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Ioan Pop-Curseu
Docteur ès-Lettres, Université « Babes-Bolyai »,
Cluj-Napoca, Roumanie
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d'impuissance transparaît aussi dans les deux récits inspirés par « le grand
amour de Flaubert »[9], Élisa Schlésinger, Mémoires d'un fou et Novembre,
dans des degrés de transposition artistique différents. Mémoires d'un fou
présente l'histoire de l'amour du jeune homme à peine travestie.
L'exaspération jalouse du narrateur qui n'arrive pas à posséder la femme
qu'il aime est exprimée crûment, sans passer par l'intermédiaire de l'allégorie
ou de l'investissement fictionnel. Le sein de l'aimée le hante au point de
provoquer un mélange de plaisir et de douleur, né de la distance qui l'en
sépare en le laissant en proie aux fantasmes sadiques : « Il me semblait que
si j'eusse posé mes lèvres [sur la chair du sein], mes dents l'auraient mordue
de rage - et mon cœ ur se fondait en délices en pensant aux voluptés que
donnerait ce baiser. »[10] Parfois, dans les Mémoires d'un fou, la rage
d'impuissance revêt quand même des formes légèrement allégoriques (le
rageur en tant qu'affamé enfermé dans une cage), ce qui en accentue le
caractère général et la portée littéraire :
Et puis tout à coup une pensée vint m'assaillir, pensée de rage et de
jalousie : - Oh ! non, elle ne dort pas, - et j'eus dans l'âme toutes les tortures
d'un damné. Je pensai à son mari, à cet homme vulgaire et jovial. - Et les
images les plus hideuses vinrent s'offrir devant moi ; j'étais comme ces gens
qu'on fait mourir de faim dans des cages, et entourés des mets les plus
exquis [11].
Novembre, au contraire, use de toutes sortes d'artifices pour traduire en
une prose envolée la même rage née d'un sentiment d'impuissance et de
« tendresse » contrariée. Ici, par exemple, le narrateur premier - bloqué dans
l'impossibilité de trouver un but à sa vie et un emploi constant pour sa
passion brûlante - revêt le masque des conquérants les plus destructeurs du
passé. La rêverie sanguinaire et sauvage s'inscrit en porte-à-faux contre la
banalité du réel :
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appartenait donc, à celui-là ! Il le retrouvait sur le seuil de la
lorette ; et la mortification d'une rupture s'ajoutait à la rage
de son impuissance. D'ailleurs, l'honnêteté d'Arnoux offrant
des garanties pour son argent l'humiliait ; il aurait voulu
l'étrangler ; et par-dessus son chagrin planait dans sa
conscience, comme un brouillard, le sentiment de sa lâcheté
envers son ami. Des larmes l'étouffaient[15].
II
Une année plus tard, le 27 mars 1853, dans une autre lettre adressée à
la Muse, l'écrivain semble ressasser une obsession dans des phrases d'une
beauté surhumaine :
III
IV
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d'ennui et humilié d'impuissance. Le fond de mes comices est
à refaire, c'est-à-dire tout mon dialogue d'amour dont je ne
suis qu'à la moitié. Les idées me manquent. J'ai beau me
creuser la tête, le cœur et les sens, il n'en jaillit rien. [...]
