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La neutralisation
« On appelle neutralisation une forme de syncrétisme de type phonologique, caractérisé
par la disparition d'une opposition distinctive dans un contexte phonique déterminé.
L'unité résultant de la neutralisation est appelée archiphonème. »
NEVEU F., 2004, Dictionnaire des sciences du langage, Paris, A. Colin.
Une opposition est jugée constante quand chacun de ses deux termes peut
apparaître dans toutes les positions où l’autre terme apparaît. Si un des termes
d’une opposition apparaît dans certaines positions et que de ce fait il exclut l’autre
terme dans ces positions, on parle alors d’une opposition neutralisée.
Ce phénomène, très important en phonologie, est connu sous le nom de
neutralisation. Il existe au moins deux types de neutralisation : 1- la neutralisation
déterminée par le contexte, et 2- la neutralisation à permutation libre.
En ce qui concerne la neutralisation déterminée par le contexte, bien que les
phones x et y commutent dans l’un des sous-ensembles des contextes dans
lesquels ils peuvent apparaître avec changement de sens des énoncés (x s’oppose
donc à y), dans un autre sous-ensemble contextuel, la distribution de x et y est
complémentaire : x exclut y, ou y exclut x (il n’existe donc pas de paire minimale).
En ce qui concerne la neutralisation à permutation libre, dans l’un des sous-
ensembles des contextes dans lesquels les deux phonèmes x et y apparaissent,
l’occurrence de x et y est libre : x peut se substituer à y dans ce contexte mais sans
que cette substitution n’entraîne un changement de sens.
Un exemple de ces deux types de neutralisation pourrait bien nous être donné en
français standard en ce qui concerne les voyelles [e] et [ɛ]. A la finale du mot en
syllabe ouverte, on affirme que le locuteur du français standard distingue une fée
[fe] et un fait [fɛ], été [ete] de était [etɛ]. Les [e] et [ɛ] sont en opposition dans un
sous-ensemble de ces occurrences, notamment en syllabe ouverte. Dans un autre
sous-ensemble de ces occurrences, en syllabe fermée, on rencontre uniquement
[ɛ] ([bɛl] « belle », «bel », [bɛtmɑ̃], etc.) l’occurrence de [ɛ] exclut celle de [e].
Mais dans tous les autres contextes, l’occurrence de [ɛ] ou de [e] pourrait être
libre.
La forme de réalisation en ce qui concerne la neutralisation montre qu’il peut
s’agir des deux types en même temps.
/E/ ⇒ [ɛ] : syllabe fermée
[e], [ɛ] : en syllabe finale ouverte
[ɛ] est une voyelle antérieure écartée mi-ouverte lorsqu’elle est suivie de
consonne devant la coupure syllabique (syllabe fermée). Elle se réalise librement,
[e] ou [ɛ], en syllabe finale de mot (syllabe ouverte). La majuscule /E/ symbolise
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Unité d’apprentissage 6 Le 14/05/2020
Matière : phonétique II. Niveau : 2ème année. Groupes : 4, 5 et 6
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Unité d’apprentissage 6 Le 14/05/2020
Matière : phonétique II. Niveau : 2ème année. Groupes : 4, 5 et 6
Exercice 2 :
sons position initiale position médiane position finale
(intermédiaire)
[p] pas les segments apporter /p/~/b/ constitue la trompe les éléments
[pa] /p/~/b/ [apͻʀde] paire minimale [tʀɔ̃p] /p/~/b/ forment la
[b] bas constituent la aborder trombe paire minimale
[ba] paire minimale [abͻʀde] [tʀɔ̃b]
[t] thé /t/~/d/ forment la gratin les éléments honte /t/~/d/ constitue la
[te] paire minimale [gʀatɛ]̃ /t/~/d/ constituent la [ɔ̃t] paire minimale
[d] dé gradin paire minimale onde
[de] [gʀadɛ̃] [ɔ̃d]
[k] quai les éléments ocre /k/~/g/ forment la bac les éléments
[kɛ] /k/~/g/ forment la [ͻkʀ] paire minimale [bak] /k/~/g/ forment la
[g] gai paire minimale ogre bague paire minimale
[gɛ] [ͻgʀ] [bag]
[s] sel /s/~/z/ forment la casser les segments /s/~/z/ face /s/~/z/ forment la
[sɛl] paire minimale [kase] constituent la paire [fas] paire minimale
[z] zèle caser minimale phase
[zɛl] [kaze] [faz]