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Au cours du xviiie siècle, Paris redevient le centre culturel du royaume. Les salons parisiens connaissent leur plus
bel essor. Voltaire, au ton léger et ironique, est l'écrivain parisien par excellence. À l'inverse, Jean-Jacques
Rousseau fuit cette ville « de bruit, de fumée et de boue » et se réfugie à Montmorency, à 15 km au nord de Paris,
avant de s'y réinstaller en 1770.
À partir de la Révolution, le monde littéraire se fait plus large, plus complexe. Paris n'en demeure
pas moins le cœur de la vie intellectuelle française, en attirant Carlo Goldoni et en accueillant des
progressistes, comme Adam Mickiewicz ou Heinrich Heine, menacés ou chassés de différents pays
d'une Europe restée globalement très conservatrice. Au cours des xixe et xxe siècles, Paris est le
théâtre où se succèdent les différents mouvements littéraires français et leurs figures principales,
romantisme et réalisme avec Hugo ou Balzac, naturalisme avec Zola, Parnasse et symbolisme avec
Baudelaire, Verlaine ou Mallarmé, surréalisme avec Apollinaire et André Breton, et d'où viendra le
renouveau littéraire apporté par Proust et Céline.
Dans les années 1920, beaucoup d'écrivains étrangers viennent découvrir Paris et s'en inspirent
dans leur œuvre : Ernest Hemingway, Henry Miller, Gertrude Stein, Ezra Pound, etc. et d’autres
attirés par son milieu littéraire viennent y chercher l’espoir d'un accueil propice : D. H. Lawrence,
James Joyce, Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Emil Cioran, Gao Xingjian, etc. Montparnasse,
quartier des artistes depuis la fin du xixe siècle, connaît son âge d'or dans l'entre-deux-guerres.
Après la Seconde Guerre mondiale, c'est Saint-Germain-des-Prés qui devient le foyer littéraire le
plus célèbre, avec la présence de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian ou Jacques
Prévert. Le quartier latin demeure le quartier des libraires et l'on y trouve aussi 217 bouquinistes
sur les quais de Seine. Paris est la principale ville de l'activité littéraire et de l'édition françaises ;
dans beaucoup de quartiers, des immeubles portent une plaque rappelant le séjour d'un écrivain.
Paris dans la littérature
Depuis longtemps, Paris a inspiré les écrivains. Au xve siècle,
François Villon plonge dans les bas-fonds de Paris pour
amorcer son œuvre majeure : Le Testament. Toutefois, au xviie
siècle et, dans une moindre mesure au xviiie siècle, la
description de la réalité parisienne contemporaine intéresse peu
les auteurs.
Au xixe siècle, les écrivains français s'attachent davantage à
décrire la réalité de leur temps de manière plus exacte. Sous la
monarchie de Juillet, Honoré de Balzac cherche à brosser un
tableau détaillé et moderne de la société française, c'est La
Comédie humaine. Paris occupe une place privilégiée dans
cette œuvre et pas seulement dans les Scènes de la vie
parisienne. Il distingue par la diversité des réseaux de relations :
c'est là que sont possibles les succès les plus fulgurants, là que
l'on cherche la gloire mais aussi là que l'on peut tomber dans
l'anonymat le plus absolu.
Si Balzac s'intéresse avant tout à la haute société ou aux ambitieux désargentés, on commence à la même époque à
s'intéresser à la ville populaire, perçue comme menaçante et fascinante. Des études paraissent sur les « classes
dangereuses » d'une ville en expansion. Les Mystères de Paris d'Eugène Sue, qui fait une très large place au Paris de
la pègre, connaît un immense succès lors de sa parution en feuilleton en 1842–1843. Vingt ans plus tard, c'est l'autre
plus grand romancier de Paris, Victor Hugo, qui publie Notre-Dame de Paris et Les Misérables, autre volumineux
ouvrages traitant du Paris populaire devenu des classiques. Paris fascine avec une double image : une ville fastueuse
et prestigieuse (Stendhal sublime Le Frascati, Balzac chante le boulevard des Italiens, Nerval ou Baudelaire ne jurent
que par le Divan Le Pelletier) mais aussi une ville populaire où règne le vice. Gérard de Nerval s'y suicide dans le
lieu le plus sordide qu'il ait pu y trouver. Le Paris en mutation d'Haussmann est largement décrit par Émile Zola dans
Les Rougon-Macquart (Le Ventre de Paris, Nana, Au Bonheur des Dames) ; il est le cadre des errances et états d'âme
des poètes Parnassiens et symbolistes et surtout de Baudelaire (Le Spleen de Paris). Guy de Maupassant utilise
notamment la capitale pour dépeindre la société de son époque, comme dans la satire Bel-Ami (publié en 1885),
dans lequel le héros grimpe dans la hiérarchie sociale parisienne grâce à ses maîtresses et ses coups bas.
Toujours au xixe siècle, la ville de Paris est représentée dans d'autres genres que le roman social et le roman réaliste.
Par exemple, Jules Verne l'imagine en dystopie dans son roman méconnu, Paris au xxe siècle, écrit en 1863. La ville
apparaît aussi dans de nombreux romans-feuilleton, tels que ceux où apparait le personnage Rocambole. De même,
elle sert beaucoup de lieux d'action pour les romans historiques tels que Les Trois Mousquetaires par Alexandre
Dumas (1844). Enfin, on peut citer des pièces de théâtre, telles que la comédie dramatique Cyrano de Bergerac, par
Edmond Rostand (1897), librement inspirée de la vie et de l'œuvre de l'écrivain libertin Savinien de Cyrano de
Bergerac (1619-1655).
Au début du xxe siècle, la capitale servait de théâtre à des
séries policières, telles que Fantômas (par Pierre Souvestre et
Marcel Allain) ou Arsène Lupin (par Maurice Leblanc).