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La première version de cette grammaire ayant reçu un accueil positif (« swérxmen jéryom »),
j'ai décidé de l'actualiser avec, notamment, les résultats de mes recherches (
https://www.academia.edu/17299209/Cons%C3%A9quences_du_non-
marquage_morphologique_de_la_transitivit%C3%A9_en_Proto-Indo-Europ
%C3%A9en_sur_son_syst%C3%A8me_verbal ), ainsi que des ajouts principalement sur la
phonotactique et le nom verbal.
O.SIMON
Mars 2016.
Mes dernières recherches sur la syntaxe, la déclinaison et les particules PIE imposaient une
nouvelle édition de cette grammaire qui, à présent, offre un cadre entièrement régulier pour
le PIE. (+ ajout des règles pour la prédictibilité des formes non-sémantiques d'imperfectif en
janvier 2019, et précisions sur les formes de noms et d'adjectifs verbaux en septembre 2019)
Conventions orthographiques :
Elle suit celle de l’indo-européen reconstruit. Le « w » sert pour les labio-vélaires : kw, gw,
ghw. Par convention, les laryngales de l’indo-européen sont rendues ainsi :
- « x » pour H1, qui est un son proche du « h » français dans « la hache », qui varie
entre un « h » aspiré véritable et un coup de glotte.
- « j » pour H2 (et H4 pour ceux qui la reconstruisent) est entre la « jota » espagnole
(ou « ach-laut » allemand) et le H emphatique arabe, un peu comme quelqu’un qui
souffle sur ses verres de lunettes pour les nettoyer, depuis le fond de sa gorge.
- « q » pour H3 qui correspondrait à H2 + w.
Les laryngales et les liquides (r, l) et nasales (m, n) peuvent fonctionner, entre deux
consonnes, comme des voyelles. Elles sont même parfois accentuées. En termes d'API, cela
correspond à l'ajout du « schwa indogermanicum » [ə] audit son.
« s », « z » et « $ » noteront la sifflante [s], qui devient souvent [z] avant une sonore. Seul
« s » compte comme un phonème (au sens phonotactique du terme) sourd et, en début de
mot, « assourdit » l'occlusive suivante. Sinon, s, z et $ suivent les fluctuations de leur
environnement phonétique.
Outre les sifflantes, les voyelles « pures » (toujours sonores), ne sont pas notées dans le
tableau ci-dessous ; ce sont : e, o, i, u et leurs versions longues : ê, ô, î, û. L'existence de [a]
n'est attestée que dans des mots qui semblent empruntés. Sinon, l'on considère que « a » =
H2e (ou « je »).
J'ai gardé la dénomination classique de « palatales » pour k^, g^, gh^, même si je considère
plausible que ces phonèmes avaient une autre valeur.
Phonotactique :
Il s'agit de l'agencement des phonèmes du PIE. Un phonème est une unité sonore
considérée comme telle par une langue donnée. Ainsi, « kw » est un phonème pour le PIE,
même si d'un point de vue externe, on pourrait l'analyser comme consistant de deux sons [k]
+ [w].
Une syllabe consiste au minimum en un noyau qui est une voyelle (du moins ce que la
langue considère comme tel, comme les laryngales, liquides et nasales vocalisées du PIE)
qui est le plus souvent entouré de part et d'autre de consonnes et semi-voyelles. Ce qui est
avant le noyau est l' « attaque ». Ce qui vient après est le « coda ». La phonotactique
détermine quelle syllabe est « légale » (« a le droit d'exister ») ce qui conduit, en PIE, à
déduire si certains sons (laryngales, nasales, liquides, semi-voyelles) vont fonctionner
comme voyelle (noyau) ou consonne. Les emprunts et les onomatopées ne sont pas soumis
à ces contraintes (ex : « atta- »).
Un mot est un élément de phrase ayant une fonction syntactique précise (verbe, substantif,
etc..). A l'exception des interjections et de plusieurs clitiques (qui n'ont pas d'accentuation
propre), un mot se compose d'un ou de plusieurs morphèmes. Un morphème est au
minimum une « racine », porteuse d'un sens et qui peut parfois former un mot à elle seule,
ou bien un affixe, une désinence, qui ne fait que préciser le sens de la racine. En raison des
contraintes phonotactiques, il est donc inexact d'affirmer que les « morphèmes du PIE sont
toujours monosyllabiques ». En réalité, il faut plutôt dire qu'un morphème PIE ne peut
contenir plus d'une voyelle sujette à l'ablaut.
s Dentales : t – d – dh
Labiales : p – b – bh m r y–i x (H1) e–ê
Labio-vélaires : kw – j (H2)
gw – ghw n l w-u q (H3) o-ô
Palatales : k^ – g^ –
gh^
Plates : k – g – gh
Sifflante Occlusives Nucléables (peuvent servir de noyau)
Une attaque ou un coda ne peut contenir plus de 2 de ces
phonèmes (sinon, on rend nucléable ce qui peut l'être)
En ce qui concerne le coda, on prend le même tableau, mais dans le sens inverse (de droite
à gauche), et on admet les phonèmes suivants :
Pour déterminer ce qui doit être « nucléisé », il faut se baser sur les voyelles préexistantes (e
– ê – o – ô – i – u) et partir de celle qui est accentuée. Le PIE « adore » les amas de
consonnes, mais reste toujours dans la « légalité ».
Notons que sauf emprunts, le PIE n'admet pas la gémination (deux phonèmes similaires l'un
derrière l'autre). Dans le cas de s + s, l'on obtient un seul « s ». Sinon, on peut par exemple
vocaliser : gwm + mé = gw°m-mè (« nous vînmes »)
Soit la racine « yeug » = « joindre ». Avec infixe nasal, sa troisième personne du pluriel est
« yungént ». Les syllabes se décomposent en yun-gént, car une attaque « ng- » serait
illégale pour la deuxième syllabe.
Soit *pH2trés, génitif de « pjter » = « père ». Selon une loi phonétique, une laryngale
disparaît entre 3 consonnes. Cependant *ptrés aurait une attaque illégale (3 phonèmes), ce
qui amène à garder la laryngale : « pjtrés ».
Mesure syllabique :
On décompose le mot selon ses voyelles, auxquelles on ajoute le premier phonème avant
chacune de ces voyelles.
Au contraire des langues classiques, je pars de l'hypothèse qu'une voyelle courte peut
admettre un phonème après elle sans compter comme syllabe longue pour autant.
