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Introduction générale

1- Qu’est ce que la morphologie ?

La morphologie est une science qui s’intéresse à la formation du mot. C’est une
discipline qui étudie le morphème. C’est une composante très importante de la langue.
Elle est liée à la syntaxe, qui s’occupe de la construction de la phrase, puisque les
morphèmes portent sur la marque de la relation syntaxique, par exemple les marques
d’accord du verbe avec son sujet ou de l’adjectif avec le substantif dont il dépend. Elle
est liée au lexique dans son processus de la formation du mot.

Pour G. Mounin dans son Dictionnaire de la linguistique la morphologie est


définie comme une « étude des formes sous lesquelles se présentent les mots dans une
langue, des changements dans la forme des mots pour exprimer leurs relations à
d’autres mots de la phrase, des processus de formation de mots nouveaux, etc. » 1

Par opposition à la syntaxe qui a pour objectif l’étude des fonctions, la


morphologie est essentiellement l’étude des formes des mots (flexion et dérivation).
Pour J. Dubois,

« la morphologie a deux acceptions (signification) principales :

a- Ou bien la morphologie est la description des règles qui


régissent la structure interne des mots, c’est-à-dire les règles de
combinaison entre les morphèmes racines pour constituer les des mots
(règles de formation des mots) et la description des formes diverses que
prennent ces mots selon la catégorie de nombre, de genre, de temps, de
personne et pour (la flexion des mots en ce qui concerne les langues
flexionnelles).

1
MOUNIN, G., Dictionnaire de la linguistique, Paris, PUF, 1974, p. 221.
b- Ou bien la morphologie est la description à la fois des règles
de la structure interne des mots et des règles de combinaison des
syntagmes en phrases. »2

La morphologie est l'étude de la composition des mots. La composition des mots


se fait à partir de plus petites entités appelées morphèmes. Le morphème est la plus
petite unité lexicale ayant un sens spécifique, c'est-à-dire que chaque morphème est
indivisible tout en ayant un sens particulier. Le mot "tables" comporte par exemple deux
morphèmes: table (la base ou racine) et le pluriel (morphème grammatical). Ces
morphèmes se lient habituellement de façon régulière, de sorte à ce qu'on pourrait
théoriquement faire une liste des morphèmes et de certaines des règles pour aboutir à
une liste des mots d'une langue donnée.

2- Le morphème : essai de définition et typologie

Le morphème est défini généralement comme une unité minimale d’analyse


grammaticale. C’est la plus petite unité de signification de la langue. Il est formé de
phonèmes. Les morphèmes les plus petits peuvent n’en comprendre qu’un comme par
exemple l’article l’ ou la préposition à ; mais puisque l’unité a un sens, elle a un statut
différent du phonème. Souvent les linguistes le définissent en rapport avec le mot du
fait qu’il représente sa limite supérieure et qu’il en représente une partie. Par exemple
le mot perce-neige (ou cure-dent) on distinguera deux morphèmes ainsi que dans le mot
pétrir (pétr-ir). Par contre, le mot fleur ne comprend qu’un morphème. Un mot est le
plus souvent une combinaison de morphèmes, mais la difficulté est comment se fait cette
composition. (Différents procédés de formation de mot). Les linguistes le définiront
comme la forme linguistique qui ait une autonomie. Alors partant de cette définition,
en est-il du morphème -eur (qui est un suffixe) dans le mot chanteur ou du morphème
que l’on trouve dans invisible. Un morphème autonome acquiert le statut de mot, ainsi
pour un phonème qui a un sens constitue un morphème.

2
DUBOIS. J., et al. Dictionnaire de Linguistique et sciences du langage, Paris, Larousse, 1991, p. 327.
La segmentation ou la décomposition du mot en morphèmes nous permet
d’appliquer les deux tests grammaticaux, à savoir, la commutation et la distribution. La
condition nécessaire est en effet pour qu’une partie de mot puisse constituer un
morphème et qu’elle puisse être remplacée par un autre élément, donc commuter avec
lui ;

Ex. Chant -eur

-age

-er, etc.

Il faut ajouter que la commutation doit être pratiquée sur les deux parties du mot,

Ex. Chant-

Vol- eur

Rong-

Ce qui est obligatoire c’est que les éléments ainsi isolés présentent un sens, ce qui
est bien le cas des exemples précédents mais il semble que ce n’est pas général car on
ne peut pas attribuer un sens à certains morphèmes.

Ex. Chap-eau chap-eau

Bat- -elle

Ce sens doit être relativement stable parce que si une forme se trouve associée à
des sens différents entre lesquels on ne peut pas établir une filiation ni historique ni
logique, on posera des morphèmes différents et dans ce cas la commutation permet,
d’abord, dans un premier cas, d’isoler une forme.

Ex. poir-ier, plomb-ier,


La forme isolée dans ces exemples c’est ier, ce morphème ne possède pas le même
sens dans poirier que dans plombier : dans poirier ce morphème a le sens de l’arbre
fruitier et dans plombier il signifie un métier. (Voir homonymes)

Ensuite, dans un deuxième cas la commutation peut isoler des formes dans leurs
apparences et qui ont un même sens, c’est-à-dire un même morphème dont ses formes
sont des variantes (des allomorphes).

