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TAPE Jean-Martial
Enseignant chercheur
jeanmartialtap@yahoo.fr
Abidjan, 2015-2016
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- Objectif général
- Objectif spécifique
L’objectif spécifique de cours est de permettre à l’étudiant d’identifier les fonctions des unités
linguistiques existant dans une phrase. Aussi, il sera question pour lui d’étudier les règles qui
régissent la combinaison des différentes unités significatives.
Introduction
Pour les fonctionnalistes, la langue doit être envisagée du point de vue de ses fonctions, c’est-à-
dire qu’elle doit être analysée du point de vue des rôles qu’elle a accomplir surtout en fonction de
son rôle qui est la communication des expériences humaines. L’étude d’une langue sera dans cette
perspective, la recherche des fonctions jouées par des éléments qui la constituent (éléments :
unités, classes d’unités, les mécanismes). La notion de fonction posée comme principe
fondamentale justifie le nom donné à la théorie fonctionnaliste.
Est-ce que le langage serait ce qu’il est si la communication était une fonction subsidiaire ?
Comme la phonologie et la morphologie, la syntaxe est fondée sur une théorie déterminée, puisque
c’est elle qui en précise le champ d’étude et les modes d’application face aux langues. De là résulte
la diversité des courants actuels, qui bien que situant la syntaxe au niveau combinatoire, définissent
les relations selon des optiques et des critères différents. Aussi convient-il de replacer la syntaxe
fonctionnelle dans le cadre théorique dont elle est issue afin d’en dégager la spécificité.
Pour André Martinet, la syntaxe correspond « à l’étude des « fonctions » des monèmes du discours,
c’est-à-dire des relations qui les unissent et qui permettent à l’auditeur de reconstruire, à partir
de l’énoncé linéaire, l’expérience qui a fait l’objet de la communication » (André Martinet,
Eléments de linguistique générale, Paris, Colin, 1973, p. 209)
Elle envisage donc la langue dans sa fonction de communication, et son objet est délimité en
référence au rôle qu’il joue à l’intérieur de cette fonction.
Selon la grammaire traditionnelle, la syntaxe consiste en une explication des rapports sémantiques
sous-jacents à l’énoncé. C’est ainsi qu’on dit que le sujet accomplit l’action (définition purement
sémantique) et que le verbe est l’action qui est accomplie, l’objet est celui qui subit l’action. Ici,
on se base sur le sens pour donner ce type de définition.
Avec le structuralisme, on s’engage dans une autre voie. Ici, on s’intéresse plus aux rapports
sémantiques mais on recherche les relations qui fondent les unités qu’on a, au préalable, dégagées.
Ici, on cherche à voir qu’elles sont les relations qui existent entre ces unités. On fait donc une
analyse des relations structurales.
A cela, la syntaxe fonctionnelle va ajouter une étude des faits relatifs à la fonction communicative
du langage. Ceci permet à la syntaxe fonctionnelle de décrire les moyens dont la langue dispose
pour exprimer les choix que les interlocuteurs font lorsqu’ils s’expriment.
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Le niveau syntaxique est constitué d’un ensemble d’outils spécialisés qui permet de retrouver à
travers le contenu de l’énoncé, la diversité de l’expérience. La syntaxe, en tant que branche,
s’intéresse exclusivement aux phénomènes pertinents au niveau de la première articulation. Elle
laisse de côté les phénomènes de pures contraintes, les faits purement formels qui sont des objets
de la morphologie. Ainsi, la syntaxe, par rapport à la morphologie, se présente comme le rapport
entre la phonologie et la phonétique.
La démarche consiste, à partir d’un corpus, de définir les différents niveaux de hiérarchie de ce
corpus ainsi que les différentes unités consécutives, les propriétés de ces unités et les relations
existantes entre les unités. Les unités, en tant qu’éléments isolés, peuvent jouer un rôle qui peut
être pertinent ou non. Il est nécessaire de rendre compte de manière adéquate de la manière dont
les grandes unités de l’énoncé s’organisent et aussi des rapports mutuels de ces grandes unités
entre elles. Une telle étude ne peut se concevoir que dans le cadre d’énoncés réels. Le but principal
de celui qui parle est de communiquer son expérience aux autres.
Chaque langue dispose d’indices permettant de passer de la succession linéaire des signes aux
réalités non linéaires que l’on veut communiquer. En d’autres termes, chaque langue a sa syntaxe.
Et ces indices nous permettent de savoir quelles relations les unités linguistiques entretiennent
entre elles. Ils nous permettent de savoir quelles fonctions les différentes unités ont dans la phrase.
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Une phrase suppose qu’on a établi une hiérarchie entre les unités mises en évidence.
