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Les figures du discours


On dit aussi figures de style ou de rhétorique. Anciennement, on disait les tropes. Le trope
désigne toutes les façons de "tourner" le mot « afin de lui faire signifier ce qu’il ne signifie point dans
le sens propre » (César Chesneau Dumarsais, Traités des tropes, 1730). La rhétorique correspond à
l’art du discours dans la tradition française qui remonte aux auteurs latins et grecs de l’antiquité.

« Les Tropes sont certains sens plus ou moins différents du sens primitif, qu'offrent, dans l'expression
de la pensée, les mots appliqués à de nouvelles idées » (Pierre Fontanier, Les Figures du discours,
1821).

Figures d’analogies

- La comparaison : elle établit très clairement la ressemblance entre deux objets par
l’emploi d’un terme comparatif ou d’une construction de comparaison

Exemples : 1. Cette femme est belle comme une rose. 2. L'homme est semblable à un roseau.

- La métaphore : elle établit une ressemblance entre deux objets sans l’emploi d’un terme
comparatif ni d’une construction de comparaison. Elle demeure implicite.
. In praesentia : si les deux éléments comparés sont nommés.
. In absentia : seul le comparant ou le comparé est nommé. L’un des deux termes est
donc absent.
. Filée : La métaphore se développe entraînant toute une série de métaphores qui
s’inscrivent dans la même thématique.

Exemples : 1. Cette femme est une merveilleuse rose. (voir la poésie de Ronsard) 2. L'homme est un
roseau pensant. (Pascal) 3. Une cloche rageuse y aboie vers midi (Apollinaire) (Le bruit désagréable et
brutal de la cloche fait penser à un chien qui aboie. Cloche est le comparé et chien le comparant
absent. C’est donc une métaphore in absentia.)

- L’allégorie : le comparé est une abstraction.


Exemple : 1. « Le malheur a percé mon vieux cœur de sa lance » (Verlaine) : le malheur est présenté
sous les traits d’un cavalier. 2. « L’espoir […] sur mon crâne incliné plante son drapeau noir ».
(Baudelaire)

- La personnification : « faire d’un être inanimé, insensible, d’un objet ou d’un animal une
espèce d’être réel et physique, doué de sentiment et de vie, enfin ce qu’on appelle une
personne ».
Exemple : La fourmi pense à son avenir au lieu de profiter du moment présent. (cf. Fable de La
Fontaine ; c’est personnification car seul l’être humain pense).

- Le procédé d’animation : donner vie à l’inanimé mais non jusqu’à le personnifier.


Exemple : Ce canapé pousse un cri à chaque fois qu’on s’assoit dessus. (crier peut être animal, ce
n’est pas forcément humain. Donc c’est un procédé d’animation et non nécessairement une
personnification.)

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Figures de contiguïté

- La métonymie : Le remplacement du terme propre par un autre qui lui est proche dans la
réalité ou qui en représente une qualité (cause, possession, partie…) et qui a avec lui une
relation logique.
Exemples : 1. Les trams sont en grève. > on veut dire leurs conducteurs. 2. A 6 heures, Paris s’éveille.
> les habitants de Paris se réveillent. 3. J’adore ce Zola. > ce roman de Zola. 4. Le prince renonce à la
couronne. > il renonce à la royauté, il ne veut pas devenir roi.

- La synecdoque : « l’existence ou l’idée de l’un se trouve comprise dans l’existence ou


l’idée de l’autre » (cf. Dumarsais). C’est donc une métonymie spécialisé dans le rapport
logique d’inclusion.
Exemples : 1. Savourer une bonne bouteille. 2. Boire un verre. > Ce n’est ni la bouteille ni le verre
qu’on savoure, mais leur contenus : le vin ou autre boisson.

Figures d’opposition

- L’antithèse : jeu d’opposition très net entre des termes :


Exemples : « Tout lui plaît et déplaît, tout le choque et l’oblige.
Sans raison il est gai, sans raison il s’afflige ». » (cf. Boileau, Satire 8)
Il travaille la nuit et dort le jour > deux antithèses ici : jour/nuit et travaille/dort

- L’oxymore : association de deux termes qui ne vont pas ensemble voire opposés.
Exemples : 1. « une pluie ardente » > eau/feu. 2. « une sombre vérité » > vérité est plutôt lumière,
mais comme ce qu’on apprend ici est triste ou grave, on dit que cette nouvelle est sombre. 3. J’adore
le clair-obscur dans ce tableau.

