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‫فعاليات المؤتمر الدولي‬

‫صفاقس ‪ 19 -18 -17‬نوفمبر ‪2016‬‬


Université de Sfax Université de Neuchâtel
Faculté des Lettres et des Sciences Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines de Sfax Humaines
Département d’histoire Institut d’Archéologie
Laboratoire d’Etudes et
Recherches Interdisciplinaires
et Comparées (LERIC)
Laboratoire Maghreb arabe :
Omrane pluriel

Actes du colloque international


Sfax 17 - 19 novembre 2016

D’UNE SYRTE À L’AUTRE


Volume II

MOBILITÉ DES HOMMES,


DES BIENS ET DES IDÉES
À TRAVERS L’HISTOIRE

Textes réunis et présentés par


Hafedh Abdouli, Hédi Dridi, Salem Mokni

Sfax - 2022
2

Comité scientifique :
Abdelwahed MOKNI ; Abdelhamid FEHRI ;
Abdelhamid BARKAOUI  ; Habib JAMOUSSI ;
Ahmed M’CHAREK  ; Michel BONIFAY ; Meriem SEBAÏ ;
Mohamed JERBI ; Ahmed EL BAHI ; Ammar OTHMAN ;
Lotfi NADDARI.

Comité d’organisation :
Hafedh Abdouli ; Hédi Dridi ; Mohamed Jerbi et Salem Mokni.

Conception : Taoufik Sassi


© Faculté des Lettres et des Sciences Humaines - Université de Sfax
ISBN : Sfax - 2022

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
SOMMAIRE

Introduction : Hafedh Abdouli ; Hédi Dridi et Salem Mokni 5


Sofiène Ben Moussa 11
Les semi-nomades pré-néolithiques et néolithiques du
littoral sud de Sfax.
Lorenza Ilia Manfredi / Antonella Mezzolani Andreose 29
Dal Mediterraneo alle oasi, dalle oasi al Mediterraneo:
circolazione di uomini, beni e idee nell’epoca punica e neopunica.
Ali Drine 67
La richesse de la Petite Syrte dans l’Antiquité. 3
Sami Ben Tahar / Stefan Ritter 93
Le projet archéologique tuniso-allemand à Meninx (2017-
2018) : de la recherche à la valorisation.
Arbia Hilali 109
Une zone militaire et sa vie religieuse. La mobilité des soldats et
des dieux dans le limes tripolitanus (Gholaia-Bu Njem).
Hager Krimi 127
La nécropole romaine de Trik el-Aïn à Sfax. Architecture tombale,
sépultures et rites funéraires.
Rached Hamdi 169
Chapiteaux remployés dans la Zaouia de sidi Makhlouf Echeriani.
Ammar Othman 191
Le Fort de Yunga entre la fin de l’Antiquité et le Moyen Âge.
Hafedh Abdouli 213
Suwayqat Ibn Mathkūd : approche d’identification d’une station
sur la route entre les deux Syrtes.

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
Introduction

Cet ouvrage constitue le deuxième volume d’une série de


publications rassemblant les actes de trois colloques internationaux
intitulés « D’une Syrte à l’autre » et portant sur la Petite Syrte et la
Grande Syrte à travers l’histoire. Le premier volume qui a pour sous-titre
« De la Syrtis Minor au Golfe de Gabès : Une histoire, un patrimoine »
rassemble les actes du colloque organisé du 20 au 22 novembre 2014 à
Sfax par le département d’Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences
5
Humaines de Sfax en collaboration avec le ‘Laboratoire d’Etudes et de
Recherches Interdisciplinaires et Comparées (LERIC)’ et le ‘Laboratoire
Maghreb arabe : Omrane Pluriel’1. Le troisième volume de cette collection
regroupera les actes du troisième colloque international qui a été organisé
du 2 au 4 Décembre 2019 à Sfax par le département d’histoire de la FLSH
de Sfax (Tunisie), le département d’archéologie de la Durham University
(Angleterre) et l’Institut National du Patrimoine (Tunisie) en partenariat
avec le ‘Laboratoire d’Etudes et des Recherches Interdisciplinaires et
Comparées (LERIC)’ et le ‘Laboratoire Maghreb Arabe : Omrane Pluriel’.
Les actes de ce dernier colloque dont le thème est « Les deux Syrtes entre
le désert et la mer à travers l’Histoire : Espace d’échange, de concurrence
et de conflit » paraîtront fin 20222.
Le présent volume, rassemble les actes du deuxième colloque
international sur les deux Syrtes organisé à Sfax, les 17, 18 et 19 novembre
2016 par le département d’Histoire de la FLSH de Sfax et l’Institut
d’archéologie de l’Université de Neuchâtel en Suisse, en partenariat avec
le Laboratoire d’études et des Recherches Interdisciplinaires et Comparées
(LERIC) et le Laboratoire Maghreb Arabe : Omrane Pluriel. Il a pour sous-

1
Les textes de ce volume, réunis et présentés par Salem Mokni, ont été publiés aux
éditions Alaedine en 2019.
2
Sous la direction de Hafedh Abdouli, Anna Leone et Salem Mokni.

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
titre « Mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire »
et élargit le champ d’investigation pour inclure la Grande Syrte (antique
Syrtis Maior), l’actuel golfe de Syrte en Libye.
Les deux Syrtes ont en effet toujours été perçues comme un
ensemble par les Anciens, caractérisé en particulier par ses hauts-fonds et
par sa proximité immédiate avec les étendues du Sahara. Le poète Lucain
disait des Syrtes qu’elles ont été laissées par la nature indécises, entre la
terre et la mer3. Ces particularités ne pouvaient pas laisser indifférente la
littérature qui s’y intéressa très tôt. Jules Verne, avec L’invasion de la mer,
paru en 1905, l’année de sa mort, offrit ainsi un roman inspiré du projet
bien réel des années 1880 de creuser, un canal reliant le golfe de Gabès
au Chott el-Djérid4. Plus tard, Dino Buzzati avec Il Deserto dei Tartari,
paru en 1940, puis Julien Gracq qui publie en 1951 Le Rivage des Syrtes
contribuent à inscrire durablement les paysages syrtiques dans l’imaginaire
collectif.
Pont entre le Sahara et l’espace méditerranéen, mais aussi entre
l’Occident et l’Orient méditerranéens, les Syrtes sont au cœur de réseaux
terrestres et maritimes denses et variés qui animent la Méditerranée
centrale : Acholla, Thaenae, Cercina, Tacape, Gightis, Ziane, Meninx,
6
Sabratha, Oea, Lepcis, Euhespérides, Ptolémais, Apollonia, Cyrène durant
l’Antiquité, relayées par Sfax, Gabès, Ajdabiyah, Tripoli ou Surt au Moyen
Âge et Benghazi plus tard sont autant d’étapes sur la voie littorale et de
débouchés pour le commerce transsaharien vers le monde méditerranéen.
Elles offrent un observatoire privilégié des interactions, des contacts
ainsi que des mobilités individuelles ou collectives (marchands, savants,
pèlerins, armées, tribus, sectes ou minorités religieuses) et par extension,
de la circulation des biens et des idées (produits rares, savoirs, techniques,
arts, pratiques socioculturelles, doctrines).
Zones de passage, les Syrtes sont aussi des zones de frontières,
politiques, culturelles, linguistiques ou tribales : entre Carthage et Cyrène
(Autels des Philènes), entre Puniques et Numides (Fossa regia), entre
Occident latinophone et Orient hellénophone, entre Mashreq et Maghreb
musulmans ou encore entre la Tunisie et la Libye contemporaines.
Pourtant la recherche s’est longtemps contentée d’approches
partielles, focalisées sur des sites particuliers et souvent limitées à
une période d’occupation spécifique (phénicienne/punique ; grecque ;
3
«  Syrtes uel primam mundo natura figuram cum daret, in dubio pelagi terraeque
reliquit » (Lucain, Pharsale, IX, 303-304).
4
Sur ce projet promu par François Élie Roudaire (1836-1885), voir Létolle &
Bendjoudi 1997 et Picot 2005.