Vide, vide complet. [...] Je t'irais bien voir tout de suite, mais
je suis tellement irrité, irritant, maussade, que ce serait un
triste cadeau à te faire que ma visite. Sacré nom de Dieu,
comme je rage ![34]
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terrible dieu androgyne du Soleil, Moloch-le-dévorateur, opposé et
complémentaire de Tanit, et les victimes qui expient les crimes de la cité sont
des enfants innocents, drapés de voiles noirs. La chair des hommes
appartient à Moloch et il n'est pas de trop grande douleur sacrée « puisqu'il
se délectait dans les plus horribles », les seules capables de l'apaiser. Les
notables de la ville « s'étaient ornés de leurs joyaux les plus splendides » (le
superlatif relatif fonctionne en tant que marqueur de l'hyperbole !). Moloch
surgit sur la place principale de Carthage sous la forme d'un monstre colossal
en airain, chauffé à blanc. Avant le sacrifice humain, il y en a un autre,
symbolique, et l'on assiste à une sorte de multiplication hyperbolique à valeur
sacramentelle : « Peu à peu, des gens entrèrent jusqu'au fond des allées ; ils
lançaient dans la flamme des perles, des vases d'or, des coupes, des
flambeaux, toutes leurs richesses ; les offrandes, de plus en plus, devenaient
splendides et multipliées. » Après l'offrande des richesses, des esclaves
cachés font mouvoir les mains de Moloch en tirant sur des chaînes, le dieu
prend les enfants et les jette dans un des sept compartiments qui s'ouvrent
sur sa poitrine. La scène du sacrifice suit une gradation ascendante qui la
mène vers un climax hyperbolique, jusqu'à ce que la « férocité du peuple »
soit pleinement satisfaite :
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Il lançait des flèches aux vautours qui passaient. Son cœ ur débordait en
paroles furieuses [43].
Ces « paroles furieuses » sont - selon moi - le parfait emblème d'un
discours hyperbolique, où le sujet, sous l'emprise de la rage d'impuissance,
perd tout contrôle sur ce qu'il dit et se laisse aller à l'exagération et aux
grossissements. Le même genre de mouvement romanesque (de la rage aux
imprécations) se trouve dans une scène qui met au premier plan
l'emportement du suffète Hannon ; il est à souligner que plus les paroles sont
hyperboliques, plus elles sont destinées à cacher une blessure de la
sensibilité sous leur démesure apparente : « Cependant il se rappelait Sicca,
et la rage de toutes ses douleurs s'exhalait en injures contre ces trois
hommes. »[44] Les « paroles furieuses », si elles sont souvent le propre des
personnages de roman, caractérisent souvent aussi l'emportement
romantique de Flaubert aux prises avec son sujet, comme on l'a vu
auparavant.
Déjà pour les critiques du XIXe siècle, Salammbô n'est pas un roman
étranger à une esthétique de la démesure. Le grand mérite de l'orléaniste
Cuvillier-Fleury reste d'avoir mis en évidence l'importance de l'hyperbole chez
Flaubert, sans trop la blâmer comme on aurait pu s'attendre d'un esprit
classique. Flaubert plonge dans les gouffres de l'histoire ancienne en
s'imposant pour tâche de les éclairer avec son érudition, « d'y semer des
germes de vie, d'y faire briller des images et d'y dresser à tout bout de
champ son éblouissante hyperbole ». L'hyperbole est pour le romancier à la
fois une sorte de fatalité existentielle (une « destinée ») et une réponse à la
tradition littéraire ; cette conjugaison explique ses choix de technique
romanesque. Dans le passage qui suit, la mise en relation de l'hyperbole avec
les grandes batailles du siècle romantique aide le lecteur à faire le lieu avec
les scènes de massacre et les violences meurtrières qui suscitent une grande
partie de l'émotion du lecteur devant les pages flamboyantes de Salammbô :
On n'échappe pas à sa destinée. M. Flaubert était né avec un de ces
génies qui, pour n'être pas formés de cette pure essence dont parle le poète,
n'en ont pas moins marqué dans l'histoire des littératures, et laissé une trace
à travers les âges. Corneille admirait Lucain et l'imitait. On avait dû beaucoup
lire, sous le règne d'Honorius, l'Enlèvement de Proserpine par l'hyperbolique
Claudien. Chez nous, après Malherbe et d'Aubigné, l'hyperbole s'était raffinée
et était devenue « la manière » dans l'école romanesque des Saint-Amant et
des Scudéry. Le dix-huitième siècle, sensé entre tous, avait plus sacrifié à
l'innovation dans les idées qu'à l'exagération dans le style. Le nôtre, habitué
au fracas des événements et au tumulte des grandes guerres, ne s'est pas
trop morfondu, ce semble, dans le culte de la simplicité et du naturel.
M. Flaubert non plus ne s'y compromet pas. Cette propension à l'enflure que
ses amis eux-mêmes signalent en lui, elle le domine, quoi qu'il fasse [45].
