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Antoine Dusuel

Clarisse Rubio-Bensaïd
Eveline Su
MORPHOLOGIE (lexicale)

Morphologie = étude de la forme des mots.

I. Les classes de mots

La classe grammaticale d'un mot, c'est son identité, on trouve cette information dans le
dictionnaire. Généralement la classe grammaticale d'un mot ne change pas, c'est sa fonction
qui change. Il existe 9 classes grammaticales différentes.

1) Les déterminants

Ce sont les mots qui font passer les noms de la langue (domaine abstrait) au discours
(référence concrète dans la prise de parole).

- articles définis (le, la, les...) / indéfinis (un, une, des...)


- déterminants possessifs (mon, ton, son, ma, ta sa...)
- déterminants démonstratifs (ce, cet, cette, ces)
- déterminants numéraux (deux, trois, quatre...)
(# adjectifs ordinaux : le premier chat que tu vois est le mien)
- déterminants indéfinis (aucun, chaque, quelque...)
- déterminants interrogatifs (quel, quelle...)
Ex= Quelle pomme veux-tu ?
- déterminants exclamatifs
Ex= Quelle joie de te retrouver enfin !

2) Les noms

- propres
Ex= La Seine, Hugo, Marseille
- communs
Ex= idée, pomme, voie, liberté, chose

3) Les adjectifs

Ce sont les mots qui nomment la qualité d’un nom. Ils peuvent être antéposés (avant) ou
postposés (après) au nom.
La postposition de l’adjectif est dû à

Remarque : dans les langues germaniques, l'adjectif épithète est systématiquement


antéposé au nom. En anglais, les adjectifs dénotant des propriétés physiques se suivent
selon l'ordre canonique : taille + forme + couleur + matière
Ex= a small square white silk handkerchief
Les relevés statistiques montrent qu'en français parlé 1 adjectif sur 3 est antéposé. Si la
tendance générale est à la postposition, l'antéposition est gouvernée par un ensemble de
facteurs :
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> l'adjectif placé avant délivre d'abord son sens et de fait modifie le sens du nom qui vient
après. Souvent, lorsqu'il est antéposé, l'adjectif délivre une nuance d'appréciation ou
d'expérience subjective.
Ex= un grand homme, un homme grand, une petite fille, une fille petite, un pauvre homme,
un homme pauvre

4) Les pronoms

- personnels (je, tu, il , le, la, lui, moi, me...)


- impersonnels (on, il)
Ex= Il pleut depuis ce matin
- possessifs (le nôtre, le vôtre, la mienne, le sien...)
- démonstratifs (celle-là, celle-ci, celui-là, celui-ci...)
- indéfinis (tous, quelqu'un, personne...)
Ex= Tous s'accordent à dire qu'il est lâche.
- relatifs (qui, que, quoi, dont, où, le quel, par lequel, par lequel...)
Ex= L'homme qui marche est mon voisin
- interrogatifs (qui, que...)
Ex= Qui vient dîner ce soir ?

5) Les verbes

- on les classifie selon les groupes (1-2-3)


- qu'ils sont des verbes d'action ou des verbes d'état (équivalents au verbe être : paraître,
sembler, devenir, demeurer, rester)
- il y a les transitifs (directs ou indirects : ceux qui admettent au moins un complément
d'objet direct ou indirect)
Ex= Il mange une pomme (tr dir) ; Elle ressemble à sa mère (tr indir).
- enfin les intransitifs : ils n'admettent pas de compléments
Ex= Il récidivera.

6) Les adverbes

Les adverbes constituent une classe hétérogène. Ils précisent les circonstances de l’action
exprimée par le verbe (<ad-verbum), mais peuvent également modifier des adjectifs (« très »,
« si ») ou d’autres adverbes (« très bien »).

Manière Facilement, lourdement, terriblement, bien, mal,


vite
Temps Hier, demain, souvent, jadis, parfois
Lieu Ici, là, là-bas, loin, partout
Quantité Assez, tellement, encore, peu
Négation ne... pas, ne... jamais,
Exclamation comme
interrogation Comment, combien

7) Les prépositions

à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous, sur...
(Adam part pour Anvers avec 200 sous sûrs)
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8) Les conjonctions
Les conjonctions servent à relier deux propositions.

- Les conjonctions de coordination relient deux propositions coordonnées.


mais, ou, et, donc, or, ni car
(Mais où est donc Ornica?)
- Les conjonctions de subordination relient deux propositions subordonnées.
si, quand, que, alors que, dès que, pour que, afin que, lorsque, parce que...

