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Mme GONZAR .

N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Université Abderrahmane Mira- Bejaia

Département des sciences sociales

L’enseignante : Mme GONZAR Naima

Maitre de conférences en sociologie culturelle

Cours : l’histoire culturelle de l’Algérie S2

1ére année LMD sciences sociales

Les sections :1-2-4

Programme 

A. Généralité :
1) Définitions (l’histoire - la culture - l’histoire culturelle).
2) Présentation de l’Algérie.
B. La culture à travers l’histoire.
1. Préhistoire 
a. Description
b. Exemple : Les premières traces de l’homme (homme de Tighennif
=Palikao - les dessins du Tassili)
2. Antiquité
a. description (Epoque Carthaginoise- Epoque Romaine - Royaume
de Numidie).
b. Exemple :Les Métamorphoses( L'Âne d'or un roman écrit par
Apulée.
c. La cité de dieu un livre de Augustin d'Hippone (ou saint Augustin)
3. L'islamisation et l'ère des dynasties arabo-berbères

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(La dynastie Rostomide - La dynastie Fatimide -Les Zirides - Les


Hammadites - Les Almoravides - Les Almohades - La dynastie des
Zianides)

Exemple : la langue arabe – la religion islamique- les sciences – la


philosophie- le maraboutisme- les confréries.

4. Algérie ottomane.
5. Période de la colonisation française.
6. L’Algérie indépendante.

Liste bibliographique :

I. Ouvrages en langue française :

- KADDACHE Mahfoud, L'Algérie médiévale, Alger : ENAL, 1992.

- KADDACHE Mahfoud, L'Algérie des Algériens : de la préhistoire a 1954,


Paris : EDIF 2000, 2009.

- KADDACHE Mahfoud, L’Algérie durant la période ottomane, Alger : OPU,


1991.

- IBN KHALDOUN Abderrahmane, Peuples et nations du monde, Paris :


sindbad, 1986.

- IBN KHALDOUN Abderrahmane, Al muqaddima discours sur l'histoire


universelle, Paris : sindbad ,1978

- LACHREF Mostefa et DJEGHLOUL Abdelkader, histoire ,culture et société ,


Alger : ANEP, 2002.

:‫ مراجع باللغة العربية‬.II

‫ المؤسسة‬: W‫ بيروت‬،3‫ج‬،2‫ج‬،1‫ في القديم و الحديث ج‬W‫ تاريخ الجزائر‬،‫ بن محمد‬W‫ الميلي مبارك‬-
.2010،‫الوطنية للكتاب‬

‫ الديوان‬: W‫ الجزائر‬،‫ الوسيط‬W‫ في العصر‬W‫ كتاب مرجعي حول تاريخ الجزائر‬،‫ حاجيات عبد الحميد‬-
.KRI) ، 2007

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Définitions et présentation de l’Algérie

I. Définitions

a. L’histoire :

- Histoire = Récit (1)


- Histoire = Passé (2)
- Science qui a pour objet le passé humain (3)
- (1) :l’histoire comme récit englobe le domaine de la fiction, de l’imaginaire,
de la légende, du mythique.
Histoire dans ce sens est souvent synonyme de fictif, de mensonger (raconter
des histoires à quelqu’un).
-Sens (2) : histoire est le passé tel qu’il s’est effectivement déroulé.
-Sens (3) : la science historique a pour objet la connaissance du passé
humain.
- L’histoire est la connaissance scientifiquement élaborée du passé humain. Il
ne s’agit pas seulement de reconstituer le passé, mais de l’expliquer.
- Pas d’histoire de la nature « La nature organique n’a pas d’histoire » Hegel
Seul l’homme a une histoire (un passé) et est une histoire et a conscience de
son histoire (=mémoire)
-  Quel homme ?
- Tous (histoire de l’humanité)
- Certains (un peuple)
- Un seul (nous avons tous notre histoire personnelle différente de celle des
autres)
b. La culture :
- Rappelons deux évidences. 1) Tous les hommes possèdent une culture.
Mais 2) chaque culture est différente
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Edward B. Tylor (1871) a élaborée la définition suivante : «La culture est


un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la morale,
le droit, les coutumes, ainsi que toutes autres dispositions et habitudes
acquises par l’homme en tant que membre d’une société».

Culture au sens sociologique : système cohérent de valeurs, de normes, de


représentations et de pratiques caractéristiques d'un groupe ou d'une société
donnés.

c. Histoire culturelle  :
 Sens 1

Discipline de la recherche historique ayant pour objet d'étudie l'évolution


des pratiques culturelles.

 Sens 2

Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli indiquent que :

« L’histoire culturelle est celle qui s’assigne l’étude des formes de


représentation du monde au sein d’un groupe humain dont la nature peut
varier et qui en analyse la gestation, l’expression et la transmission. »

 Sens 3

Pour Pascal Ory, il s’agit de l’étude de « l’ensemble des représentations


collectives propres à une société ».

 Définition opérationnelle :

C’est l’étude des productions culturelles d’un groupe à travers son


histoire exemple : la langue, la religion, l’architecture…

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II. Présentation de l’Algérie :

La situation géographique

L’Algérie (officiellement République algérienne démocratique et populaire) est


un État du Maghreb bordé au nord par la mer Méditerranée, à l'est par la
Tunisie et la Libye, au sud-est par le Niger, au sud-ouest par le Mali et la
Mauritanie, à l'ouest par le Maroc et le Sahara occidental. Sur le continent
africain, l’Algérie est le premier pays par sa superficie (2,3 millions de km²)
après la division du Soudan, dont les quatre cinquièmes sont occupés par le
Sahara.

Le nom de l’Algérie en arabe est Al-Djazâ'ir, c’est-à-dire «royaume de Ziri».

D’où vient ce terme Algérie ?

(1 L'étymologie du nom en arabe, Al-Djaza'ir ‫ الجزائر‬rattache le nom aux îles


qui faisaient face au port d’Alger à l'époque et qui furent rattachées à sa jetée

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actuelle. Le terme d'île pourrait selon des géographes musulmans du Moyen


Âge désigner la côte fertile de l’actuelle Algérie, coincée entre le vaste Sahara
et la Méditerranée, apparaissant alors comme une île de vie.

(2En ce qui concerne Mezghenna, Tassadit Yacine rapporte l'hypothèse d'une


forme arabisée d'Imazighen, donnant au pays le nom originel Tiziri At
Imezghan, "Ziri des Berbères".

(3Une autre étymologie situe son origine dans le nom de Ziri Ibn Menad
Djezaïr alors de Dziri du berbère Tiziri. L'appellation Algérie provient du nom
de la ville d’Alger qui dérive du catalan Aldjère lui-même tiré d’Al-Djaza'ir,
nom donné par Bologhine Ibn Ziri, fils du fondateur de la dynastie Ziride,
lorsqu'il bâtit la ville en 960 sur les ruines de l'ancienne ville au nom romain
Icosium, Djaza’ir Beni Mezghenna. C'est Antoine Virgile Scheider, ministre de
la Guerre sous la monarchie de Juillet, qui avait décrété en 1839 que les
territoires d'Afrique du Nord situés entre le royaume du Maroc à l'ouest et le
beylicat de Tunis à l'est seraient dorénavant appelés Algérie : «Le pays occupé
par les Français dans le nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom
d'Algérie.»

Les multiples appellations au cours du temps :

- Numidie et Maurétanie dans l’Antiquité.

- Maghreb central après l’arrivé de l’islam.

- Régence d’Alger à l’époque ottomane.

La préhistoire

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Définition :
• Période de l'histoire de l'humanité comprenant l'ensemble des
événements antérieurs à l'apparition de l'écriture et à l'emploi des
métaux.
• Science qui étudie le comportement des hommes et son évolution au
cours de cette période.

L’Algérie dans la préhistoire :


L'Algérie a été peuplée, dès l'aube des temps. Les vestiges de la présence
humaine en Algérie remontent à 500 000 ans, âge attribué aux restes de
l'Atlanthrope, découverts dans les sédiments du lac préhistorique Ternifine, en
Oranie. L'Atlanthrope était un contemporain du Simanthrope et du
Pithécanthrope de Java. Des ossements ont été retrouvés au milieu des outils
de pierre taillée qu'il fabriquait. Des outils du même type ont été retrouvés sur
d'autres sites attestant la présence de l'homme primitif. Hérodote et Saluste
portent témoignage sur les formes maghrébines de la civilisation néolithique. Il
faut souligner, que c'est au Sahara, que la civilisation néolithique a connu ses
plus belles réussites avec une perfection technique inégalée, comme en
témoignent les peintures du Tassili-N'Ajjers, du Tassili du Hoggar avec les
pierres taillées et polies.
L’Algérie dans sa préhistoire est d’essence berbère et selon une version
fréquente aurait le sens d'Homme libre, de rebelle, mais dans le cadre d’une
rébellion organisée. Les Berbères sont un ensemble d’ethnies autochtones
d’Afrique du Nord qui occupaient, à une certaine époque, un large territoire qui
allait de l'Ouest de la vallée du Nil jusqu'à l'Atlantique et l'ensemble du Sahara.

Un riche bestiaire :
Le Sahara est l'un des plus vastes musées de plein air de notre planète.
Poteries, objets en pierres taillées ou polies, perles en œuf d'autruche ou

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encore squelettes et monuments mégalithiques, les traces de l'homme y sont


nombreuses. Elles nous révèlent quelques aspects des populations
préhistoriques, de leurs successions, de leur mode de subsistance ou de leurs
coutumes funéraires. Néanmoins ces occupants du Sahara restent assez
irréels, et n'apparaissent qu'en filigrane : des pans entiers de leurs modes de
vie restent obscurs. Les manifestations les plus spectaculaires de leur
présence sont sans conteste les peintures et gravures qui ornent les parois
des oueds et des abris. À travers ces messages, qui ne sont en rien des
« instantanés » de la vie d'autrefois, ces hommes prennent une dimension plus
réelle et nous apparaissent plus concrètement.
Le contraste est saisissant entre l'aridité présente et l'ambiance nettement plus
humide qui se dégage des figurations rupestres, tout au moins des plus
anciennes. Buffles, éléphants, girafes, autruches, rhinocéros, félins et
antilopes, animaux de savane, mais aussi crocodiles, poissons, hippopotames,
le bestiaire est riche en espèces sauvages, représentants de cette faune
africaine qui maintenant subsiste encore beaucoup plus au Sud.
Indéniablement, les lacs, aujourd'hui asséchés, étaient remplis, les rivières
coulaient, lorsque ces animaux ont été figés dans la pierre. Les parois,
mémoires des temps lointains, détaillent aussi d'autres grands animaux,
disparus depuis des millénaires : l'aurochs, ancêtre des bovidés domestiques
africains et le buffle antique dont les cornes gigantesques pouvaient atteindre
plus de trois mètres d'envergure.

La remarque est plus qu'anecdotique car cette simultanéité porte en elle des
contraintes sur l'âge des gravures. En effet, dans l'état actuel des
connaissances, les restes osseux de bovins domestiques sahariens les plus
anciens remontent au VIIe millénaire avant J.-C. Les groupes ayant figuré ces
animaux ne sauraient être antérieurs ! Ce qui ne règle pas forcément le cas de
tous les groupes sur l'ensemble du Sahara : certains des plus anciens, les

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fameuses « Têtes rondes » des stations de Séfar, In Awanghet, Jabbaren au


Tassili-n-Ajjer, n'ont pas figuré d'animaux domestiques.
Dans ces sociétés pastorales, l'élevage n'est pas l'activité exclusive : de
minuscules archers s'attaquent avec bravoure aux plus grands animaux,
éléphants, rhinocéros hippopotames ou aurochs. Parfois secondés par des
chiens, ils piègent les proies avec des pierres d'entraves que l'on retrouve en
abondance à proximité des anciens cours d'eau. Mais les préoccupations de
ces populations dépassent très largement le simple stade narratif de la vie
quotidienne : leur monde est peuplé d'êtres étranges, humains à tête de chacal
ou de lycaon, dotés de pouvoirs surhumains comme à In Habeter. Ces géants
portent avec aisance des rhinocéros, des aurochs ou des ânes, copulent avec
des éléphants ou les chevauchent. Cet univers symbolique transparaît tout
particulièrement avec ces personnages affublés de masque d'animaux, –
rhinocéros, bœuf, antilope, éléphant – masques qu'ils portent lors de scènes
rituelles ou de pratiques, dont les acteurs sont richement parés, ou dans des
affrontements symboliques entre des archers masqués et des singes.
Le Tassili :
le Tassili n'Ajjer domine, du haut de ses falaises abruptes, le désert qui, au-
delà de l'oasis de Djanet, s'étend à l'infini tel un océan calme ou tourmenté.
Plateau de grès longuement érodé par les pluies des milliers d'années durant,
il offre ses paysages grandioses, toujours renouvelés, avec ses canyons, ses
grands oueds, mais aussi ses massifs de grès évoquant des villes mortes, des
forêts de pierre, des châteaux fortifiés, et de grands espaces autrefois couverts
de végétation de type savane arborée, environnement favorable à une
abondante vie animale et humaine.

L'Holocène correspond au début du Néolithique saharien, soit environ 10 000


ans avant J.-C. Du début de cette époque remontent probablement les
gravures les plus anciennes du plateau des Ajjer, en particulier celles de l'oued
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Djerat de la période du bubale antique, bovidé sauvage dont l'encornure


pouvait atteindre près de trois mètres d'envergure.
Outre le bubale caractérisant cette période, la grande faune sauvage, dite
« éthiopienne » est abondamment figurée par des représentations
d'hippopotames, d'éléphants, de rhinocéros et de girafes, mais également
d'autruches, antilopes, ânes sauvages, hyènes, crocodiles, ainsi que de
poissons, oiseaux aquatiques… et des bœufs indiquant peut-être un début de
domestication. Cette faune est souvent associée à des spirales et des
représentations humaines. Les gravures, très réalistes, sont généralement de
grandes dimensions, soigneusement exécutées, et de grande qualité artistique.

Un exemple sur les gravures du Tassili ( la vache qui pleure )

Au sud de l'oasis de Djanet, en limite du Tassili-n-Ajjer, surgissant du sable


de grands monolithes se dressent éclairés par le soleil rasant de la fin de
journée. Sur l'une des faces d'un des rochers est gravée une des merveilles
de ce Tassili, dénommée parfois "Les bœufs à l'abreuvoir" et plus fréquemment
"La vache qui pleure". Lorsque la pluie fait gonfler l'oued de Djanet une petite
mare se forme parfois au pied du rocher et les bovidés donnent véritablement
l'impression de se désaltérer.

Il y a bien des millénaires ces premiers pasteurs du Sahara ont légué à


l'humanité ce chef-d'œuvre inestimable et fascinant. Quel était leur message ?
Image d'activités quotidiennes, création et plaisir de l'esthétisme, rite magique
pour s'assurer la prospérité en fixant dans la pierre l'image de leur richesse,
l'on peut se perdre en conjonctures.

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La "vache qui pleure" est un chef d'œuvre de la sculpture qui pourrait avoir
4000 ou 5000 ans; c'est un bas-relief fait de profonds sillons creusés dans la
roche, c'est donc une œuvre en trois dimensions.

Ces "portraits de vaches" penchés vers une petite dépression au pied du


rocher sont fantastiques de réalisme et d'élégance; elles semblent attendre
l'arrivée de l'eau pour y boire.

Les larmes n'ont pas d'explication rationnelle mais suscite de nombreuses


interprétations de la part des guides locaux … elles seraient par exemple
l'expression de la désolation suite au départ définitif de l'eau, à cause de la
désertification progressive de la région.

Un autre exemple sur la culture de la préhistoire (L’homme de Palikao)

Palikao tire son nom de : PA - LI - KIAO, nom d'un village de Chine à dix
sept kilomètres au sud de Pékin, où les Français et les Anglais commandés
par le Général Cousin-Montauban battirent l'armée manchoue le 21 septembre
1860.
une ville très ancienne (700.000 années avant J.-C.) devenue mondialement
célèbre depuis la découverte de l'ancêtre du Maghreb, un homo erectus plus
communément connu sous la dénomination de l'homme de Palikao. Un petit
douar qui se nomme Ternifine (aujourdhui Tighennif) , il se trouve au milieu de
la tribu des Hachem-Cheraga, berceau de l'EmirAbd-El-Kader, dans la belle
et immense plaine de ghriss ,Palikao à une altitude de 500 mètres se situe
dans la plaine de Ternifine, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Mascara.
Le village est construit sur le versant méridional d'une colline qui forme un des
contreforts des montagnes du massif de Benichougran.
Palikao bénéficie d’une renommée mondiale avec ses sites paléontologiques
et, entre autres, la découverte en 1955 d’un atlanthrope (- 500 000 ans)
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baptisé « l’homme de Ternifine » Il mesure environ 1,60 mètres, il a des


orbites très saillantes. Il apporte une nouvelle technique (africaine) des outils
bifaces : le coup de poing est remplacé par un casse tête en amande à l’arête
tranchante fixé au bout d’un manche et servant de hache - dont le crâne se
trouve actuellement au musée de l’homme à Paris.
L’existence de l’éléphant sur le vieux sol de la région était attestée par les
nombreux ossements découverts en cet endroit, d’ailleurs la découverte la plus
sensationnelle avait été un fragment d’énorme mâchoire d’éléphant présentant
une dent molaire avec sa remplaçante dans son alvéole et décrit sous le nom
d’éléphantus atlanticus à cause surtout de la forme particulière des festons
d’émail, typique d’une époque et d’un stade d’évolution. Cet animal vivait
donc déjà aux époques préhistoriques, il est vraisemblable qu’il a, par la suite,
peuplé abondamment toute la contrée.
Ce site est habité depuis la préhistoire par des hommes venus du Sahara, ce
sont des nomades qui vivent dans des grottes autour des lacs.

L’antiquité

Introduction

Les Berbères, qui occupaient toute l'Afrique du Nord, depuis l'ouest de l'Égypte
jusqu'à l'Atlantique et la totalité du Sahara, sont entrés dans l’histoire des
autres avec la fondation de Carthage, vers 800 avant J.-C. et celle de Cyrène,
vers 630 avant J.-C., mais leur propre histoire est bien plus ancienne.

Les Berbères étaient appelés Libyens par les Grecs, qui donnaient d'ailleurs ce
nom à tous les peuples blancs vivant au nord de l'Afrique, depuis les franges
désertiques de l'Ouest égyptien jusqu'au détroit de Gibraltar – les colonnes
d'Hercule. Vers le sud, les Grecs ne connaissaient pas les limites des zones
que ces populations occupaient ; pour eux, le monde libyque prenait fin là où

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débutait le pays des Noirs, ceux qu'ils appelaient les Éthiopiens – de Aethiops,
« peau foncée ».