Mutations sonores :
Ce degré normal « e » peut muter qualitativement en degré « o » (ex : « bher » = « bhor »)
ou quantativement en degré long « ê/ô » ou en degré zéro, c'est-à-dire sans voyelle centrale
(ex : « leikw » = « likw »), sauf si cela contrevient aux règles phonotactiques et/ou crée une
confusion avec le « s mobile ». Ex : s-d + t = sed$t
Les recherches récentes tendent à démontrer que les occlusives sourdes en fin de mot se
sonorisaient si elles suivaient une sonore. Pour des raisons de lisibilité, on continuera à les
écrire comme sourdes.
« d » à la fin d'un mot après une autre consonne tombe mais allonge la voyelle précédente.
Ex : k^erd > k^êr
« -yn » à la fin d'un mot : « n » tombe mais allonge la voyelle précédente.
Quand deux « s » se rencontrent, ils se fondent en un seul. Ex : xés + si = xési « tu es ».
Quand une occlusive sonore précède une occlusive sourde (p, t, k, kw, k^), elle devient
sourde à son tour ; ex : yug + tos = yuktos
Quand un dentale (d, t, dh) précède une occlusive, quelle qu'elle soit, on intercale « $ » entre
les deux. Cette sifflante ne compte pas comme phonème ; c'est la conséquence
« technique » inévitable (sifflement) entre deux occlusives. Cependant, si la première syllabe
devient longue à cause de cet ajout, on supprime alors l'occlusive du premier morphème
pour rétablir la qualité de syllabe courte.
Exemples :
med + trom = metrom ; *med$trom = medt-rom, la première syllabe aurait été allongée.
(« mesure »)
Sed + dhlom = sedhlom ; sed$dhlom = seddh-lom, la première syllabe aurait été allongée.
(« selle »).
Loi de Szemerényi : Une voyelle suivi d’une sonore (r, l, n, m, y, w) à laquelle on ajoute « s »
(nominatif singulier masculin ou féminin) ou « j » (neutre pluriel nominatif ou accusatif) perd
cette finale et s’allonge. Si on obtient « ôn », ce « n » disparaît. Ex : « chien » : k^uon + s =
k^uô. Dans les autres cas de nominatifs où « s » ne disparaît pas, « s » allonge la première
voyelle précédente s’il s’agit d’un « o » et s’il n’en est séparé que par une consonne.
Sinon, quand une laryngale suit « o » dans une même racine, mais en est séparée par une
sonore, cette laryngale disparaît. Ex : tòrxmos > tòrmos (trou)
Règle du « boukolos » : Un second « w » dans une séquence de phonèmes contenant déjà
un premier « w » disparaît.
Ex : gwow + kwolos (vache – gardien) = gwowkolos (« vacher »)
Mon hypothèse sur les hétéroclitiques : ceux-ci se terminent par une séquence de liquides
et/ou nasales. Dans la déclinaison, si cette terminaison est seule à la fin d'un mot, la dernière
liquide ou nasale tombe (n'est pas prononcée). Sinon et après application des lois de
Szemerényi, si un autre son suit (même « x »), c'est la première liquide ou nasale qui tombe.
Accentuation :
Celle-ci doit toujours être indiquée au moyen d’un accent. L’ « accent » indo-européen aurait
été en fait non pas une « accentuation » comme en allemand ou en anglais (c’est-à-dire une
syllabe du mot prononcée plus fort que le reste) mais un ton élevé comme souvent en grec
ancien ou en védique (c’est-à-dire que le ton monte plus haut, comme dans la dernière
syllabe d’une phrase interrogative française : « tu as vu le facteur ? », où « eur » est
prononcé en haussant le ton).
[nota : l’usage d’un accent grave dans cette grammaire est seulement dû à des contraintes
techniques résultant du traitement de texte].
L’accent d’un mot indo-européen est souvent mobile, et ses règles seront indiquées pour
chaque paradigme (déclinaison, conjugaison). Cependant, chaque mot ne comporte, au
maximum, qu’un seul accent. Dans les mots composés, c’est le premier élément qui porte
l’accent, comme le montrent, par exemple :
- déms-potis = « maître de maison »
- xé-gwment = « ils étaient venus » (avec accent) face à « gwmént » (même sens,
sans augment).
Certains mots, dits « clitiques », n’ont pas d’accent et se placent habituellement en seconde
position. Les « proclitiques » se basent sur l’accentuation du mot suivant, et les
« enclitiques » sur celle du mot avant eux. D’un point de vue accentuel, ils se rattachent à un
mot voisin accentué. Si deux clitiques se suivent, l’un d’eux est alors accentué.
Un nom au vocatif n’est pas accentué sauf s’il est en première position. Les verbes
conjugués dans une phrase principale sont inaccentués sauf s’ils sont en première position
(ce qui est toujours le cas des verbes à l’imperfectif utilisant les désinences primaires).
Substantifs :
Le nominatif est selon la vision classique le cas du sujet et de son attribut. En réalité, c'est
d'abord, comme son nom l'indique, le cas par lequel on désigne, on nomme les substantifs. Il
est très vraisemblable qu'en PIE comme dans certaines langues-filles, dans la phrase « On
l'appelle X », X sera au nominatif, et non à l'accusatif en tant qu'apposition du pronom
personnel « l(e) ». Ceci est prouvé par l'usage du nominativus pendens ; généralement au
début d'une phrase, le nominatif est utilisé pour qualifier, décrire un pronom ou un substantif
qui lui apparaîtrait à un autre cas dans l'autre phrase (la différence avec les constructions
absolues tient à ce que celles-ci n'ont pas besoin d'être reprises par un pronom ou un
substantif). L'hypothèse de départ est donc que le nominatif ait été le « cas par défaut » du
PIE, quand aucun autre cas ne pouvait s'appliquer.
Le vocatif est le cas de l’adresse : « ô ! ». Conformément à ce que nous venons de dire sur
le cas précédent, les membres de l'adresse après le premier terme se mettent au nominatif.
L'intégratif est le cas concerné par le verbe conjugué en sa totalité, il désigne non seulement
le simple objet de l’action (« accusatif »), mais la destination (où l’on va) et tout ce qui la
subit en totalité (le partitif étant exprimé par le génitif), d’où l’existence de « doubles
accusatifs » après des verbes comme « dire à », « enseigner à », « demander à » et les
verbes factitifs. Sauf exception, c’est le cas des adverbes et des constructions absolues. On
le remarque dans le fait que, traditionnellement dans les langues indo-européennes
classiques, l’accusatif exprime les notions de durée et de mesure. Il peut donc être
complément d’adjectif : « long de trois pieds », « rapide de mouvement » : le complément
introduit par « de » dans ces exemples en français serait à l’intégratif en indo-européen.