Figures d’atténuation

- L’euphémisme : atténuation d’une réalité : par exemple, on dit « partir » au lieu de


« mourir » (Il est parti = il est mort !), on dit « corriger un enfant » au lieu de dire « le
frapper par une fessée » qui peut être choquant.

- La litote : au lieu d’affirmer positivement une chose, on nie absolument la chose


contraire, ou on la diminue, afin de donner plus de poids à l’affirmation positive qu’elle
déguise :
Exemples : « Il n’est pas peu insolent. » = il est très insolent !
« Il n’a pas mauvaise idée de lui-même. » = il est prétentieux !
« Vous connaissez bien peu les hommes. » = vous ne connaissez rien des hommes !
« ce n’était pas un sot. » = il était très intelligent.
« je ne te hais point. » (Corneille, Le Cid) = je t’aime

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Figures d’exagération

- L’hyperbole : elle sert à augmenter ou diminuer les choses avec excès.


Exemple : Cette personne est la bonté même.
« L’éternité pour moi ne sera qu’un instant. » (cf. Rousseau)

- La tapinose : sert à exagérer un fait pour en diminuer la portée.


Exemple : Ce n’est pas un enfant de chœur, tu devrais te méfier de lui. (= il est
dangereux)
Exemple : Il n’a pas inventé le fil à couper le beurre (= il n’est pas intelligent)

Figures de construction

- L’anaphore : répétition structurante : au début de chaque strophe, par exemple, le


même élément est répété
Exemple : « Quand je serai riche, … . Quand je serai riche, … . Quand je serai riche, … . »

- L’anacoluthe : une rupture de construction


Exemple : « Quand je serai riche, … . Quand je serai riche, … . Je suis riche, mais … . »

- Le parallélisme : construction identique répétée en série : deux phrases ou deux groupes


de mots dont les éléments se correspondent parallèlement.
Exemple : « L’air est si parfumé ! La lumière est si pure ! » (Lamartine)
> Sujet + groupe verbal (être + expression d’intensité) : structure répétée
selon le schéma AB//AB
Autre exemple :
A la cafétéria, Jeanne termine son repas très rapidement pour aller étudier. Au café,
Marie finit son verre avec empressement pour reprendre son travail. >> deux structures
identiques répétées dans le même ordre : parallélisme de construction

- Le chiasme : un procédé de construction qui fait se correspondre deux groupes de mots


parallèles, mais en inversant leur position. C’est une structure en miroir.
Exemple : « Valse mélancolique et langoureux vertige » (Baudelaire)
> nom + adjectif et adjectif + nom = AB//BA
« Nous troublons la vie par le soin de la mort, et la mort par le soin de la vie. »
(Montaigne) > vie + mort et mort + vie > AB//BA

- La gradation : dans une énumération, chaque élément qui s’ajoute est plus intense que
le précédent. Exemple : « Ils marchent, ils courent, ils volent. » (Montesquieu) « Sans foi,
sans honneur et sans âme. » (La Fontaine)

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Autres figures parmi les plus courantes :