À l'époque néolithique, la limite sud du peuplement berbère semble être la


zone des 25e-27e parallèles, qui sépare le néolithique de tradition capsienne
du néolithique saharo-soudanais : en d'autres termes, elle constitue la
frontière entre les peuplements blancs et noirs. C'est d'ailleurs à cette époque
que la poussée des Blancs méditerranéens se produit au Tassili, jusque-là
essentiellement occupé par des populations mélanodermes non-négroïdes,
probables ancêtres des Peuls actuels.

Définition : …………………………………………………………………

L'Algérie antique

Dès la fin du IIe millénaire avant J.-C, les Phéniciens établissent des escales


et des bases portuaires dans le Maghreb central. Après la fondation de
Carthage par des Tyriens (814-813 avant J.-C.), les rivages de l'Algérie
passent sous la domination des Carthaginois, qui y fondent des établissements
et se contentent d'entretenir dans l'intérieur du pays les rivalités des chefs
numides (ou berbères) et de soutenir ceux qui reconnaissent la suzeraineté de
Carthage. C'est la même politique que suit Rome après la victoire de Zama
(202 avant J.-C.), jusqu'au temps de la ruine de Carthage (146 avant J.-C.)
et de la défaite du roi numide Jugurtha (105 avant J.-C.). Après la bataille de
Thapsus (46 avant J.-C.), César réduit la Numidie en province romaine.
Octave fonde des colonies en Mauritanie, mais ce territoire n'est annexé qu'en
42 après J.-C., et divisé en Mauritanie Césarienne (autour de Cherchell) et
Mauritanie Tingitane (avec pour capitale Tingis, Tanger), séparées par la
Moulouya. L'administration impériale assure dès lors une grande prospérité au
pays, qui se romanise et se christianise . En 429, les Vandales se rendent

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maîtres du pays, mais, en 533, ils sont refoulés par les Byzantins dont
l'autorité, lointaine et fragile, ne résistera pas à la pression arabe.

Numides :

Peuple maghrébin, surtout composé de nomades, qui a donné son nom à la


Numidie, entre la Mauritanie et le pays de Carthage.

Mauritanie ou Maurétanie

En latin Mauritania ou Mauretania (« pays des Maures »)

Royaume de l'Afrique du Nord situé entre l'oued el-Kébir, à l'E., et


l'Atlantique, à l'O. Il s'agissait d'une fédération de tribus maures limitée à l'E.
par la Moulouya, frontière reportée, au début du i er s. avant J.-C., à l'oued el-
Kébir. Les plus connus de ses rois furent Bocchus et Juba. Caligula fit
assassiner le dernier d'entre eux et annexa la Mauritanie. Les Maures se
révoltèrent à plusieurs reprises. Les Sévères avancèrent le limes vers le sud.
Dioclétien, pour le raccourcir, évacua la majeure partie de la Mauritanie et
constitua une Mauritanie Sitifienne (région de l'actuelle Stif). Les Vandales
occupèrent librement le pays (435) ; la reconquête de Justinien (533-534)
établit la domination byzantine sur quelques ports. Mauritanie Césarienne et
Mauritanie Sitifienne furent reconstituées puis occupées par les Arabes de 698
à 709.

De 814 à 146 avant Jésus-Christ

Phéniciens et Carthaginois

Les dates repères principales.

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• 814 :C’est la date retenue par les écrivains grecs pour la fondation de
Carthage par des navigateurs venus de la ville phénicienne de Tyr (Sour dans
l’actuel Liban). Les ruines de Carthage sont en Tunisie, près de Tunis.

• 146 :C’est la date de la destruction de Carthage par les Romains au terme


des trois guerres dites puniques ; et de la conquête, dans la foulée des
légionnaires romains, des territoires dominés par Carthage dans la future
Tunisie et dans l’est de la future Algérie.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

-La langue punique n’est plus utilisée nulle part.

-Les écritures alphabétiques libyco-berbères ne sont plus utilisées nulle part.

-Les ruines des constructions carthaginoises ont été enfouies sous les
constructions romaines ; à de rares exceptions près.

-Il reste des emplacements de ville réutilisés jusqu’à nos jours. Presque tous
sont sur la côte où les Phéniciens, puis les Carthaginois avaient établi des
escales sur la route maritime d’Espagne entre 1200 et 300 avant Jésus-
Christ. Voici leurs noms français d’est en ouest: Hippone (près de Bône)

Philippeville (Rusicade)

Djidjelli (Igilgili)

Bougie (Saldae)

Dellys (Rusucurru)

Alger (Icosium)

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Cherchell (Iol)

Il y a comme exception assurée le Medracen près de Batna (donc loin des


côtes). Il s’agit d’un mausolée en pierres de taille, de forme cylindrique (59
mètres de diamètre) et haut de 20 mètres.

Une autre exception est le Medracen près de Tipasa, appelé faussement


«Tombeau de la chrétienne» et édifié à la limite des périodes carthaginoise et
romaine.

De 146 avant Jésus-Christ à 429 après

L’Algérie romaine

Les dates repères principales.

• 146 avant J-C est la date de la destruction de Carthage et de l’occupation


d’une partie de son territoire étendu sur l’actuelle Tunisie et sur l’est de
l’Algérie, avec Hippone.

Rome appelle Africavetus cette nouvelle province.

• 429est la date de la conquête par les Vandales, appelés à l’aide par le


gouverneur romain Boniface en rébellion contre Rome. Les Vandales étaient
alors en Espagne. Il y a trop de dates intermédiaires pour les citer toutes. En
voici trois :

-44 après J-C est la date admise pour l’annexion du royaume protégé de
Maurétanie.

-La fin du premier siècle voit l’apparition du Christianisme .

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-La fin du deuxième siècle voit l’arrivée des premiers dromadaires; ces
animaux sont indispensables pour s’enfoncer loin dans le désert. Le
Christianisme a été éliminé par la conquête arabe, mais le dromadaire est
resté.

Les noms des provinces romaines sont:

• La Proconsulaire qui associait à l’actuelle Tunisie l’extrême est algérien, avec


Tébessa au sud et Hippone et Bône (Hippo Regius) au nord. C’est l’ancienne
Africa vetus.

• La Numidie avec Constantine (Cirta) chef-lieu de la province, Timgad et


Lambèse où était cantonnée la III° légion Augusta. Ses 5500 légionnaires
assuraient la sécurité partout, avec l’aide de troupes auxiliaires il est vrai.
C’est la nouvelle Africa nova.

• La Maurétanie césarienne au-delà vers l’ouest, avec Cherchell (Cesarea) et


Tlemcen (Pomaria). Au-delà vers l’ouest la Maurétanie tingitane , avec
Volubilis recouvrait le nord du Maroc actuel.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Des ruines grandioses surtout à l’est, avec Timgad(près de l’Aurès) et


Djemila(Cuicul) au nord de Sétif. Aucune ville moderne n’ayant été bâtie à ces
emplacements, le réseau des rues et places est intact. Il n’y a rien de
semblable en France. Ce sont des sites touristiques majeurs. Sur la côte, à
l’ouest d’Alger, Tipasa doit son charme à la présence de la mer. Un village a
été implanté sur une petite partie des ruines.

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Ailleurs en Algérie nombreux sont les bâtiments romains intégrés dans une
ville. Impossible de tous les citer; je choisis seulement quelques exemples ; le
temple de Minerve à Tébessa, le mausolée de Scipion à Sétif, des théâtres à
Guelma ou Cherchell ; et dans la campagne le long aqueduc qui alimentait en
eau Cherchell, chef-lieu de la Césarienne.

Au sud, face aux nomades, Rome n’avait pas construit de muraille, mais
disposé de petites garnisons jusqu’à Messaad (Castellum dhimmidi) à 70km
au N.E. de Laghouat.

De 429 à 533

L’Algérie vandale

Les dates repères principales

• 429Les Vandales, venus de Germanie, ont franchi le Rhin en 406, puis la


Gaule et l’Espagne jusqu’en Andalousie. Ils s’y trouvent si bien qu’ils y
restent 20 ans. Pour expliquer leur fuite en 429 trois raisons sont invoquées :
peur des Wisigoths installés à Tolède, appel au secours du gouverneur romain
Boniface et espoir de pillages.

Ce sont les Romains qui ont fourni les navires pour traverser le détroit de
Gibraltar !

• 431Les Vandales détruisent Cherchell, puis Hippone après 14 mois de siège.

• 439Les Vandales occupent Carthage et les terres qui en dépendaient en


Algérie et ailleurs.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

• 476 Fin de l’Empire romain d’Occident. Aucune menace n’est désormais à


craindre du côté de Rome.

• 533 C’est l’Empire romain d’Orient qui, sous, l’empereur Justinien tente et
réussit la reconquête. Le général Bélisaire bat et disperse les Vandales.

L’espace tenu par les Vandales hors de la future Tunisie est de faible étendue,
même si ses limites sont difficiles à préciser et sûrement fluctuantes à cause
des incessantes révoltes des Berbères. Il ne devait guère dépasser, vers
l’ouest, Hippone et Tébessa (Theveste). A noter que les Vandales, aux yeux
des Berbères christianisés sont des hérétiques puisqu’ils sont de bons Ariens.
En 484 les Vandales avaient confisqué les églises, saisi les biens
ecclésiastiques et déplacé ou déporté prêtres et évêques.

3) Que reste-t-il des Vandales aujourd’hui ? Une si sale réputation qu’elle a


enrichi les langues européennes: ainsi au vandalisme français correspondent
les vandalismes anglais ou russe, et le vandalisme allemand. En dehors du
vocabulaire on n’a identifié comme vandales que quelques tombes du côté de
Tébessa ou sous le pavement d’anciennes églises disparues à Hippone.

Il reste aussi le nom de la province d’Andalousie au sud de l’Espagne.

De 533 à 647

L’Algérie byzantine

Les dates repères

• 533 Carthage est conquise par les troupes de l’Empereur Justinien sous la
conduite du général Bélisaire. Son ancien adjoint Solomon conquiert ensuite le
reste du territoire vandale. Les hommes capables de combattre sont emmenés
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

à Constantinople pour être enrôlés dans l’armée byzantine; les vieux, les
femmes et les enfants restent en Afrique.

• 647 Bataille de Sbeïtla perdue par l’Exarque byzantin Grégoire face à de


nouveaux envahisseurs arabes passés par la Tripolitaine. A cette date les
Byzantins ont quitté la future Algérie, mais pas la future Tunisie.

• 695 Conquête et destruction de Carthage par les troupes de Hassan ben


Noman el Ghassani (le persan).La ville ne fut jamais reconstruite.

L’Algérie byzantine était peu étendue. Hors du territoire de l’actuelle Tunisie,


alors appelée Africa, les Byzantins occupaient la Numidie et quelques points
fortifiés de la Maurétanie césarienne. La ville la plus occidentale de l’Algérie
byzantine paraît avoir été Cesarea.

Qu’en reste-t-il ?

Seulement quelques points fortifiés bâtis grossièrement par réemploi de blocs


de pierres taillées trouvées sur place. Le bâtiment le plus connu qui subsiste
encore aujourd’hui est à Timgad où les Byzantins ont édifié un fort à plusieurs
étages. Ce qui reste du fort de Tobna, à l’est du chott el Hodna, est
également considéré comme un héritage byzantin.

On peut noter, pour s’en étonner, que la langue latine, utilisée plusieurs
siècles durant, n’a laissé aucune trace en Algérie alors qu’elle a donné
naissance aux langues espagnole, portugaise et française. Et ce ne sont pas
les Byzantins, même si entre eux ils parlaient grec, qui sont responsables de
cette disparition. Certains auteurs pensent que le punique était encore pratiqué
dans les campagnes. Or c’est une langue sémitique comme l’arabe.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La même remarque vaut aussi pour le Christianisme qui était le même pour les
Romains et les Byzantins car le schisme dit orthodoxe est de 1054. Il est vrai
que les chrétiens étaient très divisés entre les catholiques, les ariens, les
donatistes et les pélagianistes. Les querelles théologiques sur la double nature
du Christ divine et humaine (querelle du monophysisme) auraient facilité les
conversions à l’Islam considéré par certains comme une nouvelle forme de
christianisme puisque les deux religions sont monothéistes.

Les ruines elles-mêmes ont une importance non moins considérable.

ce sont elles qui nous renseignent, d'une manière certaine, sur la valeur
relative et réelle des cités, des villes et de tous les points où s'installèrent les
différents peuples qui ont successivement occupé le pays, sur la nature de leur
occupation, dans ses rapports avec les populations indigènes, sur le
développement qu'y prirent les arts et l'industrie, sur les transformations
successives d'une civilisation dont les formes ont varié et dont les
physionomies caractéristiques appartiennent aux plus intimes manifestations de
l'humanité.

LISTE DES PRINCIPALES VILLES DES TROIS PROVINCES DE LA


NUMIDIE, DE LA MAURITANIE SITIFIENNE ET DE LA MAURITANIE
CÉSARIENNE, AVEC LEURS SYNONYMIES ACTUELLES, D'APRÈS LES
DERNIÈRES RECHERCHES.

NUMIDIE (Les parties centrales et orientales de la province de Constantine.)

Ammœdara, H'aïedra (Tunisie occidentale).

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Aquœ Thibilitanœ, H'ammam-Meskhoatine.

Arsacal, El-Goulia et Aïn-Kerma, près et au sudouest de Constantine.

Calama, Guelma.

Calceus Herculis, El-K'antara.

Chullu, K'ollo.

Cirta, Constantine.

Coloniœ Cirtenses, les colonies cirtensiennes groupe politique composé de


Cirta (Constantine), .Rusicade (Philippeville), Mileu (Mila) et Chullu (K'ollo).

Cuicul, Djemîla.

Hippo Regius, Bône.

Lambaesis, Lambèse.

Lambiridi, Kherba-Ouled-A'rif.

Mileu, Mila.

Ad Piscinam, Biskra.

Rusicade, Philippeville.

Saddar, A'ïn-el-Bey.

Thamugadi, Tamgad, à 20 kilomètres est de Lambèse.

Theveste, Tébessa.

MAURITANIE SITIFIENNE (Partie occidentale de la province de Constantine.)

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Igilgilis, Jijelli.

Saldae, Bougie.

Sataf, A'Ïn-Kebîra.

Sava, Tala-Ousrâr.

Sitifis, Sétif.

Tamannuna, Bordj-bou-Areridj.

MAURITANIE CESARIENNE (Elle comprend les deux départements d'Alger et


d'Oran, ainsi que les territoires de commandement qui s'y rattachent.)

Akra Insula, l'île escarpée, Vile Rachgoun (Oran).

Albulse (Terrœ), Sidi Ali ben Ioub (Oran).

Altaba, un des deux noms portés par la station à laquelle l'itinéraire d'Antonin,
route de Tlemsen à Dellys, de Calama à Rusuccurus, donne celui de Rubrœ
(Terrœ), les Terres rouges.

Ancorarius Mons, partie nord du massif de l'Ouarensenis, sur la rive gauche du


Chélif, à la hauteur d'Orléans ville.

Aquœ Calidœ Colonia, H'ammam-Rîgha (prononcez Rira) (Alger).

Aquœ Sirenses, H'ammam-ben-Hennefia (Oran).

Arc de triomphe élevé par le duc Théodosc, après la défaite et la mort de


Firmus, à 2 kilomètres et demi du col des Beni-A'ïcha, dans l'Est (Alger).

Arsennaria, à 3,000 pas (4 kilomètres) de la mer, Sidi Bou Râs (Oran).

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Asar (Fluvius), par Usar, le Chélif.

Ausum, Akbou de l'Oued-Sah'el (Alger).

Auzia, Aumale (Alger).

Ballene Presidium, K'ala, à l'ouest de Mask'ara.

Bida, Bidil ou Radii,par erreur Syda, Djerna Sah'aridj.

Cœsarea Colonia Claudia Cœsariensium, Cherchai (Alger).

Calama, Nedroma (Oran).

Camarata, Sidi-Bjelloul (Oran).

Cartennœ, les Cartennes, les Deuse-Tennès (Alger).

Cartilis, El-Bordj, à l'embouchure de l'Oued-Damous (Alger).

Avec les premiers développements de la navigation, l'Algérie subira, comme


tout le Maghreb, l'influence phénicienne d'abord, puis latine, durant plus de
cinq siècles. La domination de la région par les romains n'a pas laissé que des
vestiges historiques. Il faut remonter à cette époque pour comprendre que
c'est durant cette première étape que l'Algérie entre dans la temporalité
culturelle méditerranéenne, qui reste jusqu'à présent, une dimension prégnante
de sa culture.|

Cette période reste l'une des plus passionnantes de l'Histoire de l'Algérie. Au


plan politique, la Numidie connut des tribus indépendantes, des républiques
villageoises, de vastes royaumes dotés d'un pouvoir fort qui s'est superposé
aux structures tribales. Quand la Numidie réapparut au IVe siècle avant J.-C,

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

elle formait au couchant, le royaume des Massaeysiles limité par l'Ampsaga


(Rhumel) à l'est et par la Moulouya à l'ouest, avec Siga pour capitale et le
royaume des Massyles dans la partie orientale du Constantinois, avec Cirta
pour capitale.

Des relations commerciales se développèrent très tôt entre Phéniciens et


Numides, favorisant ainsi la pénétration de la langue et de la culture puniques
assez profondément dans le pays. Les Numides apprirent des Phéniciens les
procédés agricoles et industriels avec la fabrication de l'huile d’olive, du vin,
l'exploitation et le travail du cuivre. L'influence culturelle, par contre, fut très
limitée et s'exerça essentiellement par l'intermédiaire de Carthage. Elle ne se
manifesta que dans le domaine de l'art, dont nous retrouvons des exemples
dans les grands médracens de l'Aurès et de Tipaza.

Les dynasties arabo- berbères

De 647 à 1051 et de 1051 à 1516

Introduction

Après la conquête arabe sur les Byzantins (seconde moitié du viie s.), il est
soumis aux pouvoirs qui se succèdent en Ifriqiya aux ixe-xiiies. et au Maroc
entre le xie et le xive siècles, les rares dynasties locales, exprimant la
résistance des populations berbères, se limitant à des territoires restreints.
Ainsi des Rustémides ibadites de Tahert qui rejettent la suzeraineté des
Aghlabides au ixe siècle, des Hammadides aux xie-xiies., mais qui ne résistent
ni aux Banu Hilal ni aux Almoravides et aux Almohades et repliés autour de
Bougie ; enfin, du royaume des Abdalwadides constitué à Tlemcen au xiiie s. et
qui se maintient jusqu’au xvie siècle.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

I° La première période de la présence arabe 647-711

Les dates repères :

• 647 Incursions arabes en Numidie; sans suite car ELFATIHINES sont


retournés en Egypte au bout de 14 mois.