L’instrumental exprime avec quoi l’action est réalisée et, avec un verbe passif, qui ou quoi
réalise cette action. Il exprime aussi par où on passe et l’accompagnement (« avec »
« parmi »).
Le datif est le bénéficiaire ou la victime de l’action (objet indirect) ; avec un verbe intransitif
ou passif, il peut s’agir de qui émet le jugement. Le locatif exprime là où l’on se trouve (sans
mouvement) ou bien la date (ex : « peruti » = « l’année dernière »). Il est possible que ces
deux cas aient été fondus dans un stade ancien de la langue.
Le génitif exprime non seulement l’appartenance, mais tout ce qui a rapport au nom dont il
dépend « complément de nom ». Ses autres usages peuvent être la période de temps où
s’est déroulée l’action « de nuit », ou des valeurs « relatives » : « au sujet de », « penser à »
ou « partitives » : « le plus puissant des soldats ». Il exprime en quelque sorte l’objet de
l’action, mais qui n’est concerné qu’en partie par cette action (le totalité étant du ressort de
l’intégratif), ex : « je bois de l'eau ». L’ablatif exprime la provenance, mais souvent aussi la
cause et la comparaison « plus grand que ». Dans un état ancien de la langue – ce que
prouvent encore certaines désinences communes – il est possible que ces deux cas étaient
un seul « partitif ».
Dans les déclinaisons thématiques, l’accent reste toujours sur la même syllabe. Dans les
déclinaisons athématiques, l’accent se déplace souvent selon un schéma précis. Cependant,
dans toutes les déclinaisons, le vocatif est inaccentué, sauf s’il se situe en début de phrase.
Dans ce cas, la première syllabe du mot est accentuée, quelle que soit sa catégorie. Dans
C’est pourquoi chaque substantif ou adjectif devra être indiqué, dans les glossaires, dans
ces deux formes. Les quatre types sont :
Règle n°1 : Au vocatif, l'accent de tous les substantifs PIE, quel que soit leur modèle
de déclinaison, porte sur la première syllable vocalisable de ce mot sous sa forme
nominative.
Règle n°2 (supplétive) : La priorité accentuationnelle des substantifs PIE joue souvent
dans cet ordre de préférence : e > o > i/u > consonne vocalisée. Pour « e » et « o »,
l'accent commence le plus vers la gauche, mais le plus vers la droite pour « i/u » ou
une consonne vocalisée.
Règle n°3 : La racine d'un substantif ne peut disparaître en tant que syllable (c'est-à-
dire qu'elle doit contenir au moins une consonne vocalisée). Sinon, un « e » est
maintenu.
Règle n°4 : Le locatif singulier ne suit pas le schéma général : l'accentuation porte
alors sur la dernière voyelle accentuable du paradigme de déclinaison (racine ou
suffixe, mais pas sur le « -i » qui est la désinence!) ; cette voyelle accentuée est « e »,
mais « o » si « e » n'apparaît jamais aux autres cas.
Pour la suite : « C » = une ou plusieurs consonnes (pouvant faire partie de la même
attaque ou du même coda, voire phonotactique dans « Grammaire ») ; > signifie le
changement entre le nominatif et les cas hors nominatif-vocatif-accusatif ; ? =
n'importe quelle voyelle ou consonne vocalisée.
Règle n°7 : CòC > CèC (acrostatique); cependant si les deux C sont des occlusives,
on a CòC>CeCè- (amphicinétique)
Règle n°14 : Dans les mots composés, seul le premier élément porte l'accentuation.
Mes recherches tendent à démontrer que les désinences (hors nominatif, accusatif, vocatif),
sont vraisemblablement d'anciennes postpositions. Cependant, par commodité, je présente
ici le modèle classique de déclinaison.
Les formes thématiques en –ej (voire –ij) sont presque toutes féminines (souvent –a dans les
langues filles) et présentent une déclinaison semblable :
Les adjectifs :
Les adjectifs en indo-européen s’accordent en genre, nombre et cas avec le substantif qu’ils
accompagnent. Les déclinaisons sont donc généralement semblables à celles des
substantifs. Cependant, certaines déclinaisons sont typiques des adjectifs.
Les adjectifs en « -u » font partie du système dérivationnel de « Caland ». D’autres adjectifs
du même système se forment sur la racine au degré zéro en suffixant « rò » (« opposé à un
autre ») ou « mò » (« opposé à tout le reste »). Le substantif correspondant est, sur degré
« e », suffixé en « -es » (ex : ténjos), neutre, ou en « (i)mérn ». Comme début d’un
composant, il est au degré zéro avec une terminaison « i » et a une valeur de préfixe (donc
inaccentué), tandis qu’en dernier élément, il est au degré « e » avec voyelle thématique.
Autre exemple de déclinaison adjectivale : xsont (participe présent actif de xes = « être »),
hystérocinétique.
Signalons également :
L’adverbe :
Nous considérons que la forme normale de l’adverbe indo-européen est l’accusatif singulier
neutre sauf si le contexte impose logiquement un autre cas. Exemples :
« péruti » = « l’année dernière », de « wetos » = « année » ; « temxesì » = « dans le noir »
de « témxes » = « ténèbres ».
« meg^j » = « très » (accusatif neutre)
Futures pré-/post-positions :
Mes recherches tendent à démontrer que, dans le cadre de la syntaxe PIE, il s'agissait de
postpositions pour les substantifs (certaines étant devenues des désinences de déclinaison)
mais des prépositions pour les verbes (futurs préfixes verbaux). Les éléments de base (qui
se sont combinés pour former les prépositions des langues classiques, et peuvent se
combiner avec des démonstratifs) sont les suivants :
En général, -e est la finale de base, notamment lors des combinaisons, -i (la particule « hic
et nunc ») donne un sens spatial ou temporel, et -(e)q indique le lieu de destination.
Interjections :
bhej = « dis donc »
bhû = exprime le dégoût
way = « hélas »
ô = particule utilisée avant vocatif (qui reste accentué sur la première syllabe).
Le verbe :
Le verbe indo-européen se fonde sur une base monosyllabique à laquelle s’ajoutent des
terminaisons, et souvent des suffixes ou infixes. Ce verbe connaît deux voix (active et
médio-passive), trois modes (indicatif, optatif, subjonctif), trois nombres (singulier, duel,
pluriel) se divisant chacun en trois personnes. A partir de cette nomenclature classique, nous
avons extrapolé une terminaison « impersonnelle », qui correspond au français « on ». Le
verbe s’accorde avec son sujet (même si celui-ci n’est pas exprimé dans la phrase) ;
cependant, le neutre duel ou pluriel régit toujours le singulier (le duel et pluriel neutres sont
en effet d’anciens collectifs).
