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Verbes pronominaux et constructions / formes pronominales

Rappel: types de voix

Voix ou diathèse (tournure): définie suivant la façon dont le verbe distribue les rôles sémantiques de
ses actants, entre agent - à l’origine / qui exerce le procès dénoté par le verbe ou patient - qui subit
le procès.

Voix active

Un chauffard a renversé un piéton.


Sujet agent, COD patient

Voix passive

Un piéton a été renversé par un chauffard.

Sujet-> complément d’agent (l’agent)


Le COD -> Sujet (le patient)

—> redistribution des rôles sémantiques dans la phrase

Voix factitive

Processus syntaxique qui permet de rajouter un actant au procès dénoté par le verbe

Pierre lève l’interdiction. Pierre est l’agent


Pierre fait lever l’interdiction : Pierre n’est plus l’agent, il est la cause

On la reconnaît grâce au semi-auxiliaire faire

Forme / construction pronominale (peut-être appelée aussi voix)1

Définition

Formes verbales qui présentent une double caractéristique :


- se construisent avec un pronom pers conjoint (COD ou COI) réfléchi, cad coréférentiel au
sujet ; ce pronom n’a pas de forme spécifique sauf à la 3e pers se/ soi
- elles se formes au temps composés avec l’auxiliaire être

A. Le pronom complément est analysable

1 Différend terminologique, v. GMF : pour certains grammairiens il ne s’agit pas d’une voix à part, mais
d’une variante de la voix active
1
Le pronom est coréférent au sujet et s’inscrit dans la valence des verbes qu’il précède : il est
complément

1. Constructions pronominales RÉFLEXIVES

Pierre se rase (lui-même)


Pierre et Paul se rasent (chacun) = Pierre se rase tout seul et Paul se rase tout seul aussi.

Il a construction réfléchie lorsque le sujet exerce une action sur lui-même.


Le pronom a une forme renforcée - moi/toi/soi -même

2. Constructions pronominales RÉCIPROQUES

On se regarde tous les deux (l’un l’autre)


ou bien Pierre et Paul se rasent l’un l’autre.

Il a construction réciproque si chacun exerce une action sur l’autre.

Parfois exprimé au niveau lexical au moyen des préfixes : s’entraider, s’entrecroiser

Multitude de rapports croisés entre les éléments d’un ensemble, sans que le procès
verbal intervienne nécessairement entre tous les couples possibles.

B. Le pronom complément n’est pas analysable

1. Constructions pronominales SUBJECTIVES /NEUTRES

Le jour se lève *lui-même


Le soleil se couche *lui-même
La rumeur se répand. * elle-même
Je me couche. *moi-même

Le sujet n’est pas un agent conscient du procès. Le pronom complément indique seulement que le
procès reste confiné dans la sphère du sujet. Le sujet est juste le siège ou le site du procès dont il est
la propre source ou cause, selon un degré de conscience plus ou moins élevé (je me couche +
conscient vs. le jour se lève - moins conscient)

On ne peut pas interpréter ces construction de manière réflexive, car le sujet ne « fait pas l’action
sur lui-même », le jour ne se lève pas « lui-même »

On peut pas interpréter ces construction de manière passive non plus, car il n’y a pas d’agent
extérieur qui provoque le procès (personne ne lève le jour).

Ces construction intransitives correspondent à des verbes transitifs :


coucher (son enfant) – se coucher ; endormir (son enfant) – s’endormir ; promener (son chien) – se
promener etc.

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2. Verbes pronominaux

a. Verbes essentiellement pronominaux

Verbes qui ne connaissent que la construction pronominale : se souvenir, s’abstenir, se désister,


s’écrier, s’enfuir, s’emparer de, s’envoler, s’évanouir, se repentir etc.

Tu te repens de ta faute.

Le pronom réfléchi fonctionne comme une sorte de particule préfixée au verbe et qui redouble
automatiquement le sujet.

b. Verbes pronominaux autonomes

Ces verbes ont un correspondant non pronom inal, mais qui a systématiquement un sens différent :

Se connaître / connaître ; se douter de / douter ; s’en aller / aller ; s’en revenir / revenir, se jouer de /
jouer ; se mourir / mourir ; se prévaloir de / prévaloir contre ; se rire de / rire ; se taire / taire etc.