• 681 l’océan atlantique est atteint, au Maroc, par une armée qui aurait donc
traversé toute l’Algérie, aller et retour, sauf pour son chef Okba ben Nafi qui,
au retour, est assassiné à Biskra.

• 711 l’armée de Tarik, avec des soldats arabes et berbères volontaires,


franchit le détroit de Gibraltar et passe en Europe. Elle ira jusqu’à Poitiers.

Les conséquences immédiates sont une progression lente de la langue arabe


que nous appelons dialectale, et aussi de l’Islam parmi les Chrétiens surtout,
car les juifs, nombreux, sont plus réticents. Il s’agit d’un islam sunnite de rite
malékite.

La conversion n’était pas obligatoire mais nécessaire pour échapper à deux


impôts spéciaux (capitation et impôt foncier: le kharadj )

La connaissance de l’arabe n’était utile que pour s’adresser ou répondre aux


autorités officielles.

Les conséquences lointaines et durables sont celles de la fin de l’unité


méditerranéenne. Il n’y a plus de Mare nostrum : la rive nord est occidentale
et chrétienne ; la rive sud est musulmane et proche du monde oriental. Ces
deux rives sont peuplées de peuples hostiles. La méfiance est permanente et
les conflits fréquents.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Le mot Maghreb (pays du couchant)

Le mot Gibraltar dû à une déformation de djebel Tarik

II° La période de 711 à 1051

Elle est marquée essentiellement par le Kharedjisme et la dynastie des


Rostémides .

• 657Apparition en orient de cette forme d’islam très rigoriste

• 761Création à Tahert (près de Tiaret) d’un royaume rostémide par Abd er-
Rahman ben Rostem

• 761 à 909 Existence du royaume rostémide avec Tahert pour capitale

• 909 Destruction de Tahert par des adversaires religieux. Les survivants


trouvent refuge au Sahara dans la région d’Ouargla, puis du M’Zab, autour de
Ghardaïa. On les appelle aujourd’hui Mozabites.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Des épiciers mozabites dans tout le nord de


l’Algérois ; mais pas des épicières car les femmes ne peuvent quitter leur
région natale.

III° L’invasion (plutôt que la conquête) hilalienne à partir de 1051

En effet elle est réalisée par des tribus nombreuses et pillardes, sur une
longue période de plus de 50 ans, sans chefs connus, sans plan d’ensemble.

Elle est le fait, du moins au début, de tribus venues du sud de l’Arabie (du
Hedjaz pour être précis) et installées en Haute Egypte. Ce sont les Beni Hilal
et les Beni Soleïm .

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Elle déplace des familles avec femmes, enfants, dromadaires et ânes pour
porter les bagages nécessaires à la vie du bédouin. Ces tribus ont traversé la
Tripolitaine, puis longé le versant sud de l’Atlas saharien avant de tourner vers
les steppes plus au nord.

Elle est tout de même le résultat d’une décision politique du khalife fatimide
(donc chiite) d’Egypte, qui trouva ainsi un moyen commode de se débarrasser
d’une population encombrante et sunnite. Les Fatimides ont régné au Caire de
969 à 1171

Elle concerne la zone algérienne des steppes parcourues par des nomades
indigènes et s’arrête au pied des montagnes de l’Atlas tellien et de Kabylie
peuplées par des cultivateurs sédentaires.

Ses conséquences sont celles d’un cataclysme économique dû un peu à leurs


pillages et beaucoup à leur genre de vie d’éleveurs nomades qui ne pouvait
s’accommoder des contraintes de la culture. Ces nomades ont acquis une sale
réputation, tout comme les Vandales, mais avec de sensibles différences.

Les Vandales détruisaient volontairement par goût du pillage alors que les
Hilaliens désorganisaient l’économie rurale en gênant ou en saccageant les
cultures éventuelles et en surexploitant des pâturages fragiles.

Les Vandales venaient de l’ouest, de l’Espagne, et allaient vers l’est en


s’éloignant le moins possible de la mer alors que les Hilaliens venaient de
l’est, de l’Egypte, en suivant des pistes dans des régions semi-désertiques.
Les Hilaliens craignaient la montagne.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

IV° Les dynasties berbères de 935 jusqu’à l’arrivée des Turcs au XVI°
siècle

Durant plus de 5 siècles le territoire du Maghreb central (l’Algérie) a été


soumis à 7 dynasties berbères qui ont régné simultanément ou
successivement et qui se sont parfois combattues.

Trois sont issues du Maghreb el Aksa (leMaroc) ; Trois sont issues du


Maghreb central (l’Algérie) ; Une est issue de l’Ifrikiya (la Tunisie).

Les trois dynasties du Maghreb central sont les Zirides, les Hammadides et les
Zianides.

935-1152 La dynastie Ziride apparaît en 935 à Achir à l’est de Boghari près


d’Aïn- Boucif.

Son fondateur est Ziri ibn-Menad.

Ses capitales furent Achir, puis Mahdia en Ifrikiya.

973-1152 La dynastie Hammadide apparaît en 973 à Achir.

Son fondateur est Hammad ibn Bologhine, fils du précédent.

Ses capitales furent Kalaa des Beni-Hammad (près M’ Sila) et Bougie.

1235-1554 La dynastie Zianide apparaît en 1235 à Tlemcen.

Son fondateur est Yaghmorassan ibn Zian.

Sa capitale fut Tlemcen.

Les trois dynasties du Maghreb el Aksa (Maroc) sont les Almoravides, les
Almohades et les Mérinides.
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

1062-1147 La dynastie Almoravide apparaît en 1062 à Marrakech.

Son fondateur est Youssef ibn Tachfin.

Sa capitale fut Marrakech.

1147-1269 La dynastie Almohade apparaît en 1147 à Marrakech.

Son fondateur est ibn Toumert

Sa capitale fut Marrakech. Elle régna du Maroc à la Libye et à l’Espagne.

1196-1465 La dynastie Mérinide apparaît en 1196 au Sahara marocain, à


Sidjilmasa.

Son fondateur m’est inconnu.

Sa capitale fut Fès Djedid. En Algérie son royaume s’arrêta à Médéa.

La dynastie d’Ifrikiya (Tunisie) est celle des Hafsides.

1229-1574 La dynastie Hafside apparaît en 1229 à Tunis.

Son fondateur est abou Zakariya.

Sa capitale fut Tunis ; et vers l’ouest le royaume s’arrêta à Bougie.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Des mosquées et des minarets à base carrée


(Alger, Tlemcen).

La palais du Méchouar à Tlemcen.

Les ruines d’Achir.

Des bouts de murailles.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La dynastie Rustumide

La conquête par les Arabes du territoire connu aujourd'hui sous le nom


d'« Algérie » fait bloc avec celle de la Tunisie et du Maroc. La chevauchée
jusqu'au Maroc des troupes d'Uqba ibn Nafi (682) ne réduit pas la résistance
des Berbères soutenus par les Byzantins, qui réoccupent Carthage, mais ces
succès restent temporaires. Les Arabes foncent vers l'ouest, et le Maghreb
entier est soumis dans les premières années du viii e s. L'islamisation du pays
semble presque achevée vers les années 710-720. L'arabisation, elle, est
moins rapide et moins profonde.

Le pays, théoriquement soumis à Kairouan, capitale de l'Ifriqiya où se


succèdent sans cesse les gouverneurs, et où les Arabes doivent constamment
lutter contre les révoltes berbères, se morcelle en émirats plus ou moins
indépendants. Le califat des Omeyyades, en proie à ses propres révoltes en
Orient, se désintéresse de cet émiettement. Tahert (Tiaret), en Oranie, devient
vers la fin du viiie s. la capitale de la dynastie des Rustémides, qui règne sur
les Hautes Plaines de l'Ouest algérien et s'oppose à l'émirat aghlabide par ses
caractères ibadite (courant kharidjite modéré), nomade et non arabe. Contre
l'ennemi commun de Kairouan, l'imam de Tahert passe une alliance avec l'émir
omeyyade de Cordoue, dont il reconnaît la suzeraineté.

Les Kharidjites considéraient ceux qui n'étaient pas de leur secte comme des
infidèles, et étaient ainsi les ennemis de tous. Retirés dans l'Ahouaz, ils
rompirent toutes relations avec les autres Arabes et, s'appuyant sur ce
passage du Koran: «Seigneur, ne laisse subsister sur la terre aucune famille
infidèle, car si tu en laissais, ils séduiraient tes serviteurs et n'enfanteraient que
des impies et des incrédules!», ils décidèrent bientôt le massacre de tous les
infidèles. Ils vinrent, en répandant des torrents de sang sur leur passage,

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

assiéger Basra; la terreur que ces têtes rasées inspiraient était si grande que
les gens de Basra envoyèrent leur hommage au fils de Zobéïr, en implorant
son secours.

L'autre secte, celle des Chiaïtes, avait été formée par les partisans d'Ali et de
ses fils. Ils prétendaient que le khalife ne pouvait être pris que dans la
descendance de Mahomet par sa fille Fatima (épouse d'Ali). Ils accordaient, du
reste, au fondateur de l'islamisme des attributs divins et prêchaient la
soumission absolue à ses paroles. C'était une secte essentiellement persane,
se recrutant de préférence parmi les affranchis originaires de cette nation. Leur
chef Mokhtar arracha, par un hardi coup de main, Koufa au lieutenant de
Ben−Zobéïr (686), puis il marcha contre les Syriens qui s'avançaient et les mit
en déroute. Peu après, les Chiaïtes étaient défaits à leur tour par les troupes
du fils de Zobéïr; c'était un grand service rendu à son compétiteur
Abd−el−Malek. Celui−ci, ayant repris l'offensive contre les Chiaïtes, obtint sur
eux quelques succès qui les décidèrent à traiter avec lui, et bientôt l'Irak
reconnut son autorité.Au début du xe s., les Rustémides tombent sous les
coups des Fatimides, dynastie chiite ismaélienne, fondée par Ubayd Allah qui
succède aux Aghlabides en Ifriqiya. Les Fatimides étendent leur pouvoir, mais
ne bénéficient auprès des populations berbères que du soutien, fragile, des
Kutamas (liés au Sanhadjas) et doivent affronter des révoltes à Constantine et
à Tahert. En 944, éclatent dans l'Aurès des troubles plus graves encore avec
l'insurrection fiomentée par le kharidjite Abu Yazid (« l'homme à l'âne »).
Kairouan est occupée et Mahdia, capitale des Fatimides, menacée, mais les
Berbères de Miliana envoient des renforts, et les Fatimides matent la révolte
(947). L'Algérie leur est soumise jusqu'à Miliana et l'Oranais leur appartient
pour un temps. Après leur installation en Égypte (969), ils confient l'Ifriqiya à la
dynastie berbère des Zirides.

La dynastie des Fatimides


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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Au début du xie s., Hammad, oncle du souverain ziride Badis, reçoit en fief la


région au sud de Bougie et, pour lutter contre ses cousins de Tunisie, renie
l'allégeance fatimide et reconnaît la suzeraineté abbasside. Les Zirides
d'Ifriqiya ayant également rompu avec les califes du Caire en 1052, fond alors
sur les royaumes ziride et hammadide l'invasion bédouine déclenchée par les
Fatimides mécontents de leurs vassaux et connue sous le nom d'« invasion
hilalienne ». Les Banu Hilal, puis les Banu Sulaym envahissent le pays. Les
Hammadides quittent la Qala des Banu Hammad, leur capitale, et se réfugient
à Bougie, sur la côte (1090-1091). Les Berbères sont repoussés dans les
montagnes pauvres. Cette arabisation triomphante est un fait capital de
l'histoire du Maghreb. Le nomadisme envahissant fait des terres de culture des
terrains de parcours, et accentue la dégradation économique et sociale de
l'Afrique du Nord. La vie urbaine se réfugie sur le littoral et dans quelques
grandes villes de l'intérieur.

La dynastie des Zirides


Le Maghreb a connu également la domination de la dynastie Maghraoua de
970/1068 et celle des Zirides de 972 à 1152. Les Maghraouas sont une tribu
zénète dont le royaume est dans le Chlef actuel. Les Maghraouas s'allient aux
Fatimides puis aux Omeyyades mais finissent par former une dynastie
indépendante avec pour capitale Oujda. Les Maghraouas, grâce à Ziri Ibn
Attia, prennent les principales villes de l'ouest : Tlemcen et les Zibans. Les
Maghraouas occupent la partie nord, le Maghreb el Aqsa (actuel Maroc), et
choisiront Fès comme capitale. Les deux dynasties Zénètes se font la guerre.
Plusieurs chefs des Maghraouas commandent la dynastie jusqu'à sa chute
vers 1068. Quant à la dynastie ziride fondée par Bologhine Ibn Ziri, originaire
de ces tribus berbères sanhadjas, elle règne sur l’Ifriqiya et une partie d’Al
Andalus pendant environ deux siècles avec successivement Achir Kairouan et
Mahdia pour capitales. En 1046, alors vassaux des Fatimides, les Zirides
rompent totalement leurs relations : en reconnaissant les Abbassides comme
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

califes légitimes, les Zirides montrent ouvertement aux Fatimides qu'ils


abandonnent le chiisme. Pour réprimer les Zirides, les Fatimides envoient en
1052 les Hilaliens qui détruisent Kairouan en 1057. Mahdia devient alors la
nouvelle capitale de l'empire. De 1014 à 1152 lui succède la dynastie des
Hammadite qui est une branche des Zirides puisque son fondateur Hammad
Ibn Bologhine est le fils de Bologhine Ibn Ziri. Il gouverne sur un territoire
correspondant à peu près à l'actuelle Algérie hors Sahara durant un siècle et
demi. Hammad Ibn Bologhine fonde la dynastie en 1014 en se déclarant
indépendant des Zirides et en reconnaissant la légitimité des califes
Abbassides de Bagdad. Mais c'est seulement en 1018 que les Zirides
reconnaissent l'autorité des Hammadides. Leur capitale est dans un premier
temps Al-Qala, quand, menacée par les Hilaliens, elle devient Bejaïa. Les
incursions des Hilaliens, à partir de 1052 affaiblissent grandement la dynastie
jusqu'à ce qu'elle soit définitivement vaincue à l'arrivée des Almohades. À la
suite de la rupture avec les Zirides et dans le but de les punir, les Fatimides
envoient les Hilaliens, une confédération de tribus venues en majorité
d’Egypte. Ils étaient alliés avec les Hammadides ce qui permit la destruction
des Ifrenides. En 1152, un siècle après l’arrivée des premiers contingents
bédouins, les Béni Hilal se regroupent pour faire face à la puissance
grandissante des Almohades, maîtres du Maghreb el-Aqsa et de la plus
grande partie du Maghreb central. Mais ils sont écrasés à la bataille de Sétif.
Paradoxalement, cette défaite n’entrave pas leur expansion, elle en modifie
seulement le processus. Les Almohades, successeurs d’Abd el-Moumen,
n’hésitent pas à utiliser leurs contingents et ordonnent la déportation de
nombreuses fractions Ryâh, Athbej et Djochem dans diverses provinces du
Maghreb El-Aqsa, dans le Haouz et les plaines atlantiques qui sont ainsi
arabisés.

La dynastie des Hammadides:

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Une branche de la dynastie berbère zirides, est fondée par Hammad Ibn
Bologhine, fils de Bologhine ibn Ziri. Les Hammadides ont régné sur un
territoire correspondant à peu près au nord de l'actuelle Algérie durant un
siècle et demi.
Hammad Ibn Bologhine, fonda la dynastie en 1014, en se déclarant
indépendant des Zirides, et en reconnaissant la légitimité des califes
Abbassides de Bagdad. En 1016, après un peu moins de deux années de
conflit, un cessez-le-feu est conclu, mais
ce n'est qu'en 1018, que les Zirides reconnaissent l'autorité des
Hammadides.
Leur capitale est dans un premier temps Al-Qala (la Kalâa des
Béni Hammad), puis, lorsqu'elle est menacée par les Hilaliens,
devient Béjaïa.
Les Hammadides feront de Béjaïa l'une des cités les plus prospères
qu'ai connu le Maghreb et la Méditerranée. Ses palais inspireront l'Alhambra
de Grenade.
Les incursions des Hilaliens, envoyés par les Fatimides, à partir de
1052, affaiblissent grandement la dynastie jusqu'à ce qu'elle soit
définitivement vaincue à l'arrivée des Almohades.
Selon Ibn Khaldoun les Hilaliens ont attaqué les Hammadides. En
suite, les Hammadides deviennent alliés aux Hilaliens. Ce qui fait
une coalition de force qui va détruire les Berbères Ifrenides de
Tlemcen. Les Hammadides prennent Sétif, Constantine, M'Sila.
Le royaume de Tlemcen reste aux Ifrenides jusqu'à l'arrivée de la coalition
des Hilaliens-Hammadides. Au début, les Ifrenides étaient allié
politiquement aux Hammadides. Abou Soda, le dernier calife des Ifrenides,
sera vaincu par la coalition Hilaliens- Hammadides en 1058.
Youssef Ibn Tachfin attaques les Banou Ifren et les Maghraoua et
tous les Zénètes. Il prend Salé des mains des Ifrenideset Il tue

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Laghouat. Youssef Ibn Tachfin se marie avec une Zénète Nefouza


dite Zaineb ( ex femme de Laghouat) et poursuivit les conquêtes
almoravides au nord, prenant Fès en 1075, et Tlemcen en 1080, et
fondant le Royaume de Tlemcen, qui englobait le Maroc actuel et
une partie de l'Algérie occidentale jusqu'à Béjaîa (environ de
Tessala). Les Almoravides seront battus par Al Mansour de
Béjaïa en 1102 et ils seront contraint de se retirer au Maghreb el
aksa(actuel Maroc).
Les Almoravides prennent Tlemcen des Ifrenides et Alger
(Icosium) . Les Almoravides s'arrêtent aux bornes des Zirideset
aussi des Hammadides.
*Princes Hammadides à Bougie avant l’invasion espagnole de 1510
• Hammad ibn Bologhine, 1008-1028
• al-Qaid ibn Hammad, 1028-1045
• Muhsin ibn Qaid, 1045-1046
• Bologhine ibn Muhammad ibn Hammad, 1046-1062
• an-Nasir ibn Alnas ibn Hammad, 1062-1088
• al-Mansur ibn Nasir, 1088-1105
• Badis ibn Mansur, 1105
• Abd al-Aziz ibn Mansur, 1105-1121
• Yahya ibn Abd al-Aziz, 1121-1152
La dynastie des Almoravides
Il y a lieu également de retenir l’importance de la dynastie Almoravide qui est
une dynastie berbère en provenance du Sahara qui régna sur le Sahara, une
partie du Maghreb et une grande partie de la péninsule Ibérique de la fin du
XIe au début du XIIème siècle. C'est Yahya Ibn Brahim qui, en islamisant en
1035 sa tribu berbère, donne naissance à une communauté religieuse militaire
qui sera à l'origine de la dynastie almoravide. Mais, c'est souvent Abdallah Ibn
Yassin qui est considéré comme le père spirituel de ce mouvement. À la tête