Le verbe indo-européen a durant la quasi-totalité de son histoire été axé sur un système non
pas temporel, mais aspectuel. Voici ma reconstruction, en remontant vers le passé, de
l'évolution des trois principaux types de conjugaison :
Dans les langues classiques comme le grec ancien ou le sanskrit, et peut-être même dans
l'indo-européen le plus tardif, c'est un système majoritairement temporel qui organise le
verbe, comme en français. Les conjugaisons principales, à partir desquelles on peut déduire
toutes les autres, sont le présent, l'aoriste (qui correspond en gros au passé simple français,
Ce que j'appelle l'aspect « narratif » est celui que décrivent les principaux ouvrages récents
sur le PIE et qui sera le plus détaillé ici. Dans ce système, la chronologie verbale ne dépend
pas de la réalité (avant, maintenant, après), mais du point de vue du narrateur. L'imperfectif
décrit une action qui se déroule toujours de son point de vue. Ce peut tant être un présent
qu'un passé, notamment un imparfait. On peut comparer ça à un commentateur sportif qui
décrit ce qu'il voit : « il prend la balle, tire... ». Plus tard, en français et pour décrire les
mêmes actions, le commentateur utiliserait le passé simple. En PIE « classique » et dans les
deux cas, l'imperfectif serait utilisé. Ex : ghwent qogwim = Il tue/tua le dragon. Le temps, en
PIE, était rendu par des particules adverbiales et surtout, pour l'imperfectif, par l'usage de
l'augment pour le passé et des désinences primaires pour le présent.
Dans l'aspect narratif, l'imperfectif formait couple avec le perfectif qui lui désignait une action
révolue du point de vue du narrateur. Le système reconstruit dans cette étude est que le type
de conjugaison utilisé par le verbe dans l'un de ces aspects permet de déduire celui qui sera
utilisé dans l'autre. Dans le lexique, les verbes sont donnés sous leur forme d'imperfectif
« narratif ».
Reste le résultatif-statif, qui exprime une action révolue du point de vue du narrateur, mais
dont les conséquences lui sont toujours actuelles.
Ce système de l'aspect narratif décrit la majorité des formes conjuguées reconstruites pour
le PIE et correspond vraisemblablement au système qui a prédominé dans la seconde partie
de l'existence du PIE commun. Cependant, les formes verbales dérivées ne semblent pas
fournir de reconstructions pour plus d'un aspect en PIE, les formes conjuguées des langues
classiques étant le plus souvent des innovations. La majorité des perfectifs « narratifs »
consistent en une forme « nue » (la racine verbale + les désinences personnels), mais pas
toutes, car certains imperfectifs narratifs – très bien attestés par la reconstruction –
présentent également cette forme simple. (ex : xest = il est ; ghwent = il met un terme à).
Mon hypothèse (voir mon article) est que le système aspectuel le plus ancien du PIE était un
aspect « descriptif », où seul comptait le type d'action (ou d'inaction) verbale. D'un côté, il y
avait le statif qui exprimait un état (ex : « la montagne va (atteint) jusqu'à la mer »). Sinon,
l'autre aspect important était ce que j'appelle « le véritable aoriste » puisqu'αοριστος signifie
« illimité » en grec ; il peut s'agir tant d'une action ponctuelle que d'une action dont les limites
(temporelles) sont inconnues, comme par exemple dans le cas des aoristes gnomiques (qui
servent à énoncer des vérités générales ou tenues comme telles, ex : « les femmes aiment
les bijoux »). Il correspondait aux formes reconstruites de « formes nues » (et de dégré zéro
+ voyelle thématique) de verbes qui ont pu donner tant des perfectifs narratifs que certains
imperfectifs en raison de l'action qu'ils expriment (« être », « mettre un terme à »,
« vomir »...).
Restent alors les divers « synoristes », formes affixées exprimant diverses modalités d'une
action ; si les formes elles-mêmes sont reconstructibles, il n'en est pas vraiment de même de
la signification « descriptive » de chacune, puisqu'elles ont été généralement regroupées
dans l'imperfectif narratif.
La compréhension de cette « histoire » aspectuelle du PIE telle que je l'ai reconstruite est
nécessaire pour le maniement du verbe PIE, même pour un stade tardif, car il faut garder à
l'esprit que ces changements ont été graduels et ont pu varier selon les verbes ! L'exemple
le plus connu est *woidje = « je sais », qui exhibe une forme archaïque de statif descriptif,
Notons enfin que le verbe indo-européen, tout au long de son histoire, a vu son sens
complété par des clitiques : l'augment « xé- » exprimant le passé, « kom » exprimant la
complétion, preq au sens de « d'ores et déjà ».
L’action qui s’est déroulée au passé (au sens que lui donne la grammaire française) peut
être exprimée par l’ajout d’une particule « xé », l’augment, habituellement préfixée au verbe.
Nous avons essayé de développer un système régulier pour la conjugaison du verbe indo-
européen, si bien que celle-ci devra normalement être déduite de la simple présentation de
la forme à l’imperfectif, d’une manière inspirée de celle trouvée dans le « Lexikon der
Indogermanischen Verben », de H.Rix (2001). En effet, le LIV ne liste pas moins de 22
formes différentes d’imperfectif, contre 3 de perfectif (4 en ce qui nous concerne) et 1 de
statif. C’est pourquoi il est préférable de partir de l’imperfectif.
Les personnes, et, pour certaines d’entre elles, la voix, ne se distinguent pas seulement par
leurs terminaisons, mais souvent aussi par l’accentuation et/ou l’ablaut. Si une telle
distinction existe, il faut se rappeler qu’elle oppose, à l’indicatif, le singulier actif à tout le
reste.
Prenons le verbe « ghwen »
« Il met un terme à » = ghwent
Mais : « ils mettent un terme à » = ghwnént, avec degré zéro, et accentuation sur la
terminaison.
De même, au passif, « il est terminé » = ghwné
Avant de passer à l’étude des aspects (en partant du plus simple au plus complexe),
mentionnons l’existence d’une voyelle thématique pour certains verbes. Cette voyelle est
« e », sauf aux 1° personnes, à l’impersonnel et à la 3° personne du pluriel.
