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UFR LANGUES, LITTERATURES ET CIVILISATIONS


DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE

SLL 122 INITIATION A LA SYNTAXE


FONCTIONNELLE ET GENERATIVE
SLL 122-1 INITIATION A LA SYNTAXE
FONCTIONNELLE

TAPE Jean-Martial
Enseignant chercheur
jeanmartialtap@yahoo.fr

Abidjan, 2015-2016
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- Objectif général

Ce cours a pour objectif d’amener l’étudiant à se familiariser à une des composantes de la


linguistique, à savoir la syntaxe fonctionnelle.

- Objectif spécifique

L’objectif spécifique de cours est de permettre à l’étudiant d’identifier les fonctions des unités
linguistiques existant dans une phrase. Aussi, il sera question pour lui d’étudier les règles qui
régissent la combinaison des différentes unités significatives.

Introduction

Le fonctionnalisme est l’une des théories structuralistes héritière de la pensée de Saussure


Ferdinand (de) qui s’est développé dans le cadre du cercle de linguistique de Prague qui a vu le
jour en 1926, grâce à la collaboration de plusieurs linguistes dont Troubelskoy, Roman Jakobson.
Ils se sont principalement illustrés dans le domaine de la phonologie.

Pour les fonctionnalistes, la langue doit être envisagée du point de vue de ses fonctions, c’est-à-
dire qu’elle doit être analysée du point de vue des rôles qu’elle a accomplir surtout en fonction de
son rôle qui est la communication des expériences humaines. L’étude d’une langue sera dans cette
perspective, la recherche des fonctions jouées par des éléments qui la constituent (éléments :
unités, classes d’unités, les mécanismes). La notion de fonction posée comme principe
fondamentale justifie le nom donné à la théorie fonctionnaliste.

Est-ce que le langage serait ce qu’il est si la communication était une fonction subsidiaire ?

A la différence de la grammaire générative, le fonctionnalisme se base sur l’étude des énoncés


réalisés. Dans le cadre de cette théorie, il s’est effectué de nombreux travaux de description. Pour
le domaine occidental, on peut citer en ce qui concerne le français La grammaire du français de
André Martinet et ses collaborateurs. Au niveau local, on peut citer Description phonologique et
de la syntaxe d’un parler baoulé de Kouadio N’Guessan Jérémie ou encore Phonologie,
grammaire, lexique et texte de Kong de Aby Sangaré et Description systématique du Dida de
Lakota de Guehoun.
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Fondements théoriques et place de la syntaxe dans la linguistique fonctionnelle

Comme la phonologie et la morphologie, la syntaxe est fondée sur une théorie déterminée, puisque
c’est elle qui en précise le champ d’étude et les modes d’application face aux langues. De là résulte
la diversité des courants actuels, qui bien que situant la syntaxe au niveau combinatoire, définissent
les relations selon des optiques et des critères différents. Aussi convient-il de replacer la syntaxe
fonctionnelle dans le cadre théorique dont elle est issue afin d’en dégager la spécificité.

Pour André Martinet, la syntaxe correspond « à l’étude des « fonctions » des monèmes du discours,
c’est-à-dire des relations qui les unissent et qui permettent à l’auditeur de reconstruire, à partir
de l’énoncé linéaire, l’expérience qui a fait l’objet de la communication » (André Martinet,
Eléments de linguistique générale, Paris, Colin, 1973, p. 209)

Elle envisage donc la langue dans sa fonction de communication, et son objet est délimité en
référence au rôle qu’il joue à l’intérieur de cette fonction.

1. Que faut-il entendre par syntaxe selon le fonctionnalisme ?

Selon la grammaire traditionnelle, la syntaxe consiste en une explication des rapports sémantiques
sous-jacents à l’énoncé. C’est ainsi qu’on dit que le sujet accomplit l’action (définition purement
sémantique) et que le verbe est l’action qui est accomplie, l’objet est celui qui subit l’action. Ici,
on se base sur le sens pour donner ce type de définition.