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

d'une armée de plus en plus impressionnante, il convertit par la force ses


voisins, profitant du prétexte pour agrandir son influence territoriale. Dès 1054,
il part à la conquête de l’empire du Ghana Le successeur d'Abdallah Ibn
Yasin, Abu Bakr Ibn Omar est considéré comme le premier souverain
almoravide. C'est lui, qui, aux alentours de 1070 fondera la ville de Marrakech
avant de repartir au Ghana prendre sa capitale en 1076. Marrakech est la
capitale d'un empire immense, du Niger au Tage. C'est l'apogée des
Almoravides qui mènent l'une des plus grandes puissances méditerranéennes
mais aussi africaines. Certaines sources indiquent aussi que les Almoravides
prennent Tlemcen et Alger. D'autres sources signalent que les Almoravides
s'arrêtent aux bornes des Zirides et aussi des Hammadides. D'autres sources,
enfin, soutiennent que vaincus par les Hammadides délaissent Tlemcen en
1002. La prise de Marrakech par les Almohades en 1147 marque la fin de
l'empire des Almoravides.
La dynastie des almohades
Le mouvement almohade composé des Masmoudas et des Zénites, est né en
réaction à l'autorité makeliste en place, à savoir les Almoravides en relation
avec les dissidents exilés dans le Haut Atlas qui commencèrent par créer une
communauté militaire et religieuse, dans les années 1120. La guerre éclate, et
Tlemcen, Fès puis Marrakech tombent, annonçant la disparition des
Almoravides en 1147. Au fur et à mesure des années et des différents règnes,
les Almohades vont agrandir leur royaume, et finir par unifier tout le Maghreb
et le sud de l'Al Andulus pendant un demi-siècle. La dynastie Hafside, d’abord
alliée et vassale des Almohades se proclame indépendante en 1230. Elle est
alors divisée entre deux capitales Bejaia et Tunis. C'est au XVe siècle, sous
Muhammad IV al Mutansir que la dynastie connaît son apogée. Les Hafsides
contrôlent alors un territoire qui s'étend de l'est de l’Algérie à partir d’Alger
jusqu'au nord-ouest de la Libye. Au XVIe siècle, l'empire, de nouveau

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

grandement affaibli par des luttes internes, subit les attaques des Espagnols
qui débarquent sur les villes côtières comme Bejaia.

Almoravides contre Almohades

À l'ouest, cependant, les succès de la dynastie berbère des Almoravides sont


allés en se multipliant. Tlemcen, l'Oranais, l'Ouarsenis sont sous sa sujétion.
La Kabylie est épargnée. Mais le futur Almohade, Ibn Tumart, fait son
apparition, vers 1120, à Constantine, à Bougie. Il rencontre Abd al-Mumin,
avec lequel il part pour le Maroc combattre la dynastie almoravide qui en est
chassée en 1147-1148. Abd al-Mumin, successeur d'Ibn Tumart et premier
calife de la dynastie des Almohades, conquiert le Maghreb central et l'Ifriqiya :
prises d'Alger, de Bougie, de la Qala des Banu Hammad, victoire sur les Banu
Hilal près de Sétif, etc. Ses succès sur les Normands, qui tiennent plusieurs
ports, réalisent temporairement l'unité du Maghreb.

Mais les Banu Ghanya, une branche almoravide installée aux Baléares,
débarquent à Bougie en 1184. Alger, Miliana, la Qala sont prises, Constantine
est assiégée. Les Arabes Banu Sulaym les rejettent vers l'est et les placent
sous leur domination. Là, ils sont vaincus par les Almohades, qui font de la
Tunisie une vice-royauté ; ce sera le noyau initial de la dynastie hafside dont
dépendra l'est algérien, cependant qu'à l'ouest, l'émir de Tlemcen fonde un
royaume du Maghreb central, le royaume des Abdalwadides (1235). Cette
dynastie lutte contre les Almohades, puis s'allie avec eux contre les Marinides.
Ils sont plusieurs fois vaincus et Tlemcen subit un siège terrible de la part des
Marocains, mais résiste jusqu'au bout (1299-1307). Les Abdalwadides tentent
d'assiéger Bougie, mais les Marinides s'emparent de Tlemcen à deux reprises
(1337-1348/1352-1359) et du Maghreb central. L'anarchie s'installe en

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Algérie, dont les Marinides du Maroc et les Hafsides de Tunis se disputent la


possession.

La dynastie des Zianides


La dynastie des Zianides aussi appelés Abdalwalides est une dynastie berbère
zénète ayant régné depuis Tlemcen de 1235 à 1556 fondé par Yaghmoracen
Ibn Zyan et dont l'étendue du Royaume préfigurait une partie de l'actuelle
Algérie. Les Abdalwadides, furent refoulés vers les hautes plaines d’Oranie par
l'invasion des Hilaliens en 1051. Les Zianides sont vaincus par les Ottomans
en 1556. Selon Ibn Khaldoun, la dynastie Mérinide a régné de 1258 à 1465.
Elle serait d’origine zénète issue de la tribu des Wassin. Établis dans le sud
des Aurès (Biskra- Algérie), les Banu Marin furent peu à peu, dès le XIe
siècle, poussés vers l'Ouest par l'arrivée des tribus arabes des Banu Hilal. Les
Mérinides dominent, diverses régions de l'actuel Maroc et imposent durant une
année leur pouvoir sur une partie du Maghreb. Le centre de leur royaume se
situe entre Taza et Fès. Ses frontières évoluent avec le temps, de l’océan
Atlantique à l’ouest, la mer Méditerranée au nord, le domaine des Zianides à
l’Est, et le Sahara au sud. En 1358 la mort d’Abu Inan Faris, tué par l'un de
ses vizirs marque le début de la décadence de la dynastie qui ne parvient pas
à refouler les Portugais et les Espagnols, leur permettant, à travers leurs
continuateurs les Wattassides de s'installer sur la côte. La résistance
s'organisera autour des confréries et des marabouts.
Conclusion

A partir du milieu du 7ème siècle, avec la pénétration de l'Islam, l'Algérie


connaît ses premiers rapports avec l'aire et la civilisation arabo-islamique. Les
apports de cette dernière vont bouleverser la vie sociale et culturelle en
réalisant une mutation importante avec la généralisation de la religion islamique
et la langue arabe. Grâce au niveau de développement scientifique et
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

philosophique de l'époque, une culture florissante rayonnera sur le bassin


méditerranéen sous la férule des grandes dynasties, qui domineront tour à tour
l'Afrique du Nord et qui ouvriront l'Algérie aux cultures des contrées les plus
lointaines.

L’Algérie turque ou ottomane


De1516à1830
Le mot turc désigne à la fois un peuple d’Asie centrale et sa langue (du
groupe altaÏque) Le turc s’écrit depuis 1924 avec l’alphabet latin; auparavant
c’était avec l’alphabet arabe Les Turcs sont des musulmans sunnites de rite
hanéfite : donc peu rigoristes
Le mot ottoman est celui du sultan Othman (forme arabe du turc Osman)
intronisé en 1281
1516-1529 L’installation des Turcs à Alger
Elle est le contre-coup de la construction, par les Espagnols, du fort du Penon,
sur un des 4 îlots qui faisaient face à Alger. Le chef d’Alger, Sélim, appelle à
l’aide.
•En 1516 c’est un albanais (ou un grec ?) Baba Aroudj qui rapplique. Il
commence par étrangler Sélim qui l’a appelé et continue par une conquête du
Maghreb central jusqu’à Tlemcen.
•En 1518 il meurt au cours de son voyage de retour de Tlemcen.
Son frère cadet Kheir ed Dine (surnommé Barberousse) lui succède
Il se met aussitôt sous la protection du sultan de Constantinople auquel il prête
allégeance. Le sultan accepte.
•En 1529 Kheir ed Dine chasse les Espagnols, relie les 4 îlots pour former une
jetée et crée ainsi un vrai port à Alger, bien protégé contre les vents du nord.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La régence est née. Les Turcs se lancent alors à la conquête de tout le


Maghreb central et fixe de facto les frontières de la future Algérie en zone
tellienne. Ils s’emparent aussi des oasis du nord du Sahara: Biskra,
Touggourt, Ouargla.
L’administration ottomane du Maghreb central
Elle est légère car seul le paiement des impôts intéresse vraiment le pouvoir
ottoman. Elle varie peu de 1529 à 1830 bien que les titres des principaux
dignitaires aient changé.
•A Alger de 1529 à 1587 les régents portent le titre de belerbey
de 1587 à 1659 les régents portent le titre de pacha
de 1659 à 1671 les régents portent le titre d’agha
de 1671 à 1830 les régents portent le titre de dey
Les environs d’Alger, sur 200km de long de Cherchell à Dellys constituent le
Dar es-Soltane ce qui signifie qu’ils sont administrés directement par le
souverain.
•En province il y a 3 beys : un à l’ouest à Mazouna, puis Mascara, puis
Oranun au centre, celui du Titteri , à Médéa un à l’est, à Constantine
Les populations sont réparties en trois groupes principaux :
•Celles du Makhzen supérieur exemptes d’impôts mais mobilisables n’importe
quand,
•Celles du Makhzen inférieur payant peu d’impôts et rarement mobilisables,
•Les tribus raïas exemptées de service militaire mais assujetties à tous les
impôts. Bien sûr il y a aussi des minorités. Depuis longtemps il n’y a plus de
chrétiens, saufles esclaves pris en mer et ramenés à Alger; mais il reste des
juifs et des koulouglis.
•Les juifs sont citadins, commerçants, artisans ou au service des autorités.
Aussi sont-ils nombreux dans les chefs-lieux de beylikat, Médéa et
Constantine surtout.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

•Les koulouglis sont des métis nés d’un père turc (souvent un janissaire, soldat
d’élite astreint au célibat) et d’une mère indigène.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?


Du vocabulaire qui est entré suffisamment dans nos usages pour être présent
dans nos dictionnaires non spécialisés, tels le Larousse ou le Paul Robert. Je
range par ordre alphabétique les termes que j’ai retenus, avec leur signification
de l’époque turque. Ces mots ont souvent été importés sous une forme
arabisée, voire traduits en français.
•Agha Officier
•Bey Souverain vassal du sultan ottoman
•Bordj Fort ou fortin
•Caïd Officier au-dessous de l’agha. Polyvalent: juge, administrateur, soldat
•Chaouch Huissier
•Cheikh Chef de tribu
•Dey Chef de la régence d’Alger. Vassal théorique du sultan
•Dhimmitude Statut des non musulmans soumis à un impôt spécial.
•Divan Conseil du sultan (siégeant sur des coussins)
•Drogman Interprète officiel
•Hadj qualifie un musulman qui a fait le pèlerinage de La Mecque
•Janissaire Fantassin d’élite, enlevé enfant à ses parents non musulmans.
•Khaznadar Trésorier
•Khodja Secrétaire
•Odjak Gouvernement
•Pacha Titre honorifique (écrit bacha en arabe où la lettre p n’existe pas)
•Raïs Chef
•Vizir Ministre. A Constantinople le Grand Vizir est le premier ministre.
•Zaouïa Ecole coranique
Et beaucoup de bâtiments; beaucoup trop pour en dresser le catalogue. La
plupart sont à Alger, puis à Constantine. Et loin derrière Oran restée espagnole
jusqu’en 1791, Médéa et Bougie.
•Plein de mosquées (djemaâ) avec minaret octogonal comme en Turquie

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

•Au moins trois palais beylicaux (Alger, Constantine et Médéa)


•Des forts dont celui dit de l’Empereur à Alger en hommage involontaire à
Charles-Quint qui est passé par là en 1541. Et aussi le bordj el Kantara qui
existe encore à Maison-Carrée, et qui protégeait le pont sur l’Harrach
aujourd’hui remplacé.
•Et la Kasbah d’Alger construite entre 1516 et 1590. Avec un fort tout en
haut.
•Beaucoup de belles villas mauresques.

La culture algérienne sous le règne Ottoman

 
Sous la gouvernance des Turcs , le territoire d'Alger jouissait d'institutions
administratives locales et d'un gouvernement central au sommet duquel se
trouvait le Dey d'Alger, assisté par un " Diwan " ( office) composé d'un
Khaznadji ( Ministre des Finances) , du Cheikh el Madina (Ministre de la
Justice ), de l'Agha ( chef de l'Armée de terre), de l'Oukil el Khardj ( Ministre
de la Marine ), du Khodja el Khayl (Receveur des tributs, dit Secrétaire des
chevaux). L'Algérie, à cette époque, disposait d'un Etat limité à l'Ouest par la
Province d'Oran (zone d'influence espagnole) et la province de Constantine à
l'Est, vassal du Dey d'Alger .L' Algérie, en ces temps-là précédant la
colonisation française, constate Charles -André Julien, dans son Histoire de
l'Afrique du Nord, " avait son autonomie et n'était liée à la Turquie que par un
lien moral et religieux : le Khalifat de l'Islam”. "( cf. Payot, Paris .) C'est au
cours du XVII è siècle que la régence d'Alger (et de Tunis) se dégagent de
l'autorité de la Sublime porte, l'Algérie possédant en ce moment un
gouvernement exerçant, notamment, un droit de police dans les eaux
méditerranéennes, droit arbitraire ou imposé, dépendant cependant, d'accords
passés avec de nombreuses puissances européennes qui, soit l'acceptaient,
soit le subissaient, suivant les conjonctures opportunes ou funestes.
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Cependant, tout au long des trois siècles de gouvernement des Deys et Beys
Ottomans, - suite à l'appel à la rescousse des frères Barberousse par des
notables Algériens afin de protéger le pays des razzias espagnoles
notamment-, rares sont les contacts entrepris avec les citoyens autochtones,
en raison de la méconnaissance des Turcs de la langue arabe ou berbère,
selon diverses sources historiques. Et quoique les Ottomans partagent la
même religion que les Algériens, cela ne les a nullement empêchés d'imposer
à leurs coreligionnaires un joug autoritariste sévère et de lourdes charges
d'impôts : insouciants des cultures et savoirs , les Turcs se préoccupaient
surtout de l'atout stratégique de la flotte maritime commerciale algérienne qui
guerroyait sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, alors que dans les
coulisses du palais du sultanat , deys et beys se livraient une lutte sans merci,
pour le pouvoir et les privilèges, faisant et défaisant des alliances , au
détriment de la chose publique, en général. Dans de telles conditions et
circonstances politico sociales conflictuelles d'un pays guetté également par
des prédateurs de l'extérieur, notamment par la chrétienté de l'alliance
occidentale d'alors, les embryons de la culture locale qui existait pourtant, ne
pouvaient que dépérir ou se figer dans un long et mortel silence. Ainsi ces
migrants de retour d'Andalousie avec tous leurs savoirs et artisanats, de même
que nombre de turcs se présentant avec l'héritage culturel ramené d'Orient et
de leurs lointaines expéditions, tout comme les chrétiens et juifs autochtones
aux acquis et savoirs- faire détenus de l'Europe renaissante, tous ces facteurs
conjugués ne pouvaient, s'ils étaient activés, que contribuer positivement au
rehaussement du climat de culture et de prospérité locales…
Malheureusement, le règne du despotisme, et ce qu'il a engendré comme
violences, exploitations éhontées, corruptions, paupérisation sociale etc.…en
ont décidé autrement. A titre d'exemple, c'était devenu une pratique courante
pour la soldatesque turque des quartiers de rançonner partout les citoyens
autochtones, rapportent des historiens, le Bey allant jusqu'à ordonner des

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

exécutions lors des manquements au règlement des impôts destinés à l'appui


du financement du corps d'armée surtout. Maintes expéditions punitives ont été
ainsi menées contre les habitants récalcitrants de villes et villages entiers de
l'intérieur du pays. Ce qui n'a fait que susciter davantage le courroux des
Algériens et celui également des " koroghlis ", de pères turcs et de mères
algériennes. Ceci pour dire que l'atmosphère ambiante générale ne pouvait
permettre à aucune culture, quelle qu'elle soit, de se développer ou de
favoriser les savoirs, les lettres et les arts dans un tel cadre empesté. D'autre
part, avec les zaouias , apparues dans les siècles d'auparavant et qui ont
proliféré un peu partout sur l'ensemble du Maghreb , et s'en tenant chacune
uniquement à la voie rigoureuse de son maître, la situation déplorable de la
culture et des savoirs ne pouvait que s'aggraver davantage durant cette phase
d'inculture caractérisée : les savoirs, la littérature populaire de l'époque, la
poésie, la prose narrative , les traités divers, médicinaux et sur la jurisprudence
religieuse ( Fiqh) , et les arts en général ne pouvaient que rendre l'âme dans
ce contexte bloqué de l'incommunicabilité, de l'insécurité, du manque de liberté
et de stabilité sociale ou de climat propice, d'une manière générale, si
indispensable à la production et épanouissement des idées et création littéraire
, scientifique , artistique, etc. …En un mot, les Ottomans insouciants de la
culture ne s'intéressaient exclusivement qu'à la rente, ou ce que rapportait la
flotte maritime guerrière et l'apport financier des impôts périodiques, imposés
de gré ou de force. Et dans pareilles conditions de pereclitement des arts et de
la culture, il n'y avait que très peu de gens de savoir, de littérateurs, de poètes
ou prosateurs qui parvenaient à produire quelques œuvres, comme les poètes
Ben Ali et El Mandassi , par exemple, dont les poésies ont eu la chance de se
répercuter largement. Cette léthargie caractéristique,- dont font état entre
sociologues et historiens et non des moindres, tels les éminents Belkacem
Saâdallah, Mahfoud Kaddache, Mostefa Lacheraf, Abdelkader Djaghloul, etc.,
- ne signifie nullement que le pays baignait dans l'ignorance et

