chlorure d'éthyle et l'alcool une réaction analo- tière noire détonante et renferme en dissolution
gue à celle qui se passe dans l'éthérification par une combinaison particulière, le chlorure de pla-
l'acide sulfurique entre l'acide sulfovinique et tine inflammable de Zeise, auquel Gerhardt a
l'alcool libre : donné le nom d'acide éthylchloroplatinique . C'est
C2H5 CI + C2H5OH - C2H5.O.C2H5 + HCl. une matière gommeuse, d'un jaune de miel , so-
luble dans l'eau et dans l'alcool, mais non déli-
La plupart des chlorures métalliques agissent quescente, noircissant à la lumière. Ses dissolu-
d'une manière analogue et sont capables d'éthé- tions sont acides et se décomposent facilement.
rifier l'alcool à des températures plus ou moins D'après l'analyse du sel d'ammonium , on lui
élevées. C'est ce qui arrive pour les chlorures de attribue la formule C2 H Pt Cl2, et la réaction qui
zinc, de cadmium , de nickel, de cobalt, de cal- lui donne naissance peut être exprimée par l'équa-
cium , de strontium , les prolochlorures de fer et tion :
de manganèse, etc. La réaction peut être inter- 2 C2H6OPt Cl
prétée par les équations suivantes : = C2HPt Cl2 + C2 HO + H2O + 2HCl
2 C2H5OH + Zn Cl² = (C2H5O)2 Zn + 2 HCI . [Zeise, Poggend. Ann . , t. XXI , p. 497 et 542, et
C2H5OH + HCl = C2H5 Cl + H2O.
t . XL, p. 234].
2C2H5 C1 + (C2H5O)2 Zn = 2 C² H5 O C2H5 + 4 HCI. D'après sa composition , l'acide éthylchloroplati-
Comme pour l'acide sulfurique, la réaction n'est nique paraît être une combinaison d'éthylène dia-
pas la même lorsque l'alcool est en excès , ou tomique avec du protochlorure de platine égale-
lorsqu'il n'y en a que ce qui peut se combiner ment diatomique.
avec le chlorure : dans ce dernier cas, par exemple, Le protochlorure de phosphore réagit vivement
avec le chlorure de zinc, la combinaison cristalli- sur l'alcool, avec formation de phosphite triéthy-
sée que forme ce sel anhydre avec l'alcool absolu lique , de chlorure d'éthyle, d'acide chlorhydrique
(C2H6O)2Zn Cl2 se détruit par la distillation et d'acide phosphoreux [ Béchamp, Compt. rend.,
sèche, en fournissant de l'alcool , du chlorure t. XL, p. 944] :
d'éthyle, de l'acide chlorhydrique et de l'oxyde de 6 C2H6O2 Ph Cl³
zinc. La combinaison de chlorure de calcium et 3C2H5Cl 3 HCl + Ph 03 (C2H5)3 + Ph 03 H³ .
d'alcool (C2H6O) Ca Cl2 , également cristallisée, Le perchlorure de phosphore donne du chlorure
ne donne, quand on la distille , que de l'hydrogène
carboné. d'éthyle, de l'acide chlorhydrique et de l'oxychlo-
Quant aux chlorures susceptibles de perdre une rure de phosphore. L'oxychlorure lui-même se
partie du chlore qu'ils renferment, ils agissent transforme en phosphate triéthylique.
d'une double manière, étant d'abord réduits par Les bromures et l'iodure de phosphore agissent
l'alcool et pouvant ensuite se comporter comme les d'une manière analogue.
Le pentasulfure de phosphore transforme l'al-
protochlorures. cool en mercaptan ou alcool sulfuré, en passant
Le bichlorure d'étain distillé avec de l'alcool en
excès donne de l'éther , du chlorure d'éthyle et à l'état d'acide phosphorique ou plutôt de phos-
de l'acide chlorhydrique. Mélangé à 0° avec l'al- phate d'éthyle :
cool absolu , il entre en combinaison avec lui et 5 (C2H5OH) + Ph2S5 = 5 (C2H5 SH) + Ph²05 .
donne des cristaux qu'on peut purifier en les des-
séchant dans le vide et en les faisant cristalliser Le chlorure de cyanogène se dissout d'abord
dans un excès d'alcool . Ils renferment , d'après dans l'alcool sans décomposition. Après quelques
21. Leroy, (C2H5 C¹)² HCl , Sn O² + 1/2 H2O, et sont jours, et plus rapidement si l'alcool n'est pas ab-
ALCOOL. - 110 -- ALCOOL.
solu , ou si l'on chauffe le mélange à 80º, du lement conduit à le regarder comme formé par
chlorhydrate d'ammoniaque se dépose, et la li- l'union de ces deux corps et à le formuler
queur renferme du chlorure d'éthyle, de l'uré- C2H4.H2O.
thane et du carbonate d'éthyle :
C'est ce qui fut fait et poursuivi avec une grande
C2H6OCAz Cl + H2O rigueur de logique par MM. Dumas et Boullay,
= = Az H².CO.O C2H5 + HCl . pour tous les dérivés de l'alcool. L'hydrogène bicar-
Uréthane. boné ou éthérène était pour eux de tous points
comparable à l'ammoniaque, et c'est bien aussi ce
2 C2H6OC Az Cl + H2O qu'il est en sa qualité de radical diatomique.
= CO3 (C2H5)2+ Az HCl .
Carbonate d'éthyle . On avait ainsi :
L'alcool . C2H+.H2O.
2C2H6O + C Az Cl = Az H2.CO. O C2H5 + C2H5 Cl L'éther.. C2H4.H O1/2.
[Wurtz, Compt. rend. , t. XXII, p. 503] . L'éther chlorhydrique CH4.H CI.
Le potassium et le sodium se dissolvent dans L'éther acétique...... C² H¹.C² H& O².
l'alcool avec dégagement de chaleur et mise en
liberté d'hydrogène . Un atome de métal prend la Cette théorie eut le grand mérite d'être la pre-
place de l'atome d'hydrogène typique de l'alcool : mière à réunir systématiquement les faits connus
relativement à l'alcool. Elle fut assez rapidement
2 C2H5OH + K² = 2 C² H³OK + H². délaissée pour être remplacée par celle de l'éthyle,
L'éthylate de potassium ou de sodium formé née principalement des recherches de MM. Woh-
ler et Liebig sur l'essence d'amandes amères.
cristallise en lamelles blanches par le refroidisse- Mais elle a eu, dans ces derniers temps, la bonne
ment de la dissolution . La solution alcoolique de fortune de voir une classe particulière de compo-
potasse paraît agir dans beaucoup de cas comme sés , les pseudo-alcools, venir la rétablir sur un
si elle renfermait de l'éthylate de potasse.
Nous avons déjà mentionné en passant les fondement expérimental nouveau et donner ainsi
combinaisons cristallisées que l'alcool forme avec raison à la sagacité de ses illustres auteurs.
les chlorures de zinc et de calcium . Plusieurs La théorie de l'éthyle est celle qui a générale-
ment cours maintenant et à laquelle est emprun-
autres sels, tels que le perchlorure et le proto- tée la nomenclature la plus usuelle. Si MM. Du-
chlorure de fer, le protochlorure de manganèse, mas et Boullay avaient comparé leur éthérène à
l'azotate de chaux , l'azotate de magnésie , donnent l'ammoniaque, M. Liebig a fait voir que l'éthyle
également avec l'alcool des combinaisons définies C2H5 peut être assimilé jusqu'à un certain point
et cristallisables dans lesquelles l'alcool paraît à un métal : l'alcool est l'hydrate d'oxyde de ce
jouer un rôle analogue à celui de l'eau de cristal- métal composé ; l'éther, son oxyde anhydre ; les
lisation. Ces combinaisons sont détruites par l'eau. éthers composés sont ses sels.
Lorsqu'on chauffe avec l'alcool la plupart des
acides organiques, ils sont susceptibles de se com- Alcool C2H5O.OH.
biner avec lui en formant des éthers, avec élimi- Ether... C2H5O .
nation d'eau. Quelquefois il suffit de distiller en- Acétate d'éthyle C2H5O.C2 H³ O¹².
semble le mélange d'alcool et d'acide ; d'autres
fois, il est nécessaire de le chauffer en vase clos Les théories modernes n'ont fait que mettre
à une température plus ou moins élevée et pen- davantage en lumière cette analogie ; elles n'ont
dant un temps variable. MM. Berthelot et Péan modifié les idées reçues sur les oxydes , sur les
de Saint- Gilles ont montré que, dans ces condi- hydrates, sur les sels métalliques que pour modi-
tions, la proportion d'éther formé atteint, après fier de la même manière celles que l'on avait sur
un temps suffisant , quelle que soit la tempéra- les éthers, les alcools et les éthers composés ; ou
ture, une limite qui ne peut pas être dépassée et plutôt on peut dire que ce sont les changements
qui est déterminée sans doute par l'action décom- nécessités par l'étude plus complète de ces der-
posante que l'eau éliminée exerce à son tour sur niers corps, qui ont réagi sur les théories de la
l'éther déjà produit. En effet, en chauffant d'une chimie minérale et ont fait faire à celles-ci un
part un mélange d'alcool et d'acide acétique, par progrès considérable.
exemple, de l'autre un mélange d'eau et d'éther Quant à la théorie de l'atomicité, loin d'ébran-
acétique ayant même composition centésimale , ler la notion des radicaux née avant elle et dont
on trouve exactement dans chacun des tubes les elle a fini par sortir, elle a plutôt éclairé pour
mêmes proportions d'alcool , d'acide, d'eau et nous cette notion en nous montrant comment le
d'éther, lorsque les deux mélanges ont été chauf- groupement de plusieurs atomes se saturant réci-
fés assez longtemps . Nous ne nous arrêterons pas proquement, mais d'une manière incomplète, peut
davantage sur ces propriétés, qui n'appartiennent équivaloir à un atome unique possédant une ca-
pas en propre à l'alcool vinique, et dont il sera pacité de saturation de 1 , 2 , 3 unités ou plus .
parlé plus en détail à propos des alcools en géné- Nous terminons en donnant les formules typi-
ral. ques de Gerhardt pour l'alcool , l'éther, le chlo-
Pour déterminer la combinaison de l'alcool avec rure et l'acétate d'éthyle, et à la suite les for-
un acide, il est souvent nécessaire de faire inter- mules analogues de l'hydrate de potasse, de l'oxyde
venir l'acide chlorhydrique ou l'acide sulfurique. de potassium, du chlorure et de l'acétate de po-
Cette action de présence peut s'interpréter peut- tasse.
être par la formation transitoire, dans le cas de C2H5O
.
l'acide chlorhydrique , d'un chlorure du radical Alcool ou hydrate d'éthyle . ... H
acide, capable de réagir facilement sur l'alcool, C2H5 O
pour donner naissance à l'éther que l'on cherche Éther ou oxyde d'éthyle....... C2H5 .
à produire. Mais c'est encore là une réaction gé-
nérale des alcools sur laquelle il n'y a pas lieu de Éther chlorhydrique ou chlorure C² H5 CI.
s'étendre ici. d'éthyle
Constitution. - Lorsqu'on eut appris, par les
analyses de Saussure, que l'alcool renfermait les
Éther acétique ou acétate d'éthyle C2H5 0.
éléments de volumes égaux d'éthylène et de va-
peur d'eau C2 H + H2O, on devait être naturel- Hydrate de potasse... ho.
ALCOOLS . 111 ALCOOLS.
l'alcool. Mais c'est au beau mémoire de M. Ber-
Oxyde de potassium .... Ko.
Kj thelot que l'on doit une idée nette sur le rôle de
Chlorure de potassium... K CI. ce corps [Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ) , t . XLI,
Acétate de potasse.. p. 216]. Il s'y présente comme entièrement com-
CHO. parable à l'alcool , avec cette différence que l'al-
cool étant susceptible de se combiner avec une
C. F. molécule d'acide acétique, une molécule d'eau
ALCOOLS . - On appelle alcools une classe étant éliminée dans la réaction, la glycérine peut
de composés organiques non azotés caractérisés se combiner à 3 molécules du même acide, 3 mo-
principalement par la propriété de former avec lécules d'eau étant éliminées. La glycérine est
les acides des combinaisons neutres qu'on appelle donc à l'alcool , au point de vue de la saturation
éthers ces combinaisons se produisent toujours par les acides, ce que l'acide phosphorique, par
avec élimination d'eau. En employant la notation exemple, est, comme basicité, à l'acide acétique
typique, on voit que l'acide comme l'alcool con- ou à l'acide azotique. Elle contient 3 atomes
court à la formation de cette eau , et que la d'hydrogène typique, remplaçables par 3 radicaux
réaction peut être représentée comme l'échange, monoatomiques , et c'est ce qu'on exprime dans
dans l'alcool ou dans l'acide, de l'hydrogène ty- la notation typique en la rapportant au type eau
pique par le radical de l'acide ou de l'alcool. Pre- trois fois condensé, les 3 molécules d'eau étant
nons, par exemple, l'alcool vinique et l'acide acé- réunies par la substitution du radica! allyle
tique : C3H5 à 3 H :
C2H5 C2H3O = C2H3O H3 C3H5 ( OH
0.
H C2H5
H303, H3 } 03 ou C3H5 OH OH
La combinaison formée est susceptible de se
dédoubler sous l'influence des alcalis hydratés , Les glycols vinrent bientôt se placer entre la
en régénérant l'alcool et en formant un sel alca- glycérine et l'alcool , et montrer d'une manière
lin. éclatante l'exactitude et la généralité des considé-
Au lieu de rapporter, avec Gerhardt, les alcools rations qui viennent d'être énoncées [ Wurtz, Ann.
au type eau, on peut encore, ce qui revient exacte- de Chim. et de Phys ., ( 3) , t. LV, p . 400 ] . Outre
ment au même, les considérer comme des hydro- les alcools appelés désormais monoatomiques , et
carbures dans lesquels un ou plusieurs atomes la glycérine, alcool triatomique , on avait la série
d'hydrogène sont remplacés par une ou plusieurs des alcools diatomiques comparables , pour leur
molécules d'oxhydryle OH, résidu monoatomique capacité de saturation , à l'acide sulfurique , et
de l'eau dont on a détaché un atome d'hydrogène : susceptibles de se combiner avec 2 molécules
C2 H5.H , C2H5.OH. d'acide acétique, avec élimination de 2 molécules
d'eau. Mais les glycols et la glycérine ne sont
Hydrure d'éthyle. Hydrate d'éthyle. pas les seuls types d'alcools polyatomiques : M. Ber-
D'une manière comme de l'autre, on voit le groupe thelot a montré que la mannite et probablement
hydrocarburé jouer le rôle d'un radical, c'est-à- plusieurs autres sucres se comportent comme
dire remplacer un corps simple , si nous nous des alcools hexatomiques. Enfin M. V. de Luynes,
rapportons à la notion typique , ou former le en étudiant l'érythrite, lui a trouvé les propriétés
noyau susceptible de donner naissance, par sub- d'un alcool tétratomique. Nous ajouterons ici , pour
stitution d'un de ses atomes d'hydrogène , aux mémoire, les alcools polyéthyléniques et polygly-
divers corps de la série. cériques, qui ne sont autre chose que des anhy-
Le type de cette classe, l'alcool vinique ou sim- drides ou une sorte d'éther résultant de la con-
plement alcool (voyez ce mot), a été longtemps le densation de plusieurs molécules de glycol ou de
seul connu. La notion générale d'alcool a été in- glycérine avec élimination d'eau (Wurtz, Bull. de
troduite dans la science par MM. Dumas et Peli- la Soc. chim., déc. 1859 ; Ann. de Chim . et de
got [Ann. de Chim. et de Phys. , t. LVIII, p. 5, Phys., (3), t. LXIX, p. 317 ; Lourenço, Ann . de
t. LXI, p. 193 , et t. LXII , p. 5 ] . Ces illustres Chim. et de Phys. , (3), t . LXVII , p . 257).
savants ont fait voir dans leur beau travail sur Mais la complication ne s'arrête pas là dans la
l'esprit de bois, que l'alcool vinique n'est pas un classe des alcools. Il faut mentionner d'abord les
corps isolé et sans analogue, mais que la plupart alcools non saturés , c'est-à-dire susceptibles de
de ses propriétés se retrouvent dans l'esprit de fixer par addition directe 2 atomes monoatomi-
bois, qu'ils ont appelé en conséquence alcool mé- ques; le type en est l'alcool allylique, qui ren-
thylique. Bientôt après, l'éthal , découvert en 1823 ferme le radical allyle C3 Hs fonctionnant comme
par M. Chevreul et étudié par les mêmes chimis- monoatomique, quoiqu'il soit triatomique dans
tes, vint à son tour se ranger à côté de l'alcool d'autres combinaisons (glycérine, etc.) . L'alcool
vinique et de l'alcool méthylique. M. Cahours allylique, en fixant 2 atomes d'hydrogène, se
reconnut ensuite dans l'huile de pommes de terre transforme en alcool propylique.
les propriétés caractéristiques de la nouvelle Une autre catégorie distincte d'alcools est celle
classe de corps [ Ann . de Chim. et de Phys., qui a été découverte par M. Wurtz en étudiant
t. LXX , p. 81 , t. LXXV, p. 191 ] . A partir de le produit de la combinaison directe de l'amylène
ce moment, les alcools nouveaux se multiplièrent et de l'acide iodhydrique, et désignée par le nom
de plus en plus ; en même temps , les caractères de pseudo-alcools. Ces corps prennent naissance
de ces composés se diversifièrent. M. Cannizzaro, par l'union directe des hydrocarbures Cn H2n (sauf
par la découverte de l'alcool benzylique, montra l'éthylène et le propylène) avec l'acide iodhydrique,
que la fonction alcoolique, suivant l'expression de l'acide bromhydrique ou l'acide chlorhydrique,
Gerhardt , n'appartient pas exclusivement aux et par le traitement des iodures , bromures et
corps de la série grasse. D'un autre côté, la gly- chlorures par l'oxyde d'argent humide. Les pseu-
cérine, étudiée d'une manière plus complète , do-alcools se distinguent des alcools vrais par la
vint élargir singulièrement le cadre dans lequel grande tendance qu'ils ont à se dédoubler en hy-
on rangeait les alcools. M. Chevreul [ Recherches drocarbure CH2n et en eau , sous l'influence de
sur les corps gras, p. 320 , 445 , etc. ], MM . Dumas la chaleur et sous celle de la plupart des réactifs.
et Stas [Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXXIII , C'est ainsi que le brome, au lieu de fournir avec
p. 113 ] , MM. Pelouze et Gélis [ Ann. de Chim . et eux des corps analogues au chloral, les trans-
de Phys., (3), t. X , p. 455] avaient déjà fait forme en bromure d'hydrocarbure et en eau. Ils
ressortir certaines analogies de la glycérine avec réalisent donc d'une manière frappante la théorie
ALCOOLS . 112 ALCOOLS.
anciennement émise par MM. Dumas et Boullay peuvent être remplacés par 1 atome d'oxygène,
pour les alcools proprement dits, théorie d'après l'hydrogène typique perdant alors son caractère
laquelle ces derniers seraient des hydrates d'hy- alcoolique et prenant le caractère acide. Dans
drocarbures. Une autre différence entre les alcools l'alcool isopropylique , le groupe qui renferme
et les pseudo-alcools consiste en ce que ces der- l'hydrogène typique, pris entre deux autres grou-
niers ne fournissent pas par oxydation d'acide pes carbonés , ne renferme que HCOH ; l'oxy-
renfermant un même nombre qu'eux d'atomes de gène ne peut donc pas venir s'y substituer à
carbone. Les produits d'oxydation sont les mêmes l'hydrogène, et l'oxydation borne son action à
que ceux fournis par l'hydrocarbure lui-même . l'élimination des deux hydrogènes, celui qui est
Ce n'est pas seulement parmi les alcools mono- typique en même temps que celui qui appar-
atomiques que l'on constate des cas d'isomérie tient au radical.
pareils à ceux de l'alcool amylique et de l'hydrate Quoi qu'il en soit de ces considérations, on voit
d'amylène. M. Wurtz en a démontré l'existence qu'il est assez facile de se faire une idée des dif-
parmi les glycols : il a réussi à dériver du diallyle férences de constitution d'où résultent les diffé-
C3H5 rences de propriétés des alcools proprement dits
C3H5j et des isoalcools. Il n'en est pas de même pour les
pseudo-alcools. Nous voyons bien que l'hydrocar-
un pseudo-glycol hexylique susceptible de se trans- bure et l'eau sont liés d'une manière beaucoup
former par l'action de l'acide chlorhydrique ou de moins intime que dans les autres alcools ; que les
l'acide fodhydrique en dichlorhydrate et diiodhy- deux groupes paraissent coexister presque sans
drate. Il est probable que, parmi les alcools poly- pénétration ; mais nous n'avons jusqu'ici, dans la
atomiques que nous connaissons, plusieurs , au théorie atomique , rien qui nous fasse entrevoir
lieu d'appartenir à la série normale, font partie comment cette liaison plus lâche peut s'opérer.
de ces séries parallèles dont quelques termes sont Peut-être faut-il chercher simplement dans la
déjà connus. nature même des divers hydrocarbures isoméri-
Par l'action de l'hydrogène naissant sur les ques la raison de ces différences. C'est un problème
acétones, M. Friedel a obtenu une série d'alcools qui ne tardera sans doute pas à être résolu.
venant se placer entre les alcools proprement dits Enfin il reste une dernière série , celle des
et les pseudo-alcools. On peut les désigner par le alcools tertiaires , ainsi nommés par M. Kolbe, et,
nom d'isoalcools. Les isoalcools se rapprochent après lui, par M. Boutlerow, à qui leur découverte
des alcools vrais en ce qu'ils ne donnent pas par est due [ Bull. de la Soc. chim. , 1863, p. 587 ; 1864,
l'action du brome de bromure d'hydrocarbure t. II , p. 106 ; t. V, p. 17]. Ces chimistes distin-
CnH2n, mais bien des produits bromés répondant guent les alcools en primaires, secondaires et ter- 眼
au bromal. D'un autre côté, ils ne donnent pas par tlaires suivant le nombre d'atomes d'hydrogène
oxydation un acide renfermant le même nombre combinés directement à l'atome de carbone uni
d'atomes de carbone qu'eux ; ils régénèrent sim- au résidu OH . Il en résulte que les isoalcools se-
plement l'acétone à l'aide de laquelle ils ont été ront pour eux des alcools secondaires. Les alcools
préparés. On peut dire que les acétones sont les tertiaires se produisent par l'action des combi-
aldéhydes de ces alcools. naisons organo-métalliques du zinc sur les chlo-
Il est facile, dans la théorie atomique , de se re- rures des radicaux des acides organiques mono-
présenter par des formules les différences qui basiques et par l'action de l'eau sur le produit
existent entre les alcools et les isoalcools. Pre- formé. M. Boutlerow admet que le zinc enlevant au
nons, par exemple, l'alcool vinique et l'alcool iso- radical CnH2n-10 son oxygène, les deux molécules
propylique. Le premier, d'après ce que nous de radical alcoolique unies au zinc se substituent
avons dit plus haut, est à l'atome d'oxygène. Il se forme ainsi , par
H exemple, par l'action du zinc-méthyle sur le chlo-
ό rure d'acétyle, l'alcool pseudo-butylique tertiaire
C2H5OH ou H-С-H ou alcool méthylique trimethylé :
H-Ć-H CH3
он.
(c )on
Quant au second, l'acétone étant, d'après ses On voit que les alcools tertiaires ne diffèrent
divers modes de synthèse et d'après ses réactions, des alcools ordinaires, au moins d'après ces for-
H mules, que par la nature de l'hydrocarbure qu'ils
H-C-H renferment, hydrocarbure qui, au lieu d'appar-
CH3.CO.CH3 ou tenir à la série normale, dans laquelle un atome
de carbone n'est jamais saturé par plus de deux
H-C-H autres, renferme, au contraire, 1 atome de car-
й bone saturé par 3 atomes de carbone. Par
oxydation, ils se scindent en produisant des mo-
il est extrêmement probable que la constitution lécules dont la teneur en carbone est moindre que
de l'alcool isopropylique qui en est dérivé, et qui celle de l'alcool.
est susceptible de la régénérer par oxydation , est On a souvent réuni aux alcools des corps qui mé-
H ritent peut-être plutôt de former une classe à part:
H-C-H ce sont les phénols , dont le type est le corps qui
H-C -O-H a eté appelé acide phénique et alcool phénique. Ce
double nom suffit déjà pour montrer le carac-
H-C-H tère indécis de ces composés. Ils appartiennent à
н la série aromatique et renferment tous le noyau
hydrocarboné C6H6 qui , d'après la belle théorie de
L'inspection de cette formule permet d'entrevoir M. Kekulé, fournit par substitution tous les termes
pourquoi les isoalcools ne donnent pas d'acide et de cette série [Bull. de la Soc. chim. , 1865 , t. III,
régénèrent simplement l'acétone. On voit que, p. 98 , etc. ] . On peut admettre que c'est ce même
dans l'alcool vinique, il existe un groupe H2COH noyau qui imprime, par sa liaison immédiate
qui renferme l'hydrogène typique. C'est dans ce avec l'oxhydryle OH, à l'hydrogène typique des
groupe que, par oxydation , 2 atomes d'hydrogène phénols, ses propriétés particulières. On com-
ALCOOLS. 113 - ALCOOLS .
prend ainsi la différence complète qui existe entre Tous les alcools, de même que les phénols,
l'alcool benzylique et le crésol ou phénol crésy- peuvent échanger leur hydrogène typique contre
lique, dont le premier est un véritable alcool : certains métaux ; c'est ce qui a lieu, avec déga-
C6H6 (6H5 OH gement d'hydrogène, lorsqu'on met en contact un
Benzine. Phénol. alcool avec du potassium ou du sodium :
CHCH S 2C2H5OH + K² = 2C2H5 OK + H2.
C6H5.C H2 ( OH
{ OH Le composé formé est généralement cristallin
Alcool benzylique. Crésol. et médiocrement soluble dans l'alcool qui reste en
Ces formules expriment que dans l'alcool ben- excès. On ne parvient pas à dissoudre un équi-
zylique, l'oxhydryle est lié à la chaîne latérale valent de sodium dans un équivalent d'alcool . Il
méthyle qui se rattache elle- même au noyau ben- est indispensable d'ajouter un excès d'alcool assez
considérable et souvent encore de chauffer à la
zine , au lieu d'être immédiatement en contact
avec ce noyau. fin. Lorsqu'on veut avoir la combinaison (alcoo-
Les phénols, ainsi que le rendent évident les late) sèche, on chasse l'excès d'alcool par distil-
formules que nous venons d'indiquer , ne sont lation.
pas susceptibles de donner par oxydation un acide Lorsqu'on opère sur un glycol, le premier
qui leur corresponde, comme l'acide acétique cor- atome d'hydrogène typique est assez facilement
respond à l'alcool vinique. Ils n'ont pas non plus remplaçable ; quant au second, il est nécessaire,
d'aldehydes. pour arriver à l'éliminer, de chauffer fortement le
Après ce rapide aperçu , nous allons revenir vase dans lequel se fait la réaction :
en quelques mots sur un certain nombre de C2 H. O2 H2 + Na² = C² H. O² Na² + H².
réactions générales des alcools Avant la dé- Glycol. Glycol disodé.
couverte des pseudo et des iso-alcools , nous au- Ces combinaisons métalliques des alcools sont
rions pu ajouter à la caractéristique de la fonc- employées dans beaucoup de réactions : ce sont
tion alcoolique la transformation par oxydation elles qui ont permis à M. Williamson de préparer
en un acide renfermant un atome d'oxygène à la pour la première fois les éthers mixtes, par la
place de deux atomes d'hydrogène de l'alcool. réaction de l'iodure d'un radical alcoolique, sur
Cette transformation s'effectue d'ordinaire en deux la combinaison sodée d'un autre :
temps : d'abord, deux atomes d'hydrogène sont
enlevés, et il se produit une aldéhyde ; puis l'al- C2H5I + C5H11 . ONa = NaI + C2H5OC5H11 .
déhyde elle-même fixe un atome d'oxygène pour lodure Amylate de Oxyde
se transformer en acide. Il est clair que, pour les d'éthyle . soude . d'éthylamyle.
alcools polyatomiques , l'oxydation pourra aller Il nous reste à parler des combinaisons des
plus ou moins loin et fournir autant d'acides dif- alcools avec les radicaux d'acides , ou éthers, t
férents que l'alcool renferme d'atomes d'hydro- combinaisons que nous avons déjà mentionnées
gène typique : comme caractéristiques pour cette classe de corps .
C2H5OH + 0 = C² H³O . H + H2O. Les éthers simples, comme on les a appelés
Alcool. Aldehyde. longtemps, ou combinaisons des radicaux alcoo-
liques avec le chlore, le brome , l'iode, se prépa-
C2H3O.H + 0 = C² H³O.OH . rent par l'un des procédés suivants : pour le chlore,
Aldehyde. Ac. acétique . la saturation de l'alcool par l'acide chlorhydrique C
C² HO2 H2 + O2 = C2H2O.O²H² + H2O. et la distillation du mélange ; quelquefois la sim-
Glycol. Ac. glycolique . ple distillation avec l'acide chlorhydrique aqueux ;
C2H4O2 H2O = C20² . O² H2 + 2 H2O. quelquefois encore une digestion prolongée en
Glycol. Ac. oxalique. vase clos à une température élevée du mélange
C3H503 H3 + 0² = C³ H³O . 03 H3 + H2O. d'alcool et d'acide en dissolution concentrée :
Glycérine. Ac. glycérique. C2H5OH + HCl = C² H³ Cl + H2O.
Alcool. Chlorure
Par une réaction inverse, les alcools peuvent d'éthyle.
être dérivés des aldehydes, soit par l'action de la Quand il s'agit d'alcools polyatomiques, l'acide
potasse (Cannizzaro), chlorhydrique ne suffit pas pour enlever tout
2C7H5O.H KHO = C7H5O . OK + C7H7 OH, l'hydrogène typique (à l'état d'oxhydryle) ; pour
Hydrure de Benzoate de Alcool le glycol, par exemple , on obtient simplement la
benzoile. potasse. benzylique. monochlorhydrine :
soit par celle de l'hydrogène naissant dégagé par C2H4.02 H2 + HCl == C² H OH CI + H2O.
l'action de l'eau sur un amalgamne de sodium Glycol. Chlorhydrine
(Wurtz et Friedel ) : du glycol .
Si l'on veut obtenir la dichlorhydrine, ou chlo-
C2H3O . H + H2 = C2H5OH. rure d'éthylène, il faut avoir recours au perchlo-
Aldehyde. Alcool. rure de phosphore :
Nous avons déjà dit que les pseudo et les iso- C2H4.02 H2 + 2Ph C15
alcools, de même que les phénols, ne fournissent Glycol.
pas d'acides dérivés d'une manière aussi simple. = C2H4Cl2 + 2Ph O Cl³ + 2HCI.
Les alcools proprement dits, ou plutôt leurs Chlorure .
azotites, et les phénols peuvent être obtenus par d'éthylène .
l'action de l'acide azoteux sur les amines corres-
pondantes : Pour les éthers bromhydriques et iodhydriques,
on les obtient d'ordinaire par l'action du bro-
C3H7 AzAz2O3 = C² H5 Az O2 + H2O + 2Az. mure ou de l'iodure de phosphore sur les alcools.
Éthylamine. Azotite d'éthyle. La manière la plus simple de les préparer consiste
2C6H7 AzAz2032C6H6O + H2O + 4Az. à ajouter successivement par petites portions
Aniline. Phénol . dans l'alcool le brome ou l'iode et le phosphore,
en ayant soin de chauffer ou de refroidir suivant
[S. W. Hoffmann , Ann. der Chem. u. Phys., l'intensité de la réaction. Lorsque le mélange ne
t. LXXV, p. 356 ; T. S. Hunt, Sill. Am. Journ., se décolore plus, ou lorsqu'on lui voit émettre des
nov. 1849.j fumées intenses bromhydriques ou iodhydriques,
I- 8
ALCOOLS. - 114 - ALCOOLS .
on distille, on ajoute un peu de brome ou d'iode donc une limite à l'éthérification d'un mélange
s'il y a du phosphore dans le produit, on lave et d'alcool et d'acide. MM . Berthelot et Péan de
on rectifie. M. Personne a conseillé de remplacer Saint-Gilles ont reconnu que cette limite est
le phosphore ordinaire par le phosphore rouge, constante, ou à peu près , pour un mélange à
dont l'emploi est surtout avantageux pour les équivalents égaux d'alcool et d'acide, et qu'elle
éthers bromhydriques. est comprise entre 66 et 72 % ; elle a été trouvée
Les éthers simples régénèrent les alcools aux- de 60 pour l'alcool mentholique C10 H20 O, de 71,4
quels ils correspondent, lorsqu'on les traite par la pour l'alcool campholique C10H18 O, de 63,3 pour
potasse aqueuse ou par l'oxyde d'argent hydraté ; l'alcool benzylique CnH2n- O, de 61,3 pour l'al-
mais quelquefois la réaction est ou difficile ou cool cholestérique. Quant aux alcools polyato-
trop vive, et au lieu d'employer la voie directe, miques, leurs limites d'éthérification ne s'éloi-
il est préférable de transformer d'abord l'éther gnent pas sensiblement de celles des alcools
iodhydrique ou bromhydrique en un éther orga- monoatomiques : la glycérine a donné comme
nique, l'acétate par exemple, ce qui se fait par limite 69,3, le glycol 68,8, l'érythrite 69,5. La
l'intermédiaire de l'acétate d'argent ou de l'acétate limite ne change pas non plus quand , au lieu
de potasse : d'un acide monobasique, on emploie un acide poly-
C2H4 Br2 + 2C² H³ O. OK basique, pourvu que l'on compte l'acide biba-
Bromure Acétate sique , par exemple , comme équivalent à deux
d'éthylène. de potasse. molécules d'acide monobasique.
Quand, au lieu de s'en tenir aux mélanges à
== 2K Br + C² H. O² ( C² H³ O )². équivalents égaux, on augmente le nombre de
Glycol diacétique. molécules d'alcool, par exemple, la limite change
et s'élève ; elle croît ainsi avec le rapport du nom-
L'acétate se saponifie mieux que le bromure. bre des équivalents d'alcool à celui des équiva-
Cette réaction donne en même temps le moyen lents d'acide , et tend vers la combinaison totale.
de passer d'un éther simple à un éther composé. Il en est de même quand la proportion d'acide
Les éthers composés peuvent être obtenus par croit par rapport à celle de l'alcool ; la limite
diverses réactions, outre celle que nous venons de d'éthérification s'élève en même temps.
mentionner : La présence de l'eau, au contraire, abaisse la
1. Action du chlorure du radical acide sur limite, comme on pouvait s'y attendre , puisqu'elle
l'alcool : est le corps décomposant.
Lorsque le mélange, au lieu d'être liquide, peut
C2 H3 O. CI + C² H5OH = : HCI + C2H5O ( C² H³ O) . prendre la forme gazeuse à la température à la-
Chlorure Alcool. Acétate d'éthyle. quelle on opère, la limite n'est pas la même que
d'acétyle. pour l'état liquide : la combinaison entre l'alcool
et l'acide va d'autant plus loin que l'état de dila-
2. Distillation du mélange d'un sel de l'acide tation est plus considérable.
avec un sel de l'acide sulfoconjugué de l'alcool : Une conséquence qui résulte de l'existence
C2 H3 O.OK + SO2.02 C2 H5 K même de la limite, et qui a été vérifiée par l'ex-
Acétate périence, c'est qu'un mélange d'éther et d'eau est
Éthylsulfate de réciproque d'un mélange d'alcool et d'acide de
de potasse. potasse.
même composition centésimale ; les deux tendent
= C2H3O.OC² H5 + SO² . O² K2. vers la même limite.
Acétate d'éthyle. M. Berthelot a tiré de ce long travail une con-
séquence remarquable au point de vue de la
3. Action de l'acide chlorhydrique gazeux sur diagnose des alcools. Étant donné un corps ayant
un mélange d'alcool et d'acide ; on peut admettre le caractère alcoolique, pour déterminer son équi-
qu'il y a, dans ce cas, formation transitoire par valent, on peut le chauffer avec un poids connu
l'action de l'acide chlorhydrique sur l'acide orga- d'acide si l'on a employé des quantités d'alcool
nique du chlorure du radical acide et réaction de et d'acide réellement équivalentes , c'est-à-dire
ce dernier sur l'alcool. deux molécules d'acide monobasique pour un
4. Distillation d'un mélange d'alcool et d'acide glycol , etc., on trouvera de 60 à 70 % d'acide
avec addition d'acide sulfurique, ou encore d'al- éthérifié. Dans le cas contraire , on se serait
cool, d'un sel de l'acide organique et d'acide sul- trompé sur la valeur de la molécule alcoolique.
furique . Malheureusement ce genre d'essai ne peut s'ap-
5. Enfin, la plupart des acides chauffés avec les pliquer aux alcools qui présentent des phéno-
alcools à des températures plus ou moins élevées mènes spéciaux de déshydratation ou d'hydra-
se combinent avec eux, avec élimination d'eau. tation, comme la plupart des principes sucrés.
L'éthérification directe a été étudiée d'une ma- Quant aux phénols , ils n'obéissent pas aux
nière approfondie, dans ses diverses circonstan- mêmes lois que les alcools. L'éthérification directe
ces , par MM. Berthelot et Péan de Saint- Gilles a lieu, mais la limite est beaucoup moins élevée
[ Ann. de Chim. et de Phys . , (3 ), t. LV, p. 385 , que pour les alcools (phéno! et acide acétique, do
t . LVI, p. 1 , t. LVIII, p. 225, 360, etc. ] . Nous ne 7 à 9 % ) ; de plus elle varie avec les acides em-
pouvons pas ici nous étendre sur ces recherches ployés.
dont il sera fait une mention plus étendue à l'ar- MM. Friedel et Crafts ont montré que les
ticle ETHERIFICATION. Il est nécessaire cependant alcools chauffés en présence d'un éther composé
d'indiquer ici les principaux résultats de ce tra- peuvent échanger avec ce dernier le radical
vail. qu'ils renferment ainsi, par exemple, l'acétate
Lorsqu'on met en présence un acide et un d'éthyle, chauffé avec l'alcool amylique, se trans-
alcool, la combinaison s'effectue avec une rapidité forme partiellement en acétate d'amyle [Bull. de
plus ou moins grande qui dépend de la tempé- la Soc. chim., 1864, t. II, p. 100] . Réciproquement,
rature. Elle n'est d'ailleurs jamais complète . En l'acétate d'amyle, chauffé avec de l'alcool vinique,
effet, en même temps qu'il se produit un éther, fournit une certaine quantité d'acétate d'éthyle.
il y a de l'eau éliminée. Cette cau exerce une Cette action est surtout marquée pour les éthers
action décomposante sur l'éther déjà formé. Il facilement décomposables par l'eau, comme les
y a donc à chaque instant deux actions con- éthers oxaliques.
traires ; lorsque l'éthérification a atteint un cer- Il ne nous reste plus qu'à énumérer les prin-
tain point, ces deux actions se balancent. Il y a cipaux alcools connus.
ALCOOLS. - 115 - ALCOOLS .
Phénol ? C" H2n- 120.
1. ALCOOLS APPARTENANT A LA SÉRIE NORMALE. Alcool naphtylique... C10H8O
(Griess , 1863 ; Dusart , Wurtz ,
Monoatomiques. 1867 ).
1. Série CnH2n +20 ( série grasse).
Alcool méthylique ou hydrate de méthyle CH O Alcools diatomiques ou glycols.
(Taylor, 1812, Dumas et Peligot, 1835).
Alcool vinique, hydrate d'éthyle ... C2H6O . 1. Glycols C" H2n + 20².
Alcool propylique, hydrate de trityle C³ HO
(Chancel, 1852 ) . Ethylglycol, hydrate d'oxyde d'éthy-
Alcool butylique, hydrate de tétryle C4H10O lène... C2H6O2
(Wurtz, 1852). (Wurtz, 1856 ) .
Alcool amylique, hydrate de pentyle C5 H12O Propylglycol, hydrate d'oxyde de
(Scheele , 1785 , Cahours et Ba- propylène . C3 H8 O2
lard, 1830 ) . (Wurtz, 1856 ).
Alcool caproique, hydrate d'hexyle C6H14O Butylglycol, hydrate d'oxyde de bu-
(Faget, 1852 ). tylène... C+H10 02
Alcool cenanthylique, hydrate d'hep- (Wurtz , 1856 ).
tyle... CH160 Amylglycol, hydrate d'oxyde d'amy-
(Faget, 1862). lène .. C5 H12O2
Alcool caprylique, hydrate d'octyle C8H18O (Wurtz, 1856 ) .
(Bouis, 1851 ) . Hexylglycol, hydrate d'oxyde d'hexy-
Alcool rutique ou caprique, hydrate lène C&H14O2
de décyle..... C10 H22 O.
(Wurtz, 1864 ).
Alcool cétylique, éthal, hydrate de Caprylglycol, hydrate d'oxyde d'oc-
cétyle .... C16H24 O tylène . C8H18 02
(Chevreul, 1823 , Dumas et Pe- (de Clermont, 1865 ) .
ligot, 1836 ).
Alcool cérotique ou cérique, hydrate La saligénine peut être classée à la suite des
de céryle .. C27 H56 O
glycols, auxquels elle se rattache en sa qualité de
(Brodie, 1848 ). composé diatomique. Sa nature n'est pas encore
Alcool myricique, hydrate de myri- parfaitement connue ; toutefois il paraît assez
cyle.. C30 H620
probable qu'elle contient un atome d'hydrogène
(Brodie, 1848 ). alcoolique et un autre atome d'hydrogène phé-
2. Série C H2n O. nolique. Elle serait l'alcool correspondant à l'un
Alcool acétylénique . C2H4O des acides oxybenzoïques et ferait partie d'une
(Berthelot, 1860 ) . classe de composés intermédiaires entre les glycols
Alcool allylique, hydrate d'allyle C3H6O et les phénols diatomiques.
(Cahours et Hofmann , 1856 ). L'alcool anisique s'y rattache de près, en sa
3. Série CnH2n -20. qualité d'éther méthylique d'un alcool correspon-
dant également à un acide oxybenzoïque.
Alcool campholique , camphre de
Bornéo.... C10 H18O C7H8 02
Saligénine...
(Pelouze, 1840 ) . (Piria, 1845 ).
4. Série CnH2n -60 ( série aromatique ) . Alcool anisique..... C8 H10O2
Alcool benzylique, hydrate de ben- (Cannizzaro et Bertagnini, 1855) .
zyle.... C7 H8 O
2. Phénols diatomiques : CnH2n -60 ) ².
(Cannizzaro , 1853 ) .
Alcool toluique ou tollylique..... C8H10O Pyrocatéchine et ses isomères, résor-
(Cannizzaro, 1853). cine ( Hlasiwetz et Barth, 1865) et
Alcool cuminique , hydrate de cu- hydroquinone (?).. C6 H6O2.
myle ... C10 H14O Orcine (Robiquet , 1829) et son iso-
(Kraut, 1854 ). mère, l'hydrure de gaiacyle (Pelle-
Alcool sycocérique, hydrate de syco- tieret Deville) (?) ……. C7 H8 O2
céryle... C18 H30 O ẞ Orcine ( Stenhouse , 1848 ) et son
(Warren de la Rue et H. Muller, isomère la créosote ( Hlasiwetz,
1859). 1858 )...... C8 H10 O2
5. Série CnH2n-80.
Alcool cinnamique, styrone, hydrate Alcools triatomiques .
de cinnamyle ( Simon, 1839 ) ... C9 H10 O
Cholestérine.... C26 H44 O
(Conradi, 1775). Série CnH2n + 203.
Glycérine C3 H8 03
A la suite de ces alcools, on peut placer les (Scheele 1779 ; Berthelot) .
phénols, qui sont, à partir du deuxième , isomé- Amylglycérine ... C5H10 03
riques avec les alcools de la série 4, CnH2n--60 : (Bauer).
6. Phénols CnH2n-60 . Phénols triatomiques :
Phénol ou hydrate de phényle ..... CHO Série CnH2n-603.
(Laurent, 1841 ). Phloroglucine ( Hlasiwetz), pyro
Crésol ou hydrate de crésyle....... CHO gallol ou phénol pyrogallique .... C6H6O3
(Williamson et Fairlie, 1854).
Phlorol....... C8H10O Série CnH2n- 14 03.
(Hlasiwetz, 1857 ) .
Thymol ou hydrate de thymyle.... C10H14 O Alizarine ou phénol alizarique ( Colin
ct Robiquet ) . C10 H6 03.
(Arppe, 1846).
― 116 - ALCOOLS .
ALCOOLS .
Alcool pseudohexylique ... C6H14O
Alcools tétratomiques . CnH2n + 204. (Boutlerow , 1866 ) .
Alcool pseudoctylique... ... C8H18 O
C3H8O4 (Boutlerow , 1866 ).
Propylphycite ..
(Carius , 1865 ) . V. ALCOOL SILICÉ .
CH10 O
Érythrite
(V. de Luynes , 1862). Hydrate de silicononyle ....... Si C8H20 O.
(Friedel et Crafts, 1865 ) . C. F.
Alcools hexatomiques . CnH2n + 206.
ALCOOLS ( FABRICATION INDUSTRIELLE DES ). -
Mannite ( Prout, 1806 ) et dulcite ou mélampy- Les applications de l'alcool, soit concentré, soit plus
rine ( Hunefeld , 1836 , Berthelot) . C6H14 06. ou moins étendu d'eau , étant très-nombreuses et
On peut ranger à la suite de ces corps la glu- variées ( par exemple , dans l'économie domes-
cose (Lowitz, 1792 ; Prout, 1802 ) et l'inosite ou tique, pour la fabrication des liqueurs , des par-
phaséomannite ( Scheerer, 1850 ) C6H12O6, qui fumeries, des vernis , pour la préparation du vi-
paraissent également hexatomiques , la pinite naigre et d'une multitude de produits chimiques
(Berthelot , 1855 ) et la quercite ( Braconnot , et pharmaceutiques ) , la fabrication de l'alcool en

1849 ) C6H140 , dont l'atomici est encore moins grand constitue une industrie considérable et im-
bien établie , etc. portante.
Ces composés appartiennent peut-être à la Pendant longtemps l'alcool n'était obtenu que
série des pseudo -alcools. par la distillation des boissons fermentées , et
principalement du vin , soumis à une distillation
II. PSEUDO-ALCOO LS. ménagée ; l'alcool ayant un point d'ébullition
inférieur à celui de l'eau distille d'abord et l'on
recueille des eaux- de - vie renfermant de 40 à
Monoatomiques . CnH2n + 20 . 50 % d'alcool. La rectification ou distillation
Hydrate de butylène .. CH10O répétée des eaux-de-vie produit des esprits conte-
(de Luynes, 1863 ). nant une bien plus forte proportion d'alcool (jus-
Hydrate d'amylène ... C5H12O qu'au delà de 90 % ). Mais, même dans les appa-
(Wurtz, 1862 ) . reils les plus perfectionnés, il est difficile d'obtenir
te
Hydra d'hex ylène .... C6H14 O un alcool de plus de 92 %, puisqu'à la tempéra-
(Wanklyn et Erlenmeyer, 1863 ) . ture d'ébullition de l'alcool absolu , 78° , l'eau
CnH2n O. se vaporise en quantité notable et se condense avec
les vapeurs alcooliques . Aussi un alcool de 95 %
Pseudo-alcool diallylénique ...... C6H12O distille-t-il sans aucune modification . Pour enle-
(Wurtz, 1864 ). ver les dernières proportions d'eau, il faut avoir
Menthol.... C10H20 O recours à des substances telles que la chaux vive,
(Walter, 1839 ; Oppenheim ) . le carbonate potassique, qui se combinent à l'eau
et la retiennent à la température de distillation .
Diato mique s . Cn H2n+20². Presque tous les liquides sucrés que la nature
Pseudoglycol hexylique ou dihy- nous offre dans les racines, les tiges ou les fruits
drate de diallyle.... C6 H14 O2 des végétaux, sont susceptibles de fermentation
(Wurtz, 1864 ). alcoolique, dans les conditions convenables de
température et de dilution avec de l'eau. Un
III. ISO-ALCOOLS OU ALCOOLS SECONDAIRES. sirop sucré concentré ne peut guère fermenter, et
d'ailleurs l'alcool, une fois produit en certaine
Monoatomiques . CnH2n +20. quantité, agissant comme substance antiseptique ,
C3 H8O arrêterait toute espèce de fermentation . Dans une
Alcool isopropylique .... liqueur fermentée , l'alcool se trouve donc tou-
(Berthelot , 1860 ; Friedel, 1862 ; jours délayé dans une grande quantité d'eau, et,
Erlenmeyer, 1863 ) . pour l'en isoler, il est indispensable d'avoir re-
Alcool isoamylique..... C5 H12 O
cours à la distillation .
(Friedel, 1866) . Mais l'industrie de l'alcool n'est pas réduite a
Cn H2n-14 0 . utiliser comme matière première simplement les
C13 H12O produits sucrés naturels. La fécule, l'amidon et
Benzhydrol même la cellulose peuvent être convertis en glu-
(Linnemann , 1863 ) . cose, soit par l'action des acides minéraux, soit
Diatomiques. Cn H2n + 20². par l'influence de la diastase (orge germée) ; il en
Pinakone .. C6H14 O2 résulte que la plupart des substances végétales
(Fittig, Staedeler , Friedel) . amylacées ou féculacées peuvent également servir
comme matières premières à la fabrication de
Cn H2 . -30 02. l'alcool.
Benzo-pinakone ..... C26H22 02 Cette fabrication présentera donc, dans la ma-
jorité des cas, trois phases très-distinctes :
(Linnemann, 1863 ) . 1. Préparation d'une liqueur sucrée fermentes-
On peut ajouter ici l'hydroben oine, cible;
obtenue par M. Zinin , par ' ac- II. Fermentation de cette liqueur ;
tion de l'hydrog ène naissant ser III. Séparation de l'alcool de la liqueur fermen-
l'hydrure de benzoile et qui pos- tée au moyen de la distillation.
sède probablement les mêmes ca- Nous nous occuperons d'abord des deux pre-
ractères que les précédents...... C141402 mières phases, que nous examinerons ensemble ,
puisqu'elles reposent principalement sur des trans-
formations chimiques proprement dites , tandis
IV. ALCOOLS TERTIAIRES. que la troisième phase est plutôt une question d'ap-
pareils et d'applications de principes physiques.
CnH2n +20. A. PRÉPARATION D'UNE LIQUEUR FERMENTES-
Alcool pseudobutylique tertiaire .... CH10O CIBLE ET FERMENTATION .
(Boutlerow , 1864 ) . 1° EMPLOI DES CÉRÉALES. -- Les céréales qu'on
ALCOOLS . 117 - ALCOOLS .
utilise le plus fréquemment sont le froment et le entre par D et ressort en E, pour rafraichir le
seigle, associés à l'orge germée. Là où l'on cul- moût. On fait enfin écouler ce dernier par le
tive beaucoup d'épeautre ou de mais, ces derniers grand robinet C; on rince le macérateur avec de
remplacent le blé. Les grains non germés doivent l'eau tiède et l'on ajoute les eaux de lavage au
être concassés et même moulus d'autant plus fins moût.
qu'ils sont plus durs ou d'une texture plus serrée.
L'orge maltée, qu'on peut employer verte et hu-
mide ou aussi préalablement desséchée, est sim-
plement écrasée. Il est utile de laisser la germi-
nation se développer un peu plus que cela n'a
lieu ordinairement pour la fabrication de la bière.
L'orge maltée perd à la vérité un peu plus de
poids, mais il se forme par contre une plus forte
proportion de diastase et la saccharification de-
vient plus facile et plus complète. Sur 100 p. de
farines de céréales, on ajoute 15 à 25 % d'orge
maltée, séchée à une température entre 40° à
60° c. Suivant qu'on opère à l'eau chaude ou à la
vapeur, ce qui est bien préférable, on procède de
deux manières différentes.
Saccharification à l'eau chaude. - Pour ne
pas obtenir des liqueurs sucrées trop étendues, B
il est indispensable de procéder au mouillage ou
trempage des matières en employant le moins D
d'eau possible, d'une température de 50° à 60°,
tout en obtenant un empâtement très-homogène.
Le brassage, qui exige beaucoup de force, se fait
dans de grandes cuves en bois, dites cuves ma-
tières, soit à bras d'homme au moyen d'usten-
siles appelés fourquets, soit par des moyens mé-
caniques. On couvre la cuve et on laisse reposer Fig. 8. Macérateur de Lacombe.
pendant une demi-heure, pour que l'hydratation
puisse devenir complète. Dans cette opération le
poids de l'eau représente environ une fois à une La formation d'une petite quantité d'acide lac
fois et demie celui des céréales employées. tique pendant la macération paraît plutôt favo-
On ajoute ensuite graduellement et par por- rable que nuisible ; on a de même préconisé l'ad-
tions successives en brassant continuellement avec dition d'un peu d'acide phosphorique et de 1/50
le plus grand soin, pour délayer la matière d'une de levûre de bière. Cette dernière en se délayant
manière bien uniforme, suffisamment d'eau bouil- dans la masse paraît provoquer plus tard une fer-
lante pour que le tout arrive à la température de mentation plus énergique et plus complète et la
65° à 70°. On couvre ensuite la cuve et on laisse production d'une plus forte proportion d'alcool.
la réaction s'accomplir, ce qui exige 2 à 3 heures. Le moût ou métier obtenu d'après l'un ou l'autre
La diastase réagissant sur la matière amylacée la procédé peut être soutiré avant la fermentation
transforme rapidement en glucose et en dextrine. du marc, qui, renfermant la majeure partie des
La matière, de blanchâtre, mucilagineuse et d'un principes azotés, des matières grasses, des phos-
goût fade qu'elle était , devient promptement phates terreux et grains, constitue, après expres-
fluide, translucide, d'une nuance plus foncée, d'une sion , un aliment très - favorable à l'élève des
saveur sucrée et d'une odeur de pain agréable. Le bestiaux. Mais souvent aussi on laisse le marc
liquide sucré ainsi obtenu constitue le moût, et, dans le moût pendant la fermentation.
si l'on a bien opéré, la proportion d'eau employée Quoique la diastase ne transforme jamais la
ne dépasse pas trois fois et demie à quatre fois le matière amylacée intégralement en sucre, et que
poids des matières sèches. le moût contienne toujours une quantité notable
La saccharification ayant été achevée , on ra- de dextrine, il paraît cependant que pendant la
mène le moût à la température favorable à la fermentation , et à mesure que le glucose se dé-
fermentation en le rafraîchissant, soit par le pas- double en acide carbonique et alcool, la dextrine
sage sur des bacs réfrigérants, soit par l'addition se transforme à son tour en sucre et subit la fer-
d'une certaine quantité d'eau la plus froide pos- mentation alcoolique. Il en résulte que dans les
sible. opérations bien conduites, la proportion d'alcool
Saccharification à la vapeur.- La saccharifi- obtenue doit correspondre approximativement à
cation à la vapeur présente de notables avantages. celle de la matière amylacée.
On peut mieux régler les proportions d'eau et les Fermentation. Les moûts sont souvent mé-
températures convenables. En France et en Bel- langés avec les vinasses d'une opération précé-
gique, on se sert fréquemment du macérateur de dente de manière à ce que 100 kil. de matière
Lacombe , dont la figure 8 donne une idée suffi- farineuse fournissent environ 7 à 8 hectolitres de
sante. liquide.
On introduit dans A les farines de céréales, On a ordinairement recours à la levûre de
l'orge germée et l'eau tiède, et l'on fait fonctionner bière pour faire partir les fermentations ; une
l'agitateur. fois en train, on les entretient soit par le ferment
Au bout de 15 à 20 minutes, on fait entrer la engendré dans l'acte même de la fermentation,
vapeur par E dans le double fond B, et l'on élève soit par des liquides en train de fermenter ; on
graduellement la temperature vers 65° tout en ajoute cependant de nouveau de la levûre lorsque
continuant à brasser. L eau de condensation s'é- les opérations ne paraissent pas présenter une
coule en D. On laisse reposer une demi-heure à marche assez régulière. Les mousses trop abon-
trois quarts d'heure, on agite de nouveau et l'on dantes sont quelquefois rabattues par l'addition
admet au besoin encore un peu de vapeur. On con- d'un peu d'huile ou d'eau de savon . La tempéra-
tinue ainsi pendant 2 1/2, 3 et même 4 heures. La ture des celliers doit pouvoir être élevée et abais-
saccharification étant terminée, on fait entrer dans sée à volonté .
le double fond un courant continu d'eau froide, qui On couvre généralement les cuves à fermenta-
- 118 - ALCOOLS .
ALCOOLS .
la saison plus ou moins pluvieuse, le temps pen-
tion jusqu'à ce que cette dernière se soit bien dant lequel ils ont été conservés. Les pommes
établie ; on les découvre ensuite pour éviter une de terre les plus mûres sont les plus riches en
trop forte élévation de température du liquide . fécule; à maturité égale, les plus petites et celles
Une bonne fermentation est caractérisée par les qui ont été récoltées dans un sol léger, pas trop
phén omènes suivants : nt fumé.
La liqueur est couverte d'écumes renferma MM. Fresenius et Schultze ont indiqué un
les principes insolubles et présentant un mouve- moyen très - simple pour reconnaître la richesse
ment ondu lato ire part icul ier ôt
. Tant elles desc en- des pommes de terre en fécule. C'est de déter-
dent d'un côté de la cuve et remontent de l'autre , miner leur densité .
en même temps qu'il se dégage des bulles de la A cet effet on dépose des pommes de terre dans
grosseur d'un pois ; tantôt les écumes sont sou- un vase à moitié rempli d'eau, où elles tombent
levées en masse et collapsent ensuite subiteme nt de suite au fond. On agite bien pour faire déga-
lorsque le gaz carbonique s'est frayé une issue ; ily ger toutes les bulles d'air adhérentes . On verse
a alors souvent projection de petites quantité de ensuite dans l'eau, en remuant , une solution con-
s
moût. centrée de sel de cuisine, jusqu'à ce que les tuber-
Une fermentation sans écumes recouvrant le cules restent suspendus dans le liquide. Au moyen
liquide est toujours défectueuse et donne de d'un aréomètre ou densimètre , on prend alors
mauvais résultats . Lorsque la fermentation touche la densité de la solution saline , qui évidem-
à sa fin ou même se ralentit, il est souvent utile ment correspond à la densité de la pomme de
de couvrir de nouveau les cuves. On évite ainsi
terre.
Les nombres suivants sont extraits d'une table
un abaissement de température et en même temps
une trop forte acidification par suite de la forma. assez complète indiquant les proportions de fécule
tion deploi vinaigre . s liquides et décantés de la et de matière solide correspondant à une densité
L'em de moût donnée de la pomme de terre.
drèche est avantageux en ce sens qu'il est plus
acile d'obtenir une fermentation régulière , que RICHESSE EN
les écumes ne présentent pas une si grande ten-
dance à mont déme er suré ment , et qu'il est plus Matières solides.
aisé de recueillir la levùre nécessaire pour des Densité. Fécule.
1,070 11,77 19,26
fermenta tion s ultérieu .res 12,90 20.42
100 kil . des substances suivantes fournissent , 1,075 21,60
1,080 14,04
par une bonne saccharification , les quantités 1,085 15,19 22,78
suivantes d'extrait solide de moût et de drèche : 1,090 16,35 23.98
1,095 17,52 25.18
1,100 18,70 26,40
kil. kil. 19,8 9 27,62
kil. 1,105
100 de froment et de maïs. 70 d'extrait et 30 de drèche. 1,110 21,09 28,86
65 35 1,115 22.30 30,10
100 de seigle .. 60 40 31,36
100 d'orge . 1,120 23,52
100 d'avoine.. 42 58 1,125 24,75 32,62
1,130 26,00 33,90
Un mélange de farines de seigle et d'orge donne
environ 63,25 % d'extrait et 26,75 de drèche . Les différentes manipulations auxquelles sont
D'un autre côté on admet généralement que 100 soumises les pommes de terre sont les suivantes :
kil. de blé peuvent produire 42 à 44 litres d'al- 1° Lavage et cuisson ;
cool à 33°; le seigle, 38 à 40 litres ; l'orge, l'avoine , 2º Écrasage et mélange avec l'orge germée ;
le sarrazin , le maïs, 33 à 36 litres. 3º Saccharification et rafraîchissement du moût ;
La quantité plus ou moins grande d'extrait 4º Fermentation .
(dextrine et sucre) renfermée dans un moût non 1° Lavage et cuisson. - Le lavage s'exécute
fermenté est indiquée par les degrés du saccha- méca niquement au moyen d'un tambour laveur à
rimètre. Après la fermentation , le nombre de ces cylindre creux , formé de tringles en fer ou en
degrés se trouve naturellement très-fortement bois de 1 à 4 centimètres d'épaisseur et distantes
diminué . C'est ainsi, par exemple , qu'un moût d'environ 15 centimètres .
qui marquait 15° avant la fermentation , pourra Le tambour , un peu incliné , plonge à moitié
ne plus en marquer que 2 après que la liqueur dans de l'eau et est animé d'un mouvement de
aura fermenté. La différence, 15º -2° -13° , con- rotation de dix à quinze tours par minute , qui fait
stitue ce qu'on appelle l'atténuation apparente . frotter les pommes de terre entre elles et contre
les tringles . La terre et les petites pierres sont
On a établi des tables qui tindiquent les propor- ainsi détachées et tombent à travers les inter-
tions d'alcool correspondan aux différentes atté-
nuations apparentes des moûts et permettant de valles au fond de l'eau. Une grille en hélice
ée sur l'axe et sur les parois pousse les
calculer rapidement la quantité d'alcool renfermée adaptcules
tuber qui, chargés par l'une des extrémités , .
dans un moût fermenté . sortent par l'autre et, tombant sur un plan incliné
2º EMPLOI DES POMMES DE TERRE. - Les bonnes présentant la forme d'une grille, roulent dans le
pommes de terre présentent en moyenne la com-
tonneau ou la cuve où s'opère la cuisson .
position suivante : Cette cuve est généralement cylindrique , en
bois très-épais , à double fond et munie de deux
Fécule .... 21 Matières insolubles. 23 ouvertures carrées assez larges , qui peuvent être
Cellulose.. 2 Extrait so- fermées hermétiquement . L'une, pratiquée dans
Albumine . 1 lide.. 28 le couvercle de la cuve, sert à l'introduction des
Gomme et Matières solubles... 5 pommes de terre ; par l'autre, placée immédiate-
sels..... 4 ment au-dessus du double fond, a lieu leur sortie
Eau....... 72 après la cuisson . Sous le double fond débouche
100 le tuyau à vapeur ; une petite ouverture près du
fond inférieur permet l'écoulement de l'eau de
Dans la cellulose est comprise la pelure. condensation et de l'excès de vapeur ; enfin une
La proportion d'eau peut cependant varier de autre petite ouverture pratiquée au-dessus du
65 à 80 %, suivant l'espèce des tubercules, le sol double fond , et ordinairement bouchée, sert à l'in-
dans lequel ils ont été cultivés , leur maturité,
ALCOOLS. — 119 1 ALCOOLS .

troduction d'une tige en fer au moyen de laquelle plétement condensée et l'eau s'écoule presque
on s'assure si les tubercules sont cuits à point. froide; mais à mesure que la cuisson avance, l'eau
La cuve étant remplie de pommes de terre et de condensation devient plus chaude, d'une cou-
ensuite hermétiquement fermée, on y admet la leur brune, sale et fortement mousseuse. Elle
vapeur d'eau ; au début, cette dernière est com-. renferme de l'albumine, des matières extractives

A TAHANDIER BOUTCA

Fig. 9. Appareil pour le lavage des pommes de terre.

et colorantes . En poids, elle représente environ le Vers la fin la vapeur s'échappe abondamment ; on
quart du poids des pommes de terre ; la vapeur en interrompt le courant, lorsque la tige en fer
pénètre les pommes de terre inférieures sans ren-
contrer de résistance sensible.
2º Ecrasage et mélange avec l'orge germée. -
Après la cuisson et dès qu'il n'existe plus de
pression dans la cuve, on procède à l'écrasage
des pommes de terre toutes bouillantes encore,
suivi immédiatement du maltage.
Les tubercules sont broyés par le passage entre
deux cylindres en fonte ayant un diamètre d'au
moins 50 à 60 centimètres. Elles tombent écrasées
dans la cuve à saccharification.
30 Saccharification et rafraichissement du
moût. Dans cette cuve, on avait introduit , une
demi-heure environ avant la fin de la cuisson,
5 % en poids des pommes de terre, d'orge germée
écrasée, et 25 % d'eau à la température ordinaire,
et l'on avait mélangé le tout très-intimement. A
mesure que les tubercules tombent broyés et
bouillants dans la cuve, la température s'élève. Il
faut s'arranger de manière que, après l'introduc-
tion de toutes les pommes de terre cuites, opéra-
tion pendant laquelle il ne faut pas discontinuer
de remuer très-vivement, pour maintenir toujours
dans le mélange une température uniforme, cette
dernière soit montée à
620-65°, mais sans ja-
mais les dépasser. On
couvre alors la cuve et
on laisse macérer le
tout pendant deux à
trois heures , laps de
temps suffisant pour la
saccharification.
Pour le cas où la pâte
ou purée de pommes
de terre serait trop com-
pacte et tenace pour
bien se délayer , on
adapte souvent au mé-
AJAHANDIER canisme qui opère le
mélauge, de petits rou-
leaux cylindriques ou
Fig. 10. Appareil pour la cuisson des pommes de terre. coniques qui , roulant
sur le fond de la cuve,
ayant une tendance à s'élever, ce sont les pommes écrasent et divisent la pâte et permettent à la
de terre supérieures qui sont cuites les premières. diastase de réagir sur toute la masse féculacée.
ALCOOLS . - 120 - ALCOOLS.
4° Fermentation. La saccharification étant Dans quelques pays, où l'impôt est prélevé
complète, on fait écouler le moût, à travers des dans les distilleries proportionnellement à la
tamis qui retiennent les pelures et les parties in- quantité d'orge germée employée , on procède
solubles, dans des bacs ou autres appareils réfri- quelquefois à la saccharification de la fécule par
gérants , et on l'amène à la température conve- l'action d'acides minéraux (voyez FABRICATION DU
nable pour la fermentation , 24° à 32°. SUCRE DE FÉCULE ) . Mais au point de vue écono-
Cette dernière est provoquée par l'addition de mique, cette méthode est moins avantageuse que
levûre de bière ou de levûre artificielle et pré- celle qui repose sur l'emploi de l'orge germée, à
sente des phénomènes semblables à la fermenta- moins qu'il ne s'agisse de résidus de féculeries et
tion du moût obtenu par les céréales. de produits féculents très-avariés.

w
w
w

JAHANDIER

Fig. 11. Appareil pour l'écrasage des pommes de terre.

3º EMPLOI DE MAIS, RIZ , CHATAIGNES , LEGUMI- fabrication de l'alcool . Présentant également une
NEUSES ET AUTRES SUBSTANCES FÉCULACÉES.- La na- texture très-serrée et presque cornée, il demande,
ture cornée du mais exige impérieusement sa mou- comme le mais , à être réduit préalablement en
ture préalable et la séparation de la farine d'avec farine, et cette dernière doit être hydratée avec
le son. La farine doit être empâtée avec de l'eau soin pour la saccharification.
plus que tiède et il faut la laisser s'hydrater un Les châtaignes exigent un traitement analogue
temps suffisant avant l'introduction de 15 à 25 % à celui des pommes de terre. Il faut avoir la pré-
d'orge germée. Le mode d'opération est d'ailleurs caution d'éliminer les écorces et enveloppes
analogue à celui appliqué aux céréales , le mais brunes qui , renfermant une proportion notable
renfermant comme elles 70 % de fécule, mais en de tannin , pourraient affaiblir l'action sacchari-
outre encore de 5 à 8 % d'huile grasse. fiante de la diastase.
Le riz, surtout les qualités inférieures, est sou- Les topinambours ne renferment point de fécule
vent une matière première avantageuse pour la proprement dite, mais un sucre incristallisable
ALCOOLS.. - 121 ALCOOLS.
et de l'inuline ; mais cette dernière peut être framboises, mûres, groseilles rouges et à maque-
transformée en sucre sous l'influence de diastases reau, myrtilles, les figues, les fruits du sorbier,
ou d'acides. du genévrier, etc.;
Les légumineuses , qui ne renferment , en Parmi les tiges, la canne à sucre, le palmier, le
moyenne, que 30 à 40 % de fécule et par contre sorgho, le mais , etc.;
jusqu'à 25 % de substances protéiques, ne sont Parmi les racines, les betteraves, l'asphodèle,
point en général une matière première favorable la garance, le chiendent, etc.
pour la production de l'alcool. Leur traitement Le rendement en alcool est évidemment pro-
serait analogue à celui des céréales . portionnel à la richesse des sucs en sucre. D'après
4° EMPLOI DES SUCRES DE CANNE ET DE RAISIN, DU M. Fresenius , la proportion moyenne de sucre est
GLUCOSE, DES MÉLASSES. - Rien de plus simple que la suivante dans divers fruits :
l'emploi des différentes espèces de sucre. On les Prunes, 2,1 ; reines-claudes, 3,1 ; framboises, 4 ;
dissout dans l'eau de manière à avoir une so'u- myrtilles , 5,8 ; groseilles rouges ou blanches,
tion de 8° à 10° Baumé, on ajoute 1/2 à 1 % du poids 6,1 ; couetches, 6,3 ; groseilles à maquereau, 7,1 ;
du sucre en acide sulfurique, une liqueur sucrée pommes, 6-8 ; cerises et poires, 8-11 ; raisins, 14-
acide fermentant beaucoup plus facilement qu'une 16 %.
liqueur neutre et surtout qu'une liqueur alcaline ; Pour la préparation du moût qui doit subir la
on porte la température à 25° environ et l'on fermentation, on opère de différentes manières.
ajoute le ferment bien délayé (2 1/2 à 3 % de a. On transforme, par écrasement, broyage,
levùre pressée des brasseries) . Au lieu de dis- râpage , les produits végétaux sucrés en une
soudre le sucre dans de l'eau, il est préférable masse pulpeuse qu'on soumet tout entière à la
d'employer des vinasses d'une distillation ache- fermentation . Cette dernière est alors souvent
vée. 100 kilog. de sucre fournissent en moyenne très-lente et peut se prolonger pendant des se-
88 à 90 litres d'alcool à 50 % de l'alcoomètre de maines. On l'accélère par l'addition d'eau chaude
Gay-Lussac. soit pure, soit, ce qui est plus avantageux, tenant
Le traitement des mélasses de bonne qualité, en solution une certaine quantité de glucose.
des eaux de lavage des formes , bacs , tonneaux b. On soumet la masse pulpeuse à la presse et
et autres ustensiles des raffineries, est tout aussi on en extrait le jus, qu'on fait fermenter à part.
simple. Les mélasses de betteraves, d'une odeur et Le marc exprimé renfermant encore du liquide
d'une saveur désagréables , à réaction alcaline, ren- sucré peut lui-même aussi subir la fermentation
ferment en général une forte proportion de sels , alcoolique ; mais la plupart du temps il est pré-
parmi lesquels du nitrate de potasse. On les dé- férable, ou bien de l'épuiser avec de l'eau au
laye avec de l'eau chaude ou des vinasses à 60º, moyen d'un lavage méthodique (c'est ainsi que le
puis on ajoute de l'eau froide pour que le mé- marc de raisin peut être épuisé presque complé-
lange marque 22° et une densité de 11° Baumé . On tement avec une quantité d'eau égale à 12 % du
y verse ensuite de l'acide sulfurique préalable- poids total de la vendange), ou bien d'ajouter de
ment étendu de quatre à cinq fois son volume l'eau sucrée et de laisser fermenter le mélange .
d'eau, jusqu'à ce que le papier de tournesol in- Le marc contient généralement encore assez de
dique une réaction acide. On remarque alors principes azotés pour que la fermentation s'éta-
quelquefois un dégagement de vapeurs nitreuses. blisse spontanément et s'active sous l'influence
La liqueur sucrée ainsi préparée est dirigée dans de ces principes graduellement transformés en
de grandes cuves à fermentation de 200 à 250 hec- ferments.
tolitres de capacité et l'on y mélange la levûre de c. Enfin on peut se dispenser de la presse, en
bière préalablement délayée dans six à huit fois lavant méthodiquement la masse pulpeuse avec
son poids d'eau tiède. La fermentation ne tarde de l'eau froide ou chaude ou avec des vinasses.
pas à s'établir. Si les bulles d'acide carbonique d. Quelquefois ce lavage méthodique ne s'exé-
provoquent la formation d'une mousse trop abon- cute point sur la pulpe, mais sur les produits vé-
dante, on abat cette dernière par un peu d'huile gétaux sucrés simplement divisés ou découpés en
ou de savon vert. La température s'élève à mesure fragments minces et perméables.
que la densité du moût diminue. Il faut éviter De quelque manière qu'on opère, l'expérience
qu'elle dépasse 36° à 37° . A cet effet, il est utile que a démontré que l'addition de 1 à 2 millièmes
la cuve à fermentation renferme un serpentin d'acide sulfurique ou d'acide chlorhydrique exerce
dans lequel on peut faire circuler à volonté de une influence favorable sur la marche régulière
l'eau froide ou chaude et rester ainsi maître de de la fermentation .
régler la température à volonté . A défaut , on peut Passons en revue les méthodes de fermentation
refroidir le moût par des transvasements . qui présentent industriellement le plus d'impor-
La levûre doit toujours être de bonne qualité tance. Pour ce qui concerne les raisins , les
pour éviter des fermentations anormales ( vis- procédés employés sont tellement connus, qu'il est
queuses, lactiques). inutile de s'y arrêter. Disons seulement quelques
La fermentation étant achevée , il est bon de mots de la marche suivie dans les Charentes pour
procéder le plus rapidement possible à la distilla- la fabrication des eaux-de-vie de Cognac.
tion, pour éviter la formation d'acide acétique ; si La vendange est écrasée et jetée sur des égout-
cela ne pouvait avoir lieu tout de suite, il faudrait toirs. On obtient environ 50 % de moût de goutte ;
laisser la cuve pleine et recouverte d'un couvercle l'égouttage terminé, on soumet la masse à une
fermant exactement. pression énergique ; le gâteau de marc est démoli
Les vinasses des mélasses sont employées pour et effritté une ou même deux fois pour être pressé
la fabrication des salins de betteraves ; elles con- de nouveau dans ce dernier cas on l'arrose sou-
stituent du reste un engrais excellent, à cause de vent avec un peu d'eau ; la pression est de plus en
leur richesse en sels de potasse. plus énergique et prolongée. Il en résulte 24 %
5° EMPLOI DE PLANTES SUCRÉES. - Un grand de moût de pressis. Le marc exprimé constitue
nombre de plantes renferment des sucs sucrés environ 26 % de la vendange.
susceptibles de fermentation et fournissent en- On obtient ordinairement 12 litres d'eau-de- vie
suite, par la distillation, des eaux-de-vie plus ou à 60 centésimaux par hectolitre de moût et l'on
moins aromatisées ou des alcools d'un goût plus estime que 100 kilog. de marc en retiennent au-
ou moins agréable. Nous n'en citerons que quei- tant, puisqu'on ne parvient à en extraire que 6 li-
ques exemples : tres d'eau-de-vie à 60°.
Parmi les fruits, les raisins , les pommes , les MM. Petit et Robert ont avantageusement mo-
poires, les prunes, les couetches, les cerises, les difié ce procédé en ayant recours aux méthodes
ALCOOLS. 122 --- ALCOOLS.
de macération et de déplacement. La vendange 6º UTILISATION DES BETTERAVES.- a. Système des
écrasée avec soin est introduite dans trois cuviers sucreries. Dans ce système, il suffit d'ajouter au
macérateurs reliés entre eux de bas en haut par matériel d'une sucrerie indigène des cuves à fer-
des tuyaux de communication qui permettent de mentation et des appareils distillatoires pour
faire passer le liquide de l'un dans le suivant. transformer la sucrerie en distillerie. On opère
Chaque macérateur est muni de deux fonds percés de la manière suivante :
de trous ; celui du bas porte à son centre une tige Le jus au sortir des presses est chauffé à 20º-
qui sert à le sortir au moyen de cordes et d'un 21° et conduit dans une cuve à fermentation, où
treuil, avec toute la charge de marc épuisé par l'on ajoute environ 1 1/2 millième d'acide sul-
trois macérations successives ; celui du haut empê- furique concentré, préalablement délayé avec six
che le marc de remonter à la surface pendant la à sept fois son poids d'eau. Pour les premières
durée de l'opération. fermentations, il faut ajouter à 150 hectolitres de
On commence par laisser écouler du macérateur jus environ 7 à 8 kilog. de levùre de bière, dé-
nº 1 le moût de goutte ; on remplace le liquide layés avec soin dans 50 litres d'eau.
écoulé par de l'eau. On laisse ensuite écouler le Chacune des cuves à fermentation est munie
moût du macérateur nº 2 et au bout de 3 heures d'un couvercle portant une trappe qui permet de
on y fait arriver la liqueur du macérateur nº 1 , surveiller l'opération . Elle peut durer de trois à
en laissant simplement couler de l'eau sur le cu- quatre jours. Si l'on remplit deux cuves par jour,
vier. On fait ensuite écouler le moût du macéra- il faut en établir huit à dix pour en avoir tou-
teur nº 3 et en faisant de nouveau couler de l'eau jours une prête recevoir le jus sucré , et une
sur le macérateur nº 1 ; on fait passer sa liqueur de rechange en cas d'accident. Lorsque la fermen-
faible dans le n° 2 et la liqueur plus forte de ce tation est terminée ( la densité du jus qui mar-
dernier dans le cuvier nº 3. Ce dernier étant rem- quait 5º-6° B. tombe à 1 ° B. environ) , on procède
pli, on attend 2 heures, et l'on fait écouler son le plus vite possible à la distillation.
moût. Cet écoulement achevé, on soutire au moyen On soutire le liquide, laissant au fond le dépôt,
d'une pompe le liquide très-faible du cuvier n° 1, qui sert de levain pour le jus sucré sortant des
on l'envoie sur le nº 2 et par là même on oblige presses, dont on remplit de nouveau la cuve.
le liquide du n° 2 à se rendre dans le cuvier nº 3. Il faut veiller avec soin que la fermentation ne
Après asséchement du marc du nº 1 , on fait fonc- change pas de nature ( ne devienne lactique , vis-
tionner le treuil , on enlève le faux fond inférieur queuse, putride ou acétique ) et n'ait lieu d'une
avec sa charge de marc, qui est jetée sur un petit manière trop tumultueuse.
pressoir spécial. Le liquide qui s'en écoule encore On conseille pour cela d'employer des vinasses
est employé à la place d'eau pure. On remplit le au lieu d'eau sur la ràpe , de partager en deux
n° 1 d'une nouvelle quantité de vendange et après une cuvée de jus parvenu presque au terme de sa
son égouttage on y fait arriver les liqueurs du fermentation, de faire arriver dans les deux demi-
cuvier nº 3. La rotation est alors établie et conti- cuvées, en un filet mince, le liquide chauffé à 16º
nuée systématiquement . Cette méthode de ma- sortant des presses : la fermentation devient ainsi
cération paraît donner dans la pratique un excé- plus régulière ; enfin , de temps à autre, de net-
dent de production d'alcool d'environ 1/8 , avec une toyer à fond les cuves vidées, et de renouveler le
supériorité notable dans la qualité des produits. ferment lourd, partiellement altéré, qui constitue
Pour la fabrication du kirsch on fait ordinaire- le dépôt des cuves.
ment usage de merises ( espèce de petites cerises b. Système des matières pâteuses. On dé-
très-sucrées ) . Après en avoir enlevé les tiges, on coupe la betterave lavée au moyen d'un coupe-
les introduit dans un tonneau, on les y foule et racines ; on la fait cuire à la vapeur dans un cu-
l'on y ajoute environ 1/6 de noyaux des cerises vier ; on l'écrase mécaniquement, et, après avoir
écrasés ; le tonneau est fermé (mais non hermé- ajouté à la masse pâteuse environ son volume
tiquement) et le tout est abandonné pendant 12 à d'eau ou de vinasse , préalablement additionnée
15 jours. Dès que la fermentation, qui s'établit d'acide sulfurique ( 1 1/2 à 2 millièmes du poids
d'elle-même, est terminée, on procède à la distil- des racines), on introduit le tout dans les cuves à
lation dans des alambics ordinaires , mais qui sou- fermentation.
vent présentent un double fond, pour éviter que Une variante de ce système consiste à épuiser
la masse ne s'attache aux parois et que le produit méthodiquement les cossettes de betteraves
ne prenne un goût de brûlé. échaudées au moyen de vinasse, en se servant de
Les prunes et les couetches sont traitées d'une cuviers macérateurs (semblables à ceux décrits plus
manière analogue , mais leur fermentation est haut pour le traitement des raisins ; mais , au lieu
beaucoup plus lente que celle des cerises. Il en d'une rotation dans seulement trois cuviers, on en
est de même des myrtilles, des mûres , des fram- emploie huit à dix). La macération a lieu par une
boises, des baies de sorbier, d'arbutus unedo, de double charge de jus bouillant arrivant sur des
genièvre, etc. Les eaux-de-vie qui en résultent Cossettes neuves, tandis qu'on enlève les cossettes
sont recherchées pour leur parfum agréable . du cuvier voisin pour les remplacer par des cos-
Les tiges de sorgho, les tiges vertes du mais sont settes neuves. La première des deux charges est
traitées comme la canne à sucre ; on les écrase versée bouillante ou à une chaleur inférieure
entre des cylindres cannelés, on en exprime le jus (suivant la température extérieure) ; mais il faut
par des presses hydrauliques ou on le déplace par toujours s'arranger de manière que le jus déplacé
macération méthodique. Le suc de sorgho contient des cossettes neuves arrive avec 22º à 24° de tem-
moins de principes salins que le jus de bette- pérature aux cuves à fermentation.
raves. Les racines de garance desséchées renfer- c. Système Champonnois. Ce système, em-
ment assez de sucre pour pouvoir fournir 6 % ployé aujourd'hui dans les exploitations agricoles
d'alcool absolu . La préparation de la fleur de ga- et dans les fermes, permet de transformer le su-
rance exigeant le lavage des racines moulues , on cre en alcool, tout en conservant à la pulpe la
s'arrange de manière à opérer ce lavage méthodi- majeure partie de ses principes alimentaires, et en
quement, afin d'obtenir des liqueurs suffisamment la mettant sous une forme convenable pour la
concentrées . Elles entrent spontanément en fer- nourriture du bétail.
mentation, qui est terminée en 18 à 22 heures. Les betteraves, nettoyées au moyen d'un laveur
L'alcool de garance présente une odeur désagréa- mécanique, après avoir été incisées par des lames
ble sui generis , due principalement à la présence perpendiculaires , sont découpées par le coupe-
d'une substance camphrée et d'un hydrocarbure racines en tranches ou rubans minces appelés
isomère avec l'essence de térébenthine. cossettes, d'une épaisseur de 2 à 3 millim., d'une
ALCOOLS . - 123 ALCOOLS.
largeur de 5 à 8 millim., et d'une longueur sans addition, se trouve à peu près terminée après
variable. Ces cossettes sont recueillies et asper- vingt-quatre heures, et alors l'une des cuves est
gées avec de l'eau acidulée d'acide sulfurique de nouveau divisée en deux , et ainsi de suite.
(2 litres d'acide sur 1,000 kilog. de betteraves) . On On a soin de soumettre à la distillation, dans
! les porte ensuite dans des cuviers macérateurs, une chaudière à part, le dépôt boueux de sub-
au moins au nombre de trois, et qui , même pour de stances fortement azotées et phosphatées qu'on
petites exploitations, doivent en contenir au moins trouve à la fin de la décantation du liquide vineux
250 kilog. Les cossettes y sont déposées entre au fond des cuves.
deux doubles fonds en bois ou en tôle, perforés de Les cuves doivent être bien nettoyées et rincées
beaucoup de petites ouvertures, et l'on y fait ar- chaque fois qu'elles auront été vidées , et il est
river, sur 250 kilog. de cossettes environ , 200 même très-utile de nettoyer également, le plus
litres de vinasses encore bouillantes , provenant souvent possible, les cuves à macération, pour
d'un jus déjà distillé. Au bout d'une heure, pen- éviter l'établissement de fermentations anormales,
dant laquelle le second cuvier a été rempli de visqueuses, lactiques et autres.
Cossettes, on fait passer le liquide du n° 1 dans d. Système Kessler. - Dans le système Kess-
le n° 2, en versant une deuxième charge de vi- ler, la betterave est réduite en pulpe fine par l'ac-
nasse sur les cossettes déjà en partie épuisées du tion de ràpes implantées sur un tambour. Pen-
n° 1 , et on laisse cette deuxième macération s'ef- dant le råpage, on fait tomber sur le tambour, pour
fectuer pendant une heure. Le troisième cuvier 1,000 kilog. de pulpe environ , 200 litres de vi-
est rempli de cossettes et par une nouvelle charge nasse ou de jus faible acidulés par 2 à 3 kilog.
de vinasse sur le n° 1 , son liquide passe dans le d'acide sulfurique concentré.
n° 2, et celui du n° 2 dans le n° 3, et ainsi de La pulpe ainsi arrosée tombe dans un bac à
suite. Une nouvelle charge de vinasse sur le n° 1 charger dont la contenance correspond au charge-
achève de l'épuiser et fait écouler le liquide du ment d'une table de déplacement. Cette dernière
n° 3 dans la cuve à fermentation . On extrait le se compose d'une surface filtrante, ordinairement
liquide du n° 1 , qui n'est guère que de la vinasse, en bois, recouverte d'une toile qui reçoit la pulpe.
au moyen d'une pompe, et on l'envoie dans la Le bac à charger peut être amené sur des rails
chaudière à réchauffer (à l'ébullition) . On laisse au-dessus de la table, et au moyen de deux regis-
égoutter les cossettes, qui se sont fortement tas- tres, faciles à ouvrir et à fermer, on en opère la
sées, on les extrait du cuvier et on les conduit vidange à volonté et avec une grande rapidité.
dans un local où on les mélange avec environ trois Une règle en tôle fixée au bac sert à niveler la
fois leur volume de menue paille, de balles de pulpe déversée sur les tables. La hauteur de la
blé et d'avoine, de foin, de paille et autres four- couche de pulpe étalée sur la toile ne doit pas
rages hachés. On abandonne le mélange à la fer- excéder 0,12. La pulpe s'étant égouttée , on
mentation dans des fosses pendant deux à cinq déplace le jus restant en promenant de temps à
jours, et l'on compose ainsi une excellente nour- autre sur la couche de pulpe un tuyau d'arrosage,
riture pour l'engraissement du bétail. alimenté par les vinasses qui de l'alambic ont été
Le cuvier n° 1 ainsi vidé est rempli de cos- pompées dans un réservoir supérieur.
settes fraiches et entre dans la série des opéra- La filtration marche rapidement et l'on arrête
tions , recevant le liquide du n° 3, tandis que le l'aspersion lorsque le liquide ne marque plus que
n° 2 est épuisé par les vinasses. On voit que , 1/2 à 1° B. Rien n'empêche de se servir du liquide
par ce procédé , on rend au résidu solide du la- le plus faible pour commencer le lavage par dé-
vage par macération , c'est-à-dire à la cossette placement d'une couche de pulpe fraiche étalée
épuisée, le résidu liquide de l'alambic avec toutes sur une seconde table à déplacement.
ses matières albumineuses, mucilagineuses, gras- Le jus obtenu est conduit dans les cuves à fer-
ses et salines ; de sorte que le résidu final repré- mentation.
sente (hors le sucre converti en alcool) à peu près La pulpe épuisée et égouttée, mais qui s'est en-
tous les principes alimentaires de la betterave. richie des matières insolubles des vinasses, est
Le jus sucré s'écoulant des cuviers macérateurs poussée dans des bacs à décharger et conduite
dans les cuves à fermentation doit être à une dans un magasin où on la prend soit pour la met-
température moyenne de 17°. On détermine , tre en silos, soit pour en préparer la nourriture
une fois pour toutes , la fermentation , en ajou- du bétail.
tant à la première cuve de fermentation ( d'une e. Système Le Play. Ce système repose sur
contenance de 2,500 litres) , dès qu'elle a reçu 250 la fermentation directe des cossettes de bettera-
litres de jus, 4 kilog. de levûre de bière préala- ves, dans lesquelles restent toutes les matières
blement bien délayée dans 6 à 8 litres de jus. On albumineuses et autres insolubles dans le jus fer-
remplit ensuite graduellement la cuve. menté.
Au bout de vingt-quatre heures, on met en com- Les betteraves sont nettoyées et lavées avec les
munication cette cuve avec une autre cuve vide, vinasses chaudes, ce qui les réchauffe. Elles sont
pour que le jus en fermentation s'y répartisse par ensuite débitées en cossettes ou en tranches d'un
portions égales. On recommence alors à remplir volume tel, que dans la cuve à fermentation il ne
simultanément ces deux cures à moitié pleines , nage point de fragment et que néanmoins la fer-
comme on avait rempli la première, en y faisant mentation puisse pénétrer jusqu'au centre de
arriver en un petit filet le jus provenant des les- chaque fragment . On opère la mise en train en se
sivages méthodiques. Au bout de 12 heures, les procurant d'abord soit par râpage et pression , soit
deux cuves étant remplies , la fermentation s'y par macération , une quantité de jus double du
continue, et 12 heures plus tard la fermentation poids des betteraves. Ce jus additionné de 2 mil-
est à peu pres terminée. On laisse refroidir lièmes d'acide sulfurique est chauffé à 20° et mis
l'une des deux cuvées , qui sera distillée vingt- en fermentation avec de la levure.
quatre heures plus tard, tandis que l'autre cuvée, Lorsque la fermentation est très-active, on jette
partagée en deux à son tour, remplit à moitié dans la cuve les cossettes de betteraves (les ru-
une nouvelle cuve vide. A leur tour aussi ces bans ont environ 4 cent. de large et 4 à 5 millim.
deux cuves à demi pleines reçoivent du jus frais ; d'épaisseur) préalablement acidulées avec 3 kilog.
la fermentation y redevient active à l'aide du d'acide sulfurique sur 1000 kilog. de betteraves.
ferment en suspension , qui agit sur le sucre du La fermentation, favorisée par la présence de
nouveau jus. l'acide, se propage dans les tissus saccharifères
Les deux cuves sont remplies à la fin de la avec une rapidité telle , qu'en 12 à 24 heures la
journée ; la fermentation continue pendant la nuit transformation du sucre en alcool est opérée. On
ALCOOLS . 124 - ALCOOLS.
enlève alors les cossettes fermentées et on les dépense de combustible, de temps et de main-
remplace par des cossettes fraîches, en quantité d'œuvre, mais elles peuvent être réalisées avec les
égale, sans changer le liquide et en ajoutant la appareils les plus simples.
même dose d'acide que la première fois. On fait L'inverse a lieu pour les déflegmateurs, dont la
ainsi successivement quatre charges de cossettes construction repose sur les principes suivants :
dans le même bain , en diminuant chaque fois la les vapeurs qui s'élèvent d'une liqueur alcoolique
quantité de levûre ajoutée. bouillante sont toujours plus riches en alcoo.
Le bain est alors complet et peut servir indéfini- que le liquide en ébullition , et en thèse générale
ment. On n'a plus qu'à en maintenir la tempéra- le point d'ébullition est d'autant plus élevé que
ture entre 20° et 28° et à conserver le rapport entre la liqueur est moins alcoolique , et les vapeurs
le volume du bain et celui des cossettes, qui doit d'autant plus riches en alcool que le point d'ébul-
être de 2 litres du premier par chaque kilog. des lition est plus bas. Dans le cours d'une distilla-
seconds. La proportion d'acide varie de 1 à 2 kilog. tion , la richesse en alcool du liquide bouillant
par 1000 kilog. de betteraves . Les cossettes fer- diminue continuellement, les vapeurs deviennent
mentées sont distillées à la vapeur dans des ap- de plus en plus aqueuses et le point d'ébullition
pareils spéciaux . s'élève.
La pulpe qui en résulte peut également être La richesse alcoolique des vapeurs est donc dé-
utilisée avec quelque précaution pour la nourri- pendante de la température à laquelle le liquide
ture des bestiaux. Elle est assez aqueuse et il est bout et par suite aussi de la température de ces
bon de la mettre en silos , où elle se conserve assez vapeurs. En refroidissant une pareille vapeur ,
bien tout en s'égouttant. mais sans produire une condensation complète ,
7° EMPLOI DE cellulose, ligneux, sciure de bois. on doit donc produire une décomposition ou ana-
-- On a proposé de saccharifier la sciure de bois lyse de la vapeur; il se condensera une partie
blancs au moyen de l'acide sulfurique et d'employer qui sera bien plus aqueuse, tandis qu'une autre
le sucre ainsi produit à la fabrication de l'alcool . partie bien plus riche en alcool restera à l'état de
Mais l'application industrielle de ce procédé a vapeur ; si les choses sont arrangées de manière
toujours échoué, par suite de la grande quantité à ce que cette dernière se rende seule au réfri-
d'acide sulfurique exigée pour opérer la transfor- gérant condensateur, tandis que la première re-
mation et qu'il faut nécessairement saturer par tourne dans l'alambic, on obtiendra un produit
du calcaire. bien plus riche en alcool que ne l'étaient les va-
Récemment on a proposé de combiner la fabri- peurs originairement dégagées par le liquide en
cation de l'alcool au moyen du bois avec celle de la ébullition .
pâte à papier, en ne désagrégeant le bois que par- Supposons, par exemple, qu'un moût en ébul-
tiellement. lition dégage des vapeurs renfermant de 15 à
Mais , quoique les expériences sur une petite 20 % d'alcool ; en faisant passer ces vapeurs à
échelle aient paru fournir des résultats assez sa- travers un déflegmateur dont la température reste
tisfaisants, l'exploitation en grand a présenté des constante à 94°, elles ne peuvent plus se main-
difficultés telles, qu'on a été obligé d'y renon- tenir intégralement, puisqu'elles exigeraient pour
cer. cela une température d'au moins 98° ; 100 p.
B. DISTILLATION DES LIQUEURS FERMENTÉES de ces vapeurs se décomposeront donc en 70 p.
ET RECTIFICATION DE L'ALCOOL. - La fermenta- d'un liquide condensé renfermant 7 % d'alcool,
tion ayant transformé le sucre en alcool , il s'agit lequel liquide retourne dans l'alambic, et en 30 p.
maintenant d'extraire ce dernier du moût plus ou de vapeurs non condensées renfermant 50 %
moins limpide et plus ou moins riche ( il peut d'alcool, qui, dans le réfrigérant, fourniront une
renfermer de 3 à 15 % d'alcool) . On y arrive par eau-de-vie de cette force.
la distillation. Si maintenant l'on faisait passer les vapeurs de
En portant le moût à l'ébullition , il se forme 50 % d'alcool à travers un autre déflegmateur
des vapeurs de tous les principes volatils en pré- dont la température serait maintenue à 85º, on
sence. Mais l'alcool se vaporise proportionnelle- obtiendrait 41,6 % d'un liquide condensé à 30 %
ment en plus grande quantité que l'eau, tant à d'alcool et 58,4 % de vapeurs alcooliques d'une
cause de son point d'ébullition moins élevé que richesse de 78 %. T
pour d'autres raisons qu'on trouvera dévelop- Il est facile de comprendre, d'après ce qui pré-
pées aux articles DISTILLATION et ÉBULLITION . cède, qu'à l'aide des déflegmateurs on peut pro-
La proportion d'alcool contenue dans les va- duire un esprit - de - vin d'une force donnée par
peurs est donc plus forte que celle qui existe une seule distillation ; seulement on obtiendra
dans le moût. d'autant moins d'alcool que son degré devra être
En condensant les vapeurs qui s'élèvent de ce- plus élevé.
lui-ci , on obtient donc un liquide plus riche en On peut faire varier à l'infini la forme et le
alcool, mais qui cependant est toujours encore très- mode d'action des déflegmateurs ; les parois d'un
aqueux; les premières portions sont néanmoins chapiteau, le col d'une cornue, refroidis par l'air
plus alcooliques que les dernières et finalement ambiant, agissent comme déflegmateurs, si toute-
il ne passe plus que de la vapeur d'eau . fois ils sont disposés de manière que le liquide
Pour la pratique il est assez important de con- condensé recoule de nouveau dans la liqueur en
naître la quantité de liquide qu'il faut évaporer ébullition ; si, au contraire, le liquide condensé
pour être certain d'avoir volatilisé tout l'alcool ; coulait dans le réfrigérant, alors il n'y aurait plus
cette quantité dépend de la richesse du moût. analyse des vapeurs et les choses se passeraient
Sur 100 kilog. de moût renfermant 3 % d'alcool, comme dans la distillation simple.
il faut distiller 20 kilog.; pour 4 %, 25 kilog.; La rectification ne diffère de l'opération précé-
pour 5 %, 29 kilog., et pour 6 %, 33 kilog. Une dente que par l'emploi d'une liqueur alcoolique
première distillation ne fournit donc que des fleg- condensatrice des vapeurs au lieu de parois con-
mes ou alcools faibles, dont la richesse ne peut densautes . Supposons que les vapeurs alcooli-
guère dépasser 20 %. ques dégagées d'un moût en ébullition soient
Pour obtenir un liquide plus riche en alcool, amenées par un tube plongeant au fond d'un vase
on peut recourir, soit à des distillations répétées, en partie rempli par ce même moût, les vapeurs
soit à l'enrichissement des vapeurs par les dé- s'y condenseront d'abord en fournissant un li-
flegmateurs, avant qu'elles arrivent à l'appareil quide plus riche en alcool ; mais peu à peu la
condensateur, soit à la rectification . Les redistil- température s'élèvera par suite de cette conden-
lations out l'inconvénient d'exiger une grande sation, et au bout de peu de temps la liqueur en-
ALCOOLS . — 125 — ALCOOLS.
trera en ébullition, mais à une température infé- teurs en faisant barboter la vapeur dégagée de
rieure à celle du moût primitif. Il se dégagera l'alambic dans une série de vases de forme ovale ;
donc des vapeurs plus riches en alcool ; si celles- ci l'alcool fort arrivait seul aux derniers vases ; les
sont à leur tour condensées dans un second vase intermédiaires retenaient les liquides alcooliques
semblable, il s'y formera une liqueur encore plus de plus en plus faibles, les déversaient les uns
riche, qui, arrivée à son tour à l'ébullition, four- dans les autres et finalement les écoulaient dans
nira des vapeurs plus riches encore, et ainsi de l'alambic au moyen d'une série de tubes et de
suite. robinets rationnellement disposés.
Les rectificateurs ne constituent en définitive Cellier Blumenthal perfectionna cette opération
que des alambics redistillateurs, seulement les en la rendant continue : il fit servir le vin exclu-
seconde, troisième, etc. , distillations , au lieu sivement à la condensation , utilisant la chaleur
d'être opérées par un chauffage direct, sont provo- latente de la vapeur d'eau pour la volatilisation de
quées par la chaleur latente des vapeurs dégagées l'alcool.
de l'alambic principal. Derosne rendit intermittent l'écoulement de la
La différence entre la richesse alcoolique du vinasse, l'obligeant ainsi à subir une ébullition
liquide et des vapeurs étant la plus grande pour de trois quarts d'heure à une heure pour la débar-
des liquides peu riches, ces derniers réclameront rasser entièrement des dernières traces de l'alcool
de préférence l'emploi des rectificateurs ; au con- que la vinasse pouvait encore contenir.
traire, les déflegmateurs sont indiqués lorsqu'il Aujourd'hui, les appareils de distillation les
s'agit de liquides déjà suffisamment alcooliques. plus répandus et les plus parfaits présentent les
Il en résulte que dans tous les appareils ration- dispositions suivantes :
nellement construits , les rectificateurs doivent Une chaudière inférieure fournit la vapeur à
précéder les déflegmateurs. une chaudière supérieure ; au-dessus de celle-ci
Quelle que soit la manière dont les vapeurs se trouve une colonne munie d'une série de pla-
très-alcooliques auront été produites , il faut les con- teaux superposés, au moyen desquels le liquide
denser finalement pour
les obtenir à l'état li-
quide. Les dispositions
des réfrigérants conden-
sateurs peuvent aussi va-
rier à l'infini , pourvu
qu'on observe le principe
d'offrir à la vapeur une
grande surface de con-
densation. Le liquide con-
densateur peut être l'eau D'
froide; mais, par des mo-
tifs d'économie, il vaut
mieux employer le li-
quide même qui doit être
soumis à la distillation.
Ce liquide entre froid à
la partie inférieure du
réfrigérant; il s'y élève
graduellement en s'é-
chauffant par suite de la
condensation des vapeurs,
et lorsqu'il a acquis la
température la plus éle-
vée possible, qui doit se R
rapprocher de celle des
vapeurs à condenser, il
est conduit , en passant
par le rectificateur, dans
l'alambic, où il est sou- C
mis à l'ébullition pen-
dant le temps juste suf- Fig. 12. Appareil Cail pour la distillation de l'alcool.
fisant pour le débarrasser
de tout l'alcool qu'il
peut encore contenir.
Lorsqu'il s'agit de porter à l'ébullition des alcoolique descendant est mis en contact avec les
moûts épais, qui s'attachent facilement au fond vapuers ascendantes sur une très-large surface.
des alambics, il peut devenir nécessaire de mu- Au-dessus enfin est placée une seconde colonne,
nir ces derniers d'appareils mécaniques, au moyen munie d'une autre série de plateaux formant des
desquels le moût peut être maintenu en circula- cuvettes dans lesquelles le vin ou le moût fer-
tion continuelle. Dans de pareils cas, on substitue menté est traversé en barbotage par les vapeurs :
aussi quelquefois au chauffage direct le chauffag ce sont les rectificateurs.
à la vapeur. Enfin les appareils distillatoires Le produit de la condensation des vapeurs
peuvent être à distillation continue cu intermit- dans cette partie de l'appareil est envoyé directe-
tente. ment au réfrigérant, si son titre est assez élevé ;
Argand fut le premier qui appliqua le principe dans le cas contraire, il est ramené par la rétro-
des déflegmateurs en faisant passer de bas en haut gradation dans cette même colonne , où il est
la vapeur dans un serpentin fixé dans un vase analysé de nouveau par les vapeurs déjà enri-
cylindrique rempli de vin : l'eau condensée re- chies pendant leur ascension à travers les pla-
tombait dans l'alambic, tandis que la vapeur, plus teaux de la colonne inférieure ; il y entre avec
alcoolique, se rendait dans un second serpentin une richesse supérieure à celle du liquide alcoo-
ordinaire, refroidi par de l'eau froide. lique qu'il y rencontre, et, après s'être dépouillé
Adam fit l'application du principe des rectifica- à mesure de sa descente, il sort avec une richesse
ALCOOLS. 126 — ALCOOLS .
à peu près égale à celle du même liquide, avec supérieur sera toujours plus fortement refroidi
lequel il arrive dans la colonne inférieure, où ils que l'inférieur. L'analyse des vapeurs sera d'au-
achèvent ensemble de se dépouiller compléte- tant plus énergique qu'elles seront obligées de
ment d'alcool. Les vapeurs alcooliques concen- s'étaler en couches plus minces et de lécher des
trées se rendent au réfrigérant et s'y condensent surfaces réfrigérantes plus étendues. Dans beau-
finalement en alcool liquide commercial, qui, coup d'appareils de Pistorius, surtout dans ceux
après avoir passé par l'éprouvette munie de l'al- chauffés à la vapeur, les deux alambics, le recti-
coomètre , pour pouvoir vérifier à tout instant ficateur avec avant-chauffeur, le rectificateur dé-
son titre, se déverse, toujours à l'abri du contact flegmateur et deux déflegmateurs , sont super-
de l'air, dans des réservoirs spéciaux. posés et constituent un véritable appareil à
Les appareils principaux employés en Alle- colonne ; dans d'autres , les appareils alternants,
magne sont les suivants : il y a deux premiers alambics placés au même
Appareil de Dorn. — Il se compose d'un alam- niveau et alimentés par un seul second alambic
bic avec chapiteau, d'un avant-chauffeur dont la supérieur. Dans ces cas , on chauffe alternative-
partie inférieure , séparée par une cloison en ment l'un des premiers alambics , tandis que
cuivre, renferme le rectificateur, enfin d'un ser- l'autre est vidé. Enfin, dans les appareils dits
pentin condensateur. Le moût fermenté passe bains-marie, la vapeur d'une chaudière à vapeur
d'abord dans ce réfrigérant, où il s'échauffe ; de ne se rend pas seulement dans l'intérieur de
là, dans l'avant-chauffeur où il est chauffé plus l'alambic, mais circule aussi autour des parois
fortement par les vapeurs provenant de l'alambic extérieures, pour prévenir tout refroidissement
(qui, à travers un petit serpentin , arrivent au par le contact de l'air avec les parois.
rectificateur) ; il se rend finalement presque bouil- Appareils de Gall. - Ces appareils , très-ré-
lant dans l'alambic. pandus dans la vallée du Rhin, sont construits à
Appareil de Pistorius. 1 Cet appareil , l'un peu près d'après le même principe que ceux de
des plus répandus en Prusse, présente , suivant Pistorius; mais comme ils sont généralement
les localités ou suivant l'importance de la fabri- chauffés à la vapeur, Gall a substitué partout où
cation, des modifications assez nombreuses. Il se cela était possible le bois au cuivre.
compose généralement de deux alambics, dont le Ces appareils sont presque toujours alternants,
second, placé à un niveau supérieur, alimente le c'est-à-dire qu'il y a deux premiers alambics
premier et est chauffé tant par les vapeurs que fonctionnant à tour de rôle. Le moût fermenté y
par la flamme perdue; les vapeurs alcooliques est porté à l'ébullition par l'introduction de va-
traversent ensuite un avant-chauffeur renfermant peur plus ou moins comprimée ; les vapeurs al-
un rectificateur ; elles passent enfin par un ou cooliques traversent le moût fermenté du second
plusieurs bassins ou déflegmateurs avant d'arri- alambic dont le contenu arrive bientôt aussi à
ver au réfrigérant condensateur. l'ébullition. Les vapeurs plus alcooliques se ren-
Le bassin ou déflegmateur de Pistorius mérite dent alors dans un organe spécial, le séparateur
une mention spéciale. (une espèce de tonneau étroit , mais profond,
placé sur l'un des fonds), où elles se condensent
d'abord ; mais , s'échauffant bientôt, elles arrivent à
distillation et produisent la rectification ; du sé-
parateur les vapeurs alcooliques, marquant de 60°
à 70°, arrivent au déflegmateur rectificateur de
l'avant-chauffeur, de là au déflegmateur propre-
ment dit, et enfin au réfrigérant condensateur.
Appareil de Siemens. - Depuis quelques an-
nées, on substitue de plus en plus aux bassins
de Pistorius et de Gall le déflegmateur de Hohen-
heim , dû à M. Siemens. Ce déflegmateur con-
siste en cavités cylindriques concentriques très-
étroites , dans lesquelles circulent les vapeurs et
l'eau réfrigérante, allant en sens contraire et obli-
gées par des cloisons à descendre et à remonter
dans chacune de ces cavités. Les cavités de
rang impair reçoivent les vapeurs et celles de
rang pair, l'eau. C'est ainsi , par exemple , que
les vapeurs alcooliques s'élèvent dans le cylindre
central nº 1 (une calotte, qui produit le barbo-
Fig. 13. Déflegmateur de Pistorius tage de la vapeur à travers le liquide condensé ,
ajoute à l'appareil l'effet d'un rectificateur), re-
descendent et remontent dans la cavité cylin-
Les vapeurs alcooliques arrivant par a sont drique nº 3, puis redescendent et remontent dans
obligées, par la feuille métallique mm , de se di- la cavité ou le manchon n° 5 et passent fina-
viser et de se mouvoir le long des parois infé- lement dans le serpentin condensateur. L'eau ou
rieures et supérieures du deflegmateur. La paroi le liquide réfrigérant se déverse d'abord dans la
inférieure est refroidie par l'air extérieur, la paroi cavité n° 6, passe ensuite, toujours en descendant
supérieure par le liquide d. Les vapeurs pauvres et remontant, dans la cavité n° 4, finalement dans
condensées s'écoulent de nouveau par a ou par la cavité n° 2 et s'écoule ensuite. Les manchons
un tuyau spécial . [ Si l'on prolonge un peu le nos 3 et 5 sont également arrangés pour le barbo-
tuyau A, et si on le recouvre d'une calotte, le tage des vapeurs dans le liquide condensé et ils
déflegmateur devient en même temps un recti- agissent à la fois comme déflegmateurs et recti-
ficateur, mais dans ce cas le tuyau d'écoulement ficateurs ; mais on peut à volonté faire écouler le
spécial est indispensable.] liquide condensé (s'il est assez alcoolique) dans
Les vapeurs alcooliques riches sont dirigées le réfrigérant condensateur , ou bien le ramener
par le tuyau C , soit directement vers le réfrigé- dans la colonne ou dans les rectificateurs infé-
rant condensateur, soit à travers un nouveau dé- rieurs.
flegmateur si l'on veut obtenir de l'alcool de Cette disposition est très-rationnelle ; les va-
plus en plus concentré. Il est évident que les peurs alcooliques en couches minces rencontrent ,
déflegmateurs doivent être superposés et que le à mesure qu'elles avancent, des parois de moins
ALCOOLS . 127 - ALCOOLS.
en moins échauffées et qui les analysent très-éner- ment des chaudières d'une plus forte capacité et
giquement. Aussi le déflegmateur de Siemens la conduite de l'opération est un peu différente.
fournit-il facilement des alcools très-concentrés. Appareil Laugier. Il se compose de deux
Les appareils les plus usités en France et en chaudières superposées , d'un déflegmateur ou
Belgique sont ceux de MM. Laugier, Champonnois, analyseur et d'un serpentin condensateur. Le
Cellier -Blumenthal , Dubrunfaut et Derosne et déflegmateur est formé de sept tronçons d'hélices,
ceux livrés à l'industrie par MM . Cail et Cie. dans chacun desquels le liquide condensé coule
On pourrait à la rigueur distinguer les appa- dans la partie la plus déclive et se rend dans un
reils distillatoires proprement dits, qui distillent tube commun qui le ramène dans la seconde
les moûts fermentés, les vins et autres liquides chaudière : la vapeur non condensée s'élève suc-
alcooliques et produisent les flegmes ou des eaux- cessivement, par les tuyaux de communication
de-vie, et les appareils rectificateurs qui distil- d'un tronçon d'hélice inférieur au tronçon supé-
lent les alcools faibles de toute provenance pour rieur et se rend finalement dans le serpentin con-
les convertir en esprits ou alcools concentrés. densateur. Cet appareil sert principalement à la
Mais les principes sont les mêmes, seulement distillation du vin, qui y suit une marche inverse
les appareils rectificateurs présentent ordinaire- à celle de la vapeur .

A JAHANDIER

HILDIBRAND

Fig. 14. 1 Appareil Laugier.

Appareil Champonnois. - Il se compose d'une réfrigérant, par contre, entre à la circonférence


chaudière (mieux vaudrait deux chaudières super- et, circulant dans les contours spiraux, se rap-
posées), d'une colonne placée au-dessus de la chau- proche du centre et est conduit par un trop- plein
dière et contenant dix-sept rectificateurs à calottes dans un tube qui le déverse ( s'il est lui-même le
hémisphériques, d'un analyseur, enfin du réfrigé- liquide alcoolique à distiller) dans la colonne rec-
rant condensateur. La colonne est formée de tron- tificatrice, non au sommet, mais aux deux tiers en-
çons cylindriques, ayant les mêmes dimensions et viron de la colonne. Un des tronçons y est percé laté-
dispositions. Chaque tronçon porte, engagé dans ralement pour recevoir le tube en question. Le
une rainure circulaire interne , les disques percée liquide à distiller suit une marche inverse à celle
d'une large ouverture centrale, garnie d'un aju de la vapeur, c'est-à-dire qu'il entre avec pression
tage un peu plus élevé que les tubes trop-pleins au bas du réfrigérant condensateur ( lequel est
verticaux, alternativement placés aux deux bouts formé non d'un serpentin, mais de doubles cylin-
d'un diamètre du cercle ; le large ajutage central dres, laissant entre eux un intervalle libre, dans
est recouvert d'une capsule- renversée, dont les lequel la vapeur se répand et se trouve en couche
bords descendent de 1 cent. au dessous du niveau mince en contact avec toute l'étendue de la double.
du bord de l'ajutage et forcent la vapeur qui paroi), s'y élève, monte par un tube à l'analyseur,
s'élève à barboter dans le liquide. le parcourt et tombe enfin dans la colonne, des-
L'analyseur, analogue à peu près par sa forme à cend de plateau en plateau par les tubes trop-
l'analyseur Siemens, est formé de lames contour- pleins verticaux, s'y dépouille graduellement de
nées en spirale, distantes d'environ 1 cent. La va- l'alcool en s'échauffant de plus en plus et arrive
peur, arrivant par le tube central, suit les contours enfin bouillant dans la chaudière en ébullition. Il
du serpentin réfrigérant plat, en spirale, et , parve- s'en écoule continuellement par un trop-plein , si
nue à la circonférence extérieure, se dégage dans l'appareil fonctionne de manière à ce que le moût
le tube qui la conduit au condensateur. Le liquide fermenté soit à peu près entièrement dépouillé
ALCOOLS . 128 — ALCOOLS.
d'alcool par son passage à travers la colonne. Il très-fréquemment employé dans l'industrie agri-
est avantageux d'utiliser la chaleur du liquide cole pour la distillation des vins, des jus de bet-
bouillant pour chauffer le moût fermenté à son teraves, mélasses et autres moûts fermentés.
Appareil de MM. Cail et
Cie (voyez fig. 12) . - Il se
compose de deux chaudières
étagées , A , B , chauffées
soit à feu nu par le même
foyer, soit par un tube bar-
boteur ou mieux encore à
l'aide d'un double fond ,
m pour ne pas délayer le moût
fermenté, si le résida est
destiné à la nourriture des
bestiaux . La première chau-
dière est munie d'un robi-
net de vidange , d'un tube
indicateur , d'un robinet
d'issue pour constater si les
vapeurs sont débarrassées
d'alcool, et d'une soupape
de sûreté. Un tube re-
courbé, partant du dôme
de la première chaudière
A, plonge au fond de la
seconde chaudière , s'y ter-
mine en pomme d'arrosoir
et distribue ainsi la va-
peur, déjà un peu alcooli-
que , venant de A, dans
toute la masse de B. La
vapeur enrichie en B s'é-
lève dans une colonne ,
passe de plateau en plateau
sous lescalottes renversées ,
qui font de chacun des
dix tronçons de colonne des
rectificateurs , arrive très-
chargée d'alcool au som-
met de la colonne , d'où un
h tube en siphon la conduit
dans un déflegmateur rec-
tificateur. Après y avoir dé-
posé les parties les plus
aqueuses, lavapeur d'alcool
arrive dans un serpentin
rectificateur et analyseur ;
quatre tours d'hélice de ce
serpentin sont munis de
robinets , au moyen des-
quels on peut faire retour-
ner à volonté le liquide
Fig. 13. - Appareil Champonnois. condensé dans le défleg-
mateur rectificateur . Enfin
la vapeur la plus alcoolique
s'échappe au sommet du
serpentin pour se rendre fi-
nalement dans le serpentin
condensateur. L'alcool con-
densé s'écoule par l'éprou-
vette dans les réservoirs.
La marche de la matière
à distiller est inverse de
celle des vapeurs . Pompée
à la partie supérieure de
l'appareil, elle traverse d'a-
bord le vase contenant le
serpentin rectificateur, s'y
échauffe , coule de là sur
les plateaux de la colonne,
qu'elle descend successive-
Fig. 16. Analyseur Champonnois. ment pour s'écouler dans
la chaudière B et de là dans
la chaudière A, lorsque
passage du réfrigérant condensateur à l'analyseur, celle-ci a été vidée.
Si la matière à distiller est épaisse, on mu-
et en porter la température à 60°-70°. nit d'agitateurs vases le traverse ;
Cet appareil , à la fois simple et ingénieux, est 100 hectolitres delessubstancesqu'el farineuses peu-
ALCOOLS. 129 - ALCOOLS.
vent fournir de 25 à 26 hectolitres d'alcool à 95º. à la fois comme avant- chauffeur du moût et
Tels sont les appareils les plus usités en France. comme déflegmateur et rectificateur des vapeurs
En Angleterre, où la consommation des caux-de- alcooliques. La partie supérieure EE de cette se-
vie et esprits est énorme, les grands distillateurs conde colonne produit en même temps la con-
ont établi des appareils gigantesques , dont celui densation de la vapeur d'alcool suffisamment con-
de Coffey, basé sur le même principe que celui centrée.
de Derosne , a le plus d'importance. Sa forme Le collecteur A est divisé par une plaque de
extérieure, qui ressemble à une armoire colos- cuivre cc en deux compartiments B et C. Cette
sale , diffère complétement de celle des appareils plaque est perforée comme une écumoire d'un grand
employés sur le continent. nombre de trous, dont plusieurs, plus grands, oo
Pour donner une idée des dimensions d'un sont munis de soupapes en forme de T.
appareil de Coffey, nous n'avons qu'à mentionner Par des plaques en cuivre tout à fait semblables
que MM. Currie, à Bow, près Londres, y obtien- rr, l'analyseur ou rectificateur D est divisé en
nentannuellement plus de 4,675,000 litres d'alcool douze chambres , et le rectificateur d'alcool faible F
à 65° ( overproof ) par la distillation du moût fer- en dix chambres par les plaques ss. Les trous
menté d'orge et d'avoine avec addition de malt. des plaques sont d'un diamètre tel, qu'ils per-
Cette seule maison paye à l'État plus de 400,000 mettent le passage de la vapeur, mais non celui
livr. st. (10,000,000 fr. ) de droits par an. du liquide étalé au-dessus des plaques. Ce liquide
L'appareil construit en forts madriers, garnis est obligé de s'écouler par des tuyaux (d dans le
de feuilles de cuivre, se compose de trois parties collecteur , vv dans les deux colonnes ) de la
principales. chambre ou d'un compartiment supérieur dans le
Le collecteur de moût AA est surmonté de deux compartiment inférieur.
colonnes prismatiques, dont l'une DD fait fonc- Les ouvertures garnies de soupapes oo per-
tion d'analyseur et sert à la rectification du moût, mettent à la vapeur de s'échapper, si par accident
Landis que la seconde FF , le rectificateur , sert elle présentait une trop forte tension.

M
E
S

D
K

G
JAHANDIER
1.JA

Fig. 17. Appareil de Coffey.

Voici la marche de l'appareil. Un courant con- dans le sens vertical ) d'abord le condensa-
tinu de moût s'écoule d'un grand réservoir H teur E, puis le rectificateur F; arrivé au bas de
dans un réservoir plus petit G, d'où une pompe la seconde colonne , il se relève pour déverser
K le puise pour le déverser par le tuyau I au le moût dans le compartiment supérieur de la
haut de la seconde colonne E. Comme il est né- première colonne D. Le moût descend ensuite
cessaire de pouvoir régler exactement le courant par les tuyaux vv de compartiment en compar-
de moût fermenté, la pompe en puise constamment timent , et arrive enfin par d dans la chambre
plus qu'il n'en faut, et l'excédant rentre par le supérieure C du collecteur A, et enfin dans la
robinet régulateur x et le tube / dans le grand chambre inférieure B, d'où , après avoir perdu les
réservoir H. dernières traces d'alcool , on le fait écouler au
Le tuyau i contenant le moût fermenté par- dehors d'une manière intermittente par le tuyau
Court en zigzags ( le tuyau se recourbe plu- de sortie t.
sieurs fois horizontalement avant de descendre i
En parcourant ce chemin de D en B, le moût
6-1
ALCOOLS . 130 ALCOOLS.
ne doit former sur chaque plaque de cuivre per- puissant, est relativement d'un prix beaucoup
forée rr qu'une couche d'environ 2 1/2 à 3 cen- moins élevé que les appareils employés sur le
timètres d'épaisseur. A cet effet , les tuyaux continent.
d'écoulement du moût vv dépassent les plaques Ayant ainsi passé en revue les principaux ap-
de cette même hauteur, et, pour empêcher la pareils distillatoires, nous pouvons résumer en
vapeur de suivre le même chemin, les tuyaux quelques mots les observations se rapportant aux
plongent par la partie inférieure dans des espèces diverses matières premières fermentées soumises
de capsules qui produisent une fermeture hydrau- à la distillation .
lique. La même disposition est réalisée pour le Différentes circonstances doivent être prises en
tuyau d, qui conduit le moût sur la plaque cc considération , lorsqu'il s'agit de faire un choix
en C. Dès qu'il s'y est accumulé au point de rem- parmi les divers appareils distillatoires qui vien-
plir le tube indicateur extérieur y, on tire la nent d'être décrits ; tels sont , par exemple , la
soupape b, ce qui permet au moût de s'écouler consistance plus ou moins épaisse du moût fer-
par le tuyau b, fermé par cette soupape, et de se menté, la pureté et la concentration de l'alcool
rendre dans la chambre inférieure B du col'ec- qu'on veut obtenir, le goût particulier que doit
teur A. présenter le liquide alcoolique, l'utilisation des
Voyons maintenant la marche inverse des va- résidus de la distillation , etc. Le chauffage à la
peurs. En B, le moût, déjà presque entièrement vapeur est surtout avantageux lorsqu'on doit dis-
privé d'alcool , se trouve soumis à l'action d'un tiller des matières fermentées, épaisses et gluti-
courantde vapeur d'eau venant d'un générateur par neuses, qui s'attachent facilement aux parois des
le tube aa. Les vapeurs aqueuses arrivant sous une vases chauffés à feu nu, lorsque la dilution plus
certaine pression traversent le moût, le dépouillent ou moins considérable des résidus ou vinasses
des derniers restes d'alcool, passent à travers les ne présente point d'inconvénients et lorsque l'al-
trous de la plaque cc, traversent en C le moût cool doit être pur, concentré et aussi exempt que
accumulé sur cette plaque sur une multitude de possible de tout goût particulier.
points, lui enlèvent l'alcool et arrivent par le On préférera, au contraire, le chauffage à feu
tuyau e dans le compartiment inférieur de la nu, lorsque le moût est très-liquide, fluide , pen
première colonne D. De là les vapeurs, en traver- visqueux, ou bien même dans le cas de moût-
sant toujours les trous des plaques rr, s'élèvent épais, lorsque les résidus doivent être le moins
de compartiment en compartiment jusqu'à la aqueux possible, ou que l'alcool doit présenter
chambre supérieure de D. une saveur et une odeur spéciales.
Pendant ce trajet, les vapeurs , à mesure qu'elles Dans ces derniers cas, il faut même souvent
s'élèvent, rencontrent un moût de plus en plus al- donner la préférence aux appareils distillatoires
coolique, mais aussi de moins en moins chaud ; elles plus simples et moins économiques , comme, par
abandonneut donc de la vapeur d'eau qui se con- exemple, pour la fabrication des eaux de cerises,
dense dans le moût, et s'enrichissent par contre de prunes, de myrtilles , etc.
des vapeurs alcooliques. Après ces rectifications Passons rapidement en revue la distillation des
répétées, les vapeurs, déjà passablement riches , différents moùts fermentés .
se rendent par le tuyau mm dans le comparti- 1° Distillation des trempes de céréales et de
ment inférieur de la seconde colonne FF (faisant pommes de terre. · Pour obtenir des eaux-de-vie
fonction d'avant- chauffeur) . En F, les vapeurs de bon goût, on ne distille que des moùts prove-
s'élèvent d'une manière analogue à travers les nant de blé, d'orge, d'avoine ou de riz, ou d'un
plaques perforées ss , en rectifiant l'eau-de-vie mélange de ces céréales. Le wiskey, produit en si
ou les flegmes condensés dans le déflegmateur E. grande quantité en Angleterre, est préparé avec du
Ces flegmes coulent de E au bas de F en passant froment ou avec de l'orge additionnés d'une petite
sur les plaques perforées et par les tuyaux plon- quantité d'avoine, dont la présence facilite l'opé-
geurs v (exactement comme le fait le moût dans ration de la trempe. Les trempes de pommes de
la première colonne) s'étalant sur chaque plaque terre fournissent toujours des alcools très-chargés
en couche de 2 1/2 centimètres d'épaisseur, que la d'huiles essentielles et de très-mauvais goût ; mais
vapeur traverse sur une multitude de points. Les par contre la pomme de terre saccharifiée , soit par
flegmes abandonnent rapidement la majeure par- l'orge germée, soit par les acides, est une des ma-
tie de leur alcool et arrivent au bas de F; le tières les plus économiques pour la fabrication de
résidu liquide très-aqueux s'écoule par le tuyau l'alcool, surtout dans les distilleries agricoles .
gg dans le petit réservoir de moût G, où il dé-
laye le moût et est pompé avec lui par le tuyau i Quantité d'alcool fournie.
pour suivre la circulation du moût à travers tout d'après dans
l'appareil. la théorie. la pratique.
Les vapeurs alcooliques, encore enrichies par 100 kilog. de blé . 38 à 40 lit. 26 à 30lit.
tout l'alcool enlevé ainsi aux flegmes, arrivent 100 de seigle 34 35 24 28
enfin en E. La plaque qui sépare E de F n'est 100 d'orge.. 35 36 24 28
point percée de trous ; elle laisse passer les va- 100 de pommes de
peurs par le tuyau court et large u dans le dé- teire .. 10 13 8 11
flegmateur condensateur E ; là des plaques non
perforées obligent les vapeurs de suivre les zigza s On admet généralement pour 100 kilog. de
du tuyan i rempli de moût froid. Il s'y condense pommes de terre, saccharifiées avec 7 kilog. d'org
de l'eau-de-vie, et seules les vapeurs les plus alcoo- germée, un rendement de 8 kilog. 24 d'alcoo
liques , se dégageant par le tuyau n, se rendent absolu; en en retranchant 1 kilog. 68 comme pro-
au serpentin condensateur. venant de l'orge, il reste pour le rendement moyen
Si les vapeurs alcooliques condensées en E de la pomme de terre seule 6 kilog. 56 = 8 lit. 08
fournissent un alcool déjà assez concentré, et c'est d'alcool absolu.
le cas ordinaire, on laisse écouler celui -ci par 25 ares de terre labourable produisant de 500 à
une ouverture pratiquée en p, d'où un tuyau l'a- 700 kilog. de blé , 405 à 585 kilog . de seigle , 480
mène au réfrigérant, et de là aux réservoirs. à 640 kilog. d'orge, et 4,500 à 6,000 kilog, de
Dans ce cas, les flegmes rectifiés par les vapeurs pommes de terre, il en résulte que ce même ter-
ne sont fournis que par la condensation partielle rain pourra fournir, au moyen du blé, 152 à
de ces dernières dans les compartiments défleg- 213 lit.; au moyen du seigle, 119 à 172 lit.; au
mateurs et rectificateurs de FF. moyen de l'orge, 134 à 179 lit. , et au moyen des
Cet appareil, très-bien raisonné et d'un effet si pommes de terre, 460 à 660 lit. d'alcool.
ALCOOLS. 131 ALCOOLS .
C'est donc bien la pomme de terre qui permet tandis que la vapeur d'eau s'y condense. Le liquide
à une surface donnée de terrain de fournir la plus aqueux ne tarde pas à se rassembler au-dessous
forte quantité d'alcool. du plateau perforé inférieur et y est porté à l'é-
Dans l'industrie agricole, il ne faut point consi- bullition par le courant de vapeur d'eau. Les va-
dérer l'alcool comme le produit principal de la dis- peurs alcooliques chassées de bas en haut de pla-
tillerie, mais plutôt comme le produit accessoire ; teau en plateau arrivent au couvercle du cylindre
ce sont les résidus ou vinasses , utilisés pour la A et y trouvent un tuyau qui les mène au fond du
nourriture du bétail et comme conséquence pour cylindre B; en y traversant les plateaux et les
la production de viande et d'engrais, qui doivent cossettes, elles s'enrichissent de plus en plus, et,
constituer le produit principal . C'est pour cette arrivées enfin au haut de B, sont conduites par un
raison qu'il faut éviter le plus possible de rendre tuyau spécial vers un réfrigérant condensateur.
ces résidus trop aqueux ; on admet ordinairement, Mais bientôt , par suite du courant continu de
pour la valeur nutritive des résidus, la moitié de vapeur d'eau en A, les cossettes y sont entière-
celle des pommes de terre employées ; les résidus ment dépouillées d'alcool ; on arrête alors la va-
des céréales possèdent naturellement une valeur peur en A, et par un tuyau semblable, on la fait
nutritive comparativement beaucoup plus élevée. arriver au fond de B; à ce moment, C étant éga-
Le meilleur mode d'utilisation de ces résidus est lement rempli de cossettes fermentées fraîches,
de les mélanger avec des fourrages secs (de la paille on interrompt la communication entre B et le ré-
hachée, par exemple), ou mieux encore d'y faire frigérant condensateur, et par contre on l'établit
cuire ces derniers. entre B et C par un tuyau qui part du haut de B
Il est essentiel de faire consommer les vinasses pour déboucher au bas de C, dont le haut com-
au fur et à mesure de leur production , puisqu'il munique actuellement avec le réfrigérant con-
est difficile de les conserver sans altération . densateur. Les choses se passent donc entre B et
2° Distillation des vins et liquides alcooliques C comme antérieurement entre A et B.
non glutineux. – La distillation des vins, qui La distillation continuant ainsi, on vide A, on
fournit les eaux- de-vie les plus fines, est des plus le charge de cossettes fraîches, et lorsque B est
faciles et ne donne lieu à aucune observation par- épuisé d'alcool, on met C en communication avec
ticulière . Les vinasses sont malheureusement trop A, dont le haut communique à son tour avec le
souvent jetées , tandis qu'elles devraient toujours éfrigérant condensateur, et ainsi de suite.
être rendues aux vignes, puisqu'elles renferment Les cossettes épuisées dont le poids équivaut
des quantités notables de matières fertilisantes et à peu près à la moitié du poids des betteraves
de sels, entre autres du tartre. constituent une bonne substance alimentaire lors-
3° Distillation des trempes de betteraves. — Les qu'on l'associe à des fourrages secs.
modes de distillation dépendent naturellement du Le système de M. Leplay est très-rationnel et
traitement qu'on avait fait subir à la betterave pratique, et est surtout applicable aux distillerics
avant la fermentation . Pour la betterave, comme agricoles dans les fermes. 100 kilog . de betteraves
pour les pommes de terre et les céréales, l'utili- peuvent fournir de 4 1/2 à 5 1/2 lit. d'alcool ab-
sation des résidus pour la nourriture des bestiaux solu.
constitue un des points les plus essentiels, mais L'alcool de betterave renferme passablement
souvent aussi des plus difficiles de cette indus- d'huiles qui lui communiquent un goût peu agréa-
trie agricole. La plupart des observations concer- ble.
nant la distillation des trempes de céréales et de 40 Distillation des fruits fermentés. - — Quoique
pommes de terre s'appliquent également à la dis- le moût provenant de la fermentation des fruits
tillation des trempes de betteraves. à l'exception du cidre et du poiré ) soit généra-
Nous devons seulement mentionner plus spécia- lement assez épais et mucilagineux, la distillation
lement la distillation des cossettes de betteraves s'opère ordinairement sur une petite échelle et
d'après le système de M. Leplay , qui n'extrait point avec les appareils distillatoires les plus simples
le jus des cossettes, mais obtient la transforma- et les plus imparfaits. Aussi l'opération , pour
tion du sucre en alcool en plongeant les cossettes éviter que la matière ne s'attache aux parois de
dans une liqueur en fermentation active, addition- l'alambic et ne s'y carbonise, en communiquant
née d'une certaine quantité d'acide sulfurique (3 : u produit distillé une saveur empyreumatique
à 4 millièmes du poids des betteraves) et dont la désagréable, doit être conduite très- doucement
température est maintenue entre 25º et 28° centigr. et avec un feu très-ménagé.
Les cossettes restent de 10 à 24 heures dans la Les poires fournissent un peu plus d'alcool que
liqueur, et sont alors enlevées à la pelle et intro- les pommes . On compte que 100 kilog . de ces
duites dans l'appareil distillatoire. dernières peuvent produire en moyenne 80 lit. de
Ce dernier se compose de trois cylindres placés bon cidre, renfermant 6 % en volume d'alcool à
verticalement. Dans l'axe de chaque cylindre se 20° ou 21º Cartier ou 2 1/2 lit. d'alcool absolu.
trouve fixé , sur le fond inférieur, une tige en cui- Pour l'obtention des eaux-de-vie de cerises ,
vre ; c'est le long de cette tige qu'on fait glisser prunes, couetches (ces dernières constituent le sli-
des plateaux en cuivre mince perforés de nom- wowitz, si apprécié en Bohême) , on fait fermenter
breuses ouvertures, chargés de cossettes. Les pla- les fruits en présence d'environ 1/6 des noyaux
teaux sont distants d'environ 20 à 25 cent. et doi- écrasés, pour obtenir un alcool plus parfumé.
vent s'appliquer très-exactement contre les parois L'huile des noyaux retarde un peu la fermenta-
des cylindres . tion, mais protége en même temps le moût contre
On remplit les cylindres de plateaux jusqu'en l'acidification . Le moût provenant des cerises ou
haut et on les ferme ensuite hermétiquement. merises fermentées doit être distillé aussitôt la
Les cylindres renfermant donc alors une couche fermentation achevée ; au contraire celui des pru-
perméable de cossettes fermentées , il faut laisser nes, couetches , etc. , peut rester sans inconvénient
un intervalle assez notable (30 à 60 cent. suivant abandonné à lui- même pendant des semaines sans
la hauteur du cylindre) entre le plateau inférieur que le produit distillé en soit altéré.
et le fond du cylindre pour que le liquide puisse On a préconisé pendant quelque temps l'em-
s'y accumuler. ploi des tiges de sorgho (sorghum saccharatum).
Désignons les trois cylindres par les lettres A, B, qui renferment un suc sucré (34-56 %) pour la
C. Supposons A et B remplis de cossettes . On fait fabrication de l'alcool ; mais l'exploitation en grand
arriver au fond de A un courant de vapeur prove- ne paraît pas avoir fourni les avantages qu'on en
nant d'un générateur. La vapeur, en s'élevant en- attendait. Il en est de même des tubercules de
tre les cossettes, les échauffe, volatilise l'alcool l'asphodèle .
ALCOOLS . 132 - ALCOOLS .
Le marc de raisin et la lie de vin sont aussi caustiques hydratés, ces éthers sont de nouveau
généralement soumis à la distillation pour en décomposés en alcools et en sels alcalins .
retirer l'alcool qu'ils renferment. Il est avanta- L'eau-de-vie de pommes de terre renferme sur-
geux d'ajouter un peu d'acide sulfurique au mo- tout de l'alcool amylique C5 H12O, puis des alcools
ment de la distillation . Pour le marc de raisin, plus hydrocarburés, des acides gras volatils, des
comme pour les fruits fermentés, on emploie fré- éthers et des produits huileux.
quemment des alambics à double fond perforé L'eau-de-vie de marc de raisin ou de lie de vin
en écumoire. L'alcool retiré des marcs et de la lie contient de l'acide et de l'éther oenanthique, plus
est chargé d'une quantité notable d'huile de vin, des alcools amylique , propylique, etc.
qui , à la fin de la distillation , apparaît même L'eau - de - vie de grains renferme , d'après
sous forme de gouttelettes huileuses. MM . Mulder , Kolbe , Glassfort et Rowney, de
L'alcool de garance se distingue par une odeur et l'éther enanthique , une huile très - odorante
une saveur sui generis. On y rencontre, outre des (C2H34 O, Mulder) , des acides oenanthique et mar-
principes huileux, une substance camphrée parti- garique, caprylique et caprique libres , de l'alcool
culière, dont il est difficile de le débarrasser com- amylique et les éthers de ces acides et alcools.
plétement. Dans l'alcool de mélasse de betteraves, on a
5° Alcool de bois . - MM . Bachod et Machard rencontré, outre les alcools supérieurs de la série,
ont fait breveter un procédé particulier (reposant des acides gras libres, pélargonique, caprylique,
d'ailleurs sur des réactions bien connues) de pré- caprique et les éthers correspondants. Il est
paration de pâte de papier au moyen du bois. Ce possible qu'une partie des acides gras signalés
dernier est scié en rondelles, qu'on fait bouillir dans ces eaux - de - vie provienne des matières
avec de l'acide chlorhydrique ou de l'acide sul- grasses employées fréquemment dans les raffine-
furique étendu d'eau . Le ligneux devient brun, ries de sucre pour rabattre la mousse pendant
et la matière incrustante se transforme en sucre. l'ébullition et la concentration des liquides sucrés.
On sature l'acide en majeure partie par du cal- Presque tous les principes odorants des eaux-
caire; on fait fermenter et on distille. On doit de-vie étant moins volatils que l'alcool , on les
obtenir d'un stère de bois environ 15 à 17 litres met en évidence en versant l'alcool sur la main
d'alcool concentré . ou sur une soucoupe, et saisissant l'instant où, par
Mais les frais d'acide et de main-d'œuvre pa- l'évaporation , son volume s'est réduit à une frac-
raissent être trop considérables pour rendre ce tion minime. L'odeur des principes étrangers ap-
procédé pratique et avantageux. paraît alors bien plus fortement et peut être
La même observation s'applique, à plus forte facilement distinguée .
raison, à l'alcool préparé au moyen du gaz d'éclai- On peut aussi mélanger l'eau-de-vie avec son
rage ou plutôt au moyen de l'hydrogène bicar- volume d'éther pur, qui se charge des huiles
'boné qu'il contient. Il faut , après avoir fait ab- odorantes, ajouter ensuite de l'eau pour obtenir
sorber ce gaz par de l'acide sulfurique concentré, la séparation de l'éther, décanter celui-ci , le lais-
ce qui donne naissance à de l'acide sulfovini- ser évaporer sur une petite soucoupe jusqu'à ce
que , saturer l'excès d'acide sulfurique par de la qu'il ne reste que quelques gouttes d'une liqueur
chaux et décomposer l'acide copulé par ébulli- aqueuse mélangée de gouttelettes huileuses. L'o-
tion avec de l'eau ou par distillation en acide deur des principes odorants peut alors aussi être
sulfurique et alcool . Ce procédé est intéressant perçue et distinguée facilement.
comme théorie , mais n'est susceptible d'aucune La transformation de l'eau-dc-vie mauvais goût
application. en alcool bon goût , ou plutôt en alcool ne présen-
PURIFICATION DES EAUX- DE-VIE ET ALCOOLS.- tant aucune saveur et odeur étrangères, peut être
Les eaux-de-vie et alcools obtenus par la distilla- opérée de trois manières différentes : par rectifica-
tion des diverses liqueurs fermentées renferment tion et concentration ; par des dissolvants et absor-
toujours, outre l'alcool pur, de l'eau , des acides bants ; par des réactifs chimiques. La rectification
organiques appartenant la plupart à la série acé- et surtout la concentration des eaux-de-vie et al-
tique, d'autres alcools, tels que les alcools propy- cools, de manière à obtenir un alcool d'au moins
lique , butylique , amylique , oenanthylique, des 92 %, constitue le moyen le plus efficace et le
éthers provenant de la réaction des acides sur les plus rationnel de purification . Aussi les appareils
alcools, et enfin quelquefois des matières grasses, les plus perfectionnés, bien munis d'analyseurs ,
huileuses, analogues aux huiles essentielles et de rectificateurs et de déflegmateurs , fournissent-
aux camphres dont la nature n'a pas encore été ils toujours un alcool presque pur. Lorsqu'on
bien déterminée. fractionne les produits d'une rectification , l'al-
Toute fermentation sucrée donnant naissance, cool le plus concentré qui distille d'abord est
outre l'acide carbonique et l'alcool, à de la gly- généralement de bon goût, et ce sont surtout les
cérine et à de l'acide succinique, indépendam- queues, plus faibles et plus aqueuses , qui sont
ment d'autres acides fixes ou volatils, tels que les les plus souillées de principes odorants. Bien
acides tartrique , paratartrique , citrique , ma- souvent les alcools amylique, butylique, etc. , et
lique, etc. , qui se rencontrent si souvent dans les les éthers s'y séparent en gouttes huileuses dis-
fruits sucrés, on comprend que malgré la distil- tinctes, qui se rassemblent et peuvent être enle-
lation l'alcool obtenu puisse contenir en quantité vées et recueillies à part . C'est même ainsi qu'on
plus ou moins notable une foule de produits acces- les obtient dans la plupart des cas.
soires ; il leur doit cette saveur et cette odeur ca- Bien des procédés , avec emploi de substances
ractéristiques, qui , dans une foule de cas, permet- soi - disant désinfectantes , anciennement préco-
tent à nos sens de décider et reconnaitre son nisés ne devaient en réalité leur efficacité qu'à la
origine. rectification et concentration de l'alcool formant
Il est à remarquer que des acides et des alcools une partie essentielle du procédé , et les sub-
qui, chacun isolément, présentent une odeur très- stances elles-mêmes n'y jouaient qu'un rôle bien
désagréable, peuvent cependant donner naissance secondaire.
à des éthers d'une odeur agréable et aromatique ; Le charbon de bois, granulé en petits fragments
c'est ainsi que l'alcool amylique fournit un éther uniformes, récemment calciné et refroidi à l'abri
acétique offrant l'arome des poires de bergamote ; du contact de l'air, pour l'empêcher d'absorber
l'acide butyrique fournit avec l'alcool ordinaire des gaz et vapeurs et de se charger d'humidité,
un éther butyrique offrant l'arome de l'ananas ; est une des matières désinfectantes de l'eau-de-
la plupart des essences de fruits artificielles sont vie les plus employées. Son efficacité est cepen-
de pareils éthers ; par l'ébullition avec les alcalis dant moins grande qu'on ne le suppose généra-
ALCOOMÉTRIE. 133 ALCOOMÉTRIE .
lement, surtout si l'alcool à désinfecter est assez suppose ne contenir que de l'alcool et de l'eau.
concentré. Dans ce dernier cas, il convient de De la densité il est facile de conclure la compo-
l'étendre d'une certaine quantité d'eau. On peut sition. Si l'alcool et l'eau en se mélangeant n'é-
opérer soit à froid, soit à chaud : dans le premier prouvaient aucune contraction , un simple calcul
cas, on fait couler l'alcool à travers une couche de proportions donnerait cette composition. Mais
de charbon un peu haute ; dans le second cas , on il en est autrement la contraction du mélange
l'y fait passer en vapeurs. Le charbon chargé est très-sensible, et il a fallu construire des tables
d'huiles odorantes et qui ne désinfecte plus est spéciales donnant les densités des divers mé-
révivifié par calcination, après qu'on a préalable- langes d'alcool et d'eau.
ment expulsé les principes alcooliques et volatils Les tables les plus étendues et celles qui ont été
au moyen d'un courant de vapeur d'eau surchauf- construites avec le plus de soin sont celles faites
fée. Si l'on traite un pareil charbon chargé de par Gilpin , de 1790-1794 , sous la direction de
principes huileux par de l'alcool déjà purifié et Blagden [ Philosophical Transactions , 1794] . On a
concentré, celui-ci dissout ces principes, au moins déterminé la densité à des températures variant
en partie, et devient infect. Les huiles grasses de cinq en cinq degrés Fahrenheit , depuis 30°
agitées avec de l'alcool lui enlèvent assez facile- jusqu'à 100°, de quarante mélanges différents
ment les principes odorants ; on peut aussi fil- d'eau et d'alcool. L'alcool employé n'était pas ab-
trer l'alcool à travers un corps poreux ( de la solu, mais avait une densité de 0,825 à 60º Fah-
pierre ponce, du charbon de bois , etc. ) imprégné renheit. C'est pour ce motif que nous ne repro-
d'huile. En soumettant ensuite à un courant de duisons pas ici ces tables , mais bien celles qui
vapeur énergique l'huile chargée de principes en ont été déduites par Tralles [ Gilberts Anna-
odorants, ces derniers en sont chassés et peuvent len , t. XXXVIII , p. 386].
être condensés et recueillis . L'alcool retient facile- Ce savant a déterminé la densité de l'alcool
ment un goût et une odeur rappelant distinctement absolu déshydraté à l'aide du chlorure de cal-
l'huile employée . Le savon a également été re- cium , et l'a fixée à 0,7939 par rapport à l'eau
commandé par M. Kletzinsky comme moyen dés- prise au maximum de densité , et à 0,7946 par
infectant (sur 20 litres d'alcool mauvais goût rapport à l'eau à 60° F. D'un autre côté , il a
on emploie 1 kilog. de savon de Marseille) , puis- trouvé que l'alcool employé par Gilpin (D = 0,825 ,
que le savon peut se charger d'environ 20 % de renferme 89,2 p. en poids d'alcool absolu pour
son poids de principes huileux odorants. L'alcool 10,8 p. d'eau. Avec ces données, il a pu transfor-
qui distille n'a presque plus d'odeur et est plus mer les tables de Gilpin , de manière qu'en con-
concentré que l'alcool primitif, le savon retenant naissant la densité d'un mélange à la température
de l'eau. Le même savon peut servir de nouveau , à laquelle les tables ont été construites, on trouve
après qu'on en a chassé les principes odorants par immédiatement en regard la proportion d'alcool
un courant de vapeur d'eau aidé d'une tempéra- en poids ou en volume qu'il renferme . (Voyez ces
ture élevée. tables, p. 134.)
Parmi les agents chimiques , il faut citer : Gay-Lussac a déterminé , par des expériences
1° les alcalis caustiques (chaux hydratée, soude directes , dont les résultats diffèrent très-peu de
caustique) et leurs carbonates ; ils saturent sur- ceux de Gilpin , les densités de divers mélanges
tout les acides gras libres ; lorsque l'alcool contient d'eau et d'alcool à la température de 15º, rappor-
de l'aldehyde, les alcalis réagissent sur lui , le co- tées à l'eau prise à la même température ( Instruc-
lorent d'abord en jaune, le décomposent et don- tion pour l'usage de l'alcoomètre, etc. , 1824).
nent naissance à un produit ayant une odeur de Les tables de Gay-Lussac n'ont pas été publiées ;
cannelle qui passe à la distillation ; les carbonates mais M. Collardeau en a donné un extrait que
alcalins n'agissant point ainsi sur l'aldéhyde mé- voici [Rep. de Chim. app. , 1862, p. 30 ] :
ritent la préférence ; 2° le chlorure de chaux, le
ALCOOL

manganate et le chromate de potasse.


Ces agents ne sont pas à proprement parler des
.VOL

désinfectants ; ils réagissent tout aussi bien sur


A15º
EN
%

l'alcool que sur les principes odorants qui l'ac-


compagnent. Ils masquent plutôt ces derniers en
donnant naissance à d'autres produits d'une sa-
veur et odeur moins désagréables, parmi lesquels
il faut citer l'aldehyde.
01234567-02RLD

En général , les désinfectants chimiques ne


08385R888588PFRRERRE

10,000 26 9700 52 9,309 78 8,6.9


sont pas à recommander, et il vaut mieux s'en 9,985 27 9,690 9,289 79 8,672
tenir à la rectification et à l'emploi du charbon 9,970 28 9,679 54 9,269 80 8,645
de bois. E. K. 9,956 29 9,668 9,248 81 8,617
ALCOOMÉTRIE. -Les mélanges d'eau et d'al- 9,912 30 9,657 56 9,227 82 8,589
9,929 31 9,645 57 9,206 83 8,560
cool (eaux-de-vie, esprits-de-vin ) formant l'objet 9,9/6 32 9,633 9,185 81 8,531
d'une branche importante de commerce, on a de- 9,903 33 9,621 59 9,163 85 8,502
puis longtemps éprouvé le besoin de fixer la pro- 9,891 34 9,608 60 9,141 85 8,472
portion d'alcool et d'eau qu'ils renferment . 9,878 35 9,594 61 9,119 87 8,442
Anciennement on se contentait de brûler l'al- 9,867 36 9,581 62 9,096 88 8,411
cool dans un tube cylindrique et d'apprécier la 11 9,855 87 9,567 63 9,073 89 8,379
9,844 38 9,553 64 9,059 90 8,346
valeur de la liqueur d'après la quantité d'eau 9,833 39 9,538 65 9,027 91 8,312
restante. On a employé pour le même usage le
*

9,822 40 9,523 66 9,004 92 8,278


carbonate de potasse sec, qui, comme on sait, 9,812 41 9,507 67 8,980 93 8,212
s'empare de l'eau et en sépare l'alcool quand on 9,802 42 9,491 68 8,956 91 8,206
l'ajoute en quantité suffisante dans un liquide 9,792 43 9,474 69 8,932 95 8,168
alcoolique. Cet essai donne des résultats meil- 9,782 44 9,457 70 8,907 96 8,128
leurs que la preuve de Hollande, ou l'épreuve à 19 9,773 45 9,440 71 8,882 97 8,086
9,763 46 9,422 72 8,857 98 8,0.12
la poudre ; mais tous ces moyens ont été rem- 9,753 47 9,404 73 8,831 99 8.096
placés par d'autres beaucoup plus rigoureux . 9,742 48 9,386 71 8,805 100 7,947
Le plus commode de beaucoup et le plus em- 9,732 49 9,367 75 8,779
ployé consiste à mesurer, au moyen d'un aréo- 9,721 50 9,318 76 8,753
mètre à poids constant , construit spécialement 9,711 51 9,329 77 8,726
pour cet usage, la densité du mélange , que l'on
ALCOOMÉTRIE. - 134 ALCOOMÉTRIE.
En comparant les nombres précédents avec indiqués anciennement par Lowitz, puis par Gay-
ceux des tables de Tralles, que nous donnons ci- Lussac [Compt. rend. , 1859, t. XLVIII, p. 929] . Õn
dessous , on trouve entre eux une coincidence peut donc considérer les densités des mélanges
complète. M. Pouillet , ayant depuis vérifié la d'alcool et d'eau comme connues d'une manière
densité de l'alcool absolu, a retrouvé les nombres certaine.

ALCOOL ALCOOL DENSITÉ ALCOOL ALCOOL DENSITÉ ALCOOL ALCOOL DENSITÉ


% % A % % A % % A
EN VOL. EN POIDS . 15º 5/9. EN VOL. EN POIDS. 15º 5/9 EN VOL. EN PIDS. 15º 5/9.

7885889 = 9 ## 49588858858858885888885
0823456780

0 1,000 34 28,13 0,9605 68 60,38 0,8949


1 0,80 0,9985 35 23,99 0,9592 69 61,42 0,8925
1,60 0,9970 36 29,86 0,9579 70 62,50 0,8900
2,40 0,9956 37 30,74 0,9565 71 63,58 0,8875
3,20 0,9942 38 31,62 0,9550 72 64,66 0,8850
4,00 0,9928 39 32,50 0,9535 73 65,74 0,8824
4,81 0,9915 40 33,39 0,9519 74 66,83 0,8799
5,62 0,9902 41 34,28 0,9503 75 67,93 0,8773
6,43 0,9890 42 35,18 0,9487 69,05 0,8747
7,24 0,9878 43 36,08 0,9470 70,18 0,8720
8,05 0,9866 44 36,99 0,9452 71,31 0,8693
11 8,87 0,9854 37,90 0,9435 72,45 0,8664
12 9,69 0,9814 46 38,82 0,9117 80 73,59 0,8639
13 10,51 0,9832 39,75 0,9399 81 74,74 0,8611
14 11,33 0,9821 40,66 0,9381 82 75,91 0,8583
15 12,15 0,9811 41,59 0,9362 83 77,09 0,8555
16 12,98 0,9800 50 42,52 0,9343 84 78,29 0,8526
17 13,80 0,9790 51 43,47 0,9323 85 79,50 0,8496
18 11,63 0,9780 52 41,42 0,9303 86 80,71 0 8466
19 15,46 0,9770 53 45,36 0,9283 87 81,94 0,8436
20 16,28 0,9760 51 46,32 0,9262 88 83,19 0,8405
21 17,11 0,9750 47,29 0,9242 89 84,46 0,8373
22 17,95 0,9740 56 48,26 0,9221 90 85,75 0,8340
23 18,78 0,9729 49,23 0,9200 91 87,09 0,8306
24 19,62 0,9719 50,21 0,9178 92 88,37 0,8272
25 20,46 0,9709 51,20 0,9156 93 89,71 0,8237
26 21,30 0,9698 60 52,20 0,9134 94 91,07 0,8201
27 22,14 0,9688 61 53,20 0,9112 95 92,46 0,8164
28 22,99 0,9677 62 54,21 0,9000 96 93,89 0,8125
29 23,84 0,9666 63 55,21 0,9067 97 95,34 0,8084
30 24,69 0,9655 64 56,22 0,9044 98 96,84 0,8041
31 25,55 0,9643 65 57,24 0,9021 99 98,39 0,7995
32 26,41 0,9631 66 58,27 0,8997 100 100,00 0,7946
33 27,27 0,9618 67 59,32 0,8973

Les instruments employés pour mesurer la qui renferme p parties en poids d'alcool, le vo-
densité de l'alcool sont d'ordinaire gradués de 100
façon à donner directement la proportion en vo- lume du mélange renferme un volume d'al-
D
lumes d'alcool contenue dans le mélange. C'est
ainsi que sont construits l'alcoomètre centésimal cool17, eet un volume d'eau 100 - p. Le volume
de Gay-Lussac , employé en France, et celui de
Tralles, employé en Allemagne. Ces deux instru- étant réduit à 100 renfermera un volume d'al-
ments nediffèrent que par la température de gradua- cool x, donné par la proportion
tion . Quelquefois on se sert encore des alcoomètres 100 Р
de Baumé et de Cartier, à graduation arbitraire. D d D
On trouvera à l'article ARÉOMÉTRIE la correspon- = ; d'où x = p
dance des aréomètres de Cartier et de Baumé 100 x d'
avec l'alcoomètre centésimal .
Les alcoomètres donnent en général la propor- Quant au volume d'eau , un calcul analogue montre
tion en volumes de l'alcool contenu dans le mé- qu'il sera (100 - p) D. Il est bon de remarquer que
le volume d'eau additionné à celui d'alcool donnera
lange. Il est quelquefois utile de transformer
cette donnée en proportion relative au poids d'al- un nombre plus grand que 100, à cause de la
cool; c'est ce qu'il est facile de faire. Supposons , contraction qui a toujours lieu lorsqu'on mélange
en effet, que 100 volumes d'alcool d'une densité D de l'alcool et de l'eau.
renferment v volumes d'alcool absolu , la densité Un autre problème qui se présente assez sou-
de l'alcool pur étant d , le poids du mélange sera vent est celui qui consiste, étant donné un certain
volume d'alcool 100 , par exemple, d'une densité D
100D vd + 100 — v, (ou d'un titre v) , à chercher la quantité d'eau
100 -v étant le volume et en même temps le nécessaire pour l'amener à une densité D' (ou ,
poids de l'eau exprimés en centimètres cubes et ce qui revient au même, à un titre v' ) . Si nous
en grammes. Le poids 100 D renfermant un appelons V le volume qui sera occupé par le nou-
poids vd d'alcool , 100 p . en poids du mélange en veau mélange, nous aurons la relation
renferment une quantité donnée par la proportion
100 v'
100 D vd d
d'où x = v V v
100 x D
On peut aussi se poser le problème inverse, et, en effet, le volume v sera dilué dans le rapport
étant donnée la proportion d'alcool en poids, cher- 100
de
cher celle en volumes. Supposons que l'on ait
100 p . en poids d'un mélange d'une densité D , D'un autre côté. le volume V est égal au poids du
ALCOOMÉTRIE. - 135 - ALCOOMÉTRIE.

nouveau mélange 100 D + x, divisé par sa densité D': Le signe ou le signe sont employés sui-
100D + x vant que la température dépasse 150 ou lui est
V=- inférieure.
D' Voici une table de correction donnée par Tralles,
En éliminant V entre ces deux équations , on trouve dans laquelle on trouve les densités apparentes,
V 100 D + x v c'est-à-dire telles que les donne l'aréomètre, de
100 = d'où x= 100 (D' -D). divers mélanges d'alcool et d'eau à diverses tem-
v' D' pératures. Pour s'en servir, étant donné un alcool
Nous n'avons pas tenu compte jusqu'ici des à l'une ou l'autre des températures indiquées ,
variations de température, et nous avons supposé on cherche dans la colonne correspondant à cette
que les mesures alcoométriques avaient été faites température le chiffre que l'on trouve dans la
à la température normale de 15° 5/9 (60° Fahr. ) table de Tralles en regard du nombre de volumes
pour les tables de Tralles , et à celle de 15° pour pour cent lu sur l'alcoomètre. En regard de ce
les tables de Gay-Lussac. Lorsque les mesures se chiffre, on trouvera dans la première colonne le
font à une température différente , il faut intro- volume pour cent corrigé d'alcool absolu. Si l'on
duire une correction que l'on trouve dans des ne trouve pas la densité exactement dans la
tables toutes construites, ou que l'on calcule par colonne appartenant à la température , on calcu-
une formule due à Francœur. L'alcool étant à la lera le nombre correspondant au moyen de la
CACASABUYASHERSTEL

température de tº au-dessus ou au-dessous de 15º, différence des deux densités qui comprennent
le degré alcoométrique étant a, le degré véri- celle qui est observée. On fera une correction
table x, c'est-à-dire le volume pour cent d'alcool analogue pour la température , si la température
absolu à la température de 150 contenus dans le observée ne correspond à aucune de celles de la
liquide, sera : x = a = 0,4t. table.

DENSITÉS AUX TEMPÉRATURES DE

10 1 + 107 + 404 + 702 + 10 + 1208 +15061803 +-21 ° 1 +239 + 260729° 4

0 0,999 4 0,9997 0,9997 0,9998 0,9997 0,9994 0,9991 0,9987 0,9981 0,9976 0,9970 0,9962
0,9924 0,9926 0,9926 0,9926 0,9925 0,9922 0,9919 0,9915 0,9909 0,3903 0,9897 0,9889
10 0,986-8 0.9869 0,9868 0,9867 0,9865 0,9861 0,9857 0,9852 0,9845 0,9839 0,9831 0,9823
15 0,982.3 0,9822 0,9820 0,9817 0,9813 0,9807 0,9802 0,9796 0,9788 0,9779 0,9771 0,9761
20 0,9786 0,9782 0,9777 0,9772 0,9766 0,9759 0,9751 0,9743 0,9733 0,9722 0,9711 0,9700
25 0,9753 0,9746 0,9738 0,9729 0,9720 0,9709 0,9700 0,9690 0,9678 0,9665 0,9652 0,9638
30 0,9717 0,9707 0,9695 0,9684 0,9672 0,9659 0,9646 0,9632 0,9618 0,9603 0,9588 0,9572
35 0,9671 0,9658 0,9644 0,9629 0,9614 0,9599 0,9583 0,9566 0,9549 0,9532 0,9514 0,9195
40 0,9615 0,9598 0,9581 0,9563 0,9546 0,9528 0,9510 0,9471 0,9472 0,9152 0,9433 0,9412
45 0,9544 0,9525 0,9506 0,9486 0.9467 0,9447 0,9427 0,9406 0,9385 0,9364 0,9342 0,9320
50 0,9460 0,9440 0,9420 0,9399 0,9378 0,9356 0,9335 0,9313 0,9290 0,9267 0,9244 0,9221
55 0.9368 0,9347 0,9325 0,9302 0,9279 0,9256 0,9234 0,9211 0,9187 0,9163 0,9139 0,9114
60 0,9267 0,9245 0,9222 0,9198 0,9174 0,9150 0,9126 0,9102 0,9076 0,9051 0,9026 0,9000
65 0,9162 0,9138 0,9113 0,9088 0,9063 0,9038 0,9013 0,8988 0,8962 0,8936 0,8909 0,8882
70 0,9046 0,9021 0,3996 0,8970 0,8944 0,8917 0,8892 0,8866 0,8839 0,8812 0,8784 0,8756
75 0,8925 0,8899 0,8873 0,8847 0,8820 0,8792 0,8765 0,8738 0,8710 0,8681 0,8652 0,8622
80 0,8798 0,8771 0,8744 0,8716 0,8688 0,8659 0,8631 0,8602 0,8573 0,8544 0,8514 0,8483
85 0,8663 0,8635 0,8606 0,8577 0,8547 0,8517 0,8488 0,8458 0,8427 0.8396 0,8365 0,8333
BAKHJASKVASASHIövo

90 0,8517 0,8486 0,8455 0,8425 0,8395 0,8363 0,8332 0,8300 0,8268 0,82 16 0,8204 0,8171

Cette table donne le volume d'alcool absolu à son en ramenant le volume de l'alcool lui-même
15 5/9 en centièmes du volume du mélange al- à cette température normale de 15º 5/9, et c'est
coolique à la température à laquelle la mesure a ce qui est fait dans la table suivante :
été faite. Il est plus naturel de faire la comparai-

DENSITÉS AUX TEMPÉRATURES DE

101 +107+ 404 +702 + 100 + 1208 +15°5/) + 18° 3 + 21° 1 + 23° 9+ 2607 + 29°4

0,9994 0,9997 0,9997 0,9998 0,9997 0,9994 0,9991 0,9987 0,9981 0,9976 0,9970 0,9962
0,9924 0,9926 0,9926 0,9926 0,9925 0,9922 0,9919 0,9915 0,9909 0,9903 0,9897 0,9889
0,9868 0,9868 0,9868 0,9867 0,9865 0,9861 0,9857 0,9852 0,9815 0,9839 0,9831 0,9823
15 0,9823 0,9822 0,9820 0,9817 0,9813 0,9807 0,9802 0,9796 0,9788 0,9779 0,9771 0,9761
20 0,9786 0,9782 0,9777 0,9772 0,9766 0,9759 0,9751 0,9743 0,9733 0,9723 0,9713 0,9700
25 0,9752 0,9745 0,9737 0,9729 0.9720 0,9709 0,9700 0,9690 0,9678 0,9666 0,9653 0,9640
30 0,9713 0,9705 0,9694 0,9683 0,9671 0,9658 0,9646 0,9633 0,9619 0,9605 0,9540 0,9574
35 0,9668 0,9655 0,9641 0,9627 0,9612 0,9598 0,9583 0,9567 0,9551 0,9535 0,9518 0,9500
0,9609 0,9594 0,9577 0,9560 0,9544 0,9527 0,9510 0,9193 0,9474 0,9456 0,9438 0,9419
0,9535 0,9518 0,9560 0,9482 0,9464 0,9445 0,9427 0,9408 0,9388 0,9269 0,9350 0,9329
50 0,9449 0,9131 0,9413 0,9393 0,9374 0,9354 6,9335 0,9315 0,9294 0,9274 0,9253 0,9232
55 0,9354 0,9335 0,9316 0,9295 0,9275 0,9254 0,9234 0,9213 0,9192 0,9171 0,9150 0,9128
0,9249 0,9-230 0,9210 0,9189 0,9168 0,9147 0,9126 0,9105 0,9083 0,9061 0,9039 0,9016
0,9140 0,9120 0,9099 0,9078 0,9056 0,9034 0,9013 0,8992 0,8969 0,8947 0,8924 0,8901
0,9021 0,9001 0,8980 0,8958 0,8936 0,8913 0,8892 0,8870 0,8847 0,8825 4,8801 0,8778
0,8896 0,8875 0,8854 0,8832 0,8810 0,8787 0,8765 0,8743 0,8720 0,8697 0,8673 0,8649
0,8761 0,8743 0,8721 0,8699 0,8676 0,8653 0,8631 0,8609 0,8585 0,8562 0,8538 0,8514
85 0,8623 0,8601 0,8579 0,8556 0,8533 0,8510 0,8488 0,8165 0,8441 0,8418 0,8394 0,8370
90 0,8169 0,8446 0,8123 0,8401 0,8379 0,8355 0,8332 0,8309 0,8285 0,8262 0,8238 0,8214
ALCORNINE. - 136 -- ALDEHYDES.
En Angleterre, on emploie encore, pour la per- dont la formule n'est pas connue [Freuzel , Ar-
ception des droits sur les liquides alcooliques , chiv. de Pharm., t. XXIII, p. 173].
l'hydromètre de Clarke ou de Sike, petit instru- ALCOSOL et ALCOGEL. Noms donnés par
ment de métal, dont la tige est graduée de manière M. Graham à des combinaisons liquides ou gélati-
que son zéro se trouve au point jusqu'auquel s'en- neuses d'alcool et d'acide silicique obtenues en
fonce l'instrument dans l'alcool d'une densité de mélangeant d'alcool , de l'acide silicique aqueux
0,825 à 60º Falır. Il est muni d'un certain nombre et en éliminant l'eau par l'action du carbonate de
de poids additionnels dont on charge l'instru- potasse sous une cloche ou par la dialyse.
ment pour le faire enfoncer dans les liquides ALDEHYDE. - Voyez ACETYLE ( Hydrure d').
plus denses. En ajoutant les chiffres inscrits sur ALDÉHYDÈNE . - Nom donné au radical C2H3
les poids avec celui qui se lit sur la tige, au point dérivé de l'éthylène par enlèvement d'un atome
où l'instrument affleure le niveau du liquide, on d'hydrogène. Ce radical existe dans l'éthylène
trouve un nombre auquel correspond, dans une chloré, l'éthylène bromé et iodé, appelés auss
table construite spécialement pour cela, la pro- chlorure, bromure, iodure d'aldéhydène . ( Voyez
portion en alcool d'épreuve (alcool à 0,92307 à 51°, ETHYLÈNE. )
ou à 0,919 à 60° Fahr. ) qui est contenue dans le CH2 CH
mélange. L'éthylène étant Ċ H2' l'aldéhydène est
CH2 .
On a proposé divers autres procédés pour ap- ALDEHYDES. Liebig étudia et analysa le
précier la proportion d'alcool contenue dans des premier un composé dérivant de l'alcool par sous-
mélanges aqueux. traction d'hydrogène, et que Dæbereiner avait
MM . Brossard-Vidal et Conaty [Compt. rend., obtenu à l'état impur. Il lui donna le nom d'al-
t. XXVII , p. 374 ; Journ . de Pharm . , (3) , t. XX, dehyde, de alcool dehydrogenatum.
p. 332 ] ont mesuré le point d'ébullition de ces Depuis on trouva de nombreux composés pré-
mélanges. L'alcool bouillant à 78°, 4 et l'eau à sentant des propriétés semblables , se formant
100°, un mélange des deux entrera en ébullition dans les mêmes circonstances , et on désigna les
à une température intermédiaire, d'autant plus corps jouissant de cette nouvelle fonction sous le
élevée que la liqueur sera plus pauvre en alcool. nom générique d'aldehydes ; on les considère aussi
Ce procédé a l'avantage de s'appliquer à des li- comme des hydrures de radicaux acides : de là
quides renfermant autre chose que de l'eau et de les noms d'hydrure d'acétyle (aldéhyde acétique),
l'alcool . L'expérience a montré que la présence du d'hydrure de benzoyle, etc.
sucre et des sels n'influe pas sensiblement sur la Lorsqu'une action oxydante transforme un al-
température d'ébullition. cool en l'acide correspondant , il y a deux phases.
L'opération peut se faire dans un petit vase dans la réaction. D'abord 1 atome d'oxygène en-
distillateur en cuivre dans lequel on introduit un lève 2 atomes d'hydrogène à l'état d'eau, puis un
thermomètre à échelle mobile, gradué de manière second atome d'oxygène se substitue aux 2 atomes.
à donner directement les degrés alcoométriques. d'hydrogène. Si la réaction s'arrête à la première
L'échelle mobile est à chaque opération mise d'a- phase, le corps obtenu est une aldehyde. Les aldé-
bord au zéro, au moyen d'une expérience faite hydes renferment donc moins d'hydrogène que
sur l'eau pure, pour éliminer l'influence de la l'alcool, et moins d'oxygène que l'acide.
pression barométrique .
M. Tabarié apprécie la richesse des liqueurs C2H4OH² = C² H6O.
alcooliques, vins, bières , etc. , en prenant la den- Aldehyde. Alcool.
sité du mélange, puis chassant l'alcool par l'ébul- C2H40 + 0 = C² H4 O².
lition d'un volume connu de liquide, ajoutant de Aldehyde . Acide acétique.
l'eau pour ramener au volume primitif, et prenant
ensuite la densité [ Ann. de Chim. et de Phys., Modes de formation. Plusieurs aldehydes
t. XLV, p. 222, 1830] . De la comparaison des deux existent à l'état de liberté dans la nature : l'es-
densités , on peut conclure la quantité d'alcool . sence de cumin renferme l'aldéhyde cuminique ;
Enfin, M. Silbermann se sert de la dilatation des les essences de cannelle et de cassia fournissent
mélanges alcooliques pour apprécier leur richesse l'aldehyde cinnamique ; l'essence d'amandes amè-
[Compt. rend., t. XXVII , p. 418] . Ici encore , la res s'obtient par la distillation des tourteaux d'a-
présence du sucre et des sels n'influe pas sen- mandes avec de l'eau, mais elle ne préexiste pas
siblement sur le résultat. L'appareil consiste en dans les amandes ; elle prend naissance par le
deux thermomètres, dont l'un, à mercure , est des- dédoublement d'un glucoside, l'amygdaline, sous
tiné à indiquer le stempératures de 25° et de 500; l'influence d'un ferment particulier. L'oxydation
l'autre est une sorte de pipette qui peut être fer- des matières albuminoides , de la gélatine, par le
mée par en bas et qu'on remplit, jusqu'à une cer- peroxyde de manganèse et l'acide sulfurique,
taine division , de la liqueur alcoolique portée à la fournit plusieurs aldehydes, hydrures d'acétyle, de
température de 25°. On l'introduit dans un vase propionyle , de benzoyle. La distillation sèche de
renfermant de l'eau à 50°, et l'on note la division quelques composés en produit aussi : l'huile de
où s'arrête la colonne de liquide alcoolique. La ricin dans ces circonstances donne l'aldéhyde
graduation donne immédiatement le titre en al- cnanthylique, l'acide lactique donne l'aldéhyde
cool ; on l'a faite préalablement en opérant sur des ordinaire. Dans la formation des acétones par la
mélanges d'alcool et d'eau de composition connue. distillation des sels de chaux , il se rencontre aussi
Lorsqu'on veut déterminer la teneur en alcool des aldehydes . Ainsi , M. Chancel a obtenu la bu-
d'une liqueur fermentée, vin , bière , etc. , au tyraldehyde en même temps que la butyrone.
moyen de l'alcoomètre centésimal, ce qui est tou- Par la déshydratation d'alcools polyatomiques,
jours le procédé le plus rigoureux, il faut com- on a préparé des aldehydes :
mencer par faire subir au liquide une distillation. C3H8 032 H2O = C3 H O.
L'opération se fait dans un petit alambic muni Glycérine. Acroleine
d'un serpentin ; on recueille dans le récipient ou aldehyde acrylique .
un tiers du liquide employé et l'on est sûr que
cette proportion renferme tout l'alcool contenu C2H6O2 H2O = C2H O.
primitivement dans la liqueur. On mesure le titre Glycol. Aldehyde
du produit distillé, et, en le divisant par 3 , on a acétique.
Ja richesse de la liqueur. C. F. M. Kolbe a préparé l'aldéhyde benzoique par
ALCORNINE. — Substance grasse cristallisable l'action de l'hydrogène naissant sur le cyanure de
que Freuzel a retirée de l'écorce d'alcornoque et benzoyle CHO . CAz + II² = C7 H6O + CAz H.
ALDEHYDES . 137 ALDEHYDES.

L'oxydation de l'éthylamine par le permanga- posés sont cristallisables , solubles dans l'eau, pen
nate de potasse a fourni l'aldehyde ordinaire à solubles dans les solutions concentrées des bisul-
M. Carstanjen. fites les acides et les alcalis mettent l'aldéhyde
Le chlore, en agissant sur l'alcool ordinaire hy- en liberté. Cette réaction permet de purifier les
draté, agit comme oxydant ; en enlevant de l'hy- aldehydes et de les séparer des hydrocarbures et
drogène à l'eau , il met en liberté de l'oxygène des alcools auxquels elles peuvent être mélangées :
qui transforme l'alcool en aldehyde. CH6OSO3 NaH SO3 Na C7H5 + H2O.
Les modes généraux de préparation des al- Aldéhyde Bisulfite Sulfite de benzoyle
déhydes sont les suivants : 1° L'action ménagée benzoïque. de soude. sodium.
des oxydants sur les alcools : on emploie soit le
peroxyde de manganèse, soit le bichromate de Les formules rationnelles de ces composés ne
potasse avec l'acide sulfurique : sont pas établies avec certitude.
C5H120 + 0 = C³ H10O + H2O . Enfin les aldehydes se combinent avec l'aniline :
la réaction a lieu entre 2 molécules d'aniline et
Alcool Aldehyde
amylique. valérique. 2 molécules d'aldéhyde avec élimination de deux
H2O :
2º La distillation d'un mélange de formiate de 2C6H5
chaux et du sel calcaire de l'acide dont on veut se 2 C5 H10O2 C6 H7 Az - 2 C3 H10 Az² + 2H2O.
procurer l'aldéhyde : Aldehyde Aniline.
valérique .
(C *HO2)2Ca + (CHO * 2Ca
Butyrate de chaux. Ces composés sont isomères des diamines déri
= 2C { HBO + 2CO3 Ca. vées des glycols. Suivant Schiff, qui a préparé ces
Butyr- Carbonate dérivés, la réaction de l'aniline sur les aldehydes
aldehyde. de chaux. serait aussi générale que celle des bisulfites.
Avec le perchlorure de phosphore , les aldehydes
Ce procédé est général et permet de préparer échangent 1 atome d'oxygène pour 2 atomes de
les aldehydes dont les alcools sont inconnus. In- chlore; il se forme un chlorure isomère des éthers
diqué par Williamson, ce mode de production des chlorhydriques des glycols, et des éthers chlorhy-
aldehydes a été réalisé par Piria dans la série aro- driques chlorés des alcools monoatomiques :
matique et par Limpricht dans la série grasse.
Propriétés. Les aldehydes, soumises à l'ac- C2H4OPC15C2H4C1² = + POCI³.
tion des oxydants , fixent un atome d'oxygène Aldehyde Chlorure
et se transforment en acides. Cette transformation acétique. d'éthylidene.
a lieu souvent par la simple exposition de l'al- Le chlorure d'éthylidène est isomérique avec le
déhyde à l'air : chlorure d'éthylène et , suivant Beilstein , iden-
CH60 + 0 = C7 H6 O². tique avec le chlorure d'éthyle chloré.
Aldéhyde Acide benzoïque. Ces chlorures réagissent sur l'acétate d'argent,
benzoique suivant l'équation
Sous l'influence de la potasse en fusion ou de C2H4C12 + 2 C2H3O2 Ag
la chaux potassée et d'une température élevée, les == (C2H3O2)2 C2H4 + 2 Ag Cl.
aldélydes donnent le sel de potasse de l'acide Acétate d'éthylidene.
monoatomique correspondant. Il y a en même
temps dégagement d'hydrogène : Ce composé, qui représente une combinaison
d'anhydride acétique et d'aldéhyde, a été obtenu
CHẢO + KHO = C* H30 °K + H . directement par M. Geuther :
Aldéhyde Acétate de
acétique. potasse . C2H4O (C2H³ O) 2O = (C² H³ O2,2 C² H¹ .
CH6O2 + KHO:= C7H5O3 K + H2. Toutes ces métamorphoses, action de l'oxygène,
Aldehyde Salycilate de de la potasse en fusion , de l'hydrogène naissant ,
salycilique. potasse.
des bisulfites, de l'aniline et du perchlorure de
Soumises à l'action de l'hydrogène naissant dé- phosphore, sont caractéristiques des aldéhydes et
gagé par l'amalgame de sodium dans une liqueur communes à tous ces composés. Celles qu'il nous
acide, elles régénèrent l'alcool dont elles sont reste à considérer présentent certaines différences
dérivées : suivant les séries auxquelles elles appartiennent,
C7H6O + H2 = C7 H8 O. ou bien n'ont pas été constatées sur un nombre
Aldehyde Alcool assez grand d'aldéhydes pour assurer leur carac-
benzoïque. benzylique. tère absolu de généralité.
Si cet alcool n'est pas saturé, il fixe lui-même Lorsqu'on fait agir le chlore ou le brome sur
de l'hydrogène, et l'on obtient l'alcool saturé de une aldehyde , la substitution a lieu de différentes
la série. On peut considérer deux temps à la réac- manières. Si nous considérons les aldehydes
tion : comme des hydrures de radicaux acides, et, en
1º C3H4OH2 = C³ H6 O. effet, C2H4O égale C2H3O . H, l'action du chlore
Acroléine Alcool peut se porter d'abord sur l'hydrogène typique ou
(ald. acrylique). allylique. sur l'hydrogène du radical. Dans le premier cas,
20 C3H60 + H2 = C³ H 8 O. le premier corps formé est un chlorure de radical
Alcool propylique. acide :
L'aldehyde benzoique traitée par l'hydrogène C²H¹O + Cl² = C² H³O, Cl + HCl ,
Aldehyde Chlorure
naissant que dégage l'acide chlorhydrique en pré- ou hydr. d'acétyle. d'acétyle.
sence du zinc se comporte différemment elle
double sa molécule en fixant H2 : et le chlore ensuite, portant son action sur l'hy-
drogène du radical acide, donne des dérivés chlo-
2CHO + H2 = C14 H14 O2. rés de ce chlorure :
Hydrobenzoïne.
Les aldehydes possèdent toutes la propriété de C2H3O.CIC12C2H2CIO.CI + HCl.
se combiner avec les bisulfites alcalins ; mais elles Chlorure d'acétyle
chloré.
ne la possèdent pas seules. Plusieurs acétones se
combinent de même avec les bisulfites. Ces com- M. Wurtz a montré qu'il en est ainsi de l'aldéhyde
ALDEHYDES. 138 ALDEHYDES .
acetique et que le chlorure d'acétyle bichloré la série aromatique, c'est le sel ammoniacal qui
CH CI2O. Cl est différent du chloral qu'on obtient se forme.
en traitant l'alcool absolu par le chlore ; le chloral Lorsqu'on traite un mélange d'alcool absolu et
serait l'hydrure de trichloracétyle C2C1³O . H. d'aldehyde par un courant d'acide chlorhydrique,
Avec l'aldehyde benzoïque, le chlore donne du on obtient un corps qui représente un composé
chlorure de benzoyle ; mais avec l'aldéhyde buty- de chlorure d'éthyle et d'aldéhyde :
rique , il fournit de l'hydrure de chlorobutyryle CHO, C2H5 Cl.
différent du chlorure de butyryle.
Les métaux alcalins dégagent de l'hydrogène En le chauffant avec l'éthylate de soude, le groupe
et s'y substituent : le potassium forme avec l'hy- C2H5O se substitue au chlore :
drure d'acétyle un sel blanc qu'on a considéré C2H5 0 C2H4O C2H5
+ C2H5 CI = C²H& O. CHO,
comme une aldehyde dont un atome d'hydrogène Na }=
serait remplacé par du potassium ; mais cette et reproduit le composé connu sous le nom d'acé-
réaction est encore mal connue. Avec l'aldehyde tal combinaison d'éther éthylique et d'aldéhyde,
valérique et le sodium , M. Borodine a eu une analogue à la combinaison que celle-ci forme avec
réaction très-complexe dans laquelle il ne paraît l'acide acétique anhydre. Les acétals ne se forment
pas s'être formé de valérylure de sodium. que dans la série grasse ; les aldehydes de la série
La potasse alcoolique résinifie certaines al- aromatique ne se combinent pas dans les mêmes
déhydes de la série grasse, en même temps qu'il circonstances .
se forme le sel de potasse de l'acide correspon- Tout ce que nous venons de dire s'applique
dant. Dans la série aromatique, il y a production aux aldehydes dérivées des alcools monoatomi-
de l'acide et de l'alcool correspondants : ques. Celles qui sont dérivées des alcools polyato-
2 CH6OKHO C7H5O2K + C7 H8O . miques sont peu nombreuses et leur histoire
Aldehyde Benzoate de Alcool laisse encore beaucoup de points à éclaircir. Ce
benzoïque. potasse. benzylique. sont l'aldehyde salicylique CH6O2, l'aldehyde
anisique C8H8O2, le furfurol C5 HO2 et l'aldé-
Les aldehydes de la série grasse se comportent h . de phtalique C8 H6O2. Toutes les trois fixent de
de la même manière quand on les chauffe avec de l'oxygène pour se transformer en leurs acides
la chaux éteinte :
correspondants. Les deux premières s'obtiennent
4C5 H10O + Ca H2O2 = ( C5 Hº O2)2 Ca - 2 C5 H12O2. soit par la méthode de Piria, soit par l'oxydation
Aldéhyde Valérate de chaux. Alcool de leurs alcools. Elles régénèrent ceux-ci par l'ac-
valérique. amylique. tion de l'hydrogène naissant ; elles se combinent
Avec l'ammoniaque, elles se combinent en avec les bisulfites. Le furfurol , qu'on obtient en
donnant un aldéhydure d'ammonium : oxydant le son par le peroxyde de manganèse
et l'acide sulfurique, est mal connu ; il n'a pas été
CH8O Az H³ = C+ H7 (Az H¹ ) O. reproduit par la distillation d'un mélange de py-
Aldehyde romucate et de formiate de chaux, et on n'a pu
butyrique. préparer son alcool par l'hydrogène naissant ; on
Dans la série aromatique, la réaction est diffé- ne sait s'il se combine avec les bisulfites. Ces
rente ; elle a lieu entre 3 molécules de l'aldehyde trois aldehydes se comportent avec l'ammoniaque
et 2 d'ammoniaque, et il s'élimine 3 atomes d'eau : comme les aldehydes de la série aromatique. La
3 CH6O2 Az H³ Az2 (C7 H6)3 + 3 H2O. réaction a lieu entre 3 molécules de l'aldéhyde,
2 molécules d'ammoniaque ; il s'élimine trois H2O :
Aldehyde Hydrobenzamide.
benzoïque. 3 C5 H4022 Az H³ = C15 H12 03 Az² + 3 H2O.
Fur.urol. Furfuramide .
Avec les acides étendus, ces dérivés s'hydratent
et régénèrent les aldehydes ; avec les alcalis , ils De plus, l'aldehyde salicylique la mieux étudiée des
subissent une transformation moléculaire qui les trois fait la double décomposition avec les bases :
change en alcalis isomères. C7H6O2 KHO = C7 H³ KO2 + H2O .
L'action de l'acide nitrique est également diffé- Salicylite
rente dans la série grasse et la série aromatique. de potasse.
Il change les aldehydes de la première série en Enfin, on a considéré le glyoxal C2H2O2 comme
acides, en leur cédant un atome d'oxygène ; avec une aldehyde dérivant du glycol par enlèvement
les aldehydes aromatiques, il donne des produits de H. Il est évident qu'on n'en peut rien con-
de substitution nitrés : clure pour l'histoire générale des aldehydes de
C7H6O + Az HO³ = C7H5 (Az O²) O + H2O. glycols, puisque ce composé a été obtenu non avec
Aldehyde nitro- le glycol , mais avec l'alcool ordinaire. Quant à
benzoïque. l'aldehyde phtalique, son histoire n'est pas encore
L'acide sulfhydrique enlève l'oxygène des al- connue.
CONSTITUTION DES ALDEHYDES ET FORMULES RATION-
déhydes et le remplace par du soufre : NELLES.— On a employé diverses formules ration-
C* H'O + H2S = CH'S + H2O nelles pour représenter tel ou tel ordre de réac-
Quand on fait réagir l'acide cyanhydrique et tions des aldehydes.
On les a considérées comme des hydrures de
l'eau sur une aldehyde en présence de l'acide radicaux acides ; l'aldéhyde acétique est l'hydrure
chlorhydrique, il y a fixation des deux premiers , d'acétyle
et il se forme, soit une amide d'un acide biato- C2H4OC2H3O.H ;
mique et monobasique appartenant à la série su-
périeure, l'aldehyde benzoïque C7 H6O est l'hydrure de ben-
zoyle t
C2H4OCAZ H + H2O = C³ H5 (Az H²) O², CHEO.H.
Alanine ou acide
lactamique . A l'appui de ces formules, on a un grand nombre
soit le sel ammoniacal de cet acide, de réactions : 1 ° Transformation des aldehydes
en acides par oxydation directe ou action de la
CHO - CAz H + 2112O = C8 I17 (Az H¹, O³ . potasse fondue :
Formobenzoylate
d'ammoniaque . C³ H9 OH + 0 = C³ Hº O². I] ;
Hydrure Acide
Dans la série Cn I12 O , on obtient l'amide ; dans de valéryle. valétique.
ALDEHYDES. ― 139 - ALDEHYDES.

C2H3O.H + KHO = CH3O2. K + H2. Ces formules ne servent qu'à montrer comment
Hydrure Acétate tendent à se séparer les atomes dans les dédou-
d'acétyle. de potasse. blements de la molécule.
9° Action du chlore sur l'aldéhyde ordinaire : Quant à leur constitution , elle est la même que
C2H3O. H + C1² = C² H³ O. CI + HC). celle des acides. Un acide monobasique représente
Chlorure du carbonyle, CO diatomique, dont les deux ato-
d'acétyle. micités vacantes sont saturées, l'une par un radi-
cal hydrocarburé, l'autre par de l'oxhydrile, OH.
L'action de l'acide sulfhydrique se représente Remplaçons l'oxhydrile par un atome d'hydrogène,
aussi bien avec cette formule qu'avec toute autre, nous aurons la formule de constitution des aldé-
l'aldéhyde sulfurée C2HS étant l'hydrure de hydes :
sulfacétyle
C2H3S.H. CO" ( CH3 CO" CH3
JOH { H.
Pour la fixation de l'hydrogène naissant sur les Acide acétique . Aldéhyde acétique.
aldehydes , on les a représentées comme les hy-
drates d'un radical non saturé ; l'aldehyde acé- Rapportée au type du carbone tétratomique, les
tique devient aldehydes sont représentées par la formule sui-
C2 A3 vante
HO, R'
C'
l'aldehyde butyrique H,
CH7
HS R'étant un radical alcoolique quelconque. On voit
l'aldehyde benzoique que dans les aldehydes comme dans les acides
C7H5 0. l'oxygène est attaché au carbone par ses deux
H centres d'attraction . Cette formule , proposée par
Cette formule explique des réactions observées M. Lieben , suffit à différencier les aldehydes de
leurs isomères , et rend compte de toutes leurs
seulement avec l'aldehyde acétique : 1º Action réactions.
du chloroxyde de carbone : Quant aux aldehydes d'acides diatomiques, une
C2H3 { O + COCP² = C2H3 + CO2 + HCl.
CH³ formule analogue leur convient. L'acide salicy-
CI lique est
Hydrate de Chloracé- ( CH.OH
vinyle ou tène. C6H4 OHCO.OH ou CO
d'acétène. Oн.
2º Elimination de 1 molécule d'eau par 2 mo-
lécules d'aldéhyde, sous l'influence de certaines Il est moitié acide, moitié phénol , de même que
solutions salines : l'acide lactique est moitié acide, moitié alcool . Si
l'on remplace l'oxhydryle acide OH de l'acide saly-
2 Cº 11³ . OH = (C² H³) ² O + H2O. cilique par H, on a l'aldélyde salicylique
Oxyde de
vinyle CH.OH
On remarque en effet entre l'aldéhyde, le chlor- CO
acétène et cet oxyde de vinyle, les mêmes rela- ( II.
tions qu'entre l'alcool, le chlorure d'éthyle et Elle renferme encore un oxhydryle, mais un
l'éther : oxhydryle phénique. Elle remplit donc une fonc-
C2 H³. OH, C²H³. C!, (C2H3)2O. tion mixte, elle est moitié phénol et moitié aldé-
Enfin , en considérant les aldehydes comme hyde ; dans la plupart de ses réactions , elle se
l'oxyde d'un radical diatomique, non isolé, tel est comporte comme une aldehyde ; mais l'oxhydryle
phénique pouvant se combiner avec les bases,
{C³ H10)" O, l'aldehyde salicylique fait la double décomposition
oxyde d'amylidène ou aldehyde valérique, isomère avec celles-ci pour donner naissance aux salicy-
de l'oxyde d'amylène, on conçoit : lures . Cette réaction n'est pas celle d'une aldehyde ;
1° L'action du perchlorure de phosphore. elle lui appartient en vertu de l'oxhydryle phé-
CHO + PC15 = C7 H® Cl2 + POCI³ ; nique qu'elle renferme. Cette aldehyde ne diffère
Oxyde Chlorure des aldehydes ordinaires que par la substitution
de benzylidene. de benzylidene d'un oxhydryle à un atome d'hydrogène du radical
(chloro-benzol). hydrocarboné.
2º L'action de l'aniline, où le carbone et l'hy- L'aldehyde anisique est un dérivé méthylé de
drogène des aldehydes se substituent à H2 : l'aldehyde paraoxybenzoique , isomère de la pré-
cédente et encore inconnue.
C5H10" Une seule aldehyde d'acide dibasique a été dé-
2 C5H10O2C6H5 Az = C5H10" Az2 ; couverte ; c'est l'aldehyde phtalique
Oxyde 2C6H5
d'amylidene C6H4 ( CO.H
faldehyde valérique). { CO.II ,
3º L'action de l'ammoniaque sur les aldehydes dérivant de l'acide phtalique par substitution de
aromatiques : deux atomes d'hydrogène aux deux oxhydryles. La
CH6" formule précédente montre la constitution de ces
3 CH6O2 Az H3 = C7 H6" Az² + 3 1120. sortes d'aldehydes : le glyoxal produit d'oxydation
C7 H6" de l'alcool paraît avoir la même constitution et
Hydrobenzamide, correspondre à l'acide oxalique :
En résumé, suivant l'ordre de dédoublements
que l'on considère , on peut écrire les aldehydes ОН II
avec trois formules, soit l'aldéhyde ordinaire : 0
C2H3O. H, C² H³ . OH, C2H4O. clo
OH 10.
Hydrure d'acétyle. Hydrate d'acétène. Oxyde
d'éthylidène . Acide oxalique. Glyoxal,
ALIZARINE. 140 ― ALIZARINE.
premiers s'obtiennent par l'évaporation lente
LISTE DES ALDEHYDES CONNUES. d'une solution éthérée ; ils ont l'apparence de
plaques ou d'écailles micacées d'un jaune doré,
Aldehydes d'ACIDES MONOBASIQUES. assez semblables à l'or mussif. Les cristaux anhy-
Série des acides gras. dres ont la forme d'aiguilles brillantes, prisma-
tiques, terminées par des biseaux aigus ; elles
Aldehyde acétique... C²HO sont longues et minces, d'une couleur rouge tirant
propionique. C3H6O plus ou moins sur le jaune , suivant leur épais-
butyrique . C& H8O seur et les conditions dans lesquelles la cristalli-
valérique . C5H10 O sation est effectuée. Ainsi l'alizarine déposée pen-
caproique. C6H12O dant le refroidissement d'une solution acétique
œnanthylique G7H14O bouillante est tout à fait jaune. On produit les
caprylique C8H16O aiguilles anhydres : 1° par sublimation ; 2° par
cristallisation dans l'alcool à 86° centésimaux, ou
Série de l'acide acrylique. dans l'eau surchauffée à 250º.
Aldehyde acrylique ou acroléine . C³HO L'alizarine fond vers 215°, et se sublime à une
température comprise entre 215° et 240° ; mais
Série de l'acide benzoïque et de ses homologues. elle peut déjà se vaporiser et se condenser en
cristaux à 100° , lorsqu'elle est maintenue long-
Aldehyde benzoïque.. CH6O2 temps à cette température. Un courant d'air ou
toluique . C8 H8 O de vapeur d'eau favorise le phénomène.
cuminique .. CIO H12O Pour sublimer l'alizarine sans en décomposer
sycocérylique. C18 H28 O de trop fortes proportions, il convient d'éviter
l'emploi de grandes masses. La méthode la plus
ALDEHYDES D'ACIDES DIATOMIQUES ET MONOBASIQUES. avantageuse, à mon avis, consiste à étaler quel-
Furfurol ou aldéhyde pyromucique . CHO ques décigrammes de produit (alizarine impure,
Aldehyde salicylique.. CH6O2 extrait alcoolique de garancine, ou toute autre
- anisique ou aldehyde pa- substance riche en matière colorante), au fond
raoxybenzoique mé- d'un creuset en porcelaine de la contenance de
C7 H5 (CH3) Oº 50 grammes. On recouvre le creuset d'une feuille
thylée ..... de papier à filtrer et de son couvercle , et l'on
ALDEHYDES D'ACIDES DIBASIQUES . en chauffe le fond à 250º, au bain de sable . Au
bout d'une demi-heure, et, après refroidissement,
Glyoxal ?.. C2 H2O2 on trouve l'intérieur du vase rempli d'un lacis
Aldehyde phtalique.. C8 H6 02 de longues et belles aiguilles.
E. G. L'eau froide ne dissout que des quantités insi-
gnifiantes d'alizarine, en se colorant en jaune ; à
ALEMBROTH ( SEL) . ― Le sel alembroth, partir de 150º la solubilité augmente rapidement.
sel de science ou de sagesse, est un chlorure D'après les déterminations approximatives de
double de mercure et d'ammonium. On l'obtient MM. E. Mathieu-Plessy et P. Schützenberger,
en mélangeant exactement parties égales de chlo- 100 grammes d'eau dissolvent :
rure d'ammonium et de chlorure mercurique ,
tous deux porphyrisés : il se forme le chlorure A 100% .. Ocr 034 d'alizarine.
HgCl2, Az HCl, avec un excès de sel ammoniac. A 150° 0 035
A 2000 0 820
Le sel alembroth s'emploie pour bains, de préfé- A 225° 1 700
rence au sublimé, parce qu'il est beaucoup plus A 250° 3 160
soluble dans l'eau.
ALEXANDRITE (Min. ). -- Variété de cymo- [Compt. rend. de l'Acad., t. XLIII, p. 167.]
phane d'un beau vert, colorée par un peu d'oxyde Par le refroidissement, l'alizarine dissoute se
de chrome; venant des monts Ourals. sépare sous forme d'aiguilles anhydres. La solu-
ALGAROTH ( POUDRE D' ) . On donne ce bilité dans l'alcool n'est pas exactement déter-
nom à l'oxychlorure d'antimoine. Employée au- minée ; elle n'est pas considérable à la tempéra-
trefois comme vomitive , la poudre d'algaroth ture ordinaire. Les solutions faites à l'ébullition
n'est plus usitée que pour la préparation de l'émé- sont jaunes, si le produit est pur, et laissent dé-
tique. poser des aiguilles anhydres souvent très-belles .
ALGÉRITE (Min .). Silicate d'alumine et de L'alizarine se dissout facilement, surtout à chaud,
potasse, espèce probablement altérée que sa forme dans l'éther, l'esprit de bois, la benzine, les
rapproche de la Wernerite . huiles de goudron , l'huile de pétrole, l'essence
ALGODONITE (Min . ) . [ Field , Chem. Soc., 289]. de térébenthine, le sulfure de carbone (peu), la
- Arséniure de cuivre argentifère Cu12 As2, ren- glycérine, les acides acétiques anhydre et mono-
fermant moitié moins d'arsenic que la Domeykite, hydraté. L'acide sulfurique à 66° Baumé la dissout
des mines d'argent d'Algodon près de Coquimbo gans modification , le liquide supporte même une
(Chili). Petites masses d'un blanc d'argent, re- température de 200° ; l'eau reprécipite la matière
couvertes de cuivre oxydulé . Cassure granulaire. colorante intacte. Une solution bouillante d'alun
ALISONITE (Min .) . ---- M. Field a donné ce dissout l'alizarine en petites proportions ; par le
nom à un minerai compacte d'un bleu d'indigo , refroidissement presque tout se sépare de nouveau
trouvé dans la mine de Nusia- Grande , près de en flocons jaune rougeâtre.
Coquimbo. Dureté - 2,5-3. Densité = 6,10 . Composition. On adopte généralement l'ex-
Cette substance renferme, d'après lui : Cuivre pression de Wolff et Strecker : C10 H6O3 . Cette
53,6. Plomb 28,2 . Soufre 17,1 . = 98,8 . formule rend compte , jusqu'à un certain point,
ALIZARINE . [ Syn . Acide alizarique.] - Ma- des rapports qui lient l'alizarine au groupe
tière colorante de la garance. Elle a été décou- naphtalique . Comme les agents oxydants la trans-
verte en 1826 par Robiquet et Colin [ Ann . de forment en un mélange d'acides phtalique et
Chim . et de Phys., t. XXXIV, p. 225]. oxalique, Laurent avait supposé que l'alizarine
Propriétés physiques. - L'alizarine cristallise représente l'acide oxynaphtalique, dont il avait
très-facilement, soit par voie de dissolution , soit obtenu le dérivé chloré ( C10 HS CIO³) . -
— L'expé-
par sublimation . Les cristaux offrent deux formes rience n'a pas donné raison à cette manière de voir.
distinctes suivant qu'ils sont ou non hydratés. Les L'expression C10 H6O3, qui concorde très-bien avce
ALIZARINE. - 141 ALIZARINE.

les résultats analytiques, devra probablement être solutions alcooliques, elle se dépose sous forme
doublée, pour représenter le véritable poids mo- d'une poudre cristalline. Chauffée sur une lame
léculaire de ce corps. En effet , d'après les re- de platine, elle brûle sans donner de sublimé.
cherches de M. Schützenberger, la purpurine, si Elle teint la laine en lilas, sans mordant; le coton
voisine de l'alizarine , a pour formule C20H12 07 mordancé en alumine se colore en rouge violacé.
(Bull. de la Soc. industr. de Mulhouse, t. XXXIV, La composition de ce corps paraît être représentée
p. 70]; il est assez naturel d'admettre que l'alizarine par les formules :
contient la même quantité de carbone C20 H12O6. C20 H12O6. Az H3 ou 2C20 H12O6. 3Az H³.
D'un autre côté , l'analyse d'un dérivé benzoique et
d'un dérivé éthylique conduit aux expressions : Dérivé éthylique.- L'alizarate de soude cristal-
lisé , chauffé en vase clos, à 120°, avec un excès
C20 H9 (C7 H50)306, C20 H9 (C2H5)3 (6. d'iodure d'éthyle, donne de l'iodure de sodium, et
Enfin l'étude de divers alizarates tend à leur faire un dérivé éthylique jaune clair, insoluble dans
attribuer la formule générale C20 H9 M³ O6. l'eau , soluble dans l'alcool, dont la formule pro-
Propriétés chimiques. - L'alizarine se décom- bable est C20 H9 (C2H5)3 (6.
Derivé benzoique. - Le chlorure de benzoile
pose à une température peu élevée au-dessus de réagit à 190° sur l'alizarine, avec dégagement
son point de sublimation , vers 300° . Elle se com- d'acide chlorhydrique. Il se forme un composé
porte avec les bases comme un acide faible, sus- jaune, insoluble dans l'eau, soluble et cristal-
ceptible de se combiner avec elles . Avec les alcalis lisable dans l'alcool ; insoluble à froid dans l'am-
elle forme des sels très-solubles dans l'eau, moins moniaque et les alcalis caustiques , mais sapo-
solubles dans l'alcool, insolubles dans l'éther. La nifiable à 100°. La composition de l'alizarine
teinte des solutions aqueuses des alizarates alca- benzoique est exprimée par la formule
lins est d'un très-beau bleu violacé ( distinction
d'avec la purpurine qui fournit des solutions alca- C20 H9 (C7H5O )³C6.
lines pourpres ). L'alizarine est assez sensible à l'action des oxy-
On obtient facilement un alizarate de soude
cristallisé, en versant une solution alcoolique de dants. L'acide nitrique, le perchlorure de fer, etc.,
soude dans une solution alcoolique d'alizarine et la convertissent en acides phtalique et oxalique :
en ajoutant de l'éther. Le sel se sépare en fines C20H12O64H2O + 08
aiguilles très-foncées, presque noires. Les terres Alizarine.
alcalines, les terres et les oxydes métalliques - = 2 C² H2O + 2C8 H6 04.
donnent des combinaisons insolubles diversement
colorées, soit en violet, soit en rouge, en rose, Ac. oxalique. Ac. phtalique.
ou en noir. Ainsi les laques d'alumine sont Cette réaction constitue le seul lien de parenté
rouges ou roses, celles de peroxyde hydraté de réel qui relie l'alizarine au groupe naphtalique.
fer sont violettes, lilas ou noires . On les prépare Action des réducteurs. L'hydrogène naissant
par combinaison directe ou par voie de double décolore une solution alcoolique d'alizarine. Une
change. MM. Wolff et Strecker out analysé les solution alcaline de matière colorante chauffée
précipités obtenus par les chlorures de baryum et avec du protoxyde d'étain ou de l'aldéhyde perd
de calcium dans une solution ammoniacale d'aliza- sa belle teinte bleue et passe au rouge orangé ; les
rine, et leur assignent les formules : acides séparent ensuite des flocons jaunes. On
n'a pas encore étudié les produits de cette réac-
C40 H18 Ba3 012 - 6 H2O, tion.
C40 H18 Ca³ O12 + 6H2O. L'étude chimique de l'alizarine est encore trop
En saturant une solution alcoolique d'alizarine incomplète pour qu'il soit possible de se pro-
par l'eau de baryte et en enlevant l'excès de ba- noncer sur sa constitution moléculaire. Son action
ryte par des lavages faits à l'abri de l'air, puis sur les bases et la composition des dérivés ben-
zoiques et éthyliques tendent à en faire un acide
'excès d'alizarine par de l'alcool bouillant , ces
chimistes ont obtenu un composé de la formule faible tribasique ou triatomique :
C20 H10 Ba 06-21120. C20 H9 (3 ) 03.
H3 y
Le composé plombique , étudié par Schunck Comme elle n'est nullement modifiée, même à
précipité violet formé par l'acétate neutre de 200°, par l'anhydride acétique, mais par les chlo-
plomb dans une solution ammoniacale d'aliza-
rures d'acides, on peut la considérer comme fai-
rine) , contient C40 H18 Pb3 (12 + H2O .
Les carbonates, phosphates, pyrophosphates. sant fonction de phénol.
Etat naturel. - L'alizarine n'a pu encore être
borates, silicates, oléates alcalins, et en général obtenue par voie de synthèse. Elle se trouve toute
tous les sels qui exercent sur le papier de tour- formée dans la racine de garance et de quelques
nesol une réaction alcaline, dissolvent l'alizarine, autres rubiacées exotiques ( Chayaver-Munget-
surtout à chaud , avec une coloration rouge vio- Nona- Hatchrout Ouongkoudou ). D'après Anderson ,
lacé, en lui cédant une partie de leur base. l'acide opianique ( formé aux dépens de la narco-
L'ammoniaque caustique, en solution aqueuse, tine ) se transforme en alizarine, en pendant les
exerce sur l'alizarine une action remarquable . Au éléments de l'eau, sous l'influence de l'anhydride
début, la solution est bleu violacé et précipite,
par les acides, des flocons jaunes d'alizarine in- phosphorique.
tacte ; mais si l'on conserve pendant quelques C20 H20 010 4 H2O =C20 H12O6.
semaines la liqueur à l'abri de l'air, ou si on la Ac. opianique. Alizarine.
chauffe en vase clos, à 100°, durant quelques Suivant Rochleder , la morindone dérivée de la
heures, les acides en séparent des flocons violet
foncé, renfermant les éléments de l'alizarine et de morindine , par distillation sèche, est identique
l'ammoniaque unis d'une manière stable. L'ali- avec Palizarine. Stenhouse a confirmé cette ma-
zaramide ou alizaréine ainsi formée est violet nière de voir. D'après lui, l'alizarine extraite du
rougeâtre en pâte humide, et presque noire à l'état Morinda acutifolia n'est pas accompagnée de pur-
sec. Elle est sensiblement soluble dans l'eau purine, et la racine du morinda est la meilleure
bouillante, soluble à froid dans l'alcool même source pour se procurer de l'alizarine pure (Journ
tendu, qu'elle colore en rouge violacé, soluble ofthe Chem. Soc., 2e série , t. II, p . 233 ; et Bull.
de la Soc. chim. , 1866 , t. VI, p . 137 ] . Stein u'ad-
dans l'éther. Par l'évaporation spontanée de es
ALIZARINE. 142 - ALLANTOINE.
met pas cette identité de l'alizarine et de la mo- notamment avec l'alumine et l'hydrate de per-
rindone [Journ. für prakt. Chem . , t. XCVII, p. 234, oxyde de fer, elle entre dans la composition des
et Bull. de la Soc. chim., 1867 , t. VII, p. 434] . couleurs garancées et des laques de garance. En
Dans la racine fraîche de garance, l'alizarine ne épuisant un tissu teint en garance et avivé (rouge
préexiste pas en liberté ; elle se trouve engagée d'Andrinople, rouges et roses garancés ordinaires
dans une combinaison glucosique , soluble dans par de l'alcool bouillant aiguisé avec de l'acide
l'eau (rubian de Schunck, acide rubérythrique sulfurique, il est facile de s'assurer que la laque
de Rochleder) , facile à dédoubler par l'action des colorée est presque essentiellement formée d'une
acides, des alcalis ou de certains ferments so- combinaison d'alizarine avec le mordant miné-
lubles contenus dans la garance (érythrozyme) . ral.
Dans la garance moulue et ancienne du com- L'alizarine pure teint les mordants d'alumine
merce, cette décomposition du glucoside colorant en rouge et en rose ; ces nuances sont très-solides
est déjà en grande partie effectuée. à la lumière ; elles résistent au savon bouillant
Préparation. Le procédé le plus avantageux et à un passage en acide nitrique faible. Après
pour la préparation de l'alizarine est celu qu'a ces opérations , dont l'ensemble constitue l'avi-
publié M. E. Kopp. La garance d'Alsace récém- vage des tissus garancés, les couleurs fournies
ment récoltée est grossièrement moulue , puis par l'alizarine offrent une teinte rouge très-vive,
épuisée par de l'eau chargée d'acide sulfureux. ou rose légèrement pourprée . Les mordants de fer
On dissout ainsi les glucosides colorants. L'acide se teignent en noir et en violet, également très-
sulfureux a pour but d'empêcher leur prompt solides. L'alizarine pure a un pouvoir tinctoria!
dédoublement , sous l'influence des ferments de égal à environ 90 fois celui d'une bonne garance.
la garance. Le liquide jaune-orangé, additionné La teinture ne devient sensible que vers 70°, tem-
d'acide chlorhydrique, est porté à 50° ou 60° ; à pérature à laquelle la matière colorante com-
cette température, il se sépare des flocons rouges mence à se dissoudre en proportions sensibles.
de purpurine (mélange de purpurine avec deux Les formes sous lesquelles l'alizarine est em-
autres principes analogues). Le liquide clair, fil- ployée dans l'industrie des toiles peintes sont :
tré ou décanté , étant porté à l'ébullition , se la garance moulue, la garance lavée ou fleur, la
trouble de nouveau et fournit un dépôt vert foncé garancine , l'alizarine commerciale , l'alizarine 4
(alizarine verte du commerce) ; celui-ci est un verte et l'alizarine jaune de M. Kopp, divers
mélange d'alizarine et d'une substance verte spé- extraits. On la fixe généralement par voie de
ciale. Pour extraire l'alizarine jaune de ce mé- teinture sur tissus mordancés, quelquefois par
lange, on peut se servir de l'action dissolvante de impression, en employant des produits riches.
l'alcool, de l'esprit de bois, de l'éther, ou mieux Caractères distinctifs . —L'alizarine libre se re-
des huiles minérales bouillant à 150° environ. Ces connaît le mieux : 1 ° aux fumées jaunes, avec
liquides ne se chargent pas du principe vert. formation d'un sublimé d'aiguilles jaunes, qu'elle
M. Kopp fait bouillir l'alizarine verte avec de donne lorsqu'on la chauffe avec précaution sur
l'huile de schiste dans des vases métalliques une lame de platine ; 2° à la couleur bleu violacé
hauts et étroits. La matière verte se réunit rapi- de sa solution ammoniacale ; 3° à la manière dont
dement au fond ; le liquide rouge décanté est elle teint un tissu imprimé en oxydes de fer et
agité, après refroidissement, avec une lessive de d'aluminium ; 4° à son inaltérabilité sous l'in-
soude qui lui enlève toute l'alizarine en se co- fluence de l'acide sulfurique concentré.
lorant en bleu violacé. On sépare la couche Voir , pour plus de détails , l'article GARANC
aqueuse de l'huile surnageante, et on la préci- (matières colorantes de la ). P. S.
pite par un acide (chlorhydrique ou sulfurique) ; ALIZITE (Min ) . Silicate hydraté de nickel
l'alizarine se dépose sous forme de flocons cris- avec un peu de magnésie et de fer, d'un vert
tallins jaunes, qu'une simple sublimation faite pomme, happant à la langue. Rapports d'oxygène
avec les précautions indiquées ci- dessus purifie dans H2O, RO , SiO² = 1 ; 2 ; 6 ( Schmidt ) . Den-
complétement. sité, 1,45. Infusible au chalumeau ; avec le carbo-
La sublimation suivie d'une cristallisation dans nate de soude sur le charbon , elle donne du
l'alcool fort permet de se procurer assez facile- nickel métallique .
ment de l'alizarine, si l'on a soin d'opérer sur ALLAGITE . Variété altérée de Rhodonite .
des produits déjà concentrés, tels qu'extraits al- ALLANITE (Min . ) . [ Syn . Cérine, Orthite, Ba-
cooliques ou méthyliques de garancine. Dans ce grationite , Uralorthite , Bucklandite.] Silicate
cas, la surchauffe avec l'eau à 250° fournit aussi d'alumine, de fer, de cérium (et des autres mé-
un moyen commode de préparation. On intro- taux congénères) et de chaux. Quelques-uns (or-
duit une dizaine de grammes d'extrait de garan- thites) renferment de l'eau et des matières vola-
cine dans un cylindre en cuivre assez résistant et tiles en quantité plus ou moins considérable. Les
susceptible d'ètre hermétiquement fermé , on rapports les plus probables de l'oxygène dans :
ajoute 100 à 200 gramines d'eau et l'on chauffe RO, R2O3, Si O², sont 1 : 1 : 2.
au bain d'huile à 260º, pendant un quart d'heure. Prismes clinorhombiques, ou masses noires
Après refroidissement, on trouve l'intérieur du li- d'un éclat vitreux , se trouvant dans les roches feld-
quide rempli de longues et belles aiguilles jaune spathiques du Groenland, de Norvége et de l'Oural.
rougeâtre. Caractères. Quelques variétés font gelée avec
Les procédés de Robiquet et Colin [Ann . de les acides ; d'autres sont imparfaitement décom-
Chim. et de Phys. , t. XXXIX, p. 225] , de Runge posées. Au chalumeau, fond en verre noir. Avec
[Journ. für prakt. Chem. , t. V, p. 373j , de Debus la soude , donne la réaction du manganèse . Du-
[Ann. der Chem. u. Pharm . , t. LXVI, p. 351 ] , reté , -6. Poussière d'un gris-brun ou verdâtre.
de Higgin [Journ. für prakt. Chem . , t. XLVI, p. 1 ] , Densité, 3,1-4,2.
de Schunck [ Ann . der Chem . u. Pharm. , t. LXVÍ, Une partie des cristaux est sans action sur la
p. 175] , de Rochleder [Journ . für prakt. Chem., lumiere polarisée et , par suite, probablement
t. LVI, p. 85] , de Wolff et Strecker [ Ann . der pseudomorphique.
Chem. u. Pharm. , t. LXXV, p. 1], sont beaucoup Forme cristalline très-voisine de celle de l'épi-
moins avantageux et ne méritent plus d'être re- dote. Prisme clinorhombique mm = '70° environ,
commandés. phy 116°, di/2 m = 156º ,45.
Usages. L'alizarine représente la principale Clivage indistinct p et h¹. F. et S.
matière colorante de la garance. En raison de ses ALLANTOINE [ Syn . Acide allantoique],
tendances acides et de la propriété de s'unir à
divers oxydes , pour donner des laques colorées, C+ H6 Az O³.
ALLANTOINE. 143 ALLANTOINE.
L'allantoine a été découverte par Vauquelin et magnésium , le tout souillé par une substance gé-
Buniva dans l'eau de l'amnios de la vache [Vau- latineuse . Ce précipité est lavé avec un peu d'eau
quelin et Buniva , Ann . de Chim., t. XXXIII, froide, puis traité par l'eau bouillante et le noir
p. 269] . Plus tard, Lassaigne l'a retirée du liquide animal. La liqueur filtrée abandonne des cristaux
allantoique de la vache et en a décrit quelques d'allantoine en se refroidissant. Il est bon de l'ad-
propriétés [Lassaigre, Ann. de Chim. et de Phys., ditionner, pendant qu'elle est chaude, de quel-
(2 ), t. XVII , p. 301 ] . Plus tard enfin, Wöhler l'a ques gouttes d'acide chlorhydrique, pour éviter
retirée de l'urine des veaux [Wöhler , Ann . der que du phosphate magnésique ne se dépose avec
Chem. u. Pharm . , t. LXX, p . 220] . L'allantoine se l'allantoine.
forme artificiellement lorsqu'on chauffe de l'acide Propriétés. L'allantoine cristallise en prismes
urique avec de l'eau et du peroxyde de plomb brillants , incolores et d'un aspect vitreux , qui
[Liebig et Wöhler, Ann. der Chem. u. Pharm., appartiennent au système clinorhombique (forme
i. XXVI, p. 244] ou lorsqu'on fait agir sur cet dominante) m , p , h¹ , a¹ . Inclinaison des faces,
acide un mélange de ferricyanure de potassium mm. dans le plan - de la diagonale oblique et
et de potasse caustique [ Schlieper , Ann . der de l'axe principal , : 65° 27 ' ; p ; m = 88° 14' ;
Chem. u . Pharm . , t. LXVII , p. 216]. a¹ : m =69°17 ; clivage parallèle at [Dauber,
Ann. der Chem . u. Pharm., t. LXXI, p. 68 ] .
CHAz O3 + H2O + Pb O² L'eau dissout 1/160 de son poids d'allantoine à
Acide urique. Eau. Bioxyde
de plomb . froid et une proportion beaucoup plus considé-
rable à chaud. Ces solutions sont insipides et sans
CO³ Pb + C H® Az¹ O³, action sur les couleurs végétales .
Carbonate Allantoine. Chauffée dans une petite cornue , l'allantoine
de plomb. ne fond pas, mais noircit et se décompose en four-
CHAz 03C12 Az12 Fe² K6 + 4 KHO nissant beaucoup de carbonate et de cyanure
Acide urique. Ferricyanure Potasse. d'ammonium , une huile particulière et un char-
de potassium . bon léger.
== C¹ H6 Az¹ O3 + CO³ , K2 + 2 Fe C6 Az6 K Bouillie avec de l'eau de baryte , l'allantoine
Allantoine. Carbonate Ferrocyanure donne lieu à un dégagement d'ammoniaque et à
de potassium. de potassium. une précipitation d'oxalate de baryum :
+ H2O.
Eau. CH6 Az O3 + 2 [ Ba. O2 H2 . ] + H2O
Allantoine. Hydrate Eau.
Préparation .-1° Pour préparer l'allantoine, au de baryum .
moyen de l'acide urique, on délaye cet acide dans = 4 Az H³ . + 2 C² 0 Ba.
l'eau de manière à en faire une bouillie claire, Ammoniaque. Oxalate de
qu'on porte à l'ébullition , et à laquelle on ajoute baryum.
ensuite du peroxyde de plomb par petites por-
tions successives. Il se produit aussitôt une vive Dissoute dans une solution concentrée de po-
réaction qui s'accompagne d'un abondant dégage- tasse caustique , l'allantoine donne une liqueur
ment d'anhydride carbonique, la masse s'épaissit et qui, au bout de quelques jours, renferme le sel
le peroxyde de plomb se décolore. On continue les d'un acide particulier répondant à la formule
additions de cet oxyde jusqu'à ce que la masse en CH8 Az¹ O , que MM. Liebig et Wölher ont appelé
conserve légèrement la couleur, et l'on renouvelle acide hydantoique, mais qui diffère, par sa com-
l'eau à mesure qu'elle s'évapore. On filtre ensuite position , du véritable acide hydantoïque étudié
à chaud et on abandonne la liqueur au refroidis- par Bæyer :
sement ; il s'y dépose alors une grande quantité CH6 Az O3 KHO CH7 Az¹ OK .
de cristaux d'allantoine que l'on recueille sur un Allantoine. Potasse. Hydantoate de
filtre. L'eau mère donne, si on la concentre, de Liebig et Wöhler.
nouveaux cristaux d'allantoine, et finalement des
cristaux d'urée . Le précipité blanc , resté sur le Par une action ultérieure de la potasse, l'hydan-
filtre, est en grande partie composé d'oxalate de toate formé d'abord se résout en urée et allantu-
plomb. Cet oxalate est le résultat d'une réaction rate de potassium :
secondaire. On a, en effet : CHKAz¹O CH¹ Az²O + C³ H³ Az² O³ K.
C116 Az O3 + H2O + Ph 02 Hydantoate de Crée. Allanturate de
Allantoine. Eau. Anhydride potassium. potassium .
plombique. Soumise à l'action réductrice de l'acide iodhy-
= 2CI Az2O + C² O Pb. drique, l'allantoine se transforme en un corps qui
U'rée. Oxalate renferme un atome d'oxygène de moins que l'acide
de plomb . allanturique, l'hydantoine :
C'est probablement à une décomposition de CH6 Az+ O3 + 2HI
l'oxalate de plomb qu'il faut attribuer l'abondant Allantoine . Acide
dégagement d'anhydride carbonique que l'on ob- iodhydrique.
serve dans la préparation de l'allantoine et dont - CH Az2O C³ H¹ Az²O² + 1².
les équations précédentes re rendent pas compte. Urée. Hydantoine . Iode.
20 Pour extraire l'allantoine des eaux de l'am-
nios ou de l'allantoide , on les évapore jusqu'au [Payer, Ann. der Chem. u . Pharm . , t . CXVIII,
quart de leur volume, puis on les abandonne à p. 178 (nouv. sér. t. XLI) . - Répert. deChim, pure,
elles-mêmes ; par le refroidissement elles déposent 1861 , p. 406 ] . Traitée par l'eau et l'amalgame
des cristaux que l'on purifie en les redissolvant de sodium , elle se transforme en un corps nou-
dans l'eau bouillante et décolorant leur solution veau CH6 Az O2 , qui en diffère par un atome
par du charbon animal. d'oxygène de moins. Ce corps donne, avec l'azotate
3º L'extraction de l'allant ine de l'urine de d'argent, un précipité de la formule
veau se fait d'une manière analogue. On évapore
cette urine à consistance sirupeuse. Après plu- C+ H2 Ag² Az O²? ;
sieurs jours on recueille sur un filtre le précipité chauffé avec l'eau de baryte, il se détruit avec
cristallin qui s'est formé et qui renferme un mé- dégagement d'ammoniaque, formation de carbo-
lange de phosphate de magnésium et d'urate de nate barytique et d'un nouvel acide C3H6 A72 O™
ALLANTOINE. ---- 144 ALLIAGES.
[Strecker et Rheineck , Ann . der Chem . u. Pharm. , | [Bæyer. Ann. der Chem . u. Pharm. , t. CXXX.
t.CXXXI, p. 119 ( nouv. sér. , t. LV) ; Bull . de a p. 129 (nouv. sér., t. LIV ) , mai 1864. - Ann. de
Soc. chim. , 1865 , t. III, p. 304]. Phys. et de Chim., (4 ) , t. IV, p. 488. ] A. N.
La solution aqueuse de l'allantoine, chauffée Voyez ACIDE URIQUE (dérivés de l').
avec de l'acide chlorhydrique ou azotique, se ALLANTOÏQUE (ACIDE ) . - Nom que l'on
transforme en urée et en acide allanturique : avait donné d'abord à l'allantoine.— Voyez ALLAN-
TOINE.
CH6 Az O3 + H2O = CH Az² O + C³ H* Az2 03. ALLANTURIQUE (ACIDE), C³ H+ Az² O³. — Cet
Allantoine. Eau. Urée. Acide
allanturique. acide prend naissance lorsqu'on fait agir l'acide
azotique ou l'acide chlorhydrique dilué sur l'allan-
Une transformation analogue se produit sous la toine ou même lorsqu'on soumet l'allantoine à la
seule influence de l'eau à 140° ; seulement alors
simple action de l'eau à 140º (voyez ALLANTOINE ) ;
au lieu d'urée on obtient les produits de sa dé- il se produit aussi lorsqu'on oxyde l'acide urique
composition, c'est-à-dire les éléments du carbo- ou l'allantoine par le peroxyde de plomb .
nate d'ammonium. L'acide allanturique est un corps blanc déli-
L'acide sulfurique décompose à chaud l'allan- quescent, légèrement acide et presque insoluble
toine en anhydride carbonique, oxyde de carbone dans l'alcool. A la distillation sèche , il donne uu
et ammoniaque : produit cyanogéné en même temps qu'un résidu
CH® Az O3 + 3H2O = 2CO² + 2CO + 4 Az H³. volumineux de charbon.
Allantoine. Eau. Anhydride Oxyde Ammo- L'acide allanturique précipite en blanc l'acé-
carbonique. de niaque. tate de plomb et l'azotate d'argent. Ces précipités
carbone. sont solubles dans un excès de l'un ou de l'autre
Les solutions aqueuses d'allantoine font, à l'é- précipitant. L'azotate d'argent ammoniacal est
bullition, la double décomposition avec les oxydes précipité beaucoup plus abondamment que l'azo-
métalliques et donnent naissance à de véritables tate neutre du même métal [ Pelouze, Ann, de
sels résultant du remplacement d'un atome d'hy- Chim. et de Phys. , ( 3), t. VI, 71] .
drogène par une quantité équivalente de métal. CONTITUTION DE L'ACIDE ALLANTURIQUE. -- Bæyer
On connait les allantoates d'argent, de cadmium , (loc. cit. ) considère l'acide allanturique comme
de zinc , de plomb et de mercure. étant à l'acide parabanique ce que l'acide dialu-
Allantoate d'argent. - Ce sel se dépose sous la rique est à l'alloxane. La formule rationnelle de
forme d'un précipité blanc lorsqu'on mêle une cet acide serait, d'après ce chimiste, celle d'un
solution bouillante d'allantoine avec de l'azotate acide uramique (type urée eau) , dans lequel
d'argent et qu'on y ajoute goutte à goutte de 3H seraient remplacés par le radical glyoxylyle
l'ammoniaque. Il répond à la formule (C *HO )” :
CH5 Az O³ Ag. (CO)"
H2 Az2
Allantoate de cadmium , ( C+ H5 Az¹ O3 )2 Cd. (CHO
11 se produit par l'action d'une solution bouil- но
lante d'allantoine sur l'oxyde de cadmium . est
insoluble dans l'eau et se décompose vers 160º. Voyez ACIDE URIQUE (dérivés de l ') . A. N.
Allantoate de zinc. C'est un sel basique dont ALLIAGES . - On donne ce nom aux produits
la formule est (C4 H5 Az O3) 2 Zn , Zn O. de l'union ( mélange ou combinaison ) des métaux
Allantoate de plomb , [ ( CH5 Az O3 ) 2 Pb ]2 Pb O. entre eux. Les alliages dont le mercure est l'un
- C'est également un sel basique insoluble dans des constituants s'appellent des amalgames (voyez
l'eau [Limpricht , Ann. der Chem. u . Pharm., ce mot) ; il n'en sera pas question ici .
t. LXXXVIII, p. 94] Les métaux eux - mêmes jouent un rôle im
Allantoales mercuriques. L'allantoine ne pré- mense dans l'industrie, mais leur utilité est con-
cipite pas les solutions du sublimé corrosif ; mais sidérablement accrue par la faculté qu'ils ont de
dans une solution froide et très-étendue d'azotate former, en s'unissant les uns aux autres , des
mercurique, elle donne un précipité qui renferme composés doués de propriétés spéciales dont ils
{ CH Az O3)2 Hg]² 3 Hg O. On obtient un étaient dénués auparavant. Il y a plus : tel mé-
autre allantoate mercurique répondant à la tal sans emploi à l'état isolé devient tout à fait
formule (C H³ Az O3 )2 Hg 3 2 HgO , en faisant usuel quand on l'allie avec un autre ; c'est le cas
bouillir une solution aqueuse d'allantoine avec de l'antimoine.
un excès d'oxyde de mercure, filtrant et aban- On change les propriétés des métaux, non- seu-
donnant la liqueur au refroidissement. Cette der- lement en les alliant, mais encore en variant les
nière devient laiteuse et laisse bientôt déposer le proportions de l'alliage ; ainsi, en fondant des
sel qu'elle renferme sous forme d'une poussière quantités de plus en plus fortes d'étain avec une
blanche. On a prétendu avoir retiré d'autres com- même quantité de cuivre, on obtiendra successi-
posés des eaux mères. vement le bronze, le métal des cloches, celui des
Dosage de l'allantoine. - La facilité avec la- tam -tams et celui des miroirs. Chaque alliage est
quelle l'azotate mercurique est précipité par l'al- donc pour les arts un métal nouveau, qui pourra
lantoine fournit un moyen de doser ce dernier Ctre utile on inutile suivant ses propriétés phy-
corps dans les liquides qui ne renferment pas siques ou chimiques. Malheureusement , on ne
d'urée. Le procédé est identique à celui dont peut pas déduire à priori de leur composition les
Liebig fait usage pour doser l'urée (voyez URÉE). qualités dont ils seront doués. Leur nombre pos-
On a reconnu par l'expérience que 100 d'allan- sible est illimité, mais il y en a relativement pen
toine pure et desséchée exigent pour leur pré- qui soient bien connus et employés industrielle-
cipitation 1725 d'oxyde mercurique, c'est-à-dire ment.
que 10cc d'une solution filtrée d'azotate mercu- Propriétés physiques. --- > Les alliages ont les
rique renfermant 770 " d'azotate mercurique pré- plus grands rapports avec les métaux : comme
cipitent 4488 d'allantoine. eux , ils sent brillants, doués de l'éclat métallique,
CONSTITUTION DE L'ALLANTOINE M. Bæyer opaques, très-bons conducteurs de la chaleur et
considère l'allantoine comme un biuréide glyo- de l'électricité. Ils sont solides, excepté l'alliage
xylique et lui attribue la formule de 3 p . de sodium et 1 p. de potassium. Ils ent
(CO )2 ) une couleur propre ainsi, quoique le cuivre soit.
(C²HO ) Az¹. rouge et le zinc blanc-bleuâtre , le laiton est
5) jaune; le bronze d'aluminium est jaune-vermoil,
ALLIAGES . 145 ALLITURIQUE.
tandis que ses constituants sont l'un rouge et tout à fait improbable qu'elle ait la généralité que
l'autre blanc. lui prête son auteur.
Regnault a déterminé la chaleur spécifique de En chauffant un alliage qui contient un métal
12 alliages, dont 7 se sont trouvés obéir à la loi volatil, à un point plus ou moins supérieur à
de Dulong et Petit. - La densité des alliages celui où il fond, une partie du métal volatil se
est tantòt plus grande tantôt plus petite que la dégage ; mais les dernières portions restent dans
densité moyenne des métaux employés. Ce fait l'alliage. Cette décomposition par la chaleur sera
montre qu'il y a des métaux qui se dilatent en d'autant moins complète que les deux métaux
s'alliant, tandis que d'autres se contractent. Il y auront plus d'affinité l'un pour l'autre ; les limites
a contraction quand on unit l'or avec le zinc, auxquelles s'arrête l'action du feu sont détermi-
l'étain, le bismuth, l'antimoine ou le cobalt ; l'ar- nées par des combinaisons en proportions dé-
gent avec le zinc, le plomb, l'étain, le bismuth finies.
ou l'antimoine ; le cuivre avec le zinc, l'étain , le Gérardin a soumis des alliages fondus à l'élec-
palladium, le bismuth ou l'antimoine ; le plomb trolyse, et il a reconnu qu'ils perdent leur ho-
et le bismuth ou l'antimoine ; le palladium et le mogénéité quand le courant les traverse [Compt.
bismuth. Il y a dilatation dans les cas suivants : rend. de l'Acad. des sciences , t. XLIII , p . 727,
or et argent, fer, plomb, cuivre, iridium ou nic- 1861 ] . Ainsi , d'après lui , la soudure des plombiers
kel ; cuivre et plomb ou argent ; fer et bismuth, deviendrait aigre et cassante au pôle positif et mal-
antimoine ou plomb ; étain et antimoine, plomb léable au pôle négatif.
ou palladium ; zinc et antimoine. Quand on refroidit brusquement les vapeurs
Les alliages formés de métaux cassants sont d'un alliage volatilisé dans l'arc voltaique, cha-
toujours cassants : ceux des métaux ductiles entre cun des métaux se condense séparément et par
eux sont ou ductiles ou cassants ; toutefois lors- conséquent l'alliage est détruit. A de la Rive, à
qu'un des deux métaux est très-prédominant, ils qui l'on doit la découverte de ce fait, l'a constaté
sont le plus souvent ductiles. En combinant les sur le bronze d'aluminium [ Compt. rend. de
métaux ductiles avec ceux qui sont cassants, on l'Acad. des sciences, t. XLIII , p . 727, 1865].
obtint des alliages cassants , à moins que le métal Propriétés chimiques. - On s'est beaucoup
ductile ne soit très-prédominant. préoccupé de la question de savoir si les alliages
Les alliages sont en général moins ductiles, sont des mélanges ou des combinaisons. La fa-
plus durs, plus aigres et plus tenaces que le plus culté d'obtenir de ces corps à l'état cristallisé et
ductile des métaux qui en font partie. avec une composition définie, le phénomène de la
Quelques alliages sont sonores à un très-haut liquation, la marche du refroidissement dans leur
degré. masse, etc., montrent que les alliages sont des
Les alliages sont fusibles, et l'on a trouvé que composés ou des mélanges de composés avec un
leur point de fusion est inférieur à celui du métal excès de l'un ou de l'autre de leurs constituants.
le moins fusible qui entre dans leur composition ; Dans le plus grand nombre des cas les alliages
quelquefois même il est beaucoup moins élevé se comportent à l'égard des réactifs comme le
que celui du métal le plus fusible ; ainsi, 8 p. de feraient les métaux pris isolément; cependant
bismuth, 5 p. de plomb et 3 p. d'étain donnent ils offrent quelquefois une résistance plus grande
un alliage qui devient liquide à 94° C. à l'action chimique ; dans d'autres cas, au con-
Un alliage fondu , abandonné au refroidisse- traire , ils ont une propension plus grande à
ment tranquille, peut cristalliser confusément ; entrer dans des combinaisons. Le bronze d'alu-
très-souvent aussi il se sépare en couches diffé- minium est moins attaquable par l'acide chlorhy-
rentes dont la composition et la densité ne sont drique que l'aluminium pur. Le platine conte-
pas les mêmes ; ce phénomène a reçu le nom de nant 5 à 10 % d'iridium , demeure presque intact
liquation. Pour obtenir un alliage à peu près dans l'eau régale même chaude, tandis que le
homogène, il est donc nécessaire d'accélérer au- platine pur s'y dissout rapidement . Par contre,
tant que possible le refroidissement ou de trou- 3 p. de plomb et 1 d'étain, par exemple, donnent
bler la masse pendant qu'il a lieu. Rudberg , un composé brûlant avec lumière dans l'air quand
L. A. A. Svanberg, Riche , ont observé la marche on le chauffe au rouge-brun . On attribue cet effet
du refroidissement dans un alliage en fusion au à la combinaison qui se forme entre les deux
moyen d'un thermomètre qu'ils y plongeaient. oxydes ( stannate de plomb ) ; ce qui vient à l'ap-
En prenant du plomb et de l'étain en propor- pui de cette manière de voir, c'est que ces phéno-
tions diverses, Rudberg a trouvé que le thermo- mènes d'ignition ont lieu de préférence et d'une
mètre, après s'être abaissé d'une certaine quan- manière plus énergique dans les alliages formés
tité, restait stationnaire pendant quelque temps, par un métal acidifiable et un métal basigène
quoique l'alliage n'eût pas commencé à se so- (chrome et plomb, antimoine et potassium, anti-
lidifier d'une manière visible ; après cet arrêt, moine et fer, par exemple ; les deux premiers à
il descendait de nouveau, pour redevenir station- l'état divisé sont spontanément inflammables dans
naire au moment où toute la masse se solidi- l'air).
fiait. Le premier point d'arrêt variait avec les Quand un alliage est formé d'un métal capable
proportions des éléments de l'alliage, tandis que d'absorber l'oxygène et d'un métal noble, on peut
le second était toujours fixe à 187°, et corres- oxyder le premier, tandis que le second reste pur ;
pondait à la composition Pb Sn³. Ces observa- ce fait est la base de la séparation de l'argent
tions ont été étendues aux alliages de zinc et et du plomb.
étain, bismuth et étain, plomb et bismuth, plomb, Dans le cas où l'on a deux métaux très-inégale-
zinc et étain. ment oxydables, on pourra séparer une grande
On peut obtenir des alliages en cristaux bien partie de celui qui l'est le moins en arrêtant l'ac-
déterminés ; généralement ceux-ci appartiennent tion de l'air à un certain moment.
à des composés définis. Toutefois Rammelsberg , Les acides se comportent ordinairement à l'égard
considérant que la composition des cristaux peut des alliages comme avec le métal prédominant.
varier sans que leur forme change, a émis l'opi- Préparation. - Elle se fait par fusion directe
nion que les alliages cristallisés sont des mélan- et est souvent accompagnée d'un dégagement
ges de métaux isomorphes [ Bull . de la Soc. chim ., de chaleur très - vif ( bronze d'aluminium , par
1864, t. II , p. 353] . Cette manière de voir condui- exemple ).
rait à admettre que les métaux sont dimorphes et Pour l'histoire particulière des alliages , voyez
quelquefois même trimorphes ou tétramorphes ; les différents métaux. M. D.
clle doit être vraie dans plusieurs cas, mais il est ALLITURIQUE (ACIDE) , C¤ H¤ Az¹ O¹. · Pour
I-- 10
ALLOCHROÏTE. - 146 - ALLOPHANIQUE .
préparer cet acide, on mêle une solution aqueuse big et Wölher, 1846, Ann . der Chem. u. Pharm . ,
d'alloxantine avec un excès d'acide chlorhydrique. t. LIX, p . 291. Gmelin , t . IX, p. 266. Ger-
Par l'ébullition du liquide, il se forme un mé- hardt, Traité de Chim . organique, t. I, p. 416.
lange d'acide alliturique et d'alloxantine indé- Bæyer, Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CXIV,
composée qui se dépose sous la forme d'une masse p. 156 [nouv. sér. , t . XXXVIII ] , mai 1860 ; Répert.
pulverulente par le refroidissement de la liqueur. de Chim. pure, 1860 , p. 369 ; Ann. de Chim. et de
On traite le mélange solide par l'acide azotique, Phys., (3), t. LIX , p. 472. ] - Lorsqu'on dirige des
qui dissout l'alloxantine et laisse l'acide allitu- vapeurs d'acide cyanique dans un alcool, 2 molé-
rique. Ce dernier, dissous dans l'eau bouillante, cules d'acide cyanique se fixent sur une seule mo-
se dépose lorsque le liquide se refroidit. C'est une lécule de l'alcool employé, quelle que soit l'ato-
poudre d'un blanc jaunâtre très-volumineuse . micité de ce dernier ( on a fait des expériences
L'acide sulfurique concentré le dissout, mais l'eau avec des alcools mono, di et triatomiques) . Les
le précipite de cette dissolution. L'ammoniaque corps qui se forment ainsi sont de véritables
le transforme en alliturate d'ammonium soluble éthers qui sont saponifiés par les bases, et qui
qui , par l'évaporation spontanée, se dépose en dérivent, ainsi que les sels résultant de cette sa-
aiguilles incolores et brillantes. La potasse caus- ponification , d'un acide particulier auquel on a
tique décompose l'acide alliturique avec dégage- donné le nom d'acide allophanique. Cet acide
ment d'ammoniaque [ Schlieper, Ann. der Chem . n'existe pas à l'état de liberté. Toutes les fois
u. Pharm ., t. LVI, p. 20]. qu'on cherche à l'obtenir au moyen de l'un de
CONSTITUTION DE L'ACIDE ALLITURIQUE [ Bayer, ses sels, il se dédouble en urée et en anhydride
Ann. der Chem. u . Pharm ., t . CXIX, p . 126]. carbonique. Il représente en effet 1 molécule d'an-
- L'acide alliturique paraît représenter une dou- hydride carbonique unie à 1 molécule d'urée, et sa
ble molécule d'hydantoine moins une molécule décomposition peut être exprimée par l'équation :
d'hydrogène ; le corps auquel il correspondrait C2H4 Az2 03 = CO2 + CH* Az²O.
dans la série de l'alloxane est encore inconnu. Acide Anhydride Urée.
Bayer considère cet acide comme un biuréide allophanique. carbonique.
glyoxyglycolique : DÉRIVÉS MÉTALLIQUES DE L'ACIDE ALLOPHANIQUE.
(CO)2 - Allophanate de baryum, ( C2 H3 Az2O3)2 . Ba.
(CHỌ " Az'. Pour préparer ce corps, o dissout l'allophanate
(C'H2O )" d'éthyle ou de méthyle dans l'eau de baryte. La
H3 liqueur se charge d'alcool et il s'y dépose peu à
peu des mamelons cristallins d'allophanate de
Voyez ACIDE URIQUE ( dérivés de l') . A. N. baryum qui présentent une certaine dureté. Le
ALLOCHROÏTE ( Min . ) . — Grenat verdâtre fer- meilleur procédé consiste à broyer de l'hydrate
rico-calcaire (mélanite) de Drammen (Norvége). de baryum dans un mélange d'ether allophanique
ALLOCLASE Min . ) .— M. Tschermak a donné et d'eau de baryte. On abandonne le mélange
ce nom à un minéral d'Orawicea qu'on avait con-- pendant plusieurs jours dans un flacon bien
sidéré jusqu'ici comme identique avec le glauco- bouché, en évitant d'employer la chaleur.
dot (cobalt arsénio-sulfuré rhombique). [ Sitzungs- L'allophanate de baryum se dissout dans l'eau
berichte der Kais. Akad. d. Wissenschaften zu complétement, mais avec difficulté. Les solutions
Wien, t. LIII, février 1866. ] D'après une analyse présentent toujours une réaction alcaline ; si on
de M. Hein , il lui attribue la formule Co6 As10 S9, les chauffe , elles se troublent déjà au-dessus de
l'arsenic étant partiellement remplacé par du bis- 100° et laissent tout leur baryum se précipiter à
muth et le cobalt par du fer, du zinc, du nickel l'état de carbonate, en même temps qu'il se dé-
et par une trace de cuivre. L'analyse indique aussi gaze de l'anhydride carbonique avec une vive
la présence de 0,68 p. 100 d'or. L'alloclase est effervescence, et que la liqueur retient de l'urée
gris d'acier, bacillaire, engagé dans un calcaire entièrement pure :
saccharoide. Les cristaux isolés sont rares. Les
(C2 H3 Az2O3)2 Ba + H2O
clivages sont caractéristiques , très- faciles et pa- Allophanate de baryum . Eau.
rallèles aux faces (m, p) d'un prisme orthorhom- == CO2 + CO³ Ba + 2 CH¹ Az2O .
bique.
Caractères. - Soluble dans l'acide azotique en Anhydride Carbonate Urée.
donnant une liqueur rose qui , étendue d'eau, carbonique. de baryum.
laisse précipiter une poudre blanche. Dans le tube Lorsqu'on verse de l'acide sulfurique sur l'allo-
fermé, sublimé d'acide arsénieux . Sur le charbon , phanate de baryum, il se produit une vive effer-
fond en donnant des fumées d'arsenic et un en- vescence due un dégagement d'anhydride car-
duit de bismuth. Certaines parties sont plus fu- bonique, sans que la moindre odeur d'acide
sibles ; on y reconnaît la présence du bismuth cyanique se manifeste ; la liqueur ne renferme
sulfuré. pas d'ammoniaque, mais contient de l'urée .
Dureté = 4,5. Poussière gris foncé. Densité Soumis à la distillation sèche , l'allophanate
= 6,65. barytique perd du carbonate d'ammoniaque sans
Forme cristalline. -- Prisme orthorhombique aucune trace d'eau, et laisse un résidu de cya-
mm = 106°, a¹a¹ sur p == 58°. C. F. nate de baryum fondu . La solution aqueuse d'al-
ALLOPHANE (Min . ). [ Syn . Riemannite] . — Si- lophanate de baryum n'est précipitée immédia-
licate d'alumine hydraté tement ni par l'azotate d'argent, ni par l'azotate
Al2O3 Si O2 + 5 ou 6 H2O = A12 Si O5 + 5 ou 6 H2.0, de plomb , ni par l'acétate de plomb. Toutefois,
avec ce dernier sel, il se produit, au bout d'une
Substance amorphe , en rognons ou en masses demi-heure, un précipité de carbonate de plomb.
mamelonnées , de couleur bleue, bleu pâle, vert- Allophanate de calcium . Ce sel peut être
de-gris, jaune, rouge, blanche , translucide, d'un obtenu par la même méthode que l'allophanate
éclat cireux. de baryum. Il est cristallisable et peu soluble
Caractères. Donne de l'eau dans le matras ; dans l'eau.
infusible ; colore souvent la flamme en vert. Allophanate de sodium. - On peut préparer ce
Bleuit avec l'azotate de cobalt. Attaquable par les sel en décomposant l'éther allophanique par une
acides en donnant de la silice gélatineuse ou pul- lessive de soude ; mais il est plus commode de
vérulente. Dureté , 3. Cassure conchoidale ; très- broyer à la température ordinaire l'allophanate
fragile. Densité, 1,85-2,02 . de baryum , avec une solution aqueuse de sulfate
ÀLLOPHANIQUE (ACIDE), C² H¹ Az²O³ . [ Lie- sodique. Lorsque la réaction est complète , on
ALLOPHANIQUE. - 147 - ALLOPHANIQUE.
filtre et l'on ajoute de l'alcool au liquide filtré Allophanate d'amyle ,
pour en précipiter l'allophanate de sodium. La C2 H3 (C5H11 ) Az2O3 = C7 H14 Az² 0³.
solution de ce corps est alcaline ; elle ne précipite
pas par le chlorure de baryum, mais lorsqu'on la [Schlieper, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LIX ,
chauffe après l'avoir mêlée à ce réactif, elle donne p. 23.] - On l'obtient par le même procédé que
lieu à un dépôt de carbonate de baryum . Traité les éthers méthylique et éthylique correspon-
par l'acide azotique, l'allophanate sodique dégage dants , en substituant l'alcool amylique aux al-
de l'anhydride carbonique et dépose de l'azotate cools méthylique ou éthylique. Le liquide se
d'urée en paillettes. prend en une masse de cristaux que l'on purifie
Allophanate de potassium. Ce sel se dépose en les faisant cristalliser dans l'eau bouillante.
rapidement en lames cristallines qui rappellent, L'allophanate d'amyle est incolore et insipide :
par leur aspect, le chlorate potassique, lorsqu'on il se présente en écailles nacrées grasses au tou-
traite l'allophanate d'éthyle par une solution al- cher. L'eau froide ne le dissout pas , mais il se
coolique concentrée de potasse. dissout dans ce liquide bouillant en donnant une
ÉTHERS ALLOPHANIQUES . - Allophanate de mé- liqueur qui n'agit pas sur les couleurs végétales
thyle, et ne précipite pas les solutions métalliques.
C2 H3 (CH3) Az² O3 = C3 H6 Az² (³. L'alcool et l'éther le dissolvent facilement , mais
[Richardson, 1837, Ann. der Chem. u. Pharm ., l'eau le précipite de ces solutions.
i. XXIII, p. 138.] - On obtient ce corps en diri- L'ammoniaque, l'acide sulfhydrique , l'acide azo-
geant, à travers l'alcool méthylique absolu , les va- tique, le chlore et le brome sont sans action sur
cet éther.
peurs de la distillation sèche de l'acide cyanu-
rique ; il ne tarde pas à se déposer de longues L'allophanate d'amyle est susceptible de fondre
et même de se sublimer sans altération . Toute-
aiguilles incolores d'allophanate de méthyle. Ce
corps se dissout dans l'eau , l'alcool et l'éther plus fois, si on le chauffe un peu au-dessus de son
à chaud qu'à froid ; ses solutions sont neutres. point de fusion , il perd de l'alcool amylique et
L'hydrate de potassium le décompose à la tem- laisse un résidu d'acide cyanurique. Cette décom-
pérature de l'ébullition en cyanurate et alcool position est identique à celle que subissent les
méthylique; mais à froid la potasse et la baryte allophanates de méthyle et d'éthyle. Les alcalis
le convertissent en allophanate de potassium ou caustiques en solution alcoolique dégagent d'ail-
de baryum. leurs de l'alcool amylique lorsqu'on les fait agir
Allophanate d'éthyle , à chaud sur l'éther amyl-allophanique.
D'après les expériences de M. Wurtz, la lessive
C2H3 C2H5) Az2 03 = C¹ H8 Az² 0³. de potasse convertit ce corps en carbonate potas-
sique, amylamine et ammoniaque, sous l'influence
[Liebig et Wöhler, 1830 , Ann. de Poggendorf, de la chaleur :
t. XX , p. 395. Ann . der Chem-
. u. Pharm. , t. LVIII,
p. 260, et t. LIX, p. 291. Liebig, Ann. der C7H14 Az2 03 + 4 KHO
Chem. u. Pharm . , t. XXI, p . 125. ] Ce corps , Éther amyl- Potasse.
autrefois confondu avec l'éther cyanique, prend allophanique .
naissance lorsqu'on dirige des vapeurs d'acide 2CO3 K2 + Az H3 + H2O + C5H13 Az.
cyanique à travers l'alcool absolu : Carbonate Ammo- Eau. Amylamine.
potassique. niaque.
2 CHAZO + C2 H6O CH8 Az2 03.
Acide Alcool. Allophanate [Wurtz, Compt. rend. de l'Acad. des sciences,
cyanique d'éthyle. t. XXIX, p . 186.]
Allophanate d'éthylène,
On opère comme il suit : De l'acide cyanurique
est chauffé dans une petite cornue, et les vapeurs C2 H3 (H. C2 H4, Az² O¹ = C¹ H8 Az²O¹.
d'acide cyanique qui se dégagent sont conduites [Bayer, loc. cit. ] --- Lorsqu'on fait absorber des
dans un vase renfermant de l'alcool absolu. Le
vapeurs d'acide cyanique par le glycol, on obtient
mélange s'échauffe considérablement et dépose une masse blanche, solide et soluble dans l'alcool
peu à peu des cristaux d'éther allophanique. On bouillant, d'où elle se dépose, par le refroidisse-
comprime ces cristaux entre plusieurs doubles de ment, en lames incolores et brillantes qui ne sont
papier buvard, on les lave avec un peu d'alcool autres que des cristaux d'allophanate d'éthylène :
froid et on les fait cristalliser dans un mélange
d'alcool et d'éther. C² H. (OH)2 + 2 COAzHC2H3 (HC2H4 ) Az²04.
L'allophanate d'éthyle se présente en aiguilles Glycol. Acide Allophanate
transparentes incolores très- éclatantes ; il est in- cyanique. d'éthylène.
soluble dans l'eau froide, mais l'eau et l'alcool
bouillants le dissolvent. Ses dissolutions sont L'allophanate d'éthylène est assez soluble dans
neutres, insipides et sans action sur les solutions l'eau et l'alcool . Il fond à 160° en un liquide inco-
des sels métalliques. lore qui se prend, par le refroidissement, en une
Chauffés à l'air libre, les cristaux d'allophanate masse cristalline , le tout sans subir de décompo-
d'éthyle fondent, se volatilisent et se condensent sition. A une température plus élevée, il se détruit
dans l'air sous forme de flocons lanugineux. Sou- avec production de carbonate d'ammonium ,
mis à la distillation sèche, ils donnent de l'alcool d'un liquide épais et d'acide cyanurique qui reste
comme résidu.
et de l'acide cyanurique.
Sous l'influence d'une solution alcoolique de L'allophanate d'éthylène est décomposé par les
potasse ou d'une solution aqueuse de baryte, l'al- acides concentrés. Une solution alcoolique ou
lophanate se saponifie à froid avec production aqueuse concentrée de potasse le décompose ; il
d'un allophanate métallique et d'alcool . A chaud, en est de même de l'eau de baryte. Les décompo-
la solution potassique se transforme en alcool et sitions qui ont lieu dans ce cas paraissent ana-
cyanurate alcalin. L'ammoniaque dissout l'éther logues à celles qui se produisent lorsqu'on traite
allophanique mieux que l'eau et l'abandonne in- l'allophanate de glycéryle par les mêmes agents.
altéré par l'évaporation . Suivant M. Debus, l'allo- Allophanate de glyceryle,
phanate d'éthyle prend naissance dans l'action C2 H3 (H². C3 H5) Az2 O5 C5 H10 Az2 05.
spontanée de l'ammoniaque sur le sulfocarbonate
d'éthyle [ Debus, 1850, Ann. der Chem . u. Pharm ., M. Bæyer prépare ce corps en faisant absorber
t. LXXV, p. 136]. des vapeurs d'acide cyanique par de la glycérine.
ALLOPHANIQUE. ― 148 ALLOXANE.
Ce liquide ne tarde pas alors à se convertir en une l'acide cyanurique. Ce dernier acide est formé par
masse visqueuse. Cette masse, reprise par l'alcool la réunion de 3 molécules d'acide cyanique :
bouillant, s'y dissout à l'exception d'un petit ré- CAz . OH ; CAz . OH ; CAz.OH.
sidu de cyamélide . Le liquide filtré abandonne en
se refroidissant de petits mamelons transparents De même les allophanates renfermeraient deux
d'allophanate de glycéryle. M. Bæyer ayant ob- fois le groupe CAz.OH , le troisième groupe
servé que la présence de la glycérine rend la cris- CAZ.OH de l'acide cyanurique y étant rem-
tallisation de ce corps difficile , il est bon de laver placé par un hydrate alcoolique où phénique de
la masse visqueuse avec de l'alcool froid avant de n'importe quelle atomicité. Les allophanates de
l'épuiser par l'alcool bouillant. méthyle, d'éthylène, de glycéryle ou d'eugénylène
L'allophanate de glycéryle est insipide et ino- seraient alors :
dore. L'eau le dissout lentement, mais en quan- Allophanate
C Az.OH ; CAz.OH ; C² H³.OH. d'éthyle.
tité considérable ; l'alcool le dissout avec facilité.
Chauffé à 160° , il fond en un liquide transparent, Allophanate
CAZ.OH ; CAz . OH ; C² H¹ . ( OH)2 d'éthylène.
qui se prend , par le refroidissement , en une
masse gélatineuse. A une température plus élevée,
1 ОН
CAZ.OH ; C Az.OH ; C³ H³ OH Allophanate
il abandonne une grande quantité de carbonate de glycéryle .
d'ammoniaque, puis devient brun et répand une ( ОН
odeur de corne brûlée. C10H1 0 OH Allophanate
C Az.O H ; C Az.OH ; OH d'eugénylène
Trituré avec de l'eau de baryte , l'allophanate de
glycéryle se dissout ; mais si l'on filtre et que La théorie de M. Bayer est inacceptable. On ne
l'on abandonne la solution à elle-même, elle ne peut concevoir comment , dans l'acide cyanu-
tarde pas à déposer un précipité volumineux et rique, les 3 molécules d'acide cyanique tiennent
cristallin de carbonate de baryum. Cette réaction ensemble, que si l'on considère le premier de ces
se produit même quand la quantité de baryte est acides comme une triamide tricarbonique. Or,
insuffisante pour saturer tout l'acide allophanique dans ce dernier cas, il est impossible de con-
que cet éther pourrait fournir. On ne peut donc struire la formule des allophanates dérivés des
pas préparer l'allophanate de baryum de cette ma- alcools monoatomiques .
nière. On peut obtenir cependant une certaine On pourrait envisager l'acide allophanique
quantité de ce sel de la solution précédente tant comme l'oxyde d'un diammonium dicarbonique.
qu'elle est susceptible de donner du carbonate Sa formule serait alors (CO)" . (C O) " H². H². Az². O.
barytique par la chaleur. L'alcool, ajouté à une Comme on sait que les amides secondaires jouis-
solution d'allophanate glycérique dans un poids sent de propriétés acides, l'acidité de l'acide allo-
insuffisant d'eau de baryte , produit de l'allo- phanique n'aurait rien que de très-naturel dans
phanate d'éthyle sans que l'on puisse s'expliquer cette hypothèse. A. N.
cette réaction. Chauffé avec la baryte, l'allopha- ALLOTROPIE. Voyez ISOMERIE.
nate glycérique se résout complétement en carbo- ALLOXANE, C4 H² Az² O4 + H2O et + 4H2O.
nate barytique, glycérine et urée. La potasse al- [Gaspard Brugnatelli, 1817 , Ann. de Chim. et de
coolique parait donner de l'éthyl-carbonate potas- Phys., t. VIII, p. 201. -— Liebig et Wöhler, Ann.
sique lorsqu'on soumet l'allophanate de glycéryle der Chem. u. Pharm . , t. XXVI , p . 256. -Fritzsche,
à son action . Journ. für prakt. Chem. , t. XIV, p. 237. — Schlie-
Les acides étendus ne décomposent pas cet per, Ann. der Chem . u. Pharm . , t . LV, p. 253. ] —
éther à la température ordinaire, mais l'acide 1
Ce corps a été d'abord décrit sous le nom d'acide
sulfurique concentré le détruit avec dégagement érythrique , en 1817 , par Gaspard Brugnatelli , de
de gaz carbonique. Milan, qui l'avait obtenu à l'état impur. C'est
Allophanate d'eugénylène ( acide eugénallopha- MM. Liebig et Wöhler qui ont plus particulière-
nique), ment étudié l'alloxane et qui en ont fait con-
C2 H3 (C10 H11 O) Az203 = C12 H14 Az² O*. naitre la composition.
L'alloxane se produit lorsqu'on oxyde l'acide
-L'acide eugénique, qui paraît être un phénol urique par l'acide azotique ou par un mélange
diatomique, absorbe vivement les vapeurs d'acide d'acide chlorhydrique et de chlorate de potas-
cyanique. La masse visqueuse qui se produit, pu- sium. Lorsqu'on fait usage de ce dernier oxydant, 2
rifiée par cristallisation dans l'alcool bouillant, se il se forme en même temps de l'urée : 2
présente sous la forme de longues aiguilles bril- C5 H+ Az O3 + H2O +0
lantes insolubles dans l'eau , peu solubles dans Acide urique. Eau. Oxygène.
l'alcool froid , mais très-solubles dans ce liquide
à chaud. La tendance de ce corps à la cristallisa- = C'H² Az² O¹ + CH⭑Az²O .
tion est telle, que l'on obtient des aiguilles relati- Alloxane. Urée.
vement longues, même à l'aide de très-petites La préparation de l'alloxane est une opération
quantités de matière. Ce corps se dissout abon- délicate, qui exige beaucoup de soins. Lorsqu'on
damment dans l'éther, ne s'altère point à l'air veut faire usage d'acide azotique pour cette pré-
libre, n'a ni odeur ni saveur et présente un éclat paration, ilfaut, selon M. Schlieper, opérer comme
soyeux. Les acides concentrés le décomposent. il suit on prend plusieurs verres à pied dans 1
Trituré avec l'eau et la baryte, l'allophanate chacun desquels on place 120 à 150g d'acide azo-
d'eugénylène se prend en une masse cristalline tique concentré d'une densité de 1,4 à 1,42 . Les 1
compacte formée d'eugénate et d'allophanate de verres à pied sont placés dans une terrine d'eau
baryum . La potasse alcoolique ne paraît pas le froide, attendu qu'une trop grande élévation de
convertir en allophanate potassique à froid. A température ferait manquer l'opération . On pro-
chaud, elle le résout en cyanurate et eugénate. jette ensuite dans chacun d'eux de petites pincées
Lorsqu'on le chauffe, l'acide eugénallophanique successives d'acide urique, en attendant, pour
se dédouble en acide eugénique et acide cyanu- ajouter une nouvelle dose , que l'effervescence
rique. causée par la première soit apaisée. Des cris-
CONSTITUTION DE L'ACIDE ALLOPHANIQUE. - Ger- taux d'alloxane se déposent dans les verres . On les
hardt considérait l'acide allophanique comme de sépare de temps en temps des liqueurs acides,
l'acide carburéique. Il comparait ce corps à de sur lesquelles on continue ensuite l'opération .
l'acide carbamique dont les éléments de l'ammo- Les cristaux d'alloxane sont mis à sécher sur
niaque auraient été remplacés par ceux de l'urée. de la porcelaine dégourdie, puis on les dissout
Bayer (loc. cit.) a comparé les allophanates à dans l'eau à 60° ou 80° et l'on filtre. Il faut soi-
ALLOXANE. - 149 - ALLOXANE.
gneusement éviter de porter le liquide à l'ébulli- drate à 4 molécules d'eau se produit lorsqu'on
tion. Les liqueurs filtrées abandonnent en s'éva- refroidit une solution aqueuse d'alloxane saturée
porant des cristaux d'alloxane pure. à chaud ; il forme des cristaux qui ont souvent
M. Schlieper préfère toutefois l'emploi du chlo- jusqu'à 2 centimètres et demi de long et qui
rate de potassium et de l'acide chlorhydrique à appartiennent au type orthorhombique. Ces cris-
celui de l'acide azotique pour préparer l'alloxane. taux s'effleurissent rapidement à l'air et perdent les
Voici comment ce chimiste conseille d'opérer : trois quarts de leur eau à 100°. L'alloxane ne perd a
On met dans une capsule 1248" d'acide urique avec dernière molécule d'eau de cristallisation qu'entre
240gr d'acide chlorhydrique moyennement con- 150° et 160° [ Gmelin , Handb. der Chem., 4 édi-
centré. On ajoute ensuite au mélange, par petites tion, t. IV, p. 307] . Liebig et Wöhler considéraient
portions successives , environ 24er de chlorate le monohydrate d'alloxane comme de l'alloxane
de potasse, en ayant soin de mettre environ une anhydre, et attribuaient à ce corps la formule
demi-heure d'intervalle entre la première et la CHAz205. Suivant Bayer, il se pourrait que
dernière addition de chlorate. La réaction marche cette dernière formule fut plus exacte et que le
d'elle-même sans que l'on soit obligé de chauffer corps obtenu par la dessiccation à 160 ° fût un
et il ne se dégage pas trace d'anhydride carbo- anhydride. Gregory admet l'existence d'un troi-
nique. L'alloxane et l'urée sont les seuls produits sième hydrate d'alloxane dont la formule serait
qui prennent naissance. Après la dernière addi- (C+ H2Az2O4)2, 5H2O.
tion de chlorate potassique, on étend la liqueur L'alloxane se dissout aisément dans l'eau et l'al-
chaude de deux fois son volume d'eau froide, et cool en donnant des dissolutions incolores, d'où
on l'abandonne pendant quelques heures. L'acide l'acide azotique la précipite. Sa solution aqueuse
urique non décomposé se dépose, tandis que l'al- communique au bout de quelque temps à la peau
loxane reste dissoute . On filtre et l'on recueille
l'acide urique déposé. Ce dernier, dissous dans une couleur pourpre et une odeur fort désagréa-
ble; elle rougit le tournesol, mais n'attaque pas les
une nouvelle quantité d'acide chlorydrique porté carbonates de calcium et de baryum et ne réagit
à 50º et traité par encore 68 de chlorate potas-
sique, fournit une nouvelle proportion d'alloxane. pas sur l'oxyde de plomb même à l'ébullition.
Sous l'influence de la chaleur, l'alloxane fond,
Enfin, M. Gregory préfère se servir de l'acide
se décompose et fournit, entre autres produits,
azotique comme oxydant. 11 opère dans ce cas du cyanure d'ammonium et de l'urée [Handb. der
comme M. Schlieper [Gregory, Philosophical ma- Chem .].
gazine, 1846, supplément de juin , nº 190] . Seu- L'acide azotique étendu et chaud lui fait perdre
lement il recommande de continuer l'addition de 1 molécule d'oxyde de carbone qui s'élimine à
l'acide urique jusqu'à ce qu'il y ait assez d'al- l'état d'anhydride carbonique et la convertit en
loxane pour que le liquide se prenne en bouillie acide parabanique ; ce dernier se scinde à son
par le refroidissement. Il fait usage d'un acide tour en urée et anhydride carbonique, si l'action
de 1,412 de densité et prend seulement 755 de se prolonge. L'acide azotique fumant agit à peine
cet acide pour décomposer 1200gr d'acide urique sur l'alloxane. Par l'action de l'acide sulfurique ou
desséché à 100°, et il recommande de ne jamais de l'acide chlorhydrique étendu et chaud sur l'al-
opérer sur plus de 90er d'acide azotique à la fois. loxane, il se produit de l'alloxantine qui se dépose
Si l'on veut faire l'opération plus en grand, il faut en même temps que du bioxalate d'ammonium
diviser l'acide entre plusieurs verres. qui reste dissous. La réaction paraît s'accomplir
Après vingt-quatre heures de repos dans un en- en plusieurs phases. Il se forme d'abord de l'acide
droit frais, on sépare l'alloxane du liquide acide oxalique, de l'acide oxalurique et de l'alloxantine ;
en filtrant le tout sur de l'amiante. On redissout
dans l'eau à 60° ou 65° l'alloxane ainsi produite, l'acide oxalurique se transforme ensuite en acide
oxalique et en urée. Enfin, l'urée se résout en
qui est anhydre, on filtre et on laisse refroidir . Il anhydride carbonique et ammoniaque qui s'unit
se forme alors des cristaux d'alloxane hydratée. De à l'acide oxalique.
nouveaux cristaux peuvent être obtenus par l'éva- Les agents réducteurs , tels que l'acide sulfhy-
poration des eaux mères à 50º ou 60º. drique et l'hydrogène naissant, transforment l'al-
A quelque procédé que l'on ait eu recours, on loxane d'abord en alloxantine, puis en acide dia-
peut toujours utiliser les dernières eaux mères à lurique. Le courant électrique agit à la manière
la préparation de l'alloxantine ( vovez ce mot ) . des agents réducteurs :
Il est ensuite facile de reconvertir cette alloxan-
tine en alloxane. A cet effet, on la divise en deux 2C+ H2Az2O + H² = H2O + C8H+Az¹O7.
parts. L'une d'elles est portée à l'ébullition avec Alloxane. Hydro- Eau. Alloxantine.
deux parties d'eau , puis on y ajoute, goutte à gène.
goutte , de l'acide azotique jusqu'à ce que , par C+ H2Az² O + H² = C¹ H¹ Az²0*.
une nouvelle addition , il ne se dégage plus d'acide Alloxane. Hydro- Acide
azoteux. On fait alors bouillir le tout et l'on intro- gene. dialurique.
duit dans le liquide le reste de l'alloxantine par
petites portions. Lorsque toute l'alloxantine a été La même réaction se produit lorsqu'on fait
introduite dans la liqueur, on filtre, on fait tom- bouillir l'alloxane avec un excès d'acide sulfu-
ber quelques gouttes d'acide azotique dans la solu- reux ; mais lorsqu'on évapore à une douce chaleur
tion filtrée qu'on laisse ensuite refroidir. Il s'y une solution d'alloxane saturée d'anhydride sul-
dépose des cristaux d'alloxane . fureux, on obtient de grosses tables efflorescentes
Lorsqu'on opère bien , on peut obtenir une d'un acide conjugué qui, d'après l'analyse du sel
quantité d'alloxane égale en poids à la moitié de de potassium qu'en a faite Gregory, parait renfer-
l'acide urique employé. mer 1 molécule d'alloxane et 1 molécule d'anhy-
L'alloxane obtenue par l'une quelconque de drique sulfureux.
ces méthodes renferme 1 ou 4 molécules d'eau. Le Lorsqu'on sature d'anhydride sulfureux une
monohydrate se produit lorsque l'alloxane cris- solution froide d'al'oxane , qu'on ajoute de l'am-
tallise à chaud par l'évaporation d'une solution moniaque à la liqueur et qu'on porte le tout à
aqueuse. I affecte la forme de prismes rhombi- l'ébullition , il se forme un corps sulfuré qui a
ques qui appartiennent au type clinorhombique et reçu le nom de thionurate ammonique . - Voyez
ont l'apparence d'octaèdres rhomboidaux tron- THIONURIQUE (ACIDE) :
qués aux extrémités. Ces prismes sont volumi- CH2 Az2O + Az H³ + SO2 = C+ H5 Az³S O.
neux, transparents et incolores. Ils ont l'éclat Alloxane. Ammo Anhydride Thionurate.
vitreux et ne s'effleurissent pas à l'air. L'hy- niaque. si ureux. d'ammonium.
ALLOXANE. 150 ALLOXANIQUE.
La solution aqueuse de l'alloxane se décompose, Le bromure d'alloxane cristallise en prismes ou
par l'ébullition , en anhydride carbonique, alloxan- en tables carrées d'un grand éclat. L'eau, l'alcool
tine et acide parabanique : et l'éther le dissolvent; il en est de même des
3CH2 Az204 alcalis. Sa solution aqueuse se décompose , lors-
Alloxane. qu'on la chauffe, en bromoforme et bromobarbi-
= CO2 + C3 H2 Az 2O3 + C8 H* Az O7. turate d'ammonium :
Anhydride Acide Alloxantine. 2 CH2 Az2 03 Br2 + 3H2O
carbonique. parabanique. Bromure d'alloxane . Eau.
Les alcalis et les terres alcalines convertissent
= C¹ H² (Az H¹ ) Br Az² O³ + CH Br³ + Az H³ + 3CO
l'alloxane en alloxanates (sels de l'acide alloxa- Bromobarbiturate Bromo- Ammo- Anhy-
nique ; voyez ce mot) : d'ammonium. forme. niaque. dride
CI12 Az² O KHO = C¹ H³ Az² KO5. carbo-
Alloxane. Hydrate Alloxanate nique.
de potassium. de potassium. Si l'on admettait pour l'alloxane normale la
Les alloxanates de baryum, de calcium et d'ar- formule primitive de MM . Liebig et Wöhler,
gent se précipitent lorsqu'on mélange une solu- CH Az205 , en considérant l'alloxane desséchée
tion d'alloxane avec l'eau de chaux ou de baryte à 160° comme un anhydride, on pourrait regar-
ou avec des solutions ammoniacales de chlorure der le bromure d'alloxane comme dérivant de
de calcium, de chlorure de baryum ou d'azotate l'alloxane par substitution de Br² à 2 ( OH ) . Ce
d'argent. Par l'ébullition avec les alcalis , l'al- corps a donc été mal nommé : c'est bromhy-
loxane se décompose avec production d'acide mé- drine alloxanique et non bromure d'alloxane qu'il
soxalique et d'urée : aurait fallu l'appeler. Voyez URIQUE (dérivés de
CH2 Az2O + 2H2O = C³ H2O5 + CH Az2O. l'acide.) A. N.
Alloxane. Eau. Acide Urée. ALLOXANIQUE (ACIDE), CH• Az20 *. [Liebig
mésoxalique. et Wölher (1838 ) , Ann. der chem. u. Pharm.,
t. XXVI , p. 292. - Schlieper, Ann. der Chem .
Une solution ammoniacale d'alloxane se prend
par le refroidissement en une gelée jaune et u. Pharm., t. LV, p. 263, et t. LVI, p. 1.
Bayer ( 1861 ) , Ann. der Chem . u. Pharm.,
transparente de mycomélate d'ammonium (voyez t. CXIX, p. 126 ( nouv . sér. , t . XLIII ) , et ibid ,
ACIDE MYCOMÉLIQUE). La liqueur retient en solu- t. CXXX, p. 129 ( nouv. sér. , t. LIV) ; Ann . de
tion de l'alloxanate et du mésoxalate d'ammo- Chim. et de Phys . , ( 3 ) , t. LXIII, p. 469 , et (4 ),
nium :
CH2Az2O + 3 Az 13 t. IV, p . 485 et 491. - L'acide purpurique blanc
Alloxane. Ammoniaque. ou urique suroxygéné de Vanquelin ( Mém. du
Mus. d'hist natur. , t. VII. p. 253) paraît avoir été
= C¹ H³ ( Az H¹ ) Az¹ O² + 2 H2O. de l'acide aloxanique impur. ]
Mycomélate d'ammonium. Eau. L'acide alloxanique représente 1 molécule d'al-
Avec les sels ferreux , l'alloxane donne une loxane plus 1 molécule d'eau. On obtient des
couleur bleue très-foncée , mais ne fournit aucun alloxanates lorsqu'on soumet l'alloxane à l'action
précipité , à moins qu'on n'ajoute un alcali à la des bases. L'acide libre se prépare par la décom-
liqueur. position de l'alloxanate de baryum au moyen de
Chauffée avec du peroxyde de plomb , la solu- l'acide sulfurique étendu . A cet effet, on met le
tion aqueuse de l'alloxane donne de l'anhydride sel en suspension dans une petite quantité d'eau
carbonique, du carbonate de plomb et de l'urée : et l'on y ajoute l'acide étendu par petites portions
CH2Az2O2PbO2 + H2O en ayant soin d'agiter constamment. 5 parties
Alloxane. Peroxyde Eau. d'alloxanate barytique exigent 1 p. 1/2 d'acide
de plomb. sulfurique à son maximum de concentration . Après
avoir abandonné pendant quelque temps le mé-
= CH¹Az²O + 2CO³ Pb + CO². lange à une douce chaleur, on y ajoute du carbo-
Urée. Carbonate Anhydride nate de plomb pour éliminer l'excès d'acide sulfu-
de plomb. carbonique. rique et l'on filtre. La liqueur filtrée est soumise
En ajoutant par petites portions une solution à l'action d'un courant d'acide sulfhydrique qui
d'acétate neutre de plomb à une solution bouil- la débarrasse de l'excès de plomb ; on la chauffe
lante d'alloxane, on obtient un précipité blanc ensuite pour chasser l'excès d'hydrogène sulfuré,
d'oxalate de plomb et il se forme de l'alloxantine. on filtre de nouveau et l'on évapore le liquide à
Si, au contraire, on verse la solution d'alloxane
consistance sirupeuse , soit dans le vide sur de
dans la solution d'acétate plombique, il se forme l'acide sulfurique , soit à une température qui
de l'acide mésoxalique et de l'urée. ne dépasse pas 40°.
Constitution de l'allorane . – M. Bayer consi- Si l'on a chauffé la solution d'acide alloxanique
dère l'alloxane comme de la mésoxalyl- urée : au-dessus de 40°, ce corps . cristallise avec diffi-
(CO)" culté ou même ne cristallise plus du tout ; dans
Azz ! (C303 " le cas contraire il se dépose en aiguilles blanches
H2. et dures ou en petits mamelons. Ces cristaux se
Voyez UnIQUE (dérivés de l'acide) . [Bayer, Ann . de dissolvent dans 5 ou 6 parties d'alcool absolu
Chim. et de Phys ., ( 4), t. IV, p. 491 ; Ann. der et fournissent une solution qui peut être bouillie
Chem. u. Pharm ., t. CXXX , p. 129 , nouvelle et même évaporée sans subir de décomposition ;
série, t. LIV, mai 1864. ] ils sont moins solubles dans l'éther. A l'air libre
ALLOXANE (BROMURE D') , CH2 Az2 03 Br². [ Bayer, ils ne s'effleurissent pas ; leur saveur est acide ;
Ann. de Chim. et de Phys. , (4) , t. III, p . 483 .] - Ce ils laissent pourtant dans la bouche un arrière-
corps prend naissance lorsqu'on ajoute du brome goût douceâtre ; l'eau les dissout très-facilement.
à une solution concentrée d'acide violurique La solution aqueuse de l'acide alloxanique rou-
(voyez ce mot), conformément à l'équation : git le papier de tournesol, décompose les carbo-
CH8 (AZO) Az203 + Br nates et les acétates et dissout le zinc avec déga-
Acide violurique. Brome. gement d'hydrogène. L'acide sulfhydrique n'a
= CH2 Az2O3 Br2 + AzOBr + H Br . aucune action sur cet acide ; il en est de même
Bromure Bromure Acide du bichromate de potassium et du bichlorure de
d'alloxane. azoteux. bromhy- platine.
drique. Lorsqu'on soumet l'acide alloxanique à l'action
ALLOXANIQUE. 151 - ALLOXANIQUE.
de la chaleur sèche , il se boursoufle beaucoup , stable et se convertit peu à peu en sel acide en
laisse un résidu de charbon et émet des vapeurs perdant de l'ammoniaque.
d'acide cyanique. A 100° l'acide alloxanique , en ALLOXANATE ACIDE D'AMMONIUM,
solution dans l'eau , subit une tout autre réac- CH³Az2O5 (Az H³).
tion , qui a d'abord été examinée par Schlieper et On obtient ce sel en saturant directement l'a-
dont l'étude complète a été faite par Bæyer. Ce
dernier chimiste a reconnu qu'il se forme, dans cide alloxanique par l'ammoniaque. Il ne se pro-
ces conditions, non-seulement l'acide leucotu- duit pas lorsqu'on fait agir l'ammoniaque sur
rique déjà découvert par Schlieper, mais encore l'alloxane. Il se présente en cristaux brillants et
l'allantoine et l'acide allanturique. Ce dernier transparents , appartenant au type orthorhombique.
corps avait été aussi entrevu par Schlieper, qui L'eau en dissout le tiers ou le quart de son poids
lui avait donné le nom de difluan , mais qui n'en en produisant une liqueur fortement acide. L'al-
avait pas fait connaître la composition d'une ma- cool ne le dissout pas et le précipite de sa solution
nière satisfaisante. aqueuse. A la distillation sèche, l'alloxanate acide
On conçoit très-bien la formation de ces pro- d'ammonium donne de l'urée, de l'oxamide, du
duits dans la décomposition de l'acide alloxa- carbonate et du cyanure d'ammonium.
nique; on a d'abord : ALLOXANATE Neutre de potaSSIUM, C+ H2 Az2O5 K²
+ 3H2O. - On l'obtient par l'alloxane. Lorsqu'on
CHAz2O = CO2 + H2 + C³ H² Az² O³. mélange des dissolutions concentrées d'alloxane
Acide. Anhy- Hydro- Acide et de potasse et qu'on ajoute assez d'alcool à la
alloxanique dride gene. parabanique. liqueur pour qu'elle commence à se troubler, l'al-
carbonique.
loxanate potassique se dépose peu à peu en cris-
Il est naturel que l'hydrogène devenu libre taux transparents et durs . Suivant Schlieper, ce
réagisse sur l'acide parabanique et donne nais- sel retiendrait 1 molécule d'eau à 100º. C'est
sance à l'acide leucoturique, à l'acide allantu- un corps soluble dans l'eau, neutre aux papiers
rique et à l'hydantoine, qui ne sont que des pro- réactifs, insoluble dans l'alcool et l'éther.
duits de réduction de l'acide parabanique. On ALLOXANATE ACIDE DE POTASSIUM, CH³ Az2 05 K.
peut exprimer la décomposition finale de l'acide On l'obtient , comme le sel neutre, en ayant
alloxanique par l'équation suivante : soin d'employer un excès d'alloxane . Il se présente
4C*H* Az² O5 = 4CO² + C6 H6 Az¹ 06 sous la forme d'une poudre cristalline blanche.
Acide Anhydride Acide L'eau le dissout peu et l'alcool pas du tout. La
alloxanique. carbonique . leucoturique. réaction est franchement acide. Au contact de
+ C³ HAz2O3 + C³ H¹ Az² O² + H2O . l'air, il rougit promptement .
Acide ALLOXANATE de sodium . C'est un sel très-dé-
Hydantoine. Eau.
allanturique. liquescent. On l'a peu étudi .
ALLOXANATE NEUTRE DE BARYUM ,
Sous l'influence de l'acide todhydrique, l'acide CH2 Az² O5 Ba + 2 H2O.
allovanique se transforme en hydantoine , c'est- à-
dire dans le produit de réduction le plus avancé Ce sel est le plus intéressant de tous les al-
de l'acide parabanique : loxanates, parce que c'est lui qui sert à la pré-
CHAz20 + 2 HI paration de l'acide alloxanique . Pour l'obtenir en
Acide Acide grande quantité , on verse deux volumes d'une
alloxanique. iodhydrique. solution aqueuse froide et saturée d'alloxane dans
= C³ H+ Az² O² + CO2 + H2O + I². trois volumes d'une dissolution également satu-
rée à froid de chlorure de baryum . On porte les
Hydantoine. Anhydride Eau. Iode. liqueurs à 60° ou 70° et l'on y ajoute par petites
carbonique.
portions une lessive de potasse en agitant con-
Chauffé avec l'acile azotique, l'acide alloxanique stamment jusqu'à ce que le précipité, qui, au
| se convertit en acide parabanique et en anhydride début, se redissout à mesure qu'il se forme, cesse
carbonique : de se redissoudre. Le liquide se prend alors
CHAz2 05 + 0 presque immédiatement en une bouillie d'alloxa-
Acide Oxygène. nate de baryum qui se dépose bientôt à l'état
alloxanique. d'une poudre cristalline. Les cristaux perdent
= C³ H² Az² 0³ + CO2 + H2O. 20 pour 100 d'eau de cristallisation à 100°. Par
Acide Anhydride Eau. une ébullition prolongée, leur solution , comme
parabanique. carbonique. celle des autres alloxanates, se dédouble en mé-
ALLOXANATES . - L'acide alloxanique est un soxalate barytique et en urée .
acide bibasique, et les alloxanates neutres qui ALLOXANATE ACIDE DE BARYUM, ( CH³ Az2O5) 2 Ba
renferment des métaux monoatomiques répondent + H2O. -L'alloxanate acide de baryum se dépose
à la formule CH2 Az2O5 M². On connaît aussi sous la forme de croûtes cristallines composées
des alloxanates acides dont la formule est de petits mamelons opaques lorsqu'on décompose
CH³Az² O5 M. l'alloxanate neutre du même métal par l'acide
Les alloxanates alcalins sont très-solubles dans sulfurique pour préparer l'acide alloxanique. On
l'eau. Les alloxanates neutres des métaux pesants peut encore l'obtenir en abandonnant pendant
y sont peu solubles, mais les sels acides des quelques jours un mélange d'alloxanate acide
mêmes métaux s'y dissolvent avec facilité. d'animonium et de chlorure de baryum . Ce sel
La dissolution aqueuse des alloxanates se réagit franchement acide. L'eau le dissout beau-
décompose par la chaleur en urée et en mésoxa- coup plus facilement que le sel neutre. La solu-
lates : tion de l'acide alloxanique le dissout en grande
CH2Az2O5 M² + H2O quantité. Il se dissout aussi dans l'alcool , qui, par
Alloxanate Eau. suite, ne le précipite pas de sa solution aqueuse .
métallique. ALLOXANATE NEUTRE DE STRONTIUM,
= CHAz2O + C305 M² CH2 Az2O5 Sr + 4 H² O.
Crée. Mésoxalate
métallique. Ce sel se précipite lorsqu'on traite l'alloxane
par le chlorure de strontium ammoniacal ou par
L'alloxanate potassique produit un précipité l'hydrate de strontium . Il forme de petits cristaux
bleu foncé dans la solution des sels ferriques . aciculaires transparents qui perdent leur eau de
ALLOXANATE NEUTRE D'AMMONIUM. -Ce sel est peu cristallisation à 120º.
ALLOXANIQUE. - 152 - ALLOXANTINE.
ALLOXANATE NEUTRE DE CALCIUM, ALLOXANATE DE MERCURE, CH® Az* O* Hg. - — On
CH2 Az205 Ca + 5 H2O. le prépare en dissolvant le carbonate mercurique
dans l'acide alloxanique et en précipitant la solu-
- C'est un précipité gélatineux qui, par un repos tion par l'alcool . C'est une poudre blanche soluble
prolongé , devient cristallin . L'eau le dissout dans l'eau. Sa solution se décompose prompte
mieux que le sel de baryum neutre. L'acide acé- ment par la chaleur en déposant des paillettes
tique le dissout aussi très-bien. A 100°, les cris- d'un sel mercureux .
taux de ce sel perdent de l'eau et se désagrégent. CONSTITUTION DE L'acide alloxaNIQUE. - M. Bæyer
ALLOXANATE ACIDE DE CALCIUM , [loc. cit.] considère l'acide alloxanique comme un
(C¹ H³ Az² O³)² Ca + 5 H2O. acide uramique carbo-mésoxalique et lui donne la
formule rationnelle
- Ce corps se présente en cristaux brillants et
transparents qui perdent toute leur eau de cris- (CO)"
H3 Az².
tallisation sur l'acide sulfurique .
ALLOXANATE NEUTRE DE MAGNÉSIUM, (C303,"
H 0.
CH2 Az2O5 Mg + 5 H2O. Voyez ACIDE URIQUE (Dérivés de l'). A. N.
-- On prépare ce sel comme les alloxanates neu- ALLOXANTINE [Syn. Uroxine].
tres de calcium ou de baryum. Il cristallise en C8H+Az O7 + 3H20.
petits mamelons soyeux très-semblables à ceux
du quinate calcique. L'eau le dissout bien , l'al- [Liebig et Wöhler , 1838 , Ann. der Chem. u.
cool le dissout moins bien et peut même le pré- Pharm., t. XXVI , p. 292. Fritzsche, Bull. sc.
cipiter en partie de sa solution aqueuse si elle de Saint-Pétersbourg, t. IV, p. 81 , et Journ. für
est concentrée. prakt. Chem., t. XIV, p. 237. - Rochleder, Ann.
ALLOXANATE ACIDE DE ZINC, der Chem. u. Pharm ., t. LXXI, p. 1 , t. LXXIII,
p. 56 et 123.] - L'alloxantine se produit par l'ac-
(CH³ Az2 O ) Zn + 4 H2O. tion de l'acide azotique étendu et modérément
On le prépare en faisant dissoudre du zinc chaud sur l'acide urique ; par l'action des agents
métallique dans une solution d'acide alloxanique réducteurs sur l'alloxane ; par l'action de l'eau ou
prise en excès. Si , au contraire, on précipite un de l'acide sulfurique ou chlorhydrique étendu et
sel soluble de zinc par l'alloxanate neutre de po- bouillant sur l'alloxane ; par l'union de l'alloxane
tassium , on obtient un sous-alloxanate de zinc avec l'acide dialurique ; par l'action de l'acide sul-
(C+ H2 Az² O5 Zn, 2² Zn O + 8 H² 0. furique ou chlorhydrique étendu sur la dialura-
ALLOXANATE de cadmium . — Le sel neutre est un mide (uramile) ou sur le thionurate d'ammonium ;
précipité blanc. Le sel acide est soluble. par l'action des oxydants sur l'acide dialurique ;
ALLOXANATE NEUTRE DE NICKEL , et par l'action du chlore sur la caféine.
Généralement , on utilise, pour la préparation
CH2 Az2 05 Ni +2 H2O. de l'alloxantine, les eaux-mères qui ont servi à
C'est un sel vert, très-déliquescent et insoluble la préparation de l'alloxane. A cet effet, on ajoute
dans l'alcool. au liquide deux ou trois fois son volume d'eau et
ALLOXANATE DE COBALT. - C'est un sel gom- l'on y fait passer un courant d'hydrogène sulfuré
meux. qui convertit l'alloxane en alloxantine ; comme
ALLOXANATE NEUTRE DE CUIVRE, une partie passe toujours à l'état d'acide dialu-
rique, il faut abandonner la matière à l'air pen-
CH2 Az2O5 Cu + 4 H2O. dant plusieurs jours jusqu'à ce qu'elle ne dépose
Ce sel se présente en mamelons bleus. Il est plus de cristaux, ce qui indique que tout l'acide
soluble dans l'eau et devient vert et opaque sans dialurique s'est transformé de nouveau en alloxan-
tine. On purifie l'alloxantine en la dissolvant dans
perdre son eau de cristallisation , lorsqu'on le l'eau bouillante, filtrant pour séparer le soufre et
chauffe à 100°. Il existe aussi un sous- sel cui-
faisant cristalliser par le refroidissement .
vrique bleu et insoluble dans l'eau.
ALLOXANATE DE MANGANÈSE. Ce sel se présente On peut encore préparer directement l'alloxan-
en grains cristallins. tine au moyen de l'acide urique. A cet effet , on
ALLOXANATE NEUTRE DE PLOMB, ajoute peu à peu de l'acide urique sec à de l'acide
nitrique très-étendu et modérément chauffé jus-
CH2 Az2O5 Pb + H2O . qu'à ce qu'il refuse de se dissoudre. On évapore
ensuite le liquide jusqu'à ce qu'il ait une teinte
C'est une poudre blanche insoluble dans l'eau. rouge pelure d'oignon et on le laisse refroidir.
SOUS-ALLOXANATES DE PLOMB . - On obtient un Les cristaux d'alloxantine se déposent. On les pu-
sous-alloxanate plombique rifie comme précédemment. Au lieu d'ajouter
(C+ H2Az² O5 Pb) 2Pb0 + 2 H2O, l'acide urique à l'acide azotique , on peut verser
de l'acide azotique sur une partie d'acide urique
en précipitant un alloxanate neutre par le sous- mis en suspension dans 32 p. d'eau, chauffer jus-
acétate de plomb. C'est une poudre blanche et qu'à ce que tout soit dissous, évaporer la liqueur
nacrée. Il se produit un autre sous-sel plombique aux deux tiers et l'abandonner au refroidissement.
lorsqu'on précipite par l'alcool l'alloxanate acide On connaît peu les propriétés de l'alloxantine
de plomb. anhydre. L'alloxantine ordinaire renferme en effet
ALLOXANATE ACIDE DE PLOMB, 3 molécules d'eau de cristallisation , qu'elle perd
(CH3 Az2O5)2 Pb + 2 H2O. seulement à environ 150°. L'alloxantine hydratée
se présente en petits prismes obliques, durs, fria-
On le prépare en faisant dissoudre le carbo- bles, transparents, incolores ou jaunâtres. Quand
nate de plomb dans l'acide alloxanique. Il cristal- ils ont été obtenus par l'oxydation de l'acide uri-
lise en gros mamelons composés d'aiguilles fines que ou par l'électrolyse de l'alloxane, l'angle obtus
et soyeuses assez solubles dans l'eau. formé par les arêtes latérales est de 105°. Lors-
ALLOXANATE D'ARGENT, CH² Az2 05 Ag2. - Il se qu'ils ont été préparés en chauffant la dialuramide
précipite lorsqu'on mélange l'alloxane avec une avec les acides étendus , cet angle est de 121º.
dissolution d'azotate d'argent ammoniacal ; il est L'alloxantine est donc dimorphe.
blanc, mais jaunit par l'ébullition . Il paraît exis- L'alloxantine rougit le tournesol, mais ne pré-
ter, en outre, un sel acide gommeux. sente pas d'autres propriétés acides. Elle est à
ALLYLE. 153 - ALLYLE.
peine soluble dans l'eau froide, un peu plus so- de moutarde et d'ail. Plus tard, Berthelot et de
luble dans l'eau bouillante, d'où elle se dépose en Luca, Zinin, Cahours et Hofmann ont complété
cristaux par le refroidissement. l'histoire de ces combinaisons . L'allyle appartient
L'eau de baryte donne dans les solutions d'al- à la série des radicaux homologues C" H2n-1 ; à
loxantine un précipité violet qui devient blanc et l'état de liberté, il se double et constitue le dial-
finit même par disparaître entièrement lorsqu'on lyle CeH10. Voyez DIALLYle.
fait bouillir le liquide. ALLYLE (HYDRATE D' ) ou ALCOOL ALLYLIQUE :
L'ammoniaque colore en beau violet les solu- C3H6O - C3H5OH.
tions chaudes d'alloxantine, par suite de la for-
mation du purpurate d'ammonium . [Cahours et Hofmann , Compt. rend. , t. XLII,
Les agents oxydants, tels que l'acide azotique, p. 217. Ann. de Chim. et de Phys., t. L, p. 432,
transforment l'alloxantine en alloxane. L'azotate et Ann. der Chem . u . Pharm . , t. CII, p. 285.]
d'argent produit aussi cette transformation en L'alcool ally lique constitue un liquide incolore,
abandonnant de l'argent réduit. doué d'une saveur brûlante et d'une odeur spiri-
Les agents réducteurs, tels que l'hydrogène tueuse piquante , rappelant à la fois celle de l'al-
naissant ou l'acide sulfhydrique, convertissent cool et celle de l'essence de moutarde. 11 brûle
l'alloxantine en acide dialurique : avec une flamme éclairante, est miscible à l'eau,
l'alcool et l'éther en toutes proportions. Il est iso-
2C$ [ +Az+ 07 + 2H2S + 2H2O = S² + 4C¹H¹Az²O¹. mérique avec l'acétone et l'aldehyde propylique.
Alloxantine. Acide Eau. Soufre. Acide Point d'ébullition , 103°.
sulfhydrique. dialurique. Préparation. 1° Lorsqu'on fait passer un
Deux solutions , l'une d'alloxantine , l'autre de courant d'ammoniaque sèche dans de l'oxalate
d'allyle, il se prend en une masse solide d'oxa-
sel ammoniac, toutes deux purgées d'air par mide imprégnée d'alcool allylique ; en distillant
l'ébullition , donnent au bout de très-peu de
temps, par leur mélange, des cristaux de dialura- au bain de chlorure de calcium , on obtient l'al-
cool qu'on rectifie sur du sulfate de cuivre, afin
mide (uramile), tandis que la liqueur retient de d'enlever des traces d'ammoniaque et d'eau :
l'alloxane dissonte et de l'acide chlorhydrique
libre : C8H10O4 + 2Az H³ - — C² H¹ Az² O2 + 2 C3 H6O.
CHAz O + Az H³ . HCl
Alloxantine. Chlorure 2º L'acroleine, traitée par le zinc et l'acide
d'ammonium . chlorhydrique, donne naissance à de l'alcool ally-
lique en même temps qu'à d'autres composés
= C¹ H³ Az³ O³ + CH² Az²O + HCl . [ Linnemann, Aun. der Chem. u. Pharm., 1865,
Dialuramide. Alloxane. Acide t . suppl. III, p. 257].
chlorhydrique . Le potassium et le sodium attaquent l'alcool al-
L'acétate et l'oxalate ammoniques agissent de la lylique surtout à chaud ; il se dégage de l'hydro-
même manière que le chlorure. gène et il se forme une masse gélatineuse de
Chauffée avec de l'oxyde d'argent, l'alloxantine C³ HSK O et de C3H5 NaO.
donne de l'argent métallique : de l'anhydride car- Lorsqu'on fait agir à chaud de l'acide phospho-
bonique se dégage et il se produit de l'oxalurate rique anhydre sur de l'alcool allylique, il se pro-
d'argent : duit de l'allylène .
C$ H Az O + 4 Ag2O + H2O Un mélange d'acide sulfurique et de bichro-
Alloxantine. Oxyde Eau. mate de potasse, ainsi que le noir de platine,
d'argent . transforment l'alcool allylique en acroleine et en
== 2 C3 H³ Ag Az2 O + 2CO² + 3Ag². acide acrylique.
Oxalurate d'argent. Anhydride Argent.
carbonique. ÉTHERS ALLYLIQUES.
La solution d'alloxantine dissout l'oxyde mer- BROMURES D'ALLYLE. -Monobromure, C³ H³ Br.
curique en dégageant un gaz et donne probable- [Cahours et Hofmann, loc. cit. ] - Le monobro-
ment de l'alloxanate mercurique. Le peroxyde de
plomb agit sur l'alloxantine comme sur l'alloxane. mure obtenu par l'action du bromure de phos-
La solution aqueuse de l'alloxantine abandon- phore sur l'alcool allylique est probablement iso-
née à elle-même, même en dehors du contact de mérique avec le propylène brome.
l'air, se convertit en acide alloxanique. Bibromure d'allyle. - Voyez DIALLYLE (Tétra-
BROMURE DE).
Bouillie avec l'acide chlorhydrique, l'alloxantine
donne de l'acide alliturique (voyez ce mot) , ainsi Tribromure d'allyle, C3H5 Br³ . [Wurtz, Ann. de
Chim. et de Phys. , (3 ) , t. LI, p. 91.] Le tri-
qu'un autre acide , l'acide diliturique , l'alloxane
et l'acide parabanique. bromure d'allyle est obtenu par l'action de l'iodure
TETRAMETHYL-ALLOXANTINE . - Gerhardt a donné d'allyle sur une fois et demie son poids de brome.
ce nom à un produit qui se forme lorsqu'on fait Il se sépare des cristaux d'iode, on lave avec de
agir le chlore sur la caféine et que Rochleder la potasse et avec de l'eau, on déshydrate et on
avait nommé acide amalique (voyez ce mot). [Ann. distille. Le produit distillé est de nouveau lavé à
der Chem. u. Pharm ., t. LXXI, p. 4.] la potasse et à l'eau et distillé ; ce qui passe de
M. Bæyer attribue à l'alloxantine la formule 210° à 220° est coloré en pourpre et se prend en
une masse de cristaux , lorsqu'on maintient pen-
2(CO)" dant quelque temps à 0°. On sépare l'eau mère,
(C3HO2, on fond les cristaux et on distille de nouveau en
A
(C303)" rejetant les premières gouttes de liquide qui sont
H3. encore colorées en rose.
Le tribromure d'allyle est un liquide incolore,
[ Beyer, Ann. der Chem . u. Pharm ., t. CXXX, neutre, bouillant de 217 à 218° et se solidifiant
p. 129 (nouv. sér. LIV) , et Ann . de Chim . et de au-dessous de 10°. Par une solidification lente, il
Phys., (4) , t. IV, p. 491.] - Voyez URIQUE ( dérivés forme de magnifiques prismes brillants, fusibles
de l'acide). A. N. à 16º. Densité, 2,436 à 23º. Il est isomérique avec
ALLYLE, C³H³. - L'allyle est un radical qui le bromure de propylène bromé et la tribromhy-
existe dans les composés allyliques ; Wertheim drine . La potasse alcoolique le transforme en un
en a admis le premier l'existence dans les essences produit éthéré bouillant vers 135°. Chauffe en
ALLYLE. --- 154 - ALLYLE.
vase clos à 100° avec de l'ammoniaque alcoolique, 2° L'iodure d'allyle se produit à la distillation
le tribromure d'aliyle se transforme en dibrom- d'un mélange d'alcool allylique et d'iodure de
allylamine. Chauffé à une température de 120° à phosphore [Cahours et Hofmann, loc. cit. ].
125° avec un mélange d'acide acétique cristalli- L'iodure est un liquide incolore, insoluble dans
sable et d'acétate d'argent, il fournit de la triacé- l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, d'une odeur
tine qui peut être transformée en glycérine éthérée alliacée. Il brunit rapidement sous l'in-
[Wurtz, loc. cit .] : fluence de l'air et de la lumière en répandant des
C3H5. Br33 (C² H³ O². Ag) vapeurs irritantes . Point d'ébullition , 101 ° . Den-
sité, 1,789 à 16º.
= C² H³ O2)3 C3 H5 + 3 Ag Br. Chauffé avec l'ammoniaque pendant 40 heures
On peut donc former de la glycérine artificielle- à 100°, il produit, parmi d'autres composés , de
ment et par synthèse au moyen de l'iodure d'al- l'iodhydrate de propylamine ; soumis à l'action de
lyle qui n'appartient pas à la série glycérique ; le l'acide iodhydrique, il forme de l'iodure de pro-
tribromure d'allyle lui-même n'est pas un com- pyle [M. Simpson , Proceed. of the London royal
posé glycérique, il est isomérique et non pas Soc., t. XII, p. 533] . L'acide azotique fumant at-
identique avec la tribromhydrine. taque l'iodure d'allyle avec dépôt d'iode ; l'acide
CHLORURES D'ALLYLE. - Monochlorure, C³ H³ . Cl. sulfurique le charbonne avec dégagement de pro-
[Cahours et Hofmann, loc . cit.] - Est obtenu par pylène. L'hydrogène naissant, dégagé d'un mé-
la distillation d'un mélange d'alcool allylique et lange de zinc et d'acide sulfurique, décompose
de perchlorure de phosphore. On le prépare aussi l'iodure d'allyle en propylène :
en faisant agir en vase clos à 100° l'oxalate d'al-
lyle sur le chlorure de calcium , ou en mettant en 2 C3H5I2Zn + H2O
réaction de l'iodure d'allyle, de l'alcool et du bi- =
= 2 C³ H6 + Zn 12 + Zn O.
chlorure de mercure [ Oppenheim , Compt. rend.,
t . LXII, p. 1085] . Le mercure et l'acide sulfurique faible, ou
Le chlorure d'allyle est un liquide huileux, mieux l'acide chlorhydrique concentré, agissent
bouillant entre 44° et 45°. Densité 0,934 à 0º. de la même manière.
Traité par la potasse alcoolique, il fournit de L'iodure d'allyle est décomposé par le sodium
l'éther éthylallylique. à chaud ; par le fer à froid , il se forme du diallyle.
Trichlorure d'allyle , C3H5. C13. [ Oppenheim, En dissolution alcoolique , l'iodure d'allyle agit
Bull. de la Soc. chim., 1864 , t. II , p. 97.] lentement sur les sels de potasse ; il décompose,
en dégageant de la chaleur, les sels d'argent et il
Ce trichlorure , obtenu par l'action du chlore
ou du bichromate de potasse et de l'acide chlor- se forme des éthers allyliques correspondant à
l'acide.
hydrique sur l'iodure d'allyle, est un liquide in- Biiodure d'allyle. - Voyez DIALLYLE (TÉTRAÏO-
colore, d'une odeur ressemblant à celle du chloral,
ne se solidifiant pas encore à -- 10° . Densité, 1,41 DURE DE).
à 0º. Point d'ébullition , 154° à 157°. Il semble lodure de mercurallyle. [Zinin, Bull. de l'Acad.
de Saint-Pétersb. , t. XIII, p. 360.] - L'iodure
être identique avec la trichlorhydrine.
CYANURE D'ALLYLE, C³ H5 . C Az . [Liecke, Ann.der d'allyle, en se combinant au mercure métallique,
Chem. u. Pharm. , t . CXII , p . 316 , et Répert. de forme l'iodure de mercurallyle C3H5 HgI, cristal-
Chim. pure , 1860 , p. 123.] . - En chauffant au lisé en écailles argentées qui se colorent en jaune
bain-marie un mélange de cyanure d'argent et à la lumière et par la dessiccation . Il est peu so-
d'iodure d'allyle, il se produit, après quelques luble dans l'alcool froid , presque insoluble dans
l'eau, se volatilise à 100° en donnant des tables
heures, une huile épaisse, brune, qui se prend
par le refroidissement en une masse visqueuse et blanches brillantes. Il fond à 135° . L'oxyde d'ar-
qui est probablement une combinaison d'iodure gent décompose sa solution alcoolique en produi-
d'argent et de cyanure d'allyle. En ajoutant de sant une matière alcaline qui , évaporée , fournit
l'alcool et de l'éther, on met le cyanure d'allyle une masse sirupeuse . C'est probablement de l'hy-
en liberté. Le cyanure d'allyle est un liquide lim- drate de mercurallyle.
pide et mobile, d'une odeur pénétrante et désa- Oxyde d'allyle (éther allylique) , (C³ H5)2 O.
gréable, se colorant à la longue à l'air en jaune, L'éther allylique 1º est contenu en petite quantité
un peu soluble dans l'eau et miscible en toutes dans l'essence d'ail brute [ Wertheim , Ann. der
proportions à l'alcool et à l'éther. Point d'ébulli- Chem. u. Pharm . , t. LI, p. 309, et t. LV, p . 297 } ;
tion, 96° à 106° . Densité, 0,794 à 17° . Une disso- 2º se forme par la décomposition de l'azotate d'ar-
lution alcoolique de potasse le décompose à l'ébul- gent et d'allyle par l'ammoniaque ; 3° se forme
lition en ammoniaque, acide formique et une huile par la décomposition du sulfocyanure d'allyle au
non étudiée . Claus, dans cette réaction , a obtenu moyen de la chaux sodée à 120° en vase clos
l'acide crotonique CH O2 [ Ann . der Chem. u. [Wertheim, loc. cit . ] ; 4º se produit lorsqu'on fait
Pharm., t . CXXXI, p. 58, et Bull. de la Soc. chauffer de l'iodure d'allyle avec de l'allylate de
chim ., 1865, t. III, p. 100]. sodium ou de potassium [ Cahours et Hofmann,
IODURES D'ALLYLE. ― Monoiodure, C³ HS.I. loc. cit. ]; 5° se produit lorsqu'on fait agir de
Préparation. -1° On dissout 1 p . de phosphore l'oxyde de mercure sur de l'iodure d'allyle Ber-
dans du sulfure de carbone rectifié ; on ajoute peu thelot et de Luca, Ann. de Chim. et de Phys.,
à peu 8 p. d'iode et on évapore le dissolvant au (3), t. XLVIII, p . 286] .
bain- marie dans un courant d'acide carbonique Propriétés. Liquide, incolore, d'une odeur
sec ; on a ainsi de l'iodure de phosphore P12 qu'on alliacée, insoluble dans l'eau , moins dense que
l'eau. Point d'ébullition, 82º ( Cahours et Hof-
mélange dans une cornue avec un poids égal de mann) ; entre 85° et 87° (Berthelot et de Luca) . II
glycérine sirupeuse ; une réaction vive s'établit ;
du gaz propylène se dégage , de l'eau et de l'io- forme avec l'acide azotique un composé nitré d'une
dure d'allyle distillent et il reste dans la cornue densité plus grande que celle de l'eau, et avec
de la glycérine non décomposée, de l'iode, une l'iodure de phosphore de l'iodure d'allyle.
substance iodurée très-peu abondante , des acides Nitrate d'argent et d'allyle,
oxygénés du phosphore et une trace de phosphore C6H100.2 Az O³ Ag.
rouge. Il faut employer une cornue un peu grande -- Ce composé se produit par l'action de l'azotate
et ne pas opérer sur plus de 50 à 100 grammes
de mélange à la fois . L'iodure d'allyle est purifié d'argent en dissolution alcoolique sur l'oxyde
par distillation [ Berthelot et de Luca , Ann. de d'allyle ou sur le sulfure d'allyle ; il cristallise en
Chim . et de Phys., (3) , t. XLIII , p . 257]. prismes radiés, incolores et très-brillants.
ALLYLE. - 155 - ALLYLE.
ÉTHER ETHYL-ALLYLIQUE, fois celle de l'oxalate d'éthyle et celle de l'es-
sence de moutarde. Point d'ébullition , entre 206°
C2H5 et 207° sous la pression de 754 millimètres . Den-
C³ HS 0. sité , 1,055 à 15°,5. L'eau le décompose lente .
ment, la potasse rapidement ; avec l'ammoniaque,
On l'obtient par l'action de l'allylate de potas- il se transforme en oxamide et alcool allylique. En
sium ou de sodium sur l'iodure d'éthyle, ou par ajoutant goutte à goutte une dissolution alcooli-
l'action de l'éthylate alcalin sur l'iodure d'allyle, que d'ammoniaque, on obtient de l'allyl-oxamé-
ou par l'action d'une dissolution alcoolique de po- thane ou oxamate d'allyle
tasse sur l'iodure d'allyle. C'est un liquide inco-
lore , d'une odeur aromatique , bouillant à 64° Az H² ( C200
(Cahours et Hofmann), à 62º,5 (Berthelot et de C3 H5
Luca) . Il se combine avec 2 atomes de brome
(Morkownikoff) ; l'acide iodhydrique le décompose (Cahours et Hofmann ) . Par l'évaporation sponta-
en jodure d'éthyle et iodure d'allyle (Oppenheim) . née de la dissolution alcoolique , il se produit de
ETHER AMYL-ALLYLIQUE , beaux cristaux.
C5H11 TARTRATE D'ALLYLE, CHO6 ( C3 H5 ) 2 . [ Berthe-
C&HS 0. lot et de Luca .] - Le tartrate d'allyle est une ma-
tière sirupeusé, neutre, non volatile, soluble dans
- Obtenu par l'action de l'iodure d'allyle sur l'éther, que les alcalis décomposent facilement.
l'alcool amylique et la potasse, il bout à 120° en- VALERATE D'ALLYLE, C5 H9 O2 ( C3 H5) . — Le valé-
viron. rate d'allyle, formé par l'action de l'iodure d'allyle
TRIALLYLINE, (C3H5 ) O³. — Ce corps présente la sur le valérate d'argent, est un liquide incolore ,
composition de l'oxyde de glycéryle. Il a été ob- bouillant à 162° (Cahours et Hofmann).
tenu par la distillation d'un mélange de potasse, SULFOCYANATE D'ALLYLE, ou sulfocyanure d'allyle,
de glycérine et d'iodure d'allyle (Berthelot et de ou essence de moutarde,
Luca). C'est un liquide d'une odeur désagréable, CS
Soluble dans l'éther. Point d'ébullition , 232º. C Az. C3 HS. S =C3 H5 Az.
ACETATE D'ALLYLE, C2H3O2.C3 H5 . [ Zinin , loc.
cit.] Il s'obtient par l'action de l'iodure d'al- - La graine de moutarde noire renferme du
lyle sur l'acétate d'argent. La réaction est vive ; on myronate de potasse , qui en présence de l'eau et
recueille ce qui passe entre 100° et 115° ; on recti- de la myrosine se transforme en glucose, bisul-
fie sur de l'acétate d'argent et ensuite sur de fate de potasse et essence de moutarde (Bussy,
l'oxyde de plomb. L'acétate d'allyle est un liquide Will et Körner). Suivant Ludwig et Lange, l'in-
neutre, moins dense que l'eau, peu soluble dans tervention de la myrosine n'est pas indispensable
l'eau, soluble en toutes proportions dans l'alcool à la production de l'essence de moutarde [ Bull , de
et l'éther ; il a une odeur rappelant celle de l'acé- la Soc. chim., 1861 , p . 4 ]. D'autres crucifères
tate d'éthyle et une saveur éthérée. Point d'ébul- fournissent également de l'essence de moutarde
lition, 105 (Zinin) , de 97° à 100° (Cahours et Hof- en même temps que de l'essence d'ail. -- Voyez
mann'. SULFURE D'ALLYLE.
BENZOATE D'ALLYLE, C7 H5 O². C³ H5 . [Cahours et Pour extraire l'essence de moutarde de la graine
Hofmann, loc. cit.] Le benzoate d'allyle , pro- de moutarde noire, on pile celle-ci, on la fait di-
duit par l'action du chlorure de benzoile sur l'al- gérer pendant vingt-quatre heures avec 3 à 6 p.
cool allylique ou par l'action de l'iodure d'allyle d'eau ; on distille tant qu'il passe avec de l'eau des
sur le benzoate d'argent (Zinin) , est un liquide parties huileuses. 100 p . de graines fournissent
oléagineux, plus dense que l'eau, d'un jaune 0,2 p. d'essence ( Bouiron et Robiquet ) , 0,55
d'ambre, insoluble dans l'eau , soluble dans l'es- (Aschoff), 0,8 (Hess) , 1,2 (Hofmann) . On purifie par
prit de bois, miscible à l'alcool et à l'éther en la rectification , on dessèche avec du chlorure de
toutes proportions , d'une odeur rappelant celle du calcium et on distille ; il reste une résine noirâtre.
benzoate d'éthyle. Point d'ébullition , 228° (Ca- L'essence de moutarde se forme encore : 1° lors-
hours et Hofmann) , 230° environ ( Berthelot et de qu'on chauffe entre 120° et 130° la combinaison
Luca) , 2120 (Zinin) . C6 H10 S2 . 2 Hg S (voir SULFURE D'ALLYLF) avec un
BUTYRATE D'ALLYLE, CH7O2. C³ H5. [Cahours et excès de sulfocyanure de potassium ; 2° lorsqu'on
Hofmann. loc . cit. ] - Le butyrate obtenu par traite le bromure d'allyle par le sulfocyanure de
l'action de l'iodure d'allyle sur le butyrate d'ar- potassium [Dusart , Ann. de Chim . et de Phys .,
gent est un liquide oléagineux, moins dense que (3), t. XLV, p. 339] ; 3° lorsqu'on fait chauffer en
l'eau, d'une odeur analogne à celle du butyrate vase clos l'iodure d'allyle avec du sulfocyanure de
d'éthyle, soluble dans l'éther. Point d'ébullition, potassium (Zinin , Berthelot et de Luca) ; 4º lors-
140° environ (Cahours et Hofmann), 145° envi- qu'on fait agir à froid de l'iodure d'allyle sur le
ron (Berthelot et de Luca). sulfocyanure d'argent (Berthelot et de Luca).
CARBONATE D'ALLYLE , CO³ ( C³ H5 )2. - Le car- Propriétés. Huile transparente , incolore.
bonate d'allyle obtenu par l'action du sodium sur Pouvoir réfringent, 1,516. Densité, 1,015 à 20º,
l'oxalate d'allyle, ou par celle de l'iodure d'allyle de 1,009 à 1,010 à 15º. Point d'ébullition , 143°
sur le carbonate d'argent, est une huile incolore , environ [Dumas et Pelouze, Ann . de Chim. et de
insoluble dans l'eau , d'une odeur aromatique , Phys., . LIII, p. 181 ] ; 148° [ Will, Ann . der
moins dense que l'eau (Cahours et Hofmar.n) . Chem . u . Pharm . , t . LII, p . 1 ] . Elle a une odeur et
CYANATE D'ALLYLE, une saveur piquantes et irritantes, provoquant le
COì larmoiement ; appliquée sur la peau , elle détermine
Az une forte vésication ; elle est un peu soluble dans
C3 H5
l'eau bouillante et très-soluble dans l'alcool et
(Cahours et Hofmann). Obtenu par l'action de l'éther ; elle dissout le phosphore et le soufre.
l'iodure d'ally'e sur le cyanate d'argent, c'est un Exposée à la lumière, elle se colore peu à peu en
liquide incolore, d'une odeur piquante et excitant jaune-brun et dépose une matière d'un jaune-
le larmoiement. Point d'ébullition , 82º. orangé, semblable à du persulfocyanogène ; elle
OXALATE D'ALLYLE , C²O+ ( C³ H5 )² . [ Cahours et donne à chaud, avec la potasse, une liqueur jaune
Hofmann . ] Il s'obtient par l'action de l'iodure que précipite l'acide acétique.
d'allyle sur l'oxalate d'argent ; c'est un liquide Lorsqu'on fait agir lentement du chlore sur
oléagineux, incolore, d'une odeur rappelant à la du sulfocyanure d'allyle, il se forme des cris-
ALLYLE. 156 ALLYLE.
taux soyeux très-volatils, insolubles dans l'eau et [Will, 1844, Ann . der Chem. u. Pharm. , t. LII,
l'éther, mais très-solubles dans l'alcool. Un excès p. 30. ] - Lorsqu'on ajoute goutte à goutte de l'es-
de chlore le détruit et la potasse le résinifie. Le sence de moutarde à une dissolution concentrée
brome résinifie le sulfocyanure d'allyle et l'iode de potasse dans de l'alcool absolu, qu'on sépare
s'y dissout avec une coloration brun-rouge. L'a- après quelques heures le liquide rouge-brun du
cide azotique de concentration moyenne déter- carbonate de potasse qui a cristallisé, qu'on étend
mine la formation d'une matière résineuse (résine avec de l'eau, qu'on sépare au moyen d'un filtre
nitrosinapylique) ; si l'on active la reaction , celle- mouillé l'huile qui s'est déposée et qu'on évapore
ci est détruite et il se forme des acides sulfurique le liquide d'un jaune pâle jusqu'à consistance
et oxalique et de l'acide nitrosinapylique. Cet sirupeuse à peu près, il se forme des cristaux
acide a la consistance de la cire, est très-fusible, brillants d'allyl-sulfocarbamate de potasse ; on ne
soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool et peut obtenir ce sel à l'état de pureté.
l'éther. Son sel de baryte est amorphe, brillant, Lorsqu'on mélange la dissolution aqueuse de ce
rouge-brun, soluble dans l'eau, insoluble dans sel avec de l'acide acétique , elle se trouble et dé-
l'alcool et l'éther ; il précipite en jaune l'acétate pose une poudre qui ressemble à du soufre. Les
de plomb et les azotates d'argent et de mercure sels métalliques y produisent des précipités qui
au minimum. se convertissent en sulfure ; en même temps de
Traité par l'hydrate d'oxyde de plomb, le sulfo- l'essence de moutarde est régénérée. Lorsqu'on
cyanure d'allyle donne de la sinapoline , du car- ajoute à une dissolution de ce sel dans 200 p.
bonate et du sulfure de plomb ; la potasse, la soude d'eau de l'acétate de plomb, il se produit un pré-
et la baryte aqueuse agissent de la même ma- cipité d'allyl-sulfocarbamate de plomb, sous forme
nière. d'une poudre jaune très-divisée, qui se réunit en
Lorsqu'on ajoute goutte à goutte du sulfocya- masse, lorsqu'on agite. Chauffé à 100º, il se de-
nure d'allyle à ure dissolution saturée d'hydrate compose en essence de moutarde, sulfure de plomb
de potasse dans de l'alcool absolu, il se produit et soufre. L'acide sulfurique le décompose sans
une réaction très-vive ; il se dégage un peu d'am- mettre d'essence de moutarde en liberté, il ne se
moniaque et la liqueur se colore en rouge-brun, dégage que de l'hydrogène sulfuré.
prend une odeur alliacée et dépose après quelque Acide allyl-sulfocarbonique ou allyl-xanthique
temps du carbonate de potasse. Lorsqu'on ajoute ou sulfure d'allyle, de carbonyle et d'hydrogène,
de l'eau, il se sépare une huile particulière qui
est de l'allyl-monosulfocarbamate d'allyle $2 (CO)"
H. C3H5
C3H5 S (Cahours et Hofmann). Il se produit des aiguil-
AzHCPH (CHE les cristallines jaunes d'allyl-xanthate de potasse,
et il reste en dissolution de l'allyl-sulfocarbamate lorsqu'on fait agir une dissolution de potasse et
de potassium. L'équation suivante rend compte du sulfure de carbone sur de l'alcool allylique.
de sa formation : SULFURE D'ALLYLE ou essence d'ail, (C³ H5 )2S. —
3 CHAzS + 3 KHO + H2O Cadet, Fourcroy et Vauquelin avaient déjà étudié
l'essence d'ail , mais Wertheim, en 1844 , en a re-
CO3K2 + CH6 Az S² K + C7 H14Az² SO connu la véritable nature [ Ann. der Chem. u.
Allyl-sulfocarbam . Pharm., t. LV, p. 297]. L'essence d'ail est conte-
Ce potassium. nue dans les essences qui se forment lorsqu'on
L'allyl-monosulfocarbamate d'allyle est peu soluble distille avec de l'eau différentes parties de plu-
dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, il a une sieurs espèces de la famille des Asphodélées et de
densité de 1,036 à 14º, bout entre 115° et 118°, en se celle des Crucifères . L'essence des bulbes d'Allium
décomposant partiellement ; bouilli avec de l'eau, sativum (gousses d'ail) et celle d'oignons (Allium
il donne un alcaloide volatil. cepa), renferment du sulfure d'allyle, la première
La potasse pulvérisée agit, à froid, comme la en plus grande quantité que la seconde. L'essence
potasse alcoolique, toutefois la réaction n'est pas des feuilles et graines de Thlaspi arvense et d'Ibe-
aussi nette ; à chaud, il se forme de l'allyl-mono- ris amara renferment, sur 90 % de sulfure,
sulfocarbamate de potasse et il se dégage de l'am- 10 % de sulfocyanure d'allyle . Les feuilles d'Al-
moniaque. Lorsqu'on projette des morceaux de liaria officinalis fournissent du sulfure d'allyle,
potasse dans de l'essence de moutarde, il se dégage les graines un mélange de sulfure et de sulfocya-
de l'hydrogène et il se forme un sel de potasse, nure; les graines mûries au soleil ne fournissent
soluble, dont l'acide est huileux, insoluble dans que de l'essence de moutarde. Les graines de
l'eau et moins dense que celle- ci. Capsella bursa pastoris , de Raphanus raphanis-
Pour l'action de la chaux sodée, voyez OxYDE trum et de Sisymbrium nasturtium, renferment
D'ALLYLE, et pour celle du monosulfure de potas- en petite quantité un mélange des deux essences.
sium, voyez Sulfure d'allyle. Les essences n'existent pas toutes formées dans
Le mercure et le cuivre , en contact avec l'es- les plantes : aussi doit - on, avant la distillation, en
sence de moutarde, lui enlèvent une partie de son faire macérer avec de l'eau les différentes parties,
soufre . principalement les graines, afin d'obtenir ia tota-
L'essence de moutarde se combine à l'ammo- lité de l'huile essentielle. Les graines de Thlaspi
niaque et forme de la thiosinnamine. - Voyez arvense ne dégagent aucune odeur lorsqu'on les ·
plus bas TшOSINNAMINE. broie, et il ne se forme pas de sulfure d'allyle
Elle donne des précipités de sulfures métalli- lorsque, avant de les traiter avec de l'eau, on les
ques avec les dissolutions alcooliques d'azotate chauffe à 100°, ou qu'on les épuise préalablement
d'argent et d'acétate de plomb ; elle précipite en avec de l'alcool.
blanc la solution alcoolique de chlorure mercu- Pour obtenir l'essence d'ail pure, on distille de
rique. Il existe aussi une combinaison cristallisée l'ail avec de l'eau. Il passe une nuile pesante,
de sulfocyanure d'allyle et de chlorure de platine, brune et fétide. 50 kilogr. d'ail en donnent de
qui se décompose peu à peu au contact de l'eau 100 à 120 gr. Cette huile renferme , en même
en dégageant de l'acide carbonique et en déposant temps que du sulfure, une certaine quantité d'o-
une matière pulvérulente de couleur foncée. xyde d'allyle et un excès de soufre, qui se sépare
Acide allyl sulfocarbamique ou sulfosina- en grande partie par la rectification ; il est possi-
pique, ble que l'oxygène de l'air décompose une certaine
Az H. C³ H. (CS)" s. quantité de sulfure d'allyle en formant de l'oxyde
1 d'allyle et que le soufre, mis en liberté, se porte
ALLYLE. 157 ALLYLE.
sur le sulfure d'allyle pour foriner des composés mère peu à peu comme une résine et se recouvre-
plus sulfurés. Soumise à la distillation , cette huile d'une pellicule d'or métallique.
se décompose à 140°, se colore davantage, dégage Le sulfure d'allyle forme, avec le perchlorure
des vapeurs désagréables et laisse une matière de platine, un précipité jaune :
brune et gluante.
En rectifiant l'essence brute dans un bain de 3 (C6H10S PtS2) + (C³ H³ Cl)2 Pt Cl¹.
sel narin, il en passe les deux tiers sous la forme En employant des dissolutions alcooliques, on ob-
d'une huile jaunâtre, plus légère que l'eau ; en tient ce composé plus facilement. Il semble que la
traitant celle-ci par le potassium et en soumet- formation de cette combinaison ait lieu en vertu
tant à la distillation , après avoir desséché par de l'équation suivante :
du chlorure de calcium, on obtient du sulfure
d'allyle pur; il se forme dans cette réaction du 9 C6 H10 S 9 Pt Cl
sulfure de potassium et il se dégage une petite = C2H40 Pt S9 C16 + 5 [ (C3H5 Cl) 2 . Pt C14] ;
quantité de gaz inflammable. en effet, le composé 2 C3 H5 Cl. Pt Cl paraît exis-
Il se forme du sulfure d'allyle : 1° lorsqu'on ter, car lorsqu'on emploie de l'alcool concentré, il
chauffe du sulfocyanure d'allyle dans un tube se forme parfois des écailles cristallines, brillantes
scellé vers 100° avec du monosulfure de potassium comme de l'or, qui par l'addition d'eau se redis-
(Wertheim, loc . cit. ) ; 2º lorsqu'on chauffe douce. solvent.
ment de l'essence de moutarde avec du potassium Le composé platinique traité par du sulfure
[Gerhardt, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XIV, d'ammonium aqueux donne une combinaison
p. 125] ; 3° lorsqu'on ajoute goutte à goutte de d'un brun de kermès insoluble dans l'eau , l'al-
l'iodure d'allyle à une dissolution alcoolique con- cool et l'éther. La réaction s'explique par l'équa-
centrée de monosulfure de potassium (Cahours et tion suivante :
Hofmann).
Proprietės. Huile incolore , transparente , C2H40 Pt S⁹ C16 + 3 Az² H® S
moins dense que l'eau , très-réfringente , peu - 4 (C6 H10 S. Pt S²) +6 Az H Cl .
soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et
l'éther. Point d'ébullition , 140º. Lorsqu'on ajoute peu à peu du sulfure d'allyle
L'acide azotique fumant attaque le sulfure d'al- à une dissolution aqueuse d'azotate de protoxyde
lyle avec violence et le dissout en produisant des de palladium en excès, il se produit un précipité
acides oxalique et sulfurique ; la solution étant d'un brun de kermès clair 2 C6H10 S. 3 PdS , in-
soluble dans l'eau et l'alcool .
étendue d'eau, il s'en sépare des flocons jauna-
tres. L'acide azotique concentré le transforme en Le sulfure d'allyle, chauffé en vase clos au bain-
acides oxalique et formique. L'acide sulfurique con- marie avec de l'iodure d'allyle, donne naissance à
centré le dissout à froid, avec une teinte pourpre ; de beaux cristaux prismatiques, solubles dans l'eau
l'eau l'en sépare sans altération. L'acide chlorhy- d'iodure de triallylsulfine 3 ( C3 H5) I.S. Décom-
drique est absorbé en grande quantité, il se pro- posé par l'oxyde d'argent en présence de l'eau,
duit une coloration bleu foncé ; le mélange se cet iodure donne une liqueur fortement alcaline .
décolore peu à peu à l'air, et instantanément par Le chlorure correspondant donne, avec le perchlo-
la chaleur et par une addition d'eau. Les acides rure de platine, un composé qui se sépare de sa
et les alcalis dilués, ainsi que le potassium, ne dissolution sous forme de prismes orangés. [ Ca-
l'altèrent pas. hours, Bull. de la Soc. chim . , 1865, t. IV, p. 46.]
Le sulfure d'allyle ne précipite pas les disso- TRISULFORE D'ALLYLE, C H10S3 . [ Löwig et Scholz ,
lutions aqueuses ou alcooliques d'acétate et de Répert. de Chim. pure, 1860, p. 331. ] Le trisul-
nitrate de plomb, d'acétate de cuivre et les disso- fure d'allyle obtenu par l'action de l'amalgame de
lutions des acides arsénieux et arsénique dans le sodium sur un mélange de 1 p . de sulfure de
sulfhydrate d'ammoniaque. carbone et de 2 p. d'iodure d'éthyle
Lorsqu'on mélange une solution d'azotate d'ar- (2 C2H512 CS² + 4 Na
gent ammoniacale avec un excès de sulfure d'al-
lyle, il se produit du sulfure d'argent, de l'éther = C6H10 S3 + 2NaI + Na2S)
allylique et de l'azotate d'ammoniaque. Le préci- est un liquide d'un jaune de soufre, très-fluide,
pité est d'abord blanc ou jaune pâle et renferme très-réfringent, d'une odeur désagréable , d'un
probablement une combinaison de sulfure d'allyle goût douceâtre et analogue à celui de l'anis . Den-
et de sulfure d'argent, qui au bout de quelque sité, 1,012 à 15º. Il est insoluble dans l'eau, mais
temps brunit et se convertit en sulfure d'argent miscible en toutes proportions à l'alcool, l'éther
noir. et le sulfure de carbone.
Lorsqu'on mélange des dissolutions alcooliques L'acide azotique fumant l'attaque avec violence
de sulfure d'allyle et de bichlorure de mercure, et peut même l'enflammer. Le chlore, le brome et
il se forme un précipité blanc, qui renferme deux le chlorure de chaux, agissent énergiquement sur
composés , dont l'un est soluble dans l'alcool et lui. La solution alcoolique de trisulfure d'allyle
l'autre insoluble (Wertheim). Le premier donne, avec une solution alcoolique de bichlorure
de mercure, un précipité blanc (C6H10 S3, 6 Hg Cl²
CH10S. 2 HgS + 2 ( C3H5 Cl . HgCl2 ) ou 2 C3H5 C133 HgS + 3 Hg C12) soluble dans
ou 2 C H10S. HgS. 3 Hg Cl² l'alcool bouillant, mais se déposant par le refroi-
dissement.
se sépare de la dissolution alcoolique à la longue SULFURE D'ALLyle et d'hydroGÈNE Ou mercaptan
ou lorsque celle-ci est étendue avec de l'eau. La allylique, C³ H5. HS. [ Cahours et Hofmann . ]
chaleur le décompose; la potasse le colore en Le mercaptan allylique obtenu par l'action de l'io-
jaune clair, en mettant de l'oxyde de mercure en dure d'allyle sur le sulfhydrate de potassium est un
liberté. Si on dissout ce dernier dans de l'acide liquide dont l'odeur rappelle celle du sulfure d'al-
azotique, il reste une combinaison blanche dont lyle, mais est plus éthérée. Point d'ébullition ,
la formule est peut-être C6H10 S. 2 HgS . Distillé 90º. Il forme avec le mercure des écailles cristal-
avec du sulfocyanure de potassium, il se forme, lines nacrées solubles dans l'alcool bouillant et se
parmi d'autres produits, de l'essence de moutarde. déposant pendant le refroidissement.
La combinaison insoluble dans l'alcool renferme ACIDE ALLYL - SULFURIQUE OU sulfate d'allyle et
plus de mercure que la précédente. d'hydrogène ,
Le sulfure d'allyle donne, avec le perchlorure H
SO C3H5
d'or, un précipité d'un beau jaune, qui s'aggiɔ-
ALLYLE. 158 ALLYLE .

(Cahours et Hofmann) . — L'acide allyl-sulfurique On la dissout dans de l'acide chlorhydrique, on


se produit : 1° lorsqu'on traite le mercaptan ally- évapore à siccité et on traite le sel par l'éther pour
lique par l'acide azotique concentré : il se colore enlever les impuretés et on dessèche dans le vide.
en rouge et il se dégage de l'oxyde d'azote ; Le chlorhydrate est très-soluble dans l'eau et l'al-
2º lorsqu'on ajoute goutte à goutte de l'acide sul- cool, peu soluble dans l'éther. La potasse et l'am-
furique concentré à un même volume d'alcool al- moniaque en précipitent la base sous forme d'un
lylique. Le sel de baryte C6H10 S2O8 Ba cristallise liquide oléagineux, alcalin au papier de tournesol,
en aiguilles blanches et brillantes. qui ne précipite ni les sels de cuivre ni ceux
d'argent.
AZOTURES D'ALLYLE. La dibromallylamine est soluble dans l'eau, les
acides sulfurique, chlorhydrique , azotique et acé-
ALLYLAMINE, tique. Le sulfate de dibromallylamine forme une
C3 H7 Az =C3H2
H5 )
Az.
masse gommeuse. Le chlorure double de dibro-
mallylamine et de platine est un précipité jaune-
[Cahours et Hofmann, Ann. de Chim . et de Phys., orangé, presque insoluble dans l'alcool absolu.
(3), t. L, p. 432. ] La dibromallylamine, en se combinant au bi-
chlorure de mercure, forme le composé
Préparation. 1° Lorsqu'on fait chauffer du cya-
nate d'allyle avec de la potasse aqueuse, il se forme Hg C12. (C³ H Br)2 H Az,
du carbonate de potasse et il distille parmi d'au-
tres produits de l'allylamine que l'on recueille peu soluble dans l'eau froide, soluble dans l'al-
dans de l'acide chlorhydrique : cool, qui le laisse déposer sous forme de longues
aiguilles.
(CAz O. C3H52 KHO ETHYL-DIBROMALLYLAMINE,
== CO3K2 + Az H². C3 H³ ) .
(C3H Brit Az.
En ajoutant du bichlorure de platine au chlorhy- C2H5
drate, on obtient un précipité jaune pâle, de com-
position variable, et la liqueur filtrée évaporée [M. Simpson, loc . cit. ] - L'éthyl- dibromallylamine
donne des aiguilles cristallines d'un rouge-orangé obtenu par l'action de la dibromallylamine sur
foncé de l'iodure d'éthyle en excès, en vase clos et à 100",
2 C3 H7 Az. HCl + PtCl . est un liquide oléagineux, d'une saveur très-pi-
2º Lorsqu'on fait agir de l'iodure d'allyle sur de quante, d'une odeur alliacée, insoluble dans l'eau,
soluble dans les acides. C'est une base plus forte
l'ammoniaque et qu'on distille avec de la potasse , que la dibromallylamine, elle précipite l'oxyde de
il passe de l'allylamine. 3º Lorsqu'on ajoute à une cuivre du sulfate et réagit sur les papiers réactifs
dissolution alcoolique d'essence de moutarde, du comme une substance alcaline.
zinc et de l'acide chlorhydrique, il se dégage de TRIALLYLAMINE, (C³115)³Az. [Cahours et Hofmann.]
l'hydrogène sulfuré et de l'acide carbonique ; il se Lorsqu'on chauffe de l'oxyde de tétrallylam-
forme en même temps de l'allylamine, qu'on ob- monium , il passe une huile qui est de la trially-
tient en distillant avec de la potasse [ Oeser, Bull. lamine. Le chlorhydrate forme, avec le bichlorure
de la Soc. chim. , 1865, t. IV, p. 372] .
Propriétés. Liquide incolore, assez mobile, de platine, un sel double d'un jaune påle.
TÉTRALLYLAMMONIUM (Cahours et Hofmann). --
d'une odeur ammoniacale pénétrante et légèrement L'iodure de tétrallylammonium
alliacée, d'une saveur brûlante. Point d'ébullition ,
58°. Densité, 0,864 à 15º. (C3H5) Az I
L'allylamine brûle avec une flamme éclairante ; se forme par l'action de l'ammoniaque sur l'iodure
se mélange avec l'eau en toutes proportions, en
dégageant de la chaleur ; elle précipite l'alumine, d'allyle à la température ordinaire ; par un con-
tact de quelques jours il se dissout une grande
les oxydes de fer, de mercure, de cuivre et d'ar- quantité d'iodure , et la solution se prend quelque-
gent de leurs combinaisons ; les deux derniers
sont solubles dans un excès de base. fois en masse. On hâte le dépôt de la combinai-
Le chlorhydrate d'allylamine constitue des ai- son en ajoutant une solution concentrée de po-
guilles déliquescentes ; le sulfate neutre, des cris- tasse ; il se sépare une couche huileuse , qui se
solidifie . On l'expose au contact de l'air, qui car-
taux agglomérés en barbes de plume, inaltérables bonate la potasse, et on fait cristalliser dans l'al-
à l'air.
DIALLYLAMINE, cool absolu.
L'iodure, traité par l'oxyde d'argent , se trans-
(C3H5)2 ) Az. forme en oxyde, qui est un liquide fortement
H
alcalin . L'oxyde de tétrallylammonium traité par
L'iodhydrate de diallylamine se trouve parmi l'acide chlorhydrique et le bichlorure de platine
les sels qui se forment lorsqu'on fait digérer de donne un précipité jaune pâle de
l'allylamine impure avec de l'iodure d'allyle (Ca-
hours et Hofmann). 2 [ ( C³ H³ ) Az Cl] . Pt Cl .
DIBROMALLYLAMINE, TÉTRALLYLARSÉNIUM. - — L'iodure d'allyle, en at-
(C3 H4 Br)2 Az. taquant l'arséniure de potassium , forme divers
H } produits fétides d'un point d'ébullition très-va-
riable. Il se forme en outre une matière cristal-
[ M. Simpson, Compt. rend. , t. XLVI, p . 785, et line qui est probablement (C3 H + As I ( Cahours
t. XLVII , p . 270.] et Hofmann ).
Pour préparer la dibromallylamine, on chauffe
pendant 10 heures en vase clos, à 100º , un mé- AMIDES ALLYLIQUES.
lange de 1 volume de tribromure d'allyle et d'en-
viron 6 volumes d'une solution alcoolique faible ALLYLCYANAMIDE ou sinnamine,
d'ammoniaque ; il se précipite du bromure d'am-
monium blanc, qu'on sépare par filtration ; on C3H5
ajoute de l'eau, il se dépose de la dibromallyla- C4H6 AzCAz Az.
mine, sous forme d'une huile pesante : H
2 C3H5 Br3 + 5 Az H³ [Robiquet et Bussy, Ann. de Chim. et de Phys. ,
= C6 H Br2 Az + 4 Az H Br. t. LXXII, p. 328. -- Will, Ann. der Chem . u.
ALLYLE. 159 - ALLYLE .
Pharm., t. LII, p. 1 ]. Lorsqu'on fait chauffer à lurée (CO)". C³ H5. C² H³. H². Az². Par l'action de la
1000 de la thiosinnamine préalablement broyée méthylamine , l'amylamine ou l'aniline , il se
avec de l'hydrate de plomb humecté d'eau, qu'on forme des urées d'une composition correspondante.
reprend par l'eau et l'alcool et qu'on évapore à DIALLYLURÉE Ou sinapoline,
consistance sirupeuse, il se dépose, au bout de
plusieurs mois , des cristaux de sinnamine. Ces (CO)"
cristaux sont des prismes blancs, durs, brillants, (C3H5)2 Az2.
appartenant au type anorthique ; ils renferment H2
une demi-molécule d'eau qu'ils perdent en fon- [Simon, Ann. der Chem. u. Pharm . , t. XXXIII,
dant à 100°. La sinnamine desséchée est une p. 258. Will , Ann. der Chem. u. Pharm .,
masse transparente, blanche, d'apparence cristal- t. LII, p. 25. - Cahours et Hofmann , loc. cit.]
line. Elle est sans odeur, a une saveur amère per- Préparation . - 1° Lorsqu'on fait chauffer le
sistante ; sa dissolution aqueuse est fortement cyanate d'allyle avec de l'eau, il prend une con-
alcaline; elle est soluble dans l'alcool et l'éther. sistance butyreuse et finit par se solidifier :
Entre 160° et 200°, elle dégage de l'ammoniaque et
laisse un composé résineux jaunâtre qui jouit de 2 CH5 Az O + H2O = CO² + CH¹² Az² 0 .
propriétés alcalines. Ce même composé se forme 2º La sinapoline se forme comme premier pro-
lorsqu'on fait bouillir la solution chlorhydrique duit de la potasse aqueuse sur le cyanate d'allyle.
de sinnamine et qu'on ajoute de la potasse . Les 3º On fait digérer une partie d'essence de mou-
cristaux de sinnamine absorbent le gaz chlorhy- tarde avec 12 parties d'hydrate de plomb récem-
drique et l'hydrogène sulfuré , en formant des ment précipité et 3 parties d'eau à une douce
combinaisons destructibles par la chaleur. La chaleur et en remuant souvent pendant plusieurs
sinnamine déplace l'ammoniaque des sels ammo- jours, on fait évaporer à 100° et on extrait la sina-
niacaux ; elle précipite les sels de plomb, de fer poline par l'eau bouillante ou l'alcool . 4º On fait
et de cuivre ; elle forme avec les acides des sels bouillir de l'essence de moutarde avec beaucoup
non cristallisés à l'exception de l'oxalate. Le d'eau de baryte, on évapore à siccité et on extrait
chloromercurate de sinnamine , C Az² H6. Hg Cl², par l'éther ou l'alcool.
obtenu par l'action de la dissolution aqueuse de Propriétés. --- Feuilles cristallines, grasses au
chlorhydrate de sinnamine sur le bichlorure de toucher, incolores, brillantes, volatiles avec dé-
mercure en excès , est un précipité blanc. Le composition partielle, volatiles sans décomposition
chloroplatinate de sinnamine" dans un courant de vapeur d'eau. Point de fusion,
CH6 Az². 2 H Cl. Pt Cl 90° (Simon) , 100 ° (Will) . La sinapoline se décom-
pose entre 170° et 180°. L'acide azotique la trans-
constitue des flocons d'un blanc jaunâtre qui se forme en un acide particulier. L'acide sulfurique
forment lorsqu'on ajoute du bichlorure de platine brunit sa dissolution à chaud. Elle absorbe l'acide
à de la sinnamine additionnée d'un peu d'acide chlorhydrique en s'échauffant, en fondant et en
chlorhydrique. La solution aqueuse de sinnamine produisant un liquide dense qui dégage des va-
est précipitée par le tannin. peurs chlorhydriques à l'air humide. Elle préci-
ETHYL ALLYLCYANAMIDE ou éthylsinnamine, pite les bichlorures de mercure et de platine.
C3H5 ALLYL - SULFOCARBAMIDE ou thiosinnamine ,
C2H5 Az. (CS)"
CAZ C3H5 Az2.
[ Hinterberger , Ann. der Chem. u. Pharm., H3 )
1. LXXXIII, p . 348.] - - En remplaçant , dans la [Dumas et Pelouze, Ann . de Chim . et de Phys.,
préparation de la sinnamine, la thiosinnamine t . LIII, p. 181.] - La thiosinnamine obtenue par
par l'éthylthiosinnamine, on obtient l'éthylsinna- l'action de l'ammoniaque sèche ou aqueuse sur
mine; elle cristallise en aiguilles groupées sous l'essence de moutarde forme une masse cristalline
forme de dendrites, d'une saveur très- amère, so- qu'on fait dissoudre dans l'eau et qu'on purifie
lubles dans l'alcool et l'éther, insolubles dans par le charbon animal. La dissolution aqueuse,
l'eau; les solutions ont une réaction alcaline. évaporée et refroidie , fournit des prismes rhom-
Elle se dissout dans l'acide chlorhydrique. Point boidaux obliques suivant Berthelot et de Luca et
de fusion, 100°. Schabus, des prismes droits rhombiques suivant
Le chloroplatinate d'éthylsinnamine Keferstein . Ces cristaux sont d'un blanc brillant,
sans odeur, d'une saveur amère et fusibles à 70°,
2 (C6 H10 Az2 HCl) . Pt Cl plus solubles dans l'eau bouillante que dans l'eau
forme de petites aigrettes d'un jaune rougeâtre ou froide, très-solubles dans l'alcool et l'éther. La
des mamelons, suivant qu'on emploie une solution chaleur décompose la thiosinnamine ; il reste un
chlorhydrique ou alcoolique d'éthylsinnamine. Le résidu charbonneux et il se dégage des vapeurs
chloromercurate 2 ( C6H10 Az2) 3 HgCl2 est un pré- alcalines blanches, âcres, renfermant une matière
cipité blanc floconneux fusible à 100° en une huileuse et de l'acide sulfocyanhydrique. Le
matière jaune résineuse, se prenant en masse chlore et le brome déterminent, dans une disso-
cristalline par le refroidissement. lution aqueuse de thiosinnamine, un précipité
ALLYLCARBAMIDE ou allylurée, blanc qu'un excès fait disparaître et reparaître
a'ternativement. La thiosinnamine, décomposée
(CO)" par le chlore, fournit des acides chlorhydrique et
C3H5 Az2. sulfurique ; décomposée par le brome, des acides
H3 bromhydrique et sulfurique et une huile d'un
[Cahours et Hofmann, Ann . de Chim. et de Phys., rouge brun n'ayant pas l'odeur de l'essence de
(3), t. L, p. 432. ] -- Le cyanate d'allyle se dis- moutarde. L'iode se dissout en petite quantité
Sout avec dégagement de chaleur dans l'ammo- dans une dissolution concentrée de thiosinnamine
niaque ; par l'évaporation , il se forme des cristaux en la jaunissant et en produisant une huile d'un
d'allylurée : rouge brun ; la liqueur filtrée est acide et dépose,
par l'ébullition , une poudre blanche renfermant
C3H5 . CAZO + Az H³ = C4H8 Az² 0. du soufre et de l'iode. L'acide azotique détruit la
Elle est soluble dans l'eau et l'alcool . En faisant thiosinnamine en produisant de l'acide sulfurique.
agir de l'éthylamine à la place de l'ammoniaque La thiosinnamine, distillée avec de l'acide phos-
sur le cyanate d'allyle, il se forme de l'éthylally- phorique dilué ou de l'acide sulfurique, fournit
ALLYLE. - 160 - ALLYLÈNE.

de l'acide sulfocyanhydrique ; avec les oxydes de la désulfure en formant une matière blanche
mercure et de plomb, elle fournit de la sinnamine. granuleuse, ainsi qu'une substance onctueuse in-
Chauffée avec des alcalis fixes, la thiosinnamine soluble dans l'eau. PH. DE C.
ne dégage que lentement de l'ammoniaque ; lors- ALLYLENE. - L'allylène est un carbure d'hy-
qu'on la fait bouillir pendant quelque temps avec drogène qui appartient à la série C" H2n -2 . C'est
de l'eau de baryte, il se produit du carbonate de l'homologue supérieur de l'acétylène, il répond à
baryum , au sulfure de baryum et de l'ammo- la formule C3 H. Il existe entre cet hydrocarbure
niaque. En précipitant l'excès de baryte par l'acide CH et l'allyle C3H5 le même rapport qu'entre
carbonique, et évaporant, on obtient une masse l'éthylène C2 H et l'éthyle C2 H³.
sirupeuse, tres-amère, ayant une faible reaction Il dérive de l'hydrure de propyle C³ H8, dont il
alcaline qui semble renfermer un alcaloide diffé- diffère par 4 atomes d'hydrogène en moins ; il est
rent de la sinnamine. Le potassium fondu avec la donc tétratomique, c'est-à-dire que pour reprendre
thiosinnamine la brunit; à une température plus son état de saturation complète, 4 atomes mono-
élevée, elle fait légèrement explosion en formant atomiques quelconques lui sont nécessaires ; mais,
du sulfure et du sulfocyanure de potassium et une comme son homologue inférieur, il peut donner
fumée noire. Le chlorhydrate de thiosinnamine naissance à des composés dans lesquels il joue
répand des fumées d'acide chlorhydrique à l'air simplement le rôle d'un corps diatomique.
humide et forme, avec le bichlorure de mercure, L'allylène forme une série parallèle à celle du
un précipité blanc caillebotté C¹ H8 Az² S. 2 Hg Cl². propylène avec laquelle elle est isologue.
La thiosinnamine dissout ie chlorure d'argent en Entrevu par MM. Cahours et Hofmann, il a été
s'y combinant ; elle se combine à l'azotate d'ar- réellement découvert par Sawitsch , en 1861. C'est
gent en formant un composé blanc cristallin lui qui, le premier, l'a fait connaître comme étant
CH8 Az² S. Ag Az O3 que l'hydrogène sulfuré dé- l'homologue supérieur de l'acétylène, et a indiqué
compose en sulfure d'argent, thiosinnamine et quelques-unes de ses propriétés [ Sawitsch, Compt.
acide azotique, et l'eau bouillante en sulfure d'ar- rend. de l'Inst., t. LII, p. 399].
gent et un produit non étudié. L'allylène est un gaz incolore d'une odeur dés-
Le chlorhydrate de thiosinnamine et de platine agréable, moins cependant que celle de l'acéty-
est un précipité jaune-rouge, fusible, noircissant lène, brûlant avec une flamme éclairante et très-
à une douce chaleur et se décomposant à une fuligineuse , très-soluble dans l'alcool , et assez
température plus élevée avec production de sul- soluble dans l'eau pure, pour qu'on ne puisse le
fure de platine. recueillir qu'à l'aide d'une solution saturée de
L'essence de moutarde forme, avec les méthyl- chlorure de sodium. Il forme avec la solution am-
éthyl-propyl et amyl- amines, des liquides bruns moniacale de protochlorure de cuivre un préci-
sirupeux qui sont des thiosinnamines dans les- pité jaune serin caractéristique ; il donne aussi
quelles 1 atome d'hydrogène est remplacé par les avec la solution de nitrate mercureux un préci-
radicaux méthyle, etc.; avec le bichlorure de pla- pité gris foncé se décomposant sans détonation
tine, ces amides forment des combinaisons cris- lorsqu'on le chauffe ; et avec celle de nitrate d'ar-
tallines [ Hinterberger, Ann. der Chem. u. Pharm., gent un précipité blanc qui est détruit par la cha-
t. LXXXIII, p. 346]. leur avec explosion et production d'une flamme
Le chlorure double de platine et d'éthylthiosin- rougeâtre. D'après M. Berthelot, l'allylène est ab-
namine 2 (C6H12 Az2 S. HCl ) . Pt Cl constitue des sorbé en grande quantité et facilement par l'acide
primes rhombiques (Schabus) un peu solubles sulfurique concentré ; ce qui permet de le séparer
dans l'eau et l'alcool. et même de le distinguer de l'acétylène , qui ne
PHENYLTHIOSINNAMINE, peut être absorbé qu'avec beaucoup de difficulté
[Bull. de la Soc. chim . , 1866 , t. V, p. 193] .
(CS)" Action du brome.-Sawitsch, le premier, a re-
C3H5
C6H5 Az2. marqué que le brome se combinait à l'allylène
H2 en formant un composé liquide et incolore.
M. Oppenheim a étudié avec soin les combinai-
[Zinin, Journ. fur prakt. Chem. , t. LVII , p . 173. ] sons bromées et iodées de cet hydrocarbure; il a
-La phenylhiosinnamine, obtenue par l'action de décrit leurs principales propriétés ainsi que l'action
l'essence de moutarde sur une dissolution alcoo- qu'exercent sur elles les sels oxygénés . On lui doit
lique d'aniline , forme des tables cristallines à la connaissance des faits suivants [ Bull . de la Soc.
quatre ou six faces ; elle est insoluble dans l'eau , chim ., 1864, t. II, p . 6 et 1865, t. IV, p. 434] :
très - soluble dans l'alcool et l'éther, soluble sans Quand on laisse tomber du brome goutte à
décomposition dans les acides chlorhydrique et goutte, ou lorsqu'on en fait passer lentement la
sulfurique. Point de fusion, 95º. Elle donne à la vapeur dans un flacon rempli d'allylène, la com-
distillation une huile d'une odeur alliacée. L'acide binaison est immédiate. Si l'on opère au soleil, il
azotique l'attaque à chaud en produisant une ma- se dégage à la première goutte de brome de l'a-
tière résineuse insoluble dans l'eau. L'hydrate cide bromhydrique, et il se forme un liquide noir
de plomb la désulfure en formant une matière en partie carbonisé renfermant des produits qui
soluble dans l'alcool et cristallisant en aiguilles n'ont pas encore été isolés. Si l'on opère à l'ombre,
soyeuses et une matière résineuse. on voit se déposer un liquide limpide et transpa-
NAPHTYLTHIOSINNAMINE , rent; c'est un mélange de dibromure et de tétra-
(CS)" . C3H5 . C10 H7 . H². Az². bromure d'allylène C3 H Br² et C³ H Br . On les
sépare facilement par la distillation dans le vide.
[Zinin , loc . cit.] La naphtylthiosinnamine , 1º Le dibromure d'allylène est un liquide in-
obtenue par l'action de l'essence de moutarde sur colore d'une densité de 2,05 à 0°, possédant une
une dissolution alcoolique de naphtylamine, con- saveur douceâtre, et dont la vapeur irrite forte-
stitue des aiguilles blanches aplaties, groupées en ment les yeux.
demi-sphères, insolubles dans l'eau, peu solubles Ce bromure peut être distillé à l'air sans dé-
dans l'alcool et l'éther, assez solubles dans l'alcool composition ; il commence à passer vers 126º, et
bouillant. Point de fusion, 130° . Chauffée avec pré- tout le liquide qu'on recueille entre 126° et 132°,
caution , la naphtylthiosinnamine se volatilise et 132° et 138°, constitue, d'après les analyses de
sans décomposition ; elle est soluble dans les M. Oppenheim, le dibromure d'allylène. Il est iso-
acides chlorhydrique et sulfurique. L'acide azo- mère avec le propylène dibromé qui bout à 120º
tique la dissout à chaud en formant une résine ( Cahours ), et avec le glycide dibromhydrique
jaune insoluble dans l'eau. L'hydrate de plomb bouillant de 151 ° à 152° ( Reboul ).
ALLYLÈNE. - 161 ALLYLÈNE.
Mis en contact avec du brome à l'ombre, il s'y (nouvelle série, t. LVII) , et Ann. de Chim. et de
combine sans dégagement d'acide bromhydrique Phys., (4), t . V, p. 500, et t. VI, p. 494] .
pour former le tétrabromure C³ H+ Br*. Action de l'iode et de l'acide iodhydrique [ Oppen-
Chauffé en vase clos avec l'oxalate ou l'acétate heim, loc. cit.] . ·- L'iode se combine difficile-
d'argent étendu d'éther ou d'acide acétique cris- ment avec l'allylène. Ainsi un flacon bouché ren-
tallisable, le dibromure éprouve une modification fermant de l'iode et de l'allylène contenait encore
profonde : il est presque entièrement carbonisé ; du gaz à l'état de liberté après 15 jours d'exposi-
la réaction ne donne rien de net. tion au soleil. La chaleur du bain-marie ne faci-
2º Le tétrabromure d'allylène CH4Br* est lite pas la réaction , mais l'iode en solution dans
un liquide incolore d'une densité de 2,94 à 0° le sulfure de carbone , ou dans l'eau à l'aide de
possédant une odeur camphrée. Distillé sous la l'iodure de potassium, sous l'influence des rayons
machine pneumatique avec un centimètre de pres- solaires, donne de meilleurs résultats. On obtient
sion, il passe entre 110° et 130° ; distillé àl'air, un liquide peu coloré, d'une densité de 2,62, et
il se décompose en partie en dégageant de l'acide passant à la distillation entre 196° et 200° : c'est
bromhydrique ; il bout entre 225° et 230º. On le diiodure d'allylène C3H 12. Mélangé avec le
voit que son point d'ébullition se confond ou du brome, le liquide s'échauffe, de l'iode est mis en
moins se rapproche considérablement de celui du liberté et il se forme du tétrabromure d'allylène.
bromure de propylène dibromé situé à 226º (Ca- La lumière le colore en brun. Chauffé en vase
hours), tandis qu'il est inférieur à celui du bro- clos avec de l'acétate ou de l'oxalate d'argent, le
mure du glycide dibromhydrique situé entre 250° diiodure d'allylène est presque entierement car-
et 252° (Reboul) . A 100º , le mercure n'agit pas honisé. Chauffé avec une solution alcoolique de
sar le tetrabromure d'allylène; à 130° il le car- potasse, il se forme de l'iodure de potassium , de
bonise complétement. l'allylène et de l'acide acétique que l'on retrouve
Chauffé en vase clos avec une solution alcoo- sous forme d'acétate d'éthyle.
lique d'acétate de potassé, le tétrabromure d'ally- L'allylène se combine avec l'acide iodhydrique
lène donne une réaction très- nette représentée par pour former le diiodhydrate d'allylène C³ HH?]² ;
l'équation suivante : la combinaison s'opère avec élévation de tempé-
rature en introduisant une solution concentrée 4
C³ H¹ Br¹ + C² H³Q } 0+ C2H5 0 d'acide iodhydrique dans des ballons remplis
C2H3O d'allylène. C'est une huile lourde, d'une densité
C3H3 Br³ + KBr + C2H5 j 0+ Н } 0. de 2,15, douée d'une odeur caractéristique, et qui
se détruit par l'ébullition en produisant un abon-
Le produit principal de cette expérience est le dant dépôt d'iode.
composé C3 H3 Br³, ou propylène tribromé. L'acé- Combinaisons chlorées . - On ne connaît pas
tate de potassen'a pu enlever qu'une seule molécule encore les composés chlorés de l'allylène. Jus-
d'acide bromhydrique ; on voit que le tétrabro- qu'à présent l'action que le chlore peut exercer
mure d'allylène joue plutôt le rôle d'un brom- sur cet hydrocarbure n'a pas été étudiée . Cepen-
hydrate de bromure bromé que d'un bromure d'hy- dant il existe plusieurs combinaisons chlorées
drogène carboné, auquel le brome s'est ajouté par qui répondent à la formule du chlorure d'ally-
simple addition. Ce fait semble prouver que le lène, et qui peuvent être identiques ou isomé-
brome est aussi intimement lié au carbone que riques avec lui. Ainsi MM . Gorsche et Fittig on
l'hydrogène, et que sa combinaison avec l'allylène obtenu, en traitant l'acétone par le chlore, des
a été tellement complète, qu'il paraît faire partie composés
intégrante du radical, comme cela a lieu pour un C3H4Cl et C3 H¹CI *,
produit de substitution : et, ce qui vient à l'ap-
pui de cette hypothèse, c'est l'impossibilité de qui correspondent à un dichlorure et à un tétra-
remplacer les atomes de brome par le résidu hy- chlorure d'allylène. Ces composés distillent , le
droxyle OH. premier à 120°, et le second à 153° [loc. cit .].
Le propylène tribromé est un liquide incolore En traitant par un courant de chlore le glycide
très-stable qui distille de 183° à 185°. Cette pro- dichlorhydrique C3H4 Cl² de M. Reboul, ces chi-
priété le distingue du composé isomère obtenu mistes ont obtenu le corps C³HC distillant à
par M. Liebermann en traitant l'allylénure d'ar- 164º et isomérique avec le précédent. Tous ces
gent C3H3 Ag par le brome. En effet, l'ébullition composés sont isomériques avec les combinaisons
le détruit complétement. chlorées du propylène qui leur correspondent .
Mélangé avec le brome et exposé à la lumière, MM. Hubner et Geuther ont obtenu le corps
le propylène tribromé se transforme lentement C3 H Cl2, auquel ils ont donné prématurément le
en un corps pentabromé, solide, peu soluble dans nom de chlorure d'allylène , en traitant l'acro-
l'alcool, très-soluble dans l'éther et le sulfure de léine C3H4O par le perchlorure de phosphore ;
carbone. C'est le bromure de propylène tribromé on modère la réaction , qui est très - vive , en
CH3Br . Br². Par l'évaporation spontanée, l'éther laissant tomber goutte à goutte l'acroléine sur le
l'abandonne en beaux prismes modifiés et res- perchlorure de phosphore recouvert d'une couche
semblant souvent à des octaèdres. Ce sont des d'oxychlorure de phosphore, et en refroidissant le
prismes orthorhombiques, incolores , doués d'un ballon avec soin [ Ann. der Chem . u. Pharm.,
grand éclat, qui atteignent une longueur de 3 mil- CXIV, p. 36]. Quand l'opération est terminée, où
limètres, et dont les angles sont les suivants : ajoute de l'eau aux produits de la distillation,
m : m = 122°4', pour décomposer l'oxychlorure ; il surnage un
a¹ : m = 115924, liquide qui est décanté et desséché sur le chlorure
a¹ : hi - 119°16'. de calcium, puis rectifié par distillation . On ob-
tient ainsi une huile incolore d'une densité de
MM. G. Borsche et R. Fittig ont obtenu des 1,17 à 27,5 d'une saveur douceâtre éthérée, rap-
bromures qui paraissent identiques avec ceux de pelant par son odeur celle du chloroforme , et
M. Oppenheim en combinant avec le brome le gaz bouillant à 84°,4. C'est le composé CH CI², iso-
qui se dégage lorsqu'on traite par le sodium , avec mérique avec le glycide dichlorhydrique, car le
les précautions convenables, le dichlorure de di- sodium n'a pas d'action sur iui . Il se forme en
chloracétone C³ H¹ Cl , ainsi que le dichlorure de même temps un autre produit huileux que les
glycide CHC12 et le tétrachlorure de glycide auteurs considèrent comme probablement isomé-
13HCl [Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CXXXIII, rique avec le composé C3H4 ČI².
p. 111 (nouvelle série, t. LVII ) ; t. CXXXV, p. 359, MM. Hubner et Geuther indiquent cacore
1- -11
ALLYLÈNE. 162 ALLYLENE.
comme étant de l'acétate d'allylène le corps de potassium, attaque l'argentallylène ; il se forme
CH10 O', qu'ils obtiennent : 1 ° en chauffant en un corps oléagineux qui , lorsqu'on distille, passe
vase clos équivalents égaux d'acroléine et d'an- avec les vapeurs aqueuses : c'est l'allylène iodé
hydride acétique CH O³ ( loc. cit.] ; 2º en chauf- C3H³I ; sa densité est de 1,7 environ ; son point
fant d'abord au bain - marie , ensuite au bain d'ébullition est situé vers 98°. Il est peu soluble
d'huile à 160°, un équivalent du composé C³H CI dans l'alcool et dans l'eau , très-soluble dans
décrit plus haut, et deux équivalents d'acétate l'éther; son odeur est irritante. Il cède difficile-
d'argent ment l'iode par voie de substitution , mais il
C3H4 peut se combiner avec lui pour former le corps
CH °CP + 2 ( C*HQ! o )= 2 {A Ag}+coo . cristallisé C3 H31, 12. On peut encore l'obtenir en
Ce corps est un liquide incolore, d'une saveur traitant l'argentallylène par une solution d'iode
âcre, rappelant l'odeur du poisson ; sa densité est dans l'éther, tant que l'iode est absorbé; on ajoute
de 1,076 à 22° ; il distille vers 180° environ . Il ensuite une nouvelle quantité d'iode égale à la
réduit lentement une dissolution ammoniacale de première, et on abandonne le tout pendant 8 jours
dans un flacon bouché.
nitrate d'argent. Chauffé avec de la potasse caus-
tique , il donne de l'acroleine et de l'acétate de On enlève alors l'excès d'iode avec un peu de
potasse. potasse étendue, et on chasse l'éther par l'évapo-
Action du sodium [ Bull. de la Soc . chim., ration . Il se dépose des cristaux qui s'altèrent
1866, t. VII, p. 189] .- L'allylène, chauffé douce- promptement à la lumière. Ils fondent à 64º et
ment avec le sodium, est vivement attaqué, l'hy- se décomposent vers 78°. La potasse sèche leur
drocarbure est détruit ; il se forme de l'acétylure fait perdre 12 en reproduisant l'allvlène iodé.
Le brome se combine avec C3H3I avec une
de sodium, un dépôt de charbon, et de l'hydro-
gène; il y a en même temps production d'une grande énergie, en faisant entendre un sifflement
petite quantité de propylène ; l'acétylure formé, et en dégageant de la chaleur; il se forme le corps
C3H3 I. Br2 . C'est une huile dense.
traité par l'eau , donne de l'acétylène exempt
d'allylène. L'argentallylène délayé dans l'eau, traité par le
Action de l'allylène sur les solutions métal- brome, donne le composé C³ H³ Br. Br², qui par la
liques. L'allylène forme des précipités dans un distillation passe avec les vapeurs aqueuses et
certain nombre de solutions métalliques. Ainsi, se présente sous forme d'une huile incolore. Ce
avec la solution ammoniacale de protochlorure de bromure se décompose lorsqu'on le distille; il
cuivre, on obtient un précipité jaune serin carac- laisse un résidu brun , et dégage de l'acide brom-
téristique, hydrique; il passe en même temps une petite
C3 HCu ) 0, quantité d'une huile qui paraît être du dibromure
C3 H Cu j d'allylène
C3 H4Br².
nommé allylénure de cuivre.
M. Berthelot a fait connaître quelques-uns de Dérives de l'allylène, ether argenté et élhers
ces composés ; il suppose, comme il l'a fait pour substitués capables de fixer du brome et de l'iode.
l'acétylène, l'existence de radicaux organométal- On sait que le tribromure d'allyle C3H5 Br³,
isomère du bromure de propylène bromé , perd
liques qu'il nomme cuprosallyle , argentallyle, etc., successivement par l'action prolongée de la potasse
qui peuvent se combiner avec l'oxygène, l'iode, ie
chlore, pour former des oxydes, des iodures , des alcoolique 2 fois HBr, pour former les composés
chlorures, etc. [ Compt. rend. de l'Acad. des scien- C3H4 Br2 et C3H3 Br. Ce dernier , en réagissant à
ces, t. LXII, p. 457 et p . 628] . son tour sur la potasse alcoolique, qui agit comme
Argentallylène et ses produits de substitution. de l'éthylate de potassium
M. Liebermann a étudié principalement le produit CIKO,
de la réaction de l'allylène sur la solution ammo-
niacale de nitrate d'argent ; il se forme un préci- donne, par la substitution du résidu oxéthyle
pité blanc, très-léger , altérable à la lumière
comme le chlorure d'argent, difficile à laver, et C3 H3 )
C2H5O à Br, un éther mixte C2H5 0 :
dont la composition à l'état sec est représen-
tée par C2H5 C3H3
C3 H³Ag. C3113Br + K } 0 = KBr + C2 HS 0. 1
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXXV, p. 266 , Cet éther possède la singulière propriété de
nouvelle série, t. LIX, septembre 1865 ; et Ann . fixer de l'argent par voie de substitution, comme
de Chim. et de Phys., (4) , t. VI , p. 502. ] C'est l'ailylène pour former l'éther argenté :
de l'argentallylène , c'est-à-dire une molécule C3H2A )
d'allylène dans laquelle un atome d'hydrogène C2H5O.
est remplacé par un atome d'argent . Traité par
les acides , l'argentallylène est décomposé en régé- On l'obtient en faisant bouillir longtemps le
nérant l'allylène . L'iode, le brome en solution tribromure d'allyle avec la potasse alcoolique. On
forment de l'iodure et du bromure d'argent. Pro- distille l'alcool, on l'étend d'eau pour en séparer
jeté sur du brome ou sur du perchlorure de phos- une huile bromée, puis on verse dans la solution
phore ou d'antimoine , l'argentallylène brûle. aqueuse une solution ammoniacale de nitrate
D'après Sawitsch, ce composé, sous l'influence de d'argent; il se forme un précipité volumineux
la chaleur, est explosif avec production de flamme. d'un blanc éclatant : c'est l'éther argenté. Il ne
D'après M. Liebermann , il ne l'est pas, et peut paraît pas cristallisé. Si on l'approche d'une
être chauffé de 60° à 70° sans éprouver d'altéra- flamme, il fond avant de faire explosion et laisse
tion sensible. D'après M. Berthelot, l'argentally- un résidu qui brûle au contact de l'air en aban-
lène est attaqué par le chlorure d'argent dissous donnant de l'argent. Traité par les acides, il n'y
dans le chlorhydrate d'ammoniaque, et par le a pas d'effervescence ; il se forme un éther d'ap-
chlorhydrate d'ammoniaque seul. Il se dissout parence oléagineuse, plus léger que l'eau, et qui
dans ce dernier sel en formant une liqueur dé- bout à 72°, il renferme
composable à l'ébullition en allylène et chlorure C3H3
d'argent pur : C³ HSO.
C³ ³ Ag + Az H¹Cl = AgCl + C³H¹ + Az H³. On peut envisager ce corps comme étant de
L'iode, dissous dans l'eau à l'aide de l'iodure l'allylène C³H dans lequel H a été remplacé pas
ALLYLÈNE. 163 ALOÈS .
le résidu oxéthyle C2H5O. Aussi , comme l'ally- brome se substitue à la place de l'atome d'hydro-
lène, il peut fixer directement de l'iode et chan- gène enlevé :
ger un atome d'hydrogène contre de l'argent. En C3H5O
effet, il précipite la solution argentique, et donne H } Cl2 + 2Br = HBr + (C3H4) O
un précipité jaune avec la solution cuproso-am- H ( C12Br.
moniacale. M. Liebermann donne le nom de pro- Cet alcool tétratomique, nommé par M. Carius
pargyle au groupe C3H³, et celui d'éthylate de propyl-phycite, est une masse solide, mol'e, inco-
propargyle au groupe C³ H³, C2H5O. lore, amorphe et possédant une saveur sucrée. On
L'éther argenté voit que cet alcool correspond à un alcool tétra-
C3 [12 A ) 0 tomique de l'allylène :
C2H5 )
(C³H$)" } 04.
se comporte avec l'iode et le brome comme l'ar-
gentallylène ; l'iode se substitue à l'argent, et l'on Il est donc permis de supposer, jusqu'à ce que
obtient un composé oléagineux qui cristallise à l'expérience ait prononcé sur cette hypothèse, que
une basse température et qui répond à la formule la propyl-phycite est isomère avec l'alcool allylé-
C3H2O nique té rat mique, si elle n'est identique avec lui.
.
C2H5 Modes de formation de l'allylène. Le procédé
Cette combinai peut à son tour fixer encore le plus usité pour obtenir l'allylène est celui qui
de l'iode ou duso bnrome pour former les corps a été indiqué par Sawitsch [ Compt. rend. de
l'Acad. des sciences, t . LII, p. 399] . Il consiste à
C³ H2c1.i12 ) " C³ H21 . Br² ) traiter le propylène bromé C$ H Br par l'alcool
lo et 0. sodé :
En employant , pour dissoudre la potasse, de C3H5 Br + C2H5 Na
= H +C2 115 Br )
l'alcool méthylique à la place de l'alcool ordi- H Naj
daire , et en suivant les procédés qui viennent L'opération se fait dans des matras en verre vert
d'être décrits plus haut, M. Liebermann est par- scellés à la lampe et qu'on chauffe au bain-marie
venu à obtenir un autre éther mixte dans lequel
le radical méthyle CH³ remplace le radical éthyle pendant quelques heures. L'allylène est recueilli
CH5. à l'aide d'un tube en caoutchouc : un des bouts
C3H3 ) est placé sur la pointe effilée du matras, et l'autre
Cet éther CHO possède aussi la propriété plonge sous une cloche remp'ie d'eau saturée de
de donner avec la solution argentique un préci- chlorure de sodium ; comme il y a une assez forte
pité jaune citron , gélatineux, appelé méthylate pression dans le ballon , il suffit d'en casser la
d'argento-propargyle : pointe pour que l'allylène se rende dans la cloche.
Lorsque le dégagement du gaz se ralentit, on
C3H2Ag 0, chauffe doucement le contenu du ballon en élevant
CH3
la température jusqu'au point d'ébullition de
et dans lequel 1 atome d'hydrogène du radical l'alcool. On facilite ainsi le dégagement de l'ally-
propargyle C³ H3 se trouve remplacé par 1 atome lène retenu par ce liquide dans lequel il est très-
d'argent. soluble.
Traité par l'iodure ioduré de potassium , cet L'allylène se produit encore en traitant par
éther donne par la distillation une huile qui se l'éthylate de soude , comme l'a fait M. Friedel,
prend en belles aiguilles à une basse température le chlorure C³ HCl, identique avec le propylène
(la substance solide ne fond qu'à + 12º) , et dans chloré et obtenu par l'action du perchlorure de
laquelle 1 atome d'iode s'est substitué à l'atome phosphore sur l'acétone [ Bull. de la Soc. chim.,
d'argent. Ce composé est représenté par la for- (1864) , t. II, p. 96].
mule Le dichlorure de dichloracétone C3H4C12. C12,
C³1121 0. ainsi que le dichlorure et le tétrachlorure de
СН3 glycide C3 HCl et C3 HCl , traités par le sodium ,
donnent naissance à l'allylène [ Ann. der Chem.
On sait, d'après la belle réaction instituée par u. Pharm. , t. CXXXIII, p. 3 (nouv. sér. , t. LVII) ,
M. L. Carius, que l'acide hypochloreux CIHO
peut se fixer directement sur les carbures d'hydro- janvier 1865, et Ann . de Chim. et de Phys., (4),
gène de la série CnH2n et sur d'autres composés t. V, p. 500]. La réaction est très-énergique. Pour
éviter l'explosion , il est nécessaire de mélanger 1
non saturés [ Ann. der Chem. u. Pharm., ces chlorures avec quatre à cinq fois leur volume
t. CXXXIV, p. 71 (nouv. sér. t. LVIII) , avril 1865, 1
et Ann. de Chim. et de Phys. , (4 ) , t. V, p. 492] . d'hydrocarbures bouillant de 100° à 120°, et pro-
Cet éminent chimiste a fait voir que l'épichlor- venant de la rectification de la benzine du com-
merce. On chauffe doucement, et le gaz allylène
hydrine pouvait se combiner avec cet acide et qui se dégage est recueilli dans une solution am-
donner naissance à un composé nouveau, en vertu
de la réaction suivante : moniacale de protochlorure de cuivre, d'où on l'isole
à l'état de pureté en traitant l'allylénure de cuivre
C3 HO C3H402 par l'acide chlorhydrique dilué. E. C.
HCl + CIHO = H2 C12. ALLYLIQUES ( COMBINAISONS ). - Voyez
ALLYLE.
Ce composé est la dichlorhydrine d'un alcool té-
tratomique. M. Carius est parvenu à obtenir cet ALMANDIN ou ALMANDINE. - Voyez GRENAT.
alcool en traitant la dichlorobromhydrine par la ALOES. [Dingler's, Polytechnisches Journal,
potasse : t. LXVIII, p. 64 ; t. LXXVII, p. 135 ; t. LXXXIX,
C3H4O p. 158 ; t. CXXXIV, p. 289 ; t. CXXXV, p. 312 : 1
HCl Br + 3 (KHO) t. CXXXVII , p. 238. - Compt . rend. de l'Acad. des
CHO sciences, t. IX, 820. Bull. de la Soc. d'encour.,
= K Br + 2 (KC ) + Hj . t. LIV, p. 669. - Journ. für prakt. Chem. ,
t. LXXXIV, p. 434. - Ann. der Chem . u . Pharm .,
Alcool tétratomique. t. CXXXIV, p. 229 et 236. · Bull. Soc. ind. de
La dichlorobromhydrine s'obtient en traitant la Mulh., t. XXVI, p. 149. Rép. de Chim. pure,
dichlorhydrine ordinaire par le brome ; 1 atome 1862, p. 363 ; 1863, p. 530. - Bull. de la Soc.
de brome enlève 1 atome d'hydrogène à l'état chim . de Paris , 1865 , t . IV, p . 283. -
— Journ . de
d'acide bromhydrique et un second atome de Pharm. et de Chim . , septembre 1861. ] C'est le suc
ALOÈS. 164 - ALOÈS.

desséché de plusieurs espèces d'aloès, plantes de effet , un précipité et une liqueur glucosique ; le
la famille des Asphodèles, originaires du Cap et précipité est dissous dans l'alcool, le liquide est
cultivées dans les Indes orientales et occidentales, évaporé à sec et le résidu est repris par l'éther,
en Égypte, en Grèce, etc. Le suc efficace est ren- qui en dissout une partie. Par l'évaporation spon-
fermé dans les vaisseaux laticifères, situés au- tanée, il reste une résine acide, jaune brun , formée
dessous de l'épiderme. Il est brun jaunâtre, très- de grains microscopiques cristallins (acide aloéré-
amer. sique). La solution glucosique est précipitée par
Le procédé le plus avantageux pour obtenir l'acétate de plomb, le précipité lavé est décomposé
un beau produit consiste à couper les feuilles par l'hydrogène sulfuré; le sulfure de plomb est
près de leur origine et à les suspendre au-dessus épuisé par l'alcool, et la solution alcoolique est
d'un vase récipient . Le suc qui s'écoule librement évaporée à sec ; elle donne une masse brune bril-
est séché au soleil ; l'expression de la plante ou lante, formée de tables rhomboidales (acide aloe-
l'extraction par l'eau chaude, suivie d'une évano- rétique). La partie insoluble dans l'éther, restant
ration, donne des résultats défectueux . On distin- après la dissolution de l'acide aloérésique, redis-
gue plusieurs sortes d'aloès : 1° l'aloès du Cap, Soute dans l'alcool, donne par l'évaporation spon-
fourni par l'Aloe spicata, arborescens , lingua; tanée des plaques foncées , amorphes, neutres
2 l'aloès socotrin, préparé avec l'Aloe socotrina, (aloérétine) . L'acide aloérésique, 2 (C15 H16 (7), est
dans l'ile de ce nom ; 3° l'aloès hépatique , foie soluble dans l'éther et l'alcool. L'acide aloérétique
d'aloès . Il vient des Indes, de Grèce, d'Égypte, et est insoluble dans l'éther, peu soluble dans l'al-
s'obtient par l'expression et la concentration du cool, peu amer, acide au tournesol. L'aloérétine,
suc; 4° l'aloès Barbade. Les feuilles de l'Aloe ar- neutre, est soluble dans l'alcool, insoluble dans
borescens sont plongées dans l'eau bouillante , ex- l'éther et l'eau. D'après Kosmann, l'acide aloé-
primées , et le suc est concentré . résique en s'oxydant fournirait l'aloérétine :
Ce suc desséché est d'apparence résineuse, en C30 H32 014+ 90 + 8 H2O = C30 H48 Q10.
morceaux bruns à reflets verdâtres ; sa poudre est Aloérétine.
jaune ou jaune brun ; sa saveur est amère, son Ac. Aloérésique.
odeur forte et aromatique. ALOÈS INSOLUBLE, C102 H130059 ( ? ) ou C51 H66 (30.
D'après Stenhouse , le suc d'aloès contient : Insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool,
1° un principe jaune, cristallisable , soluble dans jaune. La solution alcoolique, évaporée à sec,
l'eau froide, l'aloine ; 2º une substance résineuse , donne des grains jaunes transparents et brillants.
soluble dans l'eau bouillante , l'aloetine . On ob- Bouillie avec l'acide sulfurique étendu, elle donne
tient l'aloine ou amer d'aloès en épuisant l'aloès une masse résineuse que l'éther sépare en deux
Barbade par l'eau froide, après l'avoir mélangé à parties : l'une soluble (acide aloérésinique ) , cris-
du sable quartzeux . Le liquide, évaporé à consis- tallisant en arborisations et ayaut pour formule
tance d'extrait sirupeux , dépose, au bout de quel- C15 H1606 ; l'autre insoluble (acide aloérétinique )
ques semaines , des cristaux grenus et peu volu- C15H18 08.
mineux. Les autres variétés d'aloès donnent des 100 p. d'aloès du Cap ont donné : aloès soluble,
extraits aqueux qui ne cristallisent pas. 59,450 ; aloès insoluble, 32,433 ; matières étran-
M. Kosmann, qui a étudié l'aloès du Cap , y a gères (ulmate, carbonate de potasse, sulfate, car-
constaté l'existence de deux produits, l'un soluble bonate et phosphate de chaux) , 8,117.
dans l'eau , l'autre insoluble . Ils sont susceptibles de En résumé nous avons, l'aloine
se dédoubler tous deux, par l'ébullition avec l'acide C51H54 021 = 3 (C17 H1807)
sulfurique étendu, en glucose et en plusieurs corps
résineux. D'après lui, le principe aloétique est qui donne en s'oxydant :
très- oxydable, surtout en présence des alcalis. a. L'aloès soluble C51 H66 030 qui se dédouble
L'aloine constituerait la forme primitive de l'a- en glucose, acide aloérésique (Cis H1607) , acide
loès , telle qu'elle se trouve dans les cellules la- aloérétique (C30 H3O15) et aloérétine (C30 H8O40);
ticifères de l'Aloe spicata ; sous cette forme elle b. L'aloès insoluble (C102 H130 ( 59) ou isomère de
est cristalline et peu colorée ; dès qu'elle subit l'aloès soluble, donnant en se dédoublant du glu-
l'action de l'air, de l'eau et de la chaleur, elle cose, de l'acide aloérésinique (C15 H16 O6) et de
devient amorphe et brune. L'aloine primitive l'acide aloérétinique (C15 H18 O ) Toutes ces for-
mules exigeraient, pour être admises, un contrôle
3 (C17 H18 07) plus sérieux .
DÉRIVÉS DE L'ALOÈS . - Sous l'influence de
t,
en s'hydratant et en s'oxydan pendant la concen- l'acide azotique, l'aloès donne deux composés ni-
tration du suc, donne l'aloès soluble (C17 H22 (10) trés colorants . Le premier, l'acide aloétique , se
et l'aloès insoluble (C51 H60 O27) : prépare en chauffant, au bain-marie, 8 p. d'acide
azotique à 36º Baumé et 1 p. d'aloès. On enlève
3 (C17 H1807) 03 + 6 H2O == 3 (C17 H22O10), du feu dès que l'effervescence se manifeste . Lors-
Aloès soluble. que celle-ci est calmée, on concentre et l'on ajoute
3 (C17 H1807) + 0³ + 6 H2O = C51H66 030. de l'eau. Il se dépose une poudre jaune, composée
Aloès insoluble. d'acide aloétique impur et mélangée à de l'acide
ALOÏNE. - Aiguilles prismatiques ; saveur dou- chrysammique . Les deux corps peuvent être isolés
ceâtre au début, puis très-amère. Peu soluble à en utilisant l'insolubilité du dernier dans l'alcool
froid dans l'eau et l'alcool ; plus soluble à chaud ; chaud ou l'insolubilité du chrysammate de po-
neutre. Ses solutions sont d'un jaune clair ; elle se tasse dans l'eau . C'est une poudre orangée, cris-
dissout en orangé dans les alcalis talline, amère, peu soluble dans l'eau froide,
Formule d'après Stenhouse, C17 H18 O7 . Elle se soluble dans l'eau chaude et l'alcool, soluble ca
transforme facilement en un corps amorphe, par rouge dans les alcalis fixes .
Avec l'ammoniaque on obtient une liqueur vio-
l'oxygène de l'air. On doit la considérer comme lette qui renferme une amide. Les aloétates alca-
un glucoside . lins sont solubles et cristallisables ; les aloétates
L'aloès soluble, produit par l'altération de l'a- alcalino-terreux, terreux et métalliques, sont in-
loine, est jaune, amorphic, formé de grains aglo-
mérés. Il se dédouble par l'ébullition avec l'acide solubles. Formule probable, CH²(Az O²)2O.
Sous l'influence d'un excès d'acide nitrique
sulfurique étendu en un acide résineux , aloérélique concentré et bouillant, l'acide aloétique se change
(C30 II3O152), en acide aloérésique, en aloérétine
(C30158 00) et en glucose. Par une ébullition de en acide chrysammique C7 H2 (Az O2 )202 . On
chauffe, au bain- marie, 8 kilog. d'acide nitrique
2 heures avec l'acide sulfurique, on obtient, en
ALOÈS. 165 ALTAÏTE .
à 36° Baumé et 1 kilog. d'aloès en morceaux. l'eau froide. Sel de plomb poudre rouge brique ,
Quand l'effervescence est calmée, on ajoute en- obtenu par double décomposition , insoluble. Sel
core 1 kiiog. d'acide azotique et l'on continue à d'argent précipité brun foncé, peu soluble.
chauffer, tant qu'il se dégage un gaz; le liquide est Suivant Mulder, la formation des acides aloéti-
versé dans l'eau ; l'acide se sépare en flocons, qu'on que et chrysammique serait précédée de celle d'un
lave par décantation . On obtient ainsi 40 à 50 gr. troisième acide amorphe résineux, l'acide aloéré-
de produit sous forme de paillettes brillantes d'un sinique.
beau jaune doré. Il se forme en même temps de L'aloès distillé avec la moitié de son poids de
l'acide oxalique et de l'acide picrique. L'acide chaux vive donne 1 p. 100 d'une huile insoluble
chrysammique est très-peu soluble dans l'eau dans l'eau à odeur vive, bouillant à 136°. Densité
froide qu'il colore en pourpre, facilement soluble = = 0,877. Formule C8H12O3. Cette huile fournit
dans l'alcool et l'éther. Il fait explosion par la par les oxydants de l'acide carbonique et de
chaleur ; l'acide sulfurique le décompose avec dé- l'hydrure de benzoile :
gagement abondant de gaz et production d'un
corps violet que l'ammoniaque dédouble en une C8H120306 = C7H6O + CO2 + 6 H2O.
substance bleue insoluble et en un produit bleu On a donné à ce corps le nom d'aloisol [ Ed. Ro-
soluble. Les sulfures alcalins, en présence de la biquet , Journ. de Pharm.. ( 8 ) , t. X , p. 167,
potasse, le transforment en un corps bleu, cristal- 241].
lisable par le refroidissement de la solution potas- Le chlore produit avec le suc d'aloès un corrs
sique. Cette substance (hydrochrysamide) offre cristallisé volatil, très-riche en oxygène (chlora-
l'apparence de be'les aiguilles , rouges par ré- loile).
flexion et bleues par transparence, insolubles dans L'aloès est employé comme purgatif sous forme
l'eau et l'alcool ; le protochlorure d'étain agit de de pilules, d'élixir ou de teinture. On a aussi
même. L'ammoniaque donne , avec l'acide chry- cherché à appliquer ses propriétés tinctoriales et
sammique, deux amides : la chrysamide surtout celles de ses dérivés nitriques pour la
coloration des tissus. P. S.
C7H3 (Az O2)2 AzO
ALOUCHI ou ALUCHI ( RÉSINE ) . [ Schulze,
cristallisant en aiguilles brun rougeâtre, à reflets Journ. de Pharm ., t X p.1 .)- Provient de Mada-
vert métallique, et l'acide chrysamidique gascar, où on la recueille, selon Valmont de Bomare,
C7H5 (Az O2 )2 Az O2, sur un arbre désigné dans cette île sous le nom
de timpei ; selon d'autres sur le Wintera aroma-
qui se présente sous forme d'aiguilles d'un vert tica. C'est une résine blanchâtre, à l'intérieur
olive foncé : noirâtre, d'un goût aromatique, amer, poivré.
CT H2 (Az O2)202 + Azl³ Bonastre y a trouvé 68 % d'une résine très-so-
Ac. chrysammique. luble dans l'alcool , 20 % d'une autre résine peu
H2O + CH³ (Az 022 Az O soluble dans ce véhicule , une huile d'une odeur
Chrysamide. désagréable, un acide libre et divers autres pro-
duits.
C712(Az O2)2O2 + Az H3 := CH5 (Az O2, Az02 . La résine peu soluble s'extrait en lavant la
Ac. chrysamidique . résine brute à l'alcool, épuisant le résidu par l'al-
Le premier corps se dépose par le refroidissement cool bouillant , et filtrant ; par refroidissement,
d'une solution d'acide chrysammique dans l'am- elle se précipite en flocons, très -solubles dans
moniaque, maintenue quelque temps en ébullition. l'éther, insolubles dans la soude.
L'acide chrysamidique se sépare lorsqu'on ajoute Sous l'influence de la chaleur, elle fond en ré-
de l'acide chlorhydrique à une solution bouillante pandant une odeur particulière, mais sans noir-
de chrysamide. Il se dissout en pourpre dans l'eau. cir; à une plus haute température, elle se su-
Les chrysamidates ressemblent aux chrysam- blime en feuillets.
mates ; ils dégagent de l'ammoniaque par la po- ALSTONITE (Min. ) . [ Syn. Bromlite, baryto-
tasse caustique et détonent par la chaleur. Sel de calcite en prismes droits.] Car-
potasse petites aiguilles à reflets vert métallique. bonate de baryte et de chaux
Sel de baryum : précipité rouge cristallin obtenu Ba CO³ , Ca CO³. - Petites
par double décomposition C7 H Ba1/2 (Az O2)2 Az O². pyramides doubles hexagona-
Les chrysammates sont peu solubles, à reflet doré les , d'apparence régulière, al-
verdâtre, détonent par la chaleur. Quelques- uns longées , blanches , transluci-
cristallisent facilement. Sel de potasse : des, d'un éclat vitreux. A été
trouvée dans les mines de plomb
C'HK (AZO ) 02. de Fallowfield et de Bromley-
Il cristallise sous forme de plaques rhomboidales Hill (Angleterre).
plates, de couleur d'or vierge sous une incidence Dureté, 2,5. Densité, 3,7.
perpendiculaire, et bleu pâle sous une incidence Forme cristalline. Prisme
plus grande. Le faisceau réfléchi se compose de orthorhombique de 118° 50' ;
deux rayons polarisés à angle droit, l'un bleu pâle b14b1/4 adj = 122° 30' . Les py-
sous toutes les incidences, polarisé dans le plan ramides hexagonales résultent
de réflexion, l'autre variant du jaune doré jus- de la pénétration de 6 cristaux
qu'au violet, avec l'incidence. octaédriques b1/4, dont les axes
Le rayon transmis est également formé de deux verticaux se confondent. Cliva-
rayons polarisés à angle droit, l'un rouge carmin , ges difficiles m , p.
l'autre jaune pâle; à mesure que l'épaisseur aug- Isomorphe avec la whitérite.
mente, la couleur des deux rayons se rapproche du Sa composition est la même Fig. 18.
carmin . que celle de la baryto cal- Alstonite.
Il est soluble dans 1250 p. d'eau froide, assez cite en prismes obliques.
soluble dans l'eau chaude, qu'il colore en rouge. ALTAÏTE (Min. ) . [ Syn. Plomb telluré. ] -Tel-
Sel de soude semblable au sel potassique. Sel de lurure de plomb Pb Te ; se trouve en masses ou,
baryum précipité rouge vermillon , insoluble, rarement, en cristaux cubiques dans les mines
formé par double décomposition. Sel de calcium : de Sawodinski , Altai.
comme le précédent. Sel de magnésium idem. Éclat métallique , couleur d'un blanc d'étain ,
Sel de zinc petites aiguilles rouges. Sel de cui- malléable.
vre : aiguilles pourpre foncé , peu soluble dans Caractères. - Fond en un globule qui se vola-
ALTHONIQUE. 166 ALUMINIUM.
tilise au feu de réduction en colorant la flamme ALUMINITE. - Voyez WEBSTérite.
en bleu, et en laissant in faible résidu d'argent. ALUMINIUM. - Historique. Jusqu'en 1827
Soluble dans l'acide azotique. on n'avait pu isoler les métaux des terres, parce
Dureté, 3-3,5 . Densité, 8, 16. que ces corps , irréductibles par le charbon, l'hy-
ALTHIONIQUE (ACIDE ), C2 H6 SO¹. Re- drogène et les autres métaux, sont de plus dénués
gnault prétend avoir obtenu cet acide en chauf- de tout pouvoir conducteur pour l'électricité. Aussi
fant l'alcool avec un excès d'acide sulfurique con- tous les efforts tentés par Davy, Berzelius et
centré jusqu'à 160-180°, température où le gaz OErsted pour décomposer l'alumine par la pile
oléfiant commence à se dégager [ Regnault, Ann . n'eurent-ils point de succès. OErsted, qui venait
de Chim. et de Phys., t. LXV, p. 98] . En em- de découvrir le chlorure d'aluminium , essaya
ployant parties égales d'acide et d'alcool , on inutilement de le décomposer par les métaux
n'obtient que de l'acide sulfovinique ; on ne trouve alcalins ; cette remarquable méthode, qui fait
pas non plus d'acide althionique dans les résidus époque dans l'histoire des métaux, ne devait don-
de la préparation de l'éther. On peut, dans la pré- ner de bons résultats qu'entre les mains de
paration de cet acide, substituer l'éther à l'alcool. M. Wöhler. C t illustre chimiste parvint à isoler
Pour obtenir l'acide althionique libre, on dé- l'aluminium , puis le glucinium et le zirconium
compose l'althionate de baryum par l'acide sulfu- [Ann. de Chim. et de Phys., t . XXXVII, p. 66].
rique jusqu'à cessation de précipité. Depuis cette époque divers chimistes ont généralisé
ALTHIONATES MÉTALLIQUES , Althionate de ba- ce procédé et obtenu , à son aide, beaucoup d'au-
ryum (C2H5 SO ) Ba " + 2 H2O. -Pour obtenir tres métaux.
ce sel, o reprend par l'eau le mélange d'alcool L'aluminium ainsi préparé constituait une pou-
et d'acide sulfurique qui a été chauffé entre 160° dre grisâtre, manquant de la plupart des proprié-
et 180º. On y ajoute un lait de chaux et l'on filtre. tés physiques des métaux, et ce ne fut qu'en 1845
La chaux étant précipitée de la liqueur filtrée au que M. Wöhler parvint à l'obtenir en petits glo-
moyen de l'acide oxalique, on filtre de nouveau, bules d'apparence métallique et malléables, sur
on sature par l'eau de baryte, on élimine l'excès lesquels il put constater les propriétés principales
de baryte au moyen d'un courant d'anhydride de ce corps [ Ann. der Chem . u. Pharm . , t. LIII,
carbonique, on filtre une troisième fois et l'on p. 422 et Annuaire de Millon et Reiset, 1846,
évapore la liqueur dans le vide. La dissolution p. 122] . On était bien loin de se douter à cette
dépose des cristaux dès qu'elle est devenue siru- époque que l'aluminium pût devenir un métal
peuse. Le sel purifié par une deuxième cristalli- usuel; cette découverte, résultant d'une étude
sation se présente en groupes sphériques formés plus approfondie du métal obtenu à l'état de pu-
le prismes très-fins et rayonnés . Ces cristaux sont reté parfaite, était réservée à M. H. Sainte-Claire
Inaltérables à l'air, mais dans le vide ils perdent Deville (1854).
8,59 % d'eau. La préparation industrielle de l'aluminium a pré-
L'althionate de baryum est plus soluble que senté de très-grandes difficultés , parce qu'il fallut
l'éthylsulfate et cristallise plus aisément ; la solu- créer trois autres industries annexes qui fournis-
tion devient acide par une ébullition prolongée, sent les matières nécessaires à cette préparation ,
et dé pose alors beaucoup de sulfate de chaux. c'est-à-dire l'alumine, le chlorure d'aluminium
Saturée par la baryte, la liqueur acide donne un et le sodium . Ces difficultés sont heureusement
sel soluble. surmontées , et la fabrication de l'aluminium est
Les sels de chaux et de cuivre s'obtiennent aujourd'hui une opération constante et régulière.
par l'action directe de l'acide althionique libre Les recherches de M. Deville, commencées au
sur la chaux ou l'oxyde de cuivre. Le sel de laboratoire de l'École normale , furent d'abord
chaux est incristallisable et celui de cuivre forme continuées à Jave! [Ann. de Chim . et de Phys . , (3),
des lames rhomboidales très-minces. L'angle aigu t. XLIII, p. 5, et XLVI , p . 415. De l'aluminium, ses
des rhombes est d'environ 60º. propr. , etc. Mallet-Bachelier] . C'est de cette usine
Magnus prétend n'avoir jamais trouvé d'acide que provenait le métal des lingots et des divers
althionique dans les résidus de la préparation du objets d'aluminium qui figuraient à l'exposition
gaz oléfiant [Ann . de Poggend. , t. XLVII , p. 523]. de 1855. L'année suivante, M. Deville , associé à
Ces résidus renferment seulement , suivant ce MM. Debray, Morin et Rousseau, établit dans
chimiste, de l'acide iséthionique, de l'acide éthio- l'usine de MM. Rousseau, à la Glacière , les pro-
nique et quelquefois aussi de l'acide sulfovinique. cédés qui, perfectionnés à Nanterre sous la direc-
Tous ces corps répondent d'ailleurs à la formule tion de M. Morin , sont employés aujourd'hui dans
que M. Regnault attribue à l'acide althionique, les usines où l'on fabrique ce métal.
avec lequel ils sont isomères. A. N. Il faut ajouter qu'en 1855 le docteur Percy
ALUMIANE (Min. ). [ Breithaupt , Berg. u. Hut- présenta à la Société royale de Londres un échan-
ten-Zeit., t. XVII , p. 53. ] - Sulfate d'alumine tillon d'aluminium extrait de la cryolithe, fluorure
anhydre des mines de la sierra de Almagrera. double d'aluminium et de sodium que l'on trouve
D'après le dosage d'alumine fait par M. Uten- seulement au Groenland. M. H. Rose a publié sur
dörffer, sa formule serait Al2O3 2 SO³. ce sujet un mémoire détaillé qui a été reproduit
Caractères. -- Blanc ; en masses vitreuses et dans les Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. XLV ,
en petits cristaux microscopiques , probablement p. 369), et en 1856 les frères Tissier fondèrent à
rhomboédriques. Inaltérable au chalumeau, ne Amfreville, près de Rouen , une usine où l'alumi-
perd qu'un peu d'eau hygrométrique. nium fut préparé par ce procédé pendant plusieurs
Dureté, 2-3. Densité, 2,70-2,78. années .
ALUMINE. -- Voyez, ALUMINIUM. Propriétés physiques. L'aluminium est un
ALUMINE FLUATEE. Voyez FLUELLIte. métal blanc bleuâtre, susceptible de prendre
ALUMINE FLUATÉE SILICEUSE. - Voyez comme l'argent un beau mat qui se conserve in-
TOPAZE. définiment à l'air. On obtient ce mat en plongeant
ALUMINE HYDRATÉE. Voyez DIASPOre. le métal , d'abord dans un dissolution diluée de
ALUMINE HYDROSILICATÉE . - -Voyez AL- soude pour attaquer légèrement l'aluminium,
LOPHANE et ARGILES. puis on le lave dans l'acide azotique ordinaire
ALUMINE PHOSPHATÉE. · Voyez WAWEL- pour dissoudre les métaux étrangers qui peuvent
LITE. soniller sa surface. On peut également le polir et
ALUMINÉ SOUS - SULFATÉE ALCALINE. le brunir.
--- Voyez ALUNITE. L'aluminium pur est sans odeur et sans saveur.
ALUMINE SULFATÉE. - Voyez ALUNOGENE. Mais s'il contient du silicium, ce qui arrive sɔu-
ALUMINIUM. 167 --- ALUMINIUM.
vent, il exhale la même odeur que la fonte de fer, Le soufre n'attaque l'aluminium qu'à une tem-
odeur due à la production d'hydrogène silicié ; pérature très- élevée. Aussi peut-on fondre l'alu-
dans ce cas il a naturellement un léger goût de minium cuivreux ou ferrugineux avec du polysul-
fer. Il est aussi malléable que l'or et l'argent; c'est fure de potassium sans altérer ce métal ; le cuivre
le seul des métaux qui puisse comme eux être et le fer sont seuls sulfurés ; mais on ne peut mal-
amené par le battage en feuilles d'une minceur heureusement pas employer ce procédé pour
extrême, on l'obtient facilement en fils très-fins purifier l'aluminium , à cause de la protection qu'il
aussi tenaces que ceux de l'argent, à la condition exerce sur les métaux étrangers. Il faut remar-
de le recuire souvent à une douce chaleur. quer que l'or et l'argent se sulfureraient dans ces
L'aluminium en lingot rend, lorsqu'on le frappe circonstances.
après l'avoir suspendu à un fil, un son aigu et Le charbon, l'azote, le phosphore et l'arsenic
prolongé, comparable pour la pureté à celui du n'agissent point sur l'aluminium , qui se combine
cristal ; cette propriété n'a reçu jusqu'ici aucune au contraire facilement, à une température plus
application bien importante. ou moins élevée, avec le chlore, le brome, l'iode ,
L'aluminium fondu a pour densité 2,50 , elle le silicium et le bore.
peut s'élever par le travail jusqu'à 2,67. Cette L'aluminium ne s'amalgame pas, mais il s'unit
légèreté spécifique, l'une des propriétés les plus facilement avec la plupart des métaux ; nous étu-
remarquables de ce métal, le rend particulière- dierons avec chacun de ces métaux les plus im-
ment propre à tous les usages où le poids consi- portants de ces alliages.
dérable des autres métaux est un inconvénient Action des corps composés. —L'aluminium pur
(fabrication des fléaux de balance de précision , ne décompose pas l'eau au rouge, c'est à peine
tubes de lorgnettes et de lunettes, etc.). s'il la décompose à la température la plus élevée
Le point de fusion de l'aluminium est intermé- que l'on puisse produire dans un fourneau àréver-
diaire entre celui de l'argent et celui du zinc ; bère. Il n'en est pas de même du métal qui con-
c'est donc un métal facilement fusible, mais il est tient des traces de sodium, ou qui est souillé par
fixe à toutes les températures. des scories contenant des fluorures ou du chlorure
Sa conductibilité électrique est, d'après M. De- d'aluminium ; la soude ou les produits acides que
ville, comparable à celle de l'argent ; elle serait se forment alors en présence de l'eau attaquent
huit fois celle du fer, c'est-à-dire qu'un fil d'alu- énergiquement l'aluminium .
minium oppose au passage d'un courant la même L'hydrogène sulfuré, qui attaque si facilement
résistance qu'un fil de fer de même section , mais la plupart des métaux, est sans action sur l'alu-
de longueur huit fois moindre. Sa conductibilité minium, à cause du peu d'affinité du soufre pour
pour la chaleur n'a pas été jusqu'ici le sujet d'ex- ce métal; il en est de même du sulfure d'ammo-
périences précises de la part des physiciens ; l'ex- nium . L'aluminium exerce sur le sulfure d'argent
périence suivante montre qu'elle est comparable une action remarquable et qui met bien en évi-
à celle de l'argent. Si l'on chauffe trois fils d'alu- dence son peu d'affinité pour le soufre. Ces deux
minium, d'argent et de cuivre, en leur point de corps chauffés ensemble donnent un alliage d'ar-
croisement, on verra que la chaleur se propage de gent avec dégagement de soufre. Il ne se forme
manière à pouvoir fondre une boule de cire pla- qu'un peu de sulfure d'aluminium , qui se trouve
cée sur chaque fil à la même distance du point de dans la scorie. Les sulfures de fer, de zinc , de
croisement, d'abord sur le fil d'aluminium, puis cuivre, sont sans action sur ce métal [ Ch . Tissier,
sur le fil d'argent et enfin sur le fil de cuivre. Compt. rend., t. LII, p. 931 , et Repert . de Chim.
Lachaleur spécifique de l'aluminium est 0,2181; pure, 1861 , t. III, p. 247].
elle est de beaucoup supérieure à celle de tous les L'acide sulfurique étendu dans les propor-
métaux usuels, comme on pouvait d'ailleurs le pré- tions les plus convenables pour l'attaque du zinc
voir à l'inspection de son poids atomique très-petit. n'exerce qu'une faible action sur l'aluminium ;
C'est parce que sa chaleur spécifique est considé aussi peut-on laisser pendant plusieurs mois des
rable en même temps que son pouvoir émissif est globules d'aluminium pur dans de l'acide sulfu-
petit, que l'aluminium chauffé se refroidit avec rique dilué ; l'acide, traité ensuite par l'ammo-
bien plus de lenteur que tous les autres métaux. niaque, ne donne qu'un faible précipité d'alumine.
Proprietes chimiques. — Action des corps sim- L'acide azotique, faible ou concentré, n'agit pas
ples L'air sec et humide est sans action sur à la température ordinaire sur l'aluminium. A
l'aluminium. Ce métal pur ne s'oxyde pas lors- l'ébullition, la dissolution du métal s'effectue avec
qu'on le fond, et c'est à peine s'il s'altère à sa sur- une extrême lenteur. On peut donc remplacer,
face quand on le soumet à la température extrême dans la pile de Grove, la lame de platine par une
du chalumeau à hydrogène et à oxygène ; il brûle lame d'aluminium .
au contraire avec vivacité dans ces circonstances Le véritable dissolvant de l'aluminium est
s'il contient du silicium , parce qu'il se forme alors l'acide chlorhydrique, qui dissout d'autant mieux
du silicate d'alumine. C'est ce que montre l'expé- ce métal qu'il est plus concentré. Toutefois le
rience suivante de M. H. Sainte-Claire Deville. métal pur s'attaque bien plus lentement que lors-
« On met un peu de verre pulvérisé sur un têt, et qu'il est impur. Si l'aluminium contient du sili-
au milieu un globule d'aluminium qu'on chauffe cium , l'hydrogène dégagé est encore plus infect
directement, sans qu'il s'oxyde, avec le dard du que celui de la fonte de fer, parce qu'il contient
chalumeau à gaz oxygène et hydrogène. Mais si une proportion notable d'hydrogène silicié. 11
l'on fond le verre environnant et qu'on entoure peut alors rester un résidu composé de silicium
pendant quelque temps de verre fondu le globule mélangé de protoxyde de silicium, et quelquefois
d'aluminium, celui-ci se charge peu à peu de sili- d'alliages de silicium et d'aluminium cristallisés
cium, et , quand la proportion est suffisante , en octaèdres réguliers ou en tétraèdres. On recon-
l'aluminium silicié s'enflamme et brûle avec un naît facilement le protoxyde de silicium en trai-
éclat très-remarquable , au moment où , avec la tant le résidu par l'acide fluorhydrique qui dis-
flamme du chalumeau, on découvre le bain mé- sout ce protoxyde en dégageant de l'hydrogène et
tallique. » [ De l'Aluminium , ses propriétés , sa forme alors de l'acide hydrofluosilicique ; le sili-
fabrication , ses applications , par M. H. Sainte- cium reste inattaqué.
Claire Deville, p. 24. ] D'après Wöhler l'alumi- L'acide chlorhydrique gazeux bien desséché at-
nium battu chauffé dans l'oxygène y brûle avec taque facilement l'aluminium à une température
vivacité. Ce fait démontre l'influence de la divi- peu élevée ; il se forme du chlorure d'aluminium
sion de la matière dans les réactions chimiques anhydre très-volatil et de l'hydrogène. La facilité
(Ana, der Chem. u. Pharm., t. CXIII, p. 219). avec laquelle le gaz chlorydrique agit sur l'alu-
ALUMINIUM. 168 - ALUMINIUM.
minium fait admettre à M. H. Sainte-Claire De- | Les borates et les silicates sont décomposés par
ville que c'est l'acide lui-mème et non l'eau qui l'aluminium à une température élevée ; il y a pro-
se trouve décomposé lorsqu'on fait agir la disso- duction d'aluminates de bore ou de silicium que
lution d'acide chlorhydrique sur le métal ; on l'on trouve alliés à l'excès d'aluminium.
s'expliquerait alors pourquoi l'acide agit d'autant PRÉPARATION DE L'ALUMINIUM Nous indique-
mieux qu'il est plus concentré, et la différence rons d'abord, d'après M. H. Sainte-Claire Deville
d'action entre la dissolution de l'acide chlorhy- | [ De l'Aluminium , etc. , p. 84] , comment on pour-
drique et celle de l'acide sulfurique qui est presque rait préparer l'aluminium chimiquement pur dans
inactive sur ce métal . La même remarque pour- les laboratoires, si celui du commerce ne pouvait
rait être faite relativement à l'étain [ De l'Alumi- convenir à certaines recherches particulières.
nium , p. 29]. PRÉPARATION DE L'ALUMINIUM PUR DANS LES LA-
Les dissolutions alcalines de potasse ou de BORATOIRES. — « On prend un gros tube de verre
soude dissolvent facilement l'aluminium avec dé- de 4 centimètres de diamètre environ, on y intro-
gagement d'hydrogène, en produisant des alumi- duit 200 à 300 grammes de chlorure d'aluminium
nates solubles de potasse ou de soude. Cependant pur (exempt de fer) qu'on isole entre deux tam-
l'aluminium résiste au rouge naissant à l'action pons d'amiante. Par une des extrémités du tube,
des hydrates de potasse ou de soude en fusion . on fait arriver de l'hydrogène bien purgé d'air et
La dissolution d'ammoniaque n'agit que faible- sec (¹ ) : on chauffe dans ce courant de gaz le chlo-
ment sur l'aluminium . D'après Wöhler, l'alumine rure d'aluminium , à l'aide de quelques charbons,
résultant de cette action se dissout en partie dans afin de chas er l'acide chlorhydrique et les chlo-
la solution alcaline. Le gaz ammoniac n'a aucune rures de soufre et de silicium dont il est toujours
action sur le métal. imprégné. On introduit ensuite dans le tube des
Les acides organiques, tels que l'acide acétique, nacelles de porcelaine aussi grandes que possible,
l'acide tartrique ( ou le tartie du vin), n'exercent contenant chacune quelques grammes de sodium
qu'une action insensible sur l'aluminium ; mais si préalablement écrasé entre deux feuilles de papier
l'on ajoute du sel marin à l'acide acétique, l'alu- à filtrer bien sec. Le tube étant plein d'hydrogène,
minium est légèrement attaqué comme il le serait on fond le sodium , on chauffe le chlorure d'alumi-
par un acide chlorhydrique extrêmement dilué. nium qui distille et se décompose au contact du
Il n'en peut résulter dans la pratique aucun dan- sodium avec une incandescence que l'on modère
ger, parce que les sels d'alumine ne sont pas à volonté. L'opération est terminée quand tout le
vénéneux. L'étain, qui est employé depuis si long- sodium a disparu et que le chlorure de sodium a
temps aux usages culinaires, s'attaque autant que absorbé assez de chlorure d'aluminium pour en
l'aluminium dans ces circonstances sans qu'il en être saturé. Alors l'aluminium baigne dans le
soit jamais résulté d'inconvénients appréciables. chlorure double d'aluminium et de sodium, com-
Les dissolutions de sel marin et de chlorure de posé très-fusible et volatil . On extrait les nacelles
potassium n'agissent point sur l'aluminium , ou des tubes de verre, on en fait entrer le contenu
du moins, quand il y a eu action , elle a toujours tout entier dans les nacelles de charbon de cornue
été extrêmement faible, et, dans ce cas , il est que l'on a préalablement chauffées dans du chlore
très-probable que la production d'une petite sec pour les débarrasser de toute matière siliceuse
quantité d'alumine était due à l'influence de la ou ferrugineuse. On les introduit dans un grand
scorie contenue dans l'aluminium et qu'il n'est tube de porcelaine muni d'une allonge et traversé
pas toujours facile d'éliminer si l'on n'opère pas par un courant d'hydrogène sec et exempt d'air.
sur de grandes quantités de métal. Les autres On chauffe au rouge vif : le chlorure d'aluminium
chlorures métalliques agissent, au contraire, faci- et de sodium distille sans décomposition , on le
lement sur l'aluminium , qui déplace en général recueille dans l'allonge et l'on trouve après l'opé
leur métal. Le chlorure d'aluminium lui-même, ration, dans chaque nacelle , tout l'aluminium ras-
s'il est en dissolution dans l'eau, attaque l'alumi- semblé en un où deux petits culots au plus. Les
nium avec dégagement d'hydrogène, en produisant nacelles doivent être entièrement dépouillées de
un sous-chlorure hydraté. chlorure double d'aluminium et de sodium et
L'aluminium , qui est sans action sensible sur même de sel marin quand on les retire du tube.
les acides azotique et sulfurique, ne précipite pas On réunit les culots d'aluminium dans un petit
pour cette raison les métaux des dissolutions des creuset de terre qu'on chauffe aussi faiblement
azotates et des sulfates métalliques, tels que l'ar- que possible, de manière cependant à fondre le
gent ou le cuivre ; il précipiterait, au contraire, métal, et on l'écrase avec une petite baguette en
les métaux, tels que le plomb, de leurs dissolu- terre ou avec un tuyau de pipe. Le métal se ras-
tions alcalines, par suite de sa tendance à former semble et on le coule dans une lingotière de fonte
des aluminates. bien propre. »
L'action des azotates, borates et silicates alca- Les dernières précautions ont principalement
lins peut être également prévue si l'on tient pour but d'empêcher l'attaque du creuset qui a lieu
compte de la propriété acide de l'alumine vis-à- surtout quand on fond le métal avec un fondant ;
vis des alcalis. On peut fondre l'aluminium en dans ce cas , l'aluminium est plus ou moins silicié.
présence du nitre dans un creuset de fonte préa- PRÉPARATION INDUSTRIELLE DE L'ALIMINIUM.
lablement oxydé ; il se dégage alors de l'oxygène , Nous renverrons le lecteur qui désirerait con-
qui est sans action sur le métal ; mais si l'on naître les diverses phases par lesquelles a succes-
chauffe davantage, de manière à transformer un sivement passé la fabrication de l'aluminium
peu d'azotite en potasse, la présence de cette base entre les mains de M. Deville et de ses collabora-
énergique détermine l'oxydation rapide du métal teurs, au livre que ce savant a publié sur ce mé-
et la production d'aluminate de potasse. Si l'on tal. Nous n'indiquerons ici que le procédé actuel-
opérait dans un creuset de terre, il se formerait lement suivi à l'usine de Salyndres , où se
bientôt du silicate de potasse que l'aluminium ré- continue aujourd'hui le mode de fabrication de
duirait pour former un siliciure éminemment l'aluminium, perfectionné à Nanterre. On réduit
oxydable, comme nous l'avons dit plus haut. le chlorure double d'aluminium et de sodium
L'aluminium impur, fondu en présence du nitre, (plus facile à conserver et à manier que le chlo-
peut donc se purifier par suite de l'oxydation des rure simple) par le sodium dans un four à ré-
métaux qui l'accompagnent sous l'influence du (1) Pour cela on fait passer le gaz au travers d'une
dégagement d'oxygène. On a souvent employé boule remplie d'un mélange d'éponge et de noir de
cette méthode pour éliminer les métaux étrangers platine et légèrement chauffée. On le dessèche ensuite
alliés à l'aluminium. avec de la potasse en bâtons.
ALUMINIUM. - 169 ALUMINIUM.
verbère de forme spéciale. Comme ces deux sub- d'acide carbonique dans une dissolution étendue
stances ne fournissent qu'un métal extrêmement et froide d'aluminate de soude. Cette alumine a
divisé , il faut ajouter un fondant approprié au la même composition que l'alumine précipitée de
mélange pour rassem! ler l'aluminium ; on se sert ses sels. L'alumine anhydre s'obtient par la cal-
anjourd'hui, à cet effet, de la cryolithe, fluorure cination des hydrates ou par la décomposition au
d'aluminium et de sodium naturel. rouge vif de l'alun ammoniacal bien exempt d'al-
Le four à réverbère où s'effectue la réaction cali et de fer.
présente cette particularité remarquable, que la Proprietės. L'alumine pure est blanche; elle
flamme du foyer, employée au commencement à constitue une poudre légère, dénuée d'odeur et
chauffer la sole et la voûte du four, comme dans de saveur, qui happe à la langue ; elle n'est fusi-
les fours ordinaires, peut, pendant la réaction , ble qu'au chalumeau à hydrogène et oxygène ; elle
être conduite dans la cheminée au moyen de deux constitue alors un liquide parfaitement fluide et
conduits ou carneaux pratiqués dans l'autel (1). non visqueux et étirable en fils comme la silice
Ces deux conduits sont ordinairement fermés par fondue. Refroidie, elle constitue une masse cris-
deux plaques de tòle ou registres; on les ouvre à talline tellement dure, qu'elle peut facilement
un moment donné, et l'on ferme par un autre rayer et couper le verre.
registre l'ouverture comprise entre l'autel et la L'alumine calcinée est absolument insoluble
voûte, par laquelle passait d'abord la flamme. La dans l'eau et sans affinité pour elle ; mais si elle
sole du four, à peu près circulaire, s'incline vers n'a pas été chauffée au delà du rouge sombre, elle
l'extrémité opposée au foyer ; là elle se termine peut se combiner avec une certaine proportion
par une rigole en fonte engagée dans la construc- d'eau en dégageant de la chaleur [ A. Mitscherlich ,
tion ; au-dessous de cette rigole est une porte Journ. fürprakt. Chem. , t. LXXXIII , p. 455, 1861 ,
mobile parallèle à l'autel, par laquelle on peut et Repert. de Chim. pure, 1862, t. IV , p . 261 ] . En
brasser le mélange quand la réaction est finie. laissant refroidir de l'alumine calcinée dans un air
Enfin, un large trou pratiqué dans la voûte, au- très-humide, elle absorbe jusqu'à 15 % de son
dessus du milieu de la sole, permet d'introduire poids d'eau, qu'elle retient avec beaucoup d'éner-
rapidement le mélange dans le four. gie. Cette propriété, qu'elle communique à l'argile,
Le four étant porté au bon rouge, on intercepte est la cause de l'influence salutaire exercée par
la flamme et l'on fait tomber sur la sole le mé- cette substance sur les terres cultivées; elle leur
lange composé de : permet de mieux résister à la sécheresse de l'air
et de conserver l'eau nécessaire à l'entretien de la
Chlorure double .... 12 parties. végétation.
Sodium .. 2
Cryol.the. 5 L'alumine hydratée est blanche lorsqu'elle est
humide ; elle devient translucide par la dessicca-
Il se produit une vive réaction et la matière entre tion, et quelquefois jaunâtre si elle a été précipitée
en fusion ; on ouvre la porte de travail pour bras- en présence de matières organiques ; dans ce cas
ser le mélange avec une raclette en fer et on laisse elle noircit dès qu'on la calcine, par suite de la dé-
reposer quelque temps avant de procéder à la composition de ces matières . Cette affinité de l'alu-
coulée. L'aluminium fondu un peu plus lourd que mine pour la matière organique est si considérable,
la scorie est au fond du bain, à la naissance de qu'il suffit de la mettre au contact de matières co-
la rig le. Il suffit donc d'enlever la brique mobile lorantes pour qu'elle en absorbe peu à peu la cou-
qui la ferme d'ordinaire pour que l'aluminium leur. On le démontre en chauffant une décoction
s'écoule le premier. On le reçoit dans une poche de cochenille avec de l'alumine en gelée ; celle-ci
en fonte d'où on peut le couler immédiatement en prend alors la couleur rouge de la cochenille.
lingots. I devra être néanmoins refondu deux Ces composés insolubles d'alumine et de matière 1
ou trois fois afin de bien le débarrasser de la scorie colorante constituent les matières connues sous le
qu'il a entraînée. nom de laques , utilisées dans la peinture et dans
Ce procédé est encore le seul que l'on ait em- l'impression des papiers de tenture . C'est une
ployé avec succès jusqu'ici ; la réduction de la véritable laque qui se produit sur les étoffes mor-
ery lithe par le sodium, ne pouvant s'opérer que dancées à l'alumine , que l'on plonge dans un bain
dans des vases en fonte , parce que la silice des de matière colorante (voyez Teinture).
creusets de terre eût été vivement attaquée par le L'alumine calcinée est difficilement soluble dans
mélange , donnait un métal très-ferrugineux et les acides ; son meilleur dissolvant est alors l'acide
difficile à purifier. Ce métal conterait en outre de sulfurique étendu de son poids d'eau. Les disso-
petites quantités de phosphore provenant de la lutions alcalines ne la dissolvent aussi qu'avec
cryolithe qui lui communiquait de fâcheuses pro- lenteur, mais on la fera passer facilement à l'état
priétés. On a bien indiqué depuis la découverte d'aluminate soluble en la chauffant avec de
de M. Deville un nombre considérable de procédés l'hydrate de potasse ou de soude fondu dans un
pour l'extraction industrielle de l'aluminium, creuset d'argent, ou même avec des carbonates
mais aucun de ces moyens n'a pu jusqu'ici servir alcalins (voyez ALUMINATE DE SOUDE). L'alumire
de base à une fabrication si minime qu'elle fût hydratée se dissout d'ordinaire avec la plus grande
de ce métal. facilité dans les acides et les dissolutions alcalines
OXYDE D'ALUMINIUM 011 ALUMINE , A] 03. étendues.
Préparation . En traitant un sel soluble d'alu- Il faut cependant excepter l'alumine des alumi-
mine par l'ammoniaque , on obtient un hydrate nates, qui ne se dissout pas dans l'acide acétique,
gélatineux d'alumine qui a pour composition et l'alumine précipitée de ses sels , qui a été main-
A12 H6 06 = Al2O3 , 3 H2O, lorsqu'il a été desséché tenue pendant très-longtemps dans de l'eau en
à l'air. On peut également précipiter l'alamine ébullition. Péan de Saint- Gilles a fait voir qu'après
par le carbonate d'ammoniaque ou par le sulf- . vingt-quatre heures d'ébullition l'alumine ordi-
bydrate , parce que cette base ne forme point de naire A12 03, 3 H2O était transformée compléte-
carbonate ou de sulfure avec les acides carbonique ment en un nouvel hydrate Al2O3 , 2 H2O, insolu-
et sulfhydrique ; aussi ces acides se dégagent-ils ble, comme l'alumine calcinée, dans les acides et
en même temps que l'alumine se précipite. les alcalis étendus [ Ann . de Chim . et de Phys., (3),
On prépare une alumine plus dense et toujours t. XLVI, p. 58] . On sait que l'hydrate de sesqui-
exemple de fer en faisant passer un courant oxyde de fer présente la même particularité.
La baryte, la strontiane agissent comme les
(1 ) On donne le nom d'autel an mur épais qui sépare alcalis, en donnant des aluminates solubles . L'am-
le foyer de la sole du four à réverbère. moniaque dissout une petite quantité d'alumine ;
ALUMINIUM. 170 ―― ALUMINIUM.

c'est pour cela qu'il est préférable d'employer le La métalumine ressemble à l'alumine en ce
carbonate ou le sulfhydrate d'ammoniaque pour qu'elle est coagulée par de faibles proportions
précipiter l'alumine de ses sels ( Malaguti et Du- d'acides, de bases et de la plupart des sels.
rocher) [Ann. de Chim. et de Phys. , (3), t. XVII, Comme une dissolution d'alumine soluble con-
p. 421]. tenant 0,5 % d'alumine (1/200) ne se coagule
Alumine soluble. — D'après Walter Crum (Ann. pas par l'ébullition , il serait intéressant de re-
de Chim.et de Phys. , (3), t. XLI , p . 185), on obtient chercher si par l'action d'une température de
l'alumine sous forme soluble en chauffant dans 100° soutenue pendant quelque temps on ne
l'eau bouillante, pendant très-longtemps ( 10 jours transformerait pas l'alumine en métalumine.
et 10 nuits) , une solution étendue de biacétate Cette conjecture est assez probable quand on se
d'alumine (1 p. d'alumine sur 200 d'eau) contenue rappelle le mode de préparation de la métalu-
dans un vase bouché. Au bout de ce temps, la mine.
dissolution ne paraît plus contenir d'acétate d'alu- Etat naturel. - L'alumine à l'état de pa-
mine, mais bien un mélange d'acide acétique reté est assez rare dans la nature. Quand elle
et d'alumine soluble ; elle a perdu en effet la est cristallisée et incolore, elle constitue la pierre
saveur astringente des sels d'alumine et pris celle précieuse connue sous le nom de corindon ; mais le
de l'acide acétique. Elle n'agit plus comme mor- plus souvent elle est colorée par quelques oxydes
dant, comme la solution primitive. De plus , si étrangers, et porte le nom de rubis quand elle est
l'on fait alors bouillir cette dissolution , étendue de rouge de feu, de topaze orientale quand elle est
son volume d'eau, pendant une heure et demie, jaune; le saphir oriental est bleu , l'améthyste est
en remplaçant l'eau qui s'évapore , tout l'acide pourpre. Dans tous les cas, elle cristallise dans le
acétique est chassé, et l'on obtient une liqueur à système rhomboédrique ; sa densité est un peu
peu près transparente, qui n'a plus aucune saveur inférieure à 4, et c'est après le bore et le dia-
et qui prend une consistance gommeuse lorsqu'on mant la substance la plus dure que nous con-
la concentre. naissions.
Cette dissolution d'alumine est coagulée en une L'émeri est de l'alumine cristallisée mélangée
gelée ferme par l'addition d'une petite quantité à de l'oxyde de fer ; cette substance sert, à cause
d'alcali ou d'acide ; il se forme alors un aluminate de sa dureté, à user et à polir le fer, les cristaux
avec excès d'alumine insoluble, ou un sous-sel naturels, le verre, les glaces , l'acier, etc. Le pa-
d'alumine également insoluble. Un excès d'alcali pier de verre est du papier imprégné de colle
ou d'acide redissout à chaud le coagulum en don- forte et saupoudré d'émeri.
nant des aluminates ou des sels ordinaires. L'alumine hydratée existe également dans la
Si l'on évapore au bain-marie la solution d'alu- nature à l'état d'hydrates, dont les principaux sont
mine, on obtient un hydrate contenant 2 équi- la gibbsite Al2O3,3H2O , qui a la composition de
valents d'eau ; l'alumine soluble de Walter Crum l'hydrate ordinaire, et le diaspore Al2O3 , H2O. Ces
serait donc une modification allotropique de hydrates ne perdent toute leur eau qu'au rouge ;
l'hydrate insoluble de Péan de Saint-Gilles. ils présentent cette particularité d'éclater en une
Plus récemment, M. Graham, dans son re- multitude de parcelles quand on les fait chauffer ;
marquable travail sur la diffusion moléculaire , le diaspore est même réduit en poussière dans
a obtenu de l'alumine sous forme soluble dans la ces circonstances. --- Voyez GIBBSITE et DIASPORE.
di lyse du chlorure d'aluminium tenant en disso- Enfin , on trouve abondamment dans le midi
lution un excès d'alumine ; le chlorure d'alumi- de la France, et particulièrement dans le départe-
nium est éliminé par diffusion , et l'alumine en ment du Var, un autre hydrate d'alumine, non
excès reste soluble comme substance colloidale cristallisé comme les précédents, mais sous forme
[Ann . de Chim. et de Phys . , (3 ) , t. LXV, p. 173] . d'argile plus ou moins ferrugineuse. Cet hydrate,
Cette alumine soluble diffère par un certain étudié autrefois par Berthier, et plus récemment
nombre de caractères de celle obtenue par Walter par M. Deville, a reçu le nom de bauxite, du nom
Crum; en effet, la dissolution de la première de la localité où on l'avait découvert [ Études
constitue un mordant; mise sur un papier rouge analytiques sur les matières alumineuses, Ann.
de tournesol, elle se coagule et il se forme autour de Chim. et de Phys. , (3), t . LXI] . Sa compo-
de la goutte un anneau bleuâtre indiquant une sition , variable, se rapprocherait de la formule
faible réaction alcaline, propriété que ne possède Al2O3, 2 H2O. Il sert aujourd'hui à la fabrication
pas l'alumine de Walter Crum. Aussi M. Graham de l'aluminate de soude [ Ann . de Chim. et de
propose-t-il de donner le nom d'alumine soluble Phys. , (3) , t. XXII, p . 716] . L'alumine cristal-
à la modification qu'il a découverte. La modifica- lisée et ses hydrates ne se dissolvent que très-
tion de Walter Crum serait la métalumine soluble. difficilement dans l'acide sulfurique. Pour atta-
On peut se demander pourquoi l'alumine so- quer le corindon , or emploie le bisulfate de
Juble ne se forme pas quand on précipite une potasse fondu ; les hydrates sont calcinés et l'alu-
dissolution d'un des sels d'alumine par une base mine anhydre qui en résulte devient alors soluble
soluble ; cela tient à la remarquable propriété que dans l'acide sulfurique. On retrouve la même par-
possède ce corps de se coaguler en présence d'une ticularité pour les argiles.
quantité extrêmement petite d'un sel quelconque Reproduction de l'alumine cristallisée. — Peu
ou de la dissolution d'ammoniaque. « Ainsi, par d'espèces minérales ont été reproduites par au-
exemple , une dissolution contenant 2 à 3 % tant de méthodes que le corindon .
d'alumine est coagulée par quelques gouttes d'eau Ebelmen a le premier obtenu l'alumine cristal-
de puits, et ne peut être transvasée d'un verre lisée en chauffant dans un four à porcelaine un
dans un autre sans se prendre en gelée, à moins mélange d'alumine amorphe et de borate de
que les verres ne soient lavés à plusieurs reprises soude. L'alumine dissoute dans le borate de
avec de l'eau distillée. » [ Graham, Ann . de Chim. soude fondu cristallise au fur et à mesure que
et de Phys., (3) , t . LXV, p. 175.) celui-ci s'évapore. En ajoutant un peu d'oxyde de
Les acides en petites proportions la précipitent chrome au mélange, on colore l'alumine en rouge
également, mais le précipité se redissout dans un et l'on obtient le rubis [Compt . rend. de l'Acad.
excès d'acide ; elle n'est précipitée ni par l'alcool des sciences, t. XLIV, p. 716] . Cette méthode,
ni par le sucre, tandis que les colloides, la gomme, d'une application générale, a permis de reproduire
le caramel, agissent comme précipitants sur cette un certain nombre d'oxydes salins ou de silicates
substance. Dans tous les cas, une dissolution cristallisés.
d'alumine pare ne peut jamais être conservée MM. H. Sainte- Claire Deville et Caron out re-
liquide au delà de quelques jours. produit le corindon par une méthode également
ALUMINIUM. - 171 ALUMINIUM .
très-générale, et qui consiste à chauffer dans un lumine sous le récipient de la machine pneuma-
creuset de charbon un fluorure au-dessus duquel tique, quand la liqueur est suffisamment concen-
on fixe une petite capsule de platine contenant de trée , elle laisse déposer des cristaux durs et
l'acide borique ; à une température élevée , le brillants d'aluminate de potassium . Ce sel retient
fluorure réagit sur l'acide borique en donnant du toujours une certaine quantité de dissolution al-
fluorure de bore et un oxyde métallique cristal- caline; on peut le faire dissoudre et cristalliser
lisé [Compt. rend. , t. XLVÏ, p . 764] . Le corindon , une seconde fois.
le saphir et le rubis se produisent par cette mé- L'aluminate de potassium est blanc, très - soluble
thode, les deux derniers en ajoutant un peu de dans l'eau, insoluble dans l'alcool ; il a une saveur
fluorure de chrome ; le rubis est probablement caustique et une réaction alcaline. Une grande
coloré par le sesquioxyde de chrome, le saphir quantité d'eau le décompose en alumine pure et
par le protoxyde . Le corindon vert, qui contient aluminate plus alcalin soluble, - probablement
25 % de sesquioxyde de chrome, s'obtient en
ajoutant beaucoup de fluorure de chrome. A1409 K6 = 2 A1203,3 K20.
M. Gaudin obtient le corindon en calcinant l'alun Aluminate de sodium,
mélangé de sulfate de potasse et de charbon ; l'a-
lumine cristallise alors au contact du sulfure de A! 409 Na6 == 2 Al2O3,3 Na? O.
potassium ; mais dans ce cas on ne peut songer à la On prépare aujourd'hui industriellement l'a- H
colorer par un oxyde métallique, ramené par le luminate de sodium en chauffant au rouge un
charbon à l'état de métal. mélange de 1 p. de carbonate de soude et de
En chauffant à une température très-élevée, dans 2 p . de minerai des Baux ( alumine hydratée
un creuset de platine, un mélange de phosphate ferrugineuse ) finement pulvérisée. Le mine-
d'alumine et de sulfate de potasse ou de soude rai doit être choisi aussi exempt de silice que
en excès, M. Debray a obtenu de l'alumine cris- possible, sans cela il se formerait un silico - alu-
tallisée et du phosphate de soude qui se volati- minate de soude insoluble, ce qui entraînerait une
lise en partie [Compt. rend. , t. LII , p . 985 ] . L'ac- perte notable en alumine et en soude. La masse
tion de l'acide chlorhydrique sur l'aluminate de frittée, mais non fondue , car l'aluminate de soude
soude ou sur un mélange de phosphate d'alumine est infusible, est traitée par l'eau, qui dissout un
et de chaux fournit également de l'alumine cris- produit de composition bien constante, représen-
tallisée. Il se forme du chlorure de sodium dans tée par la formule 2 Al2O3, 3 Na2O. Cet aluminate,
le premier cas, et un chlorophosphate de chaux très- soluble dans l'eau, n'a pu être obtenu jus-
dans le second (wagnérite de chaux , à cause du qu'ici sous forme de cristaux.
grand excès de chaux) [ Henri Debray] . Si l'on fait passer un courant d'acide carbonique
De Séparmont, en chauffant fortement (350°) dans une dissolution froide d'aluminate de soude
une dissolution étendue de chlorhydrate d'alu- en évitant l'échauffement de la liqueur, on ob-
mine, a obtenu un mélange de corindon et de tient d'ordinaire un précipité dense d'alumine hy-
diaspore [Compt. rend. , t . XXXII , p . 762] . Ce dratée, facile à laver, ne retenant que quelques
résultat est remarquable parce que ces deux corps millièmes de carbonate de soude ; mais si le cou-
se trouvent associés dans tous les gisements de rant d'acide est extrêmement lent, le précipité est
corindon . gélatineux et contient de notables proportions de
Enfin, de Bonsdorf aurait reproduit la gibbsite carbonate de soude. L'action des autres acides
en laissant une dissolution d'aluminate de po- n'offre rien d'intéressant.
tasse au contact d'une atmosphère d'acide carbo- Aluminate de baryum ,
nique.
ALUMINATES. - L'alumine peut se combiner Al2O Ba + 4 H2O -- A12 03, Ba O +420.
avec un certain nombre d'oxydes métalliques ; M. Deville a obtenu un aluminate de baryum
avec les alcalis, la baryte et la strontiane, il peut soluble en chauffant au rouge un mélange d'alu-
donner des produits solubles ; avec les autres mine et de baryte caustique , ou même de carbo-
oxydes, il forme des aluminates toujours inso- nate de baryte [Compt . rend. , 1862 , t. LIV, p . 327].
Jubles, dont quelques-uns existent dans la nature. La masse, reprise par l'eau, laisse dissoudre l'alu-
Les seuls aluminates alcalinset alcalino-terreux minate ( 1/10 environ du poids de l'eau). Pour l'ob-
bien connus sont l'aluminate de potassium tenir en cristaux, il faut ajouter de l'alcool à cette
Al2O K2 + 3 H20 = A120³ , K2O + 30120, dissolution ; les cristaux sont rapidement altérés
par l'acide carbonique de l'air. Ébelmen a préparé
l'aluminate de sodium par sa méthode l'aluminate de baryum
2Al2O3,3 Na2 0 , A ! 2O ; Ba = Al2O , Bao .
et l'aluminate de baryum Aluminate de calcium . La chaux paraît for-
mer avec l'alumine plusieurs combinaisons inso-
AO Ba + 4 H2O = Al²0³, BaO + 4 II²0. lubles et peu fusibles (Tissier) . D'après M. Rivot,
L'aluminate de soude dériverait de l'hydrate l'un de ces aluminates se formerait dans la cuis-
VI son de la chaux hydraulique ou des ciments, et,
2A12 par son hydratation sous l'eau , contribuerait ,
2A120331120 = H6 avec le silicate de chaux, au durcissement de ces
On peut envisager les aluminates de potassium matières [Docimasie, t . 11, p. 630 et 632 ] . Ebel-
et de baryum comme dérivés de l'hydrate men a préparé par voie sèche un aluminate de
VI calcium cristallisé
A1203112 0 := 1120 .. Al2O+Ca = Al2O3, CaO.
Aluminate de potassium, Autres aluminates. - Enfin, il existe un cer-
tain nombre d'aluminates naturels dont la com-
A120 K2 + 31120. position générale est représentée par la formule
M. Fremy obtient ce sel, soit en faisant dis- RO, A1203 ;
soudre dans la potasse de l'alumine précipitée par
le carbonate d'ammoniaque, soit en faisant fondre ce sont l'aluminate de magnésie (rubis spinelle),
au creuset d'argent de l'alumine anhydre avec de l'aluminate de zinc (gahnite) , l'aluminate de fer
la potasse en excès [ Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , (hercynite ) et l'aluminate de glucine ou cymo-
t. XII, p. 362] . Si on évapore la dissolution d'a- phane. Les trois premiers cristallisent en oc-
ALUMINIUM. ---- 172 - ALUMINIUM .

ta dres réguliers, le dernier appartient au sys- à froid, l'absorption du gaz hydrogène phosphoré
tème du prisme rhomboidal droit. Ebelmen les a est lente et paraît conduire au composé
tous reproduits par la méthode générale que nous 3 A12 C16 Ph H³?
avons exposée à propos du corindon , qui consiste,
comme on le sait, à chauffer en présence de l'a- | En dirigeant du gaz ammoniac sec sur du chlo-
ride borique ou du borate de soude le mélange rure d'aluminium , il se produit bientôt un déga-
d'alumine et d'oxyde dont on veut obtenir l'alu- gement si considérable de chaleur que la combi-
minate en proportions convenables. Il a appliqué maison en est liquéfiée. On peut le distiller sans
de plus cette méthode à la préparation des alu- résidu dans l'hydrogène, mais il dégage alors de
minates correspondants de calcium, de barium, de l'ammoniaque et le produit que l'on obtient, en-
manganèse, de cobalt et de cérium [ Ann. de Chim . tièrement soluble dans l'eau , aurait pour formule
et de Phys. , (3), t . XXII , p. 211 , et t. XXXIII, p . 34] . A12 C16, 2 Az H³ .
Tous ces aluminates cristallisent en cubes , D'après Persoz, le chlorure d'a'uminium saturé
comme le rubis spinelle, excepté l'aluminate de d'ammoniaque contiendrait trois fois plus que le
baryum, dont les cristaux agissent sur la lumière produit distillé de gaz ammoni: c
polarisée. Al2C166 Az H³.
MM. Deville et Caron ont aussi reproduit le
cymophane et la gahnite en chauffant un mé- [ Ann. de Chim . et de Phys. , 1830 , t. XLIV,
lange de fluorure d'aluminium et de fluorure de
glucinium ou de zinc dans un creuset de char- p. La319. ]
densité de vapeur du chlorure d'aluminium
bon où se trouvait une petite nacelle de platine a été déterminée dans ces derniers temps par
contenant de l'acide borique. MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost à 350° et
CHLORURE D'ALUMINIUM, A12 C16. à 440°; la moyenne de cinq expériences concor-
Prépara tion. - On mélange intimem ent 100 p . dantes est 9,35 ; la densité théorique calculée
d'alumine ca'cinée et 40 p. de charbon pulvér sé
ou de noir de fumée, et l'on ajoute assez d'huile dans l'hypothèse
pour faire une pâte consistante. Cette pâte, calci- A12 C16 - 2 vol. est 9,27.
née au rouge vif dans un creuset fermé, pour dé-
composer l'huile , donne une masse cohérente que [Ann. de Chim. et de Phys. , (3), t. LVIII, p. 257.}
CHLORURES doubles d'ALUMINIUM. - Le chlorure
l'on brise en petits fragments. On les introduit , | d'aluminium se combine avec les chlorures alca-
en les faisant passer par le col , dans une cornue lins, et donne de véritables spinelles chlorés
tubulée munie d'un tube de porcelaine qui des-
cend jusqu'au fond de la panse de la cornue. (2 M CI + A12 C16)
C'est par ce tube que l'on fait arriver dans la
cornue portée au rouge un courant de chlore des- qui ont été découver ts par Degen et particulière-
séché; pour recueillir le chlorure d'aluminium , ment étudiés par M. Deville [ Ann . de Chim. et
on adapte an col de la cornue un entonnoir de de Phys., (3), t. XLIII , p. 30). Ces corps sont
porcelaine à l'ouverture duquel est lutée une fusibles vers 200° et volati's au rouge ; ils sont
cloche de verre à douille. C'est dans cet entonnoir bien moins altérables que le chlorure simple :
et dans la cloche que se dépose le chlorure d'a u- aussi se sert-on du chlorure double d'aluminium
minium sous forme de croûtes cristallines , que et de sodium au lieu de chlorure simple dans la
l'on brise avec facilité quand l'opération est ter- préparation de l'aluminium .
Lorsqu'on dissout ces sels dans l'eau , on obtient
minée. un mélange de deux sels qui crista lisent séparé-
Propriétés. - Le corps que l'on obtient ainsi
forme une masse incolore ct transparente compo- ment.
sée de prismes hexagonaux qui paraissent régu Préparation du chlorure double d'alumirium
liers ; il est très-fusible et très-volatil, déliques- et de sodium. - Dans l'origine, on préparait ce
cent ; il dégage beaucoup de chaleur en se dissolvant chlorure en mélangeant les deux chlorures en
dans l'eau, et si on fait une dissolution concentrée, proportions convenables ; on l'obtient aujourd'hui
il se dépose par refroidissement on par évapora- directement en faisant passer un courant de chlore
tion des prismes hexagonaux réguliers terminés sur un mélange d'alumine et de charbon addi-
par des rhomboides. Ces cristaux sont formés par tionné d'une quantité convenable de sel matin.
On mélange intimement , d'abord à sec, l'alu-
un chlorure d'aluminium hydraté mine, le charbon de bois pulvérisé et le sel marin ;
(A12 C16 +12 H2O ) ; on ajoute peu à peu de l'eau, en continuant à
on ne peut évaporer à siccité cette dissolution , mélanger jusqu'à ce que la matière soit agglomé-
parce que le chlorure hydraté se décompose alors rée. On en fait alors des boulettes de la grosseur
en alumine et acide chlorhydrique qui se dégage. du poing, que l'on sèche dans une étuve et que
Le chlorure d'aluminium se dissout très-bien
dans l'alcool lorsqu'il est fondu, l'électricité le l'on introduit dans une cornue cylindrique de terre
réfractaire , placée verticalement et chauffée au
décompose très-facilement , d'après M. Buff. rouge vif de haut en bas par la flamme d'un four
Le chlorure d'aluminium absorbe l'acide sulfhy-. latéral. La cornue porte deux tubulures
drique à une température peu élevée. Il donne , l'une à
la partie inférieure par laquelle arrive le chlore,
alors de petites lamelles cristallines, blanches, l'autre à la partie supérieure par laquelle le chlo-
transparentes et d'un éclat nacré, dont la compo- rure double sublimé se dégage. Cette tubulure
sition n'a pas encore été déterminée. Ce produit se 1 pénètre dans un vase en terre recouvert d'un
décompose partiellement quand on veut le redis- dome également en terre et surmonté d'un tuyau
tiller; l'eau le détruit instantanément en déga- pour le dégagement des gaz . Le chlorure double
geant un volume considérable d'hydrogène sul- vient se condenser dans ce vase en terre. Enfin,
furé [Wöbler, Ann. de Chim. et de Phys. , 18.8, pour introduire le mélange , la cornue ouverte à
t. XXXVII , p. 69]. sa partie supérieure est fermée par un couvercle
Henri Rose a montré que le chlorure d'alumi- de creuset qu'on lute ou que l'on enlève à vo-
nium, comme beaucoup d'autres chlorures anby-
dres, absorbe l'hydrogène phosphoré et le gaz am- lonté.
Ces cornues ont une hauteur de 1,25 et 0m,18
moniac [Ann. de Chim. et de Phys . , 1832, t. LI, de diamètre intérieur ; elles fonctionnent d'une ma-
p. 28 à 30] . Si l'on sublime le chlorure dans le gaz nière continue et reçoivent deux charges du mé-
hydrogène phosphoré , on obtient un produit cris- lange par jour. Si ce mélange est convenablement
tallisé fait, il ne reste point de résidu sensible, même
3 A12 C62 Ph II" ;
ALUMINIUM. 173 ALUMINIUM .
après plusieurs jours de marche, On refond le mine soluble (1 ) 3 Si F14 , A12 F16 ; puis, si l'on pro-
chlorure double avant de l'employer à la fabrica- longe la digestion avec un excès d'alumine , le
tion de l'aluminium, afin de détruire toute l'eau fluorure de silicium est décomposé, il se dépose
qu'il pourrait avoir absorbée. Il y a alors dégage- de la silice et il reste finalement une liqueur neu-
ment d'acide chlorhydrique et production d'un tre contenant du fluorure d'aluminium hydraté
peu d'alumine qui reste avec le chlore. Il faudrait
Al2 F67 1120
le distiller si l'on voulait l'avoir absolument pur.
BROMURE D'ALUMINIUM. La meilleure ma- que l'on obtient en poudre cristalline par l'éva-
nière de l'obtenir consiste à faire passer le brome poration de la liqueur. Mais si, avant d'arriver à
en vapeur sur de l'aluminium chauffé dans un ce terme, on arrête l'opération quand la liqueur
tube de verre au rouge naissant. On purifie le est encore fortement acide, on obtient, en ajou-
produit en faisant passer sa vapeur sur de l'alu- tant de l'alcool concentré, un liquide huileux qui
minium. Il est incolore et cristallisé ; il fond à 93°, se concrète bientôt en cristallisant. Cette matière
éprouve très- nettement le phénomène de la surfu- est un acide hydro- fluoalum nique dont la compo-
sion, se volatilise à 260°. Sa densité à l'état solide sition est représentée par la formule
est 2,54. Sa densité de vapeur est , d'après
MM. Deville et Troost , 18,62 ( densité théorique, 3 A12 F164 H FI + 10 H2O.
18,51 ) [ Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t. LVIII . Si l'on évapore la liqueur acide (séparée de
Mémoire sur la densité des vapeurs] . l'alumine en excès), il se dégage de l'acide fluor-
La dissolution d'alumine dans l'acide bromhy- hydrique et il reste une matière cristalline dont
drique laisse déposer, lorsqu'elle est très-concen- la composition, analogue à la précédente, est repré-
trée, de petits groupes d'aiguilles fines et courtes, sentée par la formule
déliquescentes à l'air. La chaleur les décompose
en alumine et acide bromhydrique [ Berzelius, A12 F16HFI + 5 1.2 0.
Traite de Chim. , 5e édit. , t. III , p. 443] . -- Ce Ces trois derniers composés, exempts de silice,
corps n'a pas été autrement étudié. peuvent être volatilisés sans résidu bien sensible
IODURE D'ALUMINIUM. - On le prépare en fai- en donnant du fluorure d'aluminium anhydre,
sant passer de la vapeur d'iode sur de l'alumi-
de l'eau et de l'acide fluorhydrique pour les deux
nium chauffé au rouge sombre ; on le purifie derniers. On peut donc préparer facilement le
comme le bromure, auquel il ressemble beaucoup.
Il fond à 125° et bout à 350°. A cette tempéra- fluorure d'aluminium au moyen de l'acide hydro-
fluosilicique et du kaolin.
ture, ou plutôt à quelques degrés au-dessus, il L'existence de deux acides hydro-fluoalumini-
détone par son mélange avec l'air, en produisant ques a fait penser à M. Deville que la cryolithe
de l'alumine et de l'iode. Aussi ne doit-on le dis-
tiller que dans un gaz inerte. Sa densité à l'état A12 F166 Na Fl
solide est 2,63, à l'état de vapeur 27. La densité et le composé correspondant du potassium ( que
théorique, en supposant l'on obtient en mélangeant une solution d'un sel
A1216 2 vol. , est 28,3, de potasse avec une solution de fluorure d'alumi-
nium hydraté) dériveraient d'un acide hydro-fluo-
de telle sorte que la densité expérimentale est no- aluminique dont la formule serait
tablement plus petite que la densité calculée . A12 F16 + 6 HFI,
C'est ordinairement le contraire qui a lieu, et
cette anomalie ne peut s'expliquer que par l'insta- par le remplacement de l'hydrogène par une quan-
bilité de l'iodure, qui serait partiellement décom- tité équivalente de métal alcalin ( voyez la pré-
posé à la température de 440º, à laquelle on a pris paration de la cryolithe). Le fluorure d'aluminium
la vapeur [ Deville et Troost, mémoire déjà cité] . hydraté lui-même serait un fluoaluminate d'alu-
L'hydrate d'iodure d'aluminium est peu connu. mine correspondant aux précédents. On aurait en
FLUORURE D'ALUMINIUM. - Le fluorure d'alu- effet
minium n'est bien connu que depuis les recher-
ches récentes de M. Deville. On prépare le fluo- A12 F16, Al² F16 + 14 H²O = 2 (Al²F16 + 7H2O) ;
rure d'aluminium anhydre en traitant l'alumine 1 atome d'hydrogène , suivant les règles ordi-
calcinée par un excès d'acide fluorhydrique, on naires de la substitution , serait remplacé par
dessèche le produit et on le distille dans un tube 1/3 d'atome d'aluminium. Cette manière de voir
en charbon decornue dans un courant d'hydrogène. expliquerait la différence profonde qui existe
On peut encore fondre un mélange de cryolithe et entre le fluorure anhydre et le fluorure hydraté.
de sulfate d'alumine sec, équivalents à équivalents; Les combinaisons que le fluorure d'aluminium
on obtient du sulfate de soude et du fluorure forme avec les fluorures alcalins ou métalliques
d'aluminium qu'on sépare par l'eau ; le fluorure ont été peu étudiées jusqu'ici, à l'exception des
insoluble est distillé comme il vient d'être dit. composés naturels et particulièrement de la cryo-
L'on obtient ainsi des trémies volumineuses lithe. Nous ne nous occuperons ici que de ce com-
constituées par des rhomboèdres de 88° 30′ , inso- posé (2).
lubles dans l'eau et dans les acides, même dans FLUORURE DOUBLE D'ALUMINIUM ET DE SODIUM
l'acide sulfurique bouillant ; la dissolution de po- (CRYOLITHE ), A12 F16 + 6 Na Fl. —· On ne connait
tasse l'altère à peine, on ne peut l'attaquer que qu'un gite important de cette remarquable ma-
par le carbonate de soude au rouge. tière. Il est situé au Groënland dans le fiord
On connaît également un fluorure d'aluminium d'Arksak. En 1855 , cette matière commença à
hydraté arriver en Danemark et en Prusse et fut em-
(A12F16 + 7 H2O) , ployée, sous le nom de soude minérale, dans la
fabrication des savons alumineux . Quoique la
soluble dans l'eau et facilement attaquable par cryolithe soit insoluble, on peut néanmoins la
les acides ; nous allons indiquer dans quelles cir- décomposer facilement en la faisant bouillir après
constances il se produit. l'avoir pulvérisée avec un lait de chaux contenant
ACIDES FLUO-ALUMINIQUE et FLUORURES DOUBLES une quantité convenable de cette matière. Il se
D'ALUMINIUM . Si l'on fait réagir de l'acide hy-
dro-fluosilicique étendu sur de l'alumine cal- (1 ) Si = 28.
cinée (ou du kaolin), il se forme d'abord, d'après (2) On trouvera quelques indications très-incomplètes
M. H. Sainte- Claire Deville ( Ann . de Chim . et de sur ces composés dans la Chimie de Berzelius, 5e édition,
Phys., (3), t. LXI ] , un hydro - fluosilicate d'alu- t. 111, p . 413 .
ALUMINIUM. - 174 ALUMINIUM.
forme alors du fluorure de calcium insoluble et de composé par le carbonate de calcium et par le zinc.
l'aluminate de soude avec excès de soude. On Avec le carbonate de chanx, il se forme du sulfate
fabriquait avec cet aluminate un savon retenant de chaux, un sous-sulfate d'aluminium insoluble
une quantité énorme d'eau à cause de l'alumine et de l'acide carbonique qui se dégage. Nous re-
ou du stéarate d'alumine. On essaya également viendrons, dans la fabrication de l'alun , sur cette
de retirer l'alumine de ce composé en le traitant action du carbonate de calcium sur le sulfate
par l'acide carbonique gazeux ; mais l'alumine d'aluminium . Le zinc donne à chaud un abondant
préparée ainsi à Copenhague, quoique n'ayant dégagement d'hydrogène ; il se produit alors du
plus de goût alcalin et possédant une composition sulfate de zinc soluble et un sous-sulfate d'alu-
régulière, contenait encore une quantité considé- minium insoluble, qui a pour formule
rable de carbonate de soude. C'est qu'en effet il se 3 (SO , A1202), 2 Al2O3 + 20 H20.
forme toujours , comme nous l'avons dit ( voyez
ALUMINATE DE SOUDE ) , un carbonate double d'alu- A froid, l'action est plus lente ; mais peu à peu la
mine et de soude , quand on traite une dissolu- masse se prend en une gelée, composée de sous-
tion concentrée d'aluminate de soude par l'acide sulfate contenant plus d'acide
carbonique. On essaya, à l'usine de Nanterre, de
se servir de cette alumine pour la préparation du 3 (SO¹ , Al² O²) , Al² 0³ + 36 H2O,
chlorure double d'aluminium ; mais, comme elle qu'on obtient également sous un autre aspect
contient toujours un peu de phosphore qui souil- dans l'action du carbonate de calcium sur l'a'un
lait tous les produits et agissait d'une manière [ H. Debray, Bull . de la Soc. chim . , 1867 , t. VII ,
fâcheuse sur l'aluminium , on dut renoncer à ce p. 10] . Une solution concentrée de sulfate d'alumi-
procédé, qui ne fournissait que de mauvais métal nium constitue un excellent réactif de la potasse,
Études analytiques sur les matières alumineuses, parce que, mélangée à un sel de cette base, elle
Deville , Ann. de Chim . et de Phys. , (3), t. LXI ] . produit de l'alun ordinaire complétement insoluble
La cryolithe ne sert plus aujourd'hui que comme dans le sulfate d'aluminium concentré.
fondant dans la fabrication de l'aluminium . Le sulfate d'aluminium existe dans la nature.
L'acide sulfurique attaque facilement la cryoli- Fabrication du sulfate d'aluminium . — On fa-
the. C'est en utilisant cette réaction que Berzelius brique aujourd'hui d'assez grandes quantités de
détermina autrefois la composition de ce minéral. sulfate d'aluminium , en traitant les kaolins , aussi
Le courant électrique décompose facilement la exempts de fer que possible (kaolin de Cornouail-
cryolithe fondue [De l'Aluminium, p. 97] . les) , par l'acide sulfurique , qui dissout l'alumine.
On peut reproduire la cryolithe en traitant un Le kaolin, réduit en poudre et tamisé, est cal-
mélange à proportions convenables d'alumine et ciné sur la sole d'un four à réverbère ; de cette
de carbonate de soude par l'acide fluorhydrique manière on peroxyde le fer qu'il peut contenir, ce
en excès et évaporant le mélange . On peut aussi qui le rend insoluble , et on rend l'argile plus
l'obtenir en partageant une certaine quantité d'a- perméable à l'acide et plus facilement atta-
cide fluorhydrique en deux parties , dont l'une est quable. On l'introduit dans des chaudières en
d'abord saturée par de l'alumine, ce qui donne du tôle plombée avec de l'acide à 50° ou 52º de Baumé
fluorure d'aluminium, que l'ou mélange à l'acide (D = 1,45), où l'on maintient le mélange à 100º
flourhydrique réservé pour obtenir l'acide ou 150°, en ayant soin de l'agiter de temps en
A12 F16 + 6 HF1 . temps. On fait ensuite couler le mélange dans des
bassins en plomb, où le liquide se sépare de la
La dissolution de cet acide traitée par un sel de silice et de l'argile non attaquée. On l'évapore
soude donne un précipité de cryolithe ; on obtien- alors dans des chaudières plates en plomb.
drait également par ce procédé la cryolithe de po- Comme les argiles contiennent souvent de la
tassium . potasse ( 3 et même jusqu'à 5 % ) , il se produit de
FLUORURE DE BORE ET D'ALUMINIUM. - - D'après l'alun (25 à 45 % du poids de l'argile), qu'on fait
Berzelius, ce composé se forme quand on mele d'abord cristalliser, puis on évapore la liqueur
une dissolution de fluorure de bore et de sodium jusqu'au moment où une petite quantité mise sur
avec du chlorure d'aluminium. Une partie du un corps froid se fige par le refroidissement. On
fluorure double est précipitée ; mais, comme la laisse alors refroidir le liquide, qui se prend bien-
liqueur est devenue acide, elle en dissout une tôt en une masse de la consistance du suif. On la
autre partie. Sa composition n'est pas établie et divise alors en blocs rectangulaires qui durcissent
l'étude de ses propriétés est très-incomplète. Il encore en refroidissant et qui sont livrés sous
serait intéressant de comparer l'action de l'alu- cette forme au commerce.
mine sur l'acide fluoborique à celle que ce corps
2.-