Dans cette phrase, il y a une hiérarchie1 qui existe entre les unités. Certaines sont centrales et
d’autres sont périphériques.
Dans la phrase Moussa écoute la petite fille qui parle, c’est écoute qui est le centre. Il permet de
dégager une phrase et de donner un sens à la phrase. C’est par rapport à lui que s’organise les
autres éléments. C’est pour cela on dit que « écoute » est le prédicat.
Dans la phrase Moussa écoute la petite fille qui parle, la séquence « la petite fille qui parle » est
l’expansion dans ladite phrase. C’est un satellite. Et le verbe « parle » est appelé prédicatoïde.
Ex : Dans La petite fille parle à Moussa qui écoute, le verbe « parle » est le prédicat (c’est le
centre) et « écoute » est le prédicatoïde.
Entre le centre et le satellite, il existe une relation de subordination. Les satellites sont
subordonnés au centre. La plupart des relations syntaxiques relèvent de la subordination qui crée
une fonction spécifique. Il existe aussi entre les unités d’une phrase une relation de coordination.
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Mettez en évidence les relations qui existent hiérarchie (nexus / satellite) entre les différentes unités syntaxiques
dans les phrases suivantes :
- Jean travaille en chantant (= phrase complexe : Jean chante (nexus) / Jean travaille (satellite))
- Les enfants intelligents, réussissent (= phrase complexe : Les enfants qui sont intelligents (satellite) / les
enfants réussissent (nexus))
- Je regarde l’enfant qui joue (= phrase complexe : Je regarde l’enfant (nexus) / l’enfant joue(satellite)
- Cette jeunesse, grouillante de vie mais quand même malheureuse à cause des choix de leurs parents, se
battait, avec toute la vigueur possible contre l’injustice maintes fois dénoncée à travers le monde entier. (=
phrase simple (n’est pas liée à la longueur de la phrase) : cette jeunesse se battait (nexus)
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Mais cette relation n’implique pas une hiérarchie. Ce qui fait qu’elle ne donne pas lieu à une
fonction spécifique contrairement à la subordination.
Ex : dans Yao et Moussa écoutent la petite fille qui parle, ici « et » n’implique pas une fonction
spécifique. Les éléments coordonnés n’assument pas des fonctions différentes.
La phrase simple peut être une unité minimale significative simple qui constitue le constituant
syntaxique. La phrase Il parle de ton travail est de forme simple parce qu’elle comporte un seul
verbe conjugué et « il » est le constituant syntaxique sujet. Pour qu’il y ait phrase simple, il faut
qu’il y ait un seul prédicat (un verbe conjugué qui établit un lien entre les différents mots) et il ne
faut pas qu’il y ait de prédicatoïde. Les éléments liés au prédicat peuvent être d’une certaine
longueur.
Ex : Dans « Cette jeunesse, grouillante de vie mais quand même malheureuse à cause des choix
de leurs parents, se battait, avec toute la vigueur possible contre l’injustice maintes fois dénoncée
à travers le monde entier », le prédicat est « se battait ».
On appelle phrase complexe toute phrase qui est composée de plusieurs propositions en ce sens
qu'elle possède plus d'un verbe conjugué. Dans ce cas, il faut entendre par proposition, une
structure qui pourrait, à l’état isolé, constituée une phrase simple mais qui se trouve coordonnée
ou subordonnée à un ensemble plus vaste. En syntaxe, le champ des phrases complexes est appelé
supraphrastique. Le supraphrastique est au-dessus des phrases.
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Hypotaxe.
Dans « Il est parti, il avait un rendez-vous » (Égalité et inégalité), « Il est parti » est P1 et « il
avait un rendez-vous » est P2.
Parataxe
b) coordination :
La liste des morphèmes pouvant servir de connecteurs à une coordination est fermée : mais, ou, et,
donc, or, ni, car. Dans la plupart des grammaires puis, ainsi et alors ne font pas partie de la liste.
Par ailleurs "ni" est curieux dans cette liste, alors que "soit" qui est également un marqueur
dédoublé autour d'un syntagme nominal n'est pas dans la liste : ni…ni, soit…soit.
- La subordination
L'un des membres n'est pas indépendant syntaxiquement et est gouverné par une tête phrastique.
À l'aide de conjonctions comme qui ou que (ou dérivées de que : ainsi que, parce que, bien que,
lorsque...), on introduit un constituant enchâssé à l'intérieur d'une phrase, subordonné à une tête.
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Les pronoms relatifs "qui", "que", "quoi", "dont", "où" » sont connecteurs et subordonnants.
Ce qui compte ce n'est pas la fonction du relatif mais l'antécédent.
