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Figures de style : le guide complet

Mis à jour le 21 juin 2022 par La langue française - 12 commentaires

SOMMAIRE

1. 2.1 Les figures d'analogie


2. 2.2 Les figures de substitution
3. 2.3 Les figures d'insistance ou d'exagération
4. 2.4 Les figures d'atténuation
5. 2.5 Les figures d'opposition
6. 2.6 Les figures de rupture
7. 2.7 Les figures qui jouent sur les sons (reprise ou proximité des sons)
8. 2.8 Les figures jouant sur le discours

Les figures de style composent les plus beaux textes littéraires de la langue
française. Voici un article listant, à l'aide d'une définition simple et
d'exemples, les principales figures de style en français.

1/ Définition d'une figure de style


Une figure de style est un procédé d'expression qui s'écarte de l'usage
ordinaire de la langue. A l'origine, les figures de style sont liées à la
rhétorique (l'art du discours) et étaient très utilisées dans le but de
convaincre son interlocuteur ou le séduire.

La linguistique a identifié plusieurs centaines de figures de style et les a


classifiées en différentes catégories. Les figures de style sont employées à
la fois à l'écrit et à l'oral. Pour comprendre l'origine et la signification du
concept de figure et les principes qui régissent leur classification, nous vous
invitons à lire cette introduction aux figures de style. Cet article
présente l’histoire de leur théorisation, ainsi que le dialogue qu’elles
instaurent entre rhétorique, stylistique et linguistique.

2/ Liste des figures de style et exemples


2.1 Les figures d'analogie
2.1.1 La comparaison

Définition : une comparaison en une mise en relation, à l'aide d'un mot de


comparaison appelé le « comparatif », de deux réalités, choses, personnes
etc. différentes mais partageant des similarités. La comparaison est l'une
des plus célèbres figures de style et est très utilisée.

Attention à ne pas confondre la figure de style avec la comparaison


grammaticale qui est utilisée pour montrer des différences ou des
ressemblances. On distingue deux types de comparaison selon Bernard
Dupriez :

 comparaison simple : une comparaison qui n'est pas une image


littéraire, elle n'a rien de figuratif. Exemple : "La mère est plus grande
que son fils".
 comparaison figurative : cette comparaison a une dimension
rhétorique et met l'accent sur le comparant. Lorsqu'on parle de figure
de style, on évoque ce type de comparaison.

Structure :

1. un comparant (appelé parfois le « phore ») : c'est l'objet de la


comparaison (une personne, une chose etc.) ;
2. un comparé (appelé parfois le « thème ») : c'est ce qui est comparé
par rapport au comparant ;
3. un mot de comparaison, appelé aussi parfois mot-outil, ou
« comparatif ». Le mot de comparaison généralement utilisé est
« comme ».

Exemples :

[...] le monocle du général, resté entre ses paupières, comme un éclat


d'obus dans sa figure vulgaire.

Marcel Proust,  Du côté de chez Swann

La mer est si bleue qu'il n'y a que le sang qui soit plus rouge.

Françoise Soublin, Sur une règle rhétorique d'effacement

 
Et nous alimentons nos aimables remords
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

Joaquim Du Bellay, Comme le champ semé en verdure foisonne

Et cette terre était proche, et elle lui apparaissait comme un bouclier sur la
mer sombre.

Homère, L'Odyssée

Lire l'article complet sur la comparaison >

2.1.2 La métaphore

Définition : une métaphore désigne une chose par une autre qui lui
ressemble ou qui a une qualité similaire. On la confond souvent avec la
comparaison dont la différence est qu'elle affirme une similitude alors que la
métaphore la laisse deviner. La métaphore est ainsi plus subtile que la
comparaison et n'utilise pas de mot-outil de comparaison.

Aristote, le philosophe grec, est le premier à évoquer la métaphore comme


procédé littéraire dans son ouvrage « Poétique ».

Pour Cicéron, « la métaphore est une comparaison abrégée, et renfermée


dans un mot mis à la place d'un autre". Quand la langue ne permet pas
d'exprimer correctement sa pensée, les métaphores sont "comme des
espèces d'emprunts par lesquels nous allons trouver ailleurs ce qui nous
manque. D'autres, plus hardies, ne sont pas des signes d'indigence, mais
répandent de l'éclat sur le style. »

On parle de « métaphore filée » lorsqu'elle est continuée durant toute une


partie d'un texte.

