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B-7 Les pronoms

Ce chapitre propose une synthèse sur les pronoms. Après des précisions définitoires, nous
examinerons les 6 sous-classes de pronoms.

1. Précisions définitoires

 Les pronoms constituent une classe de mots : ce sont des mots grammaticaux dont le statut
syntaxique équivaut à celui d’un groupe nominal.

Au plan syntaxique : un pronom peut avoir toutes les fonctions d’un groupe nominal.
Au plan morphologique, les pronoms peuvent être variables :
- en genre : il / elle, celui-ci / celle-ci
- en nombre : il / ils, le même / les mêmes
- en fonction : je (toujours sujet) / me (COD ou COI)

Remarques
On ne peut pas dire que « le pronom remplace un nom » : certes, le pronom joue le rôle d’un groupe
nominal. Mais il ne remplace pas un nom, mais un groupe nominal :
Aujourd’hui encore, on les lit dans le monde entier. (= ses livres)

Le pronom peut remplacer autre chose qu’un groupe nominal :


On dit qu’Hergé était fasciné par l’Amérique => on le dit (le pronom « le » remplace ici une
proposition subordonnée complétive

Le pronom peut ne rien « remplacer » : Il s’est vendu plus de 100 millions d'exemplaires - Je ne veux
rien. Je vous ai compris.

 Un pronom peut être le noyau d’un groupe pronominal :


Tintin au Congo est un des premiers albums de Hergé . Chacun de ses albums a été traduit en
plusieurs langues.

 Attention à ne pas confondre les pronoms et les déterminants


Le déterminant est reconnaissable parce qu’il fait partie d’un groupe nominal. Il est substituable par
d’autres déterminants.
Le pronom a le rôle d’un groupe nominal dans la phrase.
Les opérations de substitution permettent de vérifier si un mot est déterminant ou pronom :
- On peut remplacer un déterminant par un autre déterminant. Il détermine un autre nom.
- On peut remplacer un pronom par un GN, on peut remplacer le verbe qu’il complémente par un
autre verbe… La nôtre va être libre  : notre table va être libre.

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2. les différents pronoms
Il existe 6 sous classes de pronoms : es pronoms personnels ; pronoms possessifs ; pronoms
démonstratifs ; pronoms relatifs ; pronoms interrogatifs ; pronoms indéfinis

a. Les pronoms personnels


Je, tu, il, me, se, moi, lui, eux, lui, leur, nous-mêmes…  : les pronoms personnels sont nombreux et il
est impératif de pouvoir tous les reconnaître et les analyser en contexte.

 On peut classer les pronoms personnels de différentes manières, qui correspondent à certains de
leurs usages :
En effet, ils varient selon la personne (je / tu / il…), le genre (il / elle), le nombre (ils / ils) et la fonction
(je / me  ; tu / te…).
Les pronoms personnels, comme tous les pronoms, peuvent prendre toutes les fonctions d’un
groupe nominal. Mais à la différence des autres pronoms, la plupart des pronoms personnels
changent de forme selon leur fonction grammaticale (Je me vois : je = sujet ; me = COD)

 On distingue les formes clitiques et les formes non clitiques.


- formes clitiques = conjointes au verbe. Ce sont toutes les formes qui font bloc avec le verbe et qui
sont placées à gauche du verbe (dans une phrase déclarative), à droite du verbe (dans une phrase
injonctive affirmative)
Je le lui ai dit. Promets-le moi  ! Tu viens  ? Viens-tu ?

- formes non clitiques = disjointes du verbe. Ce sont toutes les formes qui sont autonomes dans la
phrase, comme un groupe nominal, OU bien qui sont séparées du verbe par une ponctuation ou une
pause. 
Liste : moi, moi-même, toi, toi-même, lui, lui-même, elle, elle-même, soi, soi-même, nous, nous-
même (nous d’auteur, nous de modestie), nous-mêmes, vous, vous-même, vous-mêmes, eux, eux-
mêmes, elles, elles-mêmes
Nous avons parlé de vous. Il est amoureux d’elle. Et vous-mêmes, où êtes-vous allés en
vacances  ? Toi qui sais tout, dis-nous… C’est lui que j’ai vu. Elle, je ne l’ai jamais vue.

