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Le phonème 

:
La phonologie a pour but de repérer les unités phoniques distinctives de la langue, celles qui
ont une fonction, et de les classer. C’est unités sont les phonèmes.
Nous pouvons prononcer le mot chèvre avec une voyelle brève ou longue, les deux sons ne
constituent pas deux phonèmes, parce que le mot reste le même en dépit des 2
prononciations, en revanche, prononcer [pa] ou [ba] avec une consonne du même type, sauf
que la première est sourde et la 2eme est sonore, change le mot puisque [p] et [b]
constituent 2 phonèmes.
Dans une phrase telle que ses cheveux sont blancs [bla] [blo] la réalisation de la dernière
voyelle nasale nous permet de distinguer entre blancs et blonds, elle a une valeur
fonctionnelle. Pour s’en assurer, on remplace la voyelle nasale an par on et on distingue un
changement de sens, on dira que ces 2 sons commutent, ils peuvent être échangés dans un
entourage identique, et cela entraine un changement de sens, ils constituent deux
phonèmes distincts.
Ex : été et étai constituent ce qu’on appelle une paire minimale, un couple de mots
formellement identiques, sauf sur un point, et différents sémantiquement. é et ai
constituent donc deux phonèmes que l’on note entre barres obliques/ɛ/ /e/.
Si au contraire 2 sons commutent sans entrainer l’apparition d’une paire minimale, on dira
que l’on a affaire non à 2 phonèmes, mais à deux allophones ou variantes d’un même
phonème. Ainsi qu’on prononce [Ra] ou [ra], il s’agit toujours du même mot rat et la
différence entre les 2 sons n’a aucune valeur fonctionnelle. Ces variantes peuvent être le
résultat de facteurs régionaux, sociaux, individuels, et elles sont à prendre en compte par la
sociolinguistique et la psycholinguistique.
1)-Variantes combinatoires et variantes libres :
Les allophones dont la variation résulte de contraintes contextuelles attachées à
l’environnement linguistique des unités étudiée sont appelée variantes contextuelles ou
combinatoires. En effet, la nature articulatoire et acoustique d’une même consonne peut
être modifiée par la voyelle qui précède ou qui suit. Ex les différences que l’on perçoit dans
la production de [k] lorsque l’on oppose [ku] à [ki]( consonne vélaire et consonne palatale)
font de ces deux réalisations des variantes combinatoires du phonème /k/ ; elles sont
appelées combinatoires car elles dépendent de la mise en relation de /k/ avec/u/ et /i/. de
même la différence de longueur entre le /ɛ/ de il nait et il neige est due à l’influence de du
son /g/ ; on dira aussi que [nɛ] et [nɛ ::g] sont des variantes combinatoires du phonème /ɛ/ ,
variantes qui ne peuvent apparaitre dans le même contexte, elles sont en distribution
complémentaire. on peut parler des variantes du /Ø/ devant une syllabe fermée c’es un /œ/
devant une syllabe ouverte c’est un /Ø/. Donc, chaque phonème, défini comme une classe
de sons, est associé à un nombre fini de variantes (allophone).
Prenons maintenant le cas du r : un francophone utilisera en fonction de son origine, du
milieu socioculturel dans lequel il vit soit un [r] soit un [R] celui-ci peut même être raclé
c’est-à-dire articulé encore plus à l’arrière. Puisque la réalisation de ces r n’est en rien
conditionnée par le contexte mais dépend de l’histoire individuelle du locuteur, on parle ici
de variantes libres. Toutefois, cette variante ne permet pas la création de différent contexte
sémantique.
2)-Traits distinctifs :
Tous les phonèmes s’opposent les uns aux autres et forment un système nécessaire à la
communication linguistique. Si je dis [p] [f] [i] isolément, cela ne veut rien dire, chacun de
ces éléments prononcé tout seul n’a pas de sens. Les phonèmes, voyelles ou consonnes
n’ont de valeur qu’en s’opposant les uns aux autres. On dit qu’ils ont une fonction oppositive
ou distinctive.
On détermine l’existence d’un phonème par la méthode de commutation. L’analyse
phonétique nous permet, par exemple, en prenant /p/ et /b/ de constater que c’est le trait
de sonorité qui est distinctif. Le /b/ est un /p/ avec des vibrations sonores dont le /p/ est
dépourvu.
Donc, le classement des voyelles et des consonnes selon les traits articulatoires permet de
les distinguer. Parmi les traits retenus, certains sont absolument indispensables pour
distinguer un phonème d’un autre, ce sont eux qui sont à proprement parler, distinctifs. On
les appelle encore pertinents. Par exemple, pour distinguer les voyelles, /i/ /y/ /u/, on peut
les présenter dans le tableau suivant, ou le signe+ indique la réalisation du trait indiqué ou sa
non-réalisation, notée par le signe –
Traits /i/ /y/ / u/
Antérieur + + -
Arrondi - + +
fermé 0 0 0