Exemples :

Il pleut des cordes.

Expression populaire

La vieillesse est le soir de la vie.

 
Vieil Océan, ô grand célibataire.

Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant I.

Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

Victor Hugo, La Légende des siècles, Booz endormi.

Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées.

Baudelaire, Spleen

Lire l'article complet sur la métaphore >

2.1.3 La personnification

Définition : La personnification consiste à attribuer des propriétés


humaines à un animal ou à une chose dans le but de les faire parler ou
agir.

Une personnification peut avoir plusieurs effets : un effet allégorique (on


parle souvent d'allégorie dans ce cas plutôt que personnification) ou un
effet anthropomorphique (humaniser un être ou une chose non-humaine).

Exemples :

Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis.

Jean Racine, Phèdre

On craint qu'avec Hector Troie un jour ne renaisse.

Jean Racine, Andromaque

Le soleil aussi attendait Chloé, mais lui pouvait s'amuser à faire des
ombres.
Boris Vian, L'écume des jours.

Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux – Et je l'ai trouvée amère.

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer.

Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse.

Alfred de Vigny, Les Destinées, La Maison du Berger.

Lire l'article complet sur la personnification >

2.1.4 L'allégorie

Définition : Une allégorie est une représentation indirecte qui emploie une


personne, un être animé ou inanimé, une action, une chose, comme signe
d'une autre chose, cette dernière étant généralement une idée abstraite ou
une notion morale difficile à représenter directement.

Il existe plusieurs allégories célèbres comme :

 L'allégorie de la caverne de Platon.


 L'allégorie de la mort : elle est représentée par un squelette armé
d'une faux souvent nommée « La faucheuse ».
 L'allégorie de l'angoisse : le tableau « Le Cri » d'Edvard Munch.

Le Cri, Edvard Munch


Exemples :

Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,


Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, Spleen LXXVIII

L'Angleterre est un vaisseau. Notre île en a la forme : la proue tournée au


Nord, elle est comme à l'ancre au milieu des mers, surveillant le continent.

Alfred de Vigny, Chatterton

La Déroute, géante à la face effarée,


La Déroute apparut au soldat qui s'émeut,
Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut !

Victor Hugo, L'Expiation

Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.


Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.

Victor Hugo, Les Contemplations.

Je veux peindre la France une mère affligée,


Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.

Agrippa d’Aubigné - Les Tragiques

Lire l'article complet sur l'allégorie >


2.1.5 L'image littéraire

Définition : une image littéraire rapproche deux champs lexicaux similaires


dans le but de donner plus de sens à la phrase. Elle peut ainsi détourner le
sens initial des termes utilisés afin de créer une idée neuve.

Exemples :

Le soleil noir.

Gerard de Nerval, El Desdichado

Les souvenirs sont cors de chasse


Dont meurt le bruit parmi le vent

Guillaume Apollinaire, Cors de chasse

Lire l'article complet sur l'image littéraire >

2.2 Les figures de substitution

2.2.1 La métonymie

Définition : une métonymie désigne une chose par un autre terme qui


convient pour la reconnaître. Il existe une relation entre l'objet ou l'idée
désignée et le terme, créant une relation de cause à effet, de contenant à
contenu (exemple : boire un verre = le récipient pour le liquide), de l’artiste
pour l’œuvre, de la ville pour ses habitants etc.

Exemples :

Rodrigue, as-tu du cœur

Pierre Corneille, Le Cid

Cent voiles flottent à l'horizon.

Consulter le Larousse.
Il est monté sur le trône de fer

Contempler un bronze de Rodin (à propos d'une statue du célèbre


sculpteur).

Lire l'article complet sur la métonymie >

2.2.2 La synecdoque

Définition : une synecdoque est un type particulier de métonymie qui


assigne à un mot un sens plus large. Elle est généralement utilisée pour
exprimer la partie pour le tout, l'espèce pour le genre, la matière pour l'objet
ou le concret pour l'abstrait.