Avec le structuralisme, on s’engage dans une autre voie. Ici, on s’intéresse plus aux rapports
sémantiques mais on recherche les relations qui fondent les unités qu’on a, au préalable, dégagées.
Ici, on cherche à voir qu’elles sont les relations qui existent entre ces unités. On fait donc une
analyse des relations structurales.

A cela, la syntaxe fonctionnelle va ajouter une étude des faits relatifs à la fonction communicative
du langage. Ceci permet à la syntaxe fonctionnelle de décrire les moyens dont la langue dispose
pour exprimer les choix que les interlocuteurs font lorsqu’ils s’expriment.
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Au niveau de la langue, la raison d’être de la syntaxe, du point de vue du fonctionnalisme, c’est de


permettre l’organisation ou la reconstruction de la réalité complexe vécue à travers les rapports
des signes linguistiques.

Le niveau syntaxique est constitué d’un ensemble d’outils spécialisés qui permet de retrouver à
travers le contenu de l’énoncé, la diversité de l’expérience. La syntaxe, en tant que branche,
s’intéresse exclusivement aux phénomènes pertinents au niveau de la première articulation. Elle
laisse de côté les phénomènes de pures contraintes, les faits purement formels qui sont des objets
de la morphologie. Ainsi, la syntaxe, par rapport à la morphologie, se présente comme le rapport
entre la phonologie et la phonétique.

La démarche consiste, à partir d’un corpus, de définir les différents niveaux de hiérarchie de ce
corpus ainsi que les différentes unités consécutives, les propriétés de ces unités et les relations
existantes entre les unités. Les unités, en tant qu’éléments isolés, peuvent jouer un rôle qui peut
être pertinent ou non. Il est nécessaire de rendre compte de manière adéquate de la manière dont
les grandes unités de l’énoncé s’organisent et aussi des rapports mutuels de ces grandes unités
entre elles. Une telle étude ne peut se concevoir que dans le cadre d’énoncés réels. Le but principal
de celui qui parle est de communiquer son expérience aux autres.

La caractéristique essentielle de la linguistique fonctionnelle est de privilégier la fonction et que


cette fonction soit celle de la langue en tant qu’instrument de la langue de communication. Aussi,
que cette fonction soit une fonction distinctive des unités de la langue ainsi que les fonctions
syntaxiques.

1.1. Les faits syntaxiques

Chaque langue dispose d’indices permettant de passer de la succession linéaire des signes aux
réalités non linéaires que l’on veut communiquer. En d’autres termes, chaque langue a sa syntaxe.
Et ces indices nous permettent de savoir quelles relations les unités linguistiques entretiennent
entre elles. Ils nous permettent de savoir quelles fonctions les différentes unités ont dans la phrase.
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1.1.1. Les différents types de relation dans la phrase

Une phrase suppose qu’on a établi une hiérarchie entre les unités mises en évidence.

Ex : Moussa écoute la petite fille qui parle.

Dans cette phrase, il y a une hiérarchie1 qui existe entre les unités. Certaines sont centrales et
d’autres sont périphériques.

- Unités centrales : Moussa écoute, c’est le nexus


- Unités périphériques : la petite fille qui parle

Dans la phrase Moussa écoute la petite fille qui parle, c’est écoute qui est le centre. Il permet de
dégager une phrase et de donner un sens à la phrase. C’est par rapport à lui que s’organise les
autres éléments. C’est pour cela on dit que « écoute » est le prédicat.

Dans la phrase Moussa écoute la petite fille qui parle, la séquence « la petite fille qui parle » est
l’expansion dans ladite phrase. C’est un satellite. Et le verbe « parle » est appelé prédicatoïde.

NB : il est possible de changer la hiérarchie de la phrase

Ex : Dans La petite fille parle à Moussa qui écoute, le verbe « parle » est le prédicat (c’est le
centre) et « écoute » est le prédicatoïde.