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
romaine ; tardoantique/byzantine ; islamique). Cela est probablement dû
à la frontière politique qui sépare la Tunisie de la Libye : des puissances
coloniales différentes pour ne pas dire rivales, porteuses de traditions
historiographiques différentes et, après les indépendances, des priorités
politiques distinctes n’ont pas favorisé l’émergence de problématiques
communes et d’échanges d’expériences. Ajoutons à cela la tradition
académique qui distingue Cyrène et la Cyrénaïque, relevant des études
grecques, de la Tripolitaine, traitée dans le cadre des études phéniciennes
et puniques, puis des études sur le monde romain d’Occident.
Il faut ainsi attendre la fin du XXe s. pour que la recherche historique
et archéologique commence à appréhender les deux Syrtes comme un
ensemble : comme zone frontière entre Carthage et Cyrène (Malkin 1990 ;
Ribichini 1991 ; Crawley Quinn 2014) ; comme une région spécifique
dans les études sur les navigations et le commerce méditerranéens
(Pagano 1976 ; Fulford 1989 ; Crawley Quinn 2011 ; Wilson 2013) ou
comme porte d’accès au Sahara pour les Méditerranéens (Gsell 1926 ;
Schörle 2012 ; Duckworth & alii 2015 et plus généralement les travaux de
D. Mattingly).
Ce volume a pour ambition de contribuer à remédier à ce manque 7
de travaux d’ensemble et de combler ainsi une lacune historiographique en
favorisant une réflexion globale sur les deux Syrtes dans une perspective de
longue durée, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. A travers le thème retenu,
la « Mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire », nous
souhaitons développer une investigation générale, actualisée et ouverte à
l’ensemble de la région telle qu’elle a été et est encore (re)modelée par
les mouvements humains et les trajectoires des idées, des pratiques et des
biens.
Le travail de prépresse a été réalisé par Taoufik Sassi que nous
remercions pour son professionnalisme, sa patience et son efficacité
durant les étapes de la conception de cet ouvrage. Nos vifs remerciements
s’adressent à M. Kamel Skander, directeur de LERIC et M. Abdelhamid
Fehri, directeur du laboratoire Maghreb arabe, qui n’ont cessé de soutenir
les activités scientifiques organisées au sein du département d’histoire de
la FLSH de Sfax.
Nous remercions les auteurs d’avoir accepté de participer à
ce colloque et de publier leurs textes dans ce volume. Nos chaleureux
remerciements s’adressent aussi à tous les membres du comité d’organisation
pour le grand travail accompli qui a été récompensé par la réussite et le bon
déroulement de ce colloque. Nous tenons enfin à remercier vivement les
membres du comité de lecture qui ont contribué, à travers leurs conseils

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
et propositions de modification, à l’amélioration de la qualité des travaux
retenus dans ce volume.
Hafedh Abdouli (FLSH-Université de Sfax
/ Laboratoire d’Etudes et des Recherches
Interdisciplinaires et Comparées ‘LERIC’)

Hédi Dridi (FLSH-Institut d’archéologie-


Université de Neuchâtel)

Salem Mokni (FLSH-Université de Sfax


/ Laboratoire d’Etudes et des Recherches
Interdisciplinaires et Comparées ‘LERIC’)

Références bibliographiques
Crawley Quinn, J. (2014) : “A West: The Mediterranean Trade of
Carthaginian perspective on the Cyrenaica and Tripolitania in
Altars of the Philaeni”, dans : The Antiquity”, dans : Libyan Studies
Punic Mediterranean. Identities 20, p. 169-191.
and Identification from Phoenician Gsell, St. (1926) : “La Tripolitaine
8 Settlement to Roman Rule, Actes et le Sahara au IIIe siècle de notre
de la Conférence tenue à la British ère”, dans : MAIBL 43, p. 149-166.
School, Rome, Novembre 2008, J. Létolle, R. et Bendjoudi, H. (1997)
Crawley Quinn et N. Vella, éds. (= : Histoires d’une mer au Sahara,
Monographs of the British School utopies et politiques (= Écologie
at Rome), p. 169-179, Cambridge et agronomie appliquée), Éditions
University Press, Cambridge. L’Harmattan, Paris.
Crawley Quinn, J. (2011) : “Coastal Malkin, I. (1990) : “Territorialisation
Connectivity across the Syrtes”, mythologique : les “autels des
dans : Money, Trade and Trade Philènes” en Cyrénaïque”, dans :
Routes in Pre-Islamic North Dialogues d’histoire ancienne 16,
Africa, Amelia Dowler et Elisabeth p. 219-229.
R. Galvin, éds. (= British Museum Mattingly, D. J., Daniels, C. M.,
Research Publication 176), British Dore, J. N., Edwards, D. et
Museum Press, Londres. Hawthorne, J. (2003) : The
Duckworth, C.N., Mattingly, D.J. Archaeology of Fazzān, Volume
et Smith, V.C. (2015) : “From 1. Synthesis, David Mattingly, éd.,
the Mediterranean to the Libyan The Society for Libyan Studies,
Sahara. Chemical analyses of Londres.
Garamantian glass”, dans   : Pagano, V. (1976) : “Le rotte antiche
Journal of Archaeological tra la Grecia e la Cirenaica e
Science: Reports, http://dx.doi. gli itinerari marittimi e terrestri
org/10.1016/j.jasrep.2015.02.007. lungo le coste cirenaiche e della
Fulford, M. (1989) : “To East and Grande Sirte”, dans : Quaderni di

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
Archeologia della Libya 8, p. 285- Saharan Frontiers. Space and
352. Mobility in Northwest Africa,
Picot, J.-P. (2005) : Le testament de James McDougall et Judith
Gabès, Presses Universitaires de Scheele, éds. (= Public Cultures of
Bordeaux, Bordeaux. the Middle East and North Africa),
Ribichini, S. (1991) : “I fratelli p. 58-72, Indiana University Press,
Fileni e i confini del territorio Bloomington - Londres.
cartaginese”, dans : ACFP II, 1, Wilson, A. (2013) : “Trading across
Actes du deuxième Congrès des the Syrtes: Euesperides and
Études Phéniciennes et Puniques, the Punic world”, dans : The
Rome, 9-14 novembre 1987, E. Hellenistic West. Rethinking the
Acquaro et al. éds. (= Studi Fenici Ancient Mediterranean, Jonathan
30), p. 393-400, CNR, Rome. R. W. Prag et Josephine Crawley
Schörle, K. (2012) : “Saharan Trade Quinn, éds., p. 120-, Cambridge
in Classical Antiquity”, dans : University Press, Cambridge.

