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COURS 1
Définir le verbe
Le verbe appartient à la classe des mots variables (en tout cas en français) et peut se définir
selon trois points de vue :
1. Morphologie
Le verbe se conjugue : on lui adjoint une flexion (ou désinence verbale) encodant les
catégories de la personne, du nombre, du mode et du temps
Exemple simple : chantait – le radical est chant, la désinence est ait laquelle se décompose
comme suit : ai (imparfait de l’indicatif), t (singulier, 3 personne) ;
Dans le cas de chantais, le s final est ambigu quant à la personne ; c’est les pronoms
personnels sujet (je ou tu) qui lèvent l’ambiguïté.
NB : la distinction radical/désinence n’est pas toujours opérationnelle. Dans il a (verbe avoir),
on dit que radical et affixe sont amalgamés.
Dans le cas des formes composées, les verbes être et avoir sont auxiliaires. Ils restituent les
caractères absents du participe passé : a dit, eut dit, avait dit, aura dit, aurait dit ; elle est
montée, il est monté.
A dit – a+dit= temps+mode, a – personne, nombre
Aux quatre catégories énumérées ci-dessus, on doit rajouter celles de l’aspect et de la voix.
La catégorie de l’aspect est marquée dans l’opposition formes simples / formes composées
(voir tableau du Bescherelle) :
Il travaille (aspect inaccompli, procès en cours de déroulement)/ Hier, il a travaillé
(antériorité par rapport au présent et aspect accompli, le procès est présenté comme réalisé,
achevé)
Les voix sont les formes que prend le verbe pour exprimer le rôle du sujet dans l’action. Il y a
deux voix du verbe :
- voix active, indiquant que le sujet fait l’action
- voix passive, indiquant que le sujet subit l’action
Lors de la transformation passive, le sujet devient complément d’agent et l’objet devient
sujet :
Morphologie du verbe au passif = verbe être conjugué au temps et au mode du verbe à l’actif
+ ppassé
On dit souvent que le sens global de la forme active et de la forme passive est équivalent,
mais la focalisation est différente (la construction passive permet de mettre en relief le patient,
donc le poids de l’information change).
NB ! Seuls les verbes transitifs directs peuvent se mettre à la voix passive : cette chanson est
connue par tous les fans. Mais si le COD exprime une quantité (poids, taille…), la passivation
ne peut pas avoir lieu : Ce camion pèse 10 tonnes / *10 tonnes sont pesées par ce camion (la
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Temps, mode, aspect ; L3 Lettres Modernes, Valenciennes, V. Mostrov, vassil.mostrov@gmail.com
ok
relation est interne) mais Cet homme pèse des pêches / Des pêches sont pesées pas cet
homme.
2. Syntaxe et distribution
Selon leurs propriétés syntaxiques, les verbes se subdivisent en intransitifs et transitifs (directs
ou indirects) :
Jean dort/disparaît/joue (verbe intransitif=pas de complément)
Jean promène son chien (verbe transitif direct=complément introduit sans préposition - COD)
Jean ressemble/obéit à son père (verbe transitif indirect=complément introduit par une
préposition - COI)
Jean donne de l’argent aux pauvres (verbe à deux compléments – un COD et un COI1)
Les compléments des verbes transitifs complètent le sens de ceux-ci. Pourtant, il existe des
verbes transitifs employés sans leur complément (en emploi absolu) : Jean mange ; Il sait lire
et écrire (de cette façon, on identifie le procès verbal en lui-même sans autre spécification).
Il existe également des verbes attributifs (être étant le plus utilisé) qui instaurent une relation
entre le sujet et un attribut, relation marquée par l’accord. Le plus souvent, la fonction
d’attribut est remplie par un adjectif qualificatif : Sophie est heureuse ; Marie est/semble
triste ; Elle devient folle.
Verbes copules : être, sembler, paraître, devenir, etc.
Il existe aussi des verbes impersonnels (qui s’emploient uniquement à la 3ème personne du
singulier, sans relation à un sujet déterminé) : il pleut, il neige (verbes météorologiques) ; il
faut (modalité déontique – qui constitue une obligation, une nécessité) et des verbes
pronominaux (s’évanouir, s’écrouler [intransitifs] / se souvenir de qqn, se méfier de qqch
[transitifs indirects])
3. Sémantique
- Traditionnellement, le verbe est défini comme dénotant une action ou un état (le terme de
procès englobant les deux).
Verbes d’action : boire, frapper, marcher, raconter
Verbes d’état : dormir, s’ennuyer (Ce mur penche, ex. de Grevisse, Le bon usage)
! Déf. problématique car il y a des noms d’action et des adjectifs d’état (bombardement,
départ, nage, marche… / triste, malade… ), alors (en tout cas en français) ce sont la
distribution et la morphologie qui permettent de trancher :
Dét + N ; sujet + V ; dét + N + adj.
- Le verbe a un rapport étroit avec le temps, « il ajoute à sa signification celle du temps »
selon Aristote ; pourtant, il n’est pas le seul à avoir un lien avec le temps : on peut dire un ex-
président pour exprimer « le passé » d’un nom.
- Il a une fonction prédicative dans le cadre de la phrase, il « indique toujours quelque chose
d’affirmé de quelque autre chose » (Aristote) : Le jour (sujet) paraît (prédicat).
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Dans la tradition scolaire, le deuxième complément est appelé COS (complément d’objet second). Il s’agit
syntaxiquement d’un COI.
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Temps, mode, aspect ; L3 Lettres Modernes, Valenciennes, V. Mostrov, vassil.mostrov@gmail.com
Dans ce qui suit, on s’intéressera aux trois notions les plus étroitement liées au verbe : le
mode, le temps et l’aspect.