Ainsi, pour le verbe : bhér-e, « porter », on obtient l’imperfectif :
Bhérom, bhéres, bhéret, bhérowe, bhéreto, bhéretej, bhérome, bhéretx, bhéront, bhéror
Le statif :
Le statif actif de l'aspect descriptif est simple à obtenir : la racine verbal est au degré « o »
accentué à l’actif singulier, et au degré zéro pour le reste, avec accentuation terminale. Ex :
« wòidje » = « je sais ». Le statif utilise partiellement des terminaisons spéciales :
je, tje, (t)e, wé, tò, téj, mé, (t)`x [é]nt, [é]r
L'on devine que les formes du duel et du pluriel du statif actif pouvaient se confondre avec
les formes correspondantes de l'aoriste (racine nue). D'où ma conclusion que dans le stade
le plus archaïque du PIE, le médio-passif et le statif actif ne se conjuguaient qu'au singulier,
et régissaient un sujet à l'accusatif.
Quand les désinences du pluriel ont été introduites, le risque de confusion a entraîné –
vraisemblablement par le biais des verbes intransitifs – à utiliser la conjugaison redoublée
pour l'actif ; et c'est pourquoi les médio-passifs parfaits des langues-filles présentent des
formes refaites (ou même synthétiques, comme en latin). Et c'est également la raison de
l'imprécision des manuels spécialisés quant au parfait-statif médio-passif PIE, certains
suggérant que cet aspect n'aurait pas distingué entre actif et médio-passif (ce qui est en soi
ridicule).
Cette évolution explique les multiples « irrégularités » que les langues-filles présentent dans
leurs conjugaisons de parfait.
Comme leur nom l’indique, ces deux aspects sont liés l’un à l’autre. Ils utilisent des
terminaisons semblables et même des mécanismes semblables selon les verbes.
Presque tous les verbes utilisent une forme « nue », c’est-à-dire qui consiste en la simple
racine verbale, au degré « e » au singulier actif, et au degré zéro ailleurs. L’accentuation est
sur la racine au singulier actif, et sur la terminaison ailleurs. Ex : xest = ilest ; xsent = ils sont.
En revanche, cette forme « nue », quand elle existe, est un imperfectif pour certains verbes,
et un perfectif pour d’autres.
Ainsi : gwemt/gwmént sont des perfectifs (de « gwem » = « venir »), tandis que
ghwent/ghwnént sont des imperfectifs (de « ghwen » = « mettre un terme à »).
Dans l'aspect descriptif, le « véritable aoriste » était cette forme « nue » (ou celle à degré
zéro avec voyelle thématique pour les verbes dont la forme le requérait). Dans l'aspect
narratif, ce véritable aoriste s'est réparti entre imperfectif et perfectif (le plus souvent) selon le
type d'action exprimé par le sens du verbe.
Il faut donc partir du principe que, si la forme « nue » n’est pas utilisée à l’imperfectif, celle-ci
le sera au perfectif, sauf si des exceptions s’y opposent.
Voici les terminaisons des deux aspects aux deux voix. Les désinences « primaires » ne
s’utilisent que pour le présent de l’imperfectif. Le « e » des désinences devient « ò » sous
l’accentuation ou avant le « r » intercalé entre lui et la particule hic et nunc. (cette fonction
initiale du « r » qui deviendra désinence de médio-passif dans des langues comme le latin ou
le vieil-irlandais est montrée par le hittite).
Le perfectif :
Comme nous l’avons dit supra, le perfectif n’utilise que les désinences secondaires.
La règle générale pour trouver le perfectif à partir de l’imperfectif est très simple.
- Il y a d’abord le cas des verbes qui devraient utiliser une forme « nue » au perfectif, mais
dont la racine verbale se termine déjà avec un « s », ou bien dont la forme « nue » aboutirait
à des aberrations lors de l’accentuation de la terminaison. Ces verbes utilisent au contraire
une forme redoublée avec « e » accentué, degré zéro, et voyelle thématique.
Ex : « sekw » (au médio-passif = « suivre ») : sékwoje = « je suis », le perfectif serait *skwjé,
où le « s » initial laisserait croire à une racine avec « s mobile ». Donc, on obtient séskwoje =
j’avais suivi.
Tombent également dans cette catégorie plusieurs verbes à forme nue à l’imperfectif de
l'aspect narratif, mais où l’usage de l’aoriste sigmatique (cf. ci-dessous) n'est pas approprié
en raison de leur sens :
Ex : : « ghwéghwnes » = tu avais terminé (de « ghwen » = mettre un terme à)
Ce paradigme semble avoir eu, dans l'aspect descriptif, un sens télique, « finir de ».
Terminons par la mention de l'aoriste médio-passif archaïque, qui se formait sur la racine au
degré zéro, avec les terminaisons de l'actif.
Cette conjugaison était visiblement inspiré de ce qui se pratiquait au statif, qui exhibait des
terminaisons semblables à l'actif et au médio-passif. Il est vraisemblable, en raison des
risques de confusion avec l'actif, que cette conjugaison fonctionnait seulement au singulier,
comme le statif archaïque. Ce système explique en tout cas les formes irrégulières des
langues-filles. Ainsi on trouve : bhj'gm = j'obtins comme part, d'rk^m = j'aperçus.
L’imperfectif
Cet aspect présente le plus de formes ; c’est pourquoi c’est celle-ci qui sert à définir le verbe.
En général, le verbe est présenté à la 3° du singulier, voire à celle du pluriel.
1°) Forme « nue » : ghwént/ghwnént : degré normal au singulier actif avec accentuation sur
la racine ; ailleurs, degré zéro avec accentuation sur la terminaison, voire sur la voyelle
thématique si celle-ci est utilisée.
2°) Forme acrostatique, ou « Narten » : stêwt/stéwnt (louer) : degré « e » allongé au singulier
de l’actif avec accentuation ; degré « e » normal avec accentuation ailleurs.
3°) Forme redoublée avec « e » accentué : dhédhoxt/dhédhxnt (poser) : degré « o » au
singulier actif, zéro ailleurs.
4°) Forme redoublée avec « i » : sistéjt/sistjént (être debout) : degré « e » accentué au
singulier actif, degré zéro avec accentuation sur la terminaison ailleurs.
5°) Forme à infixe nasal : linékwt/linkwént (laisser) : infixe accentué « né » au singulier actif,
ailleurs, infixe inaccentué avec accentuation sur la terminaison. La racine verbale est
« leikw ». Dans l'aspect narratif, cette forme servait vraisemblablement à exprimer un
changement d'état.