D’une Syrte à l’autre : mobilité des hommes, des biens et des idées à travers l’histoire
Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016
LA RICHESSE DE LA PETITE SYRTE
DANS L’ANTIQUITÉ

Ali DRINE1

Résumé :
La richesse de la Petite Syrte était évoquée par les sources
antiques grecques et latines, par contre elle n’y était
pas élucidée mais elle est maintenant confirmée par les
sources archéologiques grâce aux fouilles entreprises plus
particulièrement dans les horrea (entrepôts) de Meninx. Les
origines de la richesse ne sont pas fondées sur l’agriculture
mais plutôt sur le commerce florissant des produits
manufacturés entre les Emporia, le Sahara et les villes 67
historiques de la Méditerranée. Parmi ces produits, il y a lieu
de citer la pourpre, les salaisons, le garum, le textile et la
teinturerie d’origine animale (coquillage murex) et végétale
(garance) et surtout le bleu égyptien. L’excellente position
géographique de la Petite Syrte dotée de ports ouverts sur les
voies qui mènent vers l’Orient et le Sahara ont participé à la
réalisation de cette richesse, d’où les menaces qui ont pesé sur
cette région manifestées par le désir des Grecs, des Puniques
et des Romains de la dominer pour mieux en tirer le maximum
des profits ce qui explique d’ailleurs les guerres entre eux.

Abstract:
The wealth of Little Syrte was evoked by ancient Greek and
Latin sources, but it was not elucidated there, however it
is now confirmed by archaeological sources thanks to the
excavations undertaken especially in the horrea (warehouses)
of Meninx. The origins of wealth are not based on agriculture
but rather on flourishing trade of manufactured goods
between the Emporia, the Sahara and the historical cities of
1
Directeur de recherches (INP)

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Actes du colloque international / Sfax 17 - 19 novembre 2016 / (pp. 67 - 92)
Ali DRINE

the Mediterranean. Among these products, we should mention


the purple, the salted fish, the garum, the textile and the dyeing
of animal origin (murex shell) and plant origin (madder) and
especially the Egyptian blue. The excellent geographical
position of Syrtis Minor with its open ports on the routes
leading to the East and the Sahara have contributed to the
realization of this wealth, hence the threats that have weighed
on this region manifested by the desire of Punics, Greeks,
and the Romans to dominate it in order to better draw the
maximum of profits, which explains the wars between them.

Vu son importance sur les plans stratégique et économique, la


Petite Syrte la Syrtis Minor des Anciens (ou région des Emporia) (fig. 1) qui
correspond en gros à l’actuel golfe de Gabès est évoquée dans de nombreuses
68 sources antiques qui nous livrent des informations diverses sur sa géographie
(emplacement, limites, appellations…), sur son histoire (évènements) et plus
particulièrement sur ses caractéristiques. Certaines sont vérifiables, d’autres
sont exagérées et relèvent de la fiction comme c’était le cas de l’absence des
ports2.
L’une des caractéristiques de la P.S. relevée dans les sources antiques
se rapporte au thème de la richesse : thème vague que nous retrouvons
chez plusieurs historiens de l’Antiquité. En effet, d’après le premier traité
conclu entre les Romains et les Carthaginois à la fin du VIe siècle av. J.-C.3,
ceux-ci se réservaient la Byssatis (la Byzacène) et les Emporia de la P.S
comme deux régions intangibles qu’ils voulaient soustraire à toute menace
étrangère et surtout, éviter que les Romains en connaissent la richesse4.
C’était aussi sur les Emporia de la P.S que les Carthaginois fondèrent les
plus grands espoirs pour leur ravitaillement et leurs besoins en général lors
de la guerre qu’ils livrèrent contre les mercenaires au milieu du IIIe siècle
av. J.-C5. La Sardaigne qui leur fournissait habituellement des vivres étant
occupée par leurs ennemis6.
2
Pomponius Mela, Chorographie, I, 35.
3
Heurgon (J.) 1979, p. 37.
4
Polybe, Histoire, III, 23, 2.
5
Idem, I, 82, 6.
6
Gsell (S.), HAAN, III, p. 10.

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La richesse de la Petite Syrte dans l’Antiquité

69

Fig. 1. Carte de La Petite Syrte (élaborée par N. Selmi).

L’autre témoignage sur la richesse de la P.S. évoqué par l’historien


grec Polybe, se rapporte aux empiètements du roi Massinissa sur cette
contrée « Massinissa, voyant le nombre des citées fondées sur la côte de la
P.S. et la fertilité du pays qu’ils appellent les Emporia ».7
La richesse et la fertilité de la P.S. sont signalées aussi par Tite-
Live : avant le débarquement de sa flotte près d’Utique, au cours de l’été
204 av. J.-C., Scipion ordonna aux pilotes de mettre le cap sur les Emporia.
« Cette région constitue un territoire très fertile qui, partant, fournit à
profusion des produits de toute sorte. Les barbares y manquent d’esprit
guerrier comme il arrive le plus souvent dans un riche terroir et il semblait
possible de les réduire avant qu’un secours leur vint de Carthage ».8
La richesse de la P.S trouve une explication dans le terme Emporia
dont nous retenons les définitions suivantes :

7
Polybe, Histoire, XXXI, 21.
8
Tite-Live, XXIX, 25, 12.

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Ali DRINE

- « Les Emporia ne sont pas définis comme des ports de


commerce mais comme le débouché d’une riche contrée…
des endroits où des richesses peuvent se concentrer pour être
exportées ou diffusées dans la région»9.
- « L’Emporion est un lieu où officient les Emporoi, les
marchands-voyageurs… non pas pour leur plaisir mais pour
affaires… ». L’emploi de ce mot (c’est-à-dire Emporion) se
trouve chez Hérodote qui le définit comme étant « le lieu où
sont les marchands grecs, au contact des barbares.»10. Aussi,
selon M. Casevitz qui se fonde sur Thucydide (VI, 31, 5) « les
Emporoi sont des détenteurs de marchandises »11.
- « Un Emporion est une place commerciale qui assure trois
choses à savoir : les échanges des produits locaux contre
des produits étrangers… ; la gestion des marchandises
concentrées dans des horrea ou canabae et la redistribution
des provisions stockées »12.
Ainsi, chez tous les historiens l’Emporion évoque bien la richesse
engendrée par le commerce, les échanges, où les « affairistes et les grands
70 notables » trouvent leurs comptes13.
Si les sources historiques sont prolixes sur la richesse et la
prospérité de la P.S., elles sont néanmoins muettes sur les origines de cette
richesse. L’on peut se demander par conséquent d’où venait cette richesse.

