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La Princesse de Clèves est un roman de Mme de Lafayette paru en 1678. La Princesse de Clèves
nourrit une passion pour un autre homme que son mari, le duc de Nemours, dont elle est aimée en retour.
Depuis leur rencontre, les preuves de la passion du duc de Nemours pour la Princesse de Clèves se sont
multipliées (démenti d’une liaison avec la Dauphine, dédain pour l’alliance d’Elisabeth d’Angleterre,
portrait dérobé, déclarations voilées qu’il lui adresse) et l’héroïne ressent une inclination croissante pour
le duc. Si la Princesse ne cesse de lutter contre cette passion, elle prend peu à peu conscience de la vanité
de son effort. Malgré sa résolution de ne jamais donner au duc des marques de son affection pour lui,
elle lui a témoigné involontairement de ses sentiments (silence lorsqu’elle s’est aperçue qu’il dérobait
son portrait, et a manifesté de l’inquiétude lorsqu’il s’est blessé en chutant de cheval). C’est alors qu’elle
prend connaissance d’une lettre que lui a confiée la Dauphine Il s’agit de la lettre d’une maîtresse
délaissée, dont elle croit à tort qu’elle est adressée au duc de Nemours. Le passage évoque les réactions
de l’héroïne après la lecture de la lettre.
LECTURE
Il s’agit d’un moment d’introspection (examen de conscience, effort par lequel une conscience analyse
ses pensées, ses sentiments, ses états d’âme) où l’on suit le cheminement des pensées de l’héroïne que
la narratrice rapporte et commente. On s’aperçoit que la princesse, après la lecture de la lettre, est
tourmentée par les affres de la jalousie.
Comment s’exprime la confusion qui règne dans l’esprit de l’héroïne après la lecture de la lettre ?
1. Un choc (l. à 3)
- 1ère phrase : Après avoir lu la lettre qu’elle croit être adressée à Nemours, la PC est en état de choc, de
stupeur, incapable d’abord de réagir. Elle ne peut que relire la lettre sans la comprendre. Sa confusion
est signalée par l’opposition (lit et relit plusieurs fois / sans savoir ce qu’elle avait lu). La répétition du
verbe « lire » témoigne de l’obsession de la PC.
- 2e phrase : le verbe « voir » tend à montrer qu’elle recouvre une lucidité mais celle-ci est d’emblée
restreinte par l’adverbe seulement. Il s’agit d’une lucidité très partielle, qu’on peut imputer en partie à
cet état de choc. Ce qu’elle comprend, c’est que le duc de Nemours lui est infidèle, qu’il aime d’autres
femmes, qu’il trompe toutes les femmes. La suite du récit viendra infirmer cette première conclusion.
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• Encore une fois la lucidité dont elle se croit capable dans cet effort d’analyse est mise en échec par la
narratrice : elle se trompe. La passion n’est pas seulement un mal qui fait atrocement souffrir, elle est
aussi une maladie qui aliène sa raison. Ce qu’éprouve le personnage est enfin identifié par la narratrice :
la jalousie, mais pas par le personnage, qui continue d’être aveuglé.
Sa jalousie lui fait perdre la raison comme en témoigne le délire des pensées négatives développées dans
le mouvement suivant. (le jaloux est lui-même son propre bourreau, la jalousie empêche la lucidité dans
l’effort d’analyse car elle infléchit toujours l’interprétation vers le pire).
Conclusion :
Ainsi, cette introspection montre une princesse submergée par la jalousie, jalousie qui la prive
de sa raison et met en échec son effort d’analyse. Elle reste dans l’erreur, dans l’aveuglement, dans
l’illusion de guérir prochainement de sa passion. La suite du roman viendra démentir cette croyance.
D’ailleurs le souvenir des douleurs cuisantes de la jalousie entrera pour une grande part dans son choix
final.