 Les pronoms ON, EN, Y

o Le pronom on. On vient du latin « homo », qui signifie « homme », « être humain ». Selon le
contexte, il va avoir des emplois différents :
- des emplois personnels qui l’assimilent à un pronom personnel sujet

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On est tous là. = Nous sommes tous là.
On n’a pas faim  aujourd’hui ? = Vous n’avez pas faim  ? Tu n’as pas faim  ?
Oui, oui, on arrive = J’arrive (ou nous arrivons)

- des emplois indéfinis


On n’est jamais si bien servi que par soi-même.
On ne m’a jamais dit qu’il fallait apporter une quittance de loyer pour compléter mon dossier. 

o Le pronom en
- Il ne peut pas être employé comme substitut d’un être animé :
Je parle de mon voisin => je parle de lui # Je parle de mes vacances => j’en parle.

- Comme il a tous les emplois d’un GN précédé de la préposition de, il peut avoir toutes les fonctions
d’un Groupe Nominal Prépo sitionnel introduit par « de ».

- Il s’emploie aussi dans les tournures indéfinies, numérales ou partitives :


Avez-vous des enfants  ? J’en ai deux.
Veux-tu du chocolat  ? Oui, j’en veux bien un carré.
As-tu apporté des feuilles  ? Oui, j’en ai apporté.

- Quand il est COD, en n’a pas d’effet sur l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir :
J’ai vu ces jolies fraises en promotion  : je les ai prises.
# J’ai vu des fraises en promotion  : j’en ai pris, j’en ai pris trois kilos…

 en ne transmet pas de marques de genre ou de nombre : c’est pourquoi on parle aussi de pronom
adverbial.

o Le pronom y
- Il ne peut pas être employé comme substitut d’un être animé : il remplace un nom inanimé
introduit par à : Elle pense à ses vacances. Elle y pense.
# Elle pense à Paul -> elle pense à lui.

- Le pronom « y » remplace les compléments essentiels de lieu.


Je vais à Paris -> J’y vais
Il remplace les noms de chose précédé de à : Il pense souvent à son pays -> Il y pense

Quelques usages du pronom « y » :


Il s’y connait. Je n’y suis pour rien. Ça y est. Je n’y suis pour personne. Allons -y. J’y suis ( = j’ai
compris)
 y ne transmet pas de marques de genre ou de nombre : c’est pourquoi on parle aussi de pronom
adverbial.

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b. Les pronoms possessifs

Les pronoms possessifs sont toujours construits en deux mots, d’après la même structure : article
défini + marqueur possessif :
 L’article défini varie en genre et en nombre : il renvoie au nom auquel le pronom se substitue,
c’est-à-dire au nom qui désigne ce qui est « possédé » :
Ces livres, ce sont les miens ou les tiens  ? Ne prends pas cette assiette, c’est la mienne.
 Le marqueur possessif varie selon la « personne » (au sens de « personne d’un pronom
personnel ») : il renvoie au « possesseur » :
Les miens = mes livres = ceux qui sont à moi