Entre le centre et le satellite, il existe une relation de subordination. Les satellites sont
subordonnés au centre. La plupart des relations syntaxiques relèvent de la subordination qui crée
une fonction spécifique. Il existe aussi entre les unités d’une phrase une relation de coordination.

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Mettez en évidence les relations qui existent hiérarchie (nexus / satellite) entre les différentes unités syntaxiques
dans les phrases suivantes :
- Jean travaille en chantant (= phrase complexe : Jean chante (nexus) / Jean travaille (satellite))
- Les enfants intelligents, réussissent (= phrase complexe : Les enfants qui sont intelligents (satellite) / les
enfants réussissent (nexus))
- Je regarde l’enfant qui joue (= phrase complexe : Je regarde l’enfant (nexus) / l’enfant joue(satellite)
- Cette jeunesse, grouillante de vie mais quand même malheureuse à cause des choix de leurs parents, se
battait, avec toute la vigueur possible contre l’injustice maintes fois dénoncée à travers le monde entier. (=
phrase simple (n’est pas liée à la longueur de la phrase) : cette jeunesse se battait (nexus)
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Mais cette relation n’implique pas une hiérarchie. Ce qui fait qu’elle ne donne pas lieu à une
fonction spécifique contrairement à la subordination.

Ex : dans Yao et Moussa écoutent la petite fille qui parle, ici « et » n’implique pas une fonction
spécifique. Les éléments coordonnés n’assument pas des fonctions différentes.

1.1.2. LES STRUCTURES DE LA PHRASE

La phrase est une association de constituants syntaxiques. Cependant, ces constituants ne se


présentent pas tous de la même manière. Il existe des phrases de forme simple et des phrases de
forme complexe.

1.1.2.1. La phrase simple

La phrase simple peut être une unité minimale significative simple qui constitue le constituant
syntaxique. La phrase Il parle de ton travail est de forme simple parce qu’elle comporte un seul
verbe conjugué et « il » est le constituant syntaxique sujet. Pour qu’il y ait phrase simple, il faut
qu’il y ait un seul prédicat (un verbe conjugué qui établit un lien entre les différents mots) et il ne
faut pas qu’il y ait de prédicatoïde. Les éléments liés au prédicat peuvent être d’une certaine
longueur.

Ex : Dans « Cette jeunesse, grouillante de vie mais quand même malheureuse à cause des choix
de leurs parents, se battait, avec toute la vigueur possible contre l’injustice maintes fois dénoncée
à travers le monde entier », le prédicat est « se battait ».

1.1.2.2. La phrase complexe

On appelle phrase complexe toute phrase qui est composée de plusieurs propositions en ce sens
qu'elle possède plus d'un verbe conjugué. Dans ce cas, il faut entendre par proposition, une
structure qui pourrait, à l’état isolé, constituée une phrase simple mais qui se trouve coordonnée
ou subordonnée à un ensemble plus vaste. En syntaxe, le champ des phrases complexes est appelé
supraphrastique. Le supraphrastique est au-dessus des phrases.
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Typologie des phrases complexes

- Phrase complexe comprenant deux propositions indépendantes : Deux propositions


peuvent êtres indépendantes et reliées par la juxtaposition ou la coordination.

a) Juxtaposition : procédé de mise l'une à côté de l'autre. Il a une implication sémantico-


logique.

 Hypotaxe.

Dans « Il est parti, il avait un rendez-vous » (Égalité et inégalité), « Il est parti » est P1 et « il
avait un rendez-vous » est P2.

 Parataxe

Il est parti, donne-moi une cigarette. (rupture)


Ces phénomènes ne sont pas syntaxiques mais sémantico-logiques.

b) coordination :

J'ai faim donc je mange

J'ai faim et je mange

La liste des morphèmes pouvant servir de connecteurs à une coordination est fermée : mais, ou, et,
donc, or, ni, car. Dans la plupart des grammaires puis, ainsi et alors ne font pas partie de la liste.
Par ailleurs "ni" est curieux dans cette liste, alors que "soit" qui est également un marqueur
dédoublé autour d'un syntagme nominal n'est pas dans la liste : ni…ni, soit…soit.