Ce sel peut être employé dans certaines opéra-


exerce sur l'acide fluosilicique . tions grossières de teinture ou pour le collage de
Les autres composés binaires de l'aluminium la pâte des papiers communs ; mais si l'on a besoin
2
I

n'ont pas été suffisamment étudiés. de nuances claires ou de papier fin, il faut de
SULFATES D'ALUMINIUM. -- SULFATE NEUTRE, toute nécessité éliminer le peu de fer qu'il con-
(SO ) . A123S0³, A120³. tient toujours malgré le soin que l'on a pris de
rendre celui-ci insoluble par la calcination de
Propriétés. On prend pour sulfate neutre l'argile. On y parvient en traitant le liquide qui
celui qui contient trois fois plus d'oxygène dans provient de l'attaque de l'argile par une quantité
l'acide que dans la base , quoique ce sulfate ait dosée de cyanure jaune qui donne du bleu de
une réaction acide très- marquée. Ce sel cristal- Prusse insoluble et un peu d'alun . On filtre sur
lise difficilement en lamelles minces et flexibles , une toile pour recueillir le bleu de Prusse et l'on
d'aspect nacré. L'eau en dissout à froid la moitié achève l'opération comme précédemment. Il est
de son poids ; l'alcool en dissout à peine. Lors- facile de régénérer le cyanure jaune en traitant le
qu'il cristallise à la température ordinaire, il re- bleu de Prusse par la potasse.
tient 18 molécules d'eau ( 48,5 % ) , mais à une On peut aujourd'hui préparer facilement du
basse température, il peut en retenir 27 (58,8 % ). sulfate d'aluminium absolument exempt de fer en
Lorsqu'on chauffe ce sel, il fond d'abord dans son traitant l'alumine de l'aluminate de sodium par
eau de cristallisation , puis se boursoufle et laisse une quantité convenable d'acide sulfurique.
une masse poreuse de sulfate anhydre que l'eau Cette fabrication a pris un certain développe-
ne dissout plus qu'avec lenteur. Ce sulfate chauffé ment depuis quelques années dans les usines à
au rouge laisse un résidu d'alumine pure. aluminium de Salyndres et de Newcastle. L'usine
Le sulfate d'aluminium en dissolution est dé- de Newcastle en produit environ 50 tonnes par
ALUMINIUM. 175 ALUMINIUM.
semaine [ Deville, Compt. rend. de l'Acad., t. LX, solubles à chaud qu'à froid, et la dissolution
p. 1330, 1865] . On fabrique aussi depuis quelques éprouve facilement le phénomène de sursatura-
années en Angleterre de grandes quantités de sul- tion. D'après M. Poggiale,
fate d'alumine impur (alum-cake) qui contient
environ 16 équivalents d'eau et toute la silice de 100 p. d'eau à 0° dissolvent.. 3,29 p. d'alun.
à 10º 9,52
l'argile [ Répert. de Chim.: Compt. rend. des appl. à 30° 22,01
de la Chim., septemb. 1862, p. 333 ] . Cette matière, à 50° 30,92
employée pour le collage du papier où la présence à 70° 90,67
de la silice est un avantage, s'obtient en traitant à 100º 357,48
des argiles blanches en poudre fine par de l'acide
sulfurique à 50° Baumé, chauffé à 100°. L'action L'alun fond quand on le chauffe vers 92º et
'est très-vive et il se forme du sulfate d'aluminium perd successivement 24 équivalents d'ean ou
emprisonnant la silice de l'argile qui reste uni- 45,5 % de son poids jusque vers le rouge. Pen-
formément répartie dans la masse, qui darcit à la dant sa dessiccation , l'alun se boursoufle et forme
fin d'une manière remarquable. On la brise avec un champignon qui s'élève notablement au-
des coins pour la transporter. Elle contient dessus de l'ouverture du creuset. On obtient ainsi
12 % d'alumine à l'état soluble ; le sulfate d'alu- l'alun calciné, employé comme caustique pour
minium en contient 15,6 . Ce produit est au sulfate ronger les chairs. Cet alun se dissout lentement,
d'aluminium ce que la soude brute des savonniers mais complétement, dans l'eau, comme beaucoup
est aux cristaux de soude. de sels calcinés. Au rouge vif il se décompose en
SULFATES BASIQUES D'ALUMINE. - D'après Ber- acide sulfureux et oxygène qui se dégagent, et en
zelius , il existerait un grand nombre de sulfates alumine et sulfate de potasse qui restent dans le
basiques d'aluminium; ces composés , dont que!- creuset. A une température plus élevée on
obtiendrait de l'aluminate de potasse.
ques-uns sont probablement des mélanges , ont Il existe une autre variété d'alun cristallisée
d'ailleurs peu d'intérêt [voir Berzelius , 5e édition ,
t. III , p. 447 ] ; nous ne nous occuperons donc ici en cubes (alun de Rome), qu'on préfère dans
que des plus importants. beaucoup de cas à l'alun ordinaire parce qu'il ne
Lorsqu'on fait bouillir une dissolution con- contient point de fer soluble, tandis que les aluns
centrée de sulfate d'alumine avec de l'hydrate ordinaires en contiennent toujours de 5 à 7 mil-
d'alumine, on obtient une masse gommeuse qui lièmes qui exercent une influence fâcheuse dans
contient deux fois plus d'alumine que le sulfate beaucoup d'opérations de teinture. Cet alun, qui
neutre pour la même quantité d'acide ; cette ma- se prépare avec de l'alunite (voir la préparat . de
tière se dissout dans une petite quantité d'eau ; l'alun) , ne diffère de l'alun ordinaire que parce
mais si on la fait bouillir avec une plus grande qu'il contient un petit excès d'alumine, comme l'a
quantité de liquide, elle se dédouble en sulfate démontré autrefois Leblanc. Aussi peut-on faci-
neutre, qui reste dans la liqueur, et en sulfate lement le reproduire en ajoutart, à une disso-
plus basique, qui se précipite. Berzelius pense que lution d'alun ordinaire chauffée à 30° ou 40°, un
ce sous-sulfate a pour composition : peu d'ammoniaque ou de carbonate alcalin , qui
précipitent d'abord le fer, puis un peu de sous-
2 (SO A120²) + (SO¹)² A1º O + 30 H2O. sulfate d'alumine ; par refroidissement il se dé-
Une solution de sulfate bialuminique abandonnée pose de l'alun cubique nécessairement exempt de
plusieurs années à elle-même aurait déposé sur fer. Si au contraire on chauffe au delà de 50° une
les parois du verre une croûte cristalline com- dissolution d'alun cubique, il se dépose un peu
posée de petites aiguilles microscopiques , qui, de sous-sulfate d'alumine et la liqueur ne donne
d'après Ramelsberg, avaient la composition pré- plus que des cristaux octaédriques d'alun ordi-
cédente. Ces cristaux étaient un peu solubles naire.
dans l'eau. Un cristal d'alun ordinaire, taillé en cubes ,
Le sulfate d'alumine , précipité par une quantité placé dans une dissolution d'alun rendue basique
insuffisante d'ammoniaqne, donne un précipité par un peu d'ammoniaque, continue à s'accroître
de sulfate tribasique en conservant la forme cubique, tandis que si
SO (AIºOº)" + 9 H2O = Al²0³ , SO³ + 9 H2O. l'on introduit un cristal cubique sur lequel on a
pratiqué des facettes octaédriques, on voit celles-
Ce sel existe dans la nature, il constitue la sub- ci disparaître peu à peu et le cube seul persiste .
stance minérale connue sous le nom de Webs- L'inverse a lieu avec une dissolution d'alun ordi-
térile. L'action du zinc sur le sulfate d'aluminium naire et des cristaux octaédriques que l'on a
donne deux autres sous-sulfates indiqués plus taillés en cubes.
baut. En pratiquant sur de l'alun cubique les facettes
On peut envisager ces sels comme dérivant de du tétraèdre, on a pu les faire accroître dans une
l'acide sulfurique SO¹H² par la substitution à l'hy- dissolution basique d'alun et obtenir ainsi de l'alun
drogène de radicaux oxygénés Al2O et A1202, ou hémiédrique [De Hauer, Journ. für prakt. Chem.,
comme résultant de la combinaison de deux sul- t. XCXIV, p. 242].
fates rentrant dans les types suivants : Lorsqu'on chauffe modérément dans une cornue
VI un mélange de 3 p. d'alun calciné et de 1 p. de
3 SO 11 .... (SO4)3A!2. noir de fumée, on obtient une poudre noire qui
Sulfate
neutre, s'enflamme facilement à l'air humide (pyrophore
de Homberg) . C'est un mélange d'alumine, de
2 SO II .... (SO4)² (AI²O`" . charbon et de sulfure de potassium très- divisé;
Sulfate
bibasique. c'est ce dernier qui lui communique la propriété
SO II ...... SO (A1202)". de s'enflammer, sans doute par suite de la cha-
Sulfate leur qu'il produit en condensant la vapeur d'eau
dit tribasique. et l'air atmosphérique, dont il absorbe d'ailleurs
ALUN ORDINAIRe ( sulfate double d'aluminE ET l'oxygène .
Les dissolutions d'alun ont une réaction acide ;
DE POTASSE), (SO¹³ Al² + SO¹ K² + 24 H³O. elles agissent sur le carbonate de chaux et le zinc .
Propriétés. - · L'alun cristallise d'ordinaire en Le carbonate de chaux , mis en digestion avec une
octaèdres réguliers qu'on peut obtenir très-vol- solution d'alun, en précipite un sous-sel cristallin
mineux. Ces cristaux s'effleurissent faiblement à
l'air et seulement à la surface ; leur saveur est qui a pour formule :
douceâtre et astringente. Ils sont beaucoup plus 3 (SO' , AI² O²) , Al2O3 + 30 II2O.
ALUMINIUM. 176 ALUMINIUM.
Si l'on fait bouillir une dissolution d'alun avec du On a trouvé l'alun ammoniacal , quoique en
zinc dans une capsule de platine, ce qui facilite petites quantités , dans la nature ( Tscherm.g en
l'action , il se dégage de l'hydrogène et il se pré- Bohême).
cipite une matière cristalline qui n'est autre chose SULFATES DOUBLES D'ALUMINE ET DE MAGNÉSIE. -
que la loevigite 3 ( SO Al2O²) + SO¹K² + 9 H2O On connaît sous le nom d'alun fibreux, à cause
[ H. Debray , Bull. de la Soc . chim. , 1867 , t. VII , p. 9]. de sa forme, un alun dans lequel le sulfate de
Ce même sel se produit encore, d'après Riffault, potasse serait remplacé par une quantité corres-
lorsqu'on fait bouillir une dissolution d'alun avec pondante de sulfate de magnésie et même de sul-
de l'alumine hydratée. Il existe d'ailleurs dans la fate de manganèse (voyez ALUNS) . Cette substance
nature et accompagne d'ordinaire l'alunite à la assez rare n'a pas été reproduite jusqu'ici . Lors-
Tolfa et en Hongrie. D'après A. Mitscherlich , on qu'on mélange des sulfates d'alumine et de ma-
peut reproduire également cette substance en gnésie en ajoutant un peu d'acide sulfurique à la
chauffant du sulfate de potasse avec du sous-sul- liqueur, on obtient, par évaporation spontanée,
fate d'alumine, ou simplement de l'alun en dis- des groupes mamelonnés de cristaux prismatiques
solution étendue à 200° [ Repert. de Chim. pure, déliés d'un sel double dont la formule est
1862, p. 262].
Ce sous-sulfate diffère seulement de l'alunite, (SO¹³ A² + 3 SO Mg + 36 H²O .
3 ( SO . A1202 ) + SO¹K² + 6 H2O , par la plus
grande quantité d'eau qu'il contient ; il est bien
évident alors qu'on le transformerait en alunite FABRICATION DES ALUNS .
en le chauffant dans l'eau en vase clos à une tein-
pérature supérieure à 200º . On peut d'ailleurs Historique. - Jusqu'au XVe siècle, l'alun em-
obtenir l'alunite en cristaux rhomboédriques dont ployé en Europe venait du Levant; on le fabri-
les angles sont de 91º,30 et 88°,30 , comme ceux du quait, au moyen de l'alunite, à Rocca , aujourd'hui
produit naturel en chauffant à 230º 3er de sul- Edesse; c'est pour cela, paraît-il, qu'il était connu
fate d'alumine, 15 d'alun de potasse et 10 cen- sous le nom d'alun de Roche . Un Génois, Jean de
timètres cubes d'eau Repert. de Chim. pure, Castro, qui connaissait cette fabrication , décou-
1862, p. 262). vrit l'alunite à la Tolfa, près de Rome La fabri-
SULFATE DOUBLE D'ALUMINE ET DE SOUDE ( ALUN cation de l'alun en Italie prit alors une grande
DE SOUDE), extension.
Dans le xvIe siècle, on parvint, en Allemagne, à
(SO ) A2 + SO Na² + 24 H²O . préparer l'alun au moyen des schistes alumineux ;
- Il a la même forme cristalline que l'alun ordi- ce procédé, utilisé bientôt en France et en An-
naire, mais ses cristaux s'effleurissent à l'air et gleterre , ne put fournir qu'un alun un peu ferru-
tombent en poussière. Il est extrêmement soluble gneux et toujours inférieur à l'alun de Rome
dans l'eau, dont 100 p. dissolvent, à 16º, 110 p. jusqu'au commencement de ce siècle , où Leblanc
d'alun de soude. C'est à raison de cette propriété parvint à donner à l'alun ordinaire l'aspect et
qu'on ne peut songer à l'empioyer dans l'indus- les qualités de l'alun de Rome.
trie; on peut en effet, en mélangeant des sulfates Vers la même époque, Chaptal créait en France
d'alumine très-ferrugineux avec du sulfate de po- la fabrication du sulfate d'alumine au moyen des
tasse, obtenir des cristaux d'alun ordinaire à peu argiles et de l'acide sulfurique. Ce sulfate d'alu-
près exempt de fer, ou tout au moins facile à mine, mélangé d'abord à des sels de potasse (sul-
purifier par quelques cristallisations à cause de sa fates ou chlorures ), donnait de l'alun de toutes
faible solubilité à froid, surtout dans les dissolu- pièces ; mais, dans ces derniers temps, la fabrica-
tions qui contiennent du sulfate d'alumine. L'alun tion des sels ammoniacaux ayant pris une grande
de soude est beaucoup trop soluble dans ces cir- extension, on eut l'idée de substituer le sulfate
constances pour qu'on puisse le séparer facile- d'ammoniaque au sel de potasse dans la fabrica-
ment du sulfate de fer. tion de l'alun . Nous avons déjà dit que cet alun ,
On le prépare dans les laboratoires en mélan- moins coûteux que l'alun ordinaire, pouvait le
geant des proportions couvenables de sulfates remplacer dans la plupart des cas.
d'alumine et de soude. FABRICATION AU MOYEN DE L'alunite. L'alu-
SULFATE DOUBLE D'ALUMINE ET D'AMMONIAQUE nite peut être envisagée comme une combinaison
(ALUN AMMONIACAL), d'alun ordinaire anhydre et d'alumine hydratée.
On a en effet :
(SO4 )3A2 + SO (AzH *) + 2 { H2O . 3 (SO . A120º) +·SO¹ K² + 6 H2 O
Ce sel tend à se substituer dans l'industrie à = [(SO4)3A12 + SO K° ] + AI2 H6 06
l'alun ordinaire, qu'il peut remplacer dans la plu-
part des circonstances. Il ressemble tellement à Chauffée jusqu'au rouge naissant, elle perd son
l'alun de potasse, qu'il est difficile de l'en distin- eau et se transforme effectivement en alun calciné
guer au simple aspect. Sa solubilité est a peu qu'on peut dissoudre dans l'eau , et en alumine in-
près la même. Chauffé légèrement , il fond et se I soluble. C'est sur cette propriété que repose toute
Coursoufle comme l'alun ordinaire ; mais , si on la fabrication de l'alun de Rome.
le chauffe plus fortement, il laisse un résidu On calcine modérément l'alunite en fragments
d'alumine pure. dans des fours analogues aux fours à plâtre,
Quand on ajoute de l'ammoniaque à sa solution on mieux dans des fours a réverbère ; puis on
jusqu'à ce que le précipité persiste, on obtient, entasse la matière sur des aires planes, ou mieux
d'après Riffault , un sous-sel analogue au sel de dans des citernes en béton , et on l'humecte tous
potasse, 3 (SO . A1202) + SO¹ (Az H¹)² + 9 H²O les jours pendant plusieurs mois jusqu'à ce que
[Ann. de Chim. et de Phys. , t. XVI, p. 359]. la matière soit complétement délitée. On la les-
On obtient une alunite ammoniacale, sive et on évapore les eaux de lavage dans des
chaudières en plomb. On obtient ainsi une masse
3 (SO¹. A1202) + SO¹ ( ` z H¹ )² -+- 6 H2O, de cristaux cubiques légèrement colorés en rose
en chauffant un mélange d'alun ammoniacal , de par un peu de sesquioxyde de fer insoluble et
sulfate d'alumine et d'eau, comme pour la prépa- sans influence nuisible par conséquent dans les
ration de l'alunite ordinaire . L'alun de soude et applications.
l'alun de fer donnent aussi facilement des alunites Cette circonstance a empêché pendant quelque
correspondantes [ A. Mitscherlich , mémoire déjà temps l'alun basique préparé par Leblanc de se
cité]. substituer à l'alun de Rome, parce que cette
ALUMINIUM . - 177 ALUMINIUM.
couleur rose était considérée par les consomma- commence la concentration , et l'on obtient, sui-
teurs comme un indice certain de la pureté du vant les cas, deux ou trois cristallisations succes-
produit. On dut alors donner cette teinte au pro- sives de sulfate de fer. On ajoute ordinairement
duit indigène, en saupoudrant les cristaux de un peu d'acide sulfurique et des rognures de tôle
quelques millièmes d'oxyde de fer ; et l'on imita ou de la ferraille aux liqueurs, afin de réduire le
l'apparence que le frottement avait donnée durant sulfate de sesquioxyde et d'empêcher la produc-
un long voyage aux cristaux d'alun de Rome, en tion d'alun de fer, qui cristalliserait avec l'alun
faisant tourner lentement l'alun cubique mé- ordinaire sans qu'on pût l'en séparer par disso-
langé d'oxyde de fer dans des tonneaux à demi lution .
pleins, où les arêtes vives des cristaux s'émous- Enfin l'eau mère où s'est déposé le vitriol vert
sèrent. On put alors vendre sans difficulté de 96 contient principalement du sulfate d'alumine que
à 120 fr. les 100 kilog. un alun que les consomma- l'on transforme en alun . Cette opération est con-
teurs avaient refusé jusqu'alors au prix de 60 fr. nue sous le nom de brevetage.
Dans la solfatare près de Naples, on voit souvent Brevetage. ---- On détermine d'abord la quantité
sortir du sol volcanique échauffé des efflorescences de sulfate d'alumine contenue dans l'eau mère et
d'alun. Aussi le lessivage de ce sol poreux peut-il l'on y ajoute pour 100 p. de sulfate d'alumine
fournir de petites quantités d'alun , formé sans supposé sec :
aucun doute par l'action incessante des vapeurs Chlorure de potassium..
sulfureuses, de l'air et de l'eau sur les roches 43,5 parties.
Sulfate de potasse.... 50,9
alumineuses qui le constituent. Sulfate d'ammoniaque .. 47,4
FABRICATION AU MOYEN DES SCHISTES. Les
schistes alumineux se rencontrent dans les divers dissous dans la plus petite quantité d'eau possible.
étages géologiques, depuis le grès ancien jusqu'au L'alun se précipite sous forme de poudre blanche
terrain tertiaire. Ils renferment des substances grenue (alun en farine) ; on laisse déposer la masse,
charbonnées bitumineuses provenant de l'altéra- puis on décante l'eau mère, que l'on évapore en
tion de corps organiques, mélangés avec des ar- l'agitant continuellement pour en retirer une
giles, du sulfure de fer et des carbonates de chaux nouvelle quantité d'alun en petits cristaux que
et de magnésie, cimentés par la matière bitumi- l'on ajoute aux premiers. Les eaux mères rentrent
neuse. La proportion de ces divers corps est d'ail- dans la fabrication .
leurs extrêmement variable. Dans tous les cas , on On emploie depuis quelque temps une grande
brûle ces schistes en tas ; le sulfure de fer seul, quantité de chlorure de potassium dans l'opéra-
par une calcination ménagée, se transforme au tion du brevetage, parce que le prix de cette sub-
contact de l'air en sulfates de protoxyde et de stance a beaucoup diminué depuis la découverte
sesquioxyde, en acide sulfureux; mais en présence d'un gisement très-important de ce sel à Stass-
de l'alumine il se forme du sulfate d'alumine et furt. Aussi les usines à gaz anglaises ont- elles dù
un sous-sulfate de sesquioxyde de fer insoluble , abaisser le prix de l'ammoniaque, pour empêcher
surtout si l'opération dure longtemps et si la ma- le chlorure de potassium de s'introduire dans les
tière est bien oxydée par l'air. fabriques d'alun ( 1 ) . Il est d'ailleurs bien évident
Calcination des schistes.- Ce grillage s'effectue qu'au point de vue théorique le chlorure de po-
de lui-même pour les schistes très- riches en py- tassium peut remplacer le sulfate ; il se forme
rite, qu'il suffit de mettre en tas qu'on maintient seulement une quantité équivalente de chlorure
humides pendant quelque temps. L'oxydation de la de fer très-soluble, qui reste dans l'eau mère.
pyrite sous l'influence de l'eau et de l'oxygène de Purification de l'alun. L'alun en farine, in-
l'air développe bientôt assez de chaleur pour en- troduit dans des caisses filtrantes, est lavé avec
flammerla matière charbonneuse. La chaleur qu'elle des eaux saturées d'alun provenant d'opérations
développe en brûlant active la réaction. précédentes et contenant de moins en moins de
Si le schiste contient peu de pyrite et beaucoup fer, et enfin avec de l'eau pure aussi froide que
de matières charbonneuses, on le brûle en tas, possible. Le premier liquide est évaporé, il donne
sans autre combustible, en ayant soin de modérer d'abord du sulfate de fer, puis de l'alun ; les au-
la combustion pour ne pas décomposer le sulfate tres sont employés à des lavages successifs d'alun
d'alumine; on mélange au contraire le schiste avec en farine.
du combustible, bois ou houille, s'il n'en contient Enfin on fait cristalliser l'alun , en en faisant une
pas suffisamment pour brûler seul. La potasse du solution marquant 53° Banmé que l'on amène dans
combustible ou l'ammoniaque (dans le cas de la un cristallisoir de forme spéciale, où elle se prend
houille) se retrouvera à l'état d'alun dans le les- presque en masse en refroidissant. Ce cristalli-
sivage du produit. soir a la forme d'un cône tronqué dont le fond
Lavage. Quand la combustion est terminée, est la grande base. Ce fond est doublé de plomb,
on soumet la masse à des lavages méthodiques. et le contour du còne, formé par des douves
La lessive contient , en proportions variables, du en chêne, peut se démonter en deux parties as-
sulfate d'alumine , des aluns à base de potasse semblées par des boulons.
(surtout si l'argile contient du feldspath) et d'am- Quand la cristallisation est terminée, on décante
moniaque, des sulfates de protoxyde et de ses- l'eau mère, on ouvre le cuvier et on trouve un
quioxyde de fer et un peu de sulfate de magnésie (¹); bloc d'alun dont le poids peut s'élever à 5 ou
et l'on se propose d'en retirer de l'alun et du sul- 6,000 kilog. On le divise en masses à coups de mer-
fate de fer. lin ou avec une scie.
Concentration et production du sulfate de fer. Cet alun peut servir à presque toutes les opé-
-Les liqueurs concentrées jusqu'à 36° Baumé, on rations de la teinture, cependant il contient encore
les laisse alors reposer pendant quelques heures, il un peu de sulfate de fer qui serait nuisible si
se dépose du sous-sulfate de fer insoluble, puis on l'on voulait s'en servir pour obtenir les nuances
introduit le liquide décanté dans des cristallisoirs claires de la soie . Il faut encore lui faire subir
où la plus grande partie de l'alun se dépose. On une nouvelle cristallisation pour l'obtenir pur. On
décante et on concentre de nouveau pour faire fait alors une dissolution moins concentrée que la
cristalliser le sulfate de protoxyde de fer, on re- précédente (30° Baumé) qui donne les plus beaux
cristaux. On a alors l'alun à l'épreuve du prussiate,
(1) Aussi peut-on retirer du sulfate de magnésie de ainsi appelé parce que ses cristaux réduits en
certains schistes alumineux ; à Whitby on retrait des
schistes
d'alun. presque autant de sulfate de magnésie que (1 ) Potasse et soude de Stassfurt ( Prusse ), par M. Jou-
lin, Bull. dela Soc. chim., 1866, t. VI, p. 104.
1-- 12
ALUMINIUM. - 178 - ALUMINIUM.
poudre ne bleuissent plus quand on les arrose On s'en sert comme d'un antiseptique pour con-
avec une solution de cyanure jaune, ce qui arri- server la colle forte et les peaux avec leurs poils.
verait s'ils contenaient un peu de fer ( ¹ ) . La peau ainsi conservée peut alors après lavage
FABRICATION AU MOYEN Des argiles . — Cette fa- donner de la gélatine par l'ébullition, ce que ne
brication s'effectue comme pour le sulfate d'alu- fait pas la peau tannée ou cuir. L'alun sert à ef-
mine pur, seulement il n'est point nécessaire fectuer la clarification des suifs ; on l'a recom-
d'employer des argiles aussi pures quand le sul- mandé à très-petite dose pour la clarification des
fate doit être transformé en alun ; l'attaque de eaux troubles ; le carbonate de chaux contenu
l'argile par l'acide des chambres de plomb ( à dans l'eau détermine alors la production d'un
52º Baumé) peut se faire dans un four à réverbère, sous sulfate d'alumine qui , en se déposant ,
dont la sole en forme de cuvette est dallée en grès entraîne rapidement toutes les matières en sus-
dur ; on chauffe le mélange composé de 100 p. pension. L'alun calciné est employé en médecine.
d'argile calcinée et 40 p . d'acide sulfurique , à une SULFITE D'ALUMINE . - L'alumine précipitée de
température de 70° environ pendant deux jours en ses sels se dissout facilement dans l'acide sulfu
remuant très-souvent. On l'introduit alors dans des reux, ce que ne fait pas l'alumine des aluminates.
bassins doublés en plomb, où on le mélange avec Le sulfite d'alumine est extrêmement soluble
de l'eau. Il se forme une dissolution de sulfate dans l'eau ; quand on évapore sa dissolution dans
d'alumine qu'on décante et qu'on évapore . Les der- le vide sec, on obtient, d'après Berzelius, une
nières eaux de lavage , trop peu concentrées, servent masse gommeuse dont la composition n'a pas été
àlessiverde nouvelles matières. Le sulfate d'alumine examinée. La dissolution de ce sel perd de l'acide
suffisamment concentré est transformé en alun, sulfureux quand on la chauffe légèrement, et, si
PROCÉDÉ SPENCE. En 1815, M. Spence a ima- on continue jusqu'au moment où le dégagement
giné un nouveau procédé de préparation de l'alun, de gaz cesse , il se forme un précipité insoluble,
intermédiaire entre les deux derniers procédés, qui, d'après Gougginsperg , aurait pour formule
comme on va le voir. On calcine des schistes
noirs en tas, à une chaleur voisine du rouge, en SO3 (A1202)" + 4 H2O .
évitant de trop chauffer ; la calcination dure deux Ce sous-sel perdrait son eau et son acide vers 100°
jours ; on met alors la matière en digestion pen- [Ann. der Chem . u . Pharm. , t. XLV, p. 132].
dant 36 ou 48 heures avec de l'acide à 1,35 On a utilisé le sulfite d'alumine dans la fabri-
(40°Baumé environ) dans de grands vases couverts,
et l'on maintient le mélange vers 107° en chauffant terave ;du
cation sucre, pour la défécation du jus de bet-
ce sel agit alors par son acide sulfureux,
les vases à l'extérieur et en faisant arriver à l'in- qui préserve le jus de la fermentation , et par son
térieur de la vapeur d'eau produite dans des alumine, qui précipite les matières albuminoides.
bouilleurs où l'on chauffe les eaux ammoniacales Il est fâcheux qu'on ne puisse pas facilement
du gaz de l'éclairage avec de la chaux. L'alumine l'obtenir par la combinaison de l'acide sulfureux
des schistes s'attaque facilement par l'acide sul- et de l'alumine précipitée des aluminates ; car sa
furique et le bisulfate d'ammoniaque (car la li- dissolution concentrée , très-riche en alumine,
queur reste toujours acide) qui se produit par pourrait remplacer avec avantage le sulfate d'alu-
suite de l'arrivée des vapeurs ammoniacales dans mine dans beaucoup de cas.
le mélange. On fait écouler la liqueur dans des HYPOSULFATE D'ALUMINE. - On l'a obtenu en
cristallisoirs , et on l'agite constamment pour décomposant l'hyposulfate de baryte par le sulfate
obtenir de petits cristaux qu'on lave et qu'on d'alumine ; mais il se décompose, en grande partie
sèche. Les sels de fer restent dans les eaux mères. du moins, quand on évapore sa dissolution. Il est
On purifie ces cristaux d'alun par une seconde donc très-difficile de l'obtenir sous forme cristal-
cristallisation. Les cristaux sont jetés dans une line, et à cet état il est peu connu . Les sels d'alu-
trémie où de la liqueur d'eau les dissout à me- mine de la série thionique n'ont pas été étudiés
sure qu'on les ajoute ; la solution tombe immé- jusqu'ici.
diatement dans un réservoir en plomb où elle AZOTATE D ALUMINE. - On obtient ce sel en
reste pendant 3 heures et dépose une certaine dissolvant l'alumine hydratée dans l'acide azotique
quantité de matière insoluble (sous-sulfate d'alu- concentré. On évapore la liqueur en ay int soin
mine insoluble ? ). La liqueur limpide est écoulée de la maintenir fortement acide, et par refroidisse-
dans des cristallisoirs où elle cristallise . ment elle laisse alors déposer des cristaux souvent
Par l'ancien procédé (calcination et lavage des volumineux d'azotate d'alumine . Ils contiennent
schistes ) , on retirait des schistes oolithiques du 15 molécules d'eau d'hydratation (Henri Debray).
Yorkshire 1 tonne d'alun potassique et 1 tonne Ce sel est très-déliquescent , ce qui empêche
de sel d'Epsom de 60 tonnes de schistes. Par le de déterminer sa forme, qui paraît dériver du
nouveau procéd , oùl'alumine ne provient plus seu- prisme rhomboidal droit comme le composé cor-
lement du sulfate d'alumine formé pendant le respondant du sesquioxyde de fer. D'après M. De-
grillage, on retire 65 tonneaux d'alun ammonia- ville, il se décompose vers 150° en alumine et acide
cal de 50 tonneaux de schistes. azotique hydraté. Cette propriété permet de séparer
On fabriquait déjà par ce procédé, en 1862, près facilement l'alumine de la chaux ou de la magnésie,
de la moitié de la quantité d'alun ammoniacal dont les nitrates se décomposent plus difficile-
vendue en Angleterre (300 tonneaux par semaine) ment.
[Repert. de Chim. appliq. , t . IV, 1862, p. 333]. PHOSPHATES D ALUMINE. - On obtient le phos-
Usages de l'alun et du sulfate d'alumine. On phate d'alumine neutre (2 PhO , Al²) en préci-
emploie ces corps comme mordants dans la tein- pitant une dissolution neutre d'alumine par le
ture et dans les impressions sur tissus, et pour phosphate de soude ordinaire [ Rammelsberg, Pog-
la fabrication des laques employées dans la fabri- gend. Ann., t. LXIV, p. 407 j . C'est une matière
cation des papiers peints. Le collage des papiers . blanche gélatineuse, qui ,desséchée à l'air, retient
en emploie également des quantités considérables. 9 molécules d'eau. Elle est soluble dans la po-
tasse et dans les acides , excepté dans l'acide acé-
( 1 ) M. Payen fait remarquer, avec beaucoup de rai- tique. Cette propriété, que le phosphate d'alumine
son, qu'en employant, comme on le fait ordinairement, partage avec les phosphates de fer et d'urane, per-
une eau plus ou moins chargée de bicarbonate de chaux
pour dissoudre l'alun, il y a toujours un peu d'alun met de le séparer facilement des phosphates de
aluminé précipité. La perte résultant de cette cause peut chaux, de magnésie et de leurs analogues. Il suffit
aller jusqu'à 0,02 de l'alun pur à chaque dissolution . On en effet d'ajouter à la dissolution de ces divers
pourrait l'éviter en employant de l'eau préalablement phosphates dans l'acide azotique ou chlorhydrique
bouillie et déposée ( Chimie industrielle, t. I, p 255). étendu de l'acétate d'ammoniaque, pour obtenir
ALUMINIUM. - 179 ALUMINIUM .
un précipité de phosphate neutre d'alumine assez ALUMINIUM. - ALLIAGES. - Voyez les diffé-
facile à laver. rents métaux.
Lorsqu'on ajoute de l'ammoniaque à une liqueur ALUMINIUM. - RÉACTIONS ET DOSAGE DE SES
acide contenant en solution du phosphate d'alu- SELS.- Les solutions aluminiques sont générale-
mine, on obtient un précipité de phosphate plus ment acides aux papiers et présentent une saveur
basique, dont la composition est exprimée d'après astringente particulière. Elles ne précipitent pas
M. Rammelsberg [ Poggend. Ann., t. LXIV, p . 407] par les acides, et donnent, avec la potasse ou le
par la formule 4 ( Al2O3 ) , 3 Ph205. Il retient 18 sulfhydrate d'ammoniaque, un précipité blanc
inolécules d'eau à la température ordinaire et 15 volumineux de phosphate soluble dans un excès
quand on le dessèche à 100". C'est ce phosphate qui de potasse et dans les acides. Lorsqu'on calcine
se trouve combiné au fluorure d'aluminium dans au chalumeau un sel d'alumine ou l'alumine elle-
la wawellite. Ce minéral, analysé autrefois par Ber- même, qu'on humecte la masse avec du nitrate
zelius, a, d'après lui , pour composition de cobalt et qu'on chauffe fortement, celle-ci de-
vient bleu de ciel (1 ) . Ces réactions sont caracté-
A12F16 + [ (Al2O3) + (Ph² O5) 3 ] 3 + 36 H20. ristiques.
Le phosphate d'alumine peut former quelques L'ammoniaque et les carbonates alcalins don-
combinaisons avec d'autres phosphates. On con- nent un précipité qu'un excès de réactif ne fait
nait, en effet, un phosphate double naturel de pas disparaître. Le phosphate de soude donne un
magnésie et d'alumine, cristallisé en prismes précipité blanc volumineux de phosphate soluble
rhomboidaux droits dont la composition peut dans la potasse et dans les acides. Le carbonate
s'exprimer par la formule MgO, Al2O3, Ph20 . de baryte précipite même à froid toute l'alumine,
L'amblygonite est une combinaison de phos- Dans la solution d'alumine, dans la potasse, le
phate d'alumine et de lithine avec les fluorures sulfhydrate d'ammoniaque ne produit pas de
d'aluminium et de sodium qui serait représentée précipité, puisque celui qu'il forme d'ordinaire
est soluble dans la potasse ; en revanche, l'hydro-
d'après Rammelsberg par la formule assez complexe
gène sulfuré produit à la longue un précipité. Les
AleNa Li³ H+ Ph6 025 = 3 A2, 6 (MPhO )” ,H ,O " . sels ammoniacaux précipitent les dissolutions al-
calines d'alumine.
Le même savant a aussi analysé un sel double On dose l'aluminium à l'état d'alumine
d'alumine et de lithine, qui se précipite de la dis- (A1208 × 0,534 = A1º)
solution de phosphate d'alumine dans la potasse, et on isole celle-ci en précipitant les solutions ,
quand on y ajoute un sel de lithium. Ce sel aurait
pour formule privées d'acide phosphorique, par le sulfhydrate
d'ammoniaque , l'ammoniaque , l'hyposulfite de
Al2Li12 Ph6O2 + 30 H2O soude ou le carbonate d'ammoniaque , et en cal-
= AI, 6 (Li PhO4) +30 H2O ; cinant le précipité. Lorsqu'on se sert d'ammo-
niaque, il faut opérer en présence des sels ammo-
mais, ainsi que le fait remarquer Berzelius [ Rapp. niacaux, ne pas ajouter un trop grand excès
annuel, 7 année, p. 128], il manque 2 % de d'ammoniaque et prendre des liqueurs assez
lithine pour que le résultat de l'analyse corres- concentrées. Ces précautions empêchent une
ponde à la formule ; aussi considère-t-il comme redissolution partielle , mais sensible. On ne doit
probable que le sel analysé était un mélange. pas oublier non plus que le sucre , l'acide tar-
La childrenite et la turquoise sont aussi des trique, etc., empêchent la précipitation . On chauffe
phosphates doubles , le premier d'alumine et de fer jusqu'à ce que l'odeur ammoniacale ait disparu ,
(ou de manganèse), le second d'alumine et de cuivre. avant de recueillir le précipité.
L'analyse des phosphates d'alumine présente Le sulfhydrate d'ammoniaque est le meilleur
des difficultés particulières qui tiennent surtout réactif pour précipiter l'alumine, mais il ne faut
à la séparation de l'alumine et de l'acide phos- pas qu'il y ait en présence d'autres métaux pré-
phorique. On peut cependant effectuer assez exac- cipitables. L'hyposulfite de soude donne, avec les
tement cette séparation, en dissolvant le phos- se's d'alumine, un sel de soude, de l'anhydride
phate d'alumine dans l'acide azotique, ajoutant sulfureux, de l'alumine et du soufre. Il faut opé-
de l'acide tartrique et saturant par l'ammoniaque ; rer dans une liqueur ne contenant pas plus de
l'alumine reste alors en dissolution , et l'on peut 1 décigramme d'alumine pour 50 centimètres cubes
précipiter l'acide phosphorique de cette liqueur et faire bouillir jusqu'à ce que toute odeur sul-
par les sels de magnésie. Le phosphate ammo- fureuse ait disparu . Le précipité se dépose bien
niaco-magnésien entraîne bien avec lui un peu et se lave facilement . Calciné, il perd tout son
d'alumine, mais cette cause d'erreur n'a qu'une soufre et donne l'alumine. Si l'on avait du fer ou
influence insignifiante sur la valeur du résultat du manganèse en présence, ils resteraient en
par suite de la dissolution d'une petite quantité solution (Chancel) .
de phosphate magnésien dans le lavage de ce sel. On sépare l'alumine d'avec le zinc , le nickel et
Le même procédé s'applique au phosphate de fer, le cobalt en ajoutant du carbonate de soude, puis
et il paraît, d'après Knapp [ Zeitschr. f. Chem., du cyanure de potassium . On laisse digérer à
froid, et tous les carbonates se dissolvent. L'alu-
1. II, p. 151 ] , qu'il convient mieux au fer ou aux mine est recueillie sur un filtre , mais ne peut
mélanges trés-fréquents de phosphates de fer et
d'alumine qu'au phosphate d'alumine pur. être pesée qu'après dissolution par un acide et
Le phosphite et l'hypophosphite d'alumine reprécipitation, car elle retient de l'alcali. On la
sont peu solubles dans l'eau, ils ont été peu étu- sépare du fer et du manganèse en précipitant les
diés jusqu'ici . solutions chlorhydrique ou sulfurique étendues
CARBONATE D'ALUMINE. Lorsqu'on précipite de façon à ne contenir que 1 décigramme d'oxyde
une dissolution d'alumine par les carbonates de pour 50cc par l'hyposulfite de soude.
potasse ou de soude, on obtient un précipité con- Les métaux du troisième groupe sont séparés
tenant à la fois de la potasse ou de la soude et de tous ensemble en traitant le mélange par la po-
l'acide carbonique et de l'alumine hydratée ; mais tasse en présence de l'acide tartrique . On ajoute
on n'a pas réussi jusqu'ici à préparer le carbonate du sulfure de sodium, on décante après repos et
d'alumine bien exempt d'alcali . Une dissolution on filtre en lavant avec de l'eau chargée de sulfure
de carbonate d'ammoniaque, versée dans les sels (1 ) Si le composé fondait au chalumeau , la pro-
d'alumine, en précipite de l'hydrate d'alumine duction d'un globule bleu ne serait pas caractéristique
ordinaire. H. D. de l'aluminium.
180 - ALUNS .
ALUN .
n
L'alu à base de cæsium
de sodium . La liqueur contient l'aluminium et le
e
chrom seule ment . On les sépare en chauffant la (SO4)3 A12 + SO¹ Cæ² +24 H2O;
liqueur avec du nitre et fondant le résidu et L'alun à base de thallium
opérant de la façon indiquée à l'article CHROME.
Pour les acides et les autres métaux , voyez ces (SO4)3A12 + SO TI² + 24 H2O;
acides x . YLE et ALUMINIUM MÉ- G. S. L'alu n de manganèse à base de potasse
ALUet MINcesIUM
métau ETH
(SO4)3 Mn2 + SO4K² + 24 H2O ;
THYLE . - Voyez ETHYLE et MÉTHYLE .
ALUN (Min .) . [ Syn . Alumine sulfatée alcalineH. ] L'alun de chrome à base de potasse
L'alun potassique se trouve en efflorescences ou (SO )³ Cr² + SO K² +24 H2O;
en masses fibreuses dans des schistes alumineux ;
il se forme aussi dans les houillères embrasées et L'alun de chrome à base d'ammoniaque
dans les solfatares. L'alun sodique a été rencontré (SO ) Cr² + SO¹ (Az H )2 + 2 H2O ;
en croûtes fibreuses dans les solfatares à Naples , n de fer à base de potasse
à Milo , etc. L'al ammo un niac al s'est trou vé dans L'alu
les lignites de Tschermig (Bohême) et dans le (SO4)3 Fe² + SO¹K² + 24 H²O ;
cratère de l'Etna. L'alun de fer à base d'ammoniaque
ALUNITE (Min .) . [Syn. Alumine sous-sulfatée (SO¹³ Fe² + SO¹ (Az H¹ )² + 24 H2O;
alcaline , alaunstein .] Sous-sulfate d'alumine et
L'alun de fer à base de thallium
de potasse : 4SO (SO ) Fe² + SO¹TI² + 24 H²O ;
K2 08
3 A1203, K20 , 4 SO³ + 6 H2O = 3 A12 Et l'alun sélénique
(SeO3 A12 + Se O¹ K² + 24 H2O .
H12 /012
Substance pierreuse se trouvant quelquefois On a préparé plusieurs aluns à base organique ;
en masses cristallines , de couleur grise, rou- ce sont l'alun de triméthylamine [ Reckenschuss ,
geâtre ou jaunàtre ; au Mont-Dore, à la Tolfa Ann. der Chem . u. Pharm . , t . LXXXIII , p. 344],
l'alun d'éthylamine [ Kenner et Sthamer, ibid. ,
(Etats romai ns ) , etc. t. XCI , p . 172], et les aluns de méthylamine et d'a-
Partiellement soluble dans l'eau après calcina- mylamine [Titus von Alt , Ann. der Chem. u.
nt
tion en donna de l'alun .
Infusible au chalumeau . Dureté , 3,5-4.- Den- Pharm ., t. XV (nouv. sér.) ].
On a préparé en outre un certain nombre de
sité,
For 2,58-
me 2,75
crist .
allin e : Rhom boèd re de 89° 10 ' . Cli- comp osés mixt es en méla ngea nt les aluns en di-
F. et S. verses proportions . On sait, par exemple, qu'un
vage : a¹. mélange d'al de chroun me et d'alun ordinaire ne
ALUNOGENE (Min .) . [Syn . Alun de plume , e qu'une seule espèce de cristaux contenant
hite e até donn
halotric .] Sulfate d'alumin hydr :
à la fois de l'alumine et de l'oxyde chromique en
Al2 S3012 + 18 H2O . proportions quelconques . On sait également que
Masses fibreuses ou écailleuses d'une saveur âpre l'on favorise la productiion on de certains aluns, en
qui se trouve dans les solfatares . Translucide , ajoutant à leur dissolut une certaine quantité
e
d'alun ordinair . Ains les aluns de fer à base
i
très-soluble . Dureté , 1,5-2. Densité , 1,6-1,8 . de thallium s'obtien nent plus facilement en cris-
ALUNS . -- On donne le nom d'aluns à une
série remarquable de composés , dont l'alun de taux volumineux quand l'alumine y remplace une
quantité correspondante d'oxyde ferrique [Nicklės,
potasse (SO ) A12SO4 K² + 24 H2O Journ . de Pharmi ., février tre 1864 , p . 142].
On peut auss faire croi un cristal d'alun
== 3 (SO³) A12 0³ + SO3 K2O + 24 H2O de chrome dans une dissolution saturée d'alun
s
est le type . Ces corp , plus ou moin solu s bles dans ordinaire , ou inversement . Dans le premier cas,
l'eau, cristallisent facilement en octaédres régu- l'alun de chrome forme le noyau coloré d'un cristal
liers . Ils ne diffèrent du composé normal que de même forme dont les couches extérieures sont
parce que l'alumine et la potasse peuvent y être incolores . Ce fait, constaté autrefois par Gay-
remplacées en totalité ou en partie par leurs iso- Lussac , s'explique tout naturellement par l'iso-
morphes . Ainsi on peut substituer à l'alumine , les morphisme des deux substances .
e
sesquioxydes de fer , de manganès ou de chrome , Les minéralogistes ajoutent à la liste déjà nom-
es
et à la potasse, ses isomorph , la soud , l'oxyde e breuse des aluns quelques sulfates doubles de
d'ammonium , les oxydes des ammoniums compo- composition analogue . Ce sont les aluns de ma-
sés, et les oxydes de rubidium , de cæsium et de gnésie , de manganèse (Apjohnite) et l'alun de
thallium . La lithine est donc le seul des oxydes fer ou alun de plume . Mais il ne paraît pas que
alcalins qui ne puisse former d'aluns. cette assimilation soit acceptable . Ces composés ,
L'acide sélénique , isomorphe de l'acide sulfu- extrêmement solubles dans l'eau, ne cristallisent
rique, peut aussi donner des aluns peu étudiés jamais en octaèdres réguliers , ou sous toute autre
jusqu'ici , car on ne connaît encore qu'un alun forme dérivée du cube ; ils sont mal cristallisés
sélénique , et il est même probable qu'on en obtien- et se présentent d'ordinaire en fibres soyeuses
drait avec l'acide tellurique ; mais il ne paraît pas analogues à l'amiante . Robert Kane, qui a ana-
que l'on ait tenté jusqu'ici de produire de tels com- lysé avec Apjohn le soi-disant alun de manganèse ,
posés [ R. Weber , Poggend . Ann ,, t. CVIII , p . 613] · lui assigne d'ailleurs une composition un peu
Les aluns simples actuellement connus sont : différente de celle des aluns [ Suite des recherches
sur la nature et la constitution des composes
L'alun ordinaire d'ammoniaque . Ann. de Chim . et de Phys.,
(SO ) Al2 + SO‘K² + 24 H²O ; t. LXXII , p. 368 , 1839] . Il contiendrait en effet,
L'alun de soude d'après ce savant , 25 équivalents d'eau, comme
le sulfate double d'alumine et de zinc corres-
(SO ) Al + SO Na² + -24 H2O; pondant, de sorte que ces sulfates doubles ré-
L'alun ammoniacal sulteraient de l'union du sulfate d'alumine à 18
équivalents d'eau avec un sulfate de la série ma-
(SO3A12+ SO (Az H )2 +24 H2O;
L'alun à base de rubidium gnésienne à 7 équivalents d'eau :
([SO¹³AI² +18 H2O) + (SO¹ Zn + 7 H²O).
(SO4)3 AI + SO Ru² + 24 H2O;
AMALGAME. - 181 — AMANITINE.
Mais lors même qu'il serait démontré que leur alliages en général, doivent être considérés comme
hydratation est la même que celle des aluns, il n'y des combinaisons cristallisables, en proportions
aurait encore aucune raison sérieuse d'assimiler définies, dissoutes dans un excès de mercure ou
ces deux séries de corps. Car on ne compren- mélangées avec un excès d'autre métal. M.D.
drait pas pourquoi les aluns ordinaires à base de AMANITINE . [ Syn . Agaricine. ] - Substance
potasse ou d'ammoniaque, que l'on produit indus- particulière découverte par Letellier dans l'Agari-
triellement dans des liqueurs contenant des sul- cus muscarius et l'Agar. bulb. , étudiée depuis par
fates de protoxyde de fer et de magnésie, ne Apaiger et Wiggers [ Letellier, Magazine f. Pharm .,
contiennent jamais de protoxyde de fer ou de t. XVI , p. 137. - Buchner's Repertor. , t. VII ,
magnésie substitués à une quantité équivalente p. 289. Canstatt's Jahresber , 1851 , p. 23].
de potasse ou d'ammoniaque. Pour l'extraire, on soumet à la presse les agarics
Ajoutons que rien, dans les faits connus , n'au- dont il vient d'être question ; le résidu est repris
torise à supposer dans aucun cas l'isomorphisme par l'eau et pressé de nouveau. On fait bouillir
des oxydes alcalins d'une part et des oxydes du les liqueurs pour coaguler l'albumine, puis on
groupe magnésien de l'autre. H. D. ajoute de l'acétate de plomb; on filtre, on ajoute
AMALGAME (Min .) . [Syn . Mercure argental.] - du sous-acétate de plomb et l'on filtre de nouveau.
Amalgame d'argent en proportions variables La solution limpide, débarrassée de l'excès de
Ag2 Hg2 ou Ag2 Hg3. Cristaux dodécaédriques plomb par l'hydrogène sulfuré, est neutralisée par
brillants, métalliques, d'un blanc d'argent , ou l'ammoniaque si elle est acide , et précipitée
masses compactes. par le tannin. Ce tannate , décomposé par la
chaux, est traité par l'alcool fort qui dissout l'a-
manitine. On neutralise par l'acide sulfurique, et
l'on évapore à consistance sirupeuse ; on reprend
par un mélange de 2 p. d'alcool et 1 p. d'éther, et
finalement cette solution filtrée est mélangée à de
l'eau , concentrée et distillée avec de la baryte.
L'amanitine est liquide , d'une odeur repous-
sante, rappelant un peu celle de la conine, vola-
tile sans décomposition, très- soluble dans l'eau,
67 à laquelle cependant elle est enlevée par l'alcool
et l'éther. Les acides, les alcalis et les terres alca-
lines ne la séparent pas de l'eau. Elle donne des
combinaisons blanches, insolubles, avec le tannin,
le bichlorure de mercure, l'acétate de plomb. Elle
Fig. 19. Amalgame. réduit le chlorure d'or. On ne connaît pas la com-
position de l'amanitine, qui ne paraît pas avoir
Caractères. Donne du mercure dans le tube. été obtenue encore dans un état de pureté ab-
Frotté sur du cuivre, le blanchit. solue.
Dureté, 3-3,5. Densité, 10,5-14. Selon Letellier , l'amanitine est un poison vio-
Forme cristalline : Dodécaèdres rhomboidaux lent, et c'est à elle qu'on doit attribuer les pro-
du système régulier, portant un grand nombre priétés toxiques des champignons. Selon Apaiger
de facettes modifiantes. et Wiggers, ces propriétés toxiques appartiennent
AMALGAMES. - Alliages dont le mercure est à un acide particulier qui accompagne l'amanitine
l'un des constituants. Les amalgames sont faci- dans les agarics, et dont on la débarrasse par le
lement fusibles , doués de l'éclat métallique , premier traitement à l'acétate de plomb. CH. L.
cassants , grenus par suite de leur structure cris- AMARINE, (C7 H6)3Az . [Syn . Benzoline, hy-
talline ; plusieurs même sont nettement cristalli- drure d'azobenzoiline] [Laurent, Ann. de Chim.
sés avec des formes déterminables , parmi les- et de Phys., t. I, (3), 306. - Compt. rend.,
quelles prédominent l'octaèdre régulier. Quand des trav. de Chim. , 1845, p. 33.- Fownes, Ann.
leur consistance est simplement butyreuse ou der Chem. u. Pharm., t. LIV, p. 363. ] - L'ama-
fluidecomme le mercure, c'est qu'ils renferment un rine, isomère de l'hydrobenzamide , provient de
excès de ce dernier, dont on peut les séparer au la transformation moléculaire de celle-ci sous
moyen d'une peau de chamois ou par une distil- l'influence de la chaleur ou de la potasse bouil-
lation ménagée. Les amalgames de fer et d'anti- lante. Suivant Laurent, qui l'avait d'abord appelée
moine se décomposent spontanément ; ceux qui hydrure d'azobenzoiline, l'amarine se prépare
contiennent un métal alcalin sont altérés par l'air par l'action de l'ammoniaque sur l'essence
humide avec production d'alcali libre ou carbo- d'amandes amères , de la manière suivante :
naté; ils décomposent l'eau en amenant un dé- On fait dissoudre l'hydrure de benzoile dans l'al-
gagement régulier d'hydrogène, dont l'état nais- cool, et on y fait passer un courant de gaz ammo-
sant est souvent utilisé en chimie organique pour niac jusqu'à saturation. Le mélange, abandonné à
obtenir des réductions à la température ordinaire. lui-même pendant 24 ou 48 heures, se prend en une
La chaleur détruit tous les amalgames en volati- masse cristalline, composée de grandes sphères ra-
lisant le mercure ; souvent il est nécessaire de diées. Le tout est additionné d'eau, soumis à l'ébul-
chauffer jusqu'au rouge pour arriver à ce résultat. lition jusqu'à ce qu'on ait éliminé la majeure partie
Les métaux très-peu fusibles, comme le fer, le de l'alcool, et la liqueur encore chaude est saturée
cobalt, le nickel et le chrome, par exemple, s'u- d'acide chlorhydrique. Il se dépose des matières
nissent difficilement avec le mercure. L'amalga- huileuses , mélées d'aiguilles d'acide benzimique
mation, d'une manière générale, s'effectue, suivant et il reste en solution du chlorhydrate d'amarine ;
les cas, soit directement à froid ou à chaud, soit on lave les matières huileuses à l'eau bouillante
indirectement par l'intermédiaire d'un autre amal- pour leur enlever les dernières traces de ce sel.
game, ou par voie électrolytique ; la combinaison La solution du chlorhydrate est neutralisée par
directe est souvent accompagnée d'un vif dégage- l'ammoniaque, et il se produit un précipité cris-
ment de chaleur. tallin d'amarine. On purifie cette base en la trans-
A l'exception de celui d'étain, les amalgames formant de nouveau en chlorhydrate, et en préci-
n'ont guère d'emploi dans les arts. On n'a encore pitant la solution alcoolique bouillante de celui- ci
trouvé jusqu'à présent dans la nature d'autres par l'ammoniaque. Par le refroidissement, l'ama-
amalgames que ceux d'or et d'argent. rine se dépose en belles aiguilles tout à fait pures.
Les amalgames ordinaires, comme les autres Lorsqu'on expose l'hydrobenzamide pure , pen-
- 182 --- AMBLYGONITE .
AMARINE.
L'iodhydra sedépose de sa solution alcoolique,
te
dant 3 ou 4 heures, à une température de 120° à sous forme d'aiguilles soyeuses, rayonnées ; l'iod-
130°, on obtient par le refroidissement une masse te de diéthyl- amarine
vitreuse d'amarine , qu'on purifie comme dans le hydra
procédé précédent [ Bertagnini , Ann. der Chem. u. C21 H16 (C2H3 )2 Az², HI
Pharm., nouv . sér ., t. XII , p. 12. Ann . de est plus soluble dans l'eau et dans l'alcool, pres-
Chim. et de Phys . , (3), t . XLI, p. 193]. que insoluble dans l'éther ; il fond vers 205°. Tous
Maintenue en ébullition pendant quelques les deux se produisent dans l'action de l'iodure
heures avec une solution de potasse, l'hydroben- d'éthyle sur l'amarine (Borodine).
zamide se métamorphose également en amarine, NITRAMARINE [ Bertagnini , Ann. der Chem . u.
qui se dépose sous forme d'un gâteau résineux Pharm ., t. LXXIX , p. 175 . Ann . de Chim . et
(Fownes). de Phys., 1851 , (3), t. XXXIII , p. 479] ,
Le sulfite de benzoil -ammonium desséché, et
mélangé avec 3 ou 4 fois son poids d'hydrate de C21 H15 ( AzO³)³ Az².
chaux bien sec, donne de l'amarine qui distille, Ce composé , qui représente l'amarine trinitrée ,
quand on chauffe le bain d'huile entre 180° et est le produit de la transformation moléculaire de
200°. Il se produit en outre des cristaux de l'hydrobenzamide trinitrique , son isomère .
lophine qui se condensent sur la voûte et la panse Lorsqu'on chauffe celle-ci avec une solution de
de la cornue [ Gossmann , Ann . der Chem. u. potasse , formée de 1 volume de lessive de potasse
Pharm., nouv. sér. , t. XVII, p. 319. Ann. de à 46° Baumé , et de 50 volumes d'eau , il se pro-
Chim. et de Phys. , (3), t. XLV, p. 123] . duit une matière brune, semi-fluide , qui par le
idissement devient cassante . C'est la nitra-
En faisant réagir l'aldéhyde benzoique sur la refro
toluylène-diamine à 100°, M. H. Schiff a obtenu marine mêlée d'impuretés . On l'obtient pure en
un corps cristallin isomère de l'hydrobenzamide , dissolvant à chaud le produit brun dans l'alcool ,
qui, chauffé à 150° pendant un jour, se transforme additionné de peu d'éther , et en versant dans
en amarine [H. Schiff, Compt . rend. de l'Acad. , cette solution de l'acide chlorhydrique . Il se dé-
1865, t. LX, p . 913. - - Bull. de la Soc. chim., pose presque instantanément de petites aiguilles
blanches et brillantes de chlorhydrate de nitra-
1865, t. IV, p. 221].
L'amarine est presque insipide, mais peu à marine , qu'on purifie par des lavages à l'alcool
peu elle offre une légère amertume ; elle bleuit le tiède, et qu'on dissout ensuite dans l'alcool am-
papier de tournesol humide. Elle est insoluble moniacal . L'alcool évaporé , on lave le résidu à
dans l'eau, soluble dans l'alcool bouillant et dans l'eau pour enlever le sel ammoniacal , et on fait
l'éther. La solution alcoolique la laisse déposer recristalliser la nitramarine dans l'alcool . - L'hy-
sous forme d'aiguilles à 6 pans, dont les bases drobenzamide trinitrique chauffée entre 125° et
sont remplacées par 2 ou 4 facettes conduisant à 150° se transforme en nitramarine , sans forma-
l'octaèdre rectangulaire. Elle est fusible ; par le tion de produits ecolorés.
refroidissement, elle se prend en une masse radiée. La nitramarin se présente sous la forme de
Une chaleur plus élevée la décompose ; il se dé- petits mamelons blancs ; elle fond en partie dans
gage de l'ammoniaque, une huile très-volatile et l'eau bouillante, qui en dissout une petite quantité;
une matière cristallisée, qui paraît être de la lo- la solution est légèrement alcaline. Elle est assez
phine (pyrobenzoline de Fownes). - Par l'action soluble dans l'alcool bouillant , et dans l'éther,
d'un mélange d'acide sulfurique, de bichromate très-soluble dans un mélange de ces deux corps.
de potasse et d'eau , l'amarine est vivement atta- La solution alcoolique a une saveur très-amère,
quée à l'ébullition , et il se produit une grande les sels sont plus amers encore. Le bichlorure de
quantité d'acide benzoique. platine et le chlorure mercurique la précipitent .
L'amarine, chauffée pendant plusieurs heures de Les sels de nitramarine sont peu solubles dans
80° à 100° avec une molécule d'iodure d'éthyle, se l'alcool , insolubles dans l'eau. Le chlorhydrate se
concrète en une masse jaune, soluble dans l'al- forme par l'addition de l'acide chlorhydrique à la
cool à 60º. La solution lente dépose par évapora- solution alcoolique de nitramarine ; il se dépose
tion des aiguilles soyeuses d'iodhydrate d'amarine, en petites aiguilles brillantes . Presque insoluble
et plus tard des prismes rhomboidaux d'iodhydrate dans l'alcool froid, il se dissout en petite quantité
de diéthyl-amarine de la formule dans l'alcool concentré et bouillant . L'azotate cris-
tallise en aiguilles de l'alcool bouillant, dans lequel
C21 H16 (C2H5)2 Az² HI. il est plus soluble que le chlorhydrate .
[Borodine, 1859, Bull. de l'Acad. de Saint-Péters- CONSTITUTION DE L'AMARINE. L'amarine peut
bourg, t. XVI, p. 58. Ann. der Chem . u. être considérée comme la tritoluylène- diamine,
Pharm ., nouv. sér. , t. XXXIV, p . 78. - Répert. et son isomérie avec l'hydrobenzamide peut être
de Chim. pure, 1859, p. 442.] expliquée par les formules suivantes :
Les sels d'amarine sont peu solubles ; l'acétate (C6H5 CH)3 Az²?
fait cependant exception . Le chlorhydrate (CH³, C6 H3,3 Az²
Amarine. Hydrobenzamide .
(C7H6) Az², HCI C6H5, CH étant le radical (benzylène ou benzyli-
est peu soluble dans l'eau bouillante, qui le laisse dène) de l'essence d'amandes , amères et du chlo-
cristalliser en aiguilles très-brillantes. Lorsqu'on robenzol, tandis que CH³, CH³ est le toluylène ,
traite l'amarine par l'acide chlorhydrique, il se homologue du phénylène. E. G.
forme une matière huileuse qui par la dessiccation AMBLYGONITE (Min .) . Fluo-phosphate d'alu-
se solidifie et constitu e une matière incolore, amor- mine, de lithine et de soude. Renferme , d'après
phe , soluble dans l'éther et l'alcool à l'ébullition . Rammelsberg (Poggend., t. LXIV , p. 265) :
Le chloroplatinate 2 [ (C7 H63 Az2 , H Cl ] , Pt Cl Fluor...... 8,11
s'obtient en versant à l'ébullition du bichlorure
de platine dans une solution étendue d'amarine Acide phosphorique .. 47,15
Alumine.. 36,62
dans l'alcool. Lithine... 7,03
L'azotate s'obtient en versant sur l'amarine de Soude... 3,29
l'acide azotique étendu d'eau , et faisant dissoudre Potasse.. 0,43
dans l'eau bouillante le produit amorphe. Il cris- 102,63
tallise alors en prismes microscopiques par le re-
froidissement de la liqueur . Le sulfate cristal- Formule déduite de ces nombres :
lise en prismes incolores. L'acétate est fort VI
Al® Na Li³ F14 P6 (25 = 3 A1².6 (M′ PO¹)" , F¹¹,O" .
soluble, et constitue une masse gommeuse.
AMBRE. 183 -- AMBRE.
Masses cristallines blanches ou verdâtres , sub- Cet acide renferme de l'azote : Pelletier lui
translucides, d'un éclat vitreux ; se trouve dans le donne pour composition :
granite, avec topaze, ou avec lépidolithe. Carbone 51,96
Caractères. - En poudre fine, difficilement so- Hydrogène . 7,07
luble dans l'acide chlorhydrique. Dans le matras, Azote.. 8,59
à une forte chaleur, donne de l'eau qui corrode le Oxygène . 32,37
verre. Fond aisément, au chalumeau , en un verre 99,99
qui devient opaque par le refroidissement. Hu- CH. L.
mecté d'acide sulfurique , communique à la
flamme une coloration vert-bleuâtre. AMBRE JAUNE ( succin ). L'ambre jaune
Dureté, 6. Poussière blanche. Densité , 3,05-3,11. ou succin est probablement un baume durci,
Forme cristalline. Prisme clinorhombique : qui a dû exsuder de certains végétaux antédilu-
mt=135° ; pm = 105° ; pt = 88° 30' (Des Cloi- viens. On le recueille spécialement sur les bords
zeaux). de la mer Baltique, mais on le trouve en beau-
Clivages : p facile, éclat nacré ; m plus difficile, coup d'autres endroits, dans les terrains de
éclat vitreux ; t indistinct. F. et S. lignites.
AMBRE GRIS. - Diverses substances ont été C'est un corps jaune, transparent (quelquefois
désignées sous ce nom. - Autrefois, on nommait opaque et blanc), dur, cassant, inodore, insipide.
ainsi un mélange de plusieurs résines ou baumes D. = 1,065 ; 1,080-1,089 ( Ure) . Il acquiert par
odorants et l'on s'en servait beaucoup en parfu- le frottement une électricité résineuse très- mar-
merie. Aujourd'hui l'on donne ce nom à une quée (ἠλεκτρον).
substance dont l'origine est assez obscure, mais Il est insoluble dans l'eau , très-peu et seule-
qui paraît être une concrétion intestinale du ment partiellement soluble dans l'éther, l'alcool,
cachalot. - On la rencontre dans les pays très- le chloroforme , les huiles grasses , les huiles es-
chauds , à la surface de la mer ou sur les côtes ; sentielles ; insoluble dans l'essence de cajeput (ce
elle nous vient principalement de Madagascar, qui le différencie du copal [Napier Draper, Chem .
Java, Surinam . news., avril 1862] . Il est assez soluble et en tota-
C'est un corps opaque gris, veiné de noir et de lité dans un mélange d'alcool et d'essence de téré-
jaune; on y remarque souvent des parties dures, benthine chauffé en vase clos [ Dakin , Ann. der
osseuses et qui semblent être des arêtes ou des Chem . u. Pharm . , t . XIII , p . 361 ] . - Suivant Ber-
ossements de poisson . Son odeur est douce et zelius, les matières qui sont solubles dans l'éther
pénétrante. Sous l'influence d'une température et l'alcool sont des impuretés , le résidu de ces
peu élevée, il se ramollit, puis fond ; il brûle avec dissolutions constitue la portion essentielle, le bi-
une flamme fuligineuse; à la distillation sèche, tume de succin [ Ann . de Poggend. , t. XII, p , 419 ;
il donne de l'acide benzoique. t. XIII, p. 93 ] . - Ce bitume présente la compo-
Il est peu soluble à froid dans l'alcool, mais s'y sition du camphre des laurinées (?) [ Schrotter et
dissout bien à chaud ; il est très-soluble dans l'é- Forchhammer , Handwært. d . Chem . v. Liebig,
ther, les huiles grasses et les huiles essentielles, Poggend. u. Wohler, supplément, p. 535] . Il ne
AMBREINE. [ Pelletier et Caventou , Journ. de produit pas d'acide succinique par distillation.
Pharm., t. VI, p. 50. Pelletier, Ann. de Phys. Quand on chauffe le succin dans une cornue,
et de Chim., t . LI, p. 187.] - Partie constituante il fond , se boursoufle considérablement et laisse
de l'ambre gris, d'où on l'extrait par l'alcool bouil- dégager de l'eau, de l'acide succinique, une huile
lant. Par refroidissement il se dépose des cris- (voyez plus bas) et de l'hydrogène carboné : bien-
taux qui, après purification , constituent l'ambréine. tôt le boursouflement diminue, et en même temps
Certains ambres gris en renferment jusqu'à 85 %. on observe qu'il ne se dégage plus d'acide succi-
Aiguilles groupées en mamelons, d'un blanc nique. Si on continue à chauffer, le résidu ne
éclatant, inodores , insipides , fusibles à 35º et tarde pas à bouillir vivement en donnant nais-
se sublimant sans résidu à 100° . L'ambréine est sance à une grande quantité d'huile, et finale-
insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool , l'éther, ment, si l'on pousse la température jusqu'au point
les huiles grasses ; elle est inattaquable par les de fusion du verre, il se sublime une substance
alcalis, dans lesquels elle est insoluble. L'acide jaune, cireuse [ Pelletier et Walter, Ann. de Chim.
nitrique la transforme en acide ambréique. et de Phys., (3) , t. IX, p. 89].
Elle présente beaucoup d'analogie avec la cho- Si l'on ajoute de l'acide sulfurique au succin
lestérine. avant de le distiller, on obtient un meilleur ren-
Pelletier a trouvé qu'elle renferme : dement en acide succinique [ Bley et Diesel, Ar-
chiv. f. Pharm. , (2) , t. LV, p. 175] . L'acide sul-
Carbone.. 83,37 furique concentré dissout le succin pulvérisé ; l'eau
Hydrogène . 13,32 précipite la solution , mais il reste en dissolution
Oxygène.... 3,1 un corps sulfoconjugué (Unverdorben).
100,00 Quand on fait bouillir le succin par petites por-
tions avec de l'acide nitrique, il se dissout à la
ACIDE AMBRÉIQUE. [Pelletier et Caventou , Journ. longue ; la liqueur abandonne par refroidissement
de Pharm., t. VI, p. 50. - Pelletier, Ann. de le douzième environ du poids du succin en acide
Phys. et de Chim ., t. LI, p. 187.] - - C'est le succinique. Il se volatilise en même temps une
produit de l'oxydation de l'ambréine. On fait substance blanche analogue au camphre des lau-
bouillir l'ambréine avec de l'acide nitrique tant rinées (Dopping) . Cette même substance se forme
qu'il se dégage des vapeurs nitreuses , on concentre, quand on fait bouillir le succin avec de la soude
puis on étend d'eau et l'on sature par du carbo- caustique (Reich). Suivant Berthelot et Buignet,
nate de plomb ; le nitrate de plomb est enlevé c'est du camphre de Bornéo C10 H18 O que l'on
par des lavages à l'eau et l'on obtient l'acide am- obtient dans ces circonstances, et il est probable
bréique comme résidu ; on le purifie par dissolu- que c'est un éther de cet alcool qui préexiste dans
tion dans l'alcool. le succin [Compt. rend. , 19 mars 1860].
C'est un corps solide , cristallisant en petites E. Baudrimont a observé que le succin ren-
tables d'un jaune pâle, peu solubles dans l'eau, ferme toujours une certaine quantité de soufre,
solubles dans l'alcool et l'éther. Il fond à 100º . dont on constate facilement la présence en sou-
Il donne avec les alcalis des sels jaunâtres très- mettant un papier imprégné d'acétate de plomb
solubles, incristallisables ; il forme avec les autres aux vapeurs provenant de la distillation du succin.
bases des sels jaunes peu solubles ou insolubles. La quantité de soufre contenu dans l'ambre est
AMENDEMENT. 184 AMIDES.
variable certaines sortes en renferment près de pour les carbonates de potasse et d'ammoniaque
1/2 % (Bull . de la Soc. chim. , 164, t. I, p. 328] . provenant de la décomposition des roches feld-
Usages. - Le succin est employé dans la fabrí- spathiques ou des matières animales ; il ajoute
cation d'objets d'ornement ; on le travaille au alors du plâtre qui transforme les carbonates en
tour.Il sert aussi dans la préparation des vernis . sulfates, et permet aux alcalis de quitter les cou-
PRODUITS DE LA DÉCOMPOSITION DU SUCCIN PAR ches superficielles du sol où elles ont été amenées
LA CHALEUR. — L'huile de succin est un mélange de par les engrais ou mises en liberté par les agents
plusieurs hydrocarbures, qu'on peut purifier par atmosphériques pour gagner les couches plus pro-
les alcalis et l'acide sulfurique. L'un de ces hydro- fondes où les racines de quelques plantes vivaces
carbures a pour composition C18 H28; d'autres vont puiser leur nourriture.
présentent la composition de l'essence de téré- On désignait autrefois sous le nom d'amende-
benthine. ment toutes les matières minérales ajoutées au sol
On se servait autrefois de l'huile de succin arable, mais quelques-unes d'entre elles doivent
dans la préparation de certains parfums : l'eau être considérées comme de véritables engrais ; c'est
de luce est un mélange de 1 p. d'huile de succin , ainsi que les phosphates, les nitrates, etc., qui
de 24 p. d'alcool à 0,830 et de 96 p. d'ammoniaque sont absorbés par les plantes au même titre que
caustique. L'eau de luce additionnée d'acide ni- l'acide carbonique ou l'ammoniaque, doivent être
trique donne naissance à un précipité résineux rangés dans la même classe de matières fertili-
d'une odeur de musc et connu sous le nom de santes; nous réserverons donc, comme nous l'avons
musc artificiel. dit plus haut, le nom d'amendements aux sub-
La substance jaune, cireuse , est un mélange de stances qui modifient les matières accumulées dans
divers produits. On la fait bouillir pendant quel- le sol et favorisent leur solubilité et par suite leur
que temps avec de l'eau, elle devient alors lisse assimilation. Voyez CHAULAGE , MARNAGE , Pla-
et présente une cassure cristalline : un traitement TRAGE. P.-P. D.
à l'éther enlève une impureté résineuse et l'on AMETHYSTE. - Voyez QUARTZ.
obtient alors des paillettes jaunes, cristallines , AMÉTHYSTE ORIENTALE. -Voy. CORINDON.
qui par des traitements successifs à l'éther et à AMIANTE. - Voyez ASBESTE.
l'alcool se scindent en deux matières : 1º une AMIDES. Ce sont des corps qui résultent
matière jaune, identique probablement avec le de la substitution d'un radical acide à l'hydro-
chrysène , pulvérulente, très-peu soluble dans gène de l'ammoniaque. On les divise en mona-
l'alcool et l'éther, fusible à 230° , volatile au - des- mides, diamides, triamides, etc. -- Voyez AMMO-
sus de cette température, mais non sans décom-. NIAQUE (DÉRIVÉS DE L').
position partielle ; elle est transformée par l'acide
nitrique en une résine jaune-rougeâtre , soluble MONAMIDES.
dans l'acide sulfurique chaud avec une couleur
bleue teintée de vert ; - 2º une matière blanche MONAMIDES PRIMAIRES . - Ces amides peuvent
cristalline, beaucoup plus abondante que l'autre, être subdivisées en plusieurs classes, d'après la
plus soluble dans l'éther, soluble dans les huiles nature du radical substitué à l'hydrogène. Ce ra-
fixes et essentielles, fusible à 160°, volatile à 300°, dical peut, en effet, provenir d'un acide monoa-
inattaquable par la potasse et les acides minéraux tomique et ne plus renfermer d'hydrogène ty-
froids, résinifiée par l'acide nitrique chaud , soluble pique, comme c'est le cas pour le butyryle ; mais
dans l'acide sulfurique chaud, avec une couleur il peut aussi provenir d'un acide polyatomique
bleue non teintée de vert ; l'eau décolore cette solu- par élimination d'un seul oxhydryle, comme c'est
tion, mais la concentration des liqueurs ramène le cas pour le résidu
la couleur bleue. Les analyses de cette substance [(C202)" . OH]'
(carbone, 95,5 ; hydrogène, 5,5) font conclure
Pelletier et Walter à son identité avec l'idrialine de l'acide oxalique qui renferme encore 1 atome
de Dumas [ Pelletier et Walter, loc. cit.] . CH. L. d'hydrogène typique et qui fonctionne dans l'acide
AMENDEMENT. On désigne sous ce nom oxamique
les substances destinées à rendre solubles et par [(C2O2,".OH]'
suite assimilables par les végétaux les principes Az.
contenus dans la terre arable. H
Les travaux accumulés sur la composition chi- De là deux groupes de monamides primaires bien
mique de la terre arable et sur ses propriétés distincts.
physiques par les chimistes agronomes ont dé- MONAMIDES PRIMAIRES QUI RENFERMENT UN RADI-
montré que, si une terre bien cultivée renferme CAL D'ACIDE MONOATOMIQUE. - Ces amides sont les
des quantités énormes de matières azotées , de plus nombreuses et les mieux étudiées. Elles re-
phosphates, de potasse, etc., si par conséquent présentent le sel ammoniacal de l'acide dont elles
elle paraît au premier abord pouvoir fournir d'a- contiennent le radical moins 1 molécule d'eau :
bondantes récoltes sans addition d'aucune sorte, C2H3 O
ces matières azotées , ces phosphates, ces roches H Az C2H30 ) O - H2O .
riches en alcalis, sont généralement complétement H AzH
insolubles dans l'eau et par suite inutiles tant Acétamide. Acétate Eau.
qu'ils n'ont pas été modifiés et amenés à l'état de ammonique.
nitrates ou de sels ammoniacaux , de phosphates
alcalins ou alcalino-terreux , ou de carbonate de Modes de formation. — On les obtient :
potasse. Aussi un certain nombre de pratiques 1º En chauffant un sel ammoniacal : il se sépare
agricoles paraissent destinées surtout à opérer 1 molécule d'eau et il reste une amide. Dans cette
ces métamorphoses ; le cultivateur aère son sol , réaction, l'ammonium perd H2, lesquels s'unissent
y fait pénétrer l'oxygène par le labourage et la à l'oxygène typique du sel pour former de l'eau et
jachère, dans le but de favoriser la formation il reste, d'une part, le groupe amidogène, Az H²,
des nitrates et des phosphates de fer au maximum c'est-à-dire de l'ammoniaque moins 1 atome d'hy-
d'oxydation, plus faciles à décomposer ; il ajoute drogène, et de l'autre un radical monoatomique
à son sol des masses énormes de calcaire ou de qui se combine à cet amidogène :
marne, pour favoriser la formation des sels am- C2H3O
moniacaux et du phosphate de chaux , soluble dans C2H30 ) - 0+ H Az.
l'acide carbonique. Il lutte parfois encore contre Az H Jo
1
les propriétés absorbantes des matières argileuses Acétate d'ammonium. Eau. Acétamide.
AMIDES. 185 AMIDES .
2º On traite un éther composé par l'ammo- 2º Une réaction analogue à la précédente se
niaque il se produit une amide et de l'alcool. produit lorsqu'on chauffe les amides avec un agent
Cette réaction se fait plus ou moins facilement, d'hydratation , comme les alcalis ou les acides
suivant les corps que l'on met en présence. Tan- étendus. Seulement , dans ce cas , au lieu d'un
tot elle exige une température élevée et tantôt sel ammoniacal , on obtient les produits de dé-
elle se fait à la température ordinaire : composition de ce sel par le réactif employé :
H C+ HT O un acide libre et un sel ammoniacal, si l'on s'est
CHOO + Az = HAz + C C2 $ 0. servi d'un acide dilué énergique ; un sel alcalin et
C2H5 H H de l'ammoniaque libre, si l'on a fait usage d'une
base :
Butyrate Ammo- Butyramide. Alcool.
d'éthyle. niaque. C2H3O H
30 On dirige un courant de gaz ammoniac sec HAz + K H 0= C2 H3O
CH900 + Az.
à travers un chlorure acide : il se forme une H K H
amide en même temps que du chlorure d'ammo- Acétamide. Hydrate Acétate de Ammo-
nium (Liebig et Wölher) : de potassium. potassium . niaque.
H C7H5O 3º Fortement chauffées avec des corps avides
HO +2 HAz = Az HCl + HAz.
H d'eau, comme l'anhydride phosphorique , ces ami-
Chlorure Ammoniaque. des perdent 1 molécule d'eau et se transforment
Chlorure Benzamide . en nitriles ou monamines tertiaires dans les-
de benzoile . d'ammonium. quelles l'azote est saturé par un radical triato-
Ce procédé est surtout applicable à la prépara- mique renfermant O de moins que le radical acide
tion des amides qui sont ou insolubles dans l'eau de l'amide mise en réaction . Le corps avide d'eau
ou solubles dans l'alcool , parce qu'alors seule- détermine donc la séparation de l'oxygène du
ment on peut les séparer avec facilité du chlorure radical et de l'hydrogène typique de l'amide à
ammonique qui prend naissance en même temps l'état d'eau, et le radical acide, devenu triato-
qu'elles. mique en perdant O", sature l'azote à lui seul :
4º On soumet un anhydride acide à l'action de
l'ammoniaque il se produit à la fois une amide C2H3O
et un sel ammoniacal que l'on sépare à l'aide de H Az = Ho + (C² H³) ' ' 'Az.
dissolvants appropriés (Gerhardt) :
Acétamide. Eau. Acétonitrile.
C2 H3O
0 + 2 H❘ Az 4° Soumises à l'action des chlorures acides, les
C2 H30) (
monamides primaires perdent 1 atome d'hydro-
Anhydride acétique. Ammoniaque. gène qui s'élimine à l'état d'acide chlorhydrique,
C2H3O tandís que le radical acide se substitue à l'hydro-
= C2H3O
Az HO + H Az. gène éliminé en donnant naissance à une amide
H secondaire :
Acétate ammonique. Acétamide.
50 Certaines monamides primaires peuvent être C2H3O C2H3O H
obtenues par des procédés spéciaux. La benza- HAz + CH3Q == C2H3O Az + CIS
Cl j H
mide, par exemple, s'obtient lorsqu'on oxyde l'a-
cide hippurique au moyen du peroxyde de plomb : Acétamide . Chlorure Diacétamide. Acide
C7H5O d'acétyle. chlorhydrique .
2 ( [ (C² H2O)" OH Az ) + ³ (8 }) [Gerhardt et Chiozza, Ann . de Chim. et de Phys.,
Acide hippurique. (3) , t. XLVI, p. 135.]
Oxygène. 5º Les éthers composés , chauffés avec une
C7H5O amide de cette classe, donnent lieu à une réaction +
=2 Az + 4CO2 + 2 H2O. identique à la précédente. Seulement, dans ce cas,
c'est une alcalamide qui prend naissance :
Benzamide. Anhydride Eau.
carbonique. C2H3 O C2H3O
Propriétés. La plupart des monamides pri- HAz + C2 H5 ) = C2H5 Az +
H IS H
maires dérivées d'acides monoatomiques sont soli-
des et cristallisables, neutres aux papiers réactifs Acétamide . Iodure Éthyl-acétamide Acide
et volatiles sans décomposition. On en connaît d'éthyle. (alcalamide). iodhydrique.
qui sont susceptibles de s'unir avec les acides à la
manière de l'ammoniaque. C'est le cas de l'acé- 6° Sous l'influence de l'acide azoteux, il se dé-
tamide. D'autres, au contraire, peuvent échanger gage de l'azote ; de l'eau se sépare et l'acide dont
1 atome de leur hydrogène typique contre un l'amide renfermait le radical se régénère :
métal en formant des alcalamides métalliques. La CH7O
benzamide est de ce nombre. Presque toutes sont AzO O
solubles dans l'alcool et l'éther ; quelques-unes se HAz +
}
dissolvent dans l'eau.
Principales réactions.- 1º Lorsqu'on les chauffe Butyramide. Acide azoteux.
à 200° avec de l'eau dans un tube scellé à la C+ H700 + Az O
lampe , les monamides de ce groupe absorbent Az +
1 molécule d'eau et se convertissent dans le sel Azote Eau.
ammoniacal de l'acide dont elles renferment le Acide
radical : butyrique. libre.
C5 H9O 7° Le perchlorure de phosphore détermine un
C5 H9O phénomène analogue à celui qu'il produit avec
HAz + H 0 = Az H 0.
les hydrates : de l'oxychlorure de phosphore se
Valéramide. Eau. Valérate forme, de l'acide chlorhydrique se dégage et il
d'ammonium. reste un chlorure que la chaleur décompose faci-
AMIDES . 186 AMIDES .

lement avec production d'une nouvelle molécule de moitié à celle qu'exigerait la décomposition
d'acide chlorhydrique et d'un nitrile : complète de ce corps :
H2 K
C7L5 O (C+ H + 02)" { AzH₂ + 0
HAz + PC15 Succino-diamide. Hydrate
H potassique.
Benzamide. Perchlorure H
de phosphore. = OK
H = (C+ H + O²) '' { Az H2 + HAz.
= PC13O ++ Cl (C7 H³)' ' 'Az. H Cl .
Succinamate Ammoniaque.
Oxychlorure Acide Chlorure de benzamyle. de potassium .
de phosphore. chlor-
hydrique. 4° En faisant agir l'ammoniaque sur l'anly-
dride d'un acide diatomique et bibasique :
[Gerhardt, Ann . de Chim. et de Phys., (3), t. LIII, (C10H14 O2)" . O + Az H³
p. MONAMIDES
302. ] PRIMAIRES RENFERMANT LE RÉSIDU Anhydride Ammc-
camphorique. niaque.
MONOATOMIQUE D'UN ACIDE DIATOMIQUE. - L'acide
dont l'amide renferme le résidu peut être mono- [ (C10 H14 O2)" . OH] ')
basique et diatomique ou avoir à la fois une ato- = Az.
H
micité et une basicité égales à deux. Les amides
qui dérivent de l'un ou de l'autre de ces groupes Acide camphoramique.
présentent des différences assez tranchées pour 5° En soumettant à l'action d'une solution
exiger une étude séparée. aqueuse d'ammoniaque les éthers de certains
1. MONAMIDES DÉRIVÉES DES ACIDES DIATOMIQUES ET acides bibasiques :
BIBASIQUES . Un acide diatomique et bibasique (C10H16 O2) O² + Az H³ + H2O
peut être considéré comme un groupe moléculaire (C2H5,2 }
renfermant deux oxhydryles OH dont l'hydrogène Sébate d'éthyle. Ammoniaque. Eau .
est remplaçable par les métaux alcalins. Si l'on fait
perdre à un pareil corps un seul des oxhydryles [(C10H16O3)" . OH] )
qu'il renferme, on obtient un résidu qui fonc- "H Az + 2 (CII ) 0 ) .
tionne à la manière d'un radical monoatomique. Acide sébamique. Alcool.
Ainsi le résidu
[Gerhardt, Chim. organ . , t. IV, p. 668. ]
(C202) OHI Nomenclature. Pour dénommer ces corps,
on remplace la terminaison du nom de l'acide
dérivé de l'acide oxalique dont ils dérivent par la désinence amique. Ainsi
202) O l'on dit : acide oxamique, acide pyrotartramique.
(C
(C² O²)" OH
H Propriétés. 1º Les monamides de cette classe
fonctionnent toutes comme des acides monoato-
est monoatomique. De plus, les deux résidus miques bien caractérisés, et comme tels peuvent
d'eau renfermant l'un et l'autre de l'hydrogène donner naissance à des sels souvent cristallisables
fortement basique, il est évident que, quel que et à des éthers qui sont désignés sous le nom
soit celui d'entre eux qui soit éliminé, celui qui d'améthanes. L'oxamate d'éthyle se nomme oxa-
reste contient toujours 1 atome d'hydrogène ba- méthane.
sique. Le résidu monoatomique qui résulte de 2º Ne différant des sels ammoniacaux acides
l'élimination de OH dans un acide bibasique et que par une molécule d'eau, elles sont transfor-
diatomique est donc toujours identique à lui- mées en ces sels par les agents d'hydradation . Si
même, et sa substitution à l'hydrogène de l'am- ces derniers sont acides ou alcalins, on obtient,
moniaque ne peut fournir qu'une seule série au lieu d'un sel ammoniacal, les produits de la
d'amides au lieu de fournir deux séries d'amides décomposition de ce sel par l'agent employé :
isomères , comme nous verrons que c'est le cas
avec les résidus des acides dont la basicité est [(C² 0²)"' . OH]' ( OAz H
inférieure à l'atomicité. Az +0 = (C²02)" OH
H
Modes de formation . - 1º On obtient ces ami- Acide oxamique . Eau. Oxalate acide
des en distillant avec précaution un sel ammo- d'ammonium.
niacal acide dont elles ne diffèrent que par une 3° Sous l'influence des agents de déshydrata-
molécule d'eau :
tion, tels que l'anhydride phosphorique , elles
O Az I ' [(C20 )". OH]' ) perdent une molécule d'eau et se transforment en
(C²O²) " { он + Az. amides secondaires , d'une espèce particulière,
H connues sous le nom d'imides :
Biolaxate Eau. Acide oxamique.
d'ammonium . [(C+ H+ O²) '' . OH]' )
Az = 0 + (C*H* O*Н )"" } Az ;
[Balard, Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , t. IV,
p. 93. ] Acide succinamique. Eau. Succinimide.
2° En faisant bouillir une imide avec de l'eau : 4º L'acide azoteux les convertit dans l'acide
dont elles renferment le radical par une réaction
(C+ H4O2)"') Az + 0 analogue à celle que subissent, sous l'influence
Ag du même agent, les amides dérivées des acides
Succinimide Eau monoatomiques :
argentique .
[(C202)" .OH] ')
[ (C+ H O²) " . O Ag]' Az + Az O. ON
= Az. H
H Acide azoteux.
Succinamate d'argent. Acide oxamique.
== (C202) TO OHH
+ H2O + Azj
Az
3º En décomposant une diamide dérivée du
même acide par une quantité d'alcali inférieure Acide oxalique. Eau. Azote.
AMIDES . wwwwww 187 AMIDES .

Les acides amiques de ce groupe sont généra- prakt. Chem., t. XXXVI, p. 93. - Chancel. Compt.
lement solides et solubles dans l'eau et ne se vo- rend. des trav. de chim. , 1845 , p . 185. — Cahours,
latilisent pas sans se décomposer en partie . Leurs Ann. de Chim. et de Phys., ( 3), t. LIII , p . 322.
sels sont plus solubles dans l'eau que ceux des -- Gerland , Ann . der Chem . u. Pharm. , t. LXXXVI,
acides diatomiques correspondants. p. 143 et t. XCI, p . 185 ] :
II. MONAMIDES PRIMAIRES DÉRIVÉES DES ACIDES C10H11
DIATOMIQUES ET MONOBASIQUES . -Les acides mono- O 00 + AZAz 020
Н
basiques et diatomiques renferment , comme les
acides diatomiques et bibasiques, deux fois le ré- Acide cuminique . Acide azotique .
sidu de l'eau OH. Seulement un de ces oxhydryles =Ho + C10 H10 (Az O2)'(
est acide et l'autre alcoolique. Il en résulte qu'en
éliminant l'un ou l'autre de ces oxhydryles , on Eau. Acide nitrocuminique .
obtient deux résidus distincts. L'un d'eux ren-
ferme un atome d'hydrogène basique et l'autre un C10H10 ( AZO ) '00 +3 (H )
atome d'hydrogène alcoolique. Les amides déri- ( ⅰ)
Acide nitrocuminique. Hydrogène .
vées des acides de ce groupe sont par suite elles-
mêmes neutres ou acides, selonqu'elles renferment [(C10 H10O) " . OH]' )
l'un ou l'autre de ces résidus. =2 H Az.
2( 0) +
A. MONAMIDES acides. —- Modes de formation.
1° On prépare ces corps en soumettant les déri- Eau. Acide oxycuminamique.
vés monochlorés ou monobromés des acides mo-
noatomiques à l'action de l'ammoniaque (Perkin Propriétés. - Ces amides sont des acides beau-
coup plus faibles que celles qui dérivent des
et Duppa. Cahours) . C'est ainsi que l'acide gly- acides bibasiques : aussi peuvent-elles agir selon
colamique (glycocolle ) s'obtient lorsqu'on chauffe les conditions dans lesquelles elles setrouvent, soit
l'acide chloracétique avec l'ammoniaque, l'acide à la manière des acides monoatomiques, soit à la
oxybutyramique, lorsqu'on agitde même sur l'acide manière de l'ammoniaque. 1° Lorsqu'on les fait
bromobutyrique [Friedel et Machuca, Compt.rend., réagir sur les bases, elles échangent H contre un
t. LII, p. 1027 ; Répert. de Chim . pure , 1861, métal et fournissent des sels bien définis ; les fait-
p. 266] , l'acide oxybenzamique (benzamique) , lors- on agir, au contraire, sur un acide, elles s'y com-
qu'on opère sur l'acide bromobenzoique , etc.: binent directement comme le ferait l'ammoniaque
H et produisent des sels également bien définis, ca-
CH2Br O pables de former, avec les sels métalliques, un
+ HAz
grand nombre de sels doubles :
Acide brom- Ammo- [(C2H2O)" . OH]')
acétique. niaque. H Az +
_ [ (C² H²O) " OH H]'' ) Az + H Br ) H
Acide glycolamique. Hydrate
Glycocolle. Acide. de potassium .
bromhydrique.
2º On peut encore obtenir des amides de ce
[ (C² H2O) " . OK]H' ) Az + 0
groupe en combinant les aldehydes avec l'am- H
moniaque, mélangeant les produits ainsi obtenus Glycolamate de potassium. Eau .
avec de l'acide cyanhydrique et soumettant le [(C² H²O) " . OH]
O |||' ) Az + HCl
mélange à l'action de l'acide chlorhydrique [ Strec-
ker, 1850, Ann . der Chem . u. Pharm., t. LXXV, H
p. 27] . I se forme dans ces conditions l'amide Acide glycolamique. Acide
d'un acide qui appartient à la série supérieure chlorhydrique.
d'un degré à celle dont on a pris l'aldehyde. Ainsi, [(C2H2O)" . OH]')
avec l'aldehyde ordinaire C2 HO, qui appartient = Az Cl ;
à la série dont l'hydrocarbure fondamental est
l'hydrure d'éthyle C2H6, on obtient l'acide lacta-
mique (alanine) C3 H7 Az O2, dont l'hydrocarbure Chlorhydrate de glycocolle.
fondamental est l'hydrure de propyle C3 Hs , ho-
mologue supérieur de l'hydrure d'éthyle : 2° Lorsqu'on chauffe les amides de cette classe
avec des alcalis caustiques, elles ne se transforment
jamais en ammoniaque et sels alcalins . Cela tient
C² H¹O + C { AAz" + à ce qu'une telle réaction donnerait naissance à
Aldéhyde Acide Eau. un sel bimétallique, comme le montre l'équation
ordinaire. cyanhy- ci-dessous :
drique.
OH]'' )
[(C³ HO)""' OH [(C2H2O)" OH]')
= Az. 0)
H H Az + 2 (
Acide lactamique (alanine). Glycocolle. Potasse.
Ce procédé n'est applicable que dans la série =· (C² H² O) " { OK + Ho +
grasse; dans la série aromatique , il donne, non Az,
des amides, mais leurs acides générateurs . Glycolate Eau. Ammo-
3º Dans la série aromatique, on peut préparer de potassium. niaque.
ces amides en soumettant les dérivés mononitrés
des acides monoatomiques à l'action des corps ré- résultat impossible, puisque les acides d'où ces
ducteurs comme le sulfure d'ammonium, l'acé- amides dérivent ne sont que monobasiques.
tate de fer, l'hydrogène naissant, etc. Quant aux 3º Les sels d'argent de ces amides, lorsqu'on
dérivés mononitrés , ils se produisent dans la les traite par un chlorure acide, donnent du chlo-
réaction de l'acide azotique fumant sur les acides rure d'argent et une amide secondaire qui résulte
monoatomiques eux-mêmes [Zinin, Bull . de Saint- de la substitution du radical acide à un second
Pétersbourg, t. II , nos 18 et 19 , et Journ. für atome d'hydrogène. Pour se rendre compte de ce
AMIDES . - 188 --- AMIDES .

phénomène , il faut admettre que la réaction l'action d'un acide monoatomique monochloré ou
s'exécute en deux temps. Dans un premier temps, monobromé :
l'hydrogène , remplacé par le radical acide , se CH3
C2 H2 CIO ) 0 +2 Az
porte sur le chlore, pour constituer de l'acide
chlorhydrique, et cet acide fait ensuite la double H
décomposition avec le sel argentique dont l'argent Acide chloracétique. Méthylamine .
se trouve ainsi à son tour remplacé par de l'hy- CH3
[(C2H2O)" OH]' )
drogène : = Az. CI + CH3 Az;
1. [(C2H2O)"'OAg]' H
C7H5O ) H
HAz + Méthyl-glycol-
H Chlorure de méthyl-
ammonium. amide (sarkosine).
Glycolamate d'argent. deChloru re
benzoïle. Propriétés. Dans chaque série, les produits
obtenus par ces diverses méthodes ont mêmes
2. [(C2H2O)" OAg] ) H formules brutes, mais ne sont point identiques.
= C7 H³ Az + CI ; Au moins est-il certain que les corps préparés
par le premier procédé diffèrent de ceux que l'on
Hippurate d'argent. Acide prépare par le second . Ainsi la lactaméthane qui
chlorhydrique . prend naissance lorsqu'on traite par l'ammonia-
[( C2H2O )" O Ag] que le lactate diéthylique, donne un éthyl-lactate
H) et de l'ammoniaque lorsqu'on la décompose par
C7 HBO Az + les alcalis, tandis que son isomère qui résulte de
H
Hippurate d'argent. Acide la réaction de l'éthylamine sur l'anhydride lacti-
chlorhydrique. que, donne sous l'influence des mêmes agents
un lactate et de l'éthylamine. En un mot la lac-
(C2H2 O)" OH]' Ag taméthane est un véritable éther lactamique, tan-
= CHO Az + CF ; dis que la lactéthylamide est une alcalamide se-
Chlorure condaire. Les formules rationnelles de la lacta-
Acide hippurique.
d'argent. méthane
4° L'acide azoteux réagit sur les amides de [(C³ H+ O)" . OC2 HS]')
H Az
cette classe, comme sur celles que nous avons H
déjà passées en revue : il donne lieu à un dégage-
ment d'azote et d'eau, et l'acide auquel l'amide et de l'éthyl-lactamide
correspond se régénère [ Socoloff et Strecker, 1851, [(C³ H+ O)" . OH] ')
Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXXX, p. 17] : C2H5 Az
H
[(C2 H2O)" . OH]' montrent très-bien ces relations et expliquent
HAz + Az O.OH les réactions différentielles dont nous venons de
H
parler. On a en effet :
Acide glycolamique. Acide azoteux.
Н } 0 + AzAZ [(C3H +O ) ”. OCH ] } K
= [ (C² H2O)" . OH) 0 + H Н Az • H Az + H 0
Eau. Azote H
Acide glycolique. Lactaméthane. Potasse.
libre.
H
5º Sous l'influence des acides monoatomiques (O C2H5
= (C³ HO)" OK + H Az ;
monochlorés, ces amides échangent un second
atome d'hydrogène contre un résidu analogue à Ethyl-lactate de Ammoniaque.
celui qu'elles renferment déjà et se convertissent potassium.
en amides secondaires . [{C3H + O) . OH ]
Ethers des monamides acides. --- On les pré- C2H5 Az + H
pare : H
1° En faisant agir l'ammoniaque en solution Lactéthylamide. Potasse.
alcoolique sur les éthers diéthyliques des acides C2H5
non amidés : JOH H Az.
= (C³ H& O)" OK
OC2H5 H Lactate potassique. Ethylamine.
(C³ H¹O)" OC2 H +H Az
H Quant au corps que l'on obtient par le troisième
Lactate diéthylique. Ammo- procédé, il est probable qu'il est tout à fait iden-
niaque. tique avec celui que l'on obtient par le second.
On ne pourrait cependant se prononcer avec cer-
C2H5 [( C³ H4O )"' OC² H
H³] ' )
Az ; titude sur ce point, les deux méthodes n'ayant
= 0{ H + jamais été appliquées jusqu'ici dans la même sé-
Alcool. Lactamate d'éthyle . rie. Néanmoins la méthyl-glycolamide (sarkosine)
dégage de la méthylamine et donne un glycolaté
2º En traitant les anhydrides des acides non alcalin, lorsqu'on la traite par une base forte, ana-
amidés par une monamine primaire : logie de réaction qui tend à prouver l'identité des
H produits obtenus par les deux dernières méthodes.
B. MONAMIDES NEUTRES . - Ces corps sont fort
(C³ H& O)" O + H Az peu connus jusqu'ici . On n'a étudié que la lacta-
C2H5 mide et la salicylamide. La lactamide a été obte-
Anhydride lactique. Éthylamine. nue par l'action de l'anhydride lactique sur l'am-
H OH) Az ; moniaque :
= [(C³ O)" HAz ; H [(C³H+ O)" OH]'
C2H (C³ HO)" . O + H { Az = Az.
Lactéthylamide . H
Anhydride Ammoniaque. Lactamide.
3º En soumettant une monamine primaire à lactique.
AMIDES. --- 189 - AMIDES.

La salicylamide a été préparée par l'action de l'am- et l'autre une amide neutre
moniaque sur le salicylate monométhylique neu- он-
tre (essence de Gaulteria procumbens) : ( RO )
H Az.
ОН
OCH3 + HAz H}
(C7H *O ) { H
Salicylate de Ammoniaque. Avec un acide triatomique et bibasique
méthyle. OH+
( CH3 + (C² H¹O) "' { ОНAz H². R" OH+
=0 он-
Alcool méthylique. Salicylamide .
on aurait un résidu acide bibasique
Au lieu d'hydrogène alcoolique , ce dernier corps
renferme un atome d'hydrogène phénique (voyez
PHENOLS), c'est-à-dire un atome d'hydrogène un ( ROH )'
peu plus rapproché de celui qui fonctionne dans et un résidu acide monobasique
les acides, que ne l'est celui des vrais alcools . C'est
ce qui donne au salicylate de méthyle et à l'amide
qui en dérive, des allures qui ont fait considérer (RO )'
pendant longtemps ces composés comme jouissant Enfin, avec les acides tétra, penta, hexatomiques,
de propriétés acides et qui ont fait désigner la le nombre des cas d'isomérie possibles irait
salicylamide sous le nom impropre d'acide sali- en croissant et pourrait être calculé d'après les
cylamique. mêmes règles .
Quant à la lactamide , elle est absolument neutre Comme exemples de monamides dérivées d'aci-
et se dédouble en lactate alcalin et ammoniaque des dont l'atomicité soit supérieure à 2 nous
lorsqu'on la traite par les alcalis. L'acide azoteux citerons : la monamide malique ( acide asparti-
la transformerait sûrement en acide lactique, azote que)
et eau.
MONAMIDES PRIMAIRES RENFERMANT LE RÉSIDU H+
MONOATOMIQUE D'UN ACIDE DONT L'ATOMICITÉ EST SU- [(C+ H³09) " { OH + Az
H
PÉRIEURE A DEUX.- Un acide, quelle que soit son H
atomicité, peut toujours, par l'élimination de OH,
donner un résidu fonctionnant à la manière d'un et l'acide tartramique
radical monoatomique et susceptible de se substi- OH
tuer à l'hydrogène de l'ammoniaque. Les dévelop- (CH2O2) IV OH-
pements que nous avons donnés sur les modes de ( OH+ Az.
préparation et les propriétés des monamides dé- H
rivées des acides diatomiques s'appliquent aussi à H
celles qui dérivent d'un acide dont l'atomicité est MONAMIDES SECONDAIRES . Les monamides
supérieure à deux. secondaires peuvent renfermer : 1° deux radicaux
Lorsque la basicité d'un acide quelconque est d'acides monoatomiques ; 2° deux résidus mono-
égale à son atomicité, si cet acide est polyatomi- atomiques d'acides polyatomiques ; 3° un radical
que, l'élimination de OH donne un résidu renfer- d'acide monoatomique, et un résidu monoatomi-
mant encore autant d'hydrogènes basiques qu'il y que d'acide polyatomique ; 4° un radical diatomi-
en avait dans l'acide primitif moins un. Aussi les que substitué à H².
monamides provenant de la substitution de pareils MONAMIDES SECONDAIRES QUI RENFERMENT DEUX
radicaux à l'hydrogène de l'ammoniaque sont-elles RADICAUX D'ACIDES MONOATOMIQUES. - Préparation.
de vrais acides , dont la basicité ne diffère que · On obtient ces amides : 1° en faisant agir
d'une unité de celle de l'acide primitif non amidé. les chlorures acides sur les amides primaires :
Lorsqu'au contraire l'acide polyatomique une
basicité inférieure à son atomicité, les résidus C2H3O C2H3
auxquels il donne naissance en perdant HO ren- H CI
Az + C² H³O}
ferment autant d'hydrogènes typiques qu'en ren-
fermait l'acide primitif moins un ; mais selon que Acétamide. Chlorure d'acétyle.
l'oxhydryle éliminé renferme l'hydrogène basique C2H3O H
ou l'hydrogène alcoolique, la basicité du résidu = C²H³O Az + CI ;
varie. De là plusieurs résidus isomériques et par H
suite plusieurs amides isomériques dérivées de Diacétamide. Acide chlorhydrique.
ces résidus . Ainsi, si nous représentons un acide
triatomique et monobasique par la formule géné- 2º Par l'action de l'acide chlorhydrique sur les
rale amides primaires à une température élevée :
OH+ C2H3O
R" OH- 2 HAz + H }
ОН- H CI
où le signe + indique que l'hydrogène est basique Acétamide. Acide chlorhydrique.
et le signe - qu'il est alcoolique, nous pourrons C2H3 O
avoir les deux résidus monoatomiques isomères = Az H CI + CH30 Az.
H
et Chlorure Diacétamide.
( ROH )' ( RO )'
ammonique.
dont le premier sera acide et le second neutre, et
ces deux résidus, en se substituant à l'hydrogène Propriétés. -· Ces amides sont facilement solu-
de l'ammoniaque, donneront, l'un une amide acide bles dans l'ammoniaque. Elles manifestent des
monobasique propriétés acides, soit en rougissant le papier de
OH+ tournesol, soit en échangeant leur dernier atome
(R= { }он- d'hydrogène contre un métal , en donnant nais-
H Az , sance à une alcalamide tertiaire métallique. Ces
sels métalliques se dissolvent dans l'ammoniaque
AMIDES . -- 190 - AMIDES.

en formant des composés que Gerhardt considé- néral peu solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther,
rait comme des diamides, mais que l'on préfère et capables de fondre sans se décomposer.
aujourd'hui considérer comme des monamides Elles échangent facilement 1 atome d'hydrogène
tertiaires dans lesquelles le dernier atome d'hydro- contre 1 atome de métal, en donnant des alcala-
gène serait remplacé par un ammonium métalli- mides tertiaires ou de véritables sels, suivant que
que. On ne conçoit guère en effet comment, sans le métal se substitue à l'hydrogène typique du
l'intermédiaire d'aucun radical polyatomique, plu- résidu monoatomique ou à l'hydrogène de l'am-
sieurs molécules d'ammoniaque pourraient se moniaque. Il suffit, pour que cette réaction se
souder en une seule. produise, de traiter leur solution aqueuse par de
MONAMIDES SECONDAIRES RENFERMANT DEUX RÉSI- l'azotate d'argent. Le composé argentique se pré-
DUS MONOATOMIQUES D'ACIDES POLYATOMIQues. - Ces cipite aussitôt.
corps sont fort peu étudiés. M. Heinz a montré Gerhardt a fait connaître quelques amides de
seulement qu'ils se produisent en même temps que cette classe, telles que la benzoil-salicylamide et
les monamides primaires, de même nature qu'eux, la cumyl-salicyamide.
lorsqu'on prépare ces dernières par le premier MONAMIDES SECONDAIRES RENFERMANT UN RADICAL
des procédés que nous avons fait connaître [ Heinz, DIATOMIQUE SUBSTITUÉ A H2. - Ces composés ont
Poggend. Ann. der Phys. u. Chem . , t. CXV, p. 165, reçu le nom d'imides, parce qu'on les considérait
1862, nº 1]. Ces amides renferment évidemment autrefois comme formés par l'union de l'imido-
un nombre de molécules d'oxhydryle OH double gène (AzH)" avec un autre radical. Ils peuvent
de celui qui se trouve contenu dans chaque radi- contenir un radical d'acide diatomique ou un ré-
cal substitué à H, puisqu'il entre deux de ces ra- sidu contenant encore de l'oxhydryle et provenant
dicaux dans leur composition ; et lorsque ces d'un acide tri ou tétratomique.
oxhydryles sont acides, elles présentent une basi- Le radical substitué à H2 provient d'un acide
cité double de celle de la monamide primaire qui diatomique et ne renferme pas d'oxhydryle. --
dérive du même radical . Si les acides qui donnent Préparation. On les obtient :
naissance à de telles amides avaient une atomi- 1° En décomposant les diamides par la chaleur,
cité supérieure à leur basicité, on pourrait obser- (C& H O²)"
ver des isoméries semblables à celles dont nous H2 Az² =Az H3 + (C& H O2,'' ) Az ;
avons parlé en nous occupant des monamides pri- H2 H
maires. La formation de monamides secondaires , Succino-diamide . Ammoniaque . Succinimide.
dans la réaction de M. Heinz, peut être exprimée 2º En déshydratant par la chaleur les amides
par l'équation suivante :
acides,
2 (C2H3 CIO2) +3 Az H³ = 2 Az H+ Cl [(C¹0 H¹¹ O²) '' OH'Az
Acide Chlorure
chloracétique. Ammoniaque. ammonique. Acide camphoramique.
(C10 H15 O2)"') Az ;
(C2H2O)' OH]') | 0+ H
(C² H2O) ' O H] ' Az. Eau. Camphorimide.
H
3º En faisant agir l'ammoniaque sur l'anhydride
MONAMIDES SECONDAIRES MIXTES , RENFERMANT UN d'un acide diatomique et bibasique,
RADICAL D'ACIDE MONOATOMIQUE ET UN RÉSIDU MO-
NOATOMIQUE D'ACIDE POLYATOMIQUE. Modes de (C&H O²)"' Az + H2O ;
(C+H+ O2)" , O + HAz = H
formation. On obtient ces amides en traitant par H
un chlorure acide le sel d'argent d'une mona- Anhydride Ammoniaque. Succinimide. Eau.
mide primaire dérivée d'un acide polyatomique ; succinique.
du chlorure d'argent s'élimine et le radical acide 40 En chauffant les sels ammoniacaux acides
prend la place d'un atome d'hydrogène dans l'am- des acides bibasiques,
moniaque.
Nous avons déjà vu que la réaction doit être (C * HẢO )”
considérée comme s'accomplissant en deux phases : (AzH ) 02-2 Az.
(C * H *DН )}
H
1° [ (C2H2O)" . OAg] ' ) Bisuccinate Eau. Succinimide.
II AzCHOCI ammonique.
H 1º Les imides fonctionnent tou-
Chlorure Propriétés.
Glycolamate d'argent. jours comme des acides monobasiques bien carac-
de benzoïle. térisés. Les sels qu'elles donnent en échangeant
= HCl + [ (C2H2O) " O Ag]' H contre un métal sont de vraies alcalamides
CHS Az ; tertiaires.
H 2º Les imides diffèrent des sels ammoniacaux
Acide Hippurate par 2 molécules d'eau. Aussi sous l'influence
chlorhydrique. d'argent. des agents hydratants absorbent-elles 2 H2O et
se convertissent - elles dans un sel ammoniacal
20 [(C2H2O)"' OAg]' )
CHO Az + HCl acide,
R"
H R" Az + 2 ( 0) = AzH
Az 02.
Hippurate d'argent. Acide H H
chlorhydrique . Imide. Eau. Sel ammoniacal
[ (C² H2O)" OH]' acide.
== C7H5O Az AgCl.
H 3° Lorsqu'on les fait bouillir avec une solution
aqueuse d'ammoniaque, elles fixent les éléments
Acide hippurique. Chlorure de l'hydrate d'ammonium et donnent le sel am-
d'argent.
monique de l'amide acide correspondante,
Gerhardt a, en outre, obtenu des amides de R" Az H (R" . O AzH )' )
cette classe en chauffant entre 140° et 150º un H Az.
H Az + H"}
chlorure acide avec une monamide primaire d'a-
cide polyatomique . Imide. Hydrate Sel ammon ique
Proprietes. Ces amides sont des corps en gé- d'ammonium. d'une amide acide.
AMIDES. - 191 - AMIDES.
4º Les imides différant des amides acides s'élimine dans la réaction [ Dumas, Ann . de Chim.
comme les nitriles diffèrent des amides neutres, et de Phys., t. XLIV, p. 129 ; t. LIV, p. 240] :
c'est-à-dire par H2O en moins, et les nitriles étant
susceptibles de fixer de l'hydrogène naissant en (C202 ")
(C202)")
(C²O²) ' ' ) 0² = 2 ( H0) + H2 Az2 ;
donnant des amines , on pouvait supposer par (Az H )2 ) ( ㅇ) H2
analogie que l'hydrogène naissant se fixerait aussi Oxalatate Eau. Oxamide.
sur les imides. Mais MM. Naquet et Oppenheim d'ammonium neutre.
se sont assurés que ce phénomène ne se produit
pas. 2º Par la combinaison de l'ammoniaque avec
Le radical substitué à H² provient d'un acide les imides (Wöhler) :
dont l'atomicité est supérieure à 2 et contient de H
l'oxhydryle. - On ne connaît aucune imide simple (CO)"" Az + H Az = (CO)" H2 Az2 ;
de ce genre, mais on connaît le dérivé phénylique H H2
(alcalamide tertiaire) d'une imide citrique de cette Carbimide Ammo- Diamide carbonique
catégorie. Cette imide renferme encore 1 atome (acide cyanique) . niaque . (urée).
d'hydrogène remplaçable par les métaux alcalins.
Elle répond à la formule : 3 Par la réaction de l'ammoniaque sur le chlo-
rure d'un acide bibasique :
H
ОН ] " } Az.
[ (C® H+ 03, ' { OH (C+H+ O²," 4H Az
H C12
Chlorure
HAmmo-
MONAMIDES TERTIAIRES.- Dans ces amides , l'hy- de succinyle. niaque.
drogène peut être remplacé : 1º par trois radicaux
(C& H O2)"
d'acides monoatomiques ; 2° par trois résidus = Az H2 Az2 ;
d'acides polyatomiques ; 3° par des radicaux de 2 (AZH }) + H2
l'un et de l'autre groupe en même temps ; 4º par Chlorure Succinamide.
un radical diatomique et un radical monoatomique
ammonique.
quelconque ; 5º par un radical triatomique.
Les amides des quatre premiers groupes sont 4º Par l'action de l'ammoniaque sur les éthers
peu connues et peu nombreuses. On les obtient composés dialcooliques des acides bibasiques. La
en faisant agir un chlorure acide sur le dérivé réaction est la même que celle qui produit les
métallique d'une amide secondaire : monamides primaires lorsqu'on traite les éthers
des acides monobasiques par l'ammoniaque. Il
( C* H * O *} " } Az + C2H3O = (C * H • O2 } } Az. faut avoir soin d'employer l'ammoniaque en solu-
Ag CI tion aqueuse. Si on l'employait en solution alcoo-
Succinimide Chlorure Azoture de succinyle lique, au lieu d'une diamide , il se produirait
argentique. d'acétyle. et d'acétyle. un éther d'une monamide acide (améthane). L'ac-
Celles de ces amides qui appartiennent à la tion de l'ammoniaque sur les anhydrides des
quatrième catégorie jouissent de la propriété de acides diatomiques et bibasiques donne plutôt des
s'unir à l'hydrate ammonique et de se trans- sels ammoniacaux d'amides acides que des dia-
former ainsi en sels ammoniacaux d'amides acides : mides.
Propriétés.-1° Quelques-unes de ces diamides
(C+ HO²)" AzI ont des propriétés basiques bien prononcées, l'u-
(C HS SO2), Az + H rée par exemple.
Sulfophényl-succinimide . Hydrate 20 Toutes ces amides peuvent absorber de l'eau
d'ammonium . et se transformer en sels neutres ammoniques :
[(CHO ) '' OAz H³ ]' (C202)") (C202)"
= (C6H5 SO2 Az. 112
H H2 ·Az² + 2 ( H } 0 ) = (AzH )2 02.
Sulfophényl-succinamate d'ammonium. Oxamide . Eau. Oxalate
d'ammonium.
MONAMIDES TERTIAIRES RENFERMANT UN RADICAL
3º Traités par une quantité de base inférieure
TRIATOMIQUE SUBSTITUÉ A L'HYDROGÈNE. - D'après de moitié à celle qui en déterminerait la décom-
Gerhardt, les quelques composés minéraux sui- position complète, ces corps donnent un dégage-
vants appartiennent à cette classe : ment d'ammoniaque et le sel alcalin d'une amide
(PO)"'' Az = PO (Az H ) H2 - 3 H2O. acide :
Phosphorylamide. (C202)"
H2 Az² + 0
Az''' Az - Az O² (Az H¹) — 2 H2O. H2
Azote libre. Oxamide. Hydrate
AzO "" Az = Az O³ (Az H¹) -— 2 [120. potassique.
Protoxyde d'azote. H
= [(C² O²)"' OK] ' Az + HAz.
H2 H}
DIAMIDES . Oxamate Ammo-
de potassium. niaque.
DIAMIDES PRIMAIRES . -- Elles renferment, soit 4º Traitées par les corps avides d'eau , les dia-
des radicaux d'acides diatomiques, soit des résidus mides perdraient probablement deux molécules
renfermant encore de l'oxhydryle et provenant d'eau et se transformeraient en une espèce par-
d'acides d'une atomicité supérieure à 2. ticulière de nitriles dérivés de deux molécules
DIAMIDES PRIMAIRES NE RENFERMANT PAS D'OXHY- d'ammoniaque, qui seraient identiques ou iso-
DRYLE. · Elles correspondent aux sels ammo- mériques avec les éthers dicyanhydriques des
niacaux neutres des acides bibasiques. glycols inférieurs de deux termes dans la série.
Modes de formation. - On les obtient : 1° en M. Maxwell Simpson a prouvé , en effet, que ces
soumettant à l'action de la chaleur les sels ammo- éthers dicyanhydriques peuvent, sous l'influence
niacaux neutres des acides bibasiques, de l'eau des alcalis bouillants , fixer de l'eau et donner
AMIDES . - 192 - AMIDES.
des acides appartenant à des séries supérieures mique. Telles sont la phosphamide de Gerhardt,
de deux termes à celles dont on a employé les
cyanhydrines. La déshydratation directe des dia- (PO)''' Az²,
H3
mides n'a cependant pas été faite jusqu'à ce
jour. obtenue en faisant agir l'ammoniaque sur le per-
50 Plusieurs diamides dégagent de l'ammo- chlorure de phosphore et en faisant bouillir avec
niaque à une température élevée et se trans- de l'eau le produit de la réaction ; l'urée acéty-
forment en imides : lique,
(C+H+ O2)" H (CO)"
H2 Az² = C2H3O Az2,
Az + (CHO )" } az. H3
H2
Succinamide. Ammo- Succinimide. et l'urée benzoilique de Zinin,
niaque.
6° Sous l'influence de l'acide azoteux , elles dé- (CO)"
CHO Az³,
gagent de l'azote et se transforment en acides H3
bibasiques :
(C²O²)" que l'on obtient en faisant réagir les chlorures
H2 Az² + 2 AzO. OH de benzoile ou d'acétyle sur l'urée ( carbamide ).
H2 [Voyez URÉE. ] Enfin , les diamides acides mono-
basiques dérivées des acides tribasiques se ran-
Oxamide. Acide azoteux. gent encore ici . Telle serait la citrimide , dont on
OH connait le dérivé phénylique (dialcalamide secon-
· 2 ( AZ } ) + 2 ( H } 0) + (C²0²)" OH daire) , et qui répondrait à la formule
Azote. Eau. Acide oxalique. CO. OH
DIAMIDES PRIMAIRES RENFERMANT DE L'OXHydryle. CO
Elles représentent une double molécule d'am- (C³H4) IV CO (AzH )'.
moniaque dans laquelle H2 ont été remplacés par Az H²
le résidu diatomique d'un acide d'une atomicité DIAMIDES TERTIAIRES . - Ici encore la théorie
supérieure à deux . Lorsque l'acide d'où dérive ce
résidu a une atomicité égale à sa basicité, il n'y fait prévoir un nombre de corps considérable,
a pas d'isomères possibles. Lorsqu'au contraire puisque l'hydrogène peut théoriquement être
l'atomicité de cet acide dépasse sa basicité , il remplacé par des radicaux d'atomicité variable
peut se produire plusieurs résidus et conséquem- renfermant ou non de l'oxhydryle. En fait, toute-
ment plusieurs diamides isomères, suivant que fois, on ne connaît que ceux d'entre eux qui
résultent de la substitution de trois radicaux
c'est de l'oxhydryle acide ou de l'oxhydryle non d'acides diatomiques et bibasiques à Hé , ou d'un
acide qui s'est éliminé. Les mieux connues des radical diatomique à H2 et de quatre radicaux
amides de cette classe sont la malo-diamide
neutre, monoatomiques à H. Telles sont la trisuccina-
CO .Az H2 mide
(C2H3) CO. Az H² (C+ H+ O²)"
OH (CHO²) '' } Az²
(C+ H+ O²) " )
la malo-diamide acide, connue sous le nom d'as-
paragine , et qui s'extrait de certains végétaux et la benzamyl-disulfophényl-succino-diamide
étiolés, (C *H *O2 '
CO. OH (C6H5S O2) 2 } Az²,
(C2H3)'' CO . Az H2 (C7H5O ) 2 }
Az H2
toutes deux découvertes par Gerhardt. La trisucci-
la tartramide ou diamide tartrique neutre, namide a été obtenue par la réaction du chlorure
CO. Az H2 de succinyle sur la succinimide argentique (Ger-
CO . Az H2 hardt)
(C2H2) V OH
2 (C+ H4O2)"
он ((C+ H + 03) Az) + C12
Succinimide Chlorure
le dérivé phénylé ( dialcalamide secondaire) de la argentique. de succinyle .
diamide citrique acide et monobasique (acidé citro-
biamique), (C&H O²)"
-
CO.OH =22 ((^C ) + (CHO ) Az²
IV CO. Az H. C6H5 (C+H+O2)"
(C3H4) ▼ CO. Az H. C6H5 Chlorure Trisuccino-
OH d'argent. diamide .
DIAMIDES SECONDAIRES . - Elles résultent du et la benzamyl - disulfophényl - succino - diamide
remplacement de 4H dans deux molécules d'am- par la réaction du chlorure de succinyle sur le
moniaque par des radicaux acides. Ces 4 H dérivé argentique de la benzamyl-disulfophenyl-
peuvent être remplacés : 1° par deux radicaux amide :
diatomiques renfermant ou non de l'oxhydryle ; (C6H5S O²)'
2º par un radical diatomique et deux radicaux 2 CH5O Az + (C * H * O *) [
CI
monoatomiques ; 3° par un radical triatomique et Ag)( AZ)
un radical monoatomique ; 4° par un radical tétra- Benzamyl-disulfo- Chlorure
tomique. Aucun corps de cette classe n'a été ob- phényl-amide argentique. de succinyle .
tenu jusqu'à ce jour ; mais, par contre, on connaît (C+ H+ O²)''
des diamides que l'on pourrait appeler hémi- =2 ( C ) + (Co H³S O2) Az² .
secondaires, dans lesquelles H³ seulement sont (C7H5 O)2
remplacés soit par un radical diatomique et un Chlorure Dibenzamyl-disulfo- phenyl-
radical monoatomique, soit par un radical triato- d'argent. succino-diamide.
AMIDON. 193 AMIDON.
chimistes admettent une différence entre l'enve-
TRIAMIDES. loppe et le noyau du grain d'amidon [ Raspail ,
N. Syst. de Chim. organ. , 1833. Guibourt,
TRIAMIDES PRIMAIRES. - Elles diffèrent des Journ. Chim. méd. , t. V, p. 96. - Saussure, Ann.
sels triammoniques des acides correspondants par de Chim. et de Phys., t. XI , p. 385. Caventou ,
3 H2O en moins. On peut les obtenir en faisant Ann. de Chim . et de Phys. , t. XXXI, p. 337.
agir l'ammoniaque sur le trichlorure d'un radi- Guérin-Varry, Ann. de Chim. et de Phys., t. LVI,
cal acide ou sur un éther trialcoolique, par des p. 225; t. LVII, p. 108 ; t. LX, p. 32; t. LXI,
réactions analogues à celles dont nous avons donné p. 66. - Payen et Persoz , Ann. de Chim . et de
les équations à propos des monamides et des Phys ., t. LVI , p. 337. Payen , N. Ann . Sc. nat.
diamides. bot., t. X, p. 201. - Melsens, Inst., 1857, p. 161 ] .
Ces amides, chauffées avec des acides ou des Quelquefois deux ou trois granules sont soudés
alcalis, absorbent 3H2O et donnent le sel ammo- entre eux et s'accroissent simultanément ; il se
niacal correspondant ou les produits de décom- dépose sur leur ensemble de nouvelles couches de
position de ce sel par les réactifs employés. matière amylacée et il en résulte un granule
TRIAMIDES SECONDAIRES ET TERTIAIRES . - Elles unique, mais dans lequel on distingue deux ou
représenteraient de triples molécules d'ammo- trois hiles différents. Pour bien apercevoir le
niaque dont les 2/3 ou la totalité de l'hydrogène hile, qu'il est souvent difficile de recounaître, on
seraient remplacés par des radicaux acides . On dessèche complétement les grains d'amidon vers
ne connaît jusqu'à ce jour aucun composé qui 180° et 200°, et on les plonge un instant dans l'al-
appartienne à cette classe. A. N. cool aqueux. L'alcool s'évapore et laisse une goutte
AMIDON ouMATIÈRE AMYLACÉE, C6H10O5. d'eau qui perce l'enveloppe extérieure ; si alors
L'amidon se rencontre en abondance dans le on place les grains dans l'alcool très-étendu, les
règne végétal ; il est déposé sous forme de gra- couches intérieures se distendent plus que les
nules dans le tissu cellulaire de certains organes couches extérieures et les granules s'étalent et
où il se développe à l'époque de la maturité ; laissent voir les couches séparées les unes des
ainsi l'on trouve la matière amylacée dans 1° les autres. En comprimant les granules entre deux
racines des orchidées, des iridées, des renoncula- verres parallèles, ils sont déchirés et on découvre
cées, etc. (par exemple, la bryone, le manioc, la facilement au microscope que l'intérieur est com-
guimauve , les carottes) ; 20 les tubercules de posé d'une matière solide et consistante. Les
pommes de terre , etc.; 3° les bulbes des lilia- grains d'amidon provenant de divers végétaux
cées, des colchicacées, etc.; 4° les tiges des cyca- out non-seulement des volumes différents, mais
dées ; 5º l'écorce de l'Ailantus glandulosa , etc.; aussi des propriétés physiques différentes qui
6 les graines des céréales, des légumineuses ; permettent de les distinguer les uns des autres.
7° les fruits du chêne, du châtaignier, du marron- Ainsi, lorsqu'on regarde au microscope des gra-
nier, etc.; 8º enfin dans le trénala, produit d'ex- nules d'amidon de pommes de terre en les éclai-
sudation d'une espèce d'échinops de Syrie. rant avec de la lumière polarisée et qu'on in-
Dans l'antiquité déjà, on extrayait l'amidon du terpose entre eux et l'œil un cristal de spath
froment, principalement en Égypte et en Crète, et d'Islande, on y aperçoit une croix noire dont les
Dioscorides prétend que le mot auudov, par lequel branches partent des hiles [ Biot , Ann. de Chim .
les Grecs désignaient l'amidon , vient de ce qu'on et de Phys. , (3) , t. XI , p. 100] . Dans les mèmes
le fabriquait sans faire usage de meules. circonstances, les granules de fécule de blé ne
La matière amylacée des céréales s'appelle présentent aucun phénomène de ce genre. Le ta-
amidon; celle des pommes de terre, fécule. Pour bleau suivant donne les longueurs moyennes des
extraire l'amidon , on fait, avec de la farine, une granules d'amidon en millièmes de millimètre
pate que l'on malaxe sous un filet d'eau continu ; [Payen, N. Ann. Sc. nat. bot. , t. X, p . 65] :
l'eau tombe sur un tamis placé dans une terrine ;
une petite quantité de gluten, qui est presque Tubercules de grosses pommes de terre de Rohan. 185
toujours entraînée avec l'amidon, est retenue par Racine de Colombo (Menispermum palmatum).. 180
les mailles du tamis ; on agite sans cesse celui-ci Rhizomes volumineux du Canna gigantea . 175
pour faciliter le passage de l'amidon , qui se dé- du Canna discolor.. 130
de Maranta arundinacea
pose au fond de la terrine. Pour préparer la fé-
88888

(arrow-root du commerce). 140


cule, on réduit les pommes de terre, au moyen Plusieurs variétés de pommes de terre . 140
d'une râpe, en pulpe qu'on agite sur un tamis en Bulbes de lis .. 115
Tubercules d'Oxalis crenata.. 100
6666

toile métallique fine, placé dans un vase rempli


d'eau ; la fécule se sépare et passe à travers les Tige d'un très-gros Echinocactus erinaceus im-
mailles ; elle n'entraîne que très-peu de tissu porté... 75
Sagou importé 70
cellulaire, que l'on éloigne au moyen de lavages Graines de grosses fèves... 75
par décantation ; la fécule , beaucoup plus dense, de lentilles 67
se dépose la première. de haricots .. 63
Pour dissoudre une petite quantité de matière de gros pois .. 50
grasse que renferme l'amidon, on le fait bouillir Fruit du blé blanc. 50
avec de l'alcool contenant un millième de potasse Sagou non altéré (fécule de la moelle fraîche du
sagouier)... 45
caustique, on laisse déposer, on lave avec de l'al- Grandes écailles des bulbes de jacinthe . 45
cool et de l'eau distillée ; on place la masse sur Tubercules de patates .. 45
une brique absorbante et l'on sèche à l'étuve. Tubercules d'Orchis latifolia et bifolia.. 45
La forme et les dimensions des grains d'amidon Fruit du gros maïs (blanc, jaune et violet) . 30
sont variables ; ils sont souvent arrondis cu Fruit du sorgho rouge..
ovoides, quelquefois sinueux, contournés comme Tiges volumineuses de Cactus peruvianus.. 30
Graine de Naïas major... 30
ceux de pois ou même bifurqués irrégulièrement, Tige de Cactus pereskia grandiflora.. 22,5
mais toujours ils sont composés de couches con- Graine d'Aponogetum distachium.. 22,5
centriques se terminant par un canal appelé hile. Tige du Ginkgo biloba (Salisburia adianthifolia). 22
C'est par le hile que les grains reçoivent la sub- Tige de Cactus brasiliensis ... 23
stance qui les produit et détermine leur accrois- Fruit du Panicum italicum.. 16
scinent par intussusception. Les couches ont Graines de Naïas major à demi développées ... 16
Pollen du Globba nutans ... 15
toutes la même composition , mais diffèrent par Tige d'Echinocactus erinaceus (de serre) ... 12
leur condensation ; l'enveloppe extérieure étant la Pollen du Ruvia maritima... 11
plus ancienne est aussi la plus dease. Plusieurs Tige d'Opuntia tuna et Ficus indica .. 10
1- 13
AMIDON. 194 - AMIDON.
Tige d'Opuntia eurassavica. 10 liquide contenant de l'empois et de f/396,000 à
Fruit du gros millet (Panicum miliaceum)…. 10 1/660,000 d'iodure de potassium bleuit encore à 0°
Tige de cactus (Mamillaria discolor ).. 8
8 lorsqu'on ajoute de l'acide sulfurique renfermant
Écorce d'Ailantus glandulosa .
Tige de Cactus serpentinus... 7,5 de l'acide hypo -azotique. L'iodure d'amidon est
soluble dans l'eau. Lorsqu'on fait chauffer de l'io-

વા
Racine de panais .. 7,5
Pollen de Vaïas major.. 7,5 dure d'amidon aqueux à 65°, il se décolore (il se
Tige de Cactus monstruosus.. forme des acides iodhydrique et iodique suivant
Graine de betterave .. quelques chimistes) et ne se colore pendant le
Graine du Chenopodium quinoa .. 2
refroidissement qu'autant que tout l'iode n'a pas
été volatilisé . D'après Guichard, l'iodure d'ami-
On a rencontré aussi de la matière amylacée don renferme de l'iodure incolore probablement
dans des tissus de l'organisme animal. Suivant identique avec celui qui se forme par l'action de
Carter, elle existe dans la rate , les reins , le la chaleur et de l'iode libre dissous dans l'iodure
foie, etc., ainsi que dans le mucus bronchique et d'amidon ; d'où la teinte bleue [ Bull. de la Soc.
quelques productions pathologiques [ Répert. de chim., 1863, p . 115 et 278 ] . L'iodure d'amidon
Chim . pure, t. I, p . 475] . Examinés à l'appareil décoloré par la chaleur se colore par l'acide azo-
de polarisation , ces grains présentent la croix tique. L'iodure d'amidon sec et solide ne se dé-
noire. Suivant Rouget , on trouve de l'amidon colore pas à 100° et 160°. Suivant Personne [Compt.
dans l'épithélium de l'amnios et du placenta et rend., t. LXI, p. 993] , l'iodure d'amidon est une
dans les cellules épidermiques d'autres organes laque qui se décolore à l'ébullition parce que l'ami-
[Compt. rend., t. XLVIII , p . 792] . don devient soluble. Lorsqu'on ajoute de l'alcool
Propriétés. - L'amidon constitue une poudre à de l'iodure d'amidon décoloré, il ne se recolore
blanche , sans saveur et sans odeur, insoluble pas, il se forme un précipité blanc, qui semble
dans l'eau, l'alcool et l'éther ; serrée entre les être de l'iodure d'amidon blanc. L'amidon addi-
doigts ou les dents , elle produit une sorte de tionné d'alcool ne se colore plus par l'iode. Le
grincement. Densité : 1,505 à 19° 7. L'amidon est chlorure de calcium et le sous-acétate de plomb
inaltérable à l'air lorsqu'il est convenablement précipitent l'iodure d'amidon en bleu. I
séché ; il est isomérique avec la cellulose , la L'iodure d'amidon bleu est décoloré par l'azo-
dextrine, la gomme, l'inuline et la lichénine . tate d'argent sans qu'il se forme de précipité ; par
Combinaisons. - 1° Il absorbe facilement l'hu- l'iodure de potassium avec formation de biiodure
midité de l'air, surtout s'il a été préalablement de potassium. L'iode de l'iodure d'amidon est en-
desséché à 150°. levé par tous ses dissolvants, l'éther, l'alcool, le
L'amidon peut contenir des quantités d'eau sulfure de carbone et même par un simple cou-
d'hydratation variables. Séché dans le vide sec, rant d'air ; le fer et le mercure ont la même
entre 100 et 140°, il est anhydre , C6H10O5. Séché action .
dans le vide sec à 20º, il renferme 9,2 % d'eau : 3° L'acide sulfo -amidonique se produit, lors-
C6H10O5 + H2O. Séché à 20º , à l'air dont l'état qu'on ajoute de l'amidon à de l'acide sulfurique
hygrométrique est 0,6, il renferme 18 % d'eau : en évitant une élévation de température. Cet
C6H10O52 H2O . Séché à 20° , à l'air saturé acide constitue une matière blar che, non cristal-
d'humidité, il renferme 35,5 % d'eau : C6H10 O3 line, déliquescente, qui se décompose à 100º. II
+5 H2O. Égoutté pendant 30 heures sur plaque se combine à la baryte, à la chaux et à l'oxyde de
de plâtre (fécule verte du commerce), il renferme plomb, en formant des sels amorphes, dont la
45,33 % d'eau : 2 (C6H10 O5) +15 H2O. composition varie suivant la quantité d'acide sul-
L'amidon, broyé avec peu d'eau froide, forme furique employée et la durée du contact des deux
une pâte résistante, qui durcit par la dessiccation ; corps; mais il semble que tous renferment les
trituré avec une plus grande quantité d'eau , dans éléments de l'amidon combinés à un nombre plus
un mortier à parois rugueuses, il y est en partie ou moins grand de molécules d'acide sulfurique
soluble ; l'enveloppe extérieure du grain reste [ Fehling, Ann. der Chem . u. Pharm., t. LV,
indissoute et le noyau entre en dissolution dans P. 13. - Blondeau de Carolles, Revue scientif. ,
l'eau. Différents noms ont été donnés à cette mo- t. XV , p. 69].
dification de l'amidon fécule soluble (Guibourt) , 4° L'eau de baryte précipite l'empois dilué en
gomme (Raspail), amidin (Saussure), amidon mo- formant une combinaison d'amidon et de baryte
difie (Caventou) , amidin et amidin' soluble (Guć- qui est une masse blanche, épaisse. Un composé
rin-Varry), amylogène ( Delffs ) [ Répert. de Chim . de chaux et d'amidon se forme dans des circon-
pure, 1860, t. II, p. 304] . Cette dissolution est stances analogues. Le composé C12 H18 09. 2 PbO
limpide , précipitée par l'alcool et bleuie par se produit, lorsqu'on ajoute une dissolution am-
l'iode. Concentrée par évaporation , elle devient moniacale d'acétate de plomb à une dissolution
gommeuse , gélatineuse , et forme , après trois ammoniacale d'amidon (Payen) .
jours, une pâte non transparente , soluble en 5º L'amidon se gonfle sous l'influence de vingt fois
partie seulement dans l'eau froide. son volume d'oxyde de cuivre ammoniacal et forme
L'amidon se gonfle dans l'eau chauffée de 75º à une matière qui occupe un volume dix fois plus
100°, en formant une masse gélatineuse qu'on grand. Ce composé contient de 12,75 à 15,28 %
appelle empois : l'eau, pénétrant à travers le hile d'oxyde de cuivre ; traité par l'ammoniaque,
entre les couches des grains d'amidon , les distend l'oxyde de cuivre est dissous graduellement, l'ami-
considérablement. don se gonfle et finit par se dissoudre ; les acides
L'empois est bleui par l'iode et se transforme à faibles le gonflent et le dissolvent en ne laissant
la longue à l'air en acide lactique, à l'ébullition de chaque grain que l'enveloppe [ Payon , Compt.
partiellement en glucose . L'empois dévie le plan rend., t. XLVIII , p. 67) .
de polarisation à droite [a ] = + 216º. 6º Chauffé en vase clos à 120º , avec de l'acide
20 L'amidon en contact avec l'iode forme de stéarique, l'amidon fournit du glucose stéarique ;
uns comme de l'amidon dont les couches sont dant 50 ou 60 heures, du glucose acétique ( Ber-
imprégnées physiquement d'iode, par les autres thelot, Ann . de Chim , et de Phys., (3), t. LX, p . 93] .
comme une combinaison définie : 10 atomes d'a- Chauffé à 140° avec de l'acide acétique anhydre,
midon et 1 atome d'iode [ Payen, Journ. Chim. il fournit deux composés incolores solides , l'un
med., t. IX, p. 573] . insoluble dans l'ean, soluble dans l'alcool et dans
Il suffit d'une très - faible quantité d'iode pour l'acide acétique, l'autre soluble dans l'eau et
produire une coloration bleue avec l'amidon ; un dans l'alcool ; tous deux se saponifient facilement
AMILON. - 195 - AMIDON.
en donnant de la dextrine [ Schützenberger , Compt. Lorsqu'on fait chauffer l'amidon avec de l'acide
rend. , t. LXI, p. 485]. sulfurique aqueux , il se forme peu à peu de
Décompositions de l'amidon. - Chauffé à 100°, l'amidon soluble, ensuite de la dextrine et fina-
l'amidon se transforme d'abord en amidon soluble, lement du glucose.
ensuite en dextrine; lorsqu'on élève la tempéra- A mesure que la réaction avance, l'iode produit
ture, il se colore et se gonfle vers 220° et 230° et une coloration de moins en moins bleue, l'alcool
fournit une masse fondue, composée principale- produit un précipité de plus en plus faible et finit
ment de pyrodextrine ( Gélis, Ann. de Chim. et de même par ne plus en occasionner ; le pouvoir
Phys. , (3), t. LII , p . 388 ] . L'amidon desséché à 100° rotatoire qui, au commencement, est [a] 216°
n'est pas altéré à 160°, mais se colore à 200° en à droite , décroit et devient stationnaire à
jaune brun , devient plus dense et soluble en (a)= 73°7' à droite. Ce pouvoir rotatoire est su-
partie dans l'eau . Chauffé plus longtemps en vase périeur à celui du glucose ( [a] = 66° 3 ' à droite)
clos à 20º, ou à l'air libre de 205° à 215°, il fond parce que la liqueur renferme, outre celui- ci, uné
et finit par se convertir entièrement en dex- substance agissant sur la lumière polarisée que
trine. l'acide ne décompose pas (Béchamp). Suivant
L'amidon fournit , à la distillation sèche , des Musculus, l'amidon se décompose par les acides
acides carbonique et acétique, des carbures d'hy- dilués d'après l'équation suivante [ Ann. de Chim.
drogène, des huiles empyreumatiques, et laisse et de Phys., t. LX, p. 203 , et nouv. sér. , t. VI,
un charbon boursouflé ; chauffé à feu nu, il se ra- p. 177] :
mollit, se gonfle, noircit, développe des vapeurs 3 C6H10052 H2O = C6H1407 + 2 C6H10 05 ;
âcres et finit par brùler avec une flamme éclai- Amidon. Glucose. Dextrine.
rante.
L'air, l'oxygène et l'air ozonisé oxydent l'ami- le glucose et la dextrine formés se trouveraient
don en produisant un peu d'acide carbonique toujours dans la proportion de 1 : 2.
[Karsten, Répert. de Chim pure, 1859, t. I, p. 237]. Les acides chlorhydrique et oxalique aqueux
Distillé avec du peroxyde de manganèse , de transforment l'amidon en glucose. L'acide acétique
l'acide sulfurique et de l'eau, l'amidon fournit critallisable, chauffé avec de l'amidon en vase
des acides carbonique et formique et du furfurol. clos à 100º, le transforme en amidon soluble.
Chauffé avec de l'eau, il forme d'abord de l'em- L'amidon, chauffé en vase clos pendant quel-
pois, ensuite de l'amidon soluble et un peu de ques jours à 150° avec l'ammoniaque aqueuse ,
dextrine qui , par une ébullition prolongée, se fournit un composé azoté solide, brun , gommeux ,
transforme en glucose. déliquescent, d'une saveur amère [ Schützenberger ,
Distillé avec de l'acide chlorhydrique et du Bull. de la Soc. chim. , 1861 , p. 16 ] . Suivant
peroxyde de manganèse , l'amidon fournit du Blondeau , il existe une base faible, l'amidiaque,
chloral, des acides carbonique et formique et du formée d'équivalents égaux d'amidon et d'ammo-
chloral propionique . niaque [Compt . rend., t. LIX, p. 403] .
Lorsqu'on fait bouillir l'amidon avec 1 partie Lorsqu'on fait chauffer de l'amidon avec quatre
de chlorure de chaux et 3 parties d'eau, il se pro- ou cinq fois son poids de potasse ou de soude et
duit de l'acide formique ; si le chlorure de chaux un peu d'eau, il se décompose en hydrogène ,
ne renferme pas d'hydrate de chaux , la décom- acides oxalique, carbonique, formique, acétique
position est complète, et on obtient de l'acide et métacétique. Lorsqu'on fait bouillir pendant
carbonique et de l'eau. plusieurs heures de l'amidon avec une solution
Il se forme de l'amidon soluble lorsqu'on de potasse concentrée, il se forme de l'empois
ajoute un mélange de 1 partie d'acide azotique qui se fluidifie, et l'amidon se désorganise . En
concentré et de 2 parties d'acide azotique ordi- neutralisant avec de l'acide acétique et en préci-
naire à 1 partie d'amidon , ou qu'on chauffe de cipitant par de l'alcool , on obtient une matière
l'amidon avec de l'acide azotique ordinaire jus- transparente, peu ou point soluble dans l'eau
qu'à apparition de vapeurs rouges [ Béchamp , bouillante, ne donnant pas d'empois et bleuissant
Ann. de Chim. et de Phys., ( 3 ) , t . XLVIII, par la teinture d'iode. Elle a le pouvoir rotatoire
p. 458]. à droite [a] = 211 °. Lorsqu'on fait digérer l'ami-
L'amidon, chauffé avec 2/10 % d'acide azotique don avec une lessive renfermant 5 % de potasse,
et humecté d'eau , se transforme en dextrine pendant 12 heures, à 50° ou 60°, il se forme de
(Payen). L'acide azotique concentré et l'acide la dextrine. Un mélange intime d'amidon et de
azotique aqueux en excès transforment, à chaud, 8 p. de chaux, soumis à la distillation , donne de
l'amidon en acide oxalique . l'acétone et de la métacétone [ Fremy, Ann. de
Amidon soluble. -Il se forme de l'amidon soluble Chim. et de Phys . , t. LIX, p. 6].
lorsqu'on broie de l'amidon avec de l'acide sulfu- Le chlorure de zinc transforme l'amidon en
rique. L'acide sulfurique aqueux transforme l'ami- empois, et, à l'ébullition , en amidon soluble ( B¿-
don en amidon soluble au bout d'une demi-heure champ).
de contact (Béchamp) ; cette transformation est Avec la diastase, entre 65° et 80º, l'amidon se
accomplie lorsque l'amidon ne produit plus qu'une transforme d'abord en amidon soluble, puis en
coloration violette avec l'iode. L'amidon soluble dextrine et glucose. Musculus explique cette réac-
est une poudre blanche, soluble dans l'eau froide tion comme celle de l'acide sulfurique sur l'ami-
et bouillante. Son pouvoir rotatoire est [2] = 211° don. La diastase saccharifie 60 fois plus d'amidon
à droite. La solution aqueuse est précipitée par que l'acide sulfurique, elle peut saccharifier jus-
l'eau de chaux, l'eau de baryte, l'alcool et le qu'à deux mille fois son poids d'amidon [ Payen et
tannin (¹). Persoz, Ann. de Chim. et de Phys. , t. LVI , p . 337] .
La quantité de glucose formée par un poids
(1) Amidon soluble de Maschke (J. pr Ch., t. LVI, p. 409; donné d'amidon est variable et dépend de la
t. LXI, p ) Lorsqu'on fait chauffer de l'amidon séché quantité de diastase, de la durée de son action , de
à l'air pendant vingt-quatre heures, en vase clos au bain- la proportion d'eau et de la température ; elle
marie, il se modifie, ne forme plus d'empois avec l'eau ne-peut dépasser 86,91 %. La diastase agit déjà
bouillante, et s'y dissout en partie ; en précipitant par à 10º, et son action ne s'arrête qu'à + 80º.
l'alcool , on obtient l'amidon soluble, sous forme d'une Le gluten transforme l'empois en glucose [Bou-
matière blanche, butyreuse, collante, soluble dans l'eau chardat, Ann . de Chim. et de Phys. ,t . XIV, p. 61].
froide et l'alcool aqueux. Une dissolution alcoolique La levûre de bière, la gélatine, la salive, le suc
d'amidon soluble fournit, par l'évaporation , une matière
qui nefroide.
jouit plus de la propriété de se dissoudre dans pancréatique et plusieurs autres liquides de l'éco-
l'eau nomie animale transforment l'amidon en glucose.
AMIDON. - 196 AMIDON.
XYLOÏDINE, nitramidine, pyroxam. - - Il existe bien comprendre la marche des opérations, il
deux combinaisons d'amidon avec l'acide azoti- convient de donner une idée sommaire de la
que, et chacune d'elles se présente sous deux constitution et de la composition du grain de blé.
modifications isomériques . Composition du grain de blé. - En allant de
XYLOIDINE de Braconnot [ Ann. de Chim. et de la surface au centre, on remarque : 1º trois en-
Phys., t. LII, p. 290] , ou fécule monoazotique , veloppes légères à peine colorées, faciles à enle-
insoluble de Béchamp [ Ann. de Chim. et de Phys ., ver par décortication, et formant environ 3/100 du
(3), t. LXIV, p. 311 ]. grain ; ce sont l'épiderme , l'épicarpe et l'endo-
Préparation. On broie dans un mortier carpe, essentiellement formées de cellulose ; 2º le
1 p. de fécule séchée à 20° avec 5 à 8 p. d'acide testa ou tégument, d'un jaune plus ou moins
azotique fumant, jusqu'à formation d'une masse orange ; 3º la membrane embryonnaire incolore.
semi-liquide homogène et transparente ; puis on Ces divers téguments, insolubles, membraneux,
ajoute 20 à 30 % d'eau distillée, et on continue constituent ce que l'on nomme le son ; 4° la partie
à broyer. On obtient un produit caséeux , pulvé- interne, au bas de laquelle se trouve l'embryon ,
risable, qu'on lave à l'eau et qu'on fait sécher à constitue la masse farineuse, mélange d'amidon
l'étuve. Pour le purifier, on le dissout dans un et de gluten ; elle est d'autant plus tendre et
mélange formé de 10 p. d'acide acétique mono- moins cornée que l'on se rapproche du centre.
hydraté et 1 p. d'acide acétique trihydraté ; on Au point de vue chimique, le grain de blé ren-
filtre et on précipite par l'eau ; la matière, bien ferme a. des parties solubles, sucre, dextrine,
lavée, est séchée. albumine, sels ; b. des parties insolubles, cellulose
Composition, C12 H10O9 Az205. Pelouze avait (son), amidon et gluten (farine) .
déjà donné antérieurement la même formule Le tableau suivant donne les proportions des
[Compt. rend., t . VII, p. 713 ; t. XXIII , p. 890]. principes immédiats les plus importants conte-
Propriétés. Elle est soluble dans l'alcool nus dans les graines de céréales [Payen , Chimie
95º, l'éther, un mélange d'alcool et d'éther, le industrielle].
chloroforme, l'éther acétique, la benzine et l'acé- Gluten Dextrine
tone ; un peu soluble dans l'alcool méthylique, à Amidon. et et
mat. azot. sucre.
peine soluble dans l'acide acétique monohydraté, Blé dur d'Afrique... €4,57 19,50 7,60
mais facilement soluble dans ce même acide ad- Blé demi-dur de Erie 68,65 16,25 7,00
ditionné de 1/10 d'acide acétique à 3 équivalents Seigle... 65,65 13,50 12,00
d'eau Orge 65,43 13,96 10,00
Avoine 69,59 14,39 9,25
FÉCULE MONOAZOtique soluble. — Préparation . Mais . 67,55 12,50 4,00
En traitant la fécule par dix à douze fois son Riz.. 89,15 7,05 1,00
poids d'acide azotique fumant, on obtient une dis-
solution jaune, visqueuse , qu'on précipite par Graisses. Cellulose. Sels
l'eau, lave et sèche à l'étuve . On purifie par disso- minér.
lution dans l'alcool éthéré, on filtre et on aban- Blé dur d'Afrique .... 2,12 3,50 2,71
donne à l'évaporation spontanée. Blé demi-dur de Brie . 1,95 3,40 2,75
Seigle 2,15 4,10 2,60
Propriétés. - Elle est soluble dans un mélange Orge 2,76 4,75 3,10
d'alcool et d'éther, dans l'acétone, l'éther acé- Avoine.. 5,50 7,06 3,25
tique, l'alcool méthylique ; insoluble dans l'alcool Mais 8,80 5,90 1,25
à 95º et plus soluble dans l'acide acétique cris- Riz.. 0,80 1,10 0,90
tallisable que la modification précédente.
FECULES DIAZOTIQUES. - Il existe deux modifi- Dans les blés durs les plus riches en gluten, la
cations moléculaires, l'une soluble dans l'alcool à quantité de matière azotée peut être double de
95º, l'autre soluble dans l'alcool éthéré ; elles celle du blé blanc.
prennent naissance simultanément lorsqu'on fait La décortication et la mouture permettent d'iso-
réagir sur 1 p. de fécule séchée à 20º 12 p. d'acide ler assez exactement la cellulose imprégnée de
azotique fumant. On filtre sur du verre pilé; la silice et de sels minéraux ; restent l'amidon et le
liqueur filtrée, entourée d'un mélange réfrigérant, gluten intimement mélangés, dont la séparation
est traitée par 8 p. d'acide sulfurique concentré constitue le point important et délicat de la fabri-
qu'on verse rapidement ; il se précipite une cation de l'amidon .
masse blanche, molle et volumineuse. On lave Tout le monde sait qu'en pétrissant à la main,
avec une grande quantité d'eau froide ; le produit sous un filet d'eau, et au-dessus d'un tamis fin ,
lavé et séché est pulverulent. de la farine réduite en pâte, l'amidon est méca-
Composition, C12 H1608 2 Az2 05. - Ces fécules niquement entraîné et passe avec l'eau à travers
sont moins stables que les fécules monoazotiques les mailles de la toile métallique, tandis que le
et déflagrent à une température moins élevée, gluten finit par rester entre les doigts de l'opéra-
vers 175° au lieu de 198° ou 200°. La fécule mono- teur, sous forme d'une masse élastique. D'un
azotique, bien desséchée, se conserve indéfini- autre côté, le gluten humide, abandonné à lui-
ment, tandis que les fécules diazotiques commen- même sous l'eau, finit par se liquéfier sous l'in-
cent à se décomposer spontanément au bout de fluence d'une fermentation acide spéciale. Sur ces
quelques jours . observations, sont foudés deux procédés d'extrac-
En traitant les fécules azotiques avec du pro- tion de l'amidon, dont l'un peut être appelé mé-
tochlorure de fer, on régénère de l'amidon soluble canique et l'autre chimique. On combine quel-
avec toutes ses propriétés. Les fécules azotiques fois les deux méthodes, la seconde complétant la
sont des azotates ; l'acide sulfarique y déplace première.
l'acide azotique et le protochlorure de fer en I. ANCIEN PROCÉDÉ. PROCÉDÉ CHIMIQUE.- Le grain
chasse du bioxyde d'azote ; elles conservent le de blé est grossièrement broyé, soit à la meule,
pouvoir rotatoire propre à l'amidon. PH. DE C. soit au moyen d'une paire de cylindres cannelés,
AMIDON (Industrie). tournant horizontalement et en sens inverse, puis il
PREPARATION Industrielle de l'amidon et de la est immergé pendant plusieurs semaines dans de
FÉCOLE. -Dans le commerce, on désigne plus parti- l'eau additionnée du liquide d'une opération anté-
culièrement sous le nom d'amidon le produit amy- rieure. Ce liquide acide à odeur fétide, connu sous
lacé extrait des graines de céréales (blés, seigle, le nom d'eau sûre des amidonniers , háte le tra-
orge, avoine, mais, riz, millet, sarrasin, etc. ) . Ce vail de la dissolution du gluten en fournissant le
sont généralement les diverses espèces de blés ferment nécessaire tout formé. On emploie 4 à
qui servent à la préparation industrielle. Pour 5 p. d'eau pour 1 p. de blé, et 12 à 15 % d'eau
AMIDON. - 197- AMIDON.
sûre. L'opération dure quinze à trente jours , sui- son , est encore filtré au moyen d'un tamis
vant la température . cylindrique en soie. Il tient en suspension des
Les phénomènes qui se passent dans ce cas ne grains d'amidon parfaitement blancs et quelques
sont pas encore étudiés d'une manière complète. particules de son et de gluten , plus légères et
On peut admettre que la glucose subit la fermen- échappées, en raison de leur ténuité, à l'action
tation lactique et la fermentation alcoolique ; épurante des tamis. Par un repos suffisamment
l'alcool lui-même s'acidifie et se transforme en prolongé dans des cuves, l'amidon se réunit sous
acide acétique. Sous l'influence de ces acides, le forme d'une couche cohérente blanche, recouverte
gluten se désagrége et devient en partie soluble ; d'une couche grisâtre moins compacte formée d'un
mais sa complète liquéfaction ne se produit qu'à mélange d'amidon , de son et de gluten. On ob-
la suite d'une putréfaction commençante, accom- tient l'amidon de première qualité en recueillant
pagnée d'un dégagement d'ammoniaque et d'hy- à part les couches blanches inférieures. Les por-
drogène sulfuré ; aussi l'odeur infecte et désa- tions supérieures, mises en suspension dans l'eau
gréable résultant de cette pratique a-t-elle fait et passées une seconde fois au tamis, donneront
ranger les amidonneries travaillant d'après ces de l'amidon de seconde et de troisième qualité.
principes dans la catégorie des industries les Cette manière de procéder est longue et ne per-
plus insalubres et devant être reléguées loin des met pas un travail continu . On a substitué avec
habitations. La liquéfaction du gluten étant une avantage aux cuves de dépôt l'usage du plan
fois réalisée, on étend la masse avec de l'eau et incliné. Supposons une table ayant 1m,10 de
on la passe à travers des tamis de plus en plus large et 80 à 100 mètres de long, avec une pente
fins, qui retiennent le son. Le liquide filtré et très-faible de 1 millimètre par mètre, munie de
laiteux est abandonné à lui-même ; l'amidon en- rebords ; pour faciliter l'installation , la table
trainé se dépose, il est purifié par des lavages unique est remplacée par trois tables superposées
répétés et enfin passé à travers un tamis fin. et inclinées en sens inverse. Ces tables sont en
Le blanchiment final du produit s'obtient par bois ou en maçonnerie munie d'un mastic au
des procédés variant avec chaque fabricant , et bitume. Si nous faisons arriver le liquide laiteux,
le plus souvent tenus secrets. Les uns emploient tenant l'amidon en suspension , à la partie supé-
à cet effet des solutions alcalines faibles, de l'eau rieure, il s'écoulera lentement sous forme de nappe
de chaux ou du carbonate de soude ; d'autres em- en déposant les particules solides d'après l'ordre de
ploient des liquides acidulés ou alternativement leur densité ; au bout de vingt-quatre heures , le
des liquides acidulés et alcalins ; dans tous les sol sera couvert d'une couche cohérente d'amidon
cas, on termine par un lavage à l'eau pure. Pour de plusieurs centimètres ( 10 à 15 ) d'épaisseur.
la dessiccation , voir plus bas. L'eau qui se déverse à la partie inférieure de la
II. PROCÉDÉS MÉCANIQUES . - Un procédé que j'ai dernière table ne doit pas encore être rejetée ; elle
trouvé appliqué dans la plupart des amidonneries est recueillie dans de grandes cuves, où elle dé-
que j'ai visitées, consiste à laisser le grain de blé pose encore, par le repos, une certaine quantité
entier se gonfler par un trempage de quelques d'amidon de qualité inférieure. Le produit re-
jours dans l'eau ; il est ensuite réduit en pulpe. cueilli au sommet du plan incliné est plus pur
Celle-ci est épuisée par l'action d'un filet d'eau que celui du bas , car les particules les plus
aidée d'une trituration sur un tamis. L'amidon légères sont nécessairement entraînées le plus
est entraîné et se dépose au sein du liquide, tan- loin. La séparation en plusieurs sortes ne se fait
dis que le son et le gluten restent mélangés sur le donc plus ici , comme dans les cuves, par ordre
tamis. Nous entrerons dans quelques détails au de couches, mais par ordre de distances. Il est
sujet de cette manière de procéder. encore évident que le plan supérieur se chargera
Le grain , tel qu'il est livré au fabricant, est plus vite que les deux autres, aussi convient-il
versé dans de grandes cuves en bois placées d'enlever le dépôt d'autant plus souvent que la
dans un atelier spécial, à une température mo- table est plus élevée (une fois parjour pour la pre-
dérée. On ajoute assez d'eau pour le maintenir mière, tous les deux jours pour celle du milieu,
entièrement immergé. Il reste dans cet état, où toutes les semaines seulement pour la table infé-
il double presque de volume , pendant deux rieure). Le dépôt amylacé enlevé des tables est dé-
à trois jours, suivant la température ambiante , coupéen gâteaux que l'on fait d'abord égoutter dans
jusqu'à ce qu'il se laisse facilement écraser des baquets en bois percés de trous et doublés de
en pulpe entre les doigts ; après quoi , on le lave toile, puis sur une aire formée de carreaux épais
pour le débarrasser de la poussière et des parti- en plâtre. Dans certaines fabriques , on les en-
cules étrangères qui l'accompagnent. Ce lavage veloppe de toile et on superpose les pains en
s'exécute facilement au moyen de cylindres ou de les comprimant légèrement , pour exprimer le
prismes octogones creux et ouverts aux deux plus d'eau interposée. L'usage de l'hydro-extrac-
bouts, à parois latérales formées d'une toile mé- teur est aussi très commode pour atteindre ce
tallique grossière suffisante pour arrêter les grains but. Les pains qui ont acquis par là assez de
en laissant passer les parcelles plus petites. Le cohésion sont cassés à la main en fragments rec-
cylindre est incliné à l'horizon et offre à l'inté- tangulaires et soumis à la dessiccation . Cette der-
rieur une disposition hélicoidale ; il tourne au- nière opération se fait tantôt entièrement à l'air
tour de son axe et se trouve partiellement im- libre dans des séchoirs ouverts ; tantôt on com-
morgé dans l'eau. Le grain se charge par le haut, mence la dessiccation à l'air (3 à 4 jours) pour la
et arrive lavé à la partie inférieure après avoir terminer dans des étuves chauffées régulièrement
suivi les tours de l'hélice ; il tombe, de là, dans et progressivement jusqu'à 60°, température qu'il
un entonnoir rectangulaire en bois qui le livre ne faut pas dépasser. Si l'on atteignait brusque-
à une paire de cylindres cannelés, animés d'un ment le degré maximum, l'amidon , en présence
mouvement de rotation en sens inverse et desti- d'un excès d'eau, pourrait se convertir en empois;
nés à l'écraser en pulpe. La séparation de l'ami- aussi est-il avantageux de se servir des étuves
don sefait sur un large disque horizontal en cuivre, continues et méthodiques, telles que celle con-
percé de petits trous et muni d'un rebord verti- struite par Lacombe et Persac. L'amidon y suit
cal. Sur ce plateau tourne une double meule ver- une marche descendante en passant par des
ticale avec des grattoirs. Pendant le travail, de régions de plus en plus chaudes. Pendant l'éva-
l'eau tombe constamment sur la pulpe, sous forme poration de l'eau , le pain d'amidon éprouve un
de filets, et entraîne la matière amylacée. Le retrait irrégulier, il se fendille suivant des direc-
liquide laiteux qui s'écoule à travers le premier tions ondulées, mais grossièrement parallèles, de
tamis, trop grossier pour retenir la totalité du sorte qu'à la fin de la dessiccation , le produit se
AMIDON. - 198 - AMIDON.

présente sous forme de petits prismes basaltiques ration ( dépôt, égouttage , dessiccation ) s'exécute
ou d'aiguilles se prolongeant de la surface au comme dans le premier procédé.
centre. Cette apparence est exigée par le com- Les progrès réalisés depuis quelques années
merce ; elle est en effet un gage de pureté, la dans cette industrie consistent surtout en dispo-
présence de la fécule de pommes de terre empê- sitions mécaniques plus parfaites, permettant un
chant le phénomène ; les grains d'amidon de travail plus rapide et plus économique, et dans
céréales ont une forme lenticulaire qui provoque un rendement plus considérable.
leur adhérence mutuelle. L'amidon de première FABRICATION DE L'AMIDON DE POMMES DE TERR
qualité est enveloppé, pendant la dessiccation , OU DE LA FÉcule. - Vu les différences considéra-
d'une feuille de papier maintenue par une liga- bles dans la structure et la composition de la ma-
ture ; il conserve mieux ainsi toute sa blan- tière première, les conditions de fabrication ne
cheur. sont plus les mêmes. Ce qui entrave l'extractio
Le résidu, composé en grande partie de son et des grains de fécule, ce n'est plus le gluten, sub-
de gluten, resté sur le tamis d'extraction , retient stance azotée, susceptible de se liquéfier dans cer-
encore des grains d'amidon emprisonnés, et peut taines conditions, mais un tissu aréolaire, com-
être livré sous cette forme à l'alimentation du bé- posé de cellulose, et emprisonnant dans ses cavi-
tail, en guise de malt. Si l'on veut en extraire les tés multiples les grains d'amidon . Il en résulte
dernières traces d'amidon , on peut l'abandonner que le travail est purement mécanique. Voici la
à la fermentation lactique, en le traitant comme composition de la pomme de terre (bonne variété )
le blé dans le premier procédé ; par ce moyen, le d'après Payen :
gluten , dont la viscosité s'opposait à l'épuise- Eau... 74,00
ment, devient soluble et, par un nouveau lavage, Fécule. 20,00
le fabricant arrive à isoler les dernières particules Épiderme, tissu cellulaire , pectose ,
de substance amylacée. pectine , pectates... 165
PROCÉDÉ DE M. Émile Martin, de Grenelle.— Matières protéiques. 1,50
Le procédé Martin diffère essentiellement des Asparagine . 0,12
Graisses... 0,10
précédents, en ce qu'au lieu d'agir directement Sucre , résine , essence 1.07
sur le grain il exige la séparation préalable de la Sels minéraux et acides organiques .. 1,6
farine. Il repose uniquement sur l'expérience re- 100,00
latée plus hant, et qui sert aux chimistes comme
exemple de cours d'une analyse immédiate par La proportion de fécule contenue dans les pom-
voie mécanique. En résumé, la farine est trans- mes de terre varie, du reste, dans certaines limi-
formée en pâte au moyen d'une addition d'eau tes, avec l'espèce, la nature du sol , le climat, les
( 1/2 partie environ pour 1 partie de farine) , et conditions atmosphériques et la plus ou moins
cette pâte est malaxée mécaniquement sur un ta- bonne conservation des tubercules . Ainsi, elle di-
mis, au-dessous d'un filet d'eau. Toute simple minue beaucoup après la germination ; aussi faut-
qu'elle paraisse à première vue, cette opération a il avoir soin d'éviter ce travail naturel. On con-
opposé longtemps des difficultés considérables serve à cet effet les pommes de terre dans des silos
pour pouvoir être exécutée en grand. (1,50 à 2 mètres de large sur 1 mètre de profon-
Les désavantages de la nouvelle méthode sont deur) creusés dans un sol ferme et peu humide,
d'exiger la préparation préalable de la farine et et recouverts de 0,30 de terre.
de ne pouvoir s'appliquer, comme les précéden- L'extraction de la fécule réclame la série d'opé-
tes, aux grains avariés ; d'un autre côté, le tra- rations suivante : 1° trempage dans l'eau pour
vail est loin d'être aussi insalubre , le produit ramollir la terre qui enveloppe les tubercules;
obtenu est plus blanc, et l'on retire, comme ma- 2º lavage pour enlever le sable et la terre adhé-
tière secondaire, du gluten pur, susceptible de re- rente ramollie ; 3° râpage aussi parfait que possi-
cevoir des applications comme aliment (prépara- ble pour déchirer les cellules et mettre les grains
tion des pâtes alimentaires ) ou pour fixer les de fécule à nu ; 4° tamisage de la pulpe sous l'in-
couleurs. Outre cela, 100 kilog . de farine donnent fluence d'un courant d'eau et sur un tamis : le
40 à 42 kilog. d'amidon fin et 18 à 20 kilog . d'ami- tissu cellulaire reste comme résidu, tandis que
don de seconde quartité, soit en tout 0,60 à 0,62, l'eau entraîne la fécule ; 5º outre la fécule, le li-
tandis que la méthode par fermentation ne donne quide peut encore tenir en suspension des sub-
que 0,40 à 0,45 de produit, sans gluten pour stances terreuses et siliceuses que le lavage n'a
couvrir une partie des frais. pas complétement éliminées. Celles-ci se dépo-
Nous n'entrerons pas dans tous les détails de sent rapidement par un repos de quelques minu-
cette fabrication, plutôt mécanique que chimique. tes dans une cuve, suivi d'une décantation ( des-
La pâte, rendue bien homogène, grâce à une tri- sablage). Le reste de la fabrication se termine à
turation de 30 minutes en été et de 60 minutes peu près comme celle de l'amidon : la fécule dé-
en hiver, dans un pétrin mécanique semblable à posée est toujours recouverte d'une couche grise,
celui des boulangeries, et contenant de 45 à 50 composée de grains de fécule et de débris de tissu
parties d'eau pour 100 de farine, est soumise au cellulaire, et appelée gras de fécule ; on l'enlève
lavage dans un appareil nommé amidonnière, au moyen d'un racloir. Le reste de la fécule est
par portions de 38 kilog. de pâte. L'amidonnière se remis en suspension dans l'eau et passé à tra-
compose d'une auge demi-cylindrique garnie laté- vers un tamis de soie. Quant au gras de fécule, il
ralement de deux bandes en toile métallique. Un est soumis à une épuration, par lavage mécanique,
cylindre cannelé plein, animé d'un mouvement sur une table inclinée. Cette opération repose sur
alternatif de rotation de gauche à droite et de les mêmes principes que le lavage des minerais . Le
droite à gauche, travaille la pâte, tandis qu'un gras est placé au sommet de la table et arrosé par
tube parallèle à l'axe de l'amidonnière laisse tom- une pluie fine d'eau , pendant qu'il est légèrement
ber de l'eau sur la masse. Pour éviter l'empâte- agité au moyen d'une brosse. Les parties les plus
ment des toiles, celles-ci plongent extérieurement légères, composées de tissu cellulaire, sont entrai-
dans l'eau, et il est facile de les dégager au moyen nées jusqu'au bas du plan incliné, tandis que la
d'une brosse. On accouple ordinairement deux de fécule se dépose sur le parcours, d'autant plus
ces cylindres. L'amidon qui s'échappe par les pure qu'elle est plus élevée. Le plan incliné uni-
mailles entraîne toujours des particules très-fines que peut être remplacé par trois plans superposés
de gluten; on ne parvient à l'en débarrasser que en sens inverse. La bouillie de fécule obtenue par
par voie de fermentation lactique. Le lavage à le tamisage au tamis de soie de la fécule du pre-
l'eau dure environ une heure. Le reste de l'opé- mier depôt et de la fécule extraite du gras est
AMIDON. -199 - AMIDON.
versée dans des baquets percés et garnis de toile ; sur les plans inclinés, où l'opération se termine
elle s'y égoutte en partie. Cet égouttage se termine comme il a été dit. Quant à la pulpe non encore
sur des plaques poreuses en plâtre ; elle porte complétement épuisée , elle subit un second râ-
alors le nom de fécule verte, contenant 0,66 de page et un second lessivage, à peu près sembla-
fécule sèche, et peut servir directement à la pré- bles aux premiers. Un arrosage externe des toiles
paration de la glucose. La dessiccation des pains métalliques, réalisé au moyen de deux tubes laté-
se fait dans des étendages à air libre et dans des raux percés de trous, empêche l'engorgement des
étuves chaudes, en observant les précautions indi- mailles.
quées à propos de l'amidon. Enfin, il ne reste La fécule sert au collage du papier, pour les
plus qu'à écraser les masses entre des cylindres, apprêts et l'épaississement des couleurs , la fabri-
à passer au blutoir et à embariller. Dans cette in- cation de la dextrine blanche, de la glucose, du
dustrie, comme dans celle de l'amidon , on favo- sirop de dextrine, du leiocomme (fécule grillée) ;
rise la précipitation en employant les plans incli- pour la préparation de diverses substances ali-
nés, et l'égouttage peut être accéléré par le secours mentaires. Dans ce dernier cas, il convient de
de l'hydro-extracteur. lui enlever l'odeur désagréable et caractéristique
D'après les travaux de Fresenius , Schulze qui l'accompagne. On y arrive, d'après M. Martin,
(Journ. prakt. Chim . , t. XLI , p . 436, et Stohmann par un lavage avec une solution faible de carbo-
(Ham. agronom . Zeitschr. , 1858. p. 317), on ap- nate de soude suivi d'un lavage à l'eau pure.
précie assez rapidement le rendement probable La fécule de pommes de terre ne se présente
des pommes de terre en les immergeant dans une jamais avec l'apparence prismatique de l'amidon
solution aqueuse de sel marin d'une densité con- du blé. Elle se distingue facilement de ce dernier
nue et en observant si elles flottent ou non. II produit par l'inspection microscopique ; sa forme
existe en effet un rapport direct entre la densité ovoide et surtout son diamètre plus grand ( 140 mil-
des tubercules et leur richesse en fécule. Un pro- lièmes de millimètre, au lieu de 40 millièmes) . A
cédé moins exact, mais aussi expéditif, consiste défaut de microscope, on peut faire l'expérience
à sécher un poids counu de pommes de terre dé- suivante la fécule, broyée à sec dans un mortier
coupées en tranches minces, à l'étuve à 100º, et à de porcelaine , puis délayée à l'eau et filtrée,
déduire du reste 6 % du poids de la matière em- donne un liquide qui bleuit par l'iode ; avec
ployée; la différence représente approximative- l'amidon pur, l'eau filtrée ne bleuit pas. On peut
ment le poids de la fécule. admettre que, dans le premier cas , vu la grosseur
Pour ne pas interrompre l'exposé rapide de la plus considérable des grains , ceux-ci ont été dé-
série de manipulations que l'on fait subir aux chirés, brisés et réduits en particules assez fines
tubercules, nous avons omis quelques détails in- pour qu'un certain nombre puisse traverser les
téressants concernant chaque opération en parti- pores du papier.
culier. Nous reviendrons sur nos pas pour com- Dans les recherches de ce genre, il convient de
bler ces lacunes. Le trempage se fait dans de délayer le produit dans un verre à pied, avec de
grandes cuves en bois ou en maçonnerie, munies l'eau, de laisser déposer et d'examiner surtout la
de bondes pour le départ des eaux sales. Le la- partie inférieure du dépôt , c'est-à-dire le som-
veur mécanique se compose d'un cylindre creux, met du cône solide.
un peu incliné , faisant dix à quinze tours par AMIDON OU FÉCULE DE MARRONS D'INDE. - On a
minute et immergé jusqu'à la moitié de son dia- cherché à plusieurs reprises, et dès le commence-
mètre dans l'eau d'une caisse. La paroi latérale ment du siècle, à extraire l'amidon des marrons
est à jour et représentée par des tringles longitu- d'Inde. M. de Callias est récemment arrivé à
dinales en fer ou en bois, laissant entre elles un rendre cette opération industrielle [ Compt. rend.
intervaile de 15 à 20 millimètres, afin de donner de l'Acad. , t. XLIV , p. 514 ] . Les marrons sont
passage à la terre. Les tubercules se nettoient râpés, sans décortication préalable , et la pulpe
par la friction produite entre elles et sur les est lavée à l'eau sur des tamis convenablement
tringles pendant la rotation ; elles entrent par en disposés, afin de retenir les débris de ligneux.
haut et sortent par en bas. Ceux-ci sont soumis à un broyage et à une friction
La râpe se compose d'un cylindre dévorateur entre deux cylindres lamineurs tournant en sens
armé de lames de scies longitudinales, écartées inverse. Le liquide tamisé, abandonné au repos,
de 2 centimètres les unes des autres ; elle fait dépose la fécule. Celle-ci est lavée avec de l'eau
sept à huit cents tours par minute et déchire en contenant 40 à 50 grammes d'alun pour 2 à 300 ki-
pulpe les pommes de terre qui viennent se pré- logr. de fécule, puis à l'eau acidulée avec de l'acide
senter à elle, en glissant le long d'un plan incliné sulfurique, ou, comme l'a proposé M. Payen, à
en bois contre lequel elles sont maintenues. La l'eau chargée d'acide sulfureux. Le principe amer
pulpe s'écoule immédiatement dans le tamis. des marrons se dissout dans l'eau et les solutions
Parmi les nombreuses dispositions adoptées pour alcalines et peut être éliminé par des lavages suf-
le tamisage de la pulpe , nous mentionnerons fisamment prolongés, Le rendement en fécule est
particulièrement l'appareil Huck. La pulpe pro- de 15 à 17 %.
venant d'un premier râpage est montée et versée, D'après M. Schoeffer, la fécule de marrons d'Inde
au moyen d'une pompe , dans l'intérieur d'un convient à l'apprêt des tissus ; elle donne une
tamis cylindrique horizontal tournant lentement pâte plus épaisse et plus consistante que l'amidon
autourde son axe dans une caisse demi-cylindrique de blé et peut le remplacer dans l'épaississage
concentrique. Le tamis se compose de trois par- des couleurs [ Bull. de la Soc. indust. de Mul-
ties qui se suivent. Les deux portions extrêmes, house, 1860, nº 478] . Cette fabrication est surtout
plus longues et plus étroites que la partie cen- entravée par la grande diffusion des arbres pro-
trale, ont leurs parois latérales formées de toiles ducteurs et les frais de transport de la matière
métalliques, la première avec le n° 25, la seconde première trop peu abondante.
avec le nº 35. Le tambour du milieu, à diamètre M. Payen a examiné divers produits végétaux
plus grand, est à parois pleines ; il sert à favoriser au point de vue de leur teneur en fécule [ Compt.
le délayage de la pulpe avec l'eau . Un cylindre rend. de l'Acad. , t. XLIII , p . 76 , et t. XLIV,
concentrique à celui du tamis , beaucoup plus p. 407] . Le Chacrophyllum bulbosum peut en
petit, interne et percé de trous , reçoit de l'eau donner jusqu'à 28 % de son poids. Le produit
qui est répandue sous forme de pluie sur la sub- obtenu est très-beau.
stance à épuiser. Les eaux chargées de fécule Le manioc, qui sert à la préparation du tapioca,
sont filtrées à travers un second et même un substance alimentaire très-estimée, est produit
troisième tamis à mailles très-fines , et dirigées par une plante vénéneuse ( Jatropha manihot ou
AMINES. 200 AMINES.
Manihot utilissima ). D'après Boussingault , la Lorsqu'on prépare les monamines primaires par
plante qui sert à la fabrication du tapioca porte cette méthode, on recueille généralement le pro-
le nom de Yuca dulce ou Yuca brava ; elle donne duit dans l'acide chlorhydrique et après avoir
de 20 à 23 % de tapioca. La substance vénéneuse évaporé à siccité la solution , on extrait l'alcaloide
est de l'acide cyanhydrique ; on comprend donc de son chlorhydrate en distillant ce dernier avec
facilement que le produit devient inoffensif par de la chaux, comme s'il s'agissait de préparer
la dessiccation . l'ammoniaque au moyen du sel ammoniac.
Amidon de sagou , de maïs et de riz. -- On a 2º En chauffant une solution alcoolique d'am-
fait de nombreux efforts, dans ces dernières an- moniaque avec l'éther simple d'un alcool : il se
nées, pour remplacer en partie les graines de cé- forme dans ces conditions une monamine primaire
réales par d'autres produits, dans la fabrication et un hydracide qui reste uni à cette monamine
de l'amidon . Ainsi , en Angleterre et en Amé- [Hofmann, Ann. de Chim . et de Phys ., (3) , t. XXX ,
rique, on a cherché à utiliser le riz , le sagou et p. 87. Chem. Soc. quart. Journ ., t. III, p. 300] :
le mais. La fécule de riz, qui forme environ 85 % C2H5
de ce produit, ne peut être séparée du gluten C2H5 +
par l'ancien procédé chimique, vu que le gluten Az = H Az. I;
du riz n'est pas fermentescible . Orlando Jones H
est arrivé à extraire, dès 1840, une forte propor-
tion d'amidon de riz très-pur, en faisant interve- Iodure Ammoniaque. Iodure d'éthyl-
d'éthyle. ammonium.
nir une solution étendue de soude caustique.
Dans la préparation de l'amidon de sagou, on on sépare ensuite l'ammoniaque composée de l'io-
préfère la variété de Bornéo. Ce produit se com- dure formé en distillant ce sel avec de la chaux.
pose presque exclusivement d'amidon pur. M. Wa- On peut dans ce procédé substituer les éthers
therspoon (Glenfield) lave la farine de sagou deux phosphoriques [ De Clermont, Ann. de Chim . et de
fois avec de l'eau pure filtrée avec soin . Elle Phys., (3) , t. XLIV, p. 335] , nitriques [Juncadella,
est ensuite macérée dans une solution faible de Compt. rend., t. XLVIII, p . 332] , où sulfureux
chlorure de chaux , pendant 3 à 4 heures , et [Carius, Ann . de Chim. et de Phys. , t. CX, p. 209]
lavée plusieurs fois à l'eau pure. On ajoute une aux éthers simples .
faible quantité d'acide sulfurique, pour neutrali- Cette méthode ne fournit jamais des résultats
ser la chaux, on lave enfin à l'eau jusqu'à élimi- aussi simples que ceux que la théorie indique. En
nation des dernières traces d'acide et de chaux. même temps que des amines primaires, on obtient
Pendant le dernier lavage , on ajoute une dose toujours des amines secondaires et tertiaires et
convenable d'azur ou smalt très-fin. On laisse des ammoniums quaternaires. Nous verrons plus
déposer dans une cuve, on décante le liquide sur- tard comment on sépare ces divers composés.
nageant. Pour l'usage alimentaire, on n'emploie 3º En soumettant les éthers cyanhydriques à
que les couches centrales ; celles de la surface, l'action de l'hydrogène naissant, il se produit une
du fond et des parois de la cuve sont mises de base qui renferme en remplacement de l'hydro-
côté pour être relavées ou servir à des applica- gène non point le radical de l'alcool dont on em-
tions industrielles . Il ne reste plus qu'à passer au ploie l'éther cyanhydrique , mais son premier
tamis et à sécher après égouttage. P. S. homologue supérieur :
AMINES. - Ce sont des corps qui résultent de
la substitution d'un radical positif à l'hydrogène CH³ ) + 2H == C2H5 H Az.
CAZ ) 2
de l'ammoniaque. On les divise en monamines,
diamines et triamines. Cyanure de Hydro- Éthylamine.
méthyle. gène.
MONAMINES.
Cette réaction est très-facile à interpréter. Les
MONAMINES PRIMAIRES. --- Le radical substitué éthers cyanhydriques ne sont point de véritables
à l'hydrogène de l'ammoniaque peut être un ra- éthers , ce sont des amines tertiaires dans lesquelles
dical d'alcool monoatomique, ou un résidu mono- 3H sont remplacés par un radical triatomique.
atomique d'alcool polyatomique. Ainsi le cyanure de méthyle est C2H3"" Az, sous
MONAMINES PRIMAIRES RENFERMANT UN RADICAL l'influence de l'hydrogène naissant C2 H³, fixe H2et
D'ALCOOL MONOATOMIQUE.- Modes de formation.- devient monoatomique, mais alors il ne sature
On les obtient : 1° en distillant un éther cyani- plus l'azote, qui par cela même absorbe H² et
que ou cyanurique avec un excès de potasse ou donne l'éthylamine.
de soude. Du carbonate alcalin reste dans le vase 4º En réduisant par le sulfhydrate ammonique,
distillatoire et l'amine passe à la distillation ou par le chlorure d'étain , ou par l'acétate ferreux ,
[Wurtz, Ann. de Chim . et de Phys., (3), t. XXX , ou par toute autre source d'hydrogène naissant,
p. 467. -- Compt. rend. de l'Acad. des sciences, les dérivés nitrés qui se forment lorsqu'on sou-
t. XXVIII, p. 223 et 323] : met les hydrocarbures fondamentaux aromati-
R' ques (benzine, toluène, xylène, cumène, cymèno)
CO ! Az + 2KHO = CO (OK)² + H Az. à l'action de l'acide azotique fumant [ Zinin, Journ.
H für prakt. Chem. , t. XXVII, p . 149. Hofmann,
Éther cyanique Potasse. Carbonate Monamine Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XLVII, p. 31 ] :
d'un alcool potassique. primaire. C7H8 + Az HO³ = C7 H7 (Az Oº) + H2O ,
monoatomique. Toluène. Acide Nitrotoluène. Bau.
azotique.
Cette réaction est identique à celle qui a lieu CHT
lorsqu'on chauffe l'acide cyanique en présence CH7 (Az O ) + 3 H² :- 2 H2O + H Az.
d'une base alcaline. Dans ce cas, au lieu d'une H
amine, c'est de l'ammoniaque qui se produit . Mais Nitrotoluène . Hydrogène . Eau. Toluidine.
lorsqu'on agit sur un éther cyanique, c'est-à-dire
sur de l'acide cyanique dont l'hydrogène est rem- Cette méthode n'est applicable que dans la sé-
placé par un radical d'alcool , un des trois atomes rie aromatique et encore y donne-t-elle des pro-
d'hydrogène destinés à constituer l'ammoniaque duits isomériques et non identiques avec ceux que
se trouvant remplacé par un radical alcoolique, il l'on obtient par les autres procédés. M. Canniz-
est naturel que l'ammoniaque obtenue renferme zaro, en effet, a préparé la benzylamine primaire
ce radical d'alcool substitué à l'hydrogène. au moyen du cyanate de benzyle et au moyen du
AMINES. 201 AMINES .
chlorure de benzyle. M. Mendius a obtenu le même C2H5
C. C2H3O Az
corps en partant du cyanure de phényle, et les CI
trois produits obtenus par ces procédés identiques
entre eux se sont trouvés tout à fait différents Chlorure Éthylamine.
de la toluidine qui provient de la réduction du d'acétyle.
nitrotoluène [ O. Mendius, Ann. der Chem . u. C2H3O
Pharm., t. CXXI, p. 129, nouv. sér. , t. XLV. fév. — Az (C² H³) H³ ) C2H5 Az.
1862. - Répert. de Chim. pure, 1862 , t. IV, p. 318]. H
5º Certains alcaloides volatils de cette classe Chlorure d'éthyl- Éthyl-acétamide.
prennent naissance lorsqu'on soumet les sub- ammonium .
stances organiques à la distillation sèche, ou
c'. C2H3O Az Az H') + C2H3O H Az.
mieux lorsqu'on les distille en présence d'une CI
base. C'est ainsi que les huiles de goudron de
houille renferment de la phénylamine (aniline) Chlorure Ammoniaque . Chlorure Acétamide .
et que certains alcaloides oxygénés donnent de la d'acétyle . ammonique.
méthylamine lorsqu'on les chauffe avec de la po-
tasse. Mais ces réactions, qui peuvent être utilisées 5 Mises en contact avec les chlorures, les bro-
pour la préparation de certaines bases organiques mures ou les iodures des radicaux alcooliques,
déterminées, ne présentent rien de général. elles se transforment en alcalis secondaires, en
Propriétés. 1º Les monamines primaires dé- échangeant un atome d'hydrogène contre un ra-
rivées des alcools monoatomiques sont volatiles dical d'alcool.
sans décomposition . 6º Lorsqu'on fait agir l'acide azoteux sur la so-
2º Elles se combinent directement avec les aci- lution aqueuse d'une monamine primaire dérivée
des à la manière de l'ammoniaque, en formant d'un alcool monoatomique , le radical contenu
dans l'amine se transforme en son alcool en même
des sels d'où elles sont expulsées par les alcalis temps que de l'eau et de l'azote deviennent libres:
fixes :
CH3 CH3 C2H5
H Az + = H H Az Cl. Az + Azoo
H H
H
Méthylamine. Acide Éthylamine. Acide azoteux.
Chlorure de
chlor- méthyl- Az )
hydrique. ammonium . c *Ho + ho + Az j
Alcool. Eau. Azote.
3º Comme l'ammoniaque, elles précipitent cer-
tains métaux de leurs solutions salines à l'état 7° Lorsqu'au lieu de faire agir l'acide azoteux
d'hydrates. sur un alcaloide en solution aqueuse on le fait
4 Elles réagissent sur les anhydrides acides, les agir sur un alcaloide en solution alcoolique et que
éthers composés ou les chlorures acides en don- cet alcaloide renferme un radical de phénol, une
nant des alcalamides tout à fait analognes aux tout autre réaction a lieu . L'azote se substitue à
amid s que l'ammoniaque produit dans les mêmes 3 atomes d'hydrogène, et le produit azoté reste
conditions : combiné avec une molécule du produit primitif
C2H5 C2H3 [Griess, Répert. de Chim. pure , 1862, t . IV, p. 281 .
C. 2 II Az + C2H3O0 Ann. der Chem. u. Pharm . , t . CXXI, p. 258] :

Éthylamine. Anhydride acétique. 2 C6 H7Az + H


C2 H3 O Phenylamine Acide
=Az (C²C2H3O
H5) H3O + C2H5 Az. (aniline). azoteux .
H C6 H+ A2 + 2 H2O.
Acétate d'éthyl- Éthyl-acétamide. C6H7 Az
ammonium. Diazo-amidobenzol. Eau.
H Le nouveau corps, sous l'influence d'un excès
a'. 2 Az) + C2H300 d'acide azoteux, subit une seconde fois la substi-
H tution de Az'" à H³ :
Ammoniaque. Anhydride
acétique. C6H+Az2 Az O
C2H3O C6 H7 Az + H 0 = 2 C6H¹ Az² + 2 H2O.
C2H30 Diazo- Acide Diazo- Eau.
= 0 + HAz.
Az H+ amidobenzol. azoteux. benzol.
Acétate Acétamide. Ces derniers composés s'obtiennent à l'état de
d'ammonium. nitrates ; ils prennent naissance non-seulement
C2H5 par l'action de l'acide azoteux sur les corps ana-
b. C2 H3 O HAz logues au diazo -amidobenzol , mais encore par l'ac-
C3H80 + H tion directe de l'acide azoteux sur les azotates des
Acétate Éthylamine. alcaloides primaires aromatiques dissous dans
d'éthyle. l'acide azotique étendu et bien refroidis :
C2H3O C6 H7 Az. Az HO³ + Az O. OH
= CHS C2H5 Az + CO. Azotate d'aniline. Acide azoteux.
Alcool. = 2 H2O + C6 H+ Az². Az H O³.
Éthyl- Eau. Azotate de diazo-benzol.
acétamide.
H C2H3O 8° Certaines ammoniaques primaires de la série
b'. C2H3O
C2H5 O +H Az = C2H510+ H Az. aromatique préparées par la réduction des hydro-
H carbures nitrés peuvent sous l'influence des agents
Acétate Ammo- Alcool. Acétamide. chlorurants ou oxydants se convertir dans des
d'éthyle . niaque. bases nouvelles beaucoup plus compliquées dont
AMINES . - 202 -
AMINES .
les sels présentent de très-belles couleurs et sont le protochlorure de phosphore agit ensuite sur le
appliqués avec succès à la teinture. mélange de l'alcaloide primaire non décomposé
90 Les chlorhydrates des monamines primaires et de l'alcaloide qui s'est formé dans la première
se dissolvent aisément dans l'alcool absolu, ce qui phase de la réaction [ Hofmann , Compt. rend.,
distingue ces sels du chlorure ammonique que t. LXII, p. 729, 26 mars 1866 ] . Il s'élimine les
l'alcool dissout à peine. éléments d'une molécule d'eau, dont l'oxygène
10 Ces mêmes chlorhydrates forment avec le est pris au radical acide de l'alcalamide, et l'hy-
perchlorure de platine des chlorures doubles dont drogène à une molécule de chacun des deux
la composition est analogue à celle du chlorure corps en présence. Le radical acide, privé de
double de platine et d'ammonium . Ces chlorures O", devient alors triatomique et soude les deux
doubles varient beaucoup relativement à leur molécules en donnant naissance à une diamine :
solubilité dans l'eau ; mais il sont généralement CH7 CHT
cristallisables, ce qui permet de les obtenir très- H Az + C2H3O Az
purs et par conséquent de fixer la composition des H H
alcaloides.
Toluidine. Benzyl-acétamide .
11° Soumises à l'action du chlore, du brome,
ou de l'iode, ces amines perdent de l'hydrogène, C2H3
auquel ces métalloides se substituent; on obtient =
HO + ( CHT) Az² .
ainsi de nouvelles amines chlorées ou bromées :
Eau. Éthényl-dibenzyl-
C2H5 diamine.
H Az + 2
H (C ) MONAMINES PRIMAIRES RENFERMANT UN RÉSIDU
Éthylamine. Chlore. D'ALCOOL DIATOMIQUE. G Modes de formation .
C2H3 C12 On prépare ces bases :
= H 1º En mêlant l'anhydride d'un glycol avec une
Az + 2 (H ). solution d'ammoniaque :
Bichloréthylamine. Acide chlorhy- H C2H+. OH
drique. (C2H , " O + HAz = HAz ,
On peut encore obtenir des corps de ce groupe par H H
la métamorphose de certains composés chlorés Oxyde Ammo- Oxyéthylénamine
ou bromiés. Ainsi la chloraniline et la bichlorani- d'éthylène . niaque. (Hydroxéthylénamine).
line sont des produits de la métamorphose de la H (C²H. OH) '
chlorisatine et de la bichlorisatine par l'hydrate 2C2H OH Az = ( C² H¹. OH) ' { Az;
potassique. On sait que dans les mêmes condi- H
tions l'isatine fournit l'aniline. Oxyde Ammo- Dioxyéthylénamine.
Les trois alcaloides chlorés dérivant de l'ani- d'éthylène. niaque. (Dihydroxéthylénamine).
line offrent un exemple de cette sériation de pro- 2º En faisant agir la chlorhydrine d'un glycol
priétés qui résulte de la substitution de certains sur l'ammoniaque. La base s'obtient alors àl'état
éléments à certains autres dans les composés de chlorhydrate :
organiques. Pendant que l'aniline est une base H (C2 H. OH )')
énergique, et que la chloraniline est encore un [(CH ) " OH]' CI + HAz = HI!
Н Az. Cl.
alcali bien caractérisé, la bichloraniline ne donne H H
plus que des sels peu stables, et la trichlorani- H
line a perdu tout à fait la propriété de se dis- Chlorhydrine Ammo- Chlorure d'hydrox-
soudre dans les acides et de s'y combiner. éthylénique. niaque. éthylénammonium.
12º On connaît certaines monamines dans les-
quelles H est remplacé par Az O². Telle est la [Wurtz, Compt. rend. , t. XLIX, p. 898, décembre
nitraniline, 1859. - Bull. de la Soc. chim. , 1860, p. 110.
C6H4 ( Az O²) Répert. de Chim. pure, 1860, p. 67. - Compt.
HAZ, rend., t. LIII, p. 338, août 1861 . --- Repert. de
H Chim. pure, 1862, p. 41. ]
MONAMINES PRIMAIRES RENFERMANT LE RÉSIDU
produit de la réduction de la binitrobenzine par D'UN ALCOOL D'UNE ATOMICITÉ SUPÉRIEURE A DEUX.
l'hydrogène naissant . - On ne connaît encore qu'une seule base qui
13° Certaines monamines primaires fixent direc-
tement le gaz cyanogène et donnent naissance à des appartienne à cette classe, c'est la glycéramine de
diamines qui renferment le cyanogène au nombre M. Berthelot. Elle a été obtenue par la réaction de la
de leurs éléments : dibromhydrine glycérique sur l'ammoniaque [ Ber-
thelot et de Luca, Ann . der Chem. u. Pharm.,
C6H5 C6HS (CAz )2 t. CI , p. 74] :
2 H Az + CAzI - C6H5 Az
2;
CAZ H2 (C³ "1"
H2 (CHНS) 10 + 2 ( AZ) +0
H
Aniline. Cyanogène. Phenyl-dicyan- Br2
diamine. Dibromhydrine Ammo- Eau.
Ces diamines sont de vrais alcalis susceptibles glycérique. niaque .
de donner des sels cristallisables avec les acides. C3H5 **
14 Lorsqu'on soumet une monamine primaire H2
aromatique à l'action simultanée de l'acide acé- Az. BrAzH' Br.
tique et du protochlorure de phosphore, il se
forme d'abord du chlorure d'acétyle qui convertit
une portion de l'alcaloide en une alcalamide se- Bromhydrate de glycéramine . Bromure
condaire : ammonique.
C6H5. H. H. Az + C2H³ O. Cl Il est infiniment probable que les monochlorhy-
Aniline. Chlorure d'acétyle . drines des alcools tétra, penta et hexatomiques
C6H5 . C2H3O . H. Az + HCl ; donneraient aussi des monamines, si on les trai-
Acétanilide. Acide chlor- tait par l'ammoniaque.
hydrique. MONAMINES SECONDAIRES . - Comme les mona-
AMINES. - 203 - AMINES.
mines primaires, elles peuvent provenir : 1º de qu'on en obtiendrait en traitant l'oxyde d'éthy-
la substitution d'un radical d'alcool monoato- lène ou ses homologues avec des monamines pri-
mique à l'hydrogène ; 2º du remplacement de cet maires. De fait, M. Wurtz a observé que l'aniline
hydrogène par un résidu monoatomique renfer- se combine à la longue avec l'oxyde d'éthylène,
mant encore de l'oxhydryle et dérivant d'un mais il n'a pas étudié les produits de la réaction.
alcool polyatomique par élimination de OH ; MONAMINES SECONDAIRES RÉSULTANT DU REMPLA-
3º du remplacement d'un atome d'hydrogène par CEMENT DE 2H PAR UN RADICAL DIATOMIQUE DANS
un radical du premier groupe, et du remplace- LE TYPE SIMPLE AZ H³. - Ces ammoniaques com-
ment d'un autre atome d'hydrogène par un radi- posées seraient les analogues des imides. On n'a
cal du second groupe ; 4º par la substitution d'un pas réussi à en préparer jusqu'à ce jour. Toute-
radical diatomique à H². fois il existe des corps que l'on n'a pas préparés
MONAMINES SECONDAIRES RENFERMANT UN RADICAL artificiellement et que l'on regarde comme des
D'ALCOOL MONOATOMIQUE . - Mode de formation . · ammoniaques composées secondaires, parce qu'on
On les obtient en traitant une monamine par les n'y peut remplacer qu'un H par des radicaux.
éthers bromhydriques ou iodhydriques des al- Telles sont la pipéridine C³ H11 Az et la coniine
cools monoatomiques : C8H15 Az. Il est possible que ces bases appar-
tiennent à la classe dont nous nous occupons en
22 ( C² H³
HS }) HAz ce moment et soient représentées par lesformules :
}) + (C5 H10)"' ) Az et (C8H14)"
H'Az .


Iodure d'éthyle. Ammoniaque. H
C2H5 MONAMINES TERTIAIRES . Ce sont des corps
qui résultent du remplaceme nt des trois atomes
=C2H5 Az. I + Az H*I.
H d'hydrogène de l'ammoniaque par des radicaux
H positifs . Ces radicaux sosnt ou trois radicaux al-
Iodure de diéthyl- Iodure cooliques monoatomique renfermant ou non de
ammonium. d'ammonium. l'oxhydryle , ou ue un radical diatomique et un radi-
Propriétés. 1º Les monamines secondaires cal monoatomiq , ou un seul radical triatomique .
MONAMINES TERTIAIRES RENFERMANT TROIS RADI-
sont moins solubles dans l'eau que les mona- CAUX MONOATOMIQUES . -a. Ces radicaux dérivent
mines primaires qui contiennent le même ra- d'un alcool monoatomique et ne contiennent pas
dical.
2º Elles sont moins fortement alcalines que les d'oxhydryle. -Préparation . -On obtient ces corps :
1° En soumettant les monamines secondaires
bases primaires et le sont plus fortement que les
bases tertiaires. M. Cannizzaro en a donné un à l'action d'un éther iodhydrique [ Hofmann, loc.
exemple frappant en préparant la benzylamine, cit.]. On retire ensuite l'alcali tertiaire de son iod-
la dibenzylamine et la tribenzylamine . hydrate en distillant ce sel avec de la chaux.
2º En soumettant à la distillation les hydrates
La benzylamine a des propriétés basiques si pro- ou les jodures des ammoniums quaternaires :
noncées, qu'elle absorbe directement l'anhydride
carbonique de l'air. La tribenzylamine, au con- (C2H54Az . OH = H2O + C² H + (C2H5)3 Az ;
traire, n'a qu'une affinité des plus faibles pour Hydrate de Eau. Éthy- Triéthylamine .
les acides (Cannizzaro , Nuovo Cimento , anno tétréthyl-ammonium. lène .
2º, vol. III . - Compt. rend. de l'Acad. , t. LX, (C2H5) Az . I = C² H³ I + ( C² H5)3 Az.
p. 1207 et 1300]. lodure de Iodure Triéthylamine.
30 Soumises à l'action du protochlorure de tétréthyl-ammonium. d'éthyle.
phosphore et de l'acide acétique, les monamines 3º Par l'action de l'éthylate de potassium ou
secondaires de la série aromatique éprouvent une d'un corps analogue sur un éther cyanique :
transformation analogue à celle qu'éprouvent les (CO)" )
monamines primaires dans le même cas. Scule- C2H5 Az + 2 ( C2 H5.O K)=C O (O K)²+ Az (C²H5)³.
ment alors la diamine obtenue ne renferme plus Cyanate Ethylate de Carbonate Triéthyl-
d'hydrogène typique [ Hofmann , loc. cit.]. d'éthyle. potassium . potassique. amine.
C2H3 O C6H5 [Hofman, Proceed . of the royal Soc. , t. XI , p . 282. ]
C6H5 Az + C6H5 Az Proprietés. 1° Les monamines tertiaires dé-
H H rivées des alcools monoatomiques jouissent de
Phenyl- Diphenyl- caractères physiques analogues à ceux des mon-
acétamide. amine . amines secondaires et primaires. Leur point d'é-
C2H3" bullition est seulement plus élevé et leur solubi-
= (C6H5)2 Az² + lité dans l'eau plus faible.
+ H0. 2º Leurs propriétés basiques sont beaucoup
C6H5
Éthényl-triphenyl- Eau. moins prononcées que celles des bases primaires
ou secondaires.
diamine. 3º Elles fixent les éthers iodhydriques et donnent
MONAMIDES SECONDAIRES RENFERMANT UN RÉSIDU des iodures d'ammoniums quaternaires, suscep-
MONOATOMIQUE D'ALCOOL POLYATOMIQUE . - On ne tibles de se convertir en hydrates avec formation
connaît jusqu'à ce jour qu'une seule base qui d'iodure d'argent, lorsqu'on les chauffe avec l'oxyde
appartienne à cette classe , c'est la dihydroxéthy- d'argent et l'eau.
lénamine de M. Wurtz, 40 Soumises à l'action du bromure d'éthylène,
[( C²H¹ )'' OH ]' les amines tertiaires fixent ce corps et donnent
[ ( C² H¹ ) '' OH ] ' } Az. le bromure d'un ammonium dans lequel un H
H est remplacé par du brométhyle (éthylène-mono-
brome ) :
Cette base a été préparée, soit par l'action de C2H5 C2H5
l'ammoniaque sur l'oxyde d'éthylène, soit par C2H5
l'action de l'ammoniaque sur la chlorhydrine C2H5 Az C2² H* Br² = C2H5 Az. Br.
C2H5 C2 H Br
d'un glycol [ Wurtz, loc. cit.]:
MONAMIDES SECONDAIRES MIXTES RENFERMANT UN Triéthylamine. Bromure Bromure de triéthyl-
RÉSIDU D'ALCOOL POLYATOMIQUE ET UN RADICAL d'éthylène. brométhyl-ammonium.
D'ALCOOL MONOATOMIQUE . On ne connaît encore [Hofmann, Compt. rend. , t . XLVII , p. 558 , oct.
aucun corps de cette espèce, mais il est probable 1858. Ann. de Chim . et de Phys. , (3), t . LIV , p . 356.]
AMINES. 204 - AMINES.

Ce bromure, traité par l'azotate d'argent, échange Ce chlorure fixe de nouveau un nombre in-
son brome contre le résidu halogénique de l'acide déterminé de molécules d'oxyde d'éthylène et
azotique et donne un azotate de triéthyl-bromé- donne des chlorures sirupeux dont la formule
thyl-ammonium ; mais si on le chauffe avec de brute est
l'oxyde d'argent et de l'eau , le brome qu'il ren- (CHO)n Az HCl.
ferme à l'état de brométhyle est également atta-
qué. Alors et selon les conditions dans lesquelles MONAMIDES TERTIAIRES RENFERMANT UN RADICAL
on opère, conditions qui ne sont point encore DIATOMIQUE. On ne connaît jusqu'ici aucun
bien déterminées, deux réactions différentes peu- composé de cet ordre. Un seul a été décrit comme
vent se manifester. tel : l'éthylène-phenylamine de M. Hofmann
Tantôt un atome d'acide bromhydrique se sépare
et l'on obtient l'hydrate d'un ammonium viny- (CH ) Azi
lique, c'est-à-dire d'un ammonium dans lequel C6
le quatrième atome d'hydrogène est remplacé par mais ce corps répond en réalité à la formule
le radical vinyle C2H3; tantòt , au contraire, le double :
brome du brométhyle est remplacé par OH, et il (C2H4)"
se forme l'hydrate d'un ammonium hydroxéthy- (C2H )" Az2.
lénique, c'est-à-dire d'un ammonium dans lequel (C6H5)2
H est remplacé par l'hydroxéthylène C2H4OH :
MONAMINES TERTIAIRES DANS LESQUELLES H³ SONT
(C2H5)3 ) REMPLACÉS PAR UN RADICAL TRIATOVIQUE. Ces
C2 H+ Br Az. Br + Ag2O corps ne sont autres que les nitriles ou éthers
Bromure de triéthyl- Oxyde cyanhydriques, comme l'acétonitrile ou cyanure
brométhyl-ammonium. d'argent.
C2H3 de méthyle
=2 Ag. Br +( C2H 3 Az . OH. CAz
CA3 = (C² H³)''' Az ;
Bromure Hydrate de triéthyl-
d'argent. vinyl-ammonium .
le propionitrile ou cyanure d'éthyle
(C2H5)3 ) Az. Br + Ag2O + H2O
C2 H Br C2H5 "
Bromure de triéthyl- Oxyde Eau. CAZ = (C3 H5 ' '' Az,
brométhyl-ammonium. d'argent.
etc. Voyez CYANHYDRIQUES (Éthers).
= (C2H5)3 ) Az. OH +2Ag Br. Appendice aux monamines tertiaires. Le
C2H5O caractère des monamines tertiaires est de se
Hydrate d'hydroxéthy- Bromure
lène-triéthyl-ammonium. d'argent. transformer intégralement en iodures d'ammo-
Les composés brométhyliques soumis à l'action niums quaternaires lorsqu'on les fait agir une
de l'hydrogène naissant subissent la substitution seule fois sur un éther iodhydrique. Certaines
de l'hydrogène au brome et donnent un ammo- bases qui ont été obtenues dans la distillation
sèche des matières animales sont dans ce cas, et
nium tétréthylique. doivent conséquemment être placées dans cette
Les composés hydroxéthyléniques régénèrent
les composés brométhyliques lorsqu'on les traite classe. Mais comme ces corps n'ont jamais été
produits synthétiquement, on ignore si les trois
par le perbromure de phosphore.
On n'obtient pas de diamines en soumettant atomes d'hydrogène de l'ammoniaque y sont rem-
les bromures d'ammoniums brométhyliques à placés par un seul radical triatomique, ou par un
l'action d'une amine tertiaire ; aucune réaction ne radical diatomique et un radical monoatomique,
se produit dans ce cas. Au contraire , on obtient ou par trois radicaux monoatomiques. Force nous
est donc de ne leur donner aucune formule ra-
des diphosphines et des diarsines lorsqu'on traite
le bromure d'un phosphonium ou d'un arsonium tionnelle jusqu'à ce qu'une étude plus appro-
fondie nous ait révélé leur constitution. Ces bases
brométhylique par une nouvelle quantité d'une sont :
arsine ou d'une phosphine tertiaire. - Voyez AR-
SINES et PHOsphines. La pyridine. C5 H5 Az.
b. Les radicaux renfermés dans l'amine tertiaire La picoline... C6H7 Az.
dérivent d'alcools polyatomiques par élimination La lutidine . C7 H9 A7.
de OH et renferment encore de l'oxhydryle. La collidine .. C8H11AZ.
On ne connaît jusqu'à ce jour avec certitude La parvoline..... C9H13AZ.
qu'un seul corps de cette catégorie, c'est la trihy-
droxéthylénamine, préparée par M. Wurtz en fai- MONAMMONIUMS QUATERNAIRES . Ce sont des
sant réagir l'oxyde d'éthylène sur l'ammoniaque radicaux qui représentent l'ammonium AzH' dont
[Wurtz, loc. cit .] : la totalité de l'hydrogène est remplacée par des
H [(C²H¹,"' OH]' radicaux alcooliques. Ils n'existent qu'à l'état
3 CH.OH Az = [(C² H¹) '' OH]' { A7. d'hydrates, de sels haloides , ou de sels proprement
dits.
[(C2H4)"' O Hj' Préparation. Lorsqu'on fait agir un éther
Oxyde d'éthylène. Ammo- Trihydroxéthylénamine.
niaque. iodhydrique sur une monamine tertiaire, les deux
corps se soudent et l'on obtient l'iodure d'un
Traité par la chlorhydrine éthylénique, ce corps ammonium quaternaire :
se transforme en chlorure de tétrahydroxéthy-
lénammonium , conformément à la réaction : (C2H5)3 Az + C2H5 I = (C² H5)+ Az. I
[(C2H4)"" OH]' Triéthylamine. Iodure Iodure de tetréthyl-
[(C² H')'' OH]' ¦ Az + [ (C²H¹) '' OH]' CI d'éthyle. ammonium.
[(C2H )" OB]' [Hofmann, Phil . Trans. , 1850 , p. 93 et 1851 ,
Trihydroxéthylénamine. Chlorhydrine
éthylénique. p. 357 ; Chem. Soc . quart. Journ. , t. IV, p, 304].
[(C2H¹) "' OH] ' Les iodures et les sels en général de l'ani-
= [( C2H4) " OH] Az. Cl. monium ordinaire et des ammoniums primaires,
(C2H4OH secondaires ou tertiaires se décomposent facile-
ment par la potasse en abandonnant de l'ammo-
[(CH )'' OH]'
Chlorure de tétrahydroxéthylénammonium. niaque ou une ammoniaque composée, l'hydrate
AMINES. 205 - AMINES .

ammonique qui tend à se former étant instable


et se dédoublant en ammoniaque et eau : DIAMINES.

(CH ) Az. I + KHO Ces corps dérivent de deux molécules d'ammo-


niaque réunies en une. On peut les diviser en
Iodure de triéthyl- Potasse. diamines primaires, secondaires et tertiaires, selon
ammonium. que la substitution porte sur le tiers, les deux
= (C2H5)3 Az + H2O = (CH )
= Az. OH tiers ou la totalité de l'hydrogène.
H DIAMINES PRIMAIRES. -- Ce sont des diamines
Triéthy- Eau. Hydrate de trié- dans lesquelles un seul radical est substitué à
lamine. thylammonium instable. H2. Ce radical peut être d'ailleurs un radical
Les iodures des ammoniums quaternaires, au d'alcool diatomique comme l'éthylène (CH )" ,
ou un résidu diatomique dérivé d'un alcool d'une
contraire, sont difficilement attaqués par les al- atomicité supérieure à deux comme le résidu
calis. L'oxyde d'argent les décompose en présence H5'
de l'eau, mais alors ce n'est plus un corps apparte- de la glycérine.
nant au type Az H³ qui se forme, c'est l'hydrate de (C³ НHS (0)"
DIAMINES PRIMAIRES RENFERMANT UN RADICAL
l'ammonium quateruaire lui-même : D'ALCOOL DIATOMIQUE. -Préparation . - On obtient
2 (C2H5) Az. I + Ag2O + H2O ces corps en faisant réagir l'ammoniaque sur les
Iodure de tétré- Oxyde Eau. bromures des radicaux diatomiques ; leur mode
de formation est donc tout à fait semblable à celui
thylammonium . d'argent.
= à l'aide duquel on prépare les monamines, et qui
= 2 [ ( C² H³) Az] ' . OH + 2 AgI. consiste à faire agir un éther simple d'alcool mo-
Hydrate de tétréthyl- Iodure
ammonium. d'argent. noatomique sur l'ammoniaque [ Hofmann, Compt.
rend., t. XLIX , p. 781 , novembre 1859, et Repert.
Ces hydrates ont reçu le nom de bases ammo- de Chim. pure, 1860, p . 37] :
niées. (C2H )"
Lorsqu'en faisant réagir l'iodure d'éthyle ou H2 Az2. Br2.
de méthyle sur une base inconnue, on arrive à (C2H4)" Br² + 2H³ Az = H2
la transformer intégralement en une base am- H2
moniée du premier coup, cela signifie que la base Bromure Ammo- Biomure d'éthylène-
employée était une amine tertiaire; si cette trans- d'éthylène. niaque. diammonium.
formation intégrale exige deux traitements suc-
cessifs à l'iodure d'éthyle, la base était une amine On obtient en même temps dans cette réaction
secondaire ; si elle en exige trois, la base n'était les bromures des ammoniums primaire, secon-
qu'une amine primaire. daire et tertiaire. On en isole les diamines par la
Propriétés. 1° Les hydrates d'ammoniums distillation avec de la chaux et l'on sépare ces
quaternaires sont des corps solides qui cristal- dernières les unes des autres au moyen de la
lisent lorsqu'on évapore leur solution dans le distillation fractionnée.
vide. Ils sont déliquescents et attirent l'humidité 2º Dans la série aromatique, de tels corp : peu-
comme le feraient la potasse et la soude causti- vent être obtenus par la réduction de dérivés
ques. binitrés des hydrocarbures fondamentaux de la
2º Ils sont fortement alcalins et attirent l'anhy- série, au moyen du dégagement d'hydrogène que
dride carbonique de l'air. l'on produit en dissolvant du fer dans de l'acide
3º Si l'on cherche à les distiller, ils se décom- acétique. C'est ainsi qu'Hofmann a pu se procurer
posent avec production d'une ammoniaque ter- la phénylène - diamine et la toluylène-diamine
tiaire et d'eau. Il se forme en même temps un [ Hofmann, Compt . rend. , t. LIII, p . 889, novembre
hydrocarbure dérivé d'un des quatre radicaux 1861; Répert. de Chim. pure, 1862, t. IV, p . 78] :
alcooliques par élimination de H. Lorsque l'hydrate
que l'on décompose renferme plusieurs radicaux C7 H6 (Az O²)² + 12 ( H )
alcooliques différents , c'est toujours le moins Binitrotoluène. Hydrogène.
carboné qui se sépare du groupe. (C7 H6)"
Il y a cependant une exception à cette règle : =4 H2 Az².
lorsque l'hydrate renferme du méthyle CH³, il (H0) + H2
ne se sépare pas de l'eau et du méthylène, mais Eau. Toluylène-
bien de l'alcool méthylique : diamine.
Propriétés. 1º Dans la série grasse , celles de
[ ( C2H5) 3 Az ] ' OH = ( C2H5)³ Az + CH³, OH. ces diamines qui sont connues se combinent faci-
Hydrate de triéthyl- Triéthylamine. Alcool lement avec une molécule d'eau en donnant des
methyl-ammonium . méthylique. hydrates que la chaleur décompose.
20 Soumises à l'action de l'acide azoteux, elles
4º Sous l'influence des hydracides, les bases donnent de l'azote, de l'eau et l'anhydride du
ammoniées fournissent des sels haloides qui ne glycol dont elles renferment le radical :
sont pas oxygénés. Les chlorures donnent, avec
le bichlorure de platine, des précipités ou tout au (CH )"
moins des sels doubles qui cristallisent facilement. H2 Az22 Az O.OH
5º Les chlorures, les bromures et les iodures H2
Éthylène-diamine. Acide
des ammoniums quaternaires se scindent, par la azoteux.
distillation sèche, en une ammoniaque tertiaire
et en un éther iodhydrique. Toutefois ce dédou- = 2 Az23 H2O + C2H4O.
blement n'est jamais bien net, parce que les pro- Azote. Eau. Oxyde
duits qui en résultent se recombinent de nouveau d'ethylène.
en partie dans le récipient refroidi où on les Cette réaction toutefois ne donne rien de net
reçoit : dans la série aromatique.
(C2H5)+ Az . I = (C2H5) 3 Az + C²H³ I. 3º Sous l'influence des éthers iodbydriques des
ludure de tetréthyl- Triéthylamine. lodure alcools monoatomiques, les diamines primaires
ammonium. d'éthyle. échangent leur hydrogène contre les radicaux de
AMINES. 206 - AMINES .
ces alcools. Seulement il paraît que toujours la 2º On donne naissance à de véritables diamines
substitution porte sur deux atomes d'hydrogène tertiaires en soumettant les aldehydes de la série
à la fois et que l'on n'obtient jamais le rempla- aromatique à l'action de l'ammoniaque ; de l'eau
cement d'un seul atome d'hydrogène par un ra- s'élimine dans la réaction (Laurent, Ann . de
dical monoatomique. Chim. et de Phys. , (2) , t. LXII, p. 23] :
4º Combinées aux acides, les diamines pro-
duisent des sels de diammoniums diatomiques ; (C7 H6, "
ainsi l'on a : 3 CH6O2 H³ Az = 3 H2O + (C7 H6) '' { Az².
H6 (C2H4)" Az2. I² (C7H6)"
H6 (C² H¹)"' Az². SO¹. Aldéhyde Ammoniaque. Eau. Hydrobenzamide.
Iodure d'éthylène- Sulfate d'éthylène- benzoïque.
diammonium. diammonium.
DIAMINES PRIMAIRES RENFERMANT UN RÉSIDU DIATO- Les corps ainsi obtenus renferment, non des
MIQUE QUI CONTIENT DE L'OXYDRYLE . - On conçoit radicaux de glycol , mais des radicaux d'aldéhydes.
la formation de tels composés. On arriverait Aussi jouissent-ils de propriétés distinctes. On
même probablement à les réaliser en traitant, par les connaît sous le nom d'hydramides.
l'ammoniaque , des chlorhydrines d'alcools tri ou Propriétés. - Les diamines tertiaires qui con-
tétratomiques. Mais aucun corps de cette nature tiennent des radicaux alcooliques sont de vérita-
n'a été préparé . bles bases susceptibles de se combiner directe-
DIAMINES SECONDAIRES . ment aux acides en formant des sels bien définis.
Elles peuvent ré- Il en est tout autrement des hydramides.
sulter du remplacement de 2 H2 par un radical
hydrocarboné ou par un résidu d'alcool renfer- Les hydramides sont des substances cristalli-
mant encore de l'oxhydryle. sables, insolubles dans l'eau, solubles dans l'al-
DIAMINES SECONDAIRES A RADICAUX HYDROCARBONÉS. cool , non volatiles sans décomposition. Elles
Préparation . - Nous avons déjà vu que ces ressemblent aux amides par l'absence de pro-
priétés alcalines. Portées à une température élevée,
corps se forment en même temps que les dia- elles se convertissent , d'après Bertagnini , en
mines primaires et que les diamines tertiaires corps isomères doués de propriétés alcalines très-
lorsqu'on chauffe un bromure de radical diato-
mique avec une solution alcoolique d'ammoniaque prononcées (l'hydrobenzamide donne l'amarine et
[Hofmann, loc . cit .] : il en serait probablement de même de ses homo-
logues supérieurs).
2 (C² H4) " Br² + 4 (Az H³) Traitées par l'hydrogène sulfuré, les hydrami-
Bromure Ammoniaque. des produisent des aldehydes sulfurées (Cahours) :
d'éthylène.
(C2H4)"') ( C7H6)''
= 2 Az H+ Br + (C2 H )" Az2. Br2. (C7H6) Az + 4 H2S
H2 \(C7 H6)"'
H2 Hydrobenzamide. Acide
Bromure Bromhydrate de sulfhydrique.
ammonique. diéthylène-diamine .
(Az H4) 2S3 CH6S.
DIAMINES SECONDAIRES DONT LES RADICAUX REN- Sulfure Aldehyde
FERMENT DE l'oxhydryle. - On n'en connaît au- d'ammonium. benzoïque sulfurée .
cune. On les obtiendrait probablement en même
temps que les diamines primaires du même Quelquefois les hydramides se décomposent
groupe en faisant agir l'ammoniaque sur les par les acides en régénérant de l'aldéhyde et de
dichlorhydrines des alcools tri, tétratomiques , etc. l'ammoniaque . L'hydrobenzamide se comporte de
DIAMINES TERTIAIRES. - Comme les diamines cette manière.
secondaires et primaires, elles peuvent résulter de Lorsqu'au lieu d'employer des aldehydes sim-
la substitution à l'hydrogène de trois hydrocar- ples pour préparer les hydramides, on fait usage
bures diatomiques ou de trois résidus de même d'aldehydes conjuguées, comme l'essence d'aman-
atomicité renfermant de l'oxhydryle. On conçoit des amères nitrée , on obtient des hydramides
aussi que 2 ou 4 atomes d'hydrogène, étant rem- conjuguées qui jouissent de propriétés analogues
placés par des radicaux polyatomiques, les autres à celles des hydramides simples :
puissent l'être par des radicaux monoatomiques.
DIAMINES TERTIAIRES RENFERMANT DES RADICAUX 3 C7H5 (Az O2)0 + 2 H³ Az
HYDROCARBONÉS. Ces radicaux peuvent être, Hydrure Ammoniaque.
de nitrobenzoïle.
tous diatomiques ; les uns diatomiques, les autres
monoatomiques ; les uns d'une atomicité supé- [C7H5 (Az O2 ]"
rieure à 2 et les autres di ou monoatomiques . -
DIAMINES TERTIAIRES RENFERMANT TROIS RADICAUX C7 HS (Az O2) Az2 + 3 ( 0) .
HYDROCARBONÉS DIATOMIQUES . ― Préparation. [ C7H5 (Az O2)]"
Hydrobenzamide nitrée. Eau.
1º Ces composés se produisent comme les dia-
mines secondaires et primaires dans la réaction L'opinion que nous venons d'énoncer relative-
des bromures des radicaux diatomiques sur l'am- ment à la constitution des hydramides est con-
moniaque : firmée par la formation de l'hydrobenzamide au
3 C2 H+ Br² + 6 H³ Az moyen du chlorobenzol et de l'ammoniaque, par
Bromure Ammoniaque. la manière dont l'iodure d'éthyle réagit sur ce
d'éthylène. corps et par l'existence d'un nombre considérable
de composés obtenus au moyen du chlorobenzol
(C²H¹)"' et que l'on peut considérer comme le méthylate,
= 4 Az H Br + (C2H4)" Az2. Br². l'éthylate, l'acétate, le valérate, le benzoate du
(C2H4)" même radical diatomique (C7 H6)" .
H2 DIAMIDES TERTIAIRES RENFERMANT DES RÉSIDUS
Bromure Bromure de triéthylène-
ammonique . diammonium . QUI CONTIENNENT DE L'OXHYDRYLE.- On ne connaît
jusqu'à ce jour aucun composé de cette nature .
On pourrait aussi obtenir des diamines de ce On pourrait les obtenir probablement en faisant
groupe renfermant plusieurs radicaux différents réagir une diamine secondaire du même groupe
en faisant agir une diamine secondaire sur le sur la dichlorhydrine d'un alcool d'une atomicité
bromure d'un radical diatomique.
suprieure à 2.
AMINES . —— 207 AMINES .
DIAMINES TERTIAIRES RENFERMANT DES RADICAUX cules d'ammoniaque peuvent être soudées : 1º par
DIATOMIQUES ET DES RADICAUX MONOATOMIQUES. des radicaux diatomiques :
Ces diamines sont de deux ordres : les unes con-
tiennent des radicaux diatomiques d'alcool , et les H Az H
autres des radicaux diatomiques d'aldehydes. H Az
Préparation. - 1° Celles du premier groupe R"
H Az = R"

124
s'obtiennent en chauffant les éthers simples des Az Az³ ;
Az
alcools monoatomiques avec une diamine pri- H5
maire ou secondaire [ Hofmann, loc. cit . ] : pri- Az
maire, si l'on veut que le produit renferme un H Az H
seul radical diatomiqne et 4 radicaux monoato-
miques ; secondaire, si l'on veut qu'il renferme
2 radicaux de chaque espèce. 2º par un ou plusieurs radicaux triatomiques ;
2º Celles du second groupe ont été préparées 3º par des radicaux d'une atomicité supérieure à
par M. Hugo Schiff en faisant agir l'aniline sur trois. De là trois grandes classes de triamines qui
les aldehydes [ Hugo Schiff, Compt. rend. , t. LVIII, se diviseraient chacune en triamines primaires,
p. 637 et 1023 , 1864, et t. LX , p . 32 et 913] . Il a secondaires, tertiaires, et triammoniums quater-
trouvé que les deux corps s'unissent en éliminant naires, subdivisées à leur tour d'après la nature
de l'eau et en produisant une diamine tertiaire. hydrocarbonée ou oxygénée des radicaux substi-
Selon lui, cette réaction est même si générale, tués à H. De cette immense quantité de compo-
qu'elle peut être utilisée pour établir la fonction sés que la théorie laisse prévoir, on ne connait
d'une aldehyde douteuse jusque-là : encore que la diéthylène-triamine
C6H5 (C2H4)2 ) Az3
2 C2 O +2 HS
(CFRAZ)
Aldéhyde. Aniline. et la triéthylène-triamine
(C2H4)" (C2H4)3 )
3A23,
= (C²H Az² + 2H2O .
(C6H5)2 que M. Hofmann a extraites à l'état de bromby-
Phenyl-diethylidene- Eau. drates du produit de l'action du bromure d'éthy-
diamine.
lène sur l'ammoniaque [ Hofmann, Compt. rend.,
Il se forme toujours en même temps une dia- t. LIII, p. 53 ; Répert. de Chim. pure , 1861 , t. III,
mine secondaire résultant de la réaction d'une p. 352] ; la cyanéthine C H15 Az³, découverte par
seule molécule d'aldéhyde sur 2 molécules d'ani- Kolbe et Frankland [ Chem. Soc. quart. Journ . , t. I,
line. p. 69; Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXV, p. 288],
Propriétés. Les bases dérivées des aldehydes et qui ne serait, d'après M. Hofmann, que la tri-
sont isomères avec celles qui dérivent du glycol de glycéramine (C3H5) 3 Az³. Enfin les bases décou-
la même série et qui renferment du phényle . Ainsi vertes par M. Lautemann et par MM. Lautemann
la diéthylidene-diamine diphénylique est isomé- et Aguyar.
rique avec la diéthylène-diamine diphénylique : La cyanéthine prend naissance lorsqu'on traite
le cyanure d'éthyle par le sodium. Le produit se
(CH )") (C2H4)" triple purement et simplement. Quant aux tria-
(C2H4 Az², (C2H )" Az². mines polyéthyléniques, elles se forment d'après
(C6H5)2) (C6H5)2 l'équation
Diéthylène-diamine Diéthylidene-diamine 2 (C2H4)" Br2 + 4 AzH3
diphenylique. diphénylique. Bromure Ammo-
La différence entre ces deux groupes de bases d'éthylène. niaque.
est que , dans les unes , fonctionne un radical
d'alcool diatomique, et, dans les autres, un radical =·[ ( C2H4) 2 H8 Az³] ''' Br³ + AzH⭑Br.
d'aldehyde isomérique avec le premier. Bromure de diéthylène- Bromure
tiiammonium. d'ammonium .
Les bases aldehydiques ne sont point fortement
alcalines . Elles se combinent cependant avec les On conçoit qu'il puisse se former dans ces réac-
acides énergiques en formant des sels bien déter- tions des polyamines dérivées d'un nombre de
minės. molécules d'ammoniaque supérieur à trois d'après
Dans les diamines tertiaires, on peut aussi pla- l'équation générale :
cer le cyanogène n R'Br22n Az H³
VI
(Č²) Az². = (R''n H2n+ Azn+ 1)n+1Brn+1 -† n - − 1 AzH¹Br.
DIAMMONIUMS QUATERNAIRES . - On a très-peu Si , dans cette équation , on fait n = 1 , ce qui
étudié jusqu'ici ces composés. On sait seulement est le cas le plus simple, on obtient des diamines ;
qu'il se forme des dibromures ou des diiodures si l'on fait n = 2, on a des triamines ; si l'on fait
de diammoniums lorsqu'on fait réagir le bromure n= 3, on a des tétramines, et ainsi de suite.
d'éthylène sur la triéthylène diamine, ou l'iodure Les triamines de M. Lautemann et de MM . Lau-
d'éthyle sur une diamine éthylénique primaire, temann et Aguyar résultent de la réduction d'hy-
secondaire et tertiaire. Ainsi l'on connaît le bro- drocarbures aromatiques ou de phénols trinitrés
mure de tétréthylène- diammonium sous l'influence de l'acide iodhydrique [Bull. de
la Soc. chim ., 1864, t . I, p. 431 ] :
[(C² H¹) Az²]'' Br²
2 [C6H2 (Az O2)3 . OH] +46 HI
et le bromure d'éthylène diammonium hexéthy- Phenol trinitré Acide
lique (acide carbazotique). iodhydrique.
[(C2H ) (C2H5)6 Az2]" .12.
(C6H3)
= H3 Az³. 13
TRIAMINES. = 2012 +14 H2O + 2 H3
H3
Ce sont des ammoniaques composées qui déri- Iude. Eau. Iodure de l'ammonium
vent de 3 molécules d'ammoniaque. Or 3 molé- triatomique.
AMINES. -- 208 AMINES.
et la dernière par l'action de l'ammoniaque sur
C10 H5 (Az O2,3 + 21 HI
Trinitro- Acide l'oxyde d'argent :
naphtaline. iodhydrique . 3Ag2O2 Az H³ = 3 H2O + 2 AzAg³.
(C10 H5)''' Oxyde Ammo- Eau. Azoture
H3 d'argent. niaque. d'argent.
= Az3.1 36H2O + 912.
H3 Ces monamines métalliques ne se combinent
H3 pas directement avec les acides. Sous l'influence
Iodure de l'ammonium Eau. Iode. de ces corps, elles se décomposent en formant un
triatomique . sel métallique et de l'ammoniaque :
Elles n'ont été obtenues qu'à l'état de sels : dès
Na H2Az + AzO². OH = Az O2. O Na + Az H3;
qu'on cherche à les isoler , elles s'oxydent et Amidure Acide Azotate Ammo-
prennent une coloration bleue intense. de sodium. azotique. sodique. niaque.
Na³ Az + 3 (Az0º. O H) = 3 (Az O². O Na) + Az H³.
TÉTRAMINES ET PENTAMINES. Azoture Acide Azotate Ammo-
de sodium . azotique. de sodium . niaque.
Ici le nombre des composés théoriquement Les diamines métalliques sont beaucoup plus
possible va encore en augmentant , mais, en re- nombreuses et beaucoup plus faciles à obtenir.
vanche, le nombre des composé s connus est très- Elles se forment dans plusieurs conditions :
faible. On connaît comme tétramines la glycosine 1° Lorsqu'on fait agir l'ammoniaque sur l'oxyde
de Debus, qui se produit lorsqu'on fait agir l'am- d'un métal diatomique :
moniaque sur le glyoxal et dont la formule est
ZnO 2 Az H³ = H2O + Az² H+ Zn" ;
C6 H6Az¹ = [ (C² H²) ' ]³Az+ Eau. Zincodiamine.
Oxyde Ammo-
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CVII, p. 199] ; de zinc. niaque.
l'hexamethylamine 2º Par l'action de l'ammoniaque sur un composé
C6H12 Az = [ (CH²)'']6 . Az¹ , organo-métallique :
que Boutlerow a obtenue en traitant le dioxymé- 2 Az H³Zn" (C2H5 )2 = 2C2H6Zn " H¹Az²;
thylène par l'ammoniaque [ Bull. de la Soc. chim . , Ammo- Zinc-éthyle. Hydrure Zincodiamine.
1860, p. 221 ; Répert. de Chim. pure, 1860 , t. II, niaque. d'éthyle.
p. 425 ] , et la base que MM. Lautemann et Aguyar 3º Par l'action d'un métal diatomique sur
ont obtenue à l'état d'iodure en réduisant la tétra-
l'ammoniaque. C'est ainsi que lorsqu'on chauffe
nitronaphtaline par l'acide iodhydrique du zinc avec de l'ammoniaque ou avec un sel
[(CH ) H.H. H. Az¹] ¹.I . ammonique, de l'hydrogène se dégage, tandis que
de la zincodiamine ou un sel de zincodiamnio-
[Bull. de la Soc. chim ., 1864, t. I, p.4 31 , et 1865, nium prend naissance.
t. III, 256. ] Enfin il existe plusieurs composés doués 4º Des sels de diammonium métalliques se
de propriétés basiques et qui renferment 4 atomes produisent encore lorsqu'on fait agir l'ammo-
d'azote, comme la caféine C8H10 Az O2 et la théo- niaque sur certains sels métalliques . Ainsi, en
bromine C H8 Az402, mais on ignore compléte- soumettant le chlorure de platine ou de palladium
ment quelle est la constitution de ces corps. à l'action de l'ammoniaque, on obtient des chlo-
rures de platosonium et de palladosonium :
AMMONIAQUES MÉTALLIQUES . Pt" Cl2 + 2 Az H³ = ( Az² Pt" H6 )" Cl2.
Ce sont des ammoniaques composées dans les- Protochlorure Ammo- Chlorure de platosonium.
quelles le radical substitué à l'hydrogène est un de platine. niaque.
métal. On les divise en monamines , diamines et En remplaçant dans ces préparations l'ammo-
triamines , selon qu'elles dérivent d'une, de deux niaque par des monamines alcooliques primaires
ou de trois molécules d'ammoniaque. ou secondaires, on peut obtenir des amines mé-
Dans les monamines , le métal substitué à l'hy- talliques dont l'hydrogène a été remplacé par des
drogène est monoatomique. De plus, la substitu- radicaux d'alcools. Nous citerons comme exemple
tion peut porter sur un , deux ou trois atomes de composés de cette nature : le chlorure de
d'hydrogène , c'est-à-dire qu'il peut exister des diméthyl-platosonium
monamines métalliques primaires , secondaires et [Pt" ( CH3 )2 HAz2 ] Cl²,
i nt
tertiaires. Jusqu'ic cependa on n'en connaît
que de primaires et de tertiaires. le chlorure de tétraméthyl-platosonium
Les monamines métalliques primaires connues [Pt" (CH ) H2Az? ] '' Cl2
sont l'amidure de potassium et l'amidure de so-
dium et les chlorures correspondants dérivés du palla-
K Na dium .
H Az et II Az, Quelquefois l'ammoniaque, en agissant sur un
H H chlorure métallique, donne, au lieu d'une dia-
mine primaire, une diamine secondaire. C'est le
qui se produisent lorsqu'on soumet les métaux cas avec le bichlorure de mercure, qui se trans-
alcalins à l'action du gaz ammoniac . forme dans ces conditions en chlorure de diam-
Comme monamines tertiaires, nous citerons les
monium dimercurique,
azotures de potassium, de sodium et d'argent (ar-
gent fulminant) Hg"
Ilg"
K Na Ag H2 Az². CI ,
K Az, Na Az et Ag Az, 112
K Na Ag
analogue au bromure de diéthylène-diammonium
qui s'obtiennent , les deux premiers lorsqu'on
chauffe les monaniines primaires correspondantes : (C2H4)"
3 Az H2 K 2 Az H3 Az K³ (C2H Az2. Br2.
H2
Amidure de Ammo- Azoture de 112
potassium. niaque. potassium.
1

AMINES . 209 — AMMÉLIDE.

Enfin, dans l'action de l'ammoniaque sur les A côté des ammoniaques métalliques que nous
oxydes métalliques, il se produit quelquefois des venons de décrire et qui correspondent aux
diamines métalliques tertiaires. C'est ce qui ar- amines dérivées des radicaux hydrocarbonés, se
rive avec l'oxyde cuivreux, qui donne la tricu- placent des ammoniaques métalliques oxygénées.
proso-diamine Ainsi les solutions ammoniacales des sels de co-
(Cu )" baltosonium absorbent l'oxygène et se convertissent
(Cu )" Az². en bases nouvelles, dans lesquelles M. Schiff ad-
(Cu )" met l'existence du groupe (CbO)' monoatomique,
et où il faudrait admettre bien plutôt celle du
Outre les diverses amines métalliques dont groupe (Cb2 O2) , dérivé du sesquioxyde Cb2 03.
nous venons de parler, et qui sont très-simples, Le platine donne des amines de même nature.
puisqu'elles résultent de la substitution d'un mé- Ainsi l'on connaît l'amoxy-platammonium (Kolbe)
tal mono ou diatomique à l'hydrogène dans une
ou deux molécules d'ammoniaque , on obtient (PtO)"
aussi des corps qui résultent de la substitution Am2 Az2,
d'un métal diatomique à H2, non plus dans une H
double molécule d'ammoniaque Az2 H6, mais dans
une triple ou quadruple molécule de ce corps dans lequel le platine tétratomique forme un
groupe diatomique en s'unissant à O.
Az³ H ou Az+ H12. C'est ainsi que l'iodure cui-
vreux ammoniacal répond à la formule Enfin, M. Millon a découvert une base suscep-
tible de former des sels, et à laquelle il a donné
(Cu ) " H10 Az . H² 12, le nom d'oxyde ammonio-mercurique. Cette base
le chlorure de cobalt ammoniacal à la formule a une constitution tout à fait analogue à celle des
bases oxyéthyléniques de M. Wurtz. Elle résulte
Cb" H10 Az.H2C12, en effet du remplacement de H par un radical mo-
noatomique ( HgOH )' formé par la réunion de
et le chlorure de platosonium (sel de Reiset) à l'oxyde HgO et de l'hydrogène, de même que
la formule dans les bases oxyéthyléniques le radical
Pt" H10Az . H2C12.
C2H4. OH
Comme il est impossible d'admettre que 4 mo-
lécules d'ammoniaque puissent être rivées en- résulte de l'union de l'oxyde d'éthylène avec
semble par un seul radical diatomique, M. Hof- l'hydrogène.
mann d'abord, MM. Weltzien et Hugo Schiff plus La base de M. Millon , hydratée , répond à la
tard, ont admis que les bases dont nous parlons formule brute :
sont des diamines dans lesquelles une partie de 3Hg O, Hg H' Az² . 3H2O
l'hydrogène est remplacée par de l'ammonium
AzH Am, ce qui revient à dire que les molé- et, anhydre, à la formule :
cules d'ammoniaque qui ne peuvent être soudées
par le métal sont soudées par l'azote. 3 Hg O. Hg H+ Azª.
L'iodure cuivreux ammoniacal devient ainsi :
On peut la représenter par la formule ration-
(Cu )"' nelle :
Am2 Az² . 12, '( Hg" OH)'
H+ Hg" Az 0,
le chlorure de cobalt ammoniacal : [(Hg TO.
Cb" qui en fait l'oxyde d'un ammonium, où H2 sont
Am² Az2.Cl2, remplacés par Hg" , et H par ( Hg' O. H )'.
H L'analogie entre les amines alcooliques et les
amines métalliques est donc aussi complète que
et le chlorure de platosonium : possible., A. N.
Pt" AMMÉLÈNE. - Voyez ALBÈNE .
Am² Az2 . Cl2. AMMELIDE,
H+ Az H2
ОН
Ces formules ont l'avantage non - seulement VI ОН
d'expliquer comment 4 molécules d'ammoniaque C6H9 A29O3 = Cy OH
peuvent être soudées en une, bien que le métal Az H2
qui entre dans la composition de l'amine métal- Az H2
lique ne fonctionne que comme diatomique, mais
encore d'expliquer pourquoi ces bases se combi- [Liebig, 1834, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. X,
nent avec un nombre de molécules d'acide chlor- p. 30 ; t. LVIII, p . 249. ·- Knapp, ibid., t. XXI ,
hydrique inférieur de moitié au nombre d'atomes p. 244..- Laurent et Gerhardt, Ann . de Chim. et
d'azoté qu'elles renferment, ce qui ne devrait pas de Phys., (3) , t. XIX, p. 94].
avoir lieu si elles étaient de véritables tétra- Preparation. Ce corps prend naissance par
mines. Cependant, à elle seule, cette considéra- l'action des acides ou des alcalis sur l'amméline
tion n'aurait pas suffi à leur faire attribuer les ou, ce qui revient au même, sur le mélam (v (voyez
formules ci-dessus. M. Hofmann a découvert en AMMELINE); il se forme encore par l'action de la
effet que la capacité de saturation des polyamines chaleur sur l'urée :
n'est pas toujours en rapport avec la quantité 8 CH+Az20
d'azoté que ces corps renferment. Ainsi les tri- Urée.
ammoniaques éthyléniques peuvent former trois
espèces de sels, qui sont les suivants pour la dié- = 2 CO2 + C6 H9 Az9 O³ + 7 Az H³ + H2O
Anhydride Ammélide. Ammo- Eau
thylène triamine , que nous prendrons pour niaque.
exemple : carbonique.
D'ordinaire on dissout le mélam ou l'amméline
( CH ) A23 . HCl, (C2H+)2 )
H5 Az³.2 H Cl dans l'acide sulfurique concentré, ou la mélamine
dans l'acide azotique bouillant et concentré ; on
et ( CH ) Az³ . 3 H Cl . ajoute du carbonate potassique ou de l'alcool à la
I--14
AMMÉLIDE. 210 AMMÉLINE.
liqueur et on lave à l'eau le précipité blanc qui l'acide mélanurique et l'amméline. Les formules
se forme. On peut encore chauffer l'azotate d'am- suivantes montrent ces rapports :
méline jusqu'à ce que la masse d'abord pâteuse Az H2 Az H2
redevienne solide. !!! (
Gerhardt et Laurent conseillaient de chauffer Cy³ Az H2 + H2O = Az H³ + Cy³ OH
ОН Eau. Ammo- ( OH
l'urée au-dessus de son point de fusion, jusqu'à Amméline . niaque. Acide
ce qu'elle redevint solide, de dissoudre le résidu mélanurique.
dans l'ammoniaque bouillante et de précipiter la
solution par l'acide azotique. Az H2
Propriétés. - L'ammélide est blanche ; elle est Az H2 ОН
VI
insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther et l'acide acé- 2 Cys Az H2 + H2O = Az H³ + Cу6 OH
tique. L'ammoniaque la dissout difficilement à ОН :)- Eau. Ammo- ОН
( Az H2
froid et très-facilement à l'ébullition ; la potasse Amméline. niaque.
la dissout avec facilité. Les acides précipitent de Az H2
l'ammélide pure de cette solution. L'alcool y fait Ammélide.
naître un précipité qui renferme de la potasse, L'ammélide serait donc du mélanurate d'ammé-
mais duquel on peut extraire la presque totalité line. A. N.
de cette base par des lavages à l'eau. AMMÉLINE,
Les acides chlorhydrique, sulfurique et azotique
dissolvent l'ammélide, qui est précipitée de ces so- ОН
lutions par l'ammoniaque et les carbonates alca- Cys Az H2 C³ H5 Az³ O.
lins. Az H2
Bouillie avec des solutions alcalines ou avec
des acides énergiques, l'ammélide se convertit en [Liebig, 1834, Ann . der Chem. u. Pharm. , t. X,
p. 30 ; t. LVIII , p . 249. - Knapp, ibid., t. XXI,
acide cyanurique avec production d'ammoniaque : p. 244. Laurent et Gerhardt, Ann. de Chim .
Az H2 et de Phys., ( 3) , t. XIX, p. 92.]
OH
(ОН Préparation. - Ce corps prend naissance lors-
VI ОН qu'on fait agir les acides concentrés ou les alcalis
Cy6 ОН + 3H20 = 3 Az H³ +2 Cy³ OH
Eau. Ammo- (OH sur le mélam ou la mélamine (tricyanamide) :
Az H2 Acide
AzH2 niaque. Az 112 Az H2
cyanurique.
Ammélide . Cy³ AZH² + H2O = Cy³ Az² + AzH³ .
Az H2 ОН
La solution de l'ammélide dans l'acide azotique Mélamine. Eau. Amméline . Ammo-
traitée par le sous-acétate de plomb donne un niaque.
précipité d'ammélide pure et non d'un composé
d'ammélide et de plomb. On ne parvient pas non Ce corps se forme également lorsqu'on sursa-
plus à faire réagir directement l'ammélide sur la ture par l'acide chlorhydrique une solution alca-
baryte, l'oxyde de plomb et l'oxyde de cuivre. line dans laquelle on a dissous de la chlorocya-
Ammélidate d'argent, CH7 Ag² Az O³.- Préci- namide :
pité blanc caillebotté, soluble dans l'ammoniaque,
qui se produit lorsqu'on ajoute de l'azotate d'argent Az H2 Az H2
à de l'azotate d'ammélide et qu'on précipite par Cy3 Az H2 + H2O = Cy³ Az H2 + HCl .
l'ammoniaque la liqueur claire ainsi formée, ou CI
lorsqu'on évapore une solution d'ammélide dans Chlorocyana- Eau. Amméline . Acide chlor-
l'ammoniaque pour chasser l'excès d'alcali et qu'on mide. hydrique.
précipite ensuite par l'azotate d'argent. Généralement on dissout dans la potasse le
Azotate d'ammélide et d'argent, mélam brut ( voyez ce mot ) et l'on précipite la
C6 H9 Ag² Azº 03. 2 Ag Az O³. solution par l'acide acétique ou par le carbonate
d'ammoniaque. Le précipité blanc qui se forme
- Ce sont des feuillets minces qui se déposent est redissous dans l'acide azotique. La liqueur,
lorsqu'on laisse refroidir la solution bouillante évaporée convenablement, donne des cristaux d'a-
d'ammélidate d'argent dans l'acide azotique . On zotate d'amméline d'où l'on précipite l'amméline
peut encore obtenir ce corps en précipitant à froid au moyen de l'ammoniaque caustique ou du car-
l'azotate d'argent par l'azotate d'ammélide sans bonate ammonique.
addition d'ammoniaque. Traités par l'eau, les cris- Propriétés. - L'amméline est d'un blanc écla-
taux de ce composé deviennent opaques, se dis- tant. Elle est insoluble dans l'eau, l'alcool et
solvent en partie et laissent des flocons blancs l'éther, mais se dissout dans les liqueurs alca-
d'ammélide. Lorsqu'on les chauffe, ils dégagent lines et dans la plupart des acides. Précipitée
beaucoup de vapeurs nitreuses, puis de l'acide cya- par l'ammoniaque , elle cristallise ; calcinée, elle
nique et laissent de l'argent métallique. se convertit en ammoniaque, acide cyanurique et
NOTA. M. Liebig avait d'abord représenté
l'ammélide par les rapports hydromellon :
3 Cy³ (Az H2 )2.OH
C12 H9 Az3 03 (C = 6,0 = 8) . Amméline.
Gerhardt a proposé ensuite la formule - Az3 Cy6 H3 + Cy3 H3 03 +3 Az H³.
Hydromellon. Acide cya- Ammo-
C3 H* Az¹ O², nurique. niaque.
qui faisait de l'ammélide un corps résultant de la L'ammoniaque concentrée et bouillante dissout
combinaison de deux OH et d'un Az H² avec le
groupe Cy³. Depuis lors, de nouveaux travaux de l'amméline et donne une liqueur d'où l'azotate
M. Liebig ont fait voir que la formule d'argent précipite de l'amméline argentique ;
OH Cy³ (Az H2)2. O Ag = C³ H+ Ag Az³ 05 .
Cy³ OH L'amméline est un alcaloide faible ; elle se
Az H2
combine à presque tous les acides, mais ses sels
appartient à l'acide mélanurique (voir ce mot), et sont décomposables par l'eau.
que l'ammélide est un corps intermédiaire entre Les alcalis et les acides concentrés la conver-
AMMIOLITHE. - 211 - AMMONIAQUE .
tissent : 1° en ammélide ; 2º en acide cyanurique 7,6 atm.; à + 20° : 8,8 atm. 2º D'après Regnault
avec formation d'ammoniaque : la force élastique F est donnée par la formule
1º 2 Cy³ (Az H2)2 . (OH) + H2O log F = a + ba² + c ßt :
Amméline. Eau. a = 11,5043330 b = 7, 4503520,
= Az H3 + Cy6 (Az H2)³ . (OH)³ ; C = -- 0,9499674.
Ammoniaque. Ammélide . loga =1 , 9939729. log ẞ = 1 , 9939729.t = T + 22
2º Cy6 (AzH²)³. (OH)³+ 3H²0= 3AzH³- 2Cy³ (HO)³. ou par la formule log F = a + ba².
Ammélide. Eau. Ammo- Acide
niaque. cyanurique. a = 5,7161879.
SELS D'AMMÉline. - Azotate d'amméline, b = 2,6124790 . log a = 1 , 9967812. t = T- 22.
C³ H³ Az O, H Az O³. Tensions de la vapeur d'ammoniaque liquide exprimée
Ce sel cristallise en longs prismes incolores à en millimètres de mercure ( Regnault) .
quatre faces. L'eau le décompose en partie toutes -780,2 157,95 0 3162,87
-40 528,61 + 10 4612,19
les fois qu'on cherche à le faire cristalliser, à

++++
30 876,58 20 6167,00
moins qu'on n'ait le soin d'acidifier la liqueur - 25 1112,12 30 8832,20
par quelques gouttes d'acide azotique. La chaleur - 20 1397,74 40 11776,42
décompose ce sel avec production d'ammélide, 10 2149,52
d'acide azotique et d'azotate d'ammonium , ou de [ Relation des expériences pour déterminer les lois
protoxyde d'azote et d'eau provenant de la dé- et les données physiques nécessaires au calcul des
composition de ce dernier corps : machines à feu.]
2 C3 H5 Az O, HAZO³ Préparation de l'ammoniaque liquide. - — Bun-
Azotate d'amméline. sen a liquéfié l'ammoniaque en faisant arriver
= C6H9 Az⁹ O³ + Az2O + H2O + AzHO³ le gaz bien séché par son passage sur une colonne
Ammélide . Protoxyde Eau. Acide d'hydrate de potasse, dans un long tube vertical,
d'azote. azotique. refroidi à -40° par un mélange de neige et de
Azotate d'amméline et d'argent, chilorure de calcium cristallisé.
C3H5 Az O. AgAz 03. MM. Loir et Drion se servent du froid produit
par l'évaporation rapide de l'acide sulfureux
C'est un précipité blanc que l'on obtient en liquide (-50° ) . On insuffle, à l'aide d'un souf-
mélangeant des solutions d'azotate d'argent et flet de lampe d'émailleur et par plusieurs tubes
d'azotate d'amméline. A. N. à la fois, un courant d'air desséché dans une
AMMIOLITHE ( Min . ) . - Poudre rouge ve- masse d'acide sulfureux au sein de laquelle
nant du Chili et renfermant, d'après Rivot [ Ann . baigne le tube en U traversé par le courant
des Mines, 5 série, t. VI, p . 556 ] : antimoine d'ammoniaque. La liquéfaction est facilitée par un
36,5 , tellure 14,8, cuivre 12,2, mercure 22,2, léger excédant de pression [ Bull. de la Soc . chim .,
quartz 2,5. On a trouvé une matière analogue en 1860 , p. 185] .
Westphalie. On peut aussi combiner l'ammoniaque au chlo-
AMMONIAQUE. ( Syn . Alcali volatil, gaz am- rure d'argent et décomposer le chlorure d'argent
moniac, air alcalin , azoture d'hydrogène, hy- ammoniacal ( 2 Cl Ag . 3 Az H³ ) par la chaleur, dans
dramide, amidide d'hydrogène.) - Le mot am- un tube à deux branches scellé à la lampe [ Fa-
moniaque dérive de aupos, sable. On trouvait raday, Philosophical Transactions, 1823, p. 160
principalement le sel ammoniac (τὸ ἀμμωνιακόν) et 189]. On a soin de refroidir la partie vide
dans les sables de la Cyrénaique. Elle a été dé- avec un mélange de glace et de sel. Le chlorure
couverte par Kunckel en 1612 , préparée pour la d'argent ammoniacal renferme 15,1 % d'ammo-
première fois à l'état de pureté par Priestley en niaque qu'il perd déjà en partie à 37°,7, à la
1785, et analysée par Berthollet. pression ordinaire. Dans les conditions de l'expé-
Composition. -Az H³. Az - 14 p. 1 v. rience, on doit élever la température à 112º. La
H3 3 p. 3 v. masse fond vers 90° et commence à bouillir vers
17 4 100 °. En laissant refroidir le tube, l'ammoniaque
liquide se volatilise peu peu et vient se combi-
17 parties d'ammoniaque occupent le même vo- ner au chlorure métallique , de sorte que le même
lume que 2 d'hydrogène : donc 4 volumes de mé- tube peut indéfiniment servir. Le chlorure de
lange se condensent lors de la combinaison pour calcium sec, absorbant, d'après Knab (Bull. de la
en donner 2, ou 1 volume d'ammoniaque contient Soc. chim., 1866 , t. V, p . 233), son poids de gaz
1/2 volume d'azote et 1 1/2 volume d'hydrogène . ammoniac, qu'il dégage facilement sous l'influence
Propriétés physiques. Gaz incolore à la tem- de la chaleur, pourrait remplacer le chlorure
pérature et à la pression ordinaires. d'argent dans cette expérience.
par rapport à l'air, 0,589575 L'ammoniaque liquide est incolore , très-mo-
Densité { >> à l'hydrogène 8,5 bile. Densité à zéro : 1° d'après Andréeff (Ann.
1 ltre de gaz, à 0º et à 0,76 de pression , pèse der Chem. u. Pharm., t. CXI) , par rapport à
0gr,7655. l'eau à zéro, 0,6362 ; 2° d'après Jolly, 0,6234
Pouvoir réfringent = 1,309 , celui de l'air étant (moyenne de trois observations).
1. Pouvoir réfringent spécifique (quotient du pou- Volumes occupés à diverses températures [An-
voir réfringent par la densité) = 2,22. Puissance dréeff, loc. cit.]
réfractive absolue - 0,000771 . Indice absolu de -10 0,9805 ; 0°1,000 ; 101,0215 ; + 20°1,0450.
réfraction - 1,000585 [ Dulong, Ann. de Chim . et de Le coefficient de dilatation est, d'après Jolly, entre
Phys., t. XXVI, p. 154.- Beer, Introduction à la 11º et 0°,
haute Optique, traduction de Forthomme, p. 352]. 0,00166, 0,00152 , 0,00146 .
Le gaz ammoniac peut être liquéfié et même solí-
difié par un abaissementde température convenable Ainsi, à une température suffisamment éloignée
et une pression suffisante. du point d'ébullition , l'ammoniaque liquide se
Forces élastiques de la vapeur d'ammoniaque dilate plus que les gaz.
liquide, à diverses températures. 1º D'après Bun- Pouvoir réiringent plus grand que celui de la
sen [ Poggend. Ann . , t. XLVI, p. 95 ] : à - — 33°,7 plupart des gaz liquéfiés. Indice de réfraction
: 1 atm.; à -5º 4 atm.; à 0° : 4,8 atm.; à = 1,752. Point d'ébullition : 33°,7 à 0,7493
+ 5° 5,6 atm.; à + 10° : 6,5 atm.; à + 15° de pression (Bunsen); - 38° 5 (Regnault); — 35°,7
AMMONIAQUE. — 212 AMMONIAQUE.
(Drion et Loir). L'ammoniaque liquide se solidifie (zinc, fer, étain, cadmium) en se dissolvant dans
à - 75° sous une pression de 20 atmosphères , l'acide azotique étendu ou dans un mélange d'a-
à 87° par l'évaporation dans le vide au-dessus cides azotique et sulfurique étendus, donnent lieu
de l'acide sulfurique . la formation de fortes proportions d'azotate
L'ammoniaque solide est une substance blan- d'ammoniaque :
che, transparente, cristalline et faiblement odo-
rante. 10 Az O³ H+ 4Zn" = 4 [ (Az O³)2 Zn" ] + Az O³. Az H¹;
Chaleur spécifique du gaz ammoniac : en poids le bioxyde d'azote donne de l'ammoniaque lors-
== 0,5084 ; en volume = 0,2996 (Regnault). Com- qu'il agit sur le fer, l'étain , l'hydrogène sulfuré
pressibilité, d'après Regnault : ou un sulfure métallique, en présence de la va-
P.V peur d'eau ; 3° par l'action d'un mélange d'azotate
- 1,01881 ,
P'V' = et d'hydrate alcalins sur le zinc ou le fer, à chaud ;
P' 4° pendant la dissolution du phosphore, de l'ar-
P= 703,53 ; P' = 1435,33 ; Р 2,040. senic , de l'antimoine dans l'acide azotique étendu
[ Personne, Bull. Soc. chim. , 1864, t. I, p. 163 ] ;
Propriétés organoleptiques.- Le gaz ammoniac 5° par l'action de l'hydrate de potassium ou de la
possède une odeur forte, saisissante et caractéris- vapeur d'eau sur les azotures de bore, de silicium ,
tique. Il provoque, au moment de l'inspiration , de titane; 6º par l'action de l'eau sur le phosphure,
une vive douleur sur toutes les muqueuses qu'il le sulfure , l'iodure, le chlorure d'azote ; 7° lors-
atteint. Si l'action n'est ni trop intense, nitrop qu'on fait passer de la vapeur d'eau et de l'azote
prolongée, elle ne laisse pas de suites ; dans le cas sur du charbon de bois incandescent [ Roger et
contraire, il peut y avoir inflammation. On a même Jaquemin , Institut , 1859 , p. 103 ] ; 8º par la dé-
observé des cas de morts survenues à la suite composition d'un grand nombre de composés cya-
d'inhalation d'ammoniaque. niques par exemple , par l'action de l'eau sur
Modes de formation. - L'azote et l'hydrogène l'acide cyanique , les cyanates
libres ne s'unissent que dans des conditions spé-
ciales. Suivant Morren , l'étincelle d'induction
d'un appareil de Rhumkorff, éclatant entre deux (CAZ } 0+ H2O = CO² + Az H³) ,
pointes en platine, à travers un mélange gazeux l'urée, le cyanogène , les cyanures , etc.; 9° lors-
d'azote et d'hydrogène, produit de l'ammoniaque qu'on fait passer un mélange de vapeurs d'azotate
[Compt. rend. de l'Acad., t. XLVIII , p. 342] . Pen- d'éthyle et d'hydrogène, sur du noir de platine
dant la combustion d'un mélange d'oxygène et chauffé à 110°, il s'établit une réaction énergique
d'hydrogène, en présence de l'azote, il se forme exprimée par l'équation
de l'ammoniaque , si l'hydrogène est en excès
(T. de Saussure) . Une pression de 50 atmosphères, A20
C2 [15 } 0 + H² = H²O + C²H®O + Az H³ .
même avec le concours d'un acide, ne détermine
pas la combinaison des deux gaz ; l'éponge de La réduction de l'azotate d'éthyle donne égale-
platine est également inactive. ment lieu à la formation de petites quantités d'am-
Schönbein admet la possibilité de la combi- moniaque.
naison de l'azote libre avec les éléments de l'eau ; Les conditions de production suivantes sont
ainsi, pendant l'évaporation de l'eau distillée, au surtout intéressantes au point de vue de la prépa-
contact de l'air et dans un vase en platine , il y ration industrielle de l'ammoniaque : 1° putré-
aurait formation d'azotite d'ammoniaque : faction des matières organiques azotées, apparte-
Az O nant à la classe des substances albuminoïdes et en
Az22 H2O = Az H4 0. général de celles qui font partie constituante de

l'organisme animal ; 2° décomposition sèche des
Pendant l'électrolyse de l'eau aérée, on trouve matières organiques azotées ; 3° décomposition de
de l'ammoniaque au pôle négatif et de l'acide azo- ces mêmes produits sous l'influence des hydrates
tique au pole positif (H. Davy). Certains métaux, d'oxydes alcalins. Toutes les fois qu'une sembla-
tels que le fer, le zinc, le plomb, en s'oxydant ble substance est soumise à une influence capable
lentement au contact de l'air et de l'eau , donnent d'altérer profondément la molécule, l'azote et l'hy-
lieu à la génération de l'ammoniaque. Ainsi la drogène naissants s'unissent sous forme d'ammo-
rouille formée par la combustion lente de la li- niaque ; il se produit en même temps des ammo-
maille de fer humide, en présence de l'air, est niaques composées très-variées.
ammoniacale . On admet généralement dans ce cas Etat naturel. On trouve l'ammoniaque, en
que l'hydrogène naissant formé par la décomposi- petites quantités, dans l'air, sous forme de carbo-
tion de l'eau par le métal s'unit à l'azote libre. nate et d'azotate, dans l'eau de la mer, l'eau des
Suivant Cloëz, la rouille produite dans de l'air fleuves et des rivières ; certaines eaux minérales
exempt d'acide nitrique ne contient pas traces en contiennent également, notamment les eaux
d'ammoniaque, et ce serait à l'acide azotique de sulfureuses provenant des terrains de nouvelle
l'air et non à l'azote libre qu'il conviendrait d'at- formation ; celles qui sont issues directement du
tribuer la génération de l'azoture d'hydrogène granite n'en renferment pas [ Bouis , Compt. rend. ,
[Compt. rend. de l'Acad., t. LII, p. 527]. L'oxy- t. XLII, p. 1269] . On a encore signalé la présence
dation lente de l'hydrate de protoxyde de fer donne du chlorhydrate et d'autres sels ammoniacaux
lieu au même phénomène. Le potassium , le zinc, dans les eaux de Passy, de Chaudes-Aigues, de
l'arsenic, l'étain, le fer, le plomb, ainsi que cer- Bourbonne-les -Bains, de Saint-Allyre, etc., etc.
tains composés organiques non azotés ( sucre), La rouille, certains minerais de fer formés par
chauffés avec les hydrates d'oxydes alcalins ou al- combustion lente, les argiles ferrugineuses, ren-
calino - terreux, au contact de l'air, dégagent des ferment de l'ammoniaque. Le sel gemme contient
quantités sensibles d'ammoniaque. On obtient quelquefois du sel ammoniac. Les émanations am-
encore ce corps : 1 ° par l'action de l'hydrogène moniacales des volcans peuvent s'expliquer, d'après
libre sur les composés oxygénés de l'azote ; le phé- MM. H. Sainte-Claire Deville et Wöhler, par la
nomène exige le concours de l'éponge de platine, présence, dans les profondeurs de la terre, de dé-
ou d'un corps poreux et d'une température de 300° pôts d'azoture de silicium. Signalons encore les
à 400°: sucs végétaux, l'urine, le sang dans certaines af-
2 AzO + H10 :- 2 Az H3 + 2 H2O ; fections putrides (?) .
2º par l'action de l'hydrogène naissant sur les com- Préparation. ----- La préparation de l'ammonia-
posés oxygénés de l'azote : beaucoup de métaux que, en petit ou industriellement, qu'il s'agisse
AMMONIAQUE. 213 1 AMMONIAQUE.
d'obtenir le gaz ou une solution, est toujours fon- l'opération est pulvérulent et facile à enlever.
dée sur l'action de la chaux vive ou éteinte sur un Rien n'empêche d'augmenter les proportions de
sel ammoniacal (chlorhydrate, carbonate, sulfate) cet appareil et de le faire servir à une opération
et utilise la volatilité de ce corps. La disposition à grande échelle.
des appareils varie seule : Préparation industrielle. - On a imaginé un
2. AzH Cl + Ca O = CaCl2 + H2O + 2Az HS, grand nombre de dispositions pour la préparation
industrielle de l'ammoniaque caustique ; nous
2. AzH Cl + Ca H2O2 = Ca Cl2 + 2 H2O + 2 Az H³,
nous contenterons de donner la description de
CO (Az H )2+ Ca H2O2 l'appareil de M. Mallet.
= CO³ . Ca + 2 H2O + 2 Az H³.
Au lieu d'opérer avec des sels ammoniacaux,
Pour préparer le gaz, on fait un mélange intime déjà plus ou moins épurés, on trouve de l'avan-
de 1 p. de sel ammoniac en poudre et de 2 p. de tage, au point de vue économique, à employer
chaux vive pulvérisée ; le tout est introduit dans directement les liquides ou produits bruts con-
une cornue tubulée ou non, en verre ou en grès tenant l'ammoniaque libre ou carbonatée. Ceux
et recouvert d'une couche de chaux vive ; la cornue qui offrent le plus d'importance sont : les eaux
communique avec un large tube en U ou tout au- de condensation obtenues pendant la préparation
tre récipient rempli de fragments de potasse caus- dugaz de la houille, et comme produits secondaires
tique ou de chaux vive (pour dessécher , on ne de la fabrication du noir d'os ; les urines putré-
saurait employer dans ce but le chlorure de cal- fiées et les eaux vannes des dépôts de vidange.
cium, qui absorbe l'ammoniaque). Le gaz est re- La grande quantité de carbonate d'ammoniaque
cueilli sur une cuve à mercure, ou dans un ballon renfermé dans l'urine putréfiée s'est formée par
renversé à col étroit, rempli d'air. Dans ce cas, le l'hydratation de l'urée, sous l'influence d'un fer-
tube adducteur pénètre verticalement de bas en ment spécial :
haut jusqu'au sommet du ballon ; on se fonde CO"
sur la faible densité de l'ammoniaque. L'emploi CHAz2O + 2 H2O == 2AZH 02.
du carbonate d'ammoniaque est plus avantageux ;
il réclame une température beaucoup moins éle- Le principe de l'appareil Mallet est le même
vée pour sa décomposition ; et si la couche de chaux que celui qui est utilisé dans la distillation des
vive supérieure est
assez épaisse, on n'a
pas à craindre de voir
du carbonate échap-
per à la réaction. S'a- m
git-il d'obtenir une
solution ammonia-
cale, on peut rem-
placer la chaux vive
par un lait de chaux. a
A cet effet, on éteint
1p. de chaux dans 3 p.
d'eau, de manière à
former une bouillie,
dans laquelle on dé-
laye 1 p. de sel am-
moniac en poudre. La
cornue en verre com-
munique, au moyen F G G H
d'un tube muni d'un Fig. 20.
tube de sûreté, avec
un premier flacon la-
veur de Woolff, renfermant peu d'eau ; de
là le gaz se rend dans une série de fla-
cons deWoolff aux deux tiers pleins d'eau
et refroidis. Les tubes plongeurs doivent
arriver jusqu'au fond, vu que la solution
ammoniacale est plus légère que l'eau.
Pour chasser les dernières traces d'am-
moniaque il faut porter à l'ébullition la
bouillie de la cornue. Fresenius recom-
mande les dispositions suivantes, pour
préparer la solution ammoniacale pure,
dont on fait un si fréquent usage dans
les laboratoires [ Zeitsch. der Analytis-
chen Chem., t. L, p. 186]. Fig. 21.
L'appareil se compose d'une cornue en
fonte munie d'un flacon laveur, d'un ré-
frigérant de Liebig et d'un récipient ou d'une bon- liquides alcooliques. Les figures 20 et 21 , que nous
bonne contenant de 20 à 30 lit. d'eau. Le réfrigé- empruntons au Précis de Chimie industrielle, de
rant est incliné vers la bonbonne. M. Payen, donnent une idée de ses principales dis-
On charge la cornue avec des couches alterna- positions. Une première chaudière A, en tôle, de
tives de chaux éteinte (10 kilog. chaux vive, 2,000 litres de capacité, cylindrique et verticale,
éteinte avec 4 kilog. d'eau) et d'un mélange ta- placée sur un foyer et munie d'un agitateur à mani-
misé de sel ammoniac et de sulfate d'ammoniaque velle A' , passant par une boîte à étoupes, et d'un
trou d'homme, communique par le tube plongeur
Ckilog. ,5 de Cl Az H et 3kilog . ,500 de SO . 2 (Az H ') ; aa, avec lapartie inférieure d'une seconde chaudière
on ajoute 8 lit. d'eau et on remue bien, on ferme B, semblable à la première, placée au-dessus d'elle
l'alambic et on chauffe doucement. Avec le mé- et chauffée seulement par les gaz du foyer infé-
lange de sulfate et de chlorhydrate, le résidu de rieur. L'ammoniaque dégagée de A barbote dans
• AMMONIAQUE. -- 214 AMMONIAQUE.

le liquide de B et s'échappe par le tube b , pour se Propriétés chimiques. - Action de la chaleur.-


rendre dans le vase laveur C, contenant un lait de L'ammoniaque, dirigée à travers un tube chauffé
chaux , d'où il passe dans un second vase sem- au rouge, se décompose en doublant son volume
blable C'. De là, il traverse le tube D et va se re- et fournit un mélange d'azote et d'hydrogène dans
froidir dans deux serpentins superposés D et E. les rapports volumétriques ci-dessus indiqués. On
L'ammoniaque et l'eau condensée s'écoulent dans facilite la réaction en remplissant le tube avec
le vase en plomb tritubulé E. Le gaz barbote en- des fragments de porcelaine et de chaux vive. La
core à travers trois petits flacons laveurs G, G', présence de certains métaux permet d'abaisser la
G", munis de tubes de sûreté et va enfin, suffisam- température de décomposition et rend celle -ci plus
ment épuré, se dissoudre dans un récipient cylin- complète tels sont l'or, l'argent, le platine et
drique en plomb, H, entouré d'eau. Les serpentins surtout le fer et le cuivre. Les trois premiers n'é-
Det E sont renfermés dans des réservoirs clos. prouvent aucune modification et n'agissent que
L'eau ammoniacale brute, contenue dans le grand par présence, tandis que les deux autres devien-
réservoir J, s'écoule par le tube à robinet M, dans nent grenus et cassants, en même temps qu'ils
le réfrigérant du serpentin D, où elle s'échappe. accusent une légère augmentation de poids, attri-
Prenons l'opération au moment où, le liquide buée à la formation d'azotures (Thenard).— Voyez
de la chaudière A étant épuisé, on met celle-ci AZOTURES.
en vidange on fait couler le contenu de B dans Action de l'électricité. - Le gaz ammoniac sec
A par le tube à robinet O, et le liquide du réfri- traversé par une série d'étincelles électriques
gérant D dans la chaudière B, par le tube nn, se comporte comme sous l'influence de la cha-
après avoir versé dans celle-ci de la chaux éteinte leur et donne un mélange d'azote et d'hydrogène
en bouillie et en quantité suffisante pour décom- ( Scheele , Berthollet , Henry ) . A mesure que le
poser les sels ammoniacaux ; on remplace le li- gaz restant se trouve délayé par les produits de
quide de D par une nouvelle portion de solution la décomposition , la réaction devient de plus en
brute. Les vapeurs ammoniacales dégagées de ce plus difficile et lente. D'après Buff et A. W. Hof-
réfrigérant sont dirigées , par le tube K, dans un mann [ Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXIII,
réservoir ouvert, contenant de l'eau acide. On p. 129] , le gaz est rapidement décomposé par le
comprend facilement tous les avantages de ces courant d'étincelles d'induction fourni par 3 à 4
dispositions. La chaleur, emportée par le gaz et couples de Bunsen (5 à 11 centimètres cubes en
la vapeur d'eau, est utilisée à chauffer le liquide 5 minutes). Les étincelles d'une forte machine
même sur lequel on veut opérer. Les liquides électrique ordinaire ne dédoublent que 4 centi-
les plus dépouillés sont soumis à la température mètres cubes en 1 1/2 à 2 heures. Un fil de platine
la plus élevée, dans la chaudière placée directe- rougi à blanc par un courant électrique décompose
ment au-dessus du foyer, et ils perdront rapide- 4 cent. cubes par heure avec 6 couples. En faisant
ment les dernières traces de gaz. De temps à passer l'électricité au moyen de fils de platine à
autre, on met les agitateurs en mouvement, de travers des tubes contenant de l'ammoniaque di-
manière à favoriser les réactions entre la chaux luée, la décomposition est également facile [ Plüc-
et les sels ammoniacaux . En comptant à 10 francs ker, Poggend. Ann. , t. CIII, p. 88 ; t. CV, p. 67].
les 5,000 litres d'eau ammoniacale brute à 2º 1/2, Dissolvants. ---- L'eau absorbe vivement le gaz
la dépense pour obtenir 100 kilog. d'ammoniaque ammoniac avec une élévation notable de tempé-
caustique à 21 ° Cartier (degré normal) est de 28 . rature. Une éprouvette, remplie de gaz pur, débou-
francs 85. chée brusquement sur une cuve à eau , se brise
L'ammoniaque caustique du commerce, ou alcali par suite du choc de la colonne liquide contre la
volatil, offre généralement une couleur jaune partie supérieure du vase. Ce phénomène donne
due à l'altération de substances organiques mises lieu à une très-jolie expérience , si l'on ne permet
en contact avec elle ; elle peut renfermer du car- l'arrivée de l'eau que par un tube effilé très-étroit
bonate d'ammoniaque, du fer dissous, de l'alu- fixé dans l'intérieur du flacon et dont la pointe
mine, de la chaux et toutes les impuretés de l'eau correspond au centre. D'après Carius, l'ammo-
employée à sa préparation. Pour la purifier, il niaque, malgré sa grande solubilité, suit les lois
convient de la distiller en présence de la chaux générales de l'absorption des gaz [ Ann. der Chem .
éteinte, dans l'un des appareils ci-dessus décrits u. Pharm., t. XCIX , p. 129] . Son coefficient de
pour l'obtention dans les laboratoires de l'eau solubilité serait exprimé par la formule d'inter-
ammoniacale pure. L'ammoniaque liquide pure polation
doit être incolore, ne donner aucun résidu par C = 1049,62429,4963 t +0,676874 12
l'évaporation sur une lame de platine, ne pas 0,009562113.
troubler une solution de chlorure de calcium , ni Valeurs Valeurs Valeurs Valeurs
précipiter par le nitrate d'argent après avoir été de t. de c. de t. de c.
acidulée avec l'acide nitrique pur. 00 1049,6 150 727,2
Usages. - La solution ammoniacale est em- 50 917,9 200 654
100 812,8 250 985,9
ployée en médecine comme caustique (piqûres de
mouches), comme rubéfiant de la peau, et même Roscoe et Dittmar n'arrivent pas aux mêmes
pour produire la vésication, en inspirations pour résultats [Chem . Soc . quart. Journ. , t. XII, p. 128] .
provoquer une réaction ; quelques gouttes prises Selon eux, la quantité d'ammoniaque absorbée par
à l'intérieur constituent un puissant moyen de 1 gramme d'eau est loin d'être proportionnelle à la
combattre l'ivresse alcoolique. On administre de pression P. Entre P = 0 et P = 1 mètre, la quantité
l'ammoniaque aux animaux affectés de météo- de gaz absorbée diminue, comparativement à la loi,
risme ; elle agit alors en absorbant l'acide carbo- à mesure que P augmente ; l'inverse a lieu pour
nique et l'hydrogène sulfuré accumulés dans le P >1 mètre. D'après Sims , plus la température
tube intestinal. La coloration du lichen dans la s'élève , plus on se rapproche de la loi de Dalton
fabrication de l'orseille est fondée sur l'emploi de [Chem . Soc. quart. Journ ., t. XIV, p. 1]. - Voyez
l'ammoniaque. Elle sert encore à la préparation de aux sources citées les résultats numériques pu-
la cochenille ammoniacale et dans différentes opé- bliés à l'appui de ces considérations et donnant
rations de teinture. En injectant de l'ammoniaque le poids d'ammoniaque dissoute dans 1 gramme
dans une enceinte contenant de l'acide carbonique, d'eau à diverses pressions et à diverses tempéra-
on absorbe rapidement le gaz délétère et on rend tures.
l'accès de cet espace abordable. Cette grande solubilité fournit un moyen pré-
Les chimistes utilisent fréquemment l'ammo- cieux d'emmagasiner de fortes proportions d'am-
niaque comme réactif. moniaque et de la mettre sous une forme commer-
AMMONIAQUE . -- 215 - AMMONIAQUE.
ciale commode pour les applications. A - 38°, la d'ammoniaque agrandit les flammes sur lesquelles
solution aqueuse concentrée d'ammoniaque (am- on le dirige , sans que la combustion puisse se
moniaque liquide ou caustique du commerce) se propager plus loin. Dans l'eudiomètre, on peut
prend en une masse de fines aiguilles souples et faire détoner un mélange de 1 volume d'ammo-
brillantes. Elle possède l'odeur forte du gaz. Ex- niaque avec 0,6 volume au moins et 3,17 volumes
posée à l'air, dans un vase ouvert, elle perd peu au plus d'oxygène. Les produits de la combustion
à peu la totalité de l'alcali volatil ; le même effet sont l'azote , l'eau et un peu d'azotate d'ammo-
se produit sous l'influence de la chaleur et le nium . Si l'oxygène est en proportion insuffisante,
liquide commence à bouillir bien au-dessous de on trouve en outre de l'hydrogène formé par la
100°. On utilise cette propriété pour purifier décomposition sèche de l'ammoniaque non brû-
l'ammoniaque du commerce. A cet effet, on intro- lée. L'éponge de platine, chauffée à 300° et mise
duit celle-ci dans un ballon ou une cornue munis en contact avec un mélange d'ammoniaque et
d'un tube de sûreté et communiquant avec une d'air , devient incandescente ; il se forme de
série de flacons de Woolff aux deux tiers remplis l'acide azotique et des vapeurs nitreuses (Kuhl-
d'eau distillée et refroidie. Le premier sert de mann).
flacon laveur. Le gaz expulsé par la chaleur vient Suivant Schönbein , l'oxydation de l'ammo-
se dissoudre dans les appareils de Woolff, tandis niaque par l'intervention du platine peut s'effec-
que les matières fixes restent dans le liquide pri- tuer à la température ordinaire [ Poggendorff's
mitif. Il est bon d'ajouter un peu de chaux Annal., t. C , p . 292] . Ainsi, en exposant pendant
éteinte au produit commercial, pour décomposer quelques instants à l'air du noir de platine hu-
le carbonate d'ammoniaque qu'il pourrait con- mecté d'ammoniaque caustique, et en épuisant
tenir. par l'eau distillée , on obtient un liquide qui
On doit à J. Dalton, H. Davy, Ure [Journ . für bleuit l'empois d'amidon après addition d'acide
Chem . u. Phys. de Schweigger , t. XXXII, p . 58], sulfurique et d'iodure de potassium, et qui con-
Otto, Griffin et Carius [ loc. cit . ] , des tableaux tient par conséquent de l'azotite d'ammonium .
indiquant la teneur en ammoniaque d'une solu- Le platine compacte n'agit qu'à une température
tion de densité déterminée. Nous transcrivons le plus élevée. Un fil de ce métal roulé en spirale ,
dernier, qui est le plus récent : porté au rouge sombre et plongé dans une atmo-
sphère ammoniacale (mélange d'air et d'ammo-
Tableau de Carius. niaque), s'entoure de fumées blanches d'azotite
Quantité Quantité
d'ammoniaque d'ammoniaque. [ Voir J. Löwe, Jahresb. des phys.
d'ammo niaque Ver. zu Frankfurt am M. f. , 1857-1858 , p . 80 , la
(Az H3) Densité. ( AzH3) . Densité.
1 0,9959 19 0,9283 description d'un appareil pour produire des quan-
2 0,9915 20 0,9251 tités notables d'azotite d'ammoniaque par la com-
3 0,9873 21 0,9221 bustion de l'ammoniaque au contact du platine. ]
4 0,9831 22 0,9 : 91 En mettant de la limaille de cuivre dans un vase
0,9790 23 0,9162 rempli d'air et mouillé avec de l'ammoniaque
0,9749 24 0,9133
0,9709 23 0,9106 caustique, on voit le métal s'échauffer, avec pro-
8 26 duction de fumées blanches d'azotite. Le même
0,9670 0,9078
9 0,9631 27 0,9052 phénomène s'observe lorsqu'on fait passer un
10 0,9593 28 0,9026 courant de vapeur d'eau mélangée à de l'air et
11 0,9556 29 0,9001 de l'ammoniaque, à travers un long tube conte-
12 0,9520 30 0,8976 nant de la tournure de cuivre. La dissolution
13 0,9480 31 0,8953 bleue formée par l'oxydation du cuivre au contact
14 0,9449 32 0,8929
15 0,9414 33 0,8907 de l'air et de l'ammoniaque renferme également
16 0,9380 34 0.8885 ce sel ; pour en former des quantités notables, il
17 0,9347 35 0,8864 convient de reverser plusieurs fois l'ammoniaque
18 0,9314 36 0,884 sur le métal placé dans un entonnoir.
Beaucoup de chimistes admettent dans l'am- Peligot extrait de ce liquide évaporé à sec, en
le traitant par l'alcool ammoniacal bouillant, un
moniaque aqueuse l'existence de l'hydrate d'am- composé cristallisant en prismes et détonant par
monium
Az H le choc, de la formule (Az O2) 2 . Cu + 2 Az H. OH.
H } Ces cristaux dissous dans l'eau perdent de l'am-
moniaque pendant la concentration ; il reste une
L'alcool et l'éther absorbent également de fortes solution d'azotite d'ammoniaque, en même temps
proportions d'ammoniaque, mais les coefficients de qu'il se précipite une poudre cristalline verte
solubilité n'ont pas été déterminés exactement. contenant 2 (Az O² . Az H4) + 3 CuO. L'oxydation
Action de l'oxygène. - Quoique combustible, à l'air d'une solution ammoniacale d'oxydule de
l'ammoniaque ne l'est pas assez pour brûler dans cuivre fournit aussi de l'azotite d'ammoniaque.
l'air. Pour que l'expérience réussisse, il faut le Dans toutes ces expériences , la combustion lente
concours de l'oxygène pur. On peut enflammer de l'azoture d'hydrogène est provoquée par celle
un jet d'ammoniaque sèche, sortant par un tube du métal. Le phosphore et le fer agissent dans
effilé dans une atmosphère d'oxygène ; la combus- le même sens. D'après Millon, la nitrification se-
tion continue d'elle-même et se fait avec une rait le résultat d'une action de cet ordre ; elle
flamme jaunâtre. Hofmann fait passer un rapide exigera't le concours simultané de l'oxygène, de
courant d'oxygène à travers une solution bouil- l'eau, d'un sel ammoniacal , d'une matière hu-
lante d'ammoniaque caustique ; le mélange gazeux mique et d'un carbonate alcalin , ou mieux d'un
sortant par un orifice étroit continue à brûler une mélange de carbonates alcalins et terreux ; l'oxy-
fois qu'il est enflammé [Ann . der Chem . u . Pharm., dation de l'humus déterminerait celle de l'ammo-
t. CXV , p . 283] . Cette expérience peut être dan- niaque [Compt. rend. , t. LI, p. 289, 548 ] . Un mé-
gereuse et donner lieu à des détonations ; pour lange d'air humide et d'ammoniaque, dirigé sur
obvier à cet inconvénient , Heintz conduit l'oxy- de la craie imprégnée de carbonate de potasse et
gène, au moyen d'un tube coudé, dans un ballon chauffée à 100°, donne lieu à la production d'un
rempli au huitième d'ammoniaque caustique peu d'azotate de potasse. L'ozone transforme l'am-
bouillante ; on n'enfonce que très-peu au début ce moniaque en azotite [ Schönbein , Baumert Jah-
tube dans le col du ballon ; après inflammation , resb., 1853 , p. 315] ; l'eau oxygénée agit de
on peut l'enfoncer davantage [ Ann. der Chem . u. même en solution ou étendue. Une solution
Pharm., t. CXXX, p . 102 ] . Un mélange d'air et d'ammoniaque pure, même concentrée, réduit
AMMONIAQUE . 216 AMMONIAQUE.
très-lentement , à froid , le caméléon minéral ; chlore donne lieu à un phénomène d'ignition ,
la réaction se fait très-rapidement à chaud , avec au moment où elle pénètre dans le gaz ammoniac.
formation d'azotite et précipitation de bioxyde de Brome. L'action du brome est analogue à
manganèse hydraté ; la présence de la mousse de celle du chlore.
platine provoque le même phénomène sans le Iode. ---- L'iode sec décompose, à chaud , le gaz
secours de la chaleur [ Schönbein, Verhandlung. ammoniac, avec formation d'acide iodhydrique et
der naturf. Gesels ch. in Basel , t. II, p. 33, 35] d'azote; à froid il absorbe l'ammoniaque gazeuse
ou de l'acide formique [ Péan de Saint-Gilles , et se convertit en un liquide visqueux , noir, à
Compt. rend., t. LXVI , p , 624 , 808 , 1143 ; t. XLVII , éclat métallique, décomposable par l'eau en iodure
p. 554] . L'acide hypochloreux anhydre ou en d'ammonium et en azoture d'iode et d'hydrogène
solution aqueuse concentrée réagit énergique- (Colin, Landgrebe, Millon , Bineau). Lorsqu'on
ment sur l'ammoniaque ; il se forme de l'eau , de ajoute peu à peu de l'iode en poudre à une solu-
l'azote et du chlore libre. Si l'on a soin de bien tion saturée d'un sel ammoniacal très-soluble
refroidir, en employant des liqueurs étendues, (azotate) décomposé par un tiers d'équivalent
le chlore reste uni à l'azote sous forme de chlo- d'hydrate de potasse, il se sépare un liquide mo-
rure d'azote (Balard) . L'acide chloreux gazeux bile, brun noir, dont la composition est repré-
attaque à froid l'ammoniaque ; les produits de la sentée par la formule Az H3 12 ou Az H³ I. I (iodure
réaction sont l'azote, le sel ammoniac et le chlo- d'iodammonium). Ce composé se dédouble à l'air
rate d'ammonium. Un mélange gazeux d'ammo- sec en iode et ammoniaque ; avec le mercure, il
niaque et de protoxyde d'azote détone sous l'in- donne la réaction
fluence de l'étincelle électrique ; le résultat est
un mélange d'azote, d'hydrogène et de vapeurs Az H312 + Hg = I² Hg + Az H³.
d'eau; même réaction avec le bioxyde. A froid , L'eau le dédouble comme il suit :
le gaz ammoniac brûle lentement aux dépens du
bioxyde d'azote en le ramenant à l'état de prot- 2 (Az H³12) = Az HI² + Az H¹I + IH.
oxyde. L'acide hypoazotique oxyde énergiquement Les alcalis facilitent cette transformation . Sous
l'ammoniaque, avec formation d'azote, d'eau et l'influence de la chaleur, il donne de l'iode et
d'azotite d'ammonium [ Soubeiran , Journ. de l'iodammoniaque de Millon ou de Bineau (Az H³1
Pharm., t . XIII , p. 329] . Beaucoup d'oxydes mé-
talliques sont réduits, à chaud, par l'ammoniaque ou 3 Az H3.12) [ Guthrie, Chem. Soc . quart. Journ.,
(2), t. I, p. 239] . Il est soluble dans l'éther, l'al-
comme ils le seraient par l'hydrogène seul ; l'azote cool , le sulfure de carbone , le chloroforme et
est mis en liberté, quelquefois aussi il s'unit au l'iodure de potassium.
métal (azotures ). Bore. Le bore amorphe, chauffé dans un
Action du soufre. - La fleur de soufre lavée et
courant de gaz ammoniac sec, s'enflamme en se
séchée absorbe peu à peu le gaz ammoniac ; à convertissant en azoture de bore ; l'hydrogène de-
chaud, il se dégage de l'azote et il se forme du vient libre.
sulfure ammonique. La solution aqueuse d'am- Carbone. - Le charbon incandescent, en con-
moniaque n'agit pas sur le soufre pur à une tem- tact avec l'ammoniaque sèche, la décompose avec
pérature inférieure à 75º. Vers 90°, elle se colore formation de cyanure d'ammonium et d'hydro-
en jaune, par suite de la dissolution d'un peu de gène libre [ Langlois, Ann. de Chim . et de Phys.,
soufre [ Brunner, Dingler's polytech. Journ., t. CL, t. LXXVI, p. 3] :
p. 371 ] . Lorsqu'on chauffe pendant plusieurs jours
en vase clos , à 100°, une dissolution ammoniacale C + 2 Az H³ = C Az . Az H¹ + H².
d'une densité = 0,885, avec le tiers de son poids
de soufre, celui-ci se dissout avec une teinte rouge Suivant Kuhlmann, il se formerait dans ces con-
brun. Le liquide n'est pas visqueux et ne fume pas ditions du cyanure d'ammonium et du gaz des
à l'air ; il renferme principalement des polysul- marais 3 C + 4 Az H³ = 2 (C Az. Az H¹) + CH
fures ammoniques ; le résidu de l'évaporation se [Ann. der Chem . u. Pharm. , t. XXXVIII, p . 62] .
dédouble par l'eau en soufre et hyposulfite (Flüc- Une partie de l'ammoniaque est toujours dédou-
blée, avec mise en liberté d'azote.
kiger, Journ.- de Pharm. , (3) , t. XLV, p. 453]. Métaux. - Nous avons déjà vu comment se
Sélénium. Chauffé en vase clos avec l'am-
moniaque aqueuse, il fournit une solution inco- comportaient certains métaux (or, argent, platine,
lore de séléniure ammonique. cuivre, fer) qui semblent favoriser, par action de
Tellure. - Dans les mêmes conditions , ce présence, la décomposition de l'ammoniaque sous
corps donne beaucoup de tellurite. l'influence de la chaleur. Les métaux alcalins,
Phosphore. - Sec, il absorbe peu à peu le gaz chauffés légèrement dans du gaz ammoniac, éli-
ammoniaque en se convertissant en un corps minent de l'hydrogène; en même temps il se forme
foncé presque pulvérulent. A chaud , avec l'am- des composés représentés par la formule Az H²K,
ou Az 112 Na :
moniaque aqueuse, il dégage peu à peu de l'hy-
drogène phosphoré , avec production d'un oxyde 2 Az H3 + K² = 2 (Az H² K) + H².
de phosphore ammoniacal ; en employant l'alcool Amidure
ammoniacal, ce dernier composé se présente sous de potassium.
forme d'une pellicule noire métallique adhérente
aux parois et non décomposable par l'acide sul- Chauffé fortement, l'amidure de potassium se
furique ou l'hydrate de potasse bouillant [Flüc- convertit en ammoniaque et azoture de potas-
kiger, loc. cit.j. sium 3 (Az H2K) = 2 Az H³ + AzK3 ; avec l'eau
Chlore. Le chlore décompose l'ammoniaque il donne de l'azote et de l'hydrate de potasse :
sèche ou dissoute dans l'eau , avec production Az H2 K + H2O = Az H³ + KHO .
d'azote et de chlorure d'ammonium, d'après l'équa-
tion Action de l'ammoniaque sur les combinaisons.
8 Az H³ (16 volumes) + Cl (6 volumes) - Le gaz ammoniac réagit sur un grand nombre
== 6 Cl . Az H + Az² 2 volumes. de combinaisons chimiques de divers ordres.
Tantôt il intervient par ses éléments et donne lieu
Tant que l'ammoniaque libre reste en excès, il ne à la génération de deux ou plusieurs nouveaux
se forme pas de chlorure d'azote ; dans le cas produits nous avons déja trouvé des exemples
contraire, le chlore porte son action sur le sel de semblables réactions en étudiant l'action des
ammoniac, avec production de chlorure d'azote. oxydants ; dans ce cas l'azote devient libre ou se
Si l'on opère avec les gaz secs , chaque bulle de trouve converti en produits oxygénés, tandis que
- 217 - AMMONIAQUE.
AMMONIAQUE.
l'hydrogène est brûlé et transforme en eau. tenant les éléments de Ph C13 +5 Az H³ ( H. Rose)
Tantôt l'ammoniaque fonctionne comme com- se dissolvant lentement , mais entièrement, dans
posé non saturé ( en admettant que l'azote est l'eau ; humectée avec de l'acide chlorhydrique,
pentatomique), susceptible de s'unir par addition . elle s'échauffe et devient très-soluble ; chauffée au
Dans cette dernière catégorie viennent se ranger rouge dans l'acide carbonique, elle donne
les produits obtenus par l'action de l'ammoniaque
sur l'eau (oxyde et hydrate d'ammonium) , sur les H + Az H³ Ph + Ph Az².
hydracides et les oxacides hydratés (sels ammo-
niacaux ordinaires) , sur les anhydrides ( amides La constitution de ce composé n'est pas bien éta-
ou acides amidés) , sur les chlorures, bromures, blie ou bien c'est un mélange de sel ammoniac
iodures , fluorures , cyanures anhydres de mé- et de monochlorhydrate d'une triamine phospho-
talloides , de métaux ou de certains radicaux rée
composés (chloramidures, bromamidures, etc.) ,
sur les sels oxygénés (sels amidés) , sur beaucoup (2 Az H+ Cl + Az³ { P HCl ) ,
d'oxydes métalliques, sur de nombreuses matières
organiques, avec ou sans élimination d'eau. Nous ou elle répond à la formule
étudierons en particulier les réactions que donne
l'ammoniaque avec les combinaisons des métal- Az5 H12
Ph H3 C13 = Az3 Ph
Am²H H3 C13.
loides entre eux (eau, acides, chlorures, etc.) ;
quant aux autres, elles ne seront examinées qu'à L'eau la décompose en sel ammoniac et phos-
un point de vue général, l'histoire des métaux et phite
des combinaisons organiques correspondants com- Ph H H³C13 + 3 H2O
Az³ Am²
prendra ce que chacune d'elles offre de spécial.
Chlorure d'iode (Cl I) . ·- Il réagit sur l'ammo-
niaque en formant du chlorure ammonique et = 3 Az H⭑Cl + Am² Ph 0³.
de l'iodure d'azote (azoture d'iode et d'hydrogène) :
Le tribromure de phosphore donne une com-
2 CII + Az H³ = 2 Cl Az H¹ + AzHI². binaison analogue.
Chlorures de soufre.-Le chlorure C12S2 s'unit Perchlorure de phosphore. - D'après Gerhardt,
la réaction serait exprimée par l'équation
directement à l'ammoniaque en produisant le
composé S2C12 . 4 Az H³, soluble dans l'alcool et PhC153 Az H³
l'éther et se décomposant au contact de l'eau en = HCl + Az HCl + Ph Cl³ ( Az H2)2
sel ammoniac et en un composé oxygéné du soufre
(hyposulfite d'ammoniaque ?) . Soubeiran décrit (chloramidure de phosphore) . La poudre blanche
encore deux combinaisons d'ammoniaque avec résultant de l'action des deux corps cède à l'eau
du chlorure de soufre rouge SC12 [ Ann . de Chim. du sel ammoniac, en même temps il reste de
et de Phys. , t. LXVII , p. 74 et suiv. ]. Elles se l'azoture de phosphore (PhAz2) et un composé
forment directement et il faut éviter dans leur blanc, volatil, fusible à 110 °, bouillant à 240°,
préparation toute élévation de température, en cristallisable
n'opérant que sur peu de matière à la fois. L'une,
obtenue avec un excès d'ammoniaque, renferme- { {Ph
( Ph³ Az² Cl³ = Az³ (2
rait SCI2 4 Az H³ ; elle est solide, jaune, cristalli- PhCl) C12).
sable dans l'éther, soluble dans l'alcool absolu et [Grouvelle , Ann. de Chim. et de Phys. , t. XVII ,
l'éther ; l'eau la décompose en sulfure d'azote p. 37; H. Rose, Poggend . Ann . , t. XXIV, p . 311, 411,
(Az2 S³), chlorure ammonique , hyposulfite d'am- 61; Wohler et Liebig , Ann. der Chem. u. Pharm.,
monium et une combinaison de chlorosulfure t. XI , p. 139. ] D'après H. Rose, Az Cl3 s'unità
d'azote Az2S3.S C12 avec Az H³. La chaleur la dé-
double en Az H³ S. Az HCl . Az² S³. Si l'ammo- Az H³ dans les rapports de Az Ci³ +7 Az H³ (?) ;
le composé est soluble dans l'eau et dans l'alcool ;
niaque n'est pas en excès, on obtient le composé ces solutions déposent des cristaux brillants ; le
SCI2.2 Az H³, sous forme de flocons rouge brun, fluorure (Az F13 ) se comporte de même.
volatils, neutres, d'une saveur salée piquante. A Avec le chlorure d'antimoine Sb Cl³ on forme
110° ce corps se change en un mélange de directement les corps suivants :
Az HCl et de Az2S3 . S Cl2 ; Cl²) .HCI,
Sb Cl³. Az H³ =Az ! (Sb
H2
il est soluble en jaune brun dans l'alcool et
l'éther, l'eau le décompose. Lorsqu'on verse C12S et Sb Cl³. 2 Az H³ = Az² (Sb Cl) • H2C12.
dans l'ammoniaque caustique refroidie, on obtient { H+
un composé rouge, soluble en lilas dans l'ammo- Ces composés, comme tous ceux de ce genre, réa-
niaque, se décomposant spontanément, et de la gissent sur H Cl ; on a, en effet,
formule
(Az2S3.SCI2 + 4 Az EI³). Az ((Sb Cl2) . HCl + HCl
H2
Les composés précédents peuvent être formulés = (Sb C13 + Az H³. HCl) ,
de la manière suivante dans la notation typique :
H2Am² .H2 chlorure double d'antimoine et d'ammonium
S2 C12. 4 Az H³ = Az² { Cl2; [Dehérain, Bull. de la Soc. chim . , 1862, p. 25].
(S2)"
Le chlorure de titane, TiCl , s'unit à ˆ4 AzÍϳ :
SCI2. 4 Az H³ = Az² SH2Am²
is" H2C12 ;
AzTH CI+.
SH4 H2C12 ;
S Cl² . 2 Az H³ = Az² { S • Avec le chlorure de bore, Bo Cl³, on a
Az2S3 $ Cl2 = Az²S¹. Cl². Az3 (Bo C12)
Chlorure de sulfammonium. 2 Bo C13. 3 Az H³ (BOCl) H³Cl³.
H6
Trichlorure de phosphore. Il absorbe Az H³
en donnant des fumées blanches ; si l'on a soin Même observation pour le bromure et le fluorure
de refroidir, on obtient une masse blanche, con- de bore.
AMMONIAQUE. ---- 218 -- AMMONIAQUE.
Le chlorure de silicium , Si Cl , et le fluorure, d'acide proportionnelle à celle qui manque , d'après
Si Fl , absorbent l'ammoniaque et donnent des la condensation de l'amine. Exemple :
composés blancs.
n
Le chlorure de carbone, C Cl , chauffé en vase Az JZ 2 HCl +4 HCl = Zn Cl² + 4 Az H¹Cl.
clos avec une solution alcoolique d'ammoniaque, (H10
donne du sel ammoniac et un produit de substi- Ces remarques s'appliquent également aux brom-
tution carboné non encore étudié.
amidures , etc. , et aux sels amidés .
Le gaz phosgène , CO" Cl², s'unit à 4 Az H³ ; On doit à Weltzien [ Systematische Zusammen-
le produit est blanc, volatil et se décompose par stellung der organ. Verbind. ] et à H. Schiff [Ann.
l'eau : der Chem.u. Pharm. , t. CXXII, p.1 ] les premiers
Az2 H2Am² H2Cl2 + 2 H20 essais tentés dans cette voie de classification des
{ со nombreux produits ammonio-métalliques. Schiff
CO" 02. rend toujours la dose d'acide combinée à l'amine
= 2 Az H* Cl + 2 Az H ) égale au degré de condensation , au moyen d'un ar-
tifice consistant à transporter du côté de la barre,
Les composés S6 O15 C16 ( quinquacichloride sul- réservé à l'hydrogène ou aux métaux, une certaine
furique de Berzelius) et CS C1402 absorbent éga- quantité d'azote sous forme d'ammonium. Ainsi :
lement Az H³; les combinaisons sont blanches,
volatiles ; la dernière se dédouble par l'eau en H3
carbonate, sulfite et chlorure d'ammonium. Az H¹.H2
Az³ H3 peut être transformé en Az² { H3
Le sulfure d'arsenic As2 S3 donne As2S3.Az H3 ; H3
le sulfure de phosphore Ph2S3 donne ou en Az Az H
Ph2 S3. 2 Az H³. { Az H.
Sulfure de carbone. - Lorsqu'on fait passer Nous n'emploierons cette manière de procéder,
un mélange d'ammoniaque et de vapeurs de sul- qui n'est pas suffisamment justifiée dans tous les
fure de carbone à travers un tube en porcelaine cas, que pour indiquer comment il se fait que
chauffé, ou que l'on chauffe en vase clos une so- l'ammoniaque s'accumule dans des composés plus
lution alcoolique d'ammoniaque et de sulfure de que ne le ferait supposer l'atomicité seule des mé-
carbone, il se forme de l'acide sulfocyanique et de taux, et nous nous contenterons d'appliquer les
l'acide sulfhydrique considérations précédentes à formuler quelques-
uns des groupes connus.
CS2 + Az H³ = SH² + Az H (CS) . On connaît les combinaisons ammonio- zinciques
Composés métalliques et ammoniaque. - Les suivantes :
composés résultant de l'action de l'ammoniaque
sur les oxydes, les chlorures, les bromures , les Az2 Zn H2R2 ;
sels métalliques, appartiennent à une même fa- {H
mille et ne représentent que des cas particuliers R2 = G12 ; (SO )" ; (CO³)".
d'un ensemble complet, se rattachant à l'histoire
des ammoniaques composées ( voir DÉRIVÉS DE Az+ H10 H2R2 = Az² Zn
L'AMMONIAQUE). Les belles recherches de Wurtz et H2Am² H2 R2 ;
de Hofmann sur les ammoniaques composées et
les polyamines de la chimie organique jettent un R2 = Cl2 ; (SO )" ; (CrO¹)".
grand jour sur l'histoire et la classification des
corps dont nous nous occupons. En transportant (zn
les résultats obtenus en chimie organique aux H2 CI). H CI.
Az { (Zň
nombreux dérivés ammonio-métalliques , on arrive Chloramidure de thallium de Willm
à considérer les bases ammoniacales comme des
oxydes ou hydrates d'ammoniums composés , les Az3 TI" 3 CIH.
. chloramidures et les bromamidures comme des { H6
combinaisons d'amines ( mono , bi, tri ) avec une Les combinaisons ammonio-cobaltiques si com-
quantité d'acide suffisante ou insuffisante pour les plexes obtenues par Fremy, Gibbs et Genth, peu-
saturer; les sels amidés, ou combinaisons des sels vent être formulées comme il suit :
oxygénés métalliques avec l'ammoniaque, devien- Sels ammoniacobaltiques :
nent des composés, saturés ou non , des mêmes
amines métalliques. On sait en effet que les polya- Co
A
mines organiques ne sont pas toujours suscepti- Az m H2 R2
bles de s'unir à la dose maximum d'acide que
semble réclamer leur degré de condensation . ( R² = Cl² ; (Az O³)² ; SÖ¹).
Les chlorures ammonio-métalliques ou chlora-
midures fixent tous de l'acide chlorhydrique en Sels oxycobaltiques :
donnant un chlorure double d'ammonium et du IV
métal. Deux cas sont possibles. Ou bien le chlorhy- Co2 ( OH)³ . H&R
drate de métal-amine est saturé, et de la formule Azı { Am6H6
Mn RC1 ' ; ( Az O³)* ; ( SO¹ )².
M +m HCl
Azm {Hp
Sels fuscocobaltiques :
n = x), VI
( p + x == 3 m; a CO2(OH)2
M étant un métal quelconque mono ou polyatomi- Az¹ { Am+ H+ • H¹ R+ (&* = Cl¹ ; (Az O³) + ; (SO¹)²).
que et a son atomicité. Dans ce cas on a : Sels lutéocobaltiques :
Mn VI #
Azm . m HCl + HCl Aze { Co.
Am6 H6*. H® R6 (R6 = Cl¤ ; ( Az O³ )6 ; ( SO¹ )³).
= (m Az H³ Cl + MnCl2 ).
Sels roséocobaltiques :
Si le chlorhydrate de métal-amine n'est pas sa- VI
turé, les choses se passeront de même, avec cette
différence qu'il se fixera en outre une quantité Az6 Co2
Am+ HS H6 R6 (R6 = C16 ; ( Az O³)6 ; ( SO¹³) .
AMMONIAQUE . - 219 - AMMONIAQUE.
Sels xanthocobaltiques : Les dérivés de substitution chlorés de certains
VI acides réagissent sur l'ammoniaque avec forma-
tion de chlorure ammonique et d'amides spéciales
Aze { Am* H6 (Az O; 2• H¹ R¹.
2 ( C² H³ CI O²) + 3 Az H³
On arrive ainsi avec la même facilité à repré- Acide
senter les autres combinaisons de ce genre (sels monochloracétique.
ammonio-cuivriques, ammonio-platiniques, etc.). SH
Les combinaisons ammonio - métalliques pren- = 2 ( Az H+CI ) + Az 2 ( C²H² O″ OH ).
nent généralement naissance par l'action directe Acide diglycolamidique .
de l'ammoniaque sur les composés métalliques Voyez ALCALAMIDES, AMIDES et AMINES.
correspondants ; dans certains cas ( cobalt ) les Il nous reste à traiter des sels ammoniacaux
produits ainsi formés peuvent passer d'une série ordinaires, résultant de l'union de l'ammoniaque
à l'autre en s'oxydant ou en se décomposant par- avec les acides normaux. Nous rattacherons à leur
tiellement sous l'influence de la chaleur , de histoire celle de l'ammonium et de l'oxyde d'am-
l'eau, des acides, ou en absorbant une nouvelle monium dont l'existence hypothétique est si utile
quantité d'ammoniaque. Elles sont tantôt instables dans la théorie de la constitution moléculaire de
et perdent facilement l'ammoniaque fixée , sous ces corps.
l'influence de la chaleur, ou par l'action de l'eau ; AMMONIUM, Az H.- Berzelius a donné le nom
dans ce dernier cas, il faut prévoir l'action secon- d'ammonium au composé hypothétique, non en-
daire de l'hydrate d'ammonium libre sur les élé- core isolé, qui, d'après la théorie d'Ampère, fonc-
ments du sel ; tantôt, au contraire, le composé tionne comme métal dans les sels ammoniacaux.
ammonio-métallique forme un groupement plus Son existence est rendue probable : 1º par les
résistant. considérations développées à propos des sels am-
L'ammoniaque caustique dissout un grand moniacaux (voyez SELS AMMONIACAUX) ; 2° par la dé-
nombre d'oxydes métalliques hydratés ( zinc, nic- couverte faite par le célèbre chimiste suédois et
kel, cobalt, etc. ) ; elle s'unità d'autres oxydes par Pontin, en 1808, de l'ammoniure de mercure
pour former des produits solides dont quelques- [ Ann. économiques de l'Acad. des sciences de
uns détonent avec violence par le choc ou une Stockholm, 1808, mai, p. 110 à 130] . Seebeck et
élévation de température ( or et argent fulmi- Trommsdorff arrivèrent presque en même temps
nant). aux mêmes résultats .
Action de l'ammoniaque sur les composés orga- Ammoniure de mercure. — Il a été obtenu pour
niques. - Il nous est impossible de donner ici la première fois par l'électrolyse de l'ammoniaque
un aperçu complet des réactions de l'ammoniaque caustique, le pôle négatif de la pile plongeant
sur les nombreux groupes de composés orga- dans un globule de mercure, et le pôle positif en
niques. Le sens du phénomène dépend de la platine dans le liquide. Dans ces conditions, on
constitution chimique de la molécule organique. voit le mercure se gonfler et devenir épais comme
1° Elle s'unit directement par addition . Exemples : du beurre, tandis qu'il se dégage de l'azote à
CHO + Az H³ = C2 H³ (Az H4) O, l'électrode positive. En admettant dans la solution
Aldéhyde acétique. Aldéhydate aqueuse d'ammoniaque la présence du composé
d'ammoniaque. Az H
2 C² HO + Az H³ = Az H² . C² H'OH , Ho,
Oxyde hydrate d'ammonium, la réaction électrolytique se
d'éthylène. représente par l'équation :
ou 3 C2H4O + Az H³ ; := Az II.2 C2H4OHI . 2 (Az H¹.OH )
2º Elle s'unit avec élimination d'eau : = 2 Az H+ ( au pôle négatif) + H2O + 0.
L'oxygène, au lieu de se dégager au pôle positif,
3 C7 H6 O + 2 Az H³ = 3 H² O + Az² . (C7″HI¤;³ ; réagit secondairement sur l'ammoniaque, forme
Aldéhyde de l'eau et de l'azote devenant libre. On réussit
benzoïque . mieux en remplaçant dans cette expérience l'eau
3 C3H6O2 Az II³ = 3H2O + Az9 . (C3163 . ammoniacale par une solution concentrée de sel
Acétone . ammoniac ; ou bien on creuse une cavité dans
une plaque de sel ammoniac, on l'humecte avec
Nous pourrions citer de nombreux exemples de de l'eau et l'on y introduit un globule de mer-
ces phénomènes ; ainsi les sucres et beaucoup de cure; en immergeant le pôle négatif dans le mé-
produits organiques complexes à équivalent élevé tal et en mettant le pôle positif en contact avec
s'unissent à l'ammoniaque avec ou sans élimina- le sel ammoniac, et très-près du mercure, celui-
tion d'eau, en donnant des composés amidés . ci se dilate considérablement en devenant pâteux,
Les chlorures, bromures, iodures des radicaux en même temps qu'il se dégage du chlore au pôle
d'alcools donnent de l'acide chlorhydrique et une positif.
amine composée : L'ammoniure de mercure peut se préparer
sans le concours de l'électricité. Il suffit de mettre
C2H³I + Az H³ = I H. Az H² ( C² H³ ) .
Iodure Iodhydrate d'éthylamine. l'amalgame de potassium ou de sodium en con-
d'éthyle. tact avec une solution concentrée de chlorure
Les chlorures, bromures des radicaux d'acide ammonique. La réaction se passe d'après l'équa-
tion :
donnent de l'acide chlorhydrique et une amide :
2 ( Az HCl. ) + K² Hg = 2 (K Cl . ) + (Az H¹)2 IIg.
C² H³OCl + Az H³ = CIH -† Az H² (C² H³O) .
Chlorure Acétamide. En opérant en vase clos , on peut obtenir un
d'acétyle. amalgame tellement imprégné d'ammonium qu'il
Les éthers composés régénèrent l'alcool ct surnage la liqueur ; mais la proportion d'ammo-
donnent une amide : nium par rapport au mercure est toujours très-
faible ( selon Gay-Lussac et Thenard). L'am-
C2H300 + Az H3 moniure de mercure est très-peu stable ; dès que
C2H5 le courant électrique cesse, le mercure s'affaisse,
Acétate d'éthyle. et il se dégage un mélange d'ammoniaque et d'hy-
= C² H³. H. O + Az H² ( C² H³O) . drogène (2 volumes Az H3 + 1 volume H ). La
AMMONIAQUE. 220 - AMMONIAQUE.
présence du potassium ou du sodium lui commu- peut s'unir à 1 , 2 ou 3 molécules d'ammonia-
nique de la stabilité ; dans ce cas, il se conserve que.
plusieurs semaines dans le pétrole anhydre. Re- Les anhydrides des acides oxygénés réagissent
froidi dans un mélange d'acide carbonique solide directement sur l'ammoniaque sèche , mais le
et d'éther, il devient dur et cassant comme de la phénomène est plus complexe qu'avec l'acide hy-
fonte, d'un bleu gris, avec un éclat métallique peu draté.
prononcé, à texture cristalline cubique (Grove). Les anhydrides monobasiques donnent généra-
D'après des expériences récentes, l'ammoniaque lement le sel ammoniacal, plus l'amide neutre
étendue au 1/10, et soumise à l'électrolyse, avec correspondante ; exemple :
des électrodes en platine, donne sur la lame néga-
tive un enduit noir disparaissant très-vite après C2H3O) C2H3O
la cessation du courant. Ce dépòt peut être consi- C2H3O 0 + 2 Az H³ = Az H O+Az H2.C2H3O
déré comme de l'ammonium pur (? ). Anhydride Acétate Acétamide.
OXYDE D'AMMONIUM, ( Az H¹ )2O .- L'oxyde d'am- acétique. d'ammonium.
monium libre , correspondant à l'oxyde anhydre
de potassium ( K2O ) , n'a pas encore pu être isolé ; Avec les anhydrides biatomiques, on obtient
les sels ammoniacaux de l'acide amidé ; exem-
il se décompose immédiatement en eau et en am- ple :
moniaque, ( Az H¹ ) 2O = H²O +2 Az H³. H2S0
L'hydrate d'ammonium SO2" O2 Az H³ =- Az Az H+ 20.
Az H¹ Anhydride Sulfamate
H } sulfurique. d'ammoniaque.
peut être considéré comme existant dans l'eau
ammoniacale. Une solution ammoniacale froide L'acide carbonique sec donne du carbamate d'am-
et saturée , d'une densité - 0,912 et contenant moniaque, l'acide succinique anhydre du succi-
23,226 % d'ammoniaque, répond à la formule namate d'ammoniaque. Ainsi, comme l'a démon-
tré Laurent, la moitié seulement de l'ammoniaque
Az H¹0 + 2H20 , est engagée dans la combinaison sous forme de sel
H ammoniacal.
analogue de celle de l'hydrate potassique, L'affinité de l'ammoniaque pour les acides est
annulée par le froid. Ainsi l'ammoniaque liquide
K -- 65° ne se combine ni ne se mêle avec l'acide
0+ 2H2O ; sulfurique (SO H² ), qu'il surnage. Ces combinai-
celle dont la densité est 0,872 renferme sons par addition s'expliquent si l'on considère
l'azote comme un élément pentatomique ; dans
AzH0 + H2O. l'ammoniaque, il reste donc deux atomicités ( de
Н second ordre ) à saturer ; en d'autres termes,
l'ammoniaque est biatomique et susceptible de
Refroidie à 40°, elle dépose des cristaux acicu- s'unir à H Cl, comme l'éthylène. Les sels ammo-
laires allongés.
niacaux sont isomorphes avec ceux de potassium ,
Si la facilité avec laquelle ce corps se dédouble avec lesquels ils présentent, sous beaucoup de
en eau et en ammoniaque n'a pas encore permis rapports, des analogies frappantes. On a cherché
de l'isoler, son existence n'est pas moins cer- avec raison à expliquer ces rapports de parenté
taine. La substitution de radicaux d'alcool, tels par la ressemblance dans la constitution chi-
que l'éthyle, le méthyle, à l'hydrogène de l'am- mique; de là la célèbre théorie de l'ammonium ,
monium donne plus de solidité à la molécule ; imaginée par Ampère et développée par Berzelius
aussi a-t-on pu obtenir l'hydrate de tétréthyle- [Ampère, Ann. de Chim. et de Phys. , t. II, p. 6] .
ammonium En admettant dans ces sels l'existence d'un ra-
Az (C2H5)+ dical complexe ( Az H ), isomorphe avec le po-
H tassium et fonctionnant comme métal, le chlor-
hydrate d'ammoniaque ( H Cl . Az H³ ) devient
SELS AMMONIACAUX. (Az H ) Cl ou , en posant AzH = Am, Am Cl,
comparable à K Cl. Le sulfate d'ammoniaque
Généralités. L'ammoniaque joue le rôle de SO H². 2 Az H³ devient S O¹ 2 Az H ou SO ' Am²,
base, au moins en présence de l'eau ; sa saveur comparable à SO K2 (sulfate de potassium) , et
est caustique alcaline, sa réaction sur les papiers ainsi de suite pour les autres sels.
colorés végétaux est celle de la potasse ou de la Que l'ammonium soit ou non un composé iso-
soude. Elle s'unit directement et par simple ad- lable, peu importe, il n'en est pas moins vrai que
dition aux hydracides et aux oxacides hydratés ; le groupement Az H ou Az H3 . H , tout instable
les composés obtenus fonctionnent comme de vé- qu'il est, est isomorphe avec le potassium, et peut
ritables sels dans lesquels l'acide est généralement prendre la place de celui-ci dans les combinaisons
bien neutralisé. Exemples : chimiques, sans en altérer la forme et les prin-
Az H³ + HCl = Az HI³ H Cl = Az H¹ Cl ; cipales propriétés.
Les sels ammoniacaux ont une saveur fraîche,
Az H³ SH² = SH² . Az H³ = Az H¹ . H.S ; salée avec arrière goût amer, leur odeur est nulle ou
ammoniacale (carbonates) ; ils sont généralement
2 Az H³SH2 = SH². 2 Az H³ = (Az H4) 2S ; solubles dans l'eau. Si l'acide est volatil, le sel am-
Az H3 + Az O³ H = Az O³ H. Az H³ = : Az H.Az O³; moniacal peut être sublimé sans décomposition
(carbonate, chlorhydrate), à moins que l'hydrogène
H
Az H³ + SO¹ H = SO¹ { H. H³ Az=AzH+H.SO* ; de l'ammoniaque ne puisse réagir comme réducteur
sur l'oxygène de l'acide ; ainsi l'azotate d'ammo-
( H. H³Az nium donne de l'eau et du protoxyde d'azote.
2 Az H³ + SOH - SO { H. H³Az Beaucoup de sels ammoniacaux à acides oxygénés
= perdent de l'eau sous l'influence d'une élévation
= (Az H¹) 2SO¹.
convenable de température et se transforment en
Un acide tribasique, comme l'acide phospho- composés amidés. Si l'acide est fixe et difficile-
rique normal ment réductible, ie sel le décompose avec déga-
PhO") gement d'ammoniaque (phosphates, silicates , etc. ).
03, Eu général les sels neutres des acides polybasi-
AMMONIAQUE. 221 - AMMONIAQUE.
ques perdent facilement une partie de leur am- dans le commerce, est incolore, translucide, sonore,
moniaque. Le courant électrique les dédouble, à cassure fibreuse, élastique ; aussi est-il difficile à
comme nous l'avons vu, en ammonium ( ou ses pulvériser. Il se dissout dans 2,72 p. d'eau froide,
éléments Az H3 + H) au pôle négatif, en oxygène dans son poids d'eau bouillante et dans 8 p.
et acide au pôle positif ; suivant les cas, il peut d'alcool. Chauffé avec un métal alcalin, ou encore
encore se produire des phénomènes plus complexes avec du fer, du zinc, le sel ammoniac se décom-
dépendant d'actions secondaires, plus fréquentes pose ; il se forme un chlorure métallique et il se
ici que dans l'électrolyse des sels métalliques dégage un mélange d'ammoniaque et d'hydrogène.
proprement dits. Ils se prêtent facilement aux A une basse température, il absorbe l'acide sul-
doubles décompositions, en échangeant Az H' con- furique anhydre et donne une masse dure et
tre un autre métal et s'unissent à un grand nom- transparente que l'eau et la chaleur décomposent.
bre de sels métalliques pour donner des sels A une température suffisamment élevée pour le
doubles. vaporiser, le chlorure ammonique réagit sur le
Les sels ammoniacaux ne précipitent ni par trichlorure de phosphore, en donnant du phos-
l'hydrogène sulfuré, ni par les sulfures, les car- phore libre, de l'acide chlorhydrique et de l'azo-
bonates et les phosphates alcalins. Ces caractères ture de phosphore :
analytiques les rapprochent des sels alcalins. En
solutions suffisamment concentrées, ils donnent 2 Ph Cl³ + 2 (Az H¹Cl . ) = 8 HCl + Ph + Ph Az² .
avec le bitartrate de sodium ou l'acide tartrique Le sel ammoniac s'unit à un grand nombre de
en excès (après agitation) , un précipité blanc chlorures métalliques (chlorures de magnésium ,
grenu cristallin de bitartrate d'ammonium. Ce sel de ferrosum, de ferricum , de zinc, de cobalt , de
se forme plus lentement qu'avec les composés po- nickel, de cuivre, de mercure, de bismuth, d'an-
tassiques. timoine, d'étain, de platine, d'argent, d'or, etc. ) ;
Le bichlorure de platine fournit un précipité ces composés seront étudiés à propos de chacun
jaune , grenu , cristallin (2 Az H4 Cl . Pť" C14) . On de ces métaux en particulier.
pourrait, d'après cela, les confondre avec les sels État naturel. - On le trouve à l'état de masses
potassiques , césiques , rubidiques. Le meilleur sublimées, et en mélange avec d'autres corps vo-
moyen de s'assurer de la présence d'un sel am- latils, dans les fentes des laves volcaniques du
moniacal consiste à le chauffer dans un tube avec Vésuve, de l'Etna, dans l'ile de Volcano, dans les
de l'hydrate de chaux pur ; il doit se dégager de solfatares de Naples. On en a trouvé de petites
l'ammoniaque facile à reconnaître à l'odeur, aux quantités dans le voisinage de dépôts de houille
fumées blanches qui se développent autour d'une en combustion (Saint-Étienne, Écosse, Newcastle).
baguette imprégnée d'acide chlorhydrique et à la La Bucharie fournit une variété de sel naturel de
coloration bleue que prend un papier de tournesol couleur grise et de cassure conchoidale. Le sel
rouge et humecté. Les sels de certaines ammonia- ammoniac naturel est dense, grisâtre, à texture
ques composées ( éthylamine , méthylamine ) se fibreuse et sous forme de croûtes ou de cristaux
comportent, il est vrai, de la même manière. Si l'on octaédriques.
est dans le cas de rechercher l'existence des corps Modes de production. -1 ° Combinaison directe
de cette espèce, on transformera en chlorhydrates de HCl avec Az H³, en solution ou sous forme de
et on traitera par l'alcool absolu , après avoir éva- gaz ; lorsque l'acide chlorhydrique gazeux est mis
poré à sec, le chlorure d'ammonium restera comme en contact avec l'ammoniaque sèche, les deux
résidu. corps se combinent, avec production d'un épais
CHLORURE D'AMMONIUM (Syn . Sel ammoniac, brouillard blanc qui se dépose à l'état solide.
salmiak, muriate, chlorhydrate d'ammoniaque), 2° Par l'action de l'acide chlorhydrique sur le car-
Az H Cl. bonate d'ammoniaque. 3° Par double décomposi-
2 volumes d'acide chlorhydrique + 2 volumes tion :
ammoniaque = environ 4 volumes de vapeur de
sel ammoniac. Pour expliquer cette densité de Ca C12CO3.2 ( Az H¹ ) = Az H¹'Cl + CO³ Ca ;
vapeur anomale, on a supposé qu'en se volatili- Chlorure Carbonate Chlorure Carbonate
sant le sel ammoniac se dédouble presque entiè- de calcium. d'ammonium. d'ammonium. de chaux.
rement en ses deux parties constitutives , acide
chlorhydrique et ammoniaque. M. H. Sainte- 2 Na Cl + SO . 2 ( Az H¹ ) = 2 Az HCl + SO Na².
Chlorure Sulfate Chlorure Sulfate
Claire Deville a cherché à combattre cette ma- de d'ammonium. d'ammonium. de
nière de voir en démontrant par d'ingénieuses sodium . sodium.
expériences que l'acide chlorhydrique et l'ammo-
niaque se rencontrant à une température élevée Préparation industrielle. - Employé en Eu-
produisent de la chaleur et par conséquent se com- rope dès le XIIe siècle, il venait d'Egypte jusque
binent ; au moins se combinent-ils en partie. - vers le milieu du xvme siècle, et se préparait en
Voyez DISSOCIATION. sublimant dans de grands matras en verre la suie
Corps solide, incolore, saveur salée, neutre aux formée par la combustion de la fiente de chameau.
réactifs végétaux. Densité - 1,50. Densité de va- On en importait aussi de l'Inde. Aujourd'hui l'in-
peur à 350° par rapport à l'air : 1,01 . Calculée dustrie a cessé d'être tributaire du commerce
- 0,9255. Par rapport à l'hydrogène = 14,58. étranger; elle trouve dans l'eau de condensation
Calculée - 13,36. 1 lit. de vapeur pèse 18,306 . du gaz de l'éclairage, dans les produits secondaires
Il cristallise par voie de sublimation ou par voie de la fabrication du noir animal et dans l'urine
humide, sous des formes appartenant au système putréfiée une matière première qui répond à tous
régulier (octaèdre, cube, trapézoèdre) . Les cris- les besoins. L'eau ammoniacale provenant de la
taux sont souvent associés de manière à repré- distillation de la houille ou des os contient du
senter des barbes de plumes. Il est fixe à la carbonate d'ammoniaque et des matières goudron-
température ordinaire ; se volatilise sans fondre neuses. Tantôt on la sature directement par l'acide
et sans décomposition au-dessous du rouge som- chlorhydrique ; il se sépare une assez grande quan-
bre; la vapeur d'eau en entraîne cependant de pe- tité de goudron tenue en émulsion par l'alcali ; le
tites quantités : ainsi il s'en perd des traces par liquide est clarifié par filtration dans de grandes
l'évaporation de sa solution aqueuse . Cette perte caisses à faux fonds, percés de trous et couverts
peut s'expliquer par un départ d'ammoniaque d'une grosse toile mouillée, qui retient les pro-
pendant l'ébullition ( 1/2 %) [ Fittig, Ann . der duits huileux ; puis on concentre dans de grandes
Chem. u. Pharm . , t. CXXXVIII, p. 189]. chaudières en plomb jusqu'à pellicule et on laisse
Le sel ammoniac sublimé, tel qu'on le trouve refroidir dans des cristallisoirs. Les cristaux for--
AMMONIAQUE. - 222 ―― AMMONIAQUE .
més et encore impurs sont séparés de l'eau mère IODURE D'AMMONIUM, AzHI ou IH. Az H³.
et séchés pour être soumis à la sublimation ; l'eau Formé de volumes égaux d'acide iodhydrique et
mère est concentrée ànouveau. D'autres fois, l'eau d'ammoniaque, déliquescent et très-soluble dans
ammoniacale, mélangée à un lait de chaux, est l'eau et l'alcool ; cristallise en cubes. Il se sublime
soumise à la distillation dans un appareil sem- sans décomposition , à l'abri de l'air ; en présence
blable à celui de Mallet que nous avons décrit à de l'oxygène, il dégage de l'iode ; sa solution jau-
propos de la préparation de l'ammoniaque liquide, nit également à l'air. Il absorbe l'anhydride sul-
avec cette différence que le gaz, au lieu d'être di- furique, en donnant une masse rouge brun et un
rigé dans de l'eau, est condensé jusqu'à neutrali- dégagement d'acide sulfureux. On le prépare par
sation dans de l'acide chlorhydrique. La solution combinaison directe de HI avec Az H³, ou en pré-
de sel ammoniac ainsi obtenue fournit à la con- cipitant l'iodure de fer Fe" 12 par le carbonate
centration des cristaux beaucoup plus purs que d'ammonium. En saturant avec de l'iode une dis-
dans le premier cas. Les procédés par double dé- solution concentrée d'iodure d'ammonium , on
composition sont aussi quelquefois utilisés en forme le biiodure d'ammonium ou biiodhydrate
grand, lorsque l'acide chlorhydrique est d'un em- jaune.
ploi trop coûteux . Le sel ammoniac ainsi formé FLUORURE D'AMMONIUM, AzH+ Fl ou F1 H. Az H³. —
peut être purifié par dissolution à chaud, filtration Très-soluble dans l'eau, peu soluble dans l'al-
sur du noir animal et cristallisation en farine ou cool ; cristallise en prismes incolores, fusibles et
en gros cristaux. On trouve dans le commerce les plus volatils que le chlorure ammonique; saveur
cristaux en farine sous forme de poudre sèche et salée piquante. Sa solution aqueuse perd de
blanche, ou en pains coniques obtenus en compri- l'ammoniaque, même à la température ordinaire;
mant les petits cristaux encore mouillés dans des par l'évaporation, elle se convertit en solution de
formes semblables à celles des pains de sucre . Gé- bifluorhydrate. Il attaque le verre même à sec et
néralement on est encore habitué à l'employer sous à froid, en donnant de l'ammoniaque et du fluo-
forme de pains sublimés. La sublimation en grand silicate d'ammonium. Chauffé avec un métal al-
s'effectue maintenant de la manière suivante : Des calin, il fournit un fluorure, de l'hydrogène et
pots en terre, ayant la forme de poires, sont dispo- de l'ammoniaque. Il absorbe à sec de faibles
sés sur deux rangées parallèles sur la voûte d'un proportions d'ammoniaque , qu'il perd par la
foyer allongé. Une plaque en tôle offrant des ouver- chaleur. On le prépare en chauffant , dans un
tures circulaires convenablement découpées se fixe creuset de platine, un mélange intime de sel am-
sur les pots de manière à laisser leur partie supé- moniac et de fluorure de sodium ( 1 p. Az H+ C!.,
rieure en saillie, en dehors du four. Entre chaque 21/4 p. de Na F1 ) . H. Rose sature l'acide fluor-
paire de pots se trouve un orifice circulaire percé hydrique du commerce, contenant du fluorure de
dans la voûte et mettant l'espace contenant les silicium, du fer, du plomb et du fluorure de cal .
pots en communication avec le foyer. De cette cium, par de l'ammoniaque mélangée à du car-
manière, la flamme et les gaz chauds viennent bonate et à du sulfure ammonique [Ann. de
envelopper chaque vase. On introduit les cristaux Poggend. , t . CVIII , p. 19 ] . Il laisse déposer et
bruts bien secs, et l'on chauffe progressivement, évapore à sec, au bain-marie , dans un vase en
en débouchant de temps à autre l'orifice supé- platine, en ajoutant de temps à autre un peu de
rieur du couvercle au moyen d'un fer rouge. Lors- carbonate d'ammoniaque solide et en remuant
que l'opération est terminée, on laisse refroidir avec une spatule. Le sel doit être conservé dans
et on casse les pots pour en sortir le pain sublimé le platine ou la gutta-percha.
et adhérent à la partie supérieure. Les pots Il sert à graver sur verre ; on recouvre à cet
ont environ 70 cent. de haut et 60 cent. de dia- effet la partie à attaquer avec une solution de
mètre maximum . Un procédé plus économique fluorure et on laisse sécher ; il a aussi été pro-
consiste à opérer la sublimation dans de grandes posé pour la désagrégation des silicates dans les
chaudières en fonte, à fond plat, garnies intérieu- analyses.
rement d'un revêtement de briques réfractaires et Le bifluorhydrate Fl H. Fl. Az H se forme pen-
chauffées par en bas et latéralement à feu nu . Le dant l'évaporation d'une solution aqueuse de
sel vient se condenser dans la partie concave d'un fluorure. Cristaux grenus, prismatiques, déliques-
couvercle en fonte, ayant la forme d'un verre de cents , volatils ; la vapeur est très-irritante ; il
montre. attaque facilement le verre.
La chaudière ayant 1 à 2 mètres de diamètre, FLUOSILICATE D'AMMONIUM, Si Fl . 2 Az ̹ Fl.
on peut opérer sur dix à cinquante quintaux de Cristallise par l'évaporation spontanée de sa solu-
produit à la fois. L'opération dure de cinq à neuf tion aqueuse en gros prismes à six pans, courts,
jours. Le sel ammoniac le plus blanc contient brillants, contenant de l'eau de cristallisation.
toujours un peu de fer provenant, soit de l'acide Il décrépite par la chaleur et se sublime sans dé-
chlorhydrique employé, soit des vases ; ce fer est composition en une masse cristalline dense ; il
entraîné à l'état de protochlorure pendant la su- rougit le papier de tournesol et attaque le verre.
blimation. On le prépare par la sublimation d'un mélange de
Lorsque, dans la préparation du gaz de l'éclai- fluosilicate alcalin et de chlorure d'ammonium .
rage, on emploie comme moyen d'épuration du FLUOBORATE D'AMMONIUM, Bo F13. Az H4 Fl . So-
chlorure de manganèse , le liquide qui surnage luble dans l'eau et l'alcool ; cristallise par l'éva-
l'oxyde et le sulfure métallique précipités par poration de ses solutions aqueuses en prismes à
l'ammoniaque et le sulfhydrate d'ammoniaque six pans terminés par un biseau : saveur salée ;
contient du sel ammoniac susceptible d'être utilisé. rougit le tournesol. Se prépare en ajoutant de
Usages. - Il sert principalement dans la fabri- l'acide borique à une solution de fluorure d'am-
cation des couleurs, des toiles peintes, dans l'éta- monium et en évaporant à sec , puis en subli-
mage, le zincage et pour la soudure. mant.
BROMURE D'AMMONIUM, Az H+ Br ou Br H. Az H³.- CYANURE D'AMMONIUM ou Cyanhydrate d'ammo-
Formé de volumes égaux d'acide bromhydrique et niaque, Az H Cy ou Cy H. Az H³ — C Az.Az H¹ .
d'ammoniaque. Il est très-soluble dans l'eau , peu Il est formé de deux volumes d'acide cyanhy-
soluble dans l'alcool ; cristallise en longs prismes drique unis à deux volumes d'ammoniaque . So-
incolores; volatil sans fusion et sans décomposi- lide, incolore, saveur et odeur à la fois prussi-
tion. A l'air, il jaunit un peu , en prenant une ques et ammoniacales ; réaction alcaline, très-
réaction acide. On le prépare en combinant direc- vénéneux et agissant comme l'acide cyanhydrique ;
tement l'ammoniaque à l'acide bromhydrique. Ses bout à 30° ; cristallise en cubes ou en prismes
applications sont nulles. quadrangulaires. Il est très-soluble dans l'eau et
AMMONIAQUE. 223 -- AMMONIAQUE.
l'alcool; les cristaux sont très-altérables et se que l'on prépare en faisant passer de la vapeur
convertissent assez rapidement à l'air, surtout à de soufre et de sel ammoniac à travers un tube
chaud , en une masse brune ( acide azulmique). en porcelaine chauffé au rouge et en condensant
Le chlore et le brome le convertissent en chlorure les produits formés dans un récipient bien re-
ou bromure de cyanogène . Ses vapeurs sont in- froidi. Il est déliquescent, soluble en jaune foncé
flammables. dans l'eau. Les acides le décomposent avec dépôt
Préparation. - a. En dirigeant de l'ammo- de soufre. Il se trouve contenu à l'état hydraté et
niaque sur du charbon chauffé au rouge et en en mélange avec d'autres polysulfures ammoni-
condensant les produits formés, au moyen d'un ques dans la liqueur fumante de Boyle ; celle- ci
mélange réfrigérant : se prépare en distillant un mélange de 1 p. sel
ammoniac, 1 p. de chaux et 1/2 p. de soufre.
C + 2 Az H³ CAz. AzH¹ + H² Elle est jaune, volatile et de consistance oléagi-
neuse.
[ Langlois, Ann. de Chim . et de Phys., t. LXVII, d. Tétra et pentasulfures , S¹.2 Az H* t eS³.2 Az H+.
p. 1111. b. On distille à la température du - On les obtient, d'après Fritzsche, sous forme
bain-marie un mélange intime de KCy et de de gros prismes jaunes transparents, en ajoutant
Az HCl , ou de Cy Fe K et de AzHCl , ou de du soufre à une solution de sulfure ammonique,
Hg " Cy2 et de Az HCl, dans les proportions et en y faisant passer alternativement de l'ammo-
atomiques convenables pour réaliser la double niaque et de l'hydrogène sulfuré , afin de concen-
décomposition . c. Combinaison directe des deux trer le liquide. Au bout d'un certain temps, celui-
gaz. ci se prend en masse cristalline. Les cristaux
(Pour les sulfocyanure, ferro et ferricyanures , redissous dans l'eau chaude donnent, par refroi-
nitroferricyanure d'ammonium , voir les acides dissement, des prismes jaunes à quatre pans, du
correspondants. ) composé S5. 2 Az H. Les eaux mères, traitées al-
SULFURES D'AMMONIUM. - L'ammonium forme ternativement par l'ammoniaque et l'hydrogène
avec le soufre des combinaisons correspondant sulfuré , fournissent des cristaux du composé
à celles du potassium , savoir le monosulfure S$. 2 AzH*.
d'ammonium : e. Heptasulfure, S7 . Az H.- Il prend naissance
H. Az H3 pendant la décomposition lente du pentasulfure,
S. 2 Az Hou S H. Az H³
{ au contact de l'air. Si l'on redissout les cristaux
anciennement sulfhydrate d'ammoniaque ; le sulf- de pentasulfure dans leur eau mère et qu'on
hydrate d'ammonium : laisse refroidir le liquide sous une cloche, à l'air,
il se dépose des cristaux rouge rubis d'heptasul-
S ( Az H fure. On a en effet :
{H
3 (S5.2 Az H¹) - S. 2 Az H + 2 (S7.2 Az H¹) .
autrefois sulfhydrate de sulfure ; le bisulfure
d'ammonium S2.2 Az H¹ ; le tétrasulfure S¹ . 2 Az H' , La chaleur et l'eau le décomposent, ainsi que
et le pentasulfure S. 2 Az H. On connaît aussi le pentasulfure, en soufre et en sulfures ammo-
le composé S7. 2 Az H¹ . niques moins sulfurés. Il est soluble dans l'alcool
a. Monosulfure. - 4 volumes d'ammoniaque [ Fritzsche, Journ. für prakt. Chem., t. XXIV, p.
+2 volumes d'hydrogène sulfuré. On l'obtient à 460].
l'état solide et en cristaux incolores brillants, SÉLÉNIURES AMMONIQUES , Se" . 2 Az H et
ayant la forme d'aiguilles ou de lames, en refroi- Se H. Az H. - - L'acide sélénhydrique s'unit à une
dissant à -18° un mélange des deux gaz conte- fois ou deux fois son volume d'ammoniaque en
nant un excès d'ammoniaque. A la température donnant une masse blanche volatile, se décompo-
ordinaire, ce sel perd la moitié de son ammo- sant rapidement à l'air, avec dépôt de sélénium .
niaque et se convertit en sulfhydrate de sulfure L'odeur de ces corps rappelle à la fois celle
[Bineau, Ann . de Chim. et de Phys. , t. LXX, de l'ammoniaque et de l'acide sélénhydrique
p. 261 ] . Très-soluble , volatil , saveur piquante, [Bineau, Ann. de Chim . et de Phys. , t. LXVII,
hépatique , vénéneux. La solution aqueuse sert p. 229] .
dans les laboratoires comme réactif et s'obtient TELLURURE AMMONIQUE , Te" H. Az H¹. - L'acide
facilement en sursaturant par l'hydrogène sulfuré tellurhydrique s'unit directement à l'ammo-
un volume connu d'ammoniaque caustique et en niaque; le produit résultant est blanc, cristallisé
neutralisant le sulfhydrate de sulfure par un vo- en feuillets volatils à 80° [Bineau , loc. cit. , et
lume d'alcali égal au premier : ou bien encore en t. LXVIII, p. 438].
précipitant du monosulfure de baryum par du ACIDE SULFURIQUE ET AMMONIAQUE. - 1° Anhy-
carbonate d'ammonium. dride sulfurique. -L'acide sulfurique anhydre s'u-
Exposée à l'air, la solution incolore jaunit rapi- nit directement à l'ammoniaque gazeuse sèche et
dement par suite de la formation d'un polysulfure donne un composé solide renfermant SO3 + 2 Az H³
qui se convertit ultérieurement en hyposulfite et (sulfamide de Dumas, sulfatammon, sulfate d'am-
sulfate. moniaque anhydre) . Lorsque, en suivant les pres-
b. Sulfhydrate d'ammonium. - 2 volumes d'am- criptions de H. Rose , on recouvre les parois internes
moniaque +2 volumes d'hydrogène sulfuré. Corps d'un ballon d'une couche d'anhydride et que l'on
solide, incolore , cristallisant en aiguilles ou en fait arriver de l'ammoniaque en refroidissant et
feuillets ; odeur sulfhydrique et ammoniacale ; en laissant un excès d'acide (ce qui est le cas or-
réaction alcaline ; très-volatil, même à la tempé- dinaire, vu que la saturation des couches internes
rature ordinaire ; soluble dans l'eau. Sa solution est très-difficile), on obtient une masse gommeuse
est incolore et jaunit rapidement à l'air: on la dure et acide. Dissoute avec précaution dans
prépare en sursaturant par l'acide sulfhydrique, à l'eau, pour éviter une trop forte élévation de
l'abri de l'air, une solution aqueuse d'ammo- température, et neutralisée par du carbonate de
niaque. Le composé solide se forme par l'union baryte, pour enlever l'excès d'acide sulfurique, elle
directe de volumes égaux de SH2 et de Az H³. A la donne, après filtration et par évaporation lente, des
température ordinaire, l'union se fait toujours cristaux volumineux transparents, hémiédriques,
dans ces rapports, quelle que soit la proportion appartenant au type quadratique, non déliques-
des deux gaz. cents et répondant à la formule SO3. 2 Az H³.
c. Bisulfure d'ammonium, S2.2 Az H. - An- Les eaux mères retiennent un composé déliques-
hydre, il forme de volumineux cristaux jaunes, cent et cristallisant difficilement en aiguilles indis-
AMMONIAQUE. - 224 - AMMONIAQUE.
tinctes ; il paraît renfermer les éléments du pre- Saveur vive , piquante et amère, soluble dans 2 p.
mier unis à du sulfate d'ammonium d'eau froide et 1 p. d'eau bouillante, s'humectant
à l'air, insoluble dans l'alcool.
(SO3.2 Az H³ + SO¹ 2 Az H¹) , Sous l'influence de la chaleur, il décrépite ; à
140° il fond et commence à se décomposer vers
Les premiers cristaux dégagent de l'ammo- 280° en donnant de l'ammoniaque et du bisulfate.
niaque à froid avec les hydrates alcalins et al- Ce dernier se détruit son tour, avec production
calino-terreux, le bichlorure de platine en pré- d'azote, d'eau et de bisulfite d'ammonium. A la
cipite la moitié de l'ammoniaque combinée sous chaleur rouge, il donne du soufre, de l'azote et
forme de chloroplatinate. Leur solution n'est pas de l'eau :
précipitée par les réactifs ordinaires des sul- SO2
fates (sels de baryum , de strontium, de plomb) , 2 Az H } 0² = S + 2 Az + 4 H² 0 .
ou , s'il y a précipitation , ce n'est que peu à peu
et à mesure que le composé se convertit en sul-
fate ammonique par fixation des éléments de l'eau . Ce sel se prépare industriellement. 1º En sa-
D'après ces caractères, la combinaison peut être turant par l'acide sulfurique l'eau condensée
considérée comme du sulfamate d'ammonium : pendant la distillation sèche de la houille ou des
os ; mais, comme on ne peut le purifier par subli-
SO?" HAZ 0. mation et que son épuration par recristallisation
Az H est difficile, il convient, si l'on veut obtenir un
produit blanc, de distiller les eaux ammoniacales
Si l'on sursature l'anhydride sulfurique par avec un lait de chaux, et de condenser les gaz
un excès de gaz ammoniac, que l'on chasse en- dans l'acide sulfurique étendu . 2º En faisant pas-
suite par un courant d'air sec, on obtient un ser les eaux brutes chargées de carbonate d'am-
produit offrant au microscope l'apparence de monium à travers plusieurs caisses ou filtres
masses arrondies . Il a la même composition que remplis de sulfate de chaux naturel en poudre
les cristaux, mais il semble en différer par une grossière, jusqu'à ce que tout le carbonate ait été
moindre solubilité dans l'eau (9 p . à froid ) et par converti en sulfate par voie de double décompo-
une facilité plus grande à s'hydrater en se trans- sition :
formant en sulfate ammonique : (CO)" (SO2)" 02
2 Az H+ 02 + Ca"
2 Az H (SO2)"
SO³. 2 Az H3 + H2O == = (CO)"
(SO2)" 02. Ca" } 02 + 2 Az H₁ 02.
Nous aurions donc là deux corps isomères et dont Le liquide est ensuite concentré et abandonné
l'un représente le sulfamate d'ammonium à cristallisation . 3° Michiel a proposé en 1850
le traitement de l'eau brute de condensation
(SO2Az
, AZH
H par le sulfate basique de plomb, formé par le
grillage modéré de la galène. On obtient ainsi
et dont le second pourrait être considéré comme du sulfate ammonique soluble et du carbonate et
renfermant du sulfure de plomb insolubles. 4° Wilson fait pas-
ser les gaz produits pendant la distillation de la
SO2" houille à travers une colonne remplie de coke
Az2 H2 ou Az2 H6 (SO2)". 0 : constamment arrosé avec de l'acide sulfurique
H2 étendu.
H2O. Le sulfate neutre d'ammonium sert dans la
fabrication de l'alun ammoniacal, du chlorhy-
ce serait donc un oxyde de sulfuryle-ammonium. drate d'ammoniaque (par double décomposition
En dirigeant les vapeurs d'acide sulfurique avec le sel marin, tant par voie sèche que par
anhydre dans une atmosphère de gaz ammoniac voie humide), et enfin comme engrais. Il s'unit
maintenue en excès, M. Jacquelain obtient un directement à un grand nombre de sels et no-
composé solide fusible qui, saturé de gaz ammo- tamment de sulfates métalliques pour former
niac, se transforme en un produit blanc, cristal- des sels doubles (sulfate d'alumine , de magné-
lisé, inaltérable à l'air et soluble dans l'eau avec sium , de ferricum , de ferrosum , de sesquioxydes
production de froid. La solution rougit le tourne- de manganèse et de chrome, de protoxyde de man-
sol, ne se trouble pas à froid par le chlorure de ganèse, de zinc, de nickel, de cuivre, etc. ) . Il se
baryum, mais précipite à chaud. Il renferme combine également avec beaucoup d'oxydes mé-
talliques.
2SO3 + 3 Az H³ ; Sulfate acide, SO ' Az H H. Cristallise en
prismes orthorhombiques (mm) de 117º , avec les
avec le chlorure de baryum, il donne un préci- faces h¹, g¹ , e¹ ; e¹ e¹ 1
= 106 ° 44' . Il cristallise faci-
pité blanc, cristallin, soluble dans l'acide chlor- lement d'une solution chaude de sulfate neutre
hydrique, et contenant 3 SO3 + 2 Az H3 + Ba" O. dans SO 2 concentré ; il est un peu déliques-
Le sulfamate d'ammoniaque se décompose par la cent [Marignac, Compt. rend. , t. XLV, p. 650] ; il
chaleur en acide sulfureux, sulfite d'ammoniaque, est soluble dans l'alcool, soluble dans 1 p. d'eau ;
et laisse un résidu de bisulfate ammonique. saveur acide et amère.
Bouilli avec de l'eau , il s'hydrate et se convertit Lorsqu'on met de l'oxalate d'ammoniaque dans
en sulfate. de l'acide sulfurique concentré et que l'on fait
20 Acide sulfurique, SO¹H2. bouillir pendant quelque temps, il se sépare une
Sulfate neutre, SO¹ (AzH¹ )² ( Sal ammoniacum combinaison cristallisée d'acide oxalique et de
secretum Glauberi) . ― Il forme des cristaux sulfate acide d'ammoniaque :
transparents , anhydres, tout à fait semblables
aux cristaux de sulfate de potassium avec lequel
( (SO2)" ')
(C20°)"
il est isomorphe (prismes à 6 faces, terminés 2 (Az H. H ( 02) +
par des pyramides à 6 faces , appartenant au type
orthorhombique : appartenant au type clinorhombique (mm = 58°).
mm = 121 ° 8', ele¹ = 111 ° 15'. Ces cristaux se décomposent par l'eau en acide
AMMONIAQUE. 225 - AMMONIAQUE .

oxalique et en bisulfate). Le bisulfate ammonique le quadritellurate


se prépare par l'union directe du sulfate neutre (Te O²)"
et de l'acide sulfurique. Mitscherlich a fait con- H.A202 + (Te 09 0H29)" ) 00².
naitre un sesquisulfate d'ammonium contenant
Le premier s'obtient sous forme de flocons blancs
(SO2)" 02 + Az(SO )" amorphes par le refroidissement de sa solution 圈
2Az H H. H 02. ammoniacale ; il cristallise lorsqu'on ajoute à celle-
On l'obtient sous forme de tables minces, non ci du chlorhydrate d'ammoniaque. Il se prépare
déliquescentes , clinorhombiques (p, h¹, b1/2, d /2) : par combinaison directe. Le second se précipite
sous forme d'une masse visqueuse lorsqu'on
pb1/2102° 51 ' , ajoute du sel ammoniac à une solution de bitel-
pd /2113° 50'. lurate de potassium. Le quadritellurate s'obtient
en flocons peu solubles dans l'eau, insolubles
Isomorphe avec la combinaison potassique cor- dans l'alcool , en précipitant une solution con-
respondante. centrée de quadritellurate de sodium par du sel
SULFITES D'AMMONIUM. -
- 1º Sulfite neutre : ammoniac.
1° Tellurate neutre:
(SO)! ) O
2 Az H₁ O² + H2 . (Te O²)" 02.
2 Az Hj
- Prismes à 6 pans terminés par des pyramides
à 6 faces , type orthorhombique. Saveur fraiche, Masse blanche , grenue , soluble dans l'eau
piquante et sulfureuse ; soluble dans une partie froide. On l'obtient par l'action de l'ammoniaque
d'eau, plus soluble à chaud. Il se décompose par caustique sur l'acide tellurique hydraté ou par
la chaleur en ammoniaque et en bisulfite qui se double décomposition opérée entre le tellurate de
sublime. Il absorbe l'oxygène et se convertit en potassium et le chlorure ammonique.
sulfate. On le prépare en sursaturant une solution 2° Bitellurate :
aqueuse et refroidie d'ammoniaque par du gaz (Te03 0² .
sulfureux ; on forme du bisulfite que l'on trans- H. Az H
forme en sel neutre par addition d'un égal volume
d'eau ammoniacale. Masse poisseuse, fusible et peu soluble dans
9° Bisulfite: l'eau. Il se précipite par l'addition de sel ammo-
niac à une solution saturée de bitellurate de
(SO)"
Az H'. H } 02. sodium.
3° Quadritellurate :
Sel très-soluble dans l'eau et l'alcool, sublimable
sans décomposition . (Te O²)"' ) 02 + (Te 09)% ) 0².
H. Az H H2
HYPOSULFATE D'AMMONIUM :
- Flocons blancs, peu solubles , se boursouflant
(S20¹)") O2 + H2O. par la chaleur, en subissant une demi-fusion . On
2 Az H précipite, pour l'obtenir, une solution de quadri-
- Cristaux filiformes, indistincts , saveur fraiche, tellurate de sodium par le chlorure ammonique.
soluble dans 0,79 p. d'eau à 16° ; insoluble dans TELLURITE. On obtient un quadritellurite
l'alcool. Se prépare par double décomposition : d'ammonium grenu et amorphe en dissolvant à
chaud du chlorure de tellure dans le carbonate
(503 )0² + (S20¹)" 02 d'ammoniaque et en ajoutant du sel ammoniac :
2 Az H+ Ba" }
(TeO)" 0² + (TeO) " } 0² + H² 0 ( ? ) .
(SO2)"
= 12" 0² + 2 AzH (S20 )" 02. H. Az H H2
Ce composé se dédouble par la chaleur en eau,
La chaleur le décompose en acide sulfureux et ammoniaque et acide tellureux. L'existence d'un
sulfate. tellurite neutre est encore douteuse.
HYPOSULFITE : HYPOCHLORITE. - L'acide hypochloreux CJ HO
(S20," ne forme pas de combinaison stable avec Az H³ ;
2 AzH0². les solutions de ce sel , obtenues directement ou
par double décomposition,
- Écailles rhomboidales déliquescentes, décom-
posables par la chaleur en soufre, ammoniaque, CO)
Cl2Ca" O² + 2 Az H+ ) 02
eau et sulfite d'ammoniaque . Pour le préparer on
précipite l'hyposulfite de chaux par du carbonate CO 1
d'ammoniaque . = 2ClAzH¹O + CO²,
SELENITE NEUTRE.— Cristallise en prismes qua-
dégagent de l'azote à froid, d'une manière conti-
drangulaires, déliquescents, décomposables par la nue, jusqu'à destruction totale ; plus rapidement
chaleur en eau, ammoniaque, azote, sélénium et
quadrisélénite ; se prépare par combinaison di- à chaud [Soubeiran, Ann . de Chim. et de Phys.,
recte . t. XLVIII, p. 141].
CHLORATE AMMONIQUE. - Sel blanc , cristalli-
BISÉLÉNITE. - - Cristallise en aiguilles non alté- sable en fines aiguilles, très-soluble dans l'eau
rables à l'air et se forme par l'évaporation spon- et l'alcool , de saveur piquante. Projeté sur une
tanée des solutions du premier sel . Le quadri- plaque chaude , il détone en développant une
sélénite non cristallisable et déliquescent prend flamme rouge ; la décomposition se fait souvent
naissance pendant la décomposition sèche du sé- spontanément avec beaucoup de violence, avec pro-
lénite neutre.
TELLURATES. On connaît le sel neutre duction de chlore, d'azote, d'eau et d'acide hypo-
azotique. La solution aqueuse se décompose
pendant l'ébullition , avec dégagement de chlore
(Te02/ 0², et d'azote. Ce sel se prépare : 1° directement
2 Az Hj
le sel acide par l'action de l'acide
(TeO2")
H. AZH₁ 03,
I- 15
AMMONIAQUE. 226 -- AMMONIAQUE.
sur l'ammoniaque ou le carbonate d'ammoniaque ; tient 47,8 de sel sur 52,2 d'eau. Il produit, en se
2º par double échange : dissolvant, un froid considérable (1 p. d'eau et 1 p.
2 CIO2 CO de sel abaissent la température de 10° à -15°) .
Ba' 20 + 2 AzH¹ j 02 L'azotate d'ammonium fond vers 200° ; entre 230°
CO et 250º, il se décompose d'après l'équation
02, O2
10:30) + Ba"
= 2 (AzH Azo } 0 = Az²0 + 2 H² 0.
ou 2
(COO ) + Si Fl . 2 FlAzH↳ Si l'action de la chaleur est brusque et peu mé-
= nagée, il se dégage, en outre, de l'ammoniaque,
2 ( AzH 0) + SiFi . 2FIK. du bioxyde d'azote et de l'acide hypoazotique. En
présence de la mousse de platine, la décomposi-
Ce sel a été employé récemment, en raison de tion a déjà lieu à la température de 160°. Les
ses propriétés oxydantes , pour la génération du produits sont, dans ce cas, de l'azote , de l'eau et
noir d'aniline sur tissus de coton [ Rosenstiehl, de l'acide azotique :
Bull. de la Soc. indust. de Mulhouse, 1866 .
Mitscherlich, Poggend. Ann. , t. LII, p. 85] . (Az02 )
HYPERCHLORATE AMMONIQUE : 1z013; } 0 ) = 8 Az + 2 ( 200) + 9H³O.
5 ( AzH
CI 03
AZHO A 150° et en présence d'un grand excès d'acide
sulfurique, ce sel se décompose en eau et prot-
[Mitscherlich, Poggend . Ann . , t. XXV, p. 300. - oxyde d'azote. Projeté dans un creuset chauffé au
Serullas , Ann. de Chim. et de Phys. , t . XLVI, rouge, il se décompose avec ignition et production
p. 304]. Il cristallise en prismes transparents d'une flamme jaune , d'où son nom de nitrum
appartenant au type orthorhombique ; soluble dans flammans. Fondu , il brûle la plupart des métaux
5 p. d'eau froide ; un peu soluble dans l'alcool ; et les matières organiques.
neutre. Pendant la concentration , il perd de Préparation. On le prépare généralement
l'ammoniaque et devient acide. Se prépare direc- en saturant l'acide azotique par l'ammoniaque,
tement ou par double décomposition, comme le et en concentrant le liquide ; ainsi, par exemple,
chlorate. en dirigeant les vapeurs ammoniacales obtenues
BROMATE AMMONIQUE : pendant la distillation faite en grand avec de la
Br0210 chaux, des eaux ammoniacales brutes , dans de
.
Az Hj l'acide azotique étendu . Toutes les fois que l'hy-
drogène naissant est en contact avec l'acide azo-
Grains ou aiguilles cristallines solubles , de tique, il se forme de l'azotate d'ammonium ; l'air
saveur piquante. Il détone avec violence en atmosphérique en renferme de petites quantités.
donnant de l'azote , du brome, de l'eau et de Usages . Il sert comme moyen frigorifique et
l'oxygène, sous l'influence d'une légère élévation pour la préparation du protoxyde d'azote.
de température et même spontanément ; il ne AZOTITE D'AMMONIUM :
peut être conservé. On sature l'acide bromique
par le carbonate d'ammoniaque, ou l'on précipite Az O O
AzH .
le bromate de baryum par le sulfate d'ammonium
[ Rammelsberg , Poggend. Ann . , t. LII , p . 85] . - Fines aiguilles à cristallisation indistincte ; très-
IODATE AMMONIQUE :
soluble dans l'eau. Se décompose par la chaleur
102 en eau et azote :
Az H 0.
...

Az O
Cubes incolores, brillants. Se décompose avec Az H + 0 = 2 H2O + Az².
bruissement vers 150° , avec mise en liberté
d'azote, d'oxygène, d'iode et d'eau : La solution aqueuse dégage également de l'azote
au-dessus de 50°. Elle est souvent employée pour
Az00 = 1 + Az + 0 + 2 H² 0. préparer ce gaz. Dans ce cas, il suffit de mélanger
en proportions convenables des solutions d'azo-
Chauffé brusquement , il détone. Soluble dans tite de potassium et de chlorure d'ammonium .
38,5 p. d'eau à 15° et 6,9 p. d'eau bouillante [ Ra- Le sel pur s'obtient en traitant l'azotite d'argent
melsberg, Poggend. Ann., t. XLIV , p.555 ]. On par le chlorure ammonique ; le liquide, séparé
le prépare en saturant l'acide iodique avec l'am- par filtration du chlorure d'argent, est évaporé
moniaque. dans le vide.
HYPERIODATE AMMONIQUE : ACIDES PHOSPHoriques et ammONIAQUE. -1 ° Acide
normal, PhOH³.
a. Phosphate saturé, normal; sous-phosphate :
Az1H00+ 2 H2O.
Cristallise en prismes rhombiques, peu solu- (PhO)""
3 AzH + 03.
bles dans l'eau froide, à réaction acide et décom-
posables avec explosion par la chaleur. On l'ob- - Lorsqu'on ajoute de l'ammoniaque caustique
tient en saturant l'acide periodique avec de en excès au sel acide ou intermédiaire, le liquide
l'ammoniaque. se prend en une masse cristalline blanche, sans
AZOTATE D'AMMONIUM : formes déterminées. La simple exposition à l'air
Az O2 ) et la dessiccation suffisent pour lui faire perdre
AzH une partie de son ammoniaque.
b. Phosphate intermédiaire, neutre ordinaire :
(nitrum flammans). Sel anhydre, cristallisé
en prismes à six pans terminés par des pyramides (Ph 0) .
2 Az H. H03 .
à six faces, appartenant au type orthorhombique,
et isomorphes avec le salpêtre ordinaire. Les cris- Il cristallise en prismes à quatre pans clino-
taux sont flexibles et souvent accolés les uns aux rhombiques [Brook, Ann . Phil . , t. XXII , p. 285] .
autres. Saveur piquante , soluble dans 1/2 p. d'eau Saveur fraîche et piquante, réaction alcaline ; so-
(0,502) à 18° ; à chaud, il se dissout presque en Juble dans 4 p. d'eau froide, plus soluble à chaud,
toute proportion. Une solution bouillantà 164º con- insoluble dans l'alcool. Pendant la concentration
AMMONIAQUE . 227 -- AMMONIAQUE .
de ses solutions aqueuses, il perd de l'ammoniaque 3º Acide métaphosphorique, Ph O³H. De
et devient acide. Les cristaux s'effleurissent éga- même, en saturant une solution d'acide métaphos-
lement à l'air, en perdant de l'ammoniaque ; ils phorique par l'ammoniaque, on obtient une solu-
fondent par la chaleur, puis se décomposent en tion du sel, qui se convertit en phosphate acide :
donnant un résidu d'acide métaphosphorique : PhO03
(PhO
Az )…H + O2 + H2O = (
= AzH .
H2O + (PhO)'''
03 = 2 Az H³ + H² (Pho) 0². .H2
Az H+' H' '
2(PhO) Н
[Graham, Ann. de Pharm. , t. XXIX , p. 19. ]
On le prépare en précipitant par un excès d'am- PHOSPHITE D'AMMONIAQUE. - Ce sel forme de
moniaque caustique ou de carbonate d'ammo- gros prismes quadrilatères terminés par un som-
niaque une solution de phosphate acide de met octaédrique. Il est très- soluble et déliques-
chaux obtenue en traitant la cendre d'os par cent ; se décompose par la chaleur en laissant de
l'acide sulfurique étendu ou par l'acide chlorhy- l'acide phosphoreux :
drique. Après filtration , pour séparer le phosphate Ph… H - Ph"
tribasique de chaux, on concentre, mais il con- 2Az H+ Q³ = 2 Az H³ + H3 03.
vient de rajouter de l'ammoniaque, en laissant la
réaction légèrement acide, pour remplacer celle Se prépare en saturant l'acide phosphoreux par
qui s'est dégagée pendant l'évaporation. l'ammoniaque et en concentrant à sirop [ Fourcroy,
c. Phosphate acide , biphosphate, phosphate Vauquelin, H. Rose, Poggend. Ann. , t. IX, p. 28].
monoammonique : HYPOPHOSPHITE D'AMMONIUM. - Il s'obtient di-
(PhO ) rectement ; il est soluble dans l'eau et dans l'alcool,
H². Az H. 03. déliquescent ; cristaux blancs opaques, indistincts.
Se décompose par la chaleur en laissant de l'acide
- Il cristallise en gros prismes quadratiques ou hypophosphoreux [H. Rose, Poggend. Ann ., t. XII ,
en octaèdres [ Mitscherlich , Ann. de Chim. et de p. 85].
Phys., t . XIX, p. 373] . Soluble dans 5 p. d'eau ARSENIATES D'AMMONIAQUE. -1° Sel neutre triam-
froide, plus soluble à chaud. La chaleur le réduit monique
à l'état d'acide métaphosphorique. On le prépare (AsO)"' 03,
en saturant de l'ammoniaque caustique par l'acide 3 Az H
phosphorique, jusqu'à réaction acide et jusqu'à poudre difficilement soluble obtenue en sursatu-
ce que le liquide ne précipite plus par les sels rant l'acide arsénique par l'ammoniaqué causti-
de baryum. Il se forme encore pendant l'éva- que. La chaleur le décompose immédiatement en
poration des solutions du sel intermédiaire. sel intermédiaire.
Gay-Lussac a proposé l'emploi des phosphates 2° Sel intermédiaire
d'ammoniaque pour rendre les tissus incombus-
tibles; mais leur emploi n'est pas possible pour (As O)""
$12 )
H (Az H₁)2
le linge qui doit être soumis au repassage , la
chaleur du fer suffisant pour chasser l'ammonia- Cristaux prismatiques du type quadratique ; s'ef-
que. On a depuis remplacé avec avantage, pour fleurit à l'air en perdant la moitié de son am-
cette application , le phosphate d'ammoniaque moniaque, mais pas d'eau. Réaction alcaline ; la
par le tungstate de soude. Les chimistes se ser- chaleur le décompose en As, H2O, Az, Az H3.
vent des phosphates d'ammoniaque pour préparer Pour le préparer, on ajoute de l'ammoniaque à
l'acide métaphosphorique. Comme il retient en- une solution concentrée d'acide , jusqu'à ce qu'il
core de l'ammoniaque après calcination , il con- commence à se former un précipité; le liquide est
vient de le chauffer une seconde fois avec de abandonné à l'évaporation spontanée.
l'acide nitrique. 3° Sel acide
d. Phosphate double d'ammonium et de so- (AsO,"
dium. Sel microcosmique, sel de phosphore, H2(Az H ) 03.
sel fusible des urines : Sel à réaction acide , très-soluble, déliquescent ; se
(PhO )" } sépare de ses solutions sous forme d'octaèdres à
AzH. Na. H 03. base carrée. Se prépare par la saturation incom-
plète de l'acide arsénique. La chaleur le décompose
Cristallise en gros prismes clinorhombiques. Sa- comme le précédent. On connait les arséniates
veur fraîche et salée. Très-soluble dans l'eau ; double d'ammonium et de calcium , de baryum , de
s'effleurit à l'air en perdant de l'eau et de l'ammo- magnésium.
niaque. Sous l'influence de la chaleur, il fond fa- ARSENITE D'AMMONIUM :
cilement, dégage son eau de cristallisation , puis
de l'ammoniaque et finit par se transformer en Az H As O2 ou (As AzO)' O (d'après Pasteur),
métaphosphate de sodium. Si la température est
ménagée, on peut obtenir le composé Az H As2O5 (d'après Stein) . Se prépare en versant
une solution concentrée d'ammoniaque sur de
03. l'acide arsénieux. Masse dure, composée de tables
Na. H2
hexagonales microscopiques appartenant au type
Il sert aux essais au chalumeau. Pour le prépa- orthorhombique. Ce sel n'est stable qu'en pré-
rer, on dissout dans l'eau chaude 5 p. de phos . sence de l'ammoniaque.
ACIDE BORIQUE ET AMMONIAQUE. - L'acide bori-
phate de soude ordinaire et 2 p. de phosphate
ammonique et on laisse refroidir ; ou bien on que forme avec l'ammoniaque plusieurs combi-
dissout 6,7 p. de phosphate de soude ordinaire et naisons se rapportant au type Ma BonO2n (méta-
1 p. de sel ammoniac, on filtre et on laisse re- borates).
froidir. 1º Le composé
2º Acide pyrophosphorique , Ph207 H. On (Az H )3 H. Bo 08+ 4 H2O
prépare directement le pyrophosphate d'ammo- se forme en saturant l'acide borique cristallisé
niaque en neutralisant l'acide pyrophosphorique par le gaz ammoniac sec. En dissolvant un des
par l'ammoniaque. Pendant la concentration le composés suivants dans l'ammoniaque caustique
sel se convertit en phosphate ordinaire : chaude, on obtient le même sel avec 1 atome
d'eau de cristallisation.
2 (Ph O )…
4Az H 05 + H2O = 2 (22(Ph 0,
Az H.H } 0³ ). 2º (AzH ) H Bo2O + 3/2 H2O.
AMMONIAQUE . 228 AMMONIAQUE .

Cristaux efflorescents du type quadratique , so- 1º Carbonate neutre :


lubles dans 12 p. d'eau . Il perd comme le précé- CO3 (Az H2 = (CAm2 O)" O².
dent une partie de son ammoniaque . Se prépare
en dissolvant l'acide borique dans un excès d'am- - Ce sel n'a pas encor e été isolé à l'état solide,
moniaque . on ne le connaît qu'en solution alcoolique ou
(Az H¹) H³ Bo¹O + 2 H2O. aqueuse . Les cristaux prismatiques qui se séparent
30 d'une solution alcoolique de sesquicarbonate sa-
Cristaux orthorhombiques ( p , b1/2, m avec pré- turée d'ammoniaque ne sont que du sesquicar-
dominance de p) , inaltérables à l'air; soluble dans bonate . D'après Humfeld , une solution alcoolique
8 p. d'eau froide ; perd de l'ammoniaque par de sesquicarbonate , soumise à l'ébullition , dépo-
l'ébullition . Pour l'obtenir , Arfvedson dissout serait du carbonate neutre.
l'acide borique dans l'ammoniaque caustique 2° Bicarbonate ou carbonate acide :
chaude jusqu'à neutralisation et laisse refroidir
lentement. La larderellite trouvée par Bechi dans (CO)"
l'acide de Toscane a une constitution analogue, CO³ (Az H¹) . H -Am. H02.
mais renferme moins d'eau de cristallisation :
Prismes larges appartenant au type ortho-
(Az H ) H Bo2O + 1/2 H2O. rhombique . Ces cristaux ne sont pas isomor-
Elle se présente sous forme de cristaux jaunâtres , phes avec ceux du bicarbonate de potassium .
sans saveur, en tablettes rectangulaires microsco- Cette dérogation apparente à la loi de l'isomor-
s, t iétés ues phism e , qui se vérifie si bien pour les autres sels
pique offran les propr optiq du gypse ;
redissoute dans l'eau, elle donne des cristaux de ammoniacaux , tient probablement à un cas de
dimorphisme non encore établi par l'expérience .
la formule Il est soluble à froid dans 8 p. d'eau ; cette solu-
(AzH ) H5 Bo6 012 + 2 H2O. tion chauffée à 36° dégage de l'acide carbonique.
(Az H ) H+ Bo5 (10+ 2 H2O Le bicarbonate est insoluble dans l'alcool, mais
4° conservé en vase ouvert sous une couche de ce
(quadr ibora te n es
de Gmeli ) . Prism aplatis , clino- liquide, il se dissout en perdant de l'acide carbo-
rhombiques , groupés en croix. Inaltérable à l'air, nique. Exposé à l'air, il se volatilise peu à peu
soluble dans 8 p . d'eau froide , à réaction alcaline . en devenant opaque et en répandant une odeur
Sa solution dégage de l'ammoniaque par l'ébulli- ammoniacale . Sa solution aqueuse, à la tempéra-
tion et le résidu se solidifie en une masse cristalline
granuleuse , contenant 6 molécules d'acide pour ture ordinaire , soit qu'on la concentre, soit qu'on
l'étende, prend une réaction ammoniacale . On le
1 d'ammoniaque . D'après Laurent , on le pré- prépare en saturant par l'acide carbonique une
pare en dissolvant un excès d'acide borique dans solution aqueuse d'ammoniaque ou de sesqui-
l'amm oniaq ue caustique et en faisant recristal- carbonate. Le sesquicarbonate d'ammoniaque du
liser. commerce , traité par peu d'eau ou mieux par l'al-
50 (Az H ) H³ Bos O10 + H2O. cool, cède à ces dissolvants du carbonate neutre,
Obtenu par Arfvedson en dissolvant l'acide bori- tandis que le bicarbonate reste en partie indis-
sous. Tous les carbonates ammoniques abandonnés
que dans l'amm oniaque . à eux-mêmes se transforment en sel acide.
On a proposé l'emploi des borates d'ammonia .
que pour rendre les tissus incombustibles . 3° Sesquicarbonate :
SILICATE D'AMMONIAQUE. ----L'ammoniaque liquide (CO3)3 (Az H¹)+ H2 + 2 H2O.
(solution aqueuse) dissout un peu de silice gélati- - On l'obtient cristallisé en dissolvant le carbo-
neuse fraîchement précipitée. nate du commerce dans l'ammoniaque caustique
CARBONATES D'AMMONIAQUE . - Théoriquement et concentrée à 30° et en abandonnant la solution à
par analogie avec ce que l'on observe avec les
es um
carbonat de potassi , il devrait exister trois elle-même . Prismes orthorhombiques avec les fa-
cettes de l'octaèdre , volumineux . Ces cristaux
carbonates ammoniques : le sel neutre s'altèrent très-rapidement à l'air, en perdant de
(CO)" 02, l'eau et de l'ammoniaque et en se changeant en bi-
(Az H¹) j carbonate .
le sel acide Solubilité .
(CO)" } 100 parties d'eau dissolvent à... 13° 17° 32° 41 ° 49° (')
AzH HO² 25 30 37 40 50
Sesquicarbonate ..
et le sesquicarbonate Le carbonate d'ammoniaque du commerce (sel
(CO)" volati l, carbonate d'ammoniaque des pharmacies )
C³O³ (AzH + ) + H² = ( (COAm²) "; )} 0² + 2 ( 0) 0²), se compose en grande partie de sesquicarbonate .
Ce produit industriel se prépare en chauffant
combinaison de 1 molécule de sel neutre et de 2 progressivement jusqu'au rouge naissant un mé-
molécules de sel acide. En réalité, le carbonate neu- lange de 1 p. de chlorure ou de sulfate ammoni-
tre n'a pas encore été isolé, à cause de la faci- que et de 2 p. de craie . Au début il se dégage de
lité avec laquelle il se dédouble en ammoniaque l'eau et de l'ammoniaque , puis le carbonate vient
et sesqui où bicarbonate . Henri Rose signale en se sublimer et se condenser dans le col de la cor-
outre l'existence d'un assez grand nombre de nue ct le récipient . En grand, on peut se servir
carbonates formés par la distillation du sesquicar- d'une marmite en fonte surmontée d'un chapiteau
bonate [Poggend . Ann. , t. XLVIII , p. 352] . Il attri- en plomb communiquant avec un récipient cylin-
bue à ces composés des formules assez complexes drique en plomb, que l'on refroidit par un courant
qui pourraient se traduire sans contre-sens en d'eau extérieur . On continue les distillations jus-
formules typiques ; mais , d'après un travail plus qu'à ce que le récipient soit presque obstrué.
récent de H. Sainte-Claire Deville, les composés On obtient aussi du carbonate en rectifiant avec
de H. Rose ne seraient que des mélanges en pro- du noir animal le produit brut obtenu par la dis-
portions variables de carbonate neutre et de bi- tillation sèche des os, de la corne et en général des
carbonate [Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t. XL, substances animales . Après une première subli-
p. 87 ] . Nous nous contenterous donc de renvoyer mation , le produit peut contenir de l'hyposulfite
le lecteur, désireux d'en apprendre davantage sur
les résultats de Rose, au mémoire original cité (1 ) A cette dernière température il se dégage CO².
avoir aussi Pelouze et Frémy, 3e édit. , t . II, p . 485].
AMMONIAQUE. 229 AMMONIAQUE.
ammonique, du sulfate, du chlorure ammoniques, bout de 48 heures, l'ammoniaque, devenue libre,
du plomb , de la chaux , du chlorure de cal- est complétement absorbée par l'acide, dont il ne
cium . Une seconde sublimation permet de l'obtenir reste plus qu'à mesurer le titre.
à peu près pur. Il se présente alors sous forme S'il s'agit d'un mélange contenant, outre le sel
d'une masse blanche, translucide, fibreuse, à odeur ammoniacal, des substances organiques azotées ,
ammoniacale et à saveur caustique. Il est employé facilement altérables par l'alcali fixe et pouvant
en médecine comme réactif et dans plusieurs dégager de l'ammoniaque (urée), il sera préfé-
opérations industrielles. rable de recourir à la méthode de M. Boussingault.
Dosage de l'ammoniaque libre ou combinée et Un ballon susceptible d'être chauffé au bain-marie
séparation d'avec les autres métaux. - On peut et contenant de l'hydrate de chaux en poudre
séparer les sels ammoniacaux des sels métalliques porte un bouchon percé de deux trous : l'un
en opérant de la manière suivante. Le liquide porte un tube à entonnoir muni d'un robinet ; le
contenant les sels en dissolution est successive- second, un tube à deux angles droits, aboutissant
ment précipité par l'hydrogène sulfuré (après aci- au fond d'une éprouvette contenant 10 centimètres
dulation), par le sulfure de sodium (après neutra- cubes d'acide normal . Cette éprouvette est exac-
lisation par la soude ) , et enfin par le carbonate tement bouchée et communique par un second
de sodium. Le liquide filtré renferme ou pourra tube courbé à 2 angles droits et muni d'un robi-
renfermer des sels de potasse, de soude, d'ammo- net, avec un ballon tubulé qui est relié à une
niaque, de magnésie et de lithine. L'addition du petite pompe de Gay-Lussac. Tout étant en place,
bichlorure de platine, en présence de l'alcool , on fait le vide dans l'appareil, puis on ferme le
donnera un précipité jaune, grenu et cristallin , robinet placé entre l'éprouvette titrée et le ballon
contenant tout le potassium et l'ammonium, à tubulé. La solution du sel ammonique est versée
l'état de chloroplatínates. On filtre et on calcine ; dans l'entonnoir dont on ouvre le robinet; elle
il reste un mélange de platine métallique et de est immédiatement aspirée. On répète cette opé-
chlorure de potassium . On enlève le dernier par ration avec de l'eau, pour laver l'entonnoir, puis
lavage et la solution est évaporée à sec et le on chauffe à 30° ou 40° après avoir fait le vide.
résidu pesé. Le poids du chlorure de potassium L'ammoniaque, devenue libre, se dégage et est
donne celui du platine correspondant ; si l'on absorbée par l'acide. A la fin on laisse rentrer
retranche cette quantité de platine du poids total, l'air dans le ballon et on aspire de nouveau pour
la différence donnera le platine du chloroplatinate balayer les dernières traces d'alcali.
ammonique : Pt × 0,1719 = (Az H3)2. Cette mé- Pour doser l'ammoniaque dans les eaux natu-
thode ne s'applique qu'autant que les sels alca- relles, qui en contiennent très-peu, M. Boussingault
lins à séparer sont solubles dans l'alcool. se sert d'un ballon de deux litres, chauffé sur
Un procédé de dosage et de séparation plus un fourneau , fermé par un bouchon qui porte
avantageux est fondé sur la volatilité de l'ammo- deux tubes ; l'un droit , plongeur, permet l'intro-
niaque et sur la facilité avec laquelle elle est duction et la sortie de l'eau ; le second, à double
chassée de ses sels par l'action des alcalis fixes. courbure, et ayant 1 centimètre de diamètre,
On peut donc opérer comme dans l'analyse des met le ballon en communication avec un serpen-
matières organiques azotées , par la méthode de tin en verre, bien refroidi. Après avoir rempli le
Will et Warrentrap. Le mélange avec la chaux ballon, on y verse une solution de potasse caus-
sodée devra se faire dans le tube même, au moyen tique, préalablement fondue ( assez pour mettre
d'une tige en laiton. L'ammoniaque mise en toute l'ammoniaque en liberté) et on distille les
liberté est recueillie dans l'acide chlorhydrique, 2/5 du liquide. L'ammoniaque qui passe est dosée
dans un appareil à boules. Le liquide résultant, par liqueurs titrées .
additionné d'un excès de bichlorure de platine, On peut aussi déterminer l'ammoniaque par
est évaporé à sec, au bain-marie ; le résidu est différence, si elle est engagée dans une combinai-
lavé à l'alcool absolu , qui enlève l'excès de chlo- son volatile ou décomposable en éléments volatils,
rure de platine. Le chloroplatinate, recueilli sur et s'il n'y a pas eu présence d'autres produits
un filtre pesé d'avance, est séché à 100°, pesé et volatils (chlorure , nitrate , sulfate d'ammonium ).
converti, pour contrôle, par calcination , dans un La matière, séchée à 100°, est calcinée et la perte
creuset en porcelaine, en platine métallique que donne le poids du sel ammoniacal. A. Leesen dose
l'on pèse : (Am Cl) 2 Pt C1 × 0,0761 = (Az H³) 2. l'ammoniaque des terres arables en les chauffant
Rien n'empêche de recevoir l'ammoniaque dans à 140° avec de l'hydrate de chaux (Henneberg's
une solution d'acide titrée et de doser la perte de Journ . f. Landwirthschaft, 1850, p. 243, et Journ.
titre par une solution normale de soude (voyez p. Chem. , t. LXXVIII, p. 247].
ANALYSE VOLUMÉTRIQUE). Dans ce cas on peut faire Kappel et Leube [ Vierteljahresbericht pr . Pharm .
usage de l'appareil suivant ( méthode de Schloe- t. X, p. 19] utilisent la réaction suivante pour le
sing, modifiée par M. Deville). On mastique au fond dosage de l'ammoniaque par liqueurs titrées . Si
d'un cristallisoir en verre un cylindre en bois sur l'on ajoute de la potasse caustique à une liqueur
lequel on fixe une petite capsule à fond plat, renfermant un sel ammoniacal et du sublimé, il
contenant 10 centimètres cubes d'acide sulfurique se forme un précipité blanc de chloramidure de
normal . Au-dessus de cette capsule, en repose mercure; ce n'est que plus tard, lorsque toute
une autre contenant la matière à examiner. Dans l'ammoniaque est précipitée, que l'oxyde de mer-
le cas d'un carbonate ammonique, il conviendra cure commence à apparaître. On dissout 1 p. du
de le transformer en sel plus fixe. Le fond du composé dans 600 p. d'eau, on ajoute 12 p . de
cristallisoir est recouvert de mercure. On recouvre sublimé; on fait bouillir et on verse une solution
les deux capsules d'une cloche à douille dont les titrée de potasse caustique (2 grammes K HO pour
bords plongent dans le mercure. La douille est 10 centimètres cubes) jusqu'à ce que le précipité
fermée par un bouchon à deux trous. L'un porte soit rouge. Chaque centimètre cube de potasse
une pipette à robinet en verre, permettant de = 0,02 d'ammoniaque . Mohr dose l'ammoniaque,
faire tomber sur le sel ammoniacal une solution lorsqu'elle existe seule dans un liquide, en neu-
concentrée de potasse caustique qu'elle renferme ; tralisant par l'acide chlorhydrique, évaporant à
l'autre reçoit un tube courbé à angle droit, égale- sec. On dose ensuite le chlore par une solution
ment muni d'un robinet. On commence par aspi- titrée de nitrate d'argent.
rer par ce tube, de manière à élever le niveau OXYAMMONIAQUE OU HYDROXYLAMINE, AZ H³O.
du mercure dans la cloche, on ferme le robinet Ce corps intéressant a été découvert par W. Los-
correspondant; puis, en ouvrant le robinet de la sen [Zeitschrift für Chem. (nouv. sér.), t. I.
pipette, on laisse couler la potasse sur le sel. Au p. 551 ] parmi les produits de l'action de l'hydro-
AMMONIAQUE. 230 - AMMONIAQUE.
gène naissant sur le nitrate d'éthyle. 50 p . d'éther tant de l'ammoniaque dont l'hydrogène a été rem-
azotique, 120 p. d'étain et 500 p. d'acide chlor- placé en totalité ou en partie par des radicaux
hydrique de 1,12 densité, sont mélangées ; la masse acides ou basiques.
s'échauffe sans qu'il se dégage des quantités no- Berzelius admettait que les alcaloides naturels
tables d'hydrogène . On chasse l'alcool par l'ébul- étaient de l'ammoniaque conjuguée avec une
lition, on précipite l'étain par l'hydrogène sulfuré. substance organique quelconque, et Liebig con-
Le liquide, filtré et concentré, donne des cristaux sidérait ces corps comme résultant de l'union
de sel ammoniac , puis du chlorhydrate d'oxy- de l'amidogène Az H2 avec un radical organique.
ammoniaque. On opère la séparation des deux A dater seulement de la découverte de M. Wurtz,
sels au moyen de l'alcool absolu bouillant, qui la théorie des ammoniaques composées s'est vrai-
dissout le dernier. Les dernières traces de sel ment constituée.
ammoniac sont enlevées par le bichlorure de M. Wurtz découvrit qu'en distillant les éthers
platine qui ne se combine pas au chlorhydrate cyaniques avec des alcalis on donne naissance à
d'hydroxylamine. Ce dernier sel cristallise de sa un carbonate alcalin et à une nouvelle base sem-
solution alcoolique. La réaction s'exprime par blable à l'ammoniaque par ses propriétés, mais
l'équation : différant de l'ammoniaque par la substitution
d'un radical d'alcool à l'hydrogène.
Az02 ) - C2H510+ Az H³O + H2O . Cette première découverte ne tarda à être com-
H
plétée par M. Hofmann. Ce chimiste fit voir que
Le chlorhydrate a une composition exprimée les bases de M. Wurtz se produisent directe-
par Az H3O.H Cl. Il cristallise dans l'alcool en ment par l'action des éthers iodhydriques sur
longs prismes semblables à l'urée et dans l'eau l'ammoniaque, et il montra de plus que dans
en tables hexagonales. Au-dessus de 110° il fond cette dernière action il se forme des bases jusque-
et se décompose avec un vif dégagement d'azote , là inconnues et dérivées de l'ammoniaque par la
d'acide chlorhydrique, d'eau et de sel ammoniac. substitution de deux et de trois atomes d'un ra-
Le sulfate est très-soluble dans l'eau, l'alcool le dical alcoolique à l'hydrogène. Il alla même plus
précipite de cette solution , en aiguilles : loin : il obtint des hydrates d'ammonium dont
les 4 atomes d'hydrogène étaient remplacés.
SO2 La substitution des radicaux alcooliques à l'ny-
02.
2 (Az H³ O.H drogène de l'ammoniaque une fois connue, il
") était naturel que l'on revint sur les hypothèses
L'oxalate, 2 (Az(C202,
H³O.H) O2, se dépose en pris- admises jusqu'alors relativement à la constitu-
mes brillants de la solution aqueuse concentrée. tion des amides. C'est ce que firent Gerhardt et
Az O2 Chiozza. Ces chimistes montrèrent que les amides
L'azotate, Az H3O.H O, forme une masse vis- ne sont que de l'ammoniaque dont H est rem-
placé par un radical monoatomique et que les
queuse soluble dans l'eau et l'alcool et se décom- diamides sont de l'ammoniaque dont H² sont rem-
posant par la chaleur en eau et bioxyde d'azote : placés par un radical diatomique . Ils firent en
Az O2 outre connaitre de nouvelles amides renfermant
Az H3O.H 0 = 2 H²0 + 2 Az O. 2 et même 3 radicaux acides et qui se produisent
dans des conditions analogues à celles où se pro-
Le phosphate cristallise. duisent les ammoniaques composées d'un même
Jusqu'à présent on n'a pu isoler l'oxyammo- degré de substitution , dérivées des alcools.
niaque pure ; en ajoutant de la potasse à une so- Jusque-là on ne connaissait que des ammo-
lution concentrée du sel, il se dégage de l'azote et niaques composées dérivées d'une seule molécule
de l'ammoniaque : d'ammoniaque, au moins en ce qui concerne les
3 Az H³0 = 2 Az Az H3 + 3 H2O. ammoniaques basiques . On connaissait bien, il est
vrai, des amides dérivées du type Az2 H6 ; M. Cloëz,
En précipitant une solution de sulfate par une en faisant agir le bromure d'éthylène sur l'ammo-
proportion équivalente de baryte caustique, on niaque, avait obtenu le premier ces bases con-
obtient la base libre en solution . Celle-ci évapo- densées, mais il en avait méconnu la vraie na-
rée ne laisse pas de résidu ; distillée, elle donne ture et les avait représentées par des formules
un liquide fournissant par saturation un mélange différentes de celles qui expriment leur constitu-
de chlorhydrate d'oxyammoniaque et d'ammo- tion. M. Hofmann , le premier, fit voir que ces
niaque. P. S. bases dérivent du type Az2H6 par la substitution
AMMONIAQUE BICARBONATÉE (Min . ) . de radicaux diatomiques à l'hydrogène. Dès ce
Bicarbonate d'ammoniaque, Az H¹. HCO³. Masses moment la théorie des ammoniaques composées
cristallines d'un blanc jaunâtre ayant deux cli- fut complète et telle que nous allons l'exposer.
vages brillants sous l'angle de 112º. Se trouve Tous les produits de substitution qui dérivent
dans les gisements de guano. Dureté , 1,5. Den- du type ammoniaque Az H3 ou d'un type plus
sité, 1,45. condensé Az" Hзn portent le nom générique d'am-
AMMONIAQUE CHLORURÉE (Min .) . [Syn . : moniaques composées . On donne le nom d'am-
Ammoniaque muriatée , salmiac.] Chlorhy- moniums composés aux radicaux qui dérivent du
drate d'ammoniaque AzH Cl . Se trouve en cris- type AzH ou du type condensé Az" Hin . Ces am-
taux, en masses globulaires ou fibreuses et en moniums n'existent jamais libres. Ceux d'entre
efflorescences blanches ou jaunâtres, dans les eux qui résultent de la substitution de radicaux
terrains volcaniques et dans le voisinage de alcooliques à la totalité de leur hydrogène peuvent
houillères embrasées. On en rencontre aussi dans toutefois exister à l'état d'hydrates
les gisements de guano.
Caractères. Dureté, 1,5 · 2. Densité, 1,582. (AzR $) On .
Éclat vitreux . Haj
Forme cristalline. Les cristaux les plus habituels Les ammoniaques composées, au contraire , existent
sont l'icositétraèdre a², l'octaèdre régulier al et à l'état de liberté comme l'ammoniaque elle-
le dodécaèdre rhomboidal b¹ . Clivage a¹ . Les cris- même.
taux sont souvent déformés de manière à simuler La grande classe des ammoniaques composées
des formes du type hexagonal . peut être subdivisée en trois groupes d'après la
AMMONIAQUE ( DÉRIVÉS DE L ' ) . - On nature des radicaux que ces corps referment,
comprend sous ce nom des composés représen- radicaux qui peuvent être tous négatifs , tous
AMMONIAQUE. 231 AMMONIAQUE .

Il y a un seul radical substitué . C²H³O


H Az. Acétamide.
Monamides primaires. H
Le composé Il y a deux radicaux substitués . C2H3O
appartient au type AzH³. C2H3O Az. Diacétamide.
substitué

Monamides secondaires . H
électro-
radical

MONAMIDES.
C2H3O
Il y a trois radicaux substitués. C2H3O Az. Triacétamide.
est
Le

Monamides tertiaires.
.-MIDES
Anégatif

C2H3O
Il y a un seul radical substitué. (C20²)"
H2 Az2 . Oxadiamide.
Diamides primaires . H2
Le composé R"
appartientau type Az¹ H6. Il y a deux radicaux substitués. R" Az2 ? Diamide secondaire.
Diamides secondaires. H2
DIAMIDES .
R"
Il y a trois radicaux substitués. R" Az2? Diamide tertiaire.
Diamides tertiaires. R"
11 y a un seul radical substitué. (C6H5O¹)'''
H3 Az³. Citro-triamide.
Triamides primaires. H3 }A2³.
Le composé R"
appartient au type Az³ H9. Il y a deux radicaux substitués.
Triamides secondaires. R" Az3 ? Triamide secondaire.
TRIAMIDES . H3
R"
Il y a trois radicaux substitués. R" Az3 ?
Triamides tertiaires.
S

R""
AMMONIAQUE

C' H5 Į
COMPOSÉES

Il y a un seul radical substitué. H Az. Ethylamine.


Monamines primaires. H
Il y a deux radicaux substitués. C2H5
Le composé appartient CH3 Az. Méthyl-éthylamine .
DANS

Monamines secondaires. H
au type AzH³ ou au type
LES

AzH4. C2H5
MONAMINES Il y a trois radicaux substitués. C2H5 Az. Tri-éthylamine.
ou MONAMMONIUMS. Monamines tertiaires. H5
substitué
radical
électro
-positif

Il y a quatre radicaux substitués . C2 H5 Az . Cl . Chlorure de tétréthyl-


Monammoniums quaternaires C2H5 ammonium.
.est
Le

C2H5
Il y a un seul radical substitué. (C² H2 H')"
Diamines primaires. Az² . Éthylène- diamine.
H2
AMINES

Il y a deux radicaux substitués . (C² H )"


(C2H4 " Az2. Diéthylène-diamine .
Le composé appartient Diamines secondaires . H2
.

au type AzH6 ou Az2 H8.


DIAMINES Il y a trois radicaux substitués. (C2H4,"
(C²H )" Az²? Triéthylène-diamine .
ou DIAMMONIUMS . Diamines tertiaires.
(C2H4 " )
(C2H4)"
Il y a quatre radicaux substitués . (C²H " Az2.C12? Chlorure de tétré-
Diammoniums quaternaires . (C²114 " thylène- diammo-
(C²H¹)" nium.
Il y a un seul radical substi tué. (C3 H³)"
H3 Az¹? Allyl-triamine.
Triamines primaires. H3
(C3H5)"
Il y a deux radicaux substitués. (C3H5) Az3? Diallyl-triamine.
Le composé appartient Triamines secondaires. H3
autype Az3 H9 ou Az³ H¹².
TRIAMINES (C3 H³)""
Ny a trois radicaux substitués. (C3H6)
ou TRIAMMONIUMS . Az3? Triallyl-triamine.
• Triamines tertiaires. (C3H5
(C3H5 ,"
ALCALAMIDES

Il y a quatre radicaux substitués. (C3 H3) Az³.C139 Chlorure de tétral-


substitués
radicaux

Triammoniums quaternaires. (C3H5)" lyl-triammonium.


positifs

(C³ H5
,sont
Les
uns

H3O
les

Il y a deux radicaux substitués . C2C2H5 Az Éthyl-acétamide .


Le composé Monalcalamides secondaires . H }
.

appartient au type Az H3.


MONALCALAMIDES. Il y a trois radicaux substitués . C2H3O
C2H3O Az? Éthyl-diacétamide.
Monalcalamides tertiaires. C²H5
Il y a deux radicaux substitués . (C² 0²)" )
négatifs

(C2H4) Az2 ? Éthylène - oxalyl - dia-


autres

Le composé Dialcalamides secondaires. H2 ) mide.


les

appartientautype Az2 H6. (C202 ,"


DIALCALAMIDES. Il y a trois radicaux substitués. (C2H4"
.

Dialcalamides tertiaires. Az2 ? Diéthylène-oxalyl- dia-


(C2 H )" mide.
Il y a deux radicaux substitué s. (C6H504)'''
Trialcalamides secondaires. (C3H5) Az3? Allyl-citro-triamide
Le composé H3
appartientautype Az³ H9.
TRIALCALAMIDES. Il y a trois radicaux substitués. (CHO (C3 HS)
)…
Az39 Diallyl - citro tria-
Triaicalamides tertiaires. (C³ H mide.
AMMONIAQUE. - 232 AMPÉLIQUE.
positifs, les uns positifs et les autres négatifs. des ammoniaques composées, que nous donnons
Lorsque tous les radicaux sont négatifs, comme en abrégé dans le tableau de la page 231. A. N.
l'acétyle , les produits qui résultent de leur sub- AMMONIAQUE SULFATÉE. Voyez MASCA-
stitution à l'hydrogène de l'ammoniaque portent GNIN .
le nom d'amides. Lorsque tous les radicaux sub- AMMONIUM. - Voyez AMMONIAQUE.
stitués sont positifs, comme l'éthyle, les produits AMO BITE. Voyez GERSDORFFITE.
reçoivent le nom d'amines . Enfin , si l'hydrogène AMPÉLINE [ Laurent , Ann. de Chim. et de
est remplacé en partie par des radicaux positifs , Phys., t . LXIV, p. 326]. - Produit obtenu par
en partie par des radicaux négatifs, on a ce que Laurent dans la distillation sèche de certains
Gerhardt appelait alcalamides . Telle est la phé schistes bitumineux . En distillant ces schistes,
nyl-acetamide : on obtient une huile qui commence à bouillir à
C6H5 80º, mais dont le point d'ébullition monte jus-
C2 H³ O Az. qu'aux environs de 300° ; on agite les portions
H bouillant de 200° à 280° avec de l'acide sulfurique
concentré ; puis, après plusieurs lavages à l'eau,
Les ammoniaques composées se divisent donc on les traite par une solution de soude caustique
tout naturellement en trois classes : les amides, avec laquelle on les laisse vingt-quatre heures en
les amines et les alcalamides. Chacune de ces contact. La solution alcaline est décomposée par
classes peut être subdivisée à son tour. l'acide sulfurique ; il se sépare ainsi une huile
Lorsque les radicaux qui remplacent l'hydro- qui, agitée avec vingt fois son volume d'eau , se dis-
gène sont monoatomiques, le type ammoniaque sout partiellement en laissant un résidu qu'on
ou ammonium n'est point altéré ; mais si ces ra- rejette ; on verse ensuite dans la solution aqueuse
dicaux sont polyatomiques, ils peuvent, en se quelques gouttes d'acide sulfurique , et l'ampé-
substituant à plusieurs atomes d'hydrogène pris line se sépare . C'est une huile limpide , jau-
chacun dans une molécule différente d'ammo- nâtre ; elle ne se concrète pas à 20° ; elle se
niaque, souder plusieurs molécules en une, décompose par la distillation en donnant nais-
comme le montrent les formules suivantes : sance à de l'eau et à un nouveau produit huileux ;
HH - (CO) "'- il se forme en même temps beaucoup de charbon .
Az HH Az Az H H Az, L'ampéline est très-soluble dans l'eau, d'où elle
HH H est précipitée par les acides, le sel marin, le sel
ammoniac et le phosphate de sodium . La potasse,
et fournir des produits qui dérivent des types l'ammoniaque, les carbonates de sodium et de
condensés Az2 H6, Az³ Hº, Az¹ H¹², Az” H³n ou Az² H8, potassium, troublent la solution aqueuse , mais
Az3H12, Az H16, Azn Hin. Les corps qui répondent par l'agitation et la chaleur la liqueur s'éclaircit.
au type de l'ammoniaque ou de l'ammonium Elle se dissout facilement dans l'alcool et l'éther.
simple portent les noms de monamides, de mo- L'acide nitrique la décompose en produisant de
namines, de mono-ammoniums et de mono-alca- l'acide oxalique et un corps résineux.
lamides ; ceux qui dérivent des doubles molécules D'après Laurent, l'ampéline a quelque analogie
Az2 H6 ou Az2 H8 sont désignés par les noms de avec la créosote. CH. L.
diamides, de diamines, de dialcalamides et de AMPÉLIQUE (ACIDE), C7 H6 O³ [ Laurent, Ann.
diammoniums ; ceux qui répondent au type de Chim. et de Phys. , t. LXIV, p. 325. Revue
Az3 H9 ou Az3 H12 sont connus sous les noms de scient., t. VI, p. 70]. - Produit de l'oxydation de
triamides, etc. , et ainsi de suite. Les amides certaines huiles de schiste .
sont donc divisées en monamides, diamides, Pour la préparation de cet acide, on prend les
triamides, etc.; les amines en monamines, dia- portions des huiles de schistes bitumineux
mines, triamines, etc. Les, alcalamides et les am- bouillant au-dessous de 150º , et on les fait bouil-
moniums sont divisés de même. lir avec de l'acide nitrique concentré. Par refroi-
Chacun des groupes que nous venons de passer dissement, il se sépare de l'acide picrique . Les
en revue est susceptible enfin d'une troisième eaux mères, neutralisées avec de l'ammoniaque
subdivision : dans toute amide, dans toute amine, et évaporées à siccité, sont reprises par l'alcool
dans tout ammonium, on peut en effet remplacer qui dissout l'ampélate d'ammoniaque et laisse in-
l'hydrogène en totalité ou en partie par des radi- soluble le picrate d'ammoniaque. Le sel , purifié
caux. De là des amides ou des amines, primaires par plusieurs cristallisations dans l'alcool et l'eau,
si la substitution porte sur un seul atome, comme est décomposé par l'acide nitrique.
dans la méthylamine , L'acide ampelique est incolore, inodore.
CHI³ Très-peu soluble dans l'eau bouillante, inso-
Az H luble dans l'eau froide , très-soluble dans l'alcool
H et l'éther, d'où il se dépose par évaporation avec
secondaires si elle porte sur deux, comme dans l'apparence d'une poudre à peine cristalline.
la diéthylamine, Il fond au-dessus de 260° et se sublime en ai-
C2 B5 guilles microscopiques. Projeté sur un charbon
Az C2H5 rouge, il se sublime partiellement. Une autre
H partie est décomposée en répandant une odeur
tertiaires, comme dans la triéthylamine, semblable à celle « que dégagent, dans les mêmes
circonstances, les matières qui ont été azotées par
C2 H5 l'acide nitrique. » L'acide sulfurique concentré le
Az C2 H5 dissout à chaud ; l'eau le précipite inaltéré de
C2 H5 cette solution. Il n'est pas attaqué par l'acide ni-
et des ammoniums quaternaires quand la substi- trique.
tution porte sur les quatre atomes d'hydrogène, Les ampélates alcalins sont solubles ; ils don-
comme dans l'hydrate de tétréthyl-ammonium , nent des précipités incolores avec les sels de cal-
C2H5 cium et de plomb, verts avec ceux de nickel, vert-
bleuâtres avec ceux de cuivre. Ils ne précipitent
Az C2H5
C2H5 pas les sels de baryum, de strontium, de manga-
0. nèse et de mercure.
C2H5 L'acide ampélique a pour composition C7H6O3.
Il est donc isomérique avec l'acide salicylique.
On peut donc établir une classification rationnelle Cu. L.
AMPHIBOLES. 233 AMPHIGÈNES.
AMPHIBOLES (Min.).-Groupe d'espèces dont lumeau, fond facilement avec un léger bouillon-
la composition chimique est représentée, d'après nement, en un verre blanc demi -transparent. Du-
Rammelsberg, par la formule générale reté, 5,5. Fragile. Densité, 2,9-3,2.
R SiO3 (R = Ca, Mg, Fe), Certaines variétés de jade (néphrite) doivent se
rapporter à la trémolite, de même que beaucoup
identique à celle des pyroxènes, qui d'après lui d'asbestes (liége, cuir et carton de montagne, bis-
n'en diffèrent que par la forme cristalline [ Hand- solithe).
buch der Mineralogie, 1860 , p. 468] . Cette formule 2e espèce : ACTINOTE [ Syn. Strahlstein , Rayon-
indique pour l'oxygène des protoxydes et celui de nante de Saussure] . Cette espèce diffère de la
la silice un rapport de 1 : 2. Bonsdorff [Journ. précédente par la présence d'une plus grande
de Schweigger, t. XXXV, p. 123] admettait le rap- quantité d'oxyde ferreux (6-12 %). Sa couleur
port 1 : 2,25, qui se rapproche davantage des est d'un vert plus ou moins foncé.
résultats d'un grand nombre d'analyses et en par- Elle forme en général des prismes allongés,
ticulier de celles faites récemment avec beaucoup sans terminaison, contenus dans des schistes mi-
de soin par M. Lechartier [ Ann. de l'École nor- cacés, talqueux ou chloriteux ; on la trouve aussi
male, t. I, 1864. Bull. de la Soc. chim. , 1865, en masses lamelleuses ou fibreuses dans les mines
t. III, p. 375]. On retombe sur le rapport 1 : 2, de fer d'Arendal , etc.
en ajoutant à l'oxygène des bases celui de l'eau Caractères. Inattaquable aux acides ; fond au
que renferment toutes les amphiboles, dans une chalumeau en un émail gris, vert ou noirâtre . Avec
proportion de 1,5 à 2 %, et qui joue probable- le borax, donne les réactions du fer.
ment un rôle dans la saturation de la silice (1 ). Dureté, 5-5,5 . Poussière d'un blanc verdâtre.
Quant à l'alumine et au sesquioxyde de fer que Densité, 2,8-3,3.
contiennent diverses variétés, M. Lechartier a 3º espèce : HORNBLENDE (Syn. Pargasite) . Dans
montré que la quantité en diminue à mesure que cette espèce, la proportion d'oxyde ferreux s'é-
la matière destinée aux analyses est mieux choi- lève au-dessus de 12 % et monte jusqu'à 36 %
sie et triée avec plus de soin ; on ne peut donc pas (Arfvedsonite). La plupart des hornblendes ren-
les considérer comme éléments essentiels de ces ferment une proportion notable d'alumine et d'al-
espèces minérales, non plus que le fluor qui s'y calis. La forme des cristaux est généralement
rencontre quelquefois. moins allongée que dans la trémolite et dans
l'actinote ; ils présentent souvent un prisme à 6
pans (m , g¹ ) surmonté d'un pointement à 3 faces
(p, b1/2) . Couleur noire, vert brunâtre foncé.
Se trouve dans les roches anciennes (syénites,
amphibolites, diorites, etc.) , dans les roches volca-
niques , basaltes, trachytes, laves modernes et
dans des calcaires saccharoides (pargasite).
Caractères. Les variétés très-riches en fer sont
légèrement attaquables à l'acide chlorhydrique.
Au chalumeau, fond facilement en un émail noir.
Dureté, 5,5. Poussière grise ou brunâtre. Den-
sité, 3-3,4.
La hornblende subit quelquefois une altéra-
tion analogue à celle du feldspath, en perdant
Fig. 22. - Amphibole. une partie de sa chaux et de sa magnésie, avec
transformation de l'oxyde ferreux en oxyde fer-
rique. F. et S.
Le groupe des amphiboles est caractérisé es- AMPHIDES (SELS) . Les sels amphides sont
sentiellement par sa forme cristalline, qui se rap- les combinaisons des acides avec les oxydes, des
porte à un prisme clinorhombique de 124° en- sulfides avec les sulfures, etc.
viron , parallèlement aux faces latérales duquel AMPHIGÈNE (Min . ). [Syn. Leucite W. ] - Sili-
toutes les variétés présentent des clivages très- cate de potasse et d'alumine :
faciles.
Ang es : mm = 124° 11' , pm = 103° 12', d1/2 p K2A12 Si4 012 = K2O, Al2O3 ,4 Si O².
= 152° 36', b1/2 p = 145° 35' . Selon Mitscherlich Une petite quantité de potasse est souvent rem-
et Berthier, l'amphibole trémolite, exposée à la placée par de la soude.
chaleur d'un four à porcelaine, fond et donne par Icositétraèdres ( a² ) ,
le refroidissement des cristaux de pyroxène. blancs demi - transpa-
1re espèce : TRÉMOLITE ( Syn. Grammatite H.). rents ou opaques d'un
La trémolite est l'amphibole proprement dite de éclat vitreux , empâtés
magnésie et de chaux; elle renferme presque tou- dans des roches volca-
jours un peu de fer et de manganèse. Elle se pré- niques modernes ou an-
sente en longs prismes (m) , très-rarement ter- ciennes.
minés , striés en long, ou en masses bacillaires Caractères. Complé-
fibreuses blanches, grises, vert clair, jaunâtres, tement attaquable par
quelquefois un peu violacées , dans la dolo- les acides , sans faire ge-
mie, dans le calcaire saccharoïde, dans le mica- lée. Infusible au chalu-
schiste, etc. meau. Coloration bleue Fig. 23.- Amphigène.
Caractères. Inattaquable aux acides ; au cha- avec lenitrate de cobalt.
Dureté, 5,5-6. Densité, 2,45-2,5.
(1 ) Ce rôle pourrait être exprimé par la formule ra- Forme crist. Type cubique; clivages, b¹ traces.
tionnelle AMPHIGÈNES (CORPS ). Berzelius nom-
10 Si mait ainsi l'oxygène, le soufre, le sélénium et le
9R 030 10 SiO2, 9 R" O, H2O, tellure, incapables de former directement des com-
H2
posés salins en s'unissant aux métaux, par oppo-
qui demande : Silice : 58,41 et 59,4. Magnésie : 23,4 et sition aux corps dits halogènes (chlore, brome,
27,7. Chaux : 16,5 et 11,1 . Eau : 1,7 et 1,8, selon qu'on iode et flucr).
pose Ce mot amphigènes ( augi , des deux côtés )
9R = 6 Mg + 3 Ca ou 9R 7Mg + 2Ca. rappelle la propriété qu'ils ont de former en se
AMPHODELITE. 234 - AMYGDALIQUE .
combinant avec les autres corps, et des acides et fée dans un tube, l'amygdaline se tuméfie , répand
des bases. d'abord une odeur de caramel, mais vers la fin
AMPHODÉLITE . -Voyez ANORTHIte. de la calcination on y distingue celle de l'aubé-
AMYGDALINE, C20 H27 Az (11. — L'amygdaline pine. C'est une substance inaltérable à la lu-
a été découverte en 1830 par Robiquet et Boutron mière ; le chlore sec semble également sans action
Charlard, dans les amandes amères [ Ann . de Chim. sur elle. - Les agents oxydants réagissent en gé-
et de Phys., t. XLIV, p. 352] . Ces chimistes, re- néral assez énergiquement sur elle ; l'acide nitri-
cherchant le mode de formation de l'essence que, le peroxyde de manganèse en présence de
d'amandes anières, constatèrent que cette essence l'acide sulfurique, le permanganate de potassium ,
ne préexiste pas dans les amandes amères, que la décomposent sa solution aqueuse et donnent
présence de l'eau est indispensable à son déve- naissance à de l'hydrure de benzoile (ou à de
loppement ( fait que Planche, Henry et Guibourt l'acide benzoique), à de l'ammoniaque et à de l'a-
avaient déjà observé), qu'elle ne se produit égale- cide formique. L'amygdaline, chauffée avec de la
ment qu'en présence d'une autre substance con- potasse , dégage de l'ammoniaque , et se trans-
tenue dans les amandes amères, subtance qu'ils forme en acide amygdalique . - En la broyant
isolèrent et à laquelle ils donnèrent le nom d'amyg- avec de la baryte anhydre et chauffant légèrement,
daline. - Liebig et Wohler étudièrent sa compo- il se manifeste une réaction violente il se dé-
sition et ses propriétés : c'est à eux que nous gage d'abondantes vapeurs blanches qui se con-
devons la connaissance des liens qui unissent densent en une huile incolore, différente de l'hy-
l'amygdaline à l'hydrore de benzoile [ Ann . de drure de benzoile ; le résidu est principalement
Chim. et de Phys. , t. LXIV. p. 185] . L'amygdaline formé de carbonate de baryum. L'acide chlor-
existe aussi dans les feuilles de laurier-cerise, dans hydrique concentré la décompose en donnant
les jeunes pousses de certaines espèces de prunus naissance à de l'acide formobenzoilique et à une
et de sorbus [Wicke , Ann . der Chem. u. Pharm . , matière noire ulmique ; cette réaction se conçoit
t. LXXIX, p . 79 et t. LXXXI, p. 241 ] . Il est pro- aisément , puisque, comme nous allons le voir,
bable qu'elle existe dans tous les végétaux qui l'amygdaline renferme les éléments nécessaires à
par distillation donnent de l'acide prussique. la formation de l'acide formobenzoilique d'une
Préparation. Le son d'amandes amères, privé part et de l'autre du glucose qui, sous l'influence
d'huile grasse par expression entre des plaques de des acides, se transforme en matières ulmiques .
fer chaudes, est traité par de l'alcool bouillant de La solution aqueuse de l'amygdaline ne préci-
95 centièmes (un alcool plus faible dissoudrait du pite pas les sels métalliques.
sucre incristallisable, dont il serait difficile ulté- La réaction caractéristique de l'amygdaline est
rieurement de débarrasser l'amygdaline) ; on filtre celle qui se produit sous l'influence de l'émul-
et on presse le résidu ; le liquide filtré abandonne sine ou synaptase, sorte de ferment contenu dans
par refroidissement un peu d'huile grasse qu'on les amandes ; il se forme dans ce cas de l'hydrure
enlève. Après quelques jours, il se forme une de benzoile, de l'acide cyanhydrique et du glucose :
cristallisation d'amygdaline ; mais la plus grande C20 H27 Az O11 + 2 H2O
partie reste dissoute ; on distille l'alcool jusqu'au Amygdaline.
sixième de son volume, et après refroidissement on = CHOC Az H + 2 C6H12O6.
y ajoute de l'éther ; il se forme ainsi un abondant Hydrure Glucose.
précipité qu'on recueille et qu'on comprime entre de benzoïle.
des doubles de papier, pour enlever l'huile grasse Le même dédoublement a lieu sous l'influence de
dont ils sont souillés et dont on ne peut généra-
lement les débarrasser que par des lavages éthé- l'acide chlorhydrique et de l'acide sulfurique ,
rés. On fait recristalliser dans l'alcool et l'on étendus et bouillants : dans ces conditions , on
obtient ainsi le produit complétement pur. - On observe toujours la production d'acide formique ,
en obtient environ 1,5 % du poids des amandes due sans doute à la décomposition de l'acide
amères ( Liebig et Wohler ) ; 3 % d'après Bette cyanhydrique [ Chiozza, Traité de Chimie de Ger-
[Ann. de Chem. u. Pharm. , t. XXXI, p. 211]. hardt, t . III, p. 200 ; H. Ludwig, Arch. Pharm.,
Rieckher a proposé comme moyen de doser (2), t. LXXXVII , p . 273].
l'amygdaline dans les amandes amères , l'emploi D'après Feldhaus, le dédoublement de l'amyg-
des alcalis bouillants qui lui font perdre tout son daline ne donne pas lieu à la formation d'acide
azote à l'état d'ammoniaque (V. Ac. AMYGDALIQUE). prussique libre, mais à une combinaison de cet
On prépare un extrait aqueux des amandes amè- acide et d'hydrure de benzoile ; cette combinaison ,
res à titrer, en prenant les précautions indiquées très-instable, est décomposée en ses éléments
plus haut, puis on le fait bouillir avec de la po- par la chaleur [ Arch. Pharm., (2) , t. CXIV, p . 33
tasse ou de la baryte, et on dose l'ammoniaque qui et t. CXVI, p. 41 ].
se dégage [ Zeitsch für Chem. , t 11, p. 307, 1866 ] . Constitution. L'amygdaline est un glucoside.
Propriétés. L'amygdaline déposée d'une solu- Selon Piria, on doit la considérer comme formée
par la conjugaison de cinq groupes moléculaires
tion aqueuse saturée à 40° se présente sous la qui, en s'unissant, perdent 4 molécules d'eau :
forme de cristaux prismatiques transparents, qui ,
partant d'un centre commun, forment des groupes CTH6 O (hydrure de benzoile).
assez volumineux [voyez, pour la forme cristalline, C6H12O6 (glucose).
Keferstein, Jahresb. , 1855 , p . 679] . Ces cristaux C6H12O6 (glucose).
se ternissent à l'air; ils renferment 10,57 % d'eau, CH2 O2 (acide formique).
qu'ils perdent à 120º. H13 Az (ammoniaque).
Ils sont solubles dans 12 p. d'eau à 10° ; dans C20 H35 015 Az - 4 H2O = C20 H27Az O11.
904 p. d'alcool ( D = 0,819 ) à 10° et dans 11 p.
du même alcool bouillant ; dans 148 p. d'alcool [Piria, Ann. de Chim. et de Phys ., ( 3 ) , t. XLIV,
(D = 0,939) à 10° et dans 12 p . du même alcool p. 371 ] .
bouillant ils sont tout à fait insolubles dans On n'a pas encore donné de formule ration-
l'éther [Wittstein , Vierteljahrsschr. pr. Pharm., nelle à l'amygdaline. CH. L.
t. XIII , p. 372 ] . AMYGDALIQUE (ACIDE) , C20 H26 012 [ Liebig
Leur solution a une saveur sucrée qui se trans- et Wohler, Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXIV,
forme dans la bouche en celle des amandes p. 185].
amères. Elle dévie à gauche le plan de polari- C20 H27 Az O11 + H2O = Az H³ + C20 H26 12.
sation de la lumière ; [a] = 35,51 ( Bouchardat, Amygdaline. Acide amyg
Compt.rend. de l'Acad. , t . XIX, p. 1174] . -— Chauf- dalique .
AMYLE. - 235 ― AMYLENE.
Pour le préparer, Liebig et Woehler font bouil- On a également constaté sa formation dans l'ac-
lir pendant un quart d'heure environ une solu- tion de l'eau sur le bromure d'amylène et l'iodure
tion aqueuse d'amygdaline avec de l'eau de ba- de potassium à 275° ( Berthelot] .
ryte ; quand il ne se dégage plus d'ammoniaque, On l'a rencontré dans les huiles légères prove-
la réaction est terminée ; on précipite l'excès de nant de la distillation du bog-head et du cancel-
baryte par un courant d'acide carbonique ; la coal. Portion bouillant à + 35-40° [ Greville Wil-
liqueur filtrée renferme de l'amygdalate de ba- lams, Chem. Soc. , t. XV, p . 359 ; Schorlemmer,
ryum qu'on décompose par l'acide sulfurique Chem . News., t. CLXXIV, p. 157].
faible. Propriétés et usages. - L'hydrure d'amyle est
Propriétés. Séché au bain-marie, cet acide liquide, incolore, très-mobile et présente une
est sirupeux; au bout de quelque temps, il se dé- odeur agréable, analogue à celle du chloroforme.
pose dans ce sirop de petits cristaux. Sa solution Sa densité à 14º,2 est de 0,6385, et à 17° 0,628
aqueuse dévie à gauche le plan de polarisation de (Pelouze et Cahours), 0,636 ( Schorlemmer). Il ne
la lumière [a] =-= 40,19. Il est déliquescent, se solidifie pas à - 24° et bout à + 30º.
insoluble dans l'alcool absolu et l'éther, un peu La densité de sa vapeur par rapport à l'air est
soluble dans l'alcool aqueux. égale à 2,50 (2,538 et 2,577 [ Pelouze et Cahours],
Quand on le fait bouillir avec du peroxyde de théorie, 2,493) , ou par rapport à l'hydrogène 36,1,
manganèse, il ne subit pas d'altération ; mais si 36,66 et 37,2 (1/2 C³ H1² = 36) .
l'on ajoute au mélange de l'acide sulfurique, il se Insoluble dans l'eau, il est soluble en toutes
forme de l'acide formique, de l'hydrure de ben- proportions dans l'alcool et dans l'éther. Il dissout
zoile et de l'acide carbonique. les graisses et est employé à cet effet dans l'in-
Les sels de l'acide amygdalique sont peu inté- dustrie. Il brûle facilement avec une belle flamme
ressants : ils sont tous gommeux. — Le sel de ba- blanche c'est à sa présence que les huiles légères
ryum seul a été analysé il renferme du pétrole américain doivent leur inflammabilité.
C40 H50 Ba O24. Le chlore, dirigé dans l'hydrure d'amyle, donne
des produits de substitution et le liquide s'échauffe
Le sel d'argent ne peut s'obtenir ; un mélange jusqu'à l'ébullition . Si l'on arrête l'opération lors-
de sulfate d'argent et d'amygdalate de baryum que le chlore commence à se dégager avec les
précipite de l'argent métallique, déjà à froid, et fumées d'acide chlorhydrique, on peut isoler par
surtout à chaud. distillation le produit C5H11 Cl, qui, comme le
L'amygdalate d'éthyle s'obtient, suivant Woh- chlorure d'amyle, bout à 102°, donne , lorsqu'on
ler, en faisant tomber goutte à goutte dans du le chauffe avec une solution alcoolique, du sulfure
gaz chlorhydrique un mélange épais d'alcool et de potassium ou sulfure d'amyle, etc. [ Bauer, Bull.
d'amygdaline [ Ann. der Chem.u. Pharm. , t. LXVI, de la Soc. chim ., avril 1860 ; Pelouze et Cahours,
p. 240]. - Sirop amer, plus lourd que l'eau, dé- loc. cit.] . Vers 100° et sous l'action prolongée du
composable par la chaleur. CH. L. chlore on obtient une masse épaisse dont on peut
AMYLE, CH11. - Radical dont on admet séparer par distillation le chlorure C5 H8 Cl' , bouil-
l'existence dans les dérivés de l'alcool amylique . lant vers 240°, insoluble dans l'eau, soluble dans
Lorsqu'on cherche à l'isoler, il double sa molé- l'alcool et l'éther et donnant avec la potasse alcco-
cule et donne le diamyle C10 H22, identique ou lique de l'amylène trichloré CH7 CI³ qui bout à
isomère avec l'hydrure de décyle . - Voyez DIA- 200° environ (Bauer). G. S.
MYLE. AMYLENE ( Syn. Valérène, Pentylène], C³ H10.
AMYLE ( HYDRURE D') [ Syn. Hydrure d'a- Ce carbure d'hydrogène, troisième homologue
mylène, Valérène] , C5 H12 . - Ce carbure est saturé, de l'éthylène, est , comme celui-ci , l'origine d'une
c'est-à-dire qu'il ne peut s'adjoindre de radicaux multitude de composés qui en dérivent par voie
monoatomiques qu'en perdant une quantité équi- d'addition , de substitution ou de soustraction . Il
valente d'hydrogène par voie de substitution : il est apte à fixer, par addition directe, deux radi-
est doué d'une grande stabilité vis-à-vis des agents caux monoatomiques pour former des combinai-
les plus énergiques , acide nitrique, acide sulfu- sons saturées du type C5 A12 ; il est donc réelle-
rique fumant, brome, etc. Il peut avoir des iso- ment diatomique. Mais il constitue cependant un
mères, saturés comme lui, tels seraient les corps : édifice moléculaire d'une certaine stabilité, puis-
qu'il peut exister à l'état libre sans se doubler,
C (CH³) ; CH.CH² (CH³) , etc. comme le prouve sa densité de vapeur; de là
Préparation. - On l'extrait du pétrole améri- vient qu'on peut effectuer avec lui une autre classe
cain, dont il constitue la portion bouillant à + 30° de réactions dans lesquelles le type C5A10 n'est
[Pelouze et Cahours, Compt. rend. , t. LVII, p . 62] . pas altéré : ce sont les réactions par substitution."
On l'obtient ainsi en chauffant vers 140°, en vase A l'aide d'agents de soustraction énergiques, on
clos, volumes égaux d'iodure d'amyle et d'eau, réussit à dériver de l'amylène des corps du type
avec un excès de zinc [Frankland, 1850. Ann . der C5 A8 , composés susceptibles d'exister à l'état de
Chem . u. Pharm . , t. LXXIV, p . 47] : liberté, mais qui ont une grande tendance à re-
tourner au type C5A10 ou même à atteindre la li-
2 C5H¹¹I + 2 Zn + H2O = 2 C5 H12 + Zn I2 ZnO, mite de saturation CA12, et jouent par consé-
ou en traitant le zinc-amyle par l'eau : quent le rôle de radicaux diatomiques et tétrato-
miques (voyez VALÉRYLENE) . L'on a poussé plus
Zn (C5H112 H2O = 2 C5 H12 + Zn H2O2. loin encore la soustraction d'hydrogène et obtenu
le carbure C5 H6 (voyez VALYLENE).
Dans le premier cas il se dépose de l'oxy-iodure , La théorie laisse prévoir l'existence de plusieurs
dans le second de l'hydrate de zinc. isomères de l'amylène, jouant le mème rôle chi-
On sépare l'hydrure d'amyle de l'amylène en mique et différant seulement entre eux par leur
traitant le mélange par l'acide sulfurique fumant, constitution. Les propriétés physiques de ces
qui ne dissout que ce dernier carbure. isomères doivent être excessivement rapprochées ,
L'hydrure d'amyle prend encore naissance en mais les différences peuvent devenir sensibles
même temps que l'amylène et ses polymères, lors- dans leurs combinaisons. C'est ainsi que l'amy-
qu'on traite l'alcool amylique par le chlorure de lène ordinaire et l'éthyle-allyle C2H5.C³ H³ parais-
zinc ; il apparaît aussi, avec l'amylène, comme sent bouillir à la même température, tandis qu'il
produit de décomposition du diamyle, dans l'action existe entre les points d'ébullition de leur dérivé
du zinc sur l'iodure d'amyle sec : iodhydrique une différence de plus de 15º.
C10 H22 C5H12 + C5 [ 19. Préparation . - L'amylène à été obtenu pour
AMYLÈNE. 236 - AMYLÈNE.
la première fois en 1844, par M. Balard , en chauf- donnant par refroidissement de belles lames rec-
fant une solution de chlorure de zinc avec l'alcool tangulaires. Ce corps, que M. Guthrie a nommé
amylique [Ann. de Chim. et de Phys , ( 3), t. XII , azotylure (nitrylide) d'amylène, a une composi-
p. 320] . On peut le préparer en chauffant à 1400 tion représentée par la formule C5 H10 (Az O²)² et
un mélange à volumes égaux d'huile de pommes manifeste les réactions de l'amylglycol diazoteux
de terre et d'acide sulfurique étendu de son vo- C5H10
lume d'eau le produit, distillé et lavé à la po-
tasse, renferme encore de l'alcool amylique, des (AZO)2 02.
carbures bouillant jusqu'à 300° et probablement Il se décompose à 95° avec dégagement d'anhy-
de l'oxyde d'amyle : la partie la plus volatile ren- dride et d'acide azoteux (Az203 et H Az O²) en
ferme l'amylène. Le meilleur procédé de prépara- laissant un liquide épais. Une solution alcoolique
tion consiste à laisser pendant 1 ou 2 jours l'huile
de pommes de terre, rectifiée une première fois, de cyanure de potassium le transforme en cya-
en contact avec son poids et demi de chlorure de nure d'amylène hydraté pendant qu'il se dissout
zinc fondu et pulvérisé à chaud. L'on agite de de l'azotite de potasse. Le cyanure hydraté
temps à autre et l'on distille au bain de sable.
(2 C5 H10 Cy² + 5 H2O )
Le produit, séparé de la couche aqueuse, rectifié
au bain-marie, séché sur le chlorure de calcium perd facilement son eau d'hydratation [Guthrie,
et distillé de nouveau en ne recueillant que ce Chem. Society, t. XIII, pp . 45-129].
qui passe de 33° à 43°, ne contient que de l'amy- BROMURE D'AMYLENE, C5H10 Br2. On prépare
lène mélangé d'une certaine quantité d'hydrure ce composé en ajoutant du brome goutte à goutte
d'amyle. dans de l'amylène soigneusement refroidi ou bien
L'amylène se produit encore dans les circon- en y faisant passer des vapeurs de brome. Lorsque
stances suivantes : décomposition du chlorure le liquide est assez fortement coloré en rouge, on
d'amyle par la potasse fondante , de l'iodure l'agite avec une solution faible de potasse et on
d'amyle par l'amalgame de zinc en vase clos , de distille. Il passe d'ordinaire de l'hydrure d'amyle
la cyanine, de l'hydrate d'amylène par la chaleur, que contenait le carbure et sur lequel le brome
de l'iodhydrate d'amylène par l'oxyde d'argent n'a pas d'action à froid, puis, vers 170-180° , du
humide, l'ammoniaque, l'acétate d'argent, etc., du bromure d'amylène qui éprouve un commence-
bromure d'amylène par le cuivre et l'eau dans ment de décomposition . C'est un liquide d'une
certaines conditions : distillation sèche des amyl- odeur douce , agréable et comme sucrée.
sulfates , des acétates , des butyrates , de l'acide Chauffé vers 275° avec du cuivre, de l'eau et de
oléique, de la résine , du bog- head, etc. iodure de potassium [ Berthelot, Ann . de Chim.
Propriétés. - L'amylène est un liquide inco- et de Phys., (3) , t. LIII, p. 183 ], il régénère l'amy-
lore, très-mobile, très-léger, d'une odeur éthérée lène. En présence de certains agents, il peut don-
assez agréable, bouillant à 35° (Frankland) ; 39° ner l'amylène ou ses dérivés en perdant Br², ou
(Balard) ; 42° (Kekulé, Ann . der Chem u. Pharm . bien l'amylène bromé en perdant HBr. C'est ainsi
t. LXXV.) que les deux réactions s'accomplissent à la fois
La densité de sa vapeur est normale : 2,386 avec l'acétate de potasse, le potassium et le zinc :
(Frankland) ; 2,68 (Balard) ; 2,43 (Kekulé) . Théorie,
2,424. Par rapport à l'hydrogène elle est égale à C5 H10 Br22 C2H3O2.K
34,45 ( Frankland) ; 38,7 (Balard) ; 35,1 (Kekulé) = (C2H3O2 )2 C5 H10 + 2 K Br (Wurtz)
(1/2 C5H10 = 35). et C5 H10 Br² + C² H³O² .K
Il ne possède pas le pouvoir rotatoire.
Il brûle avec une belle flamme blanche ; il se = C2H3O2 . H + C5 H9 Br + K Br ;
combine directement et avec énergie au brome, C5 H10 Br2 K2 = C5 H10 + 2 K Br (Bauer)
aux hydracides, au peroxyde d'azote, aux chlo- et C5 H10 Br2 K = C5 H9Br + K Br + H,
rures de soufre, etc.; il fixe également l'acide
hypochloreux et l'acétate de chlore (voyez GLYCOL tandis que l'acétate d'argent donne presque uni-
AMYLÉNIQUE) , le chlorure d'acétyle (Friedel et La- quement de l'acétate amylénique ; quant à la
denburg), l'iodure de cyanogène ( Erlenmeyer), potasse alcoolique, elle donne , ainsi que l'am-
l'oxychlorure de carbone (voyez ACIDE LEUCIQUE ). moniaque alcoolique et l'amylate de soude , de
Sa vapeur est absorbée rapidement et compléte- l'amylène bromé (Cahours) :
ment par l'anhydride sulfurique et le perchlorure
d'antimoine (Frankland). L'acide sulfurique con- C5 H16 B12 KHO = H2O + C5 H9 Br + K Br.
centré ne le convertit pas en acide amylsulfurique,
mais en un acide isomère (amyléno-sulfurique) L'amylène bromé est un liquide lourd , inco-
(Berthelot) ; en même temps un acide plus stable, lore et aromatique, bouillant à 120° environ.
analogue à l'acide iséthionique, prend naissance, BROMURE D'AMYLENE BROMÉ, C5 H9 Br³. - Il s'ob-
et le restant de l'amylène se transforme en poly- tient en ajoutant à l'amylène plus de brome que
dans le cas précédent [Cabours, Ann. de Chim , et
mères [Comp. rend., t . XLVI . Le chlorure de de Phys., (3), t. XXXVIII , p. 90] . Il donne , par la
zinc donne aussi du diamylène , du triamylène potasse alcoolique, de l'amylène bromé (Reboul )
et du tétramylène ( Bauer. Voyez ces mots) [ Sitz.
der. K. Akad. d. Wissenschaften . z. Wien., et bibromé (Cahours) et un éthylate
t. XLIII ]. C5 H8 Br
L'éthyle-allyle obtenu par M. Wurtz est isomé- C2H5
rique avec l'amylène. - Voyez ETHYLE-ALLYLE.
Usages. - Son emploi comme anesthésique bouillant à 177-180° et susceptible de fixer Br².
présente de graves dangers, qui l'ont fait aban- Le corps ainsi formé
donner. C5H8 Br
DERIVÉS DE L'AMYLÈNE. C2H5 ད
traité lui-même par la potasse alcoolique, donne
AZOTYLURE D'AMYLÈNE, C5 H10 (Az O2)2.- Lors- un éthylate
qu'on dirige les vapeurs de peroxyde d'azote (azo- C5H5
tyle, hypoazotide) dans de l'amylène refroidi, il C2H5 0,
se forme une masse de cristaux solubles dans
l'éther, le sulfure de carbone et l'alcool chaud , et liquide plus léger que l'eau qui bout de 125 ° à
AMYLÈNE . 237 - AMYLÈNE.
130° et se combine , avec dégagement de chaleur, AMYLGLYCOL AcétochlorhydRIQUE ,
aux hydracides concentrés, au brome et même à
l'iode [Reboul, Compt . rend. , t. LVIII, p. 1058, C5H10. OC2H3O . Cl.
1864]. La solution alcoolique de bromure d'any- -- Obtenu par MM. Lippmann et Schützenberger
lène bromé , chauffée avec l'acétate d'argent, par l'action de l'acétate de chlore sur l'amylène.
donne le diacétate AMYLGLYCOL DIACÉTIQUE ,
(C2H30)20², C5 H10
C5 H9 Br (C2H3O2 O2.
qui, saponifié par la potasse fondue et pulvérisée,
donne le glycol bromé Liquide incolore , neutre, bouillant au-dessus
de 200°, généralement mélangé dans sa prépara-
C5 H9Br ) tion d'amylglycol monoacétique
H2
C5H10
Ce dernier corps, traité en solution éthérée, en (C2H3O) HO².
vase clos et au bain-marie par la potasse, fournit
la glycérine amylique Se décompose facilement au contact des alcalis en
amylglycol et en acide acétique (Wurtz) .
C5 H9(HO) AMYGLYCOL DIBENZOÏQUE ,
H220² = C5H1203
C5H10 )
[Bauer. Sitz. d. k. Akad. d. Wissenschaften z. (C7H50)2 02.
Wien, t. XLIV, juin 1861 ] , liquide épais, aroma-
tique, d'une saveur douce, incolore et soluble Produit de l'action du benzoate d'argent sur le
dans l'eau. bromure d'amylène. Grandes lames incolores bril-
CHLORURE D'AMYLENE, CH10 C12.- On ne peut lantes, solubles dans l'alcool et l'éther, fusibles à
le préparer par l'action du chlore, qui donne des 123° [Mayer, Compt. rend., t. LIX, p. 444].
produits de substitution ; mais le perchlorure de AMYLGLYCOL MONOCHLORHYDRIQUE (chlorhydrine
phosphore réagit à froid sur l'amylène et forme de l'amylglycol) , C5 H10 . OH . Cl . - S'obtient soit
une masse cristalline que l'eau transforme en en traitant l'amylglycol par l'acide chlorhydrique
deux couches liquides. La couche supérieure (Bauer) , soit en agitant l'amylène avec une solu-
contient le chlorure C5H10 Cl2, liquide bouillant tion d'acide hypochloreux , traitant le liquide par
entre 141° et 147°. Densité à +9°: 1,058 [Guth- l'éther et distillant la solution éthérée [ Carius ,
rie, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXI, p. 108 Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXVI, p . 195
(t. XLV, nouv. ser. )]. (L, nouv. sér.)] :
CYANURE D'AMYLENE, C5 H10 Cy2.- Voyez Azo-
TYLURE D'AMYLENE. C5H10 HCIO = C5 H¹º. O H. Cl .
GLYCOL AMYLÉNIQUE , AMYLGLYCOL ,
C'est un liquide incolore, bouillant à 155° ; so-
luble dans l'eau, mais non en toutes proportions.
C5H12O2 := C5 H10
H2 O² = C³ H¹º . (OH) ² . Par la potasse, il donne l'oxyde d'amylène.
AMYGLYCOL SUlfocarbonique, C5 H10 . CS3 . - Ob-
On triture de l'acétate d'argent avec assez d'acide tenu par double décomposition avec le bromure
acétique pour en faire une pâte molle ; puis, cette d'amylène et le sulfocarbonate de soude. Densité,
pâte étant introduite dans un mortier refroidi 1,073 [Husemann , Ann . der Chem . u. Pharm.,
avec soin, on y ajoute du bromure d'amylène en t. CXXVI, p. 269 ( L, nouv. sér.)] .
secouant et en refroidissant tour à tour. La pre- IODOCYANAMYLENE , C5 H10. Cy I. Ce corps a
mière réaction qui s'effectue avec dégagement de été obtenu à l'état impur par M. Erlenmeyer en
chaleur étant terminée, on la complète en chauf- ajoutant de l'amylène goutte à goutte à de l'iodure
fant le mélange au bain-marie pendant plusieurs de cyanogène. C'est un liquide brun qu'on dis-
jours ; puis on distille en ne recueillant que ce tille avec l'eau et qu'on décolore avec le bisulfite
qui passe au-dessus de 140°. L'acétate brut qu'on de soude.
obtient ainsi est saponifié par la potasse fondue L'action de la potasse alcoolique à l'ébullition
et pulvérisée, après avoir eu la précaution de le donne de l'ammoniaque et un acide qui pourrait
neutraliser par un peu de potasse et de le dis- être l'acide leucique :
tiller.
C5 H10. CAzI + 2 KHO + H2O
L'amylglycol qui résulte de cette saponification
est un liquide incolore, très-sirupeux, d'une sa- = CH10.OH. CO²K + KI + Az H³.
veur amère avec un arrière-goût aromatique, so- Leucate de potasse.
lidifiable dans le mélange d'acide carbonique
solide et d'éther, bouillant à 177°. Sa densité [Erlenmeyer, Zeitschrift f. Chem. u. Pharm .,
à 0° est de 0,987 ; il est soluble en toute propor- t. VI, p. 545.]
tion dans l'eau. Il s'acidifie à l'air ; en présence OXYDE D'AMYLENE, C5H10 O. L'amylglycol
du noir de platine, l'oxydation est lente , mais étant chauffé avec son volume d'eau et un excès
profonde; on n'obtient que peu d'acide butylac- d'acide chlorhydrique pendant quelques heures,
tique. Chauffé avec deux fois son poids d'acide au bain-marie, on traite cette chlorhydrine brute
nitrique monohydraté et trois fois son poids par la potasse et l'on obtient, par distillation ,.
d'eau, il donne de l'acide butylactique C4H8O3 l'oxyde d'amylène, liquide d'une odeur agréable
par une réaction très-vive : et éthérée, inflammable, bouillant vers 95º . Den-
sité à zéro , 0,8244. Densité de vapeur, 2,952.
C5H12 02 + 05 = C¹ H³ Q³ + CO2 + 2 H2O. Théorie , 2,977 , et , par rapport à l'hydrogène ,
42,6 ( 1/2 C5 H10 = 43 ) . Insoluble dans l'eau, so-
Le sel de baryte ne cristallise pas ; celui de chaux luble dans l'alcool et l'éther, miscible aux acides
se dépose en mamelons : ils sont solubles dans [Bauer, Compt. rend. , t. LI , p . 500] .
l'eau. Le butylactate de zinc se dépose en pail- Il ne s'unit pas directement aux éléments de
lettes brillantes quand on traite l'acide à chaud l'eau à la façon de l'oxyde d'éthylène .
SULFAMYLENE ET DISULFAMYLENE. BICHLO-
1 par l'hydrocarbonate de zinc ; il renferme de l'eau
de cristallisation qu'il perd à 100°. Les butylac- RURE DE SULFAMYLÈNE, CH10S. CI [ Guthrie, Chem.
tates ont la formule CH7 (R) ' O³ (Wurtz). soc. , t. X, p. 120 ; t. XII, p. 112, et t. XIII, p . 43 ] .
AMYLÈNE. 238 AMYLÈNE.
La réaction de l'amyl ne sur le chlorure de corps saturés ; comme eux , ils régénèrent aisément
soufre SC12 est très-vive ; elle donne naissance le corps diatomique dont ils dérivent, et pré-
au chlorure de sulfamylène C5H10 S. Cl2, qu'on sentent à un même degré les phénomènes de dis-
purifie de la même manière que le bichlorure sociation [Ad. Wurtz, Compt. rend., t. LV, p. 370,
disulfamylène (voyez plus bas) . Ce corps, compa- et Ann. de Chim. et de Phys., (4), t. III, p. 129] .
rable au composé ammoniacal Az H³S . Cl2, qu'on ACÉTATE PSEUDO- AMYLIQUE [ Syn. Acétate d'a-
obtient dans une réaction analogue avec l'animo- mylène],
niaque, est un liquide d'une odeur forte et dés- C2H3O
agréable, soluble dans l'éther et dans l'alcool , in- C5 H10. H 0 .
soluble dans l'eau. Densité à 12° 1,149. Distillé
avec de la potasse alcoolique , il donne de l'amy- On le prépare avec l'iodhydrate d'amylène et l'acé-
lène, un sulfure (CH9)2S, etc. tate d'argent (voyez loDHYDRATE D'AMYLÈNE) . C'est
BICHLORURE DE DISULFAMYLENE, ( C5H10 ) S2.CI2. un liquide incolore, plus léger que l'eau, bouil-
- L'amylène projeté goutte à goutte et jusqu'à lant à 125°. Maintenu pendant longtemps à 200°,
excès dans le sous-chlorure de soufre S2C12 re- il se dédouble en acide acétique et en amylène.
froidi donne un liquide jaune foncé, non volatil, BENZOATE PSEUDO - AMYLIQUE [ Syn . Benzoate
qui pèse sensiblement deux fois plus que le chlo- d'amylène],
rure employé. Après avoir chassé l'amylène, on C7H5O
le dissout dans l'éther, dans lequel il est soluble C5H10. H 0.
en toutes proportions ; on le décolore par le noir
animal et on chasse l'éther au bain-marie. Il reste Liquide incolore, assez mobile, soluble dans l'eau,
un liquide limpide, jaune clair, insoluble dans d'une légère odeur benzoique, d'une saveur faible,
l'eau , soluble dans l'alcool chaud, d'une odeur mais désagréable. Densité à zéro : 1,007 ; il bout à
240° environ . On le prépare, comme l'acétate, à
faible qui devient très-désagréable à l'air, d'une l'aide de l'iodhydrate d'amylène (voyez ce mot) .
densité égale à 1,149 à 12º ; c'est le chlorure de BROMHYDRATE D'AMYLÈNE , C5 Hio . H Br.
disulfamylène analogue au chlorosulfure d'ammo-
niaque (Az H3 )2S2. Cl2, qui se produit, avec l'am- Corps analogue au chlorhydrate d'amylène par sa
moniaque, dans une réaction semblable. Il donne, formation et ses propriétés, bouillant à 110° en-
avec le chlore, des produits de substitution (Guth- viron . A une température où sa densité de vapeur
correspond presque à celle d'un mélange d'acide
rie). bromhydrique et d'amylène, ces deux corps peu-
HYDRATE DE DISULFAMYLÈNE , vent se rencontrer sans dégager sensiblement de
(C5H10) S2 02. chaleur. Si l'on répète l'expérience à une tempéra-
H2 ture plus basse et à laquelle la densité se rappro-
che de la densité théorique, le dégagement de
-Si l'on chauffe pendant quelques heures la so- chaleur est, au contraire, notable. Toutes circon-
lution de chlorure de disulfamylène en y diri- stances qui prouvent que l'anomalie des densités
geant un courant de gaz ammoniac, et si , sépa- de vapeur de ces sortes de composés est bien due
rant le liquide du chlorure ammonique formé, on à un phénomène de dissociation (Wurtz) .
le chauffe en vase clos à 100° avec de l'ammo- CHLORHYDRATE D'AMYLENE , C5 H10, H CI. -
niaque alcoolique , il suffit d'ajouter de l'eau L'acide chlorhydrique s'unit aux vapeurs d'amy-
pour précipiter un liquide jaune, non volatil, so- lène avec dégagement de chaleur. Le corps qui
Juble dans l'éther et le sulfure de carbone et quel- prend naissance dans cette réaction, presente la
que peu dans l'eau chaude ; c'est l'hydrate de di- composition exprimée par la formule brute
sulfamylène. Densité à 8° 1,049 (Guthrie).
OXYDE DE DISULFAMYLENE, (C5H10,2S2.0.- Il se C5 H11 Cl ,
prépare en faisant bouillir une solution alcoolique
de chlorure de disulfamylène avec de la litharge, comme l'éther chlorhydrique de l'huile de pommes
usqu'à ce que tout le chlore se soit combiné au de terre (chlorure d'amyle) . On l'obtient aussi en
métal, et en reprenant par l'éther. L'oxyde de di- chauffant à 100° en vase clos l'amylène, avec une
sulfamylène est un liquide non volatil , jaune solution concentrée d'acide chlorhydrique [ Ber-
clair, soluble dans l'alcool et l'éther, insoluble thelot, Ann. de Chim . et de Phys . , (3), t. LI] . C'est
dans l'eau. Densité à 13 ° = 1,054 (Guthrie). un liquide incolore , mobile, d'une odeur éthérée,
bouillant à 90° environ . Densité à zéro : 0,883 .
Densité de vapeur à 1930, 3,58 ( théorie, 3,688 )
COMPOSÉS PSEUDO-AMYLIQUES. ou par rapport à l'hydrogène, 51,69 :
(1/2 C$ H11 Cl == 53,25).
L'amylène s'unit directement aux hydracides
en donnant des composés isomériques avec les Sa vapeur se dissocie à une température un peu
éthers simples de la série amylique, et qui, tout plus élevée ; à 290° sa densité est celle d'un mé-
en jouant le même rôle chimique que ceux-ci , en lange d'acide chlorhydrique et d'amylène : elle est
different notablement par la singulière facilité en effet égale à 1,808, ou par rapport à l'hydro-
avec laquelle ils régénèrent l'amylène dans une gène , 26,1 : ( 1/4 C5 H10, HCl = 26,6 ).
foule de réactions. L'amylène et l'acide chlorhydrique se com-
Les dérivés de ces éthers présentent les mêmes binent en grande partie par le refroidissement
caractères et forment un groupe remarquable, (Wurtz).
qu'on doit comparer mais non réunir au groupe CYANATE PSEUDO - AMYLIQUE [ Syn. Cyanate
amylique proprement dit. Nous les nommerons com- d'amylène],
posés pseudo- amyliques. Ces composés réalisent C5H10. H.OC Az.
complétement la théorie de l'étherine par laquelle
Dunias et Boullay expliquaient , en 1828 , la con- Liquide bouillant entre 100° et 120°, obtenu en
stitution de l'alcool et des éthers ; ce sont effecti- traitant le cyanate d'argent récemment préparé et
vement des combinaisons de carbures C" H2n refroidi par l'iodhydrate d'amylène ; odeur irri-
avec l'eau, les acides, etc. , comparables à bien tante. Mis en contact avec l'ammoniaque , il
plus juste titre aux sels ammoniacaux, puisque donne la pseudo-amylurée en aiguilles magni-
comme eux ils résultent de l'union d'une molé- fiques; au contact de l'eau, il se prend en une
cule non saturée, diatomique, mais existant à masse de cristaux offrant la même composition
l'état libre et possédant à cet état une grande que ceux qu'on obtient avec la potasse caustique
stabilité, aux acides normaux, à l'eau et à d'autres (pseudo-diamylurée) (Wurtz).
AMYLÈNE . - 239 AMYLÈNE.
HYDRATE OU ALCOOL PSEUDO - AMYLIQUE [ Syn. OXYDE OU ÉTHER PSEUDO- AMYLIQUE [Syn. Hy-
Hydrate d'amylėne], drate de biamylène],
C5H10, H
HO. C5H10. H
C5H10. H 0.
Après avoir ajouté petit à petit de l'iodhydrate On l'obtient , comme nous l'avons dit, à l'aide de
d'amylène à une quantité équivalente d'oxyde l'iodhydrate , mais en quantités variables. C'est
d'argent humide contenu dans un ballon entouré
de glace, on laisse reposer et l'on distille. L'hy- un liquide aromatique d'une odeur différente de
drate d'amylène distille avec l'eau, puis le point celle de l'éther amylique. Il bout de 160° à 165º.
d'ébullition s'élève vers 160°, température au- Densité à zéro : 0,876 . Insoluble dans l'eau.
dessus de laquelle passe l'éther pseudo-amylique L'acide iodhydrique gazeux le transforme en eau
ou hydrate de biamylène. L'alcool pseudo -amy- et en iodhydrate ; sous l'influence de la chaleur,
il se scinde en amylène et en hydrate (Wurtz).
lique est un liquide incolore, léger , très-mobile, PSEUDO -AMYLAMINE OU ISOAMYLAMINE ,
dové d'une odeur aromatique différente de celle
de l'alcool amylique. Il bout à 105° (pression C5H10.H
0,768 ) ; chauffé à 200° pendant quelques heures , H₂ Az.
il se scinde en eau et amylène ; il absorbe l'acide On chauf fe à 150° la pseudo- amylurée dans des
jodhydrique avidement et en s'échauffant, et donne matras très-résistants, avec de la potasse concen-
ainsi de l'iodhydrate d'amylène et de l'eau ; l'acide trée additionnée de potasse solide . On décante le
chlorhydrique agit de même. Agité avec l'acide liquide qui a remplacé les cristaux d'urée , et on
sulfurique, il s'échauffe et jaunit ; bientôt il se distille sur la baryte caustique. L'isoamylamine
sépare en deux couches dont l'une contient l'amy- distille à 78°,5, sa densité à zéro est égale à
lène transformé en partie en polymères, et l'autre 0,755 ; elle possède l'odeur ammoniacale, précipite
l'acide sulfurique avec une trace d'un acide sulfo- les sels de cuivre, mais ne redissout pas l'hydrate
conjugué. Le brome donne surtout du bromure de cuivre. Sa vapeur, surchauffée au contact de
d'amylène; le chlore donne du chlorure et du la baryte, donne des gaz combustibles et une pe-
chlorhydrate ; le sodium, de l'amylénate de soude, tite quantité de cyanure de baryum. Le brome,
qui, traité par l'iodhydrate d'amylène , régénère en contact avec un excès d'une solution concen-
le pseudo-alcool et l'amylène : trée de la base , donne du bromhydrate et un
C³H10, HO + C5H10 , HI corps bromé C5 H12 Br Az, liquide, jaune , dense ,
Na indistillable .
= C5 H10 , HO + C5 H10 + NaI. Le chlorhydrate d'isoamylamine,
H C5H13 Az . H C !,
En présence du dichromate de potasse et de cristallise en paillettes efflorescentes, qu'on peut
l'acide sulfurique, il dégage de l'acide carbonique, obtenir en assez volumineux octaèdres à base
des acides volatils, principalement l'acide acé- carrée en versant de l'éther dans la solution al-
tique, un mélange d'acétones, etc. Le permanga- coolique concentrée .
nate de potasse donne les mêmes produits , qui Le chloroplatinate, 2 (C H13 Az . HCl) . PtCl , est
sont ceux de l'oxydation de l'amylène (Wurtz) . très-soluble dans l'eau et dans l'alcool, et forme
IODHYDRATE D'AMYLÈNE, CH10. HI. On ob- de beaux cristaux rouges dérivant d'un prisme
tient ce composé comme le chlorhydrate ; il bout clinorhombique (mm) de 73° 12' ; 01h1 :- 51°2';
à 130° et à 50-55° dans le vide. Densité à zéro : a¹h¹ = 61°7' ; mo¹ - = 73°17'; ma¹ = 684' (C.
1,522. La densité de sa vapeur est déjà trop faible Friedel) [Wurtz, Compt. rend. , t. LXIII , et Bull.
à quelques degrés au-dessus du point d'ébullition , de la Soc. chim . , t. VII ( 1867 ), p. 141 ].
à une température plus élevée, elle se rapproche PSEUDO - AMYLURÉE ,
de celle d'un mélange d'amylène et d'acide iod-
hydrique : (C³ H10. H) H
CO Az².
A 160° D = 5,73 A: 82,7 (1) H2
A 210° 4,66 67,3
A 262° 4,38 Magnifiques aiguilles obtenues par l'action de
63,2 l'ammoniaque en excès sur le cyanate pseudo-
(1/2 C8H11199 ; 1/4 C5 H10, HI = 49,5). amylique, peu solubles dans l'eau, qui en dissout
L'iodhydrate d'amylène traité par le sodium 1 /79,3 de son poids à 27°, aisément solubles
donne principalement de l'amylène et de l'hydro- dans l'alcool , fusibles vers 150° , sublimables
gène; avec l'acétate d'argent délayé dans l'éther, avec décomposition partielle. Lorsqu'on chauffe
une réaction énergique se manifeste même à zéro ; la pseudo-amylurée vers 145° avec une solution
le liquide s'échauffe, et il se forme à la fois de très-concentrée de potasse caustique, elle donne
l'acétate pseudo-amylique et un mélange d'acide de l'acide carbonique, de l'ammoniaque et de la
acétique et d'amylène (Wurtz) : pseudo-amylamine.
H3O Sous l'influence d'un excès d'acide nitrique , le
C5 H10 HI + C2 P } 0 = AgI + C2 H3O nitrate de pseudo -amylurée formé perd une partic
Ag C5 H10, H
C2H3O de son amylène et donne du nitrate d'urée.
et C5H10 . HI + 0 PSEUDO - DIAMYLURÉE ,
Ag
= Agl + C² H300 + C5 H10.
H (C³ H10,H12 Az².
CO.H
L'oxyde d'argent humide réagit de même ; il se Sous l'influence de la potasse caustique, le cya-
forme immédiatement de l'iodure d'argent, de nate pseudo-amylique ne donne pas la pseudo-
l'alcool pseudo - amylique , de l'amylène et de amylamine comme le cyanate amylique donne
l'eau. L'ammoniaque aqueuse, au bain-marie et l'amylamine. Il se forme de la pseudo - diamylurée
en vase clos, déplace l'amylène et ne donne qu'une se sublimant facilement sans fondre en belles ai-
petite quantité d'un iodure d'une base organique, guilles, solubles dans l'alcool , presque insolubles
dont le chloroplatinate cristallise en petites pail- dans l'eau :
lettes d'un jaune d'or. La potasse alcoolique met 2 (C5 H10. H) OC Az. + 2 KHO
l'amylène en liberté. - (C5H10, H) 2CO. H²Az² + K2CO3.
(') La densité de l'hydrogène étant = 1 . Elle se dissout dans l'acide azotique et n'est
AMYLIQUE . 240 AMYLIQUE .

pas attaquée par la potasse à la température de L'alcool amylique dirigé en vapeurs dans un
l'huile bouillante. G. S. tube incandescent donne du propylène , de l'amy-
AMYLIQUE (ALCOOL) [Syn. Hydrate d'amyle, lène, du butylène, du gaz des marais et d'autres
de pentyle; huile de pommes de terre ; fusel-oilj, hydrocarbures (Reynolds) . Chauffé avec le chlo-
rure de zinc, il fournit l'amylène et ses polymères ·
C5H12O = = C3H1H } 0 =- C5H11. OH. (Balard) , son hydrure (Bauer) et des carbures dia-
tomiques et saturés (CnH2n et CnH2n + 2) où l'on
-L'alcool amylique accompagne l'alcool ordinaire a n = 6, 7, 8, 9..., 12, etc. (Wurtz).
dans la plupart des fermentations où celui-ci Il ne s'enflamme que difficilement et brûle avec
prend naissance. On le trouve dans les eaux-de- une flamme bleue peu éclairante. Il s'acidifie
vie de pommes de terre, de marc, d'orge, de sei- lentement en absorbant l'oxygène de l'air ; sous
gle, de betteraves, etc. , dont il constitue la por- l'influence du noir de platine, l'oxydation est très-
tion bouillant vers 130°, et marquant de 89 à 40º rapide, dans les deux cas, il y a formation d'acide
alcoométriques à la sortie du rectificateur. valérique :
Signalé d'abord par Scheele, son étude chimique C5H12O + O2 = C5H10O2 + H2O .
a été l'objet de travaux importants de la part de
divers savants [ Dumas, 1834 , Ann. de Chim . et Le même acide prend naissance lorsqu'on laisse
de Phys., t . LVI, p. 314. --- Cahours, 1837, Ann . tomber de l'alcool amylique sur de la chaux so-
de Chim. et de Phys. , t. LXX, p. 81 et t. LXXV, dée chauffée à 200°:
p. 193. Stas, Ann. de Chim. et de Phys .,
t. LXXIII , p. 128. Balard, Ann. de Chim. et C5H12O + NaHO = C5 H9 Na O² + 4 H.
de Phys., (3), t. XII, p. 294. - Frankland, 1849, Soumis à la distillation avec un mélange d'à-
Ann. der Chem. u . Pharm. , t. LXXIV , p. 41.— cide sulfurique et de protoxyde de manganèse ou
Pasteur, Compt. rend. , t. XLI, p . 296. Wurtz, de dichromate de potasse, ou bien avec de l'acide
Ann., de Chim. et de Phys. , (4) t . II ; Bull . de la nitrique, l'alcool amylique donne de l'aldéhyde
Soc. chim., p. 300 et 463, 1863]. valérique, de l'acide valérique, du valérate d'a-
C'est l'origine des combinaisons amyliques et myle, et de plus dans le cas de l'acide nitrique,
amyléniques, ainsi que de la plupart des compo- du nitrite d'amyle ét de l'acide cyanhydrique.
sés valériques . Le peroxyde d'azote (hypoazotide) donne de
L'alcool CH12 O, qu'on peut représenter comme l'azotite, de l'azotate d'amyle , de l'acide valé-
dérivant du carbure saturé C5 H12 par substitution rique , etc.; le gaz provenant de l'oxydation de
de ( OH)' à H' (voyez ATOMICITÉ ) , doit offrir les l'amidon par l'acide nitrique donne en outre du
mêmes isoméries que ce carbure, plus celles qui nitrate d'ammoniaque [ Bunge, Zeitschrift f. Chem.
résultent de la position de l'atome d'hydrogène p . 92 et 225].
remplacé. De telles différences de constitution L'acide sulfurique se dissout dans l'alcool amy-
existent entre l'alcool amylique de fermentation, lique avec formation d'acide amylsulfurique
celui que M. Friedel a dérivé du méthyle-buty-
ryle et nommé isoamylique, et l'alcool pseudo- C *H1 . H.SO ;
amylique , qu'on obtient avec l'amylène. Celui-
ci toutefois est un exemple d'isomérie moins sous l'influence de la chaleur, il donne des car-
prochaine, l'amylène semblant dans ce corps avoir bures (voyez AMYLENE) . En même temps l'alcool
conservé en partie son individualité. est en partie oxydé, il se forme de l'aldébyde et
Quant aux alcools amyliques actifs ou inactifs de l'acide valérique, de l'acide sulfureux se dé-
par rapport à la lumière polarisée, ce sont là des gage, et il reste une masse noire et poisseuse.
isomères physiques, qui ne diffèrent chimique- Avec les acides phosphorique , oxalique, tar-
ment en aucune manière. La fonction de l'alcool trique, citrique, il y a formation d'acide amyl-
amylique est celle d'un alcool monoatomique de phosphorique C5 H11 , H2. PO , amyl-oxalique, etc.
la série grasse. Voyez ALCOOL. Distillé avec l'anhydride phosphorique, l'alcool
Préparation. - On distille l'esprit de pommes amylique donne l'amylène et ses polymères.
de terre et l'on recueille les dernières portions Le chlorure phosphoreux, PC13, convertit l'hy-
dès qu'elles passent laiteuses . On agite le produit drate d'amyle en phosphite mono- et diamylique
avec de l'eau pour dissoudre l'alcool ordinaire, on en chlorure d'amyle et en acide chlorhydrique.
décante l'huile surnageante, on la dessèche sur Le chlorure phosphorique, PC15, donne, outre
le chlorure de calcium et on la soumet à une se- ces deux derniers produits, de l'oxychlorure de
conde rectification ; il passe de l'alcool butylique phosphore PCI³ O, et, lorsque l'alcool est en excès,
(108-110°), de l'alcool amylique (128-132°) et au- de l'acide diamyl-phosphorique (C5H11 )² H. PO¹ et
dessus des alcools supérieurs et des éthers amy- de l'eau.
liques. Le chlore attaque vivement l'alcool amylique,
L'alcool isoamylique s'obtient en traitant par le surtout au commencement de la réaction. Il se
sodium le méthyle-butyryle surnageant une cou- forme du chlorure d'amyle et de l'acide chlorhy-
che d'eau (Friedel) . Voyez MÉTHYLE-BUTYRYLE. drique, des corps qui présentent à peu près la
Propriétés. L'alcool amylique est un liquide composition exprimée par les formules
incolore, d'une odeur forte qui provoque un ser-
rement de poitrine. Il cristallise à - 20° et bout C5 H9 CIO et CH8 C12O,
à 132°; soluble dans l'alcool et l'éther, il n'est puis des dérivés chlorés du chlorure d'amyle, far
pas miscible à l'eau. Sa densité à 15º est de 0,8184. exemple
Il possède le pouvoir rotatoire et dévie à gauche C5H7 C15.
le plan de polarisation (Biot) ; les échantillons
possèdent des pouvoirs rotatoires très- différents, Le corps C5 H8 C12O traité par la potasse n'a pas
parce qu'ils constituent des mélanges en propor- donné d'acide angélique, mais de l'acide valérique
tions variables d'alcool actif et d'alcool inactif [Barth, Ann . der Chem . u. Pharm. , t. CXIX, p . 216].
(Pasteur). Ce dernier donne un amylsulfate de Le composé C5 H7C15 décomposé par la chaux
baryte, près de trois fois moins soluble que le sel donne l'amylène tétrachloré CH6C14, bouillant
correspondant fourni par l'alcool actif, et son vers 200°. Densité de vapeur, 7,12 , et par rapport
point d'ébullition est de 2º supérieur à celui de à l'hydrogène , 102,8 ( 1/2 C5 H6 Cl = 10 % )
cet alcool. Le chlorure de chaux donne, outre le chloro-
Densité de vapeur, 3,147 (Dumas), et par rapport forme, un liquide bouillant à 70°, dont la densité
à l'hydrogène, 45,4 (1/2 C5 H12O = 44). à zéro est de 0,88 et qui présente la composition
AMYLIQUES . - 241 -- AMYLIQUES .
du chlorure de butyle [ Gerhardt, Ann. de Chem. MM. Pelouze et Cahours par l'action du chlore sur
u. Pharm ., t. CXII, p. 363]. l'hydrure d'amyle.
L'acide chlorhydrique se dissout dans l'alcool Préparation. On dirige dans de l'alcool amy-
amyl que et donne à la distillation du chlorure lique, maintenu à 110° dans une cornue, un cou-
d'amyle. En distillant l'hydrate d'amyle avec du rant rapide de gaz chlorhydrique ; il distille un
phosphore et du brome ou de l'iode, on obtient le liquide qui est introduit de nouveau dans la cornue
bromure et l'iodure d'amyle . — Avec du fluorure quand celle-ci est presque vide, et soumis au même
de bore ou de silicium on ne recueille que l'amy- traitement. On lave le produit à l'acide chlorhy-
lène et ses polymères. drique concentré (pour dissoudre l'excès d'alcool) ,
Le chlorure de cyanogène liquide CAzCl donne puis à l'eau ; on le sèche au chlorure de calcium
une uréthane amylique analogue à l'uréthane or- et on le rectifie (Guthrie).
diuaire (carbamate d'éthyle) : Propriétés. Le chlorure d'amyle est un li-
CH11 . HOCAz Cl + H2O quide incolore, neutre, d'une odeur aromatique ,
insoluble dans l'eau, bouillant à 101-102° Densité
= C5H11 00 + HCl. à zéro, 0,8859. Densité de vapeur : 3,77-3,84 , ou
Az H2CO par rapport à l'hydrogène, 54,4 - 55,4 :
Carbamate d'amyle.
L'oxychlorure de carbone CO Cl2 convertit l'al- (1/2 CH11 Cl = 53,25).
cool amylique en chloro-formiate d'amyle Il brûle avec une flamme bordée de vert. Le chlore
CCIO le transforme en produits de substitution, parmi
C$ 110, lesquels M. Bauer a isolé le corps C5 H8 Cl , liquide
incolore, soluble dans l'alcool et l'éther, insoluble
liquide qui donne par l'addition de l'eau le carbo- dans l'eau, bouillant vers 240°, avec décompo-
nate d'amyle sition partielle , et donnant , par l'action de la
CO potasse alcoolique, de l'amylène trichloré, bouil-
2 (C³ H11) 02. lant vers 200° [ Compt.rend. , t. LI, p. 572 ]. Sous
Le bisulfure de carbone CS2 (anhydride sulfo- l'influence du soleil de l'été, un courant de chlore
carbonique) transforme une solution de potasse prolongé donne du chlorure d'amyle octochloré
dans l'alcool amylique en sel de l'acide amyl- C5 H3 C19 (Cahours). Dirigé en vapeur sur de la
potasse en fusion, il perd HCI et se transforme
sulfocarbon que en amylène. En vase clos et au bain-marie, la po-
CS so.
C5H11H tasse alcoolique donne l'éther mixte éthylamylique
Le sulfure phosphorique P2S5 donne du sulfo- (C² H. CH11.O) , la dissolution alcoolique de sul-
fure de potassium , (K2S), donne du sulfure d'amyle
phosphate triamylique ( C5 H11)3 PS4 insoluble dans ((C5H11 )2S) , et celle de sulfhydrate de potassium,
l'ean, et de l'acide diamyldisulfophosphorique, (KHS ), du mercaptan amylique ou sulfhydrate
(C5H11,2H. PO2S2, d'amyle (C5H11.H.S).
BROMURE D'AMYLE ( éther amylbromhydrique),
soluble dans ce liquide. C5 H11Br. On le prépare avec l'alcool amylique,
Le potassium et le sodium se dissolvent avec le brome et le phosphore (Cahours) . Pour cela
dégagement d'hydrogène et formation d'amylates on ajoute une petite portion de brome à l'al-
CS H11 OK; C5H11 ONa. cool et l'on fait digérer le mélange avec du phos-
L'oxalate ou l'iodure d'éthyle, à chaud, font en phore jusqu'à décoloration on décante, on ajoute
partie la double décomposition ; de l'alcool éthy- au liquide une nouvelle portion de brome et
lique est mis en liberté et de l'iodure ou de l'oxa- on le remet au contact du phosphore, et ainsi
late d'amyle prennent naissance. de suite. Le produit de la réaction est lavé à
L'alcool amylique donne des composés cristal- l'eau alcaline , séché et distillé. Liquide in-
lisés et décomposables par l'eau avec les chlorures colore , volatil , d'une saveur âcre , d'une odeur
calcique et stannique. alliacée et piquante ; il n'est pas altéré par la lu-
Usages. L'alcool amylique est employé in- mière, se dissout dans l'alcool , mais non dans
dustriellement pour la fabrication des iodure , l'eau. La potasse alcoolique le décompose à chaud.
chlorure, etc., d'amyle, qui servent à la préparation D. à 15º,7:= 1,2059.
de certaines matières colorantes (voyez CYANINE, IODURE D'AMYLE ( ether amyliodhydrique ),
QUINOLEINE) , ainsi que pour celle de l'acétate et CSH11I.
du valérate d'amyle qui constituent , à l'état de -- On distille un mélange de 15 p. d'huile de
solution alcoolique, les essences dites essence de pommes de terre, de 8 p. d'iode, et de 1 p. de
poire et essence de pomme (pear and apple oils). phosphore. La réaction commence à une douce
L'huile de pommes de terre sert aussi à l'ex- chaleur. On lave le produit à l'eau , on le sèche et
traction de la paraffine. Les goudrons qui en on le distille . L'iodure d'amyle est doué d'une
contiennent une notable proportion sont dissous odeur éthérée, il est insoluble dans l'eau et se
dans l'alcool amylique ; on ajoute de l'acide sul- décompose en partie sous l'action de la lumière.
furique, et l'acide sulfamylique formé ne dissol- D. à 15º,7 1,5087 (Socoleff); à 11 °,5 - 1,511
vant pas la paraffine, celle-ci vient nager à la ( Cahours ). Il donne des éthers amyliques
surface (Robart). G. S.
AMYLIQUES (COMBINAISONS ). - On peut par son contact avec les sels d'argent ( Wurtz ) .
ir s l'existen ce du Chauffé à 260° avec l'amalgame de zinc, il donne
concevo dans tous ces composé C5H11 Zn
groupe amyle C5H11 fonctionnant comme radical de l'iodure et de l'amyliodure de zinc }
monoatomique et s'unissant aux corps simples en même temps qu'un mélange d'hydrure d'amyle,
et aux radicaux composés. d'amylène et d'amyle libre (diamyle) . Le potas-
sium donne les mêmes carbures.
AMYLE ET CORPS SIMPLES . OXYDE D'AMYLE (éther amylique, amylate d'a-
CHLORURE D'AMYLE (éther amylchlorhydrique), myle), (C5 H11 )2O. Un des produits de la distilla-
CH11 Cl. Il a été obtenu par M. Balard en chauffant tion de l'alcool amylique avec l'acide sulfurique
(Gauthier de Claubry, Balard) . Obtenu par
l'alcool amylique avec de l'acide chlorhydrique M. Williamson par l'action de l'iodure d'amyle
concentré et en cohobant plusieurs fois , et par sur l'amylate de soude :
M. Cahours en distillant l'alcool avec son poids de
chlorure phosphorique. Il se produit aussi selon CH11.Na.O CH11 I - = C5 H11.C5 H11.O + NaI ;
1- 16
AMYLIQUES. 242 - AMYLIQUES .
et par M. Wurtz (avec une certaine quantité d'amy- Le mercaptan amy lique est un liquide incolore.
lène) par l'action de l'oxyde d'argent sur l'iodure d'une odeur insupportable , soluble dans l'alcool
d'amyle, 2 C5 H¹¹I + Ag2O = 2 AgI + (CH11 ) 0. et l'éther, insoluble dans l'eau. D. à zéro = 0,845,
Liquide incolore , d'une odeur suave, insoluble Point d'ébullition , 120º environ . Densité de va-
dans l'eau, bouillant à 176° (Williamson). peur, 3,631 , et par rapport à l'hydrogène, 52,4 :
OXYDE MIXTE BUTYLAMYLIQUE, C5 H11.C H9.0. -
Voyez BUTYLIQUE. (1/2 C5 H¹²S = 52).
OXYDE MIXTE ETHYLAMYLIQUE, CH11.C2H5.0. - TELLURURE D'AMYLE (telluramyle), (C³ H¹¹ .) 2 Te.
Préparé par Williamson à l'aide des éthers iodhy- S'obtient par la distillation de l'amylsulfate de
driques et de l'éthylate ou de l'amylate potassi- chaux et du tellurure de potassium . Liquide rou-
que : bout à 112º [ Chem . Soc . , t . IV, p . 103, 234] . geâtre , d'une odeur forte et désagréable, bouillant
Densité de vapeur, 4,042, et par rapport à l'hy- vers 198° avec décomposition partielle et dépôt de
drogène, 58,4 (1/2 C6 H 14 O = 58) . Il se forme aussi tellure en petits cristaux brillants.
par l'action d'une solution alcoolique de potasse Les propriétés de ce corps le rapprochent des
sur le chlorure d'amyle ( Balard ), ou l'iodure composés organométalliques . Il s'oxyde à l'air en
d'amyle (Guthrie) . --— Liquide , incolore, plus léger formant une base, se combine à chaud avec l'acide
que l'eau, d'une odeur agréable rappelant celle de nitrique étendu et donne un nitrate sous forme
la sauge.
OXYDE MIXTE MÉTHYLAMYLIQUE, C5H11 , CH3.O . - d'une huile lourde, un peu soluble dans l'eau
bouillante et susceptible de cristalliser en tables
Préparé par Williamson comme le précédent : rhombes. Les hydracides transforment ce dernier
bout à 92°. Densité de vapeur, 3,74 , et par rap- corps en iodure, bromure, chlorure de tellur-
port à l'hydrogène, 54 ( 1/2 C8H10 = 51). amyle. Le chlorure, qui est un liquide huileux,
SULFURE D'AMYLE , ( C5H11) 2S. Huile d'une
traité par l'oxyde d'argent humide, donne une
odeur et d'un arrière-goût d'oignon , qui se pro- substance du même aspect, soluble dans l'eau, et
duit en chauffant en vase clos du sulfure de po- si fortement alcaline qu'elle chasse l'ammoniaque
tassium alcoolique avec du chlorure d'amyle de son chlorhydrate : c'est l'oxyde de telluramyle.
(Cat ours), ou en dist llant des poids équivalents On explique ces réactions intéressantes par la
d'amylsulfate et de sulfure de potassium (Balard). tendance que possède le tellure à fonctionner
Point d'ébullition , 216°. Densité de vapeur, 6,3, et comme tétratomique et la qualité relativement
par rapport à l'hydrogène, 99,97 : électro positive de ce métalloide. Le tellure fonc-
(1/2 C10H22 S 87 ). tionnant comme tétratomique , le telluramyle
Obtenu par Te' (C5 H11)' (C5H11) doit être diatomique : c'est
Bisulfure d'amYLE, (C5 H11 )2S2. ce que l'expériencé a vérifié , car le clilorure de
O. Henry fils, en distillant volumes égaux d'amyl- telluramyle a pour formule :
sulfate de potassium sec et de solution très-con-
centrée de bisulfure de potassium [ Ann . de Chim . Te (C5H112 C12.
et de Phys. , (3), t. XXV, p . 247] . On rectifie sur
le chlorure de calcium ; il passe du monosulfure [Wohler et Dean, Ann . der Chem. u. Pharm.,
et, vers 240-260º , du bisulfure d'amyle . Liquide t. XCVII, p. 1.}
ambré, d'une odeur alliacée . D. à 18° - 0,918. AZOTURES D'AMYLE. 1 ° AMYLAMINE (amyliaque),
L'acide nitrique étendu du tiers de son poids d'eau C5 113 Az = C5[H2 11 Az.
se convertit, à l'ébullition, en acide amylsulfureux.
SULFURE MIXTE d'amyle et d'éthyle , - Ce dérivé monoamylé de l'ammoniaque se pré-
C5H11.C2H5.S. pare par l'action de la potasse sur le cyanate ou le
On chauffe à 150° une molécule de disulfophos- cyanurate d'amyle et sur l'amylurée [Wurtz , Ann.
phate d'éthyle avec deux molécules d'alcool amy- de Chim. et de Phys., (3), t. XXX, p. 447] :
lique pur, jusqu'à ce que la masse vitreuse qui se C5H11 . OCAZ + 2 KHO
dépose n'augmente plus. Le liquide passe à la Cyanate d'amyle.
distillation entre 120° et 140° . On le dissout dans C5H11 , H2. Az + CO . (OK)² ;
l'alcool et on le précipite par l'eau : c'est du sul- Carbonate
fure amyléthylique, bouillant à 1320-1330,5 sous de potasse.
la pression 0,758. Densité de vapeur, 4,4954 , et C5 H11, H3. CO. Az² + 2 KHO
par rapport à l'hydrogène, 64,9 ( 1/2 C7 H16S = 66)
Carius, Ann . der Chem. u. Pharm ., t. CXIX, Amylurée.
(1861 ) ]. = C5 H¹¹ . H². Az + CO . (OK )² + Az H³.
SULFURE MIXTE D'AMYLE ET D'HYDROGÈNE (Sulfhy- Il se forme, en outre, dans la première de ces
drate d'amyle, mercaptan amylique), C5 H¹¹.H.S . réactions, de la diamylamine et de la triamyla-
On se procure ce composé par un procédé ana- mine Silva, Compt. rend. de l'Acad. , t. LXIV,
logue aux précédents, en chauffant le sulfhydrate p. 299].
de potassium , préparé en saturant la potasse L'amylamine se forme en petites quantités par
d'hydrogène sulfuré, avec l'amylsulfate ou le ch'o- l'action de l'iodure d'amyle sur l'ammoniaque.
rure d'amyle (Balard) [Kreutzch , Journ . für. prakt. Elle se produit aussi, en chauffant à 250° en vase
Chem ., t. XXXI, p. 1]. C'est de l'acide sulfhydri- clos, de l'amylsulfate de chaux avec une solution
que mono-amylé ou bien de l'alcool amylique où alcoolique d'ammoniaque [ Berthelot, Compt. rend.,
O est remplacé par S. Il se décompose spontané- t. XXXVI, p. 1098] :
ment par une longue exposition à l'air et donne
probablement du sulfure d'amyle et de l'hydro- Ca (C5H11)2 (SO2 + 2 H³ Az
gène sulfuré la potasse bouillante cependant ne - CaSO (CH¹¹ . H³ . Az) 2S O ' ,
le décompose pas . Il se combine avec dégagement Sulfate d'amylamine.
de chaleur aux oxydes d'argent et de mercure ou encore par la distillation de la leucine ou
pour former des amylsulfures C5H11.R'.S . Le sel d'une solution de corne dans la potasse, la leucine
de mercure, qui est un peu soluble dans l'alcool et se formant et se détruisant dans la réaction
l'éther à chaud , cristallise en écailles transpa- [Schwanert, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CII ,
rentes qui fondent un peu au-dessus de 100°. p. 221 ] :
Les sels de plomb et de cuivre s'obtiennent avec
l'acé ate de plomb et le sulfate de cuivre sous (CO. C5 H¹¹ O ' H² Az C5H11, H2Az + CO²,
forme de coagulum . Leucine.
AMYLIQUES . - 243 AMYLIQUES .
ou bien enfin par la distillation de la laine avec procédé de préparation, on obtient un corps doué
la potasse (Gr. Williams). de propriétés toutes semblables , bouillant vers
On obtient l'amylamine à l'état de pureté, en 257° et constituant la triamylamine. On obtient
décomposant le chlorhydrate par la chaux et rec- aussi cet alcali par l'ébullition de l'hydrate de
tifiant le produit distillé sur de la potasse causti- tétramyl-ammonium. Si l'on distille l'hydrate de
que. C'est un liquide mobile, incolore, d'une den- méthyl-diéthyl-amylammonium, on recueille de la
sité de 0,7503 à 18°, bouillant à 94-95°, brûlant methyl-ethyl-amylamine, C³ H¹¹ . C² H5.CH³ . Az,
avec une flamme éclairante et livide, soluble dans huile incolore , d'une odeur agréable, un peu so-
l'eau en toutes proportions et d'une causticité ex- luble dans l'eau, bouillant à 135° ; si l'on soumet
trême. Il attire l'acide carbonique de l'air, précipite à cette opération de l'hydrate de triéthyl-amylam-
les sels de magnésie, de zinc, de fer, de chrome, etc., monium, on obtient de la diéthyl-amylamine :
précipite également les sels aluminiques et cui- C5H11 . C2H5. C²H³ . Az ,
vriques , mais redissout le précipité ; il donne
avec le chlorure platinique des paillettes jaune- huile incolore, plus légère que l'eau, d'une odeur
paille solubles dans l'eau. Il réagit sur le brome et particulière qui n'est pas désagréable et fort peu
donne du bromhydrate en même temps que des soluble dans l'eau. Point d'ébullition , 154°.
gouttelettes insolubles d'amylamine bromée, il s'é- 4º TÉTRAMYLAMMONIUM . On ne connaît que
chauffe avec l'oxalate d'éthyle et fournit un corps les sels de ce radical, qui n'a pu être isolé au
cristallisé, sans doute de la diamyloxamide. même titre que l'ammonium.
Chlorhydrate d'amylamine, C5 H11, H³. Az , Cl.- L'iodure (CH11 ) Az I se prépare en maintenant
On prend le produit de la distillation du cyanate à l'ébullition pendant 3 à 4 jours de la triamy-
de potasse avec l'amylsulfate de potasse et on le lamine avec de l'iodure d'amyle ; il cristallise
distille à siccité avec de la potasse concentrée. Le par le refroidissement en lames peu solubles dans
cyanate et le cyanurate donnés par la première l'eau et fort amères. On l'obtient encore, mais la
opération fournissent de l'amylamine, qu'on re- réaction est excessivement lente, en chauffant en
çoit dans de l'acide chlorhydrique étendu . Le chlor- vase clos l'ammoniaque concentrée avec un excès
hydrate est assez soluble dans l'eau, il cristallise d'iodure d'amyle.
en écailles incolores, grasses au toucher et donne Lorsqu'on fait bouillir l'iodure de tétramyl-
avec le chlorure de platine un chloroplatinate en ammonium avec de l'oxyde d'argent, on obtient
paillettes d'un jaune d'or : elles sont assez solu- une liqueur amère qui se sépare en deux couches
bles dans l'eau ; aussi est-il bon d'ajouter de l'al- lorsqu'on ajoute une lessive de potasse. La cou-
cool. che inférieure, qui est susceptible de cristalliser,
Le bromhydrate, C5 H11 H3 Az, Br, est un sel so- constitue une combinaison d'hydrate de tétramyl-
luble non déliquescent, peu soluble dans d'éther ; ammonium et d'eau ; par l'évaporation elle donne
le carbonate forme des croûtes solides lorsqu'on une masse visqueuse transparente fort déliques-
abandonne la base au contact de l'air ; l'amyl- cente d'hydrate de tétramylammonium.
sulfocarbamate forme des cristaux brillants qui Ce corps se décompose facilement par la chaleur
se déposent lorsqu'on mélange 2 molécules d'amy- en triamylamine, amylène et eau :
lamine avec 1 molécule de sulfure de carbone
CS2 (anhydride sulfocarbonique) : (C³ H¹¹) + AZ
H | 0 = (C³ H11 )³ Az + C³ H¹0 + H³O .
Az. H. C5 H11.CS ) S.
2 C5 H11 , H2. Az + CS.S = Az. H³. C5 H11 Les sels sont généralement bien cristallisés : le
sulfate en longs filaments, le nitrate en aiguilles,
Il se décompose lorsqu'on le chauffe quelque l'oxalate en belles lames fort déliquescentes, le
temps à 100° et dégage de l'hydrogène sulfuré. chlorure en lames groupées comme des feuilles de
L'acide chlorhydrique met en liberté l'acide amyl- palmier, le chloroplatinate en belles aiguilles
sulfocarbamique : orangées qui se séparent peu à peu du précipité
Az. H. C5 H11, CS S jaune et caillebotté obtenu par le chlorure de
H platine.
sous forme d'une huile soluble dans l'éther et les Triethyl amylammonium. - L'iodure
alcalis [Hofmann, Chem. Soc. qu . Journ., t. XIII, (C2H3)3 C5 H11. Az I
p. 60]. s'obtient en chauffant en vase clos au bain-marie
20 DIAMYLAMINE , pendant quelques jours de l'iodure d'amyle avec
de la triéthylamine ; il forme de beaux cristaux ,
(C³ H11) Az . amers, gras au toucher, fort solubles dans l'eau et
- S'obtient rapidement en chauffant à 100° en l'alcool, insolubles dans l'éther. Les alcalis sépa-
rent l'iodure de ses solutions sous forme d'une
va-e clos l'amylamine avec du bromure d'amyle : huile qui cristallise promptement. Ce sel donne
le bromhydrate de diamylamine formé cristallise avec l'oxyde d'argent de l'hydrate de triethyl-amyl-
Hofmann, Ann. der Chem . u. Pharm. , t. LXXIX , ammonium, masse sirupeuse que la chaleur dé-
p. 20] . On chauffe ce sel avec de la potasse caus- compose en diéthyl-amylamine, éthylène et eau :
tique, et le produit de la distillation, qui est un 1
liquide très-volatil, très-inflammable, d'une odeur
aromatique peu désagréable, d'une saveur âcre, (C² H³, 3. C³ H¹¹. AZ
H 0
assez peu soluble dans l'eau, mais lui communi- = (C2H5)2. C5 H11 . Az + C2H4 + H2O.
quant cependant une réaction alcaline, constitue
la diamylamine. Le chlorure, le nitrate et surtout le chloropla-
On l'obtient encore en rectifiant les parties les tinate de triethyl -amylammonium sont bien cris-
moins volatiles du produit de la réaction de la tallisés .
potasse sur le cyanate d'amyle (Silva). L'oxalate et le sulfate sont gommeux.
Point d'ébullition , 170° environ. Les sels de Méthyl-diethyl-amylammonium. - La diéthyl-
diamylamine sont peu solubles dans l'eau froide et amylamine, qui se produit dans la réaction que
assez solubles dans l'eau chaude, qui les laisse dé- nous venons de formuler, réagit énergiquement
poser sous forme de cristaux par le refroidisse- sur l'iodure de méthyle . Si l'on opère le mélange
ment. graduellement dans un appareil surmonté d'un
30 TRIAMYLAMINE , ( C5H11 ) 3 Az.- En traitant la réfrigérant ascendant, on obtient par le refroidis-
diamylamine par le bromure d'amyle, ou en re- sement une belle masse cristalline incolore d'io-
cueillant ce qui passe après elle dans le second durede méthyl-diethyl-amylammonium . L'hydrate
AMYLIQUES . 244 AMYLIQUES.
et les sels de ce radical se forment par le procédé Le bistannamyle ( stannomonamyle C5H11 Sn)
ordinaire ; les chlorure, nitrate, sulfate, chloro- donne un oxyde (C5H11 Sn) 20, et un chlorure
platinate sont des sels cristallisables. L'hydrate C5H11 Sn . Cl sous forme de masses analogues à la
est soluble dans l'eau , fortement alcalin et donne térébenthine et parfaitement transparentes.
à la distillation de la méthyl-éthyl-amylamine : Le méthylène stannamyle semble appartenir à
CH3 . (C2H5) . C5 H¹¹ . Az la série éthylique de l'étain. [ (C5H11 ) Sn² ] " est,
H10 en effet, analogue à (HC )" ; ce serait donc plu-
tot l'éthylène stannamyle."
== C H³ . C² H³. C³ H¹¹. Az + C² H + H2O. Son chlorure (C5H11) Sn² Cl2 cristallise en pris-
PHOSPHURES D'AMYLE. - TRIAMYLPHOSPHINE mes définis, fusibles à 70° ; son sulfate