3. Constructions pronominales PASSIVES

Elles équivalent à des verbes à la voix passive, mais sans complément d’agent exprimé.

Le clocher s’aperçoit de loin


Le blé se vend bien cette année
Les feuilles se ramassent à la pelle. (Prévert).

Le sujet n’est jamais agent du procès, la lecture réfléchie est donc impossible. Il subit toujours le
procès. Le véritable agent est souvent non exprimé. Cette possibilité existait encore au XVIIe :
Cependant par Baucis le festin se prépare, La Fontaine.
Cette construction est compatible avec des compléent de manière qui impliquent un « agent
fantôme » : ça se mange avec des baguettes, une dissertation se relit soigneusement.

Cette construction a une valeur aspectuelle d’inaccompli, comme on peut le voir grâce à cette
opposition :
La transition se ait (en ce moment) / la transition est faite

Plans possibles :

Plan syntaxique Plan sémantique


1. Le pronom complément est analysable 1. Le support sujet est plus agent que patient
- constr. réflexives
- constr. réciproques - vb. pronominaux (essentiels et autonomes)
- constr. pronom subjectives / neutres

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2. Le pronom complément n’est pas analysable 2. Le support du sujet est autant agent que
patient
- constr. neutres / subjectives
- vb. pronom inaux (essentiels et autonomes) - constr. pronom réfléxives
- constr. pronom passive - constr. pronom réciproques
3. Le support du sujet est moins agent que
patient

- constr. pronom de sens passif

Les constructions impersonnelles

Certaines constructions ont pour caractéristique d’avoir comme sujet le pronom pers il dit
impersonnel être suivi d’un syntagme nominal (ou son équivalent) dit séquence de l’impersonnel.

Ce pronom est dépourvu de référent, vide sémantiquement, et vient saturer la position su sujet. Le
procès n’a donc pas d’actant, c’est pourquoi ce type de construction est dite « désagentive », car elle
fait perdre au verbe son agent.
On distingue les verbes impersonnelles des constructions impersonnelles (qui correspondent à ce
qu’on appelle parfois la voix impersonnelle).

I. Les verbes impersonnels

Ceux qui dans leur emploi ordinaire sont usités seulement dans la construction impersonnelle
Le pronom il est invariable en genre et nombre, n’admet aucune substitution par un équivalent
nominal, mais régit l’accord du verbe à la 3e pers. singulier.
Il n’autorise ni l’extraction ni l’interrogation partielle :

Il faut du pain
*c’est lui qui faut du pain
*que faut du pain ?

Types de verbes impersonnels :

- météorologiques : il neige, il pleut, il vente etc.


Remarque 1 : ils sont parfois accompagnés d’un constituant nominal « il pleut des cordes » plus ou
moins figé de valeur adverbiale intensifiante, assimilable à un complément interne
Remarque 2 : au sens figuré, ils peuvent recevoir des sujets nominaux dans une construction
personnelle : Les compliments pleuvaient. Des pétales neigent sur le tapis.

- expressions avec il fait … bon, bon vivre, froid, nuit, etc.

- expression de l’heure avec il est (minuit) en concurrence avec c’est qui a une valeur déictique
(c’est minuit)
- il faut et il s’agit
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II. Les constructions de la voix impersonnelle

La voix impersonnelle est un type de phrase et beaucoup de verbes personnels peuvent être
construits selon ce modèle / ce type de construction :

Les séquences de ces verbes sont


- nominaux : Il arrive du monde. (construit directement)
- infinitif : Il suffit de regarder. (construit indirectement)
- conjonctive essentielle : Il arrive qu’il pleuve
et ont une position fixe après le verbe.

a. Verbes intransitifs / pronominaux

- verbes intransitifs : arriver, advenir, exister, courir, suffire


Ces verbes ont généralement un sens évènementiel ou existentiel
les séquences ont un sens indéfini, car le référent n’est pas encre identifié, ni circonscrit ni spécifié
Il arrive quelque chose d’incroyable / un miracle
Le procès est d’abord exprimé, avant de le spécifier par une expression nominale

b. Verbes transitifs dans une construction passive impersonnelle

Certains vb. trasitifs (dir. et indir.) peuvent apparaitre dans une construction impersonnelle, mais à
lavoix passive et peuvent être dotés d’un complément d’agent.

