Vous êtes sur la page 1sur 8

Manon Lescaut, Abbé Prévost: éléments pour une dissertation

Thème 1
L’organisation du récit et ses composantes:

Ellipses: « J’avais passé près d’un an à Paris sans m’informer des a aires de Manon” =>
ellipse relatant les deux ans que le Chevalier aura passé sans Manon à Paris.
Et « Environ deux heures auparavant » à « le soir-même » Le récit de la mort de Lescaut
Deux ellipses au plus que parfait.

Résumé: “Nous nous hâtâmes tellement d’avancer que nous arrivâmes à Saint-Denis
avant la nuit.”

Résumé des passages moralisateurs de Tiberge (parce que le chevalier DG en a assez de


sans cesse écouter les reproches de son ami), de la mort de Manon (pas raconté car
insupportable à raconter).

Développement: De “Je demeurai interdit à sa vue, et ne pouvant conjecturer quel était


le dessein de cette visite” à “Le désordre de mon âme, en l’écoutant, ne saurait être
exprimé” quand le Chevalier raconte sa première rencontre avec Manon.

Pause: « Manon ne put lui refuser quelques baisers ; c’était autant de droits qu’elle
acquérait sur l’argent qu’il lui mettait entre les mains » alors que son amant lui fait les
premiers cadeaux, permet au Chevalier de faire des remarques sur Manon et l’argent.

Prolepse (anticipation, vue vers le futur): « ma chute fut d’autant plus irréparable que,
me trouvant tout d’un coup au même degré de profondeur d’où j’étais sorti, les nouveaux
désordres où je tombai me portèrent bien plus loin vers le fond de l’abîme », un des
nombreux passages qui permettent au narrateur d’instaurer du suspens dans le récit.
Donne un côté tragique: leur histoire ne pourra que mal se nir.

=> A certains moment les procédés s’enchaînent. Par exemple on a la scène de la mort
de Manon racontée dans de nombreux détails, mais après une l’ellipse qui ne nous
permettra pas de voir les dernières secondes de sa vie.

©mes chesdefrancais.com Page 1 sur 8


fi
fi
ff
Thème 2

Dans quelle mesure peut-on dire que Manon Lescaut est un roman des Lumières ?
Ce roman est-il capable de « re éter » les Lumières ?

Elements d’introduction: Roman écrit en 1731, se passe sous la Régence, alors que
Prévost est encore Bénédictin. Le lien avec les Lumières est ténu... Se situe sous la
Régence en 1731 alors que le livre pivot du mouvement des Lumières, les Lettres
persanes de Montesquieu, a déjà 10 ans.

Prévost était moine en 1728 quand il entame l’écriture des quatre premiers tomes des
Mémoires d'un homme de qualité (et Manon est le tome VII). Il s'échappe en Hollande
puis en Angleterre.

Manon Lescaut relève des Lumières par la composition même du roman. Sa forme est
inédite.

I Le libertinage dans Manon Lescaut


II La moralité dans le roman

Le libertinage dans Manon Lescaut:

- « Manon était passionnée pour le plaisir, j’étais passionné pour elle »

- « On l’envoyait au couvent pour arrêter sans doute son penchant au plaisir »

- « Nous fraudâmes les droits de l’Eglise, et nous nous trouvâmes époux sans y avoir fait
ré exion »

- A rapprocher de Sapho, Alphonse Daudet, réécriture de Manon Lescaut: origines


provinciales du héros promis à un brillant avenir. Rencontre de la femme fatale, mi
courtisane et mi femme exploitée. Beaucoup de points communs: « Pudeur, réserve, à
quoi bon ? Les hommes sont tous pareils, enragés de vice et de corruption, ce petit-là

©mes chesdefrancais.com Page 2 sur 8


fl
fi
fl
comme les autres. Les appâter avec ce qu’ils aiment, c’est encore le meilleur moyen de
les tenir. Et ce qu’elle savait, ces dépravations du plaisir qu’on lui avait inoculées, Jean
les apprenait à son tour pour les passer à d’autres. »

- « C’est qu’une sotte vertu que la délité » phrase clé

- « Il faut compter ses richesses par les moyens qu’on a de satisfaire ses désirs. »

- « De la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans
notre plaisir ; je dé e qu’on s’en forme une autre idée ; or le cœur n’a pas besoin de se
consulter longtemps pour sentir que de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de
l’amour. »

- « Le commun des hommes n’est sensible qu’à cinq ou six passions, dans le cercle
desquelles leur vie se passe, et où toutes leurs agitations se réduisent. Ôtez-leur l’amour
et la haine, le plaisir et la douleur, l’espérance et la crainte, ils ne sentent plus rien. »

- « Ne vois-tu pas, ma pauvre chère âme, que, dans l’état où nous sommes réduits, c’est
une sotte vertu que la délité ? Crois-tu qu’on puisse être bien tendre lorsqu’on manque
de pain ? »

- « Rien n'est plus capable d'inspirer du courage à une femme que l'intrépidité d'un
homme qu'elle aime. »

- « On se demande la raison de cette bizarrerie du cœur humain qui lui fait goûter des
idées de bien et de perfection dont il s'éloigne continuellement dans la pratique. »

La moralité dans Manon Lescaut

Exemples: d’actes de moralité dans le roman:

- Manon était destinée au couvent par ses parents.