Exemples :

 Son vélo a crevé (pour signifier que le pneu du vélo a crevé)


 Le bateau crache une fumée noire (pour signifier que la cheminée du
bateau crache de la fumée)
 Regarde le vison que je viens d'acheter (pour signifier la fourrure de
vison)
 Respectez ses cheveux blancs (respectez son grand âge)
 Un troupeau de quarante têtes (quarante animaux)

Lire l'article complet sur la synecdoque >

2.2.3 La périphrase

Définition : une périphrase est le fait de remplacer un mot par sa définition


ou une expression plus longue ayant le même sens. Elle est souvent
utilisée dans un but poétique ou métaphorique.

Exemples :

 La ville rose (pour désigner Toulouse)


 La langue de Shakespeare (pour désigner la langue anglaise)
 Le billet vert (pour désigner le dollar américain)
 Le roi soleil (pour désigner Louis XIV)
 Les forces de l'ordre (pour désigner les policiers)

Lire l'article complet sur la périphrase >


2.2.5 Le symbole

Définition : un symbole est l'utilisation d'une image comme référence à


quelque chose. Il permet de donner une image parlante sur une idée ou
une chose.

Exemples :

Le poète est semblable au prince des nuées


Qui hante la tempête et se rit de l'archer

Baudelaire, Les Fleurs du mal, L’Albatros

Brûler d'une possible fièvre (...)


Aimer jusqu'à la déchirure (...)
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile.

Jacques Brel

Lire l'article complet sur le symbole >

2.2.6 L'hypallage

Définition : l'hypallage consiste à lier deux termes syntaxiquement alors


qu'on s'attendrait plutôt à voir l'un des deux lié à un troisième terme présent
à proximité dans le texte.

Exemples :

Un vieillard en or avec une montre en deuil

Jacques Prévert (plutôt que la montre en or et le vieillard en deuil).

Les habitants de l'orgueilleuse Rome

Jean Racine (au lieu des habitants orgueilleux de Rome).

 
Phèdre mourait, Seigneur, et sa main meurtrière
éteignait de ses yeux l’innocente lumière.

Jean Racine, Phèdre (plutôt que "la lumière de ses yeux innocents")

Lire l'article complet sur l'hypallage >

2.2.7 Le cliché

Définition : un cliché est l'usage d'une image usée, qu'on rapproche du


stéréotype. Par son usage répété, l'expression est considérée comme
obsolète, voire ringarde. On fait souvent référence au bon mot de Gérard
de Nerval à ce propos : « Le premier homme qui a comparé une femme à
une fleur était un poète, le deuxième un imbécile ». Gustave Flaubert les
recense dans son Dictionnaire des idées reçues.

Exemples :

 Des cheveux d'or.


 Avoir le coeur sur la main.
 La neige étend son blanc manteau.

Lire l'article complet sur le cliché >

2.2.8 L'antonomase

Définition : une antonomase est le fait d'utiliser un nom propre comme un


nom commun ou un nom commun comme un nom propre. On peut aussi
remplacer un nom par une périphrase.

Exemples :

 La capitale de la France (pour désigner Paris).


 Un dom juan (pour désigner un séducteur).
 Un gavroche (pour désigner un enfant pauvre, en référence au
célèbre personnage de Victor Hugo).
 Une poubelle (pour désigner l'objet qui a peu à peu pris le nom de
son inventeur).
 Le Prince des poètes (pour désigner Pierre de Ronsard).

Lire l'article complet sur l'antonomase >

2.3 Les figures d'insistance ou d'exagération


2.3.1 L'hyperbole

Définition : l'hyperbole consiste à exagérer, amplifier une idée ou une


réalité, dans le but de la renforcer et la mettre en avant. Elle fait en général
référence à quelque chose d'impossible, dans un but ironique ou de
dramatisation.

Exemples :

Je meurs de soif.

Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes


l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve,
jaune, tanné.

Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d'or

Je n'ai plus que la peau sur les os.

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.

La Fontaine, Le Corbeau et le renard

Semble élargir jusqu'aux étoiles


Le geste auguste du semeur.

Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles.