- La subordination

L'un des membres n'est pas indépendant syntaxiquement et est gouverné par une tête phrastique.
À l'aide de conjonctions comme qui ou que (ou dérivées de que : ainsi que, parce que, bien que,
lorsque...), on introduit un constituant enchâssé à l'intérieur d'une phrase, subordonné à une tête.
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a) La relative (expansion d'un syntagme nominal)

Les pronoms relatifs "qui", "que", "quoi", "dont", "où" » sont connecteurs et subordonnants.
Ce qui compte ce n'est pas la fonction du relatif mais l'antécédent.
Ex : Dans « L'homme qui avait un chapeau melon »,

"l'homme" peut faire phrase (P1 est une proposition indépendante)

"avait un chapeau melon" (P2 est subordonné à une tête). Il s'agit d'une contrainte syntaxique.
La relative peut avoir des fonctions grammaticales diverses :

o Attribut :
folle que tu es
Bien malin qui trouvera la solution

o Objet :
Choisissez qui vous voudrez.
La bicyclette que tu désirais.

o Complément du nom :
l'aventure dont je parle
la chanteuse dont la voix me plait

o Complément indirect d'objet ou d'attribution :


l'homme à qui je rends visite

o Complément circonstanciel de lieu :


l'homme chez qui nous sommes

o Complément circonstanciel de temps :


du temps où j'étais jeune

Par ailleurs, les relatives peuvent avoir plusieurs sens marqués par des pauses à l'oral et des
virgules à l'écrit.
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o Relative déterminative (= restrictive)


Ma tante qui vit à Toronto est venue me voir.
(Celle de mes tantes qui vit à Toronto -> information connue)

o Relative explicative (= appositive)


Ma tante, qui vit à Toronto, est venue me voir.
(Je n'ai qu'une tante et je vous informe qu'elle vit à Toronto -> information
nouvelle)

b) La complétive (expansion du syntagme verbal)


Il s’agit d’une expansion du syntagme verbal introduit par un dérivé de que, et ayant des
conséquences sur toute la phrase. Dans : « Je pense qu'il viendra », "il viendra" est subordonné
syntaxiquement et sémantiquement à "je pense".

Dans le cas d'une complétive comme : « Je considère que tu devrais y aller », du point de vue
sémantique, c'est P1 qui est subordonné à P2 étant donné que "tu devrais y aller" peut faire phrase,
mais pas "je considère". Cependant, en syntaxe, on postule que tout ce qui suit "que" est
subordonné à la proposition principale.

C) La circonstancielle (expansion de la phrase)


Une proposition circonstancielle est introduite par une conjonction de subordination (ou une
locution conjonctive) (comme, puisque, si, quoique, quand, lorsque, parce que, au cas où, avant
que, après que…). Elle peut marquer :

 La condition

Si tu venais plus souvent, tes amis seraient heureux.

 La manière

Nous nous parlons comme si nous nous connaissions depuis toujours.

 Le lieu

Où qu'ils soient, je les trouverai.

 La cause
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Je ne prendrai pas de dessert parce que je n'ai plus faim.

 Le temps

Je t'appellerai dès que j'arriverai.

 La concession

Quoiqu'il soit sympathique, je n'ai pas confiance en lui.

 La conséquence

Il pleut, si bien que je ne vais pas sortir.

 Le but

Je vais t'aider afin que tu puisses finir à temps.

On aurait cependant tort de croire que la phrase complexe correspond toujours à une amplification
du syntagme de base et que ses constituants sont toujours remplaçables par un syntagme nominal,
adjectival ou prépositionnel. En effet dans la proposition la notion est affublée de caractéristiques
locatives, temporelles et aspectuelles non présentes dans le syntagme simple.