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

l'analphabétisme total. Il existait quand même un certain enseignement assuré


par les innombrables mosquées du pays notamment , ou dans les enceintes
des embryons de bibliothèques des medrassa ou zaouias qui initiaient à
l'alphabet arabe , l'apprentissage coranique et à un autre niveau les voies
soufies des " tourok " maghrébines essentiellement, l'exégèse musulmane,
entre autres, les rites religieux et principalement le rite Malékite courant au
Maghreb alors que les Turcs prônaient le rite Hanéfite. L'enseignement
religieux était surtout assuré par des instructeurs, imams ou apprentis
théologiens œuvrant sous l'égide des tutelles religieuses " Aouqaf " qui
supervisaient les préceptes inculqués depuis une longue tradition datant des
siècles précédents. Ces derniers disposaient notamment de lots d'ouvrages
anciens et de bibliothèques appréciables. Néanmoins le contenu de cet
enseignement, de l'avis de nombre d'historiens, était souvent superficiel,
manquant de rigueur et atteignant rarement le niveau supérieur escompté. Ce
qui expliquait les croyances obscurantistes répandues, durant cette période ,
notamment les mythes proliférant sur la baraka des saints vénérés des zaouias
ou des gourous charlatans qui se substituaient aux sages authentiques et
mystiques spirituels véridiques ,aux poésies soufies souvent fort éloquentes,
comme celles d'un Aboumedienne Etlemssani ou Abderrahmane Atthaâlibi …
Ces paramètres négatifs concouraient naturellement à affaiblir grandement la
qualité et la production, d'une manière générale, d'une texture littéraire et
artistique viable, sans évoquer les savoirs concomitants , ajouté à cela,
l'emprisonnement de beaucoup d'hommes de lettres et des arts contestataires
et dont nombre d'entre eux ont été contraints de prendre le chemin de l'exil ,
vers le Machrek, d'autres partant au Maroc voisin, ou allant ailleurs. Parmi les
œuvres parvenues jusqu'à nous des auteurs et penseurs de cette période
difficile , citons , entre autres, " El Boustani " ( Le jardinier) de Benmeriem , "
Matleb el Fawz oua El fallah " ( L'exigence de la réussite et de l'usufruit ) de El
Battani, " Rihla " ( Voyage) de El Ouartillani , " Tarikh (Histoire de)Ibn El Mafti "

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Saâdallah, aussi bien que l'historien Mahfoudh Kaddache et le Dr


S.Ferkous tout autant, s'accordent tous à dire, (pour ne citer qu'eux), que
la période culturelle algérienne sous l'empire Ottoman a été une calamité.
Evoquant cette question dans son ouvrage " Aperçu de l'histoire de
l'Algérie, des phéniciens à l'indépendance ", le Dr S. Ferkous, écrit à
propos de cette période de stagnation de la vie culturelle, notamment
durant les deux premiers siècles de gouvernance Ottomane " (…) avant
l'arrivée des Turcs, plusieurs cités rayonnent par leur effervescence
culturelle, intellectuelle et religieuse sur l'ensemble du pays et même au-
delà ". Et pour étayer ses propos, il rapporte ce que Abou Ras En
-Nassiri,( contemporain du bey Mohamed El- Kébir qui gouverne vers la
fin du XVIII è siècle), brosse comme tableau noir de la vie culturelle dans
le récit de ses voyages , consignant notamment " (…) par un temps où
les instituts du savoir ont été fermés , ses sources et ses débouchés
obstrués, ses demeures vidées…l'histoire, la littérature, la généalogie ont
été jetées aux oubliettes.
La dinanderie, un héritage de l’Empire ottoman

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

L’apparition de la dinanderie en Algérie remonte au Moyen Age. On y


rencontre une succession des styles et une large influence turque. C’est
autour des casbahs et des quartiers dédiés à cet art que s’organise le
métier qui utilise essentiellement la feuille de cuivre pour la fabrication et
décoration de produits d’art. Ces vases et récipients à l’esthétique sans
égale, de la Kerouana, Liane, Kafatira en passant par El Mahbes et la
Tassa et Tafay, témoignent d’une grande richesse ornementale. Alger,
Tlemcen, Constantine ainsi qu’Annaba et à des degrés moindres
Ghardaïa et Tindouf, sont les points d’attache principaux de cet art.
Alger, par exemple, et malgré les effets du temps et la disparition (seuls
subsistent quelques artisans téméraires) de la Zanket Ennahassia, figure
comme le berceau de cet art, hérité de l’Empire ottoman. Parmi les
spécialités, on peut citer le Berred (théière), le tobssi laâchaouet
(couscoussier à couvercle conique), les Brik et Tassa pour les ablutions),
El Mordjen, El Mahrez (marteau à piler) et la S’nioua. Constantine, autre
ville, autre influence. La ville des Ponts réputée pour ses plateaux
immenses d’inspiration orientale en termes décoratifs, tient son art à la
présence des Ottomans des siècles durant dans cette ville. Lemrach, El
Katara sont les principaux produits vedettes fabriqués par les mains
expertes d’artisans virtuoses faisant jusqu’à ce jour la notoriété de
Constantine, avec l’existence encore de Souk ennahassine implanté au
coeur de l’antique Lemdina Ekdima (vieille ville), où autant d’objets
destinés à la toilette et obéissant à la tradition citadine, sont encore
fabriqués à la traditionnelle. Tlemcen, au même titre que Constantine et
Alger, a vu se développer dans le strict respect de l’héritage
almouwahad, l’art séculaire andalou, lui-même imprégné d’oriental
comme pour témoigner de l’immense talent artistique d’une région
multiculturelle et qui a su allier authenticité et originalité dans des

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

spécialités comme les supports de livres, les lustres, les grands plateaux
ou bien les fameux marteaux de porte qui sont en fait autant de vestiges
d’un artisanat riche. Pour la ville des Jujubes, en dépit de l’absence d’un
souk pouvant alimenter les besoins des familles bônoises en dinanderie,
cette dernière est tout de même fortement présente à travers ses dizaines
de magasins d’artisanat qui y sont implantés. Pour ce qui est du Sud,
Ghardaïa et Tindouf sont moins renommées dans cet art, mais méritent
une halte. Parce que le M’Zab, centre culturel très actif, a su se faire une
place. La production des dinandiers reste limitée à la production
d’ustensiles usuels: bouilloires et plateaux. A Tindouf, cet art a une
vocation strictement domestique, les marmites, bassines, passoires et
autres théières émergent en plus grand nombre mais restent sans grande
recherche esthétique.

La médecine « populaire » en Algérie, pendant la période ottomane.


Au sujet de cette époque, les auteurs notent une régression scientifique en
affirmant qu’il n’existait ni médecine, ni médecins en Algérie, et pour ceux qui
attestent qu’il en existe quelques-uns, ils jurent qu’ils « ignorent tout, des
grandes personnalités de la science musulmane ».  Si l’on peut dire que
l’instabilité politique du début du XVI e siècle peut expliquer la stagnation
médicale, l’on sait que cette pratique a été relevée dans la région, depuis les
temps immémoriaux de l’antiquité. D’ailleurs, Hassan al-Wazzan* dit Léon
l’Africain, dans sa « Description de l’Afrique », signale l’existence d’hôpitaux à
Tlemcen, Oran, et Bejaïa au début du XVI e siècle.
Par ailleurs, on relève durant cette période qui s’étend de 1500 à 1830,
l’existence de trois médecines qui se côtoient. Elles étaient toutes adaptées à
la population à laquelle elle s’adressait. Ainsi, l’une d’elle était réservée aux
captifs en grande majorité européens, et était dispensée dans les hôpitaux
érigés à cet effet dans les bagnes ; la médecine turque était quant à elle
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

orientée dans un premier temps vers les aspects militaires, et enfin la


médecine populaire et à laquelle nous nous intéressons aujourd’hui, et qui
était réservée à la population autochtone. Elle peut être considérée comme
une continuation de la médecine dite « arabe ».
La médecine populaire 
La médecine populaire était basée sur l’emploi de plantes médicinales
recueillies localement. Ces médicaments étaient préparés par le médecin
naturaliste pour être utilisés de différentes manières : sous forme de décoction,
de macération de poudre à priser, de cataplasme… Ou encore de breuvage.
Ils étaient vendus par le médecin lui-même, ou par l’herboriste.  Dans les
zones rurales, ces médicaments étaient proposés par les herboristes
ambulants. Près de 1000 plantes étaient répertoriées dans le dictionnaire des
drogues d’Ibn Hamadouche El Djazaîri (XVII e siècle).
Les médecins étaient très respectés, et étaient appelé hakim ou sages. Ils
exerçaient à la ville comme à la campane le jour du marché. Les consultations
se déroulaient à l’extérieur ou sous la tente qui leur servait d’officine. Cette
dernière était coupée en deux par une légère cloison ; car à l’arrière de la
« boutique », on auscultait les patients atteints de maladies graves
ou« honteuses » à l’abri des regards… Dans sa caisse, le médecin disposait
d’un outillage très compliqué  comprenant les drogues végétales et minérales,
du henné, du gingembre ou encore des instruments chirurgicaux. Les
guérisseurs recouraient souvent à la saignée, à la cautérisation et aux
ventouses.
Traitement des maladies courantes
Des médicaments précis étaient utilisés dans le cadre des traitements des
maladies courantes. Par exemple, le henné était employé en cataplasme pour
les plaies simples, ou contre les brûlures. Les piqûres de scorpion et de vipère
étaient soignées par un emplâtre d’oignon et d’ail, appliqué au point de piqûre.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Pour lutter contre le rhumatisme et les sciatiques, on utilisait des pierres


chauffés, disposées sur la zone enflammée, on avait également recours à la
friction à l’huile chauffée, ou encore aux ventouses, scarifications et bain de
sable chaud.
Contre la diarrhée, le médecin préconisait entre autres le riz, les racines de
caroubier ou de myrte.
Pour le traitement de la gale, le patient devait ingérer 4 à 5 figues sèches
remplies d’un mélanges de pois secs et de souffre réduit en poudre, tous les
soirs, pendant quelques jours. Les eaux thermales étaient vivement
recommandées
Pratique obstétricale
Les sages-femmes, appelées qabla, avaient les monopoles des
accouchements. Le mot qui désigne ce savoir-faire est berbère. C’est donc
une pratique ancestrale.
Le terme désigne spécifiquement l’accoucheuse, et plus généralement la
guérisseuse. El qabla était considérée comme étant la gardienne des traditions
et du savoir magique, car sa personne se caractérise par la connaissance
empirique qu’elle a des plantes, et des techniques curatives. Sa fonction
s’acquiert par expérience, souvent à partir d’un accouchement qu’elle a dû
effectuer par nécessité une première fois. C’est une femme généralement d’un
certain âge, ménopausée, ayant eu elle-même plusieurs grossesses et
accouchements.
Il convient de préciser qu’à cette époque, la médecine pouvait être mêlée à la
sorcellerie ; et le port des talismans et amulettes qui servaient à conjurer le
mauvais sort, servait également à des fins thérapeutiques. D’ailleurs, ce qui
différencie l’accoucheuse guérisseuse de la sorcière, demeure au niveau du
danger qui émane de l’esprit qui la possède. Certains esprits sont plus
facilement socialisants que d’autres ; de ce fait, si l’esprit peut être récupéré
socialement, sa victime devient guérisseuse ; au contraire, s’il refuse

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

d’accepter les valeurs sociales, elle devient sorcière dit-on. Par ailleurs, sa
maîtrise d’un certains nombres de manœuvres obstétricales, renforcent les
croyances qui l’entourent. Car il convient de préciser qu’après la sortie du
nouveau-né, elle procédait à la coupure du cordon ombilical ; puis elle
attendait l’expulsion du placenta, et en cas d’inertie ; elle procédait à une
évacuation utérine.
Enfin, lqabla qui n’a pas d’homologue masculin, bénéficie d’une aura qui « la
fera entrer directement aux paradis », selon les dires locaux, car c’est une
femme au savoir respecté, et qui se trouve tout à fait intégrée dans la société.
Pratiques chirurgicales
Plusieurs tribus étaient connues pour leurs connaissances en médecine.
Notamment les Inoublen dans le Djebel Cherchar, ou encore chez les Beni
Oussaib. On y guérissait les coups et blessures, ainsi que les fractures ;
d’ailleurs, dans le Tafrent, de nombreux médecins* pratiquaient des actes
neurochirurgicaux en recourant à la trépanation, à l’aide d’outils fait de bronze
(traumatisme crânien). Certains manuscrits servaient de guide à cette
intervention, dont le savoir était transmis de génération en génération.
Par ailleurs, des chirurgiens ont mis au point un procédé ingénieux pour
réparer le bec de lièvre, en substituant aux sutures ordinaires, des crochets de
mandibules de certains insectes connus en entomologie sous le nom de
scaritepyracmon. De plus, les médecins algériens avaient acquis une grande
expérience dans les amputations et leurs traitements ainsi que dans
l’appareillage des membres.
La destruction des documents administratifs au début de la colonisation
française et l’expropriation des infrastructures publiques, ont rendu difficile
l’identification des établissements de soins de la période ottomane.La
médecine était instrumentalisée dès les débuts de la conquête française ; et
elle fut très vite utilisée comme moyen de propagande.
 

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Résistance berbère à l’invasion turque et sauvagerie des janissaires


Après la venue des turcs à la demande d’Alger pour les sortir du siège
espagnol, en 1518, Alger devint une colonie ottomane durant trois siècles,
sous le nom de Régence d’Alger.
En 1520, un certain Sidi Ahmed ou El Kadhi, se démarqua des autres kabyles
en résistant à la colonisation turque. Il avait même réussi à s’emparer d’Alger,
forçant le chef de bande, Kheir Eddine Barberousse à se replier à Jijel. Si
quelques kabyles vinrent battre les murs d’Alger, entre 1758 et 1770, c’était
toute la Kabylie qui se souleva. De là, entre 1805 et 1813, plusieurs
insurrections prirent place, dont celles de 1816 et 1823. Il en fût ainsi
également dans les Aurès où les chaouis avaient interdit toute présence
effective du pouvoir ottoman, contrairement à Constantine où les ottomans
avaient des alliés fermes, avec la tribu des Zemoul ce qui ne fut pas du tout un
obstacle pour les autres tribus kabyles à faire des soulèvements réguliers.
Comme tout colonisateur, chaque insurrection était étouffée dans le sang.
Afin d’éviter de se dissoudre par mariage dans la masse de la population,
dans la Régence d’Alger, les turcs pratiquèrent une ségrégation
institutionnalisée. Le 27 mai 1529, les 25 survivants de la garnison espagnole
qui défendait le panion érigé dans la Baie d’Alger, capitulèrent, après 3
semaines de siège, contre la promesse d’avoir la vie sauve. La promesse ne
fut pas tenue et leur chef, le compte Martin de Vargas, déjà grièvement blessé,
rendit l’âme après s’être fait bastonné par les soldats turcs.
Quelques années plus tard, le 20 juillet 1535, Kheir Eddine Barberousse lance
un raid sur l’île de Minorque, dans les Baléares ; il enleva des centaines de
captifs et les fit vendre au marché des esclaves, à Alger. Lorsque le Dey
déclara la guerre à la France, en 1682, l’amiral Duquesne se présenta devant
Alger où on exécuta le Consul de France, le père Jean Le Vacher, en
l’attachant à la buche d’un canon. Plusieurs captifs subirent le même sort, en

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

1688, lorsque le maréchal d’Estrées bombarda Alger pour lutter contre les
pirates.
Jusqu’au début du XIXe  siècle, la vie politique et économique de la Régence
turque d’Alger était régie  par la piraterie qui n’obéissait pas aux règles
strictes, puisqu’il n’était pas question de s’attaquer à des navires ennemis en
temps de guerre, mais de s’accaparer de butins. Il est à souligner qu’à
l’exception du Raïs Hamidou, aucun pirate n’était d’origine algérienne ; tous
étaient des turcs de naissances ou des renégats. Haut du formulair en 1530
après avoir chassé les Espagnols du Pénon, le corsaire turque Aroudj
surnommé Barberousse, fit étrangler Salim Toumi des Beni Mézghana (prince
d’Alger) avant d’épouser sa femme Salima. Par ce geste de terreur, il voulut
marquer les esprits des habitants d’Alger qui avaient refusé dans un premier
temps sa présence en s’alliant à la dynastie Berbère des Hafsides qui l’avait
combattu durement.
Il y instaura alors un régime de répression inouïe pour les punir.
Dès la prise d’Alger par les pirates Ottomans jusqu’à leur départ forcé en
1830, tous les deys qui s’étaient succédés à la régence étaient tous sans
exception des janissaires (pirates) d’importation venus d’Albanie, de Venise,
de Bosnie, de Crête, du Caucase mais aucun d’eux ne fut un autochtone. Et
pourtant, jusqu’à preuve du contraire les Berbères étaient et restent en
majorité musulmans.
Les Turcs avaient institué un apartheid en Algérie. Au sommet de la hiérarchie
sociale se trouvaient les janissaires ottomans, puis les Koulouglis ( issus des
mariages entre les turcs et les algériennes) les Chrétiens, les Juifs puis au bas
de l’échelle pataugeaient les algériens de souche.
A la tombée de la nuit, les autochtones étaient chassés de la Casbah d’Alger
et seules les femmes y étaient tolérées pour assouvir l’ardeur sexuelle des
janissaires.
Chaque année partaient d’Alger vers la Porte Sublime( Istambul) des bateaux,

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

les cales pleines d’or et de marchandises ainsi que des esclaves berbères
sexuelles, la plus âgée ne dépassait guère les dix huit ans. C’étaient des
cadeaux d’allégeance au Calife Ottoman.
Pour montrer la cruauté et la haine que nourrissaient les ottomans à l’égard
des Algériens.
car jusqu’en 1972, la Turquie refusa de reconnaître l’indépendance de
l’Algérie qu’elle considérait encore comme sa province lointaine qu’elle avait
vendue à la France en 1830 et pensait encore la récupérer.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La colonisation Française de l’Algérie

1830-1962

C’est par la parole écrite (et par la parole orale) que se concrétise la
pensée de la nation.