Attention : Ne confondez pas le pronom possessif et le déterminant possessif :

pronom possessif déterminant possessif


Je vois la mienne, la tienne, la sienne, les Je vois mon amie, ton amie, son amie, mes
miennes amies
Je vois le mien, le tien, le sien, les miens Je vois mon ami, ton ami, son ami, mes amis
Je vois le nôtre, la vôtre, les nôtres Je vois notre bâtiment, votre salle, nos affaires
Je vois le leur, la leur, les leurs Je vois leur ami, leur amie, leurs amis

c. Les pronoms démonstratifs


Tous les pronoms démonstratifs sont formés sur la base du désignateur ce.
 Les formes simples (celui/ceux, celle/celles, ce) ne sont pas autonomes.
Elles doivent être complétées par :
- un groupe prépositionnel : Les élèves, attendez  : ceux de la 2° rangée n’ont pas eu de textes.
- une proposition relative : Ceux qui m’aiment prendront le train.
 Les formes composées (celui-ci-là/ceux-ci-là ; celle-ci-là/celles-ci-là ; ça, ceci, cela) sont
autonomes.
Elles peuvent avoir un emploi
- soit déictique : «  Regarde ça  !  » [+ geste]
- soit anaphorique : « Il était une fois un roi et une reine. Celle-ci était très belle… »

d. Les pronoms relatifs


Vous vous reporterez également au chapitre du cours consacré aux expansions du nom, qui intègrent
la proposition subordonnée relative.
Les pronoms relatifs (formes simples et composées) introduisent des propositions : les propositions
subordonnées relatives.
Les pronoms relatifs font partie des pronoms anaphoriques. Le pronom relatif représente dans sa
proposition le groupe nominal (ou le pronom démonstratif) qui est son antécédent.
Le pronom relatif a une fonction dans sa proposition tandis que la proposition qu’il introduit est une
expansion du nom qu’elle complète = elle est complément de l’antécédent du pronom  ou, selon la
nouvelle terminologie grammaticale (2021), épithète du nom.

La voiture que tu vois est la mienne

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Que = pronom relatif. Il a pour antécédent le mot « la voiture ».
Pour trouver la fonction du pronom relatif, on transforme la subordonnée en phrase de base :
La voiture que tu vois est la mienne => que tu vois = tu vois la voiture  : que est cod du verbe «  vois  ».
La voiture que tu vois, (que tu vois) est une expansion du nom, épithète du nom voiture.

Remarques :
- lorsque le pronom relatif appartient à un groupe prépositionnel, on emploie qui pour un antécédent
animé et quoi pour un antécédent non animé :
Je vais vous dire ce à quoi j’ai pensé.
Je vais vous montrer l’homme à qui j’ai parlé ce matin.
- Le pronom relatif varie selon sa fonction dans sa subordonnée.
Les formes composées ont également une variation en genre et en nombre (lequel / lesquels /
laquelle etc.).
- Le pronom dont remplace toujours un groupe prépositionnel introduit par la préposition de :
J’ai lu le livre dont vous m’aviez parlé (vous m’aviez parlé de ce livre : COI )
Je vous apporterai le livre dont je vous ai lu un extrait (je vous ai lu un extrait de ce livre : CDN)
Signalez les réponses dont vous n’êtes pas satisfaits (vous n’êtes pas satisfaits de ces réponses : C.de
l’adjectif)

e. Les pronoms interrogatifs

Formes simples / Formes composées :


- Les formes simples supposent que le référent est inconnu (référent animé  : Qui est venu  ? référent
non-animé : que s’est-il passé  ?)
- Les pronoms interrogatifs composés s’utilisent quand il y a un choix, le référent étant alors connu :
Il y a des pommes rouges et des pommes vertes  : lesquelles je prends  ?
Laquelle de ces réponses est juste  ?

Les pronoms interrogatifs peuvent introduire :


- une phrase interrogative : interrogation directe.
Qui es-tu  ? Qui fréquentes-tu  ?
- une proposition interrogative : interrogation indirecte
Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es.

Remarque : Attention à ne pas faire d’erreur de syntaxe (dans l’introduction de l’exercice d’écriture
notamment) :
- Interro. directe : Nous nous poserons les questions suivantes  : le livre, sous sa forme traditionnelle,
a-t-il encore un avenir  ? Que peut apporter, à l’heure de l’explosion numérique  ?
- Interro. indirecte : Nous nous demanderons si le livre, sous sa forme traditionnelle, a encore un
avenir  et nous verrons ce qu’il peut apporter, à l’heure de l’explosion numérique.