(C5H11)3P, (C³ H11 ) Sn². SO'


obtenue par MM. Calours et Hofmann , par l'action est incristallisable.
du chlorure phosphoreux en vapeur PC13 sur le Le meth-stannamyle ne donne pas de dérivés
zinc-amyle [Compt. rend. , t. XLI , p. 831 ] . Traitée cristallisables.
par les divers iodures des radicaux alcooliques, Le meth stann-biamyle [stannicamyle(C³H11,4Sn]
elle donne les composés suivants : est un liquide incolore et huileux, facilement so-
luble dans l'alcool et l'éther. Son oxyde est une
(C5H11)3 CH3. P.I ; (C5H11)3 C2H5 . P.I ; huile mobile d'une agréable odeur de jasmin . Elle
(C5H11, .P.I ; contient , selon Grimm , [(CH¹¹ )+ Sn ]²O (?) . Le
aisément décomposés par les sels et l'oxyde d'ar- chlorure correspondant est huileux , mais l'iodure
gent.- Voyez PHOSPHINES. cristallise à une basse température et renfermerait
(C5H11 ) SnI. Ces formules ne sont pas admissi-
ANTIMONIURES D'AMYLE -1 ° Triamylstibine ou bles, et comme le dosage ne peut rien apprendre
stibamyle, (C5 H11)3 Sb. Radical diatomique. dans ce cas sur le nombre d'atomes d'hydrogène,
2º Stibdiamyles, [ (C5 H11) 2Sb]2 . Radical analogue il est possible que ces corps soient des sortes
au cacodyle [(CH3) 2 As ]2. - Voyez STIBINES. d'éthers stannés.
ARSENIURES D'AMYLE. Voyez ARSINES .
STANNURES D'AMYLE [Grimm , Journ. für prakt. MERCURAMYLE, (C5 H11 )2 Hg ( Franklandet Deppa,
Chem ., t. LXII , p. 385]. On a décrit un grand Journ. ofthe Chem. Soc. , t. II, p . 415 ] .— On ob-
tient ce composé en agitant dans un vase refroidi
nombre de composés amyliques de l'étain. Ces de l'amalgame de sodium contenant 1 p. de so-
corps ne sont pas tous bien définis et il s'en faut
de beaucoup que leur étude, d'ailleurs fort inté- dium pour 500 de mercure, avec de l'iodure d'amyle
ressante, présente le même degré de netteté que additionné d'un cinquième de son poids d'éther
celle des stannéthyles. En traitant dans un ballon acétique. On sépare l'éther acétique par une dis-
tillation au bain-marie, et l'on dirige un courant
l'alliage d'étain et de sodium par l'iodure d'amyle, de vapeur d'eau dans la cornue jusqu'à ce que la
une réaction énergique se manifeste à une tem- moitié du liquide ait distillé. Ce qui reste est du
pérature peu élevée , et l'excès d'iodure d'amyle mercuramyle qu'on purifie par lavage à l'eau et
distille. Lorsqu'elle est achevée, on bouche le dessiccation sur le chlorure de calcium .
vase et on le laisse refroidir. On réunit le pro- C'est un liquide mobile et transparent, d'une
duit de plusieurs opérations et on épuise la masse densité de 1,6663 à zéro, présentant une faible
pulvérulente etjaune par l'éther jusqu'à ce qu'elle oder amylique, mais avec un arrière-goût persis-
ne lui cède plus rien. La solution éthérée con- tant commun à tous les composés organo - mer-
tient, suivant Grimm, les radicaux suivants dont curiels. On ne peut le distiller même dans le vide
nous indiquons la formule : sans le décomposer partiellement, mais il passe
En équivalents. En atomes. sans altération avec les vapeurs d'eau. Insoluble
Stannamyle C10 H11. Sn [(C5H11)2 Sn]". dans l'eau, peu soluble dans l'alcool, facilement
Bistannamyle . .... C10 H11 . Sn (CH¹¹) Sn]'. soluble dans l'éther. Il ne s'oxyde pas l'air,
Méthylène stanna- mais il forme, lorsqu'on le projette dans le chlore,
myle...... (C10 H11)2 Sn2 [ (C5H11) Sn²]" . des fumées de mercure-chloramyle C5 H. Cl.Hg.
Meth-stannamyle ... (C10 H11 )3Sn2 (C5 H11) Sn]' . Avec l'iode et le brome, la réaction est très-vio-
Meth-stann - biamyle ( C10H11) Sn2 (C5 H¹¹)+ Sn] . lente.
Le mercure-chloramyle C5 H. Cl. Hg se pro-
A l'état libre, ce sont des corps onctueux, in- duit en traitant le mercuramyle par un excès de
distillables, insolubles dans l'eau, fort solubles solution alcoolique de chlorure mercurique. Il se
dans l'alcool et d'autant plus qu'ils contiennent présente en fines aiguilles sublimables sans dé-
moins d'étain. Ils s'oxydent par l'évaporation de composition, fusibles à 86° en une huile incolore.
leur solution alcoolique et fort énergiquement Il est insoluble dans l'eau , mais très-franche-
par l'action de l'acide nitrique. Ils se combinent ment soluble dans l'alcool chaud et l'éther ; on
au brome et à l'iode. Les oxydes de tous les stan- le purifie d'un excès de sublimé corrosif qu'il re-
nures d'amyle donnent des sels dont ils sont tient avec opiniâtreté en le dissolvant dans l'al-
séparées par l'ammoniaque ; leurs solutions ont cool et en le précipitant par l'eau. On doit répéter
une réaction fortement alcaline. l'opération plusieurs fois.
La séparation de ces différents corps se fonde Le mercure-iodamyle CH¹¹.I.Hg est un corps
sur des différences de solubilité de leurs oxydes semblable au précédent qu'on prépare en ajoutant
ou de leurs sels ; elle est pénible et donne des à une solution éthérée de mercuramyle , d'abord
résultats imparfaits. une solution alcoolique d'iode, puis de l'iode so-
Le stannamyle [stannosamyle (C5H11,2 Sn ] donne lide. La liqueur se prend presque en masse, et il
un oxyde (C5H11)2Sn O sous forme d'une poudre se forme en même temps que le mercure- iodamyle
blanche presque insoluble dans l'éther. Le chlo- de l'iodure d'amyle :
rure (C5H11)2 Sn Cl2 est une huile qui cristallise
dans la glace ; il possède une faible odeur cam- (C5H11) Hg + 1º = C5 H¹¹, I. Hg + C³H¹¹.I.
phrée et brûle avec une flamme brillante bordée
de vert. Soluble dans l'alcool et l'éther. On lave les cristaux à l'alcool faible, on les com-
Le sulfate ( CH112 Sn . SO est une poudre prime dans du papier buvard, puis on les redis-
amorphe et blanche, insoluble daus l'eau et dans sout dans l'alcool chaud, et on voit se déposer de
l'éther, peu soluble dans l'alcool . petites écailles perlées, peu solubles dans l'alcool,
AMYLIQUES . 245 - AMYLIQUES .
mais très-solubles dans l'éther et un peu solubles fate de baryte insoluble et le sulfamylate de
dans l'eau bouillante. Les cristaux sont plus vo- baryte reste dans les liqueurs où il peut cris-
lumineux si l'on ajoute à la solution alcoolique talliser par concentration : ce sont de belles
et chaude un peu de potasse alcoolique : ils fon- tables rhomboidales renfermant de l'eau de cris-
dent à 122° sans se décomposer, mais à 140º il tallisation :
commence à se former de l'iodure de mercure. On (C5 H11) Ba" (SO4)2 + 2H2O,
peut les sublimer sans altération dans un courant
d'air. solubles dans l'eau et dans l'alcool, à peine so-
La potasse alcoolique n'attaque que partielle- lubles dans l'éther, s'effleurissant à l'air chaud
ment le mercure-iodamyle. Le zinc à 130° donne et se décomposant déjà vers 95° en noircissant.
du zincamyle et de l'amalgame de zinc. La dissolution maintenue longtemps en ébullition
ZINCAMYLE , (C5H11 )2 Zn [Frankland et Duppa, donne du sulfate de baryte et de l'alcool amy-
Journ. ofthe Chem . Soc. , t. II, p. 29] . — Le mer- lique ; traitée par l'acide sulfurique, elle préci-
curamyle permet de préparer facilement le zinc- pite, et la liqueur contient de l'acide amylsulfu-
amyle. Il suffit de le chauffer pendant 36 heures rique qui, concentré, se présente sous forme de
à 130° dans des tubes avec de la poudre de zinc sirop incolore , très-soluble et très-acide, dissol-
et de distiller. Il passe d'abord un peu d'amylène vant le fer, le zinc et les carbonates avec efferves-
et d'hydrure d'amyle vers 50° ; tout le reste passe cence. Il se décompose à l'ébullition et même
entre 220º et 222º ; c'est le zincamyle pur. Liquide dans le vide en acide sulfurique et en alcool
incolore, mobile, d'une odeur amylique, d'une amylique. Les sels de l'acide amylsulfurique étant
densité de 1,022 à zéro . Il commence à se décom- tous solubles dans l'eau, celui-ci ne donne de
poser à 240°, s'enflamme dans l'oxygène, mais précipité dans aucune solution ; on les obtient
non pas dans l'air ; l'oxydation lente le trans- avec les oxydes ou les carbonates métalliques,
forme en amylamylate C5H11 . C³ H11 O. Zn , puis ou en décomposant l'amylsulfate de chaux par
en amylate de zinc (C5H11 O)2Zn . un carbonate ou celui de baryte par un sulfate.
Ils se décomposent facilement en sulfate et en
AMYLE ET RADICAUX COMPOSÉS . alcool (lorsqu'ils contiennent de l'eau) ; à la dis-
tillation sèche , ils laissent un sulfate mêlé de
ACIDE AMYLSULFUREUX : charbon pendant qu'il distille de l'amylène, des
polymères, etc. , et qu'il se dégage du gaz carbo-
C5H11, H nique et du gaz sulfureux [Kekulé, Ann . der
0: = CH11. H.SO³.
(SO)" Chem. u. Pharm. , t. LXXV, p. 275] .
-Ce corps, qui représente l'acide sulfureux nor- Les amylsulfates de potasse et de soude per-
mal dent leur eau de cristallisation à une température
H2SO3 = SO2 + H2O très-peu élevée ou dans le vide ; ils se décom-
posent, le premier vers 170° et le second vers
monoamylé , se prépare par l'oxydation du sulf- 145°. L'amylsulfate de chaux forme des cristaux
hydrate d'amyle et même du bisulfure ou du mamelonnés, d'une formule semblable à celle du
sulfocyanure. On chauffe doucement le sulfhy- sel de baryte, insolubles dans l'éther comme les
drate d'amyle avec un excès d'acide nitrique de sels alcalins ; ils s'effleurissent et même se dé-
densité 1,25, puis, lorsque la réaction , qui est composent dans l'air sec. Chauffés à 250° en vase
fort violente, s'apaise, on ajoute une autre partie clos avec de l'ammoniaque alcoolique, ils donnent
de sulfhydrate , et ainsi de suite. La liqueur se du sulfate d'amylamine. Les sels de magnésie, de
sépare en deux couches , l'une huileuse et sans manganèse et de cuivre renferment une quantité
composition constante, l'autre , au -dessous, aqueuse double d'eau de cristallisation.
et contenant l'acide amysulfureux avec un excès AZOTITE D'AMYLE (éther amylnitreux) ,
d'acide nitrique. On décante celle-ci et on l'éva-
pore au bain-marie ; il reste de l'acide amylsul- C5H11
(AZO ) ' O = C³ H¹¹ . Az O?.
fureux sous forme d'un sirop épais et incolore
mélangé d'un peu d'acide sulfurique. Les sels Se produit par l'action de l'acide nitreux sur
C5 H11 . R' . SO³ se préparent avec ce liquide siru- l'hydrate d'amyle et sur l'amylamine, du nitrite
peux, ils se dissolvent dans l'alcool bouillant, ce de potasse sur une solution chaude de chlorhy-
qui permet de les séparer des sulfates. L'amylsul- drate d'amylamine, de l'acide nitrique sur l'alcool
fite de plomb cristallise en feuillets incolores amylique [Balard, Ann. de Chim. et de Phys.,
groupés en rayons et renfermant de l'eau de cris- (3), t. XII , p. 318] . On le prépare en dirigeant
tallisation qu'ils perdent à 120º. Traité par l'hy- les vapeurs nitreuses produites par l'action de
drogène sulfuré, ils donnent l'acide amylsulfureux l'acide nitrique sur l'amidon dans de l'hydrate
à l'état de pureté. Les amylsulfites alcalins et d'amyle chauffé au bain-marie ou en chauffant
terreux sont solubles dans l'eau et cristallisent légèrement dans une grande cornue un mélange
en feuillets ; l'amylsulfite d'argent donne des d'hydrate d'amyle et d'acide azotique ; on inter-
tables rhomboidales magnifiques, à moins que, la rompt le feu aussitôt que la réaction commence à
solution étant trop concentrée , elle ne se prenne s'établir et l'on doit même la maitriser en re-
en une gelée de petits cristaux enchevêtrés froidissant l'appareil. Il passe, dans le récipient
[Gerathewohl, Journ . fur prakt. Chem. , t. XXXIV , de l'alcool inaltéré , du nitrite d'amyle et de
p. 447.-O. Henry fils, Ann. de Chim . et de Phys., l'acide cyanhydrique ; on distille ce produit jusqu'à
(3), t. XXV, p. 246.- Medlock, Ann . der Chem. u. quelques degrés au-dessus de 100°, on traite cette
Pharm., t. LXIX , p. 225 ] . portion par la potasse pour décomposer l'acide
ACIDE AMYLSULFURIQUE ou SULFAMYLIQUE , cyanhydrique, et on rectifie. Le nitrite d'amyle,
C5H11, H 02 = qui bout à 99º, à la pression de 0,756 (Guthrie),
-C5H11, H.SO. et qui n'est décomposé que très-lentement par la
(SO2)" potasse, passe de 96° à 100° ; vers 145º, il passe
Si l'on mêle avec précaution parties égales du nitrate d'amyle. L'azotite d'amyle est un
d'huile de pommes de terre et d'acide sulfurique liquide légèrement coloré en jaune , d'une den-
à 66°, le liquide s'échauffe et se colore en rouge sité de 0,877; sa vapeur est un peu rutilante ; elle
foncé ; on l'abandonne assez longtemps à lui- possède une densité de 4,03, ou par rapport à
même , on l'étend d'eau et on le sature par le l'hydrogène 58,2 ( 1/2 C5 H¹¹ Az O² = 58,5) ; elle dé-
carbonate de baryte [ Cahours , Ann. de Chim. tone à 260°. L'inhalation de ses vapeurs accélère
et de Phys. , t. LXX , p , 81 ] . Il se sépare du sul- considérablement les battements du cœur. La
AMYLIQUES . --- 246 AMYLIQUES .
potasse alcoolique la décompose lentement avec [Wurtz , Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ) , t. XVI,
formation de nitrite de potasse et sans doute p. 227] :
d'oxyde d'éthyle et d'amyle. Lorsqu'on le pro- 2 C5H11.OH + PC13 + H2O
jette sur de la potasse fondue, il prend feu et = C5 H¹¹. H2PO3 + C5 H11 CI + 2 H CI .
donne du valérate de potasse. Chauffé avec de Acide Chlorure
l'eau et du peroxyde de plomb, il donne, selon amylphosphoreux. d'amyle.
Rieckher, de l'alcool amylique, du nitrate et du
nitrite de plomb [Journ. fur prakt. Pharm., On ajoute goutte à goutte un volume de proto-
t. XIV, p. 1]. Avec le zinc et l'acide sulfurique en chlorure de phosphore à un volume d'alcool amy-
présence de l'alcool , il se forme du nitrite d'éthyle lique refroidi avec soin. On ajoute ensuite de
et de l'ammoniaque par deux réactions parallèles l'eau pour décomposer l'excès de protochlorure,
[Guthrie, Chem. Soc. , t . XI , p. 245] . Le potas- et enfin, la réaction terminée, un volume d'eau
sium donne de l'alcool amylique, le chlore pro- égal à celui du liquide ; on agite et on laisse re-
voque des changements de couleur nombreux , la poser. La couche supérieure renferme du phos-
liqueur passant du jaune pâle au rouge, au vert phite d'amyle
olive et enfin au vert pâle. Dans ce dernier cas, 3 CH11.OH + PC13
1 atome de chlore ne s'est substitué à l'hydrogène = (C5H11)2. HPO3 + C5 H11 CI + 2HC) ,
que dans 1 molécule sur 3 de nitrite. En chauffant
au bain-marie, on peut faire entrer par substitu- provenant de la réaction du chlorure phosphoreux
tion 2 atomes de chlore dans chaque molécule. sur l'alcool sec et de l'acide amylphosphoreux
On obtient ainsi, après un courant longtemps formé pendant l'addition de l'eau. On décante
prolongé et une agitation avec le mercure et les cette couche , on la lave à plusieurs reprises à
alcalis, le nitrite de bichloramyle l'eau distillée et enfin au carbonate de soude
étendu. Il y a effervescence et formation d'amyl-
C& H9 C12 ) 0. phosphite de soude. On purifie cette solution en
Az Oj la lavant à l'éther qui retient le phosphite
d'amyle, puis on la précipite par l'acide chlorhy-
Liquide transparent d'une odeur de poire, dé- drique qui met en liberté l'acide amylphospho-
composable par l'eau. D. à 12° - 1,233 . Il bout reux à l'état huileux. Comme cette huile contient
en se décomposant à 90°. encore un peu d'éther et de chlorure de sodium,
Le phosphore se dissout dans l'azotite d'amyle, on la dissout dans l'eau distillée et l'on y ajoute
et, à un certain degré de chaleur , réagit sur cet de l'acide chlorhydrique en excès qui l'en sépare
éther en élevant sa température à 121º. Il se dé- de nouveau. On décante et on abandonne dans le
gage de l'azote, du protoxyde d'azote et un peu de vide. L'acide amylphosphoreux est plus pesant
bioxyde d'azote. Il reste dans la cornue une huile que l'eau, sans odeur, d'une saveur fortement
brune insoluble dans l'eau , qui , purifiée , pré- acide ; la chaleur le décompose en produits in-
sente la formule empirique C10 H28 PAZO , très- flammables et en acide phosphoreux qu'une élé-
rapprochée de celle proposée par M. Wurtz : vation de température décompose à son tour. Les
sels de cet acide sont peu définis et fort instables ;
C5H11 on les obtient avec les oxydes ou les carbonates.
C5H10 Az O PO3 C10 H22 PAz O PHOSPHITE D'AMYLE (éther amylphosphoreux),
H) CSH11
C5H11 O2 = (C5H11)2. H PO3.
dérivée de H3PO3 . Elle se décompose au-dessus (PHO ")
de 170° et peut donner des sels.
AZOTATE D'AMYLE (éther amylnitrique, anc. ni- La couche huileuse qu'on traite par le carbo-
trale d'amylene) , nate de soude, dans la préparation précédente, ne
contient plus , lorsqu'elle est neutralisée par cet
CH11 O agent, que du phosphite d'amyle. On le lave à
CH11. AzO³. l'eau pure et on le chauffe à plusieurs reprises à
(AZO )' )
80-100° dans le vide pour chasser l'eau et le chlo-
On agite dans une cornue spacieuse 30 gram- rure d'amyle. Il reste un liquide incolore, d'une
mes d'acide azotique concentré, 10 grammes odeur faible rappelant celle de l'alcool amylique,
d'acide azotique ordinaire et 10 grammes de ni- d'une saveur piquante et désagréable. D. à 19º,5
trate d'urée ; au bout de dix minutes, on ajoute 0,967. Il bout à une température élevée en se
40 grammes d'alcool amylique et l'on chauffe décomposant partiellement ; fortement chauffé ou
peu à peu. L'on ajoute de l'eau au produit dis- étendu sur du papier, il brûle avec une flamme
tillé , on décante la couche supérieure et on la blanchâtre ; dirigé dans un tube chauffé au rouge ,
distille. Après plusieurs distillations du produit il donne des gaz parmi lesquels on a signalé
qui bout vers 148° , on obtient une huile incolore, l'hydrogène phosphoré. Il s'acidifie à l'air et
d'une odeur rappelant celle des punaises, d'une donne, avec les alcalis bouillants, un phosphite
saveur sucrée et brûlante et d'une densité égale et de l'alcool amylique. L'acide nitrique l'attaque
à 0,994 à 10°. C'est l'azotate d'amyle. Il bout à avec violence, l'odeur d'acide valérique se fait
148° (Hofmann) et à 137° ( Rieckher), mais avec sentir et il distille des gouttelettes jaunàtres. Il
décomposition partielle ; la vapeur surchauffée réduit le nitrate d'argent à l'ébullition . Le chlore
détone. donne dans l'obscurité et à zéro un produit mo-
Soluble dans l'alcool et l'éther, précipitable par nochloré. A la lumière et en chauffant, on obtient,
l'eau, il est décomposé par la potasse alcoolique par l'action du chlore, des produits trichlorés,
en alcool amylique et en nitrate de potasse incolores, instables et perdant de l'acide chlorhy-
[ Rieckher, Journ. für prakt. Pharm . , t . XIV, p. 1 . drique.
A. W. Hofmann , Ann. de Chim . et de Phys . , ACIDE AMYLPHOSPHORIQUE ,
(3), t. XXIII , p. 374). C5H11
ACIDE AMYLPHOSPHOREUX , 112 03 = C5 H11 , H2. PO'.
C5H11. H 0² = (PO)"" )
C5H11 H. H. PO³. Cet acide s'obtient en mêlant des poids égaux
(PHO)"
d'acide phosphorique sirupeux et d'alcool amy-
- Se produit par l'action du chlorure phospho- lique. On laisse en contact pendant un jour dans
reux sur l'alcool amylique en présence de l'eau un endroit chaud, puis on neutralise par le car-
AMYLIQUES . 247 - AMYLIQUES .
bonate de potasse, on évapore au bain-marie et très-probablement du phosphate normal d'amyle
l'on reprend par l'alcool fort. On répète le traite- formé en vertu de l'équation
ment plusieurs fois, puis le sel de potasse ainsi
purifié est précipité par l'acétate de plomb , le CS H11 Ag2 PO + 2C H¹¹ C
sel de plomb décomposé par l'acide sulfhydrique, = 2AgCl + ( C5 H11)3 PO (Guthrie).
et l'acide filtré et évaporé dans le vide. C'est une SULFOPHOSPHAte d'amyle ,
masse incolore, transparente, cristalline, déliques-
cente , soluble dans l'alcool , mais non dans (C5H11)9 | 53 = (C5 H11)3. PS .
l'éther. La solution est fortement acide et décom- (PS ) "
pose les carbonates. Les sels sont tous anhydres
à 100° ; ceux des métaux alcalins sont solubles Liquide épais , jaunâtre, insoluble dans l'eau
dans l'eau ; les autres qui le sont à peine peuvent et plus dense que celle-ci , d'une odeur faible et
désagréable , soluble dans l'alcool absolu et se
se préparer par double décomposition . Formule : décomposant à 100 °, en dégageant du sulfure
CH11 . R'R ' . PO [ Guthrie , Chem. Soc., t . IX , d'amyle ; obtenu par Kovalewsky, en même temps
p. 134]. Lorsqu'on électrolyse le sel de potasse, que l'acide diamyl disulfophosphorique , en trai-
il se dégage au pôle de l'acide carbonique, de tant l'alcool amylique par le sulfure phospho-
l'oxygène et un acide présentant l'odeur de l'acide rique, P2S5 : la réaction est très-vive [ Ann. der
valérique ou butyrique, pendant qu'il se dégage Chem. u. Pharm . , t. CXIX (XLIII)].
de l'hydrogène sans aucune odeur au pôle -. ACIDE DIAMYLDISULFOPHOSPHORIQUE ,
ACIDE DIAMYLPHOSPHORIQUE ,
(C5H11)2 )
(C5H11)2 H SO2.
H 08 = (C5H112 . H. PO*. (PS)" )
(PO)"" Lorsqu'on reprend par l'eau le produit de la
réaction précédente , l'acide diamyldisulfophos-
Or dissout par petites portions 1 p. de chlo- phorique se dissout, tandis que le sulfophosphate
rure phosphorique dans 1 1/2 à 2 p. d'alcool d'amyle reste au fond sous forme d'une huile.
amylique. Le produit de la réaction est chauffé Le sel de plomb cristallise dans l'alcool bouillant
dans une cornue pour chasser l'acide chlorhy- en prismes clinorhombiques. Les sels alcalins et
drique et le chlorure d'amyle, puis versé dans terreux sont solubles dans l'eau; ceux des métaux
l'eau et saturé par le carbonate de soude. On lourds, insolubles dans ce liquide, se dissolvent
l'agite avec l'éther pour séparer l'alcool non dé- dans l'alcool, l'éther et la benzine.
composé, puis on régénère l'acide en ajoutant de BORATE D'AMYLE (protoborate amylique) ,
l'acide chlorhydrique. Cet acide contient alors
2 atomes d'eau qu'il perd dans le vide sec ( CSHI 03 = (C5 H11 )³ BO³.
[Fehling, Handw . d. Chem. , t. I, p. 793] . Il a été B
trouvé par Kraut dans le produit de la réaction Lorsqu'on fait passer du chlorure de bore dans
du phosphore sur une solution de brome dans de l'huile de pommes de terre , le liquide se
l'alcool amylique [ Ann. der Chem. u. Pharm., sépare en deux couches, et il se dégage de l'acide
t. CXVIII (XLII) , p. 102 ] . Selon ce chimiste , il chlorhydrique. La couche supérieure, décantée
n'est pas décomposé par son ébullition avec l'eau, et distillée en fractionnant les produits, finit par
contrairement à l'opinion de Fehling. C'est une passer en grande partie entre 260° et 280° ; c'est
huile d'une densité de 1,025 à 20° , mais surnageant du borate d'amyle : liquide incolore, d'une appa-
dans l'eau bouillante, à peu près inodore, d'un rence huileuse et d'une faible odeur d'alcool
goût fortement acide, presque insoluble dans amylique. D. à 0 0,87. Point d'ébullition, 270-
l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Les diamyl- 275°. Densité de vapeur, 10,55, et par rapport à
phosphates (C5H11)2 R' PO sont anhydres ; les l'hydrogène , 152 ( 1/2 C15 H33 BO3 136) . L'eau
sels de baryum et de calcium obtenus avec les et l'ammoniaque le décomposent ; il brûle avec
carbonates sont cristallins ; ils sont plus solubles une flamme verte en répandant des fumées
dans l'eau froide que dans l'eau chaude. Le sel d'acide borique [ Ebelmen et Bouquet, Ann. de
de magnésie cristallise par la chaleur en aiguilles Chim. et de Phys., (3) , t. XVII , p. 61 ] . Si l'on
qui fondent lorsqu'on les isole des eaux mères ; il chauffe 2 p. d'huile de pommes de terre et 1 p.
y a deux sels d'argent, l'un neutre, qu'on obtient d'acide borique fondu , celui-ci augmente beau-
par double décomposition, l'autre acide, qu'on coup de volume, et rien ne distille ou à peu près
prépare avec l'oxyde d'argent et l'acide libre à 140. En traitant ce qui reste dans la cornue
(Kraut). Tous ces sels se décomposent à une tem- par l'éther anhydre et portant cette solution à la
pérature élevée, en donnant de l'amylène, etc.; température de 250° , il reste un produit visqueux,
dans l'eau bouillante, ils dégagent de l'alcool transparent , légèrement ambré, s'étirant en fils,
amylique. Le diamylphosphate d'éthyle paraît se d'une saveur brûlante, se décomposant par l'eau
former lorsqu'on chauffe une solution d'acide et l'air humide, supportant une température de
diamylphosphorique dans trois ou quatre fois son 300° sans s'altérer, mais donnant des fumées
poids d'alcool à 95º à une température de 180° en abondantes et se boursouflant au-dessus de 300°
vase clos. Le carbonate de soude sépare du moins en laissant de l'acide borique. Ebelmen assigne
de ce liquide une liqueur d'une odeur éthérée. à ce corps la formule
I paraît aussi prendre naissance dans la réac-
tion du diamylphosphate d'argent sur l'iodure (C5H11)2 ) 07.
d'éthyle à 100º. B
PHOSPHATE D'AMYLE , [Ann. de Chim. et de Phys ., (2 ), t. XVI, p. 139.]
CARBONATE D'AMYLE. - Voyez CARBONIQUE
(PO) ( O3 = (C5H11 )3 . POS.
(C5H11)3 (ACIDE).
SULFOCARBONATE D'AMYLE , ACIDE AMYLSULFOCAR-
BONIQUE, AMYLXANTHIQUE , persulfurE AMYLSULFO-
Se prépare en chauffant à 180° l'amylphos- CARBONIQUE, etc. - Voyez CARBONE ( SULFURE DE),
phate d'argent avec le chlorure d'amyle en vase SULFOCARBONIQUE (ACIDE).
clos. On traite le mélange par l'alcool, et la solu- CYANURE D'AMYLE. - Voyez CYANHYDRIQUE
tion étant additionnée d'eau, un liquide éthéré, (ACIDE) .
d'une odeur tout à fait différente de celle de l'al- FORMIATE D'AMYLE et tous autres éthers d'acides
cool amylique, vient nager à la surface. C'est organiques. - Voyez ces acides.
AMYRINE . - 248 — ANALCIME.
ÉTHYLE-AMYLE et BUTYLE-AMYLE. -Voyez ÉTHYLE l'alcool et on le fait digérer avec de l'oxyde de
et BUTYLF. plomb, jusqu'à ce qu'il ait perdu toute réaction
PHENYLE-AMYLE, acide. L'anacardate de plomb est recueilli , parfaite-
C5H11 ) ment lavé à l'eau et décomposé par le sulfure d'am-
C6H5 ( monium; on obtient ainsi de l'anacardate d'am-
Obtenu par Fittig et Tollens par l'action du monium, d'où on précipite l'acide au moyen de
sodium sur un mélange de bromobenzine et de l'acide sulfurique faible. Le précipité est lavé à
bromure d'amyle étendu de benzine [ Ann . der l'eau, puis redissous dans l'alcool, filtré, et privé
Chem. u. Pharm ., t. CXXXI (LV), p. 303] . II ensuite d'une matière colorante qui le souille,
bout à 195°. D. à 12° 0,859. L'acide nitrique con- au moyen de quelques gouttes d'acétate de plomb,
centré donne un produit mononitré : C11 His Az O2. qui précipite cette impureté: on répète alors le
SILICATE D'AMYLE , traitement à l'oxyde de plomb, et après plusieurs
purifications on obtient l'acide anacardique pur..
(CS HIO . Cet acide se présente sous la forme d'une masse
Siiv
blanche, cohérente, cristalline, plus lourde que
Ebelmen, en versant de l'alcool amylique dans l'eau. Il se précipite de ses solutions sous forme
du chlorure de silicium, observa d'abord un de gouttes oléagineuses , se solidifiant lentement
abaissement considérable de température accom- et avec une texture cristalline. Il est sans odeur ;
pagnant la mise en liberté de torrents de gaz sa saveur est brûlante et aromatique. Il fond à 26°
chlorhydrique [ Ann. de Chim. et de Phys.. (3), et ne se solidifie que lentement. A 100°, il déve-
t. XVI, p. 155]. La température finit par s'élever loppe une odeur particulière , mais on peut le
et le dégagement de gaz étant suffisamment ra- chauffer jusqu'à 200° sans qu'il se décompose.
lenti , on distille en ne recueillant qu'au-dessus Au-dessus de 200°, il est détruit et donne nais-
de 300°. Le silicate d'amyle, formé en vertu de sance à une huile incolore. Il brûle avec une
l'équation flamme fuligineuse. Il tache le papier. Il se liquéfie
C5H11 par le contact prolongé de l'air et développe alors
SiCl +4 CHO Н = Si (C³ H¹¹ )* O* + 4 HCl , l'odeur des graisses rances. Il est insoluble dans
est un liquide incolore, limpide, d'une odeur l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Ces solu-
faible. D. à 20° 0,868. Il bout entre 322° et 325°. tions rougissent le tournesol.
Densité de vapeur : 15,2, et par rapport à l'hy- L'acide sulfurique concentré le dissout avec une
drogène 219,5 ( 1/2 C20 HSiO 188). L'alcool , couleur rouge de sang, l'eau le reprécipite inal-
l'éther et l'alcool amylique le dissolvent . L'eau, téré. L'acide nitrique (D. = 1,3) l'attaque déjà à
qui ne le dissout pas , le décompose beaucoup plus froid et produit une substance jaune, résineuse ;
lentement que le silicate d'éthyle. par l'ébullition avec l'acide nitrique, d'autres pro-
SILICATE ETHYL-AMYLIQUE. — Voyez ETHYLIQUES duits prennent naissance , les uns cristallisés ,
(COMBINAISONS). d'autres liquides et présentant quelque analogie
SILICATE METHYL-AMYLIQUE.- Voyez MÉTHYLIQUES avec l'acide butyrique. La solution alcoolique de
(COMBINAISONS). G. S. l'acide anacardique n'est pas éthérifiée quand on
AMYRINE . - Partie constituante de la résine la sature d'acide chlorhydrique gazeux.
élémi (Bonastre). D'après Baup, on la trouve aussi Il a donné à l'analyse 75,05 de carbone et 9,18
dans la résine provenant du Canarium album , d'hydrogène : la formule CH60 05, 2 H2O exige
arbre des Philippines, connu sous le nom de 75,04 de carbone et 9,07 d'hydrogène .
Arbol a brea (arbre à brai) . Pour l'extraire de Anacardates. - L'acide anacardique forme, avcc
cette résine, Baup commence par la faire bouillir les bases, des sels neutres et des sels acides . Les
avec de l'eau qui entraîne une huile essentielle ; sels d'ammonium et de potassium sont solubles
le résidu est traité par l'alcool froid qui dissout et se préparent directement. Ceux de baryum, de
la bréine, la bryoidine et la bréidine, et laisse calcium , de ferrosum, de ferricum , de nickel, de
l'amyrine indissoute : on reprend par l'alcool cobalt, d'argent, de plomb , sont des précipités
bouillant, qui se charge d'amyrine et l'abandonne insolubles, qu'on obtient par double décompo-
par refroidissement sous forme cristalline. sition. L'anacardate de plomb acide forme, avec
C'est une substance blanche, insoluble dans l'acétate de plomb, un sel double, cristallisé, res-
l'eau, très-soluble dans l'éther et l'alcool chaud : semblant à la cholestérine. CH. L.
elle se dépose de ses solutions en fibres satinées, ANALCIME (Min .) . [ Syn. Cubicite, W.] - Si-
d'un grand éclat. Sous l'influence de la chaleur, licate hydraté de soude et d'alumine:
elle fond (à 1740) en un liquide incolore qui reste Na2 Al2 Si O12, 2 H2O =Na2O.Al2O3,4 SiO2, 2 H20.
transparent après refroidissement. Elle a été
analysée par un grand nombre de chimistes, mais Une petite portion de soude est souvent rem-
leurs résultats sont si peu concordants qu'une nou- placée par de la potasse et de la chaux. Icosité-
velle étude sur cette matière paraît indispensable. traèdres [a ] ( voyez
Voyez RÉSINE ÉLÉMI. AMPHIGÈNE) , ou cures
[Bonastre, Journ. de Pharm., t. X, p. 199. — portant sur les angles
H. Rose, Poggend. Ann. , t. XVII , p. 489 et Ann. les faces de l'icositétra-
der Chem. u. Pharm., t. XIII, p. 177. - Dumas, èdre; dans les cavités
Journ. de Chim. med. , 1835, p. 309. Johnston, des dolérites , des amyg-
Ann. der Chem. u. Pharm., t. XLIV, p. 338. daloides , des basal-
Hess, Ann. der Chem. u. Pharm.. t. XXIX , tes, etc. , rarement dans
p. 135. ] CH. L. la syénite , le gneiss , le
ANACARDIQUE (ACIDE) [ Stædeler, Ann. der porphyre. Vitreux , trans-
Chem. u. Pharm ., t. LXIII, p. 137, et Gerhardt, parent ou opaque, blanc
t. III, p. 903] , C4H60O5. 2 H2O ( ? ) . Cet acide ourose.Cassureinégale.
a été découvert en 1847 par Stædeler, dans le Caractères.- Donne
péricarpe des noix d'acajou, où il se trouve mé- de l'eau dans le tube Fig. 24.- Analcime.
langé de tannin, d'ammoniaque et de cardol fermé. Assez difficile-
(voyez ce mot). Pour préparer cet acide, on épuise ment attaquable par l'acide chlorhydrique avec
le péricarpe des noix d'acajou par l'éther, on éva- dépôt de silice floconneuse ou gélatineuse . Fond
pore la solution éthérée et on lave à l'eau le pro- sans se gonfler sensiblement en un verre transpa-
duit de cette évaporation ; on enlève ainsi le tannin. rent, colore la flamme en jaune.
L'acide anacardique impur est alors dissous dans Dureté, 5,5. Densité, 2,22 - 2,29. F. et S.
ANALYSE. - 249 ANALYSE .
ANALYSE. - L'analyse chimique a pour but 2º Des sulfures neutres, qui ne se dissolvent pas
de déterminer les éléments d'un corps composé. dans le sulfhydrate d'ammoniaque.
L'analyse est dite qualitative quand elle indique La seconde comprend :
seulement la nature des éléments qui constituent 1º Des sulfures insolubles dans l'eau pure , mais
le composé, sans faire connaître leurs propor- solubles dans les acides étendus ;
tions relatives. Elle est appelée quantitative lors- 2º Des sulfures solubles dans l'eau pure.
qu'elle sépare les unes des autres ces parties con- Une fois que l'on sait à quel groupe appartient
stituantes et détermine leurs proportions relatives. la base que l'on a à déterminer, il suffit de quel-
Toute analyse doit évidemment débuter par ques réactions caractéristiques pour fixer sa nature.
une détermination qualitative : aussi est-ce par ce Pour procéder à la détermination de la sec-
genre de recherches que nous allons commencer. tion, on doit commencer par aciduler la liqueur,
Les caractères physiques, tels que la couleur, de manière à ce qu'elle rougisse fortement le
la saveur, la densité, peuvent déjà fournir d'utiles papier de tournesol . On prend de préférence pour
indications sur la nature d'un corps, mais en gé- cela l'acide chlorhydrique, qui a l'avantage de
néral ces caractères ne suffisent pas ; il faut alors dispenser de toute recherche ultérieure quand
soumettre la substance à examiner à l'action des le sel est à base d'oxyde de plomb, de sous-oxyde
corps connus, acides, bases ou sels , appelés réac- de mercure ou d'oxyde d'argent . Dans ces divers
tifs, et susceptibles de produire des combinaisons cas, en effet, il se produit un précipité blanc de
ou des décompositions rendues manifestes par un chlorure insoluble ou très-peu soluble. La nature
phénomène apparent, tel qu'un changement d'état de ce précipité est facile à reconnaître aux carac-
ou de couleur. tères suivants :
Si la substance à analyser et les réactifs em- Si le précipité se dissout, surtout à chaud , dans
ployés sont en dissolution dans l'eau, on dit qu'on une grande quantité d'eau , on peut être sûr que
opère par voie humide. On opère au contraire par c'est un SEl de plomb.
voie sèche quand le corps à l'état solide est soumis, Si le précipité ne se dissout pas dans l'ean, on
sous l'influence de la chaleur, à l'action de réactifs y verse de l'ammoniaque et on agite le précipité,
également solides . Ce dernier mode d'analyse sera qui se dissoudra si l'on a affaire à un SEL D'ARGENT.
décrit ultérieurement à l'article CHALUMEAU. Il noircira sans se dissoudre si l'on a affaire à
un SEL DE SOUS-OXYDE DE MERCURE.
ANALYSE PAR VOIE HUMIDE. - Dans l'analyse par Comme la liqueur pourrait d'avance contenir
voie humide, on doit suivre une marche métho-
dique pour être sûr de ne rien laisser échapper. un excès d'acide azotique et qu'alors on n'aurait
Cette marche sera la même pour toutes les sub- pas à faire agir l'acide chlorhydrique, nous sup-
stances minérales naturelles ou artificielles ; on poserons dans ce qui va suivre que l'un quelcon-
ne s'en écartera que dans le cas où quelques in- que des trois métaux dont nous venons de parler
dications préliminaires feraient pressentir la na- peut exister dans la liqueur.
ture des corps que l'on recherche. L'acide sulfhydrique versé dans la liqueur acide
La première opération consiste à amener la fera connaître la section à laquelle appartient le
sulfure du métal.
substance à l'état de dissolution ; pour cela, on
la pulvérise très- finement et on la met en contact S'il se fait un précipité, c'est que le métal forme
avec de l'eau distillée, en facilitant la dissolution un sulfure de la première section.
par une faible élévation de température si cela est S'il ne se fait pas de précipité, c'est que le mé-
tal forme un sulfure de la seconde section.
nécessaire.
Si la substance n'est pas soluble dans l'eau Pour reconnaitre à quel groupe appartient un
pure, on essayera de la dissoudre dans l'eau acidulée sulfure de la première section , on le lavera par
par l'acide azotique ou par l'acide chlorhydrique. décantation dans le tube ( 1 ) même où s'est pro-
Si enfin l'eau et les acides n'exercent aucune duite la réaction , puis on ajoutera du sulfhydrate
action sur la substance à analyser, on la calcine d'ammoniaque.
avec 2 à 3 fois son poids de potasse dans un creu- Si le sulfure se dissout, c'est qu'il joue le rôle
set d'argent, ou avec autant de carbonate de soude de sulfacide vis-à-vis du sulfhydrate d'ammonia-
ou de chaux dans un creuset de platine. La masse, que avec lequel il se combine : il appartient donc
reprise par l'eau acidulée , se dissout facilement. au 1 groupe.
Une fois la dissolution obtenue, on partage la Si le sulfure ne se dissout pas, c'est qu'il est
liqueur en 3 parties : la première est destinée à la neutre il appartient au 2e groupe.
La subdivision de la seconde section se fera de
recherche des bases et par conséquent des métaux; la manière suivante :
dans la seconde partie, on recherche les acides
et par suite les métalloides ; la dernière partie On prendra la solution du sel que l'on neutra-
est réservée pour contrôler les résultats obtenus lisera par l'ammoniaque, si elle n'est pas neutre
à l'aide des deux premières : il est en effet indis- d'elle-même, puis on y versera du sulfhydrate
pensable de vérifier ces résultats en se servant d'ammoniaque qui agira à la fois par son acide
sulfhydrique pour donner un sulfure soluble ou
de l'ensemble des réactions propres aux corps
dont on aura cru reconnaître l'existence. insoluble dans l'eau pure et par son ammoniaque
pour maintenir la neutralité de la liqueur.
RECHERCHE DES BASES. S'il se forme un précipité, le sulfure appartient.
au 3 groupe .
On ramène le problème général à une question S'il ne se forme pas de précipité, le sulfure ap-
plus simple en se fondant sur les propriétés des sul- partient au 4" groupe.
fures métalliques, que l'on peut diviser en deux Voyons maintenant par quelles réactions nous
sections distinctes : allons pouvoir déterminer dans chaque groupe la.
1º Les sulfures insolubles dans l'eau et indé- nature du métal.
composables par les acides étendus ;
2º Les sulfures solubles dans l'eau ou dans les 1re SECTION. - - 1er GROUPE.
acides étendus. Or, platine, étain, arsenic, antimoine.
Chacune de ces sections peut ensuite se subdi- La couleur du sulfure et son action sur les aci-
viser en 2 groupes ; en effet la première, celle des des concentrés fournissent d'utiles indications.
sulfures insolubles dans l'eau et dans les acides
étendus, comprend :
1º Des sulfures acides , qui se dissolvent dans (1) Tous ces essais se font dans des tubes de verre
le sulfhydrate d'ammoniaque ; fermés d'un bout.
ANALYSE. 250 - ANALYSE.
1º Le précipité est noir , insoluble dans les rait dans ce cas par la réaction dont nous allons
acides chlorhydrique et azotique séparés, mais so- parler. Ce sera un sel d'argent, si le précipité
Juble dans l'eau régale : on a affaire à un sel blanc noircit à la lumière ; il se dissoudra faci-
d'or ou de platine. Si c'est un sel d'or, la liqueur lement dans l'ammoniaque et dans l'hyposulfite
primitive ou la dissolution du sulfure dans l'eau de soude, mais il sera insoluble dans l'acide azo-
régale donneront, quand on y versera une disso- tique.
lution de sulfate de protoxyde de fer, un précipité Ce sera enfin un sel de protoxyde de mercure ,
brun qui prend de l'éclat sous le brunissoir. Ces s'il ne se colore pas à la lumière, s'il est insolu-
mêmes dissolutions donnent, avec un mélange de ble dans l'acide azotique et s'il se colore en noir
protochlorure et de bichlorure d'étain, un pré- par l'ammoniaque. La solution primitive du sel
cipité caractéristique de pourpre de Cassius. précipitera en vert par l'iodure de potassium.
Si c'est un sel de platine, la liqueur primitive 2º Il ne se forme pas de précipité ce sera un
ainsi que la dissolution du sulfure dans l'eau sel de bioxyde de mercure, de bismuth, de plomb,
régale ne donnent pas de précipité avec le sulfate de cuivre ou de cadmium.
de fer, mais ils forment un précipité jaune avec On devra alors essayer l'action de l'acide azoti-
le chlorure de potassium et avec le chlorhydrate que sur le sulfure. Si le sulfure ne se dissout pas
d'ammoniaque. dans cet acide, le sel est un sel de bioxyde de
2º Le précipité est brun marron, il est soluble mercure, la dissolution primitive laisse déposer
dans l'acide chlorhydrique aussi bien que dans une tache blanche de mercure sur une lame de
l'acide azotique : c'est un sel de protoxyde d'étain. cuivre décapée qu'on y plonge ; elle précipite en
On le vérifié en ajoutant à la liqueur primitive rouge par l'iodure de potassium ; avec l'acide sulf-
ou au sulfure dissous dans ces acides du sesqui- hydrique ajouté peu à peu, elle donne un préci-
chlorure d'or et un peu d'acide azotique ; il se pité qui, d'abord blanc, passe successivement au
forme un précipité de pourpre de Cassius. jaune, puis au rouge et au noir. Si le sulfure est
3º Le précipité est jaune ou orangé, il se dis- soluble dans l'acide azotique (avec dépôt de sou-
sout dans l'acide chlorhydrique ainsi que dans fre) , on agit indifféremment sur cette liqueur ou
l'acide azotique. Ces caractères sont fournis par sur la dissolution primitive. Ces solutions, éva-
les arsenites, les arséniates, les sels d'antimoine porées pour chasser l'excès d'acide , sont mises en
et ceux de bioxyde d'étain. contact avec une grande quantité d'eau distillée ;
On chauffe le sulfure sur une lame de verre : s'il se forme alors un trouble , c'est un sel de bis-
s'il laisse un résidu fixe, c'est que le métal et son muth. S'il ne se forme pas de précipité par l'eau
oxyde ne sont pas volatils; on fait détoner ce résidu pure, on ajoute de l'acide sulfurique. Cet acide
avec du nitre en fusion : le produit, lavé et chauffé détermine la formation d'un précipité dans les sels
dans une flamme réductrice avec du cyanure de de plomb ce précipité est insoluble dans les
potassium, donne un globule d'étain parfaite- acides étendus, la liqueur primitive précipite en
ment malléable . C'était un sel de bioxyde d'étain . blanc par un excès de potasse, elle précipite en
Si le sulfure chauffé sur une lame de verre n'a jaune par l'iodure de potassium et par le bichro-
pas laissé de résidu fixe, c'est que le métal et son mate de potasse.
oxyde sont volatils. On essaye alors si le sulfure L'acide sulfurique n'aura pas déterminé de pré-
bien lavé est soluble ou insoluble dans le carbo- cipité, si l'on a affaire à un sel de cuivre ou de
nate d'ammoniaque. S'il est insoluble dans le car- cadmium ; mais on sera déjà fixé sur la nature de
bonate d'ammoniaque, c'est un sel d'antimoine : celui des deux métaux qui se trouve dans la li-
la liquear mise dans l'appareil de M rsh donne des queur, car si c'est un sel de cuivre, la liqueur pri-
taches noires qui, dissoutes dans l'acide azotique, mitive était bleue, le précipité donné par l'acide
précipitent en blanc par l'azotate d'argent. sulfhydrique était noir; de plus , l'ammoniaque
S'il est soluble dans le carbonate d'ammo- produirait dans la dissolution une belle coloration
niaque, la liqueur mise dans l'appareil de Marsh bleue, et le cyanure jaune formerait un précipité
donnera des taches qui , dissoutes dans l'acide brun-marron. Si c'est un sel de cadmium , la li-
azotique et saturées par l'ammoniaque, précipite- queur primitive est incolore, le sulfure précipité
ront en rouge brique par l'azotate d'argent. Le est jaune.
sel sera un arsenite ou un arséniate : ce sera un
arsénite , si la liqueur primitive neutre préci- 2e SECTION . - 3º GROUPE.
pite en jaune par l'azotate d'argent ; ce sera un
arséniate, si la liqueur primitive précipite en Aluminium, chrome, fer, nickel, cobalt,
rouge brique par l'azotate d'argent. manganèse, zinc.
1re SECTION. -
- 2º GROUPE. Au lieu de s'occuper du précipité obtenu par le
sulfhydrate, on reprend la liqueur primitive, on y
Argent, mercure, bismuth, cuivre, cadmium. ajoute du chlorhydrate d'ammoniaque, puis de
l'ammoniaque.
Le précipité formé par l'acide sulfhydrique est 1° Il se forme un précipité, le composé ne forme
toujours coloré ; s'il était blanc, laiteux, ce serait pas de sel double avec les sels ammoniacaux : c'est
du soufre produit par l'action de l'acide sulf- un sel de sesquioxyde de fer , de chrome ou d'alu-
hydrique sur un composé oxydant, comme les sels minium.
de sesquioxyde de fer ; on s'en assurerait par ce C'est un sel de sesquioxyde de fer, si le préci-
caractère que le dépôt, chauffé légèrement sur pité est couleur de rouille ; la dissolution primitive
une lame de platine, disparaît en répandant l'odeur est alors jaune, elle précipite en bleu par le cya-
de l'acide sulfureux. nure jaune, elle ne précipite pas par le cyanure
Pour reconnaître la nature du métal , on es- rouge ; le succinate d'ammoniaque y produit un
sayera d'abord l'action de l'acide chlorhydrique précipité brun , la potasse et l'ammoniaque y don-
sur la dissolution primitive. nent des précipités rouille. C'est un sel de sesqui-
1° Il se forme un précipité blanc le scl est, oxyde de chrome, si le précipité est verdâtre. La
ainsi que nous l'avons déjà indiqué, un sel de dissolution primitive donne, avec la potasse, un
plomb, d'argent ou de protoxyde de mercure. "précipité vert, soluble dans un grand excès d'al-
Ce sera un sel de plomb, si le précipité blanc cali. C'est enfin un sel d'alumine, si le précipité
est soluble, surtout à chaud, dans une grande est blanc ; la dissolution primitive est incolore ;
quantité d'eau. Ce précipité ne se formerait pas elle donne, avec la potasse, un précipité blanc
daus les liqueurs très-étendues , on le retrouve- gélatineux, soluble dans un grand excès d'alcali.
ANALYSE .
251 -
ANALYSE . On évapor une goutte de la liqueur primitive
e
2º Il ne se forme pas de précipité , ux le composé e de tine, . si c'est un sel ammonia-
plaidu
pouvant faire avec les sels ammoniaca des sels surIlune n'y alampas de rés
doubles solubles ; c'est alors un sel de protox yde cal. La sol uti on pri mitive , chauffée avec de la
de fer, de nickel , de cobalt, de manganèse ou de potasse ou de la soude , dégage du gaz ammoniac ;
elle précipite en jaune par le bichilorure de pla-
c. couleur du précipité donné par le sulfhydrate
zinLa tine. Il y a un résidu , si c'est un sel de potasse
ervien t
d'ammoniaque , dans le sel neutre , int ouEn de .t dans la liqueur du bichlorure de
sousan
de ver
rs leuti
aloSi cipent
prélem ité. est blanc , c'est un sel de zinc : la platine , on aura un précipité , si c'est un sel de po-
e nera un précipité
potasse et l'ammoniaque produisent dans la dis- tasse. Lan liqueur concentré don
solution primitive un précipité blanc , soluble cristalli avec l'acide perchlorique , avec l'acide
tartri , avec l'acid picriq et avec le sulfate
que e ue
danSis le
un pré èsité
exccip de estréacti f
cou.leur de chair , c'est un sel d'alumine ; elle colore en violet la flamme de
de manganèse ; la potasse et l'ammoniaque pro- l'alcool . Il n'y aura pas de précipité par le bi-
duisent dans la dissolution primitive (incolore ou chlorure de platine , si c'est un sel de soude ; l'a-
légèrement rosée) un précipité blanc, brunissant cide tartrique et l'acide picrique ne précipitent
pas non plus . Le biméta -antimoniate de potasse
r
Si le. pré
à l'ai cip ité r
est noi , il fau rev t eni r à la li- (pyro -antimoniate acide de potassium ) donne un
ur
que pri mit ive et la tra ite r par la potass qui e précipité grenu . Enfin , la liqueur colore en jaune
donnera un précipité dont la couleur suffira pour la Laflamétmmehoddeel'a lcool .
généra'e que nous venons de don-
faire connaître la nat ure du sel. t ner pou r rec onn aît re la base d'un sel s'applique
Le précipité sera bleu verdâtre , brunissan à
l'air ou par le chlore , si c'est un sel de protoxyde non-seulement au cas où la liqueur ne contient
de fer. Le cyanure rouge formera dans la liqueur qu'un sel, mais encore au cas où elle contient
primitive un précipité de bleu de Prusse , et le plusieurs sels, pourvu qu'ils appartiennent à des
cyanure jaune y donnera un précipité blanc , groupes différents . Il suffit dans ce cas d'exami-
ner séparément les précipités et les liqueurs qu'on
bleLe t àité
sancip
uispré r . vert -pré dans les sels de nic-
l'aiest - Pour la séparation des
re . upe
métsép
en auxared'upar
n mêlemefiltgro , voyez les articles con-
kel. La solution primitive donne , avec l'ammo-
niaque, un précipité bleu , soluble dans un excès sac rés à cha que mét al .
de réactif ; elle donne un précipité vert -jaunâtre
c nur e ass ium RECHERCHE DES ACIDES INORGANIQUES .
aveLe leprécyacipité est de pot
bleu pur et . devient violet par
la chaleur si c'est un sel de cobalt. L'ammonia- Nous supposerons le sel en dissolution . Si l'on
que produit dans la solution primitive un pré- avait un sel insoluble dans l'eau ( 1 ) , il faudrait le
cipité bleu , soluble dans un excès de réactif ; les calciner avec du carbonate de soude ; l'alcali for-
sels anhydres sont bleus , les sels hydratés sont merait alors avec l'acide du sel un composé so-
luble . Le chlorure de baryum versé dans la dis-
rouges . solution neutre du sel permet de circonscrire les
recherches à faire en établissant deux groupes
2º SECTION . - 4 GROUPE. cts mie nt s:
nasel
Magnesium , baryum , strontium , calcium,
disLetinpre compr ,re
les qui, en dissolution neutre ,
potassium , sodium , ammonium . précipitent par le chlorure de baryum ;
Le second, les sels qui, en dissolution neutre ,
On verse dans la liqueur primitive du carbo- ne précipitent pas par le chlorure de baryum .
On devra, en faisant agir ce réactif, avoir égard
nat1°e de
Il ysou de cip
a pré : ité , le carbonate de la base étant à ce qu'il ne précipite ni le borate ni l'oxalate de
insoluble dans l'eau ; on a alors affaire à la ma- baryte en présence des sels ammoniacaux ; il ne
gnésie, la baryte , à la strontiane ou à la chaux, précipite pas non plus le borate de baryté dans
On dissout le carbonate précipité dans l'acide les dissolutions étendues .
chlorhydrique , et on ajoute du carbonate d'am-
1er GROUPE.
mon ne ue
Ilíaq se. formera plus de précipité si l'on a un Aci des préc ipit és de leurs dissolutions neutres par
sel de magnésie ; ces sels ne précipitant pas par les le chlorure de baryum (acides arsénieux, arseni-
carbonates en présence des sels ammoniacaux . que, chromique , sulfureux , sulfurique , oxalique,
Le phosph ate ordina ire de
de sou produi dan la t s
ueu r oni aca le cip ité nc sta lli n carbonique, phosphorique , borique et silicique).
liq amm un pré bla cri .
l
S'i s'e forst mé un pré cip ité par le car bo- On prend la dissolution du sel et, après l'avoir
nate d'ammoniaque , on réprend la liqueur pri- acidulée par l'acide chlorhydrique , on y verse de
mitive et on y ajoute une dissolution saturée de l'acide sulfhydrique . S'il se forme un précipité ,
sulfate de chaux . Il se formera un précipité im- c'est que l'on a un arsénite , un arséniate ou un
médiat , de même quand on y verse du sulfate de chromate ; dans tous les autres cas, il ne se forme
e
strontian , si c'est un sel de baryte. L'acid hy- e pas de précipité . Si le précipité est jaune , il con-
drofluosilicique et l'acide oxalique déterminent tient de l'arsenic ; le sel primitif est un arsénite ,
un pré cip ité dan s les sol uti ons con cen tré es ; le s'il donne avec l'azotate d'argent un précipité
sel solide colore en vert la flamme de l'alcool . jaune ; c'est un arséniate , s'il donne avec ce réac-
Il ne se formera de précipité qu'au bout de quel- tif un précipité rouge brique . Si le précipité est
ques instants , si c'est un sel de strontiane . Il ne se gris verdâtre , et si la liqueur, d'abord jaune ou
formerait de précipité ni avec le sulfateque de stron- rouge, a pris une couleur verdâtre, le sel est un
ne
tia , ni ave l'a c cid e hyd rof luo sil ici ; le sel chromate ; il précipite en rouge pourpre par l'azo-
'solide colore en rou la fla ge mme de l'a lco ol . tate d'argent ; avec l'acétate de plomb , il donne
Il ne se formera pas de précipité , si c'est un un précipité jaune , soluble dans la potasse .
sel de chaux . L'oxalate d'ammoniaque y produit Passons aux sels qui n'ont pas donné de préci-
un précipité soluble dans l'acide azotique ; l'acide
sulfurique y détermine un précipité si on y ajoute pité par l'acide sulfhydrique .
(1) Autre qu'un carbonate , facile à reconnaître par
de2º lcoolcar
l'aLe . bonate de soude n'a pas produit de
l'action d'un acide.
précipité, le carbonate étant soluble dans l'eau .
ANALYSE .
252 --
ANALYSE . pité dans le cas où le sel est un azotale ou un
On reprend la liqueur primitive , on la précipite chlorate, il s'en produit un avec tous les autres
par le chlorure de baryum et on y ajoute ensuite sels . If faut cependant remarquer que le cyanure
de l'acide chlorhydrique en grand excès . Il pourra de mercure ne donne pas non plus de précipité
se faire alors que le précipité ne disparaisse pas,
ou qu'il disparaisse sans phénomène particulier
ave1ºc les
Il neselss'es pasntfor
d'at rge . mé de précipité par l'azo-
appréciable , ou enfin qu'il disparaisse en se dé- ffe. le sel solide avec du charbon
gent
composant visiblement et mettant en liberté l'a- tate Ond'ar chau
ou du cyanure de potassium . S'il ne se produit
cide1° du
Si lesel.
précipité ne se dissout pas, le sel est un pas de détonation , c'est que l'on a affaire à du
sulfate . L'acétate de plomb donne dans la liqueur cyanure de mercure ; on ajoute alors à la disso-
primitive un précipité blanc insoluble dans l'acide lution primitive de l'acide chlorhydrique et du
fer; le mercure se précipite , le fer se dissout
chlorhydrique et dans l'acide azotique ; à l'état de chlorure ; il suffit alors de verser de
2º Si le précipité se dissout sans phénomène
particulier, on revient à la liqueur primitive, on la potasse pour avoir un précipité de bleu de
y ajoute de l'acide sulfurique et on chauffe légè-
rement. Il ne se dégagera rien ou bien il se déga sses'es
PruS'il . t produit une détonation , on reprend la
liqueur primitive et on y ajoute de l'acide sulfu-
a un
gerMet tongazs-nou
. s d'abord dans ce dernier cas . rique concentré . Cet acide donnera :
Le gaz a une odeur caractéristique ; il colore le Avec les chlorates , un gaz jaune verdâtre. Le
chromate de potasse en vert : c'est de l'acide sul- sel calciné laisse un résidu qui , dissous dans l'eau ,
donne par l'azotate d'argent un précipité de chlo-
furLe . attaque le verre : c'est de l'acide fluor-
euxgaz
e d'ar gentazo
hydrique . On le vérifie en mêlant le sel en poudre rurAve c les . tates , une vapeur acide incolore ;
avec du sable et de l'acide sulfurique ; ce mélange un cristal de sulfate de fer ajouté au mélange du
dégage sous l'influence de la chaleur un gaz fu- sel avec l'acide sulfurique concentré se colorera
mant à l'air et donnant au contact de l'eau de la en brun foncé ; du cuivre rouge mis dans ce même
silice gélatineuse et de l'acide hydrofluosili- mélange dégage du gaz bioxyde d'azote qui donne
à l'ai r eur s lantes . é
ciqLeue .gaz est un mélange d'oxyde de carbone et 2º Ildes s'esvap
t for mé ruti
un précipit par l'azotate d'ar-
d'acide carbonique : c'est de l'acide oxalique. La
on é
dissoluti donne avec le sulfate de chaux un genSit . le précipit est noir , on a affaire à un sul-
précipité insoluble dans l'acide acétique . Le sel fure , l'acide chlorhydrique en dégagera du gaz
solide calciné se change en carbontate. acide sulfhydrique reconnaissable à son odeur .
Lorsqu'il n'y a pas eu dégagemen de gaz sous Si le précipité est blanc ou jaune , on essayera
l'influence de l'acide sulfurique , c'est que le sel s'il se dissout ou s'il ne se dissout pas dans l'am-
est un borate ou un phosphate. L'action de l'azo-
tate d'argent sur la liqueur primitive achèvera la moni Dansaquele. cas où le précipité ne se dissout pas,
c'est que le sel est un re
détLes tiosn . t
inaate
ermbor son précipités en blanc par l'azo- La liqueur primitive ,iodu traitée. par le chlorure de
tate d'ar gent . Ces sels en diss olut ions con cen - pal lad ium , don ne un pré cip ité noir, insoluble dans
trées et chaudes donnent , par l'acide sulfurique l'acide chlorhydrique , mais soluble dans l'ammo-
ou par l'acide chlorhydrique , un précipité qui se niaque . L'empois d'amidon mis dans la liqueur se
dépose à l'état cristallin pendant le refroidisse- colore en bleu , alors qu'on fait agir un peu de
ment . Les sels solides mis avec un peu d'acide e tique
sulfurique dans l'alcool colorent en vert la flamme
oresouled'a
chlDan cascidoù azo
le préc . é d'argent se dissout
ipit
dan s l'a mmo nia que , on a affaire à un chlorure ,
que ce liquide don ne en brûlant.
Les phosphates tribasiques précipitent en jaune e ou un e
clair par l'azotate d'argent ; leurs dissolutions
unSibro lemurprécipit cyanur
é est blanc. et très-soluble dans
fournissent , avec le sulfate de magnésie et l'am- l'ammoniaque , c'est un chlorure ; les sels de
moniaque , un précipité cristallin de phosphate plomb et de sous -oxyde de mercure donneront
ammoniaco -magnésien (Mg. Az H' . Ph O¹ ); Ils don- aussi des précipités blancs dans la liqueur pri-
nent avec le sulfate de chaux un précipit blanc é mitive . Le sel chauffé avec du bioxyde de manga-
ble dans l'ac ide tiq ue nèse et de l'acide sulfurique dégage du chlore .
solu acé .
3º Si le précipité se dissout en mettant en li- Si le précipité est blanc jaunâtre , et se dis-
berté l'acide du sel , ce sera un carbonate dans le sout difficilement dans l'ammoniaque , c'est un
cas où il se dégagera un gaz incolore troublant bromure . Le sel donne des vapeurs rouges de
l'eau de chaux . Ce sera un silicate s'il se sépare brome avec le chlore , ou avec l'acide azotique , ou
lorsqu'on le chauffe avec un mélange de bioxyde
un précipité gélatineu . x
de manganèse et d'acide sulfurique .
Si enfin le précipité est blanc et peu soluble
2e GROUPE. dans l'ammoniaque , c'est un cyanure . La dissolu-
tion, traitée par l'acide chlorhydrique , la potasse
Acides non précipités de leur dissolution neutre. et le sulfate de protoxyde de fer altéré l'air,
parlechlorure de baryum (acides sulfhydrique , donne du bleu de Prusse . Le cyanure d'argent
chlorhydrique , bromhydrique , cyanhydrique , calciné se décompose et abandonne de l'argent
iodhydrique , azotique ou chlorique) . iqueUE
allARQ
métREM . .
-sAuven lieu de suivre la marche gé-
On s'assure d'abord , à l'aide des caractères in- nérale que nou ons de donner pour la re-
diqués plus haut pour les borates et les oxalates , che rch e de l'ac ide d'u n sel, et qui est la seule ap-
que la liqueur ne contient aucun de ces sels qui plicable lorsqu'on n'a aucune indication sur la
auraient pu ne pas précipiter par le chlorure de nature de l'acide , on peut employer une méthode
beryum, ainsi que nous l'avons dit plus haut : il plus rapide , quand on sait que le sel ne contient
suffira d'employer l'acide sulfurique pour les oxa- ni acide oxalique , ni acides métalliques (arséni-
lates , et la coloration de la flamme de l'alcool que, chromique , etc. ) . Nous allons résumer dans
un tableau la marche rapide que l'on peut suivre.
r les
pouPou borate
r circ s .rire les recherches , on acidulera
onsc On devra bien entendu vérifier la nature de l'a-
la liqueur par l'acide azotique , puis on y versera cide, à l'aide de ses réactions caractéristiques .
de l'azotate d'argent . Il ne se forme pas de préci-
253 ANALYSE.
ANALYSE . Fluorure.
Ce gaz attaque le verre
Ce gaz n'attaque pas le Un gaz jaune ver- Chlorure.
verre ; si on ajoute dâtre.
Incolore ou légè- du bioxyde de man- Une vapeur rouge Bromure.
rement colo- ganèse au mélange
rée , acide , fu- de l'acide sulfurique Une vapeur vio-
mant à l'air. et du sel , il se dé- Iodure.
lette....
gage par la chaleur
Donne à la tempéra- Sulfure.
ture ordinaire un gaz Ce gaz a l'odeur des œufs pourris ... Sulfite.
ou une vapeur. Incolore , acide Ce gaz a l'odeur du soufre qui brûle...
et ne fumant Ce gaz est inodore , il trouble l'eau de Carbonate.
pas à l'air. chaux ...... Chlorate.
Coloré en jaune et détonant par la chaleur .
Donne seulement , quand on chauffe , une vapeur incolore et fumant à l'air. Si on ajoute
du cuivre au mélange du sel et de l'acide , il se dégage du bioxyde d'azote qui donne Azotate.
Le sel so-
lide traité des vapeurs rutilantes ....... Borate.
parl'acide Il se forme un précipité cristallin Silicate.
sulfurique Il se forme un précipité gélatineux ..
étendu Ne donne pas de gaz. Il ne se forme pas de
On dissout le sel dans précipité ; on reprend
l'eau ( 1 ) et on ajoute la dissolution du sel Soluble dans l'acide azotique .... Phosphate.
à la dissolution con- et au lieu d'acide
centrée de l'acide chloerhydriquerure on y Insoluble dans l'acide azotique ... Sulfate.
chlorhydrique jus- vers du chlo de
qu'à ce que la reac- bar yum , il se prod uit
tion soit fortement immédiatemen un t
acide. precipité .
Dans le dosage des cyanures , la fin de la réac-
ANALYSE QUANTITATIVE PAR LES LIQUEURS TI- 1 tion s'annonce par l'apparition d'un précipité ; elle
TRÉES OU ANALYSE VOLUMÉTRIQUE . L'analyse s'annonce par la cessation du précipité dans le
quantitative d'un corps peut se faire soit en poids , dosage de l'argent et des chlorures .
me Les analyses par les volumes ne sont pas toutes
soit ens
Dan l'anvolu alys. e ds
en poi , on met la sub sta nce à fondées sur les mêmes principes : ainsi, tandis
analyser en contact avec des réactifs destinés à que l'alcalimétrie et l'acidimétrie reposent sur la
faire entrer les éléments de cette substance dans saturation des bases par les acides ou sur celle
des combinaisons définies , faciles à séparer . Ces des acides par les bases , le dosage du fer est fondé
combinaisons , isolées les unes après les autres, sur l'oxydation des sels de protoxyde de fer par le
sont pesées à l'aide d'une balance sensible ; puis permanganate de potasse , celui des hypochlorites
du poids de la combin ais on on déduit par le calcul alcalins sur l'action réductrice de l'acide arsénieux
ds
le poi de l'é lém ent que l'on voul ait dos .er ou de l'arsénite derente
Voyez les articles consacrés à chacun des éléments . Dans les diffé
souds eméth
, etc.odes
volumétriques ,
Dans l'analyse en volumes , ou par les liqueurs on peut employer deux procédés essentiellement
titrées , on détermine les quantités des corps à différents : le dosage direct et le dosage par reste.
doser à l'aide de liqueurs ayant une composition , Dans le dosage direct on détermine la quantité
un titre exac teme nt déte rmin és à l'av ance , on du corps à doser , en agissant directement sur lui
n'em ploi e e
que just le volu néce me ssai re , et de ce et n'employant que juste la quantité de réactif
volume de réactif, exactement mesuré à l'aide de nécessaire pour produire l'effet voulu ; un phéno-
tubes gradués , on déduit immédiatement la quan- mène visible apparaît quand le résultat est at-
tité du corp sé à dose r . teint. C'est ainsi que dans l'alcalimétrie on peut
Ce procéd supprime les nombreuses pesées , verser peu à peu l'acide jusqu'à ce que l'alcali
les filtrations , les lavages et toutes les autres soit saturé . La couleur bleue du tournesol passe
opérations qui rendent les analyses en poids si au rouge dès qu'on ajoute un excès d'acide . Cette
longues et si pénibles . On arrive ainsi à faire méthode est la plus simple, mais elle est d'une
beaucoup d'analyses en peu de temps et avec au- application assez restreinte . Une méthode plus
tant d'exactitude que par les pesées. générale est la suivante : si la substance à essayer
Titrer , c'est pour ainsi dire peser sans balance ; ne peut pas produire par elle-même un phéno-
les résultats sont aussi nets , aussi rigoureux que mène très-net et très-facilement appréciable , on
ceux fournis par cet instrument . C'est qu'en dé- produit sur elle une réaction avec une quantité
finitive tout revient toujours à une pesée ; seu- connue et en excès d'un autre corps qui , lui, soit
leme nt on n'en fait qu'u ne là où on en aurait susceptible de donner naissance un re phénomène
beaucoup à faire par la méthode ordinaire . L'exac- nt appréciable , et on mesu ensuite
faci leme
titude de la pesée unique se retrouve dans toutes ès s.
les analyses qu'on fait avec la liqueur préparée à l'exc de ce corp
Par l'emploi de cette méthode , M. Mohr a aug-
l'aid e de cette pesé e . menté la rigueur de l'alcalimétrie .
Dans cette méthode , on est averti que l'on a En effet, quand on veut déterminer la quantité
employé la quantité nécessaire du réactif par des d'acide qui sature exactement un carbonate alca-
phénomènes très -faciles à reconnaître à la vue , lin, on est trompé au dernier moment par l'acide
tels que l'apparition ou le changement d'une cou- carbonique , qui , mis en liberté , agit sur la tein-
leur, la naissance ou la cessation d'un précipité . ture de tournesol et ajoute son action à celle de
Dans l'essai des alcalis et dans celui des acides , l'acide employé . En versant l'acide réactif en excès ,
la fin de l'opération est indiquée par le change- on peut chasser tout l'acide carbonique et doser
ment de couleur de la teinture de tournesol ; dans ensuite très-rigoureusement l'excès d'acide nor-
le dosage du fer elle est indiquée par l'apparition mal à l'aide d'une dissolution alcaline titrée .
subite de la couleur rouge du caméléon minéral . Cette méthode a, sur la méthode directe , l'avan-
tage de permettre de faire un grand nombre d'a-
(1) Si le sel est insoluble dans l'eau , on le calcine nalyses différentes en s'appuyant sur un même
avec du carbonate de sou le. L'alcali forme avec l'acide
phénomène.
du sel un composé soluble sur lequel on opère .
ANALYSE. 254 - ANALYSE.
Elle est d'ailleurs la seule applicable quand il alors rapidement la bouche et on pose l'extrémité
s'agit de doser l'oxyde d'un carbonate insoluble. de l'index sur l'ouverture du tube. En soulevant
On ne pourrait pas verser juste la quantité d'acide ensuite le doigt très-légèrement, on laisse écou-
nécessaire pour que la liqueur soit neutre : ou ler goutte à goutte l'excès du liquide jusqu'à ce
bien il reste une partie du sel non dissous, ou que le niveau en soit redescendu au trait d'af-
bien le liquide est notablement acide. En ajoutant fleurement. Cela fait, on presse plus fortement
au contraire un excès d'acide et mesurant ensuite avec le doigt pour arrêter tout écoulement , et on
ce qu'il en reste de libre après la complète décom- porte la pipette ainsi remplie au - dessus du vase
position des carbonates insolubles , on fait rentrer où l'on doit verser le liquide. Il suffira d'enlever
ce dosage dans l'alcalimétrie. l'index de dessus l'ouverture pour que le liquide
On peut, à l'aide de réactions convenables, par- s'écoule.
venir à doser en volumes à peu près toutes les Les burettes sont des instruments à l'aide des-
substances, mais souvent alors les procédés se quels on laisse couler goutte à goutte la liqueur
compliquent, ou le phénomène chimique qui in- normale dans le liquide à essayer. Elles sont di-
dique la fin de la réaction manque de netteté. visées en parties d'égale capacité, de sorte qu'en
Nous nous bornerons ici à décrire en détail les notant le volume de liqueur normale contenu
procédés que l'expérience à consacrés. dans la burette au commencement de l'essai et le
Pour faire des analyses en volume, il faut : volume contenu à la fin, on connaît de suite le
1º Préparer la liqueur titrée ou normale ; volume du liquide qui a été employé.
2º Prendre un échantillon de la substance, de Les burettes peuvent avoir des formes très-
telle manière qu'il représente bien la composition différentes. Nous n'indiquerons ici que les plus
moyer ne du corps à essayer ; employées.
3 Choisir un phénomène qui indique avce
une grande netteté la fin de la réaction.
Ces différents points, ainsi que la marche de
l'essai, seront indiqués avec détails à l'occasion
des diverses analyses.
Mais toutes les méthodes exigent l'emploi d'un
certain nombre d'appareils toujours les mêmes,
et que nous décrirons très-succinctement.

FLACONS JAUGÉS , pipettes, BURETTES .


Pour préparer les liqueurs normales d'épreuve,
on emploie des flacons jaugés ; le flacon le plus
ordinairement utilisé est un ballon à fond plat
surle col duquel est gravé un cercle limitant exacte-
ment le volume de 1 litre. Il doit rester au-des-
sus de ce trait un espace suffisant pour qu'on
puisse agiter facilement le liquide. D'autres fla-
cons semblables de 500 cent. cubes, de 200 cent.
cubes ou de 100 cent. cubes permettent de frac-
tionner les liqueurs dans des rapports connus.
Les liqueurs d'épreuve, une fois préparées, sont Fig. 26. - Burettes .
conservées dans des flacons dont le col est assez
large pour qu'on puisse y aller puiser le liquide
à l'aide de l'appareil que nous allons décrire sous La plus répandue est celle de Gay- Lussac ; elle
le nom de pipette. se compose d'un tube de verre de 25 centimètres
La pipette est formée d'un tube de petit dia- environ de longueur et de 1 centimètre de dia-
mètre soudé à un réservoir cylindrique plus mètre. A la partie inférieure de ce tube, en est
large qui se termine par une pointe effi- soudé un autre plus étroit qui remonte parallèle-
lée ; elle est destinée à permettre de pui- ment au premier et se recourbe ensuite à angle
ser dans un flacon sans le déplacer des droit ; les divisions sont tracées sur le tube
volumes déterminés de liqueurs à essayer. large ; les plus larges correspondent à des centi-
Quand on verse les liquides directe- mètres cubes et chaque centimètre est subdivisé
ment avec le flacon , on est exposé à agi- en 5 ou en 10 parties égales. Le zéro de la divi-
ter les précipités qui se déposent aufond sion est placé en haut, un peu au-dessous de la
de certaines liqueurs ; il reste de plus sur courbure du petit tube. Le liquide est toujours
le goulot une certaine quantité de li- plus élevé dans celui-ci que dans le tube large
quide. Ce liquide, s'évaporant, laisse un par suite de la capillarité, mais on n'a pas à s'en
résidu solide qui , entrainé ensuite quand occuper; on ne doit s'occuper que du niveau
on verse de nouveau, augmente la con- dans le tube large. On commence par remplir la
centration de la liqueur versée. burette jusqu'au zéro, puis on l'incline convenable-
Tous ces inconvénients sont évités ment en la tenant de la main droite, et le liquide
quand on puise le liquide à l'aide d'une coule goutte à goutte dans la liqueur à essayer.
pipette dans le flacon en repos. Une autre burette fréquemment employée en
Les pipettes sont de différentes gran- Angleterre consiste en un simple tube muni d'un
deurs ; les plus usitées contiennent 10cen- petit bec à écoulement et d'un orifice plus grand
timètres cubes, ou 50 centimètres cubes, destiné à introduire le liquide dans la burette.
ou 100 centimètres cubes. Ce volume est La burette de M. Mohr, légèrement modifiée,
compris entre la pointe inférieure effilée est la plus commode de toutes. Elle consiste en
et un trait tracé au diamant ou à l'acide un tube de verre de 1 centimètre environ de dia-
Fig. 25. fluorhydrique sur le tube qui surmonte mètre et de 40 centimètres de largeur. Ce tube
le réservoir. présente un peu au-dessus d'une extrémité effilée
Pipette. Pour remplir la pipette, on la plonge un robinet de verre qui sert à régler l'écoulement
par sa partie effilée dans le liquide et du liquide ; l'autre extrémité , librement ouverte,
on aspire doucement par le haut jusqu'à ce que sert à l'introduction du liquide. C'est dans le
le liquide soit arrivé au-dessus du trait. On retire voisinage de cette ouverture que se trouve le zéro.
ANALYSE. 255 ANALYSE .
Pour se servir de cette burette, on la fixe sur sayer, obtenir un poids tel que, s'il était formé
un support dans une position verticale. On la d'alcali pur, il pût neutraliser exactement 100 par-
remplit avec la liqueur normale, et ne tournant ties de la solution acide ; on connaîtra, d'après le
nombre de centièmes d'acide employé, le nombre
de centièmes d'alcali qui se trouvent dans la ma-
tière à essayer.
Préparation de l'acide normal . L'acide le
plus fréquemment employé jusqu'ici est l'acide
sulfurique, que l'on peut facilement se procurer
à un degré de concentration toujours sensible-
ment le même. On commence par distiller l'acide
concentré du commerce (marquant 66° Baumé) et
on rejette le premier tiers qui distille ; il contient
un peu plus d'eau que le produit qui distille en-
suite. L'acide ainsi distillé, étant regardé comme
monohydraté, a pour poids moléculaire
SCH2 = 98.
On pèse 98 grammes de cet acide et on le verse
lentement dans un flacon de 1 litre préalable-
ment rempli à moitié d'eau distillée . On achève
ensuite de remplir le vase jusque près du trait
avec de l'eau et on laisse refroidir. Quand le
liquide est revenu à la température de 15º, on
achève de déterminer l'affleurement. Il est évident
que 50 cent. cubes de cette liqueur contiennent
48,9 d'acide sulfurique monohydraté SO H2, c'est-
à-dire un dixième d'équivalent en grammes, l'acide
sulfurique étant bibasique. On les versera dans
une burette divisée en demi - centimètres cubes, de
manière à leur faire occuper 100 divisions. L'a-
cide doit être conservé dans un flacon bouchant
bien, afin que son degré de concentration reste
HILBIGRAAD toujours le même.
M. Mohr a proposé, en 1852, de remplacer l'a-
Fig. 27. - Burette à robinet. cide sulfurique à 66° Baumé par l'acide oxalique
cristallisé C2 0 H2 . 2 H2O = 126. Les avantages
le robinet on fait écouler l'excès de liquide jus- de l'acide oxalique sont évidents : il se trouve
qu'à ce que le niveau arrive au zéro de l'échelle . à peu près pur dans le commerce, et on peut le
On amène ensuite au-dessous le vase qui contient purifier complétement en traitant l'acide du com-
le liquide à essayer, et on peut, en ouvrant len- merce par une quantité d'eau insuffisante pour
tement le robinet, verser la liqueur titrée goutte le dissoudre en entier, puis filtrant, faisant cris-
à goutte. talliser et égouttant les cristaux. Il est inalté
rable à l'air ; il n'est ni déliquescent, ni efflo-
ANALYSES FONDÉES rescent , tandis que l'acide sulfurique , étant
SUR LA SATURATION DES BASES PAR LES ACIDES très-avide d'eau , absorbe , quand on débouche le
ET DES ACIDES PAR LES BASES , flacon , un peu de la vapeur d'eau de l'atmo-
sphère. Enfin, d'après M. Marignac, l'acide con-
ALCALIMÉTRIE. centré par distillation n'est pas l'acide monohy-
draté pur SO H2 ; il contient en outre un peu
Le but de l'alcalimétrie est de déterminer la d'eau , 1/12 H2O.
quantité réelle d'alcali contenue dans les potasses et Si l'on veut employer l'acide oxalique comme
les soudes du commerce. Ces substances arrivent acide normal on prendra 1/2.1265r 638
de divers pays et sont toujours plus ou moins 1 équivalent en grammes de cet acide, on les
mélangées de substances étrangères ; elles con- mettra dans un flacon jaugé de 1 litre rempli aux
tiennent, outre le carbonate alcalin , de l'eau, des deux tiers d'eau distillée, on déterminera la dis-
chlorures, des sulfates et des matières insolubles, solution en imprimant au vase un mouvement de
tels que sels terreux , oxydes de fer et de manga- rotation, puis on achèvera de remplir jusqu'au
nèse. Le seul corps utile et par suite le seul im- trait avec de l'eau distillée. La température exté-
portant à doser est l'alcali libre ou carbonaté. rieure étant de 15°, il est bien évident alors que
Le principe de l'alcalimétrie est le suivant : chaque centimètre cube contient 0gr,063 = 1/1000
Si, dans une solution étendue d'alcali libre , de d'équivalent d'acide.
carbonate, de chlorure et de sulfate de potasse Pour faire l'essai d'une potasse, on en prélève
ou de soude, on verse peu à peu un acide de plusieurs échantillons en des points différents, de
titre connu, l'acide sulfurique où l'acide oxalique manière à avoir à peu près par le mélange de ces
par exemple, cet acide porte son action uni- échantillons la composition moyenne de la po-
quement sur l'alcali libre ou carbonaté. Tant que tasse à essayer, on les réduit en poudre et on
cet alcali n'est pas neutralisé par le nouvel acide, pèse 478 (1 équivalent) qui , si c'était de l'alcali pur
la liqueur reste alcaline , le tournesol y garde la KO, satureraient 49 grammes d'acide sulfurique.
couleur bleue. Dès que la base est saturée, la Dans un essai préliminaire on a chauffé au-
liqueur devient neutre, et si alors on dépasse le dessus de 200° un poids connu de la matière à
terme de la saturation en ajoutant le plus petit essayer pour connaître par la perte de poids la
excès d'acide , la liqueur rougit le tournesol . On quantité d'eau contenue.
peut, d'après le nombre de centimètres cubes de On dissout ensuite les 47 grammes de potasse
liqueur normale employée, connaître la quantité dans de l'eau contenue dans une éprouvette de la
d'alcali contenue dans la matière à essayer. Si capacité de 500 cent. cubes , et on achève de
donc la liqueur normale contient 1 équivalent d'a- remplir jusqu'au trait d'affleurement avec de l'eau
cide, on pourra, en prenant de la matière à es- distillée.
ANALYSE. 256-- ANALYSE.
On laisse ensuite reposer la liqueur, on filtre terminera ensuite, à l'aide d'une solution alcaline
si cela est nécessaire et on prend 50 cent. cubes de titrée, l'excès d'acide ajouté.
cette liqueur avec une pipette et on les verse dans
un vase à précipité. Cette quantité de liquide ACIDIMÉTRIE
contient 1/10 de la matière pesée, c'est-à-dire 45,7
qui, s'ils étaient formés d'oxyde de potassium K2O, L'acidimétrie, ou dosage des acides, est l'opéra-
seraient suffisants pour saturer 100 divisions de tion inverse de l'alcalimétrie ; elle se fait exacte-
l'acide sulfurique contenu dans la burette de ment de la même manière : il suffit de remplacer
Gay-Lussac, ou 100 cent. cubes de l'acide oxa- la liqueur normale acide par une liqueur nor-
lique normal. male alcaline que l'on verse alors goutte à goutte
La dissolution alcaline étant ainsi préparée, on dans la liqueur acide à essayer.
y ajoute quelques gouttes de teinture de tourne- Pour avoir une liqueur normale alcaline, on
sol, on place le vase sur une feuille de papier peut prendre un équivalent, c'est-à-dire 53 gr.,
blanc pour pouvoir mieux voir la couleur du de carbonate de soude pur et anhydre
liquide aux divers moments de l'essai. On fait (CO³ Na² : 106 )
alors couler doucement la liqueur acide dans la
liqueur alcaline, et on agite le vase qui la reçoit et le dissoudre de manière à ce que la dissolution
en lui donnant un léger mouvement giratoire ; occupe exactement 1 litre. On prendra ensuite pour
on verse ainsi jusqu'à ce que la couleur bleue du faire l'essai d'un acide un poids de cet acide égal à
tournesol passe au rouge pelure d'oignon . Un son équivalent supposé pur et on l'étendra de même
premier essai ne donne qu'approximativement le de manière à ce qu'il forme 1 litre de liquide.
titre de l'alcali. On recommence alors un second Ou introduira ensuite 100 cent. cubes de cette
essai en versant immédiatement un nombre de liqueur dans le vase à précipité, on y ajoutera du
divisions presque suffisant , et on ajoute alors seu- tournesol, qui rougira, et on versera lentement la •
lement la teinture du tournesol après avoir agité liqueur alcaline jusqu'à ce que le tournesol vire
de manière à chasser tout l'acide carbonique libre an bleu. Le nombre de centimètres cubes de la li-
qui donnerait au tournesol une couleur rouge vi- queur employée représentera le nombre de centiè-
neux ; on verse alors goutte à goutte les dernières mes d'acide pur que contient l'acide soumis à l'essai .
portions d'acide, et on arrive ainsi à reconnaître M. Mohr a proposé de remplacer le carbonate
facilement le titre exact à 1/2 centième près. de soude par la soude caustique pour faire la
Si l'on veut éviter la difficulté qu'il y a à saisir liqueur normale. L'emploi du carbonate de soude
juste le passage de la couleur rouge vineux au présente en effet quelque difficulté pour recon-
rouge pelure d'oignon, on peut avant de verser naître le moment de la saturation par suite de
les dernières gouttes d'acide chauffer la liqueur l'action de l'acide carbonique sur le tournesol ; il
à l'ébullition ; tout l'acide carbonique libre se dé- faudrait chauffer la liqueur pour éviter toute in-
gage et le virement de la couleur du bleu au rouge certitude ; la soude pure permet d'opérer très-
pelure d'oignon est alors facile à saisir. facilement et avec une grande exactitude. On titre
Une autre manière d'éviter l'inconvénient dû la soude en en formant une dissolution normale
au dégagement de l'acide carbonique consiste à équivalente volume à volume à la solution nor-
remplacer la méthode directe par la méthode par male d'acide oxalique .
reste . On ajoute immédiatement une quantité Enfin on peut aussi déterminer la richesse des
d'acide un peu supérieure à celle qui est néces- dissolutions acides, comme l'a proposé M. Gran-
saire pour saturer l'alcali , et on détermine en- deau Journ. de Pharm. , t. XXIV] , d'après la
suite l'excès d'acide à l'aide d'une dissolution quantité de cette dissolution qui est nécessaire
d'alcali caustique préalablement titrée avec l'a- pour décomposer un équivalent , 1/2 CO³ Ca" = 50,
cide normal. de carbonate de chaux pur.
Les essais de soude se font exactement comme
ceux de potasse ; il faut seulement remplacer le
poids 47 d'oxyde de potassium par son poids équi- ANALYSES VOLUMÉTRIQUES
valent 31 d'oxyde de sodium . PAR DOUBLE DÉCOMPOSITION DES SELS
Les sels neutres solubles que peuvent contenir NEUTRES .
les potasses et les soudes n'altèrent en rien l'exac-
titude de la méthode ; il n'en est pas de même des Après l'alcalimétrie et l'acidimétrie fondées sur
sulfures et des hyposulfites. On reconnait leur la saturation des acides par les bases ou des bases
présence à ce caractère, que l'acide sulfurique par les acides, nous placerons l'analyse volumé-
versé dans la dissolution alcaline dégage de l'acide trique fondée sur les doubles décompositions en
sulfhydrique reconnaissable à son odeur, s'il y a dissolution neutre sans phénomène d'oxydation
des sulfures ; il dégagerait de l'acide sulfureux ni de réduction .
avec dépôt de soufre, s'il y avait des hyposulfites. Nous choisirons pour exemple l'analyse la plus
Pour avoir dans ce cas la quantité d'alcali qui se importante, celle des alliages d'argent et de cuivre ;
trouve réellement libre ou carbonatée, on calcine nous la ferons suivre de l'opération inverse, le
préalablement la matière pulvérisée avec un peu dosage des chlorures. Nous aurons ainsi les deux
de chlorate de potasse qui transforme les sulfures dosages réciproques comme dans le dosage des
et hyposulfites en sulfates et passe lui-même à bases et des acides.
l'état de chlorure. Essais des monnaies d'argent. - Le dosage
La méthode alcalimétrique peut s'appliquer de l'argent par les liqueurs titrées est dû à Gay-
également au dosage des carbonates des terres al- Lussac, qui le proposa en 1828 , pour remplacer la
calines, baryte, chaux, strontiane ; mais dans ce méthode de coupellation. Elle est fondée sur
cas l'acide sulfurique et l'acide oxalique ont l'in- l'insolubilité du chlorure d'argent et sur la solu-
convénient de former avec ces bases des composés bilité du chlorure de cuivre. Quand on verse une
insolubles ou peu solubles ; on les remplace alors, dissolution de chlorure de sodium dans une disso-
comme l'a proposé M. Mohr, par l'acide azotique , lution d'azotate d'argent et d'azotate de cuivre, il
qui forme avec toutes les bases des sels neutres se produit un précipité blanc caillebotté qui se
solubles. L'acide peut être titré à l'aide d'une so- réunit facilement, surtout lorsqu'on l'agite. La fin
lution alcaline normale. Pour faire l'expérience, de l'opération se reconnaît à ce qu'une goutte de
au lieu de chercher directement la quantité d'a- chlorure ne produit plus de trouble dans la li- *
cide nécessaire pour décomposer le carbonate queur transparente. Pour précipiter 1 équivalent ou
terreux, on ajoutera un excès d'acide et on dé- 108 grammes d'argent pur, il faut 1 équivalent ou
ANALYSE. - 257 ANALYSE.

58,5 de chlorure de sodium; par suite, pour pré- du mercure à ce que le chlorure d'argent souillé
cipiter 1 gramme d'argent, il faudra de mercure ne se colore pas sous l'influence de la
58,5 lumière.
= 08,5416 de chlorure de sodium. On pré-
108 Dans ce cas on dissout l'alliage comme à l'or-
pare : dinaire dans l'acide nitrique, puis on y ajoute
1° Une liqueur normale renfermant 0,5416 25 cent. cubes d'ammoniaque caustique étendue
de chlorure de sodium par décilitre ; de son volume d'eau ; on verse ensuite comme à
2° Une liqueur décime renfermant la même pro- l'ordinaire 100 cent. cubes de liqueur normale et
portion de chlorure de sodium par volume de on sature l'ammoniaque avec de l'acide nitrique.
On termine ensuite l'essai sans difficulté avec la
1 litre; 1 cent. cube de cette liqueur précipitera liqueur normale décime.
juste 1 milligramme d'argent.
Enfin, comme il peut arriver que l'on ait versé Lorsqu'il s'agit de faire un grand nombre d'es-
un excès de chlorure, on prépare pour déterminer sais, comme dans les hôtels des monnaies , on
cet excès une troisième liqueur appelée liqueur emploie, pour contenir la liqueur normale salée,
normale d'argent en dissolvant 1 gramme d'ar- un réservoir de 100 litres de capacité. Ce réser-
gent pur dans l'acide azotique et étendant de ma- voir est fermé par un couvercle qui empêche
nière à former 1 litre. Chaque centimètre cube de l'évaporation ; l'air rentre par un tube de verre
vertical ouvert à ses deux extrémités. Ce vase
cette liqueur correspond à un cent. cube de la
liqueur décime de chlorure de sodium. communique par un tube recourbé avec la pi-
Pour procéder à l'essai, on prend toujours un pette qui porte deux robinets recourbés : le premier
poids d'alliage tel , qu'il contienne à peu près communique avec le tube qui amène la dissolu-
1 gramme d'argent fin. Aussi , lorsqu'il s'agit d'un tion , le second laisse échapper à l'extérieur l'air
contenu dans la pipette. Quand on a un grand
lingot, est-on obligé de déterminer d'avance ap- nombre d'essais à faire, les flacons qui contien-
proximativement le titre par un essai par voie nent la dissolution azotique de l'alliage sont ame-
sèche.
S'il s'agit de l'alliage monétaire dont le titre doit nés successivement au-dessous de l'éprouvette,
être 900/1000 avec tolérance de 2/1000 , il faut qu'il préalablement remplie de liquide, et que l'on vide
y ait au moins 898/1000 d'argent. On supposera que en une seule fois. Tous les flacons, aussitôt bou-
le titre est sculement de 897/1000 ; alors le poids chés, sont fixés sur un support à compartiments,
d'alliage qu'il faudra prendre pour avoir 1 gramme suspendu à l'extrémité d'un ressort en acier ; il
suffit de secouer vivement ce support pendant
d'argent fin sera donné par la proportion quelques minutes pour obtenir des liqueurs par-
x 1000 1000 faitement claires .
s= = 18,1148. Dosage des chlorures. - Le dosage des chlo-
18r 897' 897
rures est l'inverse du dosage de l'argent : il est,
On prendra donc 18,1148 d'alliage, on l'intro- comme ce dernier, fondé sur l'insolubilité du
duira dans un flacon de 1/4 de litre environ, avec chlorure d'argent. On emploie pour faire ce do-
5 à 65 d'acide azotique, puis on chauffera le mé- sage :
lange au bain-marie pour effectuer la dissolution. 1° Une liqueur normale d'argent , contenant
On insule ensuite de l'air dans le flacon pour 1 gramme d'argent pur dissous dans l'acide ni-
chasser les vapeurs rutilantes , et à l'aide d'une trique et étendu de manière à former 1 litre ;
pipette on ajoute 100 cent. cubes de la liqueur 2º Une liqueur salée , renfermant 0,5416 de
normale. On bouche le flacon et on l'agite très-vive- chlorure de sodium par litre, de sorte que 1 cent.
mentde manière à rassembler le chlorure; la liqueur cube de cette liqueur puisse précipiter juste 1
redevient immédiatement claire. Si le titre est cent. cube de la liqueur normale d'argent. Quand
supérieur à 897/1000, la liqueur doit encore renfer- il s'agit d'essayer un chlorure, on verse peu à peu
mer de l'argent On s'en assure en versant dans la la dissolution d'azotate d'argent dans la dissolu-
dissolution 1 cent . cube de la liqueur décime salée ; tion du chlorure, mais il arrive que, vers la fin
s'il se produit un trouble, on agite pour éclaircir de l'opération, le précipité formé par les dernières
et on ajoute un nouveau centimètre cube de li- traces de chlorure n'apparaît que sous forme d'un
queur décime, en continuant ainsi jusqu'à ce que nuage blanc qui se rassemble difficilement.
l'addition d'un nouveau centimètre cube ne fasse Pour reconnaître plus facilement le moment
plus apparaître le moindre nuage. Si par exemple où tout le chlorure est précipité, on a proposé
le 4 centimètre cube ne produit plus rien, on d'ajouter au chlorure un sel qui ne précipite par
admettra que le 3 , qui a encore troublé la li- l'argent que lorsqu'il n'existe plus de chlorure à
queur, n'a servi que pour moitié, de sorte que décomposer, et qui de plus donne un précipité co-
1,1148 d'alliage contient en réalité 18,0025 d'ar- loré, facile à reconnaître . Tel est le phosphate de
gent fin; par suite, son titre sera soude indiqué par Levol ; tels sont encore l'arse-
x 1,0025 899 niate de soude et le bichromate de potasse indi-
= = qués par M. Mohr.
1000 1,1148 1000 On peut se dispenser de l'emploi de ces sels
auxiliaires en substituant à la méthode directe la
Si le 1er cent. cube décime de liqueur salée méthode par reste. Dans ce procédé, au lieu de
n'avait pas produit de nuage, c'est que le titre au- verser l'azotate d'argent peu à peu dans le chlo-
897
rait été ou inférieur. Pour trouver son titre rure, on en verse de suite un petit excès et on dé-
1000' termine ensuite cet excès à l'aide de la liqueur
exact, on pourrait ajouter 1 cent. cube de la li- normale salée. L'agitation suffit alors pour donner
queur normale d'argent, mais les liqueurs s'éclair- des liqueurs claires, et la fin de l'opération se
cissent toujours mal en présence d'un excès de reconnaît avec une grande exactitude.
chlorure alcalin : aussi préfère-t-on ajouter de
suite 10 centimètres de la liqueur normale d'ar-
gent, et on ajoute ensuite peu à peu la liqueur ANALYSES VOLUMÉTRIQUES PAR RÉDUCTION
décime salée comme dans le cas précédent. OU PAR OXYDATION.
L'essai d'argent peut se faire avec la même
exactitude en présence de presque tous les mé- Après les méthodes fondées, soit sur la satura-
taux. Cependant si l'alliage d'argent contient du tion des bases par les acides ou des acides par les
mercure, il faut avoir recours à la modification bases, soit sur la double décomposition des sels ,
imaginée par Levol. On reconnaît l'existence viennent celles qui reposent sur des phénomènes
I - 17
ANALYSE . 258 ANALYSE .
d'oxydation ou de réduction. Ces méthodes sont donc contenir par litre un poids de cet acide
aujourd'hui très-nombreuses , nous ne décrirons donné par l'équation
ici que celles qui sont reconnues comme les
meilleures . Les substances employées comme x 198
= d'où x = 48,439.
agents d'oxydation ou de réduction n'ont pas 3,17 142 '
toutes la même valeur : les meilleures sont évi-
demment celles que l'on peut se procurer faci- On prend donc 45",439 d'acide arsénieux pur,
lement pures ; elles doivent de plus pouvoir se on le dissout dans 150 cent. cubes d'acide chlor-
conserver en dissolution étendue , rester sans hydrique et 150 cent. cubes d'eau en chauffant
altération au contact de l'air, et enfin être suscep- légèrement, puis on verse la dissolution dans un
tibles d'indiquer la fin de l'opération par un phé- flacon d'un litre et on achève de remplir jusqu'au
uomène très- net. trait. Cette liqueur est évidemment telle, que,
Parmi les substances réductrices, l'acide oxali- quelque volume qu'on en prenne, il faudra tou-
que, l'acide arsénieux, l'arsénite de soude et le jours un volume égal de chlore pour transformer
prussiate jaune de potasse remplissent toutes ces en acide arsénique l'acide arsénieux qu'elle con-
conditions ; aussi en fait-on un fréquent usage. tient.
Viennent ensuite l'acide sulfureux, les sulfures Pour vérifier la dissolution arsénieuse, on com-
alcalins, le protochlorure d'étain et le sulfate de mence par remplir un flacon de chlore sec, en
protoxyde de fer, qui donnent aussi des réac- faisant arriver au fond du flacon le gaz qui dé- ·
tions très-nettes, mais qui se conservent difficile- place peu à peu l'air plus léger. Quand le flacon
ment. est bien rempli de chlore, on le bouche, puis on
Parmi les substances oxydantes, la plus facile à le renverse sur l'eau ordinaire ou sur de l'eau
obtenir pure et inaltérable est le bichromate de contenant 4 à 5 millièmes de potasse et on retire
potasse. Vient ensuite la dissolution d'iode dans un peu le bouchon ; l'eau pénètre dans le flacon,
l'iodure de potassium, qui se conserve encore on le referme et on agite ; puis on entr'ouvre de
très-bien. Le permanganate de potasse est dif- nouveau le goulot sous l'eau, il entre une nou-
ficile à préparer pur , il se conserve , de plus , velle quantité de liquide, on referme , et on agite
difficilement en dissolution, mais il a des pro- de nouveau, et on entr'ouvre encore, en répétant
priétés oxydantes si énergiques et la fin de l'opé- l'opération jusqu'à ce que l'eau cesse d'entrer. Le
ration est si nettement indiquée par l'apparition chlore étant complétement absorbé , le liquide con-
de sa belle couleur rouge, qu'il constitue un des tient juste son volume de chlore.
réactifs les plus précieux de l'analyse volumétri- Onprendra alors avec une pipette 10 cent. cubes
que. Nous allons passer en revue successivement les de la liqueur arsénieuse que l'on versera dans un
principales méthodes fondées sur l'emploi, d'abord vase à précipité ; on y ajoutera une goutte de sul-
d'un réducteur seul, puis sur l'emploi d'un oxydant fate d'indigo et on remplira la burette, divisée en
seul , et enfin celles qui emploient successive- dixièmes de centimètre cube, avec la dissolution
ment l'action d'un réducteur et celle d'un oxy- de chlore ; la décoloration de l'indigo devra se
dant. produire quand on aura versé exactement 10 cent.
cubes de la dissolution de chlore. S'il en fallait ver-
ANALYSE PAR RÉDUCTION. sermoins, c'est que l'acide arsénieux employé n'était
pas pur, et il faudrait préparer une nouvelle so-
1º ACIDE ARSENIEUX. - CHLOROMÉTRIE. lution arsénicale, soit en employant de l'acide
L'acide arsénieux a été employé pour la première plus pur, soit simplement en calculant le poids
fois , comme réducteur dans l'analyse volumétri- d'acide impur que l'on doit prendre pour que la
que, par Gay-Lussac, qui s'en est servi pour dé- liqueur exige juste son volume de chlore.
terminer la quantité de chlore que peut donner, Voyons maintenant comment on procède à l'es-
soit une dissolution de chlore, soit un hypochlo- sai d'un chlorure de chaux . Gay-Lussac a remar-
rite décolorant, comme l'eau de Javel ou le chlo- qué que 10 gr. d'un chlorure de chaux bien pré-
rure de chaux [ Ann. de Chim . et de Pharm., t . VIII , paré, dissous dans l'eau de manière à former 1 lit.,
p. 18] . donnent une liqueur dont le pouvoir oxydant et
L'acide arsénieux en dissolution dans l'acide décolorant est à peu près égal à celui d'un litre
chlorhydrique étendu se transforme, sous l'in- de chlore ; de sorte que si 10 gr. de chlorure dé-
fluence du chlore et de l'eau, en acide arsénique colorant équivalent à 1 lit. de chlore, 1 kilog . de
par la réaction : ce chlorure équivaudra à 100 lit. de chlore, et l'on
dira que le chlorure est au titre de 100. Si l'on
As2O3 + 2 H2O + 4 Cl = As2O + 4 H Cl . prend 10 gr. d'un autre chlorure et qu'après les
avoir dissous de même, on trouve qu'il en faut
1 molécule ou 198 gr. d'acide arsénieux exigent 20 cent. cubes pour oxyder les 10 cent. cubes de
donc 4 atomes ou 142 gr. de chlore pour passer liqueur arsénieuse, c'est qu'il n'y a que 50 lit. de
à l'état d'acide arsénique. La fin de l'opération chlore dans 1 kilog , de chlorure ; le titre sera 50 ;
est indiquée par la décoloration instantanée d'une il est donné par l'équation
petite quantité de sulfate d'indigo qui reste inal- x 10
térée tant qu'il y a de l'acide arsénieux à oxyder, = d'où x = 50.
mais qui se détruit dès qu'il y a le plus léger ex- 100 20
cès de chlore. S'il avait fallu seulement 9 cent. cubes, le titre
Si l'on fait réagir sur une quantité constante eût été
d'acide arsénieux différentes dissolutions de chlore x 10
ou d'hypochlorite, il est évident que la richesse d'où x = 111.
en chlore sera en raison inverse des quantités de 100 9 ‫י‬
ces dissolutions que l'on aura dù employer. Gay- La liqueur à essayer est ici contenue dans la
Lussac a pris une dissolution d'acide arsénieux burette et il faut un calcul pour trouver le titre.
étendue de telle façon qu'elle exige pour se trans- Il paraîtrait plus naturel de mettre la solution ar-
former en acide arsénique un volume de chlore sénieuse dans la burette et de la verser dans 10
égal au sien. Or 1 lit. de chlore pèse cent. cubes de la liqueur chlorée ; celle- ci serait
d'autant plus forte qu'elle exigerait plus d'acide
18,293 × 2,44 = 38", 17. arsénieux , le titre serait proportionnel au nombre
de divisions versées ; mais il y aurait là une grave
La dissolution normale d'ac de arsénieux devra cause d'erreur : l'acide chlorhydrique dans lequel
ANALYSE . 259 - ANALYSE .
l'acide arsénieux est dissous mettrait le chlore en l'amidon et l'iodure alcalin dans la liqueur arsé-
liberté trop rapidement et, une partie du chlore se nieuse, parce que le chlore attaque par places et
dégageant, le titre observé serait inférieur au titre décompose l'amidon . En substituant au dosage
réel. direct la méthode par reste, M. Bunsen a tourné
Pour faire ces essais, on prend des échantillons la difficulté ; et la réaction de l'iode sur l'amidon
dans les différentes parties du chlorure à essayer a été employée dans tous les essais de chlore
et on les mélange de manière à avoir la moyenne par M. Bunsen, par M. A. Streng et par M. Mohr.
de la masse à essayer. On en pèse alors 10 gr. Nous indiquerons la marche des opérations à pro-
que l'on délaye dans un petit mortier de verre ou pos des analyses volumétriques fondées sur l'em-
de porcelaine avec un peu d'eau , on décante le ploi de l'iode.
liquide dans un flacon d'un litre, puis ajoutant Si le dosage du chlore a si vivement excité l'at-
de l'eau dans le mortier, on broie de nouveau les tention des chimistes qui s'occupent d'analyse,
portions grenues qui sont restées au fond. On re- c'est qu'un grand nombre d'analyses en volumes
commence ainsi jusqu'à ce que tout le chlorure peuvent se ramener à des essais chlorométriques.
soit dissous. Gay-Lussac nous avait déjà montré qu'en faisant
On achève ensuite de remplir le flacon de ma- chauffer le bioxyde de manganèse avec de l'acide
nière à former un litre, et on agite de manière à chlorhydrique, on ramène l'essai de cet oxyde à
bien mélanger toutes les parties. un dosage de chlore ; depuis cette époque, M. Bun-
On prend alors, comme nous l'avons fait précé- sen a ramené de même à un dosage de chlore les
demment, 10 cent. cubes de la liqueur normale ar- analyses volumétriques des peroxydes de nickel,
sénieuse, on les verse dans un vase à précipité et de cobalt et de plomb, ainsi que celles des acides
on les colore par quelques gouttes de sulfate d'in- chlorique, iodique, chromique, vanadique, sélé-
digo. On remplit ensuite avec la dissolution de nique, manganique et ferrique, en se fondant sur
chlorure de chaux la burette divisée en dixièmes ce que ces corps, chauffés avec de l'acide chlorhy-
de centimètre cube et on verse peu à peu jus- drique concentré, donnent un dégagement de
qu'à ce que l'on voie la coloration bleue dispa- chlore.
raitre. Nous allons décrire immédiatement la méthode
Un premier essai sera seulement approximatif, d'essai des manganèses telle que l'a indiquée Gay-
la coloration bleue s'affaiblissant graduellement Lussac, nous réservant de parler des autres sub-
vers la fin de l'opération . On recommencera en stances que nous venons de nommer à l'occasion
ajoutant d'une seule fois un volume de dissolution des méthodes de Bunsen , de Streng et de Mohr.
de chlore un peu inférieur à celui qui a été né- ESSAI DES OXYDES DE MANGANESE. - Dans les es-
cessaire dans le premier essai, et alors seulement sais des oxydes de manganèse du commerce, on se
on ajoutera quelques gouttes d'indigo ; en versant propose de déterminer la quantité de chlore qu'un
ensuite avec précaution et goutte à goutte, on de- oxyde peut donner, quand il est chauffé avec de
vra avoir une décoloration instantanée. l'acide chlorhydrique concentré , les différents
Pour simplifier l'essai, Gay-Lussac a dressé des manganèses du commerce n'ayant dans l'industrie
tables qui suppriment tout calcul et indiquent le de valeur que par le chlore qu'ils peuvent fournir.
titre d'un chlorure en face du nombre de centi- -Gay-Lussac, qui a imaginé ce mode de dosage,
mètres cubes de la liqueur chlorée employée. Ces a constaté que quand le bioxyde est chimiquement
titres peuvent même être inscrits sur la burette pur, 35,98 d'oxyde donnent exactement 1 lit. de
elle-même. ---- Les chlorures de chaux du com- chlore à 0° et sous la pression de 0,76 , par la
merce ont des titres qui varient ordinairement réaction
entre 80 et 110.
Remarques. Quand on dissout à chaud MnO2 + 4 HCl - 2 H2O + MnCl2 + Cl2.
45,439 d'acide arsénieux dans l'acide chlorhy- Pour faire l'essai d'un bioxyde , il en pesait
drique, il peut arriver qu'il se forme un peu de exactement 38,98 qu'il introduisait dans un petit
chlorure d'arsenic qui se volatilise. Pour éviter ballon avec 25 à 30 gr. d'acide chlorhydrique con-
cet inconvénient, M. Astley Price dissout l'acide centré; il fermait le ballon avec un bouchon muni
arsénieux dans une dissolution de potasse et ajoute d'un long tube , qui se rend dans une dissolu-
ensuite un excès d'acide chlorhydrique ; le reste tion étendue de potasse placée dans un matras à
de l'opération se fait comme d'ordinaire. long col.
Une autre modification a été apportée par Penot, Ilfaut chauffer légèrement pour faciliter la réac-
pour reconnaître plus exactement le moment où tion et le chlore qui se dégage va se dissoudre
l'acide arsénieux est entièrement oxydé [ Din- dans la liqueur alcaline. Lorsque le bioxyde de
gler's Polytechn . Zeitung, B. CXXVII , s. 134 und manganèse est complétement dissous, ce que l'on
B. CXXIX, s. 286 ] . Nous avons déjà dit que la reconnaît à ce que la liqueur est devenue inco-
couleur de l'indigo disparaissait graduellement lore (ou jaune quand il y a de l'oxyde de fer dans
vers la fin de l'opération parce que le chlore agit le manganèse) , on arrête l'opération et on enlève
par places et que la matière colorante un fois dé- le ballon avec son tube à dégagement. Gay-Lussac
truite ne peut pas se reproduire. Au lieu d'em- étend alors la liqueur alcaline chlorée de ma-
ployer l'acide arsénieux dissous dans l'acide nière à ce qu'elle occupe 1 lit. , et il détermine
chlorhydrique, Penot emploie l'acide arsénieux la quantité de chlore qu'elle contient par l'acide
dissous dans un excès de carbonate de soude. arsénieux, comme nous l'avons indiqué. Si l'ana-
L'acide arsénieux en solution alcaline a une plus lyse montre que cette dissolution alcaline contient
grande affinité pour l'oxygène que lorsqu'il est en 70 centièmes de chlore, c'est que le bioxyde de
dissolution acide. On reconnaît la fin de l'opéra- manganèse contient lui-même 70 % de bioxyde
tion en touchant avec une goutte de la dissolu- pur. Le mode de dosage du manganèse employé
tion un papier imprégné d'amidon et d'iodure al- par M. Bunsen et par M. Mohr ne diffère de celui
calin . Dès que tout l'acide arsénieux est saturé, de Gay-Lussac, ainsi que nous le verrons bientôt ,
le moindre excès de chlore détermine sur le pa- que par le mode de dosage du chlore.
pier ioduré et amidonné une tache bleue. 2º SULFURE DE SODIUM . - -DOSAGE DU Cuivre. -
Cette méthode de Penot donne de bons résul- Le cuivre entrant dans un grand nombre d'al-
tats, mais elle est incommode , parce qu'il faut liages, tels que les bronzes et les laitons, on a cher-
toucher après chaque addition de chlorure la bande ché les moyens de doser ce métal rapidement et
de papier; il est toujours préférable d'avoir un avec une grande exactitude . Aussi existe-t-il un
réactif qui permette de reconnaître dans la liqueur grand nombre de méthodes volumétriques pour
même la fin de l'opération . On ne peut mettre atteindre ce but. L'une des meilleures et des plus
ANALYSE. 260 - ANALYSE .
rapides est due à M. Pelouze ; nous allons la dé- il a été déterminé justifient encore le choix de
crire elle s'applique à l'analyse des minerais, l'iode comme moyen de dosage. Les belles re-
des alliages et des sels de cuivre. cherches de M. Bunsen ( 1853) ont prouvé qu'en
Elle est fondée : 1 ° sur la propriété des sels de combinant l'action successive de l'iode avec celle
cuivre de se dissoudre dans l'ammoniaque en d'un réducteur comme l'acide sulfureux , on pour-
formant une liqueur bleue très-intense ; 2° sur rait arriver à doser en volumes un très-grand
la précipitation de cette liqueur ammoniacale nombre de substances que l'on n'avait jusqu'a-
par les sulfures solubles et sa décoloration com- lors dosées qu'à l'aide de poids.
plète lorsqu'il ne reste plus de cuivre en dissolu- C'est à cet illustre maître que l'on doit la mé-
tion. thode générale fondée sur l'emploi d'une disso-
La présence de métaux étrangers, tels que lution titrée d'iode avec une dissolution titrée
plomb, étain , zinc, cadmium , fer à l'état de per- d'acide sulfureux.
oxyd eet antimoine, ne nuit pas à l'exactitude de Plus tard, M. A. Streng et M. F. Mohr ont ap- ·
l'analyse, parce que ces métaux ne réagissent sur porté à la méthode de Bunsen d'importants per-
le sulfure alcalin que lorsque tout le cuivre est fectionnements par le choix de corps réducteurs
précipité, c'est-à-dire lorsque, la liqueur étant dé- qui rendent le travail plus facile et les résultats
colorée, on a été averti que l'opération est ter- plus certains. Nous allons passer en revue les
minée. principaux procédés employés.
L'argent, le mercure, le nickel et le cobalt sont SULFHYDROMÉTRIE. - Pour doser le soufre con-
les seuls métaux dont la présence ne permette tenu soit à l'état d'acide sulfhydrique, soit à l'état
pas un dosage exact du cuivre. de sulfure alcalin , dans une eau minérale sulfu-
Pour faire l'analyse, on dissout d'abord dans reuse par exemple, Dupasquier s'est fondé sur ce
l'eau du sulfure de sodium , et on le titre en cher- qu'une dissolution d'iode libre versée dans une
chant quel volume il faut en employer pour pré- pareille dissolution décompose l'acide sulfhy-
cipiter la dissolution ammoniacale de 1 gramine drique ou les sulfures en donnant du soufre libre
de cuivre pur. qui se dépose, et de l'acide iodhydrique ou un
Voici la marche de l'opération : iodure alcalin , ainsi que l'indiquent les formules :
On pèse 1 gramme de cuivre pur , on le dis-
sout dans 5 à 6 grammes d'acide azotique ; on H2S 12 : = S + 2 HI ,
ajoute à la liqueur 40 à 50 centimètres cubes Na2S + 12 S + 2 Na I.
d'ammoniaque caustique concentrée , on porte le
matras à l'ébullition, et on y verse peu peu la Pour reconnaître exactement la fin de l'opéra-
dissolution de sulfure de sodium contenue dans tion, il ajoutait à la dissolution sulfureuse un peu
une burette donnant le dixième de cent. cube. Le d'empois d'amidon . Tant qu'il y a du soufre à
cuivre se dépose à l'état d'oxysulfure CuO, 5Cu S. précipiter, la liqueur reste incolore ; mais dès
Dès que la liqueur est décolorée, on lit le nombre que la réaction est terminée, la moindre goutte
de divisions de la burette que l'on a utilisées ; soit d'iode produit avec l'amidon une belle coloration
45 divisions , c'est-à-dire 4cc ,5. bleu foncé qui avertit de la fin de l'opération.
Le titre une fois déterminé de cette façon , si Il suffit donc pour ces essais d'avoir une liqueur
l'on veut analyser un minerai de cuivre, par normale d'iode.
exemple, on le pulvérise, on en pèse 1 gramme Le moyen le plus simple de préparer cette li-
et on le dissout dans l'eau régale ; quand l'at- queur normale consiste à peser 1/10 d'équivalent
taque est complète, on laisse refroidir et on ajoute d'iode ou 127 / 10 = 128,7 , et à les dissoudre dans
ensuite un grand excès d'ammoniaque. Les ma- de l'eau additionnée d'iodure de potassium , de
tières insolubles et celles qui ont été précipitées manière à ce que le tout occupe exactement
par l'ammoniaque ( silice , alumine, oxyde de 1 litre.
plomb, oxyde d'antimoine, sesquioxyde de fer, etc.) Comme 127 grammes d'iode ( I) mettraient en
restent en suspension dans la liqueur ; il est inu- liberté 16 grammes de soufre (S1/2) , 128", 7 corres-
tile de filtrer, car elles n'empêchent pas de voir pondront à 15,6 de soufre et par suite 1 cent. cube
le moment de la décoloration et elles n'agiraient de liqueur normale ou 0,0127 d'iode précipitera
sur le sulfure que lorsque tout le cuivre serait 16,6/100005,0016 de soufre .
déjà précipité . On chauffe alors à l'ébullition et On prendra donc un volume ou un poids dé-
on verse peu à peu le sulfure de sodium jusqu'à terminé de la dissolution à essayer, on la versera
décoloration, et on lit sur la burette le volume dans un vase à précipité, puis, après y avoir ajouté
du liquide employé. S'il a fallu verser 32 divi- de l'empois d'amidon, on versera peu à peu la
sions, par exemple, le poids du cuivre contenu liqueur normale d'iode à l'aide d'une burette
dans 1 gramme de minerai sera donné par la graduée ; le nombre de centimètres cubes versés
proportion multiplié par 0,0016 donnera immédiatement le
x 32 poids du soufre.
d'où x == 08,711 . Comme les eaux minérales contiennent souvent
1 45'
une partie du soufre à l'état d'acide sulfhydrique
La richesse du minerai serait donc de 71 , 1°。. et une autre à l'état de sulfure alcalin , on peut
avoir besoin de connaître les proportions d'acide
ANALYSE PAR LES OXYDANTS. sulfhydrique et de sulfure. Pour y arriver, on
dose d'abord à la manière ordinaire tout le soufre
1º IODE. - Dupasquier a le premier employé conteuu dans un volume déterminé d'eau ; puis
l'iode dans l'analyse volumétrique. Son procédé on agite un nouveau volume d'eau avec de l'ar-
de dosage de l'acide sulfhydrique et des sulfures gent en poudre, comme l'a conseillé M. Henry :
alcalins est encore aujourd'hui plus exact que tous tout l'acide sulfhydrique libre est décomposé
ceux qu'on a essayé de lui substituer. Depuis tandis que le sulfure reste inaltéré ; on décante
Dupasquier, l'iode a reçu de nouvelles applications alors la liqueur et on essaye la liqueur claire par
dans l'analyse par les liqueurs titrées. la liqueur normale d'iode. Le nombre obtenu
L'affinité de ce corps pour l'hydrogène et pour dans cette dernière opération représente le poids
les métaux, ses propriétés oxydantes en présence du soufre qui se trouvait à l'état de sulfure, et
de l'eau, enfin l'extrême sensibilité de sa réaction l'excès du premier nombre trouvé sur le second
sur l'empois d'amidon , en font un des réactifs les donne le poids de soufre qui existait à l'état d'a-
plus précieux pour ce genre d'opérations. L'équi- cide sulfhydrique .
valent élevé de l'iode et l'exactitude avec laquelle Remarque. Si l'eau minérale contient, outre
ANALYSE . 261 ANALYSE .
les sulfures alcalins , du carbonate ou du silicate de DOSAGE DE L'OXYDE D'ANTIMOINE. DE L'ÉME-
soude , il faut, pour avoir des résultats exacts, TIQUE. - L'oxyde d'antimoine en dissolution alca-
ajouter d'abord à l'eau minérale une quantité de line se comporte exactement comme l'acide arsé-
chlorure de baryum suffisante pour décomposer nieux à l'égard de la dissolution d'iode ; on peut
tout le carbonate et le silicate alcalin. donc le doser comme ce dernier.
Si l'eau sulfureuse avait été exposée quelque Si l'oxyde d'antimoine est à l'état de tartrate
temps à l'air, une partie du sulfure aurait pu double d'antimoine et de potasse, on le mêle avec
passer à l'état d'hyposulfite ou de sulfite ; pour un excès de carbonate de soude et il ne se forme
apprécier la quantité de sulfure inaltéré, on trai- pas de précipité. Si l'oxyde d'antimoine est libre,
terait d'abord 1 volume de la dissolution par on le fait digérer avec de l'acide tartrique jusqu'à
la liqueur normale d'iode ; puis, après avoir noté ce qu'il soit dissous, et on sature ensuite avec du
le nombre de centimètres cubes employés, on carbonate de soude.
ferait bouillir une nouvelle quantité de l'eau sul- Pour essayer la pureté d'un émétique du com-
fureuse avec du bicarbonate de soude, qui décom- merce, ce qu'il y aura de plus simple sera de le
poserait tout le sulfure , et après ce refroidisse- comparer, à l'aide du carbonate de soude et de la
ment on essayerait de nouveau par l'iode. La liqueur normale d'iode, à un échantillon de tar-
différence entre le nouveau nombre obtenu et le trate bien pur.
premier donnerait le poids de soufre qui se trou- DOSAGE DU CYANURE DE POTASSIUM. Le dosage
vait à l'état de sulfure alcalin . du cyanure de potassium contenu dans une liqueur
DOSAGE DE L'acide sulfureux. -- La dissolution peut aussi se faire, comme l'ont montré MM . For-
titrée d'iode s'applique avec la plus grande exac- dos et Gélis, à l'aide de la liqueur normale d'iode ,
titude au dosage de l'acide sulfureux. En effet, qui, en réagissant sur le cyanure, donne la réac-
quand la dissolution d'acide sulfureux est suffi- tion
samment étendue, c'est-à-dire quand , d'après KCy + 21 = KI + CyI.
M. Bunsen, elle contient au plus 4 à 5 centièmes
de cet acide en poids, l'iode transforme l'acide De sorte que 1 équivalent ou 127 grammes d'iode
sulfureux en acide sulfurique , en passant lui- correspond à 1/2 molécule ou 65/2 = 328,5 de
même à l'état d'acide iodhydrique par la réaction cyanure de potassium. 1 centimètre cube de la li-
queur normale d'iode correspond donc à 0,00325
SO2 + 2H2O + 1º - : SO H2 + 2 HI ; de cyanure. On reconnaît la fin de l'opération à
l'apparition de la teinte jaune de l'iode dans la
de sorte que 1 cent. cube de la liqueur normale, liqueur. Les auteurs recommandent avec raison
c'est-à-dire 0,0127 d'iode , correspondra à 05",0032 de ne pas employer l'empois d'amidon ; ce corps
d'acide sulfureux . La dissolution d'acide sulfu- conduit à des résultats inexacts , parce qu'il peut
reux doit avoir été étendue avec de l'eau bouillie, être coloré par l'iodure de cyanogène . S'il y a des
puis refroidie dans un vase fermé. L'emploi de carbonates neutres alcalins dans le cyanure, le
l'eau aérée amènerait de graves erreurs . La fin dosage devient inexact; on lui rend toute son
de la réaction sera annoncée par l'apparition de exactitude en dissolvant le cyanure dans de l'eau
la couleur bleue, un peu d'empois d'amidon ayant chargée d'acide carbonique, qui fait passer les
été ajouté d'avance à la dissolution d'acide sulfu- carbonates neutres à l'état de bicarbonates. L'iode
reux. Le dosage des sulfites solubles se fait de la n'agit pas sur les bicarbonates , tandis qu'il
même manière. On les dissout dans de l'eau décompose les carbonates neutres.
bouillie, puis on les titre au bleu par l'iode et Dans le cas où le cyanure contiendrait un peu
l'amidon. de sulfure, on peut, d'après MM. Fordos et Gélis,
DOSAGE DES HYPOSULFITES . -MM. Fordos et Gélis ajouter à la liqueur un peu de sulfate de zinc ;
ont appliqué la liqueur titrée d'iode au dosage de tout le soufre se précipite à l'état de sulfure. Si
l'hyposulfite de soude. On sait, en effet, que l'iode l'on a ajouté un petit excès de sulfate de zinc, il
agissant sur une dissolution d'hyposulfite de se sera formé en même temps un peu de cyanure
soude transforme ce sel en tétrathionate de soude, de zinc ; mais ce dernier sel reste en dissolution
suivant la réaction exprimée par la formule dans le cyanure alcalin . On filtrera et on fera
2 ( S2O3 Na²) + 1² = SO6 Na² + 2 Na I. l'essai comme il a été dit précédemment.
DOSAGE DE L'ÉTAIN. Pour doser l'étain par une
Comme la formule de l'hyposulfite de soude cris- solution normale d'iode, on dissout 1/100 d'équi-
tallisé est valent ou 0,59 d'étain ( Sn = 118 ) dans l'acide
S2O3 Na2 + 5 H2O = 248, chlorhydrique pur, en chauffant avec addition
d'une lame ou d'un fil de platine qui facilite la
il en résulte que 1 équivalent, ou 127 grammes réaction, puis on étend la liqueur avec de l'eau
d'iode , correspond à 248 grammes d'hyposulfite bouillie et refroidie à l'abri de l'air. On ajoute
cristallisé, et que, par suite, cent. cube de la li- ensuite de l'empois d'amidon et on titre au bleu.
queur normale , contenant 08,0127 d'iode , cor- Ce mode d'analyse donne toujours un nombre un
respond à 0,248 d'hyposulfite cristallisé. On re- peu trop faible ; mais on a vainement essayé de
connaît comme toujours la fin de la réaction à remplacer la dissolution d'iode par celle de bi-
la coloration que l'iode détermine dans l'empois chromate de potasse ou par celle de permanganate
d'amidon ajouté à la liqueur à essayer. L'hypo- de potasse ; on n'a pu jusqu'ici doser bien exacte-
sulfite peut, sans inconvénient pour le dosage, ment l'étain par oxydation.
contenir des sulfates ou des chlorures, mais il ne 2º IODE ET ACIDE SULFUREUX.—-M. Bunsen, en
doit pas contenir de sulfites. employant, outre la liqueur normale d'iode, une
DOSAGE DE L'ACIDE ARSENIEUX. Le dosage de dissolution d'acide sulfureux titrée elle-même par
l'acide arsénieux libre ou combiné avec un alcali l'iode et substituant au dosage direct le procédé
se fait de la manière la plus facile. Si l'acide est d'analyse par reste, a donné une méthode géné-
en dissolution alcaline, on en prend un volume rale qui permet de doser en volumes les compo-
déterminé, on y ajoute de l'empois d'amidon , un sés les plus divers, en s'appuyant toujours sur
peu de bicarbonate de soude et on titre au bleu le même phénomène. Comme cette méthode a été
par la solution d'iode. depuis beaucoup perfectionnée, nous en indique-
Si l'acide arsénieux n'est pas dissous, on le fait rons ici seulement les principales applications.
bouillir avec du bicarbonate de soude, puis on y 1° DOSAGE DU CHLORE. - Le chlore gazeux ou
ajoute l'amidon et on titre par l'iode comme plus en dissolution dans l'eau est mis en contact avec
haut. un excès d'une dissolution d'iodure de potassium ;
1
ANALYSE. 262 ANALYSE .
il met en liberté son équivalent d'iode. On verse par la nécessité de n'employer cet acide qu'en
alors dans cette liqueur la dissolution titrée d'a- dissolution très-étendue.
cide sulfureux jusqu'à décoloration complète. Une simplification importante consiste à rem-
On note le volume de la dissolution versée et placer la dissolution d'iodure de potassium par
on dose l'excès d'acide sulfureux à l'aide de de l'arsénite de soude titré, comme l'a indiqué
la liqueur normale d'iode. Connaissant ainsi le M. Mohr; cette dissolution absorbe le chlore dé-
volume exact d'acide sulfureux oxydé par l'iode gagé, et on dose ensuite par l'iode l'excès d'arsé-
dans la première expérience, on en déduit le nite de soude. On a, de cette façon, une opération
poids d'iode qui avait été mis en liberté par le et un liquide de moins. Les deux liqueurs nor-
chlore, et, par suite, le poids de ce dernier. males sont d'ailleurs inaltérables.
2º DOSAGE DU BROME. Le dosage du brome
se fait exactement comme celui du chlore. ANALYSE PAR OXYDATION ET RÉDUCTION
3º DOSAGE DE L'IODE. - L'iode à essayer est SUCCESSIVES.
dissous dans l'iodure de potassium, on le déco-
lore par l'acide sulfureux , puis on ajoute de 10 IODE ET ARSENITE De soude.
l'amidon et on dose l'excès d'acide sulfureux par M. Mohr emploie, comme M. Bunsen , une mé-
l'iode normal. thode indirecte ou par reste. Comme ce dernier
Pour doser les corps qui peuvent céder de chimiste, il commence par réduire les corps sus-
l'oxygène, on les décompose en les faisant bouillir ceptibles de céder de l'oxygène et se sert ensuite
avec de l'acide chlorhydrique concentré ; l'hy- d'un corps oxydant pour déterminer l'excès du
drogène de l'acide chlorhydrique forme de l'eau corps réducteur employé . Il conserve comme corps
avec l'oxygène cédé par le corps , en même temps oxydant la dissolution normale d'iode ; mais ,
qu'une quantité de chlore équivalente au poids comme corps réducteur, il substitue à l'acide sul-
de l'oxygène cédé devient libre et se dégage. fureux, qui est volatil et très-altérable, l'arsénite
C'est ce chlore que l'on cherche à doser. On de soude déjà employé par Penot dans la méthode
pourrait pour cela employer la méthode chloro- chlorométrique directe. La substitution de l'arsé-
métrique de Gay-Lussac ; mais M. Bunsen préfère nite de soude à l'acide arsénieux employé par Gay-
recueillir le chlore dans une dissolution d'iodure Lussac a ici une grande importance, car , tandis
de potassium , où il met en liberté une quantité que l'acide arsénieux libre ou dissous dans l'acide
équivalente d'iode. Cette liqueur est alors traitée chlorhydrique ne peut pas être oxydé par l'iode
par un volume connu de la liqueurtitrée d'acide en présence de l'eau, cette oxydation s'effectue im-
sulfureux jusqu'à décoloration complète. On ajoute médiatement quand l'acide arsénieux est en dis-
ensuite un peu d'empois d'amidon et on dose solution alcaline, son affinité pour l'oxygène se
l'excès d'acide sulfureux à l'aide de la liqueur trouvant dans ce cas beaucoup plus grande .
titrée d'iode. La différence entre le volume de M. Mohr prépare sa liqueur arsénieuse en dis-
l'acide sulfureux ajouté et celui que l'on a dosé solvant 48,95 ou 1/40 du poids moléculaire As203
ensuite par l'iode donne le volume de la dissolu- d'acide arsénieux dans du bicarbonate de soude,
tion titrée d'acide sulfureux qui est intervenu dans qui est toujours exempt des sulfites et hyposulfites
la première réaction ; on en déduit le poids de que contient quelquefois le carbonate neutre de
l'iode qui avait été mis en liberté par le chlore et soude du commerce ; il étend ensuite la liqueur
par suite le poids de celui-ci. de manière à ce qu'elle occupe 1 litre. Comme
DOSAGE DES HYPOCHLORITES ET DES CHLORITES.- d'ailleurs une molécule d'acide arsénieux absorbe
On mêle la dissolution du sel avec de l'iodure de deux atomes d'oxygène, pour passer à l'état d'acide
potassium, on y ajoute ensuite de l'acide chlor- arsén que, la solution d'acide arsénieux sera sus-
hydrique qui, décomposant le sel, met en liberté ceptible d'absorber 1/20 du poids atomique ou
de l'iode ; on décolore ensuite par l'acide sulfureux 1/10 de l'équivalent de l'oxygène = 0,8.
et, après avoir additionné d'amidon, on titre au Pour que la solution normale d'iode puisse dé-
bleu avec la solution normale d'iode. gager à volume égal 0,08 d'oxygène - 1/200 du
DOSAGE DES CHLORATES.- Les chlorates alcalins poids atomique ou 1/100 d'équivalent , il suffit
chauffés avec de l'acide chlorhydrique fumant qu'elle contienne 1/100 d'équivalent ou 127/100
donnent la réaction == 18,27 d'iode par litre. Nous allons appliquer la
ClO3 K +6 HCl = KCl + 3 H2O + 6C1. méthode de Mohr à quelques exemples .
DOSAGE DE L'Iode. -- Le dosage de l'iode se fait
Le chlore dégagé est recueilli dans l'iodure de très-exactement par la méthode de Mohr. Si l'on
potassium. L'opération se fait dans un petit ap- a de l'iode solide, on en prend 1,27 que l'on
pareil analogue à celui que Gay-Lussac a employé place dans un mortier en porcelaine avec un vo-
pour les essais de manganèse. On achève comme lume connu et en excès de la dissolution titrée
précédemment. d'arsénite de sonde, et l'on triture l'iode sous le
DOSAGE DES CHROMATES. - L'acide chromique liquide ; tout l'iode se dissout et la liqueur reste
distillé avec de l'acide chlorhydrique donne incolore. On ajoute alors de l'amidon et on titre
2 Cr 036 HCl = Cr2O3 + 6 Cl + 3H2O. au bleu par la solution normale d'iode, de manière
à déterminer l'excès d'arsénite de soude ajouté.
Le chlore est recueilli dans l'iodure de potas- Quand l'iode est à l'état d'iodure alcalin , on met
sium ; l'analyse s'achève comme il a été dit ci- un poids connu de cet iodure avec de l'eau et un
dessus. excès de perchlorure de fer cristallisé dans un
Les acides iodique, sélénique, manganique, fer- petit ballon communiquant par un tube à déga-
rique et vanadique, ainsi que les peroxydes de gement avec un matras à long col contenant un
manganèse, de nickel, de cobalt et de plomb , sont volume connu et excédant d'arsénite de soude.
de même portés à l'ébullition avec de l'acide chlor- L'iode chassé par l'ébullition ( Duflos ) disparaît
hydrique fumant et le chlore qui s'en dégage est en arrivant dans l'arsénite de soude ; quand on
reçu dans l'iodure de potassium, puis dosé. n'aperçoit plus trace de vapeur d'iode , on ajoute
La méthode de M. Bunsen est encore applicable de l'amidon et on détermine comme précédem-
dans beaucoup d'autres cas ; elle a rendu de ment, par la liqueur normale d'iode, l'excès d'ar-
grands services à la science, mais elle est d'un sénite de soude. On peut avoir une vérification
usage assez délicat qui ne permet guère de l'em- de cette analyse, comme l'a remarqué M. Schwarz,
ployer dans l'industrie. La volatilité de l'acide en dosant par le permanganate de potasse le pro-
sulfureux, sa facile oxydation à l'air sont de tochlorure de fer qui existe dans le résidu de la
graves inconvénients, qui sont encore augmentés distillation .
ANALYSE. 263 - ANALYSE.
DOSAGE DU BROME.-- Le brome étant instantané- à l'aide du bichromate de potasse au moment de
ment absorbé par l'arsénite de soude, on voit que l'utiliser , parce que le protochlorure d'étain
l'on pourra doser ce corps lorsqu'il est libre exac- s'oxyde peu à peu à l'air. On fait en général en
tement, comine on dose l'iode libre. sorte que les volumes des dissolutions de pro-
DOSAGE DU CHLORE ET DES HYPOCHLORITES. - Le tochlorure et de bichromate qui peuvent réagir
dosage du chlore gazeux ou dissous dans l'eau, ou l'une sur l'autre exactement, occupent des volu-
à l'état d'hypochlorite, se fait en versant dans la mes sensiblement égaux. Une fois le protochlo-
liqueur chlorée un volume connu et excédant de la rure convenablement étendu , il ne faut plus y
dissolution titrée d'arsénite de soude. Quand tout ajouter d'eau, parce que l'air dissous dans cette
le chlore a été absorbé par la liqueur arsénieuse, eau oxyderait une partie du protochlorure.
on ajoute de l'empois d'amidon et on dose l'excès DOSAGE DE L'ÉTAIN. 1 La méthode directe de
d'acide arsénieux par la solution normale d'iode. M. Streng peut s'appliquer au dosage de l'étain ; on
Lorsque le chlore à essayer se trouve à l'état de dissout ce métal dans l'acide chlorhydrique pur,
chlorure de chaux, on prend pour le dissoudre on y ajoute de l'iodure de potassium et de l'ami-
dans l'eau toutes les précautions que nous avons don, puis on verse le bichromate jusqu'à ce qu'ap-
indiquées à l'article CHLOROMÉTRIE (Gay-Lussac). paraisse la couleur bleue ; du volume de bichro-
Au moment où on verse la solution arsénieuse mate employé, on déduit son poids et, par une
dans le chlorure de chaux, il se produit un préci- proportion, le poids d'étain.
pité de carbonate de chaux ; mais, bien que la li- DOSAGE DU MERCURE. La méthode par reste peut
queur reste trouble, on n'en reconnaît pas moins s'appliquer au dosage du sublimé corrosif. Pour
exactement la coloration de l'amidon par l'iode. cela on prend un volume connu de protochlorure
DOSAGE DES BIOXYDES DE MANGANÈSE, De cobalt, d'étain, on le porte à l'ébullition , puis on y ajoute
DE NICKEL.- En faisant bouillir les peroxydes avec le sublimé corrosif à essayer (le protochlorure
de l'acide chlorhydrique concentré, on a un déga- d'étain doit être en excès) ; en continuant l'ébul-
gement de chlore que l'on reçoit dans un volume lition, on voit le mercure réduit se rassembler au
connu de solution titrée d'arsénite de soude. On fond du vase ; quand il ne se sépare plus de mer-
ramène ainsi ces analyses à des essais chloromé- cure, on laisse refroidir, on ajoute de l'iodure de
triques comme l'avaient déjà fait Gay-Lussac et potassium et de l'amidon , puis on verse la liqueur
M. Bunsen. normale de bichromate de potasse pour doser
DOSAGE DES ACIDES CHLOrique et chromique. l'excès de protochlorure d'étain resté. On a donc
Les chlorates et les chromates portés à l'ébulli- par différence le volume de protochlorure d'étain
tion avec l'acide chlorhydrique concentré donnant qui avait réagi sur le bichlorure de mercure, et
du chlore, on ramène encore le dosage de ces par suite on a le volume correspondant de bichro-
composés à un essai chlorométrique. mate d'où l'on déduira le poids du sel de mercure.
2º BICHROMATE DE POTASSE ET PROTOCHLO- Cette méthode donne d'ordinaire un nombre un
RURE D'ÉTAIN. peu trop faible, parce que, avec le mercure, il
C'est encore la réaction de l'iode sur l'amidon se précipite un peu de protochlorure de mercure ;
qui sert de base à la méthode de M. A. Streng, il faut prolonger longtemps l'ébullition avec un
comme à celle de M. Bunsen et de M. Mohr, mais excès de protochlorure d'étain, si l'on veut avoir
la nature du corps employé comme oxydant, aussi des résultats sensiblement exacts.
bien que celle du corps employé comme réduc- DOSAGE DU CHROME ET DU JAUNE DE chrome. -
teur, diffèrent. Le chrome doit toujours être amené à l'état
M. A. Streng dose directement les corps avides d'acide chromique ; s'il se trouve sous une autre
d'oxygène à l'aide d'une dissolution titrée de bi- forme, on le transforme en acide chromique en
chromate de potasse en présence de l'acide chlor- le fondant dans un creuset d'argent avec du nitre
hydrique. Pour reconnaître la fin de la réaction , et de la potasse.
on a ajouté préalablement à la liqueur à essayer On dissout alors un poids déterminé du chromate
de l'iodure de potassium et de l'empois d'amidon. à essayer et on le verse dans un volume connu et
Dès qu'il y a un excès de bichromate, de l'iode en excès de protochlorure d'étain ; on ajoute en-
est mis en liberté, et on voit apparaître la colora- suite l'empois d'amidon et de l'iodure de potas-
tion bleue. C'est donc une méthode directe . Quand sium, puis on titre au bleu par la solution nor-
il s'agit de doser des corps susceptibles de céder male de chromate de potasse. La différence entre
de l'oxygène, on les réduit par le protochlorure le volume de chromate normal employé dans ce
d'étain en volume mesuré ; puis on détermine cas, et celui qu'il eût fallu employer pour sa-
l'excès de ce dernier corps par la solution nor- turer le volume de protochlorure d'ét in employé,
male de bichromate de potasse après avoir ajouté donne le volume de bichromate de potasse et,
à la liqueur de l'acide chlorhydrique, de l'iodure par suite, d'acide chromique, équivalant à celui
de potassium et de l'empois d'amidon. C'est une qui se trouvait dans le liquide à essayer.
méthode par reste. Le dosage du chrome est important pour la
Le choix du bichromate de potasse, comme li- détermination de la richesse en chromate de
queur volumétrique, est très-bon, car ce corps est plomb du jaune de chrome du commerce qui est
facile à obtenir parfaitement pur ; il cristallise fréquemment falsifié par du sulfate de plomb et
anhydre et on peut le fondre pour le débarrasser par d'autres substances.
de son eau hygrométrique. Son équivalent est Pour faire cet essai , on pèse 1er de jaune de
d'ailleurs très-élevé. chrome sec et on le met dans un mortier en por-
Comme une molécule de bichromate , celaine où on le triture avec de l'acide chlorhy-
Cr2 07 K² = 295 , drique concentré, puis on ajoute de la solution
de protochlorure d'étain jusqu'à ce que la couleur
peut céder, en présence de l'acide chlorhydrique , jaune du sel de chrome ait été remplacée par la
trois atomes ou six équivalents d'oxygène , on couleur verte du chlorure de chrome ; le chlo-
prend seulement 295/6 = 495,16 de bichromate , rure de plomb, encore légèrement coloré en jaune,
ou mieux la dixième partie de ce poids 48,916 que se dépose; on décante le liquide dans un vase à
l'on dissout dans l'eau, de manière à obtenir une précipité, et on broie de nouveau le résidu solide
liqueur occupant 1 litre, et susceptible de déga- avec de l'acide chlorhydrique ; on y ajoute du
ger 1/10, d'équivalent d'oxygène. chlorure d'étain et on décante de nouveau, en ré-
La dissolution de protochlorure d'étain se pré- pétant ces opérations jusqu'à ce que la poudre
pare en dissolvant directement l'étain dans l'acide qui reste soit devenue complétement blanche.
chlorhydrique en excès. On détermine son titre Toutes les liqueurs étant réunies, on ajoute de
ANALYSE . 264 7 ANALYSE.
l'empois et de l'iodure de potassium sans se préoc- manganèse et perd de sa force ; aussi , au lieu
cuper du précipité d'iodure de plomb, qui se de dissoudre 1 équivalent de permanganate exac-
forme d'abord et se redissout ensuite. On titre en- tement, on en dissout une quantité quelconque
suite au bleu par la liqueur normale de chrome. et on détermine le titre au moment de faire un
DOSAGE DES Acides chloriQUE, BROMIQUE, IODIQUE. essai par une opération préalable.
Pour doser ces acides dans leurs sels, on Pour titrer le permanganate de potasse , on peut
chauffe le composé à analyser avec de l'acide chlor- prendre 25,8 (1/10 d'équivalent ou 1/20 d'atome)
hydrique concentré et un excès de la liqueur de fil de fer de clavecin , les dissoudre dans
titrée de protochlorure d'étain ; il faut porter la 25 centimètres cubes d'acide chlorhydrique con-
liqueur à l'ébullition. On laisse ensuite refroidir, centré, puis étendre la liqueur de manière à ce
puis on ajoute l'iodure de potassium et l'amidon , qu'elle occupe à peu près 1 litre ; on verse alors
et on titre au bleu par la liqueur normale de bi- à l'aide d'une burette divisée en dixièmes de
chromate de potasse. Ce procédé a sur ceux de centimètre cube le permanganate de potasse,
M. Bunsen et de M. Mohr l'avantage d'un dosage d'abord en filet continu tant que le liquide se
sans distillation on est beaucoup plus súr de ne décolore immédiatement au contact du sel de fer,
rien perdre du corps. que l'on agite constamment. Quand on approche
M. Streng a étendu sa méthode de dosage à beau- de la fin , le liquide ne se décolore qu'assez loin
coup d'autres corps, tels que le cuivre, le plomb, du point où il est tombé d'abord ; on verse alors
le nickel, le cobalt et le manganèse, mais on con- goutte à goutte et on agite après chaque nouvelle
naît pour tous ces corps d'autres méthodes plus addition jusqu'à décoloration complète; une goutte
exactes. L'emploi du protochlorure d'étain comme de permanganate en excès donne à toute la li-
corps réducteur est une source d'erreurs , surtout queur une couleur rose persistante. On note alors
en présence du chlore gazeux . la division de la burette. S'il a fallu 40 divisions
de la burette, on saura que chaque division du
permanganate correspond à 28,8/40 de fer pur, et
ANALYSE VOLUMETRIQUE PAR LE PERMANGANATE dans les essais de minerai on prendra toujours
DE POTASSE. 28,8.
Cette manière de titrer le permanganate n'est
ESSAIS DE FER. -M. Margueritte a le premier exacte qu'autant qu'on a du fer bien pur ; elle
employé lepermanganate de potasse dans les essais présente de plus cet inconvénient qu'il faut dis-
volumétriques. Nous allons voir comment on s'en soudre le fer au moment même, car la dissolu .
sert pour l'analyse des minerais ou des alliages de tion s'oxyde d'elle-même au contact de l'air.
fer. Le procédé consiste à déterminer le volume M. Mohr a proposé pour cette opération l'emploi
d'une dissolution de permanganate de potasse d'un sel de fer inaltérable à l'air quand il est so-
d'un titre connu qui peut être décoloré par une lide c'est le sulfate double de protoxyde de fer
dissolution acide d'un sel de protoxyde de fer. et d'ammoniaque
Lorsqu'on verse dans une dissolution acide en
l'étendant d'un sel de protoxyde de fer une disso- SO Fe" + SO (Az H¹ ) ² + 6 H2O,
lution de permanganate de potasse, le fer se per- que l'on obtient en dissolvant dans l'eau 1 équi-
oxyde immédiatement en prenant de l'oxygène au valent ou 139 grammes de sulfate de fer cristal-
permanganate qu'il décolore ; tant qu'il reste du pro- lisé et 1 équivalent ou 66 grammes de sulfate
toxyde de fer, le permanganate se décolore instan- d'ammoniaque, filtrant et faisant cristalliser. Le
tanément au fur et à mesure qu'on le verse ; mais poids moléculaire de ce sel est 392 ; il contient 56
quand tout le fer est peroxydé, une seule goutte de fer, c'est-à-dire exactement 1/7 de son poids . Si
de permanganate suffit pour communiquer à donc on prend 198,6 de ce sel et qu'on les dis-
toute la liqueur une couleur rose très-facile à solve dans l'eau , on a une liqueur qui contient
reconnaître . Voici comment se produit l'oxyda- juste 2,8 de fer pur ; on ajoute à cette liqueur
tion : 1 molécule de permanganate de l'acide sulfurique et on titre la solution de per-
Mn2 08 K2316 manganate en cherchant le nombre de divisions
qui sont nécessaires pour produire une coloration
abandonne 5 atomes d'oxygène en se transformant permanente.
en oxyde de potassium et en protoxyde de man- Marche de l'analyse. La dissolution de per-
ganèse qui s'unissent à l'excès d'acide du sel de manganate une fois titrée, on prend 25,8 du mi-
fer. Et comme 1 seul atome d'oxygène est néces- nerai à analyser et on le dissout dans 30 cent.
saire pour transformer 2 molécules de protoxyde cubes d'acide chlorhydrique concentré ; l'opéra-
de fer (2 FeO) en sesquioxyde (Fe2O3), il en ré- tion se fait dans un ballon d'environ 1 litre ; on
sulte que 1 molécule, ou 316 grammes, de perman- chauffe légèrement jusqu'à ce que l'attaque soit
ganate de potasse oxyde 10 molécules ou 720 complète.
grammes de protoxyde de fer correspondant à Il reste ordinairement un résidu insoluble d'ar-
560 grammes, c'est-à-dire 10 atomes ou 20 équi- gile et de silice qu'il est inutile de filtrer. Il fant
valents , de fer pur. alors ramener à l'état de protoxyde le fer qui
Pour faire l'essai d'un minerai de fer par cette peut exister à l'état de sesquioxyde ; pour cela, on
méthode, faudra donc : ajoute à la liqueur acide une lame de zinc bien
1° Titrer une liqueur de permanganate de po- exempte de fer et on l'y laisse jusqu'à ce que le
tasse : liquide ait pris une couleur vert pâle. On sépare
2º Dissoudre le minerai de fer dans un acide la dissolution du zinc en excès par décantation ,
et ramener à l'état de protoxyde tout le fer qu'il on lave ce métal et on ajoute les eaux de lavage à
contient ; la dissolution décantée.
3º Déterminer le volume de la liqueur normale La liqueur ainsi préparée doit être fortement
nécessaire pour faire passer le fer de l'état de pro- acide, parce que le permanganate renferme un
toxyde à l'état de sesquioxyde . excès d'alcali libre et que le protoxyde de man-
Pour préparer la liqueur normale, on pourrait ganèse formé par la décomposition ne peut exis-
prendre 1 équivalent ou 158 grammes de perman- ter qu'en solution acide. Sans cette précaution
ganate de potasse cristallisé et le dissoudre dans il se précipiterait du sesquioxyde de manganèse
l'eau, avec laquelle il forme une belle liqueur brun qui détruirait la transparence du liquide et
violette, et étendre de manière à former 1 litre. empêcherait de reconnaitre la fin de l'opération.
Mais cette liqueur subit à la longue une légère Lorsque l'acide libre est de l'acide chlorhy-
altération ; elle laisse déposer du sesquioxyde de drique, il faut avoir soin qu'il soit très-étendu
ANALYSE . 265 - ANALYSE .
et que la dissolution soit froide afin d'empêcher Si, au contraire, le permanganate n'a pas été
la production du chlore. L'acide azotique doit titré, on déterminera son titre à l'aide d'acide
toujours être évité, parce qu'il agit comme oxy- oxalique pur et cristallisé. On fera pour cela dis-
dant, et que les vapeurs nitreuses décomposent soudre 0,63 d'acide oxalique cristallisé dans
le caméléon . 100 centimètres cubes d'eau, on acidulera for-
La dissolution de protoxyde de fer étant ainsi tement par l'acide sulfurique et on déterminera
préparée, on y verse peu à peu la dissolution le nombre de centimètres cubes de permanganate
titrée de permanganate de potasse à l'aide de la de potasse nécessaires pour produire la colora-
burette graduée jusqu'à ce qu'apparaisse la cou- tion rose.
leur rose par l'addition d'une goutte de liqueur La liqueur normale une fois titrée, quand on
normale. Le nombre de centimètres cubes de per- voudra doser l'acide oxalique contenu dans un
manganate de potasse que l'on a employé indique oxalate soluble, on prendra 08,63 de cet oxalate
immédiatement la quantité de fer que renferme et on le dissoudra dans 100 cent. cubes d'eau, on
le minerai. acidulera fortement avec de l'acide sulfurique, et
Les sels de zinc et de protoxyde de manganèse on procédera à l'essai par le permanganate.
ne s'opposent pas à l'emploi de cette méthode S'il s'agit d'un oxalate insoluble, on le dissoudra
volumétrique , tant que les liqueurs sont très- dans l'acide chlorhydrique et on achèvera l'essai
acides et très-étendues ; le cuivre et l'arsenic comme il est dit ci-dessus.
doivent être précipités par le zinc dans la disso- Ce procédé permet de déterminer en volume la
lution acide . chaux contenue dans une eau. On peut précipi-
La méthode de M. Margueritte permet de déter- ter la chaux à l'état d'oxalate de chaux, puis dis-
miner les proportions de protoxyde et de peroxyde soudre ce dernier dans l'acide chlorhydrique et y
de fer qui se trouvent réunies dans un mélange ou rechercher par le permanganate le poids de l'a-
dans une combinaison . Pour cela on prend d'a- cide oxalique.
bord 25,8 de la substance qui contient les deux On pourrait aussi précipiter la chaux avec une
oxydes et on les dissout dans l'acide chlorhy- liqueur titrée d'acide oxalique, puis doser par le
drique ; on étend la liqueur jusqu'à ce qu'elle permanganate dans la liqueur l'excès d'acide oxa-
occupe 1 litre et on fait l'essai par le permanga- lique ajouté.
nate. On obtient ainsi la quantité de fer qui ESSAI DU BIOXYDE DE MANGANESE. En utili-
existait dans le corps à l'état de protoxyde. Pour sant successivement l'action réductrice de l'acide
déterminer le fer qui se trouvait à l'état de ses- oxalique et l'action oxydante du permanganate
quioxyde , on prend de nouveau 25,8 de la sub- de potasse, on obtient un mode d'essai très-exact
stance, on les dissout dans l'acide chlorhydrique des bioxydes de manganèse du commerce.
et on ramène le sesquichlorure à l'état de proto- On prend une liqueur normale d'acide oxalique
chlorure par le zinc . On détermine ensuite par le contenant dans 1 litre 1 équivalent ou 63 grammes
permanganate de potasse la quantité totale de fer. d'acide oxalique cristallisé. Comme l'acide oxa-
L'excès de ce nouveau poids de fer sur celui que lique et le bioxyde de manganèse se décomposent
l'on avait trouvé d'abord donne le poids de celui équivalent à équivalent, chaque centimètre cube
qui se trouvait à l'état de sesquioxyde. de la liqueur oxalique correspondra à 1/1000 d'équi-
Ce mode de dosage s'applique à tous les com- valent de bioxyde de manganèse et 50 cent. cubes
posés oxygénés du fer, car tous sont solubles dans correspondront à 50/1000 = 1/20 d'équivalent ou
l'acide chlorhydrique fumant , quand on les a 28,175 de bioxyde . C'est cette quantité de bioxyde
suffisamment bien pulvérisés. On fait très-rapi- que l'on pèsera, après avoir eu soin de choisir des
dement, par ce procédé, l'analyse des scories de échantillons dans les différentes parties de la
haut-fourneau ; et cette analyse est d'une grande masse à essayer et de les pulvériser ensemble.
importance pour les propriétaires de forges, Pour chasser l'eau hygrométrique , on devra ,
puisque d'après la composition des scories ils avant de peser, chauffer la poussière pendant
peuvent juger de la marche de leur fourneau. quelque temps à 120°. Si l'on dépassait 150º, on
Pour faire l'analyse d'une semblable scorie chasserait une partie de l'eau de combinaison de
(formée de silicates de chaux , de magnésie, de la manganite (acerdèse) Mn² O³, H2O, qui se trouve
fer et de manganèse ), on la pulvérise très-fine- fréquemment dans les manganèses naturels .
ment et on en prend 4 gramme que l'on fait Les 28,175 de manganèse sont introduits
bouillir avec de l'acide chlorhydrique concen- dans un ballon d'assez grande dimension ; on y
tré, on évapore ensuite à siccité pour rendre la ajoute environ 40 cent. cubes de la dissolution
silice insoluble , on redissout le fer dans l'eau d'acide oxalique et ensuite 5 cent. cubes d'acide
acidulée par l'acide chlorhydrique et on réduit sulfurique concentré. On couvre le ballon avec un
par le zinc le sesquichlorure qui a pu se former ; entonnoir et on laisse l'acide carbonique se déga-
on dose ensuite le fer par le permanganate . ger. Quand le dégagement s'arrête, on agite un
Le permanganate de potasse peut être utilisé peu le vase, puis, dès que le dégagement cesse
pour l'analyse d'un très-grand nombre d'autres de nouveau, on le fait recommencer en chauffant
corps. Quand la substance à analyser sera sus- jusqu'à ce qu'il ne reste plus de bioxyde non dé-
ceptible d'absorber de l'oxygène, on agira directe- composé. S'il en restait, on ajouterait encore 5 cent.
ment par le permanganate : ce sera la méthode cubes d'acide oxalique et on chaufferait de nou-
directe. Si, au contraire, le corps soumis à l'es- veau. Quand le bioxyde est entièrement décom-
sai peut céder de l'oxygène, on le réduira à l'aide posé, on étend d'eau de manière à faire 300 cent.
d'un volume connu d'un réducteur titré et on cubes. Si la liqueur est rendue trouble par du
dosera le reste ou l'excès du réducteur par le peroxyde de fer, il faut filtrer ; si elle est claire,
permanganate : ce sera la méthode par reste. on ajoute de l'acide sulfurique et on verse peu à
Nous allons donner successivement quelques ap- peu le permanganate de potasse jusqu'à ce qu'ap-
plications de ces procédés. paraisse la coloration rose dans toute la masse.
DOSAGE DE L'ACIDE OXALIQue. - Si le permanga- Ce mode de dosage donne des résultats parfaite-
nate a été titré à l'aide du protochlorure de fer ou ment exacts. Il est préférable à tous les procédés
du sulfate double de fer et d'ammoniaque, on fondés sur le dégagement du chlore à l'état gazeux.
pourra s'en servir immédiatement pour détermi- L'acide oxalique a de plus sur les autres agents
ner la quantité d'acide oxalique qui se trouve réducteurs, sels de protoxyde de fer ou protochlo-
dans un oxalate donné. Une simple proportion rure d'étain, que l'on a essayé d'employer, l'a-
permettra de déduire le poids de cet acide du vantage de n'être pas attaqué par l'air comme ces
volume de permanganate employé. derniers corps, ce qui est important. De plus, le
ANALYSE. 266 ― ANALYSE.
dégagement de gaz qui accompagne la décompo- étendue et acidulée par l'acide chlorhydrique, on
sition de l'acide oxalique permet de reconnaitre obtient du prussiate rouge de coloration vert jau-
facilement la fin de la réduction . nâtre, qui passe subitement au rouge au moment
Dosage de L'acide chlorique. —En présence des où la réaction se termine [ Ann . de Chim . et de
sels de protoxyde de fer dans une dissolution Pharm . , t. XC, p . 180] . Pour faire l'essai , on prend
rendue fortement acide par l'acide chlorhydrique, 0,5 de cyanure jaune, on le dissout dans 400 à
l'acide chlorique se décompose et dégage du 500 cent. cubes d'eau , et on ajoute de l'acide chlor-
chlore : hydrique qui produit un trouble laiteux. On verse
HCI 035 HCl = 3 H2O + 6 Cl. ensuite peu à peu le permanganate, dont la cou-
leur disparaît instantanément ; le prussiate rouge
1 molécule de chlorate donnant 6 atomes de chlore, formé, mêlant sa couleur vert jaunâtre à celle du
peut oxyder 6 molécules d'un sel de protoxyde trouble laiteux , donne la teinte du vert d'urane ;
de fer, de sulfate double de fer et d'ammoniaque, puis on voit subitement apparaître la teinte rouge.
par exemple. On décomposera donc le chlorate Le permanganate peut avoir été titré comme pré-
de potasse, 0,5 par exemple, par l'acide chlorhy- cédemment, ou bien on peut comparer simple-
drique en présence d'une quantité connue et en ment le cyanure jaune à essayer à un échantillon
excès, 10 grammes par exemple, du sel de pro- de cyanure jaune parfaitement pur.
toxyde de fer, et on n'aura plus qu'à déterminer DOSAGE DU CYANURE ROUGE.--Cette analyse se
avec le permanganate de potasse la quantité de fait en faisant bouillir la dissolution de cyanure
protoxyde de fer non oxydée. Le résultat est tou- rouge avec un excès de potasse, et ajoutant de la
jours un peu trop fort, parce qu'il y a toujours litharge qui donne du bioxyde de plomb et du
un peu de fer oxydé au contact de l'air. cyanure jaune. Ce dernier, séparé par filtration ,
DOSAGE DE L'ACIDE CHROMIQUE. - Le dosage de est dosé par le permanganate comme il a été dit
l'acide chromique se conduit comme celui de l'a- ci-dessus.
cide chlorique, parce qu'en présence d'un sel de On prend par exemple, 0,5 du cyanure rouge
protoxyde de fer en solution acide il forme du à essayer, on les dissout dans 50 cent. cubes d'eau,
sesquioxyde de chrome et du sesquioxyde de fer; on y ajoute de la potasse caustique et on porte à l'é-
l'excès de protoxyde se dosera de même par le bullition , puis on ajoute 0,5 de litharge bien pul-
permanganate. vérisée; le protoxyde de plomb prend aussitôt la
DOSAGE DE L'acide arsénieux . - - M. Bussy a pro- teinte brune du bioxyde de plomb et le prussiate
posé de doser l'acide arsénieux et les arsénites rouge se trouve ramené à l'état de prussiate jaune ;
par le permanganate. On dissout le composé dans on étend alors la liqueur de manière à ce qu'elle
l'eau acidulée par l'acide chlorhydrique et on occupe 300 cent. cubes. On laisse déposer et en-
verse ensuite la liqueur normale de permanganate suite on prend avec une pipette 100 cent. cubes.
jusqu'à ce que la couleur rose apparaisse. On pré- On acidule alors avec de l'acide chlorhydrique et
fère en général doser l'acide arsénieux par l'iode. on dose par le caméléon . Il se forme, au moment où
DOSAGE DE L'ACIDE AZOTIQUE DANS LES AZOTATES on ajoute l'acide chlorhydrique, un précipité blanc
ALCALINS . - M. Pelouze a fondé sur l'emploi des de cyanoferrure de plomb, mais on n'a pas à s'en
sels de protoxyde de fer et du caméléon la seule occuper, il se redissout au fur et à mesure que
méthode volumétrique que l'on connaisse pour l'on verse le permanganate.
essayer les nitrates de potasse ou de soude [ Ann. DOSAGE DU ZING. - Schwarz a donné un procédé
de Chim. et de Pharm., t. LXIV, p . 100 , et Compt. pour déterminer la richesse en oxyde de zinc des
rend. de l'Acad. des sciences, 1847] . minerais de zinc, calamine ou blende. Ce procédé
Ces nitrates en présence du protochlorure de repose sur ce fait, que le sulfure de zinc, précipité
fer et de l'acide chlorhydrique concentré donnent par l'acide sulfhydrique d'une solution ammonia-
la réaction : cale ou d'une solution acétique, donne, avec le
2 Az OK + 6 FeCl2 + 8 HCl sesquichlorure de fer, la réaction suivante :
= 3 Fe2 C162 KCI + 4 H2O + 2 AzO. ZnS + FeC162 FeCl2 + Zn Cl² + S.
1 molécule de nitrate de potasse = 101 gr. peut Le protochlorure de fer formé est dosé par le per-
donc agir sur 3 atomes de fer manganate de potasse.
3 X 56168 . Pour cela, on pèse 0,5 de minerai bien pul-
vérisé et sec, on le calcine dans un creuset de
Afin d'être sûr d'avoir un excès de fer, on prend platine, puis on verse la poudre dans un flacon
pour 1 gr. de nitre, 18,7 de fil de clavecin que rempli d'ammoniaque et de carbonate d'ammonia-
l'on chauffe dans un ballon de verre avec de l'a- que, et on bouche. L'oxyde de zinc se dissout seul,
cide chlorhydrique concentré, jusqu'à dissolution on filtre, on lave avec de l'eau ammoniacale, et
complète. On introduit ensuite 1 gr. de l'azotate dans le liquide filtré on verse un excès d'acide
de potasse à essayer et on porte à l'ébullition sulfhydrique. On chauffe, puis on laisse déposer
jusqu'à ce que la couleur verte, due à la combi- le précipité, et on le fait ensuite passer sur un
naison du bioxyde d'azote avec le protoxyde de fer, filtre où on le lave à l'eau bouillante jusqu'à ce
soit remplacée par la couleur du sesquichlorure que l'eau de lavage ne contienne plus d'acide sulf-
de fer. hydrique. Le filtre et son précipité sont alors in-
Cette réaction se fait d'une manière très-nette troduits dans un flacon jaugé ; on y ajoute un excés
dans les liqueurs concentrées. On dose ensuite à de perchlorure de fer, de l'acide sulfurique et de
l'aide du permanganate de potasse le fer resté à l'eau chaude, de manière à former exactement
l'état de protochlorure. 300 cent. cubes . On bouche et on agite de temps
Lorsqu'il s'agit de déceler et de doser avec pré- en temps. On laisse ensuite le précipité se rassem-
cision l'acide nitrique et les nitrates contenus en bler, et avec une pipette on prend 100 cent. cubes
très-faibles proportions dans des substances qui de la liqueur claire, où on dose le protochlorure
peuvent être organiques, il faut recourir à la mé- de fer par le permanganate de potasse.
thode volumétrique indiquée par M. Boussin- En triplant le volume employé, on a le volume
gault et décrite l'article AZOTIQUE ( ACIDE) . de ce corps qui serait nécessaire pour l'essai total.
DOSAGE DU CYANURE JAUNE (FERROCYANURE DE PO- DOSAGE DU PLOMB. - La méthode donnée par
TASSIUM)..- Pour doser le prussiate jaune de po- Hempel, pour doser le plomb dans une dissolution,
tasse à l'aide du permanganate, de Haen se fonde est fondée sur l'insolubilité de l'oxalate de plomb
sur ce que, quand on verse du permanganate de et sur l'action oxydante du permanganate de po-
potassedans une dissolution de cyanure jaune très- tasse sur l'acide oxalique. On preud 1 gr. du
ANALYSE. 267 - ANALYSE .
sel ou du minerai de plomb à analyser, et on le rure de sodium et de l'acide chlorhydrique. Dès
dissout si c'est un sel soluble, ou on l'amène à que l'oxyde est dissous, on verse du permanga-
l'état d'azotate si c'est un minerai ; puis , après nate de potasse jusqu'à ce qu'apparaisse la cou-
avoir étendu de manière à former environ 200 leur rouge.
cent. cubes, on verse peu à peu de l'acide oxalique M. Terreil dose le cuivre en se fondant sur ce
titré, tant qu'il se forme un précipité blanc sen- que les sels de bioxyde de cuivre en dissolution
sible. Ensuite on verse goutte à goutte de l'am- ammoniacale peuvent être réduits par l'acide
moniaque, jusqu'à ce que la liqueur soit redevenue sulfureux, de sorte qu'après avoir chassé ensuite
bien neutre , ce que l'on reconnaît facilement l'excès d'acide sulfureux par l'acide chlorhy-
si l'on a cu la précaution d'ajouter quelques drique , on peut doser le protoxyde qui se trouve
gouttes de tournesol . On ajoute alors assez d'eau dans la liqueur à l'aide du permanganate de po-
pour que la liqueur occupe exactement 300 cent. tasse.
cubes et on laisse reposer pendant une demi- On dissout donc 1 gramme du composé cui-
heure. vrique dans l'acide chlorhydrique , on ajoute
Le précipité étant alors bien déposé, on prend ensuite un grand excès d'ammoniaque qui préci-
avec une pipette 100 cent. cubes de la liqueur pite le fer, le plomb, etc.; on filtre et, dans la
claire et on y dose avec le caméléon l'excès d'a- liqueur ammoniacale d'un beau bleu , on verse
cide oxalique. En triplant le résultat obtenu , on du sulfite de soude. On fait bouillir la dissolu-
a l'excès total d'acide oxalique, et la différence tion devient verte, puis jaune, et enfin incolore.
entre le poids d'acide oxalique versé d'abord et On chasse alors l'excès d'acide sulfureux par
cet excès donne le poids de l'acide combiné à l'acide chlorhydrique à l'ébullition , et on dose
l'oxyde de plomb. par le permanganate de potasse.
Cette méthode donne de bons résultats ; elle est DOSAGE DU SUCRE DE RAISIN. - Le dosage du
préférable à celle de Schwarz, qui consiste à pré- sucre de raisin est l'opération inverse de celle du
cipiterd'abord par le bichromate de potasse lesel de cuivre.
plomb dissous dans l'eau . On traite ensuite le pré- Pour doser le sucre de raisin , M. Barreswil pré-
cipité lavé par 1 volume connu et en excès d'un pare une dissolution de tartrate double de cuivre
sel de protoxyde de fer additionné d'un acide, et de potasse qu'il titre à l'aide d'un poids connu
puis enfin on dose par le permanganate la portion de sucre candi interverti par l'acide sulfurique
de sel de fer non oxydé. La décomposition du à l'ébullition .
chromate de plomb par le sel de protoxyde de fer Il dissout ensuite un poids égal du sucre de
ne se fait que très-lentement, de sorte qu'une raisin à essayer dans de l'eau et y ajoute la quan-
partie du fer peut être oxydée à l'air ; ce procédé tité de tartrate double qui était décomposée par
n'a donc pas la rigueur de celui donné par le même poids de sucre pur. La liqueur conserve
Hempel. alors une coloration bleue. On y verse une disso-
DOSAGE DU cuivre. - Schwarz a donné une lution de sucre pur interverti, jusqu'à ce que
méthode de dosage du cuivre fondée sur la ré- tout le cuivre soit réduit. On trouve ainsi par
duction du bioxyde de cuivre par une dissolution différence le poids de sucre qui existait dans le
alcaline de glucose, et sur les propriétés oxydantes sucre impur.
du permanganate de potasse [ Ann. de Chim. et de On peut de cette façon doser le sucre dans les
Pharm. , t. LXXXIV, p. 81] . Nous allons indiquer jus naturels de la figue, de l'orange, dans le
son procédé modifié. moût des raisins à différentes périodes de matu-
On dissout dans un ballon le composé cuivrique rité ou provenant de vignes différentes, enfin
à l'aide de l'eau ou d'un acide ; on neutralise dans la bière, dans l'urine des diabétiques , etc.
l'excès d'acide par du carbonate de soude et on - Voyez SACCHARIMÉTRIE.
ajoute du tartrate neutre de potasse. S'il se forme DOSAGE DE L'INDIGO. - Le permanganate de
un précipité vert de tartrate de cuivre, on ajoute potasse fournit un moyen très-rapide et très-
de la potasse ou de la soude caustique jusqu'à exact pour déterminer la quantité de matière
ce que le tout forme un liquide bleu foncé. On colorante utile qui existe dans un indigo du
chauffe ensuite jusqu'à 50° où 60°, et on introduit commerce.
dans le liquide du glucose ou du miel . La liqueur On commence d'abord par pulvériser très-fine-
se trouble, devient vert clair, puis jaune, et enfin ment 1 gramme d'indigo parfaitement sec, puis
rouge. Quand le précipité est devenu rouge , on on le met dans une fiole avec environ 15 grammes
étend la liqueur avec un peu d'eau et on dépose d'acide sulfurique fumant de Nordhausen et on
le protoxyde de cuivre sur un filtre ; on le lave, agite ; il faut laisser l'acide en contact avec l'indigo
et quand l'eau coule sans saveur, on met le filtre environ 6 à 8 heures et agiter de temps en temps
lavé et le précipité qu'il contient dans un ballon le mélange . Pour faciliter la dissolution de l'in-
avec du chlorure de sodium et de l'acide chlor- digo et empêcher que ce corps ne se réunisse en
hydrique. Quand tout est passé à l'état de pro- pâte, on met dans la fiole des fragments d'un
tochlorure de cuivre dissous dans le chlorure de corps dur, comme des grenats par exemple, ou
sodium , on verse le permanganate jusqu'à colora- du verre, qui, pendant l'agitation , divise l'indigo
tion rouge. et facilite son contact avec l'acide. La dissolution
M. Charles Mohr a proposé une autre méthode de la matière colorante est alors complète ; on
fondée sur la décomposition des sels de cuivre verse le tout dans un vase d'un litre , on lave
par le fer métallique qui se dissout à l'état de plusieurs fois la fiole en ajoutant les eaux de la-
protoxyde. La quantité de sel de protoxyde de fer vage au liquide acide , et on achève de remplir le
formé se dose par le caméléon [ Ann. der Chem. litre avec de l'eau. On puise alors 100 cent. cubes
u. Pharm., 1854]. de ce liquide que l'on introduit dans un vase cy-
0,5 de sucre sont dissous dans l'eau ; on lindrique, et on étend encore de 200 à 300 cent.
ajoute un excès de tartrate double de cuivre et de cubes d'eau. On fait couler le permanganate en
potasse (liqueur de Barreswil), et on chauffe à l'é- ayant soin d'agiter constamment.
bullition jusqu'à précipitation complète de l'oxyde Dans les premiers moments, on ne voit aucun
de cuivre. La couleur du précipité doit être rouge changement, à cause de l'intensité de la couleur
violacé et la liqueur doit conserver une colora- bleue, mais peu à peu cette couleur tire sur le
tion bleue. vert, puis elle devient plus claire en tirant un
On jette alors le tout sur un filtre et on lave le peu sur le brun, et quand l'opération se termine,
précipité. Ce précipité lavé est ensuite introduit la couleur verte disparaît tout d'un coup et est
avec le filtre dans une grande fiole avec du chlo- remplacée par une teinte jaune sale. Il faut s'ar-
ANALYSE.
268 ANALYSE.
rêter là sans chercher à produire la coloration
rose, parce que les matières organiques que ren- gaz connus, mais nous nous attacherons à faire
ferme l'indigo peuvent détruire beaucoup de per- ressortir le principe des méthodes mises en
manganate. usage pour l'analyse.
Cette méthode permet de comp arer les ri- Il convient d'abord, pour résoudre la question
chesses relatives de divers indigos du commerce . qui vient d'être posée, d'établir pour les gaz une
Si on veut l'employer pour connaître la richesse classification, au seul point de vue de l'analyse
absolue d'un indigo en matière colorante , il chimique, en groupant, à cet effet, les gaz en plu-
faut déterminer le titre du permanganate à l'aide sieurs classes et sections dans lesquelles on pourra
d'un échantillon d'indigo pur préparé dans un établir ensuite des sous- divisions bien caractéri-
laboratoire par réduction et oxydation . sées . Pour cela, on a recours à un petit nombre
Déjà avant M. Mohr le dosage de l'indigo en de propriétés fondamentales.
volume avait été obtenu par M. Perney ( Techno- Certains gaz sont combustibles au contact de
logist, octobre 1853 ) à l'aide du bichromate de l'air à une température suffisamment élevée ;
potasse en présence de l'acide chlorhydrique d'autres sont incombustibles dans ces mêmes con-
étendu. L'indigo dissous dans l'acide sulfurique ditions ; il en est qui sont absorbés par une les-
de Nordhausen avec les précautions que nous sive alcaline, ou même par l'eau qui accompagne
avons indiquées est étendu d'eau ; on y ajoute l'alcali ; d'autres y sont insolubles . La plupart
alors de l'acide chlorhydrique et on verse ensuite des gaz sont incolores ; quatre sont colorés. Parmi
lentement une liqueur titrée de bichromate de les gaz incolores, il en est qui ont la propriété
potasse jusqu'à disparition complète de la couleur de produire des fumées au contact de l'air, lors-
bleue. que celui-ci n'est pas parfaitement sec, etc.
M. Perney a trouvé que 08,64 d'indigo pur sont La notion de ces divers caractères permet une
décolorés par 08,486 de bichromate de potasse ; division utile pour arriver rapidement à recon-
il prend donc toujours 08,64 de l'indigo à essayer , naître un gaz donné en suivant une marche mé-
et 100 cent. cubes de la liqueur normale con- thodique comparable, jusqu'à un certain point, à
tiennent 0,486 de bichromate. l'emploi de la clef dichotomique dans les sciences
ANALYSE DES GAZ. - En raison deL.leur T. état naturelles (1).
physique, les gaz exigent des méthodes spéciales Voici cette division :
d'analyse, soit qu'il s'agisse seulement d'en re-
connaitre la nature, soit qu'il s'agisse de les sé-
parer et d'évaluer, en poids ou en volume, leurs PREMIÈRE CLASSE .
proportions relatives dans un mélange.
Dans l'état actuel des sciences physiques, la GAZ INCOMBUSTIBLES.
distinction à faire entre les gaz et les vapeurs a
1re SECTION.
perdu de son importance. Gaz non
En effet, il est aujourd'hui peu de gaz qui absorbables 1. Oxygène.
résistent aux fortes pressions (1) ou aux basses Groupe 2. Protoxyde d'azote .
par une unique. 3. Bioxyde d'azote.
températures que l'on sait produire , ou à l'effet dissolution 4. Azote .
de ces deux moyens combinés ; la plupart des de potasse.
gaz, placés dans ces conditions, se liquéfient. 1. Ammoniaque. *
Les gaz peuvent donc être assimilés à des 2. Acide sulfureux .
vapeurs plus ou moins éloignées du terme de leur 3. Acide carbonique .
1er Groupe. 4. Acide
liquéfaction. Incolores. chlorocarbonique
En effet, à une température qui souvent n'est ( chlorure de carbo-
pas très- notablement supérieure à celle de leur nyle ).
liquéfaction , les vapeurs non en contact avec les 2º SECTION. 5. Chlorure de cyanogère.
liquides qui leur ont donné naissance se com- Gaz 1. Chlore .
absorbables
portent comme les gaz, possèdent sensiblement par une 2e Groupe. 2. Acide hypochloreux.
le même coefficient de dilatation pour la chaleur, Colorés. 3. Acide chloreux.
dissolution 4. Acide hypochlorique
et obéissent, dans des limites assez étendues , à de (peroxyde de chlore).
la loi de Mariotte, qui lie les volumes et les potasse.
1. Acide chlorhydrique.
forces élastiques . Group 2.
3e e. brombydrique.
Ce sera donc plutôt en vertu d'une convention Incolores 3. iodhydrique .
que nous réserverons le nom de gaz aux fluides et 4. Fluorure de silicium.
élastiques qui, à la température de 0º et à la fumants. 5 Fluorure de bore.
pression de 0,760 de mercure, présentent encore 6. Chlorure de bore.
l'état aériforme .
L'analyse des gaz est : DEUXIÈME CLASSE.
Qualitative, lorsqu'on se propose seulement
de déter miner la natur e des gaz mélan gés ; GAZ COMBUSTIBLES .
Quantitative, lorsqu'on se propose de détermi-
ner la composition d'un gaz homogène non élé- Groupe. S 2.1. Acide sulfhydrique.
mentaire, ou les proportions relatives des divers 1re SECTION . 1er Gaz acides. sélenhydrique.
gaz qui peuvent exister dans un mélange gazeux. Gaz 3. - teliurhydrique.
absorbables 2e Groupe. Méthylamine ou mé-
par une
dissolution Gaz alcains. thyliaque.*
ANALYSE QUALITATIVE. de potasse. 3º Groupe. 1. Cyanogène .
Gaz neutres. 2. Ether méthylique .*
Un gaz homogène étant donné, en reconnaître
la nature. ·
Les gaz marqués d'un asterisque sont absorbés par
Il ne peut entrer dans le cadre de cet article
l'eau qui accompagne la potasse.
d'indiquer les propriétés chimiques de tous les
( 1 ) Parmi les gaz, il en est qui sont insolubles dans
(1 ) L'oxygène, l'hydrogène, l'azote , l'oxyde de car- l'eau; d'autres qui, y étant solubles, doivent être recueil-
bone, l'hydrogène proto-carboné et le bioxyde d'azote lis sur la cuve à mercure ; quelques-uns, attaquant ce
ont résisté à l'action combinée des températures les plas métal , exigent des moyens spéciaux pour être recueil-
basses et des pressions les plus énergiques . lis. Dans ce qui va suivre, nous supposerons presque
toujours le gaz au contact du mercure.
ANALYSE. 269 ANALYSE.
1. Chlorure de méthyle." ces gaz pour les différencier ; ainsi, par exemple ,
1er Groupe. 2. Fluorure de méthyle. * l'acide iodhydrique attaquera le mercure , le fluo-
Gaz donnant 3. Phosphure d'hydro-
par la gène. rure de bore carbonisera le papier que l'on
combustion 4. Arséniure d'hydrogène introduira dans l'intérieur de l'éprouvette, etc.
un acide 5. Siliciure d'hydrogène. Si le gaz est combustible et acide, il n'y aura à
généralement 6. Antimoniure d'hydro- hésiter qu'entre les trois gaz du premier groupe
énergique. gène. (Toujours mêlé de la première section (IIe classe).
de H.) Or , l'acide sulfhydrique, en brûlant dans une
1. Oxyde de carbone. éprouvette étroite, donne un dépôt jaune de soufre,
2e SECTION. 2. Gaz des marais ou hy-
Gaz non l'acide sélenhydrique un dépôt rouge de sélénium,
2e Groupe. drure de méthyle. l'acide tellurhydrique un dépôt noir de tellure
absorbables Gaz donnant 3. Méthyle.
par une par la 4. Hydrure d'éthyle ( '). sur les parois de l'éprouvette.
dissolution combustion 5. Ethylène ou Gaz olé- Si le gaz combustible est alcalin , ce sera de la
de potasse . de l'acide fiant. méthylamine, car c'est jusqu'ici le seul gaz com-
carbonique 6. Éthyle. bustible connu qui possède une réaction alca-
précipitant 7. Acétylène. line, etc.
par l'eau 8. Propylène .
de chaux 9. Hydrure de propyle. ANALYSE QUANTITATIVE .
en excès. 10. Butylène.
11. Hydrure de butyle. CONSTITUTION D'UN GAZ COMPOSÉ PUR. Syn-
12. Allylène. thèse et analyse en poids et en volume. Dans
3e Groupe... Hydrogène. un article aussi limité , nous ne pouvons que
Pour reconnaître la classe , la section et le donner le principe de diverses méthodes appli-
cables à la détermination de la constitution d'un
groupe auxquels appartient un gaz , les expé- composé gazeux pur et homogène.
riences à faire sont simples et faciles : ANALYSE. — Elle s'exécute le plus habituelle-
On prend quelques centimètres cubes du gaz ment en déterminant le rapport des volumes des
dans un tube bouché par un bout ; on approche gaz constituants avec le volume du gaz composé
de l'orifice un corps en combustion et on voit lui-même. Voici un exemple de cette méthode.
si le gaz s'enflamme au contact de l'air. Parmi
les gaz qui ne s'enflamment pas, il n'y en a que
deux qui, n'éteignant pas les corps en combus-
tion, rallument une allumette ou une bougie
présentant encore quelques points en ignition ;
ce sont l'oxygène et le protoxyde d'azote. Le
bioxyde d'azote produit, au contact de l'air, des
vapeurs rutilantes. Si le gaz est incombustible,
on aura d'ailleurs éliminé un assez grand nombre
de gaz par cette première expérience.
Si le gaz est combustible, il y aura lieu d'exa-
miner la couleur et l'intensité de sa flamme et
l'apparence des produits de sa combustion.
Ainsi , l'hydrogène brûle avec une flamme très-
pâle, l'oxyde de carbone avec une flamme bleue,
le cyanogène avec une flamme pourprée, le chlo- A.J.
rure de méthyle avec une flamme verte sur les
bords ; l'acétylène, l'éthylène, le propylène, le bu- Fig. 28. — Analyse du protoxyde d'azote.
tylène, etc., brûlent avec une flamme très-éclai-
rante en déposant du charbon sur les bords de Protoxyde d'azote .-On chauffe un volume me-
l'éprouvette ; le siliciure d'hydrogène est spon- suré de protoxyde d'azote avec un fragment de sul-
tanément inflammable (2) et dépose de la silice ; le fure de baryum en excès dans une cloche courbe
phosphure d'hydrogène brûle avec une flamme sur le mercure ; l'oxygène est absorbé et le sulfure
très-éclairante et dépose du phosphore sur les de baryum passe partiellement à l'état de sulfate
parois de l'éprouvette, etc. de baryte . Il reste de l'azote . L'appareil étant
refroidi et le gaz étant ramené aux conditions
Après avoir déterminé la classe à laquelle ap- initiales de température et de pression , on trouve
partient le gaz, on reconnaîtra sa section en l'agi-
tant avec une dissolution aqueuse de potasse, que que le volume du gaz n'a pas changé . Donc le
l'on pourra introduire dans l'éprouvette à l'aide protoxyde d'azote contient un volume d'azote égal
d'une pipette à extrémité recourbée ; on verra si au sien ; on peut arriver au volume de l'oxygène
le gaz est absorbé ou non. Dans ce dernier cas, et à la connaissance complète de la composition
on ne verra pas le mercure remonter dans l'inté- en ayant recours aux densités . Si , en effet, de la
densité du protoxyde d'azote = 1,527 (ou si l'on
rieur de l'éprouvette. veut du poids de 1 volume de protoxyde d'azote )
Supposons d'abord que le gaz, étant incombus- on retranche la densité de l'azote €0,972, le
tible, soit absorbé. S'il est coloré, il appartiendra
au deuxième groupe. Tous les gaz de ce groupe reste représente le poids du volume d'oxygène
attaquent le mercure et ne peuvent être recueil- contenu dans 1 volume de protoxyde d'azote ; or
lis sur ce métal. la différence obtenue est == 0,555 ; ce nombre
Si le gaz, incolore et incombustible, est absor- comparé à 1,1056 , densité de l'oxygène , en est
1,1056
bable et répand des fumées à l'air, il appartien- très-sensiblement la moité, car 2 -= 0,5528.
dra au troisième groupe , et on n'aura plus à
hésiter qu'entre six gaz ; il faudra avoir recours Donc 1 volume de protoxyde d'azote contient
alors aux propriétés spécifiques de chacun de 1 volume d'azote et 1/2volume d'oxygène.La con-
densation est de 1/3 D'après ces rapports, on pour-
(1) Probablement identique avec le précédent. rait passer à la composition en poids, car dans un
(2). D'après MM. C. Friedel et Ladenburg, qui ont ob- poids représenté par 1,527 (densité du protoxyde
tenu récemment le siliciure d'hydrogène gazeux tout à d'azote), il y a un poids 0,972 d'azote et un poids
fait pur, ce gaz n'est pas spontanément inflammable au 0,555 d'oxygène ; une simple proportion donnerait
contact de l'air, à la température et à la pression ordi- les quantités pondérales d'oxygène et d'azote en
naires. Il devient inflammable à une température peu centièmes.
élevée.
ANALYSE. 270 - ANALYSE .
La même expérience, les mêmes raisonnements l'acide carbonique contient un volume d'oxygène
et des calculs semblables étant appliqués au égal au sien. Si de la densité de l'acide carbo-
bioxyde d'azote, on trouvera que 1 volume de ce nique 1,529 on retranche la densité de l'oxygène
gaz contient 1/2 volume d'azote et 1/2 volume d'oxy- 1,1056, le reste 0,4234 devrait représenter le poids
gène. Il n'y a pas de condensation. du carbone contenu à l'état de vapeur dans un
Le même principe pourrait être applicable à volume d'acide carbonique. Nous verrons que le
l'analyse de l'acide chlorhydrique par le potas- nombre 0,4234 ainsi déduit est plus fort que le
sium. On trouverait que 1 volume d'acide chlor- nombre vrai, et par quelle raison.
hydrique contient 1/2 volume de chlore et 1/2 vo- Le carbone libre ne nous étant pas connu à l'état
lume d'hydrogène unis par conséquent sans con- de vapeur, sa densité de vapeur nous est incon-
densation, nue; nous ne savons donc pas quel est le vrai
SYNTHÈSE. Dans plusieurs cas, on peut éta- volume de vapeur de carbone qui correspondrait
blir la composition en faisant une synthèse, c'est- à ce nombre 0,4234. Mais des exemples nombreux
à-dire en unissant directement les éléments con- ont conduit Gay-Lussac à formuler une loi sur les
stituants du composé. combinaisons en volumes des corps gazeux ou ga-
Ainsi, par exemple, pour l'acide chlorhydrique, zéifiables ; cette loi ne nous laisse le choix
on peut démontrer que volumes égaux de chlore qu'entre un très-petit nombre d'hypothèses sur
et d'hydrogène s'unissent directement, sous l'in- la constitution en volume du composé gazeux
fluence de la lumière, pour faire de l'acide chlor- contenant un élément non gazéifiable à l'état
hydrique. On prouve : 1 ° que le volume n'a pas libre, puisque les gaz se combinent entre eux tou-
changé après la combinaison ; 2º qu'il ne reste jours en rapports très-simples. Si l'on suppose
pas d'excès d'hydrogène, puisque la totalité du que 0,4234 représente la densité de la vapeur de
gaz est absorbable par l'eau ; et 3° qu'il ne reste carbone ou le poids de 1 volume de vapeur de
pas de chlore en excès, le gaz obtenu après la carbone , on dira que 1 volume d'acide carbo-
réaction n'attaquant pas le mercure. nique contient 1 volume de vapeur de carbone
Pour l'acide chlorhydrique on a donc pu opé- et 1 volume d'oxygène.
rer soit par synthèse, soit par analyse. Lorsqu'il s'agit de gaz comme l'acide carbo-
Pour établir la composition de l'acide carbo- nique et, à plus forte raison, comme l'acide sul-
nique en volume, on a eu recours également à la fureux, qui ne sont point permanents et qui
synthèse. peuvent être plus ou moins facilement liquéfiés
Synthèse de l'acide carbonique en volume. - Si par la pression, le mode d'analyse précédent ne
dans un ballon à long col, renversé sur le mercure, peut conduire à des conclusions rigoureuses pour
on introduit un volume connu d'oxygène et qu'on la composition pondérale. L'acide carbonique ou
porte dans ce gaz ; employé en excès, un fragment l'acide sulfureux , en effet, ne sont pas rigoureu-
de diamant (carbone pur et cristallisé ), qu'on sement comparables à l'oxygène. Dans les circon-
détermine la combustion de ce diamant en con- stances ordinaires, ces gaz s'écartent un peu de la
centrant les rayons calorifiques solaires à l'aide loi de Mariotte et du coefficient de dilatation de
d'une lentille, ainsi que l'a fait Davy, on remar- l'air; aussi n'obtient-on pas par l'expérience des
que que le gaz, revenu aux conditions initiales, rapports d'une simplicité aussi rigoureuse entre
n'a pas changé sensiblement de volume . Donc les volumes que lorsqu'il s'agit de Az20 et de O.

Fig 29. Appareil de MM. Dumas et Stas pour la synthèse de l'acide carbonique.
A, flacon à déplacer l'oxygène par l'eau alcaline. B, C, tubes en U contenant des fragments de ponce humectée
de potasse.- D, tube à ponce humectée d'acide sulfurique concentré. - E, tube en porcelaine verni intérieurement
et contenant une nacelle en platine avec diamant pesé. -F, tube à CuO pour brûler l'oxyde de carbone de la 1
combustion incomplète.- G, tube à acide sulfurique taré. --H, tube de Liebig avec dissolution de potasse con-
centrée. I, J, tubes à ponce alcaline tarés. - K, tube à ponce sulfurique taré. - L, tube à matière desséchante
pour arrêter l'humidité en cas de rentrée d'air extérieur.
1
Synthèse de l'acide carbonique par les pesées. - fier le poids atomique du carbone adopté par
On arrivepour la composition de l'acide carbonique Berzelius d'après les densités alors admises pour
à des résultats très-exacts en ayant recours aux pe- l'acide carbonique et l'oxygène. Ces savants ont
sées, comme l'ont fait MM. Dumas et Stas, qui ont employé l'appareil ci-dessus (fig. 29).
déterminé le poids de l'acide carbonique formé Cette expérience a permis à MM. Dumas et
par la combustion d'un poids connu de carbone Stas de déterminer très - exactement la compo-
pur (diamant ) dans un courant d'oxygène en sition de l'acide carbonique. Ils ont trouvé que
excès. Leurs expériences les ont amenés à modi- i l'acide carbonique contenait 27,27 % de car-
ANALYSE. - 271 — ANALYSE .

bone , c'est-à-dire que le carbone était à l'oxy- excès. L'eau s'est condensée en rosée ; son vo-
gène dans le rapport de 6 à 16 en poids. Ces lume est tout à fait négligeable ; seulement les
résultats diffèrent de ceux qu'on peut déduire des gaz se trouvent saturés de vapeur d'eau après la
densités de l'acide carbonique et de l'oxygène combustion ; s'ils étaient secs avant, il faudrait,
déterminées par MM. Dumas et Boussingault , et pour une mesure exacte, dessécher le gaz après
par M. Regnault , en acceptant les résultats de la combustion ou bien tenir compte de la tension
l'expérience de Davy. Il faut l'attribuer à la cause maximum de la vapeur aqueuse à la température
que nous avons signalée plus haut. En effet, on du gaz.
déduit des résultats de MM. Dumas et Stas que
le poids de la vapeur de carbone contenue dans
un volume d'acide carbonique pesant 1,529 est
0,417 , au lieu de 0,4234.
Analyses diverses en volume.
La composition en volume de l'acide carbo-
nique, étant connue, permet d'établir la compo-
sition d'une foule de composés gazeux du carbone.
S'agit-il de l'oxyde de carbone, par exemple, on

Нишить
fera brûler un volume connu de ce gaz avec un
excès d'oxygène dans un eudiomètre à mercure
(fig. 30). la détonation , on mesurera le volume du
Après
gaz , qui se composera d'acide carbonique et d'oxy-
gène en excès ; on connaîtra le volume de l'a-
cide carbonique en traitant le gaz par la po-
tasse et mesurant de nouveau ; on trouvera que
le volume de l'acide carbonique disparu est égal
au volume de l'oxyde de carbone employé et le
volume restant sera de l'oxygène pur en excès.
Connaissant le volume de l'oxygène avant la
détonation, on connaîtra par différence l'oxygène
employé pour la combustion.
On trouve ainsi que 1 volume d'oxyde de car-
bone prend 1/2 volume d'oxygène pour former Fig. 30. Eudiomètre à mercure.
1 volume d'acide carbonique . Or, ce dernier gaz
contient, comme nous l'avons vu, son propre vo- On mesure le gaz après l'explosion ; on fait agir
lume d'oxygène ; donc 1 volume d'oxyde de car- la dissolution de potasse et l'on mesure de nou-
bone contient la même quantité de vapeur de veau ; on a alors toutes les données nécessaires
carbone qu'un volume d'acide carbonique (ou par pour déterminer la composition en volume du
hypothèse 1 volume de vapeur de carbone) et 1/2 carbure d'hydrogène . En effet, soient :
volume d'oxygène seulement . V le volume du carbure ;
On arrive de même à déterminer la composition
en volume du cyanogène ; seulement , après la Ole volume d'oxygène ajouté ;
combustion de celui-ci et le traitement par la V' le volume après la détonation ;
potasse, le résidu se compose d'oxygène en excès O'le volume après l'action de la potasse ou le vo-
et d'azote. On absorbe l'oxygène par le phosphore lume de l'oxygène en excès.
ou par le pyrogallate de potasse alcalin, et on a le
Dès lors :
volume de l'azote. V'O' C sera le volume de l'acide carbo-
Carbures d'hydrogène. — Nous donnerons d'a-
bord le principe de l'analyse eudiométrique d'un nique, ce qui donnera le carbone ;
carbure d'hydrogène gazeux quelconque, supposé O -O' sera levolume total d'oxygène consommé.
pur et homogène, renvoyant plus bas la descrip-
tion des divers appareils eudiométriques servant Si de :
aux analyses. 0 - O' , on retranche C , volume de l'oxygène
Lorsqu'il s'agit d'ailleurs d'un carbure d'hydro- qu'on sait être contenu dans l'acide carbonique
gène pur, le rapport simple des volumes ressort
assez nettement des analyses faites dans l'eudio- formé, le reste
0 -O' - C représentera l'oxygène employé à brù-
mètre à mercure ordinaire (c'est-à-dire dans un ler l'hydrogène pour former de l'eau ; en dou-
tube épais en cristal destiné à recevoir le mé- blant ce volume , on aura le volume de l'hydro-
lange explosif et dans l'intérieur duquel on peut
faire jaillir une étincelle électrique ) pour qu'il gène.
(0-0' -C) X 2 sera donc le volume de l'hydro-
n'y ait pas d'hésitation possible à l'égard des
nombres adopter . La détermination de la den- gène.
sité du carbure fournit ensuite un contrôle . Donc le volume V du carbure contient un vo-
Soit un carbure d'hydrogène gazeux de com- lume C de vapeur de carbone (par hypothèse ) et
position inconnue . Sa combustion complète doit 2 (0-0' - C) volumes d'hydrogène.
fournir de l'eau et de l'acide carbonique .
Pour l'analyser, on en fait passer un volume Citons un exemple :
connu dans l'eudiomètre , et l'on y ajoute un MM. Dumas et Stas , en faisant réagir un excès
excès d'oxygène préalablement mesuré. ( Ce vo- de baryte sur l'acétate de soude cristallisé, ont
lume devra être supérieur à celui qui est rigou- obtenu un carbure d'hydrogène qui leur a fourni
reusement nécessaire pour la combustion com- à l'analyse eudiométrique les résultats suivants :
plète . Si cet excès est trop faible, la détonation
peut être trop violente ; s'il est trop considérable , Carbure d'hydrogène .... 32 vol.
l'étincelle pourra ne pas déterminer une com- Oxygène ajouté ... 91
Après la détonation.. 59
bustion complète . ) Après la détonation, le gaz se 27
compose d'acide carbonique et d'oxygène en Après la potasse ..
ANALYSE. 272 ANALYSE .
Il suit de là que 32 de gaz donnent 32 d'acide et de l'oxygène dans l'acide hypochlorique, il fau-
carbonique, ou que le gaz contient son propre vo- dra prendre la densité du gaz hypochlorique et la
lume de vapeur de carbone, d'après l'hypothèse comparer aux densités du chlore et de l'oxygène.
faite sur le volume de la vapeur de carbone. Or , la densité de l'acide hypochlorique a été
L'oxygène total consommé 64; or 64-32 trouvée égale à 2,315. Si l'on en soustrait la
- 32 est l'oxygène consommé pour brûler l'hy- densité de l'oxygène 1,1056 , le reste 1,209 repré-
drogène ; le volume d'hydrogène est donc 64. sente sensiblement la demi -densité du chlore. Le
Aiusi 1 volume du gaz analysé contenait 1 vo- mode de condensation de l'acide hypochlorique est
lume de vapeur de carbone (comme on l'exprime donc le même que celui des éléments de la
ordinairement) et 2 volumes d'hydrogène ; c'était vapeur d'acide hypoazotique.
donc de l'hydrogène protocarboné ou gaz des ma- GAZ INCOMPATIBLES . - Avant de passer à l'exposé
rais CH . Celui-ci exige pour sa combustion le des méthodes applicables aux mélanges gazeux, il
double de son propre volume d'oxygène et four- convient de faire connaitre les incompatibilités
nit son propre volume d'acide carbonique. qui peuvent exister entre certains gaz. La présence
Le gaz oléfiant C2H exige trois fois son volume de l'un de ces gaz, ayant été décelée dans un mé-
d'oxygène et fournit le double de son propre lange, exclut nécessairement la possibilité de la
volume d'acide carbonique, etc. coexistence d'un ou de plusieurs gaz dits incom-
Ces résultats peuvent être contrôlés par la patibles avec le premier, parce qu'il y a ou com-
densité. Ainsi, pour le gaz des marais, on a : binaison ou décomposition mutuelle.
1 volume de vapeur de carbone ou den- Voici un tableau des gaz incompatibles ; chacun
sité de la vapeur de carbone ... 0,417 des gaz inscrits dans la première colonne verti-
2 volumes d'hydrogène ou double cale à gauche est incompatible avec tous les gaz
densité de l'hydrogène ... 0,138 inscrits en regard sur la même ligne horizontale.
= 1 volume de gaz carburé ou densité Pour économiser la place, les gaz sont simplement
de ce gaz.... 0,555 désignés par leurs symboles chimiques.
Ce nombre s'accorde assez bien avec la densité Le signe - inscrit au-dessous du symbole in-
0,562 du gaz des marais trouvée par l'expé rience . dique l'incompatibilité seulement sous l'influence
de l'eau.
Analyse des composés oxygénés gazeux du Le signe :- inscrit au-dessous indique l'incom-
chlore. - Ces gaz sont détonants à une tempé- patibilité sous l'influence de la lumière diffuse.
rature peu élevée ; ils attaquent le mercure ; 1
leur maniement est donc difficile. Il a fallu des Tableau des gaz incompatibles.
méthodes toutes spéciales pour les analyser .
Voici le moyen ingénieux employé par Gay- Incompatibles
Lussac pour l'analyse de l'acide hypochlorique O (1) avec Az O², Si H¹ , H2S . H² Se, H² Te , HI
(peroxyde de chlore) ; il est évidemment appli- H }) C1, C12 O, CI12 O³, CI O³.
cable à l'analyse de l'acide chloreux et de l'acide Sil >> O, CI , CI2O, CI20³, CIO².
hypochloreux anhydres. CH
Le gaz hypochlorique, en sortant de l'appareil C2H2
où il se produit , passe dans un tube d a bf dont
CH
bb b
a C2H6
f >> CI, CIO, C120³, CIO².
C3H6
C418
Fig. 31. - Tube de Gay-Lussac. CH3
le diamètre intérieur en d, a , e, f, est presque (CH3 )
PhH3 >> CI, CIO, C1203, CIO , HBr , HI.
capillaire. Il présente des ampoules b, b' , b"
soufflées à la lampe ; on chauffe d'avance le tube As H3 )) O, CI, CI2O, CI2O3, CIO2.
en un point a , à l'arrivée du gaz, au moyen Sb H³j
d'un charbon allumé ou d'une flamme ; au fur CO >> CI, C120 , C12 O³, CIO².
et à mesure que le gaz , qui se développe dans Az O >> O, CI.
l'appareil en communication avec le tube à am- C120 avec l'hydrogène humide et tous les gaz
poules, passe en a , il se décompose sans dé- C1203
tonation, en raison de la petite quantité qui est hydrogénés avec ou sans présence
CIO2 de la lumière.
seule chauffée, et les ampoules se remplissent CI }) l'hydrogène, et tous les gaz hydro-
d'un mélange de chlore et d'oxygène qui balaye
l'air. Cela fait, le chlore et l'oxygène se trouve- génés excepté HCI , à la lumière.
CAZ >> CI, CI2O , C12 O³, CI O², H1, H2S , H2 Se
ront (dans le mélange qui remplira les ampoules)
dans le rapport suivant lequel ces gaz s'unissent H2 Te?, Az H³, CH³ Az.
SO2 >>> Ph H3, Az H3, CHAz , C ! et CI. CIO
pour constituer l'acide hypochlorique.
Si l'on effile et si l'on bouche à la lampe l'extré- CI2O3, CIO2, H2S, H² Se, H²Te.
mité f et qu'on coupe avec une lime le tube capil- F13 Bo
laire en c, puis qu'on bouche avec le doigt cette F13 Si >>> Az H³, CH³ Az.
partie coupée, et qu'on porte le mélange gazeux au Cl Bo
contact d'une lessive de potasse , le chlore sera HCl >> CI2O, C1203, CIO , AzH³, CH³ Az.
absorbé et l'oxygène restera ; on pourra mesu- HBr
HIS » C1, C120 , C1203, CIO2.
rer le volume de ce dernier ; pour connaitre le vo-
lume du chlore , il suffira de jauger l'ampoule; H2S >> CI, CI2O, CI20³, CI O², C Az, SO²,
ayant déterminé son volume, si l'on soustrait de H2Te
H2 Se Az H3, CH5 Az.
ce volume celui de l'oxygène déjà trouvé, on aura
par différence le volume du chlore. Gay-Lussac a Az H3 >>
CH5 Az tous les gaz acides et le chlore.
trouvé ainsi que dans l'acide hypochlorique le
volume du chlore était à celui de l'oxygène dans Az20 et Az sont compatibles avec tous les gaz.
le rapport de 1 à 2. Si l'on veut aller plus loin
et connaitre le mode de condensation du chlore (') Oxygène ordinaire.
ANALYSE. 273 ANALYSE.
ANALYSE DES MÉLANGES GAZEUX. — Aperçu des di- tirer le bâton de phosphore et inesurer le gaz qui
verses methodes. -Pour l'analyse des mélanges ga- reste, c'est-à- dire l'azote.
zeux tels que l'air atmosphérique, par exemple , il L'absorption est jugée complète (l'appareil étant
existe plusieurs méthodes. Ces méthodes varient porté dans l'obscurité ) lorsqu'on ne voit plus de
d'ailleurs avec le but qu'on se propose et le de- lueurs à la surface du bâton de phosphore.
gré de précision que l'on veut atteindre. L'ana- Il est à remarquer que, si l'azote était en quan-
lyse peut, dans quelques cas, être faite en poids tité très-faible, l'absorption de l'oxygène par le
et avec une grande précision, surtout si la masse phosphore ne serait pas complète. En effet, l'oxy-
de gaz à analyser est un peu notable. (Voir plus gène pur, à la pression ordinaire, n'est pas absorbé
bas la méthode d'analyse de l'air de MM. Dumas par le phosphore à froid.
et Boussingault.) On peut déterminer l'absorption rapide de l'oxy-
L'analyse peut être exécutée par des procédés gène par le phosphore en chauffant le gaz dans
rapides et sur de petits volumes par diverses une cloche courbe dans laquelle on a introduit un
méthodes d'absorption très-simples et des me- fragment de phosphore ; on chauffe le phosphore
sures très-promptes, lorsqu'on ne se propose pas avec une lampe à alcool ; il s'allume ; on volati-
d'arriver à une très-grande exactitude. lise une partie du phosphore, et lorsque la flamme
On peut aussi, dans certains cas, combiner la a parcouru toute la partie occupée par le gaz,
méthode des pesées avec celle des volumes et ar- l'expérience est terminée. On laisse refroidir, on
river à une très-grande précision en augmentant transvase dans un tube gradué et on mesure le
considérablement, par un artifice approprié, la volume de l'azote ; par différence avec le volume
masse gazeuse à analyser ; celle- ci est déterminée primitif, on a l'oxygène.
en volume et l'on dose par la pesée, au moyen M. Liebig a indiqué, il y a une vingtaine d'an-
d'un réactif absorbant, le gaz cherché existant en nées, un nouvel absorbant de l'oxygène qui est
petite quantité dans la masse totale. Le type d'un fréquemment employé pour l'analyse de l'air :
pareil mode d'analyse est le dosage de l'acide car- c'est l'acide pyrogallique en dissolution dans un
bonique dans l'air par la méthode de M. Bous- excès de potasse ; par une agitation de quelques
singault, laquelle participe, quant au principe, de instants , l'oxygène est absorbé et la liqueur
la méthode de M. Brunner pour le dosage de alcaline se colore en brun. A la vérité , on a
l'oxygène dans l'air. reconnu récemment que , dans cette réaction ,
Cette méthode est susceptible d'applications dans l'acide pyrogallique pouvait dégager des traces
une foule de cas. d'oxyde de carbone, surtout si le gaz est de l'oxy-
Elle permet d'opérer sur des volumes d'air gène pur ou presque pur ; mais, dans les circon-
presque indéfinis et d'y reconnaître de faibles stances ordinaires , la quantité de cet oxyde de
traces d'un autre gaz. carbone est si faible , qu'elle est réellement négli-
Enfin il existe des méthodes eudiométriques geable.
perfectionnées, plus modernes, ayant pour objet de Pour agiter les gaz en présence des réactifs et
déterminer d'une manière très-précise la propor- pour les transvaser ensuite sans perte possible,
tion en volume des gaz contenus dans un mélange, et de manière à les mesurer hors de tout con-
même en opérant sur un volume de gaz relative- tact avec le réactif, pour conserver au ménisque
ment assez faible. de mercure toute sa netteté , on peut se servir
Nous allons passer rapidement en revue ces avec avantage de la pipette à gaz de Doyère, dont
méthodes , en insistant surtout sur les principes, la première idée est due à M. Ettling ( Gaspi-
afin de ne pas sortir de notre cadre limité. Les pette) , et qui est aujourd'hui d'un usage très-fré-
figures et les légendes achèveront de faire com- quent dans les laboratoires.
prendre les méthodes dans leurs parties essen-
tielles.
Séparation de l'oxygène et de l'azote. Analyse
volumétrique de l'air. Dans un tube gradué

k
Fig. 33. — Pipette à gaz de Doyère.

Le réactif a été introduit d'avance (par une aspi-


ration exercée en u avec la bouche) dans la boule B
Fig. 32. 1 Analyse de l'air. de la pipette contenant du mercure ; il y est ren-
fermé entre deux colonnes de mercure et peut e
contenant un certain volume d'air, mesuré sur conserver indéfiniment à l'abri du contact de
l'eau ou sur le mercure, on introduit un long bå- l'air. On introduit la branche verticale effilée et
ton de phosphore. Au bout de 6 ou 7 heures , gé- ouverte de la pipette jusqu'au sommet de la
néralement, l'oxygène est absorbé, et l'on peut ic- cloche qui contient le mélange gazeux mesuré ;
1- 18
ANALYSE . 274 - ANALYSE .
on aspire avec la bouche à l'extrémité de l'orifice l'intérieur de la boule B. On transvase de cette
de la large branche u, au-dessus de la boule A ; le façon, sans perte, la totalité du gaz, et la surface
gaz passe dans la boule B de la pipette et le mer- du mercure reste très - nette pour la mesure à
cure s'élève dans la branche AC ; à ce moment, si faire qui a lieu dans un tube gradué dans lequel
l'on cessait l'aspiration , le gaz ferait retour dans la on porte, à l'aide d'une pipette semblable ne
cloche ; mais on abaisse la pipette en mainte- contenant pas de liquide autre que le mercure,
nant la succion, de manière à amener l'orifice le gaz qui provient de l'absorption préalable par
du bec effilé au-dessous du niveau du mercure le réactif.
dans la cuve. La cuve de manipulation présente Pour remplir les cloches de mercure on se sert
à cet effet, une forme spéciale, comme l'indique du tube à aspiration figuré ci-dessous ; en enfon-
en coupe et en plan la figure ci-dessous. Elle per- çant la cloche après avoir introduit le bec de la
met une manoeuvre facile de la pipette et ne con- pipette dans l'intérieur de cette cloche et en as-
tient qu'un volume très-limité de mercure. pirant au besoin , tout l'air sort de la cloche et
est remplacé par du mercure. Ce moyen permet
de remplir la cloche par ascension verticale du
mercure sans laisser la moindre bulle gazeuse
adhérente au verre. Pour le transport du tube
gradué mesureur dans la cuve spéciale destinée
aux mesures , on se sert d'une cuiller en fer ,
comme l'indique la figure 35.

Fig. 34. - Cuve à mercure de l'eudiomètre


de Doyère.

Alors on aspire jusqu'à ce que le mercure as- Fig. 35. 1 Pipette à mercure et cuiller
piré de la cuve vienne tomber en gouttelettes dans de Doyère.
l'intérieur de la boule B. A ce moment, on peut
enlever la pipette de la cuve à mercure. Le gaz
enfermé entre deux colonnes de mercure, à droite Méthode par lespesées exclusivement.- MM . Du-
et à gauche, ne peut s'échapper. On agite la pi- mas et Boussingault ont employé cette méthode
pette en tenant à la main la planchette dans la- pour l'analyse de l'air normal, afin de reconnaître
quelle. lle est encastrée et qui lui sert de support. les faibles variations de composition qu'il pour-
Au bout de quelques instants d'agitation , et lorsque rait présenter dans diverses circonstances et à
les bulles gazeuses sont rompues, on reporte la diverses époques.
pipette dans la cuve et on introduit la partie kl L'appareil est représenté par la figure 36.
dans la cloche remplie de mercure. On garnit la grille de charbon pour chauffer le
On soulève alors la pipette et la cloche sur tube Tjusqu'au rouge naissant ; on ouvre les robi-
la cuve, de manière à produire une différence nets retr'; l'air se précipite dans le tube à cuivre ;
de niveau et une diminution dans la pression du l'oxygène est seul absorbé ; alors on ouvre avec
gaz ; on souffle au besoin en u avec la bouche, le ménagement le robinet R, de manière à obtenir
mercure est refoulé par le tube capillaire et le un courant de gaz lent qui se rend dans le ballon
gaz sort de la pipette pour se rendre dans la préalablement vide d'air. L'air qui arrive dans le
cloche ; on peut arrêter son émission, la pipette tube à cuivre chauffé se dépouille de son oxygène
conservant sa position , en enfonçant plus ou et forme de l'oxyde de cuivre, et le gaz qui arrive
moins la cloche dans le mercure ; une manœuvre dans le ballon est de l'azote pur. Lorsque le bal-
dont on acquiert bientôt l'habitude permet, en lon est rempli, ou à peu près, on ferme le robinet
soulevant la pipette ou en abaissant la cloche, de R, puis les deux petits robinets r et r' . On laisse
produire la sortie du gaz ou de l'arrêter ; on refroidir et on défait la jonction du tube à cuivre
pourra donc, dès que le réactif aura atteint l'extré- et du ballon. On pèse le ballon et on note l'excès
mité effilée du tube capillaire (auquel cas tout le de poids ; celui-ci ne représente pas la totalité de
gaz sera sorti ), enfoncer brusquement le bec de l'azote de l'air recueilli, car il reste de l'azote daus
la pipette dans la cuve au-dessous du niveau du le tube à cuivre ; on pèse ce tube plein d'azote ,
mercure et en même temps aspirer avec la bouche puis on le pèse de nouveau après y avoir fait
par l'orifice u ; le réactif rentre dans la boule et le vide ; la différence donne le poids de l'azote
on ne cesse d'aspirer que lorsque le mercure as- contenu, qu'on ajoute à celui qui résulte des pe-
piré, à son tour, vient tomber en gouttelettes dans sées du ballon ; la différence entre le poids ini-
ANALYSE. 275 — ANALYSE.
tial du tube vide d'air avant et après l'expé- l'oxygène et de l'azote représente le poids d'air
rience donne le poids de l'oxygène. La somme de analysé.

r'

R.

CALANTE
Fig. 36. - Analyse de l'air, methode de MM. Dumas et Boussingault.
B, Ballon vide d'air et pesé dans ces conditions.
T, Tube contenant du cuivre réduit sec et pur ; ce tube est garni de deux robinets r et à ses deux extrémités ; il a
été préalablement vidé d'air et pesé ; il repose sur une grille et peut être chauffé. Le système des tubes à boules et en
U, que l'on voit à droite de la figure, est destiné à absorber l'acide carbonique et l'humidité de l'air qui doit les tra-
verser ; le dernier de ces tubes communique avec le robinet du tube à cuivre au moyen d'un tube de caout-
chouc et d'une bonne ligature avec un fil de cuivre rouge flexible . Le ballon B communique avec le tube T au moyen
d'un tube de verre courbé et de tubes en caoutchouc fortement serrés.

MÉTHODES EUDIOMÉTRIQUES. Dosage de l'oxy- transvasement du gaz. Lorsque ce tube est ensuite
gène par la combustion au moyen de l'hydrogène. redressé sur la cuve et maintenu verticalement, le
MM. Gay-Lussac et de Humboldt ont publié en volume du gaz est déterminé en visant avec une
1808 un mémoire remarquable sur l'eudiométrie lunette, ou mieux avec un cathètomètre, la hau-
et étudié les conditions de la combustion des mé- teur du mercure dans l'eudiomètre au-dessus du
langes d'air et d'hydrogène pour obtenir les niveau du mercure dans la cuve. A cet effet, l'une
meilleurs résultats possibles. Exposons d'abord des parois est échancrée sur une partie de sa sur-
le principe de cette méthode. Nous renverrons au face et fermée par une glace. L'eudiomètre étant
mémoire original pour le tableau qui indique gradué, on peut lire la division qui correspond, sur
entre quelles limites les proportions d'hydrogène le verre, au sommet du ménisque; on note la tem-
ajouté à l'air permettent une combustion complète. pérature et la hauteur du baromètre ; la pression
Lorsqu'on opère la combustion d'un mélange du gaz est la hauteur de la colonne barométrique
de volumes égaux d'air et d'hydrogène pur, dans diminuée de la hauteur de la colonne de mer-
l'eudiomètre à mercure, tout l'oxygène disparaît cure soulevée dans l'eudiomètre au- dessus du
sous forme d'eau qui se condense en rosée, dont
le volume est négligeable, et il reste un mélange
formé d'azote et de l'excès d'hydrogène employé ;
or, l'hydrogène fait disparaître, à l'état d'eau, un
volume d'oxygène égal à la moitié du sien. Il suit
de là que le volume de l'oxygène contenu dans
l'air mesuré est égal au 1/3 du volume disparu , ou
au 1/3 de l'absorption, comme l'on dit. Si la mesure
de l'air, de l'hydrogène, puis des gaz après l'explo-
sion est faite à la même pression et à la même
température ; si, de plus, les gaz étaient saturés a
d'humidité avant l'explosion , les déterminations
faites ne comporteront aucune correction ; il en
. faudra faire dans le cas contraire , d'après une
formule que l'on trouvera plus bas. Tel est le
principe de la méthode.
NOUVELLES MÉTHODES EUDIOMÉTRIQUES PERFEC-
TIONNÉES. -Dans ces dernières années, on a beau-
coup perfectionné les instruments destinés aux
mesures des gaz et aux opérations eudiométriques Fig. 37.- Eudiomètre de Bunsen.
par combustion ou par absorption . Voici l'exposé
sommaire des principales méthodes. niveau du mercure dans la cuve. On fait, s'il y a
Methode et eudiomètre de M. Bunsen. Cet lieu, les corrections pour la force élastique maxi-
eudiomètre présente une grande simplicité ; il mum de la vapeur d'eau, à la température du
sert à la fois aux combustions, à la mesure des gaz gaz. On voit qu'on ne s'astreint pas à mesurer le
et à l'absorption par les réactifs. gaz à la pression atmosphérique. A chaque fois
Le tube eudiométrique ae peut être incliné sur la on mesure le volume gazeux, par exemple après y
cuve à mercure d'une forme particulière pour le avoir introduit l'hydrogène, puis après la déto-
ANALYSE. 276 - ANALYSE.

nation ; à chaque fois, on fait pour le volume ga- l'emploi de tubes jaugés pour la mesure du gaz.
zeux les corrections nécessaires pour ramener ce Celui-ci, après les diverses manipulations qu'on lui
volume à ce qu'il serait à l'état sec, à la tempé- a fait subir, est toujours mesuré dans le même
rature de 0° et à la pression hypothétique de 1 " tube (sans que le réactif puisse y pénétrer) et sous
de mercure, afin que toutes les mesures soient le même volume. Le tube eudiométrique commu-
comparables. nique, au moyen d'un robinet R à trois voies, avec
V étant le volume du gaz saturé d'humidité à un second tube vertical ouvert dans l'atmosphère ;
to et à la pression H-h (H pression barométrique, ces deux tubes sont divisés en millimètres. On
h colonne de mercure au-dessus du niveau de la peut à volonté augmenter ou diminuer le volume
cuve) et à la température 1, F la force élastique du gaz contenu dans le tube eudiométrique, en
maximum de la vapeur aqueuse à t°, le volume faisant écouler du mercure par une ouverture con-
à 0° et à 1m sera : venable du robinet inférieur , ou bien en versant
H- h -F du mercure dans le long tube vertical ouvert lors-
V que la communication de ce tube est établie par
1 + 0,00366 X
le bas avec le tube eudiométrique. Les deux tubes
M. Bunsen recommande de faire toutes les ex- sont fixés verticalement dans les tubulures d'une
périences dans une chambre ad hoc, dans un sous- plaque circulaire en fonte, et sont entourés d'un
sol où la température ne varie pas sensiblement. manchon en verre dans lequel on verse une assez
Disous de suite que l'eudiomètre de M. Bunsen grande quantité d'eau, de sorte que les variations
sert à faire l'absorption des divers gaz par le de température , dans le cours d'une même ana-
réactif approprié , sans introduire aucun liquide lyse, sont peu marquées ; en tout cas on peut en
pouvant altérer le ménisque du mercure et nuire tenir compte, soit par le calcul, soit en ramenant
à une mesure exacte du volume. l'eau à la même température ; on tient compte
S'agit-il d'absorber l'acide carbonique dans un aussi des variations survenues dans la pression
gaz dont le volume a été mesuré par les visées avec atmosphérique. Le gaz ou le mélange gazeux étant
la lunette, on introduit dans le gaz une balle d'hy- toujours ramené à occuper le même volume ,
drate de potasse préparée dans un moule ; cette les mesures sont ramenées à déterminer la
balle est fixée à un fil métallique, et on laisse l'ab- variation de force élastique survenue lorsqu'on
sorption se faire en attendant un temps suffisant. passe de la première mesure à la seconde après
Lorsque le volume ne diminue plus, on note l'addition d'un nouveau gaz, après une détonation
l'absorption . S'agit-il d'absorber la vapeur aqueuse, ou après l'absorption par un réactif. Il suffit pour
on introduit une balle de coke imprégnée d'acide cela, puisqu'on a deux tubes communiquants, de
sulfurique concentré. S'il s'agit d'absorber l'acide déterminer avec la lunette la différence de niveau
sulfureux, on se sert d'une balle de peroxyde de entre les deux colonnes mercurielles verticales
plomb, pétrie avec de l'acide phosphorique siru- contenues dans les deux tubes. On substitue
peux. Une balle semblable peut servir également donc aux mesures de volumes, dans des tubes
à absorber l'acide sulfhydrique, etc. jaugés, des mesures de force élastique, c'est-à-
On voit qu'avec cette méthode l'absorption des dire des hauteurs de colonnes mercurielles . Les
gaz par les réactifs est nécessairement assez lente, tubes de l'appareil n'ont pas , par conséquent,
ceux- ci étant employés presque à l'état solide besoin d'être jaugés ; ils sont simplement divisés
et ne pouvant se mettre rapidement en contact en parties d'égales longueurs, en millimètres.
avec toutes les parties du gaz. Sans contester C'est là certainement l'un des avantages de la
l'exactitude du procédé qui a fourni des résul- méthode. Les tubes sont assez larges pour que
tats excellents entre des mains aussi habiles que les flèches des ménisques mercuriels qui sont
celles de M. Bunsen, on peut au moins dire que faibles ne subissent pas de variations sensibles .
l'analyse exige plus de temps qu'avec les mé- Il s'agit maintenant de faire comprendre com-
thodes suivantes. Le transvasement sans perte ment s'exécutent les manipulations effectuées sur
par les anciens moyens est plus délicat que par le gaz et qui précèdent sa mesure dans l'eudio-
l'emploi de la pipette. mètre. (Voyez fig. et légende, p. 277.)
MM. Williamson et Russell ont ajouté à l'appa- Laboratoire. - Le gaz peut passer du tube
reil de M. R. Bunsen une disposition qui a pour plongeant dans la petite cuve à mercure (tube que
objet de dispenser des corrections relatives aux l'on appelle le laboratoire), dans le tube eudiomé-
variations de pression et de température. Cette trique ( les petits robinets étant ouverts), soit lors-
modification consiste, en principe, à avoir pour qu'on fait écouler du mercure par le grand robi-
terme de comparaison, dans l'évaluation des vo- net inférieur, soit lorsqu'on fait remonter la cuve
lumes par les visées au moyen de la lunette, une à mercure le long de la crémaillère à l'aide de
masse d'air restant invariable, placée dans les la manivelle. Le contact des gaz avec les réactifs
mêmes conditions ambiantes que le gaz à mesu- n'est établi que dans le tube dit laboratoire , sans
rer, masse qu'on peut ramener toujours au même que le liquide puisse pénétrer dans l'eudiomètre .
volume par des conditions que l'on fait subir en Dans les mouvements que l'on imprime au gaz,
même temps au gaz en expérience, de telle sorte de l'eudiomètre au laboratoire et réciproque-
que le retour au même volume de la masse d'air ment , le contact s'établit avec le liquide intro-
servant de comparaison correspond à des mesures duit en petite quantité dans le tube laboratoire, et
de gaz dans l'eudiomètre faites dans les mêmes on a soin d'arrêter ce liquide dans le tube capillaire
conditions que les mesures afférentes à la même de communication à un trait déterminé. L'ab-
analyse, et faites précédemment. sorption par le réactif étant faite on ferme le
Nous ferons remarquer que le but que se sont petit robinet r et on mesure la différence de
proposé MM. Williamson et Russell est parfaite- niveau du mercure dans les deux tubes verti-
ment atteint dans l'appareil de Doyère au moyen caux plongeant dans l'eau du manchon , après
du petit système dit régulateur (voir plus bas). Les avoir ramené le gaz dans le tube mesureur à
mesures de gaz faites avec l'appareil de Doyère occuper le même volume que précédemment. On
ont d'ailleurs , comme celles qui sont réalisées dévisse alors le collier servant à établir la jonc-
avec l'appareil de M. Regnault, l'avantage d'être tion entre le laboratoire et l'eudiomètre , et on
faites, non dans l'air, mais dans un tube environné nettoie le tube laboratoire ; on le remet en place
d'une assez grande masse d'eau. et on peut alors y faire passer un nouveau gaz à
Méthode et eudiomètre de M. Regnault. - L'eu- analyser.
diomètre à mercure de M. Regnault, représenté Le maniement de l'appareil de M. Regnault
plus bas, a cela de particulier qu'il n'exige pas exige des mains exercées, en raison de sa fragilité,
ANALYSE. - 277 ANALYSE .

mais il pent fournir des résultats d'une exacti- Voici la manoeuvre décrite par M. Regnault :
tude remarquable. On remplit entièrement le mesureur de mer-
Supposons qu'il s'agisse d'analyser dans cet ap- cure, en le versant par le tube h après avoir ou-
pareil un mélange d'air atmosphérique et d'acide vert le robinet r, à droite. Lorsque le mercure
carbonique. s'écoule par ce robinet, on ferme. Le tube labo-

TL U U
in ‫ן‬

JAHANPER

Fig. 38. Appareil eudiométrique de M. Regnault ( élévation et coupe verticale ).


b, tube eudiométrique mesureur terminé à la partie supérieure par une partie capillaire courbée d'équerre ; à la
branche horizontale capillaire est mastiqué un robinet en acier r. L'extrémité inférieure ouverte et large de ce tube est
mastiquée en a dans l'une des tubulures d'une plaque circulaire horizontale en fonte ; la seconde tubulure de cette
pièce de fonte reçoit un tube vertical divisé en millimètres comme le tube eudiométrique et ouvert aux deux bouts;
il est mastiqué à sa partie inférieure dans la seconde tubulure en fonte. La communication entre ces deux tubulures
peut être établie ou interrompue au moyen du robinet R à trois voies et dont les trois petites figures latérales, a
gauche, représentent des coupes dans les trois positions principales qu'on peut donner à la clef. On peut donc éta-
blir à volonté la communication entre les deux tubes verticaux b et h, ou faire communiquer seulement avec l'ex-
térieur l'un ou l'autre de ces tubes. Le vase C sert à recueillir le mercure écoulé.
L'ensemble des deux tubes verticaux et du plateau tubulé en fonte forme un système manométrique renfermé
dans un manchon cylindrique en verre p p' q, rempli d'eau que l'on peut maintenir à une température constante. Un
thermomètre T plonge dans l'eau de ce manchon et indique la température. Tout le système est fixé sur un support Z
en fonte, muni de vis calantes.
Le tube laboratoire fg est une cloche de verre ouverte par le bas et terminée à la partie supérieure par un tube
capillaire courbé d'équerre ; à l'extrémité de sa branche horizontale est mastiqué un robinet en acier . Nous ver-
rons plus bas comment on peut assembler le tube laboratoire et le tube mesureur par leurs robinets rr en regard
de manière à pouvoir faire voyager le gaz d'un tube dans l'autre sans déperdition possible .
Le tube laboratoire plonge dans une petite cuve à mercure U, en fonte, terminée par un réservoir cylindrique
allongé et profond 1. Cette cuve est fixée sur une tablette g. La tablette et la cuve qu'elle supporte peuvent
descendre ou monter le long du support vertical Z au moyen de la crémaillère qui engrène avec le pignon denté O,
à l'aide de la manivelle B. Le rochet k permet d'arrêter la crémaillère dans l'une quelconque de ses positions. Un
contre- poids facilite la manœuvre.
Le tube laboratoire est maintenu dans une position verticale invariable au moyen d'une pince à charnière u,
garnie intérieurement de liége et que l'on ouvre ou ferme facilement lorsqu'on veut enlever le tube mesureur ou
le remettre en place.
Le tube mesureur est traversé vers b par deux fils minces de platine, scellés dans le verre, et dont les extrémités
ANALYSE. - 278 ANALYSE.
sont maintenues à une petite distance dans l'intérieur du tube . Ces tubes, qui plongent en partie dans l'eau, sont
appliqués avec un peu de cire sur le bord supérieur du manchon ; ils servent à transmettre la décharge d'une
bonteille de Leyde ou à produire l'étincelle au moyen
6 d'une bobine de Ruhmkorff lorsqu'on veut opérer une
analyse par détonation.
Les figures ci-contre sont destinées à faire comprendre
le mode d'ajustage au moyen duquel on rapproche l'un
de l'autre le robinet du tube mesureur co bet le robi-
net du tube laboratoire, dont une partie seulement, o' a d,
est représentée sur la figure. Le 1er robinet est ter-
miné par une partie conique pleine , le 2e par une partie
conique toute semblable , mais creuse. L'emboîtement
étant fait, le serrage a lieu au moyen d'un collier en
acier à gorge, formé de deux pièces qui s'assemblent et
se serrent au moyen de deux vis , comme l'indique la
figure inférieure.
La figure qui représente l'ensemble de l'appareil eu-
diométrique ( p. 277 ) montre un cathétomètre pour la
visée des hauteurs de colonnes mercurielles. Mais dans
Fig. 39. la plupart des cas ( les tubes étant divisés en millimè-
tres ) il suffit d'une simple lunette à fils croisés.
Pour la facilité des visées, les tubes b et h portent chacun un voyant que l'on peut faire glisser verticalement
le long du tube.

ratoire gf, que nous supposerons d'abord avoir le tube mesureur ; on fait descendre la cuve U
été détaché pendant qu'on exécutait la manœuvre au plus bas de sa course, puis, après avoir versé
précédente, est ensuite rempli de mercure ; pour une grande quantité de mercure dans le tube h,
cela on l'enfonce dans la cuve de manière à le on ouvre progressivement les deux robinets r r.
remplir jusqu'en f; puis, au moyen d'un tube de Le gaz passe alors du mesureur dans le labora-
verre ajusté sur le robinet au moyen d'un tube toire et la petite quantité de dissolution de po-
en caoutchouc , on aspire jusqu'à ce que le tasse mouille complétement les parois du tube;
mercure sorte par le robinet ; on ferme alors on ferme le robinet du laboratoire lorsque le
celui -ci et l'on fait passer dans le tube labora- mercure commence à tomber dans ce tube. On
toire, à l'aide d'un entonnoir, le gaz que l'on veut fait ensuite de nouveau passer le gaz du labora-
analyser et qui est contenu dans une petite cloche. toire dans le mesureur en faisant monter la cuve
Cette manoeuvre est facile en raison de la forme U et couler le mercure du robinet R. Dès que la
de la cuve U. On met le laboratoire en place, en liqueur alcaline commence à monter dans le tube
l'assujettissant avec la pince u ; on établit la jonc- capillaire f, on ferme le robinet r de gauche, et
tion du tube laboratoire avec le tube mesureur l'on fait le mouvement inverse, c'est-à-dire que
au moyen du collier d. Pour faire passer le gaz l'on fait repasser le gaz du mesureur dans le labo-
dans le tube mesureur, on ouvre les deux robinets ratoire, au moyen de la manoeuvre précédemment
rr; d'un côté , on fait monter la cuve au moyen décrite. Ces opérations successives ont pour effet
de la manivelle, et de l'autre, on fait couler du de faciliter l'absorption de l'acide carbonique par
mercure du tube mesureur en ouvrant convena- la potasse qui mouille les parois ; ordinairement,
blement le robinet inférieur R. Le mercure coule après la seconde opération , l'acide carbonique
dans le vase C. Lorsque le mercure commence à est totalement absorbé. On fait alors passer pour
s'élever dans le tube fr, on ralentit l'écoulement, la dernière fois le gaz du laboratoire dans le me-
et lorsque le mercure arrive à effleurer dans la sureur et l'on ferme le robinet r du laboratoire,
partie horizontale du tube capillaire un repère juste au moment où la colonne de potasse affleure
marqué un peu à gauche du robinet du labora- à un repère marqué sur la figure près du robinet
toire, on ferme ce robinet. de gauche. On ramène alors le niveau du mer-
On amène alors le mercure dans le tube mesu- cure dans le mesureur à la même division m que
reur a bà une division déterminée m de ce tube, pour la première mesure ; on mesure la différence
et on lit immédiatement, sur le tube h, la diffé- de niveau h' des deux colonnes mercurielles dans
rence de hauteur n m des deux colonnes mercu- les deux tubes et on note ia hauteur H' du baro-
rielles. L'eau du manchon a été préalablement mètre. (L'eau du manchon n'a pas changé de tem-
agitée à plusieurs reprises dans toute sa hauteur pérature ou a été ramenée à la température ini-
par de l'air que l'on insuffle avec la bouche à tiale.) La force élastique du gaz, dépouillé d'acide
l'aide d'un tube qui plonge jusqu'en bas. carbonique et sec, est donc (H' + h' -f) ; par suite
Soit t la température de cette eau (que l'on (H + h- f)- (U ' + h ' — f)= H - H' +h -h'est la
maintiendra constante pendant toute l'analyse par diminution de force élastique occasionnée par l'ab-
une addition d'eau froide ou chaude ) , f la force H - H' +h -h'
élastique maximum de la vapeur aqueuse à cette sorption de l'acide carbonique et
température, V le volume du gaz, H la hauteur B÷ h— f
du baromètre à mercure , enfin h la hauteur du représente la proportion d'acide carbonique con-
mercure soulevé. H + h - f sera la force élasti- tenue dans le gaz supposé sec. 1
que du gaz supposé sec. Pour déterminer la proportion d'oxygène on
Si l'eau du manchon a une température très- détache le laboratoire ; on le lave et on le déssèche
peu différente de celle de l'air ambiant, il n'est pas d'abord avec du papier Joseph , ensuite en le
nécessaire de ramener à 0° , par le calcul , la mettant en communication avec la machine pneu-
hauteur du mercure du baromètre et celle de la matique ; on le remplit ensuite de mercure et on
colonne soulevée dans l'appareil manométrique le joint au mesureur. On mesure de nouveau le
fba h. On a eu soin de saturer d'humidité le gaz gaz, attendu qu'après l'absorption de l'acide car-
recueilli dans le mesureur, les parois du tube ab bonique une petite quantité de gaz que l'on peut
étant mouillées. La mesure étant faite, on fait cou- évaluer à 1/3000 a été perdue lorsqu'on a détaché
ler de nouveau le mercure du robinet R ainsi le laboratoire du mesureur ; c'est pourquoi on
qu'une colonne de mercure du tube r b ; on dé- mesure de nouveau. Soit alors H" la hauteur du ba-
tache alors le tube laboratoire et on y fait passer, romètre, h" la différence de niveau des deux co-
au moyen d'une pipette recourbée , quelques gout- lonnes, fla force élastique maximum de la vapeur
tes d'une dissolution concentrée de potasse ; on d'eau ; H" + h" -f sera la force élastique du gaz
ajuste de nouveau le laboratoire en jonction avec sec.
ANALYSE . 279 — ANALYSE.
Le laboratoire étant de nouveau détaché du me- La lecture des divisions occupées par le gaz dans
sureur, on y introduit le gaz hydrogène destiné à le tube mesureur se fait à l'aide d'une lunette K
brûler l'oxygène ; on fait ensuite passer ce gaz dans qui porte un micromètre pour évaluer les fractions
le mesureur ; on amène le mélange gazeux dans le de division. Cette lunette est supportée par un
mesureur à correspondre à la même division que plan de glace maintenu horizontal au moyen de
précédemment ; soit h"" la différence de hauteur vis calantes et peut être avancée ou reculée pour
des deux colonnes, H"" la hauteur du baromètre. les visées. Si , en faisant mouvoir la lunette, on fait
H"
" +h" -fsera la force élastique du mélange coincider le niveau du mercure dans la cuve, par
d'hydrogène et de gaz à analyser. On ne fait pas B exemple, avec la ligne AA' du
immédiatement passer l'étincelle, mais on mélange micromètre, on pourra ensuite,
les gaz en les faisant passer du mesureur dans le en faisant monter ou descendre
laboratoire ; on les ramène ensuite dans le mesu- le tube mesureur au moyen du
reur et on fait passer l'étincelle ; il faut que celle- A -A pignon engrenant avec la cré-
ci soit forte, pour pouvoir jaillir dans l'intérieur maillère, amener le ménisque
de l'eudiomètre en passant par les fils minces de de mercure dans le tube à
platine qui plongent en partie dans l'eau ; il ne être tangent, par exemple, avec
suffirait pas du plateau d'un électrophore; il faut Fig. 40. Micromètre. la Toutes
ligne BB' du micromètre.
la décharge d'une bouteille de Leyde ou les étin- les mesures de vo-
celles fournies par une bobine de Ruhmkorff de lumes se feront de la même manière, le niveau
force convenable. Après la détonation , on ramène du mercure dans le tube étant à une hauteur
au même volume, et on mesure la différence de constante au- dessus du niveau dans la cuve . On
niveau. H + h" -f est la force élastique ; par peut vérifier à chaque fois la hauteur de la flèche
suite du ménisque sur les divisions du micromètre.
(H"" h " -f) - ( H" h" -f) Au moyen de ce micromètre, on pourra facile-
= H" -H" h"" - h" ment évaluer des fractions de division du tube
mesureur.
est la force élastique du volume gazeux disparu Un petit dispos iftrès-ingénieux , dit régulateur
dans la combustion ; et plongé dans l'eau de la cuve permet de rame-
1
-H + h"" h" )
3 (H"
est la force élastique de l'oxygène contenu dans le
gaz sec dont la force élastique est (H" h" -f),
et 1 ( H" -H" h"" — hiv)
3 H" h" -f
est la proportion d'oxygène contenue dans le gaz
débarrassé d'acide carbonique ; il est facile d'en
conclure la proportion d'oxygène contenue dans le
gaz primitif. THO
Récemment MM . Frankland et Ward ont apporté
à l'appareil de M. V. Regnault une modification
qui a essentiellement pour objet de dispenser de 20
la lecture du baromètre dans le cours des expé-
riences.
Le plateau circulaire en fonte qui supporte le
manchon en verre reçoit un troisième tube mas-
tiqué verticalement dans une virole ; ce tube est
divisé en millimètres ; il peut être à volonté ou-
vert ou bouché hermétiquement à sa partie supé-
rieure; par le bas il peut communiquer avec le
robinet à trois voies. Le tube eudiométrique, dans
l'appareil modifié par MM. Frankland et Ward , R
porte dix grands traits gravés qui font le tour du
tube et qui correspondent à dix capacités égales
préalablement déterminées par des jaugeages faits
avec le mercure. Nous ne pouvons entrer dans de
plus grands détails pour faire apprécier cette
modification qui ne change rien au principe de
l'appareil de M. Regnault et nous renvoyons à la
note des auteurs [Journ. of the Chem. Soc. ]. Au
lieu d'obtenir la constance de température de
l'eau du manchon en réchauffant ou refroidissant
l'eau artificiellement, les auteurs font arriver un
courant d'eau continu ( provenant des conduites de
distribution) , à la partie inférieure du manchon;
cette eau se déverse à la partie supérieure.
Eudiomètre de Doyère. Dans l'appareil de
Doyère la mesure du gaz se fait dans un tube par- Fig. 41. - Régulateur de l'eudiomètre de Doyère .
faitement jaugé L (p. 280) maintenu verticalement
dans une cuve à mercure en fonte ; cette cuve est
surmontée de glaces, et sur le mercure de la cuve ner chaque fois aux mêmes conditions la mesure
repose une couche d'eau d'une certaine hauteur qui du volume du gaz. Il suffit pour cela d'ajouter
enveloppe le tube mesureur. A chaque fois , on ou de retrancher un peu d'eau à la masse de
mesure le volume du gaz en amenant, par le celle qui est contenue dans la cuve. On n'a donc
mouvement d'une crémaillère verticale, le ménis- plus à se préoccuper des corrections relatives à
que du mercure dans le tube à une petite hauteur la température et à la pression (voir plus bas ).
constante au-dessus du niveau du mercure dans Les gaz sont ordinairement saturés d'humidité
la cuve. pour la mesure. Le transvasement du gaz se fait à
ANALYSE . 280 ANALYSE.

l'aide de la pipette décrite plus haut (fig. 33, sions à la partie supérieure du tube à droite et à
page 273) , de sorte que le tube mesureur est tou- gauche. L'ampoule supérieure, qui est encommu-
jours hors de contact avec les réactifs . On peut nication avec le réservoir R, est ouverte en B. La
affecter une pipette spéciale à l'emploi de chaque figure montre la partie occupée par l'air et la partie
réactif et doser successivement dans un mélange occupée par l'eau lorsque le régulateur est entière-
gazeux l'acide carbonique par la potasse, l'oxygène ment immergé dans l'eau de la cuve. On comprend
par l'acide pyrogallique et la potasse, etc. que le sommet de la colonne liquide qui sert d'in-
Voici maintenant comment fonctionne le régula- dex demeurera immobile si le gaz en R ne s'est
teur (fig. 41 , page 279). Cet appareil, en verre, pré- ni contracté ni dilaté dans le cours des expérien-
sente deux réservoirs R et B réunis par un tube ces. Si le petit ménisque d'eau correspond tou-
creux contourné et presque capillaire. Ce système jours à la même division de la plaque lorsqu'on
est fixé sur une plaque de glace qui porte des divi- fait deux mesures consécutives de gaz dans le

H
B

I
ZAHANDLER
Fig. 42. Élévation et profil de l'eudiomètre de Doyère.
E , F, G, H, cuve à mercure en fonte ; sa forme se prête à l'introduction de la pipette: cette cuve se prolonge
à la partie supérieure sous forme d'une caisse parallélipipédique A A' E' B' à parois de glaces et ouverte en haut;
elle est remplie d'eau qui repose sur la surface du mercure dont le niveau est figuré en L' . Le tube mesureur L L'
a son orifice plongé dans le mercure ; il est entièrement couvert d'ean ; il peut être élevé ou abaissé au moyen du
pignon P, qui engrène avec une crémaillère verticale dont est muni le support vertical N du tube ; la partie horizon-
tale N peut glisser dans un tube creux formant une branche en T avec le tube vertical à crémaillère . On voit sur la
figure la pipette à gaz qui vient de servir au transvasement du gaz dans le tube mesureur; son extremité B vient
d'être dégagée de l'intérieur du tube.
K, lunette pour viser la colonne de mercure et le niveau de la cuve à travers la glace. Elle doit faire face au
tube mesureur ; elle est placée sur un plan de glace. ( Nota. C'est par erreur que le régulateur, dans la figure
42 à gauche , est placé contre la glace qui regarde la lunette. Il doit être sur la paroi opposée).
N, tige à fourchette maintenant le tube mesureur et pouvant glisser verticalement lorsqu'elle n'est pas fixée
par la vis de pression en N.
R, robinet pouvant amener de l'eau dans la cuve.
R', robinet fixé à la longue branche d'un siphon toujours amorcé et pouvant faire écouler l'eau de la cuve au
dehors.
tube gradué mesureur, les évaluations ne com- dans la cuve au moyen du robinet R (p. 280) , soit
porteront évidemment aucune correction, le gaz d'en enlever une petite quantité en ouvrant le ro-
mesuré à chaque fois se trouvant dans les mêmes binet R' fixé au siphon constamment amorcé , si-
conditions que la masse d'air contenue dans le ré- phon dont la courte branche plonge dans la cuve.
servoirR, laquelle n'aura pas varié de volume. Sup- Par cette manoeuvre il sera facile de ramener l'air
posons maintenant que l'index liquide se soit dé- du réservoir R à occuper le même volume que
placé sur l'échelle graduée. Il sera possible néan- primitivement ; l'index reviendra au même point
moins de se dispenser de tout calcul de correction de l'échelle et par suite les mesures du gaz seront
à l'aide de l'artifice suivant ; il suffira pour cela, faites dans des conditions comparables.
soit de faire tomber une petite quantité d'eau L'appareil de Doyère peut donner des résultats
ANALYSE. 281 ― ANALYSE.
très-précis. Il convient de n'employer que de pe- connaissant le poids du centimètre cube d'acide car-
tits volumes de réactifs dans les pipettes, pour bonique sec à 0° et à 0,76, on pourra en déduire
éviter les échanges de gaz. (Il en est de même, au le volume. Ce volume, ajouté au volume de l'air
surplus, lorsqu'on opère avec le tube laboratoire reçu par l'aspirateur en échange de l'eau écoulée
de l'appareil de M. Regnault.) L'exactitude des et corrigé par le calcul, formera la totalité du gaz
résultats dépendra de la perfection du jaugeage en expérience. On connaîtra donc ainsi très-exac-
du tube. On peut cependant se servir d'un tube tement l'acide carbonique contenu , soit dans
divisé en parties d'égale longueur en dressant une l'air normal , soit dans une atmosphère confinée
table pour le calcul des volumes vrais déduits de dans laquelle l'appareil aurait été transporté.
mesures faites dans ce tube au moyen de deux Soit V le volume de l'eau écoulée de l'aspira-
pipettes employées pour les mesures successives teur, t la température de l'air qui l'a rempli, H
de volumes gazeux. Nous ne pouvons entrer dans la hauteur du baromètre, la force maximum de
les détails de cette opération, et renvoyons au mé- la vapeur aqueuse à la température t; on pourra
moire de l'auteur. calculer le volume supposé sec à 0° et à 0m,760
La figure de la page 280 représente l'ensemble de pression pour avoir des résultats comparables.
des appareils de Doyère. La légende complétera Ce volume Vo sera :
quelques parties de l'explication qui précède. V (H - f)
Dosage de l'acide carbonique dans l'air, par Vo =
l'appareil de M. Boussingault. A la méthode 0,76 (10,00367 × t)*
de Saussure, qui consistait à recueillir l'air dans On comprend que l'appareil de M. Boussin-
un grand ballon jaugé, préalablement vidé d'air, gault puisse servir à déterminer des principes
divers contenus dans l'air ou dans certaines atmo-
et à doser l'acide carbonique par l'eau de baryte,
M. Boussingault a substitué l'emploi d'un aspi- sphères ; il suffira de changer le réactif absorbant
rateur d'après le principe de Brunner, et repré- et de l'approprier au dosage dont il s'agira.
senté ci-dessous. M. Isidore Pierre a modifié la disposition de l'ap-
Le vase servant d'aspirateur est ordinairement pareil de M. Boussingault. Son aspirateur a l'avan-
en zinc ou en tôle galvanisée ; c'est un cylindre ter- tage d'être moins volumineux et de ne pas exiger
miné en haut et en bas par deux surfaces coniques, un nouveau remplissage par la tubulure supérieure
ce qui permet un écoulement complet de l'eau. A lorsqu'on recommence les expériences. Malgré
la partie inférieure il y a un robinet pour faire écou- son volume relativement faible, il peut servir au
passage de masses d'air très-considérables. En
ler l'eau. A la partie supérieure la tubulure laté-
rale reçoit un thermomètre. La tubulure centrale effet, cet aspirateur est double et symétrique par
reçoit un tube plongeant dans l'intérieur jusqu'à rapport à un axe horizontal autour duquel on
une petite distance du fond et faisant l'office de peut faire basculer le système, de sorte que le
vase qui servait primitivement d'aspirateur reçoit
tube de Mariotte. Ce tube, qui se recourbe d'é- l'eau écoulée du réservoir supérieur, qui reprend
querre au dehors, est mis en communication , au les fonctions d'aspirateur. Connaissant le volume
moyen d'un tube flexible, avec une série de tubes de l'un des vases de l'aspirateur, et supposant que
en verre dont plusieurs ont été préalablementtarés chaque fois on le vide complétement, le volume
de l'air qui aura circulé sera égal au volume V de
l'aspirateur (les deux réservoirs ayant exactement
la même capacité ) multiplié par le nombre des
retournements opérés.
Dosage de l'acide carbonique par liqueurs ti-
trées. - M. Pettenkoffer a proposé, pour le dosage
de l'acide carbonique dans l'air appelé par un
aspirateur, de substituer aux pesées l'emploi de
dissolutions d'eau de chaux que l'on titre avec une
dissolution d'acide oxalique d'une valeur connue.
SÉPARATION DE DIVERS GAZ PAR ABSORPTION
A L'AIDE DES RÉACTIFS.
Lorsque dans un mélange il y a un gaz absor-
bable par la potasse, les autres ne l'étant pas, la
séparation se fait facilement.
Séparation du bioxyde d'azote de l'azote et du
protoxyde d'azote. Elle s'effectue en agitant
avec une dissolution de sulfate de protoxyde de
fer, qui n'absorbe que le bioxyde d'azote.
Séparation duprotoxyde d'azote et de l'oxygène.
- On peut absorber l'oxygène par le pyrogallate
de potasse alcalin , qui n'absorbe pas le pro-
PR ABANDIER toxyde d'azote, ou bien on peut absorber ce der-
Fig. 43..- Appareil de M. Boussingault. nier gaz par l'alcool, qui n'absorbe pas l'oxygène.
Séparation de l'oxygène et de divers gaz. - Si
les gaz qui accompagnent l'oxygène sont l'hydro-
et sont destinés au dosage de l'acide carbonique. gène, l'azote, l'oxyde de carbone, des carbures
Les deux premiers à gauche sont des tubes non d'hydrogène, etc. , en un mot des gaz qui ne sont
tarés destinés à dessécher l'air. Les deux sui- absorbés ni par la potasse, ni par le pyrogallate
vants sont tarés et contiennent de la ponce alca- de potasse alcalin , on emploie ce dernier réactif
line pour absorber l'acide carbonique. Le tube pour absorber et doser l'oxygène.
suivant, qui est aussi taré, contient de la ponce Séparation de l'oxyde de carbone en présence de
imprégnée d'acide sulfurique concentré destinée à l'hydrogène, de l'hydrogène protocarboné et de l'a-
retenir l'eau enlevée à la potasse par le courant zote. 1 Le mélange, qui a été préalablement dé-
d'air sec. L'ensemble de ces trois tubes, étant pesé pouillé des gaz absorbables par la potasse, s'il y en
avant et après l'expérience , donne la quantité a, et de l'oxygène par l'acide pyrogallique, est traité
d'acide carbonique, en poids, contenue dans le vo- par une dissolution de sous-chlorure de cuivre, soit
lume V, d'air, évalué comme il est dit plus bas ; dans l'acide chlorhydrique, soit dans le sel marin
ANALYSE. 282 ANALYSE .
soit dans l'ammoniaque; ce réactif, conservé à Le gaz des marais n'est pas absorbable par le
l'abri de l'oxygène de l'air, absorbe l'oxyde de chlore dans l'obscurité ; on peut encore le séparer
carbone aussi rapidement que la potasse absorbe ainsi des carbures de la formule CnH2n. Enfin , on
l'acide carbonique ; si l'on s'est servi de sous- peut encore séparer le gaz des marais de ces
chlorure ammoniacal pour l'absorption , il faut mêmes carbures au moyen de l'acide sulfurique
ensuite agiter le résidu avec un peu d'acide sul- fumant, qui les absorbe et laisse le protocarbure.
furique étendu pour absorber l'ammoniaque. Le propylène peut être séparé du gaz oléfiant,
On ne peut employer le chlorure cuivreux soit par l'acide sulfurique ordinaire, soit par l'es-
pour absorber l'oxyde de carbone, lorsque ce sence de térébenthine ; le gaz oléfiant n'est pas
gaz est en présence de l'oxygène, bien entendu, sensiblement absorbé par l'acide sulfurique ordi-
mais aussi en présence d'un certain nombre de naire si l'on ne produit qu'un petit nombre de se-
carbures d'hydrogène. En effet l'acétylène, l'ally- cousses.
lène et les carbures gazeux de la formule CnH2n Le butylène est absorbable par l'alcool, tandis
sont absorbés par le sous-chlorure de cuivre am- que le gaz oléfiant y est très-peu soluble.
moniacal. M. Berthelot vient de proposer l'emploi d'un
Le cas de deux gaz incombustibles, tous les deux nouveau réactif dans l'analyse des gaz carburés ,
solubles dans la potasse, peut présenter quelques c'est le sulfate chromeux en présence de l'am-
difficultés spéciales . A ce sujet nous traiterons moniaque et du chlorhydrate d'ammoniaque ;
les trois cas suivants. ce réactif absorbe non-seulement l'oxygène et le
Séparation de l'acide carbonique et de l acide bioxyde d'azote, mais encore l'acétylène et l'ally-
sulfureux. Deux moyens peuvent être em- lène, tandis qu'il n'agit pas sur l'oxyde de car-
ployés. L'acide sulfureux étant un acide plus éner- bone, l'éthylène et le propylène.
gique que l'acide carbonique, on peut absorber
l'acide sulfureux en introduisant dans le mé- DOSAGE DES MÉLANGES GAZEUX PAR LA COMBUSTION
lange un cristal de borax humecté ; au bout de ET PAR UN CALCUL SUBSÉQUENT.
quelques heures il ne reste que de l'acide car-
bonique. Un moyen qui est généralement pré- Il est des gaz dont on ne peut effectuer le départ
féré aujourd'hui consiste à absorber l'acide sul- pur et simple, au moyen des réactifs . Ce sont
fureux par le bioxyde de plomb ou le bioxyde de certains gaz combustibles. Soit, par exemple , un
manganèse. On façonne des boulettes humectées mélange d'hydrogène et de gaz des marais, ou
soit avec de l'acide phosphorique sirupeux, soit d'hydrogène et de gaz oléfiant, etc.
avec de l'empois d'amidon et l'on en introduit Nous supposerons que l'on ait reconnu d'a-
une ou deux dans le mélange gazeux. L'acide vance que le mélange renferme du gaz des marais ;
sulfureux est seul absorbé au bout de quelque l'hydrogène ne peut en être séparé par aucun
temps. moyen connu. Mais on sait que le gaz des ma-
Séparation de l'acide sulfhydrique et de l'acide rais, brûlé par l'oxygène en excès, fournit son
carbonique. - On peut employer un cristal d'acé- propre volume d'acide carbonique ; il s'ensuit
tate neutre de plomb humecté ; il faut qu'il soit qu'on peut déduire le volume de l'hydrogène pro-
bien exempt d'acétate basique ; le mieux est de tocarboné de celui de l'acide carbonique formé.
l'humecter d'acide acétique ; l'acide sulfhydrique L'hydrogène sera évalué par différence . Il ne fau-
est alors seul absorbé. On peut encore effectuer la dra pas négliger de constater que le gaz resté
séparation par le peroxyde de plomb comme dans après l'action de la potasse est de l'oxygène pur
le cas du mélange précédent. en traitant par l'acide pyrogallique, qui lais-
Séparation de l'acide chlorhydrique et de l'a- sera l'azote comme résidu, s'il y en a dans le
cide carbonique. - On peut introduire un cris- mélange.
tal de sulfate de soude hydraté ; l'acide chlorhy- Connaissant d'avance la constitution des corps
drique est seul absorbé. carbonés, l'oxygène qu'ils exigent pour leur com-
Phosphure d'hydrogène et hydrogène. - Ces bustion et le volume d'acide carbonique produit,
gaz peuvent être séparés au moyen de l'agitation si l'on fait brûler le gaz dans l'eudiomètre , avec
avec une dissolution de sulfate de cuivre ou d'azo- un excès d'oxygène et qu'on détermine le volume
tate d'argent ; l'hydrogène reste ; c'est ainsi que après la détonation et l'acide carbonique formé , on
l'on peut reconnaître la pureté du gaz Ph H³ qui aura les données nécessaires pour arriver à la com-
est presque toujours mêlé d'hydrogène, lors de sa position de divers mélanges au moyen d'un sys-
préparation. tème d'équations de conditions en nombre égal à
Gaz inabsorbables. -- Il est des gaz, tels que celui des inconnues. En voici un exemple.
l'hydrogène, l'azote, qui ne peuvent être absorbés Hydrogène et oxyde de carbone. — L'oxyde de
par aucun réactif à froid ; l'azote s'obtient tou- carbone peut être séparé par le sous-chlorure de
jours comme résidu après élimination de tous les cuivre, mais on peut faire aussi une combustion
autres gaz. du mélange dans l'eudiomètre avec un excès d'oxy-
Carbures d'hydrogène et hydrogène. - Plusieurs gène, mesurer le gaz après l'explosion et absorber
carbures d'hydrogène sont attaqués par le chlore, ensuite l'acide carbonique.
même dans l'obscurité ; d'autres exigent l'in- Soit c le volume de l'acide carbonique, x celui
fluence de la lumière diffuse ; on peut ainsi sépa- de l'hydrogène, y celui de l'oxyde de carbone,
rer les premiers des seconds ainsi que de l'hy- m la diminution de volume du gaz après l'explo-
drogène en opérant à l'abri de la lumière. sion. On aura
Il est des carbures qui sont attaquables par le 3 1
brome en présence d'un peu d'eau et qui sont 2 x + 2 ม = m.
absorbés, tandis que d'autres ne sont pas atta-
qués par ce réactif, même à la lumière diffuse ; On a d'ailleurs C,
ce moyen peut être employé pour séparer, par 2m - c
d'où x=
exemple, le gaz des marais du gaz oléfiant, du 3
propylène et du butylène. Le gaz des marais n'est On pourrait multiplier beaucoup ces exemples
pas absorbé dans ces circonstances (1). et les appliquer à des mélanges plus complexes.
(1) 11 faut pour cela transporter le mélange sur l'eau, Analyse du gaz de l'éclairage. -Comme exem-
l'introduire dans un petit flacon à l'émeri dans lequel ple de l'analyse complexe d'un mélange gazeux,
on fait glisser un petit tube moitié rempli de brome qui intéresse la pratique, nous indiquerons l'a-
sous une couche d'eau ; on bouche le flacon, on agite et nalyse du gaz de l'éclairage . Nous supposerons
on absorbe l'excès de brome par la potasse (Berthelot). que les vapeurs en suspension, telles que car-
ANALYSE. 283 ANALYSE .
bures liquides volatils, sulfure de carbone , aient contenus dans le mélange en petites quantités . De
été éliminées. cette façon, au moyen d'une faible quantité connue
S'il s'agit du gaz de la houille, les gaz qu'on y d'oxygène ajouté ensuite, la marche de l'analyse
rencontre le plus habituellement sont les suivants : est la même que si le mélange eût été directement
acide carbonique , oxygène , azote , acide sulf- explosif sous l'influence de l'oxygène. Pour pro-
hydrique (si le gaz est mal épuré) , oxyde de car- duire le gaz tonnant on peut se servir du petit ap-
bone, hydrogène, hydrogène protocarboné , gaz pareil ci-dessous, employé parM. Bunsen ; c'est un
oléfiant, acétylène. voltamètre à eau acidulée qui permet de recueillir
On procédera dans l'ordre suivant : commodément à l'état de mélange les gaz prove-
10 Apres avoir mesuré le gaz, on traitera par nant de l'électrolyse de l'eau et qui se dégagent
un cristal d'acétate de plomb ou par le peroxyde sur les électrodes en platine.
de plomb pour absorber l'acide sulfhydrique.
2° L'acide carbonique sera absorbé par la po-
tasse.
d
3º L'oxygène par le pyrogallate de potasse al-
calin.
4º Le gaz oléfiant pourra être absorbé soit par
le chlore dans l'obscurité, soit par le brome à la
lumière diffuse , soit par l'acide sulfurique fu-
mant.
5º L'oxyde de carbone et l'acétylène par le
chlorure cuivreux acide ou ammoniacal.
6º Restent l'hydrogène, l'hydrogène protocar-
boné et l'azote. Le dosage se fera en brûlant
le mélange dans l'eudiomètre avec de l'oxygène
en excès. L'azote sera mesuré directement à la fin
après avoir absorbé d'abord l'acide carbonique
par la potasse, puis l'oxygène en excès par l'acide
pyrogallique. Nous pourrons en faire abstraction
dans le calcul qui và suivre :
Soit m l'absorption après l'explosion , y l'hy-
drogène protocarboné, n l'acide carbonique formé,
a l'hydrogène, on aura :
3
2x + 2y = m.
On a d'ailleurs y = n,
2m - .4 n
d'où x=
3
Au lieu de faire une combustion dans l'eudiomè-
tre, on peut employer le moyen proposé par M. Pe- HILDISKAND
ligot et qui consiste à chauffer le mélange, préala- St.JAHANDIER
blement mesuré, dans une cloche courbe en verre Fig. 44. - Voltamètre à gaz tonnant de Bunsen.
vert en présence d'un fragment d'un mélange
fondu d'oxyde de plomb et d'oxyde de cuivre ; il Les lames de platine a a sont maintenues par
y a réduction, formation d'eau et d'acide carbo- des fils b b du même métal ; l'eau contenue dans
nique. Ici il n'y a pas d'oxygène restant libre
et qu'il faut absorber pour le séparer de l'azote, le tube voltamétrique en verre contient de l'eau
comme dans le cas précédent. distillée aiguisée d'un dixième d'acide sulfurique
Remarque. Lorsqu'on fait détoner des gaz pur et concentré. En faisant communiquer les fils
combustibles par l'oxygène en présence de l'azote, bb avec les pôles d'une batterie de 3 ou 4 éléments
on a à craindre la formation d'acide hypoazotique (petit modèle) de pile de Bunsen, on produit un
ou d'acide azotique si l'oxygène est en certain dégagement régulier de gaz qu'on peut interrom-
excès; on s'en aperçoit à l'attaque visible du mer- pre à volonté, en ouvrant le circuit. Le tube à
cure après la détonation ; lorsqu'on transvase le eau acidulée est plongé dans une éprouvette C
gaz dans le tube mesureur, on s'en aperçoit en- contenant un liquide dont on peut faire varier la
core à l'altération du ménisque visé avec la lu- température. Le tube à dégagement e d est rodé à
nette. l'émeri dans le col évasé du tube intérieur, et dans
Il faut dans ce cas recommencer la détonation l'espèce de coupe qui termine le tube du volta-
en diminuant le volume de l'oxygène employé, si mètre on verse une couche d'eau destinée à em-
l'on veut obtenir des résultats exacts. pêcher toute introduction d'air dans l'appareil. Le
Recherche des gaz combustibles contenus en tube ed est muni de plusieurs renflements d, con-
pelites quantités dans un gaz incombustible. tenant de l'acide sulfurique concentré destiné à la-
On sait que la présence d'un gaz incombustible en ver le gaz. L'orifice de dégagement du tube est fixé
grand excès dans un gaz combustible empêche la à une hauteur invariable, déterminée une fois pour
combustion de se produire en présence de l'oxy- toutes par celle de la cuve à mercure. Le volume
gène sous l'influence de l'étincelle électrique. Il d'air contenu dans l'appareil avant le commence-
faut alors rendre le mélange combustible, après ment de l'électrolyse de l'eau étant faible, cet air
l'avoir dépouillé d'oxygène, en y ajoutant, comme est bientôt balayé et on peut recueillir alors le gaz
l'ont proposé M. Regnault et M. Bunsen, une tonnant dans une éprouvette.
certaine quantité de gaz tonnant. C'est un mé- Lorsqu'on veut se servir de ce gaz, il est prudent
lange d'hydrogène et d'oxygène dans les propor- de l'essayer avant de l'employer à l'analyse, afin
tions convenables pour ne laisser aucun résidu de s'assurer qu'il ne contient pas d'hydrogène en
après sa combustion sous l'influence de l'étincelle, excès. Pour cela on peut en faire détoner une
de sorte que l'addition de ce mélange gazeux per- quantité indéterminée après y avoir ajouté un
met la combustion des principes combustibles volume connu d'azote pur, par exemple ; on devra
ANALYSE. 284 ― ANALYSE.
retrouver après la détonation le volume primitif ment la benzine, le sulfure de carbone , le chlo-
mesuré, si le gaz est bon . Lorsque la température roforme, les acides dilués , etc. L'habileté du chi-
est basse, il peut se produire de l'ozone, et le miste consiste à tirer parti de la solubilité ou de
liquide du voltamètre se charge d'eau oxygénée ; l'insolubilité des subtances dans ces véhicules ou
il faut donc se mettre en garde contre cette cir- de leur inégale solubilité dans l'un de ces dissol-
constance qui pourrait diminuer la proportion vants.
d'oxygène par rapport à celle de l'hydrogène dans Les chimistes savent aujourd'hui, à l'aide des
le gaz tonnant recueilli. réactifs, dériver d'une substance extraite soit des
On peut remplacer le gaz tonnant de la pile animaux, soit des végétaux, des matières très-
par une addition d'hydrogène et d'oxygène purs variées contenant , outre les éléments habituels
employés en quantité convenable et mesurés sé- des matières organiques, des éléments minéraux
parément. divers. On leur conserve encore le nom de ma-
BIBLIOGRAPHIE. LAVOISIER, OEuvres publiées tieres organiques, en raison de leur première ori-
sous les auspices de M. le ministre de l'instruc- gine, malgré l'addition possible de nouveaux élé-
tion publique, sous la direction de M. Dumas , ments .
Paris, Impr. impér. (1864), t . I, p . 43. - GAY-LUSSAC Que la matière organique préexiste dans le
et DE HUMBOLDT, Ann. de Chim., t. III , p . 239 règne végétal ou animal , ou qu'elle soit engen-
(an XIII). TH. DE SAUSSURE, Dosage de l'acide drée par dérivation dans le laboratoire du chi-
carbonique dans l'atmosphère, Ann . de Chim. et miste, il ne peut y avoir intérêt à la soumettre à
de Phys., t. II, p. 202, et t. XXXVIII , p. 411 , l'analyse élémentaire que lorsqu'elle est pure et
et t. XLIV, p . 5. - THENARD, Dosage de l'acide peut être considérée comme une espèce chimique
carbonique dans l'air, Traité de Chim. , 5º éd . , conformément à la définition donnée par M. Che-
t. I, p. 303.- DUMAS et STAS, Synthèse de l'acide vreul.
carbonique , Ann. de Chim. et de Phys., (3),
t. I, p. 5. - BRUNNER, Procédés pour l'analyse de CARACTÈRES QUE DOIT PRÉSENTER UNE MATIÈRE
l'atmosphère, Ann. de Chim. et de Phys., (3), ORGANIQUE PURE, OU ESPECE CHIMIQUE.
t. III, p . 305. DUMAS et BOUSSINGAULT , Sur la
véritable constitution de l'air atmosphérique , Ann . Pour s'assurer que la substance que l'on veut
de Chim . et de Phys. , (3), t. III, p . 257. — Bous- étudier est pure et qu'elle n'est pas un mélange
SINGAULT, Sur la quantité d'acide carbonique con- de plusieurs principes immédiats ou espèces dif-
tenu dans l'air de Paris, Ann . de Chim . et de Phys., férentes, on peut recourir à plusieurs caractères
(3), t. X, p. 470.- LE BLANC (Félix), Sur la compo- que nous allons énumérer, et , lorsque cela est
sition de l'air confiné , Ann. de Chim . et de Phys. , possible, on doit s'attacher à les constater tous.
(3), t. V, p. 22. - DEVILLE (Ch . Ste-Claire ) et Le 1º Cristallisation. Lorsque le corps peut
BLANC (Félix), Gaz des évents volcaniques de l'Ita- cristalliser, on possède un caractère précieux ; si
lie, Ann, de Chim . et de Phys. , ( 3) , t. LII , p. 5.- chaque fraction de la matière présente la même
V. REGNAULT et J. REISET, Analyse des gaz, Ann. de solubilité dans un dissolvant donné ; si, à l'aide
Chim. et de Phys ., (3) , t. XXVI, p. 329. - Doyère, d'un ou de plusieurs dissolvants, on ne peut ex-
Méthode d'analyse des gaz , Ann. de Chim. et de traire de la masse que des cristaux de même
Phys., (3), t. XXVIII , p. 5. R. BUNSEN, Mé-
thodes gazométriques,traduction par T. Schneider, forme et doués de propriétés identiques, on sera
Paris, 1858. BERTHELOT, Analyse des gaz car- autorisé à conclure à la pureté et à l'homogénéité
de la matière que l'on considère.
burés, Ann. de Chim. et de Phys ., ( 3) , t . LI, p. 59. 2º Point de fusion . Il a de l'importance . Si,
-WILLIAMSON et RUSSELL, Modification aux métho-
des eudiométriques de Bunsen, Proceedings of après les traitements dont nous venons de parler,
the R. Society, t. IX, p. 218. - FRANKLAND et la substance solide et cristalline présente tou-
WARD, Modification au système de mesure des jours le même point de fusion , on aura encore
gaz dans l'appareil de M. Regnault, Journ . of the un argument de plus en faveur de sa pureté.
Chem. Society, t. VI , p . 197.-Pettenkoffer, Do- C'est en ayant recours aux points de fusion que
sage de l'acide carbonique dans l'air par liqueurs M. Chevreul a pu reconnaître des acides gras dis-
tincts dans des mélanges complexes de corps gras
titrées , Journ. fur prakt. Chem . , t . LXXXII ,
p. 32. Fx. L. et en extraire l'acide margarique fondant à 60º
ANALYSE ORGANIQUE . On distingue l'a- et l'acide stéarique fondant à 70º.
nalyse organique immédiate et l'analyse orga- On ne néglige pas de déterminer aussi le point
nique élémentaire. de solidification, comme controle.
3º Point d'ébullition. - Lorsque la substance
La première a pour objet d'isoler à l'état de pu- est liquide ou fusible et qu'elle peut entrer en
reté les principes dits immédiats préexistant dans ébullition sans s'altérer, on a un grand intérêt à
les végétaux ou les animaux ; la seconde a pour constater la fixité de son point d'ébullition ; ce
but de déterminer les quantités pondérales des sera un indice de sa pureté ; il est rare que dans
divers éléments simples que renferme une ma- le cas d'un mélange de principes immédiats ,
tière organique obtenue à l'état de pureté. la totalité de la substance en ébullition passe à
ANALYSE ORGANIQUE IMMÉDIATE.- En songeant la distillation sans que la température indiquée
à la facilité avec laquelle les matières organiques par le thermomètre, plongé dans la vapeur du
s'altèrent, se transforment ou se modifient sous liquide en ébullition , ne s'élève. Il peut arriver
l'influence de la chaleur et des réactifs énergiques, cependant que le point d'ébullition de la sub-
on comprendra la difficulté que présente l'extrac- stance s'élève , même lorsqu'on a affaire à une
tion à l'état de pureté des matières préexistant matière organique pure ; cela a lieu , par exemple,
dans l'économie végétale ou animale. Souvent le pour certains acides qui se déshydratent sous l'in-
chimiste se trouve en présence d'un grand nombre fluence de la chaleur, tels que l'acide succini-
de principes immédiats qu'il faut pouvoir sé- que , etc.
parer sans leur faire éprouver aucune altération . 4º Passage dans une combinaison. Lors-
Les moyens dont le chimiste fait usage con- qu'une substance organique est susceptible d'en-
sistent principalement dans l'emploi des dissol- trer en combinaison, on peut constater si elle
vants. Ceux-ci sont peu nombreux, car il faut possède les mêmes caractères après avoir été
éviter qu'ils puissent exercer une action destruc- extraite de sa combinaison qu'avant d'y avoir été
tive sur les principes que l'on se propose d'isoler. engagée.
Ces dissolvants sont le plus habituellement : 5º Analyse élémentaire . Celle-ci s'exécutant
l'eau, l'alcool, l'éther, l'esprit de bois, plus rare- par les méthodes actuelles avec facilité et rapi-
ANALYSE. 285 ANALYSE.
dité, on peut s'assurer si la substance organique, rieur de la cloche à l'aide d'un miroir ardent.
préparée par diverses méthodes, traitée par divers Tout récemment, depuis la publication des œuvres
dissolvants, présente toujours la même composi- de Lavoisier, sous les auspices de M. le ministre
tion chimique élémentaire. de l'instruction publique et par les soins de M. J.
6° Méthode des dissolvants . Lorsque les ca- Dumas, publication qui renferme beaucoup de
ractères précédents font défaut, ou lorsque la mémoires jusqu'alors inédits, le monde savant a
matière est complexe, on peut recourir à la mé- appris, avec autant d'admiration que de surprise,
thode des dissolvants indiquée par M. Chevreul , que Lavoisier avait conçu et commencé à appli-
méthode qui est, en même temps , précieuse comme quer des méthodes fondées sur les mêmes prin-
moyen d'investigation et de découvertes lorsqu'on cipes et sur l'emploi des mêmes moyens, à peu
a affaire à des mélanges. Nous allons essayer d'en près, que ceux d'aujourd'hui. Lavoisier avait donc
faire comprendre le principe. entrevu les méthodes qui , en facilitant beaucoup
Soit une matière M soluble, par exemple, dans l'analyse et en assurant sa précision , ont fait faire
un dissolvant tel que l'alcool ; soit P son poids ; tant de progrès à la chimie organique depuis un
soit A une quantité d'alcool suffisante pour dis- demi-siècle.
soudre P à une certaine température ; on traitera Procédé de Gay-Lussac et Thenard. ― Le pre-
successivement, et à la même température, la ma- mier procédé qui a doté la chimie de notions
tière M par des quantités de dissolvant incapables précises sur la composition élémentaire des sub-
chacunede dissoudre la totalité de la matière, par stances organiques date de 1810 et est dû à Gay-
A
exemple 10 ་ après avoir fractionné A en 10 vo- E
lumes égaux. Les dissolutions alcooliques satu-
rées provenant des diverses fractions d'alcool
A
10 successivement employées seront évaporées .
Si la matière dont on est parti est homogène, les
divers résidus d'évaporation devront tous pré-
senter le mème poids et posséder les mêmes ca-
ractères. On pourra faire ces comparaisons en
employant ensuite le même dissolvant à une autre B
température. Enfin on pourra procéder, à l'égard
de la matière, comme on l'avait fait avec l'alcool,
mais avec un dissolvant différent. On arrivera par E
ce moyen d'investigation à conclure avec sécurité
si l'on a affaire à une espèce unique ou à un mé- D
lange de principes immédiats.
ANALYSE ORGANIQUE ÉLÉMENTAIRE. Toutes F
les matières organiques contiennent du carbone
et de l'hydrogène. Le plus grand nombre con- A
tiennent aussi de l'oxygène ; il est de plus une
classe de substances organiques quaternaires qui,
indépendamment des éléments précités, contien-
nent encore de l'azote. De plus le soufre, le phos-
phore , etc., peuvent se rencontrer quelquefois
dans certaines substances organiques naturelles.
Enfin les chimistes, en soumettant les matières Fig. 45. ― Appareil de Gay-Lussac et Thenard.
organiques à l'action des réactifs, ont pu y faire
entrer un assez grand nombre d'éléments miné- Lussac et Thenard ; ces illustres chimistes ont
raux : chlore, brome, iode, soufre, arsenic, phos- appliqué leur méthode à un grand nombre de
phore, silicium, bore, métaux, etc. substances, et la plupart de leurs nombres n'ont
MÉTHODES ANALYTIQUES. pas été corrigés depuis.
Le principe de cette méthode consistait à brù-
Les tentatives faites par les chimistes, anté- ler la substance non par l'oxygène pur, mais par
rieurement à Lavoisier, pour analyser les ma- l'oxygène cédé par le chlorate de potasse, sel so-
tières organiques, n'ont pu donner aucune indi- lide pouvant être obtenu très- pur, et qui fournit
cation exacte; en effet , elles étaient fondées sur par la chaleur seule une très-grande quantité
l'action directe de la chaleur sur ces matières et d'oxygène en se transformant en chlorure de po-
sur la détermination de la nature des corps pyro- tassium.
génés obtenus ; or, ces produits sont variables avec Le mélange de chlorate de potasse et de la ma-
la température ; souvent même leur composition tière organique à analyser était fait dans des
ne présente pas de rapports intimes avec la sub- proportions connues ; on en façonnait de petites
stance que l'on avait chauffée en vue de la sou- boulettes. La combustion s'opérait dans un ap-
mettre à l'analyse. pareil composé d'un tube AC qu'on pouvait chauf-
Lavoisier a, le premier, posé les véritables prin- fer en A avec une lampe, ou bien avec quelques
cipes de l'analyse organique élémentaire. Il a in- charbons ; on faisait d'abord arriver quelques
diqué la combustion en présence d'un excès boulettes non pesées dans le tube chauffé d'a-
d'oxygène pour transformer le carbone en acide vance à sa partie inférieure, et cela à l'aide d'un
carbonique et l'hydrogène en eau. robinet présentant une petite cavité correspon-
En effet, aucune substance organique oxygénée dant à l'entonnoir E dans la position où le robi-
ne contient assez d'oxygène pour pouvoir, sous net est figuré. En tournant la clef du robinet
l'influence de la chaleur, transformer la totalité d'une demi-circonférence , la boulette tombait au
de son hydrogène en eau et de son carbone en fond du tube chauffé. La décompositon s'opérait et
acide carbonique. l'appareil se remplissait d'un mélange d'acide car-
Lavoisier opérait d'abord ses combustions dans bonique, de vapeur d'eau et d'oxygène qui chassait
de grandes cloches remplies d'oxygène et repo- l'air de l'appareil et constituait une atmosphère
sant sur la cuve à mercure. Il déterminait la semblable à celle qui devait rester dans le tube
combustion de la matière organique dans l'inté- à la fin. On brùlait alors un poids connu de
ANALYSE. 286 ANALYSE.
boulettes et le gaz dégagé était recueilli sur la à une température déterminée, tandis que le tube
cuve à mercure ; on mesurait son volume ; on est traversé par un courant d'air sec appelé par
absorbait ensuite l'acide carbonique par la potasse l'écoulement de l'eau d'un flacon aspirateur. Cette
et on mesurait le gaz restant, qui était de l'oxy- dernière disposition est surtout employée lorsque
gène pur. Connaissant le poids de la substance, la substance est susceptible de contenir de l'eau
le poids du chlorate de potasse employé, on avait, de combinaison que la chaleur peut expulser à
en y ajoutant les données ci-dessus de l'analyse, une température inférieure à la destruction de la
tous les éléments nécessaires pour établir la com- matière organique . En interposant entre le tube
position de la substance organique que nous avons à dessiccation et l'aspirateur un tube taré conte-
supposée ternaire. nant des matières desséchantes, on peut déter-
Soit V le volume de l'acide carbonique en frac- miner la quantité d'eau combinée perdue par la
tions de litre , le poids du litre d'acide carbo- substance, préalablement privée d'eau hygromé-
nique ; en supposant les corrections faites pour la trique. L'augmentation de poids de ce tube doit
dessiccation, la température et la pression , correspondre à la perte de poids du système taré
préalablement.
27,27 Dosage du carbone et de l'hydrogène. — La mé-
V XTX 100
thode généralement employée aujourd'hui , d'une
sera la proportion de carbone contenue dans le exécution rapide et susceptible d'une grande pré-
cision, est fondée sur la conversion du carbone
poids P de matière analysée.
D'autre part on connaît le volume V' d'oxygène en acide carbonique et de l'hydrogène en eau, sous
total contenu dans le chlorate de potasse em- l'influence de l'oxyde noir de cuivre en excès , qui
ployé ; soit V" le volume d'oxygène en excès re- cède son oxygène. L'oxyde de cuivre a été proposé
cueilli après la combustion ; avec ces données, et par Gay-Lussac ; il est d'une préparation facile : il
sachant d'ailleurs que l'acide carbonique contient contient le 1/5 de son poids d'oxygène. La mé-
son propre volume d'oxygène, on peut fixer les thode due à M. Liebig, et que nous allons dé-
quantités d'hydrogène et d'oxygène contenues crire, diffère de la méthode proposée par Gay-
dans la matière . En effet, si la matière renferme Lussac, et dont nous avons parlé plus haut, en
l'hydrogène et l'oxygène dans les rapports qui ce que l'acide carbonique provenant de la com-
constituent l'eau (ce qui a lieu pour le sucre, bustion, au lieu d'être déterminé en volume, est
l'amidon , etc. ) ; on trouvera que obtenu par la pesée, en raison de l'augmentation
de poids d'un tube à boules, dit tube de Liebig,
V + V":= V'.
Si VV" < V' , il y aura excès d'hydrogène
dans la substance par rapport aux proportions
qui constituent l'eau et le volume
V' — (V + V" )
fera connaître le volume d'oxygène ayant servi à
brûler cet hydrogène en excès ; on en déduira le
volume de l'hydrogène et par suite son poids.
Cette méthode, d'une exécution délicate, a donné
entre les mains des auteurs des résultats très-
exacts pour l'analyse du sucre, par exemple, et de
quelques autres substances ; elle n'était pas ap- Fig. 46. - Tube à boules de Liebig .
plicable à l'analyse des liquides volatils . De plus,
lorsqu'on essayait d'opérer avec une matière azo- et contenant une dissolution de potasse très-
tée, il était presque impossible d'empêcher la for- concentrée. Le poids d'acide carbonique fait con-
mation de vapeurs nitreuses et les résultats deve- naitre la quantité de carbone contenue dans la
naient incertains. matière analysée ; l'hydrogène est déterminé si-
Procédé de Gay-Lussac. - Gay-Lussac a pro- multanément d'après le poids de l'eau fixée dans
posé de substituer le bioxyde noir de cuivre au un tube taré qui contient une matière dessé-
chlorate de potasse. Calciné seul , l'oxyde noir de chante. Ce tube est interposé entre le tube à
cuivre ne perd pas d'oxygène à la température de combustion et le tube de Liebig; la jonction
la combustion, mais il cède facilement, à chaud , entre ces deux appareils est établie à l'aide d'un
son oxygène à la matière organique à laquelle il tube en caoutchouc serrant fortement. La somme
est mélangé. Il se forme de l'eau et de l'acide de l'hydrogène et du carbone obtenus, retranchée
carbonique avec les matières ternaires. Gay-Lus- du poids de la matière analysée, donne le poids
sac recueillait, par un dosage spécial, l'hydrogène de l'oxygène , lorsque la substance est ternaire et
sous forme d'eau dans un tube taré contenant une exempte d'azote, de soufre, etc.
matière avide d'humidité ; il recueillait dans une L'emploi du tube de M. Liebig a rendu de
autre expérience l'acide carbonique gazeux dans grands services à la chimie organique en simpli-
une cloche sur le mercure ; cette cloche plon- fiant et facilitant beaucoup les analyses. Mitscher-
geait dans une éprouvette à pied, contenant du lich a modifié la forme du tube absorbant de
mercure; le tube abducteur du gaz se recourbait l'acide carbonique, mais cette forme d'appareil
pour remonter ensuite jusqu'au sommet de la n'a pas été généralement adoptée. Depuis quelque
cloche, rappelant ainsi la disposition de l'appareil temps on emploie quelquefois, comme tube absor-
de Lavoisier pour l'analyse de l'air. bant par les réactifs liquides , un tube dit de
Méthode actuellement en usage. - La ma- Geissler assez commode et qui a l'avantage de se
tière destinée à l'analyse organique doit être tenir de lui-même sans suspension et toujours
pure et exempte d'eau hygrométrique. Les li- dans la même position.
quides peuvent être desséchés par leur contact Tel est le principe de la méthode générale-
avec des fragments de chlorure de calcium fondu , ment suivie aujourd'hui.
lorsque celui - ci est sans action sur la sub- A l'oxyde de cuivre on substitue quelquefois le
stance. Les solides sont desséchés à l'étuve de Gay- chromate de plomb fondu et pulvérisé ; ce sel
Lussac, à une température un peu supérieure à est indécomposable par la chaleur seule, mais il
100°, ou dans le vide sec. On peut aussi em- cède de l'oxygène, au rouge naissant, au carbone
ployer un tube à dessiccation, dit de Liebig, que et à l'hydrogène des matières organiques ; il a été
l'on chauffe au bain d'eau salée ou au bain d'huile recommandé pour la combustion des matières
ANALYSE. 287 — ANALYSE.
difficiles brûler à une époque où l'on n'avait pas ler le carbone qui reste. Quant à l'hydrogène, sa
l'habitude de terminer la combustion dans un combustion est toujours complète et ne nécessite-
courant d'oxygène. Pour la combustion des ma- rait pas l'emploi d'un courant final d'oxygène.
tières organiques qui contiennent du soufre, il En opérant comme il vient d'être dit, on a le
présente un avantage sur l'oxyde de cuivre en ce grand avantage d'éviter les effets du pouvoir hy-
qu'on n'est pas exposé à dégager un peu d'a- grométrique de l'oxyde de cuivre ; on peut em-
cide sulfureux qui se rendrait dans le tube à ployer un oxyde cohérent , non pulvérulent, et
potasse si on ne l'arrêtait en interposant un tube fortement calciné, et se dispenser d'opérer un mé-
spécial, contenant du peroxyde de plomb. lange intime de la matière avec l'oxyde. Par là
Pendant longtemps on s'est astreint à employer on évite un dosage trop élevé de l'hydrogène.
pour la combustion des matière organiques, de Details. Les matières solides destinées à l'a-
l'oxyde de cuivre pur, très-fin, aussi peu calciné nalyse peuvent être pesées dans une petite nacelle
que possible et broyé intimement avec la ma- en platine ; on y ajoute de l'oxyde de cuivre qui a
tière lorsque l'état de celle-ci le permettait. L'in-
convénient de cette manière de procéder provenait
de la grande hygrométricité de l'oxyde de cuivre
ainsi préparé; cet oxyde, en se refroidissant, con-
dense la vapeur aqueuse, et l'on est exposé, par
suite, à obtenir pour le poids de l'hydrogène un
nombre supérieur à la réalité. Aussi dans les in-
structions sur les analyses organiques, rédigées il
y a un certain nombre d'années, indique-t- on de
faire le vide dans le tube à combustion conte-
nant l'oxyde de cuivre et le mélange de matière
organique broyé avec l'oxyde; on restituait en-
suite de l'air sec dans le tube et l'on faisait de
nouveau le vide. On comprend combien ces ma-
nipulations ajoutaient à la difficulté de l'analyse.
Malgré toutes ces précautions on s'est aperçu que
la combustion du carbone était incomplète dans
une foule de cas. MM. Dumas et Stas, qui ont les
premiers indiqué la nécessité de terminer la com-
bustion des matières organiques dans un courant
d'oxygène pur pour brûler les dernières traces de
carbone, firent voir que la concordance appa-
rente entre les résultats obtenus par l'analyse
(en employant la combustion par l'oxyde de
cuivre seul) et les nombres théoriques, tenait à
ce qu'on admettait, à cette époque, pour le poids
atomique du carbone un nombre trop fort ; il
s'établissait ainsi, le plus souvent, une compen-
sation entre l'excès de carbone, calculé en admet-
tant dans l'acide carbonique plus de carboue qu'il
n'en contient réellement, et le carbone qui restait
en petite quantité dans le tube à combustion sous
la forme d'une matière difficile à brùler.
Aujourd'hui toutes les combustions sont termi-
nées dans un courant d'oxygène pur que l'on fait été rougi, puis enfermé très-chaud dans un tube
passer, à la fin de l'expérience, dans le tube à ! ou matras d'essayeur , que l'on bouche pour
combustion maintenu chauffé au rouge sombre. éviter la fixation d'eau pendant le refroidisse-
On commence à faire passer ce gaz lorsque le dé- ment ; l'oxyde tiède est mêlé avec la matière dans
gagement des bulles a cessé dans le tube à boules un mortier en porcelaine ( 1 ), et le mélange porté
dans le tube à combustion bien sec au moyen
de Liebig. d'une main en cuivre ; on a eu soin de mettre au
Cet oxygène est généralement fourni par un ga-
zomètre; il pourrait être également fourni par une
cornue contenant du chlorate de potasse fondu ; Ъ
on préfère ne pas placer de chlorate de potasse
au fond même du tube à combustion pour des Cuo Melange Cuo
expériences très-précises ; car le chlorate de po-
tasse, pouvant dégager un peu de chlore, produi-
rait un peu d'acide chlorhydrique et de chlorure
de cuivre volatil qui se condenseraient dans la
tube à eau et élèveraient le nombre obtenu pour
l'hydrogène.
Rien de plus simple que d'établir à la fin de Fig. 47. Tube à combustion.
l'expérience la communication entre le gazomètre
et le tube à combustion ; ce dernier est terminé, fond du tube une couche de quelques centimètres
dans ce but , par une pointe effilée, fermée à la d'oxyde de cuivre pur ; on lave le mortier avec
lampe ; un tube de caoutchouc, suffisamment long, de l'oxyde de cuivre encore chaud et on le verse
est fixé à l'extrémité du tube effilé; l'autre bout dans le tube à combustion ; on achève de remplir
de ce tube est fixé sur la tubulure du gazomètre le tube avec de l'oxyde de cuivre chaud ; puis on
A (fig. 48, page 288) qui donne issue à l'oxygène. enroule une bande de clinquant en spirale autour
Lorsque la combustion parait terminée, on brise du tube à combustion, afin de pouvoir le chauffer
à travers le tube de caoutchouc la pointe effilée ;
on ouvre le robinet du gazomètre , après avoir (1) On peut aussi ne faire le mélange que dans le tube à
établi une pression, et l'oxygène (que l'on a soin combustion, en se servant d'une tige métallique con-
de dessécher et de débarrasser de CO2), passant tournée en spirale à son extrémité, ainsi que le pratique
dans le tube à combustion chauffé , achève de brû- M. Bunsen.
ANALYSE. 288 — ANALYSE.
sans déformation . On a soin d'ailleurs de choisir poule. On pèse l'ampoule ouverte ; comme elle a
le tube à combustion , qui doit avoir 0,50 à 0,60 été tarée d'avance, on connaîtra le poids de la
de long, en verre de Bohême ou en verre vert dur matière. Si le liquide est très-volatil , comme
(voir la figure 47). l'éther par exemple, la pointe de l'ampoule sera
Lorsque la substance à analyser est liquide et fermée à la lampe avant la pesée ; dans ce cas, il
très-peu volatile, on peut l'introduire dans un faut avoir soin de prendre une ampoule en verra
très-petit tube bouché par un bout et ouvert par très-mince , qui puisse crever facilement par la
l'autre. On fait tomber ce petit tube dans le tube seule dilatation lorsqu'on chauffera la partie du
à combustion, et on recouvre d'oxyde de cuivre. Si tube à combustion où elle se trouve déposée.
l'on a affaire à un liquide volatil, on l'introduit Après avoir rempli le tube à combustion et en-
dans une petite ampoule fermée par un bout et à roulé autour du tube une bande de clinquant , on
extrémité effilée ouverte à l'autre bout. Pour rem- le place sur une grille à combustion.
plir cette ampoule, on la chauffe et, sans la laisser On adapte à ce tube, au moyen d'un bouchon,
refroidir, on plonge l'extrémité effilée dans le li- le tube gh taré contenant la matière desséchante ;
quide à analyser ; par le refroidissement le liquide ce tube est ordinairement un tube en U contenant
pénètre dans l'ampoule ; on peut même se servir de la pierre ponce calcinée imbibée d'acide sulfu-
de la vapeur du liquide d'abord introduit pour rique concentré; la boule g retient la presque to-
chasser l'air et remplir plus complétement l'am- talité de l'eau liquide condensée provenant de la

Fig. 48. - Appareil pour le dosage du carbone et de l'hydrogène.

combustion ; puis on fait communiquer ce tube, au bonique qui passe d'une boule à la suivante (1).
moyen d'un tube en caoutchouc , avec le tube à A la fin de l'expérience, on fait passer, à tra-
boules de Liebig i , contenant une lessive de po- vers le tube B, le courant d'oxygène provenant
tasse concentrée; à la suite on place encore un du gazomètre A. Ce gaz est purifié en passant à
tube j en U contenant de la ponce humectée travers le tube à boules d contenant une lessive
d'acide sulfurique pour retenir l'eau enlevée à la de potasse et le tube e contenant de la ponce al-
dissolution de potasse par le courant d'oxygène caline il se dessèche dans le tube f contenant
sec. La grille peut être une grille à charbons ; de la potasse rougie. On a soin de faire passer
mais aujourd'hui on se sert généralement d'un l'oxygène jusqu'à ce que tout le cuivre réduit soit
réchaud supportant horizontalement le tube à réoxydé ; on continue encore quelque temps après
combustion et qui est chauffé à la flamme du gaz avoir constaté qu'il sort à l'extrémité de l'appareil
par une série de becs portant chacun un robinet. de l'oxygène pur, afin de brûler les dernières
On chauffe d'abord la partie antérieure du tube, traces de carbone. L'oxygène étant plus dense que
et lorsqu'elle est rouge sur une longueur de 0,2 l'air, on aspire ensuite un courant d'air sec et pur
environ, on commence à décomposer la matière ; à travers le système des tubes tarés pour déplacer
l'eau se rend dans le tube en U et s'y condense l'oxygène qui les remplissait, sans quoi on aurait
en totalité; l'acide carbonique se rend dans le tube
à boules de Liebig, refoule la potasse et traverse ( 1) M. Kreusler a proposé tout récemment de doser
sous forme de bulles la première boule infé- l'acide carbonique en se servant d'un tube en U con-
rieure ; là il est absorbé presque intégralement ; tenant de l'hydrate de baryte pulverulent qui absorbe
il passe ensuite dans les boules suivantes où très-bien l'acide carbonique. Le tube doit être terminé
par une petite colonne de chlorure de calcium fondu
l'absorption s'achève. pour retenir l'eau déplacée. Ce moyenpeut être exact,
La forme et la disposition du tube à boules ont mais il ne permet pas d'apprécier la marche de l'ope-
pour objet de faciliter l'absorption de l'acide car- ration que l'on suit si bien avec le tube de Liebig.
ANALYSE. 289 ANALYSE.
une très-légère surcharge. On démonte ensuite et la quantité totale d'iodate employée primitive-
on pèse les appareils . L'augmentation de poids du ment, on en déduira par différence la quantité
tube gh donne l'eau et par suite l'hydrogène ; changée en iodure et par suite l'oxygène fourni à
l'excès de poids du tube de Liebig i et du tube j la matière pour concourir à la formation de l'eau
réunis donne l'acide carbonique ; l'oxygène est et de l'acide carbonique. Ce dernier est dosé de
dosé par différence . la manière suivante : on ramollit à la lampe la
Ce procédé d'analyse peut subir quelques mo- pointe du tube scellé , tube que l'on avait taré
difications, surtout dans le cas où la matière n'est avant la réaction ; l'acide carbonique se dégage ;
pas d'une combustion facile. on fait le vide dans le tube et l'on rend de l'air.
La matière est placée dans une nacelle en pla- La perte de poids du système représente l'acide
tine; le tube à combustion est ouvert aux deux carbonique et fournit par conséquent le carbone.
bouts ; quelques chimistes, notamment M. Cloëz , Ces deux données, le poids du carbone et celui
emploient, au lieu d'un tube en verre, un tube en de l'oxygène consommé en sus de l'oxygène con-
fer ou un canon de fusil ; la partie antérieure tenu dans la matière analysée , suffisent pour con-
du tube contient de l'oxyde de cuivre grossier clure, par le calcul , la quantité d'hydrogène et
ou des planures de cuivre grillées. La combustion d'oxygène de la substance et par conséquent pour
peut se faire, soit au moyen d'un courant d'air sec établir sa composition . En effet , les trois quan-
amené par un aspirateur, soit par un courant tités x de carbone, y d'hydrogène et z d'oxygène
d'oxygène pur et sec venant d'un gazomètre . pour 100 sont liées entre elles par les trois équa-
M. Commine de Marsilly s'est servi récemment tions suivantes :
d'un appareil de ce genre pour l'analyse élémen- 3
taire des combustibles minéraux. M. Čloëz se sert x =A
11
depuis longtemps d'un appareil semblable pour
effectuer presque toutes ses analyses organiques. ม
Si la matière organique contient des matières
minérales, des cendres, on les retouve dans la na- 2 A - D.
celle et on peut les peser. 11 + B 9
Lorsqu'on brûle des sels d'acide organique,
dont la base forme un carbonate indécomposable A est l'acide carbonique et B l'eau que fourni-
par la chaleur, il convient, pour obtenir la totalité rait la combustion ; D est le complément d'oxygène
du carbone, d'ajouter au mélange de la matière et à fournir à la substance pour la brûler complé-
de l'oxyde de cuivre un oxyde capable de chasser tement. On pourra calculer y et z connaissant c
l'acide carbonique du carbonate alcalin qui se for- et D. On a d'ailleurs y = 100 — (x + z).
merait. Dès 1842 , M. Dumas se servait , à cet Dosage direct de l'oxygène. L'oxygène, dans
effet, d'acide antimonique. M. Cloëz s'est servi, les procédés habituels d'analyse organique, est,
dans ces derniers temps , d'acide tungstique ; comme on l'a vu , dosé par différence ; il pourrait
d'autres chimistes ont proposé la silice pure an- cependant arriver, en opérant sur une substance
hydre et divisée, etc. totalement inconnue, de méconnaître la présence
Calcul de l'analyse. - Supposons qu'un poids p du soufre, par exemple, ou autres matières ; c'est
de matière ait fourni un poids h d'eau et un poids ce qui est arrivé autrefois, notamment pour la
c d'acide carbonique; cystine et pour la taurine.
Divers chimistes se sont préoccupés du dosage
h× 11,1 × 100 direct de tous les éléments d'une matière orga-
p nique , afin d'avoir un contrôle plus assuré.
M. Maumené a proposé de déterminer l'oxygène
era le poids de l'hydrogène pour 100 (l'eau con- en se servant de protoxyde de plomb pur pour la
tenant 11,1 % d'hydrogène), et combustion, et dosant le plomb réduit pour en
cx 27,27 × 100 3 déduire l'oxygène cédé à la matière organique ;
ou CX 100 cette quantité d'oxygène ajoutée à celle qui est
Р р 11
contenue dans l'acide carbonique et dans l'eau de
sera le poids du carbone pour 100 (l'acide carbo- la combustion, compose l'oxygène total de la sub-
nique contenant 27,27 % ou 3/11 de carbone) . stance.
Autres méthodes. Nous ne ferons que men- M. Stromeyer a proposé de déterminer après la
tionner, à titre historique, un procédé d'analyse combustion (opérée avec l'oxyde de cuivre pur
décrit , en 1840 , par M. Persoz . Ce savant a provenant du carbonate calciné ) la quantité de
proposé d'opérer la combustion de la matière par cuivre réduit, en dissolvant le contenu du tube à
son mélange avec un excès de sulfate de bioxyde combustion dans un mélange d'acide chlorhydri-
de mercure sec. On recueille le volume total de que et de sulfate ferrique et déterminant ensuite
gaz dégagé que l'on mesure ; on détermine ensuite la quantité de sulfate ferreux produite, laquelle est
le rapport de l'acide carbonique à l'acide sulfu- en relation avec la quantité de chlorure cuivreux
reux dans une fraction de ce mélange. Ces don- que fournirait l'attaque d'un mélange de cuivre
nées suffisent pour établir la composition de la et d'oxyde cuivrique par l'acide chlorhydrique.
substance. Cette méthode n'a pas paru assez Il est évident qu'à part le temps plus long né-
facile et assez pratique pour être adoptée. cessaire pour déterminer l'oxygène, l'exactitude
Tout récemment, M. Ladenburg a proposé une de ce dosage repose sur celle du carbone et de
méthode d'analyse pour les matières ternaires l'hydrogène ; or le carbone ne peut pas toujours
dont nous allons donner une idée. Le principe être brûlé complétement sans recourir à l'emploi
repose sur l'action d'un mélange d'iodate d'argent de l'oxygène.
pur et d'acide sulfurique en excès sur la matière M. Baumhauer s'est posé le même problème
organique; à froid, il n'y a pas d'action ; mais si que MM. Maumené, Stromeyer, Ladenburg, etc.
l'on chauffe à 200°, dans un tube en verre scellé, Il a décrit deux méthodes fondées à peu près sur
l'oxygène fourni par l'acide iodique brûle la ma- le même principe. L'auteur opère de la manière
tière organique et on obtient de l'acide carbonique suivante, d'après le dernier procédé décrit :
et de l'eau. Il reste de l'iodate d'argent en excès Le tube à combustion, long de 80 centimètres
dont la proportion est évaluée par l'auteur à environ, est ouvert aux deux bouts ; il reçoit une
l'aide de la méthode de M. Bunsen (1). Connaissant colonne de 20 centimètres de cuivre réduit, 10 cen-
(1) C'est-à-dire qu'on traite par l'acide chlorhydrique tion d'iodure de potassium et évaluant l'iode devenu libre
en recueillant le chlore mis en liberté dans une dissolu- par une dissolution titrée d'acide sulfureux.
I - 19
ANALYSE. 290 ANALYSE.
timètres de fragments de porcelaine, 25 centimè- obtenu est poreux et décompose facilement à
tres d'oxyde noir de cuivre. A 5 centimètres plus chaud les oxydes d'azote gazeux qui pourraient
loin se trouve la substance non azotée à analyser, se dégager hors du tube à combustion si celui-ci
placée dans une nacelle de platine et mêlée , si ne renfermait que de l'oxyde de cuivre. Le bioxyde
cela est nécessaire, avec de l'oxyde de cuivre ; d'azote pourrait alors être absorbé par l'acide sul-
enfin, un peu plus loin , est placée une nacelle en furique et , en présence de l'air, former des va-
porcelaine contenant un poids connu d'iodate peurs nitreuses qui pourraient arriver jusqu'au
d'argent. Le tube peut communiquer, par l'inter- tube à potasse, et l'analyse se trouverait faussée.
médiaire de tubes desséchants, avec deux gazo- Dosage d'azote. - La détermination de l'azote,
mètres, l'un à azote pur, l'autre à hydrogène pur. comme nous l'avons dit, exige toujours une opé-
Avant d'adapter les tubes tarés à absorption ration spéciale . Il y a deux méthodes :
d'eau et d'acide carbonique, on fait passer de l'hy- 1° Dosage de l'azote en volume et à l'état libre ;
drogène dans le tube à combustion en chauffant 2º Dosage de l'azote à l'état d'ammoniaque en
seulement la partie antérieure qui contient la brûlant la matière par la chaux sodée.
colonne de cuivre, afin que le métal soit parfaite- La seconde méthode est moins générale ; elle
ment réduit. L'hydrogène est ensuite balayé par est inapplicable lorsque l'azote existe dans la
de l'azote. On chauffe la colonne antérieure matière à l'état d'acide azotique ou de composé ni-
d'oxyde de cuivre et les fragments de porcelaine treux ; mais, sauf ces cas, elle est plus rapide et
qui séparent CuO de Cu . On adapte alors le tube plus commode que l'autre méthode, surtout en
à eau et le tube de Liebig , et on procède à la employant la modification apportée par M. Peligot
combustion . Lorsque le dégagement de gaz a à la méthode de MM. Will et Varrentrapp , mo-
cessé, on chauffe l'iodate d'argent; l'oxygène dé- dification aujourd'hui généralement adoptée.
gagé achève la combustion, réoxyde le cuivre ré- Dosage de l'azote par le volume. Méthode de
duit et l'excès d'oxygène vient enfin oxyder le M. Dumas. - Cette méthode est fondée sur ce
cuivre métallique qui forme la colonne antérieure. fait que, dans la combustion d'une matière azotée
L'iodate étant complétement décomposé, on fait par l'oxyde de cuivre, l'azote se dégage, pour la
passer un courant d'azote en ne maintenant le presque totalité, à l'état libre avec la vapeur d'eau
feu que dans la partie antérieure du tube qui et l'acide carbonique ; si les gaz passent sur une
contenait le cuivre. Lorsque le tube à eau a été colonne de cuivre chauffé, celui-ci décompose les
pesé, on le remet en communication avec le tube gaz oxydes d'azote, de sorte que l'azote peut être
à combustion et on fait passer un courant d'hy- dosé à l'état de liberté et pur, après avoir absorbé
drogène pur et sec, de manière à réduire complé- l'acide carbonique , si l'on a eu préalablement
tement le cuivre oxydé par l'excès d'oxygène de le soin de se débarrasser de l'azote et de l'oxygène
l'iodate, excès qui n'a pas concouru à la combus- de l'air, contenus dans le tube, par un artifice dont
tion. Il se forme de l'eau que l'on pèse. Connais- il sera question plus bas.
sant par ce moyen l'oxygène en excès qui n'a pas Le tube à combustion G (fig. 49) a une longueur
servi , on connaîtra, par différence, celui qui aura de 0,80 à 0,90 environ ; il est bouché rond à son
concouru à la combustion ; il suffira pour cela de extrémité. Au fond, on met : 1° une colonne de
retrancher de l'oxygène total contenu dans l'io- bicarbonate de soude ; 2° une petite colonne d'oxyde
date employé, celui qui a été fixé sur la colonne de cuivre pur ; 3° le mélange de la matière avec
antérieure de cuivre. On obtiendra ainsi l'oxygène l'oxyde de cuivre ; 4° une colonne d'oxyde de
qui , ajouté à celui de l'eau et à celui de l'acide cuivre pur ; 5° enfin, une colonne de cuivre pur
carbonique, composera la proportion totale de réduit.
l'oxygène de la substance. Cette méthode repose Lorsqu'il s'agit de brûler certaines matières
sur des principes et des moyens exacts . L'auteur azotées neutres, telles que la fibrine, l'albu-
l'a vérifiée par l'analyse de substances connues. mine, etc. , M. Melsens conseille , entre autres
Disons cependant qu'il sera rarement bien utile précautions, le broyage avec de l'oxyde de cuivre
de recourir à l'emploi de ces moyens qui augmen- fin et l'interposition d'une petite couche de cui-
tent la durée des analyses et les compliquent ; on vre réduit divisé entre la colonne qui contient le
pourra les réserver pour les cas où l'on opérerait mélange de matière et d'oxyde de cuivre et la co-
sur des matières dont la constitution n'est nulle- lonne d'oxyde de cuivre seul précédant la colonne
ment connue qualitativement et dont on n'a que de cuivre métallique .
de très-faibles quantités à sa disposition. Pour des Pour expulser l'air du tube avant de commen-
cas semblables, M. Baumhauer a méme été plus cer la combustion , on fait communiquer ce tube
loin et il propose, de même que M. Wheeler, un à combustion avec une petite pompe P de Gay-
procédé qui permet de doser sur la même quantité Lussac munie d'un tube abducteur T du gaz
de matière tous les éléments, y compris l'azote dont la hauteur dépasse 0,76 ; ce tube plonge
lui-même (voir plus bas). dans une petite cuve à mercure. On épuise l'air
Matières azotées. 1 Jusqu'ici nous avons sup- par quelques coups de piston ; le mercure s'élève
posé que la matière était ternaire et contenait dans le tube, mais ne peut arriver jusqu'à la
seulement du carbone, de l'hydrogène et de l'oxy- pompe et au tube à combustion , à cause de la hau-
gène. (Dans l'analyse d'un carbure d'hydrogène on teur de ce tube ; on chauffe alors avec un ou deux
doit trouver pour le carbone et l'hydrogène une charbons le bicarbonate de soude ; l'appareil se
somme sensiblement égale au poids de matière remplit d'acide carbonique qui balaye le peu d'air
employée.) restant; on s'assure que l'acide carbonique qui se
Lorsque la matière est azotée, la détermination dégage est entièrement absorbable par la potasse;
de l'azote exige un dosage spécial. alors on fait rendre l'extrémité du tube abducteur
Quant au dosage du carbone et de l'hydrogène sous une cloche graduée en centimètres cubes
dans une matière azotée , il s'effectue comme s'il remplie de mercure et contenant à la partie su-
s'agissait d'une matière non azotée, avec cette périeure une colonne d'une dissolution de potasse
seule différence que l'on achève de remplir le concentrée. On commence la combustion , en
tube à combustion avec une colonne de planures chauffant d'abord la partie antérieure du tube et
de cuivre réduit de 0,3 de long environ . (Il faut en en progressant ensuite vers la matière ; il se dé-
conséquence un tube à combustion plus long.) gage de la vapeur d'eau, de l'acide carbonique et
Pour obtenir le cuivre à un état convenable, on de l'azote; celui-ci seul se rend au sommet de
grille fortement des planures pour les oxyder à la la cloche après avoir traversé la potasse. A la fin,
surface; on les réduit ensuite en les chauffant lorsque le dégagement de gaz s'arrête, on chauffe
dans un courant d'hydrogène sec. Le cuivre ainsi de nouveau le bicarbonate de soude et l'on balaye
ANALYSE . — 291 - ANALYSE.
tout l'azote restant dans le tube à combustion. de protoxyde d'azote mélangé, il n'y aurait pas
L'éprouvette contenant l'azote est agitée sur le d'erreur, car le protoxyde d'azote contient son
mercure, puis portée sur une cuve pleine d'eau propre volume d'azote ; mais s'il y avait du bi-
pure; le mercure tombe au fond ; la potasse s'étend oxyde d'azote, il y aurait surcharge , car ce der-
et on mesure l'azote humide sur l'eau. nier gaz ne contient que la moitié de son propre
Soient p le poids de la matière analysée, volume d'azote.
V, le volume de l'azote, saturé d'humidité , ex- La présence du bioxyde d'azote se reconnaîtrait
primé en cent. cubes et fractions, en agitant le gaz, préalablement mesuré, avec du
t, la température du gaz, sulfate de protoxyde de fer qui absorbe le bi-
f, la force élastique maximum de la vapeur oxyde en se colorant en brun s'il y en a beaucoup,
aqueuse à la température t, et en rose s'il y en a seulement des traces. Si
H, la hauteur du baromètre au moment de la l'absorption est très-faible, l'analyse n'est pas per-
mesure, due; on fera la correction en retranchant du vo-
Et le poids du centimètre cube d'azote sec à lume obtenu par la première mesure directe, la
0° et à 0,76 de pression = 0,001256. moitié du volume correspondant à l'absorption. Le
La quantité d'azote P, contenue dans 100 p. en mieux évidemment est de conduire la combustion
poids de matière analysée , sera donnée par la de manière à obtenir un gaz à l'épreuve du proto-
formule sulfate de fer.
V (H - T) 100 La méthode que nous venons d'exposer est
P T X
(1 +0,00366 × t) 0,76 préférable à celle qui consistait (tout en faisant
la combustion comme ci-dessus) à recueillir les
Il est bon de s'assurer que l'azote obtenu est gaz de la combustion formés d'acide carbonique
pur ; à la vérité, s'il contenait seulement un peu et d'azote et à estimer le rapport de ces deux gaz

CO³HNa CuO Milange Cuo Cu

Fig. 49. Appareil de M. Dumas pour le dosage de l'azote.

en volume, puis, connaissant préalablement le cuivre en présence de l'oxygène fourni par le


carbone, à en déduire l'azote. Cette méthode a été bioxyde de mercure mêlé à l'oxyde de cuivre.
employée autrefois par M. Liebig et par divers 2º Le balayage du tube se fait en chauffant un
chimistes. Ces mêmes chimistes évaluent au- mélange de carbonate de manganèse et de bioxyde
jourd'hui le volume absolu de l'azote, mais ils de mercure placé au fond du tube à combustion.
évitent de faire passer les gaz à travers la petite 30 Il faut une très-longue colonne de cuivre
pompe, en employant à cet effet un tube en T pour retenir l'oxygène en excès qui pourrait sans
communiquant avec le tube à combustion et avec cela se dégager.
la cloche sur la cuve à mercure. La troisième 4° Le gaz est recueilli dans un vase de forme
branche communiquant primitivement avec la spéciale contenant de la potasse à la partie supé-
pompe est scellée à la lampe, lorsque la pompe a rieure; à la fin, on déplace l'azote en se servant
effectué le vide. d'un tube adapté latéralement et dans lequel on
M. Simpson (Maxwell) a apporté quelques mo- verse du mercure ; le gaz sort par un tube abduc-
difications au procédé de dosage d'azote par le teur ajusté à la partie supérieure de l'appareil, et
volume : voici sommairement en quoi consistent se rend dans la cloche graduée.
ces modifications : Dosage de l'azote à l'état d'ammoniaque par la
1° L'auteur opère la combustion par l'oxyde de chaux sodée. - On appelle chaux sodée, un mé-
ANALYSE. 292 — ANALYSE.
lange de chaux et d'hydrate de soude, obtenu en table combustion aux dépens de l'oxygène de
calcinant 2 parties de chaux éteinte avec une dis- l'eau de l'hydrate sodique; le carbone passe à
solution de 1 partie d'hydrate de soude caustique. l'état d'acide carbonique qui reste fixé sur l'al-
Cette matière ne fond pas dans les tubes de verre cali ; il y a formation d'eau , et l'hydrogène nais-
et ne les attaque pas, comme le ferait l'hydrate sant forme, avec l'azote, de l'ammoniaque qui se
de soude seul. La matière azotée, étant mélangée dégage.
avec un excès de chaux sodée, éprouve une véri- L'ammoniaque qui se produit dans le tube AB

B
A

WILDIBRAND
1
Fig. 50. Appareil de MM. Will et Varrentrapp pour le dosage de l'azote.

est recueillie dans un tube à boules d'une forme ment ne prendre qu'une quantité de matière telle
particulière et que l'on appelle tube de Will ; celui- que l'ammoniaque dégagée soit en proportion in-
ci contient de l'acide chlorhydrique ; on évapore à suffisante pour saturer la totalité de l'acide titré
sec la dissolution chlorhydrique qui contient du employé. ) On étend d'assez d'eau pour que le sul-
chlorhydrate d'ammoniaque, après y avoir ajouté fate de chaux ne puisse pas se précipiter.
du bichlorure de platine en léger excès ; on re- M. Peligot a aussi indique un moyen commode
prend la matière par un mélange d'alcool et d'é- de balayer l'ammoniaque restant dans le tube à
ther ; on dessèche le résidu à l'étuve et on pèse ; la fin de la combustion . Il place au fond de ce
le poids du chloroplatinate d'ammoniaque tube un peu d'acide oxalique ; celui-ci , chauffé ,
2 Az HCl . Pt Cl tend à se changer en CO + CO2 ; mais l'oxyde de
carbone , en présence de l'hydrate de soude , se
permet de calculer le poids de l'ammoniaque change en acide carbonique et hydrogène ; le pre-
Az H³, et par suite celui de l'azote. On peut aussi mier est absorbé par l'alcali , et en définitive le
calciner le chlorure double, peser le platine ob- tube se trouve balayé par un courant d'hydrogène.
tenu, et en déduire Az H3, ou Az. M. Bouis remplace l'acide oxalique cristallisé par
Le procédé qui vient d'être décrit est dû à de l'oxalate de chaux, obtenu en faisant bouillir
MM. Will et Varrentrapp . de l'acide oxalique avec un lait de chaux en excès.
Procédé de M. Peligot. - M. E. Peligot a mo- La matère obtenue, séchée, n'a pas l'inconvénient
difié ce procédé et l'a rendu plus expéditif par de dégager de l'eau comme l'acide oxalique cristal-
l'emploi des liqueurs titrées. Au lieu de recueillir lisé , ce qui oblige à beaucoup de précautions pour
l'ammoniaque dans l'acide chlorhydrique, M. Pe- éviter le foisonnement de la chaux et la rupture
ligot la recueille dans un volume connu d'acide du tube.
sulfurique titré introduit dans le tube de Will. Calcul de l'azote. 1 Soit N le nombre de divi-
(10 cent. cubes de cet acide sulfurique étendu con- sions de la burette correspondant au volume de
tiennent 08,6125 d'acide sulfurique monohydraté ; sucrate employé pour saturer 10 centim. cubes
par suite ces 10 cent. cubes seraient compléte- d'acide sulfurique titré pur ; N' le nombre de di-
ment saturés par 08,2125 d'ammoniaque conte- visions pour compléter la saturation d'un égal vo-
nant 05,175 d'azote.) lume d'acide ayant servi pour la combustion,
Après la combustion , on détermine la quantité N- N'
d'acide sulfurique qui reste libre, et l'on a par N X 0gr,175
différence la quantité qui a été saturée ; on se
sert pour cela d'une dissolution de sucrate de sera la quantité d'azote contenue dans le poids p
chaux; on détermine d'abord, au moyen d'une de matière analysée. Par suite on aura facile-
burette graduée, le volume de cette dissolution ment la proportion d'azote pour 100.
nécessaire pour saturer les 10 cent. cubes d'acide Comme il est difficile d'être bien sûr que l'acide
sulfurique titré pur , ce qui se fait en étendant sulfurique, rigoureusement pesé pour faire syn-
d'eau , colorant par le tournesol et lisant le volume thétiquement la liqueur acide titrée, soit réelle-
de sucrate consommé, au moment où le tournesol ment de l'acide monohydraté , il sera bon , au
rouge est ramené au bleu ; on opère de la même moins comme vérification, de précipiter un vo-
manière avec la liqueur acide que l'on extrait du lume connu de cette liqueur à l'état de sulfate de
tube de Will , lavé après la combustion, et on baryte que l'on pèsera; il sera facile alors d'éta-
note le volume de sucrate consommé pour la nou- blir une fois pour toutes (pour cette même
velle saturation ; on a alors tous les éléments liqueur acide) la quantité rigoureuse d'acide réel
nécessaires pour calculer la quantité d'azote con- contenue dans un volume déterminé de l'acide
tenue dans la matière analysée. ( Il faut évidem- titré employé pour les analyses , et par suite la
ANALYSE. 293 - ANALYSE.
quantité correspondante d'ammoniaque et d'azote. de détails à ce sujet ; au reste l'auteur ne recom-
La méthode de M. Peligot nous semble préférable, mande ce moyen que pour le cas où la quantité
au moins comme rapidité, à celle de M. Mohr qui, de matière que l'on possède ne permettrait pas un
après avoir recueilli l'ammoniaque dans l'acide dosage spécial d'azote.
chlorhydrique, évapore à sec pour chasser l'excès Dosage du chlore, du brome, de l'iode. La
d'acide chlorhydrique et déduit l'ammoniaque de réaction du chlore, du brome, etc., sur les ma-
la quantité de chlore contenue dans le résidu en tières organiques, donne naissance à des matières
le dosant à l'aide d'une dissolution titrée d'azo- contenant du chlore, du brome, etc.
tate d'argent. Pour doser le chlore, le brome ou l'iode, on
Rappelons que le procédé de combustion par fait une détermination spéciale : on décompose
la chaux sodée cesse d'être applicable lorsque la la substance en présence d'une colonne de chaux
matière contient l'azote à l'état d'acide azotique ou vive chauffée au rouge naissant dans un tube en
de composé nitreux. Il faut alors recourir à la verre dur. La chaux employée doit être pure ou
combustion par l'oxyde de cuivre avec emploi de au moins exempte de chlorure. Il se forme du
cuivre métallique . chlorure, du bromure, etc. , de calcium qui reste
M. G. Ville à proposé de doser l'azote des ni- avec la chaux en excès ; on éteint la chaux avec
trates en présence des matières organiques , en précaution et on la dissout en ajoutant peu à
utilisant à la fois le principe de la méthode de peu de l'acide azotique pur , en présence d'un
M. Pelouze par l'emploi du protochlorure de fer grand excès d'eau ; on filtre pour séparer les
et les moyens de dosage de l'azote à l'état d'am- parties insolubles et dans la liqueur filtrée on
moniaque par la chaux sodée et la liqueur sulfu- précipite le chlore ou le brome par l'azotate d'ar-
rique titrée. gent; on dose le chlorure ou bromure d'argent
En raison de la présence des matières organi- avec les précautions voulues et on en déduit le
ques, on ne peut pas faire ce dosage en ayant poids du chlore, du brome ou de l'iode.
recours au permanganate de potasse pour évaluer M. Carius dose le chlore, le brome, etc. , en
la quantité de fer peroxydée. chauffant la substance avec de l'acide azotique à 1,4
L'auteur fait passer les gaz provenant de la de densité et du bichromate de potasse en présence
réaction du protochlorure de fer sur les azotates de l'azotate d'argent , dans un tube scellé, porté
en présence des matières organiques (et qui con- à 180° ou 200°. Le chromate d'argent produit
sistent en bioxyde d'azote et hydrogène ) , con- dans cette réaction est facilement détruit en trai-
curremment avec un courant d'acide sulfhydrique tant le contenu du tube par l'alcool. Pour la plu-
dans un tube chauffé qui contient de là chaux part des corps très-hydrogénés, l'addition du bi-
sodée. Ce tube a été préalablement balayé d'air chromate de potasse n'est pas nécessaire.
par un courant d'hydrogène. Le bioxyde d'azote Dosage du soufre. Lorsque la substance est
est, dans ces conditions, converti en ammoniaque solide , on peut la mêler avec un grand excès
que l'on recueille dans un tube de Will contenant d'azotate de potasse pur, additionné de 3 fois son
un volume connu d'acide sulfurique titré. poids de carbonate de soude pur et sec, et pro-
Dosage simultané du carbone , de l'hydrogène, jeter le mélange par petites parties à la fois ,
de l'oxygène et de l'azote.- M. Wheeler recueille dans un grand creuset de platine dont le fond a
et mesure le gaz qui se produit dans la combus- été porté au rouge naissant. La matière est oxy-
tion des matières organiques azotées par l'oxyde dée , le soufre passe à l'état de sulfate alcalin ;
de cuivre. Voici les modifications à la disposition après le refroidissement, on traite par l'eau aci-
de l'expérience habituelle pour doser C et H dans dulée d'acide azotique ; la dissolution est précipi-
ces matières. Les tubes à eau et à acide carboni- tée par le chlorure de baryum et le soufre dosé à
que étant en place, on balaye l'air de l'appareil l'état de sulfate de baryte.
au moyen d'un courant d'oxygène fourni par du M. Carius dose le soufre en se servant d'une
chlorate de potasse placé au fond du tube à com- méthode semblable à celle qu'il a proposée pour
bustion . Puis on remplace ce gaz par de l'acide le dosage du chlore ; il chauffe à 200°, dans un
carbonique provenant de la décomposition d'un tube scellé, la matière avec de l'acide azotique à
poids connu d'oxalate de plomb pur (dégageant 1,4 de densité et pour produire l'oxydation com-
29,83 % de CO2) , dans le but d'empêche l'oxy- plète dans les cas les plus rebelles, il ajoute du
dation de la colonne de cuivre du tube à com- bichromate de potasse ; après avoir chauffé pen-
bustion. On procède alors à la combustion ; on dant une heure, on ouvre le tube, on réduit
a eu soin, après le balayage par l'oxygène , de l'excès de bichromate par l'alcool et on dose
faire communiquer les appareils pour l'absorption l'acide sulfurique à l'état---de sulfate de baryte.
de l'acide carbonique avec une cloche sur le mer- Dosage du phosphore. La méthode qui pré-
cure, laquelle recevra l'azote de la substance mêlé cède ne produit pas toujours une oxydation com-
avec l'excès d'oxygène provenant du balayage. A plète du phosphore dans les matières organiques
la fin de la combustion, on fait de nouveau passer sous l'influence de l'acide azotique. Dans ce cas ,
de l'oxygène pour chasser tout l'azote du tube. On M. Carius indique de chauffer la matière dans un
dose l'azote contenu dans la cloche en absorbant tube scellé, avec un léger excès d'iodate d'argent
préalablement l'oxygène par les moyens connus, additionné de deux fois son poids d'acide sulfa-
comme s'il s'agissait d'une analyse d'air. rique. On reprend le contenu du tube par l'eau,
On pèse le tube à eau et le tube de Liebig ; et on réduit l'excès d'iodate d'argent par l'acide
l'augmentation de poids fait connaître l'eau et sulfureux. Dans la liqueur filtrée , on précipite
l'acide carbonique ; pour ce dernier, il faut sous- l'acide phosphorique à l'état de phosphate am-
traire du poids obtenu celui qui provient de la moniaco-magnésien.
décomposition de l'oxalate de plomb et qui est Les méthodes proposées par M. Carius présen-
connu d'avance. tent plus de garanties d'exactitude que celles qui
M. Baumhauer emploie dans le même but que consistent à opérer envaisseaux ouverts en faisant
M. Wheeler (c'est-à-dire pour doser simultané- déflagrer la substance avec un mélange de nitre
ment le carbone, l'hydrogène et l'azote) une mé- et de carbonate alcalin pour amener le soufre ou
thode qui est une simplification d'un procédé qu'il le phosphore à l'état de sulfate ou de phosphate
avait proposé, il y a près de vingt ans, et dans le- alcalins.
quel l'eau et l'acide carbonique sont déterminés M. Alexandre Mitscherlich a proposé tout ré-
en poids , tandis que l'azote est déduit de l'aug- cemment une méthode nouvelle d'analyse orga-
mentation du volume gazeux survenu après la nique dont la description détaillée prendrait une
combustion. Nous ne pouvons entrer ici dans plus place que nous ne pouvons lui consacrer ici . L'au-
ANALYSE. - 294 ANALYSE .
teur décompose, dans un appareil approprié, la direct de l'oxygène dans les matières organiques,
matière par un courant de chlore à chaud , en Comp. rend., t. LV, p. 432. - STROMEYER , Dosage
dehors de la présence de l'humidité et de l'air. Il direct de l'oxygène dans les matières organiques.
se forme de l'acide chlorhydrique, dont le dosage Rép. de Chim . pure, t. III , p. 391 ( 1855) .- BAUM-
fait connaître l'hydrogène, de l'oxyde de carbone HAUER, Dosage simultané du carbone, de l' hydro-
et de l'acide carbonique qui sont dosés séparé- gène, de l'oxygène et de l'azote, dans une sub-
ment par absorption, d'où l'on déduit l'oxygène stance organique, Archives néerlandaises , t. I, et
par dosage direct. Au besoin, on ajoute du car- Bull. de la Soc. chim. (nouv. sér. ) , t. VI, p. 131
bone à la matière. (1866). WHEELER, Dosage simultané du carbone,
Quant au carbone, au chlore, au brome, à l'iode, de l'hydrogène et de l'oxygène dans une matière
au soufre et à l'azote , l'auteur les détermine en organique, Journ . fürprakt. Chem. , t.XCVI , p. 239,
brûlant la substance en présence de l'hydrogène et Bull. dela Soc . chim. (nouv. sér. ) , t. VI, p. 130
au moyen d'un courant d'oxygène. Les produits (1866) . - LADENBURG, Nouvelle méthode d'analyse
formés : eau, acide carbonique , azote, acide chlor- organique, Ann. de Chim. et de Phys. , (4) , t. V,
hydrique, etc., sont dosés séparément. p. 485. CARIUS, Analyse élémentaire des com-
Sans vouloir attaquer l'exactitude des procédés, binaisons organiques par l'acide azotique, Ann. de
nous croyons que l'auteur aura peut-être quelque Chim. et de Phys., (3), t. LX, p. 497 ; Dosage de
peine à faire passer dans la pratique ses méthodes S , Ph, Az, Cl , Br, I et métaux, ibid. --- CARIUS,
qu'il proclame supérieures à toutes les autres con- Combustion des bases phosphorées, Ann . de Chim.
nues, en raison de l'emploi possible d'une faible et de Phys. , (3) , t. LXII , p. 388..-- MITSCHERLICH
quantité de matière, de la sûreté, de la facilité et (Alexandre) , Nouvelle méthode de détermination
de la rapidité des opérations. de la constitution des matières organiques, Ann .
BIBLIOGRAPHIE. LAVOISIER, OEuvres publiées de Poggend., t. CXXX. Fx . L.
par les soins de M. le Ministre de l'instruction ANALYSE SPECTRALE. - Méthode d'ana-
publique, sous la direction de M. J. Dumas ; Pa- lyse qualitative et, dans un petit nombre de cas,
ris, Imprimerie impériale ( 1865 ) , t . III , 773. quantitative, fondée sur l'observation des raies
BERZELIUS , Traité de chimie. CHEVREUL, Ana- des différents spectres lumineux.
lyse organique. W. PROUT. --- ANDREW URE , On connaissait depuis longtemps la coloration
Analyse médiate des substances végétales et ani- que prennent les flammes quand on y introduit
males, Ann. de Chim . et de Phys., t. XXIII, certains composés chimiques ( acide borique, sels
p. 377. GAY-LUSSAC et THÉNARD, Nouvelle mé- de lithine, de strontiane, de soude, de cuivre , etc.).
thode d'analyse des substances organiques, Re- Talbot, Brewster, Miller analysèrent optiquement
cherches physico - chimiques ; Paris, 1811 , t. II, ces flammes colorées au moyen du prisme et
p. 265. HENRY fils et PLISSON, Sur l'analyse reconnurent qu'elles donnent des spectres bril-
organique, Ann . de Chim . et de Phys., t. XLIV, lants formés de raies ou de bandes lumineuses
p. 94. - J. LIEBIG, Nouvel appareil pour l'ana- d'un éclat souvent très-intense. Le chlorure de
lyse des matières organiques, Ann. de Chim. et sodium surtout attira une attention spéciale par
de Phys., t. XLVII, p . 147. - J. DUMAS, Lettre la nature de son spectre, qui se réduit à une
à M. Gay-Lussac sur les procédés de l'analyse or- double ligne unique dans le jaune et offre ainsi
ganique, Ann. de Chim. et de Phys. , t. XLVII , le curieux exemple d'une lumière presque mono-
p. 198. - PERSOZ , Nouvelle méthode d'analyse chromatique.
organique, Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXXV, L'importance de l'observation de ces spectres
p. 5.-J. DUMAS et STAS, Procédé d'analyse orga- paraît avoir échappé aux physiciens. Iwan , en
Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t . I, p. 5. étudiant le spectre gazeux des carbures hydrogé-
-nique,
PAYEN, Dispositions pour la combustion des nés, fit le premier la remarque judicieuse que
matières organiques, ibid. , (3 ), t. I, p . 54.-H. De- certaines lignes s'y trouvent communes et y do-
VILLE, ibid. , (3) , t. I, p . 59.- WILL et VARRENTRAPP, minent d'autant plus que la proportion de car-
Nouveau procédé de dosage d'azote dans les ma- bone est plus forte dans le carbure, et qu'elles
tières organiques, ibid., (3), t. IV, p . 229.-E. PE- révèlent par conséquent la présence de ce corps .
LIGOT, Application des moyens de dosage volu- C'est le nouveau champ de recherches ouvert par
métrique à la méthode de MM. Will et Varren- cette observation que Kirchhoff et Bunsen ont ex-
trapp pour le dosage de l'azote, Comp. rend., ploité avec un succès qui en a fait une des décou-
t. XXIV, p. 550. —MELSENS, Observations sur le vertes capitales de notre époque. Ces deux savants
dosage de l'azote dans quelques matières azotées , ont constaté que tous les éléments réduits à l'état
Comp. rend., t. XX, p. 1437. - DUMAS et PIRIA, Em- de vapeur incandescente donnent des spectres
ploi de l'acide antimonique dans les analyses des dont les maxima caractérisent par leur nombre,
sels de potasse à acide organique, Ann . de Chim.et leur largeur et leur position le corps simple em-
de Phys., (3), t. V, p . 365. - CLOËZ, Emploi de l'acide ployé. Le spectre des sels volatils portés dans une
tungstique dans l'analyse des sels de potasse à flamme très-chaude, mais à peine éclairante, est
acide organique, Bull . de la Soc. chim. de Paris, aussi formé des raies caractéristiques du métal
nouv. sér. , t. I , p . 250 (1864). CLOEZ , NOU-
qui fait la base du sel. Lors de la présence de
veau mode de combustion des matières organi- plusieurs sels dans une flamme ou du mélange
ques, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . LXVIII, de plusieurs vapeurs lumineuses , le spectre pro-
P. 394. CLOEZ, Dosage du volume de l'azote,
Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LXVIII, p. 407. duit participe de chacun d'eux et se forme par
GOTTLIEB , Dosage de l'azote dans les corps la superposition de leurs spectres individuels,
chacun avec une intensité qui dépend de la
nitrés, Ann. de Chim. et de Phys. , (3 ), t . XXXVIII; quantité et de la faculté lumineuse du métal qui
p. 363.-G. VILLE, Dosage de l'azote des nitrates l'engendre. A parler exactement , toutes les sub-
en présence des matières organiques, Ann . de stances en présence, les divers éléments de la
Chim . et de Phys., (3) , t. XLVI , p. 320. SIMP- flamme tout comme la totalité des principes con-
SON ( Maxwell ) , Modifications au procédé de do- stituants des sels, développent individuellement
sage d'azote, Ann. der Chem. u. Pharm., et Traité leurs spectres : seulement ceux des métaux, par
d'analyse chimique de H. Rose ; Paris , 1862, t. II, leur intensité, effacent ceux des métalloides .
p. 1037. - BERTHELOT, Nouvel appareil pour les Cette méthode de détection spectroscopique est
analyses organiques , Ann. de Chim. et de Phys., d'une telle sensibilité , qu'elle permet de recon-
(3) , t . LVI, p. 214. - BAUMHAUER, Dosage de l'oxygène naître la présence de métaux en quantités im-
dans les matières organiques, Ann . de Chim . et possibles à apprécier avec les balances les plus
de Phys., (3), t. XLV, p. 327.- MAUMENÉ , Dosage délicates ; ainsi, l'œil perçoit très-nettement , pen-
ANALYSE. 295 - ANALYSE.
dant une seconde, les raies brillantes produites bandes brillantes du didyme (Bunsen) . Si l'on
par un trois-millionième de milligramme de chlo- plonge un mince fil de platine dans une dissolu-
rure de sodium, neuf millionièmes de milligramme tion sirupeuse de nitrate de terbine et qu'on le
de carbonate de lithine et un millième de milli- porte dans la flamme d'un bec de Bunsen, il se
gramme de chlorate de potasse. forme une masse spongieuse de terre qui brille
Nous allons exposer un certain nombre de faits avec une lumière verte d'un grand éclat ; cette
qui, tout en complétant les données précédentes, lumière, examinée au spectroscope, montre un
les modifieront dans ce qu'elles ont de trop spectre continu sur lequel se détachent les raies
absolu. Quoique chaque métal donne son spectre brillantes du terbium (Bahr) (1) . Delafontaine a
propre , si l'on compare les uns aux autres les eu l'occasion de constater l'exactitude de ces faits.
spectres des divers métaux, on verra que plu- Spectres d'absorption. - L'interposition , sur
sieurs de leurs raies semblent coincider. Cela le chemin d'un rayon lumineux à spectre continu
est frappant surtout pour la raie 1655,6 (échelle et complet, soit avant, soit après le prisme, d'un
de Kirchhoff) , qui appartient au fer et au magné- milieu coloré, solide, liquide ou gazeux, amène
sium , et pour la raie 1522,7 , propre au fer et un changement dans la composition de la lu-
au calcium. Les observations n'ont pas encore mière, c'est-à-dire l'affaiblissement ou l'extinction
atteint un degré d'exactitude suffisant pour per- de certaines parties du spectre ; ce sujet a fait
mettre de décider si cette coincidence est réelle l'objet des recherches de Herschel , de Brewster,
ou simplement apparente (Kirchhoff) . de Gladstone, etc. , et plus récemment de Stokes.
Des spectres assez simples à certaines tempé- Les diverses substances colorées se distinguent
ratures deviennent plus compliqués lorsqu'on par les parties du spectre qui sont absorbées, par
porte la température à un degré beaucoup plus le nombre des maxima et des minima de lumière
élevé. Miller a constaté ce fait pour le cas du et par la dernière couleur persistante. L'acide
thallium, et Wolff et Diacon pour celui des mé- hypoazotique (peroxyde d'azote , vapeurs rutilan-
taux alcalins. Plücker a obtenu des résultats ana- tes donne un spectre d'absorption remarquable
logues avec l'azote et le soufre. formé de bandes ou de lignes noires plus ou
Contrairement à ce qui a été dit ci-dessus tou- moins nombreuses , presque équidistantes , qui
chant la superposition des spectres des sels mé- couvrent les différentes régions du spectre. L'a-
langés , Nicklès a annoncé que la présence du cide hypochlorique (peroxyde de chlore) , la vapeur
sodium en grand excès dans une flamme em- d'iode (Miller), la solution de permanganate de
pêche la réaction spectroscopique du thallium de potasse, celles de didyme (Gladstone) et de ter-
se manifester. D'après Stolba , le chlorure de bium ( Bahr) , produisent des effets semblables. Au
sodium se comporterait de la même manière à point de vue de la purification de l'yttria, de
l'égard du chlorure de cuivre. Heintz enfin a l'oxyde de lanthane et de l'erbine, la connaissance
reconnu que la raie spectrale du rubidium ne se de ces deux derniers spectres d'absorption est
manifeste pas en présence d'un grand excès de d'une grande importance ; ils offrent en outre
carbonate de cœesium. En portant dans une la particularité de coincider exactement avec les
flamme qui donnait le spectre du potassium, un spectres lumineux produits par les oxydes (voyez
faisceau de fils de platine imprégné d'acide chlor- plus haut) , à cela près que si l'on compare les
hydrique et de sel ammoniac, Mitscherlich a vu maxima lumineux des bandes claires avec les
aussitôt disparaître le spectre du potassium. Mul- minima lumineux des bandes obscures, on trouve
der a fait une observation analogue dans laquelle qu'ils coincident exactement (2) .
il a reconnu que le spectre du phosphore produit Renversement des spectres. Si l'on fait tra-
par la flamme de l'hydrogène mélangé avec de verser une flamme qui donne un spectre métal-
l'hydrogène phosphoré est complétement anéanti lique (celui du sodium ou du lithium , par
par la flamme de l'éther. exemple) par la lumière très-vive émanant d'un
Certaines raies d'un spectre peuvent être corps solide porté à un haut degré d'incandes-
éteintes par suite de la présence de plusieurs cence, on verra le spectre de la flamme devenir
substances dans une même flainme ; ainsi , le obscur et ses raies se détacher comme autant de
chlorure de cuivre et d'ammonium porté dans la traits noirs sur le fond brillant du spectre continu
flamme du chlorure de strontium éteint la raie fourni par la source de lumière. C'est là ce qu'on
bleue de ce dernier (Mitscherlich) . appelle le renversement d'un spectre, fait observé
Une série de recherches sur les composés ha- en premier lieu par Foucault et qui sert de base
loides du baryum, du strontium, du calcium , du à l'explication des raies de Fraunhofer, ainsi qu'à
cuivre, etc., a montré à Mitscherlich que chaque la théorie de Kirchhoff sur la constitution du
composé binaire qui n'est pas décomposé par la soleil.
flamme et qui est chauffé à une température suf- Résultats obtenus . Indépendamment des
fisante pour devenir lumineux, a un spectre propre questions de physique du plus haut intérêt qu'elle
et indépendant d'autres circonstances. Diacon est a soulevées ou résolues, et abstraction faite de la
arrivé de son côté à des résultats qui confirment facilité avec laquelle elle permet de constater la
ceux de Mitscherlich. présence de tel ou tel métal déjà connu dans un
On a tenté d'établir quelques relations entre composé donné, la méthode de MM. Kirchhoff et
les distances des raies d'un spectre et le poids Bunsen a conduit à la découverte de quatre mé-
atomique, par exemple, du corps qui le fournit; taux nouveaux et intéressants dont l'existence
mais l'on n'est arrivé à rien de précis et de avait échappé jusqu'ici à tous les chimistes ; ce
positif (Mitscherlich , Hinrichs) . sont, d'après l'ordre de leur découverte, le cœ-
Les spectres des métaux, avons-nous dit plus sium et le rubidium (Kirchhoff et Bunsen , 1859-
haut, sont engendrés par les vapeurs métallifères 1860) , le thallium (Crookes, Lamy, 1860) et l'in-
lumineuses ; toutefois Bunsen et Bahr ont trouvé dium (Reich et Richter, 1863). Les deux premiers
à cette condition deux exceptions curieuses four-
nies l'une par l'oxyde de didyme et l'autre par (1 ) Le pouvoir émissif de la terbine est considérable-
la terbine. En fondant une petite quantité d'oxyde meut renforcé quand on arrose et calcine, avec une quan-
de didyme avec du sel de phosphore de manière tité suffisante d'acide phosphorique, la petite masse spon-
à obtenir une perle transparente , améthyste, gieuse attachée au fil de platine. Bunsen considère les
spectres lumineux qui viennent d'être décrits comme étant
exempte de bulles, et chauffant cette perle avec propres aux oxydes et non aux métaux eux-mêmes.
précaution, jusqu'à l'incandescence, par le moyen (2 ) Pour la détermination quantitative du didyme et
d'une flamme obscure placée au-dessous , on du terbium, par l'examen de leurs spectres d'absorption,
verra se manifester au spectroscope les principales voyez les articles consacrés à ces métaux.
ANALYSE. - 296 ANALYSE.
sont extrêmement voisins du potassium; le troi- de B on puisse voir simultanément en un même
sième appartient aussi au groupe des métaux al- champ l'image de l'échelle graduée et le spectre
calins , mais il fait en outre la transition avec le engendré par un rayon de lumière qui aurait
plomb, et son histoire présente , tout comme traversé la fente de C.
celle de l'uranium , quoique sur d'autres points, Pour se garantir dans les observations de toute
des particularités qui lui sont tout à fait spé- lumière étrangère, on se place dans une chambre
ciales ; quant à l'indium, il se rapproche du cad- noire et l'on recouvre les tubes et le prisme d'une
mium. calotte noire en drap, en toile cirée ou en peau,
L'analyse spectrale a également permis de re- dans laquelle sont pratiquées trois ouvertures
connaître l'excessive dissémination dans la nature pour laisser passer les trois tubes.
de plusieurs éléments considérés jusqu'à ces der- Quand on veut faire une observation, on éclaire
niers temps comme très-rares (le lithium, par l'échelle graduée de la lunette D avec une bougie
exemple). Plusieurs chimistes avaient pensé pou- ou un bec de gaz à flamme brillante, et à quel-
voir déduire de leurs expériences que la terbine, ques centimètres en avant de la fente de Ĉ on
découverte par Mosander en 1843, est seulement place la lampe de Bunsen à flamme obscure (¹),
un mélange d'yttria et d'erbine ou de didyme ; qui servira à chauffer et à volatiliser la substance
la propriété de donner un spectre d'absorption saline à examiner. Quand le gaz est allumé, on
spécial qui a été reconnue à ses sels dissous, a y introduit cette dernière sous la forme de perle
confirmé l'exactitude des données de Mosander. ou de menu fragment fixé à un mince fil de pla-
Appareils et mode opératoire. - Il nous paraît tine emmanché lui-même à un petit tube de
superflu de décrire ici les différentes formes de verre. Pour se réserver la liberté de ses mouve-
spectroscopes qui ont été proposéesdans ces derniè- ments et obtenir une position plus stable du fil
res années ; nous nous bornerons seulement à métallique, l'opérateur engage le tube de verre
l'appareil ordinaire pour les recherches courantes dans la branche horizontale et mobile par glis-
de laboratoire. sement du support dont le dessin est ci -dessous.
Voici en quoi il consiste : Il peut se présenter des cas où la flamme d'un
Une plate-forme circulaire en fer A est supportée bec de Bunsen ne produit pas une température
par une colonne de fonte à trois pieds sur la- suffisamment élevée pour les besoins de l'expé-
quelle elle peut tourner horizontalement ; à son rience : il faut
alors avoir re-
cours au chalu-
meau à gaz oxy-
hydrogène ou
bien à l'arc vol-
taïque produit
par une bonne
bobine de
Ruhmkorff.
Pour obser-
ver les spectres
des gaz, on fait
passer l'étin-
celle d'induc-
tion à travers le
gaz , soit à la
pression ordi-
naire, entre des
pôles métalli-
ques donnant
un spectre con-
nu, soit à une
très-faible pres-
sion dans un
tube de Geissler
à étranglement
capillaire. C'est
TAHANDIER cette partie ca-
pillaire et fort
Fig. 51. — Spectroscope. lumineuse que
l'on dispose de-
centre est fixé un prisme en flint placé une fois vant la fente.
pour toutes au minimum de déviation ; sa cir- La largeur de
conférence porte trois lunettes, savoir : 1º une la fente doit Fig. 52. Support pour l'anlyse
êtreproportion- spectrale.
lunette d'observation B d'un grossissement de 5
à 6 fois ; 2° une lunette C dont l'oculaire a été née à l'intensité
de la source lumineuse un dixième de milli-
enlevé et remplacé par une plaque de métal par-
tagée par une fente verticale susceptible de s'é- mètre suffit dans la plupart des cas.
largir ou de se rétrécir à volonté au moyen d'une Nous avons dit que le petit prisme à réflexion
vis. La moitié de cette fente est recouverte par totale permet de voir en même temps le spectre
un petit prisme à réflexion totale, ce qui permet d'une seconde source lumineuse ; cette disposi-
de faire entrer à la fois dans la lunette des tion est d'une grande utilité pour trancher la
rayons émanant de deux sources lumineuses dif- question de l'identité de deux spectres, auquel
férentes; 3° un tube D portant à l'une de ses cas les lignes de l'un se verront exactement sur
extrémités un objectif, et à l'autre une lame de le prolongement des lignes de l'autre avec les-
verre sur laquelle est photographiée une gradua-
tion microscopique horizontale. Les axes de ces (1) Cette lampe doit être munie d'une cheminée en
trois lunettes convergent vers le centre du prisme, forme de cône tronqué pour empêcher le vacillement de
de telle manière qu'en mettant l'œil à l'oculaire la flamme.
Dictionnaire de Chimie . Analyse spectrale page 296

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on
ANALYSE. 297 ANALYSE.
quelles elles coincideront ainsi d'une manière cornue fortement imprégné de substance métal-
parfaite. Supposons, par exemple, que l'on ait du lique ; le platine doit être proscrit pour cet
doute sur l'existence du strontium dans une ma- usage, à cause de la facilité avec laquelle il fon-
tière. Dans la flamme placée en avant de la fente, drait sous l'influence d'une si haute tempera-
on introduira la substance à essayer, en sorte que ture.
son spectre se dessinera dans la moitié supé- BIBLIOGRAPHIE ( 1) . KIRCHHOFF , Constitution
rieure du champ de la lunette , et dans une se- physique et chimique du soleil. Spectres des
conde flamme située devant le petit prisme, on corps simples, Ann . de Chim. et de Phys. , (3),
portera un fil de platine imprégné de chlorure t. LVIII, 1863, et (4) , t. I, 1864 ] .- TALBOT, Colora-
de strontium ; le spectre du strontium apparaitra tion des flammes par certains sels et leur analyse
alors dans la moitié inférieure du champ de la prismatique, Edinburgh Journal , t. V, p. 77. -
lunette. Si les raies de celui-ci se prolongent HERSCHEL, même sujet, Edinburgh Transactions,
dans le spectre supérieur, la présence du stron- pour 1822. - MILLER, même sujet, Philosophical
tium dans la matière en question sera indubi- Transactions, t. XXVII , 1845.-L. FOUCAULT, Soc.
table. philomathiq. , janvier 1849. - SWAN , Spectres
L'observateur se dispensera, dans la plupart des flammes produites par les hydrocarbures ,
des cas, de cette comparaison directe de deux Edinburgh Transactions, t. XXI, 1857. PLUC-
spectres en dressant une fois pour toutes une table KER , Spectres des gaz raréfiés incandescents,
de la position des raies des principaux spectres Poggend. Ann., t. CIII, CIV, CV, CVII. — KIRCH-
par rapport aux degrés de l'échelle graduée dont HOFF ET BUNSEN, Analyse fondée sur les obser-
son appareil est muni ; cependant, il convient de vations des spectres. Procédés. Spectres des mé-
le faire remarquer, une telle table perd toute va- taux alcalins, Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ),
leur si l'on déplace le prisme ou l'échelle, à moins t. LXII. -- Les mêmes, même sujet , rubidium
qu'après les avoir dérangés on ne les ramène et cœsium, même recueil, t. LXIV. GRANDEAU,
exactement au point qu'ils occupaient aupara- Présence du rubidium et du cœesium dans les
vant, ce qui est toujours délicat. eaux minérales, les végétaux et les minéraux,
Les métaux que l'analyse spectrale peut déceler méme recueil, t. LVII. LAMY, Sur le thallium,
aisément sont les suivants : sodium 0mg,0000003, même recueil, t. LXVII . CROOKES, Découverte
lithium 0,0000009, calcium 0ms,00001 , coœsium du thallium, Répert. de Chim . pure , t. III ( 1861) ,
0.00005 , strontium 0mg,00006 , thallium 0,00002, p. 211. - REICH et RICHTER, Découverte de l'in-
potassium 0mg,001 , baryum 0,001 , indium. Les dium, Journ. fur prakt. Chem . , t. LXXXIX, ou
autres corps simples donnent des spectres trop Bull. de la Soc. chim. , t . II, 1864, p. 442.— BOET-
compliqués et ils exigent souvent l'emploi de TGER, ERDMANN , Spectres de diverses substances,
l'étincelle d'induction . Parmi les sels que l'on peut Répert. de Chim. pure, 1863, p . 129. SIMMLER,
employer, les chlorures, bromures, iodures et même sujet, même recueil , 1862, p. 347. Red-
fluorures, méritent en général la préférence , à TENBACHER, SCHRÖTTER, Existence des métaux alca-
cause de leur volatilité ; toutefois, pour l'indium , lins dans diverses eaux naturelles et quelques
il vaut mieux avoir recours au sulfure ou à l'oxyde, minéraux , même recueil , 1862 , 422 et 423.
qui donnent un spectre moins fugitif. CHRISTOPHLE et BEILSTEIN, Spectre du phosphore,
Le spectroscope à vision verticale et celui de Ann. de Chim . et de Phys., (4), t. III." DIBBIT,
Hoffmann à vision directe sont peu employés ; Flamme des gaz composés, méme recueil , même
cependant le dernier, en forme de lunette d'ap- volume . PLUCKER ET HITTORF, Spectres des gaz
proche, est très-commode en voyage pour l'étude et des vapeurs incandescentes, ibid.. MULDER,
des flammes des fourneaux où l'on traite les mi- Spectre du soufre, du sélénium et du phosphore,
nerais métalliques, par exemple. Le spectroscope Bull. de la Soc. chim . , 1864, t. I, p. 453] . - AT-
à plusieurs prismes est plutôt destiné aux re- TFIELD, Spectre du carbone , ibid. , p. 19. - GOTT-
cherches de physique et en particulier à l'examen SCHALK, Spectre de l'acide chlorochromique, ibid.,
des raies du spectre solaire (¹). p. 20. Divers, Journ . de Pharm. et de Chim.
Projection des spectres. M. H. Debray a dé- de Paris, t. XLII et 43.- Complication des spec-
crit un appareil propre à effectuer la projection tres par la chaleur , WOLFF et DIACON, Répert. de
amplifiée des spectres sur un écran, de manière Chim. pure, 1862 , p. 389. MASCART, Compt.
à rendre visibles à un auditoire même assez nom- rend. de l'Acad. des sciences , t. LVI, 1863 .
breux les raies caractéristiques de plusieurs mé- MILLER, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LXIX.
taux. Occultation d'un spectre par un autre, MULDER
En voici une description abrégée : (voyez plus haut).-NICKLES, Journ. de Pharm . et
Dans une lanterne électrique de Dubosq, au de Chim., (4), t . 2.- HEINK, ibid. - Spectres des
lieu d'une lampe électrique , on introduit un cha- corps composés , MITSCHERLICH, Ann. de Chim. et
lumeau de Debray à lumière de Drummont. de Phys. , (3), t. LXIX et (4), t. II. - DIACON,
L'ouverture latérale de la lanterne est munie même recueil, (4), t. VI. -Spectroscope, Gott-
d'une fente large d'un millimètre environ , en SCHALK, méme recueil, (4), t. I. Projection des
avant de laquelle on place (à 30 centimètres) une spectres, DEBRAY, méme recueil, (3), t . LXV. -
lentille dont la longueur focale est de 0,33. A Spectres d'absorption , GLADSTONE, didyme, Soc.
25 ou 30 centimètres de cette lentille, on dispose Chem. Q. J., t. X, p. 219. STOKES, Diverses
un prisme en flint, puis un miroir destiné à ren- substances organiques , Journ . of the Chem.
voyer sur une feuille de papier blanc l'ensemble Soc. , 1864j. FEUSSORER , Permanganate de po-
des rayons réfractés. La lentille, le prisme et le tasse , etc., Arch . des sciences phys . et nat.,
miroir sont portés sur des pieds ; quant à l'écran, t. XXIII, t. 219. - DELAFONTAINE, BUNSEN, BAHR ;
on peut, si l'on veut, le fixer contre une mu- erbium , terbium, didyme, même recueil, t. XXI,
raille. XXII, XXIV et XXV.- Déductions tirées des dis-
Pour montrer un spectre continu , on dirige le tances des raies, MITSCHERLICH, loco citato, HIN-
jet enflammé de gaz tonnant contre un bâton de RICHS, Arch. des sciences phys . et nat. , t. XXII ,
chaux vive qui devient incandescent ; quand en- p. 75]. M. D.
suite on veut produire les spectres des métaux, ANALYSE VOLUMÉTRIQUE .-- Voyez ANA-
il suffit d'enlever la chaux et de porter dans la LYSE, page 253.
flamme une allumette ou un petit charbon de
(1 ) Cette bibliographie contient surtout les mémoires
( 1 ) On trouvera de plus amples détails dans Grandeau, mentionnés dans cet article et pour autant qu'ils sont
Instruction pratique sur l'analyse spectrale, Paris, 1863. écrits au point de vue chimique.
ANATASE. 298 ANDALOUSITE.
ANATASE (Min . ). [Syn. Oisanite, octaédrite, de avec une belle couleur rouge dans l'éther, l'alcool,
Saussure.]-Acide titaniquc, Ti O2 . Petits octaèdres les essences, les huiles grasses et essentielles, le
quadratiques, b¹ , souvent sulfure de carbone, l'acide acétique. L'acide sul-
modifiés par la base p, furique concentré la dissout avec une couleur
plus ou moins dévelop- bleue. L'acide nitrique la détruit. L'anchusine
pée ; d'une couleur brune, forme avec la potasse, la soude , l'ammoniaque,
bleue , gris métallique ; la chaux, la magnésie, etc. , des combinaisons
quelquefois incolore et bleues, solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther.
souvent transparent. Se Les sels métalliques donnent avec ces solutions
trouve dans les fissures des précipités diversement colorés : les sels de
du granite (Oisans) et du stannosum, d'aluminium, de ferricum, donnent
micaschiste, et dans les un beau précipité violet ; ceux de stannicum , un
sables provenant de leur précipité rouge cramoisi ; ceux de mercure, un
désagrégation (Brésil) . précipité couleur chair ; le sous-acétate de plomb
Caractères. - Inatta- (mais pas l'acétate neutre) précipite en bleu gri-
quable aux acides ; infu- sâtre la solution alcoolique de l'orcanette.
sible au chalumeau ; lors- La solution d'anchusine s'altère assez prompte-
Fig. 53. - Anatase. ment, surtout à chaud. Dans ce cas, on observe
qu'on le chauffe , la ma-
tière devient tout à coup un dégagement d'acide carbonique et la formation
incandescente . Avec le sel de phosphore et l'é- d'une matière verte soluble dans l'éther (Bolley).
tain, au feu de réduction, donne la coloration La composition de l'anchusine donnée par Pel-
bleu violacé du titane. letier, et depuis par Bolley et Wydler, ne parait
Dureté, 5,5-6, poussière blanche. Densité, 3,83- pas encore définitivement établie.
3,95. Lorsqu'on le chauffe longtemps au rouge, sa Usages. Les usages de l'anchusine comme
densité augmente jusqu'à 4,11-4,16, ce qui cor- matière colorante sont assez nombreux : on profite
respond à la densité du rutile. de sa solubilité dans les corps gras pour colorer
Angles : p b1 = 111 ° 45' , b1 b1 = 136º 30'. les pommades et les préparations pharmaceu-
Clivages : p et b¹.. F. et S. tiques. Sa solubilité dans le sulfure de carbone a
ANAUXITE (Min .) . Breithaupt.-Masses argi- été utilisée dans la teinture du caoutchouc, et
leuses, contenant : silice, 62,3 ; alumine, 24,2 , spécialement de ces petits ballons si répandus
chaux, 0,9; magnésie, traces ; perte au feu, 12,3 aujourd'hui . Enfin l'anchusine a été beaucoup
[V. Hauer] ; présentant une structure semi-cris- employée dans l'industrie des toiles peintes : son
talline ; translucides sur les bords, d'un éclat fai- application est due à J. M. Haussmann . Pour
blement nacré, blanc verdâtre ou jaunâtre. Se teindre un tissu en violet d'orcanette, on com-
trouve dans un filon de basalte altéré, au mont mence par le mordancer en alumine, puis on
Hradischt, près Bilin, en Bohême. le plaque dans une solution alcoolique d'anchu-
Dureté, 2 à 3. Densité, 2,26-2,37. sine le tissu ainsi préparé est enroulé sur une
ANCHUSINE ( Acide anchusique ) . - Matière bobine et passé à l'eau bouillante : la couleur se
colorante, renfermée dans la racine d'orcanette trouve alors fixée. Pour produire des impres-
(alkanna tinctoria ou anchusa tinctoria) . Elle a sions, on imprime un mordant d'alumine et,
été découverte par Pelletier en 1818 [ Ann. de après bousage , on teint dans une solution alcoo-
Chim. et de Phys., t. LI, p. 191 ] et étudiée ulté- lique d'anchusine , étendue d'eau et portée à l'é-
rieurement par lui , puis par Bolley et Wydler bullition : nous nous sommes assuré qu'on peut
[Ann. Chem. u. Pharm., t. LII, p. 141 ]. remplacer la solution alcoolique d'anchusine par
Préparation. - On fait macérer la racine d'or- une solution d'anchusine dans le savon. Enfin,
canette dans de l'eau froide, de façon à enlever selon Persoz, on peut faire avec l'anchusine une
toutes les parties solubles dans ce véhicule, puis couleur d'application, en la dissolvant dans un
on la fait sécher à l'étuve et on l'épuise par l'al- corps gras , ajoutant à cette solution de l'alu-
cool : il faut avoir soin d'ajouter au mélange minate de potassium et imprimant ; par un simple
quelques gouttes d'acide chlorhydrique, qui em- passage en acide la couleur est fixée.
pêchent l'altération de l'anchusine. La solution On produit des impressions réserve sous violet,
alcoolique concentrée est additionnée d'éther, qui en recouvrant les parties qu'on veut conserver
se charge de la matière colorante ; par évaporation blanches d'une solution de gomme , qui , pré-
de la solution éthérée on obtient l'anchusine sous cipitée par l'alcool , forme une réserve méca-
la forme d'une masse résinoïde. nique. CH. L.
Lepage prépare l'anchusine en épuisant par le ANDALOUSITE (Min. ) . [Syn . Feldspath apyre,
sulfure de carbone l'orcanette réduite en poudre H. Macle , H. Chiastolithe, Stanzaite. ] - Silicate
grossière : il distille les liqueurs et, après avoir d'alumine,
chauffé le résidu au bain-marie pendant quelque
temps, il le reprend par de l'eau froide, légère- Al2 Si 05 = Al2O3, Si O².
ment alcaline ( 2 % de soude caustique ) ; l'an- - L'andalousite propre-
chusine s'y dissout avec une belle coloration ment dite se trouve en
bleu-indigo on filtre et on sature la liqueur prismes rhomboidaux
limpide par de l'acide chlorhydrique faible : le presque carrés , recou-
précipité ne se forme qu'après 24 heures [ Répert. verts et même pénétrés
de Chim. appl. , 1858, p. 304]. de mica et de disthène,
Propriétés. L'anchusine est une substance dans les schistes cristal-
amorphe, rouge foncé, d'une cassure résinoïde, lisés ; opaque , gris ou
et inaltérable à la lumière. Soumise à l'action de rosé. Au Brésil , il en
la chaleur, elle fond vers 60°; à une tempéra- existe une variété trans-
ture plus élevée, elle se volatilise en donnant parente d'un jaune ver- Fig. 54. Andalousite.
des vapeurs violettes, extrêmement piquantes et dâtre, polychroique.
dont l'odeur rappelle celle du sélénium en com- Le macle ou chiasto-
bustion : ces vapeurs se condensent en flocons lithe forme des prismes empâtés dans des schistes
très-légers. Il est difficile de sublimer de grandes argileux , et qui , coupés transversalement, mon-
quantités d'anchusine, parce que le point où elle trent une marqueterie disposée en croix.
se volatilise est très-rapproché de celui où elle se Caractères. Inattaquable aux acides. Infusible
décompose. Elle est insoluble dans l'eau, soluble au chalumeau. Donne , avec l'azotate de cobalt,
299 - ANGÉLIQUE .
ANDESINE .
obti ent par l'évaporation de la liqueur une masse
la coloration bleue de l'alumine . Dureté, 7,5. Pous- brune , transparente , cassante et non cristalline ;
sière blanche . Densité , 3,16-3,2 . Prismes or- cette substance attire promptement l'humidité de
thorhombiques (mm ) de 90° 48' , me¹ - 113° 48'. l'air elle est peu soluble dans l'alcool et inso-
Clivages, m faciles , hi imparfait . F. et S. luble: dans l'éther . Elle rougit le tournesol bleu
ANDÉSINE (Min .) . Feldspath séparé par Abich et fait effervescence avec les carbonates .
de l'albite , dont il se distingue par une composi- M. Fehling a observé que , dans cette opéra-
tion diffé rente . Silic ate d'al umin e , de soud e et de tion , il se précipitait en même temps que le car-
x
chau , avec des trac de magn es ésie, de pota sse et bonate de baryte une matière jaune cristallisable ,
soluble dans l'acide acétique, et qui, additionnée
de fer : d'ammoniaque , ne précipite ni par les sels de
RAI2 Si4 012 RO , A12 O³ , 4 Si O². plomb , ni par les sels d'argent [ Ann . der Chem.
R = Na², Ca. u. Pharm., t. XXXVIII , p . 218 ]. Cette substance
es
Présente les caractèr et la forme de l'albite et se
n'aD'ap
pasrèsétéM.étud iée.
trouve dans des syénites et des porphyres des Schwartz , l'autre acide anémonique
s existe tout formé , mélangé avec l'anémonine dans
AndeCara,ctèr Vosg
des es es , etc.
e attaqué par les acides . Fond
. pein l'eau distillée d'anémone [ Magaz. f. Pharm.,
difficilement sur les bords en un verre laiteux. t. X, p. 139 ; t. XIX , p. 168 ] . Cette matière n'est
Dureté , 5-6 . Densité, 2,65-2,74 . pas cristalline ; elle est à peine soluble dans l'eau,
ÉOLI - l'alcool ou l'éther . Les alcalis la dissolvent et pa-
ANDREASBERGOLITHE ou ANDR
raissent la dédoubler en deux corps . Sous leur
THE. - Voyez HARMOTOME . L'anémonine
ANÉ MONINE , C15 H12O6 ( ?) . - le influence elle se colore en jaune.
re
est une matiè blanc , crista he llisab , neutre au D'après l'analyse de M. Fehling, cet acide ren-
tournesol , peu soluble dans l'eau et l'éther, plus fermerait C15 H1407 , c'est-à-dire les éléments de
soluble dans l'alcool , surtout bouillant . Elle n'a l'anémonine , plus une molécule d'eau .
pas d'odeur , se ramollit vers 150° en dégageant M. Schwartz suppose que l'eau distillée d'ané-
de l'eau et des vapeurs acres ; il reste une ma- mone contient une huile âcre, qui par des oxy-
tière solide , jaune, qui se décompose au-dessus de dations successives ' produit d'abord l'anémonine ,
300° et laisse un résidu de charbon . puis l'aci de ine onique . on
anémest
L'acide sulfurique concentré attaque l'anémo- L'an émon un pois assez violent ; et,
nine et la noircit promptem ent ; l'acide azotique malg ré l'act ion éner gique qu'elle exerce sur l'éco-
la convertit en acide oxalique ; l'acide chlorhy- nomie animale , son emploi en médecine est
drique dissout l'anémonine sans l'altérer. Un mé- é en désuétude . E. C.
tomb
lange d'acide sulfurique et de peroxyde de man- ANGÉLIQUE (GROUPE ). - Ce groupe ren-
ganèse la transforme en acide formique . Le chlore ferme l'aldehyde angélique ou hydrure d'angé-
attaque cette substance à chaud ; il se forme de lyle, l'acide angélique et l'anhydride angélique .
l'acide chlorhyd riqu e et un corps huileux et vola- ALDEHYDE ANGÉLIQUE ,
til.Les alcalis ont la propriété de dissoudre facile- C5H7O
ment l'anémonine et de la transformer en acide C5 H8 O ==
appelé acide anémonique ; la solution est jaune et
les alcalis perdent leur alcalinité . Lorsqu'on fait [Gerhardt , Ann . de Chim . et de Phys ., (3),
réagir à l'ébullition de l'oxyde de plomb ou du · Gerhardt considère ce corps
t.
com meVform
XXI , p. ant
96.]une des parties constituantes de
carbonate d'argent sur l'anémonine en présence
l'essenc de camomille romaine , bien qu'il n'ait
e
de l'eau , il se forme des combinaisons cristallines
nt dis sem ent jamais été isolé à l'état de pureté . En effet, cette
qui se dépose par le refroi . essence chauffée avec la potasse dégage de l'hy-
D'après Fehling , la combinaison plombique de-
vrait être exprimée par la formule suivante : drogène et se transforme partiellement en angé-
late de potassium , ce qui s'explique facilement
Pb.C15 H12 07. si l'on admet qu'elle renferme de l'hydrure d'an-
Les cristaux de l'anémonine appartiennent au gélyle :
type orthorhombique . Combinaison observée :
C5 H8OKHO --- C5 H7O2K + H2.
Aldehyde Potasse . Angé late de Hydro-
m, h¹, g¹, a¹, e¹. potassium . gène .
angélique.
Inclinaison des faces :
APPENDICE A L'ALDEHYDE ANGÉLIQUE . Essence de
a¹h¹130° 34' ; e¹g1 := 112°15'. camomille romaine . On extrait de la camo-
L'anémonine serait représentée par la formule mille romaine ( Anthemis nobilis ) une essence
t
verdâtre , légèremen acide et d'une odeur suave .
suiv ante : C15
émon ineH12a O6été(?).
découverte par M. Heyer
L'an Cette essence , soumise à la distillation , com-
dans l'an émon e puls atil la , A. prat ensi s et A. ne- mence à bouillir vers 160° et son point d'ébul-
morosa (famille des Renonculacées ) [ Chemisch . lition s'élève graduellement jusqu'à 210°, où la
Journ. v. Crell . , t. II , 102 ] . Pour obtenir cette distillation se termine . Toutefois l'élévation de
substance , il suffit de distiller avec de l'eau ces la température est due à une petite quantité de
diffé rente s vari étés d'an émon e e
. Cett eau disti llée résine, les premières portions de l'essence ne
laisse déposer au bout de quelques semaines une variant pas sensiblement par leur composition de
matière blanche qui est l'anémon ine , et qu'on celles qui passent en dernier lieu . L'huile de ca-
purifie par des cristallisations répétées dans l'al- momille romaine se compose en effet de deux
cool. principes dont les points d'ébullition sont si rap-
Il paraît exister deux acides anémoniques . prochés qu'il est impossible de les séparer par
D'après MM. Loewig et Weidmann , l'acide anémo- distillation fractionnée . Voici les analyses de trois
t
nique s'obtien en faisant bouillir l'anémonine portions d'essence recueillies entre 200° et 210°
avec de l'eau de baryte : on enlève l'excès de ba-
ryte par un courant d'acide carbonique ; puis, (Gerhardt) :
après avoir filtré le liquide , on précipite par l'a- 75,57 76,61 76,00
cétate de plomb : le précipité , recueilli sur le Carbone . 10,57 10,66 10,78
filtre et lavé, est ensuite étendu d'eau et décom- Hydro gène... 13,86 12,73 13,23
Oxygè ne.
posé par l'hydrogène sulfuré [ Ann. de Poggend ., 100,00 100,00 100,00
t. XLVI , p. 45] . Après avoir filtré de nouveau , on
ANGÉLIQUE. 300 - ANGÉLIQUE.
Les principes constituants de l'essence de contient les cristaux, afin de faire cristalliser
camomille sont : un hydrocarbure de la formule l'acide angélique qu'elle tient en dissolution.
C10H16, une petite quantité d'acide angélique et 2º Preparation au moyen de l'essence de ca-
probablement de l'hydrure d'angélyle. momille romaine [ Gerhardt, loc. cit.]. Le trai-
L'essence de camomille ne donne aucune com- tement de l'essence de camomille par la potasse
binaison avec les bisulfites alcalins, ce qui sem- permet d'obtenir l'acide angélique plus rapide-
blerait établir que le composé qui, dans cette ment et en plus grande quantité, à la condition
essence, se transforme en acide angélique, n'est toutefois que l'on observe certaines précautions
point une véritable aldehyde. Chauffée avec une en dehors desquelles l'acide angélique se détrui-
solution aqueuse de potasse , cette essence ne rait à son tour sous l'influence de la potasse.
subit aucune altération. Il en est de même si on L'essence de camomille est mêlée avec de la
la chauffe légèrement avec de l'hydrate potas- potasse en poudre et le tout est chauffé modéré-
sique. Il se produit alors, en effet, une masse ment jusqu'à ce qu'il se produise une masse gé-
gélatineuse, d'où l'eau sépare l'essence inaltérée. latineuse. Si l'on continue à chauffer, il arrive un
Ši, au lieu de chauffer légèrement, on chauffe moment où la température s'élève d'elle-même
d'une manière plus énergique, de l'hydrogène se et où il se développe de l'hydrogène ; il faut alors
dégage et le résidu renferme de l'angélate de retirer la masse du feu et laisser la réaction
potassium. Si l'on opère dans un vase distilla- s'achever spontanément. L'hydrocarbure de l'es-
toire , on voit en même temps se condenser sence se volatilise et il reste un mélange solide
l'huile hydrocarbonée contenue dans l'essence. d'angélate et d'hydrate potassique. Ce mélange
Cette dernière huile, rectifiée plusieurs fois sur est dissous dans l'eau. La liqueur aqueuse est
la potasse , répond à la formule C10H16, a une séparée à l'aide d'un entonnoir de la couche hui-
odeur citronnée fort agréable et bout à 175°. leuse qui surnage, puis filtrée sur un filtre mouillé
Avec l'acide sulfurique fumant, elle ne donne et enfin sursaturée par l'acide sulfurique. L'acide
aucun acide conjugué. angélique vient surnager sous la forme d'une
Gerhardt admet aussi comme possible que le huile qui , par le refroidissement, se prend en
gaïacène C5 H8 O soit de l'hydrure d'angélyle. une masse cristalline. Il convient d'employer pour
Voyez GAIACENE . cette opération de la potasse peu chargée d'eau,
ACIDE ANGÉLIQUE , parce qu'on peut alors mieux suivre les phases
de la réaction .
C5 H8 O2 = CSHTOO. Lorsqu'on a trop chauffé et que l'acide angé-
lique est mêlé avec les produits de sa propre dé-
[ Syn . Acide sumbulique.] Préparation . composition (acides acétique et propionique), il re-
L'acide angélique peut être obtenu par divers fuse de cristalliser. Il faut alors le traiter par cinq
procédés . On peut l'extraire de la racine d'angé- ou six fois son volume d'eau à 0) º et achever de le
lique, le préparer à l'aide de l'essence de camo- purifier en le distillant et exposant à l'air le pro-
mille, le retirer de l'huile de croton ou le pro- duit. Suivant Gerhardt, 100 grammes d'essence
duire par la réaction de la potasse sur la de camomille romaine fournissent par ce procédé
peucédanine. 20 grammes environ d'acide angélique.
1º Extraction de la racine d'angélique [ Z. A. 30 Extraction de l'huile de croton [ Schlippe,
Buchner (1843), Rep. f. d. Pharm . de Buchner, Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CV, p. 1 ( nouv.
1. LXXVI, p. 161. En extrait : Ann . der Chem. u. sér. , t. XXV). En extrait : Ann . de Chim . et de
Pharm ., t. XLII , p. 226. H. Meyer et D. Zen- Phys., (3) , t. LII, p. 496] .-On saponifie l'huile de
ner, ibid., t. LV, p. 217.- Reinsch, Jahresb . für croton par la soude caustique et l'on précipite le
prakt. Pharm . , t. VII , p. 79 ; t. XI , p. 217 ; savon formé par le sel marin. La liqueur aqueuse,
t. XVI, p. 12]. - On fait bouillir avec de l'eau après avoir été séparée du savon , est additionnée
25 kilogrammes de racine d'angélique (Angelica d'acide tartrique qui en sépare une matière ré-
archangelica) hachée avec 1,5 ou 2,5 kilogrammes sineuse, puis soumise à la distillation . Le liquide
d'eau; on jette ensuite le tout sur une toile et acide est saturé par la baryte et redistillé après
l'on exprime le résidu . La liqueur filtrée étant addition d'acide tartrique, opération qui doit être
concentrée par évaporation , on la distille avec répétée jusqu'à ce qu'il ne contienne plus d'acide
un léger excès d'acide sulfurique. Le liquide qui chlorhydrique. En dernier lieu , on sature par la
passe est trouble et formé de deux couches dont baryte, on évapore à sec et l'on distille le résidu
l'inférieure est aqueuse et dont la supérieure hui- avec une solution concentrée d'acide phospho-
leuse est acide, aromatique et rappelle l'odeur du rique. Le liquide que l'on obtient est formé pour
fenouil. On sature le produit distillé par un excès la majeure partie d'acide crotonique, mais il ren-
de carbonate de potassium et l'on évapore jusqu'à ferme aussi de l'acide angélique qui, lorsqu'on
ce que l'odeur de fenouil ait disparu . On mélange le distille avec l'eau, passe en dernier lieu. [Voyez
alors la masse avec un peu plus d'acide sulfu- CROTONIQUE (Acide).]
rique qu'il n'en faut pour saturer l'alcali et l'on 4° Preparation au moyen de la peucédanine
distille une seconde fois. Au début, il passe un [Wagner, Journ. fürprakt. Chem. , t. LXII, p. 275].
acide huileux mélangé avec une dissolution aqueuse Wagner a observé qu'il se produit de l'acide
du même acide, puis de l'acide angélique qui angélique et de l'orosélone, lorsqu'on traite la
cristallise soit dans le col de la cornue, soit dans peucédanine par une solution alcoolique de po-
le récipient. tasse :
Il faut avoir grand soin de ne jamais évaporer
jusqu'à siccité et de renouveler l'eau à mesure C12H12O3 + KHO = C³ H7 O² K + C7 H60².
qu'elle s'évapore, jusqu'à ce que ses vapeurs Peucédanine. Potasse. Angélate de Orosélone.
n'entraînent plus d'acide angélique. L'huile qui potassium.
surnage le produit de la distillation est de l'acide
valérique renfermant de l'acide angélique en dis- Propriétés. L'acide angélique cristallise en I
solution. Pour séparer ce dernier, on expose longs prismes striés incolores qui ne renferment
l'huile à un froid de -15° à —— 20°. L'acide an- point d'eau de cristallisation . Son odeur est par-
gélique se dépose à cette température, à l'état ticulière et aromatique. Sa saveur est acide et
cristallisé et l'on décante ensuite l'acide valé- piquante ; il est peu soluble dans l'eau froide et
rique. très-soluble dans l'eau chaude, l'alcool, l'éther,
On expose également à 0º , ou à une tempéra- les huiles grasses et essentielles. Les solutions
ture un peu plus basse, la liqueur aqueuse qui aqueuses rougissent le tournesol. Il fond à 45º,
ANGÉLIQUE.
301
ANGÉLIQUE . leuses qu'on sépare du liquide aqueux en saturant
bout à 190° sans altération et brûle avec une ce dernier de sel marin .
flamme à la fois brillante et fuligineuse . Chauffé L'angélate d'éthyle rappelle par son odeur les
avec un excès de potasse caustique , il dégage de pommes pourries ; sa vapeur respirée provoque la
toux et occasionne de violents maux de tête ; sa
l'hydrogène et se transforme en un mélange saveur est douceâtre et épicée ; il brûle avec une
d'ac état e et de pro pio nat e pot ass iqu es :
fla mme bleuâtre .
CS H8O2 +2 KHO = C2H3O2K + C³ HO²K + H². ANHYDRIDE ANGÉLIQUE ,
Acide Potasse . Acétate de Propio nate
potassium . de potassium . C5 H700.
angélique . C10 H14 03 = C5 H7O
[Chiozza , Compt . rend . de l'Acad . des sciences,
t. XXXVI , p. 701. Ann . de Chim . et de Phys ., Lors qu'on traite 6 molécules d'angélate potas-
sique bien sec par 1 molécule d'oxychlorure de⚫
, t. Fra
(3)M. XXX IXand
nkl , p.a 435] . ert un acide isomère de.
découv phos phore, une violente réaction s'établit à froid.
l'acide angélique (voyez ACIDE MÉTHYL -CROTONIQUE ) Quand elle est calmée , on lave le produit avec
qui se décompose de même par les alcalis en une dissolution faible de carbonate de soude pour
éliminer l'acide libre qui a pu se former ainsi que
fusion . les sels produits dans la réaction , puis on le dis-
S . -basi L'acide angélique est monoato- sout dans l'éther et l'on évapore la solution éthé-
ANGÉ
miqu e LATE
et mono que . Il échange H contre une
quantité équivalente de métal et donne des sels rée après l'avoir laissée pendant longtemps en
généralement solubles dans l'eau et l'alcool . Plu- contact avec du chlorure de calcium fondu .
sieurs de ces sels perdent de l'acide et se trans- L'anhydride angélique est une huile incolore ,
forment en sels basiques lorsqu'on les distille sans action sur les couleurs végétales , plus pe-
sante que l'eau , d'une odeur faible à froid et sans
avec l'eau. - Sel soluble dans analogie avec celle de l'acide angélique . Il ne se so-
Ang éla te d' am mo ni um . lidifie pas et ne s'épaissit même pas dans un mé-
au
l'e et l'a lco ol . lange de glace et de sel marin .
élate potass ium . - Ce sel se présente L'eau n'acidifie que fort lentement l'anhydride
enAngpaillettesdebrilla ntes , d'aspe ct gras, très-solu-
angélique . Ce corps peut être abandonné pendant
bles dans l'eau , assez solubles dans l'alcool.
C'est un sel cristalli- plusieurs semaines sous l'eau sans qu'il se dé-
Angélate de sodium . pose des cristaux d'acide angélique .
sable soluble dans l'alcool et déliquescent. Soumis à la distillation , l'anhydride angélique
Angélate de calcium , (C5 H7 O2)2 Ca" + 2H2O.- commence à passer vers 280°, mais bientôt la tem-
Ce sel est très -soluble dans l'eau et cristallise
pérature s'élève et il se décompose . La masse
en lames brillantes . On l'ob tien t sous la brunit et il finit par rester dans l'appareil distil-
Angélate de cuivre. - latoire un résidu charbonneux . Le liquide dis-
forme d'un précipité blanc bleuâtre qu'un grand tillé renferme de l'acide angélique . Lavé au car-
excès éla d'eau redissout . bonate de soude et repris par l'éther , il redevient
Ang te de fer au maximum . - C'est un pré- parfaitement neutre , mais reste souillé d'un li-
cipité couleur de chair qui se produit lorsqu'on
ajoute une solution d'un sel ferr ique à la solu tion quide volatil qui présente une odeur pénétrante
n ang
d'uAng éla te alca lin . deLes
mentsolu . lines concentrées et bouil-
poivsréealca
he tion
élate de plomb , (C5 H7 O2)2 Pb" . - Les sels es transforment immédiatement l'anhydride
de plomb solubles sont précipités en blanc par lant angélique en angélate alcalin . Chauffé avec un
les angélates alcalins . Le précipité se dissout dans
l'eau bouillante , qui le dépose en mamelons petit fragment de potasse , cet anhydride se trans-
anhydres par le refroidissement . Ce sel fond à forme en un mélange d'angélate de potassium et
une douce chaleur en une masse semi-transpa- d'acide angélique :
rente en dégageant beaucoup d'acide . C5 H2O 0.
La solution évaporée laisse précipiter un sous- C5 H7O C5H2O
sel, tandis que les vapeurs d'eau entraînent de CH700 + KHO K
Acide
ide ang que . nt Anhydride Potasse . Angélate angélique .
l'acAngela teéli d'a rge , CH7 O2 Ag. On obtient
angéli .que pota ssique .
l'angélate d'argent soit en précipitant l'azotate L'ammoniaque aqueuse transforme d'abord l'an-
d'argent par un angélate alcalin , soit en dissolvant
de l'oxyde d'argent dans une solution chaude hydride angéliquedre en une masse butyreuse et
d'acide angélique sans saturer complétement , et fini
t par le dissou entièrement . L'aniline s'é-
en évaporant à une douce chaleur . Le sel se dé- chauffe au contact de ce corps et finit par dépo-
pose en petits cristaux anhydres d'un gris clair. ser des cristaux qui paraissent être la phényl-
Si la solution que l'on évapore était tout à fait angélamide .
neutre , il se précipiterait un sous -sel et de l'acide Anhydride angelo -acétique ,
que
élingélatse
angL'a e d'a age rai t
dégrgent est. soluble dans beaucoup C5H7O O = C7H1003.
d'eau . Il se dissout aussi dans l'alcool ; au bout C2H3O
de quelque temps le sel se réduit et dépose de On l'obtient en faisant agir le chlorure d'acétyle
sur les angélates alcalins bien secs. C'est une
l'argent métallique . - L'az otat e merc ureu x huile assez fluide , plus dense que l'eau et tout à
Angée late de
donn , avec les solu merc ure
tion .
s des angé late s solu bles, fait neutre . Son odeur rappelle celle de l'anhy-
un préc ipit é c
blan d'an géla te merc ureu x qui de- dride angélique , mais devient plus pénétrante
vient rapidement gris et finit par se dissoudre .
L'azotate mercurique n'y détermine aucun pré-
lorsL'a nhyndri
qu'o la de ffeélo
chauang . -acétique ne s'acidifie que
cipité , ce qui prouve que l'angélate mercurique très-lentement par l'eau , mais se transforme rapi-
est plus soluble que le sel mercureux correspon- dement par les solutions alcalines en un mélange
d'angélate et d'acétate alcalin .
Angélate d'éthyle . - Suivant MM. Reinsch et
dant.
Richter , on obtient ce corps en distillant l'an- Anhydride angelo -benzoique ,
gélate sodique avec un mélange de 1 p. d'acide C5H7O O = C12 H12 03.
sulfurique concentré et de 2 p . d'alcool à 94 cen- C7H5O
tièmes ; il passe alors sous la forme de stries hui-
ANGÉLIQUE. 302 - ANHYDRIDES .
On l'obtient en chauffant légèrement de l'an- ANGLÉSITE ( Min . ) . [ Syn . Plomb sulfate,
gélate potassique avec du chlorure de benzoile. Bleiglas, Bleivitriol] .- Sulfate de plomb, Pb SO¹
C'est une huile limpide plus pesante que l'eau, PbOSO³. Sub-
un peu moins fluide que l'anhydride angélique stance vitreuse
et tout à fait neutre aux papiers réactifs . L'odeur d'un éclat très-
de ce corps est la même à froid que celle de l'an- vif, presque ada- a
hydride angélique, mais elle est plus acre à chaud. mantin, le plus
Dans un mélange de sel et de glace, il s'épaissit souvent incolore ,
légèrement sans cristalliser. transparente ;
ANGÉLAMIDE, CH7O . H2 Az . - Ce corps n'a point fréquemment en
encore été décrit. octaèdres cunéi-
Phenyl-angelamide, C³ H7 O. C6 H5. HAz (angé- formes . Accom-
lanilide). Ce corps paraît se produire dans la pagne la galène. Fig. 55. - Anglésine.
réaction de l'anhydride angélique sur l'aniline. Caractères.
Il cristallise en aiguilles brillantes fusibles dans Fusible au chalumeau ; elle donne, avec la soude,
l'eau bouillante [ Chiozza, Ann. de Chim . et de un globule de plomb.
Phys., loc. cit .]. Dureté, 3. Densité, 6,25-6,3.
Constitution de l'acide angélique. - En se fon- Forme cristalline . Prisme orthorhombique
dant sur plusieurs considérations théoriques qui (mm) de 103° 38 ' , e¹ e¹ = 104° 31 '.
ont été exposés ailleurs [ voyez ACRYLIQUE (SÉRIE) ] , Clivages, p, m traces.
Frankland admet que l'acide angélique a une ANHYDRIDES. On nomme anhydrides les
constitution exprimée par la formule rationnelle acides anhydres, c'est-à-dire des composés qui de-
viennent de véritables acides , en fixant les élé-
(C³ H6)" ments de l'eau.
CH En ce qui concerne leur composition , les an-
CO" hydrides sont aux acides ce que les oxydes métal-
ОН liques sont aux hydrates, ce que les oxydes orga-
niques analogues à l'éther et à l'oxyde d'éthylène
Le même chimiste pense que l'on pourra effec- sont aux alcools.
tuer la synthèse de l'acide angélique en faisant Les formules suivantes mettent ces analogies
agir le bromure de propylène sur l'éther disodacé- en lumière.
tique décrit par lui: CI2O + H2O = 2 CIOH
Na2 Anhydride Acide hypo-
H hypochloreux. chloreux.
I + (C3 H6) " Br
C O" (SO³) "' O +H2O = (SO²)" O он
OC2 H5
Éther diso- Bromure Anhydride Acide
sulfurique. sulfurique.
dacétique. de propylène.
(C2H3O)2O + H2O = 2 (C² H³O . OH)
(C³ H6)" Anhydride Acide acétique.
= H acétique.
.. + 2 Na Br. OH
(C² H• O²) '' O + H²O = ( C* H* O²)"' { O
O C² H5
Bromure Anhydride Acide succinique.
Angélate succinique.
d'éthyle. de sodium . A. N.
K2O + H2O = 2 KOH
ANGÉLIQUE (Angelica archangelica)..- C'est Oxyde de Hydrate de
une racine blanche extérieurement et grise inté- potassium. potassium.
rieurement, dont l'odeur rappelle celle du musc Ca" O + H2O = Ca" OH
et dont la saveur est âcre et persistante. Cette OH
racine renferme de l'acide valérique et de l'acide Oxyde Hydrate
angélique. [Voyez ACIDE ANGÉLIQUE. ] - Traitée par de calcium. calcique.
l'eau, la racine d'angélique communique à ce SOH
liquide sa saveur et son odeur. Parmi les prin- (C² H¹) "' O + H2O = (C² H¹)'' OH
cipes que l'alcool et l'éther extraient de cette ra- Oxyde Glycol.
cine, il y a un corps cristallisable, l'angélicine d'éthylène .
(Buchner).
La racine d'angélique paraît entrer dans la ((PhO)""
Pho ' } 03 + 3 H2O = 2 (Pho) ( OH
préparation de la chartreuse. [ OH
Extrait d'angélique. Lorsqu'on évapore au Anhydride Acide
bain-marie la teinture obtenue en épuisant la phosphorique. phosphorique.
racine d'angélique par l'alcool, on obtient un Ces formules donnent en même temps un aperçu
extrait brun foncé qui représente à peu près les de la constitution des anhydrides. Ce sont des
6/100 du poids de la plante . Distillé avec une oxydes dans lesquels l'oxygène est uni à un élé-
lessive alcaline, cet extrait perd une huile es- ment ou à un radical électro-négatif ou acide. Leur
sentielle (essence d'angélique ) . Si l'on continue constitution varie suivant l'atomicité de cet élé-
à chauffer la masse avec la potasse, il reste un ment ou de ce radical.
corps insoluble analogue à la cire (cire d'angé- Un élément ou un groupe monoatomique forme
lique). La liqueur alcaline desséchée et distillée en s'unissant à l'oxygène un anhydride R2O. De
avec de l'acide sulfurique en excès donne de l'a- tels anhydrides se rattachent à des acides mono-
cide butyrique et de l'acide angélique [Buchner, atomiques.
Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XLII , p. 226] . Un élément ou un groupe diatomique forme,
L'angelicine est une substance brillante qui s'ob- en s'unissant à l'oxygène, un anhydride R'O. Ces
tient, suivant Buchner, en traitant l'extrait alcoo- anhydrides se rattachent à des acides diatomiques.
lique d'angélique par la potasse. A. N. Un élément ou un groupe triatomique forme,
ANGLARITE. Variété de vivianite renfer-
mant moins d'eau et plus de fer. en s'unissant à l'oxygène, un anhydride 20³.
ANHYDRIDES. 303 ANHYDRIDES.
Ces anhydrides se rattachent à des acides triato- miques se convertissent en chlorures et en acides
miques. chlorés. Ainsi l'anhydride acétique donne du
ANHYDRIDES MONOATOMIQUES. Ils ne prennent chlorure d'acétyle et de l'acide monochloracé-
point naissance par l'action des réactifs déshy- tique (Gal).
dratants sur les acides monobasiques, mais se Le gaz chlorhydrique régénère l'acide hydraté
forment dans des réactions qu'il est difficile de en même temps qu'il se forme un chlorure (Gal):
généraliser.
Seul, l'anhydride azoteux peut se former par (C2H3O)2O + HCl = C²H³O.OH + C² H³O.CI .
la fixation directe de l'oxygène sur un radical ANHYDRIDES DIATOMIQUES . Ils prennent sou-
oxygéné :
2 AzO +0 = (AZO)20. vent naissance par la déshydratation directe des
acides diatomiques, sous l'influence de la cha-
L'anhydride azotique (Az O2)2O prend naissance leur :
par l'action du chlore sur l'azotate d'argent H
(H. Deville). (C3H4O)" SO OH = H2O + (C³ HO)" 0 ;
L'anhydride hypochloreux se forme par l'action Acide lactique . Lactide.
du chlore sur l'oxyde mercurique (Balard) : (Oxyde de
lactyle .)
2 Cl² + HgO = Cl²O + Hg Cl². OH =
Le mode de formation le plus général de ces (C7 H+O²)" OH H2O + (CH+ 0º) "' O .
anhydrides a été découvert par Gerhardt. Il con- Acide succinique. Anhydride
siste à soumettre les acides monoatomiques ou succinique.
leurs sels à l'action d'un chlorure à radical acide : (Oxyde de
succinyle .)
19 CH3O + C²H³O.Cl = KCl + (C² H³O) ²O Certains acides se déshydratent avec une si
K
Acetate de Chlorure Anhydride grande facilité qu'on ne connaît en réalité que
potassium. d'acétyle. acétique. leurs anhydrides. Tels sont les acides carbonique
(Oxyde et sulfureux :
d'acétyle. )
H2SO3 = H2O + SO2.
20 C2H3O 0 - C7H5O.Cl = KCl + C2H3O Acide Anhydride
C7H5O sulfureux. sulfureux.
Chlorure de Oxyde double
benzoyle. d'acétyle et Quelques-uns se forment par la fixation directe
de benzoyle .
de l'oxygène sur des éléments ou sur des groupes
On voit, par la seconde réaction , que cette mé- diatomiques. C'est ainsi que prennent naissance
thode permet de préparer des anhydrides à deux les anhydrides sulfureux, sulfurique , carbonique :
radicaux d'acides différents, des anhydrides mixtes
ou oxydes doubles, qui en réagissant sur l'eau don- SO2 + 0 = (SO2)" O ;
nent deux acides différents . Anhydride
M. Schützenberger a décrit une classe intéres- sulfurique.
sante d'anhydrides mixtes , dont les plus remar- CO + 0 = (CO)" O.
quables s'obtiennent en faisant réagir l'anhydride
hypochloreux sur des acides tels que l'acide acé- Anhydride
tique : carbonique .
C12O + C² H³0.OH - CIOH + C² H³O.O.Cl. Au contact de l'eau, les anhydrides diatomi-
Oxyde de chlore ques en fixent les éléments avec une énergie plus
et d'acétyle . ou moins grande, de manière à former des acides
(Acétate de chlore .) diatomiques, qui sont presque toujours bibasiques
Le produit de cette réaction représente de (voir l'article ACIDES) . En réagissant sur l'ammo-
l'acide acétique dont l'hydrogène basique a été niaque, ils forment des sels d'ammonium d'acides
remplacé par du chlore. Aussi M. Schützenberger amidés ou des imides :
l'a-t-il nommé acétate de chlore . C'est un anhy-
dride mixte hypochloro-acétique , et ses rapports 1° (CHO )" O + 2 Az H³ = (C+ H+ O²)''HAZO;
H²Az
avec les anhydrides hypochloreux et acétique Anhydride Succinamate
sont indiqués par les formules suivantes : succinique. d'ammonium.
C2H3O C2H3O 2° (C'H O²)" O + Az H³ = (C¹ H¹ O²) '' H Az + H2O.
Cijo, 1 C2H3O 10. Succinimide.
Les anhydrides monoatomiques , généralement Des réactions analogues se produisent sous l'in-
insolubles, ou peu solubles dans l'eau, en fixent fluence des ammoniaques composées.
aisément les éléments pour former des acides mo- Le perchlorure de phosphore convertit les an-
nobasiques. Ils se dissolvent dans l'alcool , qu'ils hydrides diatomiques en chlorures correspon -
décomposent peu à peu de manière à former des dants :
éthers monoatomiques.
Sous l'influence de l'ammoniaque ils se con- SO.O + Ph C15 = PhO C13 + SO.C12 ;
vertissent en amides : Anhydride Chlorure
sulfureux. de thionyle.
(C2H3O)20 + 2 Az H³ = H2O + 2 ( C² H³O. AzH2) SO2.0 + Ph C15 = PhOCl3 + SO2.C12.
Anhydride Acétamide. Chlorure
acétique. Anhydride
sulfurique. de sulfuryle.
Le perchlorure de phosphore les attaque éner-
giquement avec formation d'oxychlorure de phos- L'acide sulfurique anhydre, ou oxyde de sul-
phore et de chlorures à radicaux acides. Dans furyle, est celui de tous les anhydrides qu'on
ces réactions il y a échange de l'atome d'oxygène a le mieux étudié . Il est très - énergique dans
qui joint les deux groupes monoatomiques contre ses affinités et peut non-seulement fixer les élé-
deux atomes de chlore. ments de l'eau, ou d'un oxyde, tel que la baryte
Traités par le chlore, les anhydrides monoato- (en produisant avec ce dernier un phénomène
ANHYDRIDES . 304 ANHYDRIDES .

d'incandescence) , mais encore les éléments du constituerait le 1er anhydride de ce pentahydrate


gaz chlorhydrique ( voyez ACIDE CHLOROSULFU- de phosphore :
RIQUE ), de certains hydrogènes carbonés tels que
l'éthylène (voyez SULFATE DE CARBYLE) , la benzine H5 Ph 05 - H2O := H3Ph O'. A. W.
(voyez SULFOBEnzide).
ANHYDRIDES TRIATOMIQUES . - Parmi ces com- ANHYDRITE. - Voyez KARSTÉnite.
binaisons, l'anhydride phosphorique (voyez ce ANILIDES [Syn . Phenylamides]. — On désigne
mot) est celui dont les propriétés ont été le mieux sous ce nom des corps représentant des sels d'a-
étudiées. Par l'énergie de ses réactions il se rap- niline moins de l'eau.
proche de l'anhydride sulfurique. Les anhydrides Gerhardt, qui découvrit en 1845 la première
arsénique, antimonique, offrent une composition anilide, l'oxanilide, la considérait cette époque
analogue à celle de l'anhydride phosphorique. comme de l'acide oxalique dans lequel 20 étaient
ANHYDRIDES TÉTRATOMIQUES. ―― De ce nombre remplacés par 2 (C6 H7Az — H²) :
sont les anhydrides silicique, stannique, titanique. C202
Ils sont formés par l'union d'un élément tétrato- 020² -— O² + 2 (C6 H³Az} = C14 H12 Az2 02.
mique avec 2 atomes d'oxygène. Les acides cor- Oxanilide.
respondants offriraient, normalement, la compo-
sition générale : Il reconnut plus tard la véritable nature de ces
corps et les considéra comme des amides, et plus
H 0*. spécialement des alcalamides (voyez ce mot), c'est-
à-dire des amides dans lesquelles une partie de
Les anhydrides dont il s'agit dériveraient donc l'hydrogène est remplacée par un radical alcoo-
de ces acides par la perte de 2 H2O . Ils ne mon- lique et une autre partie d'hydrogène par un ra-
trent pas de tendance à fixer directement cette dical acide. Lorsque ce radical alcoolique est le
eau et se combinent même difficilement aux oxy- phényle, on a les anilides.
des ou aux hydrates, après avoir subi l'action Les amides contiennent les éléments d'un sel
d'une chaleur rouge. Remarquons qu'en raison de ammoniacal moins de l'eau. Les anilides con-
la nature tétratomique du carbone, le gaz carbo- tiennent les éléments d'un sol d'aniline moins de
nique peut se rattacher aux anhydrides tétrato- l'eau. L'analogie entre ces deux classes de corps
miques. L'acide carbonique normal (orthocarbo- est complète et se manifeste par un grand nom-
nique de M. Odling) serait bre de propriétés semblables et par les mêmes
modes de préparation.
De même qu'il existe plusieurs classes d'a-
H mides, de même aussi il existe plusieurs classes
d'anilides .
MM. Friedel et Ladenburg ont réussi à prépa- Aux amides neutres correspondent les anilides
rer un anhydride mixte tétratomique. Ils ont en neutres; aux acides amidés, les acides anilidés ;
effet obtenu, par la réaction du chlorure de sili- aux imides, les aniles.
cium sur l'acide et l'anhydride acétiques, l'anhy- Il existe des monanilides, des dianilides, des
dride silico-acétique ou acétate de silicium trianilides.
(C2H3O ) MONANILIDES . Elles représentent 1 molécule
04. d'ammoniaque Az H³ dans laquelle l'hydrogène
si { est remplacé partiellement ou en totalité par 1 ra-
ANHYDRIDES INCOMPLETS . - Ils résultent de la dical d'acide et par C H5.
déshydratation partielle d'un acide polyatomique : Tantôt, les deux tiers de l'hydrogène de Az H³
sont remplacés par un radical d'acide et par le
H3PhOH2O = HPh 03; radical phenyle ; ces anilides dérivent soit d'un
Acide Acide acide monobasique, soit d'un acide bibasique :
phosphorique. métaphosphorique. A. Avec un acide monobasique, on obtient une
-
H³ As O- H2O := HAs 03 ; anilide neutre ; ces anilides renferment les élé-
Acide Acide ments d'un sel neutre formé d'aniline et d'un
arsénique. méta-arsénique. acide monobasique, moins 1 molécule d'eau :
2 (H³ Ph O¹) — H2O = H& Ph207 ; C2 H3 O
Acide pyro- C2H4O2. C6 H7 Az H2O C6H5 Az.
phosphorique . H
H'Si O' H20 = H2 Si O3.
Acide ler anhydride Telles sont la butyranilide , la valéranilide, etc.
orthosilicique. silicique. Préparation. - 1º Action des chlorures acides
anhydres sur l'aniline :
Les carbonates les plus importants et les plus C6H5
nombreux se rattachent de même à un hydrate
carbonique H2CO3 qui ne serait que le 1er an- C7H5O. CI + C6 H7 Az =C7H5O Az + HCl.
hydride de l'acide carbonique normal HCO¹. H
L'analogie de l'azote avec le phosphore peut faire 2º Action de la chaleur sur les sels d'aniline
supposer que l'acide azotique HAZO3 ordinaire (formanilide, benzanilde).
n'est qu'un anhydride d'un acide orthoazotique 3º Action de l'aniline sur les éthers phéniques :
H³ Az O correspondant à Pacide phosphorique.
Le sous nitrate de bismuth Bi AzO' , correspond à C2H3O C6H5) C6H5
cet acide orthoazotique (Odling). C&HS O + HAz C2H3O Az + C6H5.OH.
Enfin si le phosphore est pentatomique dans le H H
perchlorure de phosphore, le véritable hydrate Acétate Aniline. Acétanilide. Hydrate
phosphorique correspondant à ce perchlorure de- de phényle. de phényle.
vrait être H5 Ph 05 :
Propriétés. Ces anilides sont en général assez
PhC15, Ph (OH) , solubles dans l'eau, surtout à chaud ; plus solubles
dans l'alcool et l'éther.
et l'on voit que l'acide phosphorique ordinaire Elles se volatilisent sans altération . Elles sont
ANILIDES . - 305 ANILIDES .
décomposées à chaud par les acides et les alcalis, Propriétés. Corps neutres, ne se combinant
avec formation d'aniline et d'acide : ni avec les acides, ni avec les alcalis, insolubles
dans l'eau, peu solubles dans l'alcool .
C6 HS C6H5) A cette classe d'anilides, se rattachent les corps
CHO } Az + HOK = CHO . OK + HAZ. suivants obtenus par l'action du chlorure de cya-
H H nogène sur les dérivés éthylés, méthylés , etc. , de
l'aniline :
Le chlore et le brome agissent à froid sur une C6H5 C6H5
solution aqueuse d'acétanilide, et donnent nais- CH3 Az . C2H5 Az.
sance à la chloro- ou à la bromo-acétylphenyla- CAZ CAZ
mide C6 H Cl . C2H3O.H . Az, qui par distillation Méthyl-phenyl- Ethyl-phenyl-
produisent de la chloro- ou de la bromophényla- cyanamide. cyanamide.
mine [ Mills, Proceed. of the Roy . Soc. , t. X,
p. 589, juillet 1860 ]. B. Avec les acides bibasiques, un atome d'hy-
A cette même classe d'anilides appartient la drogène est remplacé par C6H5 ; les deux autres
cyananilide C6H5.CAz . H. Az, corps obtenu par
Cahours et Cloëz en faisant réagir le chlorure de atomes sont remplacés par un seul radical diato-
cyanogène sur l'aniline . mique ; dans ce cas, on obtient cette classe parti-
culière d'anilides que Gerhardt a désignées sous
B. Avec les acides bibasiques, on obtient des le nom d'aniles. Les aniles sont les imides de la
acides anilidés. Ces acides renferment les élé- série phénylique. Elles renferment les éléments
ments d'un sel acide formé d'aniline et d'acide d'un sel acide formé d'aniline et d'un acide biba-
bibasique, moins une molécule d'eau : sique, moins 2 molécules d'eau :
C6H5 C6H5 C5H6O2. (OH)2 + C6H7Az
C2 02. (OH)2+ HAz = (C202.OH ' Az + H2O . Acide pyrotartrique . Aniline.
H H C6H5 )
Acide oxalique . Aniline. Acide Eau. = (C³ H60 2 " Az + 2 H2O.
oxanilique . Pyrotartranile. Eau.
Tels sont les acides tartranilique, succinani-
lique, malanilique, subéranilique, carbanilique. Telles sont la phtalanile , la camphoranile , la
Preparation. On obtient les acides anilidés : tartranile.
1° En chauffant avec soin les sels acides d'ani- Préparation. 1° Action des acides diato-
line et d'acide diatomique (acide oxanilique); miques et de leurs anhydrides sur l'aniline.
2º En faisant bouillir une anile avec de l'eau : 2º Action de la chaleur sur les acides anilidés
C6H5 correspondants.
(C'H O² . OH)' Az. + H2O Propriétés. Corps neutres ou très-légère-
(CH : O2. OH ) ment acides, solides, peu solubles dans l'eau ,
Succinanile. Eau. plus solubles dans l'alcool, généralement volatils
C6H5 sans décomposition , décomposés par la potasse
=· (CH O².OH)' Az + C¹H¹O². (OH)2. avec dégagement d'aniline.
H Traités par une solution bouillante d'ammo-
Acide Acide niaque, les aniles fixent de l'eau et se trans-
succinanilique . succinique . forment en sels ammoniacaux de l'acide anilidé
correspondant :
Propriétés. Ces acides anilidés fonctionnent C6H5
comme acides monobasiques. Soumis à l'action C6H5 ) Az2 H2O:=
(C10 H1 O2)") " (C10H14 O2)" 0º.
de la potasse ou de l'acide chlorhydrique, ils se Az H
dédoublent en aniline et en acide. Camphoranile. Eau. Camphoranilate
La chaleur les décompose ; dans certains cas, d'ammoniaque.
elle les transforme en l'anile correspondante
(acide succinanilique) ; dans d'autres, elle les On peut faire rentrer l'éther phényl-cyanique
dans cette classe d'anilides. En effet, le cyanate
résout en aniline et en anhydride (acide cam- de phényle
phoranilique). C6H5.CAZO
Ils sont en général solubles dans l'eau, très-
solubles dans l'alcool. peut être considéré comme la phényle - carboni-
mide
Tantôt, tout l'hydrogène de l'ammoniaque est C6H5 ) Az.
remplacé par des radicaux d'acide et par le radi- CO"
cal phényle C6 H5 :
A. Avec un acide monobasique un atome d'hy- Ses propriétés le rapprochent tout à fait des
aniles.
drogène est remplacé par C6 Hs et chacun des deux
autres atomes d'hydrogène est remplacé par un
radical monoatomique ; dans ce cas, on obtient C. Quand l'acide générateur a une basicité su-
une anilide neutre. Ces anilides renferment les périeure à 2, l'anile obtenue conserve des carac-
éléments de 2 molécules d'acide monobasique et tères acides et doit être considérée comme un
acide anilidé :
de 1 molécule d'aniline, moins 2 molécules d'eau : C12 H11 Az O5
C6 H5 Acide citranilique.
C6H7 Az -2 H2O = C7H5O Az. C6H5
2 (C7H50 ( 0)+ C7H5O ) = (C6H6OS)" Az = C6H4 O³ (OH)2. C6H5 Az .
Acide benzoïque. Aniline. Dibenzanilide. Cet acide anilidé renferme les éléments d'un
Préparation. - Action des chlorures acides sur sel acide d'aniline formé d'un acide tribasique et
la monanilide correspondante : d'aniline moins 2 H2O :
C6H5 C6H5 C6 HO³. (OH) + C® H7 Az
C7H50 ) + C7H5O Az HCI C7H5O | Az. Acide citrique. Aniline.
CI H C7H5 O C6H5
= [CH+ O3 (OH) Az + 2 H²O.
Chlorure Benzanilide .
de benzoîle. Acide citranilique.
1 - 20
ANILIDES. ― 306 - ANILIDES.
DIANILIDES. - Elles représentent 2 molécules placés par un radical diatomique et 2 autres par
d'ammoniaque , dans lesquelles l'hydrogène est du phényle :
partiellement remplacé par le radical alcoolique (C6H5)
C6H5 et par un radical d'acide polyatomique . (CO2)" Az².
Tantôt la moitié seulement de l'hydrogène est H2
remplacée et alors on obtient des corps analogues Oxanilide.
à la phenyl-oxamide de Hofmann
Ces anilides renferment les éléments d'un sel
C6H5 neutre formé d'aniline et d'un acide bibasique,
(C² O²)'' Az³, moins 2 molécules d'eau :

(C6H3)2
ou à la phenyl-urée C2O2. (OH )2.2C6 H7 Az = CO2 Az² + 2 H2O.
C6H5 H2)
(CO)" Az², Telles sont la subéranilide , la tartranilide, la
H3
sulfocarbanilide, la carbanilide.
isomère de la phenyl-carbamide. Préparation. 1º Action de la chaleur sur les
Tantôt les deux tiers de l'hydrogène sont rem- sels neutres correspondants .
placés : 2º Action des chlorures acides sur l'aniline.
A. Avec les acides polyatomiques et bibasiques,
on obtient les dianilides neutres proprement dites. (C6H5)2
Elles représentent 2 molécules d'ammoniaque COC12 + (CH˜ Az)² =
= CO" Az² + 2 H Cl .
dans lesquelles 2 atomes d'hydrogène sont rem- H2

TABLEAU COMPARATIF DES DIVERSES CLASSES D'ANILIDES .

DÉRIVANT DERIVANT DÉRIVANT


D'ACIDES MONOBASIQUES . D'ACIDES BIBASIQUES . D'ACIDES TRIBASIQUES.

C6 HS C6H5
H Az + CH O2. (HO)² H Az + CH *O *. (HỌ )
H} H
Aniline. Acide succinique. Aniline. Acide citrique.
CGHS C6H5
= (C'H O². HOY' Az + H2 0. = [CH *O3(HO) " } Az + 2 H2O.
H Acide citranilique. Eau.
Acide succinanilique. Eau.
2 C6H5
2H Az² + C6H403. (HO)4
2H }
Aniline. Acide citrique .
2 (C6 H$)
= [C H4O3 (HO) Az² + 2H2O.
2 H)
Acide citrobianilique. Eau.

C6H5 2 C6H5
H Az + CH4O2. (HO)2 2 H Az² + C6H40³. (HO)
H 2H
Aniline. Acide succinique. Aniline. Acide citrique.
= (CH4C6H5
O2)" Az + 2 H2O. 2 (C6H³)
== (CH'O³ . HO )" Az² +3 H20.
Succinanile. Eau. H
Citrobianile. Eau.

C6 HS 2 C6H5 3 (C6 H³)


H AzCHO. HO 2 H Az3 + C* H * O2. (HO )2 3H Az³ C6H40³. (HO)*
H} 2H) 3H }
Aniline. Acide benzoïque. Aniline. Acide succinique. Aniline. Acide citrique.
C6H5 2 C6 HS 3 (C& H')
= C7H5O Az + H2O. = (C'HO²)" Az² + 2 H2O. = (C® H¹ O³ . HO)''' ¦ Az³ + 3 H20 .
H H2 H3 )
Benzanilide. Eau. Succinanilide . Eau. Citranilide. Eau.
C6H5
C7 HO
H Az + C7H50}
Benzanilide . Chl. de benzoïle.
C6H5
= C7H50 Az + HCl.
C7H5O
Dibenzanilide. Acide
chlorhydrique.
ANILINE. 307 ANILINE .
3º Action des anhydrides sur l'aniline : beaux travaux. En traitant une solution de sulfate
( CHL) d'aniline par des agents oxydants dans le but de la
CS22 (C6 H7 Az) = CS" Az² + H2S. transformer en quinine , Perkin obtint un préci-
H2 ) pité noir, très-peu intéressant au premier abord
4° Action de la chaleur sur les sels formés d'a- et d'où il parvint cependant à extraire une ma-
niline et d'acides anilidés : gnifique matière colorante violette (voyez VIOLET
D'ANILINE) . Cette nouvelle couleur, belle, solide,
€6H5 (C6H5,2 d'un prix abordable, produisit une immense sen-
(C2 O2. OH)' Az . C6 H7 Az = ( C² O²) " Az² + H2O . sation dans l'industrie des produits chimiques et
HI ) H2 de la teinture. Quelques années auparavant, l'a-
Oxanilate d'aniline. Oxanilide. Eau. cide picrique, puis la murexide , avaient montré
Propriétés. Ces dianilides sont générale- les richesses dont la chimie organique dispose.
ment solides, insolubles dans l'eau, solubles dans Ces découvertes avaient prouvé que l'industrie
l'alcool, fusibles, distillables sans altération. arrive promptement à fabriquer économiquement
Elles résistent assez bien à l'action de la potasse les corps même les plus délicats aussitôt qu'elle
en trouve la consommation . L'attention des in-
aqueuse, mais elles dégagent toutes de l'aniline dustriels, éveillée par ces deux premières tenta-
quand on les chauffe avec la potasse fondue. tives, se porta avec avidité sur ce nouveau pro-
B. Avec les acides d'une basicité supérieure à
deux, on obtient des acides anilidés. duit, et l'on peut dire sans exagération que peu
Ces acides dianilidés renferment les éléments de grandes industries furent créées avec autant
d'un sel formé de 2 molécules d'aniline et de de promptitude et avec autant de succès. Peu de
1 molécule d'acide tribasique, moins 2 molécules mois, en effet, après la prise du brevet anglais
d'eau : de Perkin , plusieurs fabriques se montèrent sur
un très-grand pied pour préparer en France son
C6 HO³. (OH) + 2 (C6 H7 Az) violet, dont l'exploitation resta libre en ce pays ;
Acide citrique. Aniline. la découverte du rouge d'aniline, puis celle du
(C6H5)2 bleu, du vert, du noir , celle des violets de mé-
= 2 H2O + [CH+ O³ (OH)2]´´ ´ Az². thylaniline et de tant d'autres produits intéres-
sants , suivirent la découverte de W, Perkin et
Eau. Acide citrobianilique. donnèrent à l'industrie des matières colorantes
Tantôt enfin les cing sixièmes de l'hydrogène artificielles une importance de premier ordre, qui
sont remplacés , et alors on obtient des corps ana- tend de jour en jour à s'accroître davantage.
Nous étudierons d'abord la fabrication de l'ani-
logues à la citrobianile, qui renferme les éléments line elle-même, en passant en revue les diverses
d'un sel formé de 2 molécules d'amiline et de
1 molécule d'acide polyatomique, moins 3 H2O : phases par lesquelles elle a passé puis nous
aborderons le chapitre relatif aux matières colo-
C6 H O³. (OH) + 2 ( C6 H7 Az) rantes qui en dérivent.
Acide citrique. Aniline.
(C6H5)2
= 3 H2O + (C6 H O³. OH)"'' Az2. FABRICATION DE L'ANILINE.
H
Eau. Citrobianile. L'aniline est un produit organique qui se trouve
L'aconito-dianile rentre dans cette classe . en petite quantité dans certains goudrons de
TRIANILIDES. - Elles représentent 3 molécules houille , mais qu'on prépare plus avantageusement
d'ammoniaque dans lesquelles l'hydrogène est par- par la réduction de la nitrobenzine [ voir BENZINE
tiellement remplacé par un radical acide triba- (industrie) ] . En 1856, Collas fabriquait à Paris,
sique et par le radical phényle. pour les besoins de la parfumerie, une grande
Elles renferment les éléments d'un sel neutre quantité de nitrobenzine (essence de mirbane) .
formé d'aniline et d'un acide tribasique, moins C'est avec ce produit que l'industrie anilique fut
3 molécules d'eau. créée en France.
La transformation de l'essence de mirbane en
On ne connaît qu'une trianilide, la citranilide : aniline se fit originairement de la façon suivante :
C6 HO³. (OH) + 3 (C® H7 Az) Une série de tubes en fer ou en fonte, de quel-
(C6H5)3 ques mètres de hauteur, disposés verticalement le
- (C6 HO3. OH) Az3 + 3 H2O . long d'un mur, étaient emplis de morceaux de zinc ,
H3) puis par la partie supérieure de ces tubes on fai-
CH. L. sait arriver un mélange de nitrobenzine et d'acide
ANILINE (INDUSTRIE DE L') .— Nous dési- chlorhydrique : le liquide recueilli à la partie infé-
gnons ici sous le nom d'aniline le produit com- rieure renfermait du chlorure de zinc, du chlor-
mercial qui sert à la préparation des matières hydrate d'aniline et de la nitrobenzine non atta-
colorantes dites d'aniline. Nous étudierons à l'ar- quée ; on faisait repasser ce mélange sur le zinc
ticle PHENYLAMINE l'alcaloide C6 H7 Az, ainsi que jusqu'à disparition complète de la nitrobenzine.
les corps qui en dérivent. Ce mélange servait directement à la prépara-
Historique. L'aniline est la base d'une in- tion du violet d'aniline. Mais il est facile de voir
dustrie florissante qui, née d'hier, est remar- à combien d'irrégularités un pareil procédé de-
quable, non-seulement par le chiffre des capitaux vait donner naissance : la fabrication du violet
qui y sont engagés et la multiplicité des intérêts est très-délicate, elle nécessite des dosages exacts ,
qui s'y rattachent, mais encore par la beauté des beaucoup de soins , aujourd'hui même que le
produits, la variété des recherches qu'elle a ame- commerce livre des anilines d'une pureté presque
nées et l'importance des travaux scientifiques absolue ; on dut donc y renoncer aussitôt que
auxquels elle a donné lieu. C'est avec l'aniline l'industrie fut en mesure de produire l'aniline
que sont produites ces couleurs éblouissantes qui elle-même.
frappent nos yeux depuis quelques années, et qui En Angleterre, on utilisa tout d'abord le pro-
au mérite incontestable d'une pureté et d'un cédé que A. W. Hofmann avait indiqué dans ses
éclat inconnus jusqu'alors joignent encore celui recherches sur les alcaloides du goudron de
d'un bon marché remarquable. Cette industrie a houille. Il consiste à agiter l'huile de houille avec
été créée en 1856 par W. Perkin , chimiste dis- de l'acide chlorhydrique, qui dissout ces alca-
tingué auquel la science est redevable de très- loïdes : la solution, séparée de l'huile en excès, est
ANILINE. 308 ANILINE.
évaporée jusqu'à ce que la masse liquide dégage line, fait qui peut être expliqué de deux ma-
des vapeurs irritantes indiquant un commence- nières : on a en effet
ment de décomposition : on filtre pour séparer les C6H5 Az O² + 8 H = C6 H6 + Az H³ + 2 H2O,
dernières traces d'huile, puis on décompose la so- Nitrobenzine. Benzine.
lution par un excès de soude ou de chaux : il se
sépare alors une couche huileuse qu'on recueille ou bien
et qui constitue un mélange d'aniline et de quino- C6 H7 Az + 2 H = C6H6 + Az I³.
léine . On distille en recueillant à part les portions Aniline.
passant aux environs de 180°- 190° : après quel-
ques distillations on obtient l'aniline très-pure. [Bull. de la Soc. chim . , 1862, p . 43. ]
Ce procédé fut exploité sur une certaine échelle, Dans les mêmes circonstances , Hofmann et
mais comme l'huile de houille ne renferme que Noble ont constaté la formation d'azobenzol .
peu d'aniline, il fallut chercher d'autres moyens Le procéde actuellement employé presque partout
d'arriver à produire une matière dont la consom- consiste en l'emploi de vastes cylindres de fonte A
mation augmentait chaque jour. Le procédé de (fig. 56), disposés verticalement, d'une capacité de
Béchamp , consistant en la réduction de la ni- 1,000 litres environ ; dans l'axe de ces cylindres
trobenzine par l'acide acétique et le fer, fut et est passe un gros tube descendant jusqu'au fond du
encore, de tous ceux qu'on essaya, le plus avan- cylindre, et dont la partie supérieure est mise en
tageux. communication avec la force motrice G. Ce tube
Dans l'origine, cette transformation ne fut effec- est destiné à l'introduction de la vapeur dans
tuée que sur de petites quantités à la fois ; on dis- l'appareil. Il est muni de plusieurs palettes en
posait dans des étuves chauffées à 30°-40° une sé- acier, servant d'agitateurs . Au lieu de tubes creux
rie de vases en grès, renfermant chacun , avec du qui présentent une résistance assez faible, on em-
fer et de l'acide acétique, 500 gr. au plus de ni- ploie souvent des tubes pleins, et dans ce cas on
trobenzine après 24 heures environ, la réduction fait arriver la vapeur par le tuyau spécial D.
étant complète, on vidait ces pots dans des ba- Enfin, dans le cas où le fabricant trouve avanta-
quets puis après neutralisation par un mélange geux d'opérer sa distillation à feu nu (voir plus
de soude et de chaux, on distillait. bas), la vapeur dans les appareils peut être com-
L'expérience ayant prouvé que l'on peut impu- plétement supprimée. A la partie supérieure du
nément mettre en réaction à la fois de très-fortes cylindre , se trouve une large ouverture I, par
quantités de nitrobenzine, on a modifié ce pro- laquelle on introduit les matières, et un tube de
cédé de la façon suivante : Des chaudières de dégagement E, par où se volatilisent les produits
fonte, d'une contenance de 200 à 300 litres , sont de la distillation . A la partie inférieure se trouve
disposées l'une à côté de l'autre dans de vastes une autre ouverture H, servant à la vidange de
ateliers bien aérés : chaque chaudière reçoit 50 l'appareil.
kilog. environ d'acide acétique et 50 kilog. de ni- La marche la plus avantageuse pour la fa-
trobenzine puis peu à peu, et en évitant une brication de l'aniline est la suivante : on verse
trop forte élévation de température, on ajoute par l'ouverture supérieure 10 kilog. d'acide
50 kilog. de limaille de fer ou de fonte pulvérisée ; acétique à 8°, étendu de 6 fois son poids d'eau
cette addition doit être faite avec beaucoup de et l'on prend généralement, en place d'eau pure,
lenteur, et calculée de façon à ce que l'opération le liquide acide que l'on recueille plus tard
dure une huitaine de jours. La réaction com- pendant la distillation de l'aniline : on ajoute
mence promptement : la masse brassée fréquem- à cet acide faible 30 kilogr. de fonte pulvérisée
ment s'épaissit peu à peu , et le tout se transforme, et 125 kilogr. de nitrobenzine, puis on met l'agi-
au bout d'une semaine environ , en une bouillie tateur en marche : la température s'élève promp-
presque solide, de couleur brune. tement; une réaction assez vive se manifeste,
On neutralise alors ce mélange par de la chaux accompagnée d'un dégagement de vapeurs plus
ou de la soude et on le soumet à la distillation , ou moins abondant et d'un commencement de
en se servant pour cette opération de cornues distillation . A partir de ce moment, on ajoute
semblables à celles que l'on emploie dans la fa- peu à peu de nouvelles quantités de fonte dans
brication du gaz d'éclairage. La température doit l'appareil, jusqu'à ce que l'on en ait mis en tout
être poussée jusqu'au rouge sombre ; pour ne pas 180 kilogr. L'agitateur fonctionne pendant toute
risquer de détruire les produits au fur et à mesure la durée de l'opération et ne doit être arrêté
de leur formation , il faut que la flamme du foyer qu'une ou deux heures après l'addition des der-
ne passe pas au-dessus de la cornue, et d'autre nières portions de fer.
part, il faut faciliter la distillation en n'adaptant La transformation de la nitrobenzine en ani-
à la cornue que des tubes de dégagement descen- line est accompagnée d'une forte élévation de
dants. Il est avantageux, dans ces distillations température qui détermine une distillation abon-
d'aniline, de charger les matières sur des plateaux dante d'eau acide, de nitrobenzine et de traces de
en tôle et de porter ces plateaux ainsi chargés benzine ; ces produits se condensent dans le ré-
dans les cornues ; on évite ainsi non-seulement frigérant F et sont remis dans l'appareil toutes
une grande perte de temps, de chaleur et de pro- les demi-heures .
duits, mais encore on retarde beaucoup l'usure Diverses modifications dans la disposition ou
des cornues (Depoully frères). dans la marche de cet appareil sont employées
Les proportions d'acide employé dans cette ré- selon les circonstances : 1º la forme des palettes ,
duction peuvent être considérablement réduites ; qui doivent naturellement présenter à la masse
les fabricants qui suivent encore cette méthode le moins de résistance possible, a été changée de
n'emploient guère plus de 10 à 15 kilog. d'acide diverses façons ; 2° la rentrée des produits dis-
acétique pour 100 kilog. de nitrobenzine ; l'acide tillés peut être opérée directement au moyen
doit être étendu de 3 à 4 fois son poids d'eau. d'une ouverture que l'on établit sur une des pa-
En opérant ainsi, on réalise une très-grande rois latérales de l'appareil ; 3° la nitrobenzine,
économie, et on évite généralement la production au lieu d'être versée par l'ouverture I , peut être
de benzine et d'ammoniaque qui , comme Scheurer- introduite dans l'appareil lentement et par filet,
Kestner l'a montré, prennent naissance lorsque la d'après la disposition que nous indiquons sur la
réaction est trop énergique : d'après les expérien- figure; dans ce cas, tout le fer est mis dans l'ap-
ces de ce chimiste, si l'on met en présence de pareil dès le commencement de l'opération . Toutes
la nitrobenzine un grand excès de fer et d'acide ces modifications ont leur valeur; c'est au fabri-
acétique, on n'obtient plus que des traces d'ani- cant à juger de l'opportunité de leur emploi.
ANILINE. 309 ANILINE .