Le sujet de discorde qui a provoqué l’intervention française en Algérie


concerne un règlement des dettes pour des commerçants algériens (Bacri et
Vusnach). En fait, l’affaire remonte à 1798 quand l’Algérie a cédé du blé à la
France et en 1827, les deux parties engagent des négociations sur le sujet.
Sous prétexte que le dey a donné un coup d’éventail au consul de France
Deval pour refuser de payer les dettes dues à Alger, le roi français Charles X
décide de prendre sa revanche en attaquant l’Algérie en janvier 1830.
L’intervention française a commencé par le débarquement des troupes sur la
plage de Sidi Ferredj situé à une vingtaine de kilomètres d’Alger. Après trois
semaines, la ville est sous domination française. Le dey turc, régnant au nom
de la Sublime porte, et qui n’avait le pouvoir que sur Alger et ses environs est
repoussé. Il abdique le 5 juillet et l’opération s’est transformée de la revanche
à la colonisation.
La France a opté au début pour la conquête restreinte en occupant Alger et
ses environs. Ensuite, des préparatifs pour une conquête étendus se sont
manifestés par la formation de nouvelles forces de combats et des explorations
ont été effectuées dans différentes régions du pays. Toutefois, en tentant
d’étendre leur domination vers l’ouest et l’est algérien, les français se sont
heurtés successivement à la résistance de deux chefs : Abdelkader à l’ouest
et le bey de Constantine à l’est. Pour concentrer les forces sur l’Est algérien,
Demischels a signé un traité avec Abdelkader en 1934 reconnaissant l’autorité
de ce dernier sur l’ouest algérien. Mais l’expédition de 1836 vers l’Est contre
Constantine a échoué. Les troupes françaises dirigées par le maréchal Clauzel
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

se sont retirées à cause du climat et le manque d’équipement. Clauzel sera


immédiatement remplacé par le général Damrémont.

En 1837, les français décident de continuer leur avancé vers l’Est et vers
l’Ouest. Ils ont pu soumettre Mascara et Constantine et ils ont signé le traité
de la Tafna en 1837 avec Abdelkader. Après deux ans de trêve, Abdelkader
se lance encore une fois dans la résistance en novembre 1839 à un moment
ou la France avait décidé de conquérir le pays sous les ordres du gouverneur
de l’Algérie : Bugeaud. Dès 1841, le territoire sous domination de l’émir est
passé sous contrôle français et en 1843, sa ville itinérante Smala236 est
détruite. Abdelkader s’est réfugié au Maroc pour demander de l’aide et il est
accueilli par le Sultan marocain Abderrahmane.
En 1844, la bataille d’Isly a opposé des troupes maroco-algériennes aux
français, mais ces derniers l’ont gagnée sous la direction du général Bugeaud.
D’autres villes marocaines (Tanger et Mogador) ont été attaquées par les
français ce qui a obligé le sultan à se dissocier de l’émir algérien. Malgré la
défaite, ce dernier, qui a mené depuis les années trente de violents combats
contre les français a continué sa résistance jusqu’à 1847, date où il s’est
rendu à Lamoricière. Soumis par les français, sa reddition a ouvert le territoire
algérien à la conquête française.
Dès son installation en Algérie, la France continue d’occuper des territoires
dans toutes les directions. Elle est pénétrée au sud jusqu’aux touaregs, à
l’ouest jusqu’aux confins algéro-marocains et à l’est jusqu’à l’ouest tunisien.
L’Algérie est divisée en trois départements : Alger, Oran et Constantine en
créant en 1858 un ministère de l’Algérie et des Colonies. Une politique menée
par Napoléon III après sa visite en Algérie en septembre 1860 a permis aux
autochtones de récupérer des terres et a ralenti le rythme de la colonisation.
Les années 1870 ont été marquées par un ensemble d’événements : La
France est vaincu dans sa guerre contre la Prusse. Une insurrection des
Mokrani et chikh aheddad en mars 1871 en Kabylie proclame la guerre sainte,
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

mais elle a été écrasée par l’amiral Gueydon. La république substitue à


l’empire, le décret Crémieux octroyant la citoyenneté française aux juifs
algériens a établi une ségrégation dans le pays. Sur le plan de la politique
sociale, la loi de 1889, naturalise automatiquement tous les étrangers qui sont
nés en Algérie. Par contre, les autochtones sont traités selon le Régime de
l’Indigénat de 1881 et sont victimes de ségrégations. Ce régime va disparaître
progressivement dès les débuts de la Première Guerre mondiale.
Sur le plan économique, la colonisation française a entraîné la construction de
voies ferrées, l’exploitation des ressources et le développement de
l’agriculture. Les cultures de céréales et de vigne ont été les plus demandées
dans la métropole et l’extraction du fer et du phosphate était plus intense.
Sur le plan culturel, les algériens sont restés des musulmans en refusant de
s’assimiler à la culture française. Les campagnes d’évangélisation ont été
inefficaces. Des mouvements nationalistes algériens sont nés : le Mouvement
de l’Étoile africaine, fondé en 1926 par Ali Abd el-Kader puis reconstitué
ensuite par Ahmed Messali Hadj en Union nationale des musulmans nord-
africains et ensuite en parti populaire algérien (PPA) (en 1937), le Parti
Communiste Algérien (PCA)

en 1935. Ces mouvements proclament l’indépendance de l’Algérie. En 1935,


le président de l’Association des Oulémas d’Algérie cheikh Ibn Badis, a
défendu son projet consistant dans la constitution d’une nation démocratique
selon les principes de la révolution française. Le déclenchement de la
deuxième guerre mondiale a repoussé les demandes de ces partis en second
plan.
Sur le plan international et lors de l’intervention allemande en France, l’Algérie
est resté sous le gouvernement de Vichy. En 1940, la flotte française installée
à Oran a été attaquée par les anglais peu après la signature de la capitulation
face à l’Allemagne. Le gouvernement de Winston Churchill avait l’intention
d’empêcher que cette flotte passe aux mains du Troisième Reich. Après le
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

débarquement allié du 8 novembre 1942, l’Algérie est devenue la base arrière


des forces alliées (anglo-américaines et françaises). Alger est devenue à cette
époque la capitale des alliées en Méditerranée, la capitale de la France en
guerre. Dès le 3 juin 1943, De Gaulle et Giraud créent, à Alger, le Comité
français de Libération Nationale (CFLN), présidé conjointement par les deux
chefs. En juin 1944, le CFLN prendra le nom de Gouvernement provisoire de
la République française.
Sur le plan national relatif à la résistance au colonialisme, la défaite de la
France en 1940 face à l’Allemagne, le rôle des algériens dans la Deuxième
Guerre Mondiale les a incité à réclamer plus du pouvoir. Ferhat Abbas, qui a
fondé en 1938 l’Union Populaire Algérienne, a signé le 10 février 1943 le
Manifeste du Peuple Algérien, qui demande l’élaboration d’une Constitution
démocratique. Il créa en 1944 l’Association des Amis du Manifeste et en 1946
l’Union démocratique du Manifeste Algérien (UDMA).
Alors que la guerre se termine en Europe, les répressions se sont intensifiées
contre les indépendantistes en Algérie. En 1945, une manifestation proclamant
l’indépendance et la libération du leader du Parti Populaire Algérien Messali
Elhaj (qui est arrêté et déporté au Gabon) s’est étendu à d’autres villes en
causant la mort de plusieurs milliers d’algériens surtout à Sétif et de quelques
dizaines de colons. Cela a créé une fracture entre le peuple algérien et les
colons français.
Après la deuxième guerre mondiale, le mouvement nationaliste algérien est
représenté par le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques
(MTLD), d’Ahmed Messali Hadj. Les membres de l’Organisation spéciale du
MTLD ont fondé en avril 1954 un Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action
(CRUA) ayant comme « représentation extérieure » au Caire Hocine Aït
Ahmed, Ben Bella et Khider qui assurent l’approvisionnement en arme ce qui
annonce la guerre d’indépendance.
La Guerre d’Algérie

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

L’insurrection éclate dans la nuit du 31 octobre 1954 dans les montagnes de


l’Aurès et s’est étendue dans tout le territoire en se prolongeant le long de
l’Atlas tellien, de l’Atlas saharien et des confins algéro-marocains. Le CRUA
crée une « Armée de libération nationale » (ALN), qui est devenu au service
d’une armée commune : le Front de Libération Nationale (FLN), qui rassemble
à la fois des militaires (Ben Bella), des politiques (Lahouel, Ferhat Abbas,
Ahmed Francis) et des religieux (El-Medani). Il s’agit de certains membres du
Comité central du MTLD, de l’UDMA et de l’Association des ulémas réunis, à
l’exception d’Ahmed Messali Hadj qui a transformé son MTLD en Mouvement
National Algérien (MNA). Il s’est engagé seul avec ses partisans dans la
révolution d’indépendance à cause de son désaccord avec les membres du
FLN.
La France, de sa part, tente d’abord de mater l’insurrection par des mesures
militaires (proclamation de l’état d’urgence en Algérie le 28 août 1955) et
ensuite par des mesures politiques en essayant de régler le conflit à travers
des réformes (le triptyque : cessez-le-feu, élections libres, négociations). Ces
mesures ont connu un échec en raison de l’opposition du FLN. En 1958, les
partisans de l’Algérie française se soulèvent et De Gaulle a été rappelé au
pouvoir le 13 mai. Un Gouvernement provisoire de la République algérienne
(GPRA), présidé par Ferhat Abbas, a remplacé en septembre, le Comité de
coordination et d’exécution. Les français d’Algérie défendaient le maintien, par
De Gaulle, du statut de l’Algérie française. Son appel à la « paix des braves »
lancé le 23 octobre 1958 est resté sans réponse de la part algérienne et en
1959, il affirme le droit à l’autodétermination de l’Algérie. Il a envisagé trois
solutions : la sécession totale, la francisation et la fédération. De Gaulle s’est
engagé à demander aux Algériens de « déterminer eux-mêmes ce qu’ils
entendent être en définitive ».
Pour les partisans de l’Algérie française, la déception est totale et afin de
s’opposer à cette politique et entraver le GPRA d’être le seul interlocuteur,

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

l’ancien président du Conseil Georges Bidault a fondé le Rassemblement pour


l’Algérie Française, mais ses partisans étaient dépassés par les événements.
Des rencontres officielles entre la France et le FLN sur l’avenir de l’Algérie ont
lieu à Melun dès juin 1960. Les algériens étaient déterminants dans leurs
revendications indépendantistes en essayant en plus d’internationaliser le
conflit par l’association des puissances mondiales : l’Union Soviétique et la
Chine. En 1961, le référendum de l’autodétermination de l’Algérie a été
organisé en France et en Algérie. Plus de 75 % dans la métropole et plus 70
% dans le département français d’Algérie sont pour la création d’un état
indépendant. Quatre généraux à la retraite (Challe, Zeller, Jouhaud et Salan)
et quelques colonels ont effectué un putsch pour s’opposer à l’indépendance
de l’Algérie. Leur action a échoué et ils vont rentrer dans l’Organisation de
l’Armée Secrète (l’OAS), qui regroupe les partisans de l’Algérie française.
Le 17 octobre 1961, un massacre a été effectué contre les algériens qui se
sont manifesté à Paris contre les mesures instaurées par le préfet de la ville
leur interdisant de circuler la nuit. Les répressions ont provoqué plus de 200
perdus, tués ou jetés dans la Seine. Même si ce massacre a été, pour
longtemps, nié par les autorités, il sera reconnu par le France en 1997.

Finalement, les accords d’Evian qui mettront fin à la guerre d’Algérie seront
signés le 18 mars 1962 et l’Algérie accèdera à l’indépendance le 5 juillet
1962 après sept ans et demi de guerre d’indépendance.

Histoire de la littérature algérienne

L’Algérie recèle, au sein de son paysage littéraire, de grands noms ayant non
seulement marqué la littérature algérienne mais également le patrimoine
littéraire universel dans trois langues : l’arabe, le berbère et le français.

Dans un premier temps, la littérature algérienne est marquée par des ouvrages
dont la préoccupation était l'affirmation de l'entité nationale algérienne par la
description d'une réalité socioculturelle qui allait à l'encontre des clichés
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

habituels de l'exotisme, c'est à ce titre qu'on assiste à la publication de romans


tels que la trilogie de Mohammed Dib, avec ses trois volets que sont la Grande
Maison, l'Incendie et le métier à tisser, ou encore le roman Nedjma de Kateb
Yacine qui est souvent considéré comme une œuvre majeure. D'autres
écrivains connus contribuent à l'émergence de la littérature algérienne parmi
lesquels Mouloud Feraoun, Moufdi Zakaria, Mouloud Mammeri, Mohammed
Dib, Malek Haddad, Jean Amrouche et Assia Djebar. Au lendemain de
l'indépendance plusieurs nouveaux auteurs émergent sur la scène littéraire
algérienne, ils s'imposeront notamment sur plusieurs registres comme la
poésie, les essais ainsi que les nouvelles, ils tenteront par le biais de leurs
œuvres de dénoncer un certain nombre de tabous sociaux et religieux, parmi
eux il y a Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Zoubeïda Bittari,
Leïla Sebbar, Achour Fenni, Abdelhamid Benhedouga, Yamina Mechakra et
Tahar Ouettar.

Actuellement, une partie des auteurs algériens a tendance à se définir dans


une littérature d’expression bouleversante, en raison notamment du terrorisme
qui a sévi durant les années 1990, l'autre partie se définit dans un autre style
de littérature qui met en scène une conception individualiste de l'aventure
humaine. Parmi les œuvres récentes les plus remarquées il y a l’Écrivain, Les
hirondelles de Kaboul et L’attentat de Yasmina Khadra, Le serment des
Barbares de Boualem Sansal, Mémoire de la chair de l'écrivain d'expression
arabe Ahlam Mosteghanemi, Nulle part dans la maison de mon père d'Assia
Djebar et, enfin Ô Maria et Le Rapt d'Anouar Benmalek. Beaucoup d’auteurs
vivent et publient à l’étranger, comme le romancier Abdelkader Djemaï,
Mohamed Aknoun mais aussi des nouvelles venues comme Kaouthar Adimi,
Fadéla Chaïm-Allami, Katia Hacène.

La litératute algérienne de l’expréssion arabe

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La littérature d’expression arabe est restée, elle, relativement vivante à


l’époque coloniale. Par exemple, l’émir Abdelkader (1808-1883) n’était pas
seulement le grand résistant. C’est un écrivain et un poète. Le cheikh Aftiyech
(1818-1914), savant ibadite du Mzab, est l’auteur d’une «encyclopédie du
droit» en dix volumes. Du fait des contacts avec l’Orient arabe, des écrivains
comme Midjaoui (1848-1913), Ibn Khodja (1865-1915), Cheikh Ibnou Zekri
(1851-1914), Mohamed Bencheneb (1869-1929), etc. se mettent à publier. A
la fin de la Première Guerre mondiale, Abdelhamid Ben Badis, Bachir Ibrahimi
(1889-1965).

* Moubarak El-Mili (1897-1945), auteur de l’Histoire de l’Algérie dans le


passé et le présent.

* Tayeb El Okbi (1888-1960), Tewfik El Madani (1898-1984), qui a une


oeuvre écrite importante et Mohammed Laid, le poète du mouvement. Le
genre romanesque a été essayé dans les années 1950 par Reda Houhou
(1911-1956). Son oeuvre (Ghadda Oum Al Quora, Himar al hakim, etc.) a
constitué un tournant important dans la littérature algérienne de langue arabe.
Ce genre a progressé et s’est développé avec Abdelhamid Benheddouga
(1925-1996), auteur de L’Algérie entre le passé et le présent et de plusieurs
recueils de nouvelles. Son roman Le vent du sud est considéré par la critique
comme le premier véritable roman algérien de langue arabe.

Les Arabes ont toujours privilégié, comme mode d’expression, la poésie. Dans
le premier quart du 20e siècle, de nombreux poètes, de langue arabe, se font
connaître. Celui qui marquera son époque est Mohammed Laid qui a
«influencé et éclairé un vaste courant de la poésie». La poésie algérienne
s’est aussi illustrée par, d’abord essentiellement politique, Abdelkrim Akkoun
(1915-1949) et Moufdi Zakaria (1912-1977), poète du mouvement national et
chantre de la révolution algérienne, elle trouve ensuite une inspiration sociale
avec Abou el-Quassem Saad Allah, et se fait plus personnelle et lyrique avec

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

un poète comme Mohammed Lahdar el-Saïhi (né en 1917), auteur des


recueils Murmures et Cris et L’Inspiration du Saharah.

La littérature algérienne d’expréssion française :

La littérature algérienne, qui s’affirme et s’épanouit dans 1e genre


romanesque, va faire entendre un langage nouveau et offrir une image bien
différente des clichés de l’époque coloniale avec Mouloud Feraoun (1913-
1962), Le Fils du pauvre (1950) ; Mohammed Dib (1920-2003), La Grande
Maison (1952), L’Incendie (1954), Le Métier à tisser (1957) ; Mouloud
Mammeri (1917-1989), Le Sommeil du juste (1955) ; et Kateb Yacine, le plus
ardent, le plus novateur et dont Nedjma (1956) reste le livre phare de cette
littérature, le chef-d’œuvre de la littérature maghrébine qui allait marquer tous
les écrivains de la région et donner à voir un regard fort singulier sur l’Algérie
et le Maghreb.

Mohammed Dib s’est certainement inspiré. Dans ses trois premiers romans
transparaît une lente prise de conscience politique du peuple algérien devant la
colonisation. Mohammed Dib montre comment était vécu le quotidien des plus
humbles, là même où la Révolution s’est faite véritablement ensuite. Chez
Feraoun la faim est omniprésente. Quant au livre de Mammeri, c’est une fine
analyse de l’intrusion brutale du temps de la Cité, de l’Histoire, dans l’espace
clos et «oublié» d’un village traditionnel kabyle.

L’essentiel de L’incendie, de Mammeri, n’est plus la description d’un cadre de


vie, mais bien la révélation d’une prise de conscience paysanne, et sa
manifestation par la grève : «Un incendie avait été allumé, et jamais plus il ne
s’éteindrait».

Malek Haddad (1927-1978) a vécu son écriture en français comme un drame.