Pour en savoir plus sur l'hyperbole, lisez cet article.

2.3.2 L'accumulation

Définition : une accumulation est l'énumération de plusieurs termes


appartenant à la même catégorie dans le but de créer un effet
d'amplification.

Exemples :

 
Adieu, veau, vache, cochon, couvée.

La Fontaine, La Laitière et le Pot de Lait.

Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé, / Décrépit, poudreux, sale,


abject, visqueux, fêlé (...)

Charles Baudelaire, Le Flacon

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux
armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons
formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer.

Voltaire, Candide

2.3.3 La gradation

Définition : une gradation est une énumération allant croissant ou


décroissant en termes d'intensité. Elle permet de créer un effet
d'intensification ou de diminution progressive de la force du propos.

Exemples :

Va, cours, vole, et nous venge.

Corneille, Le Cid

C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap !


Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

C'en est fait ; je n'en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré.

Molière, L'Avare

 
Vous voulez qu’un roi meure, et pour son châtiment
Vous ne donnez qu’un jour, qu'une heure, qu'un moment !

Racine, Andromaque

Ah ! Oh ! Je suis blessé, je suis troué, je suis perforé, je suis administré, je
suis enterré.

Alfred Jarry, Ubu roi

2.3.4 L'anaphore

Définition : une anaphore est la répétition du même terme ou de la même


expression en début de phrase et à plusieurs reprises. Elle permet de
marteler une idée.

Exemples :

Patience, patience,
Patience dans l'azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr !

Paul Valéry, Palme in Charmes

Rome, l'unique objet de mon ressentiment !


Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !
Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !

Corneille, Horace, Camille

Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime

Paul Éluard, À peine défigurée in La vie immédiate


 

Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !

Charles de Gaulle, extrait du discours du 25 août 1944 suite de la libération de Paris

Pour en savoir plus sur l'anaphore, lisez cet article.

2.3.5 Le parallélisme

Définition : un parallélisme est une apposition de deux constructions de


phrase identiques dans un texte.

Exemples :

Innocents dans un bagne, anges dans un enfer.

Victor Hugo, Les Contemplations

Femme nue, femme noire, / Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui
est beauté.

Léopold Sédar Senghor, Femme noire

Mon cheval sera la joie


Ton cheval sera l'amour

Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de


musique

En savoir plus sur le parallélisme >

2.3.6 L'épanadiplose

Définition : une épanadiplose est la reprise à la fin d'une phrase du même


mot que celui utilisé en début de phrase.

Exemples :

 
L'homme peut guérir de tout, non de l'homme

Georges Bernanos

Mais elle était du monde, où les plus belles choses


Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
L'espace d'un matin.

François de Malherbe, Consolations à M. du Périer

L'homme peut guérir de tout, non de l'homme.

Georges Bernanos, Nous autres Français

L'enfance sait ce qu'elle veut. Elle veut sortir de l'enfance.

Jean Cocteau, La difficulté d'être

Pour en savoir plus sur l'épanadiplose, lisez cet article.

2.3.7 L'épanalepse

Définition : l'épanalepse, à ne pas confondre avec l'épanadiplose, est la


reprise d'un groupe de mot au début d'une proposition.

Exemples :

Ô triste, triste était mon âme


À cause, à cause d’une femme.

Verlaine, Romances sans paroles

De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace...

Danton, Discours le 2 septembre 1792

 
Je suis gai ! Je suis gai ! Vive le vin et l'art !...

Émile Nelligan, La Romance du vin dans Poésies complètes

En savoir plus sur l'épanalepse >

2.3.8 L'épiphore

Définition : une épiphore est la reprise d'un mot ou d'un groupe de mot


dans plusieurs phrases (ou vers) qui se suivent. Elle est utilisée pour créer
un effet rythmique et insister sur un mot en particulier à l'aide de la
répétition.