La « propension à l'enflure », dénoncée par le classiciste Cuvillier-Fleury
mais qu'il ne faudrait peut-être pas comprendre dans un sens absolument
négatif, marque la préférence romantique de Flaubert pour l'hyperbole et
réussit à éclairer un projet littéraire qui plonge ses racines dans les tréfonds
de la rage d'impuissance. Il s'agit d'un livre plein de colère, d'un livre ultime,
vengeur et violent, acide et ironique, beau et ténébreux à la fois, qui ferait
enrager l'humanité entière, à laquelle l'écrivain déchaîné cracherait au visage
ses quatre vérités. L'entreprise flaubertienne ne peut être comparée
utilement qu'à Pauvre Belgique !, le rêve des dernières années de la vie de
Baudelaire. Le projet d'écrire un tel ouvrage revient souvent chez Flaubert,
tout au long de sa correspondance, dans les formes les plus diverses [46]. Au
cours du temps, le livre hyperbolique se confond de plus en plus avec le
Dictionnaire des idées reçues, dont l'esquisse est très ancienne, ou bien avec
Bouvard et Pécuchet. Les deux livres semblent poindre, conjugués, dans une
lettre à Louise Colet du 16 décembre 1852 :
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L'artiste retombe sans cesse dans le cercle vicieux de son embêtement âpre
et âcre, de son travail acharné, et, en fin de compte, on pourrait dire que la
rage d'impuissance est - dans l'univers flaubertien - simplement l'envers
tragique et caricatural de la volonté de puissance qui caractériserait le génie
ailé du premier romantisme...
Ioan Pop-Curseu est docteur ès-Lettres pour une thèse intitulée De l'homme
hyperbolique au texte impossible : théâtralité, théâtre(s), ébauches de pièces
chez Baudelaire (Université de Genève, 2007, 623 p.), Ioan Pop-Curseu est
spécialiste du XIXe siècle. Il a consacré plusieurs articles et des séminaires à
des auteurs aussi divers que Balzac, Baudelaire, Théophile Gautier, Victor
Hugo, Éliphas Lévi, Alan Kardec, etc. Il a souvent travaillé sur Flaubert (« Les
Romans sur rien », Madame Bovary, À rebours), séminaire donné à l'Université
de Genève au semestre d'été 2005, « Éros et magie à l'époque romantique.
1857 », séminaire donné à l'Université de Genève au semestre d'été 2006,
« Les Frères ennemis : un thème romantique », séminaire donné à
l'Université de Genève au semestre d'hiver 2006-2007), auteur auquel il a
consacré aussi un article : « La Chair, la statue et les mouches : une
obsession de Flaubert », Euresis. Cahiers roumains d'études littéraires et
culturelles, nouvelle série, n° 3-4 / 2006, p. 99-114, et quelques pages de la
thèse de doctorat (p. 147-159).
Ioan Pop-Curseu est en train de préparer une deuxième thèse de
doctorat, en ethnologie, à l'Université « Babes-Bolyai », Cluj-Napoca,
Roumanie, où il donne actuellement des cours de sémiotique du folklore et
d'anthropologie des médias.
Traducteur de huit livres du français vers le roumain ou du roumain vers
le français, Ioan Pop-Curseu a publié aussi une centaine de traductions de
poèmes du XIXe siècle (Baudelaire, Nerval, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé,
Maeterlinck).
Son livre le plus récent s'intitule Baudelaire, la plural (Baudelaire, au pluriel),
Bucarest, Éditions Paralela 45, 2008, et traite notamment de l'influence de
Baudelaire sur la poésie symboliste roumaine.
Contact : ioancurseu@yahoo.com
Résumé
Abstract
NOTES
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seulement sur la « moralité (cynique) » de Rage et impuissance. Elle est
inspirée par les grands sceptiques de la Renaissance, Montaigne et Rabelais,
et se résume ainsi : « J'engage aussi, - et voilà toute la moralité de cette
sotte œ uvre, - j'engage donc, ayant trouvé la conduite du sus-écrit docteur
louable et bonne, j'engage tous les marmots à jeter leur galette à la tête du
pâtissier lorsqu'elle n'est point sucrée, les suceurs du piot leur vin, quand il
est mauvais, les mourants leurs âmes, quand ils crèvent, et les hommes leur
existence à la face de Dieu, lorsqu'elle est amère », OC 1, p. 87, col. 2.
