Vous êtes sur la page 1sur 2

« 

Elle était déchaussée… »


Analyse linéaire
Premier quatrain : la rencontre
Vers 1 :
 « Elle ». Le pronom personnel de la troisième personne (répété d’ailleurs en tête des trois premiers
quatrains), suggère qu’il s’agit d’une femme inconnue, rencontrée au hasard d'une promenade. Cette
identité floue introduit un élément de mystère qui sera accentué par le terme « fée » employé au vers 3.
 « était » L’imparfait de description présente la vision qui a marqué le poète. Il suggère aussi la durée,
l’immobilité. Une image comme suspendue dans le temps.
 « déchaussée … décoiffée » La jeune fille a une toilette et une allure désordonnées que l'on retrouve dans
des hémistiches semblables et qui seront repris au vers 16.
Vers 2 :
 « joncs penchants » Cette jeune fille désordonnée se trouve dans une nature qui est elle-même
désordonnée. Elle est donc en accord avec la nature, ce qui renforce sa beauté.
Vers 3 :
 « je crus voir une fée » La vision qu’il perçoit est incertaine. Le fait qu’il « croit voir » la jeune femme
permet de rapprocher cette vision d’un rêve. D’ailleurs, la jeune inconnue est associée à la « fée » c’est à
dire à une créature surnaturelle à connotation valorisante et créant ainsi une atmosphère enchanteresse.
Vers 4 :
 « Veux-tu t’en venir dans les champs ? » L’interrogation renvoie à une invitation qui arrive très vite
après la rencontre, presque simultanément, en tous cas très « spontanément », comme pour suggérer que
la conséquence logique de la rencontre avec une telle beauté ne peut être qu’une invitation, immédiate, à
l’amour.
  « Tu » Par ce pronom de l’intimité, le poète élimine la distance courtoise. Une distance imposée d’ailleurs
par la société et qui n’a pas lieu d’être dans ce cadre naturel et « sauvage ».
Synthèse :
Deuxième quatrain : la séduction
 La représentation d’une
 A la demande explicite du poète répond le silence de la jeune fille. A aucun
femme libre, naturelle,
moment elle ne s'exprime par la parole. Ce silence fait durer la scène, il
qui tient à la fois de la
contribue aussi à renforcer l'impression d'attente.
sauvageonne et de la
 « Elle me regarda […] je lui dis […] » Mais la jeune fille s'exprime par le
nymphe des bois.
regard. Dans sa structure même, le poème met en scène l'échange des
 L’embrasement
regards. Cette mise en scène se matérialise dans l'effet de parallélisme
amoureux immédiat :
qui se reproduit dans les deux premiers quatrains et qui continuera dans
on assiste bien à « un
tout le poème.
coup de foudre ».
Vers 5 :
 Cette scène est si  « suprême » L'adjectif indique une forme de domination exercée sur
« naturelle » que, l'homme tombant sous le charme de la jeune fille. Son comportement est
paradoxalement, elle donc audacieux : elle croise le regard de l'inconnu sans aucune trace de
parait presque timidité.
surnaturelle. Vers 7-8  :
 « Veux-tu » Structure anaphorique pour insister sur le désir du poète. Nouvelle interrogation
correspondant à une invitation à l’amour. Son insistance reflète aussi une forme d’obsession : les seules
paroles qu’il est capable d’émettre expriment invariablement la même demande, aimer.
 « C’est le mois où l’on aime » Pour convaincre la jeune fille, le jeune homme avance un argument en
corrélation avec les saisons. La tournure emphatique met en valeur un mois du printemps, saison où la
nature se renouvelle et fleurit. Le présent de vérité générale suggère que tout le monde est en devoir de
tomber amoureux, puisque l’on est au printemps…
 « nous » Mais si l’invitation se répète, elle évolue aussi : ce qui change d’abord c’est le passage du « tu »
pronom de l’individualité au « nous » pronom de l’union amoureuse anticipée.

Troisième et quatrième quatrains : la réponse de la jeune fille


Vers 9  :
 « ses pieds à l’herbe de la rive » La jeune femme semble sortir de l’eau. L’image souligne sa sensualité (la
nouvelle allusion aux pieds ainsi que leur proximité avec la nature). Hugo souligne la dimension divine du
personnage féminin ainsi que sa beauté qui relève du surnaturel.
Vers 11  :
 « belle folâtre » Périphrase représente la femme comme un être libre, une femme attirante par sa beauté
et sa liberté toute « naturelle » et spontanée.
Vers 12 :
 « Oh ! Comme » Le troisième quatrain s’achève par l’expression de l’émerveillement du poète à travers
l’interjection « Oh ! », renforcé par l’adverbe exclamatif « Comme » qui donne plus d’intensité à
l’éblouissement du jeune homme.
 « Les oiseaux chantaient au fond des bois » Cet émerveillement semble avoir pour origine et pour
justification non pas la jeune fille mais le chant des oiseaux !
Interprétation : « les oiseaux chantaient » serait une métaphore renvoyant aux amoureux qui « chantent »
leur amour ou leur désir. Rappelons qu’il l’avait invitée à s’aventurer au « fond des bois ». Donc, c’est un lieu
secret, témoin de l’union amoureuse.
Vers 15  :
 « heureuse, effarée, sauvage » Les adjectifs qualificatifs moraux expriment l'insouciance et la gaieté :
les trois adjectifs successifs ainsi que le rire final rappellent l’insouciance qui avait déjà été exprimée au vers
11 par l’adjectif « folâtre ». La scène est donc marquée par la gaieté insouciante de la jeunesse « en amour
». Une jeunesse toute romantique qui profite du moment dans une nature accueillante.
Vers 16  :
 L’expression de la liberté et de la légèreté est soulignée par l’enjambement qui met en valeur :
o « Ses cheveux dans les yeux » Les cheveux décoiffés, rappelant le début. L’image reflète le
désir spontané, non maitrisé ;
o « Riant au travers » Le rire, la joie révélant désir épanoui, assumé et qu’aucune pudeur
hypocrite ne cherche à cacher.

Vous aimerez peut-être aussi