6°) Forme acrostatique à degré « e » accentué partout, et généralement usage de la voyelle
thématique : bhéret/bhéront (porter).
(etc…). Il suffit de se rappeler qu’une forme « nue » - avec ou sans voyelle thématique –
exhibe toujours un ablaut à l’actif distinguant le singulier des autres nombres.
Règle n°1 : Les racines « Narten » suivent leur modèle propre : CêC/CèC
la racine -CeH(semi?), avec C étant n'importe quelle consonne sauf une occlusive
juste avant « e », et possibilité d'une semi-voyelle après H (sinon ce H est final).
La racine C?L?eL?C?, c'est-à-dire que le « e » est environné d'un L d'un côté ou d'un
autre ainsi que de deux autres consonnes (y compris semi-voyelles, mais pas plus
d'une occlusive).
La racine où le « -e- » est au contact d'un H, à la rigueur en est séparé par L ou une
semi-voyelle
Règle n°5 : Si la règle précédente aboutit à une forme monosyllabique en PIE (voir ma
« phonotactique », l'on obtient :
Règle n°6 : Les racines restantes suivent le modèle : CeC > CèCe-
Cependant, en ce qui concerne le lexique à la fin de cette grammaire, j'ai gardé les formes
d'imperfectif prédéterminées (principalement sur la base de données comparatives)
Les modes :
En sus du mode indicatif, qui vient d’être présenté, l’indo-européen connaît le subjonctif et
l’optatif. Ils existent aux deux voix et à tous les aspects.
Le subjonctif peut se traduire en français par l’expression « puisse-t-il faire » si l’on pense à
la 3° personne du singulier du verbe « faire ». Ce mode s’obtient en utilisant la forme verbale
telle qu’elle existe à l’actif singulier. L’accentuation reste la même tout au long de la
conjugaison. Cependant, si l’accentuation tombe sur une voyelle à « ablaut », celle-ci devient
obligatoirement « e ». On ajoute obligatoirement la voyelle thématique. Si cette voyelle
thématique était déjà utilisée à l’indicatif, elle se trouve allongée. Enfin, on utilise les
désinences primaires ou secondaires du perfectif et imperfectif (même au statif).
Exemples :
Gwmsk^ét = gwmsk^êt
Stêwt = stéwet
Bhéront = bhérônt
Lelikwént = leléikwont
L’optatif correspond à l’expression française « il pourrait faire » si l’on pense à la 3° personne
du singulier du verbe « faire ». Pour l’obtenir, on utilise la forme verbale de la 3° personne
pluriel actif (y compris avec voyelle thématique « o » le cas échéant, mais sans terminaison
–(é)nt) et on ajoute « -ix », qui devient « iex » au singulier actif si, à l’indicatif pluriel,
l’accentuation tombe sur la terminaison, puis les désinences secondaires.
Gwmsk^ét = gwmsk^òixt
Stêwt = stéwixt
Bhéront = bhéroixnt
Lelikwént = lelikwixént
L’impératif :
Seul l’impératif actif est bien connu. Les formes des 2° personnes duel et pluriel, et de la 3°
personne du duel sont identiques à celles du discours (un indice laisse supposer qu’il en
allait de même pour le passif). La forme de la 3° personne du pluriel suffixe un « -u » ; il en
est de même pour la 3° personne du singulier quand elle se termine en « -t ». Enfin, la 2°
personne du singulier consiste soit en la forme basique verbale avec voyelle thématique le
cas échéant (ex : « bhére » = « porte ! ») ou bien en cette forme basique au degré zéro,
auquel on suffixe « -dhì ». Ex : xsdhi = « sois ! ».
Le latin « mementô » laisse penser que le parfait-statif avait ses formes propres d'impératif
(les mêmes que l'indicatif). Dans la mesure où le PIE n'avait pas de système temporel,
l'existence d'un « impératif futur » est sujette à caution, même si les langues-filles ont pu en
former un, parfois avec des formes refaites (comme dans l'exemple de « mementô », où le
« ô » final peut avoir été influencée par *tod = « ça »).
Pour les autres formes, on peut supposer que le subjonctif était utilisé.
Ces verbes sont issus (le plus souvent par suffixation), de noms, d’adjectifs ou d’autres
verbes. Les manuels spécialisés sont peu clairs sur leur existence (hors imperfectif) aux
autres aspects narratifs. Notre théorie est qu'il s'agit tous de formes issues de l'aspect
descriptif.
- Verbes essifs en –éxe sur les adjectifs « Caland ». Ex : xrudhròs = rouge ; xrudhéxet
= il est rouge, il rougeoie.
- Le factitif du même type de verbes se constitue par infixe nasal sur l’adjectif en « u »
avec accentuation terminale. Ex : sur tnjéw- = « fin, mince » on obtient tnjnéw =
« tendre, étirer » ; tnjnéwt = « il tend », tnjnwént = « ils tendent ». Sur *xrudhéw (non
attesté étymologiquement), on obtient *xrudhnéw- = « rendre rouge, rougir »
- Pour les adjectifs thématiques en « -o », le factitif correspondant est en –eje. Ex :
néwos = « neuf, nouveau » ; néweje = « rendre nouveau, renouveler ».
- Les causatifs et itératifs suivent tous deux le même modèle : -éie est suffixé à la
racine verbale au degré « o ». Un causatif correspond à « faire + verbe ». Ex :
spok^éie- (de « spek^ ») = « faire regarder ». Un itératif correspond à une action
répétée ; ex : bhoréie = porter encore.
- Les désidératifs « vouloir + verbe » se forment de diverses manières. Les verbes se
terminant en voyelle ou laryngale se mettent au degré zéro, et suffixent –sié. Ex :
« stjsiònt » = « ils veulent être debout ». Pour les autres verbes, une catégorie peut
prendre la forme nue + « s » suffixé, avec degré « é » accentué au singulier actif, et
degré zéro avec accentuation sur la désinence ailleurs. Ex : (de « winéd »).
« weidst » = il veut (sa)voir ; « widsént » = « ils veulent (sa)voir. Cependant, ce
procédé n’est utilisable que s’il ne crée pas de confusion avec une autre forme de
l’indicatif. Sinon, on utilise la racine redoublée avec « ì » accentué et racine au degré
Les participes :
Exemples :
Bhéromxnos = « en train d’être porté » ; dqmxnòs = « qui fut donné » (perfectif) ;
Le participe passif statif ou « adjectif verbal » s’obtient en suffixant –tò (ou –nò ; même sens)
sur la racine verbale nue au degré zéro.