Ex : Dans « L'homme qui avait un chapeau melon »,
"avait un chapeau melon" (P2 est subordonné à une tête). Il s'agit d'une contrainte syntaxique.
La relative peut avoir des fonctions grammaticales diverses :
o Attribut :
folle que tu es
Bien malin qui trouvera la solution
o Objet :
Choisissez qui vous voudrez.
La bicyclette que tu désirais.
o Complément du nom :
l'aventure dont je parle
la chanteuse dont la voix me plait
Par ailleurs, les relatives peuvent avoir plusieurs sens marqués par des pauses à l'oral et des
virgules à l'écrit.
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Dans le cas d'une complétive comme : « Je considère que tu devrais y aller », du point de vue
sémantique, c'est P1 qui est subordonné à P2 étant donné que "tu devrais y aller" peut faire phrase,
mais pas "je considère". Cependant, en syntaxe, on postule que tout ce qui suit "que" est
subordonné à la proposition principale.
La condition
La manière
Le lieu
La cause
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Le temps
La concession
La conséquence
Le but
On aurait cependant tort de croire que la phrase complexe correspond toujours à une amplification
du syntagme de base et que ses constituants sont toujours remplaçables par un syntagme nominal,
adjectival ou prépositionnel. En effet dans la proposition la notion est affublée de caractéristiques
locatives, temporelles et aspectuelles non présentes dans le syntagme simple.
Soulignons que, du point de vue énonciatif, les phrases complexes relèvent d'une construction en
discours détaché renvoyant généralement à une explication ou à une description hors situation
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La fonction d’une unité de la phrase dépend de la hiérarchie qu’on établit entre les éléments qui
constituent cette phrase. Dans l’exemple oublier est humain, oublier est le sujet et il est de forme
verbale. Dans l’exemple, l’homme pleurait, le sujet est « l’homme » et il a une forme nominale.
Ces exemples montrent que les fonctions sont indépendantes de la nature. De plus, lorsqu’un terme
existe à l’état isolé, il garde sa nature mais n’a pas de fonction. Il faut qu’il soit dans une phrase
pour avoir une fonction.
Ex2 : Dans « La table est cassée », le groupe de mots « la table » a une fonction sujet.
De même, la fonction d’un élément est à distinguer de son sens. Le sens des unités est constant
mais leur fonction change.
Dans certains documents, ces fonctions sont dites primaires. Le prédicat n’assume pas de
fonction ; c’est par abus de langage qu’on parle de fonction prédicative.
- Les fonctions au sein du constituant syntaxique (les fonctions qui s’appuient sur les autres
éléments que le prédicat, au sein de chaque constituant)
Lorsqu’on a un constituant syntaxique, les éléments de ce constituant peuvent avoir des relations
de subordination ou de coordination. Avec la coordination, il ne se crée pas de fonction spécifique
et on a un syntagme coordinatif.
Ex : Dans Jean et Yao vendent un livre, « Jean et Yao » est un syntagme coordinatif. Ce syntagme
n’a pas de fonction spécifique.
Lorsqu’il y a subordination, la base lexicale existant dans ce constituant est le pivot, c’est le centre.
C’est par rapport à lui que se définissent les fonctions.
Ex : Dans Jean vendait rapidement le livre au marché, « vendait » est le constituant verbal où
« vend » est la base (lexème) et « -ait » est un morphème marqueur (M. M). Il se définit par
rapport au prédicat « vend ». Aussi, au sein du constituant verbal, « rapidement » est l’élément qui
qualifie et ce qui est qualifié est le prédicat, par conséquent « rapidement » a la fonction de
qualifiant.
« L’» est la modalité nominale. C’est la marque de spécification de la modalité nominale. Aussi
« cet, un, une, des, vos, la… » sont des modalités nominales. Ce sont des déterminants qui opèrent
une spécification.
Il s’agit des constructions où la référence de la base nominale se trouve préciser grâce à son
association avec une unité lexicale. Ici, on a deux bases nominales dans un constituant et l’une est
déterminée par l’autre. On parle, dans ce cas, de syntagme appositif. Il est question d’une base
nominale associée à une expansion et cette expansion apporte une information supplémentaire.
Constituant Sujet
Dans cet exemple, « l’homme » est le sujet. Il est apposé à « cet animal intelligent » qui a une
fonction appositive. Le syntagme appositif est caractérisé par le fait que entre la base nominale et
l’unité lexicale, qu’il détermine, la base nominale ressemble à la coordination en ce sens que ces
deux (2) unités syntaxiques se trouvent dans un même type de rapport avec les autres types de
l’énoncé. L’élément qui assume la fonction appositive joue le même rôle que l’élément qui est
apposé.
