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DRIOUCH AZIZ ; PROFESSEUR DE LETTRES

Figures de style : le top 12 pour le bac


français et marocain

L’anacoluthe, l’antanaclase, l’hypallage, l’asyndète, l’hypotypose,


l’hyperbate…Non, ce ne sont pas des maladies rares mais des figures de style !

Les figures de style sont des procédés littéraires qui créent des effets : effets de
rapprochement, de contraste, d’intensification, d’atténuation.

Si l’énumération des figures de style peut vite ressembler à une liste à la Prévert,
sache qu’en réalité, tu n’as besoin de connaître qu’une dizaine de figures de style
pour réussir ton bac..

Voici donc le top 12 des figures de style à connaître pour ton bac.

1 – La comparaison
Définition: La comparaison met en relation deux termes: le comparé et le
comparant.

Effet : La comparaison rapproche deux réalités différentes. C’est une figure de


style qui suggère une nouvelle réalité. A vous d’analyser si la comparaison est
méliorative (Elle est belle comme le soleil) ou péjorative (Elle est froide comme la
glace)

Exemple de comparaison: « Son regard est pareil au regard des statues »


(Verlaine, Mon rêve familier)

Le regard de la femme (comparé) est mis en relation avec le regard d’une statue
(comparant), à l’aide d’un outil comparatif (pareil à). Verlaine crée ainsi une
image de la femme ambivalente. La femme aimée est sublimée car elle apparait
aussi parfaite qu’une statue.

Néanmoins, la comparaison est inquiétante : une statue est sans vie, froide. La
comparaison suggère que la femme est inaccessible et n’appartient pas au monde
des vivants.

2 – la métaphore
Définition : Apprenez par cœur la définition de la métaphore : il s’agit d’une
comparaison sans outil comparatif, donc une comparaison sous-entendue.

Effet : La métaphore crée également une nouvelle réalité, une nouvelle image. Elle
transforme la réalité en rapprochant deux éléments différents.

Exemple de métaphore: « L’aube se passe autour du cou/ Un collier de


fenêtres » (Paul Eluard « la terre est bleue… »)

Le comparé est l’aube. Elle est implicitement comparée à une femme qui se passe
un collier autour du cou. La métaphore permet de rapprocher la figure de l’aube
avec celle d’une femme. Elle transfigure le moment du lever du jour en lui
attribuant le visage humain d’une femme qui se fait belle.

3 – La personnification
Définition : Personnifier, c’est prêter des qualités humaines à des êtres inanimés
ou à des animaux

Effet : Posez-vous toujours la question : pourquoi l’auteur personnifie-t-il une


chose, un animal ? Est-ce pour critiquer les hommes indirectement ? Est-ce pour
rendre sa description plus vivante ? La personnification est-elle méliorative,
péjorative ?

Exemple de personnification:

« Va-t-en, chétif Insecte, excrément de la terre. C’est en ces mots que le Lion
Parlait un jour au Moucheron. » (La Fontaine, Le lion et le moucheron).

Sans difficulté, vous percevez que La Fontaine personnifie le lion en lui prêtant la
qualité de pouvoir parler. La personnification du Lion permet implicitement à La
Fontaine de critiquer le roi soleil (Louis XIV).
4 – L’allégorie
Définition : L’allégorie est une personnification particulière : elle personnifie une
IDÉE ABSTRAITE. C’est par exemple la mort qui va être représentée comme une
faucheuse.

Effet : L’allégorie est un procédé d’écriture qui permet de rendre une idée concrète.
Elle peut être inquiétante, effrayante (la Mort comme une faucheuse,l’ Angoisse
comme un despote) ou plaisante (l’Amour comme une jeune femme). L’allégorie
rend les descriptions, les émotions vivantes, imagées.

Exemple d’allégorie:

« Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,/Défilent lentement dans


mon âme ; l’Espoir,/Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,/Sur
mon crâne incliné plante son drapeau noir » (Baudelaire, Quand le ciel bas
et lourd pèse comme un couvercle.)

Vous avez ici deux allégories pour le prix d’une : l’Espoir et l’Angoisse sont
représentés sous des traits humains.

Les allégories sont très simples à repérer car elles commencent dans 99% des cas
par une lettre majuscule. L’auteur les traite en effet comme des personnes, donc
comme des noms propres.

Ici, les allégories mettent en scène de façon imagée les sentiments du poète.
Baudelaire présente son paysage intérieur comme un véritable champ de bataille
duquel l’angoisse sort victorieuse. La représentation de l’angoisse sous les traits
d’un despote apparait effrayante, inquiétante et suggère par une image forte
l’horreur du sentiment ressenti.

5 – L’antithèse
Définition: L’antithèse est le rapprochement dans une phrase, un paragraphe ou
une strophe de mots de sens opposés.