Exemples :

Moi qui n'ai jamais prié Dieu


Que lorsque j'avais mal aux dents
Moi qui n'ai jamais prié Dieu
Que quand j'ai eu peur de Satan
Moi qui n'ai prié Satan
Que lorsque j'étais amoureux
Moi qui n'ai prié Satan
Que quand j'ai eu peur du Bon Dieu

Jacques Brel, La Statue

Je veux que chacune et chacun puisse travailler dans notre pays plus


facilement, que les entrepreneurs embauchent plus facilement, que les
entrepreneurs investissent plus facilement, mais que chacune et chacun
puisse aussi travailler plus facilement et soit mieux récompensé de son
travail.

Emmanuel Macron, Discours de Clermont-Ferrand, 7 janvier 2017

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Pour en savoir plus sur l'épiphore, lisez cet article.


2.4 Les figures d'atténuation
2.4.1 L'euphémisme

Définition : un euphémisme désigne le fait d'atténuer une idée ou une


réalité. Il s'oppose à l'hyperbole.

Exemples :

 Troisième âge pour désigner les personnes âgées.


 Personne modeste pour désigner une personne pauvre.
 Non-voyant pour désigner un aveugle.
 Vivre est un village où j'ai mal rêvé : formule de Aragon pour dire que
le monde est pour lui un enfer après deux guerres mondiales.

Pour en savoir plus sur l'euphémisme, lisez cet article.

2.4.2 La litote

Définition : une litote consiste à dire moins pour suggérer davantage. Elle


prend souvent la forme d'une formulation négative et s'oppose à
l'euphémisme. La litote en tant que style d'écriture en français a été très
populaire aux XVIIème et XVIIIème siècles. "Le classicisme - et par là
j'entends : le classicisme français - tend tout entier vers la litote. C'est l'art
d'exprimer le plus en disant le moins." disait à ce propos André Gide.

Exemples :

Il n’est pas complètement stupide. (il est très intelligent)

Va, je ne te hais point

Corneille, Le Cid

Mais vous ne voyez pas que Monsieur Jourdain, Madame, mange tous les
morceaux que vous touchez.

Molière, Le Bourgeois Gentilhomme

Je ne dis pas non (j'accepte avec plaisir).

 
Ensuite la mousquèterie ôta du meilleur des mondes neuf à dix mille
coquins…

Voltaire, Candide

Pour en savoir plus sur la litote, lisez cet article.

2.5 Les figures d'opposition


2.5.1 L'antiphrase

Définition : une antiphrase est le fait de dire le contraire de ce que l'on


pense, dans un but ironique. L'ironie évidente ainsi que le contexte permet
de comprendre que c'est une antiphrase plutôt que la véritable pensée de
la personne.

Exemples :

Tu es arrivé en retard à ton rendez-vous ? Ah, bravo !

C'est malin ! (pour signifier le contraire)

"Tout ce joli monde se retrouvera là-haut


Près du bon dieu des flics

Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux

Pour en savoir plus sur l'antiphrase, lisez cet article.

2.5.2 L'antithèse

Définition : une antithèse consiste à rapprocher deux termes qui


s'opposent pour en renforcer le contraste.

Exemples :

Tout lui plaît et déplaît, tout le choque et l'oblige. Sans raison il est gai, sans
raison il s'afflige.

Boileau, Satires

 
J'aime la liberté et languis en service, [...] Je n'aime point la cour et me faut
courtiser...

Joachim du Bellay, Les Regrets

Il a l'air vivace et maladif.

Victor Hugo, Les Misérables

Je suis au cœur du temps et je cerne l'espace.

Paul Éluard, L'amour la poésie

L'une est moitié suprême et l'autre subalterne.

Molière, L'école des femmes

Pour en savoir plus sur l'antithèse, lisez cet article.

2.5.3 L'oxymore

Définition : un oxymore est le fait de rapprocher deux termes dont le


rapprochement est inattendu et crée une formule en apparence
contradictoire.

Exemples :

Éphémère immortel

Paul Valéry, Charmes

Le superflu, chose très nécessaire

Voltaire, Le Mondain

 
À travers la noirceur de l'ombre, qui cache la mer et les cieux,
Une clarté blafarde et sombre, fait voir l'une et l'autre à nos yeux.

Madeleine de Scudéry, Le Cabinet

(...) de grandes vaches se déplaçaient avec lenteur dans un silencieux


tintement de clochettes.