L’AGRICULTURE ? :
- Le blé ? - les cultures maraichères :
Richesse et fertilité sont les deux qualificatifs que nous rencontrons
donc dans les sources historiques sur la P.S, pourtant les jugements sur
l’économie de cette contrée sont sévères. Ainsi S. Gsell qui - en parlant des
ressources agricoles de cette contrée - disait qu’elles « sont médiocres »14.
Le même auteur ajoute que « c’est une zone improductive sauf des oasis
disséminées le long du rivage, séparées par des espaces déserts »15. Toujours

9
Rebuffat (R.) 1996, p. 2624-2625.
10
Rouillard (P.) 1995, p. 96.
11
Casevitz (M.) 1993, p. 13.
12
Etienne (R.) 1993, p. 32-33.
13
Morel (J.-P.) 1984, p. 100.
14
Gsell (S.), HAAN, IV, p. 138.
15
Idem, Ibid., HAAN, IV, p. 13

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La richesse de la Petite Syrte dans l’Antiquité

sur la région des Emporia S. Gsell disait qu’elle est « encore plus sèche…et ne
convient pas aux céréales, surtout au blé »16. En fait, les conditions climatiques
ne prédestinaient pas la Tripolitaine à être une grande zone céréalière à l’instar
de la région Nord-Ouest de la Proconsulaire. Sur ce plan, l’historien de
l’Afrique du Nord n’a pas tort mais son hypothèse est à nuancer car la culture
du blé n’était pas totalement absente des activités des cultivateurs de la P.S,
elle y était développée en association avec les cultures maraîchères surtout
autour des points d’eau telles que les plaines fertiles autour de l’Oued Hallouf,
de Ksar Koutin, d’Oum Zessar où prospérait la cité d’Augarmi17, à Tajerjemt,
Hr Ghzel, Hr Touicha (autour de Gigthi)18 ; à Hr Nebch, Hr El Hammam,
Oum Chham, El Fiedh (dans la presqu’île de Zarzis), les Romains y avaient
adopté des aménagements ingénieux pour exploiter au mieux les maigres et
irrégulières ressources en eau. Ces aménagements ont permis l’installation des
systèmes d’irrigation fondés sur de remarquables constructions hydrauliques
(barrages- aqueducs-citernes monumentales…)19 assurant l’exploitation des
parcelles dont la production est diversifiée.
Conclusion : Loin de constituer une région céréalière qui aurait
permis d’avoir des excédents réguliers en blé, la P.S. ne peut pas compter
uniquement sur cette denrée pour cumuler les richesses. Néanmoins les
cultures maraichères peuvent rapporter gros aux cultivateurs. Rappelons le 71
passage de Caton20 « Les vignobles et les jardins irrigués rapportent mieux
qu’une olivaie ou une plaine à céréales ». Des ostraca découverts à Gigthi
témoignent de l’importance des cultures maraîchères autour de cette cité21.
- L’huile :
Selon les témoignages archéologiques et ceux des sources littéraires,
la P.S. est essentiellement la terre d’élection de l’olivier. Contrairement à
la céréaliculture, l’olivier est un arbre auquel le climat du littoral sud-est
tunisien convient parfaitement : hivers doux, chaleur peu excessive, tempérée
par la mer, et surtout absence de gel qui peut altérer gravement l’arbre22. Pour
toutes ces raisons, l’olivier a été préféré à la céréaliculture, car entre 200 et
300mm par an, cet arbre est moins exigeant ; 4000 m3 d’eau lui suffisent
alors qu’il faut 5000 à 6000 m3 d’eau pour un hectare de céréales23.

16
Idem, Ibid., p. 13.
17
Mrabet (A.), 1998.
18
Je propose Gigthi plutôt que Gigthis, voir Drine (A.) 2017, note 1, p. 189.
19
Carton (Dr.), 1888, p. 438-465.
20
De Agricultura, I, 7.
21
Ast (R.), et alii., 2013, passim.
22
Brun (J.-P.), 1986, p. 21.
23
Lassère (J.-M.), 1976, p. 301.

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Ali DRINE

Dans la P.S., l’olivier était exploité au début à l’état sauvage.  Le


Périple de Scylax disait que dans l’île des Lotophages les habitants « tiraient
beaucoup d’huile des oléastres »24. Aussi aux environs des Khneis se situe
la localité de Khchem ez-Zebbouja qui correspondrait à la station Ad
oleastrum de la Table de Peutinger25, le nom de cette localité nous rappelle
l’exploitation des oliviers sauvages dans cette zone. Puis, en vue d’obtenir
de cet arbre le meilleur rendement possible, les Puniques commencèrent
à le cultiver (plantation - labour - taille - greffe…). Selon Hérodote26
l’île de Cyraunis était pleine de vignes et d’oliviers. Les plantations se
poursuivirent sous les Romains. Le fameux passage de Pline l’Ancien sur
l’oasis de Tacape en témoigne27.
Des documents archéologiques confirment la richesse oléicole
dans la P.S. à savoir :
- Des restes d’huileries : Broyeurs, maies, contrepoids, pierres
d’encastrement de treuils, vestiges des cuves de décantation
ont été signalés à Gigthi, à Zitha28 et à Tacape29. Ces huileries
firent partie de villas ou des fermes où se concentrait la
production agricole. Rappelons que sur les treize stations
indiquées dans l’Itinéraire d’Antonin entre Tacape et Lepcis
72 Magna, six correspondaient à des villas30.
- Les amphores commerciales : La fabrication d’une grande
quantité d’amphores est un indice de richesse. La céramique
en gros est souvent citée comme argument de développement
économique dans l’Antiquité31. Des restes d’ateliers
d’amphores commerciales ont été découverts à l’ouest
du site de Zian où nous avons repéré des ratés de cuisson
appartenant aux amphores tripolitaines I et III32. D’autres
ateliers d’amphores ont été repérés dans l’île de Jerba33, à
proximité des fermes à Hr Kalkh, à Bou Garnin (au sud du lac
El Bibèn) à Hr Tajerjemt (au nord de Gigthi). La majorité de
ces amphores était destinée au transport d’huile.
24
Périple de Scylax 110.
25
Tissot (Ch.), II, p. 193-194.
26
Histoire, IV, 195.
27
Pline HN, XVIII, 188.
28
Drine (A.), 1999.
29
Mrabet (A.), 1997.
30
Kolendo (J.), 1985.
31
Février (P.-A.), 1964 - Bonifay (M.), 2004, p. 477.
32
Bonifay (M.), 2004, p. 29 et 105-107 et Bonifay (M.) et al. 2010, p. 103-118 -
Jerray (E.), 2015.
33
Fentress (E.) et Fontana (S.) 2009, carte fig. 12.1, p. 188.

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- Les témoignages sur le commerce d’huile proviennent aussi


des ostraca qui mentionnent des prestations d’huile, ils ont
été découverts à Koutin et à Meninx34.
L’effort fourni par les cultivateurs de la P.S. pour la promotion
de la culture de l’olivier avait eu des résultats excellents. La production
d’importantes quantités d’huile d’olive suffit de donner aux cités de
Tripolitaine leur richesse et leur prospérité et leur permit de payer à
Carthage un lourd tribut en numéraire, puis de verser à César une énorme
contribution en huile (trois millions de librae)35. S. Gsell estime que la
cité de Lepcis était incapable à elle seule de fournir à Rome cette lourde
prestation annuelle d’huile36, ce qui implique la participation d’autres villes
des emporia de la P.S. dont Gigthi et Zita (Zian) à subvenir aux besoins de
César en huile, c’était selon Ch. Saumagne par « solidarité provinciale »37.
La production d’huile demeura importante sous les Sévères. Les Lepcitains
accordèrent un don volontaire d’huile à Septime Sévère38.

L’INDUSTRIE ET L’ARTISANAT :
Les activités halieutiques :
73
Malgré ses retombées positives sur l’économie de la Petite Syrte,
l’exploitation de la mer n’était pas prise en considération par les historiens
de l’Afrique antique. Ceux-ci avaient insisté plus particulièrement sur
l’huile en tant que richesse des Emporia39, alors que sur la pêche S.Gsell par
exemple est peu prolixe40. Il en est de même chez Mattingly41et Haywood42 ;
pourtant les sources littéraires et les documents archéologiques confirment
l’ancienneté et l’importance des activités halieutiques et des industries qui
en dépendent43 connues sous le terme générique de salsamenta (salaisons
de poissons) ou garum, liquamen (sauce issue des déchets de poissons)44.