Lorsque la réduction est terminée, la masse l'ouvre avec précaution et en donnant au com-
épaisse est devenue d'un brun rougeâtre ; elle mencement très-peu de vapeur. La vapeur d'eau
renferme essentiellement de l'hydrate ferrique, échauffe la masse, et quand le tout est arrivé à la
de l'aniline, de l'acide acétique et du fer non at- température de l'ébullition , les produits vola-
taqué. Pour en extraire l'aniline, deux procédés tils entraînés par la vapeur d'eau s'échappent de
sont suivis distillation à la vapeur, distillation à la chaudière, et, se condensant dans le réfrigé-
feu nu. rant F, sont recueillis dans des seaux disposés à
Pour la distillation à la vapeur, on laisse l'extrémité du serpentin. Ce procédé donne de
tourner l'agitateur une ou deux heures, après la fin très-bons résultats ; mais il est dispendieux , à
de la réduction ; puis on laisse reposer pendant cause de l'énorme quantité de vapeur qu'il néces-
quelques heures à ce moment, après s'être as- site : il faut en effet, pour distiller 1 kilog . d'ani-
suré que le tuyau de vapeur n'est pas obstrué, on line, 12 litres d'eau. (Cette eau, toujours chargée

WILDIBRAND
Fig. 56. 1 Fabrication de l'aniline.

d'aniline dissoute ou en suspension, sert généra- Ce procédé de préparation de l'aniline se dis-


lement à alimenter la chaudière à vapeur ; on tingue des anciens par la petite quantité d'acide
évite ainsi toute perte de produit. ) acétique mis en réaction. Il est facile de com-
Pour la distillation à feu nu, on laisse refroidir prendre qu'elle soit suffisante, quand on se rap-
les appareils ; puis on les vide par l'ouverture H, pelle que l'aniline décompose les sels de fer, et
et la masse brune semi-fluide est soumise, sans qu'ainsi elle remet constamment en liberté l'acide
neutralisation préalable, à la distillation dans des qui a servi précédemment. Il est surtout avanta-
appareils analogues à ceux que nous avons déjà geux en raison de la rapidité des opérations ; en
décrits plus haut, ou dans de petites cornues de effet, douze heures suffisent amplement pour la
fonte, qui ressemblent pour leur forme aux alam- réduction de 125 kilog. de nitrobenzine par appa-
bics de laboratoire. reil.
La distillation à feu nu est plus économique que Le produit brut de la distillation est loin
la distillation à la vapeur et elle donne générale- d'être pur ; il renferme de l'eau, de l'acide acé-
ment un produit plus abondant et d'une qualité tique, de l'acétone , de la benzine, de l'aniline.
préférable dans la fabrication de la rosaniline. On le sature jusqu'à réaction fortement alcaline;
ANILINE. -- 310 - ANILINE.
de cette façon, l'eau se sépare complétement ; on est dissous , on laisse refroidir (en agitant constam-
décante le mélange huileux et on le soumet à ment) jusqu'à 80° , température à laquelle la ma-
une rectification ; les premières portions sont jeure partie de l'oxalate de toluidine peu soluble
constituées par l'acétone , puis distille la ben- s'estdéposée ; on décante, on exprime promptement,
zine (qui est toujours un indice de mauvaise fa- puis on décompose l'oxalate par une eau ammo-
brication) et enfin , de 180 ° à 230°, l'aniline. Une niacale bouillante et à laquelle on ajoute autant
seconde rectification , faite généralement de 180º d'alcool qu'il en faut pour maintenir la solution
à 210°, la donne telle que le commerce la con- limpide. Par refroidissement, la toluidine cristal-
somme. Certains fabricants opèrent ces rectifica- lise [Dingler's polytechn . Journ., t. CLXXVI ,
tions sur de la chaux vive, qui retient tout l'acide p. 461 ] .
acétique et l'eau qui se trouvaient mélangés à Tout récemment, Reimann a fait connaître un
l'aniline. mode d'essai des anilines commerciales , basé
Les résidus de cette seconde rectification por- sur les faits suivants : le sulfate de phénylamine
tent le nom de queues d'aniline. Elles ont été est insoluble dans l'éther, le sulfate de toluidine y
étudiées par A. W. Hofmann qui y a découvert est soluble ; l'oxalate de toluidine est insoluble
un certain nombre de nouveaux corps, la parani- dans l'éther, les sulfates de phénylamine, de cu-
line, la xénylamine, la phénylène-diamine, etc. midine et de cymidine s'y dissolvent. On peut
(voyez ces mots). donc ainsi connaître exactement la teneur en
On a proposé à plusieurs reprises des modes phenylamine ou en toluidine , d'une aniline com-
de réduction différents de celui de Béchamp; merciale.
nous ne les mentionnons que pour mémoire, Reimann a dressé une table des points d'ébul-
car, à notre connaissance du moins, ils ne sont lition d'un certain nombre de mélanges de phény-
pas entrés dans le domaine de la pratique. lamine et de toluidine, et a, d'autre part, établi,
Wohler a proposé l'emploi de l'arsénite de par des essais directs et faits sur une grande
potassium (Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CII, échelle, les rendements comparatifs de ces mé-
p. 127].-Volh, celui d'une dissolution concentrée langes en fuchsine. Étant donnée une aniline, il
de soude en présence de glucose [Polytechn . en prend les points d'ébullition et les compare à
centralblatt, 1863, p. 624] -Kremer emploie le fer ceux de ses tables ; il en déduit immédiatement
réduit par l'hydrogène ou le zinc en poudre très- la valeur de cette aniline pour un fabricant de
fine (produit qu'on obtient dans toutes les usines fuchsine et la teneur de cette aniline en phény-
où l'on extrait le zinc par distillation) [ Dingler's lamine et en toluidine [ Dingler's polyt. Journ. ,
polytechn. Journ. , t. CLXIX, p. 377] : t. CLXXXV, p. 49].
C6H5 Az O2 + H2O + Zn³ :1 C6 H7 Az + 3 Zn O.
་ Le fabricant d'aniline doit, en mettant en tra-
vail une certaine quantité de nitrobenzine , pou-
Les proportions recommandées par Kremer sont voir établir si l'aniline qu'il obtiendra sera appli-
2,5p. de zinc, 5 p. d'eau et 1 p. de nitrobenzine.— cable à la préparation du rouge, du bleu, du
Scheurer-Kestner a proposé l'étain et l'acide chlor- noir, etc.; il ne peut y arriver qu'en faisant l'es-
hydrique [ Répert. de Chim. appliquée, 1862 , p . 121]. sai de sa nitrobenzine. Voyez BENZINE, Nitro-
-D'après Brimmeyr, le fer et la fonte en poussière BENZINE.
très-fine sont capables de transformer la nitroben- IMPORTANCE INDUSTRIELLE DE L'ANILINE. - Les
zine en aniline , sans acide acétique ( Dingler's données que nous avons pu recueillir établissent
polytechn., t. CLXXIX , p. 396 ] .- Coblentz enfin que le chiffre des produits tinctoriaux préparés
préconise un mélange de fonte ordinaire et de avec l'aniline s'élève aujourd'hui (mai 1867) à en-
fonte recouverte d'un dépôt galvanique de cuivre. viron 60 millions par an. Il se fabrique journel-
Essai de l'aniline. L'aniline , quel que lement en Europe environ 10,000 kilogrammes
soit le procédé de préparation employé, doit pré- d'aniline.
senter les caractères suivants : Densité supérieure Le résultat direct de l'extension donnée à cette
à celle de l'eau (elle varie de 1001 à 1010 ) . Point industrie, c'est un abaissement considérable des
d'ébullition : entre 180° et 215°. Elle ne doit pas prix de vente. L'aniline, qui valait, en 1858 , 40 à
changer de point d'ébullition après un traite- 50 fr. le kilog. , se vend aujourd'hui dans les prix
ment par la soude caustique. Elle doit être com- de 3 fr.
plétement soluble dans l'acide chlorhydrique ou ACTION DE L'Aniline sur l'économie. L'aniline
sulfurique étendu et former une dissolution par- est un poison énergique. De trop fréquents acci-
faitement limpide. Tels sont les caractères géné- dents ont démontré combien il est indispensable
raux que doit posséder toute aniline de bonne de prendre de grandes précautions pour éviter
qualité. l'intoxication lente des ouvriers qui sont soumis
Il n'existe pas de procédé permettant d'appré- à l'action de sa vapeur .
cier directement le plus ou moins de valeur d'une Turnbull et Letheby ont publié des observa-
aniline au point de vue de son rendement en tions nombreuses tendant à prouver que l'aniline
matière colorante. Un essai direct, la transforma- agit comme un narcotique puissant ; son action
tion en matière colorante, est indispensable . L'ani- s'exerce spécialement sur le système nerveux.
line est, en effet, un mélange de phénylamine et Les sels d'aniline sont beaucoup moins vénéneux
de toluidine ; ces deux corps ont des points que l'aniline elle-même. L'absorption de l'aniline
d'ébullition assez rapprochés pour qu'une distil- ou de ses sels est promptement accusée par la
lation fractionnée ne puisse les séparer ; et comme coloration violette que prennent les gencives et
l'emploi de l'aniline pour tel ou tel produit dépend les ongles des personnes intoxiquées.
précisément du plus ou moins de phénylamine On peut se servir avec avantage de l'aniline
ou de toluidine qu'elle renferme , on conçoit qu'un comme antidote du chlore (Bolley).
essai direct soit seul capable de trancher la ques-
tion . Les distillations fractionnées peuvent tout
au plus donner des indications approximatives . MATIÈRES COLORANTES DÉRIVÉES
DE L'ANILINE.
Comme conséquence , nous dirons qu'il est
presque impossible de retirer la toluidine de Ces matières colorantes sont aujourd'hui nom-
l'aniline commerciale , par distillation . Brimmeyr breuses; quelques-unes d'entre elles sont bien
a donné le procédé suivant pour réaliser cette sé- étudiées ; d'autres sont à peine connues scienti-
paration. Il opère sur une aniline bouillant de 195° fiquement. Il en résulte qu'une classification
à 205°, et la traite par 1/2 p . d'acide oxalique dis- méthodique est impossible, et que nous nous
sous dans 4 p. d'eau. On fait bouillir ; quand tout voyons forcé de les étudier d'après un ordre tout
ANILINE. 311 ANILINE.
à fait arbitraire. Nous décrirons successivement : couvert par W. Perkin , qui en fit breveter la pré-
1º Les violets d'aniline obtenus directement paration en Angleterre le 26 août 1856 (Patente
avec l'aniline ( aniléine, violet de Williams, vio- n° 1984) . Son procédé consiste à traiter par le bi-
let de Paris, mauvaniline) ; chromate de potassium une solution d'aniline com-
2º La rosaniline et le rouge de toluène ; merciale dans l'acide sulfurique étendu ; après dix
3º Les divers dérivés de la rosaniline (violets, à douze heures , il s'est formé un abondant précipité
bleus, verts) ; noir ; on le lave à l'eau froide, puis on le sèche
4º Le noir d'aniline ; et on l'épuise par de l'huile de naphte qui enlève
50 Les jaunes et bruns d'aniline. les matières résineuses ; le résidu est traité par
Tels sont les principaux points de repère aux- l'alcool qui dissout le violet ; cette solution alcoo-
quels nous renvoyons le lecteur. Quant aux di- lique, soumise à l'évaporation dans des appareils
verses réactions colorées qui ont été observées convenables, laisse comme résidu la matière colo-
avec l'aniline, leur nombre est trop considérable rante dans un état de pureté assez grand.
pour que, tout en désirant être complet, nous Presque tous les oxydants donnent du violet
puissions les énumérer toutes. Nous n'en citerons d'aniline quand on les met en présence d'une
que quelques-unes assez intéressantes avant de solution aqueuse d'un sel d'aniline : aussi la liste
commencer l'histoire des matières colorantes pro- des procédés de violet d'aniline est - elle assez
prement dites. nombreuse.
Runge. Couleur bleue obtenue par le chlo- Bolley [ Dingler's polytechn . Journ. , t. CL ,
rure de chaux [ Poggend. Ann . der Phys. u. p. 123 , 1858 ] , Beale et Kirkham (Patente no 1205),
Chem., t. XXXI, p . 65] . C'est à Runge qu'est due 1859, Ch. Lauth et P. Depoully (Brevet nº 44930,
la première idée de l'application de l'aniline à 19 janvier 1860 ) , emploient une dissolution de
l'industrie [Moniteur scientifique de Quesneville, chlorure de chaux.
1863, p. 533; 1865, p . 72] . Kay emploie 200 p. de peroxyde de manganèse,
Fritzsche. - Précipité bleu-noirâtre, par l'acide 40 p. d'acide sulfurique à 66°, étendues de 1400 p.
chromique. d'eau, 50 p. d'aniline. Chauffer à 100° [Patente
Beissenhirtz . - Couleur bleue obtenue par n° 1155 , mai 1859 ; London Journ. of arts , janvier
l'action sur l'aniline d'un mélange d'acide sultu- 1860 , p. 29].
rique et de bichromate de potassium [ Ann. der Greville Williams emploie les solutions aqueuses
Chem. u. Pharm ., t. LXXXVII , p . 376]. d'équivalents égaux de permanganate de potas-
Roquencourt et Dorot. Matières colorantes sium et de sulfate d'aniline . Dans cette réaction,
obtenues par l'action de l'acide chromique sur il se forme, outre le violet, une matière rouge
l'aniline (Brevet n° 38939, octobre 1858) . cramoisi [Patente nº 1000 , 30 avril 1859, et Rep.
Girard et de Laire. - Couleurs diverses obte- of patent inventions, janvier 1860, p. 70] .
nues par l'action du minium et de l'oxyde puce Price ajoute un équivalent de bioxyde de plomb
sur l'aniline (Brevet nº 43809 , février 1860). à une solution aqueuse bouillante d'un équiva-
Stenhouse. - Action du furfurol sur l'aniline lent d'aniline dans deux équivalents d'acide sul-
[Ann. der Chem. u. Pharm ., t. LXXIV, p. 282] . furique (violine) . En prenant deux équivalents de
Jules Persoz. Id. [ Repert. de Chim . appliquée, bioxyde de plomb pour un équivalent de sulfate
1860 , p. 220] . d'aniline, il obtient une matière rouge (roséine)
Letheby. - Action de l'électricité sur une so- [Patente nº 1238, 25 mai 1859].
lution acide de sulfate d'aniline. Smith [ Patente n° 1945, 11 août 1860] , Stark
Ch . Lauth . Action de l'acide iodique sur (Répert. of patent inventions , 1861 , Déc. p. 475)
l'aniline [Monit . scient. , 1861 , p. 337 ] . Couleur et Emile Kopp, avant eux, ont indiqué l'emploi
rouge obtenue par l'action du sel d'étain sur un du cyanure rouge.
mélange d'aniline et de nitrobenzine [Mon. scient. , Les seuls procédés industriellement exploités
1861 , p. 338]. aujourd'hui sont ceux au bichromate, au chlorure
Delvaux. Couleurs diverses obtenues en de chaux et enfin un procédé dú à Dale et Caro
chauffant le chlorhydrate d'aniline à une haute tem- sur lequel nous donnons quelques détails. Un
pérature (Brevets nºs 51962, 52791 , 53534, 53535), équivalent d'un sel d'aniline, acétate, chlorhy-
ou en traitant l'aniline par l'acide chromique drate, sulfate ou nitrate, est mélangé à 6 équiva-
[Compt. rend. , t. LX, p. 1100] . lents de chlorure cuivrique ou à 6 équivalents de
Monteith. Id. (Brevet no 61222). sulfate de cuivre auquel on a ajouté 6 à 12 équi-
Fréd. Fol. -- Couleur rouge obtenue par l'action valents de chlorure de potassium ou de sodium .
de l'indigo bleu sur l'aniline [ Repert. de Chim. On fait dissoudre dans la quantité d'eau néces-
appl. , 1862, p. 181 ] . saire, puis on fait bouillir tant qu'il se forme un
Parkes. Matières colorantes diverses obte- précipité noir. Après 3 heures , l'opération est
nues par l'action du chlorure de soufre sur l'ani- terminée ; on filtre et on lave le produit à la soude
lide (Brevet n° 66332). faible. Puis on termine comme dans les prépara-
Crossley. Couleur rouge obtenue par l'action tions suivantes [ Patente nº 1307 , du 26 mai 1860 ;
de l'acide nitrique fumant sur la sulfocarbani- brevet n° 47578] .
lide [ Chem. News, t. IV, p. 196] . Le procédé au bichromate de potassium est le
Chevalier. Rouge et violet par l'action du plus généralement répandu. Franc et Tabourin
nitrite de sodium sur l'arséniate d'aniline chauffé l'ont modifié d'une façon avantageuseen substituant
à 100° (Brevet n° 68799). l'eaubouillanteà l'alcool pour la dissolution du violet.
Staedeler. -Action de l'azobenzol, de la benzi- Voici comme l'on opère :
dine et du nitrobenzol sur l'aniline et la toluidine 1 kilog. d'aniline est traité par 500 grammes
[ Bull. de la Soc. chim. , t . V (1866), p. 218] . d'acide sulfurique étendu de deux fois son volume
VIOLETS D'ANILINE . Les violets d'aniline que d'eau, ou par kilog. d'acide chlorhydrique, ou
enfin par 6 kilog . d'acide fluosilicique à 15° éten-
nous décrivons ici sont ceux que l'on obtient
directement au moyen de l'aniline et sans passer dus de 6 litres d'eau [ Laurent et Casthelaz, brevet
par la rosaniline ; ils sont aujourd'hui assez nom- n° 61797] .
On ajoute à ces solutions d'aniline une solution
breux. On les désigne sous les noms d'aniléine aqueuse aussi concentrée que possible de 12 à
ou mauvéine , violet de G. Williams, violet de 1500 grammes de bichromate de potassium . Il
Paris, mauvaniline.
faut, dans ce traitement, éviter une trop grande
1º ANILÉINE [ Syn. Rosolane, indisine, mauvéine]. élévation de température. La réaction est termi-
-
- Préparation. - Le violet d'aniline a été dé- née après quelques heures. Le mélange s'est alors
ANILINE. 312 ANILINE .
transformé en une masse noirâtre renfermant de usités pour la fixation du violet d'aniline sur les
l'oxyde de chrome, du violet d'aniline et une ma- fibres végétales et animales.
tière résineuse. On le lave convenablement pour Propriétés et composition de l'aniléine. — L'a-
enlever toutes les matières solubles dans l'eau niléine se trouve généralement dans le com-
froide; puis on le traite à plusieurs reprises par merce à l'état de pâte brunâtre ; desséchée , elle
l'eau bouillante qui se charge du principe colo- présente d'assez beaux reflets mordorés ; cristal-
rant et laisse les matières étrangères comme ré- lisée, elle est d'un vert doré très-brillant.
sidu insoluble . Les dissolutions violettes filtrées Ce corps se dissout en beau violet dans l'eau,
ou décantées avec grand soin sont précipitées l'alcool, l'aniline, la glycérine , l'acétone, les acides
par un alcali ou un sel alcalin , selon le procédé organiques, etc.; il se dissout en bleu dans les
indiqué pour la première fois par Monnet et acides minéraux concentrés; il est précipité, inal-
Dury (Brevet n° 40437, 2 avril 1859) . La matière téré, de ses solutions par les alcalis et les sels al-
colorante ainsi précipitée est recueillie et livrée calins. La solution aqueuse de l'aniléine, faite à
en pâte au commerce. Pour l'avoir complétement chaud, se prend par le refroidissement en une
pure, il est nécessaire de répéter ce traitement masse gélatineuse. Le violet est très-soluble dans
plusieurs fois. On obtient pour 100 kilog. d'ani- l'acide acétique concentré, et c'est au moyen de
line de 75 à 90 kilog. de violet en pâte épaisse. cette solution que Scheurer-Kestner put obtenir
Le violet au chlorure de chaux s'obtient en pour la première fois des cristaux d'aniléine [ Bull.
dissolvant 100 kilog. d'aniline dans 100 kilog. de la Soc. indust. de Mulhouse, 27 juin 1860].
d'acide chlorhydrique. La solution est étendue L'acide sulfurique fumant le dissout avec grande
de 300 litres d'eau et additionnée de 6000 litres facilité et s'y combine, en formant un corps qui
d'une solution de chlorure de chaux renfermant est sans doute un composé sulfoconjugué, violet,
1 litre 1/2 de chlore pour 100 litres d'eau. Il se très-soluble dans l'eau [ Clavel , Chemical News,
forme un précipité noir qu'on traite comme dans 1864, 13 février, p. 82] .
le cas du bichromate de potassium . Les agents réducteurs agissent assez énergique-
Le procédé au chlorure de chaux est plus avan- ment sur ce violet. Scheurer-Kestner a étudié
tageux comme rendement, que le procédé au cette action et a trouvé qu'il peut s'y former
chromate; mais le violet obtenu , plus rougeâtre, trois substances différentes, une jaune, une rouge
est moins estimé. et une incolore [ Répert. de Chim . appl . , 1863,
Remarques générales sur l'anileine. - Ce pro- p. 422] . Les matières incolore et jaune reprodui-
duit, quel qu'en soit le procédé de préparation, est sent le violet d'aniline quand on les fait bouillir
difficilement obtenu très-régulièrement ; le plus avec de l'aniline; la matière rouge provient de
ou moins d'acidité du mélange , l'élévation plus ou l'oxydation des deux premières et n'est pas mo-
moins grande de la température , la concentra- difiée par l'aniline .
tion des liqueurs sont autant de causes d'irrégula- L'action des corps oxydants a été étudiée par
rité. La plus importante de ces causes d'irrégu- Willm, qui a observé la formation d'une matière
larité est la nature de l'aniline, et c'est le point rouge, en traitant le violet dissous dans l'acide
qui devra toujours attirer toute l'attention du fa- acétique, par le bioxyde de plomb [ Bull . de la
bricant. En général, on trouve plus avantageuses Soc.chim. , 1860 , p . 204 , et Bull. de la Soc . indust.
pour violet les anilines dont le point d'ébullition de Mulhouse, février 1860] . L'acide nitrique et
est élevé. le chlore produisent une réaction analogue
Essai de l'aniléme. Ce violet est livré au (Scheurer).
commerce sous forme de pâte plus ou moins Duprey a breveté récemment cette réaction et
épaisse et renfermant environ 8 à 9 % de produit le corps rouge découvert par Willm : cette ma-
sec. Il est indispensable pour le consommateur tière, dit-il, donne en teinture des nuances aussi
d'essayer le violet par teinture ou impression . On belles que le safranum , mais plus solides (Brevet
en pèse une quantité déterminée que l'on dissout n° 69809).
dans l'eau bouillante et l'on épuise ce bain colo- Le violet d'aniline soumis à l'action de la cha-
rant par un poids counu de laine. En opérant leur émet des vapeurs violettes ; mais il se décom-
comparativement avec un type, on peut évaluer pose totalement presque à la même température,
facilement la richesse du produit. de sorte qu'on n'a pu jusqu'ici l'obtenir sublimé.
Emploi de l'anileine. Pour la teinture , il L'aniline le transforme en une matière bleue
suffit de dissoudre le violet dans de l'eau bouil- qui en est probablement le dérivé phénylé [Gi-
lante, laisser bien déposer et verser la dissolu- rard et de Laire, brevet n° 48033] .
tion dans la cuve à teindre , où l'on ajoute un L'aldehyde agit sur l'aniléine en la transformant
peu d'acide tartrique pour la soie , un mélange de en un gris très-pur. Pour le produire, on dissout
crème de tartre et d'alun pour la laine. 10 kilogrammes de violet en pâte dans 11 kilo-
Pour l'impression du coton , on épaissit le violet grammes d'acide sulfurique à 66° ; on ajoute à
commercial dissous ou non , avec un mélange cette solution 6 kilogrammes d'aldéhyde du com-
d'eau de gomme et d'albumine ; on imprime et merce. On laisse le mélange en contact pen-
on vaporise. On peut aussi imprimer l'albumine dant environ 5 heures. Après ce laps de temps,
seule sur le tissu, vaporiser et teindre dans une on étend d'eau et on précipite : on obtient ainsi
dissolution de violet. un beau gris (Depoully frères, Laurent et Cas-
Le tannin a la propriété de former une laque thelaz) [ Brevet nº 69083 et Bull . de la Soc. chim.,
insoluble avec le violet. On peut utiliser cette t.VI (1866) , p . 174] .
propriété de différentes manières pour l'applica- La composition du violet d'aniline a été l'ob-
tion de l'aniléine : soit former tout d'abord cette jet de nombreux travaux.
laque, la dissoudre dans l'alcool ou l'acide acé- Willm et Scheurer- Kestner ont publié dans le
tique, imprimer et vaporiser, soit fixer le tannin Repertoire de Chimie (loc. cit. ) le résultat de leurs
sur tissu au moyen d'un sel de plomb ou d'étain recherches.
et teindre le tissu ainsi préparé dans une solu- Willm a trouvé pour la composition de ce vio
tion de violet. let des chiffres répondant assez exactement à la for-
Enfin on peut fixer le violet d'aniline au moyen mule C18 H17 Az³O .
de l'aluminate de sodium [ Polytechn . central- Scheurer-Kestner donne la formule C20 H4 Az³.
blatt, 1863, p. 489] , ou encore au moyen de l'ar- Perkin a publié récemment un remarquable tra-
sénite d'aluminium ( Schultz), ou enfin au moyen vail sur le même sujet [ Ann . der Chem . u. Pharm.,
des acides gras sulfoconjugués . 1864, t. CXXXI, p. 201] .
Tels sont les moyens les plus généralement Le violet d'aniline obtenu par son procédé est
ANILINE. - 313 - ANILINE.
le sulfate d'une base nouvelle à laquelle il donne Tout ce qui passe au-dessus de 177 ° est mé-
le nom de mauveine. langé avec de l'iodure d'amyle, de l'eau et un
On l'obtient à l'état de pureté en décomposant excès d'ammoniaque, dans un ballon muni d'un
une solution aqueuse bouillante de violet cristal- appareil condensateur. On fait bouillir jusqu'à ce
lisé, par une solution de soude caustique ; il se que le mélange oléagineux soit devenu d'un beau
dépose ainsi un corps cristallisé qui constitue la violet pourpre.
nouvelle base dont la composition est représentée Quant aux parties qui distillent au-dessous de
par C27 H24 Az'. 177°, on les mélange également avec de l'iodure
On voit que le violet en pâte du commerce n'est d'amyle, puis on chauffe le tout en vase clos à
autre chose que la mauvéine plus ou moins pure. 121 °. Après un certain laps de temps, on ajoute
Cette base possède les propriétés que nous avons de l'eau et un corps oxydant comme l'oxyde de
assignées au violet lui-même. mercure, par exemple, et on fait bouillir tant que
La mauvéine se combine aux acides. Perkin a la coloration augmente d'intensité.
préparé les sels suivants : Les couleurs violettes ainsi obtenues commu-
Chlorhydrate de mauveine, C27 H2 Az¹ . H Cl . niquent aux fibres textiles des nuances très-vives
On l'obtient cristallisé en ajoutant de l'acide et solides.
chlorhydrique à une solution alcoolique et bouil-
lante de mauvéine. Il se dépose cristallisé par 3 VIOLETS DE MÉTHYL-ANILINE [ Syn . Violets de
refroidissement. Paris]. - Ces matières colorantes ont été décou-
Lechloroplatinate, 2 (C.27 H²↳ Az¹. H Cl) . Pt Clª, et vertes en 1861 par Ch . Lauth. Il observa qu'en trai-
le cloraurate, C27 H24 Az¹.H Cl.Au Cl³, s'obtiennent tant la méthyl-aniline par divers agents oxydants,
en mélangeant une solution alcoolique froide du elle se transforme en matières violettes, solubles
chlorhydrate avec un excès de solution alcoolique dans l'eau, et donnant en teinture des nuances
des chlorures métalliques . d'une pureté très-grande. Ces couleurs, doutes
L'iodhydrate et le bromhydrate se préparent d'une solidité moindre que celle du violet de
comme le chlorhydrate. Perkin, ne furent pas adoptées par l'industrie,
L'acétate, C27 H24 Az¹ . C² H⭑O², se prépare parla malgré leur grande beauté Moniteur scientif.,
dissolution de la mauvéine dans un mélange 1er juillet 1861 , et Rép. de Chim. appl. , 1861 ,
bouillant d'alcool et d'acide acétique. p. 345].
Le carbonate (2 C²; H² Az* . H² CÒ³) et le bicar- On est revenu aujourd'hui sur cette décision
bonate (C27 H2 Az¹ . HªCO³) s'obtiennent en faisant et la préparation des violets de méthyl-aniline
passer un courant d'acide carbonique dans de est effectuée dans une large proportion . Poirrier
l'alcool bouillant tenant de la mauvéine en sus- et Bardy sont les créateurs de cette nouvelle in-
pension. dustrie [Bull. de la Soc. industr. de Mulhouse,
Ces sels se décomposent très- facilement. 1867 ; Bull. de ia Soc. chim. , t. VI (1866 ), p. 502) .
D'après Perkin , la solution alcoolique de la La préparation de la méthyl-aniline se fait in-
mauvéine est violette, tandis que la solution de dustriellement en chauffant sous pression pen-
ses sels est pourpre. dant 3 à 4 heures et à 250° environ, 100 p. de
Perkin n'a pas fait connaître le mode de gé- chlorhydrate d'aniline (sans mélange de toluidine)
nération de la mauvéine. Il est donc impossible avec 50 à 80 p. d'alcool méthylique . Le produit
de dire si cette matière dérive de l'aniline ou d'un de la réaction, neutralisé par un alcali, est sou-
mélange d'aniline et de toluidine , ainsi que mis à diverses rectifications pour en séparer les
Hofmann admet qu'il en est pour la rosaniline. polymères qui se forment à cette température
Il est facile de voir que par oxydation élevée ; on obtient ainsi un alcaloide bouillant
de 198° à 205° et constitué essentiellement par un
C6H7 Az + 3 C7 Hº Az mélange de méthyl-aniline et de dimethyl-aniline.
La transformation de la méthyl-aniline en
pourraient donner C27 H24 Az , mais il n'est pas violet, d'après les procédés de Poirrier et Bardy, a
certain que la présence de la toluidine soit indis- lieu en chauffant au bain-marie dans des vases de
pensable, Schützenberger ayant obtenu du violet fonte émaillée un mélange de 100 p . de méthyl-
d'aniline bien caractérisé en oxydant par le bi- aniline, 80 p. de chlorate de potassium et 20 p.
chromate de potassium une solution d'aniline d'iode.
pure et préparée au moyen de l'indigo [ Traité des La réaction se fait lentement , peu à peu, et,
matières colorantes , p . 45]. après quelques jours, elle doit être complète . La
Il est possible, en outre, qu'il existe divers vio- masse est alors transformée en un produit d'un
lets d'aniline, le violet au chlorure de chaux pos- beau vert bronzé tout à fait insoluble dans l'eau,
sédant certaines propriétés différentes de celles mais qu'il est facile de rendre soluble. Poirrier et
du violet au chrome. Bardy ont constaté en effet que le violet de Paris
Ainsi, il a été reconnu que le violet au chlo- ne doit son insolubilité qu'à la présence de l'iode.
rure de chaux possède une solidité moindre que Les combinaisons du violet de Paris avec les au-
celle du violet au chromate (Depoully frères). tres acides, chlorhydrique, sulfurique, nitrique,
Nous avons observé nous-même que le violet acétique, etc. , sont extrêmement solubles dans
obtenu avec de l'aniline purifiée par un grand l'eau. Il suffit donc de débarrasser le violet de tout
nombre de distillations et bouillant à 183º est l'iode qu'il renferme et de le salifier par un acide
d'une nuance beaucoup plus bleue que le violet convenable, pour le rendre soluble ; à cet effet, on
obtenu au moyen d'une toluidine bouillant à le traite par un alcali qui détermine la formation
198º et dont la nuance est celle du violet au d'iodure de potassium et met la base de la ma-
chlorure de chaux . tière colorante en liberté; on dissout cette base,
bien lavée à l'eau, dans l'acide dont on veut pré-
2º VIOLET DE G. WILLIAMS. - [ Rep. of Patent parer le sel, puis on fait redissoudre le produit
inv. ,january 1860, p. 70, et Dingler's polyt. Journ., dans l'eau, on filtre et on précipite la solution
t. CLV, p. 208. ] bouillante par du sel marin . On obtient ainsi un
Williams emploie soit les alcaloides extraits produit d'un très-bel aspect vert doré et qui
du goudron de houille, soit les alcaloides obtenus constitue le produit commercial.
par la distillation de la quinine et de la cinchonine Ch. Lauth a fait connaitre récemment divers
en présence d'alcalis énergiques. Quelle que soit autres moyens de préparation du violet de mé-
l'origine des alcaloides employés , on les frac- thyl-aniline. Son procédé consiste à décomposer
tionne, et on sépare à 177°. certains sels de méthyl-aniline par la chaleur.
ANILINE. - 314 - ANILINE .
Le chlorhydrate se prête facilement à cette dé- sine , roséine, magenta , azaléine , solférino] . — En
composition. Un mélange formé par 10 p. de mé- 1856, Natanson observa dans l'action du chlorure
thyl-aniline, 3 p. d'acide chlorhydrique, 200 p. d'éthylène sur l'aniline la formation d'une matière
de sable, chauffé à 100°-120° pendant quelques colorante rouge. Deux ans après, Hofmann obtint
heures, se transforme en une masse bronzée d'où le même produit en chauffant à 180° le tétrachlo-
l'eau extrait du violet de méthyl-aniline. rure de carbone avec l'aniline , pendant 30 heures,
On arrive à d'aussi bons résultats avec divers en vase clos. Précédemment déjà, Gerhardt avait
agents oxydants, le nitrate de cuivre, le chlorure constaté la formation de matières rouges avec
de cuivre, l'acétate mercureux, etc. l'aniline, dans diverses circonstances.
On ne connait rien encore sur la nature du Ces faits, passés inaperçus avant la création
violet de méthyl-aniline. de l'industrie de l'aniline, attirèrent l'attention
des chimistes après la découverte de Perkin , et
4º VIOLETS DE MAUVANILINE ET DE VIOLANILINE. — provoquèrent de leur part de nombreuses recher-
On sait qu'en traitant un mélange d'aniline et de ches. On s'accorde généralement aujourd'hui à
toluidine par l'acide arsénique, on produit de la reconnaître à Verguin le mérite d'avoir fabriqué
rosaniline. - Voyez ROUGE D'ANILINE. le premier, industriellement, du rouge d'aniline.
Girard et de Laire obtiennent une matière colo- Son procédé consiste à faire réagir sur l'aniline
rante violette, dite mauvaniline, en opérant dans du bichlorure d'étain anhydre (liqueur de Liba-
les conditions suivantes : vius) . On opère de la façon suivante : 10 p . d'ani-
On prend 100 p. d'une aniline bouillant de 183° line sont chauffées à l'ébullition avec 6 à 7 p.
à 188 (c'est-à-dire renfermant environ 2 p . d'a- de bichlorure d'étain anhydre, pendant 15 à 20
niline et 1 p. de toluidine) et on la chauffe à 170º minutes. Le mélange jaunit d'abord, puis prend
pendant 5 heures avec 164 p . d'acide arsénique une teinte rougeâtre et finit par devenir d'un
à 70 %. Le résultat de l'opération , épuisé par beau rouge foncé. A ce moment on verse la masse
l'eau bouillante pour éliminer la rosaniline qui a dans de l'eau bouillante et l'on filtre. La solu-
pu se former dans ces conditions , renferme les tion d'un rouge carminé intense est précipitée
arséniates de mauvaniline , de violaniline , de par du sel marin ( Brevet du 8 avril 1859, nº 40635].
chryso-toluidine , accompagnés de diverses impu- Ce procédé diffère peu de celui qu'Hofmann
retés . avait fait connaître et qui est devenu industriel-
On basifie ces divers produits par une ébulli- lement pratique entre les mains de Ch. Lauth
tion avec de la soude faible ; puis on reprend par [Bull. de la Soc. industr. , 23 décembre 1859] ,
l'acide chlorhydrique faible, qui ne dissout pas la de Ch . Dollfus Galline [ Répert. de Chim. appl.,
violaniline, mais la mauvaniline et la chryso- 1861 , p. 11 ] , et de Monnet et Dury [ Répert. de
toluidine. Les solutions de ces deux substances Chim . appl., 1861 , p. 12] . Monnet et Dury mélan-
sont séparées l'une de l'autre par une addition gent 4 p. d'aniline et 1 p. de tétrachlorure de
de sel marin qui précipite le chlorhydrate de mau- carbone dans une marmite autoclave et chauffent
vaniline, le chlorhydrate de chryso-toluidine res- à 120° environ ; puis quand la pression considé-
tant en solution .
rable qui se manifeste au commencement a cessé,
La mauvaniline est précipitée de son chlorhy- on porte la température à 180° pendant quelques
drate par l'addition d'un alcali. minutes. Le mélange retiré du matras renferme
Propriétés et composition de la mauvaniline et une forte quantité de chlorhydrate de rosaniline.
de la violaniline. La mauvaniline est inso-
luble dans l'eau , soluble dans l'alcool, l'éther, la Ch. Lauth opère en vase ouvert, en faisant
refluer les vapeurs dans le ballon où se trouve le
benzine. Ses sels sont solubles dans l'eau, à la- mélange. Après 30 heures environ d'une tempé-
quelle ils communiquent une teinte d'un beau rature de 180 °, l'opération est terminée ; il est
violet rougeâtre, qui est aussi celle qu'ils donnent facile d'extraire du produit brut ainsi obtenu du
en teinture. chlorhydrate de rosaniline.
Elle donne, sous l'influence de l'aniline, des Le procédé de Verguin a été breveté en France
produits phénylés et, sous celle des iodures al- en faveur de Renard frères, de Lyon : la pos-
cooliques, des produits éthylés et méthylés ana- session exclusive de la matière colorante rouge
logues à ceux qu'on obtient dans les mêmes con- a été accordée à ces fabricants, après un grand
ditions avec la rosaniline.
La violaniline possède des propriétés analogues. nombre de procès, et ce monopole, que le législa-
Elle est insoluble dans l'éther et la benzine . Les teur de 1844 ne prévoyait certes pas, a été et est
encore pour l'industrie française une charge des
nuances d'un violet bleuâtre qu'elle donne en plus onéreuses.
teinture sont ternes et offrent peu d'intérêt. Le rouge d'aniline se forme dans beaucoup
La mauvaniline a pour composition de circonstances ; le nombre des procédés publiés
C19 H17 Az3. H2O, pour sa préparation est aujourd'hui très-consi-
la violaniline C18 H15 Az3. H2O . dérable : nous ne ferons que citer les plus impor-
tants d'entre eux ; nous donnerons ensuite avec
On a donc maintenant la série homologue sui- détails le seul qui soit suivi aujourd'hui.
vante : Renard frères , outre le chlorure d'étain , in-
Violaniline, C18 H15 Az³ (dérivant de 3 molécules diquent dans leur brevet l'oxymuriate d'étain,
d'aniline). les sulfates d'étain, les fluorures d'étain et de
Mauvaniline, C19 H17 Az³ (dérivant de 2 molé- mercure, les bibromures d'étain et de mercure,
cules d'aniline et de 1 molécule de toluidine). le sesquichlorure de carbone, l'iodoforme, etc.
Rosaniline , C20 H19 Az3 (dérivant de 1 molécule Gerber Keller. 7 p . de nitrate mercurique.-
d'aniline et de 2 molécules de toluidine). 10 p. d'aniline. - - Chauffer 8 heures à 100° [ Bre-
Chryso - toluidine, C31 H21 Az3 (dérivant de 3 mo- vet du 29 octobre 1859, n° 42621 ].
lécules de toluidine.) Albert Schlumberger. - 6 p. de nitrate mer-
Brevet du 16 mars 1867. Bull. de la Soc. cureux. - 10 p. d'aniline. Chauffer à l'ébul-
chim ., t. VII (1867), p. 366] . lition [Bull. de la Soc. industr. , mars 1860,
p. 170] . Voir, pour le mode opératoire, une notice
ROUGES D'ANILINE. Les seuls rouges aujour- de Th. Oppler , Dingler's polytechn . journ. ,
d'hui bien définis sont le rouge de rosaniline, t. CLXXXI, p. 304.
généralement connu sous le nom de rouge d'a- Ch. Lauth et P. Depoully. Action de l'acide
niline, et le rouge de toluène. nitrique sur un excès d'aniline à 180° [janvier
1º Rouge d'ANILINE [ Syn . Aniléine rouge, fuch- 1860, brevet nº 44930].
ANILINE. 315 ANILINE.
Hillman [ Patente du 10 décembre 1859]. métallique et présenter une cassure vitreuse.
Medlock [Patente du 18 janvier 1860] . -- Girard Lorsque ce point est atteint, on éteint le feu et
et de Laire [ Brevet du 1er mai 1860, nº 44958]. on établit autour de la chaudière un courant d'air
-Action de l'acide arsénique sur l'aniline, à 180°. froid au moyen de carneaux disposés à cet effet.
Dale et Caro. · Chauffer 1 p. de chlorhydrate On verse alors sur la masse en fusion 100 litres
d'aniline avec 1 p. de nitrate de plomb à 182º d'eau, puis dans le mélange bien homogène on
[Brevet n° 47578] . ajoute avec précaution 25 à 28 kilog. de sel de
Laurent et Casthelaz - Faire digérer à froid, soude, et l'on chauffe de nouveau ; on recueille
pendant 24 à 36 heures, 2 p . de limaille de fer, ainsi une nouvelle quantité d'aniline.
1 p. de nitrobenzine et 1/2 p. d'acide chlor- A ce moment, le mélange qui se trouve dans la
hydrique. Le produit ainsi obtenu a été désigné chaudière se compose essentiellement d'arséniate
sous le nom d'érythrobenzine : il est remar- et d'arsénite de sodium en solution , puis d'une
quable en ce qu'il permet de préparer le rouge pâte épaisse formée d'arséniate de rosaniline et
d'aniline directement avec la nitrobenzine [Bre- de matières étrangères dont il faut débarrasser le
vet n° 52224 ]. rouge. On sépare la solution arsenicale et on fait
Delvaux. - Chauffer le chlorhydrate d'aniline bouillir le rouge brut avec 100 litres d'eau aux-
à 150 pendant 5 à 6 heures, avec 10 fois son quels on ajoute 2 à 3 kilog . de sel de soude, puis
poids de sable [Brevet nº 51962] . on laisse refroidir ; après décantation on retire
Gratrix. Chauffer 5 p. d'aniline avec 4 p. de de la chaudière une masse pâteuse d'arséniate
nitrate d'antimoine (?) ou de nitrate de nickel neutre de rosaniline : celle-ci doit être, pour les
[Lond. journ., juillet 1861]. besoins du commerce, transformée en chlorhy-
Sieberg. - Faire fondre 25 p. de chlorhydrate drate. A cet effet on la partage en deux cuves de
d'aniline sec et projeter , par petites portions, 1000 litres chacune et on la fait bouillir pendant
dans la masse fondue 32 p. d'acide antimonique. quelques heures. Après la première heure, on
Chauffer pendant 5 à 6 heures, au bain d'huile, à ajoute à chaque cuve 25 litres d'une solution
240° [ Dingler's polytechn. journ . , 1864, t. CLXXI, saturée de sel marin et 1/2 litre d'acide chlorhy-
p. 366]. drique il se forme ainsi de l'arséniate de sodium
Holliday. - Chauffer à 220°-230° un mélange et du chlorhydrate de rosaniline. On filtre avec
de 20 p. d'aniline lourde, 20 p. d'acide chlorhy- soin sur des filtres de feutre pour retenir les par-
drique, 10 p. de nitrobenzine. En augmentant la ties noires, insolubles, et on dirige les liqueurs
proportion de nitrobenzine, on produit du violet: filtrées dans des cristallisoirs en cuivre, où on les
en la quadruplant on obtient du bleu [Brevet abandonne pendant quelques jours. Il s'y dépose
n° 71114] . Ces réactions ont été indiquées égale- alors une abondante cristallisation de chlorhy-
ment par Staedeler [ Bull. de la Soc. chim., drate de rosaniline.
t. V (1866), p. 218]. Il existe dans le commerce diverses sortes de
Vohl. Chauffer à 180° 16 p. de chlorhydrate fuchsines , les unes donnant en teinture des
de zincanile sec avec 8 p. de nitrate de mercure. nuances violettes , les autres des nuances rou-
[Jahresb. , 1865, p. 638. geâtres.
Citons encore les recettes suivantes malgré leur On obtient ces deux produits à volonté, selon
peu d'intérêt pratique : la manière dont la cristallisation est dirigée.
Williams chauffe progressivement de 116° à 182º, Pour obtenir la nuance violette, il faut que le
pendant 60 heures environ, 2 équivalents d'acétate bain d'où se déposeront les cristaux soit acide et
d'aniline avec 1 équivalent d'acétate ou de phos- que la cristallisation ne soit pas prolongée au
phate de mercure [ Lond. journ . of arts, nov. 1863 delà de 24 à 36 heures. Les eaux mères de ces cris-
p. 238]. taux de fuchsine violette, neutralisées et abandon-
Wilson oxyde l'aniline, à 120°, avec 5 % de son nées à elles-mêmes pendant plusieurs jours , dé-
poids d'acides nitrique , iodique ou arsénique et posent des cristaux de fuchsine rouge.
ajoute à ce mélange un peroxyde métallique [Deut. La variété violette est donc un peu moins so-
Ind. Zeitung, 1864, p. 158] . luble que la rouge, surtout dans une liqueur
Blockey et Watson oxydent l'aniline l'un à acide.
100° , l'autre à 70º, par de l'eau régale [Polytechn. Les eaux mères des cristaux sont précipitées
centralblatt, 1863, p. 703]. tantôt par du carbonate de sodium, et la rosani-
Le procédé le plus généralement suivi aujour- line ainsi obtenue rentre dans la fabrication ; tan-
d'hui est le procédé à l'acide arsénique. Il serait tôt par du tannin, et le tannate de rosaniline
bien désirable qu'on parvint à trouver un moyen insoluble est livré au commerce, comme laque
différent de transformer économiquement l'ani- ordinaire pour papiers peints.
line en matière colorante rouge, car l'emploi Le rendement du rouge cristallisé est environ de
d'une substance aussi toxique que l'acide arsé- 30 à 33 % du poids de l'aniline consommée (mais
nique a déjà donné lieu à des accidents terribles. non pas de l'aniline mise en fabrication) . Les ani-
L'opération se fait dans une chaudière de lines échappées par distillation , et que l'on estime à
300 litres environ , en fonte émaillée, établie sur la environ 45 % du poids de l'aniline mise en fabri-
voute d'un fourneau en briques et chauffée dans un cation, servent généralement à la fabrication du
bain d'air : cette chaudière est munie d'un chapi- noir d'aniline, ainsi que des violets et bleus déri-
teau qui la met en communication avec un serpen- vés de la rosaniline.
tin un agitateur traverse ce chapiteau et descend Le procédé que nous avons décrit comme étant
jusqu'au fond de la chaudière. On introduit dans la le plus généralement suivi dans la préparation de
chaudière 100 kilog . d'aniline commerciale, pour la fuchsine varie beaucoup dans ses détails, d'a-
rouge (points d'ébullition : 20 % de 183° à 190°, - près les localités où se trouve située la fabrique,
50 % de 190° à 195°,-30 % de 195° à 205°. -Den- le prix plus ou moins élevé des produits chi-
sité 1006-1010) , et 140 kilog. d'acide arsénique miques, etc. La modification la plus importante
à 75 %. - Quand le chapiteau est fixé , on com- et qui est généralement adoptée par les établisse-
mence à chauffer et on pousse la chaleur jusqu'au ments allemands consiste dans le remplacement
point d'ébullition de l'aniline, dont une notable du carbonate de sodium par le carbonate de cal-
partie échappe à la réaction et doit être con- cium .
densée avec soin. On remue pendant toute la La fuchsine brute est concassée et additionnée
durée de l'opération . Après 3 heures environ, on d'un excès de chlorure de sodium, de façon à
prélève un échantillon de la masse : le produit, transformer tout l'arséniate de rosaniline en
pris au bout d'une baguette, doit être d'un aspect chlorhydrate. On dissout ce mélange et on le fait
ANILINE. 316 ANILINE.
bouillir pendant quelque temps, puis on ajoute un Pour teindre le coton, comme cette fibre n'a
excès de carbonate de calcium . La majeure partie pour la rosaniline aucune affinité, on est obligé de
de l'acide arsénique existant encore dans le pro- l'animaliser . On opère exactement comme pour
duit est ainsi éliminée à l'état d'arséniate de cal- l'aniléine (voir page 312 ) . Comme pour elle, on
cium . Quant à l'acide arsénieux provenant de la peut en outre employer, pour fixer le rouge, le
réduction de l'acide arsénique (il y en a environ tannin ou les tannates métalliques .
la moitié de réduit), il reste en solution à l'état Schultz fixe la rosaniline au moyen de l'arsé-
d'arsénite de calcium et se retrouve dans les eaux nite d'aluminium qu'il prépare avec 1/4 de litre
mères des cristallisoirs (Habedanck). d'acétate d'aluminium à 10° et 20 grammes d'ar-
Le procédé suivant donne aussi de très-bons sénite de sodium [ Brevet n° 55138, 15 août 1862] .
résultats. Le rouge brut est dissous dans l'acide Selon Schultz, l'arsénite d'aluminium , soluble
chlorhydrique concentré et chaud. Cette solution, dans ces conditions, devient insoluble sous l'action
étendue d'eau , est filtrée et saturée par une quan- de la vapeur et se fixe alors intimement à la fibre
tité de chaux telle, que le chlorhydrate de rosa- en emprisonnant les matières colorantes qu'il te-
niline reste tout entier en solution. La majeure nait auparavant en suspension ou en dissolution.
partie des impuretés est éliminée par cette satu- D'après Bulard, les gommes inférieures altè-
ration partielle . On les sépare par filtration , puis rent très-promptement le rouge, en lui commu-
on ajoute au bain un mélange d'acétate et de niquant une teinte violette terne [ Répert. de Chim.
chlorure de sodium, qui précipitent toute la rosa- appl., 1863, p . 169].
niline en laissant en solution une matière rouge- On reconnaît très-facilement les rouges d'ani-
ponceau qui est rejetée. Le précipité du sel de ro- line fixés sur tissu , non-seulement à l'éclat de leur
saniline est redissous dans l'eau acidulée par nuance, mais encore par le simple contact d'un
l'acide chlorhydrique, et cette solution , plus ou acide énergique qui fait passer la couleur au
moins saturée, selon la nuance que l'on désire jaune pur. Un lavage à l'eau ramène la nuance
obtenir, est abandonnée à la cristallisation [Bardy, primitive.
Communication particulière]. Nature et composition du rouge d'aniline.
Un grand nombre de travaux ont été publiés sur
Les eaux arsenicales provenant de la fabrica- ce sujet par Guignet, Béchamp, Willm, Persoz,
tion du rouge d'aniline sont aujourd'hui traitées Salvétat, de Luynes, Emile Kopp, Jacquemin,
presque partout dans le but d'en retirer l'arsenic Jacquelain, etc. Ces travaux, faits à une époque
qu'elles renferment, et d'éviter ainsi les nom- où le rouge d'aniline pur était inconnu, ne pré-
breux accidents auxquels a donné lieu le libre sentent plus qu'un intérêt historique. C'est à
écoulement de ces eaux dangereuses . A. W. Hofmann que nous devons la connais-
A cet effet , on les précipite par un lait de sance de la composition et de la nature du rouge
chaux, le plus souvent mélangé à du chlorure de d'aniline [Compt. rend. , t. LIV, p. 429 ; Ann . de
manganèse, de façon à ramener tout l'arsenic à Chim. et de Phys., (3), t. LXV, p. 207].
l'état d'acide arsenieux . Le précipité d'arsénite Les différents rouges d'aniline du commerce
de calcium peut être traité de diverses façons. sont les sels d'une base incolore à laquelle Hof-
Sopp le décompose par l'acide sulfurique, et en mann a donné le nom de rosaniline. On l'obtient
ayant soin d'additionner cet acide d'acide ni- en précipitant par l'ammoniaque une solution
trique, il transforme immédiatement l'acide ar- bouillante de l'acétate . Industriellement, on la
sénieux en acide arsénique qui rentre directe- prépare en dissolvant 25 kilogrammes de chlorhy-
ment dans la fabrication du rouge. drate de rosaniline dans 500 litres eau et 5 litres
Tabourin et Lemaire le mélangent à du char- d'acide chlorhydrique. On fait bouillir, puis on
bon et le calcinent. L'arsenic est réduit, puis il se ajoute d'un coup 30 kilogrammes de soude caus-
volatilise et se transforme dans les fours en acide tique à 38° . On agite bien, puis, après avoir main-
arsénieux, que l'on recueille et qui est à son tour tenu la température de l'ébullition pendant quel-
transformé en acide arsénique. ques instants, on laisse refroidir. On obtient
Le procédé de Randu et Cie est analogue. Les ainsi 18 kilogrammes de rosaniline cristallisée.
résidus sont calcinés dans un fourneau à parois Propriétés de la rosaniline. - La rosaniline
de coke et donnent de l'arsenic ou de l'acide ar- est très-peu soluble dans l'eau, soluble en rouge
sénieux, selon qu'on les a calcinés avec ou sans dans l'alcool, insoluble dans l'éther ; elle est inso-
charbon [Bull. de la Soc. chim., t. VI (1866), luble dans les huiles grasses et soluble dans les
p. 253 et 254]. acides gras : cette propriété a été mise à profit par
Quant aux résidus proprement dits de la fabri- Jacobsen pour l'analyse des huiles [ Dingler's po-
cation de la rosaniline, c'est-à-dire aux parties lylech. journ., t. CLXXXII , p. 427 ] . Soumise à
noirâtres insolubles dans l'acide faible, et que l'action de la chaleur, elle perd une faible quan-
l'on obtient après le premier traitement du rouge tité d'eau d'interposition à 100 °. On peut ensuite
brut, ils renferment également de l'arsenic et on la chauffer jusqu'à 130° sans qu'elle change de
peut les utiliser à ce point de vue. Mais il est plus poids. Elle se décompose à une température plus
avantageux d'en retirer les divers produits que élevée en dégageant de l'aniline et une autre
Paraf y signale et dont nous avons déjà parlé en base qui cristallise en magnifiques feuillets.
traitant de la mauvaniline. Les cristaux de rosaniline constituent un hy-
On y trouve, d'après Paraf, une matière colo- drate dont la composition est représentée par
rante ponceau, une autre violette, et une troi- C20 H19 Az3. H2O.
sième puce. Ces couleurs peuvent être séparées
en utilisant, pour cela, leur inégale solubilité Cette base peut être considérée comme une tria-
dans l'acide chlorhydrique [ Bull. de la Soc. mine triacide. Elle paraît capable de former trois
chim ., t. VII (1867) , p . 92] . classes de sels ; cependant Hofmann n'a obtenu
Emploi du rouge d'aniline. -- Il est peu de que ceux correspondant à 1 et à 3 équivalents
matières colorantes dont l'emploi soit aussi facile d'acide.
que le rouge d'aniline. Ceux de la première classe sont très-stables ;
Pour teindre la soie, on la manoeuvre dans une les autres se décomposent au contact de l'eau.
dissolution froide d'un sel de rosaniline. On obtient les différents sels de rosaniline en
Pour la laine, on chauffe cette dissolution de combinant la base aux divers acides, ou en fai-
50° à 60°. sant bouillir avec un excès de base libre les com-
Il est bon de ne pas teindre dans des bains posés ammoniacaux de ces acides.
concentrés , et de les renforcer graduellement. Les sels monacides sont fort beaux, d'un vert
ANILINE. 317 ANILINE.
doré très-brillant ; leur solution est rouge cra- line. Le sulfite neutre de rosaniline donne, par
moisi. D'après Chevreul , la couleur verte des l'action des aldehydes, des composés bleus et vio-
cristaux de rosaniline est exactement complémen- lets , comme les autres sels de rosaniline [ Hugo
taire de celle qu'ils communiquent par teinture Schiff, Ann. der Chem. u. Pharm., octobre 1866 ,
à la laine et à la soie [ Compt. rend., 1861 , t. CXL, p. 92] .
t. LIII , p. 984]. Action des agents réducteurs sur la rosaniline.
Les sels triacides sont jaune brunâtre ; leur - - Sous l'influence du zinc et de l'acide chlorhy-
solution de même. drique ou du sulfure d'ammonium, la rosaniline
Chlorhydrate de rosaniline (Fuchsine) . — Cris- se transforme en leucaniline, que l'on obtient
taux rhombiques verts dorés, souvent réunis en pure en décomposant par l'ammoniaque le chlor-
étoiles , solubles dans l'eau, peu solubles dans hydrate cristallisé.
l'alcool, insolubles dans l'éther. Elle a pour composition C20 H21 Az³.
Desséchés à 130°, ils renferment La leucaniline est une base anhydre peu so-
C20 H19 Az3. HCl. luble dans l'eau et l'éther, très-soluble dans l'al-
cool et dans le chlorure de leucaniline. Chauffée
Ce sel , dissous dans l'acide chlorhydrique à 100º, elle fond en un liquide rouge qui se prend
faible, puis étendu d'un excès d'acide concentré, par refroidissement en une masse moins colorée.
se transforme en C20 H19 Az³ . 3 HCl, que l'on ob- Chlorure de leucaniline,
tient ainsi très-bien cristallisé. Ce composé, sou- C20 H21 Az3 . H3 C13 + H2O.
mis à l'action de la chaleur, régénère de nouveau
le chlorure monacide. Il s'obtient en traitant par l'acide chlorhy-
L'un et l'autre se combinent au chlorure de pla- drique faible le produit, préalablement lavé à
tine et forment les composés : l'eau, de la digestion de la fuchsine avec le sulfure
2 (C20 H19 Az³. HCl) . Pt Cl , d'ammonium, et précipitant la solution par l'acide
2 (C20 H19 Az3 . H³ Cl³) 3 Pt Cl . chlorhydrique concentré ; en répétant plusieurs
fois ce traitement, on l'obtient parfaitement blanc,
Bromure de rosaniline. - Très-semblable au cristallisé en tablettes rectangulaires.
chlorure . Hofmann n'a pas pu obtenir le sel monacide.
Sulfate de rosaniline, Le chlorure de leucaniline se combine avec le
C20 H10 Az3 H) SO4. bichlorure de platine pour former
C20 H19Az3 H 2 (C20 H21 Az³. H³ Cl³ ) 3 Pt Cl + 2 H2O,
Cristaux verts peu solubles dans l'eau. très-beau composé cristallisé en prismes bien
Oxalate de rosaniline, définis.
C20H19 Az3. H C2O4, H2O. La leucaniline ne différant de la rosaniline que
C20H19Az3 . H par 2 équivalents d'hydrogène en plus , on con-
çoit que les agents d'oxydation puissent régéné-
Très-semblable au sulfate ; il ne perd pas son rer la rosaniline. L'expérience réussit en effet très-
eau sans décomposition. bien avec le peroxyde de baryum et surtout le
Acétale de rosaniline, C20 H19 Az³. C2H4O2. - chromate de potassium.
Magnifiques cristaux octaédriques, très- solubles La leucaniline, d'après Hofmann , est attaquée
dans l'alcool et l'eau. par le bisulfure de carbone, le chlorure de ben-
On le prépare en faisant bouillir ensemble 30 kilo- zoïle et par plusieurs autres agents. L'étude de
grammes de chlorhydrate de rosaniline et 10 kilo- ces produits n'est pas encore terminée.
grammes d'acétate de sodium dans 2000 litres eau. La leucaniline en solution nitrique est énergi-
L'acétate cristallisé se dépose par refroidis- quement attaquée par l'acide nitreux et donne
sement. naissance à une nouvelle base dont les composés
Formiate. - Semblable à l'acétate. platiniques sont détonants.
Chromate. Précipité rouge- brique, peu so- Un autre produit de réduction de la rosaniline
luble. a été signalé par la Société « la Fuchsine >> [Bre-
Picrate. -- Cristaux prismatiques peu solubles. vet n° 65070]. On l'obtient en traitant une solu-
Tannate. Ce composé, préparé industrielle- tion aqueuse de chlorhydrate de rosaniline par du
ment dès les commencements de la fabrication zinc métallique eu poudre fine. Il se forme ainsi
de la fuchsine par Depoully et Lauth, a été étu- une matière jaune qui , par oxydation , donne nais-
dié par Emile Kopp. On l'obtient en ajoutant à sance à un corps marron.
une solution froide d'un sel de rosaniline une Ch. Lauth , en traitant la rosaniline ou un de
solution étendue de tannin. On obtient ainsi un ses sels par une dissolution d'acide hypophospho-
beau précipité carmin, insoluble dans l'eau, so- reux et chauffant le mélange , a obtenu une sub-
luble dans l'acide acétique . Il fond à une assez stance jaune qui , dissoute dans l'eau , et addition-
basse température et prend alors l'aspect rési- née d'ammoniaque, donne naissance à un précipité
noide. Sous l'influence des alcalis caustiques d'un beau jaune ; ce précipité, purifié par redisso-
énergiques, le tannate de rosaniline est détruit. lutions dans l'alcool et précipitations par l'eau,
L'esprit de bois brut transforme facilement ce constitue une base nouvelle dont le chlorhydrate
tannate en composés violets et bleus analogues s'obtient aisément en beaux cristaux , ce corps se
sans doute à ceux qui sont produits par l'action transforme en rosaniline avec la plus grande
de l'aldehyde sur les sels de rosaniline [ Repert. facilité. L'analyse et la composition de cette nou-
de Chim. appl. , 1862 , p. 257 ). velle substance n'ont pas encore été publiées
Nitrate de rosaniline (Azaléine de Gerber et (expériences inédites).
rouge de Lauth et Depoully) , C20 H19 Az3.HAz O³. L'action des agents oxydants sur la rosaniline
S'obtient facilement en dissolvant la rosani- n'a pas encore été étudiée au point de vue scien-
line dans de l'acide nitrique étendu et chaud . tifique; elle a donné lieu à diverses applications.
Sulfite de rosaniline. Lorsqu'on verse une Voyez BRUNS D'Aniline.
solution aqueuse d'acide sulfureux sur l'hydrate
de rosaniline, la couleur caractéristique des sels Sous l'influence de divers agents , la rosaniline
de cette base se manifeste immédiatement. Par peut perdre un ou plusieurs atomes d'hydrogène
l'addition d'un excès d'acide sulfureux , elle dis- qui sont remplacés par des molécules plus com-
parait en partie ; la liqueur renferme alors, avec plexes ; ces dérivés , par substitution , de la rosa-
du trisulfite de rosaniline, du sulfate de leucani- niline présentent généralement des caractères tinc-
ANILINE. 318 ANILINE.
toriaux différents de ceux de la rosaniline elle- line pure, provenant soit de la distillation de
même. - Voyez MATIÈRES COLORANTES DÉRIVÉES DE l'indigo, soit de la benzine obtenue par la dé-
LA ROSANILINE. composition du benzoate de chaux, soit enfin de
L'iodure d'éthyle la transforme en éthyl-rosani- la benzine pure dérivée du goudron de houille,
line. Voyez VIOLET HOFMANN. ne donne pas de matière colorante rouge sous
L'iodure et le bromure d'éthylène attaquent la l'influence des agents oxydants ; et il en con-
rosaniline en solution alcoolique et la transfor- cluait qu'il existe dans l'aniline commerciale une
ment à la longue en produits violets [ Max Vogel, base autre que la phénylamine , peut-être un
Journ . für prakt. Chem . , t. XCIV, p. 450, 1865.] isomère de cet alcaloide et dont la coopération
Le chlorure de benzoile et le chlorure d'acétyle est indispensable à la production de la rosani-
réagissent difficilement sur la rosaniline ; le line. Il établit depuis que cette base est la tolui-
chlorure de benzoile décompose une solution dine ; que, pas plus que la phénylamine, elle seule
alcoolique de rosaniline en produisant une ma- n'est capable de donner de la rosaniline , mais
tière colorante brune [Vogel, loc. cit.]. que la propriété de donner du rouge appartient
L'acide azoteux donne naissance, avec la rosa- au mélange de toluidine et de phenylamine.
niline, à divers produits (voyez JAUNES D'ANILINE) L'équation la plus vraisemblable de la forma-
qui, traités par le protochlorure d'étain et préci- tion du rouge est, selon lui ,
pités ensuite par un alcali, se dissolvent en bleu C6H7 Az + 2 (C7 H9 Az) = C20 H19 Az3 + 3 H.
et en violet dans l'acide acétique et l'alcool
[Caro, Bull. dela Soc. chim. , t. VII ( 1867 ), p . 269] . Quant à la constitution de la rosaniline, sa
L'acide valérique, chauffé avec son poids de ro- molécule renferme 3 atomes d'hydrogène ty-
saniline, la transforme en violet [Wise, Lond. pique capables d'être remplacés par des radicaux
journ. of arts, 1866, Mars , p. 217] . alcooliques. Le résidu C20 H16 fonctionne donc, dans
L'aniline, en réagissant sur la rosaniline, donne la rosaniline, avec la valeur de 6 atomes d'hy-
naissance à la rosaniline triphénylique. -- Voyez drogène, et on pourrait peut-être le considérer
VIOLETS ET BLEUS DE ROSANILINE. comme renfermant les radicaux phénylène et
L'aldehyde acétique et les autres aldehydes s'y toluylène ; la rosaniline serait alors :
combinent avec élimination d'eau et produisent (CH4)"
des matières violettes et bleues. - Voyez VIOLETS 2 (CH )" Az³.
ET BLEUS D'ALDEHYDE. H3
Le chlorhydrate d'aniline à une haute tempé-
rature attaque la rosaniline et la transforme en Les faits que nous exposons dans le paragraphe
matières brunes. Voyez MARRONS D'ANILINE. suivant sont en opposition avec la théorie d'Hof-
Mode de génération de la rosaniline. — Quoique mann; ils prouvent au moins que la produc-
la composition du rouge d'aniline soit aujour- tion d'une matière colorante rouge est possible
sans le concours simultané de l'aniline et de la
d'hui parfaitement établie, grâce aux beaux tra-
vaux de Hofmann , son mode de génération est toluidine. La composition de cette matière elle-
diversement interprété , et paraît nécessiter de même est encore inconnue ; mais il paraît bien
nouvelles expériences. établi qu'elle ne renferme pas d'aniline dans sa
Selon Schiff, la formation de la rosaniline avec constitution . Ou bien elle diffère par sa composi-
le bichlorure d'étain aurait lieu selon l'équation tion de la rosaniline, et alors il résulte de ce
suivante : fait que des matières colorantes rouges , autres
20 C6 H7 Az + 5 Sn Cl que la rosaniline , peuvent être produites avec
3 (C20 H19 Az3. HCl) + 6 ( C6 H7 Az. HCl) les alcaloides du goudron de houille ; ou bien
elle est identique à la rosaniline et cette identité
+ H Az Cl + 5 Sn Cl2 + 4 C6 H7 Az. prouverait que la rosaniline peut être préparée
Sous l'influence de l'azotate mercurique, elle autrement qu'avec un mélange d'aniline et de
aurait lieu selon l'équation : toluidine.
20 C6 H7 Az + 10 Hg Az2O6 2º ROUGES DE TOLUÈNE ET DE XYLÈNE [ Bull , de la
= 3 C20 H19 Az3. H Az O³ + 6 C6 H7 Az . HAz O3 Soc. indust. de Mulhouse. , 25 avril 1866 , et Bull.
de la Soc. chim. , t. VI (1866), p. 500] .
+ H+Az. Az O3 + 5Hg2Az² O6 + 4 C6 H7 Az. Dans un brevet pris le 5 juillet 1859, E. Franc
[Compt. rend., t. LVI, p. 271 et 545.] indique le moyen de préparer une matière colo-
On voit que dans ces réactions il se forme de rante rouge en faisant réagir les chlorures métal-
l'ammoniaque , et Schiff insiste beaucoup sur liques anhydres SnCl4, HgCl2 , etc. , ou divers
ce point. agents oxydants, sur la toluidine ou la cumidine ;
Dans un second mémoire, il apporte d'autres mais cette préparation n'a pas reçu la sanction de
preuves à l'appui de sa manière de voir [ Compt. l'expérience, et la fabrication d'une matière colo-
rend., t. LVI, p. 1234 , 1863 ] . La rosaniline de- rante au moyen d'alcaloides dérivés du toluène
rive, selon lui, de l'aniline par élimination d'hy- nous paraît être restée inconnue avant les travaux
drogène et d'ammoniaque : que nous allons résumer.
3 C20 H19Az3 = 10 C6 H7 Az Az 13 + 10 H. Coupier prépare dans son usine les divers hy-
drocarbures du goudron de houille, et au moyen
Il a tenté la synthèse directe de la rosaniline par d'un appareil séparateur (voir BENZINE) , il arrive
l'action du potassium sur l'aniline. Il se dégage, à isoler chacun de ces hydrocarbures. Il peut
en effet, de l'ammoniaque, et l'alcool extrait de ainsi obtenir de la benzine, du toluène , du xy-
la masse une petite quantité d'une matière cra- lène, etc., dans un état de pureté relativement
moisie. très-grand . En transformant ensuite ces hydro-
Selon Hofmann , la production d'ammoniaque carbures, il obtient de l'aniline, de la toluidine,
n'a pas lieu simultanément avec la formation de de la xylidine pures à 2 % près.
la rosaniline ; elle est le résultat d'une action La toluidine préparée par ces procédés est
secondaire ; et, en opérant dans des conditions apte à se transformer en matière colorante rouge,
convenables, on peut parfaitement l'éviter [ Compt. sans le concours de l'aniline. On chauffe à 150°-
rend. , t. LIX, p. 793, 1864] . Hofmann pense que 160° un mélange de 100 p. de toluidine Coupier,
l'équation de Schiff est inadmissible. Selon lui , 160 p. d'acide arsénique ( à 75 % ) , 35 p. d'acide
la rosaniline ne dérive pas de l'aniline , mais chlorhydrique , pendant 3 à 4 heures. La transfor-
d'un mélange d'aniline et de toluidine. En mation s'effectue dans ces conditions. Un mélange
juin 1863 déjà, Hofmann avait établi que l'ani- de 67 p. de toluidine cristallisée , 95 p . de ni-
ANILINE. 319 - ANILINE.
trotoluène, 65 p . d'acide chlorhydrique et 7 p. de fiques couleurs qui dérivent d'elle par substitution.
chlorure ferreux, chauffés à 190° pendant 3 heures, Le premier dérivé coloré obtenu par substitu-
donne d'aussi bons résultats. tion avec la rosaniline a été obtenu par Ch. Lauth
La xylidine, dans les mêmes conditions, donne en faisant réagir sur elle les aldehydes, en pré-
également des matières colorantes rouges ; les sence d'un acide. Peu après, Girard et de Laire
nuances fournies en teinture par le rouge de xy- obtinrent le violet impérial, puis le bleu de Lyon
lène sont plus violacées que celles du rouge de en traitant la rosaniline par l'aniline, c'est-à-dire
toluène. en remplaçant dans la rosaniline un ou plusieurs
L'intérêt qui s'attache à ces faits est très-grand. atomes d'hydrogène par une ou plusieurs molécules
Le toluène de Coupier est d'une pureté qui ne de phényle .
laisse rien à désirer. D'autre part, il est peu pro- La découverte ultérieure des verts , des mar-
bable que, dans la transformation de l'hydrocar- rons, des jaunes d'aniline , puis la préparation
bure en alcaloide, il perde CH³ et se transforme industrielle des violets d'éthyl- et de méthyl -rosa-
en aniline ; à la rigueur, cela serait possible, mais niline viennent clore la série des matières colo-
alors on devra trouver cette aniline dans l'alca- rantes aujourd'hui connues, dérivées de la rosani-
loïde résultant de la transformation du toluène. line.
Or cet alcaloide ne commence à bouillir qu'à 198 °,
et même les premières gouttes distillées ne don- VIOLETS D'ANiline dérivés DE LA ROSANILINE.
nent pas avec le chlorure de chaux la coloration 1° VIOLET A L'ALDÉHYDE . ---- Ce produit a été dé-
bleue caractéristique de l'aniline. Cet alcaloide couvert par Ch. Lauth en traitant une solution
n'est cependant pas de la toluidine pure on sait alcoolique de rouge d'aniline par un acide mi-
en effet que celle-ci est solide et cristallisée, néral et une aldehyde (l'hydrure d'acétyle , de
tandis que la toluidine de Coupier est liquide ; valéryle, de benzoile, etc.) . Lorsque la solution
mais elle présente la propriété suivante : lors- est devenue bleue, on sature l'excès d'acide et on
qu'on l'agite avec une petite quantité d'eau pen- filtre [ Soc. indust. de Mulhouse (mémoire déposé
dant un certain temps, on la voit se concréter aux archives de la) , le 24 décembre 1860].
et se prendre en une bouillie presque solide de Ce violet est soluble dans l'eau , l'alcool , l'éther,
toluidine cristallisée , une petite portion d'huile la glycérine, les alcalis et les acides. Il est préci-
non cristallisée restant interposée entre les feuil- pité de ces dernières solutions par leur satura-
lets de la toluidine. Cette huile, redistillée et tion . I forme avec le tannin une combinaison
agitée avec de l'eau, se transforme à son tour et insoluble.
intégralement en toluidine cristallisée. Elle ne En teinture et en impression , ce violet donne
saurait donc être confondue avec l'aniline , dont des nuances très-pures, mais peu solides.
elle ne possède d'ailleurs ni les propriétés phy- Dance, pour produire ces couleurs sur tissus,
siques ni les propriétés chimiques. Son point prend comme point de départ la leucaniline ; il la
d'ébullition est exactement à 1979. traite par l'aldéhyde ou l'acroléine, en présence
Il résulte de ces différents faits que la toluidine d'un acide, teint avec ce mélange et l'oxyde en-
de Coupier ne peut pas être considérée comme suite par un passage en bichromate [Deutsche
étant un mélange d'aniline et de toluidine, et que Industriezeit . , 1866, p. 478].
le rouge qui en dérive doit être autre chose que Nature et composition du violet à l'aldehyde.
la rosaniline, peut-être un homologue supérieur. Les aldehydes par leur action sur la rosaniline
Quoi qu'il en soit, le rouge de toluène possède éliminent de l'eau et fixent en place de l'hydro-
des propriétés analogues à celles du rouge d'ani- gène typique leurs résidus diatomiques [ Hugo
line. Il s'en distingue par un ton plus bleuté Schiff, Compt. rend. , t. LXI, p. 45, 1865. ]
qu'il communique aux fibres végétales ou ani- Schiff a étudié particulièrement l'action de
males, par sa transformation plus régulière en l'aldehyde oenanthique. Elle agit sur l'acétate de
matières colorantes dérivées, notamment en vert, rosaniline à la température ordinaire et donne
par son intensité plus grande, par une solubi- naissance à une masse cristalline cuivrée, soluble
lité dans l'eau beaucoup plus grande que celle du dans l'alcool avec une nuance d'un violet bleu
rouge d'aniline (Rosenstiehl , A. Roussille) . Enfin, très-riche.
un trait caractéristique , selon Coupier, de ce Les alcalis caustiques précipitent de cette solu-
nouveau produit, est la facilité avec laquelle on en tion la base hexatomique oenanthylidène-dirosa-
obtient des rendements considérables. Il est aisé niline
d'obtenir 40 % de rouge de toluène cristallisé, 2 (C20H16)v
Az6 (| 3(C7
lorsque les fabricants de rouge d'aniline ne dé- H1 ) = C¹ H7 Az6 .
passent guère 30 %. Cette base forme des sels avec la plupart des
Ces rendements de 40 % diminuent lorsqu'on
ajoute de l'aniline à la toluidine, et leur dimi- acides, même avec l'acide carbonique. L'acétate
nution est en rapport direct avec la quantité d'oenanthylidene- rosaniline a pour composition
d'aniline ajoutée. C61 H74Az6. 2 C2 H4O2 ;
Au point de vue scientifique, les résultats obte- l'arséniate, C61 H74 Az6. As H³ O.
nus par Coupier demandent une étude approfon-
die le lecteur trouvera, sur cette question, des Ces sels et la base se décomposent facilement,
détails très-intéressants dans le mémoire publié même à une température qui n'excède pas 40° ou
par Rosenstiehl, à la Société industrielle de Mul- 50° , surtout en présence d'un excès d'oenanthol.
house, 30 mai 1866 (voir aussi Monit. scientif., L'aldehyde benzoïque agit moins facilement sur
1866, p. 599) . la rosaniline ; mais vers 100° elle détermine ce-
Nous ne parlerons pas ici du vert de toluène, pendant la formation d'un produit violet qui pa-
du bleu, du violet de toluène, brevetés par A. raît renfermer
Schlumberger. Leur mode de préparation et (C20 H16)vi
leurs propriétés sont très-voisins de ceux de leurs Az3 (C7 H6 " = C27 H23Az3.
congénères . H
Matières colorantes dérivées de la rosaniline. L'aldéhyde acétique se comporte d'une façon
analogue et donne naissance à l'éthylidene-rosa-
Ces matières colorantes sont aujourd'hui très- niline
nombreuses. La rosaniline doit son importance j 2 C20H16
Az6 (3
commerciale moins à elle-même qu'aux magni- CH3 H2O,
ANILINE. 320 --- ANILINE.

qui est la base de la préparation du vert d'aniline. n° 45493] ; et par Delvaux en chauffant un mé-
Les triamines lange de sable et de chlorhydrate d'aniline [Bre-
vet n° 53534].
C20 H16. C7 H6. H. Az³.
C20H16. C7 H14 . H. Az³. 30 VIOLET DE MÉTHYL- ET D'ÉTHYL- ROSANILINE
C20 H16. C5 H10. H. Az³. (violet Hofmann ).
peuvent être obtenues à l'état de sels, par l'action C'est à Emile Kopp que revient le mérite d'avoir
des aldehydes correspondantes sur les solutions le premier songé à remplacer dans le rouge d'ani-
sulfureuses étendues, de l'acétate ou du chlorhy- line un ou plusieurs atomes d'hydrogène par une
drate de rosaniline, ces solutions restant toujours ou plusieurs molécules de méthyle , d'éthyle ou
en excès. L'hydrogène typique de ces bases peut d'amyle [ Compt. rend.. 1861 , 25 février] . Kopp
être remplacé par de l'éthyle. [ Compt. rend., n'a pas donné de détails sur son mode opératoire,
mais il a annoncé avoir réalisé cette substitution
1867, t. LXIV, p. 182]. et obtenu ainsi des matières de plus en plus
20 VIOLET IMPÉRIAL. - Girard et de Laire sont les bleues à mesure que les radicaux alcooliques se
inventeurs de cette belle matière colorante. Ils la substituaient à l'hydrogène.
préparent en chauffant pendant quelques heures Le procédé de Hofmann [ Brevet n° 59309 ,
un mélange de fuchsine et d'aniline à une tempé- 11 juillet 1863, - Patente anglaise du 22 mai
rature de 160° à 180° [ Brevet du 2 janvier 1861. 1863 ] consiste à chauffer sous pression, à une
-Bull. de la Soc. chim. , t. III (1865) , p. 153] . température de 100 °, pendant 3 à 4 heures, un
On prépare industriellement le violet impérial mélange de 1 p. de rosaniline , 2 p. d'iodure
en chauffant à 160°, dans une cornue munie d'un d'éthyle, 2 p . d'alcool fort.
réfrigérant, un mélange de 1 p. de chlorhydrate Hofmann indique aussi l'emploi des autres dé-
de rosaniline et de 3 p. d'aniline pure. rivés éthyliques, ainsi que des dérivés méthyli-
Après 4 heures de chauffage, on retire la masse ques et amyliques ; l'action de l'iodure d'amyle
du feu et on la fait bouillir avec de l'acide chlor- sur la rosaniline nécessite l'intervention d'une
hydrique faible, qui enlève l'excès d'aniline et température assez élevée .
de chlorhydrate de rosaniline . Le produit inso- Industriellement, on opère généralement dans
luble constitue le violet impérial. un appareil autoclave pouvant supporter une pres-
Propriétés et emploi du violet impérial . —Le vio- sion de 15 atmosphères : quelques fabricants pré-
let impérial est soluble dans l'alcool , l'acide acé- fèrent cependant opérer à air libre et en faisant
tique, l'esprit de bois. Il est insoluble dans l'eau. refluer les vapeurs.
Pour teindre ou imprimer avec le violet impé- On met en contact 5 p . de rosaniline, 8 p . d'al-
rial, on se sert de sa solution alcoolique : Clavel cool , 8 p. d'iodure d'éthyle. L'alcool peut être
a proposé comme solvant l'emploi de l'acide sul- remplacé par l'esprit de bois et l'iodure d'éthyle
furique [Brevet n° 55738], Gaultier de Claubry par l'iodure de méthyle ; les nuances obtenues
celui de l'extrait de saponaire [ Brevet n° 64128]. ainsi sont plus rougeâtres. On chauffe à 1000 pen-
Gaudit trouve avantageux un mélange de benzine dant 8 à 10 heures : après refroidissement, on
et d'alcool [Brevet nº 69059] . verse la masse épaisse dans l'eau, on neutralise
Composition du violet imperial . - Il résulte des par le carbonate de sodium afin de décomposer
expériences d'Hofmann que le violet impérial est F'iodhydrate d'éthyl-rosaniline et de retrouver ainsi
non pas un mélange de rosaniline et de bleu de l'iode, puis on lave le produit insoluble jusqu'à
Lyon , comme on l'a longtemps supposé, mais un ce que les eaux soient pures.
dérivé phénylique spécial de la rosaniline. Le Quand on veut obtenir un violet plus bleu, on
violet impérial rouge correspond sensiblement à recommence le traitement à l'iodure d'éthyle ; mais
la rosaniline monophénylée , le violet impérial il est plus avantageux, dans ce cas , de rendre
bleu à la rosaniline diphenylée. On a donc les l'opération continue, en ajoutant successivement
quatre termes suivants : dans l'appareil l'iodure alcoolique et la soude
Rosaniline, C20 H19 Az3, H2O ; nécessaire à la décomposition de l'iodhydrate
Rosaniline monophénylée (violet impérial rouge), formé, jusqu'à ce que l'on soit arrivé à la nuance
voulue.
C20 H18 C6 H5. Az³, H2O ; On obtient par ce procédé des violets d'une
Rosaniline diphénylée (violet impérial bleu) , très-grande beauté et dont l'emploi est très-facile :
il suffit de les dissoudre dans de l'alcool acidulé
C20 H17 (2 C6H5) . Az³, II² O ; d'acide chlorhydrique ou dans de l'acide acétique.
Pour rendre le violet Hofmann soluble dans
Rosaniline triphénylée ou bleu de Lyon, l'eau , il faut le basifier complétement au moyen
C20 H16 (3 C6H5) . Az³, H2O . d'une dissolution bouillante de soude , et reprendre
ensuite la base libre par l'acide dont on veut obte-
[Monit. scientif. , 1866 , p. 468. ]
nir le sel [ Duprey, Brevet n° 73075, et Bull. de
Nous signalons ici deux violets , très-voisins du la Soc. chim., t. VII ( 1867), p. 95].
violet impérial : Hugo Levinstein a modifié le procédé de Hof-
L'un , préparé par Monnet , est obtenu au mann de la façon suivante : il met en contact
moyen d'un mélange de fuchsine et de bleu d'ani- 9 p. de nitrate d'éthyle, 32 p. de rosaniline, 50 p.
line . Il fait fondre ce mélange à 70°, puis il le d'alcool à 90° et chauffe ce mélange sous pression
traite par de l'acide sulfurique à 66° et chauffe à à 100° [Brevet n° 64355]. Cette modification
150° environ. Quand le tout est dissous, on l'étend nous paraît peu avantageuse.
d'eau et on neutralise par un alcali [Brevet Hofmann a publié jusqu'ici peu de détails sur
n° 66972]. les propriétés de la triéthyl-rosaniline et de ses
L'autré a été obtenu par Nicholson en chauf- sels. Soumise à l'action de la chaleur, elle se dé-
fant avec soin du rouge d'aniline à une tempéra- compose et dégage de l'éthylaniline : on sait que
ture de 200° à 215º. Il se dégage de l'ammoniaque dans les mêmes circonstances la rosaniline donne
pendant la réaction. Ce violet très-pur se dissout naissance à de l'aniline.
facilement dans l'acide acétique et l'alcool [ Patente Le picrate de triéthyl-rosaniline donne en tein-
anglaise nº 147 , 20 janvier 1862] . ture des nuances d'un beau vert (Keisser, Mon.
Nous ne citerons que pour mémoire les violets scient. de Quesneville, 1867, p . 536] .
obtenus par Béchamp à 200°, en faisant réagir Nature et composition du violet Hofmann.
certains agents oxydants sur l'aniline [ Brevet Le résultat final de l'action de l'iodure d'éthyle
ANILINE . 321 ANILINE.

sur la rosaniline est un iodhydrate de triéthyl- Willm a analysé le bleu de Ch . Lauth , et a


rosaniline. trouvé pour sa composition :
3 atomes d'hydrogène de la rosaniline sont rem- Carbone.. 75,88
placés par 3 fois C2H5, Hydrogène . 6,44
Azote.. 7,31
C20 H16 ) C2H5) = C20 H16 ) Oxygène 10,37
H3 Az3 + 3 Az³.I H + 2 HI.
(CH3)3
Schaeffer et Gros-Renaud [ Moniteurscientif.1861,
En multipliant le procédé d'éthylation , on n'ar- p. 292] obtiennent une belle matière bleue (bleu
rive pas à fixer plus d'éthyle ; il se forme un iod- de Mulhouse) en faisant bouillir dans un litre d'eau
éthylate de rosaniline triéthylée. 50 gr. de gomme laque blanche en poudre, 18 gr.
Dans de certaines conditions cependant, on ar- de cristaux de soude, et ajoutant à la dissolution
rive à produire des matières colorantes vertes qui bouillante 50 gr. d'une solution de 125 gr. de rouge
sont peut-être des produits plus éthylés. — Voyez d'aniline dans 1/2 litre d'eau et 1/2 litre d'alcool .
VERT D'ANILIne. On fait bouillir pendant 1 heure en remplaçant
l'eau au fur et à mesure de son évaporation , et
l'on obtient ainsi une liqueur d'un beau bleu
On peut remplacer l'hydrogène de la rosaniline très-intense.
par des radicaux autres que ceux que nous ve- Ménier arrive à former un bleu en traitant, par
nons d'indiquer. les oxydants employés pour produire la rosani-
Perkin fait réagir sur 6 p. de fuchsine, dissoute line, un nouvel alcaloide qu'il nomme inaline et
dans 30 p. d'alcool à 90°, 4 p. de térébenthine qu'il obtient en réduisant une nitrobenzine spé-
bromée ; il chauffe en vase clos à 150° pendant ciale produite par la réaction sur la benzine, d'a-
8 heures ; après ce laps de temps , la rosaniline cide nitrique pur, exempt d'acide chlorhydrique
est transformée en une matière colorante d'un et de vapeurs nitreuses [ Brevet nº 50006] .
bleu violet [Brevet nº 64418] . Diverses autres réactions donnent également
Wanklyn chauffe poids égaux de rosaniline, naissance à du bleu : Delvaux chauffe le chlorhy-
d'alcool et d'iodure d'isopropyle, à 100°, en vase drate d'aniline, en vase clos, de 200º à 250º.
clos, et obtient ainsi une substance violette dont Colemann fait réagir le perchlorure d'antimoine
il isole la base par l'ébullition avec un alcali [Bre- sur l'aniline [ London Journ . of arts, 1861 , juin ,
vet n° 69137]. p. 348).
Ch. Lauth et Ed. Grimaux font réagir à 100° Vohl chauffe à 200° 20 parties de chlorhydrate
sur la rosaniline ou un de ses sels le chlorure de de zincanile avec 8 p. de nitrate mercureux
benzyle en présence de l'alcool et la transforment [Wagner'sJahresb . , 1865, p. 606].
en une matière colorante violette [ Bull. de la Soc. Schad chauffe de 180° à 185° 16 p. de rosaniline,
chim., t. VII, p. 107]. 48 p. d'aniline et 1 p. de sulfate de quinine. Le
Enfin Smith et Sieberg ont indiqué , dans le même auteur produit du bleu par l'action de
même but, l'emploi des dérivés iodés ou bromés 6 p. d'aniline sur 2 p. de violet éthylénique et
de l'acétone [Deut. Industrie Zeit., 1865 , p. 488]. 1 p. d'acétate de sodium à 150° [ Deutsche Indus-
trie Zeit., 1866 , p. 117].
Nous ne citons que pour mémoire le Dahlia im- Nicholson fait réagir en vase clos, à 180°, 1 p.
périal, violet très-pur, soluble dans l'eau , mais de dahlia impérial et 2 p. d'aniline [ Deutsche
dont la préparation est restée secrète. Industrie Zeit., 1866, p. 498] .
Tous ces travaux, dont quelques-uns méritent
BLEUS D'ANILINE .. Dans les premiers mois de l'attention des chimistes scientifiques, ne don-
l'année 1860 , la maison Guinon , Marnas et Bon- nèrent point lieu à de grandes applications in-
net, de Lyon, mit en vente une matière colorante dustrielles. Il n'en est pas de même du procédé
bleue, qu'elle nomma azuline (voir ce mot). de Girard et de Laire, à qui revient l'honneur
Cette belle matière, dont la composition est d'avoir découvert le bleu d'aniline dit bleu de
encore incertaine, mais qui nous parait identique Lyon, qui est le seul employé aujourd'hui .
avec le bleu de Lyon (voir plus bas) , commença la
brillante série de ces nouveaux bleus qui, au- 1º BLEU DE LYON (syn . bleu de fuchsine).
jourd'hui, ont presque complétement remplacé les Girard et de Laire obtiennent le bleu de Lyon
bleus au carmin d'indigo et au ferrocyanure de en chauffant pendant quelques heures un sel de
potassium. L'apparition de l'azuline , dont la fa- rosaniline ou un mélange capable de l'engendrer,
brication resta secrète pendant longtemps, excita avec un excès d'aniline [ Brevets nº 45826 , 6 juil-
les recherches et l'ardeur des chimistes. Aussi let 1860, et nº 48033 , 2 janvier 1861 , et Moniteur
voyons-nous les publications se succéder promp- scientif., 1865, p . 633] .
tement sur ce sujet. Nous revenons plus loin sur le procédé actuelle-
Béchamp obtient un bleu en faisant passer un ment suivi pour la fabrication du bleu.
courant de chlore dans de l'aniline et en chauffant Quelques mois après la découverte de Girard
ensuite le produit de la réaction aux environs de et de Laire, Persoz , de Luynes et Salvétat pré-
170° [Brevet n° 45493]. sentèrent à l'Académie des sciences un mémoire
Ch. Lauth [24 déc. 1860 , loc . cit . ] modifie légè- dans lequel ils annonçaient la découverte d'un
rement les conditions de la réaction qui lui a nouveau bleu auquel ils donnèrent le nom de
donné un violet en traitant la rosaniline par l'aldé- bleu de Paris [ Compt. rend., 1861 , 11 mars,
hyde, et, prolongeant la durée du contact de l'al- t. LII, p. 450] .- 9 grammes de bichlorure d'étain et
déhyde, obtient un bleu soluble dans l'eau, l'al- 16 grammes d'aniline, chauffés pendant 30 heures
cool et l'acide acétique. Ce bleu, à l'emploi duquel à 180°, donnent naissance à un bleu très-vif qui
on a renoncé à cause de son peu de solidité à la n'exige plus qu'un traitement par l'eau pour
lumière, présente néanmoins un certain intérêt, teindre la laine et la soie en nuances magni-
attendu qu'il est la base de la fabrication du vert fiques.
d'aniline (voir ce mot). Ce bleu est soluble dans l'eau (?) , l'alcool , l'es-
Kopp trouve plus avantageux, pour la prépa- prit de bois , l'acide acétique ; il est insoluble
ration de ce bleu, d'opérer non pas sur un sel dans l'éther et le sulfure de carbone. L'alcool
soluble de rosaniline, mais sur le tannate dont il l'abandonne par évaporation spontanée sous forme
a décrit les propriétés . — Voyez Tannate de Rosa- cristalline. Soumis à l'action de la chaleur, il émet
NILINE. des vapeurs violettes. L'acide sulfureux est sans
1-- 21
ANILINE. 322 ANILINE.
action sur lui. - - L'acide chromique le précipite Le chlorhydrate de rosaniline est mélangé à
sans altération de sa solution . - L'acide nitrique 30 % de son poids d'acétate de sodium , et ce mé-
l'attaque en le transformant en une matière brun lange est évaporé à sec. On y ajoute la quantité
marron. Le chlore le détruit. d'aniline voulue et 10 p. % du poids de la fuch-
Nous insistons à dessein sur les propriétés de sine en acétate de potassium cristallisé . On chauffe
ce bleu, parce que, si effectivement il est soluble alors à 175°, en maintenant cette température
dans l'eau, il ne serait pas identique avec le bleu jusqu'à ce que la masse soit d'un bleu franc.
de Lyon. A ce moment, on retire le produit de la chau-
Monnet et Dury ont modifié le procédé de Girard dière et on le dissout , à chaud , dans 1 p. 1/2
et de Laire d'une façon importante [ Brevet d'acide chlorhydrique concentré. Le bleu , inso-
n° 54078, 20 mai 1862] . Ils commencent par pré- luble dans ces conditions, vient surnager la solu-
parer la rosaniline en employant un procédé tion ; on le recueille et on le traite après un la-
analogue à celui que nous avons indiqué page 316 . vage à l'eau par cinq fois son poids de soude
D'autre part , ils combinent l'aniline à l'acide caustique à 32°. Après une ébullition de 20 mi-
acétique en traitant 60 p. d'aniline par 20 p. nutes, on étend le mélange de 15 parties d'eau
d'acide acétique du commerce. Puis ils chauffent bouillante et on filtre ; on obtient ainsi la base
ensemble 1 p . de rosaniline avec 4 p. de cette du bleu, qu'on purifie de traces de rosaniline
solution d'aniline, à l'ébullition , pendant 30 mi- mono- et diphénylée par un lavage à l'alcool tiède.
nutes environ. Le bleu se trouve ainsi formé. Le produit est enfin repris par son poids d'acide
Ce qui différencie essentiellement le procédé de sulfurique étendu de 10 p. d'eau ; on fait bouillir
Monnet et Dury d'avec celui de Girard et de pendant 20 minutes, puis on filtre et on lave le sel
Laire, c'est l'emploi d'un acide organique en place obtenu.
d'un acide minéral. Quoique jusqu'ici on n'ait pas Quant aux solutions chlorhydriques , on les
expliqué le rôle des acides organiques , il est éta- étend une première fois de 1 p. et 1/8 (du poids
bli que leur présence est indispensable à la for- du bleu brut) d'eau et l'on obtient alors un préci-
mation d'un beau bleu, restant bleu à la lumière pité formé de rosaniline diphénylée , puis une
artificielle. seconde fois de 23 p . d'eau et l'on précipite alors
Fabrication du bleu d'aniline. Dans une la rosaniline monophénylée ; les eaux mères de
chaudière en fonte émaillée, munie d'un chapi- ce second précipité, saturées par de la chaux
teau et d'un tuyau d'échappement, on introduit et additionnées d'acétate et de chlorure de so-
10 kilogrammes d'acétate de rosaniline cristallisé , dium , donnent une notable quantité de chlor-
30 kilogrammes d'aniline ( basse température), hydrate de rosaniline très-pur [Bardy, Commu-
1,50 d'acide benzoique, et 2,200 de soude caus- nication particulière].
tique à 38°. Bleus solubles. Les bleus d'aniline, obtenus
On chauffe ce mélange au bain d'huile pendant comme nous venons de le dire , sont insolubles
trois heures environ , en poussant progressivement dans l'eau et nécessitent en teinture et en impres-
la température depuis 180 ° jusqu'à 210º. sion l'emploi de grandes quantités d'alcool qui
Dès la première heure, on s'aperçoit de la augmentent notablement pour le teinturier le
transformation de la nuance qui, devenant de plus prix de revient de cette couleur.
en plus violette , doit à la fin de la troisième heure Nicholson, à qui l'industrie des couleurs d'a-
être d'un bleu pur. On juge l'opération ter- niline est redevable de très-grands perfectionne-
minée lorsqu'une goutte du mélange, étalée sur ments, est arrivé à rendre le bleu d'aniline soluble
une lame de verre avec un peu d'acide chlorhy- dans l'eau [Brevet n° 54827 ; Patente du 24 juin
drique, paraît , à la lumière d'une bougie, d'un 1862, nº 1857 ; Moniteur scientif. , 1865, p. 633].
bleu pur, c'est-à- dire sans mélange de violet. Il commence par le faire bouillir avec de l'a-
A ce moment on retire le feu et on verse dans cide sulfurique étendu (125 grammes dans 4 litres
la chaudière 100 litres d'eau et 30 litres d'acide 1/2 d'eau) , pour enlever toutes les substances so-
chlorhydrique . On fait bouillir , on filtre ; le bleu, lubles dans ces conditions ; le résidu , bien des-
insoluble dans l'eau, reste sur le filtre , où on le séché, est traité par quatre fois son poids d'acide
lave avec le plus grand soin. On obtient ainsi, sulfurique à 66° ; le bleu se dissout ; quand la so-
pour 10 kilogrammes de rouge employé, 12 kilo- lution est effectuée , on la porte à 150° en la main-
grammes d'un bleu ordinaire qui est employé pour tenant une demi-heure à cette température.
la teinture et l'impression de la laine. A ce moment , on étend le mélange de 4 fois
Pour obtenir le bleu lumière, on traite ce pro- son poids d'eau et l'on filtre ; ce qui reste sur
duit à deux ou trois reprises, par cinq fois son filtre est le bleu dans sa modification soluble , mais
poids d'alcool tiède qui dissout les parties les que la présence de l'acide sulfurique rend mo-
plus rouges et laisse comme résidu le bleu lu- mentanément insoluble ; on lave à plusieurs re-
mière complétement pur. On n'en obtient guère prises, et en opérant avec précaution quand l'eau
plus que la moitié du bleu ordinaire employé. n'est plus très-acide ; car le bleu modifié, qui est
Les solutions alcooliques sont redistillées , et le insoluble dans une eau acide , se dissout facile-
résidu de cette évaporation est vendu comme bleu ment dans l'eau pure.
très-violet. Les proportions indiquées plus haut ont été
Quant aux eaux acides du premier lavage, elles changées par Max Vogel, qui arrive à des résul-
renferment une forte proportion de chlorhydrate tats bien plus avantageux en chauffant pendant
d'aniline. On les neutralise et, après concentra- 6 heures à 130 ° un mélange de 1 p . de bleu de
tion, on les traite par un excès de chaux qui met Lyon et de 8 p. d'acide sulfurique fumant [ Bull.
l'aniline en liberté. On retrouve ainsi environ de la Soc. chim. , 1866, t . II, p. 253].
30 à 35 % du poids de l'aniline mise en travail La propriété que possède le bleu d'aniline de
Albert Schlumberger, Communication particu- devenir soluble dans l'eau après un traitement
hère]. sulfurique a été aussi indiquée par Monnet et
Les diverses modifications qui ont été succes- Dury, peu après Nicholson [ Addition au brevet
sivement proposées à ce procédé ont été aban- n° 54078].
données. Certains fabricants préconisent cepen- Le bleu, traité par l'acide sulfurique, constitue
dant aujourd'hui l'emploi du benzoate d'éthyle sans doute une combinaison sulfoconjuguée.
en place d'acide benzoique. Leonhardt obtient une modification spéciale du
Nous décrirons encore le procédé suivant qui bleu de Lyon , en dissolvant cette matière colo-
paraît économique et qui permet de préparer à rante dans l'alcool et la précipitant ensuite par
la fois de très-beau bleu et de très-beau violet. l'eau. Le produit qu'il prépare ainsi présente de
ANILINE . 323 -- ANILINE.
notables avantages pour le teinturier. Il se délaye qui serait une combinaison de rosaniline et de
facilement dans l'eau et y reste en suspension triphenylamine [ Compt . rend. , t. LVI, p. 1234, et
dans un état de ténuité qui facilite beaucoup la Bull, de la Soc. chim . , 1863 , p. 523] :
teinture. En réalité, le bleu de Leonhardt est
C6H5
identique à celui que produit le teinturier lui- Az³ S{C320(CH61H9³) =C20 H19 Az3 + AzC6H5
même dans sa chaudière ; mais préparé dans un
atelier de produits chimiques, il permettrait de C6H5
retrouver l'alcool employé à la dissolution du Propriétés de la rosaniline triphénylique.
bleu et qui , autrement , est absolument perdu Les bleus d'aniline du commerce sont les sels
[Brevet du 1er décembre 1864 , nº 65348] . de la rosaniline triphénylique. Pour en séparer
On arrive à un résultat analogue en dissolvant la base, Hofmann opère de la façon suivante :
le bleu de Lyon, à froid, dans l'acide sulfurique il fait une dissolution concentrée du chlorhydrate
concentré et précipitant cette solution par l'eau. dans l'alcool et la verse dans un excès d'alcool
Dans ces conditions, il ne se forme pas de com- ammoniacal ; la liqueur devient instantanément
binaison sulfoconjuguée comme lorsqu'on opère jaune et tient maintenant en dissolution du sel
à chaud, mais une simple dissolution, analogue ammoniac et la base libre en étendant d'eau,
à celle de l'alizarine dans l'acide sulfurique cette base se précipite sous forme floconneuse :
[Monnet et Dury, loc. cit. ] . Les mêmes faits ont elle est incolore, mais bleuit légèrement pendant
été signalés par Rangot-Péchiney, qui considère la dessiccation.
cette modification du bleu comme un hydrate par- Elle est insoluble dans l'eau : l'alcool et l'éther
ticulier [Brevet du 30 novembre 1866, nº 73900] . la dissolvent, et l'abandonnent par évaporation
Emploi des bleus d'aniline . — Le bleu de Lyon spontanée sans trace de cristallisation . Elle fond
présente , dans son application , des difficultés à 100°. Sa composition est représentée par
plus grandes que la rosaniline en raison de son C38 H33 Az3O = C20 H16 (C6H5)3 Az³, H2O .
insolubilité dans l'eau. On est obligé d'avoir re-
cours aux dissolutions alcooliques, dont l'emploi Les sels de rosaniline triphénylique sont mo-
est toujours plus délicat. nacides. Hofmann n'a pas réussi à préparer les
Pour teindre, on fait une solution du bleu dans sels triacides qui se forment si facilement avec
l'alcool et on verse cette liqueur dans la chau- la rosaniline.
dière préalablement remplie d'eau bouillante et Chlorhydrate de rosaniline triphenylique,
acidulée par l'acide sulfurique . Certains teintu- C38 [ 31 Az³, H CI = C20 H16 (C6 H5)3 Az³.H Cl.
riers ajoutent au bain des mordants d'aluminium
ou d'étain . Poudre cristalline , d'un brun bleuâtre à la
Les bleus hydratés de Leonhardt donnent , pa- température ordinaire, d'un brun pur à 100º. In-
raît-il , des résultats favorables en teinture. soluble dans l'eau et l'éther, soluble dans l'alcool
Le bleu soluble de Nicholson est d'un emploi qui l'abandonne par évaporation sous forme cris-
talline.
plus économique que les bleus insolubles , mais Les autres sels de rosaniline triphénylique res-
il ne donne pas d'aussi belles nuances , et il pré-
sente à la teinture des difficultés assez grandes . semblent beaucoup au chlorhydrate : Hofmann
D'après Lachmann et Breuninger, il faut, pour a obtenu :
réussir avec ce bleu , teindre dans un bain neutre Le bromhydrate ... C20 H16 (C6H5)3 Az³. H Br.
et à une température modérée, puis, quand la L'iodhydrate.... C20 H16 (C6H5)3Az³. H I.
couleur est bien unie, passer dans un bain acide Le nitrate... C20 H16 ( C6H5)³Az³.HAz O³,
bouillant [Dingler's polytechn. Journ. , t. CLXXXII, Le sulfate .. 2 [C20 H16 (C6H5)³ Az³] . H²SÓ¹.
p. 235]. Action de la chaleur sur la rosaniline triphé-
Les bleus d'aniline se reconnaissent sur tissu
nylique. - Le bleu d'aniline surchauffé dans des
par la propriété qu'ils ont de virer au jaune au tubes scellés entre en fusion et se transforme
contact d'un acide concentré , la nuance primitive
étant ramenée par un simple lavage à l'eau. en une masse rouge. Quand on ouvre les tubes,
Nature et composition du bleu d'aniline .· il se dégage de l'ammoniaque et des gaz inflam-
« Le bleu d'aniline est la rosaniline triphény- mables. La masse, lavée avec un alcali faible,
lique. 1 molécule de rosaniline et 3 molécules puis chauffée avec de l'acide acétique , donne une
d'aniline renferment les éléments de 1 molécule solution rouge composée en partie d'acétate de ro-
de bleu d'aniline et de 3 molécules d'ammo- saniline [ Schiff, loc. cit. ].
Soumise à la distillation sèche, la rosaniline
niaque . » C'est en ces termes qu'Hofmann an- triphénylique donne un liquide brun visqueux,
nonça à l'Académie des sciences le résultat de ses bouillant à une haute température et qui renferme
recherches [Compt. rend. , 11 mai 1863]. probablement la diphenylamine (C H5)² H. Az
Le bleu d'aniline a pour composition
(voir ce mot). La production de la diphenyla-
C38 H31 Az3. H20 = (C20H16)v¹ ) Az³. H2O. mine, dans ces conditions, est analogue à la pro-
(C6H5) duction de l'aniline dans la distillation de la
Sa formation est représentée par l'équation rosaniline et de l'éthylaniline dans la distillation
suivante : de la rosaniline éthylée [ Hofmann, Compt. rend.,
C6H5 t. LVIII, p. 1131 (1863) , et Bull. de la Soc. chim.,
(C20 H161 ) Az³ +3 Az 1864, t. II, p. 208].
H3 Action des corps réducteurs. -- Le chlorhy-
} drate de rosaniline triphénylique est attaqué par
(C20 110) Az³ +3 le zinc en présence de l'acide chlorhydrique : la
Az solution limpide , traitée par un alcali , donne
= 3 (CHS) )
naissance à un précipité, d'où l'éther extrait une
qui rend compte du dégagement considérable nouvelle base, la leucaniline triphenylique.
d'ammoniaque observé par Girard et de Laire dès Le procédé de réduction par le sulfure d'am-
l'origine de la fabrication du bleu. monium réussit également : on épuise le résultat de
Schiff admet une autre composition pour le la réaction par le sulfure de carbone qui dissout
bleu d'aniline. Selon lui, le bleu est non pas unc la nouvelle base et laisse comme résidu une résine
triamine , mais une tétramine, et il le représente brune. Le sulfure de carbone abandonne , par
par la formule évaporation, une masse colorée qu'on débarrasse
(C20 H19) x ) de soufre par la soude caustique : on traite enfin
( 115) )} Az ,
3 (CHS) par l'éther, et la solution éthérée, soumise à
ANILINE. 324 ANILINE.

l'évaporation , laisse déposer le nouveau produit. des nuances d'une pureté supérieure à celle des
La leucaniline triphenylique a pour composi- autres bleus dérivés du goudron de houille .
tion : C20 H18 (C6H5)3 Az³. Nature du bleu de diphenylamine . — Quoique
C'est un corps indifférent; il est anhydre l'on ne connaisse pas encore la composition de ce
comme la leucaniline elle-même les agents bleu, on peut affirmer qu'il renferme les éléments
oxydants, par exemple le chlorure de platine, le de la toluidine et de la phénylamine. On ne
transforment de nouveau en bleu d'aniline [ Hof- l'obtient, en effet, qu'avec un mélange de diphé-
mann, Compt. rend. , t. LVII , p. 25 (1863) , et nylamine et de ditoluylamine. Dans les mêmes
Bull. de la Soc. chim., 1863, p. 524] . conditions , la ditoluylamine (qu'on prépare par
un procédé analogue à celui qui a donné la diphé-
2º BLEU DE TOLUIDINE. - Le bleu de toluidine nylamine) seule ne donne qu'une substance d'un
est tout à fait analogue au bleu d'aniline on le brun marron, la diphenylamine seule, un bleu
prépare par des procédés semblables . noirâtre très-peu soluble dans la plupart des
Collin a, le premier, préparé le bleu de tolui- agents chimiques, la phényltoluylamine un violet
dine en faisant réagir pendant 5 à 6 heures, de bleuatre sans grand intérêt [ Brevet n° 70876 et
150° à 180°, 100 p. de rouge d'aniline et 100 p. de Bull. de la Soc. chim. , 1867, t . VII , p. 363] .
toluidine cristallisée. On obtient ainsi un beau
bleu [ Brevet n° 54191 ]. VERTS D'ANILINE . Il existe dans le com-
Hofmann a indiqué plus tard le procédé sui- merce deux sortes de verts d'aniline, l'un dérivé
vant pour préparer le bleu de toluidine [ Compt. du bleu d'aldehyde, l'autre produit dans l'éthy-
rend., t. LIX, p. 793, 1864] . On chauffe ensemble lation de la rosaniline.
pendant plusieurs heures, à une température de 1° VERT DÉRIVÉ DU BLEU d'aldéhyde. -- La dé-
150° à 180°, 1 p. d'acétate de rosaniline avec 2 p. couverte de cette belle matière colorante est due
de toluidine. Il se dégage de l'ammoniaque et l'on à Cherpin, chimiste chez Usèbe, à Saint-Ouen.
obtient comme résidu une masse brune à reflets Cherpin, cherchant à donner au bleu d'aldé-
brillants, qui se dissout dans l'alcool avec une hyde une stabilité qu'il ne possède pas, essaya
belle coloration bleue. de le fixer au moyen de l'hyposulfite de soude
Nature et composition du bleu de toluidine. comme on fixe une épreuve photographique ( ! ). II
Le bleu de toluidine est un sel de tritoluyl- réussit, non pas à fixer le bleu , mais à le trans-
rosaniline. La base préparée comme celle du bleu former en vert. Sa découverte fut brevetée par
d'aniline renferme C20 H16 (C7 H7)3 Az3. Usebe [ Brevet du 28 octobre 1862, nº 56109].
Le chlorhydrate, cristallisé dans l'alcool, a pour Voici la description succincte donnée par ce
composition : C20 H16 (C7 H7)3 Az³.HCl . brevet A une dissolution de rosaniline dans
Par l'action de la chaleur, la tritoluylrosaniline l'acide sulfurique on ajoute de l'hydrure d'acétyle
ou ses sels donnent naissance à la phényl-toluyl- et on laisse le mélange en contact, jusqu'à ce
amine ( voir ce mot ) [ Hofmann , Compt. rend., qu'il donne à l'alcool une coloration bleu verda-
t. LIX, p. 793 et Bull . de la Soc. chim. , 1865, tre. On étend alors d'eau acidulée , puis on ajoute
t. I, p. 72]. de l'hyposulfite de soude, on fait bouillir et on
filtre; le vert se trouve en dissolution.
3º BLEU DE DIPHENYLAMINE. Le bleu de diphé- Otto Bredt et Cie [Brevet n° 62144] ont fait bre-
nylamine a été découvert par Girard et de Laire : veter un procédé semblable.
antérieurement déjà, Hofmann avait constaté qu'en Eugène Lucius admet que le vert existe tout
faisant réagir divers agents sur la diphénylamine formé dans la solution acide de rosaniline traitée
produite par la distillation du bleu d'aniline, on par l'aldéhyde ; l'hyposulfite de sodium agit uni-
produit une magnifique coloration bleue ; mais quement en séparant ce vert des substances
ces faits n'avaient pas reçu d'application indus- bleues ou violettes qui l'accompagnent toujours
trielle, sans doute à cause de la difficulté de se et on peut le remplacer par divers agents de na-
procurer la diphenylamine. ture très-diverse : l'hydrogène sulfuré et l'acide
On la prépare aisément, selon Girard et de sulfureux, le noir animal, la silice, la fleur de
Laire, en chauffant, sous pression ou à air libre, soufre, etc. Toutes ces substances déterminent la
mais dans le second cas en faisant refluer les va- séparation des matières bleues qui se trouvent
peurs, un mélange de 1 molécule d'aniline pure, ainsi précipitées, d'avec le vert qui reste en so-
et de 1 molécule 1/2 de son chlorhydrate, aux en- lution, et qu'on peut à son tour précipiter de sa
virons de 230°. On purifie le produit par des la- solution, par un mélange de chlorure et de car-
vages à l'acide chlorhydrique, puis par distilla- bonate de sodium [ Patentes anglaises, n° 200 ,
tion (voyez DIPHENYLAMINE) [Compt. rend. , 1866, 23 janvier 1864 , et nº 301 , 5 février 1864].
t. LXIII, p. 91 , et Bull . de la Soc. chim. , 1867, Hirzel prépare le vert en ajoutant à une solu-
t. VII , p. 360] . tion acide de bleu d'aldéhyde du sulfhydrate
La transformation de la diphenylamine en ma- d'ammonium et chauffe ce mélange jusqu'à ce
tière colorante bleue a lieu lorsqu'on chauffe 2 p. qu'il soit devenu vert. Après refroidissement, on
de la base avec 3 p. de sesquichlorure de carbone, filtre et on traite la solution verte comme d'habi-
aux environs de 160°, pendant quelques heures. tude [Deutsche Industrie Zeitung, 1864, nº 31 ,
Il se dégage de l'acide chlorhydrique , du proto- p. 307).
chlorure de carbone , et la masse se trouve trans- D'après Ch. Lauth , le vert d'aniline renferme
formée en un produit bronzé qu'on lave à la ben- du soufre de constitution et on l'obtient chaque
zine ou au pétrole et qu'on dissout ensuite dans fois que l'on met une solution acide de bleu d'al-
l'alcool ou l'esprit de bois : les solutions filtrées déhyde, en présence de soufre à l'état naissant
sont précipitées par 2 fois leur volume d'acide [Brevet n° 69848] .
chlorhydrique et fournissent ainsi le bleu presque Fabrication du vert d'aniline. Quel que
chimiquement pur . On en obtient 40 % du poids soit le procédé suivi dans la fabrication du vert
de la diphenylamine. d'aniline, la préparation du bleu d'aldehyde reste
D'après Brimmeyr, on produit également du sensiblement la même. - 1 kilog. de fuchsine est
bleu de diphenylamine, en chauffant cette base à dissous dans 2 litres d'acide sulfurique, étendu
110°ou 120°, pendant 3 à 5 heures, avec son poids de 2 litres d'eau . Quand la dissolution est froide,
d'acide oxalique ; les rendements obtenus par ce on y ajoute 4 litres d'aldehyde et on laisse en
procédé sont peu satisfaisants [ Dingler's polytechn. contact jusqu'à ce que le liquide étendu d'eau ou
Journ., t. CLXXXV, p. 49]. d'alcool fournisse une solution d'un bleu pur. -
Le bleu de diphenylamine donne en teinture Voyez VIOLET et BLEU D'ANILINE A L'ALDEHYDE.
ANILINE. 325 - ANILINE.
On prépare à l'avance deux cuves renfermant Le titre le plus ancien que nous ayons eu entre
chacune environ 200 litres d'eau à 70°, et on les mains est le brevet pris en Angleterre le 10
verse dans chacune d'elles une dissolution de mai 1866 par Holliday, au nom de H. Minhorst
500 grammes d'hyposulfite de sodium (Usèbe), ou et F. W. Schultes de Crefeld .
de 450 grammes de polysulfure de potassium, La réaction qui donne naissance à ce nouveau
qu'on peut additionner de sulfite neutre de so- produit consiste à faire réagir sur les violets de
dium (l'addition de ce sel donne des nuances plus triéthyl ou de triméthylrosaniline ( violet Hof-
jaunes) . mann) , ou sur les violets de méthylaniline, un
On verse dans chaque cuve la moitié de la so- excès d'iodure alcoolique. Les proportions usitées
lution de bleu préparée comme nous l'avons dit sont 1 p. de violet, 1 p. d'iodure, 2 p. d'alcool
plus haut, et après quelques instants on filtre : ou d'esprit de bois. On opère sous pression à
la liqueur filtrée tient le vert en dissolution . On 110°, et en répétant plusieurs fois le traitement à
le précipite, soit au moyen de tannin ( Meister Lu- l'iodure ; après chaque traitement , on lave les
cius) , soit avec de l'acétate de sodium. - Il se produits de la réaction avec du carbonate de
produit, en même temps que le vert, une grande sodium, qui dissout le vert produit, puis on met
quantité d'une matière bleue , insoluble dans la base du violet éthylé en liberté, au moyen
l'eau, et dont jusqu'ici l'on n'a pu tirer parti. d'un excès de soude caustique ; on la lave, on
La fabrication du vert d'aniline est assez déli- la sèche, et on recommence le traitement à l'io-
cate : elle nécessite des dosages exacts et beau- dure. Chaque traitement est suivi d'un lavage au
coup de coup d'œil de la part des ouvriers. carbonate de sodium qui, jouissant de la propriété
Le produit livré au commerce constitue géné- de dissoudre ce vert, est très-commode pour la
ralement le tannate de la base verte : c'est un séparation du violet Hofmann .
corps insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool et Le vert ainsi produit est d'une très - belle
l'acide acétique en beau vert ; il est soluble, en nuance et, comme le vert Usèbe, il conserve sa
jaune orange, dans l'acide sulfurique , d'où l'eau pureté à la lumière artificielle.
le reprécipite inaltéré. On ne connaît rien sur sa composition , ni sur
La base du vert d'aniline peut être préparée ses propriétés autres que ses propriétés tincto-
en décomposant par la soude ou l'ammoniaque riales.
une solution aqueuse ou alcoolique de cette ma-
tière colorante : il est convenable d'opérer sur le NOIR D'ANILINE [ Moniteur scientif. , 1863, p. 530
produit précipité à l'acétate de sodium. Elle est d'un (E. Kopp) ; Ibid., 1864, p. 433, 568, 654 ; Ibid.,
vert clair, tout à fait pareil à celui de l'hydrate de 1865 , p. 68, 467 , 969,769 ; Ibid. , 1866 , p. 257,258 ,
chrome; elle est peu soluble dans l'alcool, et cette 239. - Bull. de la Soc. chim. , 1865 , t . II , p. 488 ;
solution alcoolique est complétement altérée par Ibid., 1866 , t. I, p. 90 ; Ibid. , 1866 , p . 235.- Bull.
l'ébullition . Elle se dissout dans les acides et forme de la Soc. industr. , avril 1865 , p. 176, rapport de
avec eux des sels ; mais ces dissolutions sont Schneider ; Bull . de la Soc. d'encourag., 1866,
très-altérables : elles se décomposent par l'évapo- p. 75, rapport de Balard].
ration spontanée . Le noir d'aniline forme , dans la classe des
Emploi du vert d'aniline. - Pour teindre la couleurs d'aniline, un groupe à part son mode
soie on délaye le tannate dans de l'eau légèrement de génération , sa résistance aux agents physi-
acidulée par l'acide sulfurique, et on manœuvre ques et chimiques lui donnent une physionomie
la soie dans ce bain en montant progressivement toute spéciale. Ainsi, au lieu d'être préparé dans
la température jusqu'à 75° ; on laisse la soie dans les ateliers de produits chimiques , comme la
le bain jusqu'à ce qu'il soit presque complétement mauvéine, la rosaniline, le bleu de Lyon , etc. , on
refroidi. On emploie généralement en vert ( en le produit directement sur le tissu en imprimant
påte) le tiers du poids de la soie. un mélange incolore , dont les éléments réagissent
Les teinturiers préparent presque tous le vert peu à peu les uns sur les autres, en déterminant
d'aniline eux-mêmes. Ils se dispensent ainsi de la la formation du noir.
dessiccation et de la précipitation par le tannin, Un autre caractère spécial au noir d'aniline,
influences antipathiques- à la fraicheur des nuances. c'est le peu d'affinité qu'il manifeste pour les fi-
Teinture de la laine. Pour 10 kilog. de laine, bres animales , tandis qu'au contraire il se fixe sur
on délaye dans 500 litres d'eau 2 kilog. de vert en le coton avec une extrême facilité.
pâte ; on ajoute 2 litres d'acide sulfurique, 500 Historique. - On peut faire remonter l'origine
grammes d'alun et 500 grammes de crème de tar- du noir d'aniline aux expériences de Fritzsche,
tre. Le bain ainsi composé est chauffé progressi- qui rapporte qu'en ajoutant à du chlorhydrate
vement jusqu'au bouillon , pendant qu'on y ma- d'aniline une solution de chlorate de potassium
nœuvre la laine. il se forme, au bout d'un certain temps, un abon-
Impression sur coton et laine . - Horace Koech- dant précipité d'un bleu indigo très-foncé ce
lin est l'inventeur d'une méthode spéciale pour corps aurait pour composition : C24 H10 AzCIO (?)
imprimer le vert qui, jusqu'à lui , ne résistait pas [Journ. für prakt. Chem . , t. XXVIII , p. 202. ] Cette
à l'action de la vapeur. Son procédé consiste à im- même substance s'obtient , suivant Hofmann , en
primer un mélange de 1 litre de bisulfite dé so- ajoutant une solution d'acide chloreux à du chlor-
dium à 42°, 1 litre d'ammoniaque et 2 kilog . de hydrate d'aniline [ Moniteur scientif. , 1861 , p.75 ;
vert sec, épaissi à la gomme ou à l'amidon : cette Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XLIII, p. 66] .
couleur est, ainsi , applicable à la laine. Pour l'im- Willm eut le premier l'idée d'appliquer cette
pression du coton, on y ajoute 1 kilog. de tannin. réaction à la coloration des fibres végétales. En
Le vert d'aniline communique aux tissus sur imprégnant un tissu de coton d'un mélange de
lesquels il est appliqué des nuances d'une pureté chlorate de potassium et de chlorhydrate d'ani-
remarquable, et qui augmentent encore de beauté line (mélange incolore) , il vit au bout de peu de
à la lumière artificielle. temps ce mélange se colorer en vert foncé inti-
mement fixé à la fibre [ Mémoire déposé à la Soc.
2º VERT PRODUIT DANS L'ÉTHYLATION DE LA ROSA- industr. de Mulhouse, février 1860 , et Bull . de la
NILINE OU DU VIOLET DE MÉTHYLANILINE. - Cette Soc. chim. , 1860, p . 206] .
matière colorante paraît avoir été découverte par Ce vert, ainsi que nous le verrons , ne doit sa
plusieurs chimistes à la fois : Tillemans à Crefeld, nuance qu'à son degré d'acidité à l'état de
Meister Lucius, puis Poirrier et Bardy [ Brevet neutralité qui est toujours l'état final des cou-
n° 72561 ] , Wanklin et Paraf [ Brevet nº 72880 ] en leurs sur tissus, ce composé est d'un gris bleuâtre.
ont successivement fait connaitre la préparation. Plus tard, Calvert, Lowe et Clift appliquèrent
ANILINE. 326 ANILINE.

ces réactions à l'industrie des toiles peintes et accidents d'autant plus graves, qu'on ne s'en aper-
publièrent la recette suivante : imprimer un çoit généralement que quand il est trop tard pour
mélange de 60 kilog. d'empois d'amidon , 3 kilog. y remédier, le noir une fois développé résistant à
de tartrate ou de chlorhydrate d'aniline, 1 kilog. presque tous les agents chimiques.
de chlorate de potassium. Aérer pendant 24 à Camille Koechlin , l'habile chimiste de Mul-
48 heures ; puis la couleur, incolore au moment house, a obvié à la plupart de ces inconvénients
de l'impression, étant devenue verte, passer le en plaquant les pièces en sel de cuivre et impri-
tissu dans une solution alcaline : la nuance verte mant sur les tissus, ainsi préparés, un mélange
devient alors bleue [ Patente du 11 juin 1860] . de chlorate de potassium et de chlorhydrate d'ani-
Ces nuances, vertes et bleues, désignées sous line.
le nom d'éméraldine et d'azurite , ne présentent Outre que ce procédé est assez dispendieux et
pas de grand intérêt industriel à cause de leur nécessite une installation particulière , il restreint
peu d'éclat. notablement le nombre des genres que l'on peut
E. Kopp a étudié ces divers produits ; il éta- imprimer avec ce noir et des couleurs qu'on peut
blit qu'ils ne constituent qu'une seule substance lui associer.
dont la nuance dépend de la neutralité ou de l'a- Cordillot, vers la fin de 1863 , fit connaître un
cidité du mélange, que les couleurs obtenues nouveau mode de production du noir d'aniline. Il
sur tissu sont très- solides, et résistent à l'ac- remplace dans la couleur de Lightfoot le chlo-
tion du soleil, du savon et de toutes les opéra- rure de cuivre par le ferricyanure d'ammonium
tions du garançage ; les agents réducteurs sont et évite ainsi la plupart des défauts inhérents aux
également sans action sur elles [Moniteur scientif., premiers procédés ; mais les avantages du pro-
1861, p. 75]. cédé de Cordillot ne sont obtenus qu'au prix
Pour préparer ce corps à l'état de précipité, d'autres inconvénients sérieux. La couleur est
Kopp mélange dans une capsule 10 p. d'aniline, très-chère ; elle se décompose très-rapidement, et
50 p. d'acide chlorhydrique, 50 p . d'eau, 2 p. de exige enfin pour se développer sur tissu , une tem-
chlorate de potassium. La réaction s'accomplit pérature supérieure à celle des chambres ordinaires
lentement à la température ordinaire et dure plu- d'oxydation. Aussi le procédé de Cordillot fut-il
sieurs jours. Si l'on chauffe , elle est tumultueuse bientôt abandonné, et l'on put croire, à ce mo-
et se complique davantage. ment, que la belle découverte de Lightfoot reste-
Kopp a observé la formation de l'éméraldine rait infructueuse.
dans plusieurs autres circonstances, entre autres Ch. Lauth est l'auteur du procédé générale-
par l'action sur un sel d'aniline du ferricyanure ment suivi actuellement dans la fabrication du
de potassium ou du perchlorure de fer. Cette noir d'aniline , et qu'il présenta à l'industrie de
dernière réaction a également été signalée par Mulhouse dans les premiers jours de 1864.
Jules Persoz [Pelouze et Frémy, 1865, t. III , Lauth reconnut, après beaucoup d'essais , que
p. 291]. la présence du cuivre ou d'un métal facilement
Scheurer-Kestner obtient l'éméraldine par l'ac- réductible est indispensable à la production du
tion de l'acide chlorhydrique et du peroxyde de noir, et, comme d'autre part l'expérience avait
manganèse ou de l'acide chlorhydrique et du ni- prouvé que les sels métalliques et spécialement
trate ferrique [ Bull . de la Soc. indust. de Mul- ceux de cuivre sont d'un emploi impossible, il
house, 27 juin 1860]. eut recours à l'intervention d'un composé de
Ch. Lauth la prépare en traitant
que en1du p. d'aniline cuivre insoluble, inactif, par conséquent, au mo-
par 10 p. d'acide chlorhydri ét de 100 p. ment de l'impression, mais devenant ultérieu-
d'eau et ajoutant graduellement à la solution 2 p. rement soluble et actif. Le sulfure de cuivre
de peroxyde de baryum [Moniteur scientif. , 1861 , remplit ce but, et est aujourd'hui employé, non-
p. 79]. sculement pour le noir d'aniline, mais dans un
Tel était l'état de la question quand J. Light- grand nombre d'oxydations sur tissu.
foot d'Accrington créa le noir d'aniline, 28 janvier La recette de Lauth est la suivante : 10 litres
1863 Brevet n° 57192] . d'empois d'amidon , 350 grammes de chlorate
Lightfoot imprime sur tissu un mélange de de potassium , 300 grammes de sulfure de cui-
1 litre d'empois d'amidon , 25 grammes de chlorate vre en pâte, 300 grammes de sel ammoniac et
de potassium, 50 grammes d'aniline , 50 grammes 800 grammes de chlorhydrate d'aniline. Les tissus
d'acide chlorhydrique, 50 grammes de perchlo- imprimés avec ce mélange sont portés à la cham-
rure de cuivre d'une densité de 1,44 , 25 gram- bre d'oxydation et lavés à l'eau pure ou alcaline,
mes de sel ammoniac, 12 grammes d'acide acé- après que le noir s'est développé.
tique. Le procédé de Lauth permit l'industrie d'uti-
Les tissus imprimés sont séchés avec précau- liser la belle découverte de Lightfoot et elle l'ap-
tion , puis portés aux chambres d'oxydation , ou pliqua, à partir de ce jour , sur une grande
exposés seulement à l'air libre pendant deux ou échelle.
trois jours. Les impressions , incolores d'abord, Camille Koechlin vint enfin mettre la dernière
sont, après cette opération, d'un vert très-foncé. main à la construction de cet édifice si pénible-
Il suffit de laver les tissus à l'eau ou dans une ment élevé, en remplaçant le chlorhydrate d'aniline
eau légèrement alcaline pour transformer ce vert par le tartrate, sel d'une innocuité absolue pour
en un noir bleuté très-beau. les tissus même les plus délicats, et qui présente
L'éclat de ce noir, sa solidité , son bon marché en outre sur le chlorhydrate l'avantage considé-
expliquent aisément l'importance de la décou- rable de ne pas attaquer les mordants à côté des-
verte de Lightfoot et l'ardeur que chacun mit à quels il peut se trouver imprimé. Ce tartrate
l'appliquer. Malheureusement le procédé Light- d'aniline serait à lui seul incapable de produire
foot présente des inconvénients sérieux qui ont du noir; mais en présence du sel ammoniac dont
dû faire abandonner son emploi . La couleur , on augmente considérablement la proportion, il
très-acide , attaque la fibre végétale et l'altère y a peu à peu double décomposition sur le tissu
profondément. D'autre part, elle se décompose et formation de chlorhydrate. On se retrouve à
rapidement avant son impression . Enfin la pré- ce moment dans les conditions ordinaires du
sence d'un composé cuivrique soluble détermine procédé Lauth.
sur les râcles d'acier une substitution métallique; Camille Koechlin prépare sa couleur de la façon
il en résulte une différence de densité qui favorise suivante : On cuit ensemble : 10 litres d'eau, 2 kilog.
la formation de brèches, auxquelles sont dus les d'amidon , 2 kilog . d'amidon grillé, 2 kilog.d'aniline,
accidents connus sous le nom de traits de racles, 1 kilog. de chlorhydrate d'ammoniaque, 1 kilog. de
ANILINE. 327 ANILINE .
chlorate de potassium on ajoute à froid et au sable, agit vraisemblablement comme dissolvant
moment du travail 1 kilog. de sulfure de cuivre des composés cuivreux au fur et à mesure de leur
et 2 kilog. d'acide tartrique. Le sulfure de cuivre formation. Il permet ainsi leur prompte réoxy-
peut être préparé avantageusement en dissol- dation. Telle est, à notre avis, l'explication la
vant à froid 1 kilog. de fleur de soufre dans 4 litres plus simple de la génération du noir, génération
de soude caustique à 38° AB et ajoutant cette li- analogue, du reste, à celle de diverses autres
queur dans la solution de 5 kilog. de sulfate de couleurs, le cachou par exemple. Camille Koech-
cuivre dans 120 litres d'eau, cette solution étant lin l'a formulée le premier.
portée à 800. Rosenstiehl n'admet pas que le cuivre agisse
Divers procédés ont été publiés dans ces der- comme oxydant. Il est porté à croire que son role
niers temps, pour la préparation du noir d'a- consiste à former du chlorate de cuivre , lequel
niline. Jusqu'ici, ils n'ont pas remplacé le procédé est de tous les chlorates le plus facilement dé-
au sulfure de cuivre, « sans lequel le noir d'ani- composable. C'est donc uniquement pour favori-
line ne serait pas possible aujourd'hui. » [ Camille ser la décomposition du chlorate que la présence
Koechlin , communication particulière.] des composés cuivriques est nécessaire [ Bull.
Paraf proposa l'emploi d'un noir sans cuivre de la Soc. indust. de Mulhouse, 29 novembre
et formé exclusivement de fluosilicate d'aniline 1865].
et de chlorate de potassium. Propriétés du noir d'aniline. - Le noir d'ani-
Rosenstiehl conseilla un mélange de chlorhy- line, fixé sur tissu, est d'une belle teinte velou-
drate d'aniline et de chlorate d'ammonium . tée ; il devient vert foncé au contact des acides
Mais il a été démontré depuis par Rosenstiehl énergiques ainsi que par une longue exposition à
d'une part, et Lauth de l'autre, que ces couleurs la lumière . Il reprend sa couleur primitive après
ne développent du noir que quand elles sont im- un simple lavage à l'eau. Il est insoluble dans tous
primées au rouleau. Dans ces circonstances, une les agents chimiques usités. L'acide sulfurique le
certaine quantité de cuivre se dissout, et c'est à plus concentré possible ne l'attaque pas : l'acide
ce cuivre qu'il faut attribuer la formation du nitrique le transforme en acide picrique. Fixé sur
noir. [ Bull. de la Soc. indust. de Mulhouse, tissu, il est d'une solidité très-grande, résiste au
août et novembre 1865 ; et Bull . de la Soc. savon bouillant et à toutes les opérations les plus
chim., 1866, t. V, p. 90 et 235] . On a reconnu énergiques du garançage.
toutefois que le chlorate d'ammonium présentait Diverses autres propriétés du noir d'aniline ont
quelques avantages sur le chlorate de potassium , été signalées par Dullo ( Illustr. Gewerbezeit.,
et certains fabricants l'emploient actuellement 1866 , p. 161 ) . Ce chimiste le prépare à l'état de
dans la couleur au sulfure de cuivre. pâte, en mélangeant 100 grammes d'aniline légère
Higgin , de Manchester, recommande l'emploi (l'aniline lourde donne du brun et pas de noir)
de l'arséniate , du tungstate ou de l'oxyde de avec 80 grammes d'acide chlorhydrique, 10 gram-
chrome en présence du chlorate de potassium mes de peroxyde de manganèse et 1,000 grammes
et du chlorhydrate d'aniline [ Brevet n° 73054 et d'eau. Le précipité est recueilli, lavé par décan-
Bull. de la Soc. chim. , 1867 , t. VII, p. 93]. tation , puis mélangé avec de l'ammoniaque : sa
Citons, enfin, le noir Lucas, dont la composi- teinte passe alors du vert au noir, et en favorisant
tion est restée secrète ; il est livré au commerce l'absorption de l'oxygène de l'air par une agita-
sous forme d'une pâte renfermant tous les élé- tion convenable, on voit cette couleur se dévelop-
ments nécessaires à la production du noir, et per dans la masse entière.
qu'il suffit d'épaissir et d'imprimer pour que la Dullo a essayé sur ce produit l'action des di-
couleur se développe. vers agents usités dans la réduction de l'indigo,
Tels sont les divers procédés actuellement espérant arriver ainsi à produire un noir soluble,
connus pour la préparation du noir d'aniline. mais ces essais sont restés infructueux : la plu-
Cette couleur a pris aujourd'hui une extensión part des réducteurs restent sans action, et ceux
et une importance très-grandes. L'habileté bien qui agissent ( un mélange de glucose et de soude,
connue des manufacturiers de Mulhouse a triom- par exemple) donnent naissance à un produit
phé des difficultés pratiques que présentait son aussi insoluble que le noir lui-même. D'après le
emploi pour certains genres, et l'Exposition uni- même auteur, le peu d'affinité que manifeste le
verselle nous a montré le noir d'aniline uni à noir pour les fibres animales doit être attribué à
presque toutes les couleurs , sur toutes sortes de ce fait qu'il se précipite toujours en flocons trop
tissus et dans les conditions les plus variées. volumineux pour pénétrer dans les pores de ces
Incessamment sans doute cette précieuse cou- fibres.
leur pourra être utilisée pour la teinture de la Camille Koechlin , dans son remarquable ar-
laine et de la soie. Déjà Lightfoot a montré que ticle sur le noir des alcaloides [ Moniteur scientif.,
la résistance du noir à être fixé sur laine dispa- t. VII, p. 769] , décrit une propriété curieuse du
raît quand cette laine a été préalablement oxydée noir d'aniline . Quand on le met en contact avec
par le chlorure de chaux [ Chemical News, août une solution d'hypochlorite de calcium à 8°, le
1866, p. 59 ; et Bull. de la Soc. chim. , 1866 , t.VI, noir se dégrade, prend un reflet rougeâtre, puis
p. 505] . Plus récemment encore, Jules Persoz a passe au grenat. Si on le soustrait alors à l'action
réussi à teindre la laine en la mordançant dans du chlore, on constate que la couleur revient à
un mélange de bichromate de potassium et de la longue et le noir, avec toute son intensité, se
sulfate de cuivre, et en passant ensuite dans une retrouve constitué.
dissolution acide d'aniline. Tout fait donc espérer Nous renvoyons à cet article de C. Koechlin le
que dans un prochain avenir le noir trouvera son lecteur désireux de connaitre dans tous ses détails
application aux fibres animales. les propriétés du noir d'aniline, ainsi que toutes
Nous ne connaissons rien sur la composition les difficultés techniques de son application .
du noir d'aniline.
Son mode de formation indique qu'il dérive de JAUNES D'ANILINE . - On connaît sous ce nom
l'aniline par oxydation . Cette oxydation se pro- divers produits. Les uns ont été parfaitement étu-
duit par l'action du chlorate de potassium et celle diés au point de vue scientifique , tels sont la
des composés cuivriques qui , successivement ré- chrysaniline, l'amidodiphenylimide , la chryso-
duits par l'aniline et réoxydés au contact de l'air toluidine. Il en est d'autres dont on ne connait que
et du chlorate, servent sans doute d'intermédiaire l'existence et le mode général de préparation .
entre l'oxygène et l'aniline. Le sel ammoniac , Quoi qu'il en soit, ils ne présentent au point
dont la présence est très-utile, sinon indispen- de vue industriel qu'un intérêt de second ordre.
ANILINE. 328 ANILINE .
CHRYSANILINE . - Cette base a été découverte sont probablement constituées par le mélange des
par Nicholson et étudiée par Hofmann [Compt. produits que Martius et Griess ont fait connaître
rend. , t. LV, p. 817 , décembre 1862] . On l'extrait sous le nom de diazoamidobenzol et amidodiphé-
des eaux mères acides des cristaux de fuchsine. nylimide. Certaines variétés de jaune sont exclu-
Ces eaux mères concentrées sont traitées par une sivement formées par l'oxalate de cette dernière
solution de nitrate de potassium qui détermine base. Ces deux corps sont isomériques et se
la formation d'un précipité de nitrate de chrysa- produisent l'un et l'autre dans la réaction de
niline , sel presque insoluble. On retire aussi l'acide azoteux sur une solution alcoolique d'ani-
beaucoup de chrysaniline des résidus de la fabri- line. Le premier se produit toujours lorsqu'on
cation du rouge en les soumettant à l'action d'un opère à froid; le second, lorsqu'on opère à chaud.
courant de vapeur et opérant ensuite comme pré- Le corps obtenu dans l'action du stannate de so-
cédemment. dium est l'amidodiphenylimide.
La chrysaniline est une base puissante, douée La composition de ces deux corps est représen-
d'une grande richesse colorante ; elle teint en tée par la formule brute C12 H11 Az3, L'équation
jaune très-brillant la laine , la soie et le coton qui leur donne naissance est la suivante :
animalisé.
Nature et composition de la chrysaniline. - 2 C6 H7 Az + Az O² H = C¹² H¹¹ Az³ + 2 H² 0 .
La chrysaniline a pour composition : C20 H17 Az3 ; Propriétés. - Substance d'un jaune d'or, inso-
elle ne diffère de la rosaniline que par 2 équiva- luble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool froid.
lents d'hydrogène en moins. On a donc les rap- Elle est fusible à 90° et se décompose avec explo-
ports suivants :
sion vers 200º . Elle forme avec l'acide chlorhy-
Chrysaniline C20 H17 Az³, drique des combinaisons solubles dans l'eau et
Rosaniline C20H19 Az3, qui prennent sous l'influence d'un excès d'acide
Leucaniline C20 H21 Az³.
une belle coloration rouge. Elle est transformée
La chrysaniline forme avec la plupart des par l'aniline en une matière colorante bleue. En
acides des sels bien cristallisés. Les plus remar-
teinture, elle fournit de belles nuances, mais qui
quables d'entre eux sont les nitrates , dont l'inso- ne présentent que peu de solidité en raison de la
lubilité dans l'eau a fait proposer cette base volatilité de la matière colorante (voir pour les
comme réactif de l'acide nitrique (une solution autres propriétés du jaune d'aniline l'article PHE-
de nitre renfermant 1 gramme d'acide nitrique NYLAMINE).
par litre donne un précipité avec un sel de chry-
saniline). Vogel, dans un mémoire très-étendu , a étudié
Il existe deux nitrates : C20 H17 Az³. Az HO³ ; l'action de l'acide azoteux tant sur l'aniline que
C2017 Az3. (Az HO3)2. sur toutes les matières colorantes qui en dérivent;
Chlorhydrate de chrysaniline. - Écailles cris- il a obtenu ainsi un corps particulier qu'il nomme
tallines, écarlates , très-solubles dans l'eau, moins cinaline, et auquel il donne la formule C20 H19Az206
solubles dans l'alcool, insolubles dans l'éther. [Journ. für prakt. Chem . , t. XCIV, p . 453, et Bull.
Ce sel renferme C20 H17 Az³, 2 HCl . Chauffé pen- de la Soc. chim. , 1865 , t. II , p. 285] .
dant 15 jours de 160° à 180°, il perd HCl et se La cinaline est une matière d'un beau jaune,
transforme en sel monacide. insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool , l'éther,
Sulfate de chrysaniline . - Sel très-soluble. le chloroforme, les acides et les alcalis .
Sel de platine. ― Précipité écarlate , cristal- La solution alcaline est d'un rouge magnifique.
lin, formé d'un mélange des composés mono- et Les acides l'en précipitent avec sa couleur primi-
dichloro-platiniques. tive.
Il est probable que la chrysaniline est identique Cette matière est assez résistante. Les oxydants
avec la chrysotoluidine. faibles ne l'altèrent pas. L'acide sulfureux est
également sans action sur elle.
DIAZOAMIDOBENZOL ET AMIDOdiphenylimide . Elle fond au-dessous de 100°. A une tempéra-
Mène obtient une substance jaune en faisant ture plus élevée , elle dégage des vapeurs épaisses,
passer des vapeurs nitreuses dans de l'aniline jaunes, puis elle s'enflamme subitement en pro-
[Compt . rend., 1861 , t. LII , p . 311]. duisant une légère détonation.
Guigon, Luthringer signalent des réactions ana-
logues [Brevet n° 49715, brevet n° 50901 ] . CHRYSOTOLUIDine. - Cette substance a été dé-
Schiff obtient une matière jaune très-solide couverte et analysée par Girard et de Laire . Nous
par l'action du stannate ou de l'antimoniate de avons indiqué son mode de formation et sa pré-
sodium sur un sel d'aniline [Compt . rend. , paration, en traitant de la mauvaniline. Un nou-
t. LVI, p. 1234 , 1863]. On la prépare en chauf- veau mode de préparation consiste à chauffer la
fant à 100º , 10 p . d'eau, 1 p. d'azotate d'aniline et toluidine cristallisée , ou simplement les anilines
3 p. de stannate de sodium; puis on ajoute peu distillant entre 1950 et 205 avec du sesquichlo-
à peu de la soude caustique qui détermine une rure de carbone. La séparation s'effectue comme
vive réaction. Lorsque la liqueur prend sous l'in- il a été déjà indiqué ; on la simplifie par des
fluence d'un acide une couleur rouge, l'opération traitements répétés au zinc et à l'acide chlorhy-
est terminée on laisse refroidir, puis on enlève drique qui séparent la rosaniline à l'état de leu-
l'oxyde stannique au moyen de l'acide chlorhy- cauiline.
drique, et on purifie le résidu par plusieurs disso- La chrysotoluidine traitée par les iodures al-
lutions dans l'acide chlorhydrique faible et bouil- cooliques donne de belles nuances aurore ; par
lant et précipitations au moyen de l'ammoniaque l'aniline elle donne des produits marrons.
[Martius et Griess , Zeitschrift für Chem. , mars La composition de la chrysotoluidine est repré-
1866 , et Bull. de la Soc. Chem. , 1866 , t. VI, p. 158]. sentée par la formule C21 H21 Az³.H2O .
Jaeger produit une matière colorante jaune, en
mettant en contact 100 p. de chlorhydrate d'ani- BRUNS ET MARRONS D'ANILINE.-- De même que
line , 400 p. d'eau et 40 p. de nitrate mercureux. lesjaunes d'aniline, les bruns n'ontpas jusqu'ici été
Après 24 heures, on reprend la masse par l'eau l'objet d'une exploitation industrielle importante.
bouillante qui, par refroidissement, abandonne le On en connaît cependant un certain nombre . Sans
produit à l'état de pureté [Deutsche Industrie Zeit., parler des matières brunes qui accompagnent
1866, p. 458]. la production du rouge et des violets, nous cite-
Nature et composition de ces divers jaunes d'a- rons le marron de Girard et de Laire obtenu en
niline. Ces diverses matières colorantes jaunes faisant fondre 4 p. de chlorhydrate d'aniline, pro-
ANILINE. 329 . ANIS.
jetant dans la masse fondue 1 p. de chlorhydrate industries dont il est question [Dingler's poly-
de rosaniline et chauffant le mélange jusqu'à 240º; techn. Journ., t. CLXXX, p. 165] .
la masse passe brusquement du rouge au marron . Les couleurs d'aniline servent encore dans la
C'est une couleur soluble dans l'eau d'où elle coloration d'une foule d'objets , savons, vinai-
est précipitée par les alcalis et les sels alcalins gres, paraffine, dans la teinture de la corne , de
[Brevet n° 57557] . l'ivoire, etc. Leur consommation augmente jour-
Monteith a observé la formation de la même nellement, et le bas prix auquel elles sont arri-
matière [Brevet n° 61222]. vées permet de les utiliser dans une foule de cir-
Al. Schultz prépare un beau grenat en fai- constances.
sant passer un courant de vapeurs nitreuses BIBLIOGRAPHIE . Nous avons cité dans le cou-
dans une solution de soude ou d'ammoniaque te- rant de notre travail les sources auxquelles nous
nant de la rosaniline en suspension. I obtient avons puisé : nous recommandons ici certains
ainsi une matière colorante qui donne sur laine, travaux remarquables , publiés sur cette matière
soie et coton, de belles nuances variant du puce et auxquels nous avons fait de fréquents em-
au grenat. prunts.
Horace Koechlin met à profit la formation des Examen des matières colorantes artificielles
matières brunes signalées par Hofmann dans dérivées du goudron de houille, par E. Kopp (à
l'oxydation de la rosaniline, et il réalise l'ap- Saverne, chez l'auteur, et chez le Dr Quesneville ,
plication de ces bruns sur tissu en imprimant 12, rue de Buci, à Paris) . Rapport de A. W.
(sur laine) un mélange de fuchsine, d'acide oxa- Hofmann sur l'Exposition de Londres . -Rapport de
lique et de chlorate de potassium ; (sur coton) en Wurtz et de Decaux sur l'Exposition universelle
ajoutant à cette couleur du sulfure de cuivre. de Londres en 1862 , t . I, p . 277 et 308. Librairie
On peut également fixer ce brun sur coton , au de Napoléon Chaix et Cie.. Depoully, Bull. de la
moyen de l'albumine ; pour le préparer dans un Soc. ind. de Mulhouse, t. XXXV. P. Schutzen-
état convenable à cette application , on fait réagir berger, Traité des matières colorantes , chez
sur la fuchsine du chlorate de potassium et de V. Masson. M. Vogel, Entwickelung der Anil .
l'acide chlorhydrique . indust., Leipsick, 1866. - Oppler, Theorie u.
Le produit ainsi obtenu est insoluble dans prakt. anwendung v. Anil. in d. Färb. u. Druc-
l'eau, soluble dans l'alcool et l'acide sulfurique ker., Berlin, 1866. -- Geisler, Die Anilinfarb-
concentré. L'eau le précipite de ces deux solu- stoffe, Dorpat, 1865. Reimann, Die Technologie
tions [ Bull. de la Soc. indust. , 30 août 1865 , et des Anilins, Leipsick , 1866. — Jordan , Das Anilin
Moniteur scientif. , 1866, p. 262 ] . u . die Anilinfarben , Weimar, 1866. G. Stæde-
Jacobsen indique pour la préparation d'une ler, Vierteljar. der naturf. Gesellschafft in Zurich,
matière colorante brune les procédés suivants : t. IX. CH. L.
1º chauffer à 140° 1 p. d'acide picrique avec 2 p. ANIS (ESSENCE D') . - On extrait de l'anis
d'aniline , tant qu'il se dégage des vapeurs am- (Pimpinella anisum ) , ainsi que de quelques autres
moniacales ; dissoudre dans l'acide chlorhydrique plantes telles que le fenouil (Anethum funiculum),
faible , et précipiter par la soude caustique ; la badiane ou anis étoilé (Illicium anisatum) , et
2º chauffer à 100° une solution concentrée de l'estragon (Artemisia dracunculus), des essences
chromate d'ammonium en présence de formiate oxygénées qui ont pour caractère fondamental de
d'aniline [ Dingler's polytechn . Journ . , t. CLXXVII, donner par l'oxydation de l'aldéhyde, puis de l'a-
p. 405]. cide anisique. Čes essences paraissent différer un
Wise chauffe vers 140° un mélange formé de peu entre elles par leurs propriétés physiques ,
1 p. de rosaniline , 1 p . d'acide formique et 1/2 p. mais il est fort possible que les différences tien-
d'acétate de sodium et obtient ainsi une matière nent à un hydrocarbure isomère de l'essence de
soluble dans l'alcool avec une belle couleur écar- térébenthine , avec lequel elles sont toutes mé-
late. On chauffe cette matière avec trois fois son langées .
poids d'aniline et on la transforme ainsi en un ESSENCE D'ANIS, de fenouil et DE BADIANE [Ca-
beau produit d'une riche couleur brune [Journ. hours, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . II ,
of arts, mars 1866 , p. 156 , et Bull. de la Soc. p. 274; Compt. rend. de l'Acad., t. XX, p . 53.
chim ., 1800, t. VI , p. 431 ] . Gerhardt, Compt. rend. des trav. de Chim ., 1845,
p. 65]. D'après M. Cahours, l'essence d'anis
USAGES DES COULEURS D'ANILINE. -Il est bien brute renferme plus des 4/5 de matière solide.
évident que la plus grande partie des matières On exprime les cristaux entre des doubles de
colorantes dérivées de l'aniline est consommée papier buvard et on les purifie par plusieurs
par l'industrie de la teinture et de l'impression ; cristallisations dans l'alcool à 85 % et par plu-
mais elles trouvent encore un débouché assez im- sieurs pressions successives. On obtient ainsi une
portant dans diverses autres industries. matière ayant à peu près la même densité que
Les papiers peints en consomment à l'état de l'eau, cristallisée en paillettes de beaucoup d'é-
laques une forte proportion . On prépare généra- clat, d'une odeur d'anis plus agréable que celle
lement ces laques en ajoutant à la solution des de l'huile brute, très-friable à 0°, fusible à 18°,
matières colorantes, additionnée d'alun, une cer- volatile à 222° et répondant à la formule C10 H12O
taine quantité de tannin, qui a la propriété de qui en fait un isomère de l'aldéhyde cuminique.
former avec elles des composés insolubles. Cer- Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 5,19 à
tains fabricants y ajoutent également du savon. 338° (73,85 par rapport à l'hydrogène) . Maintenue
Ces laques d'aniline servent aussi dans la litho- à l'air, cette essence ne s'altère pas, à moins qu'elle
graphie et l'imprimerie ; mais généralement on ne soit chauffée au-dessus de son point de fusion,
emploie dans ces industries des préparations spé- auquel cas elle perd peu à peu la faculté de cris-
ciales tantôt on additionne l'encre lithogra- talliser.
phique ou le vernis, d'une poudre d'amidon teint L'acide sulfurique concentré, l'acide phospho-
avec la solution alcoolique des diverses couleurs rique, le protochlorure d'antimoine et le perchlo-
d'aniline ; tantôt on mélange le vernis avec le rure d'étain transforment l'essence d'anis dans
précipité desséché que l'on obtient en addition- un corps solide et amorphe, l'anisoïne. L'acide
nant d'eau un mélange des couleurs d'aniline et chlorhydrique gazeux agit sur cette essence et la
d'une solution alcoolique de résine ; tantôt enfin convertit en un chlorhydrate dont la formule est
on dissout la base des diverses matières colo- C10 H12O , H Cl.
rantes dans l'acide oléique , et l'on obtient ainsi L'acide azotique , suivant son degré de concen-
un mélange parfaitement employable dans les tration, fournit, lorsqu'on le chauffe avec l'essence
ANIS. - 330 ANIS .

d'anis, de l'hydrure d'anisyle, de l'acide anisique position que l'essence d'anis . Avec l'acide azo-
ou nitranisique , et une résine jaune fusible à 100° tique, cette huile se comporte comme l'essence
et décomposable par la chaleur, la nitraniside, qui d'anis, et avec le brome elle a fourni un produit
paraît renfermer C10 H10 (Az O220. difficile à purifier.
Chauffée à la température à laquelle elle entre La partie volatile de l'essence de fenouil bout
en ébullition , dans un tube scellé avec de la chaux vers 190° et paraît avoir la même composition
sodée, l'essence d'anis donne une petite quantité que l'essence de térébenthine. Sous l'influence du
d'un acide isomérique avec l'acide cuminique bioxyde d'azote , elle s'épaissit et laisse alors dé-
C10H12O2 [Gerhardt , Traité de Chim . organ. , t. III, poser, lorsqu'on l'additionne d'alcool, une sub-
p. 354]. Le chlore et le brome donnent avec cette stance blanche soyeuse qui commence à s'altérer
essence des produits de substitution . M. Cahours à 100° et se détruit complétement à une tempéra-
a isolé les dérivés trichloré et tribromé, auxquels ture plus élevée. Cette substance , peu soluble
il a donné les noms de chloranisal et de brom- dans l'alcool de 0,80, se dissout mieux dans l'al-
anisal. Le chloranisal C10 HC130 est incolore , cool absolu et mieux encore dans l'éther. Les li-
possède une consistance sirupeuse à froid et se queurs alcalines la dissolvent et les acides la pré-
décompose lorsqu'on cherche à le distiller. Le cipitent de ces dissolutions . Ce corps répond à la
bromanisal s'obtient en cristaux volumineux qui formule (C10H16,38 Az O. Chauffée avec la potasse
présentent beaucoup d'éclat, inodores, craquant elle dégage de l'ammoniaque, une huile et un gaz
sous la dent et insolubles dans l'eau. Il se dissout irritant. L'hyposulfite de soude l'attaque peu.
peine dans l'alcool et s'altère déjà à 100°. La Traitée par le sulfhydrate ammoniaque puis par
distillation le décompose complétement. Un excès les acides, elle donne un précipité explosible,
de brome est sans action sur lui. tandis que la liqueur filtrée précipite en bleu les
En traitant l'essence d'anis ou de fenouil par sels ferriques. Bouillie avec du sulfhydrate am-
une solution saturée d'iode dans l'iodure de po- monique, elle donne un dépôt de soufre en même
tassium, MM. Will et Rhodius [Ann. der Chem. u. temps qu'il se dégage une forte odeur d'amandes
Pharm. , t. LXV, p. 230] ont obtenu un magma amères [ Chiozza, expériences relatées dans le
blanc qui se transforme en une poudre blanche Traité de Chimie organ. de Gerhardt, t. III,
par des lavages réitérés avec l'alcool, et auquel p. 357].
ces chimistes attribuent la formule C15 H36 02. DÉRIVÉS DE L'ESSENCE D'ANIS. Anisoïne [ Cahours,
Cette formule est fort douteuse. Gerhardt pense loc. cit.; Gerhardt, loc. cit. ]. - En versant du
que ce corps est identique avec l'anisoine. perchlorure d'étain sur de l'essence d'anis ou
Distillée avec un mélange de dichromate de po- d'estragon , on obtient une masse poisseuse que
tassium et d'acide sulfurique, l'essence d'anis ou l'eau décompose en en précipitant de l'anisoine .
de fenouil donne de l'acide acétique et de l'acide On purifie ce corps en le dissolvant dans l'éther
anisique [ Hempel, Ann . der Chem. u. Pharm., bouillant. On peut encore obtenir l'anisoine en
t. LIX, p. 104 ]. L'essence de badiane paraît se chauffant l'essence d'anis avec du protochlorure
comporter de même. d'antimoine, faisant bouillir ensuite avec l'eau,
L'essence d'anis chauffée avec du bisulfite de filtrant, dissolvant le précipité dans l'éther et pré-
sodium se resout en méthyle et hydrure d'anisyle cipitant par l'alcool. L'acide sulfurique peut aussi
conformément à l'équation : fournir de l'anisoine lorsqu'on l'agite avec l'es-
sence d'anis. L'anisoine se produit encore lors-
C10H12O + H2O = (CH3)2CS HIS O². qu'on traite l'essence d'anis par le chlorure de
Essence d'anis. Eau. Méthyle. Aldéhyde
anisique. benzoile [Aelsmann et Kraut, loc . cit. ] ou par l'io-
dure de potassium ioduré [Aelsmann et Kraut,
Städeler et Wächter, Ann. der Chem. u. Pharm. loc. cit.].
t. CXVI , p. 172. ] L'anisoine est une substance blanche inodore,
L'essence d'anis, soumise à l'action du perchlo- fusible au dessus de 100°, plus pesante que
rure de phosphore, fournit un liquide bouillant à l'eau, insoluble dans ce liquide, peu soluble dans
une température élevée et dont la formule est l'alcool, plus soluble dans l'éther et les hydrocar-
probablement C10H12 C12 [ Aelsmann et Kraut, J. bures liquides . Elle se dépose en aiguilles et en
pr. Chem. , t. LXXVII, p. 490. Répert. de Chim . mamelons formés de cristaux microscopiques,
pure, 1860, p. 64]. lorsqu'on abandonne sa solution dans l'éther à
ISOMERES DE l'essence d'aNIS Essence d'estra- l'évaporation spontanée.
gon [Laurent, Revue scientifique, t. X, p. 6 ; - Chauffée, elle distille en partie, tandis qu'une
Gerhardt, loc. cit.]. Elle renferme une huile autre partie se transforme en une huile isomère.
concrète isomère de l'essence d'anis et qui se Une solution bouillante de potasse caustique ne
comporte comme cette dernière sous l'influence de l'attaque pas. Elle se dissout dans l'acide sulfu-
l'acide azotique, de l'acide sulfurique et des chlo- rique d'où l'eau la précipite inaltérée. Elle brûle
rures. Elle contient très-peu d'hydrogène carboné. à la manière des résines . Avec le chlore elle donne
Aussi, lorsqu'elle est brute, commence-t-elle à des produits de substitution.
bouillir à 200°, son point d'ébullition s'élevant Lorsqu'on verse goutte à goutte de l'essence
ensuite peu à peu à 206 ° , où il reste stationnaire. d'anis ou d'estragon dans le chlorure de zinc
Sa densité à l'état liquide 0,945 et à l'état de fondu , il distille une huile a dont les propriétés
vapeurs - 6,157 ( 87,029 par rapport à l'hydro- sont les mêmes que celles de l'essence employée
gène) à la température de 230° . et des cristaux ẞ volatils sans décomposition et
Soumise à l'action du chlore, l'essence d'estra- infusibles au bain-marie. L'huile et les cristaux
gon dégage de la chaleur et des vapeurs acides et ont la formule C10H12O . L'huile a la même den-
fournit une huile épaisse rappelant la térében- sité de vapeur que l'essence d'anis. L'acide sul-
thine par sa consistance et qui paraît répondre à furique la dissout sans que l'eau précipite d'ani-
la formule C10 H10 CIO , CI² . Cette huile se dé- soine de cette dissolution qui, saturée par les sels
compose par la potasse. On lui a donné le nom barytiques, donne un sel conjugué capable de pré-
de chlorure de draconyle . cipiter en violet foncé les sels de fer au maximum
Essence de fenouil amer [Cahours, loc. cit .]. — [Gerhardt, Traité de Chim. organ . , t. III , p.359).
Elle renferme deux huiles dont la moins volatile Laurent, en chauffant l'essence d'estragon avec
peut être extraite à l'état de pureté par la distilla- l'acide sulfurique en excès, a obtenu un acide
tion. C'est un liquide qui ne se concrète pas à conjugué qu'il a nommé acide sulfodraconique et
10°, bout vers 225°, présente une densité un qui paraît être identique ave l'acide précédent.
peu inférieure à celle de l'eau et a la mème com- | A. N.
ANISAMIQUE. -- 331 - ANISIQUE.
ANISAMIQUE (ACIDE) , transforme en acide anisique. Cahours indique
C8 H703 le procédé suivant pour la préparation de cet
H Az. acide on fait bouillir l'essence d'anis avec de
C$ H9Az O3 =
l'acide azotique de 1,2 de densité ( 23° Baumé) .
H) L'essence se transforme alors en acide anisique et
[ Zinin , Ann . der Chem. u. Pharm. , t. XCII , p . en un produit résineux insoluble nommé nitrani-
327.] ---- Cet acide devrait être nommé oxyanisa- side.
mique. Il représente en effet la monamide acide L'acide anisique reste en solution dans le liquide
de l'acide oxyanisique C8 H8O . On l'obtient en aqueux d'où il se dépose par le refroidissement.
faisant passer un courant d'acide sulfhydrique à On le lave avec de petites quantités d'eau chaude,
travers un mélange d'une partie d'acide nitrani- puis on le dissout dans l'ammoniaque et l'on pu-
sique et de 8 parties d'une solution alcoolique rifie son sel ammoniacal par une série de cris-
d'ammoniaque . Après 12 heures, lorsque tout est tallisations. Lorsque ce sel est tout à fait blanc,
dissous, on ajoute de l'eau au liquide et on le fait on précipite la solution aqueuse par l'acétate de
bouillir jusqu'à expulsion complète de l'alcool ; on plomb. L'acétate de plomb est ensuite lavé, mis
précipite ensuite l'acide oxyanisamique au moyen en suspension dans l'eau, puis décomposé par
de l'acide acétique. L'acide oxyanisamique se un courant d'hydrogène sulfuré. On porte la li-
dépose en aiguilles brunâtres que l'on rend par- queur à l'ébullition et on la filtre bouillante. L'a-
faitement incolores en les redissolvant dans l'eau cide anisique se dépose en cristaux par le re-
et décolorant la solution au moyen du charbon froidissement du liquide filtré. S'il n'est pas
animal. Cet acide se présente en petits prismes à encore entièrement pur, on achève de le purifier
4 pans déliés et brillants. Il est peu soluble dans en le sublimant.
l'eau même à chaud et dans l'éther. Il se dissout Laurent prescrit d'opérer de la manière sui-
au contraire très-facilement dans l'alcool. L'acide vante pour préparer l'acide anisique au moyen de
chlorhydrique et l'acide acétique bouillant le dis- l'essence d'estragon. On met 1 partie d'essence
solvent sans l'altérer, mais sa solution dans l'a- mêlée d'une petite quantité d'eau dans une cor-
cide azotique devient rouge par une longue ébul- nue spacieuse, on chauffe et l'on ajoute petit à
lition et dépose en se refroidissant des flocons petit 3 parties d'acide azotique ordinaire. L'es-
bruns et une poudre blanche. Il fond à 180° et sence s'épaissit et finit par se prendre en une
se décompose au-dessus de cette température. masse solide, résineuse et légèrement cristalline.
Le seul oxyanisamate qui ait été analysé est On lave cette matière, et on la traite par l'am-
l'oxyanisamate d'argent C8H8 Ag Az O³ . C'est un moniaque étendue qui dissout le tout à l'exception
précipité blanc caillebotté insoluble dans l'eau, d'une petite quantité de matière brune. On éva-
inaltérable à 120° lorsqu'il est sec, mais qui pore ensuite à consistance sirupeuse de manière
brunit lorsqu'on le fait bouillir avec de l'eau. à chasser l'ammoniaque en excès ainsi que la
L'oxyanisamate d'ammonium est un sel fort portion de cet alcali qui maintenait la substance
soluble qui cristallise difficilement en tables à 4 brune en dissolution, en ayant soin toutefois de
côtés . Sa solution aqueuse perd de l'ammoniaque ne pas pousser trop loin l'évaporation , parce qu'a-
par l'ébullition et laisse ensuite déposer l'acide lors on risquerait de décomposer l'anisate et le
libre par le refroidissement. nitranisate d'ammoniaque eux-mêmes. On reprend
Les sels de cadmium et de plomb sont des pré- par l'eau bouillante le liquide sirupeux, on filtre
cipités blancs. et l'on achève de décolorer par le charbon animal .
Les solutions d'acide oxyanisamique ne préci- La solution convenablement évaporée laisse dé-
pitent ni l'eau de chaux, ni l'eau de baryte, ni poser de l'anisate ammonique en tables rhomboi-
les sels d'argent solubles . Avec le sulfate de dales, tandis que le nitranisate reste dans les
cuivre ammoniacal, elles donnent à froid un pré- eaux mères . On purifie l'anisate par deux on trois
cipité bleu floconneux qui devient pulvérulent et cristallisations dans l'alcool. Finalement on dis-
couleur de cannelle par l'ébullition. sout ce sel dans l'eau bouillante, on ajoute de
L'acide oxyanisamique se produit à l'aide de l'acide azotique à la solution pendant qu'elle est
l'acide nitranisique par une réaction analogue à encore chaude et on laisse refroidir. L'acide ani-
celle qui fournit l'acide benzamique (oxybenza- sique se dépose alors en aiguilles qu'on fait re-
mique ) au moyen de l'acide nitrobenzoique. cristalliser dans l'alcool bouillant.
Cette réaction peut être représentée par l'équa- On peut encore préparer l'acide anisique en
tion suivante : faisant tomber goutte à goutte de l'aldéhyde ani .
2 C8 H7 (Az O²) 036 H2S sique sur de la potasse en fusion . La masse re-
Acide Acide froidie et reprise par l'eau est décomposée par
nitranisique. sulfhydrique . l'acide chlorhydrique. Il se dépose de l'acide
/C8 H7 03 anisique que l'on purifie comme ci-dessus. La
=: 2 CH réaction est exprimée par l'équation suivante :
( O Az + 41120 + 3 S². C8H8O2 KHO = C8H KO3 + H².
Acide oxyanisamique. A. N. Aldehyde Potasse Anisate de Hydrogène .
anisique. caustique. potassium.
ANISINE. - Alcaloide isomère de l'anishydra-
mide. Voyez ANISIQue aldehyde. Lorsqu'on peut se procurer l'aldehyde anisique,
ANISIQUE (ACIDE) , CH8 03 ( Hydrate d'ani- cette méthode est infiniment préférable à celles
qui précèdent, parce qu'elle donne de l'acide ani-
syle, acide draconique) [ Cahours, Ann. de Chim. sique tout à fait exempt d'acide nitranisique.
et de Phys., (3), t. II, p . 287 ; t. XIV, p. 483 ; Récemment M. Ladenburg (Bull . de la Soc.
t. XXIII, p . 351 ; t. XXV, p. 21 ; t. XXVII, p . 439 ; chim ., t. V, p. 257 , avril 1866] a obtenu synthéti-
Laurent, Revue scientifique, t. X, p . 6 et 362; Ger- quement l'acide anisique. A cet effet, il a préparé
hardt, Ann. de Chim . et de Phys. , (3 ), t .VII, p . 292] . le paraoxybenzoate diméthylique en faisant agir
Cet acide prend naissance dans l'oxydation des le paraoxybenzoate dipotassique sur l'iodure de
essences d'anis, de fenouil amer et d'estragon . Au
début on avait pensé que les acides obtenus au méthyle. Cet éther traité par la potasse ne s'est
moyen de ces diverses essences différaient entre saponifié qu'à demi et a fourni de l'acide ani-
eux et on leur donnait des noms différents, mais sique
on sait aujourd'hui que le produit est le même CH (CH3)2O3 + H2O = CH³. OH + C³ H8 0³,
dans tous ces cas. Il se forme d'abord de l'aldé- Paraoxybenzoate Eau. Alcool Acide
hyde anisique qui s'oxyde ultérieurement et se 1 diméthylique. méthylique. anisique.
ANISIQUE . - 332 - ANISIQUE.
L'acide paraoxybenzoique ayant été préparé à des bases sont terminées par des facettes incli-
l'aide du toluène, c'est-à-dire à l'aide des élé- nées l'une sur l'autre de 164° 30'. Les arêtes
ments ; il en est de même de l'acide anisique. aiguës verticales sont le plus souvent tronquées.
L'acide anisique cristallise en prismes incolores, A l'air, l'anisate ammonique devient opaque. A
sans odeur, qui appartiennent au système clino- 99°, dans le vide, il perd de l'ammoniaque et
rhombique, dont les faces sont souvent fort laisse un résidu d'acide anisique.
grandes et dont les angles mm sont de 114° et de L'anisate de potasse cristallise en tables rhom-
66º. Ees arêtes aiguës sont le plus souvent tron- boidales ou hexagonales, et l'anisate de soude en
quées et la base est remplacée par deux facettes aiguilles.
principales et trois facettes secondaires très-pe- L'anisate de baryum cristallise par le refroi-
tites. dissement de ses solutions , d'abord en aiguilles,
Il se dissout en assez grande quantité dans puis en paillettes rhomboidales ; on peut l'obte-
l'eau chaude et très-peu dans l'eau froide. Il est nir soit directement en mêlant l'acide anisique et
fort soluble dans l'alcool et l'éther , surtout à la baryte, soit en laissant refroidir des solutions
chaud. Ses dissolutions rougissent le tournesol ; de chlorure de baryum et d'anisate ammonique
son point de fusion est situé à 175° ; par le refroi- après les avoir mélangées.
dissement, l'acide anisique fondu se prend en une L'anisate de strontium cristallise peu à peu en
masse cristalline. A une température plus élevée, petites lames hexagonales ou rectangulaires d'un
cet acide se sublime sans altération en formant mélange d'anisate d'ammonium et de chlorure de
des aiguilles d'un blanc de neige. Distillé sur de strontium .
la baryte, l'acide anisique se dédouble en phénate L'anisate de chaux prend naissance lorsqu'on
de méthyle (anisol) et en anhydride carbonique : précipite l'anisate d'ammonium par le chlorure de
calcium la précipitation est immédiate. Si les
C8H8O3 = CO2 + C6H5 (CH³) O. solutions sont étendues , ce sel cristallise en
Acide anisique . Anhydride Phénate de méthyle. groupes d'aiguilles.
carbonique. L'anisate de magnésium ne s'obtient pas par
Le chlore et le brome l'attaquent vivement en double décomposition. C'est donc un sel soluble.
donnant des produits de substitution. L'anisate de manganèse se dépose en petits
L'acide azotique concentré et bouillant trans- cristaux lorsqu'on mélange des solutions d'ani-
forme l'acide anisique en acide nitranisique. sate d'ammonium et de sulfate de manganèse.
L'acide fumant détermine une élimination d'an- L'anisate de cuivre est un précipité blanc
hydride carbonique, et, suivant les proportions bleuâtre, et l'anisate de zinc un précipité blanc.
des matières réagissantes et la durée de la réac- Les anisates mercureux et mercurique sont des
tion, il se produit du phénate de méthyle binitré précipités blancs susceptibles de cristalliser en
ou trinitré. Un mélange d'acide azotique fumant fines aiguilles dans l'eau bouillante.
et d'acide sulfurique concentré fournit du phé- L'anisate de plomb ,'(C8 H7O2)2
Pb 02, est un pré-
nate de méthyle trinitré. Dans l'action de l'acide
azotique fumant sur l'acide anisique, il se forme cipité blanc qui se dissout dans l'eau bouillante
souvent encore de l'acide chrysanisique, isomère d'où il se dépose en écailles brillantes.
du phénate de méthyle trinitré. Cette dernière L'anisate d'argent, C8H7 Ag O³, est un précipité
substance prend naissance lorsqu'on aide la réac- blanc qui cristallise dans l'eau bouillante en fines
tion au moyen de la chaleur. aiguilles ou en écailles nacrées.
Le perchlorure de phosphore attaque énergi- L'anisate d'aluminium cristallise lentement en
quement l'acide anisique avec production d'oxy- fines aiguilles lorsqu'on ajoute une solution diluée
chlorure de phosphore , d'acide chlorhydrique et d'alun à une solution d'anisate d'ammonium.
de chlorure d'anisyle . L'anisate ferrique est un précipité jaune formé
Chauffé pendant 15 heures environ dans des d'aiguilles microscopiques.
tubes scellés à la lampe avec de l'acide iodhy- ETHERS ANISIQUES [ Cahours, Ann. de Chim . et
drique, l'acide anisique se dédouble en iodure de de Phys., (3), t. XIV, p . 492] . Anisate de mé-
méthyle et en acide paraoxybenzoïque (voir ce thyle, C8 H (CH3) O³. Cet éther est isomérique
mot) : avec le salicylate diméthylique. Pour l'obtenir,
C8H8O3 + HI CH³I CH6O3. on mêle 2 p. d'alcool méthylique avec 1 p. d'acide
Acide anisique. Acide Iodure Acide paraoxy- sulfurique et 1 p . d'acide anisique. Le mélange,
iodhy- de méthyle. benzoïque. qui devient d'un rouge carmin très-intense, est
drique. soumis à une distillation ménagée. Il passe d'a-
bord de l'alcool méthylique et de l'eau, puis une
[Saytzeff, Ann. der Chem. u. Phar., t . CXXVII, huile pesante qui se solidifie bientôt. C'est l'ani-
129 (nouvelle série, t. LI) , août 1863 ; Bull . de sate de méthyle. On purifie ce corps en le lavant
la Soc. chim., 1864, t. I, p. 143.] au carbonate de soude et en le faisant cristalliser
DÉRIVÉS DE L'ACIDE ANISIQUE . dans l'alcool ou l'éther.
L'anisate de méthyle se présente en larges
ANISATES MÉTALLIQUES . - L'acide anisiqu: est écailles blanches et brillantes ; il est fusible entre
monobasique ; ses sels répondent à la formule 46° et 47°, et se prend par le refroidissement en
une masse cristalline blanche.
C8H7 MO3
L'anisate de méthyle bout sans altération à
lorsque les métaux qui entrent dans leur compo- une température élevée. Il est très-soluble dans
sition sont eux-mêmes monoatomiques. Les ani- l'alcool et l'éther, surtout à chaud; l'eau ne le
sates sont le plus souvent cristallisables. Ceux dissout pas . Sa saveur est brûlante ; son odeur
qui ont pour base les métaux alcalins et alcalino- rappelle celle de l'essence d'anis. Les alcalis
terreux sont solubles dans l'eau. Ceux à base de bouillants le saponifient, mais il n'agit pas sur
plomb, de mercure ou d'argent sont peu solubles eux à la manière des acides, comme le fait le
dans l'eau froide, mais se dissolvent faiblement salicylate de méthyle. L'ammoniaque paraît le
dans l'eau bouillante . Les acides minéraux sé- transformer en alcool méthylique et anisamide.
parent l'acide anisique de ses solutions salines. Le chlore et le brome le transforment en chloro-
L'anisate d'ammonium, C8 H7 (Az H ) O³, cris- nisate ou bromonisate de méthyle. L'acide azo-
tallise en larges tables appartenant au système tique fumant le transforme en nitranisate.
rhombique et souvent fort volumineuses. Les Anisate d'éthyle, C8 H7 (C² H³ ) O³. - Lorsqu'on
angles de la base sont de 84° et de 96° . Les arêtes sature l'alcool d'acide anisique à 60º et qu'on fait
ANISIQUE. 333 - ANISIQUE .
passer jusqu'à refus un courant d'acide chlorhy- blanches et brillantes, inodores , très-peu solubles
drique sec dans le liquide, on obtient une li- dans l'eau et facilement solubles dans l'alcool et
queur fumante d'où l'eau précipite de l'acide l'éther bouillants. Il fond à 205° et se sublime en
anisique inaltéré. Cette liqueur soumise, au con- belles lames rectangulaires ou rhomboidales , lé-
traire, à la distillation, donne d'abord du chlorure gèrement irisées. Lorsqu'on le distille avec de la
d'éthyle, puis de l'alcool et de l'eau, et enfin une chaux ou avec de la baryte, il perd de l'anhydride
huile pesante qui n'est autre que l'anisate d'é- carbonique et donne du bromanisol :
thyle . On purifie cet éther par des lavages au C8 H7 Br 03 CO2 CH7 BrO .
carbonate de soude et on le rectifie.
Acidé Anhydride Bromanisol.
L'anisate d'éthyle est un liquide incolore dont bromanisique carbonique.
l'odeur rappelle l'essence d'anis. Sa saveur est
chaude et aromatique. Il est plus dense que l'eau. Les bromanisates d'ammonium, de potassium
Il bout de 250° à 255º. L'eau ne le dissout pas ; et de sodium sont des sels solubles et cristallisa-
l'alcool et l'éther le dissolvent avec facilité. bles. Les deux derniers donnent du bromanisol à
L'anisate d'éthyle se conserve indéfiniment à la distillation sèche.
l'abri de l'air ; mais à l'air , il s'acidifie à la Les bromanisates de calcium , de baryum et de
longue. La potasse le saponifie en donnant de strontium sont des précipités blancs que l'on ob-
l'alcool et un anisate alcalin. tient par double décomposition . Lorsqu'ils se dé-
Le chlore et le brome attaquent l'anisate d'é- posent de solutions très-étendues , ils cristallisent
thyle à la température ordinaire et le conver- en petites aiguilles.
tissent, en chloranisate ou en bromanisate d'é- Les bromanisates de plomb et d'argent sont des
thyle, produits cristallisés. précipités blancs.
L'ammoniaque transforme à la longue l'éther Bromanisate de méthyle, C8 H6 Br ( CH³ ) 03
anisique en anisamide cristallisée. Cette transfor- [Cahours, 1845, loc. cit. ]. On prépare ce corps
mation se fait surtout aisément lorsqu'on chauffe en versant goutte à goutte du brome dans l'ani-
ces deux corps en vase clos. Sous l'influence de sate de méthyle. La masse s'échauffe et dégage
l'acide azotique, l'anisate d'éthyle donne du nitra- beaucoup d'acide bromhydrique. Le produit se
nisate d'éthyle . prend par le refroidissement en une masse jaune
ACIDE CHLORANISIQUE OU CHLORODRACONÉSIQUE, qu'on lave à l'eau et qu'on purifie par des cris-
C8 H7 CIO3 [ Laurent, Revue scientif., t. X, p. 15, tallisations dans l'alcool.
1842 ; Cahours , Ann . de Chim. et de Phys., On peut encore préparer ce corps en faisant
t. XIV, p. 497 ] .-On prépare cet acide en faisant bouillir pendant un quart d'heure, avec de l'acide
passer du chlore à travers de l'acide anisique sulfurique , une solution d'acide bromanisique
fondu. On lave le produit avec de l'eau et on le dans l'esprit de bois. On précipite par l'eau le
fait cristalliser dans l'alcool de 95º cent.; il se produit de la réaction , et l'on fait cristalliser dans
présente sous la forme d'aiguilles brillantes peu l'alcool les flocons blancs qui se déposent, après les
solubles dans l'eau et facilement solubles dans avoir lavés avec de l'eau ammoniacale.
l'alcool et l'éther; ces aiguilles sont à base rhombe Le bromanisate de méthyle forme des prismes
et présentent des angles d'environ 138° et 42° ; transparents qui fondent à une douce chaleur. Il
il fond à 176° environ, et peut être sublimé sans est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et
se décomposer. Le chlore ne l'attaque pas, même l'esprit de bois, surtout chaud ; moins soluble
à la lumière solaire. L'acide sulfurique dissout dans l'éther. La potasse le saponifie et un excès
l'acide chloranisique à l'aide d'une douce chaleur. de brome ne l'attaque pas.
Cet acide cristallise de nouveau par le refroidis- Lebromanisate d'ethyle, C8 H Br (C2H5) O³, s'ob-
sement. L'eau le précipite immédiatement de sa tient par les mêmes procédés que le bromanisate
solution sulfurique. Distillé avec la baryte caus- de méthyle. Il forme de longues aiguilles blanches
tique, l'acide chloranisique se comporte comme et brillantes qui fondent à une température assez
l'acide anisique , c'est-à-dire perd de l'anhydride basse et se volatilisent à une température plus
carbonique et donne du phénate de méthyle chloré élevée. L'eau ne le dissout pas . L'alcool et l'éther
(chloranisol). le dissolvent, la potasse le saponifie et le brome
Les chloranisates d'ammonium , de potassium ne l'attaque pas.
et de sodium sont solubles dans l'eau. Les chlor- ACIDE NITRANISIQUE ou nitrodraCONÉSIQUE,
anisates de baryum, de strontium et de calcium
sont des précipités cristallins qui prennent nais- C8H7 (Az O2) 03
sance par double décomposition avec des solutions [Cahours (1841), Ann. de Chim. et de Phys., (3),
médiocrement étendues. Les chloranisates de t. II, p. 297. - Laurent, Revue scientifique, t. X,
plomb et d'argent sont des précipités blancs. p. 13]. Ce corps prend naissance dans la réac-
Le chloranisatede méthyle, C8 H6 Cl (C H³) O³ , est tion de l'acide azotique fumant et chaud sur
un composé cristallin qui prend naissance lorsqu'on l'acide anisique. On le prépare ordinairement en
soumet l'anisate de méthyle à l'action du chlore sec faisant bouillir de l'essence d'anis avec de l'acide
[Cahours, loc. cit. , 1845]. Les alcalis le transfor- azotique d'une densité de 1,33 (36° Baumé) jus-
ment en alcool méthylique et acide chloranisique. qu'à ce que la substance huileuse qui se forme au
Lechloranisate d'éthyle, C8 H6 Cl (C2 H5) O³ , s'ob- début ait complétement disparu. On lave le pro-
tient soit en faisant passer jusqu'à refus un cou- duit à l'eau, on le dissout dans l'ammoniaque, on
rant d'acide chlorhydrique dans une solution al- fait cristalliser le sel ammoniacal jusqu'à ce qu'il
coolique d'acide chloranisique , soit en soumettant soit tout à fait blanc, enfin on précipite sa solu-
l'anisate d'éthyle à l'action du chlore sec. On le tion aqueuse par l'acide chlorhydrique ou azo-
purifie par cristallisations dans l'alcool. Il se pré- tique et on lave le précipité à grande eau.
sente en aiguilles blanches et brillantes. Lorsqu'on prépare l'acide anisique au moyen de
ACIDE BROMANISIQUE, C8 H7 Br O³, ou BROMOdra- l'essence d'estragon, d'après le procédé de Lau-
CONÉSIQUE [ Laurent, 1845, Revue scientifique, rent, il se forme de l'acide nitranisique qui, pen-
t. X, p. 16. - Cahours , Ann. de Chim. et de dant la purification , reste dans les eaux mères à
Phys., (3), t. XIV, p. 495]. - On prépare cet acide l'état de nitranisate ammonique. Comme il serait
en traitant l'acide anisique par le brome. Le mé- difficile de l'en extraire par le moyen des cristal-
lange s'échauffe beaucoup. Quand la réaction est lisations, on précipite les eaux mères par un
terminée, on lave le produit à l'eau et on le pu- acide, on fait bouillir le précipité bien lavé avec
rifie par cristallisation dans l'alcool bouillant. de l'acide azotique pendant une demi-heure . La
L'acide bromanisique se présente en aiguilles liqueur dépose alors en se refroidissant des pris-
ANISIQUE. 334 ―― ANISIQUE .
mes courts d'acide nitranisique que l'on fait re- peut être obtenu par l'un ou l'autre des procédés
cristalliser dans l'alcool. qui ont été décrits en parlant du nitranisate de
L'acide nitranisique cristallise en petites ai- méthyle. Il se présente sous la forme de larges
guilles brillantes, inodores , insipides et légère- tables très-éclatantes d'une grande beauté, fusibles
ment jaunâtres ; l'eau le dissout peu, même à à 98°-100°. L'eau ne le dissout pas ; il se dissout
chaud, mais, à chaud surtout, il se dissout faci- assez abondamment dans l'alcool bouillant, mais
lement dans l'alcool et l'éther . Il fond entre 175°
se dépose presque en totalité par le refroidisse-
et 180°. Soumis à une distillation ménagée , il se ment de la liqueur. La potasse alcoolique le sapo-
sublime en partie, tandis qu'une autre portion noir- nifie rapidement .
cit en se décomposant. Chauffé brusquement, il se L'acide sulfurique dissout à chaud le nitrani-
décompose subitement avec production de lumière . sate d'éthyle . Une partie de l'éther se sépare en
Le chlore , le brome et l'acide azotique ordi- cristaux par le refroidissement ; l'eau ajoutée à la
naire sont sans action sur l'acide nitranisique. liqueur acide l'en précipite complétement .
L'acide azotique fumant le transforme, suivant la Le brome n'attaque pas le nitranisate d'éthyle.
durée de la réaction , en phénate de méthyle bi- ACIDE TRINITRANISIQUE , C8 H5 (Az O2)3 O³. -- On
nitré ou trinitré, ou en acide chrysanisique iso- l'obtient en traitant à froid l'acide anisique par
mère du phénate de méthyle trinitré. Un mélange un mélange d'acide sulfurique et d'acide azotique
d'acide sulfurique et d'acide azotique fumant le fumant. On précipite la liqueur par huit ou dix
convertit en phénate de méthyle trinitré. fois son volume d'eau. L'acide trinitranisique forme
Le perchlorure de phosphore l'attaque à chaud de très-beaux sels avec les métaux alcalins , par-
et donne du chlorure de nitranisyle : ticulièrement avec le potassium et l'ammonium.
C8 H7 (Az O2) 03+ PC15 ACIDE SULFANISIQUE , C8 H8S O6 [ Zervas, Ann . der
Acide Perchlorure Chem. u. Pharm . , t. CIII, p. 339. Limpricht,
nitranisique. de phosphore . Gmelin Handb. , t. XIII, p. 128] . - Pour l'obtenir,
= PC130 + C8 H6 (Az O²) O² Cl + HCl. on chauffe l'acide anisique avec l'acide sulfurique
ordinaire à 110° ou avec l'acide de Saxe à 100°. On
Oxychlorure Chlorure de Acide
de phosphore. nitranisyle. chlorhydrique. étend d'eau, on sature le liquide par du carbonate
de plomb, on filtre et on lave le résidu avec de
Ce chlorure se présente sous la forme d'une l'eau bouillante, jusqu'à ce que les eaux de lavage
huile dont le point d'ébullition est fort élevé. Une ne déposent plus de cristaux de sulfanisate de
solution alcoolique de sulfure d'ammonium con- plomb en se refroidissant. Le sulfanisate de plomb
vertit l'acide nitranisique en acide oxanisamique traité par l'hydrogène sulfuré fournit l'acide sul-
(anisamique). Suivant Laurent , l'acide nitrani- fanisique (Zervas). Limpricht préfère soumettre
sique se combine avec les acides anisique, brom- l'acide anisique à l'action de l'anhydride sulfurique.
anisique et chloranisique, atome à atome. Par une évaporation lente de sa solution, l'acide
Les nitranisates répondent à la formule géné- sulfanisique se dépose en aiguilles qui ne s'altèrent
rale CH6 (Az O2) MO³ lorsqu'ils renferment un pas à l'air, perdent une molécule d'eau de cris-
métal monoatomique . tallisation à 100°, et ne se décomposent pas au-
Les nitranisates de potassium , de sodium et dessous de 170°. La solution aqueuse de l'acide
d'ammonium sont des sels fort solubles dans sulfanisique ne s'altère pas par l'ébullition.
l'eau. Le dernier est aussi soluble dans l'alcool et L'acide sulfanisique est bibasique. Ceux de ces
cristallise en fines aiguilles groupées en sphères. sels qui renferment des métaux monoatomiques
Les nitranisates de baryum, de strontium et de répondent à la formule générale C8 H6 M²S 06.
calcium sont des précipités qui se forment lors- Les sulfanisates d'ammonium, de potassium et
qu'on verse du nitranisate d'ammonium dans la de sodium cristallisent facilement : le premier en
solution d'un sel soluble de ces métaux. Les deux longues aiguilles déliées. Le sel barytique répond
premiers cristallisent lentement en aiguilles ra- à la formule C8 H6 Ba" SO6 +8 H2O. Il se pré-
mifiées. Le dernier est grenu . sente en cristaux déliés qui, après dessiccation sur
Le nitranisate de magnésium s'obtient comme l'acide sulfurique, perdent 8 molécules d'eau de
le sel barytique et cristallise en aiguilles radiées. cristallisation lorsqu'on les chauffe à 180°. Il se
Le nitranisate de manganèse se dépose en fais- dissout facilement dans l'eau d'où l'alcool le pré-
ceaux d'aiguilles micro scopiques. cipite. Le sel de magnésium forme de jolies ai-
Le nitran isate de zinc est un précip ité blanc guilles. Le sel de plomb neutre,
formé d'aiguilles .
Les nitranisates de cobalt et de nickel sont dif- C8 H6 Pb" SO6 +8 H20,
ficiles à obtenir par double décomposition. se présente aussi en belles aiguilles qui perdent
Le nitranisate ferrique est un précipité jaune leur eau à 180° . On connaît en outre un sel de
qui s'obtient par double décomposition au moyen plomb acide, (C8 HSO6)² Pb" H² + H2O, qui se
du chlorure ferrique. présente en petits noyaux cristallins et qui se
Le nitranisale de cuivre est un précipité blanc dissout facilement dans l'eau. Le sel d'argent est
bleuâtre. également formé de petits cristaux mamelonnés ;
Les nitranisates de plomb , de mercure au il se dissout faiblement dans l'eau. Suivant Zer-
maximum et d'argent sont des précipités blancs. vas, la solubilité des sels de baryum et de plomb
Le nitranisate de méthyle, C8 H6 (Az O²) ( CH³) 03 diminue par des cristallisations réitérées .
[Cahours (1845), loc. cit. ] , se prépare soit en ANISAMIDE, C8H7O2.Az H² [ Cahours (1848), Ann.
éthérifiant l'acide anisique par ébullition avec de Chim. et de Phys. , (3), t. XXIII , p. 353] . -
l'acide sulfurique et l'esprit de bois anhydre, soit L'anisamide prend naissance dans l'action de
en dissolvant l'anisate de méthyle dans l'acide l'ammoniaque sur le chlorure d'anisyle ou sur
azotique fumant, précipitant par l'eau le produit l'anisate d'éthyle. Dans ce dernier cas, les deux
de la réaction et achevant de le purifier par des substances doivent être chauffées pendant long-
cristallisations dans l'alcool. temps en vase clos. Lorsqu'on l'obtient au moyen
Il se présente en larges et belles lames jaunâ- du chlorure d'anisyle, il se produit en même temps
tres et brillantes. Facilement soluble dans l'alcool du chlorure d'ammonium :
et l'esprit de bois bouillants d'où il se sépare en
grande partie par le refroidissement , il ne se dis- C8 II7 02 CI + 2 Az H³
sout pas dans l'eau. Il fond à 100° et se sublime Chlorure d'anisyle . Ammoniaque .
sans se décomposer. La potasse l'éthérifie à chaud. AzH Cl + C8 H7O2 . Az H².
Le nitranisate d'ethyle, CH6 (Az O²) (C² H³) O³, Chlorure Anisamide .
d'ammonium .
ANISIQUE. 335 - ANISIQUE.
On sépare le chlorure ammonique au moyen de L'alcool anisique absorbe l'acide chlorhydrique
l'alcool qui ne le dissout pas et dissout au con- avec avidité et se sépare en deux couches dont
traire l'anisamide. l'inférieure n'est qu'une solution aqueuse de cet
L'anisamide se dépose en larges prismes par acide. La couche supérieure lavée rapidement
l'évaporation de sa solution alcoolique. avec de l'eau chargée d'un carbonate alcalin , puis
ANISANILIDE OU PHENYL-ANISAMIDE, avec de l'eau pure , forme une huile incolore, d'une
C8 H7 O2, C6 H³, H Az saveur de fruit et d'une odeur brûlante que les
carbonates alcalins dédoublent en alcool anisique
[Cahours (1848), loc . cit.]. Le chlorure d'ani- et en chlorure alcalin. Cette huile parait donc
syle réagit énergiquement sur l'aniline. Le pro- être l'éther chlorhydrique de l'alcool anisique ou
duit est solide. L'alcool en extrait l'anisanilide. chlorure d'anisalyle C8 H9OCI. L'ammoniaque le
Cette substance cristallise en fines aiguilles qui se transforme en un mélange de chlorure d'ammo-
subliment à une douce chaleur. nium et de chlorhydrates d'anisamine et de diani-
ANHYDRIDE ANISIQUE , ( C8H7O2) 20 = C16 H15 05 samine.
[ Pisani , Ann. der Chem. u. Pharm ., t. CII, DÉRIVÉS DE L'ALCOOL ANISIQUE. - Anisamines
p. 284] . On obtient ce produit en faisant agir [Cannizzaro , Compt . rend. de l'Acad., t. L, p .
l'oxychlorure de phosphore sur l'anisate de sodium 1100] .- M. Cannizzaro a préparé les chlorhydrates
bien sec, lavant le produit avec de l'eau et faisant d'anísamine et de dianisamine en faisant agir le
cristalliser dans l'éther le résidu insoluble . Il se chlorure d'anisalyle sur une solution alcoolique
présente en aiguilles soyeuses, solubles dans l'al- concentrée d'ammoniaque :
cool et l'éther, insolubles dans l'eau et les solu- C8H9O
tions alcalines ; il fond à 99º et distille à une tem- HAz. H Cl .
pérature élevée . Par une longue ébullition avec C8 H9O.CI + AzH³ =
l'eau et les solutions alcalines, il se convertit en H
acide anisique. A. N. Chlorure Ammoniaque. Chlorhydrate
d'anisalyle. d'anisami ne.
ANISIQUE (ALCOOL) , C8H10 O2 [Cannizzaro et
Bertagnini, Ann . der Chem. u. Pharm . , t. XCVIII C8H9O )
(nouv. série, t. XXII) , p. 188 , mai 1856. Ann. de 2 C8H9O . CI + 2 Az H³ = CH9 O Az . H Cl
Chim. et de Phys. , (3) , t. XLVII , p. 285] .— Lors- H
qu'on mêle l'aldehyde anisique avec une solution Chlorure Ammoniaque. Chlorhydrate
alcoolique de potasse de 7° Baumé, il ne tarde d'anisalyle. de dianisamine .
pas à se manifester une réaction qui s'accom- + Az HCl .
pagne d'un dégagement de chaleur, et la liqueur Chlorure ammonique.
se prend en une épaisse bouillie d'anisate de po-
tasse. Au bout de 10 ou 12 heures, on distille La masse qui résulte de cette action est lavée
l'alcool au bain-marie , l'on ajoute de l'eau au à l'eau qui la débarrasse du sel ammoniac, puis
résidu pour dissoudre l'anisate de potasse et dissoute dans l'alcool. Cette solution évaporée à sec
l'excès d'alcali , et l'on agite le liquide avec de laisse un résidu qui , après avoir été lavé à l'é-
l'éther qui s'empare de l'alcool anisique. On dé- ther, consiste en un mélange des deux alcaloides
cante l'éther et on l'évapore : il reste un résidu à l'état de chlorhydrates. On sépare ces deux
brunâtre qui ne tarde pas à se prendre en cris- sels au moyen de cristallisations dans l'eau, le
taux d'alcool anisique. La réaction qui produit chlorhydrate d'anisamine étant de beaucoup le
ainsi cet alcool anisique est la suivante : plus soluble de ces deux sels . On isole ensuite les
alcaloides de leur chlorhydrate en ajoutant de la
2 C8H8O2 +KHO = C8 H7 KO³ + C8 H1002. potasse ou de l'ammoniaque à la solution de ces
Aldehyde Potasse. Anisate Alcool corps, agitant avec de l'éther, décantant ce li-
anisique. de potasse. anisique. quide et l'évaporant.
L'alcool obtenu comme nous venons de le dire L'anisamine cristallise sous forme de petites
n'est cependant point encore pur. Il renferme de aiguilles, solubles dans l'eau, l'alcool et l'éther,
l'aldéhyde anisique inaltérée. Pour le débarrasser qui fondent vers 100° en se colorant un peu. La
de cette impureté on le distille, puis on le traite dianisamine se présente d'abord sous la forme
par une petite quantité d'une solution alcoolique d'une huile épaisse qui , au bout de quelques
de potasse, on le distille de nouveau dans un jours, se prend en lames cristallines . Elle se dis-
courant d'anhydride carbonique et l'on exprime sout dans l'alcool et l'éther, mais elle est moins
ses cristaux entre plusieurs doubles de papier soluble dans l'eau que l'anisamine. Elle fond et
buvard. se solidifie entre 32° et 33º.
L'alcool anisique pur distille sans altération de Ces alcaloides sont l'un et l'autre des bases
248° à 250º. Lorsqu'il est bien sec, il fond à 23° ; fortes . Le chloroplatinate d'anisamine,
quand il est humide, son point de fusion est moins (C8 H¹¹ O Az. H Cl) 2 Pt Cl¹,
élevé. Il cristallise en aiguilles blanches et bril-
lantes. Sa densité est plus forte que celle de l'eau. se présente en petites lames d'un jaune d'or ; le
Son odeur rappelle l'anis, sa saveur est brûlante. chloroplatinate de dianisamine,
Il s'altère à l'air à une température voisine de son (C16 H19 O² Az . HCl) 2 PtCl + H2O,
point d'ébullition et se transforme en aldehyde
anisique. Sous l'influence du noir de platine ou se précipite sous la forme d'une huile brune qui
de l'acide azotique il s'oxyde plus rapidement en- se prend peu à peu en une masse d'aiguilles jau-
coreen fournissant de l'aldehyde anisique d'abord, nes.
de l'acide anisique ensuite. Le potassium se dis- ANISALYLE, ( CHO) 2 (?) [ Cannizzaro et Rossi ,
sout surtout à chaud dans l'alcool anisique en Compt. rend. de l'Acad. des sciences, t. LIII ,
donnant une masse qui devient butyreuse en se p. 542] . -- Le sodium agit sur l'éther chlorhy-
refroidissant. drique de l'alcool anisique. La réaction s'achève
L'acide sulfurique et l'anhydride phosphorique à froid. En épuisant le produit par l'éther et sou-
convertissent l'alcool anisique en une masse ré- mettant ce liquide à l'évaporation spontanée,
sineuse. Le chlorure de zinc le transforme à chaud MM. Cannizzaro et Rossi ont obtenu un corps
en une huile qui se prend en une masse vitreuse blanc bien cristallisé qu'ils considèrent comme le
par le refroidissement, fond à 100°, se dissout radical de l'alcool anisique, bien qu'ils en aient
dans le sulfure de carbone et est insoluble dans eu une quantité insuffisante pour en faire l'ana-
l'eau et l'alcool. lyse. A. N.
ANISIQUE. - 336 - ANISIQUE .
ANISIQUE ( ALDÉHYDE ), C8H8O2. - L'al- dans l'alcool bouillant, se présente en écailles in-
déhyde anisique a été obtenue pour la première colores et brillantes. Il se dissout dans l'eau chaude
fois par M. Cahours dans l'oxydation de l'essence et se précipite de nouveau lorsqu'on ajoute du
d'anis, au moyen de l'acide azotique dilué [ Cahours, bisulfite de sodium à la liqueur . La solution
Ann. de Chim . et de Phys. , (3), t. XIV, p . 484.- aqueuse se détruit à l'ébullition de l'aldéhyde
t. XXIII, p. 354 ] . MM. Cannizzaro et Bertagnini anisique se régénère et de l'anhydride sulfureux se
conseillent d'opérer comme il suit de l'essence dégage. Les alcalis lui font subir la même décom-
d'anis est maintenue en ébullition pendant 1 heure position. L'ammoniaque le dissout d'abord et le
avec environ 3 fois son volume d'acide azotique convertit ensuite en anishydramide. L'iode et le
étendu à 14º Baumé. On lave le produit ainsi brome le décomposent facilement. Les bisulfites
obtenu avec de l'eau d'abord, puis avec de la po- d'anisyle-potassium et d'anisyle-ammonium sont
tasse étendue pour en extraire l'acide anisique et analogues au composé sodique, tant par leurs pro-
la nitraniside , on l'agite ensuite avec une solution priétés que par leur mode de formation.
de bisulfite de sodium marquant 30° à l'aréo- DÉRIVÉS DE L'ALDEHYDE ANISIQUE.- Anishydra-
mètre de Baumé. Le produit cristallin est recueilli mide ou hydrure d'azoanisyle [ Cahours, Ann. de
sur un filtre , pressé, lavé avec de l'alcool jusqu'à Chim. et de Phys. , (3), t. XIV, p . 487]. - Lors-
ce qu'il soit complétement blanc, et décomposé qu'on abandonne 1 volume d'aldehyde anisique
par une solution aqueuse et chaude de carbonate et 4 à 5 volumes d'une solution d'ammoniaque,
de soude. L'hydrure d'anisyle se sépare et sur- dans un flacon bouché, il se produit peu à peu
nage la liqueur , on le purifie par distillation des cristaux brillants, formés de prismes durs,
[Cannizzaro et Bertagnini , Ann. der chem. u. insolubles dans l'eau , solubles à chaud dans l'al-
pharm., t. XCVIII , p. 188. - Ann . de Chim . et cool et l'éther. Ce corps se produit par une réac-
de Phys. , t. XLVII, p . 285] . La réaction qui donne tion analogue à celle qui fournit l'hydrobenza-
naissance à l'hydrure d'anisyle est exprimée par mide, l'hydrosalicylamide et la furfuramide. On
l'équation suivante : lui a donné le nom d'anishydramide ou d'hydrure
C10H12O3 0² = C8H8O² + C²H²O4 + H2O. d'azoanyle :
Essence Oxygène. Aldéhyde Acide Eau . 3 C8 H8 022 Az H³
d'anis. anisique. oxalique. Aldehyde Ammoniaque.
anisique.
Piria a obtenu de l'aldéhyde anisique en dis- (C8H8O)"
tillant un mélange d'anisate et de formiate de = 3 H2O (C8H8O) " Az².
chaux fait en proportions équivalentes [ Piria, (C8H8 O)"
Ann. de Chim . et de Phys. , t. XLVIII , p. 113] . Eau. Anishydramide.
(C3H7O3 )2 Ca′ + (CHO2)2Ca L'anishydramide fond à 120º. Traitée par le
Anisate de chaux. Formiate de sulfhydrate ammonique, elle se transforme en
chaux .
une poudre blanche à laquelle Cahours a donné
= 2 CO³ Ca" + 2C8 H8O2. le nom de thianisol [ Cahours, Comp. rend. de
Carbonate Hydrure l'Acad. des sciences, t. XXV , p. 458] , et que
de chaux. d'anisyle . Gerhardtappelle hydrure de sulfoanisyle (Gerhardt,
Enfin l'aldehyde anisique prend encore nais- Traité de chim. organ. , t . III , p . 360] . La formule
sance dans l'action du bisulfite de sodium sur de ce corps est C8H8 SO ; c'est donc de l'aldehyde
l'essence d'anis [ Städeler et Wächter, loc. cit . ] . anisique dont un atome d'oxygène est remplacé
par un atome de soufre.
C10H12O + H2O = C8H8 O2 (CH3)2 . Chauffée pendant deux heures entre 165° et 170°,
Essence d'anis. Eau. Aldéhyde Méthyle.
anisique. l'aldehyde anisique se transforme en un alca-
loide isomère qui a reçu le nom d'anisine [Ber-
L'aldehyde anisique est un liquide jaunâtre, tagnini, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LXXXVIII,
d'une saveur brûlante , d'une odeur aromatique p. 128] . Pour obtenir cette substance à l'état de
qui rappelle celle du foin . Sa densité à 20º pureté, on dissout dans l'alcool le produit brut
= 1,09; elle bout de 253° à 255º . A peine solu- de l'action de la chaleur ; on ajoute de l'acide
ble dans l'eau, elle se dissout au contraire facile- chlorhydrique à la liqueur et l'on fait cristalliser
ment dans l'alcool et l'éther. L'acide sulfurique le chlorhydrate. On décompose ensuite le chlor-
concentré la dissout en formant une liqueur d'un hydrate par la potasse ou l'ammoniaque, et l'on
rouge foncé d'où l'eau la reprécipite. Au contact de purifie l'alcaloide devenu libre par cristallisation
l'air, l'aldehyde anisique se convertit lentement dans l'alcool. L'anisine ainsi obtenue se présente
en acide asinique en absorbant l'oxygène . Cette en prismes incolores peu solubles dans l'eau,
oxydation se fait bien plus rapidement sous l'in- même à chaud, un peu plus solubles dans l'éther
fluence du noir de platine et de l'acide azotique et très-solubles dans l'alcool. Sa réaction est
étendu. La potasse aqueuse ne la dissout pas sen- alcaline et sa saveur amère.
siblement ; la potasse fondue et la potasse alcoo- Elle forme avec les acides des sels bien définis
lique la transforment en anisate de potassium avec et cristallisables. Le chlorhydrate,
dégagement d'hydrogène ou production d'alcool C24 H24 Az2O3, HCI,
anisique . Par un contact prolongé avec l'ammo-
niaque, l'hydrure d'anisyle se convertit en anishy- cristallise en aiguilles incolores et brillantes, so-
dramide. Le perchlorure de phosphore attaque lubles dans l'eau et plus solubles encore dans
énergiquement cette aldehyde avec évolution d'a- l'alcool . Lorsqu'il n'a été desséché qu'à la tempé-
cide chlorhydrique. Le produit renferme de l'oxy- rature ordinaire, il renferme 9 molécules d'eau
chlorure de phosphore en même temps qu'un de cristallisation qu'il perd à 100°. Le chloropla
chlorure organique qui régénère l'aldéhyde anisi- tinate, (C2H24 Az2O3 , HCl )2 Pt Cl , obtenu par
que lorsqu'on le traite par l'eau et que l'on n'a pas l'addition du perchlorure de platine au chlorhy-
pu analyser parce qu'il se décompose par la distil- drate, se présente en écailles brillantes, couleur
lation Naquet et Machuca, Expériences inédites]. orangée. Il est faiblement soluble dans l'alcool.
L'aldehyde anisique partage la propriété com- Chlorure d'anisyle , C8H7O2 Cl [ Cahours, Ann.
mune aux aldehydes de donner des composés de Chim. et de Phys. , ( 3 ) , t. XXIII, p. 351 ] . ·
cristallisables avec les bisulfites alcalins [ Berta- On obtient ce corps en distillant dans une cornue
gnini, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LXXXV, un mélange d'acide anisique sec et de perchlorure
p. 268] . Nous avons déjà vu comment on prépare de phosphore. Le produit qui passe est soumis
le bisulfite d'anisyl-sodium . Ce corps , cristallisé la distillation fractionnée. On recueille ce qui
ANISIQUE. 337 ANISOL.
passe entre 250° et 270°. On lave ce liquide avec 1 ANISOÏNE. — Produit qui se forme lorsqu'on
un peu d'eau dont l'action décomposante se porte fait agir l'acide sulfurique ou le perchlorure d'é-
d'abord sur le chlorure de phosphore, on des- tain sur l'essence d'anis. - Voyez ANIS (ESSENCE
sèche sur du chlorure de calcium et l'on distille. D') .
Le chlorure d'anisyle paraît encore se former ANISOÏQUE (ACIDE), C10 H18 06 [ Limpricht
lorsqu'on fait agir le chlore sur l'aldéhyde ani- et Ritter, Ann. der Chem. u. Pharm . , t. XCVII,
sique. p. 364]. - Cet acide est un des produits d'oxy-
C'est un liquide incolore, d'une odeur forte; il dation de l'essence d'anis étoilé et probablement
bout à 262° ; sa densité est de 1,261 à 15º ; à l'air aussi des essences d'anis, d'estragon et de fenouil
humide, il se décompose rapidement en acides amer. On chauffe cette essence avec de l'acide
chlorhydrique et anisique. L'ammoniaque le con- azotique de 1,2 de densité et l'on agite le liquide
vertit en anisamide et chlorure ammonique. huileux qui gagne le fond du vase, avec une solu-
L'alcool et l'esprit de bois agissent énergique- tion chaude de bisulfite de sodium. Par le refroi-
ment sur lui et le transforment en anisate d'é- dissement il se forme des cristaux d'anisoate de
thyle ou de méthyle. sodium . Pour purifier l'acide anisoique, on traite
Bromure d'anisyle , C8 H7 O2 Br [ Cahours, Ann. ces cristaux par une quantité d'acide sulfurique
de Chim. et de Phys. , (3) , t. XIV, p. 486]. - Il a suffisant à les décomposer, on évapore à sec et
été obtenu par l'action du brome sec sur l'aldé- l'on extrait l'acide anisoique du résidu au moyen
hyde anisique. Le brome doit être ajouté goutte de l'alcool absolu , dans lequel le sulfate de soude
à goutte, et il faut éviter d'en mettre un excès. La ne se dissout pas.
masse s'échauffe, dégage de l'acide bromhydrique L'acide anisoique cristallise de ses solutions
et finit par se solidifier. Les cristaux, lavés avec aqueuses en petites lames dont la réaction est
de l'éther, comprimés entre plusieurs doubles fortement acide et qui sont fort solubles dans
de papier buvard et recristallisés dans l'éther, l'eau, l'alcool et l'éther ; il entre en fusion vers
constituent le bromure d'anisyle pur. Ils sont 120°, mais ne peut se volatiliser sans décomposi-
blancs, soyeux, volatils, sans décomposition. La tion .
potasse concentrée et bouillante les convertit en Les anisoates sont pour la plupart très-solubles
anisate et chlorure de potassium . dans l'eau l'anisoate sodique, C10 H17 Na 06, et
CONSTITUTION DES COMPOSES ANISIQUES . l'anisoate barytique se présentent sous la forme de
L'acide anisique renferme 3 atomes d'oxygène, ce petites masses irrégulièrement cristallisées. L'a-
qui le rapproche des acides monobasiques et dia- nisoate d'argent forme aussi de petits mamelons
tomiques. Il est d'ailleurs homologue de l'acide solubles qui noircissent promptement à l'humi-
salicylique qui appartient ce groupe ; enfin il dité.
dérive de l'alcool anisique, lequel renferme 2 Städeler et Wächter [ Ann . der Chem . u . Pharm.,
atomes d'oxygène comme tous les alcools diato- t. CXVI, p. 169] pensent que l'acide obtenu par
miques. Il y a donc lieu de penser que l'alcool Limpricht et Ritter, et auquel ces chimistes ont
anisique est un glycol et que l'acide anisique est donné le nom d'acide anisoïque, est identique
le premier acide dérivé de ce glycol. Toutefois avec l'acide thianisoïque qu'ils ont obtenu eux-
on n'a jamais obtenu de dérivés de l'acide ou mêmes en chauffant l'essence d'anis concrète avec
de l'alcool anisique dans lesquels deux H fussent de l'acide azotique de 1,2 de densité , distillant et
remplacés par d'autres radicaux. De là un doute agitant ensuite le produit distillé avec du bisul-
sur la constitution de l'acide anisique, puisque, fite de sodium. L'acide thianisoique a pour for-
d'une part, toutes les analogics tendaient à faire mule C10 H14 SO et son poids atomique est 230 .
considérer l'alcool anisique comme un glycol et Le poids atomique correspondant à la formule
l'acide anisique comme un acide diatomique, et C10 H18O6 de l'acide anisoique est 234. Il en ré-
que, d'autre part, l'expérience semblait décider sulte que les analyses de Limpricht et de Ritter
la question en sens inverse. M. Saytzeff [loc . cit . ], s'accordent aussi bien avec l'une qu'avec l'autre
en transformant l'acide anisique en acide para- de ces formules, au moins en ce qui concerne la
oxybenzoique et en iodure de méthyle au moyen détermination du carbone et du métal. Quant à
de l'acide iodhydrique, et M. Ladenburg (loc. cit.], l'hydrogène, ces chimistes en ont toujours trouvé
en exécutant la synthèse de l'acide anisique à trop peu (5,44 % au lieu de 5,65, dans le sel ba-
l'aide de l'acide paraoxybenzoique, ont levé tous rytique, et 4,0 % au lieu de 4,98 dans le sel
les doutes relatifs à la constitution des composés d'argent ) . Enfin l'absence du soufre n'a point
anisiques. L'acide et l'alcool anisique ne sont pas été directement constatée. - Voyez ACIDE THIANI-
un véritable acide et un vrai glycol . Ce sont des soIQUE. A. N.
éthers. Le premier de ces corps est l'acide méthyle ANISOL (Syn. Phénate de méthyle ou dracol),
paraoxybenzoique et le second est le paraoxybenzo- C7H8O = C6H5, CH³O [ Cahours, Ann. de Chim .
glycol monométhylique. Enfin l'aldehyde anisique et de Phys. , (3) , t. II, p. 274 ; t. X, p . 353 ;
représente de l'aldehyde paraoxybenzoïque dans t. XXVII, p. 439]. - Ce corps prend naissance
laquelle H est remplacé par CH3. Les formules lorsqu'on distille l'acide anisique ou son isomère
qui suivent montrent ces divers rapports : le salicylate de méthyle avec la baryte caustique .
Il se produit aussi par la substitution directe du
OH JOH ( OH méthyle à l'hydrogène dans le phénol. On l'ob-
C6H4 SCO .OH C6 [ + CO.II C6H4 ¡ CH². OH. tient par diverses méthodes. Celle qui est le plus
Ac id e Glycol employée consiste à distiller l'acide anisique avec
ue Aldéhyde
paraoxybenzoïq . paraoxy- paraoxybenzoïque . un grand excès de baryte ou de chaux, ou à faire
benzoïque. tomber goutte à goutte du salicylate de méthyle
sur de la baryte chauffée au rouge. On rectific
( OCH3 OCH3
C6H SOCH3 C6H CO.H CHI CH2.OH. ensuite l'huile qui passe à la distillation , après
CO.OH l'avoir lavée avec de l'eau alcaline et avec de
Acide. Aldehyde Glycol l'eau pure :
anisique. anisique. anisique.
C8H8 03 = CO2 + C7H8O
On comprend alors clairement pourquoi on ne Acide anisique Anhydride Anisol.
peut remplacer qu'un seul hydrogène par des ra- ou salicylate carbonique.
de méthyle.
dicaux dans les composés anisiques , puisque ces
composés renferment déjà un radical méthyle Un autre procédé de préparation consiste à
substitué à H. A. N. chauffer le phénate potassique avec de l'iodure de
I - 22
ANISOL. 338 ANISOL.
méthyle entre 100° et 120° dans un tube scellé rure de calcium et finalement on la distille. Il
à la lampe : passe d'abord de l'anisol . Dès que la température
C6H5. OK CH³I = IK C6H5. O (CH³) a atteint 260°, on change de récipient et l'on
Phénate Iodure Iodure Phénate de mé- recueille du nitranisol pur.
potassique. de de potas- thyle (anisol). Le nitranisol est un liquide limpide, d'une légère
méthyle. slum. couleur ambrée, plus dense que l'eau, dans laquelle
il est insoluble. Son odeur est aromatique et
On lave le produit , d'abord avec une solution rappelle un peu les amandes amères. Il bout
alcaline, puis avec de l'eaupure, et finalement on entre 262º et 261°. Les solutions alcalines sont
le soumet à la distillation.
sans action sur lui, même à chaud. L'acide sul-
L'anisol est un liquide mobile, incolore, dont furique concentré le dissout à l'aide d'une douce
l'odeur est agréable et aromatique. L'eau et les chaleur, mais l'eau le précipite inaltéré de cette
liqueurs alcalines ne le dissolvent pas. Il se dis- solution. Si l'on remplace l'acide sulfurique par
sout, au contraire, facilement dans l'alcool et dans
l'éther. Sa densité est de 0,991 à 15º. Il bout à152° l'acide azotique fumant et chaud, le nitranisol se
convertit successivement en di- et en trinitra-
sans décomposition . Il est isomérique avec l'alcool nisol.
benzoïque et de l'acide taurylique. Dinitranisol, C7 H6 (Az O²)² O. -— On le prépare
L'acide sulfurique concentré dissout l'anisol .
1 en faisant bouillir pendant quelques minutes de
L'eau ne précipite pas cette dissolution , qui ren- l'anisol avec de l'acide azotique fumant. On traite
ferme un acide copulé dont la formule est ensuite le mélange par l'eau , qui en sépare un
C7 H8 SO . liquide jaune. Ce liquide ne tarde pas à se
Cahours a donné à cet acide le nom d'acide sul- prendre en une masse jaune solide que l'on pu-
fanisolique, et Gerhardt, celui d'acide méthyl- rifie en la faisant cristalliser plusieurs fois dans
sulfophénique. L'acide méthyl - sulfophénique l'alcool bouillant. On obtient encore le dinitra-
donne un sel de baryum cristallisable qui ren- nisol en chauffant pendant une demi-heure en-
ferme (CH SO¹) ² Ba''. viron l'acide anisique entre 90° et 100° avec
L'acide sulfurique fumant dissout aussi l'ani- deux ou trois fois son poids d'acide azotique fa-
sol. Si cet acide n'a pas été employé en grand I mant ; il est alors tout à fait nécessaire de laver
excès, l'eau précipite de la solution des flocons le produit avec une solution alcaline pour le dé-
cristallins dont la formule est C14H14 SO ' , et barrasser de l'acide chrysanisique qui prend
auxquels Cahours a donné le nom de sulfaniso- naissance en même temps.
lide. La sulfanisolide est à l'acide sulfanisolique Le nitranisol cristallise en longues aiguilles
ce que le sulfate d'éthyle est à l'acide éthyl- d'un jaune pâle, solubles dans l'alcool et l'éther,
sulfurique. I représente 2 molécules d'anisol et insolubles dans l'eau, même à chaud. Il fond
plus 1 molécule d'acide sulfurique moins 1 mo.. vers 86º et se sublime sans décomposition si l'on
lécule d'eau. Le meilleur mode de préparation élève davantage la température.
de la sulfanisolide consiste à diriger des vapeurs La potasse dissoute dans l'eau n'attaque le ni-
d'anhydride sulfurique dans de l'anisol fortement tranisol que si la solution est très-concentrée, et
refroidi. On ajoute ensuite de l'eau au mélange. même alors l'action n'est complète que si l'on
La sulfanisolide se dépose aussitôt en fines ai- fait bouillir pendant longtemps. La décomposi-
guilles que l'on fait cristalliser de nouveau dans tion est beaucoup plus rapide lorsqu'on prend
l'alcool, tandis que l'acide sulfanisolique formé une solution alcoolique de potasse bouillante; il
en même temps reste dans la liqueur aqueuse. La se produit dans ce cas du dinitrophénate potas-
sulfanisolide se présente en prismes mous, argen- sique.
tés, insolubles dans l'eau et solubles dans l'alcool Trinitranisol, C7 H (Az O2)3 O. - Ce corps se
et l'éther. Elle fond à une douce chaleur et se produit lorsqu'on chauffe l'acide anisique, l'ani-
sublime entièrement sans décomposition . Sous sol, le nitranisol ou le dinitranisol avec un mé-
l'influence de l'acide sulfurique concentré, elle se lange fait en proportions égales d'acide sulfurique
transforme en acide sulfanisolique. concentré et d'acide azotique fumant. On choisit
L'anisol peut être distillé sur l'acide phospho- généralement l'acide anisique pour cette prépara-
rique anhydre sans se décomposer. tion. Le mélange est d'abord incolore ; on le chauffe
DÉRIVÉS DE L'ANISOL. Produits de substitu- jusqu'à ce qu'il commence à se troubler et à dé-
tion chlorés et bromés. -- Le chlore et le brome gager de l'anhydride carbonique ; on cesse alors
agissent sur l'anisol qui se transforme sous leur de chauffer et il ne tarde pas à se former à la
influence en une masse cristalline . Les dérivés surface du mélange une huile qui se fige par le
chlorés ont été peu étudiés . On connaît, par con- refroidissement. On ajoute au produit de la réac-
tre, avec certitude deux dérivés bromés dont l'un , tion une grande quantité d'eau , on lave la matière
le bromanisol, C7 H7 Br O, peut encore être obtenu solide avec de l'eau bouillante et plusieurs re-
par la distillation de l'acide bromanisique avec prises, et finalement on la purifie par des cristal-
de la baryte ; et dont le second, le dibromanisol , lisations répétées dans un mélange à parties
CH6 Br2 O, est un corps soluble dans l'alcool égales d'alcool et d'éther. Pour que la réaction soit
bouillant, cristallisable en écailles brillantes, fu- complète , 1 p. d'acide anisique exige 15 p. du
sible à 54° et capable de se sublimer en totalité mélange d'acides sulfurique et azotique.
à une température plus élevée en donnant de Le trinitranisol cristallise en lames très-bril-
petites tables brillantes. lantes et de couleur jaune, insolubles dans l'eau
L'acide azotique fumant réagit énergiquement et solubles dans l'alcool bouillant ou dans l'éther.
sur l'anisol, et, suivant les proportions des réac- Il fond entre 58° et 60° et se sublime sous l'in-
tifs et la durée de la réaction, il se forme trois fluence d'une chaleur modérée . L'acide sulfu-
produits de substitution différents : le nitranisol, rique et l'acide azotique chauds le dissolvent
le dinitranisol et le trinitranisol. sans le décomposer. L'ammoniaque liquide et les
Nitranisol, C7 H7 (Az O²) O. — Pour préparer ce solutions aqueuses étendues de potasse n'atta-
corps, on ajoute par petites portions de l'acide quent pas le trinitranisol même à l'ébullition ;
azotique fumant à de l'anisol que l'on a soin de mais les solutions potassiques un peu concentré s
tenir dans un vase entouré de glace pour empê- le colorent rapidement en rouge brunâtre et le
cher la température de s'élever par l'effet de la décomposent entièrement à l'ébullition . Il se pro-
réaction. On lave ensuite, avec une solution de duit ainsi un sel potassique peu soluble dont on
potasse d'abord , puis avec de l'eau, l'huile noi- peut extraire un acide qui présente la composi-
râtre qui se forme ; on la dessèche sur du chlo- tion de l'acide picrique (trinitrophenol) , mais
ANISOL . 339 ANISULMINE.
1
qui, d'après Cahours, est simplement isomérique de benzoile, de cinnamyle, de cuminyle et d'ani-
avec ce dernier corps. Cet acide a reçu le nom syle réagissent sur l'anisidine sous l'influence
d'acide picranisique. d'une douce chaleur en produisant de l'acide
Tous les dérivés nitrés de l'anisol sont facile- chlorhydrique et des alcalamides auxquels Ca-
ment attaqués par le sulfure d'ammonium. Il se hours a donné les noms de benzonitraniside ,
dépose du soufre et il se forme de l'anisidire ou cinnitraniside, etc. :
les produits de substitution nitrée de ce corps.
CH6 (Az O²) O
ANISIDINE (Méthyl -phénidine de Gerhardt) [ Ca- Az + C7H5O. CI
hours, Ann. de Chim . et de Phys., (3), t. XXVII , | H
p. 443]. L'anisidine se forme lorsqu'on réduit Nitranisidine. Chlorure
le nitranisol au moyen du sulfhydrate d'ammo- de benzoyle.
nium :
CH (AZO ) O + 3 AzH.HS C7 H6 (Az O²) O
- HCI + C7H5O Az.
Nitranisol. Sulfhydrate
d'ammonium. H
Acide Benzonitraniside ou azoture
C7H70 ) chlorhy de nitroxyméthyl-phenyle,
= 3 Az 133S + 2H2O + HAZ. drique . de benzoyle et d'hydrogène.
Ammoniaque. Soufre. Eau. Anisidine. Ces diverses alcalamides peuvent être facilement
obtenues à l'état de pureté. Il suffit pour cela de
Pour préparer cette base, on mêle le nitranisol laver le produit brut de la réaction avec de l'eau,
avec une solution alcoolique de sulfhydrate am- de l'acide chlorhydrique et des solutions alca-
monique et l'on évapore à une douce chaleur lines, et de le faire ensuite cristalliser dans l'al-
jusqu'à ce que le liquide soit réduit au quart de cool bouillant. Ces corps sont insolubles dans
son volume primitif ; on le sature alors par un l'eau et dans l'alcool froid.
léger excès d'acide chlorhydrique dilué et on le La nitranisidine se dissout facilement dans les
filtre pour séparer le soufre qui s'est déposé. Le acides et forme des sels pour la plupart cristal-
liquide filtré est très-brun ; par une évaporation lisables . Son chlorhydrate et son bromhydrate,
convenable, il laisse déposer des aiguilles de chlor- lorsqu'ils sont purs , se présentent en aiguilles
hydrate d'anisidine que l'on dessèche entre des incolores. Fort solubles dans l'eau chaude, moins
doubles de papier buvard . Ce sel, distillé avec solubles dans l'eau froide. Une solution concen-
une dissolution aqueuse concentrée de potasse, trée et bouillante de chlorhydrate de nitranisi-
abandonne de l'anisidine, qui passe à la distilla- dine mélangée avec une dissolutition concentrée
tion avec la vapeur d'eau sous la forme d'une de perchlorure de platine, dépose en se refroidis-
huile qui se solidifie par le refroidissement . sant un chloroplatinate cristallisé en aiguilles d'un
On connait imparfaitement les propriétés de jaune brunâtre. Le sulfate cristallise en aiguilles
l'anisidine. C'est un alcaloide qui se combine soyeuses groupées autour d'un centre ; il se dis-
avec les acides en formant des sels . Le chlorhy- sout facilement dans l'eau , surtout si elle est
drate se présente en aiguilles déliées et incolores acidifiée par de l'acide sulfurique.
solubles dans l'eau et l'alcool . Ses solutions con- Dinitranisidine ( Dinitromethyl -phénidine),
centrées et chaudes , mêlées avec une dissolution
non moins concentrée de bichlorure de platine, C7H5 (Az O2)20 )
donnent en refroidissant des aiguilles jaunes de C7 H7Az3 05 := H Az.
chloroplatinate. H
L'oxalate , l'azotate et le sulfate d'anisidine
sont aussi des sels cristallisables. On connaît un Son mode de préparation est exactement pa-
dérivé mononitré et un dérivé binitré de l'ani- reil à celui de la nitranisidine. Seulement on sub-
sidine. stitue le trinitranisol au dinitranisol.
Nitranisidine ( Méthyl-nitrophénidine de Ger- Sèche, la dinitranisidine constitue une poudre
hardt), amorphe d'un rouge ou d'un rouge violet écla-
C7H6 (Az O²) O tant, la nuance de la teinte étant déterminée par
C7 H8 (Az O2) Az O = HAZ . le degré de concentration de la liqueur d'où elle
H a été précipitée. Elle se dissout à peine dans
l'eau froide et très - peu dans l'eau chaude, en don-
On prépare ce corps par la même méthode que dant une solution jaune.
l'anisidine, en remplaçant le nitranisol par le di- L'alcool la dissout peu à froid, mieux à chaud.
nitranisol. La réaction est la même. Toutefois, l'éther la dissout légèrement à chaud. Par le re-
au lieu d'extraire la nitranisidine de son chlo- froidissement de la solution alcoolique faite à la
rhydrate en distillant ce sel avec de la potasse, température de l'ébullition elle se dépose en cris-
on précipite sa solution aqueuse par l'ammo- taux d'un violet très-foncé.
niaque, on lave à grande eau le précipité qui se " La nitranisidine fond à une douce chaleur et
produit et on le fait cristalliser dans l'alcool. se prend en une masse radiée d'un violet foncé
La nitranisidine se présente sous la forme d'ai- lorsqu'on la laisse refroidir. Les propriétés ba-
guilles brillantes d'un rouge grenat. Elle est inso- siques de ce composé sont infiniment moins pro-
luble dans l'eau froide , et soluble dans l'eau noncées que celles des deux corps précédents.
bouillante. L'alcool la dissout à l'ébullition , mais La nitranisidine forme cependant des sels cristal-
l'abandonne presque en totalité par le refroidis- lisables avec les acides chlorhydrique, azotique
sement. L'éther la dissout également, surtout à et sulfurique, mais il faut, pour que les sels se
chaud. La nitranisidine fond , à une température forment, que les acides soient employés en excès ,
qui n'est pas très-élevée , en un liquide qui se fige et ils sont décomposables par l'eau.
par le refroidissement en une masse radiée . La nitranisidine est violemment attaquée par
Chauffée au-dessus de son point de fusion, elle l'acide azotique fumant. Elle se transforme alors
émet des fumées jaunes qui se condensent en en une masse résineuse d'un jaune brunâtre qui
petites aiguilles jaunes. Le brome l'attaque avec se dissout dans la potasse en donnant une liqueur
violence et la transforme en une masse résineuse d'un brun très-intense. A. N.
qui n'a plus aucune propriété alcaline. L'acide ANISULMINE. -Produit brun que l'on obtient
azotique fumant la transforme en une masse vis- en traitant par la potasse les graines d'anis préa-
queuse insoluble dans les acides. Les chlorures lablement épuisées par l'eau , l'alcool et l'éther, et
ANISURIQUE. 340 ― ANTHRACENE.
en précipitant la solution alcaline par l'acide acé- et d'une constitution très-rapprochée : on les a
tique. représentés par les formules C15 H12 et C14H10.
ANISURIQUE ( ACIDE ) , C10 H11 AzO2 [ Ca- 10 C15 H12. Paranaphtaline [ Dumas et Lau-
hours, Ann. der Chem . u. Pharm . , t . CIII , p . 90] . rent ( 1832 ) , Ann. de Chim. et de Phys. , t. L.,
- C'est un acide analogue à l'acide hippuriqué. p. 187. ---- Laurent, ibid. , t. LX, p . 220 ; t. LXXII,
Il se produit lorsqu'on fait agir le chlorure d'a- p. 415. - Gerhardt , Traité de Chimie , t. III,
nisyle sur le dérivé argentique du glycocolle : p. 461 ] . Lorsqu'on fractionne les produits
C2H2O.OAg ) Az + C³ HO². Cl af la distillation du goudron de houille, on ob-
H² j tient une matière huileuse qui, exposée à un froid
Glycocolle Chlorure de 10° au-dessus de zéro, dépose de la naphtaline
argentique . d'anisyle. e de la paranaphtaline en cristaux. On recueille
(C2H2O. OH)' le dépôt, on le comprime et on le traite par l'al-
= (C8 H7 O²)' } Az + AgCl. cool qui dissout la naphtaline et le reste de
l'huile et laisse l'anthracene presque inaltéré. On
Acide anisurique. Chlorure purifie ce dernier corps par deux ou trois distil-
d'argent. lations.
A. N. L'anthracène fond à 180° et bout au-dessus de
ANKÉRITE (Min . ) . — - Variété ferrifère de do- 300º. Par la sublimation, elle cristallise en la-
lomie. L'angle de ses clivages est de 106°12'. melles contournées qui n'ont pas de forme déter-
ANNABERGITE ( Min. ) [ Syn . Nickelocker , minable. Sa densité de vapeur déterminée à 450°
Nickel arséniaté , H.]. Arséniate hydraté de = 6,741 . Elle est insoluble dans l'eau et se dis-
nickel : sout très-peu dans l'alcool. Son meilleur dissol-
vant est l'essence de térébenthine. L'analyse de
Ni3 As2088 H2O = 3 Ni O , As205 + 8H2O. l'anthracène a donné les résultats suivants :
Masses cristallines fibreuses d'un beau vert, ac-
compagnant souvent la nickéline. Dumas et Laurent. Naphtaline.
ANORTHITE (Min .) [Syn . Christianite, Bio- C 92,04 92,34 92.70 93,74
tine]. Silicate d'alumine et de chaux avec de H 5,96 5,82 6,37 6,26
très - petites quantités de fer, de magnésie , de
soude et de potasse : Ces chiffres ont porté à considérer l'anthracène
Ca Al? Si² O8 = Ca O , Al² O³ , 2 SiO². ou paranaphtaline comme un isomère de la naph-
taline.
Petits cristaux vitreux et brillants, transpa- L'anthracène en poudre soumis à l'action du
rents ou seulement translucides, dans les blocs chlore donne un dérivé, le chloranthracénèse, qui
rejetés de la Somma ; grains vitreux dans la lave, répond à la formule C15 H10 C12.
en Islande, à Java, etc. Le feldspath de la diorite L'acide sulfurique concentré dissout à chaud
orbiculaire de Corse paraît appartenir à cette es- l'anthracène en se colorant en vert sale. L'acide
pèce. Certaines variétés (Amphodelite, Latrobite, azotique concentré et bouillant convertit ce corps
Roselane) sont roses ou gris rosé. en un dérivé binitré ( nitrite d'anthracénèse )
Caractères. Complétement attaquables par C15 H10 (Az O2)2, ainsi qu'en deux autres corps dé-
les acides avec dépôt de silice pulvérulente. Au crits par Laurent et dont la composition n'est pas
chalumeau fond en un verre clair bulleux. bien établie (trinitrite hydraté d'anthracénèse, ni-
Dureté, 6. Densité , 2,69-2,75. trite d'anthracénèse) .
Forme cristalline. Prisme anorthique : mt Bouilli avec de l'acide azotique jusqu'à dissolu-
- · 120° 30′ , pm = 110° 40 ' , pt 114° 7' . tion complète, l'anthracène se transforme en un
Clivages : p, parfait; g¹. F. et S. corps oxygéné qui répond probablement à la for-
ANTHOPHYLLITE (Min .). Espèce voisine mule C15 H9 (Az O²) 02 (nitrite hydraté d'anthra-
des amphiboles et présentant une composition cénose). A. N.
analogue ; la presque totalité de la chaux est rem- 20 C14 H10 [ Fritzsche ( 1857 ), Zeitschrift für
placée par de l'oxyde ferreux. Masses lamelleuses Chem ., t. III, p . 289 ; Ann . der Chem . u. Pharm.,
d'un brun clair, ou cristaux allongés à quatre ou t. CIX , p. 249 ; Bull. de la Soc. chim. , t. VIII
six faces, non terminés. M. Des Cloizeaux a conclu (1867) , p. 191. Anderson, Annal . der Chem. u.
de l'examen des propriétés optiques, que la forme Pharm ., t . CXXII, p . 301 ( 1861 ) ; Chem. Soc .,
cristalline de l'anthophyllite est un prisme ortho- t. XV, p. 44. -- Limpricht, Zeitschrift für Chem.,
rhombique. t. II, p. 280.-- Berthelot, Bull . de la Soc. chim.,
Caractères. --- Inattaquable par les acides. Dif- t. VII ( 1867 ) , p. 223 ; t. VIII ( 1867 ) , p . 231 ] . Ce
ficilement fusible en un émail noir très-magné- carbure a été retiré par cristallisations successives
tique. Difficilement soluble dans le borax, en des portions du goudron de houille qui passent
donnant un verre coloré par le fer. après la naphtaline. Il cristallise en tables rhom-
Dureté , 3,5. Poussière blanc jaunâtre. Den- boidales ordinairement à 6 pans , d'un blanc écla-
sité , 3,2. tant, possédant une fluorescence violette, qui ne
m m - 125° environ. Clivages : h¹ facile ; m se manifeste pas lorsque, par suite d'une purifi-
moins facile ; g¹ très-difficile. cation incomplète , elles ont une légère teinte
ANTHOSIDERITE (Min .) .— Silicate ferrique jaune.
hydraté : Il fond au-dessus de 200 (207 Fritzsche ) et le
(Fe2)2 Si³ O² + 21120 = 2 Fe2O3, 9 Si O² +21120. thermomètre se maintient vers 210 ( Berthelot)
pendant qu'il cristallise. Il se volatilise lorsqu'on
Touffes de fibres cristallines très-fines, opaques le maintient à l'état fondu et distille régulière-
ou faiblement translucides, d'un jaune brunatre ment, non sans une altération partielle, à une
ou grisâtre plus ou moins clair. Attaquable par température voisine du point d'ébullition du mer-
les acides. Au chalumeau fond difficilement en cure. Cette température est sensiblement plus
une scorie noire magnétique. Avec le borax donne haute que celle qui semble concorder avec la for-
les colorations du fer sans se dissoudre notable- mule C4H10 ; mais il est possible que l'anthra-
ment. cène se polymérise sous l'influence de la chaleur
ANTHOXANTHINE . -- - Matière colorante jaune et revienne à l'état primitif par la distillation :
des fleurs. la lumière paraît l'altérer de la même façon, car
ANTHRACÈNE . - On connaît deux carbures ses solutions frappées par le soleil laissent dépo-
de ce nom : ils jouissent de propriétés analogues ser des cristaux presque insolubles dans tous les
ANTHRACITE. 341 ― ANTHRANILIQUE .
dissolvants, et différents de ceux d'anthracène l'eau au fur et à mesure de son évaporation.
(Fritzsche) . Il est un peu soluble dans l'alcool, Avant la disparition totale de l'indigo, on ajoute
surtout à l'ébullition , et plus encore dans les un peu de peroxyde de manganèse . Quand l'ac-
huiles de houille bouillantes. tion est terminée, ce dont on s'aperçoit lorsque la
Il donne avec l'acide sulfurique une liqueur liqueur abandonnée à l'air ne laisse plus déposer
verdâtre, contenant un acide sulfoconjugué . L'a- d'indigo bleu, on étend d'eau , on acidifie par l'a-
cide nitrique l'attaque énergiquement avec forma- cide sulfurique, puis, après filtration, on sature par
tion de corps nitrés et oxydés, parmi lesquels la potasse et on évapore à sec; on reprend par l'al-
M. Anderson a isolé à l'état d'aiguilles soyeuses cool qui abandonne par évaporation l'anthranilate
l'oxanthracène, C4H8O2. Un corps nitré dé- impur ; on le redissout dans l'eau et on précipite
rivé de l'anthracène est employé par M. Fritzsche par l'acide acétique. L'acide précipité est purifié
pour caractériser différents carbures ; il donne par le charbon animal et par de nouvelles cris-
avec l'anthracène lui-même des lamelles rhom- tallisations.
boidales d'un rose violacé, et d'autant plus bleu Chancel [Compt . rend. de l'Acad. , t. XXX, p . 751 ]
que le carbure est moins pur. L'acide picrique a obtenu un acide, qu'il appelle carbanilique et
donne des aiguilles rouge rubis décomposables qu'il considère comme identique avec l'acide an-
avec facilité par l'alcool (Berthelot). thranilique, par l'action de la chaux potassée sur
Un courant ménagé de chlore transforme l'an- l'amido -benzamide,
thracène en bichlorure, C4H10 Cl2 , corps cristal- C7 H. Az 2.02 ) z
lin soluble dans l'alcool et la benzine. La potasse H A ,
alcoolique, en réagissant sur ce corps, donne le
chloranthracène , C4H9 Cl , qui cristallise en petites regardée à tort par lui et Gerhardt comme la phé-
lamelles dans l'alcool, l'éther et la benzine. Le nylurée,
brome donne, avec l'anthracène à froid, des cris- CO"
taux d'hexabromure, C14H10 Br6, peu solubles dans C6H5 Az².
ces dissolvants (Anderson) . H3
L'anthracène s'obtient en rectifiant le produit L'acide de Chancel est probablement l'acide
solide de la distillation du goudron de houille. On benzamique.
recueille depuis 340° jusqu'à une température un Propriétés. C'est un corps solide, cristallisé
peu supérieure à celle de l'ébullition du mercure. en gros prismes brillants, peu soluble dans l'eau
On distille de nouveau en arrêtant l'opération à froide, très-soluble dans l'eau chaude, l'alcool et
350 ; ce qui reste dans la cornue est dissous dans l'éther. Il fond à 132°, se sublime inaltéré ; mé-
l'huile de houille bouillante (portion passant de langé à du verre et distillé, il dégage de l'acide
120 à 150) , on exprime les cristaux qui se dépo- carbonique et de l'aniline. Il se charbonne lors-
sent par le refroidissement de cette solution , et qu'on le chauffe avec l'acide phosphorique anhy-
l'on répète l'opération quatre à cinq fois. On fait dre. Traité par l'acide sulfurique, il dégage in-
alors cristalliser dans l'alcool , et l'on achève la stantanément de l'acide carbonique et donne
purification par sublimation ménagée dans une probablement naissance à de l'acide sulfanilique
cornue ordinaire (Berthelot). [Gerland, Ann. der Chem. u. Pharm . , nouv. sér. ,
MM. Limpricht et Berthelot ont obtenu l'an- t . X, p. 143, et Ann. de Chim . et de Phys . , (3),
thracène artificiellement , le premier en décom- t. XXXIX, p. 112 ] . Sous l'influence de l'acide
posant par l'eau le toluène chloré à 200°, le se- azoteux, une solution aqueuse étendue et chaude
cond en faisant passer le toluène dans un tube d'acide anthranilique donne naissance à de l'a-
chauffé au rouge et dans une foule d'autres réac- zote et à de l'acide salicylique :
tions pyrogénées (voyez PYROGÉNÉES [ RÉACTIONS ]) . ОН
La formule rationnelle de l'anthracène paraît donc 2 [(CTHO" { Az OHH² ] +Az² 03
être C2 (C6 H5)2, analogue à C2H2 ; quant à la pa- - 2 (C7H * O )” .(OH )? + 4 Az + H2O .
ranaphtaline ( anthracène ancien) , ce serait le pre-
mier homologue de l'anthracène actuel. G. S. Mais quand, au lieu d'une solution aqueuse,
ANTHRACITE (Min . ) . - - Charbon fossile lais- on prend une solution alcoolique d'acide anthra-
sant à la distillation de 85 à 95 % de carbone, nilique, on obtient un corps nouveau qui cristal-
abstraction faite des cendres. La couleur est d'un lise facilement par l'évaporation de l'alcool, et
noir plus ou moins grisâtre ; elle est fréquemment auquel Griess donne pour composition :
irisée. Son éclat est vif et souvent demi-métal-
C14 H9Az5 07.
lique. Cassure conchoidale. Se trouve dans les
terrains dont le dépôt a précédé la période houil- Légèrement chauffé avec de l'eau, il donne lieu à
lère et dans certains terrains métamorphiques. un dégagement tumultueux d'azote avec formation
Dureté, 2-2,5. Densité, 1,3-1,8. d'acide salicylique et d'acide nitrique. Le corps
Elle décrépite lorsqu'on la chauffe et brûle dif- de Griess peut être considéré comme renfermant :
ficilement. C7H& Az² O2
Variété bitumi- CH AZ202 AzHO³ .
ANTHRACONITE (Min.) .
neuse et fétide de calcaire. Le remplacement de Az² par H2O dans chacun
ANTHRACOXÈNE (Min .). --- Résine minérale des groupes C7 H+ Az2 O2 donne naissance à de
d'un brun noir, rouge hyacinthe en écailles min- l'acide salicylique en même temps que l'acide ni-
ces, partiellement soluble dans l'éther, beaucoup trique est mis en liberté [ Griess, Proceedings of
moins dans l'alcool. the royal Soc., t. X, p. 591 , et Repert. de Chim.
Dureté, 2,5 . Densité, 1,181. pure, 1861 , p. 271 ].
ANTHRANILIQUE (ACIDE) [ Syn . Acide car- L'acide anthranilique forme avec certains acides
banilique] des combinaisons cristallisables : la combinaison
C6H5 ) chlorhydrique s'ol tint par le refroidissement
C7 H7 Az O2 = ( CO.OHAZ d'une dissolution d'acide anthranilique dans
H
l'acide chlorhydrique chaud : elle a pour compo-
[Bull. de Saint-Pétersbourg , t. VIII ; Ann . der sition C7H7 Az O2. HCI ; traitant ce corps par le
Chem. u. Pharm . , t. XXXIX, p . 83 ; Liebig, Ann. nitrate, le sulfate ou l'oxalate d'argent , on obtient
der Chem. u. Pharm . , t.XXXIX , p . 91 ] . -- Obtenu les composés
par Fritzsche en traitant l'indigo par la potasse. CH7 Az O². Az O³ H,
Pour le préparer on fait bouillir l'indigo avec une 2 C7 H7AZ02. SO H²,
solution concentrée de potasse en remplaçant 2 C7 H7 Az O2. C2O+ H².
ANTHROPINE . 342 - ANTICHLORE.

[ Kubel , Ann. der Chem. u. Pharm . , nouv. sér., sion et refroidissement, elle est incolore, vitreuse
t. XXVI, p. 236 , et Ann . de Chim . et de Phys., et transparente. Insoluble dans l'eau, soluble dans
t. LIII, p . 365.] 325 p. d'alcool froid et 44 p. d'alcool bouillant,
Les anthranilates métalliques sont peu connus. soluble dans 1,5 p. d'éther à 20° , soluble dans les
Le sel de calcium est peu sóluble dans l'eau froide, huiles essentielles.
plus soluble dans l'eau chaude. Il forme des La résine antiar se dissout en jaune dans l'acide
cristaux rhomboédriques. -- Sel d'argent : lames sulfurique concentré et froid ; sous l'influence de
brillantes, que l'on prépare par double décompo- la chaleur, la masse noircit. La potasse caustique
sition ; les sels de cuivre, plomb, zinc sont in- ne l'attaque que fort peu ; à chaud et avec une
solubles. lessive faible, on n'obtient qu'une émulsion . La
Les éthers anthraniliques de Chancel sont pro- solution alcoolique ne précipite pas par l'acétate
bablement identiques avec les éthers benzamiques. de plomb et ne rougit pas le tournesol.
Voyez t. 1 , p. 560. Ce corps a été extrait pour la première fois par
Constitution de l'acide anthranilique. -Elle ne Pelletier et Caventou [ Ann . de Chim . et de Phys..
nous paraît pas définitivement établie ; cet acide (2) , t. XXVI, p. 57] de l'upas antiar , suc desséché
dérive, en effet, de l'indigo dont la constitution de l'Upas tieuté ou Antiaris toxicaria, dont les
elle-même nous est inconnue ; de plus, par dé- sauvages de l'archipel Indien se servent pour
doublement, il donne de l'acide carbonique et de empoisonner leurs flèches. Il fut étudié par Mul-
l'aniline comme tous ses isomères : on ne peut der [ Poggend. Ann . , t. XLIV, p. 419] . On le pré-
donc rien en conclure. Néanmoins, comme cette pare en épuisant l'upas par l'alcool bouillant. La
décomposition est très-nette et s'opère sous la résine se sépare par refroidissement sous forme
seule influence de la chaleur, il est possible que de flocons mélangés à de la cire. Le dépôt est
l'acide anthranilique soit représenté par la com- chauffé avec de l'eau ; la plus grande partie de la
position suivante : matière cireuse vient nager à la surface du liquide ;
C6H5 ) ce qui reste au fond est repris une seconde fois
(CO . OH) Az, par l'alcool bouillant, d'où la résine se précipite
H en flocons blancs. On peut en extraire 20 % du
qui en ferait l'acide carbanilique ou phenyl - car- poids de l'upas, dont elle ne possède pas les pro-
bamique c'est ainsi que Gerhardt l'a envisagé. priétés toxiques.
Il est isomérique avec l'acide benzamique, l'a- | Mulder représente la composition de la résine
cide salicylamique, l'acide amidodracylique et, antiar par la formule C8H12O4 qui manque de
contrôle. P. S.
de plus, avec l'acide de Chancel (voyez plus haut). ANTIARINE. - Elle accompagne la résine
Il se pourrait qu'il y eût identité entre quelques-
uns de ces acides . L'acide de Chancel n'est, en dans l'upas antiar, dans la proportion de 3,5 %
effet, selon Gerland, que de l'acide benzamique. et constitue le principe actif et vénéneux de cette
Son mode de préparation et sa décomposition préparation . Convenablement purifiée, l'antiarine
sous l'influence de la potasse, en ammoniaque, se présente sous forme de beaux feuillets cristal-
vapeurs empyreumatiques et traces d'aniline, ren- lins, blanc d'argent et très-éclatants, plus denses
que l'eau, inodores, inaltérables à l'air. Elle se
dent cette opinion vraisemblable ; ces deux acides
présenteraient donc la composition dissout dans 254 p. d'eau à 22° 5 et 27,4 p. d'eau
bouillante, dans 70 p. d'alcool et 2792 p. d'éther
[C®H. ( CO . OH ) Az. froid; elle est soluble dans les acides et les alca-
lis étendus ; les acides chlorhydrique et nitrique
Selon Wilbrand et Beilstein [ Ann. der Chem . u. concentrés la dissolvent sans altération ; l'acide
Pharm. , nouv. sér. , t. LII, p. 257, et Bull. de la sulfurique concentré la décompose à froid. Elle
Soc. chim., 1864 , t . I, p. 191 ] , l'acide amidodra- fond à 220° et se décompose sans se sublimer à
cylique serait également identique avec l'acide 240°. L'antiarine ne se combine ni aux acides ni
de Chancel (voyez ces différents acides) . CH. L. aux alcalis ; ses solutions sont entièrement neu-
ANTHROPINE . - Ce n'est autre chose qu'un tres. Mulder représente sa composition par la for-
mélange de stéarine et de palmitine ( nous ne mule C14 H2005 + 2 H2O. L'eau de cristallisation
disons plus de margarine , puisque M. Heintz a est éliminable à 112°. On prépare l'antiarine iso-
fait voir que la margarine est elle-même un mé- lée en premier lieu par Pelletier et Caventou et
lange de palmitine et de stéarine) retiré par étudiée par Mulder (voyez ANTIAR) , en évaporant à
M. Heintz de la graisse humaine. Au premier sec la solution alcoolique d'upas, d'où s'est dépo-
abord ce chimiste avait pris ce mélange pour un sée la résine, et en épuisant le résidu par l'eau
corps gras particulier, renfermant un acide nou- bouillante. Le liquide concentré fournit des cris-
veau, l'acide anthropique . Il avait même donné à taux que l'on purifie par de nouvelles solutions.
ce dernier acide la formule C17 H2O2 ; mais de Il suffit de 2 milligrammes de ce corps portés
nouvelles recherches ont démontré que l'anthro- dans une plaie pour provoquer la mort. L'upas
pine n'avait pas les caractères d'un principe im- qui n'en renferme que 3,5 % semble presque aussi
médiat distinct [ Pogg. Ann. , t. LXXXIV, p . 238 , actif; on peut expliquer ce fait par la présence de
et t. LXXXVII , p . 233] . matières sucrées qui augmentent la solubilité et
ANTHROPIQUE (ACIDE).—Heintz, en faisant la facilité d'absorption de l'antiarine. P. S.
des recherches sur la graisse humaine, crut y ren- ANTICHLORE. Par antichlore, on désigne
contrer un acide particulier qu'il nomma anthro- toute substance capable d'éliminer le chlore ou
pique, auquel il attribua la formule C17 H32O2 et l'acide hypochloreux libres, restés en excès après
qu'il crut être contenu dans la graisse à l'état de les opérations du blanchiment des tissus et plus
combinaison glycérique (anthropine) ; mais de particulièrement de la pâte à papier. Ces corps
nouvelles recherches ont montré que l'ac.de an- agissent généralement en faisant passer le chlore
thropique n'existe pas et n'est qu'un simple mé- dans une combinaison inoffensive. Tels sont les
lange d'acides stéarique et palmitique [ Heintz, sulfites et hyposulfites alcalins, le sulfure de cal-
Poggend. Ann., t. LXXXIV, p. 238 ; t. LXXXVII, cium , le protochlorure d'étain, le gaz de l'éclai-
p. 233] . rage. (Pour la préparation économique et indus-
ANTIAR (RÉSINE) . Substance résineuse trielle de ces corps , voir les articles SULFITE DE
blanche, friable et à cassure vitreuse , fusible à SOUDE, HYPOSUlfite de soude, SULFURE DE CALCIUM. )
60° et se ramollissant entre les doigts ; avant de Quant au phénomène chimique, il est très-simple;
se solidifier, par refroidissement , elle passe par le chlore transforme le sulfite en sulfate, en st
l'état pâteux et se laisse étirer en fils. Après fu- convertissant lui-même en acide chlorhydrique
ANTIÉDRITE . 343 ― ANTIMOINE.
qui devra être enlevé par lavage ou par saturation. d'une densité variant de 5,74 à 5,83. Cet anti-
Il est facile de s'assurer que la déchloruration moine amorphe s'obtient facilement par l'électro-
est complète, en ajoutant de l'empois ioduré qui lyse d'une dissolution de 1 p. d'émétique dans
ne doit pas bleuir. 4 p. de protochlorure d'antimoine ; mais on peut
ANTIÉDRITE . Voyez ÉDINGTONite . aussi employer d'autres solutions d'antimoine ;
ANTIGORITE. Voyez SERPENTINE. l'intensité du courant peut varier dans d'assez
ANTIMOINE, Sb (Stibium) = 122. Ce mé- grandes limites, mais il vaut mieux qu'il soit
tal a été décrit pour la première fois par Basile faible. L'antimoine amorphe séparé par l'électro-
Valentin, vers le milieu du xve siècle, mais on lyse du bromure d'antimoine a une densité égale
connaissait depuis longtemps ses minerais et à 5,44, et la densité de celui obtenu à l'aide de
quelques-uns de ses composés. Il est peu de corps l'iodure est égale à 5,25. La propriété saillante de
qui aient donné lieu à autant d'investigations de l'antimoine amorphe est d'être explosible ; lors-
la part des alchimistes et qui aient trouvé autant qu'on le soumet à la percussion , il éprouve un
d'applications dans la médecine. Son emploi avait changement moléculaire violent, accompagné d'une
même donné lieu à tant d'abus qu'en 1566 le par- grande élévation de température ; la même chose
lement, sur une décision de la Faculté de Paris, a lieu lorsqu'on chauffe l'antimoine amorphe.
crut devoir en proscrire sévèrement l'usage ; ce L'antimoine ainsi transformé se rapproche par
n'est que cent ans plus tard qu'un nouvel arrêté son aspect de l'antimoine cristallin. La chaleur
mit fin à cette interdiction. spécifique de l'antimoine amorphe est égale à
Propriétés. C'est un métal d'un blanc b'euâ- 0,0631 , tandis qu'après avoir éprouvé la transfor-
tre, brillant ; sa texture est lamelleuse ou à grains mation moléculaire, elle n'est plus que 0,0543.
cristallins ; quand elle est lamelleuse, ce qui n'ar- Pendant que la transformation a lieu, on remar-
rive guère que lorsque l'antimoine est impur, il que qu'il se produit toujours des fumées de chlo-
se clive avec facilité. Le clivage le plus net cor- rure d'antimoine (si c'est le chlorure qui a servi
respond à la base du rhomboèdre (voyez ANTI- à obtenir l'antimoine amorphe) ; cela tient à ce
MOINE [ Min .]) . La surface de l'antimoine fondu que l'antimoine amorphe tient toujours empri-
présente généralement l'aspéct de feuilles de fou- sonnée une quantité de chlorure, bromure ou io-
gère. Cette texture cristalline qu'affecte l'anti- dure d'antimoine, suivant son mode de prépara-
moine le rend très-cassant et facile à pulvériser . tion , variant de 6 à 22 % de son poids ; cette
L'antimoine fond à 450° ; à la chaleur blanche, il quantité est peut-être combinée à l'antimoine
peut être distillé dans un courant d'hydrogène. d'une manière instable et lui communique ainsi
Densité, 6,702 à 6,86 . une partie de ses propriétés [ Gore, Chem. Soc.
Dilatation totale entre 0 et 100°, 0,0033 (H. quart. Journ., (2), t. I, p. 365].
Kopp ) . Conductibilité par la chaleur, 21,5 ; celle Etat naturel. - L'antimoine se trouve quel-
de l'argent étant 100. Conductibilité électrique, quefois à l'état natif, quelquefois combiné à d'au-
4,29 ; à 19° , celle de l'argent étant 100 à 0°. Cha- tres métaux, par exemple à l'argent (voyez Dis-
leur spécifique, 0,0507. Le poids atomique dé- CRASE) . On le rencontre à l'état d'oxyde Sb2O3 ; il
duit de cette chaleur spécifique est égal à 122 et constitue alors la valentinite qui se présente en
non à 61 , chiffre admis par beaucoup de chimistes cristaux prismatiques. Ce minéral, autrefois assez
(Dumas a trouvé exactement 122 ; Schneider ad- rare, est maintenant exploité en Algérie, dans
met 120,3 et Dexter, 122,34) . les mines de Sensa, province de Constantine;
Le spectre de l'étincelle électrique , éclatant c'est un minerai très-riche , très-pur et facile à
entre des pôles d'antimoine, est sillonné par une traiter ; ces cristaux prismatiques sont souvent
multitude de raies très-brillantes, beaucoup plus accompagnés de la variété octaédrique de l'oxyde
nombreuses que dans les spectres des autres mé- d'antimoire; l'antimoine oxydé naturel est donc
taux ; les raies les plus brillantes sont dans l'o- dimorphe comme celui obtenu artificiellement [ de
rangé, dans le vert et dans le violet [ Masson, Sénarmont, Ann. de Chim. et de Phys. , t . XXXI,
Ann. de Chim . et de Phys., (3) , t. XXXI, p . 203 ] . p. 504 ] . On rencontre encore dans la nature un
L'antimoine se conserve intact dans l'air, dans autre oxyde d'antimoine, connu sous le nom de
l'eau et dans les dissolutions alcalines. Projeté cervantile et qui est l'oxyde Sb2O . Le mineral
dans l'air à l'état fondu, il brûle avec un grand d'antimoine le plus abondant est le sulfure
éclat et en répandant d'abondantes vapeurs blan- Sb2S3, ou stibine, antimoine sulfuré, qui se ren-
ches d'oxyde d'antimoine. contre en filons dans les terrains anciens ; on
L'antimoine est attaqué par le chlore, le brome l'exploite en Angleterre, en Saxe, en Suède, au
et l'iode. De l'antimoine pulvérisé projeté dans Harz, au Mexique, en Sibérie , à Bornéo, etc., et
une atmosphère de chlore y brûle avec production en France , dans le Puy-de-Dôme , l'Ariége , le
de fumées blanches de chlorure d'antimoine. Gard et la Vendée.
L'acide azotique attaque l'antimoine en le trans- Purification. L'antimoine du commerce n'est
formant en antimoniate d'antimoine ou en acide jamais pur; il renferme, indépendamment du fer,
antimonique à l'état d'une poudre blanche inso- du plomb, du soufre, de l'arsenic, etc. La purifi-
luble. L'acide sulfurique concentré transforme à cation de l'antimoine doit avoir surtout pour bat
chaud l'antimoine en sulfate d'antimoine, en dé- de le débarrasser de l'arsenic , surtout pour les
gageant de l'acide sulfureux. L'acide chlorhy- usages médicaux.
drique est presque sans action sur l'antimoine ; il Le procédé suivant , dû à Lienig, est le plus
peut le dissoudre néanmoins s'il est très-divisé. souvent employé pour la purification de l'anti-
L'eau régale le dissout avec une grande facilité et moine. On mélange l'antimoine pulvérisé avec
le transforme en protochlorure Sb Cl³ ou en per- 1/8 de son poids de carbonate de sodium et 1/16 de
chlorure Sb Cl . Les alcalis n'attaquent pas l'an- sulfure d'antimoine et on chauffe ce mélange dans
timoine, mais celui-ci peut se dissoudre dans les un creuset de Hesse ; le culot métallique ainsi ob-
polysulfures alcalins en donnant des sulfantimo- tenu est de nouveau soumis à la fusion avec du
niates. carbonate de sodium seul, pendant deux heures,
Dans l'électrolyse des solutions étendues d'an- et enfin une troisième fois, en ajoutant au carbo-
timoine, ce métal se dépose au pôle négatif de la nate de sodium une petite quantité d'azotate de
pile, en affectant l'état cristallin ; il est alors gris , potassium. Dans cette série d'opérations, le sulfure
dur et d'une densité égale à 6,6 environ. Dans d'antimoine transforme les métaux étrangers , sauf
certaines circonstances, les solutions concentrées le plomb, en sulfures qui restent dissous dans les
d'antimoine, soumises à l'électrolyse, fournissent scories, l'arsenic passant en partie à l'état de
de l'antimoine amorphic, d'un gris d'acier foncé et sulfarséniate de sodium, en partie à l'état d'ar-
ANTIMOINE. 344 ANTIMOINE.
séniate ; enfin, l'addition du salpêtre dans la der- tensiles de ménage et connus sous le nom de
nière opération a pour but d'oxyder les dernières métal de la Reine, metal d'Alger, etc. Ces alliages
traces d'arsenic à l'état d'arséniate de sodium. renferment de l'étain , du plomb, du bismuth ; ils
On fond quelquefois l'antimoine du commerce sont très-brillants, mais se ternissent rapidement.
avec 1 1/4 fois son poids de salpêtre et 1/2 de car- Antimoine et zinc. - On connaît deux alliages
bonate de sodium sec ; on reprend la masse fondue de ces métaux , en proportions définies, Sb2Zn3
et pulvérisée par de l'eau chaude et on traite le et Sb Zn ; ils cristallisent l'un et l'autre. Le
résidu, composé d'antimoniate de sodium parfaite- premier Sb2Zn³ s'obtient en fondant ensemble
ment lavé, par du tartre , dans un creuset de 42,8 p. de zinc et 57,2 p. d'antimoine ; il cristal-
Hesse ; l'antimoine ainsi obtenu contient toujours lise en prismes rhomboidaux d'un blanc d'argent
du potassium dont on le débarrasse en le pulvé- qu'on observe très-bien en décantant l'alliage
risant et en le traitant par l'eau jusqu'à ce que fondu avant qu'il ne soit solidifié dans toute sa
celle-ci ne devienne plus alcaline (Wohler). masse. Un excès de 10 ou 12 % de zinc ne modi-
On obtient de l'antimoine très-pur en fondant fie pas la forme de l'alliage, tandis qu'un très-
de la poudre d'Algaroth (oxychlorure d'antimoine) léger excès d'antimoine en change tout à fait le
avec du flux noir, ou un mélange de carbonate caractère cristallographique, et on obtient alors
de sodium et de charbon . Le métal ainsi ob- des lamelles minces qui sont des cristaux impar-
tenu doit de nouveau être fondu avec du car- faits de Sb Zn. Ce dernier alliage renferme 33,5 %
bonate de sodium additionné d'une petite quantité de zinc, et pour l'obtenir en beaux cristaux il faut
de salpêtre. faire fondre un alliage renfermant au plus 31 %
On arrive aussi à un bon résultat en fondant de zinc. Il cristallise en cristaux rhomboidaux
avec du sucre (1 p. pour 8 d'antimoine) l'acide tabulaires.
antimonique, obtenu en traitant l'antimoine du Le caractère chimique saillant de ces deux al-
commerce par l'acide azotique (Lefort). liages est de décomposer l'eau à 100°.
Usages. — L'antimoine est employé dans les Antimoine et fer. - Cet alliage, connu sous le
arts pour composer les caractères d'imprimerie, nom d'alliage de Réaumur, est très-dur ; il fait
dans lesquels il entre pour 1/5 environ combiné feu au briquet. Il fond à la chaleur blanche. On
à 4/5 de plomb. On le fait encore entrer dans l'obtient en fondant dans un creuset brasqué un
quelques autres alliages complexes connus sous mélange de 70 p. d'antimoine et de 30 p. de fer
le nom de métal de la reine, métal d'Alger, etc. , recouvert de charbon. Une plus forte proportion
et servant à faire divers ustensiles de ménage ; de fer augmente encore sa dureté.
mais là se borne l'usage de l'antimoine métallique. Antimoine et étain. - Voyez ÉTAIN .
Quant à ses combinaisons , un grand nombre Antimoine et potassium . On obtient cet al-
d'entre elles trouvent un usage fréquent dans la liage en calcinant pendant deux ou trois heures
médecine et l'art vétérinaire ; les composés les au rouge un mélange de 6 p. d'émétique, ou tar-
plus importants, sous ce rapport, sont le kermès, trate de potassium et d'antimoine, et de 1 p . d'azo-
mélange assez mal défini de sulfure d'antimoine tate de potassium ou encore parties égales d'anti-
et d'oxysulfure, et l'émétique ou tartrate double moine métallique et de crème de tartre ; on trouve
d'antimoine et de potasse. Ces médicaments sti- au fond du creuset une masse métallique lamel-
biés sont particulièrement prescrits comme vomi- leuse très-dense , d'un gris bleuâtre , cassante
tifs, vermifuges et sudorifiques. Le protochlorure ( Serullas ) . Loewig et Schweitzer prescrivent de
d'antimoine est employé comme caustique. chauffer lentement, dans un creuset couvert, un
On a cherché, dans ces dernières années, à in- mélange de 5 p. de crème de tartre et de 4 p.
troduire dans les arts certains composés d'anti- d'antimoine, jusqu'à carbonisation du tartre, puis
moine, comme application à la peinture et à l'im- d'élever la température du creuset au rouge blanc
pression des papiers peints ; nous voulons parler pendant une heure. Le refroidissement doit se
de l'oxyde d'antimoine qui a été recommandé faire très-lentement ; à cet effet, on bouche toutes
pour remplacer le blanc de plomb, notamment les ouvertures du fourneau. On obtient ainsi un
par Stenhouse et Hallette, en Angleterre, depuis alliage cristallisé, doué de l'éclat métallique et
que l'on expédie dans ce pays de grandes quanti- renfermant 12 % de potassium. Cet alliage se
tés d'oxyde naturel exploité à Bornéo. Ce blanc prète très-bien à la préparation des radicaux or-
d'antimoine couvre presque aussi bien que le gano-antimoniés ou stibines [ Ann . der Chem. u.
blanc de plomb et a sur lui le grand avantage de Pharm. , t. LXXV, p . 315].
la salubrité, sans parler de son inaltérabilité re- Les alliages d'antimoine et de potassium dé-
lative vis-à-vis des émanations sulfhydriques et composent l'eau avec énergie, et lorsque, au lieu
autres. Ce qui empèche cette application de se d'être compactes et métalliques, ils sont très-
répandre, c'est, outre la routine, le prix relati- divisés, ils ont pour l'eau une grande avidité. Ils
vement minime du blanc de zinc et du sulfate de s'enflamment à l'air humide et ils détonent lers-
baryum qui servent également à remplacer le qu'on les met en contact avec une petite quantité
blanc de plomb. d'eau. On les obtient à cet état en calcinant des
Enfin, on a cherché récemment à propager mélanges intimes de 100 p . d'émétique et de 3 p.
l'usage, dans l'art des papiers peints, du vermil- de noir de fumée , ou de 100 p . d'antimoine, 75 p.
lon ou cinabre d'antimoine ; cette couleur, qui de crème de tartre et 12 p. de noir de fumée.
est un oxysulfure d'antimoine, est douée d'un HYDROGENE ANTIMONIE (hydrogène stibié, hy-
assez grand éclat et est tout à fait inaltérable à drure d'antimoine , stibamine) , H³ Sb = 125.
l'air et à la lumière (voyez SULFUres d'antimoine). Ce composé est gazeux et n'a point encore été
obtenu à l'état de pureté; il est toujours mélangé
ALLIAGES D'ANTIMOINE . --L'antimoine se com- d'une forte proportion d'hydrogène libre et s'obtient
bine avec la plupart des métaux ; l'alliage qui en décomposant par l'acide chlorhydrique un al-
trouve le plus d'usage dans les arts est celui qu'il liage de 1 p . d'antimoine et de 2 p . de zinc ; il se
forme avec le plomb auquel il donne de la dureté ; produit toujours lorsqu'il se trouve une combi-
cet alliage constitue le métal qui sert à faire les naison antimoniée, soluble dans les acides, en
caractères d'impression. La quantité d'antimoine présence d'hydrogène naissant. Dans ce cas, une
de cet alliage ne doit guère dépasser 18 à 20 %. partie de l'antimoine se sépare à l'état métal-
On connait des alliages cristallisés de plomb et lique, tandis qu'une autre portion s'unit à de
d'antimoine. Voyez PLOMB (ALLIAGES DU) . l'hydrogène. D'après Schiel, la meilleure manière
L'antimoine entre dans la composition de quel- d'obtenir l'hydrogène antimonié consiste à décom-
ques alliages complexes employés pour des us- poser l'antimoniure de potassium par l'acide
ANTIMOINE. ― 345 ANTIMOINE.
chlorhydrique. Suivant Marchand , on obtient de en Bohême, dans la province de Constantine, à
l'hydrogène antimonié spontanément inflammable Bornéo, sous deux formes distinctes en pris-
en décomposant par la pile une solution de sel mes orthorhombiques et en octaèdres réguliers ;
ammoniac dans laquelle plonge, au pôle négatif, dans le premier cas, il porte le nom de valenti-
une électrode d'antimoine [Journ . fur prakt. Chem . , Inite; dans le second, celui de sénarmontite. Ce
t. XXIV, p . 381 ] , mais cctte assertion est combat- dimorphisme a d'abord été observé par Wohler
tue par les expériences de M. Boettger qui n'a, sur l'oxyde obtenu par la calcination de l'anti-
dans ces circonstances, obtenu au pôle négatif moine à l'air. L'anhydride arsénieux présente le
que de l'hydrogène et de l'ammoniaque, tandis même dimorphisme ; ces deux corps sont donc
que du chlorure d'azote se formait au pôle positif. isodimorphes ; seulement, tandis que pour l'oxyde
L'hydrogène antimonié est un gaz incolore, d'antimoine la forme la plus stable et la plus
inodore s'il est exempt d'hydrogène arsénié, inso- fréquente est la forme prismatique, pour l'acide
luble dans l'eau. Chauffé au-dessous du rouge , il arsénieux, c'est la forme octaédrique.
se décompose en antimoine qui se dépose et en L'oxyde d'antimoine correspond à l'anhydride
hydrogène qui se dégage. Il brùle à l'air avec une azoteux : sa composition peut être représentée
flamme bleuâtre très-éclairante en émettant des par 2 (SbO)' . O, et celle de son hydrate par
vapeurs blanches d'oxyde d'antimoine. Si l'on SbO.OH; il se produit dans la combustion de
empêche la combustion de se faire complétement, l'antimoine à l'air. On le prépare généralement
soit en l'opérant dans une éprouvette, soit en par la calcination de l'antimoine au rouge dans
écrasant la flamme avec un corps froid, il se dé- un creuset de Hesse, surmonté d'un autre creuset
pose de l'antimoine métallique noir qui se dis- percé d'un trou pour donner accès à l'air ; dans
tingue des dépôts d'arsenic produits dans les ce cas, l'antimoine métallique se recouvre d'un
mêmes circonstances par différents caractères sublimé cristallin formé d'aiguilles prismatiques
dont le principal est la fixité , lorsque ce dépôt est connues sous le nom de fleurs argentines d'anti-
à l'état d'anneau métallique dans un tube de moine; ces aiguilles sont généralement accompa-
verre (voir ANTIMOINE , RECHERCHE DANS LES CAS gnées de petits octaèdres. On obtient facilement
D'EMPOISONNEMENT) . L'hydrogène antimonié est l'oxyde d'antimoine sous ces deux formes en
insoluble dans les solutions alcalines ; dirigé à chauffant de l'antimoine dans un tube en porce-
travers une solution d'azotate d'argent, il y pro- laine traversé par un courant d'air très-lent ;
duit un dépôt d'antimoniure d'argent, tandis que l'oxyde octaédrique occupe les parties les plus
l'hydrogène arsenié , dans les mêmes circon- froides du tube et l'oxyde prismatique se trouve
stances, donne de l'argent libre. principalement dans les parties avoisinant le mé-
L'hydrogène antimonié Sb H³ peut être envisagé tal. Lorsqu'on soumet l'oxyde octaédrique à une
comme le type auquel se rapportent un grand nouvelle sublimation, il se transforme totalement
nombre des combinaisons de l'antimoine , de en oxyde prismatique. Si dans cette préparation
même que l'ammoniaque est le type d'une partie le courant d'air est rapide, on n'obtient que
des combinaisons de l'azote. Ainsi, les antimo- l'oxyde prismatique [ Terreil , Bull . de la Soc.
niures d'argent Sb Ag³, Sb2 Zn³, appartiennent à ce chim., nouv. sér. , t. V, t. 84]. L'oxyde d'antimoine
type, ainsi que les composés halogènes de l'anti- de la province de Constantine a dù se produire
moine SbC13 , Sh1³, Sb Br³, et les dérivés alcoo- dans des circonstances analogues à celles qui
liques, triméthyle-, triéthyle-, triamyle-stibine, accompagnent cette opération , car on y observe les
deux formes nettement séparées l'une de l'autre
(CH3)3 Sb, (C2H5)3 Sb , (C5H11)3 Sb . dans des veines distantes d'environ 6 kilomètres.
Wiederhold a décrit un hydrogène antimonié Lorsqu'on verse peu à peu dans une solution
solide qu'il obtient en traitant par l'acide chlor- bouillante de carbonate de sodium maintenu en
hydrique étendu un alliage de 1 p. d'antimoine excès une solution chlorhydrique de protochlorure
et de 5 p. de zinc ; il se forme ainsi une poudre d'antimoine Sb Cl³ , il se dépose une poudre cris-
noire ayant l'aspect du graphite et qui, débarras- talline qui est de l'oxyde prismatique. On obtient
sée de l'oxyde d'antimoine par un lavage à l'acide au contraire de l'oxyde octaédrique en ajoutant
tartrique, donne, lorsqu'on la chauffe à 200º, un de l'eau bouillante à du protochlorure d'antimoine
dégagement d'hydrogène [ Poggend. Ann . , t. CXXII, acide jusqu'à ce que le précipité cesse de se redis-
p. 487] . Ruhland avait déjà précédemment obtenu soudre et en laissant refroidir lentement. Lorsque
un hydrure solide, en flocons bruns, par l'électro- ces précipitations ont lieu à froid , on obtient de
lyse d'acide sulfurique étendu dans lequel plon- l'hydrate antimonieux.
geait, au pòle négatif, un barreau d'antimoine. L'oxyde d'antimoine se produit encore dans la
décomposition de la vapeur d'eau par l'antimoine
OXYDES D'ANTIMOINE. chauffé au rouge ; dans le grillage du sulfure
d'antimoine , dans l'attaque de l'antimoine par
L'antimoine forme avec l'oxygène trois combi- l'acide azotique ; seulement, dans ces deux der-
naisons qui sont : niers cas, il est mélangé d'oxyde Sb2O*.
Protoxyde d'antimoine .... Sb2O3 ; La densité des cristaux prismatiques est égale
Antimoniate d'antimoine .. Sb2O ; à 3,72, tandis que celle des cristaux octaédriques
Anhydride antimonique... Sb2O5. est égale à 5,11. Terreil a trouvé les mêmes den-
sités pour les cristaux naturels : 3,70 pour l'exi-
Différents auteurs ont encore admis un autre tèle d'Algérie, et 5 pour la sénarmontite.
terme d'oxydation de l'antimoine , le sous-oxyde On remarque quelques différences dans les pro-
Sb302, qui, suivant Berzelius, se forme à la sur- priétés chimiques des deux variétés d'oxyde d'an-
face de l'antimoine exposé à l'air humide. Mar- timoine tandis que les cristaux prismatiques
chand le prépare en décomposant par la pile une sont immédiatement colorés en brun par le sul-
solution concentrée d'émétique ; le sous-oxyde se fure d'ammonium, l'oxyde octaédrique reste par-
dépose en poudre noire au pôle positif. L'acide faitement brillant et n'est coloré que s'il a été
chlorhydrique l'attaque en donnant du protochlo- préalablement pulvérisé. L'oxyde prismatique se
rure Sb C3 et de l'antimoine métallique ; la cha- dissout plus facilement dans les acides et dans
leur le décompose en antimoine et protoxyde d'an- les alcalis que l'oxyde octaédrique (Terreil) .
timoine. L'existence de cet oxyde n'est pas certaine. L'oxyde d'antimoine soumis à l'action de la
PROTOXYDE D'ANTIMOINE , Sb2O3 292 (oxyde chaleur devient momentanément jaune. Il fond à
ou anhydride antimonieux, fleurs argentines d'an- la température rouge et peut être sublimé en
timoine). Cet oxyde se trouve dans la nature prismes. Chauffé au rouge, au contact de l'air,
ANTIMOINE. 346 ANTIMOINE.
il se transforme en antimoniate d'antimoine Sb2O le protoxyde d'antimoine ait des tendances plutôt
en brûlant comme de l'amadou . Chauffé dans basiques qu'acides , ses sels, sauf les tartrates,
un courant d'hydrogène, il est réduit à l'état présentent en général peu de stabilité. On peut
métallique; la même réduction se fait facilement admettre deux classes de sels antimonieux dans
par sa fusion avec du flux noir ou avec du cya- les uns, l'antimoine remplace 3 atomes d'hydro-
nure de potassium. Il est à peu près insoluble gène ; dans les autres, c'est un radical monoato-
dans l'eau , l'acide chlorhydrique le dissout faci- mique, antimonyle (SbO) ' , qui remplace 1 atome
lement. Il est insoluble dans l'acide azotique, d'hydrogène . C'est , comme on le voit , toujours
mais soluble dans l'acide sulfurique fumant, d'où l'antimoine triatomique qui est en jeu ; seule-
il se dépose à l'état de sulfate d'antimoine cris- ment, dans ce second cas, deux de ses atomicités
tallisé en écailles brillantes. Son meilleur dissol- sont satisfaites par 1 atome d'oxygène . L'hypo-
vant est l'acide tartrique ou le tartrate acide de thèse de l'antimonyle a été mise en avant par
potassium, avec lequel il forme de l'émétique. Peligot, qui a étudié cette classe de sels [ Ann.
L'oxyde d'antimoine se dissout dans le chlorure de Chim. et de Phys . , (3) , t. XX, p . 283] . Voici
d'antimoine bouillant en donnant par le refroi- quelques exemples de ces deux séries de sels :
dissement une masse cristalline gris-perle ayant Oxychlorure
pour composition (Sb O) Cl , 7 Sb C13 et se décom- (SbO)' Cl ;
posant par l'alcool en donnant un autre oxy- Emétique... (Sb O) ' K.C'H 06;
Oxalate.. (Sb O) K. C20' ;
chlorure 2 ( SbO ) Cl + Sb2O3 [ R. Schneider, Trichlorure .. Sb C13;
Poggend. Ann., t. CVIII, p. 407]. Émétique desséchée.. SbKCH206 ;
Traité par le chlore, l'oxyde d'antimoine donne Sulfate normal ......... Sb''' (SO )³.
du protochlorure ou du perchlorure d'antimoine
et de l'antimoniate d'antimoine Sb2O (R.Weber). Azotates. - - On ne connaît ni l'azotate d'anti-
Les alcalis bouillants transforment peu à peu moine neutre Sb"" (Az O3)3, ni l'azotate neutre
l'oxyde d'antimoine en acide antimonique. d'antimonyle ( Sb O) ' Az O³ ; mais on obtient un
Hydrates antimonieux . - On ne connaît pas azotate basique en cristaux nacrés lorsque l'on
l'hydrate normal H3SbO3 ; le monohydrate ou dissout l'oxyde d'antimoine dans de l'acide azo-
métahydrate tique fumant. Lorsqu'on traite l'antimoine mé-
Sb
HSbO2 = (Sb O) ' , OH ou tallique par de l'acide azotique, il s'en dissout
H 02 une petite quantité à l'état d'azotate. Ce sel est
s'obtient en ajoutant du chlorure d'antimoine décomposé par l'eau, qui en sépare tout l'oxyde
Sb C13 d'antimoine. Sa composition est représentée par
les rapports Az205, 2 Sb² 0³ (Peligot) . On peut
à une solution froide de carbonate de sodium. A encore écrire sa formule :
l'ébullition, il se transforme en anhydride. Il se
dissout dans les alcalis en donnant des antimo- 2 [ (Sb O) ' Az O³] . Sb2O³,
nites peu stables se décomposant par l'ébullition ou à la façon typique :
ou par l'évaporation en donnant naissance à de
l'anhydride prismatique (Capitaine). 4 ( SbO)' ) 03.
L'hydrate antimonieux présente plutôt les ca- 2 (Az O²)' )
ractères d'une base que ceux d'un acide, néan- Sulfates. Lorsqu'on dissout l'oxyde d'anti-
moins , il peut former des antimonites. moine dans de l'acide sulfurique fumant, on ob-
Dans la préparation du kermès, les liqueurs 1 tient de petits cristaux blancs, brillants. Peligot
alcalines laissent déposer des cristaux que l'on a représente la composition de ce sel par
pris longtemps pour de l'oxyde d'antimoine oc-
taédrique. D'après Terreil [loc. cit .], ces cristaux Sb2O3, 2 SO³ ;
ne sont pas des octaèdres réguliers, car ils dépo- on peut
larisent la lumière polarisée , mais des octaèdres l'envisager comme de l'acide sulfurique
dérivant d'un prisme à base carrée. Il sont con- fumant, ou acide anhydrosulfurique , SOH
stitués par un antimonite de sodium neutre dont l'hydrogène est remplacé par de l'antimo-
nyle (SbO)2 S2 07.
Sb O2 Na + 3 H2O En traitant par de l'acide sulfurique concentré
correspondant à l'hydrate H Sb O², et quelquefois l'oxychlorure (SbO) Cl, il se dégage de l'acide
par un antimonite acide chlorhydrique, et on obtient un sulfate cristal-
lisé en aiguilles et renfermant Sh² O³ , 4 SO³, H2O.
Sb³ 06, NaH2 = 3 (Sb O ' 0 3; On peut représenter sa composition par
Na H2j
en équivalents : Sb"
(Sb O 2 (S207),
Hydrate...... Sb O³, HO,
Antimonites .. Na O , Sb O³, 6 HO, c'est-à-dire comme un anhydrosulfate dérivant
Et......... Na O , Sb O³, 2 HO . de 2 molécules d'acide sulfurique fumant ; ou,
L'antimonite neutre est peu soluble dans l'eau, si l'on regarde l'eau de cristallisation comme fai-
surtout à froid; sa solution précipite l'azotate sant partie intégrante du sel, par
d'argent en blanc ; elle ne précipite le chlorure (SDO )2 ) 2 (S²07).
de baryum que si l'on ajoute de l'ammoniaque ;
l'hydrogène sulfuré la colore en jaune, mais ne la
précipite que si on l'acidifie ; le sulfure ammo- Ces deux sulfates , traités par de l'eau, donnent
nique ne colore pas ce sel . L'antimonite neutre un sel basique représenté , suivant Peligot, par
de sodium précipite les sels de peroxyde de fer la formule SO³ , 2 Sb² 0³ + H2O. Une plus
en blanc jaunâtre , les sels de cuivre en blanc ces grande quantité d'eau décompose totalement
bleuatre, les sels de plomb et de mercure en blanc ; sulfates.
tous ces précipités sont solubles dans l'acide azo- On ne connaît pas les sulfates neutres d'anti-
tique . moine et d'antimonyle
L'antimonite acide de sodium est aussi très-peu Sb2 3 SO (ou Sb2O³ . 3 SO³)
soluble ; il cristallise dans le même système que
l'antimonite neutre ; il est altéré par le sulfure et (Sb O)2 SO (ou (Sb O)2 O, SO³) .
ammonique, qui le colore en jaune rougeâtre. Phosphates. - L'acide phosphorique peut dis-
SELS DE PROTOXYDE D'ANTIMOINE . Quoique soudre l'oxyde d'antimoine et donner un phos-
ANTIMOINE. --- 347 - ANTIMOINE.
phate cristallisable qui est décomposé par l'eau cide carbonique et de l'antimoniate de potas-
en deux sels ayant pour composition sium .
ACIDE ANTIMONIQUE. - L'oxyde Sh2 05 paraît
(Sb2O3)2 P205 et (Sb2O3)4 P2O5. former plusieurs hydrates :
Le premier peut être représenté par 2 molécules L'hydrate normal Sb O'H³ ( correspondant à
d'acide phosphorique dont les 6 atomes d'hy- l'acide phosphorique) ,
drogène sont remplacés en partie par de l'anti- L'acide antimonique Sb OH (correspondant à
moine, en partie par de l'antimonyle : l'acide métaphosphorique,
L'acide pyro-antimonique Sb2O7H (correspon-
P2 Sb dant à l'acide pyrophosphorique).
3 (SbO)' ) 0s; L'acide antimonique H Sb O³ correspond à l'a-
et le second par P2 (SbO)6 08. Sb2O3 . cide azotique et à l'acide métaphosphorique, aussi
Oxalates. - Lassaigne a décrit un oxalate conviendrait-il de lui donner le nom d'acide
d'antimonyle acide méta-antimonique , si ce dernier n'avait déjà été
donné par Fremy à l'acide pyro-antimonique, ce
(Sb O)2 C² O¹ , H2C2O4 (ou Sb2O³ , 2 C² O³, H² O) qui amènerait pour le moment de la confusion
dans un sujet qui n'y prête déjà que trop. L'a-
et Bussy les oxalates antimoniques doubles cide pyro-antimonique, ou méta-antimonique de
(C2O4)6K3Sb'" + 3 H2O Fremy, correspond à l'acide pyrophosphorique.
Lorsque l'on fait agir l'eau sur le pentachlorure
(ou [ Sb2O3. 3 C20³] , 3 ( K2O . C20³] +6 H2O) d'antimoine, on obtient un précipité blanc qui
et (C² O¹)6 (Az H4)³ Sb''' doit être envisagé comme l'hydrate normal
(ou [Sb2O3, 3 C² Q³] , 3 [ (Az H¹) ² C² O³]. H3 Sb 04 ;
- Voyez OXALATES.
il se forme d'abord un oxychlorure qui est dé-
Tartrates . Les tartrates doubles d'antimoine composé ultérieurement :
et de potasse, connus sous le nom d'émétiques,
et dont les formules sont données plus haut, SbCl + H2O = Sb O C¹³ + 2 HC),
sont les sels d'antimoine les plus importants. Sb OCl3 + 3 H2O = H3 SbO3 HCl.
Voyez TARTRATES. Le précipité ainsi obtenu est soluble dans l'am-
(Voir, page 354, les caractères des sels antimo- moniaque et dans une grande quantité d'eau ; sa
nieux.) solubilité dans l'eau est empêchée par la présence
PEROXYDE D'ANTIMOINE , Sb2O = 308 (Anti- d'un acide. Cet hydrate est peu stable et se
moniate d'antimoine , autrefois acide antimo- transforme rapidement en hydrate H Sb O³.
nieux). Cet oxyde correspond au peroxyde C'est ce dernier hydrate qui est le plus stable ;
d'azote ou anhydride hypoazotique Az20' ; on il s'obtient par l'action de l'eau régale, renfer-
l'envisage généralement comme de l'antimoniate mant un grand excès d'acide azotique, sur l'an-
antimonieux et peut par conséquent s'écrire timoine métallique. C'est une poudre jaunâtre à
(SbO²) ' peu près insoluble dans l'eau, à laquelle il com-
(SbO) 0, munique néanmoins une réaction acide ; inso-
luble dans l'ammoniaque à froid, soluble dans
le monohydrate antimonique étant la potasse caustique, et un peu dans l'acide chlor-
(Sb O²)' 0. hydrique concentré.
H } L'hydrate H4Sb2 07 ou acide pyro-antimonique
(acide méta-antimonique de Fremy) s'obtient par
Cet oxyde se trouve dans la nature en masses l'action des acides sur les pyro antimoniates ; il
ou en aiguilles cristallines connues sous le nom de se transforme avec une grande facilité en mono-
cervantite; D = 4,08 (?) ; il est jaunâtre et d'un hydrate.
aspect gras. ANTIMONIATES ET PYRO-ANTIMONIATES. —- Les an-
On l'obtient en chauffant l'acide antimonieux à timoniates neutres ont pour composition :
l'air ou en calcinant l'anhydrique antimonique ;
il se forme lorsque l'on attaque l'antimoine par M' Sb 03 ; M" (Sb 03,2, etc.,
un excès d'acide azotique et qu'on chauffe le pro- et les pyro-antimoniates (méta-antimoniates de
duit obtenu. C'est une poudre blanc jaunâtre, Fremy), M'Sb2 07 ; si l'on enlève à ces der-
devenant momentanément jaune par la chaleur. niers les éléments de 1 molécule d'oxyde M'20,
Traité par l'acide chlorhydrique, il est décom- on les transforme en antimoniates (correspondant
posé en donnant du trichlorure d'antimoine et aux métaphosphates) ; en effet,
de l'anhydride antimonique ; le tartrate acide de M4 Sb2 07 M²O = 2 (MSbO³).
potasse le décompose de même en dissolvant le
protoxyde d'antimoine. Fondu avec de la potasse, Inversement , les antimoniates , en fixant les
il forme un sel double éléments de 1 molécule d'oxyde, se convertissent
Sb2O5 K2 SbO2K, Sb O³ K, en pyro-antimoniates (correspondant aux pyro-
= phosphates).
soluble dans l'eau bouillante, et qui par l'évapo- Les pyro-antimoniates alcalins sont cristallins ;
ration se dépose à l'état d'une masse amorphe les antimoniates correspondants , au contraire ,
jaune. La romeine représente le sel calcique cor- sont gélatineux etincristallisables; le pyro-antimo-
respondant Ca Sb2O5. niate de sodium est insoluble, et c'est là un des
Cet oxyde est un peu soluble dans l'eau et caractères analytiques des sels de soude, tandis
donne une solution acide . On obtient un hydrate que les antimoniates solubles ne précipitent pas
Sb2O5 H2 en décomposant le sel de potassium cor- ces sels.
respondant par de l'acide sulfurique. Ces sels ont surtout été étudiés par Fremy
ANHYDRIDE ANTIMONIQUE, Sb2O5 324. - Cet [Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t . XII , t . 499] .
oxyde s'obtient en calcinant légèrement son hy- Antimoniates de potassium. L'antimoniate
drate ; c'est une poudre d'un blanc jaunâtre, inso- neutre (SbO3K)2, 5 H2O s'obtient en oxydant l'an-
luble dans l'eau et les acides ; sa densité est de timoine par l'azotate de potasse dans un creuset de
6,6. Au rouge, il perd de l'oxygène et se trans- terre ; on reprend la masse fondue, d'abord par
forme en oxyde intermédiaire Sb2O . Chauffé de l'eau froide pour lui enlever l'excès d'azotate
avec du carbonate de potassium, il donne de l'a- de potasse, ainsi que l'azotite formé, puis on la
ANTIMOINE. 348 ANTIMOINE .
soumet à une ébullition prolongée pour hydrater pour redissoudre le précipité, et ajoutant du per-
l'antimoniate de potasse, ce sel étant insoluble à manganate de potasse à la liqueur alcaline jus-
l'état anhydre. qu'à ce que celle -ci se colore légèrement. La so-
La masse laisse un résidu , généralement assez lution , séparée du précipité manganique, ren-
faible, tout à fait insoluble dans l'eau, mais se ferme du pyro-antimoniate de potassium obtenu
dissolvant à chaud dans l'antimoniate neutre de par oxydation de l'antimonite. Elle peut être ame-
potassium , et s'en séparant par le refroidissement, à née à cristallisation.
l'état d'une poudre cristalline ; ce sel est un anti- Lepyro-antimoniate acide de potassium estblanc,
moniate acide de potassium 2 Sb 03 K, Sb2O5 ; ce cristallin, peu soluble dans l'eau froide, mais se
composé peut être obtenu à l'état de pureté en dissolvant très-bien à 45° ou 50° : il se transforme
soumettant la solution d'antimoniate neutre à peu à peu au contact de l'eau froide en antimo-
l'action de l'acide carbonique ; il est employé en niate ; quelques instants d'ébullition suffisent à
médecine sous le nom d'antimoine diaphoretique cette transformation . Soumis à la dessiccation , il
lavé. La potasse le dissout en le transformant en perd d'abord de l'eau pour devenir antimoniate,
sel neutre. puis antimoniate anhydre, insoluble dans l'eau.
La solution aqueuse d'antimoniate neutre de Antimoniates desodium. - L'antimoniate neutre
potassium donne par l'évaporation une masse siru- Sb O³Na est peu soluble ; il cristallise en petits
peuse qui, chauffée à 160°, perd 2 molécules d'eau prismes rectangulaires.
et se transforme en un hydrate insoluble dans Pyro-antimoniates de soude. Le sel neutre
l'eau ; soumis à une température plus élevée , il Sb2O7 Na est peu connu. Lorsqu'on ajoute du
devient anhydre, c'est-à-dire pyro-antimoniate neutre de potasse à un sel de
Sb O³K (ou K2O, Sb2O5) ; soude, il se forme au bout de quelque temps un
précipité cristallin qui est le sel acide de soude,
ces deux composés, le second hydrate et le sel
anhydre, se transforment par l'ébullition avec de Sb2O7 Na2 H2 + 6 H2O.
l'eau en sel à 5 molécules d'eau, et se dissolvent ; Ce sel est presque insoluble à froid, un peu so-
une partie néanmoins reste insoluble par suite de luble dans l'eau bouillante ; lorsqu'il est anhydre,
sa transformation en antimoniate acide.
il est tout à fait insoluble.
L'antimoniate neutre de potassium est blanc, Antimoniate de lithium , SbO³ Li. - Très-peu
d'une réaction alcaline, d'une saveur métallique soluble à froid ; se dépose par le refroidissement
désagréable. Soluble lentement dans l'eau. Sa so- de sa solution bouillante , à l'état cristallin.
lution est précipitée par la plupart des solutions Antimoniates d'ammonium . - Le sel neutre
salines ; les sels de soude, en solution concentrée, s'obtient en dissolvant l'hydrate antimonique dans
y produisent un précipité soluble dans l'eau. l'ammoniaque caustique ; il ne se conserve qu'en
Pyro-antimoniate de potassium neutre, présence d'un excès d'ammoniaque. L'antimoniate
Sb207K+ acide se précipite en flocons blancs par l'addition
(méta antimoniate neutre de Fremy, (K2O)2 , Sb2O5). d'un sel ammoniacal à l'antimoniate de potasse.
On obtient ce sel en fondant au creuset d'ar- Ces deux sels sont insolubles dans l'eau.
gent de l'acide antimonique ou de l'antimoniate Pyro-antimoniate d'ammoniaque. - L'ammo-
de potassium avec un grand excès de potasse ; on niaque dissout peu à peu l'hydrate antimonique
reprend par une petite quantité d'eau et on évapore obtenu par la décomposition du pentachlorure
dans le vide. Il est blanc, cristallin , très- soluble d'antimoine par l'eau, et la solution renferme du
et déliquescent; l'eau et l'alcool lui enlèvent de la pyro-antimoniate neutre d'ammonium ; en ajou-
potasse et le transforment en sel acide ; il se dis- tant de l'alcool à cette solution , on y produit un
sout sans décomposition dans une liqueur alcaline. précipité cristallin de pyro-antimoniate acide,
Sa solution précipite au bout de quelque temps les Sb2 07 (Az H4) 2H2.6 H2O. Ce sel se détruit très-
sels de soude à l'état d'antimoniate acide de soude. promptement, même dans des flacons bien clos ;
Pyro-antimoniate de potassium acide, il perd son aspect cristallin, devient humide par
Sb207K2 H2.6 H2O suite de l'élimination de 1 molécule d'eau ; il s'est
transformé en antimoniate neutre (Az H ) Sb 0³
(biméta-antimoniate de Fremy, K2O . Sb2O5,7 H2O + 2 H2O, suivant l'équation
ou antimoniate de potasse grenu) .- Ce composé,
employé en analyse pour caractériser les sels de (Az H )2 H2 Sb207 = 2 (Az H Sb2O3) + H2O.
soude, se prépare en suivant la même marche Cette transformation est presque instantanée par
que pour l'antimoniate neutre ; on évapore la l'ébullition et a lieu sans perte d'ammoniaque .
solution de celui-ci dans une capsule d'argent, en Les pyro-antimoniates autres que ceux des mé-
ajoutant quelques fragments de potasse pour le taux alcalins sont tous insolubles et sont obtenus
transformer en pyro-antimoniate ; on évapore jus- par double décomposition .
qu'à ce qu'une goutte de la solution placée Antimoniate de baryum, (SbO3 )2Ba" .-S'obtient
sur une lame de verre cristallise ; on laisse en agitant du chlorure de baryum à l'antimoniate
alors refroidir, on sépare par décantation, et on neutre de potassium ; c'est un précipité amorphe,
fait sécher sur une plaque de porcelaine dégourdie un peu soluble dans un excès de chlorure de ba-
la masse cristalline qui est formée d'un mélange ryum [Wackenroder].
de pyro-antimoniates de potassium neutre et acide; Antimoniate de strontium. - Flocons cristal-
en reprenant par l'eau, le sel neutre est trans- lins , très-peu solubles, au point qu'une solution
formé en sel acide, et la liqueur filtrée précipite de sulfate de strontiane est troublée par l'addi-
immédiatement les seis de soude . Cette solution tion d'antimoniate de potasse.
ne se conserve pas longtemps, car elle se trans- Antimoniate de calcium. - Poudre cristalline
forme en antimoniate de potassium. très-peu soluble.
On peut préparer ce réactif plus promptement Antimoniate de magnésium, (SbO3) 2 Mg" .— Flo-
en calcinant 1 p. d'antimoine avec 4 p . d'azotate cons volumineux non cristallins .
de potasse et fondant le produit de cette réaction Antimoniate d'aluminium.— Précipité amorphe
avec son poids de carbonate de potasse ; on ob- et volumineux.
tient ainsi un sel blanc , soluble dans l'eau et pré- Antimoniate de manganèse. - Peu soluble,
cipitant immédiatement les sels de soude. très-blanc, inaltérable à l'air ; chauffé au rouge,
Alvaro Reynoso [Ann . de Chim . et de Phys. , (3) , il devient gris ; chauffé plus fort , il redevient blanc,
t. XXXIII, p. 325] prépare ce sel en traitant le et résiste alors à l'action des acides les plus éner-
trichlorure d'antimoine par la potasse en excès giques.
ANTIMOINE. - 349 - ANTIMOINE.
Antimoniate ferreux. Précipité blanc qui en fondant du soufre avec de l'antimoine ou de
jaunit à l'air. Le sel ferrique est jaunâtre et inso- l'oxyde d'antimoine. Il est soluble dans l'acide
luble dans l'eau. chlorhydrique en donnant de l'hydrogène sulfuré
Antimoniate de nickel. - Précipité vert pâle, et du trichlorure d'antimoine. Chauffé en pré-
insoluble dans l'eau. sence d'hydrogène, de charbon, de fer métalli-
Antimoniate de cobalt. - Poudre cristalline que, etc., il est facilement amené à l'état d'anti-
rouge pâle, renfermant de l'eau de cristallisation , moine . Fondu avec du salpêtre, il fuse et donne
qu'il perd à une température élevée en devenant de l'antimoniate et du sulfate de potassium. Les
violet foncé, presque noir. Chauffé au rouge, il alcalis le dissolvent en dounant des sulfures dou-
devient incandescent et prend une couleur blanc bles (voir plus loin). L'acide azotique concentré
rosé . le transforme en oxyde intermédiaire et sulfate
Antimoniate stanneux. (Sb O3)2Sn " + 2 H2O.- antimonieux , l'acide sulfurique concentré et chaud
S'obtient en chauffant à 80° de l'hydrate anti- le transforme de même en sulfate, en dégageant
monique avec du chlorure stanneux ; la masse se du gaz sulfureux.
colore en jaune, puis en rouge brique . Ce sel peut Le trisulfure d'antimoine en fusion peut dis-
perdre son eau lorsqu'on le chauffe dans un cou- soudre une certaine quantité d'antimoine métal-
rant d'acide carbonique ; il est alors d'un gris lique ; par le refroidissement lent, celui-ci cris-
jaunâtre. Il paraît aussi exister un sel acide tallise en cristaux penniformes qu'on peut isoler
(Sb O3) 2 Sn" , Sb2O5 . en traitant le sulfure par l'acide chlorhydrique
qui n'attaque pas l'antimoine.
Lorsqu'on chauffe de l'anhydride antimonique Il est soluble dans le chlorure d'antimoine bouil-
avec le chlorure stanneux, on n'obtient point un lant en donnant un chlorosulfure (voirplus loin) .
composé rouge, mais un composé jaune On obtient le trisulfure d'antimoine amorphe
2 (Sb O3)2Sn" , Sb2O5 + 4 H2O en coulant dans de l'eau froide le sulfure fondu ,
[H. Schiff , Ann. de Chim. et de Phys. , t. CXX, il constitue alors une masse amorphe plus dure
p. 47] . que le sulfure cristallisé et d'une densité égale à
Le pyro-antimoniate stanneux, Sn2Sb207, se 4,15 ; pulvérisé, il est brun-orange (Fuchs).
précipite lorsque l'on ajoute de l'antimoniate de Lorsque l'on fait passer un courant d'hydrogène
potasse en excès à du chlorure stanneux addi- sulfuré dans une solution acide d'antimoine,
tionné d'acide acétique [Lenssen, Ann. der Chem. émétique ou trichlorure d'antimoine, on obtient
u. Pharm ., t. CXIV, p. 113] . un précipité orange qui est du trisulfure hy-
Antimoniate d'antimoine, draté ; par une légère chaleur, son eau se dé-
gage sans qu'il change de couleur ; chauffé plus
SbO3 (SbO) ' ou Sb2O . fort ou bouilli pendant longtemps dans une li-
- Voyez ANTIMOINE (PEROXYDE D' ) . queur acide, il devient noir et cristallin. A l'état
Antimoniate de zinc, (SbO3)2Zn". - Poudre de précipité, il est très-soluble dans les alcalis et
cristalline blanche peu soluble ; il renferme de dans les sulfures alcalins.
l'eau, qu'il perd par la chaleur , en se colorant Le composé si usité en médecine sous le nom
en jaune. de kermès est un sulfure d'antimoine amorphe
Antimoniate d'uranyle, Sb O³ , (UO) [ d'après Ber- renfermant un peu de sulfure alcalin et un peu
zelius (UO)5, (Sb2O3)3] . Renferme 15 molé- d'oxyde d'antimoine, ou plutôt, suivant Terreil,
cules d'eau ; précipité gélatineux se formant par de l'antimonite de sodium cristallisé. Le kermès
addition d'antimoniate de potasse au chlorure d'u- contient de plus 2 à 3 % d'eau. On le prépare gé-
ranium, soluble dans un excès de ce dernier ; il néralement par deux procédés : 1° par la voie
est soluble dans l'acide chlorhydrique concentré. sèche ; 2° par la voie humide.
L'acide azotique décompose ce sel en mettant 1° On fait fondre dans un creuset couvert 3 p.
Sb2O5 en liberté ; la potasse enlève l'acide anti- de sulfure d'antimoine et 8 p. de carbonate de
monique au sel hydraté, mais n'attaque pas le potasse ; après le refroidissement, on pulvérise la
sel à l'état anhydre. masse et on l'épuise par l'eau bouillante, puis on
Antimoniates de plomb.- La bleinérite est un laisse refroidir lentement la liqueur filtrée à l'a-
antimoniate naturel, hydraté. Le jaune de Naples bri de la lumière . Le kermès se dépose alors en
est un antimoniate anhydre, probablement un flocons brun rougeâtre (Berzelius) .
triantimoniate ; on l'obtient en fondant un mé- 2º On ajoute 1 p. de sulfure d'antimoine très-
lange de 1 p . d'émétique, 2 p. d'azotate de potasse divisé à 250 p. d'eau renfermant 22,5 p. de car-
et 4 p. de chlorure de sodium ; on reprend par de bonate de soude. Après deux heures d'ébullition ,
l'eau pour enlever les sels solubles . on laisse déposer et on décante la liqueur claire
dans une capsule qu'on laisse refroidir très-len-
SULFURES D'ANTIMOINE. tement en le couvrant pour empêcher l'action de
la lumière. Le kermès se dépose en beaux flocons
On connaît deux sulfures d'antimoine, Sh2 S3 d'un brun velouté (Cluzel) . Ce procédé est préfé-
et Sb2S5 . H.Rose en a signalé un troisième, Sb S. rable au premier.
PROTOSULFURE D'ANTIMOINE, Sb2S3 = 340 . Ce Voici ce qui se passe dans ces opérations : le
sulfure, correspondant au protoxyde, se rencontre soufre du sulfure d'antimoine se porte sur le so-
dans la nature et constitue le minerai d'antimoine dium ou le potassium pour former un sulfure al-
le plus abondant, la stibine ou antimoine sulfuré; calin celui-ci se combine avec du sulfure d'an-
il se rencontre dans les terrains anciens, en mas- timoine pour former un sulfure double soluble.
ses cristallines formées de prismes orthorhombi- L'oxygène de l'alcali se porte sur l'antimoine qui
ques. D = 4,62. Il fond au-dessus du rouge ; sé- a abandonné son soufre, et il se forme de l'oxyde
paré de sa gangue, il porte le nom d'antimoine d'antimoine ou un antimonite et un oxysulfure
cru ; il peut être distillé dans un courant de gaz insoluble (crocus). Le sulfure de sodium dissout
azote. Il est d'un gris bleuâtre, doué de l'éclat plus de sulfure d'antimoine à chaud qu'à froid,
métallique et est très-cassant. Il est généralement de sorte que, par le refroidissement de la liqueur,
accompagné de sulfures de fer, de plomb, de cui- une partie de celui-ci se dépose, en entraînant
vre et d'arsenic. Calciné à l'air, il se transforme du sulfure alcalin à l'état de combinaison en flo-
en acide sulfureux et oxysulfure qui lui-même cons bruns qui constituent le kermès.
peut se convertir en antimoniate antimonieux. La solution alcaline dissout aussi plus d'oxyde
On obtient artificiellement ce sulfure cristallisé d'antimoine ou d'antimonite à chaud qu'à froid,
en fondant le sulfure obtenu par précipitation ou de sorte que le dépôt de kermès est toujours ae-
ANTIMOINE. ― 350 ANTIMOINE.
compagné de petits cristaux d'oxyde ou d'antimo- | et les pyro-sulfo-antimonites,
nite de soude (Terreil ), ces cristaux peuvent très-
bien être distingués à la loupe. Sb2$3.2 H2S = H Sb2S5.
Le kermès constitue une poudre d'un brun ve- Ces minéraux sont :
louté, soluble dans l'acide chlorhydrique avec
dégagement d'hydrogène sulfuré. Il est insoluble la boulangerite (SbS³)2 Pb³ .
dans l'ammoniaque. Celui du commerce renferme Sulfo-
souvent du soufre doré d'antimoine et est quel- antimonites l'argyrythrose (Sb S³) Ag³.
quefois falsifié avec de l'ocre, ce qu'on reconnaît normaux. la bournonite (SbS3, Pb Cu".
au peu de solubilité de ce dernier dans l'acide la zinkénite (Sb S22 Pb" .
chlorhydrique et à la présence du fer dans la li- méta-sulfo- la miargyrite (Sb S2) Ag.
queur acide ; quant au soufre doré, on le recon- antimonites . la wolfsbergite (Sb S2)2 Cu ".
naît en ce qu'il communique à l'ammoniaque une la berthiérite (Sb Sj2 Fe".
coloration jaune.
Le soufre doré d'antimoine est un mélange de pyro-sulfo- la plumosite Sb2S5 Pb2.
trisulfure et de pentasulfure d'antimoine qui se antimonites.
produit toujours dans la préparation du kermès ; la panabase Sb2S (CuFe) .
il se trouve dans les eaux mères alcalines qui
ont laissé déposer le kermès et peut en être pré- La polybasite peut être regardée comme un
cipité par l'addition d'acide chlorhydrique. sulfo-antimonite normal basique
Oxysulfures d'antimoine. - On trouve dans la
nature un oxysulfure dont la composition est re- Sb S3 (Ag Cu' )3.3 (Ag Cu') 2S.
présentée par la formule
[Odling, Manual of Chem.]
Sb2S2O ou (Sb2O3. 2 Sb² S³). Les solutions des sulfo-antimonites, exposées à
On obtient artificiellement des oxysulfures dans l'air, subissent une oxydation ; du soufre est mis en
liberté et se porte sur une portion du sel non dé-
diverses circonstances : par un grillage imparfait composé,
pour former un sulfo-antimoniate ; si
du sulfure d'antimoine, celui-ci se transforme en alors on acidule la solution , il se précipite du
une poudre grise qui renferme plus ou moins pentasulfure d'antimoine en même temps que du
d'oxyde ; cette matière , étant fondue dans un creu- trisulfure.
set, donne par le refroidissement une masse vi- PENTASULFURE D'ANTIMOINE, Sb2S5 = 404. - Ce
treuse connue sous le nom de verre d'antimoine sulfure s'obtient en traitant une solution acide
et dont la composition est variable, il renferme de pentachlorure d'antimoine par un courant
généralement une partie de sulfure pour 8 d'oxyde d'hydrogène sulfuré, ou en décomposant un sulfo-
et de la silice enlevée au creuset. On obtient sous antimoniate alcalin par un acide,
le nom de crocus metallorum ou de safran d'an-
timoine un oxysulfure plus riche en sulfure, en 2 Sb S+ Na + 6HCl = 6 NaCl + Sb2S5 + 3H2S.
fondant 3 p. d'oxyde d'antimoine avec 1 p. de
sulfure ou un oxyde quelconque d'antimoine avec C'est un précipité amorphe , jaune orange , hy-
une quantité convenable de soufre. Ce composé draté, mais perdant facilement, par la chaleur,
est employé dans la médecine vétérinaire comme l'eau qu'il renferme ; la chaleur le dédouble faci-
vermifuge et purgatif. lement en soufre et trisulfure. L'acide chlorhy-
On désignait autrefois sous le nom de foie d'an- drique bouillant le dissout en produisant de
timoine des préparations renfermant du sulfure l'hydrogène sulfuré, du perchlorure d'antimoine
d'antimoine, des sulfures alcalins et généralement et du soufre qui se dépose. Les alcalis et les sul-
de l'antimoniate antimoniopotassique Sb2O5 K² ou fures alcalins le dissolvent facilement pour don-
(SbO) K2Sb O¹. ner naissance à des sulfures doubles ou sulfoanti-
Le composé connu depuis quelque temps sous moniates. Le pentasulfure accompagne letrisulfure
le nom de cinabre ou vermillon d'antimoine est, dans le composé connu sous le nom de soufre dore
d'après Wagner, un oxysulfure offrant la même d'antimoine.
composition que celui qu'on rencontre dans la SULFO-ANTIMONIATES. -- Les sulfo-antimoniates
nature. On l'obtient en ajoutant à une solution alcalins sont solubles et cristallisables ; leurs
acide de chlorure d'antimoine ou d'émétique une cristaux sont hydratés et leur solution donne avec
solution d'hyposulfite de soude en excès et en les solutions métalliques des précipités colorés.
soumettant à l'ébullition . On peut le préparer Traités par un acide, ils donnent du pentasulfure
très-économiquement en grand en faisant agir sur d'antimoine et un dégagement d'hydrogène sul-
le chlorure d'antimoine l'hyposulfite de chaux furé. Les sulfo-antimoniates renferment Sb S+ M³
obtenu par l'action de l'acide sulfureux surle sul-
fure de calcium en suspension dans l'eau [ E. Kopp, ou (SbS4)2 M³. Cette constitution est semblable,
Répert. de Chim. appl. , t. I, p. 256] . Le vermil- POcomme on voit, à celle des phosphates neutres
M³, et, à ce titre, elle mérite l'attention.
lon d'antimoine est applicable dans l'industrie des La plupart de ces sulfosels ont été étudiés par
toiles et des papiers peints ; il est inaltérable à Rammelsberg
l'air, à la lumière et aux émanations sulfureu- et par Schlippe.
ses. Sulfo-antimoniate d'ammonium. - Ce composé,
SULFO-ANTIMONITES. -- Le sulfure d'antimoine qui n'a pas été obtenu cristallisé, se forme en dis-
est soluble dans les sulfures alcalins et a une solvant le trisulfure d'antimoine dans le sulfhy-
grande tendance à former des sulfures doubles drate d'ammonium ou le pentasulfure dans l'am-
ou sulfosels. La solution des sulfo-antimonites moniaque concentrée.
alcalins donne, avec les solutions métalliques, Le sulfo-antimoniate de baryum ,
des précipités colorés qui n'ont pas été bien étu- (SbS4)2 Ba36 H2O,
diés . Il existe un certain nombre de sulfo-anti-
monites naturels ; ceux-ci peuvent être ramenés à s'obtient en dissolvant le sulfure d'antimoine ré-
trois types : les sulfo- antimonites normaux, cemment précipité dans une solution de sulfure
Sb2S3. 3 H2S - 2. H³ Sb S³ ; de baryum. En ajoutant de l'alcool à la liqueur fil-
trée, il se sépare en aiguilles blanches, groupées
les méta-sulfo- antimonites, en étoiles, non déliquescentes et absorbant ra-
Sb2 S3. H2S - 2. HSb S2, pidement l'oxygène de l'air en se colorant en
brun.
ANTIMOINE. 351 ANTIMOINE.
Le sulfo-antimoniate de cadmium, (Sb S¹)² Cd³, de charbon ; on fait bouillir la masse, fondue et
s'obtient à l'état de précipité jaune orange en pulvérisée, avec de l'eau et 2 p. de sélénium ; on
ajoutant un sel de cadmium à un sulfo-antimo- décante et on évapore la liqueur claire à l'abri de
niate alcalin. l'air; elle dépose ainsi des cristaux jaune orange,
Le sel de calcium, (Sb S4)2 Ca³, est amorphe et transparents, présentant la même forme que le
s'obtient comme le sel de baryum. sulfo-antimoniate de sodium et ayant une compo-
Le sel de magnésium est jaune, déliquescent, sition analogue ; à l'air, ce sel devient rouge
incristallisable et décomposable par l'alcool. hyacinthe et se recouvre d'une poudre cristalline
Le sulfo-antimoniate de potassium , grise. L'acide chlorhydrique donne, dans la solu-
SbS K3 + 4 H2O , tion de ce sel, un précipité de pentaséléniure
d'antimoine, mélangé de sélénium libre.
s'obtient par un mélange intime de 18 p. de tri- On obtient un composé mixte, renfermant du
sulfure d'antimoine, de 3,25 p. de soufre, de soufre et du sélénium, en faisant bouillir une so-
20,5 p. de carbonate de potassium et de 13 p. de lution de sulfo-antimoniate de sodium avec du
chaux ; ce mélange, traité par l'eau , est aban- sélénium ; par l'évaporation de la liqueur à l'abri
donné à lui-même pendant quelques jours ; la de l'air, il se dépose des cristaux jaunes ayant la
liqueur filtrée donne par l'évaporation des cris- même forme que les précédents et dont la com-
taux jaunâtres déliquescents ; soumis à l'action position est représentée par Sb S3 Se Na³ + 9H2 O
de la chaleur, ce sel fond, puis se décompose en [Hofacker, Ann . der Chem . u. Pharm . , t. CVII , p . 6] .
se colorant en brun. TELLURURES D'ANTIMOINE . ―― Le tellure forme
Le trisulfure d'antimoine , dissous dans de la avec l'antimoine deux combinaisons cristallisées ,
potasse concentrée, donne un composé blanc in- Sb Te et Sb2Te3 ; on les obtient en fondant en-
soluble qui est du biantimoniate de potassium, et semble ces deux corps. Le composé Sb Te est d'un
la liqueur filtrée fournit par l'évaporation des cris- gris d'acier; le tritellurure est blanc d'étain ; ils
taux aciculaires qui sont formés par une combi- sont doués tous deux de l'éclat métallique (Op-
naison d'antimoniate et de sulfo-antimoniate de penheim).
potassium ; ce composé a pour formule CHLORURES D'ANTIMOINE.
Sb S+K³, KSb 03³ + 5 H2O = Sb² S¹ O³ K÷ + 5H2O. L'antimoine forme avec le chlore deux combi-
C'est, comme on voit, du pyro-antimoniate (méta- naisons, Sb Cl³ et Sb C15 :
antimoniate) de potassium dans lequel S remplace TRICHLORURE (Syn. protochlorure, beurre d'an-
O. Ce corps s'oxyde à l'air en se colorant en timoine), Sb C13-228,5. Densité des vapeurs rap-
brun. Il est décomposé par l'eau froide, mais portée l'hydrogène 116,60, D = 2,675, au
l'eau bouillante le dissout [ Rammelsberg, Pog- point de fusion , 73° 2 (H. Kopp). Bout à 2250
-
(H. Kopp). - Le trichlorure d'antimoine s'ob-
gend. Ann. , t. LII, p . 193] .
Le sulfo-antimoniate de sodium (sel de Schlippe) , tient : 1º en faisant passer un courant de chlore
SbS Na39H2O, s'obtient comme le sel potas- sur de l'antimoine ou du sulfure d'antimoine en
sique et forme de très-beaux cristaux jaunes , vo- excès ; dans ce dernier cas, il se forme en même
lumineux, formés de tétraèdres réguliers très- temps du chlorure de soufre qu'il faut chasser
solubles dans l'eau. Ce sel est quelquefois employé en chauffant légèrement ; 2° en dissolvant le tri-
en médecine. sulfure d'antimoine dans l'acide chlorhydrique
Le selde strontium, (Sb S¹) 2 Sr³, s'obtient comme ou l'antimoine dans l'acide chlorhydrique addi-
le sel de baryum et se sépare de sa solution tionné d'un peu d'acide azotique ; après avoir
aqueuse par l'addition d'alcool à l'état sirupeux . évaporé l'eau et l'acide , on soumet le chlorure à
Le sel de zinc, (Sb S4)2 Zn³, s'obtient en ajoutant la distillation ; il passe alors à l'état d'une masse
goutte à goutte une solution de sulfate de zinc à cristalline blanche et transparente, d'une consis-
une solution de sulfoantimoniate de sodium ; il tance butyreuse ; 3° en distillant un mélange de
se forme un précipité orange foncé qui se redis- sulfate d'antimoine et de chlorure de sodium ;
sout si l'on chauffe. Si au contraire on verse le 4° en distillant un mélange de 2 p. de deutochlo-
sulfoantimoniate de sodium dans le sel de zinc , rure de mercure avec 1 p. d'antimoine métallique
on obtient un sulfoantimoniate de zinc renfer- ou avec du trisulfure d'antimoine. Ces dernières
mant de l'oxyde de zinc. réactions sont représentées par les équations
SÉLÉNIURES D'ANTIMOINE . Lorsque l'on fond 2 Sb 2 HgCl2 = Sb Cl3 + Hg Sb + Hg Cl ,
du sélénium avec de l'antimoine, le mélange Sb2 S3 + 3 Hg Cl² = 2Sb Cl³ +3 HgS .
s'échauffe au point de rougir et de faire distiller
l'excès de sélénium ; le produit obtenu ressemble Le trichlorure d'antimoine est déliquescent ; il
beaucoup au sulfure ; c'est une masse métallique se dissout dans une très-petite quantité d'eau,
grise, à cassure cristalline. Lorsqu'on le grille à sans décomposition, ainsi que dans l'acide chlor-
l'air, une partie du sélénium se dégage. On ob- hydrique ; une plus grande quantité d'eau le dé
tient le même séléniure, c'est-à-dire le trisélé- compose en donnant un oxychlorure Sb O CI;
niure Sb2 Se³, en faisant passer un courant d'hy- l'acide chlorhydrique le plus faible qui puisse le
drogène sélénié dans une solution d'émétique ; il dissoudre sans décomposition est l'acide qui pré-
forme alors une poudre noire qui , chauffée à 146°, sente la composition HCl + 8H2O [ Baudrimont,
devient subitement grise, fond au rouge et prend Compt. rend., t. XLII , p. 863] . Une action pro-
par le refroidissement une texture cristalline longée de l'eau décompose même l'oxychlorure en
(Berzelius, Uelsmann) . mettant du protoxyde d'antimoine en liberté. Le
On obtient un pentaséléniure d'antimoine précipité produit par l'eau dans le trichlorure
Sb2Ses en précipitant par un acide une solution d'antimoine est soluble dans l'acide tartrique ;
d'un sélénio -antimoniate alcalin. une plus grande quantité d'eau ne produit plus
Le pentaséléniure , comme le pentasulfure , alors de précipité.
donne des combinaisons doubles qui ont pour L'oxyde d'antimoine qui se sépare par l'action
composition : (Sb Se4) M³. de l'eau sur le chlorure d'antimoine chauffé à
Le selénio-antimoniale de sodium, 150° est cristallisé en prismes . L'oxychlorure se
transforme peu à peu à l'air en oxyde octaédrique,
Sb Se Na39 H2O , mais celui qui s'en sépare par l'eau est prisma-
s'obtient en fondant ensemble un mélange de 1 p. tique (Debray).
de carbonate de sodium, de 4 p . de triséléniure Le trichlorure d'antimoine se combine à l'acide
d'antimoine, de 2 p. de sélénium et de poussière chlorhydrique (beurre d'antimoine liquide) . Il se
ANTIMOINE. 352 -- ANTIMOINE .
combine aux autres chlorures, notamment aux produits le premier qui se fige dans le récipient
chlorures alcalins, pour donner des chlorures de en aiguilles ayant probablement pour composi-
la forme (MCI)³ . SbC13. C'est ainsi que l'on con- tion Sb Cl5, Az H Cl ; le second en lames hexago-
naît un chloroantimonite de potassium nales, qui est le chlorure double triammoniacal.
(K Cl)3 Sb C13 ; Enfin, le perchlorure d'antimoine donne un pro-
duit ammonié beaucoup plus volatil que les pré-
on en connaît un autre qui renferme (KCl)2 Sb Cl³. cédents, Sb C15 , 4 Az H³, blanc, très- léger et peu
L'ammoniaque s'unit au trichlorure d'antimoine stable, susceptible de se combiner à 4 HCl pour
pour donner deux combinaisons : Sb Cl³, Az H³ et donner le chlorure double Sb Cl5,4 Az HCl, for-
Sb Cl³ , 2 Az H³ . La première est noire, très-dure , mant de beaux octaèdres jaune doré [ Dehérain ,
non déliquescente et résistant à une température Compt. rend., t. LII, p . 734).
très-élevée, sans perdre d'ammoniaque ; l'eau la Le pentachlorure d'antimoine se combine au
décompose en donnant un précipité blanc et en perchlorure et à l'oxychlorure de phosphore ainsi
dissolvant un pentachlorure double. L'autre com- qu'aux chlorures de soufre et de sélénium [ R.We-
binaison est une masse blanche, cristalline, assez ber, Poggend. Ann . , t. CXXV, p. 78].
stable. Toutes deux se combinent à l'acide chlor- Pentachlorure d'antimoine et de phosphore,
hydrique pour donner les chlorures doubles Sb C15. Ph C15. - Forme une masse spongieuse
Sb C13 , Az HCl et Sb Cl³, (Az HCl)2 cristallisables jaune, déliquescente, très-peu volatile ; elle s'ob-
le premier en aiguilles jaunes déliquescentes , le tient en chauffant ensemble les deux chlorures.
second en lamelles hexagonales jaunes [ Deherain , Pentachlorure d'antimoine et oxychlorure de
Compt. rend., t. LII , p. 734]. Le trichlorure phosphore, Sb Cl³. Ph O Cl³.- Il s'obtient en ajou-
d'antimoine est souvent employé comme caus- tant un excès d'oxychlorure de phosphore à du
tique ; on se sert à cet effet de celui qui est tombé pentachlorure d'antimoine et faisant essorer la
en déliquescence. masse cristalline sur une brique poreuse.
L'acide azotique le transforme en acide anti- Pentachlorure d'antimoine et chlorure de sélé-
monique. Soumis à l'électrolyse, dans certaines nium , Sb C15. SeCl . On obtient ce composé en
circonstances, il donne un dépôt métallique doué faisant passer du chlore sur de l'antimoine fondu
de propriétés explosives (Gore). ― Voyez ANTI- avec du sélénium, en proportions atomiques . C'est
MOINE AMORPHE, p. 343. une poudre jaunâtre, soluble et déliquescente,
PENTACHLORURE D'ANTIMOINE, Sb Cl5-299,5.- non volatile sans décomposition .
Ce composé se produit, avec incandescence, lors- La combinaison avec le chlorure de soufre ren-
que l'on projette de l'antimoine pulvérisé dans un ferme SbCl . SC , d'après R. Weber. H. Rose
flacon rempli de chlore gazeux . On le prépare en [Poggend. Ann., t. IV, p. 532 ] lui assigne la for-
faisant passer un courant rapide de chlore sec mule 2 Sb C15, 3 SCI .
sur de l'antimoine en poudre , chauffé légèrement OXYCHLORURES D'ANTIMOINE. - On connaît plu-
dans une cornue tubulée munie d'un récipient sieurs oxychlorures ; celui qui s'obtient par l'ac-
bien sec. tion de l'eau froide sur le trichlorure d'antimoine
Le pentachlorure d'antimoine est liquide à la a pour composition SbOCl ; on peut l'envisager
température ordinaire, jaunâtre et répandant des comme du chlorure d'antimonyle ( Sb O)' Cl (Pe-
fumées blanches à l'air. A 0° il se prend en une ligot) . C'est le composé connu autrefois sous le
masse cristalline. La distillation lui fait éprouver nom de poudre d'Algaroth. Il est fusible et se
une décomposition partielle : il se forme du tri- prend par le refroidissement en une masse cris-
chlorure d'antimoine et du chlore libre. Cette talline transparente. On obtient un autre oxy-
tendance à céder du chlore le fait employer quel- chlorure en traitant le trichlorure d'antimoine
quefois pour préparer des produits organiques par l'eau chaude ; il se dépose par le refroidisse-
chlorés : ainsi avec le gaz éthylène, il donne très- ment en petits cristaux denses et brillants qui
facilement le chlorure d'éthylène ( liqueur des ont pour composition 2 (SbO) Cl, (Sb O)² O [Peli-
Hollandais) C2 H CI2 . Mélangé avec du sulfure got, Ann. de Chim . et de Phys. , (3), t. XX,
de carbone, il donne lieu à une réaction très-vive, p. 289] . Ces deux oxychlorures sont décomposés
en produisant du tétrachlorure de carbone CCI , par des lavages prolongés, en donnant de l'oxyde
du trichlorure d'antimoine et du soufre (Klein ). antimonieux. Le chlorure d'antimoine bouillant
Sous l'influence d'une petite quantité d'eau , il dissoutde l'oxyde d'antimoine pour donner un oxy-
donne un produit cristallisé, probablement chlorure (Sb O) C1, 7 Sb Cl³ cristallin , décompo-
SbCBO, sable par l'alcool, en donnant un autre oxychlorure
2 (SbO) Cl + Sb2O3 [Schneider, Poggend. Annal.,
correspondant à l'oxychlorure de phosphore. Une t. CVIII, p. 407] .
plus grande quantité d'eau en sépare de l'acide SULFOCHLORURES D'ANTIMOINE.- Lepentachlorure
antimonique. d'antimoine absorbe l'hydrogène sulfuré , avec
On obtient un hydrate de pentachlorure d'an- élévation de température et dégagement de HC1 ;
timoine Sb Cl5 , 4 H2O en dissolvant le pentachlo- il se produit une masse cristalline blanche
rure dans une très-petite quantité d'eau et faisant SbSC13, correspondant au sulfochlorure de phos-
évaporer sur de l'acide sulfurique ; cet hydrate phore de Serullas. Ce composé , facilement fu-
forme des cristaux déliquescents et solubles dans sible, chauffé au-dessus de son point de fusion,
l'eau (R. Weber) . se décompose en soufre et trichlorure. L'air hu-
Le pentachlorure d'antimoine forme avec l'acide mide le liquéfie en mettant du soufre en liberté ;
cyanhydrique un composé blanc, cristallin et vo- l'eau le décompose en soufre et oxychlorure
latil, SbC15, 3H Cy. Il se combine de même au [Cloëz, Ann. de Chim . et de Phys., (3), t. XXX,
chlorure de cyanogène (Klein). p. 374].
Le gaz ammoniac se combine directement au Le trisulfure d'antimoine, traité par le chlore,
pentachlorure d'antimoine, en produisant le com- donne un composé blanc , (Sb C15 )2 , 3 SC12 , dé-
posé d'un rouge brun Sb C15, 2Az H³ (H. Rose) . composable à 300° en soufre, chlorure de soufre
Cette combinaison est très-instable ; si la tempé- et trichlorure d'antimoine (H. Rose).
rature s'élève, on obtient le composé Sb C13, 2 Az H³. Le trichlorure d'antimoine bouillant dissout le
D'après P. P. Déhérain , ce dérivé ammonié a sulfure d'antimoine, sans dégagement d'hydrogène
pour composition SbC15,3 Az H3 ; il se combine à sulfuré ; par le refroidissement, on obtient une
l'acide chlorhydrique pour donner un chlorure masse cristalline jaune, formée de prismes rhom
double Sb C15, 3 Az H+ Cl . Quand on distille le boidaux pointés, à laquelle R. Schneider [ loc. cit .]
chlorure antimonique ammoniacal, il distille deux assigne la composition Sb S Cl¹ , 6 Sb Cl³ , qu'on
ANTIMOINE . 353 - ANTIMOINE.
peut écrire ( SbS ) Cl , 7 Sb Cl³ , correspondant à Il existe aussi un iodure KI . Sb 13+ H2O [ Nic-
l'oxychlorure du même auteur ; ce composé, traité klės).
par l'eau, donne une poudre jaune clair. Soumis L'iodure d'ammonium forme trois combinaisons
à l'action de la chaleur, le chlorure se volatilise avec l'iodure d'antimoine :
et il reste du trisulfure noir d'antimoine. L'alcool 3 Az H 1.4 Sb 139 H2O, prismes rectangu-
absolu le transforme en une substance amorphe, laires, rouge écarlate ; perd son eau à 100° et de-
rouge orange, renfermant 2 (SbS) Cl, 3 Sb2 S3. Ce vient rouge cramoisi ;
dernier composé est attaqué par l'acide chlorhy- 3 Az H I. 2 Sb 133 H2O ressemble au sel
drique qui dissout du chlorure d'antimoine et met potassique correspondant ;
du sulfure noir, cristallin, en liberté. 4 Az HI. Sb 13 + 3 H2O , prismes rectangulai-
res pointés, presque noirs, rouge rubis par trans-
TRIBROMURE D'ANTIMOINE , Sb Br3 = 362. D. parence.
— 3,641 à la température de fusion qui est de 90°. Ces sels ammoniacaux, chauffés doucement,
Bout à 275°4 (H. Kopp). L'antimoine brûle dans peuvent être sublimés.
la vapeur de brome comme dans le chlore; on On connaît un iodure double d'antimoine et de
peut préparer le bromure d'antimoine en ajou- baryum Ba12. Sb 13 + 9H2O ; il forme des prismes
tant peu peu de l'antimoine en poudre à du orthorhombiques de 105° 32' , rouge orange foncé,
brome liquide ; la combinaison est très-vive (Se- transparents et brillants [ Schaeffer, Pogg. Ann .,
rullas). On atténue la violence de la réaction en t. CIX, p. 611 ].
opérant au sein d'un dissolvant du brome , le L'iodure d'antimoine et de fer forme des cris-
sulfure de carbone, qui retient en dissolution le taux prismatiques jaune verdâtre, déliquescents
bromure formé [ Nicklès, Compt. rend. , t. XLVIII , et altérables à l'air (Le Brument et Périer).
p. 837] . Le bromure d'antimoine, traité par l'eau, Tous ces iodures doubles sont décomposés par
donne un oxybromure (SbO) Br ; il suffit d'une l'eau, solubles dans l'acide chlorhydrique. Par la
quantité d'eau très - faible pour produire une chaleur, l'iodure d'antimoine se volatilise et l'au-
quantité correspondante de ce composé. Le bro- tre iodure reste isolé.
mure d'antimoine cristallise en octaèdres ortho- On obtient , suivant Van der Espt [Archiv.
rhombiques ou en prismes pointés ; l'angle des Pharm., (2) , t. CXVII, p. 115] , du pentaiodure
faces du prisme = - 69° ; inclinaison des faces de d'antimoine Sb15 en chauffant 1 p. d'antimoine
l'octaèdre sur les faces du prisme : 80' [ Nicklès , pulvérisé avec 5 p . d'iode ; il se forme un sublimé
loc. cit.]. de lames transparentes rouges, décomposables par
Le bromure d'antimoine se combine à l'éther l'eau en acide iodhydrique et acide antimoni-
pour former des éthers bromoantimoniques que. Suivant le même auteur, ce composé prend
aussi naissance lorsque l'on fait passer un courant
Sb Br³, C4H10O et SbBr³ (C H10 O)2
d'hydrogène antimonié dans de la teinture d'iode.
[ Nicklès , Ann . de Chim. et de Phys ., t. LXII , TRIFLUORURE D'ANTIMOINE , Sb F13 = 179.
p. 233] . On l'obtient en dissolvant le trioxyde d'antimoine
TRIIODURE D'ANTIMOINE , Sb 13 = 503. 1 L'iode dans l'acide fluorhydrique et évaporant lente-
et l'antimoine se combinent directement à froid ; ment la solution , entre 70° et 90° ; il se dépose en
on prépare facilement cette combinaison en ajou- tables ou en octaèdres orthorhombiques ; si l'éva-
tant de l'antimoine en poudre à une solution poration est plus rapide, il forme des prismes , et
d'iode dans le sulfure de carbone ; par l'évapora- si elle a lieu en présence d'un excès d'acide , il
tion du dissolvant, il se dépose en petites tables se présente en petites paillettes . Le fluorure d'an-
rouges, appartenant au type orthorhombique (Nic- timoine est déliquescent et se décompose en per-
klès ) . On l'obtient en petites aiguilles où en dant de l'acide fluorhydrique ; il se dissout dans
lamelles rouges sublimées, en chauffant un mé- l'eau sans la troubler, mais par l'évaporation i!
lange de 1 molécule de trisulfure d'antimoine se dépose de l'oxyde d'antimoine. Il est volatil
avec 6 atomes d'iode [Schneider, Poggend. Ann., à l'air, sans décomposition ; mais, chauffé dans
t. CIX, p. 609] . un tube fermé , laisse un résidu .
En ajoutant de la teinture d'iode à une solution Le fluorure d'antimoine forme facilement des
alcoolique d'émétique, on obtient des paillettes fluorures doubles. On obtient le fluorure
cristallines jaune d'or qui sont formées par un
oxyiodure d'antimoine 2 (Sb O) I + Sb2O³. 2 K Fl , Sb Fl3
Dans la préparation de l'iodure d'antimoine en dissolvant dans un excès d'acide fluorhydrique
par l'iode et le sulfure d'antimoine, il se dépose 153 p. d'oxyde d'antimoine et 200 p. de carbo-
des aiguilles moins foncées que l'iodure d'anti- nate de potasse ; il cristallise en paillettes styp-
moine et qui sont un sulfo-iodure 3 (SbS) I.Sb 13
(Henry et Garot) ; ce composé est volatil et dé- tiques solubles dans 9 p . d'eau à 13° ; par l'éva–
composable par l'eau. poration à l'air , sa solution perd de l'acide
En dissolvant du sulfure d'antimoine dans de fluorhydrique ; on peut obtenir un autre fluorure
l'iodure d'antimoine fondu , et reprenant la masse K F1 , Sb Fl3 cristallisant en octaèdres rhomboi-
daux.
solidifiée par de l'acide chlorhydrique pour enle- Le fluorure 2 Na F1 , Sb F13 cristallise en prismes
ver l'excès d'iodure, on obtient des cristaux rouge rhomboidaux. Les flucrures doubles d'antimoine
brun, brillants , insolubles dans l'eau , de sulfo- et de lithium , d'antimoine et d'ammonium ont
iodure (Sb S) I. Ce composé n'est pas détruit par pour composition
l'eau ou les acides étendus ; l'acide chlorhydrique
bouillant en dégage de l'hydrogène sulfuré ; l'a- 2 Li F1 , Sb F13 et 2 Az H F1 , Sb Fl
cide azotique concentré l'oxyde ; la potasse lui
enlève de l'iode [ R. Schneider , Poggend. Ann., [Flückiger, Poggend. Ann . , t. LXXXVII, p. 245] .
t. CX, p. 147]. PHOSPHURE D'ANTIMOINE . -S'obtient en ajou-
L'iodure d'antimoine forme des combinaisons tant du phosphore à de l'antimoine en fusion, ou
doubles avec les autres iodures. La combinaison en fondant ensemble un mélange d'antimoine,
3 KI. 2 Sb 13.3 H2O forme des lames rectangu- d'acide phosphorique et de charbon . C'est un
laires brun foncé, rouge rubis par transparence , composé blanc, brûlant avec une flamme ver-
perdant de l'eau à 100° et devenant alors rouge dâtre [ Pelletier, Landgrebe].
orange. La combinaison sodique 3 NaI . 2 Sb 13 ARSENIURE D'ANTIMOINE , Sb² As³. -- Masse mé-
+12 H2O cristallise en prismes rectangulaires , tallique grise, cassante, se rencontrant dans la
orange clair, perdant leur eau à 100º. nature. On rencontre en Californie un arséniure
1- - 23
ANTIMOINE. 354 - ANTIMOINE.
d'antimoine à structure cristalline radiée , ren- CARACTERES DES COMBINAISONS ANTIMONIEUSES PAR
fermant 90, 82 % d'arsenic , et 9,18 d'antimoine LA VOIE HUMIDE. - Les solutions acides de pro-
[Genth, Sill. Am . J. , (2) , t. XXXII , p. 190 ] . E.W. toxyde d'antimoine se décomposent lorsqu'on les
ANTIMOINE ( RÉACTIONS ET dosage de ses cOM- étend d'eau ; il se forme un précipité blanc qui
BINAISONS) . L'antimoine formant deux classes est un sous-sel ou de l'oxyde d'antimoine, si la
de composés, au minimum et au maximum, ou, quantité d'eau est assez grande. Ce précipité est
en d'autres termes, triatomiques et pentatomi- soluble dans l'acide tartrique ou dans l'acide ci-
ques , il convient d'exposer les caractères que trique ; aussi la présence de ces acides empê-
présente chacun de ces groupes ; mais il faut che-t-elle la précipitation.
mentionner d'abord les réactions qui caractérisent Les alcalis caustiques y donnent un précipité
les combinaisons de l'antimoine en général. Parmi blanc soluble dans un grand excès d'alcali ; l'am-
ces caractères généraux, ceux qui sont donnés par moniaque donne un précipité insoluble dans un
la voie sèche sont les plus importants. excès. Les carbonates alcalins produisent dans les
CARACTÈRES DE L'ANTIMOINE AU CHALUmeau. sels d'antimoine un précipité blanc d'oxyde hy-
Les combinaisons d'antimoine, chauffées dans la draté, insoluble dans un excès de réactif; il se
flamme d'oxydation , se volatilisent presque entiè- dégage de l'acide carbonique.
rement en donnant un enduit blanc jaunâtre de L'hydrogène sulfuré donne dans les solutions
protoxyde d'antimoine ou d'antimoniate antimo- acides des sels d'antimoine un précipité rouge
nieux ; à la loupe ou au microscope, on recon- orange caractéristique, mais il ne précipite pas les
naît que cet enduit est formé d'oxyde cristallisé. solutions des antimonites alcalins, il les jaunit
Dans la flamme intérieure, ou de réduction , sur seulement, et la précipitation a lieu alors par l'ad-
le charbon, avec du carbonate de soude ou du dition d'un acide. Le précipité de sulfure d'anti-
cyanure de potassium, il y a réduction et forma- moine est insoluble à froid dans l'acide chlor-
tion d'un globule d'antimoine qui , si on le hydrique, mais cet acide concentré le dissout à
projette sur le sol , se divise en brûlant avec chaud; il est soluble dans les hydrates et les
éclat ; en même temps, il se forme, comme dans sulfures alcalins. Le sulfure ammonique donne
l'autre flamme, une auréole ou enduit d'oxyde le même précipité, très-soluble dans un excès de
d'antimoine. Dans les deux cas , la flamme prend ce réactif.
une coloration bleu verdâtre particulière. L'infusion de noix de galle produit un précipité
Toutes les combinaisons d'antimoine, chauffées blanc jaunâtre volumineux.
dans un petit creuset de porcelaine avec du car- Les cyanures jaune et rouge ne précipitent pas
bonate et de l'azotate de potasse, donnent de les solutions antimonieuses.
l'antimoniate de potasse soluble dans la potasse Le chlorure d'or est réduit lentement par les
et reconnaissable aux caractères qui distinguent sels de protoxyde d'antimoine ; à chaud, la réduc-
les combinaisons antimoniques. tion est plus rapide, et de l'or se sépare. Le ni-
Chauffées au chalumeau avec du borax ou du trate d'argent donne avec la solution d'émétique
sel de phosphore, les combinaisons d'antimoine un précipité blanc soluble dans l'ammoniaque ;
donnent un verre transparent, jaune à chaud, mais si l'on sursature d'abord la solution d'émé-
incolore à froid ; cette perle, chauffée dans la tique par la potasse, ou si l'on emploie une solu-
flamme réductrice, perd sa transparence et noircit tion d'un antimonite alcalin, le nitrate d'argent
par suite de la production d'antimoine métal- produit un précipité noir insoluble dans l'ammo-
lique. niaque ou ne cédant à celui -ci qu'une petite
APPAREIL DE MARSH . Les combinaisons d'an- quantité d'oxyde d'argent ; ce précipité est formé
timoine, ramenées à l'état d'oxydes ou de chlo- d'un mélange de protoxyde d'antimoine , de pro-
rures , introduites dans l'appareil de Marsh, toxyde et de sous-oxyde d'argent ; la liqueur ren-
donnent de l'hydrogène, mélangé d'hydrogène an- ferme de l'antimoniate de potasse.
timonié reconnaissable par les taches que ce gaz, Un certain nombre de métaux précipitent l'an-
en brûlant, produit sur une plaque de porcelaine timoine de ses dissolutions acides à l'état métal-
froide avec laquelle on écrase la flamme. Ces lique ; ce sont le zinc, le fer , le cadmium , le cui-
taches, ou anneaux, si la décomposition du gaz a vre, l'étain. Le cuivre peut déceler de très-petites
lieu dans un tube fortement chauffé, sont noirs quantités d'antimoine ; chauffé avec une solution
et mats , et reconnaissables aux caractères sui- antimonieuse, même très-étendue, acidulée d'a-
vants ils ne sont pas volatils ; chauffés dans un cide chlorhydrique, le cuivre se recouvre bientôt
courant d'air , ils s'oxydent sans se déplacer; d'une couche violacée d'antimoniure de cuivre ;
chauffés dans une atmosphère d'hydrogène sul- cette couche se distingue de celle que produit une
furé, ils deviennent jaune orange, et cette colo- solution arsénieuse en ce que, le barreau étant
ration disparaît facilement dans un courant de chauffé dans un tube, il ne donne pas de sublimé.
gaz chlorhydrique ; traités par l'acide azotique, Traité par une solution alcaline de permanga-
ils donnent de l'acide antimonique insoluble, nate de potasse, la couche d'antimoine disparaît
deviennent blancs et sont alors jaunis facilement en donnant de l'antimoniate de potasse.
par l'hydrogène sulfuré ; les hypochlorites ne CARACTÈRES DES COMBINAISONS ANTIMONIQUES PAR
les dissolvent pas. Tous ces caractères distinguent LA VOIE HUMIDE . - Les dissolutions alcalines d'a-
nettement les combinaisons de l'antimoine de cide antimonique sont précipitées par les acides,
celles de l'arsenic. - - Voyez ARSENIC (CARACTÈRES même par l'acide carbonique. Le précipité se re-
ANALYTIQUES) . dissout facilement dans l'acide chlorhydrique ;
L'appareil de Marsh peut servir à caractériser beaucoup plus difficilement dans les acides nitri-
l'antimoine, aussi bien que l'arsenic , dans les que et sulfurique. Ces solutions alcalines ne sont
cas d'empoisonnement. La marche à suivre dans pas précipitées par l'hydrogène sulfuré ou par le 1
les expertises médico-légales est à peu près la sulfure ammonique ; les solutions acides , au
même que pour la recherche de l'arsenic. La des- contraire, donnent immédiatement un précipité
truction des matières animales a lieu de la même orange, plus pâle que celui que donnent les com-
manière ; il faut seulement avoir soin, si l'on veut binaisons antimonieuses .
retrouver l'antimoine, d'ajouter à la bouillie acide Le chlorure d'or n'est pas réduit par les solu-
provenant de la destruction des matières orga- tions antimoniques ; le nitrate d'argent y donne un
niques, de l'azotate de potasse pour oxyder l'an- précipité soluble dans l'ammoniaque. Enfin , les
timoine, et de reprendre le charbon par de l'acide solutions antimoniques acides ajoutées à une so-
tartrique qui est le meilleur dissolvant de l'oxyde lution d'iodure de potassium en déplacent l'iode.
d'antimoine (Flandin et Danger) . Ces trois derniers caractères distinguent nette
ANTIMOINE. ― 355 ANTIMOINE.

ment les combinaisons antimoniques des combi- de calciner le précipité de sulfure avec 30 à 50
naisons antimonieuses. fois son poids d'oxyde de mercure jusqu'à ce que
DOSAGE ET SÉPARATION DE L'ANTIMOINE. ----- Le le creuset dans lequel se fait l'opération ne change
dosage de l'antimoine présente d'assez grandes plus de poids.
difficultés ; ses oxydes sont, à la vérité, à peu Lorsque le sulfure d'antimoine précipité ren-
près insolubles dans l'eau, mais on n'est jamais ferme beaucoup de soufre, ce qui arrive notam-
certain d'avoir affaire à du trioxyde, à de l'acide ment lorsqu'il a été obtenu par précipitation d'un
antimonique ou à de l'antimoniate d'antimoine sulfo-antimoniate , il est bon, dans tous les cas,
purs. On précipite presque toujours l'antimoine d'enlever la majeure partie de ce soufre par le
à l'état de sulfure, dont on détermine ensuite la sulfure de carbone.
composition. Si l'antimoine existe dans une liqueur à l'état
Si la combinaison de l'antimoine est insoluble d'oxyde Sb2O3, on peut déterminer son poids
(alliages), on la dissout dans de l'eau régale en traitant cette solution , additionnée d'acide
contenant un grand excès d'acide chlorhydrique, chlorhydrique, par une solution de chlorure d'or.
puis on étend d'eau, en ajoutant de l'acide tar- La quantité d'or réduite donne celle de l'anti-
trique à la liqueur pour en empêcher la pré- moine contenu à l'état d'oxyde, par l'équation :
cipitation et l'on y fait passer un courant
d'hydrogène sulfuré ; la précipitation n'étant pas 3 Sb Cl³ 2 Au Cl³ = 3 Sb CI + 2 Au
immédiatement complète, on doit laisser reposer [ Levol, Ann . de Chim . et de Phys . , (3), t. I, p. 504] .
la liqueur dans un endroit chau'd jusqu'à ce que On peut doser l'antimoine volumétriquement,
le précipité se soit bien rassemblé. On recueille par différentes méthodes :
ensuite le sulfure d'antimoine sur un filtre taré et 1° En dosant, au moyen d'une solution titrée
on le pèse après l'avoir desséché à 100º. d'iode, la quantité d'hydrogène sulfuré provenant
Si l'on avait affaire à une solution alcaline de la décomposition , par l'acide chlorhydrique,
d'antimoine, on en précipiterait de même l'an- du sulfure d'antimoine précipité. On reçoit cet
timoine à l'état de sulfure, en saturant la liqueur hydrogène sulfuré dans un récipient contenant de
par de l'hydrogène sulfuré et ajoutant de l'acide l'ammoniaque, et quand la dissolution du sulfure
chlorhydrique pour décomposer le sulfo-antimo- est opérée complétement, on arrête l'ébullition et
niate produit. on étend la liqueur du récipient avec de l'eau
Le poids de sulfure obtenu dans ces deux cas bouillie , de manière à en faire 1 litre ; on prend
ne peut pas, en général, servir directement à une fraction connue de cette liqueur, 1/5 par
calculer le poids de l'antimoine, car ce sulfure exemple, et on la neutralise par de l'acide sulfu-
est fréquemment mélangé d'une quantité plus rique, de manière à ce qu'elle rougisse faiblement
ou moins grande de soufre libre ; il faut donc le tournesol, puis on y ajoute de l'amidon et on
déterminer la composition de ce sulfure. Cette procède au titrage; la quantité de solution titrée
détermination peut se faire par différentes mé- d'iode indique la quantité d'acide sulfhydrique
thodes. On peut oxyder le sulfure par l'acide dégagée et, par conséquent, celle de l'antimoine.
azotique fumant, déterminer la quantité d'acide A une molécule de sulfure d'antimoine Sb2 S3,
sulfurique produit et peser le soufre non oxydé ; correspondent 6 atomes d'iode; en d'autres ter-
comme ce soufre est resté insoluble en même mes, 3 équivalents d'iode libre ou 381 correspon-
temps que l'oxyde antimonique produit, il faut dent à l'équivalent d'antimoine, ou 122 [ R. Schnei-
dissoudre ce dernier dans l'acide chlorhydrique der, Poggend. Ann. , t. CX, p. 634] .
additionné d'acide tartrique pour que la liqueur 2° Lorsque l'on ajoute une solution d'acide
puisse être étendue d'eau sans qu'elle se trouble; chromique ou de permanganate de potasse à une
on recueille alors le soufre sur un filtre taré, on solution chlorhydrique d'oxyde d'antimoine, ce-
le sèche à 100° et on le pèse. Cette méthode n'est lui-ci se transforme en acide antimonique ; la
pas tout à fait exacte, car le soufre pesé à l'état quantité de solution titrée d'acide chromique ou
de liberté peut provenir en partie du soufre com- de permanganate qu'il faut ajouter indique la
biné à l'antimoine et qui a échappé à l'oxydation , quantité d'oxyde d'antimoine existant dans la li-
en partie du soufre libre mélangé au sulfure. queur. Cette réaction est plus ou moins entravée
On arrive à des résultats plus exacts en calci- par la présence de l'acide tartrique ; néanmoins,
nant le sulfure obtenu, et placé dans une am- si celui-ci n'existe pas en trop grande quantité,
poule pesée, dans un courant d'acide carbonique , il ne gêne pas notablement : ce procédé est appli-
pour volatiliser tout le soufre ; quand le sulfure cable à l'analyse de l'émétique [Kessler, Poggend.
est devenu tout à fait noir, on laisse refroidir et Ann. , t. CXVIII, p. 17] .
l'on repèse' l'ampoule, après y avoir remplacé 3º Lorsque, au contraire, l'antimoine se ren-
l'acide carbonique par de l'air. Le sulfure qui contre dans une combinaison à l'état d'acide anti-
reste est du trisulfure Sb2S3 pur. monique, on peut le doser volumétriquement en
Quelquefois on chauffe le sulfure d'antimoine partant de l'action qu'exerce le chlorure stanneux
dans un courant d'hydrogène et on pèse l'anti- sur sa solution chlorhydrique. Lorsque l'on ajoute
moine métallique ainsi obtenu ; comme il peut, du chlorure stanneux Sn C12 à une semblable so-
dans cette opération , se former un peu d'hydro- lution, elle est réduite à l'état de trichlorure
gène antimonié, cette méthode n'est pas aussi d'antimoine, et la réduction ne va jamais plus
recommandable que la précédente. loin :
Bunsen a indiqué plusieurs procédés de dosage SbCl + Sn Cl² Sb C13SnCl4 .
de l'antimoine, que nous rappellerons sommaire-
ment [Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CVI, p . 1 ; Si donc on fait usage d'une solution titrée de
et Ann. de Chim . et de Phys . , (3) , t . LIV, p . 91]. protochlorure d'étain, on conçoit que le titre de
Le sulfure d'antimoine obtenu est traité par 8 ou cette solution, avant et après la réaction , indiquera
10 fois son poids d'acide azotique fumant dans la quantité d'antimoine existant à l'état d'acide
un petit creuset de porcelaine, et le tout évaporé antimonique [Kessler, Poggend. Ann. , t. CXIII,
lentement, en élevant peu à peu la température, p. 145].
jusqu'à expulsion de tout l'acide azotique et de L'emploi du permanganate de potasse a pareil-
tout l'acide sulfurique formé ; le résidu est formé lement été recommandé par A. Guyard [ Bull. de
d'antimoniate d'antimoine Sb2O pur ; on s'assure la Soc. chim ., t. VI, p. 92, févr. 1864] . Ce procédé
qu'on est arrivé à ce résultat lorsque deux pe- est toujours applicable parce que l'antimoine peut
sées successives donnent le même poids. toujours être amené à l'état de trichlorure, en le
Dans une seconde méthode, Bunsen recommande séparant des autres métaux, à l'état de sulfure
ANTIMOINE. 356 ― ANTIMOINE.

que l'on fait ensuite bouillir avec de l'acide chlor- d'acide tartrique, et précipiter l'antimoine à l'é-
hydrique. tat de sulfure.
La facilité avec laquelle l'antimoine est précipité Quant à la séparation de l'antimoine et de l'ar-
par l'hydrogène sulfuré dans ses dissolutions senic, elle est plus facile que celle de l'étain. Si
acides et celle avec laquelle son sulfure se dis- l'on a affaire à un alliage , on le dissout dans de
sout dans le sulfure ammonique permettent de le l'acide chlorhydrique additionné d'acide azotique
séparer de tous les métaux qui ne sont pas dans ou de chlorate de potasse, on précipite l'antimoine
ce cas. Ceux qui appartiennent au même groupe et l'arsenic (ainsi que l'étain, s'il y en a) par le
sont l'or, le platine, l'étain, l'arsenic, l'iridium , zinc, et l'on reprend le précipité métallique par
le sélénium, le tellure, ainsi que le tungstène et de l'acide azotique qui transforme l'arsenic en
le vanadium . acide arsénique très-soluble, et l'antimoine en
Nous ne nous occuperons ici que de la sépara- antimoniate d'antimoine insoluble qu'on trans-
tion de l'antimoine d'avec l'étain et l'arsenic. forme ensuite en sulfure pour le peser. Si l'anti-
Cette séparation , surtout celle de l'antimoine moine et l'arsenic sont à l'état de sulfures, on
et de l'étain, présente d'assez grandes difficul- procède de même.
tés. On peut aussi traiter l'antimoine et l'arsenic
On dissout l'alliage, ou la combinaison renfer- (et l'étain) à l'état de sulfures par un mélange de
mant les deux métaux, dans de l'acide chlorhy- carbonate de soude et de salpêtre ; l'arsenic passe
drique additionné d'un peu d'acide azotique. à l'état d'arséniate de soude très-soluble dans
Lorsque la dissolution est complète, on introduit l'eau et en antimoniate à peu près insoluble.
dans la solution une lame d'étain pur et l'on fait Voir la dernière méthode de séparation de l'anti-
bouillir jusqu'à ce que tout l'antimoine soit pré- moine et de l'étain . E. W.
cipité à l'état d'une poudre noire ; on le recueille ANTIMOINE (Métallurgie de l'). -- Le trai-
sur un filtre, on le sèche à 100° et on le pèse. Si tement métallurgique de l'antimoine comprend
l'on veut connaître en même temps le poids de cinq opérations distinctes : la première a pour
l'étain, on opère sur une nouvelle portion de objet de séparer le sulfure d'antimoine de sa
substance à analyser et on précipite les deux gangue par une simple fusion. Elle s'effectue en
métaux par le zinc ; du poids total de l'anti- chauffant le minerai dans des pots de terre co-
moine et de l'étain, on retranche alors le poids niques, percés d'un trou à leur sommet et pla-
de l'antimoine précédemment trouvé ( Gay-Lus- cés sur d'autres pots dans lesquels ils entrent de
sac). quelques centimètres ; le sulfure d'antimoine, en
On peut aussi dissoudre l'alliage par l'acide vertu de sa grande fusibilité, s'écoule dans les
chlorhydrique, auquel on ajoute, par petites por- pots inférieurs : c'est l'antimoine cru des métal-
tions, du chlorate de potasse ; quand la dissolu- lurgistes.
tion est complète, on précipite les deux métaux Le sulfure fondu entraîne avec lui une cer-
par le zinc et on reprend par de l'acide chlorhy- taine proportion de sulfures étrangers, principa-
drique le précipité métallique obtenu ; après une lement des sulfures de plomb, de zinc et de fer.
demi-heure d'ébullition, tout l'étain est dissous, Les gangues restées dans les pots supérieurs re-
tandis que l'antimoine reste à l'état d'une poudre tiennent une petite quantité de sulfure d'anti-
dense que l'on recueille sur un filtre et qu'on pèse moine partiellement oxydé. Cette fonte n'est
après l'avoir lavée et séchée à 100° [Levol, Ann . de nécessaire que pour le traitement des minerais
Chim . et de Phys., (3) , t. XIII, p. 125] . pauvres.
Si l'étain et l'antimoine sont à l'état de sul- La seconde opération est le grillage du sulfure
fures, ce qui arrive lorsqu'on a eu à les séparer d'antimoine.
d'autres métaux, on peut suivre la même mar- L'antimoine cru est pulvérisé et grillé dans un
che, c'est-à-dire dissoudre ces sulfures dans l'a- four à réverbère, dans lequel le minerai est chauffé
cide chlorhydrique avec l'aide du chlorate de po- au-dessous du rouge sombre par la réverbération
tasse. de la voûte. Le grillage exige beaucoup de temps
Le fer métallique précipite l'antimoine de ces et un brassage continuel. Il se dégage pendant
dissolutions, mais il ne précipite pas l'étain , toute la durée de cette opération de l'acide sul-
même à l'ébullition . On peut donc, après avoir fureux, de l'oxyde d'antimoine et un peu d'acide
dissous l'alliage, faire bouillir la dissolution avec arsénieux. L'opération donne deux produits : le
du fer et recueillir, comme précédemment, le minerai grillé et les fumées.
précipité d'antimoine [Tookey, Chem. Soc. Journ., Le minerai grillé contient de l'oxyde et de
t. XV, p. 462] . Ce procédé donne de bons résul- l'antimoniate d'oxyde d'antimoine et le sulfure
tats, mais il faut que l'antimoine se trouve en qui a échappé à l'oxydation ; sa couleur est cen-
présence d'une assez grande quantité d'étain ; drée ou briquetée .
lorsque c'est l'antimoine qui domine , il est bon Les fumées contiennent de l'oxyde d'antimoine
d'ajouter à l'alliage que l'on veut dissoudre un et des matières fixes entraînées par les gaz .
poids connu d'étain [Classen, Journ . für prakt. La troisième opération est la réduction du mé-
Chem., t . XCII, p. 477] . tal. Pour réduire le minerai grillé, on le mélange
Le procédé suivant a été recommandé par avec du charbon et avec des fondants alcalins ,
H. Rose; il consiste à attaquer l'alliage par l'a- tels que le carbonate de soude ou la crème de
cide nitrique concentré, pour produire les acides tartre. On introduit ce mélange dans des creu-
stannique et antimonique qu'on traite, après une sets de terre . Les creusets sont chauffés à une
légère calcination, par de l'hydrate de soude, bonne chaleur rouge sur la sole d'un four à réver-
dans un creuset d'argent; après que la masse a bère.
été maintenue en fusion pendant quelque temps, L'oxyde d'antimoine se réduit à l'état métal-
on la laisse refroidir et on la reprend par l'eau ; lique ; une portion du sulfure d'antimoine est
l'antimoniate de soude, très-peu soluble, se dépose , décomposée par le carbonate alcalin, il se forme
tandis que le stannate de soude se dissout très- un sulfure alcalin qui, combiné au reste du sul-
bien en entraînant un peu d'antimoniate . En fure d'antimoine, constitue la scorie. Le métal est
ajoutant à cette solution là moitié environ de son coulé dans des lingotières en fonte. Ce produit
volume d'alcool, on en précipite tout l'antimoniate, est appelé régule d'antimoine.
tandis que le stannate reste dissous. Le pesage La quatrième opération consiste à refondre le
de l'antimoniate ne donnerait pas de résultats régule dans des creusets avec une portion des
certains il faut en conséquence redissoudre le scories de l'opération précédente et une certaine
précipité dans l'acide chlorhydrique additionné quantité de minerai grillé, ou mieux en ajoutant
ANTIMOINE. 357 APATITE.
du nitre et du carbonate de soude. Cette fusion On le retire de la digitale pourprée et d'autres
suffit pour enlever au régule le soufre, les mé- plantes de la famille des antirrhinées en distil-
taux alcalins, le fer et le zinc. lant les feuilles avec de l'eau et en saturant le
Cette opération donne l'antimoine purifié, pre- liquide qui a passé avec de l'eau de baryte. La
nant en se solidifiant l'état cristallin que l'on dé- solution du sel barytique est évaporée à sec, le
sire dans le commerce. résidu est décomposé par l'acide oxalique et dis-
Enfin la cinquième opération, c'est-à-dire le tillé une seconde fois avec de l'eau. Le liquide
traitement des fumées, se fait comme celui du est rectifié au bain-marie en présence du chlo-
minerai grillé. Le métal contient ordinairement rure de calcium. On obtient ainsi une solution
plus d'arsenic que celui qui est produit par le trai- aqueuse saturée , au - dessus de laquelle l'acide
tement du minerai. en excès nage sous forme de gouttes huileuses.
On peut également préparer de l'antimoine en La composition de l'acide antirrhinique n'est pas
décomposant le sulfure d'antimoine par le fer. connue [Morin , Journ. de Pharm. , avril 1845 ,
Ce procédé n'a pu devenir usuel à cause de la p. 299].
mauvaise qualité du métal qu'il produit. ANTISEPTIQUES ( SUBSTANCES ) . Par
La méthode suivante a été proposée par L. Kess- antiseptique , on entend tout moyen capable
ler [Journ. de Pharm., (3), t. XL, p. 308] comme d'empêcher le développement des putréfactions et
applicable surtout aux minerais pauvres en an- des fermentations, ou d'arrêter celles qui sont
timoine et à l'extraction de ce métal des scories commencées. Ainsi le froid est un moyen anti-
provenant de l'extraction de l'antimoine par la septique ; il en est de même du vide, de la des-
méthode ordinaire. Cette méthode consiste à pro- siccation ; mais par substances antiseptiques, on
duire industriellement et à fondre avec du fer le désigne plus particulièrement des préparations
sulfo-antimoniate de sodium (sel de Schlippe). On chimiques qui s'opposent à l'altération des com-
fait bouillir le minerai, bien pulvérisé, avec du posés organiques azotés, même dans les condi-
sulfure de calcium ( obtenu par réduction du tions physiques où elle serait le plus facile. Ces
gypse) , du soufre et du chlorure de sodium ; on corps agissent généralement en s'opposant au dé-
obtient ainsi le sulfo-antimoniate de sodium qui veloppement des germes et à leur multiplication.
cristallise par évaporation ; on fond ce sel après Les principales substances antiseptiques sont l'a-
l'avoir desséché, opération dans laquelle il perd cide sulfureux et les sulfites, les sels de fer, d'a-
2 atomes de soufre , et on y ajoute du fer ; il se luminium, de cuivre, de mercure, et quelques
produit ainsi de l'antimoine métallique et un sul- substances organiques ( phénol , créosote , tan-
fure double, facilement fusible, de fer et de so- nins, etc. ). Voir PUTREFACTION.
dium. On peut remplacer le fer par une quantité ANTRIMOLITHE (Min.) . — Mésolithe d'An-
équivalente d'un mélange d'oxyde de fer et de trim, en prismes rhomboidaux de 92° 13', à
charbon. Cette méthode, très-économique, appli- arêtes bişelées par un second prisme de 150° 30'
cable à l'extraction de l'antimoine des minerais APATÉLITE (Min .). - Sulfate ferrique hy-
pauvres et des scories , a l'avantage de donner draté en nodules friables d'une couleur jaune ,
immédiatement ce métal exempt de plomb, de trouvé dans les argiles d'Auteuil et de Meu-
cuivre et d'argent ; on peut même l'obtenir exempt don.
de fer et d'arsenic en remplaçant le fer par un APATITE (Min. ) [Syn . Chaux phosphatée].
mélange de chaux et de charbon . E. W. Fluophosphate de chaux,
ANTIMOINE ( Min . ) [ Syn. Antimoine natif].- 3 PhO
Antimoine renfermant d'ordinaire un peu d'ar- Ph3Ca5 Fl012 ou 4 Ca 09.
gent, d'arsenic et de fer. Masses cristallines lamel- Ca
leuses, d'un blanc d'étain. Les variétés riches en FI
arsenic sont à texture granulaire, d'une couleur
plus foncée et se trouvent quelquefois concré- Une partie du fluor est ordinairement remplacée
tionnées, dans les filons antimonifères. par du chlore.
Caractères. Au chalumeau, fond en un globule Se présente en prismes hexagonaux ou en
qui émet des fumées blanches, continue à brûler masses compactes granulaires ou fibreuses d'une
quelque temps après qu'on a cessé de le chauffer couleur quelquefois blanche et laiteuse , plus
et se recouvre d'un lacis de petites aiguilles na- souvent verdâtre, bleuâtre, violacée ou jaunâtre,
crées d'oxyde. Le métal cristallise par le refroidis- d'un éclat vitreux tirant sur le résineux ; transpa-
sement. rente ou translucide. Elle se rencontre dans les
Dureté, 3-3.5 . Densité, 6,6-6,7. roches cristallines, et dans les filons, particulière-
Forme cristalline. - Rhomboèdre de 87° 35'. ment dans les filons stannifères et dans ceux de
Clivages : a¹ (base) parfait; b1 , e1 : di traces. fer magnétique.
ANTIMOINE OXYDÉ. — Voyez SENARMONTITE Caractères. Soluble sans résidu dans les
et VALENTINITE. acides . Fusible sur les arêtes. Avec le sel de
ANTIMOINE OXYDÉ - SULFURÉ. - Voyez phosphore, donne un verre qui cristallise par le
KERMÈS. refroidissement , et
ANTIMOINE SULFURÉ - Voyez STIBINE. qui devient opaque
ANTIMOINE SULFURE - NICKELIFÈRE. lorsqu'il est saturé
Voyez ULLMANNITE. d'apatite. Avec l'acide
ANTIMOINE SULFURE PLUMBO - CUPRI- borique et le fil de fer,
FÈRE. 1 Voyez BOURNONITE. donne du phosphure
ANTIMONIATE DE PLOMB. — Voyez BLEI- de fer. Avec le sel de
NIÈRE. phosphore et l'oxyde
ANTIMONICKEL. Voyez BREITHAUPTITE. de cuivre , colore la
ANTIMONITE. -Voyez STIBINE. flamme en bleu.
ANTIMONITE DE CHAUX. -Voyez ROMEINE. Chauffée avec l'acide
ANTIMONITE DE MERCURE. -- Voyez Aм- sulfurique ou le sel
MIOLITHE . de phosphore, donne Fig. 57. Apatite.
ANTIRRHINIQUE (ACIDE) .-Acide huileux , les réactions du fluor.
incolore, de saveur désagréable, odeur particu- Dureté, 5,0. Poussière blanche , cassure con-
lière, rappelant celle de la digitale , d'où on l'ex- choidale. Densité, 3,18-3,25. Quelques variétés
trait ; soluble dans l'alcool, peu soluble dans sont phosphorescentes. Biréfringente à un axe né-
l'eau, volatil. gatif.
APHANÈSE. 358 - APIRINE .
Forme cristalline. — Prismes hexagonaux régu- piine purifiée et séchée forme une poudre blanche,
liers portant de nombreuses modifications sur les sans odeur ni saveur, hygroscopique, fusible à
arêtes de la base et sur les arêtes verticales. 180° et se solidifiant par refroidissement en une
Présente souvent l'hémiédrie à faces parallèles. masse vitreuse jaune et cassante. Elle est soluble
Angles que font les pyramides les plus fréquentes dans 8500 p. d'eau froide et très-soluble dans
avec la base : pa¹ = 124° 20' , pb1 - 139°47'. Cli- l'eau chaude ; peu soluble dans l'alcool froid, so-
vages imparfaits suivants p, m. luble à l'ébullition , insoluble dans l'éther. Les
A été reproduite artificiellement par MM. Forch- solutions aqueuses ou alcooliques se prennent en
hammer, Daubrée, Debray, H. Deville et Caron gelée par le refroidissement, même lorsqu'elles
[Compt. rend., t. XXVII , 1849 ; Compt. rend., ne sont pas très concentrées. Une ébullition pro-
t. LII, p. 44 ; Ann. de Chim. et de Phys., (3), longée avec l'eau seule ou avec l'eau aiguisée
t. LXVII. p . 443] . d'acide sulfurique ou d'acide chlorhydrique lui
On rapporte à l'apatite des rognons ou nodules fait perdre la propriété de pectiser par refroidis
de phosphate de chaux qui se trouvent dans di- sement; il se dépose seulement des flocons blan-
vers terrains sédimentaires et qu'on emploie en châtres devenant brun clair après lavage et des-
agriculture, F. et S. siccation. La composition de ce nouveau produit
APHANÈSE (Min. ) [ Syn. Strahlerz, Abichite, varie avec le mode de traitement. Ainsi obtenu
Haid. , Klinoklase , Breith. , Cuivre arséniaté par l'eau seule, il représenterait un dérivé plus
prismatique triangulaire. H. ]. - — Arséniate cui- hydraté que l'apiine :
vrique hydraté,
As O C24H280132 H2O = C24 H32 (15;
As Cu³ H3 07:- 3 Cu 03 Apiine.
3 H03 tandis que, par l'ébullition avec les acides chlor-
[Rammelsberg, Handb. der Min . , p. 378 ; Dumont, hydrique ou sulfurique étendus, il y aurait départ
d'eau :
Ann. deChim. et de Phys. , (3) , t. XIII] . Se présente
en cristaux ou en masses mamelonnées à struc- C24H28 013 - 4 H20 = C24 H20 09.
ture fibreuse rayonnée, d'un vert bleuâtre foncé, Apiine.
translucides. Éclat vitreux ou résineux, nacré
sur p. Les cristaux sont des prismes clinorhom- En dissolvant à froid l'apiine dans l'acide sulfu-
biques modifiés sur l'angle aigu (a¾/ ). rique concentré et en ajoutant de l'eau, on obtient
Caractères. - Soluble dans les acides et dans un précipité qui , lavé et séché, constitue une
l'ammoniaque. Sur le charbon , se boursoufle poudre jaune brunâtre , moins soluble dans l'eau
facilement, émet des fumées arsenicales et laisse bouillante que l'apiine, mais susceptible de don-
un globule de cuivre. Dureté, 2,5-3. Poussière ner des gelées ; sa composition est représentée
vert-de-gris. Densité : 4,19-4,36. par la formule :
mm == 50 ° 0′ , ph1= 80 ° 30 ′, po1 = 123 ° 48 . C24 H2O11 := C24 H28 O13-2 H2O.
Clivage : p, très-net. F. et S.
APHRITE (Min .) . Variété de chaux carbona- Si l'on fait bouillir une solution aqueuse d'a-
tée en grandes lames nacrées . piine avec de l'acide sulfurique pendant plusieurs
APHRODITE (Min .) . - Silicate hydraté de heures, le liquide saturé par le carbonate de ba-
magnésie , MgO, Si O2 + 3/4 (?) H2O ; renferme ryte, filtré et concentré, donne un sirop sucré, ré-
en petite quantité les protoxydes de manganèse duisant le tartrate cupropotassique , mais ne
et de fer , et des traces d'alumine. Ressemble à fermentant pas. Les alcalis et l'ammoniaque dis-
la magnésite , et se trouve à Langbanshytta solvent l'apiine sans l'altérer, même à l'ébulli-
(Suède). tion ; la solution précipite en gelée par les acides.
Densité : 2,21 . Un mélange d'acide sulfurique et de bioxyde de
APHROSIDÉRITE. (Min .) . - Silicate hydraté manganèse donne lieu à une réaction vive et à
d'alumine et de protoxyde de fer, renfermant un la formation d'acides formique, acétique et car-
peu de magnésie : bonique. Le chlore agissant sur la solution aqueuse
d'apiine produit un dérivé chloré.
3 Fe 0, Al2O3, 2 Si O2, 2 H2O ( ?) ;
La réaction la plus caractéristique est la colo-
c'est une ripidolithe ferrugineuse. ration rouge de sang que prennent les solutions
Masses écailleuses formées de petites lamelles aqueuses de ce corps, sous l'influence du sulfate
hexagonales transparentes, d'un éclat nacré et ferreux. Les solutions aqueuses ne précipitent pas,
d'une couleur vert olive. par le chlorure de baryum, l'azotate d'argent ou
Caractères. Complétement attaquable à froid l'acétate de plomb. Une solution alcoolique addi-
par l'acide chlorhydrique. Au chalumeau, devient tionnée d'acétate de plomb donne un précipité
rouge brun et fond sur les bords en une masse jaune intense renfermant 53,5 à 61 p. 100 de
noire. plomb.
Dureté, 1. Densité , 2,8. On prépare l'apiine en traitant à plusieurs re-
APHTHALOSE (Min. ) ( Beudant) [ Syn . Gla- prises le persil frais, récolté avant la floraison ,
sérite , Haussmann ; Arcanite , Haid.]. - Sul- par l'eau bouillante; la gelée verte épaisse, qui se
fate de potasse , K2 SO¹. Se trouve en petits cris- dépose par le refroidissement, est lavée, séchée et
taux ou en masses cristallines sur la lave du traitée par l'alcool bouillant. La solution alcoo-
Vésuve. lique donne, en se refroidissant, une gelée verte
Forme cristalline. - Prisme orthorhombique : qu'on traite par l'eau bouillante ; on chasse ainsi
mm 120° 24' ; pe¹= 143° 15' , pb1 = 143° 6′. l'alcool et il finit par rester une bouillie verte
Les cristaux ont l'apparence de prismes hexago- contenant en suspension une poudre blanchâtre ;
naux (m , g¹) pyramidės (e¹, b¹). on filtre sur une toile et on enlève, après dessic-
APHTHONITE (Min .) . - Panabase argentifère cation , les dernières traces de chlorophylle et de
de Wermeland ( Suède). cire , au moyen de l'éther chaud. P. S.
Densité : 4,87. APIRINE ou APYRINE . - Alcaloide organi-
APIINE, C2 H28013. - Corps pectiforme ex- que de composition inconnue, extrait par Bizie
trait, en 1843, du persil (Apium graveolens ), par de la noix du Cocos lapidia, Cocos nucifera (Journ.
Braconnot [Ann. de Chim . et de Phys . , (3), t. IX, de Chim. medic . , oct. 1833, t. LX, p. 595] .
p. 250] , et étudié par V. Planta et Wallace [ Ann. Son existence est encore douteuse . La noix de
der Chem. u. Pharm. , t. LXXIV, p. 262] . L'a- coco est épuisée par l'eau acidulée avec l'acide-
APLOME. - 359 APOSORBIQUE .
chlorhydrique et le liquide est précipité par l'am- APOPHYLLITE (Min .) [ Syn . Ichthyophthalme,
moniaque. Corps blanc, à saveur légèrement Tesselite , Oxhaverite, Albine , W., Mésotype
brûlante. Sans réaction sur les teintures végé- épointée, H.]. Silicate hydraté fluorifère de
tales. Plus soluble à froid qu'à chaud ; cette pro- chaux et de potasse, Ca4K H16 Si8 FO28.
priété se transmet à ses sels. Se trouve en cristaux octaédriques (a¹ ), pris-
APLOME. Voyez GREVAT. matiques (m , p) ou tabulaires (p, m, a¹) souvent
APOCRÉNIQUE (ACIDE).·-- Matière ulmique très-beaux et de grande dimension , dans les ca-
contenue dans l'eau minérale de Parla, en Suède, vités de roches amygdaloides, dans des trapps,
dans le terreau et les dépôts ocreux des eaux dans des filons plombifères et argentiferes tra-
ferrugineuses (voyez ACIDES CRÉNIQUE et ULMIQUE). versant les roches de transition , etc. Incolore
Pour le séparer, on fait bouillir ces dépôts ocreux ou blanc laiteux ;
avec de la potasse, on filtre et on neutralise par quelquefois rosé.
l'acide acétique, puis on précipite par l'acétate Éclat vitreux, na-
de cuivre. Le précipité composé d'apocrénate de cré sur la base.
cuivre est décomposé par l'hydrogène sulfuré ; Caractères.
a Facilement atta-
l'acide apocrénique est brun , peu soluble dans
l'eau, soluble dans l'alcool, de saveur astringente. quable par l'acide
Les sels alcalins sont noirs , solubles dans l'eau, chlorhydrique, en
insolubles dans l'alcool . Fig. 58-- Apophyllite. laissant de la si-
La composition est, d'après Mulder, représentée lice pulvérulente.
par C24H12012. (?) Dans le matras ,
APOGLYCIQUE (ACIDE). - - Matière ulmique donne de l'eau ; dans le tube ouvert, les réac-
brune, soluble et acide, formée par l'action de tions du fluor. Au chalumeau, s'exfolie et fond
l'acide sulfurique étendu sur le sucre . - Voyez avec bouillonnement en un émail blanc bulleux.
CARAMEL , ASSAMARE, ACIDE GLUCIQUE, ACIDE UL- M. Wohler, ayant chauffé de l'apophyllite avec
MIQUE. de l'eau dans un tube scellé à 180° ou 190°, a
APOPHYLLÉNIQUE (ACIDE ) , CH™ Az O , obtenu par le refroidissement des cristaux de la
appelé encore acide apophyllique [ Wohler, Ann. même substance.
der Chem. u. Pharm., t. XXIV; Anderson , Chem , Dureté, 4,5-5 . Densité, 2,35-2,4.
Soc. quart. Journ . , t. V, p . 257 ] . Ce corps a été Forme cristalline. Octaèdres à base carrée
obtenu parWoehler par l'oxydation de la cotarnine a¹ a¹ (par-dessus p) = 58°56, a¹a¹ (arête culmi-
(alcaloide dérivé de la narcotine) , nante 104°0'.
Clivage, p,très-facile et nacré. F. et S.
C13 H13AZ03 + 0 = C8 H7 Az O + C5 H6 APOSÉPÉDINE . - Voyez LEUCINE.
APOSORBIQUE (ACIDE) , C5 H8 O7.- M. Des-
(on ne sait pas encore au juste ce que devient ce saignes, en oxydant la sorbine par le procédé
reste C5 H6) . Comme oxydant on peut employer qu'a employé Liebig pour la préparation de l'acide
le bichlorure de platine ou l'acide nitrique. Le tartrique au moyen du sucre de lait (voyez ACIDE
procédé le plus avantageux consiste à dissoudre TARTRIQUE), a obtenu plusieurs acides. Parmi eux
la cotarnine dans l'acide nitrique étendu de deux se trouve l'acide aposorbique, qu'il a séparé en
fois son volume d'eau. On ajoute de l'acide con- précipitant d'abord les liqueurs par l'acétate de
centré, et on porte à l'ébullition . Il se dégage des chaux, puis par l'acétate de plomb, et en décom-
vapeurs rouges. De temps à autre, on essaye sur posant le précipité plombique par l'acide sulfhy-
une petite quantité du liquide s'il donne des drique [ Dessaignes, Compt. rend. de l'Acad. ,
cristaux par addition d'alcool et d'éther. S'il en t. LV, p. 769].
est ainsi, on laisse refroidir et l'on ajoute un L'acide aposorbique cristallise en lames confu-
mélange d'alcool et d'éther. Au bout de 24 heures sément enchevêtrées, rarement en rhomboèdres
le dépôt de cristaux est formé; on filtre, on redis- aigus et minces, dont quelques-uns isolés. 100 p .
sout et on décolore par le noir animal. de cet acide exigent 163 p. d'eau à 15º pour se
L'acide apophyllique se dépose par le refroidis- dissoudre. Il ne renferme pas d'eau de cristal-
sement de ses solutions aqueuses concentrées, lisation ; à 110° il fond en perdant de l'eau ,
bouillantes, en beaux et longs prismes anhy- à 170° il bouillonne et se colore, à 200° enfin
dres. il laisse une masse noire spongieuse . Le li-
Si la cristallisation a lieu plus lentement, dans quide distillé ne renferme pas d'acide pyru-
une solution moins concentrée, les cristaux con- vique.
tiennent un atome d'eau et sont des octaèdres L'analyse de l'acide aposorbique desséché sur
rhombiques, clivables parallèlement à la base ; l'acide sulfurique a donné :
les faces de clivage ont un éclat nacré. Il est peu
soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool et l'é- I II Calcul. OBSERVATION.
ther; réaction faiblement acide. Il fond à 205º et C 32,92 33,10 33,33 L'acide de la première ana-
se décompose à une température plus élevée . H 4,30 4,65 4,44 lyse était moins pur que
} 62,22 celui de la deuxième.
Les apophyllates sont généralement solubles ;
ceux à base d'alcali cristaliisent ; ils ne préci-
pitent ni par le chlorure de baryum ni par les Aposorbate d'argent, C5 H6 Ag2O7. Ce sel est
sels de plomb, très- lentement par le nitrate d'ar- amorphe. Séché sur l'acide sulfurique, il a donné
gent. à l'analyse : Calcul pour
Sel ammonique. ―Aiguilles prismatiques très- 1 II III C³ H® Ag² O7.
solubles.
Sel barytique. - Se précipite en cristaux C 15,19 P 15,23
nodulaires lorsqu'on ajoute de l'alcool à la solu- H 1,63 1,52
tion aqueuse obtenue par digestion de l'acide Ag B 54,54 54,75 54,82
P 28,43
avec le carbonate de baryum.
Sel argentique, C8 H6 AgAz O. - Poudre cris-
talline soluble dans l'eau, insoluble dans l'alcool . Aposorbate de chaux, C5 H6 Ca " 07 + 4 H2O.
On peut dissoudre le carbonate d'argent dans - Ce sel renferme 19,77 % de chaux ; il est cris-
tallisable et soluble dans le sel ammoniac et la
l'acide apophyilique aqueux, et on précipite par
l'alcool. Facilement décomposable par la cha- potasse.
leur. A. N. Aposorbate de plomb. - C'est un sous-sel
ARABINE. 360 - ARACHIDIQUE.
amorphe qui renferme 67,54 % de plomb et cor- L'acide arachidique fond à 75° et se solidifie à
respond à la formule C5 H6 Pb O' . Pb O. 73° en une masse radiée qui prend à la longue
L'acide aposorbique à demi saturé par l'ammo- l'aspect de la porcelaine ; il cristallise en très-
niaque ne donne pas de précipité cristallin . Son petites paillettes brillantes . Pur , il se dissout
bi-sel ammonique forme des houppes soyeuses très-peu dans l'alcool ordinaire et se dissout, au
très-solubles. Cet acide ne précipite non plus ni contraire, très-bien dans l'alcool absolu et l'éther.
l'acétate de potasse ni l'azotate mercurique ; Il a donné à l'analyse :
il ressemble cependant à l'acide tartrique par sa Théorie.
réaction avec le chlorure calcique et par la solu- Gössmann expérience . " C19H3802 C20H4002
bilité de son sel de chaux dans la potasse et le
sel ammoniac. A. N. Carbure 76,84 76,84 76,82 76,41 76.92
ARABINE . - Nom donné jadis au principe Hydrogène 12,96 12,93 12,72 12,75 12,82
Oxygène » > 10,74 10,26
immédiat soluble dans l'eau qui constitue la
presque totalité de la gomme arabique. M. Fremy ARACHATES MÉTALLIQUES . L'acide arachidi-
a démontré que ce principe est constitué par les que est monobasique et appartient à la série des
sels de potasse et de chaux-d'un acide qu'il a acides gras, C" H2O2. Les sels de potassium, de
nommé acide gummique. Voyez GUMMIQUE
(ACIDE). sodium, d'ammonium, de baryum, de strontium ,
ARACHIDE (Arachis hypoga) . - L'arachide de calcium, de magnésium, de cuivre et d'argent
est une plante grimpante indigène de l'Inde ont été étudiés (Gössmann).
et des côtes sud de l'Afrique et de l'Amérique. On Arachate de potassium , C20 H39 KO2. - Pour pré-
la cultive dans le nord de l'Amérique et dans le parer ce sel, on fait bouillir l'acide arachique
midi de la France . Les semences de cette plante pendant longtemps avec une solution concentrée
renferment une huile grasse,huile d'arachide, huile de potasse, puis on dirige un courant de gaz
de pistache de terre (Earth-nut oil-Erduass-öl ) , carbonique à travers la liqueur, de manière à
que l'on peut en extraire par la pression. L'huile transformer l'excès de potasse en carbonate. On
faite à froid est à peu près incolore, présente une évapore, enfin, à siccité, on reprend le résidu
odeur agréable et peut être employée aux usages par l'alcool à 95°, qui dissout l'arachate de po-
tassium et laisse le carbonate alcalin, et l'on pu-
culinaires à la place de l'huile d'olive, bien
qu'elle rancisse plus vite que cette dernière. rifie le premier de ces sels par plusieurs cristalli-
L'huile faite à chaud présente, au contraire, une sations. C'est un corps cristallin , soluble dans
odeur ainsi qu'une saveur désagréables et elle l'alcool et dans 15 fois son poids d'eau bouillante.
est colorée. La densité de l'huile faite à froid est de Cette dernière solution , additionnée de 30 ou
0,916 à 50°. Cette huile se congèle à — 3º. Exposée 40 fois son volume d'eau , laisse déposer des
pendant quelque temps à + 3°, elle laisse déposer paillettes brillantes d'arachate acide de potas-
une matière grasse solide qui paraît identique avec sium. Le sel de sodium partage les propriétés de
la stéarine. L'huile d'arachide se dissout difficile- celui de potassium .
ment dans l'alcool , beaucoup mieux dans l'éther Arachate d'ammonium , C20 H39 (Az H¹) O². - Ce
et les huiles essentielles. Elle est saponifiée par sel se dépose abondamment sous forme d'aiguilles
la lessive de soude et donne alors un savon blanc lorsqu'on laisse refroidir lentement une solution
incolore que l'on fabrique en France et en Alle- alcoolique d'acide arachique saturée à chaud
magne. Décomposé par l'acide chlorhydrique, ce après l'avoir neutralisée par l'ammoniaque. Ce
savon fournit plusieurs acides gras parmi lesquels sel, desséché, constitue une poudre cristalline
on doit noter l'acide arachidique, C20 H¹002 (voyez légère qui perd de l'ammoniaque à l'air.
ce mot), l'acide hypogaique, C16 H30 O2 (voyez ce Arachate de magnésium , ( Č20 H39 O2)2 Mg" .
mot) , et de grandes quantités d'acide palmitique On le prépare en précipitant une dissolution al-
(voyez ce mot). L'huile d'arachide est donc un coolique d'arachate d'ammonium par une solu-
mélange d'arachine, d'hypogaine et de palmi- tion alcoolique saturée à froid d'acétate magné-
tine. P. S. sique. On chauffe pour redissoudre le précipité
ARACHIDIQUE (ACIDE), qui, par le refroidissement, se dépose de nouveau
sous forme de petits prismes groupés en étoiles.
C20 H40 O2 = C20H39O HO. Purifié par une nouvelle cristallisation, l'arachate
magnésique se présente sous la forme d'une
[A. Gössmann , Ann . der Chem. u. Pharm. , poudre cristalline légère , difficilement soluble
dans l'alcool et insoluble dans l'eau ; par les la-
t. LXXXIX, p. 1 ; et ibid. , t. XCVII, p. 257 , vages il se transforme en un sous-sel.
Ann. de Chim. et de Phys. , t. XLVII, p. 382 ; Arachate de baryum , (C20 H39 O2)2 Ba" . - C'est
Berthelot, ibid. , 355.] - Cet acide s'extrait de
l'huile d'arachide (voyez ARACHIDE). On sapo- une poudre cristalline légère, insoluble dans
nifie cette huile en la faisant bouillir avec une l'eau et soluble dans beaucoup d'alcool bouil-
lessive de soude concentrée. Le savon est ensuite lant.
Arachate de strontium, (C20 H39 02 2 Sr" . - Il
décomposé par l'acide chlorhydrique et le mé- ressemble au sel barytique, mais se dissout mieux
lange d'acides gras que l'on obtient, mis en di- dans l'alcool bouillant. Le sel de calcium est une
gestion avec l'alcool froid , lui abandonne les acides
volatils qu'il renferme ; le résidu bien comprimé poudre blanche très-légère.
est dissous dans l'alcool bouillant , additionné Arachate de cuivre, (C20 H39 O2) Cu " . - C'est
d'acide acétique en quantité telle que l'acétate un précipité blanc verdâtre qui devient peu à
de plomb ne produise aucun précipité à chaud , peu cristallin . Il se forme par double décomposi-
puis abandonné au refroidissement pendant tion.
48 heures . Les cristaux qui se forment sont Arachate d'argent, C20 H39 Ag 02.- On l'obtient
transformés en éther arachidique par l'ébullition comme le sel précédent. Il est soluble dans l'al-
avec l'acide chlorhydrique et l'alcool. Cet éther, cool bouillant, d'où il se dépose par le refroidis-
séparé par filtration du chlorure plombique et sement en prismes brillants et inaltérables à la
lumière.
privé, par l'évaporation , de l'alcool dans lequel il ÉTHERS ARACHIQUES . -- Arachate d'éthyle,
est dissous, est de nouveau saponifié par la soude
et soumis à des précipitations fractionnées au C20 H39 (C² H³) Oº.
moyen de l'acétate de magnésium. L'acide ara-
chidique se trouve dans les parties qui se préci- - Il se sépare à la fin de l'opération sous forme
pitent les premières. de gouttelettes oléagineuses lorsqu'on fait passer
ARACHIDIQUE. - 361 - ARBUTINE .
un courant d'acide chlorhydrique gazeux dans 15 ou 20 fois son poids d'acide arachique. On la
une solution d'acide arachique dans l'alcool ab- purifie par la chaux et l'éther. C'est une matière
solu . L'arachate d'éthyle est une masse cristalline neutre analogue aux deux précédentes et, comme
un peu tenace plutot que cassante, fondant à elles, peu soluble dans l'éther. Elle renferme :
52°,5 et se concrétant à 51°. Il a donné à l'ana-
Carbone 77,1
lyse : la formule exigeant : § 77,6
Théorie pour Hydrogène 12,6 ( 12,5
Gössmann. C20 H39 (C2H5) 0² P. S.
Carbone 77,33 77,30 77,64 ARACHINE.-Éther glycérique de l'acide ara-
Hydrogène 12,92 12,99 12,94 chidique. Voyez ACIDE ARAChidique.
Oxygène 9,42 ARBOL-A-BREA (RESINE) . - Produite par
100,00 le Canarium album (Arbol-a-Brea), arbre de la
famille des térébinthacées qui croît aux iles Phi-
ARACHINES GLYCÉRIQUES . ·- MM. Silwen et Göss- lippines. La résine est jaune grisâtre, glutineuse,
mann avaient obtenu une arachine impure. d'odeur forte et agréable. Suivant Bonastre, elle
M. Berthelot (loc. cit. ) a montré qu'il existe trois contient : résine soluble dans l'alcool 61,29 ; résine
arachines glycériques dont il a fait connaitre le peu soluble dans l'alcool 25,00 ; huile essentielle
mode de formation et les propriétés. 6,25 ; acide libre 0,52 ; matière amère 0,52 ; im-
Monoarachine , puretés 6,42 [Journ . de Pharm., t. X, p. 199].
O.C20 H39 O Baup [ Ann . de Chim. et de Phys., (3) , t. XXXÍ,
(C3 HS)''' OH = C23H46 O'. p. 108] en a extrait quatre principes cristallisables ,
savoir :
ОН
Amyrine. - Cristallise en fibres soyeuses très-
- Pour préparer ce corps, il faut chauffer l'acide brillantes. Insoluble dans l'eau, soluble dans l'al-
arachique et la glycérine pendant 8 heures à une cool chaud et l'éther, peu soluble dans l'alcool
température de 180°, qu'il ne faut pas dépasser. froid; fond à 174° . Paraît identique avec le prin-
Le produit mis en digestion au bain-marie avec cipe cristallisable de la résine élémi.
de l'éther et de la chaux éteinte pendant un quart Breidine. · Prismes rhomboidaux , transpa-
d'heure, puis épuisé par l'éther, abandonne à ce rents, de 102° avec pointement octaédrique. So-
liquide de la monoarachine, qu'on purifie, si cela lubles dans 260 p. d'eau à 10°, plus solubles à
est nécessaire, par de nouveaux traitements sem- chaud, solubles dans l'alcool, peu solubles dans
blables jusqu'à ce qu'elle soit tout à fait neutre. l'éther. La chaleur les rend opaques ; ils fondent
C'est une matière blanche presque insoluble vers 100° et se subliment à une température plus
dans l'éther froid et peu soluble dans l'éther élevée.
bouillant, d'où elle se dépose en fines granula- Breine. Insoluble dans l'eau, soluble dans
tions. Fondue, elle présente l'aspect de la cire. 70 p. d'alcool à 0,85 à 20º , soluble dans l'éther ;
Elle renferme C : 71,7 et H : 12,0. Le calcul elle cristallise de ses solutions alcooliques en pris-
exige C: 71,5 et H : 11,9. mes rhomboidaux terminés par des sommets diè-
Diarachine, dres. Fond à 189º . Neutre.
O.C20H39O Bryoidine. Cristallise dans l'eau en filaments
(C3H5)''' O.C20 H39 O C43H84 05 soyeux. Saveur amère et brûlante. Fond à 135° et
ОН se sublime en aiguilles incolores. Peu soluble dans
l'eau froide, plus soluble dans l'eau chaude, très-
(M. Berthelot indique C43 H8606) . On l'obtient soluble dans l'alcool et l'éther, neutre, précipite
en chauffant la glycérine et l'acide arachique pen- par les acétates de plomb. P. S.
dant 6 heures entre 200° et 230° ou en chauffant ARBUTINE [Kawalier, 1853, Journ. für prakt.
la monoarachine avec de l'acide arachique et un Chem., t. LVIII , p. 193 ; Ann. der Chem. u.
peu d'eau entre 200° et 230° pendant 8 heures. Pharm., t. LXXXII, p. 241 et t. LXXXIV, p. 356 ;
On l'extrait par la chaux et l'éther. La diarachine Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , t. XXXVIII,
est neutre, presque insoluble dans l'éther froid, p. 375. Strecker, Ann. der Chem. u. Pharm.,
très-peu soluble dans l'éther chaud, d'où elle t . CVII ( nouv. sér. XXXI ) , p . 228 (1858) , et
se dépose en grains très-fins par le refroidisse- t. CXVIII (nouv. sér. XLII) , p. 292 ; Ann . de Chim.
ment. Même avec de forts grossissements, on ne et de Phys., (3), t. LIV, p. 314 , et Répert. de Chim .
peut pas démontrer que ces grains soient cris- pure, t. IV, p. 77, 1862. Gerhardt, Traité de
tallins. Cette substance se dissout mieux dans Chim. , t.IV, p.265] .- On extrait ce corps des feuilles
le sulfure de carbone que dans l'éther ; mais elle de busserole ou raisin d'ours ( Arctostaphylos uva
n'y cristallise pas non plus. L'analyse de la dia- ursi) en épuisant les feuilles par l'eau bouillante,
rachine a fourni : précipitant la décoction par l'acétate de plomb,
Deuxième filtrant , enlevant l'excès de plomb par l'hydro-
Premier procédé . Théorie. gène sulfuré, filtrant une seconde fois et évapo-
procédé. I 11 C43H8606 C3H8405 rant à cristallisation . Les cristaux doivent être
Carbone 74,1 73,9 73,8 73,9 75,8 redissous dans l'eau et purifiés par le charbon
Hydrogène 12,2 12,7 42,7 12,3 12,6 animal.
L'arbutine cristallise en longues aiguilles inco-
Le défaut de carbone pour la formule C43 H8 05 lores et groupées en aigrettes. Elle est amère,
pourrait s'expliquer par la présence d'un peu de susceptible de fondre lorsqu'on la chauffe et de
monoarachine dans le produit analysé. se prendre de nouveau en cristaux par le refroi-
La diarachine fond à 75° ; chauffée sur une dissement. L'eau la dissout très-facilement ; l'al-
lame de platine, elle se volatilise presque entiè- cool et l'éther la dissolvent aussi . Elle ne préci-
rement. Elle brûle sans laisser de cendres.
pite ni les sels de plomb ni les sels ferriques.
Chauffée à 100° pendant 70 heures avec de la L'arbutine a donné à l'analyse à Kawalier :
chaux, elle se saponifie entièrement.
Triarachine, C : 52,4 et H : 6,0 ;
O.C20 H39 O
et à Gerhardt : C : 54,2 et H : 5,5.
(C3 H5) O.C20H39O = C63 H122 (6. Kawalier avait déduit de ces nombres la for-
O.C20 H39 O mule C32 H44019, à laquelle Gerhardt proposa de
On la prépare en chauffant pendant 8 à substituer la formule C18 H22O10. M. Strecker, à la
10 heures entre 200° et 220° la diarachine avec suite d'une étude approfondie des produits du
ARBUTINE. - 362 - ARÉOMÈTRES.

dédoublement de l'arbutine, a été conduit à aban- mème homologues. La salicine répond en effet à
donner ces deux formules et à en adopter une la formule C13 H18 07 , qui diffère par CH2 de la
nouvelle : C12 H16 O7. formule C12 H16 07 de l'arbutine et donne de la
L'arbutine, abandonnée en solution aqueuse en saligénine C7H8O2 qui diffère par CH2 de l'hy-
présence de l'émulsine ou d'un ferment analogue droquinone C6H6O2 . Toutefois l'homologie ne
que renferme la busserole, suivant M. Kawalier, paraît pas être réelle, car la saligénine se com-
se dédouble en glucose et une substance que porte comme un glycophénol (voyez PHÉNOLS et
M. Kawalier avait prise pour un corps particulier SALIGÉNINE) , tandis que l'hydroquinone semble
auquel il avait donné le nom d'arctuvine, mais être plutôt un phénol diatomique. --Voyez Hr-
que M. Strecker a reconnu être identique avec DROQUINONE. A. N.
l'hydroquinone. Le même dédoublement s'effectue ARBUTUS UNEDO [ Filhol , Compt. rend.,
lorsqu'on fait bouillir l'arbutine avec l'acide sul- t. L, p. 1185 (juin 1860) ; Répert. de Chim. pure,
furique étendu. Il peut être exprimé par l'équa- t. II, p . 306 (1860)] . ·-Les fruits mûrs de ce vé-
tion suivante : gétal renferment une quantité notable de sucre
interverti (sucre de raisin , sucre de fruits) , de la
C12 H16O7 + H2O = C6 H6O2 + C6H12O6. parapectine, une matière jaune analogue à la cire,
Arbutine. Eau. Hydroquinone. Glucose. une matière colorante , de l'acide métapectique et
Dissoute dans l'acide azotique concentrée, l'ar- des traces d'amidon .
butine donne une liqueur qui , par l'addition de ARCANITE. Voyez APHTHalose.
l'alcool, laisse déposer des aiguilles jaunes. Ces ARCTUVINE. Nom donné par M. Cawalier
aiguilles purifiées par une seconde cristallisation à l'hydroquinone obtenue par le dédoublement de
ne sont autres que l'arbutine binitrée l'arbutine. Voyez ce mot.
ARENDALITË (Min. ). - Nom donné à l'épi-
C12 H14 (Az O2)207. dote d'Arendal .
Elles sont très solubles dans l'eau , moins dans ARÉOMÈTRES. - - On connaît, sous les noms
l'alcool et pas dans l'éther. Elles fondent lors- d'aréomètres, de pèse-liqueurs, pèse- sels , pèse-
qu'on les chauffe ; se prennent en cristaux par acides, pèse-lessives, etc., de petits instruments
le refroidissement. Leurs solutions ne précipitent fondés sur le principe d'Archimède et dont les
pas les solutions métalliques. La binitroarbutine premiers paraissent avoir été inventés par ce phy-
se dédouble sous l'influence de l'acide azotique sicien; plongés dans différents liquides, ils donnent,
concentré en binitrohydroquinone et glucose. par la quantité dont ils s'enfoncent, des indications
Voyez HYDROQUINONE. sur la nature, la concentration, la valeur vénale
Le dédoublement de l'arbutine est analogue à de ces liquides. Ce sont en réalité des densimè-
celui de la salicine. Les deux corps paraissent tres à graduation arbitraire. Les tables suivantes

DEGRÉS POIDS DEGRÉS DEGRÉS


lus POIDS POIDS
Alcoomètre

lus lus
SPÉCIFIQUE. SPÉCIFIQUE. SPÉCIFIQUE
-iqueurs

- iqueurs

SUR L'INSTRUMENT SUR L'INSTRUMENT SUR L'INSTRUMENT


ussac
r
e-sprits

-
Baumé

Cartie

Baumé
LGay
lPèse

lPèse
Pèse

.-de
de
.de

.de

L'opération L'opération L'opération


.

étant faite étant faite étantfaite


ȧ +150 cent. ȧ + 15° cent. à + 15° cent.
50 66266
10

10

197

10 10 16 68
8284¯

1,000 0,962 25 0,896


0,999 35 0,960 27 69 0,893
10
10
10
8
1*

2 0,997 36 0,959 26 70 0,891


3 16 37 71
38828***

0,996 0,957 28 0,898


8883882882886386

4 0,994 0,956 27 72 0,886


1

11 0,993 17 39 0,954 29 73 0,884


0,992 40 0,953 28 74 0,881
0,990 17 41 0,951 30 75 0,879
0,989 0,949 76 0,876
9 0,988 18 0,948 31 29 77 0,874
****

12 10 0,987 44 0,946 78 0,871


12 11 0,986 45 0,945 32 30 79 0,868
12 0,984 18 46 0,943 0.865
19

13 0,983 19 47 0,941 33 31 0,863


14 0,982 0,940 82 0,860
2 87 88 58 89 = 237

15 0,981 49 0938 34 32 83 0,857


16 0,980 20 19 50 0,936 35 84 0,854
13 17 0,979 51 0,934 33 0,851
13 18 0,978 52 0,932 36 :4 0,848
19 0,977 21 20 53 0,930 0,845
20 0,976 54 0,928 37 35 0,842
21 0,975 55 0,926 38 36 0,838
22 22 21 56
16

0,974 0,924 0,835


14 23 0,973 57 0,922 39 37 0.832
24 0,972 58 0,920 0,829
14 25 0,971 23 22 59 0,918 40 38 0,826
0,970 60 0,915 41 0,822
27 0,969 61 0,913 42 0,818
223

28 0,968 24 23 62 0,911 43 40 0,814


15 29 0,967 0,909 44 0,810
30 0,966 0,906 45 42 0,805
31 0,965 24 65 0,904 46 43 99 0,800
15 32 0,964 66 0,902 44 100 0,795
33 0,963 26 67 0,899 48 0,791
ARÉOXÈNE. - 363 - ARGENT.

DEGRÉS POIDS DEGRÉS POIDS DEGRÉS POIDS DEGRÉS POIDS


lus sur SPÉCIFIQUE. lus sur SPÉCIFIQUE. lus sur SPÉCIFIQUE. lus sur SPÉCIFIQUE.
l'instrum l'instrumt l'instrum l'instrumt
pèse-acides L'observation pèse-acides L'observation pèse-acides L'observation pèse-acides L'observation
pèse-sels étant faite pèse-sels, étant faite pèse-sels, étant faite pèse-sels, étant faite
Baumé. à + 15° cent. Baumé.. à + 150 cent. Baumé. à + 15° cent. Baumé. à + 150 cent.
0123456TROL2RKEL

1,000 17 1,134 34 1,308 51 1,546


1,007 18 1,143 35 1,320 52 1,563
1,014 19 1,152 36 1,332 53 1,580
1,022 20 1,161 37 1,345 54 1,597
1,029 21 1,171 38 1,357 55 1,615
1,036 22 1,180 39 1,370 56 1,634
1,044 23 1,190 40 1,383 57 1,652
1,052 24 1,199 41 1,397 58 1,671
8 1,060 25 1,209 42 1,410 59 1,691
9 1,067 26 1,219 43 1,424 60 1,711
1,075 27 1,229 44 1,438 61 1,732
11 1,083 28 1,240 45 1,453 62 1,753
1,091 29 1,251 46 1,468 63 1,774
1,100 30 1,262 47 1,483 64 1,796
1,108 31 1,273 48 1,498 65 1,819
1,116 32 1,284 49 1,514 66 1,842
1,125 33 1,296 50 1,530 67 1,866

établissent la concordance de ces divers instru- latente de fusion est 21,07 d'après Person [Ann.
ments, de telle sorte que l'on peut immédiatement de Millon et Reiset, 1849, p. 35] . La couleur propre
convertir les degrés Baumé en degrés Cartier, de l'argent est jaunâtre ; mais, par suite de son
centésimaux, et, la température étant de + 15°, grand pouvoir réfléchissant, ce métal paraît par-
en poids spécifique, nous donnons ces poids spé- faitement blanc ; à l'état divisé, tel qu'on l'obtient
cifiques avec 3 décimales, mais en faisant re- par la réduction à froid de son chlorure, il consti-
marquer qu'on peut à peine affirmer la seconde tue une poudre d'un gris clair.
avec les aréomètres ordinaires. - Voyez DEN- L'argent est susceptible de prendre un très-beau
SITÉ. G. S. poli , quoique à un degré un peu moindre, cepen-
ARÉOXÈNE ou ARÆOXÈNE (Min . ) . — Vana- dant, que son alliage avec le cuivre ; il n'a ni
dinite zincifère de Dahn (Bavière rhénane). odeur ni saveur; sa dureté est comprise entre
[PbO48,7, ZnO - 16,32 %, Kobell, Journ. celles de l'or et du cuivre ; il occupe le second
für prakt. Chem. , t. L. p. 496] . Masses concré- rang sous le rapport de la ductilité et de la mal-
tionnées d'un beau rouge. Poussière jaune clair. léabilité avec 05 05 d'argent on a pu tirer un
Dureté : 3. fil long de 130 mètres et, par le battage, on peut
ARFVEDSONITE (Min . ) . — Silicate ferro-so- le réduire en feuilles dont l'épaisseur est moindre
dique, renfermant de l'alumine, de la chaux, de de 3/1000 de millimètre. D'après von Sickingen,
la magnésie, du manganèse, etc. (soude et po- un fil de ce métal ayant environ 1/4 de millimètre
tasse de 8 à 12 %). Le rapport de l'oxygène des de diamètre supporte 10kil 35 avant de se rompre ;
bases à celui de la silice paraît être 1 : 2 [ Ram- M. Baudrimont a trouvé des valeurs un peu dif-
melsberg, Poggend. Ann . , t. CIII , p, 292 et 306] . férentes, savoir : pour 1 millimètre carré de sec-
Cristaux imparfaits probablement isomorphes avec tion , 28kil5 à 0° , 23kil 3 à 100° et 18kil 5 à 200°
ceux de l'amphibole ; accompagnant l'eudialyte, [Compt. rend., t. XXXI , p. 115, ou Ann. de Mil-
la sodalithe et le feldspath au Groenland ; se lon et Reiset, 1851 , p. 33.
trouvent aussi dans la syénite zirconienne, de Les expériences concordantes de Guyton, Prin-
Norvége. Ils possèdent deux clivages faciles (mm) sep, Pouillet, Daniel, etc. , établissent à 1000°
faisant entre eux un angle de 123° 55, et un autre centigrades environ le point de fusion de l'argent,
imparfait parallèle à la petite diagonale du prisme qui se volatilise à une température peu supérieure
mm. Presque opaque, noire en masse, vert foncé en émettant des vapeurs verdâtres : l'action d'un
en lames minces. courant gazeux active cette vaporisation ; quand
Caractères. - Inattaquable aux acides. En écailles le métal fondu reprend sa forme solide, il se pro-
minces, fond à la simple flamme d'une bougie. duit une sorte de végétation à sa surface, et même
Au chalumeau, fond avec bouillonnement en un une portion d'argent peut être projetée à distance:
verre noir magnétique. ce phénomène a reçu le nom de rochage, et c'est
Dureté 6. Poussière vert grisâtre . Densité : Lucas qui en a fait connaître la cause : elle est
3,44-3,59. F. et S. due à lasolubilité de l'oxygène dans l'argent fondu ,,
ARGENT (de &pyós, blanc). — Métal précieux lequel peut absorber 22 fois son volume de gaz
connu et employé usuellement depuis une très- qu'il abandonne en se solidifiant ; une couche de
haute antiquité. charbon en poudre à la surface où la présence de
Propriétés physiques. - L'argent cristallise un à deux centièmes de cuivre dans la masse em-
dans le système régulier, sous des formes parmi pêche l'argent de rocher ; l'or produit le même
lesquelles prédominent le cube, l'octaèdre et le effet (Levol). Par rapport au cuivre, la conducti-
dodécaèdre; ses cristaux se rencontrent dans la bilité thermique de l'argent = 100,74 (Wiedemann
nature (Kongsberg en Norvége), ou peuvent être et Franz), et sa conductibilité électrique -: 100,95
obtenus artificiellement par la fusion ou par la (Buff) ou 91,5 ( Becquerel).
voie électrolytique ; son poids spécifique est 10,47 Propriétés chimiques. L'argent est inalté-
à 10,54, cependant la moyenne de 32 détermi- rable dans l'oxygène ordinaire, l'eau et l'air purs;
nations a donné 10,59 à G. Rose, tandis que Kars- il peut cependant s'oxyder à une très-haute tem-
ten et Langsdorf ont trouvé, chacun de son côté, pérature dans une flamme riche en oxygène ou
10,43 seulement; sa chaleur spécifique, 0,05507 dans un courant de ce gaz (Vauquelin , Debray) ;
(Dulong et Petit) ou 0,05701 (Regnault) ; sa chaleur l'ozone humide (Schoenbein) et l'oxygène nais-
ARGENT. - 364 - ARGENT.
sant de Houzeau l'attaquent en produisant du bre de chimistes à éloigner l'argent de l'or et du
peroxyde. platine pour le réunir dans un même groupe avec
La vapeur d'eau est décomposée en petite quan- le thallium et les métaux alcalins.
tité par l'argent fondu : il se dégage alors de Usages. - Il n'y a pas lieu de rappeler ici les
l'hydrogène tandis que l'oxygène demeure en dis- usages de l'argent, ils sont trop connus ; quant à
solution ce phénomène, signalé autrefois par ceux de ses composés, nous les signalerons en
Regnault, rentre dans les cas de dissociation étu- leur temps.
diés récemment par Deville. Etat naturel. - L'argent existe dans la nature
L'argent n'est pas attaqué par l'azote ni par à l'état natif (voyez ARGENT, Min .) et en combi-
l'hydrogène ; en revanche, il se combine très-bien naisons binaires ou ternaires avec le chlore, le
directement avec le chlore, le brome, l'iode, le brôme, l'iode, le soufre , l'antimoine , l'arsenic,
soufre, le sélénium, le phosphore et l'arsenic : le sélénium , le tellure et le mercure (voyez les
avec les trois premiers, l'action a déjà lieu à froid. mots KERARGYRE, Embolite, IODYRITE, ARGYRose,
L'argent s'allie avec un grand nombre de mé- DISCRASE, ARgyrythrose, Proustite, StéPHANITE,
taux. STROMEYERINE, Sternbergite, Rittingérite, Poly-
Le nitre, le chlorate de potasse, les alcalis ou BASITE, FEUERBlende, NaumannITE, HESSITE, AMAL-
leurs carbonates, fondus, sont sans action sur l'ar- GAME, etc.
gent c'est pourquoi l'on emploie des creusets Les recherches de Malaguti, Durocher et Sarzeau,
de ce métal quand on veut attaquer des substances confirmées par celles de plusieurs savants alle-
minérales au moyen de la potasse ou de la soude. mands, ont montré que l'eau de la mer renferme
Le sel marin en fusion agit sur l'argent en don- de l'argent dans la proportion de 1 millig. par 100
nant lieu à la formation de quantités notables de litres. La galène renferme habituellement des
chlorure d'argent ; au contact de l'air, l'eau salée quantités petites et variables de sulfure d'argent.
dissout une certaine quantité du métal à l'état de Extraction. - Voyez plus loin l'article ARGENT
chlorure et en devenant elle-même alcaline : les (MÉTALLURGIE de l').
dissolutions de sel ammoniac et de chlorure de Préparation de l'argent pur. Parmi le grand
potassium se comportent de même. nombre de procédés proposés à cet effet, nous
L'acide azotique, même étendu, attaque facile- choisirons seulement ceux qui paraissent le mieux
ment l'argent, surtout à chaud, avec un dégage- conduire au but.
ment abondant de vapeurs nitreuses; l'action de 1º La première méthode, facile et excellente,
l'acide monohydraté est d'abord très-énergique, consiste à attaquer l'argent du commerce par de
mais elle ne tarde pas à se ralentir par suite de l'acide nitrique pur, étendre la dissolution et la
la faible solubilité de l'azotate d'argent dans la laisser quelque temps en repos, pour voir s'il ne
liqueur acide. L'argent est dissous par l'acide se dépose rien, soutirer la liqueur claire et la
sulfurique concentré et bouillant, il se forme dans précipiter au moyen d'un excès d'acide chlorhy-
ce cas de l'acide sulfureux et du sulfate d'argent ; drique (et non pas d'eau salée) ; le chlorure d'ar-
l'action de l'acide sulfurique étendu est nulle, gent est chauffé avec la liqueur où il a pris nais-
même à chaud. L'acide chromique aqueux con- sance; puis quand celle-ci est refroidie et éclaircie,
vertit l'argent en chromate rouge. on la fait écouler pour la remplacer à plusieurs
L'acide chlorhydrique concentré ou gazeux at- reprises par de l'acide chlorhydrique étendu chaud
taque l'argent d'une manière peu énergique ou et enfin par de l'eau distillée bouillante jusqu'à
superficielle seulement le chlore s'unit au métal lavage complet.
et l'hydrogène est mis en liberté. L'eau régale, et Le chlorure, encore humide, est mélangé avec
surtout l'acide iodhydrique chaud (Deville) , at- la moitié de son poids net de carbonate de soude
taquent l'argent avec énergie. L'hydrogène sulfuré sec, et la masse desséchée dans une capsule de
noircit immédiatement l'argent à la température porcelaine, après quoi l'on y ajoute le sixième de
ordinaire les vases d'argent dont la surface a été sor poids de nitre, et le tout est réduit en poudre
ainsi altérée par des composés ou des émanations dans un mortier de porcelaine. D'autre part, on
sulfureux peuvent être nettoyés et redevenir introduit un creuset de porcelaine dans un creuset
blancs sous l'influence d'une lessive de potasse ou de Hesse en garnissant l'intervalle vide avec du
d'une solution de caméléon minéral. sable blanc qu'il faut recouvrir d'une couche de
D'après Wohler, si l'on ajoute de l'argent à borax anhydre ; le tout est chauffé au rouge dans
une dissolution chaude de sulfate de sesqui- un bon feu de charbon : le borax fond et forme
oxyde de fer, il se forme du sulfate d'argent et sur le sable une couverture qui l'empêche abso-
de protoxyde de fer qui se décompose par le lument de se répandre quand on incline le creu-
refroidissement en régénérant le métal ajouté et set. Celui-ci étant ainsi rougi, on y projette le
le sel primitif : l'argent se dépose alors en poudre mélange ci- dessus, par petites portions à la fois,
cristalline. au moyen d'une cuiller d'argent. La réaction est
Berzelius a signalé de légères différences mo- très-vive, mais si l'on a soin d'attendre qu'elle
léculaires entre l'argent obtenu de son chlorure soit calmée avant d'ajouter de nouvelles portions
à chaud et celui qui aurait été préparé avec du du mélange, on n'a pas à craindre des pertes de
chlorure précipité, lavé et traité à froid. métal précieux .
Le symbole de l'argent est Ag ; son poids ato- La masse entre ensuite en fusion tranquille, et
mique tel qu'il résulte des recherches récentes de après qu'on l'a remuée quelquefois avec un tuyau
M. Stas, 107,926, mais dans la pratique on adopte de pipe, on la laisse lentement se refroidir un peu
108 (H-1 ) ou 675 (0-100) . Berzelius, Marignac, pour donner à l'argent le temps de bien se ras-
Maumené, Pelouze, etc., étaient déjà arrivés à sembler; puis enfin on la coule dans l'eau ou dans
des nombres très-voisins de ceux de Stas [Ann. un moule en terre de pipe. Des lavages répétés
der Chem . u. Pharm. , Supplement - Band IV, avec de l'eau aiguisée d'acide sulfurique d'abord,
p. 168 (Mai 1866) ] . Comme pour l'hydrogène, puis avec de l'eau distillée, laissent l'argent à l'état
le chlore, etc. , l'équivalent coincide avec le poids de pureté.
atomique. 20 A la monnaie de Paris , l'on fond 5 p. de
Les anciens rangeaient l'argent parmi les mé- chlorure d'argent sec avec 1 p. de chaux vive ré-
taux nobles, et Thénard le plaçait dans sa sixième cemment préparée.
section, mais des considérations fondées sur la 3º Les méthodes dans lesquelles la réduction
constitution de ses composés telle que nous la dé- du chlorure s'effectue en présence du charbon ou
voile leur isomorphisme avec les sels de sodium de matières organiques telles que la colophane,
ontconduit, ces dernières années, un certain nom- ne peuvent pas être recommandées parce que le
ARGENT. 365 ARGENT.
métal retient facilement un peu de carbone : tou- sinon une portion du platine demeure inattaquée.
tefois, il y a des cas où cette impureté n'a aucun L'acide sulfurique introduit dans cette dissolution
inconvénient ; ainsi , dans la préparation du ni- en sépare le platine. Avec poids égaux de bismuth
trate d'argent pur, par exemple, on pourra quel- et d'argent, on peut obtenir une masse cristalline,
quefois avoir recours à la méthode de Gay-Lus- fragile, pesant spécifiquement 10,71 . Cet alliage
sac, c'est-à-dire fondre 100 p. de chlorure avec ne se dilate pas par la solidification comme c'est
70,4 p. de craie et 4,2 de charbon ; cependant le cas de celui qui contient 2 p. de bismuth pour
l'argent pourra retenir encore, outre le charbon, une d'argent. Le bismuth allié à l'argent se laisse
du fer et de l'aluminium qu'il aura empruntés à très-bien coupeller.
la craie et au creuset de Hesse. A moins que la proportion du premier ne soit
4º Le chlorure d'argent est décomposé, par la trop considérable, les alliages du cuivre avec l'ar-
voie humide, quand on l'introduit dans une cap- gent sont blancs ; ils éprouvent la liquation dans
sule de platine avec de l'eau aiguisée d'acide sul- des limites assez étendues, quand après les avoir
furique et une lame de zinc exempt de métaux fondus on les abandonne à un refroidissement
étrangers. En moins de 12 heures, l'argent est lent. L'alliage à 719 millièmes Cu2 Ag³ n'éprouve
amené à l'état d'alliage volumineux, gris foncé : pas de liquation même dans des masses considé-
la lame de zinc est alors retirée, la liqueur dé- rables. Lorsqu'on grille les alliages de cuivre et
cantée et l'argent traité à froid par de l'acide d'argent, le cuivre s'oxyde presque totalement et
sulfurique étendu qui dissout le zinc et laisse aussi une partie de l'argent ; sous l'influence de
l'argent sous forme d'une poudre qu'il suffit de l'air humide ils se recouvrent d'une couche ver-
laver soigneusement et de sécher ; si on le désire, dâtre.
on peut ensuite le fondre avec du borax. Les ouvrages d'orfévrerie sont aux titres de
La précipitation de l'argent au moyen du 800 et de 950 millièmes avec une tolérance de
cuivre, de l'aluminium, ou de l'acétate de pro- 5 millièmes. Les monnaies (écus de 5 fr. ) sont à
toxyde de fer, ou bien encore la décomposition de 900/1000 avec 3 millièmes de tolérance ; pour les
son chlorure par le fer en présence d'un acide, pièces de 2 fr., 1 fr. et 0 fr. 50 c. la Suisse a
par les alcalis et le sucre ou le miel ont été égale- abaissé ce titre à 850 millièmes. La France a adopté
ment préconisées , mais ces procédés sont peu un nouvel alliage où une partie du cuivre a été
pratiques ou trop coûteux, quand ils ne donnent remplacée par du zinc et dont le titre est à
pas des résultats incertains. 835/1000. - Voyez ESSAIS DES MATIÈRES D'OR ET
Pour la préparation de l'argent pur, consultez D'ARGENT.
encore Stas [Mémoire cité au poids atomique de La soudure d'argent est à un titre qui ne dé-
l'argent] , Brunner [Journ. für prakt. Chem. , passe guère 670/1000.
t. XCI, p. 254], et C. A. Muller [Arch. Pharm., D'après Péligot , 8 p. d'argent et 2 de zinc don-
(2), t. CXVIII, p. 85]. nent un alliage blanc qui n'est pas noirci par les
Application de l'argent à la surface d'autres émanations sulfureuses et ne prend naturelle-
metaux. -- Voyez ARGENTURE. ment pas le vert-de-gris. Les pièces de 0 fr. 50 c,
ALLIAGES D'ARGENT. - Les alliages de cuivre et de 0 fr. 20 c. françaises actuelles sont compo-
et d'argent (orfévrerie et monnaie) , de cuivre, ar- sées de argent 835, cuivre 93 et zinc 72 [ Péligot,
gent et zinc (billon français ) et de cuivre, nickel Ann. de Chim . et de Phys. , (4), t. II, p. 430] .
et argent (billon suisse) , sont les seuls importants. L'amalgame d'argent AgHg est solide, cristal-
Le plomb peut être fondu en toutes proportions lisé, composé de 65 de mercure et 35 d'argent,
avec l'argent ; les alliages ainsi obtenus sont très- très-soluble dans un excès de mercure ; la chaleur
sujets à la liquation sous l'influence d'une chaleur le décompose ; toutefois, si elle n'est pas assez
ménagée le procédé du pattinsonage est fondé forte et assez prolongée, les dernières portions de
sur ce fait. mercure se volatilisent difficilement. L'arbre de
Une barre d'argent à 994 millièmes de fin mon- Diane des anciens n'est autre que cet amalgame ;
trait une telle dureté que l'on pouvait en fabri- on le prépare en introduisant, dans une solution
quer des ràpes et des lames de couteau. Barruel de nitrate d'argent (3 p . ) , une solution également
trouva dans cette barre 3 1/2 millièmes de fer, saturée de nitrate de mercure (2 p.) et un amal-
2 millièmes de cobalt, et 1/2 millième de nickel. game formé de 7 p. de mercure pour 1 d'ar-
L'or et l'argent s'allient en toutes proportions. gent ; au bout d'un jour ou deux on trouve dans
L'or natif renferme toujours de l'argent qui peut la liqueur une multitude de cristaux métalliques,
s'y trouver pour 1 , 80, 130, 160 et même 380 brillants, qui s'étendent, sous forme de ramifi-
millièmes ; il en acquiert quelquefois une couleur cations, jusqu'à la surface du liquide en simulant
jaune pâle verdâtre ; c'est alors l'electrum des mi- une sorte de végétation .
néralogistes. D'après Levol, les alliages dont la Le mercure et l'argent s'unissent déjà à froid en
composition se représente par toutes proportions, mais lorsqu'un amalgame est
liquide on peut le dédoubler, en le faisant tra-
Au² Ag, Au Ag, Au Ag², Au Ag10 verser une peau de chamois, en mercure peu ar-
demeurent homogènes dans toute leur masse gentifère et en amalgame cristallisé riche en ar-
quand, après les avoir fondus, on les refroidit ra- gent.
pidement [Ann. de Chim. etde Phys. , (3), t. XXXIX, On a trouvé dans la nature plusieurs amalgames
p. 163]. d'argent. Voyez AMALGAME.
L'alliage d'iridium est malléable, l'acide nitri-
que en enlève l'argent et l'iridium reste pulvéru- COMBINAISONS DE L'ARGENT AVEC LES
lent. METALLOIDES.
Parties égales de palladium et d'argent don-
nent un métal gris, plus doux que le fer, intégra- OXYDES D'ARGENT. - On connait trois oxydes
lement soluble dans l'eau-forte en un liquide dont les formules sont Ag O, Ag20, Ag202.
brun-rouge; poids spécif. = 11,29. Les alliages SOUS-OXYDE D'ARGENT, Ag'O. Le premier,
d'argent et de palladium ont eu de l'emploi pour c'est-à-dire l'oxyde argenteux Ag O, est solide,
recouvrir les dents cariées. noir, et ne change pas de couleur par la dessicca-
L'argent s'allie très-facilement au platine : aussi tion ; le frottement ne lui fait pas prendre l'éclat
convient-il d'éviter de chauffer des composés d'ar- métallique. Une température de 100° environ
gent dans des vases de platine. Si la proportion suffit pour lui faire perdre tout son oxygène.
du dernier métal s'élève seulement à quelques Les acices oxygénés le dédoublent en argent et
centièmes, l'alliage est dissous par l'acide nitrique, en oxyde Ag2O avec lequel ils se combinent.
ARGENT. 366 --- ARGENT.
L'ammoniaque opère le même dédoublement. rure d'argent qu'on lave par décantation et que
L'acide chlorhydrique le transforme en sous- l'on couvre sans le sécher avec une lessive de po-
chlorure brun. Wohler a annoncé qu'il se forme tasse (D= 1,25 ) ; le tout est porté à l'ébullition
du chromate, du molybdate et du tungstate de jusqu'à coloration complète en noir. On en prend
sous-oxyde d'argent par l'action de l'ammoniaque alors un essai que l'on dissout dans l'acide nitrique :
et de l'hydrogène sur les sels correspondants s'il se produit une liqueur claire, l'opération est
d'oxyde [ Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CXIV, terminée ; dans le cas contraire , il faut décanter
p. 119, ou Répert. de Chim. pure, 1860, p. 251 ] la lessive, broyer la masse dans un mortier et la
Les sels argenteux sont précipités en brun par faire bouillir avec une nouvelle lessive.
le sel marin ; additionnés d'ammoniaque, ils se L'oxyde constitue une poudre fine qui se ras-
dissolvent facilement en donnant une liqueur semble facilement et se laisse bien laver par
d'un rouge orange très-intense. Certains faits décantation . La combustion de l'argent dans
donnent à croire que l'oxyde argenteux peut se l'oxygène donne aussi naissance à ce composé.
combiner intégralement, à l'état naissant, avec PEROXYDE D'ARGENT, Ag2O2. Cet oxyde, décou-
les acides minéraux. Les dissolutions de citrate vert par Ritter en 1814 , est indifférent, gris de fer,
et de mellitate de sous-oxyde d'argent se décom- cristallisé en octaèdres soit simples, soit accolés en
posent peu à peu à l'air froid, immédiatement à chapelets, dont la densité est de 5,474. Calciné avec
l'ébullition : elles s'irisent en jaune verdâtre et en précaution , ce corps perd la moitié de son oxy-
bleu, puis laissent déposer de l'argent métallique gène ; chauffé d'une manière rapide jusqu'à 110°,
en se décolorant. il se décompose brusquement avec une faible
Weltzien a reconnu qu'il se forme un sous- détonation ; l'acide chlorhydrique le transforme en
oxyde d'argent quand on introduit de l'argent en chlorure d'argent et dégage du chlore ; si on le
feuilles dans une dissolution neutre d'eau oxygé- projette dans l'ammoniaque, il y détermine un dé-
née. Le métal se recouvre d'une couche d'un gagement tumultueux d'azote. Les acides sulfu-
gris blanc, tandis qu'il se dissout dans la liqueur rique et azotique le dédoublent en protoxyde qui
de l'hydrate de sous-oxyde . La dissolution de cet se combine et en oxygène qui devient libre. L'eau
hydrate prend, à l'air, la coloration du sel de co- oxygénée et le peroxyde d'argent se décomposent
balt et se trouble faiblement en laissant déposer mutuellement et sont ramenés à l'état d'eau et
de l'argent divisé. d'argent métallique avec production d'oxygène
La potasse y produit un précipité brun-noir. ordinaire ; cette réaction et le fait que l'ozone hu-
L'acide chlorhydrique en sépare du chlorure d'ar- mide donne avec l'argent du peroxyde ont conduit
gent et de l'argent : Schönbein à admettre ce dernier corps au nombre
des ozonides.
Ag+O, H2O + 2 HCl = Ag² + 2 AgCl + 2 H2O. Le peroxyde d'argent se dépose au pôle positif
Cette dissolution , évaporée, laisse un résidu de la pile par l'électrolyse d'une solution concen-
cristallin que l'eau dédouble en protoxyde hy- trée de nitrate, tandis qu'il se rend de l'argent
draté qui se dissout , et en argent cristallisé au pòle négatif, si les électrodes sont en gros fil
[Compt. rend. de l'Acad. des sciences , t. LXIII , de platine. D'après Wallquist, le produit qui prend
p. 1140] . naissance renferme 87,23 d'argent et 11,77 d'oxy-
Wohler a découvert les sels et l'oxyde argen- gène [ Berzelius, Compt. rend. annuel, 5º année,
teux, en 1839, en étudiant l'action de l'hydrogène p. 78 .; Fischer, Mahla et Gmelin ont montré
à 100° sur le mellitate, le citrate et l'oxalate que les octaèdres retiennent de l'eau et du nitrate
d'argent dans cette circonstance, les sels d'argent; mais comme les analyses de ces chi-
perdent de l'eau , deviennent acides et sont mistes diffèrent, on peut supposer que ces deux
transformés en composés d'oxydation inférieure substances sont simplement à l'état de mélange
dont la potasse sépare l'oxyde Ag40 [ Ann . der [Journ. für prakt. Chim., t. XXXIII , p. 237 ,
Chem. u. Pharm . , t. XXX, p. 1 , ou Berzelius, ou Berzelius, Compt. rend. annuel, 6e année ,
Compt. rend. annuel, t . I , p . 47 ] . Geuther dit p. 105].
qu'on obtient encore cet oxyde en arrosant le
protoxyde de cuivre (Cu2O) hydraté avec du CHLORURE D'ARGENT, AgCl . — Sel parfaitement
nitrate d'argent [ Ann. der Chem. u. Pharm ., blanc et insoluble, cristallisant en octaèdres régu-
t. CXIV, p. 121] . liers, noircissant promptement, s'il est humide, à
PROTOXYDE D'ARGENT, Ag2O. -- L'oxyde argen- la lumière solaire, et devenant simplement vio-
tique est une poudre brune, noire ou d'un noir lacé à la lumière diffuse. La lumière du magné-
bleuâtre, soluble dans environ 3,000 parties d'eau sium , celle d'un haut-fourneau chauffé au coke,
(Bineau), douée d'une faible réaction alcaline sur celle de Drummond ont aussi une action réductrice
le papier de tournesol et d'un poids spécifique très- marquée sur le chlorure d'argent. La chaleur
égal à 7,14 (Herapath) . C'est une base puissante qui le fond en un liquide jaune qui traverse les creu-
neutralise complétement les acides, et qui, exposée sets et que le refroidissement solidifie en une
encore humide au contact de l'air, en attire l'acide masse ayant l'apparence de la corne , que l'on
carbonique (Rose). Chauffé à 60° ou 70°, l'oxyde peut couper au couteau : c'est alors la lune cornée
d'argent est exempt d'eau ; à 100° ou à la lumière desalchimistes , semblable à l'argent muriaté natif;
solaire, il perd une partie de son oxygène : une une température supérieure à +260° le volatilise
calcination plus forte en amène la décomposition sans décomposition ; son poids spécifique 5,50
complète ; il cède facilement tout ou partie de son à 5,54 (Boullay). D'après I. Pierre, l'acide chlor-
oxygène aux corps oxydables; l'acide hypochloreux hydrique fumant peut dissoudre 1/200 de son
le transforme en chlorure AgCl avec un abondant poids de chlorure d'argent [Journ . de Pharm . et
dégagement d'oxygène; avec l'ammoniaque liquide, de Chim. , (3), t. XII , p. 237 ou Ann . de Millon,
il donne l'argent fulminant de Berthollet. 1848 , p. 109. ) ; quand il a été étendu de 2 fois son
Préparation. - On obtient ce corps de diverses volume d'eau, il peut en dissoudre encore 1/600°;
manières 1 ° en chauffant à 200° le carbonate l'acide bromhydrique en dissout aussi un peu. Le
d'argent; 2º en précipitant le nitrate par un léger chlorure d'argent est décomposé par l'acide iodhy-
excès d'eau de baryte saturée chaude et lavant le drique concentré avec dégagement de chaleur. Un
produit, à l'abri de l'air, avec de l'eau froide assez grand nombre de métaux décomposent le
bouillie : l'oxyde est alors brun, mais une dessic- chlorure d'argent en présence de l'acide chlorhy-
cation à 70° le rend noir ; 3° Gregory a recom- drique étendu ; le cuivre agit facilement en pré-
mandé le procédé suivant [Berzelius, Compt. rend. sence de l'ammoniaque ; le protochlorure de cuivre
annuel, 5 année, p. 78] on se procure du chlo- amène la même réduction . Le chlorure d'argent
ARGENT. - 367 - ARGENT.
est soluble dans l'ammoniaque ; d'après Pohl, il forme des bromures doubles correspondant aux
100 p. d'ammoniaque d'une densité de 0,986 , à 80º, chlorures. Chauffé dans un courant de chlore, il
dissolvent 1,492 de chlorure d'argent. Les acides, donne du chlorure d'argent et du brome ; l'hydro-
l'évaporation à chaud ou une exposition à l'air le gène et les métaux le réduisent ; le carbonate de
séparent de cette dissolution ; dans les deux der- soude se comporte de même, mais au rouge seu-
niers cas, il se dépose en cristaux. Lorsqu'on lement ; l'acide sulfurique concentré le décompose
introduit du chlorure d'argent dans un flacon, et met du brome en liberté. Les alcalis se com-
que l'on achève de remplir ensuite avec de l'am- portent à son égard comme avec le chlorure . Il
moniaque saturée de chlorure d'argent et que l'on n'absorbe pas de gaz ammoniac (Rammelsberg).
abandonne à un très-long repos dans un flacon Riche a fait connaître une combinaison de nitrate
exactement bouché, le dépôt cristallise graduelle- d'argent avec le bromure que d'autres chimistes
ment en octaèdres qui acquièrent souvent plu- n'ont pas réussi à reproduire.
sieurs millimètres de côté (Deville) . Le gaz ammo- Usages. Ce composé joue un grand rôle dans
niac et le chlorure d'argent s'unissent directement la photographie .
pour former le composé AgCl, 3Az H³. Les hypo- Etat naturel. On a trouvé du bromure d'ar-
sulfites alcalins dissolvent avec une grande facilité gent au Mexique et un chlorobromure (voyez EM-
le chlorure d'argent récemment préparé : il se BOLITE) au Chili.
produit ainsi des hyposulfites doubles de potasse IODURE D'ARGENT, AgI. Présente la même
ou de soude et d'argent. Le chlorure d'argent est apparence que le bromure, mais il est presque in-
aussi dissous par les chlorures alcalins et alcalino- soluble dans l'ammoniaque et la lumière l'influence
terreux, surtout à l'ébullition ; le cyanure de po- un degré beaucoup moindre (et même pas du
tassium agit de même ; à chaud, la potasse et la tout, s'il est parfaitement pur [ Carey Lea , Am .
soude, l'acide sulfurique le décomposent : dans le Journ. de Silliman , (2) , t . XLII, p. 198] . Ce corps
premier cas, il y a formation d'oxyde, et dans le est dimorphe : on en connaît des cubes et aussi
second, de sulfate d'argent. des prismes hexagonaux réguliers dont les modi-
Usages. L'action de la lumière sur le chlorure fications offrent les mêmes incidences que celles
d'argent est la base de la photographie. du sulfure de cadmium . Fizeau a reconnu que
Pour cette action de la lumière, voyez Becque- l'iodure d'argent comprimé, hexagonal, fondu ,
rel [ Compt. rend. de l'Acad. des sciences, 1848, jouit de la propriété exceptionnelle de se contrac-
1849] , Poitevin [ Méme recueil, t . LXI, p. 1111 ], ter quand on élève sa température, au lieu de se
Vogel [Poggend. Ann. , t. CXXV, p. 329] et l'ar- dilater comme les autres corps [ Compt. rend. de
ticle PHOTOGraphie. l'Acad. des sciences, 1867 ] . L'iodure d'argent fond
Préparation. Voyez ci-dessus préparation de au rouge en un liquide rouge foncé qui devientjaune
l'argent pur, premier procédé . par le refroidissement ; sa densité 5,61 (Boullay);
Les solutions concentrées bouillantes des chlo- il est un peu soluble dans les chlorures de potas-
rures de potassium, de sodium , de baryum , de sium et de sodium, l'hyposulfite de soude et le
strontium et de calcium dissolvent du chlorure cyanure de potassium; le chlore, les métaux et le
d'argent et forment avec ce corps des combinaisons nitrate mercurique se comportent à son égard
cristallisant dans le système régulier, décompo- comme avec le bromure. D'après Martini, il faut .
sables par l'eau . Becquerel a obtenu le premier et 2,500 p. d'ammoniaque d'une densité de 0,96 pour
le troisième de ces chlorures doubles par la voie dissoudre 1 p. d'iodure d'argent. Le nitrate d'ar-
galvanique sous forme d'octaèdres et de tétraèdres. gent peut donner avec l'iodure les combinaisons
SOUS-CHLORURE D'ARGENT, Ag2C1.- Il se prépare AgI, 2 (Ag Az O³) (Riche, Weltzien) et AgI,(Ag Az O³)
par double décomposition entre le citrate de sous- (Schnaup et Kremer). L'action de l'acide iodhy-
oxyde et le sel marin , ou bien en traitant le sous- drique sur l'argent a été signalée à l'occasion des
oxyde par l'acide chlorhydrique. C'est un précipité propriétés chimiques de ce métal. Le chlorure
brun qui devient noir par la dessiccation à une d'argent traité par l'acide iodhydrique est trans-
douce chaleur. L'ammoniaque le décompose rapi- formé en iodure ; l'argent décompose l'iodure de
dement en chlorure AgCl et argent métallique ; potassium en fusion dans un creuset de porcelaine :
une température de 260° produit le même effet. le potassium mis en liberté s'oxyde en partie et
La réduction du chlorure d'argent par la lumière enlève la silice du creuset, tandis que le reste
parait donner naissance au sous-chlorure ; ce corps agit en réduisant du silicium (H. Deville) [Compt.
est aussi le résultat de l'action des feuilles d'argent rend. de l'Acad. des sciences , t. XLII, p . 894].
sur le sesquichlorure de fer ou le bichlorure de Quand on a dissous à chaud de l'iodure d'argent
cuivre il affecte alors l'apparence de petites la- dans de l'acide iodhydrique concentré, il se dé-
melles noires. pose, par le refroidissement, de grandes lamelles
BROMURE D'ARGENT, Ag Br.- C'est un précipité incolores, peu stables, probablement formées de
blanc jaunâtre que l'on obtient en mélangeant des AgI, HI ; la liqueur surnageante, abandonnée au
dissolutions de nitrate d'argent et de bromure de repos, donne ensuite des prismes hexagonaux
potassium ou d'acide bromhydrique. Il fond sous d'iodure d'argent [Compt. rend. de l'Acad. des
l'influence de la chaleur en un liquide rouge que sciences, t. XLII , p. 894]. -Rammelsberg a fait
le refroidissement fait prendre en masse translu- connaître un composé, (AgI)2 , Az H³, décomposa-
cide cornée. Sa densité est de 6,35 ; si on le dessèche ble à l'air et dans l'eau, que l'on obtient en
à l'ombre, il demeure jaunâtre, mais à la lumière faisant absorber 3,6 % de gaz ammoniac à de
il devient gris et non violet comme le chlorure, l'iodure d'argent non fondu [ Poggend. Ann. ,
puis noircit rapidement. L'acide bromhydrique t. XLVIII, p. 151 , ou Berzelius , Compt. rend.
concentré le dissout et le laisse déposer, par l'éva- annuel, 1re année, p . 63 ] . On a trouvé l'iodure
poration, en cristaux qui sont des octaèdres régu- d'argent dans la nature, en Bretagne, au Mexi-
liers ; il est peu soluble dans l'ammoniaque, le que et en Espagne ; dans les laboratoires , on
carbonate, le sulfate, le chlorhydrate, le nitrate et prépare ce corps par double décomposition ; les
le succinate d'ammoniaque. D'après Pohl, sa so- photographes l'emploient concurremment avec le
lubilité dans l'ammoniaque est 30 fois moindre chlorure et le bromure.
que celle du chlorure desséché à 100°. Récem- Pour l'action de la lumière sur l'iodure et le
ment précipité, sa solubilité est double de celle bromure d'argent, consulter Kaiser [ Photograph.
qu'il a après la dessiccation à 100° [Journ . für Arch., t. V, p. 413 ; t. VI, p. 263 et 264] , Vogel
prakt. Chem., t . LXXXII , p . 152] . Le nitrate de bi- [ loc. cit.], Lea [loc. cit.] , Reissig [ Wiener. Acad.
oxyde de mercure et les bromures alcalins le dis- Ber., 1865].
solvent en plus grande quantité : avec ces derniers, Il a été décrit deux iodures d'argent et de potas.
ARGENT. 368 ARGENT.
sium , Ag1,2KI et AgI , KI, qui s'obtiennent en sulfure d'argent cristallisé ; le même gaz produit
dissolvant de l'iodure d'argent dans des dissolu- le même composé quand on le dirige sur de l'ar-
tions chaudes concentrées d'iodure de potassium ; gent métallique ou dans une dissolution de nitrate
les cristaux secs du second sont jaunes , la lu- d'argent [Compt. rend. , t. XXXII, p. 823] .
mière les fait bleuir, l'alcool froid et l'eau les Pour l'obtenir en masse il faut fondre du soufre
décomposent [ Boullay, Ann . de Chim . et de Phys. , avec de l'argent et chauffer jusqu'à expulsion to-
t. XXXIV, p. 377]. tale de l'excès de soufre.
D'après Liebig, le cyanure et l'iodure d'argent Sulfure de fer et d'argent. - Voyez STERNBER-
forment un composé double semblable à celui GITE.
produit par le chlorure. Sulfure de cuivre et d'argent. —Voyez STROMEYÉ–
FLUORURE D'ARGENT, AgFl. - Se prépare en RINE.
dissolvant le carbonate d'argent dans l'acide fluor- SULFOTELLURITE, (Ag2S)3 + Te S2. Précipité
hydrique aqueux et évaporant à sec ; il est blanc, noir volumineux qui prend l'éclat métallique sous
très-soluble, déliquescent, fusible. Fremy a an- le brunissoir ; la chaleur en sépare le soufre et
noncé qu'il cristallise en prismes volumineux à laisse du tellurure d'argent (Berzelius).
2 molécules d'eau qui deviennent anhydres même HYPOSULFOPHOSPHITE, Ag² S, Ph² S. - Corps
dans le vide, et qui, lorsqu'on les chauffe, dégagent noir donnant une poudre brune ; l'acide nitrique
de l'oxygène, de l'acide fluorhydrique et laissent un (D=1,22) l'attaque mal , même à chaud ; on le pré-
résidu d'argent métallique. La solution aqueuse a pare en chauffant un mélange d'argent en poudre
une forte saveur métallique, elle tache la peau en fine et de protosulfure de phosphore Ph2 S dans
noir; les alcalis fixes et l'acide chlorhydrique y un courant d'hydrogène : la réaction est violente.
produisent un précipité. Dawy avait espéré isoler En chauffant ce sulfosel avec 2 atomes de soufre
le fluor de ce composé en le traitant par le chlore, on obtient le sulfophosphite ( Ag2S )2+ Ph2S3
mais le résultat de ses tentatives est demeuré très- en une masse dont la poudre est jaune clair ; si
problématique. Marignac n'a pas réussi à repro- au lieu de 2 atomes de soufre on en emploie 4,
duire le fluorure à 2 H2O, mais il a décrit les cris- le composé qui se produit est du sulfophosphate
taux d'un autre hydrate avec H2O seulement, qui (Ag2S)2, Ph2S5 jaune foncé en poudre et jaune
affecte la forme d'octaèdres à base carrée, quelque- orange rougeâtre en masse. L'hyposulfophosphite
fois assez gros , éclatants, mais déliquescents et qui basique (Ag2S) , Ph S reste comme résidu de la
se colorent promptement en jaune brun à la distillation des deux précédents, au rouge nais-
moindre élévation de température [Ann . des Mines, sant, tant qu'il se forme un sublimé (Berzelius) .
(5), t. XII (1857) ] . Pour plus de détails, voyez Berzelius [Compt.
FLUOSTANNATE , (Ag Fl)2, Sn F1 + 4 H2O. rend. annuel, 4e année, p. 24 et 31 , ou Traité de
Prismes quadrangulaires très- déliquescents ; le Chim., t. IV, p. 296 ] .
fluotitanate attire aussi très-fortement l'humidité SULFARSÉNIATE, (Ag2S)2, As2 S5, et SULFARSÉNITE
de l'air [ Marignac, Ann . des Mines, t. XV, p. 270 BIBASIQUE, ( Ag2S )2 , As2 Ś³. - Voyez ARSENIC.
(5e série)]. SOUS-SULFANTIMONIATE, (Ag2S)3, Sb² S³. Voyez
FLUOSILICATE, (Ag Fl) 2, Si Fl + 4 H2O .·- La dis- ANTIMOINE.
solution d'oxyde d'argent dans l'acide fluosilicique, SULFANTIMONITE et SULFARSÉNITE D'ARGENT,
évaporée en consistance de sirop, donne des cris-
taux blancs, grenus , qui s'humectent à l'air. La (Ag2S)3 + Sb2S3 et (Ag2S) 3 + As2S³.
dissolution de ce sel donne, avec une petite quan- Composés rouges , transparents , cristallisant
tité d'ammoniaque, un composé basique jaune dans le système rhomboédrique (voyez ARGYRYTH-
clair qui se dissout dans l'ammoniaque en lais- ROSE et PROUSTITE) . D'autres combinaisons analo-
sant un résidu de silicate d'argent. Ce fluosilicate gues existent dans le règne minéral . — Voyez XAN-
fond au-dessous de 100° et laisse, par calcination, THOCONE, STÉPHANITE, POLYBASITE et MIARGYRITE.
un résidu d'argent et un peu de silice [ Marignac, SULFOMOLYBDATE, Ag2S , Mo S³. - - Précipité noir
Ann. des Mines, t. XV, p. 270 (5º série)]. qui à l'état sec laisse une rayure brillante, gris
plombé [ Berzelius , Poggend. Ann. , t. VII , p. 29
SULFURE D'ARGENT, Ag2S.- Se rencontre dans et 450] .
la nature et peut être obtenu artificiellement sous HYPERSULFOMOLYBDATE, Ag S , Mo S. Insolu-
des formes qui appartiennent au système régulier ble , brun foncé ou noir [ Berzelius, Poggend.
(cube, octaèdre) ; D : 6,85-7,00 . Ce corps forme, Ann., t. VII, p. 29 et 150].
après avoir été fondu , des masses d'un gris SELENIURE D'ARGENT, Ag2 Se. --- L'argent est
bleuâtre, cristallines, avec l'éclat métallique, qui noirci par les vapeurs de sélénium, l'acide sélé-
s'aplatissent sous le marteau et se laissent couper nieux et l'hydrogène sélénié ; ce dernier précipite
au couteau ; il est insoluble dans l'eau, l'ammo- facilement les sels d'argent, enfin le sélénium se
niaque, les acides étendus et le cyanure de po- combine très-bien par voie sèche avec l'argent. Le
tassium ; un grillage modéré le transforme en séléniureid'argent est fusible en un globule blanc
sulfate qu'une température plus élevée réduit à métallique qui peut s'aplatir sous le marteau ; un
l'état métallique. Chauffé dans un courant d'hy- grillage prolongé ne suffit pas pour en chasser tout
drogène, il se réduit complétement, mais difficile- le sélénium. Ce composé est une sélénibase très-
ment, en donnant de l'acide sulfhydrique (Re- énergique ; la chaleur peut lui faire absorber un
gnault). Le chlore le décompose, mais d'une ma- second atome de sélénium, qu'il retient même au
nière lente et à chaud seulement. L'acide nitrique rouge sombre ; ce biséléniure Ag Se est gris et
concentré bouillant en sépare le soufre avec pro- mou. Le protoséléniure est attaqué par l'acide ni-
duction de nitrate. Le fer et le plomb décompo- trique bouillant ; la liqueur abandonne, en se re-
sent le sulfure d'argent par la voie sèche. froidissant, du sélénite d'argent cristallin . Ce
Le sulfure est un des minerais d'argent les corps est très-rare dans la nature. ― -Voyez NAU-
plus importants (voyez ARGYROSE) ; on l'emploie MANNITE, RIOLITE et EUKAIRITE.
pour produire des dessins noirs à la surface des TELLURURE. — Le tellurure simple, Ag2Te , et les
objets d'orfévrerie (nielles) et pour teindre les che- tellures doubles d'argent et d'or ou de plomb
veux en noir dans ce dernier but, on traite les existent dans le règne minéral. ― Voyez HESSITE,
cheveux d'abord par une dissolution de sel am- SYLVANITE, MULLERINE.
moniacal d'argent, puis par une solution de mo- AZOTURE.- L'argent fulminant de Berthollet est
nosulfure de potassium. une poudre noire dont la composition est problé-
L'hydrogène sulfuré en réagissant sur les va- matique, excessivement explosible, puisque le con-
peurs du chrorure d'argent donne naissance à du tact d'une barbe de plume suffit pour la faire déto-
ARGENT. 369 ARGENT .
ner avec violence ; même sous l'eau, le frottement masse cristalline : cette masse coulée en baguettes
avec un corps dur amène le même effet. Sérullas a constitue la pierre infernale des chirurgiens ; une
proposé de considérer ce corps comme de l'azoture température plus élevée ( le rouge) le décompose
d'argent, Ag³ Az ; un grand nombre de chimistes d'abord en nitrite mélangé d'un peu d'argent et
partagent cette manière de voir. On prépare l'ar- en oxygène, puis en métal pur [ Persoz, Ann . de
gent fulminant en faisant digérer pendant quelques Chim. et de Phys. , (3) , t . XXIII]. Le nitrate d'ar-
heures de l'ammoniaque concentrée avec de l'oxyde gent active la combustion des charbons ardents
d'argent récemment précipité et humide ; on ré- et les recouvre d'un enduit métallique ; le chlore
partit sur plusieurs morceaux de papier joseph la (Deville) et l'iode secs le décomposent en élimi-
poudre noire ainsi obtenue , et on la laisse sécher nant de l'acide nitrique anhydre ; l'eau de chlore
spontanément. et la teinture d'iode agissent un peu différemment,
PHOSPHURE . - Se prépare par la fusion directe et produisent du chlorure ou de l'iodure , du
de ses deux éléments. Il est aigre, blanc, cris- chlorate ou de l'iodate d'argent et de l'acide ni-
tallin , à cassure grenue ; se laisse entamer au trique ; le phosphore le réduit même à froid et
couteau ; sa teneur en phosphore est de 20 % , ce dans l'obscurité ; les cristaux de ce nitrate, enve-
qui correspond à peu près à Ag Ph. Le phosphore loppés et conservés dans du papier, se décomposent
fondu avec de l'argent se sépare en partie de celui- peu à peu, sans perdre leur forme, en argent mé-
ci par le refroidissement et brûle à l'air (Pelle- tallique. Un mélange de phosphore ou de soufre
tier) . Landgrebe a encore fait connaître deux au- et de nitrate d'argent détone par le choc.
tres phosphures dont la composition est à peu Les combinaisons de ce sel avec les chlorure,
près AgPh² et Ag3 Ph2. bromure, iodure et cyanure d'argent ont été si-
En dirigeant des vapeurs de phosphore ou d'hy- gnalées plus haut (voyez ces mots) ; pour l'action
drogène phosphoré dans une dissolution neutre de l'hydrogène. - Voyez ARGENT (REACTIONS ET
de nitrate d'argent, Frésénius et Neubauer ont DOSAGE DE SES SELS).
obtenu un précipité correspondant à la composi- Usages. On emploie ce sel en photographie ,
tion Ag5 Ph, qu'ils considèrent comme formé par pour teindre les cheveux en noir , pour faire une
un mélange de métal et de phosphure [ Zeitsch. encre à marquer le linge. Cette dernière consiste
Anal. Chem., t. I, p. 340]. en une dissolution du nitrate additionnée d'un
ARSENIURE et ANTIMONIURE. - Composés natu- peu de gomme pour la rendre moins fluide et or-
rels à l'aspect métallique, aigres et fusibles. - dinairement colorée avec du vert de vessie ou du
Voyez ARGENT ARSENICAL et Discrase. noir de fumée impalpable ; la place où l'on veut
BORO-AZOTURE. -Balmain adécrit sousce nom un écrire est d'abord mouillée avec une dissolution
corps blanc, pulvérulent, léger, inaltérable, obtenu de carbonate de soude et de gomme arabique, puis
en chauffant au blanc 1 atome de chlorure d'argent séchée et repassée, après quoi on y trace les ca-
et 1 atome de boro-azoture de zinc. Des recherches ractères avec l'encre et l'on expose l'écriture à la
subséquentes n'ont pas confirmé ces assertions. lumière du soleil . Voici quelques-unes des pro-
SILICIURE . - L'existence de ce corps est à peine portions recommandées. 1° Encre : Ag Az O³ , 1 p.;
démontrée ; il paraît que l'argent qui a été fondu vert de vessie, 1 p.; eau, 8 p . Liqueur prépara-
avec de la silice et du charbon laisse, quand on le toire: carbonate de soude cristallisé, 6 p.; gomme,
dissout dans l'acide nitrique, des flocons gélatineux 7 p.; eau, 30 p . -2° En supprimant la liqueur pré-
de silice. paratoire, on dissout 82 p. de nitrate dans 25 p.
CARBURES . L'argent s'unit en plusieurs pro- d'eau et 25 d'ammoniaque liquide que l'on mé-
portions avec le charbon : lange avec une solution de 20 p. de gomme et
1º Le sous-carbure Ag C se forme, d'après Gay- 32 p. de carbonate de soude dans 60 d'eau, et l'on
Lussac, lorsqu'on maintient pendant longtemps de chauffe.
l'argent fondu en présence du noir de fumée. En médecine, on utilise les propriétés corro-
2º Le protocarbure Ag2C demeure comme un sives du nitrate d'argent pour cautériser les chairs
résidu jaune terne après la calcination du cumi- fongueuses, les muqueuses atteintes de phlegma-
nate d'argent [ Gerhardt et Cahours , Ann. de sie chronique (intérieur de la bouche , larynx ,
Chim. et de Phys., (3), t. I, p. 76] . pharynx, fosses nasales, utérus, etc.) ; dans l'an-
3º Le surcarbure Ag C est une poudre grise qui gine couenneuse, le croup, certaines ophthalmies ;
prend l'éclat métallique par le frottement contre on le prend à l'intérieur, en solution, contre l'hy-
un corps dur. On l'obtient en chauffant longtemps dropisie, des diarrhées, des gastralgies, l'épilep-
au bain -marie du pyroracémate d'argent [Ber- sie, la danse de Saint-Guy, les affections syphili-
zelius, Poggend. Ann. , t. XXXVI, p. 28] ou le tiques. Les doses, à l'intérieur, vont de 1 à 4
maléate d'argent, dans un creuset du même mé- centigrammes par jour graduellement. Les malades
tal, jusqu'à détonation [ Regnault, Ann . der Chem. soumis à l'emploi interne un peu prolongé de ce
u. Pharm., t. XIX, p. 153] ; dans ce dernier cas médicament sont sujets à voir la peau de leur
il faut laver le produit successivement avec une corps se teindre en une couleur brune ardoisée
lessive faible de potasse, un acide étendu et de indélébile .
l'eau. Une calcination à l'air brûle le carbone , A haute dose, le nitrate d'argent attaque forte-
l'argent reste pur. ment les parois de l'estomac et des intestins ;
c'est un violent poison.
SELS D'ARGENT. Préparation. - Il suffit d'attaquer l'argent par
l'acide nitrique pas trop concentré. Si le métal
AZOTATE OU NITRATE, Ag Az O³ ( en équivalents renfermait du cuivre, il faudrait évaporer la liqueur
- AgO, Az05) . Nitre lunaire. Cristallise en à sec et la maintenir pendant quelque temps en
tables transparentes, incolores, anhydres, parfai- fusion un peu au-dessous du rouge sombre, de ma-
tement neutres, qui appartiennent à un prisme nière à décomposer le nitrate de cuivre seule-
orthorhombique droit dont les axes a, b, c sont ment; on s'assure que l'opération est terminée
entre eux comme 0,5302 : 1 : 0,7263, rapport très- quand une petite portion de la masse dissoute dans
voisin de celui des axes du salpêtre. - Voyez plus l'eau , filtrée et additionnée d'ammoniaque, ne
bas NITRATE D'ARGENT ET de soude. bleuit plus; après le refroidissement on reprend
Ce sel est soluble dans 1 p . d'eau froide, 1/2 p. par l'eau, on filtre et met à cristalliser.
d'eau bouillante, 4 p . d'alcool chaud et 10 p. d'al- Nitrate d'argent ammoniacal. -- Le nitrate
cool froid ; son poids spécifique=4,355 , la lumière d'argent sec absorbe le gaz ammoniac avec un
est sans action sur lui ; la chaleur le fond en un grand dégagement de chaleur et se transforme en
liquide qui se prend par le refroidissement en une une masse blanche soluble dans l'eau et qui perd
I- 24
ARGENT. - 370 ARGENT.
son ammoniaque quand on la chauffe. Formule : | La dissolution dans l'ammoniaque caustique
Ag Az O³, 3 Az H³. Quand on a sursaturé une solu- produit par l'évaporation un chlorate ammoniacal
tion concentrée de pierre infernale par de l'am- AgClO3 , (Az H3)2 en prismes très-solubles dans
moniaque liquide, on ne tarde pas à obtenir des l'eau et l'alcool, fusibles à 100° en perdant de
cristaux allongés, transparents, très-nets et écla- l'ammoniaque, laquelle s'en va peu à peu si la
tants, noircissant à la lumière, facilement solu- température ne dépasse pas 270° , il reste du chlo-
bles dans l'eau , stables encore à 100º. Leur com- rate simple ; la potasse produit dans la dissolution
position est Ag Az O³ , 2 Az H³ (Kane, Mitscherlich) de ce sel un précipité d'argent fulminant de Ber-
et leur forme, d'après Marignac, un prisme or- thollet. Le chlorate d'argent s'obtient au mieux
thorhombique droit de 105°46′ [Ann.desMines, (5), par voie directe [ Waechter, Journ. fur prakt.
t. XV, p. 25]. Chem., t. XXX, p. 321 , ou Berzelius, Compt.rend.
Nitrate d'argent et de soude.--Une solution de annuel, 5 année, p. 91 , ou Ann . de Millon, 1845,
nitrate de soude mélangée avec un excès de nitrate p. 85].
d'argent abandonne d'abord des tables de ce CHLORITE, AgCIO . -Écailles cristallines jaunes
dernier sel, puis des cristaux . isomorphes avec le qui se préparent en précipitant du nitrate d'ar-
premier et qui renferment, pour 1 atome du sel gent par une solution alcaline de chlorite de po-
d'argent, des quantités du sel de soude variant tasse ; le dépôt est un mélange d'oxyde et de chlo-
entre 2 et 4 atomes (Rose). Ce fait implique le di- rite d'argent; on le porte à l'ébullition dans la
morphisme du nitrate d'argent. liqueur même, on filtre chaud et le sel en ques-
Woehler a décrit les combinaisons solubles et tion se dépose par le refroidissement. Ce sel dé-
cristallisées tone à 105° ; mélangé avec du soufre, il déflagre ;
la présence d'un excès d'acide chloreux le con-
AgAz O3)2, HgCy² +4 H2O et (Ag Az O³)², Hg² Az O³. vertit en chlorure et chlorate [ Millon, Ann. de
Chim. et de Phys. , (3), t. VII, p. 329].
Berzelius a signalé un composé de nitrate d'ar- PERBROMATE, Ag BrO'. - Longues aiguilles fra-
gent et de cyanure de cuivre [ Traité de Chim.,
t. IV, p. 277]. giles, peu solubles à chaud, beaucoup plus à froid.
Sa solution se colore à la lumière [Kæmmerer,
NITRITE D'ARGENT, Ag Az O2.- Cristallise en pe- Journ.
tits prismes ou en longues aiguilles blanches anhy- de la Soc. für prakt. Chem., t. XC, p. 190, ou Bull.
chim., Paris, 1864, (2), p. 129] .
dres, solubles dans 120 p. d'eau froide selon Mit- BROMATE, Ag BrO³. -- Prismes carrés, blanc
scherlich et dans une moindre proportion d'eau laiteux, éclatants, souvent groupés en chapelets,
bouillante ; Fischer indique , probablement par isomorphes avec
erreur, 300 p. d'eau chaude. La solution aqueuse Ann. le chlorate d'argent [ Marignac,
de ce sel se décompose légèrement à 100°. Le ni- des Mines, (5), t. XII) . Ce bromate est très-
trite d'argent donne avec ceux des métaux alca- peu soluble dans l'eau, devient gris à la lumière,
lins des sels doubles parmi lesquels on a étudié se comporte à l'égard de la chaleur et de l'am-
moniaque tout comme le chlorate [ Rammelsberg,
celui d'argent et de potassium , Poggend. Ann. , t. LII , p. 84 , ou Berzelius,
AgAz O2, K Az O² + H2O, Compt. rend. annuel, 3º année, p. 80].
PERIODATES. — Les periodates alcalins, même
en prismes rhomboidaux ou en tables inaltérables aiguisés d'un peu d'acide nitrique, ne donnent par
à l'air, décomposables par une quantité d'eau suf- l'azotate d'argent qu'un précipité de periodate d'ar-
fisante. gent basique, jaune clair verdâtre. En dissolvant
On prépare le nitrite d'argent par double dé- celui-ci à l'aide de la chaleur dans de l'acide ni-
composition ou par une action ménagée de la cha- trique peu concentré et évaporant la liqueur jus-
leur sur le nitrate ; ce sel sert à obtenir les autres qu'à cristallisation à chaud, on obtient des petits
nitrites. S'il est coloré en gris brun, il convient cristaux anhydres jaune orangé, dont la formule
de le dissoudre dans la moindre quantité pos . est AgIO . Si on les traite par l'eau froide, celle-
sible d'eau bouillante et de le filtrer chaud pour ci leur enlève la moitié de leur acide et laisse un
en séparer l'oxyde ou le métal auquel il est mé- sel jaune paille à 3 atomes d'eau (Ag+ 1209,3 H2O)
langé. qui est le même que celui obtenu en premier lieu;
L'argent bouilli avec du nitrate d'argent peut c'est encore lui qui se forme quand on fait cris-
donner naissance à du nitrite neutre et à un ni- talliser à une basse température la dissolution de
trite bibasique. l'un des periodates d'argent dans l'acide nitrique
[Voir Mitscherlich, Traité de Chim.; Fischer, faible : il affecte alors la forme de rhomboèdres
Ann. de Millon , 1849 ; Lang, Stampe, Bull . de la aigus, sous l'angle de 74°, d'un jaune clair, très-
Soc. chim., Paris , 1863 ; Berzelius, Traité de éclatants et devenant plus foncés à la lumière
Chim ., t . IV]. [Rammelsberg, Handb. der kryst. Chem., suppl .
PERCHLORATE, Ag CIO . -- Poudre blanche, dé- p. 73]. L'eau chaude transforme cet hydrate en
liquescente, soluble dans l'alcool, fusible sans dé- un autre à 1 aq, rouge brun presque noir, dont la
composition appréciable, qui se prend en masse poudre est d'un beau rouge ( Magnus et Ammer-
cristalline par le refroidissement et qui se détruit müller, Ann. de Chim. et de Phys., (2) , t. LIII ,
à une température élevée en laissant du chlorure p . 92].
d'argent. Sa dissolution aqueuse brunit à la lu- IODATE, AgIO³. — S'obtient par double décom-
mière. Se prépare directement [ Sérullas, Ann. position. C'est une poudre blanche anhydre, inso-
de Chim. et de Phys., (2), t. XLVI, p. 307]. luble dans l'eau, presque insoluble dans l'acide
CHLORATE, Ag CIO³.— Cristaux anhydres blancs, nitrique étendu , aisément soluble dans l'ammo-
transparents, en prismes à bases carrées dont les niaque dont elle se sépare par l'évaporation spon-
axes a,c sont entre eux comme 1 : 0,9325 [ Mari- tanée en petits cristaux qui sont des lames rectan-
gnac, Mém. Soc. Phys. , Hist. nat. de Genève, gulaires transparentes, éclatantes, dont Marignac
t . XIV ( 1re partie), p. 256 ]. Fond à 230°, com- n'a pas pu fixer le système cristallin [ Ann. des
mence à se décomposer à 270°, laisse un résidu Mines, (5), t. IX] . L'acide sulfureux décompose la
de chlorure, fait explosion quand on le chauffe solution ammoniacale d'iodate d'argent en produi-
brusquement, se dissout dans 5 p. d'eau froide et sant de l'acide sulfurique et de l'iodure d'argent.
dans l'alcool, détone violemment par le choc Une calcination modérée fait dégager tout l'oxy-
quand il a été mélangé avec des corps combus- gène de ce sel ; l'acide chlorhydrique le transforme
tibles ; un courant de chlore longtemps prolongé en chlore , chlorure d'iode et chlorure d'argent
le décompose en produisant du chlorure, du per- [Gay-Lussac, 1814 , Ann . de Chim., (1 ) , t. XCI ;
chlorate d'argent et de l'oxygène libre, Rammelsberg, Poggend. Ann ., t. XLIV, p. 572;
ARGENT. 371 - ARGENT.
Benckiser, Ann. der Chem. u. Pharm., t. XVII, prismes octogones appartenant à un prisme rhom-
p. 255] . boidal droit de 90 ° 52' . Rapports des axes
SULFATE D'ARGENT, Ag2SO4.- Cristaux anhydres ,
incolores, brillants, isomorphes avec le sulfate de a b c 0,985 : 1 : 05802
soude anhydre, solubles dans l'acide sulfurique [Herren, Ann . de Chim. et de Phys. , (2), t. XL,
concentré, dans 88 p. d'eau bouillante et dans p. 38 ] . Une dissolution chaude de ce sel dans
200 p. d'eau froide. Le sulfate d'argent est peu l'ammoniaque abandonne de petits cristaux solu-
altérable à la lumière, décomposable par une cha- bles dans l'eau, devenant gris à la lumière, qui
leur rouge, insoluble dans l'alcool et soluble dans renferment 2 atomes d'ammoniaque et un d'eau ;
l'acide nitrique ; l'évaporation de cette dissolution la chaleur décompose ces cristaux en leur faisant
abandonne les cristaux les plus nets. Ce sel absorbe perdre de l'eau et de l'ammoniaque, puis de l'acide
1 atome de gaz ammoniac ; récemment préparé, sulfurique et du sulfate d'ammoniaque : il reste
il se dissout dans l'ammoniaque liquide en don- du sulfate d'argent [ Rammelsberg, Poggend. Ann.,
nant naissance au sulfate Ag2 SO4, 2Az H³ cristal- t.XLVIII , p. 472, ou Berzelius, Compt. rend. ann.,
lisable en beaux prismes incolores à base carrée. 5e année, p. 84].
Pirwitz prétend que le sulfate d'argent peut se Le trithionate, le tétrathionate et le pentathio-
déposer de sa solution sulfurique en octaèdres ré- nate sont l'un blanc, les autres jaunes , peu stables ,
guliers. Vogel a observé que l'argent divisé se insolubles.
dissout à la température ordinaire dans l'acide SÉLÉNIATE, Ag2 Se O. - Il est isomorphe avec le
sulfurique anhydre sans dégagement d'acide sul- sulfate dont il possède aussi l'apparence et les
fureux. D'après Church, le sulfate d'argent peut principales propriétés. Se prépare directement. Le
former, avec celui d'alumine, un alun séléniate ammoniacal , Ag? Se 0 + 2 Az H³, est en
Ag2SO + Al? S3012 + 24 H2O prismes à bases carrées, isomorphes avec le sulfate
et le chromate correspondants [ Mitscherlich, Ann.
en octaèdres réguliers [ Chem. News , t. IX , p . 105]. de Chim. et de Phys. , (2) , t . XXXVIII , p. 55].
On prépare le sulfate d'argent par double dé- SELENITE , Ag? Se 03. Poudre blanche, très-
composition ou bien en traitant l'argent par l'acide peu soluble dans l'eau froide, mais qui se dissout
sulfurique bouillant. dans l'eau chaude aiguisée d'acide nitrique pour
SULFITE, Ag2S 03. - S'obtient par l'action de cristalliser en aiguilles par le refroidissement.
l'acide sulfureux sur l'oxyde d'argent ou bien par Ce sel se prépare en traitant la solution de ni-
double échange. Il est peu soluble dans l'eau, se trate d'argent par l'acide sélénieux ; il n'est pas
colore à la lumière selon Muspratt, tandis que coloré par la lumière ; il fond par la chaleur comme
Fourcroy prétend qu'il n'est pas impressionné par le chlorure et se solidifie, en se refroidissant, en
cet agent. Le sulfite d'argent donne des sels une masse blanche cornée à structure cristalline
doubles avec les sulfites alcalins. [Berzelius, Ann . de Chim. et de Phys . , (2) , t. IX] .
HYPOSULFITE. - Le peu de stabilité de ce sel et TELLURATES.- On en connaît cinq. a. Sel neutre
la grande tendance qu'il a à s'unir aux hyposul- (Ag2 Te O ) . Poudre jaune foncé, décomposable par
fites alcalins et alcalino-terreux rendent douteux l'eau chaude ou froide en sel acide et sel basique,
qu'on l'ait jamais obtenu à l'état de pureté. Les soluble dans l'ammoniaque ( Berzelius ) . D'après
combinaisons doubles ont été décrites surtout par Oppenheim, une combinaison de nitrate et de tel-
Herschel [ Ann. de Chim. et de Phys. , (2), t. XIV, lurate d'argent se dépose en poudre cristalline,
p. 353.], et par Lenz [ Ann . der Chim. u. Pharm., incolore, qui jaunit à l'air quand on additionne
t. XL, p. 94, ou Berzelius, Compt. rend. annuel, d'acide tellurique une solution concentrée de ni-
3e année, p. 73. ] ; elles se préparent d'une ma- trate d'argent [Journ . für prakt. Chem ., t. LXXI] .
nière générale en dissolvant de l'oxyde ou du b. Sels acides. Le bi et le quadritellurate d'argent
chlorure d'argent dans l'hyposulfite alcalin, ou sont des précipités floconneux de couleur orange.
bien en ajoutant du nitrate d'argent à ce dernier ; c. Sels basiques. Le tellurate sesqui-basique ré-
on en connaît deux séries qui se représentent par sulte de l'action de l'eau bouillante sur le sel
Ag2S2O3, 2(R2S2O3) et par Ag2S2O3, R2S2O3. Les neutre; il est brun , pulvérulent et anhydre. Le
sels de la première série sont solubles dans l'eau tellurate tri-basique se précipite quand on évapore
d'où l'alcool les précipite, les autres sont peu ou un mélange de solutions ammoniacales de nitrate
pas solubles, se déposent en poudre ou en cris- et de tellurate neutre d'argent ; c'est une poudre
taux très-petits quand on ajoute de nouvelles brun-noir [ Berzelius , Ann . de Chim . et de Phys .,
quantités d'un sel d'argent à la dissolution des (2), t. LVIII. ) .
sels du premier groupe. L'hyposulfite d'argent et TELLURITE, Ag2 Te 03. Précipité volumineux
de sodium Ag2S2O3 , 2(Na2S2O3) +2 H2O s'obtient blanc jaunâtre, soluble dans l'ammoniaque (Ber-
quand on verse goutte à goutte, jusqu'à formation zelius). Si l'on dissout l'argent telluré dans l'acide
d'un précipité permanent , une dissolution d'un nitrique, il se dépose, au bout de quelque temps,
sel d'argent dans une dissolution d'hyposulfite de de petits prismes carrés, terminés, doués d'un
soude qu'on a soin d'agiter continuellement. Après éclat adamantin , insolubles dans l'eau , et qui ren-
une addition d'alcool dans la liqueur, le sel double ferment plus de 1 atome d'acide tellureux (G. Rose).
se dépose en lamelles brillantes qu'il faut laver PHOSPHATES. - 1° Phosphate basique, Ag³ PhO .
avec de l'alcool. Si l'on continue à verser du sel Précipité jaune-citron qu'on obtient en précipi-
d'argent aussi longtemps qu'il se forme un préci- tant le nitrate d'argent par le phosphate de soude,
pité, on a alors le composé (Ag Na S2 O3)2 + H2O, neutre, basique ou acide ; il est très-soluble dans
en flocons blancs qui prennent bientôt l'apparence l'ammoniaque qui , en s'évaporant, le laisse déposer
cristalline ; ce dernier est très-soluble dans l'am- en grains cristallins. Pesanteur spécifique, 7,3 . -
moniaque avec laquelle il donne une liqueur douée Les acides le dissolvent aussi ; la lumière le noir-
d'une saveur sucrée très-prononcée, saveur qui cit et une forte chaleur le fond.
appartient aussi à l'autre seldouble. L'acide chlor- 2º Phosphate neutre, Ag2 H, Ph O'. Ce sel
hydrique ne produit pas de précipité dans ces cristallise en grandes tables incolores, décompo-
hyposulfites, qui du reste se décomposent avec une sables par l'eau, inaltérables à l'air, que l'on ob-
extrême facilité , sous l'influence de la chaleur ou tient en évaporant une dissolution de nitrate d'ar-
de l'eau, en sulfure et sulfate d'argent et sel de gent mélangée avec un excès d'acide phospho-
sodium . rique.
DITHIONATE OU HYPOSULFATE, Ag2S2O6 + 2 H2O. PYROPHOSPHATES , Ag Ph²07 . — Se prépare par
Se prépare directement ; inaltérable à l'air, so- double décomposition au moyen de l'un des pyro-
luble dans 2 p. d'eau à + 16º C., forme des phosphates de soude ; c'est une poudre blanche ,
ARGENT. 372 - ARGENT.
lourde, qui devient rougeâtre à la lumière ; inso- carbonique à 200° . En faisant bouillir le nitrate
suble dans l'eau et l'acide acétique, légèrement d'argent avec un grand excès de carbonate alcalin ,
soluble dans un grand excès de pyrophosphate H. Rose a obtenu un précipité qui, séché à 100º,
alcalin , soluble dans l'acide nitrique froid et dans possède la composition Ag2CO3 . 2 Ag2O [ Ann. der
l'ammoniaque; l'ébullition dans de l'eau pure ne Chem. u. Pharm ., t. LXXXIV, p. 202].
lui fait pas subir de changements, mais en pré- PERMANGANATE, AgMnO¹. - On l'obtient , d'a-
sence des acides forts il se transforme en phos- près Mitscherlich, en mélangeant des dissolu-
phate ordinaire. La chaleur le fait fondre en un tions chaudes de nitrate d'argent et de permanga-
liquide jaune qui devient blanc par le refroidisse- nate de potasse. Par le refroidissement , il se
ment. L'alcool précipite de sa dissolution ammo- dépose de grands cristaux qui sont des prismes
niacale de petites aiguilles incolores qui dégagent rhomboidaux obliques dont les deux angles prin-
de l'ammoniaque à l'air. cipaux sont mm 112° 7' et pm = 92° 12' , et les
METAPHOSPHATES. 1º Bimetaphosphate, axes ab: c = 0,7447 : 1 : 1,3703.
Ce permanganate est anhydre, soluble dans
Ag Ph+O12.
109 p. d'eau froide et dans une moindre quantité
Si on mélange des dissolutions concentrées de d'eau chaude ; il se décompose à l'ébullition.
citrate d'argent et de bimétaphosphate de soude , MANGANATE, PLOMBATE, BISMUTHATE, TITANATE,
ce sel se dépose en une poudre cristalline ; par STANNATE, OSMIATE, AURATE. - Ces sels n'exis-
l'emploi de liqueurs étendues, il se forme peu à tent pas ou ne paraissent pas avoir été étudiés.
peu en petits cristaux. Assez peu facile à dissou- ANTIMONIATE. - Précipité blanc.
dre dans l'eau, fusible en un verre transparent TANTALATE et NIOBATE.- Demandent un nouvel
qui est insoluble dans l'eau. 2° Tri-metaphos- examen.
phate, Age Ph6 018+ 2 H2O. - Il se dépose com- MOLYBDATE. --- Le sel neutre est un précipité
plétement en deux ou trois jours sous forme de jaunâtre, floconneux , qui devient plus foncé à la
prismes obliques quand on mélange poids ato- lumière, se dissout peu dans l'eau, mais facilement
miques égaux d'un sel d'argent et de tri-métaphos- dans l'acide nitrique étendu et l'ammoniaque ; on
phate de soude ; si la liqueur contient un excès de le prépare par double décomposition au moyen du
ce dernier, les cristaux en entraînent toujours un molybdate neutre de potasse ; si l'on remplace ce
peu avec eux. Il est soluble dans 60 p. d'eau froide ; dernier sel par un molybdate acide, le précipité
ce corps et l'acide azotique ne le transforment pas ; blanc jaunâtre paraît avoir la composition
la dessiccation au bain-marie lui fait prendre une
réaction acide. 3° Hexamétaphosphate, Ag6Mo7 024
(Ag12 Ph12 036). [Svanberg et Struve, Ann . de Millon, 1849, p. 162] .
Le molybdate de sous-oxyde, Ag Mo207, est
- Précipité floconneux ou écailles blanches, bril- une poudre lourde, noire, cristalline et brillante,
lantes, insolubles dans l'eau ; ce sel devient semi- parmi laquelle on reconnaît de petits octaèdres
fluide à 100° et fond complétement à une tempé- très-nets. La potasse en sépare de l'oxydule Ag+ 0;
rature plus élevée. On peut le préparer en fondant l'acide nitrique le dissout avec dégagement de
de l'oxyde d'argent avec de l'acide phosphorique protoxyde d'azote. Rautenberg l'a obtenu en fai-
et en laissant refroidir lentement , ou bien en sant passer un courant d'hydrogène à travers une
traitant par un excès d'acide métaphosphorique solution ammoniacale du molybdate neutre de
récemment calciné une solution de nitrate d'ar- protoxyde ; la réaction a déjà lieu à froid, mais
gent refroidi à 0º. - L'ébullition dans l'eau dé- elle est beaucoup plus active à 90° [ Ann . der
compose ce sel (Berzelius) . Fleitmann et Henneberg Chem. u. Pharm ., t . CXIV, p. 119, ou Répert. de
ont décrit encore des phosphates correspondant à Chim. pure, 1860 , p. 251 ] .
des hydrates 6 H2O, 4Ph2O5 et 6 H2O, 5Ph205. [Voyez TUNGSTATE, Ag2 W207 ??- Sel anhydre, blanc,
Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXV et LXVIII ou insoluble dans l'eau, légèrement soluble dans les
Ann. de Millon, 1849 et 1850]. acides acétique et phosphorique, se dissout très-
PHOSPHITE et HYPOPHOSPHITE. - N'ont pas été bien dans l'ammoniaque et se prépare par double
préparés. décomposition . Le métatungstate est en croûtes
ARSENIATE, Ag As O. - Poudre brune qui s'ob- cristallines (Scheibler). Le tungstate de sous-
tient par double décomposition ; insoluble dans oxyde, Ag4 W207, se prépare comme le molybdate,
T'eau, soluble dans les acides et dans l'ammo- avec lequel il offre les plus complètes analogies
niaque. La chaleur décompose cet arséniate en (Rautenberg).
oxygène, acide arsénieux et arséniure d'argent; CHROMATE. - Le sel neutre est insoluble dans
l'acide arsénique le dissout et abandonne par l'éva- l'eau, soluble dans l'ammoniaque avec lequel il se
poration des grains cristallins dont la composition combine en donnant Ag2CrO4 , 2 Az H³. Le bichro-
est Ag2 As O11 (Geuther). mate est un peu soluble dans l'eau, davantage en
ARSENITE, Ag As2 05.- Poudre jaune, insoluble présence de l'acide nitrique , décomposable à l'é-
dans l'eau, qui se prépare par double décomposi- bullition en sel neutre et acide chromique. C'est
tion. L'arsénite d'argent est soluble dans l'ammo- une poudre rouge qui peut cristalliser en petits
niaque ; l'alcool sépare de cette dissolution un sel prismes rhomboidaux obliques, dans lesquels
ammoniacal Ag As2O5, 4 Az2 H6 (Girard).
BORATE, Ag2 BoO4. On l'obtient en mêlant mm =110° 5' , pm = 57°
de l'actde borique ou du borax avec du nitrate (Teschemacker). Se prépare par double décompo-
d'argent. C'est une poudre blanche, faiblement sition en employant le bichromate de potasse.
soluble dans l'eau, fusible à une douce chaleur et Le chromate de sous-oxyde prend naissance
qui se colore à la lumière. Une dissolution étendue dans les mêmes circonstances que le molybdate,
de borax ne précipite que de l'oxyde dans le ni- mais il renferme toujours de l'argent métallique
trate d'argent [ H. Rose , Poggend. Ann. , t. XIX, et se réduit entièrement déjà au-dessous de 50°.
p. 153, ou Ann. de Chim. et de Phys., (2) , t. XLVI, Poudre noire amorphe qui est attaquée par l'acide
p. 318.J. nitrique (Ann . der Chem. u. Pharm. , t XIV, p . 119,
CARBONATE D'ARGENT , Ag? CO³. L'oxyde d'ar- ou Repert. de Chim. pure, 1860 , p. 251].
gent humide attire l'acide carbonique de l'air. VANADATE. - Le sel neutre Ag² VO est un
Lorsqu'on précipite le nitrate d'argent par un précipité gélatineux, jaunâtre, soluble dans l'acide
carbonate alcalin, on obtient un précipité blanc nitrique et dans l'ammoniaque étendue. Le biva-
qui devient jaune et noircit à la lumière ou lors- nadate est orangé, peu soluble dans l'eau, mais
qu'on le chauffe légèrement. Il perd son acide beaucoup plus soluble dans l'acide nitrique et dans
ARGENT. - 373 ARGENT.

l'ammoniaque étendue ; avec cette dernière il peut donnent facilement un globule d'argent métal-
former une combinaison ammoniacale. La chaleur lique.
le fait fondre et il cristallise par le refroidissement D'après Békétoff, l'hydrogène réduit rapidement,
(Berzelius) . sous la pression ordinaire, la dissolution d'acétate
URANATE. Poudre rouge qui se décompose d'argent, lentement celle d'azotate et pas du tout
à 180° et s'obtient en faisant bouillir dans l'eau celle du sulfate ; en outre, l'hydrogène comprimé
l'acétate d'argent et d'urane. aurait une prompte action réductrice sur le ni-
trate, le sulfate étendu et le chlorure en solution
COMPOSES ORGANIQUES DE L'ARGENT . Pour de l'ammoniaque [ Journ. für. prakt. Chem.,
l'histoire de ces substances , voyez les articles t. XXVIII, p. 315, ou Bull . de la Soc . chim.,
consacrés aux divers acides et radicaux carbo- Paris, 1859, p. 14.
nés. M. D. Un grand nombre de substances organiques
ARGENT ( RÉACTIONS ET DOSAGE DE SES SELS ). amènent la précipitation de l'argent à l'état mé-
CARACTÈRES DES SELS D'Argent. - Le métal qui tallique : souvent le dépôt se fait sous forme d'une
nous occupe peut donner naissance à deux classes couche miroitante et brillante (huiles essentielles,
de sels correspondant aux oxydes Ag40 et Ag20. aldehyde, tartrate d'ammoniaque) . - Voy. ARGEN-
La première, peu nombreuse et imparfaitement TURE.
connue, renferme des composés peu stables, bruns Le protoxyde d'uranium introduit dans une
ou noirs , dont la solution aqueuse est d'un rouge dissolution de nitrate d'argent en élimine le mé-
vineux : on en a parlé à l'occasion du sous -oxyde tal avec formation de nitrate de sesqui - oxyde
et du sous-chlorure d'argent. d'urane :
La seconde classe, de beaucoup la plus impor-
tante , comprend des sels incolores par eux- U202 + 2 Ag Az 03 Ag2 + 2 [ UO) Az O³].
mêmes, vénéneux, et doués, quand ils sont DOSAGE DE L'ARGENT. Le dosage de l'argent
solubles , d'une saveur métallique très désagréable. dans ses alliages usuels sera traité à l'article
La lumière les noircit en les réduisant superfi- ESSAI DES MATIÈRES D'OR ET D'ARGENT.
ciellement. La chaleur seule décompose un grand Quand la combinaison à analyser est soluble
nombre d'entre eux avec assez de facilité. L'ar- ou susceptible d'être mise en dissolution , l'argent
gent qu'ils contiennent en est séparé par la plu- se dose, dans un très-grand nombre de cas, à
part des métaux (aluminium , zinc , fer, cuivre, etc.), l'état de chlorure. La précipitation doit être faite
par les acides formique, phosphoreux et hypo- avec de l'acide chlorhydrique et non pas au
phosphoreux, les sels de protoxyde de fer (en moyen d'un chlorure alcalin ; après quoi on re-
particulier l'acétate) , le protochlorure d'étain en cueille le chlorure d'argent sur un filtre que l'on
excès et par le formiate de soude ; l'intervention sèche pour le brûler ensuite, puis l'on arrose le
de la chaleur et la présence d'un excès de réactif résidu d'une petite quantité d'eau régale, et l'on
sont nécessaires pour effectuer quelques-unes de calcine de nouveau . Il est préférable, toutefois,
ces réductions. de verser la liqueur où s'est formé le chlorure
A l'exception de l'hyposulfite, les sels d'argent, d'argent dans un tube de verre effilé à l'un des
même très-dilués , sont précipités par l'acide bouts et taré ; le précipité est arrêté à la pointe
chlorhydrique; le chlorure qui se forme est du tube et le liquide passe clair, on lave pour
blanc , caséiforme , très-soluble dans l'ammo- sécher ensuite et peser ; dans le cours de ces opé-
niaque ; cette réaction est tout à fait caractéris- rations, il faut envelopper le tube d'un papier
tique. A la vérité, les sels de plomb et de pro- noirci que l'on enlève au moment de porter le pro-
toxyde de mercure se comportent d'une manière duit sur la balance (Marignac).
analogue en produisant des chlorures insolubles, Un très-grand nombre de sels d'argent, princi-
mais le chlorure de plomb est soluble dans 33 fois palement ceux à acide organique, sont réduits
son poids d'eau bouillante et insoluble dans l'am- par la chaleur seule au contact de l'air, ce qui
moniaque; quant au protochlorure de mercure, permet un dosage souvent très-exact du métal.
l'ammoniaque le noircit sans le dissoudre. Lorsque les dissolutions sont exemptes d'ammo-
Les autres réactifs se comportent comme suit niaque ou de sels ammoniacaux, on peut réduire
avec les sels d'argent. l'argent à chaud par l'acétate de protoxyde de fer
Bromure de potassium. Précipité blanc ou par un grand excès de formiate de soude ; il
jaunâtre, insoluble dans les acides, mais dissous faut dans ce dernier cas prendre quelques précau-
par l'ammoniaque concentrée. tions à cause du dégagement d'acide carbonique
lodure de potassium. - De même ; toutefois qui intervient.
l'iodure d'argent est peu soluble dans l'ammo- La précipitation de l'argent s'effectue aussi com-
niaque. plétement au moyen du sulfure d'ammonium; le
Potasse et Soude. 1 Précipité brun clair sulfure d'argent est recueilli, puis grillé, pour avoir
d'oxyde, soluble dans l'ammoniaque. le métal dont on effectue la pesée.
Carbonate neutre de soude ou carbonate d'am- Le dosage à l'état de chlorure est la méthode le
moniaque. -- Précipité blanc de carbonate qui plus fréquemment employée, et elle conduit aux
jaunit bientôt en se rassemblant et se dissout dans résultats les plus exacts, mais il est nécessaire de
le carbonate d'ammoniaque. s'assurer que la liqueur sur laquelle on opère est
Hydrogène sulfuré et sulfure d'ammonium . exempte de mercure, de plomb et d'étain.
Précipité noir insoluble dans un excès du der- Séparation de l'argent et de l'aluminium .
nier réactif. Dans une dissolution de ces deux métaux, on pré-
Cyanure de potassium. - Précipité blanc , ca- cipite complétement l'argent par un léger excès
séeux, insoluble dans les acides étendus, très- d'acide chlorhydrique.
soluble dans les cyanures alcalins . Séparation de l'argent et de l'antimoine.
Phosphate de soude. -- Précipité jaune dans Cette séparation s'effectue au moyen d'un excès
les dissolutions neutres : la liqueur devient acide. de sulfure d'ammonium qui précipite d'abord
Pyrophosphate de soude. - Précipité blanc. l'argent et l'antimoine pour redissoudre ensuite
Chromate neutre de potasse. Précipité rouge ce dernier. M. D.
dans une dissolution neutre pas trop étendue. ARGENT (MÉTALLURGIE DE L'). MINERAIS
Ferrocyanure de potassium (prussiate jaune). D'ARGENT. L'argent forme un grand nombre
- Précipité blanc. d'espèces minérales qui sont toutes des minerais
Ferricyanure. - Précipité brun rouge. fort recherchés.
Au chalumeau avec la soude, les sels d'argent L'argent existe dans la nature à l'état natif, à
ARGENT. 374 - ARGENT.
l'état de sulfure, de séléniure, de tellurure et connue sous le nom de polen dans le Harz, en
d'antimoniure ; à l'état de sulfures doubles et provoquant par l'immersion de perches de bois le
multiples ; à l'état de chlorure, de bromure et bouillonnement du plomb fondu : les crasses oxy-
d'iodure ; enfin à l'état d'amalgame. L'argent se dées formées au contact de l'air entraînent la ma-
trouve mélangé en faible proportion , soit à l'état jeure partie des substances étrangères. Le plomb
métallique, soit à l'état de sulfure, dans un d'œuvre très-impur et donnant naissance par son
grand nombre de minerais, savoir : la galène et oxydation à des fumées d'acide arsénieux est af-
les cuivres gris, les pyrites arsenicales et le mis- finé sur la sole en argile bien battue d'un four à
pickel, quelquefois dans le cuivre pyriteux et la réverbère.
blende. La grande valeur de l'argent fait que les Le plomb d'œuvre affiné par oxydation est en-
mines de plomb et de cuivre sont souvent répu- richi par cristallisation . Cette opération , qui a
tées mines d'argent et presque toujours fournis- pour but d'en retirer le plus possible de plomb
sent accessoirement une notable quantité de ce pauvre en concentrant l'argent dans un poids
métal. faible de plomb riche, s'appelle pattinsonage, du
Les minerais d'argent qui ne contiennent pas nom de son inventeur, l'ingénieur Pattinson.
d'autre métal utilisable rentrent tous dans les Le pattinsonage est basé sur la propriété que
trois classes suivantes : possède tout alliage fondu de plomb et d'argent
1º Argent natif. L'argent à l'état natif est le soumis à un refroidissement lent d'abandonner
plus souvent associé aux autres minerais, quel- des cristaux de plomb, tandis que l'argent se con-
quefois cependant il est seul et en masses consi- centre dans le métal resté à l'état liquide. Ce dé-
dérables, comme à Kongsberg et au Lac Supérieur. part de l'argent n'est pas absolu ; en pêchant les
2º Argent chloruré. - Le chlorure d'argent est cristaux avec une cuiller, on reconnaît qu'ils sont
ordinairement disséminé dans une gangue ter- d'abord extrêmement pauvres en argent, mais
reuse et ferrugineuse : à cet état, il constitue les qu'ils le deviennent de moins en moins à mesure
minerais colorados du Mexique, du Chili et du que le bain s'enrichit par l'écumage de la partie
Pérou, et les terres rouges de la Bretagne. cristallisée. La séparation du plomb pauvre ou
3º Les minerais noirs. ---- Ces minerais produi- raffiné du plomb riche ou de coupelle peut ce-
sent la plus grande partie de l'argent mis en cir- pendant se réaliser industriellement par plusieurs
culation . Ils contiennent l'argent sous tous les cristallisations successives, chacune d'elles s'ef-
états chimiques, mais principalement en combi- fectuant suivant une même loi de fractionnement.
naison avec le soufre, l'arsenic et l'antimoine. La pratique a appris qu'il convient de retirer
L'Amérique du Sud et le Mexique présentent dans chaque nouvelle opération à l'état de cris-
de nombreux et riches gisements de ces minerais taux les 7/8 du plomb contenu dans les chaudiè-
complexes. res lorsque le plomb est pauvre, et seulement les
2/3 lorsqu'il est riche : d'où deux méthodes, la
MÉTALLURGIE DE L'ARGENT. méthode par tiers et la méthode par huitièmes.
Un atelier de cristallisation comprend une bat-
Les procédés que l'on suit pour extraire l'ar- terie de 9 à 12 chaudières en fonte et de forme
gent varient singulièrement en raison de la nature hémisphérique. Chacune de ces chaudières est
de ses mines, de leur richesse et des lieux où chauffée par un foyer spécial. Nous supposerons
elles se trouvent. Cependant le traitement des chaque chaudière numérotée de 1 à 12 à partir
minerais ramène toujours l'argent à l'état métal- d'une extrémité de la batterie jusqu'à l'autre. Le
lique lorsqu'il n'y est point, et allie au mercure plomb d'œuvre placé dans la chaudière 6 ga-
ou au plomb le métal précieux . gnera peu à peu la 1re et la 12. La 1re chau-
Les minerais de plomb argentifères sont d'a- dière contiendra le plomb enrichi à 900gr ou
bord traités pour plomb. Ce métal retient tout 1,800 pour 100 kilogrammes ; la dernière le
l'argent. plomb pauvre ou marchand au titre de 4gr à 2gr
Le plomb argentifère, suivant sa teneur en mé- pour 100 kilogrammes. Le plomb d'œuvre fondu
tal fin, est coupellé directement ou après un enri- dans la chaudière 6 est brassé avec un ringard
chissement par cristallisation. pendant la solidification pour déterminer la for-
Les minerais de cuivre argentifères sont traités mation de cristaux isolés . On pêche ces cristaux
pour cuivre les dernières mattes et le cuivre avec une écumoire en fer perforée de trous de
noir sont désargentés . 12 millimètres de diamètre et distants de 2 cen-
Les minerais d'argent trop pauvres en plomb ou timètres. L'écumage de la chaudière 6 se fait en
en cuivre pour qu'on puisse extraire ces métaux versant les cristaux dans la chaudière 7 et en
sont soumis à un traitement complexe ayant pour coulant le plomb dans la chaudière 5. L'écumage
but l'amalgamation de l'argent. La méthode d'a- des chaudières 7 et 5 s'effectue comme celui de la
malgamation suivie en Amérique et celle plus chaudière 6 et ce mode se continue pour toutes
parfaite employée en Saxe fournissent unamalgame les chaudières de la batterie. Il est d'ailleurs ex-
d'argent qu'on retire d'une masse énorme de ma- trêmement difficile de régler le travail de l'atelier
tières stériles par des lavages soignés . Malgré le de manière à éviter les fausses manoeuvres et l'ir-
haut prix du mercure, ces méthodes sont celles régularité dans l'écumage des diverses chaudières.
qui conviennent le mieux pour l'exploitation des Lorsqu'on soumet le plomb au mode d'écumage
minerais pauvres.
qui le divise en 2 parties cristallines et 1 partie
L'amalgame d'argent est soumis à la distilla- enrichie, la teneur des cristaux diminue dans la
tion. Le mercure se volatilise , l'argent est mis en proportion de 1 à 5/8 et augmente dans le plomb
liberté. resté liquide dans la proportion de 1 à 1 3/4.
Enfin, les matières argentifères très-riches sont Les rapports d'appauvrissement et d'enrichis-
fondues avec du plomb : il en résulte un alliage sement sont différents dans la méthode des hui-
qu'on soumet à la coupellation ; le plomb s'oxyde , tièmes la teneur des cristaux diminue dans le
s'écoule sous forme de litharge, et l'argent reste rapport de 1 à 3/7 et augmente dans le huitième
dans la coupelle . resté liquide dans le rapport de 1 à 3.
DES PLOMBS D'EUVRE . PATTINSONAGE. - Le Lorsqu'on recueille à l'état de cristaux d'abord
traitement des galènes argentifères, dirigé dans le les 4/7 du poids du plomb, puis encore 1/7, ce 7º
double but d'en retirer le plomb et l'argent, four- possède le titre primitif du bain métallique et les
nit un plomb dans lequel se rassemble en presque 2/7 restant à l'état fondu, un titre double . Ce dépôt
totalitél'argentdu minerai : c'est du plomb d'œuvre. de cristaux intermédiaires est appliqué avec avan-
Le plomb d'œuvre s'afline par une méthode tage à la méthode par tiers à Freiberg.
ARGENT. 375 — ARGENT.
On peut procéder à l'enrichissement en ajoutant buse : les sulfures dissous dans le plomb s'unis-
au plomb d'œuvre fondu 1 p. % de zinc. Il se ras- sent aux oxydes et forment des oxysulfures noirs
semble à la surface du bain un composé de zinc, et visqueux ou abstrichs, qui recouvrent le bain :
de plomb et d'argent. Cet alliage triple, contenant on les enlève à l'aide d'un råble. Enfin, on ob-
la presque totalité du métal fin, peut être traité tient des litharges impures ou sauvages qui cou-
par l'acide chlorhydrique étendu qui ne dissout lent d'elles-mêmes hors du four et dont l'appari-
que le zinc l'argent reste allié au plomb. Une tion annonce la fin de la purification du plomb.
méthode plus avantageuse consiste à le passer La purification terminée et le four étant au rouge
au four à manche ; le zinc est volatilisé, et le vif, on donne le vent alternativement par les deux
plomb obtenu est assez riche pour être soumis à buses. Le vent doit être plongeant et assez fort
la coupellation. pour produire des vagues régulières à la surface
COUPELLATION DES PLOMBS D'OEUVRE. - Le plomb de la litharge et du métal. Les ondulations de la
d'œuvre riche ou enrichi par la remarquable mé- litharge, encore sensibles sur les bords de la cou-
thode de Pattinson est soumis à la coupellation. pelle, en facilitent l'écoulement par la rainure
Dans cette opération, le plomb converti en oxyde dont le fond est maintenu à peu près au milieu
se sépare de l'argent en formant des litharges de la hauteur occupée par l'oxyde.
pauvres et des litharges riches ; ces dernières sont La litharge se forme rapidement à la surface
révivifiées et produisent un plomb pauvre soumis du bain et coule continuellement par la voie des
de nouveau à la coupellation après enrichisse- litharges. La difficulté de maintenir la rainure à
ment par cristallisation. Il suffit, pour obtenir ce une profondeur convenable augmentant quand les
départ de l'argent, d'exposer l'alliage fondu à l'ac- bords du bain en fusion se rapprochent du centre
tion d'un courant d'air dans un four à réverbère de la coupelle, la proportion de l'alliage entraîné
dont la sole est remplacée par une coupelle. par les litharges est de plus en plus grande de-
La forme des fours employés pour la coupella- puis le commencement jusqu'à la fin de l'opéra-
tion, la conduite de l'opération et la nature des tion d'où la richesse des dernières litharges
matériaux qui servent à faire les coupelles peu- mises à part sous le nom de litharges riches.
vent se rattacher aux deux méthodes suivantes : L'alliage de plomb et d'argent possède pendant
Coupellation allemande. -On la pratique dans la coupellation une température plus élevée que
un four à réverbère à sole circulaire surmontée celle du four. Il est surtout facile de constater
d'une voûte mobile, nommée le chapeau du four pendant la production des litharges riches que le
et susceptible d'être enlevée à l'aide d'engins, métal se détache en clair sur le fond plus sombre
pour que les affineurs puissent renouveler facile- de la coupelle. On dit que l'éclair a passé lorsque
ment la coupelle en marne fortement tassée qui cette surface métallique brillante a pris la cou-
repose sur la sole en briques du four. On donne leur du four. L'éclat du métal se ternit presque
à la coupelle, pour une charge de 10 tonnes, 3 immédiatement, dès que l'oxydation du plomb n'a
mètres de diamètre et 0,30 de profondeur. plus lieu qu'avec lenteur et ne dégage plus assez
de chaleur pour maintenir l'excès de température
du métal.
L'éclair passé, on cesse de chauffer ; le métal
se fige ; on achève de le refroidir avec une petite
quantité d'eau qu'on jette dessus, puis on déta-
che aisément avec un ringard le disque métallique
de la coupelle. Le gâteau d'argent est débarrassé
à coups de marteau de la litharge et des fragments
de coupelle adhérents. La durée totale de la cou-
pellation de 10 tonnes de plomb est de 72 heures.
L'argent brut ou argent d'éclair renferme envi-
ron 2 % de plomb.
Coupellation anglaise. — Cette coupellation
s'applique aux plombs très-pauvres et très-purs,
ainsi qu'aux plombs très-riches.
La coupellation est divisée en deux parties :
dans la première, on arrête l'oxydation au mo-
ment où le plomb arrive à la teneur de 8 % ;
dans la seconde, on achève l'oxydation du plomb.
Fig 59. 1 Four de coupellation. Le four de coupellation est un réverbère à sole
mobile portée sur un chariot. La sole est une
coupelle de forme elliptique pouvant contenir
Sa partie supérieure présente une rainure des- environ 300 kilogrammes de plomb; elle est faite
tinée à l'écoulement de l'oxyde de plomb fondu en os calcinés et imprégnés d'une dissolution al-
par la porte de travail du four ; vis-à-vis cette caline. Le grand axe de la sole est parallèle au
voie des litharges se trouve une échancrure des- pont de chauffe du four. Les litharges doivent cou-
tinée au passage de deux tuyères. ler par une rainure maintenue à une profondeur
Le chargement étant fait avec précaution pour constante, l'oxydation devant avoir lieu, dans
ménager la coupelle, on abaisse lavoûte et l'on di- cette méthode, à niveau constant.
rige le feu de manière à obtenir une fusion com- Le four étant porté au rouge, on coule 300 kilo-
plète en quelques heures. Le foyer du four a une grammes de plomb dans la coupelle, on donne le
faible profondeur et la grille est maintenue par- vent, l'oxydation commence tout de suite et les
faitement claire, afin que la flamme soit oxy- litharges pauvres qui s'écoulent sont remplacées
dante. Le bain fondu est couvert d'une croûte de par du plomb fondu jusqu'à ce que la richesse
couleur foncée, formée de divers sulfures mélan- de l'alliage atteigne 8 %. On moule alors ce plomb
gés de scories pâteuses ; on chauffe au rouge d'oeuvre riche en lingots.
sombre pour faire écouler tout le plomb dont ces La seconde coupellation se conduit comme la
sulfures sont imbibés. Au bout de deux heures première on cesse d'ajouter du plomb fondu ri-
environ, on enlève à l'aide d'un râble en bois ceux che lorsque la coupelle contient 300 kilogrammes
qui sont restés infusibles et qui constituent les d'argent et on arrête le vent aussitôt après l'é-
abzugs. Après leur enlèvement, on donne le vent, clair. Les litharges de cette seconde opération sont
mais en petite quantité et seulement par une toutes révivifiées et donnent un plomb riche.
ARGENT. — 376 — ARGENT.
Raffinage de l'argent. --Pour enlever à l'argent suivre deux méthodes pour extraire l'argent du
d'éclair les 2 % de plomb qu'il renferme on peut cuivre noir.