Alain Robbe-Grillet, Le miroir qui revient

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles


Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;

Corneille, Le Cid

Pour en savoir plus sur l'oxymore, lisez cet article.

2.5.4 Le chiasme

Définition : un chiasme est composé de deux expressions qui se suivent,


mais la deuxième adopte l’ordre inverse de la première (A – B / B’ – A’).

Exemples :

Parler en mangeant, manger en parlant

Balzac

Tu m'emmènes, je t'enlève...

Victor Hugo, La Légende des siècles

Ayant le feu pour père, et pour mère la cendre.

Agrippa d'Aubigné

 
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés

Jean de La Fontaine, Les animaux malades de la Peste

Vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre.

Gandhi

Pour en savoir plus sur le chiasme, lisez cet article.

2.5.5 Le paradoxe

Définition : un paradoxe en tant que figure de style est le fait d'énoncer


une idée qui va à l'encontre de l'opinion commune, dans le but de choquer
ou d'interpeler.

Exemples :

De nombreux enfants au Q.I. très élevé sont en échec scolaire

Paris est tout petit, c'est là sa vraie grandeur.

Jacques Prévert

L'ascension procède du vide

Novalis

Pour en savoir plus sur le paradoxe >

2.6 Les figures de rupture


2.6.1 Le zeugme

Définition : un zeugme (ou zeugma) est une ellipse d'un mot ou d'un
groupe de mots qui devraient être normalement répétés, ce qui a pour
conséquence de mettre sur le même plan syntaxique deux éléments
appartenant à des registres sémantiques différents. On rattache deux
éléments appartenant à un registre sémantique différent en les liant à un
terme commun.
Exemples :

Vêtu de probité candide et de lin blanc.

Victor Hugo, Booz endormi

Il croyait à son étoile et qu’un certain bonheur lui était dû.

André Gide

Ils savent compter l’heure et que la terre est ronde.

Musset

Les marchands de boisson et d’amour.

Guy de Maupassant

Sous le pont Mirabeau coule la Seine


Et nos amours.

Guillaume Apollinaire, Alcools

Pour en savoir plus sur le zeugme, lisez cet article.

2.6.2 L'anacoluthe

Définition : une anacoluthe est une rupture de la construction syntaxique


d'une phrase. La phrase ne suit alors pas la logique habituelle de la
construction syntaxique.

Exemples :

Exilé sur le sol au milieu des huées


Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
.

Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face de la terre en eût été
changée.

Pascal, Pensées

Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera :


Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.

Jean Racine, Les Plaideurs

Toutes les dignités que tu m'as demandées,


Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées.

Pierre Corneille, Cinna

Étourdie, ivre d'empyreumes,


Ils m’ont, au murmure des neumes,
Rendu des honneurs souverains.

Paul Valéry, La Pythie

En savoir plus sur l'anacoluthe >

2.6.3 L'ellipse

Définition : une ellipse consiste à omettre volontaire un mot ou un groupe


de mot logiquement nécessaires à la construction de la phrase.

Exemples : 

L’Oréal, parce que je le vaux bien

Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur
Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un
camarade.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.

Je n'avance guère. Le temps beaucoup.

Eugène Delacroix

La musique souvent me prend comme une mer !


[…]
… D'autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !

Charles Baudelaire, La Musique dans Les Fleurs du mal

Pour en savoir plus sur l'ellipse >

2.6.4 L'asyndète

Définition : une asyndète est le fait de supprimer les liens logiques et les


conjonctions de coordination dans une phrase.

Exemples :

Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu.

Jules César

Cette triste femme contemplait avec douceur les enfants, les bébés.

Marie-Claire Blais, Une saison dans la vie d'Emmanuel

Métro, boulot, dodo

Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l’escalier,


parcourt l’antichambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne
lui est nouveau ; il s’assit, il se repose, il est chez soi ;

La Bruyère, Les Caractères
En savoir plus sur l'asyndète >

2.6.5 La polysyndète

Définition : une polysindète consiste à répéter la même conjonction de


coordination devant chaque terme d’une énumération, ou devant chacun
des membres d’une phrase.

Exemples :

Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.

Arthur Rimbaud, Les Illuminations

Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie.