9) Les onomatopées et interjections

- L'onomatopée est la transcription dans la langue d'un bruit, d'un son. Tout néologisme
dans ce domaine est permis et pas de problème d'orthographe. Un genre comme la bande
dessinée est très créative en matière d'onomatopées.
Ex= paf, bang, plouf, crac...

Interrogeons-nous sur le fait que les onomatopées diffèrent d'une langue à l'autre alors que
le son est le même...
Ex= chant du coq en allemand Kikiriki, cocorico en français

- L'interjection est une classe grammaticale aux frontières de la langue (le grammairien
Guillaume dit que plus l'expression grammaticale se réduit, plus l'expressivité croît, dans le
cas de l'interjection, courte, on est en effet dans expressivité maximale) : elle est comme un
cri placé entre les mots qui sert à traduire une émotion (colère, étonnement, joie, douleur...)
Ex= ah, oh, ô, hi, ouille...

Exercices 1-7

II. Mot et morphème

Morphème = unité élémentaire de signification lexicale ou grammaticale de la langue


=/= Mot = unité autonome séparé par des blancs ou des tirets

Un mot peut être constitué d’un ou de plusieurs morphèmes, c’est la différence entre les
mots simples et les mots construits.
Exemples :
- « chant » est un mot simple, on ne peut pas le décomposer en plus petites unités.
- « chanteur » est un mot construit à partir des morphèmes chant- et –eur.
Pour vérifier si un segment est un morphème, on regarde si le segment garde le même sens
dans d’autres mots. On utilise le test de commutation : on essaie de remplacer un
morphème par un autre.
 Chant- peut exister seul (« un chant ») ou se retrouver dans « chantonner »,
« chanter ».
 -eur peut se retrouver dans « coiffeur », « voleur » : il sert à désigner l’agent qui
effectue l’action du verbe auquel s’ajoute le morphème.
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 Dans « chanteur », -eur peut commuter avec le morphème –age : « chantage ». (-
age est bien un morphème, il sert aussi à former les mots « balayage », « lavage »,
etc.)

NB : Un morphème peut être libre ou lié. Un morphème est libre lorsqu’il peut constituer un
mot à lui seul (exemple : « chant »). Il est lié lorsqu’il ne peut pas exister tout seul (exemple :
-eur)

Les morphèmes peuvent être lexicaux ou grammaticaux :


- Les morphèmes lexicaux servent à constituer le lexique. Ils sont porteurs de sens, ils
créent de nouveaux mots. Ils appartiennent à un ensemble ouvert, qui s’enrichit avec
le temps. Ils correspondent aux radicaux.
Radical = le mot dont tous les affixes ont été enlevés.
Exemple : chant- dans « chanteur »

- Les morphèmes grammaticaux sont en nombre limité. Ils correspondent aux affixes.
 Affixes dérivationnels : Ils forment de nouveaux mots à partir des mots lexicaux.
Exemple : -eur dans « chanteur »
 Affixes flexionnels (uniquement des suffixes): ce sont les désinences. Ils renseignent
sur l’accord en genre et en nombre pour les substantifs et les adjectifs, et sur le
temps, le mode et la personne pour les verbes. Ils ne forment pas de nouveaux mots.
Exemple : dans « avons », le morphème –ons nous indique que le verbe « avoir » est
conjugué à la P5 du présent de l’indicatif.

NB : Font également partie des morphèmes grammaticaux les « mots-outils » (prépositions,


conjonctions, déterminants, etc.).

Base = le mot auquel a été ajouté un affixe.


Exemple :
Processus de formation du mot « engagement » :
Gage > engager > engagement
 -ment a pour base « engager ». « engager » est un verbe => on parle de base
verbale.
 -en a pour base « gage ». « gage » est un nom => on parle de base nominale.
NB : Certains affixes ne s’adjoignent qu’à des bases nominales, ou verbales, ou adjectivales.

Exercice 8
Exercice 9
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III. Morpholexicologie

Nous allons nous intéresser à la morpholexicologie, c’est-à-dire aux processus de formation


des mots. Nous allons adopter une approche synchronique, c’est-à-dire qu’on étudie le mot à
un moment donné (on ne se préoccupe pas de son origine historique, de son étymon).
Attention : on s’intéresse ici à la morphologie dérivationnelle (formation de nouveaux mots)
et non à la morphologie flexionnelle (variations d’un même mot : variation en genre et en
nombre pour les substantifs et adjectifs ; variations en temps, mode, personne pour les
verbes).

