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Introduction :
Amorce : Si la raison conduit à un repos qui n’est pas tout à fait le bonheur, les passions,
elles, conduisent surement à la maladie et à la mort. Le désordre et le désastre s’opèrent sur
les figures victimes de leurs ambitions, leurs caprices ou leurs amours.
Auteur : Madame De Lafayette est une romancière, moraliste, précieuse et épistolaire du
17ème siècle qui appartient au courant littéraire du classicisme, elle invente le roman
psychologique moderne suite à la publication de la Princesse de Clèves en 1678.
Œuvre : Roman ayant fixé les codes du genre romanesque qui raconte l’impossible amour
d’une aristocrate, prise entre le souci de son rang, le respect d’un mari dont elle ne partage
pas les sentiments et sa passion adultérine pour le duc de Nemours, ils vivent les
déchirements d’un amour muet et d’une passion rendue impossible par le poids des
convenances sociales et morales.
Extrait : L’extrait choisi suit immédiatement une scène d’aveu particulièrement originale,
que certains contemporains ont jugé invraisemblable : une épouse avoue ses sentiments
d’adultère à son mari.
Problématique : En quoi cette scène montre-t-elle que Mme de la Fayette est une
moraliste ?
Plan : Il serait judicieux pour cela de la séparer en trois parties : le discours courageux de la
Princesse de Clèves de la ligne (1à10) puis d’étudier le récit de la réaction de M. de Clèves
abasourdi de la ligne (11à14) le reste de l’extrait portera ensuite sur la réponse de M. de
Clèves à la nouvelle de cette rencontre à la fin de l’extrait.
Mouvement 1 :
Cette scène romanesque est un moment critique du roman où la Princesse de Clèves
reconnait à son mari son amour pour un autre.
Elle fait cet aveu à genoux, dans une attitude d’humilité, de soumission et d’abandon,
tout près de son mari, son visage « couvert de larmes » offrant un aspect théâtralisé
à cet aveu.
Pendant lequel l’homme, lui, est resté « la tête appuyée sur ses mains », signe de
préoccupation, d’abattement.
La souffrance est donc ressentie dans les deux côtés comme le montre le champ
lexical « larmes, douleur, affliction, malheureux » accompagné de superlatifs « plus
d’estime/le plus malheureux » d’intensifs « une affliction aussi violente » et enfin
d’hyperboles « mourir de douleur ».
La princesse de Clèves cherche ainsi à faire appel aux émotions de son mari et de
susciter sa pitié, elle évoque alors des circonstances atténuantes (la mort de sa
mère/son jeune âge) et s’inflige à elle-même sa peine (retrait de la cour/rejet de la
vie mondaine dans cette cour, lieu des vices et d’incitation).
Mais elle offre une image assez pessimiste de cet amour comme un danger, elle
reconnait implicitement, en creux la force du sentiment amoureux qu’elle éprouve
mais elle revient sans cesse sur sa volonté de s’éloigner, comme le montre la
subordonnée de condition « si vous me laissez la liberté »renforcée par la proposition
coordonnée « ou si j’avais » qui la présentent comme une personne vulnérable qui
veut à tout prix s’échapper vu la gravité de la situation.
Cet aveu peut également de n’être qu’une illusion de sentiments vertueux, en effet
elle promet un aveu au début mais à aucun moment elle ne prononce le nom de celui
qu’elle aime.
Mais aussi que la Princesse est avocate d’elle-même car en plus de cela elle utilise,
pour capter la bienveillance de son mari et pour donner une image positive d’elle-
même, un champ lexical de l’innocence « conduite, intentions, force, nulle marque
de faiblesse » alors que c’est le champ lexical de la culpabilité qui devrait prendre le
dessus.
Les verbes à l’impératif « conduisez, ayez, aimez »semblent montrer qu’elle garde la
maitrise de la situation malgré une confession qui met théoriquement en position de
faiblesse. Elle tente d’atténuer en insistant sur sa fidélité et sur son respect des
conventions sociales et les liens de mariage.
Mouvement 2 :
Se succède un tableau du bouleversement de M. de Clèves digne d’une tragédie.
La gestuelle est elle aussi tragique « la tête appuyée sur ses mains, à ses genoux »
Enfin la présence du duc de Nemours, spectateur caché dans cette scène d’aveu rend
ce passage encore plus théâtral.
L’action qu’il fait en relevant sa femme, assimilée à une sainte éplorée, montre que
sa réaction était attendue car elle répond aux principes des classiques, de l’homme
idéal qui éprouve de l’admiration, malgré tout pour son épouse.
Mouvement 3 :
Au début de sa réplique M. de Clèves se perd, visible aux ruptures syntaxiques qui
révèlent son trouble intérieur : « Ayez pitié de moi, vous-même, Madame, lui dit-il,
j’en suis digne ».
La douleur est telle que le prince de Clèves ne parvient pas entièrement à étouffer la
jalousie naturelle qui l’anime et tente d’abord de l’atténuer « j’en suis digne »
Par ce discours, il chasse toute trace de péché et elle, semble rachetée de sa faute.
Les deux personnages sortent ainsi grandis de l’épreuve et dépassent le vice et les
passions pour s’élever à la vertu.
Conclusion :