Il était incapable d’écrire en arabe, ce qui l’a conduit dès l’indépendance de
l’Algérie à cesser d’écrire.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

La poésie algérienne dans la période coloniale

On ne pourrait prétendre cerner chez un peuple la pratique du vers dont la


richesse s’affirme tant par son cheminement que par sa diversité linguistique.
De la même façon, on ne pourrait parler des influences poétiques, sans
considérer les autres genres et formes littéraires et artistiques que fréquente le
poète. D’ailleurs, découvrir la poésie algérienne à travers son évolution, ou
pour mieux dire, son cheminement historique, ne fait qu’accréditer ce que
remarquait le poète Tahar Djaout en 1984 : « La poésie algérienne
n’emprunte pas un seul canal. Elle échappe à l’inspiration unidirectionnelle,
aux œillères qu’inflige une langue unique. »

Bien que le tamazight soit une langue écrite, sa littérature a été, et ce jusqu’à
une époque très récente, acculée à l’oralité. Si l’absence de documents écrits
rend difficile la transmission du patrimoine littéraire, l’oralité a su préserver de
l’élitisme la parole poétique berbère. Dans les régions berbérophones
d’Algérie, il est tout à fait courant de croiser un paysan ou une dame âgée qui
improvise des poèmes d’une qualité remarquable. Ce rapport au raffinement
de la langue et à la pratique poétique est aussi le propre de toutes les régions
rurales, même arabophones. Ces poésies traitent du quotidien des gens du
peuple, et sont souvent déclamées sur la place publique. Des noms et des
textes nous sont parvenus, notamment grâce aux travaux de chercheurs qui
ont transcrit ces textes. On doit à Mouloud Mammeri, illustre écrivain et
anthropologue, un recueil des Ahellil du Gourara, chants religieux et festifs de
cette région du sud du pays, inscrits en 2008 au patrimoine culturel immatériel
de l’humanité de l’UNESCO. On lui doit aussi la collecte et la traduction en
français des textes de Si Mohand Ou-M’hand, poète kabyle du XIXe siècle, qui
a choisi l’errance pour sa personne comme pour ses vers qu’il refusait de
répéter après improvisation, jugeant que seule la parole de Dieu avait ce
mérite. Il contesta la violence coloniale en Algérie, composa des poèmes

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

d’amour, parla d’exil et de voyage. Aujourd’hui, la poésie berbérophone a bien


franchi le cap de l’écriture et de l’édition, comme en témoignent les écrits de
poètes tels que Ben Mohamed, ou Améziane Kezzar. Toutefois, le lectorat
berbérophone demeure restreint, à cause des réprobations réservées à cette
langue, à son enseignement et à sa reconnaissance par des décisions
politiques. C’est la chanson qui vient à sa rescousse. Poètes engagés, Matoub
Lounès, Lounis Aït Menguellet et le fabuliste Slimane Azem ont choisi la
musique plutôt que le livre pour diffuser leurs textes, et donner à découvrir ou
revisiter les vers de leurs contemporains ou prédécesseurs. La défense de la
langue et de la culture, la lutte contre le colonialisme et l’oppression politique
sont à la source de leur engagement. Mais la langue poétique se distingue du
discours politique par le soin que lui apporte le poète : on reconnaît
unanimement la subtilité avec laquelle Aït Menguellet joint l’expression lyrique
à la pensée philosophique. Il en est de même de la constance métaphorique
de Matoub Lounès qui s’écarte de toute mystification langagière, et d’où
déferle une richesse lexicale sans pareille.
On retrouve ce rapport de la poésie au chant et à la musique dans la poésie
écrite en arabe algérien. Il faut à cet égard distinguer l’arabe classique, langue
enseignée et adoptée par les institutions officielles, de l’arabe vernaculaire qui
a évolué depuis quatorze siècles sur un fond lexical emprunté au berbère, à
l’arabe venu d’orient, à l’espagnol, au français et autres, et s’est construit son
propre système linguistique. La tradition poétique de cette langue est appelée
le Melhoun, appellation qui met en exergue la musicalité de la langue. Le
poète, quant à lui, se nomme le fsih, l’éloquent. Le fsih  se garde des
impuretés de la langue, et même du recours à l’arabe classique. Les poètes
du Melhoun  sont aussi savants dans leur langue vernaculaire qu’en arabe
classique, condition essentielle pour maîtriser la compréhension du texte sacré,
puisque les plus illustres de ces poètes sont disciples de confréries religieuses,
et même élevés au titre de saints. Cette poésie offre souvent une double

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

lecture : sur un fond de poème lyrique, ou bachique, ou même érotique, sont


portées des considérations spirituelles et mystiques. Ces textes sont
aujourd’hui interprétés par la majorité des chanteurs de musique chaâbi. Ces
mêmes interprètes font entendre la voix des poètes contemporains tel que
Mohamed El Badji, rescapé des geôles de la France coloniale où il attendait
son exécution suite à sa condamnation à mort. Ce dernier a chanté la liberté,
la révolution, l’amour, le désarroi et la déception face au tournant politique
qu’avait pris le pays.
Ces thèmes ont aussi nourri la poésie écrite en arabe classique, dont la figure
de proue est Moufdi Zakaria qui n’est nul autre que l’auteur de l’hymne
national Kassaman. Sa parfaite maîtrise de la langue, sa connaissance des
recoins et des affinités de celle-ci, sa sensibilité et sa maturité poétique, se
déploient dans son œuvre magistrale L’Iliade algérienne. Le poète, à travers
ce long texte, rend hommage à la mémoire d’un peuple millénaire, et montre
comment l’Histoire traverse le temps et arrive aux présentes générations avec
la constance de la légende et du mythe.

Cette présence séculaire, c’est sûrement Jean El-Mouhoub Amrouche qui la


traduit le mieux. Il est le premier auteur et poète algérien d’expression
française. Une famille de poètes qui écrivent dans cette langue ne tarde pas à
naître avant même la révolution de 1954. Kateb Yacine, encore jeune mais au
verbe fulgurant, embrasse dès la première heure la cause révolutionnaire et
échappe miraculeusement aux massacres des manifestants algériens en mai
1945. La révolution, mais aussi l’amour, enflamment sa fougue poétique. À la
même époque, plusieurs autres poètes ayant connu l’emprisonnement, la
torture et l’exil, ont commencé à publier. Il s’agit de Bachir Hadj Ali, Djamal
Amrani, Malek Haddad, Mohammed Dib, pour ne nommer que ceux-là. Ils se
sont tous nourris à la source de la révolution algérienne.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Une tradition poétique est née, et se perpétue par les poètes nés autour des
années 1940, notamment Malek Alloula et Nabile Farès. Ces derniers ont vécu
la guerre de libération (1954-1962) et l’indépendance. Leur poésie porte donc
les questionnements d’une société en transition, avec son héroïsme et ses
blessures, son idéal et ses contradictions. Pour reprendre les observations de
Tahar Djaout, il serait difficile de classer ces poètes selon leur génération. Si
l’originalité des seconds se trouve dans leur vision nouvelle de la réalité
sociale et politique, ils partagent également leurs questionnements avec les
premiers poètes qui vivent et écrivent encore.

La poésie berbère

Dans tous les groupes berbères, la poésie est avant tout un produit collectif et
le poète est l'interprète et le commentateur du groupe avant d'être créateur
individuel. D'ailleurs la tradition berbère est sur ce point explicite et lucide : le
poète est plus un intermédiaire, celui qui formule un discours collectif
préexistant qu'un créateur; il exprime le groupe avant de s'exprimer. De ce fait,
le don poétique lui vient pratiquement toujours de l'extérieur (tettunefk-az-dd -
«il lui a été donné»). Le poète est celui qui explicite, qui formule : yessefruy =
«il éclaircit, il démêle (l'écheveau du vécu et des sentiments)» disent les
Kabyles.

la poésie berbère est pour une large part un témoignage essentiel sur le vécu
historique des populations Pendant longtemps. Chacun des chocs de la
pénétration française, chacune des grandes périodes de la colonisation va
donner naissance à une abondante production dans laquelle va s'exprimer la
réaction et la sensibilité de la région.

Si Mohand Ou M'Hand Ath Hammadouche

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Né vers 1845 et est mort en 1906. Si la date de sa mort semble établie, celle
de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu
d'existence officielle avant 1891. de l'ancien village de Chéraïouia où son père
Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié
pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de  Chéraïouia fut rasé
et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath
Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10 Km au nord,
près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.

Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son


oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y
avait ouvert une zaouïa où un taleb enseignait le Coran, non seulement aux
enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand
commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi
Abderrahmane Illoulen (Michelet). La famille était aisée et l'enfance de Si
Mohand heureuse.

En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El


Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mehand Améziane fut
exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs
biens confisqués au profit de l'Etat. La famille ruinée et anéantie se dispersa,
la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là
commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère
aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.

Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de


Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles
ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était d'ailleurs
installé dans les faubourgs de Bône.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Si Mohand mourrut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut


enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.

«Si Mohand avait émis le souhait d’être enterré à Askif N’Temana, une localité
de la Haute Kabylie, ce qui a été réalisé grâce à son ami le poète Si Youcef,
qui s’était chargé des funérailles. Mais le souhait le plus cher au poète qui a
été formulé en vers et en toute inconscience s’est révélé plus tard une vérité
absolue. En voici son voeu:

«Ceci est mon poème 


Plaise à Dieu qu’il soit beau 
Et se répand partout 
Qui l’entendra l’écrira 
Ne le lâchera plus 
Et le sage m’approuvera.»
Ggulley segg Tizi-Wezzu armi d akeffadu - ur hkimen dgi akken llan a nerrez
wala a neknu ttif ddeewessu - anda ttqewwiden cet/an ly°erba tura degg
uqerru welleh ar d a nenfu - wala laequba ger yilfan

«Je jure que de Tizi-Ouzou — Jusqu'à l'Akfadou — Personne ne me dictera


sa loi — Mieux vaut se briser que de plier — Mieux vaut la malédiction — (que
vivre) là où les chefs sont des proxénètes — L'exil est inscrit sur mon front —
Par Dieu, nous quitterons le pays - Plutôt que d'encourir la punition (divine)
parmi ces porcs. »

Vieillesse Tewser

Cœur sur qui séjournent les brumes Ay ul yef izga uyemyim


Me voici tout anxieux Aqlj deg ttexmim
Maigri parmi les chagrins Ay daafey yilifen
J’ai soif de vous. Je veux avec vous rester Nem cedha neb’ anneqqim
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Mon cœur saigne U yeççur d idim


A Dieu je veux tout confier Annehk’ iwi y d ixelqen
Le pèlerinage de l’adieu Zzyara bbwen safed
Qui veut méditer Dieu W’ tbyan Rabb’a t iwehhed
Regarde le pauvre Mohand-ou-M’hand Di Muhend-u-M’hend
Dont est dévoyée la raison Meskin iâawj rray is
Iyra leqwran ijewwed di zik
Il avait étudié le Koran l’avait psalmite
is
Il était jadis vigoureux Yeghed
Et le voila qui ne peut plus que lever les
Turo la-ireffed s wallen is.
paupières.
Mon mal sans remède L mehna w ur tesâi tt bib
M’a livré à l’exil Teggyi d ayrib
Assiste-moi Dieu de Ta Miséricorde Atained alleh nestagfer
Mais Dieu n’est-ce pas accorde la délivrance Yak Rebbi Yedmen tifrat
Ici-bas ou dans l’Au-delà Di Lmut di Lhayat
Car tout a été fixé de tout temps Kulci yura deg ssaheg
Les chants de résistance des Algériens :

Aux origines de la chanson «El Menfi » (le Déporté) interprétée par le chanteur
Akli Yahyaten était chantée en Nouvelle-Calédonie au XIXe siècle par les
déportés algériens, On ne peut parler justement des déportés sans citer
quelques paroles douloureuses de la chanson interprétée magistralement par
Akli Yahyaten pour avoir su nous faire vibrer: «Aw ki dawni le tribunal,
jadarmiya kbaar wisghaar, aa wissensla tewzen qantar, darbouni aâm wa
n'haar, 3ala dakhla haffouli raas, wa aâtaouni zawra ou payas, goulou lommi
matebkeesh yal menfi waldek rabbi mayy khalleesh.» «Quand ils m'ont amené
au tribunal, les gendarmes grands et petits, m'ont mis une chaîne qui pèse un
quintal, Ils m'ont condamné à un an et un jour, ils m'ont rasé la tête et m'ont
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

donné une couverture et une paillasse. Dites à ma mère de ne pas pleurer,


Dieu n'abandonnera pas ton fils» Cette supplique revendique deux repères: la
religion et la mère. Cette mère, dernier lien ombilical qui lui reste et qu'il doit
tenter de rassurer. Cette mère est en fait, notre mère, cette Algérie souffrante
de voir ses meilleurs fils lui être arrachés pour l'inconnu, sans espoir de
retour.»

Le chant outil de mobilisation pendant la révolution Le chant patriotique a


accompagné la Révolution et lui a donné un contenu épique. «Min Djibalina
(De nos montagnes), écrit Lamine Bechichi ancien ministre, que les Scouts
musulmans algériens ont exécuté le 8 Mai 1945 à Sétif, comportait entre ses
lignes et ses refrains un «défi des plus audacieux au - Régiment de Sambre et
Meuse - qui inspira sa musique», Le texte littéraire de ce chant a été écrit en
1931 par le poète algérien Mohamed Laïd Al Khalifa. Le chef scout Hassen
Belkired avait chanté, en 1942 à Constantine, «Min Djibalina Talaâ Saout El
Ahrar» (De nos montagnes s'est élevée la voix des hommes libres), (...) Les
chants patriotiques algériens sont des poèmes, chants populaires et parfois
chansons musicales qui ont été chantés, scandés par les combattants
algériens et la population algérienne pendant et après la Guerre d'Algérie. Ils
font aujourd'hui partie du patrimoine culturel et musical algérien. On peut
diviser ces chants en trois catégories. Les poèmes, écrits par de grands
poètes notamment Moufdi Zakaria, avec le très connu hymne algérien
Kassaman. On peut citer aussi Messali Hadj et le chant algérien «A
Thamourth». Les chansons, écrites par des chanteurs algériens pour signifier
l'amour de la patrie juste après l'indépendance.» «Ayama a'zizen ourathrou.»
«Ma mère qui m'est chère ne pleure pas.» Cette chanson est fabuleuse de
Farid Ali et d'une valeur inestimable. Parmi Les autres chansons de la
Révolution citons sans être exhaustif celle de Ali Maâchi qui est une perle, en
ce sens elle fait l'unanimité: «Ya nass a mahou houbi el akbar, ya nass a
mahou houbi el a3dham, law tas'alouni nafrah ou nabchar (bis), wen koul biladi
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

el djazaïr» «O gens quel est mon plus grand amour' Si vous m'interrogez je
serais content de vous annoncer la bonne nouvelle en vous disant c'est mon
pays l'Algérie!» Nous pouvons conclure sans être exhaustif avec Slimane
Azem et son beau poème «»Ffegh ay ajrad tamurt iw» ?» (Criquet, sors de ma
terre!).

Le Journal de Mouloud Feraoun

Beaucoup d'acteurs sont devenus chroniqueurs. Leurs témoignages, de valeur


très inégale, concernent au premier chef les historiens. Parmi tous ces récits,
le premier connu, le Journal de Mouloud Feraoun publié très peu de temps
après sa mort, dès le quatrième trimestre 1962, aux éditions du Seuil, est le
seul dû à un véritable écrivain. Document précieux, unique même, par sa
qualité littéraire mais plus encore humaine, par l'exactitude et la précision des
faits qu'il rapporte et qui couvrent presque toute la durée des
événements:1955-1962. Aujourd'hui encore, cinquante ans plus tard, il
demeure le meilleur témoignage de ce qui a été vécu par le peuple algérien
durant ces années tragiques.

Le théâtre algérien

Théâtre de la ville de Batna

Selon Mahboub Stambouli, la première pièce fut jouée en 1910. À partir des
années quarante, de grands noms du théâtre émergent tels que Mahiedine
Bachtarzi, Rachid Ksentini, Bach Djarah, Mme Keltoum, ces figures allaient
constituer le premier noyau de dramaturges algériens qui allaient accompagner
de façon soutenue, le mouvement d’affranchissement qui s’est saisi du peuple
algérien, puisque durant la Révolution algérienne, des troupes théâtrales
faisaient des tournées à travers plusieurs pays du monde, dans le but de faire
connaître le combat que menaient les Algériens contre la domination coloniale.
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Kateb Yacine se moque des genres et brise toutes les barrières. Comme il le
déclarait dans une interview au journal tunisien L'Action datée du 11 mai 1958:
« L'explosion poétique est au centre de tout. » Explosion est bien le mot qui
convient pour cette œuvre éruptive. Une même matière incandescente sans
cesse éclate et sans cesse se recompose prenant tantôt la forme d'un poème,
tantôt la forme d'un roman, tantôt celle du théâtre. Mais c'est un seul et même
drame qui gravite autour du personnage de Nedjma, la cousine, l'amante,
l'étoile inaccessible qui finit par symboliser l'Algérie déchirée entre ses
prétendants.

Kateb a rassemblé sa production théâtrale des années 50 sous le titre Le


Cercle des représailles aux éditions du Seuil en 1959. L'ouvrage comporte
deux tragédies, Le Cadavre encerclé, représenté pour la première fois à
Carthage en 1958, Les Ancêtres redoublent de férocité qui sera monté au
théâtre Récamier en 1963 par Jean-Marie Serreau, une farce, La Poudre
d'intelligence et un poème dramatique Le Vautour.

La scolarisation 

En 1881-1882, alors que se mettait en place, en France, la politique scolaire


de la Ille République, la scolarisation des musulmans dans les écoles
françaises en Algérie était pratiquement nulle : à peine 3 000 scolarisés,
garçons et filles, dans les écoles françaises de toutes catégories • Les
tentatives de scolarisation élaborées sous le second Empire n'avaient en effet
pas résisté aux premières années du régime civil : les collèges arabes-
français d'Alger et d'Oran avaient été supprimés et les écoles arabes-
françaises progressivement fermées (sur la quarantaine de ces écoles qui
fonctionnaient vers 1870, il n'en restait plus que 13 en 1882 ; en 1883 elles
avaient complètement disparu). Tout restait donc à faire.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

Vingt-six ans plus tard, à la fin du rectorat de Jeanmaire (1884-1908), un


premier élan avait été donné : plus de 33 000 musulmans, garçons et filles,
étaient inscrits dans l'enseignement français.

Cette première grande phase de la scolarisation est la résultante de deux


séries de forces contraires : d'une part, l'action du gouvernement et du
parlement, et surtout celle en Algérie des autorités universitaires ; de l'autre,
les résistances à cette politique scolaire, aussi bien de la part des colons que
de celle des musulmans eux-mêmes.

L’action du gouvernement se manifeste dès1880, lorsque Jules Ferry ordonne


une enquête sur la situation scolaire de la Kabylie qui est à l'origine de la
lettre-programme d'octobre 1880 et du décret du 9 novembre 1881 créant en
Kabylie des écoles ministérielles intégralement financées par le ministère de
l'instruction publique. Mais elle n'avait pas suscité l’engouement que
s'imaginait Jules Ferry dans sa lettre-programme et ne devait pas tarder à
soulever la résistance des colons. C'est dire que le décret du 13 février 1883
fut fort mal accueilli en Algérie, et encore plus mal appliqué. (Ce décret
étendait en Algérie les lois scolaires françaises) •

Mais le nouveau recteur nommé en 1884, Jeanmaire, était un partisan


chaleureux de l'oeuvre. Il prépara un plan de scolarisation des musulmans qui
prévoyait la création, chaque année, de 60 à 80 classes, une augmentation
des crédits de 150 000 F par an pour les traitements et de 400 000 F pour les
subventions de l'Etat aux communes. II. prévoyait en outre de concentrer les
efforts sur les villes et sur la Kabylie. Jeanmaire avait en effet évalué à 12 000
musulmans le nombre de scolarisables dans les 20 principales villes, à 27 000
les scolarisables de la grande Kabylie, à 23 000 ceux de la Kabylie du
Constantinois : soit un total de 62 000 musulmans "utilement scolarisables",
pour lesquels 620 écoles seraient nécessaires. Au rythme de 60 écoles par
an, ce plan serait réalisé en 10 ans.