C'est un homme qui a du talent mais qui s'en sert mal.


C'est un homme talentueux.
* C'est un homme talentueux mais qui s'en sert mal.

Nous souhaitons qu'il pleuve longtemps.


Nous souhaitons la pluie.
* Nous souhaitons la pluie longtemps.

J'irai te voir dès que la nuit sera tombée sur la ville.


J'irai te voir à la nuit tombée.
* J'irai te voir à la nuit tombée sur la ville.

Soulignons que, du point de vue énonciatif, les phrases complexes relèvent d'une construction en
discours détaché renvoyant généralement à une explication ou à une description hors situation
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énonciative. Quand on parle de constituant syntaxique, on se situe au niveau de la nature mais on


désigne plutôt la fonction.

2. LES FONCTIONS DES UNITES SYNTAXIQUES DANS LA PHRASE

La fonction d’une unité de la phrase dépend de la hiérarchie qu’on établit entre les éléments qui
constituent cette phrase. Dans l’exemple oublier est humain, oublier est le sujet et il est de forme
verbale. Dans l’exemple, l’homme pleurait, le sujet est « l’homme » et il a une forme nominale.

Ces exemples montrent que les fonctions sont indépendantes de la nature. De plus, lorsqu’un terme
existe à l’état isolé, il garde sa nature mais n’a pas de fonction. Il faut qu’il soit dans une phrase
pour avoir une fonction.

Ex1 : « La table » est de nature nominale

Ex2 : Dans « La table est cassée », le groupe de mots « la table » a une fonction sujet.

De même, la fonction d’un élément est à distinguer de son sens. Le sens des unités est constant
mais leur fonction change.

Ex1 : Le chasseur tue le lion

Ex2 : Le lion tue le chasseur

Nom sujet (N.S) Verbe prédicat (V.P) Nom objet (N.O)

En somme, on peut distinguer deux (2) types de fonction :

- Celle qui s’appuie sur le prédicat

N.S V.P N.O Circonstant


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Dans certains documents, ces fonctions sont dites primaires. Le prédicat n’assume pas de
fonction ; c’est par abus de langage qu’on parle de fonction prédicative.

- Les fonctions au sein du constituant syntaxique (les fonctions qui s’appuient sur les autres
éléments que le prédicat, au sein de chaque constituant)

Lorsqu’on a un constituant syntaxique, les éléments de ce constituant peuvent avoir des relations
de subordination ou de coordination. Avec la coordination, il ne se crée pas de fonction spécifique
et on a un syntagme coordinatif.

Ex : Dans Jean et Yao vendent un livre, « Jean et Yao » est un syntagme coordinatif. Ce syntagme
n’a pas de fonction spécifique.

Lorsqu’il y a subordination, la base lexicale existant dans ce constituant est le pivot, c’est le centre.
C’est par rapport à lui que se définissent les fonctions.

 Au sein de chaque constituant verbal, on peut avoir comme fonction la qualification et


les modalités (les morphèmes marqueurs)

Ex : Dans Jean vendait rapidement le livre au marché, « vendait » est le constituant verbal où
« vend » est la base (lexème) et « -ait » est un morphème marqueur (M. M). Il se définit par
rapport au prédicat « vend ». Aussi, au sein du constituant verbal, « rapidement » est l’élément qui
qualifie et ce qui est qualifié est le prédicat, par conséquent « rapidement » a la fonction de
qualifiant.

Ex : Jean vend -ait rapidement le livre

N.S V.P M.M. Qualifiant N.O

NB : « rapidement » peut avoir la fonction de déterminant au sein du constituant nominal

 Au sein du constituant nominal, on distingue des déterminants de plusieurs types :


- On a des déterminants qui ont une fonction de spécification

Ex : L’homme vendait le livre


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« L’» est la modalité nominale. C’est la marque de spécification de la modalité nominale. Aussi
« cet, un, une, des, vos, la… » sont des modalités nominales. Ce sont des déterminants qui opèrent
une spécification.

