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FICHE 3 : La valeur des temps

Le verbe est le noyau dynamique de la phrase. Il lie le sujet à son action, il indique le temps
et exprime le mode et la façon dont se déroule l’action.

Les valeurs du présent


• Le présent peut exprimer des valeurs temporelles extrêmement variées : de la
coïncidence exacte avec l’acte d’énonciation jusqu’à l’expression de la vérité générale qui
vaut indépendamment de toute époque.
L’action coïncide avec le moment du Tiens, on sonne.
Présent d’énonciation
discours. Je vous rends vos excellentes copies.

Sans limite temporelle, il décrit un être,


Présent de description La rive dessine une courbe à cet endroit.
un lieu, un objet.

Présent de vérité
Il énonce une vérité, vraie de tout temps. Un triangle est un polygone à trois côtés.
générale
Elle se couche tous les jours de bonne
Présent d’habitude Il indique une action qui se répète.
heure.
Dans un récit au passé, il rend Un agneau se désaltérait […]./ Un
Présent de narration l’événement vivant et crée un effet de loup survient à jeun […] (Jean
style. de La Fontaine)
Présent à valeur de Il s’emploie pour une action qui va se Il part demain pour Berlin.
futur/passé proche produire ou vient de se produire. Il vient d’arriver.

Les valeurs du futur


Futur Il présente comme certain un fait Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de
catégorique futur par rapport au présent. misère. (Raymond Lévesque)

Il rivalise avec le présentpour Selon que vous serez puissant ou misérable,/ Les
Futur de vérité
énoncer une vérité vraie de tout jugements de cour vous rendront blanc ou noir. (Jean
générale
temps. de La Fontaine)

Les valeurs des temps du passé


Il est utilisé pour
les descriptions, les portraits, L’arbre de couche était couvert de poussière et le
et il sert de second plan aux grand chat maigre dormait dessus. (Alphonse Daudet)
Imparfait actions mises en avant par le = description
passé simple. Le dimanche, nous allions aux moulins par
Dans le récit au passé, il sert à bandes. (Alphonse Daudet) = habitude
exprimer l’habitude.
À neuf heures, la salle du théâtre des Variétés était
Il situe le fait dans un encore vide. Quelques personnes, au balcon et à
passé coupé du présent ; sur l’orchestre, attendaient, perdues parmi les fauteuils de
Passé simple
fond d’imparfait, il met en velours grenat, dans le petit jour du lustre à demi-
avant ce qui fait événement. feux. […] Deux jeunes gens parurent à
l’orchestre. (Émile Zola)
Il évoque une action terminée et Le cri de la vérité est parvenu jusqu’aux oreilles du
dont les conséquences durent roi ; son œil s’est fixé sur ce tableau déchirant ; son
Passé composé
dans le présent : il lie le passé cœur honnête et pur s’est sentiému ; il s’est rendu aux
au présent. vœux de son peuple.(Mme de Staël)

Formes
Un jour qu’il était allé voir une tragédie d’Euripide, il
composées :
Elles présentent les faits se sentit inspiré à l’apparition de Télèphe, roi
passé composé, comme antérieurs aux faits de Mysie, vêtu avec des haillons de mendiant et tenant
plus-que-parfait, évoqués par les formes simples. une corbeille à la main.
passé antérieur,
(Marcel Schwob)
futur antérieur
S’exercer
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* Quelles sont les valeurs des verbes en gras au présent dans les phrases suivantes ?