Α'

Fig. Co. - Four de coupellation. Fig. 61 . - Four à cuve.

suivre deux méthodes différentes ; dans l'une, on I. Dans le Hartz et le Mansfeld, on sépare l'argent
raffine l'argent brut coupé en morceaux par fusion du cuivre au moyen du plomb, et on passe à la
dans une coupelle en os calcinés chauffée au coupellation le plomb d'œuvre obtenu. Examinons
rouge vif dans un four ou sous un moufle, le cette opération , appelée liquation , bien qu'elle
plomb s'oxyde et la litharge est absorbée par la n'ait plus aujourd'hui qu'un intérêt historique.
coupelle la purification est terminée lorsque la Actuellement on désargente, dans le Hartz et le
surface du métal réfléchit les détails de la voûte Mansfeld, non plus le cuivre noir, mais les mattes.
du four. Dans l'autre méthode, on fond l'argent Le cuivre noir est d'abord allié dans une pre-
brut dans un creuset en plombagine découvert mière opération (rafraîchissage) avec 3 p . de plomb.
avec une petite quantité de nitre. Une longue expérience ayant appris que l'alliage
Le métal est coulé dans des lingotières dont on doit contenir 500 fois plus de plomb que d'argent,
recouvre la surface libre avec une planche pour les cuivres pauvres sont rafraîchis avec des plombs
éviter les pertes par projection que pourrait pro- d'œuvre . Le rafraichissage s'effectue dans un four
duire le rochage. à réverbère ou dans un four à manche. On fond
DÉSARGENTATION DES PRODUITS D'ART OBTENUS d'abord le cuivre ; puis on ajoute la quantité de
DANS LE TRAITEMENT DES MINERAIS CUIVREUX ET plomb reconnue nécessaire. Dès que l'alliage est
PLOMBEUX. - L'extraction de l'argent de ces mi- bien homogène, on le coule en disques de 75 cent.
nerais est dirigée dans le but de réunir tous les de diamètre et de 8 cent. d'épaisseur.
métaux dans des mattes : les mattes sont plom- L'alliage ternaire de plomb, cuivre et argent,
beuses et pyriteuses . chauffé graduellement , éprouve une liquation
Les mattes plombeuses s'obtiennent en fondant très-nette. Un alliage avec excès de plomb, très-
des galènes argentifères grillées avec des mattes fusible, se sépare d'un alliage avec excès de cui-
pyriteuses également grillées : cette fusion s'ap- vre, qui ne fond qu'à une température sensible-
pelle fonte riche. ment plus élevée . Cette liquation exige de grands
Les mattes pyriteuses prennent naissance dans soins ; elle doit être conduite de façon à éviter le
la fusion des minerais de cuivre pyriteux pauvres contact de l'air, à répartir bien uniformément la
partiellement grillés avec les scories riches et basi- chaleur et ne pas atteindre le point de fusion de
ques de la fonte riche : cette fusion s'appelle fonte l'alliage avec excès de cuivre. Elle s'effectue dans
crue ou de concentration. un four particulier dont la flamme est réductrice
La matte plombeuse est grillée et fondue au et dont la sole présente une dépression en forme
four à cuve, d'où résultent : 1° du plomb d'oeu- de rigole longitudinale en son milieu . L'alliage
vre; 2º une matte cuivreuse renfermant 30 à qui s'écoule alors renferme environ 12 atomes
35 % de cuivre ; 3° enfin des scories qu'on passe de plomb pour 1 atome de cuivre, et celui qui
dans le lit de fusion de la fonte crue. reste solide 12 atsmes de cuivre pour 1 atome de
Le plomb d'œuvre est raffiné dans un four à plomb.
réverbère, puis enrichi par cristallisation. Le Le premier est coupellé , le second qui reste sur
plomb riche est coupellé dans de grands fours la sole sous la forme de pains poreux, légèrement
allemands à voûte mobile. oxydés, est soumis au ressuage, opération qui
La matte cuivreuse après bocardage est grillée présente plusieurs périodes. On chauffe d'abord
et fondue au four à cuve pour lui enlever, à l'état pour faire suinter un peu de plomb argentifère.
de plomb d'œuvre, le plus possible du plomb et Puis on chauffe dans une atmosphère oxydante, le
de l'argent qu'elle contient. La nouvelle matte est plomb qui se trouve à la surface des pains s'oxyde
concassée , grillée, puis fondue dans le but d'ob- et entraîne avec lui l'argent et une certaine quan-
tenir, soit une matte de concentration tenant 70 % tité d'oxydule de cuivre. Ces oxydes fondent et
de cuivre, soit un cuivre noir. coulent. Lorsque la production de la litharge se
DESARGENTATION DU CUIVRE NOIR. — On peut
ralentit on empêche l'accès de l'air, une oxyda-
ARGENT. - 377 ARGENT.
tion plus rapide que les transports intérieurs des opérations de cette méthode, pratiquée à Czi-
molécules du plomb dans les pains ayant le klova (Banat), se suivent dans l'ordre ci-dessous.
grave inconvénient d'oxyder une grande quantité 1º On pulvérise au rouge sombre le cuivre noir
de cuivre. Au bout d'un certain temps, les molé- sous les pilons d'un bocard , et on achève la
grande division nécessaire aux réactions par une
porphyrisation faite à sec entre deux meules hori-
Coupe AB zontales.
2º Le cuivre noir porphyrisé est mélangé avec
5 % de pyrite de fer, exempte d'arsenic, et
12 % de sel marin, fondu et pulvérisé. Le mé-
lange est étendu uniformément sur la sole d'un
four à réverbère où il est chauffé pendant 7 à 8
heures au rouge sombre dans une atmosphère ló-
gèrement oxydante. Cette période d'oxydation est
Coupe CD complète quand on n'aperçoit plus de cuivre à
l'état métallique. Pendant ce grillage le sel marin
ne peut fondre et reste à peu près inerte ; lespy-
rites servent à former des sulfates de fer, de
cuivre et d'argent; les gaz étant peu oxydants, la
majeure partie de l'arsenic et de l'antimoine
forme de l'acide arsénieux et de l'oxyde d'anti-
moine il se forme toujours une certaine quan-
tité d'arséniates et d'antimoniates . On termine le
grillage par un coup de feu. Le sel marin trans-
forme alors les sulfates, arséniates et antimoniates
Coupe horizontale en chlorures. Cette période de chloruration ne
doit pas durer plus d'une heure pour éviter une
volatilisation sensible du chlorure d'argent.
3º La troisième opération ou amalgamation a
pour but de former un amalgame avec l'argent
contenu dans le cuivre noir chloruré. On intro-
duit le cuivre noir grillé, humecté d'eau, et des
gobilles en cuivre noir de 4 cent. de diamètre
dans une tonne tournant autour de son axe.
Après quelques heures de rotation , on ajoute dans
la tonne le quart environ du poids du cuivre noir
chloruré en mercure, et on imprime à la tonne
une vitesse de 18 tours à la minute pendant 20
heures. On rassemble ensuite le mercure divisé
en ajoutant de l'eau et en ralentissant le mouve-
ment de la tonne.
Les gobilles de cuivre noir préparent les ma-
tières à l'amalgamation en ramenant les perchlo-
rures de fer et de cuivre à l'état de protochlorures,
et en décomposant même une partie du chlorure
Fig. 62. - Four de liquation. d'argent. Le mercure accélère ces réactions, les
rend complètes et réunit l'argent.
4º Le mercure qui tient en dissolution l'amal-
cules de plomb s'étant de nouveau réparties dans game d'argent est soumis à la distillation.
les pains, on recommence l'oxydation. On pour- L'amalgamation du cuivre noir ne fait perdre
rait, en alternant ainsi les feux oxydants et ré- que peu d'argent et donne des résidus cuivreux,
ducteurs, pousser très- loin la séparation. Dans les
opérations ordinaires, les pains liquatés ont perdu renfermant peu d'arsenic et d'antimoine : cette
le tiers de leur poids dans le ressuage. méthode est surtout applicable aux cuivres noirs
Les crasses de ressuage qui contiennent la li- qu'on ne peut obtenir que très-impurs.
DESARGENTATION DES MATTES. On peut retirer
tharge, l'oxydule de cuivre et l'argent, sont re-
l'argent des mattes argentifères par quatre métho-
des par la chloruration de M. Augustin, par la
sulfatisation de M. Ziervogel, par la méthode de
M. Kersten, et enfin par la fonte d'imbibition .
La méthode de chloruration des mattes a rem-
placé, dès 1849, la liquation du cuivre noir à
Freiberg. La méthode de M. Ziervogel a été appli-
quée avec succès à Swansea, dans le Mansfeld et
dans le Hartz. En 1860, on a adopté à Freiberg la
méthode de M. Kersten. Je vais résumer aussi
brièvement que possible ces quatre méthodes d'ex-
traction de l'argent.
I. Le procédé d'extraction de M. Augustin com-
prend 4 séries d'opérations.
1º Les mattes sont pulvérisées et porphyrisées
à sec.
2º On transforme par la voie sèche en chlorure
Fig. 63. —- Four de ressuage. d'argent la presque totalité de l'argent contenu
dans les mattes, et on sépare ce chlorure des au-
fondues avec des produits cuivreux, et l'alliage tres éléments des mattes, en le dissolvant dans
qui en résulte est de nouveau liquaté. de l'eau chaude chargée de 22 % de sel marin.
II. La deuxième méthode employée pour désar- L'agent de chloruration employé est le sel marin.
genter le cuivre noir est l'amalgamation . Les . Il agit par double décomposition sur le sulfate
ARGENT. - 378 ARGENT.

d'argent qu'on produit économiquementen grillant d'argent est décomposé par le cuivre et le sulfate de
convenablement les mattes. cuivre par le fer. La dissolution de chlorure d'or est
Le grillage s'effectue sur la sole d'un four à ré- traitée par une dissolution concentrée de sulfate
verbère à une température peu élevée et en pré- de protoxyde de fer.
sence d'un grand excès d'air, tout l'argent passe à III. Méthode de M. Kersten.- La matte de con-
l'état de sulfate d'argent : simultanément il se centration contenant 70 % de cuivre est grillée
forme des sulfates de fer et de cuivre. Le grillage et chauffée assez fortement pour décomposer aussi
est suivi d'une calcination au rouge-cerise , tem- complétement que possible tous as sulfates. La
pérature assez élevée pour détruire les sulfates de matte grillée et calcinée possède une couleur noire,
cuivre et de fer, mais insuffisante pour décompo- on la soumet à un broyage et puis on la met en
ser le sulfate d'argent. Dès que les matières ne digestion avec de l'acide sulfurique étendu de son
laissent plus dégager que très-peu de vapeurs poids d'eau à une température de 70° environ. La
d'acide sulfurique et ne renferment plus qu'une dissolution abandonne par refroidissement du sul-
faible proportion de sulfate de cuivre et de sulfate fate de cuivre et les résidus lavés formés d'oxyde
de fer, on procède à la chloruration qui doit être de fer, de sulfate de plomb et de l'argent métalli-
rapide et s'effectuer à basse température, à cause que provenant de la décomposition du sulfate
de la volatilité du chlorure d'argent. La double d'argent repassent avec les minerais ordinaires
décomposition des sulfates par le sel marin s'effec- dans la fonte plombeuse.
tue sur la matte grillée portée au rouge en y ajou- IV. Désargentation des mattes en Hongrie
tant un mélange intime de sel marin fondu et de (fonte d'imbibition). - La matte est amenée à
matte grillée froide qu'on répartit rapidement l'état liquide dans du plomb fondu contenu dans
dans la charge. un petit foyer. Au moment de la coulée , un ou-
Les chlorures volatils, principalement ceux de vrier agite le bain de plomb avec une barre de
fer et de zinc, augmentant beaucoup la volatili- fer, pour déterminer un contact aussi intime que
sation du chlorure d'argent, on doit chercher à possible du plomb et de la matte. On enlève la
réduire autant que possible la proportion de ces matte au fur et à mesure de sa solidification dis-
chlorures. Cette volatilisation est également très- ques par disques. Puis on introduit une nouvelle
forte dans le traitement des mattes contenant de quantité de matte et on agite de nouveau . Chaque
l'arsenic et de l'antimoine , les arséniates et les addition de matte nécessite une addition de plomb.
antimoniates produits pendant le grillage ne se Le plomb est remplacé en totalité lorsqu'il est suf-
transformant que lentement en chlorures. fisamment riche pour être coupellé. Cette fonte de
3º La matte chlorurée est soumise à une lixivia- la matte et du plomb, appelée fonte d'imbibition,
tion méthodique. La dissolution de sel marin en- a le grave inconvénient de désargenter incomplé-
lève le chlorure d'argent à la matte grillée et tement les mattes . La désargentation est moins
chlorurée : les acides arsénique et antimonique imparfaite en faisant agir le plomb sur la matte
unis à la soude après la chloruration déterminent, dans le creuset même du four où s'effectue la fonte
pendant la lixiviation, une perte en argent, en régé- de concentration.
nérant le sel marin et des sels d'argent insolubles. TRAITEMENT DES MINERAIS D'ARGENT EN AMÉ-
4° Les eaux chargées de chlorure d'argent et RIQUE. - Bartholomé de Medina imagina une mé-
des chlorures métalliques solubles, traversent les thode l'amalgamacion por patio y crudo digne au
compartiments de deux ou trois cuves qui ren- plus haut degré de l'attention des métallurgistes.
ferment du cuivre obtenu par la voie humide. Les Elle est en usage depuis 1557 au Mexique , et
perchlorures de fer et de cuivre sont ramenés à l'é- depuis 1561 au Pérou , où elle a été introduite par
tat de chlorure, et l'argent se précipite rapidement. Hernandez de Velasco. Alonzo Barba, curé de la
L'argent obtenu est affiné dans un four de cou- Plata, fit connaître en 1590 une méthode d'amal-
pellation. gamation à chaud.
II. Méthode de M. Ziervogel.- La chloruration AMALGAMATION A FROID. Les minerais des-
de la matte grillée est supprimée, l'argent existant tinés à l'amalgamation sont bocardés à sec, puis
dans ce produit à l'état de sulfate est dissous par broyés avec de l'eau dans une machine appelée
l'eauchaude, et l'argent est précipité par le cuivre. arrastre, jusqu'à ce qu'ils aient acquis une grande
Le grillage et la calcination de la matte pulvérisée finesse. Les boues métalliques très-liquides qui
s'effectuent comme dans la méthode précédente. résultent de cette opération ayant pris par la des-
La dissolution du sulfate d'argent est très-lente siccation une consistance convenable sont étendues
et d'autant plus difficile que le grillage a été plus dans une cour dallée ( le patio) , en tas de 0" , 25 de
long.La lixiviation méthodique par l'eau chaude est hauteur qui peuvent contenir jusqu'à 60,000 kil.
précédée d'une digestion qui prépare la dissolution. de minerais.
A Swansea on emploie un appareil des plus Le minerai déposé dans le patio est prêt à
ingénieux pour griller la matte à la température recevoir le sel, le magistral et le mercure. On
de décomposition des sulfates de fer et de cuivre. étend uniformément sur la surface du tas (tourta)
Il se compose d'une colonne verticale de 8 mètres du sel marin, dans la proportion de 2 de sel pour
de haut dans laquelle la matte bronze pulvé- 100 de minerai. On rend le mélange homogène
risée tombe d'une manière continue, successi- en le faisant piétiner pendant plusieurs heures
vement sur 30 séries superposées de barreaux par des chevaux. Le tas est alors abandonné à
de fer. Les barreaux d'une série quelconque cor- lui-même pendant vingt-quatre heures avant d'a-
respondent aux espaces vides des deux séries les jouter le magistral. Le choix d'un bon magistral
plus voisines. La matte n'atteint donc le fond de est un point fort important dans l'amalgamation :
l'appareil qu'après avoir séjourné sur toutes les il est produit par le grillage à basse température
séries de barreaux, artifice qui permet de pro- de cuivre pyriteux pur, il doit contenir environ
longer l'action d'un courant d'air ascendant, assez 20 % de sulfate de cuivre et de fer on l'emploie
longtemps pour la griller à peu près compléte- dans la proportion de 1 à 2 %. Le sulfate de cui-
ment. Cet appareil porté une fois au rouge se vre provenant de la séparation de l'or et de l'ar-
maintient à la température convenable par la gent par l'acide sulfurique constitue un magistral
combustion du soufre contenu dans la matte. extrêmement énergique en vertu de son acidité.
L'acide sulfureux produit sert à la fabrication On mélange le magistral comme le sel, en faisant
de l'acide sulfurique. La matte grillée cède à l'eau piétiner le tas, et on procède à l'incorporation de
chaude le sulfate d'argent formé pendant le grillage la 1re dose de mercure , environ 4 fois le poids de
et ensuite à l'eau de chlore l'or provenant des pyri- l'argent contenu dans les minerais. Le mercure
tes ou des autres minerais aurifères. Le sulfate est répandu sur la surface en gouttelettes très-
ARGENT. - 379 ARGENT.
fines et incorporé dans la masse par un marchage Une addition de chaux permet de régulariser
ou repaso de 3 à 4 heures. Le tas est ensuite la marche de l'amalgamation. La perte de mer-
livré à lui-même jusqu'à ce que les essais indi- cure que l'on éprouve dans le procédé amé-
quent la nécessité d'activer ou de ralentir les réac- ricain ne peut s'estimer d'une manière certaine,
tions. Les progrès de l'amalgamation s'apprécient l'argent natif des minerais devant s'amalgamer
par l'aspect du mercure obtenu en lavant le mi- sans consommer de mercure. Quant à l'amalga-
nerai à l'augette. L'essai fait plusieurs jours mation du chlorure d'argent, il est facile de voir
après l'incorporation du mercure donne un seul que pour 100 p. d'argent , on doit en perdre 187
globule d'amalgame légèrement gris , dont on de mercure, en supposant que ce métal passe à
peut extraire le mercure coulant par la seule l'état de protochlorure. C'est cette perte que les
pression du pouce. De jour en jour l'essai fournit Américains nomment consumo. On éviterait le
un métal plus gris et une plus forte proportion consumo en effectuant la révivification du chlo-
d'amalgame solide. Quand les réactions se ralentis- rure d'argent par d'autres métaux que le mercure ;
sent, on dit que la tourte a froid, on la réchauffe par le zinc, l'étain, le plomb, le cuivre. Ainsi la
par un repaso prolongé ou par addition de magis- substitution de l'amalgame de cuivre au mercure
tral. Quand le mercure diminue sans que la propor- a donné de bons résultats à Guadalupe y Calvo. Le
tion d'amalgame solide augmente, on dit que la cuivre seul se dissout dans la tourte en amenant
tourte a chaud, on la refroidit en y incorporant, au minimum le chlorure de cuivre du magistral ,
par un repaso , de la chaux ou des métaux divisés. le mercure ne commence à agir qu'après la dissolu-
Quand l'amalgame de la prise d'essai est solide tion complète du cuivre. La proportion de cuivre à
et tellement divisé qu'on pourrait le prendre pour employer est celle nécessaire pour produire le
de la limaille d'argent, on répand sur la tourte les protochlorure de cuivre, environ 33 à 35 de cuivre
3/8 de la quantité de mercure d'abord employée, pour 100 de l'argent contenu dans le minerai.
puis on donne un repaso. Lorsque l'amalgamation L'amalgame de plomb se comporte comme celui
paraît terminée, on ajoute une 3e fois du mercure, de cuivre.
mais alors on n'en met que 1/8 du poids primitif. AMALGAMATION A CHAUD . - On soumet dans
La durée de l'amalgamation est de 25 jours l'Amérique du Sud à l'amalgamation à chaud les
dans les conditions les plus favorables ; mais sou- minerais colorados, c'est-à-dire, les minerais ren-
vent il faut 2 à 3 mois. fermant l'argent à l'état natif et à l'état de chlo-
Enfin, on traite dans des cuves par une quan- rure d'argent. Le minerai pulvérisé et enrichi par
tité de mercure égale à celle employée sur le patio des lavages est traité à 100° dans des chaudières
pour réunir les grains d'amalgame. On entraîne à fond de cuivre par une dissolution de sel marin
les matières stériles mises en suspension dans et par du mercure. Le mercure est divisé en tri-
l'eau, le mercure reste seul, chargé d'argent; il est turant le minerai sur le fond de la chaudière avec
filtré à travers des sacs en forte toile et l'amal- un pilon en bois. Le chlorure d'argent, amené par
game solide qu'ils retiennent contient 1 p. d'ar- la trituration au contact du cuivre en présence
gent pour 5 p. de mercure. Cet amalgame est d'une dissolution de sel marin, donne un sel de
moulé en segments triangulaires dans des formes cuivre au minimum et a de l'argent; le chlorure
en bois et enfin distillé sous une cloche en fonte. d'argent dissous ou en suspension est ramené à
Les minerais negros peuvent être amalgamés à l'état métallique par l'action réductive du sel de
froid comme les colorados ; mais pour en retirer cuivre au minimum . Les combinaisons de l'argent
plus des 2/3 de l'argent, il faut les soumettre à avec le soufre, l'antimoine et l'arsenic ne sont pas
un grillage préalable. sensiblement attaquées dans l'amalgamation à
Pour comprendre les réactions chimiques de l'a- chaud : cette méthode ne s'applique donc pas aux
malgamation , il faut connaitre les faits suivants : minerais negros .
1º Le sulfate de cuivre du magistral et le sel Le mercure n'est utile que pour former l'amal-
marin se décomposent réciproquement presque game. La perte de ce métal est toujours une frac-
en totalité. tion assez faible du poids de l'argent retiré du
2º Le chlorure de cuivre formé et dissous dans minerai . Le mercure est ajouté dans la chaudière
l'eau jouit de la propriété de céder la moitié de au fur et à mesure du travail et de sa combinai-
son chlore au mercure et à l'argent . Le chlorure son avec l'argent pour éviter que le fond en cuivre
d'argent altéré par la lumière a perdu en grande ne se recouvre d'une couche d'amalgame. Une
partie sa solubilité dans le sel marin. Le chlorure partie d'argent exige pour son amalgamation 2 p.
de cuivre un peu acide transforme le chlorure de mercure, et l'amalgame disséminé dans le mi-
d'argent altéré en chlorure soluble ; cette trans- nerai ne peut être rassemblé que par 8 p . de ce
formation est lente en hiver et rapide en été. dernier métal .
3º Le protochlorure de cuivre se dissout dans L'amalgame avec excès de mercure , placé dans
l'eau saturée de sel marin . des sacs en toile, donne un amalgame solide qu'on
4° Une dissolution de chlorure de cuivre dans soumet à la distillation sous une cloche métallique.
l'eau salée réagit sur le sulfure d'argent : il se AMALGAMATION SAXONNE. ― C'est au baron de
forme du chlorure d'argent, du sulfure de cuivre, Born qu'est due l'introduction de la méthode
du soufre libre et du protochlorure de cuivre. d'amalgamation en Europe.
5º L'arsenic, le cuivre, le plomb, l'antimoine, L'amalgamation saxonne comprend les opéra-
l'étain et le mercure réduisent le chlorure d'ar- tions suivantes :
gent par la voie humide la réduction est très- 1º Chloruration ou grillage du minerai avec addi-
rapide en présence d'une dissolution de sel marin. tion de sel marin ;
Deux métaux mélangés décomposent plus rapi- 2º Amalgamation ;
dement le chlorure d'argent que le ferait chacun 3º Distillation de l'amalgame.
d'eux en particulier ; cependant l'un des deux seul Les minerais argentifères pauvres ne contenant
est attaqué. en quantité notable ni plomb, ni cuivre, et mêlés
6º Le chlorure d'argent dissous dans le sel de pyrite de fer, sont traités avec avantage par
marin est ramené à l'état métallique par le pro- l'amalgamation. La teneur la plus favorable à ce
tochlorure de cuivre. genre d'exploitation est 2 millièmes et demi au
Avec trop de magistral la tourte s'échauffe, il plus d'argent. Une teneur plus forte laisse des
se forme trop de chlorure de cuivre dont l'excès résidus argentifères, et une teneur plus faible,
détermine la formation d'un peu plus de pro- 1 millième par exemple, occasionne des frais d'ex-
tochlorure de mercure qu'il n'y a proportion- ploitation dépassant la valeur des produits. Il faut
nellement d'argent amené à l'état métallique. que le minerai renferme de 3 à 35 centièmes de
ARGENT. — 380 - ARGENT.
pyrite de fer. Lorsqu'il en contient moins, il faut dans le sac un amalgame solide que l'on connait
en ajouter pour obtenir cette proportion. sous le nom d'amalgame sec. On peut aussi filtrer
Première opération. Chloruration.- Le mine- le mercure à travers un disque en bois de hêtre,
rai est réduit en poussière très-fine : cette opéra- fixé au fond d'un cylindre en fonte dans lequel on
tion est précédée d'une calcination légère pour les comprime fortement l'amalgame. La teneur de
minerais dont la gangue est argileuse. Le minerai l'amalgame solide est variable avec l'énergie de la
bien porphyrisé est mélangé intimement avec un compression, elle peut atteindre 33 %.
dixième de sel marin séché et réduit en poudre. Troisième opération. Distillation . La distil-
Ce mélange se fait avec un râble dans une auge lation de l'amalgame se fait dans une cornue de
en bois, placée à proximité du four de chlorura- formecylindrique, en fonte, placée horizontalement
tion. Le mélange est porté au rouge pendant 3 dans un four en briques; le fond et le col de la
ou 4 heures sur la sole d'un four à réverbère. cornue dépassent les parois. Le fond est mobile
Le four est chauffé avec des fagots , les matières et boulonné après l'introduction de l'amalgame,
n'ont sur la sole qu'une faible épaisseur et sont le col reçoit un tube de fer destiné à conduire les
constamment remuées à la spadelle : elles sont vapeurs de mercure dans l'eau.
donc soumises à une action oxydante des plus La distillation s'effectue aussi sous une longue
énergiques. Le sulfure d'argent se transforme en cloche de fonte placée sur un trépied, portant une
sulfate. La pyrite de fer produit du sulfate de fer série de plateaux circulaires, situés les uns au-
et de l'acide sulfurique qui agit en partie sur les dessus des autres, dans lesquels on met l'amalgame.
sels d'argent, en partie sur le sel marin. Les sul- Le trépied étant placé dans une cuve remplie
fates d'argent et de fer produisent, par doubles dé- d'eau, la partie inférieure des parois de la cloche
compositions avec le sel marin, du sulfate de plonge dans l'eau. Un foyer particulier permet de
soude et des chlorures d'argent et de fer. Enfin , chauffer au rouge la partie supérieure de la cloche ;
le chlorure d'argent altéré à la lumière et inso- le mercure se volatilise et vient se condenser dans
luble dans le chlorure de sodium est transformé l'eau. Le résidu de la distillation de l'amalgame
dans cette opération en chlorure soluble. est de l'argent pauvre renfermant du cuivre, du
On termine le grillage par un coup de feu qui plomb, du nickel, de l'arsenic, de l'antimoine et
sert à transformer une partie du sulfate d'argent du mercure. Cet argent brut peut se raffiner avec
en chlorure, sel plus rapidement soluble que le le plomb d'œuvre.
sulfate dans une dissolution de chlorure de sodium. L'amalgamation, longtemps employée à Freiberg,
Le coup de feu doit toujours être peu prolongé et a été abandonnée en 1858 : elle était encore en
ne pas dépasser le rouge cerise, afin d'éviter la vo- usage à Huelgoet (Bretagne) en 1865 .
latilisation des chlorures métalliques qui entraîne APPENDICE DU TRAITEMENT METALLURGIQUE DES
facilement le chlorure d'argent. MINERAIS D'ARGENT. Aucune des méthodes pré-
Deuxième opération . Amalgamation. - Le mi- cédentes ne peut s'appliquer avantageusement aux
nerai grillé et chloraré est criblé pour en séparer minerais de Joachimsthal renfermant 2 1/2 % d'ar-
les quelques grumeaux qui se sont formés dans gent et 5 à 10 % de cobalt et de nickel. Ces mi-
le four et puis soumis à la mouture. Cette mou- nerais étaient, en 1855, grillés à une chaleur
ture peut être remplacée par une digestion de modérée et mis en digestion à 40° environ dans
24 heures dans une petite quantité d'eau. Le mi- de l'acide sulfurique étendu pour dissoudre le
nerai préparé et réduit en poudre fine est mis dans cobalt et le nickel. L'argent métallique était en-
des tonneaux traversés par un axe horizontal qui suite enlevé au résidu par l'acide nitrique et pré-
tourne au moyen d'une roue hydraulique. On met cipité à l'état de chlorure par le sel marin. Le
dans chaque tonneau 400 kilogrammes de minerai chlorure d'argent était réduit par le fer.
chloruré et moulu et 300 kilogrammes d'eau, après Depuis 1860, on a modifié ce procédé, on grille
quoi on le fait tourner pendant 2 heures. Puis le minerai avec du sel marin, et pour favoriser la
l'on introduit 30 kilogrammes de mercure et en- formation du chlorure d'argent, on injecte dans le
viron 40 kilogrammes de fer en rondelles du poids four de grillage un jet de vapeur d'eau. Les chlo-
de 050, et l'on remet le tonneau en mouvement rures solubles dans l'eau sont enlevés par des
pendant 20 heures. Alors on retire la matière du lavages méthodiques. Puis le chlorure d'argent est
tonneau, on la lave et on en sépare ainsi l'amalgame. extrait par un dissolvant, Gmelin et Rivero ont
Après la première rotation de deux heures dans proposé l'emploi de l'ammoniaque, et M. Percy
la tonne, l'argent qui n'est pas en dissolution est celui de l'hyposulfite de soude : c'est ce dernier
en totalité à l'état métallique disséminé en grains corps avec lequel M. Patera fait digérer le mine-
très-fins. La dissolution contient des sels de feretde rai grillé et lavé. La solution traitée par le sulfure
cuivre au maximum, des sels d'argent et de soude. de sodium régénère l'hyposulfite de soude et pro-
Le travail de l'amalgamation s'opère pendant la duit du sulfure d'argent pur dont on sépare faci-
deuxième rotation de la tonne sous l'action com- lement le métal. P. H.
binée du fer et du mercure, tous les deux en ARGENT (Min .) [Syn. Argent natif].- Argent
grand excès. La vitesse de rotation de la tonne, allié à de faibles proportions de cuivre, d'or, d'ar-
environ 18 tours par minute, est assez grande senic ou d'antimoine. Il
pour produire la division en globules très-fins du se trouve encristaux or-
mercure et pour ne pas entraîner les disques de dinairement cubiques,
fer. Le chlorure d'argent est décomposé par le fer; en rameaux divergents,
l'argent réduit s'amalgame au mercure, en même en filaments minces et
temps qu'une très-minime quantité de cuivre. La contournés, en plaques
précipitation de l'argent est accélérée par les sels plus ou moins minces
de fer que les disques maintiennent au minimum : et en masses amorphes,
les sels de protoxyde de fer sont des réductifs dans des filons; dans
assez énergiques pour décomposer le chlorure des roches ferrugineu-
d'argent en produisant des sels de peroxyde de fer. ses; avec le cuivre na-
La présence du fer empêche d'ailleurs la chloru- tif, dans les amygda-
ration du mercure. loides duLac Supérieur.
L'amalgame liquide renferme un grand excès de Blanc , souvent coloré Fig. 64.- Argent.
mercure. On met cet amalgame dans des sacs de à la surface en jaune
coutil, suspendus au-dessus d'une auge de pierre, ou en noir.
l'excès de mercure passe à travers les mailles ne Dureté, 2,5-3. Densité, 10,1-1,11,1.
retenant qu'une petite quantité d'argent et il reste Forme cristalline. — Cube (p), octaèdre (a¹),
381 ARGENTURE.
ARGENT .
dodécaèdre rhomboidal ( b¹ ) , héxatétraèdre ( b²), rosif, avec une quantité d'eau suffisante pour faire
une bouillie, on en recouvre l'objet à argenter, et
etc. Voyez DISCRA- on le chauffe jusqu'à fusion du mélange salin.
ARGENT ANTIMONIAL . On a également recommandé la série d'opéra-
SITE. ENT
ARG ANTIMONIÉ Sulfuré . - Voyez tions suivantes : frotter la surface avec un mé-
lange à parties égales de chlorure d'argent, d'ar-
ARGYRYTHROSE et FREIEelslebenite . gent en poudre et de borax calciné , chauffer
ARGENT BISMUTHAL (Min .) .— Alliage d'ar-
gent et de bismuth, Ag6 Bi , accompagnant l'ar- jusqu'au rouge faible, tremper alors dans un bain
séniure de cuivre et l'argent natif, dans une ro- de sel de cuisine et de tartre, recouvrir avec une
che argileuse porphyroide , dans la mine de San seconde bouillie faite des poids égaux de sel am-
Antonio de Copiapo. Petites masses d'un blanc moniaque, de sel marin et de sulfate de zinc sec,
d'argent dans les cassures fraîches, se ternissant chauffer, tremper de nouveau et laver à la brosse,
et devenant jaunâtres à l'air [ Domeyko, Ann . des en répétant le tout jusqu'à ce que l'argenture ait
acquis une épaisseur suffisante .
Mines, ENT V, p.RÉ
6e série , t.ORU 456, 1864]. Ces divers procédés ne sont pas applicables au
ARG CHL ou CORNÉ . ―― Voyez
fer, à moins que celui-ci n'ait préalablement été
KERARGYRE . recouvert d'une couche de cuivre.
ARGENT GRIS ANTIMONIAL . - Voyez Argenture du fer. — Procédé de Fleck. La fonte
FREIESLEBENITE . doit d'abord subir un traitement qui consiste à
ARGENT IODURÉ. - Voyez IODYRITE . la chauffer avec de la limaille dont on l'entoure
ARGENT NOIR (Antimoine sulfuré ). - — Voyez de toutes parts, jusqu'à ce que sa surface soit dé-
PSATUR . OSE carburée et qu'elle se laisse facilement limer.
ARGENT ROUGE . - Voyez ARGYRYthrose et L'objet décapé (en fonte, fer ou acier) doit être
PROUSTITE. lavé à l'eau chaude, maintenu de 5 à 15 minutes
ARGENT SÉLÉNIÉ , - Voyez NAUMANNite . dans une solution de nitrate de protoxyde d'étain,
ARGENT SULFURE . Voyez ARGYROSE . séché avec des chiffons de laine, puis enduit de
ARGENT SULFURÉ FLEXIBLE . Voyez la composition à argenter, laquelle consiste en
STERNB ERG Ite . chlorure d'argent et chlorure de cuivre (dans les
argent sulfuré fragile . -Voyez PSA- rapports de l'alliage que l'on voudra obtenir) et
E.
TUROS ENT sel ammoniac, l'on triture avec de l'huile de
ARG TELLURÉ . - Voyez HESSITE . lia ou du goudron en une bouillie claire qu'il
ARG ENT INE (Min .) . — Variété de calcite ana- faut épaissir avec de la chaux en poudre. La cou-
logue à l'aphrite . che de cette composition , appliquée sur l'objet,
ARGENTINE . -- Voyez ARGYROse . doit avoir de 1 à 2 lignes d'épaisseur . Une chauffe
ARGENTINE . On a donné ce nom à l'étain de 1/2 heure, au rouge dans un moufle fermé,
précipité par voie galvanique : on l'obtient indus- suivie de lavages, gratte-boessages et polissages à
triellement en mettant des lames de zinc en con-
on
tact avec une soluti étend de proto ue chlor ure l'agate, termine l'argenture .
Argenture à froid. - On se servait générale-
d'étain. Le mode opératoire le plus convenable ment autref ois , pour une argenture légère, de
consiste à plonger verticalement des lames de bouillies formées d'eau avec poids égaux de craie,
zinc dans une solution de chlorure de zinc à 15° tartre, sel de cuisine et chlorure d'argent , ou avec
(provenant d'opérations précédentes ), et renfer- 1 p. de chlorure d'argent récemment précipité ,
mant grammes de sel d'étain par litre : il ne . de sel commun , et 5 de tartre.
faut pas opérer sur plus de 10 litres à la fois. Le 5 pRoseleur et Lanaux dissolvent 6 p. de sulfite de
produit précipité est lavé et tamisé avec soin. Il soude dans 6 p. d'eau, et y ajoutent environ 1 p.
t
doit être léger, pulvérulen et d'un gris jaunâtre : d'un sel d'argent. L'objet est frotté avec cette
lorsqu'il est d'un gris bleuâtre , il est généralement liqueur ou chauffé dedans .
plus dense et moins fin. Peyraud et Martin dissolvent 10 grammes de
L'étain ainsi précipité est employé sur une cer- nitrate d'argent dans 50 grammes d'eau, et y
taine échelle dans l'impression des tissus, pour ajoutent 25 grammes de cyanure de potassium
produire des effets d'argenture. On l'épaissit au dans également 50 grammes d'eau distillée ; le
caséum et, après l'impression , on soumet le tissu mélange agité et filtré est additionné de 100
une forte pression entre deux rouleaux qui , grammes de craie , et 10 de crème de tartre en
par le frottement qu'ils exercent sur la poudre La composition est complétée avec
mate d'étain, lui donnent immédiatem ent un bel 1poudre.
gramme de mercure ; on l'emploie à la manière
éclat métallique (G. Yates, 1830 ; P. Wood, 1850 ;
Gerber-Keller, 1856) . Dans l'Inde, la poudre d'é- du tripoli.
Boudier fait une poudre homogène avec 12
tain sert depuis longtemps produire une pein- grammes de cyanure de potassium , 6 grammes de
ture qui prend sous le brunissoir l'aspect de l'ar- nitrate d'argent et 30 grammes de craie. En imbi-
gent. On l'emploie, en Angleterre, pour argenter bant d'eau un petit chiffon, le trempant dans cette
Ch. L. poudre et frottant l'objet que l'on veut argenter,
le papier.NTURE .
ARGE - Application de l'argent en on obtient une couche très-adhérente qui peut
couche mince à la surface des corps, et spéciale- remplacer avec avantage l'amalgame pour la gal-
ment des objets métalliques . Nous allons passer
vanoplastie .era
en revue les principaux cas. On trouv encore plusieurs autres procédés
Argenture au feu. - Ce procédé s'applique ouvrages techn
lesture iques .
surtout aux objets en argentan, en laiton ou en dans Argen galvanique . Quand le pôle négatif
cuivre. La surface à argenter ayant préalablement d'une pile plonge dans la dissolution d'un métal
été soigneusement décapée, puis humectée, à l'aide appartenant à l'une des dernières sections , il s'y
d'un pinceau, avec une dissolution étendue de ni- forme un dépôt de ce métal à l'état réduit. Ce
trate de mercure , est recouverte d'une mince fait, signalé par Daniell et surtout par de La Rive,
couche d'amalgame d'argent . On la chauffe en- est la base de l'argenture galvanique .
suite, d'abord avec précaution , pour ramollir Le courant qui décompose est produit par une
l'amalgame afin de pouvoir l'étaler plus réguliè- pile à courant constant, mais peu énergique (or-
rement avec une brosse, et après au rouge jusqu'à dinairement quelques couples Daniell).
volatilisation complète du mercure. Au pôle négatif est attachée une lame ou élec-
Ou bien l'on broie un mélange de 1 p . d'argent trode d'argent plongeant dans le bain et qui s'y
en poudre, 4 p. de sel ammoniac, 4 p. de sel de dissout en quantité à peu près égale à celle du
cuisine, et, si l'on veut , 1/4 de p. de sublimé cor-
ARGENTURE. 382 ARGENTURE.
métal revivifié au pôle négatif. A ce dernier est verse alors goutte à goutte une dissolution éten-
attaché l'objet à argenter que l'on immerge à pro- due de nitrate d'argent jusqu'à ce que la der-
ximité de la lame du pôle positif. nière goutte ajoutée y fasse naître un précipité
La composition du bain varie beaucoup suivant permanent.
l'expérimentateur. On prépare en outre une solution de 1 p. de
Le plus employé consiste en une dissolution de sucre de lait dans 10 p. d'eau que l'on mélange
cyanure d'argent dans un excès de cyanure de immédiatement avant de s'en servir avec 8 à 10 fois
potassium ou , quelquefois , de cyanure de cal- son volume de la liqueur d'argent ci-dessus. La
cium, dissolution qui s'obtient en ajoutant du surface du verre dont on veut faire une glace doit
cyanure de potassium ou de calcium à du nitrate avoir été soigneusement nettoyée et lavée avec de
d'argent pas trop concentré, jusqu'à ce que le l'alcool ; elle est alors placée dans une cuve de
précipité qui s'était d'abord formé soit entière- manière à ce qu'elle soit partout à 1 centimètre
ment redissous. et demi du fond de petits cônes la supportent
Thomas et Delisse ont recommandé l'emploi par ses 4 coins à la distance voulue. Quand ces
d'une dissolution de chlorure d'argent dans un dispositions sont prises, on verse la liqueur pré-
mélange de bisulfite et d'hyposulfite d'ammo- parée dans la cuve, jusqu'à ce qu'elle baigne uni-
niaque. On évite ainsi la production de gaz nui- formément toute la face inférieure du verre. La
sibles à la santé. réduction commence immédiatement après l'addi-
Un bain qui est très-bon a été proposé avec la tion du sucre de lait.
composition suivante : chlorure d'argent , 12 D'après Liebig, il se dépose sur le verre 2,2
grammes ; cyanure de potassium, 45 grammes ; d'argent par mètre carré ; le reste tombe au fond
eau, 1 kilogramme ; carbonate de soude, 15 gram- de la cuve ou s'attache à ses parois. On lave soi-
mes ; sel commun , 15 grammes. gneusement la glace argentée avec de l'eau dis-
On peut aussi argenter les métaux sans avoir tillée et on la sèche en évitant de la frotter.
recours à la pile, en les mettant en contact avec Pour préserver la couche métallique des acci-
un morceau de zinc dans le bain à argenter, dont dents auxquels l'expose sa minceur excessive
la conductibilité doit souvent être augmentée par (1/300 de millimètre), Liebig la recouvre d'une
l'addition d'une suffisante quantité de chlorure de couche de cuivre qu'il fait déposer par les procédés
sodium. ordinaires de la galvanoplastie ; la réussite de
Pour argenter les objets non conducteurs , tels l'opération dépend de l'adhérence de l'argent dont
que les cadavres d'animaux, les étoffes, les végé- l'épaisseur doit être assez faible pour que l'on
taux, le bois, etc. on peut employer plusieurs voie à travers le disque du soleil avec une teinte
procédés, parmi lesquels nous relèverons ceux de bleu d'azur.
Burot et de Boettger. Löwe a éprouvé quelques difficultés dans l'em-
Le premier plonge le corps (tissu ou autre) dans ploi de la lessive de soude, aussi la remplace-t -il
une dissolution de nitrate d'argent dans l'ammo- par du glucosate de chaux ( sucre de raisin
niaque caustique en excès, puis, après l'en avoir 50 grammes, eau 5 kilogrammes , chaux vive
sorti, il l'expose à un courant d'hydrogène. La 20 grammes), qu'il ajoute à 1/6 de son volume de
surface se recouvre ainsi d'une mince couche d'ar- la solution de nitrate d'argent ammoniaca!
gent réduit qui la rend conductrice et dont on exempte d'ammoniaque en excès.
peut ensuite augmenter l'épaisseur au moyen de Hill emploie comme réducteur le glucose avec
la pile. Boettger humecte l'objet avec la solution un peu de mannite et d'éther ; Massi se sert, au
d'argent étendue, et le porte ensuite dans une contraire, d'acide citrique ; Delamotte a recours à
atmosphère contenant de l'hydrogène phosphoré. une solution potassique de coton -poudre ou de
Cette atmosphère se dégage à froid d'un mé- nitro-mannite ou encore d'acide nitro-picrique.
lange d'alcool , de phosphore et d'hydrate de po- Le procédé de Petit-Jean, qui a été employé
tasse. plusieurs années à Genève et à Paris, est basé sur
Argenture des glaces. - Les dissolutions des l'emploi de l'acide tartrique.
sels d'argent sont décomposées par l'aldéhyde ; il Le voici :
se dépose une couche mince d'argent métallique On prépare deux dissolutions argentiques ; pour
adhérente au verre et brillante ; il se forme ainsi faire la première, on traite 100 grammes de nitrate
un miroir très-réfléchissant, à travers lequel pas- d'argent par 62 grammes d'ammoniaque liquide
sent les rayons lumineux avec une couleur bleue. concentrée, et l'on ajoute 500 grammes d'eau dis-
Divers composés organiques (essences de thym , tillée. Le tout est filtré. Cette solution est étendue
de girofle, etc.) , se comportent de la même ma- de 16 fois son volume d'eau distillée à laquelle
nière. Drayton, le premier, en 1843, fit une ap- on ajoute goutte à goutte, en agitant fortement,
plication industrielle de cette propriété ; mais ses 755 d'acide tartrique , dissous préalablement
glaces avaient souvent l'inconvénient de se re- dans 30 grammes d'eau distillée : c'est la liqueur
couvrir de taches brunes ou rougeâtres provenant n° 1 .
de l'oxydation d'une petite quantité d'hydrocar- La seconde liqueur est préparée de la même
bures entraînés par l'argent. manière, sauf que la quantité de l'acide tartrique
Wagner proposa (1857) l'emploi d'essences de doit être doublée.
rue ou de camomille purifiées au moyen du La glace est décapée avec de la potée d'étain
bisulfite de soude qui en sépare les matières rési- blanche et une peau de chamois, et lavée au moyen
neuses nuisibles . d'un rouleau en caoutchouc baigné dans l'eau dis-
Liebig, à qui l'on doit un bon travail sur ce tillée, puis on la place sur une table métallique
sujet, a donné le procédé suivant : chauffée à 45° ou 50° c. , recouverte de toile cirée
10 grammes de nitrate d'argent fondu sont dis- ou vernie. La glace étant posée horizontalement, on
sous dans 200 grammes d'eau distillée et addi- verse sur toute sa surface la liqueur nº 1 , autant
tionnés d'ammoniaque en quantité juste suffisante que l'adhésion peut en retenir sur le verre sans
pour redissoudre le précipité. On ajoute peu à peu qu'il y ait coulure ; 20 à 25 minutes après, la
à la liqueur 450 centimètres cubes d'une lessive couche d'argent est déjà formée. On incline la
de soude bien exempte de chlore et du poids glace d'un côté, on la lave avec une peau de cha-
spécifique de 1,035. Il se produit alors un abon- mois et ensuite avec de l'eau un peu plus que
dant précipité brun-noir que l'on fait disparaître tiède. Immédiatement on remet la glace dans sa
au moyen de quelques gouttes d'ammoniaque. position horizontale, on verse dessus la liquenr
Enfin on étend le mélange jusqu'à ce qu'il occupe nº 2 en 12 à 15 minutes le dépôt est complet.
un volume de 1450 centimètres cubes. On y On lave de la même façon la couche d'argent, on
ARGILES . 383 ARGYROSE.
la fait sécher et on la recouvre d'une couche de 3º ARGILES SMECTIQUES ( terres à foulon) et ar-
peinture ( minium , huile siccative et essence ). giles produites par dépôt chimique.
L'acide tartrique qui a subi l'action de la lu- L'argile smectique, translucide sur les bords,
mière solaire ou qui est anciennement dissous est blanche, brune, jaune, rouge, happant peu à la
plus actif que celui dont la dissolution est récente langue, absorbant les graisses, forme des couches
ou a été conservée à l'ombre. intercalées dans les terrains oolithique et cré-
La couche de peinture peut être remplacée par tacé.
le cuivrage dont il a été question plus haut. Caractères. -Attaquable par les acides. Au cha-
Kopp a donné un intéressant résumé sur les lumeau, fond en un émail gris opaque.
divers procédés d'argenture des glaces dans le Densité, 1,7-2,4.
Répert. de Chim . appliquée, t. I (1859), p . 317. — L'halloysite compacte , translucide sur les
On y trouvera l'indication des sources et quelques bords, d'un éclat cireux, d'un blanc laiteux ,
détails que nous avons omis. verdâtre, jaune, bleue, rose, happant à la langue,
Argenture de la porcelaine. - — L'application de se laissant couper au couteau, se rencontre dans
l'argent à la surface de la porcelaine a lieu plutôt les filons et dans les gîtes de contact.
par des moyens mécaniques ; aussi n'avons- nous Caractères. Soluble en gelée dans les acides.
pas à en traiter ici. M. D.. Infusible au chalumeau. Densité, 1,92 - 2,12.
ARGILES (Min . ).- Silicates hydratés d'alumine La lithomarge se rapproche de l'halloysite par
de composition et d'origine variables ; ils peuvent ses propriétés et par sa composition; elle se trouve
se diviser en quatre grandes classes qui contien- dans les basaltes, dans les amygdaloides et dans
nent : les filons stannifères.
1º Les argiles proprement dites (argiles à po- L'allophane en masses mamelonnées, translu-
teries), produites par voie de sédiment ; cides sur les bords, souvent opalines , blanchâtres
2º Les argiles provenant de la décomposition ou colorées assez vivement en bleu , en rouge, en
sur place des roches feldspathiques (kaolins) ; vert, d'un éclat cireux, très-fragile, remplit ha-
3º Les terres à foulon et les argiles produites bituellement des cavités irrégulières dans les
par dépôt chimique; gîtes de limonite et de chessylithe.
4° Les bols ou argiles ferrugineuses. Caractères.-Se dissout dans les acides en lais-
1º ARGILE. -- Masses blanches, grisâtres , jaunes, sant de la silice gélatineuse ou pulvérulente. Au
noirâtres, à cassure terreuse, happant à la langue, chalumeau, gonfle sans fondre et devient blanche .
faisant avec l'eau une pâte plastique et offrant Donne beaucoup d'eau dans le tube.
une odeur particulière et bien connue lorsqu'on Dureté, 3. Densité , 1,05 - 2,02.
les présente un instant à l'haleine humide. L'ar- Analyses (1) argile smectique de Condé, près
gile perd une partie de son eau à l'air sec en su- Houdan, par Salvetat ; (2) halloysite d'Angleur,
bissant un retrait considérable ; elle abandonne près Liége, par Berthier ; (3) allophane de Firmy
le reste lorsqu'on la calcine, et le retrait augmente (Aveyron), par Guillemin ":"
avec la température.
Analyses par Berthier (1) d'une argile gris (1) (2) (3)
clair servant à la fabrication des cazettes à la Silice 43,00 44,94 23,76
manufacture de Sèvres, des environs de Dreux Alumine . 32,50 39,06 39,68
Oxyde ferreux... 1,20 D
(Eure-et-Loir); (2) d'une argile gris clair servant Oxyde de cuivre.. D 0,65
à faire les pots à verrerie de Forges (Seine-Infé- Magnésie . 0,30 D
rieure) : Chaux . 1,02 D
(1) (2) Soude et Potasse. 0,40
Silice 50,6 65,0 Eau..... 21,70 16,00 35,49
Alumine.. 35,2 24,0 Silice gélatineuse. 1,50 » >
Oxyde ferrique.. 0,4 traces. TOTAL ........
Eau..... 13,1 11,0 101,62 100,00 99,19
TOTAL ........ 99,9 100,0 4º BOLS ET OCRES. - Substances argileuses con-
tenant une proportion notable de fer, à cassure
La plupart des analyses peuvent être rappor- terreuse ou compacte, opaques, brunes ou jaunes,
tées à ces deux types . quelquefois rouges, happant à la langue, se bri-
Caractères.- Attaquable en partie par les acides sant dans l'eau.
chlorhydrique et azotique bouillants, presque en Caractères. - En partie attaquables par les
totalité par l'acide sulfurique. Infusible au chalu- acides.
meau. Densité, 1,6-2,24.
2º KAOLIN. - Argile très-pure provenant de la Les terres de Sienne , d'Ombre, de Cologne, etc.
décomposition du feldspath des granites. Elle est sont des variétés d'ocres, quelquefois calcinés.
ordinairement mélangée de fragments de feld- Analyses (1) bol du Säsebühl, près Dransfeld,
spath non complétement altéré, de quartz et de par Wackenroder ; (2) mélinite (ocre) d'Amberg
mica, dont on peut la séparer par lévigation. (Bavière rhénane), par Kühn.
Caractères. Attaquable par l'acide sulfurique
à chaud. Infusible au chalumeau. (1) (2)
Densité, 2,21 - 2,26. Silice 41,9 33,23
Analyses (1 ) kaolin de Saint-Yrieix (Haute- Alumine .. 20,9 14,21
Vienne), par Forchammer; (2) de Chine, par Ebel- Oxyde ferrique .. 12,2 37,76
men et Salvetat. Magnésie .. > 1,38
Eau.. 24,9 13,24
(1) (2)
Silice 48,68 55,3 TOTAL. 99,9 99,82
Alumine .. 36,92 30,2 F. et S.
Oxyde ferrique.. 2,0
Potasse... > 1,1
Soude .. 0,58 2,7 ARGYROSE (Min .) [Syn. Argent sulfuré H.,
Magnésie. 0,52 0,4 Haserz, Haus, Silberglanz , Argentite, Haid].
Eau... 13,13 8,2 Sulfure d'argent, Ag2S. Cristaux cubiques où oc-
TOTAL ...... 99,83 100,0 taédriques, masses dendritiques ou compactes
d'un gris noir et d'un éclat métallique ; tendre
L'amphigène et l'émeraude sont aussi suscep- et ductile. Se trouve dans les filons argentifères
tibles de se kaoliniser. de Saxe, de Hongrie, du Mexique, etc.
ARIBINE. 384 — ARICINE.
Caractères. Soluble dans l'acide azotique, en Pharm., t. CXX, p. 247 ( nouv. sér. , t. XLIV),
laissant du soufre. Sur le charbon, fond, bouil- novembre, 1861. Répert. de Chim. pure, t. IV,
lonne et donne un glo- p. 237, 1862]. Nouvel alcaloide extrait par
bule d'argent. M. Rieth de l'Arariba rubra, arbre qui se rap-
Dureté, 2. Se laisse proche des cinchonées, qui croît dans les forêts
couper au couteau. vierges du Brésil oriental et dont l'écorce colorée
Densité, 7,19-7,36. en rouge sert aux Indiens à teindre la laine.
Forme cristalline. Pour extraire l'aribine, on épuise l'écorce divi-
Cube p , octaèdre a¹, sée en petits fragments par de l'acide sulfurique
dodécaèdre rhomboidal étendu et bouillant, on filtre et l'on précipite les
b1 , icositétraèdre a². liqueurs réunies par un excès d'acétate de plomb
Les cristaux sont sou- après les avoir presque complétement neutrali-
vent déformés et allon- sées par le carbonate de soude, On filtre de nou-
gés de manière à pré- veau, on précipite l'excès de plomb par l'acide
senter une apparence sulfhydrique. La matière colorante achève de re-
Fig. 65. — Argyrose. prismatique. précipiter avec le sulfure de plomb. Après une
Clivages: tracesp, b¹. dernière filtration, on précipite l'aribine impure
F. et S. sous la forme d'un coagulum brun clair au moyen
ARGYRYTHROSE (Min. ) [Syn . Argent anti- du carbonate de soude. On agite ensuite le tout
monié sulfuré, Argent rouge (sombre) , Rothgülti- avec de l'éther qui dissout l'aribine ainsi que
gerz, W., Pyrargyrite ] Antimoniosulfure quelques autres substances. On sépare l'éther et
d'argent (sulfantimonite )," on l'agite avec de l'acide chlorhydrique qui dis-
Ag Sb S (3 Ag2S. Sb2 S3). sout l'aribine et laisse la plus grande partie de
la matière colorante en solution éthérée. La solu-
Cristaux d'un rouge-cerise foncé, souvent d'un gris tion aqueuse de chlorhydrate d'aribine, traitée
métallique à la surface. Transparents en lames par l'acide chlorhydrique concentré, dépose le sel
minces et laissant passer une lumière d'un beau à l'état cristallin . On le purifie en le dissolvant à
rouge. Rarement amorphe. Les cristaux sont le diverses reprises dans l'eau, d'où on la précipite
plus souvent des prismes hexagonaux réguliers, par l'acide chlorhydrique, et finalement on en
terminés par un rhomboèdre ou des scalénoèdres; précipite la base par le carbonate de soude, et
les formes de cette espèce sont très-variées et l'on purifie cette dernière par plusieurs cristalli-
rappellent celles de la calcite , qui lui sert le sations dans l'éther.
plus souvent de gangue. Accompagne les autres L'aribine forme des cristaux incolores qui ap-
minerais d'argent (argyrose, etc.) et constitue la partiennent à deux types suivant qu'ils sont anby-
partie la plus importante des filons exploités dans dres ou hydratés. Anhydre, cette base se pré-
le Mexique. sente en octaèdres rhomboidaux assez volumineux;
hydratée, elle forme des prismes longs, minces,
souvent creux et s'effleurissant à l'air. Lorsqu'elle
se dépose de sa solution éthérée, elle renferme
8 molécules d'eau de cristallisation.
L'aribine est très-amère, quoique peu soluble
dans l'eau. Elle possède une réaction alcaline et
fond à 229° sans se décomposer. Sèche, elle ab-
sorbe l'acide chlorhydrique sans se décomposer.
C'est le premier exemple d'une base naturelle
solide non oxygénée.
Chlorhydrate d'aribine. Ce sel cristallise en
prismes brillants solubles dans l'eau et insolubles
dans l'acide chlorhydrique concentré. Les alcalis
en précipitent la base, qui devient bientôt cris-
alline, surtout si l'on chauffe. Le chlorure de pla-
tine se combine à ce chlorhydrate en donnant
un sel double cristallin . L'acide stannique ne pré-
cipite pas les solutions de ce sel. A. N.
ARICINE, C23 H26 Az2 O. - Pelletier et Corriol
ont retiré de certaines variétés de quinquinas,
désignés sous les noms de quinquina Carthagène,
P quinquina de Cusco ou d'Arica, et que M. Guibourt
appelle quinquinas jaunes à épiderme blanc, une
base organique différente de la quinine et de la
cinchonine, qu'ils ont appelée aricine [Journ. de
Pharm., t. XV, p. 575 ; Histoire naturelle des
612 drogues simples, t. III, p. 158]. Plus tard, M. Man-
Fig. 66. —- Argyrythrose. zini a retiré du quinquina blanc fibreux de Jaen
un alcaloide qu'il a décrit sous le nom de cincho-
Caractères. - Attaquable par l'acide azotique, vatine, croyant avoir isolé une base nouvelle ;
mais M. Winckler a démontré l'identité de l'ari-
en donnant un dépôt blanc d'acide antimonique . cine et de la cinchovatine [Journ. de Pharm. , (3),
Sur le charbon , fond en émettant des vapeurs t. II, p. 95 ; Buchner, Repert. de Pharm., (3 ,
antimoniales et suliureuses , et en laissant un t. XXXI, p. 249 ; t. XLII, p. 25 et 231 ; (3), t. I,
globule d'argent. p. 11 ]. La blanquinine retirée par M. Mill parai-
Dureté, 2-2,5. Poussière rouge. trait aussi être identique avec la cinchovatine.
Densité, 5,75-5,85. L'aricine est une substance blanche, formant
Forme cristalline. - Rhomboèdre (p) de 108° 42': des cristaux prismatiques , rigides comme ceux
b1b1137° 58'.
de la cinchonine, mais plus allongés. Elle est
Clivages : p imparfaits. Plans d'assemblage des inodore, douée d'une saveur amère, chaude et
macles : b¹, a¹, p. F. et S. acerbe, longue à se développer à cause de sa fai-
ARIBINE, C23 H20 Az , [ Ann. der Chem. u. ble solubilité dans l'eau ; non volatile, elle est
ARISTOLOCHE . - 385 - ARNICINE.
fusible vers 188 °, température inférieure à celle ARISTOLOCHINE [ Chevalier , Journal de
qui détermine sa décomposition. Pharm., t. VI, p. 565 ; Walz, Jahrb. für prakt.
L'aricine se dissout très - bien dans l'alcool, Chem., t. XXIV, p. 65, et t. XXVI, p. 65] . — Pro-
surtout à chaud , et moins dans l'éther. La solu- duit extrait par Chevalier et par Walz de la ra-
tion ramène au bleu le papier de tournesol rougi cine de l'Aristolochia serpentaria et de l'Aristo-
par un acide, et verdit le sirop de violettes. lochia clematitis.
L'acide nitrique concentré exerce sur l'aricine Pour l'extraire, on épuise la racine par de l'eau
une action qui est caractéristique : la base est légèrement ammoniacale ; le liquide est précipité
dissoute, et il se produit en même temps une cou- par l'acétate de plomb ; le dépôt, bien lavé, est
leur verte intense . Cette réaction altère l'alcaloide. décomposé en présence de l'alcool par l'acide
Pelletier avait attribué à l'aricine la formule sulfurique ; après filtration , on sépare l'excès d'a-
C20 H24 Az2O3 , et il en avait conclu que cette base cide par la baryte ; on évapore à sec et l'on épuise
représentait le 3º degré d'oxydation des alcalis des le résidu par l'éther. La partie insoluble dans
quinquinas : l'éther est dissoute dans l'eau. On obtient ainsi
Cinchonine .... C20 H24Az2 O , une substance amère, jaune d'or, soluble dans
Quinine... C20 H2+ Az2 02, 200 parties d'eau froide et 50 parties d'eau
chaude, soluble dans l'alcool , insoluble dans l'é-
Aricine... C20 H24 Az203. ther. Les solutions d'aristolochine ou de clémati-
Cette manière séduisante de représenter les dine (Walz) précipitent par plusieurs sels métal-
principaux alcaloides des quinquinas laissait à liques, et notamment par l'acétate de plomb.
désirer, et d'après des analyses nombreuses faites Composition : C3H10O6, d'après Walz (?). P.S.
avec les moyens rigoureux et précis que la chimie ARISTOLOCHIQUE ( ACIDE ). C'est un
possède aujourd'hui, d'après Gerhardt, l'aricine de- acide volatil que Walz a obtenu en distillant avec
vrait être représentée par la formule C23 H26 Az2 04, l'eau la racine de l'Aristolochia clematitis. Cet
ce qui en ferait un isomère de la brucine. acide forme un sel de baryum cristallisable et
L'aricine s'unit aux acides pour former des paraît répondre à la formule C8 H8O2 [Walz,
sels généralement solubles et cristallisables. Les Jahrb. pr. Pharm. , t. XXIV, p. 65 ; t. XXVI, p. 65].
alcalis les précipitent, l'ammoniaque redissout le ARKANSITE (Min . ).- Variété de brookite.
précipité formé, mais par l'évaporation l'aricine ARNICINE. L'arnicine est une matière al-
cristallise de nouveau en cristaux déliés. caline et cristallisée retirée des fleurs de l'arnica
Le chlorhydrate, C23 H27 Az2O4 Cl, s'obtient en (Arnica montana, famille des Synanthérées ). Plu-
dissolvant à chaud l'aricine dans de l'eau alcooli- sieurs chimistes ont fait des recherches sur l'ar-
sée et aiguisée d'acide chlorhydrique, par le re- nica. M. Lecoudray a donné le nom d'arnicine à
froidissement le sel cristallise. Si l'on met en con- une matière amorphe ayant l'aspect et la consis-
tact l'aricine et le gaz acide chorhydrique, il y a tance de la térébenthine [ Soubeiran , Traité de
production de chaleur et altération de la base. Pharm ., t. I, p. 566] . M. William Bastick a retiré
Le chlorhydrate renferme de l'eau de cristallisa- des fleurs d'arnica une substance fortement alca-
tion qu'il perd par la dessiccation dans le vide. line, probablement cristallisable, se combinant
Le chloroplatinate, (C23 H27 Az² O4. Cl )2 Pt CI , avec les acides, et formant avec eux des sels bien
s'obtient en versant dans la solution du chlorhy- cristallisés [Journ . de Pharm . et de Chim. , t. XIX ,
drate d'aricine un léger excès de bichlorure de p. 454, 3 série] . Cet alcaloide, auquel M. Bastick
platine. Il se forme un précipité jaune citron à donné le nom d'arnicine, est amer et possède
très-peu soluble dans l'eau, plus soluble dans une odeur particulière qui semble avoir quelque
l'alcool qui l'abandonne sous forme de plaques analogie avec celle du castor ; soluble dans l'al-
cristallines par l'évaporation spontanée. cool et dans l'éther, très-légèrement soluble dans
On obtient l'iodhydrate, C23 H27 Az2O4I, en l'eau, non volatil. Les alcalis le décomposent ;
chauffant l'aricine dans une solution très-étendue combiné avec les acides, il forme des sels so-
d'acide iodhydrique. Par le refroidissement, le sel lubles et cristallisables. Décoloré par le charbon,
se sépare sous forme d'aiguilles jaune citron ; il le chlorhydrate d'arnicine donne des cristaux aci-
ne renferme pas d'eau de cristallisation . Il fond culaires, transparents et étoilés.
vers 250° en se décomposant. M. William Bastick a obtenu cette base orga-
L'acide sulfurique forme deux combinaisons nique en opérant de la manière suivante :
avec l'aricine : On fait macérer la plante dans de l'alcool
1° Un sulfate neutre, (C23 H27 Az² O¹)2SO4 ; aiguisé d'acide sulfurique (arnica 1 kilogramme,
2º Un sulfate acide, alcool à 36º 4 litres, acide sulfurique 90 grammes)
pendant environ 48 heures. On filtre, puis on
C23 H27 Az2 O } SO4. ajoute à la teinture de la chaux pulvérisée jus-
H qu'à ce qu'il se produise une réaction alcaline . On
Le sulfate neutre, dissous dans l'eau bouillante filtre, puis on neutralise de nouveau par l'acide
en proportion convenable, possède la propriété sulfurique jusqu'à réaction légèrement acide. On
caractéristique de se prendre en une masse géla- évapore au quart, on ajoute un peu d'eau, qui
tineuse et tremblante par le refroidissement ; précipite une résine qu'on sépare par le filtre. On
exposée dans un courant d'air sec, cette masse se neutralise la liqueur à l'aide d'une solution
réduit en une matière cornée qui peut reprendre concentrée de carbonate de potasse, qui précipite
l'aspect gélatineux à l'aide de l'eau bouillante. encore un peu de matières résinoides qu'on sé-
Dissous dans l'alcool, le sulfate neutre cristal- pare par le filtre ; on ajoute ensuite à la solu-
lise en aiguilles soyeuses semblables à celles du tion filtrée un grand excès de carbonate de po-
sulfate de quinine . Il est insoluble dans l'éther. tasse, puis on agite avec de l'éther jusqu'à ce que
Le sulfate acide s'obtient en traitant à chaud ce dissolvant n'enlève plus rien à la solution
l'aricine par de l'acide sulfurique étendu et en aqueuse. Par l'évaporation , l'éther abandonne
léger excès. Il cristallise en aiguilles aplaties et l'arnicine. On la purifie en la redissolvant dans
ne contient pas d'eau de cristallisation . E. C. l'alcool avec addition de charbon animal , et en
ARISTOLOCHE (ESSENCE D') . — C'est une agitant jusqu'à décoloration complète . Par l'évapo-
substance que Walz a extraite de l'Aristolochia ration de l'alcool filtré, la base se dépose .
clematitis en distillant cette plante avec l'eau. M. Peretti avait signalé l'existence d'un alca-
Elle accompagne l'acide aristolochique . Sa formule loide particulier, volatil , obtenu en distillant
paraît être C H803 [ Walz, Jahrb. pr . Pharm., l'arnica avec de la potasse caustique ; mais
t. XXIV, p. 65, et t. XXVI, p. 65] . M. Hess a démontré que cet alcaloide n'était
I - 25
AROMATIQUE. 386 - AROMATIQUE.
qu'un mélange d'ammoniaque et de triméthyla- Il est cependant un caractère fondamental que
mine en solution dans l'eau [Ann. der Chem. l'on rencontre dans la série aromatique et que
u. Pharm . , t . CXXIX , p. 254]. E. C. l'on ne rencontre pas dans la série grasse : c'est
AROMATIQUE (SÉRIE). - Définition. -- On l'extrême tendance à l'isomérie : une même for-
a donné autrefois le nom de composés aromati- mule correspond tonjours ou presque toujours ,
ques à toute une série de corps qui se groupaient dans la série aromatique, à un plus grand nombre
autour de l'acide benzoïque, à cause de l'odeur d'isomères que dans la série grasse. Parmi ces
aromatique que possèdent plusieurs d'entre eux, cas d'isomérie si nombreux, il en est qui peuvent
l'essence d'amandes amères et l'acide benzoique se retrouver dans la série grasse, mais il en est
par exemple. Plus tard on a découvert des corps qui sont essentiellement propres à la série aroma-
nouveaux qui formaient des séries homologues tique. C'est sur ces derniers que nous nous arrê-
parallèles à celles de l'acide benzoique, tels que terons seulement.
l'acide toluique, l'acide cuminique, etc. , et l'on L'isomérie capitale, celle qui domine toutes les
a étendu à ces nouveaux composés la dénomina- autres, c'est l'isomérie des hydrates d'hydrocar-
tion de corps aromatiques. Aujourd'hui on peut bures. Les formules de ces hydrates représentent
définir la série aromatique comme formée par à la fois des alcools analogues à ceux des autres
l'ensemble des composés qui ont pour hydrocar- séries, et des alcools d'une espèce particulière
bures fondamentaux la benzine ou un de ses ho- qui ont reçu le nom de phénols. Une seule ex-
mologues, c'est-à-dire un hydrocarbure répondant ception est connue. Cette exception porte sur le
à la formule générale CnH2n - 6. premier terme de la série où l'on connaît un phé-
Caractères. Les hydrocarbures CnH2n - 6 nol et pas d'alcool.
sont loin de renfermer la quantité d'hydrogène Insistons sur les différences qui séparent les
qui correspond à l'état de saturation du carbone : phénols des alcools.
aussi soit eux, soit leurs dérivés peuvent, dans I. Tous les alcools monoatomiques donnent,
certains cas, fixer des éléments monoatomiques sous l'influence des agents d'oxydation, une aldé-
en formant des corps d'un degré de saturation hyde et un acide correspondants. Les phénols ne
plus avancé. C'est ainsi que la benzine fixe 6 donnent lieu à aucun phénomène semblable.
atomes de chlore ou de brome pour donner l'hexa- II. Tous les alcools font la double décomposi-
chlorure CH6 C16 [Mitscherlich , 1835 , Ann . de tion avec les acides énergiques, comme l'acide
Poggend., t. XXXV, p. 370 ; - Peligot, Ann. de chlorhydrique, fournissant ainsi de l'eau, et un
Chim . et de Phys. , t. LVI , p. 66 ; Laurent, éther simple ou composé. Les phénols se com-
ibid., t . LXIII, p. 27] ou l'hexabromure C6 H6 Br6 portent autrement : on ne peut obtenir les chlo-
[Mitscherlich, 1835, loc. cit. - Laurent, Revue rures de leurs radicaux que par l'action du per-
scientifique, t. V, p. 360] , que l'acide benzoique chlorure de phosphore et jamais par l'action di-
fixe de l'hydrogène pour donner l'acide hydroben- recte de l'acide chlorhydrique .
zoïque C3H8O2 [Kolb, Ann . der Chem . u . Pharm., III . Les phénols se rapprochent beaucoup plus
t. CXVIII, p. 122 (nouv. sér. , t. XLII ) ; -— Ann. de des acides que les alcools. De fait, ils font la
C
Chim. et de Phys. , (3) , 1860 , t. LXII, p. 372] et double décomposition avec les hydrates alcalins
que le toluène., suivant M. Deville, fixe du chlore à la manière des acides, ce que les vrais alcools
et fournit l'nexachlorure de toluène bichloré ne font que dans des conditions exceptionnelles
C3H6 C12. C16 et d'autres composés analogues [ De (éthylate de thallium).
ville , Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t. III , p . 168]. IV. Sous l'influence de l'acide azotique les al-
Néanmoins les réactions dont nous venons de cools ou s'oxydent en donnant les produits d'oxy-
citer quelques exemples connus sont de beau- dation cités plus haut, ou donnent naissance à
coup les plus rares, et dans l'immense majorité des nitrates de leur radical, nitrates qui sont
des cas la benzine et ses homologues se compor- neutres et se saponifient comme tous les autres
tent dans les réactions comme les hydrocarbures éthers composés par les agents d'hydratation .
saturés qui répondent à la formule Čn H2n +2. Il Les phénols, au contraire, donnent, par l'acide
semble que la fixation d'éléments monoatomiques azotique, des produits de substitution dans les-
par ces hydrogènes carbonés soit une exception quels , au lieu d'un seul , 1 , 2 ou 3 atomes d'hydro-
et ne se produise que dans les cas où le groupe- gène sont remplacés par l'azotyle Az O2. Ces pro-
ment atomique se détruit pour faire place à un duits ne sont pas saponifiables à la manière des
groupement nouveau. éthers composés et jouissent de propriétés acides
Dans les hydrocarbures aromatiques comme mieux caractérisées que celles des phénols eux-
dans les hydrocarbures gras, on peut donner mêmes.
naissance à des dérivés de substitution . Vient-on V. Les phénates des radicaux alcooliques dif-
à y substituer un oxhydryle à un H , on obtient fèrent des éthers mixtes en ce que, sous l'in-
des hydrates plus ou moins semblables aux al- fluence des réactifs énergiques comme l'acide
cools. Dans certains de ces hydrates parvient-on azotique, ils réagissent intégralement en donnant
à substituer un atome d'oxygène à deux atomes un produit unique, tandis que dans ce cas les
d'hydrogène dans le voisinage de l'oxhydryle, on éthers mixtes se dédoublent et donnent des com-
donne naissance à des acides monoatomiques sem- posés correspondant à chacun des deux radicaux
blables, par la plupart de leurs propriétés, aux qu'ils renferment.
acides gras. Enfin, à côté de ces acides monoato- VI. Aux phenols correspondent des ammonia-
miques, viennent se grouper , comme dans la série ques composées beaucoup moins basiques que
grasse, des acides diatomiques et monobasiques, celles de même composition qui renferment un
des acides diatomiques et bibasiques, des acides véritable radical alcoolique. (La toluidine est
triatomiques et des acides tétratomiques , des beaucoup moins énergique comme base que la
aldéhydes correspondant aux acides mono- ou benzylamine. ) [ Cannizzaro, Compt. rend. de l'A-
diatomiques, des composés qui paraissent fonc- cad. des sciences , t. LX, p. 1207 et 1300 ;
tionner comme des alcools diatomiques d'une na- Giornale di scienze naturali e economiche, publi-
ture particulière, la saligénine par exemple , des cato per cura del consiglio di perfezionamento di
amides dérivant des acides et des amines déri- Palermo, 1865, t. I, p . 77.]
vant des hydrates alcooliques, etc. En un mot, Aux phénols se rattachent des acides diatomi-
la série aromatique renferme des corps analo- ques et monobasiques qui en dérivent par fixa-
gues par leur mode de dérivation à ceux qui cons- tion de CO2. Ces acides, qui ne sont autres que
tituent la série grasse . Elle constitue une série l'acide salicylique et ses homologues, présentent
parallèle à cette dernière. d'abord entre eux plusieurs cas d'isomérie, mais
AROMATIQUE. 387 ― AROMATIQUE.
surtout diffèrent d'autres acides de même formule 1 Ces composés de substitution nitrée traités par
que l'on obtient par l'action de l'acide cyanhy- l'hydrogène naissant fournissent, selon qu'ils dé-
drique sur les aldehydes monoatomiques et dont rivent d'un acide , d'un hydrocarbure ou d'un
l'acide formobenzoïlique ( le seul d'entre eux phénol, des amides ou des amines. Celles- ci, quoi-
connu jusqu'à ce jour) servira de type. que ressemblant par leur composition à des corps
Les différences qui séparent ces deux classes aualogues que l'on rencontre dans la série grasse,
d'acides sont les suivantes : s'en distinguent nettement par leurs propriétés.
I. Les acides dérivés des phénols donnent un Les belles réactions découvertes par M. Griess
phénol et de l'anhydride carbonique lorsqu'on les établissent nettement cette distinction [ Peter
distille avec un excès de base ; il est probable Griess, Philosophical transactions, p . III, 1864,
que les acides dérivés des aldehydes ne donne- t. CLIV, p. 667 ; Journ. of the Chem. Soc.,
raient pas de phénols dans ces conditions. nov. 1865, p. 268 , 298].
II. Soumis à l'action de l'acide iodhydrique, Tandis que, sous l'influence de l'acide azoteux,
l'acide formobenzoilique subit une réduction qui les amines et les amides grasses donnent de l'eau
le ramène à l'état d'acide toluique, etc. L'acide et de l'azote en régénérant l'acide ou l'alcool dont
iodhydrique, au contraire, n'exerce aucune action elles renferment le radical, sans fournir de com-
sur l'acide salicylique et ses homologues [Crum posés intermédiaires entre les deux termes ex-
Brown, Proceedings of the royal Soc. of Edin- trêmes de la réaction, un grand nombre de corps
burg, t. V, p. 409 ; Naquet et Louguinine, intéressants prennent naissance lorsqu'on fait'
Exp. inédites]. agir l'acide azoteux sur les amides et sur les
III. Dans l'acide formobenzoilique , l'atome amines aromatiques .
d'hydrogène typique non acide ne peut absolu- Prenons l'exemple de l'aniline (amido-benzol ,
ment pas être remplacé par des métaux . Dans C6H5 (Az H2) . Sous l'influence de l'acide azoteux ,
l'acide salicylique et ses homologues, cette sub- deux molécules d'aniline échangent 3 atomes
stitution, quoique plus difficile qu'avec l'hydro- d'hydrogène contre 1 atome d'azote et donnent
gène vraiment basique, est cependant possible. le diazo-amido-benzol :
[Piria, Ann. der Chem. u. Pharm . , t . XCIII , C6H+Az² )
p. 262 ; Naquet et Louguinine, Compt. rend. de C6 H7Az S
l'Acad. des sciences, t. LXII, p. 430] .
IV. L'aldehyde salicylique et les éthers salicy- Le diazo-amido -benzol est-il soumis de nouveau
liques peuvent faire la double décomposition avec à l'action de l'acide azoteux, ou fait-on agir cet
les bases à la manière des acides. Les éthers acide sur l'aniline dans des conditions différentes,
formo-benzoiliques ne jouissent pas de cette pro- on obtient un sel du diazo-benzol C6 H+ Az² qui ré-
priété [ Naquet et Louguinine, Bull. de la Soc. sulte de la substitution de Az à H³ dans une seule
chim ., nouv. sér. , 1866, t . V, p. 252] . Il en serait molécule d'aniline. - Voyez DIAZO-BENZOL.
probablement de même de l'aldéhyde qui corres- Les sels de diazo-benzol peuvent à leur tour
pond à cet acide, mais elle est encore inconnue. éprouver des réactions remarquables. Sont - ils
En dehors de ces cas d'isomérie, il en est d'au- chauffés avec de l'eau, leur base perd Az2, fixe
tres encore ainsi la diméthyl-benzine ou xylène H2O et donne l'alcool phénique C HO. Sont-ils
diffère de l'éthyl-benzine, l'acide toluique a dif- chauffés avec de l'alcool, il y a destruction de ce
fère de l'acide toluique 6 , l'acide benzoïque est dernier corps, formation d'aldehyde et le diazo-
isomérique avec l'hydrure de salicyle, la benzoine benzol s'empare de H2, perd Az et donne la
est un polymère de l'essence d'amandes amères, benzine CH6.
etc., etc.; mais ces isoméries ne méritent point Par l'action des hydracides le diazo-benzol fixe
de fixer notre attention , parce qu'elles ne sont l'hydracide, perd Az2 et donne du chloro- , du
point caractéristiques de la série aromatique. On bromo- ou de l'iodo-benzol.
conçoit en effet la possibilité de semblables iso- Fait-on tomber goutte à goutte de l'eau de
mères dans la série grasse. L'hydrure de méthyle brome dans de l'azotate de diazo-benzol, il se
triméthylé CH3 forme un perbromure qui répond à la formule :
CH3 C6 H+ Az2. H Br, Br2. Ce perbromure , soumis à
C CH3 l'influence de l'ammoniaque, perd son brome et
fournit la diazo -benzolimide
H
serait probablement différent du diéthyle C®H+ . Az Az.
H
( C2HS Met-on enfin l'azotate de diazo-benzol en contact
C2H5.
avec la potasse, il se forme du nitre et un com-
On conçoit de même des acides isomères, et déjà posé de potasse et de diazo-benzol C6H4 Az2. KHO
M. Wurtz, M. Friedel et M. Boutlerow ont fait qui, traité par l'acide acétique, laisse du diazo-
connaître des alcools secondaires et tertiaires , benzol fort instable.
corps isomères des alcools anciennement connus Des corps analogues aux précédents dérivent
[Wurtz, Compt. rend. , t . LV, p. 370 ; Répert. de de tous les produits de substitution nitrée des
Chim. pure,, t . IV, p. 396 ( 1862) ; - Boutlerow, hydrocarbures analogues à la benzine.
Bull. de la Soc. chim. , t. V, nouv. sér. , p. 17 Il en est de même des acides amidés qui, avec
(1866) ; - Friedel, Compt. rend. , t. LV, p. 53 ; l'acide azoteux, peuvent échanger Az contre H³
t. LX, p. 346]. dans deux molécules, ou Az contre H³ dans une
Les composés aromatiques ne se distinguent seule molécule , en donnant naissance à des corps
pas seulement des composés gras par l'existence instables susceptibles , en se décomposant sous
des isomères dont nous venons de parler, ils s'en l'influence des divers réactifs, de fournir les dé-
distinguent encore par deux autres propriétés rivés de substitution chlorés , bromés ou iodés
importantes : de l'acide primitif ou un acide plus oxygéné
I. Tous les composés aromatiques, quels qu'ils que l'acide primitif. Ainsi l'acide amidobenzoïque
soient, acides, phénols, aldéhydes, hydrocarbu- C7 H7 Az O2, traité par l'acide azoteux , donne
res, etc., peuvent, sous l'influence de l'acide azo- l'acide diazo-amido-benzoique.
tique, échanger une portion de leur hydrogène
contre le radical Az O2 en formant des dérivés de
substitution nitrée. Généralement la substitution CHAz O2
porte sur 1 , 2 ou 3 atomes d'hydrogène. Ce dernier, sous l'influence des hydracides de la
AROMATIQUE. 388 AROMATIQUE.
famille du chlore, donne du chlorhydrate, du d'un élément polyatomique, mais alors ce dernier
bromhydrate ou de l'iodhydrate d'acide amido- entraîne de nouveaux éléments monoatomiques
benzoique C7 H7 Az O2 H Cl. H Br. ou HI et de l'a- dans la combinaison en formant ainsi des chaines
cide chloro-, bromo- ou iodo-benzoique. Par les latérales. Vu la disposition des atomicités libres
alcalis, le même acide diazo-amido-benzoique fixe dans le groupe C , il n'est en effet jamais possible
une molécule alcaline, perd Az2 et produit un que deux d'entre elles soient saturées par un ra-
oxybenzoate. dical diatomique, trois par un radical triatomi-
Les dérivés nitrés des hydrocarbures peuvent que, etc.
aussi subir d'autres métamorphoses intéressantes En saturant le groupe C6 par de l'hydrogène,
mais moins bien étudiées. C'est ainsi que l'on a on a la benzine C6H6. Si l'on remplace, dans la
pu dériver de la nitrobenzine C6H5 (Az Ö²) l'azo- benzine, l'hydrogène par du chlore, on obtient
benzide C6H5 Az ou plutôt C12 H10 Az2. des produits où le chlore est en contact intime
Dans la série grasse , on ne connaît aucune réac- avec le charbon qui l'entoure de toutes parts, ce
tion analogue aux précédentes ; dans la plus qui explique la grande stabilité de ces corps.
grande généralité des cas, il est même impossible Vient-on maintenant à remplacer un H par une
d'obtenir des dérivés nitrés de substitution . Ces des deux atomicités de l'oxygène, on obtient le
derniers corps ne se forment qu'exceptionnelle- groupe C6H5O, dans lequel l'oxygène saturé seu-
ment . On en connaît, il est vrai , qui dérivent du lement à demi entraîne un atome d'hydrogène et
caprylène et de l'acide valérique; mais ce sont les donne le composé C6H5OH qui n'est autre que
seuls. le phénol. Des substitutions semblables pouvant
Ceux, en effet, qui dérivent de la cellulose ou s'opérer sur deux ou sur trois atomes d'hydrogène,
de l'amidon (pyroxyline) se saponifient sous l'in- il existe des phénols diatomiques, comme l'oxy-
fluence des sulfures alcalins, au lieu de se trans- phénol CH ( OH)2 , et des phénols triatomiques
former en ammoniaques composées, et doivent comme le phénol pyrogallique C6 H³ (OH)³.
être considérés comme des éthers azotiques plu- Les phénols, d'après leur constitution , doivent
tôt que comme des dérivés de substitution nitrée. posséder des caractères différents des alcools.
II. Un autre caractère fondamental des compo- D'abord l'oxhydryle OH n'étant en contact qu'a-
sés aromatiques , c'est que , lorsqu'on détruit vec du carbone doit se rapprocher beaucoup plus
même les plus compliqués d'entre eux par les de l'oxhydryle des acides que s'il avait de l'hy-
divers moyens dont les chimistes disposent, on drogène dans son voisinage ; le carbone est, en
obtient presque toujours comme produit ultime effet, moins positif que l'hydrogène ; en outre,
de décomposition la benzine C6H6. cet oxhydryle n'ayant pas d'hydrogène autour de
THEORIE DES COMPOSÉS AROMATIQUES [ Kekulé, lui, il n'est pas possible d'effectuer dans son voi-
Bull. de la Soc . chim. , 1865, t. III, p.98 ; - Ann . sinage la substitution de O" à H2 et de donner
der Chem. u. Pharm. , t. CXXXVII, p. 129 (nouv. naissance à un acide. On voit d'ailleurs que la
sér., t. LXI, févr . 1866) ; · Ann. de Chim . et de différence qui sépare les phénols des alcools est
Phys., (4), t . VIII , p. 158 (juin 1866), en extrait] . de même ordre que celle qui sépare les dérivés
M. Kekulé, pour se rendre compte à la fois chlorés de la benzine des chlorures de radicaux
des cas d'isomérie propres à la série aromatique alcooliques. De fait, lorsqu'on traite le phénol par
et des propriétés des corps de cette série, consi- le perchlorure de phosphore, on obtient de la
dère ces derniers comme renfermant tous un benzine monochlorée .
noyau commun. Ce noyau serait le groupe C6 de la De même que l'on peut saturer une ou plusieurs
benzine C6H6. Dans la benzine, les atomes de car- atomicités du groupe C6 par une atomicité de
bone ne seraient point reliés entre eux de la même l'oxygène ou de l'un de ses congénères, de même
manière que dans les autres séries, mais ils obéi- on peut les saturer par une atomicité de l'azote ou
raient à une loi de symétrie spéciale. Chaque atome du phosphore. Dans ce dernier cas, chaque atome
aurait deux de ses atomicités saturées par les deux d'azote entraîne l'addition de deux atomes d'hy-
atomicités d'un atome voisin et une troisième ato- drogène, et l'on obtient des ammoniaques compo-
micité saturée par celle d'un troisième atome. sées qui sont aux ammoniaques alcooliques ce
Dans cette hypothèse, chaque atome de carbone que les phénols sont aux alcools . C'est ainsi que
conserve une atomicité libre et les atomes ex- l'on peut dériver de la benzine l'aniline ou amido-
trêmes deux, à moins que la chaîne ne se ferme, benzine C6H5 (Az H2), la phénylène-diamine ou
auquel cas il n'en reste plus qu'une même à ces diamido-benzine C6H4 (Az H2) 2 et la triamido- L
derniers. Le groupe C6 est donc hexatomique si benzine C6H3 ( Az H²)3.
1
la chaîne est fermée et octoatomique si elle est Enfin le carbone peut, comme l'oxygène et l'a-
ouverte. zote, saturer par une de ses atomicités une des
atomicités du groupe C6 et entraîner avec lui 3
atomes d'hydrogène, en formant ainsi une chaîne
latérale. Les produits résultant de ces substitu-
tions renferment n CH2 de plus que la benzine et
sont des homologues de ce corps. On comprend
d'ailleurs ici un grand nombre d'isomères possi-
C bles, car il ne saurait être indifférent de rempla-
cer dans la benzine H2 par 2 CH3 ou H par C2H5,
Ce hexatomique (chaîne fermée). etc.
= C- C = C - C = C - C = Le toluène, le xylène et son isomère l'éthyl-
benzine, le cumène, le cymène et l'amylbenzine
C6 octoatomique (chaîne ouverte). de MM. Fittig et Tollens, résultent de l'espèce de
substitution que nous venons d'indiquer. Ainsi
Le plus grand nombre des composés aromati- l'on a :
ques renferment comme noyau, d'après M. Ke- C6 H6 benzine.
kulé, la chaîne fermée C6 ; la chaîne ouverte ne C7 H8 = C6H5 (CH3) toluène.
se rencontrant que dans quelques corps comme C8H10- C6H (CH3)2 xylène, ou C6H5 (C2H³)
l'hydroquinone , l'acide hydrobenzoique , etc. éthyl-benzine.
Le groupe C6 peut être saturé par 6 atomes C9 H12 = C6H3 (CH3 )3 cumène du goudron de
d'hydrogène ou d'un élément monoatomique houille et C H5 (C3 H7) cumène de l'acide cumi-
quelconque. Il peut aussi avoir ses six points d'at- nique.
tache unis chacun à l'un des points d'attache | C10H14 := C6H2 (CH3) tétraméthyl-benzine ou
AROMATIQUE. 389 AROMATIQUE.
C6H4 (C3 H7) (CH3) cymène de l'huile de camomille diamine C6H3 [ Az H2)2 (CH3 ) (voyez ce mot) , la
romaine. benzylène-diamine C6H5 (CH[Az H2] 2) et la toluy-
C11 H16 = C6H5 (CH11) amyl-benzine. lène-benzylène-diamine
Les hydrocarbures CnH2n +1 peuvent donc
donner naissance à des homologues de la benzine, CH [Az H2] (CH2 [ Az H²]) ,
en se substituant à l'hydrogène en qualité de inconnues l'une et l'autre.
chaînes latérales plus ou moins nombreuses ou Nous venons de voir comment la théorie de
plus ou moins longues. Il en résulte un nombre M. Kekulé rend compte de l'isomérie dans les
d'isomères qui croît à chaque terme de la série. hydrocarbures , les alcools, les phénols et les
On conçoit, en effet, qu'il ne puisse exister qu'une ammoniaques composées ; elle rend également
seule benzine et qu'un seul toluène, mais qu'il compte de l'isomérie dans les acides d'atomicités
puisse exister deux xylènes, trois cumènes, quatre diverses.
cymènes et ainsi de suite. Isomérie dans les acides monoatomiques.
Si nous examinons maintenant comment le L'acide benzoique résulte de la substitution de O
chlore, l'oxygène ou l'azote peuvent se substituer à H2 dans l'alcool benzylique et ne peut pas avoir
à l'hydrogène dans les homologues de la benzine, d'isomères. Il n'en est plus ainsi de l'acide to-
nous serons frappés de ce fait que chacun de ces luique. De même qu'il y a deux xylènes, la dimé-
hydrocarbures peut fournir par substitution plu- thyl - benzine C6H4 (CH³ ) (CH³ ) et l'éthyl-ben-
sieurs composés isomères. zine C6H5 (C2H5) , on conçoit comme possibles deux
Prenons comme exemple le toluène C6H5 (CH3) alcools, deux aldehydes et deux acides dérivés les
et faisons agir le chlore sur ce corps. Nous pour- uns du premier et les autres du second de ces
rons substituer un atome de chlore à un atome hydrocarbures. De fait on connaît l'acide toluique
d'hydrogène dans le groupe phényle ou dans qui résulte de l'hydratation du cyanure de ben-
le groupe méthyle, d'où les deux isomères zyle; ce qui conduit à lui attribuer la formule
CH CI ( CH3) toluène chloré, et C6H5 (CH2C1) C6H5 (C2 H2O" .OH) :
chlorure de benzyle. De même, en substituant
Cl2 à H², nous pourrons avoir trois isomères : C6H5 (CH2C Az) +2 H2O = C6 H³ (C² H2O" .O Az H' )
le chlorobenzol C6 H5 (CHC12), le chlorure de Cyanure de benzyle. Eau. Alphatoluate d'ammonium .
benzyle chloré C6H4Cl (CH2Cl) et le toluène et l'acide toluique de Noad auquel on doit attri-
bichloré inconnu C6 H3 C12 (C H³). buer par exclusion la formule
On voit, à la seule inspection de ces formules,
que le chlore substitué dans la chaîne latérale C6H4 CH3
CH3 doit avoir des caractères analogues à ceux (COH).
du chlore qui se trouve dans les chlorures alcoo- A chacun de ces acides correspond une aldehyde
liques et être facilement remplaçable, tandis que et l'on connaît l'alcool qui correspond à l'acide
le chlore qui se trouve dans la chaîne principale de Noad [ Cannizzaro , Compt. rend. de l'Acad . des
doit jouir des mêmes propriétés que dans la ben- sciences, t . LII, p . 966 , et t . LIV, p. 1225. Répert.
zine chlorée et être, par conséquent, très-diffici- de Chim. pure, t. III, p. 263 (1861 ) , et t. IV,
lement remplaçable. p. 302 (1862)] .
De même que la substitution du chlore à l'hy- Isomérie dans les acides diatomiques et mono-
drogène dans le toluène et ses homologues peut basiques (monocarburés). · Parmi ces acides on
donner naissance à deux ordres de produits iso- retrouvera d'abord les cas d'isomérie qui ont été
mères, de même nous devrons retrouver des iso- trouvés dans les acides monoatomiques. Ainsi
méries semblables dans les corps résultant de la aux deux acides toluiques
substitution de l'oxhydryle OH ou de l'amido-
gène Az H2 l'hydrogène. Ainsi, en partant tou- C6H ( CO2 H et C6H5. C2H20, OH
jours du toluène, nous pourrons avoir CH3
C6H5 (CH2 [ OH] ) et C6 H (OH) (C H³) doivent correspondre deux acides diatomiques
en substituant un seul oxydryle à H, ou
CH3OH &CH et C6H4OH.C² H2O , OH.
C6H5 ( CH [ OH ] ) , CH [ OH ] ( CH² [ OH] ) ,
et C H (OH)2 (CH3) en substituant deux OH à H. Mais en outre nous rencontrons pour chacun de
ces acides des cas d'isomérie nouveaux résultant
Dans le composé C H5 (CH2.O H) , l'oxhydryle de ce que l'oxhydryle non acide peut être alcoo-
ayant 2 H dans son voisinage aura des propriétés lique ou phénique. Ainsi chacun des deux acides
semblables à celles qu'il possède dans les alcools oxytoluiques dont nous venons d'écrire une des
gras et le produit sera un alcool véritable, l'al-
cool benzylique [ Cannizzaro (1853) , Ann . der Chem. formules possibles peut avoir un isomère :
u. Pharm. , t. LXXXVIII , p. 129] . Dans le com- C6H3OH ( CH3
CO2H et C6H4CO2H
posé C6 H (OH) ( C H³), au contraire, l'oxhydryle CH2OH ;
étant entouré de carbone comme dans le phénol C6H4OH (C2H2O . OH) et C6H5 (C² HO , OH.OH).
aura des propriétés phéniques et ce corps sera un
homologue du phénol, le phénol crésylique. De On connaît actuellement deux de ces quatre iso-
meme le corps C6H5 (CH [OH] ) serait un glycol ; mères possibles , l'acide crésotique
il est inconnu. Le composé C6 H (OH) (C H² [Ó H]),
qui n'est autre que la saligénine, possède un C6H3OH ( CO2 H
CH3
oxhydryle alcoolique et un oxhydryle phénique.
C'est un glyco-phénol . et l'acide formobenzoilique CH (C² HO , OH.OH).
Enfin le produit C6H³[OH]²(CH³) serait un phénol L'acide salicylique , l'acide phlorétique et l'acide
diatomique; l'orcine a peut-être cette constitution . thymotique renferment, comme l'acide crésotique,
En substituant une ou deux fois le groupe ami- un oxhydryle phénique ; l'acide formobenzoilique
dogène à H dans le toluène, nous pourrons avoir n'a pas d'homologues connus jusqu'à ce jour.
de même la toluidine C6 H [Az H ] ( CH3), la ben- Enfin , étant donné un acide diatomique et mo-
zylamine C6H5 (C H² [ Az H²] ) [Cannizzaro, Compt. nobasique renfermant un oxhydryle phénique et
rend. de l'Acad. des sciences , t. LX, p. 1207 et un nombre de chaînes latérales déterminé, on
1300 ; Giornale di scienze naturali ed economiche peut encore concevoir que sa formule appartienne
publicato per cura del Consiglio di perfeziona- à plusieurs isomères suivant la place que les
mento di Palermo, t . I , p. 77 , 1865] , la toluylène- groupes OH et CO2H occupent relativement l'un
- 390 - AROMATIQUE.
AROMATIQUE.
à l'autre. En représentant la benzine par la for- correspondent trois acides amidobenzoiques et
mule de structure trois acides nitrobenzoiques isomères. Par des
H H considérations analogues, on conçoit que la ben-
zine puisse donner des dérivés bromés ou chlorés
1 isomères .
C= C On connaît, en effet, des produits de substitu-
tion de la benzine qui sont isomères entre eux,
H C-H suivant qu'ils ont été obtenus directement par
l'action du brome sur la benzine ou indirecte-
ment par l'action du bromure de phosphore sur
/ les phénols bromés (Kekulé a même cherché à
H H expliquer pourquoi il se forme dans ce cas des com-
posés isomères). Enfin laposition relative des grou-
on prévoit l'existence de trois acides oxybenzoi- pes CO2H explique l'isomérie des acides bibasi-
ques qui seront : ques comme les acides phtalique et térephtalique.
1º H ОН THÉORIE DE L'OXYDATION DES SUBSTANCES AROMA-
TIQUES. - Toutes les fois que l'on oxyde les sub-
/ stances aromatiques, on peut dire que la chaîne
C= C latérale ou les chaînes latérales (s'il y en a plu-
sieurs) subissent des modifications, tandis que le
H- - C C - CO2 H. noyau reste inaltéré. Généralement si l'oxydation
est suffisante, chaque radical alcoolique fixé au
C noyau comme chaîne latérale se trouve converti
en CO2H, quel que soit d'ailleurs le radical. Il
H résulte de là que les produits oxydés contiennent
autant de chaînes latérales que ceux dont ils dé-
20 HO H rivent. Cette loi peut permettre de fixer la consti-
/ tution de certains hydrocarbures aromatiques,
C= C dont la synthèse n'a pas encore été faite en par-
tant de la benzine. Quant à la loi elle-même,
elle se déduit de cette observation que la méthyl-
H- C - CO2H. benzine ou toluène et l'éthyl-benzine de MM . Fit-
tig et Tollens donnent tous deux, par l'oxydation ,
de l'acide benzoique C6H5 (CO2 H) , tandis que la
diméthyl-benzine (xylène) et l'éthyl-méthyl-ben-
zine donnent de l'acide térephtalique
C6H4 SCOPH
30 H H CO2H
qui renferme deux chaînes latérales.
Cela posé, comme le cumène de l'acide cumi-
nique donne de l'acide benzoique lorsqu'on
HO - C C - COH. l'oxyde, on peut en conclure qu'il ne renferme
qu'une chaîne latérale et que sa formule est celle
de la propyl-benzine C6 HS (C³ H7) .
D'autre part, le cymène de l'huile de camomille
romaine donne, par une oxydation légère, de
l'acide toluique de Noad et , par une plus forte
De fait on connaît trois acides répondant à la oxydation , de l'acide térephtalique
formule C7 H6O3 : l'acide salicylique, l'acide oxy- CH+ CO2 H
benzoïque et l'acide paraoxybenzoique, auxquels CO2H.

ACIDES
CARBURES D'HYDROGÈNE.
MONOCARBONÉS DI CARBONÉS TRICARBONÉS
(monobasiques ) . (bibasiques ). (tribasiques ).

C6 H6
Benzine.

CH³ . CH³ CH3.COH


Toluène ou méthyl- benzine. Acide benzoïque.

C6H4 CH3 C6H4 CH3 CO2H D


CH3 CO2H C6H4 { CO2 H
Diméthyl-benzine ( xylène ) . Acide toluique . Acide térephtalique .

( CH3 CH3
་ CH3 CO2H
C€ H3 CH3 C6 H3 CH3 C6H3 CO2H C H3 COH
CH3 CO2H CO2H CO²H
Triméthyl-benzine. Acide xylylique. Inconnu.
"
AROMATIQUE. - 391 AROMATIQUE .
Cet hydrocarbure renferme donc deux chaînes laté- Chim. et de Phys. , t. XL, p . 234]. Il se forme un
rales. De plus, comme dans une oxydation lente il sel de potasse en même temps que l'alcool cherché :
fournit l'acide toluique qui renferme un méthyle
CH³, on est en droit de conclure que ces deux chaî- 2C7H5O.H + HOK = C7H5 0.0K + C7H8O.
Aldéhyde Potasse. Benzoate de Alcool
nes sont formées d'un méthyle et d'un propyle. benzoïque. potassium. benzoïque.
M. Kekulé résume, dans le tableau de la page
précédente, la loi d'oxydation qui vient d'être Mode de formation des phénols. ― Pendant
exposée. On y voit que la triméthyl-benzine doit longtemps le phénol ordinaire a été le seul que
donner, par l'oxydation , trois acides nouveaux, l'on ait su produire synthétiquement . Encore la
dont l'un, l'acide xylylique, vient d'être obtenu production synthétique était-elle une de ces dé-
par M. Kekulé [loc. cit. ]. compositions compliquées que l'on ne saurait ap-
Telle est la théorie que M. Kekulé a donnée des peler de véritables synthèses. M. Berthelot l'avait
combinaisons aromatiques ; mais à peine cette obtenu en faisant passer de l'alcool à travers un
théorie avait-elle paru qu'un fait nouveau décou- tube de porcelaine chauffé au rouge.
vert par M. Carius est venu la battre en brèche. Tous les autres phénols connus étaient des
Ce chimiste a annoncé avoir fait la synthèse d'un produits pyrogénés dérivés d'autres composés or-
acide répondant à la formule C6H4O2, et qu'il a ganiques suivant une loi plus ou moins régu-
nommé acide benzénique [ Carius, Ann. der Chem. lière, ou se retiraient de certains végétaux dans
u. Pharm . , t. CXXXVI, p. 323 (nouv. sér. , t. LX), lesquels ils existent tout formés , comme le thy-
décembre 1865 ; Ann. de Chim. et de Phys. , (4), mol dans l'essence de thym, ou dans lesquels
t. VIII, p. 193 (en extrait par M. Wurtz) ] . Cet existent des principes susceptibles de les fournir
acide homologue inférieur de l'acide benzoique et par leurs dédoublements :
dérivé de la benzine par la substitution de 0 à C7 H6 05 = CO2 + C6 H603 ;
H2 et de OH à H n'est pas possible dans la théorie Acide Anhydride Phénol
de M. Kekulé. De plus , M. Carius, en distillant gallique. carbonique. pyrogallique.
le benzénate de baryum à 300° , a dit avoir obtenu C20 H22O10 + 2H2O
un hydrocarbure dont il n'a pas fait l'analyse, Érythrine. Eau.
mais qu'il considère comme étant le pentène = CH10O + 2 CO2 + 2 C7 H8 O².
CH , homologue inférieur de la benzine.
On aurait quelque peine à faire rentrer ces Érythrite. Anhydride Orcine ( phénol
composés dans la série des composés aromatiques, carbonique . diatomique).
mais leur existence n'est pas bien démontrée (¹) . Aujourd'hui, grâce aux importants travaux de
Quoi qu'il en soit, la théorie de M. Kekulé rend M. Griess et à ceux plus récents de MM. Dusart,
compte de la plupart des faits et peut être envisa- Wurtz et Kekulé, on possède des méthodes géné-
gée comme une des théories les plus fécondes que rales qui permettent de dériver les phénols des
l'on ait créées depuis longtemps en chimie. hydrocarbures. La première de ces méthodes con-
MODE DE FORMATION DES COMPOSÉS AROMatiques. siste à transformer les hydrocarbures en amines
Nous ne parlerons point ici des modes de for- correspondantes par le procédé de Zinin , et à faire
mation des hydrocarbures, car il n'y a là rien de agir l'acide azoteux sur les solutions aqueuses des
spécial à la série aromatique. Nous nous occupe- azotates de ces bases. Il se forme des produits
rons seulement des modes de formation des al- qui représentent l'hydrocarbure primitif dans le-
cools, des phénols , des acides à 2 et à 3 atomes quel H2 serait remplacé par Az², produits qui,
d'oxygène et des ammoniaques phéniques. Encore soumis à l'ébullition avec l'eau, absorbent une
parmi les procédés que nous décrirons , laisserons- molécule de ce liquide, dégagent de l'azote libre
nous de côté ceux qui peuvent s'appliquer dans la et donnent le phénol cherché :
série grasse comme le procédé que M. Harnitz- CHAz2 + H2O = C6H6O + Az²
Harnitzki a indiqué pour la synthèse des acides. Diazo-benzol. Eau. Phénol. Azote.
Mode de formation des alcools aromatiques.
1° Ces alcools ont été obtenus au moyen des hy- Cette méthode reussit non-seulement dans la
drocarbures fondamentaux. On substitue 1 atome série aromatique proprement dite, mais encore
de chlore à 1 atome d'hydrogène dans ces hydro- dans les séries voisines comme la série du diphé-
carbures, on traite le produit chloré par l'acétate nyle et de la naphtaline. En partant de la diphé-
d'argent et l'on saponifie l'éther composé qui se nylamine (benzidine), on a obtenu un phénol
forme ainsi [ Cannizzaro, Ann . de Chim. et de diatomique C12 H10 O2 [ Griess , loc. cit.]
Phys., t. XLV, p . 468 ( 1855) ] . Cette méthode est La deuxième méthode, qui a été découverte si-
identique à celle au moyen de laquelle M. Ber- multanément par MM. Dusart, Wurtz et Kekulé,
thelot et plus tard M. Schorlemmer ont obtenu consiste à traiter les hydrocarbures par l'acide
les alcools gras. Toutefois il est important de re- sulfurique pour avoir un acide conjugué. On fait
marquer ici que l'acétate d'argent réagit seule- ensuite fondre l'acide ainsi obtenu avec de la po-
ment sur le produit chloré, lorsque le chlore est tasse et l'on obtient le sel de potasse du phénol
substitué dans le groupe méthyle. cherché en même temps que du sulfite de potasse
2º On obtient encore les alcools aromatiques prend naissance. Il suffit de dissoudre le produit
en fixant de l'hydrogène sur les aldehydes corres- dans l'eau et de précipiter par un acide pour avoir
pondantes . Cette fixation d'hydrogène peut s'opé- le phénol à l'état de liberté.
rer au moyen de l'hydrogène naissant développé 1° C6H6SO'H² H2O C6H5, SO³ H.
par l'amalgame de sodium, comme dans la série Benzine . Acide Eau . Acide phényl-
grasse, mais elle peut aussi s'opérer par un autre sulfurique. sulfureux.
procédé appartenant exclusivement à la série aro-
20 C6H5. SO³ H + 3 HOK
matique et qui consiste à soumettre les aldehydes Acide phényl- Potasse.
à l'action d'une solution alcoolique de potasse
sulfureux.
[Cannizzaro (1853) , Ann. der Chem . u. Pharm..
t. LXXXVIII , p . 129 (nouv. sér. , t. XII) ; Ann . de = SO3. K2C6H5. OK + 2 H2O.
Sulfite Phénate Eau.
(1 ) Depuis que ces lignes ont été écrites, des discus- potassique. potassique.
sions se sont élevées à l'occasion de l'acide benzénique
et du pentène. Il résulte de ces discussions que l'exis- 30 C6H5.OK + HCl = KCl + C6H5.OH.
tence de ces deux corps est au moins fort douteuse et Phénate Acide Chlorure Phénol.
que, par suite, la théorie de M. Kekulé demeure intacte, potassique. chlor- potassique.
jusqu'à présent du moins. hydrique.
AROMATIQUE. - 392 AROMATIQUE.
[Wurtz, Compt. rend., t. LXIV , p. 749 ; Bull. de la 2. C6H5. CH2 CI + Na2 + CO²
Soc.chim., t . VIII, p. 197; -Kekulé , Compt. rend. , Chlorure Sodium. Anhydride
t. LXIV, p. 752 ; Bull . de la Soc. chim ., t . VIII, de benzyle. carbonique.
P. 198 ;.- Dusart, Compt. rend. , t . LXIV, p. 859; Na CC6H5(CH2CO2 Na).
Bull. de la Soc. chim., t. VIII , p. 200 (1867).] Chlorure Alphatoluate sodique.
Mode de formation des acides aromatiques de sodium.
monoatomiques. - Ces acides se produisent
4° Plusieurs acides aromatiques existent tout
comme les acides gras lorsqu'on oxyde les alcools
ou les aldehydes correspondants, lorsqu'on fait formés dans des produits naturels ou dérivent de
agir l'oxychlorure de carbone sur un hydrocar- l'oxydation de certaines aldehydes naturelles.
bure homologue de la benzine et qu'on décompose Ainsi l'acide benzoique s'obtient par l'oxydation
de l'essence d'amandes amères et existe tout
par l'eau le chlorure acide formé [ Harnitz-Har- formé dans le benjoin.
nitzki, Bull. de la Soc . chim. (nouv . sér.) , 1864, Mode de formation des acides diatomiques et
t. I, p. 322 ; - Compt. rend., t. LVIII , p. 748] ,
ou encore lorsqu'on soumet à l'action de l'hydro- monobasiques renfermant un oxhydryle phe-
gène naissant des acides moins hydrogénés . C'est nique. - 1° L'acide phlorétique C9 H10 O3 se pro-
de cette manière que l'acide cinnamique C HO duit par le dédoublement de la phlorétine, qui
se transforme en acide alphaxylylique C9 H10 02. provient elle-même d'un dédoublement de la
Mais ce sont surtout les modes de formation sui- phlorizine. Voyez ACIDE PHLorétique.
2º Tous les acides de cette classe actuellement
vants qui sont intéressants, parce qu'ils appartien-
nent en propre à la série aromatique ou tout au connus, à l'exception de l'acide phlorétique pour
moins ne donnent pas dans cette série des résul- lequel cette méthode n'a point été essayée, ont
tats identiques à ceux qu'ils donnent dans la série été préparés synthétiquement par M. Kolbe par
l'action simultanée du sodium et de l'anhydride
grasse.
carbonique sur les phénols.
1º Les éthers cyanhydriques des alcools aro-
matiques chauffés avec une solution alcoolique 2 C10H140 + Na2 + 2 CO2
de potasse dégagent de l'ammoniaque et donnent Thymol. Sodium . Anhydride
le sel de potasse d'un acide homologue supérieur carbonique.
d'un terme à celui qui correspond à l'alcool dont = 2 C11 H13 Na O3 + H2
on a employé l'éther (Cannizzaro, Ann . de Chim. Thymotate de Hydro-
et de Phys., 1855 , t. XLV , p. 468] : sodium. gène.
C7 H7) K H - C8 H7 KO2 3° On peut encore préparer les acides de ce
CAz + H A2 H³. groupe, ou tout au moins des acides isomères
Cyanure Potasse. Eau. Alpha- Ammo- avec ces derniers, mais renfermant comme eux
de toluate de niaque. un oxhydryle phénique (acide oxybenzoique), en
benzyle. potassium. faisant agir l'acide azoteux sur les solutions ni-
Toutefois ce procédé qui, dans la série grasse, triques bouillantes des acides monoatomiques
donne des corps vraiment homologues de ceux amidés de la même série, acides amidés qui se
dont on part, donne, dans la série aromatique , produisent lorsqu'on soumet les acides monoato-
des isomères de ces vrais homologues, ainsi que miques nitrés à l'action des agents réducteurs.
M. Cannizzaro s'en est assuré. En effet, le groupe 1. C7H5 (Az O2) O2 + 3H2
CO2H que l'on ajoute a un hydrocarbure en Acide nitro- Hydrogène.
passant par l'intermédiaire d'un éther cyanhy- benzoïque.
drique, s'ajoute à une des chaînes latérales et - 2H2O C7 H³ (Az H²) O².
n'augmente pas le nombre de ces dernières, tan- Eau. Acide amido-benzoïque
dis que ce nombre devrait être augmenté pour (oxybenzamique).
qu'on eût les véritables homologues supérieurs 2.
des acides correspondants aux alcools d'où l'on C7 H5 (Az H²) O² + Az H 02
est parti. Acide amido- Acide
benzoïque. azoteux.
20 On obtient plusieurs acides aromatiques = CHẢO (OH )2 + H2O + Az .
monoatomiques par l'oxydation de certains hy- Eau. Azote.
drocarbures de la même série. Nous avons déjà Acide oxybenzoïque.
vu que le cymène C10 H14 donne de l'acide to- Il est préférable de diriger l'acide azoteux dans
luique en s'oxydant, que le cumène donne, dans une solution azotique refroidie de l'acide amidé.
ces conditions, de l'acide benzoique, etc. Ces Il se forme alors un acide nouveau qui représente
acides proviennent de la substitution du groupe l'acide monoatomique de la même série dans le-
CO2H à une des chaînes latérales renfermées
dans les hydrocarbures sur lesquels on opère. quel H est remplacé par Az². Ce nouveau corps
isolé et bouilli avec de l'eau dégage de l'azote et
Voyez page 390. donne l'acide diatomique cherché.
3º Récemment M. Kekulé est parvenu à prépa-
rer des acides aromatiques à 2 atomes d'oxygène C7 H5 (Az H2) O2 + Az HO² = C² H¹ Az²O² + 2 H2O .
en dirigeant un courant de gaz carbonique à tra- Acide amido- Acide Acide diazo- Eau.
benzoïque. azoteux. benzoïque.
vers un hydrocarbure bromé dans lequel il faisait
en même temps dissoudre du sodium [Kekulé , CHAz2O2 + H2O = C7H6O3 + Az² .
loc . cit.]. Acide Eau. Acide oxy- Azote.
On conçoit que ce procédé doive fournir des diazo-benzoique. benzoïque.
composés isomériques selon que l'on agit sur des 4° L'un de ces acides, l'acide salicylique, se pro-
produits bromés résultant de la substitution du duit par l'oxydation d'un glyco-phénol, la saligé-
brome à l'hydrogène dans la chaîne principale ou nine. Les autres n'ont pas été obtenus de la même
dans une chaine latérale.
manière parce qu'on ne connaît aucun homologue
1. C6H CI . CH3 + Na2 + CO2 de la saligénine, si ce n'est peut-être l'arbutine.
Toluène Sodium. Anhydride 5° L'oxydation de certains hydrocarbures peut
monochloré. carbonique. fournir des acides de ce groupe. L'oxydation du
CO2 Na toluène, par exemple, donne de l'acide paraoxy-
Na Cl + C6H CH3. benzoique. Certains produits oxygénés peuvent
Chlorure Toluate de sodium ẞ. aussi fournir de tels acides en se suroxydant. C'est
de sodium. ainsi que l'essence d'anis donne dans ces condi-
AROMATIQUE. --- 393 — ARRAGONITE.
tions de l'acide anisique, qui n'est autre que L'acide cinnamique se rattache d'autant plus na-
l'acide méthyl- paraoxybenzoique [ Saytzeff, Ann. turellement à la série aromatique qu'il renferme
der Chem. u. Pharm ., t. CXXVII, p. 129 (nouv. le noyau Ce qui caractérise cette série.
sér. , t. LI) ; Bull. de la Soc. chim . (nouv.sér .) , Outre l'acide cinnamique , il existe d'autres
t. I, p. 143 (1864) ; - Ladenburg, Bull. de la Soc. corps comme la naphtaline C10 H8, le diphényle
chim. (nouv. sér.), t. V. p. 257 (1866)] . C12 H10, et leurs dérivés que l'on doit nécessaire-
Mode de formation des acides qui renferment ment rattacher à la série aromatique. Ces corps ,
un oxhydryle alcoolique et un oxhydryle acide. il est vrai, ne renferment plus simplement le noyau
- Un seul de ces acides est connu, l'acide for- caractéristique des composés aromatiques propre-
mobenzoilique ; il se produit par l'action simul- ment dits , mais les atomes de carbone qui for-
tanée de l'acide cyanhydrique et de l'acide chlor- ment leur noyau sont groupés selon des lois
hydrique sur l'essence d'amandes amères dissoute plus voisines de celles qui régissent l'union des
dans l'eau. MM. Louguinine et Naquet se sont as- six atomes de carbone de la benzine que de celles
surés que cette réaction ne va pas avec l'aldéhyde qui président à l'union des mêmes atomes dans
cuminique à cause de son insolubilité à peu près la série grasse . Une théorie analogue à celle qui
complète. Cette méthode, d'ailleurs, est la même rend compte des composés aromatiques peut ren-
qui, dans la série grasse, a permis d'obtenir l'acide dre compte des dérivés de la naphtaline ou du
lactique. diphenyle. Ces corps rentrent donc, du moins
Mode de formation des acides monobasiques comme appendice, dans la série aromatique, et
d'une atomicité supérieure à trois. On a ob- cela d'autant plus justement que leurs propriétés
tenu les acides oxysalicylique et gallique par des sont de même nature. Comme ceux des composés
procédés analogues à ceux que l'on emploie dans aromatiques proprement dits , leurs hydrates
la série grasse, c'est-à-dire en traitant par l'oxyde sont de véritables phénols ; comme les composés
d'argent et l'eau les acides bromo- et bibromosa- aromatiques proprement dits , la naphtaline et
licylique [Lautemann , Ann . der Chem. u. Pharm., probablement le diphenyle peuvent donner nais-
t. CXX, p. 299; - Répert. de Chim. pure, t. IV sance à des dérivés nitrés dont le nombre peut
(1862), p. 190 ; Ann. de Chim. et de Phys., (3) , même ici dépasser trois . Ces dérivés se réduisent
t. LXIII, p. 232]. par l'hydrogène naissant et fournissent des am-
Mode de formation des acides diatomiques et moniaques composées analogues à l'aniline et
bibasiques. - On ne connaît que deux acides susceptibles d'éprouver les métamorphoses qu'é-
isomères appartenant à cette classe, l'acide phta- prouve cette dernière par l'action de l'acide azo-
lique et l'acide téréphtalique C8 H6 O4. L'acide teux.
téréphtalique résulte de l'oxydation de certains Au diphenyle C12 H10 se rattachent la benzoine
hydrocarbures comme la diméthyl - benzine qui C14 H12O2, l'acide benzilique C¹ H12O3 , l'anhydride
ont deux chaînes latérales et les échangent l'une benzilique improprement nommée benzile qui ré-
et l'autre contre le groupe CO2 H. L'acide phtalique pond à la formule C14 H10 O2, le chorure de benzile
se produit dans des réactions beaucoup moins C14 H11 O2 Cl. le phénol diphénylique C12H1002
simples. -- Voyez ACIDE PHTAlique. récemment découvert par M. Griess, la benzi-
Mode de formation des ammoniaques aroma- dine C11 H12 Az2. Tous ces composés dérivent du
tiques. - Les ammoniaques alcooliques se pro- diphenyle ainsi qu'il suit :
duisent par l'action de l'ammoniaque sur les éthers C12 H10
simples comme dans les autres séries ; les ammo- C12 H8 (OH2)2
niaques phéniques, au contraire, prennent nais- Diphenyle. Phénol
sance lorsqu'on réduit par l'hydrogène naissant ou diphenylique.
par l'acide sulfhydrique, les hydrocarbures nitrés C12 H8 (Az H2)2.
(voyez AMMONIAQUES COMPOSÉES) . Ces dernières ont Benzidine.
la curieuse propriété de se transformer, sous l'in-
fluence des agents oxydants , en matières colo- ( OH ОН O"
rantes.- Voyez ANILINE (MATIÈRES COLORantes dé- (C12H) CHO (C12 H7) COH (C12 H ) C.O"
RIVÉES DE L'). CH3 CH3 CH3
Les groupes de corps dont nous venons de passer Benzoïne (aldéhyde Acide Benzile (anhy-
en revue les principaux modes de formation sont benzilique ). e
benziliqu . dride benzil ique).
les seuls qui se prêtent à une semblable étude. En ОН
dehors d'eux il ne reste que des substances isolées (C12 HT) CO CI
auxquelles nous sommes obligés de renvoyer le CH3.
lecteur. Notre tâche serait donc terminée si nous Chlorure de benzile. A. N.
ne nous proposions de joindre à la série aroma-
tique , sous forme d'appendice, certains composés ARPIDÉLITE (Min .) . Voyez SPHÈNE.
qui se rattachent directement à cette série . ARQUERITE ( Min. ) . Amalgame d'argent,
APPENDICE A LA SÉRIE AROMATIQUE. -- A côté de Ag12 Hg; masses cristallisées dans la calcite d'Ar-
la série grasse se place une série, la série acryli- queros, près Coquimbo , (Chili) .
que, dont chaque acide peut, sous l'influence des ARRAGONITE (Min . ) [ Sýn. Aragonite ] .
alcalis fondus , se transformer en deux acides de Carbonate de chaux prismatique,
la série grasse. La série acrylique (voyez ce mot)
vient donc se placer à côté de la série grasse à la- CCa 03 ** Ca O. CO²,
quelle elle se rattache comme appendice. renfermant quelquefois du carbonate de strontiane
De même à côté de la série aromatique il existe
quelques corps, l'acide cinnamique et l'acide oxy- en petite quantité, ou même du carbonate de plomb
cinnamique ( acide coumarique), qui se rattachent (Tarnowitzite 4 %) . Cette espèce, qui offre la même
à la série aromatique de la même manière que composition que la calcite, s'en distingue par sa
l'acide acrylique à la série grasse. L'acide cinna- forme cristalline, par une dureté et par une den-
mique (voyez ce mot) se transforme en effet , sité plus fortes, et par une chaleur spécifique
sous l'influence des alcalis fondus , en benzoate moindre. Lorsqu'on la chauffe, on la voit se désa-
gréger et se transformer en calcite avec dégage-
et acétate de potasse : ment de chaleur.
C9H8O2 +2 KHO = C2H3O2K + C7H5O2K + H2. Cristaux prismatiques transparents, d'un éclat
Acide Potasse. Acétate de Benzoate Hydro- vitreux, très-souvent maclés et présentant, malgré
cinnamique . potasse. de potasse. gene. leur complication intérieure, une apparence hexa-
ARROW-ROOT. 394 — ARSENIC.

gonale ; aiguilles plus ou moins fines ; masses ARSENIC ( previxóv, male). - As = 75.
fibreuses concrétionnées , rayonnées et pisoli- L'arsenic est mentionné dans les ouvrages des
premiers alchimistes, Geber, Albert le Grand et
autres ; ses sulfures étaient même connus des
anciens , car Aristote et Dioscoride en parlent ;
mais il n'a été bien défini qu'en 1733 par Brandt.
Schroeder, en 1694, l'avait déjà isolé par l'action
du charbon sur l'arsenic blanc ou acide arsénieux.
C'est à Berzelius qu'on doit les premières re-
cherches sur la composition exacte et la constitu-
tion des combinaisons de l'arsenic.
7/2 TIV L'arsenic se rencontre dans la nature à l'état
natif, en petites masses bacillaires et fibreuses,
mamelonnées à leur surface ; il se trouve géné-
ralement dans les gîtes métallifères, principale-
ment dans ceux de sulfure d'argent et d'oxyde
d'étain. On l'a rencontré dans cet état à Sainte-
Marie-aux-Mines (Vosges). On le rencontre fré-
quemment à l'état de sulfure (réalgar et orpiment),
Fig. 67. - Arragonite. mais surtout à l'état d'arséniures métalliques, de
cobalt, nickel, etc., ou à l'état de sulfarséniates.
thiques ; quelquefois concrétions rameuses et C'est une des substances les plus répandues dans
coralloides accompagnées habituellement de mi- la nature. Il a été signalé en très-petites quantités
nerais de fer (flos ferri). Couleur blanche, avec dans un grand nombre d'eaux minérales, notam-
des nuances tirant sur le jaunâtre, le vert, le ment dans les eaux du bassin de Vichy (Bouquet),
bleu, le rose. Ne constitue pas de grandes roches dans les eaux de Plombières, etc., et on lui at-
comme la calcite, mais se trouve dans les filons, tribue un rôle important dans l'action thérapeu-
dans les terrains gyp- tique de ces eaux.
seux, dans les basal- Préparation. On prépare généralement l'ar-
m tes. senic métallique par la calcination du sulfarsé-
M. G. Rose a con- niure de fer Fe As S ou mispickel; on place ce
staté qu'une partie minerai dans des cylindres de terre couchés hori-
des concrétions for- zontalement dans un fourneau ; ces cylindres sont
ML mées par les eaux en communication par leur extrémité ouverte avec
thermales de Carls- des tubes en tôle dans lesquels vient se sublimer
bad sont de l'arrago- l'arsenic, tandis qu'il reste du sulfure de fer pour
nite; il a obtenu éga- résidu.
lement le carbonate L'arsenic se sublime en une masse cristalline
de chaux sous cette gris d'acier douée de l'éclat métallique. Dans les
TIL m forme en le précipi- laboratoires, on prépare l'arsenic par la calcina-
tant dans une solu- tion de l'acide arsénieux avec du charbon ou
Fig 68. tion chaude [Poggend. avec du flux noir, dans une cornue de grès.
Ann. , t. XLIII , p. 335, Propriétés physiques. Densité de vapeur par
Coupe d'une macle. 1837]. rapport à l'hydrogène == 147,3 ( prise à 564° ) ;
Caractères. Au = 153 ( prise à 860° ). Densité théorique = 150.
chalumeau décrépite et tombe en poudre, puis Densité de vapeur par rapport à l'air == 10,20
perd son acide carbonique. (prise à 564° ); 10,6 (prise à 860°) . Poids ato-
Dureté, 3,5. Densité, 2,93-2,95. mique, 75 (équiv. 75). Poids moléculaire 300.
Forme cristalline. - Prisme orthorhombique , Chal. spéc. — 0,081 . On voit que le poids mo-
mm = 116° 10' , el el = 108 ° 26'. léculaire de l'arsenic déduit de sa densité de va-
Clivages g1 distinct; m, e indistincts. Ces peur est double de celui que l'on déduit de ses
clivages sont assez difficiles pour que la cassure analogies avec l'azote. Tandis que la molécule de
de l'arragonite soit conchoidale ; c'est un des ca- l'azote libre est Az22 vol. , celle de l'arsenic
ractères qui permettent le mieux de la distinguer libre est As = 2 vol.
de la calcite. Récemment sublimé, l'arsenic est brillant, mais
Plan d'hémitropie le plus fréquent : m. F et S. il se ternit rapidement à l'air ; la forme de ses
ARROW - ROOT [ Groves , Pharm. Journ. , cristaux est celle d'un rhomboèdre aigu (85° 4').
t. XIII, p. 60 ; Mayet, Journ. de Pharm., (3), Sa densité est égale à 5,75. Sous l'influence de la
t. XI, p . 81 ; Guibourt, Histoire des drogues, chaleur, il se volatilise à 180° sans fondre, mais
t. II, p. 356, 3 édit. ]. Espèce de fécule qui si l'on fait intervenir la pression , on peut l'obtenir
nous arrive des Indes orientales et occidentales fondu en un liquide transparent. La facilité avec
et des îles de l'archipel du Sud. Elle est fournie laquelle l'arsenic se sublime rend sa recherche
par plusieurs espèces végétales [ racine du Sagit- très-facile dans l'analyse. La vapeur d'arsenic est
taire ou Maranta arundinacea (Îndes orientales) ; d'un jaune citron (Le Roux) ; elle a une odeur al-
racine de Tacca pinnatifide (Tahiti) ; racines de liacée, mais il est possible que cette odeur ne
plusieurs espèces de Curcumas (Indes occiden- lui appartienne pas en propre, et qu'elle soit le
tales]. résultat de l'oxydation de l'arsenic. Cette odeur se
L'arrow-root des Indes orientales constitue une manifeste quand on projette une combinaison ar-
poudre blanche, inodore et sans saveur, insolu- senicale sur un charbon rouge. Cependant l'acide
ble dans l'eau froide. Au microscope, l'apparence arsénieux, chauffé sur une plaque rouge, ne répand
des granules rappelle celle de la fécule de pommes pas d'odeur ; on a attribué l'odeur alliacée à un
de terre, mais ils sont plus petits et offrent une sous-oxyde d'arsenic ; quoi qu'il en soit, l'odeur ne
fissure simple ou à trois branches correspondant se manifeste que pendant l'oxydation de l'arsenic
au noyau excentrique. ou pendant la réduction de ses combinaisons.
Ce produit sert de matière alimentaire pour Propriétés chimiques. -L'arsenic s'oxyde assez
les enfants et les convalescents. rapidement à l'air, et pour le conserver brillant
Pour les propriétés chimiques, voyez le mot on le garde sous une couche d'eau qui dissout la
AMIDON. P. S. petite quantité d'acide arsénieux qui peut se for-
ARSENIC . 395 ARSENIC .
mer. On le conserve fréquemment dans de l'eau sur l'alliage métallique obtenu par la fusion au
de chlore . Suivant Ludwig, on obtient de l'arsenic rouge de 2 p. de sulfure d'antimoine, 2 p. de
très-brillant en le chauffant dans un tube avec un crème de tartre et 1 p. d'acide arsénieux.
peu d'iode ; le sous-oxyde qui est à sa surface est Il faut prendre de grandes précautions pour ne
entraîné en vapeur, et les vapeurs d'iodure d'ar- point respirer ce gaz, car il constitue un poison
senic qui se forment préservent l'arsenic de l'oxy- des plus redoutables ; il coûta la vie à Gehlen,
dation ; il ressemble alors à du zinc fraîchement chimiste suédois. Ce gaz prend naissance chaque
granulé. fois que l'hydrogène naissant se trouve en pré-
L'oxydation de l'arsenic a lieu très-rapidement senced'une combinaison réductible d'arsenic. Ainsi
quand on le chauffe dans un courant d'air ; si lorsque l'on dégage de l'hydrogène par le zinc et
l'opération se fait dans un tube ouvert aux deux l'acide sulfurique, en présence d'acide arsénieux ,
bouts, il se forme un anneau blanc d'acide arsé- il s'en forme toujours. Cette propriété, jointe à
nieux, tandis qu'en opérant dans un tube fermé, celle que possède l'hydrogène arsénié d'être dé-
c'est un anneau noir qui se dépose dans les par- composé sous l'influence de la chaleur, est utilisée
ties froides. Chauffé dans un courant d'oxygène pour la recherche de l'arsenic, comme on le verra
pur, il y brûle avec une flamme bleuâtre. plus loin .
D'après Berzelius , l'arsenic se présente sous Propriétés. C'est un gaz incolore , d'une
deux états allotropiques ; celui que l'on obtient odeur alliacée très-forte, produisant des nausées
par la calcination du mispickel est d'un gris d'a- et des vertiges et pouvant provoquer la mort.
cier et très-oxydable ; celui, au contraire, qui se Une température de 40° , à la pression ordi-
forme par la réduction de l'acide arsénieux est naire, le liquéfie (Stromeyer). Il ne se solidifie
brillant, d'un blanc d'étain , plus dense et beau- pas à - 110°. Il se dissout dans 5 fois son volume
coup moins oxydable. d'eau purgée d'air, sans se décomposer ; mais au
L'arsenic se combine énergiquement au chlore; contact de l'air cette solution abandonne de
si l'on projette dans une atmosphère de ce gaz l'arsenic métallique.
de l'arsenic en poudre, il y brûle avec éclat en pro- L'oxygène sec , à la température ordinaire ,
duisant des fumées blanches de chlorure d'arsenic. n'agit pas sur l'hydrogène arsénié ; mais en éle-
Il se combine de même directement au brome vant la température ou en soumettant le mélange
et à l'iode ; sa combinaison avec le soufre ne se à l'action de l'étincelle électrique, il y a détona-
fait qu'à l'aide de la chaleur. Traité par l'acide tion etformation d'eau et d'anhydride arsénieux, si
azotique , il se transforme en acide arsénique ; la quantité d'oxygène a été suffisante. Pour cela, il
projeté avec du salpêtre dans un creuset rouge, faut 3 volumes d'oxygène pour 2 de gaz hydro-
il donne de l'arséniate de potasse. gène arsénié ; la moitié se porte sur l'hydrogène
Fondu avec de la potasse caustique, il donne de pour former de l'eau, l'autre moitié sur l'arsenic
l'arséniure et de l'arsénite de potassium ; ce pro- pour former de l'anhydride arsénieux .
duit, qui est d'un brun noirâtre, se décompose,
lorsqu'on le calcine très-fort, en arsenic qui se 2 As H³ +60 = As203 +3 H2O.
dégage et en arséniate de potassium. Il décom- 4 vol. 6 vol.
pose l'eau en dégageant de l'hydrogène arsénié.
Bouilli avec une lessive de potasse, il se dissout Si la quantité d'oxygène n'est pas suffisante, il
en donnant de l'arsénite et un dégagement d'hy- se forme un dépôt brun d'arsenic. La combustion
drogène. Chauffé à 200° dans des tubes scellés , dans l'air atmosphérique n'est jamais complète :
avec une solution d'acide sulfureux, il donne de il y a toujours un dépôt d'arsenic métallique ;
l'anhydride arsénieux, de l'acide sulfurique , du c'est ce qui arrive lorsqu'on brûle ce gaz dans une
soufre libre , mais point de sulfure d'arsenic éprouvette. Lorsqu'on enflamme un jet de ce gaz,
(Geitner). il brûle avec une flamme verdâtre très-allongée,
Usages. -L'arsenic métallique est très -toxique , en répandant des fumées d'acide arsénieux ; mais
mais beaucoup moins que l'acide arsénieux . Il est si l'on vient à refroidir cette flamme en lui pré-
employé dans la médecine vétérinaire. On s'en sert sentant un corps froid, tel qu'une plaque de por-
pour la destruction des mouches et autres insectes ; celaine, celui-ci se recouvre d'une tache noire qui
à cet effet, on le pulvérise et on l'inonde d'eau. est de l'arsenic métallique, résultant de la com-
bustion incomplète de l'hydrogène arsénié (voyez
HYDROGÈNE ARSENIÉ ou arséniqué, hydrure RECHERCHE DE L'ARSENIC). La chaleur seule décom-
d'arsenic gazeux, arsénamine, As H³ 78. - Den- pose l'hydrogène arsénié ; si l'on chauffe au rouge
sité par rapport à l'hydrogène - : 39. Densité par sombre un tube traversé par un courant de ce gaz,
rapport à l'air == 2,695 (Dumas). on forme dans la partie plus froide du tube un an-
Ce gaz correspond à l'ammoniaque et à l'hy- neau noir brillant. Lorsque l'on décompose l'hy-
drogène phosphoré. Comme eux , il est le type drogène arsénié par la chaleur dans un courant
d'une série de composés organiques importants d'hydrogène, l'arsenic qui se dépose est cristallisé
(voyez ARSINES) . Les arséniures métalliques peu- en octaèdres réguliers faciles à observer au mi-
vent être ramenés au même groupement. Il ne croscope (Cooke). La lumière agit lentement sur
forme pas de combinaisons avec les acides , mais ce gaz en le décomposant de la même manière.
on remarque cette tendance dans ses dérivés al- Tous les corps oxydants décomposent l'hydro-
cooliques. On connaît aussi des combinaisons se gène arsénié ; l'acide hypochloreux, l'acide azoti-
rapportant au type condensé H6 As et aux types que, l'eau régale, et même l'acide sulfurique, sont
mixtes amin-arsines et phospharsines H6 Az As et dans ce cas. L'action du chlore sur ce gaz est
H6 Ph As. très-énergique chaque bulle que l'on y fait pas-
Préparation. - Ce gaz, qui a été découvert par ser y produit une lueur et un dépôt d'arsenic ; si
Scheele, puis étudié successivement par Proust, c'est l'hydrogène arsénié que l'on fait passer dans
Trommsdorf, Dumas, Stromeyer, Soubeiran , s'ob- un excès de chlore, il se produit à chaque bulle
tient en faisant agir de l'acide chlorhydrique sur une violente inflammation qui peut provoquer la
un alliage, à parties égales, de zinc et d'arsenic rupture de la cloche dans laquelle on opère ; dans
[Ann. de Chim. et de Phys. , (2) , t. XXXIII , p. 357; ce cas, il se forme de l'acide chlorhydrique et du
ibid., (2), t. XLIII , p. 407 ] . Il se forme, par chlorure d'arsenic ; cette expérience doit être faite
double décomposition , du chlorure de zinc et de avec de grandes précautions. L'iode et le brome
l'hydrogène arsénié. On recueille sur l'eau le gaz agissent comme le chlore, mais avec beaucoup
qui se dégage (Soubeiran) . moins d'intensité.
Serullas a obtenu ce gaz par l'action de l'eau Le soufre, chauffé dans une cloche courbe avec
ARSENIC. 396 - ARSENIC .
de l'hydrogène arsénié , donne de l'hydrogène ARSENIURES . - Les arséniures possèdent , en
sulfuré, de l'arsenic et du sulfure d'arsenic ; de général, les caractères des alliages ; on les ren-
même, le phosphore produit de l'hydrogène phos- contre abondamment dans la nature. L'arsenic
phoré non inflammable et du phosphure d'arse- rend les métaux cassants et en général plus fu-
nic qui apparaît en gouttelettes transparentes. sibles. La chaleur n'altère pas la composition des
Le potassium, le sodium , l'étain absorbent l'ar- arséniures, sauf pour celui d'antimoine et pour
senic et mettent l'hydrogène en liberté. ceux qui sont très-riches en arsenic ; ceux-ci
Les hydrates alcalins absorbent à chaud l'hy- perdent de l'arsenic. Calcinés au contact de l'air,
drogène arsénié en produisant un arsénite et de ils s'oxydent et abandonnent de l'anhydride arsé-
l'hydrogène libre provenant tant de l'hydrogène nieux. On les obtient facilement en fondant en-
arsénié que de l'hydrate alcalin. semble les métaux avec l'arsenic ou en réduisant
Un grand nombre de solutions métalliques dé- les arsénites et arséniates métalliques par un
composent l'hydrogène arsénié ; il se forme de flux réducteur. Calcinés avec du salpêtre et un
l'eau ou l'acide correspondant au sel, et de l'ar- carbonate alcalin , ils donnent de l'arséniate alca-
séniure métallique ou de l'acide arsénieux et un lin, tandis que l'oxyde métallique se sépare. Les
dépôt métallique. Il forme dans la plupart des arséniures des métaux attaquables par l'acide
solutions métalliques des précipités foncés ; ces chlorhydrique donnent, lorsqu'on les traite par
réactions ont lieu suivant les équations : cet acide, de l'hydrogène arsénié ; les arséniures
alcalins sont décomposés par l'eau en donnant de
6 CuSO4 As H³ = 6 H2SO4 + 2 Cu³As² ; l'hydrogène arsénié et de l'hydrure d'arsenic solide.
6 AgAz 03 + 3 H2O + As H3 Un certain nombre d'arséniures appartiennent
-= 6 HAz O3 + H3 As O3 + Ag6; au type M' As ou M" 3 As2 ; ils se forment quel-
quefois par l'action de l'hydrogène arsénié sur
6 HgCl2 + 2 As H³ -= 3 Hg2C126 HCl +2 As. les solutions métalliques ; c'est ainsi qu'on peut
obtenir l'arséniure de cuivre :
Les sels d'or et de platine se comportent comme 2 H³As 3 Cu Cl² == Cu³ As² + 6 HCl.
les sels d'argent , dont la réaction est souvent uti-
lisée pour la recherche de l'arsenic. Ce même arséniure se forme lorsque l'on fait
Analyse. - L'analyse de l'hydrogène arsénié bouillir une solution chlorhydrique arsénieuse
peut se faire dans la cloche courbe en le décom- avec du cuivre métallique ; celui-ci se recouvre
posant par l'étain. On remarque que 100 volumes d'une couche noirâtre, que l'on a souvent prise
de gaz produisent 150 volumes d'hydrogène , c'est- pour de l'arsenic métallique. Chauffé, cet arse-
à-dire que le volume augmente de moitié. Si donc niure perd de l'arsenic et se transforme en un
de la densité de l'hydrogène arsénié 39, on re- autre arséniure présentant la composition de la
tranche 1 1/2 fois la densité de l'hydrogène 1,5, doméikite, arséniure naturel , qui représente l'ar-
il restera 37,5 qui est le quart de la densité de séniure du cuprosum (Cu2)³ As².
vapeur de l'arsenic. 2 volumes de ce gaz renfer- La plupart des arséniures naturels appar-
ment donc 3 volumes ou 3 atomes d'hydrogène et tiennent aux types M'As et M" As2 . Les diffé-
1/2 volume ou 1 atome de vapeur d'arsenic ; car la rents arséniures de cobalt, de nickel, de fer,
densité devapeur de l'arsenic représente le poids de
2 atomes. Il en résulte que la formule de l'hydro- appartiennent à ces deux types .
gène arsénié est As H³, représentant 2 volumes . Nous ne ferons ici que l'étude des arséniures
HYDRURE D'ARSENIC SOLIDE (sesquiarséniure d'hy- alcalins, ceux-ci tirant leurs caractères essentiels
drogène ). On observe dans plusieurs circon- de l'arsenic qu'ils renferment.
stances la production d'une combinaison solide Arseniures de potassium et de sodium. — Le
d'hydrogène et d'arsenic. Ainsi , lorsque l'on potassium et le sodium s'unissent directement à
l'arsenic . Ce dernier se dissout dans des lessives
décompose l'arséniure de potassium par l'eau, alcalines concentrées en dégageant de l'hydro-
elle reste à l'état d'une poudre brune (Gay- gène. En traitant de l'hydrate de potassium fondu
Lussac et Thenard). Le même composé se forme, par de l'arsenic, il se dégage de même un peu d'hy-
suivant Davy, lorsqu'on emploie l'arsenic comme drogène ; la masse se boursoufle et il reste
électrode négative dans la décomposition de l'eau finalement une masse brune, qui est un mélange
par la pile. On a aussi souvent regardé comme de d'arséniate et d'arséniure de potassium. Ce pro-
l'hydrure solide le dépôt noir qui se forme dans
les flacons où l'on conserve l'hydrogène arsénié duit est décomposable par l'eau, avec formation
gazeux. Blondlot a observé la formation d'hydrure d'hydrogène arsénié ; c'est en étudiant ce corps
solide dans l'appareil de Marsh , lorsqu'il se trouve que mourut Gehlen. Les phénomènes observés
une petite quantité d'un azotate dans le liquide ; par Gehlen ont été vérifiés par Gay-Lussac et
Soubeiran.
le zinc se recouvre alors d'une poudre brune
à laquelle Blondlot assigne la formule As² H. CHLORURE D'ARSENIC, AS C13 1181,5 . — - Den-
Cette formation est empêchée par la présence sité par rapport à l'hydrogène = 90,97. Densité
d'un autre métal ou de matières organiques. Le par rapport à l'air 6,3 (Dumas) . Densité à l'état
même auteur a aussi observé sa production, en liquide = 2,05. C'est le seul chlorure d'arsenic
petite quantité, par l'action de l'hydrogène arsé- que l'on connaisse.
nié sur une solution d'azotate d'argent [ Ann. de Préparation. On obtient le chlorure d'arse-
Chim. et de Phys., (3) , t. LXVIII, p. 186) . nic en faisant arriver un courant de chlore sec
Wiederhold prépare l'hydrure d'arsenic As² H sur de l'arsenic chauffé dans une cornue tubulée
purentraitant par l'acide chlorhydrique un alliage munie d'un récipient dans lequel se condense le
de 1 p. d'arsenic et de p. de zinc (il s'en produit chlorure formé, à l'état d'un liquide jaune renfer-
environ 3 millièmes du poids de l'alliage employé) mant un excès de chlore, qu'on lui enlève en le
[Poggend. Ann., t. CXVII, p . 615 ] . L'hydrure ainsi redistillant sur de l'arsenic en poudre (Dumas) .
obtenu constitue une poudre rouge-brun, volu- On peut aussi le préparer en distillant un mé-
mineuse, insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. lange d'anhydride arsénieux, de chlorure de so-
Chauffé à 200°, il se décompose en hydrogène et dium et d'acide sulfurique ; ce procédé, dû à
arsenic ; en présence d'acide azotique fumant, il Gmelin, a été perfectionné par Dumas, qui recom-
s'enflamme ; les autres acides sont sans action mande de chauffer vers 100º 400 grammes d'acide
sur lui. Le chlore, le brome, l'iode le décom- sulfurique avec 40 grammes d'anhydride arsé-
posent avec incandescence. Les alcalis le traus- nieux, puis d'ajouter peu à peu, par la tubulure
forment lentement en arséniate. de lacornue, des fragments de chlorure de sodium
ARSENIC . 397 - ARSENIC.
fondu le chlorure d'arsenic se forme suivant en ajoutant de l'arsenic en poudre à du brome ; la
l'équation : combinaison a lieu avec dégagement de chaleur
3 SO H26 Na Cl + As2 03 et de lumière ; en chauffant ensuite à 220°, le
= produit distille . Nicklès le prépare en faisant agir
= 3 SO Na² + 2 As Cl3 +3 H2O. l'arsenic sur une solution de brome dans le sul-
Il se rassemble dans le récipient, et, vers la fin fure de carbone ; le bromure d'arsenic étant so-
de l'opération, il se forme dans ce dernier une luble dans ce liquide cristallise par l'évaporation.
couche surnageante qui est du chlorure d'arsenic Le bromure d'arsenic fond entre 20° et 25° ;
hydraté ASCIO + H2O, ou acide chlorarsénieux , il bout à 220° et cristallise, par sublimation , en
résultant de l'action d'une portion d'anhydride longs prismes. Une grande quantité d'eau le dé-
arsénieux sur du chlorure d'arsenic : compose.
As203 As C13 == 3 (As O CI) . Il dissout l'anhydride arsénieux en donnant un
liquide épais qui se sépare en deux couches ; celle
On peut aussi faire agir l'acide sulfurique sur qui est surnageante est visqueuse et brune ; c'est
une solution d'anhydride arsénieux dans l'acide l'acide bromarsénieux ou le bromure d'arsénosyle
chlorhydrique concentré (Wallace). As OBr ; l'autre, encore plus épaisse, est une com-
Le chlore, en agissant sur l'anhydride arse- binaison de ce dernier avec de l'anhydride arsénieux
nieux légèrement chauffé, donne aussi du chlo- (probablement 6 As BrO, As2O3) . Ces deux corps
rure d'arsenic (R. Weber, Bloxam) . Enfin, ce abandonnent du bromure d'arsenic par la chaleur.
composé peut s'obtenir par la distillation d'un En dissolvant du bromure d'arsenic dans de l'a-
mélange d'arsenic et de protochlorure de mercure cide brombydrique aqueux, on obtient, par évapo-
(Capitaine) ou de trisulfure d'arsenic et de su- ration , des cristaux nacrés 2 (AsO Br) + 3H2O.
blimé corrosif (Ludwig) . Si le bromure est en excès, celui qui ne se dissout
La volatilité du chlorure d'arsenic , qui bout à pas se transforme en bromure d'arsénosyle. Si la
134° , mais qui est facilement entraîné par d'autres solution se fait à l'ébullition , dans une solution
vapeurs, occasionne souvent des pertes d'arsenic , bromhydrique faible, il se sépare, par le refroi-
dans la recherche de ce corps , chaque fois que de dissement, des cristaux ayant pour composition
l'acide chlorhydrique naissant se trouve en pré- 2 (AsO Br) +3 As203 +12 H2O ( Wallace , Phil.
sence d'anhydride arsénieux. Mag., (4), t. XVII , p. 122] .
Le chlorure d'arsenic ne se solidifie pas à- 29º. Le bromure, comme le chlorure d'arsenic, se
Il répand d'abondantes fumées blanches à l'air et combine aux éthers [ Nicklès, Compt. rend. , t. LII,
est très-dangereux à respirer. p. 396].
Versé dans un excès d'eau, il se décompose en IODURE D'ARSENIC , As I³.- Ce composé se forme
anhydride arsénieux et acide chlorhydrique ; mais directement (Plisson) . On l'obtient le plus facile-
une petite quantité d'eau le transforme en un ment en faisant agir de l'arsenic en poudre sur
liquide limpide qui, après quelques jours , four- une solution d'iode dans le sulfure de carbone
nit des aiguilles cristallines As OCI + H2O. Le qui dissout l'iodure d'arsenic formé et l'abandonne
composé As O Cl (chlorure d'arsenosyle, correspon- cristallisé par l'évaporation (Nicklès, Compt. rend.,
dant au chlorure d'antimonyle SbOCl) s'obtient t. XLVIII , p . 837] . Il forme des lamelles bril-
aussi lorsque l'on fait agir le chlorure d'arsenic lantes , d'un rouge brique, fusibles et volatiles
ou l'acide chlorhydrique sur l'anhydride arsé- sans décomposition. L'eau en grand excès dissout
nieux ; il forme alors une masse brunàtre trans- l'iodure d'arsenic sans résidu ; mis en digestion
parente, fumant un peu à l'air et en attirant avec un peu d'eau, il se décompose en donnant
l'oxygène. Soumis à l'action de la chaleur, le chlo- de l'acide iodhydrique et une combinaison d'an-
rure d'arsénosyle perd du chlorure d'arsenic et hydride arsénieux, d'iodure d'arsenic et d'eau
laisse un résidu vitreux ayant pour composition [Plisson, Ann. de Chim . et de Phys . , (2) , t. XXXIX,
As O Cl , As2O3 ; ce dernier se produit aussi par p. 265]. D'après Wallace, cette combinaison, qui
l'action d'une petite quantité d'eau sur le chlo- cristallise en lamelles nacrées, a pour composition
rure d'arsenic en même temps que le composé 2 (As OI) +3 As2 03 +12 H2O; chauffée, elle perd
ASOCI + H2O. de l'iodure d'arsenic qui se sublime et abandonne
Le chlorure d'arsénosyle se combine aux chlo- de l'anhydride arsénieux.
rures métalliques ; ainsi, en ajoutant du sel am- Hydrate d'iodure arsénieux, 2 As 13+ 3 H2O ou
moniac à une solution chlorhydrique de chlorure As2 036 HI. - L'iodure d'arsenic se dissout
d'arsenic, on obtient, au bout de quelques jours, dans une grande quantité d'eau froide ; cette so-
des aiguilles fibreuses blanches : As O CI, 2 Az H+Cl. lution est jaune, acide, inaltérable à l'air. Par la
Le chlorure d'arsenic se combine à l'ammo- distillation, il reste de l'iodure d'arsenic dont
niaque en formant le composé As C13, 3 Az H , une partie se volatilise avec l'eau ; mais il n'y a
cristallisable dans l'alcool [ Wallace, Philos. Mag., ni iode ni acide iodhydrique mis en liberté. Par
(4), t. XVI , p. 358] . l'évaporation lente de cette solution , elle laisse
Il se combine au chlorure de soufre en donnant déposer des écailles blanches brillantes renfermant
deux composés, As Cl³ , S C12 et 2 As Cl2, 3 SCI2, plus d'arsenic, tandis que l'eau mère, fortement
décomposables par l'eau, et s'obtenant directe- colorée, renferme, au contraire, plus d'acide iod-
ment par l'action du chlore sur le réalgar et hydrique ; la même décomposition a lieu lors-
sur l'orpiment (H. Rose). qu'on traite l'iodure d'arsenic par l'eau chaude.
FLUORURE D'ARSENIC , AS F13.- Ce corps, étudié L'hydrogène sulfuré décompose la solution
par Unverdorben, s'obtient en distillant un mé- d'iodure arsénieux en donnant un précipité de
lange de 5 p. de fluorure de calcium, 4 p . d'an- trisulfure d'arsenic (Plisson , Sérullas et Hottot) .
hydride arsénieux et 10 p. d'acide sulfurique ; On connaît une combinaison d'anhydride arsé-
c'est un liquide incolore, fumant, décomposable nieux et d'iodure de potassium qui correspond à
par l'eau. Sa densité est de 2,73 ; il bout à 63°. Il cet hydrate d'iodure .
attaque le verre. Il absorbe le gaz ammoniac et
forme ainsi un composé solide sublimable. En se COMPOSÉS OXYGÉNÉS DE L'ARSENIC.
décomposant par l'eau, il paraît donner un acide
hydrofluoarsénieux donnant par la saturation L'arsenic forme avec l'oxygène deux combinai-
avec les alcalis des fluorures doubles dont l'étude sons bien définies : l'anhydride arsénieux et l'an-
n'a pas été faite. hydride arsénique, As2O3 et As2O5 , correspon-
BROMURE D'ARSENIC , As Br³. - Ce corps s'ob- dant aux anhydrides phosphoreux et phospho-
tient, d'après Sérullas qui l'a le premier étudié , rique. L'hydrate correspondant à l'anhydride
ARSENIC . 398 - ARSENIC.

arsénieux H³ As O³ n'est pas connu . Mais l'anhy- généralement en octaèdres réguliers ou en té-
dride arsénique donne trois acides ou hydrates traèdres, mais il peut aussi affecter la forme du
correspondant aux acides phosphorique, méta- et prisme orthorhombique ; il est , comme on voit,
pyrophosphorique. isodimorphe avec l'oxyde d'antimoine. Lorsqu'il se
Outre ces deux anhydrides, on admet quelque- dépose de sa solution aqueuse ou chlorhydrique,
fois l'existence d'un sous-oxyde d'arsenic. il affecte la forme octaédrique, comme dans l'an-
SOUS-OXYDE D'ARSENIC. - C'est le composé gris hydride porcelané ; lorsqu'on le sublime, il cris-
qui recouvre l'arsenic métallique exposé à l'air tallise de même en octaèdres, quelquefois en
humide; il est possible que ce ne soit qu'un mé- prismes ; c'est dans des produits de sublimation
lange d'anhydride arsénieux et d'arsenic ; chauffé que Woehler découvrit l'anhydride prismatique.
dans un tube, il se sépare en ces deux corps qui Lorsque l'on chauffe de l'anhydride octaédrique
se subliment isolément. L'acide chlorhydrique et 250° avec de l'eau, il cristallise en partie, par le
l'eau bouillante lui enlèvent de même de l'anhy- refroidissement, en cristaux prismatiques ; ceux-
dride arsénieux . De Bonsdorff a assigné à cet ci se forment en quantité beaucoup plus consi-
oxyde la formule As2O. dérable lorsque l'on chauffe de l'anhydride, vi-
ANHYDRIDE ARSENIEUX (acide arsénieux , arsenic , treux ou porcelané, dans un tube de verre fermé
arsenic blanc, oxyde blanc d'arsenic) , As2 03198 ; à ses deux extrémités placé verticalement dans
Densité de vapeur par rapport à l'hydrogène un fourneau; par le refroidissement, on trouve
= 188 ; idem , théorique - 198. Densité par rapport dans la partie inférieure du tube, dont la tempé-
à l'air 13,0 ( Mitscherlich). Densité théorique, rature avait été portée vers 400° , de l'acide vi-
par rapport à l'air, 13,70 . La densité de vapeur treux ; à la partie supérieure, qui n'avait été por-
de l'anhydride arsénieux est anomale et présente tée qu'à 200°, de l'anhydride octaédrique, tandis
la même anomalie que celle de l'arsenic lui- que la partie moyenne est remplie de cristaux
même, c'est-à-dire que 2 volumes de vapeur con- prismatiques volumineux. On voit donc que les
tiennent 2 fois le poids représenté par la formule cristaux prismatiques se forment à une tempéra-
As203; la densité de vapeur normale serait = 99. ture plus élevée que les cristaux octaédriques
Préparation. - L'anhydride arsénieux s'obtient [Debray, Compt. rend. , t . LVIII, p. 1209] . On ob-
en grand, dans les arts, par le grillage du mispic- tient encore des cristaux prismatiques lorsqu'on
kel ou arséniosulfure de fer, et accessoirement, fait bouillir de l'anhydride arsénieux avec de la
par le grillage des minerais arsénifères de cobalt potasse jusqu'à saturation ; par le refroidissement,
et de nickel. Le grillage se fait dans de grands il se dépose en prismes rhomboidaux (Pasteur).
moufles d'où les vapeurs se dirigent dans de longs Nordenskjoeld a obtenu dans ces circonstances
canaux légèrement inclinés où se dépose l'anhy- des tables hexagonales p, m, g¹, dans lesquelles
dride arsénieux à l'état de farine ou fleurs d'arse- les deux axes horizontaux sont entre eux comme
nic; cette condensation se fait aussi dans un 1 et 0,5776.
bâtiment partagé en compartiments superposés. On remarque des différences notables dans les
Au bout d'un certain temps, on racle cette farine; propriétés de l'anhydride arsénieux cristallisé et
cette opération est très- dangereuse , et les ouvriers de l'anhydride amorphe. La densité de l'anhy-
qu'on y emploie succombent quelquefois à l'ac- dride porcelané est de 3,689 ; celle de l'anhydride
tion toxique de l'arsenic. On soumet la farine vitreux ou amorphe de 3,7385 (Guibourt) . L'anhy-
ainsi recueillie à une nouvelle sublimation dans dride vitreux est trois fois plus soluble dans l'eau
une chaudière en fonte surmontée d'une série de que l'anhydride cristallisé ; tandis que 1 p. du pre-
cylindres en tôle sur les parois desquels se con- mier exige 25 p. d'eau à 13° pour se dissoudre,
dense l'anhydride arsénieux en masses compactes, ce dernier en exige 80 p. 1 p. d'anhydride vi-
vitreuses, qu'on enlève à coups de marteau et treux n'exige que 9 p. d'eau bouillante. L'anhy-
qu'on livre ainsi au commerce; les vapeurs non dride vitreux, en solution dans l'eau, se trans-
condensées arrivent dans une caisse en bois où forme peu à peu en anhydride cristallisé, et
elles se déposent. Lorsque les fleurs d'arsenic sont comme celui-ci est moins soluble, il se dépose
mélangées de soufre, ce qui a lieu généralement, peu à peu de la solution froide d'anhydride vi-
on en fait une pâte avec de la potasse et on soumet treux abandonnée à elle-même. On remarque des
cette pâte à la sublimation . Il arrive quelquefois différences analogues dans la solubilité des dif-
que le produit est mélangé d'arsenic métallique ; férentes variétés d'anhydride arsénieux dans l'al-
celui-ci se combinant avec le fer de la chaudière cool. Ainsi :
peut la percer et le produit tombe alors dans le Alcool Alcool Alcool Alcool
foyer d'où il se répand en vapeurs dans l'atelier ; 100 p. d'alcool dissolvent à 56°. à 79°. à 86º. absolu.
aussi cette dernière opération est-elle une des
plus dangereuses de cette exploitation. Anhydride à 15°.... 1,680 1,430 0,715 0,025
cristallisé à l'ébullition.. 4,895 4,551 3,197 3,402
Propriétés. L'anhydride arsénieux se pré- Anhydride vitreux à 15°... 0,504 0,540 1,060
sente sous forme d'une masse blanche, vitreuse,
lorsqu'il est récemment sublimé ; mais il perd On voit que, tandis que la solubilité de l'anhy-
peu à peu sa transparence, devient d'un blanc dride vitreux augmente avec la richesse de l'al-
laiteux et comme porcelané; cette modification se cool, celle de l'anhydride porcelané va en dimi-
produit en allant de la surface des fragments à nuant.
leur centre ; aussi généralement, lorsqu'on casse L'anhydride arsénieux est plus soluble dans
un morceau ainsi modifié, trouve-t-on qu'il a en- l'acide chlorhydrique que dans l'eau ; une solu-
core un noyau vitreux. C'est généralement ainsi tion chlorhydrique d'anhydride vitreux , faite à
qu'on le trouve dans le commerce. L'anhydride l'ébullition , le laisse déposer, par le refroidisse-
arsénieux vitreux est amorphe ; avec le temps, il ment, en octaèdres, et si l'on observe cette cris-
prend une structure cristalline qui lui fait perdre tallisation dans l'obscurité , on remarque que
sa transparence ; c'estle même phénomène qui s'ob- chaque cristal en se déposant est accompagné
serve sur le sucre d'orge . Cette transformation est d'une lueur ; celle-ci est rendue très-visible si
hâtée par une température de 100° : la trituration l'on hâte la cristallisation par l'agitation ( H. Rose) .
produit le même effet. L'anhydride arsénieux est Si, au contraire, c'est l'anhydride porcelané que
volatil et se sublime facilement à 200°, dans un l'on a dissous, on n'observe plus le même phéno-
tube, en donnant un anneau blanc. Si on le mène; celui-ci est donc dû au passage de la va-
chauffe sous pression, il fond et se transforme riété amorphe à la variété cristallisée.
alors en acide vitreux par refroidissement. L'an- La présence d'autres acides minéraux augmente
hydride arsénieux est dimorphe ; il se présente aussi la solubilité de l'anhydride arsénieux ; tels
ARSENIC . - 399 - ARSENIC .

sont les acides arsénique, phosphorique, sulfu- de l'acide sulfurique, a obtenu des prismes rec-
rique (Bacaloglio) . tangulaires brillants dont la composition est re-
L'anhydride arsénieux peut se dissoudre dans présentée par 3 (As2 03, SO3) + H²SO¹ [ Journ.
l'ammoniaque sans s'y combiner et s'en sépare en Pharm., (3), t. XLV, p. 184].
cristaux octaédriques. L'anhydride arsénieux forme une combinaison
Traité par l'acide chlorhydrique concentré et avec l'anhydride arsénique (Bloxam).
bouillant, il se volatilise en partie à l'état de chlo- L'anhydride arsénieux se dissout dans l'anhy-
rure d'arsenic. Chauffé dans un courant de chlore , dride acétique en donnant un liquide sirupeux,
il se transforme en chlorure d'arsenic et anhy- incolore, se prenant par le froid en une masse
dride arsénique qui, à son tour, donne du chlo- vitreuse, décomposable par l'eau. Chauffé à 200º,
rure d'arsenic et de l'oxygène, si l'on élève la ce produit laisse un résidu d'arsenic métallique
température. Il donne de même du chlorure d'ar- et donne un dégagement d'acide carbonique avec
senic lorsqu'on le traite par les chlorures de des traces d'hydrogène arsénié [Schützenberger,
phosphore. Compt. rend., t. LIII, p. 538] .
L'anhydride arsénieux réduit en vapeurs sur Comme son isomorphe, l'oxyde d'antimoine, il
une plaque métallique n'a pas d'odeur ; celle-ci ne donne un émétique dans lequel on peut admettre
se manifeste que sur le charbon. le radical arsénosyle ; cet émétique a pour compo-
La solution aqueuse d'anhydride arsénieux a sition CH K (As O) 06+ H2O.
une saveur nauséabonde. Elle a une réaction Distillé avec un acétate alcalin , il donne du
faiblement acide. Elle précipite l'eau de chaux ; cacodyle reconnaissable à son odeur fétide parti-
l'hydrogène sulfuré la colore en jaune, et si l'on culière. - Voyez ARSINES.
ajoute une goutte d'acide chlorhydrique, il s'en Usages.-L'anhydride arsénieux sert, dans la fa-
sépare un précipité de sulfure d'arsenic jaune. brication du flint-glass, comme oxydant de l'oxyde
La solution arsénieuse réduit le bichromate de ferreux qui , sans cela, colorerait la masse en vert.
potasse ; l'iode, le brome l'oxydent en donnant de ACIDE ARSENIEUX. -On ne connaît pas l'hydrate
l'acide arsénique et de l'acide iodhydrique ou arsénieux H3As 03, mais on peut supposer son
bromhydrique. Cette action de l'iode qui est in- existence dans les solutions aqueuses d'anhydride
stantanée a été utilisée dans l'analyse volumé- arsénieux ; il existe, du reste, des arsénites qui
trique. D'après Péan de Saint- Gilles, l'iode n'a présentent cette formule générale, et toutes les
pas d'action sur l'anhydride arsénieux en solution analogies portent à admettre que l'hydrate normal
acide [ Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. LVII, a cette formule et qu'il existe comme tel dans les
p. 224] . On sait que la solution arsénieuse sert solutions d'anhydride arsénieux. Outre les sels
aussi dans les essais chlorométriques. Neutrali- M³ As O³ ou M'³ (As O³)2, il existe des sels bi- et
sée par l'ammoniaque, la solution arsénieuse monométalliques M2H As O3 ou M" HAS 03 et
donne avec les sels de cuivre un précipité vert M'H2As 03. Ces sels sont, en général , assez in-
d'arsénite de cuivre (vert de Scheele) et avec les stables et ont été peu étudiés. Les arsénites alca-
sels d'argent un précipitéjaune d'arsénite d'argent. lins sont solubles et difficilement cristallisables;
La solution chlorhydrique d'anhydride arse- l'acide carbonique de l'air décompose peu à peu
nieux, traitée par une lame de cuivre, y forme leurs solutions. Ces solutions, exposées à l'air,
un dépôt gris et brillant d'arséniure de cuivre en attirent peu à peu l'oxygène pour se trans-
Cu³ As2; cet arséniure se dédouble par la chaleur former partiellement en arséniates . L'hydrogène
en arséniure As Cu³ et arsenic (Lippert) . Cette sulfuré ne les précipite pas ; mais si , après les
réaction est utilisée quelquefois pour la recherche avoir traitées par l'hydrogène sulfuré , l'on y
de l'arsenic (Kessler) . ajoute ensuite de l'acide chlorhydriqué , il se
Le protochlorure d'étain réduit les solutions dépose du trisulfure jaune.
arsénieuses en produisant du bichlorure d'étain , ARSENITES. -- Lorsqu'à de l'acide arsénieux, en
de l'arsenic métallique et de l'hydrogène arsénié . solution aqueuse et en excès, on ajoute de l'hy-
Les solutions arsénieuses réduisent le tartrate drate de calcium, de baryum ou de strontium, on
cuproso-potassique en en séparant de l'oxyde cui- ne produit pas de précipité ; mais si l'on ajoute de
vreux (Terreil) . Elles réduisent de même le chlo- l'acide arsénieux dans un excès d'un de ces hy-
rure d'or, en mettant de l'or en liberté. drates, il se forme un arsénite insoluble dans
La solution d'anhydride arsénieux, chauffée à l'eau, soluble dans les acides étendus et dans les
200° avec du phosphore , donne du phosphure sels ammoniacaux.
d'arsenic (Oppenheim) . Les autres arsénites sont insolubles et s'ob-
L'anhydride arsénieux, chauffé dans un tube tiennent par double décomposition. Les arsénites
avec du charbon ou tout autre corps réducteur, se alcalins donnent, avec l'azotate d'argent, un pré-
décompose en dégageant de l'arsenic métallique qui cipité jaune d'arsénite Ag³ As O³, et le sulfate de
forme un sublimé noir brillant. En présence d'hy- cuivre un précipité vert ( vert de Scheele)
drogène naissant, l'anhydride arsénieux donne de Cu³ (AsO3)2, ou peut-être CuH As O³.
l'hydrogène arsénié . Cette réaction est utilisée La chaleur décompose les arsénites des métaux
pour la recherche de l'arsenic par l'appareil de proprement dits en laissant de l'oxyde, ou du
Marsh. Voyez RECHERche de l'arsenIC . métal si cet oxyde est réductible par la chaleur.
Une solution d'anhydride arsénieux, soumise à L'arsénite de plomb n'est pas décomposé. Les
l'action d'un courant électrique faible, produit un arsénites alcalins se transforment en arséniates,
dépôt d'arsenic métallique au pôle négatif; si le en perdant de l'arsenic .
courant est intense, il se dégage de l'hydrogène Arsenite d'ammonium. Voyez AMMONIACAUX
arsénié. (SELS).
L'anhydride arsénieux peut se combiner à l'an- Arsenite d'antimoine. - On obtient ce sel en
hydride sulfurique en donnant de petits cristaux faisant digérer de l'antimoine métallique avec une
tabulaires As2O3S 03 ; ces cristaux se rencontrent solution concentrée d'acide arsénique ; celui- ci est
quelquefois dans les produits du grillage des mi- réduit, et, en ajoutant de l'eau , l'arsénite formé
nerais arsénifères sulfurés (Schafhaütl). Ils sont se précipite (Berzelius).
déliquescents ; à l'air humide, ils se décomposent Arsenite d'argent, Ag2 H As O3. - Précipité jaune
en acide sulfurique et anhydride arsénieux ; devenant rapidement gris. Chauffé, il perd de
chauffés dans un tube, ils se dédoublent en l'eau, puis de l'anhydride arsénieux et laisse fina-
anhydride sulfurique, qui se dégage, et anhy- lement un résidu d'arséniate d'argent et d'argent
dride arsénieux plus fixe qui reste (Reich) . Lau- métallique . L'azotate d'argent est souvent em-
rent, en chauffant de l'anhydride arsénieux avec ployé comme réactif de l'acide arsénieux.
ARSENIC . - 400 ARSENIC .
L'arsenite de potassium acide étendu donne, lore , brunissant rapidement à l'air quand il est hu-
avec les sels d'argent, un précipité volumineux mide. A 100° il perd de l'eau, se transforme proba-
jaune qui devient cristallin et qui paraît être un blement en pyroarsénite Mn2 As2O5, puis perd de
mélange d'anhydride arsénieux et d'arsénite l'anhydride arsénieux et de l'arsenic et laisse un
neutre Ag3 As 03. La liqueur filtrée est acide et résidu d'arséniate et d'arséniure de manganèse.
donne, avec l'ammoniaque et un excès de sel Arsénite mercureux. --- - Précipité blanc , inso-
d'argent, un précipité jaune d'arsénite triargen- luble dans l'eau , soluble dans l'acide azotique.
tique pur (Bloxam). Arsenite mercurique. - Précipité blanc, solu-
Arsenite de baryum. Précipité blanc , pulvé- ble dans un excès d'arsénite alcalin , avec une co-
rulent, insoluble dans l'eau. loration brune.
Arsénite de calcium , Ca HAS O³. - Précipité Arsenite de nickel, Ni H As O³.- Poudre vert påle
blanc soluble dans les acides et dans les sels am- insoluble dans l'eau, soluble dans l'ammoniaque ;
moniacaux; ceux-ci en empêchent la précipitation . soumis à la calcination , il noircit, perd de l'eau
Arsenite de cobalt, Co H As O³. — Précipité rose, et de l'anhydride arsénieux et laisse finalement
soluble sans altération dans l'ammoniaque. Cal- un résidu vert formé probablement d'arsénite tri-
ciné, il perd de l'anhydride arsénieux. métallique Ni3 (As O3)2.
Arsenite de cuivre. - Ce sel renferme de l'eau Arsenites de plomb . - L'acétate de plomb donne,
de constitution ; on obtient l'arsénite acide dans l'arsénite d'ammonium, un précipité pulvé-
Cu H (As O3, en faisant digérer du carbonate de rulent blanc, ainsi que le sous-acétate de plomb ;
cuivre avec de l'eau et de l'acide arsénieux ; la ces précipités renferment de l'eau de constitution
solution qui se forme n'est précipitée ni par les et ont pour formule, le premier Pb H* (As O3)2, et
acides ni par les alcalis ; soumise à l'évaporation, le second Pb H As O3 ; ils sont fusibles et laissent
elle laisse un sel amorphe vert jaunâtre. L'arse- une masse vert jaunâtre ; ils sont idioélectriques.
nite qui se précipite par le mélange d'une so- L'acétate de plomb ammoniacal donne, avec une
lution cuivrique par un arsénite alcalin , est solution d'acide arsénieux, un précipité qui , séché
Cu HAS O³ ; c'est un précipité vert ; il est sou- à 100°, a pour composition Pb2 As2O5 ; c'est du
vent mélangé d'anhydride arsénieux ; l'arsénite pyroarsénite (Bloxam) .
Cu³ (As O3)2 est d'un vert plus franc et s'obtient On connaît un arsénite Pb³ (As O3)2 qu'on obtient
également par double décomposition. Ces arsé- en traitant une solution bouillante d'acide arsé-
nites sont solubles dans l'ammoniaque, et la solu- nieux par du sous-acétate de plomb (Kühn) , ou
tion, évaporée à l'air libre, laisse déposer des en précipitant une solution alcaline de plomb par
cristaux bleus insolubles dans l'eau, qui consti- un arsénite alcalin (Streng) .
tuent un arséniate cuproammonique ; en même L'arsénite bipotassique donne, avec l'acétate de
temps, il se forme un dépôt jaunâtre d'arsénite plomb , un précipité qui a pour composition
cuivreux. Les arsénites de cuivre sont également Pb3 H6 (As O3) ; Bloxam l'écrit, en équivalents,
solubles dans la potasse et la solution s'altère
rapidement. L'acide arsénieux s'oxydant aux dé- 3PbO , 3HO, 2As O3.
pens de l'oxyde de cuivre, il se dépose de l'oxyde Arsénites de potassium.- On obtient l'arsénite
cuivreux, tandis que la solution retient de l'arsé- K2 HAS O³ ( en équivalents 2KO , HO ,As O³ ) en
niate de potassium. La couleur verte connue sous faisant digérer de l'anhydride arsénieux avec de
le nom de vert de Scheele est un arsénite de cui- l'hydrate de potassium ou en fondant 1 molécule
vre obtenu par précipitation . Le vert de Schwein- d'anhydride arsénieux avec 2 molécules de carbo-
furth est un acétoarsénite. Voyez ACETATES. nate potassique à l'abri de l'air. S'il y a un excès
Arsenite d'étain. - Poudre insoluble, blanche, d'anhydride arsénieux, il se volatilise ; on reconnaît
gélatineuse au moment de sa formation. La cha- la présence de ce dernier en reprenant la masse
leur ne l'altère pas ; elle ne fond qu'à une tempé- par l'eau et traitant une partie de la solution par un
rature très-élevée. Sa composition est celle d'un sel de mercure ; si l'arsénite est pur, le précipité
pyroarsenite (Sn) As2O5. est blanc et ne noircit pas par l'ébullition, ce qui
Arsenite ferreux . Précipité blanc, soluble a lieu lorsqu'il renferme de l'acide arsénieux en
dans l'ammoniaque caustique ; il s'oxyde rapide- excès, parce que ce dernier réduit les sels de
ment, devient d'un jaune d'ocre. Calciné, il perd mercure. En évaporant cette solution à consis-
de l'eau, de l'anhydride arsénieux et laisse un tance sirupeuse et l'exposant pendant quelque
résidu couleur de rouille. Il a pour composition temps à une température de 30° à 40°, le sel cris-
FeH As 03. tallise; si l'on évapore à sec, il devient d'un blanc
Arsenite ferrique, (Fe2) ¹ (As O3)2. — L'arsénite laiteux, c'est un sel déliquescent. Sa réaction est
de potassium donne, dans le chlorure ferrique, alcaline, il réduit le permanganate de potassium
un précipité couleur de rouille qui est un arsénite et l'acide chromique. On emploie en médecine
plus basique que l'arsénite normal, car il ren- cet arsénite, en solution aqueuse, sous le nom de
ferme en plus de l'hydrate ferrique (Fe2) H606 et liqueur de Fowler.
4 molécules d'eau (Guibourt ) ; desséché, ce com- On obtient un arsénite 2 K H2 As O3 + As2 03
posé forme des masses compactes à cassure bril- (en équivalents KO, HO , 2 As 08 + HO ) ' en fai-
lante. Il se dissout en partie dans la potasse ; la sant digérer à 100° du carbonate potassique avec
chaleur ne lui fait pas perdre tout l'anhydride ar- de l'anhydride arsénieux ; ce sel forme des pris-
sénieux qu'il renferme. Le même sel basique in- mes rectangulaires qui perdent de l'eau à 100° et
soluble se forme par la digestion de l'hydrate fer- deviennent
rique avec de l'anhydride arsénieux et de l'cau ; K2H2 As2O5 + As203 ;
l'insolubilité de cette combinaison explique l'em- Pyroarsénite acide.
ploi de l'hydrate ferrique comme contre-poison de chauffé plus fortement dans un courant d'air sec,
l'acide arsénieux ; mais pour qu'il soit efficace, il
il perd encore une molécule d'eau et fond en un
faut qu'il soit exempt de protoxyde de fer et qu'il liquide jaune se concrétant en une masse vis-
soit récemment précipité, car l'hydrate éprouve peu
à peu une modification allotropique qui lui enlève queuse jaune déliquescente :
beaucoup de ses affinités. 2 KAS O2 + As2O3 (en équiv.: KO , 2 As03)
Arsenite de magnésium, Mg H As O³. ― Poudre Métarsénite.
blanche, insoluble dans l'eau, obtenue par préci- [Bloxam, Chem. Soc. , t. XV, p . 281 ] .
pitation. Ce sel , séché à 205 °, se transforme en Lorsqu'on fait bouillir du carbonate de potasse
pyroarsénite Mn2 As2O5 (Bloxam). avec de l'anhydride arsénieux, celui-ci ne chasse
Arsenite manganeux . Précipité presque inco- que les 3/4 environ de l'acide carbonique et la so-
ARSENIC . - 401 - ARSENIC.
lution donne, par la concentration, des cristaux treuses qu'à l'aide d'un puissant tirage on fait
qui ont pour composition 2 KH2 As O³ , dont il a passer dans une cheminée, à travers des serpen-
été question plus haut, et si l'on évapore le tout tins épurateurs remplis de coke imprégné d'acide
à 100°, on obtient une masse cristalline qui ren- azotique, tant pour ne point les perdre que pour
ferme ne pas les répandre dans les environs. On obtient
K2 H2 As2O5 + H As O². ainsi une liqueur sirupeuse qui ne renferme plus
Pyroarsénite. Acide que des traces d'acide arsénieux faciles à oxyder
métarsénieux. à chaud par une petite quantité d'acide azotique.
Bloxam représente, en équivalents, la composi- Cette liqueur se prend à 15º, par l'agitation , en
tion de ce sel par 2 KO, 3 As 03 + 3 HO. Ce une masse semi-fluide remplie de cristaux trans-
dernier sel ne perd pas d'eau à une température parents, renfermant 24 % d'eau et dont la com-
plus élevée, mais il finit par fondre en une masse position est représentée par 2 As H³O4 + H2O.
cristalline. M. Girardin a proposé une méthode de prépa-
Arsenite de sodium . - - L'arsénite Na² H As 03 ration en grand de l'acide arsénique, qui consiste
s'obtient à l'état d'une masse visqueuse qui ren- à traiter par le chlore une solution concentrée
ferme de petits cristaux grenus. Le carbonate d'anhydride arsénieux dans l'acide chlorhydrique,
sodique se comporte avec l'anhydride arsénieux puis à distiller ce dernier jusqu'à cristallisation
comme le carbonate potassique, mais on n'obtient du résidu [Journ . de Pharm . , (3), t. XLVI, p. 269].
point de produits cristallisés . L'acide arsénique cristallisé se dissout très-fa-
Arsénite de zinc. - Une solution d'acide arsé- cilement dans l'eau , en produisant du froid ; il est
nieux donne dans une solution ammoniacale de déliquescent; il fond à 100º, perd son eau de cris-
zinc un précipité qui devient cristallin et qui, tallisation et se transforme alors en une masse for-
séché à 100°, constitue une poudre brillante ayant mée de fines aiguilles et ayant pour composition
pour composition Zn³ (As O3)2 (Bloxam). H³ As O , correspondant à l'acide phosphorique
ANHYDRIDE ARSÉNIQUE, ordinaire H3PO4. C'est toujours cet hydrate qui
est renfermé dans les solutions d'acide arsénique.
As205 = = (ASO)" 03 == 230. Sa solution est très-acide ; elle possède une saveur
(ASO) }
métallique désagréable; concentrée, elle est très-
L'anhydride arsénique s'obtient en chauffant caustique et exerce sur la peau une action vési-
au rouge naissant l'acide arsénique H³ As O ainsi cante énergique. L'hydrogène sulfuré ne la pré-
que les acides méta- et pyroarsénique. C'est une cipite pas immédiatement,mais la colore seulement
masse blanche amorphe, attirant lentement l'hu- un peu en jaune ; ce n'est qu'à la longue et sur-
midité atmosphérique, se dissolvant très-lente- tout sous l'influence de la chaleur qu'il se dépose
ment dans l'eau en donnant l'hydrate normal. Il un précipité jaune clair de pentasulfure d'arsenic,
fond au rouge sombre et se décompose à une tem- suivant les uns, ou, suivant les autres, d'un mé-
pérature peu supérieure en anhydride arsénieux lange de soufre et de trisulfure. L'acide sulfu-
et oxygène. La densité de l'anhydride fondu reux réduit la solution d'acide arsénique ; le mé-
est de 3,7342 (Karsten) . Le charbon , le cyanure de lange des deux acides laisse déposer peu à peu
potassium, etc. , chauffés avec lui , le réduisent fa- des cristaux octaédriques d'anhydride arsénieux ;
cilement à l'état métallique. si l'on fait bouillir, la réduction est immédiate.
Comme son analogue , l'anhydride phospho- L'acide chlorhydrique bouillant le transforme à
rique, il forme trois acides ou hydrates : l'hy- la longue en chlorure d'arsenic :
drate normal H3 As O , l'acide pyroarsénique
H& As2O7, et l'acide métarsénique H As O³ . 5 HCl H As O As C134 H2O + Cl².
L'anhydride arsénique paraît former une com-
binaison avec l'anhydride arsénieux. Lorsqu'on Cette action n'a lieu que lorsque l'acide chlorhy-
traite ce dernier à chaud par du chlore, il se drique est très-concentré (Souchay).
forme du chlorure d'arsenic, et il reste un liquide L'hyposulfite de sodium décompose l'acide arsé-
qui se prend par le refroidissement en une masse nique en produisant du pentasulfure qui se dépose
vitreuse ayant pour composition 2 As203, As2 05. lorsque l'on ajoute de l'acide chlorhydrique au
On obtient aussi ce corps en faisant arriver des mélange :
vapeurs d'anhydride arsénieux sur de l'anhydride 2 H³ As O + 5 Na2S2O3
= As2S55 Na2SO4 + 3 H2O.
arsenique chauffé [Bloxam, Journ. Chem. Soc. ,
(2) , t. III, p. 62] . L'hydrogène naissant transforme l'acide arsé-
Traité par le perchlorure de phosphore, l'anhy- nique en hydrogène arsénié, mais cette réduction
dride arsénique donne du chlorure d'arsenic, de est moins nette qu'avec l'acide arsénieux aussi
l'oxychlorure de phosphore et du chlore libre : est-il bon de réduire d'abord l'acide arsénique
5 PC15 + As205 = 5POC1³ + 2 As Cl³ + 4Cl par l'hydrogène sulfuré pour que cette réaction se
(Hurtzig et Geuther) . produise avec certitude. Lorsque l'on fait agir le
ACIDE ARSENIQUE, zinc ou le fer sur l'acide arsénique, il se dégage
de l'hydrogène pur ; mais s'il y a de l'acide chlor-
As H3O+ = (As O)")H3 03 = 142. hydrique ou sulfurique en présence, l'hydrogène
est mélangé d'hydrogène arsénié.
-Il s'obtient par l'action de l'acide azotique ou L'acide arsénique , traité à froid par le chlorure
de l'eau régale sur l'anhydride arsénieux . On fait stanneux, donne un précipité blanc d'arsénite stan-
bouillir, dans une cornue spacieuse, 4 p. d'anhy- nique As2O3 , 2Sn O2 (H. Schiff) , mais qui pourrait
dride arsénieux avec de l'eau régale formée de 12 p. tout aussi bien représenter du pyroarséniate stan-
d'acide azotique d'une densité de 1,25 et de 1 p. neux Sn² As2O7 (= As203, 2 Sn O). A chaud, il y
d'acide chlorhydrique de 1,2 de densité . Em. Kopp a réduction et formation d'arsenic et d'hydrogène
[Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t . XLVIII, p. 106] arsénié (Kessler).
recommande la méthode suivante comme la plus La solution d'acide arsénique donne des préci-
avantageuse pour la préparation en grand de pités blancs avec les hydrates de calcium , de ba-
l'acide arsénique. Dans une citerne de 1,500 litres ryum, de strontium, ajoutés en excès. Neutralisée
environ de capacité, renfermant 400 kilog . d'an- par l'ammoniaque, elle donne avec le sulfate de
hydride arsénieux, on fait couler peu à peu 300 cuivre un précipité blanc bleuâtre d'arséniate de
kilog. d'acide azotique de 1,35 de densité ; la réac- cuivre, et, avec l'azotate d'argent, un précipité
tion commence immédiatement. La masse s'é- rouge brique , caractéristique , d'arséniate d'ar-
chauffe et il se dégage beaucoup de vapeurs ni- gent. Sursaturé par l'ammoniaque, elle donne,
I- 26
ARSENIC . - 402 ARSENIC .

avec le sulfate de magnésium, un précipité cristal- niacaux ; tous les autres s'obtiennent également
lin d'arséniate ammoniaco-magnésien par double décomposition . La composition de
l'arséniate bibarytique, par exemple, est
Mg" (Az H¹) As O¹
correspondant au phosphate ammoniaco-magné- Ba"H As O + H2O,
sien. Če précipité se transforme, par la calcina- c'est-à-dire que deux atomes d'hydrogène sont
remplacés par du baryum ; les arséniates mono-
tion , en pyroarséniate Mg² As²07 . métalliques des métaux diatomiques sont
L'acide arsénique est utilisé dans les arts : on
l'emploie dans l'impression des toiles peintes, ( H2 )
Mg" H2 (As O+)2.
pour faire des enlevages et surtout pour la pré-
paration du rouge d'aniline. La densité des solu- Les métaux pesants ont une tendance à former
tions d'acide arsénique est à 15° d'après H. Schiff des arséniates trimétalliques ; aussi en précipitant
[Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXIII, p. 183] : un arséniate bimétallique par un sel d'argent ,
Solut. renfermant H AS O : 67,4 % D = 1,7346 par exemple, observe-t-on , comme avec le phos-
> 45,0 1,3973 phate sodique, que la liqueur devient acide :
* 30,0 1,2350 Na H As O + 3 Ag Az 03
3 22,5 1,1606
" 15,0 1,1052 = Ag³AsO + 2 Na Az O3 + HAz O³.
В 7,5 1,0495 Ce précipité est rouge brique. L'arséniate triplom-
ACIDE PYROARSÉNIQUE, bique Pbs ( As O4 )2 s'obtient de même à l'état
d'un précipité blanc. L'arséniate thallique Tl"As O'
H+As207 = (ASO); 05256 .
H } forme un précipité gélatineux jaune citron. On
connaît aussi des arséniates trimétalliques mixtes,
Cet acide, qui correspond à l'acide pyrophos- notamment l'arséniate ammoniaco magnésien
phorique HP2 07 , est très-instable ; il s'obtient Mg" (Az H ) As O. Ce dernier sel , qui est très-peu
en chauffant l'hydrate normal de 140° à 180°; il soluble, est fréquemment utilisé pour le dosage de
forme des cristaux durs et brillants qui paraissent l'acide arsénique.
être des prismes droits, réunis en masses com- La plupart des arséniates qui s'obtiennent par
pactes ; il est soluble dans l'eau avec élévation de double décomposition sont précipités à l'état amor-
température, et sa solution possède tous les carac- phe, mais ils peuvent quelquefois prendre l'état
tères de l'acide arsénique normal. On obtient les cristallin lorsqu'on les maintient pendant long-
pyroarséniates par la calcination des arséniates temps à 100° : c'est ainsi que Debray a obtenu
bimétalliques ou des arséniates analogues à l'ar- les arséniates manganeux et de zinc cristallisés,
séniate ammoniaco-magnésien : Mn" H As O + H2O et Zn HAS O + H2O [ Bull.
2 K2 HAS OK'As207 + H2O de la Soc. chim. , 1864, t . II , p . 14]. Debray à éga-
lement obtenu des arséniates cristallisés par l'ac-
et 2 Mg" (AzH¹) As€ + = Mg² As² 07+ 2 Az H³ + H2O . tion de l'acide arsénique sur les carbonates cor-
respondants. Il est ainsi parvenu à reproduire
ACIDE MÉTARSÉNIQUE, certains minéraux avec les caractères qu'ils pos-
03 = (ASO) 02,
HASO³ sèdent dans la nature, par exemple
correspondant à l'acide métaphosphorique . S'ob- l'olivénite Cu³ (As O4)2 + H2O,
tient en maintenant l'acide pyroarsénique pendant et l'haidingérite Ca H AS O + 1 1/2 H2O.
quelque temps à 206° ; la masse fondue, d'abord Quelques-uns, chauffés à 250° avec les chlorures
limpide, se trouble tout d'un coup , devient pâteuse du même métal, reproduisent les chlorarséniates
et se prend en un magma cristallin blanc et nacré ; naturels , tels que la mimétèse Pb Cl (As O¹)³
c'est l'acide métarsénique ; il contient presque [Compt. rend. , t. LII, p. 44].
toujours un peu d'anhydride et se dissout lente- Les arséniates , chauffés avec un corps réducteur,
ment dans l'eau froide ; dans l'eau chaude, la dis- donnent facilement de l'arsenic ou un arséniure.
solution est rapide et se fait avec élévation de Chauffés seuls, ils donnent en général de l'anhy-
température. La dissolution ne diffère pas de dride arsénieux et de l'oxygène.
celle de l'acide arsénique normal. Les solutions chlorhydriques des arséniates se
Les métarséniates s'obtiennent par la calcina- comportent à l'égard de l'hydrogène sulfuré comme
tion des arséniates monométalliques ; ainsi l'ar- l'acide arsénique lui-même, seulement l'action de
séniate de potassium KH2ASO donne H2O et cet agent peut se porter en outre sur le métal de
KASO3 ( métarséniate ) . Les métarséniates offrent l'arséniate. Les solutions arséniques , acidulées
la constitution des azotates ordinaires. d'acide nitrique, donnent avec le molybdate d'am-
Leurs solutions, pas plus que celle des pyro- moniaque, surtout à chaud, un précipité jaune
arséniates, ne présentent de caractères qui les d'arséniomolybdate d'ammoniaque ; c'est encore
distinguent des arséniates normaux ; on peut dire un caractère que l'acide arsénique partage avec
que ces sels n'existent pas en solution . l'acide phosphorique.
ARSENIATES . - Les arséniates sont en général Arseniates d'aluminium . - L'arséniate dit
isomorphes avec les phosphates. On connaît des neutre, de Berzelius,
arséniates mono-, bi- et trimétalliques, Al '(As2073 = 2 A1203. 3 As2 05 ,
MH2 As O4; M² H As O ; M³ As O'. serait le pyroarséniate ; peut - être est-il hydraté
Les arséniates monométalliques sont très-solubles et sa formule représentée par
dans l'eau ; leur réaction est fortement acide;
calcinés, ils perdent les éléments d'une molécule (A12) )
H3 (AsO4)3.
d'eau et se transforment en métarséniates. Parmi
les arséniates bi- et trimétalliques, ceux des mé- Ce sel est insoluble, mais il existe un sel acide
taux alcalins sont seuls solubles. Les arséniates très-soluble et incristallisable , peut-être
bimétalliques, soumis à la calcination, perdent (A12)vi
une molécule d'eau en se doublant et se trans- He } (ASO ) .
forment en pyroarséniates. Les arséniates bical-
cique, bibarytique et bistrontique, s'obtiennent, Arséniates d'ammonium . - Voyez AMMONIACAUX
par double décomposition, à l'état de précipités (SELS) .
solubles dans les acides et dans les sels ammo- Arseniates d'antimoine. ― - Précipité blanc ob-
ARSENIC. 403 ARSENIC.
tenu par l'addition d'un arséniate alcalin à du tri- ferme de l'acide arsénieux , ce dernier reste
chlorure d'antimoine. entièrement dissous : aussi peut-on, par la forma-
Arséniate d'argent. L'arséniate normal tion de ce sel , séparer ces deux acides (Berze-
Ag³ As O ( 3 Ag2O. As2 05 ) est un précipité lius).
rouge brique soluble dans les acides et dans l'am- Lorsqu'on précipite par l'ammoniaque une
moniaque. Chauffé, il donne de l'oxygène , de l'an- solution azotique d'arséniate calcique, on obtient
hydride arsénieux et laisse un résidu d'arséniure un précipité volumineux qui prend peu à peu
d'argent. l'aspect cristallin et qui constitue un autre arsé-
Cet arséniate est soluble dans l'acide arsénique niate calcique ammoniacal qui renferme
et la solution , maintenue pendant quelques jours Ca (Az H4) As O4 + H2O
dans un endroit chaud, dépose par l'évaporation
une poudre cristalline blanche qui a pour com- (Baumann ).
position Ag2O, 2 As2O5; on peut l'envisager comme Arséniate céreux, Ce H As O*. Insoluble dans
une combinaison de métarséniate d'argent et l'eau, soluble dans un excès d'acide arsénique et
d'anhydride arsénique, 2 AgAs 03 + As205. L'eau se déposant alors, par l'évaporation , à l'état de
agit sur ce sel , surtout à chaud, en produisant sel acide formant une masse gélatineuse trans-
de l'acide arsénique et de l'arséniate neutre parente.
(Hurtzig et Geuther). Arséniate de chrome. - Précipité vert.
Arséniates de baryum. - L'arséniate tribary- Arséniates de cobalt. ----— L'arséniate Co H As O
tique Ba³ (As O4)2 s'obtient en précipitant le chlo- est un précipité rose soluble dans un excès d'a-
rure de baryum par une solution ammoniacale cide arsénique ; par la calcination , il change de
d'acide arsénique. Une partie de ce sel exige en- couleur, devient lilas, mais sans se décomposer:
viron 2,000 p. d'eau froide pour se dissoudre et Il se dissout dans l'ammoniaque avec une colo-
33,000 p. d'eau ammoniacale ; il est plus soluble ration bleue, et dans l'acide chlorhydrique avec
dans une solution de sel ammoniac (Field) . une coloration rouge.
L'arséniate Ba" HASO + H2O s'obtient en L'arséniate tricobaltique Co³ (As O¹) se rencon-
versant goutte à goutte un arséniate alcalin (bi- tre cristallisé dans la nature. Il renferme 3 molé-
métallique) dans du chlorure de baryum ; le pré- cules d'eau ( Bucholz, Karsten). Dans les mines
cipité qui se forme d'abord disparaît, et l'on ob- de cobalt, on l'obtient par l'action de l'acide
tient bientôt une masse cristalline peu soluble azotique sur le cobalt gris et précipitant la solu-
dans l'eau , soluble dans l'acide acétique, d'où il tion par de la potasse, en ayant soin de fraction-
cristallise facilement en octaèdres à base carrée ; ner les précipités ; ce sel porte alors le nom de
l'eau chaude décompose ce sel en le transformant chaux métallique."
en sel acide Ba H4 (As O4)2 qui se dissout, et en Arseniates de cuivre. - - L'arséniate Cu H(As O¹)
sel tribarytique qui reste insoluble (Schieffer) . s'obtient à l'état de précipité vert. On connaît
Le sel monobarytique Ba H+ (AsO4)2 est soluble et des arséniates de cuivre naturels :
cristallisable. L'euchroite, Cu³ (As O4)2 + Cu H2O2 + 6 H2O
Arséniate de baryum et d'ammonium, (= 4 Cu O. As2O5 +7 H2O) ; l'olivénite est l'arse-
niate neutre Cu³ (As O4)2, dans lequel une partie
Ba (Az H ) AsO4 + 2 H2O. de l'acide arsénique est remplacée par de l'acide
-S'obtient en précipitant par l'ammoniaque une phosphorique ; elle renferme H2O. L'érinite, l'é-
solution nitrique d'arséniate barytique ; c'est un cume de cuivre, sont des arséniates combinés à
précipité volumineux qui se transforme peu à un excès d'hydrate de cuivre ; ils renferment
peu en une poudre cristalline formée de prismes quelquefois de l'alumine.
ou d'aiguilles microscopiques. Arséniate de didyme. Les sels de didyme
Arséniate de bismuth. - Précipité blanc inso- ne sont précipités par l'acide arsénique qu'à l'é-
luble dans l'eau et dans l'acide azotique, soluble bullition ; les arséniates alcalins les précipitent à
dans l'acide chlorhydrique ; il est peu fusible. froid et le précipité a toujours la même composi-
Berzelius lui assigne la formule 2 Bi203. 3 As2 05 tion :
qui correspond à celle d'un pyroarséniate Dis H2 (As O ) + H2O
Bi (As207,3. (soit en équivalents 2 As 05. 5 DiO.2 HO);
Arséniate de calcium. - L'arséniate neutre soulement, dans le premier cas, il est pulvéru-
Ca³ (As O4)2 est un précipité insoluble dans l'eau, lent; dans le second cas, il est gélatineux . Il est
soluble dans les acides. peu soluble dans les acides étendus. Il ne perd
L'arséniate Ca" HAS O s'obtient comme l'ar- pas d'eau à 100° (Marignac ).
séniate barytique correspondant ; c'est l'arséniate Arseniates stanneux. Lorsque l'on ajoute de
neutre de Berzelius, (2 Ca O. As2 05). l'arséniate de potassium à du protochlorure d'étain
Ce sel se rencontre dans la nature en masses maintenu en excès, on obtient un chloroarse-
confuses ou en petites aiguilles connues sous le niate
nom de pharmacolite. Il renferme 5 H2O ; on le Sn'' (As O¹) . Sn Cl² + 2 H2O
rencontre notamment dans le Harz et il est quel- = 2 ( Sn²(CAsI04 + HO)
quefois accompagné d'arséniate de cobalt qui le (
colore en rose. (soit en équiv. 3 Sn O. As 05 + Sn Cl + 2 HO) .
On connait d'autres arséniates de chaux natu-
rels la picropharmacolite, qui renferme de la Lorsque, au contraire , on ajoute l'arséniate de
magnésie, et la berzelite, qui renferme 3 molé- potassium en excès, on obtient l'arséniate stan-
cules de chaux, 3 de magnésie, 2 d'acide arsé- neux Sn H As O + 1/2 H2O. Le premier de ces sels
nique et quelques centièmes de manganèse. donne, par la calcination , des vapeurs blanches
L'arséniate Ca H' (As O') est soluble et cristalli- et un résidu d'arsenic métallique et d'acide stan-
sable. nique ; le second, de l'anhydride arsénieux et un
L'arséniate de calcium et d'ammonium résidu d'acide stannique (Lenssen).
Arséniate stannique. - En ajoutant de l'acide
Ca (Az H ) H³ (As O¹) ² + 5 H2O azotique à un mélange de stannate et d'arséniate
s'obtient en mélangeant les solutions chaudes de sodium, on obtient un précipité qui constitue
d'arséniate triammonique et de nitrate calcique ; un hydrate d'arséniate stannique dont Ed . Hæffely
par le refroidissement, il se dépose en petites représente la composition par
tables rhomboidales disposées en escaliers , très-
peu solubles (Wach) . Si l'acide arsénique ren- As203 . 2 Sn O² + 10 H2O
ARSENIC . - 404 ARSENIC .
"
et qu'on peut représenter par la formule : Arséniate de glucium , G1 H As O , peut - être
2 (ASO) 07 +10 H2O; Gl2 As2 07. Insoluble et jaune. Il existe un sel
2 (Sn ) acide qui est très-soluble et incristallisable.
Arséniates de magnésium. L'arséniate neu-
cet hydrate perd son eau à 120°. En présence d'un tre, Mg3 ( As O4)2 + 15 H2O est un précipité inso-
alcali, de la soude par exemple, ce composé se luble (Graham) .
transforme en stannate de sodium et en un arsé- L'arséniate acide Mg HAS O +5 H2O (en équi-
niostannate qui se présente en aiguilles soyeuses valents 2 Mg O. HO.As 05 , arséniate neutre de
ayant pour composition Berzelius) est insoluble dans l'eau ; il est cristal-
4 (AsO)" ) lisable dans l'acide acétique.
6 Na2O (As2O3)2. Sn O2 Sn 014. L'arséniate acide Mg H (As O4)2 est très-solu-
12 Na ) ble; il forme une masse gommeuse.
Ce même sel s'obtient en faisant bouillir deux La picropharmacolite est un arséniate calco-
magnésien .
molécules d'arséniate trisodique avec une molé- Arseniate ammoniaco-magnésien,
cule d'acide stannique [ Ed . Hæffely, Phil. Mag.,
oct. 1855] . Mg (As H¹) As O¹.
Arséniate ferreux, Fe H As O. - Précipité blanc Ressemble au phosphate ammoniaco -magné-
qui se colore rapidement à l'air et devient vert sien ; il est presque insoluble, surtout dans une
sale en se transformant en arséniate ferroso -fer-
eau ammoniacale ; celle-ci , en effet, à 100°, n'en
rique. Chauffé, il perd de l'anhydride arsénieux dissout que 1/15,000 environ , tandis que l'eau
et laisse un résidu d'oxyde et d'arséniate ferri- pure en dissout 1/6,000. Calciné, ce sel se trans-
ques. Il est un peu soluble dans l'ammoniaque, forme en pyroarséniate magnésien Mg2 As2 07.
et cette solution verdit à l'air.
Ce sel est employé pour le dosage de l'acide arse-
Arséniates ferriques. -- L'arséniate neutre nique; il peut servir à séparer cet acide de l'acide
(Fe2) (As O4)2 = Fe2O3 As205 arsénieux.
Arséniates de manganèse. - L'arséniate
s'obtient en oxydant le sel ferreux par l'acide
azotique et précipitant la solution par l'ammo- Mn H As O
niaque qui ne le dissout ni ne le décompose. Cet est un précipité blanc insoluble dans l'eau, solu-
arséniate, chauffé au rouge, devient subitement ble dans un excès d'acide. Le sel acide
incandescent. La potasse n'enlève à ce sel qu'une
partie de son acide arsénique ; pour le décompo- Mn H (As O¹)²
ser complétement, il faut le faire digérer avec
du sulfure ammonique ou précipiter le fer par peut cristalliser dans l'acide acétique , d'où il se
l'ammoniaque dans sa solution acide additionnée dépose en lamelles quadrangulaires très-déliques-
centes ( Schieffer) .
d'acide tartrique, comme cela a lieu aussi pour Arséniate de manganèse et d'ammonium,
le phosphate ferrique.
L'arséniate acide Mn (Az H*) Az O + 5 H2O .
(Fe2) H3 (As O4)3 + 4 1/2 H2O On l'obtient en mélangeant des solutions
(ou 2 Fe2O3 . 3 As² 05 + 6 H2O) chaudes de chlorure manganeux et d'arséniate
est une poudre blanche insoluble dans l'eau ; d'ammonium , avec excès d'ammoniaque. Le pré-
chauffée, elle perd son eau , devient rouge, puis cipité rougeâtre , d'abord mucilagineux , devient
peu à peu grenu et cristallin.
jaunâtre en se transformant probablement en Arséniates mercureux. - L'arséniate
pyroarséniate :
VI (Hg )" H As O
(Fe²)? (As207)3 = 2 Fe2O3 , 3 As² 0³ . s'obtient en ajoutant de l'acide arsénique ou un
Ce sel, récemment précipité, se dissout facile- arséniate à de l'azotate mercureux ; c'est un pré-
ment dans l'ammoniaque avec une coloration cipité blanc jaunâtre qui devient rouge orange :
rouge, et la solution ne se trouble pas par l'éva- il est insoluble dans l'eau et dans l'acide acétique,
poration de l'ammoniaque ; par la dessiccation , soluble dans l'acide azotique. Chauffé, il perd du
elle laisse une masse fendillée, rouge-rubis , trans- mercure et de l'eau et se transforme en arséniate
parente, qui constitue un sel double, décompo- mercurique, probablement en pyroarséniate
sable lorsqu'on le reprend par l'eau, soluble dans
l'ammoniaque et donnant, par la calcination, de Hg²As2 07.
l'ammoniaque, de l'anhydride arsénieux et un ré- L'arséniate mercureux précédent, traité par un
sidu vert. excès d'acide arsénique, laisse après l'évapora-
On rencontre dans la nature plusieurs arsé- tion une poudre blanche qui ne renferme pas
niates ferriques : d'eau et qui a pour composition
L'eisensister est un minéral brun pulvérulent;
il est mêlé quelquefois de sous-sulfate ferrique ; (Hg )" (As O3 )2,
sa composition est exprimée par la formule c'est le métarséniate mercureux, Il est soluble
(Fe²) " (As O4)2 + Fe² H6O6 + 9 H2O dans l'acide azotique, l'acide chlorhydrique le
(ou (Fe2O3)2 As2 05+ 12 H2O) . décompose. Les alcalis le transforment en arsé-
niate bimercureux .
La scorodite, ( Fe²)"' (As O¹)² + 4 H2O, forme Lorsqu'on sature par l'ammoniaque une solu-
des cristaux verdâtres transparents, dérivant d'un tion azotique chaude d'arséniate mercureux, jus-
prisme rhomboidal. D = 3,18.
Le wurfelerz est un arséniate ferroso-ferrique qu'à ce qu'il commence à se former un précipité
persistant, on obtient par le refroidissement de
cristallisé en cubes opaques, d'un vert foncé. Den- petits mamelons jaunes qui sont une combinaison
sité, 3,0. Sa composition est très-complexe et peut de 2 molécules d'arséniate bimétallique et de
être représentée par 3 molécules de sous-azotate mercureux.
Arséniate mercurique, HgH As O¹. Poudre
(Fe) ³ (AsO2 + 2 [ ( Fe²) '¹ (As O¹ ) *] jaune, soluble dans un excès d'acide.
+4 (Fe2) H606 +18 H2O Arseniate molybdique . - Précipité gris.
(ou (Fe 0,3 As2O5 +2 [ (Fe2O3)3 . As205] +24 H2O). Arseniate de nickel , Ni H As O' . Poudre vert
ARSENIC. - 405 -- ARSENIC.
pâle, insoluble dans l'eau , soluble dans les acides. cents qui sont des prismes droits à base rhombe.
Chauffé au rouge, il perd de l'eau et prend une Sa densité est égale à 2,535.
couleur hyacinthe, puis jaune clair. On le ren- L'arséniate sodico-potassique
contre dans la nature (nickelblüthe) uni à 4 mo-
lécules d'eau, Bergemann a observé deux arsé- KNa HASO + 8 H2O
niates de nickel naturels. L'un , renfermant s'obtient en traitant l'arséniate neutre de potas-
Ni³ (As O4)2 + 2 Ni O = 5 Ni O. As205, sium par du carbonate sodique ; il ressemble au
phosphate correspondant. Densité, 1,884.
était cristallin, opaque et brunâtre ; l'autre, Arseniates sodico-ammoniques. En faisant
Ni³ (As O4)2 = 3 Ni O, As2O5, cristalliser ensemble des solutions d'arséniates
était jaune et amorphe [Journ. für prakt. Chem., bisodique et biammonique, ou une solution ren-
t. LXXV, p. 239] . fermant 6 p. d'arséniate de sodium et 1 p. de sel
Arséniate de palladium. - Précipité jaune ammoniac additionnée d'ammoniaque, on obtient
foncé. des cristaux ayant pour composition
Arséniates de plomb. - L'arséniate Pb HAS O'
Na (Az H¹) H Az O + 4 H2O ;
forme une poudre blanche insoluble dans l'eau ,
soluble dans les acides, fusible au rouge en un la solution de ce sel , saturée par de l'ammoniaque,
verre jaune opaque. L'ammoniaque agit sur ce fournit un sel beaucoup moins soluble qui se
sel en le transformant en arséniate neutre sépare en lamelles peu brillantes,
Pb³ (As O¹)² ; Na (Az H ) 2 As O¹ + 4 H2O
ce dernier a une grande tendance à se former; [Uelsmann, Arch. Pharm. , (4) , t. XCIX, p. 138].
lorsqu'on ajoute un arséniate alcalin bimétallique Les arséniates de sodium servent dans la tein-
à de l'acétate de plomb, c'est lui qui prend nais- ture et dans l'impression, comme sel à bouser,
sance et la liqueur filtrée renferme de l'acide ou pour faire des enlevages ou des réserves .
acétique libre. L'arséniate disodique sert en médecine, dans le
On trouve dans la nature un minéral connu traitement des fièvres intermittentes et des mala-
sous le nom de mimetèse, qui est un chlorarsé- dies scrofuleuses ou vénériennes .
niate de plomb cristallisé en prismes hexagonaux Arseniate de strontium, SrHAs O'. - Cristal-
ou en doubles pyramides ; sa formule correspond lise dans l'acide acétique en lamelles presque
à celle des apatites : rectangulaires. Il ressemble au sel de baryum.
L'arséniate double de strontium et d'ammonium
Pb5 (As O4)3Cl = 5 Pb" ( (AsO4)3
CI' est semblable au sel barytique correspondant.
(ou 3 Pb³ (As O43 + Pb Cl2 Arséniate thalleux, TI³ AsO¹ . — Masse feutrée,
= (en équiv. ) PbCl . 3 [ PbO3 (As O3)3] ). blanche et soyeuse, obtenue en traitant par l'am-
moniaque la solution du sel suivant ; il se sépare
Arseniates de potassium. - L'arséniate neutre alors à l'état d'un magma cristallin ; très-peu so-
K3 AS O s'obtient en saturant l'acide arsénique luble dans l'eau. Il ne perd pas d'eau par la cha-
ou les autres arséniates de potassium par la po- leur.
tasse ; il forme des aiguilles fines qui se liquéfient L'arséniate monométallique TlH2As O s'obtient
rapidement à l'air. directement ou par l'action du peroxyde de thal-
L'arséniate bipotassique K2HAS O est incris- lium sur l'acide arsénieux ; il se sépare de la
tallisable et déliquescent ; on l'obtient directe- liqueur bouillante en aiguilles déliées, dures et
ment ou en reprenant par l'eau le produit de la brillantes. Il ne perd pas d'eau à 150° [ Willm ,
fusion de l'anhydride arsénieux avec de l'hydrate Ann. de Chim. et de Phys., (4), t. V, p . 58].
de potasse ; cette opération a lieu avec dégage- Arséniates thalliques. L'arséniate
ment d'hydrogène, et il se produit quelquefois de TI" As O + 2 H2O
l'arsenic métallique.
L'arséniate monopotassique KH2AsO' s'obtient est un précipité gélatineux jaune citron , obtenu en
en ajoutant de l'acide arsénique aux sels précé- ajoutant de l'acide arsénique à une solution de ni-
dents ; il s'obtient en cristaux volumineux qui trate thallique. Insoluble et indécomposable par
sont des octaèdres à base carrée, d'une densité l'eau , soluble dans l'acide chlorhydrique. La po-
égale à 2,83 ; ils sont inaltérables à l'air, leur tasse et l'ammoniaque en séparent le peroxyde de
solution rougit le tournesol et ne précipite pas thallium . L'ammoniaque, ajoutée à la solution
les sels terreux. On l'obtient aussi en fondant chlorhydrique de ce sel , y produit un précipité
parties égales d'azotate de potassium et d'anhy- volumineux blanc renfermant de l'ammoniaque ;
dride arsénieux et reprenant le produit par l'eau. par la dessiccation , il jaunit et se rapproche du
Arseniates de sodium. - - L'arséniate neutre de sel précédent par sa composition.
sodium Na³ As O s'obtient comme le sel potas- Si l'on ajoute un excès d'ammoniaque à la li-
sique ; il renferme 12 H2O. Il cristallise en pris- queur, on produit un précipité brun qui est du
mes à six pans ; sa réaction est alcaline ; cristal- peroxyde de thallium ou un arséniate tribasique,
lisé, il est inaltérable à l'air, mais sa solution et la liqueur est colorée en rouge jaunâtre, mais
en attire l'acide carbonique. Ses cristaux fondent se trouble rapidement (Willm).
à 85°. 100 p. d'eau à 15 en dissolvent 28 par- Arseniate de thorium , Th HAS O' . — Insoluble
ties. Leur densité est égale à 1,762 ( Schiff). dans l'eau et dans un excès d'acide.
L'arséniate Na² H AsO + 12 HO s'obtient en Arseniate d'uranium,
gros cristaux efflorescents qui se forment à une
basse température ; sa réaction est alcaline ; sa ÜAsO + 2 1/2 H2O ou U²O³. As2O5 + 5 H²O .
densité est égale à 1,67 . Lorsque sa cristallisa- - Poudre insoluble, jaune clair.
tion a lieu à + 20°, il ne renferme que 8 H2O et Arseniate uraneux , U² (HAz O4)2 + 3H2O.
n'est plus efflorescent (Gmelin) . Sa densité est Précipité insoluble dans l'eau, soluble dans l'a-
alors égale à 1,870. Il s'obtient comme le sel cide chlorhydrique, décomposable par la potasse.
potassique. Arseniate vanadique, Vai H2 (As O¹)2. Croû-
L'arséniate Na H2 As O + H2O s'obtient en sa- tes cristallines brun clair, solubles dans l'eau ,
turant le sel précédent par de l'acide arsénique mais très-lentement ; facilement solubles dans
jusqu'à ce que la solution ne forme plus de préci- l'acide chlorhydrique. Si l'on sature compléte-
pité avec le chlorure de baryum . Par l'évapora- ment de l'acide arsénique par de l'hydrate de
tion, il se dépose en gros cristaux non eflores- vanadium, on obtient une solution très-concen-
ARSENIC . - 406 - ARSENIC.

trée qui abandonne, par l'évaporation , le sel pré- fures alcalins dissolvent facilement le bisulfure
cédent et une masse gommeuse formée probable- d'arsenic en le transformant en trisulfure jaune
ment par un sous-sel vanadique ; on obtient ce ou orpiment qui se combine avec un excès de
dernier aussi par l'addition d'alcool au sel précé- sulfure.
dent. Celui-ci, traité par l'acide azotique, fournit Le réalgar est employé dans la pyrotechnie
un sel d'un jaune citron qui est de l'arséniate pour la confection du feu indien, qui brûle avec
VI IV une lumière blanche éclatante.
hypervanadique (Va 2 ( As207)3 que Berzelius re- Hyposulfarsénites. -Le bisulfure d'arsenic s'u-
présente par (Va O3)2 (As2O5)³. Il ne dit pas s'il nit aux sulfures métalliques en donnant des
renferme de l'eau ; dans ce cas il faudrait sans composés qui ont généralement pour formule :
VI
doute l'écrire (Va) H³ (As O4)³. M2S, As2 S2 = M² As? S³.
Arséniate d'yttrium , YtH AS O¹. - Insoluble, On les obtient en fondant ensemble les sulfures,
l'ammoniaque le convertit en sel trimétallique. ou en faisant bouillir du trisulfure d'arsenic ou
Arséniate de zinc, Zn H As O. - Poudre blan-
che insoluble dans l'eau , soluble dans l'acide orpiment avec les carbonates alcalins. Les hypo-
arsénique, d'où il se dépose en cristaux du sys- sulfarsénites des métaux proprement dits s'obtien-
tème cubique, à l'état de sel acide (probablement nent par double décomposition.
Zn H (As O ) ). On peut l'obtenir en faisant di- Hyposulfarsenite de potassium , K2As2 S3. - S'ob-
tient en faisant bouillir le trisulfure d'arsenic
gérer du zinc avec une solution d'acide arsénique,
il se dégage en même temps de l'hydrogène arsé- avec du carbonate potassique ; la liqueur filtrée
nié, et il se dépose de l'hydrure d'arsenic solide, bouillante est incolore et dépose après 24 heures
à l'état d'une poudre brune. une substance ressemblant beaucoup au kermès :
M. Friedel a décrit sous le nom d'adamine un c'est le composé K2As2S3. Il est soluble dans l'eau,
hydroarséniate de zinc naturel de la formule mais quand celle- ci renferme du sulfarséniate de
As Zn2HO5, potassium, ce qui arrive par l'exposition de la
Arseniate de zinc ammoniacal, solution à l'air, il se dépose. Sa solution donne
par l'évaporation une poudre brun foncé qui est
Zn³ (As O4)2 + Az H3 de l'hyposulfarsénite K2 As2 S3, As2 S2 ; les eaux
(Bette). Ce sel s'obtient en ajoutant une solution mères de ce composé renferment K2 As S².
de sulfate de zinc à une solution d'arséniate de Hyposulfarsenite de sodium. -- Se comporte
sodium additionnée d'ammoniaque. C'est un pré- comme la combinaison potassique.
cipité blanc floconneux prenant peu peu l'as- Hyposulfarsénite d'ammonium. Se forme
pect cristallin ; il renferme 3 molécules d'eau lorsqu'on abandonne à elle- même, dans un flacon
qu'il perd très-facilement, en même temps qu'un bouché, la solution du sulfarsénite ; il se dépose
peu d'ammoniaque. en croûtes foncées non cristallines qui dégagent
Arséniate de zirconium. Précipité insoluble. de l'ammoniaque lorsqu'on les chauffe, et aban-
donnent du réalgar.
COMPOSÉS SULFURÉS DE L'ARSENIC. Hyposulfarsénite de baryum , de calcium, de
magnésium. Poudres brun rouge, insolubles
L'arsenic forme un assez grand nombre de com- dans l'eau; s'obtiennent par la décomposition des
binaisons avec le soufre. Outre les sulfures sulfarsénites.
Hyposulfarsénite de zirconium, Zr¹ (As² S³)2. —
As2 S3 et As2 S5 Précipité brun, translucide.
correspondant aux anhydrides arsénieux et ar- Hyposulfarsenite manganeux, Mn As2 S3.- Pré-
sénique, il existe un autre sulfure As2S2 , le bi- cipité rouge foncé.
sulfure, qui est bien défini ; on admet encore TRISULFURE D'ARSENIC ou ORPIMENT ( sulfide
l'existence de deux autres sulfures , un sous-sul- arsénieux ) ,
As?S3 246.
fure As12S et un persulfure As2 S18.
SOUS-SULFURE D'ARSENIC, ou sulfure noir, As12 S. Ce sulfure correspond à l'anhydride arsénieux .
- S'obtient en traitant le bisulfure ou réalgar On le trouve dans la nature, en masses compo-
par de la potasse : c'est une poudre brun noir, sées de lames jaunes, brillantes et flexibles, ap-
décomposable par la distillation en sulfure jaune partenant au type du prisme rhomboidal oblique.
d'arsenic et arsenic métallique. Il s'enflamme fa- On l'obtient artificiellement en traitant par l'hy-
cilement au-dessous de 100º. drogène sulfuré une solution d'anhydride arsé-
Bisulfure d'ARSENIC ou RÉALGAR (rubis d'ar- nieux dans l'acide chlorhydrique ; il forme alors
senic, sulfide hypoarsénieux de Berzelius), un précipité jaune citron , presque insoluble dans
As2 S2 214. l'eau ; néanmoins l'eau bouillante en dissout
quelque peu en se colorant en jaune. On l'obtient
Ce sulfure se rencontre cristallisé dans la na- encore en sublimant un mélange, en proportions
ture, notamment en Transylvanie et dans le voisi- convenables, d'arsenic et de soufre ou d'anhydride
nage des volcans (Vésuve, Etna, au Japon ) ; il est arsénieux et de soufre ; dans ce dernier cas, il se
en prismes rhomboidaux obliques, rouges et trans- dégage de l'acide sulfureux, et le produit ren-
lucides. On l'obtient dans les arts en distillant ferme de l'anhydride arsénieux , qu'il faut enlever
un mélange de pyrite et de mispickel, ou en fon- à l'eau bouillante.
dant 75 p . d'arsenic avec 32 p. de soufre. Le réal- Lorsqu'il est sublimé, le trisulfure d'arsenic
gar du commerce est une masse rouge, à cassure est en masses cristallines jaune orange, d'un as-
conchoïde, d'un aspect vitreux, dure et cassante, pect nacré . Sa densité est égale à 3,459. Il est
d'une densité égale à 3,5-3,6 ; il est fusible et fusible et distille vers 700° (Mitscherlich) .
peut cristalliser par le refroidissement ainsi que L'ammoniaque dissout très-facilement l'orpi-
par sublimation . Il brûle en répandant de l'acide ment, ce qui distingue ce dernier du sulfure d'an-
sulfureux et des vapeurs d'anhydride arsénieux ; il timoine . Les alcalis et les carbonates alcalins le
fuse avec le salpêtre en donnant un mélange de dissolvent aussi avec formation d'un arsénite et
sulfate et d'arséniate de potassium. Lorsqu'on le d'un sulfarsénite. Il se dissout encore mieux dans
fait bouillir avec de l'hydrate de potasse, il se les sulfures alcalins en donnant également des
dissout en donnant de l'arsénite de potassium de sulfarsénites.
l'hyposulfarsénite de potassium K2SAS2S2 (Ber- L'acide azotique l'attaque énergiquement en
zelius) en même temps qu'il reste une poudre formant de l'acide arsénique et de l'acide sulfu-
brune qui est du sous-sulfure d'arsenic. Les sul- rique. L'eau régale le décompose également.
ARSENIC. - 407 - ARSENIC .
Chauffé à l'air, il brûle avec une flamme pâle. Sulfarsénites de sodium, de lithium. - On ne
Une ébullition prolongée avec de l'acide chlor- connaît que les métasulfarsénites Na As S² et
hydrique concentré le transforme partiellement LIASSAs S2,
en chlorure d'arsenic ; l'eau pure le décompose
aussi à la longue en produisant de l'anhydride qui s'obtiennent et se comportent comme les com-
arsénieux et de l'hydrogène sulfuré (Field). binaisons potassiques correspondantes.
Le trisulfure d'arsenic en vapeur est décomposé Sulfarsénites d'ammonium . -- On obtient le
par le fer chauffé au rouge, avec production d'ar- pyrosulfarsénite (Az H ) As2 S en dissolvant le
senic métallique et de sulfure de fer. Chauffé trisulfure d'arsenic dans l'ammoniaque ou le
avec du cyanure de potassium , il donne égale- sulfure ammonique. Ce sel se décompose par
ment de l'arsenic métallique et un résidu de sul- l'évaporation ; il se dépose par l'addition d'alcool
focyanate. Toutes ces réactions sont utilisées pour à sa solution aqueuse, à l'état d'un précipité cris-
la recherche de l'arsenic. tallin se colorant très-rapidement. Si l'on ajoute
Le trisulfure d'arsenic, récemment précipité, se du sulfure ammonique avant d'ajouter de l'alcool,
dissout dans le sulfite acide de potassium ; si l'on celui-ci produit un trouble qui disparaît de nou-
chauffe, il se dégage du gaz sulfureux, il se pro- veau et la liqueur dépose peu à peu des cristaux
duit un dépôt de soufre, et la liqueur filtrée ren- penniformes qui sont le sulfarsénite normal
ferme de l'hyposulfite et de l'arsénite de potassium .
(Az H+)3 As S³.
2 As2S316 KHSO³ Le trisulfure d'arsenic absorbe 6,5 % de son
-= 6 K2S2O3 + 4 KH2 As O³ + 4 H2O + 7 SO² + S³. poids de gaz ammoniac (Bineau) ; l'eau lui enlève
alors de l'arsénite et du sulfarsénite.
SULFARSENITES. Lorsque l'on traite par l'hy" Pyrosulfarsénite de baryum , Ba² As2S5. - Ce
drogène sulfuré une solution aqueuse pure d'an- pyrosulfarsénite s'obtient en faisant digérer le tri-
hydride arsénieux, elle se colore en jaune, mais sulfure d'arsenic en excès avec du sulfure de ba-
sans donner de précipité ; on peut admettre qu'elle ryum. C'est une masse gommeuse brun rouge,
renferme alors l'acide sulfarsénieux H³ As S³ ; par très - soluble ; l'alcool précipite de sa solution
l'ébullition, par l'addition d'un acide, ou avec le aqueuse le sulfarsénite normal Ba³ (As S³) en flo-
temps, ce composé se détruit et il se dépose du cons cristallins.
trisulfure ; l'existence de cet acide est rendue pro- Pyrosulfarsénite de magnésium, Mg2 As2S5.
bable par l'existence de sulfarsénites . Ces sels ou Ce sel qui est soluble se dessèche sans cristal-
sulfures doubles, étudiés par Berzelius, s'obtien- liser ; repris par l'eau, il abandonne de l'hypo-
nent, les uns, comme les sulfarsénites alcalins, sulfarsénite brun , insoluble dans l'eau .
directement en dissolvant le trisulfure d'arsenic Pyrosulfarsénite glucique, Gl² As2 S5 . Préci- -
dans le sulfure correspondant; les autres , par pité jaune clair, décomposable par l'ammoniaque.
double décomposition ou par fusion d'un mélange Pyrosulfarsenite d'yttrium , Yt As2 S5.
des sulfures (Poggend. Ann . , t. VII, p. 1 et 137]. Comme le sel glucique.
Certains sulfarséniates perdent du soufre par la Pyrosulfarsenite de zirconium , Zr" As2 S5.
calcination et se transforment en sulfarsénites . Précipité orange, fonçant de couleur par la
On peut rapporter la composition de ces sul- dessiccation, un peu soluble.
fures doubles au type M3 As S3. Un grand nombre Pyrosulfarsénite céreux, Ce² As? S³. - Préci-
d'entre eux sont des métasulfarsénites M AsS² ou pité orange, un peu soluble. Fond au rouge en un
des pyrosulfarsénites M+ As? S". Les plus fréquents liquide transparent et perd du sulfure d'arsenic.
sont les pyrosulfarsénites, que Berzelius considé-
rait comme les sulfarsénites neutres, auxquels il Pyrosulfarsenite manganeux , Mn² As? S5.
assignait la formule 2 (M2S) , As2 S3. Précicité jaune orange, se décompose par la cha-
Les sulfarsénites alcalins et alcalino - terreux leur en laissant un sous-sel anhydre décompo-
sont solubles ; leurs solutions sont jaunes ; lors- sable par l'acide chlorhydrique, avec dégagement
qu'on les concentre , elles se décomposent en d'hydrogène sulfuré ; c'est peut -être le sulfarsé-
produisant un sulfarséniate soluble et un hyposul- nite normal Mn³ (As S3)2.
farsénite qui se dépose à l'état d'une poudre brune. Pyrosulfarsénite ferreux, Fe As2S5. - Préci-
Enfin, par l'addition d'alcool à une solution d'un pité brun presque noir qui se dissout en jaune
sulfarsénite dimétallique il se précipite un sulf- dans un excès de sulfarsénite alcalin ; chauffé , il
arsénite trimétallique, tandis qu'il reste en disso- perd tout son arsenic et laisse un résidu de sul-
lution un sulfarsénite monométallique. Les sulf- fure ferreux .
arsénites alcalins ne sont pas décomposés par la Sulfarsenite ferrique. - Précipité vert olive
chaleur ; les autres donnent par la calcination un soluble dans un excès de précipitant, avec une
sublimé d'orpiment et un résidu de sulfure métal- coloration noire ; fusible, décomposable au rouge
lique. en laissant un résidu de sulfure ferreux. Berze-
Sulfarsenites de potassium. Quand on dis- lius représente la composition de ce corps par les
sout le trisulfure d'arsenic dans le sulfure potas- rapports Fe2 S3 (As2 S3,5.
sique , on obtient le métasulfarsénite KAs S2 ; Pyrosulfarsenite de cobalt, Co2As2S5.-Précipité
cette solution se trouble par l'évaporation , il se brun foncé soluble dans un excès de précipitant.
dépose de l'hyposulfarsénite brun. On obtient 1 La chaleur le décompose en laissant un résidu
encore ce métasulfarsénite en fondant le pyrosulf- gris infusible qui a peut-être la composition du
arséniate K'As2 S7 ; celui - ci perd du soufre et il sulfarséniure de cobalt naturel , ou cobalt gris.
reste une masse jaune foncé qui éprouve par Pyrosulfarsénite de nickel, Ni² As2S5. -- Préci-
l'eau la mème décomposition que la solution pité noir, abandonnant du sulfure d'arsenic par la
précédente ; la liqueur filtrée, additionnée d'al- calcination, et laissant un résidu de sulfure jaune
cool , donne un précipité blanc qui renferme de nickel.
K³ As S³, c'est du sulfarsénite normal ; ce préci- Pyrosulfarsénite de zinc, Zn2 As2 S5. — Précipité
pité se dépose sous forme d'une masse sirupeuse volumineux jaune citron , orange après dessicca-
devenant peu à peu brun foncé, d'où il se sépare tion . Laisse à la calcination un résidu de sulfure
du sous-sulfure d'arsenic . de zinc.
Le trisulfure d'arsenic fondu avec du carbo- Pyrosulfarsénite de cadmium , Cd2 As2S5. - Res-
nate potassique donne un sursulfarsénite décom- semble au sel de zinc.
posable par l'eau qui lui enlève du métasulfar- Pyrosulfarsenite de plomb , Ph² As2S5. -- Préci-
sénite KAS S2. pité brun rougeâtre, noir quand il est en masse;
ARSENIC . 408 --- ARSENIC.
fond sans se décomposer et donne alors une masse posé. Le précipité qu'on obtient en ajoutant de
cristalline métallique. l'acide chlorhydrique faible à une solution éten-
Pyrosulfarsenite stanneux , Sn² As² S³. - Préci- due d'un sulfarséniate est du pentasulfure d'ar-
pité brun rouge foncé; infusible, laisse par la cal- senic (A. Fuchs) . Ce précipité est entièrement so-
cination une masse grise poreuse d'apparence luble dans l'ammoniaque, mais peu à peu la so-
métallique et renfermant encore du soufre et de lution laisse déposer du soufre; elle renferme
l'arsenic. alors en solution de l'arsénite et de l'hyposulfite
Pyrosulfarsenite stannique, Sn" As2 S5.- Préci- d'ammonium [Flükiger) .
pité jaune mucilagineux , orange quand il est sec. Le pentasulfure d'arsenic est jaune, facilement
Secomporte comme le précédent par la calcination. fusible et sublimable sans altération à l'abri de
de l'air. Il se dissout très-facilement dans les
Pyrosulfarsenite de bismuth Bi , (As2 S5)³. - hydrates et les sulfures alcalins en donnant des
Précipité brun, noir à sec, fusible ; laisse à une sulfarséniates.
température élevée une masse métallique grise SULFARSENIATES. - Ces sels, étudiés par Berze-
cristalline renfermant du soufre et de l'arsenic. lius, correspondent aux arséniates ; leur composi-
Pyrosulfarsenite de cuivre, Cu2As2 S5. - Préci- tion est représentée par les formules
pité brun foncé, prenant l'aspect métallique par
la trituration. Donne par la calcination une masse M³As S = 1/2 [M²S)³,As² S³] ,
grise métallique analogue au cuivre gris arseni- correspondant aux arséniates normaux ;
cal (Fahlerz). - On obtient le sulfarsénite nor-
mal Cu³ (As S3)2 en traitant une solution de sulfar- M+ As2 ST - 2 M²S, As2S5
sénite potassique par l'hydrate de cuivre ; il se et MAS S3 =1/2 [M²S , As2S5] ,
forme en même temps du sulfarséniate de cuivre
qui reste dissous et qu'on peut précipiter par correspondant aux pyroarséniates et aux métar-
l'acide chlorhydrique . séniates. Berzelius envisageait les sulfarséniates
La tennantite est un sulfarsénite naturel 2 M2S, As2S5 comme les sels neutres, les sulfar-
séniates comme des sels sesquimétalliques et les
Cu³ (AsS3)2+ CuS ; métasulfarséniates comme des bisulfarséniates.
il cristallise en octaèdres réguliers ; le cuivre y est On prépare ces composés :
en partie remplacé quelquefois par du fer ou du 1°En dissolvant le pentasulfure d'arsenic dans un
zinc ; d'autres fois, une partie de l'arsenic est sulfure alcalin ; la solution renferme du pyrosulf-
remplacée par de l'antimoine. arséniate ; ce n'est que par une digestion prolon-
Pyrosulfarsénite mercureux , (Hg2)2 As2S5. gée à chaud qu'il se dissout une plus grande quan-
Précipité noir. Sous l'influence de la chaleur, il tité de pentasulfure dont une partie se dépose
se décompose avec une sorte d'explosion ; il dis- alors de nouveau par le refroidissement ;
tille du mercure, et vers la fin il se forme un su- 2º Par l'action de l'hydrogène sulfuré sur les
blimé brun noir brillant, qui est du sulfarsénite solutions des arséniates, ou par celle du sulfhy-
mercurique. drate ammonique ; dans ce dernier cas, il faut
Pyrosulfarsénite mercurique, Hg2 As2S5. - On chasser l'ammonique par l'ébullition ;
obtient ce dernier en précipitant le bichlorure 3° Par la fusion du pentasulfure d'arsenic avec
de mercure par un excès de sulfarsénite de potas- un carbonate alcalin ; dans ce cas , le produit est
sium ; il se dépose en flocons rouge orangé. Ce mélangé d'arséniate et de sulfate ;
précipité est fusible et donne un sublimé d'aspect 4° Par l'ébullition du pentasulfure avec une
métallique qui est probablement du métasulf- lessive alcaline ; dans ce cas, il se forme toujours
arsénite en même temps de l'arséniate
Hg (As S2)2 7 As2 S28 KHO
(bisulfarsénite de Berzelius) . = 5 K+ As2S7 + 4 K² H As O + 12 H2O.
Pyrosulfarsenite d'argent, Ag As2 S5. Préci- Si l'on ajoute un acide à une semblable solu-
pité brun clair, fusible. La proustite est du sul- tion, il se précipite du pentasulfure d'arsenic,
farsénite normal Ag³ As S³. sans dégagement d'hydrogène sulfaré , celui-ci
Pyrosulfarsenite de platine , PtAs2S5. Préci-
agissant sur l'arséniate qui se trouve en présence ;
pité jaune, devenant brun. Il fond en se décom- 5º La plupart des sulfarséniates métalliques
posant. étant insolubles se préparent par double décom-
Pyrosulfarsenite d'or , Au¹ (As2S5)3. -— Précipité position.
jaune, devenant noir. Il fond et laisse finalement Les sulfarséniates alcalins sont solubles et colo-
de l'or métallique. rés en jaune ou en rouge ; ils sont généralement
Pyrosulfarsenite de chrome. Précipité jaune cristallisables, inaltérables à l'air et résistent aux
sale. La chaleur le fait fondre en le décomposant. températures les plus élevées sans se décomposer;
A l'air, il brûle et laisse de l'oxyde chromique . les autres sulfarsénites se comportent diversement
Pyrosulfarsenite d'urane, sous l'influence de la chaleur; les uns se décom-
(ÚS) * As² S³ = 2 U² S³, As² S³. posent entièrement, les autres seulement en par-
tie. Chauffés à l'air, ils donnent les produits de
Précipité jaune verdâtre. Éprouve par la cha- combustion du soufre et de l'arsenic ; quelques-
leur une demi-fusion en se décomposant ; le ré- uns brûlent avec facilité. Les acides, même l'acide
sidu final renferme encore de l'arsenic et du
soufre unis à l'urane. carbonique, les décomposent.
Les sulfarséniates obtenus directement sont
PENTASULFURE D'ARSENIC , As2S5310. - On presque toujours les pyrosulfarséniates
obtient ce composé en fondant du trisulfure
d'arsenic avec du soufre. - Le précipité qui se MAs2 S7 ou (M2S)2 As2S5;
forme par l'action de l'hydrogène sulfuré sur l'a- les autres s'obtiennent par la décomposition de
cide arsénique n'est pas du pentasulfure d'arse- ceux-ci. Ainsi , le sel d'ammonium , additionné
nic, mais un mélange de soufre et de trisulfure.
Ce précipité se forme très-lentement et c'est d'a- d'alcool, se dédouble en métasulfarséniate, .qui
bord du soufre qui se dépose, puis du trisulfure reste dissous, et sulfarséniate normal, qui se
(H. Rose , Ludwig) . Si on réunit ce précipité et si précipite :
on le fond, on obtient le pentasulfure, car le (Az H ) As² S7 = (AzH )3 As S + + (Az H¹) As S³.
soufre et le trisulfure y sont rigoureusement dans Pyrosulfarséniate. Sulfarséniate. Métasulfar-
les proportions nécessaires pour former ce com- séniate.
ARSENIC. 409 ARSENIC .
Ils peuvent aussi s'obtenir en combinant au py- étendu, en flocons brun clair. La solution est co-
rosulfarséniate du sulfure d'arsenic ou le sulfure lorée en rouge orangé.
métallique correspondant.. Sulfarséniates d'étain. - Les sels stanneux
Dans l'étude de ces corps, nous mettons tou- Sn2 As2S7 et Sn³ (As S4)2 forment des précipités
jours en avant le pyrosulfarséniate, puisqu'il sert châtains. Les sels stanniques
de point de départ et que le plus souvent c'est le IV IV
seul sulfarséniate connu . Sn As2S7 et Su³ (As S )+
Sulfarséniates d'ammonium. - Le pyrosulf- sont des précipités mucilagineux d'un jaune pâle,
arséniate (AzH ) As2 S7 s'obtient, comme le sel
potassique, en traitant l'arséniate diammonique devenant jaune orange par la dessiccation.
Pyrosulfarséniate ferreux, Fe 2 (As² S7 ) .
par l'hydrogène sulfuré ; sa solution se décompose Précipité brun foncé , soluble dans un excès de
par la dessiccation , et il ne peut être obtenu
qu'en masse rougeâtre, tenace et visqueuse. Si à précipitant; se décompose par la dessiccation.
la solution aqueuse chaude on ajoute de l'alcool, Sulfarséniate ferrique normal ,
on obtient, par le refroidissement , des prismes (Fe ) (As S4) = (Fe2) S3, As2 S³.
incolores qui constituent le sulfarséniate normal Précipité floconneux gris verdâtre, un peu so-
(Az H )³ As S ; la solution retient dans ce cas du luble dans un excès de sulfarséniate alcalin .
métasulfarséniate (Az H ) As S3. Ce dernier s'ob- Sulfarséniate de glucine. - Il est soluble et
tient aussi par la distillation du sel ammoniac s'obtient en faisant digérer ensemble de l'hydrate
avec du sulfarséniate de potasse, mais alors il de glucine et du pentasulfure d'arsenic .
n'est pas pur. Sulfarséniates de lithium . - Le pyrosulfarsé-
On obtient un sulfarséniate sodico-ammonique niate Li As2 S7 s'obtient comme celui de potas-
en ajoutant de l'alcool à un mélange de sulfarsé- sium; c'est une masse jaune citron soluble dans
niates de sodium et d'ammonium ; c'est un sel l'eau et inaltérable.
qui cristallise en tables carrées ou en prismes Le sel normal Li³ As S4 cristallise en prismes
hexagonaux. hexaèdres par une évaporation rapide ou en té-
Toutes ces combinaisons sont décomposées par traèdres rhomboidaux par une évaporation lente.
la chaleur, en perdant du sulfure ammonique et Très-stable. S'obtient comme celui de sodium .
en laissant un résidu de pentasulfure d'arsenic. Sulfarséniates de magnésium. - Le pyrosulf-
Pyrosulfarséniate d'argent, Ag+ As2S7 . - Pré- arséniate Mg As2S7 s'obtient par l'action de l'hy-
cipité brun, se formant lentement, fusible sans drogène sulfuré sur l'arséniate de magnésium. So-
décomposition en donnant un globule d'appa- luble en toute proportion dans l'eau ; constitue
rence métallique, malléable. Il brûle à l'air avec une masse jaune avec une apparence cristalline,
un résidu de sulfure d'argent. inaltérable à l'air. Sa solution n'est pas précipitée
Sulfarséniates de baryum. Le pyrosulfarsé- par l'alcool. Le sel normal Mg3 (As S4)2 constitue
niate Ba2 As2S7 s'obtient par l'action de l'hydrogène des cristaux incolores et rayonnés, déliquescents .
sulfuré sur l'arséniate de baryum. Il est très-so- L'alcool le dédouble en pyrosulfarséniate soluble
luble ; sa solution laisse, par l'évaporation , une et en un sel plus basique, insoluble dans l'eau,
masse fendillée d'un jaune citron . Cette solution , très-peu soluble dans l'alcool. Il s'obtient en
traitée par l'alcool , donne un précipité volumi- traitant le pyrosulfarséniate par le sulfhydrate de
neux, blanc et amorphe de sulfarséniate normal magnésium.
Ba³ (As S¹) , tandis qu'il reste en solution du mé- Le métasulfarséniate Mg (As S3)2 se forme par la
tasulfarséniate Ba2 (As S3)2. Le sulfarséniate nor- calcination du pyrosulfarséniate ; c'est une masse
mal ainsi obtenu contient de l'eau de cristallisa- blanche, poreuse, infusible.
tion ; on l'obtient anhydre en décomposant le On connaît un sulfarséniate ammoniaco-ma-
pyrosulfarséniate par la chaleur ou en le traitant gnésien qui se précipite en aiguilles cristallines
par le sulfure de baryum. Il est soluble dans l'eau blanches et ténues, lorsque l'on mélange les solu-
et s'en dépose, par l'évaporation dans le vide, en tions alcooliques des sulfarséniates de magnésium
paillettes non cristallines. et d'ammonium. Soluble dans l'eau. Sa solution
Sulfarséniates de bismuth, dégage du sulfure ammonique par l'ébullition ;
#1 elle est précipitée par l'alcool.
Bi (As2 S7) et Bi As S. Sulfarséniates manganeux. - Le pyrosulfar-
séniate Mn2 As2S7 s'obtient par la digestion du
Précipités brun foncé, solubles dans un excès sulfure manganeux, récemment précipité, avec du
de sulfarséniate alcalin.
pentasulfure d'arsenic. Une portion de sulfarsé-
Pyrosulfarséniate de cadmium , Cd2 As2 S7. - niate se dissout, tandis que la majeure partie
Précipité jaune clair. reste insoluble et se dépose sous forme d'une
Sulfarseniates de calcium. - Le pyrosulfarsé- poudre jaune, soluble dans une plus grande quan-
niate Ca2 As2S7 ressemble au sel barytique ; il tité d'eau. Cette solution s'altère par l'évaporation
renferme de l'eau de cristallisation qu'il perd à à l'air. L'acide chlorhydrique sépare du penta-
60° et qu'il reprend à l'air humide en se gonflant. sulfure d'arsenic de cette solution . L'ammoniaque
Le sel normal Ca³ (As S¹)² est très-soluble et in- lui enlève de même du sulfure d'arsenic en lais-
cristallisable. sant une poudre rouge-brique formée de sulfar-
Pyrosulfarséniate céreux , Ce²As2S7. - Pré- séniate normal Mn³ (As S+)2 brûlant à l'air avec
cipité jaune pâle. Le sulfarséniate cérique est ignition .
soluble et ne se précipite que dans des solutions Sulfarsénates de mercure. - Le pyrosulfarsé-
concentrées.
Sulfarséniate de chrome. - Précipité jaune sale. niate (Hg²)2 As² S7 2 Hg2 S, As² S5, forme un
Pyrosulfarséniate de cobalt, Co2 As2 S7. précipité noir se décomposant par la chaleur ,
Précipité brun foncé, presque noir, soluble dans avec une vive décrépitation ; il distille du mercure
un excès de précipitant. et il reste du sulfarséniate mercurique
Sulfarséniates de cuivre. - Le pyrosulfarséniate "
Hg2 As? S72 HgS , As2 S.
Cu² As2 S7 est un précipité brun foncé. On obtient
le sulfarséniate normal Cu³ (As S4) en traitant le Celui-ci s'obtient aussi à l'état de précipité jaune
sulfarsénite potassique par l'hydrate de cuivre. Il foncé, sublimable sans décomposition.
se forme du sulfarsénite cuivrique qui reste inso- Pyrosulfarséniate de nickel, Ni2 As2 S7..- Pré-
luble , et du sulfarséniate qui reste dissous et cipité presque noir se déposant lentement si les
qu'on peut précipiter, par l'acide chlorhydrique liqueurs sont étendues.
ARSENIC . -- 410 - ARSENIC .
Sulfarséniate d'or. -Le pyrosulfarséniate forme Pyrosulfarséniate d'urane,
une solution brun rougeâtre. Le sel normal
(US) As² S7 -
= 2 U²S², As² S³
Au As S (pyrosulfarséniate de sulfuranyle). Précipité
jaune sale, soluble dans un excès de précipitant.
forme un précipité soluble dans l'eau pure. Le Pyrosulfarséniate d'yttrium , Y2 As2S7. So-
sulfate ferreux produit dans cette solution un luble ; s'obtient comme le sel de glucine.
précipité brun, en la décolorant complétement. Pyrosulfarséniate de zinc, Zu² As2S . - Précipité
IV volumineux jaune clair, devenant orange par la
Pyrosulfarséniate de platine, PtAs2S7. - S'ob- dessiccation. Le sel normal forme un précipité
tient en solution jaune foncé qui brunit peu à plus pâle.
peu à l'air, mais sans se troubler . Pyrosulfarséniate de zirconium,
Sulfarséniates de plomb. - Le pyrosulfarse- IV
niate Pb2 As2S7 forme un précipité brun foncé ; Zr As2S7.
le sel normal Pb³ (As S4)2, un précipité d'un brun
rouge, qui est noir après la dessiccation. - S'obtient par double décomposition . Précipité
Sulfarseniates de potassium. -- Le pyrosulf- jaune orange quand il est sec . Inattaquable par
arséniate K'As2 S7 ( sel neutre de Berzelius les acides.
2K2S, As2 S5) s'obtient en traitant l'arséniate bi- SULFOXYARSÉNIATES . - Lorsqu'on traite les ar-
potassique par l'hydrogène sulfuré ; par l'évapo- séniates solubles par l'hydrogène sulfuré , on
ration dans le vide, on obtient une masse vis- n'obtient pas immédiatement les sulfarséniates;
queuse présentant des traces de cristallisation ; la substitution du soufre à l'oxygène n'est d'abord
elle reste longtemps liquide, mais finit cependant que partielle et l'on obtient des sels intermé-
par se prendre en une masse cristalline dans la- diaires entre les arséniates et les sulfarséniates :
quelle on peut distinguer des tables rhomboidales . ce sont les sulfoxyarséniates étudiés par Bouquet
Si l'on évapore à l'air une solution de pentasul- et Cloëz [ Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. XIII ,
fure d'arsenic dans du sulfhydrate potassique, p. 44] . Ces sels dérivent d'un acide non isolé,
elle se recouvre d'une pellicule de soufre et les l'acide sulfoxyarsénique H³ As O³S.
parois du vase se recouvrent d'une croûte rou- Le sulfoxyarséniate de potassium, HºKAs O³S,
geâtre qui finit par se résoudre en un sirop épais. est le seul de ces sels qui ait été étudié. Il se
Desséché complétement, ce sel est d'un jaune forme lorsqu'on fait passer à froid nn courant
citron ; à l'air, il se ramollit peu à peu et rede- d'hydrogène sulfuré dans une solution aqueuse
vient visqueux, en absorbant l'acide carbonique ; d'arséniate bipotassique ; la liqueur jaunit d'abord,
le composé qui se forme ainsi a, suivant Berze- donne un précipité jaune en même temps qu'il se
lius, pour composition K2S, 12 As2S5. dépose des cristaux blancs ; on ajoute un peu de
Le sulfarséniate normal ( sulfarséniate sesqui potasse, on continue l'action de l'hydrogène sul-
potassique de Berzelius ) K³ASS s'obtient en dé- furé, jusqu'à ce que le sulfure d'arsenic jaune
composant la solution du sel précédent par de soit devenu gris, puis on filtre et on fait cristal-
l'alcool ; la solution devient laiteuse et dépose un liser la liqueur dans le vide. Le sulfoxyarséniate
liquide oléagineux qui n'est autre qu'une solution de potassium est blanc, cristallisé en petits pris-
concentrée du sel normal. Ce sel est déliques- mes peu solubles dans l'eau ; leur solution se dé-
cent ; desséché à une douce chaleur, il prend compose peu à peu en déposant du soufre. La
une texture cristalline rayonnée, mais il absorbe chaleur le décompose en laissant un résidu qui
de nouveau rapidement l'humidité de l'air. renferme du sulfate, de l'arséniate et un sulfosel
Le métasulfarséniate K ASS3 reste en solution de potassium. L'eau bouillante le décompose ; il
lorsque l'on ajoute de l'alcool à la solution du se forme du soufre et de l'arsénite de potassium ;
pyrosulfarséniate ; il se décompose par l'évapora- mais ce dernier sel étant peu stable, la décompo-
tion . sition se complique des produits de l'action de la
Sulfarséniates de sodium. Le pyrosulfarsé- potasse sur le soufre. L'acide chlorhydrique dé-
niate de sodium s'obtient comme le sel potassique. compose le sulfoxyarséniate en donnant de l'acide
Sa solution, évaporée à une douce chaleur, donne arsénieux , du chlorure de potassium et du soufre.
un liquide visqueux qui se dessèche peu à peu ; la L'iode n'a pas d'action sur une solution acide
masse devient jaune ; elle se ramollit à l'air. Ce de sulfoxyarséniate , pas plus qu'il n'a d'action sur
sel fond facilement. Le sel normal Na³ As S s'ob- l'anhydride arsénieux en solution acide ; mais la
tient en précipitant le sel précédent par l'alcool solution neutre absorbe de l'iode suivant l'équa-
ou en lui ajoutant du sulfhydrate de sodium. tion :
L'alcool le précipite en paillettes cristallines d'un 4 H2KAs O3 S + I'
blanc de neige ; il renferme 15 molécules d'eau = 4KI+ 2 H³ As O + As² 0² + H2O + S' ;
de cristallisation . Ce sel est très-soluble, inalté-
rable à l'air ; il perd son eau dans le vide sec. en présence de carbonate acide de potassium, it
Quand on le chauffe, il fond d'abord dans son eau y a encore plus d'iode absorbé :
de cristallisation, puis il perd son eau, un peu H2K As O³S + KHCO3 + I2
d'hydrogène sulfuré et éprouve ensuite une fusion = 2KI + H³ As O + S + CO²
tranquille sans se décomposer davantage. On ob- 1
tient facilement ce sel, suivant Fresenius, en sa- [Péan de Saint-Gilles, Ann. de Chim et de Phys.,
turant par de l'hydrogène sulfuré une lessive de (3), t. LVII, p. 224].
soude renfermant 10 p. d'oxyde de sodium, y SELENIURE D'ARSENIC. - Le sélénium fondu
ajoutant une quantité égale de soude et dissolvant dissout de l'arsenic en formant un composé d'un
dans le sulfure ainsi obtenu 26 p. de trisulfure brun noir, à cassure brillante ; il distille au rouge
d'arsenic et 7 p. de soufre ; on fait cristalliser et blanc en se décomposant partiellement.
on lave les cristaux avec un peu d'eau froide On obtient le séléniure As Se³, correspondant
[Zeitsch. Ann. Chem. , t . I, p . 192] . Le métasulf- au trisulfure d'arsenic, en traitant par l'hydrogène
arséniate Na As S3 qui s'obtient en même temps sélénié une solution d'anhydride arsénieux dans
que le sel neutre lorsqu'on traite le pyrosulf- l'acide chlorhydrique. C'est une poudre brillante,
arséniate par l'alcool, n'est connu qu'en solution. jaune foncé, fusible à 200° , soluble dans l'acide
Sulfarseniates de strontium. - Ils ressemblent azotique . Lorsqu'on fond ensemble de l'arsenic et
aux sels barytiques. Le sel normal est très-so- du sélénium, on obtient une masse amorphe noire
luble dans l'eau. soluble dans la soude et se déposant en lamelles
ARSENIC. 411 - ARSENIC .

bronzées paraissant renfermer As2 Se6 [ Uelsmann, quelques maladies de la peau et pour la guérison
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXVI, p. 122]. des fièvres intermittentes ; sa dose peut s'élever
TELLURURES D'ARSENIC. - Le tellure forme avec peu à peu de quelques milligrammes à 16 centi-
l'arsenic des combinaisons cristallisables qui pa- grammes par jour. L'acide arsénieux est quelque-
raissent correspondre aux différents sulfures d'ar- fois employé dant l'art vétérinaire ; il communique
senic. E. W. aux chevaux un luisant de poil et un embonpoint
ARSENIC (TOXICOLOGIE) . Action des compo- particuliers. Il a le même effet sur les hommes
sés d'arsenic, et notamment de l'acide arsénieux, qui parviennent à s'y habituer ; c'est ce que l'on
sur l'économie. - L'acide arsénieux est un des observe dans certaines contrées de la Styrie où
poisons les plus violents ; il agit comme tel sur les montagnards s'adonnent à la consommation
toutes les classes des animaux et sur les plantes. de l'arsenic, ce qui leur facilite l'ascension de
Il appartient à la classe des poisons irritants ; il leurs montagnes. En ralentissant la respiration,
détermine dans l'estomac et dans le tube digestif ce régime communique aux mangeurs d'arsenic
des ecchymoses et des escarres grises, mais ja- de l'embonpoint et un air dispos.
RECHERCHE DE L'ARSENIC DANS LES CAS D'EM-
mais de perforation , suivant Orfila ; quelquefois POISONNEMENT. - La recherche de l'arsenic est
ces désordres locaux ne se manifestent pas ; aussi
ne sont-ce pas eux qui déterminent la mort : une des opérations les plus sûres de la chimie
l'acide arsénieux est rapidement absorbé et agit analytique , grâce à la méthode de Marsh, chi-
alors violemment sur le système nerveux ; cette miste écossais qui la fit connaître en 1836 ; cette
méthode est fondée sur l'action de la chaleur sur
absorption peut se faire par les muqueuses ou
par le derme dénudé. Il tue un homme en vingt- l'hydrogène arsénié, gaz qui se produit chaque
fois qu'un composé oxygéné de l'arsenic se trouve
quatre heures à la dose de 10 à 50 centigrammes. en présence d'hydrogène naissant. Lorsque l'on
Généralement c'est par les muqueuses du tube soumet à la chaleur rouge le gaz qui se dégage
digestif qu'il est absorbé , mais il peut l'être en pareil cas , on observe la production d'arsenic
aussi par les muqueuses des voies respiratoires, métallique qui, si l'on opère dans un tube, se
et les empoisonnements qui ont lieu ainsi ne dépose en anneau noir, ou, si l'on enflamme le
sont pas rares ; les ouvriers qui manient les
combinaisons arsenicales, le vert de Schweinfurt gaz, forme des taches noires sur un corps froid
par exemple, ou ceux qui sont employés à l'ex- que l'on présente à la flamme. L'appareil de
traction de l'acide arsénieux, y sont constamment Marsh dans toute sa simplicité, et tel qu'il a été
modifié par l'Académie, consiste en une fiole ou
exposés. en un petit flacon à deux tubulures , dans laquelle
Les symptômes qui se manifestent dans l'em-
poisonnement par l'arsenic se rattachent à son on produit un dégagement d'hydrogène au moyen
action corrosive et à son action sur le système de zinc pur et d'acide sulfurique également pur.
nerveux ; une demi-heure ou une heure après L'hydrogène qui se dégage traverse un tube un
l'ingestion du poison, il y a salivation , hoquet, peu large, rempli de coton pour retenir les gout-
constriction à la gorge, douleurs vives dans la ré- telettes d'eau entraînées par le dégagement gazeux;
gion épigastrique, nausées et vomissements ; les il doit, s'il est pur, brûler avec une flamme pâle
matières vomies sont muqueuses , jaunâtres , quel- qui est toujours colorée en jaune par la soude du
quefois sanguinolentes et renferment presque verre ; sa flamme ne doit produire aucun phéno-
toujours une partie du poison . Cette première mène autre qu'un dépôt d'eau, sur un corps
phase est suivie d'une soif intense , de coliques et froid, tel qu'une plaque de porcelaine, avec le-
de diarrhée ; les selles sont liquides, noirâtres et quel on l'écrase .
abondantes , quelquefois mêlées de sang ; l'urine Il est essentiel de faire cet essai préliminaire,
est rare. A ces symptômes d'altération du tube car le zinc, l'acide sulfurique, l'acide chlorhy-
drique du commerce renferment très-souvent de
digestif se joignent des palpitations , une anxiété petites quantités d'arsenic dont il faut les priver
extrême, des syncopes ; le pouls est accéléré,
petit, intermittent , la respiration difficile ; la face si l'on en reconnaît la présence . On purifie le
devient livide ; la peau est froide et couverte zinc en le fondant à plusieurs reprises avec un
peu de nitre qui transforme l'arsenic en arséniate
d'une sueur visqueuse et quelquefois d'une érup- de potassium qui passe dans le flux. L'acide
tion pustuleuse . La mort survient avec des con-
chlorhydrique peut être traité par l'hydrogène
vulsions ou dans une syncope. sulfuré qui en précipite tout l'arsenic à l'état de
Lorsque l'empoisonnement a été provoqué par sulfure ; mais il vaut mieux le préparer avec de
une petite quantité d'arsenic , les symptômes in- l'acide sulfurique pur et du chlorure de sodium
flammatoires sont peu caractérisés . fondu . L'acide sulfurique s'obtient exempt d'ar-
Les contre-poisons de l'acide arsénieux sont
l'hydrate de peroxyde de fer récemment précipité senic par des distillations faites avec soin ; si
et la magnésie hydratée ; ces deux contre-poisons l'arsenic y est à l'état d'anhydride arsénieux , il
doivent être administrés en grand excès pour est bon de l'oxyder par un peu d'acide azotique,
empêcher que les acides de l'économie ne redis- l'acide arsénique présentant beaucoup plus de
solvent les arsénites de fer ou de magnésie qui fixité. Si dans l'appareil de Marsh, qui dégage de
l'hydrogène pur, on introduit une petite quantité
se forment. d'acide arsénieux , le dégagement de gaz est vive-
Dans l'empoisonnement par l'arsenic, une par- ment activé, et l'on voit presque aussitôt la
tie du poison passe dans le sang et dans tous les flamme de l'hydrogène s'allonger considérable-
autres liquides de l'économie ; il passe dans le ment et prendre une teinte bleuâtre et livide en
foie et est éliminé peu à peu par les urines à répandant des fumées blanches; si l'on présente
l'état d'arséniate ammoniaco -magnésien , suivant
Roussin ; si la mort n'est pas la conséquence de alors à cette flamme une soucoupe de porcelaine
froide , celle-ci se recouvre de taches noires d'ar-
l'intoxication, au bout de douze à quinze jours, senic métallique, provenant d'une combustion in-
l'arsenic se trouve ainsi complétement éliminé de complète de l'hydrogène arsénié formé. Cet appa-
l'économie.
Roussin a observé le passage de l'arsenic dans reil est représenté par la fig. 69.
le système osseux ; c'est ainsi qu'il l'a trouvé à Lorsque l'on fait passer le gaz qui se dégage,
à travers un tube de verre chauffé vers le rouge et
l'état d'arséniate de chaux dans le squelette de entouré de clinquant pour empêcher sa déforma-
petits lapins à la mère desquels on avait admi- tion , la flamme cesse de présenter les caractères
nistré ce sel ; les muscles ne contenaient pas d'une flamme arsenicale, ou au moins ces carac-
d'arsenic [Journ. Pharm. , (3) , t . XLIII, p. 102] . tères sont-ils très-atténués ; mais on remarque
L'acide arsénieux est employé en médecine dans
ARSENIC. 412 — ARSENIC.
un peu au delà de la partie chauffée du tube un produire, l'antimoine est dans le même cas; il
anneau noir miroitant d'arsenic métallique. On faut donc savoir les distinguer. En outre, il peut
peut former une série d'anneaux avec un même se produire accidentellement des taches lorsque,
tube ; à cet effet, on étrangle le tube en plusieurs le dégagement de gaz étant trop tumultueux, un
endroits et on chauffe successivement les diffé- peu de liquide peut être entraîné dans la flamme
entes portions du tube, qu'on peut ensuite sépa- qui peut alors produire des taches de zinc prove-
nant de la réduction du sel de zinc ; ces taches
disparaissent rapidement à l'air en s'oxydant.
Enfin, on désigne sous le nom de taches de crasse
des taches qui se produisent lorsque les matières
animales dans lesquelles on recherche le poison
ont été incomplétement détruites ; ces taches sont
formées de matières charbonneuses ; elles ne sont
attaquées qu'avec une grande difficulté par l'acide
azotique même bouillant.
Les taches arsenicales sont brillantes et d'un
brun noir plus ou moins foncé, suivant leur épais-
seur; elles disparaissent sous l'influence d'une
température élevée ; les taches antimoniales sont
d'un noir gris, ternes, non volatiles.
Les taches arsenicales se dissolvent très-facile-
ment dans l'acide azotique ; à froid c'est de l'acide
arsénieux qui se forme, ce que l'on reconnaît avec
Fig. 69. M Recherche de l'arsenic, appareil de Marsh. une goutte d'azotate d'argent qui produit un pré-
cipité d'arsénite d'argent jaune dans la solution
nitrique neutralisée par de l'ammoniaque ; à chaud,
rer facilement les unes des autres pour soumettre c'est de l'acide arsénique qui prend naissance, et le
chaque anneau à des essais particuliers. nitrate d'argent y produit un précipité rouge-bri-
Ces taches et ces anneaux présentent certains que. Les taches antimoniales disparaissent égale-
caractères chimiques sur lesquels nous revien- ment par l'acide azotique, en produisant de l'acide
drons plus loin. antimonique, mais la liqueur évaporée à sec ne
L'hydrogène arsénié possède la propriété de produit rien avec l'azotate d'argent.
réduire la solution d'azotate d'argent en mettant Les chlorures de chaux et de soude font dispa-
de l'argent en liberté ; en même temps il se forme raitre facilement les taches arsenicales, mais elles
de l'acide arsénieux qui reste en dissolution ; de laissent intactes les taches d'antimoine.
là, un nouveau moyen de reconnaître la présence Le sulfure ammonique dissout les taches arse-
de l'hydrogène arsénié ; on fait passer le gaz soit nicales plus lentement que les taches antimo-
immédiatement, soit après l'avoir fait traverser niales; cette dissolution laisse dans le premier
un tube chauffé, pour produire des anneaux, cas, par l'évaporation, un résidu jaune insoluble
dans une solution d'azotate d'argent , comme le dans l'acide chlorhydrique ; dans le second cas,
représente la fig. 70 ; de cette manière, on est sûr un résidu orange facilement soluble dans l'acide
de ne point laisser échapper d'arsenic. Pour re- chlorhydrique. Les vapeurs de brome font prendre
trouver l'arsenic dans la solution argentique, on aux taches arsenicales une couleur jaune, aux
taches antimoniales une couleur orangée ; cette
coloration disparaît l'air ; mais si l'on soumet
alors les capsules à l'action de l'hydrogène sul-
furé, celle où se trouvait la tache d'arsenic se
colore en jaune, l'autre en orangé.
Ces caractères se produisent également avec les
anneaux d'arsenic ou d'antimoine ; ces anneaux
peuvent être soumis à d'autres épreuves encore
plus concluantes. Les anneaux d'arsenic sont bril-
lants et d'un brun noir; chauffés dans un courant
d'hydrogène, ils se déplacent facilement ; chauffés
dans un courant d'air ou dans un tube ouvert aux
deux bouts, ils se subliment en un anneau blanc
d'anhydride arsénieux et en répandant une odeur
alliacée, si les vapeurs arrivent hors du tube.
Quant aux anneaux d'antimoine, ils sont bril-
Fig. 70. — Recherche de l'arsenic. lants, gris, présentant l'éclat métallique dans les
parties voisines de l'endroit chauffé. Chauffés for-
tement dans un courant d'hydrogène , ils sont
filtre celle-ci et on la neutralise exactement par fixes, mais se réunissent en petits globules mé-
l'ammoniaque ; l'acide arsénieux, s'il s'en est talliques reconnaissåbles à la loupe.
formé, se dépose à l'état d'arséniate d'argent Lorsqu'on chauffe ces anneaux dans un courant
jaune ; on peut aussi précipiter l'excès d'argent d'hydrogène sulfuré, les anneaux d'arsenic don-
par de l'acide chlorhydrique et traiter la liqueur nent un anneau jaune de sulfure, et les anneaux
par de l'hydrogène sulfuré qui donnera un préci- d'antimoine se transforment en sulfure d'anti-
pité de trisulfure d'arsenic. moine orangé ou noir; les premiers, chauffés en-
L'hydrogène arsénié réduit de même les sels suite dans un courant de gaz chlorhydrique , res-
d'or. Quant à l'hydrogène antimonié, il donne lieu tent inaltérés , tandis que les anneaux de sulfure
aux mêmes réductions , mais la liqueur ne ren- d'antimoine disparaissent facilement en se trans-
ferme en solution que l'excès de sel métallique. formant en chlorure volatil que l'on peut recueillir.
Examen des taches et des anneaux. — L'exis- Quand on a affaire à des anneaux ou des taches
tence des taches et des anneaux ne peut pas faire mixtes d'antimoine, la méthode de Fresenius , qui
conclure immédiatement à la présence de l'arsenic , consiste à traiter les anneaux par l'hydrogène
il faut en déterminer soigneusement la nature ; sulfuré, puis par le gaz chlorhydrique, donne de
en effet l'arsenic n'est pas seul capable de les très-bons résultats ; le sulfure d'antimoine formé
ARSENIC . 413 ARSENIC .
est entraîné à l'état de chlorure volatil que l'on tière arrosée de 1/5 de son poids environ d'acide,
peut recueillir, tandis que le sulfure d'arsenic dans une capsule, sur un feu modéré ; le mélange
inattaquable par l'acide chlorhydrique reste dans donne une bouillie brune qui se charbonne de
le tube et peut être dissous par l'ammoniaque. plus en plus; on élève peu à peu la température
Quant aux taches , on peut les reconnaître à jusqu'à ce que l'on ait chassé l'acide sulfurique,
l'aide du microscope ; en volatilisant les taches puis on reprend le charbon par un peu d'acide
qui se trouvent dans une capsule et recevant les azotique pour transformer en acide arsénieux ou
vapeurs sur une plaque de microscope, l'arsenic arsénique le sulfure d'arsenic qui peut se trouver
se volatilise à l'état d'acide arsénieux octaédrique, dans la masse ; on évapore derechef et on re-
grâce à la petite quantité d'air qui circule dans prend enfin par l'eau bouillante ; la liqueur filtrée
la capsule, tandis que l'antimoine reste (Hellwig). est alors soumise à l'appareil de Marsh. Cette
On le voit, tous ces caractères permettent d'éta- méthode présente un inconvénient sérieux ; si les
blir nettement la nature des anneaux ou des matières renferment du chlorure de sodium , ce
taches produits à l'aide de l'appareil de Marsh. qui est généralement le cas, il peut se former du
Reste à voir quelles sont les conditions néces- chlorure d'arsenic qui est volatil et qui échappe
saires pour que l'appareil de Marsh donne des ainsi aux recherches ; on remédie en partie à cet
indications sérieuses. Le procédé ne s'applique inconvénient en opérant la calcination dans un
qu'aux composés oxygénés de l'arsenic ; le sulfure appareil distillatoire, mais l'opération est alors
d'arsenic ne fournit point de taches ; de là la plus longue et plus difficile à mener.
nécessité, non-seulement de ne pas introduire 20 Destruction par l'acide chlorhydrique et le
l'arsenic à l'état de sulfure, mais encore d'empê- chlorate de potassium . On introduit les ma-
cher que ce sulfure ne puisse se former pendant tières dans une fiole ou dans une capsule chauffée
l'opération, soit par un dégagement simultané au bain-marie ; on y ajoute de l'acide chlorhy-
d'hydrogène sulfuré, soit par la présence d'acide drique, de manière à en faire une bouillie claire,
sulfureux, qui, sous l'influence de l'hydrogène puis on y ajoute par petites portions du chlorate
naissant, se réduit et donnerait du sulfure d'ar- de potassium cristallisé ; les oxydes de chlore qui
senic . Cet acide sulfureux peut ainsi se trouver prennent naissance agissent vivement sur les ma-
en présence lorsque l'on a détruit , par l'acide tières organiques ; la liqueur se colore en jaune
sulfurique , les matières animales où l'on re- et finit par s'éclaircir ; quand ce point est atteint,
cherche le poison . L'acide sulfurique lui-même, on laisse refroidir et on filtre. La liqueur ren-
si la réaction est trop vive, peut subir une réduc- ferme tout l'arsenic à l'état d'acide arsénique
tion par l'hydrogène naissant et produire ainsi de qu'on peut précipiter à l'état de sulfure, en ayant
petites quantités de sulfure d'arsenic ; c'est pour- soin d'opérer à chaud et d'attendre vingt-quatre
quoi il faut avoir soin de n'ajouter pas trop d'acide heures, l'acide arsénique étant précipité très-len-
à la fois dans l'appareil, afin que la réaction soit tement par l'hydrogène sulfuré. Ce sulfure peut
plus régulière. La présence de l'acide azotique alors être recueilli et soumis à des épreuves di-
peut aussi gêner ; dans ce cas, de l'hydrure d'ar- rectes ou transformé en composés oxygénés de
senic solide prend naissance et reste dans l'ap- l'arsenic pour être examiné à l'appareil de Marsh.
pareil à l'état d'une poudre insoluble (Blondlot). 3º Destruction par le chlore. - Ce procédé
Voyons maintenant la marche à suivre dans est très-simple et très-sûr, quoique moins expé-
une expertise médico-légale. Le poison peut se ditif que le précédent. Il consiste à faire passer.
trouver dans des restes d'aliments, dans les ma- à froid un courant de chlore à travers les matières
tières des vomissements ; le plus souvent il se animales mises en suspension dans l'eau jusqu'à
trouve dans le tube digestif ou dans les organes, leur destruction complète (Jacquelain).
notamment dans le foie. Quelquefois il se ren- 40 Destruction par l'eau régale. -- On chauffe
contre à l'état solide, en petits grains blancs dis- les matières suspectes avec de l'eau régale dans
séminés dans les produits de vomissements, ou une cornue munie d'un récipient contenant de
tapissant l'intérieur du tube digestif; dans ce l'eau ; l'arsenic passe à la distillation à l'état de
cas, il est facile de le caractériser ; on recueille chlorure qui est décomposé par l'eau (Malaguti
soigneusement ces petits grains pour les sou- et Sarzeaud).
mettre aux épreuves suivantes : on en introduit 50 Destruction par l'acide azotique et par
quelques parcelles au fond d'un petit tube effilé , l'azotate de potassium. On chauffe au bain de
en verre très-réfractaire , et on place un peu plus sable les matières organiques avec de l'acide azo-
haut un petit cylindre de charbon ; on porte le tique pur et concentré, jusqu'à ce qu'elles soient
charbon au rouge, puis on chauffe les grains réduites en une bouillie jaune et homogène ; on
blancs ; s'ils sont formés d'anhydride arsénieux , sature ensuite celle-ci par du carbonate de potas-
celui-ci passant en vapeur sur le charbon chauffé sium on y ajoute un excès d'azotate de potas-
sera réduit et donnera un peu plus loin un an- sium, on évapore à sec et on calcine la masse
neau noir d'arsenic métallique. saline dans un grand creuset ; la matière orga-
On mélange la substance, blanche avec du cya- nique non encore détruite brûle alors avec dé-
nure et du carbonate de potassium et on chauffe flagration et l'arsenic se trouve entièrement
ce mélange dans un petit tube fermé par un bout ; transformé en arséniate . La masse renfermée
il se forme un anneau d'arsenic. dans le creuset à la fin de la calcination doit être
On introduit la substance, dissoute dans l'eau, blanche. On la reprend par de l'eau , on la traite
dans l'appareil de Marsh. Enfin, on la traite par par l'acide sulfurique pur pour chasser tout
l'acide sulfhydrique, après l'avoir dissoute dans l'acide azoteux et l'acide azotique, puis on fait
l'acide chlorhydrique, et on recueille le sulfure passer dans la solution aqueuse un courant d'acide
jaune qui se forme dans le cas où les grains sulfureux pour réduire l'acide arsénique et enfin
blancs sont de l'anhydride arsénieux . on précipite l'acide arsénieux à l'état de sulfure
MÉTHODES DE DESTRUCTION PRÉALABLE DES MA- d'arsenic (Wöhler).
TIÈRES ORGANIQUES . Lorsque le poison n'a pas 6º Traitement par l'acide sulfurique et le
été ainsi retrouvé en nature, il faut le rechercher chlorure de sodium. L'acide arsénieux traité
dans les différents organes; à cet effet , il faut par l'acide sulfurique en présence du chlorure de
détruire la matière organique et on a recom- sodium se transforme en chlorure d'arsenic vo-
mandé pour cela plusieurs méthodes. latil. Cette réaction a servi à R. Schneider à éta-
10 Methode de Flandin et Danger. - Cette blir un procédé de recherche de l'arsenic dans
méthode consiste à détruire les matières orga- les cas d'empoisonnement. On introduit les ma-
niques par l'acide sulfurique ; on chauffe la ma- tières suspectes dans une cornue avec une quan-
ARSENIC. — 414 — ARSENIC.
tité notable de chlorure de sodium , puis on de platine pour servir d'électrode négative. La
ajoute peu à peu , par un tube de sûreté, de cloche plonge dans un vase rempli d'acide sulfu-
l'acide sulfurique et l'on distille ; le chlorure rique étendu dans lequel plonge une lame de pla-
d'arsenic se condense dans le récipient ; celui-ci tine communiquant avec le pôle positif de la pile.
est terminé par un tube à boules renfermant de Si les matières suspectes, que l'on a délayées
l'eau destinée à retenir le chlorure d'arsenic qui dans de l'alcool pour empêcher qu'elles ne mous-
ne se serait pas condensé. Il faut avoir soin que sent, renferment de l'arsenic, celui-ci se dégage à
l'acide sulfurique ne soit jamais en excès, car il l'état d'hydrogène arsénié qui est obligé de tra-
donnerait naissance à de l'acide sulfureux. On verser le tube de verre qui surmonte la cloche ;
étend ensuite le produit de la distillation par de en chauffant ce tube, l'hydrogène arsenié est dé-
l'eau et on précipite l'acide arsénieux formé par composé et donne un anneau métallique.
l'hydrogène sulfuré. Pour que cette méthode donne de bons résul-
Zenger a quelque peu modifié ce procédé ; il tats, il faut que les matières animales soient
distille les matières animales à plusieurs reprises d'abord détruites en partie par les moyens ordi-
avec de l'acide chlorhydrique; précipite la liqueur naires; lorsque l'arsenic se trouve à l'état d'acide
distillée par l'hydrogène sulfuré, transforme le arsénique, il faut le réduire par le sulfite de
sulfure d'arsenic en arséniate de sodium et cal- soude ou par l'hydrogène sulfuré ; dans ce cas,
cine enfin celui-ci avec de l'oxalate de sodium ; l'anneau qui se forme est un anneau jaune de
cette calcination se fait dans un tube de 3 à sulfure d'arsenic, soluble dans le carbonate d'am-
4 millimètres de diamètre, effilé à une extrémité moniaque; il est probable que l'hydrogène arsé-
pour pouvoir le fermer aisément ; on mélange nié et l'hydrogène sulfuré se dégagent simultané-
l'arséniate avec dix fois son poids d'oxalate et on ment et n'agissent l'un sur l'autre que sous l'in-
recouvre ce mélange dans le tube d'une petite fluence de la chaleur.
couche d'oxalate ; on commence par chauffer cette Procédé de Reinsch. - Une solution arsénieuse,
couche de manière à remplir le tube d'oxyde de même étendue, acidulée d'acide chlorhydrique,
carbone ; on le ferme ensuite à la lampe et on portée à l'ébullition avec une lame de cuivre, oc-
calcine le mélange ; l'arséniate de sodium est ré- casionne sur celle-ci un dépôt d'un gris d'acier
duit et il se forme un sublimé d'arsenic métal- qui est , non de l'arsenic libre, mais un alliage
lique ; le tube étant hermétiquement fermé, il ne d'arsenic et de cuivre; suivant Lippert, cet alliage
peut point y avoir de pertes [Zeitsch. Chem. renferme 32 % d'arsenic et correspondrait , par
Pharm., 1862, p. 38]. conséquent, à la formule Cus As2 ; suivant d'autres,
Emploi de la dialyse pour la recherche de la composition de cet alliage est représentée par
l'acide arsénieux. La dialyse peut servir dans Gu³ As2. Quoi qu'il en soit , ce dépòt , soumis à
les recherches médico-légales à séparer l'acide l'action de la chaleur, perd la moitié de son ar-
arsénieux des matières animales qui l'accom- senic, et si l'on opère dans un courant d'air, il
pagnent ; elle présente ce grand avantage de ne donne un sublimé d'anhydride arsénieux cristal-
nécessiter l'emploi d'aucun réactif. Le liquide lisé; il ne reste plus qu'à soumettre ce sublimé
dialysé est immédiatement propre aux recherches aux réactions caractéristiques de l'arsenic.
analytiques [ Graham , Ann. de Chim. et de Phys., La formation seule d'un dépôt sur le cuivre ne
(3), t. LXV, p. 194] . - Voir pour les détails l'ar- prouve rien , attendu qu'un grand nombre de
ticle DIALYSE. métaux produisent un semblable dépôt; il faut
Recherche de l'arsenic par la pile. Ce pro- donc soumettre la lame de cuivre à l'action de la
cédé, d'abord indiqué par Gaultier de Claubry chaleur. La présence des matières organiques ne
[Journ. de Pharm., ( 3), t. XVII, p. 125] , a été gêne pas l'emploi de cette méthode dont la sensi-
repris par Bloxam [Journ. of the Chem. Soc. , bilité est extrême, car, suivant Reinsch , elle
t. XII, p. 12]. L'appareil qu'il recommande pour peut déceler dans une liqueur la présence de
séparer l'arsenic des matières animales consiste 1/500,000 environ de son poids d'arsenic. Il y a
cependant une précaution à prendre ; c'est de
faire en sorte que la liqueur sur laquelle on
opère ne renferme pas l'arsenic à l'état d'acide
arsénique, car celui-ci ne donne pas de dépôt sur
le cuivre (G. Werther), ou au moins il n'en donne
que dans des circonstances particulières ; on re-
médie facilement à cet inconvénient en soumet-
tant d'abord la liqueur à l'action de l'acide sul-
fureux ou d'un sulfite.
Les combinaisons arsenicales insolubles dans
l'eau ou l'acide azotique sont , pour la plupart,
solubles dans l'eau régale. Si l'on a affaire à un
composé insoluble dans cet agent, il faut le fondre
avec du carbonate sodique ou avec du salpêtre,
si c'est un arséniure. E. W.
ARSENIC ( SÉPARATION ET DOSAGE ) . - Le do-
sage de l'arsenic se fait soit à l'état d'arséniate
insoluble, soit à l'état de sulfure d'arsenic , ou
par des liqueurs titrées ; les arséniates qui se
prêtent le mieux à cette détermination sont les
arséniates ammoniaco-magnésiens , de baryum, de
plomb, de fer.
Fig. 71. Recherche de l'arsenic par la pile. Dosage à l'état de sulfure. Ce procédé, qui
n'est pas le plus exact, est au moins le plus expé-
en une cloche de 40 centimètres cubes environ de ditif, et de l'application la plus générale. Dans
capacité fermée dans le bas par un diaphragme une liqueur arsénieuse, acidulée d'acide chlorhy-
poreux et destinée à recevoir les matières sus- drique, le trisulfure d'arsenic se forme immédia-
tement lorsqu'on la traite par l'hydrogène sulfuré ;
pectes. Cette cloche est tubulée à sa partie supé- lorsque la liqueur renferme de l'acide arsénique,
rieure et porte un bouchon dans lequel s'engage la précipitation est beaucoup plus lente et n'est
un tube recourbé , en verre peu fusible, et un fil
même généralement pas complète ; en outre, le
ARSENIC. 415 - ARSENIC .
précipité est un mélange de trisulfure d'arsenic ciné est égal au poids de l'oxyde ferrique donné
et de soufre. par le poids du fer employé, plus le poids de l'an-
Il faut, dans ce cas , ramener l'acide arsénique hydride arsénique contenu dans la liqueur.
à l'état d'acide arsénieux , ce que l'on opère très- 2° Procédé de Kobell. - Lorsque l'acide arse-
facilement en traitant la liqueur par un excès nique se trouve dans une liqueur en présence
d'acide sulfureux, excès que l'on chasse ensuite d'oxydes terreux ou métalliques non précipitables
soigneusement par l'ébullition , avant de faire par le carbonate de baryum, la méthode ci-dessus
passer l'hydrogène sulfuré. On opère la précipi- peut encore être employée ; seulement, au lieu
tation par ce réactif en introduisant la liqueur de précipiter par l'ammoniaque, on fait digérer
dans un flacon bouchant à l'émeri, après l'avoir la liqueur pendant quelques heures avec du car
acidulée d'acide chlorhydrique ; lorsqu'elle est bonate barytique ; tout l'oxyde ferrique, entraî-
saturée d'hydrogène sulfuré , on ferme et on nant l'acide arsénique, se trouve dans le dépôt
laisse reposer pendant une heure, après quoi on avec l'excès de carbonate ; on recueille ce dépôt,
chasse l'excès d'hydrogène sulfuré par un cou- on le lave avec soin, on le sèche et on le calcine,
rant d'acide carbonique, et on recueille le préci- après quoi on le redissout dans de l'acide chlor-
pité sur un filtre taré ; on le dessèche à 100° et l'on hydrique et l'on dose la baryte dissoute, à l'état
pèse. La quantité d'anhydride arsénieux contenu de sulfate qui fait alors connaître la quantité de
dans la liqueur d'essai s'obtient en multipliant carbonate barytique resté en excès. Pour avoir la
le poids trouvé par quantité d'anhydride arsénique, il suffit alors de
As203 retrancher du poids total du résidu le poids de
0,8049 l'oxyde ferrique déduit du poids de fer employé
As2 S3
et le poids de l'excès de carbonate.
si l'on veut ramener le calcul à l'anhydride arsé- Si la liqueur primitive renfermait de l'acide
nique, il faudra multiplier ce poids par sulfurique, il faudrait d'abord le précipiter.
As205 Dosage par l'arséniate de baryum . L'arse-
0,9350 As2 S3 niate tribarytique est presque insoluble dans
l'eau et est anhydre à 100°. Il peut très-bien
Enfin , le poids d'arsenic est donné par le coeffi- servir au dosage de l'arsenic. A cet effet, on dis-
cient sout la substance arsenicale dans l'eau régale,
As2 on précipite l'acide sulfurique, s'il y en a, par la
0,6098 As2S3 baryte dans la liqueur acide, puis on ajoute de
l'ammoniaque à la liqueur filtrée ; il se précipite
Lorsque, par une circonstance quelconque, le ainsi de l'arséniate tribarytique
sulfure est mélangé de soufre, il faut déterminer
Ba³ (AsO4) 3 Ba0 . As2 05
la composition du précipité obtenu ; on y arrive ap-
proximativement en traitant le précipité par l'am- qu'on pèse dans un filtre taré (Field) .
moniaque qui dissout le sulfure et laisse le soufre, Dosage par l'arséniate de plomb. Cette mé-
au moins en grande partie. Il vaut mieux oxyder thode, applicable presque uniquement au dosage
ce sulfure mélangé de soufre par l'acide azotique de l'acide arsénique libre, est très-exacte ; elle
fumant et une goutte d'acide chlorhydrique ; y peut être employée toutes les fois qu'une liqueur
doser ensuite l'acide sulfurique formé, à l'état de arsenicale ne renferme pas de principes fixes ou
sulfate de baryum et l'acide arsénique à l'état susceptibles de le devenir en présence de l'oxyde
d'arséniate ammoniaco-magnésien. de plomb. On évapore la liqueur avec un poids
Dosage à l'état d'arséniate ammoniaco-magné- connu d'oxyde de plomb obtenu par calcination
sten.- Cette méthode exige que l'arsenic soit à de l'azotate (5 fois environ le poids de l'acide
l'état d'acide arsénique, et on peut toujours y ar- arsénique qu'on suppose exister dans la liqueur) ;
river facilement en oxydant la solution par le on opère avec précaution pour n'avoir pas de
chlorate de potassium en présence d'acide chlor- projection et on élève graduellement la tempéra-
hydrique ; lorsque l'odeur de l'acide chloreux s'est ture jusqu'au rouge sombre. Le poids du résidu est
dissipée, on traite la liqueur par de l'ammoniaque égal au poids de l'oxyde de plomb employé, plus
puis par du sulfate de magnésium ; l'acide arse- celui de l'anhydride arsénique contenu dans l'es-
nique se précipite ainsi en totalité à l'état d'ar- sai. Si l'on veut doser par ce moyen l'acide arsé-
séniate ammoniaco - magnésien qu'on recueille nieux, il faut commencer par transformer celui-ci
après 12 heures sur un filtre taré , et que l'on en acide arsénique à l'aide de l'acide azotique.
pèse, aprés l'avoir séché à 100º. Dosage de l'anhydride arsénieux par le chlo-
La composition de ce sel , séché à 100° , est re- rure d'or. - Le chlorure d'or est réduit rapide-
présentée par ( Az H+ ) Mg" As O + 1/2 H2O. II ment par l'acide arsénieux, en donnant un dépôt
correspond à 62,9 % d'anhydride arsénique. d'or métallique. Le poids de cet or fait connaître
Par la calcination , ce sel donne du pyroarse- la quantité d'anhydride arsénieux (100 p. d'or
niate Mg2 As2O7 , mais il se décompose en partie correspondant à 75,4 d'anhydride arsénieux ).
en subissant une réduction ; on ne peut, par con- L'essai se fait en employant le chlorure double
séquent, pas recourir à la calcination. d'or et de sodium ou d'ammonium. La liqueur
Dosage à l'état d'arséniate de fer. --1° Procédé doit être exempte d'acide azotique ou de tout
Berthier. Ce procédé est fondé sur la préci- autre agent d'oxydation ; la réaction se fait très-
pitation de l'acide arsénique par l'hydrate ferri- bien à froid ou dans un endroit chaud et exige
que. Lorsque la liqueur renferme de l'acide arsé- plusieurs jours pour être complète. On recueille
nieux, il faut préalablement l'oxyder par l'eau alors l'or sur un filtre, on le lave, on brûle le
régale; il faut, en outre, qu'elle ne renferme pas filtre et on pèse le résidu.
d'oxydes précipitables par l'ammoniaque. On dis- Dosage volumétrique de l'anhydride arsénieux .
sout dans l'acide azotique un poids connu de fer 1° Par l'iode. L'iode opère rapidement l'oxy-
pur (1 p. environ de fer pour 2 p . d'acide arsé- dation de l'acide arsénieux en solution alcaline,
nique supposé dans la liqueur) , on ajoute cette et cette réaction peut être utilisée pour le dosage
solution à la solution arsénique et l'on précipite de cet acide. En solution acide, l'action de l'iode
par l'ammoniaque ; l'hydrate ferrique, en se dé- est presque nulle. On emploie dans ce but une
posant, entraîne tout l'acide arsénique ; on filtre, solution titrée d'iodure ioduré de potassium et
on lave bien le précipité, on le sèche, puis on le on ajoute à la liqueur arsénieuse un peu d'em-
calcine, d'abord doucement, puis, peu à peu, jus- pois d'amidon ; la liqueur iodée versée dans la
qu'au rouge intense . Le poids du précipité cal- liqueur arsénieuse se décolore instantanément,
ARSENIC . 416 -- ARSENIC .
mais, dès que tout l'acide arsénieux a été trans- s'effectuer par la calcination des sulfures dans un
formé en acide arsénique, le plus petit excès courant de gaz acide carbonique.
d'iode ajouté colore immédiatement l'empois en Separation de l'arsenic et de l'étain.- 1° Lors-
bleu intense ; le terme de la réaction est donc qu'une combinaison ne renferme que de l'étain
facile à saisir. Il est essentiel que la liqueur ar- et de l'arsenic, on peut déterminer chacun de ses
sénieuse ne renferme pas de corps réducteurs éléments en traitant le composé par de l'acide
étrangers , tels que de l'acide sulfureux , par exem- azotique qu'on ajoute goutte à goutte et évaporant
ple. ensuite à sec, au bain-marie ; on pèse le résidu
Comme la liqueur iodée est susceptible d'alté- blanc ainsi obtenu et on en introduit une por-
ration , il faut la titrer avant chaque dosage ; ce tion pesée dans un tube à boule dans lequel on
titrage se fait aisément à l'aide d'une solution fait passer un courant d'hydrogène sulfuré, en
arsénieuse d'un titre connu (on emploie généra- chauffant doucement d'abord , puis au rouge nais-
lement une solution de 10 gr. d'anhydride arsé- sant; les oxydes d'étain et d'arsenic sont ainsi
nieux additionné de bicarbonate de sodium, dans transformés en sulfures ; le sulfure d'arsenic, étant
un litre d'eau). La quantité d'anhydride arsénieux volatil, se dégage et est reçu , au sortir de l'appa-
contenue dans l'essai est alors donnée par un reil , dans un ballon renfermant une solution
simple calcul de proportion [ Bunsen, Ann . de d'ammoniaque où il se dissout; à la fin de l'opé-
Chim. et de Phys., (3), t. XLI, 353] . ration, on coupe l'extrémité du tube dans lequel
2º Par le permanganate de potassium . Le s'est condensée une partie du sulfure d'arsenic; on
permanganate de potasse oxyde l'anhydride arsé- lave ce tube à l'ammoniaque et on ajoute les eaux
nieux; ce fait a d'abord été observé par Bussy de lavage à la première liqueur ammoniacale.
[Journ. de Pharm. , (3), t. XII , p . 321 ] et utilisé Celle-ci peut servir à déterminer la quantité d'ar-
par lui pour le dosage de l'acide arsénieux. Cette senic en la précipitant par l'acide chlorhydrique,
méthode a été reprise par Péan de Saint-Gilles, recueillant le sulfure d'arsenic qui se précipite,
qui l'a un peu modifiée ; il oxyde l'acide arsénieux l'oxydant par l'eau régale et le transformant en
par un excès d'une solution titrée de permanga- arséniate ammoniaco - magnésien qu'on pèse.
nate, et il détermine ensuite par un sei fer- Quant au résidu contenu dans la boule de l'ap-
reux l'excès du réactif ajouté [Ann . de Chim. et pareil, il est formé de sulfure d'étain avec un
de Phys., (3), t. LV, p. 385]. excès de soufre ; on le transforme en acide
Separation quantitative des acides arsénieux et stannique avec les précautions nécessaires et on
arsénique. - Il peut arriver qu'on veuille déter- le pèse.
miner dans un composé arsenical complexe, non- On peut aussi transformer le composé d'étain
seulement la quantité totale d'arsenic, mais la et d'arsenic en sulfures en le fondant avec du
quantité de ce corps existant à l'état d'acide ar- carbonate de sodium et du soufre, reprenant le
sénieux et d'acide arsénique ; une semblable produit par de l'eau et ajoutant de l'acide chlor-
détermination présente en général peu de diffi- hydrique à la solution ; les sulfures se précipi-
cultés. tent ainsi et peuvent être séparés comme ci-des-
On peut commencer par précipiter l'acide arse- sus (H. Rose).
nique à l'état d'arséniate ammoniaco-magnésien ; 2º Séparation par les bisulfites alcalins. - Le
si la liqueur est suffisamment étendue, l'acide sulfure d'arsenic se dissout dans le sulfite acide de
arsénieux reste en totalité dans la liqueur filtrée potassium, avec excès d'acide sulfureux, en don-
et peut y être précipité facilement par l'hydrogène nant de l'arsénite et de l'hyposulfite de potas-
sulfuré ; le précipité de sulfure ainsi obtenu peut sium ; le sulfure d'étain ainsi que le sulfure
être pesé directement ou transformé, après oxy- d'antimoine ne se dissolvent pas dans ces cir-
dation , en arséniate ammoniaco-magnésien. constances. Cette différence de propriété peut
On peut aussi, après avoir dosé la totalité de servir de méthode de dosage. Voici comment il
l'arsenic, déterminer sur un autre essai la quan- convient d'opérer : on précipite l'étain et l'arsenic
tité d'acide arsénique à l'état d'arséniate ammo- (et l'antimoine) par l'hydrogène sulfuré, en pré-
niaco-magnésien , ou l'acide arsénieux par une des sence de l'acide chlorhydrique ; on traite le mé-
méthodes volumétriques décrites plus haut , ou lange de sulfures par du sulfure de potassium et
par le chlorure d'or. on sature la liqueur par du gaz sulfureux ; on
On pourrait aussi, sur la même portion, par laisse digérer le tout au bain-marie jusqu'à ex-
les liqueurs titrées, doser et l'acide arsénieux et pulsion complète de l'acide sulfureux et on sépare
l'acide arsénique . Pour cela, on ferait d'abord un par le filtre le précipité formé ; ce précipité ren-
titrage, par la liqueur iodée, de l'acide arsénieux ferme tout l'étain (et l'antimoine), tandis que la
contenu dans la liqueur, puis réduisant le tout liqueur filtrée renferme tout l'arsenic à l'état
par l'acide sulfureux et chassant avec soin l'excès d'arsénite de potassium dans lequel on détermine
de ce réactif, doser à nouveau la quantité d'ar- aisément l'arsenic par une des méthodes men-
senic ; dans ce second titrage, on déterminerait la tionnées plus haut. Quant au sulfure d'étain, on
totalité de l'arsenic contenu dans la liqueur, et la peut le transformer en acide stannique qu'on
différence entre les deux titrages indiquerait la calcine et qu'on pèse.
quantité d'arsenic existant à l'état d'acide arse- Arsenic et antimoine. 1º Lorsque l'arsenic
nique. et l'antimoine se trouvent ensemble à l'état mé-
SÉPARATION DE L'ARSENIC D'AVEC LES MÉTAUX . tallique, on peut les séparer en chauffant la com-
L'arsenic, amené dans une liqueur à l'état d'acide binaison pulvérisée dans un courant de gaz car-
arsénieux, est précipité entièrement et avec faci- bonique ; l'arsenic se volatilise et l'antimoine reste.
lité par l'hydrogène sulfuré dans une liqueur 2º On peut aussi traiter la combinaison par de
acide, et le sulfure ainsi obtenu se dissout rapi- l'acide azotique qui transforme l'arsenic en acide
dement dans les sulfures alcalins ; il est donc arsénique et l'antimoine en oxyde d'antimoine ou
facile de le séparer de tous les métaux qui n'ap- en acide antimonique ; on peut, dans ce cas, préci-
partiennent pas à ce groupe analytique. Il n'y a piter l'acide arsénique à l'état de sel ammoniaco-
en conséquence à examiner que sa séparation magnésien.
d'avec l'or, le platine, l'étain et l'antimoine. 3º Dans la généralité des cas , on a à ramener
L'or et le platine sont facilement séparés de ces deux corps à l'état de sulfures (c'est ainsi
l'arsenic le premier, en le précipitant à l'état qu'on les obtient dans la séparation des autres
métallique par un agent réducteur ; le second , en métaux) . Dans ce cas, on peut traiter le mélange
le précipitant à l'état de chloroplatinate de potas- de sulfures par le bisulfite de potassium, comme
sium ou d'ammonium . La séparation peut encore cela a été dit pour l'étain.
ARSENIC. - 417 - ARSINES .
4° On peut aussi traiter ces sulfures par de ARSÉNIOSIDÉRITE. Dufrénoy. (Min . ) [Syn .
l'acide chlorhydrique concentré et froid ; le sul- Arsénocrocite. ] ---
— Arséniate ferrico-calcique hy-
fure d'antimoine se dissout, tandis que le sulfure draté, d'une composition encore mal définie.
d'arsenic reste et peut être transformé en arsé- Masses globulaires se séparant en fibres sous
niate ammoniaco-magnésien . Pour doser l'anti- les doigts. Brun jaunâtre ; ressemblant à l'or mus-
moine dans la liqueur chlorhydrique on y ajoute sif.
de l'acide tartrique et on précipite par l'hydro- Caractères. -· Soluble dans les acides ; donne
gène sulfuré. de l'eau dans le tube. Fond en un émail noir avec
5º On fond le mélange de sulfures avec 6 p. une faible odeur arsenicale qu'on peut développer
environ d'un mélange d'azotate et de carbonate par l'addition de la soude. Dureté, 1-2. Pous-
de sodium jusqu'à ce que la masse en fusion soit sière jaune brun. Densité, 3,52 - 3,88.
parfaitement blanche, on reprend ensuite par ARSENOCROCITE. -Voyez ARSENIOSIDÉRITE.
l'eau qui dissout de l'arséniate de sodium et laisse ARSENOLITHE (Min . ) [Syn. Arsenite, Haid,
de l'antimoniate. On précipite la liqueur filtrée à arsenic oxyde H, arsenikblüthe, arsenic blanc,
l'état d'arséniate ammoniaco-magnésien. Breug?]. Acide arsénieux anhydre octaédrique
6º Une méthode rigoureuse consiste à traiter As203 . Cristaux capillaires, croûtes minces, ou
le mélange de sulfures par de l'acide chlorhydri- concrétions botryoides , d'un éclat vitreux ou
que et du chlorate de potassium ajouté par petites soyeux, d'une couleur blanche ou jaunâtre ; trans-
portions dans la liqueur chauffée ; quand la dis- parent ou opaque. Se rencontre accidentellement
solution est complète, on chauffe encore pour dans les mines de Saxe, de Bohême , etc. , accom-
chasser tout l'oxyde de chlore ; on ajoute de l'a- pagnant les arséniures .
cide tartrique et on précipite l'acide arsénique Caractères. Légèrement soluble dans l'eau.
par le sulfate de magnésium additionné d'ammo- Volatil dans le tube fermé, sans fusion préalable
niaque et de sel ammoniac; quant à l'antimoine, et se condensant en petits cristaux octaédriques.
on le précipite dans la liqueur filtrée par l'hydro- Sur le charbon, odeur d'ail .
gène sulfuré. Dureté, 3. Densité, 3,7 ,
7° Enfin , on peut chauffer les sulfures avec Forme cristalline. -Octaèdres réguliers sou-
12 p. environ d un mélange de carbonate de so- vent allongés dans une direction perpendiculaire
dium sec et de cyanure de potassium, en faisant à deux faces opposées. Clivage assez net selon les
passer, dans le tube où l'on opère, un courant faces de l'octaèdre (a¹).
lent d'acide carbonique ; l'arsenic se volatilise et ARSÉNOMÉLANE . -- Voyez BINNITE et DuFRÉ-
forme un anneau métallique, tandis que l'anti- NOYSITE ,
moine reste en totalité si la température n'a pas ARSENOPYRITE. - Voyez MISPICKEL .
été trop élevée et le courant de gaz carbonique ARSENPHYLLITE ( Min. ) [ Syn. Arsenite ].
trop fort. Acide arsénieux anhydre As2 03. - Cette espèce
Arsenic, antimoine et étain. ― L'alliage de ces est isomorphe avec la valentinite et présente la
trois métaux, finement pulvérisé, est traité par même composition que l'arsénolithe (acide arsé-
l'acide azotique ; on évapore à sec, et on calcine nieux en octaèdres réguliers ) : on a des doutes sur
le produit de l'oxydation avec 8 fois son poids son existence dans la nature.
environ d'hydrate de sodium dans un creuset ARSINES. - · Combinaisons de l'arsenic avec
d'argent ; le produit de la fusion est ensuite re- les radicaux d'alcool.
pris par l'eau à laquelle on ajoute son volume
d'alcool ; l'antimoniate de soude reste insoluble ; ARSENÉTHYLES.
on le lave à l'alcool faible et on le traite ensuite
pour doser l'antimoine. La liqueur filtrée, qui [ Cahours et Riche , Compt. rend. de l'Acad. des
renfermé de l'arséniate et du stannate de sodium , sciences, t. XXXVI , p. 1001 , t. XXXIX, p. 541 ;
donne par l'acide chlorhydrique un précipité H. Landolt, Ann. der Chem . u. Pharm.,
d'arséniate stannique qu'on transforme en un t. LXXXIX, p. 301 , t. XCII, p. 365 ; - Cahours,
mélange de sulfures d'étain et d'arsenic dont on Compt. rend. de l'Acad. des sciences, t. XLIX,
opère la séparation par les méthodes indiquées. p. 87, t. L, p. 1022. ]
On opère souvent cette séparation par une mé- On connaît les composés
thode très-simple, mais qui n'est pas très-rigou- As Et, As Et2, AsEt³, As Et (Et = C2H5 éthyle) ,
reuse, elle repose sur la précipitation de l'arsenic, les uns à l'état de liberté, les autres en combinai-
de l'antimoine et de l'étain à l'état métallique par sons.
le zinc. On traite par l'acide chlorhydrique la 1º ARSENMONÉTHYLE , AS (C2H5). - Radical non
poudre métallique ainsi obtenue : l'étain se dis- encore isolé. On obtient son diiodure en faisant
sout ; on filtre , on lave le résidu pour le trai- réagir l'iode sur l'iodure d'arsendiéthyle ou sur
ter ensuite par l'acide azotique : l'antimoine se l'arsendiéthyle lui-même. On a, en effet,
transforme en oxyde d'antimoine insoluble, tan- As (C2H5 21+ I² = (C2H5) I + As (C2 H5) Iª
dis que l'arsenic se dissout à l'état d'acide arsé- Iodure Iodure Diiodure
nique. E. W. d'arsendiéthyle. d'éthyle. d'arsenmon-
ARSENIC (Min . ) [Syn . Arsenic natif] .- Arsenic éthyle.
renfermant d'ordinaire quelques centièmes d'anti- ou As (C2H3)2 + 13 = ( C2H5) I + As (C² H5) 12.
moine, de bismuth ou d'arséniures d'argent et de
cobalt. Il se trouve rarement cristallisé , d'ordi- Ce diiodure, chauffé avec un excès d'oxyde d'ar-
naire en masses amorphes souvent concrétionnées gent, en présence de l'eau, donne l'acide arsen-
et testacées, quelquefois bacillaires ; noir à la sur- monoéthylique As (C2H5) H203.
face, gris métallique dans les cassures fraîches ; 2º ARSENDIETHYLE OU ÉTHYLCACODYLE ,
dans les filons argentifères et cuprifères. 2 [(C2H5) . As].
Caractères. - Attaquable par l'acide azotique,
volatil dans le tube ; sur le charbon , donne des -Liquide oléagineux , jaune clair, réfringent, bouil-
fumées blanches, et une odeur alliacée caracté- lant entre 185° et 200° ; d'une odeur alliacée, forte
ristique. et désagréable ; plus dense que l'eau et insoluble
Dureté, 3,5. Fragile. Densité , 5,8 - 5,9. dans ce liquide ; très-soluble dans l'alcool et l'é-
Forme cristalline. Rhomboèdre de 85°41'. ther. Il s'enflamme spontanément au contact de
Clivage basal (a¹ ) facile., l'air et brûle avec une flamme livide. Si le con-
ARSENIC SULFURE. Voyez ORPIMENT et tact avec l'air ou l'oxygène est ménagé, l'ab-
ᎡᎬᎪᏞᏩᎪᎡ . sorption a lieu sans incandescence et il se forme
1- 27
ARSINES . - 418 - ARSINES.

de l'acide éthylcacodylique. Les solutions alcoo- ther. On l'obtient directement en ajoutant une
liques de ce corps réduisent le nitrate d'argent et solution éthérée d'iode à une solution éthérée
l'oxyde de mercure, en mettant le métal en liberté. du radical, tant que l'iode est absorbé, et en éva-
L'arsendiéthyle s'unit directement au chlore, au porant à l'abri de l'air. Cahours et Riche ont
brome, à l'iode ; la combinaison est accompagnée observé sa production par la décomposition , sous
d'une forte élévation de température ; il se com- l'influence de la chaleur, du composé d'iodure
bine aussi au soufre. L'acide nitrique concentré d'arsenéthylium et d'iodure d'arsenic :
l'attaque avec ignition ; l'acide étendu l'oxyde
également ; il se forme dans ce cas un corps [(C2H5) As . I. As I³].
rouge.
Mode de formation et préparation. - L'arsen- On a, en effet,
diéthyle se forme, en même temps que d'autres
produits arsénio-éthyliques, par l'action de l'io- 2 [ (C2H5) As. I. As 1³]
dure d'éthyle sur l'arséniure de potassium ou de = (C2H5) As I + As 13 + 2 [ (C2H5)3 As I²] .
sodium ; on peut aussi l'extraire en réduisant
par le zinc l'iodure d'éthylcacodyle. Voici com- On recueille les parties qui passent entre 228°
ment M. Landolt prescrit d'opérer : On commence et 232°, pendant la rectification. Distillé sur de
par remplir aux deux tiers une série de petits l'amalgame de zinc, il donne de l'arsendiéthyle.
ballons de 100 grammes avec de l'arséniure de Les acides sulfurique et azotique le décomposent,
sodium broyé avec du sable quartzeux. Les bal- avec mise en liberté d'iode. Sa solution alcoo-
lons sont bouchés et servent successivement. On lique précipite par le nitrate d'argent (iodure
ajoute au premier de l'iodure d'éthyle en quantité d'argent) ; elle ne précipite pas par le sublimé. Il
suffisante pour mouiller la masse, et l'on adapte brûle difficilement, en dégageant de l'iode.
un tube de dégagement. La réaction s'établit En faisant réagir 2 atomes d'iode sur 1 molé-
d'elle-même, la masse s'échauffe et il distille de cule d'iodure de cacodyle éthylique ou 3 atomes
l'iodure d'éthyle, que l'on condense dans un réci- d'iode sur 1 atome de cacodyle libre, on forme de
pient tubulaire rempli d'acide carbonique et placé l'iodure d'éthyle et de l'iodure d'arsenmonéthyle
lui-même dans un vase cylindrique constamment
traversé par un courant d'acide carbonique. On (C2H5)2 As + 13 = C² H³I + (C² H³) As 12.
continue à verser de l'iodure d'éthyle tant qu'il
y a échauffement. Arrivé à ce point, on chasse Ce dernier produit, distillé avec 2 atomes d'iode ,
l'excès d'iodure d'éthyle par une élévation conve- donne de l'iodure d'éthyle et de l'iodure d'ar-
nable de température ; quand le liquide distillé senic.
commence à se condenser à l'origine du tube ad- i L'iodure de cacodyle éthylique I (C2H5)2 As et
ducteur, on introduit l'extrémité de celui-ci dans l'iodure d'arsenmonéthyle (C2H5) As 12, traités par
un second récipient placé dans le même cylindre l'oxyde d'argent, perdent tout leur iode en don-
et l'on élève progressivement la température au nant des acides cristallisables de formules
rouge sombre. L'opération étant terminée pour le
premier ballon, on la recommence avec le second, As (C2H5)2 HO2 et As (C2H5) H2O3,
et ainsi de suite. 500 grammes d'iodure d'éthyle
donnent environ 60 à 70 grammes de produit qui offrent la plus grande analogie avec les com-
brut , mélange d'arsendiéthyle et d'arsetrié- posés méthyliques correspondants (acides caco-
thyle. dylique As (CH3) 2 HO2 et arsenmonométhylique
Le produit brut, chauffé dans un courant d'a- As (CH3) H3 03).
cide carbonique, jusqu'à ce qu'un thermomètre, NITRATE D'ÉTHYLCACODYLE ,
dont la boule plonge dans le liquide, marque
200°, donne un résidu composé d'arsendiéthyle à (C2 H5)2 As . Az O³,
peu près pur. On arrive à un rendement plus et SULFATE D'ÉTHYLCACODYL E,
considérable en vidant le contenu du ballon, après
l'action d'un excès d'iodure d'éthyle sur l'arse-
[ (C2H5)2 As ]2SO4 + H2O.
niure de sodium, dans un flacon rempli d'éther
et d'acide carbonique. On ferme et on agite vive- Ils s'obtiennent en beaux cristaux par double
ment : l'éther est décanté dans un flacon rempli décomposition opérée entre l'iodure précédent et
d'acide carbonique. Cette opération est répétée le nitrate ou sulfate d'argent en solution alcoo-
jusqu'à épuisement . Il se sépare ordinairement lique.
une poudre jaune, fusible à 70º et insoluble dans ACIDE ETHYLCACODYLIQUE ,
tous les réactifs. Le liquide clair, additionné
d'alcool absolu , est distillé dans un courant d'a- (C2H5)2As HO².
cide carbonique jusqu'à élimination de l'éther . - Il se forme par l'oxydation lente, au contact de
Le résidu liquide et fumant est traité par l'eau
bouillie qui dissout de l'iodure d'arsenéthylium l'air, du cacodyle éthylique pur ou en solution
I As (C2 H ) et précipite l'arsendiéthyle encore alcoolique ; ou bien encore par l'action de l'oxyde
impur. de mercure sur le radical . La réaction se fait
Il vaut mieux fractionner la précipitation par avec élévation de température ; pour éviter la
l'eau et séparer les premières portions qui se formation de l'éthylcacodylate de mercure , on
déposent lorsque l'on ajoute assez d'eau pour fait intervenir un excès d'éthylcacodyle ; ou bien
produire un trouble notable. La partie insoluble on précipite le sel mercurique par un excès de
dans l'éther cède encore à l'alcool absolu des baryte hydraté, qu'on enlève ensuite par l'acide
composés arséniés solides et .huileux encore mal carbonique. Le sel barytique est décomposé par
définis. l'acide sulfurique. On l'obtient encore en trai-
On connaît les combinaisons suivantes : tant l'iodure d'éthylcacodyle par l'oxyde d'argent.
IODURE D'ARSENDIÉTHYLE OU D'ÉTHYLCACODYLE , Le corps cristallise en feuillets blancs , transpa-
rents et brillants, de saveur acide et amère, à
(C2H5)2 As I, réaction acide, sans odeur , déliquescents , très-
correspondant au type As H³. Liquide oléagi- solubles dans l'eau et l'alcool, peu solubles dans
neux , jaune, non fumant ; odeur forte persistante, l'éther. Il fond à 190° et cristallise par refroidis-
désagréable , provoquant les larmes et le coryza, sement; à une température plus élevée, il se
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'é- décompose avec production d'acide arsénieux .
ARSINES . 419 - ARSINES .
L'acide nitrique concentré, l'eau régale, l'acide sieurs fois sur de la potasse caustique, dans une
sulfureux, le sulfate ferreux sont sans action ; atmosphère d'hydrogène, le produit de l'action de
l'acide phosphoreux le réduit à chaud. l'iodure d'éthyle sur l'arséniure de zinc.
Ethylcacodylate de baryte, COMBINAISONS DE TRIETHYLARSINE. Elle s'unit
à 2 atomes de chlore, de brome , d'iode , à 1 atome
[(C2H5)2 As O²] 2Ba" . (C2H5) As HO². d'oxygène, de soufre , etc. , et forme ainsi des
corps dans lesquels les cinq atomicités de l'arsenic
Il se forme directement en saturant l'acide sont neutralisées.
éthylcacodylique par un excès de baryte et en pré- Bromure, (C2H5) As . Br2. - Il se forme directe-
cipitant cet excès par l'acide carbonique. Masse ment par addition d'une solution alcoolique de
cristalline, incolore, déliquescente, très-soluble brome à une solution également alcoolique du
dans l'eau, peu soluble dans l'alcool . On ne con- radical. Après avoir versé un léger excès de brome,
naît pas le composé [ {C² H³) As O²]² Ba" représen- on évapore au bain-marie . On obtient , par re-
tant le sel neutre. froidissement, des cristaux jaunâtres, déliques-
L'acide éthylcacodylique donne avec l'acé- cents, très-solubles dans l'eau et l'alcool, inso-
lubles dans l'éther; saveur amère , odeur provoquant
tate de plomb, un précipité blanc ; avec le per- l'éternument. Il fond sous l'influence de la cha-
chlorure de fer, un précipité brun pulvérulent ;
avec le sel de cuivre, un précipité verdâtre ; avec leur, et s'enflamme. Le chlore et l'acide azotique
le nitrate mercureux, un précipité blanc, inso- mettent du brome en liberté ; l'acide sulfurique
luble dans l'acide nitrique étendu ; avec le ni- concentré dégage de l'acide chlorhydrique.
Chlorure. - Il semble se former par l'action
trate d'argent, un précipité jaune intense, très-
soluble dans l'ammoniaque, se transformant en de l'acide chlorhydrique sur l'oxyde de triéthyl-
une poudre noire par la dessiccation . L'éthylcaco- arsine, mais l'eau détruit la combinaison en pré-
dylate de mercuricum est soluble et déliquescent. cipitant l'oxyde.
En ajoutant une solution alcoolique de su- En ajoutant une solution alcoolique de bichlo-
blimé à une solution alcoolique d'arsendiéthyle, rure de mercure à une solution alcoolique de
en chauffant au bain-marie jusqu'à solution du triéthylarsine, tant qu'il se forme un précipité,
précipité blanc qui se forme , et en laissant en dissolvant ce précipité dans l'eau mère , grâce
refroidir, on obtient un dépôt cristallin blanc, à une élévation convenable de température, il se
inodore, peu soluble dans l'eau et l'alcool froids, sépare des aiguilles brillantes d'une combinaison
de dichlorure d'arsentriéthyle avec le sous-oxyde
plus soluble à chaud. Au début, il se développe
une odeur insupportable. La chaleur et l'acide de mercure 2 [(C2H5)3As. Cl2) . Hg2O .
Iodure, (C2H53 As. 12. - Čahours et Riche ont
nitrique concentré décomposent ce corps. Landolt obtenu en distillant le composé (C2 H5) As I. As 13,
représente sa composition par la formule
formé par l'action de l'iodure d'éthyle sur l'arse-
nic, un liquide bouillant entre 180° et 190°. Ce
[(CH3)2 As ]C13. 2 (Hg" O). liquide, distillé avec de l'amalgame de zinc, donne,
outre la triéthylarsine, de beaux cristaux d'iodure
Il se forme encore, dans cette réaction , d'autres solubles dans l'alcool. Le même corps se précipite
produits moins bien étudiés. en flocons jaune de soufre par l'addition d'une
Le corps rouge qui prend naissance au con- solution éthérée d'iode à une solution éthérée de
tact avec l'air d'une solution alcoolique d'arsendi- triéthylarsine. L'iodure est soluble dans l'eau et
éthyle correspond à l'érythrarsin du cacodyle mé- l'alcool, peu soluble dans l'éther ; il s'altère rapi-
thylique. Il est insoluble dans l'eau, l'alcool et dement en brunissant et en dégageant de l'iode.
l'éther. I brûle avec une flamme livide et se Sa solution aqueuse précipite les sels de plomb
décompose par la distillation sèche. et d'argent (iodures de plomb et d'argent) ; l'acide
3º TRIETHYLARSINE , AS (C² H5)³ .- Liquide oléa- nitrique le décompose ainsi que l'acide sulfu-
gineux, incolore, fortement réfringent. Densité, rique ; l'acide chlorhydrique chaud le dissout
1,151 à 16°, 7 ; densité de vapeur trouvée, 5,278 , sans altération. La potasse le convertit en oxyde
calculée pour la formule As ( C2H5)3 correspondant de triéthylarsine.
à 2 volumes 5,627 ; bout à 140º (Cahours et Riche) ; On connait la combinaison
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'é-
ther. Il répand des fumées à l'air et s'enflamme (C2H53 As.12 + (C² H³) I Zn.
spontanément si on le chauffe légèrement. Con-
servé dans l'eau, dans un flacon incomplétement C'est une masse cristalline qui se forme par l'ac-
bouché, il absorbe peu à peu l'oxygène et se con- tion de l'iodure d'éthyle sur l'arséniure de zinc.
vertit en oxyde d'éthylarsine (C2H5³ As . O. La Oxyde, (C2H5)3 As.Ö.- Liquide jaunâtre, odeur
triéthylarsine pure se recouvre, dans un vase mal alliacée , provoquant les larmes ; insoluble dans
bouché, de beaux cristaux tabulaires , inodores, l'eau et plus dense que l'eau , soluble dans l'alcool
à réaction acide, solubles dans l'alcool et l'éther, et l'éther et dans l'acide azotique moyennement
insolubles dans l'eau qui les convertit en un li- concentré; il ne fume pas à l'air, mais il absorbe
quide huileux ; leur solution alcoolique donne l'oxygène et se trouble.
avec le nitrate d'argent un précipité floconneux L'oxyde de triéthylarsine prend naissance par
jaune. l'oxydation directe et lente du radical. Il se pré-
L'acide nitrique concentré attaque énergique- pare le mieux en procédant comme il suit. La
ment la triéthylarsine, avec production de lu- masse résultant de l'action de l'iodure d'éthyle
mière; si l'on affaiblit l'acide jusqu'à la densité sur l'arséniure de sodium est épuisée par l'éther
de 1,42 , il se forme de l'azotate de triéthylarsé- qui enlève la diéthylarsine, puis par l'alcool. La
nium. L'acide sulfurique est réduit à l'état d'acide solution alcoolique est évaporée et le résidu est
sulfureux. distillé en présence de l'air. Le liquide distillé se
La triéthylarsine représente le produit princi- compose de deux couches, l'une aqueuse, l'autre
pal de l'action de l'iodure d'éthyle sur l'arséniure huileuse. Cette dernière se partage à son tour, par
de sodium ; on l'obtient à peu près pure en recti- le repos, en une couche épaisse renfermant de
fiant le produit brut provenant de la distillation l'iode et en un liquide surnageant plus mobile,
du mélange des deux corps, après réaction , et en composé essentiellement d'oxyde . Il suffit de le laver
recueillant ce qui passe entre 140° et 180° . Elle se à l'eau et de le sécher sur du chlorure de calcium ,
forme encore par l'action de l'amalgame de zinc pour l'obtenir pur. L'azotate de triéthylarsine se
sur l'iodure d'éthylarsine , ou en distillant plu- prépare par l'action de l'acide itrique étendu sur
ARSINES. - 420 ARSINES .

l'oxyde ou le radical ; il constitue des cristaux Cahours, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LXII,
déliquescents. p. 301 ] . L'arsenic disparaît peu à peu, et l'on ob-
Sulfure, (C2H5) 3 As S. - Beaux cristaux prismati- tient un liquide brun qui se prend par le refroi-
ques, à saveur amère, inodores, inaltérables à l'air, dissement en une masse cristallisée en belles ta-
fusibles un peu au-dessus de 100°. A une tempé- bles brun rougeâtre. Il est soluble dans l'alcool
rature plus élevée, le liquide bout en se décom- bouillant et s'en sépare par l'évaporation en ai-
posant. Le sulfure est soluble dans l'alcool , l'eau guilles minces, rougeâtres. Sous l'influence d'une
chaude et l'éther bouillant, très-peu soluble dans lessive bouillante et concentrée de potasse caus-
l'éther froid. L'acide nitrique concentré l'oxyde, tique, on obtient une huile incolore qui se con-
l'acide chlorhydrique étendu dégage de l'hydro- crète par refroidissement. On laisse cette masse
gène sulfuré, avec production de chlorure. La exposée à l'air pour carbonater la potasse ; en re-
potasse bouillante ne l'attaque pas ; le nitrate prenant par l'alcool absolu bouillant, on obtient
d'argent (solution aqueuse ) donne un précipité des prismes incolores d'iodure d'arsénéthylium .
noir de sulfure. Les sels de plomb et de cuivre | Celui-ci distillé plusieurs reprises sur des frag-
sont sans action . Le sulfure de triéthylarsine se iments de potasse laisse dégager de l'arsentriéthyle
forme directement ou par l'action de l'oxyde de pur.
triéthylarsine sur le quintisulfure . Pour le pré- En chauffant de 170°à 175°, pendant vingt- quatre
parer, il suffit de faire bouillir avec de la fleur de heures et en tube scellé, un mélange d'arséniure
soufre une solution éthérée de triéthylarsine et de zinc et d'iodure d'éthyle, en épuisant la masse
de décanter le liquide bouillant ; le corps cristal- solide par l'alcool, on obtient par l'évaporation
lise par refroidissement et se purifie facilement spontanée des prismes brillants jaunâtres, termi-
par une nouvelle cristallisation dans l'alcool ou nés par des pointements pyramidaux. Ces cristaux
l'eau. L'évaporation spontanée de sa solution représentent une combinaison d'iodure de zinc et
éthérée chaude le fournit en très-beaux cristaux. d'iodure d'arsénéthylium [ (C² H5)* As I ]² . Zn " 12.
4° TÉTRETHYLARSONIUM . - La triéthylarsine Une lessive concentrée de potasse le dédouble en
s'unit directement à l'iodure d'étyle, comme son iodure de potassium , zincate de potasse et iodure
analogue la triéthylamine, et donne l'iodure de de tétréthylarsonium . Avec l'iodure de cadmium,
tétréthylarsonium (C2H5) AsI. La réaction s'effec- on obtient dans les mêmes conditions le composé
tue au bout de quelques heures et se fait mieux [(C2H5 ) + As I ] 2. Cd 12 dont les propriétés sont ana-
à froid qu'à chaud . L'iodure traité par l'oxyde logues.
d'argent donne un hydrate L'iodure d'arsénéthylium en solution alcoolique
étant mélangé à deux équivalents d'iode, on ob-
(C² H³) As . O II tient une poudre noirâtre qui se dissout à l'ébul-
lition et cristallise par refroidissement en aiguilles
susceptible de réagir directement sur les acides. brunes à éclat métallique, semblables aux cristaux
La concordance avec la série des amines se ré- d'hypermanganate de potasse, peu solubles à froid
vèle ici très-nettement. Les combinaisons du té- dans l'eau et l'alcool, peu solubles dans l'éther.
tréthylarsonium sont généralement solides, facile- Leur composition est représentée par la formule
ment cristallisables, solubles dans l'eau, à saveur (C2H5) As I³ (triodure de tetréthylarsonium). La
amère, sans odeur et inoffensifs. Le radical lui- distillation sèche le dédouble en iodure d'éthyle et
même n'a pas encore été isolé. l'iodure de cacodyle éthylique :
Bromure, (C2H5) As.Br. - Cristaux blancs dé-
liquescents, solubles dans l'eau et l'alcool. Se As (C2H5)+ 13 = 2 (C2H5) I + As (C² H5)2I.
comporte comme les bromures alcalins avec les
acides sulfurique, chlorhydrique, azotique et avec La réaction la plus intéressante de l'iodure d'arse-
les sels métalliques. Se prépare par l'action de nethylium est celle avec l'oxyde d'argent précipité,
l'acide bromhydrique sur l'hydrate d'oxyde. en présence de l'eau . Celui-ci est attaqué avec
Chlorure, (C2H5) As.Cl + 4 H2O. Cristaux production d'iodure d'argent et d'hydrate d'arsé-
incolores, déliquescents, solubles dans l'eau et néthylium :
l'alcool , insolubles dans l'éther. Il fond à chaud
dans son eau de cristallisation et se décompose 2 (C2 H5) As I + Ag2O + H2O
en la perdant. L'acide sulfurique dégage de l'acide = 21 Ag + 2 (C2H5) As . OH .
chlorhydrique; le nitrate d'argent donne un pré-
cipité de clorure d'argent; avec le sublimé, il se Hydrate, (C2H5) As . OH. - Le liquide filtré ,
forme un sel double. Se forme par l'action de provenant de la réaction précédente , concentré à
l'acide chlorhydrique sur l'hydrate d'oxyde. sec, l'abri de l'air, donne une masse incolore,
Chloroplatinate , 2 [ (C2H5) As Cl] . Pt C. - Pré- fortement alcaline, attirant fortement l'humidité
cipité cristallin jaune orangé formé par le chlo- et l'acide carbonique de l'atmosphère. L'hydrate
rure platinique, dans une solution concentrée de de tétréthylarsine chasse l'ammoniaque des sels
chlorure de tétréthylarsonium. Peu soluble dans ammoniacaux et précipite les oxydes métalliques.
l'eau froide, plus soluble à chaud. Bisulfate,
Iodure, (C2H5) As. I. - Longues aiguilles inco- H
lores , solubles dans l'eau et l'alcool, insolubles (C2H5 ) AS SO .
dans l'éther et l'alcool éthéré. L'acide nitrique le
décompose avec mise en liberté d'iode ; l'acide Cristaux solubles dans l'eau et l'alcool, insolu-
sulfurique dégage de l'iode , de l'acide iodhydrique bles dans l'éther. On l'obtient en traitant l'iodure
et de l'acide sulfureux. Le composé rouge, cristal- par le sulfate d'argent, en présence d'un excès
lisé en magnifiques tables , formé par l'action d'acide sulfurique, en filtrant et en évaporant.
de l'iodure d'éthyle sur l'arsenic, peut être con- COMPOSÉS DÉRIVÉS DE L'ACTION DU DIBROMURE
sidéré comme formé d'une combinaison d'iodure D'ÉTHYLENE SUR LA TRIETHYLARSINE [ Hofmann ,
d'arsenic et d'iodure d'arsénéthylium Compt. rend. de l'Acad. des sciences, t. LII ,
p. 501 et suiv.] .
(C2H5) As.I As I³ ; Bromure de bromethyl-triéthylarsonium ,
soumis à la distillation sèche, il donne de l'iodure [C2 H+Br. (C2H5)3 As ] Br ou C8H19 As Br².
de diéthyle et de l'iodure de triéthylarsine. Pour
le préparer, on chauffe en vase clos, à 160° ou On laisse digérer, à une température ne dépas-
170°, un mélange d'arsenic et d'iodure d'éthyle sant pas 50°, un mélange de triéthylarsine et de
ARSINES . 421 ARSINES .
dibromure d'éthylène C² H+ Br². On traite par l'eau très-beaux sels. On a analysé : le chloroplatinate
la masse résultant de la réaction , et l'on obtient
le bromure par l'évaporation , sous forme de très- [(CH ) (C2H5,6 As2 ] C12 . Pt Cl
beaux cristaux ( dodécaèdres rhombiques ) ; leur qui est un précipité cristallin jaune, soluble dans
forme est la même que celle du bromure de brom- l'acide chlorhydrique, d'où il se sépare en cris-
éthyl-triéthylphosphonium . Il est très-solubie dans taux ; le sel d'or ou chloraurate
l'alcool bouillant, peu soluble dans l'alcool froid,
ce qui permet de le purifier facilement. [(C² H¹) (C2H5)6 As² ] Cl² . 2 Au Cl³,
Chloroplatinate de bromethyl-triéthylarsonium , composé jaune, faiblement cristallin , soluble dans
l'acide chlorhydrique qui le dépose, par refroi-
[(C² H+ Br) (C2H53 As ]2 C12 . Pt Cl . + dissement, sous forme de lames jaune d'or. Il se
- Pour le préparer, on commence par transfor- précipite quand on verse du trichlorure d'or
mer le bromure en chlorure au moyen du chlo- dans le dichlorure obtenu après la séparation du
platine.
rure d'argent et l'on ajoute à la solution du Arsammonium éthylène-triéthylique . Le bro-
chlorure de platine. Il cristallise en belles ai-
guilles, difficilement solubles dans l'eau froide et mure de triéthylarsonium brométhyle s'unit di-
même dans l'eau bouillante. rectement à l'ammoniaque et aux monoamines.
Vinyl-triethylarsonium.- Le bromure de bro- Ainsi, avec l'ammoniaque à 100 ° , on obtient au
bout de deux heures le composé
méthyl- triéthylarsonium perd la moitié de son
brome sous l'influence du nitrate d'argent, l'autre
moitié résiste à cette influence, mais peut être [ (C² H¹ ) { (CHE19
H3 AS
) 34
Az2]] Br².
éliminée lorsqu'on fait réagir l'oxyde d'argent.
Ainsi , en chauffant la solution de bromure de Ce sel, chauffé avec l'oxyde d'argent, donne une
brométhyl-triéthylarsonium avec un excès d'oxyde base caustique et stable
d'argent, on a (C2 H ) (C2H5)³ As . H³ Az. 2 (OH) .
[(C2H+ Br) (C2H5) 3 As] Br + Ag2O
= 2 Br Ag + (C2H³) ( C² H³)³ As . O H. M. Hofmann a analysé le chloroplatinate
[(C2H¹) (C2H5)3 As H³Az] Cl². Pt Cl ,
En effet, le liquide fortement alcalin que l'on ob-
tient ainsi étant neutralisé par l'acide chlorhy- précipité jaune, difficilement soluble dans l'eau
drique et précipité par le chlorure de platine, il bouillante, soluble dans l'acide chlorhydrique
se précipite un sel double cristallisable en beaux concentré chaud , et cristallisant par refroidisse-
ment sous forme d'aiguilles. Le chlorure d'arsam-
octaèdres assez solubles, correspondant à la for-
mule : monium triéthyl-éthylénique, retiré du composé
[(C2H3) (C2H5)3 As] 2Cl2. Pt Cl¹ . platinique, donne avec le trichlorure d'or un pré-
cipité jaune, soluble dans l'acide chlorhydrique
M. Hofmann admet qu'il se forme d'abord un et se déposant, par refroidissement, en lames
composé hydroxyl - éthylénique correspondant à jaune d'or :
celui de la série du phosphore :
[(C2H ) (C2H5)3 As . H³ Az] Cl². 2 Au Cl³.
[(C2 H* Br) (C2H5) ³ As] Br + Ag2O + H2O Phospharsonium éthylène -hexéthylique [ Hof-
=: 2 Br Ag + [ ( C2H5 O) (C² H5)³As ] . OH ; mann , Compt. rend. de l'Acad. des sciences,
t. II, p . 313]. - En chauffant pendant vingt-
et celui-ci se décomposerait d'après l'équation quatre heures à 100°, dans un tube scellé, un
mélange de bromure de brométhyl-triéthyl-phos-
(C2H5O) (C2H5)3 As.OH phonium et de triéthylarsine , on obtient une
=· 11²O + (C² H³) (C² H5)³ As . O H. masse cristalline composée de dibromure d'éthy-
lène phospharconium hexéthylique formé par ad-
Bien que dans la plupart des digestions de dition directe
l'oxyde d'argent avec le bromure de brométhyl-
arsonium on ait vu se former, même à la tempé- [ (C²H+ Br) (C² H5)³ Ph] Br + (C2H5¸³ As
rature ordinaire , le composé vinylique, l'exis- (C2H53 Ph
tence du corps hydroxyl-éthylénique est probable, = [ (C² H¹) (C2115,3As Br².
car dans des circonstances encore mal définies
l'action de l'oxyde d'argent a donné lieu à un sel Traité à froid par l'oxyde d'argent, ce sel se
platinique octaédrique dont la composition était convertit en dioxyde dont les propriétés physi-
celle du corps hydroxyl-éthylénique." ques et chimiques rappellent entièrement celles
des composés de phosphammonium éthylène
Ethylène-hexethyl-diarsonium . - A 100°, la hexéthylique.
triéthylarsine agit lentement sur le bromure de tallisables. LeLes sels correspondants sont cris-
dichlorure s'unit aux chlorures
brométhyl-triarsonium, tandis qu'à 150° la com- d'étain, d'or et de platine, pour donner des com-
binaison, par addition directe des deux produits ,
s'effectue en deux heures . On obtient posés cristallisables. Le chloroplatinate est très-
peu soluble dans l'eau , soluble dans l'acide chlor-
(C2H5,3 As] hydrique concentré, d'où il se sépare en beaux
[(CH )" (C2H5) As Br2. cristaux jaune orangé. La base de ces sels se dé-
compose par la distillation sèche d'après l'équa-
Le dibromure d'éthylène-hexéthyl-diarsonium, tion
traité par l'oxyde d'argent, donne le composé for- (C2H ) (C2 H5) Ph , As
tement basique H202
= (C2H5)3 As (C² H5 O) ( C² H5)3 Ph . OH
C14 H36 As2O2 (C² H¹) (C² H³)6 As². 2 (OH) , Triéthylarsine. Hydrate de triéthyl-
phosphonium hydroxyl-éthylénique.
d'après l'équation
[(C2H )" (C2H5) 6 As²] Br² + H2O + Ag20 ARSENMÉTHYLES.
H 2 Ag Br + (C2H¹ ) '' (C² H³)6 As². 2 (OH).
[Cadet, Mémoires des savants étrangers, t. III,
Cet oxyde réagit sur les acides en donnant de p. 633 ; - Thenard, Ann . de Chim. et de Phys.,
ARSINES . ― 422 - ARSINES .
t. LII, p. 54 ; -Bunsen , Ann . de Chim. et de Phys., se dégage. Le résidu est épuisé par l'alcool ab-
t. XL, p. 219 ; t. XLII, p. 145 ; Ann. der Chem. solu et la solution est distillée dans un courant
u. Pharm., t. XXIV, p . 275 ; t. XXXI , p. 171 ; d'acide carbonique. Il reste un liquide oléagineux
t. XXXVII, p. 1; t. XLII , p . 14 ; t. XLVI, p. 1 ; qui se prend en masse cristalline par le refroi-
- Dumas, Ann. de Chim . et de Phys . , (3) , t. VIII, dissement.
p. 362 ; - Cahours et Riche , Compt. rend. de Sulfure, As Me S. Paillettes brillantes ou pe-
l'Académie des sciences , t. XXXII , p. 1001 ; tits prismes insolubles dans l'eau, solubles dans
t. XXXIX , p. 541 ; Cahours, Ann. de Chim . et l'alcool et l'éther et surtout dans le sulfure de
de Phys. , (3), t. LXII , p. 291 et suiv. - Bayer, carbone ; fond à 110° et se décompose à une tem-
Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CV, p. 205; t . CVII, pérature plus élevée. On l'obtient en traitant le
p. 257.] dichlorure d'arsémonométhyle par l'hydrogène
On connaît les composés : sulfuré .
As Me, As Me2, As Me³, As Me ACIDE ARSÉMONOMÉTHYLIQUE,
(Me C H³ méthyle), As Me H203 = [As (C H³) O]". 2 (OH)
les uns en liberté, les autres seulement en com- ou [ As(CH³ ] " O" . (OH) ².
binaison.
1° ARSENMONOMÉTHYLE , As Me ou As (CH³) . Soluble dans l'alcool bouillant d'où il se dé-
En soumettant l'acide cacodylique As (CH3)2 HO² à pose en gros cristaux lancéolés anhydres. Pour le
l'action prolongée de l'acide chlorhydrique, il se préparer, on fait réagir un excès d'oxyde d'argent
scinde en eau, chlorure de méthyle et bichlorure sur le dichlorure d'arséno-monométhyle. Il se
d'arsenmonométhyle : forme du chlorure d'argent et de l'oxyde ; par
une action ultérieure, celui-ci réduit encore de
As (CH3)2 HO2 + 3 CI H l'oxyde métallique en se changeant en acide ar-
2 H2O + CH³ Cl + As (CH3) CI². séno -monométhylique. On peut aussi traiter
De même en faisant réagir 2 atomes d'iode l'oxyde par de l'oxyde de mercure. Dans l'un ou
sur 1 molécule d'iodure de cacodyle ou 3 ato- l'autre cas, le liquide résultant est saturé par de
mes d'iode sur une molécule de cacodyle libre , il la baryte ; on écarte l'excès de baryte par l'acide
se forme de l'iodure de méthyle et de l'iodure carbonique, on évapore et on reprend par un peu
d'arsenmonométhyle : d'eau. L'addition d'alcool précipite le sel bary-
tique sous forme d'aiguilles incolores
As (CH3)21+ 1² = CH³I + As (CH³) I²,
As (CH3)2 + 13 = CH³I + As ( C H³) 12. As Me Ba" 03+ 10 H2O.
Dans l'un et l'autre cas , on substitue le chlore En versant du nitrate d'argent dans la solution
ou l'iode atome pour atome au méthyle et le aqueuse d'arséno-monométhylate de baryte, on
groupement stable As A3 se maintient. obtient un précipité argentique (As Me) Ag2O3. Le
Bichlorure, As Me Cl2.- Liquide incolore, pe- sel de baryte décomposé par une quantité équiva-
sant, bouillant à 133°. Un peu soluble dans l'eau, lente d'acide sulfurique fournit l'acide libre.
indécomposable par ce liquide. Ses vapeurs sont On doit à M. Bayer la connaissance de cette
extrêmement irritantes ; se forme par l'action pro- série intéressante de composés arséno-monomé-
longée de l'acide chlorhydrique sur l'acide caco- thyliques dont le radical n'a pas encore été
dylique. isolé.
Tetrachlorure, As Me Cl . -Le dichlorure dissous
dans le sulfure de carbone et refroidi à — 10° ab- ARSENDIMETHYLE ou CACODYLE,
sorbe le chlore en donnant de gros cristaux de
tétrachlorure. Ils sont instables ; dès qu'on sort As Me² As (CH3) 2 = Kd
le vase du mélange réfrigérant, ils se dédoublent As Me?
ou à l'état de liberté Kd² =-As
en chlorure de méthyle et chlorure d'arsenic Me²
As Me Cl = - Liqueur fumante de Cadet .
Cl Me As C13.
Le radical connu sous le nom de cacodyle (de
Biiodure, As Me 12. - - Se forme par l'action de xaxó , mauvais, et oev, sentir) se trouve en mé-
l'acide iodhydrique sur l'oxyde, ou par la distilla- lange avec de l'oxyde de cacodyle dans l'alkar-
tion de l'iodure de cacodyle avec 2 atomes d'iode. sine ou liqueur fumante de Cadet, découverte en
Corps solide, cristallisé en longues aiguilles jau- 1760 par Cadet et obtenue par la distillation sèche
nes, fusibles à 25°; volatil sans décomposition au- d'un mélange d'acide arsénieux et d'acétate de po-
dessus de 200°. Peu soluble dans l'eau, soluble tasse. Bunsen l'a isolé pour la première fois en
dans l'alcool, l'éther et le sulfure de carbone. 1842, à l'état de pureté, par l'action du zinc sur
Oxyde, As Me O. - Obtenu par l'évaporation le chlorure de cacodyle et a reconnu son rôle de
spontanée de sa solution dans le sulfure de car- radical composé. Cahours et Riche, en le prépa-
bone, il se présente sous forme de grands cristaux rant par l'action de l'iodure de méthyle sur un
cubiques, denses, inaltérables à l'air ; odeur rap- excès d'arséniure de sodium riche en métal alca-
pelant l'asa fetida ; fusibles à 95º. Soluble dans lin , ont nettement établi sa constitution chi-
l'eau froide et chaude, dans l'alcool, l'éther, le mique.
sulfure de carbone. Il devient, à la longue, spon- Le cacodyle pur constitue un liquide incolore,
tanément opaque et semblable à de la porcelaine. assez mobile, réfringent, insoluble dans l'eau , so-
La potasse caustique le dédouble en acide arsé- luble dans l'alcool, l'éther et l'acide sulfurique.
nieux et oxyde de cacodyle sous l'influence de la Odeur fétide alliacée . Bout à 170° et se solidifie
distillation : à- 6º en une masse semblable à de la glace. Si
4 (As Me O) - As2O3 + As2 Me+ O. le refroidissement est progressif, il cristallise en
L'acide chlorhydrique le convertit en dichlorure gros prismes quadrangulaires. Densité de vapeur
trouvée, 7,101 ; elle correspond à 2 volumes pour
de monométhylarsine . Les oxydants (acide azoti-
que, oxyde d'argent , oxyde de mercure ) le chan- la formule 2 As Me² (calculée 7,255).
gent en acide arsénomonométhylique As Me H² (³ : Au contact de l'air, il s'enflamme spontanément
et brûle avec une flamme livide en donnant de
As Me O + H2O + 0 = As Me H2O3. l'acide carbonique , de l'eau et de l'acide arsénieux.
On prépare l'oxyde d'arsémonométhyle en dé- Si l'oxygène est en quantité insuffisante, il se
composant, sous l'eau, le chlorure correspondant forme de l'érythrarsin et de l'arsenic métallique.
par du carbonate de potasse ; l'acide carbonique Si l'accès de l'air est assez ménagé, pour éviter
ARSINES. - 423 - ARSINES.
l'inflammation, on obtient de l'oxyde de cacodyle sulfurique et phosphorique en séparent de l'acide
et de l'acide cacodylique. Le cacodyle s'unit di- chlorhydrique. Il s'enflamme au contact du chlore
rectement à l'oxygène, au soufre, au chlore, au gazeux; si l'on dirige un courant de chlore ga-
brome, à l'iode ( en plusieurs proportions ) ; au zeux à la surface d'une dissolution de chlorure
bromure, au chlorure ou à l'iodure de méthyle et de cacodyle dans le sulfure de carbone refroidi,
d'éthyle ; au sulfate d'éthyle, à l'iodure d'amyle, on obtient des cristaux de trichlorure As Me² Cl. Cl2;
au propylène iodé. L'acide nitrique le convertit par l'action ménagée du brome, il se forme du
en nitrate d'oxyde de cacodyle. Il réduit le chlo- bromochlorure As Me2Cl . Br2. Le monochlorure
rure de mercure avec production de chlorure s'obtient pur en distillant du chloromercurate de
double de cacodyle et de mercure. Chauffé entre cacodyle avec de l'acide chlorhydrique très-con-
400° et 500° dans une cloche au-dessus de l'acide centré ; le produit brut débarrassé d'eau et
sulfurique, il donne de l'arsenic et un mélange d'acide chlorhydrique, par son contact avec le
d'hydrogène bi- et protocarboné : chlorure de calcium et la chaux, est distillé dans
une atmosphère d'acide carbonique. Le chlorure
2 [ (CH3)2 As] = As² + C2 H + 2CH . de cacodyle prend aussi naissance par la distilla-
La grande affinité du cacodyle pour l'oxygène de tion d'un mélange d'oxyde de cacodyle et d'acide
l'air augmente considérablement les difficultés de chlorhydrique. Par l'action d'un excès de gaz
la préparation de ce corps à l'état de pureté. On chlorhydrique sec sur l'oxyde de cacodyle, on ob-
fait réagir, à cet effet, le zinc sur le chlorure de tient deux couches ; l'une supérieure, fluide, est
cacodyle pur, à une température de 100° . La réac- du chlorure de cacodyle ; la seconde, épaisse, vis-
tion est favorisée par le fait que le chlorure de queuse, est une combinaison d'eau et de chlo-
zinc engendré est soluble dans le liquide ; le mé- rure de cacodyle ; en effet, le chlorure de calcium
tal reste donc toujours avec une surface nette, s'y liquéfie en mettant du chlorure en liberté. Le
en contact avec le chlorure de cacodyle. On ob- chlorure de cacodyle, chauffé avec de l'eau, donne
tient à la fin une masse solide. Celle-ci est traitée un oxychlorure. Ce même corps prend naissance
par l'eau ; le chlorure de zinc se dissout, tandis par l'action d'une solution d'acide chlorhydrique
que le cacodyle tombe au fond avec l'excès de sur l'oxyde de cacodyle ; c'est un liquide fumant,
zinc; on le dessèche sur du chlorure de calcium assez semblable au chlorure et bouillant à 109°.
et on le rectifie plusieurs fois. Le produit distillé Formule probable, 6 Kd Cl . Kd2 O. Le chlorure de
étant refroidi à -6° donne des prismes dont on cacodyle s'unit à plusieurs chlorures métalliques ;
sépare le reste du liquide non figé. Ces cristaux ses combinaisons les plus stables sont 1° le
représentent le produit pur. Toutes ces opérations chlorocuivrite
doivent être faites en évitant autant que possible 2 Kd Cl . (Cu ) Cl2 ;
l'accès de l'air. Pour les détails des précautions à il s'obtient sous forme d'un volumineux précipité
prendre , voir le mémoire original de Bunsen blanc, par addition d'une solution chlorhydrique
[loc. cit.] . On obtient encore le cacodyle en rédui- de chlorure cuivreux à de l'oxyde de cacodyle.
sant son sulfure à 200° ou 300° par le mercure. On le lave à l'acide chlorhydrique concentré, puis
BROMURE DE CACODYLE. Bromarsine, à l'eau, à l'abri de l'air ; 2° le chloroplatinate
As Me2 Br = Kd Br. 2 Kd Cl. Pt C14
- Liquide oléagineux jaune, non fumant, sem- est un précipité rouge-brique qui se forme par
blable au chlorure. Le mercure le réduit à 200° l'addition d'une solution alcoolique de bichlorure
ou 300° en isolant du cacodyle. On l'obtient par de platine à une solution alcoolique de chlorure
la distillation du chloromercurate de cacodyle de cacodyle. Il se dissout dans l'eau et donne
avec une solution concentrée d'acide bromhy- une solution jaunâtre, d'où se séparent par con-
drique. Chauffé avec de l'eau, il se dédouble en centration des aiguilles blanches d'une combinai-
acide bromhydrique et en un oxybromure dont son cacodyloplatinique
la formule, d'après Bunsen, serait 6 Kd Br + Kd20 . CH8 Pt As2 C12-2 H2O.
Ce même produit se forme par la distillation Ce nouveau corps serait le chlorure d'un caco-
répétée de l'oxyde de cacodyle avec l'acide brom-
dyle dans lequel 4 atomes d'hydrogène seraient
hydrique concentré. C'est un liquide jaune, inso- remplacés par leur équivalent de platinicum :
luble dans l'eau , fumant à l'air, devenant inco-
lore à chaud et jaune par refroidissement. Le 2 (C2H6 As Cl) + FC
bromure Kd Br peut fixer encore 2 atomes de
brome et se convertir en tribromure d'arsendi- = 4HCI + CH PLAS? CI2
méthyle As Me2 Br3. Ce groupement est instable On a obtenu le bromure et l'iodure de cacopla-
et se scinde facilement en bromure de méthyle tyle en mélangeant des solutions de bromure ou
et en dibromure d'arsémonométhyle. d'iodure de potassium avec une solution chaude
CHLORURE DE CACODYLE. Monochlorure ou chlor- de chlorure. Par l'action du sulfate d'argent sur
arsine, As Me Cl . - — Liquide incolore, plus dense le chlorure, on obtient le sulfate de cacoplatyle .
que l'eau, insoluble dans l'eau et l'éther, très- Ces sels cristallisent facilement et se décomposent
soluble dans l'alcool ; odeur forte, pénétrante et par la chaleur.
étourdissante. La vapeur attaque et affecte vive- TRICHLORURE, Kd Cl³. --Se forme par l'action
ment les muqueuses. Bout un peu au-dessus de ménagée du chlore sur une solution froide de
100 ; ne se solidifie pas à 46°. Densité de va- chlorure de cacodyle dans le sulfure de carbone,
peur, 4,85. Chauffé au contact de l'air, il s'en- ou par l'action du perchlorure du phosphore sur
flamme en donnant des vapeurs d'acide chlorhy- l'acide cacodylique :
drique. (CH3)2 As HO2 + 2 Ph C15
Le nitrate d'argent précipite tout le chlore d'une
solution alcoolique de chlorure de cacodyle. Une = 2 Ph C130 + HCl + (CH3)2 As Cl³.
solution alcoolique de potasse le décompose éga- Corps solide cristallin , soluble dans l'éther an-
lement en lui enlevant son chlore, en même hydre, se décompose en présence de l'alcool en
temps qu'il se forme un liquide éthéré soluble chlorure d'éthyle et eh un composé de formule
dans l'eau et l'alcool (aréthose de Laurent). Il As (CH3) 2 O2 H2Cl ( perchlorure de cacodyle ba-
absorbe le gaz ammoniac sec et se convertit en sique de Bunsen ) . L'eau le décompose en acide
une masse solide blanche, qui , traitée par l'al- chlorhydrique et acide cacodylique ; à l'air hu-
cool, laisse un résidu de sel ammoniac. Les mide, il se convertit en perchlorure basique. Le
acides faibles sont sans action sur lui ; les acides perchlorure prend encore naissance dans l'action
ARSINES. - 424 - ARSINES .
de l'acide chlorhydrique sur l'acide cacodylique, Il réduit l'oxyde et le cyanure de mercure. Les
mais il est difficile de l'obtenir pur par ce hydracides halogènes le convertissent en compo-
moyen. sés halogènes du cacodyle.
IODURE, KdI, iodarsine. - Liquide fluide, jau- Préparation. - Un mélange intime de parties
nâtre ; odeur pénétrante et désagréable ; bout à une égales d'acide arsénieux anhydre et d'acétate de
température beaucoup plus élevée que 100° ; ne potasse sec (1 kilog. de chaque) est introduit dans
se solidifie pas à -10° ; s'oxyde lentement à l'air une cornue communiquant avec un réfrigérant de
en donnant des cristaux d'acide cacodylique. Liebig, à la suite duquel est fixé un flacon bitu-
L'acide sulfurique et l'acide nitrique mettent bulé à moitié rempli d'eau. La seconde tubulure
l'iode en liberté. On l'obtient en distillant de porte un tube conduisant les gaz fétides loin de
l'oxyde de cacodyle avec une solution concentrée l'opérateur. On élève graduellement la tempéra-
d'acide iodhydrique. Le produit se sépare en deux ture au moyen d'un bain de sable. Il se dégage de
couches, l'une aqueuse, l'autre huileuse ; cette l'acide carbonique, de l'hydrogène protocarboné
dernière, refroidie, fournit des tables rhomboi- et de l'éthylène, et il se condense dans le flacon,
dales transparentes d'iodure basique sous l'eau, une couche huileuse souillée par de
6 KdI + Kd20, l'arsenic métallique. Le liquide huileux est lavé à
l'abri de l'air, distillé dans un courant d'acide
fusibles au-dessous de 100° et très-oxydables. Cet carbonique, séché sur la baryte et distillé une
iodure basique , comme l'iodure lui-même, est seconde fois (pour les précautions minutieuses à
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'é- prendre, voir le mémoire de Bunsen, loc. cit.).
ther. Après cristallisation de l'iodure basique , Les combinaisons d'oxyde de cacodyle avec les
on sépare la partie fluide et on la distille dans acides phosphorique et azotique s'obtiennent sous
une atmosphère d'acide carbonique , après l'avoir forme de liquides visqueux acides, à odeur fétide,
séchée sur du chlorure de calcium et de la incristallisables, par l'union directe de l'oxyde de
chaux. cacodyle avec l'acide.
FLUORURE, Kd Fl. — Liquide incolore, insoluble Nitrate d'argent et oxyde de cacodyle. - Pré-
dans l'eau , d'odeur insupportable , obtenu en cipité blanc grenu , cristallin, obtenu par l'action
distillant le chloromercurate de cacodyle avec du nitrate d'argent sur une solution étendue de
l'acide fluorhydrique concentré. Il attaque le verre. nitrate de cacodyle. Il fait explosion vers 100°.
CYANURE, Kd Cy. - Liquide éthéré, très-réfrin- Sulfate de cacodyle. - Masse cristalline blanche
gent au-dessus de 33°, se solidifie à 32º5 en très- formée de fines aiguilles groupées concentrique-
beaux cristaux brillants, adamantins. Par la su- ment ; odeur très-désagréable, réaction acide . Se
blimation spontanée dans un tube fermé, à la forme par l'union directe de l'oxyde de cacodyle
température ordinaire, on l'obtient sous forme et de l'acide sulfurique monohydraté.
de très-beaux prismes quadrangulaires. Il bout ঠBromomercurate d'oxyde de cacodyle,
140°. Peu soluble dans l'eau, soluble dans l'al-
cool et l'éther. Ce corps est extrêmement véné- (Hg Br²)2Kd2O.
neux ; sa vapeur répandue dans l'atmosphère - Poudre cristalline blanche. Ses propriétés et
provoque des étourdissements et la syncope ; aussi sa préparation sont celles du chloromercurate.
faut il user de grandes précautions dans son ma- Chloromercurate d'oxyde de cacodyle,
niement et sa préparation . Le nitrate d'argent
donne un précipité blanc de cyanure d'argent ; (йg Cl²)² Kd² O.
le chlorure mercurique donne un précipité de
chloromercurate de cacodyle. Il brûle facilement Corps solide incolore , soluble dans 476 p.
avec une flamme rouge. 11 se forme, par la distil- d'eau à 18° et 29 p. d'eau chaude, soluble dans
lation, de l'oxyde de cacodyle avec l'acide cyan- l'alcool froid et chaud . Il se dépose par le refroi-
hydrique concentré. dissement de ses solutions aqueuses sous forme
Pour le préparer, on mélange une solution d'écailles cristallines brillantes ou de tables rhom-
concentrée de cyanure de mercure et de l'oxyde biques de 60° à 120°. Saveur métallique dés-
de cacodyle ; du mercure métallique devient libre agréable ; odeur faible. On l'obtient sous forme
et il se produit du cyanure de cacodyle et de d'un volumineux précipité blanc en ajoutant une
l'acide cacodylique. Par la distillation , on obtient solution alcoolique de sublimé à une solution
de l'eau et une couche huileuse sous-jacente qui alcoolique d'oxyde de cacodyle, ce dernier restant
se fige en beaux cristaux. Ceux-ci exprimés entre en léger excès, et en purifiant le dépôt exprimé
des doubles de papier sont distillés sur de la par plusieurs cristallisations dans l'eau bouillante ;
baryte caustique dans une atmosphère d'acide sa solution aqueuse se décompose par l'ébullition
carbonique. d'après l'équation
OXYDE DE CACODYLE, Kd2O ou (CH3) As2O. — II
forme la majeure partie de la liqueur de Cadet 3 [(HCl )2 Kd2 O] + H2O
ou alkarsine. = 4 KdCl + 2 ( Hg² Cl²) + 2 (Hg Cl²) + 2 Kd H O².
Propriétés. Liquide incolore, réfringent, in-
soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther; Avec la potasse, on obtient d'abord un préci-
odeur insupportable et persistante, provoque le pité d'oxyde mercurique qui se réduit au contact
larmoiement ; ses vapeurs sont vénéneuses. Se de l'oxyde de cacodyle et se transforme en sous-
solidifie à -25° en écailles soyeuses ; bout vers chlorure de mercure, sous l'influence du bichlo-
150°. Densité, 1,462 à 15°. Densité de vapeur, rure non décomposé.
7,81 correspondant à 2 volumes. OXYDE DE PARACACODYLE, [ (CH3) 2 As ]2O. -
— Il a
L'oxyde de cacodyle est spontanément inflam- la même composition que l'oxyde ; il en diffère
mable à l'air. Conservé sous l'eau dans un flacon parce qu'il ne donne pas de cyanure cacodylique
mal bouché, il absorbe peu à peu l'oxygène en se avec le cyanure de mercure, mais une poudre
transformant en acide cacodylique. Le chlore et brune ; il ne fume pas et n'est pas spontanément
le brome l'attaquent avec incandescence. L'iode, inflammable. Cet oxyde passe vers 120° lorsqu'on
le phosphore et le soufre s'y dissolvent facile- distille une solution aqueuse de cacodylate de
ment; le premier donne un liquide incolore qui cacodyle. Liquide huileux, peu soluble dans
dépose des cristaux blancs . Il s'unit aux acides l'eau; odeur de l'oxyde de cacodyle. Il absorbe
azotique, sulfurique, phosphorique. Avec l'acide lentement l'oxygène sans répandre de fumée et
nitrique fumant, la réaction est très-vive, accom- se convertit en acide cacodylique. Il est probable
pagnée de dégagement de lumière et d'explosion. qu'il représente le véritable oxyde, l'autre étant
ARSINES . 425 - ARSINES .

encore un mélange d'oxyde et de cacodyle libre tion acide d'acide cacodylique et de cacodylate de
qui modifie ses caractères. mercure. On a, en effet,
ERYTHRARSINE.— Précipité rouge-brique flocon-
neux, se séparant en petites proportions lorsqu'on 2 [(CH3)2 As O] + Hg″ O + H2O
ajoute de l'acide chlorhydrique concentré à de - 2 [ ( CH3) 2 As HO²] + Hg″ .
l'oxyde de cacodyle, et qui reste après la distilla- On se débarrasse du cacodylate de mercure, en
tion de ce mélange. Séchée, elle se présente sous ajoutant petit à petit de l'oxyde de cacodyle , jus-
forme d'une masse amorphe, brun foncé, sans qu'à léger excès. Celui-ci réduit l'oxyde de mer-
odeur, insoluble dans les dissolvants neutres. cure qui se trouvait en solution ; on filtre , on éva-
L'érythrarsine brûle sans résidu et s'oxyde lente- pore à sec et on reprend par l'alcool bouillant
ment à l'air. On l'obtient en plus fortes propor- pour amener à cristallisation. L'acide cacodylique
tions en faisant passer de la vapeur d'oxyde de prend encore naissance par l'oxydation lente de
cacodyle à travers un tube chauffé. Bunsen lui l'oxyde de cacodyle, mais on n'obtient dans ce cas
donne la formule (CH3) As203. qu'un composé d'acide cacodylique et d'oxyde de
ACIDE CACODYLIQUE, Kd H O² - (CH3)2 As H O² . · cacodyle ou bioxyde de cacodyle Kd O².
Corps solide , incolore. Il cristallise de sa solu- Cacodylates. Sels gommeux ou difficilement
tion alcoolique en gros cristaux très-nets (pris- cristallisables , décomposables par la chaleur, so-
mes clinorhombiques avec la combinaison m, p, g¹) . lubles dans l'eau et l'alcool. Se préparent direc-
Inclinaison des faces tement par l'action de l'acide sur la base. On con-
naît : 1° le sel de potassium , cristaux radiés ,
mm = 119° 52′ ; p , g¹ = 97° 27′. déliquescents ; 2º de sodium , semblable au précé-
Il est sans odeur ; saveur et réaction légèrement dent; 3º de ferricum, liquide brun se décompo-
acides. Se conserve sans altération dans l'air sec ; sant par l'évaporation ; 4º de cuivre, gomme bleue ;
tombe en déliquescence à l'air humide. Il est très- 5º de mercure, aiguilles blanches lanugineuses ;
soluble dans l'eau et l'alcool étendu , peu soluble 6º d'argent, aiguilles allongées groupées concen-
triquement ; on obtient un sel double cristallisé
dans l'alcool absolu, insoluble dans l'éther. Fond
en paillettes (CH3)2 AsAg O2 , Az O³ Ag, en versant
à 200°, sans décomposition , en un liquide huileux une solution alcoolique d'acide cacodylique dans
qui ne se concrète qu'à 90°. A une température une solution de nitrate d'argent. En faisaut digé-
plus élevée, il se décompose en donnant des pro- rer plusieurs jours à chaud une dissolution d'acide
duits arsenicaux fétides et volatils.
cacodylique avec du carbonate d'argent, filtrant,
L'acide cacodylique résiste aux agents oxydants évaporant et reprenant par l'eau on a un sel acide
énergiques ( acide nitrique fumant , eau régale,
mélange d'acide sulfurique et de bichromate) . i Kd Ag 022 (Kd HO²).
Les réducteurs faibles, tels que l'acide sulfureux, Combinaisons de l'acide cacodylique avec les
le sulfate ferreux, l'acide oxalique, sont aussi acides. 1° Acide bromhydrique. Une solution
inoffensifs. L'acide phosphoreux , chauffé avec une d'acide cacodylique dans l'acide bromhydrique
solution aqueuse, le réduit en le ramenant à concentré étant évaporée à 0° au-dessus de chaux
l'état de cacodyle ou d'oxyde de cacodyle. Le et d'acide sulfurique, dans le vide, donne une
protochlorure d'étain en solution chlorhydrique masse épaisse sirupeuse, neutre, sans odeur, se
le ramène à l'état de chlorure de cacodyle. Avec décomposant par l'eau en acide bromhydrique et
l'acide iodhydrique sec , on obtient de l'iodure de acide cacodylique. Le zinc la convertit en bromure
cacodyle, de l'eau et de l'iode libre ; l'acide brom- de cacodyle. Bunsen représente cette combinaison
hydrique se comporte de même. L'acide cacody- par la formule Kd2O3. Kd2 Br66H2O. Gerhardt
lique, soumis à l'action prolongée d'un courant l'envisage comme formée de (CH3)2 As H O². Br H.
d'acide chlorhydrique, donne de l'eau, du chlo. Elle se décompose par la chaleur en dégageant du
rure de méthyle et du dichlorure d'arsémonomé- bromure de méthyle. - 20 Acide chlorhydrique.
thyle : Une solution d'acide cacodylique dans l'acide chlor-
As (CH3)2 HO2 + 3 CIH hydrique concentré se prend par évaporation dans
As (CH3) C12 + 2H2O + CH³.Cl. le vide en une masse de beaux cristaux lamellai-
res, que l'eau décompose en acides chlorhydrique
Avant que la décomposition n'ait lieu , il se forme et cacodylique ; sous l'influence de la chaleur il
des combinaisons d'acide cacodylique avec les se dégage du chlorure de méthyle, de l'eau, de
acides chlorhydrique , bromhydrique , fluorhy- l'acide chlorhydrique et un liquide huileux, avec
drique, si l'on opère sur des solutions aqueuses. un résidu d'acide arsénieux.
L'acide cacodylique réagit énergiquement sur le Bunsen donne à ce corps la formule
perchlorure de phosphore en donnant de l'acide Kd203.Kd Cl³ +3 H2O
chlorhydrique, de l'oxychlorure de phosphore et
du trichlorure de cacodyle . (cacodylate de superchloride de cacodyle) ; Gerhardt
L'hydrogène sulfuré sec ou en solution aqueuse lui donne la formule Kd HO2.Cl H. 3° Acide
s'échauffe au contact de l'acide cacodylique en fluorhydrique. Une dissolution d'acide cacodyli-
donnant du bisulfure que dans l'acide fluorhydrique concentré se prend
en cristaux prismatiques par l'évaporation :
2 [(CH3) 2 As H O²] + 3 H2S Kd H O2.HFl - Kd2O3. 2 (Kd F13),
[(C H3,2 As ]2 S2 + S + 4 H2O.
Bisulfure. d'après Bunsen.
Combinaison d'acide cacodylique et de chlorure
Dans une solution alcoolique, on obtient du sul- · de mercure, Kd203 .Hg Cl². 1 Se précipite sous
fure. forme d'écailles nacrées lorsque l'on verse une
L'acide cacodylique n'est pas vénéneux malgré solution alcoolique d'acide cacodylique dans une
sa grande solubilité et la forte proportion d'arse- solution alcoolique de sublimé, très-soluble dans
nic qu'il contient. l'eau, peu soluble dans l'alcool.
Préparation. On ajoute peu à peu de l'oxyde BIOXYDE DE CACODYLE , Kd O². Masse sirupcuse
rouge de mercure à de l'oxyde de cacodyle brut épaisse, formée par l'oxydation lente de l'oxyde
placé sous l'eau en ayant soin de bien refroidir de cacodyle à l'air. Elle est soluble dans l'eau ;
pour éviter l'ébullition. La réaction est énergique ; mais l'addition d'une grande quantité de ce liquide
il se sépare du mercure métallique; l'odeur forte la convertit en oxyde qui se précipite sous forme
de l'alkarsine disparait et l'on obtient une solu- d'huile et en acide cacodylique. La distillation de
ARSINES . - 426 - ARSINES .

sa solution aqueuse la dédouble également en tant les cacodylates correspondants par l'hydro-
oxyde passant à 120° et en acide cacodylique. Au gène sulfuré ; 2° par l'action d'une solution alcoo-
contact de l'air, elle se convertit très-lentement et lique de bisulfure sur les sels métalliques. On
difficilement en acide cacodylique. On l'a consi- connaît les sels suivants : a. Sulfocacodylate cui-
dérée comme du cacodylate de cacodyle vreux, Kd2S (Cu2)", poudre jaune, insoluble dans
Kd O 0. l'eau, l'alcool et l'éther, les acides et les alcalis . —
Kd b. Sulfocacodylate de bismuth, Kd S2 Bi ; écailles
cristallines jaune d'or, inaltérables à l'air, inso-
SULFURE DE CACODYLE, Kd2S ou [ (CH3) 2 As] 2S.— lubles dans l'eau, l'alcool et l'éther ; décomposa-
Liquide incolore, plus dense que l'eau, ne se so- bles par la chaleur . - c . Sulfocacodylate de plomb,
lidifiant pas à - 40°. Densité de vapeur trouvée Kd2S Pb" ; petites écailles blanches , inaltérables
7,72, calculée 8,89 . Insoluble dans l'eau, très-so- à l'air, inodore, insoluble dans l'eau, très-peu so-
luble dans l'alcool et l'éther. Odeur pénétrante , luble dans l'alcool. - d. Sulfocacodylate d'anti-
désagréable et persistante, rappelant celle du ca- moine , Sb Kd³ S6 ; fines aiguilles , jaune clair,
codyle et du mercaptan. Ne fume pas à l'air, spon- courtes et aplaties. e. Sulfocacodylate d'or,
tanément inflammable ; brûle avec une flamme Kd S2 Au ; poudre blanche jaunâtre, sans odeur ni
livide. S'unit directement au soufre pour donner saveur, insoluble dans l'eau , l'alcool, l'éther et les
Kd2S2, au sélénium (combinaison cristallisée en acides.
feuillets incolores) , à l'iode, à l'oxygène pour don- SÉLÉNIURE DE CACODYLE , Kd2 Se.- Liquide trans-
ner un mélange d'acide cacodylique et de bisul- parent jaune, à odeur pénétrante désagréable,
fure. L'acide chlorhydrique le convertit, avec dé- volatil à une température élevée, sans décompo-
gagement d'hydrogène sulfuré , en chlorure de sition. Il attire l'oxygène de l'air. Lorsqu'on l'en-
cacodyle ; avec les acides sulfurique et phospho- flamme, il brûle avec une flamme bleue. Pour le
rique on obtient le sulfate et le phosphate de ca- préparer, on distille le chlorure de cacodyle avec
codyle. une solution aqueuse de séléniure de sodium .
Pour le préparer on distille du chlorure de ca- 3º ARSENTRIMETHYLE OU TRIMÉTHYLARSINE ,
codyle avec une solution de sulfhydrate de ba- Me3 As ou (CH3,3 As.
ryum ; au début, il se dégage de l'hydrogène sul-
furé et le sulfure distille entraîné par la vapeur - - La triméthylarsine se forme en petites pro-
d'eau, bien que son point d'ébullition soit bien portions et en même temps que le cacodyle ,
au-dessus de 100°. On recommence cette opération par l'action de l'iodure de méthyle sur l'arséniure
pour enlever les dernières traces de chlorure ; le de sodium [ Cahours et Riche, Compt. rend.,
produit brut est rectifié sur du chlorure de cal- t. XXXIX , p . 541 ] . En ayant soin d'ajouter l'iodure
cium et de la litharge dans une atmosphère d'acide par petites portions à la fois, tant qu'il y a élé-
carbonique. Vu sa grande oxydabilité, ce produit vation de température, d'opérer dans une atmo-
doit être manié avec beaucoup de précautions. sphère d'acide carbonique et en distillant dans un
Une solution alcoolique de sulfure de cacodyle , courant de ce gaz il passe d'abord de l'iodure de
additionnée d'azotate de cuivre, dépose de beaux méthyle, puis un mélange d'iodure d'arsentétra-
octaèdres réguliers à éclat adamantin : méthylium, d'arsentriméthyle (120°) et d'arsendi-
Kd2 3 Cu"S = 3 (Cu S) . Kd2 S. méthyle (165° à 170º) .
On l'obtient à l'état de pureté par la décompo-
Persulfure de cacodyle, Kd2 S3.- En dissolvant sition de l'iodure d'arsentétraméthylium, en dis-
deux atomes de soufre dans une molécule de sul- tillant sur de la potasse :
fure de cacodyle, le liquide se prend en masse
cristalline que l'alcool décompose avec dépôt de As (CH3) I. = CH³I + As (CH3)3.
soufre.
BISULFURE, Kd2 S2. - Tables rhomboidales inco- Ou bien encore on fait bouillir avec de la potasse
lores , volumineuses , insolubles dans l'eau, solu- caustique l'iodure double d'arsenic et d'arsenté-
bles dans l'alcool et l'acide chlorhydrique , peu traméthylium, on évapore à sec et on distille dans
solubles dans l'éther. Inaltérable à l'air, odeur un courant d'acide carbonique. Liquide incolore,
d'asa fetida; fond à 500 et se décompose par la mobile, bouillant à près de 100°. La triméthylar-
distillation en sulfure et en soufre. L'eau le préci- sine s'unit au brome, à l'iode, à l'oxygène, au sou-
pite de ses solutions alcooliques sous forme de fre pour former des composés dans lesquels elle
gouttes huileuses qui peuvent être refroidies jus- joue le rôle de radical diatomique :
qu'à 20° sans se solidifier, mais le moindre mouve- (Me³As 12-- Me³ As Br2 Me3 As O - Me³ As S).
ment du liquide provoque la cristallisation . Le L'oxyde est cristallisable mais déliquescent ; le
mercure le ramène à froid à l'état de sulfure et sulfure cristallise de ses solutions aqueuses ou
à 200° il enlève tout le soufre. L'acide nitrique le alcooliques en prismes incolores .
convertit en soufre , acide sulfurique et acide ca- ARSENMETHYLIUM OU TÉTRAMÉTHYLARSONIUM,
codylique. Les solutions alcooliques de bisulfure Me As. Radical monoatomique non isolé du
précipitent beaucoup de sels métalliques d'après type AzH dont on connaît l'iodure, le bromure,
l'équation (probablement) le chlorure, l'hydrate et des dérivés salins .
IODURE DE TÉTRAMÉTHYLARSONIUM , Me As I. — Se
Kd²S² + M 0 Kd M +0.
O = KаS? A forme 1° par l'action (très-énergique) de l'iodure
ка de méthyle sur la triméthylarsine ; 2° par l'action
Sulfo- Sel de de l'iodure de méthyle sur l'arséniure de sodium
cacodylate. cacodyle. (c'est le produit principal) ; 3° par l'action de
Le bisulfure s'obtient en dissolvant dans le l'iodure de méthyle sur le cacodyle. Cette réaction
sulfure 1 /7,664 de son poids de fleur de soufre. est exprimée par l'équation
Sous l'influence de la chaleur, le liquide se prend
en masses de cristaux que l'on purifie par cristal- 2 (Me2As) + 2 MeI = Me As I Me² As I.
lisation dans l'alcool . L'acide cacodylique, en so- Cacodyle. Iodure de Iodure de Iodure de
lution alcoolique concentrée, donne par l'hydro- méthyle. méthyl- cacodyle.
arsonium.
gène sulfuré un précipité de soufre et de bisulfure
2 (Kd HO2) 3 H2S = Kd2S24 H2O + S. La réaction est très-énergique et doit être faite
avec ménagement. Si l'on emploie un excès
Sulfocacodylates, Kd MS2, correspondant aux d'iodure de méthyle, on obtient un produit solide
cacodylates Kd MO² . On les obtient : 1 ° en trai- qui, distillé avec de l'eau , laisse dégager de l'iodure
ARSINES. --- 427 ASA FETIDA .
de méthyle et de l'iodure de cacodyle , tandis ARSENTRIMETHYLETHYLIUM, As Me³ Et et ARSENTRIE-
qu'il reste une liqueur d'où se séparent de beaux THYLMETHYLIUM, As Et Me . - On obtient les iodures
cristaux d'iodure d'arsenméthylium. La réaction de ces radicaux par l'union de l'iodure d'éthyle
réussit aussi avec le bromure de méthyle et est avec la triméthylarsine ou de l'iodure de méthyle
tout à fait parallèle. Ce corps cristallise surtout avec la triethylarsine. Ils sont isomorphes avec
bien dans l'iodure de méthyle mélangé d'alcool ; les radicaux simples arsenméthylium et arsen-
tables incolores, brillantes. On connaît des com- éthylium .
binaisons d'iodure de tétraméthylarsonium , avec ARSENDIMETHYLDIAMYLIUM , AS Me2 Am². - Radi-
différentes Combinaisons avec l'iodure d'arsenic , cal non isolé dont on obtient l'iodure par l'action
As (CH3) I,As 13. En chauffant à 170° 1 p. d'arse- de l'iodure d'amyle sur le cacodyle. Avec l'iodure
nic et 2 p. d'iodure de méthyle, en vase clos, on on prépare facilement l'hydrate d'oxyde cristal-
obtient une masse cristalline, rouge brun , qui , dis- lisable et les sels.
soute dans l'alcool bouillant , donne de belles L'histoire de tous ces corps offre la plus grande
aiguilles rougeâtres , brillantes , facilement fusi- analogie avec celle de l'arsenméthylium.
bles et se solidifiant en tables ; volatil sans alté- ARSENDIMETHYLDIALLYLIUM , As Me² ( C³ H5 )2. On
ration. Une solution bouillante de potasse caus- obtient l'iodure en même temps que l'iodure de
tique le dédouble en iodure d'arsenic et iodure cacodyle, en chauffant le propylène iodé avec le
d'arsenméthylium [ Cahours, Ann. de Chim. et de cacodyle. Les cristaux ainsi formés
Phys., (3), t . LXII , p. 296].
Combinaison avec l'iodure de zinc , [As (C H3)2(C3H5) 2 I]
[As (C H³) 1] 2. Zn" 12. donnent avec l'oxyde d'argent une substance caus-
Prismes jaunâtres , solubles dans l'alcool. tique As Me2 (C3H5)2.OH qui forme des sels cris-
Zincate de potasse et iodure d'arsenméthylium. tallisables avec les acides.
-Distillé sur de la potasse caustique, il donne de BUTYL- CACODYLE . - - En distillant parties égales
l'arsentriméthyle. On l'obtient en chauffant pen-
dant vingt-quatre heures en vase clos, à 170°, de de valérate de chaux et d'acide arsénieux, on a
l'iodure de méthyle et de l'arséniure de zinc , et obtenu une huile jaune à odeur alliacée semblant
en épuisant la masse grisâtre obtenue par l'alcool . appartenir à la série du cacodyle butylique [Gib-
Combinaison avec l'iodure de cadmium, bes, Sill. Ann. Journ. , ( 2 ) , t. XV, p. 118 ] . Ces
corps étant encore peu connus , nous n'insisterons
[As (CH3) 2 Cd" 12. pas sur leur histoire.
PROPYLARSINES . - On ne sait encore rien de net
Aiguilles prismatiques blanches légèrement sur les composés homologues des éthylarsines. En
jaunâtres. Propriété et mode de formation comme distillant un mélange de butyrate de chaux et
pour le composé précédent ; on remplace l'arse- d'acide arsénieux, Woehler a obtenu un composé
niure de zinc par celui de cadmium . semblant appartenir à la série du cacodyle pro-
BROMURE D'ARSENMÉTHYLIUM , As (CH3) Br. - pylique [ Ann. der Chem. u. Pharm ., t. LXVII,
Beaux cristaux solubles dans l'eau et l'alcool. Se P. S.
forme par l'action du bromure de méthyle sur le p. 127] .
ARTHANITINE ( Syn . Cyclamine ) [ Saladin,
cacodyle. Journ. de Chim. médic., t. VI, p. 417; Buch-
HYDRATE D'ARSENMÉTHYLIUM , ner et Herberger, Rep. für Pharm. , t. XXXVII,
As (CH³) .OH. p. 36] . Cette substance s'obtient en épuisant
par l'alcool la racine fraîche du cyclame (Cycla-
Lames cristallines très-déliquescentes et forte- men europæum , L., Arthanita officinalis) . On éva-
ment caustiques ; formé par l'action de l'oxyde pore la solution à consistance d'extrait , on lave
d'argent sur l'iodure. l'extrait à l'éther, puis à l'eau froide : la partie
En ajoutant du sulfate ou du nitrate d'argent à insoluble constitue l'arthanitine, qu'on fait cris-
une solution d'iodure d'arsenméthylium , il se pré- talliser dans l'alcool, et qu'on purifie et par la
cipite de l'iodure d'argent avec formation de sul- cristallisation et par le noir animal (Saladin).
fate ou de nitrate d'arsenméthylium , L'arthanitine n'a pas été analysée. Elle est sans
action sur les couleurs végétales ; elle cristallise
2 As Me'.SO , As Me¹ . Az O³, en aiguilles incolores très-fines, sans odeur, et
sels très-solubles et cristallisant en beaux cris- d'une saveur âcre. Très-peu soluble dans l'eau ,
taux par l'évaporation dans le vide. insoluble dans l'éther et les huiles essentielles ,
DIMETHYL -DIETHYLARSONIUM, (CH3) 2 (C2H5)2 As.- elle se dissout facilement dans l'alcool. Elle com-
Radical non isolé, dont on connait les combinai- mence à s'altérer à 100° . L'acide azotique la
sons avec le chlore, le brome, l'iode, le soufre, transforme en acide oxalique. L'acide sulfurique
l'oxygène. Le bromure et l'iodure d'éthyle réagis- la rougit, et à chaud la charbonne.
sent à froid sur le cacodyle. Il se sépare de beaux L'arthanitine est purgative et vomitive. E. G.
cristaux de bromure et d'iodure du radical, en ASA FETIDA. - Gomme résine qu'on obtient
même temps qu'il se forme du bromure ou de en Perse par incision de la racine de la Ferula
l'iodure de cacodyle . Le mélange de chlorure asa fetida, L., de la famille des ombellifères.
d'éthyle et de cacodyle doit être chauffé à 180°. Elle est en larmes détachées ou en masses
Ces trois corps cristallisent facilement. L'iodure rougeâtres parsemées de larmes blanches. Sa
traité par l'oxyde d'argent, en présence de l'eau, saveur et son odeur sont fortes et désagréables.
donne l'hydrate d'oxyde ; l'iodure traité par des Sa densité est de 1,317 . A la distillation sèche,
sels d'argent (sulfate, nitrate) donne de l'iodure elle fournit une huile volatile, qui n'a pas été
d'argent et des sels d'arsenméthyléthylium (cris- étudiée. Distillée avec de l'eau , elle fournit
taux déliquescents) . Le sulfure, corps cristallisé environ 30 grammes par kilogramme d'une huile
se prépare en chauffant du sulfure d'éthyle avec le essentielle sulfurée, qui a été étudiée par M. Hla-
cacodyle : siwetz [ Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LXXI,
2 [CH ]2S + 4 [ (CH3)2 As] p. 23].
Cette huile ne renferme que du carbone, de
Sulfure d'éthyle . Cacodyle. l'hydrogène et du soufre. Elle dégage constam-
= [(CH3)2As)2S + [(CH3)2 (C2H5) As ] S. ment de l'hydrogène sulfuré aussi ne donne-
Sulfure de cacodyle. Sulfure d'arsenméthyl- t-elle pas à l'analyse des proportions constantes ;
éthylium . | cependant elle serait , selon Hlasiwetz , un mé-
ASARINE. - 428 -- ASPARAGINE.
lange de C12H22S et de C12H22 S2. Elle commence Caractères . Inattaquable par les acides. Fond
à bouillir vers 135° ou 140°. au chalumeau.
Lorsqu'on la rectifie sur un mélange de chaux ASBOLANE (Min . ) [ Syn. Cobalt oxydé noir].—
et de soude, il se produit une certaine quantité Mélange noir, compacte ou terreux , d'oxyde de
de valérate et de propionate. Sa solution alcoo- cobalt (20 à 33 % ), et de peroxyde de manganèse
lique donne des précipités de composition va- hydratés.
riable avec le chlorure de platine et le bichlo- ASBOLINE (de άcbóλn , suie) [Braconnot, Ann.
rure de mercure . Les précipités mercuriels broyés, de Chim. et de Phys., t . XXXI, p. 37]. — - Huile
avec du sulfocyanure de potassium fournissent jaune, azotée, extraite de la suie par Braconnot.
une huile qui présente les caractères de l'essence L'asboline est très-âcre, amère, non volatile, don-
de moutarde ; elle ne paraît pas contenir de l'al- nant à la distillation des produits ammoniacaux ;
lyle, mais probablement le radical C6 H¹¹ , homo- plus légère que l'eau, dans laquelle elle est un
logue de l'allyle. peu soluble, fort soluble dans l'alcool et dans
L'essence brute et les précipités platiniques l'éther , et insoluble dans l'essence de térében-
ne donnent pas de sulfocyanure d'allyle dans les thine et les huiles grasses. Avec l'acide azotique,
mêmes conditions. elle fournit de l'acide picrique et un peu d'acide
Suivant Johnston, on extrait par l'alcool la oxalique, Elle n'a pas été analysée.
résine d'asa fetida à l'état de pureté ; elle est ASCLEPIADINE [Feneulle, Journ. de Pharm .,
d'un jaune clair, et devient pourpre sous l'in- t. XI, p . 305] . - Principe amer, vomitif, contenu
fluence des rayons solaires. E. G. dans l'Asclepias vincetoxicum. Il est insoluble
ASARINE ou ASARONE , C20 H26 05. - C'est dans l'eau, dans l'alcool et dans un mélange
une substance solide qui est contenue dans la d'éther et d'alcool .
racine du cabaret ou oreille d'homme (Asarum ASCLEPION , C20 H32 03 ? - Lorsqu'on chauffe
europæum) . Elle passe avec les vapeurs d'eau, le suc blanc, laiteux, légèrement acide de l'Ascle-
lorsqu'on distille les racines sèches avec ce liquide pias syriaca, l'albumine se coagule en entral-
et se dépose en partie sur le col de la cornue et nant une matière particulière, l'asclépion , qu'on
en partie au sein de gouttelettes huileuses qui extrait en mettant en digestion avec de l'éther
nagent d'abord à la surface de l'eau distillée et le coagulum albumineux.
qui finissent par se concréter. L'asclépion se dépose de sa solution éthérée
Les cristaux d'asarine appartiennent au sys- sous forme de masses blanches mamelonnées ou
tème monoclinique. Ce corps rappelle le cam- finement radiées. Il est sans odeur, sans saveur,
phre par son odeur et sa saveur ; il fond à 40° entièrement insoluble dans l'alcool et dans l'eau,
et se fige à 27° ; il commence à bouillir à 280°, très-soluble dans l'éther , moins soluble dans
mais en se décomposant partiellement avec pro- l'essence de térébenthine, le naphte et l'acide
duction d'une substance isomérique qui se pro- acétique ; concentré il fond à 104°. Il reste amor-
duit toujours lorsque l'asarine est maintenue phe après sa fusion . Une chaleur plus élevée le
pendant longtemps en fusion . On parvient cepen- décompose. La potasse concentrée et bouillante ne
dant à sublimer de petites quantités d'asarine l'attaque pas. Gerhardt a représenté les analyses
entre deux verres de montre. de l'auteur par la formule encore douteuse
L'asarine est insoluble dans l'eau, soluble dans C20 H32 03
l'alcool, l'éther et les essences . Bouillie avec de
l'alcool, sa solution devient rouge et elle se trans- [List, 1849, Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXIX,
forme en une modification isomérique amorphe p. 125. Gerhardt, Traité de Chimie , t. IV,
qui n'est plus entraînée par les vapeurs d'eau. L'a- p. 268] . E. G.
cide azotique la convertit en acide oxalique ; l'acide ASPARAGINE (Althéine ou Asparamide) ,
sulfurique la dissout en se colorant en rouge, CH8 Az2O3 + H2O.
l'eau la précipite de cette dissolution . Le chlore
l'attaque vivement avec production d'acide chlor- L'asparagine a été découverte par Vauquelin et
hydrique et d'une huile épaisse qui paraît pré- Robiquet [Ann. de Chim. et de Phys., 1805, t. LVII,
senter la composition C20 H22 C1405 de l'asarine p. 88] en 1805 , et c'est M. Liebig qui l'a le
quadrichlorée [ Goerz , Pfaff's System d mate- premier analysée. Elle se trouve toute formée
ria medica, t. III , p . 229 ; Lassaigne et Fe- dans les jeunes pousses d'asperges, dans les ra-
neulle, Journ, de Pharm., t. VI , p. 561 ; -Graeger, cines de réglisse, de guimauve, de grande con-
Dissertation inaugurale , De asaro europæo , soude [Blondeau et Plinon, Journ . de Pharm.,
Goetting, 1830 ; Blanchet et Sell , Ann . der (3) , t. XIII, p. 635] , dans les feuilles de belladone,
Chem. u . Pharm., t. VI, p. 296 ; Schmidt, ib. , dans les jeunes pousses de houblon, dans les tiges
t. LIII, p. 156, et en extrait : Institut. , nº 568, étiolées des vesces , des pois, des haricots, des
novembre 1844]. fèves et des lentilles, semés dans une cave ; dans
ASARITE . Suivant Græger , l'asarite ou les germes des tubercules de dahlia [ Dessaignes
camphre d'asarum différerait par sa composition et Chautard, Journ . de Pharm . , (3) , t. XIII ,
de l'asarine, avec laquelle elle coexisterait dans p. 245].
la racine d'asarum europæum. L'asarine fondant Le suc des tiges étiolées provenant des graines
en effet à 40°, l'asarite ne fondrait qu'à 70°. Tou- de citrouille, de sarrasin et d'avoine semées dans
tefois Sell et Blanchet admettent que ces diffé- les mêmes conditions que les plantes précédentes,
rences tiennent à des impuretés et que l'asarine et le suc des tiges de pommes de terre n'ont pas
et l'asarite sont une seule et même substance fourni d'asparagine. Au contraire, cette substance
[ Græger, Sell et Blanchet , loc. cit. Voyez a été trouvée dans les tiges étiolées de plusieurs
ASARINE légumineuses : Cytisus laburnum , Trifolium pra-
ASBESTE (Min . ) [ Syn Amiante , amphibole tense, Hedysarum onobrychis, Lathyrus odoratus,
asbestoide]. --- Substance blanche ou blanc gri- Lathyrus latifolius, Genistajuncea , Colutea arbo-
sâtre en fibres déliées , souvent très-flexibles, rescens [ Dessaignes, Ann. de Chim. et de Phys.,
quelquefois soudées, d'autres fois comme feutrées (3), t. XXXIV, p. 149] .
et formant alors ce qu'on appelle cuir ou carton Preparation. - Pour extraire l'asparagine du
de montagne. La plupart des asbestes peuvent suc des jeunes pousses d'asperges, on le concen-
se rapporter à l'amphibole dont elles sont des tre par la chaleur et on l'abandonne au repos. Il
variétés quelquefois altérées et renfermant des dépose alors l'asparagine en cristaux que l'on
quantités d'eau variables. Se trouve dans les filons purifie par de nouvelles cristallisations dans l'eau.
et les druses des roches cristallines anciennes, etc. Il est avantageux, avant d'extraire le sucre , d'a-
ASPARAGINE. 429 ---- ASPARAGINE.

bandonner les asperges pendant plusieurs jours, Les cristaux d'asparagine ont une densité de
dans un linge humide, jusqu'à ce qu'elles sen- 1,519 à 14°. Ils sont durs et cassants, inaltéra-
tent mauvais [ Regimbeau, Journ . de Pharm ., bles à l'air, inodores et doués d'une saveur
t. XX, p. 631 ; t. XXI, p . 665] . Il s'établit ainsi un faible. Ils perdent à 100° la molécule d'eau de
commencement de fermentation qui détruit une cristallisation qu'ils contiennent. L'eau froide
matière mucilagineuse dont la présence rend dif- les dissout peu. L'eau chaude les dissout mieux.
ficile la cristallisation de l'asparagine. Le suc Ils exigent, suivant M. Biltz , pour leur dissolu-
d'asperges, après avoir été chauffé, doit toujours tion, 11 fois leur poids d'eau froide et 4,444 d'eau
être filtré, la filtration ayant pour but de le dé- bouillante. Leur solution réagit légèrement acide.
barrasser de l'albumine coagulée. L'asparagine est insoluble dans l'alcool absolu
Pour extraire l'asparagine de la racine de ré- à froid et presque insoluble dans le même liquide
glisse, M. Robiquet conseille d'épuiser par l'eau bouillant; l'éther, les huiles grasses et les huiles
froide cette racine coupée en petits morceaux. essentielles ne la dissolvent pas non plus. Les
La liqueur est ensuite chauffée pour coaguler l'al- alcalis et les acides la dissolvent au contraire
bumine, et filtrée ; puis on l'additionne d'acide facilement.
acétique qui en précipite la glycyrrhizine, et d'a- L'asparagine en dissolution dans l'eau ou dans
cétate de plomb qui précipite les phosphates, les les alcalis dévie vers la gauche le plan de polari-
malates et une matière colorante brune ; on filtre sation de la lumière. Le pouvoir rotatoire de la
et on sépare l'excès de plomb par l'hydrogène solution ammoniacale pour 100 millimètres étant
sulfuré, on filtre une seconde fois et l'on con- [a]=-14° 18' . Les acides intervertissent ce pou-
centre la liqueur jusqu'à ce qu'elle soit capable voir rotatoire et le font passer à droite.
de donner des cristaux en se refroidissant. Sui- Chauffée avec de l'eau dans un tube scellé à la
vant Plisson , il vaut mieux précipiter la glycyr- lampe, l'asparagine en absorbe une molécule et
rhizine par l'acide sulfurique que par l'acide se transforme en aspartate d'ammonium [Bou-
acétique. 100 grammes de racines de réglisse tron et Pelouze, Ann . de Chim. et de Phys.,
fraiche lui ont donné par cette méthode 0,8 d'as- t. LII, p. 90] :
paragine.
Avec la racine de guimauve, il suffit d'évaporer CH8 Az2O3 + H2O == CH® (Az H¹) O '.
l'eau dans laquelle cette racine a macéré pour Asparagine. Eau. Aspartate
d'ammonium.
qu'il se dépose des cristaux d'asparagine.
Piria [Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t. XXII ,
p. 160] considère la préparation de l'asparagine La même réaction s'accomplit , mais à une
au moyen des vesces comme facile et sûre. Voici température moins élevée, lorsqu'on chauffe l'as-
le procédé qu'il recommande : on fait germer de paragine avec des acides énergiques dilués ou
la vesce commune dans une cave ou dans toute avec des solutions alcalines ; seulement alors, au
autre pièce obscure. Au bout d'une quinzaine de lieu d'aspartate ammonique, ce sont les produits
jours, lorsque les tiges ont atteint une hauteur de décomposition de ce sel par les agents em-
de 50 à 60 centimètres, on les arrache, on les lave, ployés que l'on obtient ; c'est-à-dire un sel am-
on les broie et on les soumet à la presse . Il s'é- moniacal et de l'acide aspartique libre dans un
coule un suc qui représente environ les 70/100 du cas, de l'ammoniaque et un aspartate alcalin dans
l'autre.
poids de la plante employée . Ce suc est porté à
Soumise à la distillation sèche, l'asparagine
l'ébullition pour coaguler l'albumine, puis filtré;
enfin, convenablement évaporé. Il abandonne se charbonne et dégage une huile brune ainsi
alors des cristaux d'asparagine que l'on purifie qu'une liqueur aqueuse chargée de carbonate
par plusieurs cristallisations dans l'eau . 10 kilog. d'ammonium.
de vesces ainsi traités ont donné à Piria 150 Sous l'influence de l'acide azoteux, l'asparagine
grammes d'asparagine pure. se décompose et fournit de l'acide malique [Pi-
Si, pour évaporer les sucs qui fournissent l'aspa- ria, loc. cit.] :
ragine, on employait une bassine de cuivre, il CH8 Az2O3 + 2 Az HO²
pourrait arriver qu'une partie du métal se dis- Acide
solvit et communiquât aux cristaux une nuance Asparagine.
azoteux.
azurée très-pale. Il faudrait dans ce cas redis-
soudre ces cristaux, les débarrasser de leur cui- = Az + 2 H2O + C¹H6O³.
vre en dirigeant un courant d'acide sulfhydrique Azote . Eau. Acide
à travers la liqueur et concentrer celle-ci jusqu'à malique.
ce qu'elle puisse se prendre en cristaux par le
refroidissement. Pour rendre cette décomposition facile, il faut
Piria prétend que des vesces qui ont germé en dissoudre l'asparagine dans son poids d'acide azo-
plein air fournissent autant d'asparagine que tique pur, moyennement concentré et faire passer
celles qui sont étiolées, mais que l'asparagine y du hioxyde d'azote dans la liqueur ; le mélange
disparaît au commencement de la floraison et s'échauffe et l'on ne tarde pas à voir des bulles
pendant la fructification . M. Pasteur, au con- d'azote se dégager. Quand tout dégagement ga-
traire, affirme que les vesces non étiolées ne zeux est arrêté, on sature le liquide avec de la
contiennent pas du tout d'asparagine [ Pasteur, craie, on le filtre et on le traite par l'acétate
Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t. XXXI, p. 67] . plombique qui précipite l'acide malique à l'état
D'autres légumineuses, comme les pois , par de malate de plomb.
exemple, paraissent tout aussi avantageuses que Une dissolution d'asparagine pure abandonnée
les vesces pour la préparation de l'asparagine. à elle-même se conserve indéfiniment lorsque la
MM. Dessaignes et Chautard ont pu, en effet, re- substance est pure ; mais si les cristaux sont en-
tirer 83 grammes d'asparagine pure de 9 litres core colorés, il ne tarde pas à s'établir une fer-
et 3/4 de suc de pois étiolés. mentation. Le liquide, d'acide qu'il était, devient
Proprietes. L'asparagine cristallise dans le faiblement alcalin et exhale l'odeur des matières
système orthorhombique [Bernhardi, Ann. der animales en putréfaction ; il se recouvre en
Chem. u. Pharm. , t. XII , p. 58; Pasteur. loc. même temps d'une pellicule blanche qui ren-
cit.]; sa forme la plus ordinaire est celle de ferme une multitude d'infusoires . Au bout d'un
prismes droits m , p, g¹, el/m , avec les faces hé- certain temps, l'asparagine a complétement dis-
mièdres (1/2 ) 61/2. Inclinaison des faces , mm paru, et l'on trouve à sa place du succinate am-
= 129° 37′ ; b1/2 p = 116° 57 ' ; e1/mp = 120° 46'. monique [ Piria, loc. cit . ] . Cette réaction consiste
ASPARAGINE. 430 ASPARAGINE .
en une hydratation et une réduction simulta- L'asparagine se combine aussi avec le bichlorure
nées : de mercure et l'azotate d'argent.
Asparagine ammonique. - Ce sel ne paraît
C4H8 Az2O3 + H2O + H² =- C'H (Az H4) 2O*. pas pouvoir s'obtenir. L'asparagine se dépose, en
Asparagine . Eau. Hydro- Succinate
gène . d'ammoniaque . effet, inaltérée lorsqu'on évapore sa solution am-
moniacale.
L'asparagine fermente également sous l'in- Asparagine potassique, CH7 K Az2 O³. On
fluence de la caséine et se convertit d'abord en obtient ce corps en versant peu à peu de l'aspa-
aspartate, puis en succinate d'ammonium . ragine pulvérisée dans une solution alcoolique de
Le chlore, le brome et l'iode sont sans influence potasse et en lavant plusieurs fois à l'alcool le
sur ce corps. produit sirupeux à peu près insoluble qui se dé-
L'asparagine se combine avec les acides à la pose. Le produit a la composition indiquée. On
manière de l'ammoniaque, mais elle peut aussi l'obtient en cristaux par le refroidissement de
échanger un atome d'hydrogène contre une la liqueur lorsqu'on verse l'asparagine dans une
quantité équivalente de métal , lorsqu'on la traite solution alcoolique chaude de potasse.
par les oxydes métalliques. Asparagine calcique, (C4H7Az2O3)2 Ca". - Ce
COMBINAISONS DE L'ASPARAGINE AVEC LES ACIDES. corps se produit lorsqu'on dissout de la chaux
Chlorhydrate d'asparagine, C4H8 Az2 O³ . H Cl . dans une solution aqueuse d'asparagine. C'est un
L'asparagine se dissout dans l'acide chlorhy- composé incristallisable qui n'a jamais été pré-
drique avec un léger abaissement de température. paré exempt de chaux. A 100º , il dégage un peu
Le liquide saturé tout de suite par un alcali la d'ammoniaque.
dépose inaltérée. Si , au contraire, on concentre Asparagine zincique, (C4 H7 Az2O3)2 Zn”. — On
la solution à une douce chaleur et qu'on précipite l'obtient en feuillets cristallins en faisant dis-
par l'alcool, on obtient le chlorhydrate soudre l'oxyde de zinc dans une solution aqueuse
C4H8 Az2 03. HCI . et bouillante d'asparagine.
Asparagine cadmique , ( CH' Az² O3 )2 Cd".
Le même produit peut être encore préparé par C'est un corps cristallisé en prismes fins et bril-
l'action du gaz chlorhydrique sur l'asparagine lants qui s'obtient par l'action d'une dissolution
hydratée réduite en poudre fine. Il faut avoir la aqueuse chaude d'asparagine sur l'oxyde de cad-
précaution de chasser à la fin l'excès d'acide mium.
chlorhydrique par un courant d'air sec. Si , dans Asparagine cuivrique , (C¹H7 Az² O3)? Cu". - Ce
cette opération, on substitue l'asparagine anhydre corps se précipite sous la forme d'un précipité bleu
à l'asparagine hydratée et que l'on prolonge pen- d'outremer lorsqu'on mêle des solutions saturées
dant longtemps le courant gazeux , on paraît ob- à chaud d'asparagine et d'acétate de cuivre. Le
tenir un sous-chlorhydrate 2 C4H8 Az² O³. H Cl. même corps se dépose à l'état d'une poudre cris-
Azotate d'asparagine. - On prépare ce sel en talline d'un bleu d'azur par le refroidissement de
dissolvant une molécule d'asparagine dans une la solution faite à chaud de l'oxyde de cuivre
molécule d'acide azotique dilué, évaporant à con- dans l'asparagine. Enfin l'asparagine cuivrique
sistance sirupeuse, dans le vide sur de la chaux, se dépose encore en aiguilles soyeuses lorsqu'on
et achevant l'évaporation dans une étuve légère- fait dissoudre ensemble à chaud du sulfate de
ment chauffée. La matière se transforme alors cuivre et de l'asparagine dans l'eau.
presque entièrement en gros cristaux d'azotate L'asparagine cuivrique se dissout à peine dans
d'asparagine. l'eau froide ; elle se dissout un peu mieux, quoi-
Sulfate d'asparagine. - Ce sel n'a été obtenu que encore assez peu, dans l'eau bouillante ; les
qu'à l'état impur. Si , en effet, on expose dans acides et l'ammoniaque la dissolvent aisément. A
le vide, sur de l'acide sulfurique, une dissolution 100°, elle ne perd pas d'eau ; mais, à une tempé-
de deux molécules d'asparagine dans une molé- rature élevée, elle se décompose en dégageant de
cule d'acide sulfurique, il se dépose d'abord de l'ammoniaque.
l'asparagine non transformée et il se forme en- Asparagine plombique. - C'est une masse gom-
suite une masse incolore et amorphe d'où le car- meuse incolore et difficile à dessécher qui se
bonate sodique précipite de l'asparagine inal- produit lorsqu'on fait bouillir l'acétate de plomb
térée. et l'asparagine ensemble et que l'on concentre la
Oxalate d'asparagine. - Lorsqu'on évapore liqueur sur l'acide sulfuriqué après que tout l'a-
une dissolution aqueuse de 150 parties (1 molé- cide acétique a été expulsé.
cule) d'asparagine cristallisée et de 126 parties En faisant dissoudre ensemble 1 molécule d'as-
(1 molécule) d'acide oxalique cristallisé, il se paragine et 1 molécule d'azotate de plomb, on
forme de petits cristaux répondant à la formule obtient par l'évaporation une masse gommeuse et
C4H8Az2O3. C2 H2O . Si l'on forçait la proportion incristallisable.
de l'asparagine, une portion de ce corps se dépo- Asparagine argentique, C'H' Ag Az² 0³. — On
serait inaltérée et il se formerait le même sel l'obtient sous forme de cristaux agglomérés en
que précédemment. champignons presque noirs par réflexion et d'un
Tartrate d'asparagine. On obtient de beaux brun jaune par réfraction , lorsqu'on abandonne au
cristaux de ce sel avec l'acide tartrique droit. refroidissement la solution , faite et filtrée à chaud ,
L'acide tartrique gauche ne donne avec l'aspara- de l'oxyde d'argent et de l'asparagine dans l'eau.
gine qu'une liqueur sirupeuse et incristallisa- Asparagine nitro-argentique,
ble.
C4H8 Az2O3, 2 Az AgO³.
DÉRIVÉS MÉTALliques de l'aspARAGINE [Piria, loc.
cit.; Laurent, Ann. de Chim. et de Phys. , (3), Ce corps se dépose en cristaux très- fins pres-
t. XXIII, p. 113 ; - Dessaignes et Chautard, loc. sés les uns contre les autres lorsqu'on fait cristal-
cit.;-Dessaignes , loc. cit. ] .- L'asparagine fonc- liser ensemble 1 molécule d'asparagine et 2 mo-
tionne comme un acide monobasique. Elle fait la lécules d'azotate d'argent. Si l'on employait une
double décomposition avec les oxydes basiques et quantité plus faible du sel d'argent, le produit
donne des sels qui correspondent à la formule serait un mélange de ce composé et d'aspara-
générale CH7 M ' Az2O3 ou (C4 H7 Az² O3)2 M”. Elle gine non combinée. L'asparagine nitro - argen-
déplace même l'acide acétique de ses composés tique peut se redissoudre dans l'eau et cristalliser
plombiques. Les sels de l'asparagine dévient de nouveau sans altération.
comme elle vers la gauche le plan de polarisation Asparagine chloromercurique,
de la lumière. CH8 Az203, 2 Ig Cl³.
ASPARTIQUE . 431 ASPARTIQUE.
- Cette combinaison s'obtient en prismes dé- d'ammoniaque. Le sel de plomb purifié par des
liés quand on fait dissoudre à chaud dans l'eau lavages à l'eau et à l'alool était ensuite mis en
les quantités théoriques d'asparagine et de chlo- suspension dans l'eau et décomposé par un cou-
rure mercurique. Si l'on employait moins de rant d'acide sulfhydrique. Finalement, il filtrait
chlorure mercurique que la théorie n'indique , ce et évaporait les liqueurs à cristallisation.
corps se produirait encore et resterait mêlé avec Boutron et Pelouze préféraient décomposer l'as-
l'excès d'asparagine inaltéré. paragine en la faisant bouillir avec l'eau de
L'oxyde de mercure se dissout dans une solu- baryte jusqu'à ce qu'il ne se développât plus
tion chaude d'asparagine ; la solution, qui est d'ammoniaque; précipiter la baryte de la liqueur
incolore, se trouble par l'addition de l'eau ; des- encore chaude au moyen de l'acide sulfurique,
séchée, elle laisse une masse gommeuse qui s'al- filtrer et évaporer à cristallisation.
tère en partie à 100° et devient alors d'un gris Liebig conseille de faire bouillir l'asparagine
foncé. avec de la potasse caustique, puis, lorsque tout
CONSTITUTION DE L'ASPARAGINE. - L'asparagine dégagement d'ammoniaque a cessé , de saturer
peut être considérée comme une diamide malique l'alcali au moyen de l'acide chlorhydrique, d'éva-
et recevoir la formule porer à siccité au bain-marie et de traiter le
résidu par l'eau froide, qui dissout le chlorure
(C+ H³0³H } 0) " . H². H². Az² . de potassium et laisse l'acide aspartique.
Enfin, on peut encore faire bouillir l'aspara-
Elle n'est pourtant qu'isomère et point identique gine avec de l'acide chlorhydrique ou de l'acide
avec la malamide que l'on obtient au moyen de azotique étendu . Lorsqu'on sature ensuite la li-
l'éther malique et de l'ammoniaque (voyez MALA- queur refroidie par du marbre, l'acide aspartique
MIDE) . Cette isomérie s'explique si l'on admet se précipite en petits cristaux.
entre l'asparagine et la malamide la même rela- Propriétés. - L'acide aspartique actif cristal-
tion qu'entre l'alanine et la lactamide. L'acide lise en tables minces, rectangulaires , tronquées
malique est un acide triatomique et bibasique sur les angles, soyeuses et micacées, trop petites
qui peut recevoir la formule pour qu'on puisse les mesurer. Ces cristaux ap-
CO. OH+ partiennent au type orthorhombique . La densité
( C2H3)" CO . OH+ de cet acide est de 1,6613 à 12°,5 ; il se dissout
( OH- plus difficilement dans l'eau que l'asparagine,
1 partie exigeant 364 p. d'eau à 11 ° pour se
Or, selon qu'on enlève à cet acide l'oxhydryle dissoudre. L'eau bouillante le dissout mieux et
alcoolique OH- et un oxhydryle acide OH+ ou l'alcool mieux encore. Les acides chlorhydrique
deux oxhydryles acides 2 ( OH+) , le résidu dia- et azotique et les solutions alcalines aqueuses le
tomique qui reste renferme encore ou ne ren- dissolvent assez bien. Il est sans odeur et présente
ferme plus d'hydrogène remplaçable par les mé- une saveur aigrelette qui laisse un arrière-goût
taux ; il en résulte qu'en se substituant dans le de bouillon de viande.
type ammoniaque, ces résidus donnent des amides Les solutions alcalines de l'acide aspartique
différentes. dévient vers la gauche le plan de polarisation de
L'asparagine est une diamide acide monoba- la lumière. Ses solutions acides exercent, au con-
sique traire, la rotation à droite. La solution chlorhy-
CO. OH drique pour une longueur de 100 millimètres a
(C2H3) CO. Az H2 un pouvoir rotatoire (a) - + 27°,86. Chauffé à
Az H2
l'air ou dans le vide , l'acide aspartique se décom-
et la malamide une diamide neutre pose, se boursoufle, dégage de l'ammoniaque et
CO. Az H2 de l'acide cyanhydrique (Plisson ) et laisse un
(C2H3) CO. Az H2 résidu de charbon . L'acide sulfurique concentré
он. A. N. le détruit à chaud en donnant de l'anhydride sul-
fureux. Au contraire, les acides chlorhydrique con-
ASPARTIQUE (ACIDE ) , CH7 Az O' [Plisson , centré ou sulfurique étendu ne l'altèrent pas
1827 , Ann . de Chim . et de Phys. , t. XXXV, p. 175; même par une longue ébullition .
t. XL, p. 303 ; -Plisson et O. Henry, ibid. , t. XLV, Dissous dans l'acide azotique et soumis à l'ac-
p. 315 ; - Boutron-Charlard et Pelouze, ibid. , tion de l'acide azoteux, l'acide aspartique donne
t . LII, p. 90 ; - Liebig, Ann. Poggend., t. XXXI, lieu à un dégagement d'azote, tandis que de l'eau
p. 222; Ann. der Chem. u. Pharm., t. XXVI, et de l'acide malique prennent naissance :
p. 125 et 161 ; -Piria, Ann. de Chim. et de Phys . , CO2H
(3), t. XXII, p. 160 ; -Dessaignes, Compt. rend. ,
t. XXX, p. 324 ; t. XXXI, p . 432 ; -Pasteur,Ann . de (C2H3) CO2H + AzO.OII
Chim. et de Phys. , (3), t. XXXI , p. 67; t. XXXIV, Az H²
p . 30].-L'acide aspartique a été découvert par Plis- Acide Acide
son, en 1827, et sa composition a été déterminée aspartique. azoteux .
par Boutron-Charlard et Pelouze, en 1833. On peut = ( CO2H
le préparer, soit au moyen de l'asparagine , soit, Az2 + H2O + (C * H3 ) } CO * II
comme M. Dessaignes l'a démontré en 1850, au ( ОН
moyen des sels ammoniacaux des acides malique, Azote. Eau. Acide malique .
maléique et fumarique soumis à l'action de la L'acide azotique seul est sans effet ; il finit
chaleur et traités ensuite par l'acide chlorhy- cependant par détruire l'acide aspartique si l'on
drique bouillant. L'acide aspartique obtenu par évapore à siccité sur la dissolution nitrique de cet
ces deux procédés n'est pas le même l'un, celui acide.
qui dérive de l'asparagine, est doué de pouvoir Les solutions aqueuses de l'acide aspartique
rotatoire, tandis que l'autre n'exerce aucune action ne précipitent pas les chlorures de baryum et de
sur la lumière polarisée . En dehors de ces diffé- calcium, les sulfates de magnésie, de manganèse,
rences , les deux acides aspartiques se ressem- de zinc et de cuivre ; les sels de fer, les acétates
blent en tous points.
de plomb, le sublimé corrosif, l'azotate d'argent
ACIDE ASPARTIQUE ACTIF.- Préparation . — Plis- et l'émétique. Elles troublent un peu l'eau de
son préparait cet acide en faisant bouillir une savon et chassent l'anhydride carbonique de ses
solution aqueuse d'asparagine avec de l'oxyde de dissolutions salines.
plomb jusqu'à cessation de tout dégagement L'acide aspartique possède, suivant M. Plisson ,
ASPARTIQUE . 432 -- ASPARTIQUE .
la propriété de saccharifier la fécule, mais cette Ces cristaux ne s'altèrent pas à l'air. Pendant les
saccharification exige au moins une ébullition de fortes chaleurs de l'été , ils perdent leur éclat ,
20 heures. leur transparence, et deviennent blancs à leur
ACIDE ASPARTIQUE INACTIF. --- Préparation. surface ; le chlorhydrate de l'acide inactif est
Pour obtenir ce corps , M. Dessaignes chauffe à décomposé par l'eau comme celui de l'acide actif;
200° le bimalate d'ammoniaque, puis il fait bouil- seulement, à cause de la plus grande solubilité
lir le produit (voyez FUMARIMIDE) pendant quel de l'acide aspartique actif, il ne se produit pas de
ques heures avec de l'acide chlorhydrique ; il se précipité, à moins qu'on n'alcoolise les liqueurs.
forme ainsi du chlorhydrate d'acide aspartique Sous l'influence de la chaleur le chlorhydrate
inactif. On divise la liqueur en deux parties ; on inactif se comporte comme l'autre.
sature l'une d'elles par l'ammoniaque et on y Sulfate, CH7 Az O , SH2O (actif) . -— Pour pré-
ajoute l'autre par le refroidissement : il se dépose parer ce corps, on chauffe de l'acide sulfurique
d'abondants cristaux d'acide aspartique inactif. concentré à 50º ou 60º dans un tube large et l'on
L'acide aspartique inactif cristallise dans le y ajoute, par petites portions, de l'acide aspar-
type clinorhombique. Combinaison ordinaire , tique jusqu'à refus de dissolution . On bouche
m ,p, e¹. Inclinaison des faces, mm dans le plan ensuite le tube et on l'abandonne à lui-même
de la diagonale oblique et de l'axe principal pendant quelques jours au bout desquels on voit
= 128° 28' ; pm 91 ° 30' ; e¹p = 131 ° 25′. s'y former de gros cristaux agglomérés plus lé-
gers que leur eau mère ; ces cristaux sont égouttés
Ces cristaux sont toujours très-petits et réunis en sur une plaque poreuse, lavés rapidement avec
croûtes étoilées ; quelquefois ils affectent la forme de l'alcool et desséchés dans une cloche sur de
lenticulaire ; on a aussi observé des hémitropies. ! l'acide sulfurique.
L'acide aspartique inactif a une densité égale à Azotate. - Il s'obtient comme le chlorhydrate,
1,6632 à 12º ,5 ; il est peu soluble dans l'eau, qui, en beaux cristaux.
cependant le dissout mieux que l'acide actif , ASPARTATES MÉTALLIQUES (¹). L'acide aspar-
1 p. exigeant seulement 208 p. d'eau à 13º,5 pour tique est, contrairement à l'opinion généralement
se dissoudre. Les acides chlorhydrique et azo- reçue, un acide bibasique (voyez plus bas CoNSTI-
tique le dissolvent abondamment et donnent des TUTION DE L'ACIDE ASPARTIQUE). Il forme des sels
solutions privées de pouvoir rotatoire. répondant à la formule CH6M ' Az O* ( sels neutres
Sous l'influence de l'acide azoteux, l'acide as- des auteurs ) et des sels neutres répondant à la
partique inactif se comporte comme l'acide actif, formule CHS M'2 Az O+ (sels basiques des auteurs).
seulement l'acide malique qui se produit est La plupart des aspartates acides sont solubles
inactif. et ont une saveur de bouillon de viande . Actifs ou
M. Dessaignes paraît avoir obtenu l'acide as- inactifs, ils ont même composition et mêmes pro-
partique inactif au moyen de l'asparagine en opé- priétés chimiques, les différences portant unique-
rant avec ce dernier corps comme avec le bima- ment sur le pouvoir rotatoire , la forme cristalline
late d'ammoniaque. et la solubilité.
COMBINAISONS DE L'ACIDE ASPARTIQUE AVEC LES Aspartate ammonique. C'est un sel fort so-
ACIDES. Chlorhydrate, CH7 AzO , HCl [Plisson , luble et difficilement cristallisable dont la solu-
loc. cit.; Dessaignes , Revue scientif. , janvier tion devient acide lorsqu'on l'évapore.
1852 ; Pasteur , loc. cit. ]. On obtient le Aspartate de potassium, C4H6 K. Az O¹ . - Ce sel
chlorhydrate de l'acide aspartique actif et de est fort soluble. Lorsque ses solutions sont très-
l'acide aspartique inactif en faisant évaporer concentrées, elles finissent à la longue par donner
spontanément une dissolution de l'un ou de l'autre des cristaux difficiles à débarrasser de leur eau
de ces acides dans l'acide chlorhydrique. On pour- mère.
rait aussi évaporer au bain-marie, mais l'évapo- Aspartate de sodium, C H Na Az O + H2O.
ration spontanée est préférable. Ces deux chlor- Les solutions d'acide aspartique actif et inactif
hydrates sont très - solubles et présentent la saturées par le carbonate ou l'hydrate de sodium
même compostion ; ils different par leur forme donnent par l'évaporation lente des sels parfaite-
cristalline et par le pouvoir rotatoire que possède ment neutres, l'un a actif et l'autre ẞ inactif. Ces
seul le chlorhydrate fourni-par l'acide actif. sels sont isomères et présentent des formes cris-
1º Chlorhydrate actif. Ce corps cristallise tallines qui sont distinctes et incompatibles.
dans le type orthorhombique ; il forme des prismes a. L'aspartate de sodium cristallise en aiguilles
d'environ 90°, fortement tronqués sur les arêtes prismatiques m , 1/2 b1/2 qui appartiennent au type
opposées et terminés par des facettes inclinées orthorhombique et dont les faces sont toujours
sous un angle d'environ 115°, qui appartiennent striées. Ces prismes sont généralement hémiè-
à un tétraèdre régulier. Le pouvoir rotatoire dres ; les sommets forment , en effet , un biseau
dextrogyre de ce chlorhydrade est [ a] = + 24°,4. 1/2 61/2 d'environ 106° qui appartiennent à un
Lorsqu'on cherche à dissoudre dans l'eau le tétraèdre régulier et les quatre faces de ce tétraè-
chlorhydrate d'acide aspartique inactif, ce sel se dre se développent seules , ou si les cristaux
décompose et précipite beaucoup d'acide aspar- offrent les quatre faces du tétraèdre inverse qui,
tique. Il suffit de quelques gouttes d'acide chlor- en équilibre avec le premier, constituerait l'oc-
hydrique pour empêcher cette décomposition. taèdre primitif b1/2, les quatre faces de l'un des té-
Une décomposition identique à la précédente se traèdres sont toujours beaucoup plus développées
produit sous l'influence de l'humidité atmosphé- que celles de l'autre.
rique. Exposés à l'air, les cristaux du chlorhy- 100 p. d'eau à 12º,2 dissolvent 89,19 p. d'as-
drate actif tombent en déliquescence et aban- partate de sodium actif. Le pouvoir rotatoire de
donnent de l'acide aspartique . la solution pour 100 millimètres , [a] -- 2° 23'
Sous l'influence de la chaleur , ces cristaux vers la gauche. Ce sel perd 1 molécule d'eau à
perdent de l'eau et de l'acide chlorhydrique et 160° et se boursoufle beaucoup lorsqu'on le cal-
laissent un résidu de fumarimide. cine. Mélangée avec 1 molécule de soude et aban-
2° Chlorhydrate inactif. — Il cristallise dans le donnée sous une cloche avec de la chaux , sa
système clinorhombique. Combinaison ordinaire , solution aqueuse refuse de cristalliser. Il se forme
probablement dans ce cas un aspartate disodique
m . h¹ , d¹², p, a¼/m. incristallisable CH5 Na² AzO¹.
Inclinaison des faces,
(1) A moins d'une mention spéciale , c'est des aspar-
dhi 119 45” ; h1m = 123 . tates actifs qu'il sera question dans ce paragraphe.
ASPARTIQUE. - 433 ASPARTIQUE.
B. L'aspartate sodique inactif cristallise dans le donne, avec les sels cuivriques, un précipité d'un
type clinorhombique. Combinaison ordinaire , blanc bleuâtre (Wolff).
m, h¹, p, b1/2. Inclinaison des faces, ph¹ = 144°,46 ' ; | Aspartate de fer. - Les sels ferriques ne sont
mm, dans le plan de la diagonale oblique et de point précipités par l'aspartate potassique, mais
l'axe principal , = 51°,38' ; b1/2 1/2 112 °, 53'. l'aspartate neutre (sous- aspartate) de magnésium
Il y a souvent hémitropie dans ce sel ; face de y fait naître un précipité soluble dans un excès
jonction , h¹ . 100 p . d'eau dissolvent à 12º,5 des deux précipitants .
83,8 p. d'aspartate sodique inactif. Ce sel est donc i Aspartates de plomb. - On connaît un sel
moins soluble dans l'eau que le sel actif corres- acide (sel neutre) et un sel neutre (sous-sel).
pondant. Sel neutre (CH6 Az O¹)² Pb″ à 120º. - Il s'ob-
Aspartates de baryum . On connaît deux as- tient par double décomposition au moyen de
partates de ce métal , un acide ( sel neutre des l'acétate de plomb et de l'aspartate acide de po-
auteurs) et l'autre neutre (basique des auteurs). tassium. Il se dissout dans un excès de l'un ou de
Aspartate de baryum acide (actif), l'autre précipitant, ainsi que dans l'acide azo-
tique.
(C¹H® Az O¹)² Ba" + 4 H2O . Aspartate neutre de plomb (Pasteur). Ce sel
Ce sel se présente en aiguilles cristallines prend naissance lorsqu'on précipite de l'acétate
très-fines que l'eau dissout facilement et qui per- de plomb ammoniacal par l'aspartate de sodium.
dent 14,4 % d'eau à 160° ( Dessaignes ) . Le Il se forme un précipité blanc caillebotté , et
même sel préparé avec l'acide inactif forme une la liqueur filtrée et étendue de beaucoup d'eau
masse gommeuse incristallisable (Wolff) dépose au bout de deux ou trois jours des cris-
Aspartate neutre de baryum, taux nacrés réunis en mamelons sphériques
CH5 Ba"Az O' + 3 H2O très-durs, dont la structure est radiée. M. Pasteur,
ayant observé que ces cristaux ne perdent rien
(anciennement (C+ H6 Az O¹)² Ba″ + BaO + 5H2O) . à 100°, les considère comme anhydres et leur
On prépare ce sel en ajoutant peu à peu de attribue la formule (C4H6 Az O4 ) 2 Pb". Pb" O. Cette
l'hydrate de baryum à une solution aqueuse con- formule, en effet, exige 64,3 p. c. d'oxyde de
centrée et bouillante du sel précédent. Le tout se plomb au lieu de 65,9 qu'exigerait la formule
prend en une masse cristalline ; on ajoute de CH5Pb" Az O
l'eau, on fait bouillir un instant et l'on filtre. La
solution, refroidie à l'abri de l'anhydride carbo- et l'expérience a donné 63,88. Toutefois , si l'on
nique de l'air, laisse déposer des cristaux qui ont considère que les divers aspartates neutres de
la composition indiquée. Ces cristaux sont des M. Dessaignes ne se déshydratent complétement
prismes brillants et assez gros qui perdent la qu'à 160°, on sera tenté de donner à ce sel la
moitié de leur eau de cristallisation dans le vide formule (C H5 Pb" Az O )2 + H2O.
et qui, à 160º, perdent toute cette eau en laissant L'aspartate de sodium actif se comporte avec
le sel anhydre CH5 Ba"Az O. L'aspartate neutre l'acétate de plomb ammoniacal comme l'aspartate
de baryum est fortement alcalin . Un courant de inactif. Il se produit encore un précipité blanc
gaz carbonique le transforme en sel acide en pré- qui se rassemble en une masse molle et donne, par
cipitant la moitié du baryum à l'état de carbo- le repos, des mamelons durs et radiés. Toutefois
nate. ces derniers cristaux renferment 65 d'oxyde de
Aspartates de calcium . On connaît un sel plomb et se rapprochent beaucoup plus de l'as-
acide (sel neutre) (C+ H6 Az O2 Ca" qui est gom- partate neutre anhydre CH Pb" Az O , qui exige
meux, et un sel neutre (sel basique) 65,9, que ne s'en rapprochaient les cristaux obte-
CH5 Ca" Az O + 4 H2O nus avec l'aspartate inactif. On peut les consi-
dérer comme ayant cette dernière formule et
(jadis [CH5 Az O+]² Ca",Ca" O +7 H2O) . Ce der- attribuer la perte de 0,9 d'oxyde de plomb à une
nier, chauffé à 160°, perd ses 4 molécules d'eau impureté ou à un défaut d'analyse.
de cristallisation et devient anhydre. Il répond Asparto-azotate de plomb,
alors à la formule CH5 Ca” Az O¹. Pb"
Aspartates de magnésium . - Il en existe un
CH6 Az O3 02.
acide et un neutre. Le premier s'obtient sous la
forme de croûtes cristallines, solubles dans 16 p. AzO )
environ d'eau bouillante et insolubles dans l'al- -Pour obtenir ce corps, on chauffe l'asparagine
cool absolu ; le second est incristallisable et gom- avec de l'acide azotique bien exempt d'acide azo-
meux. On l'obtient en faisant dissoudre de la teux , on précipite la liqueur par l'azotate de
magnésie dans la solution du précédent. plomb, et l'on chauffe pour redissoudre le préci-
Aspartate de zinc. C'est un sel blanc non pité. L'azoto-aspartate de plomb se dépose par le
déliquescent. refroidissement en prismes aciculaires semblables
Aspartate de nickel . — Il s'obtient sous la forme au formiate de plomb. Ces cristaux ne s'altèrent
d'une masse verte fendillée lorsqu'on évapore sa pas à 150° dans un courant d'air ; à une tempé-
solution. rature plus élevée , ils se décomposent en pro-
Aspartates de cuivre. - On connaît un aspar- duisant une légère déflagration ; l'eau les décom-
tate acide (neutre) et un aspartate neutre (ba- pose. Cette dernière propriété est cause que la
sique). Le sel acide s'obtient par double décom- préparation de ce sel ne réussit pas toujours, sa
position au moyen de l'aspartate acide de baryum formation étant subordonnée au degré de concen-
et du sulfate de cuivre. Sa solution est violette . tration de la liqueur et peut-être à la proportion
Dès qu'on cherche à l'évaporer, elle se décompose relative des corps qui réagissent.
et abandonne des cristaux soyeux très-légers et Aspartates d'argent. On connaît un aspar-
bleu pâle du sel neutre CH³ Cu" AzO* + 5 H2O. tate acide et un aspartate neutre.
Ce dernier sel est fort peu soluble dans l'eau. Aspartate acide d'argent, C4H6 Ag Az O ( sel
La liqueur surnageante , qui est à peine colorée , neutre des auteurs). - Il s'obtient par l'action
renferme beaucoup d'acide sulfurique libre. L'as- directe de l'acide arpartique sur l'oxyde d'argent ;
partate neutre se dissout dans l'acide aspartique sa solution saturée à chaud l'abandonne, en se
libre en donnant une solution violette. Chauffé à refroidissant, sous la forme de cristaux jaunâtres
160°, il verdit , dégage 31,78 % d'eau et laisse le contenant 45,0 p. c. d'argent.
sel anhydre C¹ H³ Cu” Az O* (calcul 31,65 % d'eau) Aspartate neutre d'argent. Ce sel correspond
(Dessaignes ). L'aspartate inactif d'ammonium à la formule C+ H³ Ag² Az O¹.
I- 28
ASPARTIQUE. 434 --- ASSIMILATION .
Pour le préparer, on ajoute une solution lé- acides dont l'atomicité dépasse la basicité ne sont
gèrement alcaline d'aspartate d'ammonium à une bien connues que depuis les beaux travaux de
solution aqueuse d'azotate d'argent ; il se forme MM. Wurtz et Friedel sur l'acide lactique. A. N.
un précipité qui se redissout par l'agitation, et ASPASIOLITHE ( Min . ). - Variété altérée de
au bout de 24 heures , le liquide filtré laisse cordiérite en prismes d'un vert clair.
déposer des cristaux réunis en petites masses Caractères. Attaquable par l'acide chlorhy-
sphériques d'un sel neutre indiqué et retient un drique bouillant. Infusible au chalumeau. Ren-
sel acide en dissolution . L'acide aspartique inac- ferme environ 7 % d'eau.
tif se comporte dans ces conditions comme l'acide Dureté, 3,5. Densité, 2,76.
aspartique actif. Suivant Pasteur, le sel d'argent ASPERTANNIQUE (ACIDE).—-Voyez TANNIN.
dont nous venons de décrire la préparation répon- ASPHALTE. - Voyez BITUMES.
drait, non à la formule que nous avons adoptée , ASSAMAR (Assare, ròtir, amarus, amer) .- Ce
mais à la formule (C H6 Ag Az O4)2 Ag2O, lorsqu'il produit se forme lorsqu'on grille, jusqu'à brunir,
a été pressé entre plusieurs doubles de papier à l'air, divers produits organiques (gomme, sucre,
buvard et séché pendant 24 heures à l'air libre. gluten , albumine , gélatine , fibrine , viande ,
On peut admettre qu'il renferme alors 1 1/2 mo- pain, etc.).
lécule d'eau de cristallisation et répond à la for- On lui attribue la saveur amère du café et des
mule (CH5 Ag2Az O¹)2 + H2O. aliments grillés.
Aspartate de mercure. --- M. Dessaignes, en Sa composition n'est pas connue et il est loin
faisant bouillir une solution d'acide aspartique d'être prouvé que l'assamar n'est pas un mélange
avec de l'oxyde de mercure, a obtenu une poudre de plusieurs corps.
blanche qui, après des lavages réitérés, a été des- Reichenbach l'isole en épuisant par l'alcool à
séchée à 100°. Cette poudre présente la composi- zéro du pain grillé [ Ann. der Chem. u. Pharm. ,
tion d'un aspartate neutre de mercure hydraté t. XLIX, p. 3]. La solution est distillée. L'assamar
(C+H5 Hg" Az O¹)² + H2O . est solide, jaune ambré, transparent, amorphe,
très-hygroscopique, soluble dans l'eau et l'alcool .
L'aspartate neutre de potassium C'H K² Az O Il réduit le chlorure d'or et le nitrate d'argent.
précipite le chlorure mercurique, et l'aspartate ASSIMILATION PAR LES ANIMAUX. Voyez
acide précipite l'azotate mercureux. Les deux NUTRITION.
précipités sont blancs et solubles dans un excès ASSIMILATION par les VÉGÉTAUX . -- Les vé-
de l'un ou de l'autre précipitant. gétaux ne se développent qu'à la condition de
ÉTHERS ASPARTIQUES. Aspartate (?) d'éthyle puiser dans le sol et dans l'atmosphère un certain
(Pasteur), CH6 (C2 H5) Az O. - On prépare un nombre de substances à constitution très-simple ,
corps de cette composition en saturant le malate eau, acide carbonique, azotates, sels ammonia-
d'éthyle au moyen du gaz ammoniac sec, mais il caux, phosphates, etc. , qui après avoir éprouvé
est probable que le corps ainsi obtenu est un iso- des modifications plus ou moins complètes , après
mère de l'aspartate éthylique et représente l'éther avoir été élaborés, sont assimilés et constituent
de l'acide malamique (voyez ACIDE MALIQUE). les principes immédiats contenus dans les tissus
CONSTITUTION DE L'ACIDE ASPARTIQUE. · L'acide de la plante ou ces tissus eux-mêmes.
malique étant triatomique et bibasique est sus- L'analyse enseigne que les tissus des végétaux
ceptible de donner deux diamides isomères, l'une sont formés de carbone, d'hydrogène et d'oxygène ;
neutre : on rencontre dans ces tissus des principes immé-
CO. Az H2 diats qui renferment de l'azote, parfois du phos-
(C2H3 " CO . Az H² phore et du soufre ; enfin , il n'est pas de parties
OH des végétaux qui ne renferment des matières mi-
nérales, des cendres : nous devons donc, dans cet
l'autre acide monobasique : article, nous occuper successivement de l'assimila-
CO. Az H2 tion du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène,
(C2H3) CO . OH de l'azote, et enfin des matières minérales.
Az H2
ASSIMILATION DU CARBONE PAR LES VÉGÉTAUX .
Le premier de ces corps doit pouvoir se saponi- L'acide carbonique contenu dans l'air est la source
fier en totalité ou à demi seulement par les alcalis.
où les végétaux puisent leur carbone. Si, en effet,
Dans le second cas , il se transformerait en une il paraît très-probable que l'acide carbonique con-
monamide acide monobasique (acide malamique) tenu dans la terre arable, puis dissous dans l'eau,
CO. Az H2 est absorbé par les racines et peut concourir à la
(CH3) CO. OH nutrition végétale, l'origine de cet acide carbo-
OH nique est presque toujours une décomposition
végétale et suppose, par conséquent, une première
L'asparagine , au contraire , ne doit pouvoir se fixation d'acide carbonique atmosphérique. La
saponifier qu'à moitié , puisque l'azote sature proportion de ce gaz contenue dans notre atmos-
une des affinités non basiques du groupe malyle ; phère est très-considérable , bien qu'elle ne repré-
en subissant cette demi-saponification, elle doit sente que 4 dix-millièmes environ du volume de
nécessairement donner naissance à une mona- l'air, car le volume de cette atmosphère est lui-
mide acide bibasique isomérique avec la précé- même énorme. On sait, au reste, que les volcans ,
dente. Or, l'asparagine se transforme en acide les sources thermales, dernières manifestations de
aspartique lorsqu'on la saponifie. La théorie con- l'activité volcanique, que les combustions lentes
duit donc à considérer cet acide comme bibasique et vives, que la respiration des animaux sont des
et à écrire la formule sources constantes d'acide carbonique où peuvent
СО. ОН puiser les végétaux.
(C2H3) CO . Oи La succession des phénomènes chimiques qui
Az H2 se produisent pendant l'assimilation du carbone
a depuis longtemps fixé l'attention des chimistes ;
Nous avons vu que l'analyse des aspartates mé- on sait qu'en 1750 Bonnet, le premier, observa
talliques justifie cette vue théorique. Il serait que des feuilles exposées au soleil dans un vase
donc étonnant que les auteurs eussent méconnu 1 rempli d'eau de source en dégageaient un gaz [ Me-
jusqu'à ce jour la nature bibasique de l'acide moire sur l'usage des feuilles dans les plantes] .
aspartique, si ce n'était que les propriétés des Cette première observation toutefois passa presque
ASSIMILATION. 435 ASSIMILATION .
inaperçue, et c'est à Priestley que revient la gloire les feuilles, renfermait 0,0001 de gaz acide carbo-
d'avoir nettement établi que l'air vicié par la res- nique ; l'air de la cour en contenait alors 0,0004.
piration des animaux ou par la combustion était Plus tard, MM. Cloëz et Gratiolet [ Ann. de
rétabli à son état de pureté primitive par la végé- Chim . et de Phys . , t. LIV, 1858, p. 321 ] publièrent
tation [Expériences sur diverses espèces d'air, t. VIJ. sur ce sujet une série d'observations importantes,
Cette découverte mémorable, une des plus impor- et indiquèrent le moyen de répéter facilement
tantes qui aient été faites au XVIIIe siècle, fut ap- l'expérience fondamentale de la décomposition de
préciée à sa juste valeur par les contemporains, et l'acide carbonique par les plantes, expérience qui
Priestley en fut récompensé par la médaille de put dès lors être reproduite dans le cours. Dans
Copley; mais bien qu'on ait compris dès cette épo- un grand flacon de 4 ou 5 litres de capacité , on
que que les deux règnes exercent sur l'atmosphère met une dissolution légère d'acide carbonique,
des actions opposées et en quelque sorte complé- puis on y introduit une plante marécageuse.
mentaires, il faut reconnaître que Priestley n'était MM. Cloëz et Gratiolet opérèrent souvent avec le
pas maître de sa remarquable expérience, et il faut potamogeton perfoliatum; nous avons nous-même
arriverjusqu'à Ingenhousz 1 ) pour voir la question très-bien réussi avec l'eloda. On ferme le flacon
faire un pas décisif. C'est à ce célèbre observateur avec un bouchon percé d'un trou où s'engage un
qu'on doit la démonstration de l'influence de la tube abducteur, et on recueille les gaz sur l'eau ;
lumière dans la réalisation du phénomène . Ingen- aussitôt que l'appareil est placé au soleil , on voit
housz prouva par de nombreuses observations les feuilles se recouvrir de bulles de gaz et il arrive
que les feuilles n'exhalent de l'oxygène que lors- souvent qu'après avoir absorbé , à l'aide de la po-
qu'elles sont exposées au soleil ; toutefois il restait tasse, l'acide carbonique qui se dégage' par suite
encore à expliquer nettement l'origine de cet oxy- de l'échauffement du liquide, on peut obtenir
gène : c'est ce que fit Sennebier, en prouvant que un gaz assez riche en oxygène pour rallumer les
c'est de l'acide carbonique, habituellement tenu allumettes. Ce gaz toutefois n'est jamais complé-
en dissolution dans l'eau ou répandu dans l'air, tement exempt d'azote, bien que, d'après les obser-
que provient l'oxygène dégagé, en montrant que vations de MM. Cloëz et Gratiolet, il aille con-
des feuilles fraîches, exposées au soleil dans de stamment en s'épurant à mesure que l'opération
l'eau de source ou de l'eau légèrement imprégnée se prolonge plus longtemps ; ainsi , on voit dans le
de gaz acide carbonique, produisaient du gaz oxy- travail publié par ces savants que, tandis que le
gène aussi longtemps qu'il restait du gaz acide gaz obtenu le premier jour renfermait seulement
dans l'eau [ Physiologie végétale] . sur 100 parties , 84,30 d'oxygène et 15,70 d'azote ,
Th. de Saussure voulut aller plus loin, déter- le gaz recueilli le 8 jour renfermait 97,10 d'oxy-
miner rigoureusement les quantités d'oxygène gène et 2,90 d'azote seulement.
dégagé et les comparer à celles d'acide carbonique En 1858 , M. Corenwinder [Ann. de Chim. de
qui avaient disparu [ Recherches chim . sur la vé- Phys., (3), t . LIV, p. 321 ] publia, sur l'assimila-
gétation, p. 40 et suiv . ]. Ses expériences portèrent tion du carbone par les feuilles des végétaux , un
sur la pervenche, la menthe aquatique, la salicaire, mémoire important ; on sait que la terre arable
le pin et le cactus opuntia ; elles le conduisirent à renferme une quantité considérable d'acide car-
admettre que le volume d'oxygène dégagé n'était bonique provenant de la décomposition des ma-
jamais aussi considérable que celui de l'acide car- tières végétales qui y sont enfouies [ Ann . de Chim .
bonique disparu, ce qui aurait dû être si le phé- et de Phys., (3), t . XXXVII, p. 5, Mémoire sur
nomène eût été aussi simple qu'il paraissait l'air confiné dans la terre arable, par MM .Bous-
d'abord, puisque un volume d'acide carbonique singault et Lewy]. Cet acide carbonique se diffuse
renferme un volume d'oxygène ; de plus, il remar- peu à peu dans l'air, de sorte que si on place,
qua toujours que le dégagement d'oxygène etait comme l'a fait M. Corenwinder, un pot à fleur
accompagné d'une émission d'azote considérable. ordinaire rempli de terre sous une cloche lutée
A l'époque où Th . de Saussure opérait, on n'avait sur une plaque de verre et qu'on détermine
pas sur la constitution des végétaux des idées à l'aide d'un aspirateur le passage de l'air de la
aussi précises que celles que nous possédons cloche au travers d'appareils renfermant de l'eau
aujourd'hui sur ce sujet, et Th . de Saussure put de baryte, on peut déterminer par leur augmen-
croire que le gaz azote dégagé provenait de la tation de poids la quantité d'acide carbonique
substance même de la plante, bien qu'il soit dé- contenue dans l'air aspiré.
montré pour nous aujourd'hui qu'il n'en était rien, Dans ses nombreuses expériences M. Corenwin-
car les quantités d'azote dégagées dans les expé- der agissait successivement sur un pot à fleur
riences du célèbre physiologiste sont souvent su- garni de terre et de plante, puis sur le même pot
périeures à celles qui existent dans la plante elle- dépouillé de végétaux ; il admettait que dans le
même [ Boussingault, Ann . de Chim. et de Phys., même temps la terre devait dégager la même
(3), 1861 , t. LXVI , p . 295] . quantité d'acide carbonique et que, par suite, une
Dès 1840, M. Boussingault avait varié les expé- augmentation ou une diminution dans cette quan-
riences de ses prédécesseurs , il avait démontré à tité quand on opérait avec la plante était due à un
cette époque que si l'on introduit un rameau de dégagement ou à une absorption d'acide carbo-
vigne dans un ballon exposé au soleil, puis qu'on nique par la plante elle-même. Cette méthode
détermine un courant d'air au travers du ballon, n'est certainement pas rigoureuse ; toutefois les
qu'on dose l'acide carbonique qui a échappé à différences observées ont été assez sensibles pour
l'action décomposante des feuilles et qu'enfin on que l'auteur ait pu tirer de ses expériences quel-
dose simultanément l'acide carbonique contenu ques conclusions importantes .
dans l'air, on trouve toujours une différence sen- « 1º Les végétaux exposés à l'ombre, dit-il,
sible. Dans une observation on trouva que l'air exhalent presque tous, dans leur jeunesse, une
atmosphérique, après avoir traversé le ballon , con- petite quantité d'acide carbonique. - Voyez l'ar-
tenait en volume 0,0002 de gaz acide carbonique ; ticle GERMINATION.
au même moment l'air pris dans la cour où l'ap- « 2º Le plus souvent dans l'âge adulte cette
pareil fonctionnait en renfermait 0,00045 . Dans exhalaison cesse d'avoir lieu .
une autre expérience, l'air, après avoir passé sur a 3° Un certain nombre de végétaux possèdent
cependant la propriété d'expirer de l'acide carbo-
(1) Ce savant a donné, en 1780, une édition française nique à l'ombre pendant toutes les phases de leur
de ses Experiences sur les végétaux. Voir aussi dans le existence.
Journal des Savants, 1855, plusieurs articles de M. Che- 4° Au soleil, les plantes absorbent et décom-
vreul. posent de l'acide carbonique par leurs organes fo-
ASSIMILATION . 436 ASSIMILATION.

liaires avec plus d'activité qu'on ne le supposait de l'oxygène provenant de l'acide carbonique, de
jusqu'aujourd'hui . Si l'on compare la quantité du l'eau et la quantité du même gaz fixé par les
carbone qu'elles assimilent ainsi avec celle qui feuilles. L'oxygène en excès a été au maximum
entre dans leur constitution , on est obligé de re- 2cc,4 pour 48cc, 6 d'acide carbonique , soit 5 % ;
connaître que c'est dans l'atmosphère, sous l'in- mais généralement cet excès est resté bien au-
fluence des rayons du soleil, que les végétaux dessous de cette quantité.
puisent une grande partie du carbone nécessaire « Si l'on considère l'ensemble des résultats
à leur développement. comme ayant été fournis par une observation
« 5° La quantité d'acide carbonique décomposée unique, on trouve qu'il a disparu 1339cc , 38 de gaz
pendant le jour, au soleil, par les feuilles des acide carbonique et qu'il est apparu 1322cc, 61 de
plantes est beaucoup plus considérable que celle gaz oxygène mêlés à 16cc , 20 d'autre gaz, que, par
qui est exhalée par elles pendant la nuit. Le matin conséquent, 100 volumes de gaz acide carbonique
il leur suffit souvent de trente minutes d'insola- ont fourni 98 vol . , 75 de gaz oxygène. »
tion pour se récupérer de ce qu'elles peuvent En examinant le gaz émis par les feuilles après
avoir perdu pendant l'obscurité. » l'absorption par l'acide pyrogallique et la potasse ,
Dans ces derniers temps, M. Boussingault a M. Boussingault y découvrit des quantités appré-
publié, sur l'absorption de l'acide carbonique par ciables de gaz combustible que l'analyse eudio-
les végétaux, un mémoire important (1 ) ; comme métrique lui démontra être un mélange d'une
MM. Cloez et Gratiolet, M. Boussingault a fait quantité notable d'oxyde de carbone, avec une bien
usage de ballons renfermant de l'eau chargée plus faible proportion d'hydrogène protocarboné.
d'acide carbonique dans laquelle étaient immer- M. Cloëz reprit plus tard cette question, et dans
gées les feuilles. On opérait toujours avec une une série d'essais tentés à l'aide de plantes aqua-
série de trois ballons, renfermant, le premier l'eau tiques végétant dans de l'eau constamment re-
légèrement imprégnée d'acide carbonique dans nouvelée ou séjournant dans de l'eau non renou-
laquelle on devait faire les expériences ; on ex- velée et légèrement chargée d'acide carbonique,
trayait de ce ballon l'atmosphère de l'eau ; du il reconnut que le gaz restant après l'absorption
ballon nº 2 on extrayait l'atmosphère réunie de de l'oxygène ne contenait aucune trace de gaz
l'eau et des feuilles employées dans l'expérience ; combustible et qu'il était de l'azote pur [Compt.
enfin , le troisième ballon recevait de l'eau et des rend. , t. LVII, p. 355, 1863] .
feuilles semblables à celles qui avaient été placées M. Corenwinder ne fut pas plus heureux et ne
dans les appareils précédents, et il était exposé put découvrir d'oxyde de carbone dans les gaz
au soleil. En comparant les résultats fournis par émis par la décomposition de l'acide carbonique.
l'analyse du gaz extrait de ce troisième ballon Cette différence dans les résultats obtenus par
avec celle du gaz extrait des deux autres, il était des expérimentateurs habiles serait faite pour
possible de reconnaître ce qui devait être attri- étonner, si M. Calvert [ Compt. rend. , t. LVII,
bué à l'action des feuilles agissant au soleil sur p. 873, 1863] et M. Cloëz [Compt. rend., t. LVII,
l'acide carbonique dissous. On se mettait ainsi à p. 875, 1863] n'avaient reconnu que l'acide pyro-
l'abri des erreurs qui entachent les mémoires gallique, mis en contact avec la potasse, émet une
précédents et on ne pouvait attribuer à l'action certaine quantité d'oxyde de carbone ; M. Bous-
réductrice des rayons solaires que ce qui lui ap- singault [Compt. rend. , t. LVII, p . 885 , 1863]
partenait réellement. avait lui-même obtenu une réaction semblable, de
Nous donnerons textuellement les conclusions telle sorte qu'il est probable que l'oxyde de car-
de ce mémoire important : « Sur 41 expériences, bone observé par M. Boussingault dans les rési-
il en est 15 dans lesquelles le volume de l'oxygène dus de l'absorption des gaz dégagés par les feuilles,
apparu a été un peu plus grand que le volume de au moyen de l'acide pyrogallique et de la potasse,
l'acide carbonique disparu . Dans les autres , c'est provient de la réaction de ces deux agents et non
le contraire qui a eu lieu . Dans treize cas seule- de la végétation elle-même (M. Calvert) [Compt.
ment il y a eu à peu près égalité entre les deux rend., t. LVII , p. 875, 1863].
volumes de gaz, du moins la différence n'a pas Conditions dans lesquelles se produit l'ab-
dépassé 5/10 de centimètre cube. Le volume de sorption du carbone par les végétaux. Nous
l'oxygène émis par les feuilles d'une même plante avons vu plus haut que l'acide carbonique n'est
a été tantôt supérieur, tantôt inférieur à celui de décomposé par les plantes que sous l'influence de
l'acide carbonique disparu ; c'est ce qui est arrivé la lumière solaire ; ce fait capital, établi par Ingen-
pour le pêcher, le pin et le laurier. Les plantes housz, a été démontré depuis par de nombreux
aquatiques, le saule, la carotte ont toujours donné observateurs. S'il arrive parfois que les feuilles
moins d'oxygène que n'en renfermait l'acide car- placées dans de l'eau privée d'air peuvent sé-
bonique que l'on n'a plus retrouvé ; mais il est journer dans l'obscurité sans émettre d'acide car-
possible que des observations plus nombreuses bonique [Cloëz et Gratiolet, loc. cit .] , il faut re-
eussent amené des différences en sens contraire connaître avec Th. de Saussure que , dans le plus
La disparition d'une partie de l'oxygène constitutif grand nombre des cas, les plantes maintenues à
de l'acide carbonique peut être attribuée tout na- l'abri de la lumière, au lieu d'émettre de l'oxy-
turellement à une assimilation opérée par l'orga- gène, absorbent ce gaz et dégagent de l'acide car-
nisme de la plante, tandis que l'émission d'un bonique ; c'est ce qui ressort très - clairement
volume de ce gaz plus grand que le volume de d'expériences entreprises par l'auteur de cet ar-
l'acide gazeux éliminé ne saurait être expliquée ticle , expériences dans lesquelles il a vu des
qu'en admettant que, sous l'influence de la lu- plantes marécageuses absorber jusqu'à la dernière
mière solaire , les parties vertes des végétaux dé- trace de l'oxygène contenu en dissolution dans
composent l'eau en fixant l'hydrogène. Les cas où l'eau, remplacer cet oxygène par de l'acide carbo
le volume d'oxygène a été moindre que le volume nique, et mourir bientôt asphyxiées [ Bull, de la
de gaz acide disparu ne pourraient pas être invo- Soc. chim., (2e série) , t. II, p. 136, 1864].
qués comme une objection , puisque l'oxygène me- | Quand on fait germer et développer des plantes
suré représenterait la différence entre la totalité dans l'obscurité, on les voit rester blanches et
perdre constamment du carbone [Compt. rend.,
(1) Expériences entreprises pour rechercher s'il y a I t. LVIII, p. 881 et 917 ] ; on peut alors les compa-
émission de gaz azote pendant la décomposition de rer à des animaux qui respirent, et on rencontre,
l'acide carbonique par les feuilles. Rapport existant même dans les produits formés dans les deux or-
entre le volume d'acide décomposé et celui de l'oxygène
mis en liberté [ Ann . de Chim. et de Phys., 3e série, ganismes , les analogies les plus remarquables,
t. LXVI, 1862, p . 235]. puisque non-seulement il y a formation d'acide
ASSIMILATION . - 437 ASSIMILATION .
1
carbonique et perte de carbone, mais même com- qu'autant qu'elles sont vivantes . Th . de Saussure
bustion incomplète des matières azotées et pro- avait montré, au commencement du siècle , que
duction, chez les animaux, d'urée, dont la compo- les plantes exposées au soleil, dans une atmos-
sition est analogue à celle de l'asparagine qui se phère d'acide carbonique pur, y périssent, et que
forme dans les plantes qui végètent dans l'obscu- même des quantités moins fortes d'acide carbo-
rité. La lumière solaire ou la lumière électrique nique y sont encore mortelles, quand elles dé-
(Hervé Mangon, Compt. rend. , t. LIII , p. 243 , passent 1/8 ou mieux 1/12 de l'atmosphère totale :
1861 ] sont donc nécessaires à la formation de la M. Boussingault a voulu récemment reconnaître
matière verte, sous l'influence de laquelle a lieu si l'asphyxie produite par l'acide carbonique pou-
la décomposition de l'acide carbonique ; les parties vait être attribuée à l'inertie des feuilles plongées
des végétaux qui ne présentent pas cette coloration dans ce gaz.
verte ne paraissent pas aptes à cette décompo- Il reconnut en effet que les feuilles exposées au
sition [Cloëz, Compt . rend. , t. LVII , p. 834, 1863] . soleil dans de l'acide carbonique pur ne décom-
En réfléchissant, au reste, aux conditions né- posent pas ce gaz, ou , si elles le décomposent, ce
cessaires pour qu'une décomposition puisse avoir n'est qu'avec une excessive lenteur. Les feuilles
lieu, on conçoit facilement comment l'interven- placées au soleil dans un mélange d'acide carbo-
tion d'une force considérable est indispensable à nique et d'air atmosphérique décomposent, au
la séparation de deux corps ayant autant d'affi- contraire, rapidement ce dernier, et l'oxygène de
nité l'un pour l'autre que le charbon et l'oxygène. l'air ne paraît pas intervenir dans le phénomène,
Puisqu'au moment où le charbon et l'oxygène car les feuilles décomposent rapidement l'acide
se combinent pour former de l'acide carbonique, carbonique lorsqu'il est mêlé à du gaz azote ou à
il y a un dégagement énorme de chaleur, il faut du gaz hydrogène. Il est remarquable que les cir-
réciproquement qu'au moment où cette décompo- constances dans lesquelles se produit la décom-
sition aura lieu , une quantité de chaleur sem- position de l'acide carbonique sont analogues à
blable soit consommée pour déterminer la décom- celles dans lesquelles on obtient la combustion
position. du phosphore on sait, en effet, que le phosphore
Si, dans l'insuffisance de nos connaissances sur n'est pas lumineux dans l'oxygène pur, mais qu'il
les causes de la chaleur, nous prenons une image le devient immédiatement dans du gaz oxygène
pour représenter ce qui se passe au moment d'une dilué par de l'azote ou de l'hydrogène ; on sait enfin
combinaison, nous pouvons nous figurer que le que la combustion lente du phosphore, qui déter-
choc, que le rapprochement violent des molécules mine sa phosphorescence, a lieu sous l'influence
de charbon et d'oxygène est la cause de la cha- de l'oxygène pur, soumis à une faible pres-
leur dégagée, et réciproquement, nous imaginons sion.
encore qu'au moment où il faut séparer ces mo- Or, l'analogie se poursuit pour l'action qu'exer-
lécules, intimement unies, il faudra mettre en cent les feuilles sur l'acide carbonique à une
jeu un travail équivalent à la chaleur dépensée pression très-faible, et le 24 août 1864, il a été
dans le premier cas. Ce travail énorme de la dé- possible de décomposer un centimètre cube d'a-
composition de l'acide carbonique atmosphérique, cide carbonique avec une petite feuille de laurier-
de la fixation du carbone dans les végétaux, a été cerise placée dans de l'acide carbonique à une
exécuté sous l'influence du soleil , dont les rayons, pression de 0,17 [ Boussingault, Compt. rend.,
indispensables à la réalisation du phénomène , t. LX, p. 872, 1865] .
agissant sur les plantes de la période houillère , Il nous reste enfin à examiner les réactions
pendant des milliers d'années, ont accumulé sur mêmes qui accompagnent la fixation du carbone.
le globe ces immenses réserves de combustibles Tout le monde sait que les principes immédiats
que nous utilisons aujourd'hui. Si nous réfléchis- les plus abondants dans les végétaux sont repré-
sons que la majeure partie du travail mécanique sentés dans leur constitution par du charbon et de
effectué sur le globe dérive de la chaleur dégagée l'eau ; on les appelle souvent des hydrates de car-
par la combustion du charbon, nous devons re- bone; la glucose répond à la formule Cm H2m Om ,
connaître que la fixation de ce carbone dans les elle est isomère avec l'acide acétique, et les autres
végétaux actuels ou dans ceux des périodes houil- principes, cellulose, dextrine, amidon , présentent
lères est un des phénomènes les plus importants encore des compositions qui peuvent être repré-
qu'il soit donné à l'homme d'étudier. sentées par du carbone et de l'eau ; malheureu-
Si nos connaissances sur la première partie du sement, jusqu'à présent la synthèse a été im-
phénomène de l'assimilation du carbone par la puissante à produire une semblable combinaison,
végétation sont assez complètes, il n'en est pas de et nous ne connaissons aucune union directe de
même de la dernière partie de la question, et carbone et d'eau.
nous n'avons encore que des conjectures sur le Il est facile de voir, au reste, que ces principes
mécanisme de cette absorption. immédiats peuvent aussi bien être produits par
Il est cependant un fait important qui a été la combinaison de l'oxyde de carbone et de l'hy-
mis complétement en évidence dans ces derniers drogène que par celle du carbone et de l'eau.
temps, c'est que la décomposition de l'acide car- On observe, dans la décomposition de l'acide
bonique par les feuilles n'a lieu que lorsque ces carbonique, l'apparition d'un volume d'oxygène
feuilles sont vivantes. Si , comme nous l'avons in- précisément égal celui de l'acide carbonique
diqué plus haut, on laisse des plantes maréca- décomposé ; mais rien ne démontre que cet oxy-
geuses dans l'eau, à l'abri de la lumière pendant gène provient uniquement de l'acide carbonique;
quelques jours, elles consomment absolument et on ne saurait affirmer que l'acide carbonique
tout l'oxygène qu'elles tenaient en dissolution , et ne se décompose pas seulement en oxyde de car-
bientôt elles meurent asphyxiées ; si on les expose bone et en oxygène, tandis qu'en même temps
alors à la lumière, il est impossible de voir se dé- l'eau elle-même se décomposerait en oxygène et
gager la moindre bulle d'oxygène [ Dehérain , Bull. hydrogène ; l'oxyde de carbone et l'hydrogène nais-
de la Soc. chim ., 1864, nouv. sér. , t. II, p. 136]. sants pourraient dès lors s'unir pour produire une
M. Boussingault [Compt. rend. , t. LXI, 1865, substance isomère avec la glucose , tandis qu'il
p. 605 ] a montré de son côté que les feuilles apparaîtrait un volume d'oxygène précisément égal
desséchées ne peuvent plus déterminer la décom- à celui de l'acide carbonique disparu ; on voit en
position de l'acide carbonique, et M. Jodin a con- effet que
firmé cette observation. CO2 + H2O = CH2O + 02.
Il en résulte donc clairement que les feuilles (2 vol. ) (2 vol. ) (Isomères (2 vol
ne fonctionnent, comme appareil de réduction, de la glucose.)
ASSIMILATION. - 438 - ASSIMILATION.

