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J'ai trouvé la première partie admirable ; la seconde ne m'a pas paru de même. [...] l'aveu de Madame de
Clèves est extravagant, et ne peut se dire que dans une histoire véritable ; mais quand on en fait une à plaisir,
il est ridicule de donner à son héroïne un sentiment si extraordinaire. L'auteur, en le faisant, a plus songé à
ne pas ressembler aux autres romans qu'à suivre le bon sens. Une femme dit rarement à son mari qu'on est
amoureux d'elle, mais jamais qu'elle a de l'amour pour un autre que lui [...]. La première aventure des jardins
de Coulommiers n'est pas vraisemblable et sent le roman.
2. LA polémique
L'autre jour, je m'amusais - on s'amuse comme on peut - à regarder le programme du concours d'attaché
d'administration. Un sadique ou un imbécile avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La
Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait
de La Princesse de Clèves. Imaginez un peu le spectacle !
À Marseille, au lycée Diderot classé en Zone d’éducation prioritaire (ZEP), les professeurs croient en la
nécessité d’une exigence égale dans les contenus des cours qu’ils proposent à leurs élèves. Enfants favorisés
ou enfants des cités, tous doivent être confrontés aux œuvres majeures de la littérature. La Princesse de
Clèves, premier roman moderne de la littérature française, en fait partie et cette année, ils seront nombreux,
ici comme ailleurs, à l’étudier. La capacité de ces jeunes à faire partager leur connaissance sur cette œuvre
et la manière dont ils la font résonner dans leur vie, est l’enjeu du film.
« Je ne vois rien à cela que de beau et d'héroïque. [...] On admire la sincérité qu'eut Madame de Clèves
d'avouer à son mari son amour pour M. de Nemours. »
FONTENELLE dans le Mercure Galant (1678).
4. Une impasse ?
Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en
deux sectes : les uns ont voulu renoncer aux passions et devenir dieux, les autres ont voulu renoncer à la raison et
devenir bête brute. Des Barreaux. Mais ils ne l’ont pu ni les uns ni les autres, et la raison demeure toujours qui accuse
la bassesse et l’injustice des passions et qui trouble le repos de ceux qui s’y abandonnent, et les passions sont toujours
vivantes dans ceux qui y veulent renoncer.
« Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est presque
toujours l’établissement d’une autre. »