©mes chesdefrancais.com Page 3 sur 8


fi
fi
fi
fi
- Des Grieux se fait enlever et séquestrer par le vieux de GM. Les deux amants sont jetés
en prison pour escroquerie.

- Prison pour enlèvement au Châtelet par Tiberge.

- Déportation de Manon en Louisiane.

- Lorsque le Chevalier parle à son ami de sa passion pour Manon au début du roman,
celui-ci ne réagit pas comme il l’aurait espéré: « je lui s l’entière con dence de ma
passion. Il la reçut avec une apparence de mécontentement qui me t frémir ».

- « Il m’exhorta à pro ter de cette erreur de jeunesse pour ouvrir les yeux sur la vanité
des plaisirs. », ou encore « Le poison du plaisir vous a fait écarter du chemin ».

- « J’avais autant de penchant que vous vers la volupté, mais le ciel m’avait donné, en
même temps, du goût pour la vertu. (...) J’ai conçu pour le monde un mépris auquel il
n’y a rien d’égal. »

- « Il me menaça des châtiments du Ciel. »

- « La plus terrible punition de dieu serait de vous en laisser jouir tranquillement. »

A rapprocher de Paul et Virginie, Bernardin de Saint Pierre:


"Qu'il est di cile de faire le bien ! Il n'y a que le mal de facile à faire."

Autres informations importantes sur le roman:

Relier le livre avec le parcours: « parcours en marge, plaisirs du romanesque ». Toujours


dé nie par rapport à une norme, la marge peut être spatiale, sociale, émotionnelle ou
morale. Les personnages qui s retrouvent en marge peuvent le choisir ou le subir. Le
passage dans la marginalité est donc lié à des péripéties et devient un élément de l’action
romanesque.

Le romanesque, quant à lui, est une catégorie esthétique qui rappelle, par son caractère
exceptionnel, le monde du roman. Il est associé à des personnages avec des sentiments

©mes chesdefrancais.com Page 4 sur 8


fi
fi
ffi
fi
fi
fi
fi
intenses, des aventures spectaculaires, un dépaysement géographique ou de forts
contrastes (le bien et le mal, le beau et le laid, la vertu et le vice).

Le parcours rapproche ce terme de celui de plaisir. Il invite à ré échir aux plaisirs que le
lecteur éprouve, à la lecture d’un roman, grâce aux rebondissements, aux situations
problématiques, et aux émotions fortes des personnages.

Le parcours propose également de s’interroger sur le plaisir que le lecteur peut avoir à
suivre les péripéties de marginaux qui l’emmènent dans les lieux insolites et lui font
ressentir des sentiments contraires.

Thème 3

Dans quelle mesure peut-on dire que le roman Manon Lescaut s’inscrit dans le
parcours « Personnages en marge, plaisirs du romanesque »?

I Des personnages entre marge et norme

A) Manon, une marginale involontaire qui tente vainement d’être intégrée?

• Quand débute le roman, Manon est présentée comme une jeune lle issue d’un milieu
modeste (voir le passage de la rencontre « J’avais marqué le temps »).
• Pourtant, c’est une jeune femme charmante, qui sait se tenir et dispose d’une culture
élégante.
= > Vision de Renoncourt qui la juge pouvoir être une personne de qualité alors qu’elle est
dans un convoi de prostituées.
=> Lorsque Manon prend contact pour la première fois avec Monsieur de G… de M…
( ls) elle cite des vers d’Iphigénie de Racine pour prouver sa délité à Des Grieux.
• C’est donc la société de l’Ancien Régime qui condamne Manon de façon bien plus dure
qu’elle ne le fait pour Des Grieux.
=> Di érence de traitement dans les prisons et vis-à-vis de la déportation.
• Lorsqu’elle vit de façon simple et heureuse à La Nouvelle Orléans, Manon abandonne
même ses désirs de marginalité.

©mes chesdefrancais.com Page 5 sur 8


fi
ff
fi
fi
fl
fi
=> Lorsque Des Grieux lui propose de devenir son épouse, elle a rme qu’elle ne désire
que cela.
• Pour autant, c’est en faisant le choix d’une vie en marge des lois sociales que Manon
entend conquérir sa liberté dans le roman.
=> Manon désobéit à ses parents, vole, et s’évade de prison.
Manon est une séductrice manipulatrice.
=> Elle utilise ses charmes sur Monsieur de B…, les hommes de la famille de G… de
M…, le prince italien, Des Grieux lors de leur rencontre ou à Saint-Sulpice.
• L’héroïne a également un rapport complexe à la morale et à la société dans sa relation
avec Des Grieux. Elle défend une vision du bonheur opposée aux valeurs
traditionnelles.
=> Le confort matériel, les divertissements et les plaisirs sont plus importants que la
délité dans un couple.
• En n, la marginalité de Manon est d’ordre narratif.
Le récit à la première personne place le lecteur dans la seule vision de Des Grieux. La
pensée de Manon demeure un mystère et sa voix n’est entendue que grâce à une lettre.