[5] Voir En haine du roman. Étude sur Flaubert, Paris, Balland, 1982.
[6] Bibliomanie, OC 1, p. 80, col. 1.
[7] Bibliomanie, OC 1, p. 82, col. 1.
[8] Smarh, OC 1, p. 210, col. 2 : « C'était si beau de voir cette guirlande de
femmes nues, entrelacées et remuant toutes, que Smarh courait dévoré par
la rage. Elles lui échappaient des mains, et puis elles revenaient devant lui. Il
avait un désir, un désir immense ; son âme était une chaudière rouge où se
brûlait, toute torturée, une passion gigantesque ; il y avait un démon en lui,
qui le poussait en avant, lui disait cent choses infinies et lui chantait des
chants sans mots, sans phrases, sans idées, mais quelque chose d'ardent,
de dévorant, de large et de plein de colère, de frénésie, de plus rapide que la
poudre, plus brûlant que le feu. »
[9] L'expression est de René Dumesnil ; elle a donné le titre d'un livre - assez
contesté par la suite - publié en 1945 à Genève, aux Éditions du Milieu du
monde.
[10] Mémoires d'un fou, XI, OC 1, p. 238, col. 1.
[11] Mémoires d'un fou, XIII, OC 1, p. 239, col. 1.
[12] Novembre, OC 1, p. 255, col. 1.
[13] La Tentation de saint Antoine, version de 1856-1857, OC 1, p. 492, col. 1.
Je préfère la datation 1856-1857 parce que, même si cette version a été
achevée en 1856, des fragments en ont paru en 1857 dans L'Artiste.
[14] Madame Bovary, OC 1, p. 688, col. 1.
[15] L'Éducation sentimentale, OC 2, p. 75, col. 2.
[16] Agonies, OC 1, p. 158, col. 1.
[17] Novembre, OC 1, p. 254, col. 2, p. 255, col. 1. Pour la rage d'impuissance,
voir aussi la condition du poète, telle qu'elle est définie dans Smarh : « être
là, présent, avec sa jalousie, sa rage, son amour, son âme, devant ce monde
si froid, si railleur », OC 1, p. 215, col. 2, ou bien une confession poétique de
Souvenirs, notes et pensées intimes : « on se sent dans le cœ ur comme l'écho
lointain de toutes les passions qu'on va mettre au jour - et cette impuissance
à rendre tout cela est le désespoir éternel de tous ceux qui écrivent », voir
Mémoires d'un fou, Novembre et autres textes de jeunesse, édition critique
établie par Yvan Leclerc, Paris, GF-Flammarion, 1991, p. 365.
[18] Jean-Paul Sartre fait une intéressante lecture de Rage et impuissance
dans L'Idiot de la famille, vol. I Gustave Flaubert de 1821 à 1857, nouvelle
édition revue et complétée, Paris, Gallimard, 1988, p. 518-522. Tout d'abord,
le philosophe établit une équivalence entre le personnage et l'auteur : « Nul
doute, c'est bien lui, c'est bien Gustave qui étouffe dans cette bière », p. 519.
Et, plus loin, pour montrer la conjugaison étroite de la rage et de
l'impuissance, Sartre recourt au langage de la « psychanalyse existentielle » :
« Enterré vivant par son père avec la bénédiction du Créateur : quand
l'adolescent a pris conscience de sa situation, son impuissance se tourne en
rage - autre mot clé de la nouvelle. Parbleu ! nous les connaissons, ces mâles
rages qui poussent Marguerite et Mazza à cracher sur le seuil des églises et
qui ne sont en effet que l'impuissance retournée. Ou, si l'on veut, c'est la
passion bouleversant le corps tout entier pour lui donner l'illusion de se
mobiliser totalement dans l'action », p. 522.