- On a des déterminants qui opèrent une sélection

Ex : L’homme intelligent vend le livre.

« Intelligent » sélectionne parmi des entités possibles. Il a une fonction de sélection.

Les syntagmes déterminatifs

Il s’agit des constructions où la référence de la base nominale se trouve préciser grâce à son
association avec une unité lexicale. Ici, on a deux bases nominales dans un constituant et l’une est
déterminée par l’autre. On parle, dans ce cas, de syntagme appositif. Il est question d’une base
nominale associée à une expansion et cette expansion apporte une information supplémentaire.

Ex : L’homme, cet animal intelligent, a tout inventé.

Constituant Sujet

Dans cet exemple, « l’homme » est le sujet. Il est apposé à « cet animal intelligent » qui a une
fonction appositive. Le syntagme appositif est caractérisé par le fait que entre la base nominale et
l’unité lexicale, qu’il détermine, la base nominale ressemble à la coordination en ce sens que ces
deux (2) unités syntaxiques se trouvent dans un même type de rapport avec les autres types de
l’énoncé. L’élément qui assume la fonction appositive joue le même rôle que l’élément qui est
apposé.

Un autre type de syntagme déterminatif est représenté par le syntagme d’association ou


complétif. Il est question de syntagme libre. C’est l’association de deux termes dont l’un est le
déterminant et l’autre le déterminé. On parle aussi de complétant et de complété. Dans ce type de
syntagme d’une manière globale, l’ordre est pertinent et selon les langues, on aura l’ordre :

- Déterminant – déterminé (pour les langues africaines)


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Ex : femme habit

/ muso fani /

- Déterminé – déterminant (pour les langues indo-européennes)

Ex : habit de femme

Dans cet exemple, « de » a un rôle de connection. La relation n’est donc pas immédiate. Elle est
plutôt médiate. En anglais, dans « John’s book », « s » est un élément connectif. Dans le syntagme
complétif ou d’association, le déterminant a une fonction complétive.

Ex : dans « La maison de mon père se trouve au marché », « de mon père » est un syntagme
complétif.

Le syntagme qualificatif consiste en l’association d’une base nominale, qualifiée, et d’un autre
terme le qualifiant dont la nature peut varier. Ici, ce syntagme a un rôle :

1- déterminé – déterminant
2- déterminant – déterminé

L’ordre au niveau du syntagme qualificatif est inversé :

Ex1 : / muso dʒã / « grande femme » en dioula

Déterminé – déterminant

Ex2 : « Le petit enfant » en français, l’ordre n’est pas fixe en ce qui concerne le syntagme qualificatif.

Déterminant – déterminé

Dans un syntagme qualificatif, le déterminant peut être une proposition.

Ex : Dans « L’homme qui est venu dort déjà », « l’homme » est le déterminé et « qui est venu »
est le déterminant.
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Les extensions non déterminatives du nom

Ici, on se trouve dans le cas où des syntagmes s’ajoutent à un nominal déjà déterminé pour lui
apporter des précisions. Les extensions peuvent être de nature associative, disjonctive, attributive.

- L’extension associative

Il s’agit d’un élément qui s’ajoute à un noyau servant de centre par un lien établit par un coordinatif
ayant une valeur associative.

Ex : dans « Yao et Koffi vendent le livre », « Yao et Koffi » est le constituant syntaxique nominale
qui comporte un coordinatif « et ». Ce syntagme a une valeur associative. C’est une coordination
associative.

- L’extension disjonctive

Dans la phrase « Le patron ou son adjoint viendra », le « ou » a une fonction disjonctive.

- L’extension attributive

Elle ressemble à la qualification mais ici on a un nom déjà déterminé.

 Dans « La maison en bois sur trouve sur la colline », « en bois » est une extension
attributive. Ce qui permet de dire « les maisons en bois » car le déterminé est indépendant
de l’extension.
 Dans les exemples « C’est un cheval de race » et « L’homme à vélo », les termes « de
race » et « à vélo » ont une extension / fonction attributive.