Cette hypothèse n'est pas purement gratuite ; toutes les fois qu'elles se trouvent dans un milieu
elle s'appuie sur une observation de Th. de Saus- dépourvu de gaz oxygène .
sure [Recherches chimiques sur la végétation, « Quelques plantes grasses, en végétant dans
p. 209] confirmée par M. Boussingault [Compt. de l'air commun dépouillé de gaz acide carboni-
rend. , t. LXI, p. 493, 1865] , qui démontre que le que, ajoutent à cette atmosphère une quantité de
gaz oxyde de carbone pur ou dilué dans un gaz gaz oxygène qui excède plusieurs fois leur vo-
inerte n'est pas décomposé par les parties vertes lume ; mais ce gaz, quoique pouvant avoir appar-
des végétaux soumis à l'action des rayons solaires. tenu primitivement à l'eau, ne provient, en der-
Il n'est nullement démontré jusqu'à présent que nière analyse, que de la décomposition du gaz
l'acide carbonique ne se décompose pas compléte- acide carbonique qu'elles forment en entier au
ment en oxygène et en carbone qui se combinerait soleil, de leur propre substance : car, lorsqu'on
à l'eau ; il n'est pas démontré que la décomposi- met dans leur voisinage une substance susceptible
tion est incomplète et que l'oxyde de carbone d'absorber ce gaz acide, elles n'ajoutent plus de
s'unit à l'eau, désunie elle-même en oxygène et en gaz oxygène au milieu où elles végètent jour et
hydrogène ; mais l'observation importante de nuit ; elles ne donnent plus aucun indice d'eau
Saussure, confirmée par M. Boussingault, donne directement décomposée, quoique leur végétation
à cette manière de voir une certaine probabilité, soit vigoureuse... >>
et on peut concevoir quelque espérance de voir Les travaux qui ont été accumulés depuis le
s'avancer vers la solution une des questions les commencement du siècle sur la nutrition des vé-
plus importantes de la physique végétale. gétaux ne paraissent pas favorables à la manière
de voir de Th. de Saussure. M. Boussingault
ASSIMILATION DE L'HYDROGÈNE. - Un grand [ Economie rurale , t. I, p . 88 , 1re édit. ] trouve en
nombre de principes immédiats élaborés par les effet, dans les analyses des végétaux cultivés dans
végétaux sont des hydrates de carbone, c'est-à- du sable calciné et sans traces de matières orga-
dire qu'ils sont représentés par du carbone et de niques, une quantité d'hydrogène plus grande que
l'eau; mais il en est d'autres, au contraire , tels celle qu'il faut pour former de l'eau avec l'oxygène
que les corps gras, les résines, les essences, qui trouvé :
sont simplement formés de charbon et d'hydro- Hydro- Hydrogène Hydro-
gène, ou qui ne renferment qu'une quantité d'oxy- Oxygène gène formant gène
assimilé. assimilé. de l'eau. excédant.
gène insuffisante pour former de l'eau avec l'hy-
drogène que l'analyse y accuse. Trèfle.. 1,226 0,176 0,153 0,023
On peut faire sur la formation de ces composés Pois.... 1,237 0,215 0,155 0,060
trois hypothèses différentes. Froment.. 0,608 0,078 0,076 0,002
1ºLes végétaux décomposent l'eau comme l'acide Trèfle repiqué.. 0,444 0,097 0,055 0,042
Avoine. 0,804 0,087 0,100
carbonique ; l'hydrogène et le charbon, à l'état
naissant, s'unissent pour donner directement les
composés hydrocarbonés signalés plus haut. Dans les quatre premières expériences, l'hy-
2º Les végétaux forment seulement des hydrates drogène acquis excède très-sensiblement la quan-
de carbone par suite des réactions signalées plus tité exigée par l'oxygène pour constituer l'eau.
haut ; ceux-ci éprouvent une réduction ultérieure Or, une plante développée complétement à
et donnent des corps gras, les résines , etc. l'abri des matières organiques renferme de l'hy-
3º Les végétaux absorbent directement dans le drogène en excès, on peut en conclure, avec quel-
sol des composés organiques complexes qui sont que certitude, que les éléments de l'eau ont été
l'origine de ces composés hydrocarbonés. désunis. On trouve, au reste, une nouvelle preuve
Examinons successivement ces trois hypothèses. à l'appui de cette manière de voir dans les expé-
Les végétaux sont-ils susceptibles de décomposer riences de M. Boussingault sur la décomposition
l'eau comme ils décomposent l'acide carbonique ? de l'acide carbonique par les végétaux sous l'in-
Th. de Saussure le nie absolument ; il termine fluence de la lumière ; il est arrivé plusieurs fois,
son chapitre de la fixation et de la décomposition en effet, que le volume de l'oxygène dégagé fut
de l'eau par les végétaux par les lignes suivantes un peu plus grand que celui de l'acide carbonique
[Recherches chimiques sur la végétation , p . 236] : disparu ce qu'on ne peut expliquer qu'en admet-
« Les plantes s'approprient l'oxygène et l'hy- tant encore que l'eau a été décomposée en ses élé-
drogène de l'eau en lui faisant perdre l'état li- ments.
quide. Cette assimilation n'est bien prononcée On conçoit toutefois, comme nous l'avons in-
que lorsqu'elles s'incorporent en même temps du diqué dans la seconde hypothèse formulée en
carbone. tête de ce paragraphe, que la formation des com-
« L'eau fixée ou solidifiée par les végétaux ne binaisons riches en hydrogène soit le résultat
peut perdre vraisemblablement son oxygène, sous d'une réduction secondaire s'exerçant sur des hy-
forme de gaz, qu'après la mort de la plante ou drates de carbone. Les relations qui existent entre
d'une de ses parties. un des isomères glucosides et la mannite sont
" ... Les plantes, dans aucun cas, ne décompo- étroites. M. de Luca a démontré, depuis plusieurs
sent directement l'eau en s'assimilant son hydro- années, que celle-ci se rencontrait dans l'olivier
gène, et en éliminant son oxygène à l'état de gaz ; pendant toute la première partie de la végétation
elles n'exhalent du gaz oxygène que par la dé- et tendait à disparaître quand l'olive prenait tout
composition immédiate du gaz acide carbonique. >» son développement, et que, par conséquent, la
L'illustre physiologiste de Genève rappelle en- matière grasse apparaissait [ Compt. rend. , 1862,
suite les expériences qui l'avaient conduit à cette t. LV, p . 406], de façon qu'il est possible que
conclusion très-absolue. cette mannite soit l'origine des corps gras qui ap-
Les plantes à feuilles minces qui végètent à paraissent dans le fruit.
l'aide de l'eau pure , dans un mélange de gaz oxy- M. Berthelot a montré de son côté que, sous
gène et de gaz azote, à l'action successive du so- l'influence d'une température élevée, les formiates
leil et de la nuit, n'y ajoutent point de gaz oxy- + pouvaient donner naissance à des carbures d'hy-
gène et ne donnent aucun indice extérieur d'eau drogène, de telle sorte qu'on conçoit encore que
directement décomposée. On ne peut attribuer à les résines ou les essences ne soient pas fournies
la décomposition immédiate de l'eau le gaz oxy- par une combinaison directe du charbon et de
gène qu'elles émettent dans le gaz azote pur ou l'hydrogène, mais par une série de réactions se-
sous l'eau, parce qu'elles forment en entier , de condaires s'exerçant sur des composés oxygénés
leur propre substance, du gaz acide carbonique, d'abord formés par la combinaison de l'oxyde de
ASSIMILATION. 439 ASSIMILATION .
carbone avec l'hydrogène, ou de l'oxyde de car- obtenues d'une terre cultivée renferment souvent
bone et de l'eau ; les forces qui interviennent dans une quantité d'azote supérieure à celle qui exis-
la végétation doivent être en effet des plus éner- tait dans les engrais employés, et c'est encore
giques et peuvent déterminer la formation de dans l'atmosphère qu'a dû être pris cet élément.
composés qui exigent dans les laboratoires une dé- S'il n'est pas douteux que l'air soit ainsi le gi-
pense de température considérable, puisque l'acte sement où les êtres vivants puisent l'azote qu'ils
principal , la décomposition de l'acide carbonique, renferment, les formes sous lesquelles cet azote
ne peut être fait dans le laboratoire qu'en em- se rencontre dans notre atmosphère ou dans la
ployant des moyens détournés et des températures terre arable sont variées, et nous devons examiner
excessives [voyez les Expériences de dissociation successivement sous quelles formes l'azote peut
de M. Deville]. être assimilé par les végétaux ; nous passerons
Nous n'avons présenté l'hypothèse n° 3 que donc en revue :
parce qu'elle peut se présenter à l'esprit, mais en 1° L'assimilation de l'azote à l'état de nitrates ;
réalité elle ne repose sur aucune donnée sérieuse ; 2° L'assimilation à l'état de sels ammoniacaux ;
on n'a aucune preuve que les matières complexes 3° L'assimilation sous forme de matières azo-
solubles des fumiers ou du terreau, que les prin- tées autres que les nitrates et les sels ammonia-
cipes organiques enfouis dans le sol soient assi- caux ;
milés ; il est probable que, s'ils le sont , c'est tou- 4° L'assimilation de l'azote libre.
jours en faible quantité, et l'on sait au reste que 1° Assimilation des nitrates par les plantes.
les arbres résineux et les oliviers prospèrent dans - L'importance du salpêtre comme engrais est
des localités où ils ne reçoivent aucun engrais et connue depuis longtemps, et le commerce énorme
où le sol ne parait pas renfermer une notable pro- qui se fait actuellement de l'azotate de soude du
portion de matières organiques. Pérou démontre que les plantes doivent bénéficier
On voit que, si un grand nombre de travaux de son emploi ; toutefois les réactions qui se
importants sont venus éclairer les points essen- passent dans la terre arable sont assez complexes
tiels qui touchent à l'assimilation du carbone, il et les phénomènes de réduction y sont assez fré-
n'en a pas été de même pour l'assimilation de quents pour qu'on puisse supposer qu'il se pro-
l'hydrogène, et que l'étude de cette question im- duit dans les couches situées à une certaine pro-
portante est encore des plus incomplètes. fondeur une décomposition des nitrates semblable
à celle qui a lieu au contact de l'hydrogène nais-
ASSIMILATION DE L'AZOTE. -En calcinant cer- sant. Il est donc possible que les nitrates soient,
tains organes des végétaux, et notamment les avant leur absorption, transformés en sels ammo-
graines, on obtient des vapeurs douées de cette niacaux ; cette opinion a été longtemps soutenue
odeur nauséabonde qui accompagne la décompo- par un chimiste agronome éminent, M. Kuhlmann .
sition ignée des matières animales ; si la calcina- Si cette réduction a lieu parfois, elle n'est pas
tion a lieu en présence de la chaux sodée, l'odeur toutefois indispensable pour que l'azote des ni-
et les réactions caractéristiques de l'ammoniaque trates soit assimilé, et les expériences entreprises
apparaissent et ne laissent aucun doute sur la dans ces dernières années par M. Boussingault et
présence de l'azote dans l'organe étudié. 4 par M. G. Ville démontrent que les nitrates
Sous quelle forme cet azote pénètre-t-il dans peuvent être absorbés directement.
les plantes? Quelle est son origine ? Telles sont les Ces deux savants ont opéré sur des plantes
questions que nous devons maintenant essayer de semées dans un sol absolument privé de ma-
résoudre. tières organiques et dans lequel , par conséquent,
Il n'est pas douteux que l'air atmosphérique ne on ne pouvait soupçonner aucune réduction .
soit le gisement en quelque sorte inépuisable où L'assimilation de l'azote du nitrate est, dans les
les végétaux et, par suite, les animaux trouvent expériences de M. Boussingault, tellement évidente
l'azote qui entre dans leurs tissus . Un grand qu'on voit en quelque sorte le poids de la matière
nombre de pâturages ne reçoivent jamais aucun végétale formée être proportionnel à la quantité
engrais et fournissent cependant une quantité de nitrate qui a pénétré dans la plante ; on jugera
notable de matières azotées qui passent dans les par les chiffres suivants de l'influence que peut
tissus des animaux qui s'y nourrissent ou dans les exercer la présence du nitrate dans un sol abso-
produits qu'on tire de ces animaux. Les récoltes lument stérile.
Poids de Acquis par les
Acide plantes en 86 jours
la récolte Matière carbonique de végétation.
sèche, la végétale décomposé en
graine étant 1. élaborée, 24 heures. carbone. azote.
Expérience A. Le sol n'ayant rien reçu 3,6 0gr,285 2gr,45 0gr, 114 0gr,0023
Expérience B. Le sol ayant reçu phosphate , cendre, ni-
trate de potasse... 198,3 21, 111 182, 00 8, 446 0, 1636
Expérience C. Le sol ayant reçu phosphate, cendre, bi-
carbonate de potasse. 4,6 0, 391 3, 42 0, 156 0, 0027

Il est difficile de trouver des résultats plus clairement que l'azote des nitrates peut concourir
concluants que ceux que présente cette expérience; à la formation des principes immédiats des végé-
la quantité d'azote contenue dans les plantes de taux, si ces nitrates ont été présentés dans des
l'expérience B est, au reste, un peu plus faible circonstances qui excluent toute idée de réduc-
que celle qui existait dans le sel lui-même [Agro- tion, et s'il demeure ainsi acquis que les nitrates
nomie, Chim. agric. , t. I, p. 222 ; voyez aussi pénètrent en nature dans les plantes, on n'a plus
Ann. de Chim . et de Phys., t . XLVI, 1856, p. 1]. d'opinion aussi arrêtée sur l'absorption des sels
Des expériences entreprises sur le nitrate de ammoniacaux. Quelques chimistes pensent que
soude ont encore donné des résultats semblables, ceux-ci peuvent pénétrer dans les plantes, et nous
et il faut remarquer, en outre, que la quantité démontrerons plus loin que toutes les matières
de potasse ou de soude existant dans les plantes solubles mises en contact avec les racines peu-
correspond à la quantité d'azote fixée par les vent être absorbées , de sorte qu'il paraît peu pro-
plantes elles-mêmes, ce qui est une nouvelle dé- bable que les sels ammoniacaux ne concourent
monstration de l'assimilation de l'azotate. pas à la nutrition des plantes . Toutefois, en 1843,
2°Assimilation de l'azote à l'état de sel ammonia- M. Bouchardat communiqua à l'Académie des
cal. - Si les expériences précédentes démontrent sciences un Mémoire sur l'influence des composés
ASSIMILATION. 440 - ASSIMILATION .

ammoniacaux sur la végétation, et il était con- repousser les substances solubles avec lesquelles
duit aux conclusions suivantes : elles sont en contact, mais parce que cet extrait
1º Les dissolutions des sels ammoniacaux com- de terreau est formé de substances complexes qui
munément employés ne fournissent pas aux végé- se transforment avec une grande facilité en pro-
taux l'azote qu'ils s'assimilent ; duits plus simples, tels que les nitrates et les sels.
2° Lorsque ces dissolutions à un millième sont ammoniacaux. M. Paul Thenard a reconnu, il est
absorbées par les racines des plantes, elles agis- vrai, que les fumates insolubles répandus dans le
sent comme des poisons énergiques. sol arable se transforment en perfumates solubles,
M. Cloëz partage cette manière de voir et rap- et on comprendrait que ces perfumates devinssent
pelle que dans ses expériences sur les plantes une source d'azote pour les plantes, si le même
submergées il les a toujours vues périr lorsqu'elles chimiste éminent n'avait reconnu de plus que ces
recevaient des dissolutions de sels ammoniacaux perfumates passaient bientôt, sous l'influence oxy-
à la dose de 0,0001 ; il rappelle encore une obser- dante du peroxyde de fer, à l'état de nitrates ; et c'est
vation qui lui a été communiquée par M. De- peut-être plutôt sous cette forme que sous celle
caisne sur la mort d'une nymphéacée causée par de sels à acide organique azoté que sont absorbés
l'addition de quelques gouttes d'une dissolution les principes azotés des fumiers [ Compt. rend. ,
de carbonate d'ammoniaque dans l'eau dans la- t. XLVIII, p. 722; - t. XLIX, p. 289, 1859]. Dans
quelle elle vivait Leçons professées devant la quelques-uns de ses nombreux essais, M. G. Ville
Société chimique en 1861 , p. 167]. a soumis des plantes à l'action de diverses ma-
Ces faits sont en désaccord avec l'opinion com- tières azotées, de façon à comparer l'action de
mune qui reconnaît l'efficacité des sels ammo- chacune d'elles ; les plantes ont reçu du nitrate de
niacaux dans la végétation . Sans remonter jusqu'à potasse, de l'urée, de l'acide urique, de l'urate de
l'expérience de sir H. Davy, qui montra que les chaux, du sel ammoniac et de l'oxalate d'ammo-
émanations gazeuses d'une masse de fumier con- niaque renfermant des quantités d'azote égales , et
duite sous les racines d'un gazon favorisaient les récoltes ont été assez différentes ; ce résultat
étrangement sa végétation , on peut rappeler les peut s'expliquer, ou bien en admettant que les
experiences de M. Kuhlmann , de M. I. Pierre, de matières azotées solubles absorbées en nature
MM . Lawes et Gilbert, qui ont tous reconnu l'in- sont décomposées plus ou moins facilement par
fluence favorable des sels ammoniacaux. Il est les plantes et, par suite, peuvent servir à des de-
vrai que ces sels ont été placés dans la terre ara- grés différents à constituer des principes immé-
ble et, par suite, dans des circonstances où il se diats, ou bien elles montrent que ces composés
produit constamment des nitrates ; mais il paraît sont amenés plus ou moins lentement à la forme
difficile d'admettre que la transformation soit unique sous laquelle, suivant certains chimistes,
complète. Au reste, M. G. Ville a fait quelques l'azote pénètre dans les plantes. Il est remarquable,
cultures dans du sable calciné où les plantes étaient au reste, que, parmi les composés dérivés de l'am-
amendées par du nitre, du sel ammoniac , du phos- moniaque, les uns agissent sur la végétation
phate d'ammoniaque, du nitrate d'ammoniaque ; comme l'ammoniaque elle-même, tandis que les
et, bien que les cultures au nitrate de potasse autres, au contraire, ne paraissent avoir aucune
aient donné les résultats les plus favorables, on influence ; c'est ainsi que, d'après M. G. Ville, la
a obtenu dans les sols amendés avec des sels am- méthylamine et l'éthylamine employées à l'état de
moniacaux des plantes pesant quatre à cinq fois la chlorhydrate ont donné sur la végétation des ré-
semence, et il est bien difficile d'admettre que dans sultats analogues à ceux de l'ammoniaque elle-
ces circonstances les sels ammoniacaux ont été même; que l'urée a produit de meilleurs effets
intégralement transformés en nitrates [ Ann. de que le carbonate d'ammoniaque dont elle ne dif-
Chim . et de Phys. , (3) , 1857 , t. XLIX, p. 183] . fère que par les éléments de l'eau ; tandis que
11 paraît donc très-probable que les sels ammo- l'éthylurée n'a produit aucun effet.
niacaux peuvent, comme les nitrates, concourir à 4° Assimilation de l'azote à l'état libre par la
la nutrition des plantes ; mais on reconnaît, en végétation. Nous venons de voir qu'il est vrai-
général , qu'à égalité dans le poids d'azote, ils semblable que l'azote pénètre dans les plantes
agissent d'une façon moins favorable. sous trois formes différentes : à l'état de nitrate,
Si l'azote pénètre habituellement dans les de sel ammoniacal, enfin à l'état de combinaison
plantes sous forme de nitrate et sous forme de organique plus ou moins complexe. Peut-il encore
sels ammoniacaux en dissolution dans l'eau qui y pénétrer à l'état libre? Peut-il se produire dans
baigne les racines, il semble aussi pouvoir péné- les réactions qui prennent naissance dans la plante
trer dans les plantes sous forme d'ammoniaque même quelques composés dans lesquels s'engage
gazeuse ; au moins M. G. Ville assure-t-il avoir l'azote libre de l'air atmosphérique ? La question ,
réussi à faire prospérer des orchidées ou d'autres comme chacun sait, est des plus controversées.
plantes en les faisant végéter dans de l'air légè- La méthode imaginée par M. Boussingault, dès ses
rement ammoniacal; il annonce avoir obtenu sous premières recherches pour reconnaître si les vé-
cette influence non-seulement des récoltes plus gétaux fixent l'azote atmosphérique, consiste es-
abondantes, mais encore des plantes plus riches sentiellement à faire végéter une plante dans un
en azote. sol absolument stérile et débarrassé par la calci-
3º Assimilation de l'azote sous des formes autres nation de toutes les matières organiques , déter-
que les sels ammoniacaux et les nitrates. On miner au moment du semis la composition de
sait qu'au commencement de ce siècle Th . de Saus- graines semblables à celles qui ont été semées , et
sure pensait que les plantes pouvaient absorber notamment la quantité d'azote qui y est contenu.
les principes solubles du terreau , et il écrivait On laisse la végétation se développer pendant
dans ses recherches chimiques sur la végétation quelque temps , puis on dose l'azote contenu dans
« Si l'azote est un être simple, s'il n'est pas un la plante, celui qui reste dans le sol et même dans
élément de l'eau, on doit être forcé de reconnaître le creuset-pot ; on établit enfin la balance entre
que les plantes ne se l'assimilent que dans les l'azote contenu dans la plante, dans le sol et dans
extraits végétaux et animaux et dans les vapeurs le vase, et celui qui existait dans la graine, et on
ammoniacales ou d'autres composés solubles dans voit s'il y a eu gain d'azote pendant la végétation.
l'eau qu'elles peuvent absorber dans le sol et dans Dans ses premiers travaux, M. Boussingault
l'atmosphère. » On conçoit toutefois combien il avait trouvé que le trèfle et les pois avaient fixé
est difficile d'affirmer que c'est l'extrait même de une quantité assez sensible d'azote , tandis que le
terreau que les plantes absorbent : non pas que froment ne présentait aucun gain, et que la quan-
nous pensions que les racines soient capables de tité d'azote contenue dans la récolte était sensible-
ASSIMILATION. - 441 ASSIMILATION .
ment égale à celle qu'on rencontrait dans la graine. essais faits à la ferme de Vincennes sous sa di-
Ces premiers résultats démontraient seulement rection, aussi bien que dans ceux qu'il extrait des
que les légumineuses avaient pris une certaine comptes rendus des cultures faites à Rothampsted
quantité d'azote contenu dans l'air, mais n'indi- par MM. Lawes, Gilbert et Pugh ( 1) , qui montrent
quaient rien sur la nature même de la matière que, dans la culture du froment, l'emploi des
azotée qui avait été assimilée ; ce pouvait être sans engrais complets augmente la récolte jusqu'à la
doute de l'azote libre, mais ce pouvait être éga- doubler, tandis que les pois, les féveroles et le
lement les vapeurs ammoniacales qui se rencon- trèfle accusent sensiblement le même rendement ,
trent aussi dans l'atmosphère. Quoi qu'il en soit , qu'ils aient reçu des engrais minéraux seulement
ces premières recherches avaient conduit à des ou des engrais complets. Il faut reconnaître enfin
théories très-séduisantes sur les rotations géné- que ces faits sont d'accord avec ceux de la prati-
ralement suivies dans les cultures européennes ; que agricole, qui a reconnu depuis longtemps que
mais on s'était trop hâté de s'emparer des nombres les cultures de légumineuses sont souvent favo-
obtenus dans cinq expériences seulement, et lors- rables aux cultures de graminées qui les suivent,
qu'en 1851 M. Boussingault reprit ses premières ce qui peut s'expliquer facilement s'il est démon-
recherches, mais en ayant soin, cette fois, d'opérer tré que la plupart des principes azotés que ces
dans des appareils fermés, qui permettaient de récoltes laissent sur le sol comme résidus ont été
faire arriver jusqu'à la plante de l'acide carbonique puisés dans l'air (2).
et de l'eau exempts d'ammoniaque, tout en la On voit donc qu'il y a en regard l'une de l'au-
plaçant complétement à l'abri des vapeurs ammo- tre deux opinions nettement tranchées : M. Bous-
niacales et des poussières organiques qui existent singault affirme, d'après ses nombreuses expé-
dans l'air, dans ces conditions particulières les ré- riences, que les plantes ne puisent pas d'azote
coltes ne se développèrent jamais normalement , le dans l'air ; M. G. Ville, au contraire, croit que
poids de la plante fut en général seulement double, l'excès incontestable d'azote existant dans les ré-
triple ou quadruple de la semence ; mais il fut coltes d'un sol cultivé, sur la quantité d'azote in-
impossible de reconnaitre la fixation de l'azote troduite comme engrais, provient de l'air atmos-
atmosphérique, qu'on eût opéré avec des haricots, phérique et a été absorbé à l'état d'azote gazeux .
des lupins, du cresson ou de l'avoine. Plusieurs En 1855, l'Académie des sciences nomma une
autres séries d'expériences furent ensuite instal- commission chargée de contrôler les expériences
lées avec des appareils où l'air se renouvelait de M. G. Ville, et, bien que les conclusions posées
constamment, ou même à l'air libre, et il fut en- fussent favorables aux idées de ce savant, divers
core impossible de constater l'absorption de l'azote accident arrivés pendant ces expériences entachent
gazeux de l'atmosphère. les conclusions du rapport (3). Si , d'autre part,
Ces expériences, exécutées avec un soin minu- MM . Lawes, Gilbert et Pugh se livrèrent, en An
tieux , semblaient devoir entraîner la conviction ; gleterre, pendant plusieurs années, à des essais
toutefois M. G. Ville, en les répétant , obtint des nombreux pour contrôler les résultats de M. Bous-
résultats différents , d'où il crut pouvoir tirer des singault et ceux de M. G. Ville, ils n'obtinrent
conclusions opposées [ Agronom. et Chim . agric., jamais que des récoltes extrêmement chétives, ne
par M. J.-B. Boussingault, 3 vol. Gauthier-Villars, présentant que des poids médiocrement supérieurs
t. I, 1860 ; voyez aussi Ann . de Chim. et de Phys., à ceux des semences, et M. G. Ville adresse à
3e série, 1856, etc. ] . leurs résultats les mêmes critiques qu'à ceux de
D'après M. G. Ville, les résultats obtenus par M. Boussingault; il croit que les plantes, par suite
M. Boussingault sont exacts dans les conditions des faibles quantités d'engrais azotés qu'elles ont
où il s'est placé ; mais ils cessent de l'être quand reçues, n'ont pas atteint la période de leur végéta-
on veut conclure de ce qui se passe dans un sol tion où elles sont capables de fixer l'azote atinos-
stérile à ce qui a lieu dans un sol déjà amendé phérique .
avec des matières azotées. Les idées de M. G. Ville 1 A l'une des critiques formulées par M. G. Ville ,
sont particulièrement développées dans le mé- à savoir que les quantités de salpêtre ou d'engrais
moire qu'il intitule : Quel est le rôle des nitrates azoté assimilable données sont trop faibles pour
dans l'économie des plantes ? [ Ann . de Chim. et qu'on puisse observer la fixation de l'azote at-
de Phys., 3 série, t. XLIX, p. 168, 1857.] mosphérique, on peut objecter une expérience de
D'après l'auteur, les plantes n'acquièrent la pro- M. Boussingault, insérée dans son mémoire « sur
priété d'absorber l'azote gazeux de l'atmosphère l'influence de l'azote assimilable des engrais sur
que lorsqu'elles sont déjà vigoureuses, et elles ne le développement des plantes, » où l'on voit que
le deviennent qu'à la condition de trouver dans des helianthus qui avaient reçu 18,4 de nitre et
le sol les éléments azotés nécessaires à leur pre- qui étaient développés comme ceux qui vivaient
mier développement. en pleine terre, n'ont présenté cependant qu'une
Si on sème, dans un sol stérile, du tabac ou du quantité d'azote plus faible que celle que renferme
colza dont les graines sont extrêmement petites, le nitrate.
on n'aura que des végétations rabougries et ché- Sans doute il eût été à désirer que des expé-
tives, dans lesquelles on ne pourra jamais con- (1) Onthe sources of the nitrogen of vegetation. Phi-
stater la fixation de l'azote atmosphérique ; mais losophical transactions, part. 11, 1861. M. Boussingault a
on obtiendra des résultats complétement différents résumé ce travail dans le 2e volume de son Agronomie
si on opère sur des sols qui ont reçu une quan- et Chimie agricole.
tité de nitre appréciable qui , d'après l'auteur, (2) On peut, au reste, expliquer autrement l'avantage
doit atteindre 1 gramme environ ; les récoltes , qu'il y a à faire succéder les céréales aux légumineuses,
dans ces conditions , se développent normalement; en remarquant que les légumineuses enfoncent leurs
elles atteignent 300, 400 et 700 fois le poids de racines profondément, vont chercher les principes nu-
la semence, et la quantité d'azote prélevé sur l'at- tritifs dans le sous-sol, puis abandonnent sur la sur-
face, au moment de la récolte, une quantité considé-
mosphère est considérable. rable de matière organisée qui, en se décomposant,
D'après M. G. Ville, au reste, toutes les plantes fournit une sorte d'engrais en couverture, qui, en défi-
ne seraient pas également aptes à saisir l'azote de nitive, provient du sous-sol où les céréales n'iraient pas
l'air; il reconnait que, d'une façon générale, les le chercher.
légumineuses donnent un rendement aussi élevé (3) Comptes rendus, 1855. - L'eau employée pour
quand elles reçoivent seulement un engrais mi- arroser les cultures n'était pas complétement exempte
d'ammoniaque, bien que la quantité trouvée fût plus
néral que lorsqu'elles végètent dans un sol qui a faible que celle qui était nécessaire pour expliquer le
reçu un engrais complet, et il trouve des argu- gain d'azote observé. Ce manque de netteté dans l'ex-
ments pour soutenir sa manière de voir dans les périence laisse quelques doutes dans l'esprit.
ASSIMILATION . - 442 ASSIMILATION .
riences analogues à celles-là eussent été faites en trouve cependant que la quantité d'azote existant
grand nombre pour trancher la question ; car si dans la luzerne et qui ne provient pas de l'en-
l'expérience précédente ébranle la conclusion de grais est trop considérable pour avoir pu pénétrer
M. G. Ville, un grand nombre d'essais, dans le entièrement à l'état d'azotate, et qu'en admettant
même sens, serait seul capable de démontrer que que toutes les bases non saturées par les acides
ces conclusions sont fautives. dosés ont pénétré à l'état d'azotate, il resterait
Au reste, M. G. Ville n'attaque pas seulement encore une certaine quantité d'azote en excès qui,
l'opinion soutenue par M. Boussingault à l'aide de d'après lui , a dû pénétrer à l'état d'azote libre.
ses propres expériences, il veut encore trouver des On ne saurait toutefois admettre absolument cet
arguments dans les travaux mêmes de son adver- argument, car rien ne prouve que cet azote en ex-
saire ; il intitule la troisième partie de son mé- cès n'est pas entré à l'état de sel ammoniacal qui
moire Sur le rôle des nitrates dans l'économie n'aurait pas laissé de son entrée une trace visi-
des plantes [ Ann. de Chim. et de Phys. , t. XLIX, ble comme l'azote qui a pénétré à l'état d'azotate.
1857, p. 185] : « Comment la nature des produits On voit que les expériences directes laissent
qui se ferment pendant la décomposition des fu- encore l'esprit incertain ; si , en les laissant de côté,
miers prouve que les piantes absorbent l'azote ga- on veut trouver des arguments dans les phéno-
zeux de l'atmosphere. » L'auteur rappelle que les mènes chimiques usuels pour formuler une opi-
expériences de M. Reiset, ainsi que les siennes nion, en attendant que de nouveaux travaux con-
propres, prouvent que lorsqu'une matière orga- duisent à une démonstration solide, on peut, d'une
nique azotée se décompose, elle émet une partie part, se rappeler que le phénomène de nitrifica-
de son azote à l'état d'ammoniaque et une autre tion est un des plus habituels , et que les azotates
partie à l'état gazeux. S'appuyant sur ce résultat, doivent se former continuellement dans la terre
M. G. Ville tire des expériences mêmes de M. Bous- arable. On nese ferait qu'une idée très-incomplète
singault la preuve que les plantes sont suscepti- de ce phénomène en faisant un dosage d'acide
bles d'absorber l'azote gazeux de l'atmosphère. Il azotique dans la terre arable et en établissant,
rappelle donc une expérience du savant chimiste d'après ce dosage, le poids d'azote assimilable
du Conservatoire dans laquelle trois graines de qu'une plante peut rencontrer; car si elle absorbe
lupin semées dans du sable calciné reçurent aujourd'hui le salpêtre qui se trouve dans le sol,
comme engrais six graines de lupin blanc privées demain une nouvelle quantité prendra naissance
de leur faculté germinative par leur immersion et pourra être absorbée de nouveau.
dans l'eau bouillante. Dans ces conditions, les lu- Certainement il n'y a aucune preuve que l'azote
pins poussèrent beaucoup mieux que dans le dissous dans la séve rencontrant l'oxygène nais-
sable calciné pur, la récolte accusa un gain d'azote sant, provenant de la décomposition de l'acide
considérable sur celui de la semence ; mais , tout carbonique, ne puisse former de l'acide azotique
compte fait, l'engrais se trouva avoir perdu un qui pénétrerait ensuite dans l'organisation végé-
peu plus d'azote que les plantes n'en avaient ga- tale ; mais il n'y a aucune preuve directe que ce
gné. S'il était démontré que tout l'azote provenant phénomène se produise, et nous voyons bien plu-
des lupins en voie de décomposition a été émis tôt les végétaux être des organes de réduction que
sous forme d'ammoniaque, la conclusion que d'oxydation.
M. Boussingault tire de son expérience serait Quant à la formation de combinaisons organi-
inattaquable ; mais comme, d'après M. G. Ville et ques azotées produites par la fixation de l'azote
M. Reiset, une partie importante de l'azote con- sur des composés organiques, elle est des moins
tenu dans les lupins servant d'engrais a dû se probables, et nous voyons toujours , dans le labo-
dégager à l'état d'azote , qu'enfin la quantité ratoire, l'azote se fixer sur des matières organi-
d'azote dégagé à l'état d'ammoniaque est bien in- ques à l'état d'ammoniaque ou d'acide azotique ;
férieure à celle qui a été fixée par la plante, il une élimination ultérieure d'hydrogène ou d'oxy-
faut en conclure que cet azote a été absorbé à gène fusionne enfin les matières d'une façon plus
l'état gazeux . complète. Les remarquables expériences de syn-
Une objection toutefois se présente encore à thèse de M. P. Thenard , dans lesquelles il est
l'esprit ; nous savons que sous l'influence de arrivé à fixer de l'azote sur la cellulose, de façon
l'oxygène naissant, sous celle de l'oxygène ozo- à reproduire quelques-unes de ces matières noires
nisé, i'azote peut s'engager en combinaison et qui existent dans les fumiers , ont été opérées
former des nitrates M. Cloëz a naguère précisé, avec de l'ammoniaque, et n'auraient certainement
devant la Société chimique, les conditions dans donné aucun résultat favorable si on eût opéré
lesquelles cette nitrification peut s'opérer, et on avec de l'azote pur.
conçoit que dans les expériences de M. G. Ville
il ait pu se former de l'acide azotique qui aurait ASSIMILATION DES PRINCIPES MINÉRAUX. - — On
fourni à la plante l'azote qu'elle renferme et qui sait depuis un temps immémorial que les végé-
ne préexistait pas dans la graine ou dans l'en- taux laissent à l'incinération des parties fixes ,
grais. A cette objection , M. G. Ville répond non- mais on ne s'est préoccupé du poids et de la com-
seulement en montrant que , dans ses expériences, position des cendres qu'à la fin du xvme siècle et
il ne peut constater la formation des nitrates, au commencement de celui-ci (voyez CENDRES).
bien qu'il les ait recherchés avec soin, mais il Les analyses très-nombreuses de cendres exécu-
tire encore de la grande culture de nouvelles tées depuis soixante ans ont démontré nettement
preuves à l'appui de son opinion ; il calcule la que si ces parties fixes se trouvent dans les
quantité d'azote existant dans une récolte de lu- plantes en faibles quantités , elles présentent une
zerne ; il détermine en même temps les bases qui telle constance de composition qu'on ne peut les
se trouvent dans les cendres de cette récolte, et considérer comme accidentelles, mais qu'il faut
qui ne sont pas saturées par les acides dosés dans reconnaître, au contraire, qu'elles font, en quel-
les cendres ; on conçoit que ces bases ont pénétré que sorte, partie intégrante de l'organisme végé-
en combinaison dans la plante à l'état de sels et, tal. Des expériences synthétiques sont venues, au
par suite, qu'en défalquant de leur poids total reste, confirmer ces premiers résultats de l'ana-
la fraction nécessaire pour saturer les acides do- lyse, et on a vu des plantes rester chétives et ne
sés, il reste un certain poids qui a pu pénétrer à prendre qu'un très-faible développement, bien
l'état d'azotates ; on serait donc mal venu dans ce qu'abondamment pourvues de matières carbonées
cas à supposer que l'azote existant dans la luzerne et azotées quand elles croissent dans des sols
a été absorbé à l'état libre, puisqu'il a pu entrer privés de phosphate ou de sels de potasse.
à l'état d'azotate. En faisant ce calcul, M. G. Ville Nous n'avons pas l'intention, dans cet article,
ASSIMILATION . 443 - ASSIMILATION.
d'appuyer sur l'importance des engrais minéraux, plante vers sa partie supérieure, un transport des
et nous renvoyons le lecteur aux mots : PHOS- matières azotées, des substances minérales, de
PHATES, POTASSE, TERRE, etc. , nous voulons seu- l'acide phosphorique ou des phosphates. » Les
lement indiquer ici comment a lieu l'assimilation cultivateurs ont, au reste, remarqué depuis long-
de ces principes minéraux. temps qu'après la floraison et la maturation des
Si on compare la composition des cendres des graines, un fourrage est beaucoup moins nourris-
végétaux marins à la composition des eaux de la sant que lorsqu'il est récolté plus tôt.
mer, on reconnaît qu'il existe entre elles des dif- Tous les chimistes qui ont dosé à la fois l'azote
férences assez grandes pour qu'on ne puisse ad- et les phosphates dans les graines ont été frappés
mettre que les plantes absorbent indifféremment de voir ces deux matières augmenter à peu près
les matières qui existent en dissolution dans parallèlement. « On aperçoit, dit M. Boussingault,
l'eau qui les baigne ; on trouve de même des dif- une certaine relation entre la proportion d'azote
férences très-notables dans la composition des et celle de l'acide phosphorique contenus dans
cendres des plantes terrestres développées sur le les substances alimentaires ; généralement les
même terrain , et il faut encore admettre que ces plus azotées sont aussi les plus riches en acides,
plantes ont, en quelque sorte, choisi dans le sol ce qui semble indiquer que dans les produits de
les éléments qui leur convenaient [ Ann . de Chim. l'organisation végétale les phosphates appartien-
et de Phys., 4ª série, 1866, t. VIII, p. 333]. nent particulièrement aux principes azotés et
On ne peut attribuer cette puissance élective qu'ils les suivent jusque dans l'organisation des
ni à la constitution même des racines (¹), ni à la animaux . » M. Corenwinder énonce la même opi-
propriété qu'elles auraient de repousser certaines nion dans son mémoire sur les migrations du
matières solubles, car l'expérience enseigne que phosphore dans les végétaux. « Depuis longtemps,
toutes les matières solubles mises en contact avec dit-il, on a constaté que les bourgeons naissants,
les racines d'une plante peuvent pénétrer dans les jeunes végétaux sont riches en matières azo-
celle-ci [ Th . de Saussure, Rech. chìm. sur la vé- tées. Celles-ci sont toujours accompagnées d'une
gétation; Trinchinetti , Sulla facolta assorbente proportion relativement considérable de phos-
delle radici dei vegetabili, Milano, 1863] . Il n'est phore, et il n'est pas douteux que ces deux élé-
pas besoin non plus, pour expliquer le choix exécuté ments sont unis dans le règne végétal suivant un
par les végétaux parmi les substances minérales mode de combinaison encore mystérieux. »
qui existent dans le sol, de recourir à ces forces Des expériences récentes , entreprises sur ce
mystérieuses dont Dutrochet déplorait si énergi- sujet [Dehérain, loc. cit. ] , ont démontré que si
quement, autrefois , l'introduction dans la physio- on lessivait des graines pulvérisées avec de l'eau,
logie; les forces chimiques et la force curieuse on n'arriverait jamais à enlever tous les phospha-
mise en lumière dans ces dernières années par tes qui y sont contenus ; en brûlant les graines
Th. de Graham, la force de diffusion , suffisent lavées, on reconnaissait que la quantité d'acide
pour expliquer l'accumulation dans le tissu d'une phosphorique contenuc encore dans la farine était
plante d'une matière soluble au détriment d'une beaucoup trop grande pour former avec la chaux
autre. qu'on y dosait une combinaison insoluble, et
Assimilation des phosphates. Quand on étu- qu'ainsi l'acide phosphorique, combiné sans doute
die la terre arable, on reconnaît avec M. Paul à la potasse, avait contracté avec la matière or-
Thenard que la plus grande partie des phosphates ganique elle-même une union assez stable pour
s'y rencontrent à l'état de phosphates de sesqui- ne pas être détruite par l'eau. Cette union n'est
oxyde de fer ou d'alumine, insolubles dans l'acide même pas détruite par une liqueur acide (1 p.
carbonique, mais faciles à décomposer par les d'acide chlorhydrique fumant pour 9 d'eau), et
carbonates alcalins ou alcalino-terreux , et on con- on a trouvé dans la farine de pois et dans la fa-
çoit que sous l'influence du chaulage ou du mar- rine de froment, lavées à plusieurs reprises à
nage, sous celle des carbonates provenant de la l'acide étendu, des quantités encore très-notables
décomposition des roches feldspathiques (voyez d'acide phosphorique et représentant le 1/5, le
FELDSPATH), l'acide phosphorique puisse de nou- 1/6 et le 1/9 des quantités primitives.
veau se trouver en dissolution dans l'eau pure ou Comme tous les phosphates sont solubles dans
dans l'eau chargée d'acide carbonique, à la dispo- l'acide chlorhydrique étendu , on peut conclure
sition des plantes et susceptible d'être absorbé de ces essais que les phosphates qui ont résisté à
avec l'eau qui arrive au contact des racines [ Compt. ce dissolvant se trouvaient dans les farines unis
rend. , t. XLVI, p . 212, 1858 ; Dehérain , thèse pour intimement avec la matière végétale et retenus
le doctorat]. par elle à l'état insoluble. Il est possible que ces
Au printemps les phosphates se trouvent en phosphates se trouvent dans les feuilles, engagés
quantités assez notables dans les jeunes organes de même en combinaison, mais il est vraisem-
des plantes, et notamment dans les feuilles ; mais blable que le phosphate de chaux ou de magnésie,
peu à peu cette quantité va en diminuant, et quand qu'on y rencontre souvent, peut aussi y être sim-
la plante fleurit , les phosphates quittent les feuil- plement déposé par suite de l'évaporation de l'eau
les pour s'accumuler dans les graines [voyez de chargée d'acide carbonique que l'on y a amené et
Saussure, Recherches chimiques sur la végétation, nous concevons, en résumé, que les phosphates se
p. 293 ; ―- Garreau, Ann . des sciences naturelles, rencontrent dans les végétaux àdeux états différents:
botanique, (4 ), t . XIII , 1860. Corenwinder, 1º Retenus en combinaisons par la matière vé-
Ann. de Chim . et de Phys., t. LX, p. 105, 1860. gétale;
I. Pierre, Mémoires sur le colza ; Ann. de 2º Déposés par évaporation de l'eau chargée
Chim. et de Phys. , 1860 ; - Zoeller cité par d'acide carbonique qui les tenait en dissolution.
J. Liebig, Les lois naturelles de l'agriculture, Pour bien faire comprendre la manière dont
p. 385] . Il est à remarquer, au reste, que ce trans- nous envisageons l'absoption due à la combinai-
port des phosphates est toujours accompagné son, empruntons un exemple simple au travail
d'un transport semblable de la matière azotée. déjà cité.
« A l'époque de la formation de la graine , Dans un vase renfermant une dissolution de
dit M. I. Pierre, il s'effectue, de la tige de la sulfate de soude on place un vase poreux sem-
blable à ceux qu'on emploie dans la pile de Bun-
(1) Mémoire manuscrit, couronné par l'Académie des sen ; ce vase poreux reçoit de l'eau pure ; le niveau
sciences. L'examen microscopique du chevelu des est le même à l'extérieur et à l'intérieur, et bien
plantes présentant dans la composition des différences qu'il n'y ait aucun transport du liquide lui-même ,
très-sensibles n'a montré aucune variation remarquable. on remarque que le sel chemine au travers de la
ASSIMILATION. 444 ASSIMILATION .
paroi poreuse et pénètre peu à peu dans l'eau Si une nouvelle quantité de matière azotée prend
distillée ; la quantité qui pénètre par vingt-quatre naissance, elle fixera une nouvelle quantité de
heures va toujours en diminuant, et quand on phosphate, et ainsi de suite; celui-ci va donc s'ac-
laisse l'expérience se continuer pendant quel- cumuler dans la plante ; le sel marin ne s'y trou-
ques jours, on trouve que l'équilibre est établi, vera qu'en quantité beaucoup plus faible ; en effet,
c'est-à-dire que la richesse en sels de volumes ce sel ne se fixe dans aucun tissu, il persiste dans
égaux du liquide, pris dans le vase intérieur et la séve et il s'y trouve en quantité au moins aussi
dans le vase extérieur, est la même. Cette expé- grande que dans l'eau qui baigne les racines ; il
rience confirme, sous une forme un peu différente, n'y aura donc pas de raison pour qu'il pénètre
les recherches d'analyse de M. Graham, elle dé- par diffusion , il n'y aura même pas de raison
montre qu'en dehors de tout mouvement du li- pour qu'il pénètre avec l'eau qui viendra rempla-
quide il peut y avoir cheminement d'un sel au cer celle qui s'évapore complétement, car nous
travers d'une paroi poreuse comme celle d'un savons par les expériences de Th . de Saussure que,
vase en biscuit de porcelaine ou celle d'une racine. lorsqu'on fait végéter une plante dans un liquide
Compliquons maintenant notre expérience, pla- salin, il peut arriver souvent que les plantes ab-
çons dans le vase poreux et dans le vase de verre sorbent plus d'eau que de sel [ Recherches chimi-
des dissolutions de sulfate de soude, au même ques sur la végétation].
degré de concentration , mais ajoutons à la disso- On voit donc qu'il y a d'une part mouvement
lution extérieure du chlorure de potassium par des phosphates au travers du liquide et indépen-
exemple, et voyons ce qui arrivera ; il est certain damment du liquide, et d'autre part répulsion
que, l'eau des deux vases renfermant des quan- des chlorures qui n'entrent même pas aussi vite
tités égales de sulfate de soude , celui-ci restera que l'eau parce que la dissolution intérieure con-
dans chacun des vases sans augmenter ou dimi- centrée les repousse à leur entrée dans la plante.
nuer, mais il n'en sera plus de même pour le Nous comprenons ainsi que les phosphates
chlorure de potassium, qui filtrera au travers de puissent s'accumuler dans les plantes quand ils
la paroi poreuse pour pénétrer dans le vase in- s'y unissent avec les matières végétales ; mais
térieur; ainsi, la présence d'un sel dans l'eau du l'expérience nous enseigne qu'ils ne se trouvent
vase intérieur n'empêche pas la diffusion , dans pas toujours à cet état, et nous avons dit qu'on
l'eau de ce vase, d'un sel différent du premier. trouvait de plus dans les organes des plantes du
Concevons , maintenant , qu'à mesure que le sulfate de chaux qui paraissait simplement dé-
chlorure de potassium pénètre dans le vase po- posé par évaporation, et non combiné ; l'explica-
reux, il soit précipité de sa dissolution, qu'il soit tion de l'accumulation de cette matière est encore
fixé à chaque instant à l'état insoluble : la disso- cependant facile à donner si on se rappelle que
lution intérieure, à chaque instant appauvrie du le phosphate de chaux est soluble dans l'eau
sel ainsi amené à l'état insoluble, va recevoir du chargée d'acide carbonique et insoluble dans l'eau
vase extérieur une nouvelle quantité de ce sel ; pure. Empruntons encore au mémoire manuscrit
l'équilibre, toujours rompu, tend à se rétablir, et une expérience applicable au cas qui nous occupe.
par suite le sel, ainsi constamment soustrait à la Un mélange de sel marin et de bicarbonate de
dissolution, finit par s'accumuler à l'état insoluble chaux est placé dans un verre ; sur les bords de
dans le vase intérieur. celui-ci on dispose de petites bandelettes de tulle
On réalise facilement cette accumulation d'un dans lesquelles pénètre peu à peu le mélange
sel au détriment d'un autre en plaçant dans le des deux sels ; l'un, le bicarbonate de chaux, ex-
vase extérieur un mélange de sel marin et de posé à l'air, se décompose bientôt, l'acide carbo-
sulfate de cuivre et en précipitant intérieurement nique se dégage et le carbonate de chaux se pré-
avec de l'eau de baryte ; on finit par faire passer cipite ; la liqueur qui imprègne les bandelettes se
dans le vase intérieur tout le sulfate de cuivre. trouve donc appauvrie de bicarconate de chaux,
Des causes semblables à celles que nous venons elle est moins riche que l'eau dans laquelle bai-
d'indiquer produisent, dans les végétaux, l'accu- gne l'extrémité de la bandelette et, par suite, un
mulation d'un principe à l'exclusion d'un autre. mouvement de diffusion s'établit au travers de
Une jeune plante se développe, ses premiers or- toute la masse et une nouvelle quantité de bicar-
ganes sont riches en matières azotées, susceptibles , bonate de chaux arrive dans les bandelettes, s'y
comme nous l'avons vu , d'amener les phosphates décompose et est bientôt remplacée par une nou-
à l'état insoluble ; si donc un mélange de phos- velle quantité. Il n'en est pas de même du sel
phate et d'un autre sel , comme le chlorure de marin, car il persiste dans la dissolution sans se
sodium par exemple, pénètre par les racines dans décomposer, et bientôt le liquide des bandelettes
cet organisme, ces sels vont s'y fixer en quantités se trouve renfermer une dissolution plus riche en
très-différentes . Admettons, en effet, pour un ins- sel marin que le liquide primitif, et, par suite,
tant que ce mélange de phosphate et de chlorure, aucun mouvement de diffusion ne s'établit pour
pénètre dans cette plante en proportions sem- ce sel. Si à un moment déterminé on arrête l'ex-
blables à celles qu'ils présentent dans le sol (1) ; périence et qu'on dose le carbonate de chaux et
le phosphate va bientôt être amené à l'état inso- le sel existant dans les bandelettes, on les trou-
luble par la matière azotée et va dès lors dispa- vera en proportions très-différentes et le carbo-
raître de la dissolution . Or, si nous nous reportons nate de chaux diminuera beaucoup(1).
à l'expérience précédente où nous avons vu un Tout ce que nous venons de dire s'applique
sel passer à travers une paroi poreuse pour se aussi bien au phosphate de chaux qu'au carbo-
répandre dans un liquide qui ne le renfermait nate, car ces deux sels, insolubles dans l'eau
qu'en plus faible quantité que la dissolution exté- pure, se dissolvent très-bien dans l'eau chargée
rieure, nous concevons qu'il va y avoir un che- d'acide carbonique, et on conçoit que le phosphate
minement de phosphate de la terre dans laquelle de chaux s'accumule dans les organes des plantes
végète la plante, jusque dans la séve, et cela en quand l'évaporation ou la décomposition de l'a-
dehors de tout mouvement du liquide lui -même ; cide carbonique l'auront rendu insoluble.
en effet, la séve est plus pauvre en phosphate que Assimilation de la silice. - Les considérations
la terre arable, puisque le phosphate est précipité, que nous venons de développer au sujet de l'a-
soustrait de la séve, aussitôt qu'il y arrive, par cide phosphorique vont nous permettre de com-
sa combinaison avec la matière azotée elle-même.
(1) La dissolution avait perdu en trois jours 27 % du
(1 ) On verra plus loin que ceci peut n'être pas exact, sel marin qu'elle renfermait , et 62 % du bicarbonate
parce que les sels ont des pouvoirs diffusifs différents. de chaux.
ASSIMILATION. 445 - ASSIMILATION .
prendre rapidement l'accumulation de la silice tière colorante pouvait s'unir avec cette matière
dans les tiges de certaines plantes et notamment colorante et l'enlever ainsi à la dissolution qu'elle
dans celles des céréales, qui en renferment des renfermait; cette union présente une énergie va-
quantités très-notables (70 % du poids des cen- riable, elle résiste parfois à l'action de l'eau pure ,
dres). mais cède à l'action des lessives alcalines plus
La silice récemment séparée d'une combinaison ou moins concentrées ; il en est de même dans le
est légèrement soluble dans l'eau chargée d'acide cas qui nous occupe et nous avons vu la silice
carbonique. On sait que la décomposition des si- qui existe dans les tiges de céréales ou dans les
licates sous l'influence de l'acide carbonique est fougères résister non-seulement à l'action de l'eau
fréquente et on conçoit que l'eau qui existe dans pure, mais aussi à la puissance dissolvante des
le sol puisse renfermer de petites quantités d'a- alcalis, tandis que celle qu'on rencontre dans les
cide silicique qui pénètre, à l'aide de ce dissol- feuilles de lilas ou dans les bagasses de canne à
vant, dans les tissus des plantes. La silice ne s'y sucre se sépare plus facilement de ces tissus.
rencontre pas toujours au même état. Si, en ef- Cette application des faits observés dans l'art de
fet, on attaque des tiges de céréales avec des dis- la teinture à l'explication de certains phénomènes
solutions bouillantes de soude, on arrive à enlever qui se produisent dans les êtres vivants n'a pas
complétement la silice qu'elles renferment si les échappé à M. Chevreul , qui disait, il y a déjà
dissolutions sont concentrées, mais il n'en est plusieurs années : « Du moment où il est démon-
plus ainsi quand les dissolutions sont étendues ; tré qu'un tissu organique défait une solution
si, par exemple, on fait usage de dissolutions pour s'approprier un de ses principes immédiats
bouillantes marquant seulement 1 °, on observe en proportion plus forte que l'autre, on conçoit
dans la manière dont la silice résiste à l'action comment des effets analogues peuvent être pro-
de ce dissolvant des différences considérables ; duits dans l'économie organique. » [ Recherches
tandis que cette dissolution enlève absolument sur la teinture, 8e mémoire, t. XXIV des Mé-
toute la silice contenue dans le bois de chêne et moires de l'Académie.]
dans les feuilles du même arbre, qu'elle diminue Le cellulose dominant beaucoup dans les tiges
celle qu'on trouve dans les feuilles de lilas et de des céréales où se rencontre la silice, on serait
sapin ou dans les bagasses de canne à sucre, elle porté à croire que la silice s'unit à la cellulose
laisse intacte celle qui existe dans les fougères et dans ces organes, et on trouverait une objection
dans les tiges des céréales, et comme les autres à notre manière de voir si l'on admettait, avec
matières minérales disparaissent, la quantité de M. Payen, qu'il existe dans tous les végétaux une
silice contenue dans les organes lavés avec la seule espèce de cellulose, car on a comprendrait
soude caustique augmente considérablement (¹). pas comment un principe unique ne se combi-
Nous pouvons encore conclure de ces essais que nerait pas toujours de la même façon avec la
la silice peut exister dans les plantes à deux silice.
états : 1° combinée avec la matière végétale avec On sait toutefois que l'identité du principe im-
plus ou moins d'énergie ; 2° simplement déposée médiat qui forme le squelette des végétaux , les
par évaporation. fibres, les trachées, les parois des cellules, a été
Dans le cas où la silice est combinée , on expli- vivement combattue par M. Fremy (voyez CELLU-
quera son accumulation comme on l'a fait pour LOSE) , et nous avons observé de notre côté plu-
les phosphates ; la silice pénétrant dans la plante sieurs faits qui nous démontrent qu'il existe plu-
avec la séve sera fixée à l'état insoluble par la sieurs variétés dans cette espèce , qui comprend
matière végétale, la séve se trouvera appauvrie sans doute un grand nombre d'isomères confon-
de silice et dès lors il y aura cheminement de dus aujourd'hui par suite de recherches encore
cette matière dissoute dans l'acide carbonique, incomplètes ; nous croyons donc que si la silice
de la terre dans laquelle végète la plante vers la s'accumule dans certaines tiges et non dans cer-
séve qui en renferme moins que l'eau qui baigne taines autres, la raison en est que ces tiges sont
les racines. Si, au contraire, il n'y a pas combi- formées par des principes immédiats différents,
naison entre la matière végétale et la silice, celle- dont les uns présentent pour la silice, sinon une
ci ne se rencontrera qu'en quantité plus faible véritable affinité, au moins une sorte d'attraction
dans les plantes, mais elle pourra toutefois s'ac- capillaire, qui ne se rencontre pas dans d'autres
cumuler dans les feuilles par suite de l'évapo- tissus.
ration de l'acide carbonique qui la tenait en dis- Assimilation de la chaux. Quand on traite
solution . A cette cause, au reste, vient s'en ajou- des feuilles par de l'acide chlorhydrique très-
ter une autre, qui est le départ qui s'exécute dans étendu, on arrive assez facilement à les dépouil-
la partie minérale des feuilles à mesure que ler de la chaux qu'elles renferment ; cette obser-
celles-ci avancent en âge. Si on compare la com- vation démontrerait déjà que la chaux ne se trouve
position des feuilles d'un même arbre à diffé- pas en combinaison avec les tissus mêmes des
rentes époques de la végétation (2) , on voit les feuilles. M. Payen est arrivé à la même conclu-
phosphates disparaître peu à peu pour aller sion par l'examen microscopique des feuilles de
s'accumuler dans les graines, et la silice, au con- diverses espèces ; il a découvert dans un grand
traire, persiste dans ces organes et finit par for- nombre d'entre elles du carbonate de chaux qui,
mer une partie importante des cendres. traité par l'acide chlorhydrique, se dissout en
Nous venons d'attribuer à une combinaison de laissant dégager de l'acide carbonique en bulles
la silice et des matières végétales l'accumulation nombreuses faciles à découvrir sous le champ du
considérable de cette substance minérale dans les microscope [ Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , t. XLI,
tiges des céréales, dans les fougères , etc., et nous 1854, p. 164] . On trouve aussi dans les feuilles
ne saurions mieux comparer ces combinaisons la chaux combinée avec l'acide oxalique dans un
qu'à celles qu'on observe dans l'art de la tein- certain nombre de plantes, parfois en quantités
ture ; on a reconnu depuis longtemps qu'une fibre extrêmement considérables et notamment dans
végétale plongée dans une dissolution d'une ma- les cactus . L'explication de l'assimilation de cette
matière sera donc semblable aux précédentes , la
(1 ) On a trouvé dans un des essais que 100 p. de séve s'appauvrira en chaux soit par le départ du
cendres de paille de froment lavée à la soude caustique carbor.ate de chaux par suite de l'évaporation de
renfermaient 93 p. de silice, au lieu de 70 contenues l'acide carbonique, soit par la précipitation de la
dans 100 de cendres de la plante normale. chaux à l'état d'oxalate si les feuilles sont suscep-
(2) Voyez les analyses très- instructives du docteur
Zoeller, cité par Liebig. Les Lois naturelles de l'Agri- tibles de sécréter de l'acide oxalique , et il y aura
culture, t. II, p. 183. dés lors diflusion de la chaux du sol vers la séve
ASSIMILATION . 446 -- ASSIMILATION.

en dehors de tout mouvement de liquide lui- était dissous , mais ont pris seulement les quan-
même et, par suite, accumulation de cette base tités suivantes :
au détriment des autres matières minérales. Le Le
polygonum bidens
Assimilation des sulfates , des chlorures, etc.— persicaria. cannabina.
Les considérations précédentes nous permettent Chlorure de potassium.. 14,7 16,0
de comprendre comment peut avoir lieu l'assimi- Sel marin.. 13,0 15,0
lation des matières minérales qui forment avec Sel ammoniac.. 12,0 17,0
les tissus des végétaux ou avec les substances sé- Azotate de chaux.. 4,0 8,0
crétées par ceux-ci des combinaisons insolubles. Sulfate de chaux. 12,0 10,0
Elles nous font comprendre encore l'accumulation Acétate de chaux . 8,0 8,0
Sulfate de cuivre .. 47,0 48
des matières insolubles dans l'eau, mais solubles Sucre ... 29 32
dans l'eau chargée d'acide carbonique ; mais il est Gomme.. 9 8
un ordre de faits que nous n'avons pas encore Extrait de terreau... 6
abordé et qui ne peut être déduit des considéra-
tions développées plus haut : c'est l'assimilation « On voit, ajoute l'illustre physiologiste, que
de certaines substances minérales qui ne parais- les plantes ont absorbé toutes les substances que
sent former avec les tissus aucune combinaison je leur ai présentées, mais qu'elles ont sucé l'eau
et qui ne peuvent être déposées par composition, en beaucoup plus grande raison que les corps qui
puisque les végétaux qui les renferment sont sub- y étaient dissous.
mergés. Nous voulons parler de l'assimilation des « On voit encore qu'elles n'ont pas pris en plus
principes minéraux par les végétaux marins . grande quantité dans cette eau les aliments qui
Si on compare la composition des eaux de la leur convenaient le mieux. Le sulfate de cuivre,
mer à la composition des cendres des plantes qui était le plus nuisible, a été le mieux absorbé .
marines et notamment des fucus, on est très- La gomme, l'acétate de chaux, qui étaient très-
frappé des différences qu'elles présentent ; tandis défavorables à la végétation , n'ont passé, au con-
que les 2/3 du résidu salin laissé par l'eau traire, qu'en petite quantité dans les plantes.
de mer sont du chlorure de sodium, les cendres du « J'ai répété plusieurs fois ces expériences, soit
fucus n'en renferment que 1/4 de leur poids au dans les mêmes proportions, soit dans d'autres,
plus et parfois seulement 1/6. Le sulfate de ma- et j'ai toujours obtenu les mêmes résultats géné-
gnésie est bien moins abondant dans l'eau de raux. Les plantes ont toujours absorbé plus de
mer que le chlorure de sodium et cependant les muriates et de sulfates alcalins que d'acétate et
sulfates sont en quantités considérables dans les nitrate de chaux ; elles ont toujours absorbé plus
cendres des fucus. Il est facile de reconnaître que de sucre que de gomme... »
toutes les matières salines ne se trouvent pas au Saussure voulut ensuite reconnaître si les plan-
même état dans toutes les plantes marines. Si, tes feraient un choix dans les dissolutions com-
en effet, on prend quelques-unes de celles-ci et plexes qu'il présentait à leurs racines. Le polygo-
qu'on les coupe, puis qu'on les fasse bouillir avec num et les bidens ne prirent pas, en effet, des
de l'eau de façon à enlever les sels solubles, on poids égaux des sels placés en quantités égales
remarque souvent que l'eau enlève des chlorures dans l'eau. Les résultats de cette nouvelle série
et presque pas de sulfates [Mémoire manuscrit, d'essais furent « que les plantes pourvues de leurs
déjà cité) . Ceux-ci paraissent donc être engagés racines absorbent dans une dissolution certaines
en combinaison avec la fibre végétale et assez substances préférablement à d'autres ; elles se
énergiquement, puisque l'ébullition avec l'eau chargent, par exemple, en plus grande quantité
douce ne les sépare pas, et on comprend que les du muriate de soude et du muriate de potasse que
phénomènes de diffusion auxquels nous avons fait de l'acétate de chaux et du nitrate de chaux; elles
allusion plus haut puissent trouver place ici et prennent dans une dissolution de sucre et de
déterminer l'accumulation des sulfates à l'exclu- gomme plus de sucre que de gomme, et toutes les
sion des chlorures, puisque, nous le répétons, les substances ne pénètrent point dans levégétal en rai-
uns sont retenus à l'état insoluble, tandis que les son de leur influence sur la végétation . Elles sont
autres, au contraire, semblent être retenus beau- absorbées dans une proportion beaucoup moin-
coup moins énergiquement, puisqu'ils cèdent à dre que l'eau qui les tient en dissolution.
l'action de l'eau pure. Mais on ne trouve pas dans « Je serais porté à admettre, dit Saussure en
toutes les plantes marines les sulfates retenus en finissant, que la plante, en absorbant une substance
combinaison avec la même énergie. Lorsqu'on dé- préférablement à une autre dans le même liquide,
termine la composition des cendres du fucus sili- ne produit presque point cet effet en vertu d'une
quosus bouilli avec de l'eau, on trouve que ces sorte d'affinité, mais en raison du degré de visco-
cendres, considérablement diminuées en poids, sité ou de fluidité des diverses substances. >>
présentent les sulfates et les chlorures dans le On voit que de Saussure ne donne cette der-
rapport où ils se trouvaient dans la plante nor- nière conclusion que sous forme de doute ; si ses
male. Il peut arriver cependant que, dans ce cas essais représentent dans une certaine mesure les
encore, les sulfates dominent sur les chlorures ; et faits que nous observons dans l'analyse des cen-
comme les eaux de la mer sont beaucoup plus ri- dres, ils nous laissent dans le doute au sujet de la
ches en chlorures qu'en sulfates, il faut qu'une cause qui détermine cette absorption élective :
force particulière ait déterminé l'absorption élec- peut-elle être attribuée à la force de diffusion dont
tive des sulfates. nous avons déjà fait usage pour expliquer l'accu-
Plusieurs savants se sont déjà exercés sur la mulation des phosphates, de la silice et de la
question que nous abordons ici ; on trouve des in- chaux qui existent dans les végétaux , ou bien
dications précieuses sur ce sujet dans les travaux faut-il faire intervenir la force inconnue qui pré-
de Th. de Saussure [ Recherches chimiques sur la side à la vie et à laquelle on a recours dans tous
végétation ]. On sait comment il avait opéré. les cas où les phénomènes trop complexes ne pa-
Deux plantes marécageuses furent placées l'une raissent pas dériver de formes physiques bien
et l'autre dans des dissolutions salines. On pro- déterminées ?
longeait l'expérience jusqu'au moment où les Des expériences furent entreprises sur ce sujet
plantes avaient absorbé par leurs racines la moi- [ Mémoire manuscrit ] , et, pour simplifier cette
tié de la dissolution . On trouve ainsi que si on étude, on résolut d'éliminer complétement toute
représente par 100 la proportion de sel de la dis- action vitale en agissant seulement avec des vases
solution, les plantes, en absorbant la moitié de poreux.
l'eau, n'ont pas absorbé la moitié du sel qui y On opérait très-simplement de la façon sui-
ASSIMILATION . --- 447 - ASSIMILATION .
vante une dissolution saline était placée dans portants à constater : d'abord il peut arriver que,
un vase de verre ; on immergeait dans celui-ci un des plantes étant plongées dans une dissolution
vase poreux renfermant de l'eau distillée dans saline, l'eau puisse pénétrer en plus grande quan-
une première série d'expériences, du kaolin dans tité que les sels, et en outre différents sels entrent
une seconde série ; on examinait, après vingt- en proportions variables suivant les plantes , va-
quatre heures, la composition de la liqueur res- riables suivant les sels eux-mêmes. Nous avons
tante, et on pouvait observer trois cas : ou bien la indiqué comment ces derniers faits nous parais-
dissolution s'était appauvrie, c'est-à-dire que le sent dus exclusivement à la force de diffusion,
sel avait en partie quitté le vase extérieur pour puisque dans nos expériences à l'aide des vases
pénétrer dans le vase poreux ; ou bien la compo- poreux nous avons pu constater que la force de
sition de la liqueur était restée la même , et ce diffusion des sels variait avec leur nature et avec
cas pouvait se présenter seulement dans la série celle de la paroi poreuse ; cette puissance de dif-
d'expériences avec le kaolin, c'est-à-dire que la fusion nous a même indiqué la raison probable de
liqueur avait été absorbée sans changer de com- certains faits observés depuis longtemps . Nous
position ; ou bien encore la liqueur s'était enri- avons trouvé que la diffusion des iodures était su-
chie, c'est-à-dire que l'eau avait pénétré dans le périeure à celle des chlorures, qu'en plaçant un
vase extérieur en plus grande quantité que le sel ; vase poreux dans des dissolutions d'iodure et de
ce cas ne s'est encore présenté que lorsqu'on chlorure au même degré de concentration , les io-
agissait avec des vases poreux renfermant du dures pénétraient mieux dans l'intérieur de la
kaolin. Sans insister sur les résultats particuliers plante que les chlorures, et nous ne doutons pas
de ces essais, on arriva à se convaincre : qu'il faille attribuer à cette cause la concentration
1° Que tous les sels ne pénétraient pas dans les des iodures dans certaines plantes marines. Mais
vases poreux semblables avec la même énergie, nous n'avons pas encore indiqué comment une
qu'ils fussent employés séparés, ou , au contraire, plante plongée dans une dissolution pouvait ab-
réunis ; sorber plus d'eau que de sol, et cependant ce fait
2º Que la nature de la paroi avait aussi une in- se déduit encore des lois de la diffusion indiquées
fluence sur la quantité de sel qui avait pénétré plus haut.
dans les vases poreux, car on n'obtenait pas les Nous avons vu, en effet, que lorsqu'on place
mêmes résultats en opérant avec des vases de dans une dissolution saline , et par exemple de
Bunsen, avec des creusets de Hesse, des creusets sulfate de soude, un vase poreux renfermant de
de Paris ou des cloches de verre dont l'ouverture l'eau pure, celle-ci se charge peu à peu de sel
était fermée par de la baudruche. jusqu'à ce que l'équilibre s'établisse, c'est-à-dire
Ces résultats étaient de nature à faire admettre jusqu'à ce qu'il y ait des deux côtés du vase po-
que la cause déterminante des résultats obtenus reux ; ensuite le sel cesse de pénétrer dans le vase
par de Saussure était la force de diffusion dont il poreux, la diffusion s'arrête. Supposons pour un
avait, en quelque sorte, présenté l'évidence ; mais instant que l'eau intérieure s'évapore plus que
cette conclusion se trouva singulièrement affer- l'eau extérieure , et bientôt il y aura dans le vase
mie quand il nous fut possible de comparer nos intérieur une dissolution plus concentrée, de telle
résultats à ceux qu'avait obtenus, dans un travail sorte que, si l'eau pénètre dans le vase, elle y pé-
consciencieux, un naturaliste allemand, M. Wolff nétrera sans le sel qu'elle tient en dissolution ,
[Nouvelles recherches sur les lois de Saussure, car celui-ci ne saurait pénétrer dans la dissolu-
concernant l'absorption des dissolutions simples tion concentrée du vase intérieur. C'est là ce qui
par les racines des plantes] . Pour vérifier les arrive dans les expériences de Th. de Saussure ou
lois de Saussure , il avait fait végéter dans des dans les expériences faites à l'aide de vases poreux
dissolutions salines deux plantes différentes , le renfermant du kaolin : il y a évaporation de l'eau
haricot d'Espagne et le mais , et avait formulé qui pénètre dans les plantes, abandon du sel et,
les résultats de ses expériences sous forme de par suite, concentration de celui-ci dans l'eau qui
conclusions, auxquelles il était possible de com- gorge le végétal, et dès lors l'eau entrant dans
parer celles qu'on pouvait tirer des expériences celui-ci y entrera sans le sel qu'elle tient en dis-
faites à l'aide des vases poreux. Or les résul- solution.
tats obtenus par ces deux méthodes différentes MIGRATIONS DES PRINCIPES MINÉRAUX DANS LES
présentent une telle analogie , qu'il n'est pas PLANTES. Il est encore un point sur lequel nous
douteux que la force de diffusion , variable sui- devons appeler l'attention du lecteur , c'est le
vant les sels mis en expérience, variable avec la changement de composition que présentent les
nature de la paroi sur laquelle elle s'exerce , ne organes des plantes avec l'âge. Ce changement
soit la cause déterminante de l'absorption élective est particulièrement remarquable dans les feuilles
des sels par les plantes, quand ces sels ne sont qui, au moment de leur épanouissement, renfer-
que déposés dans la plante et qu'ils n'y sont fixés ment des proportions notables de phosphate de
ni par une combinaison ni par l'évaporation de chaux, tandis que, quelques mois plus tard, ce sel
l'acide carbonique qui les maintenait en dissolu- a entièrement disparu, et les feuilles ne renfer-
tion. ment plus guère que des carbonates terreux et
M. Wolff indique les circonstances dans les- de la silice. Il est remarquable que ce mouvement
quelles il faut se placer pour observer avec Th . de des phosphates a lieu au moment de la formation
Saussure que l'eau est absorbée en plus grande de la graine, et est souvent accompagné du mou-
quantité que les sels qu'elle tient en dissolution : vement des matières azotées . Ce fait, observé de-
on obtient ce résultat quand on agit avec des dis- puis longtemps, a été particulièrement mis en lu-
solutions concentrées ; si on opère , au contraire, mière par M. I. Pierre, et il faut reconnaitre que,
avec des dissolutions étendues, on trouve souvent si nous le constatons, nous n'avons encore que
que le sel passe mieux que l'eau . Dans nos expé- des idées vagues sur le mécanisme qu'emploie la
riences nous avons observé des résultats encore nature pour le mettre à exécution. Il semble
plus frappants, parce que nous avons pu opérer qu'à un certain moment toutes les ressources
avec des dissolutions assez concentrées qui , sans de la plante se réunissent pour fournir à la
action sur le vase poreux, auraient infaillible- formation de la jeune graine, et qu'alors les ma-
ment déterminé la mort des plantes qui les au- tières azotées et les phosphates répandus'dans tout
raient absorbées, et nous sommes arrivés au reste l'organisme soient appelés vers la graine ; la force
à des conclusions identiques. 1 de diffusion et les forces chimiques nous feront
Aussi dans les expériences de Saussure et dans peut-être encore comprendre un jour ces mouve-
celles de M. Wolff il y a deux faits différents im- ments provoqués par l'action vitale. P.-P. D.
ASTRAKANITE. 448 ATOMICITÉ.
´ASTRÁKANITE ( Min.) . - Sulfate hydraté de mant sur l'athamantine ; c'est un corps pulvéru-
magnésie et de soude : lent, jaune, à peine soluble dans l'eau, facilement
dans l'alcool, l'éther et l'ammoniaque, un peu
MgNa2S2O3 + 4 H2O soluble dans l'acide azotique étendu (Geyger).
= MgOS O3 + Na2O, SO3 + 4 H2O. La formule C2H30 O7 s'accorde avec les ana-
Se produit dans les lacs salés de l'embouchure lyses de MM . Schnedermann et Winckler. Ce-
du Volga. pendant Gerhardt propose la formule C1 H1403
ASTROPHYLLITE- Voyez MICA. qui exige 69,6 % de carbone, tandis que la for-
ATACAMITE ou ATAKAMITE (Min. ) [Syn . mule CH30 07 exige 67 %. La formule de Ger-
Cuivre muriaté, chloruré , Cuivre oxychloruré, hardt est en harmonie avec les réactions de
Remolinite, Smaragdochalcite, Hausm . , Salzkup- l'athamantine, et respecte les analogies de celle-ci
fererz, W.] . - Oxychlorure de cuivre hydraté avec la pencédanine qui , sous l'influence de la
potasse, se dédouble en acide angélique et en hy-
Cu2 ClH303 =1/2 (Cu Cl2 + 3 CuO + 3 H2O) : drate d'orosélone , en absorbant les éléments de
celui de Cobija ( Bolivie) renferme une quantité l'eau.
double d'eau . Cristaux, masses cristallines ou L'hydrate d'orosélone paraissant être un alcool
terreuses, d'un beau vert émeraude ; se trouve diatomique [ Berthelot, Chimie organique fondée
en abondance dans certains gisements de cuivre sur la synthèse, t. I, p. 433]
de l'Amérique méridionale et de l'Australie ; en (CH )" 02,
enduits sur des laves du Vésuve.
Caractères. - Se dissout dans les acides et H2 )
dans l'ammoniaque. Donne de l'eau dans le tube. et l'orosélone, cet alcool condensé
Colore la flamme en bleu verdâtre, et fond aisément (C7H4)"
sur le charbon en donnant du cuivre métallique. (C7 H4)" 03,
Forme cristalline. - Prisme orthorhombique H2
(mm) de 112º ,20′ , e¹ e¹ = 105 °,40' .
Clivages : g¹ parfait, a¹ moins facile. F. et S. la formule de Gerhardt deviendrait pour l'atha-
ATHAMANTINE , C24 H30 (7. -Cette substance mantine
n'a été rencontrée que dans la racine et la graine (CH4)"
presque mûre d'Athamanta oreoselinum, L. On C5 H9O O2;
l'en extrait par l'alcool ; la solution , moyenne- H
ment concentrée, dépose des cristaux que l'on et les équations suivantes rendraient compte de
purifie par compression et par de nouvelles cris- ses dédoublements.
tallisations. Sous l'influence de l'acide chlorhydrique, on
L'athamantine se présente sous la forme de aurait
cristaux fibreux amiantacés , doués d'un éclat C7 H
soyeux. Son odeur est savonneuse ; sa saveur est 2 C5 H9O O2 + H2O
légèrement amère et âcre. Elle est insoluble dans
l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Elle fond Athamantine.
entre 60° et 80° . Elle n'est pas volatile ; à la dis- CH"
tillation sèche, elle donne de l'acide valérique. == C7H O2 + 2 C5 H10 02.
Fondue, elle absorbe le gaz chlorhydrique, et si H2
l'on chauffe le tout à 100°, l'athamantine se dé- Orosélone. Acide valérique.
double en acide valérique et en orosélone :
Avec la potasse on aurait
C24 H30 O7 = 2 C5 H10 O2 + C14 H10 (3
Athamantine. Acide Orosélong. CH
valérique. CH9O O2 + KHO = CH₁ H2 0² + C³ H KO².
[ Schnedermann et Winckler (1844) , Ann . der H
Chem. u. Pharm. , t. II, p . 315]. Athamantine. Hydrate Valérate
Le gaz sulfureux lui fait subir le même dédou- d'orosélone . de potassium.
blement.
Ces composés, du reste, exigent de nouvelles
Si l'on traite la combinaison d'acide chlorhy- recherches. E G.
drique et d'athamantine par l'eau bouillante , elle ATHERIASTITE ( Min .) . -· Variété altérée de
se dédouble alors en acide valérique et en hydrate wernerite .
d'orosélone C7H6 O². ATLASERZ. - Voyez MALACHite.
En traitant par le gaz chlorhydrique une solu- ATMOSPHÈRE . - - Voyez AIR.
tion alcoolique d'athamantine , il se forme de ATOMICITÉ. --- On nomme ainsi la capacité
l'éther valérique et de l'orosélone . de combinaison des atomes.
L'acide sulfurique concentré dédouble de même On sait que :
l'athamantine.
La potasse caustique à chaud donne , avec 1 atome de chlore se combine avec 1 atome d'hydrogène,
l'athamantine , un valérate et une substance 1 atome d'oxygène 2 atomes d'hydrogène,
1 atome d'azote - - 3 atomes d'hydrogène,
blanche amorphe , qui paraît être de l'orosélone 1 atome de carbone - 4 atomes d'hydrogène.
hydratée. L'eau de chaux et l'eau de baryte se
comportent comme la potasse , mais agissent plus Ces corps simples diffèrent entre eux par leur
lentement. capacité de combinaison pour l'hydrogène, celle-
En étendant d'eau une solution alcoolique ci étant mesurée par le nombre des atomes de
d'athamantine avec de l'eau et ajoutant avec pré- cet élément qu'ils sont capables de fixer. On voit
caution de l'eau de chlore jusqu'à ce que l'odeur donc que capacité de combinaison n'est pas sy-
de celui- ci se fasse légèrement sentir, on obtient nonyme d'affinité . L'énergie avec laquelle un corps
l'athamantine trichlorée C24 H27 C13 O7 , corps rési- se combine avec un autre corps est indépendante
neux d'un jaune clair ; avec l'eau de brome, il de la faculté qu'il possède d'attirer un ou plusieurs
parait se former le composé bromé correspondant atomes de ce dernier.
[Geyger, Ann. der Chem. u . Pharm. , t. CX, La première est l'affinité, la seconde l'atomicité :
p. 359] . Il se forme de l'athamantine trinitrée, en toutes deux sont des manifestations de la force
même temps que d'autres produits de substitu- chimique.
tion, par l'action à froid de l'acide azotique fu- L'affinité est mesurée par la quantité de force
ATOMICITÉ . - 449 ATOMICITÉ .
vive qui est transformée par l'effet de la combi- et pour le chlore, il est clair qu'à défaut d'un
naison et qui se manifeste comme chaleur. composé hydrogéné , un composé chloré peut
L'atomicité est mesurée par le nombre des donner la mesure de l'atomicité d'un élément.
atomes d'hydrogène ou d'un élément analogue La plupart des métaux sont incapables de s'unir
qu'un corps donné peut fixer. Les atomes de à l'hydrogène. Tous se combinent avec le chlore,
chlore et ceux d'hydrogène sont ainsi faits qu'un et le nombre d'atomes de chlore qu'ils attirent
atome du premier attire toujours un atome du marque leur atomicité.
second. La force avec laquelle il l'attire , c'est Mais la valeur de combinaison d'un élément est
l'affinité ; la vertu de se contenter d'un seul atome, révélée non-seulement par la composition des hy-
c'est l'atomicité. Sous ce dernier rapport, les drures, des chlorures, etc. , elle peut être déduite du
atomes de chlore et d'hydrogène se valent : un nombre de groupes monoatomiques qui sont ca-
atome d'une espèce ne fixe qu'un atome de pables de s'unir à cet élément. Parmi ces grou-
l'autre. La force qui réside en eux est une force pes monoatomiques, les radicaux dits alcooliques,
puissante, mais simple. La force qui réside dans tels que l'éthyle ou le méthyle, sont les plus im-
un atome d'oxygène est puissante aussi , mais d'une portants. On sait que la plupart des métaux sont
nature plus complexe, puisqu'elle parvient à an- capables de s'unir à ces radicaux pour former les
nexer 2 atomes d'hydrogène , lorsqu'un atome de combinaisons qu'on nomme organo-métalliques.
chlore n'en peut attirer qu'un seul. Dans le zinc- éthyle Zn (C2H3)2 le zinc est diato-
Voici , d'un côté , des atomes de chlore ; qu'ils mique ; dans le stibéthyle Sb (C2H5,3 l'antimoine
arrivent dans la sphère d'activité d'atomes d'hy- est triatomique; dans le plombéthyle Pb(C2H5) +
drogène, un atome de l'un se précipite sur un le plomb est tétratomique.
atome de l'autre : il y a combinaison. Voici d'un Un premier point est donc acquis.
autre côté des atomes d'oxygène qui pénètrent Dans un composé formé par l'union d'un
dans la sphère d'activité d'atomes d'hydrogène ; corps simple avec des éléments monoatomiques
un atome de l'un attire 2 atomes de l'autre : il y ou avec des groupes monoatomiques, l'atomicité
a combinaison . Ainsi nous constatons dans la de ce corps simple est mesurée par le nombre de
force qui attire les atomes d'un corps vers les ces éléments ou de ces groupes.
atomes d'un autre corps deux choses distinctes, Mais voici une difficulté.
savoir : 1° son intensité ; 2° son action simple ou Le fait des proportions multiples nous montre
multiple. Ces deux manifestations de la force chi- qu'un corps simple peut s'unir en plusieurs pro-
mique sont indépendantes l'une de l'autre . En portions avec un autre corps simple.
effet, l'énergie de l'affinité ne donne pas la mesure Le chlore et l'iode, qui se combinent à l'hydro-
du degré de l'atomicité. gène atome à atome, forment entre eux deux com-
Le chlore attire l'hydrogène avec plus de force binaisons. L'une répond aux composés hydrogénés,
que le carbone et pourtant 1 atome de carbone c'est le protochlorure d'iode ICl. L'autre est le
peut s'unir à 4 atomes d'hydrogène, tandis qu'un trichlorure d'iode IC1³ . Si l'iode est monoatomi-
atome de chlore ne s'unit qu'à un seul atome que, d'après la composition de HI et de ICI ,
d'hydrogène. comment se fait-il qu'il puisse attirer 3 atomes
L'atomicité est donc cette propriété particu- de chlore?
lière d'un atome d'attirer un nombre plus ou Un atome de phosphore ne peut s'unir à plus
moins grand d'autres atomes. C'est sa valeur ou, de 3 atomes d'hydrogène. Dans l'hydrogène phos-
comme on dit, sa capacité de combinaison par rap- phoré PhH³ le phosphore est triatomique , comme
port à ces autres atomes. il est triatomique dans le trichlorure de phosphore
MESURE DE L'ATOMICITÉ.- La comparaison que Ph Cl³. Comment se fait-il qu'un atome de phos-
nous avons établie plus haut entre les atomes de phore puisse attirer 5 atomes de chlore pour for-
chlore, d'oxygène, d'azote, de carbone, est fondée mer le perchlorure Ph C15?
sur la composition des composés hydrogénés . L'existence de deux chlorures d'antimoine sou-
Ce sont les atomes d'hydrogène qui nous ont lève la même difficulté.
servi de terme de comparaison. C'est l'attraction D'après la composition de l'ammoniaque Az H3
exercée par un atome d'hydrogène et sur un et l'analogie bien reconnue entre l'azote, le phos-
atome d'hydrogène, qui sert de commune mesure phore, l'arsenic, l'antimoine, le bismuth , on
aux autres attractions ; c'est l'unité à laquelle on pourrait dire que tous ces corps sont triatomi-
rapporte la valeur de combinaison des autres ques ils le sont en effet dans leurs composés
atomes. hydrogénés et, à défaut de ceux-ci, dans leurs
L'hydrogène est un élément monoatomique. Il composés chlorés les plus stables :
en est ainsi du chlore , du brome, de l'iode, qui Ph C13 , As Cl³, Sb Cl³, Bi Cl³.
s'unissent à l'hydrogène atome à atome.
L'oxygène est diatomique par la raison qu'un Que si quelques-uns de ces trichlorures, tels
atome de ce corps prend deux atomes d'hydro- que ceux de phosphore et d'antimoine, sont capa-
gène. bles d'absorber deux nouveaux atomes de chlore,
L'azote est triatomique, lorsqu'il s'unit à trois on pourrait donner de ce fait l'interprétation sui-
atomes d'hydrogène. vante :
Le carbone est tétratomique dans le gaz des ma- La molécule de chlore est simplement ajoutée
rais où il est uni à 4 atomes d'hydrogène (Kekulé). à la molécule du trichlorure sans entrer dans cette
Remarquons que les atomes de chlore, de dernière et la combinaison moléculaire ainsi
bro ne, qui s'unissent à l'hydrogène atome à formée n'est stable qu'à l'état solide. Réduisez
atome, équivalent en quelque sorte à ces atomes le perchlorure en vapeur , les deux molécules
d'hydrogène, en ce qui concerne leur valeur de vont se séparer de nouveau l'une de l'autre. On
combinaison même. Dans chacun de ces atomes sait, en effet, qu'à une température suffisamment
réside une unité de combinaison , une atomicité. élevée au-dessus du point d'ébullition la densité de
Aussi le chlore, le brome peuvent-ils remplacer vapeur du perchlorure répond à 4 volumes, occu-
l'hydrogène, atome à atome, dans les combinai- pés par 2 volumes de chlore et 2 volumes de
sons hydrogénées. On sait qu'un tel remplace- protochlorure.
ment s'effectue dans un nombre immense de La même interprétation a été appliquée au
combinaisons organiques formées, comme on dit, trichlorure d'iode IC³ , qu'on a envisagé comme
par substitution . Ainsi valeur de combinaison et une combinaison moléculaire de protochlorure et
valeur de substitution sont synonymes . de chlore ICICI , au chlorhydrate d'ammo-
Cette valeur étant la même pour l'hydrogène niaque qu'on a envisagé comme formé par l'u-
I - 99
ATOMICITÉ . 450 ATOMICITÉ .
nion de 2 molécules Az H3 + CIH et dont la ne pas manifester la même atomicité à l'égard
vapeur occupe en effet 4 volumes. du chlore ou à l'égard de l'hydrogène. Le plomb,
Ainsi dans les combinaisons moléculaires qui ne s'unit pas à l'hydrogène, se combine avec
Az H3 HCI, 2 atomes de chlore, il est donc diatomique par
Ph C13 + C12, rapport au chlore . Il est tétratomique par rap-
port à l'éthyle, car on connaît un plombotétré-
Sb Cl³ + Cl2, thyle Pb (C2H5)+.
l'azote , le phosphore et l'antimoine seraient tri- Dirons-nous que le plomb est tétratomique,
atomiques. parce que dans aucune combinaison il ne mani-
Dans ICICI² l'iode serait monoatomique. feste plus de 4 atomicités? Et prendrons-nous l'ato-
Nous ne pensons pas que cette interprétation micité maximum pour la vraie atomicité? Alors il
soit admissible. Selon nous , les combinaisons dont sera difficile d'arriver pour chaque élément à une
il s'agit sont de véritables combinaisons atomi- notion stable, et qui ne soit pas subordonnée au
ques. hasard des découvertes . Tel élément , que nous
Tous les atomes du chlorhydrate d'ammoniaque , 1 envisagerons comme diatomique parce que nous
des perchlorures de phosphore et d'antimoine, ne connaissons qu'un dichlorure, sera tétrato-
du perchlorure d'iode sont unis dans une seule mique demain, lorsque nous aurons découvert un
et même molécule, mais celle-ci est peu stable tétrachlorure.
et à la température d'ébullition elle est déjà plus Et puis, en supposant même qu'il soit possible
ou moins dissociée (voyez le mot DISSOCIATION) . de déterminer pour chaque corps cette atomicité
Comment admettre, en effet, que le chlorure d'am- maximum, il serait difficile d'admettre qu'elle
monium , isomorphe avec le chlorure de potassium, put marquer la limite absolue de la capacité
et qui se combine comme lui avec le chlorure de de combinaison . En effet, des composés que nous
platine, ne constitue pas une seule et même mo- pouvons envisager comme saturés et dans les-
lécule? que le perchlorure de phosphore Ph C15 soit quels, par conséquent, un élément donné a attiré
formé par 2 molécules, alors que ses analogues à lui, dans la même molécule, le plus grand
l'oxychlorure Ph CISO et le sulfochlorure Ph Cl³ S nombre possible d'autres éléments, peut encore
n'en forment qu'une? Si le trichlorure d'iode était exercer une certaine attraction sur les éléments
une combinaison de protochlorure d'iode et de d'une autre molécule. C'est ainsi que se forment
chlore, ce dernier serait facile à enlever et devrait sans doute les véritables combinaisons molécu-
en quelque sorte se détacher de la molécule au laires, celles qui résultent de l'addition d'un sel
moindre choc. Il n'en est rien. Lorsqu'on traite saturé à un autre sel saturé ou de l'addition de
le trichlorure d'iode par l'acétate d'argent, on l'eau de cristallisation à un sel . Le tétrachlorure
obtient un triacétate d'iode [Schützenberger] de platine, pour prendre un exemple, paraît être un
composé saturé, car il est douteux que le platine
I C13, I (C2H3O2)3. puisse manifester plus de 4 atomicités dans une
Trichlorure Triacétate seule et même molécule. Et pourtant cette molécule
d'iode. d'iode.
de Pt Cl peut attirer 2 KCI pour former avec ces
L'existence de ce composé prouve que les 3 deux nouvelles molécules un composé cristallisé.
atomes de chlore sont combinés de la même ma- Il est probable que la force qui fait cristalliser la
nière avec l'iode ; que tous les trois jouent le combinaison n'est pas étrangère à l'attraction
même rôle dans cette combinaison, qui est ato- exercée par le chlorure de platine sur le chio-
mique et non moléculaire. rure de potassium. Mais cette attraction est une
De ces faits nous tirerons cette conséquence , sorte d'affinité, et si l'on voulait en tenir compte
qu'on ne saurait dire d'une manière absolue que au point de vue de la détermination absolue de
l'iode est monoatomique, ni qu'il est triatomique. l'atomicité du platine, il faudrait admettre que
Il n'est pas monoatomique d'une manière abso- ce métal est octoatomique, car il est uni dans le
lue, car il peut s'unir à 3 atomes de chlore ; il chlorure double à 8 éléments monoatomiques .
n'est pas triatomique d'une manière absolue, car C'est avec de telles difficultés qu'on est aux
il ne peut s'unir qu'à 1 atome d'hydrogène et ne prises dès qu'on essaye de fixer la capacité de
manifeste qu'une atomicité dans ses combinaisons combinaison d'une manière idéale en quelque
les plus importantes. sorte et de déterminer l'atomicité absolue d'un
Dirons-nous que l'azote est triatomique d'une élément donné.
manière absolue? Comment se fait-il alors que Cette voie nous paraît une impasse . Nous n'y
dans le bioxyde d'azote Az O il n'est uni qu'à un entrerons pas. Nous tiendrons compte de ce fait
seul atome d'oxygène diatomique, et pourquoi que l'affinité est une force élective, que la faculté
l'azote triatomique dans l'ammoniaque peut-il en- de combinaison d'un élément donné ne se ma-
core fixer 2 éléments monoatomiques, tels que nifeste pas de la même manière à l'égard de tous
HC , H Br, HI, etc. ? les autres éléments et, de plus, qu'entre deux
Il existe un composé de l'azote, à la fois triato- corps simples elle peut s'exercer à divers degrés,
mique et pentatomique : c'est le cyanate d'ammo- comme nous le montre la loi des proportions
nium multiples. Au lieu donc d'envisager l'atomicité
V
H' Az - Az = CO dans son essence, qui nous échappe, nous la consi-
dérons dans ses manifestations, qui sont variables.
Lorsque ce sel se convertit en urée , les 2 atomes Prenons un exemple. La propriété que le phos-
d'azote deviennent triatomiques : phore possède de s'unir à 5 atomes de chlore
H² Az - ( CO) - AZ H² . tient sans doute à une condition particulière de
ses atomes , leur forme, leur structure, leur vo-
Nous pensons que la chose importante n'est pas lume, leurs mouvements. Cette condition , qui
de fixer l'atomicité que chaque élé ment possède nous est inconnue, est invariable pour le phos-
d'une manière absolue, mais celle qu'il mani- phore, et si 1 atome de phosphore peut attirer
feste dans une combinaison donnée . 5 atomes de chlore, tandis qu'il ne peut s'unir
La détermination absolue de l'atomicité pré- qu'à 3 atomes d'hydrogène , s'il est pentatomique
senterait, selon nous, les difficultés les plus sé- à l'égard du chlore, triatomique l'égard
rieuses. Et d'abord quel est l'élément auquel il drogène, nous devons chercher àla raisondedel'hy- ces
conviendrait de la rapporter ? Est- ce l'hydrogène ? différences non-seulement dans les atomes de
est-ce le chlore ? Cela n'est point indifférent, phosphore, mais encore dans ceux du chlore et
parce que nous savons qu'un élément donné peut de l'hydrogène .
ATOMICITÉ. 451 ― ATOMICITÉ.
De tout cela nous tirons cette conséquence que qui résident dans 2 atomes d'hydrogène. Mais
l'atomicité, c'est-à-dire cette faculté des atomes dans l'oxygène libre, dans une molécule d'oxy-
d'attirer un nombre plus ou moins grand d'au- gène OO les deux atomicités d'un premier atome
tres atomes, varie dans ses manifestations. d'oxygène sont échangées contre les deux atomi-
Pour un élément donné, nous ne la considérons cités d'un second atome du même élément et
point d'une manière absolue, mais telle qu'elle nous représentons ce double échange par un
apparaît dans les combinaisons où cet élément double trait d'union dans la formule :
est engagé.
Nous dirons donc que l'azote est triatomique 0 = 0.
dans l'ammoniaque Az H³, pentatomique dans le 1 molécule d'oxygène.
chlorure d'ammonium H+ AzCl ; que le phosphore
Mais il se peut que 2 atomes d'oxygène ne
esttriatomique dans l'hydrogène phosphoréV Ph H³ , soient unis que par l'échange d'une atomicité.
pentatomique dans le perchlorure Ph C15. En un Chacun d'eux reste alors en possession d'une ato-
mot, nous chercherons à définir non pas la ma- micité qui peut être saturée par un élément mo-
nière d'être des atomes qui nous est inconnue, noatomique.
mais leur rôle dans les combinaisons où ils Les formules suivantes montrent l'échange des
entrent. atomicités dans quelques combinaisons renfermant
Les développements qui précèdent définissent de l'oxygène associé à des éléments monoatomi-
le sens que nous attachons au mot atomicité. ques :
Nous devons les compléter en indiquant un trait H - Ő -H, H- O - CI, CI-O - CI,
caractéristique .
L'affinité chimique peut s'exercer entre des ato- Eau. Acide Anhydride
mes de la même espèce, qui peuvent se souder les hypo- hypo-
chloreux . chloreux.
uns aux autres, échangeant ainsi une partie ou
la totalité des atomicités qui résident en eux. H - Ő - Ő- H, H - Ő - O - CI, CI -O - Ő - Ő -Cl,
-- On admettait autrefois que la force chimique
Peroxyde Acide Anhydride
ne peut s'exercer qu'entre des particules ou des d'hydrogène. chloreux. chloreux
atomes hétérogènes. Les chimistes sont revenus
de cette idée. Après avoir envisagé le chlore et CI- Ő -Ő - Ő -Ő - H .
l'hydrogène comme formés, à l'état libre, par Acide perchlorique.
2 atomes rivés l'un à l'autre par l'affinité, ils
ont étendu cette idée à d'autres éléments . Au- Dans la seconde série de composés, les atomes
jourd'hui on est en droit de supposer que les d'oxygène sont en rapport les uns avec les autres.
affinités qui résident dans un atome donné peu- Ils forment comme les anneaux d'une chaîne à
vent être satisfaites, en totalité ou en partie, par l'extrémité de laquelle viennent se placer les
les affinités qui résident dans un second atome atomes du chlore ou de l'hydrogène.
de la même espèce. Si l'on dit, d'après Gerhardt, Ceux-ci viennent saturer les atomicités demeu-
que le chlore libre est du chlorure de chlore
rées libres des atomes d'oxygène extrêmes. Ils
CICI, si l'hydrogène libre est de l'hydrure d'hy- terminent la chaîne qui présente deux bouts et
drogène HH, on exprime cette idée que les qu'on nomme par cette raison chaine ouverte .
deux atomicités qui résident dans 2 atomes de Dans d'autres composés les atomes d'oxygène
chlore ou dans 2 atomes d'hydrogène ont été sont soudés ensemble et à d'autres atomes, de
échangées par l'union d'un atome de chlore avec telle sorte que la chaîne ne présente ni un com-
un atome de chlore, d'un atome d'hydrogène mencement ni une fin et forme en quelque sorte
avec un atome d'hydrogène, et que par le fait de un anneau. C'est ce qu'on nomme une chaîne
cet échange la capacité de combinaison qui réside fermée. Les atomes présentent cet arrangement
dans ces atomes est satisfaite. Et tant que Cl dans une foule de composés où ils paraissent dis-
demeure uni à Cl, que H demeure uni à H, il posés symétriquement autour d'un centre. Il en
n'y a plus place dans ces couples pour un troi- est ainsi dans les corps suivants :
sième élément monoatomique. Les molécules de
chlore, CICI, et d'hydrogène, HH, représentent
des combinaisons saturées par l'échange de 2 ato- R Mn
micités. "I
S Ba
Nous représentons cet échange par un trait
d'union dans les formules suivantes : -Ò
C1 - C1 , H - H. Acide Anhydride Bioxyde Anhydride
1 molé- 1 molé- sulfureux. sulfurique . de baryum. manganique .
cule de cule
chlore. d'hydrogène. On voit que l'atomicité d'un élément, dans une
combinaison oxygénée, ne peut pas être mesurée ,
Ces couples d'atomes de la même espèce restent dans tous les cas, par le nombre des atomes
en équilibre aussi longtemps que les atomes sont d'oxygène. Dira-t-on que le chlore est heptato-
maintenus par leur affinité réciproque. Mais cette mique dans l'acide perchlorique, parce qu'il sature
affinité peut être vaincue. Mettez les 2 molécules les atomicités de trois atomes d'oxygène et d'un
en présence, dans des conditions convenables, groupe (OH) ; que le soufre est hexatomique dans
elles vont se rompre. Un atome de chlore de l'anhydride sulfurique, parce qu'il y est uni à
l'une se portera sur un atome d'hydrogène de trois atomes d'oxygène diatomique ? En aucune
l'autre et réciproquement, et de cet échange d'a- façon, si l'on se rappelle la faculté que possèdent
tomes résulteront 2 molécules d'acide chlorhydri- les atomes d'oxygène de se souder entre eux.
que. Dans celui-ci , l'atomicité qui réside dans Ceci justifie la proposition que nous avons émise
un atome de chlore est échangée contre l'atomi- plus haut, savoir, que l'atomicité d'un élément
cité qui réside dans un atome d'hydrogène : ne peut être mesurée avec exactitude que par le
H - CI. nombre des éléments ou groupes monoatoniiques
1 molécule d'acide chlorhydrique. qui y sont unis .
Les atomes de l'azote peuvent se souder les uns
Deux atomicités résident dans un atome d'oxy- aux autres comme les atomes d'oxygène. Il en est
gène et sont échangées dans l'eau contre celles ainsi dans les acides azobenzoique C¹ H¹º Az² O * ,
ATOMICITÉ. - 452 - ATOMICITÉ.
hydrazol enzoique C¹ H12 Az2O4 , et dans d'autres unis à 2 groupes méthyle, ces derniers formant
composés analogues : l'extrémité de la chaîne.
"?P 2 atomes de carbone peuvent se souder par
C7H5 Az O2 C7H5 (Az
11 1 H) O2 2 affinités échangées. Il en est ainsi dans la ben-
C7H5 Az O2 C7H5 (Az H) O². zine, qui renferme 6 atomes de carbone alternati-
Acide azobenzoïque . Acide vement rivés par 1 et par 2 affinités (Kekulé) ,
hydrazobenzoïque. de manière à former une chaîne fermée :
Il en est de même dans l'acide cyanurique. L'a- H H
cide cyanique se convertit en acide cyanurique en è- ć
vertu de la tendance que possède l'azote à devenir 11
pentatomique. Dans ce dernier acide les 3 molé- II- C C- II
cules d'acide cyanique sont rivées ensemble par C=C
l'azote dont les 3 atomes pentatomiques, soudés
l'un à l'autre, forment une chaîne fermée : H HI
H CO Benzine.
\V //
Az On le voit, cette notion , que les atomes de car-
CO - Az - Az - H bone peuvent se souder les uns aux autres, rend
compte d'une manière satisfaisante de la compli-
(CO) = Az- II , н со cation moléculaire d'une foule de carbures d'hy-
Acide cyanique . Acide cyanurique. drogène, et, en général, de composés organiques.
Les atomes de quelques métaux possèdent,
Mais cette propriété des atomes de pouvoir atti- comme ceux du carbone, la propriété de se souder
rer et fixer des atomes de la même espèce n'appar- les uns aux autres. Il en est ainsi de ceux du fer,
raît dans aucun cas avec plus de clarté et ne pré- de l'aluminium , du cuivre, du mercure, etc.
sente plus d'importance que pour les atomes de D'après la densité de vapeur du perchlorure de
carbone. Ces atomes peuvent se souder, épuisant fer, la molécule de ce corps renferme 2 atomes
ainsi sur eux-mêmes une partie des atomicités qui de fer et 6 atomes de chlore. Les 2 atomes de
y résident. Ce point important, mis en lumière métal constituent donc un couple hexatomique.
par MM. Kekulé et Couper, s'appuie sur la com- Ceci est un fait. On peut l'interpréter en admet-
position des carbures d'hydrogène. tant que le fer , diatomique dans le dichlorure,
Parmi ces composés, les plus riches en hydro- devient tétratomique sous l'influence d'un excès
gène sont ceux qui appartiennent à la série de chlore (Friedel). Seulement l'affinité du fer
CnH2n + 2. On n'en connait point qui renferment pour le fer étant plus forte que celle qui unirait
une plus grande proportion d'atomes d'hydrogène. le 4 atome de chlore au fer, le tétrachlorure ne
Le premier terme de cette série, le gaz des ma- se forme pas et les 2 atomes de fer échangent
rais, renferme 1 atome de carbone et atomes leur 4 atomicité VIpour IVformer
d'hydrogène. Le carbone y est tétratomique. Com- IV le couple hexato-
mique ferricum Fe² = (Fe - Fe)" .
ment se fait-il qu'il n'existe aucun polymère du Les chlorures d'aluminium , de chrome, possè-
gaz des marais ? que 2 atomes de carbone ne puis- dent la même constitution que le chlorure fer-
sent fixer que 6 atomes et non pas 8 atomes d'hy- rique :
drogène? que 3 atomes de carbone n'en puissent VI VI VI
fixer ni 12 ni 10 atomes, mais seulement 8 ? (F2) C16, (Cr ) C:6, ( 2 ) C16.
Cette circonstance est due, d'après M. Kekulé, Chlorure Chlorure Chlorure
à la propriété que possèdent les atomes de car- ferrique. chromique. aluminique.
bone de se souder entre eux, en échangeant une
partie de leurs atomicités. Dans les oxydes correspondant à ces chlorures
Le cas le plus simple est celui où chaque atome les 6 atomicités qui résident dans 3 atomes d'oxy-
échange avec son voisin une atomicité. gène sont échangées contre les 6 atomicités des
Il en résulte une chaîne d'atomes dans laquelle couples métalliques. La constitution de ces oxydes
chacun demeure en possession de 2 atomicités, à est donc différente de celle des sesquioxydes d'an-
l'exception des 2 atomes qui occupent le bout timoine et de bismuth. Dans les premiers les deux
de la chaine et qui, n'ayant de voisin que d'un atomes de métal sont rivés l'un à l'autre, dans
côté, conservent 3 atomicités. Toutes les atomicités les seconds ils sont unis par l'intermédiaire d'un
libres venant à être saturées par de l'hydrogène, atome d'oxygène :
il en résulte les carbures de la série CnH2n + 2 : VI
(Fe - Fe) 03, O =Bi- O- Bi = 0 .
H H HHH HHHH Oxyde ferrique.
111 Oxyde bismuthique.
H - C - C -H H- C - C -C - H H- C- C- C - C - II Nous admettons de même que les combinaisons
I 1 B
HH HHH HHHH cuivreuses et mercureuses renferment 2 atomes
Hydrure Hydrure Hydrure de métal rivés l'un à l'autre par l'échange d'une
d'ethyle. de propyle. de butyle . atomicité :
" "! ??
ННННН (Cu - Cu)", (ng - Hg)".
I- C-C-C-C - C - H Cuprosu .m Mercuro sum.
1 1 1
HHHHH Les chlorures cuivreux et mercureux sont
Hydrure d'amyle. Cu2 C12 et Hg2 C12. Dédoubler ces formules serait
admettre l'existence des métaux monoatomiques
Les carbures d'hydrogène appartenant à cette dans les chlorures cuivreux CuCl et mercureux
série sont saturés : ils ne peuvent plus fixer aucun Hg Cl , métaux qui en devenant diatomiques dans
autre élément monoatomique , ils ne peuvent que ces dichlorures, sans changer de poids atomique,
se modifier par substitution . gagnerait ainsi une seule atomicité , ce qui ne
On peut exprimer leur constitution par la for- s'observe guère que pour l'ammoniaque .
mule générale H3C- (CH2 - CH3, qui fait voir A la vérité la densité de vapeur du calomel ré-
que tous ces carbures, que l'on pourrait appeler pond à la formule Hg Cl. Mais nous sommes en
normaux, sont formés par n groupes méthylène, droit de supposer qu'il s'agit ici d'un cas de dis-
ATOMICITÉ. --- 453 - ATOMICITÉ .
sociation et que la molécule de calomel Hg2 C12, Quant aux éléments polyatomiques, leur rôle,
en prenant la forme gazeuse, se dissocie en deux dans les combinaisons, varie suivant l'atomicité
molécules Hg Cl. qu'ils manifestent. A cet égard on a fait une ob-
En général, les molécules chimiques ne peu- servation générale. Eu égard aux variations de l'a-
vent se compliquer, c'est-à-dire admettre dans tomicité dans les corps simples polyatomiques, on
leur sein un plus grand nombre d'atomes, que par les a partagés en éléments d'atomicité paire et
la vertu d'éléments polyatomiques, capables de se éléments d'atomicité impaire (Williamson).
river les uns aux autres ou de fixer d'autres élé- L'iode est monoatomique ou triatomique :
ments. Si tous les éléments étaient doués de la ICI et IC13.
même puissance de combinaison que le chlore et L'azote, le phosphore, l'arsenic et l'antimoine,
l'hydrogène, tous les corps composés offriraient sont triatomiques ou pentatomiques.
la complication moléculaire de l'acide chlorhy- Le sélénium , le tellure sont diatomiques ou
drique, et le nombre des combinaisons possibles tétratomiques : Se C12 et Se Cl ; Te Cl2 et Te Cl .
ne serait pas très-considérable : il est illimité, en L'or et le thallium sont monoatomiques et tria-
raison de la puissance de combinaison multiple tomiques Au Cl et Au C13 ; TICI et TICI³.
des éléments polyatomiques. Il est donc de la plus Le carbone est diatomique ou tétratomique :
haute importance de comparer les corps simples CO et CO2.
entre eux sous le rapport de leur atomicité , de Le plomb est diatomique ou tétratomique :
réunir en groupes ceux qui se ressemblent par Pb Cl2 et Pb Et .
leur faculté de combinaison ou, si l'on veut, par L'osmium est diatomique - tétratomique- hexa-
la forme générale de leurs composés. tomique Os C12, Os C1 , Os C16.
L'étain, le platine sont diatomiques-tétratomi-
ques : Sn Cl2, Sn Cl ; Pt Cl2 et PtCl .
L'ATOMICITÉ On le voit, l'atomicité s'accroît toujours de
COMME MOYEN DE CLASSIFICATION. 2 unités, de telle sorte qu'un élément d'atomicité
paire conserve ce caractère dans toutes ses com-
Le premier essai de classification rationnelle des binaisons, et qu'il en est de même des éléments
corps simples est dû à M. Dumas, qui a partagé d'atomicité impaire. L'azote semble faire excep-
les métalloides en groupes ou familles d'éléments tion à cet égard : élément d'atomicité impaire, il
semblables par la constitution de leurs composés. manifeste 2 atomicités dans le bioxyde Az = 0.
Au fond le principe de cette classification était Ces remarques générales étant faites, nous
l'atomicité. C'est en effet la faculté de combinai- allons entrer dans quelques détails.
son qui détermine la forme générale des composés . Il existe deux familles de corps simples monoa-
Ainsi la famille du chlore comprenait les élé- tomiques. L'une comprend des éléments négatifs
ments monoatomiques, fluor, chlore, brome, iode ; analogues au chlore, l'autre des éléments positifs
celle de l'oxygène comprenait les éléments dia- analogues à l'hydrogène.
tomiques, oxygène, soufre, sélénium , tellure ; Série monoatomique
celle de l'azote, les éléments triatomiques, azote, Série monoatomiqu
négative. positive.
phosphore, arsenic ; celle du carbone, les éléments Fluor. Hydrogène.
tétratomiques, carbone, silicium . Le bore, triato- Chlore. Lithium.
mique, avait été réuni au carbone et au silicium : Brome. Sodium.
c'est le seul rapprochement qu'il n'est plus permis Iode. Potassium.
d'accepter aujourd'hui . Césium .
Rubidium.
Les métaux peuvent être partagés en groupes Argent.
analogues à ceux que M. Dumas avait établis Or.
pour les métalloides . Mais ici l'œuvre de la clas- Thallium.
sification est plus difficile. D'un côté, un très-grand Les derniers termes de ces séries, l'iode, l'or et le
nombre de combinaisons métalliques sont impar-
faitement connues; d'un autre côté, il existe un cer- thallium, sont ceux dont les poids atomiques sont
tain nombre de métaux qui offrent en quelque sorte les plus élevés ; nous devons faire remarquer que
un cachet d'individualité marquée : ils présentent ces éléments sont à la fois monoatomiques et tri-
certains points de ressemblance avec des métaux atomiques.
qui eux-mêmes sont dissemblables, servant ainsi Un très-grand nombre d'éléments jouent dans
de lien entre ceux-ci, et formant quelquefois le leurs combinaisons le rôle d'éléments diatomi-
noyau de plusieurs groupes de métaux. Par toutes ques. On peut former avec eux les séries sui-
vantes :
ces raisons il est impossible de présenter, dans
l'état actuel de la science, une classification ra- Série négative. Série positive.
tionnelle des métaux en groupes ou familles na- Oxygène. Calcium.
turelles. Ajoutons que la division des corps sim- Soufre. Strontium .
Sélénium. Baryum.
ples en métalloides et en métaux est purement Tellure. Plomb.
artificielle et qu'elle devra disparaître. On sait
que l'antimoine et le bismuth viennent se ranger Remarquons que les derniers termes de ces
à la suite de l'arsenic, dans la famille de l'azote ; séries (sélénium , tellure, plomb) tendent à deve-
et l'on peut disposer à la suite du silicium, dans nir tétratomiques, et que cette tendance coincide,
la famille du carbone, les métaux tétratomiques comme dans le cas précédent, avec un accroisse-
zirconium, étain, titane. Si nous qualifions ces ment des poids atomiques.
corps de tétratomiques, nous n'entendons pas Il existe un très-grand nombre d'autres métaux
affirmer qu'ils le sont d'une manière absolue, qui jouent dans leurs combinaisons les plus nom-
mais seulement qu'ils manifestent 4 atomicités breuses et les plus importantes le rôle d'éléments
dans leurs combinaisons les plus importantes. diatomiques. A côté du calcium on peut placer le
Cette restriction est applicable à tous les élé- magnésium, diatomique comme lui, et qui devient
ments polyatomiques. On les caractérise généra- le point de départ d'une série parallèle à la série du
lement par l'atomicité qu'ils manifestent dans calcium. Cette série comprend le zinc, le cobalt, le
leurs composés les plus stables ou les plus im- nickel, le fer. Au fer se rattachent d'un côté le
portants. Seuls les éléments monoatomiques , manganèse et le chrome , de l'autre côté l'alumi-
tels que l'hydrogène et le chlore, le sont d'une nium. A côté du magnésium, mais en dehors de la
manière absolue dans aucune combinaison ces série précédente, on pourrait placer le glucinium ,
derniers ne manifestent plus d'une atomicité. qui forme un oxyde GIO analogue par sa consti-
ATOMICITÉ. - 454 ATOMICITÉ .

tution atomique à la magnésie . Les métaux que 1º Le palladium et le platine, diatomiques-tétra-


nous venons de mentionner pourraient donc être tomiques :
Pd C12 Pt C12
groupés de la manière suivante : Pd Cl PtCl
Calcium . Magnésium . Glucinium .
Strontium . Zinc 2° L'iridium et le rhodium, triatomiques :
Baryum. Nickel.
Plomb. Cobalt. Ir C13 Rd C13
Aluminium. - Fer.- Manganèse.
(fr-fr) CI (Rd-Rd) Cl
Chrome.
3° L'osmium et le ruthénium , diatomiques-
On voit que le fer constitue en quelque sorte tétratomiques-hexatomiques :
un noyau autour duquel viennent se grouper un VI
certain nombre de métaux qu'on ne peut pas IV IV
qualifier de diatomiques , parce que, dans des ÖS CI OSCI (Os -Os) C16 Os C16 Os 0³
IV VI
combinaisons nombreuses et importantes , ils ma- Kuci Ruck (Ru-Ru ) C16 Ru03
nifestent plus de 2 atomicités. Le manganèse
ainsi que le chrome sont tétratomiques ou hexa-
tomiques dans un certain nombre de composés . L'ATOMICITÉ CONSIDÉRÉE DANS LES RÉACTIONS
On ne connaît aucun composé d'aluminium où ce
corps soit diatomique. CHIMIQUES.
Le cuivre se rattache par quelques analogies
aux métaux de la série magnésienne. Il forme un Les molécules chimiques peuvent s'accroître par
chlorure Cu Cl2, un oxyde Cu O. Son sulfate peut l'addition de nouveaux éléments , se modifier par
cristalliser avec le sulfate ferreux. Mais par les substitution , se dédoubler. Toutes les réactions
combinaisons cuivreuses dans lesquelles nous ad- chimiques rentrent dans ces trois modes . Exami-
mettons 2 atomes de cuivre, formant un couple nons d'une manière sommaire comment l'atomi-
diatomique Cu² = ( Cu - Cu )", il se rapproche du cité y intervient et considérons principalement les
mercure qui forme dans les composés mercureux deux premiers modes.
un couple diatomique Hg2 = ( Hg - Hg)".
Il existe un grand nombre d'éléments qui ma- ADDITIONS MOLÉCULAIRES . Elles se font par
nifestent 3 atomicités dans leurs combinaisons la fixation de nouveaux atomes sur des molécules
les plus importantes. Tous forment une seconde renfermant des éléments polyatomiques. Deux cas
peuvent se présenter. Ou bien les atomes fixés
série de composés dans lesquels ils font preuve
de 5 atomicités . Ils sont donc triatomiques-penta- sont attirés par ces éléments polyatomiques in-
tomiques. De ce nombre sont les corps simples complétement saturés ; ou bien, polyatomiques
qui font partie de la famille de l'azote. eux-mêmes, ils vont s'intercaler dans une chaîne
d'atomes. Quelques exemples vont fixer le sens de
Éléments Composés Composés ces propositions.
de la
triatomiques-pentato- première de la
miques. série. deuxième série. Premier cas. PC13 + Cl2 - Ph C15 ;
W Trichlorure Perchlorure
Azote....... Az H3 H¹ÄZCI .
PhH3 PhC15. de phosphore . de phosphore.
Phosphore.. 11
Arsenic . As H3 As 205. co + Cl2 -
Antimoine SbC13 shc . Oxyde Chlorure
Bi20 de carbone. de carbonyle.
Bismuth.... BiC13
IV
co + o
Il existe un groupe d'éléments qu'on peut qua- Oxyde Acide
lifier de tetratomiques parce qu'ils manifestent de carbone. carbonique.
4 atomicités dans leurs combinaisons les plus im-
portantes. Ce sont le carbone et le silicium, à la Nous pouvons admettre que, dans une foule de
suite desquels on peut ranger quelques métaux composés organiques non saturés, le carbone existe
qui forment des chlorures RCI et des oxydes dans l'état où il est dans l'oxyde de carbone et
RO2 bien caractérisés. Ce groupe comprend les que, par le fait de l'adjonction de nouveaux atomes,
éléments suivants : il passe dans l'état où il est dans l'acide carbo-
Carbone, silicium. titane, étain , tantale, zirco- nique. De diatomique, il devient tetratomique.
nium , thorium (?) . Ainsi , dans l'acétylène, nous pouvons admettre
Remarquons que le carbone ne manifeste que 2 atomes de carbone manifestant 2 atomicités ;
2 atomicités dans l'oxyde de carbone, et qu'il en dans l'éthylidene 1 atome de carbone manifestant
est de même de l'étain dans le bichlorure (1). 4 atomicités et un autre atome de carbone ma-
Parmi les métaux qui fonctionnent comme élé- nifestant 2 atomicités, et lorsque l'un et l'autre
ments hexatomiques , dans leurs combinaisons les attirent du brome, toutes les atomicité, du carbone
plus stables et les plus importantes, on peut ran- sont satisfaites :
ger le tungstène et le molybdène : H
VI VI H-C-C-H H-C-C-H
Mo 03 03
Anhydride Anhydride Acétylène.
molybdique. tungstique. Éthylidene.
Mo C16 Br Br H Br
Hexachlorure 1
H- C-C-H H - C -C -H
de molybdène . 1 1
1
Br Br H Br
Quant aux métaux du platine, ils forment plu- Tétrabromure Dibromure
sieurs groupes qui comprennent : d'acétylène. d'éthylidene.
(1) A moins qu'on ne double la formule de celui-ci On peut étendre la même interprétation à toutes
IV IV les combinaisons du carbone non saturées . Ainsi,
2 Sn Cl² = (Sn = Sn) Cl .
ATOMICITÉ. 455 ATOMICITÉ.
on peut admettre que la benzine forme une chaîne l'on dit, dans ces cas, qu'il y a substitution d'un
fermée où les atomes de carbone sont alternative- groupe d'éléments, d'un radical composé à un
ment diatomiques et tétratomiques. Chacun des corps simple. Mais il est important de faire re-
diatomiques peut attirer Br2 : marquer que ce groupe ou radical composé ne se
rattache aux autres éléments de la combinaison
H primitive que par une partie des atomicités d'un
II C -C -u élément polyatomique . Ainsi le groupe (Az O²) ' se
substitue à H dans C6H6, se rattache par consé-
quent au carbone par une atomicité non satisfaite
HC - C-II de l'azote pentatomique ( 1 ) ; de même le groupe
(C2H5) ' se substitue à H par une atomicité non
satisfaite d'un des atomes de carbone. Pour pré-
ou, en développant la chaîne : ciser, par quelques exemples, le rôle de l'atomi-
cité dans ces différents cas de substitution , con-
H H II HI Br H Br H Br sidérons un carbure d'hydrogène saturé
-¿ - c - ¿ -c - c - c- -ċ - ċ - ċ - ċ - ċ - ċ- H3C- (CH2) -CH3 (page 453).
HBr H Br H Br Lorsqu'un tel carbure d'hydrogène est soumis
Benzine. Hexabromure de benzine. à l'action du chlore ou du brome, il est probable
Deuxième cas. Dans une chaîne ouverte ou que celui-ci portera d'abord son action sur les
groupes méthyliques. Dans les chlorures et bro-
fermée renfermant des éléments polyatomiques , mures CnH2n+1 Cl ou C" H2n+1 Br, le chlore ou le
et dans laquelle toutes les atomicités de ces der- brome sont substitués à l'hydrogène d'un de ces
niers semblent saturées , il y a souvent place pour groupes et occupent, par conséquent, une place à
un ou plusieurs éléments qui vont s'intercaler dans l'extrémité de la chaîne ouverte . Mais l'hydrogène
la chaîne ou la rompre : peut être remplacé par de l'oxygène. Le cas le
IV plus simple est celui où 1 seul atome d'hydrogène
0 = C = 0 + Ca=0 égal à 0 - C - 0 . est remplacé par 1 atome d'oxygène, qui, perdant
Cao ainsi une seule de ses atomicités, entraine dans la
Anhydride Carbonate combinaison 1 atome d'hydrogène ; c'est donc
carbonique. calcique en réalité de l'oxhydryle ( OH) ' qui se substitue à
H, et l'on peut supposer que les alcools normaux
Ces dernières réactions, où nous voyons les élé- résultent d'une telle substitution s'opérant, comme
ments de l'eau ou d'un oxyde se fixer sur un oxyde la précédente, à l'extrémité de la chaîne.
anhydre, méritent de fixer notre attention . Dans Un atome d'azote ne peut se substituer à un
l'anhydride carbonique les 4 atomicités du carbone atome d'hydrogène sans entraîner dans la combi-
sont satisfaites ; dans l'oxyde de calcium les 2 ato- naison des éléments ou des groupes doués de 2 ou
micités du calcium sont satisfaites. Comment se de 4 atomicités . Il entraînera H2 s'il joue le rôle
fait-il que ces deux corps puissent se fixer l'un d'élément triatomique comme dans l'ammoniaque ,
sur l'autre par addition moléculaire ? La réponse O s'il joue le rôle d'élément pentatomique comme
à cette question fera ressortir une fois de plus la dans l'acide azotique. On peut supposer que dans
différence entre l'affinité et l'atomicité. les ammoniaques composées de la série
L'anhydride carbonique est l'oxyde de carbo- CnH2n+3Az
nyle. Un atome d'oxyde de calcium se présente.
Il s'établit alors entre les éléments de cet oxyde l'azote s'est substitué à 1 atome d'hydrogène
et ceux de l'oxyde de carbonyle une lutte dont la d'un groupe méthylique; qu'il est en rapport, par
cause réside sans doute dans la différence des conséquent, d'un côté avec le dernier atome de
états de l'oxygène qui est uni au calcium d'une carbone de la chaîne, et de l'autre côté avec les
part et au carbonyle de l'autre, et dont l'effet est 2 atomes d'hydrogène qu'il y entraîne.
un échange d'atomicités. L'oxygène uni_au carbo- Enfin, 1 atome d'hydrogène de la chaîne étant
nyle, attiré vers le calcium par une affinité pré- remplacé par du carbone, celui-ci entraîne dans
pondérante, échange avec lui une de ses atomi- la combinaison 3 atomes d'hydrogène : il y entre
cités. L'oxygène de l'oxyde n'est donc plus uni au sous forme de méthyle (CH3) et l'on voit que cette
métal que par 1 atomicité : il se lie par son autre substitution s'accomplissant au bout de la chaîne,
atomicité sur le carbone qui en a perdu 1 de son celle-ci s'allonge d'une manière régulière, donnant
côté. En se portant sur la chaux, l'anhydride car- naissance aux carbures d'hydrogène normaux dont
bonique donne lieu non pas à un échange d'élé- les formules atomiques sont indiquées plus haut
ments, mais à un échange d'atomicités. Il en résulte (page 453).
le groupement indiqué par la formule précédente. Les différents cas de substitution qui viennent
d'être discutés sont représentés par les formules
SUBSTITUTIONS . - Un élément donné peut être suivantes. Pour plus de simplicité, nous avons
remplacé dans une molécule chimique par un élé- choisi pour exemples les dérivés de l'hydrure
ment de même atomicité, sans que le nombre et d'éthyle :
l'arrangement des atomes soit changé. Ainsi, l'hy- HH HH HH
drogène, le chlore, le brome peuvent se remplacer
atome par atome , dans les combinaisons. Il en H- C- C -H H- C - C- CI H- ċ - ċ - OH
est de même des atomes d'oxygène, de soufre, ни ин ин
de ceux du fer, du manganèse, du zinc, du cobalt, Hydrure d'éthyle. Chlorure d'éthyle. Hydrate d'éthyle.
du nickel, considérés comme diatomiques. Rien HH HHH HHH
ne se modifie dans la structure moléculaire par
l'effet de telles substitutions : le type mécanique HнO - Ċ - Ċ - OH H- ċ - ċ -Az н- Ċ - Ċ - Ċ-п
est conservé. ин инн ний
Mais il peut se faire aussi qu'un élément d'ato- Dihydrate Éthylamine. Methylure
micité supérieure prenne la place d'un élément d'éthylène d'éthyle, hydrure
d'atomicité inférieure. Le premier entraîne alors (glycol). de propyle .
dans la combinaison d'autres éléments capables
de saturer toutes les atomicités. Il y entre, par (1 ) Ou peut-être par une atomicité du second atome
conséquent, avec un cortège d'autres atomes, et d'oxygène dans 0 -Az= 0) .
ATOMICITÉ . -- 456 - ATOMICITÉ.
Un radical organique est un groupe d'atomes
L'ATOMICITÉ COMME MOYEN DE DÉTERMINER unis par les affinités du carbone. Ce corps simple
LES RAPPORTS MUTUELS ENTRE LES ATOMES . est diatomique dans l'oxyde de carbone, tétrato-
mique dans l'acide carbonique : il est d'atomicité
On a pu voir par les développements qui pré- paire. Il en résulte que les groupes hydrocarbonés
cèdent comment la théorie de l'atomicité peut d'atomicité impaire ne sauraient exister à l'état
révéler les rapports mutuels qui existent entre les de liberté ; car dans un tel groupe 1 atome de
atomes dans une combinaison donnée. En fixant carbone manifesterait un nombre impair d'ato-
le rôle des éléments dans les combinaisons , elle micités, comme le montre la formule suivante :
marque en quelque sorte les points d'attache de HH
l'affinité et dévoile, dans une foule de cas, la struc-
ture moléculaire. C'est là son grand avantage et H-ċ-ċ
son unique objet. ин
Sans entrer à cet égard dans des détails que les Radical ethyle.
indications précédentes rendraient superflus , nous
nous bornerons à noter les deux points suivants. Cet atome de carbone doit nécessairement se
Premièrement, la théorie de l'atomicité des élé- souder à l'atome de carbone correspondant d'un
ments confirme, complète et explique les données second groupe, de manière à former une molécule
de la théorie des radicaux et de la théorie des double : ler 2e
types. Elle est supérieure à ces théories, elle en groupe. groupe.
donne la raison d'être . HH HH
Deuxièmement , en dévoilant les rapports mu-
tuels entre les atomes, elle permet d'interpréter ---c - c - c - m
un très-grand nombre d'isoméries . ин ин H
Développons ces divers points.
1º La théorie de l'atomicité considérée comme Ethyle libre.
complément de la théorie des types. La théorie des types nous a enseigné qu'une foule
La théorie des radicaux nous a enseigné qu'il de combinaisons dérivent par la substitution d'un
existe des groupes capables de se substituer à petit nombre de combinaisons types qui sont
1, 2, 3 atomes d'hydrogène, de se combiner avec T'hydrogène (l'acide chlorhydrique) , l'eau, l'ammo-
2 ou 4 ou même 6 atomes de chlore, de brome, etc. niaque. Ces combinaisons, auxquelles on aurait
Ces groupes doivent cette propriété à des éléments pu joindre le gaz des marais, renferment en effet
polyatomiques non saturés. des éléments d'atomicités diverses, savoir : l'hy-
Une molécule est saturée lorsque toutes les ato- drogène monoatomique , l'oxygène diatomique,
micités qui résident dans les atomes sont satisfai-
tes. Lorsqu'une telle molécule perd un atome l'azote triatomique, et l'on conçoit qu'un atome
monoatomique, le résidu fait fonction de radical d'hydrogène étant enlevé dans l'un ou l'autre de
ces composés, il faut le remplacer par un atome
monoatomique. Exemples : ou par un groupe monoatomique pour maintenir
H2O H = (HO)' oxhydryle. la saturation , c'est-à- dire l'équilibre des atomi-
C2H6O H (C2H5O)' oxéthyle. cités . Enlevez à l'eau 1 atome d'hydrogène, vous
C2H6 H (C2H5)' éthyle. pourrez remplacer cet hydrogène par le groupe
C2H4O2 H (C2H3O2) oxacétyle. monoatomique (C2H5 ' dans lequel une des ato-
C2H4 Br2 - Br (C2H Br)' brométhyle. micités d'un atome de carbone n'est pas satisfaite.
H3 AzH := (H2Az)' amidogène. Par cet atome de carbone, le groupe éthyle se
Par la perte d'un groupe d'éléments faisant soude à l'atome d'oxygène du groupe oxyhydryle
fonctions de radical monoatomique, une molécule (OH) ' , et c'est cet oxygène qui joint le groupe
saturée devient elle-même radical monoatomique: carboné à l'hydrogène. Ceci est exprimé par la
formule typique
HAZO³ (HO) ' = (Az O²) ' azotyle. C2 HS
C2 HO2 (HO) ' = (C2 H3O)' acétyle. HO.
Les radicaux diatomiques sont engendrés par la La formule HSC² - O - H n'exprime pas autre chose.
soustraction d'atomes ou de groupes représentant En général, tous les hydrates minéraux ou or-
2 atomicités des éléments d'une combinaison
saturée. Exemples : ganiques sont formés par la fixation de groupes
oxhydryles sur des éléments ou sur des groupes
C2 H6 H2 (C2H4)" d'atomes faisant fonction de radicaux. L'hydro-
Ethylène. gène typique de tous ces hydrates, c'est l'atome
CO2O = (CO)" d'hydrogène de l'oxhydryle ; l'oxygène unit cet hy-
Anhydride Carbonyle. drogène à l'élément ou au groupe dont il complète
carbonique . la saturation. Quelquefois ce sont deux groupes
C2H6O- - H2 = (С²HO)" qui sont ainsi joints par un atome d'oxygène. A
Alcool. Aldéhyde. cet égard, les formules typiques donnent, sur les
CHO _ - H2 = (C* H* O*)" rapports qui existent entre les atomes, les mêmes
Acide succinique. Acides fuma- indications que la théorie de l'atomicité. On en
rique et maléique. jugera par la comparaison suivante :
CH6O2 (HO)' = (C+ H+ O2)" O-H
Acide Succinyle. C2HS 0 = H- O - C2H5 C2H4 02 CH
succinique. H H 1
O -H
Le mode de génération des radicaux triaomiques Alcool. Glycol.
et des radicaux tétratomiques peut se déduire des O-H
principes précédemment exposés : C2H5 ) OH C2-0 - C2H5 C202) 02 -
C3H8 H³ (C3H5)" C2H5 j H2)
O -H
Hydrure de Glycéryle Oxyde Acide oxalique.
propyle. triatomique.
C3H8 - H (C3 H4) d'éthyle.
Allylène Mais la théorie de l'atomicité va plus loin que
tétratomique. la théorie des types . Celle-ci se borne à considé-
ATOMICITÉ. - 457 - ATOMIQUE (THÉORIE).
rer en bloc le noyau de la molécule qu'elle dégage mettre les rapports suivants entre leurs atomes :
de ses appendices ; l'autre pénètre la structure du
noyau lui-même. Elle le montre renfermant des OH H О ОНН
éléments non saturés qui servent en quelque sorte C-ċ -ċ- оH -ċ -ċ - H
de point d'attache aux appendices dont il s'agit.
Dans le groupe éthyle, elle signale un atome de но н HÓ Á Á
carbone qui conserve une atomicité libre. C'est Acide paralactique. Acide lactique.
celui-là qui se mettra en rapport avec l'atome En traitant plus haut des substitutions de Cl,
d'oxygène de l'oxhydryle : OH , AzH², CH3 à l'hydrogène dans les carbures
HH HH C" H2n + 2, nous avons fait remarquer qu'elles pou-
HI- ċ -ċ H - C - C - OH vaient s'accomplir à l'extrémité de la chaîne : il
en résulte des composés qu'on peut qualifier de
й й ни normaux. Mais rien n'empêche que de telles sub-
Éthyle . Alcool. stitutions ne s'effectuent au milieu de la chaîne ,
donnant ainsi naissance à une foule de composés
Dans le radical acétyle C2H3O elle découvre qui seront isomériques entre eux et avec les com-
un atome de carbone saturé et un autre qui ne posés dits normaux. Prenons un exemple peu com-
l'est point ; c'est ce dernier qui peut fixer 1 atome pliqué, le carbure d'hydrogène C3H8 et ses dérivés
d'hydrogène pour former de l'aldéhyde H- C² H³O, normaux :
1 atome d'oxhydryle pour former de l'acide acé- H H
tique HO- C2H30 : H³C - C - CH2CI H³C - C - CH² (OH)
H HH Н ОН H H
H-C -C=O H -C -C =O H -C- C-O Chlorure de propyle. Hydrate de propyle.
H i H H H H
Acétyle. Hydrure Hydrate d'acétyle H3C- C - CH² (Az H²) H³C- C- C- CH³.
d'acétyle (acide acétique).
(aldehyde). ин
Propylamine. Méthylure de propyle
Dans l'aldéhyde, on le voit, l'atome d'oxygène (Hydrure de butyle).
(du radical) est uni par ses 2 atomicités à un seul Leurs isomères dérivant de substitutions au
atome de carbone. milieu de la chaîne auraient la constitution sui-
La formation de l'acide succinique par l'action vante :
de la potasse sur le dicyanure d'éthylène (Maxwell H H
Simpson) nous conduit, pour cet acide, à la for- H
mule suivante , qui marque les rapports entre ces H³C - C - CH³ HзC- H3C - C- CH3 HC - C - CH3
С - СН3
atomes : 1
Cl он AzH2
онно Chlorure Alcool Isopropylamine.
ċ -ċ- ċ- C d'isopropyle . isopropylique.
HÓ Á HÓн H
Acide succinique . HзC - C - CH3 (1)
Et pour citer, en terminant, un exemple d'un CHз
autre genre, si la notation typique nous représente Diméthylure d'éthyle (hydrure d'isobutyle).
la diamine éthylénique comme formée de On voit par quelques -uns des exemples cités
que la théorie de l'atomicité, en dévoilant les rap-
(CH )" ports qui existent entre les atomes, permet d'in-
H2 Az2 terpréter des cas d'isomérie dont l'explication avait
H2 ) échappé jusqu'à présent. Nous indiquons ce point
et nous montre le radical diatomique éthylène ri- en terminant, nous réservant d'y revenir à l'ar-
ticle ISOMÉRIE. A. W.
vant ensemble 2 molécules d'ammoniaque, la
théorie de l'atomicité nous indique d'une ma- ATOMIQUE (THÉORIE).- Par les recherches
nière plus précise le rôle de ce radical en nous mémorables entreprises de 1804 à 1808 sur la
montrant les atomes d'azote en rapport direct avec composition de divers corps , Dalton établit la loi
les atomes de carbone de ce radical : des proportions multiples . En comparant la com-
position du gaz des marais avec celle du gaz
HHHH oléfiant, il reconnut que ces gaz ne renferment
1 que du carbone et de l'hydrogène, et que, pour la
-C-
Az - Ċ - Ċ - Az même proportion de charbon, le premier ren-
нинн ferme deux fois plus d'hydrogène que le second .
Diamine éthylénique. Il fit une remarque analogue pour l'oxyde de car-
bone et l'acide carbonique et étendit plus tard
2º La théorie de l'atomicité donnant la clef des ces observations aux composés oxygénés de l'azote.
isoméries. Avant lui, Wenzel et Richter avaient décou-
Les expériences de M. Wislicenus nous appren- vert le fait des proportions définies, en établissant
nent que les deux acides lactiques que les acides et les bases s'unissent suivant des
rapports invariables . On savait donc que la com-
( OH position des combinaisons chimiques est fixe , dé-
(C²II - CO ) OH finie, et on l'exprimait, par des nombres, en pro-

isomériques entre eux, renferment l'un le radical (1) L'hydrate correspondant à ce diméthylure est le
CH CH2 triméthyl-carbinol de M. Boutlerow :
éthylidene CH3 , l'autre le radical éthylène
CH2 * OH
Le mode de formation de ces acides et la théo- IC - C- CH³
rie de l'atomicité nous conduisent donc à ad- Ċ 113
- 458 ATOMIQUE (THÉORIE ) .
ATOMIQUE (THÉORIE) .
portions centésimales. En d'autres termes, on s'en poids d'hydrogène expriment aussi les proportions
tenait aux résultats numériques des analyses. suivant lesquelles ils s'unissent entre eux. De fait,
Esprit élevé, Dalton ne s'arrêta pas là, mais fit après avoir découvert la loi des proportions mul-
ressortir par une hypothèse ingénieuse la sim- tiples, Dalton mit de nouveau en lumière le trait
plicité des lois de composition qu'il avait confir- saillant de la loi des proportions définies. Il fit
mées ou reconnues lui-même. Cette hypothèse est pour les combinaisons des corps simples entre
celle des atomes, renouvelée des Grecs, car l'idée eux ce que Wenzel et Richter avaient fait pour I
remonte à Leucippe et à Démocrite et le mot est les combinaisons des acides avec les bases : il re-
d'Epicure. A cette notion ancienne et vague Dal- nouvela leur découverte tombée dans l'oubli. La
ton donne un sens précis en admettant que la sienne commanda l'attention , en même temps
matière est formée d'atomes possédant chacun une qu'elle souleva des critiques. L'idée que ces pro-
étendue réelle et un poids constant ; que les portions numériques suivant lesquelles les corps se
corps simples ne renferment que des atomes de combinent représentent les poids des atomes ren-
la même espèce ; que les corps composés se for- contra une certaine opposition . Tout en acceptant
ment par la juxtaposition des atomes d'espèce les faits, H. Davy rejeta l'hypothèse des atomes.
différente. Ainsi définie , cette hypothèse donnait Il nomma les poids atomiques de Dalton nombres
une explication satisfaisante du fait des propor- proportionnels. Le mot équivalent est de Wollas-
tions définies et du fait des proportions multiples. ton. Au reste , ces débats roulaient plutôt sur une
En effet, si la combinaison résulte de la juxtapo- question de mots. En effet, tout en cherchant à
sition d'atomes possédant un poids invariable, et dégager, par ces nouvelles dénominations, le fait
s'unissant toujours suivant les mêmes proportions de l'hypothèse, au fond tout le monde était d'ac-
pour un composé donné, il est clair que, dans un cord sur les choses. Les nombres de Dalton , de
tel composé, les éléments seront nécessairement Wollaston , de Davy, avaient la même significa-
unis suivant des rapports pondéraux invariables, tion : ils représentaient les proportions suivant
ces rapports exprimant précisément les poids lesquelles les corps se combinent, ce qu'on appelle
relatifs des atomes. En second lieu, si un corps encore aujourd'hui les équivalents. Ce n'étaient
s'unit à un autre corps en plusieurs proportions , pas des poids absolus, c'étaient des rapports pon-
celles-ci ne représentent autre chose que les déraux. L'unité à laquelle on les comparait était
poids de plusieurs atomes, qui sont nécessaire- différente. Dalton les avait rapportés à 1 d'hydro-
ment multiples du poids de l'un d'eux. gène. Wollaston les rapporta à 10 d'oxygène.
Etablir un lien entre les deux lois de composi- Ainsi, dans cette première phase du développe-
tion les plus importantes, les interpréter l'une et ment de la théorie atomique , les expressions
l'autre par la même hypothèse, c'est le mérite réel poids atomiques et équivalents étaient syno-
de l'idée de Dalton. Mais son principal avan- nymes au fond . Pour nous en convaincre, il suffit
tage est d'exprimer la composition des corps avec de considérer les nombres et les formules de
une précision et une simplicité qu'on chercherait Dalton :
vainement dans l'énoncé des rapports centésimaux. Composition. Formules.
Que l'on considère, en effet, les chiffres qui repré- Gaz des marais.... 6+2
sentent la composition du gaz des marais et celle Gaz oléfiant 6 +1
du gaz oléfiant : Eau.... 8 +1
Gaz Gaz Oxyde de carbone. 6+ 8
des marais. oléfiant.
Carbone.. Acide carbonique.. 6 +2 × 8
75,0 85,7 Ammoniaque...... 5+1
Hydrogène 25,0 14,3
La seule indication qu'ils nous donnent à pre- L'idée de l'équivalence était exprimée par ces
mière vue, c'est de montrer que le gaz oléfiant formules d'une manière plus correcte et plus con-
séquente que dans la notation usitée plus tard.
estplus riche en hydrogène que le gaz des marais, On en trouve la preuve dans le poids atomique
mais il faut les examiner attentivement pour dé-
couvrir que la proportion d'hydrogène par rapport attribué par Dalton à l'azote et dans la formule
au charbon est double dans le gaz des marais. de l'ammoniaque. En effet, l'équivalent de l'azote
Dalton reconnut précisément que le rapport du est la quantité d'azote qui s'unit à 1 d'hydrogène,
carbone à l'hydrogène étant 6 : 1 dans le gaz c'est-à-dire 5 (ou 4,66) d'azote, et non pas celle
oléfiant, est 6 : 2 dans le gaz des marais. Il qui s'unit à 3 d'hydrogène, c'est-à-dire 14 d'azote ;
envisagea les nombres 6 et 1 comme représen- la formule équivalente de l'ammoniaque est
tant les poids de 1 atome de carbone et de 1 Az H ( Az = 4,66 ) et non pas Az H³ ( Az = 14) .
atome d'hydrogène, et exprima la composition Au surplus , si rien n'avait été ajouté aux décou-
des deux gaz en admettant que le premier ren- vertes de Wenzel, de Richter et de Dalton , con-
ferme 1 atome de carbone pour 2 atomes d'hy- cernant les lois de composition des corps, l'hypo-
drogène , et le second 1 atome de carbone pour thèse atomistique du physicien anglais aurait
un atome d'hydrogène. Dans la langue écrite il pris racine difficilement ; la notion des équiva-
adopta la notation symbolique suivante, point de lents ou nombres proportionnels eût prévalu.
départ de nos formules de constitution mo- En effet, on exprimait d'une façon aussi précise
dernes : la composition de l'eau, en disant qu'elle ren-
Car- Hydro- ferme une proportion ou un équivalent d'oxygène
bone. gène. Formule. et une proportion ou un équivalent d'hydrogène,
Gaz des marais... 6 2 qu'en admettant, avec Dalton, qu'elle est formée
Gaz oléfiant...... 6 1 d'un atome d'oxygène et d'un atome d'hydrogène.
Mais aux découvertes dont il s'agit ont succédé
Dalton trouva en outre que la proportion d'hy- de nouvelles découvertes qui ont amené les chi-
drogène combinée avec 6 de carbone dans le gaz mistes à établir une distinction entre les équiva-
oléfiant est combinée avec 8 d'oxygène dans l'eau. lents et les poids atomiques. A partir de 1805 ,
Étudiant ensuite la composition de l'oxyde de Gay-Lussac publia ses travaux mémorables sur
carbone et de l'acide carbonique, il découvrit ce les lois de composition des gaz. Ils marquent une
fait remarquable que, dans ces deux gaz, le char- nouvelle phase dans le développement de la théo-
bon s'unit à l'oxygène précisément dans le rap- rie atomique.
port de 6 à 8 et de 6 à 2X8. Ainsi les nombres Après avoir établi, avec A. de Humboldt, que
qui représentent les proportions suivant lesquelles l'hydrogène s'unit à l'oxygène dans le rapport
le charbon et l'oxygène s'unissent à un même exact de 2 vol. à 1 volume , il étendit ses obser-
ATOMIQUE ( THÉORIE ) . 459 ATOMIQUE ( THÉORIE ) .
vations à d'autres gaz et les généralisa par les pro- ! La distinction entre les atomes et les équiva-
positions suivantes : lents se trouvait ainsi introduite dans la science.
1º Il existe un rapport simple entre les volumes Les atomes représentant les volumes, les poids
des gaz qui se combinent. atomiques sont les poids de volumes égaux. Les
2º Il existe un rapport simple entre la somme équivalents représentent les proportions pondé-
des volumes des gaz composants et le volume de rales d'après lesquelles les corps se combinent,
gaz résultant de leur combinaison. abstraction faite des rapports volumétriques, sui-
Ainsi 2 volumes d'hydrogène s'unissent à 1 vol . vant lesquels s'effectuent ces combinaisons.
d'oxygène pour former 2 vol . de vapeur d'eau. La notation du grand chimiste suédois offre ce
2 vol. d'azote s'unissent à 1 vol . d'oxygène pour trait particulier qu'elle est fondée d'un côté sur
former 2 vol. de protoxyde d'azote. les lois découvertes par Gay-Lussac et qu'elle se
1 vol. d'azote s'unit à 1 vol. d'oxygène pour relie de l'autre à la notation en équivalents , inau-
former 2 vol . de bioxyde d'azote. gurée par Dalton , rétablie plus tard par Gmelin
1 vol . d'azote s'unit à 3 vol. d'hydrogène pour et par M. Liebig. L'idée de Berzelius était celle-ci :
former 2 vol . de gaz ammoniac. Il existe des corps dont les atomes entrent isolé-
1 vol. de chlore s'unit à 1 vol. d'hydrogène pour ment dans les combinaisons : les poids de ces
former 2 vol . de gaz chlorhydrique. atomes se confondent avec les équivalents. D'au-
La découverte de Gay-Lussac eut une immense tres corps sont constitués par des atomes groupés
portée. En premier lieu elle apporta une confir- deux à deux, et ne se séparant jamais pour entrer
mation éclatante à la loi des proportions défi- en combinaison . Il désignait sous le nom d'atomes
nies , qui se trouva ainsi démontrée, non - seule- doubles ces deux atomes ainsi associés l'un à l'au-
ment par la considération des poids, mais encore tre, et les représentait par des symboles barrés.
par celle des volumes. Et, chose digne de re- I signifiait 2 atomes ou un équivalent d'hydro-
marque, une preuve nouvelle n'était point su- * gène. De là les formules suivantes :
perflue, car la loi dont il s'agit trouvait encore ,
cette époque même , quelques contradicteurs. Notation Formules
Berthollet s'était efforcé de démontrer jusqu'en en équivalents. de Berzelius.
1808 que les proportions suivant lesquelles les HO H2O Eau.
corps se combinent ne sont pas absolument inva-
GIO = C120 Acide hypochloreux
riables. Mais sa grande autorité ne put prévaloir anhydre. •
contre l'autorité des faits . La thèse contraire fut Az O = Az20 Protoxyde d'azote.
victorieusement soutenue par Proust.
Mais voici une autre conséquence de la décou- Az H³ Az2 H6 Ammoniaque.
verte de Gay-Lussac. Si l'on peut admettre, avec H GI = H2C12 Acide chlorhydrique.
Dalton, que les proportions pondérales suivant
lesquelles les corps se combinent représentent Az II³, II Gl = AzH6, HC12 Chlorhydrate d'am-
momaque.
les poids de leurs atomes; s'il est constant, d'après
Gay-Lussac, que les volumes suivant lesquels les Ajoutons que Berzelius rapportait les poids
gaz s'unissent sont entre eux dans des rapports sim- atomiques à 100 d'hydrogène. A lui la gloire de
ples et invariables, il est naturel d'admettre que les les avoir déterminés le premier, à l'aide de mé-
poids relatifs de ces volumes doivent représenter thodes rigoureuses. Trente années de sa vie ont
les poids relatifs des atomes. Les poids relatifs de été consacrées à ce travail immense.
volumes égaux ne sont autre chose que les den- L'hypothèse atomique qu'il a adoptée avait été
sités. Il en résulte que les densités des gaz doivent fortifiée par deux découvertes qui se sont succédé
être ou proportionnelies aux poids atomiques, ou en 1819 et 1820.
du moins se trouver dans un rapport très-simple La première en date est due à Dulong et Petit.
avec les poids atomiques. Gay-Lussac a fait re- On la connaît sous le nom de loi des chaleurs
marquer en effet que cette relation existe. Elle spécifiques. Elle a établi les relations qui existent
apparaît de la manière la plus évidente dans le entre la chaleur spécifique des corps simples et
tableau suivant, où les densités de quelques gaz leurs poids atomiques , et qu'on peut énoncer
sont rapportées à celle de l'hydrogène prise ainsi : La chaleur spécifique des corps simples est
comme unité. en raison inverse de leurs poids atomiques , de
Densités
des telle sorte que si l'on multiplie ces deux quan-
gaz ou des Densités Poids tités l'une par l'autre, on obtient un produit con-
vapeurs rapportées a: o- stant.
Noms rapp ortées mi-
des gaz simples. à l'air. l'hydrogène . ques. Cela revient à dire que les atomes des corps
Hydrogène . 0,0693 1 1 simples, si différents par leurs poids relatifs, pos-
Oxygène 1,1056 15,9 16 sèdent sensiblement la même chaleur spécifique .
Azote .. 0,9714 14,0 14 Ce fait est devenu une des bases les plus solides
Soufre à 1009º 2,22 32,0 32 de la théorie atomique.
Chlore .. 2,44 35,2 35.5 La seconde découverte est celle de l'isomor-
Brome 5,393 77,8 80
Iode 8,716 125,8 127 phisme. Elle est due à Mitscherlich et peut être
énoncée ainsi: Des corps composés d'un égal nom-
L'unité étant la même pour les densités et les bre d'atomes, disposés de la même manière, cris-
poids atomiques, on voit que les uns et les au- tallisent sous des formes identiques ou presque
tres sont représentés par les mêmes nombres. identiques, et peuvent se mêler dans les cristaux
Les découvertes de Gay-Lussac fournissaient donc dans des proportions indéfinies sans que la forme
un moyen très-simple d'établir ou de controler de ceux-ci soit sensiblement altérée. La ressem-
les poids atomiques. En outre, elles ont conduit blance des formes extérieures résulte de la simi-
Berzelius à inaugurer la notation atomique. Dal- litude de la structure atomique. On peut en con-
ton avait représenté l'eau comme formée de clure que toutes les fois que deux corps sont
1 atome d'hydrogène et de 1 atome d'oxygène. réellement isomorphes, ils possèdent une struc-
Berzelius admit qu'elle renferme 2 atomes d'hy- ture atomique semblable et peuvent être repré-
drogène et 1 atome d'oxygène. C'est ainsi que la sentés par des formules analogues.
composition volumétrique de l'eau a donné sa La notation de Berzelius a régné dans la science
formule atomique : 2 volumes d'hydrogène re- pendant vingt ans, grâce à l'autorité légitime et
présentent 2 atomes d'hydrogène, 1 volume d'oxy- incontestée de son nom. Pourtant , des objections
gène représente 1 atome d'oxygène. ont fini par s'élever contre cette notation , et l'idée
ATOMIQUE (THÉORIE ) .
- 460 - ATOMIQUE (THÉORIE).
des atomes doubles a surtout rencontré une cer- priment, à peu de chose près , de la même manière,
taine opposition . Pourquoi admettre, disait Gme- sous l'influence des mêmes variations de tempé-
lin, que les équivalents de l'hydrogène, du chlore, rature et de pression.
du brome, de l'azote, etc. , sont formés de deux En 1814, Ampère développa des vues analo-
atomes, alors que les atomes simples de ces corps gues (1) , et cette hypothèse que les gaz renferment,
n'existent dans aucune combinaison ? [ Handbuch à volume égal, un nombre égal de molécules eût
der Chem., 4 édit., t . I, p . 47. ] L'atome est la plus trouvé accès dans la science dès cette époque , si
petite quantité d'un corps qui entre dans un com- elle avait pu se fonder sur un nombre suffisant
posé. Les équivalents des corps précédents repré- de déterminations exactes. Mais il n'en a pas été
sentent donc les atomes, et il convient de prendre, ainsi , et les idées d'Avogadro et d'Ampère étaient
pour leurs poids atomiques, des nombres doubles tombées dans l'oubli , lorsque le grand rénovateur
de ceux qu'avait adoptés Berzelius, conformément de la chimie moderne, Gerhardt, en fit la base de
à la théorie des volumes. Les formules de l'eau, son système.
de l'acide chlorhydrique, de l'ammoniaque , du Les molécules de tous les corps gazeux occu-
chlorhydrate d'ammoniaque, deviennent alors pent 2 volumes de vapeur, si 1 atome d'hydrogène
HO; HCl ; Az H3 ; Az H³, HCl. occupe 1 volume. C'est là une des propositions
fondamentales de son système, le point de départ
On revenait ainsi aux idées de Dalton et à la de sa notation.
notation en équivalents. Cette dernière a fini par Il s'attacha d'abord à faire ressortir les incon-
prévaloir. L'idée des atomes, disait Liebig, est vénients du système des équivalents lorsqu'il
une hypothèse, les équivalents sont une réalité ; s'agit de représenter la composition et les réac-
il faut s'en tenir aux équivalents (voir ce mot). tions des corps organiques. En adoptant pour le
De fait, la notion des atomes doubles a introduit carbone, l'hydrogène, l'oxygène, les équivalents
dans la notation de Berzelius certains inconvé- C = 6, H = 1 , 08, on donne aux composés
nients, qu'il importe de signaler. En premier lieu , organiques des formules telles, que le nombre des
commentjustifier cette proposition qu'aucune com- équivalents de carbone est toujours divisible par
binaison ne renferme moins de 2 atomes d'hydro- 2 en d'autres termes, que les molécules orga-
gène , de chlore , de brome , d'iode , d'azote ? niques s'accroissent par nombres pairs d'équiva-
Pourquoi la plus petite quantité d'acide chlorhy- lents de carbone. De plus, lorsque ces molécules
drique capable d'exister, c'est-à-dire 1 molécule, se détruisent ou se simplifient dans les réactions
renfermerait-elle 2 atomes de chlore et 2 atomes énergiques en perdant du carbone, sous forme
d'hydrogène, et non pas 1 atome de chlore et d'acide carbonique, de l'hydrogène sous forme
1 atome d'hydrogène ? Une remarque semblable d'eau, ce n'est jamais un équivalent d'acide car-
s'applique à l'acide bromhydrique , au bioxyde bonique CO2, ou un équivalent d'eau HO , mais
d'azote , à l'ammoniaque , à l'hydrogène phos- bien n C2 O ou n H2O2.
phoré, etc. Gerhardt a fait ressortir cette conséquence
En second licu, les molécules de tous ces corps , étrange de la notation en équivalents. Pourquoi,
ainsi formulées par Berzelius, ne sont pas compa- disait-il, aucune réaction de la chimie organique ne
rables aux molécules de l'eau, de l'hydrogène sul- donne-t-elle lieu à la formation d'un seul équiva-
furé, de l'acide hypochloreux anhydre, de l'acide lent d'acide carbonique, d'un seul équivalent d'eau?
carbonique. En effet , tandis que les premiers Cela est dû à une faute commise dans la fixation
occupent 4 volumes, les derniers en occupent 2. des poids atomiques du carbone et de l'oxygène.
En effet, si C2O4 , c'est-à-dire 44 d'acide carboni-
H2C124 vol. H2O2 vol. que, est la plus petite quantité de ce corps qui
H2 Br4 vol. H'S 2 vol. prenne naissance dans une réaction , il est naturel
H6 Az2 = 4 vol. C120 = 2 vol.
H& Ph² = 4 vol. CO² 2 vol. d'admettre que cette quantité renferme 1 atome
de carbone et de la représenter par la formule
Berzelius avait dit : La plus petite quantité CO2 , dans laquelle C représente 12 de carbone
d'hydrogène qui s'unit à 1 atome d'oxygène forme et 0 16 d'oxygène. D'un autre coté, H2O² étant
2 atomes ; la plus petite quantité de chlore qui la plus petite quantité d'eau, il est naturel de
s'unit à 1 atome d'oxygène forme 2 atomes : donc penser que cette quantité renferme un seul atome
2 atomes de chlore doivent aussi s'unir à 2 ato- d'oxygène, et de l'exprimer par la formule H2O.
mes d'hydrogène. C'était là une hypothèse que Dans ces formules les atomes exprimaient les
rien ne justifiait. volumes Gerhardt revenait ainsi à la notation
Il eût été facile au grand maître de corriger atomique , fondée sur les lois de Gay-Lussac ,
ce défaut de sa notation en tenant compte d'une et la développa d'une manière plus conséquente
opinion émisc dès 1811 par un chimiste italien ( ¹ ) . et plus rigoureuse que ne l'avait fait Berzelius.
D'après A. Avogadro , lorsqu'un corps passe de En effet, dans sa notation les molécules de tous
l'état liquide à l'état gazeux, le nombre de par- les corps gazeux représentent 2 volumes de va-
ticules qui s'en détachent en quelque sorte est peur :
le même pour des volumes égaux de tous les H202 vol. HCl = 2 vol.
gaz, à conditions égales de température et de H'S 2 vol. H Br = 2 vol.
pression. Il nomma ces particules molécules inté- C1202 vol. HAZ = 2 vol.
grantes ou constituantes, et admit que dans un CO = 2 vol. H3 Ph = 2 vol.
corps gazeux elles sont séparées les unes des au- CO² 2 vol. C2H6O2 vol.
tres par des distances telles, qu'elles n'exercent SO³ 2 vol. C2H 0² = 2 vol.
plus aucune action réciproque, et qu'elles n'obéis- | Cette idée fut appliquée aux corps simples eux-
sent qu'à l'action répulsive de la chaleur . Et dans mêmes. Une molécule d'hydrogène est formée de
son opinion cette hypothèse s'appliquait aux gaz | 2 atomes et occupe volumes de vapeur. Il en est
composés comme aux gaz simples . Seule cette hy- ainsi d'une molécule de chlore, de brome , d'iode,
pothèse pouvait rendre compte, d'après lui, de ce d'azote, d'oxygène. Ces corps simples représentent,
fait important que les gaz se dilatent ou se com- |
( 1 ) Lettre de M. Ampère à M. le comte Berthollet,
(1 ) Essai d'une manière de déterminer les masses re- sur la détermination des proportions dans lesquelles les
latives des molécules élémentaires des corps et les corps se combinent, d'après le nombre et ta disposition
proportions selon lesquelles elles entrent dans les com- respective des molécules (atomes) dont leurs particules
binaisons, par Amedeo Avogadro (Journal de Physique, intégrantes ( molécules ) sont composées ( Annales de
par Delamethrie, t. LXXIII, p. 38, juillet 1811). Chimie, t. XL, p . 43).
ATOMIQUE (THÉORIE) . - 461 ATOMIQUE (THÉORIE ).
à l'état de liberté, de véritables combinaisons for- métal, et leur composition s'exprime par la for-
mées de 2 atomes de la même espèce : mule RO. Chaque atome d'un de ces derniers,
métaux équivaut donc à 2 atomes de potassium,
HH 2 vol. hydrogène libre, hydrure d'hydrogène ce qu'on exprime en disant qu'ils sont diatomiques.
CICI 2 vol. chlore libre, chlorure de chlore.
Az Az 2 vol. azote libre, azoture d'azote. Tels sont les oxydes suivants :
00 = 2 vol. oxygène libre, oxyde d'oxygène . Bao, Sro , Cao , MgO , Mno , Feo ,
Gerhardt compara fes métaux à l'hydrogène. ZnO, PbO, CuO, go.
Reprenant et développant une idée d'abord émise
par Laurent, il assimila les protoxydes à l'eau, L'idée des métaux diatomiques a été énoncée
et admit 2 atomes de métal et un atome d'oxy- pour la première fois par M. Cannizzaro [ Sunto di
gène. La densité de vapeur du mercure (6,9) com- un Corso di filosofia chimica fatto nella R. uni-
parée à celle de l'oxygène (1,1056) lui a fourni versità di Genova , dal prof. S. Cannizzaro, Pisa 1858,
un puissant argument à l'appui de cette thèse. La p. 35] . Elle a trouvé son principal point d'appui
formation de l'oxyde mercurique exige, en effet, [Ibid., p. 34] dans l'existence de radicaux diato-
2 volumes de vapeur de mercure et 1 volume miques de nature organique, notion qui a été in-
d'oxygène, car troduite dans la science par les expériences de
200 M. Wurtz sur la formation du glycol avec le
2 X 6,9 diiodure ou le dibromure d'éthylène [ Leçons pro-
est sensiblement égal à 16
1,1056 fessées à la Soc . Chim. de Paris, t. I, p . 108].
La formule de l'oxyde mercurique est donc Telles sont les découvertes et les considérations
Hg20, et le poids atomique du mercure est 100 , qui ont fixé le système actuel de poids atomiques.
si celui de l'oxygène est 16. Les poids atomiques Il est fondé d'un côté sur la loi des chaleurs spé-
des autres métaux découlent de considérations cifiques, de l'autre sur la proposition d'Avogadro
analogues, si l'on attribue à leurs protoxydes une et d'Ampère, qui est elle-même une conséquence
constitution semblable à celle de l'eau. des découvertes de Gay-Lussac. Montrons qu'il
Telles sont les bases du système de poids ato- en est ainsi.
miques de Gerhardt et de la notation qui en dé- 1º POIDS ATOMIQUES DÉDUITS DE LA LOI DES CHALEURS
coule. C'est un progrès immense dans le dévelop- SPÉCIFIQUES. --- Les recherches exactes de MM . Re-
pement de la théorie atomique. Les molécules de gnault et Hermann Kopp ont permis de vérifier
tous les corps gazeux ramenées à l'unité de volume
le degré d'exactitude de cette loi (page 460), pour
et exprimées par des formules comparables ; la un grand nombre de cas ; on en jugera par le ta-
distinction entre l'atome et la molécule accentuée bleau suivant : Produits
d'une manière précise, l'atome étant la plus petite des poids
masse capable d'exister dans une combinaison , la atomique ,
molécule étant la plus petite quantité capable Poids par les
Noms des corps atomi- Chaleurs poids
d'exister à l'état libre ; les réactions chimiques simples. ques. spécifiques . spécifiq.
s'accomplissant entre les molécules par un échange Argent... 108 0,0570 R. ( 1 ) 6,16
d'atomes, par conséquent toutes les métamor- Aluminium . 27,4 0,2143 R. 5,87
phoses ramenées à un type unique, celui de double Antimoine . 122 0,0523 K. (?) 6,38
décomposition : telles sont les bases de ce système Arsenic.Bismuth 210
75 0,0814 R.
0,0305 K. 6,41
6,11
qu'il nomma lui-même unitaire.
Cette puissante généralisation dépassa le but. amorphe
Bore cristallisé . . 0,251 K.
10,9 0,230 K. 2,51 2,77
«Le premier essai de généraliser réussit rarement, Brome (entre -78° et -20º ) 80 0,0843 R. 6,74
dit Berzelius (1 ) , la spéculation devancé la théorie Carbone { graphite... 12 0,202 R. 2,42
trop lente à la suivre. » Nous savons aujourd'hui diamant.. 0,1469 R. 1,76
que tout n'est pas double décomposition dans les Cadmium 112 0,0567 R. 6,35
réactions chimiques : il y a des additions molécu- Cobalt. 58,8 0,1067 R. 6,27
laires et des dissociations. D'un autre côté, Ger- Cuivre . 63,4 0,0952 R. 6,04
Etain . 118 0,0548 K. 6,46
hardt est allé trop loin en attribuant à tous les Fer. 56 0,1138 R. 6,37
protoxydes la composition atomique de l'eau, et Iode.. 127 0,0541 R. 6,87
en dédoublant, conformément à cette idée, les équi- Iridium 198 0,0326 R. 6,45
valents d'un grand nombre de métaux. Si la densité Lithium. 7 0,9108 R. 6,59
de vapeur du mercure semblait fournir un argu- Magnésium.. 24 0,2499 R. 6,00
ment en faveur d'une telle réduction , il est à re- Manganèse.. 55 0,1217 R. 6,69
Mercure (entre-78°et-40°) 200 0,0319 R. 6,38
marquer que les densités de vapeur des chlorures, Molybdène.. 96 0,0722 R. 6,93
bromures, iodures de mercure, assignent à cet Nickel.. 58,8 0,1092 R. 6,42
élément un poids atomique double. De plus, la Or... 197 0,0324 R. 6,38
réduction des poids atomiques de la plupart des Osmium.. 199,2 0,0311 R. 6,20
métaux, telle qu'elle a été proposée par Gerhardt, Palladium 106,6 0,0593 R. 6,32
serait contraire à la loi de Dulong et Petit, sur ordinaire (en-
tre 13° et 36°) 0,202 K. 6,26
laquelle les recherches classiques de M. Regnault Phosphore amorphe (en- 31 ད
ont ramené l'attention. tre 15° et98°) 0,1698 R. 5,26
Dès 1849, M. Regnault a fait remarquer que la Platine.. 197,4 0,0321 R. 6,40
loi de Dulong et Petit s'applique à tous les corps Potass ium .. 39,1 0,1655 R. 6,47
simples, sauf un petit nombre d'exceptions, et que, Rhodium ... 104,4 0,0580 R. 6,06
pour faire rentrer celles-ci dans la loi générale, il orthorhomb . (en-
tre 14° et 99°). 0,1776 R. 5,68
333

suffirait de dédoubler les équivalents de l'hydro- Soufre orthorhomb. (en- 32


gène, de l'azote, du chlore, du brome, de l'iode , tre 17° et 45º). 0,163 K. 5,22
du phosphore, de l'arsenic, du potassium, du Sélénium cristallisé.... 0,0762 R. 6,05
sodium, de l'argent. Gerhardt avait déjà fait cette Silicium graphitoïde .. 28 0,181 K.
0,165 K. 4,62
5,07
réduction, mais il l'avait étendue à tous les mé- cristallisé..
taux. M. Regnault la bornait aux métaux alcalins Sodium (entre - 34º et 7º). 23 0,2934 R. 6,75
Tellure 128 0,0474 R. 6,07
et à l'argent. Si donc les oxydes de ces derniers Thallium.. 204 0,0336 R. 6,85
métaux offrent la composition atomique de l'eau Tungstène.. 184 0,0334 R. 6,15
R2O, les autres oxydes à 1 atome d'oxygène ren- Zinc .. 65,2 0,0956 R. 6,23
ferment non pas 2 atomes, mais 1 seul atome de
(1) Regnault.
(1) Jahresbericht, nº 11 , 1830, p . 213. (2) H. Kopp.
"
ATOMIQUE (THÉORIE ) . 462 - ATOMIQUE ( THÉORIE ) .
On voit que les produits des chaleurs spéci- dont elle se compose le mode de mouvement que
fiques par les poids atomiques s'éloignent peu de nous nommons chaleur, il est évident que les
la chaleur moyenne 6,4 qu'on peut nommer quantités de chaleur consommées doivent croître
chaleur atomique. On constate pourtant quel- avec le nombre des atomes.
ques exceptions à cet égard ; le carbone, le bore, le Il est à remarquer, toutefois, que cette relation
silicium, le soufre, le phosphore ( modification. si simple entre la chaleur atomique d'un composé
amorphe) , possèdent une chaleur atomique plus et les chaleurs atomiques des éléments qu'il ren-
faible que la chaleur atomique moyenne 6,4. ferme ne se vérifie pas, d'après M. Hermann Kopp ,
Remarquons que les corps simples qui semblent pour tous les composés. - Voyez l'article CHA-
ainsi faire exception à la loi de Dulong et Petit LEUR.
sont ceux pour lesquels on a constaté l'existence Quoi qu'il en soit , à l'aide de la formule indi-
de modifications allotropiques. Or on sait que le quée plus haut, M. H. Kopp a pu déterminer in-
passage d'une modification à l'autre est toujours directement la chaleur atomique d'un certain
accompagné de phénomènes thermiques. C'est un nombre de corps simples. Il a trouvé ainsi que
changement moléculaire, un travail intérieur qui le chlore, l'azote, le baryum, le calcium, le stron-
dégage ou absorbe de la chaleur. tium , le rubidium , le titane, le chrome, le zirco-
Chauffez du soufre octaédrique , il arrivera un nium rentrent dans la loi de Dulong et Petit.
moment où ce soufre tendra à passer à l'état de Leurs chaleurs atomiques, déterminées indirecte-
soufre prismatique, et ce travail intérieur absorbe ment, sont sensiblement égales à 6,4.
sans doute de la chaleur. La chaleur spécifique du L'oxygène et l'hydrogène font exception . Dé-
soufre doit donc augmenter si l'on la détermine duite de leurs combinaisons solides, la chaleur
entre des limites où une portion de la chaleur atomique de ces deux éléments , pour l'état so-
fournie extérieurement est employée à produire le lide , serait inférieure à 6,4. Mais M. H. Kopp
travail intérieur. fait remarquer lui-même que de telles détermi-
Cette influence perturbatrice est très-manifeste nations indirectes ne sont pas exemptes d'incer-
pour le phosphore. M. Hermann Kopp a détèr- titude (1).
miné la chaleur spécifique du phosphore ordinaire 2ºPOIDS ATOMIQUES DÉDUITS DE LA LOI DES VOLUMES.
entre 13 et 36°, c'est-à-dire entre des limites res- - Nous avons vu plus haut comment les décou-
treintes et assez éloignées du point où se forme vertes de Gay-Lussac ont conduit Avogadro et
le phosphore amorphe. Le nombre trouvé, 0,202 , Ampère à admettre que les gaz renferment, à vo-
donne pour la chaleur atomique 6,26, chiffre qui lumes égaux , le même nombre de molécules. S'il
s'accorde avec la loi . Mais la chaleur spécifique du en est ainsi, il est évident que les poids relatifs
phosphore amorphe, prise entre des limites plus de ces dernières, c'est-à-dire les poids moléculaires ,
étendues , est notablement plus faible et donne doivent être proportionnels aux densités. Les poids
pour la chaleur atomique le nombre 5,26. atomiques eux - mêmes se déduisent des poids
De telles perturbations exercent sans doute leur moléculaires , à l'aide de considérations très-
influence dans d'autres cas et font que la loi de simples.
Dulong et Petit n'est pas rigoureusement exacte. La molécule est la plus petite quantité d'un
Elle est très-approximative pour les métaux chez corps qui puisse exister à l'état libre, qui puisse
lesquels la tendance à l'allotropie est moins mar- entrer dans une réaction ou en sortir. Son poids
quée et chez lesquels l'influence du travail inté- représente celui de tous les atomes qui se sont
rieur est moins sensible. unis de manière à constituer cette molécule. Son
Et comment pourrait-on mettre en doute la réa- volume est le même que celui qu'occupent 2
lité de cette loi lorsqu'elle se vérifie dans un si atomes d'hydrogène. Prenons un exemple. L'eau
grand nombre de cas, et si , d'autre part, on con- étant formée de 2 vol . d'hydrogène et de 1 vol.
sidère l'étendue des variations des chaleurs spéci- d'oxygène, nous avons admis que 2 vol . d'hydro-
fiques et des poids atomiques? Le poids atomique gène représentent 2 atomes d'hydrogène, que 1 vol.
du bismuth est trente fois plus fort que celui du d'oxygène représente 1 atome d'oxygène. Le résul-
lithium : justement la chaleur spécifique du pre- tat de cette combinaison , H2O, est la plus petite
mier est trente fois plus faible que celle du second. quantité d'eau qui puisse exister, c'est une molé-
D'un autre côté, le nickel et le cobalt ont le même cule d'eau : elle occupe 2 vol . si 2 atomes d'hy-
poids atomique; ils ont aussi , à peu de chose drogène occupent 2 vol . Il en est ainsi des molé-
près , la même chaleur spécifique. cules de tous les corps qui peuvent prendre la
En ce qui concerne les corps composés, on a forme gazeuse sans se décomposer. Tous les atomes
reconnu qu'en général des quantités équivalentes qui forment cette molécule sont condensés dans
de substances offrant une composition atomique le même espace que celui qu'occupent 2 atomes
semblable possèdent aussi la même chaleur spé- d'hydrogène. Les poids moléculaires représentent
cifique les produits de leur chaleur spécifique donc les poids de 2 volumes. Ils sont donnés par
par leurs poids atomiques sont sensiblement égaux, les doubles densités. Et si les densités des gaz ou
et si l'on nomme ces produits « chaleur molécu- des vapeurs étaient rapportées à l'hydrogène , il est
laire », on peut dire avec M. Hermann Kopp « que clair qu'il suffirait de les doubler pour avoir les
de tels corps possèdent la même chaleur molé- poids moléculaires. Jusqu'ici ces densités ont été
culaire. » Néanmoins, ce savant distingué a con- généralement rapportées à celle de l'air, prise
staté quelques exceptions à cette loi. comme unité, mais il convient d'abandonner ce
Lorsqu'on compare les chaleurs atomiques d'un système et de choisir la même unité et pour les
grand nombre de composés, on reconnaît qu'elles densités et pour les poids atomiques, savoir le
sont formées par la somme des chaleurs atomiques poids de 1 vol. d'hydrogène. Au reste rien n'est
des éléments. En effet, les produits des chaleurs plus facile que de calculer les densités par rapport
spécifiques par les poids moléculaires C.P sont à l'hydrogène, connaissant celles qui sont rap-
sensiblement égaux à nX 6,4, n exprimant le portées à l'air : il suffit de multiplier ces dernières
nombre des atomes contenus dans un composé par le facteur
possédant la chaleur spécifique C et le poids molé- 1
culaire P. On a donc n X 6,4 : C.P [ Hermann
Kopp, Compt. rend. , t. LVI , p . 1254]. 0,0693 = 14,44,
On comprend qu'il en soit ainsi . Ce sont les
atomes qui sont mis en mouvement par la cha-
leur. Pour élever la température d'une molécule , (1) Untersuchungen, über die specifische Wärme der
starren-und tropfbar flüssigen Körper von Hermann
c'est-à-dire pour communiquer à tous les atomes Kepp. Erster Theil. Giessen 1865.
ATOMIQUE (THÉORIE ) . - 463 - ATOMIQUE ( THÉORIE ) .
qui exprime le rapport de la densité de l'air à Doubles
celle de l'hydrogène . On les multiplie par densités
rappor- Poids
tées à molé-
2X Noms des corps. l'hydro- cu-
0,0693' Densités. gène. laires. Formules.
Borate triéthylique... 5,14 148,4 146 Bo(EtO³ .
c'est-à-dire par 28,88 , pour trouver les doubles Chlorure de vanadium 6,14
densités , qui se confondent avec les poids molé- Chlorure d'antimoine . 7,8 177,3 175 V C13.
culaires. 225,3 228,5 Sb Cl³.
Triéthylstib .... 7,23 208,8 209 Sb Et3.
C'est ainsi qu'on a formé le tableau suivant, où Chlorure deinebismuth . 11,38 327,8 316,5 Bi C13.
se trouvent inscrits à la fois les chiffres qui ex- Acichlorure de chrome 5,5 158,8 156,5 Cr 0² Cl² .
priment les doubles densités rapportées à l'hydro- Chlorure d'aluminium 9,34 269,7 268 A12 C16.
gène et les poids moléculaires déduits des consi- Bromure d'aluminium 18,62 537,7 535 A12 Br6.
dérations chimiques . Iodure d'aluminium.. 27,0 779,8 817 A1216.
Perchlorure de fer.. 11,39 328,9 325 Fe2 C16.
Doubles Acide osmique ..
densités 8,89 256,7 263,2 Os 06.
rappor- Poids Zinc-éthyle.. 4,259 123 123,2 Zn" Et2.
tées à molé- Mercure... 6,976 201,4 200 Hg".
Phydro- cu- Chlorure mercurique . 9,8 283 271 Hg Cl².
Noms des corps. Densités. gène. laires. Formules. Bromure mercurique . 12,16
Hydrogène 0,0693 2 H2. Iodure mercurique... 15,9 365,2 360 Hg Br².
Chlore.. 2,14 70,5 71 C12 . Mercuro - diméthyle .. 8,29 459,2 454 Hg 12.
Brome 5,54 159,0 160 Br2. 239,4 230 Hg Me².
Iode... Mercuro-diethyle .... 9,97 287,9 258 Hg Et2.
8,716 251,7 254 12. Chlorure mercureux. 8,21 237,1 235,5 Hg Cl.
Cyanogène . 1,806 52,1 52 Cy2. Bromure mercureux. 10,14 292,8 280 Hg Br. (¹)
Méthyle... 1,4365 29,9 30 Me2. Éthylène... 0,9784 28,2 28 C² H¹.
Hydrure de méthyle. 0,558 16,1 16 Me H. Chlorure d'éthylène . 3,4434 99,4 99 C2 H4 C12.
Ethyle. 2,0462 59,1 58 Et2.
Oxygène .. 1,1056 31,9 32 02. On voit par ce tableau que les poids moléculaires
Soufre. 2,22 63,5 64 S². déduits des densités, conformément au principe
Eau .. 0,6235 18,0 18 H2O . d'Avogadro et d'Ampère, se confondent avec les
Hydrogène sulfuré... 1,1912 34,4 34 H2S. poids moléculaires déduits des considérations chi-
Anhydride sulfureux , 2,234 64,5 64 S 02. miques , à condition qu'on prenne pour les poids
Anhydride sulfurique. 2,763 79,8 80 S 03. atomiques des nombres qui soient en harmonie
Azote 0,9714 28,0 28 Az2.
Oxyde azoteux .. avec la loi de Dulong et Petit.
1,527 44,1 44 Az² O. Prenons des exemples. L'analyse et la densité
Oxyde azotique.. 1,038 29,98 30 AZO .
Peroxyde d'azote.. 1,72 49,5 46 Az 02. de vapeur du zinc-éthyle nous montrent que 2 vo-
Méthylamine... 1,08 31,19 31 Az Me I12. lumes de vapeur de ce corps renferment 65,2 de
Ammoniaque. 0,591 17,07 17 Az H³. zinc . Ce nombre représente-t-il le poids de 1 atome
Phosphore... 4,42 ou de 2 atomes de zinc ? Notre choix est fixé par
127,6 124 Phi. cette considération que le nombre 65,2 est con-
Hydrogène phosphoré 1,184 34,2 34 Ph H3.
Protochlorure de phos- forme à la loi des chaleurs spécifiques. Une molé-
phore... 4,742 136,9 137,5 PhC13. cule de zinc-éthyle renferme donc 1 atome de zinc
Oxychlorure de phos- et deux groupes éthyliques. Il ne saurait avoir
phore.... 5,3 153,1 153,5 PhO Cl³. une composition plus simple . Le moins qu'une
Arsenic .. 10,6 306 300 As4. molécule puisse renfermer d'un élément est un
Hydrogène arsenié . 2,695 77,8 78 ASI³. atome de cet élément.
Chlorure d'arsenic 6,3006 181,9 181,5 As Cl³.
Iodure d'arsenic.. 16,1 461,9 456 As 13. L'analyse et la densité de vapeur du chlorure
Triéthylarsine . 5,61 162,0 162 As Et3. d'aluminium nous montrent que 2 volumes de ce
Cacodyle ( arsébimé- corps renferment 54 d'aluminium. Ce nombre
thyle) ....... 7,1 205,0 210 As2 Me4. représente-t-il le poids de 2 atomes ou de 1 atome
Oxyde de carbone... 0,967 27,9 28 CO. d'aluminium ? Il représente le poids de 2 atomes ,
Anhydride carbonique 1,529 44,1 44 CO2. car la loi des chaleurs spécifiques donne le nombre
Gaz des marais . 0,559 16,1 16 CH4. 27 pour le poids d'un atome . La formule du chlo-
Chlorure de carbo- rure d'aluminium est donc A12 C16.
nyle ... 3,399 98,2 99 COCI .
Chlorure de carbone. C'est ainsi que la loi des volumes et la loi des
Sulfure de carbone .. 5,4152,645
156,4 154 C C14.
76,4 76 CS². chaleurs spécifiques se prêtent un mutuel appui
Chlorure de silicium . 5,939 171,5 170 Si C14. , dans la détermination des poids atomiques : quand
Silicium-éthyle ... 5,13 148,1 144 Si Et'. J'une fait défaut , l'autre prononce. La loi de Dulong
Fluorure de silicium . 3,600 103,9 104 Si Fl . et Petit pouvait nous laisser dans l'embarras , con-
Silicate tétréthylique. 7,325 211,5 208 Si ( EtO) . cernant les poids atomiques du carbone , du bore ,
Perchlorure d'étain . 9,199 265,7 260 Sn C14. du silicium . La loi des volumes nous fixe à cet
Stannotétréthyle ..... 8,021 231,6 234 Sn Et'. égard, en nous montrant que les plus petites quan-
Stannodiéthyle - dimé- tités de carbone , de bore, de silicium , qui existent
thyle
Chlorure de stanno- 6,838 197,5 206 Sn Et2 Me2 . dans une molécule gazeuse où entrent ces éléments,
triéthyle (de sesqui- sont 12 de carbone , 11 de bore, 28 de silicium .
stannethyle).. Et3 Les densités de vapeur des corps simples don-
Bromure de stanno- 8,430 243,4 240,5 Sn Cl. nent lieu à des remarques importantes. Elles si-
triethyle 9,924 286,6 285 Sn Et3 gnalent des différences fondamentales dans la
Iodure de stannotri- Br. constitution de leurs molécules gazeuses.
méthyle ...... 10,32 298 290 SnJ Me3 Remarquons d'abord que la plupart des gaz
Dichlorure de stanno- I.
diéthyle.... ( E12 simples possèdent à l'état libre des densités qui
Dibromure de stanno- 8,710 251,5 247 Sn C12. assignent à leurs molécules un poids double du
diéthyle..... 11,64 336,1 336 Sn Et2 12. poids atomique. La molécule de ces gaz, qui oc-
Chlorure de zirconium 8,15 231 ZrC14. cupe 2 volumes , est donc formée de 2 atomes.
Chlorure de titane... 6,836 235,4 197,6 192 Ti C14. Il en est ainsi de l'hydrogène, du chlore, du brome,
Chlorure de bore.. 3,942 113,7 117,5 Bo C13 . de l'iode , de l'azote, de l'oxygène, du soufre
Bromure de bore 8.78 253,6 251 Bo Br3. (page 460). Les formules moléculaires de ces corps
Fluorure de bore.. 2,3694 68,4 68 Bo F13.
Borotriéthyle .. sont H2, C12, Br2, 12, Az2, 02, S².
3,4006 98,2 98 Bo Et³. Il n'en est pas ainsi du phosphore et de l'arse-
Borotrimethyle 1,9314 55,8 56 Bo Me3.
Borate triméthylique. 3,59 103,7 101 Bo(MeOj³. | (1) Voir page 464.
-- 464 ATOMIQUE ( THÉORIE ) .
ATOMIQUE (THÉORIE ) .
nic. Leurs poids moléculaires, tels qu'ils se dé- que le système de poids atomiques adopté dans
duisent de leurs densités de vapeur, sont doubles cet ouvrage se fonde sur des données physiques
de ceux que l'analogie de ces corps avec l'azote tirées de la loi de Dulong et Petit et de la loi des
conduit à leur attribuer. En effet, la formule de volumes. Cela ne suffit point pour le faire préva-
l'ammoniaque étant Az H³, les formules de l'hy- loir et pour rendre légitimes les changements no-
drogène phosphoré et de l'hydrogène arsénié doi- tables qu'il introduit dans la notation chimique.
vent être Ph H³, As H³. Or, la densité de vapeur On doit se demander si le nouveau système de
du phosphore et de l'arsenic conduirait à attribuer poids atomiques peut s'appuyer aussi sur des ar-
à ces deux gaz les formules Ph1/2, H3 et As1/2 H3, guments tirés de la chimie ; si, compliquant dans
qui sont évidemment inadmissibles. Une molécule certains cas la notation, il respecte cependant les
d'hydrogène phosphoré doit renfermer au moins analogies et permet de grouper les corps d'une ma-
1 atome de phosphore, et cet atome de phosphore nière naturelle ; si, enfin, il donne la raison de cer-
y affecte une densité moitié moins grande que tains faits que la notation de Gerhardt ne permet
celle qu'il possède à l'état libre. De fait, il y pos- pas d'interpréter.
sède la densité de vapeur normale. Nous sommes Ces questions doivent être résolues surtout en
ainsi conduits à admettre que 2 volumes de vapeur vue de légitimer le changement le plus impor-
de phosphore renferment 4atomes de cet élément. tant introduit dans le système de poids atomiques
C'est un groupement atomique que la chaleur ne de Gerhardt, savoir : l'adoption de poids atomi-
parvient pas à dissocier, mais qui se dissocie ques doubles pour un très-grand nombre de
lorsque le phosphore se combine avec l'hydro- métaux.
gène ou avec le chlore. Les mêmes considérations Discutons ce dernier point avec quelques dé-
s'appliquent à l'arsenic . tails.
Le mercure, le cadmium, le zinc, et probable- Nous ferons remarquer d'abord que le change-
ment tous les autres métaux diatomiques, présen - ment dont il s'agit est en harmonie avec les ana-
tent une autre anomalie, s'il est permis d'appeler logies chimiques les mieux établies. Les métaux
anomalie ce qui est sans doute une loi de la diatomiques forment, en effet, des groupes très-
nature. Leur poids atomique, fixé par la densité de naturels, parmi lesquels on peut citer principale-
vapeur de leurs combinaisons volatiles, se confond ment celui du baryum (page 453) , et celui de la
avec leur poids moléculaire. 1 atome de mercure série magnésienne. Les analogies qui relient ces
pèse autant dans 2 volumes de sublimé corrosif, que corps simples avaient été reconnues avant qu'on
1 molécule de mercure dans 2 volumes de vapeur pût songer à les rapprocher par un caractère aussi
de mercure on peut exprimer cela en disant que la fondamental que l'atomicité. Il y a plus : l'adop-
molécule de mercure est formée d'un seul atome, tion pour ces métaux de poids atomiques doubles
et qu'il en est ainsi probablement des molécules permet, d'une manière rationnelle, d'interpréter
d'autres métaux diatomiques. un certain nombre de faits que nous allons essayer
Remarquons qu'il y a peut-être ici un cas de de grouper .
dissociation. 1 atome de mercure attire 2 1º Les métaux diatomiques peuvent former avec
atomes de chlore ; il est diatomique, et ses deux deux acides monobasiques différents des sels qui ne
affinités devraient être saturées, à l'état libre, par sont point des sels doubles proprement dits, mais
celles d'un autre atome de mercure, comme les qui sont comparables aux sels à deux métaux
affinités d'un atome d'oxygène sont saturées, à monoatomiques que peuvent former les acides
l'état libre, par celles d'un second atome d'oxy- bibasiques. On sait qu'il existe des acétonitrates
gène. Mais l'affinité du mercure pour le mercure de métaux diatomiques :
est si faible, sans doute, qu'elle ne résiste pas à C³H302 ) Sr C2H3O2 Ba
la température de la volatilisation, et qu'au mo- Az03 j Az03 j
ment où le mercure prend la forme de gaz , la Acétonitrate de Acétonitrate de
molécule HgHg = 2 vol . se dédouble en 2 molécu- strontium. baryum .
les, Hg occupant dans chacune 2 volumes . A cet
égard, on remarque entre les densités de vapeur Le métal diatomique joint ici les deux restes
du sublimé corrosif et du mercure les mêmes rela- d'acides monobasiques, comme fait l'éthylène pour
tions qu'entre celles de la liqueur des Hollandais joindre les deux restes d'acide acétique et buty-
et du gaz éthylène rique dans l'acétobutyrate éthylénique :
Ég Cl² = 2 vol . lig 2 vol . C21302 ( 11 )
(C2H4Cl² = 2 vol. (C2 H )" = 2 vol. C :H7O2 }
En terminant nous dirons que d'autres excep L'argument que fournit l'existence des acéto-
tions à la proposition d'Avogadro et d'Ampère ont nitrates de strontium et de baryum en faveur de la
été signalées. Les molécules de l'acide sulfurique, diatomicité de ces métaux est de même nature
du chlorhydrate d'ammoniaque, du perchlorure que celui que M. Liebig a tiré de la constitution
de phosphore, de l'iodhydrate d'hydrogène phos- du tartrate sodico-potassique en faveur de la biba-
phoré, du bromhydrate et de l'iodhydrate d'amy- sicité de l'acide tartrique .
lène, du chlorure et du bromure mercureux Hg2Cl2 2º Les oxydes des métaux diatomiques ne mon-
et Hg Br², occupent à l'état de vapeur, et à une trent qu'une faible tendance à former des sels
distance suffisante du point d'ébullition, 4 volumes acides avec les acides bibasiques. Tandis qu'il
au lieu de 2. Nous savons aujourd'hui que cette existe des sulfates acides de potassium et de so-
circonstance est due à une décomposition , une dium, on ne connaît point de semblables sels dans
dissociation que la chaleur fait éprouver à ces la série des métaux diatomiques qui commence
molécules ; le perchlorure de phosphore se dé- avec le baryum . Il n'existe point d'oxalate acide de
double en protochlorure et en chlore, deux molé- calcium . Celui de baryum, qui a été décrit par
cules qui occupent chacune 2 volumes. Il en M. Clapton [Quart. Journ . of the Chem. Soc..
est de même du chlorhydrate d'ammoniaque, du t. V, p. 223 ], est décomposé par l'eau. Quant au
bromhydrate d'amylène et de l'acide sulfurique . succinate acide de calcium, il est même décom-
On trouvera la discussion de ces phénomènes de posé par l'alcool froid.
dédoublement à l'article DissOCIATION.. Ces faits trouvent une explication très-simple si
l'on admet la diatomicité du calcium et de ses
ARGUMENTS CHIMIQUES EN FAVEUR DU NOUVEAU SYS- analogues. En effet, un seul atome de ces métaux
TÈME DE POIDS ATOMIQUES. pouvant se substituer aux 2 atomes d'hydro-
On voit par les développements qui précèdent gène basique des acides bibasiques , ceux-ci se
ATOMIQUE ( THÉORIE). - 465 - ATOMIQUE ( THÉORIE ) .
trouvent ainsi neutralisés du premier coup . Cepen- dans lesquels le chlore joue le même rôle que le
dant on conçoit aussi , pour ce genre de composés, fluor dans l'apatite et la wagnérite, cet élément
l'existence de sels acides formés par la fixation complétant la saturation de métaux diatomiques.
d'une seconde molécule d'acide sur le sel neutre. Bornons-nous à citer parmi ces composés les acéto-
Les composés ainsi formés peuvent être assi- chlorhydrine , acétobromhydrine et acétoiodhy-
milés aux sels doubles proprement dits, formés, drine plombiques décrites par M. Carius [ Ann.
comme les sulfates doubles de la série magné- de Chim. et de Phys. , (3), t. VIII, p. 207] . Leur
sienne, par la combinaison de deux molécules (1 ). composition peut être exprimée par les formules
3º Les oxydes des métaux diatomiques pos- suivantes qui montrent que l'atome de chlore,
sèdent une grande tendance à former des sels ba- de brome ou d'iode sature la seconde atomicité
siques, propriété dont les métaux monoatomiques du plomb :
sont dépourvus. La théorie rend compte de cette (C2H3O2)' ) pb (C2H3O2)' ) pb
particularité, et, pour le faire comprendre, il nous CIA Br
suffira de considérer ici l'acétate de plomb triba- Acétochlorhydrine Acétobromhydrine
sique. Les molécules de l'oxyde qui s'ajoutent au plombique. plombique.
sel neutre vont s'intercaler, en quelque sorte, (C2H3O2) Pb
de manière à former une chaîne que l'acétyle ter- I
mine de chaque côté : Acétolodhydrine plombique.
- CH0-0 - PL - O -CHO Il nous paraît inutile de multiplier ces exemples.
Acétate plombique. Ceux qui précèdent prouvent quelle simplicité
l'idée des métaux diatomiques apporte dans l'in-
C³ ³O - Ő - Pь - Ő- P¸ - Ő- P - Ő- CH³O terprétation d'un certain nombre de faits qui
Acétate de plomb tribasique. seraient difficiles à expliquer dans toute autre hy-
Les métaux monoatomiques ne pouvant se sou- pothèse.
der qu'à un seul atome d'oxygène, par une scule 5 Je ne veux pas passer sous silence un autre
affinité, ne sauraient former de semblables com- argument chimique en faveur de la diatomicité de
binaisons. certains métaux, bien que j'y attache moins d'im-
4º La diatomicité du calcium et du magnésium portance qu'aux précédents [A. Wurtz , Leçons
rend compte de la constitution de quelques compo- sur l'oxyde d'éthylène, professées à la Société
sés minéraux fort importants. Nous voulons parler chimique de Londres en 1862] . Dans la notation
de la wagnérite , de l'apatite et des minéraux ana- de Gerhardt, un très-grand nombre de sels hydra-
logues. On les envisage ordinairement comme des tés ont des formules telles qu'ils renferment, pour
sels doubles formés par l'union d'une ou de plu- une molécule de sel , une demi-molécule où un
sieurs molécules d'un phosphate avec une molécule nombre impair de demi-molécules d'eau de cris-
d'un fluorure ou d'un chlorure . C'est là un genre tallisation . En doublant les poids atomiques de
de combinaison insolite dont on conçoit l'existence beaucoup de métaux, et par conséquent les for-
à la rigueur, mais dont il est difficile d'indiquer mules des sels qui les renferment, on fait dispa-
la raison d'être. Mais si l'on admet que le magné- raître cette anomalie, si on peut appeler cela une
sium et le calcium sont substitués à 2 atomes anomalie. Je fais cette réserve par la raison sui-
d'hydrogène dans l'acide phosphorique , on com- vante. L'eau de cristallisation, étant ajoutée à la
prend immédiatement le rôle du fluor ou du chlore molécule, et se trouvant en dehors d'elle , on con-
dont la présence est nécessaire pour compléter la cevrait l'existence de sels hydratés , renfermant
saturation. En effet, l'acide phosphorique ordi- 2 molécules de sel anhydre et 1 , 3 et 5 molécules
naire PhOH³ exige pour se saturer plus d'une d'eau. Je crois néanmoins que cette disparition
du signe aq 1/2 H2O des formules d'un grand
molécule de magnésie , car Mg n'équivaut qu'à nombre de sels hydratés, dans le système de no-
H2. Mais c'est trop de 2 molécules de magnésie tation que nous adoptons, est un fait qui mérite
pour la saturation , car 2 Mg équivalent à Het l'a- d'être signalé. Nous en donnons quelques exem-
cide phosphorique ne renferme que H3. Or la ples dans le tableau suivant :
wagnérite renferme exactement 2 atomes de ma- Eau de cristallisation.
gnésium : elle serait donc sursaturée, si la qua- Notation de Nouvelle
trième atomicité de 2 Mg n'était saturée par le Gerhardt. notation.
fluor. Le même raisonnement s'applique à l'apatite Bromate de baryum [ Rammels-
et au calcium qu'elle renferme [ A. Wurtz, Leçons berg].. 1/2 H2O H2O
de philosophie chimique, p. 203] . Les formules de Nitrite de baryum [ Hess] . 1/2 H2O H2O
ces deux minéraux sont Bromate de strontium [ Ram-
melsberg]... 1/2 H2O H2O
Pho+ Mg et 3Pho* Ca CaF Nitrate de strontium 212H O 5 H2O
(Mg Fl)' Iodate de calcium [ Rammelsberg] 2 1/2 H2O 5 H2O
Wagnérite. Apatite. Bromate de calcium [ Rammels-
berg].. 1/2 H2O H20
Il existe un grand nombre d'autres composés Nitrate de magnésium [Graham,
Kirvan].. 1/2 H2O H2O
(1 ) Lorsque les oxhydryles qui déterminent la basicité Chlorure ferrique [ Fritzsche] . 2 1/2 H2O 5 H2O
n'ont pas la même puissance acide, on conçoit aussi que Iodure ferreux [ Smith ] .. 2 1/2 H2O 5 H2O
le métal diatomique rive ensemble deux molécules d'un Ferrocyanure de potassium et un
acide bibasique en substituant , dans chacune d'elles, à grand nombre d'autres ferro-
l'hydrogène de l'oxhydryle le plus acide.Ainsi dans l'acide cyanures... 1 1/2 H20 3 H2O
malique CO'H Chlorure de nickel [Proust] 4 1/2 H2O 9 H2O
Bromure de nickel [ Rammels-
CH2 berg) . 1 1/2 H2O 3 H2O
CHOH Iodate de nickel [ Rammelsberg]. 1/2 H2O H2O.
Chlorure de zinc . 1/2 H2O H2O
COCH Bromate de cadmium [Rammels-
T'hydrogène placé dans le voisinage de 03 est sans doute berg.. 1/2 H2O H2O
plus électro-positif que celui qui , à l'autre bout , n'est Chlorure stannique . 2 1/2 H2O 5 H2O
placé que dans le voisinage de 02. Le malate acide de Nitrate cuivrique... 1/2 H2O H2O
calcium qui est stable , comme on sait, peut donc avoir Perchlorate cuivrique [ Roscoe] . 1 1/2 H2O 3 H2O
la constitution : H Bromate cuivriq. [Rammelsberg] . 2 1/2 H2O 5 H2O
C'HOS Acétate cuivrique... 1/2 H2O H2O
C'HOS Bromure cuivrique [Löwig] 2 1/2 H2O 5 H2O
H Acétate plombique, etc. , etc .... 1 1/2 H2O 3 H2O
I - 30
ATOMIQUES ( POIDS ) . 466 ATOMIQUES (POIDS).
Après avoir présenté, dans les pages précé- déduire de la composition d'un de ses oxydes .
dentes, un certain nombre d'arguments chimiques Mais il faut non-seulement que cet oxyde soit
en faveur de l'hypothèse des métaux diatomiques, un corps parfaitement homogène, pur de tout
nous terminerons par une remarque d'une autre mélange, il importe aussi que sa constitution ato-
nature. mique soit connue à l'avance. L'analyse ou la
Ces métaux sont les représentants des radicaux synthèse donnera la composition centésimale de
diatomiques, de l'éthylène par exemple, et toutes l'oxyde ; mais pour que ces rapports centésimaux
les combinaisons du baryum, du calcium, du puissent être traduits en rapports atomiques, il
plomb, que nous avons citées plus haut, ont leurs faut qu'on sache si l'oxyde analysé renferme, pour
analogues parmi les composés éthyléniques. 1 atome de métal, 1 , 2 ou 3 atomes d'oxygène. Le
De fait, pourquoi n'y aurait-il pas des métaux poids atomique de l'oxygène étant connu (pour
diatomiques prenant leur place naturellement Berzelius, c'était l'unité à laquelle tous les autres
entre les métaux monoatomiques et les triato- étaient rapportés), rien n'est plus facile que
miques, comme les radicaux diatomiques prennent de déduire de cet ensemble de données le poids
la place entre les monoatomiques et les triato- atomique du métal.
miques ? Berzelius employait de préférence les méthodes
Quelques personnes hésitent à adopter l'idée suivantes :
des métaux diatomiques, pour la raison que cette 1º Oxydation d'un poids rigoureusement déter-
hypothèse introduit une certaine complication miné d'un métal . Elle donne la composition de
dans la notation d'un grand nombre de sels . En l'oxyde par synthèse. Ici la principale difficulté
effet, les formules de tous les sels à acides monoba- consiste dans la préparation du métal à l'état de
siques, de beaucoup de sels à acides tribasiques, pureté parfaite.
dans lesquels entrent des métaux diatomiques, 2º Réduction d'un oxyde par un courant d'hy-
ont besoin d'être doublées . Il en est ainsi pour drogène. Elle donne la composition de l'oxyde
les azotates , chlorates , perchlorates , formiates , par analyse. Berzelius accorde une grande con-
acétates, benzoates, lactates, phosphates neutres , fiance à cette méthode.
etc., etc. , du calcium et de ses analogues. Cet incon- 3º Dans les cas où il est impossible de réduire
vénient est surtout sensible pour les ferrocyanures l'oxyde ou de se procurer le métal pur, analyse
et leurs nombreux congénères. d'un sel. La constitution atomique de ce sel et
Mais qu'importe, si les formules ainsi doublées les poids atomiques des autres éléments étant
expriment les vraies grandeurs moléculaires ? connus, rien n'est plus facile que de déduire de
Pourquoi nous refuserions-nous à doubler les for- ces données le poids atomique du métal . Ainsi
mules de l'hydrate, de l'acétate barytiques, alors le poids atomique du potassium peut être déduit
que personne ne songe à dédoubler celles de l'hy- de l'analyse du chlorate KClO3 . On chauffe un
drate et de l'acétate éthyléniques ? Dans l'un et poids donné de ce corps ; il perd tout son oxygène
l'autre cas on pourrait invoquer, dans l'intérêt de et se convertit en chlorure. Cette expérience, en
l'enseignement, la simplicité plus grande des for- donnant les rapports atomiques entre le chlorate
mules dédoublées. Avant tout il faut enseigner la de potassium et l'oxygène qu'il renferme, permet
vérité on s'y prend comme on peut. Et ici , il de fixer le poids moléculaire du chlorure de po-
semble que la vérité nous soit révélée clairement tassium, en fonction du poids atomique de l'oxy-
par un ensemble de preuves concordantes tirées gène . En déduisant de ce poids moléculaire celui
de lois physiques et de données chimiques. A. W. du chlore, déterminé d'autre part, on obtient le
ATOMIQUES (POIDS) . - Nous avons exposé poids atomique du potassium .
dans l'article précédent les bases de la théorie Berzelius avait soin de varier ces méthodes et
atomique et les considérations sur lesquelles re- de les contrôler l'une par l'autre. I apprenait
pose le système des poids atomiques qui prévaut ainsi, comme il le dit modestement, à découvrir
aujourd'hui et que nous avons adopté dans cet et à éviter les fautes qu'il avait d'abord commises.
ouvrage. Il nous reste à indiquer les méthodes Depuis ce grand maître, d'autres chimistes se
expérimentales qui ont servi à déterminer les sont occupés de la détermination des poids ato-
poids relatifs des atomes et à faire connaître les miques ou des équivalents. MM. Marignac, Du-
résultats numériques qu'elles ont donnés pour mas, Erdmann et Marchand, Pelouze, Stas , etc.,
chaque métal. perfectionnant successivement les méthodes em-
Les premières déterminations exactes de poids ployées par Berzelius, ont atteint à un plus grand
atomiques sont dues à Berzelius, le créateur des degré de précision .
méthodes analytiques. Il avait reconnu que les M. Dumas a entrepris de nombreuses détermina-
poids atomiques publiés par Dalton en 1807 tions d'équivalents », principalement dans le
étaient dépourvus d'exactitude. Pénétré de l'idée but de vérifier l'exactitude de cette idée émise
que des déterminations rigoureuses pouvaient par Prout que les équivalents des corps simples
seules asseoir la nouvelle théorie sur des bases sont multiples de celui de l'hydrogène (voir page
solides, il se mit résolument à l'œuvre et eut la 474). Un grand nombre de ces expériences, entre-
satisfaction de pouvoir donner, en 1817 , une ta- prises à diverses époques, sont demeurées classi-
ble renfermant les poids atomiques et molécu- ques. Il en est ainsi des déterminations relatives
laires, déduits de ses propres expériences, pour à la composition de l'eau [Ann. de Chim. et de
environ 2,000 corps simples et composés (1). Phys., (3), t . VIII, p. 189] et de l'acide carbo- .
Le poids atomique d'un élément se déduit de nique . Ces analyses ont fixé, la première l'équi-
la composition d'une ou de plusieurs de ses com- valent de l'oxygène, la seconde l'équivalent du
binaisons. Le choix de celle-ci est fixé par les carbone; celle-ci a été faite en collaboration avec
considérations suivantes. Elle doit être parfaite- M. Stas [ Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t. I,
ment pure et, de plus, définie dans sa constitu- p. 5].
tion , c'est-à-dire elle doit contenir un nombre Ce dernier chimiste a publié récemment des
donné d'atomes. S'agit-il, par exemple, de déter- travaux considérables sur les lois des proportions
miner le poids atomique d'un métal, on peut le chimiques et sur les poids atomiques. Ses recher-
ches, poursuivies pendant une longue série d'an-
nées, se distinguent
(1) Cette table a été publiée à Stockholm en 1818 variété des méthodes autant par le choix et la
que par la précision du
sous le titre Table renfermant les poids atomiques de travail et la merveilleuse exactitude des résul-
la plupart des corps simples et composés offrant de tats.
l'importance pour l'étude de la chinie minérale.
Une traduction française a paru en 1819. Quant aux méthodes à employer dans la déter-
ATOMIQUES (POIDS). - 467 - ATOMIQUES ( POIDS ).
mination des poids atomiques, M. Dumas a posé diquer, d'une manière spéciale, les méthodes qui
quelques principes qu'il est utile de rappeler ont servi à fixer les poids atomiques des princi-
[Bull. de la Soc. chim., 11 mars 1859, p. 25] . paux corps simples.
Dans ce genre de recherches , dit-il, on doit se Parmi les déterminations de poids atomiques,
préoccuper de deux choses : faire choix d'une réac- les plus importantes sont celles de l'oxygène, du
tion bien nette et se procurer à l'état de pureté chlore, du brome, de l'argent, du potassium , du
parfaite la substance qui doit servir à l'expérience . carbone. Il importait, en effet, d'apporter la plus
C'est cette dernière condition qui est la plus dif- grande rigueur dans ces déterminations, par la
ficile à réaliser, selon M. Dumas. Il ajoute qu'une raison que ces poids atomiques servent à en fixer
bonne méthode à suivre pour s'assurer de la pu- d'autres; car on sait que les poids relatifs des ato-
reté de la substance sur laquelle on opère con- mes d'un grand nombre de métaux sont déduits
siste à employer celle- ci en doses progressives, de la composition des oxydes ou des chlorures.
c'est-à-dire à déterminer l'équivalent successive- Beaucoup de poids atomiques sont donc soli-
ment avec 1 , 2, 4, 8 grammes de matière, par daires les uns des autres : il en est surtout ainsi
exemple. Si la matière est pure, il arrive un mo- de ceux de l'oxygène, du chlore, de l'argent, du
ment où les rapports trouvés deviennent inva- potassium, comme nous le dirons plus tard.
riables, les causes d'erreur inhérentes à l'opéra- Quant au poids atomique du carbone, si l'on se
tion agissant toujours dans le même sens . Au rappelle qu'il entre, comme donnée essentielle,
contraire, si la matière est impure, des discor- dans le calcul de la composition de tous les corps
dances se manifestent dès les premières opéra- organiques, on comprendra qu'une légère inexac-
tions. titude dans la détermination de ce poids atomique
Pour déterminer les rapports pondéraux sui- peut entraîner une erreur notable dans la formule
vant lesquels deux corps se combinent et dont on d'un composé organique.
déduira les poids relatifs de leurs atomes, on peut Le cadre que nous nous sommes tracé dans cet
procéder de deux manières : par synthèse ou par ouvrage n'admettra point une description détail-
analyse. lée des procédés et des précautions employés
Veut-on faire la synthèse d'un corps com- dans chaque opération . Nous devons renvoyer à
posé AB, on prend un poids donné de A, on le cet égard aux mémoires originaux que nous ci-
combine avec B et on pèse la somme AB ; le poids tons. Ajoutons seulement que les pesées doivent
de B se trouve par différence. Cette méthode ren- être réduites au vide, ainsi que l'exemple en a été
versée constitue l'analyse. On prend un poids donné par M. Dumas.
donné de AB, on détermine rigoureusement le HYDROGÈNE. - Son poids atomique est l'unité à
poids de A, on trouve celui de B par différence. laquelle on rapporte tous les autres. Les atomes
M. Stas fait remarquer que cette détermination d'hydrogène étant plus légers que ceux de tous
par différence est sujette à de sérieuses objec- les autres corps simples, il en résulte que les
tions. D'après lui, elle ne permet de controler poids de ceux-ci sont exprimés par des nombres
l'exactitude du résultat que par la répétition plus grands que l'unité, et qui, ne dépassant ja-
faite un grand nombre de fois de la même opé- mais trois chiffres, si l'on néglige la fraction , sont
ration ; encore dans ce cas est-il impossible de faciles à retenir.
faire la part d'erreurs constantes. De plus, cette OXYGENE. Le poids atomique de l'oxygène a
méthode par différence présente l'inconvénient été déduit de la composition pondérale de l'eau.
de ne pas fournir, par l'opération même, une On a d'abord calculé celle-ci en se fondant sur
idée de la pureté de la matière ou des matières sa composition volumétrique et sur les densités
mises en expérience. des gaz hydrogène et oxygène .
Par ces motifs, M. Stas a cru nécessaire de Mais ces densités n'ayant pas été déterminées
perfectionner les synthèses ou analyses qui ont par les premiers expérimentateurs (Biot et Arago)
pour but la détermination des poids atomiques . Il avec le degré de précision qu'on a apporté depuis
fixe par l'expérience même, outre le poids de cha- dans ce genre de recherches, les nombres ob-
que élément séparé, le poids des éléments réu- | tenus n'avaient pas toute la rigueur désirable,
nis [Nouvelles recherches sur les lois des propor- ainsi que Berzelius en a fait la remarque. Plus
tion's chimiques, sur les poids atomiques et leurs tard, les pesées des gaz hydrogène et oxygène ont
rapports mutuels, par J. S. Stas, Bruxelles , 1865 ] . été faites avec une grande exactitude par MM .
Ainsi, pour une synthèse de deux corps A et B, Dumas et Boussingault. En prenant pour base les
il faut qu'on détermine le poids de A, le poids nombres qu'ils ont donnés , on trouve que
de B et le poids de A B. 2 × 0,0692 d'hydrogène s'unissent à 1,1056
M. Stas insiste sur la nécessité de varier les d'oxygène, ce qui établit le rapport de 1 : 7,988 .
méthodes pour la détermination d'un seul et La première synthèse exacte de l'eau, par la
même poids atomique. Ainsi celui de l'argent a méthode des poids, a été faite en 1819 par Ber-
été fixé par des synthèses du chlorure, du bro- zelius et Dulong. Un poids donné d'oxyde de cui-
mure, du sulfure, du sulfate , de l'iodure d'argent, vre a été réduit par l'hydrogène et l'eau formée
en outre par des analyses du chlorate , du bromate, a été recueillie et pesée . Du poids de cette eau on
de l'iodate. a retranché celui de l'oxygène qu'elle renfermait
Lorsqu'on a fait choix d'une méthode , il est et qui était représenté par la perte de poids de
nécessaire de répéter plusieurs fois la même l'oxyde de cuivre. On a trouvé par différence le
détermination , afin de controler les opérations poids de l'hydrogène.
l'une par l'autre . La détermination n'est bonne D'après ces expériences, 12,48 d'hydrogène se
qu'à la condition que l'écart entre les divers ré- combinent avec 100 d'oxygène, ou 1 hydrogène
sultats soit très-peu considérable. avec 8,012 d'oxygène.
Nous devons signaler, sous ce rapport, le degré La même méthode a été employée par M. Du-
de perfection auquel ont atteint les analyses de mas, en 1842 , dans un travail justement célèbre.
M. Stas. On en jugera par les nombres que nous De grandes précautions ont été prises pour la pré-
allons citer. Ajoutons seulement qu'ayant fait la paration et la purification de l'hydrogène . Le gaz
détermination du poids atomique de l'azote par dégagé par le zinc pur et l'acide sulfurique dis-
cinq méthodes différentes, l'écart moyen entre tillé et étendu a été dirigé dans une série de
les divers nombres n'a pas dépassé 1/4000 de la tubes en U contenant diverses substances absor-
valeur. bantes. C'étaient, dans le premier tube, des frag-
Avant de donner la table des poids atomiques ments de verre imprégnés d'une solution de nitrate
adoptés dans cet ouvrage, nous croyons utile d'in- de plomb,pour l'absorption de l'hydrogène sulfuré;
― 468 ATOMIQUES ( POIDS ) .
ATOMIQUES ( POIDS ) .
dans le second tube, des fragments de verre im- ARGENT , CHLORE , POTASSIUM. Nous avons
prégnés d'une solution de nitrate d'argent pour déjà fait remarquer que les poids atomiques de
l'absorption de l'hydrogène arsenié ; dans le troi- ces corps sont solidaires les uns des autres , et
sième des fragments de verre imprégnés d'une so- qu'ils sont liés à celui de l'oxygène. On verra par
lution concentrée de potasse, puis des fragments de les développements suivants qu'il en est de même
potasse ; enfin, dans les derniers tubes, de la pierre pour les poids atomiques du brome , de l'iode , de
ponce imprégnée d'acide sulfurique pour la dessic- l'azote, etc.
cation parfaite du gaz . On s'assurait d'ailleurs que Les premières déterminations rigoureuses de
toute trace d'humidité avait été enlevée, en diri- ces poids atomiques sont dues à M. Marignac
geant finalement le gaz dans un petit tube ren- [Ann. der Chem. u . Pharm. , t. XLIV, p . 11 , 1842] ,
fermant de l'acide phosphorique anhydre et dont qui a employé les méthodes suivantes :
le poids devait demeurer invariable, avant et 1º Calcination d'un poids donné de chlorate de
après l'expérience. C'était le tube témoin. L'hy- potassium KCIO³. On a pesé le résidu de chlo-
drogène ainsi purifié et desséché avec soin pas- rure de potassium. Cette expérience a donné le
sait dans un ballon à deux pointes, en verre ré- poids moléculaire de KCl en fonction de O³.
fractaire, renfermant l'oxyde de cuivre. Celui-ci a 2º Transformation d'un poids donné d'argent
été chauffé à l'aide d'une bonne lampe à alcool en chlorure, par précipitation au moyen du chlo-
et l'eau formée a été recueillie dans un récipient rure de potassium. On a dissous l'argent dans
à la suite duquel se trouvaient disposés des tubes l'acide azotique et on a déterminé la quantité
en U remplis de chlorure de calcium et de ponce exacte de chlorure de potassium nécessaire pour
sulfurique. précipiter l'argent.
Les expériences ont été faites sur une grande Cette expérience a fixé, selon l'expression de
échelle, de telle sorte que les quantités d'eau re- M. Stas, le rapport proportionnel entre l'argent et
cueillies ont varié entre 15 et 70 grammes. le chlorure de potassium. On pouvait donc en
D'après ces synthèses , 100 p. d'oxygène se déduire le poids moléculaire du chlorure de po-
combinent avec 12,5150 p . d'hydrogène . Ce der- tassium , étant connu le poids atomique de l'argent.
nier chiffre est une moyenne ; les chiffres extrê- 3° Transformation d'un poids donné de chlo-
mes ont été 12,582 et 12,4810 . M. Dumas a adopté rure de potassium en chlorure d'argent, par pré-
le nombre rond 12,50 qui conduit, pour les cipitation au moyen du nitrate d'argent . On a
quantités d'hydrogène et d'oxygène, au rapport pesé le chlorure d'argent. Cette expérience a
exact de 1 : 8. Ce rapport simple a été accepté donné le poids moléculaire du chlorure d'argent.
depuis par tous les chimistes. L'eau étant formée en fonction de celui de chlorure de potassium.
de 2 p. d'hydrogène et de 16 p. d'oxygène, c'est 4º Trans.ormation d'un poids donné d'argent
le nombre 16 qui exprime le poids atomique de en chlorure d'argent par voie de dissolution et de
l'oxygène. Il a servi de base à la détermination précipitation . On a pesé le chlorure d'argent ob-
d'un grand nombre de poids atomiques. Nous di- tenu. Cette expérience , controlant la précédente
rons plus loin comment les poids atomiques de a donné le poids moléculaire du chlorure d'ar-
l'argent, du chlore, du brome, de l'iode, du po- gent, en fonction de celui de l'argent.
tassium, de l'azote, etc. , sont solidaires de celui 5º Transformation du chlorate d'argent
de l'oxygène. Si ce dernier était inexact, il fau-
drait modifier tous les autres. Or, dans son der- Ag C103
nier mémoire, M. Stas émet des doutes sur l'exac- en chlorure. Elle donne le poids moléculaire de
titude du chiffre 16 [ Nouv. rech. sur les lois des Ag Cl, le poids de 03 étant connu.
proportions chimiques et sur les poids atomiques, Le poids atomique du chlore se déduit du poids
p. 24]. Il pense que le poids atomique de l'oxy- moléculaire du chlorure d'argent, lorsqu'on con-
gène ne peut guère dépasser 15,96 . On appréciera naît le poids atomique de l'argent.
par le tableau suivant les valeurs différentes que Le poids atomique du potassium se déduit du
prennent les poids atomiques de divers corps sui- poids moléculaire du chlorure de potassium, lors-
vant qu'on adopte pour l'oxygène le chiffre 16 qu'on connait le poids atomique du chlore.
ou le chiffre 15,960. A l'aide de ces méthodes, M. Marignac a obtenu
les nombres suivants :
Oxygène... 16,000 15,96
Argent.. 107,930 107,660 1 molécule de chlorure de potassium pèse 74,5709
Azote .. 14,044 14,009 d'argent... 143,370
Chlore 35,457 35,368 1 atome d'argent 107,915
Brome.. 79,952 79,750 1 atome de chlore . 35,455
Iode 126,850 126,533 1 atome de potassium.... 39,116
Lithium 7,022 7,004
Potassium 39,137 39,010 Les recherches classiques de M. Stas ont dé-
Sodium 23,043 22,980 montré la remarquable exactitude des nombres
obtenus par M. Marignac.
Soufre. Berzelius avait déterminé le poids Nous croyons utile de communiquer quelques
atomique du soufre par la synthèse du sulfate de détails sur les expériences récentes de M. Stas.
plomb et l'avait trouvé égal à 32,186. ARGENT. - Le poids atomique de l'argent a été
MM. Erdmann et Marchand l'ont fixé au moyen déterminé par quatre séries d'expériences con-
de l'analyse du cinabre qui a été décomposé par çues de manière que chacune pût donner un
distillation sèche avec du cuivre . Ils ont déduit de résultat propre, indépendant de ceux fournis par
leurs expériences le nombre 32. Ce dernier chif- L les autres méthodes. Voici d'abord l'indication
fre a été adopté par M. Dumas qui a déterminé des méthodes et des résultats .
le poids atomique du soufre par la synthèse du
sulfure d'argent. La moyenne de ses résultats est Poids atomique de l'argent.
exprimée par le nombre 32,0196, si l'on prend Moyenne
108 pour poids atomique de l'argent. M. Stas a Synthèse du sulfure d'argent et analyse
repris récemment cette synthèse du sulfure d'ar- du sulfate...... 107,920
gent. Il a trouvé que 100,000 d'argent donnent, Synthèse de l'iodure d'argent et analyse
en fixant la vapeur de soufre au rouge, 114,8522 de l'iodate... 107,928
de sulfure d'argent. Le poids atomique de l'ar- Synthèse du bromure d'argent et analyse
du bromate... 107,921
gent étant 107,93, M. Stas adopte pour le poids Synthèse du chlorure d'argent et analyse
atomique du soufre le nombre 32,0742. du chlorate... 107,937
ATOMIQUES ( POIDS) . 469 ATOMIQUES ( POIDS ) .
Remarquons que, dans les trois dernières séries le carbonate ou sur l'oxyde d'argent (1 ) suspendu
d'expériences , la combinaison de la synthèse dans l'eau : il se forme du chlorure et de l'hypo-
et de l'analyse donne à la fois le poids atomique chlopite d'argent, ce dernier soluble. La solution,
de l'argent et celui du chlore, du brome et de décantée et abandonnée, dans l'obscurité, à la dé-
l'iode. Prenons un exemple. Un poids donné de composition spontanée , laisse déposer du chlorure
chlorate d'argent Ag ClO3 étant réduit en chlorure, d'argent, en même temps que du chlorate reste
cette expérience permet de calculer le poids mo- en dissolution . On l'obtient par l'évaporation sous
léculaire de Ag Ci en fonction de O³. D'autre part, forme de cristaux. On l'a purifié par un grand
la synthèse du chlorure d'argent donne le rap- nombre de cristallisations . Le chlorate d'argent
port exact entre le chlore et l'argent dans une est un sel aussi inaltérable à l'air que le chlorate
molécule de chlorure d'argent , par conséquent le ou le sulfate de potassium.
poids atomique de l'argent et celui du chlore. Le chlorate d'argent a été réduit par l'acide
M. Stas a apporté les plus grands soins à la sulfureux, et le poids du chlorure d'argent ainsi
purification de l'argent qui a servi à ses expé- formé a été déterminé. Pour s'assurer que le chlo-
riences. Voici les méthodes qu'il recommande de rate était entièrement privé d'eau, on l'a fondu,
préférence [Nouvelles recherches sur les lois des puis redissous dans l'eau. Une petite quantité de
proportions chimiques et sur les poids atomi- chlorure s'est formée pendant la fusion . On l'a
ques, etc., p. 30} : séparée en dissolvant la masse fondue dans une
1° Réduction du chlorure d'argent par la po- quantité suffisante d'eau , on a rassemblé le chlo-
tasse et le sucre de lait. Du chlorure d'argent rure et on a défalqué son poids de celui du chlo-
purifié par digestion avec de l'eau régale, puis rate fondu.
par des lavages à l'eau pure, est chauffé de 70° à Dans la solution de celui -ci , maintenue à 0º, on
80° avec un mélange de solutions d'hydrate de a laissé couler goutte à goutte une solution titrée
potassium et de sucre de lait , soigneusement dé- d'acide sulfureux. Tout le chlorate s'est converti
barrassées des traces de métaux qu'elles pouvaient en chlorure, qui a été recueilli desséché à 300 °,
renfermer. L'argent réduit, qui était gris , a été pesé, puis fondu et pesé de nouveau. 100,000 p.
lavé successivement à l'eau, à l'acide sulfurique de chlorate d'argent ont donné, en moyenne,
étendu , à l'ammoniaque , puis fondu dans un 74,9205 p. de chlorure d'argent.
creuset de Paris avec 5 % de borax additionné Détermination du rapport proportionnel entre
d'une petite quantité de nitrate de sodium . l'argent et le chlorure de potassium . - Cette déter-
2º Réduction par le sulfite d'ammonium d'une mination a été faite très-exactement par MM. Ma-
solution ammoniacale d'azotate d'argent, renfer- rignac et Pelouze. M. Stas l'a répétée. Le chlorure
mant 2 % de son poids d'argent. La réduction de potassium qui a servi à ses expériences a été
s'effectue à froid et se complète à 60° ou 70°. préparé 1º par calcination du chlorate purifié,
L'argent se précipite sous forme d'un dépôt blanc 20 par calcination du chloroplatinate, 3º par l'ac-
grisâtre, cristallin, brillant. Le cuivre reste en tion de l'acide chlorhydrique sur le carbonate de
dissolution sous forme de sulfite cuivreux ammo- potassium du tartre.
niacal. L'argent et le chlorure ont été pesés en quantités
L'argent recueilli et séché est fondu comme il proportionnelles,en prenant pour base les nombres
a été dit précédemment. M. Stas donne la préfé- donnés par la loi de Prout ( page 474 ), savoir :
rence à ce dernier procédé. 108 pour l'argent, 3935,5 pour le chlorure de
Il nous reste à donner quelques indications potassium. L'argent ayant été dissous, en vase
sommaires sur la manière dont cet éminent chi- clos, dans l'acide azotique, on a mêlé les solutions.
miste a effectué les synthèses et les analyses Après la précipitation du chlorure, il est resté
mentionnées plus haut. Nous réservons celles qui dans la liqueur une petite quantité d'argent qui a
ont pour objet les composés bromés et iodés. été évaluée par une liqueur titrée , selon la mé-
Synthèse du sulfure d'argent. - Elle a été exé- thode de Gay-Lussac, pour les essais d'argent. On
cutée en faisant arriver de la vapeur de soufre sur a trouvé ainsi que 100,000 p. d'argent correspon-
de l'argent au rouge. 100,000 p. d'argent fournis- dent à 69,103 de K CI . 100,000 p. d'argent corres-
sent en moyenne 114,8522 de sulfure. pondent à 54,2078 de Na Cl.
Analyse du sulfate d'argent. Ce sel a été ré- Ajoutons que dans toutes ces expériences les
duit par l'hydrogène : il distille de l'acide sulfu- composés argentiques ont été soustraits à l'action
rique et il reste un résidu d'argent pur. 100,000 p. de la lumière. On a opéré dans une chambre
d'argent ont fourni 69,203 p. d'argent métallique obscure.
pur. CHLORE. ― Le poids atomique de l'argent étant
Synthèse du chlorure d'argent. Elle a été rigoureusement déterminé, la synthèse du chlo-
effectuée par deux procédés. rure d'argent donne celui du chlore (2) . De l'en-
1° Combustion de l'argent dans le chlore. semble de ses expériences, M. Stas conclut que le
100,000 p. d'argent produisent 132,841-132,843- poids atomique du chlore est compris entre 35,455
132,843 de chlorure d'argent pur. et 35,460, très-voisins de ceux qu'ont trouvés
2° Précipitation d'une solution d'azotate d'ar- MM. Marignac et Penny, et adopte pour moyenne
gent par l'acide chlorhydrique. générale le nombre 35,457.
Dans une première série d'expériences on a fait POTASSIUM. - Ainsi que nous l'avons fait re-
arriver le gaz chlorhydrique à la surface de la marquer, le poids atomique du potassium a été
solution argentique, on a évaporé le tout dans le déduit du poids moléculaire du chlorure de potas-
vase même et on a fondu le chlorure d'argent dans sium. Ce dernier a été fixé par la transformation
une atmosphère de gaz chlorhydrique, remplacée du chlorate en chlorure , selon la méthode de
ensuite par un courant d'air. M. Marignac, d'abord indiquée par Berzelius.
D'autres expériences ont consisté à précipiter M. Stas a effectué cette transformation par deux
l'argent par l'acide chlorhydrique, à recueillir et procédés : 1º par la calcination du chlorate : 100 p.
à laver le précipité. 100,000 p. d'argent ont donné de chlorate ont donné 60,8428 de chlorure en
132,848 de chlorure. abandonnant 39,1572 d'oxygène ; 2 ° par la décom-
Enfin, dans une dernière série d'expériences on
a précipité la solution argentique par une solu- (1) Précipités par le carbonate ou l'hydrate de potas-
tion de chlorure d'ammonium . 100,000 p . d'ar- sium , le carbonate ou l'oxyde d'argent retiennent de
gent ont donné 132,8417 de chlorure . petites quantités d'alcali . Pour les en débarrasser, M. Stas
Analyse du chlorate d'argent. - Le chlorate les traite, à plusieurs reprises, par l'eau de chlore ct.
les lave à l'eau après chaque traitement.
d'argent a été préparé par l'action du chlore sur (2) Voir à la première colonne.
ATOMIQUES (POIDS ) . 470 ATOMIQUES ( POIDS ) .

position du chlorate au moyen de l'acide chlorhy- azotique et a précipité la solution par l'acide
drique 100 p. de chlorate ont donné 60,846 de bromhydrique. Il a obtenu 174,083 p. de bromure
chlorure et renferment par conséquent 39,154 d'argent. Non content de cette synthèse par dif-
d'oxygène. Ces expériences très-concordantes avec férence, il a fait ce qu'il appelle la synthèse par
celles de Berzelius , de MM. Pelouze et Marignac, somme du même bromure. Voici comment il a
donnent pour le poids moléculaire du chlorure de procédé pour faire cette opération . Un poids
potassium le nombre moyen . • 74,587 donné de brome pur a été converti en acide brom-
En défalquant de ce nombre le poids hydrique, à l'aide de l'acide sulfureux, et la solu-
atomique du chlore.. 35,457 tion bromhydrique a été versée dans une solution
on obtient pour le poids atomique du de sulfate acide d'argent renfermant un poids
potassium . 39,130 d'argent connu et très-légèrement supérieur au
De ses expériences plus récentes relatives à la poids du métal exigé par le brome. Le bromure
transformation du chlorure de potassium en azo- d'argent étant précipité et lavé, on a déterminé
tate, M. Stas conclut que le poids atomique du l'excès d'argent dissous. Puis on a séché et pesé
potassium est compris entre 39,130 et 39,135. lebromure d'argent. On connaissait donc 1º lepoids
Le poids atomique de l'argent étant connu, il du brome, 2º le poids de l'argent, 3º le poids du
suffit de déterminer la quantité exacte de chlorure bromure d'argent.
de potassium qui est capable de précipiter un poids La grande difficulté de cette synthèse a été la
donné d'argent et de peser le chlorure d'argent préparation du brome pur.
pour déduire de cette expérience et le poids ato- Pour cela, M. Stas a décomposé par l'acide sul-
mique du chlore et celui du potassium . En effet, la furique un mélange de bromure de potassium
quantité de chlorure d'argent formée permet d'éta- pur avec du bromate de potassium pur dans le
blir la composition exacte du chlorure de potas- rapport de 5 molécules du premier et de 1 mo-
sium. Son poids moléculaire se calcule en fonc- lécule du second , après avoir ajouté à ce mé-
tion du poids atomique de l'argent. Nous avons lange son poids d'eau. Le bromure de potas-
mentionné plus haut les expériences de MM. Ma- sium pur a été préparé par calcination du bromate
rignac et Stas relatives à la détermination de pur et celui-ci a été obtenu à l'aide du procédé
l'équivalence entre le chlorure de potassium et suivant : On a commencé par enlever l'iode au
l'argent. bromure de potassium du commerce en le précipi-
Dans une autre série d'expériences, M. Stas a tant par l'eau bromée (1). Le bromure ainsi purifié
déterminé le poids ' moléculaire du bromure de a été mélangé avec de l'hydrate de potassium dans
potassium, en fonction du poids atomique de les rapports de 1 poids moléculaire du premier et
l'argent, ou, pour nous servir de son expression, il d'un peu moins de 6 poids moléculaires du se-
a déterminé le rapport proportionnel entre le bro- cond. Dans ce mélange on fait passer du chlore
mure de potassium et l'argent. Pour cela il a cher- en maintenant le liquide chaud. Par le refroidis-
ché la quantité exacte de KBr nécessaire pour sement il s'est séparé du bromate qui a été purifié
précipiter un poids donné d'argent. par des cristallisations successives.
Des relations constatées entre le brome, le po- Un second procédé, que M. Stas a employé pour
tassium et l'argent il conclut que le poids atomi- se procurer du brome pur, consiste à distiller
que du potassium est compris entre 39,130 et avec de l'acide sulfurique un mélange de bromure
39,144, et celui du brome entre 79,945 et 79,965. (5 moléc.) et de bromate de baryum (1 moléc . ) . Le
BROME. - - M. Marignac a fixé le poids atomique bromate de baryum pur a été obtenu, par préci-
du brome par des méthodes analogues à celles pitation, en ajoutant du chlorure de baryum dans
qui lui avaient servi à déterminer celui du chlore. une solution étendue et bouillante de bromate
Après avoir fixé le poids moléculaire du bromure de potassium aussi longtemps que le précipité a
de potassium par la décomposition du bromate en disparu dans la liqueur bouillante. Par un refroi-
bromure, il a déterminé la quantité de brome dissement rapide le bromate se dépose en pous-
contenue dans celui-ci en le précipitant complé- sière cristalline impalpable. On l'a purifié par
tement par une quantité connue d'argent. Il a lavage. En calcinant le sel pur on a obtenu du
trouvé ainsi pour le poids atomique du brome bromure de baryum .
le nombre 79,968. En prenant de telles précautions pour la pré-
De la synthèse du bromure d'argent il a déduit paration du brome pur, M. Stas est arrivé à établir
pour le poids atomique du brome le nombre 79,945. une concordance parfaite entre les nombres qui
M. Stas a fixé le poids atomique du brome par représentent d'un côté la somme des poids em-
l'analyse du bromate d'argent et par des synthèses ployés de brome et d'argent, et de l'autre le poids
du bromure. du bromure d'argent obtenu. Ainsi il a trouvé, en
1° Un poids donné de bromate d'argent pur et prenant pour base la première donnée, c'est-à- dire
préalablement fondu a été dissous dans l'ammo- les quantités respectives de brome et d'argent en-
niaque,la liqueur ammoniacale, refroidie à 0°, a été trées en combinaison , que 100 p. d'argent corres-
précipitée par l'acide sulfurique dilué et froid , et pondent en moyenne à 74,088 de brome, et se-
le bromate a été réduit par une solution titrée condement, en prenant pour base la quantité de
d'acide sulfureux . La réduction accomplie, le bro- bromure d'argent formé, que 100 p. d'argent cor-
mure formé a été lavé par décantation à 60º ou respondent en moyenne à 74,0805 de brome.
70°, recueilli (1) , séché à 100º , puis à 200° , puis JODE. En 1843 , M. Marignac avait déterminé
au point de fusion et pesé froid, après avoir été le poids atomique de l'iode avec une grande exac-
exposé à chacune de ces températures. De ces ana- titude, en employant les méthodes qui lui avaient
lyses il a déduit pour le poids moléculaire de servi à fixer les poids atomiques du brome et de
Ag Br ( en fonction de O³) le nombre 187,87. l'iode. De la synthèse de l'iodure d'argent il avait
2º Pour faire la synthèse du bromure d'argent, déduit pour le poids atomique de l'iode le nom-
M. Stas a dissous 100 p. d'argent dans l'acide bre 126,840. En cherchant la quantité d'argent

(1) M. Stas recueille la bouillie de bromure, de chlo- (1) Comme il est très difficile de savoir exactement
rure, ou d'iodure d'argent dans un ballon à deux tubu- la quantité d'eau bromée nécessaire pour déplacer
lures. La tubulure inférieure se termine en pointe. Il la l'iode, M. Stas a partagé la liqueur en deux parties.
bouche par une bourre de fils fins de platine qui sert Dans le 1/4 de la solution , il à instillé de l'eau bro-
de support au bromure d'argent. Après avoir recueilli la mée jusqu'à disparition complète de l'iode, d'abord pré-
masse du bromare, il y rassemble les traces qui se sont cipité. Il s'est formé du tribromure d'iode . Il a ensuite
déposées des eaux de lavage par un long repos. Le ajouté les 3 autres quarts du liquide primitif : tout l'iode
ballon-filtre est ensuite porté dans une étuve. s'est précipité .
ATOMIQUES ( POIDS ) . - 471 -
ATOMIQUES (POIDS ) .
nécessaire pour précipiter un poids connu d'iodure composition avec l'iodate de potassium et le sul-
de potassium et pesant l'iodure d'argent , il a fate d'argent ou avec l'iodate de potassium et le
obtenu pour le même poids atomique le nombre dithionate (hyposulfite) d'argent. On a mélangé
126,847 . M. Stas vient de confirmer l'exactitude les liquides étendus et bouillants, en ayant soin
de ces nombres. De ses synthèses de l'iodure de maintenir un excès d'iodate alcalin . Par le re-
d'argent et de ses analyses de l'iodate, il a dé- froidissement, l'iodate d'argent s'est déposé .
duit pour le poids atomique de l'iode le nombre L'iodate d'argent peut être considéré comme
126,857. La synthèse de l'iodure d'argent a été formé d'iodure d'argent et d'oxygène. A une tem--
faite d'abord à l'aide de la méthode par différence, pérature élevée, il fond, perd son oxygène et se
c'est-à-dire en transformant un poids donné d'ar- convertit en iodure qui finit par demeurer en fu-
gent pur (1 ) en iodure et en pesant celui-ci. 100 p. sion tranquille. Telle est la réaction que M. Stas
d'argent produisent en moyenne 217,5325 d'iodure a mise à profit pour l'analyse complète de l'iodate
d'argent. d'argent.
Non content de ces résultats, M. Stas a fait la Un poids donné d'iodate ( 1) a été chauffé len-
synthèse par somme de l'iodure d'argent. Il a tement dans une atmosphère d'azote pur, et l'oxy-
combiné des poids connus d'iode et d'argent purs gène dégagé a été absorbé par du cuivre incan-
et il a pesé l'iodure d'argent produit. Pour obte- descent. Le poids du résidu donnait la proportion
nir l'iode pur, il a saturé d'iode une solution d'iodure; l'augmentation de poids du cuivre don-
concentrée d'iodure de potassium et a précipité la nait celle de l'oxygène.
solution par l'eau, en prenant la précaution de Dans une autre opération , M. Stas a fait l'ana-
laisser de l'iode en solution . Un second procédé a lyse de l'iodate d'argent , par différence , en le
consisté à préparer de grandes quantités d'iodure réduisant par l'acide sulfureux à l'état d'iodure ,
d'azote et à abandonner ce corps bien lavé à la selon la méthode indiquée plus haut.
décomposition spontanée, au milieu d'une grande D'après ces analyses, 100 p. d'iodate d'argent
masse d'eau, chauffée de 60° à 65°. renferment, en moyenne, 83,0253 d'iodure d'ar-
S'étant ainsi procuré de l'iode pur (2), M. Stas gent et 16,9747 d'oxygène, d'où l'on déduit pour
a effectué la synthèse par somme de l'iodure d'ar- le poids moléculaire de l'iodure d'argent le nom-
gent par deux méthodes : bre 234,779.
1º Il a fait réagir directement, au sein d'une Les synthèses de l'iodure d'argent ont donné
atmosphère d'anhydride carbonique, l'iode pesé les résultats suivants :
sur une quantité connue d'argent transformé en
sulfate, ce sel étant en partie dissous, en partie Poids atomique de l'iode.. 126,857
de l'argent .... 107,928
suspendu dans l'eau acidulée de 10 % d'acide
sulfurique, la réduction du sulfate étant d'ailleurs Azote. --- Le poids atomique de l'azote a été
opérée par une solution d'acide sulfureux.
d'abord déduit de sa densité qui a été déter-
2º Il a converti un poids donné d'iode en iodure minée avec beaucoup d'exactitude par MM. Du-
d'ammonium, à l'aide d'une solution de sulfite mas et Boussingault. Plus tard, M. Marignac a
d'ammonium, mélangée d'ammoniaque :
déterminé le poids atomique de l'azote par trois
12+ (H Az)2S O3 + H2O + 2 H³ Az séries d'expériences :
- (HAz,2S O + 2 (H¹AzI) ; 1° Synthèse de l'azotate d'argent. On dis-
sout un poids donné d'argent pur dans l'acide
il a ensuite précipité par cet iodure une solution azotique et on pèse l'azotate d'argent fondu . Le
très-acide de sulfate d'argent renfermant une poids atomique de l'azote = 14,001 est ainsi dé-
quantité connue d'argent. terminé en fonction de celui de l'argent et de
Dans ces deux opérations, la quantité d'argent l'oxygène .
a été calculée d'après le rapport des poids atomi- 20 Détermination du rapport proportionnel en-
ques 127 et 108. Il est toujours resté en dissolu- tre l'azotate d'argent et le chlorure de potassium.
tion une petite quantité d'iode qui a été dosée On détermine la quantité d'azotate d'argent
soigneusement. Ces expériences donnaient donc nécessaire pour précipiter exactement un poids
le rapport exact entre l'iode et l'argent dans l'io- donné de chlorure de potassium. Le poids molé-
dure d'argent. La pesée de l'iodure d'argent ser- culaire de l'azotate d'argent est ainsi déterminé
vait de contrôle à l'exactitude des résultats ob- en fonction de celui du chlorure de potassium .
tenus. Du poids moléculaire de l'azotate d'argent ainsi
M. Stas a trouvé que 100 p. d'argent correspon- fixé on a déduit le poids atomique de l'azote
- 14,057.
dent à 117,5371 d'iode, d'après les poids d'iode et
d'argent employés ; 30 Détermination du rapport proportionnel
D'autre part, que 100 p. d'argent correspondent entre l'argent et le chlorure d'ammonium. - On
à 117,5335 d'iode, d'après le poids de l'iodure dissout dans l'acide nitrique un poids donné a ar-
d'argent recueilli. gent et on détermine la quantité de chlorure
Le rapport proportionnel entre l'iode et l'ar- d'ammonium exactement nécessaire pour précipi-
gent étant ainsi établi, il ne restait, pour trouver ter l'argent. Cette expérience donne le poids mo-
es poids atomiques de l'iode et de l'argent, qu'à léculaire du chlorure d'ammonium en fonction
déterminer le poids moléculaire de l'iodure d'ar- du poids atomique de l'argent. En retranchant du
gent. C'est ce que M. Stas a fait en convertissant poids moléculaire de H+ AzCl les poids atomiques
un poids donné d'iodate d'argent en iodure. Nous de H et de Cl, M. Marignac a obtenu pour le
indiquerons ici la méthode qui lui a servi pour poids atomique de Az le nombre 14,015.
faire l'analyse complète de l'iodate d'argent, c'est- M. Stas a répété récemment cette détermina-
à-dire pour déterminer directement le poids de tion du rapport proportionnel entre l'argent et le
l'oxygène et de l'iodure d'argent qui forment un chlorure d'ammonium .
poids donné d'iodate. Il a apporté les plus grands soins à la purifica-
L'iodate d'argent a été préparé par double dé- tion de ce sel qui a été sublimé soit à la pression
ordinaire, soit dans le vide [ Nouvelles recherches
(1) Obtenu par la décomposition de l'acétate d'argent sur les lois des proportions chimiques, etc. , p. 48] .
cristallisé un grand nombre de fois. 1
(2) L'iode obtenu par la décomposition de l'iodamine (1) L'iodate séché à 120° retient une trace d'eau.
(iodure d'azote) est noir à l'état liquide et solide. Sa M. Stas en a évalué la proportion en la condensant,
vapeur saturée est d'un bleu intense. Il fond vers 115° pendant l'opération même, dans des appareils à dessic-
et ne bout pas encore à 200°. cation.
- 472 - ATOMIQUES ( POIDS) .
ATOMIQUES ( POIDS ) .
Citons, parmi douze déterminations, celles qui CARDONE. - Berzelius avait d'abord calculé le
ont donné les résultats extrêmes. poids atomique du carbone d'après l'analyse du
carbonate de plomb. Plus tard , il l'a déduit de la
100 p. d'argent équiv. à 49,602 de chlorure d'ammonium densité du gaz oxygène et de celle du gaz carbo-
100 49,592 nique qui avait été déterminée avec beaucoup
L'écart entre ces déterminations est de 1/10000, d'exactitude par Biot et Arago . Il a longtemps
ce qui donne une idée de l'exactitude des expé- admis pour le poids atomique du carbone le nom-
riences. M. Stas en a déduit pour le poids atomi- bre 76,438 (0 = 100 ] , qui devient 12,23 si l'on
que de l'azote le nombre 14,041 . prend pour unité l'hydrogène.
Dans une autre série d'expériences, M. Stas a Ce nombre était trop élevé, par la raison que la
densité de l'oxygène admise par Berzelius était
déduit le poids atomique de l'azote du rapport un peu trop faible. MM. Dumas et Stas ont montré
proportionnel entre les chlorures et les azotates. que le poids atomique du carbone est exactement
Un poids donné de chlorure de potassium pur a douze fois plus élevé que celui de l'hydrogène. Ils
été converti en azotate par l'ébullition avec de
l'acide azotique pur. Après l'évaporation complète l'ont fixé par la synthèse de l'acide carbonique.
de l'excès d'acide et de l'eau, l'azotate formé a été Pour cela, un poids donné de diamant ou de
fondu et pesé (1) . Il a trouvé entre le chlorure de graphite a été brûlé dans l'oxygène pur et l'acide
carbonique produit a été condensé sur de la po-
potassiun et l'azotate de potassium le rapport pro- tasse et pesé.
portionnel suivant : Le graphite employé était du graphite naturel
KC KAz O³ :: 100 : 135,6423. ou artificiel, ce dernier extrait d'une masse de
fer provenant d'un haut fourneau, l'un et l'autre
Ayant fait des expériences analogues avec le purifiés par calcination au rouge dans une atmo-
chlorure de sodium et le chlorure de lithium , il sphère de chlore. La combustion s'effectuait dans
a trouvé les rapports suivants : un tube de porcelaine chauffé au rouge. Le gra-
Na Cl NaAz03 :: 100 : 145,4570. phite ou le diamant (1) y était placé dans une
Li Cl ; Li Az 03 :: 100 : 162,595. nacelle de platine tarée avec soin, et qu'on pesait
de nouveau l'expérience terminée. Il restait un
Les poids moléculaires des azotates peuvent résidu incombustible , généralement formé par
être ainsi déterminés en fonction de ceux des
de la silice ou du sable siliceux , et dont le poids
chlorures correspondants. était défalqué de celui du diamant ou du gra-
On remarque entre ces poids moléculaires une phite. L'oxygène qui servait à la combustion était
différence constante d'où l'on peut déduire le dirigé d'abord dans des tubes renfermant de la
poids atomique de l'azote. ponce alcaline, de la potasse en morceaux et de
En effet , la ponce sulfurique. Il était ainsi débarrassé de
La différence entre les poids moléculaires du toute trace d'acide carbonique et d'humidité . Au
chlorure et celui de l'azotate de potassium est 26,586 sortir du tube à combustion , les gaz étaient dirigés
La différence entre les poids moléculaires du d'abord dans un petit tube en U renfermant de la
chlorure et de l'azotate de sodium est ...... 26,591
La différence entre les poids moléculaires du ponce sulfurique, puis dans des boules de Liebig
chlorure et de l'azotate de lithium est...... 26,5$9 remplies d'une lessive de potasse, enfin dans des
D'autre part tubes en U renfermant de la ponce alcaline et des
fragments de potasse.
La différence entre les poids moléculaires du A l'aide de cette méthode, MM. Dumas et Stas
chlorure et de l'azctate a argent est . ...... 26,587 ont constaté que le rapport moyen entre l'oxygène
Moyenne.. 26,5582 et le carbone dans l'acide carbonique est de
Or 26,5882 Az + 0³— Cl. 800 : 299,93 (combustion du graphite).
Donc Az 26,5882 CIO³. En prenant 800 : 300,02 (combustion du diamant).
Cl = 34,457 et 016 , le poids atomique de
l'azote, déduit de la différence dont il s'agit, de- Le rapport théorique est 800 : 300. D'après cela,
vient 14,0452. la composition de l'acide carbonique est exacte-
Il est à remarquer, d'un autre côté, que si l'on ment :
suppose connus le poids atomique de l'azote (dé- Carbone.. 27,27
duit du rapport proportionnel entre le chlorure Oxygene 72,73
d'ammonium et l'argent) et ceux du chlore, de 100,00
l'oxygène, les expériences dont il s'agit pouvaient
donner les poids atomiques du potassium, du D'où l'on déduit pour le poids atomique du car-
sodium, du lithium , qu'on peut déduire d'autre bone le nombre 12, le poids atomique de l'oxy-
part du rapport proportionnel entre les chlorures gène étant 16 .
et l'argent. C'est ainsi qu'en variant les méthodes Ajoutons que ces résultats ont été contrôlés par
M. Stas est parvenu à contrôler les résultats déjà l'analyse d'un certain nombre de composés orga-
obtenus. niques, très-bien définis, tels que la naphtaline,
Pour l'azote, il ne s'est point contenté des la benzine, le camphre, l'acide benzoique, l'acide
cinnamique. MM. Dumas et Stas ont fait remar-
épreuves dont il vient d'être question . quer que si ces analyses étaient calculées d'après
Dans une autre série d'expériences il déter-
miné le poids atomique de l'azote en faisant la le poids atomique du carbone de Berzelius, elles
synthèse de l'azotate d'argent. auraient toutes donné un excès de carbone, ce qui
Il en a déduit pour le poids atomique en ques- montre que ce chimiste admettait une trop forte
tion le nombre 14,042. proportion de carbone dans l'acide carbonique.
Ayant répété récemment la même synthèse, il PLOMB. Berzelius a fixé le poids atomique du
a obtenu le nombre 14,041 . Remarquons d'ailleurs plomb, ainsi que celui du cuivre, par l'analyse de
que la pureté absolue de l'azotate d'argent obtenu l'oxyde. L'oxyde plombique pur a été réduit par
aété contrôlée par la détermination de la quantité l'hydrogène. Il a déduit de cette analyse le poids
de K Cl, nécessaire pour le précipiter exactement. atomique 207,43.
Dans ces derniers temps, M. Stas a repris la
(1) L'opération a été faite dans des ballons de verre détermination du poids atomique du plomb ca
réfractaire . M. Stas a constaté que les vases employés
n'ont été attaqués ni par l'acide ni par l'azotate en
momentanée (1) MM. Dumas et Stas ont observé que le diamant
fusion . brale plus facilement que le graphite.
ATOMIQUES ( POIDS ) . --- 473 ATOMIQUES ( POIDS ) .
cherchant combien un poids donné de plomb Nous devons borner là les développements con-
donne d'azotate et de sulfate . cernant la détermination des poids atomiques.
La principale difficulté de ces synthèses consiste Nous les avons tous réunis dans le tableau sui-
dans la préparation du plomb pur. M. Stas a pré- vant qui donne, indépendamment des valeurs
paré ce métal, soit en réduisant le carbonate de numériques attribuées à chacun d'eux, l'indica-
plomb par le cyanure de potassium , et fondant de tion sommaire des composés qui ont servi à ces
nouveau le métal obtenu avec du cyanure de potas- déterminations, avec les noms des expérimen-
sium , soit en réduisant le chlorure par le cyanure tateurs.
de potassium ou par un mélange de carbonate de Ajoutons seulement que, parmi ces valeurs, les
soude et de flux noir. plus importantes sont celles de l'oxygène, de
Le plomb pur est couverti en nitrate, et celui-ci, l'argent, du chlore. Les poids atomiques de la
réduit à siccité, est pesé, après avoir été chauffé plupart des autres corps, des métaux en particu-
pendant plusieurs jours à 140 ° dans un courant lier, sont déduits de la composition des oxydes ou
d'air. L'azotate ainsi obtenu a été converti en des chlorures, et la composition de ceux-ci a été
sulfate. calculée d'après la quantité de chlorure d'argent
100,000 p. de plomb ont fourni en moyenne qui leur correspond. Il en a été ainsi dans les dé-
159,964 d'azotate (poids atomique de Pb = 206,920) terminations que l'on doit à MM . Pelouze et Dumas
146,4275 de sulf. (poids atomique de Pb = 206,906) et qui sont mentionnées dans le tableau (¹).

POIDS FORMULES DES COMPOSÉS


NOMS. SYMBOLES . atomiq QUI ONT ÉTÉ ANALYSES . EXPÉRIMENTATEURS

Aluminium... Al 27,50 Chlorure d'aluminium A12 (16 .. Dumas.


Antimoine.. Sb 120 Trisulfure Sb2S3 . Schneider.
122 Trichlorure Sb Ci³ . Dumas.
Chlorure Ag Clet chlorate Ag C103 Marignac, Maumené, Penny, Stas.
Argent... Ag 107,930 Bromure Ag Br etbromate Ag BrO3 Stas.
Iodure Agl et iodate Ag 103 Stas.
Sulfure Ag2 S et sulfate Ag2SO4.. Stas.
Arsenic . AS 75 Trichlorure ASC13 . Pelouze, Berzelius.
Azote.. Az 14,011 ( Chlorure d'ammonium Az H Cl... Pelouze, Marignac, Penny, Stas.
Azotate d'argent Ag Az 03 . Stas.
Baryum.. Ba 137,2 Chlorure Ba Cl2.. Marignac, Pelouze.
Bismuth Bi 210 Chlorure Bi Cl³ . Dumas.
Bore.. Bo 11 Anhydride borique Bo203. Berzelius.
8083

{ Chlorure de bore Bo C13 Dumas.


6883

Bromure de potassium K Br. Marignac, Stas.


Brome . 79,952 Bromure d'argent Ag Br.... Stas.
Bromate d'argent Ag Br 03. Stas.
3
A

Cadmium ... ca 112 Oxyde Cd O.. de Hauer.


Chlorure Cd Cl².. Dumas.
Calcium..... Ca 40 Oxyde CaO .. Erdmann et Marchand.
Chlorure Ca C12. Dumas.
Carbone. C 12 Anhydride carbonique CC2. Dumas et Stas, Erdmann et Marchand.
Cérium Ce 92 Oxyde céreux CeO.. Marignac, Hermann, Berzelius .
Césium C's 133 Chlorure de césium CsCl.. Bunsen.
Chlorure de potassium KCl. Marignac, Maumené, Penny, Stas.
Chlore.... 35,457 Chlorure d'argent AgCl.. Dumas, Stas.
Chlorate d'argent AgClO3.. Stas.
Chrome. Cr 52,1 Anhydride chromique Cr 03. Peligot, Berlin.
Cobalt.. Co 59,0 Chlorure CoCl2 Dumas.
Cuivre.. Cu 63,50 Oxyde cuivrique CuO ... Erdmann et Marchand.
Didymium.. Di 96 Oxyde DiO .. Marignac.
Étain..... Sn 116 Acide stannique Sn 02 Mulder et Vlaanderen.
118 Tétrachlorure Sn Cl Dumas .
Oxyde ferrique Fe2O3.. Svanberg et Norlin , Maumené , Erd-
Fer.. Fe 56 mann et Marchand , Berzelius.
28

Chlorure ferrique Fe2 C16 . Dumas.


Fluor.... FI 19 Fluorure de calcium Ca Fl² . Louyet.
Fluorure de sodium Na Fl . Dumas.
Glucinium.. Gl 9,5 Glucine GIO Awdejew, Debray.
14,0 Glucine G12 03.
Hydrogène .. H 1
Iodure de potassium KI.. Marignac, Stas.
Iode ..... 1 126,85 Iodure d'argent AgI... Dumas, Stas.
Iodate d'argent AgI03 Stas.
Iridium Ir 197,2 Tétrachlorure Ir C14 . Berzelius.
Lanthane.... La 92 Oxyde La O.. Marignac.
Lithium... Li 7,922 Chlorure Lil.. Stas
7,0 Sulfate Li² SO ' . Mallet.
21,0 Magnésie MgO. Berzelius.
Magnésium.. Mg Chlorure MgCl2 . Dumas.
Manganèse .. Mn 55,2 Chlorure Mn Cl . Berzelius.
Mercure... Hg 200 Oxyde mercurique Hg O... Erdmann et Marchand.
Μο 92 Anhydride molybdique Mo 03.. Svanberg et Struve, Berlin.
Molybdène 96 » Dumas.
Nickel... Ni 58 Oxyde NiO . Schneider.
59 Chlorure NiCl2.. Dumas.
Or... Au 197 Chlorure aurique Au Ci³. Levol, Berzelius.

( 1 ) L'idée de ce tableau et la plupart des données qu'il contient sont empruntées au dictionnaire de Watts.
ATOMIQUES ( POIDS ) . - 474 ATOMIQUES ( POIDS ) .

POIDS FORMULES DES COMPOSÉS


NOMS. SYMBOLES. atomiqs QUI ONT ÉTÉ ANALYSÉS. EXPÉRIMENTATEURS.

22
80
Osmium... Os 200 Tétrachlorure Os C14. Berzelius, Fremy.
Oxygène.. 16 Eau H2O....... Berzelius et Dulong, Dumas, Erdmann
et Marchand, Stas.
Palladium.... Pd 106 Chlorure Pd Cl² Berzelius.
Phosphore.... Ph 31 Anhydride phosphorique Ph2O5.. Schrötter.
Perchlorure de phosphore PhCl³ . Dumas.
Platine..... Pt 198 Tétrachlorure PtC14, Berzelius, Andrews.
207,2 Oxyde PbO.. Berzelius.
Plomb .... Pb 206,906 Sulfate Pb SOʻ. Stas.
206,920 Azotate Pb (Az (³)² , Stas.
K 39 Chlorure KCl... Marignac, Fremy, Maumené.
Potassium.... 39,137 Chlorure KCl.. Stas.
222 87 % u

Rhodium .. Rh 104 Trichlorure Rh Ci³ Berzelius.


Rubidium. Rb 85,36 Chlorure Rb Cl .. Bunsen .
Ruthénium Ru 104 Trichlorure Ru Cl³. Claus.
Se 79 Séléniure de mercure HgSe .. Berzelius, Sacc, Erdmann et Marchand.
Sélénium.. 79,06 Chlorure de sélénium Se C12 . Dumas.
Silicium... Si 28 Chlorure de silicium Si C14. Dumas.
Sodium . Na 23,043 Chlorure NaCl . Penny, Pelouze, Dumas, Stas.
32 Sulfure mercurique HgS.. Erdmann et Marchand, Struve.
Soufre...... S Sulfure d'argent Ag2S .. Dumas.
32,0742 Sulfure d'argent.. Stas.
Strontium .. Sr 87,5 Chlorure Sr Cl2 ... Dumas.
е & FɤÞÞ >

Tantale . Ta 37,6 Tétrachlorure TaCl . H. Rose.


Tellure .. Te 128 Bromure de tellure et de potas-
sium K2 Te Br6.. de Hauer.
Thallium. TI 204* Sulfate TI2SO4 , Chlorure TICI... Lamy.
Thorium 119,0 Thorine Th O. Berzelius.
Titane ... 50 Tétrachlorure Ti Cl .. I. Pierre.
Tungstène.. W 184 Anhydride tungstique WO³.. Schneider, Birch, Dumas.
Uranium U 120 Oxyde uranique U20³. Peligot.
Vanadium V 51,3 Anhydride vana ique V205 VaO³, Berzelius , Roscoe.
Zinc... Zn 65 Oxyde Zn O... A. Erdmann.
67 Zircone Zr2 (3. Berzelius, Erdmann.
S

Zirconium... Zr 89,5 ZrO2 Berzelius, Erdmann .

LOI DE PROut. En 1815, le chimiste anglais de 0,25, H étant égal à 1. Théoriquement une telle
Prout a émis l'idée que les poids atomiques de hypothèse pouvait présenter le même degré de
tous les corps devaient être des multiples de celui probabilité que celle de Prout, car rien n'em-
de l'hydrogène. A cette époque, sa proposition ne pêche d'admettre que l'atome d'hydrogène ne
reposait sur aucune preuve directe ; mais l'équi- soit lui-même formé par l'union de plusieurs
valent de l'hydrogène ayant été fixé à 12,5 par sous-atomes d'une substance primordiale qui serait
Berzelius et Ďulong , Prout s'empressa de faire l'essence de la matière. A ce point de vue , on
remarquer que l'équivalent de l'oxygène ( 100) était pourrait même soutenir que les dernières expé-
un multiple de 12,5 par 8. Son hypothèse fut riences de M. Stas n'ont pas encore donné le coup
adoptée par Dalton et par Th . Thomson, jamais de grâce à l'hypothèse de Prout ainsi transfor-
par Berzelius. Ajoutons que, même en Angleterre mée. Il se pourrait, en effet, que le nombre de
où elle avait été généralement admise, l'exactitude sous-atomes constituant un seul atome d'hydro-
en fut contestée par Turner, que l'Association bri- gène fût tel, que le poids de l'un d'eux ne fût
tannique avait chargé, en 1832 , de faire des expé- 1 qu'une fraction minime de celui de l'atome d'hy-
riences à ce sujet. drogène. Dès lors les écarts qui ont été signalés
L'idée de Prout était presque tombée dans l'ou- par M. Stas deviendraient insignifiants et rentre-
bli lorsque M. Dumas y ramena l'attention . La raient dans l'ordre des erreurs inévitables de l'ob-
détermination du poids atomique du carbone, qu'il servation.
avait entreprise avec M. Stas, l'a conduit à ad- Quoi qu'il en soit, une grande idée, celle d'une
mettre que ce poids atomique est exactement matière unique, primordiale, constituant les ato-
douze fois plus élevé que celui de l'hydrogène. Il fit mes divers, était au fond de l'hypothèsé de Prout,
remarquer ensuite que les poids atomiques de et bien que cette hypothèse soit démontrée in-
l'oxygène, de l'azote, du soufre (Erdmann et exacte dans sa forme première, on ne peut point
Marchand, etc. ), étaient exactement des multiples affirmer que les expériences de M. Stas aient
de celui de l'hydrogène. La vérification des poids rendu entièrement inadmissible la modification
atomiques, qu'il entreprit à partir de 1857 , a proposée par M. Dumas. Mais, d'un autre côté,
ajouté à la liste de ces éléments, qui semblaient il faut convenir aussi que cette dernière manque
confirmer la loi de Prout , un grand nombre absolument de preuves expérimentales, et qu'il
d'autres corps simples. Pourtant le poids ato- faut renoncer à chercher de telles preuves dans
mique du chlore, qui avait été déterminé avec des déterminations de poids atomiques faites à
tant d'exactitude par M. Marignac, faisait excep- l'aide des méthodes connues ( ¹) . A. W.
tion, et à cette première exception d'autres sont
venues se joindre par la suite : la loi de Prout
n'était plus admissible, au moins dans sa forme (1) Indépendamment d'une discussion sur la nature
première. M. Dumas ess ya alors de la rajeurir des éléments [Compt. rend., t. XLVIII, p. 139] , le lec-
en admettant que les poids atomiques de tous les teur trouvera dans les mémoires de M. Dumas (Ann.
corps étaient des multiples non du poids atomi- de Chim. et de Phys., (3) , t. LV, p. 129] des considéra-
tions fort intéressantes sur les relations numériques qui
que de l'hydrogène , mais d'un sous-multiple de existent entre les « équivalents des corps simples ap-
ce poids atomique, par exemple de 0,50, ou même partenant à la même famille.
ATOMIQUES (VOLUMES) . -- 475 ATOMIQUES (VOLUMES).
ATOMIQUES (VOLUMES) . On désigne sous Vo-
lume
le nom de volumes atomiques des corps simples , Poids ato-s
les volumes qu'occupent des quantités de ces Corps ato- mi-
corps proportionnelles aux poids atomiques. simples. miques. ques. Densités.
On nomme volumes moléculaires des corps Aluminium. 27,50 10,6 2,5-2,67,Wöhler; 2,67, Deville;
Antimoine.. 120,3 17,9 6,72, Marchand et Scheerer,
composés les volumes qu'occupent des quantités H. Kopp.
de ces corps proportionnelles aux poids molécu- Argent..... 108 10,2 10,4 , Karsten ; 10,57, G. Rose .
laires. Arsenic 75 13,3 5,63, Karsten ; 5,67, Herapath.
Pour déterminer les volumes relatifs qu'occupent Bismuth. 210 21,2 9,80 , Marchand et Scheerer;
les atomes, il suffit de diviser les nombres qui Brome..... 80 25,8 3,19 9,78, H. Kopp.
expriment les poids relatifs de ces atomes par les ( iquide ), 1. Pierre ; 2,99,
poids de l'unité de volume, c'est-à- dire par les Löwig.
Cadmium .. 112 13,0 8,69, Stromeyer ; 8,15 , II.
densités respectives. Les volumes atomiques sont Kopp.
donc les quotients des poids atomiques par les Calcium.... 40 25,2 1,58, Bunsen.
densités; les volumes moléculaires, les quotients Carbone ... 12 3,4 Diamant, 3,52, Brisson.
des poids moléculaires par les densités. 5,2 Graphite, 2,32, Karsten ; 2,27,
La matière n'est pas uniformément répandue Regnault.
dans l'espace ; elle n'est ni continue ni homogène Chlore. 35,5 26,7 1,33 ( liquide ), Faraday.
Chrome 52,4 7,6 7,01 , Bunsen et Frankland.
dans des volumes égaux des différents corps. En un Cobalt. 59,0 7,0 8,49, Brunner; 8,51 , Berzelius.
mot, les atomes et les molécules qui la constituent Cuivre. 63,5 7,2 8,95 , Marchand et Scheerer ;
ne se touchent pas , mais laissent entre eux des 8,93, H. Kopp.
intervalles plus ou moins grands. Les volumes Étain.... .. 118 16,2 7,29, Karsten ; 7,30 , H. Kopp.
atomiques ne représentent donc pas ces volumes Fer.... 56 7,2 7,84, Broling ; 7,79, Karsten.
Glucinium.. 9,4 4,1 2,1 , Debray.
relatifs qu'occupent les atomes proprement dits, 1 lode... 127 25,7 4,95 . Gay-Lussac.
mais comprennent en même temps les espaces Iridium ... 198 9 21,80, Hare.
interatomiques. Cette remarque s'applique aussi Lithium . 7 11,9 0,59, Bunsen.
aux volumes moléculaires . Magnésium. 24 13,8 1,74, Bunsen ; 1,70, Kopp .
Si les molécules étaient placées à d'égales dis- Manganèse. 55,2 7 8,03, Bachmann ; ,01 , John.
tances dans les différents corps, il est clair qu'un Mercure 200 14,8 13,60 ( liqnide ) , Regnault ;
même volume de ceux-ci renfermerait le même H. Kopp.
Molybdène . 92 10,6 8,62-8,64, Buchholz.
nombre de molécules, que les poids moléculaires Nickel. 69 6,8 8,60, Brunner; 8,82 Tappati
seraient proportionnels aux densités, et que les Or... 197 10,1 19,31 , G. Rose ; 19,26, Brisson.
volumes moléculaires seraient égaux. Il en est Palladium.. 106 9,2 11,80, Wollaston.
ainsi pour les gaz . Nous savons qu'ils renferment, 16,8 ordinaire ; 1.84 , Schrötter ;
à volume égal, le même nombre de molécules Phosphore .. 31 1,83, H. Kopp .
(voir page 460) . Les volumes qu'occupent les dif- 15,8 amorphe ; 1,96, Schrötter.
férentes molécules gazeuses sont donc les mêmes. Platine..... 198 9,2 21,5, Wollaston.
Plomb 206,9 18,2
On ne connaît à cet égard qu'un très-petit nombre Potassium .. 39,1 45,6 11,39, Karsten; 11,33, H.Kopp.
0,86, Gay-Lussac et Thenard.
d'exceptions, et, sans vouloir mentionner ici celles Rho tium... 104 9,4 11,0, Wollaston.
qui sont relatives à des cas de dissociation , nous Rubidium.. 85,4 5,6 1,52, Bunsen .
nous bornons à rappeler que le phosphore et l'ar- Ruthénium. Claus.
senic renferment , sous le même volume, deux Sélénium . . 79 18,4 amorphe : 4,28, Schaffgotsch.
fois plus d'atomes que l'azote et d'autres gaz 16,4 granuleux : 4,80 , Schaffgotsch.
Silicium .... 21 11,2 graphitoïde, 2,49, Wöhler.
simples. 15,2 orthorhombique : 2,07, Mar-
Une molécule d'hydrogène HH doit occuper par Soufre..... 32 chand et Scheerer, Kopp.
elle -même un espace beaucoup moindre que la 16,2 clinorhombique : 1,98 , Mar-
molécule complexe d'un hydrocarbure réduit en chand et Scheerer.
Tellure ... 128 20,6 6,24, Berzelius ; 6,18, Löwe.
vapeur, de l'essence de térébenthine par exemple, Thallium. 204 17,1 11,9, Lamy.
C1016. Néanmoins nH2 occupent dans l'espace Tungstène.. 184 10,6 17,2, Allen et Aiken ; 17,5-
le même volume que n C10H16, et la vapeur de 18,3, Wöhler.
l'hydrocarbure, étant prise à une distance con- Urane 120 6,6 18,4, Peligot.
venable du point d'ébullition , se dilate sensi- Zinc.. 65 9,2 7,13, H. Kopp ; 7,1-7,2, Bol-
blement, par l'action de la chaleur, comme le gaz ley.
hydrogène lui-même. Cela prouve que les molé-
cules des corps gazeux sont placées, dans l'espace, Pour que les densités soient comparables , il
à des distances immenses les unes des autres faut que les corps soient pris dans le même état
relativement à leur étendue réelle. physique. On ne saurait comparer les densités
Il n'en est pas ainsi pour les corps liquides des corps liquides et des corps solides, des corps
et les corps solides . Leurs molécules sont placées amorphes et des corps cristalli és, des corps soli-
à des distances incomparablement plus petites, difiés après fusion et des corps battus et forte-
bien que sensibles, et ces distances sont variables ment écroués après solidification . Les corps li-
non-seulement pour les différents corps , mais quides sont plus comparables entre eux , en ce
quelquefois même pour un seul et même corps ; qui concerne leurs densités et, par conséquent,
ce qui le prouve , c'est que ces corps se dilatent leurs volumes atomiques, pourvu qu'on les prenne
très-inégalement par la chaleur : ils possèdent des dans les mêmes conditions physiques. M. H.
coefficients de dilatation très-différents, et qui va- Kopp admet que les densités des corps liquides sont
rient souvent, pour un seul et même corps, sui- comparables aux points d'ébullition ou plus gé-
vant la température et suivant l'état physique du néralement à des températures où leurs tensions
corps lui-même. Il en résulte que les densités ne de vapeur sont égales. Il est impossible, bien en-
sont pas toujours comparables. En tout cas, vu la tendu, de déterminer les densités au point d'ébul-
manière inégale dont les molécules sont distri- lition ; mais lorsqu'on connaît le coefficient de di-
buées dans les corps liquides et solides , on ne latation d'un liquide et sa densité à une distance
saurait constater des rapports simples entre les quelconque du point d'ébullition, il est facile de
poids moléculaires et les densités. Ceci s'applique calculer sa densité au point d'ébullition .
surtout aux corps simples solides. VOLUMES MOLÉCULAIRES DES LIQUIDES Par-
On s'en convaincra en jetant les yeux sur le tant de ces données, M. Hermann Kopp s'est livré à
tableau suivant , où l'on a réuni les volumes ato- des recherches étendues sur les volumes molécu-
miques des principaux corps simples : laires des liquides et principalement des liquides
ATOMIQUES (VOLUMES ) . - 476 ATOMIQUES (VOLUMES) .
organiques, et est arrivé à des résultats dignes On peut en conclure que C occupe le même
d'intérêt [Ann. der Chem . u. Pharm. , t . XCVI, volume, dans ces composés , que H2, et comme le
p. 153, 303 ; t. C, p. 19]. volume moléculaire de CH2 est égal à 22, il en ré-
En comparant les volumes moléculaires, il a sulte que le volume atomique de C:- 11 , et le
constaté certaines relations entre la composition volume atomique de H = 1 /2 11 = 5,5.
et les volumes qu'occupent les molécules. Tels sont les faits et les raisonnements qui ont
Ces régularités, comme il les appelle, peuvent permis à M. H. Kopp de fixer les volumes atomi-
être énoncées dans les proportions suivantes : ques du carbone et de l'hydrogène.
1º Le volume moléculaire d'une combinaison Troisièmement. Quant à l'oxygène, M. H. Kopp
est exprimé par la somme des volumes atomiques admet qu'il entre dans les composés organiques
qu'occupent les éléments. avec deux volumes atomiques différents, suivant
2º Dans des composés possédant une constitu- qu'il est contenu à l'état d'oxygène typique, ou
tion atomique semblable, le même élément pos- qu'il fait partie d'un radical.
sède toujours le même volume atomique. Le volume moléculaire de l'eau à la tempéra-
Ce volume atomique étant déterminé pourchaque ture de l'ébullition = 18,8, l'hydrogène y occu-
corps simple , on peut donc calculer le volume pant un volume = 2 × 5,5 = 11 ; l'oxygène doit
moléculaire d'un corps composé dont on connaît y occuper le volume 7,8.
la structure atomique. Il n'occupe ce volume, d'après M. H. Kopp, que
3º Pour les liquides renfermant du carbone, de lorsqu'il est contenu dans un résidu typique, par
l'hydrogène et de l'oxygène, les volumes atomi- exemple, à l'état d'oxhydryle HO ou d'oxéthyle
ques de ces éléments peuvent être déduits des C2 HO, et ce volume atomique est différent lors-
considérations suivantes : qu'il est contenu dans un radical, c'est-à-dire uni
Premièrement. Dans les composés homologues au carbone par ses deux atomicités. Il en est ainsi
pour chaque accroissement de CH2, le volume mo- dans l'acétone et dans l'aldéhyde. En soustrayant
léculaire s'accroît en moyenne de 22. Les exemples du volume moléculaire de l'acétone
suivants font voir qu'il en est ainsi [ Ann. de Chim.
et de Phys., (3) , t. XLIII , p. 350] . CO (CH3 2= C3H6O
Différences celui du carbure C3 H6, il a trouvé que l'atome
des
volumes d'oxygène occupe dans l'acétone le volume 11,3
molécu- à 11,6 (¹) :
laires.
Esprit de bois et alcool ( ' ) .. 19,9 Volume moléculaire de ………. C3H6O77,3 à 77,6
Esprit de bois et alcool amylique 4 X 20,2 de ....... C3H6 = 66 66
Alcool et alcool amylique . 3 X 20,4
Formiate de méthyle et formiate d'ethyle. 21,6 Volume atomique de. O = 11,3 à 11,6
Formiate d'éthyle et acétate d'éthyle .... 22,7
Formiate d'éthyle et butyrate de méthyle . 2 X 20,8 En soustrayant du volume moléculaire de l'al-
Formiate d'ethyle et butyrate d'éthyle .. 3 X 22,7 délyde celui du carbure C2 H4, il a trouvé pour
Formiate d'éthyle et valérate de methyle .. 3 X 23,6
Formiate de méthyle et acétate de methyle . 20,7
Acétate de methyle et acétate d'éthyle . 21,6 (1) Les calculs indiqués ici ne conduisent pas, comme
Acétate de méthyle et butyrate de méthyle .. 2 X 21,2 on voit, à des résultats parfaitement concordants en ce
Acétate de méthyle et butyrate d'éthyle . 3 × 22,0 qui concerne le volume atomique de l'oxygène con-
Acétate de méthyle et valerate de méthyle .. 3 × 21,9 tenu dans un radical. Cette circonstance oblige à for-
Formiate de méthyle et acétate d'éthyle . 2 X 22,2 muler sur cette partie des inductions de M. H. Kopp
Acétate d'éthyle et butyrate d'éthyle . 2 X 21,1 une réserve d'autant plus nécessaire que l'idée typique
Acétate d'éthyle et butyrate de méthyle.. 18,8 et même l'idée de radical ont subi, dans ces dernières
Acétate d'éthyle et valerate de méthyle . 2 X 21,1 années, de profondes modifications.
Formiate de méthyle et butyrate de méthyle . 3 X 21,0 L'oxygène typique est celui qui joint par ses deux
Butyrate de méthyle et butyrate d'éthyle... 23,5 affinités un certain atome de carbone contenu dans un ra-
Butyrate de méthyle et valérate de méthyle . 23,3
Formiate de méthyle et butyrate d'éthyle .... 4 X 21,6 dical, soit à un atome d'hydrogène, soit à un autre atome
de carbone contenu dans un autre radical . Exemples :
Formiate de méthyle et valérate de méthyle. 4 X 21,6
Acide formique et acide acétique... 21,6 H³C - CHI² H³C - CH²
Acide formique et acide butyrique. 3 X 21,6
Acide acétique et acide butyrique.. 2 X 21,6 1
Secondement. Des combinaisons dont l'une ren- H H³C - CH2
ferme n C de plus et n H2 de moins que l'autre Alcool. Oxyde d'éthyle.
possèdent le même volume moléculaire, de telle L'oxygène faisant partie d'un radical est uni à un seul
sorte que C peut remplacer H2 sans donner lieu atome de carbone par ses deux atomicités. Exemples :
à un changement dans le volume moléculaire. Les
exemples suivants font voir qu'il en est ainsi. H-C=0 H3C - C = 0
1
Volumes CH3 CH3
moléculaires Aldehyde. Acétone.
aux
températures Dans l'oxyde d'éthylène, l'atome d'oxygène complète
Formules. d'ébullition.
Cymène C10 HI 183,5 - 185,2 les atomicités de deux atomes de carbone déjà unis
Butyle .. CS H18 184,5186,8 entre eux :
Acide benzoïque. C' H6O2 126,9 I²C -CH²
Acide valérique .. H1002 130,2 - 131,2
Benzoate d'éthyle. C9H10 02 172,4-174,8
Valérate d'éthyle.. C7H402 173,5-173,6 Oxyde d'éthylène.
Benzoate de méthyle . C8 H8 02 148,5-150,3 Bien que le rôle de l'oxygène diffère ici de celui de
Valérate de méthyle.... C H1202 148,7 -149,6 l'oxygène typique proprement dit, cet atome d'oxygène
Aldehyde benzoïque. C7 H6 O 118,4 occupe néanmoins le volume atomique que M. H. Kopp
Aldéhyde valérique... C5H0O 117,3120,3 a calculé pour l'oxygène typique.
Phénol C6H6O 103,6104,0 On pourrait peut-être énoncer les conséquences qui
Oxyde d'éthyle .. C4H10O 105,6-106,4 semblent découler des faits précédents , en admettant que
Aniline . C6 H7 Az 106,4-106,8 l'oxygène occupe dans les combinaisons organiques li-
Butylamine. CHAZ 106,8 quides un volume différent , suivant qu'il est un à un
seul atome de carbone ou qu'il joint , par ses deux ato-
(1) Voir, pour les voiumes moléculaires de ces compo- micités, deux atomes différents, soit de carbone, soit de
sés, le tableau de la page 477. 1 carbone et d'hydrogène.
ATOMIQUES (VOLUMES ) . - 477 - ATOMIQUES (VOLUMES ) .
le volume atomique de l'oxygène un nombre un (O) désignant l'oxygène contenu dans le radical et
peu plus fort. O l'oxygène typique .
Pour ce calcul, M. H. Kopp a donné l'expression
Volume atomique de.. C2H4O56,0 à 56,9 générale suivante :
de... CH = 44 à 41
yma.11b. 5,5+ c. 12,2+ d . 7,8 .
12,0 12,9 A l'aide de cette expression , il a calculé les vo-
lumes moléculaires d'un très-grand nombre de
Il a donc cru pouvoir adopter pour le volume combinaisons , et a pu comparer les nombres obte-
atomique de l'oxygène contenu dans un radical nus avec ceux qui ont été déduits de l'observation
le nombre moyen 12,2. directe. Le résultat de cette comparaison est con-
Les volumes qu'occupent les atomes de carbone, signé dans le tableau suivant.
d'hydrogène, d'oxygène, dans les composés orga- Les nombres qui expriment, dans ce tableau,
niques ternaires, étant ainsi déterminés (d'une ma- les volumes moléculaires calculés , sont les quo-
nière approximative), on peut calculer à priori le tients des poids moléculaires par les densités, aux
volume moléculaire Vm d'un composé CaHb (O)cOd , points d'ébullition.

Volumes moléculaires des liquides renfermant du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène.

Volumes moléculaires
Poids aux points d'ébullition
molécu-
Noms des substances. Fo: mules. laires. Calculés. Observés. Degrés.
Benzine.. C6H6 78 99,0 96,0 99,7 80
Cymène C10 H14 134 187,0 183,5 185,2 175
Naphtaline C10 HS 128 154,0 149,2 218
Type IIII... Aldehyde.. 44 56,2 56,0 56,9 21
Valéraldehyde .. C5 H10 O 86 122,2 117,3 120,3 101
Aldehyde benzoïque .. C? H6 O 106 122,2 118,4 179
Cuminol... C10 H12 O 148 188,2 189,2 236
Butyle CS H16 114 187,0 184,5 - 186,8 108
Eau... H2 O 18 18,8 18,8 100
Alcool méthylique.. CH'O 32 40,8 41,9 42,2 59
Alcool... C2 H6 O 46 62,8 61,8 62,5 78
Alcool amylique ... CS H12 O 88 128,8 123,6 124,4 135
Phénol.. CG H6 O 94 106,8 103,5 104,0 194
Alcool benzylique . C² HS O 108 128,8 123,7 213
Acide formique . CH202 46 42,0 40,9 41,8 99
Acide propionique. C3 H6 02 74 86,0 85,4 137
Acide butyrique C4 H8 02 88 108,0 106,4 107,8 156
Acide valérique .. C5 H1002 102 130,0 130,2 131,2 175
Acide benzoïque C² H6 O² 122 130,0 126,9 253
Éther éthylique.. C4H10 O 74 106,8 105,6 105,4 34
Anhydride acétique.. C4 102 109,2 109,9 110,1 138
Formiate de méthyle.. 60 6-4,0 63,4 36
Type H2O .. Acétate de méthyle C3H6O2 74 86,0 83,7 85,8 55
Formiate d'éthyle .. 02 74 86,0 84,9 85,7 55
Acétate d'éthyle . C4 02 88 108,0 107,4 107,8 74
Butyrate de méthyle . C5 H10 02 102 130,0 125,7 127,3 93
Propionate d'éthyle . C5H1002 102 130,0 125,8 93
Valerate de méthyle. C6 H12 02 116 152,0 148,7 149,6 112
Butyrate d'éthyle .. C6H12O2 116 152,0 149,1 149,4 112
Acétate de butyle .. C6H12O2 116 152,0 149,3 112
Formiate d'amyle. C6H12O2 116 152,0 149,4 150,2 112
Valérate d'éthyle . C7 H14 02 130 174,0 173,5 173,6 131
Acétate d'amyle .... C7 H14 02 130 174,0 173,3-175,5 131
Valérate d'amyle... C10 H20 02 172 240,0 244,1 188
Benzoate de méthyle . C8 H802 136 152,0 148,5 150,3 199
Benzoate d'éthyle.... C9H1002 150 174,0 172,4174,8 209
Benzoate d'amyle .. C12H1602 192 240,0 347,7 266
Cinnamate d'éthyle CH202 176 207 211,3 260
Acide méthyl-salicylique.. C8 H8 03 152 159,8 156,2 - 157,0 223
Carbonate d'éthyle... C³ H1003 118 137,8 138,8 139,4 126
Type 2H2O . Oxalate de méthyle .. C4 H8 04 118 117,0 116,3 162
Oxalate d'éthyle . C6H100 146 161,0 166,8167,1 186
Succinate d'éthyle.. C8H1404 174 205,0 209,0 217

On voit par ce tableau que les éthers isomé- Ainsi l'oxyde d'éthylène et l'aldehyde n'offrent
riques des acides gras possèdent le même volume pas, d'après M. H. Kopp, le même volume molé-
moléculaire ; qu'il en est de même pour d'autres culaire [ Compt. rend. , t. LVII , p. 283] :
isomères, tels que l'acide butyrique et l'acétate Volumes
d'éthyle, l'acide acétique et le formiate de mé- moléculaires.
thyle. Tous ces corps appartiennent au même à 0°
type, ils possèdent la même structure atomique. Aldéhyde .. 54,3
Ils renferment 1 atome d'oxygène dans le radical Oxyde d'éthylène . 50,6
et 1 atome d'oxygène typique. Mais si , d'après ce
qui précède, des composés isomériques offrant Lorsqu'un atome d'oxygène est contenu dans un
une structure atomique semblable possèdent le radical (lié au même atome de carbone par ses
même volume moléculaire, il n'en est pas de mème deux atomicités) , il occupe un volume (12,2) un
pour des composés isomériques qui appartiennent peu plus grand que celui qu'occupent 2 atomes
à des types différents ou, pour préciser davan- d'hydrogène (11 ) . Aussi 2 atomes d'hydrogène
tage, dans lesquels l'oxygène présente des rapports peuvent-ils être remplacés dans un radical par 1
atomiques différents. atome d'oxygène sans que le volume moléculaire
ATOMIQUES (VOLUMES ) . 478 - ATOMIQUES ( VOLUMES ) .
éprouve un changement notable : d'après ce qui périmental du sulfure de carbone qui est égal à
précède , il doit éprouver une légère augmenta- 62,2 et de la somme des volumes atomiques de
tion.
On voit en effet, par le tableau, qu'il en est CS typique 11+ 22,6.
ainsi pour l'alcool et l'acide acétique, l'éther, l'a- Il est à remarquer que cette valeur, attribuée à
cétate d'éthyle et l'acide acétique anhydre. Leur S placé dans le radical, n'a pas été vérifiée pour
volume moléculaire augmente très-légèrement par d'autres composés, et une telle vérification eût été
le fait du remplacement de H2 par O. nécessaire.
Telles sont les considérations à l'aide desquelles Volumes atomiques du chlore, du brome et de
M. H. Kopp a pu fixer les volumes atomiques du l'iode. On peut calculer le volume qu'occu-
carbone, de l'hydrogène, de l'oxygène, et déter- pent les atomes de ces éléments dans les com-
miner ensuite à priori les volumes moléculaires posés organiques liquides en déduisant du volume
des composés organiques C" H™ OP . moléculaire des chlorures , bromures, iodures,
Les volumes atomiques qu'occupent d'autres celui du groupe hydrocarboné. On trouve ainsi :
éléments dans la combinaison ont été détermi-
nés en partant des données précédemment ac- Volume atomique du chlore 22,8
quises . Nous allons entrer dans quelques détails du brome.... 27,8
à ce sujet. de l'iode...... 37,5
Volume atomique de l'azote. - D'après M. H.
Kopp, l'atome d'azote occupe des volumes diffé On voit que les deux premiers s'éloignent assez
rents suivant qu'il est contenu dans un composé de ceux que l'observation directe assigne au chlore
dérivé du type ammoniaque, ou qu'il est uni au et au brome liquide.
charbon dans le cyanogène, ou qu'il est uni à Tels sont les volumes atomiques que l'on peut
l'oxygène dans le groupe AzO². attribuer aux éléments des combinaisons orga-
1º Dans les composés appartenant au type am- niques liquides. Les valeurs théoriques déduites
moniaque, l'azote possède un volume atomique des considérations qui précèdent permettent de
égal à 2,3. On a pu déduire ce volume atomique calculer à priori les volumes d'un grand nombre
du volume moléculaire de l'aniline C6 H7 Az = 106,8, de composés. Nous avons fait ressortir la nature
en soustrayant de ce dernier le volume de hypothétique de quelques-unes de ces considé-
C6 H7 = 104,5 ; rations, de celles notamment qui ont trait aux
différences du volume atomique des éléments sui-
la différence est égale à 2,3. vant le type du composé qui les renferme.
2º Le volume moléculaire du cyanogène a pu On doit à M. Berthelot une formule pour le
être fixé d'après un principe analogue, en le dédui- calcul des volumes atomiques des composés orga-
sant du volume moléculaire connu de quelques niques liquides, formés par l'union de deux autres
cyanures organiques, tels que les cyanures de composés liquides avec élimination de n molécules
phényle et de méthyle. On obtient ainsi , pour le d'eau [Ann. de Chim . et de Phys . , (3), t. XLVIII ,
volume de C Az, les nombres 26,1 et 28,8. D'un p. 322] . Soient A et B les volumes moléculaires de
autre côté, l'observation directe donne pour le vo- ces derniers composés, C le volume moléculaire
lume moléculaire du cyanogène liquide les nombres de l'eau le volume moléculaire V du composé
28,9 et 30. En prenant la moyenne de tous ces est donné par l'expression VA + B - n C, qui
nombres ( malheureusement assez discordants a été vérifiée par de nombreux exemples. La règle
entre eux), on trouve pour le volume moléculaire établie par M. Berthelot se montre, dans un grand
du cyanogène liquide la valeur 28. nombre de cas, comme un corollaire des propo-
3º Le volume moléculaire de Az O2 déduit de sitions plus générales indiquées plus haut. En effet,
l'observation directe est égal à 32 environ . On dans les réactions organiques où l'eau est éliminée,
peut le déduire du volume moléculaire d'un ni- il arrive presque toujours qu'elle est formée par
trate organique, par exemple du nitrate d'amyle l'addition d'un atome d'hydrogène à des restes
C5 H11 Az O2, en soustrayant de ce volume, qui est d'hydroxyle. C'est l'oxygène typique d'un composé
égal à 148,4, celui de C5 H11 qui est égal à 115,5. organique qui devient eau. Il doit donc occuper,
On trouve ainsi , pour le volume de Az O², le conformément aux idées de M. Kopp , dans ce com-
nombre 32,9. posé, le même volume que dans l'eau ; et puisque
A l'aide de ces données, on a pu calculer à priori d'un autre côté les atomes de carbone et d'hydro-
• les volumes moléculaires d'un grand nombre de gène semblent occuper dans tous les composés or-
composés azotés, tels que ammoniaques compo- ganiques liquides un volume invariable, il est clair
sées, cyanures organiques, éthers nitriques ou ni- que la proposition de M. Berthelot doit se vérifier
treux. pour tous ces cas. Il n'en serait plus de même si
Volume atomique du soufre. - D'après M. H. l'eau se formait aux dépens de l'oxygène contenu
Kopp, l'atome de soufre occupe, comme l'atome dans un radical : l'oxygène occuperait dans l'eau
d'oxygène, un volume différent suivant le rôle un volume moins considérable que dans la combi-
qu'il joue dans ses combinaisons, suivant la place naison organique, et la formule dont il s'agit pour-
qu'il occupe dans la molécule. Dans le mercaptan rait donner une valeur trop forte pour le volume
C2H5 S atomique cherché. Ce serait là une cause d'in-
certitude, comme, d'un autre côté , les erreurs
HS inévitables dans les déterminations des densités,
il remplace l'oxygène typique (il estuni à de l'hy- des points d'ébullition, des coefficients de dilata-
drogène et à du carbone). Il y occupe le volume tion, sont autant de causes d'incorrection.
22,6, différence du volume moléculaire du mer- Mais on ne peut nier que, dans un grand nombre
captan, qui est égal à 77,6 et du volume molécu- de cas, l'accord entre le calcul et l'observation est
laire de CH6, qui est égal à 55,0. suffisant pour dévoiler des relations positives entre
Si l'on considère le sulfure de carbone comme la composition de la molécule et le volume qu'elle
formé de CS.S, le soufre semble y remplir deux occupe à l'état liquide.
fonctions différentes. Un atome de soufre est en VOLUMES MOLÉCULAIRES DES CORPS SOLIDES . —
quelque sorte typique comme le soufre du mer- Les données relatives aux volumes qu'occupent
captan placé en dehors du radical, il doit occu- les molécules des corps solides sont moins cer-
der le volume 22,6. S'il en est ainsi , l'autre atome taines encore que celles que nous venons d'exposer.
de soufre placé dans le radical doit occuper le vo- Dans cet ordre de considérations , on n'arrive à des
lume 28,6, différence du volume moléculaire ex- résultats comparables que pour certains groupes
ATOMIQUES ( VOLUMES ) . 479 - ATOMIQUES (VOLUMES ).
de corps, doués d'une constitution analogue, lors- On sait que les corps isomorphes ne cristalli-
qu'on les prend dans les mêmes conditions phy- sent pas toujours sous des formes parfaitement
siques. Les corps isomorphes sont dans ce cas . identiques, mais que la substitution d'un élément
Aussi a-t-on constaté l'égalité des volumes molé- à un autre donne souvent lieu, dans les composés
culaires pour un grand nombre de ces corps. Il en isomorphes, à de légères modifications dans les
est ainsi, d'après M. H. Schiff, pour les sulfates angles et les axes du cristal. On a remarqué qu'à
et les sulfates doubles de la série magnésienne, ces modifications correspondent de légères altéra-
et pour les aluns. Les volumes moléculaires de tions dans les volumes moléculaires .
ces sels isomorphes sont donnés dans le tableau Comparons maintenant les volumes moléculaires
suivant : des chlorures et bromures offrant la même com-
position atomique.
Sulfates de la série magnésienne. Vol.
Vol. Poids molé-
Poids molé- For- molécu- Den- cu-
molé- Den- cu- Monoatomiques. mules. laires. sitès . laires.
Formules. culaires. sités. laires. Chlorure d'hydrogène . HCl
246 1,685 146 36,5 4,501 21,3
Mg SO + 7H2O . Chlorure de potassium.. K CI 71,5 1,915 38,7
Zn SO4 + 7H2O. 287 1,853 146,9 Chlorure de sodium NaCl 58,5 2,48 27,2
Ni SO + 71120. 281,2 1,931 145,6 Chlorure d'argent . Ag Cl 143,5 5,320 25,5
Co SO + 7H2O .. 281 1,924 146 Chlorure de thallium.. TICI 239,5 7,02 34,1
FeSO4 + 7H20 . 278 1,884 147,5 Bromure d'hydrogène.... H Br 82,0 2,00 41,0
Bromure de potassium K Br 11,9 2,415 34,1
Sulfates doubles de la série magnésienne. Bromure de sodium... Na Br 104,0 2,952 35,2
Bromure d'argent . Ag Br 189,0 6,353 29,8
MgSO4, ( Az H4)2SO4 + 6H2O .... 360,0 1,680 214,2
MgSO4,K2SO4+ 6 H2O .. 402,4 1,995 201,8
Zn SO4, (AzH4)2SO4 + 6 H2O . 401,0 1,910 209,8 Diatomiques.
Zn SO4 , K²SO¹ + 6 H²O .. 443,4 2,153 206, Chlorure ferreux Fe C12 127,0 2,528 50,2
Ni SO4 , ( Az H2SO4 + 6H²O . 395,2 1,915 206,4 Chlorure de plomb.. Pb Cl2 279,0 5,78 48,4
Ni SO¹, K2SO4 + 6 H2O.. 437,6 2,123 206,2 Chlorure de calcium. Ca C12 111,0 2,205 50,4
Co SO , (Az H2SO4 + 6H²O 395,0 1,873 210,8 Chlorure de baryum... BaCl2 208,2 3,82 51,4
Co SO4, K²SO¹ + 6H²O 437,4 2,154 203,2 Chlorure de nickel. Ni C12 130,0 2,56 50,6
Fe SO4 (Az H4) 2SO4 + 6H2O . 392,0 1,813 216,2 Chlorure mercurique Hg Cl2 271,0 5,517 51,0
Fe SO , K2SO4 + 6H2O . 434,1 2,189 198,4 Bromure de baryum Ba Br2 299,2 4,23 70,6
Cd SO4, (Az H4) 2SO4 + 6H2O... 447,4 2,073 215,8 Bromure mercurique .. Hg Br2 362,0 5,92 61,2
Cd SO , K²SO¹ + 6H2O 489,8 2,438 201,0 Bromure de plomb... Pb Br2 370,0 6,63 56,0
Cu SO , (Az H4)2SO4 + 6 H²O .... 399,4 1,931 206,8
Cu SO , K2SO4 + 6 H2O 441,8 2,137 206,6
MgSO4 , Zn SO¹ + 14 H²0 .... 533,0 1,817 293,2 Ici les divergences entre les nombres qui expri-
Mg SO', CaSO + 14H20 . 580,0 1,983 292,4 ment les volumes moléculaires sont telles, qu'il
Aluns. n'est pas permis d'admettre que les molécules des
chlorures et bromures possédant une composition
A12S302 + K2SO4 + 24 H2O..... 919,2 1,722 551,2 analogue occupent le même volume. On voit même
Al2 S3012 + Na2SO4 + 24 H2O .... 916,8 1,641 558,4 que des chlorures et bromures isomorphes tels
Al2 S302 ( Az H¹)2SO4 + 24 H2O 906,8 1,621 559,2 que ceux de potassium et de sodium sont loin de
Cr2 S302 + K2SO +24 H2O ..... 1001,6 1,845 542,8
Cr2 S3012 + (Az H¹ ) ² SO ¹ + 24 H2O 959,2 1,736 552,4 posséder le même volume moléculaire. Tout au
Fe² S³¹² + (Az H¹j² SO¹ + 24 H²0 . 961,0 1,712 562,8 plus pourrait-on dire que quelques chlorures
diatomiques offrent sensiblement un volume mo-
On voit par ce tableau que dans les sulfates et léculaire double de celui des chlorures monoato-
sulfates doubles de la série magnésienne, le zinc, miques. Cela tendrait à prouver qu'un métal dia-
le cobalt, le nickel, le fer, le cadmium, le cuivre, tomique tel que le baryum occupe dans une
peuvent remplacer le magnésium sans donner lieu molécule de chlorure BaCl2 sensiblement un vo-
à un changement sensible du volume de la molé- lume double de celui qu'occupe l'atome d'un métal
cule. On peut en conclure que ces métaux occu- monoatomique tel que le sodium dans une molé-
pent le même volume dans ces combinaisons cule de Na Cl. Si l'on pouvait la considérer comme
isomorphes. Il en est de même pour l'aluminium , démontrée, cette proposition offrirait une certaine
le ferricum, le chrome, dans les aluns. importance.
On a vu par le tableau de la page 475 que ces Mais pour les corps solides, plus encore que
métaux sont loin de présenter le même volume pour les liquides , les données relatives aux VO-
atomique , lorsqu'on les considère à l'état libre. lumes qu'occupent les éléments dans les combi-
Cela est dù sans doute à cette circonstance que, naisons sont approximatives. Ce qu'on peut dire à
dans cet état, ils sont loin d'être comparables, en cet égard de plus général, c'est que le même élé-
ce qui concerne leur état d'agrégation , tandis qu'ils ment occupe le même volume dans des combinai-
sont évidemment dans le même état physique sons semblables . MM. Schroder et Hermann Kopp
dans les combinaisons isomorphes. ont fait voir depuis longtemps que des quantités
Si les molécules des sulfates de magnésium et équivalentes de différents éléments, en se combi-
de zinc , cristallisées avec 7 H2O , occupent le même nant avec la même quantité d'un élément donné,
volume, il est clair qu'une combinaison de ces éprouvent le même accroissement de volume.
deux sels renfermant 14 H2 O doit occuper un vo- Ainsi des quantités équivalentes de métaux, en se
. lume double. Il en est ainsi. Quant aux sulfates
ammoniacaux isomorphes avec les sulfates ren-
fermant du potassium , l'ammonium (formé de goureusement égaux On constate entre ces volumes
5 atomes) occupe un volume un peu plus considé- moléculaires de légères differences dues à des erreurs
rable que le potassium aussi les volumes molé- d'observation ou à d'autres causes qu'on peut assimiler
à des perturbations. La proposition dont il s'agit offre
culaires des sels ammoniacaux dont il s'agit sont- donc un caractère d'approximation qu'on ne saurait
ils invariablement plus forts que ceux des sels | nier . D'après M. Schroder, elle reposerait sur de sim-
potassiques correspondants ( ¹), comme on peut le ples coïncidences et n'offrirait aucune base solide. Cet
voir par le tableau précédent. observateur a cherché à démontrer par de nombreux
exemples [ Poggend. Ann., t. CVI , p. 226, et t. CVII,
p. 113] que l'égalité des volumes moléculaires se ren-
(1) On voit, par cet exemple et par d'autres qui sont contre aussi souvent, sinon plus fréquemment, pour des
consignés dans le tableau précédent, que les volumes substances hétéromorphes que pour des substances isu-
moléculaires des combinaisons isomorphes ne sont pas ri- morphes.
ATROPINE. 480 - ATROPINE.
combinant avec un atome d'oxygène, éprouvent le cipitées par le chlorure platinique ; 3° le chlo-
même accroissement de volume : rure d'or y détermine un précipité blanc qui est
jaune avec l'atropine dans les mêmes conditions
207,4 ou 18 , 11 de plomb [Traite de Pharm . theor. et prat. , t. II, p. 6] .
112 ou 13 0 de cadmium augmentent de 2cc,6 en La belladone (Atropa belladona) et le stramo-
63, 7 Ou 7 , 2 de cuivre s'unissant avec 16 gr.0 nium ou pomme épineuse (Datura stramonium )
65, 2 ou 9 " 2 de zinc sont des plantes herbacées qui appartiennent à la
famille des Solanées. Elles font partie d'un
L'atome d'oxygène occupe donc dans tous ces groupe particulier désigné sous le nom de sola-
oxydes un volume égal à 2,6, et l'on a déterminé ce nées vireuses, remarquables par leurs propriétés
volume en soustrayant du volume atomique des toxiques, et dont le caractère distinctif est de pro-
oxydes celui que les métaux correspondants occu- duire avec une grande énergie la dilatation et
pent à l'état libre. On a donc admis implicite- l'immobilité de la pupille.
ment que dans les oxydes PbO, CdO, CuO , ZnO Un grand nombre de chimistes ont cherché à
les atomes de Pb, Cd , Cu , Zn occupent le mème isoler le principe actif de la belladone . Vauquelin
volume qu'à l'état libre. Cette hypothèse semble a fait connaitre quelques essais analytiques qu'il
justifiée dans ce cas. Elle ne serait pas exacte dans avait entrepris sur cette plante ; plus tard Brandes,
d'autres. On a reconnu, en effet, que les métaux Pauquy, Runge, Tillay, etc., publièrent quelques
alcalins et terreux n'occupent pas dans les combi- travaux sur la belladone, sans avoir pu prouver
naisons le même volume qu'à l'état libre. En l'existence de l'atropine [ Vauquelin , Ann . de
soustrayant du volume moléculaire de leurs chlo- Chim. et de Phys. , t. LXXII , p . 53 ; Ann, der
lures le volume atomique du chlore, M. Hermann Chem . u. Pharm . , t. I , p. 68 ]. En réalité, cet
Kopp a obtenu le volume atomique de ces métaux. alcaloide a été isolé en 1833, et presque simulta-
Il a déterminé, par un procédé analogue, celui nément, par MM. Geiger et Hess, d'une part, et
d'un certain nombre d'autres éléments ou de par M. Mein, pharmacien à Neustadt-Goders, de
groupes d'éléments. Le principe de ces détermina- l'autre, qui l'a obtenu le premier à l'état de pureté
tions a déjà été indiqué : les résultats ne sont pas [Geiger et Hess, Ann. der Chem . u. Pharm., t . VII ,
assez certains pour que nous puissions les men- p. 269; Mein, Ann. der Chim. u. Pharm. , t. VI,
tionner. p. 67 et Journ. de Pharm , t. XX , p. 88].
Notons en terminant les relations curieuses si- Propriétés. L'atropine cristallise en aiguilles
gnalées par MM. Playfair et Joule entre le volume soyeuses de forme prismatique ; elle possède une
moléculaire de certains sels cristallisés et celui de saveur âcre et amère ; à l'état de pureté, elle est
l'eau qu'ils renferment [ Chem. Soc. mem. , t. II, incolore et inodore . Elle fond à 90° ; à 140° elle
p. 477 et t. III, p. 199 ; Quart., Journ. of the se volatilise en se décomposant en partie. Très-
Chem . Soc . , t. I, p . 121 ] . Dans certains sels ri- soluble dans l'alcool ; souvent cette solution se
ches en eau de cristallisation, tels que les arsé- prend en une masse diaphane lorsqu'on l'aban-
niates et les phosphates renfermant 12 molécules donne à une évaporation lente. 1 p. d'atropine se
d'eau, et dans le sel de soude qui en renferme 10 , dissout dans 2 1/2 p. d'alcool froid. L'atropine est
le volume de cette eau supposée solide (à l'état de moins soluble dans l'éther, elle exige pour se dis-
glace ) est égal au volume de la molécule du sel soudre 35 p. d'éther froid, et seulement 6 p.
cristallisé, de telle sorte que les atomes du sel d'éther bouillant. Peu soluble dans l'eau, il en
anhydre paraissent interposés entre les molécules faut 200 p. pour la dissoudre à froid et 54 p .
d'eau sans que le volume de celles-ci soit aug- quand l'eau est bouillante.
menté. Les cristaux d'atropine, abandonnés longtemps
Dans d'autres cas , les relations entre le volume au contact de l'eau et de l'air, éprouvent une
moléculaire du sel cristallisé et celui de l'eau sont transformation singulière : ils disparaissent, la li-
moins simples. Dans les sulfates hydratés de la queur se colore en jaune, et par l'évaporation il
série magnésienne, le borax, le pyrophosphate de se dépose une masse amorphe, incristallisable,
sodium, le sulfate d'aluminium , les aluns, la mo- soluble dans l'eau, répandant à l'air une odeur
lécule du sel cristallisé occupe un volume égal à nauséabonde. L'atropine cependant n'a pas perdu
celui de l'eau solide augmenté de celui de l'oxyde ses propriétés vénéneuses, et la faculté de cristal-
métallique . liser peut lui être facilement rendue : il suffit de
Un autre résultat intéressant est celui- ci : le la combiner avec un acide , d'agiter la solution
volume moléculaire du sucre de canne et celui du avec du charbon animal, puis , après avoir filtré,
sucre de lait sont les mêmes que celui de l'hydro- de précipiter l'atropine par un alcali. On la re-
gène et de l'oxygène qu'ils renferment, en sup- trouve de nouveau avec toutes ses propriétés pri-
posant ces éléments combinés sous forme d'eau mitives.
solide ou de glace . A. W. L'infusion de noix de galle donne, avec la solu-
ATROPINE, C17 H23Az O3. - On donne le nom tion aqueuse d'atropine, un abondant précipité
d'atropine à une substance organique cristallisée, blanc; avec le chlorure de platine, un précipité de
jouissant de propriétés alcalines. couleur isabelle ; avec le chlorure d'or, un précipité
Cet alcaloide, répandu dans les différents organes jaune-citron qui devient peu à peu cristallin , et
de la belladone, dont il représente la partie active , constitue une véritable combinaison du sel d'or
est principalement retiré des racines. avec l'alcaoide. La teinture d'iode donne un pré-
D'après quelques auteurs, le même alcaloide cipité brun-kermès. Le chlore a peu d'action sur
existerait aussi dans le stramonium . Cette opinion cet alcaloide, il se forme un liquide jaunâtre qui
est basée sur les travaux de M. Planta, qui a fait contient beaucoup de chlorhydrate d'atropine.
voir que la daturine, alcali cristallisable retiré L'atropine ramène fortement au bleu le papier
du stramonium par Brandes, puis par MM. Geiger de tournesol rougi par un acide. Elle exerce sur
et Hess, possédait exactement la même compo- l'économie animale une action spéciale : c'est un
sition chimique ainsi que la plupart des carac- poison redoutable.
tères de l'atropine ; de plus elle produit, comme M. Pfeiffer a constaté que l'atropine répand, lors-
cette dernière, la dilatation de la pupille. Cepen- qu'on la brûle , l'odeur de l'acide benzoique ; l'ayant
dant Soubeiran a fait observer avec juste raison soumise à l'action du bichromate de potasse et
qu'on devait plutôt envisager la daturine comme de l'acide sulfurique , il a obtenu de l'hydrure de
un isomère de l'atropine, parce que 1º elle cris- benzoile et de l'acide benzoique sublimé [Ann.
allise plus facilement que cette dernière ; 2º les der Chem. u . Pharm. , t. CXXVIII , p. 273 ; nouv.
solutions aqueuses de ses sels ne sont pas pré- sér., t. LII. - Bull. de la Soc. chim. , nouv. sér. ,
ATROPINE. -- 481 -- ATROPINE.

t. I, p. 198 ( 1864) ; Journ. de Pharm. et de Chim ., de cristallisation , qu'ils reprennent par leur expo-
(3), t. XLV, p. 282) . sition à l'air. Ils se dissolvent dans 42 à 44 p.
Action des bases sur l'atropine. - Par une d'eau à 18º,1 , tandis qu'il en faut 608 p. à 17º,5
ébullition prolongée avec la soude caustique, pour dissoudre le cinnamate de chaux.
l'atropine se dédouble : il se forme un acide qui On obtient l'atropate de chaux en sursaturant
reste uni avec la soude, et une base volatile qui l'acide par un lait de chaux ; on fait passer un
passe à la distillation , et que l'on recueille dans courant d'acide carbonique, on fait bouillir, puis
l'acide chlorhydrique [ Pfeiffer, loc. cit.] . on évapore à siccité. Le résidu est ensuite repris
L'acide forme avec la soude une masse rési- par l'eau bouillante, et la solution , filtrée chaude,
neuse qu'on dissout dans l'eau , on y fait passer évaporée au-dessus de l'acide sulfurique.
un courant d'acide carbonique, la solution est éva- L'atropate de tropine est une masse visqueuse,
porée, et le résidu de l'évaporation est repris par incristallisable, qui ne dilate pas la pupille.
l'alcool. On obtient ainsi un sel de soude ayant L'acide atropique, chauffé avec du chromate de
l'apparence d'une résine jaune. Dissous dans l'eau potasse et de l'acide sulfurique, donne de l'acide
et traité par de l'acide chlorhydrique , l'acide se benzoïque.
sépare sous forme de gouttelettes oléagineuses, La tropine obtenue par distillation est une
cristallisables. Cet acide fond à 98° et se sublime base cristallisable, très-soluble dans l'eau et dans
à 105° ; il est soluble dans l'eau bouillante ; il ré- l'alcool, qui l'abandonnent par l'évaporation sous
pond à la formule C24 H2O5 . Cet acide est accom- forme huileuse. Dissoute dans l'éther anhydre, on
pagné d'une substance résineuse acide, qui est l'obtient par évaporation spontanée à l'état de ta-
probablement le produit de son oxydation. bles incolores fusibles à 61º,2.
La base volatile se combine avec l'acide chlor- La tropine n'attire pas l'acide carbonique de
hydrique, en donnant un sel cristallin formé l'air, elle s'unit aux acides pour former des sels
d'aiguilles groupées concentriquement. La soude qui cristallisent bien. En solution aqueuse, elle
caustique ajoutée à la solution aqueuse en sépare précipite l'oxyde d'argent dans l'azotate, et l'oxyde
de cuivre dans le sulfate ; un excès de réactif ne
la base sous forme de gouttes oléagineuses d'une
odeur ammoniacale et douceâtre. Avec le chlorure redissout pas les oxydes.
de platine, elle donne un précipité résineux ; avec Un mélange de tropine et d'hydrate de baryte
le chlorure d'or, elle paraît former une combinai- donne, par la distillation, des produits de décom-
son soluble. position parmi lesquels on remarque principale-
M. Kraut a fait connaître l'action qu'exerce l'hy- ment l'ammoniaque et la méthylamine.
drate de baryte sur l'atropine : quand on chauffe 1 Le chlorhydrate de tropine forme avec le chlo-
ce mélange à 100° dans des tubes scellés, l'atro- rure de platine un chlorure double
pine se dédouble, il se forme un acide nouveau,
l'acide atropique, et une base nouvelle, la tro- [ (C8H16 Az OCl )2 Pt Cl¹ ],
pine [ Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CXXVIII, qui se présente sous forme de grands cristaux
p. 280 (nouv . sér. , t. LII, 1863), et t . CXXXIII , d'un rouge orangé, appartenant au système cubi-
p. 87 (nouv. sér. , t. VII, 1865), et Bull. dela Soc. que, solubles dans l'eau chaude et insolubles dans
chim., nouv. sér., t. I, p. 199 (1864), et t. IV, l'alcool.
p. 222 (1865) ] . Ces corps s'obtiennent en trai- Avec le bichlorure de mercure, on obtient un
tant par l'acide chlorhydrique la solution précé- sel double cristallisé, peu soluble .
dente, l'acide atropique est mis en liberté et la Avec le chlorure d'or, il se forme un précipité
tropine reste en solution à l'état de chlorhy- jaune qui devient hui.eux dans l'eau chaude, finit
drate : par s'y dissoudre et cristallise par le refroidisse-
ment.
C17 H23Az O3 - C9 H8O2 + C8 H15 Az O. L'iodhydrate de tropine forme avec l'iodure de
Atropine. Acide atropique. Tropine . mercure un composé cristallin peu soluble.
Le picrate de tropine cristallise en belles
L'acide atropique est volatil et cristallise en aiguilles jaunes.
tables appartenant au type clinorhombique. Il est Si l'on met en contact de la tropine et de l'io-
soluble dans l'alcool et peu soluble dans l'eau. dure de méthyle, le mélange se prend bientôt en
Il fond à 106,5 en répandant l'odeur de l'acide masse cristalline blanche : c'est l'iodhydrate d'é-
benzoïque. Il se dissout dans 692,5 p. d'eau à 19º, 1; thyle-tropine C H15 (C²H³) Az O, I. Le chlorhydrate
la formule est exprimée par C9 H8 O2. Les atro- de cette base nouvelle cristallise en aiguilles
pates neutres ne précipitent pas les sels de pro- fines déliquescentes Si on le traite par l'oxyde
toxyde de manganèse. Il est isomère avec l'acide d'argent, on obtient l'éthyle-tropine : c'est une
cinnamique. En effet, cet acide fond de 133° à matière brane, amorphe, non volatile, attirant
137°, ne se dissout que dans 3500 p. d'eau à 17°, l'acide carbonique de l'air, soluble dans l'alcool
et ses sels , même en solution étendue, précipitent absolu, et insoluble dans l'éther.
les protosels de manganèse . Le chloroplatinate d'éthyle-tropine est repré-
L'atropate de potasse cristallise en petites senté par la formule
feuilles brillantes.
L'atropate d'argent donne des cristaux mame- [ (C8 H15 (C² H5) Az O , Cl)2 Pt Cl4].
lonnés.
L'atropate de chaux se présente sous forme de D'après M. Wormley [ Chem. news, juin 1860,
magnifiques cristaux, d'un éclat vitreux, appar- n° 28, t. II, p. 13 , et Répert . de Chim. pure et
tenant au type clinorhombique. Les différences appl., t. II, p . 429 (1860) ] , l'atropine se dissout
qui existent entre ce sel et le cinnamate de chaux sans se colorer dans l'acide nitrique concentré et
chaud . Le chlorure d'étain détermine dans cette
caractérisent parfaitement l'acide atropique. Les
cristaux obtenus en refroidissant une solution solution chaude un précipité blanc, abondant ;
saturée à chaud se présentent sous forme ma- lorsqu'elle est froide, le précipité ne se produit
melonnée , et , vus au microscope, ils offrent des pas.
L'acide sulfurique concentré dissout aussi l'a-
tables allongées, plus petites et plus nettes que tropine, mais en la colorant légèrement en jaune.
celles du cinnamate de chaux. A l'air , ils ne s'ef-
fleurissent qu'au bout de plusieurs semaines ; Une solution d'atropine dans l'acide acétique,
au-dessus de l'acide sulfurique, l'action se produit traitée par les réactifs qui suivent, donne des
précipités dont la couleur peut varier, selon le
immédiatement. Ils renferment 5 molécules d'eau.
Chauffés entre 190° et 200°, ils perdent leur eau degré de concentration de la liqueur.
I - 31
ATROPINE. - 482 - ATROPINE.
1° L'acide acétique fait naître un précipité pendant quelques minutes, puis abandonné au
blanc sale, dans une solution qui ne contient repos. Le chloroforme, tenant en dissolution
que 1/100 d'alcaloide. Au 1/1000 , le précipité l'atropine et une matière verdâtre, se sépare, on
est bleuâtre ; au 1/5000 , il donne encore un trouble le distille, et le résidu repris par de l'eau aci-
sensible. dulée enlève l'atropine en laissantla matière verte ;
2º Le chlorure d'or donne, avec une solution il suffit, pour obtenir l'alcaloide pur et cristallisé,
au 1/100, un précipité jaune ; au 1/1000 , le préci- de traiter cette solution comme ci-dessus .
pité est jaune verdâtre. M. Procter [Wittstein's Vierteljahrs. , t. XI,
3º Le chlorure de platine donne un précipité p. 121 ; Journ. de Chim . appl. , t. IV, p. 364 (1862)
jaune sale ; au delà de 1/500, le précipité ne se et Journ. de Pharm. et de Chim., (3), t. XLIII ,
forme plus . p. 384, 1863] a indiqué aussi un procédé pour
4° L'acide picrique donne un précipité jaune : extraire l'atropine, qui est à peu près la réunion
le précipité est encore apparent dans une so- des deux procédés précédents. Il n'offre aucune
lution au 1/1000 , seulement il est jaune ver- manière d'opérer qui ne soit connue.
dâtre. Sels d'atropine. - L'atropine se dissout géné-
5° Iodure ioduré de potassium. La sensibilité ralement bien dans les acides, mais les sels
de ce réactif est si grande, qu'il peut donner qu'elle forme avec eux ne cristallisent qu'avec
naissance à un léger trouble dans une solution beaucoup de difficulté, et se colorent promptement
qui ne contient qu'un 1/500,000 d'alcaloide ; au à l'air.
1/100 , le précipité est jaunâtre; au 1/1000, il est La potasse, l'ammoniaque, les carbonates ne
brun rougeâtre . précipitent les sels d'atropine qu'en solution très-
6º Le brome dissous dans l'acide bromhydrique concentrée, et l'alcaloide précipité se redissout
donne un précipité jaune clair, qui est encore facilement dans un excès de réactif.
sensible, et prend une apparence verdâtre dans Le tannin ne les précipite que lorsque l'on a
une solution qui ne contient que 1/20,000. préalablement ajouté de l'acide chlorhydrique à
7° La potasse peut précipiter une solution la solution.
d'atropine qui ne contient que 1/100 d'alcaloide. On connaît les sels d'atropine qui suivent :
Du reste, les réactions qui viennent d'être in- L'acétate, C17 H24 Az O3 . C2 H3O2, est un sel bien
diquées ne sont pas spéciales à l'atropine et ne cristallisé : il représente des prismes nacrés grou-
peuvent servir à la caractériser. pés en étoiles , très-solubles dans l'eau. Redissous
Tous les alcaloides naturels (voir ce mot) , à peu à plusieurs reprises , ce sel finit par perdre de
d'exceptions près, donnent des précipités analo- l'acide acétique ; l'air n'a pas d'action sur lui.
gues avec les mêmes réactifs : leur degré de so- L'azotate est une masse sirupeuse déliques-
lubilité dans l'eau fait la principale différence, et cente.
encore ne porte-t-elle que sur des 1/1000 . Le chloraurate , C17 H23 Az O³ HCl . Au Cl³ , se
Préparation. -- L'atropine existe dans toutes présente sous la forme d'une poudre jaune qui finit
les parties de la belladone ; en général on la retire par devenir cristalline, peu soluble dans l'eau.
de la racine. On l'obtient en versant une solution concentrée
Le procédé qui donne les meilleurs résultats de chlorhydrate d'atropine dans une solution
est le suivant : on épuise par de l'alcool concen- étendue de chlorure d'or, en ayant soin d'agiter
tré la racine de belladone grossièrement pulvéri- continuellement pendant le mélange ; on évite
sée, puis la solution filtrée est mélangée avec une ainsi l'agglutination du précipité, ce qui facilite
quantité de chaux éteinte, égale au vingtième du sa cristallisation .
poids de la racine , et agitée fréquemment. Au Le chlorhydrate, C17 H24 Az O³ Cl . D'après M. Gei-
bout de quelques heures de contact, on filtre de ger, ce sel cristallise en aigrettes réunies en fais-
nouveau; la teinture alcoolique est alors saturée ceaux, et inaltérables à l'air. D'après M. de Planta,
par de l'acide sulfurique en léger excès. On sé- ce sel serait incristallisable .
pare par le filtre le sulfate de chaux formé, puis Le chloromercurate ne peut s'obtenir qu'en opé-
on fait évaporer aussi rapidement que possible, à rant avec des solutions très-concentrées.
une très-douce chaleur, les deux tiers de l'alcool. Le chloroplatinate ne cristallise pas ; c'est un
Après refroidissement, on ajoute peu à peu une précipité pulvérulent très- soluble dans l'acide
solution concentrée de carbonate de potasse , jus- chlorhydrique.
qu'à ce que la liqueur soit troublée par un pré- Le picrale est un précipité jaune pulverulent.
cipité (on sépare ainsi une matière résineuse grise Le sulfate, (C17 H24 Az O3)2 . SO ' , est la plus im-
brunâtre qui souille l'atropine et s'opposerait à sa portante des préparations d'atropine ; on l'emploie
cristallisation) . fréquemment en médecine pour certaines affec-
On laisse reposer 24 heures, puis on filtre. La tions des yeux ; aussi doit-on chercher à l'obtenir
solution de carbonate de potasse est alors ajoutée aussi neutre que possible, et d'une pureté par
tant qu'il se forme un précipité. Le lendemain on faite. On y parvient en suivant le procédé indiqué
le recueille sur un filtre, on l'exprime , on le fait par M. Maitre. Il consiste à faire le mélange de
sécher entre des feuilles de papier, puis on l'é- 1 p. d'acide sulfurique et de 10 p. d'alcool à 40º,
puise par de l'alcool à 96° en l'agitant avec du qu'on ajoute goutte à goutte à une solution de
charbon animal jusqu'à ce que la liqueur soit à 10 p. d'atropine dans l'éther pur et sec. Le sul-
peine colorée. On sépare le charbon par le filtre, fate d'atropine, insoluble dans l'éther, se dépose.
et l'on fait évaporer l'alcool en partie. On peut Ce sel cristallise facilement en aiguilles déliées ,
aussi ajouter à la solution alcoolique six fois son incolores et réunies en aigrettes, il est très-soluble
volume d'eau, et abandonner le tout dans un en- dans l'eau et l'alcool.
droit frais et obscur.L'atropine se dépose au bout Le tartrate est une masse sirupeuse qui attire
d'un certain temps sous forme d'aigrettes cristal- un peu l'humidité de l'air.
lines. Le valérianate , C17 H24 AzO3.C HO2 + H2O,
D'autres procédés ont été proposés ; ainsi a été obtenu par M. Callemann [ Compt. rend. de
M. Rabourdin [ Ann. de Chim. et de Phys . , t. XXX, l'Inst. , t. LVII, p . 417 , 1858] . Ce sel bien cristal-
p. 381 ] conseille de prendre la belladone au mo- lisé dérive du système rhomboidal ; les faces des
ment où elle commence à fleurir, et d'en expri- cristaux sont très-brillantes. A 20° ils se ramol-
mer le suc, qu'on chauffe vers 90° pour coaguler lissent, à 32º ils se liquéfient. Ils se colorent à
l'albumine. Quand le suc est froid , on filtre et l'air et à la lumière. Ils sont très-solubles dans
on y ajoute 30 grammes de chloroforme et 4 gram- l'eau, moins dans l'alcool et fort peu dans l'é-
mes de potasse caustique ; le tout est alors agité ther.
AUERBACHITE. 483 AZOLÉIQUE.
L'atropine est un poison violent; elle appartient lie pendant longtemps se trouble par le refroi-
à la classe des narcotiques, et possède à un haut dissement.
degré la propriété de dilater la pupille. A la dose Ces caractères ne sont pas suffisants pour éta-
de 08 , 01, elle détermine déjà chez l'homme tous blir d'une manère certaine l'existence de ce
les caractères des graves accidents provoqués par corps.
les solanées vireuses ; néanmoins, elle est d'un AVENTURINE (Min .). Variété de quartz
fréquent usage en médecine. A l'intérieur, on la compacte renfermant des lamelles de mica qui
prescrit sous forme pilulaire à la dose de 0gr , 005 lui communiquent un éclat scintillant particulier.
à 06 , 002 pour combattre certaines affections ner- Il en existe de jaune, de brun-rougeâtre et de
veuses ; mais c'est surtout à l'extérieur qu'elle verte.
rend de grands services à l'art de guérir, dans le AXINITE (Min. ) [ Syn . Thumite , Yanolite,
traitement des maladies des yeux. Dans ce cas, Schorl violet , Schorl lenticulaire , Romé de l'Isle].
elle est employée à l'état de sulfate neutre en so- Silico-borate d'alumine, de chaux, de fer et de
lution dans l'eau (08,02 pour 10 grammes d'eau manganèse, avec un peu de magnésie et une
environ). trace de potasse. Le fer et probablement le man-
Cependant la belladone, qui doit à l'atropine ganèse sont à l'état de sesquioxyde d'après Ram-
toutes ses propriétés vénéneuses et qui est si melsberg. D'après les analyses de ce chimiste, les
redoutable pour l'homme, jouit d'une innocuité quantités d'oxygène des protoxydes , des sesqui-
complète pour certains animaux ainsi les porcs oxydes, de la silice et de l'acide borique sont entre
mangent impunément sa racine, les limaçons , les elles comme 1,68 : 3 : 6 : 0,82.
moutons, les lapins peuvent se nourrir de ses Cristaux transparents, presque toujours colorés
feuilles sans courir le moindre danger. Il n'en est en brun ou en violet, à arêtes minces et tran-
pas de même des chiens et des oiseaux, qui sont, chantes, d'un éclat vitreux ; en filons avec l'albite,
ainsi que l'homme, empoisonnés par toutes les le quartz , l'épi-
parties de la plante. E. C. dote , etc. Quel-
AUERBACHITE (Min). - Variété de zircon , quefois les cris-
plus riche en silice et probablement altérée. taux sont entière-
AUGITE. Voyez PYROXENE. ment pénétrés de
AURALITE (Min.) . Petites masses ressem- chlorite. Setrouve
blant à la pyrargillité d'Abo, en Finlande. Altéra- aussi en masses
tion de la cordiérite. lamellaires ou
AURICHALCITE (Min .) . - Carbonate hydraté compactes.
de cuivre et de zinc en cristaux aciculaires d'un Caractères. - h
vert clair et d'un éclat nacré. Translucide. Inattaquable par
Dureté, 2. M. G. Rose admet pour les quan- les acides; devient
tités d'oxygène des protoxydes, de l'acide carbo- attaquable après
nique et de l'eau les rapports 5 : 4 : 3. fusion. Au chalu-
AUROPOUDRE (Min. ). - Or natif palladifère meau, fond facile- Fig. 72. - Axinite.
et argentifère en petits grains cristallins, de la ment avec bour-
capitainerie de Perpez (Brésil) . souflement en un
Pd : 10 %; Ag : 4 %. globule vert sombre. Chauffée avec le sulfate
AUROTELLURITE. - Voyez SYLVANITE. acide de potasse et la fluorine , colore la flamme
AUTOMOLITE. — Voyez GAHNITE . en vert. Avec les flux, réactions du fer et du
AUTUNITE (Min .) [ Syn . Uranite (Phillips ), manganèse.
en partie, Urane oxyde, H., en partie, Uranphyl- Dureté, 6,5-7. Poussière blanche.
lite,Uranite, Haussmann, Haidinger].- Phosphate Densité, 3,27-3,3. Pyroélectrique avec deux
hydraté urano-calcique, Ca U2 Ph209, 12 H2O. axes d'électricité. Trichroique. Cassure conchoïde,
Cristaux généralement feuilletés, appartenant Forme cristalline. Prisme anorthique : mt
au type orthorhombique (Des Cloizeaux) , mais = 135° 10', pm = 134° 48' , pt = 115° 30'.
ayant une apparence quadratique ; d'un jaune Clivage à peine sensible : tronquant l'arête aiguë
verdâtre et d'un éclat nacré sur les faces de cli- des faces mt. F. et S.
vage. Dans le granite ou dans la pegmatite. AZADIRINE. — D'après Piddington , la Melia
Caractères. - Soluble dans l'acide azotique , azadirachta, arbre de l'Inde occidentale, renferme
en lui communiquant une teinte jaune. Donne de une base amère qui pourrait servir de succédané
l'eau dans le tube. Au chalumeau , fond en une de la quinine. O. Shaugnessy dit que les diverses
masse noire. Avec le borax, donne un verre jaune parties de l'Azadirachta indica sont très-amères,
dans la flamme extérieure et vert dans la flamme surtout l'écorce, et sont employées avec succès à
intérieure. Bombay comme fébrifuge. La capsule du fruit mûr
Dureté, 1-2. Poussière jaune. contient une huile amère dont on se sert pour
Densité, 3-3,2. frictions externes [Pharm.centralbl., 1844, p. 365 ;
Formecristalline. - Prisme orthorhombique de Geiger's Mag., t. XIX, p. 50].
90°43'. b1 b1-127°32. AZÉLAÏQUE (ACIDE) [ Laurent, Ann. de Chim .
Clivage parallèle à la base(p)très-net. F.etS. et de Phys., t. XVI, p . 172] . L'existence de cet
AVENINE. Substance analogue de la légu- acide est douteuse. Il a été obtenu par Laurent
mine, découverte par Johnston dans l'avoine et dans la préparation de l'acide subérique : on
étudiée par Norton [ Sillim. Americ. Journ. , (2), l'extrait de cet acide au moyen de l'éther. La
t. V, p. 22]. propriété qui les distingue l'un de l'autre est que
L'avoine broyée est mise à digérer pendant 12 les subérates de baryum, strontium et magné-
à 16 heures, dans un endroit frais, avec beau- sium sont insolubles dans l'alcool, tandis que les
coup d'eau ; on filtre et on précipite par un peu azélaïates correspondants y sont solubles.
d'acide acétique. Le précipité lavé est dissous à Analyse. - C: 55,7 ; H: 8,1 ; 0 : 36,2.
50° dans l'ammoniaque très-étendue ; on filtre et AZOBENZIDE. - Voyez BENZINE.
on reprécipite parl'acide acétique. Le précipité est AZOBENZOYLE, AZOBENZOYDINE , AZO.
lavé à l'alcool et à l'éther. L'avénine est jaune, BENZOYLIDE. Voyez HYDRURE DE BENZOYLE.
soluble dans l'eau, non coagulable par la cha- AZOCINNAMYLE. - Voyez CINNAMIQUE.
leur. Elle se distingue de la légumine parce que AZODRACYLIQUE . — Voyez DRACYLIQUE.
l'acide acétique ne la précipite pas immédiate- AZOLEIQUE ( ACIDE) [ Laurent, loc. cit.).
ment, mais peu à peu . La solution aqueuse bouil- (Douteux?) — Laurent l'extrait du résidu huileux
AZOLITHMINE. 484 AZOTE.

que l'on obtient après le traitement nitrique de celui-ci à 30 en dissout Oval,0219, et à 19°, 6,
l'acide oléique. Ovol ,01515. L'alcool en dissout un peu plus, c'est-
Il éthérifie cette huile, distille l'éther obtenu à-dire Ovol, 1263 à 0°. L'indice de réfraction de
et le décompose par la potasse . Il obtient ainsi l'azote , déterminé par M. Jamin , est égal à
un acide insoluble dans l'eau , soluble dans l'acide 1,000507 . C'est un gaz permanent, incolore et
nitrique concentré. inodore ; il est incombustible et incapable d'en-
Analyse. C : 63,68 ; H : 10,71 ; 0 : 25,61 . Il tretenir la respiration et la combustion.
est probablement identique avec l'acide œnanthy- Les affinités de l'azote sont peu énergiques. Il
lique. se combine lentement à l'oxygène , sous l'in-
AZOLITHMINE. Voyez Tournesol. fluence de l'étincelle électrique ; cette combinaison
AZOLITHMIQUE ( ACIDE ) . - Voyez TOURNE- est facilitée par la présence d'un alcali ou de la
SOL. vapeur d'eau. Ces conditions favorisent aussi la
AZONAPHTYLAMINE . - Voyez NAPHTYLA- combinaison des deux gaz sous l'influence des
MINE. corps poreux le phénomène connu sous le nom
AZOPHÉNYLAMINE. Voyez PHENYLAMINE. de nitrification est dù à ces causes combinées.
AZORITE (Min .) [ Syn . Açorite]. - Petits oc- Dans certaines circonstances , l'azote peut se
taèdres quadratiques d'un blanc jaunâtre ou ver- combiner aux éléments de l'eau pour former du
dâtre, dans une roche trachytique des Açores. nitrite d'ammoniaque ; c'est ce qui a lieu , par
D'après M. Hayes, c'est un tantalate de chaux. exemple, lors de l'oxydation du fer à l'air hu-
Caractères. Infusible au chalumeau. Dureté , mide, ainsi que dans une foule de combustions
4-4,5. Angle de l'octaèdre, 123° 15'. lentes ou vives, comme l'a constaté M. Schoen-
AZOTE. - Az 14. Ce nom a été donné par bein.
Lavoisier à la partie non respirable de l'air atmo- L'azote ne se combine pas directement à l'hy-
sphérique, décrite simultanément par Rutherford drogène ; il peut s'unir au carbone, au rouge , lors-
et par Scheele en 1772, sous le nom de moffette que l'on fait intervenir un alcali ou un carbonate
atmosphérique ou de aer mephiticus. Ce gaz a été alcalin ; c'est un cyanure qui prend naissance dans
fréquemment désigné sous le nom de nitrogène, ce cas.
parce qu'il constitue un des éléments du nitre. Eufin l'azote est susceptible de se combiner di-
Berthollet a reconnu sa présence dans l'ammo- rectement, au rouge, avec le bore, le magnésium
niaque et dans l'acide prussique. Il entre dans et le titane.
la constitution d'un grand nombre de matières L'azote, qui est triatomique ou pentatomique.
végétales, et surtout de matières animales . Four- forme le type d'une classe de corps simples, qui
croy avait observé que la vessie natatoire des sont l'azote, le phosphore, l'arsenic, l'antimoine,
carpes renferme du gaz azote pur. auxquels il faut peut-être joindre le bismuth
Etat naturel. -L'azote forme environ les 4/5 de AMMONIAQUE ou AZOTURE D'HYDROGÈNE . -
l'air, d'où il est facile de le séparer de l'oxygène , La combinaison très-importante que forme l'a-
auquel il est mélangé, en absorbant ce dernier par zote avec l'hydrogène est connue sous le nom
ur corps oxydable , tels que le phosphore, le cui- d'ammoniaque, et c'est à ce nom que nous ren-
vre, etc. Pendant longtemps on faisait usage , à cet voyons l'étude de ce composé . Sa formule , qui est
effet, de sulfures alcalins ou terreux, ou de tour- Az H³, montre que, sur deux volumes, il renferme
nure de cuivre humectée d'acide sulfurique. Les 1 volume d'azote et 3 volumes d'hydrogène ; on
moyens les plus fréquemment employés pour ob- voit donc que l'azote a une grande tendance à for-
tenir l'azote sont la combustion vive du phosphore mer des composés triatomiques ; seulement, à cet
sous une cloche remplie d'air et placée sur l'eau, état, toutes les affinités de l'azote ne sont pas satis-
ou l'oxydation du cuivre chauffé au rouge dans un faites et cet élément peut fixer deux atomicités de
tube traversé par un courant d'air; il faut avoir plus pour former des composés pentatomiques.
soin, pour obtenir l'azote pur, de faire passer A l'ammoniaque, comme type de combinaisons,
l'air lentement , et en le privant préalablement, se rattachent les azotures, ainsi que les composés
par des tubes absorbants , de l'acide carbonique haloïdes de l'azote.
qu'il renferme. AZOTURES . L'azote peut se combiner directe-
Préparation. L'azote peut encore être mis en ment à plusieurs corps simples , notamment au
liberté dans une foule de réactions chimiques. bore, au titane, et au magnésium; la combinaison
Ainsi l'ammoniaque traitée par le chlore cède à se fait à la température rouge. Le bore, chauffé au
celui-ci tout son hydrogène en même temps que rouge sombre, brûle dans un courant de deutoxyde
l'azote se dégage. Pour cela on fait passer un cou- d'azote et se convertit en azoture de bore et en
rant de chlore dans une solution d'ammoniaque ; acide borique. Ces azotures sont très-stables.
il faut avoir soin de maintenir toujours l'ammo- Quelques autres azotures métalliques offrent de
niaque en excès , sans quoi le chlore, réagissant même une assez grande stabilité vis-à-vis de la
sur le sel ammoniac formé , donnerait naissance chaleur. On les obtient toujours par l'action de
à du chlorure d'azote , corps éminemment explo- l'ammoniaque sur les oxydes ou sur les chlorures
sible. La même expérience peut être répétée en correspondants. Quelques-uns renferment de l'hy-
petit en mélangeant dans un long tube de verre drogène. Les acides les détruisent, ainsi que la
des solutions de chlore et d'ammoniaque : on voit potasse, en donnant naissance à de l'ammonia-
immédiatement les bulles d'azote se dégager du que. L'azoture de magnésium est décomposé par
sein du mélange. l'eau en donnant de la magnésie et de l'ammo-
Enfin, l'azotite d'ammonium , soumis à l'action niaque :
de la chaleur, se résout en eau et gaz azote :
2 Mg2 Az3 + 21120 = 2 MgO + 2 Az H³.
Az (Az H ) O² == Az² + 2 H2O. Quelques-uns détonent par la chaleur ou par la
Azotite
d'ammoniaque. percussion , notamment l'azoture de mercure que
l'on obtient par l'action du gaz ammoniac sec sur
A défaut d'azotite d'ammoniaque on peut faire l'oxyde de mercure .
usage d'un mélange de chlorure d'ammonium et (Voir, pour chaque azoture, le métal correspon-
d'azotite de potassium. dant.)
Propriétés. - Densité de l'azote par rapport BROMURE D'AZOTE ( Bromide nitreux) , Az Br³ (?) .
à l'air, 0,972, et par rapport à l'hydrogène , 14 Ce composé ne s'obtient ni directement , ni par
[Az22 volumes] . Poids du litre, 15 , 263 . l'action du brome sur l'ammoniaque , à la ma-
L'azote est peu soluble dans l'eau : 1 vol. de nière du chlorure d'azote ; mais, d'après Millon,
AZOTE. 485 - AZOTE.
le chlorure d'azote peut faire la double décompo- du chlorure d'azote. Marchand reconnut que ce
sition avec le bromure de potassium on obtient corps renferme de l'hydrogène ; il en fit l'analyse
ainsi un liquide oléagineux, brun noirâtre, d'une en faisant détoner l'iodure d'azote dans une clo-
odeur fétide, très-irritante. Il est très-volatil ; il che, et, dosant l'iodure d'ammonium formé , les
détone très-facilement. Les acides chlorhydrique résultats auxquels il parvint le conduisirent à la
et bromhydrique , ainsi que l'ammoniaque , le dé- formule AzHI [ Ann. de Chim. et de Phys.,
composent [Ann . de Chim. et de Phys., t. LXIX , t. LXXIII, p. 222] . De son côté, Bineau soumit
p. 75]. aussi ce corps à une série d'analyses basées sur
CHLORURE D'AZOTE, AZ C13 (Chloride nitreux) . l'action qu'exerce l'hydrogène sulfuré , ainsi que
Découvert par Dulong en 1812. Il se forme lors- le sulfite d'ammonium, sur l'iodure d'azote ; il y
que l'on fait passer un courant de chlore gazeux à trouva ainsi deux fois plus d'iode que n'en avait
travers une solution de chlorure d'ammonium ou trouvé Marchand. La formule qu'il adopta fut
d'un autre sel ammoniacal . Pour le préparer, on Az HI [Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXXVII,
remplit de gaz chlore une éprouvette que l'on p. 226] . Plus récemment, Bunsen a fait de nou-
renverse sur une capsule contenant une solution velles recherches pour élucider cette question, et
concentrée de sel ammoniac : le chlore s'absorbe est arrivé à prouver que ce qu'on appelle iodure
peu à peu, la solution monte dans la cloche , et, à d'azote est en réalité une combinaison d'iodure
sa surface, apparaissent des gouttelettes oléagi- d'azote proprement dit et d'ammoniaque :
neuses qui, lorsqu'elles ont acquis une certaine
dimension, tombent au fond de la liqueur. Une Az H³, 13 Az.
température de 30° favorise beaucoup la réaction. Des analyses furent faites en partant de l'action
Un courant électrique produit par 10 éléments de l'acide chlorhydrique sur ce corps, action qui
Bunsen décompose une solution concentrée de sel donne naissance à de l'ammoniaque et à du
ammoniac en produisant du chlorure d'azote ; si chlorure d'iode . Il existe un autre composé ammo-
cette solution est recouverte d'une couche d'es- niacal qui a pour formule Az H³, 4 ϳ Az, et qui
sence de térébenthine , les gouttelettes de chlo- résulte de l'action de l'eau sur le premier :
rure d'azote qui se forment, entraînées à la sur-
face du liquide par le dégagement de gaz qui ac- Az H³, Az 13 + 3 H2O
compagne leur formation , se décomposent dès =
= 2 (Az H³, 4 I³ Az) + 3 (Az H¹)²O
qu'elles rencontrent l'essence, en produisant de
petites détonations. Cette expérience se fait sans [Bunsen, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XXXIX,
danger. p. 74]. De son côté, dans un travail encore plus ré-
Le chlorure d'azote est un liquide oléagineux cent, Stahlschmidt [ Pogg. Ann. , t. CXIX, p. 421 ]
jaune, d'une odeur irritante ; sa densité est de admet que la composition de ce corps varie suivant
1,653. On peut le distiller à 71° et à 96° il détone son mode de préparation . Ainsi , celui que l'on ob-
avec une extrême violence. Les produits de la dé- tient par l'action de l'ammoniaque aqueuse con-
composition sont 3 vol. de chlore et 1 vol. d'a- centrée sur une solution d'iode dans l'alcool ab-
zote . solu a pour composition Az 13 , tandis que celui
Les explosions produites par le chlorure d'azote que l'on obtient en mélangeant des solutions d'iode
sont très-dangereuses, aussi ne faut-il manier ce et d'ammoniaque dans l'alcool absolu est Az H12,
corps qu'avec une extrême prudence : Dulong eut c'est - à- dire qu'il possède la composition assi-
les doigts mutilés et la vue compromise, ainsi que gnée par Marchand à l'iodure d'azote. C'est
Davy, par suite d'explosions semblables. Cette ex- précisément le composé obtenu dans cette der-
plosion peut se faire sans danger en recevant une nière réaction que M. Bunsen avait reconnu être
goutte de chlorure d'azote sur une feuille de pa- Az H³ , Az 13. On voit en définitive que l'accord
pier qu'on approche d'une bougie ; l'explosion est n'est pas établi sur le corps nommé jusqu'à pré-
très-violente lorsqu'on met le chlorure d'azote en sent iodure d'azote.
contact avec une tige de fer chauffé, avec un Préparation . - L'iode absorbe le gaz ammoniac
fragment de phosphore , on avec une goutte et se change en un liquide brun qui , traité parl'eau,
d'huile d'olive ou d'essence de térébenthine . donne une poudre noire (Courtois) . On prépare
Le chlorure d'azote est un peu soluble dans souvent l'iodure d'azote en traitant l'iode pulvérisé
l'eau pure, qui le décompose à la longue en don- par de l'ammoniaque caustique ; après un quart
nant de l'acide chlorhydrique et de l'acide azo- d'heure environ , on filtre et on lave à l'eau la
teux. Les métaux le décomposent en s'emparant poudre noire ainsi obtenue, et on la sèche sur
du chlore et mettant l'azote en liberté. L'acide des doubles de papier en la fractionnant en petites
chlorhydrique décompose le chlorure d'azote , en portions.
produisant de l'ammoniaque et du chlore libre. On obtient aussi ce composé en ajoutant de
L'ammoniaque le décompose également en don- l'ammoniaque à une solution d'iode dans l'eau
nant de l'acide chlorhydrique ( qui s'unit à un régale ou à du chlorure d'iode, et lavant à l'eau
excès d'ammoniaque) et de l'azote libre. Aussi le le précipité noir qui se forme (Mitscherlich) . En-
chlorure d'azote ne se forme-t-il que par l'action fin il se forme en traitant la teinture alcoolique
du chlore sur une solution d'un sel ammoniacal d'iode par l'ammoniaque aqueuse ou alcoolique
neutre. (Serullas, Bunsen , Stahlschmidt) .
Le sulfure de carbone dissout le chlorure Propriétés. -- L'iodure d'azote, comme le chlo-
d'azote sans le décomposer. Les solutions alcalines rure d'azote, détone avec une extrême facilité. Il
étendues, l'hydrogène sulfuré, l'hydrogène arsé- est encore plus instable que le chlorure d'azote
nié, les métaux, les sulfures métalliques, le ni- lorsqu'il est bien sec : le moindre attouchement en
trate d'argent décomposent le chlorure d'azote, provoque l'explosion ; celle-ci a lieu en produisant
mais sans explosion. de la lumière que l'on remarque si l'on opère
Le phosphore, l'hydrogène phosphoré, l'éther, dans l'obscurité. Il est donc impossible de manier
les huiles essentielles, le sélénium, la potasse ce corps une fois qu'il est desséché ; même à l'état
caustique concentrée, l'ammoniaque concentrée, humide, il détone fréquemment. Humide , il se
l'arsenic, le deutoxyde d'azote le décomposent avec décompose peu à peu à l'air, en donnant de l'azote,
explosion. de l'acide iodique et de l'acide iodhydrique. L'eau
IODURE D'AZOTE ( Iodide nitrique). -La com- bouillante , les alcalis , l'acide chlorhydrique, le
position de ce corps a été longtemps discutée. Gay- décomposent très- rapidement . L'hydrogène sul-
Lussac, qui l'a le premier soumis à l'analyse, lui furé, l'acide sulfureux et les sulfites le décompo-
assigne la formule Az 13 , correspondante à celle sent de même.
AZOTE. 486 - AZOTE.

L'iodure d'azote réagit sur l'iodure de méthyle l'oxygène : il en faut conclure que l'oxygène et
[Stahlschmidt, loc. cit. ] en produisant des bases l'azote, en se séparant, produisent un dégage-
particulières. - Voyez METHYLE. ment de charbon ; ce fait a, du reste, été vérifié
directement.
COMPOSÉS OXYGÉNÉS DE L'AZOTE. Le fait saillant de l'histoire de l'oxyde azoteux
est son action sur l'économie ; inspiré dans les
poumons, il provoque une ivresse particulière
L'azote forme avec l'oxygène la série de combi- qui ne laisse pas de suites fâcheuses s'il est pur ;
naisons suivante :
c'est cette propriété qui lui avait valu le nom de
Oxyde azoteux ( protoxyde d'azote ) ... Az O. gaz hilarant. Il se dissout dans le sang , qui
Oxyde azotique ( bioxyde d'azote ) .. AzO. prend alors une teinte purpurine. Sa saveur est
Anhydride azoteux.. Az203, douceâtre et nullement irritante.
Auquel correspond l'acide azoteux ..... AzHO² L'oxyde azoteux se distingue de l'oxygène en ce
(hypothétique). que, mélangé à de l'oxyde azotique, il ne produit
Peroxyde d'azote ( anhydride hypoazo- pas de vapeurs rutilantes.
tique)...... Az O². La chaleur décompose l'oxyde azoteux ; il en
Anhydride azotique .... Az205, est de même des décharges électriques, sous l'in-
Auquel correspond l'acide azotique ... Az HO³. fluence desquelles il se décompose (8 vol . ) en per-
oxyde d'azote (4 vol . ) et azote (6 vol. ) [Andrews et
OXYDE AZOTEUX ( protoxyde d'azote, gaz hila- Tait].
rant). Densité par rapport à l'air, 1,5269 ; par Le potassium brûle dans l'oxyde azoteux , et, si
rapport à l'hydrogène, 22,06. Poids moléculaire,44. l'on mesure le volume du gaz avant et après la
Poids de 1 litre, 18 , 98. Ce gaz fut découvert en combustion , on voit que la quantité d'azote qui
1776 par Priestley, étudié plus tard, en 1800, par reste est égale à la quantité d'oxyde employé. Ôn
H. Davy, puis, en 1823 , par Faraday, qui parvint voit donc que 1 vol. de ce gaz renferme son pro-
à le liquéfier. pre volume de gaz azote. Pour en déduire la quan-
On l'obtient en décomposant le nitrate d'am- tité d'oxygène qui y est unie, il n'y a qu'à retran-
monium par la chaleur : cher de la densité de l'oxyde azoteux celle de
l'azote, et l'on trouve qu'il reste la demi-densité
Az (Az H¹) O³ = 2H2O + Az² 0 ; de l'oxygène :
la décomposition doit être poussée modérément Densité de Az20 (par rapport à H) = 22,06
pour éviter la production d'oxyde azotique et de de Az ..... = 14,02
vapeurs nitreuses. Il se forme aussi par la disso- Demi-densité de O .....
lution du zinc dans l'acide azotique étendu . Cette = 8,04
réaction peut servir à préparer le protoxyde d'azote ;
à cet effet , on fait agir le zinc sur un mélange, On voit que 2 vol . Az2O renferment 2 vol . d'a-
S volumes égaux , d'acides sulfurique et azotique zote et 1 vol. d'oxygène . On peut encore détermi-
concentrés , étendu de 50 volumes d'eau, et en la- ner ces rapports en faisant détoner dans l'eudio-
oant le gaz dans de l'acide sulfurique. La limaille mètre un mélange d'hydrogène et d'oxyde azoteux.
de fer humide mise en présence de l'oxyde azo-
tique enlève à ce dernier de l'oxygène et le con- OXYDE AZOTIQUE (deutoxyde d'azote, oxyde ni-
vertit en oxyde azoteux. trique, gaz nitreux, azotyle, nitrosyle). Densité
L'eau dissout environ son propre volume d'oxyde par rapport à l'air, 1,039 ; par rapport à l'hydro-
azoteux d'après Carius; l'alcool absolu en dis- gène, 15,00 . Poids moléculaire, 30. Poids du
sout 4vol, 178. L'oxyde azoteux n'est pas un gaz litre , 15 , 36.
permanent ; Faraday, le premier, est parvenu à Ce corps, qui est gazeux, s'obtient par l'action
le liquéfier en décomposant par la chaleur le ni- de certains métaux sur l'acide azotique ; c'est gé-
trate d'ammoniaque dans un tube à deux bran- néralement au cuivre que l'on a recours . La dé-
ches, en verre très-épais. A 0° il exige une pres- composition de l'acide azotique, dans ce cas, est
sion de 30 atmosphères pour se liquéfier. représentée par l'équation
L'oxyde azoteux liquide produit, en se volatili- 8 Az HO3 + 3 Cu
sant, un froid considérable ; lorsqu'on opère sa == 3 Az2 CuO6 + 4 H2O + 2 Az O ;
volatilisation dans le vide, le froid produit suffit
pour en congeler une partie. L'oxyde azoteux li- la décomposition s'effectue dans un flacon à deux
quide bout lorsqu'on le place dans un mélange tubulures et l'on recueille ce gaz sur l'eau.
d'acide carbonique et d'éther. Voici, d'après Fa- Ce gaz prend encore naissance dans un grand
raday, les points d'ébullition de ce liquide sous nombre de décompositions des produits d'oxyda-
diverses pressions (Philos. transact. , 1845, p. 172) : tion de l'azote, notamment dans la décomposition
de l'anhydride azoteux par l'eau :
Pressions Points
en atmosphères. d'ébullition . 3 Az203 + H2O = 2 Az H 03 + 4 AzO.
1 ... 87°
3.11 . 620 Enfin , en faisant bouillir du chlorure ferreux
8,71 40° avec un azotate et de l'acide chlorhydrique , il se
19,84 189
33,40 + 12,5 dégage aussi de l'oxyde azotique :
6 FeCl2 + 2 Az K 038 II² Cl
Son coefficient de dilatation entre -5° et + :0 Chlorure
est égal à 0.00428 ; entre + 15° et + 20° il est ferreux.
égal à 0,00872. -
1 vol. à 0° occupe 1vol , 12 à 20º. = 3 Fe2C16 + 2 K C ) + 4 H2O + 2 Az O.
Chlorure
Le gaz oxyde azoteux possède la propriété d'en- ferrique.
tretenir la combustion. Avec son volume d'hydro-
gène, il forme un mélange détonant. Le charbon L'oxyde azotique n'a pas encore pu être liqué-
brúle dans l'oxyde azoteux , et , comme l'ont ob- fié ; il est un peu soluble dans l'eau, qui en dis-
servé MM. Favre et Silbermann [Ann . de Chim. et sout 1/20 de son volume ; l'alcool en dissout en-
de Phys., (3), t. XXXVI, p. 6 ], là chaleur dégagée viron 1/3.
par cette combustion est plus considérable que La propriété caractéristique de l'oxyde azotique
celle que produi la combustion du charbon dans est de s'unir instantanément à l'oxygène libre,
AZOTE. -- 487 -- AZOTE.
en donnant des vapeurs rutilantes de peroxyde l'acide sulfurique , SO . H2 , on obtient une masse
d'azote Az O2. 2 volumes d'oxyde azotique exigent cristalline qui renferme SO . H (Az O) ' . Mais , si
pour cela 1 vol. d'oxygène. l'on ajoute du peroxyde d'azote Az O² à de l'acide
L'oxyde azotique est irrespirable et ses proprié- sulfurique, on obtient un autre composé, dont
tés comburantes sont très-faibles : un charbon la formule est 2.SO (AZO)" + SOH² + H2O,
rouge ou du phosphore allumé continuent cepen- et dans lequel AzO est diatomique. On connaît
dant à y brûler. Le bore , chauffé dans un cou- de même deux chlorures : l'acide chloroazoteux
rant de gaz y brûle avec une belle flamme verte, (AZO) Cl , et l'acide chlorohypoazotique (Az O)" , Cl2,
et les deux éléments de l'oxyde d'azote se portent ainsi que les dérivés bromés correspondants qui
sur le bore, pour donner de l'acide azotique et de ont été étudiés par Landolt, et que nous décri-
l'azoture de bore. Lorsqu'on le dirige sur un char- rons plus bas [J. pr. Chem . , t. LXXXII , p. 50].
bon chauffé au rouge, dans un tube de porcelaine, Weltzien, à qui l'on doit ces considérations ,
il se décompose en donnant de l'azote, de l'oxyde appelle le radical monoatomique de l'anhydride
de carbone et de l'acide carbonique. Il est difficile- azoteux nitroxyle , et le bioxyde d'azote libre et
ment décomposable par la chaleur seule ; ainsi il diatomique nitroxyde ; de même, il nomme nitro-
ne se décompose pas à la température qui décom- dioxyle le radical (Az O²)' de l'acide azotique , et
pose l'oxyde azoteux . Soumis à l'action des dé- nitrodioxyde le radical ( Az O² )", qui est libre et
charges électriques, il éprouve une contraction : qui constitue le peroxyde d'azote. Parmi les com-
8 vol. de bioxyde tendent à se convertir en 4 vol. posés qui renferment du bioxyde d'azote dans leur
de peroxyde d'azote et 2 vol . d'azote [ Andrews et molécule, nous citerons comme les mieux étudiés
Tait, Ann. de Chim. et de Phys., ( 3 ) , t. XLII , les nitroprussiates et les nitrosulfures [ Ann. der
p. 110]. Chem. u. Pharm . , t. CXV, p . 213 ; Ann. de Chim.
Mélangé à de l'hydrogène, il détone dans l'eu- et de Phys., (3) , t. LX, p . 377].
diomètre ; il exige , pour sa décomposition com- Le chlorure de nitrosyle ( acide chlorazoteux,
plète, son propre volume d'hydrogène ; il ren- chloride azoteux ) , Az OCI . - Densité de vapeur par
ferme donc la moitié de son volume d'oxygène ; il rapport à l'hydrogène, 32,75 . S'obtient par union
reste la moitié du volume d'azote. Ces deux gaz directe de 1 vol. de chlore avec 2 vol . d'oxyde
se trouvent donc combinés, dans l'oxyde azotique, azotique. C'est en outre un des produits de dé-
à volumes égaux, sans condensation . En effet, la composition de l'eau régale. Naquet l'a obtenu
densité du bioxyde 15 représente la somme des par l'action du perchlorure de phosphore sur l'a-
demi-densités de l'azote (7) et de l'oxygène (8) . zotate de sodium [ Bull . de la Soc. chim. , 9 mars
Si l'on fait passer un mélange d'oxyde azoti- 1860] . Enfin R. Mueller a observé sa formation ,
que et d'hydrogène sulfuré à travers un tube ainsi que celle du composé Az O2 Cl, dans l'action
rempli de chaux sodé et chauffé vers 200°, tout de l'acide chlorhydrique sur le peroxyde d'azote
l'oxyde azotique se trouve converti en ammc- refroidi à - 22º,
niaque ; cette réaction peut servir à doser l'azote
4 Az O2 + 3 H Cl
des nitrates en présence de matières organiques
[G. Ville , Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . XLVI, = 2 Az OCl + Az O² Cl + Az H O³ + H2O,
p. 314]. et dans l'action du perchlorure de phosphore sur
L'oxyde azotique agit sur l'anhydride sulfuri- le peroxyde d'azote à + 24°, c'est-à-dire à l'état
que en le réduisant : il se forme une combinaison
gazeux, Az O2 + PC15 = Az OCI + CI + PC1³ O.
des anhydrides sulfurique et azoteux ( voir SUL- Le chlorure de nitrosyle est gazeux, il se con-
FATES D'OXYDE AZOTIQUE ), et de l'anhydride sulfu- dense à - -5° en un liquide rouge, dont l'odeur
reux qui se dégage [ Brüning, Ann. der Chem. u. rappelle celle de l'eau régale. L'eau le décom-
Pharm., t. XCVIII, p. 337] . pose, ainsi que les alcalis . On peut envisager ce
Il agit aussi comme réducteur sur l'acide ni-
composé comme de l'acide azoteux, AzO.OH ,
trique, en donnant du peroxyde d'azote, qui reste dans lequel Cl remplace OH.
dissous dans l'excès d'acide nitrique et lui commu- Le chlorure de nitrosyle forme avec l'anhydride
nique des colorations particulières , suivant son sulfurique une combinaison cristallisée
état de concentration . L'acide d'une densité de
1,510 se colore en brun , pour une densité de SO³, Az O CI,
1,410 en jaune, pour une densité de 1,320 en vert
bleuâtre ; si l'acide est d'une densité inférieure, fusible, déliquescente, décomposable par l'eau en
il reste incolore. Cette réaction est représentée acides sulfurique et chlorhydrique , et oxyde azo-
par l'équation tique. Cette combinaison est si avide d'eau, qu'elle
est même décomposée par l'acide sulfurique con-
Az O2 Az HO³ = H2O + 2 AzO². centré [R. Weber, Journ . prakt. Chem . , t. XCIII ,
Oxyde. Acide Anhydre p. 249] .
azotique. azotique. hypoazotique. Bichlorure de nitrosyle ( acide hypochlorazo-
L'oxyde azotique est absorbé par les sels fer- tique), Az OC12. - Ce corps, ainsi que le précédent,
a été en premier lieu observé par Gay-Lussac ; il
reux et forme avec eux, molécule à molécule, des se forme lorsque l'on chauffe à une douce tempé-
combinaisons brunes, peu stables , d'où l'on pent rature un mélange de 3 parties d'acide chlorhy-
dégager l'oxyde d'azote par l'action d'une légère drique et de 1 partie d'acide azotique. On fait
chaleur. Cette propriété est utile pour séparer passer les vapeurs qui se forment dans un tube
l'oxyde azotique des autres gaz [Peligot, Ann. en U refroidi par un mélange réfrigérant , en
de Chim. et de Phys ., t . LIV, p. 17 ] . D'après ayant soin de les faire passer d'abord dans un
M. Lenssen , les sels ferreux ne sont colorés par autre tube refroidi seulement à 0°, pour retenir
AzO qu'avec le concours de l'air. les acides entraînés. La réaction a lieu suivant
L'oxyde azotique peut jouer le rôle de radical, l'équation
et il est tantòt monoatomique, tantôt diatomique.
Ainsi on peut supposer son existence dans l'an- HAz O3 + 3 HCl = Az O Cl2 + 2 H2O + Cl.
hydride azoteux Le bichlorure de nitrosyle est un liquide
Az? O (Az O rouge, fumant, bouillant à -- 7° ; à l'état gazeux ,
(AZO) 0,
-
il est d'un jaune citron. La potasse le décompose
et chaque fois qu'il quitte cet acide pour entrer en donnant du chlorure, de l'azotate et de l'azo-
dans une autre combinaison, il est monoatomique. tite de potassium.
Ainsi, si l'on ajoute de l'anhydride azoteux à de Bromure de nitrosyle (acide bromazoteux, bro-
AZOTE. 488 - AZOTE.

mide azoteux) , Az O Br. - Ce composé s'obtient en line blanche. Le même composé prend probable-
faisant passer de l'oxyde azotique dans du brome ment naissance lorsque l'on traite les cristaux des
frefroidi au-dessous de - 4º ; le brome augmente chambres par de l'acide sulfurique.
de volume et sa couleur se fonce beaucoup. Il Sulfate neutre de nitrosyle, (AzO) ²S O¹. --- Il
bout à - 2º en donnant un gaz rouge brun ; il se forme par l'action du peroxyde d'azote sur
est plus dense que l'eau celle-ci le décompose l'acide sulfurique . Le tout se prend en une masse
à +14°, en en dégageant de l'oxyde azotique : cristalline ; ce composé, étudié déjà par Gay-Lus-
sac, de la Provostaye, Mitscherlich, cristallise en
3 Az O Br + 2 H2O = AzH03 + 2 Az O + H Br. prismes à base carrée, fusibles à 60°. D'après
Mueller, le composé qui prend naissance dans
Il se décompose en partie par l'ébullition ; ses va- cette circonstance est un sulfate de nitrosyle
peurs renferment plus d'oxyde azotique que n'en (Az O) et de nitryle (AzO2) ayant pour composi-
exige la formule AzO Br, tandis que le résidu tion (AZO) (Az O2) SO + H2SO .
renferme un excès de brome, par suite de la for- Enfin Weltzien lui assigne la composition
mation de bibromure Az O Br².
Bibromure de nitrosyle , Az O Brº. - Se forme 2 SO (AZO)" + SO¹ H² + H2O,
dans la distillation du précédent . Il bout à + 46° ; en admettant que le nitrosyle y est diatomique
l'eau le décompose. puisqu'il provient du peroxyde d'azote Az0.0 ; 1.
Tribromure de nitrosyle, Az O Br³.- Ce composé
se forme lorsque le bibromure est soumis à l'ébul- fond; suivant cet auteur, à 73° [Ann. der Chem .
u. Pharm., t. CXV, p. 213].
lition . Il se forme directement lorsque l'on sa-
ture du brome à 5º ou 10° par de l'oxyde azotique, ANHYDRIDE AZOTEUX (acide azoteux ou nitreux)
et distillant le produit de 40° à 55°. C'est un li- Az203. Ce composé a été surtout étudié par
quide brun, d'une densité égale à 2,628 à 22°,6 , Il Dulong, par Peligot, par Fritsche et par Perso..
bout sans décomposition ; l'alcool absolu et [Dulong, Ann. de Chim. et de Phys. , t . II , p. 240 ;
l'éther s'y mélangent sans le décomposer. L'eau Peligot, Ann. de Chim . et de Phys., ( 3), t. I,
le décolore immédiatement ; l'oxyde d'argent le p. 58] . Il se forme, suivant Dulong, lorsque l'on
décompose suivant l'équation fait arriver dans un récipient bien refroidi un mé-
lange de 4 vol. d'oxyde azotique et de 1 vol.
3 Ag20 + 2 Az O Br³ = 6 Ag Br + 2 Az O² + 0. d'oxygène , il se condense alors un liquide très-
Ces bromures prennent aussi naissance dans l'ac- volatil, qui est incolore à - 20°. A la température
tion de l'acide azotique concentré sur le bromure ordinaire il constitue un gaz jaune devenant ruti-
de potassium [ Landolt, Ann. der Chem . u. Pharm ., lant au contact de l'air. D'après Persoz, le com-
t. CXVI, p. 177]. posé obtenu par Dulong renferme de l'acide azo-
DÉRIVÉS SULFuriques de l'oxyde azotique. tique ; pour l'obtenir exempt de ce dernier, il
Anhydro - sulfate de nitrosyle ( cristaux des fait passer un courant d'oxyde azotique dans du
Lorsque l'on peroxyde d'azote refroidi au- dessous de 0°. L'an-
chambres de plomb), (Az O)2S2O7 .
fait agir l'oxyde azotique sur l'anhydride sulfo- hydride hypoazotique devient d'abord vert, puis
rique, on obtient des cristaux identiques à ceux bleu verdâtre ; et, si l'on soumet alors ce liquide
dits des chambres de plomb . H. Rose les envisa- à la distillation dans une atmosphère privée
geait comme SO³ Az O ; d'après Brünning [ Ann. d'oxygène, on obtient un liquide d'un bleu pur,
bouillant à — 2º. ◄
der Chem. u. Pharm. , t. XCVIII, p. 377] , cette
action donne naissance à une quantité d'acide Lorsque l'on ajoute de l'eau à du peroxyde
sulfureux correspondant à la formation d'anhy- d'azote, celui-ci change de couleur : de jaune brun
dride azoteux. La composition brute de ces cris- il devient bleu en se transformant en acide azo-
taux est exprimée par la formule S2 Az209, établie tique et anhydride azoteux :
déjà par de la Provostaye [Ann. de Chim. et de 4 Az O2 + H2O = Az²03 + 2 Az H O³.
Phys , t. LXXIII, p. 362] ; le plus généralement
on les envisage comme une combinaison d'an- L'acide azotique soumis à l'action de l'oxyde
hydrides sulfurique et azoteux, mais on peut azotique donne aussi de l'anhydride azoteux. En
aussi représenter leur composition par la formule distillant le liquide ainsi obtenu , passe des va-
(Az O)2S207 , correspondant à celle de l'acide sul- peurs rouges qui se condensent en un liquide
furique fumant ou acide disulfurique H2S207 ; on bleu, Az2 03, et en un liquide vert, mélange de
peut représenter sa formation par l'équation Az2 03 et de Az O² ; c'est le procédé de Fritzsche.
Enfin on prépare fréquemment l'anhydride
3 S032 AzO = (Az O)2S2O7 + SO2. azoteux, à l'état impur, en attaquant l'acide azo-
Les cristaux des chambres de plomb prennent tique par certaines substances organiques, notam-
ment par l'amidon ; il se dégage un gaz jaune rou-
naissance dans la fabrication de l'acide sulfurique, geâtre, qui est un mélange d'anhydrides azoteux
par l'action de l'acide sulfureux sur les vapeurs et hypoazotique ; la réaction doit être menée avec
rutilantes en l'absence de l'eau :
prudence, car elle se fait quelquefois très-tumul-
2 SO2 + 4 AzO² - S207 (AZO)2+ Az203. tueusement.
L'anhydride azoteux est décomposé par l'eau
Ils sont décomposés énergiquement par l'eau avec dégagement de bioxyde d'azote et formation
en donnant de l'acide sulfurique, de l'acide azo- d'acide azotique,
tique et de l'oxyde azotique. Si l'on n'ajoute que 3 Az203 + H2O = 2 Az H 03 + 4 AzO,
fort peu d'eau, on forme un liquide bleu renfer-
mant de l'anhydride azoteux ; si l'on ajoute plus aussi ne connaît-on pas l'acide azoteux Az HO².
d'eau, il se produit d'abondantes vapeurs nitreu- Cette instabilité de l'anhydride azoteux en fait un
ses. Ces cristaux fondent à 50° en dégageant des agent très-énergique ; il attaque un grand nom-
vapeurs rouges ; et si on les chauffe dans un tube bre de substances qui, dans les mêmes condi-
fermé, ces vapeurs sont de nouveau absorbées par tions, ne sont pas attaquées par l'acide azotique.
le refroidissement et les cristaux se reforment L'anhydride azoteux forme une combinaison
[Rebling Zeitsch. f. Natur., t. XXVII, p. 211 ]. cristallisée avec l'anhydride sulfurique, connue
Sulfate acide de nitrosyle, (AzO) H'S O¹.' sous le nom de cristaux des chambres de plomb
Ce composé s'obtient en dirigeant un courant (voyez PEROXYDE D'AZOTE) . En réagissant sur l'a-
d'anhydride azoteux dans de l'acide sulfurique ride sulfurique SH2O , il forme une masse cris-
ordinaire; celui-ci se prend en une masse cristal- talline SHAZ 05 (voyez OXYDe azotique) .
AZOTE. 489 -- AZOTE.
AZOTITES (nitrites ). Quoique l'on ne connaisse cureuses en donnant du mercure métallique.
pas l'acide azoteux Ajoutés à un sel de protoxyde de fer, ils colo-
rent celui- ci en brun, comme le fait le bioxyde
AzO³H = AzO.OH = 200, d'azote.
Le permanganate de potassium n'a pas d'action
on connaît les composés métalliques correspon- sur les azotites, mais il est décoloré immédiate-
dants. Lorsque l'on traite l'anhydride azoteux par ment si l'on fait intervenir un acide ; cette pro-
un alcali très-concentré, il s'y combine pour priété peut être utilisée pour le dosage des azo-
donner un azotite Az M O2 ; les autres azotites ont tites [Péan de Saint- Gilles, Ann. de Chim. et de
presque tous pour composition M" (AzO2)2 ; tous Phys., (3), t. LV, p. 383].
les azotites sont solubles dans l'eau et cristalli- Les azotites alcalins traités par l'acide sulfureux
sables; quelquefois ils sont colorés en jaune. Ils donnent une série intéressante d'acides étudiés
s'obtiennent dans diverses circonstances : par M. Fremy sous le nom d'acides sulfazotės
1° En soumettant à la chaleur rouge les azotates (voyez ce mot).
de potassium ou de baryum, il se dégage de l'oxy-
gène et il reste de l'azotite de potassium ou de PEROXYDE D'AZOTE (acide hypoazotique ou hy.
baryum que l'on reprend par l'eau bouillante et ponitrique, vapeurs nitreuses ou rutilantes , ni-
que l'on fait cristalliser ; ce dernier peut servir trate d'oxyde nitrique, anhydride hypoazotique,
facilement à obtenir, par double décomposition , hypoazotide), Az02. - Densité à l'état liquide,
les autres azotites; 1,42. Densité de vapeur, 1,72 . Densité par rap-
2º En traitant à l'ébullition une solution d'a- port à l'hydrogène, 24,85 (théoriq. == 23) . Poids
zotate de plomb par du plomb métallique, on ob- moléculaire, 46.
tient un azotite de plomb combiné à de l'oxyde Ce composé, qui a particulièrement été étudié
de plomb, et qui cristallise par le refroidissement. par Dulong, Gay-Lussac, Peligot, Mitscherlich,
Ce sel a pour composition constitue les vapeurs rouges qui prennent nais-
sance quand le bioxyde d'azote rencontre de l'oxy-`
Pb (Az O2)2. Pb H2O2 = 2 Pb HAz O³; gène libre. Si , dans un récipient bien refroidi , on
fait arriver 2 volumes de bioxyde d'azote et 1 vo-
3º En faisant arriver du bioxyde d'azote sur du lume d'oxygène, il se condense un liquide jaune
bioxyde de baryum légèrement chauffé, les deux brun très-volatil et répandant d'abondantes va-
corps se combinent avec élévation de tempéra- peurs rouges.
ture On obtient plus facilement ce composé par la
2 AzO + Ba02 = Ba" (Az O2)2 ; calcination de l'azotate de plomb ; ce dernier sel,
4º Dans un grand nombre d'oxydations lentes qui est anhydre, renferme généralement de l'eau
à l'air humide, on observe la production d'azotite d'interposition dont il faut soigneusement se dé-
d'ammoniaque , sel qui représente de l'azote plus barrasser en le pulvérisant et le calcinant légère-
les éléments de l'eau. Ce sel prend encore nais- ment; ainsi desséché, on le porte peu à peu au
sance dans un grand nombre de circonstances in- rouge dans une cornue de verre ou de porcelaine
téressantes. Kuhlmann a observé sa formation à laquelle s'adapte, à l'aide de mastic, un tube
en faisant passer du gaz ammoniac et de l'air en U refroidi par un mélange de glace et de sel.
sur de la mousse de platine chauffée à 300°. Sui- Le peroxyde d'azote se condense dans le tube en
vant Schoenbein [ Poggend. Ann . , t . C, p . 92] , U en un liquide jaune brunâtre ; s'il était vert ou
cette oxydation a lieu à la température ordinaire bleu, cela indiquerait qu'il s'est formé de l'acide
lorsque l'on porte dans une atmosphère d'oxygène azoteux par suite de la présence d'un peu d'eau.
du noir de platine humecté d'une solution d'am- Si la température du mélange réfrigérant est si-
moniaque ; le cuivre métallique peut agir comme tuée au-dessous de 9º, le peroxyde se condense
en cristaux incolores. La formation de AzO² par
le platine. Cette oxydation se produit d'une ma-
nière très-brillante lorsque l'on fait arriver un l'azotate de plomb est exprimée par
courant rapide d'oxygène dans une solution con-
centrée et chaude d'ammoniaque au-dessus de Pb (Az03)² = 2 Az O² + PbO + 0.
laquelle on dispose un fil de platine roulé en spi- On peut encore obtenir le peroxyde d'azote en
rale et porté à l'incandescence ; le fil de platine distillant de l'acide azotique fumant et arrêtant la
demeure incandescent, et chaque bulle d'oxygène distillation avant que celui-ci ne soit compléte-
qui arrive dans le liquide y produit une vive ment décoloré.
lueur [Kraut, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. Le peroxyde d'azote est un liquide jaune rou-
CXXXVI, p. 69] . geâtre, bouillant à + 22° (Peligot ; à + 28°, Mit-
Enfin , Schoenbein a observé la production scherlich), se solidifiant à -9°. Il est décomposé
d'azotite d'ammoniaque par l'eau et l'air atmos- par une petite quantité d'eau en acide azotique
phérique , sous l'influence de la chaleur ; en fai- et anhydride azoteux qui le colore en vert, puis
sant tomber goutte à goutte de l'eau dans un creu- en bleu ; une plus grande quantité d'eau le dé-
set de platine porté à une température telle que compose en acide azotique qui reste et bioxyde
l'eau se vaporise immédiatement sans prendre d'azote qui se dégage avec effervescence :
l'état sphéroïdal, et en condensant cette vapeur, il
a constaté, dans cette vapeur condensée, la pré- 3 Az O2 + H2O = AzO + 2 Az HO³.
sence d'azotite d'ammoniaque [ Ann . der Chem. u. Les bases le transforment en azotates et azo-
Pharm., t. CXXIV, p. 1]. tites :
Les azotites sont tous décomposés par les acides ;
l'anhydride azoteux est mis en liberté, mais s'il y 2 Az022 KHO = AzK02 + AzK O3 + H2O.
a de l'eau en présence, il se décompose en don- " Azotite. Azotate.
nant de l'acide nitrique et un dégagement de bi-
oxyde d'azote. Lorsque l'on fait passer les vapeurs nitreuses
Les solutions des azotites sont décomposées par sur de la baryte chauffée vers 200°, la réaction a
l'hydrogène sulfuré, avec dépôt de soufre et for- lieu avec incandescence.
mation d'ammoniaque. Elles décomposent l'io- Le peroxyde d'azote est un oxydant énergique
dure de potassium lorsque l'on fait intervenir qui est décomposé par tous les corps réducteurs,
un acide ; elles décolorent rapidement le sulfate H2S, HI, etc. Il est très-corrosif, détruit la peau
d'indigo ; ces dernières réactions sont très-sen- en la colorant en jaune ; ses vapeurs produisent
sibles. Les azotites réduisent les solutions mer- sur les organes de la respiration une inflamma-
AZOTE. 490 AZOTE .

tion très-vive, et peuvent même provoquer la nière de l'envisager ne rend guère compte de ses
mort. réactions.
L'action de l'acide sulfureux sur le peroxyde Chlorure hypoazotique (chlorure de nitryle ou
d'azote est très-remarquable ; lorsque l'on mé- d'azotyle) Az O2. Cl. Se forme par l'action de
lange ces deux corps à l'état liquide dans un tube l'oxychlorure de phosphore sur l'azotate de plomb
bien refroidi , on obtient des cristaux incolores et et par l'action de la monochlorhydrine sulfurique
un liquide bleu ; ce dernier est de l'anhydride sur l'azotate de potassium, suivant les équa-
azoteux. Quant aux cristaux, on les envisage tions :
comme une combinaison d'anhydrides sulfurique
et azoteux [ La Provostaye, Ann . de Chim . et de 3 Pb (Az O3) 2 + 2 PC130 = Pb³ (PO¹ )² + 6 Az O² CI
Phys., t. LXXIII , p. 362]. et KAZ03 HCI SO³ = KHSO¹ + Az O2CI.
Ces cristaux prennent naissance dans la fabri-
cation de l'acide sulfurique, c'est pourquoi on les Il prend probablement aussi naissance par l'ac-
désigne généralement sous le nom de cristaux tion du perchlorure de phosphore sur l'acide azo-
des chambres de plomb . - - Voyez OXYDE AZOTIQUE tique [ H. Schiff, Ann. der Chem. u . Pharm. , t. CII,
(DÉRIVÉS SULFUriques de l'). p. 111) .
Le peroxyde d'azote joue, dans un grand nom- | R. Mueller l'a obtenu par l'action de l'acide
bre de cas, le rôle de radical monoatomique, se chlorhydrique sur les cristaux d'anhydride hypo-
substituant facilement atome pour atome à l'hy- azotique à 22° [Ann. der Chem. u. Pharm .,
drogène des combinaisons organiques. Ce corps t. CXXIII, p. 1 ] . Il est presque incolore, bout à
peut s'unir directement aux hydrocarbures, par + 5º. Densité , 1,32. - L'eau le décompose en
exemple à l'amylène, comme l'a fait voir M. Guth- acides chlorhydrique et azotique.
-
rie, à la façon du chlore. Voyez AMYLENE. Le chlorure de nitryle forme avec quelques
Composition et constitution . - Le cuivre chauffé chlorures métalliques (stannique, titanique, fer-
au rouge décompose les vapeurs hypoazotiques en rique, aluminique ) des composés cristallins vo-
se transformant en oxyde de cuivre, en même latils; la combinaison stannique a pour composi-
temps que de l'azote devient libre ; cette réaction tion Sn Cl + 2 Az O2, Cl ; et la combinaison
a servi à établir la composition du peroxyde d'a- aluminique, Al2C16 + 2 Az O2 Cl [ Hampe, Ann. der
zote. 2 vol . de ce corps fournissent 1 vol. d'azote Chem . u. Pharm. , t . CXXVI , p . 43, et Weber,
et 2 vol. d'oxygène qui reste uni au cuivre. On Poggend. Ann. , t. CXVIII, p. 479].
voit, en outre, que la densité de vapeur de ce
composé, 24,85 (par rapport à l'hydrogène), re- ANHYDRIDE AZOTIQUE (acide azotique anhydre),
présente la demi-densité de l'azote, 7, plus la
densité de l'oxygène, 16 ; le poids moléculaire, qui Az205 == Az O2 ) 0 .
est double de la densité, est donc égal 49,70, Az O2
nombre assez rapproché de 46 qui est le poids
moléculaire représenté par la formule Az0º. Ce composé a été découvert par M. H. Deville
Berzelius envisageait ce composé comme de l'a- [Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . XXVIII, p. 241 ] ,
zotate de deutoxyde azotique (nitrate d'oxyde ni- en faisant agir le chlore sec sur l'azotate d'argent
trique); on le considère souvent comme représen- sec. Voici comment il faut opérer dans un tube
tant une combinaison d'anhydrides azoteux et en U, chauffé à 50° ou 60° et rempli d'azotate
azotique, à cause de la décomposition que lui font d'argent desséché préalablement à 180° dans un
subir les bases. courant d'acide carbonique sec, on fait arriver un
La formule Az O2 et la densité de vapeur 23 courant très-lent de chlore parfaitement pur et
sont celles de l'anhydride hypoazotique à l'état sec. Pour commencer la réaction, il faut porter le
gazeux. R. Mueller [ Ann. der Chem. u . Pharm . , bain dans lequel se trouve le tube en U à la tem-
t . CXXII, p. 1 ], a trouvé que sa densité, prise à pérature de 95° , puis, quand la réaction est éta-
+ 70°, se rapproche de cette densité théorique, blie, on laisse la température s'abaisser à 50° on
tandis qu'en prenant sa densité à une basse tem- 60° où elle doit rester stationnaire . Le chlore est
pérature , on obtient un nombre se rapprochant renfermé dans un grand ballon de 24 litres et dé-
du double de la densité théorique, c'est-à-dire se placé par de l'acide sulfurique qui y tombe goutte
rapportant à la formule Az² O¹ . Cette circonstance, à goutte, de manière à déplacer 2 1/2 litres par
jointe à l'action des oxydes sur l'anhydride hypo- vingt-quatre heures. Le tube en U est suivi d'un
azotique , permet d'envisager ce composé comme autre tube en U, très-large, plongé dans un mé-
un anhydride azoteux-azotique lange réfrigérant maintenu à 21 ° et qui sert à con-
denser l'anhydride azotique formé. La réaction
Az O2) s'annonce par l'apparition de vapeurs rouges, et
Az O 0. bientôt il se dépose des cristaux dans le second
tube en U. Ces cristaux sont souvent volumineux
Playfer et Wanklyn sont arrivés au même ré- et sont des prismes droits à base rhombe ou des
sultat que R. Mueller, quant à sa densité de va- prismes à 6 pans qui en dérivent. Ils fondent à
peur [ Proced. R. Soc. of Edimb . , t. IV, p. 395] . 29° ou 30° ; à 45° ou 50° l'anhydride azotique
MM. H. Deville et Troost ont repris plus ré- entre en ébullition en se décomposant en par-
cemment cette détermination et sont arrivés aux tie.
nombres suivants : L'iode, en agissant sur l'azotate d'argent, ne
Densité de vapeur du peroxyde d'azote, par rap- donne pas d'anhydride azotique ; il se forme de
port à l'air : l'iodate d'argent et du peroxyde d'azote :
à 26° 7 2,65 à 90° : 1,72
à 35°4 2,53 à 100° 1 1,68 3 AgAz 03 +31 = 3 Az O² + Ag10³ + 2 Ag1
à 39° 8 : 2,46 à 1113 1,65
à 49° 6 : 2,27 à 121° 5 1,62 [Weltzien, Ann. de Chim , et de Phys ., (3), t. LX,
à 60° 2 : 2,08 à 135°0 1,60 p. 377].
à 70°0 : 1,02 à 151° 0 1,58 L'eau se combine à l'anhydride azotique avec
à 80° 6 : 1,80 à 183°2 : 1,57
production de chaleur. Le gaz ammoniac sec le
décompose en produisant des vapeurs nitreuses
[Compt. rend., t. LXIV, p. 240 ( 1867) . ] et de l'azotate d'ammoniaque ; néanmoins, lorsque
Le peroxyde d'azote représente encore l'oxyde de l'arrivée du gaz ammoniac est très-lente, on n'ob-
nitrosyle (diatomique) (AzO)" O ; mais cette ma- serve pas de vapeurs nitreuses.
1
AZOTE. - 491 AZOTE.
L'anhydride azotique attaque rapidement toutes d'ammoniaque, peut-être aussi par la porosité du
les matières organiques : aussi faut-il dans sa pré- peroxyde de manganèse. D'après Kuhlmann , le
paration en éviter la présence et avoir soin que peroxyde de fer provoque l'oxydation de l'ammo-
toutes les parties de l'appareil soient ou soudées niaque.
ou réunies entre elles par des pièces usées à En faisant passer un courant d'ammoniaque et
l'émeri. d'oxygène ou d'air sur de la mousse de platine
L'analyse de l'anhydride azotique a été faite en (Kuhlmann) ou sur de la chaux ou de la potasse
amenant ses vapeurs sur du cuivre chauffé au (Dumas), on observe facilement qu'il y a nitrifi-
rouge, et mesurant exactement l'azote qui se dé- cation . L'ammoniaque s'oxyde aussi sous l'in-
gage dans cette réaction. fluence du permanganate de potasse (Cloěz et
Guignet).
ACIDE AZOTIQUE (acide nitrique, eau forte), Les matières organiques azotées donnent nais-
sance à de l'acide azotique dans les mêmes cir-
Az O². OH - Az OH² 0. constances que l'ammoniaque.
Az H 03 Les combustions vives ou lentes en présence
de l'azote provoquent par entrainement l'oxyda-
Densité de vapeur théor., par rapport à l'air, tion de ce dernier. Ainsi Lavoisier, Cavendish , et
2,180 ; par rapport à l'hydrogène, 31,5. Poids plus tard Berzelius et de Saussure, cnt fait voir
moléculaire, 63. que la combustion de l'hydrogène à l'air donne
Densité liquide, 1,520 à 16º. naissance à de l'acide azotique. Boussingault a
Bout à 86°. Se congèle à -- 49°. observé sa formation dans la combustion du char-
Historique. - L'acide azotique est connu de- bon à l'air et dans la combustion lente des ma-
puis très-longtemps ; la première mention en est tières organiques. La combustion lente du phos-
faite par Geber, alchimiste arabe, au 1x siècle. phore à l'air humide donne lieu au même phéno-
Plus tard, au XIe siècle, Albert le Grand en dé- mène (Schoenbein) . D'après les recherches de
crit la préparation par la calcination du nitre avec Bence-Jones, il se forme constamment de l'acide
de l'alun calciné et du vitriol romain, et le nomme nitrique dans l'économie animale, soit par la com-
eau prime, l'eau seconde étant un mélange d'eau bustion des matières organiques azotées, soit par
prime et de sel ammoniac, c'est-à - dire une sorte celle de l'azote même qui pénètre avec l'oxygène
d'eau régale. Vers la même époque, Raymond dans la circulation [ Ann . de Chim . et de Phys.,
Lulle le préparait, sous le nom d'eau forte, qui (3) , t. XXXV, p. 175].
s'est maintenu jusqu'à nos jours, par la calcina- Préparation. - On prépare toujours l'acide azo-
tion du nitre avec de l'argile. Mais ce ne fut que tique dans les laboratoires par l'action de l'acide
beaucoup plus tard, en 1784, que Cavendish fit sulfurique sur l'azotate de potassium ou de so-
connaitre la véritable nature de l'acide azotique dium.
dont la composition a été rigoureusement établie La réaction se passe entre 1 molécule d'acide
en 1816 par Gay-Lussac. sulfurique ( 98 p. ) et 1 molécule d'azotate de po-
Circonstances de sa production . - Le mode de tassium (101 p.) ou de sodium (85 p. ) .
production le plus simple de l'acide azotique est Théoriquemeut, 1 molécule d'acide sulfurique
sa synthèse directe au moyen des éléments de SH2O doit décomposer 2 molécules d'azotate
l'air, azote, oxygène et vapeur d'eau. En général , Az KO³, pour donner 1 molécule de sulfate neutre
l'acide azotique ne se produit pas à l'état de li- S Na O ; mais comme à la température à laquelle
berté; s'il ne se produit pas en présence d'une on opère c'est du sulfate acide SHNaO qui
base puissante, commela potasse ou la chaux ,l'acide prend naissance , il ne faut employer que 1 mo-
azotique se produit généralement à l'état d'azotate lécule d'azotate ; le sulfate acide de potassium ou
d'ammonium . Cavendish, le premier, a fait voir de sodium peut décomposer, il est vrai, une au-
que le passage d'une série d'étincelles électriques tre molécule d'azotate, mais ce n'est qu'à une tem-
au travers de l'air en présence d'une liqueur alca- pérature à laquelle l'acide azotiqne se décompose
line donne naissance à un azotate. Les pluies en grande partie. L'opération se fait dans une
d'orage renferment presque toujours de l'azotate cornue de verre dont le col s'engage dans un ré-
d'ammonium dû à une synthèse provoquée par cipient refroidi par un courant d'eau froide ; il
l'électricité atmosphérique. Davy a reconnu la faut éviter l'emploi des bouchons de liége qui se-
formation d'acide azotique dans l'électrolyse de raient rapidement détruits.
l'eau tenant de l'air en dissolution ; l'acide se Lorsqu'on chauffe le mélange d'azotate et d'a-
porte au pôle positif. Lorsque l'on fait passer l'é- cide, la cornue et le récipient se remplissent d'a-
tincelle de l'appareil de Ruhmkorff dans de l'air, bord de vapeurs rutilantes, parce que les premiè-
on observe presque immédiatement la formation res portions d'acide azotique sont décomposées
de vapeurs nitreuses. Suivant Schoenbein , c'est à par l'acide sulfurique non encore transformé en
l'ozone produit dans ces circonstances qu'est due sulfate acide de sodium. Vers la fin de l'opéra-
la production de l'acide azotique [Journ. prakt. tion, de nouvelles vapeurs apparaissent par suite
Chem., t . LXXXIV, p . 193 ] . de l'élévation de la température. Si dans cette
Une autre cause très-remarquable provoque en- opération l'acide sulfurique est au maximum de
core la nitrification ( voyez ce mot ) de l'azote de concentration , l'acide azotique obtenu est lui-
l'air, c'est la présence des corps poreux. Ainsi même aussi concentré que possible ; il est alors
Cloëz a observé la formation d'azotates en fai- très-fumant et presque toujours coloré en jaune
sant passer de l'air sur une substance poreuse, ou en jaune rougeâtre à cause de la présence du
pierre ponce ou craie, imprégnée d'une solution peroxyde d'azote. Cet acide contient généralement
alcaline. de petites quantités d'acide chlorhydrique (prove-
L'ammoniaque, dans un grand nombre de cir- nant des chlorures renfermés dans l'azotate em-
constances, donne lieu à la production d'acide ployé) et de l'acide sulfurique entraîné dans la
azotique. Guyton de Morveau fit voir le premier distillation . Pour le purifier, on le soumet à la
cette transformation en faisant passer du gaz am- distillation avec de l'azotate de baryum et de l'a-
moniac humide sur du peroxyde de manganèse zotate d'argent, ou simplement avec de l'azotate
chauffé au rouge sombre . Il est à remarquer de plomb. Si l'acide n'est pas au maximum de
que ce peroxyde renferme presque toujours de concentration , on le soumet à une nouvelle dis-
1/500 à 1/1000 d'acide azotique ( Boussingault, tillation avec de l'acide sulfurique. Enfin , pour
Deville et Debray) , et il est probable que sa pré- décolorer l'acide ainsi obtenu, on y fait passer un
sence y est provoquée par une combustion lente courant de gaz acide carbonique sec qui enlève
AZOTE. -- 492 - AZOTE.
mécaniquement les vapeurs nitreuses qu'il tient Peu de corps simples résistent à son action . II
en dissolution et qui le colorent. entretient avec vivacité la combustion d'un char-
Lorsque l'on distille l'acide azotique fumant bon incandescent qu'on présente à sa surface.
et coloré, on obtient deux couches : la couche L'hydrogène décompose l'acide azotique sous l'in-
inférieure est formée de peroxyde d'azote, et fluence de la chaleur. Lorsque l'on fait passer de
la couche supérieure d'acide azotique; lorsque l'hydrogène mélangé de vapeurs d'acide nitrique
l'on ajoute une petite quantité d'eau au pro- sur de la mousse de platine chauffée au rouge , il se
duit distillé, il se colore en bleu ou en vert ; produit de l'ammoniaque ( Kuhlmann ). Le phos-
si l'on ajoute plus d'eau, la liqueur est inco- phore, l'arsenic, l'iode, le soufre, le sélénium , le
lore. tellure, le silicium , le bore, décomposent l'acide
(Voir plus loin la fabrication industrielle de azotique en produisant les acides phosphorique,
l'acide azotique .) arsénique, iodique, sulfurique, sélénique , tellu-
Propriétés. - L'acide azotique le plus con- rique, silicique, borique.
centré possible est désigné souvent par les noms Les composés oxydés inférieurs de ces corps
d'acide fumant ou d'acide monohydraté, parce sont amenés par l'acide azotique au même degré
que, d'après la théorie des équivalents, il ne d'oxydation ; néanmoins, l'acide sulfureux n'est
renferme les éléments que d'un seul équivalent transformé que très-lentement en acide sulfurique
d'eau. par l'acide azotique pur , c'est-à-dire exempt de
Cet acide est incolore lorsqu'il est parfaitement peroxyde d'azote.
pur. Il répand à l'air d'épaisses fumées blanches L'hydrogène sulfuré n'agit de même qu'avec
ou jaunâtres. Sa densité est égale à 1,520.- Re- lenteur sur l'acide azotique pur ; mais, dès que
froidi à 49° (à -55° suivant quelques auteurs), l'action est commencée, elle se poursuit avec
il se prend en une masse butyreuse cristalline. énergie par suite de la production du peroxyde
Il bout à 86°, et cette température suffit déjà pour d'azote.
en décomposer une petite portion; aussi voit-on Le deutoxyde d'azote agit sur l'acide azotique
toujours apparaître des vapeurs colorées. Lorsque en le décomposant; il se forme du peroxyde d'a-
l'on dirige les vapeurs d'acide azotique à travers zote qui colore l'acide en brun ; si l'acide est
un tube chauffé au rouge, elles se décomposent moins concentré, il se colore en bleu ou en vert
en eau, oxygène et peroxyde d'azote ; à la tempé- par suite de la formation d'acide azoteux, ou, s'il
rature blanche, on n'observe plus que de l'eau, est trop étendu, il reste incolore.
de l'azote et de l'oxygène. La lumière décompose L'acide iodhydrique et les iodures sont décom-
aussi l'acide azotique, en donnant naissance à du posés par l'acide azotique en produisant de l'iode
peroxyde d'azote qui reste dissous ; aussi de l'a- libre et du deutoxyde d'azote. L'acide chlorhy-
cide azotique, pur exposé à la lumière, se colore- drique agit d'une manière particulière (voir plus
t-il rapidement. Cette action est d'autant plus loin) .
rapide que l'acide est plus concentré ; un acide Action des métaux. - Tous les métaux, sauf
d'une densité égale à 1,30 n'est plus coloré par la le titane, le tantale, l'or, le platine et quelques-
lumière. uns de ceux qui accompagnent ce dernier, dé-
Lorsque l'on mélange l'acide AzHO³ avec de composent l'acide azotique, mais dans des condi-
l'eau, il y a élévation de température et forma- tions assez variables de concentration ; en général,
tion d'un hydrate défini qui a pour composition la présence de peroxyde d'azote ou d'acide azo-
2 Az H 033 H2O ( acide dit à 4 équivalents teux facilite beaucoup l'oxydation du métal. Les
d'eau) . Cet hydrate est parfaitement incolore. Sa produits de décomposition de l'acide azotique
densité est égale à 1,42 ; il bout d'une manière sont généralement du deutoxyde d'azote ; dans
constante à 123°, d'après Dalton , à 125-128° d'a- certaines circonstances il y a production de pro-
près Millon, sous la pression normale. toxyde d'azote et même d'azote libre.
Lorsque l'on soumet à la distillation un acide L'acide azotique pur et concentré, placé dans
azotique d'une densité quelconque, il arrive tou- un mélange réfrigérant , est attaqué par le zinc,
jours un moment où latempérature atteint123ºetoù mais pas par le cuivre. Un acide d'une densité de
cet hydrate passe à la distillation ; si l'on soumet 1,10 n'est décomposé par ce dernier qu'à la tem-
à la distillation un acide d'une densité plus forte, pérature de + 20°, mais l'addition d'acide azoteux
il passe d'abord de l'acide très-concentré, une ou d'un azotite facilite l'action qui se produit alors
partie même se décompose, et lorsque la tempé- déjà à + 15°.
rature a atteint 123º, le liquide qui passe et celui L'argent et le mercure ne sont attaqués par
qui reste ont la même densité ; lorsque l'on dis- l'acide azotique pur de 1,42 de densité qu'avec
tille un acide plus faible, il passe d'abord de l'eau l'aide de la chaleur ou par l'addition d'un azo-
avec plus ou moins d'acide, jusqu'à ce que la tite.
température atteigne 123°. D'après les expérien- L'action du fer sur l'acide azotique est très-re-
ces de Roscoe [ Chem. Soc. quart. Journ . , t. XIII, marquable ; ce métal est oxydé très-énergique-
p. 146], l'acide qui passe en dernier dans la dis- ment par l'acide de 1,42 de densité, mais l'acide
tillation d'un acide azotique quelconque , à la normal AzH O ne l'attaque pas, même lorsqu'il
pression ordinaire, bout à 120°, a une densité est très-coloré ; si l'on plonge une lame de fer
égale à 1,414 et renferme 68 % d'acide AzHO³ bien décapée dans de l'acide normal et si, après
(l'hydrate 2 Az HO3 + 3 H2O en exige 70 % ) ; si l'y avoir laissée séjourner quelques instants, on
l'on fait varier la pression , la composition du la plonge dans l'hydrate de 1,42 de densité,
résidu varie : ainsi , pour une pression de 70mm l'attaque n'a plus lieu, mais elle se produit in-
il ne renferme que 66,7 % d'acide Az HO³, stantanément et avec une grande énergie si l'on
et pour une pression de 1220mm il en renferme touche la lame de fer avec un métal plus électro-
68,6 %. négatif, cuivre, argent ou platie ; ce phéno-
On a encore signalé l'existence de deux autres mène est connu sous le nom de passivité du fer.
hydrates : On l'a expliqué en admettant que, dans l'acide
normal, le fer se recouvre d'une couche d'oxyde
2 Az HO3 + H2O, bouillant à 121º (D = 1,484) ; qui le préserve de l'attaque dans un acide plus
4 AzHO37 H2O, bouillant à 125° (D == 1,405) . faible.
Le zinc, le fer, l'étain , en décomposant l'acide
L'acide azotique est un des agents oxydants les azotique, donnent naissance à des quantités plus
plus énergiques , surtout celui qui renferme du ou moins grandes d'ammoniaque qui reste unie à
peroxyde d'azote, c'est-à-dire qui est très-coloré. de l'acide azotique et dont la formation s'explique,
AZOTE. — 493 - AZOTE.
abstraction faite de la production du deutoxyde ment sur 2 atomes d'hydrogène. Voyez NITRÉS
d'azote , par l'équation (CORPS).
9 HAZO3Zn Souvent l'action de l'acide nitrique est beaucoup
= 4 Zn (Az O3)2 + 3H2O + Az H³. plus profonde ; ainsi tous les corps dits hydrocar-
bonés, sucres, cellulose , amidon , etc. , donnent
L'acide azotique étendu, traité par de l'amal- comme produit ultime de l'acide oxalique.
game de sodium donne de même de l'ammonia- Les matières animales sont profondément al-
que. On peut donc admettre que le métal agit térées par l'acide azotique ; les tissus sont
en partie en déplaçant l'hydrogène de l'acide azo- d'abord colorés en jaune, puis rapidement désor-
tique et que cet hydrogène à l'état naissant agit ganisés ; aussi l'acide azotique est-il un poison
sur l'acide. violent.
Le zinc et l'étain agissent sur l'acide azotique Fabrication de l'acide azotique. Les prin-
très-étendu en donnant du protoxyde d'azote. cipes sur lesquels est basée la fabrication de
Lorsqu'on dissout à chaud certains métaux, par l'acide azotique sont les mêmes que pour sa pré-
exemple le cuivre, dans de l'acide concentré, le paration dans les laboratoires; c'est par la décom-
bioxyde d'azote qui se forme est mélangé de gaz position des azotates de potassium ou de sodium
azote. par l'acide sulfurique qu'est obtenu tout l'acide
Action sur l'acide chlorhydrique. - Eau ré- azotique employé dans les arts. L'azotate de so-
gale. - Un mélange d'acide chlorhydrique et dium, que l'on trouve en bancs considérables le
d'acide azotique a la propriété de dissoudre l'or, long des côtes du Chili , a sur l'azotate de potas-
c'est ce qui a fait donner à ce mélange le nom 1 sium ou salpêtre le double avantage d'être d'un
d'eau régale. Ce mélange, qui, au premier mo- prix inférieur et de fournir pour un même poids
ment, est incolore, devient peu à peu d'un jaune une quantité plus considérable d'acide ; ainsi,
orange, surtout par la chaleur, et il se forme de tandis que 100 p. de salpêtre peuvent fournir
l'eau, du chlore, du protochlorure de nitrosyle 62,37 d'acide au maximum de concentration, ou
ou acide chlorazoteux Az OCI et surtout du bi- 89,10 d'acide à 1,42, ou 100 à 36° B., 100 p. d'azo-
chlorure de nitrosyle (acide hypochlorazotique) tate de sodium pourront en fournir 74,1 à 1,52
AzO Cl . (Voir, pour ces composés, page 487.) de densité, ou 105,88 à 1,42, ou 118 à 36° B. C'est
Un mélange d'acides chlorhydrique et azotique généralement ce dernier acide, marquant 36° B.
étendu se conserve très-longtemps à froid sans se que l'on prépare pour les besoins des arts. Aussi,
colorer. La propriété caractéristique de l'eau ré- au lieu d'employer de l'acide sulfurique marquant
gale de dissoudre l'or et le platine paraît due 66°, emploie-t-on un acide ne marquant que 60°,
uniquement à la mise en liberté du chlore, car la décomposition de l'azotate a lieu ainsi plus
celui-ci seulement se porte sur le métal et les facilement.
chlorures de nitrosyle se dégagent comme si l'on La réaction s'opère dans une chaudière en
chauffait l'eau régale
seule. On peut prépa-
rer une eau régale par
la dissolution du chlo-
rure de sodium (E. Da-
vy) dans de l'acide azo-
tique, ou du nitrate de F
sodium dans de l'acide
chlorhydrique.
C

Action sur les ma-


tières organiques. -
L'acide azotique atta-
que presque toutes les
substances organiques.
Quelques - unes sont
attaquées avec une ex-
trême violence , ainsi
l'essence de térében-
thine ; l'énergie de cette
action est beaucoup
augmentée par l'addition d'acide sulfurique. Les
métamorphoses que l'acide antique fait subir aux
matières organiques varient suivant la nature de
ces dernières ; il peut se faire qu'il y ait simple-
ment fixation d'oxygène, comme cela a lieu, par
exemple , pour les aldéhydes ; il peut y avoir
soustraction d'hydrogène (conversion des alcools
en aldehydes) . Un grand nombre de corps , sur- Fig. 73.
tout ceux de la série dite aromatique, éprouvent,
par l'action de l'acide azotique fumant, une mo-
dification remarquable ; de l'hydrogène est enlevé fonte C, de 1m,33 de diamètre sur 1 mètre de pro-
et remplacé, atome par atome, par le radical ni- fondeur, qui reçoit 250 kilogrammes d'azotate de
tryle Az02. Ainsi la benzine C H6 donne de la sodium ; on la ferme au moyen d'un obturateur
nitrobenzine C6H5 (Az O2) , d'après l'équation luté avec un mélange d'argile et de plâtre, puis
on verse l'acide sulfurique (284kilogrammes à 66°
C6H6 + AzH03 = C6 H5 (Az O2) + H2O ; ou 325 à 60°) par une tubulure placée à la partie
supérieure; la chaudière est mise en communica-
l'acide phénique C6H6O donne comme produit tion avec l'appareil condensateur par une tubu-
final de l'acide trinitrophénique (acide picrique) lure en fonte garnie intérieurement d'un tube en
C6 H3 (Az O2)30, mais presque toujours cette sub- grès qui la dépasse et va s'engager dans une ral-
stitution ne porte que sur 1 atome d'hydrogène. longe de verre D qui amène les produits dans un
Lorsque l'acide azotique fumant est mélangé d'a- grand cylindre ou bouteille en grès E de 200 à
cide sulfurique, la substitution porte générale- 250 litres de capacité ; celle-ci est munie à sa
AZOTE. 494 — AZOTE.

partie inférieure d'un robinet pour tirer l'acide, I L'appareil suivant, de Devers et Plisson , opère
et à sa partie supérieure de 2 autres tubulures, une condensation beaucoup plus complète, évite
l'une h pour verser de l'eau et vérifier la hauteur les transvasements et rend par conséquent le tra-
du liquide, et la dernière destinée à mettre cette vail plus économique, plus propre et surtout plus
première bouteille en communication avec une salubre. Les vapeurs acides arrivent dans une
autre semblable. Toutes les jointures doivent être première bombonne B où elles se condensent en
lutées avec de l'argile. La distillation dure envi- partie ; de là elles se rendent dans la bombonne C
ron 12 heures. surmontée d'une bombonne D et dans une série
Les premières bouteilles renferment un acide de bombonnes semblables, passant d'un couple
très-concentré qui peut immédiatement être li- de bombonnes alternativement par la bombonne
vré; il est fumant si l'on n'a pas ajouté d'eau inférieure et par la supérieure ; à mesure que
dans les bouteilles ; les bouteilles suivantes, dans l'acide se condense, il est reçu par un tube en
lesquelles on a aussi mis de l'eau, renferment un grès qui l'amène dans une bombonne commune O;
acide beaucoup plus faible que l'on met, dans celui qui se condense dans la première bom-
une opération suivante, dans les premières bou- bonne B est seul recueilli séparément. Enfin, les
teilles. Afin d'éviter la rupture des récipients E dernières portions de vapeurs , renfermant sur-
par les vapeurs arrivant brusquement sur leurs tout des vapeurs nitreuses , traversent une co-
parois, on les chauffe avant l'opération en faisant lonne de bombonnes I remplies de ponce humec-
circuler l'air du foyer dans le conduit MN par la tée d'eau.
manœuvre d'un registre. Kuhlmann fils a fondé un procédé de fabrica-
tion de l'acide azotique sur
la décomposition des azo-
tates par la chaleur [Compt.
rend. , t. LIV, p. 397] . Les
azotates alcalins ne don-
nent pas d'acide azotique
lorsqu'on les chauffe ; mais
si on les chauffe avec des
sels d'autres métaux , une
double décomposition peut
s'établir et l'azotate ainsi
formé fournir de l'acide
azotique. Le chlorure de
manganèse notamment, que
l'on obtient comme résidu
dans la fabrication du
chlore, étant chauffé à 230°
avec de l'azotate de so-
dium , dans des cornues en
grès, donne de l'acide azo-
tique ; on peut obtenir ainsi
environ 125 kilogrammes
d'acide azotique marquant
35° pour 100 kil. d'azotate
de sodium employé. Le ré-
sidu de l'opération ren-
ferme du chlorure de so-
dium et du peroxyde de
B E manganèse mélangé de ses-
quioxyde.
L'azotate de soude est pa-
reillement décomposé par
les chlorures de magné-
B sium, de zinc, par les sul-
fates de calcium, de plomb,
par les oxydes de plomb,
l'alumine, la silice. Cette
décomposition estbeaucoup
E-C facilitée par la présence de
peroxyde de manganèse ri-
che à 42 %; du peroxyde
Fig. 74. pur la facilite beaucoup
moins.
Usages. — Fabrication
Pour décolorer l'acide azotique obtenu, on le de l'acide sulfurique. Dérochage du cuivre, bronze,
chauffe dans des bombonnes, au bain-marie, à la laiton. Fabrication de l'acide oxalique par son
température de 80 ou 85°, jusqu'à ce qu'il ne action sur l'amidon. Préparation du fulminate
dégage plus de vapeurs rouges ; généralement on de mercure. Préparation des azotates de mer-
utilise ces vapeurs en les faisant passer directe- cure , de cuivre , d'argent , de plomb. Gravure
ment dans les chambres de plomb où l'on fabri- à l'eau forte. Teinture de la soie en jaune. Pré-
que l'acide sulfurique. paration de l'acide picrique, —- de la nitrobenzine
Pour épurer totalement l'acide azotique, on le (pour les couleurs d'aniline). Applications nom-
redistille en y ajoutant de l'azotate de plomb qui breuses dans une foule d'autres industries et
a pour but de fixer l'acide sulfurique entraîné dans dans les laboratoires.
la distillation et l'acide chlorhydrique provenant La table suivante indique la richesse en acide
des chlorures qui sont toujours contenus en plus azotique réel des acides de concentrations diverses
ou moins grande quantité dans l'azotate de so- exprimées par les densités et par le degré du
dium. pèse-acide de Baumé,
AZOTE. 495 - AZOTE.

TABLEAU INDIQUANT LES QUANTITÉS D'ACIDe azotique réEL CONTENU DANS DES SOLUTIONS
DE DENSITÉ DÉTERMINÉE.

DEGRÉS QUANTITÉ D'EAU ACIDE ANHYDRIDE POINT


DENSITÉ. de QUANTITÉ
EN MOLECULES RÉEL % AZOTIQUE D'ÉBULLI-
L'ARÉOMÈTRE
Baumé. pour 1 mol. d'acide, Az HO³. D'EAU % (AzHO³ ). (Az205). TION.

1,522 49,3 » 100,00 85,8 86°


1,486 46,5 1/2 H2O ( 1 équiv.) 11,25 88,75 75,1 99
1,452 45, H2O (2 équiv.) 22,22 77,78 66,7 115
1,420 42,6 3/2 H2O ( 3 équiv.) 30,00 70,00 60,1 120
1,330 40,40 2 H2O (4 équiv.) 36,36 63,64 54,5 119
1,361 38,20 5/2 H2O (5 équiv.) 41,67 58,33 50,1 117
1,338 36,5 3 H2O ( 6 équiv.) 46,16 53,84 46,2
1,315 34,5 7/2 H2O ( 7 équiv.) 50,00 50,00 42,9 113
1,297 33,2 4 H2O ( 8 équiv. ) 53,33 46,67 40,1
1,277 31,4 9/2 H2O 9 équiv.) 56,25 43,75 37,6
1,260 29,7 5 H2O ( IC équiv. ) 58,82 41,18 35,4
1,245 28,4 11/2 H2O ( 11 équiv.) 61,11 38,89 33,4
1,232 27,2 6 H2O 12 équiv .) 63,16 36,84 31,6
1,219 25,8 13/2 H2O ( 13 équiv.! 65,00 35,00 30,1
1,207 21,7 7 H2O ( 14 équiv.) 66,67 33,33 28,6 108
1,197 23,8 15/2 H2O 15 équiv.) 68,18 31,82 27,3
1,188 22,9 8 H2O 16 équiv.) 69,56 30,44 26,1
1,180 22,0 17/2 H2O ( 17 équiv.) 70,83 29,17 25,0
1,173 21,0 9 H2O ( 18 équiv.) 72,00 28,00 24,0
1,166 20,4 19/2 H2O ( 19 équiv.) 73,08 26,92 23,1
1,160 19,9 10 H2O (20 équiv.) 74,07 25,93 22,2
1,155 19,3 21/2 H2O ( 21 équiv.) 75,00 25,00 21,4 envir. 104°

Azotates. -- Les azotates neutres sont mono- dent d'abord de l'oxygène et se transforment en
basiques ; ceux des métaux monoatomiques ont azotites, puis ils donnent un mélange d'azote et
donc pour formule d'oxygène, et généralement de petites quantités
Az O³ M' - Az O². OM' , de vapeurs nitreuses ; quant à l'alcali, il se trans-
forme en partie en peroxyde ; les azotates alca-
ceux des métaux diatomiques (Az O3)2M", ceux lino-terreux fournissent les oxydes des métaux
des métaux triatomiques (Az O³)³ M” . correspondants , les azotates métalliques propre-
Les azotates neutres ne sont donc pas compara- ment dits fournissent de même des oxydes plus
bles aux phosphates neutres ; ils le sont plutôt ou moins oxygénés, suivant la nature du métal ;
aux métaphosphates. On ne connaît pas l'acide l'azotate d'argent donne de l'argent métallique .
azotique correspondant à l'acide phosphorique or- Les azotates, chauffés avec des corps oxydables,
dinaire, et qui serait H³ Az O¹ , mais certains azo- sont décomposés souvent avec explosion, comme
tates basiques peuvent être ramenés à cette forme cela a lieu pour la poudre à canon. Les métal-
et conservent ainsi l'analogie entre les composés loides et les métaux acidifiables ou leurs oxydes ,
de l'azote et ceux du phosphore ; ces sels sont : chauffés avec un azotate alcalin, donnent les aci-
L'azotate basique de plomb, Pb" H AZO" ; des alcalins correspondants : ainsi l'antimoine
L'azotate sesquibasique de plomb, (Pb" (AzO4)2; donne de l'antimoniate de potassium, l'oxyde de
L'azotate basique de bismuth, Bi"Az O¹; chrome du chromate, etc.
L'azotate mercurique basique, (Hg")3 (Az O4)2 ; Les azotates fusent sur les charbons ardents.
L'azotate mercureux basique, (Hg²)" H Az O4 . Chauffés avec du chlorure d'ammonium, ils se
Pendant longtemps la seule source des azotates transforment en chlorures correspondants et en
était due aux efflorescences que l'on recueillait azotate d'ammoniaque qui se décompose en don-
à la surface des murailles calcaires des caves, des nant du protoxyde d'azote et de l'eau.
écuries, etc.; ces efflorescences, formées en grande Traités par de l'acide chlorhydrique, ils don-
partie d'azotate de chaux , étaient connues sous le nent une eau régale capable de dissoudre l'or, de
nom de nitre de houssage; on les transformait en décolorer l'indigo, etc.
salpêtre en les traitant par des cendres. Cette in- . L'acide sulfarique déplace l'acide azotique de
dustrie du salpêtrier à presque complétement ses combinaisons, même à froid, seulement, pour
disparu depuis la découverte des couches salpê- manifester sa présence, il faut en général ajouter
trées des Indes et surtout des bancs puissants au sel ou à sa solution une substance susceptible
d'azotate de soude ( nitre cubique) , qui occupent de le décomposer et de produire du bioxyde d'a-
une grande partie des côtes du Chili et du Pérou. zote; c'est ainsi qu'en ajoutant du sulfate ferreux
Pour le mode de production de ces azotates, solide ou en dissolution, on reconnaît la présence
voyez AZOTIQUE (ACIDE) et NITRIFICATION. de l'acide azotique par la coloration brune que
Les azotates s'obtiennent par l'action de l'acide prend le sel de fer ; si l'on emploie un cristal de
azotique sur les métaux, sur leurs oxydes ou sur ce sel, il s'entoure d'une auréole brune plus ou
leurs carbonates ; tous, à l'exception de quelques moins foncée, qui n'apparaît qu'à l'aide de la cha-
sels basiques, sont solubles dans l'eau : leurs so- leur, si la quantité d'azotate est faible. En opérant
lutions sont neutres et possèdent une saveur sa- la décomposition de l'azotate par l'acide sulfurique
lée et fraîche. Ils sont cristallisables ; ceux des en présence de cuivre métallique, celui-ci agit
métaux alcalins, alcalino-terreux , de plomb et sur l'acide azotique mis en liberté, en produisant
d'argent ne renferment pas d'eau de cristallisa- du deutoxyde d'azote qui, au contact de l'air,
tion. La plupart sont assez fusibles et se décom- donne des vapeurs rouges, ou qui, dirigé dans une
posent par la chaleur ; les azotates alcalins per- solution de sulfate ferreux, le colore en brun. Ces
AZOTE. - 496 AZOTE .
vapeurs, qui se produisent aussi par la calcina- Chim. et de Phys . , ( 2) , t. LXVII, p. 71]. Gregory
tion des azotates avec l'anhydrosulfate de potas- avait déjà mentionné un sulfure d'azote ; mais son
sium (bisulfate), ont en outre la propriété de composé, d'après les recherches de Fordos et Gé-
colorer en bleu de l'amidon additionné d'iodure lis, n'était que du soufre insoluble dans le sul-
de potassium ; cette réaction est d'une grande fure de carbone. Soubeiran avait admis pour le
sensibilité. sulfure d'azote la formule S3Az² (en équivalents :
La dissolution de sulfate d'indigo est décolorée S3 Az) ; mais les recherches de Fordos et Gélis
par l'acide azotique ou par les azotates traités par ont établi que ce corps a pour composition AzS
l'acide sulfurique ; on peut ainsi reconnaître de [Ann. de Chim. — et de Phys. , (3) , t. XXXII, p. 389].
très-petites quantités d'acide azotique ; générale- Préparation. Le sulfure d'azote s'obtient en
ment il faut chauffer la solution pour que la dé- faisant arriver du gaz ammoniac à travers une
coloration se produise, et n'employer qu'une très- solution de chlorure de soufre dans huit à dix fois
petite quantité de sulfate d'indigo. L'addition son volume de sulfure de carbone; se forme du
d'acide chlorhydrique augmente la sensibilité de chlorure d'ammonium, qui se sépare en flocons,
ce caractère. C'est par cette réaction que Bous- et la liqueur se fonce de plus en plus, par suite
singault a recherché la présence de l'acide azo- de la production d'un corps rouge qui finit par se
tique dans un grand nombre d'eaux telluriques et déposer avec le chlorure d'ammonium. Ce corps
météoriques [Ann. de Chim . et de Phys. , ( 3), rouge, qui constitue une combinaison de sulfuie
t. XLVIII , p. 153, 161 ]. d'azote et de chlorure de soufre, disparaît de nou-
Kersting recommande, pour la recherche de yeau sous l'influence d'un excès d'ammoniaque et
l'acide azotique dans les eaux, l'emploi de la bru- lorsque la liqueur est redevenue jaune orangé ;
cine, qui possède la propriété de se colorer en l'opération est terminée, et il faut s'arrêter, sans
rouge par l'acide azotique. A 1 centimètre cube quoi l'on décomposerait le sulfure d'azote formé :
d'eau à essayer on ajoute, dans un petit tube par l'évaporation de la liqueur filtrée, le sulfure
d'essai, 1 centimètre cube d'une solution aqueuse d'azote cristallise, et, comme il est moins soluble
renfermant 1/1000 de brucine, puis on verse le que le soufre dans le sulfure de carbone, il s'en
long des parois du tube une petite quantité d'a- sépare facilement.
cide sulfurique ; à la surface de séparation de l'a- La réaction finale, qui donne naissance au sul-
cide et de l'eau, on voit se produire une coloration fure d'azote, est exprimée par l'équation
rose lorsque l'eau renferme des traces d'acide
azotique [Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXV, 3 C12S + 8 Az H³ ---- 2 AzS + S + 6 Az HCl.
P 254] . Propriétés. Le sulfure d'azote forme des cris-
La narcotine est de même colorée en rouge par taux transparents d'un jaune doré ; sa forme pri-
l'acide azotique ou par les azotates additionnés mitive est un prisme rhomboidal droit [ Nicklès,
d'acide sulfurique. Ann. de Chim . et de Phys. , (3), t. XXXII , p. 420] .
Enfin un caractère très - sensible des azotates Il détone par le choc ; placé sur un charbon ar-
est de produire de l'ammoniaque dans certaines dent, il fuse sans détoner ; chauffé à 157 ° dans un
circonstances réductrices. Ainsi les azotates , de tube, il fait explosion . Il est insoluble dans l'eau,
même que les azotites, traités par de l'amalgame peu soluble dans l'alcool, l'éther, l'esprit de bois
de sodium renfermant du zinc, se transforment et l'essence de térébenthine. Son véritable dis-
presque totalement en ammoniaque. L'acide azo- solvant est le sulfure de carbone : 1000 p de ce
tique est de même transformé totalement en am- liquide en dissolvent 15 p.; cette solution s'altère
moniaque par le chlorure stanneux additionné assez rapidement en donnant du soufre et du
par l'acide chlorhydrique, la réaction se faisant sulfure de cyanogène. Il s'altère à l'air humide en
dans un tube scellé chauffé à 170º (Pugh) . produisant de l'ammoniaque, de l'hyposulfite et
On peut reconnaître de petites quantités d'acide du trithionate d'ammoniaque :
azotique, par exemple dans les eaux, les terres 8 AzS15 H2O
arables, les engrais, etc., en se basant sur l'ac- = S2O3 (Az H )2 + 2 S³ O6 (Az II¹ ) 2 + 2 Az H³ .
tion réductrice qu'exerce le zinc , qui le trans- Trithionate.
forme totalement en ammoniaque, en présence Hyposulfite.
d'un alcali ; voici dans ce cas comment il faut La potasse lui fait éprouver une décomposition
opérer on commence par faire bouillir la sub- analogue : il se forme de l'hyposulfite et du sul-
stance à essayer avec de la potasse jusqu'à ce que fite :
toute l'ammoniaque qu'elle peut renfermer soit 4 AzS6KHO + 3 H2O
expulsée, ce que l'on reconnaît facilement à l'aide =
d'une bande de papier imprégné d'une solution = S2O3 K² + 2 (SO³ K³) + 4 Az H³.
d'hématoxyline, ce papier doit rester incolore ; Chlorosulfates de sulfure d'azote. Le sulfure
lorsque cela a lieu , on ajoute de la limaille de d'azote forme différentes combinaisons avec le
zinc , et si la substance renferme de l'acide azo- perchlorure de soufre ; on les obtient facilement
tique, on remarque immédiatement un dégage- en mélangeant les solutions de ces deux corps
ment d'ammoniaque , et la bande de papier se dans le sulfure de carbone et par l'action de l'am-
colore aussitôt (Fr. Schulze). moniaque sur le chlorure de soufre. Fordos et
Lorsque les azotates sont mélangés d'autres sels , Gélis en ont décrit trois [ loc. cit. , p . 403 ] . Le
ces procédés ne sont généralement pas applica- premier, CS, Az S, se produit en présence d'un
bles, et il faut alors avoir recours à d'autres mé- excès de chlorure de soufre et se dépose à l'état
thodes qui ont l'avantage d'être d'une application de cristaux jaunes. On ne peut le conserver hors
beaucoup plus générale. du liquide où il s'est produit ; à l'air, il perd une
Le meilleur moyen , applicable à tous les cas , partie de son chlorure de soufre et se colore en
consiste à décomposer l'azotate par la chaleur, rouge noirâtre en se transformant dans le corps
dans un tube, et à faire passer les vapeurs sur suivant, dont il est facile pourtant de le séparer
du cuivre métallique chauffé au rouge; il se dé- par sublimation dans un tube fermé ; le sublimé
gage ainsi de l'azote dont on mesure le volume est formé de longues aiguilles d'un jaune orangé.
(voyez ANALYSE ORGANIQUE). Le chlorosulfate C12S, 2 Az S est rouge coche-
nille; il ne se conserve pas non plus à l'air. C'est
SULFURE D'AZOTE , AZ S. - Ce corps ,qui corres- le corps qui prend naissance pendant la prépara-
pond au deutoxyde d'azote, a été en premier lieu tion du sulfure d'azote ; à 100 il se transforme
obtenu par Soubeiran , en 1837 , par l'action de complétement en chlorosulfate Cl2 S, 3 Az S. Celui-
l'ammoniaque sur le chlorure de soufre [ Ann . de ci s'obtient aussi directement en ajoutant un ex-
AZOTE. 497 AZOTE.
cés de sulfure d'azote au chlorure de soufre ; il M. Pelouze [ Ann . de Chim. et de Phys . , (3) ,
est peu soluble dans le sulfure de carbone. L'eau t. XX, p. 129] a imaginé une méthode de dosage
le décompose en dennant un corps d'un très-beau des azotates, fondée sur l'action que l'acide azo-
bleu ; traité par l'alcool potassé, il produit une tique exerce sur le chlorure ferreux. Quand on
couleur améthyste passagère. chauffe un azotate avec du chlorure ferreux et de
Le protochlorure de soufre S2C12 donne des com- l'acide chlorhydrique , le chlorure ferreux est trans-
binaisons analogues . E. W. formé en chlorure ferrique, en même temps qu'il
AZOTE et ACIDE AZOTIQUE (dosage). se dégage du deutoxyde d'azote :
1° Azote. - L'azote contenu dans les matières
6 FeCl2 + 2 Az KO³ + 8 HCl
organiques se dose à l'état d'ammoniaque ou à = 2 KCl + 4 H2O +2 AzO +3 Fe² C16.
l'état d'azote libre (voir ANALYSE ORGANIQUE) . Il en
est de même des azotures métalliques ; les pro- Si l'on peut déterminer la quantité de fer qui
cédés employés différent de ceux que l'on emploie a passé à l'état de combinaison ferrique, on en
pour les matières organiques. - Voyez FONTES OU pourra déduire la quantité d'acide azotique ; cette
ACIER. détermination se fait très-aisément à l'aide d'une
Pour l'azote contenu à l'état de liberté dans un solution titrée de permanganate de potasse, et
mélange gazeux, voyez ANALYSE DES GAZ. voici la marche à suivre on introduit dans un
2° Acide azotique. ·- L'acide azotique, ne for- petit flacon 2 grammes de fil de clavecin et 100
mant que des sels solubles (à l'exception de quel- centimètres cubes environ d'acide chlorhydrique
ques sels basiques), ne peut pas être dosé par pur et concentré, on chauffe pour dissoudre le
précipitation. Si l'acide azotique est libre et con- fer et, quand cette dissolution est opérée, on
tenu dans une liqueur exempte d'autres acides , ajoute 18,216 du salpêtre à essayer, ou une quan-
on peut le doser au moyen d'une liqueur alcaline tité équivalente d'un autre azotate, et l'on porte
titrée (voyez ANALYSE VOLUMÉTRIQUE). On peut à l'ébullition .
aussi ajouter à la solution un poids connu d'oxyde Cette quantité est celle qui serait nécessaire, si
de plomb, évaporer à sec, chauffer le résidu à l'azotate était pur , pour transformer tout le chlo-
120° et le peser; l'augmentation de poids de rure ferreux de l'expérience en chlorure ferrique ;
Foxyde de plomb fera connaître la quantité d'a- quand la liqueur est devenue transparente, on y
cide libre existant dans la liqueur. On opère sou- ajoute de l'eau, de manière à en faire environ
vent le dosage dans ce cas, en ajoutant à la li- 1 litre, puis on ajoute la liqueur titrée de per-
queur de l'eau de baryte en excès, précipitant cet manganate de potasse qui indiquera la quantité
excès par un courant d'acide carbonique, et do- de fer existant encore dans la solution à l'état de
sant la quantité de baryte restée en dissolution ; chlorure ferreux ; en déduisant cette quantité de
le poids trouvé indique la quantité d'acide azo- la quantité de chlorure ferreux correspondant aux
tique libre existant dans la liqueur. Au lieu d'eau 2 grammes de fer employés dans l'expérience ,
de baryte, on peut employer directement le car- on obtient celle qui a été transformée en chlorure
bonate de baryte. ferrique et, par conséquent, la quantité d'acide
3° Azolates. - Les procédés de dosage de l'a- azotique existant dans le sel analysé.
cide azotique dans les azotates varient suivant la M. Fresenius a perfectionné le mode d'opération
nature du métal. en faisant l'expérience dans une cornue tubulée
Dans les azotates de nickel, de cobalt, de per- dont on relève le col et en y faisant passer un cou-
oxyde de fer, de manganèse, de zinc , d'aluminium rant d'hydrogène pendant toute la durée de l'opé-
et de chrome, le dosage peut se faire en trans- ration, afin d'écarter complétement l'action que
formant ces azotates en azotates de baryte par pourrait exercer l'oxygène de l'air sur le chlo-
l'addition de carbonate de baryte en excès, et do- rure ferreux.
sant, par l'aciae sulfurique, la quantité de baryte On peut analyser les azotates anhydres à base
entrée en dissolution. non volatile en les calcinant dans un creuset de
Lorsque les oxydes de ces azotates sont insolu- platine, avec du borax fondu ; la perte de poids.
bles dans un excès de potasse, on peut les préci- indique la quantité d'acide azotique (Schaffgottsch) .
piter par une quantité déterminée d'une solution La fusion avec du bichromate de potasse donne
alcaline titrée, la différence entre le titre primi- aussi une perte de poids qui n'est due qu'à de
tif de la potasse et celui qui est indiqué après la l'acide azotique ; les sulfates et les chlorures ne
précipitation de l'oxyde correspond à la quantité sont pas décomposés dans cette circonstance [Per-
d'acide azotique contenue dans l'azotate décom- soz, Répert. de Chim. appl. , t. III, p. 253] . Il en est
posé. de même de la calcination des azotates anhydres
Les azotates dont les métaux sont précipitables avec du quartz pulvérisé (Reich).
par l'hydrogène sulfuré peuvent être analysés H. Rose a recommandé, pour l'analyse des azo-
en les décomposant par ce réactif; il faut avoir tates, leur distillation avec de l'acide sulfurique
soin de n'en pas employer un excès considérable ; étendu ; après quelques heures, tout l'acide azo-
la liqueur filtrée est alors saturée par la baryte ; la tique a distillé, et on peut le doser par une li-
petite quantité de sulfure de baryum qui prend queur alcaline titrée [ Poggend. Ann. , t. CXVI,
naissance en même temps que l'azotate de baryte p. 112]. L'opération peut se faire dans le vide. Si
se convertit rapidement, par l'évaporation au con- l'azotate à analyser renferme du chlorure, on y
tact de l'air, en sulfate de baryte insoluble. Enfin ajoute de l'oxyde ou du sulfate d'argent.
l'azotate de baryte est traité comme il a été dit L'acide azotique peut, sous certaines influences
plus haut. réductrices , être transformé en ammoniaque ;
C'est encore à l'état de sulfate de baryte pur cette propriété a donné lieu à plusieurs procédés
qu'on ramène les azotates de baryte, de strontiane de dosage des azolates.
et de chaux, en précipitant d'abord ces azotates Le chlorure stanneux, en présence de l'acide
par un léger excès d'acide sulfurique en présence chlorhydrique, opère cette transformation suivant
d'alcool pour que toute la chaux soit précipitée, l'équation
puis saturant la liqueur par du carbonate de ba- Az H 034 Sn Cl² + 8 HCl
ryte et séparant par filtration le sulfate de baryte = Az H3 Sn Cl + 3H2O.
formé.
Quant aux azotates alcalins , on peut les trans- La réaction est complète à 170° et s'opère dans
former en sulfates ou en chlorures , peser ces un tube scellé dans lequel on introduit la sub-
derniers et déduire de ce poids la quantité d'acide stance à analyser avec un excès d'acide chlorhy-
azotique. drique et une quantité connue d'une solution ti-
I -- 32
AZOTE. - 498 AZULINE.
trée de chlorure stanneux ; avant de fermer le contente de faire bouillir le produit à doser dans
tube à la lampe, on en expulse l'air en y ajoutant le tube avec un peu d'ammoniaque. La même
un petit fragment de marbre. Après huit ou dix précaution est à employer lorsqu'on a précipité,
minutes de chauffe à 170°, la réduction est ter- toujours incomplétement, le chlore par l'acétate
minée et on peut procéder au dosage du chlorure de plomb [Chim . agricole, t. II, p . 244 ] . E. W.
stanneux ; la différence de titre avant et après AZOXYBENZIDE . — Voyez BENZINE.
l'opération correspond à la quantité d'acide azo- AZULINE . Matière colorante bleue, dérivée
tique contenue dans la substance. Le titrage du de l'acide phénique et de l'aniline.
chlorure stanneux se fait par le bichromate de Ce produit a été découvert par Guinon , Marnas
potasse : et Bonnet, de Lyon [plis cachetés déposés au Con-
K2Cr2O73 Sn Cl² + 8 H CI seil des prud'hommes de Lyon, le 3 sept. 1860, le
== Cr2O3 + 3 Sn Cl² + 4 H2O + 2 K Cl. 25 janvier, le 8 avril, le 10 avril et le 6 mai 1862 ;
et brevets, n° 54910 et 54911 ].
On peut aussi décomposer la liqueur acide par Mode de formation. - On l'obtient en traitant
de la potasse et déterminer ainsi la quantité d'am- par la naphtylamine ou l'aniline à l'ébullition,
moniaque formée (Pugh , Chem . Soc. Journ ., t . XII, l'acide rosolique ou ce même acide modifié par
p. 35]. l'ammoniaque ( péonine ) . Nous ne décrirons pas
L'acide azotique, en solution alcaline , est réduit ici l'acide rosolique (voir ce mot) ; nous n'en don-
avec une grande facilité à l'état d'ammoniaque nerons que le mode de préparation industrielle,
par le zinc , l'aluminium ou l'amalgame de so- tel qu'il a été indiqué par Jules Persoz, à qui re-
dium ; en recueillant dans de l'acide chlorhydri- vient aussi le mérite de la découverte de la péo-
que titré les vapeurs ammoniacales qui se déga- nine (novembre 1859 et janvier 1860) .
gent, on peut doser l'ammoniaque formée à l'état ACIDE ROSOLIQUE (coralline jaune). - On dis-
de chloroplatinate. On peut aussi recueillir ces sout 3 parties d'acide phénique dans 2 parties
vapeurs dans de l'acide sulfurique titré. Cette d'acide oxalique, puis on y ajoute 2 parties d'acide
méthode, qui est d'une grande exactitude et d'une sulfurique, et on chauffe progressivement ce mé-
grande sensibilité, est applicable à l'analyse des lange , en ayant soin de ne pas dépasser 110 ° à
eaux, des terres arables, des engrais, etc.; seule- 115° une température plus élevée nuit considé-
ment il faut avoir soin, avant d'opérer la réduc- rablement au résultat. Il se dégage une grande
tion par le zinc, de chasser toute l'ammoniaque quantité de gaz, et l'on voit la masse se colorer
que peut renfermer la substance à analyser en et s'épaissir peu à peu ; on juge l'opération ter-
soumettant celle-ci à une ébullition prolongée minée lorsque le produit se dissout dans l'am-
avec de la potasse [ Fr. Schulze, Chem. centr., moniaque avec une riche coloration orange et qu'il
1861 , p. 657 , 833] . s'est sensiblement épaissi . A ce moment , on verse
M. Boussingault a appliqué au dosage de très- la masse dans l'eau froide , qui enlève l'excès
petites quantités d'acide azotique , dans une li- d'acide sulfurique et l'acide sulfophénique formé.
queur contenant ou ne contenant pas de matières Après plusieurs traitements à l'eau bouillante, le
organiques, la réaction de cet acide sur le sulfate produit est considéré comme pur.
d'indigo. On sait qu'il y a décoloration ou que du Le mode de préparation que nous venons de
moins la teinte bleue devient d'un jaune pâle. décrire a été indiqué aussi par Kolbe et Schmitt,
Ce savant prépare d'abord de l'indigo normal en mais postérieurement à Persoz [ Ann. der Chem .
épuisant l'indigo brut par l'eau à 40°, l'acide chlor- u. Pharm. , t. CXIX, p. 169]. Ces chimistes ten-
hydrique étendu de son volume d'eau et bouil- taient ainsi la production de l'acide salicylique.
lant, enfin par l'éther. Il prend 5 grammes du Propriétés. -- La coralline se présente sous
résidu qu'il incorpore à 50 ou 60 centimètres cubes la forme d'une masse résinoide, d'un beau vert
d'acide sulfurique de Saxe. doré, soluble dans les alcalis avec une riche cou-
Cette dissolution sert à faire les solutions nor- leur pourprée, et dans l'alcool avec une couleur
males en ajoutant 20 gouttes, par exemple, à 100 rouge orangé les acides la précipitent de ces
centimètres cubes d'eau distillée. solutions en flocons orange, fusibles à 80°, et
Pour faire un essai , on commence par titrer la dont la composition paraît répondre à la formule
solution d'indigo ; pour cela on introduit 2 cen- C10 H8 O2. Les dissolutions métalliques ne don-
timètres cubes d'une solution d'azotate de potas- nent pas de précipité complétement insoluble,
sium contenant sous ce volume un milligramme avec les solutions de coralline. Les agents réduc-
de sel ; l'on porte à l'ébullition dans un tube teurs la transforment en une substance incolore
bouché l'on ajoute un demi-centimètre cube d'a- qui reprend la teinte de la coralline sous l'in-
cide chlorhydrique exempt de chlore et de pro- fluence des corps oxydants .
duits nitreux, puis, avec une burette, quelques Usages et emploi de la coralline jaune . — Ce
gouttes d'indigo. produit sert non-seulement à la préparation de
Lorsque la décoloration n'est plus immédiate, l'azuline ; il est encore employé en assez grandes
on concentre la liqueur par l'ébullition, la colo- quantités dans la teinture et l'impression des
ration disparaît, et l'on recommence à ajouter de tissus, ainsi que dans la fabrication des laques
l'indigo dont la coloration disparaît encore. On pour papiers peints. Associé à la fuchsine, il
ajoute de temps à autre de l'acide chlorhydrique , produit des nuances cerise très-pures. Pour le
l'on fait toujours bouillir et l'on ne cesse d'ajou- fixer sur coton, on le dissout dans l'alcool , on
ter l'indigo que lorsque la coloration verte, indice épaissit cette solution à l'eau de gomme, puis on
d'une décoloration seulement partielle, ne dispa- y ajoute du tannin et on imprime sur tissu albu-
rait ni par l'ébullition ni par l'acide chlorhydri- miné. Pour 2 kilog. de coralline, on prend
que. C'est l'indice auquel il faudra s'arrêter dans 12 lit. 1/2 d'alcool, 25 lit. d'eau de gomme et
le dosage, qui s'effectue du reste de la même 3k200 de tannin ; on obtient ainsi des nuances
façon . Les quantités d'indigo détruites sont pro- d'un jaune orange très - riche d'une teinte toute
portionnelles à l'acide azotique existant dans la particulière.
liqueur. Lorsqu'il y a des matières organiques en PEONINE ( coralline rouge ) . — Persoz désigne
présence, on distille le liquide nitré avec de l'a- sous ce nom le résultat de l'action de l'ammo-
cide sulfurique et du bichromate de potassium, niaque sur l'acide rosolique.
ou du bioxyde de manganèse lavé, puis l'on dose On la prépare en chauffant à 150° environ, en
l'acide azotique dans le produit distillé. Celui - ci vase clos, un mélange de 1 partie d'acide roso-
peut contenir du chlore : on le précipite par lique et de 3 parties d'ammoniaque du commerce.
l'acétate de plomb, ou, s'il y en a fort peu , on se L'opération dure environ trois heures. La masse
AZULINE . 499 AZURITE .
refroidie forme un liquide épais , d'une belle vre la soie dans le bain ainsi monté. Lorsque la
couleur cramoisie. En y ajoutant de l'acide nuance est assez foncée, on porte le bain à
chlorhydrique, on en précipite la nouvelle ma- l'ébullition et on y manoeuvre de nouveau la soie,
tière colorante. puis on la lave avec grand soin, jusqu'à ce que
Propriétés. - La péonine (du mot pæonia , pi- toute trace d'acide soit enlevée ; on passe alors
voine) est insoluble dans l'eau, soluble dans l'al- dans un bain de savon , on lave de nouveau, et
cool avec une belle couleur qui ne vire plus aux l'on termine par un passage en eau légèrement
acides, comme le ferait l'acide rosolique . Elle pa- acidulée.
raît être une sorte d'acide amidé. Composition de l'azuline. - Tout ce que nous
Emploi de la péonine. - Pour la teinture , on connaissons relativement à la composition de
dissout la matière dans l'alcool , et, après y avoir l'azuline est dû à Ed. Willm [ Bull . de la Soc.
ajouté de la soude, on l'étend d'une grande quan- industr. de Mulhouse, nov. 1861 , p. 217].
tité d'eau. Par l'addition d'un peu d'acide tartri- Il donne à l'azuline la composition C12 H11 Az 0º,
que, on met ensuite la matière colorante en li- et représente la réaction qui lui donne naissance
berté, sans toutefois la précipiter ; dans ce bain , par l'équation suivante :
on peut teindre la soie et la laine en belles C6 H7 Az + C6H60 +03
nuances d'un ponceau jaune. Pour l'impression, Aniline. Acide
on se sert d'un procédé analogue à celui que phénique.
nous avons décrit pour la coralline jaune. Les = C12 H11 Az O2 + H2O .
couleurs obtenues au moyen de la péonine ne Azuline.
sont malheureusement pas solides ; quoique les
solutions de cette matière colorante ne soient D'après Willm , l'azuline pourrait être consi-
guère modifiées sous l'influence des acides , dérée comme dérivant de l'ammoniaque , dont
comme nous l'avons dit plus haut , les acides 2 H seraient remplacés par deux fois le radical
même très-faibles font virer au jaune les étoffes oxyphenyle
C6H5O
teintes en rouge avec la péonine. Cette action se Az C6H5O
manifeste souvent dans la cuve à fixer, parce que
H.
la vapeur y devient promptement acide au con-
tact des autres couleurs. Le travail de Willm, fait à une époque où nos
PRÉPARATION DE L'AZULINE. - On chauffe à 180° connaissances sur les matières colorantes ar-
environ un mélange de 5 parties d'acide roso- tificielles étaient extrêmement vagues , nous pa-.
lique et de 6 à 8 parties d'aniline : après quel- raît nécessiter de nouvelles recherches. CH. L.
ques heures, la réaction est terminée, et l'acide AZULMIQUE ( ACIDE ) [ Azulmine ]. On
rosolique transformé en une matière bleue, dite donne ce nom à la matière brune ulmique et azo-
azuline. On la purifie par des lavages à l'huile tée qui se forme pendant la décomposition spon-
de naphte chaude , puis par des lavages alcalins , tanée de l'acide cyanhydrique ou de la solution
suivis d'un lavage acide, et finalement par une aqueuse de cyanogène.
dissolution dans l'alcool et une précipitation par Il se distingue du paracyanogène parce qu'il
l'eau alcalinisée. La naphtylamine, la toluidine, contient de l'hydrogène et probablement aussi de
la cumidine, se comportent comme l'aniline avec l'oxygène. Boullay représente sa composition par
l'acide rosolique. L'addition d'une petite quantité la formule C5 Az H2, Johnston par CAzII' ou
d'acide benzoique ou d'un acétate, notamment C3Az H2 + H2O, suivant qu'il est obtenu avec
de l'acétate de plomb, favorise singulièrement la le cyanogène ou l'acide cyanhydrique.
transformation de la coralline en azuline : elle Suivant Pelouze et Richardson, il contient les
permet d'obtenir des bleus très -purs, et notam- éléments du cyanogène et de l'eau :
ment des bleus-lumière (qui gardent leur nuance C' Az¹ H+ O2.
à la lumière artificielle) . La péonine peut aussi
servir dans la fabrication de l'azuline, mais elle L'azulmine se prépare facilement en exposant
donne des produits beaucoup moins beaux. La à la lumière de l'acide cyanhydrique concentré
préparation de l'azuline est restée secrète pen- additionné d'un peu de potasse ou d'ammoniaque,
dant plusieurs années. Avant sa publication , ou en dirigeant du chlore dans une solution de
Ch. Lauth arriva, de son côté, à la transforma- cyanure de potassium, ou bien encore en aban-
tion de l'acide rosolique en une matière colo- donnant à elle-même une solution aqueuse ou
rante bleue, par l'action de l'aniline, et il constata alcoolique de cyanogène.
que, dans cette réaction , une notable quantité Elle se présente sous forme d'une masse noire
de rosaniline prend naissance ; l'azuline serait, ulmique, sans odeur, insoluble ou très-peu solu-
d'après lui , le résultat de l'action de l'aniline sur ble dans l'eau et l'alcool, soluble dans les acides
cette rosaniline : elle serait identique avec le acétique, chlorhydrique et sulfurique concentré ;
bleu de Lyon [ pli cacheté déposé à la Soc. in- soluble en rouge brun dans les alcalis caustiques
dust. de Mulhouse, le 30 nov . 1862 ; et Bull. de et carbonatés, ainsi que dans l'ammoniaque. Ces
la Soc. industr. de Mulhouse, août 1866]. solutions alcalines donnent avec les sels métalli-
Propriétés. - L'azuline est une poudre amor- ques des précipités .
phe, d'une belle couleur brun doré, insoluble Chauffé avec du chlore, l'acide azulmique se
dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther avec change en chlorure de cyanogène. L'acide azo-
une riche coloration bleue, dans l'acide sulfurique tique froid le dissout en rouge jaunâtre ; la solu-
avec une couleur rouge brun . L'eau précipite tion laisse, après évaporation , une résine soluble
l'azuline de ses solutions. On peut la rendre so- dans les alcalis. L'eau en précipite une matière
luble dans l'eau en la traitant par l'acide sulfu- jaune (acide paracyanique C Az¹O).
rique concentré et chaud pendant quelques heures. La distillation sèche le convertit en cyanhy-
Emploi de l'azuline. - · L'azuline a été beau- drate d'ammoniaque, en cyanogène, carbonate d'am-
coup employée, spécialement dans la teinture de moniaque, paracyanogène et charbon [ Schweig-
la soie. Son prix élevé en a aujourd'hui restreint ger's Journ., t. LVI , p . 341 ; - Journ . de Pharm.,
la consommation. 2e série, t. XVI , p. 180 ; - Ann. der Chem , u.
Pour teindre avec cette matière, on est obligé Pharm., t. XXII , p. 280 ; - Journ. für prakt.
d'avoir recours à diverses opérations successives, Chem., t . XLI, p. 161 ; -- Ann. der Chem . u.
sans lesquelles on n'obtient pas de belles nuan- Pharm., t. XXVI, p . 63 ; -- Journ. für prakt.
ces on dissout l'azuline dans l'alcool faible , on Chem. , t. XXXI, p. 228]. P. S.
acidule avec de l'acide sulfurique et on mancu- AZURITE. - Voyez CHESSYLITHE.
BABELQUARTZ. - 500 -— BARBITURIQUE.