Un adjectif de possibilité est obtenu par l’utilisation des formes de subjonctif, c’est-à-dire de
la voyelle thématique. Cependant, l’adjectif verbal est au degré « e ». Ex : « derk^etòs » =
« visible ».
Enfin, sur la forme verbale nue au degré « e », on obtient un adjectif d’obligation « devant
être… ». De « ghwen », on obtient ghwényo- = « devant être terminé ».
Le nom verbal :
Le verbe PIE n'avait pas un infinitif précis comme en français, mais des noms verbaux
présentant une déclinaison. On peut reconstruire les usages suivants :
– Le nominatif concernait bien entendu le cas du sujet d'un verbe. (Ex : « marcher est
bon pour la santé »)
– L'accusatif était surtout utilisé dans son sens directif (Ex : « je vais/viens faire ça là-
bas »). La formation la mieux attestée dans cet usage est celles des noms verbaux
d'action en -tum. En effet, dans la mesure où l'accusatif dépend directement du verbe
conjugué, il n'est pas nécessaire d'utiliser un nom verbal donnant beaucoup de
précision sur l'aspect.
– Le datif-locatif était très utilisé, et se voyait concurrencé par des composés avec un
membre à caractère locatif, principalement -xen(i) en deuxième membre. Ce cas
correspondait à plusieurs usages : -1°) Souvent rendre l'idée de médio-passif
Il est difficile de trouver une véritable systématique dans les noms verbaux IE, tant les
formations sont diverses dans les langues-filles.
On peut ranger d'un côté les noms verbaux d'action en -tu- et -ti- (voir « dérivation »), où
l'expression de l'action verbale se limitait logiquement à l'opposition perfectif-imperfectif. Les
langues-filles attestent des formes dérivées en -tèwos (« qui doit..., ce qui est à/pour », idée
de destination) et une dérivation interne en -teys (nom d'agent).
Viennent de l'autre côté toutes les autres formations. Des noms-racines sont attestés, ainsi
qu'une formation à degré « o » au nominatif et zéro ailleurs, avec suffixe en -ey/i. Ex : de
« ghwen », nominatif : « ghwònis », cf. vieil-irlandais « guin » = « blessure », latin « finis ».
(genre variable, cf. mori = « mer » (neutre), c'est-à-dire « lieu de la disparition »). Cette
formation devait signifier « là où » (lieu ou temps).
Il y a de nombreux noms verbaux en -es, avec degré normal. Ex : bhéreti = il porte ; donc
« bheres-xéni » = « pour porter » (cf. védique « bharasani », grec « pherein », « bhéresex »
= « en portant » (cf. latin « ferre »). Peut-être s'agissait-il de l'expression d'un état, d'une
qualité, un peu comme certains langues-filles utilisent un vrai infinitif comme substantif (« le
porter », « le rire »).
Les athématiques devaient, si on se fie au hittite, former des noms verbaux hétéroclitiques
protérocinétiques, ayant un sens de « résultat »:
Il semble y avoir un système spécial pour les verbes qui fonctionnent avec des infixes
nasaux, par exemple : linèkwt – punèjt – unèd$t.
Soit : peuj = pew + j ; la racine est bissyllabique : on inverse les deux derniers phonèmes de
la racine, et on obtient : pju + rn
Soit : leikw : unissyllabique, mais à trois phonèmes au degré zéro : likw : on le soumet à une
inversion = lyekw.
Soit : wed, qu'on ne peut soumettre à aucune déformation : le dérivé sera au degré plein
« o ».
On obtient ainsi : lyékwrn, péjurn, wòdrn qui sont des protérocinétiques de la règle n°12.
Un suffixe « -teli- » sur racine à degré zéro signifiait « apte à/susceptible de ». Un suffixe « -
édhi » (avec réduplication pour les racines n'ayant qu'une laryngale comme voyelle au degré
zéro) signifie « susceptible d'être ». Ces deux adjectifs verbaux s'accordent donc avec le
substantif correspondant.
Les pronoms :
L’existence d’un duel pour les pronoms, bien que théoriquement possible, n’est que
difficilement reconstructible, si bien que l’on peut supposer que, déjà en indo-européen, l’on
utilisait les pronoms pluriels en lieu et place des pronoms duels indo-européens. Si l’on
exclut les pronoms personnels des 1° et 2° personnes, les pronoms indo-européens
semblent avoir suivis l’un des deux modèles suivants de déclinaison, tous acrostatiques.
Notons que certaines formes présentent le clitique « s(e)m » en suffixe :
Très vraisemblablement, « kwis » était utilisé tant pour le masculin que pour le féminin. En
effet, comme le prouve le hittite, la forme la plus archaïque d’indo-européen opposait l’animé
en « -is » à l’inanimé neutre. Cependant, pour d’autres formes, la présence ultérieure de
pronoms féminins est avérée, et nous avons préféré intégrer le féminin dans la déclinaison
de « kwis » pour obtenir un tout cohérent.
Le pronom relatif « non-restrictif » est « xyos » (suit « kwos ») ; une subordonnée non-
restrictive peut être supprimée sans rendre la principale grammaticalement incorrecte, ou
privée de sens. Pour les subordonnées restrictives on utilise, selon les cas, « kwis » ou
« kwos ».
« jèlyos » signifie « autre » (de plusieurs), tandis que « jèlteros » est « autre » (de 2). La
même distinction se retrouve dans « oinòs » = « (un) seul » (de plusieurs) face à « oiteròs »
« (un) seul » (de 2). Signalons enfin « kwòteros » = « lequel des deux ».
En suffixant « kwe » à « kwis/kwod », on lui donne le sens de « tout, chaque ».
Voici les pronoms personnels des 1° et 2° personnes (entre parenthèses, formes atones,
clitiques), du moins pour la période post-anatolien (voir la thèse d'A Kloekhorst)
Le pronom réfléchi, valable à toutes les personnes, n’a pas de nominatif et se décline
comme « twé » en replaçant le « t » par « s » ; ainsi : swé (se), sébhei…
Le pronom possessif, qui se décline comme un adjectif normal, est xmos, twos, nsos, usòs.
« swos » est le pronom possessif réfléchi, mais se réfère souvent au substantif qui vient
d’être évoqué ; sa véritable est donc plutôt « mon/ton/… propre ».