34
Koutin (A), Bac, 1913, p. CCXXXI, et à Meninx, Varhelvi (Z.) et Bagnall (R.)
2009, n° 17, p. 338.
35
César (J.), Guerre d’Afrique, 97, 3.
36
Gsell (S.), 1924, p. 43-44.
37
Saumagne (Ch.), 1950, p. 187.
38
Supra, note 34.
39
Gsell (S.), HAAN, T. IV, p. 27-30 - T. V., p. 199-204, Idem., 1924 - Mattingly (D.) 1988.
40
Deux pages seulement dans HAAN, T. IV, p. 50-51.
41
Deux pages sur la pêche, Mattignly (D.), 1995, p. 138-140.
42
Haywood,1938, 5 pages pour l’huile, p. 45-50 et une page sur la pêche, p. 54.
43
Slim et alii, 2004.
44
Pline L’Ancien, HN, XXXI, 8.

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Salaisons - garum :
Les informations sur les activités halieutiques dans la P.S. fournies
par les sources littéraires45 sont désormais confirmées par une documentation
archéologique large et diversifiée qui témoigne d’une production à grande
échelle dont la majorité était destinée à l’exportation. De grandes usines de
salaisons ont été repérées à Circinna46, Thaenae47 Meninx48, Gergis (Zarzis)49
et Zouchis50. Ces officines possédaient des cuves, des bassins où nous avons
découvert d’autres objets en rapport avec ces activités : hameçons-aiguilles en
os pour raccommoder les filets (Fig. 2), pesons de filets découverts à Meninx
(Fig. 3). De Meninx aussi provient un fragment d’amphore contenant des
restes de poissons (Fig. 4)51.
L’engouement pour les salaisons était dû au fait que c’était le
poisson frais qui était le plus cher et était donc réservé aux plus riches,
alors que le peuple s’approvisionnait de poissons salés, en conserve. Des
documents témoignent de l’approvisionnement régulier en poissons salés
pour les soldats du limes52.

74

Fig. 2 : Meninx, hameçon – Fig. 3 : Meninx, pesons de filets.


aiguilles en os et en bronze.

45
Périple de Scylax 110 - Strabo, The Geography, XVII, 3, 18 - Pline l’Ancien, HN,
IX, 127.
46
Slim et al., 2004, pp. 30 et 127.
47
Idem., Ibid., pp. 31 et 124.
48
Drine (A.), 2008.
49
Slim et al. 2004, p. 98-99. Slim et al. 2004, p. 98-99.
50
Drine (A.), 1993.
51
Drine (A.), 2008, fig.15, p. 134.
52
Rebuffat (R.), 1997.

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Fig. 4 : Meninx, fragment d’amphore contenant des restes de poissons.

- La Pourpre :
C’est une matière colorante tirée de coquillages marins appelés
75
murex très répandus en Méditerranée. Cette teinte prit le nom de pourpre
purpura en latin53, le liquide obtenu servait à la teinture d’étoffes, des
toiles…
Les activités liées à la pourpre ont été signalées à Zouchis (au
sud du lac El Bibèn) par le géographe Strabon54 et à Meninx/ Girba
successivement par Pline l’Ancien55 et dans la Notitia Dignitatum qui
mentionna un procurateur de pourpre à Girba56.
Les traces des officines de pourpre se concentrent sur les sites de
Meninx57 et de Zouchis au sud du lac El Bibèn où nous signalons des restes
des coquillages, des cuves et des traces de feu58.
La production de ces produits de pêche était commercialisée. Le
garum (gari amp(horam), le sagum purpurium (manteau de pourpre) et la
tunica ternaria en rapport avec une technique de teinturerie qui ne peut
être appliquée que dans des grandes manufactures de pourpre à l’instar de
Meninx/ Girba figurent parmi les produits taxés au bureau de douane de
53
Besnier (M.), s/v, Purpura, DAGR, p. 769-778.
54
Strabo, The Geography, XVIII, 3, 18.
55
Pline l’Ancien, HN, IX, 127.
56
Notitia, 2005 - Drine (A.) 2007.
57
Fontana (S.) 2000. 
58
Drine (A.) et Jerray (E.), 2013.

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Zarai59. Ces produits taxés provenaient aussi bien du Byzacium que de la


P.S. et plus particulièrement autour du lac El Bibèn et de l’île de Jerba60. A
Meninx a été découvert un ostracon qui témoigne de la commercialisation
de la pourpre61.
Dans l’Antiquité, la pourpre était considérée parmi les articles de
luxe . Les vêtements teints de pourpre étaient portés par les empereurs
62

romains, les magistrats et les hauts dignitaires. Sa réputation tenait à


l’éclat de ses couleurs et surtout à sa stabilité car contrairement aux
couleurs végétales qui s’effacent avec le temps, la pourpre conservait sa
couleur sans s’altérer. Le prix de la pourpre était toujours élevé à cause
non seulement des dépenses considérables qu’exigeait sa fabrication
(fourniture de la laine, des coquillages, des ingrédients ou mordants), mais
aussi à une demande beaucoup plus forte63. Sa cherté s’explique également
par sa fonction spéciale, qui fut choisie par le pouvoir absolu comme son
symbole64.
Ces activités halieutiques remontent sans doute aux périodes
préromaines. Les témoignages du Périple de Scylax65, de Strabon66 sur les
salaisons et les officines de pourpre à Zouchis et ceux de Pline (1er siècle)
à propos de la pourpre de Meninx67 tirent leur origine d’une tradition
76
contemporaine aux auteurs cités.

LES PRODUITS MANUFACTURÉS ET LES OBJETS ISSUS DU


COMMERCE SAHARIEN :
Des villes historiques à l’instar de Gigthi et de Tacape ont
l’avantage d’être situées au bord de la grande échancrure (Golfes de Gabès
et de Bou Ghrara) par laquelle la mer intérieure se rapproche du cœur de
l’Afrique et du Sahara abrégeant ainsi les distances de la Méditerranée à
l’Afrique centrale68.

59
Trousset (P.), 2002-2003.
60
Ben Lazreg (N.) et al. 1995, p. 106, fig. 2.
61
Varhelvi (Z.) et Bagnall (R.), 2009, n° 4, p. 31.
62
Rey-Coquais (J.-P.), 1979.
63
Mrozek, 1980.
64
Reinhold, 1970, p. 71-73.
65
Périple de Scylax, 110.
66
Strabo, The Geography, XVIII, III, 18.
67
Supra note 53.
68
Gsell (S.), 1926, p. 150.