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

L'histoire de la scolarisation dans les années1892-1908 n'est en effet qu'une


continuelle lutte des français d'Algérie contre les écoles indigènes, appuyée par
la résistance passive des musulmans.

Les raisons de l'hostilité des colons ont été suffisamment évoquées par M.
Ageron • Cette hostilité se traduit, au plan budgétaire, par le refus des
communes de financer les écoles destinées aux musulmans et par une série
d'offensives des représentants de l'Algérie coloniale au parlement. Le plan de
1892, respecté pour les exercices de 1892 et 1893, est mis en cause dès
1894 (les crédits étant bloqués à 400 000 F, constructions et emplois
confondus). En 1895, les crédits sont réduits à 277 000 F, puis à 265 000 F
pour les années 1896 à 1899, puis à 215 000 F pour 1900 . Dès 1895 donc,
il est possible de parler de faillite de la métropole. Une fois maitresse de son
budget, l'Algérie coloniale redouble d'efforts contre l'enseignement des
musulmans, s'ef- forçant de limiter les crédits qui ne représentent pourtant que
2 % des dépenses ordinaires en 1901 • Sans nier, certes, la faillite de la
métropole, mais sans lui accorder une place autre que seconde, il faut bien
marquer que c'est dans l'attitude de l'Algérie coloniale qu'il faut chercher la
raison majeure de l'échec du plan de scolarisation de 1892.

Encore ne faut- il pas oublier le role des musulmans eux-mêmes. Le seul fait
qu'il ait été nécessaire d'inscrire dans le Code de l'Indigénat une infraction pour
non envoi des enfants musulmans dans les écoles indigènes en dit long sur le
sentiment des musulmans pour ces écoles.

Cette attitude ne doit pas surprendre : dans ces écoles, les musulmans
voyaient un double piège, destiné à leur ravir et leur religion, et leur nationalité,
ce qui, au fond, n'était pas si inexact • Cette attitude a pesé lourd dans l'échec
de la scolarisation des musulmans, dans la mesure où elle donnait aux colons
un argument supplémentaire, et dans la mesure où elle a rendu plus délicate
encore la position des autorités universitaires»

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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

En 1907-1908, l'Algérie, territoires du Sud compris, comptait environ 800 000


musulmans scolarisables, en reprenant le pourcentage de scolarisables par
rapport à la population musulmane totale qu'adopte

le rectorat pour cette période, 18 %. Les 30 730 garçons scolarisés et les2


677 filles ne représentaient respectivement que 77 et moins de 7 scolarisés
sur 1 000. Malgré toute l'énergie du grand recteur qui travailla sans relâche à
la mise en place de l'enseignement, cette période s'achevait donc par un
semi-échec, et doublement : par le départ de Jeanmaire, et par la mise en
application d'un nouveau type de scolarisation, au rabais si l'on veut qui était
une reconnaissance implicite de l'échec de la scolarisation menée jusque là.
Encore ne faudrait-il pas noircir le tableau : si les buts que s'était fixés
Jeanmaire n'ont pas été atteints, un premier élan avait été donné que ne
devaient guère renouveler les trente-cinq années d'immobilisme colonial qui
suivirent.

L'impossible renouveau (1908-1944)

S'il est vrai que le nombre de scolarisés a plus que triplé entre 1907-1908 et
1944-1945, passant de 33 000 à plus de 108 000, avec un maximum de 117
000 en 1940-41 et 1941-42, il serait difficile de prétendre que ces années ont
connu une accélération réelle du rythme de la scolarisation des musulmans,
àl'exception peut être des années 1930-1942. Il est cependant exact que la
courbe de scolarisation ne traduit pas un immobilisme constant : elle fait
apparaitre des phases de progression (1907-1908 a 1913-1914, 1930-31 à
1941-42) entrecoupées de phases de régression, ou de stagnation relative
(1920-21 à 1930-31), qu'il convient d'examiner séparément.

En six années, l'expérience des écoles gourbis a permis un apparent


renouveau de la scolarisation : 33 000 scolarisés en 1907-1908, 47 000 en
1913-14. Mais cette progression n'a pas répondu aux objectifs qui avaient été
avancés par Jonnart dans son télégramme du 22 décembre 1907 à savoir la
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

création de 60 écoles auxiliaires par an, le rythme de création des anciennes


écoles indigènes restant le même. D'une part, le nombre de créations de ces
dernières s'est brutalement affaissé : 21 écoles ordinaires ouvertes de de
1909 à 1914, contre 41 de 1903 à 1908 ; d'autre part, les créations prévues
d'écoles auxiliaires n1 ont pas été respectées (sur les 300 qui auraient dû s1
ouvrir dans les années civiles 1909 à 1913, été créées entre octobre 1908 et
octobre 1914).

Si on reste faible : au sortir de ces 10 années de stagnation relative, les 56


882 garçons scolarisés en 1930-31 et les 6 899 filles, ne représentent encore
que 114 scolarisés sur 1 000, et 14 scolarisées sur 1 000. L’échec de
l'oeuvre française de scolarisation en Algérie, au moment où la France fêtait le
Centenaire est inscrit dans ces chiffres.

Un renouveau plus sérieux s’esquisse dans les années 1930-31, 1941-42


puisqu' en moins de 12 ans le nombre de scolarisés a presque doublé, pour
atteindre les 117 000. Non quf il faille, au reste, surestimer l'ampleur de ce
renouveau : le bilan qualitatif de l'enseignement reste toujours aussi sombre :
moins de 1 000 musulmans dans l'enseignement secondaire -auxquels il
faudrait ajouter, il est vrai, un millier de musulmans dans les écoles primaires
supérieures-, moins de 100 musulmans dans le supérieur, tel est le bilan dans
les années 1930-40 C'est dire les limites de cette timide relance.

A partir de la fin de la première guerre mondiale il n'est plus possible


d'invoquer la résistance des musulmans pour justifier la faiblesse de l'oeuvre
de scolarisation : les témoignages abondent d'une acceptation de plus en plus
nette de l'école française par les musulmans • Parmi les raisons de cette
profonde transformation de l'attitude des musulmans, il faut faire une place à la
guerre, à l’importance du nombre de musulmans qui ont combattu en France ;
il faut aussi rappeler les développements de l'émigration temporaire vers la
France, qui a contribué à donner à la connaissance du français une importance

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nouvelle. Quoiqu' il en soit, l'acceptation de l'enseignement français par les


musulmans apparaît comme un phénomène fondamentalement nouveau par
rapport à l'avant –guerre.

Si la scolarisation des musulmans a pu progresser de manière plus sensible


dans les années 1930-1940, c'est par le biais d'une scolarisation de plus en
plus importante dans l'enseignement européen : entre 1930 et 1938,
l'enseignement spécial n'a accueilli en plus que 24 506 musulmans, tandis que
l'enseignement européen en recevait 19 228 en plus : est dire que la
progression de la scolarisation après 1930 a été le fait de l'enseignement
européen pour presque 45 %.

Et la guerre allait mettre un terme à ce timide renouveau : les 117 000


scolarisés de 1941-42 n'étaient plus que 108 000 en 1944-45.

Recul absolu donc, mais bien davantage encore recul relatif, la population
musulmane n'ayant cessé de s'accroître. Sur environ 1 500 000 scolarisables
en 1944 ,118 garçons sur 1 000 et 26 filles sur 1 000 étaient scolarisés en
1944-45.

La progression absolue des années 1920 à 1944 ne doit donc pas faire
illusion : les progrès n'ont été réels que pour les filles. Au lendemain de la
deuxième guerre mondiale, le taux de scolarisation des garçons était revenu à
ce qu'il était en 1930. La faillite de l'oeuvre est donc incontestable. Elle est,
compte-tenu de l'attitude nouvelle des musulmans face aux écoles françaises
après 1920, celle de l'Algérie coloniale.

La tardive relance (1944-1962)

C'est seulement au lendemain de la seconde guerre mondiale que la


scolarisation des musulmans allait connaître un renouveau réel. Le bilan de
l'œuvre française, au sortir de ces longues années d'immobilisme colonial était
alors dramatique : 9l musulmans âgés de plus de 6 ans sur 100 et 98
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

musulmanes ne savaient pas écrire en 1948. Et pour ne tenir compte que de


l'œuvre française, 55 musulmans sur 1 000 et 14 musulmanes sur 1 000
seulement, savaient écrire le français.

La religion

L'arrivée des Français en 1830 et l'instauration du régime colonial amène en


Algérie bon nombre de civils à des titres divers; la colonisation armée fait place
à la colonisation de peuplement. Les aumôniers militaires ne suffisent plus. En
1838 un évêché est installé à Alger, dont le premier titulaire est Mgr Dupuch.
La conquête militaire n'est pas encore terminée. Des relations s'établissent
entre l'Emir Abdelkader (héros national de la résistance à l’invasion française)
et un représentant de l'évêque pour négocier des échanges de prisonniers.

En 1846, un nouvel évêque est nommé, Mgr Pavy. Il amorce l'édification de la


basilique de Notre Dame d'Afrique. De nouvelles paroisses sont créées, ainsi
qu'un petit et un grand séminaire. Une correspondance entre l'Evêque et l'Emir
Abdelkader en exil est l'occasion pour ce dernier d'exprimer sa déférence et
l'humanisme qui l'a inspiré dans la protection qu'il a assurée aux Chrétiens de
Syrie persécutés par les Druzes.

Le cardinal Lavigerie

En 1867 Monseigneur Lavigerie est nommé au siège d'Alger. Il y vient avec


l'ambition d'être l'évêque de tous. Peu après il perçoit la nécessité de créer un
institut d'hommes, puis de femmes: celui des Missionnaires d'Afrique (Pères
Blancs) et celui des Sœurs Missionnaires de N-D d'Afrique (Sœurs Blanches).
Son intention est d'étendre l'action caritative de l'Eglise au delà des paroisses
et même des limites de son diocèse, notamment en Afrique noire à partir de
1875.

Déjà en 1866 avaient été érigés le diocèse d'Oran et celui de Constantine-


Hippone. Après l'épreuve des mesures anticléricales de 1901-1905, ces
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Mme GONZAR . N – Histoire culturelle de l’Algérie 2014/2020

diocèses sont surtout préoccupés de leur survie. Le souci principal est


d'organiser et d'animer la vie des paroisses et des œuvres chrétiennes.
L'ouverture de l'Eglise au delà des communautés chrétiennes est assurée,
pense-t-on communément, par les activités éducatives et sociales des Pères
Blancs et des Sœurs Blanches “spécialistes des musulmans”. C'est durant
cette période pourtant que se situe l'aventure spirituelle du Père Charles de
Foucauld qui l'amène à vivre en ermite à Beni-Abbes et à Tamanrasset, au
Hoggar. Son idéal de "Frère universel" a marqué la spiritualité de l'Eglise, il a
suscité la fondation d'instituts des "Petits Frères" et "Petites Sœurs", voués au
partage de vie avec les plus pauvres à travers le monde.

Il faudra attendre 1945 avec la révolte dite "de Sétif" pour jeter le doute sur la
légitimité de l’état colonial. L'idée et les mouvements nationalistes prennent
corps et réclament progressivement l'indépendance. En novembre 1954 est
déclenchée la guerre de libération.

Un pasteur engagé : Monseigneur Duval

En 1954, Monseigneur Léon-Etienne Duval est nommé archevêque d'Alger,


peu de temps avant le déclenchement de la révolution. Dès son installation il
rappelle les exigences de la justice, de la morale et des droits des plus
pauvres. Ces paroles ont un écho profond dans la population algérienne.

Dans le contexte de violence qui s'étend dans le pays, deux mois et demi
après le début de la guerre il condamne la torture et la vengeance, il prêche la
charité fraternelle dont les exigences ne sont pas compatibles avec les
injustices économiques et sociales. Priorité est à donner aux plus pauvres. Par
ailleurs, il affirme que "l'Église ne doit être inféodée à aucune cause
temporelle".

C'est alors, pour la population d’origine européenne, la confusion et la


souffrance d'un exode précipité durant les derniers mois qui précèdent la

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proclamation de l'indépendance, le 5 juillet 1962. L’Église est écartelée entre


cette hémorragie douloureuse de ses paroissiens et la nécessité de rester
fidèle à la nouvelle nation qu'est devenue l'Algérie indépendante.

Monseigneur Duval

A noter que les orientations pastorales de Mgr Duval sont soutenues par le
Saint Siège. Quelques temps après l'indépendance, il est nommé cardinal. Le
Cardinal Duval aura eu le mérite dans des circonstances difficiles et
douloureuses de faire passer l'Église d'Algérie du statut de structure de la
colonisation à celui d'Eglise reconnue officiellement au sein d'un pays dont
l'islam est religion d'État. En 1964 il obtient la nationalité algérienne.

Romans

Kamel Daoud : Meursault, contre-enquête, roman, Barzakh, 2013

Mohammed Dib

La Grande Maison, roman, Le Seuil, 1952 - L'Incendie, roman, Le Seuil,


1954 - Au café, nouvelles, Gallimard, 1955 - Le Métier à tisser, roman, Le
Seuil, 1957 - Un Été africain, roman, Le Seuil, 1959.

Baba Fekrane, contes pour enfants, La Farandole, 1959.

Assia Djebar

La Soif, Julliard, Paris, 1957 - Les Impatients, Julliard, Paris, 1958

Les Enfants du Nouveau Monde, Julliard, Paris, 1962

Malek Haddad

Le Malheur en danger, La Nef de Paris, 1956; Bouchène, 1988

La Dernière impression, Julliard, 1958 - Je t’offrirai une gazelle, Julliard, 1959;

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L’Élève et la leçon, Julliard, 1960 - Le Quai aux Fleurs ne répond plus,


Julliard 1961

Yasmina Khadra

Ce que le jour doit à la nuit, 2008, - La Rose de Blida, 2005,

La Part du mort, 2004, Julliard, - Les Hirondelles de Kaboul, 2002, Julliard

L'Écrivain, 2001, Julliard (Pocket 2003) - À quoi rêvent les loups, 1999

Ahlam Mosteghanemi

Au havre des jours, Ala Marfa' Al Ayam, 1973.

Algérie, femmes et écriture, préface de Jacques Berque, 1985,

Le Chaos des sens, traduction française France Meyer, 323 p. 2006

Aber Sarir, (Passager du lit), Paris, Liban, Dar Al-Adab, 2003

Mouloud Mammeri:

La Colline oubliée, Paris, Plon, 1952, - Le Sommeil du juste, Paris,


Plon,1952, - L’Opium et le Bâton, Paris, Plon,1965 ,

La Traversée, Paris, Plon, 1982, 2e édition, Alger, Bouchène, 1992.

Mouloud Feraoun:

Le Fils du pauvre, Menrad instituteur kabyle, 1950,

La Terre et le Sang, Éditions du Seuil, Paris, 1953,

Jours de Kabylie, Alger, Baconnier, 1954,

Les Chemins qui montent, Éditions du Seuil, Paris, 1957,

Les Poèmes de Si Mohand, Les Éditions de Minuit, Paris, 1960,

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Kateb Yacine:

Nedjma, roman, Paris, Éditions du Seuil, 1956, 256 p.

Le Polygone étoilé, roman, Paris, Éditions du Seuil, 1966, 182 p.

Boualem Sansal:

Le Serment des barbares, Paris, éd. Gallimard, « Folio » 1999

Le Village de l'Allemand ou Le Journal des frères Schiller, 2008

2084 : la fin du monde, éd. Gallimard - 2015.

Rachid Mimmouni:

Le printemps n'en sera que plus beau, SNED - Le Fleuve détourné, Stock

Une paix à vivre, ENAL Tombéza, Stock - L'Honneur de la tribu, Stock

La Ceinture de l'ogresse, Stock - Une peine à vivre, Stock - La Malédiction,


Stock - Chroniques de Tanger, Stock

Taos Amrouche:

Jacinthe noire, roman, éditions Charlot, 1947

Rue des tambourins, roman, éditions La Table ronde, 1960;

L'Amant imaginaire, roman autobiographique, éditions Robert Morel, 1975 ;

Solitude ma mère, roman posthume, préface de François Maspero, 1995

Assia Djebar

Ces voix qui m'assiègent: En marge de ma francophonie, 1999.

Malek Haddad

La Fin des Majuscules - Les Zéros tournent en rond (essai), Maspero, 1961

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Mahfoud KADDACHE, 1921-2006

« notre culture est enracinée dans l’amazighité, enrichie par la civilisation


arabo-musulmane et ouverte à la modernité »

- La Casbah sous les Turcs, Documents n°55 de la série culturelle, 1951.

- La Casbah de nos jours, Document n°56 de la série culturelle, 1951.

- « L’utilisation du fait berbère comme facteur politique dans l’Algérie coloniale


». Actes du Premier Congrès d’études des cultures méditerranéennes
d’influence arabo-berbères, Alger, SNED, 1970.

- L’Emir Abdelkader, Alger, SNED, Collection Arts et Culture, 1974.

- « Les événements de Constantine (août 1934) » RHCM, n°12, 1974.

- Il y a trente ans, le 8 mai 1945, Paris, Edition du Centenaire, 1975.

- Préface Récits de feu, Alger, SNED-S.N. El Moudjahid, 1977.

- L’Algérie médiévale, Alger, SNED, 1980, ENAL, 1992.

- L'Etoile nord-africaine 1926-1937. Documents et témoignages pour servir à


l'étude du nationalisme algérien, Alger, OPU, 1984.

- L’Emir Khaled, Documents et témoignages pour servir à l’étude du


nationalisme algérien, Alger, OPU, 1987.

- L’Algérie dans l'antiquité, 5ème Edition ENAL, 1992.

- L’Algérie des Algériens. Histoire de l’Algérie, 1830-1962, Alger, Editions du


Rocher Noir, 1998.

- Et l'Algérie se libéra, 1954-1962, Paris, Ed. Paris Méditerranée, 2003.

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Le courage dans l’esprit d’aujourd’hui est de regarder en arrière pour se


connaître et d’avancer honorablement pour se faire reconnaître.

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