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Analyse 2 : Manon Lescaut

Le XVIIIe siècle, l'âge d'or du roman, marqué par l'émergence de figures littéraires de renom, tels que Zola,
Balzac ou Flaubert. Cette période a été témoin d'une effervescence culturelle et littéraire en France, façonnée
par le mouvement des Lumières, un courant intellectuel et artistique. C'était une époque de bouleversements
sociaux, intellectuels et culturels, caractérisée par la remise en question des anciennes normes sociales et
morales. Dans ce contexte, " Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut " de l'Abbé Prévost, parue
en 1731, est influencée par les idées novatrices de cette époque en abordant des thèmes tels que la passion,
l'amour, les conventions sociales, la critique des privilégiés et la corruption morale.

La problématique centrale est la suivante : Comment l'auteur accentue-t-il l'influence détenue par Manon ?
Cette analyse se concentrera sur trois mouvements. Le premier dépeint le retour inattendu de Manon, marqué
par le repentir et la confession, le deuxième se penche sur l'élan amoureux au présent, avec des promesses
pour l'avenir. Tandis que le troisième aborde le futur entre questionnements et promesses. Cette analyse nous
aidera à approfondir notre compréhension de la psychologie des personnages, de leurs motivations, ainsi que
des décisions qui auront un impact sur le développement de l'intrigue.

Dans le premier mouvement de cet extrait, le retour inattendu de Manon crée une tension palpable.
Le chevalier Des Grieux semble stupéfait et désorienté face à cette visite soudaine, alors qu'il avait pris la
décision de poursuivre ses études dans un environnement normalement stable. Son inquiétude quant aux
conséquences de cette rencontre est manifeste. L'état physique de Des Grieux, marqué par des tremblements
et une perturbation intérieure, révèle sa crainte face à cette apparition, soulignant son trouble intérieur.
Manon semble d'abord mal à l'aise, comme en témoigne son embarras initial. Cependant, elle adopte
rapidement une attitude dramatique, accompagnée d'un geste théâtral. La mise en scène de son repentir est
accentuée par l'utilisation du discours indirect et par l'emploi de l'expression "ton timide." Le verbe "elle
confessait" suggère que la situation au sein du séminaire pousse Manon à utiliser un langage religieux, la
forçant à reconnaître et avouer ses fautes. Malgré cette approche empreinte de sacralité, Manon n'hésite pas
à accuser Des Grieux de l'avoir ignorée pendant deux ans. Elle souligne que le chevalier ne lui a montré aucun
signe de compassion, même lorsqu'il la voyait en pleurs. Le dialogue entre eux devient poignant, et Manon
semble jouer le rôle de la victime en évoquant la possibilité de sa propre mort. La souffrance de Des Grieux est
palpable, illustrée par des expressions telles que "m'écrier" et "douloureusement".

Dans le deuxième mouvement, l'impulsion amoureuse est manifeste. Manon exprime son amour de
manière excessive et dramatique, suscitant une réponse mitigée de la part de Des Grieux. Le chevalier est
submergé par un trouble intense, marqué par une anxiété et une inquiétude croissantes. Le changement de
ton de Des Grieux, passant de la passion à une sorte de plainte, révèle l'influence que Manon exerce sur lui. Il
semble que la jeune femme ait un pouvoir sur lui, le laissant complètement aliéné.

Enfin, dans le troisième mouvement, Des Grieux se montre prêt à tout sacrifier par amour passionné
pour Manon. Elle a réussi à le convaincre que tout ce qu'il avait bâti dans sa vie, incluant sa fortune, sa
réputation et ses aspirations religieuses, est négligeable en comparaison de l'amour qu'elle lui offre. Elle est
devenue une figure quasiment divine à ses yeux. Manon semble prendre le dessus sur Des Grieux, qui est prêt
à renoncer à tout pour elle, y compris sa foi religieuse.
En conclusion, cette séquence d'événements met en évidence l'éclosion soudaine et passionnée de l'amour
dans le cœur du narrateur, déclenchée par la simple curiosité lors de l'arrivée du coche d'Arras. L'attraction
immédiate envers Manon, malgré sa timidité, le pousse à surmonter ses inhibitions pour entamer une
conversation. Cependant, la révélation de la vocation religieuse de Manon crée un conflit entre les désirs du
narrateur et la réalité, jetant une ombre de tragédie sur leur amour naissant. L'histoire explore le contraste
entre l'ardeur du narrateur et la réserve de Manon, ainsi que le conflit intérieur de cette dernière face à son
destin prédestiné. Cette tension émotionnelle crée une atmosphère empreinte de désespoir et de tragédie,
suscitant des questions sur la possibilité de changer le cours de son destin. L'histoire met en lumière la
puissance de l'amour naissant et les défis qu'il peut poser face à des obstacles inattendus. Elle nous invite à
réfléchir à la complexité des émotions humaines et à leur capacité à influencer le cours de nos vies.

La tension émotionnelle et la réconciliation présentées dans ce passage évoquent d'autres œuvres littéraires
qui explorent des thèmes similaires. Une ouverture sur une autre œuvre pourrait être "Roméo et Juliette" de
William Shakespeare, qui partage des similitudes avec "Manon Lescaut" en termes d'amour passionné, de
trahison et de rédemption. Les deux œuvres examinent les conflits entre l'amour et les obstacles extérieurs,
ainsi que la façon dont les personnages surmontent ces défis pour se réconcilier. En fin de compte, l'analyse de
ce passage met en évidence la richesse des émotions humaines et la complexité des relations amoureuses,
éléments qui sont explorés de manière profonde et poignante dans la littérature. C'est cette complexité qui
continue de captiver les lecteurs et de faire de telles œuvres des classiques intemporels de la littérature.

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