3. LA NOTION DE PERTINENCE

On peut définir la pertinence comme le fait pour un élément linguistique d’apporter des
informations dans le contexte où il se trouve. Ce qui fait que seuls les éléments dont la présence
n’est pas automatiquement entrainée dans le contexte mais dont l’utilisation relève d’un choix du
locuteur seront considérées comme pertinents.
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La notion de pertinence est applicable à tous les niveaux d’analyse phonique et graphique. Au
niveau phonique, il existe des oppositions pertinentes et non pertinentes.

Ex : dans [ma:ma], la durée de [a:] est pertinente

Dans [ma:ma], l’opposition entre [a] postérieur et [a] antérieur n’est pas pertinente. Il y a des
langues où les sourdes et les sonores ne sont pas pertinentes. Les sons sourds se sonorisent selon
le contexte.

Au niveau de certains monèmes, on peut distinguer le phénomène de pertinence. L’opposition


entre différents temps de l’indicatif est une opposition pertinente.

Ex : Passé simple (il vint) # (il venait) Imparfait

Mais l’opposition entre les différentes formes du passé simple n’est pas pertinente : il chanta, il
voulut, il vendit.

L’opposition a, u, i n’est pas pertinente. Ces formes sont imposées. La pertinence apparait aussi
au niveau des différents monèmes à travers l’organisation de ceux-ci :

Ex : « un grand homme » # « un homme grand »

« Le chat tue la souris » # « la souris tue le chat »

Les énoncés précités montrent que l’ordre est un fait pertinent. Ils sont organisés différemment.
Cependant, il arrive que l’ordre ne soit pas pertinent dans tous les cas comme l’illustrent les
exemples qui suivent :

Une grosse femme = une femme grosse

Un homme est venu = il est venu un homme

On peut parler ? = peut-on parler ?

Il existe plusieurs types de pertinence :

-la pertinence distinctive se situe au niveau du phonème


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- la pertinence significative se situe au niveau des unités minimales significatives (monème,


morphème, lexème)

- la pertinence communicative consiste en ce que tout élément qui apparait dans un énoncé a une
fonction en ce sens qu’il contribue au sens global de l’énoncé. Un élément peut jouer un rôle dans
la communication. Lorsque nous parlons nous espérons des choix parmi plusieurs éléments en
fonction des unités que nous voulons transmettre. Ces éléments que nous choisissons délibérément
et qui sont employés intentionnellement, on dit que leur choix est pertinent.

Ex1 : ses sœurs aident sa femme.

La différence d’ordre phonétique entre « ces » et « ses » n’est pas pertinente.

Ex2 : Ces enfants aident sa femme.

Ici, le message est différent car le choix de « sœur » (ex1) au lieu de « enfants » (ex2) est un choix
pertinent. Dans Ex1, on a des éléments pertinents qui se reflètent, par exemple dans le choix du
pluriel au lieu du singulier. Le choix de « sœur » est pertinent au lieu de « enfant, gens, frère, etc. ».
le choix de « aident » est pertinent au lieu de « aime, salue, parle, etc. ». Le choix du présent simple
de l’indicatif est pertinent au lieu du futur, du passé… le possessif 3ème personne est pertinent au
lieu du défini, de l’indéfini singulier. Le singulier au niveau du possessif est pertinent au lieu du
pluriel ou encore le choix de femme est pertinent au lieu de « tante, fille, garçon… ».

NB : Les marques d’accord ne sont pas pertinentes car elles sont liées aux choix précédents.

La pertinence se mesure toujours par rapport à quelque chose. Ceci fait qu’un élément pertinent
pour un fait ne l’est pas nécessairement pour un autre.
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Bibliographie

Feuillard Colette, 1985, La Linguistique, Vol. 21, Fasc. 1, « La Linguistique Fonctionnelle »,


Presses Universitaires de France, Paris, pp. 185-206

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