[19] Voir tout particulièrement les lettres à Louise Colet des 12 août 1846,
21 janvier 1847, 3 avril 1852, 19 septembre 1852, 25 juin 1853, 17 octobre
1853, 23 octobre 1853, 25 octobre 1853, 13 janvier 1854 ; à Louis Bouilhet
des 25 juin 1850, 10 mai 1855, 16 juin 1856 ; à Ernest Feydeau des
29 novembre 1859, 15 juillet 1861 ; à George Sand du 1er janvier 1869 et de
décembre 1874.
[20] Les lettres de Flaubert sont citées d'après l'édition de la Pléiade :
Correspondance, I (janvier 1830-juin 1851), II (juillet 1851-décembre 1858),
III (janvier 1859-décembre 1868), IV (janvier 1869-décembre 1875), V
(janvier 1876-mai 1880), édition établie, présentée et annotée par Jean
Bruneau (I-IV), par Jean Bruneau et Yvan Leclerc, avec la collaboration de J.-
F. Delesalle, Jean-Benoît Guinot, Joëlle Robert (V), Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 1973, 1980, 1991, 1997, 2007 (Corr., suivi du
numéro du volume et de la page). Ici, lettre à Bouilhet, Corr. I, p. 678.
[21] Corr. II, p. 134.
[22] Corr. III, p. 39.
[23] Corr. II, p. 584, lettre à Louis Bouilhet du 27 juin 1855.
[24] Corr. II, p. 75.
[25] Corr. II, p. 287.
[26] Voir Charles Mauron, Des métaphores obsédantes au mythe personnel.
Introduction à la psychocritique, Paris, José Corti, 1963.
[27] À l'instar de l'« éjaculation », l'impuissance apparaît dans les écrits de
Flaubert dans un sens érotique. Voir une lettre à Alfred Le Pottevin, 26 mai
1845 : « C'est une chose singulière comme je suis écarté de la femme. J'en
suis repu comme doivent l'être ceux qu'on a trop aimés. C'est peut-être moi
qui ai trop aimé. C'est la masturbation qui en est cause, masturbation morale,
j'entends. Tout est parti de moi, tout y est rentré. Je suis devenu impuissant
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pour ces effluves magnifiques que j'ai trop senties bouillonner pour les voir
jamais se déverser. Voilà bientôt deux ans que je ne me suis livré au coït et
un an dans quelques jours, à toute espèce d'acte lascif » Corr. I, p. 235.
[28] Patrick Bacry, Les Figures de style et autres procédés stylistiques, Paris,
Belin, 1992, p. 223.
[29] Corr. I, p. 383.
[30] Novembre, OC 1, p. 272, col. 2.
[31] Ibid., p. 252. Flaubert mentionne l'hyperbole à d'autres reprises dans ses
écrits de fiction : « le soldat rubicond braille nos hyperboles en marchant à la
charge » (La Tentation de saint Antoine, 1849, OC 1, p. 432, col. 2, réplique
des « poètes et baladins ») ; L'Éducation sentimentale (deux fois, OC 2, p. 25,
col. 1, p. 141, col. 2), Hérodias (OC 2, p. 191, col. 1), Bouvard et Pécuchet (OC 2,
p. 279, col. 2).
[32] Corr. II, p. 217.
[33] Corr. V, p. 142.
[34] Corr. II, p. 452-453, lettre à Louise Colet, 17 octobre 1853.
[35] La formule appartient à Thibaudet, Gustave Flaubert [1935], Paris,
Gallimard, « Tel », 1982, p. 129.
[36] Corr. III, p. 165-166.
[37] Corr. III, p. 190.
[38] Chap. IX, « En campagne », OC 1, p. 751, col. 2.
[39] Chap. XII, « L'Aqueduc », OC 1, p. 763, col. 2.
[40] Voir là-dessus Marianne Bonwit, « A Prefiguration of the Défilé de la Hache
épisode in Flaubert's Salammbô : his juvenile tale Rage et impuissance »,
Romanic Review, décembre 1974, p. 340-347.
[41] Chap. XIV, « Le Défilé de la Hache », OC 1, p. 783, col. 2.
[42] Pour ne pas alourdir le texte, j'ai laissé sans références toutes les
citations du chapitre XIII, « Moloch ». Le chapitre en question se trouve dans
OC 1, p. 769-781.
