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GO 2.

Médée

Introduction : Médée ce n’est pas seulement la meurtrière révoltée et immorale, elle


est bien plus. Le mythe de Médée, de Sénèque à Laurent Gaudé, a largement évolué et nous
allons justement le voir. Mais d’abord, définissons ce qu’est un mythe. Ce qui le définit c’est
l’addition de constantes de variantes. Ici, les constantes sont son coup de foudre pour Jason,
ou encore leur fuite de Colchide à Iolcos, puis de Iolcos à Corinthe. Les variables en
revanche, vont être la façon dont leurs enfants meurent ou encore comment Médée finit sa vie.
Comment l’ambivalence du personnage de Médée a-t-elle suscité un intérêt littéraire
persistant ? Cette ambivalence se retrouve dans les réécritures qui ont été faites d’elle mais
aussi au sein de son parcours : elle tue ses enfants mais est trahie, désobéit à son père mais
aime un homme …

I. Les différentes versions du mythe de Médée


 Médée est la fille d’Aietès, roi de Colchide et petite fille d’Hélios, le Dieu Soleil
 Elle tombe amoureuse de Jason, le chef des Argonautes, venu pour conquérir la T d’Or
 Médée promet de l’aider s’ils se marient ensuite ; il accepte et elle l’aide à passer les
épreuves
 Ils retournent à Iolcos mais Médée tue Pélias sous les ordres de Jason : première variante,
selon certains les habitants auraient tué les enfants du couple car celui-ci aurait tué leur roi
 Ils fuient à Corinthe, y restent ensemble dix ans et ont deux enfants
 Jason la quitte pour Créuse : folle de rage, Médée la tue elle, puis son père – le roi Créon
 Elle tue ses enfants et s’envole sur un char ailé sous les yeux de Jason (Sénèque)
 La fin du mythe est différente selon les traditions, toutes ne sont pas écrites
 Transition : les différentes pièces ne se concentrent pas sur les mêmes passages

II. Médée accusée et coupable (Sénèque, Corneille)


 Le théâtre, depuis l’Antiquité, sert entre autres à faire passer une morale (les pièces de
Sénèque sont des exempla, des illustrations à travers lesquelles Sénèque dénonce X défaut)
 Chez Sénèque, Médée va être condamnée pour avoir fait preuve d’hybris (F. Dupont)
 Chez Corneille, au 17e, on va retrouver une condamnation morale de Médée qui se
concentre seulement sur le pouvoir qu’elle s’octroie en tant que femme
 Dans les arts également (classicisme), elle est montrée comme répugnante et dangereuse
 Mais chez Anouilh une transition va opérer : Médée n’est plus que le monstre, elle devient
plus complexe

III. Une version de Médée courageuse et plus complexe : figure de proue


mouvements féministes contemporains
 Médée Kali, Gaudé : empowerment de Médée (associée à Méduse et Kali, déesse
hindoue) : elle a le pouvoir, elle paraît sensuelle : esthétique plus complexe que les
précédentes
 Figure qui se révolte contre les ordres/pouvoirs/impératifs : femme, mère, amante,
princesse
 Dans la psycho moderne elle a donné naissance au complexe de Médée (+ psychanalyste)
 Mouvement WITCH (Hécate, Circé) : réhabilitées comme figures de femmes fortes, figure
de la sorcière utilisée, femme révoltée, prenant le pouvoir …
Intéressant d’étudier la plasticité du mythe ; boucle avec l’introduction

Conclusion : si Médée suscite un intérêt tjrs aussi persistant c’est car tous ses actes
peuvent être interprétés différemment selon les mœurs et les époques : on peut lui apposer des
raisons différentes/interpréter. Car valeur du mythe d’évoluer et de servir les mœurs
actuelles !

Réf artistiques : Eugène Delacroix (1836, romantisme), Fréderic Sandys (1868), Giovanni
Batista (début 18e), Saverio Mercadante (1851) : opéra, Médée de Pasolini (1969, cinéma).

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