Vous êtes sur la page 1sur 4

Pour Baudelaire, la mythologie du progrès se fonde sur des soubassements

philosophiques. Or, l’homme civilisé ou moderne est celui qui invente la


philosophie du progrès, cela se justifie par le fait qu’il se console de son
abdication et de sa déchéance(3). La théorie de la modernité chez lui est bien
cette double irréductibilité à la beauté absolue comme à la représentation
immédiate du monde contingent. Sa réflexion critique de l’art est basée sur ses
préoccupations simultanées de la philosophie et de la beauté(4). Le poète
précise davantage que : « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le
contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et
l’immuable »(5).

5
-Esthétique de la ville :
Cette section du recueil intitulée « Tableaux parisiens » apparaît en 1861.
Dans ces tableaux, Baudelaire représente ce qui a mûri le plus lentement dans
le parcours créatif du poète. Manifestement, Paris résume toute l’expérience
urbaine de Baudelaire « Je t’aime, ô capitale infâme »(6). Effectivement, c’est
à travers « Tableaux parisiens » que se défile un monde urbain qui lui est
familier. Même familière, cette ville représente à ses yeux une énigme à
déchiffrer. S’il s’est acculé à porter un intérêt spécifique à Paris, c’est qu’il tire
sa matière première des transformations que connaît cette ville cosmopolite.
Chez Baudelaire, la capitale française est la ville de tous les paradoxes. Elle est
le lieu de l’infâme, des errances, des bohémiens, des mendiants, des
chiffonniers, des prostituées, de l’excès, des parfums les plus civilisés, des
luxes, des élégances supérieures, des regards familiers, de l’originalité, des
ivrognes, des fêtes, des palais, de la Seine, des quais, des visibles mystères,
de l’exotisme et des peintres de la vie

6
moderne. En d’autres mots, c’est la ville du spleen et de l’idéal :

« La capitale a une présence très marquée dans presque tous

les poèmes, mais cette présence est d’une évidence quelque

peu aveuglante : Paris est à l’arrière-plan de chacune des scènes

croquées par le flâneur, comme si c’était le lieu unique

des expériences qui s’y rencontrent, alors qu’on voit bien

qu’ils n’ont rien de spécifiquement parisien. C’est que

nous retrouvons ici le principe de l’allégorie : Paris, certes,

mais comme synecdoque de la ville moderne et métonymie

de la vie moderne. »(7)

Vous aimerez peut-être aussi