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f. Les pronoms indéfinis

 Généralités
C’est une famille vaste, aux confins de la syntaxe et du lexique. De nombreux pronoms indéfinis sont
les formes pronominales de déterminants indéfinis : attention à ne pas les confondre.
Différents classements des pronoms indéfinis sont possibles, en fonction des critères retenus :
On peut distinguer les pronoms indéfinis
- selon le type d’information qu’ils apportent sur le référent : certains permettent de le quantifier,
d’autres de l’identifier (par rapport à d’autres). Ce sont des distinctions importantes pour le sens.
- selon leur rôle dans la progression de l’information : reprennent-ils un référent déjà nommé ou
introduisent-ils un nouveau référent ?
- selon les marques de genre et de nombre qu’ils peuvent prendre.

Mais pour le master comme pour le concours, on vous demande essentiellement de savoir identifier
les pronoms indéfinis, quelle que soit la sous-catégorie dans laquelle on peut ensuite ranger un
pronom donné. Si on vous demande de classer entre eux des pronoms indéfinis, vous pouvez utiliser
les caractéristiques suivantes pour organiser votre classement.

 Critères du sens : pronoms quantifieurs / pronoms identifieurs 

Les pronoms indéfinis quantifieurs représentent tous les degrés de la quantité :


- quantité nulle : personne, rien, aucun, nul, nulle chose, …
- quantité indéterminée : quelqu’un, quelque chose, certains, peu, plusieurs, beaucoup…
- quantité nombrée : tous les numéraux en emploi pronominal
J’ai trois [déterminant] enfants dont deux sont à l’école maternelle.
Vous avez des ananas  ? Je vais en prendre un.
- totalité globale : tout, tous / totalité distribuée : chacun, chacune

Les pronoms indéfinis identifieurs indiquent des propriétés d’identité ou de différence entre des
référents
- identité ou ressemblance : le même, la même, la même chose…
- différence : l’un # l’autre, autrui, tel… (Ex : Tel qui rit vendredi dimanche pleurera)

 Critère de la progression de l’information : pronoms avec antécédent / sans antécédent :

Un certain nombre de pronoms ont un antécédent dans le texte ou le contexte. On peut les
remplacer par un groupe du nom explicitant la référence à cet antécédent :
Les candidats se sont installés. Chacun a sorti sa convocation. (= chaque candidat, chaque
représentant du groupe défini précédemment, « les candidats »)
D’autres pronoms sont utilisés généralement sans antécédent : on, rien, personne, quelqu’un,
quelque chose, n’importe qui, n’importe quoi, d’autres, tout, etc.
J’ai l’impression que personne ne s’est déplacé pour cette cérémonie.
Je rends ces trois livres, j’en aimerais d’autres sur le même thème.
On (cf. ci-dessus pour les emplois indéfinis de ce pronom) : On n’est jamais si bien servi que par soi-
même. On ne m’a jamais dit qu’il fallait apporter une quittance de loyer pour compléter mon dossier. 

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 Critère de l’orthographe : marques de genre et / ou de nombre

La plupart des pronoms indéfinis, formés sur des déterminants indéfinis, varient en genre et en
nombre : l’un, l’une, les uns, les unes, le même, la même, les mêmes, quelques-uns, quelques-unes, …

Mais un certain nombre de pronoms sont


- toujours au singulier : personne, rien, nul, aucun, chacun, autrui, on…
- toujours au pluriel : plusieurs, quelques-uns, certains…
Et certains pronoms, invariables, ne portent pas de marque de pluriel alors que leur référent
implique la pluralité :
- On est tous venu ou venus (les deux accords sont possibles)
- J’en ai vu beaucoup.
- J’en ai compté quatre, vingt, cent, mille…

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