BABELQUARTZ (Min . ). Petits cristaux de BAGRATIONITE (Min .) . Substance cristal-


quartz de Beralstone (Devonshire). Ils doivent lisée noire, d'un éclat vitreux , d'Achmatowsk
leur nom à leur forme en gradins qui provient (Oural). D'après M. de Kokscharow, elle présente
de ce qu'ils se sont développés sur des cristaux la forme et les angles de l'orthite.
de fluorine, eux-mêmes en voie de formation. Inattaquable par les acides. Fond au chalumeau
BABINGTONITE (Min . ). — Silicate de chaux en une perle noire magnétique.
et de fer, avec un peu de magnésie, de manga- Dureté, 6,5. Poussière brun foncé.
nèse et d'alumine. D'après Rammelsberg [ Handb. Densité, 3,84.
der Mineralchem., p. 477 ], le fer est contenu dans BAIERINE . 1 Voyez NIOBITE.
cette substance en partie BAIKALITE (Min . ) . - Variété verte de dio-
à l'état de protoxyde, en pside, du lac Baikal. — Voyez GROUPE DES PY-
partie à l'état de sesqui- ROXÈNES.
oxyde, et les rapports de BALAIS (RUBIS). - Nom donné par les joail-
l'oxygène dans RO : liers au rubis spinelle d'un rose clair.
d R203 : SiO2 = 3 : 1 : 8 BALDISSERITE. - Voyez GIOBERTITE.
BALDOGÉE. — Voyez TERRE DE VÉRONE.
(R = Fe, Ca, Mn , Mg). BALLESTEROSITE (Min . ). - Variété de py-
En réunissant l'oxygène rite cubique de Galice, renfermant des traces de
du peroxyde de fer à ce- zinc et d'étain.
lui des bases, on tombe BALTIMORITE (Min. ) . - Variété fibreuse de
sur le rapport 1 : 2 qui serpentine.
caractérise les bisilicates. BAMLITE (Min .). Silicate d'alumine , avec
Fig. 75. - Babingtonite. La forme cristalline de un peu de fer et de chaux, en cristaux bacillaires
la babingtonite , quoique ou fibreux, d'un vert grisâtre ou bleuâtre, présen-
anorthique, se rapproche tant un clivage parfait.
de celle du pyroxène comme celle de la rhodonite ; Dans une roche de quartz, de mica et d'amphi-
il y a entre ces espèces les mêmes rapports cris- bole, à Bamle (Norwége).
tallographiques qu'entre l'albite et l'orthose. Dureté, 5-7.
En petits cristaux d'un noir verdâtre, implan- Densité, 2,98-3,15. Se rapporte probablement
tés sur un mélange d'albite, d'amphibole et d'or- à la sillimanite.
those rosée, à Arendal (Norwége), sur l'orthose à BARBITURIQUE (ACIDE) [Baeyer, Ann. der
Baveno, etc. Chem. u. Pharm . , t. CXXVII, p. 1 et 199; t. CXXX ,
D'un éclat vitreux ; translucide en lames p. 129 ; t. CXXXI, p. 291 , et son Extrait-Ann. de
minces. Chim. et de Phys., (4), t. III, p. 477, et t. IV,
Caractères. Inattaquable aux acides. Au p. 478].
chalumeau, fond facilement en un globule noir C'est un dérivé de l'acide urique qui répond à
magnétique ; avec les flux , réactions du fer et du la formule CH Az203. M. Baeyer l'obtient en
manganèse. réduisant l'acide bibromobarbiturique dont nous
Dureté, 5,5-6. Poussière gris verdâtre. verrons plus bas le mode de formation. Cette ré-
Densité, 3,35-3,41. duction ne s'effectue que par l'amalgame de so-
Forme cristalline. — Prisme anorthique , mt dium ou l'acide iodhydrique. L'acide iodhydrique
= 112° 13, pm := 92° 33, pt = 92°37. est surtout avantageux .
Clivage parfait suivant p, moins parfait sui- On arrose 50 grammes d'acide bibromobarbi-
vant t. F. et S. turique avec environ le double de son poids d'a-
BABLAH ou Neb-neb. Nom commercial des cide iodhydrique le plus concentré possible et on
fruits de diverses espèces d'acacia. Le bablah des chauffe le tout au bain-marie pendant un quart
Indes orientales (variété la plus importante) pro- d'heure. On mêle la liqueur avec son volume
vient de l'acacia Bambolah (Roxburg) ; le bablah d'eau, on sépare par le filtre, on décolore la li-
de l'Égypte et de Chine est fourni par l'acacia ni- queur par l'acide sulfhydrique et on la filtre
lotica. Le péricarpe renferme un suc foncé brun chaude. Par le refroidissement, il se forme des
et astringent. Chevreul a trouvé dans la décoction cristaux d'acide barbiturique appartenant au type
aqueuse du tannin, de l'acide gallique, une ma- orthorhombique. Ces cristaux renferment 4 H2O
tière colorante rouge, une substance azotée et qu'ils perdent rapidement dans une atmosphère
d'autres principes indéterminés [ Leçons de Chim. sèche.
appliq . à la Teinture, t. II, p. 211 ] . Le bablah de L'acide barbiturique se dissout peu dans l'eau
l'Inde cède à l'eau 49 % de principes solubles, froide et très-facilement dans l'eau bouillante. Le
celui du Sénégal 57 %. Malgré cette différence, brome le convertit par substitution en acide bi-
il paraît, d'après les recherches de Guibourt, que bromobarbiturique , l'acide nitrique le trans-
le premier est plus riche en tannin et possède forme en acide nitrobarbiturique, lequel est iden-
une valeur plus grande. tique avec l'acide diliturique, et l'azotite de
Le bablah est utilisé comme matière astringente potasse le fait passer à l'état d'acide nitrosobar-
dans la teinture et l'impression des tissus et la biturique qui est l'acide violurique.
teinture des soies. Les nuances fournies par les L'acide barbiturique fond lorsqu'on le chauffe.
graines diffèrent de celles obtenues avec les gous- Il est bibasique. Lorsqu'on le fait bouillir avec
ses. Les graines contiennent un principe rouge et un excès de potasse, il se dédouble en acide ma-
servent en Égypte et aux Indes à la teinture du lonique, acide carbonique et ammoniaque.
maroquin [ Handw. der Chem., 2e ann., t. II, D'après cette décomposition, il est évident que
p. 603] . CH. L. l'on doit considérer l'acide barbiturique comme
BARBITURIQUE. - 501 - BARBITURIQUE .
une diamide malonyl - carbonique , c'est-à-dire ვი 2C+H2 Br2 Az203 + 3H2
comme de la malonyl-urée : = C8 H6 Az 06 + 4 H Br ;
"
(CO)" Acide hydurilique .
(C3 H2O2)" Az² = C+ H+ Az² O³. 4° CH2 Br²Az20³ + 2 H2
H2 = CH+ Az²O³ + 2 H Br .
Malonyl-urée . Acide barbiturique. Acide barbi-
turique.
La décomposition par les alcalis peut être ex-
primée par l'équation suivante : Le zinc et l'acide bromhydrique font naître la
première réaction ; il en est de même de l'acide
( CO cyanhydrique ; l'hydrogène sulfuré détermine la
Az2 C3 H2O2 + 3 H2O seconde ; l'acide iodhydrique en petite quantité
H2
la troisième ; l'acide iodhydrique en excès et l'a-
Acide barbiturique (malonyl-urée). malgame de sodium la quatrième.
= C³ H2O220²) ACIDE MONOBROMOBARBITURIQUE , C'H³ Br Az2 03.
+ CO2 + 2 Az II³ . - Ce corps prend naissance lorsqu'on fait agir
Acide malo- Anhydride Ammo- une solution aqueuse d'acide cyanhydrique sur de
nique. carbonique. niaque. l'acide bibromobarbiturique . Il se produit du
DÉRIVÉS DE L'ACIDE BARBITURIQUE . bromure de cyanogène et de l'acide monobromo-
ACIDE BIBROMOBARBITURIQUE , CH2 Br² Az203. barbiturique qui se sépare en petites aiguilles
insolubles dans l'eau froide, lorsqu'on évapore la
Pour l'obtenir, on traite l'acide violurique (nitro- liqueur :
sobarbiturique) par le brome. Il se produit en CH2 Br2 Az2O3 + CAz H
même temps de l'acide bromhydrique et du bro- Acide bibromo- Acide
mure azoteux Az O Br , lequel, au contact de l'eau, barbiturique. cyanhydrique.
se décompose en acide bromhydrique et vapeur = CH3 BrAz2O3 + CAz Br.
nitreuse : Acide bromobar- Bromure
CH³ (Az O) Az203 + Br biturique. de cyanogène.
Acide violurique . Brome.
= CH2 Br2 Az203 + AzO Br + Br H. ACIDE NITROSOBARBITURIQUE (acide violurique),
Acide bibromo- Bromure Acide CH3 (Az O) Az2 03. - Cet acide se forme dans
barbiturique. azoteux. brombydrique. l'action de l'acide azotique de 1,2 de densité sur
l'acide hydurilique :
L'acide bibromobarbiturique cristallise en pris-
mes ou en lames carrées d'un grand éclat. Il est C8 H6 Az06 + Az0³ H
soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther. Les alcalis Acide hydu- Acide
le dissolvent. Lorsqu'on chauffe la solution , il se rilique. azotique.
dégage du bromoforme et il se précipite du bro- = CH³ Az³O CH² Az²O + H2O.
mobarbiturate d'ammoniaque sous la forme d'une Acide violurique. Alloxane . Eau.
poudre cristalline : Le meilleur moyen pour le préparer consiste à
2 C+ H2 Br²Az2 03 + 3 H2O ajouter une solution de nitrate de potasse à de
Acide bibromo- Eau. l'acide hydurilique délayé dans l'eau. On porte
barbiturique. ensuite la liqueur au bain-marie et l'on y ajoute
== C¹ H² Br (Az H¹) Az² O³ + CH B1 3³ + Az H³+ 3 CO² alternativement de l'acide acétique et du nitrite
Bromobarbiturate de potasse. Il se sépare du violurate de potasse
Bromo- Ammo- Anhy- en lames d'un beau violet. Ce sel est transformé
ammomaque. forme. niaque. dride
carboniq. en violurate barytique insoluble que l'on décom-
pose exactement par l'acide sulfurique.
Il existe une relation fort simple entre l'acide La liqueur filtrée étant concentrée à 60º ou 70°,
bibromobarbiturique et l'alloxane , relation en l'acide violurique cristallise en octaèdres ortho-
vue de laquelle M. Baeyer avait d'abord nommé rhombiques solubles dans l'eau et dans l'alcool
ce corps bromure d'alloxane. En effet, la formule qui renferment 2 H2O . Ces cristaux deviennent an-
de l'alloxane telle que l'avaient donnée MM. Lie- hydres à 100º.
big et Wöhler est L'acide violurique est monobasique. Ses sels ,
C+ H+Az205 = CH2 Az2O + H2O . pour la plupart cristallisables, offrent de magni-
fiques nuances de bleu, de violet et de pourpre.
Ce n'est qu'à 150° ou 160° que ce corps perd H2O Chauffé, l'acide violurique dégage des vapeurs
et il est permis de considérer l'alloxane ainsi nitreuses. Avec le chlorure de chaux il donne de
desséchée comme un anhydride. Dans cette hy- la chloropicrine. Sous l'influence du brome nous
pothèse, l'acide bibromobarbiturique dériverait avons vu qu'il donne de l'acide bibromobarbitu-
de l'alloxane par substitution de 2 Br à 2 OH : rique, de l'acide bromhydrique et du bromure
azoteux Az O Br. Ces réactions ne laissent aucun
CH² (OH) ( OH) Az² O³ — 2 ( OH) + Br² doute sur sa constitution et démontrent qu'il
Alloxane. constitue un dérivé nitreux de l'acide barbitu-
= CH2 BrBr Az203. rique.
Acide bibromobarbiturique. Les agents réducteurs, tels que l'acide iodhy-
drique, convertissent l'acide violurique en ura-
Sous l'influence des agents réducteurs, l'acide nile ou acide amidobarbiturique
bibromobarbiturique peut donner lieu à quatre
réactions différentes : C+ H³ (Az H², Az² 0³.
10 CH2 Br2Az2O3 + H2 Enfin, le sulfite d'ammonium transforme l'acide
= CH³ Br Az2O3 + H Br ; violurique en thionurate d'ammoniaque, produit
Acide monobromo- intermédiaire entre l'acide violurique et l'uranile
barbiturique. dont la formule est
20 CH2 Br2 Az2O3 + H2 + H2O CH³ (AzS O²) Az² O3 + H2O.
CH³ (OH) Azº 03 + 2 H Br ; ACIDE NITROBARBITURIQUE ( acide diliturique ) ,
Acide dialurique . CH³ (Az O²) Az20³. - Pour l'obtenir, on chauffe
BARBITURIQUE.
- 502 BARSOWITE.

de l'acide hydurilique avec de l'acide azotique jus- miste. Nous savons, en effet, que le fait de la
qu'à ce qu'une petite portion de la liqueur donne substitution du groupe AzO² à H dans un acide
un précipité blanc par l'ammoniaque. L'acide di- n'en modifie ordinairement pas la basicité.
liturique se dépose en cristaux par le refroidisse- Le brome transforme l'acide dibarbiturique en
ment de la liqueur. On le purifie en le faisant une combinaison d'acide bibromobarbiturique et
cristalliser de nouveau. d'acide bromhydrique qui se présente en cristaux
C8 H6 Az+ 06 +2 Az O³H jaunes. Sous l'influence de l'eau, ce composé perd
de l'acide bromhydrique et se convertit en cris-
Acide hyduri- Acide taux d'acide bibromobarbiturique.
lique. azotique. ACIDE AMIDOBARBITURIQUE , CH³ (Az H²) Az² O³.
= CH3 Az OCH² Az² O + AzO2H + H2O . C'est l'uramile (voyez ce mot). A. N.
Acide diliturique . Alloxane. Acide Eau. BARÉGINE. - On désigne sous le nom de ba-
azoteux. régine ou de glairine une substance organique
L'acide diliturique cristallise en lamelles ou en azotée contenue dans certaines eaux sulfureuses
prismes à base carrée, incolores, qui renferment des Pyrénées, notamment dans celles de Baréges,
6 molécules d'eau de cristallisation . Il est efflo- où elle existe en dissolution ou à l'état de dépôt ; il
rescent , se dissout abondamment dans l'eau est bon de réserver le nom de glairine à une ma-
chaude, qu'il colore en jaune, et se dissout peu tière gélatineuse amorphe, tantôt translucide, tan-
dans l'alcool et l'éther. tôt opaque, onctueuse au toucher. Lorsqu'on éva-
D'après M. Baeyer, l'acide diliturique est triba- pore une eau thermale sulfureuse, riche en matiè-
sique avec une tendance à former des sels acides res organiques, elle prend une teinte jaune et
avec un seul atome de métal. C'est là un fait finit par laisser un résidu jaune brunâtre, qui par
étonnant, s'il est exact que l'acide violurique la calcination répand des vapeurs ammoniacales
soit monobasique. En effet, l'acide violurique et et une odeur de corne brûlée : c'est la barégine ;
l'acide diliturique ne différant que par le radical une fois déposée, elle est peu soluble dans l'eau,
azoté qu'ils renferment et qui est AzO dans le avec laquelle elle forme un mélange, insoluble
premier et Az O2 dans le deuxième, on ne voit dans les acides, peu soluble dans la potasse éten-
guère comment la basicité de ces deux acides peut due. Desséchée, la barégine présente un aspect
être différente. Il est vrai que l'acidité du radical corné. Elle précipite les sels de plomb et d'argent.
Az O est manifestée par ce fait que le nitroforme La glairine est grise, rosée ou noire ; dans ce
possède des propriétés acides très-énergiques. dernier cas, d'après Filhol, la coloration est due à
L'acide diliturique est caractérisé par la colo- du sulfure de fer qui la rend insoluble . Anglada
ration jaune qu'il développe en se dissolvant dans admettait que la glairine déposée par l'eau est
l'eau ou dans la potasse faible, et par le précipité identique avec la barégine qui reste en dissolu-
blanc qu'il fait naître dans les solutions des sels tion ; mais cette dernière, une fois déposée, est
ammoniacaux. plus soluble que la glairine ; il est possible que
Le brome le transforme comme l'acide violu- cette différence de propriétés soit due à une alté-
rique en acide bibromobarbiturique. Les agents ration . La glairine, en outre, ne se déposant qu'à
réducteurs le convertissent comme le dernier en une certaine distance du point d'émergence, il pa-
uranile. raîtrait que l'air soit indispensable à sa formation.
VICLANTINE, C8 H6 Az6 09. -- C'est une combi- On a voulu assimiler la glairine et la barégine
naison d'acide diliturique et d'acide violurique. aux matières albuminoides ou gélatineuses ; mais
Elle se produit synthétiquement lorsqu'on mẻ- sa composition s'en éloigne notablement ; en outre
lange des solutions chaudes et concentrées des elles renferment une grande quantité de silice,
deux acides : pouvant aller jusqu'à 80 %. Voici d'après J. Bouis
CH3 Az³ O + CH3 Az³ 05 == C8 H6 Az6 09. la composition de quelques variétés de glairine :
Acide Acide Violantine. Cen-
violurique. diliturique. Carbone. Hydrog. Azote. dres.
Il existe donc entre la violantine, l'acide dili- Glairine pulpeuse grise ... 48,69 7,70 8,10 30,22
fibreuse rouge ... 44,06 6,69 5,57 35,00
turique et l'acide violurique, la même relation pulpeuse verte... 45,20 6,95 5,60 40,07
qu'entre l'alloxane, l'alloxantine et l'acide dialu-
rique . [Vauquelin , Ann . de Chim. , t. XXXIX, p. 173.
On peut encore obtenir la violantine en chauffant Anglada, Mémoires, 1837-1838. Bonjean,
au bain-marie de l'acide hydurilique avec de l'a- Journ. Pharm ., t. XV, p . 321.-J. Bouis, Compt.
cide azotique de 1,2 de densité. C'est une poudre rend., t . XLI, p . 116]. E. W.
cristalline d'un blanc jaunâtre. Elle est peu sta- BARILLA ou BARILLAR. - Nom commercial
ble et se décompose par l'eau en acides violurique de la soude impure importée d'Espagne et du
et diliturique. Elle est susceptible de cristalliser Levant. On l'obtient par la combustion de diffè-
dans l'acide acétique concentré bouillant. L'am- rentes plantes, croissant au bord de la mer,
moniaque la colore en bleu. principalement du genre Salsola. Elle nous arrive
ACIDE DIBARBITURIQUE, C8 H6 Az¹ 05. L'acide en masses dures, poreuses, de couleur brune, lui-
dibarbiturique représente 2 molécules d'acide santes . On donne le nom de kelp ou barilla an-
barbiturique réunies en une avec élimination de glaise à un alcali moins impur obtenu en brûlant
H2O : divers fucus. Cette matière première fournissait
2 CHAz203 = H2O + C8 H6 Az¹ O³. autrefois toute la soude employée ; elle est en
Acide Eau. Acide grande partie remplacée par la soude artificielle .
barbiturique . dibarbiturique. BARNHARDITE (Min .). - Sulfure double de
On l'obtient à l'état de sel ammoniacal lors- cuivre et de fer Cu Fe2S5, compacte, d'un jaune
qu'on chauffe l'acide barbiturique . La réaction pâle, ressemblant à la pyrite, s'irisant facilement.
devient beaucoup plus nette lorsqu'on chauffe à Du comté de Cabarras (Caroline du Nord) .
150° l'acide barbiturique mêlé de glycérine. Caractères. Au chalumeau , donne une odeur
L'acide dibarbiturique est une poudre blanche sulfureuse et un globule magnétique. Avec les
presque insoluble dans l'eau. Il est bibasique , flux, réactions du fer et du cuivre.
suivant M. Baeyer. Cette bibasicité, facilement Pas de clivage.
explicable si l'on admet que l'acide barbiturique BAROLITE. Voyez WITHERite.
soit bibasique, ne s'accorde pas avec la tribasicité BAROSÉLÉNITE. - Voyez BARYTINE.
de l'acide diliturique admise par le même chi- BARSOWITE (Min .) .- Variété d'anorthite, en
BARWOOD. 503 BARYUM.
masses compactes ou granulaires, assez facilement les modifications a2 et el , associées à la base pet
clivables dans une direction ; d'un blanc de lait ou aux faces g¹ et h¹ , donnent naissance à des tables
verdâtre, servant de gangue au corindon bleu de rectangulaires ; dans le troisième, les faces a² de-
Barsowka (Oural) . viennent dominantes et, accompagnées des faces
Dureté, 5 à 6. Densité, 2,75. m, p, e¹, constituent un prisme allongé dans le
BARWOOD ou CAMWOOD. Matière colo- sens de la grande diagonale de la base. F. et S.
rante rouge fournie par le Baphia nitida , qui BARYTOCALCITE (Min . ). Carbonate ba-
croît à Sierra-Leone, en Afrique, et analogue au rytocalcique, Ba Ca C206 BaO . CO2, Ca O. CO2.
' santal. Poudre grossière d'un rouge vif, plus riche
que le santal.
Il donne sur coton un rouge brillant, brunis-
sant par le savon.
A Elbeuf, on emploie ces bois pour la teinture
des laines.
Ils donnent des nuances distinctes de celles du
santal ordinaire.
BARYSTRONTIANITE (Min. ). Strontianite
mélangée de barytine et d'un peu de calcite, de
Stromness (ile d'Orkey) .
BARYTE CARBONATEE. — Voyez WITHÉ-
RITE.
BARYTE SULFATÉE . — Voyez BARYTINE.
BARYTE SULFATO-CARBONATÉE (Min .).
Mélange de withérite et de barytine, de Brom- Fig. 77. - Barytocalcite.
ley-Hill (Cumberland ) , regardé à tort comme une
espèce.
BARYTINE (Min .) [Syn. Spath pesant, baryte Masses et cristaux, d'un blanc plus ou moins jau-
sulfatée, baryte, hépatite (Haus. ), barosélénite , nâtre ou verdâtre, appartenant au type clino-
spath de Bologne , Schwerspath]. - Sulfate de rhombique. Cette substance a la même composi-
baryte, SO Ba = Ba O. SO3, renfermant souvent tion que l'alstonite et se trouve, comme elle, à
un peu de sulfate de strontiane et quelquefois des Alston-Moor (Cumberland).
traces d'oxyde de fer, de silice, d'alumine et de Caractères. Infusible au chalumeau ; colore
carbonate de chaux. Se présente en beaux cris- la flamme en jaune verdâtre. Avec le borax donne
taux, en agrégations. cristallines bacillaires ou un verre hyacinthe qui perd sa couleur au feu
offrant un aspect crêté, en masses fibreuses, la- d'oxydation.
melleuses, concrétionnées, compactes ou terreuses ; Dureté, 4. Densité, 3,6-3,7. Poussière blanche .
quelquefois pseudomorphique. Limpide, transpa- Éclat vitreux.
rent, translucide, opaque ; blanc ou coloré enjaune, Forme cristalline. — Prisme mm = 106° 54' ;
en brun, en bleu, en rouge ; d'un éclat vitreux. ph! = = 106 ° 8′ ; pm = 102° 54' ; ii = 84° 52'
C'est une substance de filon, accompagnant or- (i = b1/2 b1/3 g1 ) . Clivages, p, m. F. et S.
dinairement le plomb, l'argent et le mercure ; BARYTOCALCITE EN PRISME DROIT. - Voyez
elle se rencontre aussi en veines et en cristaux ALSTONITE.
dans les calcaires secondaires. BARYTOCÉLESTINE ( Min . ). — Variété de
célestine barytifère.
BARYTOPHYLLITE. — Voyez CHLORITOÏDE .
7112 BARYUM ( de Bapús, pesant ). -- Lors de ses
recherches sur la magnesia nigra (bioxyde de
m manganèse), en 1774, Scheele découvrit une terre
nouvelle voisine de la chaux, dont il fit connaître
les principales propriétés , et qu'il nomma terre
pesante (terra ponderosa ) ; les nomenclateurs
français changèrent cette dénomination en barote
d'abord , puis en baryte , dont la signification est
la même , et que les chimistes ont conservée.
H. Davy reconnut , en 1808, la véritable nature
de la baryte, et il montra que cette terre est une
combinaison d'un métal , auquel il appliqua le
nom de baryum, avec l'oxygène .
État naturel. Le baryum ne se rencontre
pas en très-grande abondance dans la nature ; on
m l'y trouve surtout à l'état de sulfate (barytine) et
de carbonate (withérite). La barytocalcite, l'har-
motome et la psilomélane, beaucoup plus rares,
renferment aussi du baryum.
Fig. 76.- Barytine. Propriétés. La grande difficulté qu'il y a à
isoler ce métal n'a pas encore permis aux chi-
mistes de faire une étude complète et exacte de
Caractères. Inattaquable par les acides. Au ses propriétés. Comme on va en juger, du reste,
chalumeau, décrépite et fond difficilement en un les données sur ce sujet sont quelquefois contra-
émail blanc ; à la flamme de réduction, se trans- dictoires.
forme en sulfure de baryum . Davy isola le baryum en faisant une capsule
Dureté, 3-3,5. Densité, 4,35-4,71. avec de l'hydrate de baryte humide qu'il remplit
Forme cristalline. Prisme orthorhombique de mercure ; cette capsule était posée sur une
(mm)de 101° 40' ; pa¹ =121° 50' ; pe¹ de 127°18'. feuille de platine attachée au pôle positif d'une
Les cristaux offrent des formes très -différentes pile de 500 paires, dont le pôle négatif plongeait
d'aspect qui peuvent être rapportées à trois types dans le mercure. Il se forma, sous l'influence du
principaux dans le premier type dominent les courant voltaïque, un amalgame qui, chauffé dans
faces du prisme et la base (p,m) ; dans le deuxième, un tube fermé et rempli de vapeurs de naphte,
BARYUM. ― 504 - BARYUM .

abandonna son mercure et laissa un dépôt de ba- d'un très-grand nombre de déterminations faites
ryum . par Berzelius, Dumas, Pelouze, Marignac, etc. Les
Hare a apporté au procédé de Davy des modi- recherches de ce dernier conduisent au nombre
fications peu importantes , consistant surtout à 137,16 (H = 1 et Ba" Cl2 chlorure de baryum) ;
remplacer l'hydrate barytique par du chlorure de mais , dans la pratique, on adopte généralement 137.
baryum humide maintenu à une basse tempéra- Thenard et M. Regnault rangent le baryum
ture au moyen d'un mélange frigorifique. parmi les métaux de leur première section. L'iso-
On obtient du baryum impur, d'après H. Davy, morphisme habituel de leurs composés tend à
quand on décompose, au rouge, de la baryte ou faire ranger dans un même groupe le baryum,
du chlorure de baryum par la vapeur de potas- le strontium , le calcium et le plomb.
sium . ALLIAGES DE BARYUM . -- Si l'on chauffe de la
Clarke a annoncé que la baryte anhydre ou son baryte caustique avec de l'aluminium et un peu
nitrate est décomposée quand on la porte sur un de chlorure de baryum , on obtient un alliage très-
charbon dans la flamme d'un gaz tonnant sec cristallin d'aluminium et de baryum . Cet alliage,
formé de trois volumes d'hydrogène pour un qui contient de 24 à 33 % de baryum, est un peu
d'oxygène. Il se produit une sorte d'effervescence plus foncé que l'aluminium et il montre sur
après laquelle on trouve le baryum réuni en gre- quelques faces un reflet jaune ; il décompose ra-
nailles qui ont la couleur et l'éclat du fer, avec pidement l'eau à la température ordinaire sans
une densité légèrement supérieure à 4 . que la liqueur manifeste de propriétés alcalines,
Bunsen prépare le baryum électrolytiquement ce qui tient probablement à ce que l'alumine et
au moyen d'une bouillie de chlorure de baryum la baryte s'unissent pour former un aluminate
faiblement acidulée et maintenue à 100°. Le pòle (Beketoff, Bull. de la Soc. chim. de Paris, 11 mais
négatif est formé par un fil de platine amalgamé ; 1859].
il s'y dépose un amalgame solide, blanc d'ar- Quand on ajoute un alliage de sodium et de
gent, très-cristallin, qu'il suffit ensuite de décom- bismuth, pas trop riche en sodium, à un excès
poser par distillation dans une nacelle de charbon de chlorure de baryum maintenu en pleine fusion,
chauffée au sein d'une atmosphère d'hydrogène : il se produit une masse cristalline qui est un al-
le baryum demeure alors sous forme d'une liage de bismuth et de baryum ( 28 % de Ba) avec
masse boursouflée, terne, dont les cavités offrent des traces de sodium . Un mélange intime de
souvent l'éclat et la couleur blanche de l'argent carbonate de soude, de charbon, de chlorure de
[Bunsen, Ann . de Chim. et de Phys . , (3) , t. XLI, baryum et d'étain très-divisé, chauffé vivement
p. 35 ; ou , in extenso , Poggend. Ann. , t. XCI, jusqu'à ce qu'il ne se volatilise plus de sodium,
p. 619] . donne un alliage d'étain et de baryum , indécom-
Par un procédé dont il sera question à l'article posable par le feu, très-oxydable à l'air et décom-
STRONTIUM , Mathiessen a obtenu le baryum en posant l'eau, propriétés qu'il partage avec le pré-
poudre fine jaune comme le calcium, et décom- cédent [ Caron, Compt. rend., t. XLVII, p. 440,
posant l'eau à la température ordinaire [ Mathies- 1859].
sen, Chem. Soc. quart. Journ. , t. VIII , p . 107 et Un fil de platine, plongé dans du chlorure de
294; ou Ann. de Chim. et de Phys. , ( 3 ), t. XLV, baryum en fusion et attaché au pôle négatif d'une
p. 347 (en extrait) ]. pile dont le courant traverse le chlorure, se re-
Crookes recommande la marche suivante : on couvre d'un alliage de baryum et de platine jaune
porte de l'almagame de sodium dans une disso- et fragile qui décompose lentement l'eau en lais-
lution saturée de chlorure de baryum et l'on sant déposer du platine en poudre fine [Matthies-
chauffe à 93° ; on fait écouler la liqueur qui re- sen, Chem. Soc. quart. Journ . , t. VIII , p . 294] .
couvre l'amalgame de baryum formé, et on la En fondant du zinc et du chlorure de baryum
remplace par une nouvelle quantité de chlorure avec du sodium , Caron a préparé un alliage de
de baryum, en chauffant de nouveau. Il faut en- zinc et de baryum dont la description n'a pas été
suite pétrir l'amalgame dans de l'eau pour le la- publiée [Compt. rend. , t. L, p. 547] .
ver, ensuite le sécher et le serrer fortement dans Clarke dit avoir fondu à la flamme du gaz ton-
un linge pour en séparer l'excès de mercure . nant, 2 p. de baryum et 1 de fer, en un alliage
L'amalgame de baryum ainsi obtenu forme une fragile, couleur de plomb. De la même manière il
masse cristalline solide qui se ternit lentement à aurait produit l'alliage de baryum et de cuivre,
l'air; on l'introduit dans une petite cloche de jaune d'or.
verre recourbée avec de l'huile de naphte, et l'on Amalgame de baryum. - Grains cristallins,
distille pour chasser le mercure en poussant la formant une masse presque solide qu'il faut con-
température jusqu'au rouge à la fin de l'opéra- server sous du pétrole, parce qu'à l'air elle se re-
tion . Ce procédé donne un baryum qui s'oxyde couvre de carbonate barytique. Dans l'eau pure
facilement à l'air et se transforme peu à peu en l'amalgame de baryum forme peu à peu, avec dé-
baryte pulvérulente. Sa coupure, faite au sein de gagement d'hydrogène, de l'eau de baryte ; dans
l'huile de naphte, est blanche et douée du bril- une solution de sel ammoniac il produit un amal-
lant métallique ; projeté dans l'eau, il s'y enfonce game d'ammonium ; traité sur un verre de montre
peu à peu et donne lieu à un dégagement rapide par une solution de sulfate de cuivre, l'amalgame
d'hydrogène ; porté dans la flamme de l'alcool, il éprouve un mouvement de rotation ; il se forme
y brûle avec une flamme colorée en rouge vert du sulfate barytique, qui est violemment projeté ;
[Crookes, Chemical News , t. VI , p. 194 ] . Il est le liquide forme deux tournants en sens opposé .
douteux que le baryum de Crookes fût pur ; peut- Dès que le mouvement se ralentit, l'amalgame
être retenait-il du sodium. se revêt d'une efflorescence sous forme de mosai-
Davy a reconnu au baryum les propriétés sui- que, qui est produite par le précipité, lequel est
vantes : coloré par de l'oxyde de cuivre . Cet amalgame, dont
Il ressemble à l'argent, se précipite au fond de on doit la découverte à Boettger, s'obtient comme
l'eau et de l'acide sulfurique concentré , s'oxyde suit on agite un amalgame de sodium avec une
vivement dans l'eau, dégage de l'hydrogène et se solution parfaitement saturée de chlorure de ba-
convertit en baryte. A l'air, il se couvre peu à ryum ; il se dégage un peu d'hydrogène , mais la
peu d'une pellicule de terre. Il fond au-dessous plus grande partie du sodium précipite le baryum
du rouge, et, à cette dernière température, il ré- et s'unit directement au chlore . Le volume du
duit le verre sans se volatiliser. On peut l'aplatir mercure auginente considérablement parson union
un peu. avec le baryum : on l'enlève aussitôt pour le des-
Le poids atomique du baryum a été l'objet sécher rapidement sur du papier brouillard.
BARYUM . - 505 - BARYUM.
lisation s'effectue à une très-basse température,
COMPOSÉS BINAIRES DU BARYUM. il peut y avoir formation d'un hydrate à 17 molé-
cules d'eau (Arthur) . Le composé BaO, H2O est
OXYDES . - Le baryum se combine avec l'oxy- une poudre blanche, fasible en un liquide d'ap-
gène en deux proportions pour former la baryte parence oléagineuse.
ou protoxyde et la baryte oxygénée ou bioxyde. L'hydrate à 9 H2O peut encore se préparer en
PROTOXYDE DE BARYUM, BаO. - Ce composé, reprenant par l'eau bouillante la masse qui ré-
base énergique et puissante, a reçu les noms de sulte de la décomposition du carbonate de baryte
barote, terre pesante et baryte ; cette dernière ex- par le charbon ; ou bien en traitant par l'oxyde de
pression est de beaucoup la plus usitée. La ba- cuivre, l'oxyde de zinc (Kuczinsky, A. Müller) ou
ryte prend naissance par l'oxydation directe du le bioxyde de manganèse (Riegel ) une dissolution
baryum à l'air, soit lentement à froid, soit rapi- de sulfure de baryum, et en filtrant la liqueur
dement à chaud. On la prépare en décomposant, bouillante. Mohr a conseillé de dissoudre un
par la chaleur, le nitrate de baryte renfermé dans poids équivalent de nitrate de baryte en poudre
un creuset de platine ou dans une cornue de dans une lessive bouillante de soude ayant une
porcelaine; la température doit être portée au densité de 1,10 à 1,15, de filtrer rapidement et de
rouge blanc, mais il faut éviter de la prolonger laisser refroidir très-lentement [ Archiv. Pharm.,
au delà du temps nécessaire. Une calcination in- (2), t. LXXXVIII, p. 38 (1856 )] . Il se dépose des
suffisante a pour inconvénient de laisser parmi cristaux que l'on peut dessécher au moyen d'une
le baryte une quantité plus ou moins grande de machine à force centrifuge. Anfrye et Darcet,
nitrite. Si l'on a opéré dans un creuset de pla- Kirchhoff, Pessina, ont également obtenu le même
tine, on a quelque peine à en retirer le produit, composé en ajoutant de la potasse à des dissolu-
qui est en outre mélangé d'oxyde de platine. tions saturées froides de chlorure, de nitrate ou
L'emploi de vases en porcelaine est préférable, d'acétate de baryte.
quoique la terre se souille d'un peu de silice et La liqueur alcaline que l'on obtient en dissol-
d'alumine dans les parties où elle a eu contact vant la baryte dans l'eau est limpide, incolore ;
avec l'appareil. Il faut tenir compte du boursou- mais elle ne tarde pas à se troubler au contact
flement qui a lieu pendant la décomposition, et de l'air sa surface se recouvre d'une pellicule
qui peut facilement faire déborder la masse si le de carbonate qui tombe bientôt au fond pour
vase n'a pas une capacité suffisante. être remplacée par une autre ; à la longue, l'eau
Le procédé suivant, dû à Pelletier, donne finit par demeurer exempte de baryte. L'eau de
des résultats moins bons : on chauffe au blanc, baryte n'est pas précipitable par l'alcool. D'après
dans un bon creuset réfractaire, une pâte faite Osann, 1 p. de baryte desséchée ( BaO , 2 H2O ? )
avec 10 p. de carbonate de baryte, 1 p. de char- est soluble dans 35 p. d'eau à 13° ; Bineau in-
bon ou de noir de fumée et une quantité suffi- dique 29 p. d'eau à 20° ; mais on ne sait s'il en-
sante de mucilage de gomme adragant. La baryte tend parler d'hydrate ou d'oxyde barytique.
est alors sujette à retenir un peu de charbon ou L'eau de baryte a une saveur et une odeur qui
bien du carbonate non décomposé. rappellent celle de la lessive de soude.
La baryte est une terre d'un blanc grisâtre, Tous les procédés qui ont été donnés plus haut
spongieuse, facile à pulvériser, ayant un poids pour la préparation de la baryte ou de son hy-
spécifique de 4,73 (Karsten), fusible des tem- drate sont applicables à celle de l'eau de baryte.
pératures très-élevées (dans la flamme du gaz ton- L'eau de baryte est employée, soit pour préci-
nant, par exemple) , en un verre qui donne une piter l'acide sulfurique dans une liqueur, soit
masse blanche, opaque par le refroidissement. pour reconnaitre la présence de l'acide carbo-
Elle est indécomposable par la chaleur ; l'électri- nique dans de l'air.
cité et le potassium la réduisent ; le chlore, le BIOXYDE DE BARYUM, Ba 02. - - Ce corps, appelé
phosphore, le soufre, le sulfure de carbone, la aussi quelquefois baryte oxygénée, est solide,
décomposent à chaud. Elle absorbe de l'oxygène blanc grisâtre, insipide, inodore et insoluble dans
au rouge sombre. Sa saveur est brûlante, elle est l'eau. Une forte chaleur lui fait perdre la moitié
très-caustique ; son action sur les substances or- de son oxygène, qui se dégage en laissant un ré-
ganiques et sur les teintures végétales est la sidu de baryte ; l'eau bouillante le transforme en
même que celles de la potasse et de la soude ; elle eau de baryte et gaz oxygène, et l'acide carbo-
est très-vénéneuse. nique en carbonate de baryte et oxygène. A
La baryte exposée à l'air s'effleurit en unc chaud, un courant d'hydrogène rend le bioxyde
poudre blanche en absorbant l'humidité et l'acide de baryum incandescent et donne lieu à la for-
carbonique de l'atmosphère . mation d'hydrate de baryte. Le carbone, le bore,
C'est une base très-puissante, dont les sels sont le soufre, le phosphore et les métaux (sauf les
très-stables. métaux nobles) lui enlèvent également chaud
La baryte anhydre a une grande affinité pour son second atome d'oxygène ; l'acide sulfhydrique
l'eau l'hydratation d'un fragment, au moyen de se comporte de même à froid. Les acides en so-
quelques gouttes de ce liquide, donne lieu à un lution aqueuse dissolvent le bioxyde de baryum :
dégagement de chaleur qui peut porter la masse il se produit alors un sel barytique et du bioxyde
jusqu'à l'incandescence . d'hydrogène (voyez ce mot) ou un dégagement de
L'hydrate de baryte s'obtient en dissolvant la gaz oxygène.
baryte caustique dans l'eau bouillante, qui en Le bioxyde de baryum se délite dans l'eau
prend environ 10 % de son poids à 100°, et en froide en s'hydratant. On obtient encore l'hydrate
abandonne plus de la moitié par le refroidisse- de ce corps en traitant l'eau oxygénée par l'eau
ment, sous forme de cristaux blancs et transpa- de baryte (Thenard) ou bien aussi en abandon-
rents, souvent très-nets. Ces cristaux appartien- nant pendant plusieurs semaines une mince cou-
nent au système du prisme à base carrée ; ils che d'eau de baryte au fond d'un grand flacon
renferment bouché rempli d'air exempt d'acide carbonique.
Ba 0.9 H20 = Ba H2O2 + 8 H2O ; Noad lui-même, Smith, Filhol et Bloxam ont trouvé des
7 molécules d'eau s'en vont à 100°, la huitième quantités d'eau qui s'accordent le mieux avec 9 molé-
n'est expulsée qu'au rouge, et la dernière ne cules d'eau au lieu de 10. Le calcul demande 51,4 %
peut être chassée par la chaleur ( 1 ). Si la cristal- d'eau et Filhol en a trouvé 51,43 par exemple. Voyez
Gmelin, Handbuch, t. II ; Filhol, Journ. de Pharm. et de
(1) Plusieurs traités assignent à l'hydrate de baryte la Chim., t. VII, p. 271 ( 1845 ) ; Bloxam, Chem. Soc. quart.
formule Ba 0,10 H2O donnée par Rose et par Noad. Mais Journ. , t. XIII, p. 48.
BARYUM. 506 - BARYUM .
En opérant à une température de 2º à + 10°, Le chlorure de baryum anhydre s'échauffe au
de Saussure a vu se former des cristaux qui contact de l'eau, avec laquelle il forme un hydrate
avaient de 3 à 4 millimètres de côté. Le bioxyde Ba C12, 2 H2O. A l'air libre, il paraît absorber éga-
de baryum hydraté est moins stable que celui lement la quantité d'eau nécessaire pour former
qui est anhydre ; sa composition paraît devoir cet hydrate à 14,75 %. Sa solution aqueuse le
se représenter par Ba O2, 6 H2O ( Liebig et Wöh- laisse déposer par l'évaporation ou le refroidisse-
ler). Ce corps , introduit dans la dissolution de ment, suivant le cas, en tables presque rectangu-
certains métaux (nitrate de manganèse, de zinc, laires, fort aplaties, qui appartiennent à un prisme
de nickel ou de cuivre, par exemple) , en sépare rhomboidal droit, sous l'angle de 93° 20′ , et dont
un suroxyde métallique, et il reste dans l'eau un les axes sont entre eux comme 1 : 1,060 : 1,6217 ;
sel de baryte. ces cristaux sont sensiblement isomorphes avec
Schönbein admet que, dans le bioxyde de ba- le chlorure de cuivre Cu Cl2 + 2 H2O (Marignac ,
ryum, le second atome d'oxygène s'y trouve à Mém . Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. XIV,
l'état d'oxygène actif positif ou d'antozone (Ö) . 1re partie, p . 210] .
Wöhler a vu que le bioxyde de baryum, chauffé Le chlorure de baryum cristallisé est complé-
sur une forte lampe dans un courant rapide tement inaltérable à l'air ; il perd toute son eau
d'oxyde de carbone, devient incandescent , en au-dessous de 200° ; son poids spécifique est égal
même temps qu'une petite flamme blanche appa- à 3,05. 100 p. d'eau à 0° en dissolvent 32,62 de
raît à sa surface et s'y joue tant qu'il reste encore chlorure anhydre. Quant au sel , cristallisé, 100 p.
du bioxyde non décomposé. Les mêmes phéno- d'eau en dissolvent 43,5 à 15° et 70,36 à l'é-
mènes se manifestent, mais avec une intensité bullition ; ce dernier nombre correspond à 60,1
plus grande, quand on remplace l'oxyde de car- de sel anhydre. La dissolution , saturée à chaud,
bout à 10404 (Legrand) .
bone par de l'acide sulfureux [ Ann. der Chem. u. Le chlorure de baryum s'emploie pour recon-
Pharm., t . LXXVIII, p. 125 ( 1851) ) . naître et doser l'acide sulfurique.
D'après Brodie, l'action de l'íode sur le bi-
oxyde de baryum s'exprime par l'équation sui- Ce réactif s'obtient à l'état de pureté en faisant
vante : digérer à chaud la dissolution du sel du commerce
Ba02 + 12 - = Ba I² + 0² avec du carbonate de baryte , ajoutant ensuite du
sulfure de baryum à l'ébullition , filtrant et fai-
[Phil. trans. for 1850, 2e partie, p . 759] . sant cristalliser deux ou trois fois dont la pre-
Thenard, qui a découvert le bioxyde de ba- mière en présence d'une petite quantité d'acide
ryum , le préparait en faisant passer un courant. chlorhydrique pur.
d'oxygène ou d'air pur et sec sur de la baryte On prépare le chlorure de baryum ordinaire en
chauffée au rouge naissant [ Ann . de Chim. et de traitant par l'acide chlorhydrique le carbonate
Phys. , t. VIII]. Liebig et Wöhler, à qui l'on doit de baryte natif (withérite) ou le sulfure de baryum
aussi des recherches sur ce corps, ont proposé brut ; dans ce dernier cas, il y a un dégagement
de projeter peu à peu et par petites portions à la d'acide sulfhydrique dont on peut se débarrasser
fois du chlorate de potasse sur de la baryte fai- en le faisant brûler à l'extrémité d'un tube effilé .
blement rouge ; après le refroidissement, la Une seconde cristallisation donne un produit
masse, bien lavée à l'eau froide, laisse une pou- assez pur.
dre blanche d'hydrate de bioxyde [ Pogg . Ann., Pour l'usage, on dissout 1 p. de chlorure dans
t. XXVI, p. 172]. 10 p. d'eau. L'acide sulfurique pur précipitant
Boussingault à décrit des appareils pour prépa- dans la dissolution toute la partie fixe, le liquide
rer en grand, avec le procédé de Thenard , la ba- filtré et évaporé sur une feuille de platine ne doit
ryte oxygénée en vue de la fabrication industrielle pas laisser le moindre résidu.
de l'oxygène (voyez ce mot) [ Compt. rend. de BROMURE DE BARYUM , Ba" Br2. - Ce sel est
l'Acad., t. XXXII, p. 261 ; et Ann. de Chim. et très-soluble dans l'eau et donne par l'évaporation
de Phys., (3), t. XXXV, p. 5 (in extenso)] . et le refroidissement des tables rhomboidales, in-
CHLORURE DE BARYUM, Ba" Cl2.- D'après Davy, colores, inaltérables , fusibles au feu, isomorphes
le gaz chlore décompose, à chaud, la baryte et lui avec le chlorure de baryum et renfermant comme
enlève son métal. Chevreul a reconnu que l'acide lui 2 molécules, soit 10,91 % d'eau [Rammels-
chlorhydrique gazeux réagit vivement sur la ba- berg, Poggend. Ann . , t. LV, p . 237]. Le bromure
ryte chauffée et la porte à l'incandescence avec pro- de baryum a une saveur semblable à celle du
duction d'une lumière rouge, formation d'eau et chlorure, mais encore plus désagréable ; il est
de chlorure de baryum fondu [Ann. de Chim., soluble dans l'alcool absolu, tandis que le chlo-
t. LXXXIV, p. 285] . Un phénomène lumineux rure ne s'y dissout pas ; il n'absorbe pas le gaz
semblable se montre quand on arrose la baryte, ammoniac. Ce composé prend naissance quand on
dans l'obscurité, avec de l'acide chlorhydrique traite l'eau de baryte, le carbonate ou le sulfure
concentré (Heinrich) . de baryum par l'acide bromhydrique ( Balard ,
Le chlorure de baryum est blanc, soluble dans Löwig).
l'eau pure, beaucoup moins soluble dans celle IODURE DE BARYUM , Ba" I². — Les données sur
qui contient de l'acide chlorhydrique, ou dans l'al- ce sel sont quelque peu contradictoires . Il est
cool absolu froid qui n'en prend que 1/400 de blanc, infusible, indécomposable par la chaleur,
son poids. Sa saveur est acre et amère, désa- à l'abri de l'air, mais décomposable au contact
gréable ; il est vénéneux en provoquant des vo- de celui-ci en produisant de la baryte et des va-
missements abondants et des convulsions vio- peurs d'iode ; il est très-soluble dans l'eau, mais
lentes. Il est fusible au rouge vif et se prend, non déliquescent ; au contact de l'air, sa dissolu-
par le refroidissement , en une masse translucide tion se colore en brun par de l'iode mis en liberté,
dont le poids spécifique est de 3,7 en moyenne. et il se précipite en même temps du carbonate
Fondu ainsi tout seul, il devient un peu alcalin ; barytique. Ses cristaux sont de fines aiguilles
mais, en présence de la vapeur d'eau, il dégage dont on n'indique pas la teneur en eau (Gay-Lus-
de l'acide chlorhydrique déjà à une température sac) . D'après Henry, l'iodure de baryum cristal-
inférieure à son point de fusion [ Krauss, Poggend. lisé est très-soluble dans l'alcool et déliquescent
Ann. , t. XLIII, p. 140] . Le soufre le décompose à l'air.
partiellement ; sa solution aqueuse, même très- Croft [ Chem. Gazette, 1856, p. 125 , ou Journ. für
étendue, est précipitée par l'acide sulfurique . Ce prak . Chem., t. LXVIII, p . 402] a trouvé que les
même acide anhydre n'a aucune action sur ce sel cristaux de ce sel ont pour formule Ba 12, 7 H2O ;
préalablement déshydraté. ils sont déliquescents dans un air humide, tandis
BARYUM. - 507 BARYUM.
qu'ils s'effleurissent dans une atmosphère sèche ; le fluosilicate de baryum en donnant naissance à
quand on les chauffe, ils fondent dans leur eau de du fluorure de baryum et à du gaz fluorure de
cristallisation , se boursouflent, fondent de nou- silicium ; on obtient ce sel en mêlant une disso-
veau à une température plus élevée, et donnent en- lution d'acide hydrofluosilicique avec du chlorure
fin, par une chaleur plus forte encore, des vapeurs de baryum également dissous ; la liqueur ne se
d'iode. L'iodure de baryum se prépare en ajoutant trouble pas tout de suite, mais au bout de quelque
de la teinture d'iode à une solution de sulfure de temps il s'en sépare de petits cristaux (Berzelius).
baryum aussi longtemps qu'il se précipite du sou- Le poids spécifique du fluosilicate barytique à 21°
fre, filtrant à chaud et évaporant rapidement pour dans l'eau est de 4,28 ; une partie de ce sel est so-
éviter un contact trop prolongé avec l'air. La ba- luble dans 3731 p. d'eau à 17 ° 5 , dans 3313 p. à
ryte introduite dans du gaz iodhydrique s'échauffe 21°, et dans 1175 p . à l'ébullition . La solution a
fortement avec production d'eau et d'iodure de une saveur et une réaction acides ; elle attaque un
baryum . peu le verre dans lequel on l'évapore.
Labouré a conseillé de précipiter la solution Aux températures de 20° à 22° , 1 p . de ce fluo-
aqueuse d'iodure ferreux ou zincique par celle de sel se dissout dans 448 p . d'acide chlorhydrique à
sulfure barytique [Journ . de Pharm . et de Chim., 4,5 %, 272 p. d'acide nitrique à 8 % , 306 p. de
t. IV, p. 331 ]. sel ammoniac (solution saturée) , 2185 p . de chlo-
FLUORURE DE BARYUM, Ba" F12.- Poudre blan- rure de sodium à 10 %.
che, faiblement soluble dans l'eau, qui laisse dé- A l'ébullition , 563 p . d'une solution saturée de
poser par l'évaporation une croûte à grains fins. sel marin dissolvent 1 p. de fluosilicate ; cette
Indécomposable par la chaleur, soluble dans les dernière abandonne en se refroidissant du fluo-
acides fluorhydrique, nitrique et chlorhydrique. silicate de sodium . L'acide sulfurique décompose
Quand du fluorure de baryum sec s'échauffe, lors- complétement, mais lentement, à froid , le fluo-
qu'on l'arrose d'acide fluorhydrique, cela tient à silicate de baryum ; une lessive de soude étendue
la présence d'une certaine quantité d'acide silici- agit sur la solution bouillante de ce sel en vertu
que. On prépare au mieux ce corps en faisant di- de l'équation suivante :
gérer du carbonate de baryte récemment précipité
et encore humide avec un excès d'acide fluorhy- Ba F12 , Si F1 + 4 Na HO
drique Berzelius). Ba F124 Na Fl + Si O2 , 2 H2O.
FLUOCHLORURE DE BARYUM ,
Des calcinations répétées avec du sel ammoniac
CI transforment peu à peu, mais non complétement,
Ba Cl2 + Ba F12 ou Ba
le fluosilicate de baryum en chlorure [ Stolba,
Journ. fur prakt . Chem . , t. XCVI, p. 22] .`
Sel double beaucoup plus soluble que le fluo- SULFURES DE BARYUM . PROTOSULFURE DE
rure simple et qui peut se déposer en petits cris- BARYUM, Ba" S. - Il est blanc ou grisâtre, infusi-
taux grenus partiellement décomposables par l'eau, ble. Sa saveur est à la fois alcaline et hépatique.
qui entraine surtout du chlorure. Il prend nais- Il s'oxyde très-difficilement à la chaleur rouge, ce
sance quand on mêle du fluorure de sodium ou
de potassium avec du chlorure de baryum, ou à quoi il faut prendre garde quand, dans une
quand on dissout le fluorure de baryum dans analyse, on calcine du sulfate de baryte avec le
filtre. Il se dissout dans l'eau, mais en s'y décom-
l'acide chlorhydrique et que l'on précipite par posant une partie du sulfure ne subit pas d'alté-
l'ammoniaque caustique (Berzelius). ration, mais le reste donne de l'hydrate barytique,
FLUOBORATE DE BARYUM, Ba" Fi² , 2 Bo Fl³. - Ce du sulfhydrate de sulfure et de l'oxysulfure.
fluosel se prépare en ajoutant à de l'acide hydro- C'est de cette liqueur que l'on retire souvent de
fluoborique étendu du carbonate barytique jus- l'eau de baryte par l'ébullition avec de l'oxyde de
qu'à ce que celui- ci cesse de se dissoudre entière- cuivre ou de zinc.
ment. Il faut éviter un excès de carbonate qui Quand on fait bouillir avec l'eau le sulfure de
décomposerait le fluoborate formé . Pendant l'éva- baryum brut (résultant de l'attaque du sulfate
poration de la liqueur, il se dépose d'abord un par le charbon, à une température élevée) et
peu d'acide borique qui accompagne souvent qu'on filtre la solution bouillante dans un flacon
l'acide hydrofluoborique ; quand la dissolution est qu'on remplit complétement et qu'on ferme aus-
arrivée à consistance de sirop, le sel cristallise . sitôt, on obtient une liqueur colorée en jaune
Par le refroidissement il se forme de longues ai- clair par un peu de bisulfure de baryum. Cette '
guilles ; mais quand on continue l'évaporation , en dissolution laisse, pendant les douze premières
exposant la liqueur dans un endroit chaud, il cris- heures, déposer d'abord des écailles, puis des
tallise en prismes plats, rectangulaires à quatre pans, grains cristallins. Les écailles paraissent renfermer
dans lesquels les faces plus larges affectent souvent 4 molécules d'hydrate de baryte ( à 9 H2O ) avec
la forme d'escaliers, comme dans les cristaux de 3 molécules de protosulfure à 6 H2O . Les cristaux
sel marin. Ce sel a une réaction acide, mais sa grenus seraient formés de molécules égales d'hy-
saveur est celle des autres sels de baryum . Il drate et de sulfure à 10H2O. La liqueur limpide,
commence à s'effleurir à + 40°, mais il est dé- séparée de ces dépôts et concentrée par distillation
liquescent dans un air humide. Il est intégrale- dans une cornue, donne après le refroidissement
ment soluble dans l'eau : l'alcool le décompose en des cristaux granuleux de sulfure de baryum hy-
un sel acide qui se dissout et une poudre blanche draté, et l'eau mère retient du sulfhydrate bary-
dont lacomposition est encore à déterminer. Chauffé tique. Ce sulfure hydraté est difficile à obtenir
au rouge, le fluoborate de baryum se décompose exempt d'oxysulfure ; il jaunit à l'air et contient
en fluorure de bore volatil et fluorure de baryum 6 molécules d'eau de cristallisation . C'est une sul-
qui reste. Le sel en cristaux a pour formule fobase qui donne en général des sels peu solubles
Ba F12, 2 Bo F13 + 2 H2O [H. Rose, voyez plus bas au Trisulfure ]. D'après
(Berzelius). Lauth, le sulfure de baryum se transforme, quand
FLUOSILICATE DE BARYUM , Ba" Fl² , Si Fl . — Il on le calcine dans un courant de vapeur d'eau,
forme de petites aiguilles microscopiques dont la d'après l'équation suivante :
forme est indéterminable ; anhydre ; très-peu so- BaS4 H2O : Ba SO 8 H,
luble dans l'eau froide et dans l'acide chlorhy-
drique ; un peu plus soluble dans l'eau bouil- en sulfate de baryte et hydrogène [ Bull . de la
lante. Soc. chim. de Paris, 1863, t . V, p. 249] .
La chaleur rouge décompose assez facilement Le sulfure de baryum peut s'obtenir : fo en fai-
BARYUM . 508 BARYUM.
sant passer un courant d'hydrogène sur de la baryte avec le temps leur couleur passe à l'orangé ; ils
ou du sulfate de baryum chauffé au rouge vif ; possèdent le même dichroisme que les précédents.
2º En dirigeant des vapeurs de sulfure de car- Ils peuvent être redissous et recristallisés ; leur
bone sur du carbonate ou de la baryte incandes- dissolution s'altère à l'air, et l'alcool en précipite
cente. Il faut pour cela une très-forte chaleur, du tétrasulfure avec deux autres composés non
afin de détruire du carbonate barytique qui se analysés . La chaleur leur fait subir des décompo-
forme. Schöne a reconnu que le rouge sombre est sitions qui varient avec la température [ Schöne,
suffisant et l'action plus complète si le sulfide loc. cit. ou Jahresb. , de Kopp et Will, 1861 ,
carbonique est mélangé d'hydrogène, d'hydrogène p. 124].
sulfuré ou d'acide carbonique [ Poggend. Ann., PENTASULFURE DE BARYUM, BaS . - Il ne peut
t. CXII, p. 193, ou Répert. de Chim . pure, 1861. exister qu'en dissolution dans l'eauou dans l'alcool;
t. III, p . 468 ] ; exposée à l'air, sa solution se trouble instantané-
3º En mêlant intimement du sulfate de baryte ment à la surface ; on le prépare en faisant bouillir
en poudre fine avec du charbon , du coke ou de la le monosulfure avec une quantité suffisante de
houille, pétrissant le tout avec de l'huile ou de soufre, lequel se dissout (Berzelius) . Par le refroi-
la colle forte en une pâte dont on fait des bri- dissement d'une liqueur saturée , il se dépose du
quettes que l'on enveloppe de charbon pour les tétrasulfure avec du soufre libre et il reste dans
calciner ensuite dans un bon fourneau à vent, l'eau du soufre et du baryum dans le rapport de
avec ou sans l'intermédiaire d'un creuset. La 5 : 1. Par la concentration de celle-ci , le cin-
cuite terminée, on enlève les briquettes incandes- quième atome de soufre se dépose en octaèdres.
centes et on les met refroidir hors du contact de La dissolution du pentasulfure peut dissoudre en-
l'air, dans des pots de fer à couvercle. core du soufre, à l'ébullition ; celui-ci cristallise
Dans les grandes industries chimiques , on par le refroidissement en octaèdres microscopi-
chauffe le mélange dans des fourneaux à réver- ques (Schöne).
bère analogues à ceux où l'on fait la soude arti- OXYSULFURES DE BARYUM. —- Nous en avons déjà
ficielle. signalé deux en parlant du protosulfure. On sait
Le produit brut obtenu renferme du charbon depuis longtemps qu'une solution aqueuse saturée
en excès. Lessivé et traité par les acides , il sert à de sulfure de baryum (ordinaire), laissée immo-
préparer le nitrate, le chlorure ou l'acétate bary- bile pendant un mois ou deux dans un flacon
tique. Pris tel quel, renfermé dans un flacon bien fermé, forme un dépôt considérable d'assez gros
bouché, et exposé aux rayons solaires, ce sulfure cristaux incolores. D'après H. Rose, ce sont des
de baryum a la propriété de luire quelque temps tables hexagonales qui renferment une molécule
avec un éclat jaunâtre, dans l'obscurité : c'est ce d'hydrate barytique (à 9 H2O) avec 3 molécules de
qu'on appelait autrefois le phosphore de Bologne. monosulfure à 6 H2O. Cet oxysulfure et les deux
TRISULFURE DE BARYUM, Ba S³. - Il s'obtient précédents se décomposent dans l'eau bouillante,
pur de la manière suivante : de telle sorte que la moitié du sulfure de baryum
On fond ensemble 2 parties de protosulfure passe à l'état d'hydrate de baryte et l'autre forme
avec 1 p . de soufre et l'on chasse l'excès de sou- du sulfhydrate de sulfure qui demeure en disso-
fre à une température qui ne doit pas dépasser lution, tandis que la baryté cristallise.
360°. Il reste une masse vert jaunâtre, fusible SÉLÉNIURE DE BARYUM, Ba" Se. Il s'obtienten
vers 400 en un liquide noir qui devient vert sale mélangeant du sélénite de baryum sec avec 1/5 de
en se refroidissant ; au-dessus de 400°, il se dé- son poids de noir de fumée préalablement bien
gage du soufre, mais pour en expulser 2 atomes calciné, et en chauffant le mélange jusqu'au rouge
il faut avoir recours au rouge vif. Le trisulfure dans une petite cornue ; on maintient la tempéra-
de baryum se dissout lentement dans l'eau chaude, ture jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de gaz. Le
et encore faut-il le traiter à reprises réitérées par composé qui reste est coloré par un peu de char-
de nouvelles quantités d'eau ; la liqueur est rouge bon ajouté en excès. Il se dissout dans l'eau
foncé à chaud, rouge jaunâtre à froid , a une réac- chaude ; mais il s'y altère comme le sulfure de
tion alcaline et sulfureuse, ne renferme pas de baryum . En réduisant le sélénite de baryum par
sulfhydrate et se décompose à l'air. Par l'évapo- l'hydrogène au rouge, on obtient de l'hydrate de
ration dans le vide, il se forme des cristaux de baryum mélangé d'un séléniure de baryum plus
trois sortes 1° de petites tables hexagonales élevé, qui se dissout dans l'eau avec une colora-
d'un blanc à peine jaunâtre ; 2º des aiguilles rou- tion rouge-jaunâtre. Les acides en précipitent du
ges groupées en mamelons ; et 3° des prismes sélénium et dégagent en même temps du gaz sélen-
orangé clair. hydrique.
Le premier composé, déjà obtenu par Rose, est TELLURURE DE BARYUM . - Inconnu.
le monosulfure à 6 molécules d'eau : on peut l'ob- ARSENIURE DE BARYUM . —- La baryte, chauffée
tenir en plus gros cristaux en évaporant dans le même au rouge dans un courant de vapeur d'ar-
vide la solution de 5 p . de monosulfure avec 1 p. senic, est très-incomplétement attaquée. Il se
de soufre. Il est insoluble dans l'alcool et peu forme de l'arsénite coloré par une certaine quan-
soluble dans l'eau froide. Son eau de cristallisa- tité d'arséniure de baryum, lequel dégage un peu
tion part entre 100° et 350°, en même temps qu'il d'hydrogène arseniqué (As H³) quand on l'humecte
y a décomposition sur la fin. avec de l'eau (Gay-Lussac, Soubeiran).
Les prismes orangés ont pour formule : PHOSPHURE DE BARYUM . - On l'obtient mé-
langé avec du phosphate de baryte en conduisant,
3 (Ba S, 6 H2O) + (Ba S¹ , H2O) +6 H2O. au moyen d'un courant d'hydrogène, du phos-
Ils sont rhomboidaux obliques, jaunes par trans- phore en vapeur sur de la baryte portée au rouge
mission et rouges par réflexion ; il s'efleurissent ou à peu près. D'après Dumas [ Ann. de Chim . et
à la température ordinaire et sont peu stables. de Phys. , t. XXXII , p . 364] , dans cette opération,
Les cristaux rouges sont du tétrasulfure de ba- 75 p. de baryte en prennent environ 26 de phos-
ryum , Ba S4, H2O ; ils prennent toujours nais- phore :
sance quand on dissout le monosulfure avec n'im- 7 BaO +12 P 5 Ba P2P207 Ba².
porte quelle proportion de soufre et que l'on éva-
pore ; leur forme est celle d'un prisme rhomboidal Ce composé est brun noir, avec l'éclat un peu
droit dans lequel les diagonales de la base et l'axe métallique, passablement dur ; fusible à une tem-
principal sont dans le rapport suivant : pérature pas trop élevée, sinon il y a dégagement
de phosphore. Le phosphure de baryum se dé-
abc = 0,80364 : 1 : 0,81642 ; compose dans l'eau en hydrogène phosphoré ga-
BARYUM. - 509 BARYUM .
zeux et hypophosphite barytique. Le chlore l'atta- puis on fait cristalliser dans le vide, au- dessus de
que vivement à chaud, ce qui donne naissance à l'acide sulfurique. Quand l'évaporation est plus
du chlorure de phosphore, du chlorure de baryum lente, il y a décomposition. Le sel anhydre se dé-
et du phosphate barytique. Le procédé conseillé compose à 230° [ Millon dans Berzelius , Compt.
par Berzelius pour obtenir ce phosphure diffère rend. annuel, 5e année, 1845, p . 92 ] .
peu de celui de Dumas. On fait rougir de la ba- BROMATE DE BARYUM, (Br O3)2 Ba" + H2O. — Sel
ryte caustique anhydre dans un matras à long blanc, soluble dans 130 p . d'eau à la température
col et l'on jette ensuite du phosphore dessus. ordinaire et dans 24 p. d'eau bouillante. Quand
CARBURE DE BARYUM. - - Inconnu. on le chauffe, il se décompose violemment avec
production de lumière. Il renferme 1 molécule d'eau
SELS DE BARYUM. qui peut être chassée à + 200°. On l'obtient en
petits cristaux éclatants isomorphes avec le chlo-
rate, et appartenant ainsi au système prismatique
CHLORATE DE BARYUM, (ClO3) 2 Ba" + H2O . — II oblique [ Rammelsberg , Poggend. Ann. , t. XC,
s'obtient le mieux en décomposant le chlorate de p. 16] . Il détone, avec lumière verte, sur des char-
potassium par un petit excès d'acide hydrofluosi- bons ardents. Les acides sulfurique ou chlor-
licique et saturant l'acide chlorique, après filtra- hydrique en séparent du brome. On le prépare au
tion, par du carbonate barytique. Il cristallise mieux en mêlant 100 p. de bromate de potasse
avec production de lumière en prismes rhomboi- dissous dans l'eau bouillante avec une solution
daux terminés par deux faces , qui renferment une également bouillante de 160 p. d'acétate ou de
molécule ou 5,88 % d'eau qui en est chassée à 74 p. de chlorure barytique secs, et laissant re-
120°. L'oxygène commence à se dégager à 250°; froidir lentement. On peut en retirer encore une
au-dessus de 400° la fusion a lieu et la perte de petite quantité par l'évaporation de l'eau mère
l'oxygène est totale. Le résidu de chlorure est fai- (Rammelsberg) .
blement alcalin. Quand on chauffe rapidement le PERBROMATE DE BARYUM . - C'est un précipité
chlorate barytique, il fait explosion [ Vauquelin, blanc, grenu, très-peu soluble même dans l'eau
Wachter, Journ. fürprakt. Chem . , t. XXX, p . 321]. bouillante (voyez ACIDE PERBROMIQUE ) [ Kammerer,
Il détone par le choc quand on l'a mélangé avec Journ. fur prakt. Chem. , t. XC, p . 190 , ou Bull.
un combustible tel que le soufre ou le charbon , de la Soc. chim ., 1864, t. I, p. 129] .
par exemple. Un mélange de ce sel avec du ben- IODATE DE BARYUM, (IO³ )2 Ba" + H2O.- Il pré-
join et de la fleur de soufre donne une poudre sente l'aspect d'une poudre blanche très-peu so-
qui s'enflamme au contact d'une goutte d'acide luble. Lorsqu'on le dissout dans l'acide nitrique
sulfurique et brùle vivement en donnant une un peu étendu et chaud, il cristallise par le re-
belle flamme verte . Le chlorate de baryum est froidissement en petits prismes isomorphes avec
soluble dans 4 p. d'eau froide et une quantité le bromate et le chlorate [ Marignac, Ann. des Mi-
moindre d'eau bouillante ; il ne se dissout pas nes, (5 ), t. IX, p. 1 ]. Il contient 3,57 % d'eau de
dans l'alcool (Chenevix, Vauquelin ). Il est iso- cristallisation qui s'échappe à 130°. D'après Ram-
morphe avec les bromates de baryum et de melsberg [Poggend. Ann. , pour 1839] , il exige,
strontium ; sa forme est celle d'un prisme clino- pour se dissoudre, 1746 p. d'eau à 15º et 600 p.
rhombique dans lequel l'orthodiagonale est à la d'eau bouillante. Mis sur des charbons incandes-
clinodiagonale et à l'axe principal comme cents, il ne fond pas, mais il jette une lueur phos-
1 : 1,1446 : 1,2408 ; phorescente et détone incomplétement. Par la dis-
tillation il donne de l'oxygène et de l'iode, en
angle de la clinodiagonale sur l'axe principal , laissant du periodate quadribasique. On obtient
== 85°,0' [ Rammelsberg, Poggend. Ann. , t. XC, l'iodate barytique en saturant l'eau de baryte par
p. 16]. l'iode, ou mieux, comme Millon l'a recommandé,
PERCHLORATE DE BARYUM, (ClO4)2 Ba" +4 H2O. en précipitant une dissolution d'iodate de potasse
-Ce sel très-soluble dans l'eau, et même un peu par une quantité suffisante de chlorure ou de ni-
déliquescent, peut s'obtenir en beaux cristaux de trate de baryte [ Ann. de Chim. et de Phys., (3),
sa dissolution, soit dans l'eau, soit dans l'alcool. t. IX, p. 407 ) . Malgré les lavages le précipité re-
Dans les deux cas il forme deux prismes hexago- tient une petite quantité du précipitant dont on
naux réguliers pyramidés ; la dissolution aqueuse peut le débarrasser en le faisant bouillir avec de
donne des prismes longs et minces terminés par l'acide iodique.
un pointement aigu, et la dissolution alcoolique PERIODATES OU HYPERIODATES DE BARYUM .
produit des prismes courts et larges terminés par Le sel neutre est inconnu.
une pyramide plus obtuse ; l'angle du prisme avec 1° Periodate bibarytique ,
le pointement aigu est de 127 °25'. Ce sel se
change, par la calcination , en chlorure de baryum; (104) Ba". BaO + 3 H2O.
seulement il faut chauffer avec beaucoup de pré- C'est un précipité blanc qui se dépose quand on
caution à cause des projections. Le résidu s'élève traite par l'eau de baryte le sel correspondant de
aux 51/100 du poids du sel employé. Il se dégage sodium en dissolution aqueuse, aiguisée de quel-
2 molécules d'eau à 100° ; une troisième molécule ques gouttes d'acide nitrique. Par la calcination
s'en va à une température un peu plus haute ; au rouge il se décompose de la manière suivante :
quant à la quatrième, elle ne peut être chassée
sans produire un commencement de destruction 5 (1209 Ba², 3 H2O)
du sel [ Marignac, Mém. de la Soc. de Phys. et = 2 (120¹² Ba³) +61 +210 + 15 H2O
d'Hist. nat. de Genève, t. XIV, p . 258] . Du papier
imprégné de ce sel et allumé brûle avec une flamme [Langlois, Ann . de Chim. et de Phys., (3) , t. XXXIV,
verte [Sérullas, Ann . de Chim. et de Phys . , t. XLVI, p. 257] .
p. 303] . Le perchlorate de baryum se prépare en 2º Periodate pentabarytique , (IO4)2 Ba" .4 Ba O.
neutralisant l'acide perchlorique par la baryte ou -- On l'obtient en calcinant l'iodate barytique dans
son carbonate ; ou bien en décomposant le perchlo- une cornue ,
rate de zinc par l'eau de baryte [O. Henry, Journ. 5 (1206 Ba) = 81 + 180 + 12 (12 Ba5.
de Pharm., t. XXV, p. 268].
CHLORITE DE BARYUM . - Très-soluble. Se pré- Il est blanc, insoluble dans l'eau , mais soluble
pare directement ; quand la combinaison entre dans l'acide nitrique. Traitée par le nitrate d'ar-
l'hydrate barytique et l'acide chloreux est effec- gent, cette solution donne un précipité jaune brun
tuée, on évapore par ébullition jusqu'à pellicule, de sous-periodate d'argent.
BARYUM . 510 - BARYUM.

30 Biperiodate pentabarytique, et de baryum : son procédé consiste à mélanger


du sulfate d'ammoniaque saturé d'ammoniaque
14019 Ba55 H2O = 12 Ba5 012.12 H10 (12. avec du chlorure de baryum également dissous,
- On l'obtient , soit en mêlant d'ammoniaque caus- puis de l'eau de baryte.
tique le sel précédent dissous dans l'acide nitri- Usages. --- Le sulfate de baryum est employé,
que, soit en précipitant une dissolution de nitrate sous le nom de blanc fixe ou de baryte, dans di-
barytique par du periodate de sodium ; la liqueur vers genres de peinture industrielle (papiers ,
devient par là acide. Le précipité est un peu gé- carton, détrempe, etc.). Le spath pesant sert de
latineux, et quelquefois jaunâtre. L'eau s'en va fondant en métallurgie ; on le transforme en sul-
à 100° en même temps que le sel commence à fure pour obtenir les autres sels de baryum.
donner de l'oxygène [Rammelsberg, Poggend . Ann., Préparation. M. Kuhlmann a donné les pré-
t. XLIV, p. 545] . ceptes pour la fabrication industrielle du sulfate
SULFATE NEUTRE DE BARYUM , SO Ba". - Il de baryum ; on les trouvera dans les Compt. rend.
existe dans la nature en cristaux plus ou moins de l'Acad. des sciences , t. XLVII , p. 403, 464, 674.
volumineux , sous les noms de barytine ou de BISULFATE DE BARYUM , SO Ba" SO+ H2. - — II
spath pesant. Sa densité est comprise entre 4,35 se forme en dissolvant le sel neutre dans l'acide
et 4,58. On l'obtient dans les laboratoires sous sulfurique. Il peut être anhydre ou hydraté avec
forme d'une poudre blanche, insoluble dans l'eau , 2 H2O. L'eau le décompose. Liès -Bodart etJacque-
même en présence des acides. Les cristaux natu- min ont annoncé qu'un certain nombre de sels de
rels appartiennent à un prisme rhomboidal droit baryum se dissolvent dans l'acide sulfurique mo-
de 101 °40' , isomorphe avec les sulfates de stron- nohydraté en produisant du bisulfate de baryum ,
tium et de plomb. Manross a obtenu du sulfate qui se précipite du jour au lendemain en houppes
de baryum cristallisé en fondant du sulfate de d'aiguilles fines [ Compt. rend. de l'Acad. des
potasse avec du chlorure de baryum, dans un sciences, t. XLVI, p. 1206] .
creuset bien fermé. De Sénarmont a opéré la SULFITE DE BARYUM, SO³ Ba". - Poudre blan-
même cristallisation par l'action d'une tempéra- che, insipide, insoluble, qui se prépare par dou-
ture de 250° environ , soutenue pendant 60 heures ble décomposition ; anhydre, inaltérable à l'air, et
sur un tube scellé contenant du sulfate de baryum qui décrépite,quand on commence à la chauffer.
récemment précipité avec une dissolution de bi- Ce sel se dissout à chaud dans une dissolution
carbonate de soude ou de l'acide chlorhydrique. d'acide sulfureux qui l'abandonne, par le refroi-
L'acide sulfurique concentré et bouillant dissout dissement, en petits prismes hexagonaux. En vase
ce sulfate et abandonne, par le refroidissement, clos, sous l'influence du feu , il se dédouble en
des aiguilles fines. Une violente chaleur blanche sulfate et en sulfure de baryum [ Muspratt, Ann.
le fait fondre en un émail blanc ; en présence du der Chem. u. Pharm ., t. L et LXIV ; ou Berze-
charbon , à cette température, il est réduit à lius, Rapp. ann. , 1845 ; - Rammelsberg, Poggend.
l'état de sulfure. Les carbonates alcalins le dé- Ann., t. LXVII, p. 391 ].
composent d'une manière incomplète, soit par la HYPOSULFITE DE BARYUM, SO3 Ba" + H2O.
voie sèche, soit par la voie humide. En mélange C'est un précipité blanc, cristallin , qui se produit
intime avec de la limaille de fer, il donne, au quand on mélange des dissolutions concentrées
rouge, de l'oxyde de fer et du sulfure de baryum d'hyposulfite de soude et d'acétate barytique ; il
que l'on peut séparer par l'eau. Ce procédé de faut, pour éviter des pertes, ajouter de l'alcool et
préparation du sulfure barytique est plus expédi- laver le produit avec ce liquide. A 170° il perd la
tif et exige une température inférieure à celle plus grande partie de son eau ; à une tempéra-
qu'il faut employer pour décomposer le sulfate ture plus élevée, il perd du soufre et le reste de
par le charbon. En remplaçant le fer par de la l'eau ; et, après avoir chauffé au rouge, on obtient
limaille de zinc, on a une masse compacte, ver- un résidu contracté blanc jaunâtre , composé
dâtre, renfermant de la baryte, de l'oxyde et du d'après l'équation :
sulfure de zinc ; la baryte est difficile à en sépa- 6 (S2 O³ Ba")
rer, car elle forme avec l'oxyde de zinc un com- = BaS + 2 (SO³ Ba") + 3 ( S O¹ Ba″) + 6 S
posé que l'eau chaude ne détruit qu'en partie
[D'Heureuse, Poggend. Ann. , t. LXXV, p. 254 ; ou [ Rose, Rammelsberg, Pogg. Ann . , t. LVI, p. 295].
Annuaire de Millon , 1849, p. 80 ] . Précipité à HYPOSULFITE PLOMBICO - BARYTIQUE. - Préci-
froid d'une liqueur neutre, le sulfate de baryum pité cristallin , pesant , très-peu soluble , qui se
a une grande tendance à traverser les filtres. produit au bout de quelque temps quand on fait
L'insolubilité du sulfate de baryte dans l'eau le mélange des dissolutions d'acétate de baryte et
est telle, qu'il faut 200 à 300000 parties d'eau d'hyposulfite plombico -potassique [ Rammelsberg,
pour en dissoudre 1 de sel . Mais la solubilité Poggend. Ann., t. LVI, p. 295].
croît rapidement en présence des acides. On a DITHIONATE ou HYPOSULFATE DE BARYUM ,
trouvé que 1 p. de sulfate barytique se dissout dans S2 06 Ba" +2 ou 4 H2O.
23000 p. d'acide chlorhydrique froid de 1,03 de - Le sel de manganèse ( voyez HYPOSULFURIQUE
densité, dans 4887 p. du même acide chaud, dans
9273 p. d'acide nitrique de 1,02 , dans 40800 p. [ACIDE] ) , précipité par l'eau de baryte ou le sulfure
d'acide acétique de 1,02 de densité. Siegle a re- de baryum, donne une dissolution d'hyposulfate
connu, après Piria et Noad , la solubilité du sul- barytique, laquelle, suffisamment concentrée à
fate dans les acides étendus ; et il a constaté , chaud, laisse déposer des prismes rhomboidaux
comme l'avaient fait, du reste, d'autres observa- droits à 4 molécules d'eau, transparents, incolores,
teurs, que le sulfate de baryte précipité par le solubles dans 1,1 p. d'eau bouillante et dans
chlorure de baryum à chaud entraîne de ce der- 4,04 p. d'eau à + 18°. Ils sont insolubles dans
nier 0,2 % de son poids, et qu'on ne peut que l'alcool , inaltérables à l'air, décrépitent forte-
difficilement l'enlever en lavant avec des acides ment quand on les chauffe ; leur saveur est amère
[Journ. für prakt. Chem., t. LXIX , p. 142 ]. et astringente [ De Sénarmont, Krystallograph.
D'après Erdmann , le sulfate de baryte est soluble Chem. de Rammelsberg ; --- Heeren, Ann. de
dans le nitrate d'ammoniaque saturé. Chim et de Phys. , t. XL, p. 34]. Le sel à 4 mo-
Berthier a fait combiner le sulfate de baryum lécules d'eau se forme quand la dissolution est
avec celui de sodium en les fondant ensemble. abandonnée à l'évaporation spontanée. Il forme
Jacquelain a obtenu des aiguilles soyeuses , peu des prismes à 4 pans (rhomboidaux obliques) qui
solubles dans l'eau , davantage dans l'acide chlor- s'effleurissent à l'air et deviennent opaques sans
hydrique et formées par un sulfate d'ammonium changer de forme en perdant la moitié de leur
BARYUM. - 511 - BARYUM.
eau. L'angle du prisme est de 78° 46 ' , celui de la et plus soluble dans l'eau que les précédents ; il
base sur le prisme de 92° 43' , et enfin l'angle se dissout dans l'acide acétique ; il est jaune à
plan de la base de 78° 46 ' [ Heeren , Marignac , chaud et blanc à froid (Berzelius).
Mem. de la Soc. de Phys . et d'Hist. nat. de TELLURITES DE BARYUM . 1° Sel neutre ,
Genève, t. XIV, p . 226] . Te 03 Ba". ― · Obtenu par la voie humide, il est
DITHIONATES DE BARYUM ET DE SODIUM OU DE MA- blanc, volumineux , soluble dans beaucoup d'eau.
GNESIUM. Ces sels doubles sont formés de mo- Préparé par la voie sèche, il forme une masse
lécules égales de leurs constituants ; le premier blanche cristalline que l'eau bouillante dissout
renferme 6 H2O, le second 4 H2O . Ils se prépa- très-peu, et cette dissolution a une réaction alca-
rent en décomposant la moitié d'un poids donné line ; l'acide carbonique la trouble.
d'hyposulfate de baryum par du sulfate de sodium 2° Quadrisel,
ou bien par de l'acide sulfurique, puis de la ma- Te¹ 09.Ba" = 3 Te 02. Te 03 Ba".
gnésie, filtrant et évaporant [ Schiff, Ann. der
Chem. u . Pharm . , t. CV, p. 239] . - Il fond au rouge naissant et se prend, par le
TRITHIONATE DE BARYUM, S306 Ba" + 2 H2O.. refroidissement, en un verre limpide incolore. On
On l'obtient en saturant l'acide trithionique par l'obtient, par la voie humide, en décomposant le
le carbonate de baryum et en mêlant à la liqueur sel neutre par l'acide nitrique très-étendu (Ber-
un grand excès d'alcool ; il se dépose en paillettes zelius).
brillantes, dont la dissolution s'altère très-rapi- SULFOTELLURITE TRIBARYTIQUE ,
dement avec production de sulfate (Kessler, Pogg. Ba³ S Te = 3 Ba S + Te S².
Ann. , t. LXXIV, p . 250].
TÉTRATHIONATE DE BARYUM, SO6 Ba" + 2 H2O . On le prépare en faisant bouillir ensemble les
Gros cristaux tabulaires, solubles dans l'eau, deux constituants et évaporant dans le vide. Il
insolubles dans l'alcool. Ce sel peut s'obtenir di- cristallise en prismes plats , quadrilatères, tron-
rectement ou bien en décomposant une dissolu- qués obliquement, jaune pâle, translucides, vo-
tion d'acide tétrathionique par son équivalent lumineux, lentement solubles dans l'eau et se
d'acétate de baryum et ajoutant de l'alcool [Kess- conservant assez longtemps à l'air (Berzelius) .
ler, Poggend. Ann. , t. LXXIV, p. 253] . AZOTATE DE BARYUM, (Az O3,2 Ba".-Ce sel cris-
PENTATHIONATE DE BARYUM, S5O6 Ba" + H2O . tallise en octaèdres réguliers, simples ou modi-
1- Ce sel cristallise en prismes à base carrée ; il fiés, anhydres, transparents ou blancs, inaltéra-
est très-soluble dans l'eau ; l'alcool fort le préci- bles à l'air, dont le poids spécifique est 3,185
pite de sa dissolution ; il se dépose des aiguilles (Karsten) ou 3,228 (Kremers et la saveur désa-
soyeuses, transparentes, qui se transforment dans gréable, salée et amère. Quand on le chauffe, il
la liqueur en gros cristaux. Ce tétrathionate re- décrépite, fond, puis se décompose au rouge en
tient fortement de petites quantités d'alcool . oxygène, azote et acide hypoazotique, lesquels se dé-
Chauffé dans un tube , il donne de l'eau, de l'acide gagent tandis que la barytereste, anhydre. Il détone
sulfureux, du soufre et du sulfate de baryte [ Le- faiblement avec les corps combustibles ; projeté
noir, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. LXII, p . 253]. sur des charbous ardents, il en active la combus-
Sa dissolution aqueuse se décompose par l'évapo- tion en produisant une lumière blanc-jaunâtre.
ration et laisse ensuite déposer des groupes con- La solubilité, dans l'eau , de ce nitrate croît rapi-
centriques de cristaux prismatiques ayant la for- dement avec la température ; Gay-Lussac a trouvé
mule S406 Ba" + S5 06 Ba" + 6 H2O [Ludwig, Ann. que 1 p. de sel exige 20 p . d'eau à 0° ; 12,5 p.
de Millon, 1848, p . 19] . à 15° ; 5,9 à 49° ; 3,4 à 86 ° et 2,8 p. à 101°.
SÉLÉNIATE DE BARYUM, Se O ' Ba". Poudre Karsten a trouvé qu'il faut 11,7 p. d'eau à 20°
blanche insoluble dans l'eau et dans l'acide ni- pour 1 de nitrate. La présence d'acide nitrique
trique. A l'ébullition , l'acide chlorhydrique trans- libre diminue la solubilité, et celle-ci est nulle
forme ce sel en sélénite. Chauffé dans un courant dans l'alcool et dans l'acide nitrique purs.
d'hydrogène, il se transforme, avec phénomène Hirzel a annoncé qu'il avait obtenu, une fois
lumineux, en séléniure de baryum. On le prépare seulement, entre 0° et 12 °, du nitrate de baryum
par double décomposition. en cubes incolores contenant 2 molécules d'eau
SÉLÉNITES DE BARYUM . ·1° Sel neutre . - Pou- [Zeitschrift Pharm. , 1854, p. 49] .
dre blanche insoluble dans l'eau , soluble dans les En dissolvant de l'acétate de baryte dans un
acides ; difficilement fusible ; anhydre. Se prépare grand excès de nitrate, Lucius a vu que la liqueur,
par double décomposition (Berzelius). après avoir laissé déposer du nitrate, abandonnait
2° Bisel. On l'obtient en dissolvant du carbo- de gros prismes rhomboidaux droits formés de 1
nate de baryum tant qu'il y a effervescence. Si on molécule d'acétonitrate et de 4 molécules d'eau
ne laisse pas le moindre excès d'acide, la dissolu- (voyez ACETATES) [ Ann. der Chem. u. Pharm.,
tion laisse déposer, par l'évaporation spontanée, t . ČIII, p. 113] .
une masse confusément cristallisée , blanche , Si l'on dissout, dans une solution saturée de
très-lentement soluble dans l'eau. En présence salpêtre, du nitrate de baryte ou que l'on prati-
d'un petit excès d'acide , ce bisélénite se dépose que l'opération inverse, il se dépose une combi-
en petits grains ronds, fibro-radiés. En ajoutant naison renfermant molécules égales des deux sels.
de l'ammoniaque à sa dissolution , on obtient un Les dissolutions saturées de nitrate de potasse et
précipité de sélénite neutre (Berzelius). de nitrate de baryum se laissent mélanger sans
TELLURATES DE BARYUM . —- Ils s'obtiennent par produire cette combinaison [Karsten, Schriften
double décomposition . Le sel neutre renferme 3 der Berl. Akad. , 1841].
molécules d'eau. Volumineux au moment de sa pré- Quand on ajoute du nitrate de baryum à du
cipitation , il ne tarde pas à se rassembler en phosphate d'ammoniaque, on obtient un préci-
une poudre blanche , dense , faiblement soluble pité gélatineux qui étant lavé et exprimé se com-
dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau bouil- porte comme une combinaison de nitrate et de
lante , soluble dans l'acide nitrique. L'eau n'est phosphate de baryum. L'eau bouillante dissout le
chassée qu'au-dessus de 200°. nitrate et laisse le phosphate (Berzelius).
Le bitellurate forme une masse floconneuse Le nitrate de baryum est employé dans quel-
qui ne s'affaisse pas comme le précédent. Plus ques feux d'artifice ; on s'en sert aussi, concur-
soluble dans l'eau que le sel neutre. Les lavages remment avec le chlorure, pour reconnaître et
le décomposent en tellurate neutre, tellurate acide doser l'acide sulfurique.
et acide tellurique . On obtient ce sel en attaquant, par l'acide
Le quadritellurate est encore plus volumineux étendu, le sulfure ordinaire ou le carbonate natif
BARYUM. 512 - BARYUM.

de baryum, filtrant et purifiant par plusieurs re- barytique, traitée par l'acide hypophosphoreux,
cristallisations. En employant de l'acide concentré donne des tables carrées qui ne diffèrent des
ou peu étendu, on transforme une assez forte pro- cristaux précédents que par une molécule d'eau en
portion de sulfure en sulfate, ou bien, dans le moins. En vase clos, ce sel se décompose en hy-
cas où le carbonate sert de matière première, on drogène phosphoré et phosphate barytique. Un
détermine la formation d'un dépôt de nitrate cris- morceau d'hydrate de potasse, ajouté à sa disso-
tallisé qui recouvre le minéral et empêche une lution, en fait dégager de l'hydrogène à chaud
décomposition subséquente. Mohr a conseillé pendant qu'il se forme un précipité de phosphite
l'emploi de dissolutions concentrées chaudes de de baryum. On prépare cet hypophosphite en
sulfure de baryum et de nitrate de sodium qui , faisant bouillir du phosphore avec de l'hydrate
par leur mélange, donnent lieu à une double dé- de baryte [Rose, Wurtz, Ann. de Chim. et de
composition ; après le refroidissement on trouve Phys. , (3), t. XVI (1843)] .
une abondante cristallisation de nitrate de ba- PHOSPHITES DE BARYUM.
ryum. 1º 2. Ph H 03 Ba" + H2O .
AZOTITE DE BARYUM , (Az O2)2 Ba" + H2O. - In-
altérable à l'air, très-soluble dans l'eau et l'alcool , Se prépare par double décomposition ; ne se dé-
ce nitrite paraît être dimorphe puisque selon pose qu'au bout d'un jour ou deux en une croûte
Fischer [ Poggend. Ann . , t. LXXIV, p. 115] il peut semi-cristalline, efflorescente. Par la calcination,
cristalliser en prismes hexagonaux réguliers, al- il est converti en phosphate.
longés, ou en prismes courts rhomboidaux droits 2º ( Ph HO3 )2 H2 Ba" + H2O. On l'obtient en
de 71 ° ,75'. Ces données ont été confirmées par dissolvant le sel précédent dans l'acide phospho-
Nicklès [Ann. de Millon et Reiset, 1819, p. 103]. reux et évaporant la dissolution à une douce cha-
Pour obtenir ce sel , on chauffe avec précaution leur. Il forme une masse sirupeuse qui , desséchée
le nitrate de baryum de manière à éviter qu'il se dans le vide sur l'acide sulfurique, donne des
forme une trop forte proportion de baryte libre; petits grains qui perdent H2O à 100°. La chaleur
on reprend par l'eau ; la baryte est éliminée au décompose partiellement sa dissolution .
moyen d'un courant d'acide carbonique et d'une PHOSPHATES DE BARYUM. - PHOSPHATES NOR-
filtration ; la liqueur concentrée abandonne la MAUX. -1° Sel tribarytique, (Ph O¹) Ba³ + H2O.
majeure partie du nitrate non décomposé, puis le Se produit par double décomposition au moyen
nitrite ; on peut aussi séparer le premier à l'aide du sel sodique correspondant : la liqueur demeure
de l'alcool qui ne le dissout pas. Fritzsche dirige neutre, et il se précipite une poudre grenue ,
dars de l'eau de baryte les vapeurs qui se déga- lourde , qui renferme de l'eau très-difficile à expul-
gent de l'acide nitrique fumant que l'on chauffe ; ser et qui n'attire pas l'acide carbonique de l'air.
il évapore à sec, puis reprend le résidu par une 2° Sel bibarytique , PhOH Ba' . - On l'obtient
très-petite quantité d'eau froide qui laisse presque par double décomposition en employant le sel
tout le nitrate. Pour avoir un produit bien pur, ammonique correspondant ; la liqueur doit con-
il faut précipiter le nitrate d'argent par le chlo- tenir un excès de chlorure de baryum. Il se dé-
rure de baryum. pose en écailles cristallines , solubles dans
Le nitrite de baryum est presque insoluble 20570 p. d'eau à + 20° ; un peu plus soluble dans
dans l'alcool absolu , soluble dans 64 p. d'alcool à les sels ammoniques ou les chlorures de baryum
94 % à la température ordinaire ; plus soluble et de sodium. Une eau qui renferme 12 % de
encore dans l'alcool bouillant, sa dissolution offre chlorure sodique ou 0,8 % de chlorure barytique
une réaction alcaline, elle ne s'oxyde pas à l'air dissout 1/4362 de phosphate. L'ammoniaque rend
[ Lang , Journ. für prakt. Chem. , t. LXXXVI , ce sel moins soluble ; il se dissout, au contraire,
p. 295, ou Repert. de Chim. pure, t. V, p. 77]. facilement dans les acides nitrique, chlorhydrique
Lang a décrit un nitrite de baryum et de potas- et acétique étendus (dans 400 p. de ce dernier à
sium , Az2O Ba + 2Az O2K + H2O , en longues 1,032 de densité) . De sa solution dans les acides,
aiguilles fines , inaltérables l'air, très-solubles l'ammoniaque en excès précipite du phosphate
dans l'eau et insolubles dans l'alcool. Ce chimiste tribarytique, ou une combinaison de sel bibary-
a découvert aussi un nitrite de baryum et de nic- tique et de sel tribarytique ; le précipité retient
kel, 2 (Az2O+ Ba) + Az2O' Ni, qui est une poudre en outre du chlorure ou du nitrate de baryum, du
rouge clair, soluble dans l'eau qu'elle colore en sel ammonique ( Berzelius , Ludwig , Wackenro-
vert ; existe aussi un nitrite triple de nickel, der).
de potassium et de baryum en petites tables mi- 30 Sel monobarytique, (PhO4)2 H* Ba”. -- Pour
croscopiques d'un brun jaune, difficilement so- le préparer, on dissout l'un des phosphates pré-
lubles dans l'eau froide, et se préparant par le cédents dans l'acide phosphorique aqueux et l'on
mélange de l'acétate de nickel avec le nitrite ba- évapore.
rytico-potassique. Formule : Le sel cristallisé est blanc , inaltérable à l'air ;
Az2 O Ba , Az2 O¹ Ni , 2 Az O2 K. sa saveur est faiblement acide ; il se dissout saus
décomposition dans les acides étendus ; l'eau le
Hampe a aussi étudié le nitrite de baryum, sans dédouble en acide phosphorique et phosphate bi-
ajouter grand'chose de nouveau à son histoire barytique.
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXV, p. 334 , ou Le phosphate bibarytique dissous dans l'acide
Bull. de la Soc. chim., t. V, p. 334] . phosphorique et additionné d'alcool laisse déposer
HYPOPHOSPHITE DE BARYUM , un sel soluble
(Ph H2O2) 2 Ba" + H2O. 2. PhOH Ba" + (Ph OH Ba" + 3 H2O.
Beaux prismes d'un éclat nacré, solubles , PYROPHOSPHATE DE BARYUM ,
très-flexibles, inaltérables à l'air, qui se forment
le mieux quand on mêle bien la solution avec de Ph:07Ba + 2 H2O.
l'alcool, jusqu'à ce qu'un trouble commence à se
manifester : le sel cristallise peu à peu par le re- C'est une poudre blanche amorphe, très-peu
pos. Il renferme les éléments de 3 molécules d'eau, soluble dans l'eau, dans les acides pyrophosphori-
dont l'une s'en va à + 100°, et les deux autres que et sulfureux aqueux, plus soluble dans les
à une température si élevée que le phosphore se acides chlorhydrique et nitrique, insoluble dans
suroxyde à leurs dépens. C'est pourquoi Wurtz l'acide acétique, le sel ammoniac et le pyrophos-
les a considérés comme étant de l'eau de consti- phate de soude. L'acide pyrophosphorique préci-
tution . La dissolution aqueuse d'hypophosphite pite l'eau de baryte, et le pyrophosphate sodique
BARYUM. - 513 - BARYUM .
les sels de baryum (Gerhardt, Schwarzenberg) . Un 20 Sesquicarbonate. - Il se précipite du chlo-
sel double barytico-sodique (6 molécules de pyro- rure de baryum au moyen du sesquicarbonate
phosphate de baryum, 2 molécules de pyrophos- de sodium (Boussingault, Laurent). Rose en con-
phate de sodium et 6 molécules d'eau) prend nais- teste l'existence.
sance quand on verse goutte à goutte du chlorure 3° Bicarbonate. - Il n'existe qu'en dissolu-
de baryum dans une solution bouillante de pyro- tion ; on le prépare en dissolvant le sel neutre
phosphate de sodium maintenu en excès ; il est dans l'acide carbonique .
soluble dans les acides. Berthier a obtenu par la voie sèche des combi-
METAPHOSPHATES DE BARYUM. 1° Sel de Maddrell naisons de chlorure sodique ou barytique ou de
ou monometaphosphate. - Il prend probable- sulfate de soude avec le carbonate neutre de ba-
ment naissance quand on dissout du carbonate de ryum.
baryte dans de l'acide phosphorique ordinaire SILICATES DE BARYUM. Non analysés . Diffici-
en excès et que l'on chauffe à + 316°. Poudre lement fusibles, opaques. L'acide chlorhydrique
blanche que les acides étendus n'altèrent pas, mais décompose ceux qui renferment plus de deux
qui est décomposée par l'acide sulfurique concen- tiers de baryte .
tré chaud. SULFARSENIATES , SULFARSÉNITE , HYPOSULFAR-
2º Bimetaphosphate, PhO12 Ba² + 4 H2O. ― SÉNITE DE BARYUM . - Voyez ARSENIC.
Se prépare par double échange à l'aide du sel de SULFANTIMONIATE DE BARYUM. - Voyez AN-
sodium ou d'ammonium correspondant . TIMOINE.
Précipité cristallin, difficilement soluble dans SULFOMOLYBDATE ET PERSULFOMOLYBDATE DE
l'eau, indécomposé à chaud par les acides chlor- BARYUM . Voyez MOLYBDene.
hydrique et nitrique concentrés, mais bien par Pour les SELS D'ACIDES ORGANIQUES, voyez ces
l'acide sulfurique et aussi par le carbonate de acides. M. D.
soude dissous. Il perd toute son eau au-dessus BARYUM. - RÉACTIONS. - En solution con-
de 150°; la calcination le transforme. centrée, les sels de baryum donnent avec la po-
3° Trimétaphosphate, Ph 018 Ba³ +6 H2O.- tasse ou la soude un précipité blanc d'hydrate de
Le sel de sodium ( 1 p. ) et le chlorure de baryum baryte complétement soluble dans un grand excès
(2 à 3 p. ) en solution très-concentrée, donnent d'eau.
une liqueur qui, après filtration , laisse déposer L'ammoniaque pure ne les précipite pas.
de beaux prismes rhomboidaux. Ces cristaux per- Carbonates alcalins . - — Précipité blanc de car-
dent les deux tiers de leur eau à + 100° ; le bonate barytique .
reste est chassé à une température plus haute ; Acide sulfurique ou sulfates solubles . Préci-
au rouge il y a modification. Avant la calcination pité blanc de sulfate barytique, insoluble dans
le sel est plus soluble dans l'eau que le précé- l'eau et l'acide azotique. Ce précipité n'est pas co-
dent. loré par l'hydrogène sulfuré.
4° Hexamétaphosphate. - Précipité gélatineux Chromates de potasse. - Précipité jaune, solu-
qui devient cassant et translucide par la dessic- ble dans les acides.
cation. Soluble dans le chlorure ammonique et Acide hydrofluosilicique. - Précipité blanc cris-
l'acide nitrique . tallin.
ARSENITE ET ARSÉNIATES DE BARYUM. - Voyez Phosphate de soude . - Précipité blanc, soluble
ARSENIC . * dans l'acide nitrique.
BORATES DE BARYUM. - Les différents borates Arséniate de soude. - Idem.
potassiques donnent lieu, avec le chlorure de ba- Iodate de soude. - Précipité soluble dans les
ryum, à des précipités correspondants, peu solu- liqueurs très-étendues.
bles dans l'eau , fusibles au feu, solubles dans les Acides oxalique , chlorique et perchlorique,
sels ammoniques et le chlorure de baryum. Le ferricyanure potassique (prussiate rouge) et sul-
sel neutre est décomposé en présence de l'eau par fure d'ammonium . - Pas de précipité.
l'acide carbonique. Ferrocyanure de potassium (prussiate jaune).
CARBONATES DE BARYUM . - Précipité blanc devenant cristallin, qui ne se
1º Carbonate neutre, CO³ Ba".- On le rencon- forme pas dans les liqueurs étendues.
tre dans la nature en masses fibro-compactes Les sels de baryum colorent la flamme du cha-
blanc jaunâtre, ou en cristaux incolores dérivant lumeau en jaune verdâtre.
d'un prisme rhomboidal droit de 118° 55' , iso- Au spectroscope, à la condition qu'ils ne con-
morphe avec les carbonates de strontiane, de tiennent pas trop de chaux, ils donnent un spectre
plomb et de chaux (aragonite); c'est la withérite dans lequel on remarque surtout trois bandes
des minéralogistes ; les plus beaux échantillons vertes et une bande orangée.
viennent d'Alston-Moor. Quand on dissout le car- DOSAGE. — Le baryum, dans ses composés solu-
bonate barytique naturel dans les acides forts, bles et en général dans ceux que l'on peut amener
il laisse un résidu plus ou moins abondant de cet état, se dose le plus souvent sous forme de
sulfate barytique. Poids spécifique , 4,29. On sulfate. Pour cela on chauffe légèrement la disso-
peut préparer ce sel par double décomposition : lution préalablement aiguisée de quelques gouttes
c'est le moyen employé pour l'obtenir pur. Il se d'acide nitrique, si l'on veut, et l'on y ajoute de
dissout dans 4000 p. d'eau ; la présence de l'acide l'acide sulfurique étendu, aussi longtemps qu'il
carbonique augmente cette solubilité. Une tem- y a précipitation , et on laisse reposer quelques
pérature très-élevée lui fait perdre son acide car- moments.
bonique ; le charbon facilite cette décomposition Le sulfate de baryte ainsi obtenu ne traverse 1
(Abich). pas les filtres ; il ne se dissout, et encore très-lé-
Le carbonate de baryum, mélangé avec de la gèrement, que dans les acides concentrés en
craie ou de la chaux vive et chauffé au rouge dans excès et les sels ammoniacaux. Le sulfate de ba-
un courant modéré de vapeur d'eau, se décom- ryte, précipité par un sulfate soluble, a une grande
pose le résidu consiste en chaux et en baryte tendance à entraîner avec lui une petite quantité
(Jacquelain) . On a pensé que ce procédé aurait du précipitant, qu'il retient opiniâtrément ; en
quelques applications industrielles. outre, il se dissout légèrement dans la liqueur.
On transforme quelquefois le carbonate natu- On ne peut donc l'employer pour déterminer les
rel en sulfate, pour les besoins de la peinture. poids atomiques ; mais, dans la majorité des au-
L'acide sulfurique employé agit beaucoup plus tres cas, on peut y avoir recours. Le sulfate doit
rapidement si on y ajoute quelques gouttes d'a- être soigneusement lavé à l'eau chaude, séché,
cide chlorhydrique. détaché du filtre que l'on brûle à part afin d'évi-
- 33
BARYUM . 514 - BASES .

ter une réduction partielle , puis calciné ; son l'antimoniate, on pourra expulser l'antimoine par
poids multiplié par 0,6571 donne celui de la ba- une calcination avec un excès de chlorure d'am-
ryte. Pour doser le baryum sous forme de car- monium; ce procédé est aussi applicable aux
bonate, on additionne sa solution avec un peu autres composés. Dans les dissolutions, un cou-
d'ammoniaque et l'on précipite par le carbonate rant d'acide sulfhydrique précipite tout l'anti-
de cette base ; il faut exposer la liqueur à une moine (H. Rose). M. D.
douce chaleur, puis filtrer, laver avec de l'eau am- BASALTINE. - Variété d'amphibole horn-
moniacale, sécher et calciner. blende.
Les sels simples de baryum à acide volatil peu- BASANOMELANE ( Min . ) . - Variété d'ilmé-
vent être mis à digérer avec un excès d'acide sul- nite.
furique aqueux, desséchés, puis calcinés , jusqu'à BASES. Dans la théorie dualistique , les ba-
expulsion totale de l'excès d'acide sulfurique. ses étaient les oxydes métalliques électro-positifs,
Séparation du baryum des métaux alcalins que l'on supposait unis dans les sels aux oxydes
et en général de ceux dont le sulfate est so- électro-négatifs ou acides. Pour nous , les bases
luble dans l'eau . - Cette séparation s'effectue sont des hydrates métalliques répondant à la for-
facilement. La matière à analyser est amenée à mule MN (OH)" et susceptibles de faire la double
l'état de dissolution légèrement acidulée et pré- décomposition avec les acides .
cipitée par l'acide sulfurique étendu , à une tem- Suivant l'atomicité du métal qu'elles renfer-
pérature un peu inférieure à l'ébullition. Si ce- ment, les bases renferment un ou plusieurs ato-
pendant les métaux qui accompagnent le baryum mes d'oxhydryle. On les dit monoatomiques lors-
sont le cérium et ses congénères, le thorium, qu'elles n'en renferment qu'un , diatomiques lors-
l'yttrium et ses congénères , il faut chauffer à qu'elles en renferment deux, et ainsi de suite.
une température moindre et opérer sur des li- Les bases monoatomiques, n'ayant qu'un seul
queurs plus étendues, parce que les sulfates de atome d'hydrogène typique à échanger contre
ces derniers métaux sont moins solubles à chaud des radicaux acides, ne peuvent former qu'un sel
qu'à froid. neutre en réagissant sur les acides monobasi-
Séparation du baryum et du strontium. ques.
1er Procédé. - Les deux métaux sont amenés à Les bases polyatomiques, au contraire, peuvent
l'état de sel soluble, de chlorure préférablement : échanger en totalité ou en partie leur hydrogène
on ajoute à la dissolution de l'acide hydrofluosi- typique contre des radicaux acides ; elles donnent
licique récemment préparé, puis de l'alcool, dans des sels neutres normaux dans le premier cas et
lequel le fluosilicate de baryum est insoluble. Le des sels basiques dans le second . Ainsi l'on con-
précipité qui renferme le baryum est recueilli sur naît deux azotates de plomb : l'un neutre,
un filtre taré, lavé avec de l'alcool affaibli , puis
desséché à 100° ; son poids sert à calculer celui du OAz O2
baryum . Pb" { O Áz 02,
2e Procédé. Les deux métaux sont transformés et l'autre basique,
en sulfates que l'on met digérer , à une tempéra-
ture qui ne dépasse pas 20°, avec une dissolution Pb" OOAz
H,02
de bicarbonate de potasse ou de carbonate d'am-
moniaque, en ayant soin d'agiter fréquemment. dérivés tous deux de l'hydrate
Après vingt-quatre heures de contact tout le sul-
fate de strontiane est transformé en carbonate, PbO OHH.
tandis que le sulfate de baryte est demeuré in- 1
tact. On jette le tout sur un filtre et on lave
d'abord avec une dissolution très-faible de carbo- Dans certains cas, les bases perdent de l'eau
nate alcalin , puis avec de l'eau pure , à la tempé- comme les acides et se convertissent en anhydri-
rature ordinaire. La matière demeurée sur le filtre des basiques. Si ces anhydrides dérivent de bases
est ensuite traitée par l'acide chlorhydrique d'une atomicité paire, l'élimination d'eau a lieu
étendu et froid. Le sulfate de baryte qui reste aux dépens d'une seule molécule d'hydrate.
après le lavage permet de calculer la proportion Exemple :
de baryum. Ba H2 02 := BaO + H2O.
La séparation se fait d'une manière plus expédi-
tive quand on soumet le mélange des sulfates à Si, au contraire, la base a une atomicité im-
deux ébullitions successives avec une dissolution paire, elle ne peut perdre la totalité de son hy-
de carbonate de potasse contenant le tiers au drogène qu'en se doublant. C'est ce qu'on observe
moins de son poids de sulfate de potasse ; le ré- avec l'oxyde de potassium KO, qui dérive de la
sidu, traité comme ci-dessus par l'eau, puis par potasse KHO conformément à l'équation
l'acide chlorhydrique faible, etc. , laisse du sulfate 2 KHO = H2O + K2O.
de baryte. Ce procédé, modifié, peut servir à la
séparation des deux métaux lorsque ceux-ci sont Quand les bases ont une atomicité paire ou im-
en dissolution . paire supérieure à 2 , leur premier anhydride
Séparation du baryum et du calcium. - Elle renferme encore de l'oxhydryle et fonctionne à la
se fait par le second procédé décrit ci-dessus. manière d'une base dont l'atomicité est inférieure
Séparation du baryum et du zirconium . - Le de deux unités à celle de la base primitive. Ces
mélange, ramené à l'état de chlorure ou de ni- anhydrides résultent en effet de la substitution de
trate , est sursaturé par de l'ammoniaque caus- O à 2 OH. Exemple :
tique, soumis à l'ébullition pour chasser l'excès ОН
de celle-ci , puis filtré. La zircone seule est pré- Sb" OH - 0 = (SLO)'. Oн .
cipitée. OH
Séparation du baryum et du plomb. - Elle Oxyde d'anti- 1er anhydride
s'effectue, dans des liqueurs étendues faiblement moine. antimonieux.
acidulées par l'acide chlorhydrique, au moyen
d'un courant d'hydrogène sulfuré lavé qui pré- On s'explique ainsi comment certains sesqui-
cipite le plomb. oxydes, tels que ceux d'antimoine et d'uranium,
Separation du baryum et de l'antimoine. fournissent, en se dissolvant dans les acides, non
Dans le sulfantimoniate barytique, les acides éten- des sels à 3 radicaux acides, mais des sels à un
dus précipiteront le sulfure d'antimoine. Dans seul radical acide dans lesquels fonctionne un ra-
BASICÉRINE. 515 - BASICITÉ.
dical composé oxygéné monoatomique agissant | Mais il était plus difficile d'étendre cette notion
comme métal . Ces sels présentent la constitution aux acides polybasiques qui renferment de chacun
non des hydrates normaux correspondant aux de leurs éléments un nombre d'équivalents divi-
sesquioxydes employés, mais bien celle des pre- sible par 2, car il suffisait alors de dédoubler
miers anhydrides de ces hydrates. leurs formules pour en faire des acides monoba-
L'azotate uranique siques.
La formule de l'acide tartrique, par exemple,
(UO)' ) 0,
Az O2
C8 H4010, 2 HO,
par exemple, correspond à l'anhydride basique ,
pouvait aussi bien s'écrire CH2O5. HO , qui en
(UO) ) 0,
O' o, faisait un acide monobasique. Étendre aux acides
de cette nature la notion de la polyatomicité, ce
et non à l'hydrate normal , fut le mérite de Liebig.
En 1838 , ce chimiste publia un travail remar-
quable , dans lequel il insista sur la nécessité
L1303,
H3 de considérer comme polybasiques les acides cya-
qui d'ailleurs est inconnu. nurique, mélonique, coménique, citrique, aconi-
L'existence de l'azotate uranique et des sels tique et aconique, tartrique, malique et fumari-
analogues, qui était une difficulté sérieuse avec que [Ann. der Chem . u. Pharm . , t . XXVI , p. 438 ;
les anciennes théories , s'explique , comme on Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXVIII , p . 5 (1838 )] .
le voit, tout naturellement avec les théories nou- Il ne fit d'ailleurs que raisonner par analo-
velles. L'azotate d'uranium est à l'uranium ce gie. Ayant constaté que ces corps ont une grande
que les éthers composés du glycide sont au gly- tendance à former des sels acides et des sels dou-
céryle. Rien n'est plus simple : bles, il rapporta ce fait à la même cause qui pro-
duit des résultats semblables avec l'acide phos-
(C 3 H 5 0 0. (UO)') phorique. M. Liebig termina son travail par des
C2 H3 O 0.
Az O2 vues théoriques du plus haut intérêt.
Glycide acétique. Azotate uranique. Il fit voir que le mieux pour expliquer les faits
(C3 H5)". U". nouveaux était d'abandonner les formules de Ber-
Glycéryle. Uranium. zelius et de revenir à la théorie de Davy , qui
A. N. envisageait tous les acides comme des hydraci-
BASICÉRINE. Voyez FLUOCERINE. des, c'est-à-dire comme formés par l'union de
BASICITÉ . - C'est la faculté que possèdent l'hydrogène avec un radical simple ou composé.
les acides d'échanger un ou plusieurs atomes d'hy- La capacité de saturation d'un acide, disait-il,
drogène contre des métaux positifs, et cela par dépend alors du nombre d'atomes d'hydrogène
double décomposition , en réagissant sur les bases. qu'il renferme en dehors de son radical , sans que
Le nombre d'atomes d'hydrogène remplaçables la nature du radical ait l'influence même la plus
indique le degré de la basicité. Un acide qui ne éloignée sur cette capacité de saturation . Ainsi,
renferme qu'un seul atome d'hydrogène rempla- en ajoutant soit du soufre, soit de l'oxygène à
çable est dit monobasique, un acide qui en ren- l'hydrogène sulfuré H2S, on obtient de nouveaux
ferme deux est dit bibasique, et ainsi de suite. acides, tous bibasiques, comme l'acide sulfhydri-
La première notion de la polybasicité des aci- que, puisque comme lui ils renferment tous H2.
des est due à M. Graham. Ce chimiste démontra,
en 1833 , que dans le phosphate neutre de potasse Acide sulfhydrique .. H2S ,
Acide sulfureux.. H2S02,
il y a 3 atomes de potassium ou, comme on disait Acide sulfurique . H2SO4,
alors, 3 équivalents de potasse pour 1 équivalent Acide hyposulfureux.. H2SO3,
d'acide phosphorique, et que les phosphates acides Acide hyposulfurique (dithionique)... HS206.
du métal ne diffèrent du sel tripotassique qu'en
ce qu'ils renferment de l'eau au lieu de potasse, C'était là une vue d'une grande portée ; c'était
ou, comme nous disons aujourd'hui , de l'hydro- un pas de fait vers nos théories actuelles.
gène au lieu de potassium [Graham , Philosophi- La théorie de la polybasicité des acides n'était
cal Transactions, 1833, p. 253 ; - Philosophical cependant point encore assise sur des bases so-
Magazine, t. III, p. 451 et 469] . L'acide phospho- lides. Elle était encore pour ainsi dire à l'état de
rique hydraté PO³. 3 HO (H = 1,0 = 8) devenait simple intuition . La faculté de former des sels
ainsi un acide tribasique et les diverses classes de acides ne saurait en effet servir de preuve de la
phosphates en dérivaient d'une manière très- polybasicité, puisque des acides monobasiques,
simple. On avait en effet comme l'acide acétique, l'acide benzoique et l'a-
cide stéarique, peuvent, eux aussi, donner nais-
PO5.3 KO, PO³ . 2 KO , HO et PO . KO, 2 HO. sance à des sels acides provenant de l'addition
La faculté que possède l'acide phosphorique de d'une molécule d'acide à une molécule de sel
former des sels acides et des sels doubles s'expli- neutre. Comment distinguer pratiquement ces
quait à merveille. C'était la conséquence de la sels acides de ceux qui dérivent d'un acide biba-
nature tribasique de l'acide phosphorique. sique par une saturation incomplète? C'était im-
La polybasicité de l'acide phosphorique était possible tant que l'on ne sortirait pas de l'étude
d'ailleurs incontestable. On n'aurait pu, en effet, des sels, tant que l'on ne chercherait pas à établir,
diviser par 3 la formule du phosphate de potasse par d'autres caractères mieux appropriés , le poids
sans diviser les équivalents de l'oxygène et du moléculaire des acides.
phosphore. Pour considérer l'acide phosphorique Faire sortir la théorie de la basicité de l'ordre
comme monobasique et admettre que ces sels des théories conjecturales pour la faire entrer
neutres renferment un seul équivalent de po- dans celui des théories définitivement démontrées ,
tasse, il aurait fallu écrire ces sels P1/3 05/3, MO, cet honneur fut réservé à Laurent et à Gerhardt
ce qui aurait masqué toutes les analogies du [Ann . de Chim. et de Phys . , (3) , t. XXIV, p . 163,
phosphore avec l'azote et n'aurait répondu à au- (1848) ; -Laurent, Méthode de Chim., p. 62-69
cune des propriétés de l'oxygène. En outre, on ne (1854) ; Gerhardt, Ann. de Chim . et de Phys. ,
se serait plus rendu compte ainsi de la facilité (3), p. 285 ; Gerhardt, Traité de Chim. , t . IV,
avec laquelle l'acide phosphorique forme des sels p. 611-645 (1856)] .
acides. Voici ce que l'on trouve dans la Méthode de
BASICITÉ. 516 BASICITÉ.
Chimie de Laurent nous traduisons dans la vation des acides du type eau, et très-souvent un
langue chimique actuelle. acide monobasique est aussi monoatomique, de
1° Sous un même volume de vapeur les acides même qu'un acide bibasique est biatomique, et
monoatomiques ne renferment qu'un seul atome un acide tribasique, triatomique. »>
d'hydrogène remplaçable par les métaux, tandis Tout en faisant cette distinction entre l'atomi-
que les acides polybasiques en renferment plu- cité des acides et leur basicité, Gerhardt ne la
sieurs. précisait pas nettement. Il disait bien dans une
2º 2 volumes d'un éther neutre d'acide mo- note : « Un acide monoatomique ne peut être que
nobasique renferment un seul radical alcoolique ; monobasique, mais un acide monobasique n'est pas
2 volumes de l'éther neutre d'un acide bi- ou nécessairement monoatomique ; » mais lorsqu'il
tribasique renferment 2 ou 3 de ces radicaux. voulait fournir une preuve à l'appui de son asser-
Ces derniers peuvent être identiques ou diffé- tion, il ne trouvait que l'acide sulfovinique
rents. SO2
3º Les acides monobasiques, en réagissant sur C2H5 02
les alcools, ne produisent qu'une seule série d'é- H
thers, les acides polybasiques en produisent plu-
sieurs, au nombre desquelles une constituée par qui, il en convenait lui-même dans la même note,
des éthers neutres et les autres par des éthers est en réalité un éther composé d'acide, dérivé de
acides. l'acide sulfurique, lequel est biatomique et biba-
40 A chaque acide monobasique correspond une sique.
seule amide, qui est neutre ; à chaque acide poly- C'est à M. Wurtz que nous devons d'avoir rendu
basique correspondent une amide neutre et une claire cette distinction entre l'atomicité et la ba-
ou plusieurs amides acides. sicité des acides . Après avoir découvert les gly-
50 Les acides polybasiques, pouvant seuls don- cols et avoir montré que ces alcools donnent, en
ner naissance à des amides acides, peuvent seuls, s'oxydant, deux acides, dont l'un est monobasi-
par cela même, fournir des éthers d'acides ami- que et l'autre bibasique, il formula cette loi : Les
dés, comme l'uréthane, l'oxaméthane, etc. acides ont toujours la même atomicité que l'alcool
6º Lorsque les acides monobasiques réagissent dont ils dérivent, quelle que soit d'ailleurs leur
sur des substances neutres, ils donnent des corps basicité. Le degré d'atomicité dépend de la quan-
conjugués neutres ; c'est ainsi que l'acide azoti- tité d'hydrogène typique, et la basicité de la quan-
que, en réagissant sur la benzine, donne un corps tité de cet hydrogène typique qui est remplaçable
nitré neutre, la nitrobenzine. Les acides polyba- par des métaux alcalins par double décomposition
siques, en réagissant sur les corps neutres , don- au moyen des bases [Ad. Wurtz, Ann. de Chim .
nent des corps conjugués acides dont la basicité et de Phys., (3), t. LV, p. 466 (1859), t. LVI, p. 342
est égale à celle de l'acide employé diminuée (1859) , t. LIX, p . 161 ( 1860) ; Répert. de Chim.
d'une unité. Exemple : l'acide sulfurique SH2O , pure, t. I, p. 575 (1859) ; Bull. de la Soc. chim.de
en réagissant sur la benzine C6H6, donne l'acide Paris, séance du 13 maí 1859, p. 33] . D'après cette
sulfobenzidique C6H5S O2 . HO, qui est monoba- nouvelle manière de voir, le propyl-glycol
sique.
7º Les anhydrides des acides polybasiques s'ob- C3H6
C3H8O2 = H2O2
tiennent presque tous directement en enlevant
l'eau à l'acide hydraté, soit par la chaleur, soit donnant l'acide lactique par une oxydation ména-
par les corps avides d'eau, tandis que les anhy- gée, l'acide lactique devait être considéré comme
drides des acides monobasiques ne s'obtiennent diatomique et écrit
que par des moyens indirects.
8° Les acides polyatomiques donnent seuls des C3H4O
H2O2 = C³ H6 03.
anhydro-sels dans le genre du bichromate et du
bisulfate de potasse.
Mais l'acide lactique ne possède qu'un seul atome
9° Les acides polyatomiques donnent seuls des d'hydrogène remplaçable par des métaux. Il est
parasels dans le genre des méta-, para- et pyro- donc seulement monobasique. Il s'agissait de dé-
phosphates. montrerque telle est en effet sa composition, que,
A ces propriétés caractéristiques Laurent en tout en n'étant que monobasique, il renferme 2
ajoutait quelques autres moins importantes, telles atomes d'hydrogène typique, c'est-à-dire d'hydro-
que la propriété pour les acides polybasiques gène en dehors du radical. C'est ce que fit M. Wurtz
de former facilement des sels acides et des sels
dans un travail qui ne laisse plus le moindre
doubles, de donner des sels moins solubles que doute à cet égard. Il montra qu'en dehors de l'hy-
ceux des acides monobasiques et d'être moins vo- drogène basique, l'acide lactique renferme un
latils que ces derniers . atome d'hydrogène alcoolique susceptible d'être
Gerhardt, dans son admirable Traité de Chimie remplacé par des radicaux d'alcool et par des ra-
organique, ajoutait à ces diverses différences en- dicaux acides. Il obtint par exemple : l'acide éthyl-
tre les acides monobasiques et les acides polyba- lactique
siques, que l'on observe entre les chlorures de ces
acides les mêmes relations que nous avons signa- HO
(C3H4 0)" { OC
OH ,S
II
lées entre leurs éthers . Le chlorure de sulfuryle
SO2 C12 renferme sous le même volume deux fois le lactate diéthylique
plus de chlore que le chlorure d'acétyle C2 H³ O CI . OC2H5
En outre, Gerhardt établit une différence entre (C³H+ O)" { OC2H5 ,
la basicité et l'atomicité des acides. le lactobutyrate d'éthyle
« Les acides hydratés, disait-il, peuvent être
distingués en monoatomiques , diatomiques, tria- (C³H+ O)" SOC2H5
tomiques, etc., suivant que leur molécule dérive OCHO ,
de 1 , de 2 ou de 3 molécules d'eau. La basi- etc. Voyez ACIDE LACTIQUE.
cité d'un acide, c'est le nombre des atomes d'hy- Enfin, généralisant le fait observé sur l'acide
drogène basique qu'il renferme dans sa molé- lactique, M. Wurtz admit que l'atomicité d'un
cule ; de là la division des acides en monobasiques , acide dépend du nombre de ses atomes d'hydro-
bibasiques et tribasiques, suivant que le nombre gène typique, et que sa basicité dépend des pro-
des atomes d'hydrogène basique y est égal à 1, priétés plus ou moins électro-négatives de son
à 2 ou à 3. Cette division correspond à la déri- radical. Nous citons :
BASICITÉ . - 517 --- BASICITÉ.

« La capacité de saturation d'un acide [ Ann. THÉORIE DE L'ATOMICITÉ ET DE LA BASICITÉ.


de Chim. et de Phys. , (3) , t. LVI, p. 344] , la fa- Dans les carbures d'hydrogène, tout l'hydrogène
cilité avec laquelle il échange son hydrogène ba- est uni directement au carbone, mais il se peut
sique contre un métal, dépend non-seulement du qu'un ou plusieurs atomes d'hydrogène soient éli-
nombre d'atomes d'hydrogène qu'il renferme en minés, et qu'un ou plusieurs atomes d'oxygène en
dehors du radical (hydrogène typique), mais en- prennent la place. Seulement l'oxygène, étant dia-
core de la nature de ce radical. A mesure que tomique, ne se trouve pas saturé après s'être uni
l'oxygène augmente dans le radical , celui-ci de- au carbone par une de ses atomicités, il lui reste
vient plus électro-négatif, et l'hydrogène typique une atomicité libre par laquelle il se combine à
devient de plus en plus hydrogène basique ( élec- un atome d'hydrogène. Ainsi , un hydrocarbure
tro-positif) . Les exemples suivants vont faire com-
prendre cette pensée : C = H3
Ć - H3
C2H4 02 C2H2O 02 C202 ) 02
H2 } H2 H2 peut fournir de cette manière les deux molécules
Glycol. Acide glycolique. Acide oxalique. oxygénées
2 atomes 2 atomes 2 atomes C - O- H ( -O - H
d'hydrogène d'hydrogène d'hydrogène =H2 = H2
typique. typique, typique, et
dont un tous les deux C = H2 C - H3
fortement basique. fortement basiques. -O - H
C3H30 C3H3O 03
3 Ces molécules renferment l'une et l'autre une
HS HS
certaine portion de leur hydrogène directement
Glycérin . Acide glycérique. uni au carbone, et une autre partie du même mé-
3 atomese 3 atomes
d'hydrogène d'hydrogène typique, talloide qui n'est uni au carbone que par l'inter-
typique. dont un médiaire de l'oxygène. Ce dernier est l'hydro-
fortement basique. gène typique dont la première de nos molécules
oxygénées renferme 2 atomes et la seconde 1 .
« Ainsi l'acide glycérique, qui est triatomique, L'oxygène qui sert de lien entre un atome de car-
parce qu'il dérive d'un alcool triatomique, n'est, bone et un atome d'hydrogène a reçu le nom im-
à proprement parler, que monobasique, parce propre d'oxygène d'addition . Il est évident que si
qu'il ne peut échanger qu'un seul atome d'hydro- la théorie que nous exposons est exacte, chaque
gène contre un atome de métal... etc. »> atome d'oxygène d'addition introduit dans un hy-
La distinction entre la basicité et l'atomicité drocarbure doit rendre typique un atome d'hydro-
des acides était claire dès ce moment ; la cause gène, de manière que l'atomicité d'une molécule
de chacune de ces propriétés était connue : l'une, soit toujours égale au nombre d'atomes d'oxygène
l'atomicité , tenant à la quantité d'hydrogène d'addition qu'elle renferme.
typique ; l'autre tenant aux propriétés électro- L'hydrogène rendu typique par le mécanisme
négatives du radical, dues elles-mêmes à l'in- précédent est de l'hydrogène alcoolique , et les
troduction de quantités croissantes d'oxygène dans corps dont il fait partie sont des alcools. Ainsi, les
le radical. Il restait à bien préciser quelle est la deux formules que nous avons données sont celles
quantité d'oxygène qu'il faut ajouter à un hydro- du glycol et de l'alcool ordinaires.
carbure pour rendre un H typique, et quelle est Pour que l'oxygène typique devienne basique,
la quantité d'oxygène qu'il faut faire entrer, par il faut que, dans son voisinage le plus prochain,
substitution , dans le radical d'un alcool, pour com- un second atome d'oxygène vienne se substituer à
muniquer à un hydrogène typique des propriétés 2 atomes d'hydrogène. On conçoit d'après cela
basiques. Cette dernière lacune a été comblée par que si, dans un alcool polyatomique, la substitu-
M. Kekulé . tion se fait seulement dans le voisinage d'un hy-
« Je rappellerai, dit M. Kekulé, que les sub- drogène typique et non dans le voisinage des au-
stances appartenant au type eau et contenant des tres, celui-là seul devient basique dans le voisinage
radicaux formés par le carbone et l'hydrogène duquel la substitution a eu lieu. Il en résulte que,
sont des alcools, et ne possèdent pas de caractères pour transformer tous les hydrogènes typiques en
acides bien prononcés [ Kekulé, Acad. royale des hydrogènes basiques , il faut introduire autant
sciencesde Bruxelles, séance du 2 juillet 1860 ; Ann. d'oxygène de substitution qu'il y a d'atomes d'o-
de Chim. et de Phys. (en extrait par M. Wurtz), xygène d'addition.
t. LX, p. 127 ( 1860) ]. Les substances contenant Si la quantité d'oxygène de substitution intro-
des radicaux oxygénés, au contraire, échangent duite est moindre, on aura des acides dont la ba-
facilement l'hydrogène du type contre des métaux sicité sera inférieure à l'atomicité. Les formules
et sont de véritables acides. Je ferai remarquer, suivantes représentent la constitution de l'hydrure
en outre, que les acides contenant 1 atome d'oxy- de propyle , de l'alcool propylique, du propyl-gly-
gène dans le radical sont monobasiques ; les col, de l'acide propionique, de l'acide lactique et
acides contenant 2 atomes d'oxygène dans le ra- de l'acide malonique :
dical sont bibasiques , et ainsi de suite. On voit H
par là que la basicité d'un acide ne dépend pas CH3 CIO (OH
du nombre d'atomes d'hydrogène typique que le H2 10"
CH2 CH2 CI12
corps contient, mais du nombre d'atomes d'oxy-
gène contenus dans le radical. La basicité d'un CH3 CH3 CH3
acide est donc indépendante de son atomicité . » Alcool Acide
M. Kekulé répétait ainsi la proposition de Hydrure
de propyle. propylique. propionique
M. Wurtz, mais il la précisait davantage et indi-
quait non-seulement que la basicité tient à l'oxy- COH CHO COH
gène contenu dans le radical, mais que chaque H2 10"
atome d'oxygène dans le radical rend basique un CH2 CH2 C H2
atome d'hydrogène. Dès ce moment, non-seule- 1
ment on sut distinguer l'atomicité de la basicité, (H2
mais on posséda dans son ensemble la théorie de C (H2
OH C OH C SO"
JOH
l'atomicité et de la basicité telle que nous allons Propyl- Acide Acide
l'exposer. glycol. lactique. malonique.
BASICITÉ. - 518 BAUMES.

On voit à l'inspection de ces formules que l'a- neutre, on donne naissance à un acide dont la
cide lactique doit être monobasique quoique dia- basicité est égale à 1 , et dont l'atomicité est égale
tomique, tandis que l'acide malonique est à la fois à celle du corps neutre, plus 1 .
diatomique et bibasique. Cette loi, qui a été exprimée pour la première
La théorie de M. Kekulé peut encore être expri- fois par M. Grimaux, a permis à ce chimiste de
mée d'une manière très-simple en disant que l'é- corriger les formules rationnelles de plusieurs
lément acide est l'élément acides organiques, et à ce titre elle présente un
CO2H = c ( 0" grand intérêt (Grimaux, Bull. de la Soc. chim.,
OH, t. III ( 1865), p. 4-10] . A. N.
BASILIC (HUILE DE). - Les feuilles de ba-
tandis que l'élément alcoolique est l'oxhydryle OH silic (Ocynum basilicum , de la famille des La-
lié à du carbone. L'atomicité d'un alcool devient biées) distillées avec de l'eau donnent une essence
égale au nombre d'éléments CHOH et la basi- qui dépose spontanément des cristaux prisma-
cité d'un acide au nombre d'éléments CO2 H que le tiques ayant les caractères et la composition de
corps renferme. l'hydrate de térébenthine C10 H16 , 3 H2O ( Dumas
On est porté à croire aujourd'hui que le nom- et Peligot ) . L'huile elle-même n'a pas été étu-
bre d'oxhydryles OH qui se substituent à l'hy- diée.
drogène des hydrocarbures ne peut pas être supé- 1 BASTITE (Min .) [ Syn . Schillerspath]. Sili-
rieur au nombre des atomes de carbone que cate hydraté de magnésie et de protoxyde de fer,
l'hydrocarbure contient. Ainsi , l'hydrure d'éthyle renfermant de l'oxyde de chrome et de la chaux.
C2H6 ne peut pas donner naissance à une glycé- Sa composition se rapproche beaucoup de celle de
rine. L'hydrure de propyle ne peut pas donner la serpentine , (SiMg3 07 + 2H2O) , dont elle
naissance à un alcool tétratomique, etc. pourrait être une variété cristallisée. Se trouve à
Quant à la basicité, elle ne peut jamais dépas- Baste, dans le Hartz. Translucide, en lamelles
ser le nombre d'atomes de carbone qui, dans l'hy- d'un vert olive plus ou moins clair, dans une ser-
drocarbure, sont liés à H³. Si , en effet, un atome pentine. D'après les caractères optiques, il est pro-
d'hydrogène est remplacé par l'oxhydryle dans un bable que la bastite cristallise dans le type ortho-
atome de carbone placé au centre de la chaîne et rhombique.
uni seulement à H2, il ne reste plus à côté de cet Caractères. Dans le tube, décrépite et donne
oxhydryle qu'un seul hydrogène, et la substitu- de l'eau. Au chalumeau, se colore en brun jaune,
tion de O à H2 y est impossible. devient magnétique, mais ne fond que difficile-
Il résulte des considérations qui précèdent, que ment sur les bords.
tout acide tri- ou tétratomique dérive, non d'un Dureté, 3,5. Densité, 2,6-2,8.
hydrocarbure normal Clivages très -facile suivant une direction ,
CH³ moins facile suivant deux autres. Le clivage
facile fait, avec ces deux derniers, des angles de
(CH2) n 87° et de 130°. F. et S.
CH³, BASTONITE. - Variété de mica, à axes très-
rapprochés, d'un brun verdâtre, facilement fu-
mais d'un hydrocarbure secondaire, tertiaire, etc.,
provenant de la substitution de n (CH³) à nH dans sible, de Bastoigne (duché de Luxembourg).
BATRACHITE . - Variété de péridot de Ri-
les atomes de carbone moyens. Ainsi l'hydrocar- zoni (Tyrol).
bure
CH3 BAULITE (Min .). - Masses feldspathiques,
H très-riches en silice, poreuses, d'un blanc gri-
C C sâtre, du mont Baula (Islande).
H
CH3 BAUMES. On désigne sous le nom de
baumes un certain nombre de substances liquides
peut donner un acide triatomique ; l'hydrocarbure ou concrètes , douées d'une odeur suave très-
CH3 agréable , et qui contiennent à l'état de liberté
H de l'acide benzoique ou de l'acide cinnamique ;
CH3 quelquefois ces deux acides se trouvent réunis
H dans la même substance. Ce caractère sert à dis-
C C H3 tinguer les baumes des résines en général.
CH³, M. Fremy a démontré, dans un travail étendu
sur les baumes, que l'acide benzoique n'était pas
un acide tétratomique , etc. le seul acide libre contenu dans ces produits vé-
Nous avons dit plus haut que les acides poly- gétaux, et qu'on y rencontrait souvent aussi
basiques perdent de l'eau en donnant des anhy- l'acide cinnamique. Les baumes ont donc été di-
drides directement. Lorsque leur basicité est su- visés en deux classes : 1 ° baumes à acide ben-
périeure à 2, ces anhydrides renferment encore zoique ; 2º baumes à acide cinnamique.
de l'hydrogène basique et fonctionnent comme La composition exacte des baumes n'est pas
acides. C'est ainsi que l'acide métaphosphorique facile à connaître ; car, liquides lorsqu'ils exsu-
PO2. OH est l'anhydride de l'acide orthophospho- dent de l'arbre, ils éprouvent bientôt, sous l'in-
rique [Odling, Philosophical Magazine, t. XVIII, fluence de l'air , des modifications profondes : ils
p. 368 (1859) , On ortho- and meta-silicates ; se colorent, s'épaisissent ou finissent même par
Repert. de Chim. pure ( 1859), t. II , p. 45]. se solidifier complétement.
Les acides polybasiques peuvent aussi perdre On peut cependant les considérer comme for-
de l'anhydride carbonique. Dans ce cas, un des més d'huile essentielle, de résine et d'acide libre ;
deux atomes d'oxygène est pris au radical, et l'au- mais il est probable qu'au moment de leur sécré-
tre vient de l'oxygène typique. Il en résulte que tion ces deux derniers produits n'y sont encore
l'acide perd une atomicité basique. Si donc l'a- formés ni l'un ni l'autre .
cide qui perd CO2 est polyatomique et monobasi- D'après M. Dulong d'Astafort, la résine des
que, il se transforme en un corps neutre, alcool baumes n'aurait pas les mêmes propriétés que
ou phénol ; si , au contraire , il est polybasique, il les résines ordinaires : elle s'en distinguerait
se convertit en un nouvel acide dont la basicité principalement par la magnifique couleur rouge
est inférieure d'une unité à celle de l'acide pri- qui se développe lorsqu'on la traite par l'acide
mitif. sulfurique concentré [ Journ . de Pharm . , janv.
Inversement, si l'on fixe CO2 sur une substance 1826].
BAUMES . 519 --- BAUMES .

Les baumes étaient fort employés autrefois en odeur faible, légèrement coloré en jaune, qui bout
médecine pour guérir les maladies de poitrine ; à 305°, soluble dans l'alcool et dans l'éther, et à
aujourd'hui le baume de Tolu est à peu près le peine soluble dans l'eau. Placée dans une cloche
seul qui soit utilisé à l'intérieur. On l'emploie remplie d'oxygène, elle absorbe lentement ce gaz
spécialement dans la guérison des catarrhes pul- et se transforme en acide cinnamique. L'acide
monaires chroniques et des phlegmasies anciennes azotique agit avec plus d'énergie ; il se forme dans
du larynx . ce cas une résine jaune , et une assez grande
On comprend sous le nom de baumes propre- quantité d'essence d'amandes amères.
ment dits les substances suivantes : benjoin, li- L'acide sulfurique même à froid transforme la
quidambar, baume du Pérou , storax, styrax, cinnaméine en une matière résineuse qui répond
baume de Tolu. à la formule C27 H30 O6. C'est un phénomène d'hy-
Il faut joindre à cette liste la résine sycoretine dratation . Ce fait est digne de remarque en ce
et la résine de Xanthorrhea hastilis ; dans la pre- qu'il permettrait d'expliquer la formation des ma-
mière, MM. Warren de la Rue et H. Mueller ont tières résineuses dans les baumes.
constaté la présence d'un éther particulier homo- Sous l'influence de la potasse, la cinnaméine
logue de l'acétate de benzyle, et M. Stenhouse a semble éprouver une sorte de dédoublement qui
pu retirer de la seconde de l'acide benzoïque et la transforme en acide cinnamique et en une sub-
de l'acide cinnamique. stance neutre liquide particulière désignée par
BENJOIN. Voyez ce mot. M. Fremy sous le nom de péruvine :
LIQUIDAMBAR. - Ce baume provient d'un arbre,
Liquidambar styraciflua , qui croît à la Louisiane, C2H26O + H2O = (C⁹ H8 O2)2 + CH12O
au Mexique et dans la Floride, où il est connu Cinnaméine. Acide Péruvine.
sous le nom de copalme. cinnamique.
Il existe deux baumes liquidambar qui diffèrent
par leurs caractères physiques : l'un est liquide, D'après M. Kraut, la cinnaméine doit être envi-
transparent, jaune ambré, possédant une odeur sagée comme de l'éther benzylcinnamique
prononcée assez agréable et une saveur àcre qui
prend à la gorge ; il contient un acide, probable- (C⁹ H7O)'
ment l'acide benzoique. L'autre est mou, opaque, (CH) 0 :
blanchâtre, d'une odeur agréable, plus douce que or, comme cet éther se dédouble sous l'influence
celle du baume liquide ; il contient de l'acide ben- de la potasse alcoolique en acide cinnamique et
zoique qui vient cristalliser souvent à sa surface. alcool benzylique, le corps désigné sous le nom de
Exposé à l'air, il finit par devenir solide et trans- péruvine serait identique avec l'alcool benzylique,
parent, il perd son odeur presque complétement sa formule devrait être modifiée, et celle de la
et prend un goût amer assez prononcé, caractère cinnaméine exprimée ainsi : C16 H14 O2.
qui sert à le distinguer du baume de Tolu auquel La metacinnaméine , C H8 O , est une matière
il ressemble un peu et avec lequel on le mélange cristallisée que l'on rencontre quelquefois dans le
quelquefois dans un but de falsification . baume du Pérou ; cette substance est insoluble
Le baume liquidambar s'obtient par des inci- dans l'eau, soluble en toutes proportions dans l'al-
sions faites à l'arbre qui le produit ; on le reçoit cool et l'éther. Sous l'influence de la potasse, elle
immédiatement dans des vases pour le mettre se transforme en cinnamate de potasse. Le chlore
à l'abri du contact de l'air. Le baume solide pro- la transforme en chlorure de cinnamyle. On peut
vient du dépôt formé par le liquide précédent ou l'obtenir en soumettant la cinnaméine à une douce
par le baume qui a coulé sur l'arbre et s'est épaissi chaleur pendant plusieurs jours ; elle se dépose
à l'air. en cristaux blancs. Cette matière est isomère avec
BAUME DU Pérou. -- On connaît plusieurs va- l'hydrure de cinnamyle.
riétés de baumes du Pérou : baume du Pérou sec, D'après M. Sharling, le baume du Pérou mé-
baume du Pérou brun et baume du Pérou noir ou langé avec de la pierre ponce en poudre grossière
baume de San Salvador . Ces sucs balsamiques et soumis à la distillation donne de l'acide ben-
sont retirés par incisions d'arbres qui appar- zoïque, ainsi que des produits huileux et aqueux.
tiennent au genre Myrospermum de la tribu des Ce liquide oléagineux est un mélange de différents
Sophorées dans la sous - famille des Papilliona- corps ; soumis à des rectifications , on peut en re-
cées. tirer : 1º un liquide bouillant vers 1750 ; rectifié
Le baume du Pérou sec provient du Myrosper- lui-même sur de la potasse caustique , ce liquide
mum peruiferum , arbre qui croît au Pérou , où il donne un produit qui bout déjà vers 100º, et en
porte le nom de quino-quino. Lorsque le suc qui abandonnant vers 140º un résidu qui possède tous
provient des incisions est reçu dans des bouteilles, les caractères du métastyrol ; 2° un liquide bouil-
il reste liquide pendant des années et porte le nom lant vers 250° qui paraît renfermer un mélange
de baume blanc liquide ; lorsqu'il est reçu dans de benzoate de méthyle et d'acide phénique
des calebasses, il se durcit et prend alors le nom [Sharling, Ann. de Chim. et de Phys., t. XLVII ,
de baume blanc sec ou de baume de Tolu . p. 385].
D'après M. Guibourt, le baume du Pérou sec En résumé, on voit que l'acide cinnamique con-
et le baume de Tolu doivent être considérés tenu dans le baume du Pérou provient de l'oxy-
comme une seule et même substance , ou au moins dation de la cinnaméine , et il est permis d'ad-
comme des variétés très-proches et dont la pre- mettre que la partie résineuse provient de l'hy-
mière est préférable à la seconde [ Guibourt, Hist. dratation de cette même substance.
des drog. simp., t. III, p. 335 et 440]. Le baume du Pérou est peu usité actuellement,
Le baume du Pérou noir provient aussi du il entre dans la préparation de quelques médica-
Myrospermum peruiferum ; il a la consistance ments et sert dans les laboratoires à la prépara-
d'un sirop cuit, il est rouge brun foncé et trans- tion de l'acide cinnamique.
parent; il possède une odeur forte et agréable, une STORAX. - On désigne sous le nom de storax-
saveur acre et amère excessivement prononcée. calamite plusieurs variétés de résine qui possèdent
D'après les analyses de M. Fremy, le baume du une odeur d'une suavité extraordinaire. Cette
Pérou liquide contient trois corps importants : substance, originaire de l'Asie Mineure, était
1º la cinnaméine ; 2° la métacinnaméine isomé- envoyée dans des roseaux (calamus en latin) ,
rique avec l'hydrure de cinnamyle ; 3° l'acide d'où lui vient son épithète de calamite. Le mot
cinnamique. storax lui-même n'est qu'une corruption du mot
La cinnaméine, C27 H26 O4, est un liquide d'une styrax.
BAUMES. ---- 520 ― BDELLIUM.

Pendant longtemps on a pensé que le storax macération dans de l'alcool froid qui dissout la
provenait du même végétal que le styrax liquide, résine et laisse la styracine ; on la purifie par plu-
et qu'il en était le produit le plus pur. sieurs cristallisations dans l'alcool bouillant.
D'après M. Guibourt, le storax diffère du styrax Le styrol ou cinnamène est un hydrogène car-
liquide et provient du Styrax officinale, tandis boné, liquide, incolore, d'une odeur analogue à
que le styrax liquide est retiré du Liquidambar celle de la benzine , et dont la saveur est brùlante.
orientale. Il bout vers 145º ,7 . Il répond à la formule C8H8.
Le storax se présente sous forme de larmes Quand on distille cet hydrocarbure et que le pre-
blanches , opaques , assez volumineuses , douées mier tiers environ du liquide a passé, la tempé-
d'une odeur très-persistante et qui donne par la rature s'élève brusquement et le résidu se prend
chaleur une liqueur qui ressemble à du miel. On en une masse solide : c'est le métacinnamène ou
connaît le storax blanc, le storax amygdaloide , le métastyrol C16 H16.
storax rouge brun, le storax liquide pur. Le styrax est peu employé ; il entre dans la com-
STYRAX LIQUIde. - -L'origine de ce baume n'est position de l'onguent styrax et dans l'emplâtre
pas bien certaine, cependant il est très-probable mercuriel de Vigo.
qu'on le tire de l'Arabie, de l'Ethiopie et de l'île BAUME DE TOLU. Le baume de Tolu est pro-
de Cobras, où l'arbre qui le produit porte le nom duit par le Myrospermum toluiferum ; il est sec
de Rosa-Mallos , Liquidambar orientale des bota- ou mou, d'une couleur rousse et d'apparence
nistes. cristalline ; il est semi-transparent. Son odeur est
D'après Petiver, pour l'obtenir, on écrase l'é- douce et suave, il est ductile sous la dent et ré-
corce, puis on la fait bouillir dans de l'eau de pand, lorsqu'on le projette sur des charbons ar-
mer, et on recueille le baume qui vient nager à dents, une fumée très-agréable.
la surface. Pour le séparer des débris qu'il contient Il contient à l'état de liberté de l'acide cinna-
encore en assez grande quantité , on le fond de mique, d'après M. Kopp ; d'après M. Sharling,
nouveau dans de l'eau de mer, et on le passe. l'acide benzoique y existerait aussi à l'état libre
Le styrax liquide est brun foncé, opaque, d'une [Kopp, Ann . de Chim. et de Phys ., t. XX, p . 379.
odeur forte qui n'est pas désagréable ; il contient Sharling, loc. cit. ].
de l'acide cinnamique, de la styracine, du styrol D'après M. E. Kopp, la résine du baume de Tolu
et de la résine. est formée de deux résines, dont l'une, exprimée
Styracine, C18 H16O2. -La styracine , découverte par la formule C18 H18 O , est brune et cassante,
en 1827, par Bonastre, est une substance cristal- soluble dans l'éther et les alcalis ; on l'obtient en
lisée en prismes à quatre pans incolores, ou en traitant le baume de Tolu par l'alcool froid ; l'autre
aiguilles réunies en masses sphériques ; elle n'a résine diffère de la précédente par une molécule
pas d'odeur ; elle fond vers 440 et se maintient d'eau en plus : C18 H20O5; elle est moins colorée que
fort longtemps en cet état après le refroidissement. la précédente et ne se dissout pas dans l'alcool .
Elle n'est pas volatile ; cependant elle peut être Ces deux résines , distillées en présence de la
distillée dans un courant de vapeur d'eau à 100° soude, donnent du toluène C7 H8 et du benzoate
sans décomposition. Sa densité est de 1,085 à de soude comme résidu .
16,5 ; elle est insoluble dans l'eau , soluble M. Deville, en soumettant le baume de Tolu à
dans 22 p. d'alcool froid, dans 3 p. d'alcool bouil- la distillation en présence de l'eau, a obtenu une
lant, et dans 3 p. d'éther. Distillée avec de l'acide huile qui renferme, entre autres produits, de la
azotique, elle se convertit en hydrure de benzoyle cinnaméine et un hydrocarbure nommé tolène.
qui passe à la distillation, et il reste un résidu Par la distillation sèche, M. Deville a obtenu de
composé d'acide benzoique, d'acide picrique et l'acide benzoique, de l'acide cinnamique, le car-
d'une matière résineuse. D'après M. E. Kopp , ce bure d'hydrogène C7H8 qu'il avait nommé ben-
mélange serait composé seulement d'acide ben- zoène et qui est le toluène, et de l'éther benzoique
zoïque et d'acide nitrobenzoïque. [Sainte-Claire Deville, Ann . de Chim. et de Phys.,
La styracine donne encore de l'essence d'a- (3), t. III, p. 151 ] .
mandes amères lorsqu'on la distille avec un mé- M. E. Kopp a fait connaître les principales
lange de bichromate de potassium ou de peroxyde propriétés du tolène : c'est un liquide d'une sa-
de manganèse, et d'acide sulfurique. Chauffée veur piquante faiblement poivrée, et dont l'odeur
avec de la chaux hydratée, la styracine se con- rappelle celle de la résine élémi. Sa densité est
vertit en cinnamate de chaux et donne naissance de 0,858 à 10° ; il bout à 160° et répond à la for-
à de l'hydrogène qui se dégage. Sous l'influence mule C5 H8 , et serait isomère du valérylène de
de la potasse alcoolique, la styracine se dédouble M. Reboul.
en alcool cinnamique ou styrone et en cinna- Le baume de Tolu est très-employé en mé-
mate de potassium . On doit donc considérer la decine pour la guérison des rhumes et des ca-
styracine comme un éther, le cinnamate de cin- tarrhes. E. C.
namyle : BAVALITE (par erreur BARALITE) (Min .) . —
(C⁹HTO)' O + KOH = CH⁹OH + CºH7O²K Silico-aluminate de fer voisin de la chamoisite,
(C9H9) mélangé de fer oxydulé et formant des roches-
Cinnamate Alcool Cinnamate considérables intercalées dans les terrains de
de cinnamyle. cinnamique . de potassium . transition du Bas-Vallon, dans la forêt de Lorges
(Côtes-du-Nord). Structure oolithique un peu
Le chlore gazeux sec donne avec la styracine un schisteuse. Couleur noir-verdâtre, ou grisâtre ;
produit de substitution , la chlorostyracine, qui se coloré par un peu de charbon, fortement magué-
présente sous la forme d'une masse incristalli- tique.
sable jaune, molle, poisseuse, d'une saveur brù- Caractères. -- Plus ou moins facilement atta-
lante, insoluble dans l'eau, dans l'alcool et dans quable par les acides. Fusible au chalumeau en
l'éther, une scorie noire magnétique .
Sous l'influence de la potasse, on obtient du Dureté, 4. Densité, 4.
chlorure de potassium, un corps oléagineux et de BDELLIUM. - - Le bdellium est une gomme-
l'acide chlorocinnamique .
résine qui exsude naturellement de plusieurs vé-
On obtient la styracine en distillant le styrax gétaux appartenant à la famille des Térébintha-
liquide avec de l'eau ; il passe du styrol, puis cées. Dioscoride en connaissait trois variétés qu'il
le résidu est repris plusieurs fois par de la a décrites et que l'on trouve encore aujourd'hui
soude caustique qui enlève l'acide cinnamique ; dans le commerce. Le bdellium le plus estimé se
Ja masse résineuse qui reste est ensuite mise en présente sous forme de larmes translucides ayant
BEAUMONTITE. - 521 - BEN.
un goût amer, et qui se liquéfie au feu en répan- le noir animal et précipitée par l'ammoniaque.
dant une odeur aromatique. Le précipité presque blanc est un mélange de bé-
On le retire de l'Arabie et des côtes d'Afrique. birine et de sépirine. En traitant par l'éther, on
Adanson avait désigné l'arbre qui le produit sous dissout la bébirine, en laissant la sépirine inso-
le nom de Niottout. Il porte aujourd'hui le nom luble.
de Balsamodendron africanum. Au lieu d'employer le charbon, on peut trai-
Pelletier l'a trouvé composé de : ter le premier précipité d'alcaloides par l'oxyde
Résine..... 59 de plomb hydraté ou la chaux, sécher et épuiser
Gomme soluble.. 9,2 par l'alcool qui laisse le tannate de chaux ou de
Mucilage.. 30,6 plomb et dissout les bases organiques. Pour ache-
Huile volatile et perte... ... 1,2 ver la purification de la bébirine obtenue par cette
méthode, on dissout dans l'acide acétique, on
On connaît une autre variété de bdellium qui ajoute de l'acétate de plomb et on précipite par
vient de l'Inde, en masses noirâtres, possédant la potasse caustique. Le précipité bien lavé et
une cassure terne, quelquefois brillante, laissant séché est repris par l'éther. La solution éthérée
exsuder des gouttes d'un suc résineux et poisseux. est évaporée et le sirop jaune clair ainsi obtenu
Son goût est acre et amer et elle possède une est dissous dans l'alcool fort ; la solution est versée
odeur qui se rapproche quelquefois de celle de la dans beaucoup d'eau ; la bébirine se sépare sous
myrrhe. Il paraît être produit par l'Amyris com- forme de flocons. D'après G.-F. Walz, la bébirine
miphora , Roseb (Balsamodendron Roxburghii, est identique avec la buxine [ N. Jahresb . Pharm.,
Arnott). t. XIV, p. 15] ; elle est soluble dans 6600 p. d'eau
Enfin on désigne sous le nom de bdellium opa- froide, 1800 p . d'eau bouillante, 2 à 3 p. d'alcool
que une troisième variété dont l'origine est incon- d'une densité de 0,81 , 5,2 p. d'alcool anhydre et
nue et qui se présente sous la forme de lames 13 p. d'éther pur. Elle neutralise facilement les
ovoides opaques , jaunâtres , longues de près de acides dans lesquels elle se dissout. Les solutions
8 centimètres, peu aromatiques et qui possèdent dansles acides chlorhydrique et sulfurique donnent
une saveur très-amère et sans åcreté. avec l'acide nitrique un précipité blanc résineux ;
Le bdellium est peu usité en médecine : il elles précipitent en jaune par l'acide phosphomo-
entre dans la composition du diachylon gommé lybdique ; le précipité se dissout en bleu dans
qui sert à faire le sparadrap. E. C. l'ammoniaque et la liqueur devient incolore par
BEAUMONTITE (Min .) .- Variété de heulan- l'ébullition [Prapp , Ross. Zeitschr. Pharm. , t. II,
dite décrite comme une espèce par Lévy. Se trouve p. 1 ; Maclagan, Ann. de Chim. et de Pharm .,
dans un schiste syénitique, à Johnsfalls, près Bal- t. XLVIII, p. 106 ; Maclagan et Filley, Phil. Mag. ,
timore. t. XXVII, p. 186 ; V. Planta, Ann. de Chim . et de
BÉBIRINE ou BEBEERINE, C19 H21 Az O³. Pharm., t. LXXVII, p. 333]. P. S.
Alcaloide contenu dans l'écorce d'un arbre de la BÉBIRIQUE ( ACIDE ) . - Cet acide accom-
Guyane anglaise, connu sous les noms de Bebeeru pagne la bébirine dans l'écorce de Bebeeru (Nec-
ou Sipeeri (Nectandra Rodiei) . Il a été découvert tandra Rodiei). L'écorce est épuisée par l'eau aci-
en 1834 par le docteur Rodie de Demerarde. Il dulée avec de l'acide acétique ; les alcaloides sont
est employé sur place comme succédané de la qui- précipités par l'ammoniaque et le liquide filtré
nine. est précipité par l'acétate de plomb. Le précipité
On avait primitivement confondu deux alca- lavé est décomposé par l'hydrogène sulfuré . On
loides distincts fournis par la même écorce , la filtre et on évapore le liquide au -dessus de l'acide
bébirine, dont nous allons parler, et la sépirine. sulfurique. Le résidu est traité par l'éther qui
La bébirine constitue une poudre amorphe, dissout l'acide bébirique, en laissant une matière
blanche, sans odeur, très-électrique, fusible à 198° colorante.
en une masse vitreuse qui se décompose à une L'acide bébirique reste après l'évaporation de
température plus élevée. Saveur amère persis- la solution éthérée sous forme d'une substance
tante , réaction alcaline . Elle est très - peu so- blanche, cristalline, à reflet cireux. Il se liquéfie
luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, à l'air en devenant sirupeux. Il est fusible vers
surtout à chaud. L'acide nitrique concentré la 200° et se sublime sous forme d'aiguilles. Les
convertit à chaud en une poudre jaune ; l'acide sels de potasse et de soude sont déliquescents,
chromique l'oxyde en fournissant une résine noire. solubles dans l'alcool. Les sels alcalino-terreux
L'acide acétique et l'acide chlorhydrique la dis- sont peu solubles ; le bébirate de plomb est inso-
solvent en donnant des sels amers incristalli- luble. P. S.
sables. La potasse en fusion ne produit pas de BECKITE . - Variété de calcédoine.
quinoléine. BEFONITE (Min . ) .— Lamelles microscopiques
Chlorhydratede bébirine. — Sel incristallisable, appartenant probablement à l'orthose ou à l'a-
très-soluble dans l'eau et précipitant par les alca- northite et trouvées dans une lave ancienne de
lis caustiques ou carbonatés de la bébirine, sous l'Etna.
forme de flocons blancs peu solubles dans un ex- BELLADONINE. · Alcaloide d'une existence
cès de réactif. douteuse, trouvé par Luebekind dans la bella-
Chloromercurate . - Précipité blanc formé par done.
l'addition du chlorure mercurique à une solution BEN (HUILE DE). -- On connaît sous ce nom
de chlorhydrate, soluble dans un excès d'acide les huiles extraites des fruits de plusieurs espèces
chlorhydrique ou de chlorhydrate d'ammoniaque. appartenant au genre Moringa , tels que le Mo-
Chloroplatinate , (C19 H2 Az O³ HCl ) 2 . Pt Cl . ringa nux behen, le Guilandina moringa, le Mo-
Précipité orangé pâle, amorphe, insoluble dans ringa oleifera, le Moringa aptera et le Moringa
l'acide chlorhydrique . pterigosperma .
Chloraurate. · Précipité brun rouge. L'huile extraite du Moringa nux behen a été
Sulfocyanate. - Précipité blanc. examinée par Voelcker [Journ . für prakt. Chem.,
Picrate. - Précipité jaune. t. XXXIX , p. 351 , et Ann. der Chem. u . Pharm .,
D'après Maclagan et Filley, on doit opérer comme t. LXIV, p. 342 ] et l'huile extraite du Moringa
il suit l'extraction de la bébirine. L'écorce est aptera a été étudiée par Walter [Compt. rend.
épuisée par l'eau aiguisée d'acide sulfurique ; le de l'Acad. des sciences, t. XXII, p. 1143].
liquide concentré et filtré est précipité par l'am- | Voeckler a trouvé que la première de ces huiles
moniaque. Le dépôt recueilli et séché est redissous possède une densité de 0,912 , qu'elle s'épaissit
dans l'eau acidulée. La solution est décolorée par à + 15° et qu'elle est solide en hiver. Suivant ce
BÉNIQUE . 522 - BENJOIN.

chimiste, l'huile saponifiée par la potasse donne lution alcoolique en mamelons volumineux, tan-
un savon dont l'acide chlorhydrique précipite de dis que l'acide palmitique cristallise soit en ai-
l'acide oléique et des acides gras solides. La pro- guilles, soit en choux- fleurs. L'acide palmitique,
portion de ces derniers s'élèverait à 17 % du provenant de la saponification du blanc de baleine
poids de l'huile . par la chaux, ressemble plus à l'acide bénomar-
Les acides solides dissous dans l'alcool bouil- garique par sa forme cristallisée que celui qui
lant se séparent par la cristallisation en plusieurs provient du traitement de l'éther par la potasse.
produits. Le premier n'a pas pu être compléte- D'après M. Heinz , l'acide bénomargarique serait
ment étudié, parce qu'il était en quantité trop identique avec un acide extrait par lui du blanc
faible. Il fondait à 83° et renfermait 81,63 % de de baleine et auquel il a donné le nom d'acide
carbone et 13,86 d'hydrogène , ce qui pourrait cor- cétique [Poggend. Ann. , t. LXXXVII , 553 ;
respondre à la formule C45 H90 O2 ; le deuxième Ann.de Chim . et de Phys ., (3), t, XLII, p. 118].
fondait entre 59° et 60° ; il paraissait identique Bénomargarate d'ethyle , C15 H29 O2 C2H5.
avec l'acide margarique ; le dernier enfin a reçu Il est fort soluble dans l'alcool et se dépose de sa
le nom d'acide bénique. dissolution en une masse cristalline qui ne pré-
Dans l'huile du Moringa aptera, Walter a trouvé sente pas de cristaux distincts ; il fond à une tem-
quatre acides fixes : l'acide margarique, l'acide pérature si basse que la température de la main
stéarique et deux nouveaux acides , l'acide bénique, suffit pour le liquéfier. Aussi faut-il éviter de le
C15 H30 O2, et l'acide moringique, C15 H28 02. Cette toucher lorsqu'on l'exprime entre des doubles de
huile ne renferme pas d'acides volatils . papier buvard pour le purifier. A. N.
Enfin Cloëz a dosé la proportion de substance BENJOIN [ Bucholz , Journ . de Pharm. de
grasse contenue dans les semences de ben ailé Tromsdorff, t. XX , p . 273 ; Ann. de Chim . (1812),
(Moringa pterigosperma ) débarrassées de leurs t. LXXXIV, p . 319 ; - Unverdorben , Ann . de
téguments non huileux. Cette proportion s'élève Poggend. , t. XVII , p. 179 ; Van der Vliet ,
à 36,20 % [ Cloěz , Compt. rend. de l'Acad. des Ann. der Chem . u . Pharm., t. XXXIV, p. 177 ;
sciences, t. LXI, p. 236]. -- A. N. Mulder, ibid. , t. XXXIV, p. 183 ; - E. Kopp,
BENIQUE ( ACIDE ). Ce nom appartient à Compt. rend. de l'Acad., t. XIX, p . 1269 ; Ann . de
deux acides, dont l'un trouvé par Voelcker dans Chim. et de Phys. , (3) , t. XIII , p. 226].
l'huile du Moringa nux behen [Journ . fur prackt. Le benjoin est le suc solidifié d'un aliboufier,
Chem., t. XXXIX, p. 351 , et Ann. der Chem. u. le Styrax benjoin , qui croît abondamment dans
Pharm. , t. LIV, p. 362 ] , et l'autre trouvé par la partie méridionale de Sumatra, à Java et dans
Walter dans l'huile de Moringa aptera [ Compt. le royaume de Siam. Il découle par des incisions
rend. de l'Acad. des sciences , t. XXII , p. 1143] . faites aux arbres, sous la forme d'un suc blanc
On a proposé, pour distinguer ces deux acides, qui se solidifie et se colore à l'air.
de désigner sous le nom d'acide bénostéarique Le benjoin du commerce est distingué en ben-
celui de Voelcker, dont le point d'ébullition est le join amygdaloide et en benjoin commun . Le pre-
plus élevé, et de donner le nom d'acide béno- mier est en masses considérables , formées de
margarique à celui qui fond à une plus basse tem- larmes blanches, empâtées dans une masse rou-
pérature [Watts, Dictionary of chemistry , t. I, geâtre à cassure inégale et écailleuse. Le second
p. 538]. est en masses rougeâtres, presque privées de
ACIDE BÉNOSTEARIQUE. - Il répond à la formule larmes et contenant des débris d'écorce.
C21 H42 O2 d'après Voelcker, et d'après Strecker Le benjoin a une saveur qui , d'abord douce et
[Ann. der Chem . u . Pharm. , t. LXIV, p. 346 ] à la balsamique, irrite ensuite la gorge ; il fond au feu
formule C22 H44 O2 qui s'accorde mieux avec les et dégage une odeur forte et des vapeurs d'acide
analyses; il fond à 76° et se solidifie à 70° ; par le benzoique ; depuis longtemps on en a retiré cet
refroidissement il se prend en une masse cristal- acide par sublimation .
line, formée d'aiguilles brillantes ; il se dissout Il renferme trois résines, une huile volatile et
dans l'alcool , peut être pulvérisé et ressemble de l'acide benzoique. Pour extraire les résines ,
beaucoup à l'acide stéarique. on épuise le benjoin en poudre par un excès de
Le bénostearate sodique, C22 H43 O2 Na, s'obtient carbonate de soude bouillant, qui s'empare de l'a-
en saturant l'acide par le carbonate de sodium , cide benzoique et d'une résine , on précipite la so-
évaporant et reprenant par l'alcool. La solution se lution alcaline par l'acide chlorhydrique, et on lave
prend au bout d'un certain temps en une pulpe le résidu à l'eau bouillante, qui s'empare de l'a-
gélatineuse, qui devient cristalline lorsqu'on y cide benzoïque et laisse la résine y. Les parties non
ajoute une nouvelle quantité de dissolvant. attaquées par le carbonate de soude sont lavées,
Les bénostearates de baryum (C22 H43O2)2 Ba" , desséchées et épuisées par l'éther, qui dissout la
et de plomb (C22 H43O2) 2 Pb", sont des précipités résine a ; la résine ẞ reste insoluble.
blancs que l'on obtient en précipitant une solution La résine a peut être considérée comme une
de bénostéarate de sodium par du chlorure bary- combinaison de ẞ et de y, car elle se dédouble en
tique ou par de l'acétate de plomb. ces dernières par l'action prolongée des alcalis
Bénostearate d'éthyle, C22 H43 O2 C2H5. — On le (Van der Vliet).
prépare en faisant passer un courant de gaz chlo- Elles ont donné à l'analyse les chiffres suivants :
rhydrique à travers une solution d'acide dans l'al-
cool concentré ; il se présente sous la forme d'une Van der
masse cristalline fusible entre 48° et 49º. Vliet. Mulder.
ACIDE BÉNOMARGARIQUE. - Cet acide répond , Résine a Carbone. 72,9 73,1
d'après Walter, à la formule C15 H30 O2 , qui en Hydrogène .. 7,2 7,3
fait un interméd iaire entre l'acide myristique Résine Carbone .. 71,1 71,7
C14 H28 O2 et l'acide palmitique C16 H2O2. Son Hydrogène...... 6,2 6,9
point de fusion est situé entre 52° et 53°, c'est-à-
Résine Carbone . 73,2 73,2
dire entre celui de l'acide myristique, qui fond Hydrogène..... 8,6 8,6
à 49°, et celui de l'acide palmitique, qui fond
à 55°.
L'acide bénomargarique ne peut pas être con- Les formules adoptées par M. Van der Vliet
fondu avec l'acide margarique, mais on pourrait manquent de controle, ainsi que celles propo-
le confondre avec l'acide palmitique ; il est plus sées plus tard par Berzelius Jahresb., 1840 ,
soluble dans l'alcool que le premier de ces acides p. 394].
et moins que le second ; il cristallise de la disso- M. E. Kopp, en isolant les résines par le pro-
BENZAMIDE. 523 BENZAMIDE.
1
cédé d'Unverdorben , est arrivé aux résultats sui- benzoyl-sulfophénylamide , etc., voir aux acides
vants pour deux échantillons de benjoin : correspondants.
La benzamide a été découverte par Liebig et
I. II. Woehler, qui l'ont obtenue en faisant passer un
Acide benzoïque . 14,0 14,5 courant de gaz ammoniac sec dans du chlorure de
Résine a 52,0 48,0 benzoyle pur. Dans ces conditions, le gaz est ab-
Résine ... 25,0 28,0
Résine ..... 3,0 3,5 sorbé, le mélange s'échauffe et le liquide se prend
Résine jaune rougeâtre de- en une masse blanche et solide. On lave celle - ci
posée par l'éther... 0,8 0,5 à l'eau froide pour enlever le chlorhydrate d'am-
Impuretés et perte. 5,2 5,5 moniaque, et on fait ensuite dissoudre le résidu
100,0 100,0 dans l'eau chaude , qui abandonne la benzamide à
l'état cristallin par le refroidissement. Il est diffi-
[Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XIII, p . 229]. cile, par ce procédé, de transformer tout le chlo-
rure.
Il constate de plus que les larmes blanches sont
entièrement solubles dans l'éther et contiennent Un procédé plus avantageux consiste à triturer
de 8 à 12 % d'acide ; les parties brunes renferment dans un mortier le chlorure de benzoyle avec du
les deux résines a et B et jusqu'à 15 % d'acide. carbonate d'ammoniaque en excès ; on chauffe lé-
MM. H. Kolbe et Lautemann ont trouvé de l'acide gèrement la masse pour compléter la réaction, et
cinnamique en même temps que de l'acide ben- on lave à l'eau froide pour enlever le sel am-
moniac et l'excès de carbonate [ Gerhardt et
zoique, dans quelques échantillons de benjoin, et Chiozza, Ann. de Chim. et de Phys . , (3) , t. XLVI,
particulièrement dans le benjoin amygdaloide de
Sumatra [Zeitschrift. f. Chem. u. Pharm . , 1861 , p. 135].
La benzamide se produit encore dans un grand
t. XIII , p. 415 ; Ann . de Chim. et de Phys. , (3), nombre de réactions :
t. LXIII, p. 383] . 1° Par l'action de l'ammoniaque sur l'éther ben-
Entièrement débarrassée d'acide benzoique par
le carbonate de soude , la résine de benjoin sou- zoïque. Le mélange abandonné à lui-même pen-
mise à la distillation fournit encore un peu d'a- dant plusieurs mois laisse déposer de la benzamide
en cristaux (Deville). La transformation a lieu ra-
cide benzoique, de l'hydrate de phényle, et au pidement si l'on chauffe l'ammoniaque aqueuse
commencement de l'opération, de petites quan- avec l'éther benzoïque à une température supé-
tités d'une matière blanche, butyreuse, d'une rieure à 100° dans un tube fermé [ Dumas, Mala-
odeur très-forte et très-suave, volatile, soluble guti et Leblanc, Compt. rend . de l'Acad. , t. XXV,
dans les huiles essentielles et qui paraît être la ma-
tière odorante du benjoin . Traitée par six ou sept p. 734];
2º Par l'action de l'ammoniaque sur l'anhydride
fois son poids d'acide azotique du commerce , elle benzoïque .
donne de l'acide benzoïque, de l'acide cyanhy- 3° Lorsqu'on fait bouillir l'acide hippurique avec
drique, de l'hydrure de benzoyle, de l'acide pi- de l'eau et de l'oxyde puce de plomb jusqu'à ce
crique, de l'acide benzoérésique et des matières qu'il ne se dégage plus d'acide carbonique ( Feh-
résineuses ; avec l'acide chromique, il se forme de ling, Ann. der Chem. u. Pharm ., t. XXVIII , p. 48 ;
l'essence d'amandes amères et des cristaux d'a-
Schwarz, ibid. , t. LXXV, p. 195], ou qu'on le
cide benzoique. L'action de l'acide sulfurique chauffe dans un courant de gaz chlorhydrique sec
donne lieu à un acide conjugué, dont les sels de (Strecker).
calcium et de baryum sont solubles, à une résine Suivant M. Petersen, on obtiendrait la benza-
d'un beau rouge et à une résine brune (E. Kopp) . mide en distillant un mélange de benzoate de so-
Fondu avec trois fois son poids de potasse caus- dium et de chlorhydrate d'ammoniaque ; suivant
tique, le benjoin fournit de l'acide paraoxyben- M. Head, il ne se forme pas de benzamide dans
zoique, un acide de la formule C14 H1207, de la ces conditions [Petersen, Ann. der Chem. u.
pyrocatéchine et de l'acide benzoïque. Pour 500 Pharm., nouv. sér., t. XXXI , p. 331 , et Répert.
grammes de benjoin, on obtient 6 à 8 grammes de Chim. pure ( 1862) , p. 142. Head, Jahr. für
d'acide paraoxybenzoique , 28 grammes de C14H12O6 , prakt. Pharm., t. XI, p. 1 , et Répert. de Chim.
3 grammes de pyrocatechine, et 10 à 12 grammes pure (1862), p. 469] .
d'acide benzoique [ Hlasiwetz et Barth, Sitzungsber La benzamide cristallise en prismes ortho-
der Wiener Academ. , et Bull . de la Soc. chim., rhombiques, nacrés et transparents.
1866, t. V, p. 62] . Combinaison habituelle : m , g¹ , a¹ ; la face g¹,
Le benjoin entre dans la composition dequelques parallèlement à laquelle il existe un clivage, est
produits pharmaceutiques ; autrefois il était usité souvent très-développée.
pour l'obtention de l'acide benzoïque. E. G. Elle se dépose, par le refroidissement brusque
BENZAMIDE , de sa solution bouillante, en cristaux brillants
( C6H5 comme le chlorate de potasse; si la solution, suf-
C7 H³ O. Az H² = (CO)" { Az H2 fisamment concentrée, se refroidit lentement, le
liquide se prend en une masse d'aiguilles soyeuses
[Liebig et Wohler ( 1832) , Ann . der Chem. u. au milieu desquelles on voit, après un ou deux
Pharm ., t. III, p . 268 ; Ann. de Chim . et de jours, quelquefois après quelques heures, se for-
Phys., t. LI, p. 293]. mer quelques grandes cavités, au centre des-
La benzamide représente de l'ammoniaque dans quelles les gros cristaux prennent naissance. Cette
laquelle un atome d'hydrogène est remplacé par transformation s'étend peu à peu à toute la masse
le benzoyle C7H5O. On connait d'autres composés (Liebig et Wohler) .
(alcalamides) qui dérivent de la benzamide par Elle fond à 115º, et se prend par le refroidisse-
substitution d'un ou de deux radicaux alcooliques ment en une masse feuilletée. Elle distille sans
à l'hydrogène tels sont la benzanilide, la benzo- s'altérer; sa vapeur a une odeur d'hydrure de ben-
nitraniside , la benzonitrocumide, la benzoyle- zoyle ; elle s'enflamme facilement et brûle avec
diphenylamine, etc.; mais ils dérivent également une flamme fuligineuse.
d'amines , dont l'hydrogène est remplacé par le Presque insoluble dans l'eau frcide, elle se dis-
benzoyle ; aussi nous ne décrirons comme amides sout assez bien dans l'eau bouillante ; elle est fa-
benzoiques que la benzamide et la benzanilide cilement soluble dans l'éther bouillant et dans
(voir ce mot). Pour les autres dérivés benzoiques l'alcool. La potasse ne l'attaque pas à froid, mais
des alcalis , voir les alcalis . Enfin, pour les par l'ébullition il se forme de l'ammoniaque et
amides mixtes, comme la benzoyl-salicylamide, la du benzoate ; les acides concentrés la dédoublent
BENZAMIDE. -- 524 - BENZAMIDE.
d'une manière analogue. L'acide chlorhydrique Laparachlorobenzamide, qui se forme aussi dans
la dissout en donnant un chlorhydrate de benza- l'action de l'ammoniaque sur l'éther parachloro-
mide (Dessaignes). benzoique, cristallise en très-belles aiguilles na-
Elle se combine avec le brome (Laurent), et dis- crées, solubles dans l'alcool et l'éther, très-peu
sout l'oxyde de mercure en donnant la benzamide solubles dans l'eau bouillante, fusibles à 139°, et
mercurique ; elle dissout très-peu l'oxyde de cuivre sublimables sans décomposition.
et l'oxyde d'argent (Dessaignes) . (Voyez plus bas L'acide chlorodracylique donnerait sans doute
ces dérivés.) un isomère des amides précédentes, la chlorodra-
La benzamide perd facilement les éléments de cylamide, mais ce corps n'a pas encore été isolé.
l'eau pour donner naissance au benzonitrile ; on IODOBENZAMIDE. - Il se forme de l'iodobenza-
réalise cette transformation : mide lorsqu'on traite par l'ammoniaque l'éther
1° En faisant fondre la benzamide avec du po- iodobenzoique (Cunze et Hübner).
tassium (Liebig et Wohler); NITROBENZAMIDE ,
2º Lorsqu'on chauffe un mélange équimolécu-
laire d'anhydride benzoïque et de benzamide (Ger- C7H (Az O2) O. AzH² := C6 H+ (Az O²) CO } Az
hardt et Chiozza) ;
3º En distillant la benzamide avec de l'anhy- [Field, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. LXV, p . 45 ;
dride phosphoriqueou de la baryte caustique (Lie- -Chancel, Compt. rend. des trav. de Chim . , 1849,
big et Wohler ; - - Gerhardt et Chiozza) ; p. 180]. - La nitrobenzamide se forme en petite
4° En la chauffant avec du chlorure de benzoyle quantité, lorsqu'on maintient en fusion du nitro-
(Sokoloff); benzoate d'ammoniaque (Field) . On la prépare
5° En la distillant avec du perchlorure de phos- plus commodément en dissolvant l'éther nitro-
phore (Cahours). benzoique dans l'alcool , et ajoutant de l'ammo-
Il se produit aussi une certaine quantité de ben- niaque aqueuse en quantité insuffisante pour pré-
zonitrile lorsqu'on fait passer la vapeur de benza- cipiter l'éther. La réaction est plus rapide sous
mide dans un tube chauffé au rouge. l'influence d'une douce chaleur, elle est terminée
Bromure de BENZAMIDE, C7H5O. Az H2Br2 [Lau- lorsque le liquide ne précipite plus par l'addition
rent (1844), Revue scientif., t. XVI , p. 392] . La de l'eau. Alors on évapore au bain-marie, et on
benzamide se dissout dans le brome sans dégager purifie la nitrobenzamide en la faisant cristalliser
de vapeurs bromhydriques : la solution dépose au une ou deux fois dans un mélange d'éther et d'al-
bout de quelques jours des cristaux de bromure cool (Chancel) .
de benzamide, que l'eau et l'ammoniaque décom- La nitrobenzamide cristallise en belles aiguilles
posent en mettant la benzamide en liberté. allongées de ses solutions dans l'éther, l'alcool et
CHLORHYDRATE DE BENZAMIDE, C7H5O. Az H2 HCl l'esprit de bois : par évaporation lente, on peut
[Dessaignes, Ann. de Chim. et de Phys. , (3), obtenir des cristaux assez volumineux. Ce sont
t. XXXVI, p. 146] . La benzamide se dissout des tables , dérivant d'un prisme rhomboidal obli-
abondamment dans l'acide chlorhydrique concen- que, dont toutes les arêtes semblables sont tron-
tré, à l'aide de la chaleur. La solution dépose par quées.
le refroidissement de longs prismes agglomérés. Elle est très-peu soluble dans l'eau froide, plus
Ce corps est très-instable et se décompose promp- soluble dans l'eau chaude. Elle fond au-dessus de
tement en perdant tout l'acide chlorhydrique. 100°. Chauffée avec la potasse concentrée, elle se
BENZAMIDE MERCURIQUE , (C7 H³ O. Az H ) 2 Hg décompose. Le sulfhydrate d'ammoniaque la trans-
[Dessaignes, loc. cit. , Gerhardt et Chiozza, in forme en amidobenzamide , improprement ap-
Traité de Chim. de Gerhardt, t. III, p. 271]. pelée phényl - urée. - La nitrodracylamide est
L'oxyde de mercure se dissout dans la solution isomère de ce composé (voir combinaisons DRACY-
aqueuse de la benzamide. La liqueur se prend en LIQUES).
une bouillie de cristaux ; on les dissout dans l'al- DINITROBENZAMIDE,
cool à chaud, on filtre, et on obtient par le re- C6 H³. (Az O2)2 CO
froidissement des cristaux lamelleux, d'un blanc C7 H³ (Az O2)2. Az H2 := ₂ Az
HH2
éclatant, de benzamide mercurique. m
Le chlorure de benzoyle et la benzamide mer- [Voit , Ann . der Chem . u . Phar ., nouv . sér . ,
curique réagissent vivement en produisant de l'a- t. XXIII , p.I100 ; — Ann . de Cohniimaq. ueet de Phuyeqsu.,
i e
cide benzoïque et du cyanure de phényle. (3), t. XLVII , pio. n377 ] .- L'aammerimde trobenazlocoioql
DÉRIVÉS PAR SUBSTITUTION DE LA BENZAMIDE .
CHLOROBENZAMIDE, misnesfeonrmdeigest aivtercoble'nézth dini le
tra esn din
r ; celle - ci est en
m e s u n e u n e e u è r e e e d
CHCIO. Az H2 -C& H CI.CO la ja ,pods'e sav armatur . Ell fon éeà
H2 Az 183 °, se décom ble à une tempé plus élev ;
elle belset peus sMoIlDuEu danlslaln'teeau froide , un peu plus
[Limpricht et V. Uslar, Ann. der Chem . u . Pharm . , u A
sol DOBdEaNnZ l'e bou a i .
nouv. sér., t. XXVI, p. 259 ; - · Ann . de Chim . et AMI ,
de Phys., (3), t. LII , p. 505) . - On l'obtient en
dissolvant le chlorure de chlorobenzoyle dans C7 H8Az20 C6 H+ (Az H²) CO Az
H2
l'ammoniaque aqueuse concentrée , la solution
dépose des lames de chlorobenzamide qu'on puri- [Chancel, Compt. rend. des trav. de Chim. , 1849,
fie par cristallisation dans l'eau ou l'alcool. La p. 182 ; Revue scientif., t. XXXIV , p. 177] . -
chlorobenzamide est insoluble dans l'eau froide ; Ce composé a été considéré comme de la phenyl-
elle fond à 122° et peut être sublimée en petite urée, et appelé phényl-urée, urée anilique ou car-
quantité. banilamide par Gerhardt. Mais il diffère par ses
Lorsqu'on traite par l'ammoniaque aqueuse ou propriétés de la véritable phényl-urée, dont il est
qu'on triture avec le carbonate d'ammoniaque le seulement isomère [ Hofmann, Ann. de Chim. et
chlorure de parachlorobenzoyle ou chlorure de de Phys. , (3), t. LXI, p . 377] .
salyle [voyez BENZOYLE (chlorure DE) ] , on obtient Il se prépare par l'action du sulfhydrate d'am-
la parachlorobenzamide, isomère de la précédente moniaque sur la nitrobenzamide en solution
[Gerhardt et Drion , Ann. de Chim . et de Phys ., aqueuse; il ne faut pas employer une solution al-
(3), t. XLV, p. 102 ; - Kekulé, Ann. der Chem. coolique, parce qu'alors la réaction est complexe .
u . Pharm. , nouv. sér., t. XLI , p. 145 ; - Ann. de Il suffit de dissoudre la nitrobenzamide dans l'eau
Chim. et de Phys., (3), t. LXII , p . 369 ; Répert. bouillante, et d'y ajouter du sulfhydrate d'ammo-
de Chim. pure (1861 ), p. 308]. niaque. Si celui-ci est en quantité suffisante, il
BENZANILIDE. 525 - BENZANILIDE.
ne sépare pas de nitrobenzamide par le refroidis- p. 412 ; Ann. de Chim . et de Phys., (3) , t. XXXVII,
sement. Le mélange étant abandonné pendant p. 327 ; Id., t. LIII , p. 307] .
24 heures, on décante le liquide clair pour le sépa- Pour préparer la benzanilide, il suffit de mélan-
rer du soufre déposé, et on l'évapore au bain-ma- ger du chlorure de benzoyle avec l'aniline ; la
rie. Le résidu liquide est repris par l'eau bouil- réaction est très-vive, et la masse se concrète par
lante et filtré. Par l'évaporation spontanée , le refroidissement. On enlève le chlorhydrate
l'amidobenzamide cristallise en beaux prismes d'aniline qui s'est formé par un lavage à l'eau
transparents, aplatis, assez volumineux et à peine bouillante, et on fait cristalliser le résidu dans
colorés en jaune ; ces cristaux renferment une l'alcool bouillant.
molécule d'eau de cristallisation qu'ils perdent L'anhydride benzoïque se dissout à chaud dans
entre 100 et 120° ; ils fondent à 72° ; ils sont l'aniline, et fournit de la benzanilide ; on lave le
inodores, d'une saveur fraîche et un peu amère : produit avec de l'eau aiguisée d'acide chlorhy-
l'amidobenzamide anhydre et fondue se prend en drique pour enlever l'excès d'aniline, et on le pu-
une masse cristalline par le refroidissement ; elle rifie par cristallisation.
ne fond plus qu'au-dessus de 100° ; une tempéra- La benzanilide est en paillettes brillantes, inso-
ture plus élevée la décompose. lubles dans l'eau, solubles dans l'alcool . La potasse
Très-soluble dans l'eau, dans l'alcool et dans fondante la dédouble en benzoate et en aniline. Le
f'éther, elle se conserve dans sa solution aqueuse, chlorure de benzoyle l'attaque à chaud en don-
mais ses solutions éthérées et alcooliques se colo- nant la dibenzanilide.
rent rapidement à l'air. La benzanilide ne s'attaque pas à froid par le
La potasse la décompose en ammoniaque et en perchlorure de phosphore ; mais si l'on chauffe
acide amidobenzoique, mais celui-ci est détruit légèrement, la réaction devient vive ; il distille de
lui-même dans ces conditions, et à une tempéra- l'oxychlorure de phosphore, et il se dégage de
ture élevée, fournit de l'aniline. l'acide chlorhydrique. On enlève l'excès de per-
L'amidobenzamide présente tous les caractères chlorure de phosphore en ajoutant à la masse
d'un alcaloide. Elle donne des sels bien définis un petit fragment de phosphore qui le transforme
qui ont une réaction acide. en protochlorure ; on chasse celui- ci par la distil-
Le chlorhydrate d'amidobenzamide, lation. La masse visqueuse ainsi obtenue est ap-
pelée chlorure de benzanilidyle par Gerhardt et
C7 H8 Az2 O. HCl, représentée par la formule Cl.Az (C7 H5) ( C6 H³).
cristallise de sa solution aqueuse sous forme de Ce corps n'a pu être analysé, et se décompose par
petites aiguilles radiées . la chaleur en donnant du benzonitrile et une huile
L'azotate, C7 H8 Az2 O. H Az O³, est très-peu so- qui paraît être du chlorure de phényle. Il fume à
luble dans l'eau ; il se dépose en croûtes cristal- l'air; traité par l'eau, il donne une matière cris-
lines ou en petits prismes groupés en mamelons. talline qui paraît être de la benzanilide ; l'alcool
Si l'on mélange des solutions bouillantes, suffi- lui fait subir la même transformation ; chauffé
samment concentrées d'amidobenzamide et d'a- avec l'aniline, il se concrète et fournit un produit
zotate d'argent, il se dépose par le refroidissement cristallin auquel l'analyse assigne la formule
des aiguilles d'azotate d'argent et d'amidobenza- C7H5
mide, C7 H8 Az2O . Ag Az 03. C19 H16 Az2 Az² (C6H5)2
L'oxalate cristallise confusément. H
Le chloromercurate forme une poudre cristal- (Gerhardt).
line, qui se précipite par le mélange des dissolu- Si l'on dissout ce composé dans la potasse bouil-
tions d'amidobenzamide et de bichlorure de mer-
cure. lante et qu'on précipite par l'acide chlorhydrique,
on obtient de l'acide salicylique.
Le chloroplatinate s'obtient en dissolvant l'a- Le chlorure de benzanilidyle est attaqué vive-
midobenzamide dans l'eau bouillante, ajoutant un ment par le carbonate d'ammoniaque sec. Le pro-
excès d'acide chlorhydrique, puis une dissolution duit solide, lavé à l'eau et repris par l'alcool
de bichlorure de platine ; par le refroidissement, bouillant, se sépare, par le refroidissement, sous
il se sépare de très-longs prismes orangés, la forme de mamelons rayonnés, difficilement
(C7 H8 Az2O. HCl) 2 Pt Cl . attaqués par la potasse, même bouillante.
Ces recherches sont incomplètes ; Gerhardt en
Benzamide sulfuRÉE, thiobenzamide, était occupé, quand la mort est venue le frapper,
et ces premiers résultats ont été publiés d'après
C7H5S. H² Az = C6H5 H 2Az
CS
les notes qu'il avait laissées [ Ann. de Chim. et de
Phys., (3), 1858, t. LIII, p. 307 ].
[Cahours , Compt. rend. de l'Acad. , t. XXVII, NITROBENZANILIDE [ Bertagnini, Ann. der Chem.
p. 239]. - Ce corps représente de la benzamide u. Pharm. , t. LXXIX, p. 259 ; Ann. de Chim. et de
dont l'oxygène est remplacé par le soufre. On l'ob- Phys., (3), t. XXXIII , p. 473]. - Cette amide n'a
tient en dissolvant le benzonitrile dans l'alcool lé- pas été analysée ; lorsqu'on met en contact de
gèrement ammoniacal et faisant passer dans la l'aniline et du chlorure de nitrobenzoyle , le mé-
solution un courant d'acide sulfhydrique jusqu'à lange s'échauffe , dégage de l'acide chlorhydrique
refus. Au bout de quelques heures on réduit la et donne une matière solide, soluble dans l'alcool
liqueur au quart de son volume par l'ébullition , et cristallisable en aiguilles brillantes. Ce ne peut
et on précipite par l'eau. Il se sépare des flocons être que de la nitrobenzanilide,
jaunes, qu'on dissout dans l'eau bouillante et qui C6 H+ (Az O²) CO)
s'en séparent par un refroidissement très-lent sous C6H5 Az.
forme de longues aiguilles jaunes , d'un aspect H
satiné.
Lebioxyde de mercure détruit la benzamide sulfu- DIBENZANILIDE, dibenzoyl-phenylamide ou phé-
rée en régénérant du cyanure de phényle. E. G. nyl-dibenzamide,
BENZANILIDE, (C6H³. CO)2 Az
C6H5CO C6H5
C13 H11 Az O:= C6H5 Az
H) [Gerhardt et Chiozza, Ann . de Chim . et de Phys.,
(3), t. XLVI, p. 137] .
[Gerhardt, 1815, Journ . de Pharm ., ( 3) , t. IX , Le chlorure de benzoyle n'attaque pas à froid la
BENZHYDROL . - 526 - BENZHYDROL.
benzanilide, mais la réaction a lieu entre 160° et 1 Éther benzhydrolique,
180° ; le produit , d'abord visqueux, se concrète peu
à peu en une masse cristalline. On le laisse en C13 HMO.
contact avec une solution de carbonate de soude , C13H11
puis on le fait cristalliser dans l'alcool bouil-
lant. Le benzhydrol se décompose partiellement à
la distillation en éther et en eau ; le dédoublement
Ce corps est en fines aiguilles brillantes, quel-
quefois en grains blancs. est complet si on le maintient en ébullition pen-
Il se dissout en petite quantité dans l'eau bouil- dant quelque temps sous une pression supérieure
lante, et est assez soluble dans l'alcool et dans à celle de l'atmosphère. On ajoute de l'alcool au
l'éther. Il fond à 137° ; à une température supé- produit de la distillation ; il se précipite une
rieure, il se sublime en petites aigrettes. E. G. poudre, qu'on fait dissoudre dans l'alcool bouil-
BENZHYDROL, C13 H12O ( Linnemann, 1863, lant. L'éther benzhydrolique se présente sous la
Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXV, p . 229 (nouv. forme de cristaux microscopiques groupés en
sér., t. XCIX ) ; Bull. de la Soc. chim . , 1863, barbes de plumes. Il est soluble dans la benzine
et dans l'alcool bouillant. Il fond à 118°; il com-
p. 418 ; 1865, Ann. der Chem. u. Pharm . (nouv. mence à se sublimer à 300° et bout à 315° sous la
sér., t. LVII, p. 7 ) ; Bull. de la Soc . chim. , 1865,
t. IV, p. 268].- M. Friedel ayant découvert que pression de 745 millimètres. Le produit de la
l'hydrogène naissant se fixe sur les acétones pour distillation est liquide, et tantòt se solidifie, tan-
donner naissance à des alcools d'une classe spé- tot ne change pas d'état . L'alcool et l'acide azo-
ciale, M. Linnemann a appliqué cette réaction à tique se comportent différemment avec les deux
la benzophenone ( acétone de l'acide benzoique ) modifications.
C13 H10O, et a préparé l'isoalcool benzhydrolique L'acide sulfurique concentré dissout l'éther
ou benzhydrol C13 H12O . benzhydrolique.
Pour préparer le benzhydrol, on met en con- Ether éthylbenzhydrolique. — On fait dissoudre
tact, avec l'amalgame de sodium, la benzophe- le benzhydrol dans l'alcool absolu ; on ajoute un
none dissoute dans l'alcool étendu. Lorsque les dixième en volume d'acide sulfurique, et l'on
liqueurs sont trop alcalines, on neutralise par abandonne le mélange à lui-même pendant quel-
l'acide sulfurique, on sépare le sulfate de sodium ques jours. L'eau sépare alors un liquide huileux
par le filtre, on lave le sel à l'alcool et à l'éther, qui , lavé et séché, est soumis à la distillation
et la solution étendue d'eau est agitée avec de fractionnée.
l'éther, qui s'empare de la benzophenone et du L'éther éthylbenzhydrolique,
benzhydrol. On soumet de nouveau le mélange à C13H11
l'action de l'hydrogène naissant. Lorsque celui-ci C2H5
s'est dégagé pendant longtemps, on sépare par
l'éther le benzhydrol qui , par l'évaporation , se est un liquide incolore et très-réfringent ; il bout
dépose sous forme d'un liquide jaune, et se prend à 183° sous la pression de 736 millimètres. Sa den-
à la longue en cristaux. Ceux-ci sont purifiés par sité est de 1,029 à 20º. Il est sans odeur ; il ne se
cristallisation dans la benzine bouillante. solidifie pas à 10°. Il est soluble en toutes pro-
Le benzhydrol cristallise en aiguilles blanches, portions dans la benzine et dans l'éther, et dans
soyeuses. Il fond à 67°,5 en un liquide incolore vingt fois son volume d'alcool à 80° centésimaux.
qui présente le phénomène de la surfusion ; il dis- L'acide iodhydrique le décompose ; chauffé avec
tile entre 296° et 297°, mais distillé en grande la potasse caustique , il se détruit. La lumière
quantité, il se dédouble en l'éther le colore, et dans l'obscurité la coloration dispa-
rait. Alors il est d'un beau vert, vu par réflexion ;
C13H11) vu par transmission, il est jaune pâle ; cette colo-
C18 H11 ration disparaît par la chaleur et par l'agitation.
Elle a son maximum à l'état de repos et sous
et en eau. Son odeur, quoique faible, est suffo- l'influence d'une basse température.
cante. Il est insoluble dans l'eau, à froid, un peu Acetate benzhydrolique, C18 H¹¹ . C² H³O². — On
soluble à chaud ; très-soluble dans l'alcool , l'éther l'obtient en faisant bouillir pendant plusieurs
et la benzine. heures de l'acide acétique cristallisable avec le
Traité à chaud par l'acide chromique étendu, il benzhydrol. C'est un liquide oléagineux , inco-
régénère la benzophenone, de même que l'alcool lore ; il bout à 301-302°, sous la pression de
isopropylique fournit de l'acétone par les agents 731 millimètres . Un froid de - 15° ne le solidifie
d'oxydation. Si on le fait bouillir avec l'acide azo- pas. Sa densité est de 1,49 à la température de
tique fumant, jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus 22º. Soluble dans l'alcool, l'éther et la benzine,
de vapeurs rouges, le benzhydrol subit une dé- il est facilement attaqué par la potasse alcoolique,
composition plus profonde et fournit la benzophe- qui le décompose à la température ordinaire, par
none binitrée, C13 H8 (Az O2)2O. un contact de quelques heures.
Si on le chauffe avec du brome à 200°, et en Benzoate , C13 H₁₁ . C7 H5O2. — Il prend nais-
tubes scellés, on obtient le benzhydrol bibromé sance lorsqu'on fond à une douce chaleur 2 p.
C18 H10 Br2 O, qu'on purifie par cristallisation dans d'acide benzoique et 3 p. de benzhydrol . Il con-
l'alcool bouillant. Le benzhydrol bibromé est une stitue de petits cristaux assez solubles dans l'é-
matière blanche, légère, brillante, formée d'ai- ther et la benzine, peu solubles à froid dans
guilles microscopiques. Il se ramollit à 158° et l'alcool . Il fond entre 87,5 et 88° : il n'est pas
fond à 163° ; une chaleur plus forte le charbonne ; volatil sans décomposition . Il ne se produit pas
l'amalgame de sodium le transforme en benzhy- par l'action du chlorure de benzoile sur le benz-
drol ; la potasse fondante l'altère, mais en solu- hydrol. Dans ce cas, il ne se forme que de l'éther
tion alcoolique, il n'est attaqué ni par l'oxyde benzhydrolique.
d'argent, ni par la potasse. Succinate, (C13H11)2. C↳ H¹O¹. - On le prépare
Le perchlorure de phosphore transforme le benz- en fondant 30 p. de benzhydrol avec 9 p. d'acide
hydrol en éther benzhydrolique. succinique. Il est en cristaux microscopiques,
Bouilli pendant quelques heures avec l'acide brillants, fusibles entre 141° et 142°. Il est peu
acétique cristallisable, il donne de l'acétate benz- soluble à froid dans l'alcool , l'éther, et la ben-
hydrolique; fondu avec l'acide benzoique , il four- zine. Soumis à la distillation , il se décompose en
nit le benzoate, et avec l'acide succinique le suc- acide succinique , et un carbure C13 H19, qu'on
cinate de benzhydrolyle . n'obtient qu'en petite quantité. Ce carbure cris-
BENZHYDROL. - 527 BENZINE.
tallise en petites tables rhombiques, assez épais- température voisine de la fusion du verre, il se
ses, fusibles entre 209° et 210°. transforme en différents polymères : benzine, cin-
CONSTITUTION DU BENZHYDROL. La benzophé- namène, hydrure de naphtaline , hydrure d'an-
none étant représentée par la formule thracène, etc. La benzine forme près de la moitié
C6H5 du produit total . M. Berthelot, à qui est due cette
intéressante réaction , considère par suite la benzine
C6H5, comme du triacétylène [ Berthelot , Bull. de la Soc.
chim. , 1866, t. VI, p. 268, et 1867, t. VII , p. 304 ;
le benzhydrol devient Ann. de Chim. et de Phys. , (4), t. IX , p. 446].
C6H5 Préparation. - On peut préparer rapidement de
OH la benzine pure par le procédé de Mitscherlich :
H On distille à une douce chaleur l'acide benzoique
C6H5 , mélangé intimement avec trois fois son poids
de chaux vive ; on lave à la potasse le produit de
analogue à l'alcool isopropylique. E. G. la distillation , on le décante, on le sèche sur du
BENZHYDROL [ Rochleder et Hlasiwetz, Journ. chlorure de calcium , et on le rectifie au bain-
für. prakt. Chem . , t. LI , p . 432] . Ce nom avait marie. L'acide benzoique fournit le tiers de son
été aussi donné à une substance cristalline déposée poids de benzine, mais aujourd'hui on n'a plus
dans une essence de cassia. Elle est en feuillets besoin d'avoir recours à l'acide benzoique pour
brillants , incolores , très-fusibles, solubles dans se procurer de la benzine pure. La distillation des
l'acide sulfurique, convertis par l'acide azotique goudrons de houille en fournit des quantités con-
bouillant en un acide qui présente les caractères sidérables, et on peut l'obtenir à l'état de pureté
de l'acide nitrobenzoique. — Distillé avec une so- parfaite. Mansfield est le premier qui ait rendu
lution de potasse, le benzhydrol fournit une huile industrielle la production de la benzine au moyen
pesante, que Gerhardt représente par la formule des houilles ; c'est aujourd hui l'objet d'une fabri-
C8H8O2, et Rochleder et Hlasiwetz par la formule cation des plus importantes, dont les détails sont
C21 H22O25 1/2. Le benzhydrol a donné à l'analyse : donnés plus bas. Voyez BENZINE, Industrie.
Les benzines commerciales ne sont pas cepen-
Carbone . 75,35 75,00 75,24 dant de la benzine pure ; outre cet hydrocarbure,
Hydrogène... 6,36 6,80 6,83 elles renferment des proportions variables de ses
homologues (toluène , xylène, etc. ) , mais l'indus-
d'où les auteurs ont tiré la formule contestable trie la fournit aussi pure et cristallisable.
C14H1502 1/2, E. G. Propriétés. - La benzine est un liquide mo-
BENZIDINE. Voyez PHÉNYLe. bile, limpide et incolore ; elle possède une odeur
BENZILE et BENZİLIQUE (ACIDE). — Voyez agréable quand elle est pure. Sa densité est d'en-
BENZOINE. viron 0,85 à 15 °, 5 ( Faraday) , de 0,83 (Mitscher-
BENZIMIQUE ( ACIDE ) . ― Nom donné par lich) , de 0,8991 à 6° (Kopp) . Louguinine a donné
Laurent à un acide non encore analysé, qui prend la table suivante des densités et des volumes de .
quelquefois naissance, en même temps que l'a- la benzine à diverses températures :
marine, dans l'action de l'ammoniaque alcoolique
sur l'hydrure de benzoyle. Températures. Densités. Volumes.
BENZINE , C6H6 [Syn. Benzol , hydrure de 00 0,8.95 1,0000
phenyle, phene, bicarbure d'hydrogène]. ―― La 5 0,8939 1,0063
benzine fut découverte, en 1825, par Faraday, qui 10 0,8887 1,0122
l'isola des produits de la distillation de l'huile, et 15 0,8833 1,0183
lui donna le nom de bicarbure d'hydrogène 20 0,8780 1,0245
25 0,8726 1,0308
[Philos. Trans , 1825 , p . 440 et Ann. de Chim. et 80 0,8673 1,0371
de Phys., t. XXX, p. 269] . En 1833, Mitscherlich 35 0,8620 1,0435
l'obtint par la distillation de l'acide benzoïque 40 0,8567 1,0500
avec un excès de chaux ; il reconnut son identité 45 0,8512 1,0567
avec le bicarbure d'hydrogène de Faraday, et lui 50 0,8468 1,0622
donna le nom de benzine, cause de son mode 55 0,8402 1,0706
60 0,8349 1,0774
de formation [ Ann. de Poggend. , t. XXIX, p. 231 65 0,8293 1,0846
et Ann. der Chem. u. Pharm. , t. IX, p. 39 ; Ann. 70 0,8238 1,0913
de Chim. et de Phys . , t. LV, p. 42] . Vers la même 75 0,8181 1,0995
époque, Péligot observa aussi la formation de la 80 0,8129 1,1005
benzine, en même temps que celle de la benzophe-
none impure dans la distillation sèche du benzoate [V. Louguinine , Ann . de Chim. et de Phys., (4) ,
calcique [Ann. de Chim . et de Phys . , t. LVI, p . 60]. t. XI , p. 405 ( 1807)] .
Elle se forme encore dans un grand nombre de Soumise à l'action du froid , elle se prend en
réactions par la distillation sèche de l'acide qui- masse cristalline ou en lames groupées sous
nique (Wohler) ; par la distillation de l'acide forme de feuilles de fougères , qui fondent à +5º,5
phtalique avec un excès de chaux (Marignac) ; (Faraday), + 7° (Mitscherlich) . Elle se congèle à
lorsqu'on dirige des vapeurs d'acide benzoique -6° (Darcet) ; parfaitement pure, elle se solidifie
sur du fer chauffé au rouge (Darcet) ; lorsqu'on à 0° (Louguinine).
chauffe au rouge les matières grasses (Faraday) ; Elle bout à 85°,5 (Faraday) , à 86° (Mitscherlich) ,
dans la distillation de la houille [ Hofmann, entre 80° et 81 ° ( Mansfield ), à 80º ,4 sous la pres-
Mansfield, Quart. Journ. of the Chem . Soc. , t. I,, sion de 760 millimètres (H. Kopp) . Elle se dis-
p. 244 et Ann. der Chem . u. Pharm. , t. LXIX , p. sout facilement dans l'alcool et dans l'éther,
162] . M. Berthelot a trouvé la benzine en petite l'esprit de bois, l'acétone, très - peu dans l'eau,
quantité dans les produits de destruction de l'al- mais assez cependant pour lui communiquer son
cool ou de l'acide acétique dirigés à travers un odeur. Elle dissout l'iode, le soufre, le phosphore,
tube chauffé au rouge [Compt. rend. de l'Acad., surtout à chaud ; dissout abondamment le camphre,
t. XXXIII, p. 210] . Dans les mêmes conditions, le la cire, le mastic, le caoutchouc, la gutta- percha ;
cinnamène C8 H8 se dédouble en benzine et en très-peu la gomme laque , le copal, la gomme-
acétylène [Berthelot, Bull . de la Soc. chim., 1866, gutte, la résine animée, en petite quantité la
t. VI , p. 279]. - Lorsque l'acétylène est chauffé morphine, la strychnine, la quinine, mais non la
dans une cloche courbe , sur le mercure, à une cinchonine (Mansfield). Elle est inflammable et
BENZINE. 528 ― BENZINE.
brûle avec une flamme brillante et fuligineuse. des gouttelettes de nitrobenzine . On agite alors
Chauffée en vase clos à 200 °, 300° et 400° , elle le tout avec son volume d'éther ordinaire ; celui-
n'éprouve aucune altération ; dirigée dans un tube ci s'empare de toute la nitrobenzine. On décante
de porcelaine chauffé au rouge vif, elle se dé- cette solution éthérée, on la filtre, et on la distille
truit en partie , et fournit comme produit prin- rapidement dans une petite cornue, de manière à
cipal du phényle ou diphenyle C12 H10. Il se chasser tout l'éther. Dans la cornue , qui ne ren-
forme en même temps un carbure cireux, fusible ferme alors que la goutte de nitrobenzine , on
vers 200°, que M. Berthelot pense être du chry- introduit 1 à 2 centimètres cubes d'acide acétique,
sène, et un carbure orangé, résineux, qui ne dis- une pincée de limaille de fer, et on distille à une
tille qu'au rouge sombre ; le gaz qui se forme est flamme excessivement faible. Quand le liquide de
de l'hydrogène à peu près pur [ Berthelot, Bull. de la cornue est presque entièrement évaporé, on
de la Soc. chim , 1866, t. VI, p . 274] . Lorsqu'on ajoute de nouveau 2 ou 3 centimètres cubes d'eau,
fait passer un mélange de vapeur de benzine et et on reprend la distillation . On réunit les liqueurs
d'éthylène purs à travers un tube de porcelaine distillées, et on peut essayer sur elles l'action du
chauffé au rouge vif, on obtient différents carbures , chlorure de chaux. Mais quelquefois la présence
le cinnamène ou styrolène, la naphtaline, le diphé- de l'acide acétique empêche la réaction ; alors on
nyle, l'acénaphtène, l'anthracène, et des carbures ajoute à la liqueur une parcelle de chaux éteinte,
volatils au-dessus de 360°. Le cinnamène est le on filtre, et, sur la portion filtrée , placée dans une
produit le plus abondant de la réaction . L'hydrure soucoupe de porcelaine, on ajoute la solution
de méthyle et la benzine ne réagissent pas dans aqueuse, étendue et filtrée, de chlorure de chaux.
les mêmes conditions , et on n'arrive pas ainsi à [Berthelot, Bull. de la Soc. chim ., 1866, t. VI,
la synthèse du toluène ; mais en prenant l'hydrure p. 292] .
de méthyle et la benzine à l'état naissant, c'est-
à-dire en distillant un mélange d'acétate et de
benzoate sodique, on obtient une notable quan- DÉRIVÉS CHLORÉS , BROMÉS , IODÉS
tité de toluène, en même temps que de l'acétone, DE LA BENZINE.
de la benzine, du méthyl-benzoyle, etc. La ben-
zine et le cinnamène, dirigés à travers un tube DÉRIVÉS CHLORÉS. -- Le chlore se combine di-
rouge, fournissent de l'anthracène comme produit rectement avec la benzine au soleil pour former
principal [Berthelot, Bull . de la Soc. chim. (1867), l'hexachlorure de benzine ; à l'abri des rayons so-
t. VII, p. 113 et 274]. laires, et lorsqu'on dirige un courant de chlore
Le chlore et le brome agissent sur la benzine dans l'hydrocarbure, on obtient des produits de
en donnant des produits d'addition ou des pro- substitution .
duits de substitution , suivant les conditions de Produitsd'addition. - HEXACHLORURE DE BENZINE,
l'expérience ; l'iode est sans action sur elle. L'a- trichlorure de benzine ou chlorhydrate de tri-
cide sulfurique concentré la dissout en fournis- chlorobenzine , C6H6 C16 [Mitscherlich , Ann. de
sant de l'acide phényl-sulfureux ; l'acide sulfu- Poggend., t. XXXV, p. 370 ; Peligot, Ann. de
rique fumant fournit en outre de la sulfoben- Chim . et de Phys. , t. LVI, p. 166 ; Laurent, ibid. ,
zide. L'acide azotique fumant la convertit en p. 41] .
nitrobenzine et à l'ébullition en binitrobenzine Lorsqu'on verse de la benzine dans un flacon
(voyez plus bas Dérivés chlorés , bromés , etc. , de plein de chlore gazeux, et qu'on porte le tout au
la benzine). L'oxychlorure de carbone n'agit que soleil, il se produit une vive réaction . Au bout de
sur les vapeurs de benzine, et se combine alors quelques minutes, tout le chlore a disparu , et le
avec l'hydrocarbure en fournissant du chlorure de flacon se trouve tapissé de cristaux transparents,
benzoyle (Harnitz-Harnitski) : très-purs si le chlore n'est pas en excès. On les
C6H6 + COC12C6H5.CO.Cl + HCl. détache au moyen de l'eau, qui ne les dissout pas.
Si le chlore est en excès, les cristaux sont salis
Les alcalis, le perchlorure de phosphore, sont d'une matière molle et rougeâtre , plus soluble
sans action ; suivant Lauth, le sodium attaque la dans l'éther que les cristaux.
benzine pure, il y a dégagement d'hydrogène et Suivant Lesimple , on obtiendrait facilement
formation d'une substance solide qui encroûte le l'hexachlorure en faisant arriver du chlore sec
sodium en excès et qu'on ne peut séparer [ Bull. dans la vapeur de la benzine ; il est probable qu'il
de la Soc. chim. , 1865, t. IV, p . 3] . D'après Ber- faut opérer aussi sous l'influence des rayons so-
thelot, le sodium serait sans action sur la ben- laires [Lesimple , Ann. der Chem. u. Pharm.,
zine. t. CXXXVII, p . 122, et Bull . de la Soc. chim.,
La benzine fixe trois molécules d'acide hypo- 1866, t. VI, p. 161] .
chloreux et fournit la trichlorhydrine du phénose, Ce corps forme des prismes droits très-aplatis ,
C6H603 à base rhombe. Il est insoluble dans l'eau, très-
soluble dans l'alcool et dans l'éther. Il fond à
H3C13
132° (Mitscherlich), entre 135° et 140º (Laurent).
(Voyez PHÉNOSE) [Carius, Ann. der Chem . u. Il bout vers 288° en se décomposant en partie,
Pharm., 1865, nouv . sér. , t. IX, p. 323, et Bull. mais sans laisser de résidu . Soumis à de nom-
de la Soc. chim . , 1866, t. VI, p. 61 ]. breuses distillations, ou bouilli avec une solution
La benzine se transformant facilement en nitro- alcoolique de potasse, il fournit la trichloroben-
benzine et en aniline, et celle-ci se colorant nette- zine C6H3C1³.
ment, sous l'influence du chlorure de chaux, Lorsqu'on chauffe l'hexachlorure de benzine
M. Hofmann a utilisé ces réactions pour déceler avec l'acétate d'argent en solution acétique à 160°
la benzine dans un mélange d'huiles volatiles pendant 30 heures, il y a formation de chlorure
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. LV, p . 201 ] . M. Ber- d'argent, et l'acide acétique renferme en dissolu-
thelot a modifié le procédé de M. Hofmann et lui tion un corps réduisant la liqueur de Barreswil.
a donné une sensibilité telle, qu'il décèle la ben- En saturant l'acide par un carbonate alcalin, et
zine dans un centimètre cube d'un mélange ne agitant avec l'éther, on obtient une huile colorée,
renfermant que 2 % de cet hydrocarbure . très-amère, qui paraît être un mélange de plu-
On prend quelques gouttes du carbure à essayer, sieurs glucosides, et d'où l'on parvient à séparer
on le mélange avec quatre fois son volume d'acide de petits cristaux, peu abondants, répondant à la
azotique fumant dans un tube refroidi ; on agite formule
vivement, et, après un quart d'heure, on ajoute au 2(C6H6) 03
liquide dix fois son volume d'eau , qui précipite 3(C2H30) C19
E BENZINE . - 529 - BENZINE .

[Rosensthiel, Compt. rend. de l'Acad. , t. LIV, appelle benzine chlorée brute, par l'action d'un
p. 178, et Répert. de Chim. pure, 1862, p. 149] . mélange de bichromate de potasse et d'acide
HEXACHLORURE DE CHLOROBENZINE, chlorhydrique sur la benzine ; cette benzine chlo-
C6H5 C17 = C6H6 Cl. C16 rée brute serait un chlorhydrate de chlorobenzine ,
et fournirait du chlorure de phényle à la distil-
[ Otto et Ostrop, Ann. der Chem . u . Pharm ., lation. De plus , elle donnerait de l'acide phénique
t. CXLI, p. 93] . - Lorsqu'on soumet la sulfoben- avec une solution alcoolique de potasse [Journ. of
zide à l'action du chlore sec sous l'influence des the Chem. Societ. , 2° série, t . I, p. 76, et Répert.
rayons solaires, elle est vivement attaquée ; les de Chim. pure, 1863, p . 460] . Ce fait, en contra-
parois de la cornue et du récipient se recouvrent diction avec les observations de Riche et celles de
d'une couche de cristaux qui augmentent avec le Jungfleisch, n'a pas encore reçu de confirmation .
courant du gaz. Lorsque le chlore n'est plus ab- M. Sokoloff pense que la benzine monochlorée
sorbé, les cristaux sont séparés d'une huile jaune et le chlorure de phényle ne sont pas identiques,
qui les accompagne par filtration sur l'amiante. On contrairement à l'opinion admise. D'après lui , le
les lave avec un peu d'éther, on les comprime et on composé CH5 Cl obtenu avec le phénol a une
les fait cristalliser dans l'alcool absolu. L'hexa- densité de 1,1199 à 0°, et de 1,092 à 30 ° ; il bout
chlorure de chlorobenzine est insoluble dans l'eau, à 136°; tandis qu'obtenu avec la benzine, il a une
peu soluble dans l'alcool et l'éther froid, mais très- densité plus grande, 1,1499 à 0° et 1,1188 à 30° :
soluble dans l'alcool chaud ; il se présente en le point d'ébullition de ce dernier est fixé à 132º5
aiguilles blanches, brillantes, fusibles entre 255- pour la même pression (0m, 767).
257°, et sublimables sans décomposition . La po- De plus, l'acide azotique agirait avec plus de ra-
tasse alcoolique les attaque avec formation de pidité sur le premier que sur le second ; mais les
chlorure de potassium. produits nitrés définitifs sont identiques [ Soko-
Produits de substitution. - BENZINE MONO- loff, Journ. für prakt. Chem . , t. XCVI , p. 465,
CHLORÉE Ou CHLORURE DE PHÉNYLE , C6H5Cl. et Bull. de la Soc. chim. , 1866, t. VI, p. 212].
- [Laurent et Gerhardt, Compt. rend. des trav. Les différences indiquées par M. Sokoloff ne
de Chim., 1849, p . 429 ; -Scrugham, Proceedings paraissent pas assez marquées pour qu'on puisse
of the Royal Societ. , 1854 , t. VII, p. 18 ; - Riche, différencier la benzine monochlorée du chlorure
Compt. rend. de l'Acad. , t. LIII , p. 586, et Répert. de phényle.
de Chim. pure, 1862 , p. 13 ; - Hugo Müller , BENZINE BICHLORÉE, CH C12 (H. Müller, Jung-
Journ. of the Chem. Societ. , t. XV, p. 41 , et fleisch). - Lorsqu'on fait passer un courant de
Répert. de Chim . pure, 1862, p. 427; - Zeitsch. chlore dans la benzine, en présence de l'iode , on
Chem . Pharm., 1864, p. 65 ; - Jungfleisch, Bull. voit à un certain moment le col de la cornue se
de la Soc. chim. , 1865, t. IV, p. 243 ; — Otto, Ann. tapisser de cristaux en laissant refroidir le li-
der Chem. u. Pharm . , 1865, t. CXXXVI , p . 154, quide, il dépose des cristaux quelquefois assez
et Bull. de la Soc. chim. , 1866 , t . V, p. 448]. abondants pour que le tout se prenne en masse.
Ce composé s'obtient soit par le phénol, soit On les laisse égoutter, on traite de nouveau le
13.0 par la benzine. Lorsqu'on traite l'acide phénique liquide par le chlore, et on sépare ensuite des
par le perchlorure de phosphore, on obtient un cristaux. On évite ainsi la transformation de ceux-
མཐ།། liquide épais ( Laurent et Gerhardt), que la distil- ci en produits supérieurs ; on les purifie par com-
lation sépare en chlorure de phényle bouillant à pression sous une couche d'eau alcaline, puis par
136° et en phosphate de phényle (Scrugham) . On une ou deux cristallisations dans l'alcool.
M prépare plus facilement ce corps en traitant la La benzine bichlorée fond à 52º , bout à 171° et
benzine par le chlore en présence de l'iode (H. distille sans altération ; sa densité à 20° est 1,46.
Müller). Son odeur pénétrante cause la toux et le larmoie-
Voici comment il convient d'opérer, suivant ment. Insoluble dans l'eau, très-soluble dans
Jungfleisch on place la benzine à laquelle on a l'alcool et dans l'éther. Celui-ci , par une évapora-
ajouté une petite quantité d'iode dans une cornue tion très-lente , l'abandonne en cristaux magnifi-
tubulée, adaptée à un réfrigérant ascendant. On ques, dont le poids peut atteindre plusieurs gram-
fait arriver le courant de chlore sec par la tubu- mes, et qui dérivent du prisme droit rhomboidal.
lure de la cornue on arrête de temps en temps L'acide azotique fumant la convertit en dérivés
l'opération, et on distille afin de séparer ce qui nitrés. Il se forme, en même temps que la ben-
passe au-dessus de 130° ; de cette manière, on zine bichlorée, un corps bouillant à peu près à la
༣༦ ༥ soustrait la benzine monochlorée déjà formée à même température, encore liquide à 0°, et qui
l'action ultérieure du chlore. On réunit les por- paraît être un isomère.
tions passant au-dessus de 130° , on les agite avec BENZINE TRICHLORÉE ou trichlorobenzine,
de la potasse caustique, et on rectifie le produit .
Comme il se forme de petites quantités de pro- C6 H3 C13
duits iodo-substitués , il faut exposer quelques (Mitscherlich , Laurent). - L'hexachlorure de ben-
jours les flacons au soleil ; les produits iodés se dé- zine, soumis à des distillations répétées ou chauffé
truisent, et l'iode est mis en liberté ; on peut alors avec de la chaux caustique, ou soumis à l'ébulli-
l'enlever par la potasse. tion avec de la potasse alcoolique, se transforme
M. Otto a obtenu la benzine monochlorée dans
l'action du perchlorure de phosphore sur la sul- en benzine trichlorée. Elle prend aussi naissance
dans l'action du chlore sur la benzine, en même
fobenzide ; elle se forme encore lorsqu'on chauffe temps que la benzine bichlorée : pour la séparer
avec du carbonate de soude le chloroplatinate de de cette dernière et des produits supérieurs, on
diazobenzol (Griess).
refroidit le mélange, on sépare les produits cris-
La benzine monochlorée est liquide , incolore, tallins et on soumet le liquide à la distillation
très-réfringente, douée d'une odeur agréable ; in- fractionnée.
soluble dans l'eau , elle se dissout dans l'éther et La benzine trichlorée est liquide, incolore,
dans l'alcool . Elle bout à 136° : elle est inatta- très réfringente ; elle bout à 210° sans se dé-
quable par l'acétate d'argent, l'acétate de potasse, composer. Sa densité est de 1,45 à 7º. Elle est in-
la potasse alcoolique, l'ammoniaque ; avec l'acide soluble dans l'eau, soluble dans l'éther, l'alcool et
azotique fumant, elle fournit la chloronitroben- la benzine. L'acide azotique fumant la transforme
zine, C6 H (Az O2) Cl ( Riche). Le sodium à chaud à l'ébullition en trichloronitrobenzine,
la transforme en diphényle. L'action du chlore la
transforme en dérivés plus chlorés . C6 H2 (Az O2) C13
Suivant Church, on obtiendrait un liquide qu'il (Lesimple).
I - 34
BENZINE. --- 530 - BENZINE.
BENZINE TETRACHLORÉE , CH2Cl (Jungfleisch). C6H5 Br [Couper, Ann. de Chim. et de Phys.,
On recueille les produits qui distillent à une (3), t. LII, p. 309 ; - Riche, Compt. rend. de l'A-
température supérieure à 220°, on les refroidit; cad. , t. LIII , p . 586, et Répert. de Chim. pure,
il se sépare des houppes soyeuses, qui sont lavées 1862, p. 13 ; -- Fittig, Ann. der Chem. u. Pharm ,
à l'alcool froid, puis à la potasse, et recristallisées t. CXXI, p. 361 , et Répert. de Chim. pure, 1862,
dans l'alcool bouillant. On obtient ainsi de la p. 297] . Ce composé s'obtient par l'action du
benzine tétrachlorée mélangée du dérivé penta- brome sur la benzine à la lumière diffuse (Couper),
chloré; on isole la première par distillation frac- ou par l'action du perbromure de phosphore sur
tionnée. Elle forme des cristaux soyeux, longs, l'acide phénique (Riche). Couper le préparait en
brillants, d'une blancheur parfaite ; elle fond vers faisant arriver des vapeurs de brome dans des
134°, et distille à 240° sans décomposition ; très- vapeurs de benzine ; suivant Fittig, il convient
peu soluble dans l'alcool froid, elle se dissout d'opérer comme il suit : On fait un mélange d'une
mieux dans l'alcool bouillant ; il en est de même molécule de brome avec une molécule de benzine,
de l'éther. L'acide azotique fumant l'attaque faci- et on abandonne ce mélange à lui-même pendant
lement, surtout à chaud , en fournissant un dérivé huit à quinze jours, suivant la température ; on
nitré cristallisé. enlève l'excédant de brome par la soude, on sè-
Une benzine tétrachlorée isomère a été obtenue che, et on rectifie ; outre la benzine non attaquée
par Otto et Ostrop, en traitant par la potasse al- et un peu de bibromobenzine solide, on recueille
coolique bouillante l'huile jaune qui se forme de la benzine monobromée pure dont le poids s'é-
dans l'action du chlore sur la sulfobenzide, en lève aux trois quarts de celui de la benzine em-
même temps que l'hexachlorure de chlorobenzine ployée.
(voyez ce mot plus haut). La monobromobenzine prend aussi naissance
Čette benzine tétrachlorée fond à 33° et bout quand on traite le bromure de dibromodiazobenzol
entre 250° et 260° : elle cristallise de sa solution par le carbonate sodique (Griess) .
saturée en fines aiguilles blanches ; de sa solution La monobromobenzine est un liquide incolore
étendue, elle se sépare en prismes étoilés. Inso- dont l'odeur rappelle celle de la benzine ; elle bout
luble dans l'eau, elle se dissout dans l'éther et à 152-154° (Fittig), à 156°,5 (Mayer) ; elle ne se
dans l'alcool. solidifie pas par un froid de - 20° . Elle n'est atta-
BENZINE PENTACHLORÉE, CH Cl³. - Elle fond quée ni par le cyanure de potassium, ni par l'a-
vers 69°, bout vers 275°, se présente sous forme cétate d'argent, ni par la potasse caustique. Trai-
d'aiguilles brillantes et disposées en étoiles ; elle tée par le sodium, elle fournit le diphényle ; si
se sépare par distillation fractionnée de la benzine elle n'est pas entièrement sèche, ou si elle ren- .
tétrachlorée (Jungfleisch) . ferme encore de l'acide bromhydrique, elle donne
En même temps qu'une benzine tetrachlorée, de la benzine ou un mélange de benzine et de
Otto et Ostrop ont obtenu une benzine penta- diphényle (Fittig).
chlorée, isomère de celle qu'a préparée Jung- Avec l'acide azotique fumant, elle se transforme
fleisch. Dans l'action de la potasse alcoolique sur en bromobenzine mononitrée (Couper) et en bro-
l'huile brute qui leur a donné une benzine tétra- mobenzine dinitrée (Kekulé) .
chlorée, le dérivé pentachloré reste mélangé au L'acide sulfurique fumant la dissout ; quand
chlorure de potassium ; on traite ce mélange par l'excès d'acide n'est pas trop considérable et qu'on
l'alcool absolu chaud ; on obtient ainsi de fines laisse la solution exposée à l'air, elle absorbe de
aiguilles incolores, à peine solubles dans l'alcool l'humidité et laisse déposer une substance cristal-
et dans l'éther froid, mais s'y dissolvant à chaud. lisée, acide sulfobromobenzinique ( Couper) ou
Ce corps commence à se ramollir à 170° et fond acide phénylsulfureux monobromé :
complétement entre 215° et 220º.
BENZINE PERCHLORÉE , C6 C16 [Müller, Zeitsch. SO2 ( C6 H+ Br
Chem . Pharm., 1864, p. 40] . - On verse de la (OH.
benzine sur du perchlorure d'antimoine, et on y BENZINE BIBROMÉE, CH Br², ou BIBROMOBENZINE
fait passer un courant de chlore jusqu'à ce que [Couper, Mém. cité; Riche et Bérard, Compt.
celui-ci ne soit plus absorbé ; on enlève le per- rend. de l'Acad. , t. LIX, p . 141 , et Bull . de la
chlorure d'antimoine par l'acide chlorhydrique, Soc. chim., 1864, t. II, p. 205 ; Mayer, Ann.
et on purifie la benzine perchlorée obtenue, par der Chem. u. Pharm., t . CXXXVII, p. 219, et
cristallisation ou par sublimation. Bull. de la Soc. chim., 1866, t. VI, p. 53].
La benzine perchlorée est en aiguilles prisma- Lorsque la benzine monobromée est abandonnée
tiques, fines, soyeuses, d'un blanc éclatant ; elle à elle-même pendant quelque temps avec un excès
fond à 220º, et commence à se sublimer à une de brome, elle finit par déposer des cristaux volu-
température inférieure ; elle est insoluble dans mineux du dérivé bibromé (Couper) . Celui -ci se
l'eau , peu soluble dans l'alcool froid , facilement forme également lorsqu'on distille de l'acide mo-
soluble dans l'alcool bouillant, dans l'éther et dans nobromophénylique avec du perbromure de phos-
la benzine. Elle n'est pas attaquée par l'acide phore ; on obtient en même temps de la benzine
azotique, difficilement attaquée par la potasse. tétrabromée (Mayer) . Ce corps est soluble dans l'al-
cool et dans l'éther; par l'évaporation spontanée
DÉRIVÉS BROMÉS . --- HEXABROMURE DE BENZINE, de sa solution éthérée, il cristallise en magnifiques
C6H6 Br [Mitscherlich, loc. cit . ].- La benzine et prismes obliques ; il fond à 89° et bout à 219° ; il
le brome , abandonnés dans un grand flacon à est attaqué par l'acide azotique fumant et fournit
l'influence des rayons solaires, se concrètent en un dérivé nitré C6H5 (AZO ) Br, que les agents
produisant l'hexabromure de benzine ; c'est une réducteurs transforment en bibromaniline (Riche
poudre blanche, inodore et insipide ; très-peu so- et Bérard).
luble dans l'éther même bouillant ; elle cristallise Il se forme de la benzine bibromée très-pure,
par l'évaporation spontanée de celui-ci , en cris- lorsqu'on chauffe le bromoplatinate ou le perbro-
taux microscopiques formant des prismes obliques mure d'azobromophénylammonium avec du car-
à base rhombe. bonate de soude (Griess).
Ce corps se détruit en partie par la distillation BENZINE TRIBROMÉE OU TRIBROMOBENZINE,
sèche ; la solution alcoolique de potasse le trans-
forme à l'ébullition en benzine tribromée, ! C6 H3 Br3
C6 H3 Br3. [Mitscherlich, loc. cit. - Laurent , Rev. scient.,
t. V, p. 360 ; Riche et Bérard, loc. cit.;
BENZINE MONOBROMÉE OU BROMURE DE PHÉNYLE , Kekulé, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. CXXXVII,
BENZINE. - 531 ― BENZINE.
p. 72; -- Mayer , loc. cit.]. - La benzine tribro- est bon d'ouvrir de temps en temps les tubes pour
mée s'obtient : 1 ° quand on traite l'hexabromure éviter leur rupture. Le produit, lavé et séché, est
. C6 H6 Bré par la potasse alcoolique bouillante ; soumis à la distillation ; ce qui passe entre 180° et
2º quand on ajoute du brome à la benzine bibro- 190° est de la benzine iodée presque pure. Le ré-
mée ; 3° quand on fait réagir le perbromure de sidu renferme de la benzine biiodée, et même
r phosphore sur l'acide dibromophénylique. quelquefois de la benzine triiodée.
Elle est cristallisée en aiguilles d'un blanc bril- C'est un liquide incolore, insoluble dans l'eau,
lant réunies en aigrettes ; vers 50°, elle se su- d'une odeur qui rappelle celle de la benzine et de
blime en aiguilles douées de beaucoup d'éclat ; l'acide phénique ; elle ne se solidifie pas à 18°;
elle fond à 44° et distille entre 266° et 280°, la elle bout à 185° et sa densité est 1,69 [ Schutzen-
plus grande partie passant à 275 °. Elle est soluble berger) ; suivant Kekulé, sa densité à 15º est
dans l'alcool et dans l'éther. L'acide azotique con- 1,833. Avec l'amalgame de sodium et l'eau , elle
centré la convertit en tribromobenzine mononitrée, régénère la benzine. Elle est très-stable et n'est
C6 H2 (Az (2) Br³ , et à chaud, un mélange d'acide pas même attaquée par la potasse en fusion. Avec
nitrique et d'acide sulfurique en tribromobenzine l'acide nitrique, elle donne un dérivé nitré cris-
dinitrée C H Az O2) 2 Br3 ( Mayer) . tallisé.
BENZINE TÉTRABROMÉE OU TÉTRABROMOBENZINE, BENZINE BIODÉE , CH 12 ( Schutzenberger, loc.
C® H2Br+ cit.; - Kekulé, loc . cit. ]. Elle se produit dans la
décomposition par la chaleur du benzoate d'iode,
[Riche et Bérard, loc. cit.; - Kekulé, Ann. der et dans l'action du mélange d'acide iodique et
Chem. u. Pharm. , t . CXXXVII , p . 172 ; Ann. de d'iode sur la benzine monoiodée.
Chim. et de Phys. , (4), t, VIII , p. 158, et Bull. de Elle est en paillettes blanches nacrées, fusibles
la Soc. chim., 1866 , t . VI, p. 42 ; - Mayer, loc. à 1220 (S.) , à 127° (K. ) ; elle bout à 250°; à 277°
cit.; Koerner, Ann. der Chem. u. Pharm., t. (corrigé) suivant Kekulé.
CXXXVII, p. 197, et Bull. de la Soc. chim., 1866, BENZINE TRIODÉE, C6 H313 [Kekulé, loc. cit.]. ·
t. VI, p. 49] . - On connaît deux modifications de Elle forme de petites aiguilles blanches, fusibles
ce corps . à 76° et sublimables sans altération.
L'une, dérivée de la benzine, s'obtient soit
en chauffant la benzine bibromée avec du brome BENZINE BROMOCHLORÉE ET BROMOIODÉE.
2 dans des tubes scellés à une température de 150°, BENZINE BROMOCHLORÉE, CH* Br Cl ( Griess, Phil .
soit en traitant la nitrobenzine par le brome à Trans., 1864, (3) , p. 702] . -
— La chlorobromoben-
une température de 200° à 250° . Če sont des cris- zine se forme lorsqu'on chauffe le chloroplatinate
taux blancs, soyeux, légers, volatils sans dé- de diazobromobenzol avec du carbonate de soude.
composition , fusibles à 160° ( Riche et Bérard), à Elle est en aiguilles blanches, d'une odeur rappe-
137-140° (Kekulé) . Elle fournit un dérivé nitré lant celle de la benzine ; peu soluble dans l'alcool
cristallisé. froid, fort soluble dans l'éther.
L'autre modification résulte de l'action du bro- BENZINE BROMOIODÉE, CHI Cl. Elle se pro-
mure de phosphore sur l'acide tribromophény- duit quand on fait bouillir le perbromure d'azo-
lique. Ce sont de longues aiguilles brillantes, fu- iodobenzol avec de l'alcool ; elle cristallise dans
sibles à 95º (Korner) , à 98°,5 (Mayer) ; elle donne l'éther et l'alcool en larges tables blanches, vola-
également un dérivé nitré cristallisable fusible à tiles sans décomposition (Griess).
88°.
BENZINE PENTABROMÉE , CH Brs [ Kekulé , loc. DÉRIVÉS NITRÉS DE LA BENZINE.
cit.]. - Elle se forme en petite quantité en même
temps que la benzine tétrabromée , lorsqu'on
chauffe la nitrobenzine ou la dinitrobenzine avec NITROBENZINE, CH³ (Az O²) [Mitscherlich, Ann.
le brome à 250º. de Poggend., t. XXXI (1834) , p. 625, et Ann. de
Elle cristallise en belles aiguilles soyeuses, fu- Chim. et de Phys. , t. LVII , p. 85]. - La ni-
sibles et volatiles sans décomposition ; elle n'est trobenzine a été découverte par Mitscherlich ; il
pas encore en fusion à 240° ; elle est presque inso- la préparait en chauffant de l'acide nitrique fu-
luble dans l'alcool froid , peu soluble dans l'alcool mant, et y ajoutant peu à peu de la benzine.
bouillant ; elle se dissout aisément dans la ben- Celle-ci se dissout dans l'acide, et par le refroi-
zine ou dans un mélange d'alcool et de benzine. dissement il se sépare, à la surface, une couche
huileuse de nitrobenzine, qu'on purifie par des
DÉRIVÉS IODÉS . BENZINE MONOIODÉE OU IODURE lavages à l'eau et au carbonate de soude . - La
DE PHENYLE, C6 HI [ Scrugham, Proceed. of the préparation de la nitrobenzine étant devenue une
Roy. Societ., t. VII, p. 18 ; Schutzenberger, fabrication industrielle, on est parvenu à la pré-
Compt. rend. de l'Acad. , t. LII, p. 963 , et Ré- parer sur une grande échelle, et divers procédés
pert. de Chim. pure, 1861 , p. 262 ; --- Pelster, sont employés (voyez plus bas : BENZINE [ indus-
Ann. der Chem. u . Pharm. , t. CXXXVI, p. 394, trie]). Remarquons qu'outre la nitrobenzine
et Bull. de la Soc. chim. , 1866, t. V, p . 461 ; pure, on désigne, dans le commerce, sous le nom
Kekulé, loc. cit.] - La benzine monoiodée a été de nitrobenzine, des mélanges en proportions va-
préparée par Scrugham en traitant le phénol par riables des dérivés nitrés de la benzine et de ses
l'iodure de phosphore ; elle se forme dans la homologues supérieurs.
décomposition du benzoate d'iode, ou dans l'ac- La nitrobenzine prend aussi naissance dans la
tion du chlorure d'iode sur le benzoate de so- distillation sèche du nitrobenzoate d'argent , du
dium (Schutzenberger) . Elle se produit lorsqu'on nitrobenzoate de baryte ( Mulder). Schiff l'a ren-
chauffe la benzine pendant longtemps avec deux contrée dans les produits de l'action de l'acide
parties d'acide iodique hydraté, ou avec un mé- azotique concentré sur l'essence de térébenthine ;
lange d'iodate de potasse et d'acide sulfurique évaporés à une douce chaleur, mélangés avec du
(Pelster), ou lorsqu'on traite par l'acide iodhy- sable et soumis à la distillation sèche, ces pro-
2./ drique le sulfate de diazobenzol (Griess) . Kekulé duits donnent une eau fortement acide , et une
la prépare en chauffant la benzine avec un mé- huile brune renfermant de la nitrobenzine [Ann.
lange d'iode et d'acide iodique . On opère en vases der Chem. u. Pharm., t. CXIV, p. 201] .
scellés à une température de 200° à 240°; on prend, La nitrobenzine se présente sous la forme d'un
pour 20 grammes de benzine, 15 grammes d'iode liquide légèrement jaunâtre, d'une saveur douce,
et 10 grammes d'acide iodique ; comme il se d'une odeur agréable d'essence d'amandes amè-
forme en même temps de l'acide carbonique, il res, qui la fait employer dans la parfumerie sous

M..
BENZINE. 532 BENZINE.
le nom d'essence de mirbane. Elle bout à 213° diamine C6 H8 Az² [Zinin , Journ . fürprakt. Chem.,
et a une densité de 1,209 à 15° (Mitscherlich) ; t. XXXIII , p. 34].
elle bout à 219-220°, sous la pression normale, et En faisant bouillir pendant plusieurs heures la
sa densité à 0° est de 1,2002 (Kopp) . Elle se so- dinitrobenzine avec du sulfite d'ammoniaque so-
lidifie à 3°; elle est presque insoluble dans l'eau , lide et de l'alcool absolu, jusqu'à ce que la li-
très-soluble dans l'alcool et l'éther ; on peut la queur ne trouble plus l'eau, laissant reposer
distiller avec l'acide azotique ou l'acide sulfurique vingt-quatre ou quarante-huit heures, filtrant ,
dilués sans qu'elle s'altère. L'acide sulfurique faisant évaporer jusqu'à consistance sirupeuse , et
concentré la dissout ; à l'ébullition il la décom- ayant soin de maintenir la liqueur alcaline avec
pose, avec dégagement d'acide sulfureux . Bouillie du carbonate d'ammoniaque, on obtient une pou-
avec l'acide nitrique fumant, elle donne de la bi- dre cristalline de dithiobenzolate d'ammoniaque
nitrobenzine. - Le chlore et le brome ne l'atta- C6H6 Az2. S2O6. (Az H4)2 ; l'acide ne peut être isolé
quent pas à la température ordinaire ; chauffée en de ses sels [ Hiskenkamp, Ann . der Chem. u.
vases clos avec du brome, à 250°, elle se trans- Pharm. , t. XCV, p. 86, et Ann. de Chim. et de
forme en benzine tétrabromée, et en benzine Phys., (3), t. XLV, p. 344].
pentabromée. La potasse et l'ammoniaque l'at- Traitée par le zinc et une petite quantité d'a-
taquent peu, même à l'ébullition ; mais avec la cide chlorhydrique concentré, elle donne la nitro-
potasse alcoolique, elle donne l'azoxybenzide, sophényline C6H6 Az2 O [Perkin , The quart. Journ.
C12 H10Az2 O, et si l'on distille le mélange, on of the Chem. Soc. , août 1856, p . 1] . -
— Voyez Ni-
recueille de l'azobenzide C12 H10 Az2. Il se forme TROSOPHÉNYLINE.
en même temps de l'aniline et de l'acide oxalique
(voyez plus bas : Dérivés par réduction des ni- PRODUITS DE RÉDUCTION DES NITROBENZINES.-
trobenzines). En faisant réagir l'amalgame de Lorsqu'on traite les nitrobenzines par les agents
sodium sur la solution alcoolique de nitrobenzine, réducteurs ( fer et acide acétique , sulfhydrate
en ayant soin de rendre le liquide acide par l'ad- d'ammoniaque, etc. ), on remplace en tout ou en
dition de l'acide acétique, on obtient également partie le groupe Az O2 par le groupe Az H², et l'on
de l'azoxybenzide (Alexeyeff). obtient les dérivés amidés .
Avec un grand nombre d'agents réducteurs, la La nitrobenzine fournit l'aniline ou phényla-
nitrobenzine se transforme en aniline ou phenyl- mine C6H5 , Az H. Avec la binitrobenzine, on
amine, en vertu de l'équation suivante : obtient, soit la nitraniline (nitro-phenylamine ) ,
C6H (Az O2) , Az H2, soit la phénylène - diamine,
C6H5 (Az O2) + 3H2 = C6H7 Az + 2H2O. C6 H. ( Az H2 )2. Mais dans d'autres conditions il
Nitrobenzine. Phenylamine. y a réduction incomplète et formation de diffé-
rents corps, que nous étudierons ici, l'azoben-
Cette transformation a lieu :
zide , l'azoxybenzide , l'hydrazobenzol et leurs
1° Par l'action du sulfhydrate d'ammoniaque dérivés. Voyez, pour les autres produits de
(Zinin) ; on sature d'acide sulfhydrique une solu- réduction, aux mots ANILINE, Phenylamine, Phé-
tion alcoolique de nitrobenzine, additionnée d'am- NYLENE-DIAMINE.
moniaque ; L'azobenzide se produit quand on distille la ni-
2º Par le zinc et l'acide chlorhydrique ( Hof- trobenzine avec une solution alcoolique de potasse
mann) ; (Mitscherlich) . Zinin reconnut qu'en soumettant
3° Par les sels ferreux, ou par la distillation le mélange à l'ébullition sans distiller, il se forme
d'un mélange de nitrobenzine, de limaille de fer l'azoxybenzide, que les agents réducteurs trans-
et d'acide acétique (Béchamp) ; forment en benzidine ou diamidodiphényle. Mais
4° Par l'acide iodhydrique (J. Mills), etc. la benzidine n'est pas le produit immédiat des
Voyez ANILINE et PHENYLAMINE. agents réducteurs sur l'azoxybenzide ; il se pro-
Lorsqu'on traite la nitrobenzine par un excès duit d'abord l'hydrazobenzol, isomère de la ben-
de fer et d'acide acétique, la réaction est excessi- zidine, et dont celle-ci n'est qu'une transforma-
vement violente ; elle ne fournit que peu d'ani- tion moléculaire (Hofmann).
line, mais beaucoup de benzine et d'ammoniaque L'hydrazobenzol lui-même, soumis à l'action
(Scheurer-Kestner, Bull. de la Soc. chim. , 1862 , de l'hydrogène naissant, donne de l'aniline. Les
p. 43]. trois termes azoxybenzide, azobenzide et hydra-
BINITROBENZINE, C6H (AZO ) [Deville ( 1841 ), zobenzol sont intermédiaires entre la nitroben-
Ann. de Chim . et de Phys. , (3) , t . III, p. 187 ; zine, et son produit de réduction complet, l'ani-
Muspratt et Hofmann, Ann . der Chem . u. Pharm ., line.
t. LVII, p. 214] . La benzine étant dissoute dans Nitrobenzine.. C6H5 AZ02
cinq à six fois son poids d'acide nitrique fumant, Azoxybenzide.. C6H5 AZO 1/2
on fait bouillir le mélange jusqu'à ce qu'il soit Azobenzide. C6H5Az .
réduit au cinquième de son volume primitif; il Hydrazobenzol . C& H Az.
se forme ainsi de la binitrobenzine. Mais on l'ob- Aniline C6 H7 Az.
tient plus rapidement en ajoutant de la nitroben-
zine à un mélange de parties égales d'acide sulfu- Les formules ci-dessus correspondent à la
rique concentré et d'acide nitrique fumant, tant composition centésimale de ces corps , et mon-
que les liquides se mêlent, et faisant bouillir quel- trent comment ils sont intermédiaires entre la
ques minutes. Par le refroidissement, on obtient nitrobenzine et l'aniline, mais elles doivent être
une bouillie cristalline de binitrobenzine , qu'on doublées ; on le voit à priori , puisque avec cette
lave à l'eau et qu'on fait recristalliser dans l'al- formule l'azoxybenzide renfermerait un demi-
cool.
La binitrobenzine est en longs prismes bril- atome d'oxygène . De plus, Hofmann a pris la den-
lants , fusibles à 86°, très- solubles dans l'alcool sité de la vapeur de l'azobenzide, qui correspond
chaud. à une formule double. Les formules de ces com
Dissoute dans l'alcool ammoniacal , et traitée posés sont donc :
par un courant d'hydrogène sulfuré, elle fournit Azoxybenzide.... C12 H10Az2O.
la nitraniline CH (Az O2) , H2 Az ( Muspratt et Azobenzide C12H10 Az2.
Hofmann ) ; si l'on distille la solution alcoolique de Hydrazobenzol C12 H12 Az2.
binitrobenzine , saturée de sulfhydrate d'ammo-
niaque, la réduction est complète, et l'on obtient AZOXYBENZIDE ou AZOXYBENZOL, C12 H10 Az2 O.
Tazophenylamine, semibenzidam ou phénylène- [Zinin, Journ. für prakt. Chem. , t. XXXVI, p. 96,
BENZINE. 533 - BENZINE.

et t . LVI, p. 173 ; Ann . der Chem. u. Pharm., d'alcool pour 1 d'azoxybenzide . Les liqueurs
t. CXIV, p. 217 , et Répert. de Chim. pure, 1860, alcooliques décantées abandonnent d'abord le
p. 302 ; Laurent et Gerhardt, Compt. rend. des nitro-azoxybenzide peu soluble, en cristaux capil-
trav. de Chim. , 1849, p. 417; - Alexeyeff, Bull. laires ; quand on voit s'y former des aiguilles bril-
de la Soc. chim . , 1865, t. III, p. 324 ; ― - Schmidt, lantes , on filtre et on distille l'alcool. Il se sépare
Ann. der Chem. u. Pharm , t. CXXII , p.167 (1862)]. une huile qui se solidifie bientôt et qu'on purifie
L'azoxybenzide a été découvert par Zinin. I par deux ou trois cristallisations dans de petites
s'obtient en dissolvant 1 volume de nitrobenzine quantités d'alcool très-fort. On obtient ainsi l'iso-
dans 8 à 10 vol . d'alcool concentré, ajoutant à nitroxybenzide. Ce procédé fournit 25 % de ce
cette solution un poids de potasse caustique égal dernier corps et 75 %% du corps peu soluble. Il ne
au poids de la nitrobenzine employée ; le mélange faut pas opérer à la fois sur plus de 30 grammes
s'échauffe et commence à bouillir spontanément. d'azoxybenzide.
On entretient ensuite l'ébullition pendant quel- 1° Nitro-azoxybenzide. Il est en cristaux ca-
ques minutes. On distille alors jusqu'à ce que le pillaires, jaunes, ou en flocons cristallins, peu so-
liquide de la cornue forme deux couches ; la supé- lubles dans l'alcool et dans l'éther bouillant ; il
rieure est brune, huileuse ; décantée et lavée à fond vers 153". Il s'attaque assez facilement à
l'eau, elle se concrète en une masse d'aiguilles chaud par une solution alcoolique de potasse ; il
brunes d'azoxybenzide impur. On les purifie par ne se dégage pas d'ammoniaque, la solution est
expression et recristallisation dans l'alcool ou d'un brun rouge , et si on l'étend d'eau , il se pré-
l'éther; on leur enlève leur teinte brune en faisant cipite une poudre rouge-jaunâtre . Dissoute dans
passer un courant de chlore dans leur solution l'essence de térébenthine bouillante, celle- ci s'en
alcoolique. sépare promptement avec l'aspect d'une poudre
Alexeyeff l'obtient par l'action de l'amalgame cristalline. Ce produit est presque insoluble dans
de sodium sur la solution alcoolique de la nitro- l'alcool et dans l'éther ; il paraît renfermer
benzine ; il rend la liqueur acide par l'addition de C12 H9 Az3 O.
l'acide acétique, puis , en distillant l'alcool au
bain-marie, et l'excès de nitrobenzine avec la Si on prolonge l'action de la potasse alcoolique,
vapeur d'eau, on obtient de l'azoxybenzide sous la solution devient bleue et cette couleur est dé-
forme d'une huile qui cristallise bientôt. Si dans truite par un excès d'eau (Laurent et Gerhardt).
cette préparation on prolonge l'action de l'amal- Une solution alcoolique de sulfhydrate d'ammo-
game de sodium , on n'obtient que de l'azobenzide niaque transforme l'azoxybenzide en une base faci-
(Vérigo). lement soluble dans l'eau, l'alcool et la benzine ;
L'azoxybenzide se forme en même temps que elle est cristallisable et se combine avec les acides
l'azobenzide, lorsqu'on oxyde les sels d'aniline par (Zinin).
le permanganate de potasse [ Glaser, in Kekulé , Suivant S. Schmidt , il se produit deux bases
Lehrbuch. der Chem., p. 602]. différentes dans l'action du sulfhydrate d'ammo-
L'azoxybenzide est en aiguilles quadrilatères , niaque sur le nitro-azoxybenzide ( G. S. Schmidt,
brillantes, d'un jaune de soufre ; par évaporation Ann. der Chem. u. Pharm. , t. CXXII, p . 167 , et
spontanée d'une solution éthérée, ses cristaux ac- Répert. de Chim. pure, 1863, p. 103] . Le corps
quièrent une grande dimension. Il est dur comme nitré est dissous dans l'alcool ammoniacal et traité
du sucre, inodore, insipide , insoluble dans l'eau, à l'ébullition par un courant d'hydrogène sulfuré ,
fort soluble dans l'alcool et l'éther. jusqu'à ce que le dépôt de soufre n'augmente plus .
Il fond à 36°. Le chlore, l'acide chlorhydrique, On filtre, on distille la plus grande partie de
l'acide sulfurique, la potasse , l'ammoniaque li- l'alcool et on ajoute de l'eau. Il se précipite une
quide ne l'attaquent pas ; il donne avec le brome base insoluble , cristallisable dans l'alcool en
un corps jaunâtre très-fusible, très-peu soluble grandes lames rhombiques jaunes.
dans l'alcool, C12 H9 Br Az2O (Laurent et Gerhardt). La base soluble est dans le liquide filtré ; on la
Avec l'acide nitrique, il fournit plusieurs produits transforme en sulfate, qu'on met en suspension
de substitution (voyez plus bas) . L'acide sulfuri- dans l'eau, et qu'on décompose par la potasse. Le
que concentré le dissout. A la distillation sèche liquide est concentré ; il se dégage de l'aniline, qui
il se détruit en donnant de l'aniline et de l'azo- est un des produits de la réaction , puis , par le
benzide. L'hydrogène naissant dégagé par l'amal- refroidissement, la base cristallise avec le sulfate
game de sodium le transforme en azobenzide ; de potasse ; on la reprend par la benzine.
avec le sulfhydrate d'ammoniaque ou avec l'acide Ce corps cristallise dans l'eau en tables rhom-
sulfureux , il fournit l'hydrazobenzol , isomère biques épaisses, fusibles dans leur eau de cristal-
de la benzidine ( Hofmann ) . Si on le chauffe en lisation ; il est assez soluble dans l'alcool, moins
vase clos, à 100°, avec 4 p. d'acide chlorhydrique soluble dans l'éther ; ses solutions s'altèrent à
fumant, il se forme de la benzidine [ Zinin , Ann . l'air. Il commence à se sublimer à 70°, fond à 138°
der Chem. u. Pharm . , t. CXXXVII , p. 376 , et Bull. et se volatilise peu à peu avec décomposition par-
de la Soc. chim. , 1866 , t. VI, p. 398] . tielle. L'analyse a donné les nombres suivants,
Dérivés nitrés de l'azoxybenzide .· On connaît pour lesquels l'auteur ne propose pas de for-
deux dérivés nitrés de l'azoxybenzide , ils sont mule :
isomères :le nitro-azoxybenzide et l'isonitro-azoxy- I. II. III.
benzide, C12H (Az O²) Az² O. Le premier a été dé- C... 66,86 66,86 »
couvert par Laurent et Gerhardt, le second par H. 7,27 7,80
Zinin. Ils s'obtiennent en même temps lorsqu'on Az...... » 22,62
fait bouillir l'azoxybenzide avec de l'acide azotique.
Zinin opère de la manière suivante : Le chloroplatinate renferme 35,74 % de pla-
On verse 5 p. d'acide azotique d'une densité tine.
de 1,45 sur 1 p . d'azoxybenzide ; celui-ci fond et Le sulfate renferme 46,31 % d'acide sulfurique.
surnage; on chauffe avec précaution ; l'azoxyben- Le chlorhydrate renferme en moyenne 38,64 %
zide commence à se dissoudre ; alors la liqueur de chlore. Quant à la base insoluble, elle n'a pas
s'échauffe assez pour qu'on soit obligé de refroidir. été analysée.
Quand la réaction est terminée , le tout se prend 2º Isonitro - azoxybenzide [ Zinin , Ann . der
en une bouillie épaisse qu'on jette sur un filtre Chem . u. Pharm . , t . CXIV, p . 217] . Nous avons
et qu'on lave à l'eau froide . On la traite ensuite dit plus haut comment M. Zinin prépare ce com-
à trois ou quatre reprises par l'alcool bouillant. posé. ― L'isonitro-azoxybenzide est en prismes
On ne doit pas employer en tout plus de 4 p. rhomboidaux, très-solubles dans l'alcool, l'éther
BENZINE. 534 BENZINE .
et la benzine, fusibles à 49°, non volatils sans dé- niline avec 1 molécule d'azobenzide , en vases
composition. La solution alcoolique de potasse clos, entre 170° et 230° , on obtient une matière
transforme l'isonitro - azoxybenzide en un corps colorante violette et une matière bleue. Avec la
non basique, qui se présente en aiguilles fines, toluidine, on obtient également des substances
brillantes, jaunâtres, ou en lamelles étroites offrant violettes et bleues, en même temps qu'une petite
des reflets métalliques. Il est très-soluble dans quantité d'un produit d'un beau rouge rubis
l'alcool, l'éther, la benzine, plus soluble dans les [Stædeler, Bull. de la Soc. chim . , 1866, t. VII,
acides que dans l'eau, mais il ne se combine pas p. 220 et 221 ] .
aux acides. Il fond à 85° ; à une plus haute tem- Dérivés nitrés de l'azobenzide (Laurent et
pérature, il paralt se détruire ; il distille alors un Gerhardt ; Zinin). On prépare deux dérivés
liquide brun qui cristallise, et qui correspond à nitrés de l'azobenzide par l'acide azotique fu-
la formule C12 H9 Az³ O². Distillé avec de la po- mant.
tasse alcoolique, il se détruit en donnant un pro- 1° L'azobenzide mononitré, C12 H9 (Az O²) Az².
duit cristallin , de couleur orange, semblable à la On chauffe légèrement quelques grammes d'azo-
nitraniline. benzide avec l'acide nitrique fumant ; quand la
AZOBENZIDE ou AZOBENZOL, C12 H10 Az2. - Ce réaction est commencée, on retire la matière du
composé a été découvert par Mitscherlich ; on le feu et on laisse refroidir. Le dérivé nitré se sé-
prépare en distillant simplement un mélange de pare en cristaux ; on en sépare l'acide, on lave à
nitrobenzine et d'une solution alcoolique de po- l'eau, puis on fait bouillir avec l'alcool, on filtre
tasse ; l'azobenzide passe à la fin de la distillation pour éloigner une partie indissoute, mélange du
sous forme d'une huile rouge, qui ne tarde pas à corps mononitré et du corps binitré peu soluble ;
se concréter ; on exprime le produit et on le fait le corps se dépose par le refroidissement. - Il est
recristalliser dans l'éther [Mitscherlich ( 1834 ), d'un jaune orangé pâle, fusible en un liquide qui se
Ann. de Pogg., t. XXXII , p . 224] . L'azobenzide solidifie en rosaces. Suivant Zinin , il donne une
prend naissance en même temps que l'aniline base cristallisable avec le sulfhydrate d'ammo-
dans la distillation sèche de l'azoxybenzide (Zi- niaque.
nin) . Alexeyeff et Verigo l'ont obtenu en réduisant 20 Azobenzide binitré, C12 H8 (Az O²) ² Az². -
— Il
la nitrobenzine par l'amalgame de sodium en pré- s'obtient comme le précédent, mais en maintenant
sence de l'acide acétique [ Alexeyeff, Bull. de la pendant quelques minutes l'action à chaud de
Soc. chim., 1864, t . I , p. 326 ; - Verigo, même l'acide nitrique fumant. On le lave à l'éther pour
recueil, 1866 , t. VII, p. 279, et Ann . der Chem. le débarrasser de traces du corps mononitré, plus
u. Pharm. , t. CXXXV, p. 176]. -- Glaser, en oxy- soluble, et on le fait cristalliser dans l'alcool
dant le chlorhydrate d'aniline par le permanga- bouillant. Il est en aiguilles orangées, fusibles en
nate de potasse, a également produit l'azobenzide. un liquide rouge de sang, cristallisant de nouveau
Enfin, celui-ci peut être préparé facilement en en aiguilles par le refroidissement ; il est peu so-
traitant la nitrobenzine par l'acide acétique et le luble dans l'alcool et dans l'éther. Le sulfhydrate
fer, suivant la méthode de Béchamp , mais en d'ammoniaque le réduit en diphénine ou diamido-
modifiant les proportions des agents, de manière azobenzide C12 H12 Az .
à arriver à une réduction incomplète : on prend PRODUITS DE RÉDUCTION DE L'AZOBENZIDE
3 p. de fer, 1 p. d'acide acétique et 1 p. de BINITRÉ . - DIPHENINE OU DIAMIDO-AZOBENZIDE,
nitrobenzine; on distille, on recueille d'abord
l'aniline, puis l'azobenzide. On les sépare à C12H12 Az = C12 H8 (Az H2)2 Az2
l'aide de l'acide chlorhydrique ; on obtient en [Laurent et Gerhardt, Compt. rend. des travaux de
azobenzide le tiers de la nitrobenzine employée Chim., 1849, p. 417] . On verse de l'alcool et
[Noble, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XCVIII, du sulfhydrate d'ammoniaque sur l'azobenzide
p. 253] . binitré ; on fait bouillir, on chasse une partie de
Ce corps forme des paillettes rougeâtres, à l'alcool, on étend d'eau, on verse un léger excès
peine solubles dans l'eau, facilement solubles
dans l'alcool, fusibles à 65° . Il distille à 293° d'acide chlorhydrique, et l'on précipite à chaud
sans altération, et non à 193° ; la densité de sa la diphénine par l'ammoniaque . On la purifie en
la faisant cristalliser dans l'éther. Elle est jaune ;
vapeur est égale à 6,50 et prouve la formule l'acide nitrique et l'acide chlorhydrique la dissol-
C12H10Az2 [ Hofmann , Ann. der Chem. u. Pharm ., vent avec une couleur rouge. Les agents réducteurs
t. CXV, p. 362, et Rép. de Chim. pure, 1861 , puissants la transforment en phénylène-diamine :
p. 67].
Il donne avec l'acide nitrique des produits de C12 H12Az + 2 H² = 2 C6 H8 Az2
substitution (voyez plus bas). Le sulfhydrate d'am-
moniaque le transforme en hydrazobenzol, iso- [ Hofmann, Compt. rend. de l'Acad. des sciences,
mère de la benzidine [Hofmann, Compt. rend. de t. LVII, p. 992, et Bull. de la Soc. chim., 1863,
l'Acad. des sciences, t . LVI, p. 1110 , et Bull . ] . Avec p. 572] . Avec l'acide sulfurique et le peroxyde de
l'acide sulfureux, en solution alcoolique, il donne manganèse, elle fournit de la quinone.
de la benzidine [ Zinin , mém. cité] . Maintenu à 150º Sous le nom de monamido-azobenzide, Kekulé
avec l'acide sulfurique fumant, il donne un acide décrit un composé qui présente la composition
sulfoconjugué C12 Hio Az2S O³ en cristaux jaunes d'un dérivé monamidé de l'azobenzide, mais il
ou en paillettes rouges. Les sels sont cristallisés , le n'a pas été obtenu à l'aide de ce dernier . Il pro-
sel d'argent a pour formule C12 H9Ag Az² S 03 [Griess, vient de l'aniline et porte aussi le nom d'amido-
Ann. der Chem . u. Pharm., t. CXVIII, p . 89] . II diphenylimide. Voyez PHÉNYLAMINE.
fixe directement 2 atomes de brome, le dérivé HYDRAZOBENZOL, C12H12 Az2 [ Hofmann, Compt.
bromé C12 H10 Az2 Br2 est peu soluble dans l'alcool rend. de l'Acad. des sciences , t. LVI, p. 1110] .-
et dans l'éther; il est en aiguilles d'un jaune d'or, L'hydrazobenzol ou hydrazobenzide est le produit
fusibles vers 205°, sublimables. L'acide sulfu- de l'action du sulfhydrate d'ammoniaque sur l'a-
rique concentré le dissout à chaud . L'acide azo- zobenzide et sur l'azoxybenzide. On avait cru
tique fumant le convertit en un produit nitré, d'abord que la benzidine est le produit direct de
fusible vers 150°, C12 H9 (Az O2) Az Br2 [ Verigo, cette réaction, mais elle n'est que secondaire, et
mém. cité]. Suivant Verigo, le dérivé bromé se- Hofmann a reconnu qu'il se forme une substance
rait la bibromobenzidine, mais il diffère de la bi- neutre, différente de là benzidine avec laquelle elle
bromobenzidine obtenue par Fittig en réduisant est isomère et pouvant se transformer en celle- ci
le binitro-diphényle bibromé. sous l'influence des acides minéraux.
En chauffant 2 molécules de chlorhydrate d'a- | Pour préparer l'hydrazobenzide, on fait passer
BENZINE. 535 - BENZINE.
un courant d'hydrogène sulfuré dans une solution renvoyons à ce mot ; quant à leur constitution ,
alcoolique et ammoniacale d'azobenzide ; le li- voyez DIAZOIQUES (combinaisons).
quide est décoloré, et par l'addition de l'eau on
obtient un précipité cristallin doué d'une odeur DÉRIVÉS CHLORO-, BROMO-, IODONITRÉS
camphrée . On purifie ce corps par deux ou trois DE LA BENZINE.
cristallisations dans l'alcool .
Glaser a aussi obtenu de l'hydrazobenzol dans BENZINES CHLORONITRÉES . - CHLORONITRO-
les produits d'oxydation de l'aniline par le perman-
ganate de potasse. BENZINE, CH (Az O2) Cl [ Riche, Compt. rend.,
L'hydrazobenzol cristallise en lames bien défi- t. LIII , p. 586 ; et Répert. de Chim. pure, 1862,
nies ; il est peu soluble dans l'ean, assez soluble p. 14) . - Elle s'obtient par l'action de l'acide azo-
dans l'alcool et dans l'éther. L'acide acétique ne tique fumant sur la chlorobenzine. Elle est en
le dissout pas ; l'acide chlorhydrique, l'acide sul- longues aiguilles, fusibles à 78°, insolubles dans
furique le dissolvent en le transformant en benzi- l'eau, solubles dans l'alcool bouillant et dans
dine. Il fond à 131 °; la distillation le décompose l'éther en proportions considérables. Les agents
en azobenzide et en aniline : réducteurs la transforment en chloraniline. Sui-
vant Sokoloff, elle fond à 85° et se concrète à 75°.
2 (C12 H12 Az2) := C12 H10 Az2 + 2C6 H7 Az. BICHLORONITROBENZINE . M. Jungfleisch , en
Les agents oxydants le transforment en azoben- traitant la benzine bichlorée par l'acide azotique
zide ; simplement humecté d'alcool , et exposé à fumant, a obtenu deux dérivés nitrés, dont l'un
l'atmosphère, il subit peu à peu cette transfor- cristallise avec une grande netteté ; ils n'ont pas
mation. Avec l'amalgame de sodium, il donne de encore été analysés .
TRICHLORONITROBENZINE , C6H2 (Az O2) Cl³ [ Le-
l'aniline.
Lorsqu'on traite l'acide sulfoconjugué de l'azo- simple, Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXXVII ,
benzide par l'acide sulfhydrique, on obtient un p. 125 ; et Bull . de la Soc. chim. , 1866 , t. VI,
acide sulfoconjugué de l'hydrazobenzide (Griess). p. 161 ]. L'acide azotique fumant réagit à l'ébulli
La benzidine, son isomère étant , ainsi que l'a tion sur la benzine trichlorée ; on obtient ainsi la
montréFittig, du diamido-diphényle, sera étudiée trichloronitrobenzine ; celle-ci constitue des ai-
avec les dérivés du phényle. guilles incolores, fusibles au-dessous de 100°,
Constitution de l'azobenzide, de l'azoxyben- bouillant presque sans décomposition à 273°,5 ; in-
zide, de l'hydrazobenzol [ Wurtz, Ann. de Chim. solubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool
et de Phys., (4), t. VI, p. 475 (1865) ; - Kekulé , froid, facilement solubles dans l'alcool bouillant ,
Lehrbuch der Chem.]. Ainsi qu'on l'a vu plus l'éther et la benzine. Ce corps, dissous dans l'al-
haut, ces trois corps sont intermédiaires entre la cool et traité par un mélange d'acide chlorhy-
drique et de zinc, se transforme en trichlorani-
nitrobenzine et l'aniline ; produits de réduction line.
incomplète de la première, ils tendent vers l'ani- TETRACHLORONITROBENZINE . - La benzine tétra-
line qui est le dernier terme de la réduction.
Lorsque dans la nitrobenzine une certaine quan- chlorée est facilement attaquée à chaud par
tité d'oxygène est enlevée, sans être remplacée par l'acide azotique fumant, en produisant un com-
de l'hydrogène, l'azote n'est plus saturé ; et comme posé nitré, cristallisable (Jungfleisch) .
deux molécules azotées non saturées sont en pré- BENZINES BROMONITRÉES . - BROMONITROBEN-
sence, elles se fixent par l'azote. ZINE, C H (AZO ) Br [Couper, Mém . cit.]. Ce
L'azoxybenzide, qui représente 2 molécules de ni- composé se forme facilement par l'action de
trobenzine, moins 3 atomes d'oxygène (C6 H5)2Az² 0, l'acide azotique sur la benzine monobromée. 11
a la constitution suivante : est en petites aiguilles fusibles à 125°, très-peu
solubles dans l'eau bouillante, aisément solubles
C6H5AZ dans l'alcool . Griess l'a obtenu en chauffant le
C6H5AZO. bromoplatinate de diazonitrobenzine a avec le
bromoplatinate de diazonitrobenzine ß, il a eu
Une réduction plus avancée de ce corps lui en- une modification de la bromonitrobenzine , fusible
lèvera simplement l'oxygène, et alors on aura à 56º, et cristallisable en prismes rhomboidaux
l'azobenzide dans lequel les 2 atomes d'azote sont [ Kekulé, Ann. der Chem. u. Pharm., nouv. sér. ,
fixés par deux points d'attache, t. LXI, p. 129; Ann. de Chim. et de Phys., (4),
C6H5. Az t. VIII, p. 158 ; et Bull . de la Soc. chim. , 1866,
11 t. VI , p. 40].
C6H5. Az. BROMOBINITROBENZINE , C6 H³ (Az O2)2 Br (Kekulé).
- Elle forme de grands prismes jaunes, transpa-
Que 2 atomes d'hydrogène se fixent maintenant
sur l'azobenzide , on aura l'hydrazobenzol , qui rents, fusibles à 72°, solubles dans l'alcool bouil-
représente l'azoxybenzide dont l'atome d'oxygène lant, et se prépare par l'action à chaud d'un
est remplacé par 2 atomes d'hydrogène ; alors ses mélange d'acide azotique fumant et d'acide sulfu-
atomes d'azote ne sont plus fixés que par un point rique sur la benzine bromée.
d'attache : BIBROMONITROBENZINE, C6 H³ (Az O2) Br2 [ Riche et
C6 H5. Az H Bérard, Compt. rend . de l'Acad., t. LIX, p. 141 ;
C6 H³. Az H. et Bull. de la Soc. chim. , 1864, t. II, p. 205] . -
Obtenue par l'action de l'acide azotique sur la
Enfin une nouvelle quantité d'hydrogène ajou- benzine bibromée , elle est en lamelles blanches
tée à cette molécule la scindera en molécules ou en aiguilles aplaties. Avec les agents réduc-
d'aniline, les 2 atomes d'azote se séparant pour teurs, elle fournit de la bibromaniline.
fixer chacun 1 atome d'hydrogène. TRIBROMONITROBenzine, C6 H² (AzO²) Br³ (A.Mayer,
Telle est la constitution de ces composés ; ils Ann. der Chem. u. Pharm . , nouv. sér. , t. LXI,
ont leurs analogues dans les autres séries (azo- p. 219; et Bull . de la Soc . chim. , 1866 , t. VI,
toluide, azonaphtide, etc.) ; on connaît de même p. 53] . Ce sont de belles aiguilles jaunes, bril-
des produits de réduction incomplète d'acides lantes, fusibles à 97°. Chauffée avec un mélange
nitrés (acides azobenzoique, azodracylique, etc.) . d'acide azotique et d'acide sulfurique, elle se con-
On a considéré comme des dérivés diazotés de la vertit en tribromobenzine dinitrée,
benzine un grand nombre de composés fort inté- C6 H (Az O2)2 Br3,
ressants , découverts par Griess ; mais comme ils
sont obtenus à l'aide de la phénylamine, nous les cristallisable en aiguilles jaunes, fusibles à 125°.
BENZINE. 536 - BENZINE.

TETRABROMONITROBENZINE , C H (Az O²) Br . sulfureux; Couper l'a obtenu en traitant la ben-


La benzine tétrabromée ( dérivée de l'action du zine bromée par l'acide sulfurique fumant (voyez
brome sur la benzine ) donne, avec l'acide azo- Benzine Bromée) et un dérivé chloré.- Voyez plus
tique, un dérivé nitré. C'est un corps blanc, cris- loin .
tallin , fusible à 88° [Riche et Bérard ; A. Mayer] . ACIDE NITROPHÉNYLSULFUREUX , C6H5 (Az O2) SO3
BENZINES IODONITRÉES . - IODONITROBENZINE , [Laurent (1850) Compt. rend. de l'Acad. t. XXXI,
C6H (Az O2) I [ Kekulé, Mém. cité ; Schutzen- p. 538] . Il se prépare en faisant bouillir l'acide
berger et Sengenwald, Compt. rend. de l'Acad., phenylsulfureux avec l'acide nitrique ; son sel
t. LIV, p. 197 ; et Répert. de Chim. pure, 1862, d'ammoniaque renferme C6 H (Az O²) SO³ . Az H¹.—
p. 144] . On en connait deux modifications : l'une L'hydrogène sulfuré le transforme en sulfanilate
résulté de l'action du protochlorure d'iode sur le d'ammoniaque.
nitrobenzoate de soude ; c'est un liquide jaune, CHLORURE PHÉNYLSULFUREUX OU CHLORURE DE
d'une odeur prononcée d'amandes amères , et SULFOPHENYLE , CH5 SO . CI [Gerhardt et Chan-
bouillant à 290° environ ( Schutzenberger et cel, Compt. rend. de l'Acad., t. XXXV, p. 690;
Sengenwald). Gerhardt et Chiozza, Ann . de Chim. et de
L'autre prend naissance par l'action de l'acide Phys. , (3), t. XLVI, p. 143]. Le chlorure de sulfo-
azotique concentré sur la monoiodobenzine . Elle phényle s'obtient facilement lorsqu'on distille
est en belles aiguilles d'un jaune pâle, fusibles à un phénylsulfite avec de l'oxychlorure de phos-
171 ° , et se sublimant sans décomposition (Ke- phore ; le phénylsulfite de soude est le plus avan-
kulé). tageux.
Pour le préparer, on mélange la benzine avec
son volume d'acide sulfurique concentré , on
DÉRIVÉS SULFuriques de lA BENZINE. chauffe légèrement ; quand toute la benzine est
dissoute, on sature par le carbonate de chaux, on
On connaît deux combinaisons de la benzine filtre et on précipite exactement la liqueur par du
avec l'acide sulfurique : traitée par l'acide con- carbonate de soude. La liqueur filtrée renferme le
centré, elle donne l'acide phényl-sulfureux ; avec phenylsulfite de soude, on évapore à siccité, on
l'acide anhydre, la sulfobenzide. sèche le sel à 150°, et on l'introduit dans une
ACIDE PHÉNYLSULFUREUX ou ACIDE SULFOBEN- cornue tubulée avec l'oxychlorure de phosphore.
ZIDIQUE, C6H6S 03 [ Mitscherlich , 1834 , Ann . de On distille la bouillie et on rectifie le produit, en
Poggend., t. XXXI, p. 283 et 634. -Freund, Ann. recueillant à part ce qui passe à 254°. -- Les pre-
der Chem. u. Pharm . , t. CXX, p. 76 , et Répert. de mières portionsqui distillent renfermentavec l'oxy-
Chim . pure, 1862 , p. 273]. -- La benzine se dis- chlorure de phosphore une notable quantité de
sout entièrement à froid dans l'acide sulfurique chlorure de sulfophényle ; elles peuvent être em-
fumant, ou même dans l'acide concentré, après ployées pour la préparation de l'azoture de sulfo-
un contact suffisamment prolongé; la solution phenyle.
étendue d'eau est neutralisée par le carbonate de C'est une huile incolore, réfractant fortement
baryte, filtrée et précipitée par le sulfate de cuivre. la lumière, d'une odeur forte, fumant à l'air. -
On décompose le phénylsulfite de cuivre par Insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool , ce
l'hydrogène sulfuré , et on isole ainsi l'acide corps bout à 254° . Sa densité est de 1,378 à
phénylsulfureux. - L'acide phénylsulfureux est 23º. - L'eau l'attaque à peine ; les alcalis fixes
sirupeux, ou cristallise en petites aiguilles très- le transforment immédiatement en phénylsul-
déliquescentes ; soumis à la distillation, il se dé- fite et en chlorures alcalins ; avec l'ammonia-
compose en donnant de la benzine, de la sulfo- que, il donne la sulphophenylamide ou azoture
benzide , un peu d'acide sulfurique. En même de sulfophenyle; avec l'aniline, la sulfophenyl-
temps qu'il se dégage de l'acide sulfureux , il reste anilide.
un résidu de charbon. Dissous dans l'éther anhydre et traité peu à
Les phenylsulfites ou sulfobenzidates sont très- peu par le zinc-éthyle, il donne une combinaison
stables et résistent à l'action d'une chaleur élevée. zincique (C6H5SO2)2 Zn que l'acide chlorhydrique
Soumis à la distillation sèche, ils fournissent de dissout à chaud en la décomposant et en donnant
l'eau, de la benzine et du sulfure de phényle, l'hydrure de sulfophényle C6 HS . SO2. H. Voyez
(C6 H5)2 S. Le sel d'ammoniun donne en outre plus bas l'HYDRURE DE SULFOPHÉNYLE.
11/2 % de sulfophénylamide [ Stenhouse, Ann. Traité par le zinc et l'acide sulfurique étendu,
der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. LXIV, le chlorure phényl-sulfureux est transformé en
p. 284 ; et Bull. de la Soc. chim. , 1867 , t. VII, mercaptan phénylique ou sulfhydrate de phényle :
p. 512] .
Les sels d'ammonium , de potassium, de sodium, C6H5.SO2 C1 + 6H = C6 H³. HS + HCl + 2H2O
sont cristallisables ; le sel de baryum a pour for-
mule (C6H5 SO3)2 Ba + H2O, et cristallise en belles [C. Vogt, Ann. der Chem. u. Pharm ., t. CXIX ,
lames nacrées, transparentes ; il est soluble dans p. 142, et Répert. de Chim. pure, 1862, p. 114] .
l'alcool, inaltérable à l'air. HYDRURE DE SULFOPHÉNYLE, C6H5, SO2.H [Kalle ,
Le sel de cuivre est soluble dans l'alcool ; il Ann. der Chem. u . Pharm . , t. CXIX, p. 153 et
cristallise en grandes lames tabulaires , d'un bleu Repert. de Chim . pure, 1862, p. 143 ; - Otto et
clair, renfermant (C6H5 SO3) 2 Cu +6 H2O. A Ostrop, Ann. der Chem. u. Pharm ., nouv . sér. ,
170° il perd toute son eau de cristallisation. t. LXV, p. 361 ; et Ann . de Chim. et de Phys.,
Les sels d'argent, de zinc, de chaux, sont cris- (4), t. XI, p . 485] . Ce composé, appelé aussi acide
tallisables. benzylsulfureux, résulte de l'action ménagée et
Les phénylsulfites, surtout ceux de soude et de successive du zinc-éthyle sur le chlorure de sul-
chaux , distillés avec de l'oxychlorure de phos- fophényle (Kalle). Il représente ce dernier corps,
phore, donnent du chlorure phénylsulfureux dont le chlore est remplacé par de l'hydrogène.
(Gerhardt et Chancel). Dans l'action du zinc-éthyle, il se forme un com-
Le phénylsulfite de potasse, fondu avec son posé (C H& S O2) 2 Zn ; si on reprend ce produit par
poids de potasse solide, donne du phénol en même l'eau, il se combine avec une nouvelle quantité
teinps que du sulfure et du sulfate [ Wurtz , Compt. d'oxyde de zinc, provenant de l'action de l'eau sur
rend. de l'Acad. des scienc . , 1867 , t . LXIV, p . 749 ; le zinc-éthyle en excès, et donne un sel basique,
Kekulé, même recueil, t . LXIV, p. 752 ; - Du- insoluble dans l'eau bouillante, et que l'acide
sart, même recueil, t. LXIV, p. 859] . chlorhydrique dissout à chaud en le décompo-
Il existe un dérivé bromé de l'acide phényl- sant.
BENZINE. 537 - BENZINE.
La solution par le refroidissement abandonne Disulfophenylamide, (C6 H³, SO²)² Az H. — Sub-
le composé C6H5, SO². H sous forme cristalline. Il stance cristalline qui se produit lorsqu'on chauffe
s'obtient plus facilement par l'action de l'amal- légèrement la sulfophénylamide argentique avec
game de sodium sur le chlorure phényl-sulfureux du chlorure phénylsulfureux.
dissous dans l'alcool absolu (Otto et Ostrop) ; il Benzoyl-sulfophenylamide,
est soluble dans l'eau bouillante, dans l'alcool et C6 H5. SO2
dans l'éther. Il forme de grands prismes inco- CHO Az.
lores, fusibles entre 68° et 69°, décomposés au- H
dessus de 100°. Exposé à l'air , il absorbe de l'oxy-
gène et se transforme en acide phénylsulfureux ; On l'obtient en chauffant entre 140° et 145° la
avec l'hydrogène naissant, il donne du sulfhydrate sulfophenylamide avec le chlorure de benzoyle. Elle
de phényle. Avec le brome, il fournit du bromure se dépose de sa solution dans l'alcool bouillant
de sulfophényle. L'acide azotique fumant l'at- en belles aiguilles ou en prismes entre-croisés.
taque avec énergie, avec formation d'un composé Elle se dissout facilement dans l'alcool absolu ;
C18 H16Az2S2O3 , en cristaux rhomboédriques, elle est très-peu soluble dans l'éther, encore moins
durs, fusibles à 98°, 5 (Otto et Ostrop). Le per- dans l'eau; elle fond entre 135° et 140°. Chauffée
chlorure de phosphore l'attaque avec énergie brusquement, elle dégage du cyanure de phé
en régénérant du chlorure de sulfophényle. Il nyle.
donne des sels cristallisables et solubles dans L'ammoniaque aqueuse la dissout aisément ; la
l'eau, d'ammoniaque, de baryte, de cuivre et de solution évaporée dans le vide donne un sirop
zinc. épais qui finit par se prendre en une masse radiée.
AZOTURE DE SULFOPHÉNYLE ou SULFOPHENYL- Ce produit est fort soluble dans l'eau et dans l'al-
AMIDE, cool ; Gerhardt le regarde comme étant du sulfo-
C6H5 SO². Az H² ="C6H5. SO2)H2 Az phenyl-benzoylamate d'ammoniaque acide,
C26 H29 S2 O8 Az³,
[Gerhardt et Chancel, loc. cit.; Gerhardt et
Chiozza, Compt. rend. de l'Acad., t. XXXVII , l'acide sulfophenyl- benzoylamique serait
p. 86 ; Ann. de Chim. et de Phys ., (3) , t. XLVI , Az (C6H5SO²) (C7H50)
p. 143 ; Gerhardt, Ann. de Chim. et de Phys., (3), 150 ) H2
HO )O
t. Lli, p. 303 et suiv.]
On le prépare en arrosant un grand excès La benzoyl-sulfophénylamide est attaquée par
de carbonate d'ammoniaque pulvérisé avec du le perchlorure de phosphore à 150°, et on obtient
chlorure de sulfophényle ; la réaction est immé- par le refroidissement de belles tables, fumant à
diate, on la complète en chauffant très-légère- l'air, d'une odeur piquante, décomposées par l'eau
ment le vase où s'est fait le mélange ; on lave à en donnant de l'acide chlorhydrique et régéné-
l'eau froide et l'on fait cristalliser dans l'alcool rant l'amide. Ce chlorure, broyé avec du carbonate
bouillant. d'ammoniaque, donne une amiae que Gerhardt
La sulfophénylamide se dépose sous forme de représente par la formule
magnifiques paillettes nacrées, insolubles dans C7H5
l'eau, fort solubles dans l'alcool, solubles dans C6 HSSO2 Az2.
l'ammoniaque. Elle fond à 155°, à 149° (Otto et H2
Ostrop), à 153° (Stenhouse), et paraît distiller
sans altération à une température plus élevée. Ce composé est en paillettes nacrées ou en
Chauffée avec du perchlorure de phosphore, elle rhombes très-aigus, solubles dans l'alcool bouil-
entre en fusion , et, maintenue quelque temps avec lant.
celui-ci à 150°; elle donne par le refroidissement La benzoyl-sulfophénylamide se dissout dans
des prismes volumineux. Ceux -ci sont décomposés une solution de carbonate de soude, en dégageant
brusquement par l'eau, l'alcool ; l'éther anhydre de l'acide carbonique et formant le benzoyl-sulfo-
réagit même sur eux. Gerhardt suppose à ce corps phénylamidate de sodiuin ,
la formule C6 H5, S O. Az H. Cl. Il dériverait de la
sulfophénylamide en ce que OH y est remplacé C7H5O
par Cl. Traité par le carbonate d'ammoniaque sec, C6H5 SO2 Az.
je chlorure réagit et donne une amide, l'azoture Na
de sulfophénamidyle et d'hydrogène, Benzoyl-sulfophénylamide argentique,
C6H5. SO C7H5O
C® H³ SO. Az H. Az H² =Az2 | 113 C6H5 SO2 Az.
Ag
Cette amide se présente sous la forme de pail-
lettes nacrées, très-solubles dans l'eau bouillante , On dissout la benzoyl-sulfophénylamide dans
fort peu dans l'eau froide ; leur solution est forte- l'eau bouillante ; on y ajoute quelques gouttes
ment acide, décompose les carbonates et forme d'ammoniaque et on y verse une solution bouil-
avec les alcalis des sels très-solubles dans l'eau. lante d'azotate d'argent, on fait bouillir pendant
La sulfophénylamide représente de l'ammo- quelques minutes, on filtre, et on obtient par le
niaque dans laquelle un atome d'hydrogène cst refroidissement des aiguilles incolores , peu so-
remplacé par le radical sulfophényle C HS, SO². lubles dans l'eau froide, facilement solubles dans
(Gerhardt. ) Aussi on obtient un grand nombre de l'alcool bouillant.
corps dans lesquels les 2 autres atomes d'hydro . Dibenzoyl-sulfophenylamide,
gène sont remplacés par des métaux ou des radi-
caux composés. Ils ont été préparés par Gerhardt. C6 H5 SO² )
En outre, il a obtenu des diamides et des acides C7H5 O Az.
amidés. C7H5 O
Sulfophenylamide argentique, Ce corps s'obtient par l'action du chlorure de
benzoyle sur le sel précédent ; il se ramollit à
C6 H5 SO2 Az H Ag. 100°, fond à 105° ; il se dissout, quoique difficile-
Précipité blanc, cristallin , se forme lorsqu'on ment, dans l'éther absolu, qui l'abandonne par
ajoute une solution alcoolique et ammoniacale de l'évaporation sous forme de magnifiques prismes
sulfophenylamide à du nitrate d'argent. raccourcis, doués d'un grand éclat.
BENZINE . - 538 - BENZINE .
Diazoture de sulfophenyle, de benzoyle ct de
Cumyl-sulfophenylamide ,
succinyle,
C6H5 SO2 ) (C6 H5 SO2)2
C10H11 O Az. (C7H5O2 Az2.
H C&H O2
- Ce sont de beaux prismes rectangulaires, fu- -Il se prépare en chauffant la benzoyl -sulfophé-
sibles à 164°, insolubles dans l'eau bouillante et nylamide argentique avec le chlorure de succi-
l'alcool. Ils s'obtiennent par l'action du chlorure nyle. Ce sont de petites aiguilles, fusibles à 146°,
de cumyle sur la sulfophénylamide . très-solubles dans l'éther à 100°, en tubes fermés ,
Cumyl-sulfophenylamide argentique, peu solubles dans ce solvant à la pression ordi-
C6 H5S O2 naire.
C10 H110 Az. ACIDE PHÉNYLSULFUREUX CHLORÉ ou CHLO-
Ag ROPHENYLSULFUREUX , C6H5 CIS Oº. OH [ Otto et
L. Brunner, Ann. der Chem . u. Pharm ., t. CXLIII,
-Fines aiguilles, très-légères, presque insolubles p. 100 ; et Bull . de la Soc. chim. , 1867 , t. VIII,
dans l'eau bouillante . L'azoture d'acétyle , de ben- p. 105] . On obtient ce composé en dissolvant la
zoyle et de sulfophényle , ainsi que l'azoture de benzine monochlorée dans l'acide sulfurique fu-
cumyle, de benzoyle et de sulfophenyle, s'ob- mant, saturant par le carbonate de plomb, filtrant
tiennent par la réaction des chlorures d'acides sur et décomposant le sel de plomb par l'hydrogène
la benzoyl-sulfophenylamide argentique. sulfuré, et évaporant la solution aqueuse.
Succinyl-sulfophenylamide , L'acide chlorophenylsulfureux se présente alors
sous forme d'un épais sirop acide, qui se prend
C6H5SO2 ) Az. en cristaux très-longs, soyeux, amiantacés , déli-
(CHO2)" A quescents. Maintenu à la chaleur du bain-marie,
Cette amide est tantôt en magnifiques aiguilles, il brunit. Il est soluble dans l'alcool, dans l'eau,
tantôt en prismes raccourcis. Elle fond à 160°; insoluble dans la benzine et dans l'éther.
l'eau bouillante la dissout en petite quantité, elle Les sels sont tous difficilement solubles dans
est peu soluble dans l'alcool et dans l'éther. Elle l'alcool.
se dissout dans l'ammoniaque concentrée, et sa so- Le sel de potasse, CHCI SO³ K, cristallise
lution évaporée dans le vide donne des fibres dans l'alcool absolu chaud , en petits prismes
soyeuses de sulfophenyl - succinamate d'ammo- brillants, rhombiques ; à 211 ° il n'est pas encore
niaque, fusibles à 165º, très-solubles dans l'eau : décomposé.
Le sel de soude , CH4CISO³ Na, H2O , a les
mêmes caractères que le précédent.
Az Ho.
Az (C®H³SO²) (C* H* 02) Le sel de calcium , (CHCI SO3)2 Ca , 5 H2O,
perd son eau de cristallisation en présence de
Par double domposition, ce sel donne e sel l'acide sulfurique ; il forme de petits rhomboides
d'argent, en très-belles aiguilles ; l'acide sulfo- à 4 pans, blancs , brillants .
phenyl-succinamique n'a pu être isolé. Le sel de baryum, (C6 H¹ CIS O3 ) 2 Ba, H2O, est
Sulfophenylanilide, cristallisable en tables ; moins soluble dans l'eau
C6H5 S O2 que le précédent .
C6 H5 Az. Le sel de plomb, (C6 H¹CI SO3)2 Pb, H2O, est en
H petits rhomboides bleus, brillants.
Le sel de cuivre , (C H4Cl SO3) 2 Cu , SH2O, est
-Elle se produit par la réaction de l'aniline et du en aiguilles soyeuses, vert-bleuâtre ; anhydre , il
chlorure de sulfophényle ; elle reste longtemps est blanc.
visqueuse ; elle est soluble dans l'alcool et l'éther. L'éther éthylique de cet acide est une huile in-
Dissoute dans l'alcool, elle donne de magnifiques colore, non volatile sans décomposition , plus lourde
prismes portant les faces d'une pyramide et sem- que l'eau, insoluble dans ce véhicule, et qu'on
blables à de petits cristaux d'améthyste, dont ils obtient en dissolvant le chlorure dans l'alcool ab-
ont la couleur [ Chiozza et Biffi, in Gerhardt, Traité solu chaud.
de Chim., t. III, p . 981]. CHLORURE CHLOROPHÉNYLSULfureux ,
Diazoture de sulfophenyle, de benzoyle, d'ar-
gent et d'hydrogène, C6H CISO2. CI.
C6 H5 SO2 -On triture un mélange à poids égaux de chloro-
C7H5O Az². phenylsulfite de sodium et de perchlorure de
Ag phosphore ; la réaction est énergique, le mélange
se liquéfie , puis se reprend en masse. On lave à
l'eau et on fait cristalliser le produit dans l'éther
- Il s'obtient lorsqu'on dissout la benzoyl-sulfo- anhydre. Il cristallise en belles tables , solides,
phénylamide argentique dans l'ammoniaque; la blanches, quelquefois de 3 centimètres de long ;
solution abandonne, par l'évaporation spontanée, son odeur est spéciale ; il est soluble dans l'éther
de magnifiques cristaux appartenant au système et dans la benzine, insoluble dans l'eau, fusible
monoclinique, aisément solubles dans l'eau bouil- à 50-51°.
lante ; leur solution se décompose par une ébul- L'eau même bouillante ne l'attaque pas, les
lition prolongée ou par l'acide azotique, en don- alcalis le décomposent. Chauffé pendant quelques
nant la benzoyl-sulfophénylamide . heures avec l'acide azotique fumant, il donne
Diazoture de sulfophenyle, de cumyle, d'argent l'acide nitrochlorophenylsulfureux . Traité par
et d'hydrogène, un mélange de zinc et d'acide chlorhydrique, il
C6H5S O2 donne le mercaptan phénylique chloré. Avec
C10H11 O Az2. l'amalgame de sodium en présence du toluène, il
Ag. fournit l'hydrure de sulfophényle chloré.
H3 HYDRURE DE SULFOPHÉNYLE Chloré,
-- Il s'obtient comme le précédent, avec la cumyl- C6 H CIS O². H.
sulfophenylamide argentique ; aiguilles nacrées, --- Ce corps, appelé aussi acide chlorobenzylsul-
brillantes, peu solubles dans l'eau bouillante, plus fureux, représente le chlorure précédent dont
solubles dans l'alcool.
BENZINE . 539 BENZINE.

1 atome de chlore est remplacé par 1 atome d'hy- froide, facilement solubles dans l'eau chaude et
drogène ; il est isomère du chlorure phénylsul- dans l'alcool . Elle forme avec l'acide chlorhydrique
fureux. Il est en petits cristaux blancs, en rhom- une combinaison cristallisable en prismes quadri-
boèdres à 4 faces ; il fond entre 88° et 90°. Ses latères rougeâtres. Avec un mélange d'acide ni-
sels sont cristallisables et résistent à une tempé- trique et d'acide sulfurique, la sulfobenzide se
rature élevée. transforme en dinitrosulfobenzide,
L'acide chromique le transforme en acide chlo-
rophenylsulfureux ; cette transformation n'a pas C12 H8 (Az H2)2SO²,
lieu par la seule exposition à l'air. Traité par cristallisable en petites tables rhomboidales fu-
le chlore en présence de l'eau, il donne le chlo-
rure de chlorosulfophényle C6H CIS O². Cl ; avec sibles à 164°, sublimables à 320° sans altération,
peu solubles dans l'alcool et dans l'éther.
l'hydrogène naissant, il fournit le mercaptan phé- Le sulfhydrate d'ammoniaque transforme ce
nylique chloré CH CISH. L'acide sulfurique le corps en diamidosulfobenzide, C12 H8 (Az H2)2SO²,
dissout à chaud avec une coloration d'abord jaune,
puis rouge, et finalement d'un bleu indigo ; l'ad- qui cristallise en petits prismes quadrilatères, so-
dition de l'eau détruit cette couleur. lubles à chaud dans l'eau et dans l'alcool. Son
Chlorosulfophenylamide , CH+ CI SO². Az H². chlorhydrate, C12 H8 (Az H2)2 SO2, 2 HCl, cristallise
Elle s'obtient de la même manière que la sulfo- en prismes rhomboidaux rougeâtres.
phénylamide, elle est en petites aiguilles fines et Le chlore réagit à froid sur la sulfobenzide ; en
brillantes , minces , incolores ; elle fond entre favorisant la réaction par l'insolation ou la cha-
143-144°. leur, on a le tétrachlorure de sulfobenzide,
C12 H10S O2, C1'.
SULFOBENZIDE (sulfophenylure de sulfophé-
nyle ), C12 H10 SO2 = C6H5 SO2 (C6H5) [Mitscher- C'est une huile jaune, fusible vers 150° . La potasse
lich, Ann. de Poggend. , 1834, t. XXXI, p. 628, et alcoolique la transforme en sulfobenzide bichlorée
Ann. de Chim. et de Phys. , t . LVII, p. 88]. - Si C12 H8 C12S O².
on met la benzine en contact avec l'anhydride La bichlorosulfobenzide cristallise en prismes
sulfurique, on obtient un liquide épais qui, mêlé longs et fins , fusibles à 152° et se sublimant en
à beaucoup d'eau, précipite une substance cris- partie avant de fondre ; lorsqu'on fond ces cris-
tallisée, la sulfobenzide, qu'on purifie par des la- taux à plusieurs reprises, le point de fusion s'a-
vages à l'eau, puis par cristallisation dans l'éther baisse à 64°.
et enfin par sublimation ; la solution aqueuse d'où Le même corps s'obtient par l'action de l'an-
elle a été précipitée retient l'acide phénylsulfu- hydride sulfurique sur la benzine monochlorée
reux. La sulfobenzide prend aussi naissance dans [ Otto , Zeitsch. für Chem. , nouv. sér., t. III,
la distillation sèche de l'acide phénylsulfureux p. 143 ; et Bull. de la Soc. chim., 1867, t. VIII,
[Freund, loc. cit. ]. p. 94] .
En oxydant le sulfure de phényle par l'acide Suivant Otto et Ostrop [ Ann. der Chem. u.
azotique concentré, Stenhouse a obtenu un corps Pharm. , t. CXLI, p. 93], le chlore réagit sur la
(sulfobenzolène) de même composition que la sul- sulfobenzide à froid et sous l'influence des rayons
fobenzide, et qu'il a regardé comme un isomère solaires ; il se forme sur les parois des vases où
de celle-ci. Suivant Kekulé et Szuch , le sulfo- l'on opère une couche de cristaux, qui sont accom-
benzolène et la sulfobenzide sont identiques pagnés d'une huile jaune. Les cristaux correspon-
[Stenhouse, loc . cit. , Kekulé et Szuch, Zeitsch. dent à la formule C6H5 C17, hexachlorure de ben-
für Chem,, nouv. sér. , t. III, p. 193 ; et Bull. de zine chloré. L'huile jaune est un mélange de
la Soc. chim., 1867 , t. VIII, p. 104]. différents corps ; traitée par la solution alcoolique
La sulfobenzide est très-peu soluble dans l'eau, de potasse, elle donne une benzine tétrachlorée
soluble dans l'alcool et dans l'éther ; bien cris- et une benzine pentachlorée (voyez ce mot) . Si la
tallisée, inodore , incolore , fusible à 100° (Mit- sulfobenzide est chauffée à 120-130° dans un
scherlich), à 115° (Gericke), à 128-129° ( Freund, courant de chlore, il distille une huile composée
Otto), et distillable au-dessus du point d'ébullition de benzine monochlorée et de chlorure phenyl-
du mercure . sulfureux ; le chlore se comporte dans ces circon-
Otto l'a traitée par le perchlorure de phosphore ; stances comme le perchlorure de phosphore. E. G.
en opérant au bain d'huile pendant plusieurs BENZINE COMMERCIALE. - On désigne sous ce
heures, et à une température de 160° à 170°, il a nom le mélange d'hydrocarbures liquides , plus
obtenu du protochlorure de phosphore, de la ben- légers que l'eau, dont le point d'ébullition se
zine monochlorée , et du chlorure phénylsulfu- trouve situé entre 80° et 180 °, et qui appartien-
reux : nent à la série Cn H2n - 6.
C6H5 Historique. - Industriellement , la benzine est
SO2. C6 H5 + PC15 toujours préparée au moyen du goudron de houille.
PC13 + C6H5 CI + C HSS 02. CI Sa présence y a été signalée pour la première fois
par Leigh, de Manchester, en 1842 , dans une com-
[Otto , Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXXVI, munication qu'il fit à l'Association britannique
p. 154, et Bull. de la Soc, chim., 1866, t. VII , [Monit. scientif. , 1865, p. 446 ] ; peu après, en
1815, Hofmann constata le même fait [Ann. der
448]. DE LA SulfobenZIDE. - La sulfobenzide
p. DÉRIVÉS Chem. u. Pharm . , t. IV, p. 200] ; enfin, en 1847,
donne plusieurs dérivés [ Gericke, Ann . der Chem . Mansfield montra que le goudron de bouille en
u. Pharm., t. C, p. 207 et Ann. de Chim et de renferme des quantités considérables et donna le
Phys., (3), t . L, p. 116] . Chauffée avec l'acide sul- moyen de l'en retirer. C'est donc à lui que l'in-
furique, elle se transforme en acide phénylsulfu- dustrie est redevable de cette découverte impor-
rique ou sulfophénique S O¹ . C6 H6. tante.
Quand on la chauffe avec l'acide nitrique fu- Depuis l'essor considérable pris par la fabrica-
mant, et qu'on ajoute de l'eau à la solution, il se tion des couleurs d'aniline, la production du gou-
précipite une substance amorphe , la nitrosulfo- dron de houille provenant de la fabrication du
benzide , C12 H9 ( Az O2) SO2, que le sulfhydrate gaz d'éclairage est devenue inférieure aux besoins
d'ammoniaque transforme en une base, l'amido- de l'industrie ; aujourd'hui, l'on retire la benzine,
sulfobenzide. non-seulement du goudron de houille provenant
L'amidosulfobenzide, C12 H9 ( Az H2) SO2, est en des usines à gaz, mais encore de celui qui est
petits prismes quadrilatères peu solubles dans l'eau fabriqué spécialement dans ce but.
BENZINE. -- 540 - BENZINE.
3º Par la combinaison directe des carbures les
FABRICATION DE LA BENZINE. uns avec les autres et la décomposition inverse
Matière première : goudron de houille. - La [Bull. de la Soc. chim ., t. VI , 1866, p. 282] .
nature et la composition du goudron varient Toutes ces substances se trouvent en quantités
beaucoup d'après les circonstances dans lesquelles très-variables dans les goudrons de houille il
il a été produit. importe donc beaucoup, pour en extraire telle ou
Dans les usines à gaz, la production du gou- telle de ces substances, de savoir la nature du
dron est accessoire ; on l'évite autant que l'on peut, goudron sur lequel on opère.
le but de la distillation de la houille étant de Pour ce qui concerne l'industrie de la benzine,
produire naturellement le plus de gaz possible ; les charbons français sont de beaucoup inférieurs
aussi cette distillation se fait-elle à une très-haute
aux charbons anglais. Parmi ceux-ci , les plus
température et en prenant les dispositions les avantageux sont le Boghead (voir ce mot ) et le
plus convenables pour tranformer en gaz tous les Cannel : le premier fournit un goudron qui donne
produits de la décomposition du charbon de terre. jusqu'à 12 % de son poids en benzine ; le second
Lorsqu'il s'agit, au contraire, de distiller du en donne environ 9 %. Quant aux autres houilles
charbon dans le but spécial de fabriquer du gou- employées en Angleterre (celles de Newcastle et
dron, l'opération doit se faire à la température la de Staffordshire) , elles donnent beaucoup de naph-
plus basse possible , et les produits de la distilla- taline, mais peu de benzine.
tion doivent être entraînés rapidement hors des Les proportions de goudron obtenues dans la
appareils dans lesquels elle s'effectue, de manière distillation du charbon de terre varient considé-
qu'ils ne puissent y être décomposés. rablement, d'après la nature de ce combustible
Le goudron de houille est une matière des plus et la manière dont la distillation est conduite :
complexes il renferme un très-grand nombre de à Saint-Étienne on compte généralement sur 3 à
substances diverses, dont nous citons ici les plus 4 %; à Paris sur 5 % : avec des charbons con-
importantes. venables on peut obtenir régulièrement 6 à 7 %.
Point d'é- Compo- Distillation du goudron. La préparation de
bullition. sition.
Eau.... 100 H2O. la benzine constitue une industrie spéciale . Les
Sulfure de carbone. 47 CS2. goudrons sont expédiés aux fabricants d'essences
Acide acétique .. 120 C2H4O². de houille dans des réservoirs en tôle de mille
96 C5H13 Az. litres environ, munis à leur partie supérieure
Cespitine 182 C6 HAZ . d'une large ouverture qui sert à l'introduction
Aniline..
Pyridine.. 115 C5 HS AZ. des matières, et à leur partie inférieure d'un ro-
Picoline 134 C6H7 Az. binet de vidange.
Pyrrhol... 133 C'H AZ. Dans l'usine de distillation , les goudrons sont
Lutidine .. 154 C7 H9 Az. réunis dans de vastes citernes d'où on les dirige,
Collidine.. 170 C8 H1 Az. au moyen de pompes, dans les ateliers où ils doi-
Parvoline. 188 C9 H13 AZ. vent être traités.
Coridine.. 211 C10 HIS AZ.
Rubidine 230 CH' Az. L'extraction de la benzine se fait au moyen de
Leucoline. 235 C9H7 Az. la distillation. Comme le goudron renferme tou-
Viridine 251 C12 H19 Az. jours une certaine quantité d'eau interposée, qui
Lépidine.. 260 C10 HAZ. nuirait beaucoup à la régularité de la distillation ,
Cryptidine... C11 H1 Az.
certains fabricants commencent par séparer cette
Hydrure d'amyle .. 39-40 C5H12. eau pour cela, le goudron est versé dans de
Hydrure de caproyle... 68-70 C6H14. grandes chaudières chauffées au moyen d'un ser-
Hydrure d'oenanthyle.. 98-99 C' H16. pentin, et munies d'un chapiteau qui communi-
Hydrure de capryle .... 118-120 C8 H18.
Caproylène . 55 H12. que avec un réfrigérant. On chauffe le goudron
Benzine.. 82 H6. pendant quelques heures en ayant soin de con-
Toluène 110-111 HS. denser les produits qui se volatilisent dans cette
Xylène.... 139 CS H10. opération et qu'on réunit ultérieurement à l'huile
Cumène... 166 C9 H12. légère ; puis on laisse refroidir le tout, et au
Cymène.. 180 C10H14.
Divers hydrocarbures moyen d'un robinet de vidange situé à la partie
dont l'étude n'a pas inférieure de la chaudière , on laisse écouler l'eau
encore été faite...... 220-280 ammoniacale, qui par l'action de la chaleur s'est
Phénol 188 C®H6O. complétement séparée du goudron . Celui-ci peut
Crésol.. 203 C7 H8O. maintenant être distillé sans difficulté aucune.
Phlorol. C8H10O. Les appareils dont on se sert pour cela sont des
Styrolène.. 146 C8H8. chaudières cylindriques en tôle forte ou en fonte,
Hydrure de naphtaline. (?) 195 C10H12 légèrement bombées à leur partie inférieure qui
Hydrure de naphtaline. 205 C10 H10. présente une épaisseur plus forte que le reste de
Naphtaline... 212 C:0 H8 l'appareil, puisqu'elle doit être soumise à une
Acénaphtène . 284-285 C12H10. température élevée ; elles sont munies, à leur par-
Fluorène.... 305
350 tie inférieure, d'un robinet de vidange, et, à leur
Chrysène C18 H12. partie supérieure, d'un trou d'homme pour les
Benzérythrène ...
Succistérène nettoyages, d'une large tubulure pour la distilla-
Bitumène .. tion, et d'une petite tubulure destinée à recevoir
Anthracène . 360 C1 H10. un thermomètre. Les dimensions données à ces
Paranaphtaline, méthyl- appareils sont variables ; il n'est pas rare d'en voir
anthracène.. C15H12. d'une contenance de 10 à 20,000 litres ; mais les
Rétène ... 400 (?) CIS H18. proportions suivantes sont plus fréquemment
usitées 2 mètres de longueur, 1 mètre de lar-
La formation des carbures d'hydrogène que geur, 1 , 20 de hauteur. Quelle que soit la gran-
nous avons cités peut être expliquée, d'après deur de ces cornues, il est indispensable de veil-
Berthelot : ler à ce qu'elles aient peu de hauteur, de façon à
1° Par la condensation moléculaire et la décom- ce que les produits de la distillation puissent fa-
position inverse ; cilement s'écouler . Ces cornues sont chauffées à
2º Par la combinaison directe des carbures avec feu nu : quelquefois on les fait reposer sur une
l'hydrogène et la décomposition inverse ; voûte en briques qui les préserve du contact di-
J
BENZINE. - 541 - BENZINE .
rect de la flamme ; quelquefois enfin on dis- une rectification qu'on opère dans des chaudières
tille à la vapeur, mais ce procédé n'est pas géné- cylindriques de 1,000 à 2,000 litres ; on recueille
ral, surtout lorsqu'on a déjà , par la séparation à part :
préalable de l'eau, chauffé le goudron à 100 ° et 10 Les produits distillant jusqu'à 120º, et qui
extrait, par conséquent, les parties les plus vola- servent à la préparation du benzol ;
tiles . 2º Les huiles distillant de 120° à 190° ;
On a proposé divers appareils destinés à rendre 3º Le résidu de cette rectification , qui retourne
la distillation continue, mais ils sont en général aux goudrons .
peu avantageux, en raison de la faible proportion Les essences de 120° à 190° doivent subir les
des produits volatils par rapport aux résidus. opérations suivantes : par un traitement acide,
La distillation commence très-rapidement, et on en extrait l'aniline et les autres alcaloides ;
par une faible application de chaleur. On recueille par un traitement alcalin, on en retire les phé-
à l'extrémité du réfrigérant une huile légère , nols ; dans cet état et mélangées de naphtaline,
très-fluide, qui constitue ce qu'on nomme l'es- elles peuvent servir à la conservation des bois,
sence légère de houille; on considère comme tel au graissage des machines, etc.; mais , en géné-
tout ce qui distille entre 60°º et 200° environ : la ral, et spécialement lorsqu'elles doivent servir à
densité moyenne de l'huile légère est 0,840 ; les l'éclairage, elles demandent à être purifiées et
portions plus légères pèsent 0,780 , les plus lour- débarrassées autant que possible de naphtaline.
des 0,850. On obtient environ 6 % du poids du On leur fait donc subir un traitement à l'acide
goudron en huiles légères . sulfurique concentré (10 % du poids de l'huile)
En continuant à chauffer, on détermine la dis- suivi d'un lavage à l'eau, un traitement à la
tillation des produits connus sous le nom d'huiles soude caustique ( 6 % ) , puis une rectification , et
lourdes qui passent entre 200° et 220° , et dont la enfin un traitement au sulfate ferreux qui enlève
densité va en croissant depuis 0,850jusqu'à 0,900: diverses matières odorantes, sulfurées ; on les livre
elles renferment de la naphtaline, du phénol, de alors au commerce sous le nom d'huile sidérale.
l'aniline , etc .; le goudron en donne environ Les huiles lourdes peuvent aussi être utili-
20 à 25 % de son poids. Enfin, les dernières por- sées de la façon suivante : en faisant rapidement
tions distillées sont plus lourdes que l'eau : elles passer leurs vapeurs au travers d'un cylindre
renferment généralement beaucoup de paraffine. chauffé au rouge , ou en les faisant lentement
Les huiles légères , bouillant à une température s'écouler sous forme de filet, dans une cornue en
assez basse, demandent, pour être condensées, fonte ou en terre, chauffée au rouge , ces huiles
beaucoup de précautions : les serpentins doivent sont décomposées ; il se produit une grande
être constamment alimentés par de l'eau aussi quantité de gaz et, de plus, une notable propor-
froide que possible ; mais plus la température de tion d'huiles légères ; on arrive ainsi, avec ces
l'ébullition s'élève, moins cette précaution devient huiles lourdes qui encombraient les usines, à fa-
indispensable ; on peut laisser l'eau s'échauffer peu briquer un produit d'une valeur relativement
à peu, et lorsque les huiles lourdes commencent à beaucoup plus grande [ Breitenlohner, Chem . Cen-
distiller, faut s'appliquer au contraire à main- tralblatt, oct. 1863, nº 48 , p. 579] .
tenir le serpentin à une température telle, que les Traitement des huiles légères et fabrication du
produits analogues à la naphtaline, au phénol, etc., benzol. ― Pour préparer le benzol , qui constitue
restent liquides : s'ils venaient à se solidifier, ils la matière première de l'aniline, on se sert des
boucheraient promptement l'appareil et une ex- huiles légères obtenues directement par la distil-
plosion serait inévitable. Les serpentins doivent lation du goudron et par la rectification des huiles
être disposés le plus loin possible des foyers, car lourdes ou de celles que l'on produit par le trai-
ces essences de houille sont éminemment inflam- tement indiqué par Breitenlohner (voyez plus
mables en général , les ateliers de distillation haut) . Quelle que soit son origine, l'huile légère
doivent être combinés de telle sorte que les renferme , outre les hydrocarbures de la série
chances d'incendie y soient aussi minimes que CH -6 (benzine , toluène, etc.) , des hydrocar-
possible. bures de diverses autres séries, ceux par exemple
Lorsque les huiles lourdes, la paraffine, etc., de la série de l'éthylène C" H2n , ceux de la série
ont distillé, ce qui reste dans la cornue constitue Cn Hn +2 , par exemple, l'hydrure d'amyle , de ca-
le brai. Souvent on pousse la température beau- proyle, etc. (ces derniers en quantité très-minime).
coup plus haut, jusqu'aux environs du rouge : on Elle renferme des phénols, des alcaloides, etc.
produit ainsi des hydrocarbures solides, la para- Tous ces produits doivent être éliminés pour don-
naphtaline, le chrysène, etc., et il ne reste plus ner un produit commercial de qualité conve-
dans l'appareil qu'un coke d'une très-grande du- nable.
reté généralement, au contraire, on s'arrête après Le premier traitement qu'on fait subir aux
la distillation des huiles lourdes, on éteint le feu, huiles légères consiste à les mélanger avec 5 %
et, immédiatement après, on ouvre le robinet de de leur poids d'acide sulfurique. L'opération se
vidange par où le brai s'écoule : il est liquide fait dans des vases en bois, doublés de plomb et
encore à cette température, mais il ne tarde pas munis d'un couvercle fermant convenablement ;
à se solidifier. Ce produit sert à la confection des dans l'axe de ce vase est fixé un agitateur à pa-
briquettes, du charbon de Paris, etc.; il repré- lettes de bois, recouvertes de plomb. L'acide sul-
sente environ 65 % du poids du goudron. furique est, au moyen de cet agitateur, mis en
Revenons aux produits de la distillation . Nous contact intime avec l'essence et lui enlève toutes
y avons mentionné les huiles légères, les huiles les parties capables de se combiner avec lui. Il
lourdes et enfin les dernières portions riches en est bon de ne pas opérer sur plus de 3 à 400 ki-
paraffine. Ces trois classes de produits sont re- log. à la fois. Ce traitement acide doit durer une
cueillies séparément. heure au moins ; puis on laisse reposer vingt-
Les dernières servent à la préparation de la quatre heures et on décante l'acide au moyen d'un
paraffine. Voyez ce mot. robinet de vidange établi à la partie inférieure
Traitement des huiles lourdes. · Les huiles de l'appareil. Par ce traitement , l'acide sulfu-
lourdes renferment divers hydrocarbures liquides , rique s'est épaissi et coloré ; il s'est en effet
de la naphtaiine, des phénols, les alcaloides que chargé non-seulement des alcaloides en dissolu-
nous avons mentionnés plus haut, etc. Chacun tion dans l'essence , mais encore des hydrocar-
de ces produits peut en être extrait et a son em- bures Cn Hn +2 qu'il dissout en se colorant forte-
ploi spécial . ment, de la naphtaline qui se trouve presque
On commence par soumettre le produit brut à toujours dans ces huiles, etc.; son action sur ces
BENZINE . 542 BENZINE.
diverses substances détermine la formation d'a- 100° il est toujours entendu que le reste distille
cide sulfureux , dont on remarque généralement de 100°à 120°. La vérification du titre des benzols
l'odeur après cette opération. L'acide sulfurique, se fait en prenant leurs points de distillation.
retiré des huiles légères, peut servir à la prépa- Un benzol 20 % est généralement considéré
ration de l'aniline (voyez ce mot). Ce premier comme mauvais, parce que l'aniline qu'il fournira
traitement est quelquefois suivi d'un second, pa- sera trop lourde. Un benzol 30-40 % donnera de
reil, puis les huiles sont lavées à l'eau à deux bonne aniline pour rouge. Un benzol 90 % don-
reprises. nera de bonne aniline pour bleu ou pour noir.
Au traitement.acide doit succéder un traitement Th. Château a publié un travail intéressant sur
alcalin , destiné à enlever les phénols et les divers l'essai des benzols, dans le Bull. de la Soc.
acides qui peuvent se trouver mélangés aux huiles. indust. de Mulhouse, 1864, p. 97 ; nous y ren-
On emploie pour cela, 1 à 2 % de soude caustique voyons le lecteur. Voyez aussi Bull. de la Soc.
à 40°, qu'on fait réagir sur l'essence dans le même chim., 1864, t. I, p. 209.
appareil et de la même façon que l'acide sulfu- Préparation de la benzine pure.- La prépara-
rique ; quelquefois on remplace la soude par la tion de la benzine pure, au moyen des huiles de
chaux. Ces solutions alcalines peuvent être utili- houille, a été indiquée pour la première fois par
sées pour la préparation de l'acide phénique. Il Mansfield. Il commence par purifier l'huile légère
est évident qu'on peut, pour les saturer, se servir comme nous l'avons indiqué plus haut ; puis on la
des eaux acides du premier traitement,. en s'ar- rectifie en employant l'appareil suivant, qui donne
rangeant de façon que le mélange des deux li- d'excellents résultats.
queurs reste fortement acide ; on sépare l'acide
phénique, la créosote, etc. , qui viennent surna-
ger, puis on obtient par le refroidissement du
liquide, une abondante cristallisation de bisulfate
de sodium, et les eaux mères, renfermant les sul-
fates des alcaloides, saturées par de la chaux,
mettent en liberté l'aniline, la toluidine, etc. ,
qu'on décante et qu'on rectifie (E. Kopp).
Les huiles, ainsi purifiées par l'action succes-
sive de l'acide sulfurique et de la soude, sont rec-
tifiées ; quelques fabricants opèrent cette rectifi-
cation sur de la chaux en poudre (6 % du poids
de l'huile). Ce produit distillé constitue alors ce
que l'on nomme la benzine pure du commerce.
Pour en extraire le benzol, on la rectifie une
seconde fois dans des alambics en cuivre, munis
d'un serpentin d'étain et chauffés, soit à la va- F
peur, soit au bain d'huile de palme : on ne re-
cueille que les portions qui distillent entre 80° et
120°.
Ces portions portent le nom de benzols et ser-
vent à la préparation de l'aniline ; les portions
distillant à une température plus élevée portent
le nom d'huiles lourdes ; elles servent, comme les
huiles lourdes obtenues à la première distillation
du goudron (voir plus haut), aux divers usages que
nous indiquons plus loin.
Souvent on adopte pour ces distillations les
dispositions usitées dans les distilleries d'alcool.
Toute espèce d'appareil reposant sur les principes
des colonnes sera employé avec succès. Fig. 78. —- Préparation de la benzine pure.
Vohl a fait connaître un appareil très-ingénieux
et très-pratique pour le fractionnement des divers
hydrocarbures contenus dans le produit brut de
la distillation du goudron : nous renvoyons le L'huile légère est introduite dans le réservoir A
lecteur, pour sa description , aux ouvrages spé- et les différentes pièces de l'appareil sont ajustées
ciaux publiés sur ce sujet [ Technologiste. , Janvier comme nous les représentons ici. Le vase C est
1866]. rempli d'eau froide, puis on commence à chauffer.
Essai du benzol. Le benzol employé dans L'huile entre promptement en ébullition ; les pre-
la fabrication de l'aniline est un mélange de ben- mières portions qui se vaporisent rencontrent la
zine et de toluène, il doit présenter par conséquent surface froide B, s'y condensent et retombent en
les caractères d'un tel mélange. Sa densité varie A; mais en se condensant elles dégagent une quan-
entre 0,850 (benzine) et 0,870 (toluène). Son point tité de chaleur très-forte qui sert à échauffer l'eau
d'ébullition est entre 80° et 120°. Ces deux carac- renfermée dans le récipient C. La température de
tères sont variables, puisque, selon la destina- cette eau augmente progressivement ; elle atteint
tion de l'aniline, les benzols devront renfermer bientôt le degré auquel se vaporisent les parties
plus ou moins de chacun des deux hydrocar- les plus légères contenues dans l'essence de
bures. L'acide sulfurique ne doit donner avec un houille ; à ce moment, elles ne se condensent plus
bon benzol qu'une faible coloration . Le mélange en B; elles traversent ce vase à l'état de vapeurs,
d'acide nitrique et d'acide sulfurique doit le trans- gagnent le serpentin D, qui, lui, est constam-
former entièrement en nitrobenzine, tout en res- ment refroidi par un courant d'eau fraîche, et s'y
tant parfaitement limpide. Un traitement à la condensent ; on recueille le liquide en E. La
soude ne doit pas faire changer ses points de dis- température de l'ébullition des huiles contenues
tillation . en A augmentant peu à peu, celle de l'eau ren-
Les benzols se vendent dans le commerce avec fermée dans le vase C augmentera de même, et
un titre établi à l'avance : on dit un benzol à 30, il arrivera un moment où cette eau entrera en
60, 90 %, ce qui signifie qu'un tel benzol ren- ébullition ; à ce moment, qui représente la der-
ferme 30, 60, 90 % de produits distillant jusqu'à nière phase de l'opération, toutes les huiles qui
BENZINE. 543 — BENZINE.
peuvent, à 100°, rester à l'état de vapeur, distil- après avoir séparé la benzine, rectifier les huiles
leront et seront recueillies en E; celles dont le qui distillent au-dessus de 100°. F, robinet de vi-
point d'ébullition est supérieur se condenseront dange pour les résidus des distillations.
en B et retomberont dans la chaudière. On con- Industriellement, on réalise la séparation de la
çoit que par ce procédé l'on puisse assez promp- benzine au moyen d'un appareil tout à fait ana-
tement obtenir une benzine déjà très-pure. logue à celui de Mansfield et que nous représen-
H est un robinet au moyen duquel on peut, tons fig. 79.

AHARDER

Fig. 79. 1 Appareil industriel.

A, vase distillatoire ; B, condensateur ; C, réser- usités pour la préparation du benzol et de la


voir d'eau. On le chauffe, au commencement de benzine pure ; il nous reste à rendre compte des
l'opération , au moyen du tuyau de vapeur D qui procédés récemment indiqués par Th. Coupier
communique avec la chaudière. E, double fond, pour la séparation et la préparation des divers
chauffé à la vapeur ; F, entrée des matières ; G, hydrocarbures de la série de la benzine.
robinet de vidange ; H, sortie pour l'eau de con- Le but que s'est proposé Coupier est de retirer
densation. du goudron de houille et de livrer au commerce
La benzine, obtenue par ces procédés, n'est pas chacun de ces hydrocarbures à un état de pureté
encore complétement pure, et l'on n'arriverait que presque absolu . En réalisant cette séparation , c'est-
très-difficilement à la purifier par distillation ; à-dire en produisant de la benzine , du toluène,
mais la propriété qu'elle possède de cristalliser du xylène, etc., on évite, dans la production ulté-
à une basse température permet de la séparer des rieure des dérivés nitrés de ces hydrocarbures,
hydrocarbures qui l'accompagnent et qui ne pos- certains inconvénients que l'on avait observés
sèdent pas cette propriété. On la fait donc conge- jusqu'à présent et qui provenaient surtout de ce
ler, et on soumet rapidement la masse solide que fait que chacun d'entre eux nécessite un traite-
l'on obtient ainsi à une forte compression. Ce ment spécial. Plus ces hydrocarbures sont riches
traitement, répété plusieurs fois, fournit la ben- en carbone, plus énergique est l'attaque de l'acide
zine chimiquement pure. nitrique ; il est donc utile de la régler d'après la
Un autre moyen de préparer la benzine pure nature de l'hydrocarbure, et, pour cela, d'obtenir
avec l'essence de houille a été indiqué par Church chacun d'eux isolément.
[Chemical News, 1861 , p. 114] . Cette essence, dé- Un autre avantage de cette séparation consiste
barrassée d'acide phénique, d'aniline, etc., est en ce que, isolant chacun des hydrocarbures, on
traitée par l'acide sulfurique étendu de 1/8 de son peut produire isolément chacun des alcaloides
volume d'eau; à ce degré, l'acide sulfurique ne qui leur correspondent, l'aniline, la toluidine, la
dissout plus la benzine, mais il dissout le toluène cumidine, etc.; or, d'après Coupier, chacun de
et les autres hydrocarbures plus carburés. ces alcaloides demande, pour être transformé en
Séparation des hydrocarbures de la série matière colorante, un traitement spécial. Tel trai-
CnH2n -6. Nous venons d'indiquer les moyens tement convenable pour l'aniline ne donnera pour
BENZINE. - 544 - BENZINE.

la toluidine que des résultats médiocres ; il est laquelle, au moyen de l'ouverture B, on verse les
donc utile de séparer chacun de ces alcaloides et benzines à fractionner, convenablement épurées
de lui appliquer le traitement qui lui convient. par les procédés indiqués plus haut. Cette chau-
Le procédé de Coupier repose également sur la dière est chauffée à la vapeur au moyen du tuyau
distillation fractionnée. Son appareil, que nous C qui vient directement du générateur. Les va-
figurons ici, se compose d'une chaudière A dans peurs des hydrocarbures se rendent dans la co-

I
N

AJAHANDIER

Fig. 80. - Appareil de Coupier.

lonne N où s'opère un premier fractionnement. cessitent plus qu'un passage très-court dans la
- Voir l'article ALCOOL. colonne ; on les laisse s'écouler dans sa partie su-
Les vapeurs des hydrocarbures les plus volatils périeure.
traversent les différents plateaux de la colonne, S'agit-il non plus de préparer de la benzine
sans s'y condenser, et sont dirigées dans l'appa- mais du toluène, on chauffera l'appareil D à 108-
reil D ; celui-ci est rempli d'une solution de chlo- 109° et ainsi de suite, en observant toujours la
rure de calcium, qui, au moyen d'un serpentin de précaution de maintenir la température du ré-
vapeur E, peut être chauffé à la température vou- chauffeur à 2° au-dessous du point d'ébullition
lue, laquelle est indiquée par le thermomètre t. de l'hydrocarbure que l'on veut préparer.
La vapeur, après avoir circulé dans le réchauffeur, Usages de la benzine. Le benzol sert à la fa-
s'échappe par O. brication de la nitrobenzine qui , sous l'influence
S'il s'agit de préparer de la benzine pure, on des agents réducteurs , se transforme en aniline ;
chauffe cette solution à 80°. Les vapeurs arrivant c'est sa principale application. Quand le benzol
en G sont un mélange de benzine, de toluène, etc. employé renferme peu de toluène, la nitrobenzine
Comme la température du récipient G n'est pas est douée d'une odeur agréable qui la fait em-
supérieure à 80°, les vapeurs des hydrocarbures ployer dans la parfumerie ( Collas) . On emploie
liquides à cette température s'y condenseront ; aussi le benzol pour dissoudre le caoutchouc ou
celles de la benzine, au contraire, pourront le la gutta-percha et produire des feuilles très-
traverser sans se condenser, arriveront en H, I, K, minces de ces deux substances ; enfin on l'a pro-
où elles se dépouilleront des dernières traces posé aux dessinateurs pour décalquer le benzol
d'hydrocarbures moins volatils, et finiront par rend le papier transparent et ne laisse aucune
se rendre dans le réfrigérant L, constamment trace de son passage après la volatilisation.
alimenté par un courant d'eau froide, où elles se La benzine a d'autres emplois : la solubilité des
condenseront. Le produit de cette condensation corps gras, des résines, etc. , dans ce véhicule l'a
est recueilli dans des vases convenables ou dans fait adopter avec succès dans le dégraissage. Addi-
des fûts M. tionnée d'alcool ou consommée dans des lampes
Les hydrocarbures qui n'ont puà 80° garder l'état spéciales, elle sert avec succès à l'éclairage. Mé-
de vapeur et qui se sont condensés dans les divers langée avec des résines ou du brai , elle sert pour
récipients du réchauffeur D retournent au fur et préserver le fer, le bois , etc. On l'emploie fré-
à mesure de leur condensation dans la colonne. quemment comme dissolvant dans les laboratoires :
Mais comme les produits condensés dans le réci- elle dissout , en effet, un très-grand nombre de
pient G sont les plus chargés de produits lourds, substances, l'iode, le brome, certains alcaloides,
il faut les laisser écouler dans la partie la plus la quinine par exemple ( qui peut ainsi être sé-
basse de la colonne où ils doivent être analysés, parée de la cinchonine , insoluble dans la ben-
tandis que ceux qui se condensent en K sont beau- zine), diverses résines avec lesquelles elle forme
coup moins chargés de produits lourds et ne né- des vernis estimés . A l'état de vapeur, elle dis-
BENZINE. - 545 - BENZINE.

sout facilement le copal, le caoutchouc, la gutta- froide et installées de telle sorte que, mécanique-
percha, etc. En thérapeutique, on l'emploie avec ment ou à bras d'homme, on puisse facilement
succès pour détruire, chez les hommes et les bêtes, agiter leur contenu . On verse dans ces bombonnes
les poux, l'acarus, etc. Les benzines les plus lourdes la quantité d'acide voulue (certains fabricants em-
peuvent servir à faire du noir de fumée. ploient l'acide nitrique fumant, d'autres le mélange
des deux acides, d'autres enfin emploient l'acide
NITROBENZINE COMMERCIALE. nitrique seul et n'ajoutent l'acide sulfurique qu'à
Historique. La nitrobenzine a été préparée la fin de l'opération ) ; puis peu à peu et en évitant
industriellement pour la première fois par Collas, avec soin une trop forte élévation de température,
pharmacien à Paris. Mansfield avait indiqué avant on ajoute le benzol, Plus énergique est le bras-
lui le moyen de la préparer avec l'essence de sage du mélange, plus régulière est l'action. Il ne
houille, mais il n'a pas réalisé cette préparation se dégage dans cette opération que peu de vapeurs
sur une échelle industrielle. Le procédé employé nitreuses ; on les dirige hors de l'atelier par des
par Collas consiste à verser lentement, dans un appareils convenables. Par ce procédé la prépa-
mélange de 1,000 grammes d'acide nitrique mono- ration de la nitrobenzine dure 5 à 6 jours.
hydraté et de 500 grammes d'acide sulfurique, Il est bien préférable, au lieu d'ajouter le ben-
1,000 grammes d'essence de houille bien purifiée zol à l'acide, de verser l'acide dans le benzol : on
et bouillant à 86° le résultat de l'opération, a reconnu, en effet, qu'en faisant arriver le benzoi
convenablement lavé, constitue l'essence de mir- dans les acides, il est presque impossible d'éviter
bane, produit employé dans la parfumerie et dont la formation des produits binitrés, qui ne se for-
l'odeur rappelle celle de l'essence d'amandes ment au contraire presque jamais lorsqu'on fait
amères. arriver l'acide dans le benzol : cela est bien na-
Fabrication. La benzine, sous l'influence de turel et il est inutile d'y insister davantage.
l'acide nitrique concentré, se transforme en nitro- On utilise généralement, pour la fabrication de
benzine, la nitrobenzine, des appareils en fonte, identiques
à ceux que nous avons décrits pour la fabrication
C6H6 + Az HO³ C6H5 Az O2 + H2O. de l'aniline. On commence par verser le benzol
Théoriquement il doit en être ainsi ; pratique- dans l'appareil, puis, après avoir mis l'agitateur
ment le résultat n'est pas facile à atteindre et il en mouvement, on fait arriver sur le benzol un
faut une grande habitude pour réussir convenable- filet d'acide sulfurique et d'acide nitrique mélan-
ment cette fabrication . gés. La masse s'échauffe promptement, et comme
Le point essentiel dans la préparation de la ni- il est tout à fait indispensable d'arrêter l'élévation
trobenzine , et c'est celui qu'on a négligé le plus de la température, on arrose constamment l'ap-
longtemps, consiste à opérer sur des benzols très- pareil d'eau froide. La transformation du benzol
purs , exempts d'acide phénique, de naphtaline et en nitrobenzine est très-rapide, grâce à l'agitation
d'hydrocarbures lourds : le premier se transfor- constante du mélange ; à la fin de la journée,
merait en acide picrique qui, comme on le sait, l'appareil est arrêté, vidé, et la nitrobenzine sé-
ne doit être manié qu'avec certaines précautions ; parée des acides par l'addition d'eau.
le second donnerait de la nitronaphtaline et ulté- Le mélange des deux acides se fait d'ordinaire
rieurement de la naphtylamine qui, se résinifiant dans la proportion de 2 p. d'acide azotique à 40º
facilement au contact de l'air, altérerait la beauté pour p. d'acide sulfurique à 66º. Émile Kopp a
des anilines : la présence des hydrocarbures au- proposé de remplacer ce mélange acide par un
tres que le toluène et la benzine, soit, par exem- mélange d'acide sulfurique et de nitrate de so-
ple, du cumène ou du cymène, rendrait l'action dium ; cette modification ne paraît pas avoir été
de l'acide nitrique très-difficile à modérer ; ces adoptée.
hydrocarbures, en effet, sont attaqués avec une La nitrobenzine, décantée des acides, est lavée
grande énergie, l'action devient promptement tu- à l'eau à plusieurs reprises et neutralisée par du
multueuse, la masse s'échauffe , et il n'est pas rare carbonate de sodium qu'il faut employer avec
de voir le tout s'enflammer ou faire explosion. ménagement, ou par de l'ammoniaque, et chauffée
Ce premier point bien établi, il est nécessaire à 110°, de manière à décomposer le nitrite et le
de savoir convenablement régulariser l'action de nitrate d'ammoniaque (Depoully) . Ces lavages
l'acide nitrique. Il faut, par cette action , d'une doivent être faits avec grand soin, car ils consti-
part, que tout le benzol soit transformé en nitro- tuent une des causes fréquentes de perte dans les
benzine et que cependant il ne se forme pas de ateliers de nitrobenzine. Après ces lavages, la ni-
binitrobenzine. trobenzine se trouve dans l'état où elle est livrée
Une règle générale à observer est de n'ajouter au commerce. 100 p. de benzine donnent 135-
le benzol que lentement et d'attendre pour cha- 150 p. de nitrobenzine.
que nouvelle addition que les portions précédentes Autrefois on avait recours à la distillation pour
aient été complétement transformées. Pour attein- obtenir des nitrobenzines très- pures. On distil-
dre ce but, divers procédés ont successivement lait soit à l'aide d'un courant de vapeur (100 p.
été adoptés : d'eau fournissent 16 p. de nitrobenzine [Vohl ),
Mansfield se servait d'un serpentin de grès ou soit à feu nu ; mais cette distillation n'est pas
de verre, bifurqué à sa partie supérieure et dis- sans dangers. On peut, à la vérité, éviter toute
posé dans un vase rempli d'eau froide. Il faisait chance d'explosion en distillant la nitrobenzine
arriver, par l'une des ouvertures, l'acide, par sur de la chaux, comme Ch. Lauth la recom-
l'autre la benzine (10 p. de benzol pour 12 p. d'a- mandé [ Bull. de la Soc. chim . , 1861 , p . 50] ; mais
cide nitrique à 48°) : ces deux liquides se mélan- ces distillations sont toujours très-dispendieuses,
geaient dans l'intérieur du serpentin et réagis- et, à tous les points de vue , il est infiniment pré-
saient l'un sur l'autre ; en réglant convenablement férable et évidemment plus avantageux de purifier
l'écoulement de chacun des produits, on arrivait le benzol que de purifier la nitrobenzine.
à fabriquer une nitrobenzine de très-bonne qua- Un procédé très-simple pour produire à la fois
lité. des nitrobenzines lourdes très-estimées dans la
Mansfield indique pour cette préparation l'em- fabrication du violet au chromate (voyez ANILINE),
ploi de l'acide nitrique fumant ou d'un mélange et de la benzine presque pure, consiste à traiter
d'acide nitrique et d'acide sulfurique. le benzol par une quantité d'acide nitrique insuf-
Aujourd'hui l'on a renoncé à l'appareil de Mans- fisante pour que sa transformation soit complète :
field : l'opération se fait dans des bombonnes en comme les hydrocarbures les plus élevés sont
grès , disposées dans des réservoirs pleins d'eau attaqués les premiers , il est évident qu'on pourra
35
- 546 - BENZOATES .
BENZOATES .
les métaux diatomi ques , l'acide benzoique forme
obtenir ainsi un mélange de nitrotoluène , nitrocu- des sels neutres de la constitution
mène, etc. , et de benzine pure, qu'une simple dis-
tillation à basse température séparera très-faci- (C7 H5 O². )2 M″ ==
= (C6 H³ , CO . O) ² M".
lement (Petersen ) . Une bonne nitro- On connaît aussi des benzoate s basiques.
Essai des nitrobenzines . La supart des benzoates sont facilement cris-
benzine ne doit pas renfermer de benzol non tallisables , solubles dans l'eau et dans l'alcool ;
transformé elle ne doit donc pas commencer à leurs solutions aqueuses sont décomposées par
bouillir avant 200° ; elle ne doit également ren- presque tous les acides, et il se sépare de l'acide
fermer que peu ou point de vapeurs nitreuses , benzoique. Quoique l'acide benzoique décompose
dont l'action ultérieure sur l'aniline pourrait être les carbonates , le benzoate de potassium est dé-
nuisible . composé en solution alcoolique par l'acide carbo-
La nitrobenzine commerciale , étant un mélange nique . A la distillation sèche, les benzoates alca-
de nitrotoluène et de nitrobenzine , doit posséder lins sont décomposés avec formation de benzine,
és
les propriét de ces deux substances ; sa densité de benzophenone et d'hydrocarbures isomères de
ne doit pas être inférieure à 1,180 (densité du
nitrotoluène) , ni supérieure à 1,209 (densité de la la naphtaline.
BENZOATES D'AMMONIUM. Le sel neutre ,
nitrobenzine) ; son point d'ébullition ne doit pas C7H5O2. Az H , s'obtient cristallisé lorsqu'on dis-
être inférieur à 205-210°, ni supérieur à 235°. sout l'acide benzoïque à chaud , dans l'ammoniaque
Une bonne nitrobenzine doit distiller presque en concentrée, ou lorsqu'on évapore une solution
totalité jusqu'à ce point, et le résidu de 2 à plus diluée en y ajoutant de temps en temps de
5 % (maximum ) qu'elle laisse dans la cornue ne l'ammoniaque. Il est très-déliquescent, soluble
doit pas être résineux ; il doit rester fluide après dans l'alcool ; sa solution, abandonnée à l'évapo-
refroidissement . ration, dégage de l'ammoniaque, et il se sépare
Nitrobenzine pour la parfumerie. — D= 1,200. un sel acide, C7H5 O2 Az H , CH6O2, cristallisa-
Point d'ébullition, 205-210°. On la prépare avec ble en larges cristaux irréguliers, moins soluble
des benzols bouillant en totalité de 80° à 95° ; ces dans l'eau que le sel neutre. Il se présente soit
benzols doivent être débarrassés , par plusieurs en barbes de plumes, soit en grains ou en ai-
distillations , d'une huile sulfurée, plus volatile guilles , quand on soumet à l'ébullition la solution
que la benzine , et qui communiquerait à l'es- du sel neutre et qu'on la laisse refroidir. La dis-
sence de mirbane une odeur très-désagréable tillation du benzoate d'ammoniaque sec le trans-
[Vohl, Dingler's polytechn . Journ. , t. CLXVII , forme en cyanure de phényle ou benzonitrile.
458]. benzine pour rouge d'aniline .
p. Nitro On la BENZOATES DE POTASSIUM. Le sel neutre,
C7H5O2K + H2O, cristallise difficilement de sa so-
ls
prépare avec des benzo 30 ou 40 % jusqu 'à lution aqueuse, plus facilement de sa solution alcoo-
100°; ses points d'ébullition sont les suivants : lique, sous forme d'aiguilles ou de lames brillantes.
Il est très-soluble dans l'eau. Chauffé avec de l'a-
215-220°.. 42 P.
225º. 71 cide arsénieux, il donne de la benzine (Darcet).
230° . 82 Le sel acide, C7H5 O2 K, C7 H6O2, a été obtenu
235°. 90 par Gerhardt comme produit secondaire dans la
préparation de l'anhydride acétique au moyen du
Une pareille nitrobenzine fournira environ chlorure de benzoyle et de l'acétate de potassium .
62 % de son poids d'aniline rectifiée . On lave à l'eau le résidu de la réaction , on le
ne
Nitrobenzi pour bleu ou pour noir. On la sèche et on le fait cristalliser dans l'alcool bouil-
prépare avec des benzols 90 % jusqu'à 100° et lant. Il forme de belles lames incolores , nacrées,
95 % jusqu'à 110°. Ses points d'ébullition sont d'une réaction acide , très-peu solubles dans l'eau
les suiva nts : froide, assez solubles dans les liqueurs alcalines ,
légèrement solubles dans l'alcool bouillant .
208-2100 . 5 p. BENZOATE DE SODIUM.- Aiguilles efflorescentes,
215° 60
220° 86 peu solubles dans l'alcool, même bouillant. Dis-
225° 90 tillé avec du chlorure d'iode, il fournit de l'iodure
230°.. 93 de phényle et de la benzine biiodée entre autres
235°. 95
produits (Schutzenberger).
Une pareille nitrobenzine fournira 65 % d'ani- BENZOATE DE BARYUM, (C7H5O2)2 Ba + 2 H2O. -
Difficilement soluble dans l'eau froide, plus so-
line rectif iée. luble dans l'eau bouillante , il est en fines aiguilles
Une nitrobenzine de mauvaise qualité serait
celle que l'on produirait avec des benzols de ou en larges tables qui deviennent opaques à 100°
20 % à 100° et 85 % à 120°. Cette nitrobenzine et perdent leur eau de cristallisation à 110°.
sera considérée comme trop lourde ; elle ne don- BENZOATE DE CALCIUM, (C7H5O2)2 Ca + 2 H2O .- II
nera que 55 % d'aniline . Ses points d'ébullition s'obtient en aiguilles semblables à des barbes de
plume ou en grains ; il est efflorescent , soluble
seront les suivants : dans 20 p. d'eau froide, et dans une plus petite
8F8

215-220 ° 30 p. quantité d'eau bouillante .


2230. 64 BENZOATE DE MAGNESIUM . - Très-soluble dans
230°. 77 l'eau, fines aiguilles efflorescentes .
235°..... 82 BENZOATE DE CUIVRE, (C7H5O2)2Cu . -· C'est un
(Voyez pour l'essai des nitrobenzines le travail précipité bleu , qui en se desséchant verdit et de-
vient anhydre. Il cristallise à chaud dans l'acide
de Chateau , loc. cit.). Nous décrirons iciCH.
les
L.
ben- acétique étendu en petites aiguilles vertes ; il est
BENZ OATE S . - insoluble dans l'alcool . Lorsqu'on le chauffe , par-
zoates métalliques et les benzoates de radicaux al- faitement sec , à 220°, il donne de l'acide carbo-
cooliques ou éthers benzoiques . nique, du benzoate de phényle , de l'acide ben-
BENZOATES MÉTALLIQUES . - L'acide benzoique zoique, et une petite quantité d'une matière
est un acide monobasique et monoatomique ; les huileuse ; le résidu renferme du cuivre métallique
benzoates neutres de métaux monoatomiques cor-
respondent à la formule et du salicylate cuivreux (Ettling).
BENZOATES de fer. Sel ferreux. Il cristal-
C7 H5 O. OM. - C6H5, CO. OM. lise en aiguilles très-solubles dans l'eau et dans
l'alcool ; elles s'effleurissent et se colorent à l'air.
Cependant il existe aussi des sels acides. Avec
BENZOATES .. 547 BENZOATES.
Sel ferrique. - On obtient un sel neutre en furique, 1 p. d'alcool méthylique, et qu'on préci-
aiguilles jaunes, lorsqu'on dissout l'hydrate fer- pite par l'eau le produit de la distillation . En re-
rique dans une solution aqueuse d'acide benzoi- distillant à deux ou trois reprises le résidu de la
que ; l'eau et l'alcool les dissolvent ou les décom- première opération avec de nouvelles quantités
posent en laissant un sel basique. En précipitant d'alcool méthylique, on obtient de nouvelles por-
le chlorure ferrique par un benzoate additionné tions de benzoate de méthyle ; le produit brut
d'alcali, on obtient un sel basique, insoluble et est lavé à l'eau, desséché et distillé sur du mas-
contenant 17,5 % de fer. sicot ; on recueille et on rectifie les portions qui
BENZOATE DE MANGANESE, (C7H5O2)2Mn + H2O. passent vers 198°.
- Aiguilles transparentes, solubles dans 20 p . Il se forme aussi par la distillation d'un mé-
d'eau froide, peu solubles dans l'alcool. lange de benzoate de sodium bien sec et de sul-
BENZOATE DE PLOMB, ( C7H5O2 ) 2Pb + H2O. fate neutre de méthyle ; il se produit encore quand
Poudre cristalline obtenue en précipitant un sel on distille l'hippurate de chaux avec l'acide sul-
neutre de plomb par le benzoate de potasse bouil- furique et l'alcool méthylique.
lant ; à 100 °, il perd son eau de cristallisation. Il Scharling l'a démontré parmi les produits de la
se dissout dans l'acide acétique et y cristallise distillation sèche du baume de Tolu [Ann. der
en paillettes. Abandonné avec de l'acide acétique, Chem. u. Pharm. , t. CXVIII , p . 68 et 168] .
il donne un mélange d'acétate de plomb et d'un Le benzoate de méthyle est huileux, incolore,
benzoate basique. doué d'une odeur balsamique agréable ; sa den-
On obtient aussi un sel basique insoluble, en sité est de 1,10 à 17°, et il bout à 198°,5 sous la
précipitant le sous-acétate de plomb par un ben- pression de 761 (Dumas et Peligot) . A 0°, sa den-
zoate alcalin , ou en faisant digérer le sel neutre sité est égale à 1,1026 , et il bout à 199°,7 sous
avec de l'ammoniaque. une pression de 760 (H. Kopp). Sa vapeur, dirigée
BENZOATE D'ARGENT, C7H5 O² Ag. -- On le pré- sur de la chaux au rouge, donne de la benzine
pare par double décomposition ; le précipité est entre autres produits.
blanc, caillebotté ; il se dissout dans l'eau bouil- Si on le chauffe avec du chlore jusqu'à ce que
lante et cristallise en lames brillantes. Il se dis- l'absorption soit complète, il se dégage de l'acide
sout dans 1,96 p. d'alcool à 100°. Le brome le chlorhydrique mélangé de chlorure de méthyle,
transforme en acide bromobenzoïque et en ben- puis il passe du chlorure de benzoyle, et le résidu
zoate d'argent. renferme du benzoate non attaqué, de l'acide ben-
BENZOATES DE MERCURE. - Le sel mercureux, zoique et probablement du benzoate de méthyle
(C7H5O2 )2 Hg² , est un précipité amorphe ou [ Malaguti, Ann. de Chim. et de Phys. , t. LXX,
cristallin, formé de petites aiguilles, insoluble p. 387].
dans l'eau froide, décomposé par l'eau bouillante BENZOATE D'ÉTHYLE ,
avec séparation de mercure métallique ; il devient C7H5 O2 (C2H5) = C6H³. CO . O C² 115
jaune à la lumière.
Le sel mercurique , (C7H5O2)2 Hg + H2O, est [Scheele, Mém. de Chim. , édit. française de 1785,
un précipité blanc, composé de petites aiguilles , t. II, p. 122 ; -- Thenard, Mém. d'Arcueil, t. II,
insoluble dans l'eau froide, assez soluble dans p . 8 ; - Dumas et Boullay, Ann . de Chim, et de
l'eau chaude. L'alcool et l'éther le décomposent Phys., t. XXXVII, p. 20 ; Wohler et Liebig,
en laissant un sel basique. L'ammoniaque le con- ibid., t. LI, p. 299 ; Malaguti, ibid. , t. LXV,
vertit en un benzoate de mercurammonium, pou- p. 374 ; -Ber-
Deville, ibid. , (3) , t. lil , p . 188 ; —
dre blanche, insoluble dans l'eau, presque inso- thelot, ibid., (3), t. XLV, p . 433; - A. Naumann,
luble dans l'alcool ; avec la potasse, il jaunit et Ann. der Chem. u . Pharm., t . CXXXIII, p. 199,
dégage de l'ammoniaque. et Bull. de la Soc. chim. , 1865, t . IV, p. 132] .
Les BENZOATES DE ZINC, de COBALT, de NICKEL sont Scheele a obtenu le premier l'éther benzoique
solubles et cristallisables . Le SEL D'ALUMINIUM est en distillant de l'acide benzoique avec de l'acide
cristallisable, assez soluble dans l'eau. chlorhydrique et de l'alcool . C'est encore ce pro-
Le SEL DE LITHIUM est très-soluble, incristalli- cédé qui sert à le préparer ; on prend 2 p. d'acide
sable. Le SEL DE STRONTIUM est cristallisable, peu benzoique, 4 p . d'alcool et 1 p . d'acide chlorhy-
soluble dans l'eau froide. Les SELS D'YTTRIUM, de drique (Thenard). On fait bouillir ce mélange en
THORIUM, de CÉRIUM, de ZIRCONIUM sont des préci- cohobant deux ou trois fois, puis on distille ; les
pités insolubles. premières portions ne renferment que de l'alcool;
Le BENZOATE DE THALLIUM cristallise en paillettes quand elles commencent à se troubler par l'addi-
carrées. tion de l'eau, on change de récipient, et on reçoit
l'éther qu'on purifie par des lavages à l'eau et au
ÉTHERS BENZOÏQUES . - L'acide benzoique carbonate de soude, puis par rectification sur le
forme un grand nombre d'éthers avec les alcools massicot. On arrive ainsi à éthérifier la presque
monoatomiques , les glycols , la glycérine , les totalité de l'acide.
pseudo-alcools, les phénols d'atomicités diverses. Lorsqu'à une solution alcoolique d'acide ben-
La plupart de ces éthers seront décrits avec les zoique saturée à chaud on ajoute quelques gouttes
alcools auxquels ils sont combinés ; ainsi les ben- d'alcool saturé d'acide chlorhydrique, le mélange,
zoïcines (éthers triatomiques) avec la glycérine, maintenu à une douce chaleur, se transforme
le benzoate de phényle avec le phénol , le ben- presque entièrement en benzoate d'éthyle au bout
zoate d'allyle avec l'alcool allylique, etc. Nous ne de huit à quinze jours (Liebig).
ferons connaître ici que les éthers benzoiques des En chauffant de l'éther ordinaire et de l'acide
alcools monoatomiques de la série normale, le benzoique entre 360° et 400°, dans des tubes clos
benzoate de méthyle, le benzoate d'éthyle, le extrêmement résistants, on a du benzoate d'é-
benzoate d'amyle. Quant aux éthers chloroben- thyle; au bout de neuf heures de contact, on en
zoïques, bromobenzoïques, nitrobenzoiques , ils a 30 % (Berthelot). Avec l'alcool ordinaire, l'é-
sont étudiés avec les acides chloro-, bromo- , nitro- thérification se fait à 100°.
benzoiques. Voyez BENZOIQue (acide). Si l'on met en contact du chlorure de benzoyle
BENZOATE DE MÉTHYLE, avec de l'alcool absolu, il y a une vive réaction ;
C7 H³ O2 (CH³) = C6H³ . CO . OC H3 quand elle est terminée, on précipite par l'eau
un liquide huileux, qui est de l'éther benzoique
(Dumas et Peligot, Ann . de Chim . et de Phys., (Liebiget Wohler) . Suivant Deville, la distillation
t . LVIII, p. 50] . Cet éther s'obtient lorsqu'on sèche du baume de Tolu fournit aussi de l'éther
distille 2 p. d'acide benzoique, 2 p. d'acide sul- benzoique.
BENZOÏNE. - 548 ⚫ BENZOÏNE.

Le benzoate d'éthyle est un liquide incolore, l'abandonne avec de la potasse caustique en solu-
d'une odeur agréable ; sa densité est de 1,0539 à tion concentrée. Liebig et Woehler, qui ont les pre-
10°,5 , et il bout à 209° ( Dumas et Boullay). miers étudié ce corps et lui ont donné le nom de
A 0°, la densité est de 1,0657 , et le point d'é- benzoine, le préparaient par ce dernier procédé ;
bullition est à 213°,4 sous la pression de 760 mil- mais les rendements étaient irréguliers. Zinin
limètres (H. Kopp) . Insoluble dans l'eau froide, un montra que la benzoine se forme sous l'influence
peu soluble à chaud, il est soluble en toutes pro- nécessaire de l'acide cyanhydrique contenu dans
portions dans l'alcool et dans l'éther. 11 brûle l'essence brute, et indiqua le moyen de l'obtenir
avec une flamme éclairante et fuligineuse . à volonté.
La potasse aqueuse le décompose peu à peu en Il suffit de mêler l'essence brute avec une solu-
alcool et en benzoate ; chauffé avec la chaux po- tion alcoolique et saturée de potasse ; le liquide
tassée, il donne du benzoate et de l'acétate. L'a- se prend en masse, souvent au bout de quelques
cide nitrique fumant ou un mélange d'acide ni- minutes. Mais comme la proportion d'acide cyan-
trique et d'acide sulfurique le convertit en hydrique n'est pas constante dans l'essence
nitrobenzoate d'éthyle ; le perchlorure de phos- d'amandes amères, il faut essayer la réaction sur
phore ne l'attaque pas. une petite quantité du produit. Quand le mélange
L'ammoniaque ne l'attaque pas à la température prend rapidement une consistance cristalline,
ordinaire ; mais, si on le chauffe en tubes fermés l'essence est bonne et peut être employée avec
avec de l'ammoniaque au-dessus de 100°, on le avantage ; mais si , au contraire, le mélange reste
transforme en benzamide. Distillé avec du chlorure longtemps liquide, ou prend un aspect caillebotté,
de zinc fondu , il dégage du chlorure d'éthyle et on n'obtiendra que très-peu de benzoine. Aussi
laisse du benzoate de zinc qu'une température faut-il transformer l'essence en hydrure de ben-
plus élevée décompose en acide benzoique et zoyle pur ; celui-ci fournit rapidement de la ben-
en benzine (Gerhardt). zoine, si on le traite par une solution faible de
Le chlore l'attaque entre 60° et 70° ; il se dé- cyanure de potassium dans l'alcool.
gage de l'acide chlorhydrique, du chlorure d'éthyle, On ne peut se rendre compte encore de la ma-
et on obtient un liquide fumant passant avec nière dont le cyanure de potassium agit sur l'hy-
décomposition entre 188° et 190 °, mais sans point drure de benzoyle et détermine le doublement de
d'ébullition fixe, et qui, traité par l'eau, donne la molécule de celui-ci.
de l'acide benzoïque, de l'acide chlorhydrique et La benzoine se purifie par cristallisation dans
de l'acide acétique. Le résidu distillé fournit du l'eau bouillante, puis par cristallisation dans l'al-
chlorure de benzoyle pur (Malaguti). cool; elle est alors parfaitement blanche.
Chauffé à 270°, en vases clos, avec du brome, La benzoine prend également naissance quand
le benzoate d'éthyle donne de l'acide benzoique on chauffe légèrement avec l'acide azotique d'une
et du bromure d'éthylène (A. Naumann) . densite de 1,36 , l'hydrobenzoine, C14 H14O2 , qui
Le sodium l'attaque entre 70° et 80° ; l'éther se forme dans l'action de l'hydrogène naissant sur
benzoique brunit et se solidifie sans qu'il se dé- l'hydrure de benzoyle [Zinin, Bull. de l'Acad. de
gage aucun gaz. En reprenant par l'éther le pro- St-Pétersb. , 1862 ; Ann . der Chem. u. Pharm.,
duit de la réaction, on laisse une masse saline nouv. sér., t. XLVII , p . 125 ; Répert. de Chim. pure,
composée d'éthylate et de benzoate de sodium, 1802, p. 434].
tandis que l'éther dissout une huile qui se com- La benzoine est en cristaux transparents, très-
bine avec la potasse. On obtient ainsi du ben- brillants , de forme prismatique. Elle est sans
zoate de potasse, et un autre sel de potasse. Ce- odeur ni saveur. Elle fond à 120° en un liquide
lui-ci fournit un acide résinoïde, brun jaunâtre, incolore, qui par le refroidissement se prend en
de la consistance de la térébenthine, insoluble cristaux radiés. Elle distille à une température
dans l'eau, qu'on a appelé acide hypobenzoyleux élevée, qui n'a pas encore été déterminée. Elle
[Loewiget Werdurann, Poggend. Ann. , t . L, p. 95]. est inflammable et brûle avec une flamme claire
BENZOATE D'AMYLE, et fuligineuse. Insoluble dans l'eau froide , elle
C7H5 O2 (C5 H11) == C6 HS.CO. O C5 H11 s'y dissout en petite quantité à l'ébullition, et s'en
sépare ensuite à l'état de petites aiguilles cristal-
[Riecker, Journ. für prakt. Pharm . , t. XIV, p . 1 ] . lines ; elle est soluble dans l'alcool, assez soluble
On l'obtient en distillant 1 p. d'alcool amyli- dans l'éther.
que avec 2 p. d'acide sulfurique et un excès de Si on dirige du chlore dans de la benzoine
benzoate de potasse. C'est une huile jaunâtre maintenue en fusion , il se dégage de l'acide chlor-
d'une odeur particulière, promptement décompo- 1 hydrique, et on obtient du benzile C4H10 O
sée par la potasse alcoolique. Elle bout à 2610,2 qui renferme 2 atomes d'hydrogène de moins
sous la pression de 760 , et sa densité est de [Laurent, Ann . de Chim. et de Phys., t . LIX,
1,0039 à 0º. (H. Kopp). p. 402; Revue scientif. , t . XIX , p . 448 ] . Chauffée
BENZOINE. Nous décrivons avec la ben- doucement avec de l'acide azotique concentré, la
zoine plusieurs composés dont l'étude ne saurait benzoine se transforme également en benzile
être séparée de ce corps et qui s'y rattachent in- [Zinin , Ann. der Chem . u. Pharm ., t. XXXIV,
timement. Ce sont la benzoine désoxydée , l'hydro- p. 190] . Avec un excès d'acide, la réaction est
benzoine, le benzile, et l'acide benzilique ou stil- plus énergique, et on obtient le nitrobenzile.
biaue. Le brome agit vivement sur la benzoine ; il se
I. BENZOINE [ Strange, 1823 , Repert. der Pharm. dégage des vapeurs bromhydriques, et il se pro-
t. XIV, p. 319; - Robiquet et Boutron-Charlard, duit un corps huileux, brun, épais, que la po-
Ann. de Chim. et de Phys. , t. XLIV, p. 352 ; tasse bouillante décompose ; l'acide chlorhydrique
Liebig et Wohler, Ann. der Chem. u. Pharm., ajouté à la solution alcaline en précipite un corps
t. III, p. 276 et Ann . de Chim. et de Phys. , t. LI, cristallisé (Liebig et Wohler).
p. 302; - Zinin, Ann. der Chem. u. Pharm ., t. L'hydrogène naissant la transforme en un pro-
XXXIII, p. 486] . - Ce composé se rencontre quel- duit blanc, cristallin , C14H12O, c'est la benzoine
quefois dans l'essence d'amandes amères brute, et desoxydée ou oxyde de stilbene [ Zinin, Ann. der
reste dans la cornue après la rectification. Il fut Chem. u . Pharm . , nouv. sér. , t, L, p . 218 ; Ré-
remarqué pour la première fois par Strange, et on pert. de Chim . pure, 1863, p . 468].
le désigna sous le nom de camphoide ou camphre Fondue avec de la potasse, elle est convertie en
de l'huile d'amandes amères. Robiquet et Boutron- benzoate avec dégagement d'hydrogène :
Charlard en observèrent la formation quand on
traite l'essence brute par le chlore ou quand on
C14H12O2 + 2 (KHO) = 2 C7 HO²K+ 2H² ;
BENZOÏNE.
549 BENZOINE.
mais par l'ébullition avec une solution alcoolique DÉRI BENZOINE PAR LA SUFSTITU-
de potasse elle se colore en violet et fournit du VÉS DE LA
benzilate de potassium : TION D'UN RADICAL ACIDE [ Zinin, Ann. der Chem.
u. Pharm. , t. CIV, p. 116 ] .
CHOKHO = C1 H11 O³K + [[2 ACETYL- BENZOINE, C16 H14 O3 — C14 H11 O2. C2 H³O .
- 4 p. de benzoine se dissolvent dans 3 p. de
(Liebig, Zinin). - Voyez ACIDE BENZILIQUE. chlorure d'acétyle, avec dégagement d'acide chlor-
En chauffant en vases clos la benzoine avec la hydrique ; quand la solution est complète , on
potasse alcoolique, elle donne du benzilate de chauffe à 100 ° aussi longtemps qu'il se dégage des
potassium, et de l'hydrobenzoine ( alcool stilbé- vapeurs ; par le refroidissement, on obtie un
nique) [ Zinin , Zeitsch. f. Chem . , t. II, p . 343, et composé qu'on purifie par cristallisation ntdans
Bull. de la Soc. chim. , 1867 , t. VII, p. 260]. l'alcool ou dans l'éther. Il cristallise de sa solu-
Traitée par les chlorures d'acides, elle donne tion éthérée en larges prismes rhombiques ou en
des composés qui en dérivent par substitution d'un tables hexagones , et de sa solution alcoolique en
radical acide à un atome d'hydrogène (Zinin ). petits cristaux brillants. Insoluble dans l'eau , il
Le perchlorure de phosphore attaque vivement fond vers 100 ° et ne cristallise pas toujours par
la benzoine ; outre l'oxychlorure de phosphore, on le refroidissement. La potasse alcoolique le trans-
obtient des produits qui n'ont pu être purifiés forme en acétate et en benzoate ; les acides sulfu-
[ Cahours, Ann . de Chim . et de Phys ., (3), t, XXIII, rique et chlorhydrique , la potasse aqueuse ne
p. 351]. l'attaquent pas. Avec l'acide azotique fumant, il
Chauffée en vases clos pendant 7 heures à 130° donne des dérivés nitrés .
avec de l'acide chlorhydrique très- concentré , elle BENZOYL - BENZoine,
donne du benzile et un corps cristallisé en
écailles blanches, le lépidène, C28 H20 O [ Zinin , C21 H16 03C14 H11 O2. C7H5O.
Zeitsch. f. Chem . , nouv. sér. , t. III, p. 313, et La benzoine se dissout vers 70° dans le chlorure de
Bull. de la Soc . chim. , 1867 , t. VIII, p. 271 ]." benzoyle, et, si l'on chauffe le mélange à 196° jus-
qu'à ce qu'il ne se dégage plus d'acide chlorhy-
DÉRIVÉS AMMONIACAUX DE LA BENZOÏNE (Lau- drique, on obtient une poudre blanche de ben-
rent, 1837 , Ann . de Chim . et de Phys ., t. LXVI , zoyl - benzoine, qu'on lave à l'alcool froid. Inso-
p. 189; Compt. rend . des trav . de Chim . , 1845 , luble dans l'eau, difficilement soluble dans l'alcool
p. 37].-Si l'on abandonne la benzoine avec de l'am- froid, elle se dissout dans 6 p. d'alcool bouillant à
moniaque dans un flacon bouché, on obtient deux 80°, et s'en sépare en petites aiguilles incolores.
dérivés ammon iacaux, découverts par Laurent. Elle se dissout facilement dans l'éther, et y cris-
BENZOINAMIDE, C42 H36 Az¹. ·-La benzoine , étant tallise en larges tables rhombes. Elle fond à 125º.
abandonnée pendant deux mois avec de l'ammo- L'acide sulfurique la décompose. La potasse al-
niaque aqueuse dans un flacon bouché, se trans- coolique la transforme en benzoate et en benzilate.
forme en une poudre blanche, qu'on sépare de L'acide nitrique concentré, d'une densité de 1,51 ,
l'ammoniaque en excès et qu'on fait bouillir avec la dissout, et si l'on emploie une partie et demie
de l'alcool pour enlever l'excès de benzoine. Le d'acide, on obtient, en ajoutant de l'eau, une résine
résidu est traité par une grande quantité d'éther jaunâtre, d'où l'éther enlève une huile jaune. La
bouillant, qui abandonne la benzoinamide par le portion non dissoute, étant recristallisée dans l'al-
refroidissement . Elle est blanche, inodore, insi- cool, forme des tables rhombiques de nitroben-
pide, insoluble dans l'eau , très- peu soluble dans zoyl-benzoine, C21 H15 (Az O²) O³.
l'alcool et dans l'éther. Vue au microscope , elle La nitrobenzoyl-benzoine est insoluble dans
offre des aiguilles soyeuses, excessivement fines. l'eau et dans l'éther, elle fond à 137° et se solidifie
Elle distil le sans altéra tion ; après avoir été fondue, à 110° en une masse amorphe, qui recristallise
elle se prend en masse fibreuse par le refroidis- très-lentement. L'acide nitrique concentré la dis-
sement. Elle prend naissance en vertu de l'équa- sout en grande quantité ; par l'ébullition de la so-
tion lution, il se forme un nouveau composé soluble
dans l'éther.
3 (C14 H12O2) +4 Az H³ = C42 H36 Az¹ + 6 H2O.
II. BENZOINE DÉSOXYDÉE ( HYDROBENZILE, CXYDE
BENZOINAM, C28 H24Az2O. - Outre la benzoina-
mide, on obtient quelquefois différents produits DE STILBENE ) , C14 H12O [ Zinin, 1863, Ann. der
difficiles à séparer, quand on abandonne pendant Chem. u. Pharm . , nouv . sér. , t. L, p. 218 ; Ré-
plusieurs mois un mélange de benzoine, d'alcool pert. de Chim. pure , 1863 , p. 468].
et d'ammoniaque. Laurent a isolé un de ces com- La benzoine, traitée par l'hydrogène naissant
posés et l'a appelé benzoinam. que dégagent le zinc et l'acide chlorhydrique, perd
Le benzoinam s'obtient plus facilement en 1 atome d'oxygène et fournit la benzoine des-
chauffant de la benzoine cristallisée avec une so- oxydée, C14H12O.
lution alcoolique d'ammoniaque en tubes scellés, La benzoïne désoxydée est blanche , cristalline,
au bain-marie, et pendant 4 à 6 heures. On le ble fusible à 45° dans des tubes capillaires, solidifia-
purifie en le traitant par l'alcool bouillant ; il à 53° quand elle a été fondue en quantité
reste comme produit insoluble [ Erdmann, Ann. notable ; elle se dissout facilement dans l'éther et
der Chem. u. Pharm. , t, CXXXV, p. 181 , et dans décompos l'alcool. Elle est volatile , mais avec une lé-
Bull . de la Soc. chim . , 1866 , t. V, p. 368] . gère ition . Il se forme en même temps
Le benzoinam est en aiguilles blanches, micro- que la benzoine désoxydée un liquide huileux dont
scopiques, insolubles dans l'eau, peu solubles dans on la sépare par des cristallisations répétées dans
l'alcool et dans l'éther.
l'éther, l'huile de pétrole et l'alcool même bouil-
lant. Il est fusible et cristallise en partie par le La benzoine désoxydée paraît identique à l'hy-
refroidissement. drobenzile obtenu déjà par M. Zinin dans l'action
La potasse ne paraît pas l'attaquer ; il est so- du sulfhydrate d'ammoniaque sur le benzile
luble dans l'acide chlorhydrique . (voir plus bas) . Cette substance n'est pas attaquée
Chauffé à 120°, il donne de l'hydrure de ben- par les alcalis en solution aqueuse ou alcoolique.
zoile et de l'amarine qui se transforme presque Elle est vivement attaquée par le brome, et
immédiatement en une huile aromatique et en donne le composé C14H10O Br², analogue au chlo-
lophine. Les eaux mères de la préparation du robenzile. Ce corps constitue des prismes rhom-
benzoinam fournissent une poudre jaune , cris- boïdaux blancs, fusibles à 87°, décomposables par
talline, de la formule C14 H11 Az (Erdmann ). une chaleur plus élevée ; traité par l'azotate d'ar-
gent ou l'acide azotique fumant, il donne du ben-
BENZOÏNE. 550 BENZOÏNE .
zile ; avec la potasse alcoolique, il donne du ben- dans ces conditions le produit principal de la
zoate de potassium et de l'hydrure de benzoyle. réaction est de l'alcool benzylique . Cependant on
Le chlore n'agit pas aussi nettement que le peut isoler l'hydrobenzoine dans ces conditions ,
brome ; le produit obtenu ne ressemble pas au et M. Church, qui l'a préparée ainsi , ne parait
chlorobenzile ; il est attaqué par la potasse alcoo- pas avoir eu connaissance du travail de M. Żinin .
lique, qui le dissout avec formation d'acide ben- Il donne à ce corps le nom de dicrésol , et la for-
zoique ou d'acide benzilique. Le perchlorure de mule C1 H16O2, nom et formule également inad-
phosphore agit sur la benzoine désoxydée ; le pro- missibles.
duit est insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool C'est probablement aussi l'hydrobenzoine qu'ont
et dans l'éther. obtenue M. Claus, en traitant l'hydrure de ben-
Chauffée avec l'acide azotique de 1,2 de densité, zoyle en solution éthérée par l'amalgame de so-
elle donne de l'acide bétanitrobenzoique, du ben- dium, et M. Hermann, en hydrogénant l'acide
zile et du nitrobenzile C14 H9 (Az O²) O². benzoïque, quoique les points de fusion donnés
Comme la benzoine C14 H12O2 se produit par par ces deux chimistes ne concordent pas avec
l'enlèvement de 2 atomes d'hydrogène à l'hy- celui qu'a donné M. Zinin (136 °) , et que M. Church
drobenzoine C14 H14 O2 , il semble qu'elle devrait attribue à son dicrésol (1290) . Le premier donne
régénérer ce dernier corps sous l'influence de l'hy- 100°, le second 116° . Néanmoins, il est probable
drogène naissant et non de la benzoine désoxydée ; que ces corps ne sont que de l'hydrobenzoine,
il est très -probable que la réaction a lieu en deux dont quelque impureté a abaissé le point de fu-
phases : sion. - Voyez HYDRURE DE BENZOYLE, action de
C14H12O2 + H2 = C¹¹ H14O2, l'hydrogène naissant.
Benzoine. Hydrobenzoine. D'après la formation de l'hydrobenzoine, E. Gri-
maux l'a considérée comme un alcool diatomique
et que l'hydrobenzoine, comme les glycols supé-
rieurs , se dédouble facilement en perdant H2O. glycol stilbénique ou diphenyl-éthylénique
La benzoine déscxydée serait l'anhydride de l'hy- CH(C6H5OH
drobenzoïne : CH (C6H5) OH.
C14H14 O2 - H2O = C14 H120.
Benzoïne Depuis, Limpricht et Schwanert ont prouvé par
Hydrobenzoine. l'expérience cette constitution de l'hydrobenzoine.
désoxydée . En effet, en traitant le bromure de stilbène,
Voyez Constitution de l'hydrobenzoine et de ses C14 H12 Br2, par les sels d'argent, ils ont obtenu
derivés. un éther diacétique et un éther oxalique cris-
III. HYDROBENZOINE , GLYCOL STILBÉNIQUE, ALCOOL tallisable , qui , par la saponification , donnent
TOLUYNÉLIQUE , C14 H14O2 [ Zinin , 1862, Bull. de l'hydrobenzoine ; dans certains cas , au lieu de
l'Acad. de Saint-Pétersbourg ; Ann. der Chem. u. celle-ci, on obtient son anhydride, la benzoine
Pharm., nouv. sér., t. XLVII, p. 125 ; Répert. de desoxydée ou oxyde de stilbene [Limpricht et
Chim. pure, 1862, p. 433]. Schwanert, Zeitsch. für Chem. , nouv. sér. , t. III,
Ce composé a été obtenu par M. Zinin, par l'ac- p. 684] .
tion de l'hydrogène naissant sur l'hydrure de L'hydrobenzoine se forme encore en même
benzoyle, dans les conditions suivantes : On dissout temps que l'acide benzilique, quand on dissout
4 p. d'essence d'amandes amères pure et débar- la benzoine dans la potasse à l'abri de l'air (Zinin) .
Cette formation montre le caractère de la ben-
rassée d'acide cyanhydrique dans 6 p . d'alcool à
85° centigrades, et on mèle le tout avec 4 p. du zoine, moitié aldéhyde, moitié alcool.
même alcool saturé d'acide chlorhydrique . On L'hydrobenzoine s'obtient en tables rhomboi-
dales par le refroidissement de sa solution alcoo-
ajoute peu à peu au mélange une partie de zinc lique bouillante; elle fond à 136° et entre en
en grenaille très-fine. Le mélange s'échauffe et se ébullition au-dessus de 300°. Pure et prise en pe-
colore en jaune ou en vert; le zinc se recouvre de
bulles d'hydrogène qui ne gagnent pas la surface tite quantité, elle distille sans décomposition . Elle
du liquide. Il est essentiel d'éviter une action trop est soluble dans l'éther, surtout à chaud, très-so-
luble dans l'alcool bouillant.
vive. Au bout de quelques jours, si la réaction Elle n'est pas attaquée par une solution aqueuse
s'arrête et que le produit sente encore fortement
l'hydrure de benzoyle, on ajoute de nouvel alcool ou alcoolique de potasse ; l'acide azotique à 1,36
saturé d'acide et même un peu de zinc. Quelque- de densité l'attaque à une douce chaleur en pro-
fois l'action de l'acide sur le zinc est entravée par duisant de la benzoine C1H12 O2; en prolongeant
l'action avec de l'acide azotique concentré, on ob-
la présence de l'alcool benzylique qui enduit le tient du benzile C14 H10 02.
métal ; il faut alors ajouter quelques gouttes
d'éther. Quand la réaction paraît terminée, on IV. BENZILE , C14 H10 O2 [ Laurent, 1835 Ann. de
porte à l'ébullition et on ajoute 3 ou 4 fois autant Chim . et de Phys. , t. LIX, p . 402; Revue scientif.,
d'eau qu'on a pris d'essence . Il se sépare un corps t. XIX, p. 448; - Zinin, Ann. der chem. u.
huileux ou résinoide qui se concrète en cristaux Pharm . , 1861 , t. XXXIV, p . 190 ; Bull. de l'Acad.
assez durs par le refroidissement. La solution elle- de Saint-Pétersbourg, t . III, p. 68 ; Ann. de Chim.
même se remplit de cristaux. On comprime ceux- et de Phys., t. LXIII, p. 373 ; Repert. de Chim.
ci dans des doubles papiers à filtre, on les lave à pure, 1861 , p. 489].
l'éther froid et on les fait cristalliser dans l'alcool. Le benzile se produit par la déshydrogénation
On obtient en cristaux les trois quarts du poids de la benzoine, soit en faisant passer un courant
de l'essence. de chlore dans de la benzoine maintenue en fusion
Il se forme toujours en même temps de l'al- tant qu'il se dégage de l'acide chlorhydrique
cool benzylique C7 H8 O ; quand la réaction n'a pas (Laurent), soit en chauffant doucement la benzoine
été bien ménagée , la proportion de ce corps est avec deux fois son poids d'acide azotique concen-
assez forte pour qu'on ne puisse comprimer les tré, jusqu'à ce que le dégagement de vapeurs ru-
cristaux. Il faut alors les purifier une première tilantes ait cessé (Zinin). Ce procédé paraît plus
fois en les dissolvant dans l'éther bouillant. Ils avantageux. Dans les deux cas, on purifie le ben-
se déposent par le refroidissement et l'alcool ben- zile par cristallisation dans l'alcool.
zylique reste dans les eaux mères éthérées. Le benzile est légèrement jaunâtre, inodore,
M. Friedel avait entrevu ce corps en soumettant insipide, insoluble dans l'eau, très-soluble dans
l'hydrure de benzoyle à l'action de l'hydrogène l'alcool et l'éther. Il cristallise en beaux prismes
naissant dégagé par l'amalgame de sodium , mais hexagonaux, réguliers, dont tous les angles sont
BENZOÏNE . 551 - BENZOÏNE.
de 120° ils sont terminés par trois faces penta- Il est soluble dans l'éther froid, encore plus
gonales. dans l'éther chaud.
Quelques-uns sont percés dans le sens de l'axe Il est insoluble dans l'eau, fond sous ce liquide
d'un canal à six pans , ayant ses faces parallèles à 71° et souvent reste liquide après le refroidis-
aux pans du prisme. sement. Il se dissout dans son poids d'alcool
Il est fusible et volatil sans décomposition , se bouillant et dans 10 p. d'alcool froid de 85°.
solidifie entre 90° et 92°, mais en petite quantité ; Fondu à l'air, il cristallise à 65° en larges tables
il peut présenter le phénomène de la surfusion , rhomboidales. Traité à l'ébullition par l'acide
et rester liquide jusqu'à 20° ou 25°. azotique ou une solution alcoolique d'azotate d'ar-
L'acide azotique ne l'attaque pas ; l'acide sulfu- gent, il régénère le benzile. La potasse alcoolique
rique le dissout à chaud, et l'eau le précipite de le dédouble en acide benzoïque et en hydrure de
cette solution. La potasse aqueuse ne l'altère pas , benzoyle.
même à l'ébullition ; mais chauffe avec de la po- DÉRIVÉ NITRÉ DU BENZILE . NITROBENZILE,
tasse alcoolique, il se transforme en benzilate de
potasse C4H10 O2 + KHO = C14 H11 O3 K ( Lau- C14H9 (Az O2) O2 [ Zinin, Journ . fur prakt. Chem. ,
rent, Liebig). t. XCI, p. 272, et Bull . de la Soc. chim. , 1864,
Avec l'ammoniaque, il donne plusieurs dérivés t. I, p. 465] . - Il s'obtient dans l'action de l'acide
ammoniacaux. — Voyez plus bas. azotique sur la benzoine et la benzoine désoxydée.
On introduit de la benzoine dans trois fois son
Traité par le sulfhydrate d'ammoniaque , il
donne deux ou trois produits dont l'un, appelé poids d'acide azotique refroidi à 0°, elle s'y dis-
par M. Zinin hydrobenzile, C14 H12O, paraît n'être sout, et, avant qu'il y ait production de vapeurs
que de la benzoine désoxydée obtenue depuis par nitreuses, on verse le mélange dans l'eau froide.
ce chimiste en soumettant la benzoine à l'action Il se précipite un liquide qui se solidifie et qu'on
fait cristalliser dans l'éther.
de l'hydrogène naissant. La formation de l'hydro-
benzile ou benzoine désoxydée aurait lieu en deux Le nitrobenzile est peu soluble dans l'alcool,
phases dans la première, il se formerait de la l'éther, insoluble dans l'eau. Il fond à 110°. La
benzoine par fixation de deux atomes d'hydro- potasse alcoolique le décompose en fournissant
gène ; dans la seconde, deux atomes d'hydrogène l'acide azobenzoique C14 H11 Azª04, et de l'acide
enlèveraient, à l'état d'eau, un atome d'oxygène à oxybenzoique.
la benzoine : COMBINAISON DU BENZILE AVEC L'ACIDE CYAN-
HYDRIQUE . ― CYANHYDRATE DE BENZILE ,
C14H10 O2 + H² =
= C14 H12O2
Benzile. Benzoïne. C14 H10O2 , CAZH
C1 H12O2 + H2 = C14 H12O + H2O. [Zinin , 1840, Ann . der Chem. u. Pharm., t. XXXIII,
Benzoïne. Hydrobenzile. p. 189] . - Lorsqu'on ajoute de l'acide cyanhy-
M. Zinin a en effet constaté que le benzile , qui drique presque anhydre à une solution alcoolique
et bouillante de benzile (à peu près poids égaux
est un produit d'oxydation de la benzoine, peut la des deux corps) , le mélange dépose peu à peu des
régénérer sous l'influence de l'hydrogène nais- tables rhombes, d'un aspect vitreux, volumineuses
sant. Voici comment il opère pour régénérer la et d'une blancheur éclatante.
benzoine avec le benzile : il dissout 1 p . de benzile Le cyanhydrate de benzile n'est altéré ni par
dans 6 p. d'acide acétique d'une densité de 1,065 l'eau bouillante, ni par l'acide chlorhydrique
et fait bouillir la liqueur avec 1 à 2 p. de limaille concentré et bouillant. La chaleur, l'ammoniaque
de fer. Il se sépare alors de fines aiguilles de aqueuse, l'acide azotique, l'azotate d'argent le
benzoine en quantité telle, que la liqueur se prend décomposent en mettant du benzile en liberté.
en masse. On peut aussi dissoudre le benzile dans
4 p. d'alcool à 85°, ajouter à cette solution 1 p. de DÉRIVÉS AMMONIACAUX DU BENZILE. Trois
zinc granulé et puis en petites portions de l'acide dérivés ammoniacaux ont été décrits par Laurent
chlorhydrique concentré [ Zinin , 1861 , sources ci- [ Revue scientif., t. X , p. 22 , t. XIX , p. 440 ].
tées plus haut] . Il les prépare en dissolvant le benzile dans l'al-
Le benzile, soumis à l'action du perchlorure de cool absolu à l'aide de la chaleur, et y faisant
phosphore, échange un atome d'oxygène contre passer un courant de gaz ammoniac sec. En con-
deux de chlore, et fournit le produit tinuant le courant de gaz pendant le refroidisse-
C14 H10 O C12, ment, il se sépare d'abord une poudre blanche,
qui se recouvre, au bout de vingt-quatre heures,
chlorobenzile; il se dégage en même temps de de petites aiguilles, tandis qu'une autre matière
l'oxychlorure de phosphore ( Zinin) . reste en solution.
On connaît deux corps qui présentent la com- IMABENZILE, C14 H11 Az O. ― Pour le séparer,
position du benzile : l'un est le benzoylure de ben- on porte à l'ébullition le produit de la réaction ,
zoyle 2 (C7H5O) , qui résulte de l'action du sodium et on filtre le mélange. Le résidu insoluble est
sur le chlorure de benzoyle (Brieghel) ; l'autre se lavé à l'éther, c'est l'imabenzile, poudre blanche,
forme lorsqu'on traite l'essence d'amandes amères incolore et inodore, très-peu soluble dans l'alcool
par l'amalgame de sodium, en dirigeant dans le et dans l'éther bouillants, insoluble dans l'eau.
mélange un courant de gaz carbonique [ Alexeyeff, Cristallisé dans ces solvants, il se présente au
Ann. der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. LIII , microscope sous la forme de prismes droits
p. 347 ; Bull. de la Soc. chim. , 1864, t. II , p. 461 ]. rhomboidaux, dont les bases sont remplacées par
Les propriétés de ces deux composés ne sont pas deux facettes triangulaires . Il fond vers 140°, mais
encore assez connues pour qu'on puisse indiquer en se décomposant en partie. Il est soluble dans
leurs relations avec le benzile. une solution alcoolique et bouillante de potas-e.
Si l'on ajoute de l'eau, il se précipite de la ben-
DÉRIVÉ CHLORÉ DU BENZILE . - CHLOROBEN zilimide. L'acide azotique, légèrement chauffé , le
ZILE, CH10OCI2. Ce corps, dont nous avons décompose rapidement ; l'acide sulfurique le dis-
indiqué plus haut le mode de formation, se dé- sout, et si l'on étend d'eau la solution, on en sé-
pose, par l'évaporation lente de sa solution éthé- pare du benzilam .
rée, en grands prismes rhomboidaux, transpa- BENZILIMIDE, C28 H22 Az² O² = 2 (C14 H11 Az O). -
rents et incolores ; de sa solution éthérée chaude, Ce corps, polymère ou isomère du précédent , se
il se sépare en cristaux fins qui ont l'aspect de forme en même temps que lui . On le sépare de
tables rhomboidales. l'imabenzile et du benzilam par l'alcool ou l'éther ;
552 - BENZOÏNE .
BENZOINE.
il est un peu soluble dans ces solvants , tandis Le sel d'argent, C14 H11 O3 K, s'obtient en ajou-
tant du benzilate de potassium à de l'azotate d'ar-
que le benzilam y est très-soluble à froid, et gent. Poudre blanche, un peu soluble dans l'eau
l'imabenzile presque insoluble . On peut aussi bouillante ; se colore en bleu à 100°, et, à une tem-
l'obtenir en faisant bouillir l'imabenzile avec une pérature plus élevée, dégage une vapeur violette.
solution alcoolique de potasse . Chlorure de benzile ou de stilbyle,
Il est en fines aiguilles, blanches , soyeuses ; il
fond vers 130° et se prend par le refroidissement C14 H11 O2. CI
en une masse gommeuse , et non cristalline . La [Cahours, Ann. de Chim. et de Phys ., (3) , t. XXIII,
distillation l'altère. L'acide azotique et l'acide sul- p. 350]. Ce composé, qu'il vaut mieux appeler
furique se comportent avec lui comme avec chlorure de stilbyle pour le distinguer du chlo-
l'imabenzile. rure de benzyle (éther chlorhydrique de l'alcool
BENZILAM , C28 H18 Az2. - Le benzilam , étant benzylique ) , se forme en traitant l'acide benzi-
très-soluble dans l'alcool et dans l'éther , se sépare lique par le perchlorure de phosphore , et recti-
facilement des deux composés qui se produisent
en même temps. Il est en prismes incolores , ap- fiant les produits obtenus.
Il est huileux , incolore ; il bout vers 270°. II
partenant au système rhombique . est plus pesan t que l'eau, qui le décompose promp-
Il fond à 105°, et peut rester en surfusion . Il tement . Il se dédouble déjà à l'air humide , en
distille sans altération ; l'acide azotique le trans- donnant de l'acide chlorhydrique et de l'acide
forme en une huile qui cristallise par le refroi-
dissement. Il n'est pas attaqué par la potasse , et benzi lique.
Il donne, avec l'ammoniaque et l'aniline , des
se dissout aisément dans l'acide sulfurique. produits cristallisables .
M. Zinin a aussi préparé un dérivé ammonia-
cal du benzile en ajoutant de l'ammoniaque li- Constitution de l'hydrobenzoine et des corps
quide à une solution chaude de benzile dans qui s'y rattachent [ E. Grimaux , Bull . de la Soc.
l'alcool . Il est en aiguilles minces, aplaties, bril- chim., 1867, t. VII, p. 378] . - — L'hydrobenzoine
lantes , solubles dans l'alcool, et solubles sans C14H1402 résulte de la fixation de 2 atomes d'hy-
altération dans des solutions alcooliques de po- drogène sur 2 molécules d'hydrure de benzoyle ;
tasse, d'ammoniaque et d'acide chlorhydrique ; celui-ci étant
le
l'auteur le représente par la formu C21 H15 Az¹O C6H5
Zinin, Ann . der Chem. u. Phar m., V
t. XXXI ,
H
p. 190].
V. ACIDE BENZILI QUE ou ACIDE STILBIQU E, donne avec un atome d'hydro gène le groupement
C14 H12 OS monoatomique
C6H5
[Liebig, Traité de Chim. organique , édit. franç., OH
i. I , p . 270 ; ---
— Zinin , Ann . der Chem. u. Pharm.,
t. XXXI, p. 329] . - Cet acide a été entrevu par H
Laurent dans l'action des alcalis sur le benzile, qui, se soudant à un groupement identique , con-
mais ce chimiste ne l'a pas isolé : c'est Liebig qui stitue l'hydrobenzoine ; ceile-ci est donc
l'a découvert et qui l'a étudié. CH (C6H5) OH
On l'obtient en traitant le benzile par une dis-
solution bouillante de potasse dans l'alcool; la CH (C6H5) OH,
couleur violette qui se produit disparaît par l'é- ce qui en fait le glycol diphenyl-éthylénique.
bullition. Il faut ajouter de temps en temps de la La benzoine , qui en est le premier produit
potasse tant que la liqueur se colore au moment d'oxydation, est une aldehyde- alcool
où on l'introduit. On dessèche le liquide au bain-
marie, et on laisse , l'excès de potasse se carbona- CO . (C6H5)
ter à l'air. On reprend par l'alcool , qui s'empare CH (CHS) OH.
e
du benzilat de potasse ; la solution est colorée
en brun, on la purifie par le charbon animal, et Le benzile est la seconde aldehyde
on l'évapore à siccité . Le résidu est du benzilate CO(C6H5)
pur ; on le dissout dans l'eau à l'ébullition et on
précipite par un excès d'acide chlorhydrique. CO (C6H5).
L'acide benzilique cristallise en rhomboèdres Quant à la benzoine désoxydée, elle est l'anhy-
transparents , incolores et d'un grand éclat, ou en dride de ce glycol ou l'oxyde de stilbène
longues aiguilles prismatiques . Peu soluble dans
l'eau froide, plus soluble dans l'eau bouillante, CH (CH ) 0.
très-soluble dans l'alcool et dans l'éther, il fond CH (C6H5)
à 120º. Une température élevée le décompose .
L'acide sulfurique concentré le dissout à froid en Le benzile joue le rôle d'une acétone ; il est, en
se colorant en cramoisi très-vif. effet, au glycol stilbénique ce que l'acétone est à
L'acide azotique le dissout à chaud sans alté- l'alcool isopropylique.
ration ; le perchlorure de phosphore l'attaque en Remarquons que tous ces composés représen-
donnant un chlorure d'acide . tent les termes correspondants du glycol éthylé-
BENZILATES . - L'acide benzilique est monoato- nique, dans lequel atomes d'hydrogène sont
mique ; les benzilates sont C14 H1103 M : ils se remplacés par deux groupes C6H5.
colorent en cramoisi par l'acide sulfurique ; ce Quant à l'acide stilbique, qu'on peut appeler
caractère les distingue des benzoates . diphenyl-glycolique, on ne trouve pas pour lui
Le sel de potassium , C14H1103K, est en cris- de formule de constitution satisfaisante. En effet,
taux anhydres, transparents , très-solubles dans d'après la structure de l'hydrobenzoine, l'acide
l'eau et dans l'alcool ; ils fondent au-dessus de 200° qui lui correspondrait en dériverait par substitu-
et se décomposent à une température plus élevée ; tion de l'oxygène à 2 atomes d'hydrogène appar-
il distille un liquide huileux, insoluble dans l'eau, tenant à des atomes de carbone différents. Il se-
et il reste du charbon et du carbonat . e rait donc
Le sel de plomb, (C14 H11 O3)2 Pb, est une poudre /CC6H5 , OH
blanche, un peu soluble dans l'eau bouillante. Il 0
OC CHS ,OH.
fond bien au- dessus de 100° en un liquide rouge, Un tel acide n'a pas d'analogues connus. Ainsi
et dégage des vapeurs violettes.
BENZOIQUE. 553 -- BENZOÏQUE .
que nous l'avons dit plus haut, ces vues ont reçu il devient assez consistant pour ne plus distiller,
en partie leur confirmation par les recherches de on ajoute de l'eau et on continue l'opération tant
Limpricht et de Schwanert. E. G. qu'il passe de l'éther benzoïque. Celui-ci est
BENZOÏQUE (ACIDE) , décomposé par la potasse, et la solution de ben-
C7H6O2 = C6H³, CO . OH . zoate potassique est précipitée par l'acide chlorhy-
drique Wohler, Ann . der Chem . u. Pharm.,
- L'acide benzoique est connu depuis les pre- t. XLIX , p. 245].
mières années du XVIe siècle ; il avait été obtenu L'acide benzoique employé dans l'industrie est
par la sublimation du benjoin de là son nom de retiré des urines des herbivores ; celles-ci sont
fleur ou sel de benjoin. Il fut étudié à la fin abandonnées à la putréfaction, puis mêlées avec
du siècle dernier par Hermstadt, Tromsdorff et un lait de chaux, filtrées, évaporées et précipitées
Bucholz, qui prépara plusieurs benzoates. Ce sont par l'acide chlorhydrique. L'acide est purifié par
MM. Liebig et Wohler qui en fixèrent la compo- une seconde transformation en sel de chaux, puis
sition [ Ann. de Chim. , t. LI, p. 281 ] . Un grand par cristallisation dans l'eau bouillante.
nombre de chimistes ont contribué à faire connaître On évite les causes d'insalubrité qu'entraîne
les points principaux de son histoire. Il existe l'évaporation des urines, dans la préparation de
tout formé dans le benjoin, le baume de Tolu , le l'acide benzoique des herbivores, en employant
sang-dragon , la résine de Xanthorrea hastilis, le procédé suivant :
le bois de gaiac, le castoréum. Vauquelin et Four- On fait dissoudre, à froid, dans l'urine, 10 %
croy le rencontrèrent dans l'urine des herbivores ; de son poids de sel marin ou des résidus salins,
peut-être l'ont-ils confondu avec l'acide hippu- riches en chlorure de sodium , qui proviennent
rique, quoique ces deux acides puissent exister des raffineries de salpêtre. Dans ce milieu, l'acide
également avant la putréfaction des urines . hippurique est en très-grande partie insoluble
Quoi qu'il en soit, après la putréfaction , on ne quand on vient de le mettre en liberté par l'acide
trouve que de l'acide benzoique, produit de dédou- chlorhydrique. On extrait l'acide commercial du
blement de l'acide hippurique, et que fournit aussi précipité filtré sur laine par les traitements ordi-
l'urine de l'homme (Liebig) . naires (Morel).
Un grand nombre de réactions lui donnent Cet acide benzoïque, dit d'Allemagne ou des
naissance ; Strange , Robiquet et Boutron-Char- herbivores, a une odeur désagréable d'urine. Bien
lard ont reconnu sa formation par l'oxydation à purifié, on peut iui communiquer l'odeur agréable
l'air de l'hydrure de benzoyle. L'hydrure de cinna- du benjoin en le sublimant avec une petite
myle, l'acide cinnamique, le cumène, le cinna- quantité de cette résine ; ce procédé a déjà été
mène sous l'influence de l'acide azotique, le cu- indiqué par Fourcroy et Vauquelin. L'extraction
mène et le toluène oxydés par un mélange de de l'acide benzoique de l'urine des herbivores est
bichromate de potasse et d'acide sulfurique, pro- une application des belles recherches de M. Liebig
duisent de l'acide benzoique. Celui-ci résulte sur la constitution et le dédoublement de l'acide
encore du dédoublement de l'acide hippurique hippurique.
par l'acide chlorhydrique bouillant , de l'oxyda- On peut se procurer industriellement l'acide
tion de l'alcool benzylique, de l'acétate, du chlo- benzoique en oxydant le chlorure de benzyle (to-
rure de benzyle (toluène chloré) ; enfin, il s'en luène chloré), C6 H5 CH2Cl ; mis en ébullition pen-
produit encore dans la réaction très-complexe d'un dant quelques heures avec de l'acide azotique
mélangede peroxyde de manganèse et d'acide sul- étendu dans un ballon communiquant avec un
furique sur la caséine et la gélatine, dans l'action réfrigérant de Liebig à reflux, le chlorure de ben-
des alcalis étendus sur la populine, dans la dis- zyle se transforme en acide benzoique et en hy-
tillation et dans la réduction de l'acide quinique. drure de benzoyle ; les produits supérieurs de la
Préparation. - L'acide benzoique est extrait chloruration du toluène à chaud en donnent éga-
du benjoin ou des urines putréfiées des herbivores, lement, oxydés soit par l'acide azotique, soit par
ou préparé par l'oxydation du chlorure de benzyle. l'azotate de plomb [ Ch. Lauth et E. Grimaux,
Le procédé le plus anciennement connu, et dé- Compt. rend. de l'Acad. , 1866, t. LXIII , novemb . ,
crit dans Blaise de Vigenère , consiste à sublimer et Bull. de la Soc. chim., 1867, t. VII, p. 105].
le benjoin. On étale 500 grammes de benjoin Cette méthode est aujourd'hui appliquée dans
grossièrement pulvérisé au fond d'un vase de tole l'industrie et se substitue à la fabrication de l'a-
peu élevé, que l'on recouvre d'un diaphragme de cide des herbivores. Ainsi obtenu , l'acide ben-
papier buvard ; on fixe sur les bords du vase un zoique a une forte odeur d'amandes amères,
cône en carton épais . Le vase étant placé sur qu'il perd en partie en restant exposé à l'air.
une plaque métallique recouverte d'un peu de MM. P. et E. Depoully préparent l'acide ben-
sable et exposé pendant trois ou quatre heures zoïque avec l'acide phtalique . On mélange une
à un feu modéré , les vapeurs d'acide benzoique molécule de phtalate neutre de chaux avec une
filtrent à travers le papier buvard, qui retient les demi-molécule de chaux hydratée ; on maintient
produits empyreumatiques ; l'acide s'attache aux le tout pendant quelques heures à une tempéra-
parois intérieures du chapiteau. Le diaphragme de ture de 330° à 350º , à l'abri du contact d'une trop
papier empêche en outre l'acide sublimé de retom- grande quantité d'air. Le phtalate se transforme
ber dans le vase contenant le benjoin , et la plaque entièrement en carbonate et en benzoate de cal-
métallique favorise la répartition plus égale de la cium :
chaleur. Le rendement est peu considérable. 2 (C8 H O Ca) + Ca H2O2
Il est plus avantageux de faire bouillir le ben- =(C7H5O2)2Ca + 2 (CO³Ca)
join pendant quelques heures avec un lait de
chaux, de séparer par le filtre le résinate de chaux [Bull. de la Soc. chim. , 1865, t. III, p . 163] .
insoluble, et de précipiter la liqueur concentrée Synthèse. - On a réalisé la synthèse de l'a-
par l'acide chlorhydrique. L'acide benzoique ainsi cide benzoique par deux procédés différents, en
recueilli est purifié par sublimation ou par cris- partant d'un terme d'une autre série, la benzine.
tallisation dans l'eau bouillante [Scheele, Mém. de M. Harnitz-Harnitzki dirige un courant d'oxy-
Chim. , traduction française, Dijon, MDCC. LXXXV, chlorure de carbone dans une cornue chauffée,
1re part., p. 121 ; 2º part. , p . 209] . exposée aux rayons du soleil , et que traversent
M. Wahler dissout à chaud le benjoin pulvé- des vapeurs de benzine. Les deux corps se com-
risé dans l'alcool concentré, ajoute de l'acide chlor- binent en donnant du chlorure de benzoyle
hydrique jusqu'à ce que la résine soit précipitée. C6H5COCI et de l'acide chlorhydrique. Le chlo-
Le mélange est soumis à la distillation , et, quand rure de benzoyle décomposé par l'eau fournit
BENZOÏQUE . 554 - BENZOIQUE .
l'acide benzoique [Bull . de la Soc. chim., 1864, d'eau froide. Il est très-soluble dans l'alcool et
t. I, p. 332] . dans l'éther. Les huiles grasses et les huiles vola-
M. Kekulé introduit dans un ballon à long col tiles le dissolvent en grande quantité. Il n'est pas
muni d'un réfrigérant ascendant, de la benzine attaqué par l'acide azotique étendu et l'acide chro-
monobromée délayée dans de la benzine, puis du mique, et se distingue ainsi de l'acide cinnamique
sodium coupé en petits morceaux ; il chauffe au que ces agents transforment en hydrure de ben-
bain-marie et dirige dans le mélange, pendant zoyle.
24 ou 48 heures, un courant d'acide carbonique Il se dissout dans l'acide sulfurique , d'où l'eau
sec. On traite par l'eau, qui laisse les produits le précipite sans altération ; l'acide sulfurique fu-
secondaires de consistance oléagineuse, et s'em- mant le convertit en acide sulfobenzoique (Mit-
pare du benzoate de sodium. La réaction a lieu scherlich). L'acide azotique fumant le transforme
d'après l'équation en acide nitrobenzoique ; et un mélange d'acide
sulfurique et d'acide azotique fumant, en acide
C6H5Br +Na2 + CO2 = C6H5CO² Na + Na Br. binitrobenzoique. - Voyez plus bas.
Le chlore, le perchlorure d'antimoine donnent
Elle est générale et a été appliquée à la synthèse un mélange d'acides chlorobenzoiques qui ne peu-
de l'acide toluique et de l'acide xylylique [Kekulé, vent être séparés ; le brome agit d'une manière
Ann. der Chem. u . Pharm. , nouv. sér., t. LXI, analogue. Le perchlorure de phosphore est sans
p. 129; Bull. de la Soc . chim . , 1866, t. VI, p. 45; action à froid sur l'acide benzoique, mais il suffit
Bull. de l'Acad. roy . de Belg . , (2) , t. XIX, p. 566] . de chauffer légèrement pour avoir du chlorure de
Suivant M. Church , la benzine monochlorée se benzoyle [Cahours, Ann . de Chim . et de Phys. , (3).
transformerait par la potasse en phénol, et en dis- t. XXIII, p. 334] . Le sous-chlorure de soufre S2Ci?
tillant le phénylsulfate de baryum avec du cya- et le protochlorure de soufre SCI donnent égale-
nure de baryum , on obtiendrait du cyanure de ment du chlorure de benzoyle [ Carius , Ann . der
phenyle (benzonitrile). Par conséquent, on réali- Chem. u . Pharm. , nouv. sér., t. XXX, p . 291 ;
serait ainsi le passage de la benzine à l'acide ben- Ann. de Chim. et de Phys ., (3) , t. LIV, p. 235] .
zoïque. Mais les faits avancés par M. Church sont Si l'on chauffe à 200° un mélange d'acide ben-
trop en contradiction avec ce que l'on sait des zoique, de sulfate acide de sodium desséché et de
réactions du chlorure de phényle, pour qu'on chlorure de sodium , on obtient du chlorure de
puisse admettre sans réserve ce mode de produc- benzoyle en même temps que de l'acide chlorhy-
tion de l'acide benzoique [ Church, Journ. ofthe drique. On emploie le sulfate acide de sodium, au
Chem. Society, (2), t. I, p. 76 , et Bull. de la Soc. lieu d'anhydride sulfurique qui donne de l'acide
chim ., 1863, p. 460]. sulfobenzoique ; la réaction est
Lorsqu'on distille un mélange d'aniline et d'acide
oxalique, une molécule d'oxyde de carbone se C7 H6O2SO3+ 2 Na Cl
détache de celui-ci, se porte sur un hydrogène de = C7H5O CI + HCl + Na²S O¹
la base, et se trouve ainsi changé en formyle
COH. La formianilide prend alors naissance et se [Beketoff , Ann. der Chem . u. Pharm. , t. CIX ,
détruit en même temps en perdant une molécule p. 256].
d'eau. Il passe alors à la distillation du cyanure L'acide benzoique distillé avec un excès de
de phényle ou benzonitrile, avec lequel il est chaux ou de baryte caustique se dédouble en acide
facile d'obtenir l'acide benzoique [ Hofmann , carbonique et en benzine ( Mitscherlich , Ann. der
Compt. rend. , 1867 , t. LXIV , p. 387 ]. Chem . u. Pharm . , t. IX, p . 39]. Le même dédouble-
On a désigné sous le nom d'acide benzoique ment a lieu lorsqu'on dirige les vapeurs de l'acide
amorphe ou acide benzoérésique un acide ben- benzoique sur de la pierre ponce chauffée au rouge
zoïque intimement uni à une matière colorante ou qu'on distille un mélange de 1 p. d'acide et
jaune qui l'accompagne dans tous ses sels, et mo- de 5 ou 6 p. de pierre ponce en poudre grossière.
dilie son point de fusion ; mais par la sublima- Si le mélange est trop chauffé, il se forme en
tion on en retire de l'acide benzoique ordinaire. outre de la naphtaline , des substances empyreu-
Cet acide benzoérésique se produit lorsqu'on fait matiques, et ilreste un résidu de charbon [ Barres-
bouillir le baume de Tolu ou le benjoin avec de wil et Boudault, Journ . de Pharm . , (3) , t . V, p . 206].
l'acide azotique [E. Kopp, Compt. rend. des trav. Il se produit de même de la benzine quand les va-
de Chim., 1849, p. 155] . Du reste, la présence de peurs d'acide benzoique passent sur du fer chauffe
quelques impuretés suffit pour masquer l'identité au rouge [F. Darcet, Ann. de Chim. et de Phys.,
de l'acide benzoique ; c'est ainsi qu'en traitant t. LXVI, p. 99] .
par l'hydrogène naissant l'acide parachloroben- Lorsqu'on fait digérer l'amalgame de sodium
zoique (voir plus bas), on a eu un acide qui était avec une solution saturée d'acide benzoique, en
différent de l'acide benzoique et qu'on avait maintenant la liqueur légèrement acide à l'aide
nommé acide salylique. En distillant ce corps avec de l'acide chlorhydrique, il se produit de l'hydrure
des vapeurs d'eau , on recueille de l'acide ben- de benzoyle et une huile épaisse, en partie soluble
zoique pur [ Reichenbach et Beilstein , Ann. der dans la potasse. Le corps insoluble finit par se
Chem. u. Pharm . , nouv. sér., t. LVI, p. 309, et concréter; le composé soluble est un nouvel acide
Bull. de la Soc. chim . , 1865, t. IV, p . 53 ] . L'a- qui contient plus de carbone et d'hydrogène que
cide parachlorobenzoïque dérivant de l'acide saly- l'acide benzoique [ Kolbe , Ann . der Chem. u.
cylique, on peut passer de cet acide à l'acide ben- Pharm., nouv. sér., t . XLII, p. 122 ; Ann . de
zoique. Chim. et de Phys., (3) , t . LXII, p. 372 ; Répert.
Propriétés. -- L'acide benzoique cristallise en de Chim. pure, 1861 , p. 304].
lames ou en aiguilles nacrées, transparentes et M. Hermann a étudié l'action de l'amalgame
incolores. A l'état de pureté il est sans odeur; sa de sodium sur l'acide benzoique ; il mélange
saveur est chaude et acide. Il rougit le tournesol. l'acide avec une quantité d'eau insuffisante pour le
Il fond à 1214 en un liquide transparent d'une dissoudre, ajoute de l'amalgame de sodium , dis-
densité de 1,0838 (l'eau à 0° étant prise comme tille et cohobe le liquide jusqu'à ce que le pro-
unité) et bout à 239°, à 249° sous une pression de duit précipite par l'acide chlorhydrique une huile
760 millimèt. (H. Kopp . ) Il se sublime déjà à 145°; qui ne se fige pas à froid. Pour empêcher la réac-
il distille avec les vapeurs d'eau ; sa densité de tion alcaline de la liqueur, il y dirige un courant
vapeur a été trouvée égale à 4,27 (Mitscherlich). de gaz chlorhydrique. Dans ces conditions, il a
Ses vapeurs excitent la toux . Il se dissout dans obtenu de l'alcool benzylique , C7H8O, de l'acide
12 p. de son poids d'eau à 100° et dans 200 p. benzoléique (voyez ce mot) , une substance cris-
BENZOÏQUE. 555 BENZOÏQUE.
talline en écailles blanches, fusible à 116º, soluble ACIDE TRIBROMOBENZOIQUE,
dans l'eau bouillante, transformée par la distilla- C7H3 Br3 O2 = C6H2 Br3 CO2 H
tion sèche en hydrure de benzoyie, inattaquable par
une longue ébullition avec la potasse caustique ; [Griess, Mém. cité) . -Produit en même temps que
l'auteur regarde ce corps comme une aldehyde , et le précédent dans la décomposition par le brome
le représente par la formule C14H14 O2 [ Hermann, de l'acide diazoamidobenzoïque, il est en petits
Ann. der Chem . u. Pharm. , nouv. sér. , t. LVI, prismes aiguillés . Il se comporte avec les dissol-
p. 75] . Il paraît identique avec le composé de même vants comme l'acide monobromé. Il peut être vola-
formule (hydrobenzoine) qui résulte de l'action tilisé sans décomposition .
de l'hydrogène naissant sur l'hydrure de benzoyle En chauffant le produit brut de l'action du pro-
(voyez ce mot) et qui fond à 129° (Church), 136° tochlorure d'iode sur le bromobenzoate de so-
(Zinin), 100° (Claus). dium, il se dégage de l'acide carbonique, et il
Ingéré dans l'économie animale, l'acide ben- passe à la distillation de l'iode , de l'acide bromo-
zoïque est transformé en acide hippurique qui se benzoïque, de la benzine monoiodée et du bromo-
retrouve dans les urines [Woehler et Keller, Ann. benzoate de phényle ( P. Schutzenberger et R. Sen-
der Chem. u. Pharm . , t. XLIII, p. 108 ; - Ure, genwald, Comp. rend. de l'Acad. , t. LIV, p. 197 ;
Journ. de Pharm . , octob. 1841] . Repert. de Chim. pure, 1862 , p. 145].
Acides bromonitrobenzoiques. - Lorsqu'on dis-
sout à chaud l'acide benzoique dans de l'acide
DÉRIVÉS BROMÉS, CHLORÉS, IODÉS DE L'ACIDE azotique concentré, il se forme de l'acide bromo-
BENZOÏQUE. nitrobenzoique qui reste dissous en majeure par-
ACIDES BROMOBENZOIQUES . - ACIDE MONOBRO- tie lorsqu'on ajoute de l'eau, et il se précipite une
MOBENZOÏQUE, poudre peu soluble d'un acide isomère.
Le premier fond à 140°, cristallise dans l'éther
C7H5 BrO2 C6 H* Br, CO2 H en grandes lames jaunâtres, dans l'eau en petites
tables incolores, et dans l'acide azotique en longues
[Peligot (1838), Compt. rend. de l'Acad., t. III, aiguilles ; son sel de baryum est soluble, anhydre,
p. 9 ; Ann. der Chem. u . Pharm. , t. XXVIII, cristallisé en aiguilles incolores . Le second fond à
p. 246 ; - Herzog, Arch. de Brandes, t. XXIII , 248°, est très-peu soluble dans l'eau ; le sel de ba-
p. 16 ;- Laurent, Compt. rend. de l'Acad. , t. XXX, ryum cristallise avec deux H2O, et est en la-
p. 329, t. XXXII , p. 41]. melles brillantes.
Cet acide s'obtient par l'action du brome sur le L'acide bromonitrobenzoique traité par le zinc
benzoate d'argent on place le sel dans un vase et l'acide chlorhydrique donne de l'acide bromazo-
fermé à côté d'un tube renfermant du brome; au benzoique, poudre jaune, insoluble dans l'eau , et
bout de vingt-quatre heures, quand le vase est en même temps de l'acide bromanidobenzoique,
rempli de vapeurs rougeâtres, on traite le produit en aiguilles solubles, qui fondent à 195°, et dont
par l'éther. Celui-ci par l'évaporation abandonne le sel de baryum cristallise en petites aiguilles
une huile brune qui bientôt se concrète, et qu'on blanches avec une molécule d'eau (Hübner).
purifie en la dissolvant dans la potasse, décolorant
le sel par le noir animal et précipitant par un acide ACIDES CHLOROBENZOÏQUES . —On obtient, dans
(Peligot). un grand nombre de réactions, des corps chlorés
On peut encore traiter l'acide benzoique par le présentant la composition de l'acide benzoique
brome à la lumière solaire directe, distiller l'excès monochloré, et dont les différences avaient été
de brome, reprendre le résidu par le carbonate jusqu'à présent mal établies. Par une nouvelle
de sodium (qui laisse sans la dissoudre une huile étude de ces acides chlorés, MM. Beilstein et
bromée) et reprécipiter par l'acide azotique (Her- Schlun ont reconnu que tous les acides chloro-
zog). benzoiques obtenus avec l'acide benzoïque, un de
Il s'obtient aussi par l'action du brome sur ses dérivés ou un corps pouvant en fournir direc-
l'acide benzoique en présence de l'eau à 120° [Hüb- tement (acide cinnamique, acide hippurique), sont
ner, Zeitscher. für Chem. , nouv. sér. , t. I, p. 547; identiques, et qu'il existe deux autres isomères,
et t. II, p. 240 ; Bull. de la Soc. chim . , 1867, t. VII, l'acide chlorosalylique (appelé longtemps chloro-
p. 176] . Il se forme dans cette action de petites benzoique) provenant de l'acide salicylique, et
quantités de bromanile. l'acide chlorodracylique, résultant de l'action de
L'acide bromobenzoique est un des produits de l'acide chlorhydrique sur l'acide azo-amidodracy-
l'action du brome sur l'acide diazoamidoben- lique [Beilstein et Schlun, Ann. der Chem. u.
zoique divisé et mis en suspension dans l'eau Pharm., t. CXXXIII, p. 239 ; Bull. de la Soc.
[Griess, Journ. of the Chem. Soc., 1865, 2e sér., chim., 1865, t. IV, p. 129] . L'isomérie de ces
t. III, p. 307 ; Bull . de la Soc. chim. , 1866, t. VI, trois acides s'explique par la différence de posi-
P. 405 . tion du chlore, dans le noyau C6 H5, relativement
Cet acide cristallise en belles écailles incolores, à la chaîne latérale CO (OH) , l'acide benzoique
fusibles à 100° (Peligot), à 152° (Hübner) . Il se étant C6H5, CO (OH ).
sublime à 250° en laissant un résidu charbonneux. I. ACIDE CHLOROBENZOIQUE ,
Il est peu soluble dans l'eau, très-soluble dans C7 H³ CI O² = C6 H& Cl , CO (O H).
l'alcool, l'esprit de bois et l'éther ; la potasse fon-
dante le transforme en acide salicylique. [Herzog, Arch. für Pharm. , t. XXXIII , p. 279 ;
Chauffé avec de l'ammoniaque, l'acide bromo- Stenhouse, Ann. der Chem . u. Pharm. , t. LV,
benzoique donnerait de l'acide amidobenzoique, p. 1 ; Field, ibid. , t. LXV, p. 55 ; -- Limpricht
suivant M. Alexeyeff [ Bull. de la Soc. chim., 1861, et V. Uslar, ibid. , nouv. sér. , t. XXVI, p. 269 ; Ann.
p. 71 ] . de Chim . et de Phys . , 1858 , (3), t. LII, p. 504;
Si on le dissout à chaud dans l'acide azotique Otto, Ann. der Chem. u. Pharm . , nouv. sér.,
fort, on obtient deux acides nitrés isomères t. XLVI , p. 129 ; Répert, de Chim . pure , 1862,
C7 H Br (Az O2) 02 p. 463] .
Lorsqu'on traite l'acide benzoique par le chlore,
(Hübner). on obtient un mélange d'acides benzoiques mono-,
Les bromobenzoates sont généralement solubles bi- et trichlorés qu'on ne peut séparer les uns des
et cristallisables ; les sels de plomb, de cuivre et autres et qui se forment également lorsqu'on
de mercurosum sont très-peu solubles. Le sel 1 traite l'acide cinnamique par le chlorure de chaux
d'argent est soluble dans l'eau chaude. (Stenhouse).
BENZOÏQUE .
556 - BENZOÏQUE.
L'acide chlorobenzoique pur a été préparé par
MM. Limpricht et V. Uslar . En distillant l'acide p. 105 ; - Kolbe Lautemann , 1860 , Ann . der
sulfobenzoique avec le perchlorure de phosphore, Chem . u. Pharmet . , t. CXV , p . 157 ; Ann . de
ils ont obtenu le chlorure de sulfobenzoyle Chim . et de Phys ., (3) , t. LX, p. 365 ; Répert .
de Chim. pure , 1860 , p. 469 ; - Kekulé , Ann . der
C7 H& SO³, Cl2, Chem . u. Pharm ., t . CXVII , p. 145 ; Ann . de
qui, au- dessus de 300°, se décompose en gaz sul- Chim . et de Phys . , (3), t. LXII , p . 368; Répert.
fureux et en chlorure de chlorober.zoyle de Chim . pure, 1861 , p. 308 ;
Schlun , loc . cit .] . Beilstein et
C7H CIO , CI. Cet acide, découvert par Chiozza, s'obtient en
Le chlorure de chlorobenzoyle se dédouble par dist illant l'ac ide sali cyli que avec le perchlorure
l'eau bouillante en acide chlorhydrique et acide de phosphore , rectifiant le produit et décompo-
chlorobenzoïque . sant par l'eau ce qui passe entre 200° et 250° et
On obtient facilement cet acide en décompo- qui paraît être du chlorure de chlorosalyle . L'a-
sant le chlorure de chlorobenzoyle par la potasse, cide , mélangé d'un peu d'acide salicylique, se pu-
rifie par une lente cristallisation dans l'eau.
et décomposant le sel de potasse par l'acide L'acide chlorosalylique forme de belles aiguilles
chlorhydrique. On le purifie en le combinant
avec une base et le précipitant de nouveau. Il se bou brillantes , fines et soyeuses. Il fond dans l'eau
produit aussi quand on traite l'acide azo- amido- illante et s'y dissout abondamment ; la solution
benzoique par l'acide chlorhydrique. saturée se prend par le refroidissement en une
M. Otto a obtenu aussi l'acide chlorobenzoique , masse de très- belles aiguilles. Il se dissout dans
mais non entièrement pur, soit en soumettant 881 p. d'eau à 0°. Comme son isomère , il n'est pas
l'acide chlorhippurique à une longue ébullition coloré en violet par le perchlorure de fer , mais
avec l'acide chlorhydrique, soit en traitant l'acide i donne avec ce réactif un précipité jaune . Il fond
benzoique par le chlorate de potasse et l'acide à 137° (Kekulé , Beilstein et Schlun ), 140° ( Kolbe
chlorhydrique. et Lautemann ). Il se sublime sans altération.
L'acide chl orobenzoique se présente sous la nitroc L'a cide azotique fumant le dissout et donne l'acide
hlorosalylique .
forme de petites aiguilles incolores , solubles dans
l'eau chaude , dans l'alcool et dans l'éther ; il se Traité par l'amalgame de sodium , il donne de
dissout dans 2840 p. d'eau froide . Il ne fond pas l'acide benzoique , mais à l'état impur ; aussi
avait-il été pris pour un acide nouveau , et appelé
sous l'eau. Son point de fusion est situé à 152° saly lique. Suivant Beilstein et Schlun , purifié par
(Kolbe et Lautemann) , 153 ° ( Beilstein et Schlun ) . distillation avec les vapeurs d'eau, l'acide saly-
L'acide azotique fumant le dissout lentement ; la
soluti précipitée par l'eau , fournit l'acide ni- lique présente tous les caractères de l'acide ben-
trochlon,orobenzoique . Le chlorure de phosphore le zoïque.
transforme en chlorure de chlorobenzoyle Fondu avec la potasse, il fournit l'acide salicy-
lique . Le nom d'acide chlorosalylique rappelle
C7 H+ CIO, CI ; que cet acide est dérivé de l'acide salicylique.
fondu avec la potasse caustique , il donne de l'a- Le sel de baryum 2 (C7 H+ ClO2) Ba , 2 H2O forme
cide salicylique . des aiguilles microscopiques très- solubles dans
l'eau.
Les chlorobenzoates sont généralement solubles;
le sel de chaux 2 (C7 HCI O²) Ca renferme 3 mo- Le sel de calcium 2 (C7 HClO2) Ca , H2O forme
lécules d'eau. des cristaux prismatiques très- solubles.
Acide nitrochlorobenzoïque (Limpricht et V. Us- Le sel d'argent est un précipité blanc .
lar), Éther chlorosalylique , C7H+ CIO, ( O C² H³ ).
En traitant par l'alcool le produit de l'action du
C7 H¹ (Az O²) C1 O² = C® H³ (Az O² ) Cl , CO (O H). perchlorure de phosphore sur l'acide salicylique,
on obtient l'éther chlorosalylique , liquide inco-
En dissolvant l'acide chlorobenzoique dans lore, insoluble dans l'eau , d'une odeur agréable,
l'acide azotique fumant , et précipitant après quel- bouillant de 238° à 242º (Kekulé ).
ques heures, on obtient un dépôt d'acide nitro- M. Kekulé décrit aussi un éther bichlorosaly-
chlorobenzoïque. Les eaux mères , au bout de
lique, bouillant à 245° , obtenu par l'action de
quelques jours , en laissent déposer de nouvelles l'alcool sur le chlorure de bichlorosalyle. Celui-ci
quantités sous la forme de grandes lames incolores. se forme par la décomposition que subit à chaque
Čes cristaux fondent à 118° : ils sont solubles distillation le chlorure de chlorosalyle . Mais ce
dans l'alcool et dans l'éther, ils fondent sous l'eau chl
chaude , se dissolvent dans celle-ci à l'ébullition , l'é orupur re de bichlorosalyle ne peut être obtenu à
mais ne s'en sép arent pas par le ref roi dis sem ent.
tat , et l'éther bichloré paraît être un mé-
Traité par le sulfure d'ammonium , ce corps se langeave qui renferme beaucoup d'éther monochloré,
change en acide chloramidobenzoique. car c une solution alcoolique de potasse il
donne de l'acide monochlorobenzoïque .
En dirigeant un courant de gaz chlorhydrique Acide nitrochlorosalylique ou parachloronitro-
dans une dissolution alcoolique d'acide nitrochlo- benzoïque ( Kekulé , Hübner et Schulze ).
robenzoique, on obtient une huile d'une odeur de
est en gros cristaux rhomboidaux, fusibles et so-Il
fraise
nit rochloet qui se solidifie peu à peu . C'est l'éther lubles dans l'eau bouillante, d'où il se dépose
robenzoïque, fusible à 282º, décomposé
par le refroidissement en longues aiguilles qui
en partie par la distillation. ressemblent à l'acide benzoïque .
Suivant Hübner et Schulze, l'on obtient deux
acides chloronitrobenzoïques , dans l'action de Il fond à 164-165°; le sel de chaux cristallise
l'acide azotique sur l'acide chlorobenzoique . L'a- avec 2 molécules d'eau ; il est peu soluble. Le sel
cide a est peu soluble, même dans l'eau bouil- de magnésie cristallise avec 8 molécules d'eau
lante; il fond vers 220-230°. Son éther éthylique en grosses tables rhomboidales très- solubles. Le
est cristallisé. L'acide ẞ est assez soluble dans sel de baryte est en petites aiguilles. L'éther
éthylique est solide et fond à 28-29º.
l'eau , fusible entre 135° et 137° [ Zeitsch. für
Chem., nouv. sér ., t. II , p. 614 , et Bull. de la III. ACIDE CHLORODRACYLIQUE . - Il fond à 236°.
Soc. chim., 1867 , t. VII , p. 507 ]. - Voyez DRACYLIQUES (COMPOSÉS ).
PARACHLOROBENZOÏQUE ou chlorosaly-
II. ACIDE , ACIDE BICHLORobenzoïque,
lique ( chlorobenzoique de Gerhardt ) [ Chiozza,
1852, Ann. de Chim . et de Phys . , (3), t. XXXVI , C7H+ C12O2 = C6H³ Cl² , CO ( OH )
[Otto, loc. cit. ] . - L'acide bichlorohippurique,
BENZOÏQUE. 557 BENZQIQUE.
soumis à une longue ébullition avec de l'acide composés cinnamiques, le cumène, le cinnamène.
chlorhydrique, se dédouble en glycocolle et acide Il a été découvert par M. Mulder, qui l'obtient
bichlorobenzoique. Cet acide est blanc, cristalli- par l'ébullition prolongée de l'acide benzoïque
sable, très-soluble dans l'alcool et dans l'éther, avec un excès d'acide azotique ; il se dégage des
assez soluble dans l'eau chaude ; il fond à 196º, 5. vapeurs nitreuses, qui cessent au bout de quel-
Le sel de baryum cristallise ; il renferme ques heures. La solution laisse alors déposer, par
le refroidissement, des cristaux d'acide nitroben-
2 C7 H3 C12 O2) Ba, 3 H2O. zoique, qu'on purifie par cristallisation dans l'eau
Le sel de calcium renferme une molécule d'eau bouillante (Mulder) . On peut employer un mé-
de cristallisation ; le sel d'argent n'en renferme lange de 2 p. d'acide sulfurique concentré et de
pas ; il forme des mamelons indistincts. 1 p. d'acide azotique d'une densité de 1,5 : on
y introduit par petites portions l'acide benzoïque
ACIDE IODOBENZOIQUE, fondu, et on chauffe le tout pendant une demi-
C7H5102 = C6 H+1 CO (OH) heure. L'eau froide précipite de ce mélange des
flocons blancs d'acide nitrobenzoïque, sans aucun
[Griess, Compt. rend. de l'Acad. , t. XLIV, p . 900 ; mélange d'acide dinitrobenzoique (C. Voit) . La
Repert. de Chim . pure, 1860, p . 91 ; - - D. Cunze meilleure manière de préparer l'acide nitroben-
et H. Hübner, 1865, Ann. der Chem . u. Pharm., zoïque consiste, suivant Gerland , à broyer 1 p.
nouv. sér., t. LIX , p. 106 ; Bull. de la Soc. d'acide benzoïque avec 2 p. d'azotate de potasse,
chim., 1866, t. V, p. 373]. et à ajouter 1 p. d'acide sulfurique en remuant
L'acide diazo-amidobenzoique ou diazoïque continuellement. La réaction s'effectue avec déga-
gement de chaleur ; on la facilite en chauffant lé-
C7 H+ Az² O2, C7 H5 (Az H²) O² gèrement la masse solide jusqu'à ce qu'elle
traité par l'acide iodhydrique se décompose et commence à se ramollir. On sépare l'acide nitro-
fournit l'acide iodobenzoique ( Griess) . Chauffé benzoïque du bisulfate acide de potassium par
avec de l'iode ou de l'iodure d'éthyle, il se décom- cristallisation dans l'eau bouillante. On prépare
pose d'une façon identique (D. Cunze et H. Hüb- aussi cet acide en introduisant peu à peu dans de
ner) . Il se forme aussi par l'action de l'iodate de l'acide sulfurique, d'une densité de 1,840 , un mé-
potasse et de l'acide sulfurique sur l'acide ben- lange en poudre fine de 1 p . d'acide benzoique,
zoïque [Peltzer, Ann. der Chem. u . Pharm., et de 2 p. d'azotate de potasse. On sépare par
t. CXXXVI, p. 294 ; Bull . de la Soc. chim. , 1866 , fusion l'acide nitrobenzoique du sulfate acide de
t. V, p. 452]. potassium ; deux cristallisations suffisent pour le
L'acide iodobenzoique cristallise en paillettes purifier (Ernst) .
allongées ; il est très-peu soluble dans l'eau , fort L'acide nitrobenzoïque prend aussi naissance
soluble dans l'alcool et dans l'éther ; chauffé à dans le dédoublement de l'acide nitrohippurique
180° pendant quelques jours avec de l'alcool par l'acide chlorhydrique, et par l'action de l'acide
sodé, il donne de l'acide benzoïque . A 167° avec chromique sur l'hydrure de nitrobenzoyle (Berta-
l'ammoniaque, il se transforme en acide amido- gnini) .
benzoique. Dissous dans l'acide azotique d'une Il s'obtient en même temps que son isomère,
densité de 1,5 et chauffé modérément, il fournit l'acide nitrodracylique, dans l'action de l'acide
de longs cristaux rhombiques d'acide nitro-iodo- azotique à l'ébullition sur le nitrotoluène [ Beil-
benzoique qui fondent à 220º, et que le sulfure stein, Bull. de la Soc. chim. , 1864, t. II, p. 15].
d'ammonium réduit en produisant de l'acide iod- L'acide nitrobenzoique se dépose de ses solutions
amidobenzoique. aqueuses à l'état d'une masse grenue, formée de
Lorsqu'on fait passer de l'acide chlorhydrique petits cristaux incolores. Il est peu soluble dans
dans une dissolution alcoolique d'acide iodoben- l'eau froide, aisément soluble dans l'eau bouil-
zoïque, on obtient un liquide insoluble dans l'eau, lante, 1 p. d'acide nitrobenzoïque se dissout dans
l'éther iodobenzoique , qui forme de l'iodobenza- 400 p. d'eau à 10°, et dans 10 p. d'eau à 100º : il
mide avec l'ammoniaque. est très-soluble dans l'alcool et dans l'éther. Les
Le sel de baryum est en aiguilles fines, solu- cristaux secs fondent à 127° (Mulder) ; à 141 ° ou
bles dans l'eau et l'alcool. Le sel de calcium est 142° d'après A. Naumann.
en écailles brillantes ou en mamelons durs , sui- Sous l'eau, ils fondent déjà à une température
vant que les dissolutions sont concentrées ou éten- inférieure à 100°. Ils commencent à se sublimer
dues. à 100º, sans altération, s'ils sont purs. Maintenu
Le sel de magnésium est en petits mamelons à l'ébullition , l'acide nitrobenzoique noircit et se
ronds, solubles dans l'eau. Le sel de sodium est décompose ; ses vapeurs sont irritantes et provo-
en tables quadrangulaires. Le sel d'argent consti- quent la toux. L'acide chlorhydrique et l'acide
tue un précipité blanc, amorphe. azotique le dissolvent à l'ébullition sans l'altérer.
L'acide sulfurique concentré le dissout ; si on
élève la température, le mélange se colore en
DÉRIVÉS NITRIQUES DE L'ACIDE BENZOÏQUE. rouge et renferme un acide sulfoconjugué, dont le
sel de baryte est soluble et qui n'a pas été exa-
miné.
ACIDE NITROBENZOIQUE, Le perchlorure de phosphore est sans action à
C7H5 (Az O²) O2 = C6H¹ (Az O²) , CO. OH froid, mais en élevant la température on observe
une réaction très-vive et on obtient le chlorure de
[Mulder , 1810, Ann. der Chem. u. Pharm., nitrobenzoyle C7H5 (Az O2) O, Cl ( Cahours ) . Si
t. XXXIV, p. 297 ; Journ . für prakt. Chem. , t. XIX, l'on absorbe de l'acide nitrobenzoique , celui-ci
p. 362 ; Ann. de Chim . , t. LXXIV, p. 75 ; Ann. de se transforme en acide nitrohippurique, qui se
Chim . et de Phys. , (3) , t. XLII, p. 495 ; - - C. retrouve dans les urines (Bertagnini) .
Voit, Ann. der Chem . u. Pharm. , t.XCIX, p. 100 ; Soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré, il
Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XLVIII , p. 376 ; fournit de l'acide benzamique (oxybenzamique ou
Ernst, Journ. für prakt. Chem. , t. LXXXI, amidobenzoique (Zinin) .
p. 96 ; Répert. de Chim. pure, 1861 , p. 268] . Avec l'acide chlorhydrique et l'étain, on obtient
Cet acide se produit toutes les fois qu'on traite un chlorure double d'étain et d'acide benzamique
longtemps par l'acide azotique concentré, soit [Beilstein et Wilbrand, Ann . der Chem. u . Pharm .,
l'acide benzoïque, soit des corps qui fournissent nouv. sér., t. LII, p. 257 ; Bull. de la Soc. chim.,
cet acide dans leurs dédoublements, tels que les 1861, t. I, p. 193].
BENZOÏQUE. 558 - BENZOÏQUE.
Lorsque le sel de sodium, en solution aqueuse, Le sel de cuivre est une poudre bleue.
est additionné d'amalgame de sodium, le mélange Le sel de fer (nitrobenzoate ferrique) est anhydre,
s'échauffe et renferme alors le sel de sodium d'un insoluble même dans l'eau bouillante ; on l'obtient
nouvel acide, l'acide azobenzoïque (Strecker). en ajoutant une solution bouillante d'acide nitro-
Lorsqu'on fait bouillir une solution alcoolique benzoique au chlorure ferrique. L'acide ne dis-
d'acide nitrobenzoique et qu'on y ajoute des frag- sout pas l'oxyde ferrique.
ments de potasse, il y a une vive réaction et for- Le sel de plomb neutre est anhydre ; on l'ob-
mation d'acide azoxybenzoique C14 H10 Az2 05 tient en ajoutant du sous-acétate de plomb à une
[Griess, Zeitsch. für Chem. , t. VII, p. 194 et 289]. solution bouillante d'acide, jusqu'à ce que le pré-
Il est isomérique avec l'acide nitrodracylique ou cipité ne se redissolve plus ; le liquide abandonne
paranitrobenzoique longtemps confondu avec lui en se refroidissant des rosaces de sel neutre ; il
(voir DRACYLIQUES, Combinaisons), et l'acide béta- paraît se décomposer par les lavages. On connaît
nitrobenzoique (voir plus bas ) . L'hydrure de aussi des sels basiques insolubles.
salicyle nitré est aussi isomère de l'acide nitro- Le sel d'argent est anhydre ; il se dissout dans
benzoique ; les formules suivantes rendent compte l'eau et cristallise en paillettes nacrées ; la cha-
de cette isomérie : leur le décompose, avec formation de nitroben-
zine.
ОН ÉTHERS NITROBENZOÏQUES.
C® H³ (Az O²) { СОН C H4 (Az O²) , CO , OH
Nitrobenzoate de méthyle,
Hydrure de Acide CH (Az O²) O² CH³
salicyle nitré. nitrobenzoïque.
[Chancel, Compt . rend. des trav. de Chim . , 1849,
Quant à l'isomérie de ce dernier avec l'acide p. 179 ; Bertagnini, Ann . der Chem . u. Pharm. ,
nitrodracylique et l'acide bétanitrobenzoique, elle t . LXXIX, p. 269] . On le prépare en dirigeant
paraît être du même ordre que celle des acides un courant de gaz chlorhydrique à travers une
chlorobenzoiques, et tenir à la place qu'occupe le solution d'acide nitrobenzoique dans l'alcool mé-
groupe Az O2, dans le phényle, relativement au thylique, qu'on maintient en ébullition. Au bout
groupe CO,OH. de quelque temps, le liquide se sépare en deux
NITROBENZOATES (Mulder, Sokoloff) . -- L'acide couches; l'inférieure est de l'éther méthylnitro-
nitrobenzoique est un acide énergique, qui dé- benzoique qui se solidifie par le refroidissement ;
place plusieurs autres acides de leurs combinai- la couche supérieure est une solution dans l'al-
sons. Les nitrobenzoates sont généralement cris- cool de cet éther qu'on précipite par l'eau ; on l'a-
tallisables, solubles dans l'eau et l'alcool ; ils se gite avec une solution chaude de carbonate de
décomposent avec explosion et dégagent de la soude ; on le lave à l'eau froide, on le comprime
nitrobenzine en se charbonnant. et on le fait cristalliser dans l'alcool. Cet éther se
Le sel d'ammoniaque dégage de l'ammoniaque produit aussi lorsqu'on mélange le chlorure de
lorsqu'on évapore la solution, et fournit de l'a- nitrobenzoyle avec l'alcool méthylique (Berta-
cide qu'on peut sublimer en le chauffant avec gnini).
précaution. En maintenant en fusion le nitroben- Il forme des prismes droits rhomboidaux, blancs,
zoate d'ammoniaque , on obtient une petite quan- presque opaques, insolubles dans l'eau, assez peu
tité de nitrobenzamide [ Field, Ann. der Chem . u. solubles dans l'éther et l'alcool, plus solubles dans
Pharm., t. LXV, p. 45 . l'esprit de bois. Ils fondent à 70°, distillent à 279°;
Le sel de potasse, CH4 (Az O2) O² K, H2O, cris- leur odeur est faible et aromatique , leur saveur
tallise difficilement en petites aiguilles. Il fond fraîche.
par la chaleur, et se décompose ensuite avec igni- Nitrobenzoate d'éthyle , CH4 ( Az O² ) 0² C² H5
tion, en dégageant de la benzine. Il se dissout [E. Kopp, Compt. rend. des trav. de Chim . , 1847,
dans 7 p. d'eau froide. p. 199; --- - Chancel, ibid. , 1849 , p. 177 ; — List et
Le sel de soude est déliquescent . Lorsqu'on mé- Limpricht, Ann . der Chem. u. Pharm ., t. XC,
lange des équivalents égaux de nitrobenzoate de p. 206 ; - Bertagnini, loc. cit.]. - Il se produit
sodium et de protochlorure diode, le produit de dans les mêmes conditions que l'éther précé-
la réaction semble renfermer du nitrobenzoate dent; il s'obtient par la dissolution du benzoate
d'iode. Si l'on chauffe avec précaution , on observe d'éthyle dans un mélange d'acide azotique et
un dégagement d'acide carbonique, et on trouve d'acide sulfurique concentrés ( List et Lim-
dans le résidu , de l'iode , de l'acide nitrobenzoique, pricht) .
du chlorure de sodium, de la nitrobenzine iodée Il est insoluble dans l'eau, très-soluble dans
et du nitrobenzoate de phényle . l'alcool et l'éther ; il cristallise en prismes droits
Le sel de baryte , [ CH ( Az O2) O2] 2 Ba, 4 H2O, rhomboidaux, transparents, incolores et brillants.
forme des cristaux brillants, décomposables par la Il fond à 42º et entre en ébullition à 298°. Son
chaleur, avec production de nitrobenzine, solu- odeur aromatique rappelle celle de la fraise ; sa
bles dans 19 p. d'eau bouillante, et dans 265 p. saveur est fraîche et légèrement amère. La po-
d'eau froide. tasse caustique le saponifie facilement ; avec l'am-
Le sel de strontiane forme des cristaux groupés moniaque , il fournit la nitrobenzamide (Chan-
en aiguilles. cel) .
Le sel de chaux , [ C7 H (Az O2 O2 12 Ca, 4 H2O, Ón connaît aussi les nitrobenzoates de bibro-
est en aiguilles solubles dans 18 p. d'eau bouil- mophényle et binitrophényle (voyez PHÉNYLIQUES,
lante et dans 30 p. d'eau froide. combinaisons).
Le sel de zinc , [ C7 H (Az O²) O²] 2 Zn , 4 H2O, cris- ACIDE BÉTANITROBENZOIQUE [ Zinin , Bull. de l'A-
tallise en aiguilles aplaties, solubles dans 13 p . cad. des scienc. de Saint-Pétersbourg , t. V, p . 526;
d'eau bouillante et 63 p. d'eau froide . En mélan- Ann, der Chem . u. Pharm. , nouv. sér ., t. I ,
geant des solutions de sulfate de zinc et de nitro- p. 218 ; Repert. de Chim. pure , 1863, p. 469.
benzoate acide d'ammonium , on obtient, outre le Sokoloff, Bull. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg,
sel neutre qui reste dissous, un précipité gélati- t. VII ; Journ. für prakt . Chem. , t. XCIII , p. 425 ;
neux qui constitue un sous-sel. Bull. de la Soc . chim., 1865, t. IV, p. 54].
Le sel de manganèse constitue des cristaux Obtenu par Zinin dans l'action de l'acide ni-
incolores, renfermant 4 molécules d'eau ; on les trique sur la benzoïne desoxydée , cet acide diffère
obtient en évaporant un mélange de nitroben- de l'acide nitrobenzoique par sa solubilité et par
zoate acide d'ammoniaque et de sulfate de man- quelques caractères de ses sels.
ganèse. Le sel de potasse se dissout dans 1/2 p. d'eas
BENZOÏQUE . - 559 - BENZOÏQUE.
bouillante et 3 p. d'eau froide. Il renferme 2H2O. benzoïque, donne lieu à une réaction différente
Il cristallise en larges tables rhomboidales, trans- et produit les acides azobenzoique et hydrazoben-
parentes. zoique.
Le sel de chaux est en lamelles brillantes, so- 1º ACIDE AZOBENZOIQUE , C14H10 Az2 O [Strecker,
luble dans 12 p . d'eau bouillante et 32 p. d'eau Ann. der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. LIII,
froide. Il renferme 1 molécule d'eau. p. 129; Bull. de la Soc. chim ., 1864 , t. II, p . 383].
Le sel de baryte est en aiguilles ; il se dissout -Lorsqu'on ajoute de l'amalgame de sodium à une
dans 2 p. d'eau bouillante, et 250 p. d'eau froide. solution aqueuse et concentrée de nitrobenzoate de
Il renferme 2 molécules d'eau . sodium, le mélange s'échauffe beaucoup en se co-
Le sel de zinc contient 1 molécule d'eau ; il lorant en jaune. Il ne se dégage aucune trace
cristallise en lamelles brillantes, solubles dans d'hydrogène, et il ne se forme pas d'ammoniaque.
80 p. d'eau bouillante et 135 p. d'eau froide. En ajoutant à la solution de l'acide sulfurique
En faisant bouillir une solution ammoniacale dilué ou de l'acide acétique , l'acide azobenzoique
d'acide bétanitrobenzoique avec le zinc , on ob- se précipite en une masse gélatineuse, qui de-
tient un acide azobenzoique, différant par cer- vient pulvérulente et, par suite, plus facile à laver,
tains caractères de solubilité de l'acide azoben- si la liqueur est bouillante et additionnée d'al-
zoique ordinaire . cool ; il se produit en même temps du glyco-
ACIDE BINITROBENZOIQUE , colle, lorsque l'acide nitrohippurique est soumis à
la même réaction .
C7 H¹ (Az O²) ² O² = C6 H³ (Az O²) ², CO (OH) L'acide azobenzoique est amorphe, jaune clair,
[Cahours, Ann. de Chim. et de Phys. , 1849, (3), ne perdant rien de son poids, même à 170° ; il
t. XXV, p . 30 ; - Voit, Ann . der Chem . u. Pharm., fond à une température plus élevée en se décom-
t. XCIX, p. 100 ; Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , posant. Il est peu soluble dans l'alcool, dans l'eau
XLVIII , p. 377]. On chauffe à 50° ou 60° un mé- et dans l'éther ; il renferme une demi-molécule
lange à parties égales d'acide sulfurique et d'acide d'eau et est alors 2 (C14 H10 Az² O¹) , H2O . L'analyse
azotique fumants, et on y projette, par petites de son sel d'argent et de son éther conduit à la
portions, de l'acide benzoïque fondu ; quand l'a- formule C14 H10 Az 2 04.
cide est dissous, on chauffe doucement jusqu'à ce L'azobenzoate de baryum est jaune, cristallin ,
que la liqueur commence à se troubler ; on laisse presque insoluble dans l'eau et dans l'alcool. Il
refroidir, et on ajoute de l'eau à la liqueur acide ; renferme à 1000 2 (C14 H8 Az2 O Ba) , 5 H2O , et à
il se précipite des flocons jaunâtres, qui devien- 140° , 2 (C14 H8 Az² O¹ Ba) , H2O. Le sel d'argent est
nent blancs par les lavages. On comprime le pro- anhydre, amorphe ; il renferme C14 H8 Az2 O+ Ag².
duit, et on le purifie par des cristallisations dans L'ether azobenzoïque , C1 H8 Az² O4 , ( C² H³ )2,
l'alcool (Cahours) . On doit faire bouillir pendant s'obtient en réduisant le nitrobenzoate d'éthyle en
plusieurs heures le mélange d'acide benzoique, solution alcoolique par l'amalgame de sodium. La
d'acide sulfurique et d'acide azotique (Voit). réaction terminée, on précipite par l'eau ; on lave
L'acide binitrobenzoique se présente sous la à l'ammoniaque aqueuse et on fait cristalliser
forme de lames miroitantes ou de prismes rac- dans l'alcool. L'éther azobenzoique est en belles
courcis très-brillants, suivant que la cristallisa- aiguilles d'un jaune pur, fusibles un peu au-des-
tion a été rapide ou lente. Il fond à une tempé- sous de 100° ; la distillation le décompose. Il est
rature peu élevée, et se sublime sans éprouver insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'é-
d'altération, sous la forme d'aiguilles déliées . ther. La potasse le détruit en donnant de l'azo-
Presque insoluble dans l'eau froide, il s'y dissout benzoate de potasse. Chauffé à 100° avec l'ammo-
un peu à l'ébullition ; il est assez soluble dans niaque, il donne de petits cristaux jaunâtres,
l'alcool et dans l'éther, surtout à chaud. L'acide d'un corps analogue à celui qu'on obtient en trai-
azotique le dissout en forte proportion ; l'acide tant la nitrobenzamide par l'amalgame de sodium.
sulfurique concentré le dissout à une douce cha- C'est probablement l'azobenzamide.
leur, et le décompose à une température plus L'azobenzoate de sodium , étant dissous dans un
élevée. excès de soude caustique et additionné de sulfate
Le sulfhydrate d'ammoniaque transforme l'a- ferreux, fixe 2 atomes d'hydrogène ; il se dé-
cide binitrobenzoique en acide diamidobenzoique pose de l'hydrate ferrique, et la liqueur filtrée
CH (Az H2)2 O2 (Voit). donne par les acides un précipité jaunâtre d'acide
Les binitrobenzoates de potassium, de sodium, hydrazobenzoique.
d'ammonium , sont solubles et cristallisables ; les On obtient un autre acide azobenzoïque soit en
sels de plomb et d'argent sont peu solubles. faisant bouillir avec du zinc la solution ammonia-
Le binitrobenzoate d'ammonium , cale de l'acide bétanitrobenzoique ( Sokoloff) , soit
en traitant par la potasse alcoolique le nitrobenzile
C7 H3 (Az O2)202. Az H , C14 Hº (Az O2) O², résultant de l'action de l'acide
est en aiguilles déliées, d'un éclat soyeux. azotique sur la benzoine. La potasse dédouble ce ni-
L'ether binitrobenzoique ou binitrobenzoate trobenzile en acide azobenzoique eten acide oxyben-
d'éthyle, C7 H³ (Az O² )² O² C² H5, se prépare soit en zoïque. Cet acide azobenzoïque différerait par cer-
dissolvant à saturation l'acide binitrobenzoïque tains caractères de solubilité de l'acide azobenzoïque
dans l'alcool concentré et bouillant (Cahours), soit de Strecker (Sokoloff) . Le sel de potassium consti-
en le chauffant avec de l'alcool et de l'acide sulfu- tue des aiguilles soyeuses, peu solubles dans une
rique (Voit). L'addition de l'eau précipite une liqueur alcaline , solubles dans l'eau, insolubles
huile qui se concrète par le refroidissement. Cet dans l'alcool ; le sel d'ammonium ressemble au sel
éther cristallise dans l'alcool sous forme de de potasse. Le sel de baryum est un précipité cris-
longues aiguilles déliées et brillantes. A chaud , la tallin, et le sel d'argent est un précipité blanc
potasse concentrée le détruit. [Zinin, Bull. de l'Acad. des scienc. de Saint-Pé-
tersbourg; Journ. für prakt. Chem ., t. XCI ,
DÉRIVÉS PAR Réduction des aCIDES NITROBENnzoiques . p. 272 ; Bull. de la Soc. chim . , 1864, t . I, p. 466 ;
Sokoloff, Bull . de l'Acad. des sciences de Saint-
Pétersbourg , t. VII ; Journ. für prakt. chem.,
Le sulfate d'ammoniaque, l'acide chlorhydrique t. XCIII, p. 425 ; Bull. de la Soc. chim . , 1865,
et l'étain transforment les acides nitrobenzoïque t. IV, p. 55].
et binitrobenzoïque en acides amidės (voir plus ACIDE HYDRAZOBENZOIQUE , C14 H12 Az2 04. JI
bas Dérivés amidés de l'acide benzoique). L'a- prend aussi naissance si l'on traite l'acide nitroben-
malgame de sodium, en agissant sur l'acide nitro- zoïque par l'amalgame de sodium ; mais latransfor-
BENZOÏQUE. 560 - BENZOÏQUE .
mation n'est pas complète, il y a en même temps Cet acide, découvert par M. Zinin et étudié
production d'acide azobenzoïque et d'acide amido- surtout par M. Gerland, se prépare par l'action
benzoïque. de divers agents réducteurs sur l'acide nitroben-
Il est jaune, insoluble dans l'eau, peu soluble zoïque.
dans l'alcool, soluble dans l'ammoniaque et les Préparation. On sature d'hydrogène sulfuré
alcalis ; les solutions alcalines attirent l'oxygène et d'ammoniaque une solution alcoolique d'acide
de l'air et renferment alors de l'acide azoben- nitrobenzoïque, et on la soumet à l'ébullition ; la
zoique. L'acide chlorhydrique le décompose en liqueur verdit, se trouble, puis redevient limpide
acide azobenzoique et en acide amidobenzoique. en précipitant du soufre. On sature de nouveau
L'hydrazobenzoate de baryum est anhydre, il est d'hydrogène sulfuré l'alcool ammoniacal qui a
en grands cristaux d'un jaune orangé. passé à la distillation , on l'ajoute au liquide sé-
paré du soufre par décantation, et l'on distille de
Constitution des acides azo- et hydrazobenzoïque. nouveau. On répète cette opération deux ou trois
Ces deux acides dérivent de l'acide nitroben- fois jusqu'à ce qu'il ne se dépose plus de soufre.
La transformation est alors complète , on concentre
zoique comme l'azobenzol et la benzidine déri- la liqueur jusqu'à consistance sirupeuse, et l'on
vent de la nitrobenzine et on peut dresser les deux sursature par l'acide acétique concentré ; il se sé-
séries parallèles : pare de l'acide amidobenzoique qu'on dissout
C6H5 Az O2 C6 H¹ (Az O²) CO. OH, dans l'eau bouillante, et qu'on décolore par le
Nitrobenzine. Acide nitrobenzoïque. charbon animal (Zinin) . Suivant Gerland, il suffit
de diriger un courant de gaz sulfhydrique dans la
2 (C6 H5Az) 2 (C6 H+ Az, CO. OH) , solution aqueuse et bouillante de nitrobenzoate
Azobenzol. Acide azobenzoïque. d'ammoniaque on peut aussi transformer celui-
2 (C6 H6 Az) 2 (C H5 Az, CO . OH) , ci en acide amidobenzoique en le faisant bouillir
Benzidine. Acide hydrazobenzoïque . avec du sulfhydrate d'ammoniaque ; la liqueur
C6 H7 Az C6H6 Az, CO.OH. filtrée et évaporée est additionnée d'acide chlor-
Aniline. Acide amidobenzoïque . hydrique ; il se dépose du chlorhydrate d'acide
amidobenzoique [Voit, Ann. der Chem. u. Pharm.,
[Alexeyeff , Bull . de la Soc. chim., 1864, t . I , nouv. sér., t. XXIII , p. 100 ; Ann. de Chim. et
p. 3241 . de Phys. , (3), t. XLVIII, p. 377 ; - Ernst, Journ.
La seconde série ne diffère de la première que fur prakt. Chem ., t. LXXXI, p. 96 ; Répert. de
par la substitution de CO . OH monoatomique à un Chim. pure, 1861 , p. 268] .
hydrogène du phényle . En employant comme agent réducteur le mé-
M. Wurtz a présenté les vues suivantes sur la lange d'acide acétique et de fer, M. Boullet à
constitution de ces composés . Dans l'action de préparé l'acide amido- et l'acide diamidobenzoique
l'amalgame de sodium sur les dérivés nitrés, [Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. XLVIII,
l'azote, perdant l'oxygène auquel il est uni, se p. 379 (en note) ; Compt. rend. de l'Acad. , t. XLIII ,
trouve dans un état de saturation incomplet ; dans p. 399].
le cas de l'acide nitrobenzoiïque, il se forme un L'acide nitrobenzoique, traité par l'étain et
groupe C7H5 Az O2, dont l'azote n'est pas saturé, l'acide chlorhydrique, fournit un chlorure double
et qui se fixe alors à un autre groupe C7 H5 Az O², d'acide amidobenzoique et d'étain
pourdonner l'acide azobenzoïque ; les deux groupes
étant attachés par l'azote, la constitution de l'a- C7H5 (Az H2) O2, HCl + Sn Cl² ;
cide peut être représentée par la formule il est également réduit en acide amidobenzoiquepar
Az" - CHO.Oн le zinc, en présence soit de l'acide chlorhydrique,
11 soit d'un alcali libre [Wilbrand et Beilstein, Ann.
Az" - CHO.OH. der Chem. u. Pharm., nouv. sér. , t. LII, p. 257 ;
Les deux atomes d'azote échangeant deux atomi- Bull. de la Soc. chim . , 1864, t. I, p. 193 ] . Sui-
cités , on conçoit qu'ils restent encore unis par vant Alexeyeff , en évaporant à siccité du bromo-
une seule atomicité, en fixant chacun un atome benzoate d'ammoniaque, reprenant par la potasse,
d'hydrogène, pour donner l'acide hydrazoben- puis par l'alcool, on aurait de l'amidobenzoate de
zoique potasse [ Bull. de la Soc. chim. , 1861 , p. 71 ].
H-Az" -C7H O. OH L'acide carbanilique de M. Chancel, longtemps
confondu avec l'acide anthranilique, n'est autre
H-Az" -CHO. OH. que de l'acide amidobenzoique (Gerland). Il a été
S'il se fixe à chaque azote deux atomes d'hydro- obtenu par l'ébullition de l'amidobenzamide
gène, la molécule se scinde, les atomes d'azote CH¹ (AzH2)2O
se séparent, et il y a production de deux molécules
d'acide amidobenzoique H² Az. C7 H O. OH [Wurtz, (carbanilamide de Chancel, phenylurée de Ger-
Bull. de la Soc. chim. , 1866, t . V, p. 280 (en hardt) avec de la potasse.
note)]. Propriétés. - L'acide amidobenzoique cristal-
lise en petits mamelons ou en dendrites, composés
DÉRIVÉS AMIDÉS DE L'ACIDE BENZOÏQUE. d'aiguilles très-fines et qui se transforment en une
poudre amorphe par la dessiccation. En le saturant
ACIDE AMIDOBENZOIQUE (Syn . Acide benzami- par la potasse, évaporant la solution à siccité, re-
que, acide oxybenzamique),` prenant par l'eau et reprécipitant le sel de potasse
par l'acide acétique concentré, on l'obtient en
C7 H7 Az O² = C© H { A7
COH2
.OH cristaux plus volumineux. De sa solution aqueuse,
refroidie lentement, il se dépose en gros cristaux
[Zinin, Bull. de l'Acad. de Saint-Pétersbourg, transparents ; de sa solution alcoolique, il se sé-
t . II, nos 18 et 19 , 1845. Journ. für prakt . Chem., pare au contraire à l'état amorphe (Gerland).
t. XXXVI, p. 93 ; Chancel, Compt. rend. des Il est très-soluble dans l'eau bouillante, dans
trav. de Chim., 1845, p. 185; - Gerland, Ann. l'alcool et dans l'éther ; il est sans odeur, d'une
der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. X, p. 143 ; saveur douce et un peu aigrelette. Sa solution
t. XV, p. 185 ; Ann . de Chim . et- de Phys., s'altère au contact de l'air. Il fond par la chaleur,
t. XXXIX , p. 110 ; t. XLII , p. 195 ; Cahours, puis se décompose en laissant un résidu abondant
ibid., t. LII, p. 323 ; Repert. de Chim . pure, de charbon.
1859-60 , p. 30]. Chauffé avec de l'hydrate de potasse, il donne
BENZOÏQUE. 561 — BENZOÏQUE.
des vapeurs empyreumatiques et de l'ammonia- hydrogène de l'azote ; il n'est autre que l'acide
que; à une température voisine du rouge, il se
produit une petite quantité d'aniline ; dans les phenylcarbamique. Les formules suivantes en ren-
dent compte :
mêmes conditions, son isomère, l'acide anthrani-
lique, se dédouble facilement en acide carbonique CH+ CO2H ОН
et en aniline. L'action de l'acide nitreux les dif- Az H2 co { Az H (C6H5).
férencie également ; en dirigeant un courant de Acide Acide
gaz nitreux dans une solution aqueuse d'acide amidobenzoïque . phénylcarbamique .
amidobenzoique, on obtient de l'acide oxybenzoi-
que, tandis que l'acide anthranilique fournit de COMBINAISONS DE L'ACIDE AMIDOBENZOÏQUE AVEC
l'acide salicylique. Il se combine avec les acides et LES ACIDES. --- Sulfate amidobenzoïque,
donne des combinaisons cristallisables . L'acide
azotique fumant le transforme à l'ébullition en 2 (C7H5 O²Az H³) SO , 2 aq.
acide picrique. Le chlore l'attaque en produisant
une substance résineuse ; traité par un courant (Gerland).-L'acide amidobenzoïque, représentant
l'ammoniaque où un atome d'hydrogène est rem-
de chlore à chaud, il régénère de l'acide benzoi-
que. Bouilli en solution aqueuse avec le peroxyde placé par l'oxybenzoile, se combine directement
aux acides comme l'ammoniaque. Pour préparer le
de manganèse, ou traité par le permanganate de sulfate, on verse de l'acide sulfurique concentré
potasse, il subit la même transformation (Ger- sur l'acide amidobenzoique ; celui-ci se dissout,
land). puis la liqueur se prend en une masse d'aiguilles
Chauffé en vases clos, à 140 °, avec de l'acide
acétique, il se, convertit en acide acétylamidoben- brillantes qu'on purifie par une nouvelle cristal-
lisation. Ce sel est soluble dans l'eau et dans l'al-
zoique ou acétoxybenzamique C9 H9 AzO³ , isomère cool ; l'eau le décompose en partie ; les alcalis, les
de l'acide hippurique (Forster). - Voyez plus bas: carbonates de baryum, de plomb, le dédoublent
Dérivé acetylé de l'acide amidobenzoique. en acide sulfurique et acide amidobenzoique.
L'azotate de diazobenzine obtenu en faisant
passer de l'acide azoteux sur l'azotate d'aniline en Azotate amidobenzoique , (C7 H5 O2 Az H3) Az O³.
bouillie aqueuse, au-dessous de 30°, se combine -L'acide azotique exempt d'acide azoteux dissout
à chaud l'acide amidobenzoique ; ce composé est
à l'acide amidobenzoique lorsqu'on mêle leurs soluble dans l'eau bouillante et dans l'alcool, cris-
solutions aqueuses. Cette combinaison de diazo- tallise en petites paillettes (Gerland).
benzine et d'acide amidobenzoïque a pour formule
CH Az², C7 H5 (Az H2 ) O². C'est un précipité cris- Chlorhydrate amidobenzoique,
tallin, soluble dans l'éther ; les acides minéraux (C7H5 O²Az H³) CI
le décomposent à l'aide de la chaleur.
Cette combinaison (amidobenzoate de diazoben- (Cahours).
--On fait dissoudre l'acide amidoben-
zine) ne se comporte pas cependant comme uu zoique dans un excès d'acide chlorhydrique bouil-
sel de diazobenzine , car elle se combine avec les lant auquel on ajoute de l'alcool . Par un refroi-
bases, et fournit avec le chlorure de platine un dissement lent, le chlorhydrate se dépose en fines
chloroplatinate cristallin [ Griess, Ann . der Chem . aiguilles d'un aspect satiné, incolores, peu solu-
u. Pharm.. t. CXXXVII , p. 39 ; Philos. trans., bles dans l'eau chargée d'acide chlorhydrique ,
part. III, 1864, p. 680 ; Bull . de la Soc. chim ., assez solubles dans l'eau pure et dans l'alcool.
1866, t. VI, p. 74]. Bromhydrate amidobenzoïque,
Traité en solution alcoolique et à froid par l'a- (C7H5 O2, Az H³) Br
cide azoteux , l'acide amidobenzoique fournit
l'acide diazoamidobenzoique C14 H11Az3 O4 (Griess). (Cahours). Il se prépare comme le précédent,
Voyez plus bas. auquel il ressemble de tous points.
Soumis à l'action de l'acide chlorhydrique sec, Chloroplatinate amidobenzoïque,
à la température de 200°, il donne, outre du
chlorhydrate amidobenzoique, une partie insoluble (C7H5 O2 Az H³ Cl )2 Pt Cl
dans l'eau, qui paraît être de l'anhydride amido- (Cahours). 11 se présente tantôt sous la forme
benzoique de belles aiguilles d'un jaune d'or, à éclat soyeux,
C7H5 Az H2O tantôt sous la forme de petites masses hémisphé-
C7H5 Az H2O) 0 riques, brunâtres, formées de fines aiguilles. On
l'obtient en versant sur un mélange d'acide chlor-
[Harbordt, Ann. der Chem . u. Pharm., nouv. hydrique et d'acide amidobenzoique un léger
sér., t. XLVII, p. 287; Répert . de Chim. pure, excès de chlorure de platine, le tout se dissout
1863, p. 152]. sous l'influence de la chaleur, et le chloropla-
Le perchlorure dephosphore réagit à chaud sur tinate se dépose par l'évaporation lente de la li-
l'acide amidobenzoique. En traitant par l'eau, on queur.
sépare du phosphate amidobenzoïque, cristallisa-
ble en belles aiguilles. Il reste une partie insoluble AMIDOBENZOATES MÉTALLIQUES [ Voit , Ann. der
C7H5 Az O2 (?), résinoide, soluble dans l'ammo- Chem . u. Pharm. , nouv. sér. , t. XXIII , p. 100 ;
niaque et précipitable par l'acide acétique (Har- Ann. de Chim, et de Phys. , (3), t. XLVIII , p. 377].
bordt). - L'acide amidobenzoique est monobasique ; ses
Traité par l'eau de brome, il donne de l'acide sels répondent à la formule générale
tribromo-amidobenzoique et de la tribromaniline .
( CO2M
L'acide azotique fumant la convertit en acide tri- C7 H (Az H²) O². M = C6H4 Az H2.
nitroxybenzoique C7H3 (Az O2)3 03 (Beilstein et
Geitner). Ils ont la plus grande ressemblance avec les
Constitution de l'acide amidobenzoïque . Il est anthranilates (Gerland).
isomérique avec l'acide anthranilique et l'acide Amidobenzoate de sodium, C6 H+ (Az H²) CO²Na
amidodracylique ; son isomérie avec ce dernier (à 100º) . --
— On décompose le sel de baryum par le
acide est du même ordre que celles des acides sulfate de soude, et on ajoute de l'alcool absolu à
chlorobenzoïque et chlorodracylique , nitroben- la solution aqueuse concentrée ; il se dépose des
zoïque et nitrodracylique (Kekulé). aiguilles déliées d'amidobenzoate de sodium.
L'isomérie avec l'acide anthranilique se com- Amidobenzoate de baryum,
prend facilement : celui-ci dérive de l'acide car-
bamique par la substitution du phényle à un [CH+ (Az H²) CO²] Ba
I --- 36
BENZOÏQUE . 562 BENZOÏQUE.
(à 100°) . -- On le prépare en saturant le chlor- l'alcool. Par la distillation, il se décompose en
hydrate amidobenzoique par du carbonate de partie.
baryum , et évaporant la liqueur filtrée au bain- Chloroplatinate,
marie; l'amidobenzoate cristallise d'abord en
prismes volumineux . (C7H (Az H²) O2. C2 H3 HCl)2 Pt CI .
Amidobenzoate de strontium, Si à une dissolution concentrée du sel précé-
[C6 H*(Az H²) CO²]² Sr + 2H2O. dent on ajoute du bichlorure de platine, on ob-
tient le chloroplatinate en aiguilles prismatiques,
-Prismes incolores, très -solubles dans l'eau, peu de couleur orangée.
solubles dans l'alcool, et perdant leur eau de cris- Azotate amidobenzoéthylique,
tallisation à 100°.
Amidobenzoate de calcium, C7 H+ (Az H²) O², C² H5 H. Az O³.
[C® H+ (Az H²) CO²]² Ca. - La solution de l'éther amidobenzoique dans l'a-
- Aiguilles déliées, rougissant à l'air. cide azotique de concentration moyenne , étant
abandonnée à l'air sec, se prend au bout de quel-
Amidobenzoate de magnésium , ques jours en cristaux fibreux. On les dessèche
- 7 H2O.
[CH ( Az H²) CO² ] 2 Mg -+ par compression et on les dissout dans une très-
petite quantité d'eau ; on fait évaporer la solution
-- On l'obtient par double décomposition avec le dans le vide.
sel de baryum et le sulfate de magnésium. Il con- Ce sel est en prismes très- minces, soluble dans
stitue de gros prismes transparents, à six pans et l'eau, l'alcool et l'éther. Il fond par la chaleur,
à face terminale oblique. puis se décompose.