- L’hypotypose : faire du récit ou d’une description une scène très vivante si bien qu’on
imagine très clairement la scène et la situation.
- L’ekphrasis : faire intervenir un tableau de peinture (ou une œuvre d’art plastique) à
l’intérieur d’un texte.
- L’hypallage : attribuer à certains mots d’une phrase ce qui convient à d’autres mots de la
même phrase, souvent un transfert d’adjectif comme dans « Ce marchand accoudé sur
son comptoir avide. » (Victor Hugo). > c’est le marchand qui est avide et non son
comptoir, mais son attitude contamine tout ce qui se trouve autour de lui. L’hypallage
consiste donc à attribuer une caractéristique à quelque chose qui n’est pas directement
concernée mais qui est proche de l’objet ou de la personne concerné(e). Autre exemple :
« La lune est triste ce soir » : c’est moi qui suis mélancolique et je dis que c’est la lune.
- La périphrase : faire toute une définition au lieu d’employer le mot juste.
Exemple : Cette machine à quatre roues qui nous transporte partout (= la voiture) est
très pratique mais fort polluante.
- Le zeugme : quand dans une énumération, il y a un terme qui ne va pas avec les autres.
Exemple : Elle a fait le ménage en profondeur : elle a nettoyé le salon, la cuisine, la salle
de bain et le chien. (le chien ici devient une partie de la maison ; l’effet est donc
humoristique.)
- La paronomase réunit dans la même expression des mots dont les sons sont très
proches : « Traduction, trahison : traduire, est-ce trahir ?» (Umberto Ecco), « Il a
compromis son bonheur et non pas son honneur », « être sans foi ni loi ».
- Le pléonasme consiste à dire deux fois la même chose sans répéter les mêmes mots :
« descendre en bas », « Je l’ai vu de mes yeux », « il parle et ne se tait pas ».
- La prosopopée consiste à faire parler ce qui ne parle pas. Par exemple, La Fontaine dans
ses Fables donne la parole aux animaux. Les contes de fée font parler la nature (les
fleurs…).
- L’énallage est l’échange d’un temps, d’un nombre ou d’une personne contre un autre
temps, nombre ou personne. Par exemple : le présent de narration est une énallage de
temps et le vouvoiement est une énallage de personne.
Autres exemples : dans la tragédie, on dit « les cieux » au lieu du « ciel » au singulier et
ainsi on augmente le tragique. Dans la poésie amoureuse, on dit parfois « ton œil » au
lieu de « tes yeux » pour augmenter l’intensité du regard de la femme aimée.
- L’antonomase : soit on utilise un nom commun à la place d’un nom propre (exemple : « Il
parut à la cour une beauté », au lieu de dire qu’il parut à la cour Mademoiselle de
Chartres : celle-ci devient donc l’incarnation de la beauté par excellence. C’est une façon
de rendre le personnage très précieux). Soit on utilise le nom propre célèbre à la place du
nom réel de la personne car celle-ci détient les mêmes qualités que la célébrité (par
exemple, on peut dire d’un ami très doué pour la peinture : « lui, c’est un Picasso ». Pour
quelqu’un qui est très séducteur : « C’est un Dom Juan ! »

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EXERCICES : Retrouvez dans ces exemples la figure de rhétorique employée

1. « Sa conversation était plate comme un trottoir de rue. » (Flaubert)

2. « Notre cœur est […] une lyre où il manque des cordes. » (Chateaubriand)

3. « C’était une merveilleuse grimace. » (Hugo)

4. Ici c’est l’hiver, ailleurs c’est l’été.

5. « S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante. » (Pascal)

6. La question du juge fut suivie d’un silence éloquent.

7. Paris aujourd’hui veut imiter Rome par la mode, l’architecture, les fêtes.

8. « J’ai vécu six ans avec mon mari sans un nuage. » (Ionesco)

9. Boire un cognac, passe encore, mais trois !

10. « Je ne sais rien de la reine Et je ne sais rien du roi » (Hugo)

11. « C’était une de ces machines d’express […] d’une élégance fine et géante, avec son

poitrail large, des reins allongés… » (Zola)

12. Il renonce à la couronne.

13. « Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase,

délire… » (Flaubert, Madame Bovary)

14. Les aides sociales sont réservées aux gens modestes.

15. On attendait hier une réaction de la Maison Blanche après la décision du Vatican.

16. « Les moissonneurs posant leurs faucilles lassées… » (Desfontaines)

17. Ce film n’est vraiment pas mauvais.

18. « Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants » (Racine)

19. « Les instruments se sont mis à pousser des cris. » (Giono)

20. « Les hommes d’esprit se hâtent lentement. » (De Maucroix)

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21. Son frère est un excellent musicien. Il est premier violon à l’orchestre de Lille.

22. La nature était pour lui l’école de la vie. Il avait beaucoup appris en l’observant.

23. Et l’océan lui répondit : « Garde toujours en toi tes rêves ! »

24. On doit toujours respecter ceux qui nous ont donné naissance.

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