Effet: L’antithèse est une figure de style qui souligne des contrastes, met en relief
des contradictions. Soyez attentifs car elle est très fréquente !

Exemple d’antithèse:

« Dans mon plaisir je souffre maintes graves tortures » Louise Labé, sonnets.
On repère une antithèse : plaisir/tortures.

Louise Labé rapproche des mots de sens opposés pour illustrer ses déchirements
internes et les contradictions du sentiment amoureux, source à la fois de joie et de
souffrance.

6 – L’oxymore
Définition: L’oxymore mérite largement sa place dans le top 12 des figures de style
! Il réunit deux avantages non négligeables : celui de paraître très savant tout en
restant très facile à repérer et analyser.

L’oxymore est la juxtaposition de deux mots de sens opposés.

Effet: Tout comme l’antithèse, l’oxymore souligne un contraste, une


contradiction. Il fait naitre une image inattendue.

Exemple d’oxymore: C’est encore Louise Labé, spécialiste des déchirements


internes, qui va nous fournir un exemple :

« Je vis, je meurs ; je brûle et je me noie »

Louise Labé juxtapose deux verbes de sens opposés. Elle met en relief la
contradiction de la passion amoureuse qui transporte et anéantit à la fois.

7 – L’anaphore
Définition:

L’anaphore est la reprise d’un même mot ou groupe de mots en début de


phrase, de proposition, de vers, strophe ou paragraphe. Elle permet d’insister sur le
mot répété.

Effet: L’anaphore insiste sur le mot répété. il faut rechercher les raisons de cette
insistance.

Exemple d’anaphore: « Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues,
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu » (Paul Eluard, je t’aime)

L’anaphore du « je t’aime » insiste sur la déclaration d’amour qui devient le


leitmotiv du poème.
8 – L’hyperbole
Définition: L’hyperbole est formidable. C’est un mot compliqué pour désigner
quelque chose de très simple (remarquez que je viens de faire une antithèse au
passage).

Elle désigne une exagération.

L’hyperbole emploie des termes dont le sens est fort par rapport à la réalité
désignée.

Effet: L’hyperbole est une figure de rhétorique qui exagère, amplifie la réalité.

L’exagération peut être parodique (dans un registre comique) ou emphatique


(dans un registre épique par exemple).

Exemple d’hyperbole : « Ils approchèrent enfin de la première maison du village


; elle était bâtie comme un palais d’Europe. » (Voltaire, Candide)

Une maison de village est comparée à un palais d’Europe. Cette exagération met en
valeur le village visité par Candide.

9 – La gradation
Définition:

La gradation est une suite de termes d’intensité croissante ou décroissante.

Effet: La gradation suggère l’ampleur, le mouvement de ce qui est décrit. Elle


intensifie une description et met en valeur le dernier mot.

Exemple de gradation: « C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap ! Que dis-
je, c’est un cap ?… C’est une péninsule ! » Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

La gradation intensifie la description du nez de Cyrano et met en relief, par un


effet d’annonce, le terme hyperbolique de péninsule.
10 – la métonymie
Définition:

Vous avez souvent du mal à la repérer. La métonymie consiste à substituer un mot


par un autre terme qui lui est proche, avec lequel elle entretient une relation
proche.

Effet: La métonymie va concentrer l’attention sur un élément particulier.

Exemples de métonymie:

♦ « Une main ouvrit la porte »

On désigne un être par seulement une de ses parties : la main. La métonymie


concentre ici toute l’attention du lecteur sur la main, créant ainsi un effet de
suspens car elle retarde le moment où le lecteur va prendre connaissance de
l’identité de la personne qui entre en scène.

♦ « Mon cœur se gardait bien d’aller dans l’avenir » (Racine, Bérénice)

Le personnage ne dit pas « je » mais « mon cœur ». La métonymie concentre


l’attention sur la partie de son corps qui représente le siège de ses sentiments.

11 – La périphrase
Définition:

La périphrase, c’est un groupe de mots utilisé pour désigner un être ou une


chose.

Effet:

La périphrase permet d’évoquer une chose indirectement.

Regardez toujours si elle est méliorative ou péjorative : cela orientera votre


analyse.

Par exemple, « l’astre du jour » présente le soleil sous des traits majestueux. En
revanche, « le vieux crétin d’en face » désigne votre voisin de palier sous des traits
peu enviables.
12 – le chiasme
Définition: Le chiasme, c’est mon chouchou. Il est d’une élégance rare et d’une
grande facilité à commenter.

Il s’agit d’une structure ABBA.

Exemple de chiasme: « Des cadavres dessous et dessus des fantômes » Victor


Hugo

Cadavres/fantômes (AA) sont quasiment synonymes, tandis que dessous/dessus


(BB) se répondent.

Effet du chiasme: En tant que structure fermée, il permet dans 90% des cas de
suggérer l’enfermement, l’absence d’issue. Il peut également suggérer une forte
contradiction.

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