ÉTHERS AMIDOBENZOÏQUES [Chancel , Compt.rend. PRODUIT DE L'ACTION DE L'ACIDE AZOTEUX SUR


de l'Acad. des sciences , 1850 , t. XXX, p . 751 ; L'ACIDE AMIDOBENZOIQUE . - Acide diazoamidoben-
Cahours, Mem. cit . , p . 327 et suiv . ]. ·- Ils ont zoique ou diazoïque, C14H¹¹ Az³O [ Griess, Ann.
été préparés par réduction des éthers nitroben- de Chim. et de Phys., (3) , t. LVII, p. 228 ;
zoïques correspondants . Journ . of the Chem. Soc. , 1866 , (2º sér.) , t. III ;
Amidobenzoate de méthyle, Bull. de la Soc. chim. , 1866 , t. VI, p . 403].
-- Un courant d'acide azoteux étant dirigé dans
CO2CH3
C7 H+ (Az H²) O2. CH³ = C6H4 Az H2.
ད une solution alcoolique froide d'acide amidoben-
zoique, il se dépose au bout de quelque temps
Substance huileuse, incolore, plus dense que une poudre cristalline jaune orangé, qui constitue
l'eau, qu'on obtient par l'action du sulfhydrate l'acide diazoamidobenzoique. Pour modérer la
d'ammoniaque sur le nitrobenzoate de méthyle . réaction , il convient de refroidir avec de l'eau . On
Ses propriétés sont entièrement comparables à purifie le produit par des lavages réitérés à l'al-
celles de l'amidobenzoate d'éthyle ; comme ce- cool chaud. Il s'obtient plus facilement en satu-
lui-ci, il fournit avec les acides des composés rant de l'alcool d'acide nitreux et l'ajoutant à une
définis. solution alcoolique d'acide amidobenzoique , et
Amidobenzoate d'éthyle, chauffant le mélange à 30°. L'acide diazoamido-
benzoïque se précipite sous forme d'aiguilles mi-
( CO2.C2H5 croscopiques.
C7 H (Az H²) O² . C2H5 = C® H¹ Az H2.
L'acide diazoamidobenzoïque est en petits pris-
-Si on ajoute du sulfhydrate d'ammoniaque à une mes d'un jaune orangé pur , sans saveur, sans
solution alcoolique d'éther nitrobenzoique, et que odeur , presque insoluble dans l'eau , l'alcool,
l'on chauffe modérément au bain de sable, il se dé- l'éther, le sulfure de carbone et le chloroforme. Il
se dissout dans les alcalis, il en est reprécipité
pose du soufre, et il se forme un liquide rougeâtre
qui n'est autre que l'amidobenzoate d'éthyle. Pour par les acides ; il chasse l'acide carbonique des
le séparer de l'éther nitrobenzoique qui aurait pu carbonates; les sels qu'il forme renferment 2 atomes
échapper à la réaction, on le dissout dans l'acide de métal ; les acides le dissolvent, mais en l'alté-
chlorhydrique , puis la solution acide est addi- rant.
tionnée d'un excès d'ammoniaque. Il se précipite Chauffé doucement avec de l'acide chlorhydrique,
une substance huileuse, qui est lavée à grande eau il se décompose ; il se dégage de l'azote ; il se pré-
et desséchée dans le vide. cipite de l'acide chlorobenzoique, et les eaux mères
Un mélange d'acide acétique et de limaille de retiennent du chlorhydrate d'acide amidoben-
fer réduit également l'éther nitrobenzoïque [Lim- zoique. L'acide iodhydrique agit de la même ma-
pricht, Ann. der Chem. u. Pharm ., nouv. sér., nière,etil se précipite de l'acide monoïdobenzoique.
t. XXIII, p. 117 ; Ann . de Chim. et de Phys., (3), Avec le brome sec, il y a réaction violente ; mais si
t. XLVIII, p. 382] . on ajoute cet agent à l'acide divisé et mis en sus-
Cet éther est huileux, dense, presque incolore , pension dans l'eau , il se forme, outre une matière
à peine soluble dans l'eau, très-soluble dans l'al- résineuse, de l'acide monobromobenzoique et de
cool et l'éther. Une solution concentrée de potasse l'acide tribromobenzoique. Avec l'iode, la réaction ,
le décompose à l'ébullition ; en contact avec une plus tranquille, donne naissance à de l'iodhydrate
dissolution aqueuse d'ammoniaque, il disparaît amidobenzoique, et à de l'acide iodoxybenzoique,
graduellement et fournit l'amidobenzamide. Inso- C7H5103.
luble dans les lessives alcalines, il se combine L'acide azotique agit très-vivement sur l'acide
avec les acides pour former des sels définis ; ces diazoamidobenzoique, et produit un nouvel acide,
combinaisons ont été étudiées par M. Cahours. l'acide trinitroxybenzoique, C7H3 (Az O2)3 03. L'a-
Chlorhydrate amidobenzo -éthylique ou benzam- cide azoteux en présence de l'eau le convertit
éthylique, CH¹ (Az H²) O². C² H³ HCl . L'éther en acide nitroxybenzoique, C7H5 (Az O2) 0³, et,
amidobenzoique se dissout dans l'acide chlorhy- en présence de l'alcool, fournit de l'acide ben-
drique en quantités considérables ; par l'évapora- zoique.
tion lente dans l'air sec, il se dépose une masse L'éther diazoamidobenzoïque,
cristalline qui, desséchée par expression et recris- C14 H9 (C2H5)2 Az³ O*,
tallisée dans l'alcool, fournit de beaux prismes, à
peine colorés , de chlorhydrate benzaméthyli- a été obtenu par l'action de l'acide azoteux sur la
que. Il est moins soluble dans l'éther que dans solution alcoolique de l'éther amidobenzoïque. Il
BENZOÏQUE. 563 BENZOÏQUE.
est en magnifiques aiguilles d'un jaune d'or, fu- | M. Foster a aussi tenté de préparer un dérivé
sibles à 44°, décomposables par la chaleur. Le benzoique analogue au dérivé acétique ; il a eu un
diazoamidobenzoate de méthyle se prépare d'une acide peu soluble dans les divers solvants et dont
manière analogue. les analyses s'accordent sensiblement avec la com-
Constitution de l'acide diazoamidobenzoïque. position d'un acide benzoylamidobenzoique.
Dans l'action de l'acide azoteux sur l'acide
amidobenzoique , l'azote prend dans une molé- DÉRIVÉS CHLORÉ ET BROMÉ DE L'ACIDE AMIDOBEN-
cule la place de 2 atomes d'hydrogène et donne zoique. Acide chloramidobenzoique,
ainsi le composé C7 H5 Az² O² ; mais l'azote est tri-
atomique et il remplace H2 ; il a donc une atomi- C7 HCl Az H2O2 = C6H3 Cl Az CO2 H
cité vacante qu'il satisfait en se saturant avec H2
l'oxyamidobenzoile , C7 H Az H2O2 , résidu mono- [Cunze et Hübner, Ann. der Chem. u. Pharm .,
atomique qu'il emprunte à une autre molécule nouv. sér., t. LIX, p. 106 ; Bull. de la Soc . chim .,
d'acide amidobenzoique. La formule suivante 1866, t. V, p. 374].
montre que dans l'acide diazoamidobenzoique les L'acide nitrochlorobenzoique réduit par le sul-
deux groupes sont liés par l'azote : fure d'ammonium et précipité par l'acide chlorhy-
drique fournit l'acide chloramidobenzoique. Celui-
( C6 H+ CO2 H ci est en mamelons d'un jaune clair, peu solubles
Az O. COC® H* Az H2
dans l'eau, solubles dans l'alcool et dans l'éther.
(Kekulé) . Il fond en brunissant entre 145° et 148°, il se dé-
DÉRIVÉ ACETYLÉ DE L'ACIDE AMIDOBENZOÏQUE. compose en partie à une température plus élevée.
Si on le chauffe avec de l'acide sulfurique
Acide acétoxybenzamique ou acetylamidoben- étendu, et qu'à la solution étendue on ajoute du
zoique, carbonate de baryum, il se forme des cristaux
C9 H9 Az O3 C6 H ( CO2H mamelonnés de sulfamidochlorobenzoate de ba-
Az H C2 H3 O ryum , C7H3 Cl (Az H²) S O Ba.
[ Foster, Bull. de la Soc. chim . , 1860 , p. 213 ; Dissous dans l'alcool et traité par un courant
Repert. de Chim . pure, 1860 , p. 422] . de gaz nitreux, il fournit l'acide diazoamidoben-
Cet acide s'obtient, 1° en chauffant l'acide ami- zoique ou diazoique de Griess, bichloré et appelé
dobenzoique avec l'acide acétique dans un tube par les auteurs diazochloramidobenzo - amido-
chlorobenzoique .
scellé ; à 130-140° le mélange est liquide, et se
solidifie de nouveau à 160° ; 2° par l'action du chlo- L'acide diazoique bichloré, C14 H9 C12 Az3 O' , est
rure d'acétyle sur l'amidobenzoate de zinc ; 3° en une poudre cristalline d'un jaune rougeâtre.
faisant réagir l'acide acétique sur ce même sel. La Les chloramidobenzoates sont cristallisés en
première méthode est la plus avantageuse . Le mamelons arrondis on a préparé les sels de
produit de la réaction est dissous dans un alcali , sodium, de potassium, de magnésium, de baryum ,
et précipité par un acide. On purifie le nouveau de calcium , de plomb, de cuivre et d'argent.
composé en le décolorant par le noir animal , et le En réduisant l'éther nitrochlorobenzoïque, on
faisant deux ou trois fois cristalliser dans l'al- a une combinaison de consistance molle, qui pa-
cool. raît renfermer l'éther chloramidobenzoique.
L'acide acétylamidobenzoïque est une poudre Acide tribromoamidobenzoïque,
blanche, formée de cristaux microscopiques. Pres- C7 H² Br³ Az H² O² = C H Br3 CO2H 22
que insoluble dans l'eau froide et dans l'éther, il
se dissout un peu dans l'eau bouillante ; l'alcool
bouillant le dissout en grande quantité et l'aban- [Beilstein et Geitner, Ann. der Chem . u. Pharm.,
donne presque complétement par le refroidisse- nouv. sér. , t. LXIII) . - Ce corps est assez soluble
ment. Il fond entre 220° et 230°, et se sublime en dans l'eau chaude, peu soluble dans l'eau froide.
partie sans décomposition. Il est en aiguilles incolores, brillantes, fusibles à
Chauffé avec de l'acide sulfurique étendu à 140°, à 169° ; à la distillation sèche, il se dédouble en
il se dédouble en ses générateurs. L'acide chlor- acide carbonique et en tribromaniline.
hydrique dissous dans l'alcool agit de même.
Cet acide est isomère de l'acide hippurique, les ACIDE DIAMIDORENZOIQUE ,
formules suivantes montrent la nature de cette CO2H
isomérie : C7 H (Az H2) 2 02 := C6H3
C®H+ CO2 H ( CO2H [Voit, Mem. cit.]. - Produit de réduction de
Az H C²H³O. CH² Az HC7H5 O. l'acide binitrobenzoique, on l'obtient en faisant
Acide acétoxyben- Acide passer pendant longtemps un courant d'hydrogène
zamique. hippurique. sulfuré dans la solution ammoniacale chaude de
Les acétylamidobenzoates de potassium et de l'acide nitré. La liqueur séparée du soufre, éva-
sodium sont très-solubles dans l'alcool et dans porée au bain-marie , et sursaturée par l'acide
l'eau, insolubles dans l'éther ; ils cristallisent dif- chlorhydrique, laisse déposer au bout de quelque
temps des cristaux jaunes de chlorhydrate diami-
ficilement ; le sel de sodium a pour formule dobenzoique. On transforme ce chlorhydrate en
C6H4CO2 Na sulfate en le dissolvant dans l'acide sulfurique
Az H C2H3O. étendu, concentrant les liqueurs et faisant recris-
Le sel de baryum , talliser dans l'alcool le sulfate diamidobenzoïque .
Celui-ci étant traité par le carbonate de baryte,
[CH +(Az H C2H30) CO2] Ba, 3 H20 , on évapore la solution filtrée au bain-marie, puis
dans le vide sec ; on obtient ainsi l'acide diami-
est en fines aiguilles qui perdent leur eau de cris- dobenzoique.
tallisation à 130°. M. Boullet l'a préparé en réduisant l'acide bini-
Le sel de calcium, moins soluble que les précé- trobenzoique par l'acide acétique et le fer.
dents, a la même constitution que le sel précédent. Ce composé ne présente plus aucun des carac-
L'éther acetylamidobenzoique paraît se former tères des acides ; ses solutions sont neutres et
lorsqu'on chauffe à 180° l'acide avec de l'alcool n'ont aucune saveur. Il ne se combine pas avec
dans un tube scellé à la lampe ; il n'a pas été ob- les bases et forme avec les acides des sels bien
tenu à l'état de pureté. définis et cristallisables . Il se présente sous la
BENZOÏQUE. 564 - BENZOLÉIQUE.
forme de petits cristaux prismatiques verdâtres, l'anhydride acétique, puis de l'anhydride ben-
facilement solubles dans l'eau , l'alcool et l'éther. zoïque.
Ils fondent et noircissent vers 195°. L'anhydride benzoique est en prismes obliques
Chlorhydrate diamidobenzoïque, insolubles dans l'eau froide, assez solubles dans
l'alcool et dans l'éther ; la solution récente est
CH (Az H2)2O2. 2 HCI. neutre aux papiers réactifs. Il fond à 42°. Fondu
On purifie ce composé, dont nous avons dit sous l'eau, il reste longtemps en surfusion. Il
plus haut la préparation , en le dissolvant dans distille sans altération, vers 310°, en une huile
une petite quantité d'eau froide et en ajoutant à incolore qui se prend en rhombes très-aigus ou
la solution de l'acide chlorhydrique concentré. Il en prismes aciculaires. En le fondant, le lais-
se sépare immédiatement des aiguilles blanches , sant refroidir lentement, et décantant la partie
ou un précipité floconneux qui se transforme en liquide, quand une portion s'est concrétée, on
aiguilles. Il est très-soluble dans l'eau, l'alcool et obtient de très-beaux cristaux.
l'éther. Au contact de l'air la solution aqueuse se L'eau bouillante le transforme lentement en
décompose. acide benzoique; cette transformation est rapide
Sulfate diamidobenzoïque, avec les alcalis chauffé avec de l'ammoniaque
aqueuse, il donne de la benzamide ; avec l'ani-
C7 H (Az H2)2O2, H2SO¹. line, il donne de la benzanilide. Si on le mélange
Cristaux en tables ou en lames, presque inco- avec du formiate de sodium sec, et si on chauffe
lores, très-solubles dans l'eau, moins solubles légèrement le mélange, il se sublime de l'acide
dans l'alcool. Leurs solutions se décomposent benzoique, et il se dégage de l'oxyde de carbone.
promptement. DÉRIVÉS NITRIQUES DE L'ANHYDRIDE BENZOIQUE
M. Voit a aussi obtenu l'azotate, l'acétate et [Gerhardt, loc. cit. , p . 321] .
l'oxalate diamidobenzoique. E. G. Anhydride nitrobenzoïque,
BENZOÏQUES (ANHYDRIDES) . C14 H8 (Az O2,203 = (C7 H¹ (Az O²) 0)20.
ANHYDRIDE BENZOIQUE OU ACIDE BENZOÏQUE
ANHYDRE , -On mêle 8 p. de nitrobenzoate de sodium sec
C14H10O3 = (C7H50)20 et 1 p. d'oxychlorure de phosphore, et on aban-
donne le tout dans une étuve chauffée à 150°, jus-
[Gerhardt, 1853, Ann. de Chim. et de Phys., (3), qu'à ce que l'odeur du chlorure de nitrobenzoyle
t. XXXVII, p. 299] . ait disparu. Le produit, lavé à l'eau froide, laisse
On fait un mélange équimoléculaire de chlo- une masse blanche d'anhydride nitrobenzoique,
rure de benzoyle et de benzoate de sodium bien qui s'altère rapidement dans les lavages, et qui
desséché, on le place dans un bain de sable et on n'a pu être analysé.
le porte à la température de 130°. Il se fait une Anhydride benzonitrobenzoïque,
solution qui bientôt dépose du sel marin. CHO)0.
Le produit refroidi et solidifié est lavé à l'eau C14 H9 Az O² 0³ = CTH (Az O )O
froide et au carbonate de soude , et il reste une
matière blanche, qui n'est autre que de l'anhy- - On soumet à une douce chaleur un mélange de
dride benzoique. On peut le purifier par distilla- 5 p. de chlorure de benzoyle, et de 7 p. de nitro-
tion ou par dissolution à chaud dans une très- benzoate de sodium.
petite quantité d'alcool ; il se sépare par le Le produit, solide après refroidissement, est
refroidissement sous forme d'une huile qui se lavé avec un peu d'eau chaude pour enlever le
concrète et qui cristallise. Il est essentiel de n'em- chlorure de sodium , puis avec du carbonate de
ployer que très-peu d'alcool ; car le contact pro- sodium. En le dissolvant dans une très-petite
longé de celui-ci avec l'anhydride benzoique le quantité d'alcool, on l'obtient à l'état cristallin.
convertit en éther benzoique. Aussi , quand on Il est plus stable que le précédent. Il n'a pas été
opère sur une quantité un peu notable de cet analysé.
anhydride, vaut-il mieux le purifier par distil- ANHYDRIDES MIXTES. Pour les anhydrides
lation. acétobenzoique, valéroben zoïque , angélobenzoi-
Un moyen rapide de préparer l'anhydride ben- que, cumidobenzoique , voyez aux mots ACÉTIQue,
zoique consiste à introduire dans du chlorure de VALÉRIQUE, ANGÉLIQUE, CUMINIQUE, etc.
benzoyle, de l'oxalate de potassium desséché et M. Schutzenberger n'a pas réussi à isoler le
réduit en poudre fine. On chauffe uniformément benzoate d'iode ou anhydride iodobenzoïque, mais
toutes les parties du mélange, et quand on ne en chauffant du protochlorure d'iode avec du ben-
sent plus l'odeur du chlorure de benzoyle, on lave zoate de sodium bien sec, il a obtenu plusieurs
le produit à l'eau froide, et on le purifie comme corps qu'on peut considérer comme les produits
plus haut. La réaction est exprimée par la for- de décomposition du benzoate d'iode. Voyez
mule BENZOATE De sodium .
C2O4K² + 2C7 H5O . Cl Il en est de même du bromobenzoate et du
=
= C14 H10 O3 + 2K CI + CO + CO². nitrobenzoate d'iode; on ne connaît que leurs
produits de décomposition . Voyez à ACIDE BEN-
Il est encore plus avantageux d'employer l'oxy- ZOÏQUE, ACIDE BROMOBENZOÏQUE et ACIDE NITROBEN-
chlorure de phosphore , auquel on ajoute par zoique. E. G.
petites portions un peu plus de cinq fois son BENZOLÉIQUE (ACIDE), ou ACIDE HYDROBEN-
poids de benzoate de sodium desséché, en agitant ZOIQUE, CH10 02 [ Hermann , Ann. der Chem. u.
constamment pour que la réaction s'effectue égale- Pharm., nouv. sér. , t. LVI ; Bull. de la Soc . chim.,
ment dans toute la masse. Puis on place le ballon 1865 , t. IV, p. 126 ; - Otto, Ann. der Chem. u.
dans un bain de sable et on chauffe à 150° : avec Pharm., nouv. sér. , t. LVIII, p. 303 ; Bull. de la
le perchlorure de phosphore, il y a également Soc. chim., 1866 , t . V, p. 380] .
formation d'anhydride [ Erdmann, in Gerhardt, Cet acide, intermédiaire entre l'acide benzoïque
Traité de Chim. , t. III, p . 208]. et l'acide œnanthylique C7H4+ O2, a été découvert
M. Gal a obtenu l'anhydride benzoïque en par M. Hermann dans l'action de l'hydrogène
chauffant du chlorure de benzoyle et de l'oxyde naissant sur l'acide benzoique. En faisant bouillir
de baryum entre 140° et 150° pendant vingt celui-ci avec un peu d'eau , ajoutant de l'amal-
heures environ [ Gal , Bull . de la Soc. chim.. 1863 , game de sodium , et dirigeant dans le mélange un
p. 173]. Lorsqu'on distille l'anhydride acétoben- courant d'acide chlorhydrique, on obtient de l'al-
zoique, il se décompose et fournit d'abord de cool benzylique , un composé C14 H14 O2, et de
BENZONITRILE. - 565 -- BENZONITRILE .
l'acide benzoléique. On sépare l'alcool benzylique en benzonitrile [Cahours, Compt. rend. de l'Acad. ,
par distillation, on agite le résidu avec de l'éther t. XXV, p. 724] . L'acide hippurique, chauffé avec
pour enlever le corps C14H14 O2, et on le préci- du chlorure de zinc anhydre, donne du benzoni-
pite ensuite par l'acide chlorhydrique. Il se sé- trile ; 30 grammes en fournissent 10 à 12 gram-
pare une huile qui ne se solidifie pas à froid, mes [Gossmann , Ann. der Chem. u. Pharm . ,
quand tout l'acide benzoique a été transformé ; nouv. sér., t. XXIV , p. 69 ; Ann. de Chim. et dé
dans le cas contraire , on continue l'action de Phys., 1857, (3) , t . XLIX , p . 374] . Ce procédé et
l'hydrogène naissant jusqu'à complète transfor- les deux précédents paraissent être les plus avan-
mation de l'acide benzoique. L'huile qui se dé- tageux.
pose est l'acide benzoléique. M. Hofmann obtient le benzonitrile en distil-
M. Otto, qui l'a nommé acide hydrobenzoïque, lant un mélange d'acide oxalique et d'aniline.
l'a préparé en chauffant pendant quelque temps L'oxyde de carbone provenant de la décomposi-
l'acide hydrobenzilurique avec une solution alca- tion de l'acide oxalique, se fixant sur un atome
line concentrée. L'acide hydrobenzilurique d'hydrogène de l'aniline, donne de la formianilide
C16 H21 Az O CHO
C6H5 } Az,
résulte de l'action de l'hydrogène naissant sur l'a- H
cide hippurique, et se décompose suivant l'équa-
tion qui, perdant H2O, se transforme en benzonitrile
C16 H21 Az O + H2O [Compt. rend., 1867, t. LXIV, p. 388] .
= C2H5 Az O² + C7H8O + C7 H100². Il se forme encore du benzonitrile dans les réac-
Glycocolle. Alcool Acide tions suivantes :
benzylique. benzoléique. 1° Lorsqu'on fait fondre la benzamide avec du
potassium, il se produit en même temps du cya-
L'acide benzoléique se présente sous la forme nure de potassium (Liebig et Wohler).
d'une huile assez fluide , volatile, acide , d'une 2° Lorsqu'on chauffe un mélange équimoléculaire
odeur désagréable rappelant celle de l'acide valé- d'anhydride benzoique et de benzamide. L'anhy-
rique ; plus dense que l'eau, peu soluble dans ce dride benzoique se transforme en acide benzoique,
véhicule, très-soluble dans l'alcool et dans l'éther. en s'assimilant les éléments d'une molécule d'eau ;
Il se combine difficilement aux bases ; mais chauffé il joue le même role que l'anhydride phospho-
avec les carbonates alcalins , il en chasse l'acide rique (Gerhardt et Chiozza).
carbonique. Il est très-instable et ne peut être 3' La vapeur de benzamide, dirigée dans un tube
étudié à l'état isolé. de verre chauffé au rouge, fournit une certaine
Les benzoléates de sodium et de calcium sont quantité de benzonitrile ; l'aniline se comporte de
peu solubles dans l'alcool bouillant et s'en préci- même [ Hofmann , Compt. rend. de l'Acad. , t . LV,
pitent par le refroidissement. Ils sont déliques- p. 805].
cents et s'altèrent à l'air. Suivant M. Otto, le sel 4º Le chlorure de benzoyle, étant chauffé avec la
de chaux recristallisé finit par se transformer en benzamide, produit de l'acide chlorhydrique, de
benzoate, en perdant 4 atomes d'hydrogène. l'acide benzoique et du benzonitrile [ Sokoloff, in
En dissolvant l'acide benzoléique dans l'alcool, Traité de Chim., de Gerhardt, t.J, p. 381].
et dirigeant dans la liqueur un courant d'acide 5º Par la distillation de l'acide hippurique [Lim-
chlorhydrique, on obtient l'éther benzoléique, li- pricht et V. Uslar, Ann. der Chem. u. Pharm.,
quide incolore, transparent, fluide, dont l'odeur nouv. sér., t. XII , p . 133 ; Ann . de Chim. et de
rappelle celle de l'éther valérique. Il se décom- Phys. , 1854, (3), t. XLI, p . 194].
pose à l'air (Hermann). 6º Dans l'action du bromure de cyanogène sur
Il est évident que l'acide benzoléique exige de le benzoate de potassium :
nouvelles recherches, et que son mode de généra- C7H5O2K + CAz Br = CO² + K Br + C7H³ Az
tion et sa formule ne sont pas suffisamment dé- Benzoate de Bromure de Benzoni-
montrés. E. G. trile.
BENZONITRILE ou CYANURE DE PHÉNYLE, potassium. cyanogène.
SCz6H5 [Cahours, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t . LII,
C7H5 Az = CA
p. 200] .
7° En ajoutant du chlorure de benzoyle à du sul-
[Fehling, Ann . der Chem. u. Pharm., t. XLIX , focyanate de potassium. La réaction est très-vive ;
p.91]. - Ce composé, découvert par M. Fehling, il se forme du sulfocyanate de benzoyle qui se dé-
a été obtenu par la distillation du benzoate d'am- double alors en benzonitrile, acide carbonique et
moniaque desséché. Lorsqu'on chauffe doucement sulfure de carbone :
celui-ci , il passe de l'eau chargée d'ammoniaque,
de l'acide benzoique et une huile, le benzonitrile. 2 (C7 HBO , CAzS) = 2 C7 H5 Az + CO2 + CS
Comme une grande partie de celui-ci reste mêlé Sulfocyanate
au résidu fondu de la cornue, on y ajoute de l'eau [Limpricht, Ann. der Chem . u. Pharm ., nouv. sér. ,
additionnée d'un peu d'ammoniaque, et on dis- t. XXIII, p. 117 ; Ann. de Chim. et de Phys. , (3 ) ,
tille jusqu'à ce qu'il ne passe plus d'huile dans le t. XLVIII, p. 381].
récipient ; celle-ci est lavée à l'acide chlorhy- 8° Par l'action du chlorure de benzoyle sur l'oxa-
drique, puis à l'eau, séchée sur du chlorure de mide (Chiozza) :
calcium , et rectifiée . C6H5CO CI + C² O² H¹ Az²
Suivant Laurent et Chancel, la décomposition = C7H5 Az + HCl + C Az H + CO² + H2O .
est plus facile lorsqu'on fait passer les vapeurs du
benzoate d'ammoniaque sur de la baryte chauffée Le benzonitrile est liquide, incolore, réfringent ;
[Compt. rend. des trav. de Chim., 1849, p. 117] . sa densité est de 1,0073 à 15º, de 1,0230 à 0º, et
On obtient plus facilement le benzonitrile en de 1,0084 à 16°,8 (Kopp) . A une température éle-
distillant la benzamide avec de l'anhydride phos- vée, il est moins dense que l'eau et vient surna-
phorique ou de la baryte caustique [ Liebig et ger celle- ci lorsqu'elle est chauffée. Il distille sans
Wolher, Ann. der Chem . u. Pharm . , t. III, et altération à 190°,6 sous la pression normale
Ann. de Chim. et de Phys. , t. LI, p. 298 ; - Ger- [H. Kopp, Ann. der Chem. u. Pharm. , t . XCXVIII,
hardt et Chiozza in Traité de Chim ., de Gerhardt, p. 367 ; Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LVIII,
t. III, p. 270] . Le perchlorure de phosphore dis- p. 509] . Sa densité de vapeur a été trouvée égale
tillé avec la benzamide la transforme également à 3,7 ; il brûle avec une flamme fuligineuse.
BENZONITRILE . -- 566 - BENZOPHĖNONE .
Il est peu soluble dans l'eau et se dissout en être préparé par la distillation du nitrobenzoate
toute proportion dans l'alcool et dans l'éther. La d'ammoniaque.
potasse aqueuse ne l'attaque pas à froid, mais par Chlorobenzonitrile ou cyanure de chlorophé-
l'ébullition il se forme du benzoate et il se dégage nyle, C7 HCl Az = C® H¹ Cl , C Az (Limpricht) . — 11
de l'ammoniaque ; les acides dilués le décom- n'a pas été obtenu par l'action du chlore sur le
posent également. Il se dissout dans l'acide sulfu- benzonitrile , mais il se forme quand on distille
rique concentré, et si l'on chauffe , on obtient des avec le perchlorure de phosphore la sulfobenza-
acides sulfo- et disulfober.zoique (Buckton et Hof- mide ou l'acide sulfobenzamique. Le produit de
mann). la réaction est mêlé avec de la potasse aqueuse et
Si l'on fait passer un courant de gaz sulfhy- rectifié ; le chlorobenzonitrile passe avec les va-
drique dans une solution alcoolique légèrement peurs d'eau et se solidifie dans le récipient.
ammoniacale de cyanure de phényle, il s'assimile Il est en larges prismes incolores, d'une odeur
les éléments de celui-ci, et donne ainsi naissance d'essence d'amandes amères , insolubles dans
à la benzamide sulfurée [Cahours, Compt. rend. l'eau, très-solubles dans l'alcool et l'éther, fusibles
de l'Acad. , 1848 , t. XXVII, p. 239]. à 40° et se solidifiant à 36°. Il est légèrement vo-
En dirigeant les vapeurs d'anhydride sulfurique latil à la température ordinaire. Une ébullition
sur le benzonitrile, celui-ci se prend en une masse prolongée avec l'acide azotique étendu le trans-
cristalline, principalement composée d'acide sul- forme en acide chlorobenzoique. Chauffé à 100°
fobenzamique C7H5 (Az H2) SO* [Engelhardt, Journ. en vase clos avec de l'ammoniaque, il donne de la
für prakt. Chem. , t . LXXV, p. 363 ; Répert. de chlorobenzamide. E. G.
Chim. pure, 1858-59, p. 265] . BENZOPHENONE [ Syn. Benzone],
Le benzonitrile se combine directement aux
C6H5
acides bromhydrique et iodhydrique [ Louis Henry, C13 H10 O CO C6HS
Bull. de la Soc. chim. , 1867, t. VII, p. 86 ] . Ces
corps, qui n'ont pas encore été décrits, pouvaient [Chancel, Compt. rend. des trav. de Chim., 1849,
être facilement prévus , M. A. Gautier ayant p. 87 ; 1851 , p. 85.] - La benzophenone est le
montré précédemment que les nitriles se combi- produit principal de la distillation sèche du ben-
nent avec les acides chlorhydrique, bromhydrique, zoate de chaux. Obtenue à l'état impur par M. Pe-
et iodhydrique. Du reste, Gerhardt avait déjà ob- ligot, cette substance a été étudiée par M. Chancel
tenu la combinaison d'acide chlorhydrique et de [Peligot, Ann. de Chim . et de Phys. , t. LVI, p. 59].
benzonitrile par l'action du perchlorure de phos- C'est l'acétone de l'acide benzoique :
phore sur la benzamide, et l'avait appelée chlo-
rure de benzamidyle [ Traité de Chim., t. IV, (C7H5O2)2 Ca = C13 H10O + CO³ Ca.
p. 762].
Chauffé avec l'acide azotique fumant, il fournit Le benzoate de chaux parfaitement desséché et
un produit de substitution , le nitrobenzonitrile mélangé avec 1/10 de son poids de chaux vive
(Gerland). Voyez plus bas. est soumis à la distillation . M. Chancel emploie
Au contact du potassium, il se colore en cra- une bouteille à mercure, munie d'un canon de
moisi ; chauffé en vase clos avec ce métal , il fusil recourbé. Le liquide fortement coloré en
donne , à 240°, un sublimé de fines aiguilles rouge qu'on obtient ainsi étant rectifié, on re-
cueille d'abord de la benzine, puis un peu d'hy-
(peut - être le diphényle ) , en même temps que
du cyanure de potassium [ Burgley, Journ. für drure de benzoyle, mêlé de deux hydrocarbures
prakt. Chem., t. XIII , p. 320; Chemical Gaz. , 1854, particuliers présentant la composition de la naph-
p. 329]. taline ( voyez BENZOATE DE CHAUX ) . A 315º on
Traité par le zinc et l'acide chlorhydrique en change de récipient, et les portions qui passent
présence de l'alcool, il fixe quatre atomes d'hy- jusqu'à 325° sont formées de benzophenone à peu
drogène ; la base qui en résulte est identique à près pure qui ne tarde pas à se solidifier. Il est
la benzylamine C7H9 Az = C6 HS, CH2 H2 Az, obte- essentiel de ne pas y mêler les produits qui pas-
nue depuis par M. Cannizzaro, dans l'action du chlo- sent au-dessus de 325°, et qui empêchent la ben-
rure de benzyle sur l'ammoniaque [ Mendius, Ann. zophenone de cristalliser. On purifie la benzophe-
der Chem. u. Pharm. , nouv. sér., t. XLV, p. 129 ; none en la faisant cristalliser plusieurs fois dans
Ann. de Chim. et de Phys,, (3) , t . LXV, p . 127 ; un mélange d'alcool et d'éther. Un kilogramme de
Répert. de Chim . pure, 1862, p. 319]. benzoate en fournit à peu près 250 grammes.
Un isomère du benzonitrile a été obtenu par La benzophenone est insoluble dans l'eau, assez
M. Hofmann en distillant un mélange d'aniline, soluble dans l'alcool, très-soluble dans l'éther ; si
de chloroforme, et d'une solution alcoolique de on la dissout dans un mélange d'alcool et d'éther,
potasse. C'est le véritable cyanure de phényle. Il et qu'on abandonne la solution à l'évaporation
n'appartient pas à la série benzoïque ; la potasse spontanée, elle cristallise en gros prismes trans-
le dédouble en acide formique et en aniline [ Hof- parents, de 2 à 3 centimètres de longueur et d'une
mann, Compt. rend. , t. LXV, p . 335]. teinte légèrement ambrée. Les cristaux appar-
tiennent au système rhombique.
PRODUITS DE SUBSTITUTION DU BENZONITRILE. Elle fond à 46° en une huile épaisse qui ne se
Nitrobenzonitrile, solidifie que par l'agitation (Chancel) , à 48°, 48° 5
(Linnemann) . Elle distille sans altération à 315°
C² H¹ (Az O²) Az = C ( ་C6 H+ ( Az O²) (Chancel), à 295° sous une pression de 0,741 Lin-
(Az nemann) . Sa vapeur est inflammable. Elle a une
[Gerland , Handwærterb. der Chem . , v. Liebig odeur éthérée, agréable, analogue à celle du ben-
Poggend. u . Wohler, Supplement, p. 514]. Le zoate d'éthyle.
benzonitrile, étant chauffé doucement avec l'acide A froid, l'acide sulfurique et l'acide azotique la
azotique fumant , s'y dissout ; par l'addition de dissolvent, l'addition de l'eau la sépare inaltérée.
l'eau, il se précipite du nitrobenzonitrile ; ce A chaud, l'acide azotique la transforme en benzo-
corps est en petites aiguilles incolores et soyeuses, phénone binitrée.
assez soluble dans l'eau bouillante, soluble dans Chauffée à 260° avec la chaux potassée, elle se
les acides d'où l'eau le précipite ; il se décompose dédouble nettement en benzine et en benzoate po-
à la distillation . Soumis à l'ébullition avec les tassique :
alcalis, il fixe deux molécules d'eau , et la liqueur C13H10O + KHO = C6H6 + C7 H502 K.
renferme du nitrobenzoate. Les acides le décom-
posent d'une manière analogue. Il n'a pas pu Le brome ne l'attaque pas à la température or-
BENZOPINAKONE. - 567 BENZOYLE.
dinaire. En opérant à 150° et en vases clos, et en 180°. L'acide chromique la transforme en benzo-
employant 20 gr. de brome pour 5 gr. de benzo- phénone ; l'amalgame de sodium, en benzhydrol.
phénone, il y a réaction ; on obtient un liquide Bouillie avec un excès de chlorure de benzoyle ,
sirupeux qui se solidifie au bout de quelque temps. elle donne une poudre blanche, insoluble dans
Cette matière étant dissoute dans l'alcool bouil- l'eau, soluble dans l'alcool bouillant, l'éther et la
lant, il se dépose par le refroidissement des cris- benzine, fusible à 182° et qui est représentée par
taux blancs, très-déliés, qui présentent la compo- la formule C26 H2002. Elle diffère de la benzopi-
sition C26 H15 Br5 O2. Ils entrent en ébullition à nakone par perte de 1 molécule d'eau, de même
125º en se décomposant. Traité par l'amalgame que le corps C6H12O préparé avec la pinakone
de sodium , ce composé devient huileux et ne ren- C6 H14O2 diffère de celle-ci (Friedel).
ferme plus de brome [ Linnemann , 1865, Ann., La pulvérisation, la fusion et la distillation
etc., nouv. sér. , t. LVII, p. 1 ; Bull. de la Soc. transforment également la benzopinakone en une
chim., 1865, t . IV, p. 268] . modification liquide isomère.
La benzophenone dissoute dans l'alcool étendu L'isobenzopinakone est liquide , incolore, siru-
et mise en contact avec de l'amalgame de sodium peuse, très-réfringente ; elle bout à 297°,5 sous
fixe de l'hydrogène et se transforme en benzhy- la pression de 0,733. Sa densité est de 1,10 à
drol (Linnemann). 19º. Elle ne se solidifie pas à 10°, mais elle de-
Lorsqu'on traite la solution alcoolique de ben- vient solide au bout de quelque temps ; alors elle
zophenone par l'acide sulfurique et le zinc, il se fond à 31 °, et passe à la modification liquide, lors-
produit de la benzopinakone (Linnemann) . qu'on évapore ses solutions. Liquide ou solide,
BENZOPHENONE BINITRÉE , C13 H8 ( Az O2)2O. elle se dissout facilement à froid dans l'alcool,
L'acide azotique fumant attaque à chaud la benzo- l'éther et la benzine. L'amalgame de sodium la
phénone ; il se produit un liquide huileux, épais, transforme en benzhydrol . E. G.
restant longtemps liquide à froid. Il se dissout BENZOYLANILIDE. — Voyez BENZYLÈNE-PHÉ-
rapidement dans l'éther, et s'en sépare presque NYLAMINE.
aussitôt sous forme d'une poudre cristalline légè- BENZOYLE. Nom du radical
rement jaunâtre, c'est la benzophenone binitrée ;
le sulfhydrate d'ammoniaque la transforme en C7H5O =CH , CO
flavine, C13 H8 (Az H2) 2 O (Laurent et Chancel) . Elle qui fonctionne dans les composés benzoiques
fond à 129°. Elle se produit aussi dans l'action à (acide benzoique, benzamide, essence d'amandes
chaud de l'acide azotique fumant sur le benzhy- amères, etc). Par les dédoublements des composés
drol, C13 H12O. benzoiques, ainsi que par leur synthèse (Harnitz-
DIAMIDOBENZOPHENONE OU FLAVINE , Harnitzki , Kolbe, Kekulé) , le benzoyle peut être
C6H4(Az H²) considéré comme formé de phényle C6H5, et de
C13 H12 Az2O == CO ( C6H (Az H²) carbonyle CO. Le remplacement de l'hydrogène
i par Cl . Br. Az O2, etc. , donne les radicaux substi-
[Laurent et Chancel, Compt. rend. des trav. de tués chlorobenzoyle, bromobenzoyle, nitroben-
Chim., 1849, p. 115]. - - Ce corps, appelé impro- zoyle, etc. Mis en liberté, le benzoyle se double
prement diphenylurée, s'obtient par l'action du pour constituer la molécule
sulfhydrate d'ammoniaque sur la benzophenone C7H5O
binitrée. Il forme de belles aiguilles incolores ou C7H5O
d'un jaune pâle, presque insolubles dans l'eau, so-
lubles dans l'alcool. Il dégage de l'aniline par la benzoyle libre ou dibenzoyle.
potasse en fusion. On obtient ce composé en ajoutant de l'amal-
Le chlorhydrate est très-soluble dans l'eau , game de sodium à du chlorure de benzoyle mêlé
moins soluble dans l'alcool ; il cristallise en lames d'éther anhydre ; la réaction , faible à froid, s'a-
allongées. chève au bain-marie ; après vingt-quatre heures,
Le chloroplatinate est un précipité jaune pul- on filtre la solution éthérée, on la lave à l'eau pour
vérulent. E. G. décomposer un reste de chlorure de benzoyle. La
BENZOPINAKONE , C26 H22 02 [ Linnemann, solution éthérée concentrée dépose les cristaux de
1855, Ann. der Chem . , u . Pharm . , nouv . sér. , dibenzoyle ; on les lave à l'éther froid , et on les fait
t. XLIX, p. 229 ; Bull . de la Soc. chim . , 1865, t. IV, recristalliser dans l'éther bouillant [ G. Briegel,
p. 274] . - Ce composé résulte de l'action de l'hy- Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXXV , 1865 ,
drogène naissant dégagé par l'acide sulfurique et p. 171 , nouv. sér. , t. LIX ; Bull. de la Soc.
le zinc sur la benzophenone. On fait une dissolu- chim., 1866, t. I, p. 178].
tion alcoolique de benzophenone saturée à la tem- ! Le dibenzoyle, C14H10O2, se présente sous la
pérature de 15°, et on en mêle une partie à 6 p. forme de petits prismes incolores, brillants, fu-
d'un mélange formé de 1 p. d'acide sulfurique sibles à 146°. Ils peuvent être sublimés sans alté-
concentré, 1 p. d'eau et 4 p. d'alcool. On ajoute le ration . Ils sont peu solubles dans l'alcool et dans
zinc ; au bout de quelques jours la réaction est l'éther.
terminée. La benzopinakone recouvre le zinc, tan- Par l'action de la potasse alcoolique il paraît se
dis qu'une autre quantité est retenue en dissolu- dédoubler en acide benzoïque et en alcool benzy-
tion par l'alcool. On évapore celui- ci, on élimine lique.
le zinc à l'aide de l'acide sulfurique, et on purifie Cecorps est isomère du benzile de Laurent, pro-
le résidu de benzopinakone par plusieurs cristal- duit par déshydrogénation de la benzoine.
lisations dans l'alcool bouillant. La benzopinakone BROMURE DE BENZOYLE ,
représente 2 molécules de benzophenone, plus C7H5O . Br = C6H5. CO Br
2 atomes d'hydrogène,
[Liebig et Wohler, 1832 , Ann. der Chem. u.
2 C13 H10O + H2 = C26 H22 O2 ; Pharm., t. III, p. 266, et Ann. de Chim. et de
elle dérive de la benzophenone comme la pinakone Phys., t . LI, p. 290 ]. Il s'obtient facilement
C6H14 O2 dérive de l'acétone : lorsqu'on mêle l'hydrure de benzoyle avec du
2 C3 H6 O + H2 = C6H14 O². brome ; le mélange s'échauffe, dégage des vapeurs
d'acide bromhydrique. A l'aide de la chaleur on
Elle cristallise en prismes microscopiques , chasse tout l'acide bromhydrique et l'excès de
transparents ; elle est peu soluble dans l'alcool brome; il peut se préparer aussi en traitant le
bouillant, assez soluble dans l'éther, le sulfure de chlorure de benzoyle par un bromure métallique.
carbone et le chloroforme. Elle fond entre 170° et Le bromure de benzoyle est une masse molle,
BENZOYLE . - 568 - BENZOYLE.
liquide à la température ordinaire, fondant à et de l'acide sulfureux [ Carius, Ann. der Chem.
une douce chaleur en un liquide jaune brun. u. Pharm., nouv. sér., t. XXX, p . 291 ; Ann. de
Son odeur est plus faible que celle du chlorure Chim. et de Phys. , (3) , t. LIV, p. 235 ; Repert. de
et un peu aromatique. Il fume à l'air , l'eau le Chim. pure, 1858-59, p. 11 ]. Le chlorure de soufre
décompose lentement, il tombe au fond de ce li- rouge transforme de même le benzoate de sodium
quide et n'est décomposé en acide benzoique et en chlorure de benzoyle (Heintz) .
en acide chlorhydrique que par une longue ébul- M. Beketoff obtient le chlorure de benzoyle en
lition . L'alcool et l'éther le dissolvent sans l'al- chauffant à 200° un mélange d'acide benzoique,
térer. de chlorure de sodium, et de bisulfate de sodium.
CHLORURE DE BENZOYLE , Ce procédé ne donne que de petites quantités de
chlorure :
C7H5O CI = C6 H³. COCI CH6O2SO3 + 2 Na Cl
[Liebig et Woehler, 1832 , Ann. der Chem. u. = C7H5OCI + HCl + SO¹Na²
Pharm ., t. III , p. 262 , et Ann. de Chim. et de
Phys. , t. LI, p. 286 ; -Cahours , ibid. , (3) , t. XXIII , [Ann. der Chem. u. Pharm., t. CIX, p . 256] .
p. 334]. -- Le chlorure de benzoyle à été obtenu La synthèse du chlorure de benzoyle a été réa-
pour la première fois par l'action d'un courant de lisée par la combinaison de la benzine et du chlo-
chlore sec sur l'hydrure de benzoyle (Liebig et roxyde de carbone :
Wohler). On le prépare ordinairement par l'ac- C6H6 + CO CI² = C6H5 C O Cl + HCl.
tion du perchlorure de phosphore sur l'acide ben-
zoique (Cahours). On dirige de l'oxychlorure de carbone pur dans une
On place dans une cornue tubulée un mélange cornue exposée aux rayons du soleil , et où ar-
équimoléculaire de perchlorure de phosphore et rivent en même temps des vapeurs de benzine ; il
d'acide benzoïque sec ( 211 parties du premier passe dans le récipient un mélange de benzine et
et 122 du second), et on chauffe doucement. Il se de chlorure de benzoyle qui sont séparés par dis-
manifeste bientôt une vive réaction, accompagnée tillation [ Harnitz-Harnitzki , Bull. de la Soc .
d'un dégagement abondant d'acide chlorhydrique. chim., 1865, t. III p. 322].
Lorsque la réaction est calmée, on fixe un ther- Le chlorure de benzoyle est un liquide inco-
momètre à la tubulure de la cornue, et l'on sou- lore, limpide, d'une odeur extrêmement irritante ;
met le tout à la distillation fractionnée. Il passe sa densité est de 1,196 (Liebig et Wohler), de
d'abord de l'oxychlorure de phosphore entre 109° 1,250 à 15º (Cahours), de 1,2324 à 0° (H. Kopp) . Il
et 112°, puis un mélange d'oxychlorure et de bout à 196º ( Cahours) , de 1980,4 à 198°,7, sous une
chlorure de benzoyle jusqu'à 195. Entre 195° et pression de 760 millimètres ( H. Kopp) .
200°, on recueille du chlorure de benzoyle presque | Il est inflammable et brûle avec une flamme
entièrement pur ; il renferme cependant des fuligineuse bordée de vert. Il dissout à chaud le
traces de perchlorure et d'oxychlorure, on l'en phosphore et le soufre, qui cristallisent par re-
débarrasse en le traitant par de petites quantités froidissement, et se mêle en toute proportion
d'eau froide qui décomposent immédiatement les avec le sulfure de carbone, sans décomposition. Il
chlorures de phosphore et n'agit pas sensiblement tombe au fond de l'eau sans s'y dissoudre, mais
sur le chlorure de benzoyle. On le soutire ensuite avec le temps il se décompose en fournissant de
avec une pipette, et on le fait digérer sur du chlo- l'acide chlorhydrique et de l'acide benzoique ; il se
rure de calcium fondu. décompose aussi à l'air humide ; cette transfor-
D'après Gerhardt, l'oxychlorure de phosphore mation se fait rapidement par l'ébullition ; elle
réagit sur le benzoate de sodium , déjà à la est instantanée avec les alcalis. Mis en contact
température ordinaire ; il se produit du phosphate avec de l'alcool concentré, il donne du benzoate
de sodium et du chlorure de benzoyle, suivant d'éthyle ; avec le gaz ammoniac sec, il produit de
l'équation la benzamide, et avec de l'aniline, de la benza-
POCI3 + 3 (CH³ O² Na) nilide.
Oxychlorure Benzoate de Il peut être distillé sur de la baryte ou de la
de phosphore . sodium. chaux anhydre sans être décomposé.
PO Na³ +3 (C7 HOCl). En le traitant par un bromure, un iodure, un
Phosphate Chlorure de sulfure ou un cyanure, il y a formation d'un chlo-
de sodium. benzoyle. rure métallique, et de bromure, iodure, sulfure
ou cyanure de benzoyle. Avec un grand nombre
Il est essentiel d'employer l'oxychlorure en excès de sels oxygénés à base d'alcali , il fait une double
ou tout au moins de ne pas prendre plus de 3 décomposition et produit des anhydrides ( Ger-
molécules de sel pour 1 molécule d'oxychlorure , hardt). C'est ainsi qu'avec le benzoate de sodium,
car le chlorure de benzoyle réagissant sur le ben- il donne de l'anhydride benzoique :
zoate, fournirait de l'anhydride benzoique [ Ger-
hardt, Ann. de Chim. et de Phys., (3) , t . XXXVII , C7H5O )
C7H5O CI + C7 H³ O2. Na = C7H5O O + NaCl.
p. 291 ] . La préparation de l'oxychlorure de phos-
phore rendrait ce mode opératoire moins prati- Anhydride
benzoïque .
cable que le précédent, mais il permet d'utiliser
le mélange d'oxychlorure et de chlorure de ben- Avec le formiate de sodium , on n'obtient que de
zoile obtenu dans l'action du perchlorure sur l'acide benzoique et de l'oxyde de carbone, qui re-
l'acide benzoique ; il suffit de le faire réagir sur le présentent les éléments du formiate de benzoyle.
benzoate de sodium , en évitant de ne pas mettre Le chlorure de benzoyle réagit sur l'oxamide
celui-ci en excès [ Gerhardt , Traité de Chim.. à une température très-élevée ; il se produit du
t. III, p. 261 ] . Le protochlorure de phosphore fait benzonitrile, de l'acide cyanhydrique, de l'acide
aussi la double décomposition avec les benzoates carbonique et de l'eau. Avec l'oxamate d'éthyle,
alcalins , mais il fournit des produits difficiles à la réaction a lieu à 260° : outre le benzonitrile,
purifier (Gerhardt). l'acide chlorhydrique et le gaz carbonique, il se
Le sous-chlorure de soufre C12S2 et le benzoate forme du benzoate d'éthyle ( Chiozza).
de sodium réagissent en produisant du chlorure Chauffé avec de la benzamide, il produit égale-
de benzoyle, du chlorure de sodium , du sulfate de ment du benzonitrile (Sokoloff) . C'est ce dernier
sodium, et il se dépose du soufre. Avec l'acide ben- qui prend aussi naissance
zoique C7 H6O2, la réaction a lieu à une tempéra- dans la réaction très-
ture élevée et il se dégage de l'acide chlorhydrique vive du chlorure de benzoyle sur le sulfocyanate
de potassium (Limpricht) . — Voyez BENZONITRILE.
BENZOYLE. - 569 BENZOYLE .
Si on le met en contact avec de l'hydrure de Dérivés du chlorure de benzoyle.
cuivre bien sec, il y a un vif dégagement de cha-
leur et formation d'une petite quantité d'hy- CHLORURE DE CHLOROBENZOYLE , CH CIO. CI
drure de benzoyle [ Chiozza, in Gerhardt, Traité de
Chim., t. III , p . 263] . [Limpricht et V. Uslar, Ann . der Chem. u. Pharm.,
Si on délaye dans l'eau des quantités équiva- nouv. sér., t. XXVI, p. 259 , et Ann . de Chim. et de
lentes de chlorure de benzoyle et de bioxyde de Phys., (3), t. LII , p . 504] . - Sous ce nom, Chiozza
baryum, il y a double décomposition et formation et Gerhardt ont décrit un composé qui fournit en
de peroxyde de benzoyle se décomposant l'acide parachlorobenzoïque ou
chlorosalycylique, et qui est dérivé de l'acide
C7H5O salicylique ( voyez plus bas ) . Limpricht et V. Us-
C7H5002 lar ont obtenu le vrai chlorure de chloroben-
(Brodie). zoyle en distillant l'acide sulfobenzoique avec le
En dirigeant un courant lent de gaz chlorhy- perchlorure de phosphore ; ainsi préparé, il n'est
drique sec à travers de l'amalgame de sodium , pas encore pur, et bout à 285° . Mais l'eau le trans-
recouvert d'une couche de chlorure de ben- forme en acide monochlorobenzoique qui , traité
zoyle, M. Lippmann a produit l'alcool benzyli- par le perchlorure de phosphore , fournit du
que C7H8O [ Bull . de la Soc. chim., 1865. t. IV, chlorure de chlorobenzoyle pur. C'est un liquide
p. 249] . clair, incolore, réfringent ; il bout à 225°, l'eau
Le chlorure de benzoyle n'est pas attaqué àfroid agit sur lui comme sur tous les chlorures d'acides ;
par le potassium ou le sodium ; mais si on le mêle dans l'ammoniaque aqueuse il se dissout avec
avec de l'éther anhydre , qu'on ajoute de l'a- formation de cristaux de chlorobenzamide .
malgame de sodium , et qu'on chauffe vingt-quatre PARACHLORUre de chloroBENZOYLE CU chlorure
heures au bain-marie, l'éther abandonne de pe- DE SALICYLE. -— Il n'a pas été préparé à l'état de
tits cristaux de benzoylure de benzoyle ou diben- pureté et n'a pas pu être analysé ; son mode de
zoyle 2 ( CHO ) [ Briegel, Ann. der Chem. u. décomposition indique sa constitution. Il se forme
Pharm., nouv. sér. , t. LIX, p. 171 , et Bull . de lorsqu'on traite l'acide salicylique par le perchlo-
la Soc. chim ., 1866, t. V, p. 278] . Le chlore est rure de phosphore, et qu'on rectifie le produit
sans action sur lui , même à la température de entre 220° et 250°. Il est liquide, huileux, pesant ;
l'ébullition ; on n'a pu arriver par l'action pro- il réfracte fortement la lumière ; l'eau le trans-
longée du chlore à former du chlorure de chlo- forme en acide parachlorobenzoique [ Chiozza, Ann.
robenzoyle [ E. Grimaux et G. Vogt, Expériences de Chim. et de Phys. , (3) , t. XXXVI , p. 102] . Avec
inédites]. l'ammoniaque, il donne des cristaux de parachlo-
En ajoutant par petites portions de l'aldehydate robenzamide, et avec l'aniline, la parachloroben
d'ammoniaque à du chlorure de benzoyle , et zanilide. A chaque distillation , le chlorure de
abandonnant la masse à elle-même , l'épuisant salicyle se décompose en partie , et, plus on le
par l'eau, puis par un carbonate alcalin , on obtient rectifie, plus il devient riche en chlore [ Kekulé,
un résidu qui cristallise dans l'alcool en aiguilles Ann. der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. XLI,
fines et incolores. Ce corps C16 H16 Az2O3 est inso- p. 145, et Ann . de Chim. et de Phys., (3) , t. LXII ,
luble dans l'eau, facilement soluble dans l'alcool p. 367 ; Répert. de Chim pure, 1861, p. 308].
et dans l'éther à chaud , fusible, décomposable CHLORURE DE NITROBENZOYLE ,
par la potasse et l'acide sulfurique qui en sépa- C7 H¹ (Az O²) O. Cl = C6H¹ (Az O²) Co. Cl
rent de l'acide benzoique. Chauffé avec du per-
oxyde de plomb, de l'eau et de l'acide sulfurique, [Cahours, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XXIII,
il donne de la benzamide [ Limpricht, Ann . der p. 339 ; -- Bertagnini, Ann . der Chem . u. Pharm.,
Chem. u. Pharm., nouv. sér., t. XXIII, p. 117 , t . LXXIX, p. 268, et Ann. de Chim. et de Phys.,
et Ann. de Chim. et de Phys ., (3), t . XLVIII , (3), t. XXXIII , p. 472] . - On chauffe doucement
p. 381]. du perchlorure de phosphore avec de l'acide nitro-
Lorsqu'on chauffe le chlorure de benzoyle avec benzoique, on rectifie le produit, on lave les der-
du cyanate de potassium fondu , on obtient la cya- nières portions qui distillent avec un peu d'eau
phénine 3 (C7H5 Az), polymère du benzonitrile froide, on les sèche sur du chlorure de calcium,
[Cloëz, Bull. de la Soc. chim . , 1859, p. 100]. et on distille de nouveau (Cahours) .
Le perchlorure de phosphore , chauffé avec le Le même composé se forme par l'action du
chlorure de benzoyle, donne un liquide d'une chlore sur l'hydrure de nitrobenzoyle (Berta-
odeur irritante (Liebig et Wohler) . Suivant Ger- gnini).
hardt, il n'y a pas de réaction, et le perchlorure C'est un liquide jaune, bouillant entre 265° et
cristallise par le refroidissement. Mais si l'on 268 °, plus dense que l'eau ; à l'air humide, il
chauffe à 200°, en tubes scellés, un mélange équi- s'altère peu à peu avec production d'acide nitro-
moléculaire des deux corps, il se produit le com- benzoique; la potasse bouillante le décompose
posé C7 H5 C13 C6H5 C. C18 (voyez CHLORURE DE rapidement. Le gaz ammoniac sec et l'ammoniaque
BENZYLE) [Schischkoff et Rosing, Compt. rend. de aqueuse le transforment en nitrobenzamide, l'a-
l'Acad. , t . XLVI, p. 867 ] . Limpricht chauffe le niline en nitrobenzanilide. Avec les alcools , il
mélange à 180° pendant quarante-huit heures, donne les éthers nitrobenzoiques ; l'éther anhydre
et, outre le corps C7H5 C13, il obtient C7 HCl et est sans action sur lui.
C7H3 C15 [Ann. der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , FLUORURE DE BENZOYLE. - Voyez FLUOR.
t. LVII, p. 55, et Bull. de la Soc. chim . , 1866, CYANURE DE BENZOYLE, C7H5O . CAz. — Liebig
t. V, p. 51]. et Wohler l'ont obtenu en distillant du chlorure
Le chlorure de benzoyle, faisant, comme tous de benzoyle avec du cyanure de mercure, à l'état
les chlorures d'acides, la double décomposition d'une huile jaune qui , par la rectification , devient
avec un grand nombre de corps, est fréquemment incolore [ Ann. der Chem. u. Pharm. , t. III , p. 267;
usité en chimie organique. Il sert à remplacer Ann. de Chim. et de Phys ., 1832 , t. LI, p . 292 ;
l'hydrogène par le groupe benzoyle, et on a ainsi Kolbe, Ann. der Chem . u Pharm. , t . XCVIII , p. 344;
préparé une foule de dérivés qui seront décrits Ann. de Chim. et de Phys. , (3) t. XLVIII , p. 189 ;
avec les corps auxquels ils appartiennent. La Strecker, Ann. der Chem. u. Pharm ., t. XC,
réaction du chlorure de benzoyle avec les alcools , p. 62] .
les amines, etc. , est en effet générale. On connaît Suivant Strecker, cette huile, au bout de quel-
une combinaison de chlorure et d'hydrure de ben- que temps, se prend en une masse cristalline qui,
zoyle. - Voir ce dernier mot. lavée à l'eau jusqu'à ce que tout le sel de mer-
BENZOYLE. 570 ― BENZOYLE.
cure soit entraîné, puis comprimée et séchée au- On obtient encore celui-ci en agitant l'essence
dessus de l'acide sulfurique, constitue le cyanure avec un lait de chaux et une solution de proto-
de benzoyle pur. chlorure de fer, distillant sur ce mélange, sépa-
Il est incolore, fond à 31 ° et cristallise par le rant l'huile des parties aqueuses, et la rectifiant
refroidissement en tables longues comme le pouce. enfin sur de la chaux vive.
Il bout à 206-208° . Son odeur est irritante . Il est Enfin on peut la transformer en sulfite de ben-
plus lourd que l'eau, inflammable, et brûle avec zoylsodium, combinaison cristalline que forment
une flamme blanche fuligineuse. L'eau froide le l'hydrure de benzoyle et le bisulfite de soude.
décompose lentement à froid, rapidement à chaud. Pour cela, on agite l'huile avec 3 ou 4 fois son
Traité par le zinc et l'acide chlorhydrique, il donne volume d'une solution concentrée de bisulfite
de l'hydrure de benzoyle, accompagné d'un peu d'une densité de 1,231 (27° Baumé). On presse
de benzoine (Kolbe) . la masse cristalline dans une toile , on la lave
HYDRURE DE BENZOYLE [ Syn. Aldehyde ben- avec de l'alcool, on la dissout dans la plus petite
zoique] , C7 H6O - C7H5O . H [ Liebig et Wohler, quantité d'eau possible, et on la décompose par
Ann. de Chim. et de Phys. , t. LI, p. 273 ; t. LXIV, une solution concentrée de carbonate de sodium
p. 185 ; Robiquet et Boutron-Charlard , ibid., (Bertagnini).
t. XLIV, p. 352]. Lorsqu'on met les amandes 2º Si l'on maintient pendant quelques heures
amères en digestion avec de l'eau et qu'on soumet à 100° un mélange formé de 1 p . de chlorure de
le tout à la distillation, on obtient l'huile essen- benzyle et de 1 p. d'acide azotique à 27° , et de
tielle d'amandes amères. MM. Liebig et Wohler 10 p. d'eau, le chlorure s'oxyde et se transforme
ont étudié les principales métamorphoses de cette en hydrure de benzoyle :
essence et montré quelles sont les conditions de
sa production . L'essence obtenue des amandes C7H7C1 + 2 Az H 03
amères est de l'hydrure de benzoyle presque pur. = C7 H6 O + Az²O4 + H2O + HCl .
Elle ne préexiste pas dans le tourteau d'amandes ;
elle ne se produit qu'après digestion des amandes Il se forme en même temps une notable quan-
avec l'eau (Robiquet et Boutron-Charlard) . Elle tité d'acide benzoique ; on évite la formation de
est due à la transformation de l'amygdaliné, sub- ce dernier et on augmente le rendement en hy-
stance isolée par ces derniers chimistes, et qui drure de benzoyle en maintenant en ébullition ,
produit de l'hydrure de benzoyle, de l'acide cyan- pendant quelques heures, dans un ballon muni
hydrique et du glucose sous l'influence d'un fer- d'un appareil de Liebig qui permet aux vapeurs
ment particulier, la synaptase ou émulsine, égale- de refluer, un mélange de 1 p. de chlorure de
ment contenue dans les amandes douces et dans benzyle, 1 1/2 p. d'azotate de plomb et 10 p.
les amandes amères (Liebig et Wohler) : d'eau. Lorsque l'opération est terminée, on dis-
tille la moitié du liquide avec lequel passe tout
C20 H27 Az O11 + 2 H2O l'hydrure de benzoyle. On le sépare par décanta-
Amygdaline. tion et on le transforme en sulfite de benzoyl-
= C7 H6O + CHAz + 2 C6H12O6. sodium, qu'on lave à l'alcool ; ce procédé donne
Hydrure Acide Glucose. en hydrure de benzoyle près des trois quarts de
de benzoyle. cyanhy- la quantité théorique [ Ch . Lauth et E. Grimaux,
drique. Compt. rend. de l'Acad. , décembre 1866, et Bull.
de la Soc. chim., 1867 , t. VII , p . 105] .
Si l'on chauffe à 100° le tourteau d'amandes Comme toutes les aldehydes, l'hydrure de ben-
amères, la synaptase est altérée et la réaction n'a zoyle se forme par la distillation sèche d'un mé-
plus lieu; les propriétés de la synaptase sont aussi lange équimoléculaire de benzoate et de formiate
détruites par l'alcool bouillant. Pour déterminer de calcium (Piria). Le produit de la distillation
la transformation de l'amygdaline, il suffit de dé- est sali par une substance oléagineuse jaune ; on
layer dans l'eau le tourteau d'amandes amères : purifie l'hydrure en le transformant en sulfite de
aussitôt l'odeur d'acide cyanhydrique se fait sen- benzoyl- sodium, et lavant la combinaison à l'al-
tir ; la réaction est favorisée par une température cool.
de 30° à 40° maintenue pendant 6 heures. Il se produit encore dans une foule de réac-
On prépare l'hydrure de benzoyle : tions, dans l'oxydation de l'alcool benzylique , des
1° En le retirant des amandes amères. Les éthers benzyliques, de l'amygdaline, de l'acide
amandes, ayant été écrasées et privées d'huile amygdalique, de l'hydrure de cinnamyle, de l'a-
grasse par expression , sont délayées avec une cide cinnamique, de la styrone, de la styracine,
grande quantité d'eau, et le tout laissé en macéra- du toluène, etc. Il prend naissance en même temps
tion pendant 24 heures ; on effectue la distillation que d'autres substances dans l'action des agents
au moyen de la vapeur d'eau dirigée au sein du d'oxydation sur les matières albuminoides.
mélange , et on la continue jusqu'à ce que le pro- Le cyanure de benzoyle le donne par l'hydrogène
duit qui passe dans le récipient ne présente plus naissant. Si on chauffe doucement le cyanure
l'odeur des amandes amères. L'essence se dépose cristallisé avec de l'acide chlorhydrique et qu'on
au fond du liquide, mais l'eau qui surnage en ajoute du zinc métallique, il se dégage de l'acide
renferme elle - même beaucoup en dissolution. cyanhydrique et il se forme de l'hydrure de ben-
En la soumettant de nouveau à la distillation, zoyle (Kolbe). Il est nécessaire d'ajouter successi-
l'essence se sépare et passe dans les premières vement une quantité de zinc assez considérable
portions . pour opérer cette réduction ; dans cette réaction , il
Ainsi obtenue , l'essence d'amandes amères n'est se produit aussi de la benzoine.
pas de l'hydrure de benzoyle pur. Elle contient L'hydrure de benzoyle est une huile incolore ,
de l'acide cyanhydrique , un peu d'acide benzoique, réfractant fortement la lumière ; sa saveur est
de benzoine et d'hydrure de cyanobenzoyle . On acre et aromatique, son odeur est celle de l'es-
peut séparer l'hydrure par distillation fractionnée; sence d'amandes amères ; ses vapeurs sont irri-
en abandonnant l'essence d'amandes amères pen- tantes . Sa densité est de 1,043 ( Liebig et Woh-
dant quelques jours avec de l'oxyde de mercure ler), de 1,36 (Kopp). Il bout à 179°,4. Il est soluble
réduit en poudre fine et délayé dans l'eau, et en dans 30 p. d'eau et se mêle en toutes proportions
agitant fréquemment le mélange, l'acide cyanhy- avec l'alcool et l'éther. Il ne se décompose point
drique se fixe à l'état de cyanure de mercure . Une en passant à travers un tube de verre au rouge ;
nouvelle rectification fournit alors de l'hydrure mais si le tube est rempli de fragments de pierre
de benzoyle pur . ponce, il se dédouble en benzine et oxyde de car-
BENZOYLE. 571 BENZOYLE.
bone [Barreswil et Boudaut , Journ . de Pharm., L'hydrogène sulfuré et le sulfhydrate d'ammo-
(3), t. V, p . 267 ] . Au contact de l'air, il se trans- niaque réagissent sur l'hydrure de benzoyle ; on
forme en acide benzoique ; chauffé avec de l'hy- obtient l'hydrure de sulfobenzoyle (sulfure de
drate de potasse, il fournit du benzoate en même benzylène) et l'hydrure de sulfazobenzoyle (Lau-
temps qu'il se dégage de l'hydrogène. Si on le rent).
dissout dans une solution alcoolique de potasse, Agité vivement avec une solution concentrée de
on voit se séparer du benzoate de potassium, et, bisulfite de potassium ou de soude, l'hydrure de
par l'addition de l'eau, il se dépose un corps oléa- benzoyle s'y combine avec élévation de tempéra-
gineux que Cannizzaro a reconnu être l'alcool ture ; le mélange se solidifie en une masse cris-
benzylique : talline. Ces combinaisons permettent d'isoler et
2 (C7H6O ) + KHO = C7H5O2K + C7 H8 O. de purifier l'hydrure de benzoyle ( Bertagnini) .
L'hydrure de benzoyle étendu d'huile de houille
Chauffé avec l'acide azotique ordinaire, il se bouillant vers 100° dissout vivement le sodium ;
transforme difficilement en acide benzoique; avec il se produit des flocons gélatineux que l'eau dé-
l'acide fumant, il y a production d'hydrure de compose en alcool benzylique, en hydrure de
nitrobenzoyle, C7H5 (Az O2) O (Bertagnini). benzoyle, et en hydrate de sodium [Church, Phi-
L'acide sulfurique le dissout à chaud en pre- losophical Magazine, (4), t. XXV, p. 522 ; Ann.
nant une coloration rouge pourpre, puis il noircit der Chem. u. Pharm., 1863, nouv . sér. , t. LII,
en dégageant du gaz sulfureux. Avec l'anhydride p. 295; Bull. de la Soc. chim., 1864, t. I, p. 190].
sulfurique, il se forme un acide sulfo-conjugué. Additionné d'eau et mis en contact avec de
On étend d'eau le produit de la réaction , on sa- l'amalgame de sodium, il fixe 2 atomes d'hydro-
ture par le carbonate de baryum, et on obtient gène, et se transforme en alcool benzylique ; au
par l'évaporation un sel de baryum visqueux qui bout de quatre ou cinq jours de contact, on ob-
donne des sels cristallisables par double décom- tient une quantité d'alcool égale à près de la
position avec le sulfate de magnésie et le sulfate moitié de l'hydrure employé (Friedel). En traitant
de zinc. Aucun de ces sels n'a été analysé [Mit- l'hydrure de benzoyle par une solution alcoolique
scherlich, Handwort der Chem., v. Liebig, Pog- de gaz chlorhydrique, et de la grenaille fine de
gend. Ann. , Suppl. , p. 576] . zinc, on obtient l'hydrobenzoine C14 H14 O2 (Zi-
Dans d'autres circonstances mal déterminées , nin) (voyez BENZOINE) . Par l'amalgame de sodium,
l'hydrure de benzoyle mélangé avec de l'acide sul- Church a obtenu, en même temps que l'alcool
furique fumant fournit une substance appelée benzylique, un corps qu'il représente par la for-
benzoate d'hydrure de benzoyle, dont la nature mule CiH16 O2 et qu'il appelle à tort dicrésol.
n'est pas suffisamment connue (voyez plus bas). Ce dicrésol paraît n'être que de l'hydroben-
Lorsqu'on ajoute du chlorure de calcium pur zoïne, les points de fusion sont les mêmes. En
à de l'essence d'amandes amères anhydre, il se traitant l'hydrure de benzoyle en solution éthérée
dégage de la chaleur, et il se forme un composé par l'amalgame de sodium pâteux, Claus a re-
soluble qui se sépare en cristaux facilement dé- cueilli, après dix à douze heures de réaction , un
composables et paraissant renfermer 5 à 6 molé- composé cristallin C14 H14 O2 , qui est peut-être
cules de chlorure de calcium pour 2 d'hydrure identique avec l'hydrobenzoine, quoique le pre-
de benzoyle [ Ekmann, Ann. der Chem. u. Pharm., mier fonde à 100°, et celle-ci est fusible à 130°
t. CXII, p. 151]. T [Claus, Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXXVII,
L'hydrure de benzoyle ne forme pas de combi- p. 92 ; Bull. de la Soc. chim . , 1866 , t. II ,
naison avec l'acide chlorhydrique, mais l'acide p. 136] . Il est à remarquer que le corps C14H1402
iodhydrique donne une huile qui, débarrassée est dans les mêmes rapports avec l'hydrure de
par le bisulfite de soude de l'hydrure de benzoyle benzoyle C7H6O que la pinakone C6H14O2 avec
en excès, se prend en une masse cristalline jaune l'acétone C3 H6O. Si l'on fait agir à chaud l'a-
clair. Ces cristaux, fusibles à 28°, sont solubles malgame de sodium sur l'hydrure de benzoyle,
dans l'alcool et dans l'éther ; ils renferment en dirigeant dans le mélange un courant de gaz
C21 H18 14 O. On a appelé ce corps oxyiodide d'hy- carbonique sec, il se produit, outre le benzoate
drure de benzoyle. Une solution alcoolique de po- de sodium, une substance huileuse, qui bout vers
tasse le décompose peu à peu en donnant, outre l'io- 314°, et correspond à la formule C14 H10O2. Sa
dure de potassium et un peu d'acide benzoique , une nature n'est pas encore connue [Alexeyeff, Ann.
huile qui n'a pas été examinée [Geuther et Cartmell, der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. LIII, p. 347 ;
Ann. der Chem. u. Pharm. , nouv. sér. , t. XXXVI, Bull. de la Soc. chim. , 1864, t. II, p . 461 ].
p. 1 ; Répert. de Chim. pure, 1860, p . 21 ] . Constitution. L'hydrure de benzoyle par
Chauffé à 230° en vases clos avec l'anhydride toutes ses réactions est l'aldéhyde de l'alcool ben-
acétique, l'hydrure de benzoyle s'y combine, et zylique ; dans la plupart de ses transformations,
fournit le corps C7H6O , (C2H³ O)2O, identique cette aldehyde se comporte comme l'hydrure du
avec le produit de l'action du chlorobenzol (chlo- radical benzoyle C7H5O ; dans d'autres, le grou-
rure de benzylène) sur l'acétate d'argent (Gu- pement benzoyle est détruit, et c'est le groupe-
--
thrie). - Voyez BENZYLÈNE (combinaisons). ment CH6 C6H3. CH qui se transporte dans
Si l'on chauffe huit à dix heures à 120° et à les composés. Dans ce cas, l'aldehyde benzoique
130°, en tubes scellés, du chlorure d'acétyle avec peut être considérée comme l'oxyde du radical
de l'hydrure de benzoyle, on obtient de l'acide CH6, benzylène ou benzylidène.
cinnamique C9 H8 O2 (Bertagnini) . Nous étudierons tous les composés de cet ordre
Abandonné pendant quelques jours avec de sous le titre BENZYLÈNE ET DÉRIVÉS.
l'ammoniaque aqueuse, l'hydrure de benzoyle four-
nit l'hydrobenzamide (Laurent) avec l'ammo-
niaque alcoolique de l'amarine, avec l'urée et l'a- Combinaisons de l'hydrure de benzoyle.
niline, il donne naissance à la benzoyl-uréide et à
la benzylène-phénylamine (Laurent et Gerhardt) . BENZOATE D'HYDRURE DE BENZOYLE [ Robiquet et
Le chlore sec donne le chlorure de benzoyle ; Boutron-Charlard (1830) , Ann. de Chim. et de
le brome donne le bromure de benzoyle ; avec le Phys., t. XLIV, p. 371 ; - Liebig, Ann . der Chem.
chlore humide , il se produit le composé appelé u. Pharm., t. XVIII , p. 324 ; Liebig et Pelouze,
benzoate d'hydrure de benzoyle. Ann. de Chim. et de Phys., t. LXIII, p. 145 ;
Le perchlorure de phosphore transforme l'hy- Laurent, ibid., t. LXV, p. 192 ; Revue scientif.,
drure de benzoyle en chlorobenzol ou chlorure de t. XVI , p. 386 ; Compt. rend. de l'Acad. , t. XXII,
benzylène ( Cahours). p. 789 ; - Gerhardt, t. III , p. 165] . - Lorsqu'on
BENZOYLE. 572 BENZOYLE.
fait agir le chlore humide sur l'essence d'amandes forme de petits prismes brillants, enchevêtrés,
amères non privée d'acide cyanhydrique, le li- fort solubles dans l'eau, insolubles à froid dans
quide s'échauffe et finit par se prendre en une l'alcool ordinaire, peu solubles à chaud. Par la
masse cristalline. Ce corps est blanc, cristallin , distillation , ils se décomposent en dégageant l'hy-
formé de petits prismes droits à base rectangu- drure de benzoyle ; les solutions se décomposent
laire, il est neutre aux papiers, insoluble dans également par l'ébullition ou par l'action des
l'eau, soluble dans l'alcool , très-peu soluble dans acides et des alcalis. La solution aqueuse donne,
l'éther à froid . Il est volatil sans décomposition : avec le chlorure de baryum et les sels d'argent et
une solution alcoolique de potasse le transforme de plomb, des précipités qui paraissent renfermer
en benzoate il est représenté par la formule de l'hydrure de benzoyle.
2C7 H6O. C7 H6O2 (Liebig) . Lorsqu'on abandonne CYANHYDRATE D'HYDRURE DE BENZOYLE,
l'essence d'amandes amères avec l'acide sulfurique CH6O, CAz H
fumant, le même composé prend naissance ; il cris-
tallise alors, tantôt en prismes droits à base rectan- [Voelkel , Ann. de Poggend. , 1844 , t. LXII, p. 444].
gulaire, tantôt en prismes obliques rhomboidaux , -Lorsqu'on mélange de l'eau distillée d'amandes
mais les cristaux droits peuvent être transformés amères , renfermant par conséquent de l'acide
par fusion, puis par solution dans l'alcool bouil- cyanhydrique, avec de l'acide chlorhydrique con-
lant en prismes obliques (Laurent). Ce dernier centré, et qu'on évapore la liqueur à une tempé-
chimiste a représenté ce composé par la formule rature inférieure au point d'ébullition de l'eau, il
3 C7H6O. C7H6O2 : plus tard , Laurent et Gerhardt se dépose , par le refroidissement, une huile jau-
ont proposé la formule C22 H18 O en admettant que Inâtre qui constitue le cyanhydrate d'hydrure de
l'acide cyanhydrique contribuait à la formation benzoyle. On le purifie en le lavant à l'eau et en
de ce corps, représenté alors par l'équation l'abandonnant dans le vide avec de l'acide sulfu-
rique concentré.
3 CH6O + CAz H + H2O = C22 H18 O + Az H3. Il ne s'altère pas au contact de l'air, il est très-
L'étude de l'action que le chlore humide exerce peu soluble dans l'eau, fort soluble dans l'alcool
sur l'essence d'amandes amères demande à être et dans l'éther; sa solution aqueuse est neutre aux
reprise. papiers réactifs. -- Densité, 1,124. Il s'altère à
COMBINAISON de l'hydrure avec le chlorure de 100° et bout à 170° en se décomposant en acide
BENZOYLE, CH6O, C7H5 O CI [ Laurent et Ger- cyanhydrique et hydrure de benzoyle ; la potasse
hardt, Compt. rend. des trav. de Chim. , 1850, caustique amène la même transformation . Évaporé
p. 123]. -Cette combinaison se produit lorsqu'on avec de l'acide chlorhydrique concentré, il fournit
l'acide formobenzoylique et de l'ammoniaque :
fait passer dans l'hydrure de benzoyle une quan- de
tité insuffisante de chlore pour le transformer en C7 H6O, CAz H + 2 (H2O) = C8H8 03+ Az H³.
entier en chlorure ; elle se forme quelquefois avec
un excès de chlore. Le produit de la réaction, Lorsqu'on distille un mélange de 2 parties
abandonné à lui-même dans un flacon bouché, se d'hydrure de benzoyle, 1 partie de cyanure de
prend peu à peu en une masse cristalline, qu'on mercure et 1 partie d'acide chlorhydrique con-
purifie en la lavant à l'alcool froid. Ce sont des centré, il reste dans la cornue une substance que
lames brillantes, incolores , inodores, très-fusi- l'on reprend par l'eau. On sépare ainsi une huile
bles, humides ; elles se décomposent peu à peu; d'une densité de 1,90, d'une odeur d'hydrure de
l'eau chaude et la distillation les convertissent en benzoyle, et qui bout à 312°. Le produit distillé
hydrure de benzoyle, acide chlorhydrique et acide se concrète par le refroidissement. Cette matière
benzoique. n'a pas été analysée [ Prenleloup, Handw . der
COMBINAISONS AVEC LES BISULFITES ALCALINS [ Ber- Chem. v. Liebig, Poggend. Wahler, Suppl. , p. 554].
tagnini , Ann. der Chem. u. Pharm. , 1852,
t. LXXXV, p. 183, et Ann. de Chim . et de Phys., Produit de substitution de l'hydrure
(3), t. XXXVIII, p. 372]. de benzoyle.
Sulfite de benzoylammonium. Le bisulfite HYDRURE DE NITROBENZOYLE,
d'ammoniaque dissout l'hydrure de benzoyle en
s'échauffant, mais il ne se forme pas de com- C7H5 (Az O²) O = C® H¹ (Az O²) , CHO
binaison cristalline. La solution de sulfite de [Bertagnini, Ann. de Chim. et de Phys., 1851 , (3) ,
benzoylammonium dissout un excès d'hydrure t. XXXIII, p. 465] . -· On le prépare en versant
de benzoyle que l'addition de l'eau en sépare. peu à peu de l'hydrure de benzoyle dans de l'a-
Desséché et distillé avec trois ou quatre fois cide azotique fumant, et en précipitant la solution
son poids d'hydrate de chaux bien sec, ce composé par l'eau après une demi-heure de repos. On
fournit de la lophine et de l'amarine (Goessmann) . peut aussi employer un mélange d'acide azotique
Sulfite de benzoylpotassium . — Lorsqu'on agite de 1,32 de densité et d'acide sulfurique dans la
l'hydrure de benzoyle avec une solution de bisul- proportion de 1 volume du premier pour 2 vo-
fite de potasse, d'une densité de 1,24 à 1,26, le lumes du second ; il faut 15 à 20 volumes
mélange s'échauffe et se prend en une bouillie de ce mélange pour 1 volume d'hydrure. Dans
cristallisée de sulfite de benzoylpotassium. Les les deux cas, il faut refroidir le vase dans lequel
cristaux desséchés sont dissous dans l'alcool étendu on opère, pour modérer l'énergie de la réaction .
et bouillant qui les dépose par le refroidissement L'eau précipite alors des gouttelettes huileuses et
sous forme de lamelles allongées, rectangulaires jaunâtres, qui se solidifient au bout de deux ou
et brillantes. Ce composé est très-soluble dans trois jours ; on lave le produit à l'eau froide, et
l'eau, moins soluble en présence des sulfites alca- on le débarrasse par compression d'une matière
lins, complétement insoluble dans une solution oléagineuse, jaune, d'une odeur forte, qui se forme
saturée de ces sels ; peu soluble dans l'alcool froid, en même temps. On purifie l'hydrure de nitro-
aisément soluble dans l'alcool bouillant. Il ne s'al- benzoyle en e dissolvant à l'ébullition dans une
tère pas à l'air ; les solutions se décomposent par petite quantité d'alcool faible. Par le refroidisse-
une ébullition prolongée, les acides et les alcalis ment, il se sépare un liquide jaunâtre qui se soli-
agissent de même en mettant l'hydrure de ben- difie au bout de quelque temps en une masse
zoyle en liberté. cristalline ; les eaux mères alcooliques se rem-
Sulfite de benzoylsodium , plissent en même temps de cristaux.
L'hydrure de nitrobenzoyle, cristallisé de sa so-
(C7H5 Na OS O2)2 + 3H2O. lution aqueuse, constitue des aiguilles blanches
1 Ce composé se prépare comme le précédent . Il
et brillantes. Sa saveur est piquante, son odeur
BENZOYLE. - 573 - BENZOYLE .
faible à froid, mais ses vapeurs sont acres et irri- s'obtient comme le précédent ; il forme des lames
tantes. Il fond à 46° ; à une température assez brillantes, fort solubles dans l'eau bouillante. Il
élevée, il se volatilise sans décomposition , si l'on se décompose par l'ébullition et par l'action des
opère sur de petites quantités ; chauffé fortement acides et des alcalis.
au contact de l'air, il s'enflamme. Il est peu so-
luble dans l'eau froide, assez soluble dans l'eau Dérivés cyanhydriques de l'hydrure
bouillante, dans laquelle il cristallise par le re- de benzoyle.
froidissement ; soluble dans l'alcool et dans l'é-
ther. Il se volatilise en partie avec la vapeur d'eau ; Outre la combinaison que forme l'acide cyan-
il est soluble sans altération dans les acides azo- hydrique avec l'hydrure de benzoyle, Gerhardt
tique, sulfurique et chlorhydrique. range sous ce titre trois composés que Laurent
Il n'absorbe pas l'oxygène de l'air, mais les avait appelés benzimide, benzhydramide et azo-
agents oxydants énergiques, tels qu'une solution tide benzoylique [ Gerhardt , Traité de Chim.,
concentrée d'acide chromique , le transforment t. III, p. 193].
immédiatement en acide nitrobenzoique. Avec l'a- BENZIMIDE OU HYDRURE DE CYANOBENZOYLE ,
cide chromique, l'action a lieu à froid ; avec un C23 H18 Az2022 C7 H6O, C7 H6 (C Az)2
mélange d'acide azotique et d'acide sulfurique,
elle a lieu lorsqu'on emploie la chaleur. Une solu- [Laurent (1835) , Ann . de Chim. et de Phys., t. LIX,
tion alcoolique de potasse dissout à froid l'hydrure p. 397 ; Revue scientif. , t. X, p. 120 ; Zinin,
de nitrobenzoyle, et peu de temps après se prend Revue scientif. , t. III, p. 44 ; - Gregory, Compt.
en une masse gélatineuse de nitrobenzoate de rend. des trav. de Chim. , 1845, p. 307- ; -Laurent
potassium. Avec une solution aqueuse et concen- et Gerhardt, ibid., 1850 , p. 116] . L'hydrure
trée, le concours de la chaleur est nécessaire pour de benzoyle est mélangé avec 1/4 de son volume
amener cette transformation . En même temps que d'acide cyanhydrique presque anhydre, et chauffé
le nitrobenzoate, il se produit une huile nitrée, doucement avec son volume d'une solution con-
épaisse, décomposable à la distillation sous la centrée de potasse alcoolique étendue de 6 parties
pression ordinaire. C'est probablement de l'alcool d'alcool. Après quelque temps il se sépare des
nitrobenzylique C7H7 (AZO ) O. Cependant les flocons blancs, caillebottés, qu'on lave à l'eau
analyses du produit distillé dans le vide ont bouillante, et qu'on fait ensuite dissoudre dans
donné trop de carbone [ E. Grimaux, Compt. l'alcool. L'hydrure de cyanobenzoyle se rencontre
rend., 1867 , t . LXV, p. 211]. aussi quelquefois dans le résidu résineux que
Le chlore l'attaque à la lumière solaire directe ; laisse à la rectification l'essence d'amandes amères
il se dégage de l'acide chlorhydrique et il se pro- brutes. En traitant ce résidu par l'alcool bouillant,
duit du chlorure de nitrobenzoyle la liqueur laisse déposer en premier lieu des flo-
C6H4(Az O²), CO, CI . cons blancs d'hydrure de cyanobenzoyle.
Il forme une masse blanche, légère, cohérente,
Le brome, qui est sans action au-dessous de 100º, peu soluble dans l'alcool et dans l'éther, même à
semble agir comme le chlore à des températures l'ébullition . Il est insoluble dans l'eau, dans la
plus élevées . potasse à froid et dans l'acide chlorhydrique.
Si on le mélange avec de l'ammoniaque liquide Chauffé, il fond, puis se décompose en laissant un
concentrée, il se transforme, au bout de quatre ou résidu charbonné. Il se dissout dans l'acide sul-
cinq jours, en hydrobenzamide nitrée. En faisant furique avec une couleur verte, qui passe au rouge.
passer un courant d'hydrogène sulfuré dans une L'eau le précipite de cette solution. L'acide azo-
solution alcoolique d'hydrure de nitrobenzoyle , on tique le décompose. En le chauffant avec l'acide
obtient l'hydrure de nitrosulfobenzoyle, ou sul- azotique et l'alcool , il se détruit en produisant de
fure de nitrobenzylène [ voir BENZYLÈNE (SULFURE l'ammoniaque et du benzoate d'éthyle ; l'acide
DE)] . Dissous dans l'alcool ammoniacal et soumis à chlorhydrique le transforme à l'ébullition en sel
l'action de l'hydrogène sulfuré, l'hydrure de nitro- ammoniac , hydrure de benzoyle et probablement
benzoyle donne un liquide visqueux, rougeâtre, en acide formique < chauffé avec les bases éner-
qui contient du soufre, et dont la nature n'est pas giques, l'hydrure de cyanobenzoyle fournit de la
connue. Il est également transformé par le sulfite benzine; avec la potasse humectée d'alcool il donne
d'ammoniaque en une matière non étudiée. de l'ammoniaque et du benzoate de potassium.
L'acide cyanhydrique concentré le dissout im- HYDRURE DE CYANAZOBENZOYLE A OU BENZHYDRA-
médiatement ; en laissant en contact quelques MIDE, C22 H18 Az2O ( Laurent, Ann. de Chim. et de
heures, on obtient par l'évaporation un liquide Phys., t. LXVI, p. 181 ; - Laurent et Gerhardt,
visqueux , soluble dans l'eau chaude , et qui, Compt. rend. des trav. de Chim . , 1850, p. 113 ; -
bouilli avec l'acide chlorhydrique, donne, entre Gerhardt, Traité de Chim. , t. III, p . 194] . On fait
autres produits, du sel ammoniac. Le cyanure de passer de l'ammoniaque sèche dans de l'essence
potassium agit promptement sur l'hydrure de d'amandes amères brute chauffée à 100°; l'essence
nitrobenzoyle ; avec l'urée, on obtient un composé reste saturée de gaz liquide, mais ne se dissout
analogue à la benzoyluréide, et qui est peut-être plus aussi aisément dans l'alcool . En la dissolvant
la trinitrobenzoyluréide . dans un mélange d'alcool et d'éther, et abandon-
Il se dissout dans les bisulfites alcalins, à une nant la liqueur à elle-même, on recueille au bout
chaleur modérée , en fournissant des composés de quelques jours un dépôt cristallin . Celui-ci
cristallisés , analogues aux combinaisons que forme étant traité par l'alcool bouillant, la benzhydra-
l'hydrure de benzoyle [ Bertagnini, loc. cit. ]. mide s'y dissout, tandis qu'il reste une poudre
Le sulfite de nitrobenzoylammonium, blanche insoluble, qui constitue l'hydrure de cya-
[C' H¹ (Az O²) (Az H¹) O, SO²]² +3 H2O, nazobenzoyle B ou azotide benzoylique. La solution
alcoolique dépose par le refroidissement la benzhy-
s'obtient lorsqu'on chauffe légèrement l'hydrure dramide sous forme de petites aiguilles qu'on lave
de nitrobenzoyle avec une solution de bisulfite rapidement avec un peu d'éther alcoolisé, et qu'on
d'ammoniaque de 29° Baumé. Ce sont de petits fait recristalliser dans l'alcool bouillant.
prismes transparents, inaltérables à l'air, fort so- La benzhydramide constitue de petites aiguilles
lubles dans l'eau froide, aisément solubles dans à quatre faces, terminées par deux facettes qui
l'alcool bouillant ; les acides et les alcalis les dé- se coupent sous un angle obtus. Elle est très-fu-
composent, surtout à chaud. sible, et se prend par le refroidissement en une
Le sulfite de nitrobenzoylsodium, masse résineuse, insoluble dans l'eau, très-peu
CH (Az O²) Na O , SO² + 6 H2O, soluble dans l'alcool froid , fort soluble dans l'éther.
BENZOYLE. 574 BENZYLAMINES .
Elle est inattaquée par les acides à froid ; l'acide BENZOYLURÉIDE, C25 H28 Az8 O [ Laurent
chlorhydrique bouillant la décompose : il se forme et Gerhardt, Compt. rend. des trav. de Chim.,
de l'hydrure de benzoyle, de l'acide cyanhydrique 1850, p. 119]. -- Lorsqu'on délaye de l'urée dans
et du sel ammoniac. La chaleur détruit la benz- l'hydrure de benzoyle et qu'on chauffe le mélange
hydramide. à une température inférieure à celle de l'eau bouil-
La benzhydramide prend également naissance lante, l'urée se dissout d'abord, puis le tout se
lorsqu'on abandonne l'hydrure de benzoyle avec prend en masse. On lave le produit à l'éther pour
une solution alcoolique de cyanhydrate d'ammo- enlever l'excès d'hydrure , ensuite on le fait bouillir
niaque. Suivant Gerhardt, sa production serait avec de l'eau pour séparer l'urée non entrée en
représentée par l'équation réaction. Le résidu constitue la benzoyluréide,
3CHO + CAzH +Az H³¬C²² = H18Az20 + 2 H2O. 3CHO + 4C O H¹ Az² = C25 H28 Az8O + 3H2O.
La formation de la benzimide et celle de la Les proportions les plus convenables pour la for-
benzhydramide peuvent être rappochées de celle mation de la benzoyluréide sont 2 p. d'hydrure
de l'hydrobenzamide. Dans les trois cas, la réaction pour 5 p. d'urée .
a lieu entre 3 molécules d'hydrure de benzoyle et La benzoyluréide est une poudre blanche non
2 molécules des autres agents ; il s'élimine autant cristalline, sans saveur, sans odeur, insoluble dans
de molécules d'eau qu'il y a de fois H2 dans les mo- l'eau et dans l'éther, soluble dans l'alcool , qui,
lécules réagissantes sur l'hydrure de benzoyle : par l'évaporation, la dépose en croûtes amorphes.
3C7 H6O2C Az H = C23 H18 Az² 0² +H² 0, Les acides étendus la décomposent à chaud en
Benzimide. urée et en essence d'amandes amères.
La chaleur commence à la décomposer vers 170°;
3C7H6O + CAz H+ Az H³ = C²² H18Az² O + 2 H2O, il se dégage de l'essence d'amandes amères ; à la
Benzhydramide. distillation sèche, il passe en outre de l'eau chargée
3C7H6O2 Az H³ = C21 H18 Az² + 3H2O . d'ammoniaque, et il reste un résidu jaune, inso-
Hydrobenzamide. luble dans l'alcool et dans l'éther, et qui disparaît
par une forte chaleur.
Ces rapprochements indiquent une relation de
plus entre l'acide cyanhydrique et l'ammoniaque. L'ammoniaque aqueuse est sans action sur elle;
HYDRURE DE CYANAZOBENZOYLE B ou AZOTIDE BEN- la potasse aqueuse et concentrée la détruit par une
ZOYLIQUE, C15 H12 Az2 [ Laurent, loc. cit.; - Ger- longue ébullition ; il se dégage de l'ammoniaque,
hardt et Laurent, ibid.; - Robson, Ann. der de l'hydrure de benzoyle, et la solution renferme
Chem. u. Pharm. , t. LXXXI, p. 122 ; - Chem. du benzoate potassique. E. G.
Soc. quart. Journ. , t. IV, p. 225]. - Il se produit BENZULMIQUE (ACIDE), C14H10 O (?) [ Schut-
en même temps que la benzhydramide ; c'est une zenberger et R. Sengenwald , Compt. rend.,
poudre blanche, qui paraît formée d'un assem- t. LIII, p. 974 ; Répert. de Chim. pure, 1862,
blage de petits prismes ; il est presque insoluble p. 70. ] Lorsqu'on prépare l'acide oxybenzoique
dans l'alcool bouillant, insoluble dans l'éther, fu- par l'action de l'acide azoteux sur l'acide amido-
sible ; par le refroidissement la plus grande partie benzoique, on obtient un corps brun, amorphe,
se prend en une masse vitreuse, en même temps friable, soluble dans les alcalis, donnant des se's
bruns incristallisables ; les acides le précipitent
qu'il se forme des prismes obliques. L'acide
chlorhydrique bouillant en dégage l'acide cyan- de ses solutions. Quel que soit le nombre des
hydrique. La distillation sèche le décompose. solutions et des précipitations, il fournit à l'ana-
IODURE DE BENZOYLE , C7 H50. I = C6H5CO . I lyse des résultats très-concordants. Les auteurs
[Liebig et Woller , 1832 , Ann . der Chem. u. l'ont appelé benzulmique et le regardent comme
Pharm., t. III , p . 266 ; Ann. de Chim. et de bibasique.
Phys., t . LI, p . 291] . - On l'obtient facilement BENZYLAMINES. - BENZYLAMINE PRIMAIRE,
en chauffant de l'iodure de potassium avec du
chlorure de benzoyle ; il distille un liquide coloré CH7. H2 Az = C6H5 CH2 ) Az
en brun, qui cristallise par le refroidissement . A
l'état de pureté, il est incolore, facilement fusi- [Mendius, Ann . der Chem. u. Pharm . , nouv. sér ,
ble, mais en se décomposant un peu, et mettant t. XLV, p. 128 ; Répert. de Chim. pure , 1862,
de l'iode en liberté. Les autres caractères sont p. 318 ; - Cannizzaro, Compt. rend. , 1865, t. LX,
ceux du bromure. p. 1207 ; Bull. de la Soc. chim ., 1865, t. III,
PEROXYDE DE BENZOYLE , p. 218]. Elle a été obtenue par M. Mendius en
C7H5O traitant par l'hydrogène naissant le benzonitrile
C1 H10 O3 = C7H5O 02 en solution alcoolique ; l'hydrogène est dégagé
par le zinc et l'acide sulfurique.
[Brodie, Ann. der Chem. u. Pharm., nouv. sér., Lorsqu'on mêle du chlorure de benzyle avec
t. XXXII , p. 79; Ann . de Chim. et de Phys., (3), une solution alcoolique d'ammoniaque, et qu'on
t. LV, p . 225 ; Répert. de Chim. pure, 1858-59, laisse le tout en repos pendant quelques jours, il
p. 225]. - Ce composé est à l'anhydride ben- se dépose des cristaux de tribenzylamine, et il se
zoique ce que l'eau oxygénée est à l'eau. Pour forme en même temps des chlorhydrates de
l'obtenir, on délaye dans l'eau des quantités équi- mono- et dibenzylamine . Pour isoler la benzyl-
valentes de bioxyde de baryum et de chlorure de amine primaire, on filtre le liquide, on distille
benzoyle ; la double décomposition a lieu à la l'alcool au bain-marie et on traite le résidu par
température ordinaire. l'eau chaude. La solution aqueuse un peu refroidie
Le peroxyde de benzoyle est en cristaux bril- dépose un peu de tribenzylamine peu soluble dans
lants ; il est soluble dans l'éther. Bouilli avec de la l'eau. On filtre, on évapore à siccité et on obtient
potasse caustique, il se décompose en acide ben- un mélange de sel ammoniac, de chlorhydrate de
zoique et en oxygène. Chauffé au-dessus de 100 °, benzylamine primaire et d'une autre base qui est
il explosionne légèrement en fournissant de l'acide probablement la dibenzylamine.
carbonique. Chauffé avec précaution , il perd CO² On sépare par cristallisations fractionnées la
et il se forme une résinejaune soluble dans l'éther partie la plus soluble dans l'eau, qui constitue le
et dans les alcalis, et isomérique avec le benzoate chlorhydrate de monobenzylamine presque pur.
de phényle. En traitant la solution aqueuse concentrée par la
SULFURE DE BENZOYLE . - Voyez THIOBENZOI- potasse, on sépare la benzylamine qui surnage,
QUE (ACIDE). E. G. on l'enlève avec de l'ether, on laisse en digestion
BENZYLAMINES. 575 - BENZYLE.
avec un cylindre de potasse fondue pour sécher la BENZYLE. --- Nom donné au radical
base et empêcher l'action de l'acide carbonique
de l'air. Après quelques jours, on distille le li- C7H7 - C6 H5, C H²,
quide qui est incolore, bout à 182° et constitue la qui paraît exister dans les combinaisons benzyli-
benzylamine presque pure ; cependant elle se ques et se transporter par double décomposition
trouble par l'eau , ce qui indique la présence d'un d'une combinaison dans l'autre. Les combinaisons
corps insoluble dans ce liquide, peut-être la di- benzyliques sont l'hydrure de benzyle (toluène)
benzylamine.
On l'obtient très-pure en la saturant par l'acide C6 H³, CH2 ( H),
carbonique, en lavant le carbonate à l'éther. On l'hydrate (alcool benzylique) C6 H³, CH² ( OH) , les
enlève ainsi l'alcaloide étranger qui ne se combine éthers benzyliques, les azotures de benzyle ou
pas à l'acide carbonique. Traité par l'acide chlor- benzylamines, etc. Par substitution d'un atome
hydrique, le carbonate se transforme en chlorhy- d'oxygène à deux atomes d'hydrogène, le benzyle
drate de benzylamine (Cannizzaro). devient le benzoyle C7H5O = C6H³, CO .
La benzylamine , C7H9 Az, est un liquide inco- Mis en liberté, ce radical se double et constitue
lore ; elle bout entre 185° , 5 et 187 °, 5 (Mendius), le dibenzyle. Le benzylure de benzyle ou diben-
entre 182 ° et 183° (Cannizzaro) . Elle est soluble zyle
dans l'eau, l'alcool et l'éther. La potasse la sépare
de ses solutions en la colorant légèrement . A l'air C1H1 = C2 II4 ( C6H5
C6H5
elle paraît inaltérable. Elle présente une réaction
alcaline énergique ; elle absorbe avec avidité l'acide a été isolé par Cannizzaro et Rossi [Compt. rend.
carbonique en donnant un carbonate cristallisé. de l'Acad. , t . LIII , p. 541 ; Répert. de Chim. pure,
Elle fume au contact de l'air et se combine aux 1862, p. 11 ].
acides avec dégagement de chaleur. Lorsqu'on fait agir le sodium en excès sur le
Le chlorhydrate cristallise en lames striées, le chlorure de benzyle à 100°, le sodium prend une
chloroplatinate est cristallisé en lames orangées. teinte bleu-violet, le liquide devient jaune et på-
La benzylamine est isomère de la toluidine : on teux. Le produit de la réaction étant repris par
peut représenter cette isomérie par les formules l'éther, la solution éthérée filtrée abandonne par
suivantes : l'évaporation une matière huileuse, jaunâtre, qui
se concrète au bout de quelque temps. On la pu-
CH3CH C6H5 CH2 ) rifie par compression dans des doubles de papier
He Az ; H2 Az. buvard, puis par cristallisation dans l'alcool ; c'est
Toluidine. Benzylamine. le dibenzyle C¹4 H14.
DIBENZYLAMINE , (C7 H7)2 H Az [ Limpricht, Zeitsch. Le dibenzyle représente l'hydrure d'éthyle di-
phénylé ; il est au stilbène (diphenyl- éthylène) ce
für Chem., nouv. sér., t. III, p. 449, et Bull. de
la Soc. chim. , 1867 , t. VIII, p. 363] . - Le chlor- que l'hydrure d'éthyle est à l'éthylène. Limpricht
hydrate de dibenzylamine est peu soluble dans et Schwanert, en traitant le stilbène par l'acide
l'eau froide et très-soluble dans l'eau chaude ; on iodhydrique, l'ont transformé en dibenzyle.
le sépare par cristallisations fractionnées des Le dibenzyle est blanc, bien cristallisé, se dé-
chlorhydrates de mono- et de tribenzylamine. posant de sa solution alcoolique sous forme d'ai-
La dibenzylamine est un liquide visqueux, in- guilles, se présentant sous forme de lames ou de
colore, d'une densité de 1,033 à 14°, soluble dans prismes accolés et cannelés, quand il se sépare
l'alcool et dans l'éther ; elle prend aussi naissance d'un mélange d'alcool et d'éther. Il fond entre
dans la décomposition à 250° du chlorhydrate de 51°, 5 et 52°, 5. Il bout sans altération vers 284°
tribenzylamine . (Cannizzaro et Rossi) .
TRIBENZYLAMINE , (C7 H7)8 Az. [ Cannizzaro, Nuovo Ses réactions ont été étudiées par H. Stelling
Cimento, t. II , vol . III ; Compt. rend., t. LX, et Fittig [Ann. der Chem. u. Pharm., nouv. sér.,
p. 1207]. -- Elle se dépose au bout de quelques t. LXI, p. 257 , et Bull. de la Soc. chim., 1866 ,
t. V, p. 169].
jours lorsqu'on mélange du chlorure de benzyle à L'acide nitrique monohydraté le convertit en
une solution alcoolique d'ammoniaque . On sépare
le résidu par le filtre, on le traite par l'eau pour dinitrodibenzyle, C14H12 (Az O2)2, cristallisable en
enlever le sel ammoniac, et on fait cristalliser suc- longues aiguilles fines et jaunâtres, qui fondent
cessivement dans l'éther et dans l'alcool bouillant. entre 166 et 167°. Des eaux mères se précipite
Les liqueurs alcooliques qui renferment le chlor- un composé isomérique, l'isonitrodibenzyle, plus
hydrate de benzylamine primaire ayant été évapo- soluble dans l'alcool , fusible à 74°, cristallisant
rées à siccité et reprises par l'eau chaude , il reste en petites aiguilles très-fines.
une partie insoluble qui est de la tribenzylamine . Le dinitrobenzyle se réduit facilement par l'étain
La tribenzylamine est une substance blanche, et l'acide chlorhydrique concentré . La solution
cristallisée en lames splendides ; elle est peu so- laisse déposer des écailles brillantes d'une combi-
luble dans l'eau et l'alcool froid, plus soluble dans naison de chlorure d'étain et d'une base nouvelle.
l'alcool bouillant, très-soluble dans l'éther. On précipite l'étain par l'hydrogène sulfuré et dans
Elle fond à 91º, 3 en un liquide oléagineux, in- la solution saturée et concentrée, on ajoute de
incolore ; à une température supérieure à 300° l'ammoniaque qui produit un précipité blanc de
elle se décompose en partie en produisant diverses diamidodibenzyle,
substances, entre autres du toluène (Limpricht) . C14H16 Az2 C2 H ( C6 H+.Az H2
C'est une base faible ; son chlorhydrate est peu C6 H+ .Az H2.
soluble dans l'eau froide, un peu plus dans l'eau On fait cristalliser la base dans une grande quan-
chaude, très-soluble dans l'alcool. Il cristallise tité d'eau bouillante.
en aiguilles par le refroidissement de la solution Le diamidodibenzyle, homologue de la benzi-
aqueuse bouillante. Chauffé à 250°, dans le gaz dine, lui ressemble par ses propriétés. Il se dé-
chlorhydrique, il se décompose en chlorure de pose de sa solution aqueuse en magnifiques écailles
benzyle C HCl et en chlorhydrate de dibenzyla- incolores, peu solubles dans l'eau froide, solubles
mine ( Limpricht). dans l'eau bouillante, très-solubles dans l'alcool.
En versant une solution alcoolique concentrée Il fond à 132°. Il forme avec les acides des sels
de bichlorure de platine dans la solution alcoo- bien définis ; le chlorhydrate renferme
lique de chlorhydrate de tribenzylamine, il se dé-
pose des aiguilles orangées de chloroplatinate , C14 H16 Az2, 2 HC1 ;
(C21 H21 Az , HCI ) Pt Cl . E. G. le sulfate, C14 H16 Az², H2SO¹.
BENZYLÈNE. 576 - BENZYLÈNE.

La base obtenue par réduction de l'isodinitro- benzamide ; nous en renverrons l'étude à ce


dibenzyle est très-instable et n'a pu être obtenue à mot.
l'état de pureté. COMBINAISONS BENZYLÉNIQUES.
En ajoutant du brome à du dibenzyle suspendu
dans l'eau, on obtient une masse brune, pâteuse; BROMURE DE BENZYLÈNE ,
on la lave à la soude et on la dissout dans l'alcool
bouillant. Par le refroidissement, il se sépare des C7H6 Br² = C6H5, CH Br²
cristaux de dibromodibenzyle. L'eau mère évapo- [Lippmann et Michaelson , Bull . de la Soc. chim . ,
rée abandonne une huile qui constitue le mono- 1865, t. IV, p. 251 ]. - On ajoute peu à peu du
bromodibenzyle. perbromure de phosphore à de l'hydrure de ben-
Le monobromodibenzyle est une huile incolore, zoyle et on fait digérer quelques heures le produit
épaisse, solidifiable au-dessous de 0°. Il bout au- au bain-marie avec un excès de perbromure. On
dessus de 320° . Densité à 9°,་ 1,318. lave avec une solution de potasse, puis avec une
Le dibromodibenzyle, C14H12 Br2, cristallise en solution concentrée de bisulfite de soude. Le li-
prismes durs, incolores, réfringents. Point de fu- quide séché est distillé dans le vide.
sion situé entre 114° et 115º. Le bromure de benzylène est un liquide très-
Par l'action d'un excès de brome sur le diben- réfringent et qui à la lumière se colore fortement
zyle, il se forme en outre du tribromodibenzyle, en rouge. Il est très-soluble dans l'alcool et l'éther
CH11 Br³, cristallisable en paillettes. et insoluble dans l'eau. Il se décompose par la
L'action du brome sur le dibromodibenzyle a distillation à la pression ordinaire ; sous une pres-
fourni une combinaison hexabromée C1 H8 Br6, sion de 20 millim . il distille entre 130° et 140º. Le
cristallisable en prismes incolores. sodium le décompose vers 180°, il se forme du
En traitant à chaud le dibromodibenzyle par toluène et il reste une résine noire qui, distillée
l'acide azotique, on obtient le dinitrodibromodi- dans un courant de vapeur d'eau, se concrète en
benzyle, C14H10 ( Az O2 )2 Br2. Ce corps est presque une masse cristalline : c'est du dibenzyle C14 H¹.
insoluble dans l'alcool ; on le fait cristalliser dans CHLORURE DE BENZYLÈNE (Syn. Chlorobenzol,
la benzine. Il fond de 204° à 205º. hydrure de chlorobenzoyle, toluène bichloré],
L'acide chromique est sans action sur le diben- C7 H6 Cl2 = C6H³, C H Cl²
zyle. MM. Michaelson et Lippmann ont obtenu
dans les produits de l'action du brome sur le [Cahours, 1848, Ann. de Chim . et de Phys. , (3),
bromure de benzylidène (bromobenzol) , C7 H6 Br², t. XXIII, p. 329 ; Wicke, Ann. der Chem. u.
un carbure C1 Hi qu'ils ont appelé isobenzyle. Pharm., nouv. sér., t. XXVI, p. 356 ; Ann. de Chim .
L'isobenzyle ou isodibenzyle cristallise en longs et de Phys. , (3), t. LIII, p. 48].
prismes incolores qui fondent vers 52°. Traité en Le chlorure de benzylène est le produit de l'ac-
solution éthérée par le brome, il fournit le corps tion du perchlorure de phosphore sur l'hydrure
C14 H14 Br2, cristallisable en petites aiguilles de benzoyle. La réaction est vive à la température
soyeuses, insolubles dans l'eau, très-peu solubles ordinaire, et le mélange s'échauffe assez pour
dans l'alcool et dans l'éther. Les auteurs avaient qu'une portion du produit distille. On termine la
conclu à la non-identité de ce carbure C14 H14 avec réaction en chauffant légèrement la cornue. Le
le dibenzyle de Cannizzaro et Rossi ; mais les deux produit de la distillation est lavé, séché et rectifié.
carbures paraissent identiques, car avec le diben- Il passe à 200° (Cahours).
zyle en solution éthérée et le brome, on obtient Il se produit encore dans l'action du chlore sur
également le bromure, C1 H1 Br2 ( Fittig ) [ Mi- les vapeurs du toluène ; les portions qui distillent
chaelson et Lippmann, Bull. de la Soc. chim., entre 200º et 210° donnent les réactions du chlo-
1865, t. IV,, p . 252] . E. G. rure de benzylène ; dans ce cas il ne se forme pas
BENZYLENE. - Le nom de benzylène, ben- de chlorure de benzyle chloré, C6 H7 CI , CH2Cl ;
zylidene, benzene a été donné au groupement la majeure partie du produit consiste en chloro-
C7H6C6H5, CH, qui paraît exister dans l'aldé- benzol [Ch. Lauth et E. Grimaux;-Robert Neuhoff,
hyde benzoique et dans certains de ses dérivés. Zeitz. für Chem. , 1866, nouv. sér. , t. II , p. 654].
Lorsque le groupement C7 H6 n'est pas détruit dans Ce procédé permet de préparer le chlorobenzol,
les réactions, l'aldehyde benzoique se comporte mais il est très-difficile de le purifier par distilla-
comme un oxyde de benzylène C7 H6, O. A cet ordre tion fractionnée et de le séparer entièrement du
de composés se rattachent le chlorure de ben- chlorure de benzyle.
zylène ou chlorobenzol C7 H6 C12, le bromure ou Le chlorure de benzylène est un liquide lim-
bromobenzol , les éthylates et les éthers de ben- pide, incolore, d'une odeur faible à froid, très-
zylène, tels que la diéthyline-benzylénique, forte à chaud. Ses vapeurs irritent vivement les
C7 H6 02 yeux. It bout à 206° (Cahours, Wicke), 198 ° ( En-
, gelhart, Journ. für. prakt . Chem., t. LXXII,
(C2H5)2 p. 290) , 200°,5 à 201 ° ,5 (Beilstein , Bull . de la Soc.
la diacétate de benzylène chim. , 1860, p. 222), à 207º (Limpricht, Ann . der
Chem. u. Pharm ., 1866, nouv sér., t. LXIII,
C7 H6 p. 317). Densité, 1,245 à 16° (Cahours), 1,2557 à
2 (C2H30) ( 0², 14° (Limpricht). Il est insoluble dans l'eau, faci-
la benzylène-phenylamine lement soluble dans l'alcool et dans l'éther.
C7 H6 Au bain-marie avec de la potasse alcoolique ou
C6H5SAZ, en vase clos avec la potasse aqueuse ou même
avec l'eau, il se transforme en aldehyde benzoique
benzoylanilide de Laurent et de Gerhardt. [Cahours, Bull. de la Soc. chim . , 1863, p. 135 ;
Nous décrivons donc sous le titre de combinai- Compt. rend. de l'Acad., 1863, t. LVI, p. 222].
sons benzyléniques tous les dérivés de l'aldéhyde La même réaction a lieu avec l'oxyde de mercure
benzoïque , où le groupe C6H5, CH = C7 H6 est et l'oxyde d'argent à froid [ Gerhardt, t. IV, p. 727],
conservé, de même qu'au benzoyle se rattachent avec l'ammoniaque à 100° (Wicke), avec l'hydrate
les composés où fonctionne le groupe C7H5O . de plomb. Si l'on chauffe doucement le chlorure
Quant à l'hydrobenzamide, elle peut être consi- de benzylène étendu d'huile de naphte avec de
dérée comme le diazoture de tribenzylène l'oxalate d'argent, il se dégage de l'acide carbo-
nique et de l'oxyde de carbone, et il se produit de
3 (C7H6) Az² ; l'essence d'amandes amères (Golowskenski, Bull.
mais elle est plus connue sous le nom d'hydro- de la Soc. chim., 1859, p. 55] .
BENZYLÈNE. - 577 - BENZYLENE.
L'azotate d'argent se comporte de la même ma- | avec 2 atomes de sodium dissous dans l'alcool mé-
nière ; avec l'acétate d'argent il se forme de l'acé- thylique anhydre ; au bout de quelques heures,
tate de benzylène ; avec le benzoate d'argent, du quand le chlorure de sodium s'est s'paré, on
benzoate de benzylène. La solution alcoolique de distille l'excès d'alcool méthylique et on ajoute de
sulfhydrate de potassium attaque vivement le l'eau jusqu'à ce que l'éther surnage. Décanté ,
chlorure de benzylène en donnant naissance au séché et rectifié, il constitue un liquide transpa-
sulfure de benzylène (Cahours) . Avec le sulfocya- rent, incolore, d'une odeur agréable de géranium ,
nate de potassium, il se forme à 100° une huile insoluble dans l'eau, soluble dans l'esprit de bois,
d'une odeur forte qui n'a pas été analysée. l'alcool et l'éther ; il bout à 208° (Wicke).
L'éthylate de sodium et le chlorure de benzylène DIETHYLATE DE BENZYLENE [ Ether ethylbenzylé-
se décomposent à l'ébullition ; on obtient le dié- nique],
thylate de benzylène C11 H16O2 = C6H5. CH ¡( C2H5OC2H5O.
C6HS. CH C2H5O
C2H5O ; Il s'obtient de la même manière que le précé-
il en est de même du méthylate de sodium. dent, auquel il ressemble par ses propriétés ; il
bout à 222º (Wicke) .
CHLORURE DE BENZYLÈNE CHLORÉ [ Syn . Chloro- ACÉTATE DE BENZYLÈNE ,
benzol monochloré, toluène trichlore ) , C7H5 C13
[Limpricht , Ann. der Chem . u. Pharm ., nouv. C¹¹ H12O = C6H5CH C²²
sér., t. LIX, p. 80 ; Bull . de la Soc. chim . , 1866, { C2H3O2
t. VI, p. 125; - Rosing et Schischkoff, Compt. [Limpricht, Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XXV,
rend., t . XLVI, p. 379] . p. 291 ; Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. LII,
Le composé qu'on obtient par l'action du chlore p. 110 ; Wicke, loc. cit. ]. On mélange par
sur le chlorure de benzylène [ Cahours, loc. cit .] trituration 1 molécule de chlorure de benzylène
et celui qui résulte de l'action du perchlorure de avec un peu plus de 2 molécules d'acétate d'ar-
phosphore sur le chlorure de benzoyle, en tubes gent sec, et on chauffe très-doucement dans un
scellés et à 200° pendant quelques jours (Rosing ballon. La réaction est assez violente pour qu'on
et Schischkoff) , seraient identiques, suivant Lim- ne doive pas employer plus de 10 grammes de
pricht qui en a étudié les principales réactions. sel d'argent à la fois. Le produit refroidi est
Il bout entre 215° et 218° (Limpricht) ; d'après épuisé par l'éther ; celui-ci étant chassé par la
Rosing et Schischkoff, c'est un liquide léger, jau- distillation, il reste une huile qu'on lave avec une
nâtre, d'une odeur faible et agréable, beaucoup solution alcaline faible, puis avec l'eau, et qu'enfin
plus dense que l'eau, se décomposant à la distilla- on redissout dans l'éther. Celui -ci abandonne par
tion entre 130° et 140°. Ce composé s'obtient lors- l'évaporation une huile épaisse, dans laquelle ap-
qu'on chauffe à 180° pendant quarante-huit heures paraissent des cristaux ; l'huile finit par se soli-
et en vases clos le perchlorure de phosphore et le difier complétement .
chlorure de benzoyle ; on l'isole par la distillation Les cristaux de l'acétate de benzylène appartien-
(Limpricht). Le sodium ne l'attaque pas à l'ébul- nentausystème clinorhombique ; ils sont insolubles
lition. Chauffé de 130° à 140° avec une solution dans l'eau, solubles dans l'alcool et l'éther ; les
aqueuse d'ammoniaque, il se convertit en benzo- solutions abandonnent l'acétate de benzylène sous
nitrile . En mélangeant une solution éthérée de ce forme d'une huile qui ne se solidifie que par l'agi-
composé avec une solution d'aniline dans l'éther, tation . Il fond à 36º, 6 , cristallise par le refroidis-
il se produit une réaction très-vive quand on sement. Il commence à entrer en ébullition à 190º,
distille l'éther, et il reste une masse jaune-rou- mais en se décomposant en anhydride acétique et
geâtre résineuse, qui, privée de chlorhydrate d'ani- hydrure de benzoyle ; chauffé à 100° en tubes scellés
line par des lavages à l'alcool froid, se dissout avec la potasse aqueuse ou l'acide sulfurique
dans l'alcool bouillant, d'où se précipitent par le étendu, il subit la même décomposition ; avec l'am-
refroidissement des petites aiguilles incolores de moniaque et dans les mêmes conditions , outre
chlorhydrate d'une base C19 H16 Az2, H Cl . La base, l'hydrure de benzoyle, il donne de l'acétamide.
séparée par la soude de la solution alcoolique du Geuther paraît avoir eu le même composé en
chlorhydrate, cristallise dans l'alcool en petits chauffant à 230°, en vases clos , l'hydrure de ben-
prismes ; elle fond à 142° ; elle est très-soluble
dans l'éther. zoyle et l'anhydride acétique, mais il ne l'a pas
obtenu cristallisé [ Geuther, Ann . der Chem. u.
Le chlorure de benzylène chloré, mêlé avec de Pharm., nouv. ser. , t. XXX, p. 251 ; Ann. de
l'oxyde d'argent sec delayé dans l'éther, est con- Chim . et de Phys . , (3) , t . LIV, p. 232] . En ajou-
verti en acide benzoïque . L'eau en vase clos à 150° tant une parcelle du composé précédent à l'huile
lui fait subir la même transformation ainsi que obtenue par Geuther, on voit celle-ci se solidifier
l'alcool absolu à 130°; dans cette dernière réac-
tion, il se dégage du chlorure d'éthyle. (Hübner).
BENZOATE DE BENZYLÈNE,
L'éthylate de sodium le transforme au bout de C7H5O2
quelques heures en une éthyline C7H5 (C2H530³, C21 H16O = C6H5 CH ( C7H5O2.
liquide incolore , doué d'une odeur agréable et qui
bout entre 220° et 225° . Abandonné avec l'acétate S'obtient comme l'acétate ; c'est un liquide
d'argent délayé dans l'éther, il perd tout son huileux, non cristallisable ; la potasse alcoolique
chlore après plus d'un mois de contact. Le liquide le décompose immédiatement en benzoate et en
soumis à la distillation a laissé comme résidu un hydrure de benzoyle (Engelhardt) .
composé qui, concentré dans le vide, s'est con- SUCCINATE DE BENZYLÈNE. - Obtenu comme les
verti en petits cristaux que Limpricht représente précédents ; sa solution éthérée est déjà décompo-
par la formule sée quand on la lave avec une solution faible de
(C7H5) soude (Wicke).
C2H30 02. SULFATE DE BENZYLÈNE. - Huile rouge-brun,
ÉTHERS BENZYLÉNIQUES. non cristallisable.
VALERATE DE BENZYLÈNE. - Huile épaisse, jaune,
DIMETHYLATE DE BENZYLÈNE [Syn . Éther méthyl- non cristallisable.
benzylénique],
( CH3O SULFURE DE BENZYLÈNE [ Syn. Sulfobenzol] ,
C9 H12 O2 = C6H5.CH CH3O . C7H6S = C6H³ , CHS
-On chauffe 1 molécule de chlorure de benzylène [ Cahours, loc. cit . ] . — Le chlorure de benzylène
I - 37
BENZYLÈNE. - 578 - BENZYLÈNE .

est vivement attaqué par une solution alcoolique SULFURE DE NITROBENZYLENE, ou hydrure de ni-
de sulfure de potassium ; il se dépose un produit trosulfobenzoyle,
blanc nacré, en même temps que du chlorure de C7H5 (Az O²) S = C6H¹ (Az O²), CII S
potassium. On les sépare en reprenant par l'eau,
la matière insoluble est reprise par l'alcool bouil- [Bertagnini, Ann. de Chim. et de Phys., 1851 ,
lant, qui la dissout bien, et l'abandonne presque (3), t. XXXIII , p . 473; Ann . der Chem . u . Pharm .,
entièrement par le refroidissement sous forme t. LXXIX , p. 269] . ·- En dissolvant l'hydrure de
d'écailles brillantes. Le sulfure de benzylène fond nitrobenzoyle dans l'alcool ordinaire et faisant
à 64° et se prend par le refroidissement en une passer dans la solution un courant d'hydrogène
masse cristalline. Il entre en ébullition à une sulfuré, on voit peu à peu la liqueur se troubler,
température élevée, se colorant et se décompo- et déposer une poudre blanche volumineuse,
sant partiellement. L'acide azotique, même étendu , qu'on purifie en la lavant à l'alcool tiède. Le sul-
l'attaque avec violence, avec production d'acide fure de nitrobenzylène est une poudre légère ,
sulfurique et d'une matière cristallisée en écailles grisâtre, sans odeur sensible, mais prenant une
jaunes, brillantes, solubles dans les alcalis. odeur désagréable par le frottement ; il est inso-
Sous le nom d'hydrure de sulfobenzoyle, Ger- luble dans les solvants ordinaires.
hardt décrit un composé que Laurent a obtenu Il fond dans l'eau bouillante, et les vapeurs
par l'action du sulfhydrate d'ammoniaque sur aqueuses qui se dégagent possèdent une odeur
l'hydrure de benzoyle, ou de l'acide sulfhydrique alliacée. L'alcool bouillant l'agglomère en masse ;
sur l'hydrobenzamide , et qu'il regarde comme iso- l'éther le rend visqueux et demi-transparent .
mérique avec le sulfure de benzylène. Comme on ne L'acide azotique ordinaire le décompose, à une
comprend guère la possibilité de cette isomérie, douce chaleur, en régénérant l'hydrure de nitro-
il est à croire que cet hydrure de sulfobenzoyle est benzoyle avec l'acide azotique fumant, la réaction
un polymère n C7 H6S : ses réactions semblent est très-violente, même à froid, et peut donner
confirmer cette manière de voir en même temps lieu à une explosion . L'ammoniaque gazeuse ou
que ce composé, le sulfhydrate d'ammoniaque en solution dégage de l'hydrogène sulfuré, et il se
donne, avec l'essence d'amandes amères, de l'hy- forme probablement de l'hydrobenzamide trini-
drure de sulfazobenzoyle, dont nous parlerons trée.
plus bas . SULFAZOTURE DE BENZYLÈNE [ Syn . Thiobenzal-
HYDRURE DE SULFOBENZOYLE [ Syn. Sulfure de dine, hydrure de sulfazobenzoyle),
benzène], C21 H19 Az S23 (C7H6) Az H. S2
n (CH³, CHS) [Laurent, Ann. de Chim. et de Phys. , 1841 , (3) ,
t . I, p. 295 ; Ibid. , t. XXXVI, p. 342 ; Revue
[Laurent, Ann . de Chim. et de Phys. , 1841 , (3) , scientif., t. XVI, p. 393] . Ce composé, qui s'ob-
t. I, p. 291 ; Revue scientif. , t. XVI, p. 373] . tient en petite quantité dans la préparation de
S'obtient en dissolvant 1 volume d'hydrure de l'hydrure de sulfobenzoyle, se prépare par les
benzoyle dans 8 ou 10 volumes d'alcool, puis en y procédés suivants qui réussissent presque tou-
ajoutant peu à peu 1 volume de sulfhydrate d'am- jours, dit Laurent : 1° On dissout l'essence d'a-
monium. La liqueur se trouble au bout de quel- mandes amères dans 4 à 5 fois son volume
ques minutes, en laissant déposer une poudre d'éther, on y verse 1 volume de sulfure d'am-
blanche, semblable à la farine. Si l'on porte d'a- monium , et l'on abandonne le tout pendant
bord à l'ébullition la dissolution alcoolique de quinze jours ou un mois. Il se forme une croûte
l'essence, l'addition du sulfhydrate fait naître en cristalline qu'il faut dissoudre et faire cristalliser
quelques secondes un volumineux précipité blanc. dans l'éther pour la purifier.
En lavant le précipité à plusieurs reprises avec 2º On met 1 volume d'essence en contact avec
de l'alcool bouillant , on obtient l'hydrure de 1 ou 2 volumes de sulfhydrate d'ammoniaque ; au
sulfobenzoyle pur. Dans cette préparation , on ob- bout de quinze jours, et quelquefois d'un à deux
tient ordinairement une petite quantité d'hydrure mois, l'essence se trouve solidifiée en tout ou en
de sulfazobenzoyle (voyez plus bas). Ce composé partie. On lave le produit solide à l'éther froid,
se forme encore lorsqu'on fait passer un courant et on le fait cristalliser dans l'éther bouillant. II
de gaz sulfhydrique à travers une solution alcoo- arrive quelquefois que l'hydrure de sulfazoben-
lique d'hydrobenzamide . zoyle ne se produit pas et qu'on obtient d'autres
Il est blanc, pulvérulent, n'offrant au micro- matières mal déterminées .
scope que des grains arrondis , sans traces de cris- Il est incolore , transparent et cristallisable en
tallisation : il communique aux mains qui le prismes obliques à base rectangulaire. Il fond
manient une odeur d'ail tenace et très-désagréable. vers 125°; par le refroidissement, il reste trans-
Il est insoluble dans l'eau et dans l'alcool . L'ad- parent, et avant de se solidifier il se laisse tirer
dition de l'éther le rend subitement liquide et en fils. Il se dissout dans 20 ou 30 fois son poids
transparent il s'y dissout en petite quantité, d'éther ; l'alcool le décompose par l'ébullition ;
mais par quelques gouttes d'alcool il redevient à il se dégage de l'hydrogène sulfuré. L'acide azo-
l'instant solide et pulvérulent. Il se ramollit entre tique l'attaque avec violence, en produisant une
90° et 95°, et se solidifie par le refroidissement huile qui paraît être de l'hydrure de benzoyle, car
en une masse transparente, non cristalline. Par par l'ébullition elle se change en acide benzoique.
la distillation sèche, il donne du sulfure de car- L'acide sulfurique concentré le dissout à chaud
bone, de l'hydrogène sulfuré, du stilbène et du avec une teinte carminée ; en étendant d'eau, la
thionnessale. couleur disparaît et il se précipite une matière
L'acide chlorhydrique bouillant en dégage len- jaune floconneuse. La potasse alcoolique en dé-
tement de l'hydrogène sulfuré . gage de l'ammoniaque par l'ébullition ; l'eau pré-
L'acide azotique le transforme en hydrure de cipite alors une huile qui cristallise au contact de
benzoyle ou acide benzoïque et en acide sulfu- l'air ; la solution dégage de l'hydrogène sulfuré
rique. Le brome l'attaque vivement ; l'acide sul- par les acides. Par la distillation sèche, le sulfa-
furique le dissout à chaud avec une couleur rouge zoture de benzylène donne les mêmes produits
carmin très-riche l'eau précipite de cette solu- que l'hydrure de sulfobenzoyle.
tion une matière floconneuse. Une dissolution al- BENZYLÈNE - PHENYLAMINE [ Syn . Benzoylani-
coolique de potasse le décompose lentement : la lide],
solution potassique dégage par les acides de l'hy-
drogène sulfuré. C13H11 Az -C6HS.CH Az
BENZYLIQUE. 579 BENZYLIQUE.
[Laurent et Gerhardt, Compt. rend. des travaux éthérée est séchée sur de la potasse fondue, et
de Chim. , 1850, p. 117]. - Ce composé, qu'il ne purifiée par plusieurs rectifications .
faut pas confondre avec la benzanilide, se pro- 2º Lorsque l'acétate de benzyle, résultant de
duit lorsqu'on mêle des volumes égaux d'aniline l'action du chlorure de benzyle sur l'acétate de
et d'hydrure de benzoyle, préalablement dessé- potassium, est soumis à une longue ébullition
chés, et que l'on chauffe légèrement le mélange. avec une solution alcoolique et concentrée de po-
Il se sépare de l'eau qui se rend à la surface. Au tasse, il se dépose du chlorure de potassium ;
bout de quelque temps la matière se concrète ; si l'alcool ayant été enlevé par distillation , le résidu
elle se maintient liquide, ce qui arrive quelque- se sépare en deux couches, dont la supérieure est
fois, elle se solidifie par l'addition de l'eau. On la séparée et rectifiée, c'est l'alcool benzylique [Can-
purifie par expression et par cristallisation dans nizzaro, Ann . de Chim. et de Phys. , (3) , t. XLV,
l'alcool chaud : p. 468].
3º Le chlorure de benzyle, chauffé pendant
C7 H6O + C6 H7 Az = H2O + C13H11 Az. deux heures avec de l'oxyde de plomb hydraté et
La benzylène-phénylamine cristallise de sa so- de l'eau, fournit de l'alcool benzylique :
lution alcoolique en belles paillettes brillantes.
Elle est insoluble dans l'eau, fort soluble dans 2 (C7H7) Cl + PbH2O2 = 2 C7H80 + Pb Cl2
l'alcool et dans l'éther, facilement fusible ; elle [ Ch. Lauth et E. Grimaux, Compt. rend., déc.
distille sans altération à une température élevée. 1866, et Bull . de la Soc. chim ., 1867, t. VII,
L'acide acétique la rend fluide sans la dissou- p. 105] .
dre ; l'acide chlorhydrique concentré la dissout à 40 Scharling a reconnu que la cinnaméine n'est
chaud. L'acide sulfurique la dissout en la trans- autre que le cinnamate de benzyle ; et l'huile
formant en hydrure de benzoyle et sulfate d'ani- qu'on obtient par l'action de la potasse sur la
line. L'acide azotique la dédouble de la même cinnaméine est de l'alcool benzylique, jusque-là
manière ; la potasse bouillante l'attaque à peine. confondu avec la styrone ou alcool cinnamique
Le brome la décompose immédiatement, et il se [Scharling, Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XLVII,
dépose des aiguilles de tribromaniline. p. 385].
En chauffant au bain-marie pendant quelques L'alcool benzylique est liquide, incolore, plus
heures un mélange de benzylène-phenylamine et dense que l'eau, fortement réfringent ; il bout à
d'iodure d'éthyle, on obtient une masse rouge 2040 (Cannizzaro) , 206°,5 (H. Kopp) . Sa densité est
qui est dissoute dans l'alcool chaud à 75 ° , et trai- de 1,051 à 14º,4, 1,063 à 0º (H. Kopp) . Insoluble
tée par le charbon animal. Il reste, après évapo- dans l'eau, soluble en toutes proportions dans
ration, une masse résineuse, insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone et l'acide
peu soluble dans l'éther et l'alcool faible . C'est acétique.
l'iodure d'éthyl-benzylène- phenylamine Dirigé en vapeur sur de l'éponge de platine
C6H5 chauffée au rouge, il donne une huile complexe
contenant de la benzine et une matière solide.
(C7H6)" Az I.
C2H5 ) Agité avec de l'acide sulfurique ordinaire , ou
chauffé avec de l'acide phosphorique anhydre ou
Par les oxydes d'argent, de plomb et de potas- du chlorure de zinc, il donne une matière rési-
sium , cette substance perd tout son iode et donne neuse, amorphe, polymère de C7 H8, le benzété-
une nouvelle matière résineuse, dont la solution rène. Le fluorure de bore agit de même ; l'acide
alcoolique possède une légère réaction alcaline. borique a deux actions différentes . Sur l'alcool
Elle ne se combine plus avec l'iodure d'éthyle : benzylique, à une température élevée, il le trans-
M. Borodine , d'après les analyses, la considère forme en benzétérèné. Entre 100° et 120°, il
comme analogue à l'oxyde d'ammonium fournit l'oxyde de benzyle
( Az H+ )2 O , CHITO
.
et l'écrit Az2 (C7 H6, C6 H5 , C2H5)2.O [ Borodine, C7 H7
Journ. für prakt. Chem. , 1859, t LXXVII, p . 19 ; Distillé avec une solution alcoolique concentrée
Répert. de Chim. pure, 1859, p. 564]. E. G. de potasse, il donne du toluène et du benzoate de
BENZYLIQUE (ALCOOL) [ Syn . Hydrate de potasse.
benzyle, alcool benzoique, alcool benzéthylique, L'acide azotique ordinaire le transforme, à une
hydrate de benzéthyle , hydrate de toluényle] . douce chaleur, en hydrure de benzoyle ; avec l'a-
[Cannizzaro, 1853, Ann. der Chem. u. Pharm., cide chromique, on obtient de l'acide benzoique.
nouv. sér. , t. XII, p. 129 ; Ibid. , 1854, nouv. Si on le traite par un courant de gaz chlorhydri-
sér., t. XVI , p. 113 ; Il Nuovo Cimento, t. I, que, il se produit du chlorure de benzyle . Un
p. 84 ; Ibid., t. II, p. 212 ; Ibid., t . II, vol . 3. mélange d'acide acétique et d'acide sulfurique,
Ann. de Chim. et de Phys. , (3) , t. XL, p. 234 ; ajouté à une solution d'alcool benzylique dans l'a-
Ibid., t. XLIII, p . 349] . L'alcool benzylique cide acétique, donne naissance à l'acétate de ben-
C6H5. CH2 ) zyle. Enfin , avec le chlorure de benzoyle ou l'acide
C7 H8 O = O benzoique anhydre, l'hydrate de benzyle fournit
le benzoate de benzyle.
a été découvert par M. Cannizzaro ; il s'obtient : Un corps qui paraît être l'alcool nitrobenzy-
1° Par l'action de la potasse alcoolique sur lique se forme lorsqu'on dissout l'hydrure de ni-
l'hydrure de benzoyle : trobenzoyle dans la potasse alcoolique, et qu'on
2 C7H6OKHO = C7H5OK + C7 H8 O. précipite la solution par l'eau ; c'est une huile
Hydrure Benzoate Alcool jaune, transparente, épaisse, se décomposant à la
de benzoyle. de potassium. benzylique. distillation sous la pression ordinaire , passant
dans le vide entre 170° et 180° . Elle n'a pu être
En mêlant de l'hydrure de benzoyle pur , étendu obtenue à l'état de pureté [ E. Grimaux, Compt
de son volume d'alcool absolu , avec une solution rend., 1867, t. LXV, p. 211].
alcoolique de potasse d'une densité de 1,02 , il se Les éthers de l'alcool benzylique connus à pré-
dégage de la chaleur et le tout se prend en une sent sont l'acétate, le benzoate, le bromure, le
masse cristalline : l'alcool ayant été distillé, on chlorure, l'iodure, l'oxyde
enlève le benzoate potassique à l'aide de l'eau
chaude, le résidu est agité avec de l'éther. L'huile CTHT)
CHO
brune résultant de l'évaporation de la solution
BENZYLIQUE. 580 - BENZYLIQUE.

l'oxyde mixte d'éthyle et de benzyle OXYDE DE BENZYLE ET DE PHÉNYLE [Syn . Phé-


nate de benzyle],
C7H7 ) C7 H7
C2H5O,S C6H5 0.
et l'oxyde mixte de phényle et de benzyle - Il s'obtient par l'ébullition du chlorure de ben-
C7H7 O zyle et du phénate de potassium. Il cristallise en
1 C6H5 . écailles nacrées, qui fondent au-dessous de 40°,
et se décomposent à une température élevée . Il
présente le phénomène de la surfusion. Il est
ÉTHERS BENZYLIQUES. insoluble dans l'eau , soluble dans l'alcool et dans
l'éther. Son odeur est agréable, surtout à chaud
OXYDE DE BENZYLE [Syn . Éther benzylique] , [Ch. Lauth et E. Grimaux, loc. cit.] .
ACÉTATE DE BENZYLE, CH7 . C2H3O2 (Canniz-
C7H7 zaro). - Il se produit, soit par l'ébullition du
C4H10 = CHO chlorure de benzyle avec l'acétate de potasse, soit
par l'action d'un mélange d'acide sulfurique et
[Cannizzaro , Ann . der Chem. u. Pharm. , t. XCII, d'acide acétique sur l'alcool benzylique . C'est une
p. 113 (nouv. sér. , t . XVI) ; Ann. de Chim. et huile incolore, plus dense que l'eau, d'une odeur
de Phys., (3), t. XLIII, p. 349]. On fait une agréable ; elle bout à 210º.
pâte avec l'alcool benzylique et de l'acide borique Le dérivé nitré direct de l'acétate de benzyle
fondu et pulvérisé ; on l'enferme dans un tube n'a pas été préparé, mais on en connaît un iso-
scellé et on chauffe pendant quelques heures mère obtenu par l'action du chlorure de benzyle
entre 120° et 125°. Le mélange se colore en brun nitré sur l'acétate de potasse .
et durcit ; on le lave à l'eau bouillante et au car- L'acétate de benzyle nitré ou acétate de nitro-
bonate de potassium pour enlever l'acide borique ; dracéthyle C6 H (Az O2) CH. C2H3O2 cristallise en
il surnage une huile verdâtre qui est séchée et feuillets minces, brillants ; il est un peu soluble
distillée. Les portions qui passent entre 300° et dans l'eau bouillante, très-soluble dans l'alcool et
315° constituent l'oxyde de benzyle . dans l'éther. Il fond à 85° [ E. Grimaux, loc. cit. ].
C'est un liquide oléagineux, incolore, présen- BENZOATE DE BENZYLE, CH7. C7 H2O2 (Can-
tant quelques reflets d'un bleu indigo. Avec l'a- nizzaro) . - Il se forme lorsqu'on distille l'alcool
cide phosphorique et l'acide sulfurique, il donne benzylique avec du chlorure de benzoyle ou de
une substance résineuse, analogue à celle que l'anhydride benzoïque. Le produit distillé cristal-
fournissent les mêmes agents avec l'alcool benzy- lise en grande partie en aiguilles nageant dans une
lique. huile de même composition. Les cristaux fondent
Chauffé au-dessus de 315° en tubes scellés , il à 20° et ne se concrètent ensuite que dans un
se décompose ; parmi les produits de sa décompo- mélange réfrigérant.
sition, on rencontre du toluène, de l'hydrure de BROMURE DE BENZYLE ,
benzoyle, ainsi qu'une matière résineuse. C7 H7 Br C6H5, C H2 Br
OXYDE DE BENZYLE ET D'ÉTHYLE [ Cannizzaro,
Nuovo Cimento , 2e année, t. III] . Si l'on [Kekulé , 1866 , Ann . der Chem. u. Pharm.,
chauffe le chlorure de benzyle avec une solution nouv. sér., t. LXI , p. 129 ; Ann. de Chim. et de
alcoolique de potasse, dans un appareil qui per- Phys., (4), t. VIII, p. 158 ; Bull . de la Soc.
met aux vapeurs de refluer, il se forme bientôt chim . , 1866, t. VI, p. 47 ]. Ce composé s'obtient
un dépôt de chlorure de potassium. Le liquide facilement par l'action de l'acide bromhydrique sur
étant filtré, et l'excès d'alcool chassé par la distil- l'alcool benzylique ; la réaction est la même que
lation, l'addition de l'eau amène la formation de celle qui donne naissance au chlorure de benzyle.
deux couches dont la supérieure constitue l'éther Il prend encore naissance quand on fait arriver
mixte de benzyle et d'éthyle. de l'air chargé de vapeurs de brome dans les va-
C'est un liquide incolore, très-mobile, plus lé- peurs de toluène [Ch . Lauth et E. Grimaux, Bull.
ger que l'eau dans laquelle il est insoluble. Il se de la Soc. chim. , 1867, t. VII , p . 107 ].
mêle à l'alcool et à l'éther. Son odeur est agréa- Le bromure de benzyle bout de 201º ,5 à 2020,5
ble. Il bout sans décomposition à 185°. (corrigé) . Sa densité, rapportée à celle de l'eau à
On connaît un dérivé chloré et un dérivé bromé zéro, est égale à 1,4380 à 22°. Il est incolore ,
de l'éther benzyl-éthylique. Lorsqu'on chauffe à d'une odeur aromatique agréable à froid ; ses va-
150° dans des tubes scellés du toluène bichloré peurs sont irritantes.
(chlorure de benzyle chloré) C6 HCl . CH2Cl avec Il échange très-facilement son brome par double
une solution alcoolique de potasse, il se forme du décomposition, pour donner naissance aux éthers
chlorure de potassium, et on sépare un liquide benzyliques ; avec l'ammoniaque alcoolique, il se
huileux qui , rectifié entre 215° et 220 °, constitue comporte comme le chlorure de benzyle , et fournit
l'oxyde de chlorobenzyle et d'éthyle : immédiatement de la tribenzylamine.
Il est isomère avec le toluène monobromé, ob-
CH11 CIO =* C6 HCI C , CH2 O
2H5 . tenu par l'action à froid du brome sur le to-
luène C6 H Br, C H³.
L'éther chlorobenzyl- éthylique est limpide, CHLORURE DE BENZYLE [ Syn. Toluène mono-
d'une odeur aromatique. Il bout sans décomposi- chloré , C7H7C1 = C6H5, CH2C1]. On le pré-
tion entre 215° et 220°, avec un point d'arrêt vers pare :
218°. Sa densité à 14° est égale à 1,121 [A. Na- 1° En faisant passer un courant de gaz chlor-
quet, Bull. de la Soc. chim. , 1863, p. 74]. hydrique sec dans l'alcool benzylique. Par le .
Si l'on ajoute 2 molécules de brome au chlorure repos, le liquide se sépare en deux couches, l'in-
de benzyle et qu'on laisse en contact pendant férieure est une solution aqueuse d'acide chlorhy- ,
plusieurs jours, il se forme du chlorure de ben- drique, la supérieure constitue le chlorure de
zyle bromé C6 H Br . CH2 Cl qui, chauffé en vases benzyle, qu'on lave à l'eau et au carbonate de
clos, à 150°, avec de la potasse alcoolique, donne potassium, qu'on dessèche, et qu'on rectifie par
l'oxyde de bromobenzyle et d'éthyle, C9 H11 BrO. la distillation [ Cannizzaro, Ann. der Chem. u.
C'est un liquide incolore, d'une odeur aroma- Pharm., 1853, t. XLVIII , nouv. sér., t. XLII,
tique. Il bout sans décomposition entre 228° et p. 129: Ann. de Chim. et de Phys., (3), t. XL,
233° [A. Naquet et E. Grimaux, expér. inédites] . p. 234].
BENZYLIQUE. - 581 - BENZYLIQUE .
2º En distillant le toluène dans un courant de Chauffé à 160° pendant vingt-quatre heures avec
chlore ; M. Deville avait ainsi obtenu le toluène de l'aniline, le chlorure de benzyle donne du
chloré. Formé dans ces conditions, le toluène chlorhydrate d'aniline et de la benzylaniline
chloré est identique avec le chlorure de benzyle, [ Fleischer, Ann . der Chem . u. Pharm. , 1866,
et on le prépare en distillant le toluène dans un t. CXXXVIII , p. 225 , nouv. sér. , t. LXII] . Dirigé
courant de chlore, recueillant les dernières parties en vapeurs sur de la chaux sodée, il donne du
plus denses que l'eau, et répétant l'action du stilbène C14 H12 (Limpricht).
chlore sur les premières parties plus légères Si on le maintient en tubes scellés entre 115°
[Cannizzaro, Ann . de Chim. et de Phys., (3), et 120°, en contact avec la rosaniline ou le chlor-
t. XLV, p. 468 ; Il Nuovo Cimento , anno 2 , vol . III]. hydrate de rosaniline, on obtient une matière
3º En faisant arriver le chlore dans les vapeurs colorante violette , d'une très-belle nuance . Ce
du toluène; le ballon qui renferme le toluène est violet est insoluble dans l'eau. La base précipitée
en communication avec un réfrigérant de Liebig de la solution alcoolique du violet est incolore,
qui permet aux vapeurs de refluer dans l'appa- mais bleuit au contact de l'air (Ch. Lauth et Ed .
reil. En maintenant l'atmosphère du ballon de Grimaux).
110° à 130°, le chlore est immédiatement absorbé; Le chlorure de benzyle est isomérique avec le
par la rectification on obtient une notable quantité toluène chloré C6 HCI, CH³, fait à froid , et qui
de toluène non attaqué, du chlorure de benzyle, bout à 158° (Beilstein) .
et des produits chlorés supérieurs. Ce procédé
est très-avantageux, et le rendement considé- DÉRIVÉ NITRÉ du chlorure de benzyle.
rable [Ch. Lauth et E. Grimaux, Compt. rend.,
décembre 1866, et Bull. de la Soc. chim., 1867, Chlorure de nitrodracethyle ,
t. VII, p. 105]. C6H (Az O²) . CH2Cl
Le chlorure de benzyle est un liquide oléagi-
neux, incolore, d'une odeur irritante. Sa densité [Beilstein et Geitner, Zeitsch. für Chem. , nouv.
est comprise entre 1,113 et 1,117 . Distillé sous la sér., t. II , p. 307 , et Bull . de la Soc. chim. , 1866,
pression atmosphérique, il se décompose légère- t. VI , p. 468 ; - E. Grimaux , Compt. rend.,
ment en dégageant de l'acide chlorhydrique et 1867, t. LXV, p. 211 ] . Il se forme dans l'action
laissant un faible résidu de substance résineuse. de l'acide azotique fumant sur le chlorure de ben-
Il bout à 170° (Deville) ; entre 175° et 176°, et ne zyle. Il cristallise en fines aiguilles blanches ou
commence à dégager de l'acide chlorhydrique en lames nacrées. Il est très-soluble dans l'alcool
qu'au-dessus de cette température (Cannizzaro). bouillant et l'éther ; il fond à 70º.
Il bout à 183º (corrigé) et sa densité à 14° est de Traité par les oxydants, il donne l'acide nitro-
1,107 [Limpricht, Zeitsch. für Chem. , t. II, p. 280, dracylique (Beilstein et Geitner). Aussi vaut-il
et Bull. de la Soc. chim. , 1865 , t. VI, p. 4671. mieux l'appeler chlorure de nitrodracethyle pour
Le chlorure de benzyle échange facilement son rappeler cette transformation et le distinguer de
chlore par double décomposition ; avec une solu- l'isomère encore inconnu, qui donnera, par l'oxy-
tion alcoolique de potasse, il donne l'oxyde mixte dation, l'acide nitrobenzoique. Chauffé à 180° en
de benzyle et d'éthyle, vases clos, avec de l'acétate de potasse en solution
C7 H7 alcoolique , il donne l'acétate de nitrodracéthyle,
C6 H (Az O²) . CH2Cl ( E. Grimaux).
C2H5 0 ;
avec l'acétate et le benzoate de potassium , il four- DÉRIVÉS CHLORÉS DU CHLORURE DE BENZYLE .
nit l'acétate et le benzoate de benzyle ; et avec le
cyanure de potassium, le cyanure de benzyle ; On connaît trois dérivés bichlorés du toluène,
avec le phénate de potassium, il produit du phé- C6H3 C12 CH3, C6H4 C1 CH2C et C6H5 CH CI2
nate de benzyle.
Chauffé à 100° pendant deux heures avec de l'a- [voyez TOLUENE (dérivés chlorés) ] . Les deux der-
cide azotique étendu, il se transforme en hydrure niers peuvent être considérés comme du chlorure
de benzoyle ; on obtient en même temps de l'a- de benzyle chloré. Le composé C6 H+ C1 CH2 Cl a été
cide benzoïque : rencontré dans les produits de l'action du chlore
sur le toluène, à froid et à la lumière ordinaire.
C7H7C1 + 2 Az HO³
= CHO + HCl + H2O + 2 Az O². Sa constitution est démontrée par l'action de la
potasse alcoolique, avec laquelle il donne nais-
Maintenu pendant le même temps et à la même sance à l'oxyde mixte d'éthyle et de chloroben-
température avec de l'azotate de plomb, il donne zyle
également naissance à de l'hydrure de benzoyle. CHCI 0
Chauffé pendant quelques heures avec de C2H5
l'oxyde de plomb hydraté, il se saponifie, et le (Naquet).
produit de la réaction renferme de l'hydrate de Le composé C6 H5 CH C12 est le chlorobenzol, ou
benzyle (Ch. Lauth et E. Grimaux) : chlorure de benzylène (voyez BENZYLÈNE). Il existe
2C7H7Cl + Pb H2O2 = 2C7H8O - Pb Cl². dans les produits de l'action du chlore sur les va-
peurs de chlorure de benzyle (Ch . Lauth et Ed.
Si on mélange le chlorure de benzyle avec une Grimaux) . Le point d'ébullition de ces dérivés est
solution alcoolique concentrée d'ammoniaque, la environ de 200º à 205° ; ils se décomposent en par-
réaction se fait à froid, et il se dépose immédiate- tie par la distillation.
ment des cristaux de tribenzylamine , dont la Le composé C6 H¹ . C Cl³ (toluène trichloré, chlo-
quantité augmente au bout de quelques jours . Il roforme benzoique) est du chlorure de benzyle
se forme en même temps de la mono- et de la bichloré ou chlorure de benzylène chloré. Voyez
dibenzylamine (Cannizzaro). BENZYLENE.
Si l'on chauffe en tubes scellés à 100° deux mo- CINNAMATE DE BENZYLE . - Voyez CINNAMA-
lécules de chlorure de benzyle et une molécule de TES .
toluidine, il se forme de la toluidine dibenzylique : : CYANURE DE BENZYLE [ Syn. Alphatoluoni-
trile] , CH , CAz. - [Cannizzaro , Ann. de Chim .
( C6H4 CH3 et de Phys., 1855 , (3), t. XLV, p. 458 ; Compt.
Az CH2C6H5
( CH2C6H5 rend. de l'Acad., t. XLI, p. 517 ; Ibid., 1861,
t. LII , p. 966 ; Ibid., t. LIV, p. 1225 ; Répert, de
[Cannizzaro, Compt. rend. , t. LV, 1862] . Chim . pure, 1861 , p. 263 ; Ibid. , 1863 , p . 302 ] . —
BENZYLIQUE. 582 - BERBERINE .

On fait bouillir le chlorure de benzyle avec une fusible à 130°, un peu soluble dans l'eau bouil-
solution alcoolique concentrée de cyanure de po- lante, très-soluble dans l'alcool et dans l'éther.
tassium, jusqu'à ce qu'il ne se dépose plus de Le sulfure et le bisulfure de benzyle, soumis à
chlorure potassique. Celui-ci étant séparé par le l'action de la chaleur, se décomposent en produi-
filtre, et la majeure partie de l'alcool chassée par sant du toluène, du sulfhydrate de benzyle, du
la distillation , le liquide se sépare en deux cou- stilbène C14H12, et deux composés , l'un
ches ; la supérieure est formée de cyanure de CTHS
C14 H10 S =C
= ,
benzyle. 7H5
Le cyanure, soumis à une longue ébullition avec
une solution concentrée de potasse, jusqu'à ce que M. Maercker appelle sulfure de tolallyle;
qu'il ne donne plus d'ammoniaque, se transforme poudre cristalline , fusible à 143-155° ; l'autre,
en alphatoluate de potassium et non en toluate. C26 H18S , cristallisable en longues aiguilles blan-
L'acide alphatoluique n'étant qu'isomère du ches, fusibles à 180° (Maercker) . E. G.
véritable homologue de l'acide benzoïque , on ne BERANNITE (Min .). - - Variété altérée de vi-
peut, dans les composés aromatiques , passer d'une vianite.
série à la série homologue supérieure, par la mé- BERBERINE, C20 H17 Az O¹ . - La berberine
thode des cyanures de radicaux. Voyez TOLUIQUE . est un alcaloide retiré de la racine du Berberis
(ACIDE) . vulgaris (famille des Berbéridées), connu vulgai-
IODURE DE BENZYLE, CHI [ Cannizzaro , Ann. rement sous le nom d'épine-vinette, et dont il
der Chem. u. Pharm ., 1854, t. XC, p. 254]. constitue la matière colorante. On l'extrait encore
Lorsqu'on mélange l'alcool benzylique dissous de la racine de colombo.
dans le sulfure de carbone avec une solution de La découverte de la berbérine doit être attri-
phosphore dissous dans le sulfure de carbone, et buée à MM. Chevalier et Pelletan. Dès 1826 , en
qu'on ajoute de l'iode peu à peu, il reste , après la effet, ces chimistes avaient extrait du Zanthoxy-
distillation du dissolvant , un liquide qui irrite lum clava Herculis une substance désignée par
vivement les yeux, et qui est probablement de eux sous le nom de zanthopicrite, et qu'on re-
l'iodure de benzyle. E. G. connut être identique avec cet alcaloide [Journ.
BENZYLIQUE (MERCAPTAN) [Syn. Sulfhy- de Chim. médicale, 1826 , t. II, p. 314] .
drate de benzyle], D'après M. Dyson Perkins, les végétaux suivants
C7H6S C6H5, CH.SH contiennent aussi de la berhérine : l'Hydrastis
bonadensis qui en renferme 4 % environ ; le bois
[ C. Maercker , Ann. der Chem. u. Pharm., de voodunpar; nom donné par les naturels à un
t. CXXXVI, p. 75, et Bull . de la Soc. chim., bois jaune tinctorial provenant de l'assam supé-
1866, t. VI, p. 55]. rieur ; la racine de Saint-Jean , originaire du Rio H
Il s'obtient par l'action du sulfhydrate de po- Grande ; une écorce tinctoriale appelée pachuelo,
tassium sur le chlorure ou le bromure de benzyle. croissant dans la Bolivie ; la racine de Coptis teeta
Il est incolore, très-réfringent, d'une odeur très- ou mahmira (Renonculacées ), plante que l'on
désagréable ; il irrite vivement les yeux ; sa den- rencontre dans la Chine et l'Indoustan, et qui
sité à 20° est de 1,058 : il bout à 194-195º. Il peut fournir entre 8 et 9 % de berbérine cristal-
forme avec l'oxyde mercurique une combinaison lisée.
( C7 H7S)2 Hg , soluble dans une grande quantité La berbérine se présente sous la forme de petits
d'alcool où elle cristallise en aiguilles soyeuses. prismes groupés concentriquement, ou d'aiguilles
La solution alcoolique du sulfhydrate de benzyle soyeuses d'un jaune clair. Elle est peu soluble à
donne, avec le bichlorure de mercure, un préci- froid dans l'alcool et dans l'eau, qui n'en dissout
pité renfermant (C7H7S) Hg.Hg C12. Si on mélange que 1/500 de son poids, à 12° ; elle est tout à fait
des solutions alcooliques bouillantes de sulfhy- insoluble dans l'éther. Chauffée à 100º , elle perd
drate de benzyle et d'acétate de plomb, on obtient dix molécules d'eau ; à une température plus éle-
par le refroidissement de grandes lames jaunes vée elle fond, et vers 200º elle dégage des vapeurs
(C7H7 S)2 Pb . jaunes et odorantes, qui produisent par la con-
Il attire l'oxygène de l'air et il se transforme en densation un corps solide, insoluble dans l'eau et
bisulfure de benzyle. Avec l'acide azotique, on très-soluble dans l'alcool ; il reste dans la cornue
obtient de l'acide benzoïque et de l'hydrure de un abondant dépôt de charbon.
benzoyle. L'ammoniaque la colore en brun ; une solution
BISULFURE DE BENZYLE, C14H14 S2.- Il se produit bouillante de potasse caustique attaque la berbé-
par l'action de l'air sur le sulfhydrate de benzyle ; rine, elle fond et se transforme en une matière
la transformation a lieu plus rapidement lors- résinoïde très-soluble dans l'alcool et à peu près
qu'on additionne celui -ci d'ammoniaque . On peut insoluble dans l'eau.
aussi l'obtenir en traitant le chlorure de benzyle D'après M. Bodeker, la berbérine distillée avec
par le bisulfure de potassium. un lait de chaux ou de l'hydrate de plomb, don-
Il cristallise en lamelles brillantes, fusibles à nerait de la quinoléine .
69° , insolubles dans l'eau, solubles dans l'éther Action de l'iode sur la berberine.— Iodhydrate
et dans l'alcool bouillant (Maercker) . de biiodoberbérine,
SULFURE DE BENZYLE,
C20 H17Az O 12, HI.
C14 HS = = C6H5. CH2 S. L'iode ajouté à la solution d'un sel de berbérine
C6H5. CH2 )
produit deux sels d'aspects différents, mais qui
Lorsqu'on mélange deux solutions alcooliques, possèdent, d'après M. Perkins, la même composi-
l'une de sulfure de potassium , l'autre de chlorure tion chimique.
de benzyle, la liqueur s'échauffe jusqu'à l'ébulli- En léger excès, l'iode produit un précipité
tion, et l'addition de l'eau précipite des goutte- rouge brun, insoluble dans l'eau, peu solubie
lettes oléagineuses qui se solidifient par le refroi- dans l'alcool froid, soluble dans l'alcool bouillant
dissement. Le sulfure de benzyle cristallise en qui l'abandonne cristallisé en prismes transpa-
longues aiguilles blanches ou en écailles. Inso- rents par le refroidissement.
luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans L'azotate d'argent précipite entièrement l'iode
l'éther, il fond à 49° (Maercker). contenu dans cette combinaison.
OXYSULFURE DE BENZYLE, CH4SO. L'action Lorsqu'on évite avec soin tout excès d'iode, et
de l'acide azotique d'une densité de 1,3 sur le com- qu'on verse dans une solution alcoolique et chaude
posé précédent fournit l'oxysulfure de benzyle, d'un sel de berberine une solution étendue d'iode
BERBERINE. 583 BERBERINE .
dissous à l'aide d'un peu d'iodure de potassium , fluence de l'eau et qui contiennent 4 molécules
il se dépose un sel sous forme de paillettes vertes d'eau :
et brillantes qui possèdent les reflets des élytres SO2 OHC20 H21AzO
des cantharides . Il se forme en même temps des OHC20 H21 Az O4
+4 (H2O)
cristaux de sel rouge. Cette réaction est extrême-
S O OH
ment sensible et peut servir à caractériser la OHC20H21 Az O4
berbérine.
La berbérine dissoute dans l'alcool à 90° et [Hlasiwetz,Répert . de Chim. pure , t . IV, p . 367 ; Ann.
chauffée en vase clos à 108° ne donne pas de com- der Chem. u. Pharm. , suppl., 1863, t. II, p. 191 ;
binaison éthylée ; par le refroidissement , il se dé- 1 Bull. de la Soc . chim. de Paris, 1863, p. 426].
Préparation de la berberine. - La berbérine
pose des cristaux d'iodhydrate de berbérine qui se s'obtient
changent en sel vert lorsqu'on les expose au soleil de la manière suivante :
La racine de berberis est épuisée par l'eau
pendant une heure ou deux ; une action prolongée bouillante, on concentre les liqueurs et l'extrait
du soleil amène la transformation rouge [ Dyson
Perkins, Journ . of the Chem. Soc . , t. XV, p. 339; est repris par l'alcool à 82/100 bouillant ; on fil-
Ann. der Chem. u. Pharm . , suppl. , t. II , p. 171 tre, on distille l'alcool et le résidu est abandonné
dans un endroit frais.
( 1863) ; Bull. de la Soc. chim. de Paris, 1863, Lorsque les cristaux de berbérine se sont for-
p. 423.] més, on les purifie par de nouvelles cristallisa-
Action de l'hydrogène naissant sur la berbérine. tions dans l'eau ou dans l'alcool bouillants. On
HYDROBERBERINE , C20 H21 Az O'. Sous l'in-
fluence de l'hydrogène naissant dégagé au sein peut retirer ainsi du berbéris 1,3 % d'alcaloide.
d'une liqueur alcaline ou acide, mais de préfé- jaunes La berbérine forme avec les acides des sels
et cristallisés.
rence dans une liqueur acide, la berbérine ab- CHLORHYDRATE DE BERBERINE. - Ce sel cristallise
sorbe 4 atomes d'hydrogène et se transforme en
une nouvelle base, découverte par MM. Hlasiwetz en fines aiguilles jaunes; chauffé au bain-marie,
et H. de Gilm, et qu'ils ont désignée sous le nom il perd 2 molécules d'eau. Lorsque sa solution est
d'hydroberberine. additionnée de sulfhydrate d'ammoniaque , il se
Cette base s'obtient en faisant bouillir dans un produit un précipité brun rouge, d'une odeur fé-
matras muni d'un réfrigérant qui fait refluer les tide. Ce précipité est une combinaison sulfurée
vapeurs, un mélange de 6 p . de berberine, 100 p. soluble dans l'eau, qui forme avec les sels de
d'eau, 10 p . d'acide sulfurique distillé, 20 p. d'a- plomb un précipité rouge.
cide acétique cristallisable, du zinc granulé et Lorsqu'on mélange des solutions alcooliques et
quelques lames de platine. bouillantes de chlorhydrate de berberine et de
Au bout d'une heure ou deux d'ébullition , la glycocolle, on obtient par le refroidissement un
réaction est terminée et la liqueur à peu près dé- dépôt de fines aiguilles orangées qui paraissent
colorée. On redissout à l'aide de l'acide sulfurique renfermer du glycocolle et du chlorhydrate de
berbérine.
le dépôt cristallin qui a pu se former, on filtre et
on précipite par l'ammoniaque après le refroi- M. Dyson Perkins a décrit les sels suivants :
dissement complet de la liqueur. AZOTATE DE BERBERINE. Sel cristallisé, d'un
La nouvelle base se dépose, on la purifie à beau jaune, assez soluble dans l'eau, peu soluble
dans un excès d'acide azotique.
l'aide de plusieurs cristallisations dans l'alcool. BICHROMATE DE BERBERINE,
L'hydroberbérine se présente en petits prismes
grenus appartenant au type du prisme rhomboi- Cr 02 O OH C20 H17 Az O
dal oblique, ou en aiguilles plates incolores. CrO2 OH C20 H17 AZO
L'acide sulfurique la dissout en se colorant en .
jaune verdâtre. Ce sel cristallise en aiguilles d'un jaune orangé.
La berberine peut être régénérée en dissolvant On l'obtient en ajoutant du bichromate de potasse
l'hydroberbérine dans volumes égaux d'alcool et à une solution bouillante d'un sel de berberine.
d'acide chlorhydrique ; on ajoute ensuite de l'a- BROMHYDRATE de berberine. - Cristallise par
cide chlorhydrique étendu d'alcool par gouttes, la le refroidissement d'une solution chaude dans
berbérine régénérée se dépose à l'état de chlor- l'eau ou l'alcool . Insoluble dans un excès de bro-
hydrate. mure de potassium, soluble dans un grand excès
Chauffée en vase clos avec de l'iodure d'éthyle, d'eau ; il renferme 3 molécules d'eau.
il se forme de l'iodhydrate d'ethylberberine, HYPOSULFITE DE BERBÉKINE ET D'ARGENT,
C20 H20 (C2H5) Az O , HI . Ce sel cristallise en pris-
mes rhomboidaux jaunes groupés en faisceaux. (S20" ( OHC20 H17Az O
L'hydroberbérine forme avec les acides des OAg.
sels cristallisés. Ce sel cristallise de la solution alcoolique en
On connait l'acétate, qui cristallise en prismes, prismes jaune-citron. Il est soluble dans l'alcool
l'azotate , l'oxalate cristallisé en petites tables et dans une solution d'hyposulfite de soude. Lors-
rhombiques ; le tartrate, en aiguilles groupées en qu'on le fait bouillir, il se détruit et du sulfure
mamelons. d'argent se dépose.
Le chlorhydrate, le bromhydrate , l'iodhydrate, On l'obtient en ajoutant la solution neutre d'un
sels blancs peu solubles dans l'eau. sel de berberine à une solution d'hyposulfite de
Chlorure d'hydroberberine et de platine , soude saturée par un sel d'argent. Le sel de ber-
(C20 H21 Az O , HCl) 2 Pt Cl . · Sel cristallin, jaune bérine et d'argent se précipite sous la forme d'une
orangé, insoluble dans l'eau, un peu soluble dans poudre amorphe .
l'alcool chaud . JODHYDRATE DE BERBERINE. - Petites aiguilles
Sulfates d'hydroberberine. - On connaît deux jaunes, à peine solubles dans l'eau.
sulfates de cet alcaloide, le sulfate neutre et le CHLORURE D'OR ET DE BERBERINE,
sulfate acide.
Le sulfate neutre cristallise en aiguilles très- Au C13 (HCI. C20 H17 Az O4).
solubles dans l'eau. Sel soluble dans l'alcool, cristallise en aiguil-
Le sulfate acide est moins soluble dans l'eau, les couleur marron .
soluble dans l'alcool. CHILORURE DE PLATINE ET DE BERBERINE,
Ces deux sels paraissent former une combi-
naison double qui se présente en gros cris- Pt Cl ( HCl . C20º H₁7 AzO¹‚².
taux rhomboédriques, se décomposant sous l'in- Cristallise en petites aiguilles ; on l'obtient en
BÉRENGÉLITE. 584 - BÉTULINE .

ajoutant une solution de chlorure de platine à nit un hydrocarbure pur de la formule C10H16. Le
la solution d'un sel de berberine. résidu contient un acide conjugué qui forme des
L'écorce et la racine de berberis sont employées sels de plomb et de calcium solubles , l'acide phos-
pour la teinture en jaune [ Buchner père et fils, phobergamique. A. N.
Ann. der Chem. u. Pharm., 1837 , t . XXIV, p , 228 ; BERGAPTÈNE [ Syn . Stéaroptène de l'essence de
Fleitmann, ibid. , t. LIX, p. 160 ; - Boedeker, -
bergamote, camphre de bergamote. ] — C'est un
ibid., t. LXVI, p. 384 ; t. LXIX , p. 40 ; — Kemp, corps solide qui se dépose à la longue dans l'es-
Chem . Gaz. , 1847 , p. 209 ; - J. Perrins, Ann. der sence brute de bergamote. Cette substance fond
Chem . u. Pharm. , t. LXXXIII , p. 276 ; Journ. de à 206°, se volatilise sans décomposition et cristal-
Pharm . , t. XXI, p. 408] . E. C. lise en aiguilles . Elle est inodore ; l'alcool , l'éther
BÉRENGÉLITE (Min.) [Syn . Résine de Beren- 1 et l'eau la dissolvent ; l'acide sulfurique concentré
gela). Minéral bitumineux trouvé dans la pro- la colore en rouge. L'acide azotique la convertit
vince de Saint-Juan de Berengela, au Pérou, à en acide oxalique.
cent milles environ d'Arica. Elle se présente en A l'analyse, le bergaptène a donné 66,2 % de
masses amorphes d'une grande étendue, formant carbone et 3,8 d'hydrogène. Ces nombres condui-
une espèce de lac bitumineux, comme à la Trinité. sent à la formule brute C3H6O2 ; mais le poids
Cassure conchoidale, couleur brun foncé, éclat moléculaire de ce corps n'est pas déterminé
cireux, jaune en poudre . Odeur résineuse désa- [ Maldy, Ann. der Chem. u. Pharm. , t, XXXI,
gréable, saveur amère. Elle fond vers 100° et reste p. 70; - Ohme, loc. cit. , à l'article BERGAMOTE
fluide après le refroidissement ; elle est soluble (essence de)]. A. N.
dans l'alcool et l'éther. On l'emploie pour peindre BERGMANNITE (Min .).— Variété de mésotype,
les vaisseaux. blanche ou rouge, contenue dans la syenite zirco-
D'après Johnson, sa composition correspond à nienne de Brevig (Norvége) . Les cristaux qu'on
la formule C20 H30 O (C : 72,47 . H : 9,20 [Phil . Mag. , en connaît sont des épigénies et proviennent,
(3), t. XIV, p. 87] . P. S. d'après MM. Sæmann et Pisani , de la transfor-
BERGAMOTE ( ESSENCE DE) . - C'est une mation de la cancrinite.
essence que l'on extrait, par la pression, du zeste BERTHIERINE (Min . ) .- Silicate hydraté alu-
d'une variété d'orange, Citrus bergamia, que l'on mino-ferreux, analogue à la chamoisite ; se pré-
cultive dans le sud de l'Europe. C'est une huile sente en masses oolithiques ou grenues . Opaque,
d'un jaune léger, qui peut quelquefois affecter une gris bleuâtre, attirable à l'aimant ; difficilement
couleur verdàtre ou jaune brunâtre. Sa densité, fusible au chalumeau en une scorie noire très-
est de 0,869, son odeur est aromatique et sa saveur magnétique.,
amère. Elle renferme ordinairement des traces BERTHIERITE (Min . ) . - Antimonio-sulfure
d'acide acétique qui lui communiquent une réac- ferreux. Les différentes analyses donnent des rap-
tion acide . Elle se solidifie à quelques degrés au- ports variables entre le fer, le soufre et l'anti-
dessous de 0° et dépose un stearoptène à la tem- moine. Ces rapports se rapprochent de l'une des
pérature ordinaire. formules
Cette essence paraît être un mélange de deux Fe Sb2S Fe S, Sb2S3,
substances dont la plus volatile est un hydrocar- Fe3 Sb S9 == 3 Fe S, 2Sb2S3
bure, et dont la moins volatile est oxygénée ; il et Fe³ Sb8 S1 = 3 Fe S , 4 Sb² S³.
est toutefois presque impossible de séparer ces
deux corps par la distillation. En masses bacillaires , fibreuses ou granulaires ,
L'hydrocarbure répond à la formule C10 H16 . quelquefois en prismes allongés présentant des
C'est un des nombreux isomères de l'essence de traces d'un clivage longitudinal . D'un gris foncé,
térébenthine. souvent irisé superficiellement, d'un éclat métal-
L'huile oxygénée bout à 183º ; sa densité est de lique.
0,856, et sa composition est, suivant Ohme, la Caractères. Facilement soluble dans l'acide
même que celle de l'hydrate de citrène chlorhydrique, avec dégagement d'hydrogène sul-
furé. Fond très - facilement sur le charbon en
(C10H16)3 2 H2O émettant des fumées d'antimoine et en lais-
[Ann. der Chem. u. Pharm. , t. XXXI, p . 316 ]. sant un globule magnétique. Dureté, 2 à 3. Den-
D'après Soubeyran et Capitaine, cette huile oxy- sité, 4 à 4,3. F. et S.
génée serait un mélange de plusieurs corps et don- BERZELIITE. - Voyez KUнnite.
nerait à la distillation fractionnée des produits BERZÉLINE ( Necker) ( Min .) [ Syn . Amphi-
dont la proportion d'oxygène s'élèverait constam- gène octaedrique, marialite, pléonaste blanc. ] -
ment depuis 3,37 jusqu'à 16,14 % [Journ . de Cristaux octaédriques d'un blanc grisâtre ressem-
pharm., 1840, t . XXVI , p . 68 et 509] . Mais les au- blant beaucoup à l'hauyne et trouvés avec ce mi-
teurs du dictionnaire de Watts pensent que les néral à l'Ariccia, près Albano.
résultats obtenus par ces derniers observateurs Caractères. Difficilement fusible au chalu-
tenaient à ce que l'huile s'oxyde pendant la dis- meau en un verre bulleux ; attaquable par l'acide
tillation [A Dictionary of chemistry, t. I, p. 580]. chlorhydrique et faisant gelée lorsqu'on chauffe .
Selon les mêmes chimistes (Soubeyran et Capi- Dureté, 5. Densité, 2,4 à 2,7.
taine) , les premières parties qui passent lorsqu'on BERZÉLINE (Min.) [Syn. Berzélianite, cuivre
distille l'huile essentielle de bergamote sont lé- sélénie]. - Séléniure de cuivre Cu? Se. Masses
vogyres, mais les portions qui passent ensuite ont compactes, ou enduits cristallins d'un blanc d'ar-
de moins en moins d'action sur la lumière pola- gent, très-ductiles. Dans un calcaire, à Skrikerum ,
risée et finissent par n'en plus avoir du tout. en Suède, et à Lerbach, dans le Hartz.
L'essence rectifiée, examinée par Ohme, n'était Caractères. Fond sur le charbon en déga-
pas attaquée par la potasse ; elle fournissait beau- geant l'odeur du sélénium ; avec la soude se ré-
coup de benzine lorsqu'on faisait passer ses va- duit en globule de cuivre.
peurs à travers un tube de porcelaine chauffé au BERZELITE. Voyez MENDIPite.
rouge. Elle absorbait l'acide chlorhydrique et BERYL. - Voyez EMERAUDe.
donnait un composé liquide qui, agité avec de BÉTULINE (Löwitz , 1788 , Ann. de Crell , t. II,
l'eau, et distillé avec ce liquide, répondait à la for- p. 312 ; - Hunefeld, Journ. fur prakt. Chem.,
mule ( C10H166. (HCl)2, H2O, possédait une densité t . VII, p. 54; - Hess, Journ. für prakt. Chem.,
de 0,896 et bouillait à 183°. t. XVI, p. 161]. - La bétuline est une substance
L'essence de bergamote s'échauffe sur l'acide résineuse retirée de l'écorce externe du bouleau
phosphorique anhydre ; le mélange distillé four- (Betula alba, famille des Amantacées ). Cette ma-
BEUDANTITE. 585 BEURRE .
tière se présente sous la forme de petits mamelons von ainsi formé par de l'acide tartrique ; les pro-
cristallins, solubles dans l'alcool chaud et l'éther, duits de la décomposition sont des acides gras
insolubles dans les alcalis , fusibles vers 200º en comprenant les acides margarique, stéarique et
une masse incolore et transparente qui répand oléique, des acides volatils qui sont les acides bu-
des vapeurs dont l'odeur rappelle celle de l'écorce tyrique, caproique et caprique, et enfin une huile
du bouleau . La bétuline est distillable dans un douce formée d'un mélange d'oléine et de buty-
courant d'air. rine; c'est ce dernier corps qui différencie le beurre
On l'obtient en épuisant l'écorce externe du des autres corps gras. Sous l'influence de l'oxygène ,
bouleau préalablement desséchée par l'eau bouil- la butyrine ne tarde pas à donner de l'acide buty-
lante; séchée de nouveau, l'écorce est épuisée par rique quicommunique aux beurres, habituellement
l'alcool bouillant qui abandonne la bétuline par le appelés beurres rances, leur odeur repoussante.
refroidissement. On la purifie en la faisant cris- En 1843, M. Broméis, voulant compléter les
talliser dans l'éther. travaux de M. Chevreul sur ce sujet, est arrivé à
L'écorce de bouleau passe pour diurétique et des résultats à peu près identiques.
fébrifuge. D'après ce dernier chimiste, la composition du
M. Kossmann a retiré de la résine du bouleau

88888
beurre pur serait en effet :
une matière résinoïde, blanchâtre, douée de pro- 68
priétés électro-négatives, et pour laquelle il pro- Margarine.....
pose le nom d'acide betulorétinique. Cette sub- Butyroléine . 30
stance possède une amertume excessive, elle est Butyrine, caproïne et caprine ..
insoluble dans l'eau, soluble dans l'ammoniaque On voit que cette composition est peu différente
et les alcalis caustiques, très-soluble dans l'alcool de celle donnée par M. Chevreul, et que le seul fait
et l'éther. Elle rougit fortement le papier bleu de nouveau que M. Broméis aurait apporté à l'his-
tournesol et dégage lentement l'acide carbonique toire de ce corps serait la présence dans le beurre
du carbonate de soude. Sous l'influence de la d'un acide particulier : l'acide butyrolique, résul-
chaleur, elle commence à se ramollir vers 76°, et tant de la combinaison des acides oléique et buty-
entre en fusion complète à 93° ; à une tempéra- rique.
ture plus élevée, elle se boursoufle en répandant Fabrication. - Le beurre n'est pas générale-
l'odeur de l'encens . Par le refroidissement, elle se ment retiré directement du lait , mais bien de la
présente sous la forme d'écailles amorphes semi- crème qui ne tarde pas à s'élever à la partie supé-
transparentes, ou de plaques résinoïdes. Chauffée rieure de ce liquide, si on maintient sa tempéra-
en présence de l'acide sulfurique dilué, elle ne ture entre 12º et 14°. Pour séparer le beurre de la
donne pas de sucre de glucose. Sous l'influence caséine et du sérum que renferme aussi la crème,
de l'acide azotique concentré, elle se transforme on se sert d'appareils en bois appelés barattes ,
en acide picrique. L'acide bétulorétinique forme dont la forme varie à l'infini ; le lait y est animé
avec les bases des sels incristallisables. M. Koss- d'un mouvement de rotation lent, mais régulier ;
mann lui assigne la formule C34 H6605 [ Kossmann, sous cette action , les globules de beurre ne tardent
Thèse et Journ. de Pharm. et de Chim ., t. XXVI, pas à se rassembler. Ici encore la température
p. 197] . E. C. influe d'une manière toute particulière ; d'après
BEUDANTITÉ (Min . ) . - Petits cristaux, rhom- M. Boussingault, elle doit être, pour de la crème
boédriques d'après Lévy, noirs et opaques, trouvés douce, de 15° ; pour de la crème aigre, de 17°;
à Horhausen dans le Nassau et rapportés à la pour du lait ordinaire, de 18°. Si ces conditions
pharmacosidérite. D'après deux analyses de Percy, sont remplies, le beurre se rassemble, en moins
ils renferment les acides arsénique, sulfurique et d'un quart d'heure, au fond de la baratte : on le
phosphorique, combinés avec du peroxyde de fer, retire et on le lave avec soin ; cette opération a
de l'oxyde de plomb et de l'eau. L'angle du rhom- reçu le nom de délaitage.
boèdre est de 86° 30′. D'après M. Boussingault , qu'on opère sur du
BEUDANTITE ou BEUDANTINE. - Voyez lait ou de la crème, il y a toujours environ un
NÉPHÉLINE. quart du poids du beurre qui échapperait à l'ag-
BEURRE [ Ann . de Chim. et de Phys. , t. XII ; glomération.
3e série, t. VII ; 4e série , t. IX, p. 108 ] . ·- Le Le délaitage peut s'opérer de plusieurs ma-
beurre est un corps gras et huileux qui, sous nières; mais il faut toujours avoir soin de ne pas
forme de globules, se trouve en suspension dans trop pétrir le beurre dans l'eau ; on altère alors
le lait; à cause de sa faible densité, il ne tarde pas particulièrement sa couleur et son arome. Le meil-
à s'élever à la surface de ce liquide, entraînant leur procédé est celui qui est employé à la Préva-
avec lui du sérum et de la matière caséeuse , laye; le délaitage s'opère sans eau : on coupe le
avec lesquels il forme la crème. Le beurre frais, beurre en lames très-minces, et , au moyen de
d'après M. Chevreul, a la composition suivante : cuillers plates souvent trempées dans l'eau, pour
que le beurre ne s'y attache pas , on manie et
Beurre pur. 83,35 remanie le beurre jusqu'à ce que les matières
Lait de beurre. 16,25 étrangères aient complétement disparu.
La proportion de beurre contenue dans le lait
Pour en extraire le beurre, M. Chevreul, dans des différents animaux est très- variable ; pour
un mémoire qu'il a publié en 1842 , se sert du 100 p., on trouve 3,5 de beurre dans le lait de la
procédé suivant : On fond le beurre frais dans une vache, 8,3 dans celui de la brebis, 1,4 dans celui
éprouvette allongée. Après un certain temps, le d'ânesse, ce qui explique combien la digestion de
beurre pur se sépare du lait de beurre et monte ce liquide est facile, et enfin 3,4 dans celui de la
à la partie supérieure. On le décantè et on le coule femme. Ces quantités peuvent même varier aux
dans de l'eau à 40° centigrades ; on le lave avec différents instants de la traite ; pour 100 p. de lait
soin, et, après deux ou trois lavages, on peut le d'ânesse, on trouve 0,96 de beurre au commence-
considérer comme sensiblement pur. ment, 1,52 au milieu et 2,95 à la fin de l'opération.
A cet état, le beurre est un corps jaune, légère- On utilise la connaissance de ce fait dans les fer-
ment acide, liquide à la température de 26°, peu mes où se pratique à la fois l'élevage des veaux et
soluble dans l'alcool, puisque 100 p. de ce liquide la fabrication du beurre ; on laisse le veau teter
ne dissolvent que 3,5 de beurre. sa mère pendant un certain temps, puis on l'écarte
Sa composition chimique est fort complexe ; et on recueille les dernières portions de lait pour
pour séparer ses éléments, M. Chevreul saponifie l'employer à la fabrication du beurre.
le beurre par la potasse, puis il décompose le sa- Conservation du beurre. -- Le beurre frais ex-
BÉZOARDIQUE. 586- BÉZOARDIQUE.
posé à l'air ne tarde pas à s'altérer ; il rancit (2), t. IX , 187 ; Chevreul, ibid. , p. 329 ; Pe-
d'abord à la surface, puis à l'intérieur. C'est alors louze, ibid., t. LIV, p. 357 ; Wohler et Mer-
un aliment dangereux, car les acides qu'il ren- klein, Ann. der Chem. u. Pharm . , t. LV, p. 334 ;
ferme peuvent réagir sur les vases en cuivre et - A. Gobel, ibid. , t. LXXXIII , p. 280 ; - Woehler,
favoriser leur oxydation ; il doit donc être exclu Compt. rend. de l'Acad. des sciences. , t. XXI,
de la consommation. On a proposé, pour obvier p. 255 ; Compt. rend. annuels des progrès de
à cet inconvénient, divers procédés, dont le plus la Chim., par Berzelius, édit. française, 7e ann.,
simple serait de laver le beurre à l'eau de chaux, 1843, p. 286 ; - Taylor, Phil . Mag. , (3), t. XXIV,
puis à l'eau fraiche. La préparation de l'eau de p. 354, et t. XXVIII, p. 45 ; - Lipowitz, Simon's
chaux offre peu de difficultés, et sa présence en Beiträge zur physiol. u. pathol. Chem., t . I,
petites quantités suffit pour neutraliser les acides p. 464. ] - L'acide bézoardique se produit dans
qui se développent dans le beurre. On emploie une fermentation particulière de la noix de galle
encore le procédé suivant : On agite vivement le et existe dans des concrétions animales connues
beurre dans une quantité suffisante d'eau conte- sous le nom de bézoards orientaux ; il répond à
nant 25 à 30 grammes d'hypochlorite de chaux la formule C4H6O8 + 2H20 .
par kilogramme, ce qui n'offre aucun danger, on Lorsqu'on abandonne à l'air une infusion de
le laisse reposer pendant quelque temps, et on le noix de galle, il s'y forme un précipité fauve qui
bat de nouveau dans l'eau fraiche ; le beurre est renferme de l'acide gallique et de l'acide bézoar-
alors redevenu frais. On conserve parfois encore dique. Ce précipité est épuisé par l'eau bouil-
le beurre pendant quelques jours, en le recou- lante qui en sépare l'acide gallique ; puis dissous
vrant d'eau bouillie contenant en dissolution de dans la potasse. L'acide chlorhydrique précipite
la chaux. Mais le procédé généralement employé de l'acide ellagique pur de cette dissolution.
consiste à faire fondre le beurre, jusqu'à ce que Pour extraire l'acide ellagique des bézoards
tout l'air interposé se soit dégagé ; on décante alors orientaux, on lave ces concrétions, on les pulvé-
le liquide en laissant au fond du vase les matières rise après les avoir privées de leur noyau, on les
azotées qui s'y sont déposées, et on le place dans arrose dans un flacon avec une solution concen-
des vases en grès bien secs que l'on ferme hermétrée d'hydrate potassique, puis on remplitle flacon
tiquement après avoir préalablement disposé à la d'eau, de manière qu'il n'y reste que fort peu
surface du beurre une couche de sel. Ainsi pré- d'air, et on le bouche. La quantité de potasse em-
paré, ce beurre peut très-bien se conserver d'une ployée doit être telle, qu'il n'en reste qu'un léger
année à l'autre. excès dans la liqueur quand l'acide est dissous.
Le plus souvent, on se contente de saler le On agite continuellement la masse sans chauffer,
beurre pour le conserver ; la quantité que l'on doit et, lorsqu'on juge que la dissolution est achevée,
employer est en moyenne de 500 grammes de sel on laisse clarifier par le repos et l'on fait ensuite
pour 8 ou 10 kilogrammes de beurre. Le procédé passer la liqueur, au moyen d'un siphon, dans un
Twamley est un des meilleurs pour la conserva- flacon plein d'anhydride carbonique, de manière
tion; il consiste dans l'emploi de 1/4 de sucre, à éviter l'action de l'air. A mesure que l'anhy-
1/4 de nitre et 1/2 de sel fin, le tout bien pulvé- dride carbonique sature la potasse, l'ellagate
risé. On met 30 grammes de ce mélange par demi- neutre de potasse se dépose sous forme de poudre
kilogramme de beurre bien débarrassé de son blanche; ce précipité est recueilli sur un filtre ,
petit-lait. lavé à l'eau bouillie, puis redissous dans l'eau
Falsifications du beurre. ― Les falsifications bouillante. La liqueur filtrée laisse déposer par le
du beurre sont souvent les suites de celles qu'ont refroidissement l'ellagate de potasse en masses
subies le lait et la crème, mais elles ne se bornent cristallines volumineuses qu'on lave avec de l'eau
pas là. Il arrive fréquemment que les mottes de froide, qu'on exprime et qu'on sèche.
beurre contiennent à l'intérieur des beurres rances Il suffit, pour avoir l'acide ellagique, de redis-
et sophistiqués et à l'extérieur du beurre frais ; soudre le sel de potasse dans l'eau et de verser la
dans ce cas la falsification est facile à recon- solution dans l'acide chlorhydrique. Ce produit
naître ; il en est de même quand on substitue au doit être lavé à l'eau froide .
beurre du fromage. Mais ce ne sont pas seulement Suivant Guibourt, l'acide ellagique est contenu
là les matières que l'on emploie ; on y mêle encore en très-petite quantité dans le résidu des noix de
des pierres et du sable, des pommes de terre râ- galle épuisées par l'éther [ Revue scient., t . XIII,
pées, des fécules, de la craie, du suif de veau et p. 32].
même, assure-t-on , du carbonate et de l'acétate Propriétés. - L'acide ellagique pur est en
de plomb. De même que les falsifications du lait, poudre légère, insipide et d'un jaune pâle ; vn au
celles du beurre sont très-faciles à reconnaître. microscope, il paraît cristallisé en prismes trans-
Pour y déceler la présence de matières nui- parents. Il est à peu près insoluble dans l'eau, se
sibles, on porte le beurre à une température voi- dissout dans l'alcool auquel il communique une
sine de 50° ; le beurre fond ; quant aux matières coloration jaune et une légère réaction acide . A
étrangères, elles se précipitent au fond du vase. 100°, il perd son eau de cristallisation .
Si l'on avait incorporé du suif de veau, le beurre Réactions. - L'acide ellagique se dissout dans
ne pourrait plus fondre à 50°, et son point de la potasse, qui prend une teinte safranée ; cette
liquéfaction monterait au moins à 70°. Pour y solution est très-altérable à l'air. Les acides mi-
reconnaître la présence de la céruse ou de la craie, néraux en précipitent l'acide ellagique.
on traite la matière infusible par de l'acide chlor- L'acide sulfurique concentré dissout l'acide
hydrique ; on obtient ainsi une effervescence, et bézoardique en se colorant en jaune, l'eau l'en pré-
la liqueur ainsi obtenue précipite en noir par cipite sans altération ; à l'air humide, cette solu-
l'hydrogène sulfuré, si le carbonate est à base de tion sulfurique laisse peu à peu l'acide bézoar-
plomb ; au contraire, elle ne donne aucun préci- dique se déposer en prismes ténus, allongés et
pité avec ce réactif, mais elle précipite en blanc presque incolores.
par une dissolution d'oxalate d'ammoniaque, si le L'acide azotique convertit l'acide bézoardique
carbonate est à base de chaux. en acide oxalique.
Pour s'assurer de la présence de la fécule ou de L'acide iodique le transforme en un acide nou-
l'amidon, on ajoute à la liqueur une petite quantité veau, d'une espèce particulière, avec dégagement
d'eau iodée ; si le beurre est frelaté, il prend une d'anhydride carbonique et séparation d'iode .
teinte bleue sous l'influence de ce réactif. P.-P. D. Une solution bien neutre de chlorure ferrique
BEZOARDIQUE ( ACIDE) [ Syn . Acide ella- se colore, en vert d'abord , puis en bleu noirâtre ,
gique]. - [Braconot, Ann , de Chim. et de Phys., sous l'influence de cet acide ; la liqueur, qui res-
BIÈRE. - 587 - BIÈRE.

semble à de l'encre, ne paraît rien renfermer en Cette boisson a été connue par les anciens :
suspension. les Egyptiens , les Gaulois , les Germains, les
Chauffé avec une solution alcoolique de per- Grecs, les Romains savaient préparer la bière ; on
chlorure de fer, l'acide ellagique se convertit en la nommait Cerevisia (Ceres et vis), que nous avons
caillots d'un beau bleu foncé, semblables au bleu transformé en cervoise, nom qu'elle a longtemps
de Prusse; ce produit, après dessiccation , est noir porté.
et insoluble dans l'eau. L'acide chlorhydrique en La bière est encore aujourd'hui une des bois-
sépare l'acide bézoardique en se chargeant d'un sons les plus répandues ; c'est presque la seule
mélange de protochlorure et de perchlorure de fer. connue dans les pays du Nord où la vigne ne
Sous l'influence de la chaleur, l'acide bézoar- croît pas et où le vin est par conséquent rare et
dique se décompose sans fondre ; la masse char- cher. La production de cette liqueur précieuse a
bonnée se recouvre d'aiguilles jaunes. Ces cris- atteint des proportions colossales, et, en raison
taux sont encore plus abondants si l'on opère dans de cette importance, la construction des appareils,
un courant de gaz carbonique. le soin donné aux opérations et surtout l'étude
ELLAGATES MÉTALLIQUES. - Ces sels sont assez des divers phénomènes qui s'y passent, ont suc-
mal connus ; beaucoup de ceux que l'on a pré- cessivement attiré l'attention des brasseurs.
parés sont des sels basiques. L'acide ellagique, Profitant des découvertes de la science, ils ont
C14 H6O8, est bibasique. Ses sels neutres renferment su les appliquer avec fruit nous nous trouvons
CHO8 (M'2 ; il renferme donc 2 atomes d'oxy- donc en présence d'une véritable fabrication,
gène dans le radical , et par conséquent 6 atomes d'où les inconnues tendent chaque jour à dispa-
d'oxygène typique ; il est donc hexatomique. raître.
Le sel de potasse est une poudre légère, consti- Au point de vue chimique , cette fabrication est
tuée par des prismes microscopiques ; sa for- d'un grand intérêt ; aussi insisterons-nous plutôt
mule est CHO8 K2. Lorsqu'on fait digérer ce sur cette partie de notre travail , renvoyant aux
sel avec une solution alcoolique de potasse, il se ouvrages spéciaux pour l'examen détaillé des ma-
forme un autre sel en poudre grise, formée de chines et des appareils employés dans la bras-
cristaux microscopiques. Ce dernier parait avoir serie.
pour formule CHO8 K2. KHO, ou peut-être La préparation de la bière comprend diverses
C1H3O8 K3 + H2O. opérations : la préparation du malt, l'empâtage
La solution potassique de l'acide bézoardique se ou brassage, la décoction du houblon, la fermen-
colore à l'air, et ne tarde pas à laisser se déposer tation. Chacune de ces opérations a son impor-
des flocons volumineux auxquels Wohler et Mer- tance spéciale ; la préparation du malt cependant
klein donnent le nom de glaucomélanate potas- doit être considérée comme la plus importante :
sique ; bouillis avec de l'eau, ces flocons repro- elle constitue du reste une industrie spéciale. Il
duisent de l'acide ellagique . La composition du existe, surtout en Angleterre, de grandes usines
corps a été représentée par la formule C12H K2 07, exclusivement consacrées à la fabrication du malt.
mais la régénération de l'acide bézoardique par En France, il y a peu de brasseurs qui ne mal-
l'action de l'eau sur ce corps rend cette formule tent pas, mais il y en a également peu d'impor-
improbable. tants qui soient dans le cas de préparer eux-mê-
Le sel sodique, C14 HO8 Na², est une poudre mes tout leur malt 1 .
cristalline d'un jaune pâle, moins soluble dans PRÉPARATION DU MALT. Toutes les matières
l'eau que le sel de potassium . amylacées peuvent être employées dans la fabri-
Le sel de baryum , 2 (C14H4O8 Ba") + Ba H2O2, cation de la bière ; le froment, le mais, l'orge, le
ou mieux (C14 H3 08) 2 Ba"3 + 2 H2O, est insoluble seigle, l'avoine, la pomme de terre (Siemens) ,
et d'un jaune citron. toutes les substances , enfin, susceptibles de se
Le sel de plomb , C14 HO8 Pb" +Pb" O, est un dédoubler en dextrine et en sucre, peuvent servir
précipité jaune, amorphe, qui devient d'un vert- à faire de la bière. Toutes celles que nous venons
olive lorsqu'on le chauffe. de nommer sont en réalité employées, selon les
Le sel de chaux ressemble au sel de baryte ; le circonstances ; mais c'est à l'orge qu'on donne
sel de magnésie est insoluble et jaune. généralement la préférence, et l'on a spécialement
BEZOARDS. - Les bézoards d'où l'on extrait donné le nom de malt à l'orge germée et moulue.
l'acide bézoardique sont les bézoards orientaux, Les raisons qui miiitent en faveur de l'orge sont
qui ne renferment pas d'acide lithofellique ; on les suivantes : le froment est plus cher et sa
les distingue de ceux qui sont formés par cet acide germination est très- difficile à conduire ; le seigle
au moyen de la chaleur qui fond ces derniers et et l'avoine donnent une bière qui se clarifie mal
sous l'action de laquelle les premiers se charbon- et s'aigrit promptement.
nent en se recouvrant de cristaux jaunes. Le but de la germination de l'orge est de déve-
Ils sont ovoides ou réniformes, lisses, cassants , lopper dans cette graine la matière azotée qui
d'une texture conchoide , et renferment un noyau doit ultérieurement transformer l'amidon en ma-
autour duquel sont déposées des couches concen- tière sucrée : cette transformation s'effectue, en
triques. Leur couleur est vert-olive foncé et quel- partie déjà pendant la germination . Les analyses
quefois brune ; leur odeur est faible, agréable, et d'Oudemans démontrent ces deux résultats :
rappelle celle de l'ambre gris et du musc . Elle Malt d'orge
devient plus intense lorsqu'on les traite par la desséché
potasse . Orge. à l'air.
Ces bézoards ont une grosseur qui varie depuis Dextrine .. 5,6 8
le volume d'une fève jusqu'à celui d'un œuf de Amidon.. 67,0 58,1
poule. A. N. Sucre... 0 0,5
Matières cellulaires . 9.6 14,4
BIÈRE (angl. beer ; allem. bier). — On désigne Substances albumineuses.. 12,1 13,6
sous ce nom la liqueur fermentée produite avec les Matière grasse... 2,6 2,2
décoctions ou les infusions des matières amylacées Cendres.. 3,1 3,2
modifiées par la germination, et auxquelles on
ajoute une certaine quantité de houblon. Le carac- [Mulder, de la Bière, 1861 , p. 118].
tère essentiel de la bière, celui qui la différencie
des autres boissons alcooliques, c'est qu'elle doit (1) Nous devons beaucoup des renseignements qu'on
être consommée alors qu'elle est encore en fer- trouvera dans cet article à l'obligeance de M. Gruber
mentation : elle cesse d'être bière dès qu'elle cesse et de M. Charles Schützenberger, brasseurs à Stras-
de fermenter. La bière a de la vie. bourg.
BIÈRE. 588 BIÈRE.

Le choix d'une orge de bonne qualité est d'une La température à laquelle on opère la germina-
grande importance pour la préparation du malt ; tion varie selon les pays. En Hollande, elle est
le grain doit être lourd (1 hectolitre doit peser de de 12° ; en Angleterre, 18° ; en Bavière on la
64 à 67 kilog.), compacte, bien plein ; il doit pré- laisse monter jusqu'à 20-22° ; en Autriche, enfin,
senter une cassure blanche et farineuse. Les pour la préparation de la bière dite de Vienne,
grains qui ont plus d'un an ne fournissent en on a soin de pousser la germination extrêmement
général pas de bonne bière. Une qualité essen- lentement. En général, on laisse toujours la tem-
rielle d'une bonne orge est de germer régulière- pérature s'élever à la fin de la germination ; ainsi,
ment. en Angleterre, fréquemment on atteint 30-34°,
Les diverses opérations qui constituent la pré- tandis que pendant la grande durée de l'opération,
paration du malt sont le mouillage des grains, on ne la laisse pas dépasser 18° . On est à peu près
la germination , la dessiccation , la mouture. d'accord sur ce fait, que la germination s'effectue
1° Mouillage.. Chacun sait que les grains mieux dans des endroits obscurs que dans des
secs peuvent être conservés intacts à peu près endroits très-éclairés.
indéfiniment et qu'il est indispensable, pour les Après huit à douze jours , quatorze en Angle-
faire germer, de leur donner une certaine quan- terre, et jusqu'à vingt et un jours en Écosse, la
tité d'humidité : le mouillage a donc pour but germination est considérée comme suffisamment
de permettre aux différentes substances conte- avancée. Le caractère qui guide le malteur dans
nues dans le grain de réagir les unes sur les cette appréciation est la longueur de la plumule,
autres. qui doit être environ les 2/3 de celle du grain.
L'opération du mouillage se fait dans des ré- Sous la plumule , le grain doit présenter une sa-
servoirs en briques reliées au moyen de ciment, veur sucrée manifeste.
ou dans des cuves en bois on met le grain tout Lorsque le moment favorable est atteint, il est
entier et avec son enveloppe dans ces réservoirs, important d'arrêter la germination , parce que le
puis on y fait arriver une quantité d'eau telle, développement ultérieur des radicelles ne ferait
qu'elle dépasse la couche de grains de quelques que constituer une perte pour le brasseur. On ar-
centimètres ; on agite la masse pendant quelque rive facilement à ce résultat en refroidissant le
temps, de façon à mettre tous les grains en con- grain. On le retire du germoir et, au moyen d'un
tact avec l'eau , et à permettre aux grains vides monte-sacs, on le transporte dans un grenier à air
ou avariés (qui représentent quelquefois 2 % libre, sur le plancher duquel on l'étend par cou-
de la quantité employée) de venir surnager le li- ches minces et où on l'abandonne pendant dix à
quide. On les enlève au fur et à mesure, ainsi douze heures. La germination étant arrêtée, l'orge
que toutes les impuretés qui accompagnent for- germée demande à être desséchée. On la porte à
cément l'orge. Après quatre à six heures de con- cet effet dans les tourailles.
tact, on laisse écouler l'eau qui s'est fortement
colorée et a pris un goût désagréable, et on re- Quel est le rôle de la germination? quels sont
nouvelle ce traitement jusqu'à ce que les eaux de exactement les phénomènes chimiques auxquels
lavage soient complétement limpides. A partir de elle donne lieu? Ces questions sont encore peu
ce moment, qu'il faut s'efforcer d'atteindre promp- élucidées et les opinions des différents chimistes
tement pour éviter de dissoudre les parties solu- qui s'en sont occupés sont peu concordantes.
bles qui existent déjà dans l'orge, on n'ajoute Les faits sur lesquels on est d'accord sont
plus l'eau qu'au fur et à mesure de son absorp- ceux-ci dans l'acte de la germination , il y a ab-
tion par le grain . Il faut avoir soin de remuer sorption d'oxygène, dégagement d'acide carboni-
constamment pour que la masse soit humectée que et d'oxyde de carbone, perte de poids d'envi-
uniformément. Après quarante-huit heures envi- ron 3 % (les jeunes plantes pèsent moins que les
ron, plus longtemps en hiver qu'en été , l'orge graines dont elles proviennent).
est saturée d'eau ; elle a augmenté d'environ moi- Persoz et Payen admettent que pendant la ger-
tié de son poids, et du quart de son volume pri- mination il se développe dans les grains des cé-
mitif. L'enveloppe se détache facilement du grain , réales une substance particulière à laquelle ils
qui lui-même se laisse écraser entre les doigts. ont donné le nom de Diastase ( voyez ce mot ) :
2º Germination. --- Quand l'orge est arrivée au cette substance exerce une action énergique sur
point voulu, on la fait tomber directement dans la matière amylacée ; elle commence par en sé-
les germoirs ; la partie inférieure des cuves à parer et en dissoudre les particules (de là son
mouillage est munie à cet effet d'une sorte de nom diάotaσis) , puis elle les décompose en donnant
trappe qu'on ouvre à volonté. Les germoirs sont naissance à de la dextrine et à du glucose . 1 p. de
généralement des caves, dallées ou bitumées , dis- diastase peut saccharifier 2000 fois son poids de
posées de façon à ce que la température puisse y matière amylacée [ Ann . de Chim . et de Phys.,
être maintenue constante. On étend le grain par t. LIII, p. 73 ; t. LVI, p . 337] . C'est donc à la
terre, en un tas de 0,50 , et on l'abandonne à diastase que, d'après Persoz et Payen , appartient
lui-même jusqu'à ce que l'on constate une cer- exclusivement la propriété de transformer l'a-
taine élévation de température à ce moment, midon.
on le remue, et on diminue ensuite peu à peu la Mulder n'admet pas qu'il existe une substance
hauteur de la couche, en suivant pour cela les particulière douée de cette propriété . Toutes les
progrès de la germination, de façon qu'à la fin substances albuminoides, à un état déterminé de
elle n'ait pas plus de 0 , 10. Vingt-quatre ou décomposition, sont susceptibles de saccharifier
quarante-huit heures après que l'orge a été éta- l'amidon . Th. de Saussure a montré, en effet, qu'il
lée en couches minces, elle commence à germer. en est ainsi pour le gluten ( Ann . de Chim. et de
On la retourne alors toutes les quelques heures Phys., t. XI. p . 379] . Bouchardat l'a prouvé pour
de manière à ce que les grains se trouvent tous la glutine, l'albumine, la chair putréfiée, etc.
dans les mêmes conditions de température et [Ann . de Chim. et de Phys., (3), t. XIV, p. 61 ] ;
d'aération, et qu'ainsi la germination soit bien Magendie, pour le sérum [ Compt. rend., 1846,
uniforme. Il est bon aussi de donner, de temps à t. XXIII, p. 189], etc.
autre, accès à l'air dans les germoirs, car l'oxy- Après avoir ainsi combattu l'existence de la
gène y est promptement remplacé par l'acide car- diastase comme principe spécial, Mulder recher-
bonique, et sans oxygène la germination est im- che quelle peut être la nature de la substance al-
possible. Les expériences de Lefébure ont prouvé bumineuse qui agit dans la saccharification de
que l'atmosphère la plus favorable à la germina- l'amidon. Ses résultats sont exprimés dans le
tion doit renfermer 1 d'oxygène et 3 d'azote. tableau suivant où se trouvent comparées les
BIÈRE. - 589 - BIÈRE.

substances albumineuses de l'orge et du malt . d'air chaud produit à la partie inférieure de l'ap-
Malt pareil ; elle est divisée en deux étages assez dis-
Orge. d'orge. tants l'un de l'autre et dont le plancher est formé
Glutine 0,28 0,34 par des plaques de tôle ou mieux de cuivre, percées
Substance albumineuse coagulable... 0,28 0,45 de trous suffisamment petits pour empêcher le
Substance albumineuse soluble, non passage des grains ; ceux- ci sont étalés par couche
coagulable. 1,55 2,08 de 0 , 10 à 0,15 sur le plancher supérieur , et res-
Substance albumineuse insoluble .... 7,59 6,23 tent soumis à l'action de l'air chaud jusqu'à ce
9,70 9,10 qu'ils soient complétement secs. L'air, arrivant par
la partie inférieure de l'appareil , pénètre par les
Par l'examen de ce tableau, on voit que par le trous, traverse la couche de grain , lui enlève son
maltage la substance albumineuse insoluble a di- humidité et s'échappe par une cheminée d'appel .
minué dans la même proportion que les trois au- La température de l'étage supérieur de la touraille
tres substances albumineuses ont augmenté. Elle doit être de 30° à 35º. Ön hâte la dessiccation de
peut donc être considérée comme une source de l'orge en la retournant fréquemment.
substances albumineuses solubles. On voit, en Quand elle est complète, on ouvre une trappe
outre, que la substance albumineuse soluble et disposée au milieu de la touraille et on fait tom-
coagulable (la diastase n'est pas coagulable) a ber les grains sur les plateaux inférieurs où ils
augmenté dans une forte proportion. La nature doivent subir l'influence d'une température beau-
de ces diverses substances albumineuses n'a pas coup plus élevée . Cette température varie beaucoup
été examinée par Mulder, et cette étude reste en- selon la nature du malt que l'on doit produire ;
core à faire. Selon lui , le rôle de la germination elle est d'autant plus élevée que le malt doit être
consiste à déterminer la transformation des sub- plus coloré. Pour le malt pàle elle sera de 40 °,
stances albumineuses insolubles en substances pour le malt jaune ou ambré, de 60° ; pour le
albumineuses solubles, la mise en activité des brun, de 70° à 80° , et enfin , pour le malt noir, on
substances solubles et la transformation de l'ami- devra la pousser jusqu'à 160º et même 200º.
don. Ces trois actions marchent de front dans la La dessiccation de l'orge germée dure de 12 à
germination [Mulder, loc. cit. , p. 157] . 24 heures, elle peut néanmoins exiger 2 et 3jours . Il
3º Dessiccation de l'orge germée. La dessic- est évident qu'elle sera d'autant plus prompte que
cation de l'orge germée s'opère de différentes fa- le courant d'air qui traverse la touraille sera plus
çons, selon les pays. En Belgique, on l'effectue rapide.
fréquemment à l'air libre, sans le concours de la Généralement, en Angleterre, la dessiccation est
chaleur. L'orge est étendue sur des plaques de opérée autrement qu'en Bavière et qu'en France.
tôle ou de cuivre dans de vastes greniers ouverts L'orge germée passe immédiatement du germoir
de tous côtés , de façon que l'air s'y renou- aux tourailles ; celles-ci sont chauffées directe-
velle facilement. On retourne les grains plusieurs ment et non pas à l'air chaud. Comme combus-
fois par jour, et on continue ce travail jusqu'à ce tible on se sert de coke ou de bois ; les pro-
qu'ils soient complétement secs, ce qui nécessite duits de la combustion se rendent dans l'intérieur
dix à quinze jours. En opérant ainsi, il est diffi- de la touraille et, se trouvant en contact avec le
cile d'obtenir des bières très-limpides . malt , exercent sur lui une action spéciale : dans
En Angleterre, en Bavière et en France, l'orge le cas du bois, les produits empyreumatiques com-
germée est séchée dans des tourailles, sorte de muniquent au malt un goût particulier qui est
tour carrée, en bois, de 5 à 6 mètres de côté, assez recherché, et par leurs propriétés antisep-
chauffée à sa partie inférieure , et dans l'intérieur tiques s'opposent à toute espèce d'altération ; mais
de laquelle sont disposés des plateaux métalliques dans le cas du coke , il se forme toujours de l'acide
percés de trous. Toute espèce d'étuve peut servir sulfureux qui, se transformant ultérieurement en
de touraille aux conditions suivantes : la tempé- acide sulfurique, amène quelquefois des acci-
rature doit pouvoir y être réglée facilement ; les dents lors de la fermentation . Les inconvénients
grains doivent rester à une certaine distance du qui découlent de l'emploi du coke ont fait recher-
feu ; la vapeur d'eau doit pouvoir être facilement cher d'autres genres d'appareils .Les uns sont chauf-
expulsée. fés au gaz, les autres à la vapeur. Nous renvoyons
Il est indispensable, pour que le malt acquière aux ouvrages spéciaux le lecteur désireux de con-
toutes ses qualités, que la dessiccation soit dirigée naître les appareils de Hallewell et de Tizard [Mus-
avec le plus grand soin . La température à laquelle pratt's Chemistry, Beer, p. 240 et 241 ; voyez
les grains sont soumis doit être peu élevée au aussi Payen, Précis de chim. industr., Bière,
commencement et monter progressivement jusqu'à p. 302, pour la description de l'étuve à dessicca-
ce qu'ils soient complétement secs et qu'ils aient tion continue de Lacombe et Persac .]
acquis la nuance voulue ; si l'on soumet brusque- Lorsque le malt est suffisamment touraillé, on
ment l'orge germée à une température élevée, le soustrait à l'action de la chaleur, soit en abat-
l'amidon se transforme en empois qui se racornit tant le feu et déterminant dans les tourailles un
ensuite, devient dur et n'est plus susceptible de se courant d'air froid, soit en le sortant de la tou-
laisser plus tard pénétrer par l'eau et d'être sac- raille et en le laissant refroidir dans un atelier
charifié; en outre, si l'orge germée est soumise spécial .
à une température élevée avant d'être compléte- Il ne demande plus alors qu'à être nettoyé et
ment sèche, les parties albumineuses qu'elle ren- dégermé pour se trouver dans l'état où il est livré
ferme se coagulent et sont absolument perdues. au commerce. L'enlèvement des germes est indis-
Même pour les malts bruns qui doivent être très- pensable, car ils communiquent à la bière un goût
fortement touraillés, il est bien plus avantageux très-désagréable. Il est important de nettoyer le
de prolonger la durée de la dessiccation , fût-ce malt bientôt après sa dessiccation , car plus tard
pendant plusieurs jours, que de porter rapidement les germes reprendraient de l'humidité, par con-
la température à un degré très-élevé ; outre les séquent de la souplesse, et ne se briseraient plus
avantages dont nous avons déjà parlé, on évite aussi facilement.
toujours ainsi la formation des produits amers qui On peut nettoyer le malt soit en le faisant pié-
proviennent d'une torréfaction trop avancée du tiner pendant quelque temps et cribler ensuite,
glucose et de la dextrine. soit en le soumettant à l'action d'une machine
La disposition généralement adoptée est celle spéciale, sorte de moulin à hélice dans lequel les
qui a été indiquée par Chaussenot. grains sont énergiquement frottés les uns contre
La touraille est chauffée au moyen d'un courant les autres et à la sortie duquel, à l'aide d'un ven-
BIÈRE. 590 BIÈRE.

tilateur, les parties les plus légères sont enlevées assez dangereuse pour la fabrication, car toute
[Ch. Schutzenberger, brevet nº 70909 ; -Schwalbe, négligence ou tout oubli déterminait dans le malt
Jahresb. de Wagner, 1860, p. 406 ; - Tonnar, un commencement de fermentation qui ne man-
Dingler's polyt. Journ . , t. CLXIX, p. 261 ]. Ces quait jamais de passer à la fermentation acétique
germes ou touraillons sont employés comme en- et lactique.
grais ; il s'en produit journellement des quantités
considérables , puisqu'ils représentent environ BRASSAGE. Le brassage se compose des opé-
3 % du poids de l'orge. L'analyse des touraillons rations suivantes : l'empâtage, la cuisson du moût
a été faite par Lermer [Dingler's polyt. Journ., avec le houblon, le refroidissement, la fermenta-
t. CLXXIX , p. 71]. tion.
Le malt nettoyé et dégermé doit être conservé 1° L'empâtage, connu aussi sous le nom de dé-
avec soin à l'abri de l'humidité, pour être employé trempage, trempe, brassage, a pour but de dis-
au fur et à mesure des besoins de la consomma- soudre toutes les matières solubles qui existent
tion. dans le malt, et de déterminer, par l'action des
Le volume du malt excède de 8 à 9 % , celui de matières albumineuses , la saccharification des
l'orge qui a servi à le fabriquer. 100 kilog. d'orge matières amylacées. Les différents chimistes qui
de bonne qualité doivent donner 80 kilog. de se sont occupés de cette question ne sont pas d'ac-
malt. Mais la perte n'est pas de 20 % , comme il cord sur les phénomènes qui se passent par l'ac-
semblerait au premier abord ; l'orge séchée à la tion des matières albumineuses sur l'amidon et la
même température que le malt perd 12 % d'eau, dextrine.
de telle sorte qu'en réalité la perte due à la trans- Comme nous l'avons déjà dit, Mulder nie l'exis-
formation de l'orge en malt n'est plus que de tence de la diastase (voyez p. 587 ) . Il admet, de
8 %, qu'on estime devoir être partagés comme il plus, que dans le malt les substances amylacées
suit : se trouvent sous divers états particuliers. L'ami-
1,5 au mouillage. don proprement dit a complétement disparu pour
3 à la germination et à la touraille ; faire place à une substance spéciale qu'il désigne
3 touraillons ; sous le nom d'amylo-dextrine et qui constitue
0,5 pertes de fabrication. pour la matière amylacée un état intermédiaire
Le malt doit présenter les caractères suivants : entre l'amidon et la dextrine. On trouve ensuite
il est plus léger que l'eau, le grain est plein, rond , dans le malt une substance gommeuse qui pro-
se laisse facilement écraser entre les dents et vient de la torréfaction de l'amidon. Cette gomme
laisse une marque blanche comme la craie lors- d'amidon torréfié ne se transforme que lentement
qu'on l'écrase sur du bois; il possède une saveur en glucose et cette transformation n'est jamais
douce et sucrée (Ure). complète. Enfin, il signale la présence de la dex-
Le malt subit par la dessiccation diverses mo- trine, qui, sous l'influence des matières albumi-
difications dans sa constitution chimique ; en neuses, se transforme en sucre .
effet, le but qu'on se propose par la dessiccation D'après Mulder, de même qu'il existe des sub-
de l'orge germée n'est pas seulement de pouvoir stances qui viennent prendre place entre l'amidon
la conserver facilement, mais encore de continuer et la dextrine, il en existe qu'il faut ranger entre
à développer en elle les principes que la germi- la dextrine et le glucose : telles sont la dextrine-
nation avait commencé à produire. sucre de Ventzke , la maltose de Berthelot, etc. La
Le malt, après son passage aux tourailles, ren- transformation complète de l'amidon en sucre est
ferme en effet une quantité de dextrine beaucoup impossible.
plus grande qu'avant sa torréfaction . Cette dex- Musculus n'admet pas ces divers états interme-
trine est due non-seulement à l'action des matières diaires signalés par Mulder. D'après lui, la matière
albumineuses sur l'amidon , mais encore à la tem- amylacée se dédouble, sous l'influence de la dias-
pérature élevée à laquelle le malt a été soumis . tase, en glucose et en dextrine, et ne se convertit
Il se produit également dans le passage aux pas d'abord en dextrine, puis en glucose : ce dé-
tourailles divers produits colorés en brun et que doublement a lieu dans le rapport de 1 p. de glu-
Mulder désigne sous le nom de produits de torre- cose pour 2 p. de dextrine. Enfin , la diastase n'a
faction. Ces produits sont variables. Si le malt a pas d'action sur la dextrine [ Ann. de Chim . et de
été porté encore humide à une température de Phys., (3), t. LX, p . 203 et (2) , t. VI, p . 177. —
60°, c'est de l'acide apoglucique qui prend nais- Voyez aussi Reischauer, Dingler's polyt. Journ.,
sance, si le malt, préalablement desséché, a été t. CLXV, p. 452] .
porté à une température plus élevée, c'est du ca- L'opinion de Payen est diamétralement opposée
ramel et de l'assamare que l'on obtient. Ces divers à celle de Musculus ; suivant lui , le dédoublement
produits donnent au malt un goût spécial, un par- indiqué par Musculus ne saurait être admis : l'ac-
fum de matières empyreumatiques qui se retrouve tion de la diastase est bien celle qu'il a indiquée
dans la bière. naguère. Elle exerce une action saccharifiante sur
On trouvera dans le Polyt. centralbl. , 1860 , la dextrine, mais cette action est entravée par la
p. 481 et 561 , un travail de Stein, et dans le présence du glucose ; vient-on à faire disparaître
Jahresb. de Wagner, 1863 , p. 526, un travail de ce glucose, par exemple par la fermentation , l'ac-
Lermer sur la composition du malt et de l'orge. tion de la diastase se manifeste de nouveau, et il
4° Mouture du malt. Avant d'être brassé, le en résulte que l'on peut, à quelques centièmes
malt doit être moulu. On le soumet à l'action d'un près, transformer la totalité de la matière amylacée
moulin concasseur à cylindres unis , en fonte ; le en glucose, alcool et produits accessoires [ Ann. de
malt passe entre ces deux cylindres disposés de Chim . et de Phys., (4), t. IV, p. 286 , et t. VII,
telle façon et à une distance l'un de l'autre telle, p. 382].
que le grain soit écrasé, sans que la pellicule ex- Il nous est impossible, en présence d'affirma-
terne soit brisée ; il est assez important de veiller tions aussi divergentes, basées sur des expériences
à ce résultat, car autrement la filtration du mout sérieuses , de poser une conclusion satisfai-
ne s'effectuerait pas convenablement. Générale- sante; néanmoins , la théorie de Payen, rendant
ment avant la mouture du malt, on le laisse ex- plus facilement compte des phénomènes qui se
posé pendant quelque temps au contact de l'air forment dans la fabrication de la bière, est celle
afin qu'il reprenne une certaine dose d'humidité . que nous adopterons pour les expliquer.
Autrefois, ou broyait le malt à l'aide de meules Le brassage s'effectue, d'une façon générale,
en pierre et cette pratique nécessitait le mouillage en soumettant le malt à l'action de l'eau chaude ;
du malt à l'aide de 3 % d'eau, opération toujours la température de cette eau doit, au commence-
BIÈRE. 591 - BIÈRE.
ment de l'opération , être assez basse et monter on préfère donc souvent ne doser que la dextrine.
progressivement jusqu'à 60-70° , qui est celle que Cet essai se fait au moyen d'un tube gradué , dans
Payen et Persoz ont indiquée comme étant la plus lequel on verse une quantité déterminée de mout à
favorable à la saccharification . laquelle on ajoute ensuite son volume d'alcool ; la
On fait généralement plusieurs trempes sur la dextrine, insoluble dans ce véhicule, se précipite
même quantité de malt ; la première est très- à l'état d'une masse dense dont on mesure le vo-
forte, la seconde donne un moût de moitié moins lume dans le tube gradué ; chaque division de ce
fort que la première, et la troisième un moût de tube correspond à un poids déterminé de dex-
moitié moins fort que le second. Selon la nature trine, cette graduation ayant été préalablement éta-
du malt, la quantité d'eau employée, la tempé- blie par des observations directes ; on peut ainsi
rature à laquelle le brassage a lieu et la durée de connaître très-rapidement et assez exactement la
ce brassage, le rapport entre la dextrine et le glu- quantité de dextrine existant dans le moût. La
cose est modifié ; or, il est important pour le différence entre le poids total de l'extrait et le
brasseur de pouvoir facilement se rendre compte, poids de la dextrine indique le poids du glucose .
d'une part, de la quantité d'extrait que renferme La manière d'opérer le brassage et la composi-
son moût, et, d'autre part, de la proportion rela- tion du brassin varient selon les pays ; de là les
tive de la dextrine et du glucose. différences si sensibles qui existent entre les bières
Le glucose est, par la fermentation , très-promp- de diverses provenances .
tement transformé en alcool ; la transformation Les différentes manières de brasser peuvent être
de la dextrine, au contraire, est très-lente. Si rapportées à deux types ; l'un, dit brassage par
donc le moût ne renferme plus de dextrine , la infusion, est généralement adopté en Angleterre,
bière qu'il produira sera très-riche en alcool, mais en Belgique et dans le nord de la France ; l'autre ,
elle sera facilement altérable ; chaque fois , en connu sous le nom de brassage par décoction , est
effet, que la bière cesse de fermenter, que par employé en Bavière, en Autriche et dans l'est de
conséquent elle n'est plus préservée, par l'acide la France. Selon le mode de brassage, on obtient
carbonique, du contact de l'air, elle ne se conserve une fermentation particulière : au brassage par
pas, elle s'aigrit promptement. Lorsque le bras- infusion correspond la fermentation superficielle ;
seur a affaire à un moût pareil, il doit être sûr au brassage par décoction , la fermentation par
que la bière qui en résultera soit promptement dépôt.
écoulée ; s'il n'a pas cette certitude, il devra y Le brassage par infusion est conduit de la ma-
ajouter une certaine quantité de dextrine. L'ad- nière suivante : On verse dans la cuve-matière de
dition de ce produit donne à la bière un goût l'eau à 40° environ , puis on y ajoute le malt écrasé,
spécial, plus d'épaisseur et de corps , toutes choses de façon à former une pâte assez épaisse ; le mé-
variables selon l'appréciation du consommateur, lange est convenablement agité, puis abandonné
mais elle a pour but spécial d'entretenir dans la à lui-même pendant une demi-heure, afin que le
liqueur une fermentation lente et constante, fer- malt se pénètre uniformément de liquide ; c'est ce
mentation qui pourra durer des mois et même qu'on nomme la trempe préparatoire. On ajoute
des années ; elle donne des bières de conserve. alors à la masse la quantité d'eau chaude voulue,
Si, au contraire, le moût est trop riche en dex- à une température telle que le mélange atteigne
trine, ce qui retarde la fermentation , surtout en 60-65°; on brasse fortement et on laisse le tout
hiver et lorsqu'on opère sur de faibles quantités, en contact pendant une heure, en ayant soin de
le brasseur devra y ajouter du glucose. couvrir la cuve-matière. A ce moment, on laisse
En réalité, dans la pratique, ces additions de le moût s'écouler et on le dirige dans la chaudière.
dextrine et de glucose sont rares, parce que le On recommence la même opération avec une quan-
brasseur expérimenté règle la marche de sa fabri- tité d'eau moindre, mais à une température de 70-
cation de façon que ses trempes renferment 75°; une troisième trempe à une température en-
exactement les éléments convenables, dans les core plus élevée, soit 80°, quelquefois une qua-
proportions voulues. trième, terminent l'épuisement du malt. Ce qui
Diverses méthodes ont été proposées pour ju- reste dans la cuve-matière est connu sous le nom
ger de la richesse d'un moût en extrait ; la plus de dréche ; nous y reviendrons .
simple repose sur l'emploi du saccharomètre ou Les trois trempes sont tantôt réunies et bouil-
sur celui de l'aréomètre. Le tableau suivant est lies ensemble, tantòt traitées séparément, et dans
donné par Payen dans son Précis de chimie indus- ce cas elles donnent chacune une bière spéciale ;
trielle : la première est bien plus forte que les autres ;
Poids de Poids de elle renferme le 1/6 de la matière sucrée ( Payen ) .
Degrés de Poids l'extrait l'extrait Il est essentiel, dans le brassage par infusion , de
l'aréomètre Baumé d'un par 1 hec- en
à 13°. hectolit. tolitre. centièmes. faire ces trois trempes promptement et de laisser
1 100k68 1k41 1k40 les moûts le moins possible au contact de l'air,
2 101 405 2.92 2.88 car ils ont une grande tendance à s'acidifier ; il
3. 102 11 4 45 4 48 est inutile de dire que la présence d'un acide,
4. 102 81 6 43 6 25 surtout de l'acide lactique, qui pourrait se former
5. 103 51 824 7.96 dans ces conditions, est tout à fait nuisible à la
6. 104 22 10 19 9 78 fabrication de la bière.
7. 104 93 12 56 11 49
8. 105 61 13.92 13 18 Dans ce mode de brassage, les substances albu-
9 .. 106 36 15.91 14 96 mineuses ne sont nullement altérées ; elles agissent
16 107 18 17 74 16 55 avec tout leur pouvoir décomposant sur l'amidon
11... 107 865 19 964 18 36 et la dextrine et les transforment très-prompte -
12. 108 65 21 90 20 16 ment, puisque l'on opère à la température recon-
nue la plus favorable à la saccharification . De cette
(Lacambre). transformation si prompte et si compléte découle
Lorsqu'on a ainsi apprécié la quantité d'extrait la nécessité d'opérer rapidement pour que le glu-
existant dans 100 p. de moût, et que l'on veut re- cose formé ne s'altère pas. Il est facile de com-
cher her le rapport dans lequel s'y trouvent la prendre qu'en opérant à 60-65° , et même jusqu'à
dextrine et le glucose, on peut doser l'un et 70°, on obtienne des bières très-alcooliques, mais
l'autre ; souvent on se contente de déterminer moins nourrissantes que celles dont nous allons
l'un. Le glucose est dosé très-exactement au moyen parler. On comprend également qu'en opérant à
du tartrate cupricopotassique ; mais cet essai, cette température relativement basse, une partie
quelque simple qu'il soit , prend un certain temps ; de l'amidon puisse échapper à la réaction ; aussi
BIÈRE. — 592 — BIÈRE.

les drêches des brasseries anglaises en renferment- de sel , elles constituent une nourriture très-con-
elles toujours. venable (Payen).
Si dans le brassage par infusion on pousse la Voici l'analyse, donnée par Mulder, d'une drêche
température jusqu'à 80°, on se rapproche des con- provenant d'une brasserie où l'on suit la méthode
ditions du brassage bavarois et l'on produit des par infusion .
bières qui tiennent le milieu entre les anglaises Drêche d'orge (supposée anhydre)
et les allemandes. provenant d'un malt.. touraillé. fortemt
Dans le brassage par décoction, le malt est mé- touraillé.
langé à une petite quantité d'eau froide ; puis, quand Amidon... 44,6 22,1
il est mouillé uniformément, on verse dans lacuve- Matières cellulaires.. 29,1 44,8
matière la quantité d'eau voulue et à une tempé Substances albumineuses. 19,2 25,0
Matière grasse.. 1.9 1,7
rature telle, que le mélange total atteigne 30-35°; Cendres.. 5,2 6,4
on brasse énergiquement et on laisse reposer une
heure, la cuve-matière étant couverte pour éviter 100,0 100,0
les pertes de chaleur. A ce moment, on retire de Les quantités et la nature des malts employés
la cuve-matière, au moyen d'une pompe, le tiers dans le brassage varient beaucoup d'après la na-
environ de la masse pâteuse (Dickmaische) et on ture des bières qu'il s'agit de fabriquer. Pour
la dirige dans la chaudière, où on la chauffe pro- l'ale, la bière de Bavière, la bière de Paris, on
gressivement et en agitant constamment, jusqu'au n'emploie que des malts clairs ou ambrés ; pour
bouillon que l'on maintient une demi-heure ; on le porter, un mélange des trois sortes de malt;
la fait alors retourner dans la cuve-matière, tout pour les bières belges, un mélange de malt et de
en la laissant bouillir doucement, et on règle les froment non germé.
choses de telle sorte, qu'après ce traitement, la Voici les quantités des diverses bières produites
température du mélange total ne dépasse pas 40°. avec les mêmes proportions de malt :
On brasse énergiquement, puis on laisse reposer,
et on recommence cette opération trois fois, de hecto-
litres . kilogr.
manière que la température s'élève progressive- Ale ........ 30 malt pâle.. 2,000
ment jusqu'à 60'. Généralement, la troisième malt pâle... 1,000
cuite se fait, non plus avec la masse pâteuse, mais Porter.. 30 malt ambré. 700 2,000
uniquement avec le liquide (Lautermaische) . On malt brun .. 300
abandonne alors le tout, pendant une heure, de malt pâle... 1,000
façon à ce que la saccharification soit complète, froment non
puis on laisse écouler le moût et on épuise le ré- Faro... 45 germé en 00
sidu par deux traitements successifs à l'eau farine té-
chaude. nue ...... 1,000
Bière de Strasbourg
Les trois trempes sont, comme dans le procédé (façon Bavière).... 60 malt ambré....... 2,000
anglais, dirigées vers les chaudières. Bière double de
Le caractère essentiel de ce mode de brassage Paris........ 60 malt.. 2,000
consiste, comme on le voit , en l'ébullition du Petite bière .... 40 } 109 { sirop à 33°....... 200
malt avec l'eau ; la haute température à laquelle La description de tous les appareils usités dans
on porte ce mélange détermine la coagulation le brassage nous entraînerait dans des détails
d'une forte proportion des matières albumineuses, que le cadre de cet article ne comporte pas :
qui deviennent ainsi sans action sur l'amidon ; nous ne citerons donc que les principaux.
d'autre part, cette température amène la dissolu-
tion complète de toutes les matières solubles Dans les petites brasseries, la cuve-matière est
une simple cuve en bois munie d'un double fond
existant dans le malt, et la transformation de percé de trous, qui sert à supporter l'orge et à
l'amidon en empois, qui est attaqué par les ma- faciliter l'écoulement du liquide. Le brassage y
tières albumineuses non coagulées, beaucoup plus est effectué manuellement au moyen de perches
énergiquement que l'amidon lui-même ; mais ces
matières albumineuses n'étant pas assez abon- à crochet, nommées fourquets.
dantes pour amener une saccharification com- Quoique fort souvent les petites brasseries
fournissent de meilleure bière que les grandes,
plète , la majeure partie de l'amidon n'est trans-
formée qu'en dextrine. ces appareils doivent être considérés comme su-
Il résulte donc de ce mode de brassage que le rannés. Ils nécessitent des précautions très-
moût ainsi préparé renferme beaucoup moins de grandes à cause de la difficulté que l'on éprouve
glucose et beaucoup plus de dextrine que le moût toujours à les nettoyer parfaitement.
préparé par infusion ; en outre, il contient beau-
coup moins de matières albumineuses. Les bières
produites avec ces moûts seront donc moins alcoo-
liques , plus nourrissantes et se conserveront
mieux que les bières préparées par infusion .
D'après Habich, le brassage par décoction donne
naissance à un phénomène d'un ordre particulier;
diverses substances azotées y subissent une modi-
fication spéciale qui les rend solubles, et c'est à
ces substances qu'il convient d'attribuer le moel-
leux et les propriétés nourrissantes des bières
allemandes. Elles ne conservent, du reste, pas
indéfiniment cette solubilité : les bières par malt
cuit, mises en bouteilles, parfaitement limpides,
laissent toujours se former un certain dépôt, qui
est, en général, accompagné ou précédé d'un com-
mencement de fermentation acétique ; ces phéno-
mènes demandent encore à être étudiés.
Fig. 81.- Cuve-matière.
Les drêches qui, supposées à l'état sec, repré-
sentent environ le tiers du poids du malt, sont
utilisées pour l'alimentation des bêtes à cornes ; Les cuves-matières (fig. 81) généralement em-
mélangées avec du foin ou de la paille et un peu ployées aujourd'hui sont de grands réservoirs
BIÈRE. 593 — BIÈRE.
carrés, en tôle, garnis extérieurement d'une che- faux-fond, formé d'une série de plaques de cui-
et mise de bois pour éviter les pertes de chaleur. A vre, percées de trous et disposées de telle sorte
la partie inférieure de cette cuve se trouve un qu'on puisse facilement les enlever après cha-
p

31

#1

R HILDIBRAND 771
m

Fig. 82. — Coupe d'une cuve-matière.


A, B Palettes destinées à imprimer un mouvement K Cuve -reverdoir où s'écoule le moût et d'où il est
rotatoire aux liquides, et à briser ce mouvement. dirigé dans la chaudière à houblon.
C Roue d'angle, communiquant le mouvement aux / Débrayage.
palettes. m, m Retour de vapeur aux chaudières.
D Pignon d'angle. o Robinet pour l'arrivée de la vapeur.
E Roue fixe tournant avec l'arbre. p Poulie de commande.
F Roue faisant mouvoir les palettes B. r Robinet purgeur.
G Pignons faisant tourner les palettes A. R Filtre et tuyau conduisant les trempes à la cuve-
I Faux-fond où circule la vapeur. reverdoir.

que opération, pour nettoyer la cuve. Ce faux-


O fond sert de filtre pour l'écoulement du moût.
Dans l'intervalle des deux fonds se trouve le
tuyau d'arrivée d'eau chaude et le robinet de vi-
dange. Ce dernier est mis en communication avec
une pompe qui conduit le moùt dans la chau-
dière.
Enfin, dans l'intérieur de la cuve-matière, se
trouve un agitateur mécanique auquel on a donné
diverses dispositions. Nous en reproduisons une
très-usitée, surtout en Angleterre (fig. 82).
Tout l'appareil est muni d'un couvercle qui doit
pouvoir s'enlever et se replacer facilement.
La chaudière (fig. 83) usitée dans les brasseries
bavaroises pour la cuisson de la dickmaische, et
qui sert en général aussi pour la cuisson du
moût, est une chaudière en cuivre, chauffée à
feu nu, quelquefois à la vapeur, et munie d'une
machine à vaguer qui entretient une agitation
constante dans la masse, et s'oppose à ce que le
malt puisse adhérer au fond de la chaudière, où,
exposé à une haute température, il s'altérerait
forcément et prendrait une saveur insupporta-
ble.
On trouvera dans Dingler's polytech. Journ.,
t. CXLIII, p. 133, et dans Wagner's Jahresb. ,
1862, p. 478, diverses dispositions récemment
indiquées pour la fabrication de la bière.
2º Cuisson du moût. — Les trempes, au fur
et à mesure de leur préparation , sont dirigées
dans la chaudière, où elles doivent être soumises
HILDIBRANDS à l'ébullition . Il est indispensable de les mainte-
nir à l'abri de l'air jusqu'au moment où elles
Fig. 83.- Chaudière avec sa machine à vaguer. atteignent la température de 100° ; on risquerait
fort sans cela de les voir s'aigrir.
C Chaudière . 1- I, I Agitateur, machine à vaguer. Le but de la cuisson du moût est : 1° de trans-
R Pignon pour communiquer le mouvement à l'agitateur. former les dernières portions d'amidon en dex-
T Poulie de transmission. - P Contre-poids de la trine ; 2° de l'amener au degré de concentration
machine à vaguer.
I—- 38
BIÈRE . 594 BIÈRE.

nécessaire ; 3° de déterminer la précipitation de La figure 84 représente une brasserie, dont les


la majeure partie des matières albumineuses dispositions générales sont empruntées à l'ar-
(dans le procédé allemand, cette considération a ticle que Turgan a consacré dans les Grandes
moins de valeur que dans le procédé anglais) ; usines à la brasserie Peters , de Puteaux.
4º de mêler au moût une matière qui constitue 3° Refroidissement du moût. Lorsque la
un des éléments essentiels de la bière, le hou- cuisson du moût est terminée, on le dirige au
blon. moyen de tuyaux en cuivre sur les refroidissoirs.
Le houblon est la fleur femelle de l'humulus Le refroidissement du moût doit être aussi ra-
lupulus (Urticées). On récolte le houblon avant pide que possible, afin d'éviter son acidification .
sa complète maturité, on le dessèche aussi promp- Il est indispensable de veiller également à ce que
tement que possible, mais à une basse tempéra- les ustensiles qui servent dans cette opération
ture, et on le conserve pour l'usage en le com- soient toujours d'une propreté absolue, la moin-
primant fortement dans des sacs de toile. La dre impureté pouvant déterminer l'altération du
partie utile du houblon est une sécrétion aro- moût.
matique qui se trouve sous forme de granules Les refroidissoirs sont de grands bacs, autre-
jaunâtres à la base des bractées des cônes. Elle fois en bois, aujourd'hui en tôle ou en cuivre,
existe en quantités très-variables dans le hou- peu profonds et présentant une surface aussi
blon. On en a trouvé de 8 à 18 p. % (Payen et étendue que possible. On les établit sur des gre-
Chevallier). La composition de cette sécrétion est niers parfaitement aérés où le refroidissement
très-complexe. Wagner [ Verdhandl. der physik.- puisse être très-rapide.
medic. Geselschafft , t. X, p. 82], Lermer [Jah- Pendant que le moût, soumis ainsi à cette éva-
resb. de Wagner, 1864 , p . 462] et différents au- poration, se refroidit, il laisse déposer diverses
tres chimistes ont publié d'intéressants travaux substances qu'il tenait en dissolution ou en sus-
sur la composition du houblon . Parmi tous les pension les substances albumineuses coagulées
principes que l'on y a observés, les seuls utiles par la cuisson, les combinaisons insolubles que
à la fabrication de la bière sont le tannin, l'huile le tannin du houblon a formées, une combinai-
essentielle et la substance amère à laquelle on son particulière de tannin et d'amidon, enfin ,
a donné le nom de lupuline, d'après Ure, une certaine quantité d'amidon qui
Le tannin précipite les matières albumineuses s'était dissoute à chaud. On voit ainsi que le re-
et permet ainsi d'obtenir un liquide limpide, ce froidissement du moût est accompagné de sa cla-
qui ne pourrait être réalisé autrement. L'huile rification.
essentielle et la substance amère communiquent Autrefois, on considérait la limpidité du moût
à la bière le parfum et la saveur qui sont propres comme une condition sine qua non de réussite
à cette boisson, et en même temps contribuent pour la fabrication de la bière, et on avait re-
beaucoup à faciliter sa conservation. cours, pour atteindre ce but, soit à des filtrations,
La cuisson du moût s'opère, comme nous l'a- soit à des clarifications au moyen de gélatine, de
vons dit, dans les chaudières . Généralement, on pieds de veau, etc. Les brasseurs ne considèrent
fait bouillir les liqueurs pendant quelque temps plus ces moyens que comme des expédients,
avant d'y ajouter le houblon , et l'on enlève alors lorsqu'il se présente quelque accident de fabrica-
l'écume albumineuse qui se forme sous l'influence tion. La limpidité du moût est inutile. Pourvu
de l'ébullition . qu'il soit rapidement refroidi, soustrait à l'action
La quantité de houblon usitée varie de d'une fermentation spontanée, mis à temps en
650 grammes à 1kil 200 par hectolitre de moût, fermentation, et que les autres opérations aient
selon la nature de la bière à fabriquer et le goût été bien conduites, il se clarifiera parfaitement.
du consommateur. Plus la quantité est forte, plus La limpidité de la bière est le résultat, non pas
la bière pourra se conserver. Pour les bières cou- de conditions physiques ou mécaniques, mais bien
rantes, en hiver, on n'emploie guère plus de 200 d'un travail chimique, et, de ce qu'un moût soit
à 250 grammes de houblon par hectolitre de moùt. parfaitement limpide, il ne résulte pas forcément
La durée de la cuisson est également très-va- qu'il donne de la bière claire.
riable. Pour une bonne bière de conserve , elle La durée du refroidissement varie naturelle-
dure en général 4 à 5 heures. En Belgique, on ment d'après les conditions atmosphériques . En
la prolonge souvent pendant 10 à 12 heures. été elle est de trois à quatre heures, quelquefois
Certains brasseurs préfèrent cuire le moût pen- de huit à dix heures.
dant très-peu de temps et augmenter sa concen- Il faut noter ici que , le refroidissement du moût
tration par l'addition de sucre ou de mélasse. étant dû à l'évaporation , le moût refroidi est plus
Comme nous l'avons déjà dit, ce ne peut être concentré que chaud ; la différence est d'envi-
qu'au détriment de la bière de conserve. ron 1/8.
D'une façon générale, on estime que la cuisson Lorsqu'on juge l'opération suffisamment avan-
a été suffisamment prolongée lorsqu'une portion cée, on décante le liquide (les dernières portions
de la liqueur, prélevée dans la chaudière, s'éclair- sont filtrées) et on le dirige sur les appareils où
cit rapidement en laissant déposer par refroidis- l'on complète le refroidissement. Le principe de
sement un précipité d'abord très-fin, mais qui ces appareils, parmi lesquels nous citerons ceux
s'agglomère promptement en grumeaux. de Tamisier, Chaussenot , Kropff et Hagedorn ,
La cuisson fait perdre au moût, en moyenne, Baudelot, Pontifex , Bridle , Daxenberger, etc.,
1/6 de son volume, davantage pour les bières consiste à faire arriver le moût en nappes minces
fortes, moins pour les bières faibles. sur des surfaces métalliques constamment refroi-
Après la cuisson, le moût est toujours beaucoup dies par un courant d'eau froide.
plus coloré qu'avant : on sait en effet que le glu- On arrive ainsi à obtenir des liqueurs assez
cose se colore rapidement dans ces conditions. Il froides pour pouvoir subir sans danger la fermen-
résulte de là qu'on ne peut produire des bières tation.
blanches qu'en diminuant considérablement la 4º Fermentation . - Le but de la fermentation
durée de la cuisson : aussi ces bières sont-elles est la transformation du sucre en alcool (voyez
rarement épaisses. FERMENTATION ) et conséquemment du moùt en
Quelques brasseurs remplacent le houblon par bière. C'est une opération délicate et qui néces-
de l'extrait de houblon (voyez le travail de Schrö- site une grande expérience de la part du bras-
der et Rautert dans le Jahresb. de Wagner, 1857, seur , car c'est d'elle que dépend tout le succès
p. 302) , mais il ne paraît pas que cette modifi- de la fabrication.
cation soit très- avantageuse . Quel que soit le mode de fermentation suivi,
BIÈRE. 595 - BIÈRE.
on aura toujours à tenir compte des faits sui- Comme nous l'avons déjà dit, du mode de bras-
vants : sage découlent deux modes de fermentation , la
La fermentation ne peut être régulière que dans fermentation par dépôt et la fermentation super-
des caves où la température reste constante ; plus ficielle. Il existe un troisième mode de fermenta-
on opérera en grand, plus on aura de facilité à tion suivi en Belgique et que nous décrirons plus
lutter contre les variations de température ; plus bas.
la levûre est fraiche, meilleure sera la fermenta- La fermentation par dépôt , telle que nous l'avons
tion ; il en faudra d'autant plus que le malt aura vu pratiquer dans les grandes brasseries de Stras-
été plus touraillé, il en faudra d'autant plus aussi bourg, s'effectue de la façon suivante : Le mout
que la température sera plus basse. refroidi à 10° ou 120 est dirigé dans les cuves-
D

HANDIER

Fig. 84. Vue d'une brasserie.

guilloires, grandes cuves ouvertes, de 25 à 30 hec- peu à peu, il se manifeste un dégagement d'acide
520 tolitres, disposées par séries dans des caves pro- carbonique qui augmente jusque vers le cin-
fondes et construites de façon à y éviter toute quième jour, moment où la fermentation est le
espèce de courant d'air brusque. Des cheminées plus active et où il se produit le plus de levure. Si
d'appel communiquent avec le dehors et servent à l'on a soin de maintenir la température très-basse,
purger la cave de l'acide carbonique produit par le dégagement de gaz n'est jamais tumultueux ; la
la fermentation. levûre ne s'accumule pas à la partie supérieure du
Chaque cuve reçoit environ 6 à 10 kilogr. de liquide, mais elle retombe au fond de la cuve au
levûre, provenant d'une opération précédente ; fur et à mesure de sa production. Après huit à dix
puis, pour éviter que la fermentation ne soit trop jours, tout phénomène apparent a disparu, l'opé-
active, on ajoute au moût une quantité de glace ration est terminée.
telle, que sa température n'excède pas 5° à 6°. On soutire alors le liquide en ayant soin de le
Après quelques heures, on constate la production prendre aussi clair que possible et en laissant dans
d'une légère écume à la surface du liquide ; puis, la cuve la levûre qui doit être recueillie avec
BIÈRE. 596 - BIÈRE.

soin , bien lavée et conservée pour l'usage ou la par des conduits disposés à cet effet, dans des ré-
vente. servoirs où elle est lavée et précieusement re-
La bière ainsi produite peut être vendue en cet cueillie.
état, mais à la condition expresse d'être prompte- Les tonneaux sont mis en communication avec
ment consommée, car elle ne pourrait être conser- une grande cuve pleine de moùt, dont le niveau
vée : elle constitue la petite bière. Lorsqu'au con- est maintenu à une hauteur telle, qu'il puisse con-
traire on veut faire de la bière de conserve, on stamment alimenter les tonneaux et les maintenir
dirige le produit de la première fermentation dans pleins ; la levûre est ainsi forcée de s'échapper et
de grands foudres disposés dans des caves où règne ne peut rester en contact prolongé avec la bière,
une température glaciale. Ces caves sont con- à laquelle elle communique un mauvais goût. On
struites avec les précautions les plus grandes ; cha- laisse la fermentation se compléter dans ces ton-
cune d'elles est entourée d'une glacière constam- neaux, puis on soutire la bière et on la livre à la
ment remplie, de telle sorte que les variations de consommation.
température soient impossibles et que l'on arrive à Pour ces sortes de bières, il est presque indis-
produire dans ces caves un froid artificiel perma- pensable de les clarifier ; on emploie dans ce but
nent. La bière est abandonnée dans ces foudres l'un des agents que nous avons déjà indiqués et
des mois entiers, cinq à six mois en moyenne, auxquels on ajoute fréquemment une petite quan-
souvent un an. Elle subit pendant tout ce temps tité d'alun.
une fermentation très -lente et constante et elle Méthode belge. - La préparation du faro et de
s'éclaircit complétement . Lorsque le brasseur juge la lambick est tout à fait différente de celle des
que cette fermentation secondaire a produit tout bières anglaises et allemandes. Le moût est fabri-
son effet, la bière est livrée à la consommation. qué avec du malt et du froment, puis, après re-
On la tire des foudres et on la transvase dans de froidissement, il est dirigé non pas dans les cuves-
petits tonneaux connus sous le nom de quarts, et guilloires, mais directement dans les foudres où
qui sont, chaque fois qu'ils doivent servir, net- on l'abandonne à lui-même, sans addition de
toyés à fond, puis revêtus intérieurement d'une ferment et à une basse température. La fermenta-
couche de poix fondue à laquelle on met le feu : tion qui s'y développe est très-lente, c'est par con-
toute trace d'impureté disparaît ainsi. séquent une fermentation par dépôt la bière
La fermentation superficielle diffère de la fer- reste trouble pendant très-longtemps, mais, quand
mentation par dépôt, en ce qu'elle s'opère à une elle s'est bien éclaircie, elle se conserve très-faci-
température beaucoup plus élevée, qu'elle est lement.
beaucoup plus active et plus prompte. Les causes On ne peut guère expliquer cette fermenta-
qui déterminent cette différence tiennent surtout tion autrement qu'en admettant la présence dans
à la nature du moût, beaucoup plus riche en sub- le moût de matières albumineuses dont la préci-
stances azotées et en sucre. La présence de ces pitation par le tannin du houblon a été entravée
deux éléments détermine une fermentation très- par l'acide lactique qui existe toujours dans les
rapide, un dégagement tumultueux d'acide carbo- bières belges (Mulder).
nique qui soulève la levûre au fur et à mesure de Pendant la fermentation des différentes bières
sa fermentation et l'entraîne à la surface du li- dont nous venons de parler, les brasseurs ajou-
quide. La nature de la levûre a aussi une influence tent fréquemment diverses substances destinées à
très-grande sur le mode de fermentation ; il a été leur donner un goût et un arome spécial . Chacun
reconnu que la levùre superficielle donne nais- a sa recette à cet égard , nous ne nous y arrêterons
sance à la fermentation superficielle et la levûre pas.
par dépôt à la fermentation par dépôt. Ces phéno- Falsifications de la bière. - Nous ne désignons
mènes sont assez réguliers ; ils tiennent sans doute pas sous ce nom l'addition de produits destinés à
à la nature différente des deux levûres. L'examen donner à la bière plus de force ou de consistance,
microscopique a montré que la levûre par dépôt comme l'alcool, le sucre, etc. , mais bien celle de
est formée de cellules juxtaposées , la levûre su- certains principes nuisibles que l'on emploie trop
perficielle de cellules arborescentes. souvent pour économiser l'emploi du houblon ou
Dans la fermentation superficielle, le moût re- qui se trouvent dans la bière par suite d'une mau-
froidi à 20° ou 25° est dirigé dans la cuve guilloire vaise fabrication ; dans cette dernière classe peu-
et additionné de levûre superficielle, préalable- vent être rangés l'alun, l'acide sulfurique, le cui-
ment délayée dans une petite quantité de moût vre, etc.; on en constate facilement la présence
tiède et en pleine fermentation ; la proportion de par les moyens ordinairement employés dans
levùre est à peu près le centième du malt qui a l'analyse. Pour remplacer le houblon , on se sert
été employé, mais elle varie beaucoup, selon la fréquemment d'acide picrique, dont la présence
nature de la bière et sa destination. L'addition peut être décelée au moyen d'un petit essai de
de cette levûre détermine presque immédiatement teinture : la laine est teinte en jaune par une bière
une réaction énergique. La température du liquide de ce genre, elle n'est nullement colorée par la
s'élève, l'acide carbonique se dégage avec abon- bière ordinaire. La strychnine a naguère été em-
dance, la liqueur se trouble et la levûre qui se dé- ployée dans le même but que l'acide picrique ;
veloppe avec rapidité vient se rassembler à la sur- on constate sa présence au moyen du bichromate
face de la cuve, où on la recueille de temps en de potasse et de l'acide sulfurique, qui donne avec
temps . la strychnine une coloration violette intense.
Pour les petites bières, on arrête la fermenta- Composition de la bière. La bière est à juste
tion déjà après quelques heures ; on transvase le titre fort appréciée ; elle renferme, en effet , non-
liquide dans des quarts, où on laisse la fermenta- seulement des principes qui la rendent agréable
tion complémentaire se produire et se terminer. comme boisson, mais elle est excitante et nour-
Pour les bières de garde, on les laisse dans la rissante, deux caractères qui ne se trouvent réunis
cuve-guilloire pendant deux jours environ et , selon dans aucune autre liqueur.
la nature de la bière, la température doit y monter Elle renferme en acide carbonique des quantités
plus ou moins. très-variables ; la bière mousseuse en contient
Quand le brasseur juge que la fermentation 6 à 8 fois son volume, mais la bière de conserve
principale doit être arrêtée, il transvase la liqueur n'en renferme que son volume.
dans des tonnes de dimensions moindres que la Les proportions d'alcool varient de 2 à 8 %.
cuve-guilloire et dans lesquelles la fermentation Quant aux matières solides dont une bonne
recommence promptement; la levùre sort par bière renferme environ 5 % , elles sont constituées
T'ouverture supérieure des tonneaux et s'écoule presque exclusivement par des substances très-
BILE . 597 BILE.
utiles au point de vue de l'alimentation . Ce sont Ann. de Chim. et de Phys. , t. XLII, p. 171 ;
surtout des matières azotées, de la dextrine et des Chevreul, Journ. de Chim. medic ., t. 1, p. 135 ;
sels minéraux qui conviennent parfaitement à l'or- Frommherz et Gugert, Neues Journ. für Chem.
ganisme (100 p. de cendres de bière renferment von Schweigger, t. L, p. 8 ; -Theyer et Schlosser,
en moyenne 30 p . d'acide phosphorique). Ann. der Chem. u. Pharm ., t. L, p. 235 ; - Ver-
Voir, pour la composition de la bière : Martius, deil, Journ. de Pharm., (3) , t. XI, p. 153;
Journ. für prakt. Chem., t. LXV, p . 117 ; — Heck- Platner, Journ. de Pharm . , (3) , t. VI , p. 373] .
meyer, Mulder , 1868, p. 404 ; Weissenborn , La bile contient, en combinaison avec la soude,
Chem. Centralbl . , 1862, p. 230 ; Simpson et la potasse et quelquefois l'ammoniaque , des acides
Mulligan, The Dublin quart . Journ . of science, spéciaux, caractéristiques, azotés ou azoto-sulfu-
1862, april , p. 171 ; - Jackson et Wonfore, Che- rés, formant la majeure partie des matériaux or-
mic. News, t. III , p . 10 ; ---
— Feichtinger, Ann. der ganiques de cette sécrétion.
Chem. u. Pharm ., t. CXXX , p. 225 ; Vogel , Le caractère le plus tranché des acides de la
Buchner's Repert. , t. XV, p. 52 ; Lermer, Din- bile est la propriété de se dédoubler, avec fixa-
gler's polyt. Journ---. , t. CLXXXI, p. 134 . tion des éléments de l'eau, soit en taurine,
BIBLIOGR APHIE. Mulder, de la Bière. Bal-
ling, Die Gährungs -Chemie. - Muspratt's Dic- (C²H7 Az S O³),
tionary (Beer). Ures Dictionary ( Beer, Bre- soit en sucre de gélatine (C2H5 Az O2) et en de
wing, Malting).- Lacambre , Traité complet de la nouveaux acides non azotés, très-rapprochés les
fabrication des bières. - Payen, Précis de Chimie uns des autres par leurs caractères et leur compo-
industrielle. Philippe Heiss, Die Bierbrauerei, sition. Savoir :
Augsbourg. Habich, Taschenbuch der Chemie Acides cholalique, C24H4005 (biles de la plu-
des Bieres, Leipzig. - A. Vogel , Die Bierun- part des animaux) ; hyocholalique , C25 H4004 (bile
tersuchung , Berlin. - Siemens, Fortschritte in de porc) ; chénocholalique, C27 H * O* (bile d'oie) ;
der Bierbrauerei. CH. L. batracholalique (bile de batraciens).
BILE. - - La bile est un liquide élaboré dans Nous avons d'après cela :
le foie, probablement dans les dernières ramifi- 1° L'acide taurocholique, C26 H45 Az SO7 , que
cations des canaux biliaires de cet organe ; une les alcalis dédoublent d'après l'équation
partie de cette sécrétion se déverse directement
dans l'intestin grêle, au fur et à mesure de sa for- C26 H45 Az SO + H2O = C2H40 O3 + C² H7 Az SO³;
mation, en suivant le trajet du canal cholédoque ; 2º L'acide glycocholique C26 H43 Az O6 , qui donne
une autre portion s'emmagasine dans la vésicule
biliaire, où elle se concentre par la résorption de C26 H43 Az O6 + H2O = C24 H40 O5 + C2H5 AzQ2.
l'eau . On obtient la bile de divers animaux soit
en vidant la vésicule biliaire immédiatement après 3º L'acide hyoglycocholique C27 H43 Az O³, qui
la mort, soit en déterminant la formation de fis- donne
tules vésicales , après la ligature et la section du C27 II43 Az O5 - H2O = C25 H¹º O + C² H5 Az O² ;
canal cholédoque
Elle est mucilagineuse, filante , de couleur verte, 4° L'acide hyotaurocholique (peu connu),
brune ou jaune , de saveur fade, un peu amère ; C27 H45AzSO6,
d'odeur spéciale, légèrement musquée, compléte- qui donne
ment soluble dans l'eau ; elle se putréfie facile-
ment au contact de l'air , mais ce caractère ainsi C27 H5 Az SO6 + H2O = C23 H4004 + C2 H7 Az SO³ ;
que la viscosité sont dus à la présence du mu-
cus vésical ; ils disparaissent lorsqu'on verse la 5° L'acide chénotaurocholique , C29 H49 Az SO ,
bile dans de l'alcool fort qui précipite le mucus. qui donne
Réaction ordinairement alcaline, quelquefois C29 H49 AzSO6 + H2O = C27 HO + C2H7 Az SO³ ;
neutre, plus rarement acide.
Densité variant avec l'état de concentration : en 6º L'acide chénoglycocholique (hypothétique),
moyenne 1,02. C29 H47 Az O5, qui donne
La bile, même privée de son mucus et étendue
d'eau, possède la propriété de mousser par l'agita- C29 H7 Az O5 + H2O = C27 HO + C² H5 Az O² ;
tion ; elle ne se coagule pas par la chaleur. 7° L'acide batracholique.
Examen microscopique . - Si l'on porte sous le Les biles d'homme, de chien, d'oie (1 ) , de pois-
microscope de la bile prise dans le canal hépa- son, de reptiles, de grenouilles, ne fournissent
tique, on aperçoit : 1º un liquide coloré en jaune guère que la combinaison taurique ; la bile de porc
verdâtre par une matière qui s'y trouve en disso- ne renferme, au contraire, que très-peu d'acide
lution ; 2º des granulations moléculaires grisâtres, sulfuré; elle est particulièrement riche en hyocho-
douées du mouvement brownien, dont le volume late de soude (Strecker et Gundelach) ; celle de
ne dépasse pas 0mm,001 ; 3° des amas ou pla- boeuf contient à peu près des proportions égales des
ques jaune verdâtre, formées par l'association de deux acides (tauro- et glycocholique). Quant à la
ces granulations , d'un diamètre de 0mm,002 à base à laquelle ces divers acides sont combinés,
0mm,009; 4 ° quelques rares gouttelettes sphériques c'est généralement la soude qui prédomine beau-
d'huile grasse ; 5° des cellules d'épithélium cylin- coup ou existe seule. Fait assez remarquable, dans
drique. les poissons et les reptiles de mer, la potasse l'em-
Composition chimique de la bile. - La compo- porte sur la soude, tandis qu'on observe l'inverse
sition de la bile a été étudiée par un grand nombre pour les poissons d'eau douce. Ce fait, annoncé par
de chimistes, mais ce sont surtout les travaux de Strecker, a été le point de départ d'un travail de
Demarçay et Strecker qui ont jeté la lumière sur M. Wetheril sur la bile des émydes. Il résulte de
cette question délicate ; nous ne mentionnerons ses expériences que les tortues d'eau douce ren-
ici que les résultats définitivement acquis à la ferment un peu plus de potasse que de soude ;
science [ Haller, Physiol ., t. VI, p. 570 ; The- celles d'eau salée contiennent proportions égales
nard, Mem. de la Soc. d'Arcueil, t. I, p. 46 et 27; de ces deux bases.
Berzelius, Ann. de Chim., t. LXXXVIII, p. 119; Outre ces sels spéciaux, nous avons encore à
- Tiedemann et Gmelin, Recherches sur la di-
gestion; Demarçay, Ann . de Chim. et de Phys., (1) D'après Heintz et Wisliscenus [ Ann. de Poggend.,
t. LXVII, p. 177; - Berzelius, Rapport sur les t. CVIII, p. 547), la bile d'oie renferme principalement
progrès de la Chim., 1843, p. 319 ; ---- Braconnot, du chénotaurocholate de soude.
BILE. 598 BILE.
mentionner comme produits entrant dans la com- phie aiguë, une substance rouge, cristallisable,
position de la bile : a, une base organique, la volatile à 40° avec fumées rouges , insoluble
choline C5H18 Az O, reconnue identique avec la dans l'eau et l'éther, soluble dans l'alcool et les
névrine (voyez ce mot) ; b, la lecithine, substance acides concentrés (érythrogène).
qui se dédouble par l'eau de baryte en acide phos- Plusieurs sels (sulfate de cuivre, iodure de po-
phoglycérique et acide gras ; c, l'acide sarcolac- tassium, cyanure jaune), l'essence de térében-
tique ; d, la cholestérine : elle se trouve en dis- thine et le sucre, injectés dans les veines, appa-
solution, ou en dépòts concrétionnés formant la raissent dans la bile.
majeure partie de la plupart des calculs biliaires ; Dans le tubercule compliqué de dégénérescence
f, des substances pigmentaires (brunes et vertes) ; graisseuse, la bile est plus concentrée qu'à l'état
g, des graisses neutres et des savons alcalins normal ; dans le tubercule simple, elle est souvent
(oléine, stéarine, margarine) ; h, enfin des sels et moins dense. Dans le typhus, elle est plus riche
des composés minéraux (chlorure de sodium, en matériaux solides ; il en est de même dans
phosphate de potasse, de soude, de chaux, de toutes les maladies où la circulation est ralentie
magnésie, oxyde de fer, silice) . et dans le choléra.
Ces divers produits se rencontrent dans la bile L'urée apparaît dans la bile après l'extirpation
en proportions très-variables, suivant la nature des reins, dans la maladie de Bright, le choléra et
de l'animal et les conditions physiologiques. Il la dégénérescence graisseuse des reins. Dans les
serait trop long de mentionner ici les nombreuses rétentions biliaires et les catarrhes chroniques
analyses faites à ce sujet ; nous nous contenterons de la vésicule, on trouve souvent des cristaux
de quelques nombres destinés à fixer les idées . d'hématoidine ; la leucine et la tyrosine y appa-
100 parties de bile ont fourni : raissent dans les cas de typhus.
Les calculs biliaires, si fréquents en Angleterre,
Parties solides . 10 à 18 % chez l'homme. dans le Hanovre et la Hongrie, mais, du reste,
10 à 13 le bœuf. communs à tous les pays, se rencontrent soit
10 à 11,8 le porc . dans la vésicule, soit dans les canaux qu'ils peu-
vent obstruer complétement. Leur forme est géné-
Les sels spéciaux (tauro- et glycocholate) for- ralement irrégulière et leur surface le plus sou-
ment de 55 à 61 % de ce résidu solide chez vent lisse ; dans ce cas, ils sont très-riches en
l'homme ; les graisses et la cholestérine y entrent cholestérine (90 %), et renferment des noyaux de
pour 26,5 à 30,5 ; les parties minérales pour mucus épithélial et d'une combinaison calcaire de
6,14 % chez l'homme et 12,5 % chez le bœuf. pigment. Souvent aussi , le pigment calcaire et la
100 parties de cendre de bile de bœuf contiennent cholestérine sont également répandus dans la
d'après Weidenbusch : masse. On a encore observé d'autres concrétions
où le sel de chaux est l'élément principal à côté
Sel marin... 27.70 de peu de cholestérine ; elles ont alors une surface
Phosphate de soude.. 1,600 mamelonnée et une couleur noirâtre.
de potasse. 7,50
de chaux 3,02 Les recherches de Valentiner ont démontré que
de magnésie .. 1,52 ces calculs renferment, outre les pigments unis à
Oxyde de fer. 1,52 la chaux, une ou plusieurs matières colorantes
Silice... 0,36 libres, solubles en jaune dans le chloroforme, et
se déposant par l'évaporation de ce liquide sous
La proportion de mucus est relativement faible forme de tables rhomboidales allongées, ou de
(0,15 à 1,5 %). prismes groupés en masses arrondies, d'une cou-
Quantité de bile sécrétée. En expérimen- leur rouge ou rouge brun, la plupart identifiables
tant sur différents animaux munis de fistules bi- avec l'hématoidine. Les calculs d'acide urique,
liaires, on est arrivé à des résultats qui varient de phosphate et d'oxalate de chaux sont très-
dans des limites assez étendues. Ainsi, pour le rares.
chien , on a trouvé , par kilogramme et en vingt- Recherche et analyse de la bile. - On peut
quatre heures, un minimum de 218,95, conte- être dans le cas de rechercher la présence de la
nant 05,728 de résidu solide , et un maximum de bile dans un liquide animal, tel que le sang. Le
53,66 avec 18 , 683 de résidu . La sécrétion bi- procédé le plus sensible est fondé sur la réaction
liaire est constante, mais elle augmente en quan- de Pettenkofer. Tous les acides caractéristiques
tité trois heures après le repas, pour atteindre sa de cette sécrétion et leurs dérivés les plus immé-
limite supérieure treize à quinze heures après la diats donnent avec le sucre et l'acide sulfurique
dernière prise de nourriture ; à partir de ce mo- une coloration rouge violacé ou pourpre, qui dis-
ment, en cas d'abstinence prolongée , elle diminue paraît après addition d'eau.
de plus en plus. La quantité d'aliments absorbés Il convient d'opérer sur l'extrait alcoolique sec
influe d'une manière positive sur la richesse de du produit à analyser. Celui-ci est dissous dans
la sécrétion. Une nourriture animale produit plus un peu d'eau et additionné de quelques gouttes
de bile, ou au moins plus de parties solides d'une solution de sucre ( 1 p. de sucre de canne, 4 p.
qu'une alimentation végétale. Une boisson abon- d'eau) , puis on y verse, en refroidissant et goutte
dante détermine non -seulement l'élimination de à goutte, de l'acide sulfurique concentré, jusqu'à
plus de liquide, mais encore d'une quantité abso- dissolution du trouble qui se forme d'abord ; le
lue plus grande de matériaux solides . liquide passe au jaune, puis à l'orangé, au car-
Altérations dans la composition de la bile. -- min, au pourpre et enfin au violet. Pour la réus-
Sous l'influence de divers états pathologiques, site, il convient de ne pas ajouter trop de sucre.
soit de l'organe sécréteur lui-même, soit du sang L'analyse quantitative de la bile peut se faire
qui y pénètre, on observe tantôt l'introduction de la manière suivante d'après Lehmann :
accidentelle de nouveaux principes dans la bile, La bile est additionnée de son volume d'alcool
étrangers au liquide normal ; tantôt une simple à 83° centésim . Le mucus et l'épithélium ainsi
variation dans les rapports des éléments constitu- précipités seuls sont filtrés, lavés à l'alcool , puis
tifs. Ainsi on a reconnu la présence de quantités à l'eau, séchés et pesés. Le liquide clair est éva-
notables d'albumine, surtout dans la dégénéres- poré au bain-marie, et le résidu, séché dans le
cence graisseuse, la maladie de Bright, et après vide à 100°, est refroidi et pesé à l'abri de l'hu-
injection d'eau dans le sang ( Lehmann, C. Ber- midité, car la masse est très-hygroscopique. Après
nard , Frerichs) . Bizio a trouvé dans la bile jaune la pesée, on l'épuise par l'éther qui dissout la
d'un ictérique et Lehmann, dans un cas d'atro- graisse et un peu de cholates ; ces derniers sont
BILE. 599 BILE.
éliminés, après évaporation de l'éther , par l'alcoo! la bile cristallisée de Platner dans un peu d'eau,
faible et réunis au reste. La partie insoluble dans ajouter de l'acide sulfurique jusqu'à production
l'éther est traitée par l'alcool absolu , et le liquide d'un trouble laiteux persistant. Au bout de quel-
obtenu, concentré fortement, est additionné d'é- ques heures tout le liquide se prend en masse de
ther ; les cholates se séparent, tandis que le li- fines aiguilles soyeuses que l'on recueille sur un
quide éthéré retient un peu de savon alcalin et de filtre ; on exprime, on lave à l'eau, on redissout
sel marin. Le dépôt de cholates peut être traité dans l'alcool et on abandonne à l'évaporation
par le chloroforme, afin d'enlever le plus possible spontanée ; l'acide glycocholique se sépare en lon-
de matière colorante, puis séché et pesé. Sur une gues et fines aiguilles incolores. Le produit ainsi
partie, on détermine les alcalis, soit par inciné- obtenu est encore mélangé d'une petite quantité
ration, soit en dissolvant dans l'alcool et en pré- d'acide paracholique , isomère de l'acide cholique
cipitant la soude et la potasse par l'acide sulfu- et qui ne s'en distingue que par son insolubilité
rique ; sur une autre partie, on dose le soufre de dans l'eau bouillante et la forme de ses cristaux
l'acide taurocholique par le procédé qui nous a qui ont l'apparence de paillettes nacrées ou de ta-
déjà servi pour la cystine. Ce procédé est très- bles hexagonales .
exact pour la détermination de l'acide taurocho- On sépare l'acide paracholique en reprenant
lique, vu que la bile ne contient pas de sulfates. les premiers cristaux par l'eau bouillante qui ne
Un gramme de soufre équivaut à 16,093 d'acide dissout que l'acide cholique ( Strecker, Mulder).
taurocholique. Le poids de l'acide glycocholique Les cristaux d'acide glycocholique sont incolores
s'obtient par différence. et se contractent beaucoup par la dessiccation à
Role de la bile. Le rôle de la bile n'est pas 100°. Il est très-peu soluble dans l'eau froide
encore établi d'une manière certaine ; tandis que (3,3 pour 1000 p. d'eau), plus soluble dans l'eau
les uns ne veulent y voir qu'une simple excrétion bouillante (8,3 pour 1000); il cristallise par le re-
destinée à faire sortir de l'organisme des résidus, froidissement.
devenus inutiles, d'autres lui font jouer un rôle L'éther n'en dissout que des traces . L'alcool
important dans l'acte digestif; la vérité est proba- fort le dissout facilement ; cette solution se trou-
blement des deux côtés. Bidder et Schmitt ont ble par l'eau et dépose des flocons et des gouttes
constaté qu'en excluant la bile de la digestion , on huileuses qui se convertissent peu à peu en
diminue dans une proportion notable l'absorption masses cristallines solides. L'ammoniaque, les
de la graisse. Ce fait est d'autant plus remarquable alcalis caustiques et les carbonates alcalins le
que la bile ne peut ni dissoudre ni saponifier les dissolvent facilement en produisant des sels dont
glycérides naturelles , et que son pouvoir émulsif les acides précipitent l'acide cholique. Saveur su-
est faible. Quant aux aliments azotés et hydro- crée un peu amère, réaction acide ; il décompose
carbonés, on n'a pu constater qu'une action né- les carbonates en chassant l'acide carbonique.
gative. P. S. L'acide glycocholique et ses sels dévient à droite
BILE (ACIDES DE LA). - – ACIDE GLYCOCHO- le plan de polarisation . Le pouvoir rotatoire spé-
LIQUE [Syn. Acide cholique] , C26 H43 Az O6. cifique de sa solution alcoolique pour la lumière
L'acide glycocholique se trouve principalement jaune, ligne D, est égal à 29,0 pour l'acide,
dans la bile des herbivores, tandis que la bile à 27,2 pour la lumière rouge et à 25,7 pour
d'homme et celle de la plupart des carnivores le sel de soude.
n'en contiennent que très-peu ou pas du tout. Il Pouvoir rotat. (a) Dm
se trouve combiné à la soude dans la bilede bœuf. moléculaire.
On en rencontre également des traces dans les (a) Dm 408
excréments des herbivores et dans l'urine hu- Acide glycocholique...... 134,85 33,0 (¹)
maine dans les cas d'ictère. Glycocholate de soude.... 125,16 31,5
Préparation. - La bile de bœuf est concentrée
à consistance sirupeuse (au quart de son volume Bouilli avec un excès de potasse caustique ou
primitif) ; le résidu est broyé avec un excès de de baryte hydratée, l'acide cholique se dédouble
noir animal et la masse est séchée à 100°; intro- avec fixation des éléments de l'eau, en sucre de
duite encore chaude dans un matras, on la laisse gélatine (glycocolle) et en acide cholalique, d'après
digérer avec de l'alcool absolu ; le liquide décanté, l'équation :
au bout de quelque temps et après une agitation
répétée, est filtré ; il passe incolore et clair. Ad- C26 H43 Az O6 + H2O = C²¹ H40 O3 + C² H³ AzO².
ditionné d'un excès d'éther, il fournit immédiate- Acide Acide Sucre
ment un précipité pulvérulent cristallin , si les cholique. cholalique. de gélatine.
véhicules employés ne renferment pas d'eau ;
dans le cas contraire, le dépôt provoqué par l'é- Si l'on a employé la baryte, on ajoute de l'acide
ther est résineux, mais il se change après quel- sulfurique qui précipite un mélange d'acide cho-
ques jours en une masse formée de belles aiguilles lalique et de sulfate de baryte. Le liquide filtré
soyeuses groupées en mamelons. C'est ce que est digéré avec de l'oxyde de plomb pour enlever
l'on nomme la bile cristallisée de Platner. La l'excès d'acide sulfurique et débarrassé du plomb
solution aqueuse de ces cristaux fournit par l'acé- dissous par l'hydrogène sulfuré ; en concentrant
tate neutre de plomb un précipité dense de glyco- on obtient des cristaux de sucre de gélatine.
cholate de plomb ; l'eau mère additionnée d'acé- Le même dédoublement s'effectue par l'ébulli-
tate basique donne un précipité emplastique de tion avec les acides sulfurique ou chlorhydrique
taurocholate de plomb (voir plus loin) . Le glyco- étendus. Par l'action prolongée de l'acide chlor-
cholate de plomb bien lavé est dissous dans hydrique bouillant, il se forme d'abord de l'acide
l'alcool chaud et décomposé par l'hydrogène sul- choloïdique C24 H38 O (?) , puis de la dyslysine
furé ; le liquide filtré , additionné d'eau , laisse C24 H36 O3, qui tous deux ne diffèrent de l'acide
déposer l'acide sous forme de cristaux. cholalique que par les éléments de l'eau en
Delffs prescrit d'employer 1 p. d'acétate de moins.
Une solution d'acide cholique dans l'acide sul-
plomb cristallisé et 5 p. de bile sèche purifiée, furique concentré et froid laisse déposer l'acide
afin d'éviter la consistance emplastique et de pré- inaltéré par l'addition d'eau; mais si l'on chauffe,
cipiter tout le glycocholate de plomb [Neues Jah-
resb. Pharm., t. VI, p. 65] . Le sel ainsi obtenu
est facile à filtrer, à laver et à décomposer par m
l'hydrogène sulfuré. (1) (a) D 408 pouvoir rotatoire obtenu en rame-
On peut aussi, avec plus d'avantage, dissoudre nant à l'atome complexe C24H4005 qui est seul actif.
BILE. 600 BILE .
il se sépare des gouttes oléagineuses qui se soli- entièrement. Le glycocholate de plomb est so-
difient peu à peu (acide cholonique), luble dans l'alcool et dans un excès d'acétate de
plomb.
C26 H41 Az O5 = C26 H43 Az O6 - H2O. Glycocholate d'argent. - Sel blanc gélatineux
Acide Acide obtenu par double décomposition . Dissous dans
cholonique. cholique. l'eau bouillante, il se sépare pendant le refroi-
dissement lent sous forme de fines aiguilles.
D'après Frerichs et Stædeler [ Muller's Arch., L'éther transforme aussi la masse gélatineuse
1856, p. 55] , le cholate de soude recouvert d'acide en aiguilles.
sulfurique concentré se transforme en une masse ACIDE CHOLONIQUE, C26 H41 Az O³. — Il ne dif-
résineuse incolore qui se dissout peu à peu à fère du précédent que par H2O en moins et se
froid avec une coloration jaune safran, à chaud forme par l'action des acides sulfurique ou chlor-
avec une couleur rouge feu ; l'eau précipite alors hydrique concentrés sur l'acide glycocholique. Le
des flocons incolores, verdâtres ou brunâtres sui- mélange, chauffé à une température convenable,
vant la température à laquelle la dissolution a se trouble et dépose des gouttes oléagineuses se
été faite. Ces produits ne sont ni l'acide chola- solidifiant par le refroidissement.
lique, ni l'acide cholonique. L'acide sulfurique On traite par la baryte, qui forme un sel inso-
moyennement étendu produit le même effet que luble facile à débarrasser par lavage des substan-
l'acide chlorhydrique concentré. L'acide modifié ces étrangères qui l'accompagnent. L'acide cho-
par l'acide sulfurique concentré absorbe rapide- lonique, mis en liberté par l'acide chlorhydrique,
ment l'oxygène de l'air et se change en une sub- est ensuite dissous dans l'alcool, au sein duquel il
stance rouge, puis bleue et au bout de quelques cristallise sous forme d'aiguilles brillantes."
jours brune. Les cholonates alcalins sont solubles, les cho-
GLYCOCHOLATES, C26 H42 M'Az O6.- Ils sont tous lonates alcalino-terreux sont insolubles. D'après
solubles dans l'alcool . Saveur sucrée et amère . Strecker, en prolongeant l'ébullition de l'acide
Additionnés d'un peu d'eau sucrée et de quelques glycocholique avec l'acide chlorhydrique, on pour-
gouttes d'acide sulfurique concentré, ils donnent, rait encore éliminer H2O de l'acide cholonique et
à une douce chaleur, une coloration violette ou former un produit de formule C26 H39 Az O¹.
pourpre qui disparaît par l'addition d'eau. ACIDE TAUROCHOLIQUE Ou CHOLÉIQUE,
Glycocholate d'ammoniaque. - S'obtient direc- C26 H45 Az OS.
tement en faisant arriver de l'ammoniaque sèche
dans une solution alcoolique d'acide. Le sel se - L'acide choléique diffère de l'acide cholique
dépose en aiguilles, surtout si l'on ajoute de l'é- en ce que la taurine remplace le sucre de gélatine
ther. Il perd beaucoup d'ammoniaque à l'air ou dans sa constitution . En effet, il se dédouble par
dans le vide et est très-soluble dans l'eau . l'ébullition avec les alcalis ou les acides étendus
Glycocholate de potassium. - Semblable au en acide cholalique et en un corps sulfuré, la
sel de soude. taurine.
Glycocholate de sodium . Il constitue en La taurine a été formée par synthèse : 1° en
grande partie la bile cristallisée de Platner. On chauffant à 200° l'iséthionate d'ammoniaque,
l'obtient pur en agitant une solution alcoolique
d'acide cholique avec du carbonate de soude ; on C2H9 Az OS - H2O = C2 H7Az O³S
évapore, on redissout dans l'alcool absolu et on Iséthionate Taurine.
d'ammonium.
ajoute de l'éther ; le précipité est amorphe. La
séparation sous forme de cristaux exige la pré- (Strecker).
sence d'un peu d'eau. On produit en quelques 2º Par l'action de l'ammoniaque sur l'acide
minutes de beaux groupes étoilés d'aiguilles en chloréthyl-sulfurique,
ajoutant assez d'éther pour produire un trou-
ble laiteux, puis en ajoutant assez d'eau pour C2H5 CISO3 + 2 Az HI³ = Cl . Az H + C² H7 Az O³S .
faire disparaître ce trouble [ Stædeler, Journ. für La taurine représente donc l'acide amidéthyl-
prakt. Chem ., t. LXXII , p . 257] . Il est très- sulfurique.
soluble dans l'eau, moins soluble dans l'alcool
absolu (39 p . pour 1000 à 15º). Ces solutions for- Voici l'équation de ce dédoublement :
ment, par l'évaporation spontanée, des croûtes C26 H45 Az OS + H2O
amorphes contre les parois de la capsule. Il fond == C2H7AzO3S + C24H40 05.
par la chaleur et brûle à l'air.
Glycocholate de baryum. - Il se sépare de ses L'acide choléique combiné à la soude se ren-
solutions sous forme d'une masse blanche et contre dans la bile de boeuf, en proportions un
amorphe, par l'évaporation . Pour le préparer on peu moindres que l'acide cholique. La bile de
sature l'acide glycocholique par la baryte et on chien ne contient que l'acide choléique et la bile
enlève l'excès de baryte par un courant d'acide humaine en est très-riche sans exclure tout à
carbonique. fait l'acide glycocholique. Il en est de même des
Glycocholate de strontium. - Sel soluble dans biles de renard , d'ours, de loup, de certains oi-
l'eau. seaux et des poissons d'eau douce.
Glycocholate de chaux. 1 Sel soluble dans La meilleure méthode, d'après Hoppe-Seyler,
l'eau. pour préparer l'acide choléique, consiste à em-
Glycocholate de magnésium. - Sel soluble ployer la bile de chien. On précipite par l'alcool
dans l'eau. en ajoutant du noir animal , on filtre et on lave à
Glycocholate de peroxyde de fer. ―- Flocons l'alcool . Le liquide est évaporé à sec et le résidu
jaunâtres, solubles dans l'alcool . est repris par un peu d'alcool absolu. On filtre et
Glycocholate de cuivre. Précipité blanc on agite le liquide filtré avec un excès d'éther, puis
bleuâtre. on abandonne au repos ; le précipité, d'abord
-
Glycocholate de plomb. Précipité floconneux amorphe, finit par devenir cristallin . Ces cristaux
blanc , obtenu par l'addition d'acétate neutre de égouttés sont dissous dans l'eau, le liquide est
plomb à une solution de cholate. précipité par l'acétate de plomb additionné d'am-
La précipitation n'est pas complète et cesse moniaque. Le précipité lavé est délayé dans l'al-
tout à fait en présence d'un excès d'acide acé- cool et décomposé complétement par l'hydrogène
tique. sulfuré; on filtre et on évapore à une haute tem-
Avec le sous-acétate la précipitation se fait pérature à consistance sirupeuse.
BILE. 601 BILE.
On peut aussi employer la bile de bœuf. trouble. Par le refroidissement l'acide cholalique
Après avoir précipité l'acide cholique par l'acé- se sépare en tétraèdres.
tate neutre de plomb, on ajoute au liquide filtré L'acide cholalique se présente sous forme
de l'acétate additionné d'ammoniaque. amorphe ou en cristaux.
Le dépôt dissous dans l'alcool est décomposé L'acide amorphe dissous dans l'éther se dépose
par un excès de soude carbonatée. On évapore à par l'évaporation en prismes à quatre pans avec
sec et on reprend par l'alcool absolu qui dissout deux faces pyramidales de chaque côté.
le choléate de soude. Le liquide est traité par l'é- La solution alcoolique chaude le fournit en
ther, qui précipite une masse d'abord emplasti- octaèdres tétragonaux ou plus souvent en tétraè-
que, mais se changeant en une masse de fines dres. Les premiers cristaux contiennent 1 molé-
aiguilles soyeuses . cule d'eau, les seconds 2 molécules et demie (?) .
L'acide taurocholique n'a pas encore été obtenu Les cristaux d'acide cholalique sont inaltérables
cristallisé. Il est facilement soluble dans l'alcool à l'air, incolores , insolubles dans l'eau , assez
et l'éther. Sa réaction est fortement acide. Il se solubles dans l'éther, très-difficilement solubles
décompose plus facilement que l'acide glycocho- dans l'alcool. L'acide amorphe a l'aspect cireux,
lique. Il suffit même d'évaporer sa solution est plastique ; il est un peu soluble dans l'eau,
aqueuse à sec pour produire une décomposition . assez soluble dans l'alcool , soluble en toutes
Le dédoublement en taurine et acide cholalique, proportions dans l'alcool. La solution de l'acide
formulé ci-dessus, s'effectue avec infiniment plus cholalique amorphe dans l'alcool absolu ne tarde
de facilité que la décomposition correspondante de pas à déposer des croûtes cristallines formées de
l'acide glycocholique . prismes microscopiques d'acide anhydre.
Ce dédoublement est également provoqué par L'acide cholalique est très-soluble dans les al-
les agents de putréfaction , pendant le chemine- calis caustiques, il chasse l'acide carbonique des
ment de la bile à travers le tube digestif. Il est carbonates alcalins. Il dévie à droite le plan de
probable qu'il se produit dans le sang et l'urine polarisation .
ictérique, car on n'y rencontre que des acides Pouvoir rotatoire spécifique pour la ligne D :
glycocholique et cholalique et pas d'acide tauro- 1º Acide anhydre cristallisé , + 50°;
cholique. 2º Acide à 2 molécules et demie d'eau, + 35°.
Les solutions dévient à droite le plan de pola- Le pouvoir rotatoire des sels alcalins varie avec
risation . la concentration , à moins que le dissolvant ne
Pouvoir rotatoire pour la ligne D du taurocho- soit de l'alcool, et il est toujours inférieur à celui
late de soude + 24°, 5 (en solution alcoolique) . de l'acide. Il est égal à + 31 °,4 pour la solution
En solution aqueuse la rotation est moindre et alcoolique du sel de soude.
égale à 21°, 5. L'ébullition avec les acides ou bien une tem-
Ce fait se remarque aussi pour l'acide glyco- pérature soutenue de 190° a 200° détermine l'éli-
cholique. mination de H2O et la formation de dyslysine
Les taurocholates alcalins sont très-solubles C24 H36 03.
dans l'eau et l'alcool , leur réaction est neutre ;
saveur sucrée avec arrière-goût amer ; ils ne pré- Demarçay, Theyer et Schlosser, et Strecker si-
cipitent pas par les sels de chaux, de baryte, de gnalent la production , dans les mêmes circon-
magnésie, ni par l'acétate neutre de plomb. L'a- stances, d'un acide particulier, l'acide choloidique ,
cétate basique fournit un dépôt emplastique, so- C2H38 O , qui se formerait particulièrement en
luble dans l'eau bouillante et se séparant par le faisant bouillir la bile étendue de 12 à 15 p . d'eau
refroidissement. Le nitrate d'argent ne les préci- avec un excès d'acide chlorhydrique, pendant 3
pite pas. Avec l'acide sulfurique et le sucre, ils à 4 heures. L'acide choloidique qui se sépare est
donnent la coloration violette ou pourpre des lavé à l'eau et dissous dans l'alcool. Le liquide
cholates. est évaporé à sec et le résidu épuisé par l'éther.
Le sel de soude peut s'obtenir cristallisé en 11 se présente sous forme d'une masse solide ,
suivant la marche indiquée ci-dessus ; il ressem- blanche, amorphe, insoluble dans l'eau bouillante,
ble beaucoup au glycocholate de soude. soluble dans l'alcool, fusible au-dessous de 100º.
Le sel de baryte est très-soluble dans l'eau. Selon Hoppe-Seyler, l'acide choloidique ne serait
D'après Gorup-Besanez, un mélange de tauro- qu'un mélange d'acide cholalique inaltéré, d'acide
et de glycocholate de soude (bile purifiée) se cholonique, de dyslysine et des acides biliaires
comporte avec l'ozone comme les savons alcalins glyco- et taurocholique non décomposés. En effet
[Ann. der Chem. u. Pharm ., t. CXXV, p. 207] . la masse résineuse, obtenue par l'ébullition de la
La masse principale reste inaltérée et une pe- bile cristallisée avec l'acide chlorhydrique étendu,
tite portion se brûle complétement en donnant donne avec la soude une solution qui, précipitée
de l'eau et de l'acide carbonique sans formation par le chlorure de baryum et après l'ébullition
de produits secondaires. du précipité avec l'eau , fournit une masse assez
ACIDE CHOLALIQUE, C24 H4005. - L'acide cho- considérable d'un sel de baryte amorphe. L'acide
lalique représente le principal produit du dédou- que l'on en sépare est de l'acide cholalique ; il ne
blement des acides glyco- et taurocholique. Il cristallise pas dans l'éther, mais dans l'alcool
n'existe pas dans la bile fraîche, mais il peut se [Journ. für prakt. Chem., t. LXXXIX , p. 83] .
former pendant la putréfaction ou dans le canal On obtient le mieux la dyslysine pure en chauf-
digestif, ainsi que dans le sang et l'urine aux de- fant l'acide cholalique au-dessus de 200°. La .
pens des acides biliaires. On le prépare en faisant masse fondue est traitée par la soude et le résidu
bouillir la bile purifiée pendant 12 à 24 heures est lavé à l'eau et à l'alcool . Elle se présente
avec de la potasse caustique ou mieux de l'hy- sous forme d'une poudre blanche ou jaunâtre, fu-
drate de baryte. Il convient de disposer l'appareil sible à 140°. Elle est insoluble dans l'eau et l'al-
de manière à faire refluer les vapeurs aqueuses cool , les acides acétique et chlorhydrique, un peu
dans le vase où s'opère la réaction. Le liquide est soluble dans l'éther bouillant, soluble dans l'a-
sursaturé par l'acide chlorhydrique et le préci- cide cholalique (solution alcoolique) et dans les
pité lavé est redissous dans la soude caustique cholalates. La dyslysine est plus soluble dans une
et reprécipité par l'acide. Enfin le dépôt lavé et solution cholalique concentrée que dans une so-
laissé en contact avec de l'éther se change en lution étendue.
une masse cristalline . Celle-ci , égouttée et expri- Elle se dissout par une ébullition d'une heure
mée, est dissoute dans l'alcool chaud. On ajoute avec une solution alcoolique de potasse en se con-
à la solution assez d'eau pour produire un léger . vertissant en cholalate ; en effet, après expulsion
BILE. 602 BILE.
de l'alcool , on obtient un sel cristallisé d'où l'a- C'est le principe le plus important de la bile
cide chlorhydrique sépare un acide cristallisable de porc, l'acide taurohyocholique ne s'y rencon-
en octaèdres ou en tétraèdres, trant qu'en très-petites proportions.
On extrait cet acide par le procédé suivant,
C24 H40052 1/2 H2O, imaginé par MM. Strecker et Gundelach, et légè-
qui a un pouvoir rotatoire égal à + 35º. rement modifié par Hoppe-Seyler. La bile de
La distillation sèche transforme l'acide chola- porc, décolorée par le charbon animal, est satu-
lique en huiles aromatiques douées d'odeurs as- rée de sulfate de soude cristallisé.
sez agréables . L'hyocholate de soude , devenu insoluble dans
Les cholalates sont solubles dans l'alcool . Sa- une liqueur chargée de sel, se dépose ; après l'a-
veur sucrée ou peu amère ; ils donnent avec l'a- voir lavé avec de l'eau chargée de sulfate de
cide sulfurique et le sucre la coloration caracté- soude, on le dissout dans l'eau et on précipite par
ristique des acides biliaires. l'acide chlorhydrique. Le dépôt est ensuite re-
Cholalate d'ammoniaque. ― Sel peu stable, qui dissous dans l'alcool et la solution est précipitée
perd facilement son ammoniaque à l'air ou par par l'eau. On répète cette dernière opération plu-
l'ébullition de sa solution aqueuse. Il se dépose sieurs fois.
en aiguilles lorsqu'on sature par l'ammoniaque L'acide hyocholique se présente sous forme
une solution alcoolique d'acide cholalique et que d'une masse résineuse amorphe, incolore, très-
l'on ajoute de l'éther. soluble dans l'alcool , peu soluble dans l'éther,
Cholalate de potassium , C2H39 O5 K. - Se insoluble dans l'eau ; saveur amère. Sa solution
prépare comme le sel ammoniacal et se dépose alcoolique rougit le tournesol.
également en aiguilles par l'évaporation de sa L'acide hyocholique se dissout aisément dans
solution alcoolique ; la solution aqueuse est pré- l'ammoniaque et les lessives alcalines caustiques
cipitée par la potasse concentrée. ou carbonatées ; les agents oxydants l'attaquent à
Cholalate de sodium. - Semblable au précé- chaud. Avec l'acide nitrique concentré il se forme
dent. de l'acide oxalique et de l'acide cholestérique,
Cholalate de baryum , ( C24 H39 (5) Ba . - Pour le ainsi que des acides volatils de la série des acides
préparer, on dissout l'acide cholalique dans l'eau gras.
de baryte ; l'excès de baryte est précipité par l'a- Par l'ébullition prolongée avec l'acide chlorhy-
cide carbonique, on filtre et on concentre. La li- drique on obtient, outre le sucre de gélatine, de
queur se couvre d'une pellicule mamelonnée à la l'hyodyslysine insoluble dans les alcalis :
surface et soyeuse à la partie inférieure. Il se dis- C27 H43 Az O5 C25 H38 O3 + C2H5 Az O².
sout dans 30 p. d'eau froide et 23 p. d'eau bouil-
lante. L'alcool le dissout plus facilement. L'acide hyoglycocholique ne dévie que faible-
Cholalate de calcium, (C2H39 (5) Ca. Se ment la lumière polarisée ; son pouvoir rotatoire
précipite en caillots épais cristallisant par l'éther. spécifique pour la raie D est égal à + 2º . Com-
Cholalate de cuivre. Précipité blanc bleua- biné aux alcalis, il est inactif.
tre. Hyocholate d'ammoniaque. - Sel très-soluble
Cholalate de manganèse.-- Précipité floconneux dans l'eau, peu soluble dans une liqueur conte-
semi-cristallin. nant un sel ammoniacal ; il se précipite sous
Cholalate de plomb . - Précipité blanc , peu so- forme d'aiguilles lorsqu'on ajoute du sel ammo-
luble dans l'eau , soluble dans l'alcool et l'acide niac en excès à une solution de bile de porc.
acétique, obtenu par l'action du sous-acétate de Par l'ébullition il perd de l'ammoniaque et de-
plomb sur le cholalate d'ammoniaque. vient acide.
Cholalate d'argent . - Précipité obtenu avec un Hyoglycocholate de potassium,
cholalate alcalin et le nitrate d'argent. Il est par-
tiellement soluble dans l'eau bouillante et se C27 H42 Az O5 K +H2O.
dépose à l'état cristallin par le refroidissement. - Pour le préparer, on dissout l'acide dans la
Soluble dans l'alcool. A 100° il noircit peu à peu. potasse caustique et on ajoute du sulfate de po-
Cholalates mercureux et mercurique. - Pré- tasse à chaud. Par le refroidissement, le sel se
cipités blancs, partiellement solubles à l'ébulli- précipite en flocons que l'on dissout dans l'alcool
tion. absolu ; enfin la solution est précipitée par l'éther.
Masse amorphe blanche, très-soluble.
ACIDES DE LA BILE DE PORC. Hyoglycocholate de sodium ,
La bile de porc contient, sous forme de sel de C27 H42 Az O5 Na + H2O.
soude, deux acides spéciaux qui n'ont encore été - Poudre blanche non hygroscopique ; saveur
rencontrés nulle part ailleurs. Ces deux acides se amère, persistante . Sa solution alcoolique se des-
dédoublent comme les acides biliaires ordinaires : sèche sous forme d'une masse transparente . Sur
l'un en sucre de gélatine et en un acide particu- une lame de platine il fond à la chaleur et brûle
lier, l'acide hyocholalique ; l'autre en taurine et avec flamme.
en acide hyocholalique. Hyoglycocholate de baryum,
Leur constitution est donc très-voisine de celle
des acides biliaires normaux : la scule différence (C27 H42 Az O5)2 Ba + H2O.
consiste dans la nature du composé uni au gly- Sel peu soluble dans l'eau, soluble dans l'al-
cocolle et à la taurine. cool.
L'ACIDE HYOGLYCOCHOLIQUE OU HYOCHOLIQUE , Hyoglycocholate de calcium. - Semblable au
C27 H43 Az O³, précédent.
Hyoglycocholate de plomb. 1 Précipité blanc
se décompose par l'ébullition avec les alcalis ou obtenu par double décomposition entre l'hyogly-
les acides, d'après l'équation cocholate de soude (bile de porc purifiée) et l'acé-
C27 H3 Az O5 + H2O = C² H³ Az O² + C25 H400¹. tate neutre ou basique de plomb.
Acide hyocholique . Sucre de Acide hyo- Hyoglycocholate d'argent. - Précipité gélati-
gélatine. cholalique. neux, peu soluble dans l'eau , assez soluble dans
l'alcool , devenant floconneux par l'ébullition .
Il représente, comme on le voit, l'homologue ACIDE TAUROHYOCHOLIQUE , C27 H43 Az SO6, ou hyo-
supérieur de l'acide cholonique ou l'homologue de choleique. Il se trouve en petites quantités dans
l'acide cholique moins H2O . la bile de porc, sous forme de sel de soude ; on
BILE. 603 BILE.

n'a pas encore pu l'isoler à l'état de pureté. Il se et en le précipitant par l'éther. Il répond à la for-
dédouble très-facilement en acide hyocholalique + mule (C27 H43O4) 2 Ba .
et en taurine par l'action des alcalis et des acides
[Strecker, Ann. der Chem. u. Pharm., t. LXII, ACIDE BILIAIRE DU GUANO.
p. 205].
ACIDE HYOCHOLALIQUE, C25 H40 O. - C'est le pro- D'après Hoppe-Seyler, on trouve dans le guano
duit du dédoublement des acides biliaires du porc. du Pérou un acide biliaire, en quantité assez abon-
Jusqu'à présent il n'a pas été rencontré en liberté dante.
dans l'organisme. Il est incolore, assez soluble A cet effet, on évapore l'extrait aqueux fait à
dans l'alcool et dans l'éther, insoluble dans l'eau. froid, de façon à déterminer la cristallisation de
Il cristallise difficilement en grains mamelonnés . l'oxalate d'ammoniaque. L'eau mère est traitée
Les sels alcalins sont précipités de leurs solutions par l'acide chlorhydrique , le précipité dissous
aqueuses par l'addition de sels ; il donne la réac- dans l'alcool est décoloré par du noir animal ou
tion de Pettenkofer. Bouilli avec l'acide chlorhy- évaporé après addition de carbonate de soude, et
drique, il perd de l'eau et se change en hyodys- l'on précipite par le chlorure de baryum. Le pré-
lysine, très-rapprochée de la dyslysine par ses cipité, lavé et séché, est traité par l'alcool absolu ;
caractères. le liquide filtré est débarrassé d'alcool par éva-
L'hyocholalate de baryum renferme poration ; on obtient ainsi un sel de baryte incris-
tallisable, d'où il est facile de retirer l'acide cor-
(C25 H39 O4)2 Ba. respondant. Ce dernier forme une masse amorphe,
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool (cette
ACIDES DE LA BILE D'OIE. solution est acide et inactive) , soluble dans l'am-
moniaque et les alcalis. Bouilli avec l'acide chlor-
ACIDE CHÉNOCHOLÉIQUE OU CHÉNOTAUROCHOLIQUE, hydrique concentré, il se convertit en produits
C29 H49 Az SO6 analogues à l'acide choloidique et à la dyslysine,
solubles dans l'acide sulfurique et donnant des
[ Marsson , Arch. d. Pharm. , ( 2 ) , t . LVIII , liquides verts, fluorescents. Ces produits, comme
p. 138 ; -- W. Heintz et J. Wislicenus, Ann. Pog- l'acide primitif, offrent la réaction de Pettenkofer.
gend., t. CVIII, p. 547]. - Acide biliaire, signalé Cet acide particulier du guano ne contient ni
pour la première fois par Marsson ; a été étudié soufre ni azote. Son sel de baryum a donné : car-
par Heintz et Wislicenus. Ces derniers procèdent bone, 70,9; hydrogène, 8,2 ; baryum, 12,7; azote
comme il suit à son extraction de la bile d'oie, où (traces, 0,5, tenant à une impureté).
il a été rencontré. Le mucus et la matière colo- La fiente de pigeon contient aussi un acide bi-
rante sont précipités par l'alcool absolu ; la solu- liaire.
tion alcoolique est mélangée avec de l'éther ; les Il est à noter que le guano ne contient pas de
sels spéciaux se déposent sous forme d'une masse matières colorantes biliaires, mais de la cholesté-
emplastique, tandis que les graisses restent en rine [ Hoppe-Seyler , Journ. für prakt. Chem.,
solution. Le sel, purifié par un lavage prolongé * t. LXXXIX, p. 83].
avec une solution de sulfate de soude, est séché
et dissous dans l'alcool absolu. Recherche et séparation des acides biliaires.-
Le liquide étant additionné d'éther aqueux Dans la plupart des cas, cette recherche et cette
fournit une masse cristalline déliquescente, com- séparation portent sur les acides glyco- et tauro-
posée de petites tables rhombiques et renfermant cholique et sur l'acide cholalique.
presque exclusivement du chénotaurocholate de On utilise généralement l'action de l'acétate de
soude ; on précipite la solution alcoolique par l'a- plomb. L'acétate neutre précipite les acides cho-
cétate tribasique de plomb. Le précipité lavé est lalique et glycocholique et n'entraîne qu'une pe-
divisé et décomposé par l'hydrogène sulfuré en tite fraction d'acide taurocholique, que l'on préci-
présence de l'alcool . Le liquide concentré donne pite dans le liquide filtré par l'acétate de plomb
une masse brunâtre. L'acide chénocholique est ammoniacal ; ce précipité est ensuite délayé dans
amorphe, facilement soluble dans l'eau et l'alcool. l'alcool, on ajoute du carbonate de soude, on éva-
Par une ébullition prolongée de 36 heures avec pore à sec et on reprend le résidu par l'alcool
l'hydrate de baryte, il se dédouble en taurine et absolu , qui dissout le taurocholate de soude.
acide chénocholalique, probablement d'après l'é- Pour reconnaître d'une manière plus nette l'acide
quation taurocholique, on le chauffe pendant 12 heures
au bain-marie dans un tube fermé, avec de l'hy-
C29 H49 Az SO6 + H2O = C27 H¹¹ O¹ + C² H˜ Az SO³. drate de baryte ; on neutralise l'excès de baryte
Acide chénocholéique. Acide chéno- Taurine. par l'acide carbonique, on évapore à sec et on re-
cholalique . prend par l'eau froide qui dissout la taurine. Le
Il donne la réaction de Pettenkofer. résidu repris par l'eau bouillante fournit du cho-
ACIDE CHÉNOCHOLALIQUE, C2H4O . - Le préci- lalate de baryum. Le moyen le plus simple de
pité grenu formé par l'ébullition de l'acide ché- reconnaître la taurine consiste dans la recherche
nocholéique avec la baryte est lavé et décom- du soufre.
posé par l'acide chlorhydrique ; il se sépare un Le plus souvent, il suffit de rechercher le soufre
acide jaunâtre, non cristallisable, que l'on purifie et de tenter la réaction de Pettenkofer pour s'assu-
par des traitements répétés à l'hydrate de baryte. rer si une substance soluble dans l'alcool contient
Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et de l'acide taurocholique ; il faut toutefois être
dans l'éther, d'où il se sépare à l'état amorphe. certain de l'absence préalable de sulfates.
On l'a obtenu une seule fois en petits cristaux Hoppe-Seyler utilise le pouvoir rotatoire des
indéterminés, par le repos d'une solution alcoo- produits biliaires comme contrôle de l'analyse
lique additionnée d'eau. d'un mélange de glyco- et de taurocholate [Journ.
Ce corps est acide ; il fournit avec le sucre et für prakt. Chem., t . LXXXIX, p. 281 ] . A cet effet,
l'acide sulfurique la réaction caractéristique de le mélange précipité par l'éther d'une solution
Pettenkofer. Insoluble à froid dans l'hydrate de alcoolique est dissous dans l'alcool ; on détermine
potasse concentré, il s'y combine à chaud et four- la rotation, puis on évapore un volume mesuré
nit un sel soluble dans l'eau et l'alcool. de la solution, à sec. Le résidu, séché à 120°,
Le sel de baryum s'obtient en précipitant le est pesé et traité à 100° par l'hydrate de potasse
chénocholalate de potasse par le chlorure de ba- concentré; on ajoute de l'éther et de l'acide chlor-
ryum ; on le purifie en le dissolvant dans l'alcool hydrique , on filtre pour séparer l'acide chola-
BILE.
-
lique, qu'on lave et qu'on dissout dans l'alcool. 604 BILE .
Cette solution, évaporée , donne un résidu que
l'on pèse après l'avoir séché à 120º. l'eau, très-peu soluble dans l'alcool et l'éther,
facilement soluble dans le chloroforme , le sulfure
Dans le liquide filtré , on dose le soufre sous
forme de sulfate de baryum . de carbone, la benzine, l'essence de térébenthine
100 p. de soufre == 1609,3 acide taurocholique. et les huiles grasses . La solution chloroformique
0 p. d'acide taurocholique = 79,2 d'acide cho- 1 li est jaune pur ou rouge orangé ; la solution alcoo-
lal10
ique ; que est jaune d'or . La bilirubine se dissout dans
100 p. d'acide cholalique - 113,9 d'acide gly- les liquides alcalins avec une couleur rouge orangé
cochol ique ; foncé ou jaune ; une couche de 15 millimètres
Soit à la rotation pour 0,1 ; m l'acide tauro- d'une solution au 1/100000 est encore jaune ; une
cholique déterminé au moyen du soufre, on a solution au 40/1000 colore encore la peau en
jaune. Les solutions alcalines se décomposent ra-
Acide glycocholique = 100a - m.25,3 pidement à la lumière et perdent la propriété de
précipiter par l'acide chlorhydrique. Une solution
Lorsque l'on veut rechercher la pré 27, 6. sence des or angé foncé dans la soude caustique donne, avec
acides biliaires ( glycocholique et cholalique) dans un excès d'alcalis , des flocons volumineux bruns
un extrait aqueux ou un liquide de l'économie de bilirubinate de soude .
animale, il convient de précipiter par l'acétate de Une solution chloroformique , agitée avec de
plomb ; le précipité lavé est évaporé avec du car- l'eau ammoniacale ou sodique, se décolore en cé-
bonate de soude . Le sel de soude est épuisé par dant la matière colorante à l'eau alcaline.
l'alcool, la solution est évaporée et le résidu est Si l'on mélange une solution ammoniacale avec
repris par l'eau ; l'extrait aqueux sert à la réaction du chlorure de calcium, il se précipite des flocons
de Pettenkofer . A 3 centimètres cubes de solution , rouille , devenant vert foncé métallique après
on ajoute 2/3 de volume d'acide sulfurique, puis dessiccation , et répondant à la formule
une goutte de solution sucrée à 10 % et on
chauffe vers 70° ; la réaction violette apparaît en- (C16H17 Az2O3) 2 Ca.
core avec 1/25 % d'acide biliaire . Elle est encore Cette combinaison, qui forme la majeure partie
plus sen mé
sible si l'on lange une goutte de uide liq des calculs biliaires humains, est insoluble dans
essayer avec une goutte d'acide sulfurique l'éther, l'alcool et le chloroforme. Les combinai-
étendu et une trace de sucre et si l'on évapore sons barytique et plombique obtenues par cette
une douce chaleur . On peut ainsi déceler 1/1000 voie se comportent de même ; la combinaison ar-
d'acide [ Newkomm , Ann. der Chem . u. Pharm., gentique forme des flocons violet pâle, non réduc-
t. CXVI , p. 30] . tibles à chaud. Avec l'acide azotique à 20 %, la
S'agit-il d'urine, on évapore à sirop , on traite bi lirubine se convertit en flocons résineux violet
par l'alcool, on filtre et on évapore de nouveau foncé et qui se dissolvent à chaud en jaune ; l'a-
et on reprend par l'alcool absolu , on évapore et cide azotique concentré forme à froid une solution
on reprend par l'eau pour précipiter par l'acétate rouge.
de plomb, etc. Une solution alcaline de bilirubine , additionnée
BILE (MATIÈRES COLORANTES P. DES.LA) . de son volume d'alcool, puis traitée par l'acide
Va
[ lentiner, Sc hmidt's Jahresb. der Ges. , med., nitrique fumant chargé de vapeurs nitreuses ,
t. CII, p. 151 ; - Brücke, Wien . Acad . Bericht. , passe au vert, puis successivement au bleu , au
t. XX XV , p. 13.] - Les ma ti ères co lo ra ntes de la violet, au rouge- rubis et enfin au jaune sale ; si
bile ont été particulièrement étudiées dans ces l'on n'agite pas, les couleurs se forment succes-
derniers temps par Stædeler ; ces travaux ont sivement par couches.
servi à éclaircir une question restée assez obs- Cette réaction est sensible au 80/1000 ; une solu-
cure jusqu'à lui [ Stædeler, Vierteljahr . d. nat. tion ammoniacale mêlée goutte à goutte avec de
Gesels. in Zürich , 1863 , t. VIII , et Ann. der l'acide azotique nitreux, puis neutralisée à peu
Chem . u. Pharm ., t. CXXXII , p . 323]. près par l'ammoniaque , donne un précipité vert,
On admet l'existence de quatre pigments dis- devenant peu à peu bleu ; ce précipité , lavé à
tincts : la bilirubine , la biliverdine, la bilifuscine feau , cède à l'alcool un pigment vert , tandis
et la biliprasine. qu'il reste une poudre bleu très-foncé.
Ces corpssuont été extraits des calculs biliaires ;
ép cc es si ve cal pu lv La solution chloroformique de bilirubine , addi-
on ui se me nt les culs ér isés tionnée de 1 à 2 gouttes d'acide nitrique nitreux,
par l'éther, l'eau chaude , le chloroforme et l'acide se colore peu à peu en rouge rubis, puis en bleu
chlorhydrique étendu. Le chloroforme bouillant foncé après addition de beaucoup d'alcool , ou
enlève alors au résidu vert brun un principe brun , aussi en vert et en rouge .
la bilifuscine et une certaine quantité de biliru- L'acide sulfurique concentré dissout la biliru-
bine, tandis que le résidu cède à l'alcool la matière bine en brun , passant au vert violeté.
verte ( bi li tr
prasine ). Après ce aitement à l'alcool, L'eau précipite des flocons vert foncé, solubles
le chloroforme dissout le reste de la bilirubine . en violet dans l'alcool . L'acide chlorhydrique
Pour séparer la bilifuscine de la bilirubine , on forme des corps humiques , bruns . L'amalgame de
chasse le chloroforme ; le résidu est repris par l'al- sodium fait passer au jaune clair la teinte de la
cool bouillant, qui dissout la bilifuscine et d'au- solution alcaline de bilirubine.
tres principes et laisse de la bilirubine pure Le On considère généralement la bilirubine com me
résidu de tous ces traitements est de nature .hu- identique avec les cristaux d'hématoidine formés
mique ( bi li numire ). dans les extravasations sanguines.
Bilirubine , C16 H18 Az203. Biliverdine. -
peut-être l'ancienne cholépyrrhin Elle e etreplarésbil La soluti it de bil'a
lirubinecodans
enti-e un excès de soud e , étant agon ée à ir, se lore
phéine . Elle se trouve en masse dominante dans en ve rt et précipite par l'acide chlorhydrique une
les calculs biliaires de l'homme et s'obtient pure substance insoluble dans l'éther et le chloroforme,
par des solutions répétées dans le chloroforme : mais soluble en très- beau vert dans l'alcool.
évaporation du dissolvant, lavage du résidu à L'acide nitrique colore la solution verte, d'abord
l'éther et à l'alcool, redissolution dans le chlo- en bleu, puis en violet rouge et en jaune sale .
roforme et précipitation de la solution concentrée Une solution de bilirubine dans la soude étant
par l'alcool. bouillie à l'abri de l'air donne aussi , par l'acide
C'est une poudre amorphe, rouge orangé , ou chlorhydrique, un précipité de biliverdine, dont
une poudre cri sta fo
lline rouge ncé, in so lu da
ble ns la composition est exprimée par la formule
C16 H20 Az2 05.
BILE. - 605 - BISMUTH .
On a d'après cela : donne un liquide vert foncé qui cède à l'eau de
C16 H18 Az2 03 + H20 + 0 = C16 H20 Az2O5, l'acétate d'ammoniaque, tandis que le chloro-
forme évaporé laisse un résidu vert foncé de bili-
2 (C16 H18 Az2O3 + 2 H2O verdine.
= C16 H20 Az2O5 + C16 H20 Az2 03. L'acide chlorhydrique ou l'acide tartrique opè-
La solution alcaline verte devient pea peu brun rent aussi le dédoublement.
foncé ; elle donne alors, par l'acide chlorhydrique, D'un autre côté, une solution chloroformique
un précipité dont la solution alcoolique est verte, de biliverdine, saturée d'ammoniaque, chauffée à
et qui redevient brune par les alcalis et qui four- 120°, laisse après évaporation un résidu jaune
nit, par l'acide azotique, le jeu de couleurs de la brun de cholépyrrhine .
biliprasine (celle-ci ne diffère de la biliverdine La bile de bœuf fraiche est verte et produit
que par H2O). dans le spectre une raie d'absorption , située entre
La biliverdine ne se rencontre pas dans les cal- D et E, plus près de D que de E. Après un cer-
culs biliaires ; on en a trouvé sur les bords du tain temps, elle devient dichroique ( verte en cou-
placenta du chien. ches minces, rouge en couches épaisses), et elle
On l'obtient en feuillets rhombiques par l'éva- fournit les raies d'absorption , près de C et de D,
poration de sa solution dans l'acide acétique gla- entre D et E, très-près de E. On n'a pas encore
cial. L'acide sulfureux fait passer au jaune sa so- pu isoler le principe qui fournit ces réactions.
lution alcaline . Recherche des pigments biliaires . On verse
Bilifuscine, C16 H20 Az2O4 . - La solution chlo- au fond d'un tube d'essai de l'acide nitrique con-
roformique des calculs étant évaporée à sec, le centré, chargé de vapeurs nitreuses, et l'on fait
résidu cède à l'alcool de la bilifuscine; on chasse arriver à la surface, avec précaution , le liquide à
l'alcool ; on reprend par l'éther et le chloroforme ; essayer; on abandonne le tube au repos sans re-
la partie insoluble est dissoute dans l'alcool, enfin muer et l'on observe si à la zone de séparation il
le liquide évaporé laisse la bilifuscine sous forme se produit des anneaux colorés qui se succèdent
d'une poudre brillante, brun foncé, presque noire . de haut en bas dans l'ordre suivant : vert-bleu,
La bilifuscine est insoluble dans l'eau, l'éther, le violet, rouge, jaune.
chloroforme, soluble dans l'alcool et les alcalis On recherche la bilirubine dans un liquide en
étendus, en brun foncé ; l'acide chlorhydrique la l'agitant avec du chloroforme et évaporant le li-
précipite en flocons bruns. quide chloroformique qui se réunit à la partie in-
La solution ammoniacale donne avec le chlo- férieure. P. S.
rure de calcium un précipité brun ; elle se décom- BINNITE (Min .). [ Syn . Dufrénoysite (Sarto-
pose à l'air dans les solutions alcalines. rius de Waltershausen et Heusser). La dufré-
Biliprasine, C16 H22 Az2 O6.- La solution alcoo- noysite de Damour a été appelée binnite par
lique de la biliprasine, obtenue comme il a été Heusser et Naumann .]
dit plus haut, est évaporée ; le résidu pulvérisé Tennantite en petits cristaux très-brillants , cu-
est traité par l'éther et le chloroforme et le résidu biques passant à l'icositétraèdre a² , et accompa-
est dissous dans l'alcool. Le liquide vert foncé gnant dans la dolomie de Binnen la dufrénoysite,
donne à l'évaporation la biliprasine en masse le réalgar, etc.
cassante, brillante, presque noire (noir verdâtre BIOTINE ( Min. ) . - Variété d'anorthite du
en poudre). Elle est insoluble dans l'eau, l'éther, Vésuve.
le chloroforme, soluble en vert dans l'alcool ; BIOTITE ( Min . ) . - Mica à axes optiques rap-
cette solution se distingue de celle de la biliver- prochés. Voyez MICA.
dine parce qu'elle devient brune par l'ammo- BISMUTH , Bi = 210. - - La première mention
niaque, et de la bilifuscine en ce que la couleur du bismuth comme métal particulier se trouve
brune repasse au vert par les acides . Avec l'acide dans un traité d'Agricola , datant du commence-
azotique on observe une très-belle succession de ment du XVIe siècle (1529) ; il fut regardé par
couleurs, parmi lesquelles manque le bleu. quelques auteurs comme un argent imparfait ;
La biliprasine est soluble dans les alcalis caus- d'autres le considéraient comme une espèce de
tiques, peu solubie dans les carbonates alcalins. plomb. En 1739 , Pott fit connaître les principales
Les solutions étendues ont la couleur des urines réactions du bismuth , dont les caractères avaient
ictériques brunes et passent au vert par les acides. déjà été décrits par Beccher. Les chimistes qui
Bilihumine. - La bilihumine forme la partie apportèrent leur contingent dans l'histoire du
des calculs insolubles dans l'éther, l'eau, les bismuth, dans le milieu du siècle dernier, furent
acides étendus, le chloroforme et l'alcool ; c'est le Neumann , Hellot , Dufay et particulièrement
produit ultime de la décomposition des pigments Geoffroy le jeune, en 1753, qui présenta plusieurs
biliaires, en solution alcaline, à l'air. Outre ces mémoires à l'Académie des sciences . John Davy
pigments, il semble en exister encore d'autres [Philos. transact . , 1812, p. 169] et Lagerhjelm
moins bien définis ; tels sont le pigment vert, [Ann. of. Philos., t . I, p. 357 ] firent connaître les
soluble dans l'éther, retiré par Scherer de l'urine combinaisons de ce métal avec l'oxygène, le sou-
ictérique ; un principe vert, peu soluble dans l'é- fre, le chlore ; combinaisons dont quelques-unes
ther et plus azoté que les précédents, trouvé par furent étudiées plus tard par Jacquelain [Ann.
Stædeler dans un calcul . de Chim. et de Phys. , t. LXVI, p. 113; - Stro-
R. Maly a démontré que le pigment jaune rou- meyer, Poggend. Ann. t. XXVI, p. 549] . Récem-
geâtre, retiré par Brücke de la bile humaine, au ment les travaux les plus approfondis sont dus à
moyen du chloroforme ( biliphéine ) , se comporte R. Schneider (bromures, sulfures, iodures, etc. ),
comme une amide de la biliverdine. La potasse à Nicklès et à un grand nombre d'autres savants .
aqueuse ou alcoolique en dégage de l'ammoniaque Matteucci a soumis le bismuth cristallisé à des
déjà à froid ; le liquide devient rouge, puis jaune recherches physiques très-remarquables.
et enfin vert [ Wien. Acad. Bericht., t. XLIX Le bismuth se rencontre généralement à l'état
(2e livr.), p . 498 , et Ann. der Chem. u. Pharm., natif et cristallisé dans une gangue quartzeuse,
t. CXXXII, p. 127] . accompagnant les dépôts d'arséniures de cobalt,
La baryte et la chaux hydratées ne dégagent de dans les gites argentifères de la Saxe et de la Bo-
l'ammoniaque que sous l'influence de la chaleur, hême; on l'a trouvé en masses lamelleuses , allié
avec précipitation d'un composé barytique vert. à 0,042 % de tellure, sur le sommet de Sorato en
Une solution de cholépyrrhine dans le chloro- Bolivie. On le rencontre quelquefois aussi à l'état
forme, chauffée 8 à 12 heures à 100° en vase clos, d'oxyde, de carbonate, de sulfure, de tellurure,
avec 1/2 volume d'acide acétique cristallisable , d'oxysulfure, etc.
BISMUTH. - 606 BISMUTH.
Le bismuth est un métal dur et cassant, blanc, pour ne recommencer que lorsque le contact du
brillant, avec un reflet rougeâtre ; il a une struc- platine cesse ; cependant, pendant cette passivité,
ture lamelleuse et offre une grande tendance à le bismuth se recouvre d'une couche brune d'o-
cristalliser. Sa densité est égale à 9,8 et, lorsqu'on xyde bismutheux.
le soumet à la compression , elle diminue gra- Le bismuth est utilisé dans les arts pour la pré-
duellement au lieu d'augmenter, et devient 9,75. paration des alliages fusibles. Il s'en fait en outre
Il fond à 247° (264°, Rudberg) et se dilate beau- une consommation notable en médecine, à l'état
coup au moment de sa solidification. Soumis à de sous-nitrate. On a proposé le bismuth pour
une haute température, il peut être distillé dans les essais d'argent par coupellation, à la place du
un courant d'hydrogène. Despretz l'a volatilisé plomb.
sous l'influence d'un courant de 600 éléments Atomicité. Le bismuth , par son atómicité, se
Bunsen. range à côté de l'antimoine dans la famille du
La conductibilité calorifique du bismuth est phosphore ; c'est le terme le plus extrême de cette
égale à 61 , celle de l'argent étant 1000 (Calvert série, mais il manifeste encore cette propriété
et Johnson) ; sa conductibilité électrique est 1,19 fondamentale d'être triatomique ou pentatomique,
à 14° (Matthiessen) , 1,8 ( Wiedemann et Franz) ; quoique, à vrai dire, les composés de ce dernier
celle de l'argent étant 100 à 0° , sa chaleur spé- ordre se bornent, jusqu'à présent, à un acide très-
cifique est 0,3084 (Regnault) ; ces conductibili- instable. On ne connaît pas, comme pour les autres
tés sont variables suivant la direction du clivage corps de cette famille, de composé hydrogéné.
(Matteucci) ; le bismuth est fortement diamagné- ALLIAGES DE BISMUTH. — Le bismuth s'allie
tique ( Faraday ). Son coefficient de dilatation très-facilement aux autres métaux et leur com-
est 0,001341 (Calvert et Johnson). munique une grande fusibilité ; c'est lui qui com-
Le spectre de l'étincelle électrique éclatant en- munique aux alliages fusibles leur principale
tre des pôles de bismuth présente une multitude propriété.
de raies brillantes dans le vert, une raie fine et Bismuthure de potassium. Cet alliage se
une raie plus forte dans le rouge, et une raie fai- prépare, comme l'antimoniure de potassium, en
ble dans l'orangé [ Masson , Ann. de Chim . et de calcinant du bismuth avec de la crème de tartre
Phys. , (3), t. XXXI , p. 303]. (Vauquelin). On calcine dans un creuset 20 p.
Le bismuth cristallise avec une grande facilité de bismuth pulvérisé et 16 p . de tartrate acide
et se présente alors en trémies formées de rhom- de potassium ; on porte le creuset au rouge blanc
boèdres se rapprochant beaucoup du cube (G. Rose); et, après le refroidissement, on y trouve un culot
la surface de ces cristaux est fortement irisée par métallique, d'un blanc d'argent, à cassure lamel-
suite de la formation d'une pellicule d'oxyde. leuse. Čet alliage fond facilement et reste long-
Pour l'obtenir cristallisé , on le fond et on le laisse temps pâteux ; il est cassant et pulvérisable ; l'eau
refroidir lentement et, lorsque la surface a com- le décompose facilement (Breed).
mencé à se figer, on la perce et on décante la Bismuthure de sodium. - Se prépare comme
portion restée liquide. Pour que la cristallisation le précédent. Un alliage renfermant environ vo-
soit régulière, il faut que le bismuth soit très- lumes égaux des deux métaux se dilate fortement
pur, surtout exempt d'arsenic. On peut l'obtenir au moment de sa solidification (Marx).
dans cet état en maintenant pendant quelque Alliage de bismuth avec l'argent, l'or, le pla-
temps le bismuth en fusion avec une petite quan- tine, le palladium, le rhodium . - Ces alliages
tité d'azotate de potasse qui oxyde l'arsenic et le sont cassants.
soufre. On y arrive encore en fondant, pendant Bismuth et tungstène. Masse poreuse, cas-
une heure environ, le bismuth avec 3 à 5 % de sante, d'un aspect semi-métallique et d'une cou-
zinc, et en mettant du charbon à la surface du leur brunâtre.
métal fondu, pour empêcher le zinc de s'oxyder ; Bismuth et antimoine. -- Cet alliage possède
le zinc s'empare de l'arsenic, et en reprenant le la propriété, comme le bismuth lui-même, de se
métal par de l'acide chlorhydrique, la portion dilater par la solidification.
insoluble ne renferme plus ni zinc ni arsenic (C. Bismuth et mercure . - Le bismuth forme avec
Saint-Pierre). le mercure un amalgame liquide ; si l'on emploie
Par son exposition à l'air, le bismuth se ternit poids égaux des deux métaux, à chaud, on ob-
rapidement, mais cette oxydation reste toute su- tient, par le refroidissement, des cristaux octaẻ-
perficielle ; il n'agit pas sur l'eau à la tempéra- driques qui sont, soit un amalgame cristallisé,
ture ordinaire, mais, si l'eau est aérée, il s'y oxyde soit du bismuth libre.
comme à l'air, et, dans le cas de la présence d'a- Bismuth et cuivre. - Alliage rouge pâle, cas-
cide carbonique, il s'en sépare des paillettes de sant.
sous-carbonate. L'ozone oxyde lentement le bis- Bismuth, plomb et étain (alliages fusibles).
muth en le transformant en acide bismuthique La propriété caractéristique de ces alliages, c'est-
(Schoenbein). à-dire leur fusibilité, était déjà connue de New-
Au rouge, la surface du bismuth se recouvre ton, et on connaît sous le nom d'alliage de New-
rapidement à l'air d'une pellicule verte ou jaune ton un alliage fusible à 940,5 et formé de 8 p.
d'or s'il est pur, rouge, violette ou bleue s'il est de bismuth, 5 p. de plomb et 3 p . d'étain.
impur (Quesneville) ; en enlevant cette pellicule, L'alliage de Darcet, fusible à 93°, est formé de
l'oxydation continue et tout le bismuth se con- 2 p. de bismuth, 1 p. de plomb et 1 p. d'étain.
vertit en oxyde. Au rouge blanc, il décompose len- L'alliage de 5 p. de bismuth , 2 p. d'étain et 3 p.
tement l'eau. de plomb fond à 91 °,6.
Le bismuth s'unit directement au chlore, au L'alliage fusible de Rose renfermant 420 p. de
brome et à l'iode. L'acide chlorhydrique et l'acide bismuth, 236 p. de plomb et 207 p. d'étain , c'est-
sulfurique, à froid, ne l'attaquent que très-peu ; à-dire Bi2, Sn2 Pb, est fusible au-dessous de 100° et
à chaud, l'acide sulfurique le dissout avec pro- prend, longtemps avant cette température, l'état
duction d'acide sulfureux. L'acide azotique l'atta- pâteux. Cet alliage se dilate régulièrement de 0° 3
que très-vivement, ainsi que l'eau régale. Chauffé 35°, puis il se contracte jusqu'à 55° pour se dila-
avec du salpêtre ou du chlorate de potassium, le ter alors de nouveau brusquement jusqu'à 80°,
bismuth est attaqué avec vivacité. température à partir de laquelle sa dilatation de-
D'après Andrews, le bismuth en contact avec vient régulière.
de l'acide azotique de 1,4 de densité l'attaque La présence du cadmium augmente encore la
très-vivement ; mais si on le touche avec une fusibilité de ces alliages. Ainsi un alliage de 1 à
lame de platine, il devient passif, l'attaque cesse 2 p. de cadmium, 2 p. d'étain, 2 p. de plomb et
BISMUTH . - 607 - BISMUTH .
7 à 8 p. de bismuth, fond entre 66° et 71 ° ; c'est appareil distillatoire, il se forme trois produits
l'alliage de Wood [ Repert. de Chim . appliquée, différents ; l'un d'eux, très-volatil, passe dans le
t. II, p. 313] . L'alliage de 8 p. de plomb, 15 p. de récipient, tandis qu'il reste dans la cornue deux
bismuth, 4 p. d'étain et 3 p. de cadmium est d'un combinaisons : l'une rouge, fusible et cristallisa-
blanc d'argent, d'une densité --- 9,4, se ramollit ble, a pour composition Az H³, 2 Bi Cl³ ; elle est
de 55° à 60 et est en pleine fusion peu au-dessus assez stable ; l'autre combinaison , restée dans le
de 60° [Lipowitz, Dingl . polyt . J. , t. CVIII, p. 376]. récipient, est d'un vert sale, difficile à purifier, et
Dans tous ces alliages on peut diminuer la fu- sa combinaison a surtout été établie par son dé-
sibilité en faisant varier la proportion des mé- rivé chlorhydrique ; elle renferme 2Az H³ , Bi Cl³.
taux ; on les emploie quelquefois en plaques ser- Quant au produit volatil, il est blanc et a pour
vant de soupape de sûreté aux chaudières à vapeur. composition 3 Az H³, Bi Cl³ ( Dehérain, Compt.
CHLORURES DE BISMUTH . TRICHLORURE , rend. , t. LIV, p. 724] .
Ces dérivés ammoniés se combinent à l'acide
Bi" C13316,5.
chlorhydrique pour former divers chlorures deu-
Densité de vapeur par rapport à l'hydrogène, bles de bismuth et d'ammonium .
158,25 - 2 vol. de vapeur. ( Densité par rapport Le premier donne le chlorure Az HCl , 2 Bi Cl³
à l'air, 10,96.) qui forme des aiguilles déliquescentes ;
Le chlore se combine directement au bismuth ; Le second, le chlorure 2Az HCl , Bi Cl³ qui
si l'on opère avec lenteur, on obtient un chlorure forme des lames hexagonales blanches, légère-
Bi Cl2 ou Bi Cl ; mais avec un excès de chlore ment jaunâtres, et qui avait déjà été obtenu par
on obtient le trichlorure Bi Cl³ qui distille . On Jacquelain ; ce sel double est isomorphe avec la
peut aussi distiller la solution acide de chlorure combinaison antimoniée correspondante. D'après
de bismuth, comme on le fait pour la préparation Rammelsberg, qui a fait l'étude cristallographique
du trichlorure d'antimoine. Enfin il se forme de ce sel, il renferme 2 1/2 H2O.
encore par l'action du bismuth métallique sur le Enfin le composé volatil donne naissance au
bichlorure de mercure chlorure 3 Az HCl, Bi Cl³ cristallisé en lames
rhomboidales (Arppe, Dehérain ) .
3 HgCl2 + Bi = 3 Hg Cl + Bi Cl³. Tous ces sels doubles peuvent être préparés en
Le chlorure de bismuth est une masse blanche, soumettant à l'évaporation des solutions acides de
grenue, opaque ; il est très-fusible, volatil, déli- chlorure de bismuth renfermant du sel ammoniac
quescent, soluble dans l'acide chlorhydrique ou en proportions convenables. Dans la préparation
dans une très-petite quantité d'eau en donnant du dernier de ces composés, les eaux mères four-
une liqueur sirupeuse ; une plus grande quantité nissent un autre sel qui renferme des cristaux
d'eau le décompose en oxychlorure rhomboédriques ( avec les angles 113° 32′ et
102 22') ayant pour composition
BiOCl (soit Bi2O3 , Bi Cl³)
5 Az HCl , 2 Bi Cl³
correspondant à celui d'antimoine Sb O, Cl ; ce
composé est blanc, tout à fait insoluble dans (Rammelsberg).
Enfin Dehérain a obtenu un chlorure double
l'eaupure ; lorsqu'on le chauffe, il jaunit momen-
tanément au rouge , il fond sans décomposition; renfermant à la fois du potassium et de l'ammo-
mais, calciné au contact de l'air, il perd du chlore nium, 2 AzHCl, KCl , Bi Cl³ cristallisé en lames
et gagne de l'oxygène, sans toutefois donner de rhomboidales.
Chlorosulfure de bismuth, BISCI. On ob-
composé bien défini. La potasse étendue ne l'at- tient ce chlorosulfure en fondant, à l'abri de
taque pas ; l'acide azotique le dissout ; mais , par l'air, du chlorure double de bismuth et d'ammo-
l'évaporation de cette solution , il se retrouve sans
altération . nium avec 1/8 de soufre ; après le refroidissement,
Lorsqu'on évapore la solution chlorhydrique de on reprend la masse par de l'acide chlorhydrique
chlorure de bismuth, il reste de fines aiguilles étendu qui laisse le chlorosulfure.
blanches qui sont une combinaison d'acide chlor- On l'obtient aussi en chauffant à 300° le même
chlorure de bismuth ammoniacal dans un courant
hydrique et de chlorure de bismuth, probable- d'hydrogène sulfuré ou en ajoutant du sulfure de
ment Bi C13, 2H Cl ; on connaît de même des chlo-
rures doubles de bismuth et des métaux alcalins bismuth à du chlorure de bismuth fondu , et re-
[Jacquelain , Ann. de Chim . et de Phys., (2), prenant par l'acide chlorhydrique étendu .
t. LXII, p. 363, 382) . Le chlorure double de bis- Le chlorosulfure de bismuth se présente en ai-
muth et de potassium guilles cristallines blanches, insolubles dans l'eau
et dans l'acide chlorhydrique étendu (R. Schnei-
B: C13, 2K CI + 2 1/2 H2O ( probablement 3 H2O) der. - Voyez Jahresb. , 1851).
Chloroséléniure de bismuth, Bi Se Cl. S'ob-
et le chlorure de bismuth et de sodium tient comme le chlorosulfure. En ajoutant du sé-
léniure de bismuth à du chlorure double de bis-
Bi Cl³ , 2 Na Cl + 3H2O,
muth et d'ammonium en fusion, il s'y dissout en
⚫ qui peut aussi cristalliser avec une seule molécule le colorant en rouge brun et, par le refroidisse-
d'eau (Jacquelain) , s'obtiennent en laissant éva- ment , le chloroséléniure cristallise en petits
porer une solution chlorhydrique de chlorure de cristaux brillants, d'un gris d'acier, qu'on débar-
bismuth additionnée d'une quantité convenable rasse de l'excès de chlorure de bismuth par un
de chlorure alcalin . lavage à l'acide chlorhydrique faible, dans lequel
Ils sont décomposables par l'eau. Le sel potas- le chloroséléniure est insoluble ainsi que dans
sique forme des cristaux volumineux appartenant l'eau. L'acide azotique l'attaque en mettant du
au système rhomboidal qui ont été déterminés séléniure de bismuth en liberté (R. Schneider).
par Rammelsberg [Poggend. Ann. , t. CVI, p. 145] . Bichlorure de BISMUTH, BiCl2 où Bi2Cl . — On
On connaît plusieurs chlorures doubles de bis- obtient ce chlorure en dirigeant un courant lent
muth et d'ammonium qu'on obtient comme les de chlore sur du bismuth chauffé à son point de
précédents, ou par l'action de l'acide chlorhydri- fusion . Il se forme aussi par l'action de divers
que sur les combinaisons ammoniées du chlo- corps sur le trichlorure de bismuth, comme le bis-
rure de bismuth (Dehérain) , composés dont nous muth lui-même, le phosphore, le zinc, l'étain , le
allons d'abord parler. mercure, les matières organiques. Schneider l'a
Lorsqu'on fait passer un courant de gaz ammo- préparé par l'action du bismuth sur le chlorure
niaque sur du chlorure de bismuth, dans un mercureux à la température de 400°. C'est une
BISMUTH . 608 BISMUTH .

masse cristalline noire, peu volatile. Un excès de distillation , il se produit ainsi une masse lamel-
chlore le transforme en trichlorure. Ce composé , leuse, d'un noir brillant et d'un aspect métallique
étant chauffé au contact de l'air, donne du bismuth (R. Weber) ; 2º en distillant le précipité brun
métallique, du trichlorure de bismuth qui se vo- qu'on obtient en ajoutant de l'iodure de potassium
latilise et, en outre, une masse cristalline blanche, à une solution étendue d'azotate de bismuth ; 3° en
douce au toucher, qui est un oxychlorure Bi C1203 faisant passer des vapeurs d'iode sur du bismuth
et qui représente une double molécule du chlorure pulvérisé, mélangé de sable et placé dans un tube
Bi2Cl dans laquelle 6 atomes de chlore sont rem- chauffé (Nicklès) ; 4° en chauffant un mélange in-
placés par 3 atomes d'oxygène [ R. Schneider, time de 1 molécule de trisulfure de bismuth (32 p. )
R. Weber, Pogg . Ann ., t. CVII, p . 596 ; - Dehé- avec 6 atomes d'iode (47 p. 5) ; le mélange fond
rain, Compt. rend. , t. LIV, p . 724] . facilement en perdant un peu d'iode, puis , à une
CHLORURE DE BISMUTH, Bi³CIS. Ce composé température plus élevée, il bout en répandant des
s'obtient quelquefois lorsque l'on cherche à trans- vapeurs rouge brun qui se subliment dans les
former le produit précédent en trichlorure ; c'est parties froides de l'appareil en lames brillantes de
un produit rouge jaunâtre, décomposable par l'eau. triiodure de bismuth ; dans cette action , le soufre
La chaleur le décompose en chlore, bichlorure et est mis en liberté et peut être séparé par distilla-
trichlorure de bismuth, tion dans un courant d'acide carbonique ou par
calcination à l'air, auquel cas il se forme du gaz
2Bi3 C18 = C12 + 2 Bi C13 + 2 Bi2 Cl sulfureux [ R. Schneider, Pogg. Ann., t . XCIV,
[Dehérain, loc. cit. ]. p. 470] .
BROMURE DE BISMUTH , Bi Br³ = 450. - Ce com- Le triiodure de bismuth forme de grandes lames
posé s'obtient en faisant passer des vapeurs de hexagonales brillantes, d'un gris noir ; chauffé, il
brome sur du bismuth réduit en poudre ; la com- donne des vapeurs brunes que l'on peut sublimer
binaison se fait avec une extrême énergie ; il dis- et il laisse un résidu de sous-iodure de bismuth;
tille un liquide rouge qui se prend par le refroi- l'eau froide, l'alcool , l'éther, le sulfure de carbone,
dissement en une masse cristalline d'un jaune de ne l'altèrent pas ; l'eau bouillante le décompose
soufre [ R. Weber, Pogg . Ann . , t. CVII, p . 596] . en donnant un oxyiodure insoluble, la liqueur fil-
On peut aussi l'obtenir en ajoutant du bismuth trée est jaune et acide. Les alcalis le décomposent,
en poudre à un mélange à volumes égaux de les sulfures alcalins le transforment en trisulfure
brome et d'éther anhydre ; ie bromure de bismuth de bismuth .
qui est soluble dans l'éther s'en dépose par l'éva- Fondu avec du bismuth, le triiodure de bismuth
poration en prismes déliquescents [Nicklès, Compt. donne une masse homogéne, mais dont la compo-
rend., t. XLVIII , p. 837 ] . Le bromure de bismuth sition ne répond pas à celle du biiodure Bil , car
est moins fusible que le chlorure, il fond à 200° elle renferme 7 % de bismuth de plus que n'en
en un liquide rouge peu volatil ; il cristallise dans exige cette formule (R. Weber) .
le vide en prismes volumineux. L'eau le décom- Todhydrate d'iodure de bismuth, Bi I³, HI, 4 H2O.
pose en donnant de l'oxybromure Bi O Br. L'acide Cristaux octaédriques à base rhombe obtenus
azotique le dissout en le décomposant. Comme le par l'évaporation d'une solution iodhydrique d'io-
chlorure de bismuth, le bromure se combine aux dure de bismuth (Arppe).
bromures alcalins. Lorsque à sa solution sirupeuse L'iodure de bismuth forme un grand nombre
on ajoute du bromure d'ammonium , on obtient de composés doubles dont l'isomorphisme avec les
des tables ou des prismes jaunes . On produit en- combinaisons correspondantes d'antimoine est
core ce bromure double en chauffant sous pression bien constaté ; ces iodures doubles ont été étudiés
les deux bromures dissous dans l'alcool fort; on par Nicklès [ Compt . rend., t. L, p. 872 ; Journ.
obtient ainsi des cristaux transparents, dichroiques de Pharm., (3) , t . XXXIX, p . 116], et par W. Li-
formés de pyramides rhomboidales (Nicklès) . En nau [ Pogg. Ann. , t. CXI, p. 240] .
faisant agir le brome sur du bismuth en présence Voici la liste de ces iodures doubles ; ils sont
d'une solution concentrée de bromure d'ammo- obtenus par l'union directe des iodures, ou par
nium , on obtient des aiguilles jaunes solubles dans l'action de l'iode sur le bismuth en présence d'un
l'alcool : ce sont des prismes rhomboidaux de iodure.
135º 25' , terminés par une pyramide ; ils renfer- 1. Iodure de bismuth et de potassium,
ment KI , BI IH 0.
Az H Br, Bi Br³ + H2O.
Aiguilles noires ; s'obtient par l'action de l'iode
En fondant le tribromure de bismuth avec la sur le bismuth, en présence d'iodure de potassium
moitié de la quantité de bismuth qu'il renferme, (Nicklès).
ou avec d'autres métaux, on obtient une masse 2. Iodures de bismuth et de sodium,
brune qui, par le refroidissement, se prend en ai-
guilles cristallines constituant probablement lebi- NaI, Bi 13+ H2O.
bromure Bi Br2 ; ce bromure se décompose par -Cristaux brun , noir, efflorescents , rouges à l'état
l'eau : l'acide chlorhydrique le transforme en tri- pulvérisé; s'obtient comme le précédent.
bromure en en séparant du bismuth métallique 3. Nal ( Sb, Bi ) 13 + 2 H2O. S'obtient de
spongieux [ R. Weber, loc . cit.]. même, en employant un mélange de bismuth et
Ether bromobismuthique. Le bromure de d'antimoine.
bismuth chauffé en vase clos à 100° avec de l'éther 4. 3 Nal, 2Bi 13 + 12 H2O. - Prismes rec-
anhydre, s'y dissout ; il se forme deux couches, tangulaires rouge-grenat ; s'obtient en ajoutant de
dont l'inférieure est colorée et renferme une com- l'iodure de bismuth à une solution concentrée
binaison de bromure de bismuth et d'éther qu'on d'iodure de sodium et laissant évaporer (Linau).
peut obtenir cristallisée par une évaporation dans 5. Iodures de bismuth et d'ammonium ,
le vide sec, en prismes rhomboidaux, très-déli-
quescents, renfermant Bi Br³ ( C4H10O) , 2 H2O ; ce Az H 1, Bil³ H2O.
composé mis en contact avec du papier le détruit -Aiguilles noires qui s'obtiennent commela com-
[Nicklès, Compt. rend. , t. LII , p . 396]. binaison potassique .
Le chlorure de bismuth se com.bine également 6. Az H 1 (Bi . Sb) 13 + 2 H2O. - Cristaux noirs,
avec l'éther, mais non l'iodure. donnant une poudre rouge.
IODURE DE BISMUTH , Bil³ = 591. - On l'obtient : 7. 2 Az H 1, Bi 1³ + 2 1/2 H2O. Se dépose
1º en ajoutant de l'iode à du bismuth pulvérisé de l'alcool absolu, en cristaux rouges .
et chauffé, et, soumettant ensuite le mélange à la 8. 2 Az H 1 , Bi Br3 + 21/2 H2O. - S'obtient
BISMUTHI. 609 BISMUTH.
en traitant le bismuth par le brome, en présence duit par de l'acide chlorhydrique étendu , on dis-
d'une solution concentrée d'iodure d'ammonium ; sout l'iodure de bismuth en excès [ R. Schneider,
la solution jaune qui se produit est très-réfrin- Pogg. Ann. , t. CX, p. 147] . D'après Linau, on l'ob-
gente ; elle laisse déposer de longs cristaux di- tient sublimé en longues aiguilles en disposant
chroïques et déliquescents (Nicklès). dans un creuset spacieux des couches alternatives
9. 4 Az HI, Bi 13+ 3H2O. Prismes rectan- d'iode, de soufre et de sulfure de bismuth ; par
gulaires volumineux, rouge brun foncé ; pulvéri- une calcination prolongée, la surface du culot est
sés, ils sont rouge-cinabre et deviennent noirs par recouverte de longues aiguilles d'iodosulfure.
la dessiccation (Linau) . S'obtient comme le n ° 4. L'eau bouillante et les acides étendus sont sans
10. Iodure de bismuth et de baryum , action sur ce corps ; l'acide chlorhydrique bouil-
lant en sépare de l'hydrogène sulfuré ; l'acide azo-
Ba 12, Bi 139 H2O. tique, de l'iode et du soufre. La potasse lui enlève,
Petits prismes rhomboidaux rouges, brillants, à chaud, de l'iode et laisse un résidu d'oxysulfure.
devenant noirs par la dessiccation , qui n'a lieu FLUORURE DE BISMUTH , Bi F13 . (?) . S'obtient
complétement qu'à 250° (Linau). en dissolvant l'oxyde de bismuth dans l'acide
11. Iodure de bismuth et de calcium , fluorhydrique ; il se dépose par évaporation à
l'état de poudre blanche (Berzelius).
Ca 12 , Bi 139 H2O.
OXYDES DE BISMUTH. - L'oxygène se combine
Prismes rhomboidaux basés , rouge foncé, bril-
lants. avec le bismuth en quatre proportions, pour don-
12. Iodure de bismuth et de magnésium, ner les composés :
Mg 12, 2 Bi 13 12 H2O . Oxydule de bismuth . Bi202
Oxyde de bismuth ... Bi203
Prismes rectangulaires rouge-grenat. Ne perd (formant l'hydrate H3 Bi O3),
toute son eau qu'à 175°. Peroxyde de bismuth ou bismuthate
13. Iodure de bismuth et de zinc, bismutheux . Bi20',
Anhydride bismuthique . Bi2 05.
Zn 12, 2 Bi 13 + 12 H2O.
OXYDULE DE BISMUTH, Bi² Q2 ou BiO (1) . — Cet
Comme le précédent ; perd son eau à 100° oxyde, qui prend naissance par l'action de l'air sur
(Linau) . le bismuth chauffé à quelques degrés au-dessus
Ces quatre derniers sels doubles s'obtiennent de son point de fusion , peut aussi être obtenu par
comme le n° 4. Parmi les cristaux étudiés par
Nicklès, ceux qui cristallisent avec H2O appar- réduction d'un sel d'oxyde de bismuth . On dissout
tiennent tous au type orthorhombique mm = 97º, dans l'acide chlorhydrique, molécule pour molé-
et ceux qui renferment 2 H2O, au même type, mais cule, de l'oxyde de bismuth Bi2 03 et du chlorure
stanneux et l'on verse cette dissolution dans de
avec un angle mm de 135° 25' ; ces derniers sont
surmontés d'une pyramide et présentent un grand la potasse moyennement concentrée ; on obtient
nombre de faces secondaires. Tous ces sels dou- ainsi un précipité volumineux brun noir renfer-
bles sont plus ou moins déliquescents ; décompo- mant de l'acide stannique et de l'oxydule de bis-
sables par l'eau, et même en partie par l'alcool, muth ; la potasse concentrée enlève tout l'acide
on ne peut pas les soumettre à une seconde cris- stannique à ce précipité, et laisse l'oxydule de
tallisation . La lumière, surtout les rayons violets , bismuth [R. Schneider, Pogg. Ann., t. LXXXVIII,
les altère rapidement; leur surface se colore en p. 45].
Séché à 100°, l'oxydule de bismuth est une
rouge, altération qu'éprouve l'iodure de bismuth poudre cristalline d'un noir gris , très-difficile à
lui-même.
OXYIODURE DE BISMUTH., - L'oxyiodure réduire, mais s'oxydant facilement ; il brûle à l'air
comme de l'amadou en donnant de l'oxyde Bi203 .
Bi O, I (ou Bi203, Bi 13) L'oxydule de bismuth n'est guère salifiable ; il
s'obtient par l'action de l'eau bouillante sur l'io- existe pourtant à l'état de stannate dans le préci-
dure de bismuth précipité. Il se forme par une pité obtenu pour sa préparation. On obtient ce
stannate en versant une solution, même étendue,
calcination prolongée de l'iodure de bismuth solide de chlorure stanneux sur de l'azotate de bismuth
au contact de l'air ; ainsi obtenu, il forme une en poudre ; il se produit immédiatement un com-
masse cristalline d'un rouge cuivré, formée d'une poséjaune foncé. Si l'on opère à froid, ce composé
réunion de lamelles rhomboidales. Chauffé à l'abri
de l'air, l'oxyiodure de bismuth se sublime en par- se conserve sans altération pendant plusieurs
jours ; à chaud, il se convertit en une poudre
tie sans décomposition ; au contact de l'air, il se brune ou gris noirâtre ; mais celle-ci se convertit
transforme en oxyde jaune cristallisé. L'eau bouil- de nouveau quand on la lave avec de l'eau dans la
lante, les alcalis caustiques ou carbonatés étendus poudre jaune primitive. Celle-ci, séchée à 100º ,
sont sans action sur lui ; l'acide chlorhydrique , est jaune orangé ou jaune d'ocre, insoluble dans
l'acide nitrique le dissolvent en le décomposant . l'eau et dans l'acide acétique étendu , soluble dans
L'hydrogène sulfuré le décompose promptement les acides minéraux ; cette solution donne avec la
[R. Schneider, Berlin. Akad. Ber. , 1860, p. 59]. potasse un précipité noir. Ce composé renferme
On connaît un autre oxyiodure beaucoup plus
complexe, Sn Bi4063 H2O -2Sn(Bi²) ¹v 06 + 3H2O .
12 soit 4 Bi 135 Bi20³,
Bi14 (1015 Chauffé à l'air libre , il se convertit en stannate de
bismuth :
jaune orangé, qu'on obtient en versant une solu- Sniv
tion étendue d'azotate de bismuth dans de l'iodure Sn Bi4 08 = 08.
de potassium . 4 Bi
IODOSULFURE DE BISMUTH, Bi S , I. Le résidu La potasse lui enlève l'acide stannique et laisse de
cristallin qui se forme dans la préparation de l'oxydule noir de bismuth . Cette propriété permet
l'iodure de bismuth à l'aide du sulfure de ce
métal est de l'iodosulfure, mêlé d'iodure de bis- de préparer facilement cet oxydule [ H. Schiff,
Ann. der Chem. u. Pharm . , t. CXIX, p. 331 ] .
muth. On l'obtient facilement en dissolvant jus- PROTOXYDE DE BISMUTH, Bi203 = 468. - Le pro-
qu'à saturation du sulfure de bismuth dans de
l'iodure de bismuth fondu ; en reprenant le pro- (1) Par analogie avec AzO.
30
BISMUTH. - 610 -- BISMUTH.

toxyde de bismuth anhydre s'obtient en précipi- du chlore, de l'eau et du trichlorure de bismuth.


tant à l'ébullition un sel de bismuth par un al- L'acide sulfurique concentré le décompose instan-
cali ; on l'obtient alors sous forme de petites tanément , en dégageant de l'oxygène. L'acide
aiguilles microscopiques . Il se forme encore par azotique concentré agit de même, mais il est sans
l'oxydation du métal à l'air ou par la calcination action lorsqu'il est étendu ; d'après Arppe , l'acide
du nitrate, du carbonate, de l'hydrate ; dans la azotique bouillant le transforme en un oxyde
calcination du bismuth à l'air, l'oxyde n'est pas intermédiaire vert, Bi O9 . Les alcalis aqueux sont
toujours pur et peut contenir plus ou moins sans action sur l'anhydride bismuthique.
d'oxyde Bi² O¹. L'anhydride bismuthique décompose l'eau oxy-
L'oxyde de bismuth anhydre est d'un jaune pâle, génée et est ramené lui-même à l'état d'oxyde
d'une densité égale à 8,2 ; il est insoluble dans intermédiaire Bi2 04. L'oxyde Bi205 prend nais-
l'eau, insipide ; au rouge, il fond en un liquide sance, suivant Schoenbein , mais seulement d'une
brun qui, par le refroidissement, se prend en une manière passagère, dans l'action de l'ozone sur le
masse jaune, cristalline ; lorsqu'il est fondu, il bismuth.
s'introduit facilement dans les pores des creusets, Acide bismuthique, HBi O³ = 259. Ce com-
comme la litharge, et c'est cette propriété qui a posé, qui correspond, par sa composition , à l'a-
motivé quelquefois son emploi, au lieu de celui cide azotique H Az O³ , prend naissance dans diffé-
du plomb, dans la coupellation de l'or et de l'ar- rentes circonstances. 1° On fait passer un courant
gent. rapide de chlore dans de l'hydrate bismutheux
Il est facilement réduit par l'hydrogène et par délayé dans de la potasse bouillante ; la liqueur
le charbon ; le soufre et le chlore l'attaquent, les se colore peu à peu et laisse déposer une poudre
acides chlorhydrique, azotique et autres le dissol- rouge qu'on lave à l'acide azotique, puis à l'eau,
vent avec facilité. afin d'enlever la potasse et l'hydrate bismutheux
Il se dissout dans l'hydrate de potassium fondu non transformé ; enfin on sèche le produit à 100°.
en donnant des composés très-riches en alcali , qui 2º On ajoute du sous-azotate de bismuth à de la
n'ont pas été analysés ; ces composés forment des soude en fusion tranquille dans une capsule de
poudres cristallines grisâtres ; l'oxyde de bismuth , fer, on continue de chauffer, en remuant constam-
dans ce cas, s'oxyde facilement et se transforme en ment, jusqu'à ce que toute la masse soit devenue
anhydride bismuthique, ce que l'on reconnaît à noire ou brune ; on reprend alors celle-ci par de
ce que la masse en fusion devient rouge ; elle se l'eau bouillante, et l'on fait digérer la poudre qui
prend alors, par le refroidissement, en une masse provient de ce lavage, avec de l'acide azotique
brune renfermant du peroxyde de bismuth Bi²04; froid et étendu, puis on lave le résidu et on le
en effet, traitée par l'acide azotique, elle se dis- sèche [Boettger, Journ. prakt. Chem ., t. LXXIII,
sout en partie en laissant de l'acide bismuthique p. 494] . 3º On traite une solution d'azotate de
[Stan. Meunier, Compt. rend. , t. LX, p . 557 et bismuth par un excès de cyanure de potassium ;
1233] . Nordenskiöld a obtenu l'oxyde de bismuth il se forme une poudre brun foncé, qu'on lave con-
cristallisé dans la potasse fondue ; ces cristaux venablement, et qui est un hydrate bismuthique
sont des prismes orthorhombiques dont le rapport H4 Bi2 07 Bi2052 H O, correspondant à l'acide
des axes est abc1 : 0,8165 : 1,040. pyrophosphorique. Cet hydrate ne perd son eau
Hydrate bismutheux, qu'à 150°, tandis que l'hydrate HBIO³ la perd déjà
Bi à 130° [ Bodecker, Ann. der Chem . u. Pharm.,
BiHO2 BO² = 243. t. CXXIII , p. 61 ]. 4° En chauffant l'oxyde de bis-
muth avec un mélange de potasse et de chlorate
Lorsqu'on ajoute de la potasse ou de l'ammo- de potassium, on obtient le bismuthate potassique
KBiO³.
niaque à un sel de bismuth , il se forme un préci-
pité floconneux blanc qui est probablement l'hy- L'acide bismuthique ne se combine que diffici-
drate normal lement aux alcalis ; il se dissout cependant assez
bien dans la potasse bouillante, et, par une neu-
Bi 0
=H3 3; tralisation convenable, on obtient un précipité
rouge qui est du bismuthate acide de potassium,
par la dessiccation , ce précipité devient plus com-
pacte et donne une poudre blanche amorphe. KH (Bi O³)² = KHO , Bi205
Porté à l'ébullition en présence d'un alcali , cet [Arppe, Pogg. Ann ., t . LXIV, p. 237 ] . Ce bismu-
hydrate devient anhydre. L'hydrate de bismuth thate prend aussi naissance par la calcination de
est quelquefois employé dans l'analyse chimique l'oxyde de bismuth avec de la potasse, à l'air (Jac-
pour transformer les sulfures métalliques en oxy- quelain) . En somme, ces composés bismuthiques
des ; c'est ainsi qu'il transforme très-facilement sont encore très-peu connus.
les sulfures d'arsenic en acides arsénieux et arsé- PEROXYDE DE BISMUTH (Tetroxyde ; bismuthate
nique. Lorsqu'on ajoute de l'hydrate de bismuth de bismuth), Biº O '. Cette combinaison , qui
à une solution renfermant du sesquioxyde de correspond au peroxyde d'azote et à l'antimoniate
chrome, de fer ou d'aluminium , ces oxydes sont d'antimoine, doit être regardée comme un bismu-
précipités; la liqueur devient neutre et l'exyde thate de bismuthyle,
de bismuth lui-même se trouve dans le précipité
d'oxydes, à l'état de sel basique ; les sels ferreux, (BIO)'
de zinc, de cuivre , de plomb , de nickel et de (BiO2), 0,
cobalt ne sont au contraire pas précipités par l'acide bismuthique étant
l'oxyde de bismuth qui peut, d'après cela, servir
à séparer l'oxyde ferrique de l'oxyde ferreux, du Bi 02 )
0,
cuivre , etc. [ Lebaigue, Journ. de Pharm. , (3) ,
t. XXXIX, p. 51]. et l'hydrate bismutheux
ANHYDRIDE BISMUTHIQUE ( Acide bismuthique ,
pentoxyde de bismuth ) , Bi2 05 = 500. Cot Biolo.
anhydride s'obtient, à l'état de poudre brune, en
chauffant à 130° l'hydrate correspondant ; à une En effet, l'acide azotique froid enlève très-facile-
température un peu plus élevée, il commence déjà ment l'oxyde bismutheux, et laisse de l'hydrate
à perdre de l'oxygène ; il est très-sensible à l'in- bismuthique ; en outre, il existe plusieurs autres
fluence des agents réducteurs . L'acide chlorhy- combinaisons bismuthoso-bismuthiques.
drique est décomposé par cet oxyde en donnant On obtient l'oxyde Biº O en faisant chauffer
BISMUTH. - 611 - BISMUTH .
pendant quelque temps, au contact de l'air, de et de 142 p. d'oxyde de bismuth ; il reste une
l'oxyde de bismuth avec de la potasse (Fremy). Il masse métallique grise, assez friable, qui ne ren-
se forme en général toutes les fois que l'oxyde de ferme pas de bismuth métallique. R. Hermann
bismuth est soumis à une influence oxydante, en représente la composition de ce produit par la
présence d'un alcali ; le chlore notamment donne formule complexe
lieu à cette oxydation . Lorsqu'on emploie de la
potasse de 1,385 de densité, on obtient un pro- 2 Bi2S) Bi2 03 + 2 (Bi2S3) Bi2 03,
duit jaune, rouge ou brun , suivant la quantité où il admet l'existence d'un sulfure Bi S. Cette
de potasse employée, mais qui, traité par l'acide formule, si toutefois elle répond à un corps de
azotique concentré, donne un hydrate jaune- composition constante, s'écrira plus simplement,
orange, Bi2O , 2 H2O [ Schrader, Ann. der Chem . en y admettant la présence du sulfure BiS,
u. Pharm., t. CXXI, p. 204] . Arppe avait obtenu, 4Bi S, Bi2 03.
en saturant de chlore une solution d'azotate ou
de chlorure de bismuth et ajoutant ensuite de la SULFURE DE BISMUTH ( Trisulfure, bismuthine,
potasse, un précipité jaune, hydraté, qui, après Wismutherz, Wismuthglanz) , Bi2S3 = 516 . - Ce
dessiccation, avait pour formule sulfure se trouve dans la nature, quoique rare-
Bi'07 = 1/2 (Bi2O3)3 Bi2 05. ment, en masses compactes ou en cristaux isolés ;
ces derniers appartiennent au prisme rhomboidal
SULFURES DE BISMUTH . - Le bismuth forme droit, ils sont isomorphes avec le sulfure d'anti-
deux sulfures : le sous- sulfure Bi S, correspondant moine naturel ; leur densité est égale à 6,4, ils
à l'oxydule Bi O, et le trisulfure Bi2S3, corres- ont l'éclat métallique ; lorsqu'ils sont en masses ,
pondant à l'oxyde de bismuth Bi2 03. il est d'un gris de plomb, lamelleux et cassant. Il
SOUS-SULFURE BIS 242. — On l'obtient en est fusible et facile à griller.
fondant, dans les proportions convenables, un Il existe quelquefois à l'état de sulfure double,
mélange de bismuth et de soufre ; par un refroi- ou de sulfobismuthite, comme la kobellite
dissement rapide on obtient une masse cristalline
radiée dans laquelle on trouve fréquemment des Pb³ (Bi S3)2,
agglomérations de cristaux bien formés ( Mather). le nadelerz ou aikinite, Pb CuBi S³, et quelques
On l'obtient également par la fusion d'un mélange autres dont la formule n'est pas établie. La bis-
de bismuth et de trisulfure ; par le refroidisse- muthine renferme quelquefois du tellure et l'on
ment, le sous-sulfure cristallise dans l'excès de connait même un sulfotellurure de bismuth
métal qu'on peut décanter pendant qu'il reste Bi Te2S, qui représente du trisulfure de bismuth
encore en fusion (Wertheim). dans lequel deux atomes de soufre sont remplacés
Enfin, on peut préparer ce sulfure par voie hu- par du tellure.
mide; à cet effet, on dissout 8 grammes de tar- On prépare le sulfure de bismuth en fondant
trate de bismuth dans une lessive de potasse qu'on du bismuth avec du soufre dans les proportions
étend, après dissolution, de 1500 centimètres convenables , mais il est alors généralement mé-
cubes d'eau bien purgée d'air par l'ébullition, et langé de cristaux de sous-sulfure, même lorsqu'on
l'on y ajoute une solution alcaline renfermant a employé un excès de soufre.
2 grammes de chlorure stanneux ; la liqueur de- On l'obtient, probablement à l'état d'hydrate,
vient aussitôt brune, par suite de la formation en précipitant une solution de chlorure de bis-
d'oxydule de bismuth ; en faisant passer alors muth par l'hydrogène sulfuré ; à cet état c'est un
dans cette liqueur un courant d'hydrogène sul- composé noir, floconneux, insoluble dans l'eau.
furé, exempt d'air, on transforme l'oxydule de En chauffant ce sulfure précipité, avec un sul-
bismuth en sous-sulfure, ainsi que l'oxyde stan- fure alcalin à 200° , il devient anhydre et cristal-
neux; mais le sulfure stanneux, étant soluble dans lisé comme le sulfure naturel (De Senarmont).
une liqueur alcaline, reste dissous, et le sous-sul- Le sulfure de bismuth est moins fusible que le
fure de bismuth se sépare seul l'état d'un pré- bismuth. Chauffé à l'abri de l'air, il abandonne
cipité noir qu'on sépare par décantation , qu'on facilement une partie de son soufre. L'acide
lave à plusieurs reprises avec de l'eau privée d'air chlorhydrique concentré le dissout à l'ébullition
et qu'on sèche enfin au bain-marie. 1 avec dégagement d'hydrogène sulfuré, et dans
Dans cet état, il renferme BiS + H2O et forme l'acide sulfurique avec production de gaz sulfu-
une poudre noire, terne, mais prenant l'éclat reux ; l'acide azotique l'attaque facilement en
métallique par le frottement . Traité par l'acide mettant du soufre en liberté. Les alcalis et les sul-
chlorhydrique, il donne de l'hydrogène sulfuré , fures alcalins ne l'attaquent pas.
du trichlorure de bismuth et du bismuth, à l'état On connaît un chlorosulfure de bismuth
spongieux, qui se dissout lui-même par une ébul- (BiS)' Cl.
lition prolongée [ R. Schneider, Poggend. Ann .,
t. CXVII, p. 480]. Voyez CHLORURE DE BISMUTH , р. 607.
Chauffé dans un courant d'acide carbonique, il SÉLÉNIURE DE BISMUTH , Bi² Še³ -= 660 . - II
supporte une haute température sans abandonner s'obtient en fondant ensemble du sélénium et du
de soufre. bismuth ; après le refroidissement la masse est
Obtenu par voie de fusion , il se présente en blanche, brillante et métallique, à cassure cris-
aiguilles prismatiques rectangulaires, de couleur talline ; sa densité est égale à 6,82 ; l'acide azo-
grisâtre, douées de l'éclat métallique ; leur den- tique et l'eau régale l'attaquent facilement en
sité = 7,3. mettant du sélénium en liberté ; les autres acides
Oxysulfures de bismuth. - On a trouvé dans n'agissent pas sur lui. On connaît un sélénio-
les mines de Sawodinsk, dans l'Altai, un minéral chlorure de bismuth (Bi Se)' Cl . - Voyez CHLORURE
qu'on a nommé karélinite, D = 6,60, et que R. DE BISMUTH, р. 607.
Hermann représente par la formule Bi2S , Bi2 03 ! TELLURURE DE BISMUTH . - Le tellure et le
et qu'on peut écrire Bi S , 3 BIO ou BiOS , c'est- bismuth peuvent être fondus ensemble en toutes
à-dire qu'il représente une combinaison de sous- proportions.
sulfure et de sous-oxyde. Il renferme : On connaît un sulfotellurure de bismuth natu-
rel, sous le nom de tétradymite; ce minéral a
Bi = 91,26 % ; S = 3,53 ; 0 = 5,21 pour composition Bi Te2 S, il cristallise en rhom-
[Journ. für prakt. Chem . , t. LXXV, p. 452] . boèdres d'un gris de plomb, doués de l'éclat mé-
On obtient un oxysulfure artificiel , en chauffant tallique. Densité, 7,5 à 7,8 . Il fond facilement au
au rouge sombre un mélange de 40 p . de soufre, chalumeau. L'acide azotique l'attaque en mettant
BISMUTH. 612 BISMUTH.

du soufre en liberté. Il contient presque toujours neutre par l'eau ; dans cet état il renferme 2H2O.
un peu de sélénium . Calciné, il perd de l'eau, devient momentanément
ARSENIURE DE BISMUTH . - Le bismuth et l'ar- jaune, et si l'on pousse la calcination trop loin il
senic ont peu d'affinité l'un pour l'autre ; un al- se décompose totalement.
liage de ces deux corps, soumis à l'action de la Ces trois sulfates de bismuth peuvent, comme
chaleur, perd presque tout son arsenic. On obtient on voit , être dérivés de l'hydrate sulfurique deux
un arséniure de bismuth en faisant passer un fois ou trois fois condensé et renferment à la place
courant de gaz hydrogène arsénié dans une solu- de l'hydrogène le bismuth triatomique, ou le bis-
tion de bismuth; c'est un composé noir insoluble muthyle monoatomique, ou ces deux radicaux :
qui, une fois séché, ne résiste pas à l'action de
la chaleur. Bi
30 ++ 3H2O ;
PHOSPHURE DE BISMUTH . Lorsque l'on ajoute Bi
du phosphore à du bismuth maintenu en fusion, Sulfate neutre de bismuth .
il ne s'y combine pas ; mais on obtient un phos-
phure noir en traitant une solution de bismuth Bil250+ 3H2O ou (Bi O)' ) SO + IIO
par l'hydrogène phosphoré ; soumis à la distilla- (Bi O)' ) H
tion, ce phosphure laisse dégager tout son phos- Sulfate de bismuth Sulfate acide
phore et il reste du bismuth. et de bismuthyle. de bismuthyle (Odling).
et (BiO)' SO'.
SELS DE BISMUTH. (Bi O)'
Sulfate neutre de
Le bismuth étant un métal triatomique, il rem- bismuthyle.
place 3 atomes d'hydrogèae dans ses sels nor- Ces sels ont, comme on peut s'en assurer, une
maux. Ainsi l'azotate neutre dérive de 3 molécules grande analogie de constitution avec les sulfates
d'acide azotique H3 (AzO3)3 et est Bi" (AzO3)3 ; le d'antimoine obtenus par Peligot. Voyez ANTI-
chlorure Bi" C13 dérive de 3 molécules d'acide MOINE.
chlorhydrique HS CI3. Mais le bismuth a de Sulfate de bismuth et de potassium ,
grandes tendances à former des sels basiques,
dont quelques-uns peuvent être envisagés comme Bi K³ (SO4)3 , ou Bi2O3 , (SO3)3 + 3 (K2O , SO³) .
renfermant le radical oxygéné bismuthyle (BiO)' --- Ce sel double s'obtient en ajoutant une solution
analogue au stibyle (Sb O) ' , ainsi l'oxalate basique de sulfate de potassium à une solution nitrique
cristallisé de bismuth est C2H (Bi O)' O'. d'azotate de bismuth; il forme un précipité cris-
CHLORATE. - On ne connaît ce composé qu'en tallin. Le sulfate de soude ne donne rien de sem-
solution ; par l'évaporation , il se décompose en blable (Heintz). Heintz a encore décrit un autre
produisant de l'acide bismuthique jaune . Il ren- sulfate double dérivant du second sulfate de bis-
ferme probablement Bi (ClO3)3. muth et pour lequel il donne la composition
Bromate de BISMUTH , Bi (BrO3)3. --- Comme le Bi² 0³, 2 S O³ + 2 (K²O , SO³) + H2O
chlorate. et qu'on peut écrire
IODATE DE BISMUTH , Bi ( 103)³ . -
— Précipité blanc,
insoluble . Il est anhydre. (BIO) 28 0*.
SULFATES DE BISMUTH . - 1° Sel neutre, j
SULFITE DE BISMUTH. — Précipité insoluble dans
Biz (SO4)3 + 3H2O = Bi20³ , 3 SO³ + 3H2O. l'eau et dans un excès d'acide sulfureux. Il perd
- Il s'obtient en dissolvant de l'oxyde de bismuth facilement son acide.
dans de l'acide sulfurique concentré ou par l'ac- ARSENIATES , ARSENITES DE BISMUTH. - Voyez
tion de cet acide sur le bismuth métallique ; celui- ARSENIATES, ARSENITES.
ci se dissout avec dégagement d'acide sulfureux ; AZOTATES DE BISMUTH. --- 1° Azotate neutre,
en chassant l'excès d'acide sulfurique par la cha-
leur, il reste une masse blanche amorphe qui est Bi ( Az O³)³ = 1/2 Bi² 0³, 3 Az205 = 396.
le sel neutre. Ce produit est soluble dans l'acide - On prépare ce sel en traitant le bismuth par
sulfurique étendu , et par l'évaporation de cette so- l'acide azotique ; l'attaque est très-vive ; on con-
lution on obtient des aiguilles incolores qui sont centrela liqueur et on l'abandonne à cristallisation.
probablement le sel suivant : On obtient ainsi des prismes volumineux, in-
2° Sel basique, colores et transparents, appartenant au système
Bi203 , 2 SO3 + 3H20. triclinique. Ils renferment 5H2O (Gladstone) ou
Ce sel peut être regardé comme du sulfate de 4 1/2 H2O suivant quelques auteurs . Ces cristaux
bismuth et de bismuthyle se dissolvent bien dans de l'acide azotique ordi-
naire ; par l'eau pure, ils sont décomposés comme
tous les sels neutres de bismuth, en produisant
(Bio 2S04 + 3H2O . un sel basique et une liqueur acide.
On l'obtient encore en ajoutant de l'acide sul- Les cristaux d'azotate neutre commencent déjà
furique à une solution d'azotate neutre de bismuth à se décomposer à 100°; à 150° ce sel est trans-
[Heintz, Poggend . Ann. , t. LXIII , p. 559] . formé en sel monoacide, en perdant de l'eau et
On peut aussi l'envisager comme du sulfate de de l'acide azotique, et à 260° il finit par se trans-
bismuthyle acide former totalement en oxyde Bi203 , en abandon-
nant les éléments de l'anhydride azotique , ce
H.(BIO) SO + H2O , dernier se décomposant lui-même à cette tem-
le suivant étant le sel neutre de bismuthyle [ Od- pérature.
ling, Manual of Chem. , t. 1 , p . 371 ] . 20 Azotate basique, Bi ( Az O¹ ) + H* O. - La
3° Sel basique, constitution de ce sel est très-remarquable et mé-
rite de fixer l'attention au point de vue théorique.
Bi203, SO3 := 2 (BIO)' , SO' Ce sel représente un azotate normal si l'on rap-
ou sulfate de bismuthyle. Il s'obtient par la proche l'acide azotique de l'acide phosphorique :
calcination des sels précédentsjusqu'à ce qu'ils de- en effet, un acide azotique qui correspondrait à
viennent jaunes ; le résidu redevient blanc par le l'acide phosphorique ordinaire H³PO serait
refroidissement. On le produit aussi à l'état d'une H³ Az O , l'acide azotique HAZ03 correspondant à
poudre blanche insoluble en traitant le sulfate l'acide métaphosphorique HP 03. Les 3 atomes .
BISMUTH. 613 --- BISMUTII.

d'hydrogène de l'acide azotique, envisagé de cette le sous-azotate dans son eau mère, il devient cris-
manière, étant remplacés par le bismuth triato- tallin et diminue de volume ; il est devenu un peu
mique Bi, donnent un sel normal correspondant au plus acide . Le premier précipité obtenu en suivant
la prescription du Codex a exactement la composi-
phosphate de bismuth BiPO tion Bi (AZO ) + H2O ; il en est de même si au lieu
On peut aussi envisager l'azotate de bismuth d'eau froide on emploie de l'eau chaude ; seule-
basique comme renfermant le radical composé ment, dans ce cas, le précipité est cristallin et ar-
bismuthyle (BIO) ' ; ce sel devient alors gentin (Ritter) . Le sous-azotate de bismuth ne peut
(Bi O) ' Az O³, pas être lavé à l'eau pure sans céder une partie
de son acide, et c'est cette circonstance qui donne
c'est-à-dire un azotate monoatomique, ou, en te- lieu à la grande variété de sous-azotates de bis-
nant compte de l'eau qu'il renferme, un azotate muth qui ont été décrits ; mais on peut le laver
(BiO) ' H² (Az O¹) correspondant aux phosphates avec de l'eau renfermant 1/500 d'azotate d'am-
acides M' H2PO . En général, la constitution des moniaque sans que sa composition en soit altérée
sels basiques de bismuth peut s'expliquer norma- (Loewe).
lement en admettant le radical bismuthyle, et la On a proposé diverses modifications au procédé
tendance qu'ont les sels de bismuth à devenir ba- du Codex. Béchamp et Saint-Pierre dissolvent
siques peut s'expliquer par une tendance particu- l'azotate normal de bismuth cristallisé dans de
lière du bismuth à former un radical composé ; l'acide azotique étendu de 10 p . d'eau, de manière
la facilité avec laquelle se forment l'oxychlorure à avoir un gramme d'azotate normal dissous dans
Bi OC , le sulfochlorure BiS Cl, etc., rendent 1 centimètre cube de liqueur ; en y ajoutant alors
cette explication plausible. Le bismuth n'est, au 12 1/2 p. d'eau, on précipite une partie du sous-
reste, pas le seul métal qui offre cette tendance, azotate et l'on ajoute à la liqueur surnageante
l'antimoine, Furane et d'autres , sont dans le 28 p. de carbonate d'ammoniaque pour 100 p.
même cas. d'azotate neutre employé. Ce second précipité n'est
On a admis l'existence d'un grand nombre d'a- pas identique au premier, comme on pouvait s'y
zotates basiques de bismuth, mais il est à re- attendre.
marquer que presque tous les auteurs, pour ne De Smedt (Bull . de thérap. 1863) dissout le
pas dire tous, ont eu entre les mains, dans le cours bismuth dans de l'acide azotique et ajoute à la li-
de leurs recherches , le sous-azotate le plus simple, queur acide 80 grammes d'alcool pour 120 gram-
c'est-à-dire Bi Az OH2O, qui est formulé géné- mes de métal ; lorsque la réaction de l'alcool Sur
ralement Bi203, Az205 + aq , et c'est par l'action l'acide est calmée, on évapore et on ajoute de nou-
de la chaleur ou par l'action prolongée de l'eau veau 80 grammes d'alcool, on évapore à sec et on
froide ou chaude qu'on arrive à des azotates ba- reprend le produit par 2 litres d'eau distillée.
siques présentant la composition la plus variée ; D'après les analyses de Ritter, ce produit est plus
c'est ainsi qu'on est arrivé aux formules acide que celui du Codex.
5Bi203, 4 Az? 05 + 9 H2O ; Le sous-azotate de bismuth récemment préci-
6Bi2 03 , 5 Az² O5 -+- 9 H2O ; pité est un peu soluble dans l'eau, surtout acidu-
4 Bi203, 3 Az205 + 9 H2O (Becker) ; lée, mais après quelque temps la dissolution se
5 Bi203, 3 Az20512 H2O (Dulk) ; trouble et le sel basique se dépose et est alors
3 Bi203, Az2 O (Philipps) ; complétement insoluble dans l'eau. Chauffé à 100º,
4 Bi203, Az205-† 3 H²Ö (Duflos) il perd la moitié de l'eau qu'il contient [ Graham,
Ann. der Chem. u. Pharm ., t. XXIX, p . 16 :
et jusqu'à Gladstone , Journ. für prakt. Chem., t. XLIV,
p. 179 ; -Leintz, Poggend. Ann . , t . LXIII, p . 559 ;
5 Bi203, Az205- |- 3 H2O ; - Becker, Archiv. der Pharm. , t. CV, p. 31 , 129 ;
nous en passons d'autres, en renvoyant le lecteur Bechamp et Saint-Pierre, Journ. de Pharm. (3),
aux sources, et nous étudierons particulièrement t. XXXII , p. 330 ; - Ritter, broch. Strasb. , 1864 ;
l'azotate basique connu sous le nom de magister de Ruge , Journ. fur prakt. Chem . , t. XCVI ,
bismuth, blanc de fard, sous-nitrate de bismuth, p. 115.]
et qui n'est autre que le sous-azotate PHOSPHATE DE BISMUTH. - Lorsque l'on fait di-
BiAz O + H2O. gérer de l'oxyde de bismuth avec de l'acide phos-
phorique, il se forme, comme l'a observé Wenzel,
Ce composé constitue un médicament très-usité, un sel soluble qui cristallise par l'évaporation et
et l'on conçoit facilement l'importance qu'il faut une poudre blanche insoluble. Le premier est pro-
ajouter à sa purification ; le bismuth renfermant bablement le phosphate neutre
souvent de l'arsenic, il faut le débarrasser de cet
élément par un des moyens qui ont été indiqués BiPO (ou Bi² 0³, P2O5)
plus haut avant de l'employer à la préparation du et l'autre du phosphate basique ou de bismuthyle
sous-azotate. Voici le procédé que prescrit d'em.
ployer le Codex français pour cette préparation : BIPO- Biz 03 ou (BIO)' s PO
On dissout dans 3 p. d'acide azotique pur, mar-
quant 35º, une partie de bismuth réduit en poudre Berzelius représente la composition du phosphate
et purifié ; lorsque la dissolution est complète, on de bismuth par 2 (Bi²O³) 3 (P2O5) qui est celle du
évapore le liquide aux 2/3 et on le verse dans 40 pyrophosphate Bi¹ (P207)³ .
à 50 fois son poids d'eau; il se forme un précipité On obtient ce sel en traitant une solution d'azo-
abondant de sous-azotate que l'on sépare par dé- tate de bismuth par du pyrophosphate de soude ;
cantation et que l'on fait sécher. La liqueur ren- c'est un précipité blanc, amorphe, insoluble dans
ferme encore une assez grande quantité d'azotate l'eau et dans l'acide acétique, soluble dans les
de bismuth avec excès d'acide azotique ; on neu- acides chlorhydrique et azotique ; un excès de py-
tralise en partie cet excès par de l'ammoniaque rophosphate de soude le dissout suivant Stro-
et l'on précipite ainsi une nouvelle quantité de meyer, ne le dissout pas suivant Passerini [ Cim.,
sous-azotate que l'on joint à la première portion; t. IX , p. 84].
mais cette seconde quantité est un peu plus basi- PHOSPHITE DE BISMUTH . Poudre blanche, in-
que que la première ; aussi , pour avoir un produit soluble dans l'eau, que l'on obtient par double
constant, vaut-il mieux reprendre cette portion par décomposition . Berzelius représente ce sel par la
de l'acide azotique et la précipiter par l'eau (Rit- formule (Bi2O3)2 ( P2O3,3, qui est celle d'un pyro-
ter) . Lorsqu'on laisse séjourner pendant 24 neures phosphite.
BISMUTH . 614 BISMUTH.
SULFARSÉNIATE , Sulfarsénite , SULFOCARBONATE, étendue de bismuth, se recouvre d'une couche d'un
etc. - Voyez ARSENIC, CARBONE. gris d'acier.
BORATE DE BISMUTH. Précipité insoluble dans
l'eau. DOSAGE DU BISMUTH . - Généralement , pour le
CARBONATE DE BISMUTH . Précipité blanc res- dosage du bismuth, il faut ramener ce métal à
semblant à l'hydrate de bismuth, mais ne se mo- l'état d'azotate ; aussi, lorsque l'on a affaire à un
difiant pas par l'ébullition ; on l'obtient par dou- alliage de bismuth, l'attaque-t-on par de l'acide
ble décomposition. Il a été employé en médecine. azotique. Du reste, par ce moyen, on a l'avan-
C'est un sel basique qui renferme tage de séparer immédiatement l'antimoine et
J'étain qui entrent le plus souvent dans la com-
Bi2 (CO3)3 + 2 Bi²O® (ou Bi²O³, CO²) ; position des alliages de bismuth.
on peut le regarder comme du carbonate neutre On dose le plus souvent le bismuth à l'état
de bismuthyle (BiO) '2, CO³. Il se décompose faci- d'oxyde en le séparant de ses solutions, soit par
lement par la chaleur en perdant de l'anhydride le carbonate d'ammoniaque, soit par l'hydrogène
carbonique et en laissant un résidu jaune d'oxyde sulfuré, et transformant alors le sulfure en oxyde.
de bismuth (Heintz) . On rencontre dans la Caro- H. Rose a proposé de le précipiter à l'état d'oxy-
line du Sud un carbonate, ou plutôt un hydrocar- chlorure ; d'autres chimistes le précipitent à l'état
bonate de bismuth naturel ; il renferme de chromate, et le dosent même à cet état. On
3 Bi2 (CO3)3 + 16 Bi H O2 + 4 H2O peut aussi doser le bismuth à l'état métallique,
(soit 11 Bi203,9 CO2 + 12 H2 O) par réduction du sulfure ou de l'oxyde par le cya-
nure de potassium .
et une autre variété Dans le cas le plus simple, et qui peut se pré-
2 Bi2 (CO3)3 + 10 Bi HO2 + 3H2O senter fréquemment, où l'on veut doser le bis-
muth qui se trouve dans un azotate de bismuth,
(soit 7 Bi2O3, 6 CO2 + 8 H2O). la calcination de ce sel dans un creuset de porce-
Ces minéraux renferment des traces de fer et de laine donne très-rapidement un résultat exact,
tellure. car le résidu est de l'oxyde de bismuth pur Bi203.
MOLYBDATE DE BISMUTH - Voyez MOLYBDATES .
CHROMATE DE BISMUTH . - Voyez CHROMATES. 1 Pour doser le bismuth dans un sel organique où
il n'est pas accompagné d'autres métaux, on cal-
Ce sel insoluble peut servir au dosage du bismuth. cine le sel dans un creuset de porcelaine jusqu'à
(Voir plus bas.) E. W. calcination complète de la matière organique et
BISMUTH (Réactions et dosage). l'on reprend le résidu par de l'acide nitrique; on
RÉACTIONS DES SELS DE BISMUTH . Les sels calcine à nouveau et l'on répète à plusieurs re-
normaux de bismuth solubles possèdent tous une prises le traitement du résidu par l'acide azotique ;
réaction acide ; ils sont incolores lorsque l'acide on pourrait aussi opérer la calcination du sel dans
n'est pas coloré ; l'eau pure les décompose en les un courant d'oxygène.
transformant en sels basiques insolubles, mais les Précipitation du bismuth par le carbonate
acides chlorhydrique, azotique, sulfurique empê- d'ammoniaque . Cette précipitation ne doit être
chent cette précipitation , mais celle-ci a lieu en faite que lorsque la solution ne renferme ni chlo-
présence de l'acide tartrique, ce qui distingue rures ni sulfates, car, dans ce cas, le précipité
nettement les combinaisons de bismuth de celles renfermerait de l'oxychlorure ou du sulfate ba-
d'antimoine. sique de bismuth qui rendraient le dosage inexact.
Chauffés au chalumeau, sur le charbon, seuls Si donc la solution ne renferme que des nitrates,
ou avec addition de carbonate de soude, ils don- on l'étend d'eau sans se préoccuper du trouble qui
nent un enduit jaune et un globule de bismuth peut se produire, et l'on y ajoute un excès d'une
cassant. Voici les caractères que présentent les dissolution de carbonate d'ammoniaque en por-
sels de bismuth avec les réactifs de la voie hu- tant pendant quelques instants à l'ébullition, puis
mide : on recueille le précipité sur un filtre, on le lave
Hydrogène sulfuré. — Précipité noir insoluble et on le sèche. Après la dessiccation, on le détache
dans les acides étendus et dans les sulfures alca- aussi bien que possible du filtre et on le calcine
lins ; les composés insolubles du bismuth sont dans un creuset de porcelaine , à une douce cha-
aussi convertis en sulfure. leur, en évitant de le fondre ; on détermine le
Sulfures alcalins. Précipité noir de sulfure poids du résidu en y ajoutant celui des cendres
de bismuth insoluble dans un excès de précipi- provenant de l'incinération du filtre.
tant. Précipitation par l'hydrogène sulfurė. — Dans
Potasse, soude, ammoniaque. - Précipité blanc le cas où la précipitation par le carbonate d'am-
d'hydrate de bismuth , devenant anhydre, jaune moniaque n'est pas possible, ou lorsqu'il s'agit de
et cristallin par l'ébullition ; insoluble dans l'acide séparer le bismuth de métaux qui ne sont pas
tartrique et dans un excès d'alcali. précipités par l'hydrogène sulfuré, on fait passer
Carbonates alcalins. Précipité blanc insoluble un courant de ce gaz dans la solution bismuthique
dans un excès de précipitant. étendue d'eau ; le sous-sel qui peut se former
Carbonates alcalino-terreux. - Ils décompo- n'empêche pas la réaction , il faut avoir soin seu-
sent complétement les solutions de bismuth en lement que ce sous-sel ne forme pas un dépòt
précipitant ce métal à l'état de carbonate. compacte au fond du vase. Lorsque la précipita-
- tion à l'état de sulfure est complète, on recueille
Ferrocyanure de potassium . — Précipité blanc ,
insoluble dans l'acide chlorhydrique . le précipité, on le lave avec soin, puis on le délaye
Ferricyanure de potassium . - Précipité jaune dans de l'eau et on l'attaque par l'acide azotique ;
sale, soluble dans l'acide chlorhydrique. on filtre la solution nitrique pour séparer le soufre
Infusion de noix de galle. - Précipité jaune mis en liberté,, on le lave soigneusement et on
orange . précipite la liqueur filtrée et les eaux de lavage
Chromate de potassium . Précipité jaune in- par du carbonate d'ammoniaque.
soluble dans l'eau. 1 Le précipité de sulfure de bismuth ne peut pas
lodure de potassium. Précipité brun, soluble être pesé tel quel, parce qu'il renferme générale-
dans un excès d'iodure alcalin. ment un excès de soufre provenant de ce que la
Le bismuth est déplacé de ses combinaisons , à 1 précipitation a lieu dans une liqueur renfermant
l'état métallique, par le zinc, le cadmium, le F presque toujours de l'acide azotique ; en outre , il
cuivre, le fer, Pétain. Une lame de cuivre intro- contient de l'eau qu'il ne perd qu'à 200º. Sa ré-
duite dans une solution bouillante, même très- duction par l'hydrogène est très-lente, mais on
BISMUTH. 615 - BISMUTH.
peut le réduire facilement en le calcinant avec le bismuth à l'aide d'une solution titrée de chro-
du cyanure du potassium ; la fusion doit être main- mate acide de potassium.
tenue pendant quelque temps, et à une tempéra- La précipitation par le chromate de potassium
ture très-élevée ; dans ces circonstances, le bis- peut servir à séparer le bismuth du cadmium ,
muth se réduit en un seul globule qui reste isolé dont le chromate est soluble.
lorsque l'on reprend la masse par l'eau bouillante ; SÉPARATION DU BISMUTH . - - Le bismuth se sé-
cette dernière doit dissoudre tout le résidu, sauf pare facilement d'un grand nombre de solutions
le bismuth. S'il restait une poudre noire, ce serait métalliques par l'hydrogène sulfuré, qui le préci-
un indice d'une réduction incomplète du sulfure, pite totalement , dans une liqueur acide, à l'état
et il faudrait soumettre ce résidu noir à une nou- de sulfure. Nous n'examinerons donc que la sépa-
velle opération [ H. Rose, Pogg . Ann . , t. CX] . ration du bismuth d'avec les métaux qui sont pré-
Ce procédé de réduction par le cyanure de po- cipités dans la même circonstance, et encore ne
tassium peut s'appliquer à des combinaisons bis- parlerons-nous que de ceux dont les sulfures sont
muthiques autres que le sulfure, notamment à insolubles dans les sulfures alcalins, ceux-ci sé-
l'oxyde et à l'oxychlorure. parant très-facilement les sulfures d'étain , d'anti-
Précipitation à l'état d'oxychlorure de bismuth. moine, d'arsenic, etc. , de ceux de bismuth, de
-- On peut, d'après H. Rose, déterminer bien cadmium, de plomb, de cuivre, de mercure et
plus exactement le bismuth en le précipitant à d'argent.
l'état d'oxychlorure Bi OCI ( = Bi2O3, Bi Cl³ ) qui Separation du bismuth et du plomb. -- Cette
est complétement insoluble dans l'eau et même séparation peut se faire en précipitant l'oxyde de
dans l'acide chlorhydrique étendu ; on peut s'en plomb par l'acide sulfurique ou par l'acide chlor-
assurer en ajoutant de l'hydrogène sulfuré à la hydrique en présence d'alcool qui ne dissout pas
liqueur filtrée ; celle-ci n'en est pas du tout colo- du tout de chlorure de plomb. On précipite le
rée [Pogg. Ann., t. CX]. bismuth, dans la liqueur filtrée, par l'hydrogène
Pour opérer par cette méthode, il faut que la li- sulfuré.
queur acide renfermant le bismuth contienne de On peut aussi précipiter le bismuth à l'état
l'acide chlorhydrique ou un chlorure ; on ajoute métallique par une lame de plomb pesée; on
alors de l'eau à la liqueur, et cela en quantité étend d'eau, de manière à couvrir cette dernière
d'autant plus grande que la solution est plus acide ; entièrement, et on abandonne le flacon fermé à
cela ne peut se faire que par tâtonnement en dé- lui-même pendant 12 heures, puis on détache le
cantant la liqueur claire et en y ajoutant une nou- bismuth, on pèse de nouveau la lame de plomb ;
velle quantité d'eau ; si la liqueur ne se trouble la perte de poids fait connaître, par une propor-
plus par cette nouvelle addition , c'est que la tion , la quantité de bismuth mise en liberté ; on
précipitation est complète. Si la liqueur renfer- peut aussi redissoudre le bismuth dans de l'acide
mant le bismuth était très-étendue, il faudrait azotique et le précipiter par le carbonate d'ammo-
la concentrer en l'évaporant doucement pour niaque (Ullgren).
que l'acide chlorhydrique, s'il y en a, n'entraîne Enfin, on peut séparer le plomb du bismuth en
pas de chlorure de bismuth en se volatilisant. On se fondant sur la volatilité du chlorure de bis-
recueille le précipité d'oxychlorure sur un filtre muth ; on précipite les deux métaux à l'état d'o-
taré, on le lave, on le sèche à 100° et on le pèse. xyde, et on les chauffe dans un courant d'acide
Il est bon quelquefois de s'assurer de la quan- chlorhydrique sec.
tité de bismuth que renferme l'oxychlorure pré- Bismuth et argent. - L'argent se sépare très-
cipité, surtout dans le cas où la liqueur renfer- facilement du bismuth à l'état de chlorure. Si
merait des sulfates, car alors le précipité peut l'on a affaire à un alliage de bismuth et d'argent
contenir du sulfate basique de bismuth. Il n'est (et de plomb) , on peut chauffer celui-ci directe-
pas possible de déterminer cette quantité en ré- ment dans un courant de chlore ; le bismuth se
duisant le précipité par l'hydrogène , car il se vo- volatilise .
latilise, pendant cette opération , une quantité con- Le cyanure de potassium peut très-bien servir
sidérable de chlorure de bismuth ; il vaut mieux à la séparation de ces deux métaux. -Voir plus loin.
opérer cette réduction par la fusion avec du cya- Bismuth et mercure.-- On peut traiter la li-
nure de potassium , et peser le régule de bismuth queur renfermant ces deux métaux, soit par le
produit. chlorure stanneux, soit par l'acide phosphoreux ;
Ce procédé s'applique très-bien à la séparation le mercure se dépose à l'état métallique, et le bis-
du bismuth d'avec le cuivre, le cadmium, le co- muth peut alors être précipité à la manière ordi
balt et le zinc. naire.
Précipitation à l'état de chromate. Le chro- Séparation par le cyanure de potassium. -
mate de bismuth est tout à fait insoluble dans Voyez plus loin.
l'eau et à peu près insoluble dans l'acide acétique, Bismuth et cuivre. -- Cette séparation se fait
dans l'acide azotique étendu et dans la potasse ; facilement par le carbonate d'ammoniaque; le
il est infusible et indécomposable par la chaleur cuivre est dissous et le bismuth est précipité . Il
seule. On a proposé d'employer ce sel au dosage suffit d'observer les règles posées pour le dosage
du bismuth [ Loewe, Journ. für prakt. Chem ., du bismuth par ce réactif.
t. LXII , p. 288 et 463 ; Pearson, Phil. Mag., Un alliage de cuivre et bismuth peut être ana-
(4), t. XI, p. 204 ] . On verse la solution contenant lysé en le chauffant dans un courant de chlore ;
le bismuth dans une solution de chromate neutre le chlorure de bismuth se volatilise facilement.
de potassium, maintenue en excès ; il se forme un Bismuth et cadmium. ― Cette séparation s'ef-
précipité cristallin , jaune, qui renferme, d'après fectue par le cyanure de potassium ; l'ammoniaque
Loewe , 3Bi203, Cr2O6 , et les acides le transfor- redissout facilement l'oxyde de cadmium et non
ment, d'après le même auteur, en un chromate l'oxyde de bismuth ; il peut donc servir à séparer
jaune-orange, Bi2O3, Cr2O6, devenant vert par la ces oxydes.
calcination . Ce dernier se forme aussi en ajoutant Bismuth et thallium . - — Enfin , un dernier mé-
un sel de bismuth dans du chromate acide de tal qui peut, dans certaines circonstances, se pré-
potassium . D'après Pearson , le sel qui se précipite cipiter en même temps que le bismuth à l'état de
dans ce dernier cas renferme Bi²Ò³, CrÒ³ . Si la sulfure , le thallium , peut facilement en être séparé
solution bismuthique renferme en outre du plomb en se basant sur la solubilité de son oxyde et de
ou du baryum , il faut commencer par séparer son carbonate. La précipitation du bismuth par le
ceux-ci par l'acide sulfurique. carbonate d'ammoniaque se prête très-bien à cette
Pearson a proposé de doser volumétriquement séparation, pourvu que le thallium existe dans la
BISMUTH.
616 - BISMUTHETHYLES
.
liqueur à l'état de protoxyde ; s'il y est à l'état de
peroxyde, il faudra d'abord le réduire par l'acide c'est le bismuth- triethyle ( C2H5) Bi ; l'autre, qui
sulfureux . Il est bon d'opérer dans des liqueurs ne contient que 1 groupe éthyle3 pour 1 atome
qui ne soient pas trop concentrées et d'éviter l'ad-
dition d'acide chlorhydrique, sans quoi le préci- de bismuth ; c'est le bismuthethyle (C2H5) Bi, qui
pité de bismuth renfermerait du chlorure de doit conserver deux atomicités, et c'est ce qui a
ihallium . On voit que dans ce cas la précipitation lieu, car le bismuthéthyle se combine à 2 atomes
du bismuth à l'état d'oxychlorure n'est guère de chlore , 2 d'iode , 1 d'oxygène diatomique, etc.
réalisable. Il paraît , en outre, exister un sesquibismuthé-
Si le thallium a été précipité à l'état de sulfure thyle ( C2H5) Bi² , mais on
con
en même temps que le bismuth, on ramènera ces qu'une seule combinaison de ce nerad l. t encore
icanaî
sulfures à l'état de nitrates . BISMUTH-TRIETHYLE, ( C2H5 )3 Bi.
On ne peut pas séparer ces deux métaux en se produit par l'action de l'iodure d'éthy Celecor
surps un
se
fondant sur la volatilité du chlorure de bismuth , alliage de bismuth et de potassium .
car le chlorure de thallium est lui- même assez Cet alliage, dont la préparation a été décrite
volatil. page 606 , est très- fusible et très- oxydable ; il dé-
Le thallium accompagne assez fréquemment le compose l'eau rapidement ; néanmoins , on peut
bismuth (Boettger ), il est donc bon de pouvoir en le conserver dans des flacons bien clos. Pour
opérer la séparation . fai re agir sur lui l'iodure d'éthyle, on le réduit
Bismuth, argent, cuivre , mercure, cadmium et en poudre , on l'introduit dans de petits ballons
plomb. Si l'on a affaire à un alliage de ces mé- munis d'un tube à distillation , par portions d'une
taux ou à une solution renfermant leurs oxydes , vingtaine de grammes, et on y ajoute rapidement
on peut très- facilement opérer leur séparation l'iodure d'éthyle ; au bout de quelques minutes,
par le cyanure de potassium . On mélange la solu- une réaction très-vive se manifeste, le mélange
tion éte ndue avec du car bonate de soude , puis on s'échauffe beaucoup et l'excès d'iodure distille .
y ajoute un excès de cyanure de potassium , on On verse alors sur le résidu renfermant le bis-
laisse digérer pendant quelque temps à une douce muthéthyle non volatil de l'eau récemment
chaleur et l'on filtre. Les cyanures de bismuth et bouillie pour dissoudre l'iodure de potassium
de plomb restent sur le filtre, tandis que les cya- formé, on facilite ce lavage en chauffant les bal-
nures de mercure, d'argent , de cuivre et de cad- jons au bain- marie. On réunit alors, dans un
mium, se trouvent tous dans la solution filtrée ; grand ballon rempli d'acide carbonique, le résidu
on les sépare en suivant des opérations qui sont pât eux renfermé dans les petits ballons, et on
décrites à l'étude de ces métaux . Quant aux cya- agite à plusieurs reprises ce résidu avec beaucoup
nures de plomb et de bismuth qui se trouvent d'éther qui dissout le bismuthéthyle , on ajoute
sur le filtre , on les lave bien, d'abord avec un ensuite de l'eau bouillie à la solution éthérée , on
peu de cyanure de potassium, puis avec de l'eau distille l'éther, et le bismuth- triéthyle reste dans
pure, et l'on opère la séparation du plomb et du la cornue , au fond de l'eau qu'on a ajoutée ; pour
bismuth à la manière ordinaire , en transformant le purifier, on le distille avec de l'eau , on l'agite
d'abord les cyanures en sulfates par l'hydrogène avec de l'acide azotique étendu pour dissoudre de
sulfuré, ou en les détruisant par la calcination . petites quantités d'oxyde de bismuth, pais on le
On peut aussi séparer le bismuth du plomb , du dessèche sur du chlorure de calcium. Toutes
cuivre et du cadmium, en chauffant les nitrates ces opérations doivent se faire autant que possible
à consistance sirupeuse , jusqu'à ce que le cuivre à l'abri de l'air.
soit transformé en sous- azotate insoluble comme Le bismuth - triéthyle est un liquide mobile ,
le sous-azotate de bismuth ; on lave ensuite à l'eau incolore ou d'un jaune pâle ; sa densité est égale à
renfermant 1/500 d'azotate d'ammoniaque , pour 1,82; il possède une odeur fort désagréable.
dissoudre les azotates de plomb et de cadmium , Il répand des vapeurs jaunes à l'air et s'en-
puis on traite le résidu par du carbonate d'ammo- flamme avec une légère explosion en produisant
nium ou de cyanure de potassium , pour dissoudre des fumées jaunes d'oxyde de bismuth ; cette
le sous-azotate de cuivre . Le sous- azotate de bis- combustion est très-brillante lorsqu'on répand
muth reste pour résidu et peut être dosé à cet état, le bismuthéthyle sur du papier à filtrer .
d'après Loewe qui a fait connaître cette méthode Versé dans du chlore , le bismuth- triethyle y
[Journ . für prakt. Chem. , t.LXXIV, p . 344 ] . E. W. brûle avec formation de charbon ; il brûle de
BISMUTH (Min .) . - même au contact du brome. L'acide azotique fu-
quelquefois un peu d'arse Bis
nicmut renren
. hSepur confer
treman
ent mant le décompose avec explosion .
masses lamelleuses ou granulaires d'un blanc Il est tout à fait insoluble dans l'eau, un peu
d'argent rougeâtre et en ramifications dendriti- soluble dans l'éther, mais très- soluble dans l'al-
ques, dans les , filons cobaltifères et argentifères . cool absolu . Lorsqu'on le chauffe , il commence
Caractères. Fusible à la flamme d'une bou- déjà à bouillir à 500 en dégageant un gaz hydro-
gie . Au chalumeau , brûle en répandant des fu- carburé, et le vase où l'on opère se recouvre de
mées qui couvrent le charbon d'une auréole jaune . bismuth métallique ; si l'on continue de chauf-
Soluble dans l'acide azotique concentré ; la so- fer, le thermomètre monte jusqu'à 160 °, et tout à
lution précipite par l'addition d'eau. coup il se produit une vive explosion qui brise
Cristallise en rhomboèdres de 87° 40 ' . Clivages l'appareil [ Breed , Ann. der Chem. u. Pharm.,
a¹, e¹. VI, p. 106 ].
(2) , t. ab
Dureté , 2 à 2,5 . Densité : 9,73. En andonnant à l'évaporation spontanée une
BISMUTH SULFURÉ CUPRIFÈRE. solution éthérée ou alcoolique de bismuthure d'é-
WITTICHITE . - Voyez thyle, il se dépose peu à peu de l'hydrate de bis-
BISMUTH SULFUR muth ; abandonné à l'air, sous l'eau, il s'oxyde de
FERE . E PLUMBO - CUPRI-
yez AIKINITE. mê me, en donnant de l'hydrate de bismuth et de
BISMUTVo H SILICATE. l'alcool ; l'eau qui surnage le précipité d'hydrate
BISMUTH TELLURIFÈRVoye E. z EULYTINE. est très-amère, et si on la traite par l'hydrogène
NINE. Voyez BOR- sulfuré, on obtient un précipité jaune de sulfo-
BISMUTHÉTHYLES . bism uthate de bismuth- triethyle
- Le bis mut h for me
avec l'éthyle deux combinaisons : l'une, dans la-
quelle les trois atomicités du bismuth sont satis- Bi2 S3, ( C2H53 Bi . S.
faites et qui , par conséquent, ne montre qu'une
très-faible tendance à former des combinaisons , Lorsque l'on ajoute de l'azotate d'argent à une
solution alcoolique de bismuth- triethyle , il se pro-
duit de l'argent métallique, et la solution ren-
BISMUTHETHYLES . - 617 - BISMUTHITE .
ferme probablement le même azotate; mais si de mercuréthyle, séparation qui se fait par la con-
l'on évapore cette solution, même à une très- centration de la solution alcoolique au bain-marie.
douce chaleur, on obtient un dépôt de sous-azo- Si l'on continue après cela la concentration, le
tate de bismuth. chlorure de bismuthéthyle se sépare en petits
L'acide azotique très-étendu dissout peu à peu cristaux blancs. Ceux-ci se décomposent en partie
le bismuth-triéthyle en dégageant du bioxyde lorsqu'on les reprend par l'eau, en laissant une
d'azote ; au bout de quelque temps la liqueur se poudre blanche. La solution donne alors, par
remplit de petites aiguilles qui se décomposent l'addition d'iodure de potassium, de l'iodure de
rapidement par la dessiccation. bismuthéthyle.
Lorsque l'on mélange des solutions alcooliques Iodure de bismuthéthyle, C2 II³ Bi, 12. Dans
de brome et de bismuth-triéthyle, il se forme cette réaction , l'iodure de bismuthéthyle se dé-
peu à peu du bromure bismutheux qui se préci- pose en magnifiques paillettes hexagonales ; il est
pite, et la liqueur filtrée donne avec l'hydrogène à peine soluble dans l'eau et dans l'éther, mais
sulfuré un dépôt de sulfobismuthate de bismuth- il se dissout assez bien dans l'alcool.
triéthyle. Le bromure ne peut pas s'obtenir par l'action
En ajoutant de l'iode à une solution alcoolique du bromure de potassium sur le chlorure de bis-
de bismuth-triéthyle, la liqueur s'échauffe et il se muthéthyle .
produit un précipité jaune ou rouge, suivant la L'oxyde de bismuthéthyle, C2 H5 Bi , O , se sé-
concentration de la liqueur ; si l'on filtre et si l'on pare sous forme d'un précipité jaunâtre lorsque
place la liqueur filtrée sur un bain-marje chauffé l'on ajoute de la potasse à une solution d'iodure
à 40°, il s'en sépare une petite quantité d'une de bismuthéthyle; ce précipité se redissout faci-
huile rouge dense ; la liqueur décantée de ce pro- lement dans un très-petit excès de potasse. Lavé
duit dépose, par le refroidissement, de grandes rapidement à l'alcool absolu et desséché dans le
quantités d'aiguilles rouges, peu solubles dans vide, l'oxyde de bismuthéthyle se présente à l'é-
l'eau et assez solubles dans l'alcool et dans l'é- + tat d'une poudre amorphe qui prend feu immé-
ther. La composition de ces aiguilles est repré- diatement au contact de l'air en répandant une
sentée par les rapports (C2H5) 3 Bi³ 15. Dunhaupt épaisse fumée jaune d'oxyde de bismuth.
pense que c'est une combinaison d'iodure de bis- Le sulfure de bismuthéthyle paraît être très-peu
muth Bil avec l'iodure (C2H5)3 Bi2, 12, c'est-à- stable. Lorsqu'on fait passer un courant d'hydro-
dire avec l'iodure de sesquibismuthéthyle. La gène sulfuré dans une solution d'iodure de bis-
liqueur qui a laissé déposer cette combinaison muthéthyle, il se forme une poudre brunâtre
renferme de l'iodure d'éthyle. douée d'une odeur fétide . Après la dessiccation
Lorsque l'on verse une solution azotique de dans le vide, ce précipité se trouve presque uni-
bismuth-triethyle dans une solution alcoolique quement formé de sulfure de bismuth.
de chlorure mercurique, il se produit un préci- Sulfate de bismuthéthyle. Ce sel s'obtient
pité de calomel ; lorsque l'on verse au contraire en solution lorsqu'on décompose une solution
une solution alcoolique faible et chaude de chlo- d'iodure de bismuthéthyle dans l'alcool faible par
rure mercurique dans une solution alcoolique une quantité exacte de sulfate d'argent. Cette so-
faible de bismuth-triéthyle, additionnée de quel- lution régénère de l'iodure de bismuthéthyle lors-
ques gouttes d'acide chlorhydrique , il ne se pro- qu'on y ajoute de l'iodure de potassium. Concen-
duit d'abord aucun précipité ; mais, au bout de trée au-dessus d'un vase contenant de l'acide
quelque temps , il se forme un précipité volumi- sulfurique, elle se décompose en laissant déposer
neux qui se redissout si l'on chauffe. Il se forme du sous-sulfate de bismuth.
dans ce cas du chlorure de mercuréthyle et du Azotate de bismuthéthyle,
chlorure de bismuthéthyle
C2H5 Bi , (Az08,2 ou C2H5 Bi O, Az205.
2 HgCl2 + (C2H5)³Bi Il s'obtient en mélangeant exactement, en
= = 2 ( C² H5 Hg , C + C2 H5 Bi . C12. proportions atomiques, des solutions alcooliques
d'azotate d'argent et d'iodure de bismuthéthyle.
Lorsque l'on fait bouillir une solution alcoo- On filtre et on abandonne la liqueur dans le vide
lique de bismuth-triéthyle avec de la fleur de sec ; il se produit ainsi un sirop épais qui se
soufre, il se produit du sulfure d'éthyle et un dé- transforme peu à peu en une masse cristalline
pot noir de sulfure de bismuth. Si l'on traite par radiće, douée d'une saveur métallique et d'une
l'hydrogène sulfuré une solution éthérée de bis- odeur de beurre rance. Récemment obtenu , ce
muth-triéthyle, elle laisse déposer, au bout de sel se dissout entièrement dans l'eau, mais après
quelques semaines, des cristaux brillants de sul- quelque temps il laisse une poudre blanche inso-
fure de bismuth . luble. La solution aqueuse, chauffée au bain-ma-
Mais lorsque l'on fait passer un courant d'hy- rie, donne un précipité de sous-azotate de bis-
drogène sulfuré dans une solution alcoolique de muth. A l'état sec, l'azotate de bismuthéthyle se
bismuth-triéthyle ou dans la liqueur aqueuse décompose avec ignition , à une très-douce cha-
provenant de l'oxydation à l'air du bismuthéthyle leur (Dunhaupt). E. W.
placé sous l'eau, on obtient un précipité jaune BISMUTHINE (Min .) [Syn . Bismuth sulfure,
qui brunit rapidement et qui possède une odeur Wismuthglanz]. - Sulfure de bismuth, Bi2 S3.
désagréable ; ce précipité est du sulfobismuthale Aiguilles striées longitudinalement et semblables
de bismuth- triethyle (C2H5)3 Bi S , Bi2S3, corres- à la stibine, en masses lamelleuses, d'un gris de
pondant au sulfoantimonite de stibéthyle [Dun- plomb clair.
haupt, Journ. für prakt. Chem. , t . LXI, p . 399] . Caractères. Soluble dans l'acide azotique
BISMUTHETHYLE, C² H³ . Bi. - Ce corps se produit chaud ; la solution , étendue , donne un précipité
à l'état de chlorure (C2 H5) Bi C12 par l'action du blanc. Fusible à la flamme de la bougie et volatile
chlorure mercurique sur le bismuth- triéthyle en sur le charbon en donnant un enduit jaune.
solution alcoolique. Ce chlorure sert de point de Tendre. Dureté , 2 à 2,5. Densité, 6,4 à 6,5.
départ pour la préparation des autres composés Forme cristalline. Prisme orthorhombi-
de bismuthéthyle. Pour cela, on commence par le que (mm) de 90°40'. Clivages : g¹ très-facile ; h¹
transformer en iodure en le traitant par l'iodure moins facile ; p assez facile.
de potassium . BISMUTHITE (Min . ) [Syn. Agnésite] . -- Car-
Le chlorure de bismuthéthyle , C2H5 Bi , Cl2, au bonate de bismuth en enduits cristallins ou
moment de sa préparation , reste en dissolution amorphes, d'une couleur blanche, jaune, jaune
dans la liqueur, après la séparation du chlorure verdâtre. Dureté, 4 à 4,5 . Densité, 6,9 à 7,6.
BISMUTHOCRE . 618 BIURET.
BISMUTHOCRE (Min . ) [ Syn. Bismuth oxydė]. le col de la cornue. Le résidu est complétement
Oxyde de bismuth, Bi203. Enduits pulvéru- soluble dans l'eau bouillante et la solution laisse
lents, d'un jaune verdâtre, provenant de l'altéra- déposer, en se refroidissant, des cristaux d'acide
tion de la bismuthine. cyanurique et d'ammélide. On précipite l'eau mère
Densité , 4,36 . Se réduit facilement sur le par le sous-acétate de plomb pour éliminer les
charbon en donnant du bismuth. dernières traces d'acide cyanurique ; on la débar-
BITUME ELASTIQUE. - Voyez ÉLATÉRIte . rasse ensuite de plomb par l'hydrogène sulfuré et
BITUMES (Min .) [ Syn. Asphalte, bitumes so- finalement on l'évapore. Elle donne alors des cris-
lides et visqueux , malthe, etc.] . Mélange de taux de biuret. Le même produit s'obtient en pe-
substances provenant de la décomposition de ma- tite quantité par l'action de la chaleur sur l'azo-
tières organiques et consistant surtout en car- tate d'urée.
bures d'hydrogène et en produits plus ou moins Propriétés. - Le biuret est très-soluble dans
oxydés et azotés. Ils se présentent en masses d'un l'eau et l'alcool . De ce dernier liquide il se sépare
brun noir ou noires, poisseuses , plus ou moins cristallisé en longs feuillets anhydres, sa solution
dures, souvent fragiles, à cassure conchoïde , fu- aqueuse au contraire l'abandonne en cristaux hy-
sibles vers 100° , brûlant avec une flamme fuligi- dratés qui perdent leur eau de cristallisation à
neuse. Densité, 1 à 1,7 . Partiellement solubles dans l'air sec ou plus rapidement encore par la dessic-
l'alcool. On les rencontre sur les bords du lac As- cation à 100°.
phaltite, à la Trinité, au Pérou, en Auvergne, L'acide sulfurique concentré dissout à froid le
dans les Landes, à Seyssel ( Ain) , à Bechelbronn biuret sans le décomposer. L'acide azotique moyen-
(Bas-Rhin), etc. D'après les recherches de M. Bous- nement concentré ne lui fait subir non plus au-
singault, le bitume compacte est constitué princi- cune altération.
palement par un mélange de deux substances dé- Réactions. - Les solutions aqueuses de biuret
finies, l'asphaltène et le pétrolène , la première ne sont précipitées ni par les sels solubles de plomb,
pouvant être considérée , selon Gerhardt, comme ni par le tannin , ni par l'acide gallique. Lorsqu'on
provenant de l'oxydation de la seconde. y ajoute quelques gouttes d'un sel cuivrique, puis
Le pétrolène isolé du bitume de Bechelbronn , de la potasse, il se produit une coloration rouge
séché sur le chlorure de calcium et rectifié, se intense. Cette coloration se produit même avec les
présente sous la forme d'un liquide huileux et lé- solutions du corps dans les acides ou dans l'am-
gèrement jaune, d'une odeur bitumineuse et d'une moniaque.
densité de 0,891 à 21 °. Il ne se solidifie pas à Lorsqu'on le chauffe, le biuret commence par
12º, et bout à 280°. Son analyse ainsi que la fondre, puis dégage de l'ammoniaque et finit par
densité de sa vapeur conduisent à la formule laisser de l'acide cyanurique pur :
C20 H32. Densité de vapeur trouvée 9,415, calcu- 3 C2H5Az302 = 2 C³ H³ Az³ 03 +3 Az H³.
lée 9, 5. Biuret. Acide cyanurique. Ammoniaque.
L'asphaltène, que l'on obtient pur en volatilisant
le pétrolène par une température de 250º, main- M. Finckh a en outre observé les réactions sui-
tenue pendant 48 heures, est une substance solide vantes :
noire, brillante, qui devient élastique à 300° et Lorsqu'on ajoute du sulfate d'argent, puis de
se décompose avant de fondre. Il est soluble dans l'ammoniaque à une solution aqueuse de biuret,
l'alcool, brûle comme une résine et possède une il se forme un précipité de cyanurate d'argent,
composition qu'on peut représenter par la formule
C20H3203 Boussingault, Ann. de Chim. et de (C3A3 Ag3O3)2 + H2O ;
Phys. , (2) , t. LXIV, p. 141 ] . et la liqueur renferme de l'urée. Ce précipité ne
Voici des analyses de différents bitumes : se produit point si l'on n'ajoute pas d'ammonia-
Boussingault ('). que au mélange de sel d'argent et de biuret.
с H O Az Chauffé à 120° dans un courant de gaz chlorhy-
1,6 drique sec, le biuret absorbe ce gaz et donne un
Asphalte de Coxitambo (Pérou) . 88,6 9,7 composé dont la formule est (C2H5 Az3 O2,2 HCl.
Pétrolène 87,3 12,1
Asphaltene . 71,2 9,9 Cette combinaison est décomposée par l'eau.
Chauffé à 160 - 170° dans un courant de gaz
Ebelmen (2). chlorhydrique, le biuret se ramollit d'abord, puis
Asphalte de Bastennes.. 78,5 8,8 2,6 1,6 dégage de l'eau et de l'anhydride carbonique.
d'Auvergne 76,1 9,4 10,3 2,3 Parmi les produits fixes de la réaction on trouve du
- des Abruzzes... 77,6 7,9 8,3 1,0 sel ammoniac, de la guanidine, CH³ Az³ , à l'état
de chlorhydrate, de l'acide cyanurique et du cya-
Regnault (3). nurate d'urée.
Asphalte de Pontnaver..... 67,4 7,2 21,0 1,1 L'acide chlorhydrique concentré, bouillant, dé-
de Cuba... 81,4 9,6 9 compose le biuret. Il en est de même de l'acide
F. et S. azotique concentré. Ce dernier le dédouble en acide
cyanurique et nitrate d'urée. Le produit final de
BIURET, C2H5 Az³ O2 + H2O [Wiedemann, cette décomposition est du nitrate d'ammoniaque.
Poggend. Ann., t. LXXIV, p. 67 ( 1848) ;- Weltzien, Bouilli avec de l'eau de baryte, le biuret se dé-
Ann. der Chem. u. Pharm. , t. C, p. 191 , nouv. double en ammoniaque, anhydride carbonique et
série, t . XXIV, novembre 1856 ; -En extrait Ann. urée, selon l'équation
de Chim. et de Phys. , t. IV, p. 119 ; Finckh,
Ann. der Chem. u. Pharm., t. CXXIV, p. 331 , C2H5 Az302 + H2O = CHAz2O + CO2 + Az H³.
(nouv. série, t. XLVIII) ; décembre 1862 et en ex- Biuret. Eau. Urée. Anhydride Ammo-
trait Ann. de Chim . et de Phys. , t. LXVII, p. 493 carbonique. niaque.
et Bull. de la Soc. chim. , année 1863, p. 376] . Constitution du biuret. Gerhardt [Traité de
Pour préparer ce corps (Wiedemann), on soumet Chim . org., t. I , p. 423] considérait ce corps
l'urée à l'action prolongée d'une température de comme du bicyanate ammonique Az H³ (CAzHO) .
150° à 170°, il se dégage de l'eau et de l'ammonia- Plus tard M. Weltzien [loc. cit.] a proposé de
que tandis que de l'urée régénérée se sublime dans représenter l'urée par la formule
(1 ) Ann. de Chim. et de Phys. , (2), t . LXXIII , p. 422. (CH2Az O)' )
(2) Ann. min. , t. XV, p. 523. H Az
(3) Dingler's polytechn. Journ., t. LXVIII , p. 201 .
BIXINE. - 619 ― BLANC .
et le biuret par la formule bouillant; soluble en jaune ou en orangé dans les
alcalis et l'eau de savon. M. Bolley donne à ce
(CH2 AzO)' corps la formule C5 H6O2. D'après Kerndt, l'orel-
(CHAZO Az.
H line dériverait de la bixine par une altération su-
bie au contact de l'air et de l'eau. L'acide sulfu-
dans cette hypothèse le biuret serait une amide rique concentré dissout la bixine en se colorant
secondaire renfermant deux fois le radical uret et en beau bleu foncé. On voit, d'après ce peu de
l'urée une amide primaire contenant le même ra- données certaines, que l'histoire chimique de cette
dical. matière colorante est encore bien incomplète .
M. Finckh [loc. cit. ] n'a point admis cette hypo- Le rocou sert à la teinture et à l'impression des
thèse en s'appuyant sur les expériences que nous tissus, pour colorer les huiles, les graisses , le
avons citées plus haut, il regarde le biuret comme beurre, le fromage, les vernis et le cirage. Les
un isomère du cyanate d'urée, présentant vis-à- vis sauvages de l'Amérique l'emploient pour s'en
de ce cyanate les mêmes rapports que l'urée vis- frotter le corps. Les nuances qu'il fournit sont
à-vis du cyanate d'ammonium. belles et vives , elles résistent aux acides et au sa-
Le biuret présente, en effet, des dédoublements von. Le chlore n'a pas beaucoup d'action sur elles,
qui tendraient à le faire considérer comme du mais elles sont peu solides à l'air et à la lumière.
cyanate d'urée ; mais M. Finckh a observé que l'a- Seul, il donne des nuances aurore ou orangé.
cide cyanique et l'urée se combinent en donnant Pour teindre le coton, on dissout le rocou dans un
du cyanurate d'urée isomère du biuret, et une carbonate alcalin ; le bain est porté à l'ébullition ;
petite quantité de biuret : on y maintient le tissu ou les écheveaux pendant
un quart d'heure, puis on lave à l'eau acidulée.
CAZ HOCH Az O C2H5A2302. On arrive à de meilleurs résultats en opérant
Acide cyanique. Urée. Biuret. avec une fibre stannatée et passée au sumac et
La formule de constitution du biuret devrait, en neutralisant le bain alcalin par l'acide sulfu-
dans cette hypothèse, être écrite rique, de façon à ne pas précipiter la matière co-
lorante. La soie se teint sans mordant dans un
AzI12 bain porté à 50° et monté avec parties égales de
(co," rocou et de cristaux de soude. La teinte aurore
Az u est virée à l'orangé par un passage en jus de ci-
tron. P. S.
(co BLANC DE BALEINE [De Saussure, Ann. de
Áz H. Chim. et de Phys. , (2) , t. XIII , p . 340 ( 1820) ;
Chevreul, Recherches sur les corps gras , p. 171
On connaît un autre isomère du biuret : c'est (1823) ; -- Smith, Ann. der Chem. u. Pharm .,
l'isobiuret, découvert par M. Baeyer. (Voyez co t. XLII, p. 247 , et Ann . de Chim. et de Phys. , (3),
mot.) A. N. t. VI, p. 30 (1842 ) ; - Stenhouse, Journ . für prakt.
BIXINE [ Chevreul, Leçons de Chim . appliquée Chem ., t. XXVII , p. 253 : Dumas et Peligot,
à la teinture; - Boussingault, Ann . de Chim. et Ann. de Chim. et de Phys., ( 2) , t. LXII, p, 17
de Phys. , (2), t. XXVIII, p. 440 ; Kerndt, Jah- (1836) ; Heintz, Zoochemie , p. 477 et 1079 ;
resb. , de Liebig et Kopp, 1849, p. 457; Bolley Ann. de Poggend. , t. LXXXIV, p. 232, et t. CXII,
et Mylius, Schweitzerisch polytechnische Zeitsch. , p. 429, 558 ; Ann . de Chim. et de Phys. , (3),
1861; Répert. de Chim. appliq. , t. IX, p. 134 ; t. XXXVII , p. 361 , et t. XLII , p . 117 ; [Ann, der
Girardin , Journ . de Pharm . et de Chim. , (3), Chem. u. Pharm . , t. CXII , p. 291 ; Berthelot,
t. XXI, p. 174; cahier de mars 1836 ] . - La bixine Ann. de Chim . et de Phys., (3), t. XLI, p. 219 ;
forme la principale partie de la pâte rocou em- - Wurtz, Traité élémentaire de Chimie médicale,
ployée comme matière colorante ; elle a été étudiée t. II, p. 188, 189 , 190] . - Le blanc de baleine
chimiquement par MM. Chevreul, Boussingault, ou spermaceti est la partie concrète d'une huile
Kerndt, Picard, Bolley et Mylius. Le produit com- que l'on trouve dans les sinus crâniens du cacha-
mercial est préparé avec la pulpe qui entoure les lot et d'autres cétacés. On le purifie en le compri-
fruits du Bixa orellana (rocouyer) , arbuste de la mant fortement et en le faisant cristalliser dans
famille des Bixinées . Le rocouyer est exploité dans l'alcool bouillant. Il se présente alors sous la
l'Amérique du Sud , au Mexique, dans la Guyane forme de paillettes nacrées, fusibles à 49°, et se
française et dans les îles des Indes orientales. Il prenant, par le refroidissement, en une masse
arrive en Europe sous forme de gâteaux du poids cristalline, lamelleuse et radiée .
de 5 à 8 kilogrammes, enveloppés dans des feuilles Jusqu'aux travaux de M. Heintz , on a cru que le
de bananier, ou en pains entassés dans des fûts , blanc de baleine était un composé unique, la cé-
ou encore dans des boîtes en fer-blanc. Il a l'ap- tine ou palmitate de cétyle,
parence d'une pâte homogène, grasse et onctueuse C16 H31 O 0.
au toucher, d'une couleur rouge terne, d'une C16HS3 )
odeur désagréable , urineuse. Il contient en
moyenne eau, 72 ; feuilles et substances étran- En effet, M. Dumas, M. Chevreul, M. Smith,
gères, 22 ; matière colorante, 6. Il est souvent etc., avaient montré que, saponifié par les alcalis ,
mélangé à des substances minérales rouges (ocres , le blanc de baleine se transforme en éthal ou al-
colcothar, brique pilée ). cool cétylique, C16 H34 O, et en acide palmitique,
Le rocou cède à l'eau un principe jaune, soluble C16 H32 O2. Cette saponification s'opère facilement
également dans l'alcool, insoluble dans l'éther lorsqu'on fond le blanc de baleine ( 2 p . ) avec de
(orelline). Le résidu renferme la principale ma- l'hydrate de potassium solide (1 p.).
tière colorante, la bixine. Pour l'isoler, on peut Dernièrement, M. Heintz a montré : 1° qu'il
suivre le procédé suivant, indiqué par M. Bolley. se forme dans le dédoublement du blanc de
Le rocou de Cayenne, lavé à l'eau et séché, est baleine, non-seulement de l'acide palmitique,
épuisé par l'alcool concentré et bouillant. Le li- mais encore des acides stéarique, myristique,
quide filtré est évaporé au bain-marie. Le résidu cocinique et cétique (l'acide cétique aurait pour
est mis à digérer dans l'éther qui en dissout faci- formule C15 H30 O2 et serait identique avec l'acide
lement une partie. Ce qui reste se présente sous bénique) . Il admet conséquemment que le blanc
forme d'une poudre rouge cinabre, fusible à 100º, de baleine contient des éthers stéarique, palmi-
soluble dans l'alcool, insoluble dans l'eau , inal- tique, cétique, myristique et cocinique.
térable à 145° par l'acide sulfurique étendu et Comme, en outre, en traitant l'éthal brut par
BLANCHIMENT. - 620 -- BLANCHIMENT.
la chaux potassée à 275° ou 280°, il a obtenu d'avec les autres , il existe également quelques
à la fois de l'acide palmitique C16 H32O2, de l'a- réactions très-nettes, car, quoique ces fibres, &
cide stéarique C18H36 O2, de l'acide myristique l'état de pureté absolue, aient une composition
C14H28 O2 et de l'acide laurostéarique C12H24 O2, chimique identique, il est rare de les rencontrer
il admet que le blanc de baleine renferme plu- privées entièrement des matières étrangères spé-
sieurs alcools différents auxquels sont dus ces di- ciales à l'une ou à l'autre , et qui donnent des
vers acides : réactions caractéristiques .
Le léthal, C12 H26 O, Le lin et le chanvre , plongés dans une solution
Le méthal, C14 H30 O, bouillante de potasse caustique, se colorent en
L'éthal, C16 H34O, jaune foncé ; le coton reste incolore.
Le stéthal, C18 H38 O. Le phormium tenax est coloré en rouge par l'a-
Le blanc de baleine serait donc un mélange des cide nitrique fumant ou par un passage en chlore
éthers stéarique, palmitique , cétique, myristique suivi d'un passage en ammoniaque.
et cocinique de l'éthal, du méthal, de l'éthal et Le chanvre se distingue du coton et du lin par
du stéthal, ce qui en ferait une substance fort le diamètre de ses fibres, double environ de celui
compliquée. des deux autres.
Toutefois la cétine ou palmitate de cétyle en est Tels sont les moyens les plus simples et les plus
l'élément constituant. A. N. prompts de reconnaître la nature d'un fil ou d'un
BLANCHIMENT (angl. bleaching , allem. blei- tissu.
chen]. - On désigne sous ce nom le procédé Nous exposerons d'abord le blanchiment des
par lequel on enlève à diverses substances (coton , fibres végétales en commençant par la plus im-
lin, soie, papier, cire, etc. ) les matières colo- portante d'entre elles, le coton, puis nous abor-
rantes qui les souillent. Dans le cas particulier derons le blanchiment de la laine, celui de la soie,
des fibres textiles, le mot blanchiment a un sens et nous terminerons par quelques mots sur celui
plus étendu : il implique non-seulement les opéra- des pâtes à papier, de la cire, etc.
tions par lesquelles on décolore, mais en même BLANCHIMENT DES FIBRES VÉGÉTALES . - His-
temps celles qui, dépouillant les fils ou les tissus torique. -- L'art du blanchiment remonte à une
de toutes matières étrangères, les rendent plus époque reculée ; les Orientaux et les Égyptiens y
propres à la teinture et à l'impression. avaient acquis une grande habileté ; leurs procé-
Quand un tissu sort de fabrication, il est re- dés reposaient sur l'emploi des alcalis, de l'urine
couvert d'un grand nombre d'impuretés, corps putréfiée, de certaines plantes mucilagineuses , de
gras, matières résineuses, apprêt, etc ; les unes l'acide sulfureux , de terres argileuses, et sur l'ex-
s'opposent à la fixation des couleurs ; les autres , position des tissus au soleil.
au contraire , fonctionnant comme mordants, dé- Ces mêmes agents sont restés les seuls employés
terminent cette fixation d'une manière irrégulière , jusqu'à la fin du siècle dernier, époque à laquelle
de telle sorte qu'il serait impossible de produire la Hollande avait la réputation de produire les
des teintures unies ou des impressions correctes plus beaux blancs . Les colonies avaient également
sans leur enlèvement préalable. Quant à la ma- un grand renom dans l'art de blanchir, car Vau-
tière colorante, inhérente à la fibre, sa destruc- blanc dit que les négociants de Bordeaux expé-
tion est nécessaire, parce qu'elle lui donne un ton diaient leur toile à Saint-Domingue pour l'avoir
jaunâtre, fauve, désagréable à l'œil, et qu'en même plus belle [ Mémoires de Vaublanc, p. 118] . Le
temps elle altère considérablement la pureté et procédé généralement employé alors, et qui l'est
l'éclat des couleurs qui sont déposées sur le tissu. encore de nos jours dans certaines localités, con-
Le blanchiment repose sur une série d'opéra- siste à étendre sur un pré la toile écrue, en ayant
tions chimiques ; comme les propriétés des di- soin de l'humecter de temps autre et en lui fai-
verses fibres textiles sont très-différentes les unes sant subir de fréquents passages en lessives bonil-
des autres, il est évident que ces opérations ne lantes ; ces passages en lessives doivent alterner
peuvent être identiques pour la soie, la laine, le avec les expositions sur pré : en les répétant pen-
coton, etc. Il convient donc tout d'abord d'indi- ' dant un temps plus ou moins long, qui générale-
quer quelques-uns des moyens employés pour dis- ment atteint quelques mois, on obtient un tissu
tinguer les diverses fibres les unes d'avec les parfaitement blanc.
autres. On les partage en deux classes : les fibres En 1784, Berthollet fit connaître l'action des-
animales, comprenant la laine et la soie ; les fibres tructive que le chlore exerce sur la plupart des
végétales, comprenant le coton , le lin , le chanvre, matières colorantes, et montra que cet agent était
le phormium tenax, etc. éminemment propre à blanchir les tissus. Les
La laine et la soie se distinguent aisément des deux mémoires que Berthollet présenta à l'Aca-
fibres végétales : 1° Quand on les approche de la démie sur cet objet sont des modèles de sagacité
flamme d'une bougie, elles se charbonnent sans [Ann. de Chim. , 1789, p. 151 , et t. VI, p. 2.0] .
s'enflammer, et en répandant l'odeur de la corne Il faut bien reconnaître que si les procédés actuels
brûlée ; les fibres végétales brûlent sans laisser de ont acquis un degré de perfection admirable, la
résidu sensible et sans donner d'odeur. 2º La théorie est restée bien en arrière et que nous en
laine et la soie se colorent d'une manière intense sommes aujourd'hui, pour l'explication des phéno-
quand on les plonge dans la solution d'acide mènes qui accompagnent le blanchiment, à peu
picrique, ou mieux encore dans la liqueur qu'on de chose près au point que Berthollet, avec son
obtient en précipitant par la soude une solution génie, avait atteint il y a près d'un siècle.
de fuchsine jusqu'à complète décoloration , et fil- Le procédé qu'il indique est le suivant : Laver
trant. Dans les mêmes circonstances, les fibres les tissus à l'eau chaude pour enlever l'apprêt,
végétales restent sensiblement incolores. passer en lessives bouillantes pour dissoudre les
Pour distinguer la laine de la soie, on emploie matières rendues solubles par le rouissage et l'ac-
avec succès le plombite de sodium , qui noircit la tion de l'air, puis en eau de chlore qui, dit-il,
laine et ne colore pas la soie, ou l'un des réactifs « doit agir comme l'exposition des toiles sur le
suivants : le chlorure de zinc basique (J. Persoz, pré..., c'est-à-dire disposer les parties colorantes de
Répert. de Chim. appl. , 1863, p. 9 , l'oxyde de la toile à être dissoutes par l'alcali des lessives, »
cuivre ammoniacal | Schweitzer, Schlossberger , passer de nouveau en lessives et alterner ces deux
Rep. app. , 1858 , p . 72] , l'oxyde de nickel ammo- passages jusqu'à complète décoloration . Il indique
niacal (Ibid.], qui dissolvent la soie et sont sans aussi l'emploi du chlore gazeux, ainsi que de la
action sur la laine. dissolution de chlore dans la soude.
Pour distinguer les fibres végétales les unes Le procédé de Berthollet, quelque rationnel
BLANCHIMENT. - 621 BLANCHIMENT.
qu'il soit, ne fut pas adopté facilement en France ; Étudions, au point de vue chimique, l'action
la routine , l'ignorance des blanchisseurs s'y oppo- que ces divers traitements doivent exercer sur le
saient, mais il fut presque immédiatement mis en tissu écru .
pratique en Ecosse, où Watt, qui avait assisté Premier traitement alcalin. - Il a pour but
aux expériences de Berthollet, le fit connaître. d'attaquer les matières grasses renfermées dans le
En 1798, Ch . Tennant y apporta un perfection- tissu et de les transformer en savons avec élimi-
nement important, en préparant la solution de nation de glycérine. Pendant longtemps on a em-
chlore dans l'eau de chaux (bleaching liquor) ; ployé pour ce traitement la soude ou la potasse ;
enfin, l'année suivante, le chlorure de chaux sec aujourd'hui on n'emploie plus que la chaux. Sans
fut découvert et appliqué au blanchiment. Dès parler de l'économie très-importante que l'on réa-
lors, le nouveau procédé fut généralement adopté. lise ainsi, on arrive au moyen de la chaux à une
A Valenciennes, à Rouen , à Lille, en Belgique, se saponification beaucoup plus prompte et plus com-
fondèrent de vastes établissements ; peu à peu plète ; les matières résineuses elles-mêmes sont
le rêve de Berthollet fut réalisé et « ces vastes attaquées ; la matière colorante subit une modifica-
prairies qui, dans les pays les plus fertiles, étaient tion qui rend sa destruction ultérieure plus facile ;
abandonnées aux toiles qu'il fallait y tenir éten- enfin le peu de solubilité de la chaux rend son
dues pendant toute la belle saison , furent con- emploi moins dangereux pour l'altération de la
quises à l'agriculture. >> fibre, que celui de la soude qui , dans l'état de
Les principes du blanchiment moderne diffèrent concentration nécessaire à une bonne saponifica-
peu de ceux de Berthollet ; les agents employés tion, attaque facilement le coton.
sont les mêmes, modifiés par les progrès qu'a faits Malgré ces nombreux avantages, beaucoup de
la science, et par les besoins qu'une longue pra- blanchisseurs ont longtemps hésité à en adopter
tique a fait sentir. Le seul progrès réel que nous l'emploi, parce que, disaient-ils, la chaux brûle
puissions signaler est la découverte et l'application le tissu. C'est en effet ce qui arrive, et Berthollet
du savon de résine, dont l'introduction dans l'in- l'avait déjà constaté, quand le coton se trouve au
dustrie date de 1836 environ , et qui présente des contact de l'air et de la chaux en même temps :
avantages nombreux et très-importants. dans ces circonstances , et probablement sous l'in-
BLANCHIMENT DES TISSUS DE COTON ( ¹ ) .— Un tissu fluence d'une oxydation rapide, la cellulose est éner-
de coton, écru , est recouvert d'un grand nombre giquement attaquée et promptement détruite ; ce
de substances étrangères que le blanchiment a résultat désastreux n'arrive jamais quand on a soin
pour but de faire disparaître ; les unes sont inhé- de maintenir les tissus à l'abri de l'air, pendant
rentes à la fibre, les autres proviennent des opé- qu'ils sont en contact avec la chaux.
rations de la filature et du tissage ; ce sont : Passage en acide. - Le passage en acide a
1° Une matière colorante , insoluble dans les pour but de décomposer les savons calcaires, for-
alcalis , mais capable de s'y dissoudre quand elle més dans l'opération précédente, ainsi que les sa-
a été modifiée par les agents oxydants ; la présence vons métalliques qui existent sur le tissu , et de
de cette matière ternit la pureté des couleurs qui mettre les acides gras en liberté il doit, en ou-
sont déposées sur le tissu, et en même temps elle tre, dissoudre l'excès de chaux, les oxydes métal-
communique à ce dernier un ton fauve, désa- liques, et une portion de la matière colorante,
gréable à l'œil ; modifiée comme nous l'avons dit par le passage
2º Diverses résines, les unes solubles , les autres alcalin. Ou emploie dans cette opération l'acide
insolubles dans les alcalis ; ces matières s'opposent sulfurique ou l'acide chlorhydrique : ce dernier
à la pénétration des liquides dans les tissus, paraît devoir être préféré, d'une part à cause de
agissent comme réserves et empêchent ainsi la la tendance que possède l'acide sulfurique à for-
décoloration de la fibre; en outre, elles fonc- mer avec le fer des sous-sels qui, se fixant sur le
tionnent souvent comme mordants et attirent les tissu , ne pourraient plus que très-difficilement
matières colorantes des bains de teinture ; être enlevés, d'autre part, parce que le chlorure
3º Les matières grasses, dont la présence amène de calcium , étant beaucoup plus soluble que le
des accidents analogues ; sulfate, est facilement éliminé : les fabricants qui
4° L'apprêt de la chaîne du tissu ; il est géné- se servent d'acide sulfurique ne doivent pas ou-
ralement composé de matières amylacées, amidon, blier qu'il est essentiel d'enlever par un lavage
fécule, etc., auxquelles on ajoute quelquefois cer- énergique jusqu'aux dernières traces de sulfate de
tains sels métalliques ; calcium, car, plus tard, en magasin, chaque par-
5º Des savons de cuivre et de fer provenant de celle de ce corps déterminerait une brûlure du
l'action des corps gras sur les métaux avec les- tissu.
quels le fil se trouve en contact ; Deuxième passage alcalin. — Cette opération a
6º Les produits de la combustion du coton, pro- pour but d'enlever du tissu les acides gras qui
venant de l'opération du flambage ; ont été mis en liberté par le passage en acide. On
7º Les impuretés de toutes sortes que le tissu réalise cet effet au moyen du carbonate de sodium
ramasse pendant le cours de la fabrication ; qui, on le sait, dissout avec facilité les acides
8º Des oxydes métalliques ( fer, cuivre , etc. ), margarique, oléique, stéarique, et forme avec eux
provenant évidemment de la même source et dont des savons solubles. Ces savons, à leur tour, ré-
on peut facilement constater la présence en pas- agissent sur les dernières portions d'acides gras,
sant un tissu écru dans une solution acide de qui finissent par ètre totalement enlevés du tissu.
ferrocyanure de potassium. On ne peut remplacer le carbonate de sodium
Toutes ces substances doivent disparaître par le par la soude caustique sans danger pour la fibre.
blanchiment ; la marche actuellement suivie, et On a récemment proposé de supprimer le pas-
qui permet d'arriver à ce résultat, consiste, d'une sage en acide et de faire suivre le traitement à la
manière générale, en : chaux, directement, d'un traitement au carbonate
1° Un traitement alcalin , suivi d'un passage en de sodium : il se forme alors du carbonate de cal-
acide ; cium et un savon alcalin ; ce mode opératoire ne
2º Un second traitement alcalin ; s'est pas généralisé.
3º Un passage en chlore, suivi d'un passage en Depuis quelques années, on emploie, pour ce se-
acide. cond passage alcalin, le savon de colophane : l'in-
(1) Nous devons à l'obligeance de MM. Hæfely, de troduction de cet agent dans le blanchiment
Pfaffstadt, Mathias Paraf Javal, de Thann, et Armand constitue un perfectionnement très - important.
Léderlin, de Rothau (Bas-Rhin), une grande partie des Quoique l'emploi des résines ait été utilisé depuis
renseignements que l'on trouvera dans cet article. Ch . L. fort longtemps dans l'économie domestique, ce
BLANCHIMENT. 622 - BLANCHIMENT.
n'est que depuis peu d'années qu'il a été adopté chlorite de calcium et le décompose ; on sait que,
par l'industrie. « Madame veuve Bruckback se fit dans ces circonstances, il se produit de l'acide
patenter en 1827 pour cet objet. Le brevet fut hypochloreux (J. Kolb) . Puis il est traité par un
vendu à un nommé Heinzelmann qui importa le acide faible qui complète cette décomposition et
procédé en Écosse : c'est de là qu'il fut connu en dissout probablement la matière colorante, mo-
France, vers 1836. » [ Schutzenberger, Traité des difiée par l'action du chlore ou de l'acide hypo-
matières color., t. I , p. 73.] chloreux.
Le but que l'on se propose dans le traitement On emploie généralement l'acide chlorhydrique
au savon de colophane est l'enlèvement ou la des- pour ce dernier traitement, d'une part pour les
truction de certaines matières résineuses inhé- motifs que nous avons déjà indiqués dans le pre-
rentes à la fibre du coton, insolubles dans les al- mier passage en acide, d'autre part parce que le
calis, et jouissant de la propriété de fonctionner chlorure de chaux renferme fréquemment du
comme mordants : jusqu'à l'époque où les pro- chlorate de calcium qui, sous l'influence de l'acide
priétés de la dissolution alcaline de colophane fu- chlorhydrique, donne naissance à une forte pro-
rent connues, la présence de ces matières résineuses portion de chlore qui serait perdu par l'emploi de
donnait lieu à de fréquents accidents de fabrica- tout autre acide :
tion et rendait impossible l'obtention de fonds
blancs dans certains articles (garancine, p. ex.). CI2O6 Ca +12 CIH = CI²Ca + 6 H2O + 12 Cl.
Une expérience très-simple rend compte du ròle L'action de l'air ou de l'acide chlorhydrique
que remplit le savon de colophane. peut être remplacée par celle de la chaleur : un
Traitons un tissu écru, bien lavé à l'eau bouil- tissu imprégné de chlorure de chaux et soumis à
lante, par de l'alcool, puis dégraissons-le par un une température élevée est complétement déco-
passage en carbonate de sodium : si nous teignons loré.
le tissu ainsi dépouillé dans un bain de garance, D'après J. Kolb, la solution du chlorure de
il se comportera exactement comme s'il avait été chaux agit comme décolorant, en dehors du con-
traité au savon de colophane. tact de l'air; l'hypochlorite cède con oxygène à la
Prenons, d'autre part, un tissu blanchi au sa- matière colorante et se transforme en chlorure de
von de colophane et imbibons-le de la liqueur al- calcium .
coolique qui nous a servi à dépouiller le tissu Certains fabricants ont proposé de remplacer
écru ; après dessiccation et lavage à l'eau, ce tissu le chlorure de chaux par un mélange d'hypochlo-
teint en garance se comportera comme un tissu rite de sodium et de soude caustique, cette der-
écru . - C'est donc bien à cette résine, soluble nière variant de 5 à 25 % du poids de l'hypo-
dans l'alcool, qu'appartient la propriété d'attirer chlorite ; l'opération est effectuée à 30-35° [Arrott,
la matière colorante de la garance. Le savon de London Journ. of arts, 1864, april, p. 218.
colophane produit le même effet que l'alcool : il Voyez aussi plus bas le procédé de Jennings pour
enlève cette résine. le blanchiment du lin] .
Y a-t-il dans l'action du savon de colophane Après le chlorage, il ne reste plus qu'à bien
dissolution ou destruction de la résine ? Le fait laver le tissu , pour que le blanchiment soit ter-
est encore incertain. miné ce lavage doit être fait avec grand soin,
Quelques manufacturiers pensent que le savon parce que s'il restait une quantité même très-mi-
de colophane agit comme réducteur, et basent nime d'acide en contact avec la fibre, cet acide
leur opinion sur l'analogie qui existe entre son se concentrerait par la dessiccation et amènerait
action et celle de diverses substances avides d'oxy- forcément l'altération du tissu.
gène . Tribelhorn et Bolley ont montré, en effet, Un lavage analogue doit être donné après les
que la dissolution du protoxyde d'étain dans la passages en chaux, en acide et en savon de ré-
soude caustique détruit les résines comme le sa- F sine nous y reviendrons dans la description
von de colophane [ Dingler's polytechn. Journ., technique des procédés et des appareils employés.
t. CXXXIV, p . 216]. Pour ce qui regarde la théorie de la décoloration ,
Il parait plus vraisemblable d'admettre qu'il nous sommes obligé de répéter ce que nous
agit comme dissolvant ou émulsionnant : de même avons dit en parlant du savon de colophane : les
que les corps gras et les huiles se dissolvent dans faits sont parfaitement établis, les résultats cer-
les savons gras, de même les résines sont solubles tains, mais, théoriquemeut, ils sont encore très-
dans les savons de résine. Il s'oppose en outre à obscurs.
ia décomposition des stearates et margarates alca- Dans le blanchiment par exposition sur pré,
lins qui, comme on sait, se transforment facile- trois éléments sont indispensables : l'air, la lu-
ment en sels acides, insolubles dans l'eau, surtout mière, l'eau ; l'absence de l'un d'entre eux entrave
chargée de matières étrangères , mais très-solu- complétement l'action des deux autres . On peut
bles dans l'eau chargée de savon ou de corps jusqu'à un certain point rendre compte de l'action
analogues. de l'eau elle agit, sans doute, par la propriété
La théorie du savon de colophane est, on le voit, qu'elle a de pénétrer dans la fibre et de mettre
peu élucidée et nécessite de nouvelles recherches . en contact intime avec elle l'air qu'elle tient en
Quoi qu'il en soit , son emploi est très-facile, dissolution. Comment cet air agit-il ? Quels sont
très-économique, et donne toujours de bons ré- les produits qui prennent naissance ? Les faits
sultats, lorsqu'on opère dans des conditions con- manquent pour élucider cette question.- Pendant
venables. longtemps on a attribué à la rosée une action spé-
Décoloration. - Si les opérations précédentes ciale, et récemment on a admis que cette action
ont été convenablement dirigées, le tissu doit être, devait être rattachée à la présence d'une certaine
à ce moment, dépouillé de toutes les matières quantité d'ozone qui se développerait dans ces
étrangères qu'il renfermait , à l'exception de la conditions ; mais cela est loin d'être démontré et
matière colorante. Cette dernière est détruite au il semble qu'il faille ne faire jouer à la rosée d'au-
moyen du chlore. tre rôle que celui que nous avons attribué à l'eau.
Autrefois on employait dans ce but la solution Dans le blanchiment au chlorure de chaux,
aqueuse de chlore : Persoz a proposé l'emploi du l'élément actif est le chlore ou un de ses composés
chlore gazeux [ Persoz, Traité de l'Impression, oxydés. Le chlorure de chaux n'agit pas par lui-
t. II, p. 57. - Aujourd'hui l'on emploie tou- même, on peut conserver presque indéfiniment, à
jours la solution du chlorure de chaux ; le tissu l'abri de l'air et de la lumière , des tissus écrus
imprégné de cette solution est exposé à l'air imprégnés de chlorure, sans qu'il y ait décolora-
pour que l'acide carbonique réagisse sur l'hypo- tion. (D'après les expériences récentes que J. Kolb
BLANCHIMENT. 623 - BLANCHIMENT.
nous a communiquées, ce fait, généralement ad- une première opération dite flambage ou grillage.
mis, serait loin d'être exact, du moins pour le Son but est d'enlever, de la surface du tissu, tous
lin. Voyez plus bas BLANCHIMENT DU LIN. les nœuds, toutes les parties pelucheuses et duve-
Diverses opinions ont été émises sur l'action teuses qui la recouvrent dans l'impression , ce
que le chlore exerce dans le blanchiment : duvet fait office de réserve mécanique ; sous l'ac-
1º Le chlore agit sur l'hydrogène de la matière tion de la planche ou du rouleau, il est écrasé et
colorante pour former de l'acide chlorhydrique, et il empêche ainsi la couleur d'arriver jusqu'au
de cette déshydrogénation résulte la décoloration. tissu, puis il se redresse, laissant un blanc et par
Cette opinion est basée sur ce fait que le chlore, conséquent une tache à l'endroit qu'il a réservé.
mème sec, décolore rapidement les tissus sous Autrefois on tondait les pièces , primitivement
l'influence de la lumière solaire (Dr Wilson) . Davy à la main et à l'aide de ciseaux courbes, plus
avait établi que le chlore sec n'agit pas sur la ma- tard, au moyen d'une machine admirable, la ton-
tière colorante. deuse , découverte par Courlier. Généralement ,
2º Le chlore se substitue à l'hydrogène et donne aujourd'hui, on ne tond plus les pièces, mais on
naissance à des matières chlorées, incolores. les soumet à l'opération du grillage, qui consiste
Trois autres hypothèses ont été formulées ; elles à faire passer le tissu au-dessus d'une plaque mé-
reposent sur la décomposition de l'eau par le chlore tallique, chauffée au rouge : on règle la course
et la formation d'oxygène naissant. de la pièce de telle façon que le duvet soit brûlé,
3º L'oxygène brûle une portion de la matière et que le tissu lui-même re subisse aucune alté-
colorante, avec formation d'eau et d'acide carboni- ration . Le flambage consiste à faire passer sur
que, et laisse le reste à l'état incolore. le tissu la flamme d'un gaz en combustion : au-
4° L'oxygène se combine à la matière colorante trefois , on employait l'alcool dans ce but, aujour-
et donne naissance à des composés oxydés , inco- d'hui on ne se sert plus que du gaz d'éclairage
lores, et qui restent fixés sur le tissu. mélangé d'air.
5º Il forme des composés oxydés, solubles dans Comme ce passage altère toujours plus ou moins
l'eau et les alcalis. la fibre, on a récemment construit une machine
D'après Kolb, enfin , le blanchiment repose uni- dans laquelle la flamme, au lieu de traverser le
quement sur la décomposition du chlorure de tissu, ne fait que le lécher, de sorte que le duvet
chaux (corps instable) par la matière colorante, seul peut être attaqué. Pour éviter que les tissus
qui s'empare de son oxygène et le transforme en ne s'enflamment après avoir passé au gaz, on les
chlorure de calcium (corps stable) . L'action de asperge d'eau immédiatement après le flambage
l'acide carbonique de l'air est complétement inu- ou on les fait circuler dans une caisse remplie de
tile elle n'est pour le blanchisseur qu'une source vapeur d'eau.
de perte de chlore actif. - Voyez BLANCHIMENT Certains fabricants font subir ces opérations aux
DU LIN. deux faces de la pièce : cela dépend évidemment
Le chlorure de chaux agit certainement comme de la nature du tissu et du genre d'impression
oxydant, car on peut le remplacer par différentes qui doit lui être appliqué .
substances riches en oxygène (bichromates, man- Nous n'entrerons pas dans de plus amples dé-
ganates, permanganates, eau oxygénée, etc. ), mais tails sur le grillage et le flambage , qui sont plutôt
le problème n'en subsiste pas moins, et les opi- du domaine de la mécanique. Constatons seule-
nions que nous venons de relater demandent ment une modification chimique importante qui
de nouvelles observations pour pouvoir être dis- s'opère fréquemment dans le grillage : quand cette
cutées. opération est menée lentement , la résine natu-
D'après R. Wagner, l'oxygène ordinaire est inac- relle du coton subit une transformation particu-
tif pour le blanchiment et c'est l'ozone seul qui lière qui facilite considérablement sa disparition
blanchit; un mélange d'acide chromique et d'eau dans les premières opérations du blanchiment, et
oxygénée qui, comme on le sait, dégage de l'oxy- qui permet d'obtenir du blanc d'impression par-
gène ordinaire, est inactif pour le blanchiment fait sans savon de colophane.
[Handbuch der Technologie, 1861 , t. IV, p . 383]. 1º Trempage. Les pièces écrues ne se mouil-
lent que difficilement si on les traitait directe-
MARCHE GÉNÉRALE DU BLANCHIMENT DES TISSUS ment à la chaux, il en résulterait des accidents
DE COTON. ( ¹) provenant de l'inégale répartition de cet agent.
En Angleterre, on met les pièces écrues dans de
A son arrivée dans la blanchisserie , chaque vastes réservoirs, avec une quantité déterminée
pièce écrue est marquée , afin qu'ultérieurement le d'eau chaude, et on les abandonne ainsi vingt-
fabricant puisse en reconnaitre la provenance. La quatre heures environ ; il s'établit bientôt une
seule qualite exigée d'une bonne encre à marquer active fermentation qui détruit les parties amyla-
est de résister aux diverses opérations du blan- cées de l'apprêt : mais il est assez difficile de la
chiment. On emploie, soit une encre analogue à modérer de façon à éviter l'attaque du tissu ou
l'encre lithographique , soit une dissolution de l'altération des matières grasses qui, modifiées,
goudron dans l'essence de térébenthine , soit un se saponifieraient ensuite très-difficilement. En
mélange de benzine, de caoutchouc et de noir de France, on se contente généralement de mouiller
fumée, soit enfin un mélange de plombagine et les pièces au clapot, appareil très-simple et l'un
de goudron, rendu siccatif par de l'essence de té- des plus usités dans les diverses opérations du
rébenthine. Les pièces marquées sont cousues blanchiment et de la teinture, auxquels il rend de
ensemble, et , à partir de ce moment, elles sont très-grands services. Il consiste essentiellement
entraînées mécaniquement dans les diverses opé- en deux cylindres de bois A et B de diamètre
rations qu'elles ont à subir, sans que l'ouvrier ait inégal et dont le supérieur exerce une assez forte
autre chose à faire que les diriger dans telle ou pression sur l'autre on l'établit au-dessus d'une
telle direction : c'est là l'essence du blanchiment eau courante ou dans un vaste réservoir où l'eau
continu, dont les avantages, bien faciles à conce- est fréquemment renouvelée. Les pièces arrivent
voir, sont tels, qu'il a remplacé partout les anciens comme l'indique la flèche, passent entre les deux
procédés. cylindres, plongent dans l'eau , circulent autour du
Les pièces marquées et cousues doivent subir petit rouleau R, remontent entre les deux cylin-
dres qui, tournant en sens inverse, les compri-
(1) Nous ne parlerons ici que du blanchiment continu, ment fortement, font pénétrer l'eau dans leurs
et nous renvoyons aux ouvrages spéciaux pour la des- pores et en expulsent les matières étrangères.
cription des anciens procédés . Les pièces décrivent ainsi une série de spirales,
BLANCHIMENT. 624 BLANCHIMENT.
jusqu'à l'extrémité ou seulement jusqu'au milieu On pourrait, ce nous semble, rendre cette pre-
de l'appareil d'où elles sortent parfaitement net- mière opération du trempage plus utile en appli-
toyées. CD est une traverse de bois sur laquelle quant ici le procédé de Mathias Paraf pour désap-
prêter les tissus, et qui consiste en un passage à
50°, durant vingt minutes, dans une dissolution
d'orge germée : on arriverait ainsi tout aussi bien
à mouiller uniformément le tissu, et, de plus, lui
enlevant les parties constituantes du parement,
on faciliterait les traitements subséquents [Pa-
raf, Répert. de Chim. appliquée, 1861 , p. 96
et 135].
2º Passage en chaux. L'appareil dont on se
sert est représenté fig. 86. C'est une cuve à rou-
lettes, rectangulaire, de 1,50 de côté environ,
surmontée de deux cylindres presseurs (squee-
zers) qui ont pour but d'enlever l'excès de chaux
qu'entraîne la pièce et de faire pénétrer le liquide
dans les pores de la fibre. Pour 1000 mètres de
tissus, soit environ 100 kilogrammes, on emploie
5 kilogrammes de chaux vive, transformée en un
lait épais au moyen d'une quantité d'eau conve-
nable. (Dans cette opération comme dans toutes
les autres du blanchiment, pour les tissus forts,
il faut toujours employer des quantités de pro-
duits supérieures à celles que l'on doit employer
pour le même poids de tissus légers.) Le passage
en lait de chaux se donne généralement à froid :
certains manufacturiers trouvent cependant avan-
Fig. 85. — Appareil pour laver les pièces tageux de le donner à 50° ou 60°; ils établissent
au clapot. alors la cuve au lait de chaux à une assez grande
distance des cuviers, afin que les pièces puissent
se refroidir durant le trajet.
sont fixées des chevilles destinées à diriger le 3° Premier trailement alcalin . -Les tissus im-
tissu et à éviter qu'il ne s'embrouille. prégnés de lait de chaux doivent être soumis à

Fig. 86. Cuve au lait de chaux.

une longue ébullition pour que la décomposition cidents de cette nature, mais le nombre et la
des graisses et leur transformation en savons durée des opérations sont beaucoup plus grands ;
calcaires puissent s'effectuer. Nous nous trouvons elles sont donc plus dispendieuses.
ici en présence de deux systèmes d'appareils Les remarques suivantes s'appliquent aux deux
très-différents et dont chacun a ses avantages genres d'appareils :
comme ses inconvénients : nous voulons parler 1° Quand on empile les tissus dans les cuviers,
des appareils à haute pression et des appareils à il faut avoir soin de les disposer régulièrement,
air libre ou à basse pression. en évitant de laisser des places libres par les-
Les premiers facilitent considérablement la sa- quelles la lessive puisse s'écouler, au lieu de tra-
ponification, mais ils affaiblissent quelquefois le verser le tissu lui-même.
tissu : les seconds ne donnent pas lieu à des ac- 2º On ne doit jamais oublier que la chaux at-

T
BLANCHIMENT. 625 BLANCHIMENT.
taque énergiquement la cellulose en présence de Plus les pièces sont serrées, plus le lessivage se
l'air et surtout à une température élevée. fera régulièrement. Quand les deux chaudières
Appareils à basse pression. - Ce sont généra- sont remplies, on recouvre la masse d'un drap
lement de vastes cuves en tôle, revêtues intérieu- épais, sur lequel on pose des barres de bois et
rement de bois, afin que le tissu ne se trouve pas quelques lourdes pierres ; puis on ferme le trou
en contact avec le métal : elles sont garnies à d'homme s, par où le chargement a été opéré.
leur partie inférieure d'un double fond en bois, On ouvre alors le robinet N et on fait arriver la
percé de trous , et sur lequel les pièces sont em- vapeur dans le cuvier A. Les robinets N et O sont
pilées. Le chauffage se fait au-dessous de ce dou- construits de telle sorte qu'ils puissent, d'une
ble fond : sous l'influence de la chaleur, la les- part, mettre le cuvier en communication avec le
sive entre en ébullition ; la vapeur, ne pouvant tuyau D qui amène la vapeur , ou, d'autre part,
s'échapper au travers de la couche de tissu qui fermant la vapeur, mettre la partie supérieure
remplit le cuvier, exerce une pression sur le li- d'un cuvier avec la partie inférieure de l'autre
quide et l'oblige à s'élever dans un tuyau disposé cuvier.
à cet effet, soit dans le milieu, soit sur les côtés La vapeur, à trois ou quatre atmosphères ,
du cuvier, et terminé par une sorte de champi- traverse les pièces en chassant l'air devant elle
gnon d'où il se répand à la surface des tissus, et finit par se dégager en M ; à ce moment on
filtre à travers la masse et vient se réchauffer de ferme ce dernier robinet , et l'on effectue la
nouveau. même opération dans la chaudière B. Quand
Dans certains appareils le cuvier est chauffé à on a ainsi purgé d'air les deux cuviers, on fait
feu nu, dans les autres, à la vapeur ; quelquefois rentrer la vapeur dans la chaudière A, et on met
la lessive est chauffée dans un bouilleur distinct le bas de cette chaudière en communication avec
du cuvier et avec lequel il communique par deux le cuvier B, au moyen du robinet O; lavapeur agit
tuyaux disposés, l'un à la partie supérieure du sur le liquide condensé dans la chaudière, le
cuvier, l'autre au-dessous du double fond ; quel- chasse devant elle et le force à monter par le
quefois, enfin, on dispose sur le côté de ces cu- tuyau L qui l'amène dans la chaudière B; à ce
viers une pompe aspirante et foulante, qui puise moment, on tourne le robinet N et on ouvre la
la lessive bouillante au-dessous du double fond vapeur en O la même série d'opérations se re-
et la déverse sur le tissu qui est ainsi progressive- nouvelle et l'on continue ainsi à faire passer les
ment chauffé jusqu'à 100° : à ce moment, on liqueurs alcalines d'une chaudière dans l'autre,
cesse de faire fonctionner la pompe, et la les- pendant huit à dix heures.
sive continue à circuler par le fait seul de la va- L'appareil de Sumner est basé sur un prin-
peur produite. cipe analogue ; mais, au lieu de deux cuviers, il
US Tous ces appareils ont été décrits un grand n'en possède qu'un. La circulation s'établit au
nombre de fois et le lecteur les trouvera aisément moyen de la petite chaudière B, que l'on remplit
dans les ouvrages spéciaux. Voyez l'article d'eau de chaux par l'ouverture M. L'opération est
LESSIVAGE, rédigé par Troost, dans le Dictionn. de du reste identique. La vapeur arrive par D, chasse
Karreswil et Girard. Voyez aussi Persoz, loc. cit. l'air par I ; quand tout l'air est expulsé, on ferme
Appareils à haute pression. 1 L'appareil de la vapeur et l'on ouvre E ; le liquide alcalin ,
Barlowconsiste en deux chaudières de tole Aet B, préalablement porté à l'ébullition , s'échappe par

M
Fig. 87. - Appareil de Barlow. Fig. 88. - Appareil de John Sumrer.

pouvant résister à une pression de quelques at- le tuyau H, et se déverse dans la chaudière A. A
mosphères ; on les entoure généralement de ce moment, on ferme la vapeur en E et on l'ouvre
maçonnerie pour éviter les déperditions de cha- en D; la lessive traverse le tissu, et, au moyen du
leur. Les pièces, imprégnées de lait de chaux , tuyau C, retourne dans la chaudière B.
sont empilées avec le plus grand soin sur le KK, trous d'homme .
double fond C, avec une sensible inclinaison du L, robinet qui sert à expulser les dernières por-
centre vers la circonférence ; on les comprime tions d'air qui ne se seraient pas échappées par I.
fortement contre les parois de la chaudière, de JJ, niveaux qui permettent de surveiller le pas-
façon que la masse entière soit bien pressée. sage de la vapeur et du liquide.
I- 40
BLANCHIMENT. 626 BLANCHIMENT.
Le blanchiment réussit d'autant mieux dans ces peut aller jusqu'au brun , et dont on ne peut
appareils que le vide y a été mieux fait ; cela rendre compte qu'en admettant l'oxydation de la
tient à ce que, dans ces conditions, la porosité du cellulose sous l'influence des alcalis. Cette colora-
tissu, et par conséquent sa pénétrabilité par les tion est fréquente, surtout après le second pas-
divers agents chimiques, est considérablement sage alcalin : un simple lavage à l'eau ou en acide
augmentée. faible le détruit complétement.
Banks et Grisdale ont fait connaître un procédé 4° Lavage. Les opérations du lavage ou dé-
basé spécialement sur cette action, et pour lequel gorgeage sont de la plus haute importance dans le
nous renvoyons au mémoire des auteurs [Din- blanchiment. Pour que chaque opération puisse
gler's polyt. Journ., t. CLXII , p. 357, et t. CLXIII, remplir exactement son but, il faut que le tissu
p. 450]. soit privé complétement des substances que l'o-
Quel que soit l'appareil employé, quand l'opé- pération précédente y a introduites .
ration du lessivage est terminée, on ouvre le trou Autrefois, ces lavages se faisaient manuelle-
d'homme et on inonde les pièces d'eau froide, de ment, mais aujourd'hui il existe un grand nombre
façon qu'elles ne puissent se trouver en contact d'appareils qui exécutent ces opérations mécani-
avec l'air à une température élevée. Générale- quement.
ment, quand on ouvre les cuviers, on remarque Nous ne citerons que pour mémoire le plateau-
une assez forte odeur ammoniacale, dont l'origine battoir et le foulon , qui sont généralement aban-
n'a pas encore été convenablement expliquée. donnés.
Les tissus, après ce premier traitement alcalin, Une des machines les plus usitées dans le lavage
sortent des cuviers plus colorés qu'ils ne l'é- est le clapot, dont nous avons déjà donné la des-
taient en y entrant : cela tient sans doute à une cription. On le remplace quelquefois par le clapot
modification de la matière colorante du coton. carré, dont l'usage est moins avantageux, à cause
Dans certains cas, cette coloration doit être attri- du temps très-long que nécessite sa mise en
buée à une autre cause : quand les tissus, char- marche.
gés d'un liquide alcalin, restent exposés pendant Pour les tissus légers on préfère l'emploi des
quelque temps au contact de l'air, ils prennent roues à laver (dash-wheel ) , qui les fatiguent
une teinte jaune, plus ou moins foncée, qui moins que les autres appareils. Ce sont de grands

AJAHANGIER HILDIBRAN
Fig. 89. Appareil pour laver les tissus légers.

tambours de bois mobiles autour d'un axe A, et suite. Au fond de chaque cuve sont disposées deux
établis sur un cours d'eau ; ils sont divisés en roulettes destinées à tendre et à diriger le tissu,
quatre compartiments, séparés les uns des autres et au-dessus de chaque cuve se trouve une paire
par des cloisons percées de trous. On introduit de squeezers qui expriment l'eau dont il est im-
les tissus à laver dans chacun de ces comparti- prégné. La course des pièces est en sens inverse
ments par les ouvertures F, F. Quand l'appareil de celle de l'eau, les pièces arrivent dans la cuve
est convenablement rempli, on le met en mouve- inférieure et sortent de la cuve supérieure, tandis
ment et en même temps on fait jaillir sur les que l'eau parcourt un trajet inverse.
pièces un courant d'eau par les ouvertures K, Enfin, un très-bon système de dégorgeage est
d'une couronne de fonte disposée autour de l'arbre le suivant : On dispose l'un derrière l'autre huit
tournant, et mise en rapport avec un réservoir ou dix squeezers ; entre chacun d'eux se trouve
d'eau, au moyen du tuyau I. Les pièces entraî- un robinet terminé par une pomme d'arrosoir et
nées par la force centrifuge s'élèvent jusqu'au communiquant avec un réservoir d'eau. Les pièces
haut de la roue, d'où leur propre poids les fait marchent horizontalement et passent successive-
retomber sur le fond de chaque compartiment ; ment sous les robinets qui les inondent d'eau et
la pression qui résulte de ce choc détermine entre les rouleaux d'un squeezer, qui exprime
l'expulsion de l'eau renfermée dans le tissu, la- cette eau. On arrive ainsi très- rapidement, et avec
quelle s'écoule par les planchers, et cette eau, se de très-faibles quantités d'eau, à un lavage parfait.
renouvelant incessamment, de même que la chute 5º Passage en acide.- Les pièces complétement
du tissu, amène, en un quart d'heure, le parfait nettoyées dans l'un ou l'autre des appareils que
dégorgeage des pièces. nous venons de décrire doivent être soumises à
En Angleterre, on emploie fréquemment un un traitement acide qui décompose les savons cal-
autre appareil, avantageux surtout dans les loca- caires et mette les acides gras en liberté.
lités où l'eau n'est pas très-abondante ; c'est une Divers procédés sont usités pour opérer cette
série de six ou huit cuves, disposées en gradins transformation . Certains fabricants imprègnent les
les unes à côté des autres, de telle sorte que l'eau, tissus d'acide au moyen du clapot ; on dispose cet
arrivant dans la cuve la plus élevée, s'écoule dans appareil au-dessus d'un bassin en pierres de taille
la seconde, de là dans la troisième, et ainsi de cimentées avec du plomb, et renfermant de l'acide
BLANCHIMENT. 627 BLANCHIMENT .

chlorhydrique à 1° 1/2 ou 2° AB ; les pièces, après d'intervalle la quantité ci-dessus indiquée de


avoir décrit 7 ou 8 spirales entre les cylindres savon de colophane (qui dans ce cas sera pré-
du clapot, sont entraînées hors de la machine et paré en faisant bouillir, pendant 7 heures, 100 p.
entassées dans un réservoir analogue à celui qui de colophane avec 120 p. de sel de soude). Après
renferme l'acide ; elles restent ainsi imprégnées l'addition de tout le savon de colophane, on fera
d'acide pendant six à huit heures. bouillir pendant 4 heures, puis on ajoutera
D'autres fabricants trouvent plus avantageux 500 grammes de soude fraîche par 100 kilos de
de soumettre les tissus à un traitement acide par tissu, et on fera bouillir de nouveau pendant 12 à
circulation ; on les entasse dans des cuves de bois, 15 houres.
à la partie inférieure desquelles se trouve un Il est très-important que la circulation de la li-
double fond ; l'acide chlorhydrique est versé dans queur alcaline se fasse bien régulièrement dans
ce double fond, puis élevé au moyen d'une pompe cette opération ; quand elle n'a pas lieu unifor-
qui le déverse sur les pièces ; il pénètre peu à mément, certaines parties du tissu refusent les
peu les diverses couches de tissu et finit par re- couleurs d'impression ; on n'a pas trouvé d'ex-
tourner au-dessous du double fond, d'où il est plication à ce fait ; il serait inexact de dire qu'il
ramené sur le tissu comme précédemment. Après s'est déposé de la résine sur le tissu , car, si cela
quelques heures d'un traitement analogue, l'opé- était, on pourrait en constater la présence au
ration est terminée. Il faut avoir soin d'ajouter de moyen d'une teinture en campêche ou en garance,
temps en temps de l'acide au degré indiqué ; il dont les matières colorantes seraient attirées par
est évident que sans cela il ne tarderait pas à être la résine; or il a été établi que cela n'a pas lieu.
saturé. Une autre observation à noter est la suivante :
Les pièces dans lesquelles les acides gras ont quand l'ébullition est terminée et la chaudière
été ainsi mis en liberté doivent être de nouveau ouverte, il faut éviter de mettre les pièces direc-
soumises à un parfait dégorgeage, puis elles sont tement en contact avec l'eau froide, qui précipi-
ramenées aux cuviers pour y subir la seconde opé- terait une portion de la résine sur le tissu ; il vaut
ration alcaline. donc mieux les arroser d'eau chaude, avant de
6° Second passage alcalin. - Les appareils qui procéder à l'opération du lavage.
servent à ce second traitement alcalin sont les Enfin il est tout à fait indispensable de bien éta-
mêmes que ceux qui ont servi au traitement à blir les proportions de soude nécessaires à la dis-
la chaux ; nous n'aurions donc qu'à répéter ce solution de la colophane ; si cette proportion n'est
que nous avons dit plus haut. Faisons observer pas convenable, le savon de résine se décompose
toutefois que divers blanchisseurs qui évitent les lorsqu'on l'étend d'eau, une partie de la résine se
appareils à haute pression pour le traitement à la précipite, vient se fixer sur le tissu et y occasionne
chaux, dans la crainte d'altérer la fibre du coton, ultérieurement des accidents plus graves que le
les utilisent pour le second passage alcalin . C'est mal même auquel on voulait remédier.
un moyen terme entre le système à haute pression Ce second traitement alcalin termine la pre-
et le système à air libre. mière phase du blanchiment , le dégraissage.
Comme nous l'avons exposé en traitant de la Avant que les pièces soient soumises aux opéra-
théorie du blanchiment, on peut suivre deux mé- tions de la décoloration, il faut leur faire subir
thodes dans ce second lessivage alcalin. Dans la un lavage complet, qui se donne comme précé-
première, qui ne donne que des blancs ordinaires, demment.
on emploie exclusivement les sels de soude. La 7° Deuxième phase du blanchiment : décolora-
seconde , utilisée spécialement pour les blancs tion. - Comme nous l'avons dit plus haut, le seul
d'impression, .est basée sur l'emploi du savon de procédé actuellement suivi pour la décoloration,
colophane. consiste en un passage en chlorure de chaux,
Quand on se sert du sel de soude, on emploie suivi d'un passage en acide. La solution de chlo-
pour la quantité de tissu que nous avons supposée rure de chaux doit être préparée avec le plus grand
mise en œuvre, soit 100 kilogr. , 3 kilogr. 800 soin ; quand elle n'est pas parfaitement claire, les
de sel de soude à 82° ( Ch . Kestner), et on pro- parties en suspension se fixent sur le tissu et y
longe l'opération pendant douze heures environ. déterminent des brûlures pendant le passage en
La solution alcaline est versée dans le cuvier par acide. Persoz explique cet accident par la présence
l'ouverture M ( fig. 88) , et non pas mise en contact dans le chlorure de chaux d'un chlorate basique
avec le tissu, comme dans le cas de la chaux ; il ou d'un composé non encore étudié qui , sous l'in-
est préférable, au lieu de soude à 820, de prendre fluence de l'acide, donne naissance à un corps
de la soude à 90°, 3 kilogrammes 250 ; ces der- oxydant des plus énergiques [ Traité de l'impres-
nières, beaucoup plus carbonatées, ne renferment sion des tissus, t. II, p. 61].
plus ni alumine, ni fer, tandis que les soudes
à 82° et à plus forte raison les sels de soude ordi- B
naires en renferment des quantités notables (A.
Scheurer-Kestner) . La présence de ces métaux
dans la soude est très-nuisible , leur fixation sur
le tissu donnant lieu, en teinture, à des accidents
auxquels on ne pourrait remédier.
Quand on emploie le savou de colophane, on
commence par dissoudre la résine dans la soude ;
on emploie généralement trois fois le poids de la
colophane en sel de soude à 82° ; pour 100 kilos
de calicot, on prend 1 kilo de colophane ; certains
fabricants en emploient jusqu'à 2 kilos 500. La
dissolution est versée dans le cuvier et étendue
d'une quantité d'eau convenable, puis l'appareil
est chargé et l'opération mise en train : elle dure
de 8 à 12 heures. Dans le cas où l'on opère dans
les cuviers à air libre, on recommande le procédé Fig. 90. Appareil pour la dissolution
suivant : Faire bouillir pendant 5 heures les tissus du chlorure de chaux.
avec une lessive préparée à raison de 1 kilo-
gramme de sel de soude pour 100 kilos de tissu Pour préparer cette solution , on emploie la
sec, puis ajouter en trois fois et à deux heures disposition représentée fig. 90. Le chlorure de
BLANCHIMENT. — 628 — BLANCHIMENT.
chaux sec, mélangé de cailloux, est introduit dans les pores du tissu. Les toiles, dont on garnit les
le tonneau A, puis l'ouverture B est fermée et on cylindres, ont pour but de leur donner une cer-
imprime au tout un mouvement de rotation, aa taine élasticité qui empêche le tissu d'être fatigué .
moyen de la manivelle C ; le chlorure de chaux se Quel que soit l'appareil employé, clapot ou
dissout très-promptement dans le liquide qui cuve à roulettes, les pièces imprégrées de chlo-
baigne le tonneau ; il suffit de laisser la liqueur rure de chaux, après être restées exposées à l'air
s'éclaircir pour qu'elle soit propre à être employée.pendant 12 heures, sont soumises au traitement
On l'étend généralement à 1 /2° AB ; mais certainsacide dans les mêmes appareils ; l'acide dont on
fabricants préfèrent l'employer beaucoup plus se sert de préférence est l'acide chlorhydrique, il
faible et en élever la température à 40°. doit ne marquer que 1/2º AB.
En opérant avec soin et dans les conditions 80 Lavage. Il ne reste plus maintenant qu'à
que nous venons d'indiquer, il est rare que le faire subir aux pièces un dégorgeage parfait pour
chlorage affaiblisse sensiblement la fibre du co- que le blanchiment soit terminé. Quelques fabri-
ton ; cet accident arrive malheureusement encore cants le font suivre d'un passage en eau bouil-
trop souvent. Karcher, Jung et Tegeler ont fait lante, qui donne à la fibre plus d'éclat et de sou-
connaitre le procédé suivant qui évite, selon plesse . Quelquefois aussi on termine leblanchiment
eux, toute chance d'affaiblissement. Les tissus à par un passage en hyposulfite de sodium qui agit
blanchir sont, après le dégraissage et avant le comme antichlore, ou un passage en sel de soude
chlorage, mis en contact avec une solution d'hy- ou en savon, qui donne au tissu une teinte jau-
drogène sulfuré; le soufre est mis en liberté et nâtre, mais le dispose favorablement à la tein-
l'hydrogène se combine à la matière colorante du ture.
coton. Dans le chlorage, ce sera cet hydrogène et J. Kolb a proposé récemment comme antichlore,
non pas celui qui est nécessaire à la constitution l'ammoniaque étendue au 1/1000 et employée
de la fibre qui sera attaqué [ Bayer. Kunst. u. tiède. Cet agent doit être préféré à l'hyposulfite
Gewerbebl. , 1865, p. 25] . Cette théorie et le pro- parce que non-seulement il prive les tissus de
cédé qui en découle ne paraissent pas s'être géné- toute trace de chlore, mais encore de toute aci-
ralisés. dité, ce qui n'a pas lieu avec l'hyposulfite.
Les appareils dont on se sert pour le traitement Telles sont les diverses opérations du blanchi-
au chlorure de chaux sont analogues à ceux que ment moderne.
nous avons décrits jusqu'ici. Il est d'usage dans les blanchisseries de consta-
Dans certaines maisons on emploie le clapot, ter chaque jour si le blanchiment est réussi ; on
au sortir duquel les pièces restent empilées pen- s'en assure en prélevant sur la masse des tissus
dant 12 heures, pour que le liquide les pénètre de petits coupons que l'on teint ensuite en ga-
parfaitement et qu'en même temps l'acide carbo- rance, ou préférablement en campêche ; si le blan-
nique de l'air puisse décomposer peu à peu le chiment est réussi, ces coupons ne prendront
chlorure de chaux. qu'une couleur très-faible, et se teindront uni-
D'autres fois, on empile les pièces dans un ré- formément ; s'ils présentent des taches ou des
servoir en ciment ou en pierres de taille, percé de marbrures, on leur fera subir un passage en son
trous à sa partie inférieure, et communiquant par bouillant, qui devra les enlever; sinon, ces taches
là avec un second réservoir, beaucoup plus petit, seront dites taches de blanchiment, et les opéra-
dans lequel une pompe vient prendre le liquide tions de la journée seront considérées comme
et le répand à la surface du tissu, qu'il pénètre manquées. L'origine de ces taches, qui présentent
peu à peu, pour gagner ensuite le fond de la cuve un aspect tout particulier, est peu connue ; on
où il est repris par la pompe, et ainsi de suite l'attribue généralement à la présence de savons
pendant 12 heures environ. calcaires ou de matières résineuses non enlevés.
Enfin on se sert quelquefois d'une cuve à rou- Des accidents de blanchiment. Outre les
lettes, au-dessus de laquelle se trouve une paire taches dont nous venons de parler, il peut arriver
de squeezers : les squeezers (fig. 91 ), dont nous un grand nombre d'accidents dans le cours des
opérations du blanchi-
ment; les plus préjudicia-
bles sont ceux qui affai-
blissent la fibre du coton :
cette altération provient
tantôt du chlorage, tantôt
du passage en acide et
d'un lavage incomplet ,
tantôt enfin de la présence
dans le sel de soude d'une
forte proportion de soude
caustique. Ces divers ac-
cidents peuvent être évi-
tés en prenant les pré-
cautions que nous avons
BA indiquées en traitant de
chaque opération . Un au-
tre genre d'accident est
Fig. 91. Squeezers. celui que l'on observe
dans les circonstances
suivantes : un tissu blan-
avons déjà parlé, se composent de deux cylindres chi , imprimé et soumis au vaporisage , se colore
de bois, sur lesquels se trouvent enroulés et com- en fauve ; on attribue cette coloration à une faute
primés quelques mètres de tissu grossier ; le cy- commise dans le blanchiment , mais on n'a pu
lindre inférieur est mis en communication avec jusqu'ici
la force motrice ; le supérieur agit comme presseur ni l'éviter, ni en rendre compte.
Des opérations qui suivent le blanchiment. -
au moyen d'un contre-poids que l'on peut charger La description de ces opérations toutes mécaniques
à volonté. Les pièces, au sortir de la cuve à rou- sort du cadre de cet ouvrage ; nous n'en dirons
lettes, passent entre les deux cylindres qui, par qu'un mot. Les pièces parfaitement lavées sont
compression , forcent le liquide à pénétrer dans séchées, soit à l'air libre, soit au tambour à va-
BLANCHIMENT. 629 — BLANCHIMENT.
peur, après avoir été préalablement essorées à 7. Passage en acide sulfurique à 1° 1/2 pendant 6
heures.
l'hydro-extracteur ou mieux au squeezer. Lors- 8. Deux lavages au clapot.
qu'elles sont destinées à la vente du blanc, elles 9. Bouillissage de 15 heures au savon de résine.
doivent être apprêtées ; dans cette opération, on a 10. Lavage au clapot.
soin d'ajouter à l'apprêt une petite quantité d'ou- 11. Passage de 10 heures au chlorure de chaux.
tremer ou de bleu de Prusse dissous dans l'acide 12. Traitement de 6 heures à l'acide sulfurique à 10.
oxalique ; on masque ainsi les dernières traces de 13. Deux lavages au clapot.
matière colorante qui pourraient avoir résisté au
blanchiment. B. Blanchiment sous pression de 3 atmosphères.
1. Bouillissage de 8 heures à l'eau de chaux.
Voici résumées en quelques lignes les diverses 2. Lavage au clapot.
opérations du blanchiment : 3. Passage en acide.
4. Lavage.
A. Blanchiment à 100º. 5. Bouillissage de 8 heures au savon de résine ou au
sel de soude.
6. Lavage.
1. Bouillissage pendant 18 heures avec l'eau de chaux. 7. Passage en chlorure de chaux.
2. Deux lavages au clapot. 8. Traitement à l'acide.
3. Passage en acide à 2° pendant 6 heures. 9. Lavage.
4. Deux lavages au clapot.
5. Bouillissage de 10 heures avec le sel de soude. Nous donnons ici le plan général d'un atelier de
6. Lavage au clapot. blanchiment.

7 H
1200

H 1

Fig. 92. Plan général d'un atelier de blanchiment.


A, A' Cuviers: a, a', trous d'homme ; b, b' tuyau de F Cuve en pierre, avec clapot, pour le passage en acide
vapeur; c, c' rouleaux conducteurs . sulfurique.
B Cuve au lait de chaux. G, G Cuve en pierre, avec clapot, pour le passage en
B' Squeezer. acide chlorhydrique.
C, C' Clapots laveurs, établis sur l'eau courante. H Réserve de chlorure de chaux.
D Caisse servant à renfermer les tissus après leur I Réservoir à eau ; i tuyau amenant l'eau dans le
passage en chlorure de chaux. réservoir.
E Cuve en pierre, avec clapot, pour le passage en K Pompe alimentaire des cuviers.
chlorure de chaux. P Porte d'entrée. d e, f,g, h, Rouleaux conducteurs.
BLANCHIMENT. 630 - BLANCHIMENT.

HILLIBRAND. A.JANANDI58.

Fig. 93. 1 Coupe par A B du plan général de l'atelier de blanchiment.

JABANDIER THILDIBRAND
Fig. 94. Coupe par CD de ce même plan.
N, N Planchers à jour. R Canal.
BLANCHIMENT DU COTON EN ÉCHEVEAUX , DIT l'opération du rouissage , opération importante,
COTON EN PENTES. - Pour les blancs ordinaires, dont il nous faut dire quelques mots.
on lave à l'eau bouillante, puis on passe en chlo- La tige du lin se compose de deux parties sou-
rure de chaux à 1°, en acide chlorhydrique à 2º dées ensemble par une matière agglutinative : la
et on termine par un rinçage. Pour les blancs partie externe de la tige est une sorte d'écorce,
fins, on donne un lessivage à 6 % de sel de soude, connue sous le nom de chènevotte, et ne peut
puis après lavage, un passage en chlorure et en produire du fil ; la partie interne est composée de
acide comme ci-dessus ; on répète ces trois opé- fibres soudées les unes aux autres et constitue la
rations une ou deux fois, puis on lave et on partie utilisable du lin. Le but du rouissage est de
azure. détruire les parties gommeuses qui soudaient la
BLANCHIMENT DU CHANVRE ET DU LIN. Ces chènevotte aux fibres et les fibres elles-mêmes
deux fibres se rapprochent par leur composition entre elles.
du coton; ce que nous avons dit au sujet de ce Cette opération toujours difficile réussit mieux
dernier peut donc d'une façon générale s'appliquer sur le lin coupé avant sa maturité complète. On
à elles, et nous dispensera d'entrer dans de longs la réalise de diverses manières en Belgique et
détails. en Allemagne, on expose les tiges à la rosée, qui
Le chanvre sert à faire des toiles grossières et détermine, au bout d'un temps plus ou moins
subit rarement les opérations du blanchiment; long selon la température, une fermentation ac-
elles sont du reste les mêmes que celles que nous tive, suivie promptement de la destruction des
allons décrire pour le lin. matières étrangères ; ce procédé, très-irrégulier,
Tandis que le coton ne perd au blanchiment amène souvent l'altération de la fibre elle-même.
que 5 % de son poids, le lin en perd jusqu'à En France, on dispose par couches les tiges réu-
33 %; le coton brut est de la cellulose presque nies en bottes d'égale longueur, dans des pièces
pure, le lin au contraire renferme une très-forte d'eau dites routoirs ; on recouvre la dernière
proportion de matières résineuses , gommeuses et couche de lourdes pierres, pour maintenir le tout
colorantes ; d'après Lee, la majeure partie de immergé; après quelques jours, il s'établit une
la matière colorante ne se développe que pendant vive fermentation dans la masse, l'eau se trouble
BLANCHIMENT. 631 - BLANCHIMENT.
et se colore en jaune ; en même temps elle répand colorante ne peut s'obtenir qu'au moyen d'un
une odeur fétide : le rouissage est alors ter- grand nombre d'opérations. Cette matière en effet,
miné. est insoluble dans les alcalis et n'y devient so-
Souvent cette opération se fait dans de grandes luble qu'après avoir été oxydée ; comme d'autre
caisses à claire-voie. Souvent aussi , au lieu d'eaux part, sous l'influence des agents oxydants, elle
stagnantes , on utilise des eaux courantes. De peut subir une modification nouvelle qui non-seu-
toutes façons, le rouissage ainsi pratiqué est im- lement augmente l'intensité de sa couleur, mais
parfait et nuisible à la santé des ouvriers , par les encore la rend inattaquable par les alcalis , on
exhalaisons qui se produisent et qui, malgré les comprendra aisément que ce n'est que par une
assertions de Parent-Duchâtelet, semblent être la série de passages à l'air, au chlore et à la soude
cause des fièvres périodiques que l'on observe dans ou au savon , que l'on pourra atteindre le but
les environs des routoirs ; il présente en outre proposé.
l'inconvénient de laisser perdre les substances Les procédés modernes sont néanmoins beau-
azotées détachées de la filasse et qui constituent coup plus prompts que les anciens. Autrefois , il
un excellent engrais. ne fallait, pour un blanchiment complet, pas moins
On a cherché de bien des manières à remplacer de dix ou douze passages en soude, suivis d'autant
ces divers procédés de rouissage ; on a préconisé de lavages et d'un égal nombre d'expositions sur
l'emploi de la chaux, celui du savon, sans que pré ; la dépense en soude s'élevait à 3 kilogr . de
ces substances soient réellement entrées dans la soude par 100 mètres de tissus. Aujourd'hui on
pratique. Rouchon recommande l'emploi de l'acide opère généralement comme il suit :
sulfurique dilué. On plonge le chanvre et le lin à
rouir dans une eau acidulée au 200e pour le pre- Pour 1500 kilog. de tissus :
mier, au 400 pour le second, et on les laisse en 1. Trempage de 24 heures dans une lessive à 2 %.
contact avec le bain acide, jusqu'à ce qu'ils en 2. Lavage et exposition sur pré, pendant 48 heures.
soient bien pénétrés ; puis on les retire et on les 3. Lessivage à l'eau de chaux bouillante (30 kilog.
entasse pendant 5 à 6 heures ; on les arrose alors de chaux, 2500 litres d'eau).
d'eau ordinaire et on recommence ces deux traite- 4. Lavage et passage en acide sulfurique (D = 1,010) ,
ments jusqu'à complet rouissage. suivi d'un dégorgeage complet.
En Angleterre, on utilise fréquemment le pro- 5. Lessivage au sel de soude, 55 kilogr.
cédé suivant : Les bottes de lin ou de chanvre sont 6. Lavage et exposition sur pré. - Puis répéter les
deux opérations 5 et 6.
disposées verticalement dans une cuve en tòle, 7. Nouveau lessivage au sel de soude.
dans laquelle on fait arriver un filet de vapeur ; 8. Passage en chlorure de chaux. D = 1,002.
la cuve est fermée à sa partie supérieure par une 9. Passage en acide sulfurique. D = 1,010.
plaque métallique refroidie extérieurement par un 10. Dégorgeage.
courant d'eau ; la vapeur se condense contre cette (Pour le même poids de tissus, il faut prendre des
plaque et retombe à l'état d'eau sur les gerbes de solutions plus faibles quand il s'agit de tissus légers,
plantes la chute incessante de cette eau et la batiste, etc.)
température de 30-40° qu'elle atteint bientôt dé-
terminent promptement la désagrégation des ma- Maier a proposé de remplacer dans ces opéra-
tières filamenteuses. tions le sel de soude par la soude brute qui est,
Le procédé de Claussen consiste à traiter le selon lui, plus avantageuse, non - seulement à
lin, aussitôt après sa récolte, par une solution cause de son prix , mais encore par l'action des
bouillante de soude caustique pendant 2 à 3 heures, sulfures qu'elle renferme [ Wurtemb. Gewerbebl.,
puis à le mettre successivement en contact avec 1855, n° 22] .
des solutions de sulfate de magnésium, de carbo- Jennings, de Cork, a fait connaître le procédé
nate de sodium , d'acide sulfurique : le dégage- suivant, dans lequel on voit que les traitements
ment d'acide carbonique qui a lieu dans ces oxydants et alcalins sont simultanés : Après deux
conditions parait singulièrement activer le rouis- lessivages en chaux ou en soude et un traitement
sage. à l'acide chlorhydrique faible, passage au clapot
Le procédé de Lefébure , de Bruxelles, con- dans une solution de sel de soude d'une densité
siste à soumettre d'abord le lin à l'action énergi- de 1,025, à laquelle on ajoute de l'hypochlorite de
que d'une broyeuse qui le dépouille des matières sodium jusqu'à ce qu'elle marque 1,050 ; ce passage
ligneuses, puis à celle d'une peigneuse qui enlève doit durer 3 à 4 heures ; puis on passe en acide,
les fourches du lin , les pailles, etc., et enfin à un on lave et on recommence la série de ces opéra-
traitement au carbonate de sodium bouillant ; un tions jusqu'à complète décoloration [London Journ.
lavage complet enlève les matières gommeuses of arts, octobre 1856, p. 239].
rendues solubles par les alcalis et est suivi d'un Le procédé de Claussen consiste en un passage
séchage après lequel on obtient de la filasse pres- en sel de soude et en hypochlorite de magnésium ,
que pure. puis en un nouveau passage en sel de soude ,
Après le rouissage vient le teillage, opération en un traitement acide et en un complet dégor-
mécanique qui a pour but de briser la chènevotte geage.
pour la séparer des fibres ; ces dernières subissent J. Kolb a récemment proposé un nouveau mode
alors les divers traitements qui les transforment de blanchiment dont les avantages seront sans
en fils et en tissus. doute bientôt reconnus par les industriels , et qui
Il serait très-désirable que le blanchiment du présente, au point de vue théorique, un grand
lin fut toujours opéré sur les fils et non pas sur intérêt il repose sur ce fait que le fil est com-
les tissus, parce que les matières étrangères qui plétement blanchi par son immersion seule dans
l'accompagnent, s'élevant au tiers environ de son la dissolution de chlorure de chaux ; l'acide car-
poids, laissent par leur disparition au blanchi- bonique de l'air n'est d'aucune utilité dans le
ment des espaces vides qui nuisent à la solidité blanchiment, il n'est au contraire qu'une source
du tissu. de perte de chlore actif. La décoloration se fait
soit à la lumière diffuse, soit dans l'obscurité ;
La première opération que doit subir un tissu elle a lieu sans le moindre dégagement de gaz et
de lin à blanchir est l'enlèvement de l'apprêt ou en l'absence de toute trace d'air. L'hypochlorite
parou on se sert généralement dans ce but d'une de calcium est transformée en chlorure de cal-
décoction d'orge germée, qui transforme prompte- cium .
ment, à 35°, les matières amylacées en dextrine Ces faits paraissent établir d'une façon irréfu-
soluble dans l'eau. La destruction de la matière table que, dans le blanchiment, l'hypochlorite de
BLANCHIMENT. 632 BLANCHIMENT.

chaux agit directement comme oxydant énergique. surge ou laine en suint : elle est extrêmement
En effet, l'air ne joue aucun rôle dans la réaction impure ; outre les matières étrangères, argile , sa-
et Kolb a montré, d'autre part, que la matière ble, débris de toute nature dont elle est toujours
colorante n'agit pas comme acide, la décoloration souillée, elle contient une matière colorante fauve,
s'effectuant avec la même facilité lorsqu'on plonge et, de plus, jusqu'à 55 % de son poids d'une
dans la dissolution de chlorure de chaux des fils substance grasse, douée d'une odeur forte et qu'on
préalablement bouillis avec une lessive alcaline nomme le suint : c'est le produit de l'exsudation
et laissés très-alcalins (Communication particu- du mouton , plus ou moins modifié par les agents
lière). extérieurs. Le blanchiment de la laine a pour but
Tessié du Motay et Maréchal ont, en 1866 , mis de la débarrasser de toutes ces substances.
en pratique un procédé de blanchiment reposant Le suint se compose essentiellement d'un savon
sur l'action des permanganates alcalins ; cette ac- de potassium , d'un acide gras libre, plus d'une
tion, connue depuis longtemps , n'avait pu jus- petite quantité de carbonate, d'acétate, de chlo-
qu'alors être utilisée à cause du prix élevé de ce rure de potassium, et de sulfate de calcium, enfin
produit; les auteurs, après avoir industriellement d'une matière odorante spéciale (Vauquelin) . Mau-
réalisé la fabrication des manganates et des per- mené et Rogelet out constaté que le suint ne ren-
manganates, les ont appliqués au blanchiment : ferme pas trace de sels de sodium et ont basé
leur procédé consiste à dégraisser les fils ou tis- sur ce fait un procédé de fabrication de la potasse.
sus, à les plonger ensuite dans un bain de per- Comme presque toutes les substances qui com-
manganate, puis à décomposer le peroxyde de posent le suint sont solubles dans l'eau, il semble-
manganèse produit dans cette opération , par une rait qu'un simple lavage à l'eau puisse les enlever;
solution d'acide sulfureux ou d'eau oxygénée mais outre que ce lavage est extrêmement long,
(Brevet n° 69935). on ne réussit pas ainsi à purifier complétement
la laine, qui , dans ces circonstances, n'acquiert
Les appareils usités dans le blanchiment du pas tout le brillant dont elle est susceptible.
lin sont les mêmes que ceux que nous avons Néanmoins, comme opération préliminaire, on la
décrits pour le blanchiment du coton. lave à l'eau pure ; fréquemment cette opération
s'effectue sur le dos même du mouton, qu'on con-
BLANCHIMENT DES FIBRES ANIMALES. - Les duit à cet effet dans un cours d'eau, ou dans de
fibres animales les plus employées dans l'industrie grands réservoirs disposés convenablement ; l'ou-
des tissus sont la laine et la soie : ces deux ma- vrier chargé de ce travail pétrit et frotte la toison
tières, à l'état brut, sont impropres à la teinture, jusqu'à ce que l'eau qui s'en écoule soit limpide :
en raison des substances résineuses, grasses et il est bon d'effectuer ce lavage à une température
cireuses qui les accompagnent toujours ; elles sont, très-douce. Les laines ainsi préparées sont dites
en outre, plus ou moins colorées, et dans les di- lavées à dos ; elles perdent dans ce traitement
vers cas où elles ne doivent pas subir les opérations de 20 à 30 % de leur poids.
de la teinture, la consommation exige d'elles une Quand le lavage est opéré sur la laine en toison,
entière blancheur . il est bon d'opérer non plus à l'eau courante, mais
Le blanchiment des fibres animales se compose dans des cuves, de façon que le suint puisse s'y
donc, comme celui des fibres végétales, de deux accumuler peu à peu comme il renferme une
opérations distinctes : le dégraissage et la décolo- forte proportion de savons et de corps gras, le
ration. dégraissage est considérablement facilité.
L'altérabilité de ces fibres sous l'influence des De quelque manière que l'on opère, la laine
agents chimiques demande, dans le choix de ces lavée, dessuintée, renferme encore 15 à 20 % de
derniers, une grande attention de la part du blan- matières grasses, que l'on enlève soit par un
chisseur. Il ne peut naturellement plus être ques- passage d'un quart d'heure dans de l'eau tiède
tion ici d'alcalis caustiques ou de chaux, comme renfermant un quart de son poids d'urine putré-
dans le cas des fibres végétales ; c'est au moyen fiée ou 1/2 % de carbonate d'ammoniaque (Trenn,
de bains de savon ou de cristaux de soude, fré- Dingler's polyt. Journ . , t. CLXXXIII , p. 479] , soit
quemment répétés et à des températures peu éle- par un passage d'une heure dans de l'eau tiède
vées, qu'on arrive à purifier la laine et la soie des reufermant 12 % du poids de la laine en savon
matières grasses et cireuses. vert. Comme ce procédé occasionne une forte dé-
Quand ce dégraissage est opéré, on procède à la pense de savon, on a songé à remplacer le savon
décoloration . Ici encore, on est obligé de renon- par les corps gras du suint lui-même. On réussit
cer aux procédés usités pour les fibres végétales ; facilement en opérant de la façon suivante : Les
on remplace le chlore par l'acide sulfureux . laines sont lavées à une température de 30° envi-
Leuchs a récemment prouvé que cet acide ne dé- ron, dans des cuves en bois ; quand ce lavage est
truit pas les matières colorantes, mais qu'il se terminé, on ajoute aux eaux qui viennent de ser-
combine à elles en donnant naissance à des com- vir un léger excès de soude caustique, de manière
posés solubles dans l'eau et les alcalis. Au moyen à précipiter les terres alcalines et à dissoudre les
de l'acide sulfureux, gazeux ou liquide, on arrive acides gras. Ce bain ainsi préparé sert à une nou-
à produire un blanc assez pur pour les besoins de velle portion de laine, et on continue ainsi , en
la vente. L'action de l'acide sulfureux doit être ayant soin, après chaque lavage , d'ajouter au bain
ménagée, car si on la prolongeait outre mesure, une nouvelle quantité de soude, et de laisser dé-
on déterminerait la formation d'une matière jaune. poser, ou de filtrer ; on peut ainsi se servir presque
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Après le soufrage, on lave les fils ou tissus à indéfiniment des mêmes eaux, qui deviennent de
une température peu élevée, afin de ne pas dé- plus en plus riches en savon, sans dépense autre
truire la combinaison que l'acide sulfureux a for- que celle de la soude (Léonard Schwartz).
mée avec la matière colorante. Un léger azurage Quand le dégraissage est terminé, on donne aux
au carmin d'indigo ou à l'indigo en poudre ter- laines un lavage complet, que l'on effectue dans
mine les opérations du blanchiment. des paniers, percés de trous et établis au milieu
Telles sont, d'une manière générale, les diffé- d'un cours d'eau ; les ouvriers agitent la laine au
rentes phases du dégraissage et de la décoloration moyen de longs bâtons , ou , dans certains pays, la
des fibres animales. manœuvrent avec les pieds, jusqu'à ce qu'elle soit
parfaitement lavée ; quelquefois aussi on se sert
BLANCHIMENT DE LA LAINE. pour ce lavage d'une sorte de râteau mécanique,
A. Laine en toison. - La laine telle qu'on la animé d'un mouvement de va-et-vient.
prend sur le dos du mouton est appelée laine | Divers procédés ont été récemment proposés
BLANCHIMENT. 633 BLANCHIMENT.
pour le remplacement du savon dans le dégrais- que les opérations du blanchiment des tissus de
sage. Saiglan ( Brevet nº 61008) , recommande l'em- laine sont presque aussi longues que celles des
ploi du sulfure de sodium . Potez aîné ( Brevet laines en toison .
n° 62181 ) , d'un mélange, par parties égales, de Les appareils usités sont des barques en bois , à
glycérine, de sulfate et de carbonate de sodium. roulettes , chauffées à la vapeur au moyen d'un
Artus se sert d'un savon de soude mélangé de serpentin. Quelques fabricants se servent de chau-
sulfite de sodium et, après avoir bien imprégné la dières en cuivre, que l'on a soin de garnir inté-
laine de ce mélange, la plonge dans un bain très- rieurement de toile, pour éviter que le cuivre ne
légèrement acide. - On sait enfin que, dans quel- se trouve en contact avec la laine. Dans les diffé-
ques pays, on blanchit la laine avec l'infusion de rents appareils usités pour le blanchiment de la
certaines plantes, comme par exemple la saponaire laine, il est important d'éviter autant que possible
blanche, à laquelle on ajoute d'ordinaire un li- l'emploi des métaux et surtout du plomb ; les
quide alcalin. joints des tuyaux de vapeur faits avec du minium
Décoloration. - La décoloration des laines se déterminent fréquemment sur les tissus de laine
fait, comme nous l'avons déjà dit, au moyen de la formation de taches de sulfure de plomb.
l'acide sulfureux gazeux : l'acide liquide n'a pas Les tissus, après un grillage ou un rasage ana-
reçu la sanction de la pratique. Cette opération se logue à celui que nous avons décrit pour le coton,
fait dans des chambres capables d'être herméti- doivent subir un lavage à l'eau tiède, destiné à
quement fermées, munies à leur partie supérieure dissoudre les parties glutineuses qui proviennent
d'une ouvertur

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