Ex : femme habit
/ muso fani /
Ex : habit de femme
Dans cet exemple, « de » a un rôle de connection. La relation n’est donc pas immédiate. Elle est
plutôt médiate. En anglais, dans « John’s book », « s » est un élément connectif. Dans le syntagme
complétif ou d’association, le déterminant a une fonction complétive.
Ex : dans « La maison de mon père se trouve au marché », « de mon père » est un syntagme
complétif.
Le syntagme qualificatif consiste en l’association d’une base nominale, qualifiée, et d’un autre
terme le qualifiant dont la nature peut varier. Ici, ce syntagme a un rôle :
1- déterminé – déterminant
2- déterminant – déterminé
Déterminé – déterminant
Ex2 : « Le petit enfant » en français, l’ordre n’est pas fixe en ce qui concerne le syntagme qualificatif.
Déterminant – déterminé
Ex : Dans « L’homme qui est venu dort déjà », « l’homme » est le déterminé et « qui est venu »
est le déterminant.
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Ici, on se trouve dans le cas où des syntagmes s’ajoutent à un nominal déjà déterminé pour lui
apporter des précisions. Les extensions peuvent être de nature associative, disjonctive, attributive.
- L’extension associative
Il s’agit d’un élément qui s’ajoute à un noyau servant de centre par un lien établit par un coordinatif
ayant une valeur associative.
Ex : dans « Yao et Koffi vendent le livre », « Yao et Koffi » est le constituant syntaxique nominale
qui comporte un coordinatif « et ». Ce syntagme a une valeur associative. C’est une coordination
associative.
- L’extension disjonctive
- L’extension attributive
Dans « La maison en bois sur trouve sur la colline », « en bois » est une extension
attributive. Ce qui permet de dire « les maisons en bois » car le déterminé est indépendant
de l’extension.
Dans les exemples « C’est un cheval de race » et « L’homme à vélo », les termes « de
race » et « à vélo » ont une extension / fonction attributive.
3. LA NOTION DE PERTINENCE
On peut définir la pertinence comme le fait pour un élément linguistique d’apporter des
informations dans le contexte où il se trouve. Ce qui fait que seuls les éléments dont la présence
n’est pas automatiquement entrainée dans le contexte mais dont l’utilisation relève d’un choix du
locuteur seront considérées comme pertinents.
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La notion de pertinence est applicable à tous les niveaux d’analyse phonique et graphique. Au
niveau phonique, il existe des oppositions pertinentes et non pertinentes.
Dans [ma:ma], l’opposition entre [a] postérieur et [a] antérieur n’est pas pertinente. Il y a des
langues où les sourdes et les sonores ne sont pas pertinentes. Les sons sourds se sonorisent selon
le contexte.
Mais l’opposition entre les différentes formes du passé simple n’est pas pertinente : il chanta, il
voulut, il vendit.
L’opposition a, u, i n’est pas pertinente. Ces formes sont imposées. La pertinence apparait aussi
au niveau des différents monèmes à travers l’organisation de ceux-ci :
Les énoncés précités montrent que l’ordre est un fait pertinent. Ils sont organisés différemment.
Cependant, il arrive que l’ordre ne soit pas pertinent dans tous les cas comme l’illustrent les
exemples qui suivent :
- la pertinence communicative consiste en ce que tout élément qui apparait dans un énoncé a une
fonction en ce sens qu’il contribue au sens global de l’énoncé. Un élément peut jouer un rôle dans
la communication. Lorsque nous parlons nous espérons des choix parmi plusieurs éléments en
fonction des unités que nous voulons transmettre. Ces éléments que nous choisissons délibérément
et qui sont employés intentionnellement, on dit que leur choix est pertinent.
Ici, le message est différent car le choix de « sœur » (ex1) au lieu de « enfants » (ex2) est un choix
pertinent. Dans Ex1, on a des éléments pertinents qui se reflètent, par exemple dans le choix du
pluriel au lieu du singulier. Le choix de « sœur » est pertinent au lieu de « enfant, gens, frère, etc. ».
le choix de « aident » est pertinent au lieu de « aime, salue, parle, etc. ». Le choix du présent simple
de l’indicatif est pertinent au lieu du futur, du passé… le possessif 3ème personne est pertinent au
lieu du défini, de l’indéfini singulier. Le singulier au niveau du possessif est pertinent au lieu du
pluriel ou encore le choix de femme est pertinent au lieu de « tante, fille, garçon… ».
NB : Les marques d’accord ne sont pas pertinentes car elles sont liées aux choix précédents.
La pertinence se mesure toujours par rapport à quelque chose. Ceci fait qu’un élément pertinent
pour un fait ne l’est pas nécessairement pour un autre.
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Bibliographie