Ex. prunier, cerisier, pommier, oranger, pêcher, citronnier…

Nous remarquons que la commutation sur la première partie du mot est donnée par
le corpus lui-même, puisque -ier [je] se trouve associés à différents mots, tout comme -
er [e]. Si on supprime ces deux morphèmes on aura : prune [pryn] pêche [pεƒ]. Ceci dit
que les morphèmes élidés présentent un sens et permettent de fabriquer le nom de l’arbre
fruitier à partir du fruit correspondant.

Notons que nous avons affaire à deux formes graphiquement et phoniquement


différentes [je] et [e] il faut chercher alors le conditionnement de ces deux morphèmes,
c’est-à-dire les raisons qui font apparaitre tel ou tel allomorphe, est généralement de
deux types :

a- Le conditionnement phonologique : c’est l’entourage phonique,


le type de syllabe qui détermine la distribution, ainsi -ier se rencontre après
n’importe quelle consonne sauf les chuintantes après lesquels on rencontre -er,
par contre -ier se trouve ailleurs.
b- Le conditionnement morphologique, à ce niveau, aucune
régularité phonologique ne se laisse déceler et les allomorphes se répartissent
selon les morphèmes avec lesquels ils se combinent.
c- Ex. le morphème de terminaison verbale associé à nous est
généralement -ons, par exemple pour le verbe penser, nous avons pensons,
pensions, penserons, penserions, mais pour le même pronom on trouve une autre
forme -mes, cet allomorphe ne se trouve qu’après le morphème du passé simple
â. Il est donc conditionné morphologiquement, donc -mes et -ons représentent
deux allomorphes d’un même morphème.
➢ La première typologie du morphème c’est de distinguer entre
morphème lexical ou lexème et morphème grammatical.

Le morphème lexical permet au mot une individualité sémantique.

Ex. rong/eur

rong- est un lexème qui permet sa distinction des autres lexèmes comme dans –
eur.

Le lexème peut renvoyer à des concepts abstraits comme le Nom, l’adjectif, et


l’adverbe, c’est la base ou le radical. Il peut être constitué d’une base qui attend un
morphème pour une réalisation morphologique comme il peut être autonome
(individualité sémantique) par ex cœur-peur-orange.

Le morphème grammatical : permet au mot d’être en relation avec d’autres


éléments constituants un mot ou une phrase. Par ex : dans le mot travaillons le –ons est
un morphème grammatical qui indique la conjugaison verbale en justifiant l’accord entre
le sujet et verbe.

Le morphème grammatical : renvoie à une catégorie grammaticale comme le


temps, le mode, la personne, le genre, le nombre, la voix (structure).

➢ La deuxième typologie est le fait d’opposer les morphèmes à l’état


libre, ex. chant-, lav-, rang-, et les morphèmes qui sont liés c’est-à-dire qui sont
obligés d’être en association à d’autres morphèmes comme –ons, -eur, -euse, -
er, -ir.
➢ la troisième typologie (distinction) se base sur l’analyse
morphologique en elle-même.

La base c’est le radical du mot, et à cette base on peut ajouter des affixes qui
peuvent avoir des fonctions pour produire une signification ou modifier le sens de la
base.
Lorsqu’on supprime un affixe, on obtient la base sur laquelle il est formé.

Ex. La base à laquelle s’adjoint le morphème –ir dans irréalisable et le mot


réalisable est composé d’une base réalis- à laquelle s’adjoint le morphème –able.
Lorsque tous les affixes sont supprimés c’est e radical ou la base minimale qui reste.

On distingue différentes sortes d’affixe :

-Les préfixes ou les morphèmes préfixés : qui se placent avant la base comme
dé- dans déloyal, a- dans anormal.

-Les suffixes ou les morphèmes suffixés : qui se placent après la base comme –
eur dans chanteur –ons dans chantons.

Comme on peut le voir, les morphèmes ne se lient pas aléatoirement. Ils


fonctionnent selon des règles préétablies qu’on appelle règles morphologiques. Ces
règles sont spécifiques à chaque langue. En combinant les morphèmes, nous produisons
cependant des mots difficiles à prononcer. Par exemple, pour construire l'antonyme de
certains adjectifs, il faut ajouter la voyelle /i/ et allonger la consonne initiale de l'adjectif,
comme dans "illégal" ou "irrégulier". Cette interaction entre les morphèmes et les sons
donne naissance à un domaine relativement nouveau appelé la morphophonologie

Les règles morphologiques et morpho-phonologiques s'appliquent à la plupart des


mots. Ces règles évitent ainsi que l'on doive mémoriser des dizaines de milliers de mots
isolés alors qu'on peut en apprendre quelques milliers et une centaines de morphèmes
liés pour les combiner en des dizaines de milliers de mots. Il existe cependant des
exceptions. Nous appelons ces exceptions des lexicalisations. La lexicalisation est
l'acceptation d'un mot dans le vocabulaire d'une langue donnée comme entité propre.
C'est le cas pour la féminisation de certains adjectifs en français. Alors que la règle
générale est de prononcer la consonne finale de l'adjectif pour obtenir le féminin, on
retrouve des mots comme "beau/belle", "vieux/vieille", etc. Les formes féminines et
masculines sont donc simplement mémorisées puisqu'il ne semble pas y avoir de règle
pouvant expliquer les différences ou les similarités.

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