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Parmis ces auteurs tels Corneille ou Racine, figure Molière (1622-1673) – de son vrai nom
Jean-Baptiste Poquelin – marqua l’histoire du théâtre ; il créa la Comédie Françaises et se
distinguera par des pièces qui mêlent le comique, le pathétique et la critique, tout en
conservant le soutien du roi Louis XIV.
Il met en scène « Dom Juan ou le Festin de pierre » en 1665 soit un an après l’interdiction de
sa précédente pièce, « Tartuffe ». Dom Juan relate la vie libertine du héros éponyme
accompagné de son fidèle valet, Sganarelle. Il s’agit de la réécriture du « Dom Juam » de
Tirso de Molina (1583-1648). Dans cette œuvre, Molière ne respecte pas les règles classiques
(règle des trois unités, bienséance et vraisemblance) et mélange les registres.
La scène 3 de l’acte II met en situation Dom Juan, Pierrot, Sganarelle et Charlotte ; à savoir,
le libertin accompagné de son valet est confronté à un amant manant et vindicatif, jaloux,
nouvellement éconduit, par sa gueuse éprise du bel-âtre qui lui a promis le mariage. Alors
que le paysan à sauvé la vie de l’aristocrate, il se voit remercier par un double affront. Cet
extrait prend d’ailleurs des allures de farce (il s’agit du genre comique médiéval qui repose
sur une intrigue simple dans laquelle les personnages types – pour ne pas dire arqué type –
tentent de se flouer les uns les autres ; à ceci s’ajoute les comiques de gestes et de mots
maîtrisés ici par Molière.
Dans un premier temps, nous insisterons sur le caractère comique de la scène puis nous
mettrons en exergue les abus de pouvoirs montré dans cette scène.
Plan détaillé :
I) La double farce
A) La joue ridicule entre Pierrot et Dom Juan
1) Un paysan caricaturé dans ses paroles
(Pierrot se place supérieur à Dom Juan aussi bien physiquement que par le
discours mais utilise des marques de politesse, et cela alors que quelques ligne
plus tard celui-ci va se voir se remettre à sa place par Dom Juan de manière
brutale.
Comique de mots : mâche ses mots, parle en patois contrairement à Dom Juan
→ « Quement ? »L.9; « ous viendrez caresser vos femmes »L.11 ; « allez-v’s-en
caresser les vôtres »L.12
Jurons → »Jerniquenne ! »L.7 ; « Testiguenne ! »L.11 ; « Testigué »L.14 ;
« jernigué », « ventrequé », « Palsanqué, Morquenne »L.15
Décalage des actions de Pierrot avec ses mots → « Didascalie : s’éloignant
derrière Charlotte.-Jerniquennne, je ne crains rien »L.33)
2) Il se moque de Sganarelle
(Alors que Sganarelle essaie de raisonner Dom Juan et Pierrot, celui-ci ce prend
un soufflet par son maître, sa « récompense » pour sa bonté envers Pierrot
→ « Te voilà payé de ta charité »L.47)
Molière en dramaturge stratège pointe du doigt l’hypocrisie et surtout les violences sociales
légitimes et éhontées que pratique la noblesse pieuse et empruntée de son temps vis-à-vis de ceux
issues de la basse couche de la société.
Si son public n’éprouve pas encore de gêne consciente, l’auteur saura très vite leur porter une
estocade qui provoquera certaines réactions protestataires. En effet, il consacrera une scène entière
à la Religion dans laquelle le laconisme de Dom Juan éraflera subtilement la Religion eu égard
l’exaltation spirituelle de Sganarelle.