On distingue les mots simples (un seul morphème) et les mots construits (plusieurs
morphèmes).
NB : Certains mots qui sont à l’origine construits finissent par être perçus comme des mots
simples avec le temps.
Exemple : saupoudrer = poudrer avec du sel. Le mot « saupoudrer » est à l’origine un mot
construit, composé par les mots « sel » et « poudrer ». Le mot perd son sens d’origine, il
n’est plus autant associé au sel (on peut saupoudrer de sucre, d’épices). On dit alors qu’il est
démotivé.

Voyons les différents modes de formation des mots construits.

1. La dérivation
La dérivation procède par adjonction d’un affixe.
Elle peut être endocentrique (l’ajout du suffixe ne modifie pas la catégorie grammaticale de
la base) ou exocentrique (l’ajout du suffixe modifie la catégorie grammaticale de la base).
Exemple :
- Amour (substantif) > amour-ette (substantif) : dérivation endocentrique
- Adorer (verbe) > ador-able (adjectif) : derivation exocentrique
- Possible (adjectif) > possibil-ité (substantif) : dérivation exocentrique

2. La conversion
Il y a création d’un nouveau mot par conversion grammaticale. Le mot change simplement
de classe grammaticale, sans changer sur le plan morphologique.
Exemple :
(1) Il est devant la porte. : « devant » est une préposition.
(2) Il marche devant. : « devant » est un adverbe.
NB : « plaisir » était un verbe en ancien français (on le reconnaît au suffixe flexionnel de
l’infinitif typique des verbes des deuxième et troisième groupes), mais il a produit le
substantif « plaisir » par conversion (un plaisir).
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3. La composition
Il s’agit de la création d’un nouveau mot par l’association de mots autonomes. Les mots sont
composés se présentent de trois façons :
- soudure (les mots sont collés) : bonheur, portefeuille
- un trait d’union lie les deux mots : chou-fleur
- absence de signe graphique : pomme de terre  on parle alors de locution.
À partir de quel moment deux mots deviennent-ils un seul mot composé ? Critères à
respecter :
 Figement sémantique : le sens d’un mot composé n’est pas l’addition du sens des
mots qui le composent.
Exemple : pomme de terre n’est pas une pomme de la terre.
 Figement morphosyntaxique : pas de commutation possible, c’est-à-dire qu’on ne
peut pas remplacer un élément du mot composé sans le changer de sens.
Exemple : *pomme de ciel n’a pas de sens, ni *orange de terre.

4. La composition savante ou interfixation


Il s’agit d’un mode de formation qui associe des éléments issus de bases savantes
(latin/grec). Contrairement aux mots composés, l’interfixation associe des éléments qui ne
sont pas autonomes.
Exemple : homicide < homo + cid ; parricide < pater + cid
(cid provient du latin caedere qui signifie « tuer »)

5. La troncation
Il s’agit de la suppression du début ou de la fin d’un mot.
 Apocope : suppression de la fin d’un mot. Exemple : ciné(ma)
 Aphérèse : suppression du début d’un mot. Exemple : (auto)bus
Il y a parfois ajout d’un suffixe.
Exemple :
apéritif  apér-o
cinéma  cinoche
NB : la troncation ne respecte pas forcément la logique compositionnelle du mot. Exemple :
professeur est un mot construit par dérivation suffixale (professer + -eur), mais le mot a
donné la troncation prof, et non *profess.

6. Les mots valises


Il s’agit d’un processus de formation combinant la composition et la troncation.
Exemples :
Héliport = hélicoptère + aéroport
Rurbain = rural + urbain
Franglais = français + anglais
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7. La siglaison et l’acronymie

 Sigle = formation d’un nouveau mot à partir de l’initial des mots.


Sida = Syndrôme d’ImmunoDéficience Acquis
Onu = Organisation des Nations Unies
RER = Réseau Express Régional
Les sigles se démotivent (perdent leur sens d’origine) plus ou moins.
Les sigles peuvent être prononcés en épelant les lettres (rappelle la siglaison) ou prononcés
comme un mot simple.
Ces sigles deviennent parfois à leur tour des bases à partir desquels de nouveaux mots sont
créés : onusien (relatif à l’ONU), énarque (ancien élève de l’ENA)

 Acronyme = formation d’un nouveau mot à partir des premières syllabes. C’est un
mode de formation qui est plus rare que la siglaison.
Exemple : sitcom (< anglais situation comedy, comédie de situation), radar (< radio detection
and ranging)

Exercice 10

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