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Depuis l’Antiquité69 et jusqu’à nos jours70, la Jeffara faisait


le lien entre les zones sahariennes et la côte. Ce lien se manifeste plus
particulièrement dans le commerce. Parmi les objets commercialisés il y a
lieu de citer :
- Le bleu égyptien :
C’est un pigment de synthèse élaboré par les Egyptiens dès le IIIe
millénaire à partir d’un mélange de sable, nitre, limailles accompagnés
d’un solvant71.
Ce matériau bleu est appelé fritte d’Alexandrie, bleu de Pouzzoles,
ou Caeruleum Vestorianum, lomentum72. Confectionné à partir de matières
premières peu coûteuses, le bleu égyptien nécessite un savoir-faire certain73
ce qui explique d’ailleurs sa cherté : Une livre de vestorianum se vend
en moyenne 11 deniers, soit 300 fois le prix d’une livre de blé, 45 fois le
prix d’une livre d’huile, 3 fois le prix d’une tunique, 175 fois le prix d’une
poterie simple...74.
Lors des fouilles des entrepôts de Meninx, nous avons découvert
l’équivalent de 10 kg de boules bleues qui sont identifiées au lomentum
(Fig. 5).
77

Fig. 5 : Meninx, boules bleues.

69
Gsell (S.), 1926, passim.
70
1988 ،‫الحشائشي‬
71
Vezin et Roger, 2007, p. 70.
72
Pline l’Ancien, HN, XXXIII, 162.
73
Idem, ibid.
74
Morel (J.-P.), 1984, p. 99.

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Des boules bleues du même type ont été découvertes également à


Carthage75.
- Le bitume :
Il est de la même famille que la poix. Son utilisation à Meninx
était certaine puisqu’on en a découvert quelques fragments lors des fouilles
des entrepôts. L’importance de cette matière utilisée dans le calfatage des
coques des bateaux et dans les toitures des maisons est mise en évidence par
P. Cintas. Ce savant estime que la fortune des Puniques sur mer, dépendait
en grande partie de l’emploi qu’ils firent du bitume.76
- Le soufre :
Ce produit transitait certainement dans les Emporia de la Petite
Syrte puisque nous en avons découvert une quantité non négligeable dans
les entrepôts de Meninx (Fig. 6), dans les remblais au sud du forum de Gigthi
et récemment à Zian. Nous ignorons son origine. Il est couramment utilisé
par les Anciens dans la fermentation du vin et dans les ateliers des foulons,
les fullonica77. A Gigthi, une inscription fait état d’un atelier des foulons78.
il servait aussi à soufrer les tissus en utilisant des cages cavea
78 viminae où on plaçait un réchaud contenant du soufre. C’est le soufre « en
blocs » ou glaeba utilisé généralement dans les ateliers des foulons79.

Fig. 6 : Meninx, Soufre.

- La garance 

Au côté de la teinturerie à base animale issue des coquilles de


murex, les Meningitani obtenaient la teinturerie végétale à base de plantes
75
Karmous (T.) et al. 2005, p. 48 – Redissi (T.), 2013, fig. 3, p. 33 et fig. 4, p. 35.
76
Cintas (P.), 1948, p. 264, note 7.
77
Jacob (A.), fullonica s/v DAGR, p. 1350.
78
Constans (L.-A.), 1914, texte n° 10, p. 279.
79
Pline l’Ancien, H.N, XXXV, 175.

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dont la garance. C’est une teinture rouge rose obtenue des racines de cette
plante80. Celle-ci est cultivée dans le sud tunisien : dans les palmeraies
de l’Aradh (Gabès et Métouia), au Jérid (à Tozeur) et dans le Nefzaoua
(à Mansourah)81. Sa présence à Meninx est matérialisée par des restes
de peinture découverts sur une pierre. L’analyse effectuée de ces restes
confirme son identification à la garance82.
- La poix : Cet article est signalé - avec la résine et l’alun - dans
le Tarif de Zarai83.
La poix servait à enduire l’intérieur des amphores pour les rendre
étanches. Le poissage ne s’applique que pour les amphores contenant soit
du vin, soit des salaisons84.
La poix taxée à Zaraï proviendrait de la forêt de l’Aurès85. Elle
serait acheminée vers les ports de la Petite Syrte à l’instar de Meninx où
des boules de poix ont été découvertes dans ses entrepôts86 (Fig. 7). Chez
les Romains, les fonderies de poix rapportaient beaucoup. Caton considère
qu’elles étaient considérées parmi les investissements les plus sûrs87.

79

Fig. 7 : Meninx, boule de poix

80
Pline l’Ancien, HN, XIX, 47.
81
Coustillac (L.), 1958.
82
Analyse effectuée par notre collègue Naceur Ayed que je remercie vivement de sa
collaboration.
83
Trousset (P.), 2002-2003, p. 363.
84
Brun (J.-P.), 2003, p. 68-69 - Bonifay (M.), 2004, p. 463 ss.
85
Trousset (P.), 2002-2003, p. 366.
86
Drine (A.), 2007, fig. 7, p. 245.
87
Caton, De l’Agriculture, XXI, 5, cité par Morel (J.-P.), 1984, p. 96, note 49, p. 107.

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- Les esclaves :
Le Tarif de Zaraï signale parmi les articles taxés les mancipia
(esclaves). Leurs origines sont à chercher en Ethiopie ou au Fezzan88.
De Meninx provient un ostracon qui évoque le terme mango qui signifie
marchand d’esclaves89.
Un ostracon découvert à Bou Njem mentionne des publici nigri90
par conséquent les esclaves taxés à Zaraï pourraient provenir de la zone du
limes et transiteraient par l’île de Jerba et la cité de Gigthi : Rappelons les
pugilistes noirs représentés sur une mosaïque de Gigthi91. Le commerce des
esclaves rapportait gros : un esclave coutait 500 deniers = 2000 sesterces
par tête l’équivalent de 20 pièces d’or92.
Ce type de commerce serait une activité ancienne dans l’île ; il a
perduré d’ailleurs jusqu’à l’époque moderne93.
A l’instar des produits manufacturés, les esclaves animaient les
circuits commerciaux entre le Sahara et les régions côtières.
- L’alun :
Il est mentionné dans le Tarif de Zaraï. Bien qu’il ne figure pas
80 parmi les produits exhumés dans les entrepôts de Meninx, il est fort
probable qu’il soit utilisé dans les officines de pourpre de ce site. En effet,
l’alun est un excellent mordant qui facilite l’union du colorant avec les
molécules des fibres à teindre94.
L’alun provient soit de l’Egypte, du Sahara (Le Tassili), de Ghat
ou de la région du Jérid et du Nefzaoua95 ; ce qui confirme le rôle des
caravanes du Sahara dans sa diffusion dans les zones côtières.
Les sources antiques évoquent souvent le commerce de l’or et de
l’ivoire du Soudan96. Bien qu’ils n’aient pas laissé de traces archéologiques,
ces articles étaient sans doute acheminés vers les ports du littoral des Syrtes
d’où ils étaient expédiés vers les grandes villes portuaires du nord de la
Méditerranée (Ostie-Rome)97.
88
Trousset (P.), 2002-2003, p. 364.
89
Varhelvi (Z.) et Bagnall (R.), 2009, n° 17, p. 338.
90
Marichal (R.), 1992, p. 109.
91
Enneifer (M.), 1973, p. 107.
92
Gsell (S.), 1932, p. 399-400.
93
Gourdin (Ph.) 1999, voir tableau n° 1, p. 127.
94
Pline l’Ancien, H.N., XXXV, 183 - Carmen Alfaro Giner, 1994, p. 824.
95
Lange (D.) et Mauny (R.), 1987.
96
Gsell (S.), 1926, p. 156.
97
Idem., ibid., p. 156-157.

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La richesse de la Petite Syrte dans l’Antiquité

L’ivoire du Soudan entrait dans la fabrication d’articles de luxe,


tels que les meubles des aristocrates romains. Le commerce de l’ivoire
perdure jusqu’au XIXe siècle98. Il conserve d’ailleurs le même itinéraire
suivi depuis l’Antiquité99.