Nous remarquons que le trait de fermeture n’est pas distinctif lorsqu’il s’agit de différencier
ces 3 voyelles-là. Dans ce cas, ce trait est redondant (on le note par 0). S’il s’agit de
différencier /i/ et /y/, seul le trait de labialité est distinctif.antériorité et aperture (degré
d’ouverture ) sont alors redondantes. De même, pour distinguer /y/ et /u/, seul le trait
d’antériorité est distinctif, les autres sont redondants. Pour ces trois voyelles on pourrait
noter que le trait d’oralité est redondant. On peut procéder de même avec les autres
voyelles et montrer que les traits articulatoires sont parfois distinctifs, parfois redondants.

Pour les phonologues, ce qui compte c’est de pouvoir définir des oppositions avec un
minimum de traits distinctifs ainsi le /e/ n’est pas décrit comme une v fermée comparée à un
/i/ il est ouvert. Les phonologues ne distinguent plus plusieurs degrés d’aperture, ils ne
retiennent que la distinction fermé/ouvert, la distinction est faite aussi entre arrondi/non
arrondi avant/arrière
Matrice phonologique des voyelles orales
i e ɛ a ɔ o u y ə Ø Œ
vocalique + + + + + + + + + +
arrondi - - - - + + + + + +
fermé + - - - - + + + + - -
ouvert - + + + + - - - - + +
Avant + + + + - - - + + -
arrière - - - - + + + - +- +
Le a postérieur est exclu puisque son rôle phonologique a disparu.
.Pour les consonnes, on peut faire la même chose, si on prend, par exemple, le cas de /p/ /b/
/m/, les trois consonnes sont occlusives. Le trait d’occlusion est donc redondant quand on
les compare.les 2 première /p/ et /b/ s’opposent entre elles par le trait de voisement et
le /m/ s’oppose à /p/ et /b/ par le seul trait de nasalité.( le trait de sonorité pour /m/ est
redondant, puisque les nasales sont toujours sonores en français).
Un trait redondant peut devenir distinctif, comme l’aperture, s’il s’agit de comparer des
voyelles de séries : très fermée, fermée, ouverte, très ouverte. Ou dans l’exemple qu’on a vu
pour les consonnes le trait d’occlusion devient distinctif lorsqu’on compare la série
d’occlusives à fricatives.

Excercice : dites quels traits distinctifs opposent i/ylabialité y/u ant i/e aperture a/ɑ
nasalitéQuels traits distinctifs opposent s/ʃ/z
Dans l’opposition b/m quelle valeur a le trait de sonorité. Il est redondant
Quels traits opposent l/t./l/ fricative apico-alvéolaire latérale sonore /t/occlusive apico-
dentale médiale sourde. Dans la grille matricielle indiquez les traits distinctifs opposant t/d/n
t d n
occlusive + + +
voisée - + +
nasale - - +
Apico-dentale + + +
Apico-alvéolaire - - -
La phonématique :
Partie de la phonologie qui s’occupe plus particulièrement de l’étude des phonèmes et de
leurs traits distinctifs, par opposition à la prosodie qui traite essentiellement des faits
suprasegmentaux. Elle utilise habituellement une méthode qui a pour avantage d’étre plus
rapide mais qui exige une bonne connaissance préalable de la langue que l’on analyse.elle
s’appuie sur les différences de sens entre 2 unités de signifiants très voisins ( blanc et
blond) . on décide que 2 sons s’opposent en tant que phonèmes si leur commutation dans le
même contexte aboutit à la création de 2 unités de sens différents ex coussin [kusin] [kuzin].
Si le s prend la place de z, le second mot change de sens et inversement : s et z sont des
phonèmes du français que l’on écrira /s/ /z/ et le phonème se définira ainsi comme la plus
petite unité phonique capable de produire un changement de sens par simple commutation,
sans avoir de sens elle-même
Cette méthode est donc fondée sur le repérage de paires minimales, c’est-à-dire de paires
de mots ayant un sens différent mais dont le signifiant ne diffère que par un seul phonème
ex : fleur pleur.

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