[43] Chap. IV, « Sous les murs de Carthage », OC 1, p. 711, col. 1.
[44] Chap. VI, « Hannon », OC 1, p. 727, col. 1.
[45] Cuvillier-Fleury, « Salammbô, par M. Gustave Flaubert », Journal des
débats politiques et littéraires, 9 décembre 1862, [p. 2, col. 5]. Dans une lettre
à Poulet-Malassis du 13 décembre 1862, Baudelaire donne son opinion
détaillée sur Salammbô, en mettant au premier plan le caractère grandiose
(= hyperbolique) du livre, ce qui le rapproche de Cuvillier-Fleury : « Beaucoup
trop de bric-à-brac, mais beaucoup de grandeurs, épiques, historiques,
politiques, animales même. Quelque chose d'étonnant dans la gesticulation
de tous les êtres », Correspondance II (mars 1860-mars 1866), édition établie
par Claude Pichois avec la collaboration de Jean Ziegler, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 271. George Sand rattache Salammbô
à une poétique hyperbolique dans son compte-rendu de La Presse du
27 janvier 1863 : « Il y a peut-être trop de lumière répartie avec une égale
richesse sur tous les détails. La composition trop brillante devient confuse par
moments. Je ne hais pas ces défauts qui sont l'abus d'une force. Défauts, oui,
mais excès d'une grande faculté comme tous les défauts des maîtres :
défauts du Dante, particulièrement. C'est comme un défi jeté à tous les
procédés connus et à toutes les impuissances du langage. » Pour les
critiques contemporains aussi, Flaubert reste un « homme d'hyperboles » :
voir Timothy A. Unwin, Flaubert et Baudelaire, affinités spirituelles et
esthétiques, Paris, A. G. Nizet, 1982, p. 37.
[46] Voir les lettres à Louise Colet des 8 mai 1852 (« J'ai des idées de théâtre
depuis quelque temps, et l'esquisse incertaine d'un grand roman
métaphysique, fantastique et gueulard, qui m'est tombé dans la tête il y a
une quinzaine de jours. Si je m'y mets dans cinq ou six ans, que [se]
passera-t-il depuis cette minute où je t'écris jusqu'à celle où l'encre se
séchera sur la dernière rature ? », Corr. II, p. 85), 28 juin 1853 (« Sacré nom
de Dieu ! il faut se raidir et emmerder l'humanité qui nous emmerde ! Oh ! je
me vengerai ! je me vengerai ! Dans 15 ans d'ici, j'entreprendrai un grand
roman moderne où j'en passerai en Revue ! », Corr. II, p. 367), 9 août 1853
(« Quel volume je pourrais écrire ce soir (si l'expression était aussi rapide que
la pensée). », Corr. II, p. 388), 7 avril 1854 (« Le besoin se fait sentir de deux
livres moraux, un sur la littérature et un autre sur la sociabilité. J'ai des
prurits de m'y mettre. », Corr. II, p. 545) ; à George Sand des 12 décembre
1872 (« Et puis, comme j'espère cracher là-dedans le fiel qui m'étouffe, c'est-
à-dire émettre quelques vérités, j'espère par ce moyen me purger, et être
ensuite plus Olympien. - Qualité qui me manque absolument. », Corr. IV,
p. 625), 16 décembre 1875 (« Puis, je cherche un roman contemporain, mais
je balance entre plusieurs embryons d'idées. Je voudrais faire quelque chose
de serré et de violent », Corr. IV, p. 997) ; à Edma Roger des Genettes,
5 octobre1872 (« Le mien [le moral], pour le moment, est assez bon, parce
que je médite une chose où j'exhalerai ma colère. Oui, je me débarrasserai,
enfin, de ce qui m'étouffe. Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu'ils
m'inspirent. Dussé-je m'en casser la poitrine, ce sera large et violent. Je ne
peux pas, dans une lettre, vous exposer le plan d'un pareil bouquin, mais je
vous le lirai quand je vous aurai lu Saint Antoine. - Car je vous promets de
vous hurler ma dernière élucubration. », Corr. IV, p. 583-584), septembre
1873 ; à Léonie Brainne du 30 décembre 1878.
[47] Corr. II, p. 208.
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