* Quelles sont les valeurs des verbes en gras au présent dans les phrases suivantes ?
1. Tous les jeudis, Igor se rend à la piscine. Présent d’habitude
2. Napoléon naît le 15 août 1769 à Ajaccio. Présent de narration
3. Les hommes naissent libres et égaux en droits et en devoirs. Présent de vérité générale
4. Je passe à la mairie et je te rejoins. Présent à valeur de futur proche
5. Max redoute le jugement des autres. Présent de description
6. Lyon dévoile ses charmes à ses nombreux touristes. Présent de description (mais cela peut aussi être
d’habitude, d’énonciation, selon le contexte)
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** Justifiez l’emploi des temps des verbes en gras en précisant leur valeur.
DON SALLUSTE
Oh ! Je me vengerai, Gudiel ! Tu m’entends ! Futur catégorique / Présent d’énonciation, il s’adresse à Gudiel
Toi dont je suis l’élève, et qui depuis vingt ans Présent de description
M’as aidé, m’as servi dans les choses passées, Passé composé : actions terminées
Tu sais bien jusqu’où vont dans l’ombre mes pensées, Présent d’énonciation / Présent de description
Comme un bon architecte au coup d’œil exercé
Connaît la profondeur du puits qu’il a creusé. Présent de vérité générale / Passé composé
Je pars. Je vais aller à Finlas, en Castille, Présent d’énonciation (ou valeur futur proche) / Présent valeur
futur proche
Dans mes états, – et là, songer ! – Pour une fille !
Victor Hugo, Ruy Blas, I, 1, 1838.
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** Repérez les différents temps des verbes utilisés par l’auteur. Quelles sont les valeurs du futur ?
Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux
Pr. Indicatif p.simple futur simple Pr. indicatif
montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. Moi seul.
Futur simple
Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire
Pr. Indicatif Pr. Indicatif Pr indicatif P. composé Présent ind.
n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. […]
Présent indicatif Pr. indicatif
Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai ce livre à la main me présenter
Présent futur simple futur simple
devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus.
Futur simple p.composé p.composé passé simple
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, livre I, 1782.
Les futurs ont une valeur de futur catégorique, Rousseau est certain de ne pas être imité
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** Justifiez l’emploi des temps dans l’extrait suivant.
La bonne, qui couchait dans une petite pièce, derrière la cuisine, poussa des exclamations. Hélène était
revenue en courant. Elle piétinait en chemise, sans paraître sentir le froid de cette glaciale nuit de février.
Cette bonne laisserait donc mourir son enfant ! Une minute s’était à peine écoulée. Elle retourna dans la
cuisine, rentra dans la chambre. Et, rudement, à tâtons, elle passa une jupe, jeta un châle sur ses épaules. Elle
renversait les meubles, emplissait de la violence de son désespoir cette chambre où dormait une paix si
recueillie. Puis, chaussée de pantoufles, laissant les portes ouvertes, elle descendit elle-même les trois
étages, avec cette idée qu’elle seule ramènerait un médecin.
Émile Zola, Une page d’amour, 1879.
• passé simple pour les actions brèves de premier plan : « poussa des exclamations », « retourna »,
« rentra », « passa une jupe », « jeta un châle », « descendit »
• imparfait :
- d’habitude : « couchait »
- à valeur descriptive : « piétinait », « renversait », « emplissait »
- plus-que-parfait : « était revenue », « s’était écoulée » : renvoie à un moment antérieur au récit
- conditionnel présent : « laisserait », « ramènerait » = valeur de futur dans le passé

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*** Lisez ce début de fable puis répondez aux questions suivantes.

a. Relevez et classez les verbes conjugués au présent et au passé.


b. Comment justifiez-vous cette alternance ?
c. Quel effet cette variété apporte-t-elle selon vous ?

« Va-t’en, chétif insecte, excrément de la terre ! »


C’est en ces mots que le lion
Parlait un jour au moucheron.
L’autre lui déclara la guerre.
« Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de roi
Me fasse peur ni ne me soucie ?
Un bœuf est plus puissant que toi :
Je le mène à ma fantaisie. »
À peine il achevait ces mots
Que lui-même il sonna la charge,
Fut le trompette et le héros.
Dans l’abord il se met au large ;
Puis prend son temps, fond sur le cou
Du lion, qu’il rend presque fou.
Le quadrupède écume, et son œil étincelle ;
Il rugit, on se cache, on tremble à l’environ ;
Et cette alarme universelle
Est l’ouvrage d’un moucheron.
Jean de La Fontaine, « Le Lion et le Moucheron », Fables, 1668.
a.
b. Temps du passé : temps de la narration, temps de l’histoire / Temps du présent = temps du discours
lorsque les personnages prennent la parole
c. Cela donne un récit vivant et dynamique et permet d’assurer la double fonction de la fable :
raconter une histoire tout en donnant un exemple à suivre par une anecdote

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a. *** Observez les emplois de « je revois » utilisés dans l’extrait suivant et précisez leurs temps et
mode(s) de conjugaison.
b. Identifiez l’aspect du verbe conjugué « je revois ».
c. En quoi ce choix révèle-t-il le projet autobiographique de l’auteur ?
Je naquis le 22 novembre 1869. Mes parents occupaient alors, rue de Médicis, un appartement au quatrième
ou cinquième étage, qu’ils quittèrent quelques années plus tard, et dont je n’ai pas gardé souvenir. Je revois
pourtant le balcon ; la place à vol d’oiseau et le jet d’eau de son bassin – ou, plus précisément encore, je
revois les dragons de papier, découpés par mon père, que nous lancions du haut de ce balcon, et
qu’emportait le vent, par-dessus le bassin de la place, jusqu’au jardin du Luxembourg où les hautes branches
des marronniers les accrochaient.
André Gide, Si le grain ne meurt, Gallimard, 1924.
a. « je revois » = présent de l’indicatif
b. Action non accomplie (puisqu’il se remémore ses souvenirs) mais souligne aussi une
action qui dure (il revoit encore sur une longue durée)
c. Le présent se distingue ici du passé qui reprend sa vie dans le passé. Le présent permet à
l’auteur de poser un regard à postériori (avec du recul) sur son enfance. Son regard
d’adulte revient sur les éléments de son enfance (tout cela est propre à
l’autobiographie)

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