Émile Nelligan, Poésies complètes

En savoir plus sur la polysyndète >

2.7 Les figures qui jouent sur les sons (reprise ou proximité
des sons)
2.7.1 L'assonance

Définition : l'assonance est le fait de répéter les mêmes voyelles ou le


même son dans un phrase ou plusieurs vers. Elle s'oppose à la contre-
assonance qui est la répétition des voyelles en fin de phrase (brise / vase).

Exemples :

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.

Racine, Phèdre
 

Quelqu'un pleure sa douleur


Et c'est mon cœur !

Émile Nelligan, Quelqu'un pleure dans le silence

Lève, Jérusalem, lève ta tête altière

Jean Racine

En savoir plus sur l'assonance >

2.7.2 L'allitération

Définition : l'allitération est légèrement différente de l'assonance. Elle


consiste à une répétition de sons formés à l'aide de consonnes et non de
voyelles. Les allitérations font souvent l'objet de virelangues.

Exemples :

Voilà ! Vois en moi l'image d'un humble vétéran de vaudeville,


distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par
les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu'un vil vernis de vanité, est
un vestige de la vox populi aujourd'hui vacante, évanouie. Cependant,
cette vaillante visite d'une vexation passée se retrouve vivifiée et a
fait vœu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice
et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition.
Un seul verdict : la vengeance. Une vendetta telle une offrande votive mais
pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir
le vigilant et le vertueux. [Il rit] En vérité, ce velouté
de verbiage vire vraiment au verbeux alors laisse-moi simplement ajouter
que c'est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi V.

Lana et Lilly Wachowski, V pour Vendetta

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Racine, Andromaque

 
La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Baudelaire, Les Fleurs du mal, À une passante.

Pour en savoir plus sur l'allitération, lisez cet article.

2.7.3 La paronomase

Définition : une paronomase est le fait de rapprocher deux homonymes


(qui se prononcent pareil) ou deux paronymes (qui se prononcent presque
pareil).

Exemples :

Comme la vie est lente


Et comme l'Espérance est violente

Guillaume Apollinaire, Alcools, Le Pont Mirabeau

Qui se ressemble s'assemble.

Et l'on peut me réduire à vivre sans bonheur,


Mais non pas me résoudre à vivre sans honneur.

Corneille, Le Cid

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

François Rabelais, Pantagruel

De Gaulle comme une invocation, de Gaulle comme une provocation, de


Gaulle comme une vocation.

discours prononcé par François Hollande le 27 mai 2015 au Panthéon lors de la cérémonie


d'hommage à Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillion et Jean
Zay

Pour en savoir plus sur la paronomase, lisez cet article.


2.7.4 L'homéotéleute

Définition : l'homéotéleute est le fait de répéter un son à la fin de plusieurs


mots successifs.

Exemples :

Cette tour était la flèche la plus hardie,


la plus ouvrée,
la plus menuisée,
la plus déchiquetée,
qui ait jamais laissé voir le ciel
à travers son cône dentelle.

Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

...pipeur, buveur de pavés, ribleur s'il en était à Paris...

Rabelais, Pantagruel

Et il frissonne, sans personne !...

Jules Laforgue, L'Hiver

...un parler (...) non pédantesque, non fratesque [de moine], non


plaideresque, mais plutôt soldatesque...

Montaigne, Essais

Temps passés
Trépassés Les dieux qui me formâtes
Je ne vis que passant ainsi que vous passâtes

Guillaume Apollinaire, Cortège, Alcools

Pour en savoir plus sur l'homéotéleute, lisez cet article.


2.8 Les figures jouant sur le discours
2.8.1 La prosopopée

Définition : une prosopopée consiste à faire parler un mort, un animal ou


une chose. Elle est similaire à la personnification même si le fait de faire
parler quelque chose ne la change pas en personne. La prosopopée est
utilisée fréquemment dans les textes juridiques comme par exemple dans
la Constitution américaine : "Nous, Peuple des États-Unis, en vue de
former une Union plus parfaite...".

Exemples :

Je suis la pipe d'un auteur ;


On voit, à contempler ma mine,
D’Abyssinienne ou de Cafrine,
Que mon maître est un grand fumeur.

