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L'expression de la négation

La négation grammaticale
❯ La négation est une forme de phrase.

Rappel des formes de phrase : l’affirmation / la négation ; la voix active / la voix passive ;
la forme personnelle / la forme impersonnelle ; la forme neutre / la forme emphatique.

❯ En français, la grammaire de la négation est « bi-tensive » car les marques de la


négation fonctionnent par deux : ne… plus, ne… rien, personne ne…

Le premier mot de la négation, ce ne trop souvent omis, est appelé discordantiel parce
que c’est lui qui décroche la phrase du positif et amorce le virage vers le négatif. Le
deuxième mot est appelé forclusif, parce qu’il termine ce mouvement négatif.

L’absence de ne relève de la langue orale, familière ; l’usage exclusif du ne est perçu


comme soutenu et n’est possible aujourd’hui que pour quelques verbes (oser, pouvoir,
cesser, etc.). → Je ne peux vous l’affirmer.

❯ Une phrase complexe n’est négative que quand la négation porte sur le verbe de la
proposition principale.

→ Je ne pense pas qu’il viendra (mais Je pense qu’il ne viendra pas = forme affirmative).

Négation
Totale
Partielle
• Elle porte sur la totalité de
• Elle porte sur un élément de l’énoncé :
l’énoncé. • Elle est exprimée par les
adverbes de négation ne… pas / point /
• un pronom → personne
nullement / aucunement • ni… ni ajoute
ne (≠ quelqu’un), rien ne (≠ tout) ;
une négation :
• un déterminant → aucun…ne ;
• → Je ne peux ni courir ni
marcher. • un adverbe → ne…
• → Je ne serai là ni lundi ni mardi jamais (≠ toujours), ne…plus (≠ encore).

❯ Les adverbes ne… pas peuvent construire une négation partielle : Je ne viens pas en
voiture (mais en train).

La négation lexicale
❯ La négation peut aussi s’exprimer de manière lexicale, notamment grâce à :

• des préfixes négatifs


→ impossible, mécontent, antidémocratique, inconsciemment, désespoir, contre-intuitif ;

• la préposition sans → sans hésiter ; les conjonctions de subordination sans que, non
que ;

• des verbes négatifs : ignorer (= ne pas savoir), refuser (= ne pas


vouloir), défendre (= ne pas autoriser) ;

• des antonymes → C’est loin ? / C’est tout près ; Ils ont gagné ? / Ils ont perdu 2-0.
Cas particuliers
❯ La négation restrictive, exprimée par ne… que n’est pas réellement une négation : elle
excepte de la négation l’élément qui suit le mot que. → Tristan n’aime qu’Yseut (= Tristan
aime seulement / uniquement / exclusivement Yseut.)

❯ Des formes comme craindre que, avoir peur que, à moins que, avant que peuvent être
suivies d’un ne explétif, sans valeur négative. → Je crains qu’il ne soit déçu (= Je crains
qu’il soit déçu).

❯ Une double négation équivaut à une affirmation. → Nous ne pouvons pas ne pas
répondre (= Nous devons répondre) ; Cela n’est pas impossible (= C’est possible).

Histoire de la langue
Pour nier un verbe, on le fait
Latin Non video.
précéder de l’adverbe non (ou ne).
IXe-XIIe siècle non évolue en ne Je ne vois.
• Le ne, non accentué, ne s’entend
pas assez : des noms sont alors Je ne vois point.
ajoutés après le verbe pour
renforcer ou remplacer le ne. Je ne viens pas.
XIIe-XVIe siècle
→ goutte = pas une seule goutte Je ne bois goutte.

• Ces noms perdent peu à peu leur Je ne mange mie (= miette).


sens.
• Ils deviennent des adverbes de
négation fonctionnant avec ne.
Je ne vois pas.
XVIIe-XIXe siècle • Pas et point sont utilisés pour nier
n’importe quel verbe ; l’emploi Je ne mange point.
de point se restreint peu à peu à la
langue soutenue.
Dans la langue orale, le ne tend à
disparaitre peu à peu.
XIXe-XXIe siècle Je vois pas.
→ Je sais pas, en prononciation
relâchée : [chè pa], [ch’pas]

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