Les nombres :
« 1 » est, on l’a vu, ou bien « oiwòs » = « un seul », ou bien « sêm » = « un quelconque »,
qui se décline comme suit :
Cas/genre masculin féminin neutre
nominatif sêm sémij sem
accusatif sêm sémijm sem
datif sméi smiéjei sméi
instrumental smex smiéjex smex
Ablatif-génitif smés smiéjs smés
locatif Sém(i) Smiéj(i) Sém(i)
« 2 » est « dwo ». « Tous deux » est « bho » ou « jémbho » se décline comme lui, c’est-à-
dire comme un thématique au duel.
« 4 » :
Les nombres suivants ne se déclinent pas : pénkwe, swek^s, sept`m, ok^tôw, xnewn,
dek^mt.
Les nombres de 11 à 19 consistent en les unités suivies de « dek^mt ». Ex : 11 = sêm
dek^mt.
Les dizaines se forment par un composé se terminant par « dk^mt » décliné. Ainsi, 20 est
dwìdk^mtix, 30 est trìjdk^mtj, puis kwetùrdk^mtj, pénkwedk^mtj, swéksdk^mtj, sept`mdk^mtj,
qek^’tqdk^mtj, xnéundk^mtj. Ils déclenchent le génitif.
100 est k^mtòm, indéclinable, mais, comme pour 10, les centaines se déclinent. Ex : 200 =
dwìk^mtoix. Pareil pour 1000 = ghéslom.
Les ordinaux consistaient, au début du PIE, souvent en « ò » suffixé au nombre, sauf pour
les deux premiers : prqwò, jenterò, triò, kwturò, pnkwò, suksò, sptmò, qk^tqwò, xnunò,
dk^mtò… Cependant, au fil de l'évolution du PIE, la finale de 10° s'étendit à tous, sauf 7°, 8°
et 9°. Soit : tritò, kweturtò, penkwtò, swekstò
Syntaxe :
Il est donc possible que le PIE ait eu des propositions subordonnées introduites par « kwid »
= « que ».
J'ai été amené à observer une variante de la loi de Wackernagel : la phrase indo-
européenne semble aimer mettre « en sandwich » des éléments de groupes syntactiques
divers (clauses, groupes verbaux...) pour distinguer chaque constituant des groupes par la
présence d'un « intrus », éventuellement pour fournir un support phonétique à un clitique, et
pour « lier le tout ». Il y a donc une loi de limitation :
« 2 éléments d'un même groupe syntactique (clause, groupe verbale, complément d'un nom)
ne peuvent pas être séparés l'un de l'autre par plus d'un mot accentué. »
A part un verbe conjugué, il apparaît que la clause PIE doit comporter également l'un (ou
plusieurs) de ces éléments :
(autre divers
chose????) autres
clitiques
dérivés des
« apposition
s » du PIE.
- La dérivation interne aux racines athématiques consiste à décaler vers la droite le schéma
accentuationnel du mot. Ainsi, à partir d’un acrostatique kròtus/krétus (intelligence), on
obtient un protérocinétique krétus/krtéus (mentalement fort). De même, à partir d’un
protérocinétique bhlégh^mrn (sacrement), on obtient un amphicinétique bhlégh^morn
(prêtre).
Enfin, des dérivés peuvent être formés à partir d’un locatif. L’amphicinétique dhégh^om
(terre) a un locatif dhgh^men(i), duquel est dérivé un nouvel amphicinétique dhgh^émon
(génitif : dh$ghimnés) = « humain, terrien »
- Le « proto-vrddhi » fonctionne sur les racines avec ablaut. La racine est réduite au degré
zéro, puis on lui ajoute un « e », généralement à une position différente de la précédente, et
on suffixe la voyelle thématique accentuée.
Ex : diew (jour) = diw = deiw = deiwòs (dieu, « habitant du ciel »)
- Ensuite, le vrrdhi qui consiste à ajouter un « e » dans la racine d’un mot thématique,
et à accentuer la voyelle thématique. Ex : swék^uros (beau-père) fournit swêk^uròs
(beau-frère, c’est-à-dire « appartenant au beau-père »).
- Avec la racine au degré « o » accentué et la terminaison du masculin thématique, on
obtient le résultat ou l’action exprimée par ce verbe. Ex : de g^enx = « engendrer »,
on obtient g^ònxos = « créature ». Le pluriel utilise le féminin singulier en « -éh » ;
ex : g^onxéh = « la création ».
- Avec la racine au degré « o » et la terminaison du masculin thématique accentué, on
obtient l’acteur du concept exprimé par le verbe. Ex : g^onxòs = « créateur, parent ».
- Le suffixe –éj accentué sur racine au degré zéro fournit des noms d’action. Ex :
bhugéj « fuite » de bheug « fuir ».
- -òm sur racine au degré zéro fournit un nom d’instrument. Ex : yugòm « joug » de
yeug « joindre »
- -om sur racine au degré « e » accentué fournit un nom d’action. Ex : wérg^om
« travail » de werg^ = « travailler ».
- -òs masculin accentué sur racine au degré zéro décrit le lieu de l’action. Ex : nisdòs
« nid » de nì-sed « se poser ».
- Le suffixe neutre -es, sur une racine verbale accentuée fournit des noms à valeur
médio-passive. Ex : g^énxes « genre, race » de g^enx « engendrer », k^léwes
« gloire » de k^lew « écouter, entendre », wékwes « mot, expression » de wekw
« parler, s’adresser à »
- Le suffixe -os, mais féminin athématique (en général), fournit une abstraction à nom
d’agent. Ex : jéusos/jussés = « aurore » de jwes « briller, se lever ».
- Le suffixe masculin –mos sur racine verbale (degré du présent imperfectif) indique le
résultat de l’action. Si la racine est accentuée, elle prend le degré « o ». Ex : tòrxmos
(trou) de térx (percer, aller à travers). Sinon dhujmòs (fumée) de dhuj « émettre de la
fumée ».
- Les suffixes ti/tey (féminin) et tu/tew (masculin), protérocinétiques fournissent des
noms d’action verbale. Ex : gwémtis/gwmtéy = le fait de venir ; gwémtu/gwmtéw =
venue ; pértus/prtéw ; mértis/mrtéy = mort, bhértis/bhrtéy = le fait de porter. « ti/tey »
régit l’accusatif, et « tu/tew » le génitif.
Pour les adjectifs thématiques et accentués sur le thème, une règle simple de
substantivisation est le déplacement de l’accent sur la première syllabe.
Les verbes sont indiqués avec leurs bases des 3° personnes singulier et pluriel de
l’imperfectif (aspect narratif), sans untilisation des règles de prédictibilité exposées plus haut.
.