Charles Baudelaire

Écoutez. Je suis Jean. J'ai vu des choses sombres.

Victor Hugo, Les Contemplations

Pour en savoir plus sur la prosopopée, lisez cet article.

2.8.2 La prétérition

Définition : une prétérition est le fait de parler de quelque chose après


avoir annoncé que vous n'en parlerez pas.

Exemples :

Je n'essaierai donc pas de vous décrire quel sombre enthousiasme se


manifesta dans l'armée insurgée après l'allocution de Biassou. Ce fut un
concert distordant de cris, de plaintes, de hurlements. Les uns se frappaient
la poitrine, les autres heurtaient leurs massues et leurs sabres…

Victor Hugo, Bug-Jargal
Monsieur de La Rochefoucauld, pour ne pas le nommer...

Inutile de vous présenter monsieur Dupont.

Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant,


rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une
description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens
pressés ne pardonneraient pas. Le carreau rouge est plein de vallées
produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin, là règne la
misère sans poésie ; une misère économe, concentrée, râpée. Si elle n'a
pas de fange encore, elle a des taches ; si elle n'a ni trous ni haillons, elle
va tomber en pourriture.

Balzac, Le Père Goriot

Aussi, en fait de détails atroces, mon livre n'ajoutera-t-il rien à ce que les
lecteurs du monde entier savent déjà sur l'inquiétante question des camps
d'extermination. Je ne l'ai pas écrit dans le but d'avancer de nouveaux
chefs d'accusation, mais plutôt pour fournir des documents à une étude
dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine. (...) Il me semble
inutile d'ajouter qu'aucun des faits n'y est inventé.

Primo Levi, Préambule de Si c'est un homme

En savoir plus sur la prétérition >

2.8.3 La question rhétorique

Définition : une question rhétorique est une fausse question généralement


dans le but de maintenir l'intérêt de son interlocuteur.

Exemples :

Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

La Fontaine, Le Renard et les Raisins

 
Quoi ? Tu veux qu’on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend,
qu’on renonce au monde pour lui, et qu’on n’ait plus d’yeux pour
personne ?

Molière, Dom Juan

Mais les hommes conservent-ils de la passion dans ces engagements


éternels ?

Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves

Ah ! Fallait-il en croire une amante insensée ? Ne devais-tu pas lire au fond
de ma pensée ?

Jean Racine, Andromaque

Qu'y a-t-il de plus vivant que les troupeaux ?

Henri Michaux, Passages

En savoir plus sur la question rhétorique >

2.8.4 L'astéisme

Définition : un astéisme consiste à complimenter, flatter quelqu’un en


jouant la comédie du blâme.

Exemples :

Il paraît que tu ne comprends


Pas les vers que je te soupire
Tu les inspires, c’est bien pire.

Paul Verlaine, Dans les limbes.

 
Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire.
Tu sais bien que mon style est né pour la satire ;
Mais mon esprit, contraint de la désavouer.

Boileau, Épître VIII, Au Roy

En savoir plus sur l'astéisme >

2.8.5 La parataxe

Définition : la parataxe est une figure qui consiste à juxtaposer les mots,
groupes de mots dans une phrase sans inclure de mots de liaison.

Exemples :

Les bonnes fondent sur moi ; je leur échappe ; je cours me barricader dans
la cave de la maison.

Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe

J’ai pris l’autobus à 2 heures. Il faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant,
chez Céleste, comme d’habitude.

Albert Camus, L'Étranger

En savoir plus sur la parataxe >

2.8.6 L'hypotaxe

Définition : inverse de la parataxe, l'hypotaxe consiste à utiliser


abondamment des liens de subordination ou de coordination dans une
phrase complexe, où les propositions se succèdent.

Exemple :

Il rajusta son col et son gilet de velours noir sur lequel se croisait plusieurs
fois une de ces grosses chaînes d'or fabriquées à Gênes ; puis, après avoir
jeté par un seul mouvement sur son épaule gauche son manteau doublé de
velours en le drapant avec élégance, il reprit sa promenade sans se laisser
distraire par les œillades bourgeoises qu'il recevait.

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