Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Sujet :
1. L’analyse du sujet
Conseil : Il est d’abord essentiel de repérer les termes les plus importants du
sujet, ceux qui en déterminent le sens et l’articulation logique, puis de les
définir pour éclairer l’énoncé.
Le sujet articule ainsi le travail du romancier et la réception du lecteur en termes
d’efficacité (c’est le sens de l’adjectif « pertinent ») dans le but de susciter
« l’adhésion » du lecteur. L’adhésion est l’un des termes les plus importants de
l’énoncé : il renvoie d’abord à l’attachement du lecteur à l’œuvre, cette adhésion
pouvant se comprendre comme le développement de l’envie du lecteur de
connaître la suite, son investissement dans la lecture et sa projection dans
l’intrigue, son attachement, voire sa sympathie pour les personnages. Mais adhérer
à un groupe, une opinion, une doctrine, c’est aussi les reconnaître comme valables,
en partager les idées ou les valeurs. Or le sujet se demande s’il est efficace dans
cette perspective de représenter des « personnages en marge de la société », c’est-
à-dire des marginaux, des êtres qui ne respectent pas les normes de la société, qui
en sont exclus ou qui s’en extraient. On pensera bien sûr au statut, à la condition
sociale de Manon et des Grieux. L’expression « conduire la destinée » souligne
enfin l’importance du déroulement de l’intrigue et peut renvoyer à l’atmosphère
tragique qui plane sur le roman.
Ensuite, on peut noter la forme de la question : il s’agit ici d’une question totale
qui invite à adopter un plan dialectique, à nuancer le présupposé véhiculé par
l’énoncé.
On reformule alors le sujet : pour susciter l’adhésion du lecteur (c’est-à-dire à
la fois son intérêt, sa curiosité, son désir de lire, son approbation morale, son
attachement aux personnages), est-il bon de représenter des personnages de
marginaux ?
On cherche ensuite des arguments et des exemples qui permettent de construire
la thèse et l’antithèse et on les note au brouillon.
3. l’introduction
Manon Lescaut, roman publié par l’abbé Prévost en 1731, connut
un vif succès, tant au XVIIIe siècle qu’au siècle suivant, en témoignent les
commentaires enthousiastes de nombreux écrivains tels que Flaubert ou
Maupassant. Il a pourtant pour protagonistes des personnages de marginaux, un
prêtre défroqué et une fille, qui s’écartent des lois sociales ou y contreviennent, et
fréquentent des lieux en marges de la norme. La marginalité des héros apparaît
toutefois ambivalente : si elle peut susciter l’intérêt du lecteur en le menant vers
des espaces romanesques qui lui sont à priori étrangers et peuvent éveiller sa
curiosité, dans un récit ponctué de rebondissements et de coups de théâtre
particulièrement dramatiques justifiés par leur destinée anti-sociale, elle peut aussi
exciter la désapprobation du lecteur, qui n’adhère pas, moralement, à leur conduite.
Dans ce qui suit, nous analyserons l’immoralité des personnages de Des Grieux
et Manon Lescaut pour ensuite montrer l’attachement du lecteur à ce type de
personnage.
AXE 1 - l’immoralité des personnages de Des Grieux et Manon Lescaut
Arg 1 – la représentation de personnages menés par leur destinée en marge de la
société est un moyen efficace pour susciter l’adhésion du lecteur au récit
Arg 2 - la désapprobation morale du lecteur qui condamne les personnages ou
peine à s’identifier à ces figures marginales
AXE 2- l’attachement du lecteur à ce type de personnage
Arg 1 – Des Grieux et Manon, des personnages extraordinaires
Arg 2 – Les moyens employés par l’abbé Prévost pour prouver l’adhésion du
lecteur en rendant ses personnages attachants ou fascinants malgré tout
4. la conclusion
La représentation de personnages menés par leur destinée en marge de la
société apparaît ainsi comme un moyen efficace d’emporter l’adhésion du
lecteur, puisqu’ils le mènent dans des espaces singuliers, connaissent des
aventures romanesques, manifestent des sentiments intenses. Toutefois, représenter
des personnages qui transgressent les normes sociales, qui dérogent aux
conventions et agissent à l’encontre de la morale risque de susciter le désaccord
du lecteur.
Il serait intéressant de comparer la vie vécue par Emma Bovary et celle vécue
par Manon Lescaut dans une étude ultérieure.