Trois constructions impersonnelles passives différentes :

1. Impersonnel passif avec être suivi d’un participe passé :

Il a été trouvé un parapluie


Il est interdit de marcher sur la plage

2. Impersonnel pronom inal passif se + verbe :

Il se débite bien des sottises dans un salon


Il se récoltent beaucoup de melons en juillet

3. Pseudo-passif avec verbes transitifs indirectes (rare, langue administrative) :

Il a été tenu compte des témoignages des habitants (au lieu de on a tenu compte de…)
Il sera procédé a son extradition par les autorités.

Un verbe transitif indirect, doté d’un COI, peut recevoir cette construction. Comme ils sont
intransitifs indirects, ils n’ont pas de COD, et sont donc inaptes à une passivation usuelle.

c. Autres verbes de modalité

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Expriment une modalité subjective, epistémique, déontique ou appréciative et les verbes concernés
sont :
il semble, il importe, il convient, il suffit, il se peut, il paraît + subordonnée conjonctive / de infinitif

Il me semble que le ciel s’ouvre.

Il est + adjectif (facile, possible, heureux, ennuyeux etc.) + subordonnée conjonctive / de infinitif

J'ignore à quel moment ont commencé les « signes cliniques » d'appartenance, mes «
symptômes », comme ils disent. Je ne sais plus de quel massacre précis il s'agissait, mais je
m’étais soudain senti entouré d'index pointeurs, en proie à une visibilité inouïe. C'est lui,
saisissez-le. Te me découvrais planétaire, d'une responsabilité illimitée. C'est d'ailleurs
5 pourquoi les psychiatres m'ont déclaré irresponsable. À partir du moment où vous vous
sentez un persécuteur d'un bout du monde à l'autre, vous êtes diagnostiqué comme un
persécuté.
J'ai tout essayé pour me fuir. J'ai même commencé à apprendre le swahili, parce que
ça devait quand même être très loin de moi. J’ai étudié, je me suis donné beaucoup de mal,
10 mais pour rien, car même en swahili, je me comprenais, et c'était l’appartenance.
J'ai alors tâté du hongro-finnois, j'étais sûr de ne pas tomber sur un Hongro-Finnois à
Cahors et de me retrouver ainsi nez-à-nez avec moi-même. Mais je ne me sentais pas en
sécurité : l'idée qu'il y avait peut-être des engendrés qui parlaient le hongro-finnois, même
dans le Lot, me donnait des inquiétudes. Comme on serait seuls à parler cette langue, on
15 risquait, sous le coup de l'émotion, de tomber dans les bras l’un de l'autre et de se parler à
cœur ouvert. On échangerait des flagrants délits et après, ce serait l'attaque du fourgon
postal. Je dis « l’attaque du fourgon postal », parce que ça n'a aucun rapport avec le contexte
et il y a là une chance à ne pas manquer. Je ne veux aucun rapport avec le contexte.
Et cependant je continue à chercher quelqu’un qui ne me comprendrait pas et que je
20 ne comprendrais pas, car j'ai un besoin effrayant de fraternité.
J'ai eu pour la première fois des hallucinations à l'âge de seize ans. Je m'étais soudain
vu cerné par des vagues hurlantes de réalité et agressé par elle de tous les côtés. l'étais très
jeune, je ne connaissais rien à la psychiatrie, et quand je voyais sur mon écran les images du
Vietnam, les gosses aux ventres gonflés par la mort qui crevaient en Afrique ou les cadavres
25 militaires qui me sautaient dessus, je croyais sincèrement que j'étais dingue et que j’avais des
hallucinations. C'est ainsi que je me suis mis peu à peu à élaborer, sans même le savoir, mon
système de défense, qui me permet de chercher refuge dans divers établissements
hospitaliers.

Romain Gary, Pseudo

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