Conclusion : Au côté de l’huile et des produits de la pêche et


plus particulièrement la pourpre, tous ces produits qui transitaient entre
le Sahara et les côtes de la P.S. ou découverts dans les horrea de Meninx
alimentaient un commerce du luxe qui était l’œuvre de ce que J.-P. Morel
appelle « Les malins, les affairistes et les grands notables… »100.
C’est sans doute à ces articles que fait allusion A. Laronde quand il
évoque le commerce saharien, « de faible poids mais de grande valeur »101.

LES SIGNES DE LA RICHESSE


- Les notables : Les notables des villes de la P.S. appartenaient
aux riches familles illustres très connues dans le monde romain dont les
traces se retrouvent dans toutes les villes de la Petite Syrte :
- Les Servilii : - C. Servilius Diodorus un chevalier originaire de 81
la ville de Girba inscrit dans la tribu Quirina, il était considéré
parmi les notables de cette ville (A.Ep., 1998, 282, date 227 apr.
J.-C.). Des Servilii appartenant à l’élite municipale sont attestés
aussi à Gigthi : M.Servilius Draco Albucianus, duumvir, fl.p.p.,
alla deux fois à Rome à ses frais afin d’obtenir le Latium Majus
pour sa ville natale Gigthi CIL VIII, 22737 - C. Servilius Plautus
Maurinus, fl.p.p., bâtit à ses frais un temple à Mercure, au début
du IIIe s. apr. J.-C.102.
- Les Memmii : Nous les rencontrons à Gigthi et à Zian, ils
avaient des biens et des propriétés dans ces deux villes : C.
Memmius Africanus, admis dans les turmes équestres par le divin
Hadrien (Zian) (CIL, VIII, 11007 - A. Ep., 1958, 138), L. Memmius
Messius Pacatus, chevalier (sous Hadrien) (C.I.L., VIII, 22729) et
Q.Memmius Pudens, C.V., patrons de Gigthi (IIIe s.)… (A. Ep.,
n° 122).

98
170-171 ‫ ص‬1988 ‫الحشائشي‬.
99
Laronde (A.), 1987, 205.
100
Morel (J.-P.), 1984, p. 100.
101
Laronde (A.), 1987, p. 208.
102
Constans (L.A.), 1915, n° 25, p. 333.

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- Les Ummidii : appartenaient à une famille italienne riche. Nous


les retrouvons à Gigthi, attirés par la prospérité commerciale
de la Petite Syrte. Leur présence dans cette cité s’étale sur trois
générations. Le premier personnage de cette famille fut Marcus
Ummidius Sedatus le donateur du sanctuaire de la Concorde
Panthée (sous M. Aurèle) ; son fils Gaius, décurion de Gigthi,
fut honoré par ses collègues d’une statue, M.Ummidius Annianus
Quadratianus dédia le sanctuaire d’Apollon en 162103. Ajoutons
que les Ummidii possédaient des horrea à Rome104.
- Les Pompeii et les Marcii : - M. Pompeius Silvanus proconsul
d’Afrique vers 58. Il fut patron de Leptis Magna105 et appartenait aux
Pompeii une gens d’origine africaine106. Il éleva à ses frais l’un des
portiques du forum de Zian (CIL VIII, 11006). Tacite nous apprend
qu’il était fort riche107. Un autre portique du même monument fut
élevé par Quintus Marcius Barea proconsul d’Afrique en 42108, il
était de la gens des Marcii, une grande famille africaine de Lepcis109.

Les constructions 
82 - Le marbre :
Interrogés avec circonspection, les monuments peuvent par leur
nombre, leur beauté fournir des indices sur le niveau de fortune des gens,
ainsi le marbre, ce matériau de luxe qui était utilisé dans toutes les villes
historiques de la P.S. plus particulièrement dans les monuments de Meninx
où ont été identifiés plusieurs types : « marbre blanc étincelant, marbre
blanc bleuté de Proconnèse, marbre noir de Tala, cipolin, granit gris et
rouge, onyx… »110.
Le marbre n’existe pas dans la région, c’était toujours un produit
importé. Son utilisation est révélée aussi dans la sculpture. De nombreuses
statues ont été découvertes dans les sites de Meninx111, Zitha112 et Gigthi113.
103
Constans (L.A.), 1916, p. 49-53
104
Ce sont les horrea Ummidiana appartenant à M. Ummidius Quadratus, consul en
167 apr. J-.C. Rickman 1971, p. 195.
105
Benabou (M.), 1976, p. 533.
106
Ibid., Idem.
107
Annales, Livres XIII-XIV, 52.
108
CIL VIII, 11002 et Queyrel (F.), 1993, p. 114.
109
Benabou (M.), 1976, p. 529-530.
110
Ferchiou (N.), 1982. Morton (T.), 2002.
111
Baratte (F.), 1995.
112
Queyrel (F.), 1993.
113
Drine (A.) et B.Younès (H.), 1997 et Queyrel (F.), 1993.

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- Les entrepôts ou horrea : Ils servaient au stockage des produits


diversifiés destinés en majorité à l’exportation. Associés aux ports, ces
monuments ont été découverts à Meninx114, à El Mdeina115, à Henchir
Sgala116. Ils se caractérisent par leurs grandes dimensions, et témoignent
par conséquent de l’excédent des produits locaux (huile-salaisons-garum-
vin, pourpre) et des quantités des produits issus du commerce saharien qui
transitaient par les ports des Syrtes. Les horrea sont par conséquent un
signe évident de richesse117.
- Les ports : Entre Tacape et Zouchis six ports étaient installés sur un
trajet de 200 Km soit en moyenne un port tous les 30 Km118. P. Cintas évalue
les distances entre les petits ports puniques de la côte ouest de l’Afrique
antique entre 25 et 45 Km119. Cet état n’est pas sans rappeler le cabotage
punique qui permettait de fréquenter régulièrement ces ports pour faire du
commerce ou pour s’approvisionner120.
La richesse des Emporia entraina un urbanisme actif. La création
des villes est très ancienne dans la P.S. Lors du premier traité entre Rome
et Carthage signé en 509 av. J.-C., Polybe parle des Emporia ou villes
sur la côte des Syrtes que les Romains ne doivent pas fréquenter121. Au
milieu du IVe s. av. J.-C., le Périple de Scylax signale la ville d’Abrotonon
83
(Sabratha) ; la ville des salaisons, la ville d’Epichos identifiée à Gigthi122.
En 162 av. J.-C., Polybe évoque les empiètements de Massinissa sur
« les villes » de la côte de la Petite Syrte123. Dans sa description de l’île
de Jerba, Pline l’Ancien dit qu’elle « possède deux villes, Meningè du
côté de l’Afrique et de l’autre côté Phoar »124. En tant qu’emporia, ces
villes étaient dotées de ports actifs qui leur permettaient de faire du
commerce non seulement avec les villes italiennes125 mais aussi avec les
zones sahariennes dont les produits importés transitaient par les ports de
la P.S. Les activités de ces Emporia supposent une assise territoriale donc

114
Drine (A.), 2007.
115
Dans cette cité industrielle, nous signalons la présence de huit pièces juxtaposées que
nous identifions comme étant des pièces de stockage, Trousset (P.), 1990, fig. 4, p. 324.
N’étant pas encore fouillées nous ignorons les marchandises qui y étaient stockées.
116
Trousset (P.), 2004, fig. 74, p. 104.
117
Rickman, 1971.
118
2005 ،‫درين علي‬.
119
Cintas (P.), 1948, p. 271-273.
120
Leveau (Ph.), 1984, p. 446.
121
Polybe, Histoire, III, 23, 2.
122
Desanges (J.), 1976, p. 408.
123
Polybe, Histoire, XXXI, 21, 1-8.
124
Pline l’Ancien, HN, V, 41, Phoar correspond à hinchir Bourgou.
125
Rebuffat (R.), 1986, p. 184-187.

