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LA NEGATION

I. En français, la négation s'exprime de deux façons :

1. De façon lexicale.

On peut opposer des termes qu’on appelle des antonymes (mots de sens contraire): petit /grand ;
pauvre / riche. Ces termes n’ont aucun rapport morphologique mais l'un est l'opposé donc la
négation de l'autre.
Certains préfixes permettent de former des mots de sens négatif : possible / impossible, social /
asocial, rangé / dérangé, connaître / méconnaître, légal / illégal, thèse / antithèse, fonctionnement/
dysfonctionnement.
On peut encore opposer un même mot à l’aide d’un mot négatif comme pas ou non : un téléphone
cher / un téléphone pas cher, la violence / la non-violence, une hypothèse vérifiée / une hypothèse
non vérifiée.
L'adverbe négatif non peut à lui seul exprimer la négation par opposition à oui notamment dans
une réponse à une question. Non peut aussi être inséré à la fin d’une phrase pour la renforcer : Ça
doit être difficile de choisir, non ?
La préposition sans a un sens négatif.
La conjonction de coordination ni permet de coordonner, d'ajouter plusieurs négations : Il n'aime
ni les glaces ni les gâteaux.

2. De façon grammaticale.

La négation se combine avec un type de phrase (type déclaratif, interrogatif ou injonctif) :


Je viens /Je ne viens pas ; Vient-il ? / Ne vient-il pas ? ; Venez. / Ne venez pas.
Pour ce faire, on utilise généralement le couple adverbial ne... pas c’est-à-dire un ensemble de
deux mots composé de la négation ne et d’un deuxième mot qui peut être un adverbe (pas, point,
jamais, plus, guère...), un pronom (personne, nul, rien) ou un déterminant (aucun).

II . La portée de la négation.

La portée de la négation est (en partie...) liée à la logique et dépend des termes employées dans la
phrase mais aussi de la place de la négation dans la phrase (voir exercices préparatoires).

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1. Négation totale et négation partielle.

• La négation totale porte sur la phrase ( ou la proposition) entière et s’exprime au moyen de


ne... pas ou ne... point, ne …. aucunement, ne... nullement : Il ne parle pas.(cet énoncé
s’oppose à la phrase positive : Il parle). La conjonction de coordination ni exprime une
négation totale.
• La négation partielle porte sur une partie seulement de la phrase (ou sur un des éléments de
la proposition). Elle s’exprime au moyen de mots négatifs associés à ne qui permettent
d’identifier précisément le ou les groupes de mots visés par la négation. Ces mots négatifs
sont : jamais, nulle part, plus, guère (adverbes ou locutions adverbiales) personne, rien
(pronoms), aucun, nul (déterminants).

Toutefois quand la négation totale ne...pas est suivie d’un complément d’objet ou circonstanciel,
alors cette négation n’affecte souvent que ce groupe : Il ne parle pas aux élèves de sa classe. Dans
cet exemple, la négation ne porte pas tant sur le verbe parler que sur le COI aux élèves de sa classe.
Déterminer la portée de la négation est donc en grande partie une question de compréhension et de
logique.

2 - La « négation » restrictive.

La formulation restrictive est formulée à l’aide de ne... que, elle n'est pas totalement négative et
correspond à seulement ou uniquement : Alexia n’aime que les musiques dansantes. Ce type de
négation pourrait être explicité par l’expression «et rien d’autre» : Alexia n’aime que les musiques
dansantes et rien d’autre.

III. Quelques emplois particuliers.

1. langage oral et / ou familier et omission du ne.

Pas peut être employé sans ne, mais contrairement à non, il ne peut s'employer seul. Il doit être
complété par un autre mot : Tu te fiches de moi ? Pas trop ou pas du tout.
On peut aussi l'employer dans une phrase adverbiale avec un simple groupe nominal : Pas le temps !
, un adjectif : Pas terrible ! ; un pronom : Pas lui ! ; un adverbe : Pas maintenant... ou dans une
tournure familière ou orale : Je sais pas au lieu de Je ne sais pas.

2. Le « ne » employé seul.

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Il arrive qu’on emploie ne seul après certains verbes suivis d’un infinitif : Je ne saurais répondre, Je
n’ose le dire ou après un si exprimant l’hypothèse : Si je ne m’abuse, Le sucre serait trop cher, si
l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.(Montesquieu, De l’Esprit des Lois).
D'autres tournures s’utilisent avec ne seul : une question avec que (au sens de pourquoi) : Que ne le
disiez-vous plus tôt ? ; une question rhétorique : Qui n’approuverait ….? ; une proposition
subordonnée (relative dans l'exemple ): Il n’y a personne qui ne sache cela, etc.

3. Emplois plus stylistiques de la négation.

• Le ne explétif n’a pas de valeur négative. Il est facultatif et s’emploie dans un niveau de
langue soutenu après certaines conjonctions (avant que, sans que, à moins que, de peur que )
ou certains verbes (redouter, craindre , empêcher...) : Prévenez-moi avant qu'il ne soit trop
tard.

• La prétérition est une figure de style qui feint de ne pas dire ce qu’elle dit
néanmoins très clairement en utilisant souvent une négation : « Nous n’essaierons pas de
donner au lecteur une idée de.. » V. Hugo

• La litote recourt souvent à la négation et consiste à dire le moins pour dire le


plus : Ce garçon n’est pas idiot (= il est intelligent), Vous ne dites pas la vérité (= vous dites
des mensonges). Ici, la négation sert donc à affirmer.

• La double négation (et non pas l'ajout de deux ou plusieurs éléments négatifs avec ni) c'est à
dire la superposition de deux éléments négatifs conduit à des difficultés (ou des subtilités
d'interprétation). Elle est plutôt à éviter dans un discours qui vise à la clarté mais elle peut-
être utilisée en particulier dans un but de persuasion ou pour mettre en valeur un énoncé
(voir les exemples dans les exercices d'observation).

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