B) Des Grieux, un marginal assumé ou conduit par le destin?

• Contrairement à Manon, Des Grieux est un jeune noble de haute naissance qui possède
les valeurs associées à son rang.
=> Rencontre avec Renoncour qui le reconnait comme un homme de sa classe.
Récit de l’éducation respectable qu’il a reçue et récit du séjour dans le château familial.
• Tout au long du roman, il utilise largement les privilèges associés à son rang et montre
un grand orgueil vis-à-vis de sa naissance.
Traitement privilégié lors des emprisonnements, argent reçu de Renoncour, Tiberge, et
Monsieur de T…, mépris pour Monsieur de B… qui a acheté son titre de noblesse.
• Son aventure avec Manon le conduit à transgresser toutes les règles sociales et à
passer du côté de la marge.
Des Grieux quitte le séminaire, il triche aux cartes, tue un garde, et rompt dé nitivement
avec son père.
Le héros semble y prendre un certain plaisir et sa passion est renforcée par les obstacles
sociaux qui se dressent en travers de son chemin.
Fierté de Des Grieux lors du meurtre du portier.

©mes chesdefrancais.com Page 6 sur 8


fi
fi
fi
ffi
fi
Pourtant, il a rme tout au long de l’histoire qu’il est le jouet du destin et qu’il subit une
histoire tragique.
A rmation initiale lors de la rencontre avec Manon et con rme à la n à sa mort.

II Les plaisirs du roman:

A) Un roman d’aventure

• Le plaisir romanesque du lecteur de Manon Lescaut provient tout d’abord, de la densité


des évènements qui bouleversent la vie des héros en un temps restreint.
=> En un peu plus de quatre ans, Des Grieux et Manon connaissent un coup de foudre,
une fuite vers l’inconnu, des in délités, des réconciliations, un incendie, un vol, des
escroqueries, des enfermements, des évasions, une déportation, un duel et une fuite
dans le désert américain.
• En lisant le roman, le lecteur a l’occasion de vivre des aventures renversantes.
=> On pense à l’évasion de Des Grieux qui nit par un meurtre, ou a celle de Manon où la
jeune lle est déguisée en homme.
L’impression de densité des évènements est également renforcée par la narration.
Des grieux concentre son attention sur les faits marquants de l’aventure comme les
séjours en prison, les tromperies de la famille de G…M, ou la fuite en Amérique.
En revanche, il accélère le rythme du récit lorsque l’action est moins spectaculaire, c’est
le cas lors des mois dans le château familial ou de l’année passée au séminaire de Saint-
Sulpice.

B) Des lieux romanesques

• Grâce à Manon Lescaut, l’abbé Prévost fait également voyager son lecteur dans des
lieux hautement romanesques.
=> En e et, le roman permet de découvrir des lieux de la marginalité parisienne. Des
Grieux raconte ainsi longuement son séjour à la prison de Saint-Lazare et décrit son
expérience dans la prison du Châtelet. Il parle également des cercles de jeux.
• Le lecteur voyage également dans des espaces insolites et exotiques.
=> Dans la deuxième partie du roman, on suit le voyage de deux mois sur l’océan
Atlantique, on découvre la vie dans la ville de La Nouvelle-Orléans, on est transporté dans
les espaces sauvages de Louisiane.
©mes chesdefrancais.com Page 7 sur 8
ffi
fi
fi
ff
ffi
fi
fi
fi
fi
C) Des personnages captivants:

• En n, en parcourant le roman, le lecteur peut éprouver un plaisir certain à suivre la vie


de personnages passionnés et prêts à tout pour suivre leur passion.
=> Des Grieux semble presque suivre uniquement ses émotions: coup de foudre et donc
fuite à paris, jalousie envers Monsieur de B… et donc reprise des études, jalousie envers
la famille de G… de M… et donc tromperies.
• Il découvre surtout une histoire d’amour intense dans laquelle les deux héros
s’engagent pleinement.
=> Des Grieux fait preuve d’un dévouement amoureux spectaculaire qui touche le lecteur:
il tue pour Manon, organise son évasion, la suit lors de la déportation, se bat en duel pour
éviter que Synnelet ne l’épouse contre sa volonté et puise dans ses dernières forces pour
lui donner une sépulture au milieu du désert américain.
=> Malgré la vie de courtisane de Manon, cette dernière donne au seul Des Grieux la
délité de ses sentiments, elle ridiculise un prince italien qui veut la séduire pour prouver
son amour pour le jeune homme et cède à tous ses caprices même lorsque cela est
contre son intérêt (acceptation d’emmener Des Grieux chez le vieux G… de M… et de
coucher avec lui dans le lit de G… de M…).

©mes chesdefrancais.com Page 8 sur 8


fi
fi
fi

Vous aimerez peut-être aussi