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des espaces étendus où transitaient les voies. La carte des voies romaines
reconnues établies par P. Salama montre l’existence de deux axes routiers :
Le premier reliait entre eux les Emporia de la P.S, c’était la grande voie
littorale Tacape-Lepcis Magna. Le deuxième axe est matérialisé soit par
des voies soit par des pistes qui reliaient la côte au Sahara126. Ces moyens
de communication étaient fréquentés depuis une haute époque. Hérodote
disait qu’il fallait trente jours pour aller chez les Garamantes en partant du
pays des Lotophages situé entre les deux Syrtes127.

RICHESSES ET TENSIONS
La richesse et l’importance stratégique de cette contrée avaient
entraîné des tensions (guerres-menaces…) entre les puissances qui l’ont
occupée.
Les querelles entre les Grecs et les Carthaginois puis entre les
Romains et les Carthaginois pour la domination des Emporia de la P.S. sont
révélées par des évènements historiques. Rappelons l’affaire du condottière
Dorieus fils du roi de Sparte qui a fondé vers la fin du VIe s. av. J.-C. une
colonie entre les deux Syrtes à l’embouchure du fleuve Cynips au sud de
84 Lepcis Magna en Libye128. Cette colonie ne dura que trois années et Carthage
aidée par la tribu des Makes réussit à le chasser affirmant ainsi sa volonté
de garder le contrôle qu’elle exerçait sur les rivages méridionaux du golfe
syrtique dont elle tirait de gros profits. J’ajoute que les descentes répétées
que firent les Romains vers les Emporia de la Petite Syrte par les consuls Cn.
Servilius Caepio et C. Sempronius Blaesus (en 253 av. J.-C. à Meninx)129,
et Cn. Servilius Geminus (en 217 av. J.-C.) dans les deux îles : Meninx et
Cercina130 ont pour but de s’approvisionner en tout y compris en argent
comme ils l’avaient fait dans l’île de Cercina qui devint aussi un important
centre d’approvisionnement essentiellement du blé, une denrée importante
supplantée à partir du Ier s. av. J.-C. par l’huile131, puis et surtout priver
Carthage d’une zone fertile qui lui procurait tout ce dont elle avait besoin
(vivres, hommes, revenus…).
Après la destruction de Carthage, c’était le tour de Rome qui
consolida son emprise sur la P.S.132. Pour rendre plus actives et plus sûres

126
Salama (P.), 1951, p. 17.
127
Gsell (S.), 1926, p. 147, idem, HAAN, I, p. 138.
128
Gsell (S.), 1905, p. 375.
129
Polybe, Histoire, I, 39.
130
Tite-Live, book 22, XXXI et Gsell (S.), HAAN, III, p. 171-172.
131
Kolendo (J.), 1981.
132
Rebuffat (R.), 1979, p. 226-235 - Laronde (A.), 1987, p. 199-206.

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La richesse de la Petite Syrte dans l’Antiquité

les relations des villes du littoral avec l’intérieur de l’Afrique, les Romains
créèrent des postes de contrôle à Tisavar (piste Tacape - Cydamus) ; Bou
Njem (piste Leptis-Garama) ; Sidi Aoun (piste reliant Gigthi et Tacape à
Cydamus)133.
En somme, les produits manufacturés exhumés dans les remblais
des horrea de Meninx et les traces des activités halieutiques révèlent que
la richesse des villes du littoral des Syrtes n’était pas basée uniquement sur
les produits agricoles qui sont tributaires des conditions climatiques. Des
récentes études confirment que la manufacture (teinturerie - poix - cuir -
salaisons - garum…) rapportait aux commerçants des revenus plus élevés
que les produits agricoles134.
- Le rôle des ports de la P.S. dans la richesse de cette contrée
est capital ; leur déclin était dû à des considérations morphologiques,
notamment l’envasement des ports135 et par le ralentissement du commerce
saharien. C’était le même sort des villes portuaires dont le destin était
lié à l’Afrique saharienne. Les tentatives de réanimer ce commerce se
manifestent par les réfections de la voie Gigthi-Zita faites successivement
sous Caracalla (CIL, VIII, 11022) puis sous Constantin aux frais de la cité136.
Paradoxalement et malgré ses richesses et sa prospérité la P.S. 85
reste marquée chez certains auteurs de connotations négatives, ainsi le
Périple attribué à l’explorateur grec Scylax qui qualifiait la navigation
dans la P.S. de « difficile et pénible »137. Il en est de même pour Salluste
qui insiste sur la configuration changeante des lieux créant un danger
permanent pour les navigateurs138 et compte tenu de ces difficultés,
Pomponius Mela a mis l’accent sur l’absence des ports dans le golfe de
la P.S.139. Cependant nous considérons que ces allégations sont exagérées
et l’historien S. Gsell estime que la mauvaise réputation de la P.S a
été véhiculée par les Carthaginois qui avaient jugé bon d’exagérer les
dangers d’une mer qu’ils se réservaient puisqu’ils tiraient de cette contrée
de gros profits140. L’hypothèse de S. Gsell est séduisante surtout que nous

133
Leglay (M.), 1968.
134
Morel (J.-P.), 1984.
135
Tel Meninx, Beschaouch (A.), 1986.
136
Constans (L.A.), 1915, n° 36, p. 343.
137
Périple de Scylax, 110.
138
« Dès que la vague s’enfle et que les vents se déchaînent, les flots entraînent du
limon, du sable et d’énormes rochers, ainsi l’aspect des lieux change avec les lieux ».
Salluste, Guerre de Jugurtha, LXXVIII.
139
« Il est dépourvu de ports, mauvais et redoutable à cause des bancs et ses nombreux
hauts-fonds… ». Pomponius Mela, Chorographie, I, 35.
140
Gsell (S.), HAAN, IV, p. 120.

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relevons des contradictions dans ces sources. En effet, l’existence des


ports de la P.S. a été démontrée aussi bien par les sources littéraires que
par l’archéologie. Tels le « Stadiasme de la Grande Mer »141, un ouvrage
maritime par excellence- où nous trouvons des descriptions précises de
ces ports et de leurs équipements (eau douce, tours, castella)142, ou la
Géographie de Ptolémée143 où ont été mentionnés de nombreux abris dans
la P.S. En somme, malgré l’existence des hauts fonds, les navigateurs
avisés connaissaient bien les lieux risqués du golfe de la P.S. Tous ceux
qui se hasardaient à naviguer dans ces parages sans les connaître auront
la tâche bien difficile. Rappelons le mauvais sort qui a été réservé aux
consuls Cn. Servilius Caepo et C. Sempronius Blaesus en 253 av. J.-C.,
et Cn. Servilius Geminus en 217 av. J.-C. qui échouèrent sur les rivages
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