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UNIVERSITÉ MOULAY ISMAȈL

FACULTÉ POLYDISCIPLINAIRE – ERRACHIDIA

DÉPARTEMENT : ÉTUDES FRANÇAISES

MODULE : LINGUISTIQUE GÉNÉRALE

SEMESTRE 5
Professeur : KHATTALA ISMAIL

ANNÉE UNIVERSITAIRE: 2021 / 2022


Objectifs:

Ce module vise à faire acquérir aux étudiants


quelques notions de base de ″ linguistique générale
″, des linguistiques dites structurales, à la
linguistique énonciative en proposant au début du
cours un bref aperçu historique sur l’évolution des
théories du langage de l’antiquité au vingtième
siècle.
I. AVANT LA LINGUISTIQUE
MODERNE : aperçu historique
La grammaire antique
■1. La rhétorique et la logique
Plan du ■2. Le patrimoine grammatical alexandrin
cours ■3. Les grecs : Grammaire et philosophie du
langage
■4. Les latins
La grammaire médiévale (du v au xv siècle)
A la renaissance
La grammaire classique
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
▪ BENVENISTE, E., «La Nature du pronom», in Problèmes de linguistique générale, I, Gallimard, Paris, 1966.
▪ BENVENISTE, E., «L’Appareil formel de l’énonciateur», in Langages, 5e année, n° 17, 1970.
▪ CHOMSKY, N., Aspects de la théorie syntaxique, Seuil, Paris, 1965.
▪ DUBOIS, J., Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 1973.
▪ DUBOIS Jean, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Larousse, Paris, 1994.
▪ DUCROT, O et TODOROV, T., Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Ed. du Seuil, 1972.
▪ DURRIER S., Introduction à la linguistique de C. Bally, Lausanne, Delachaux et Niestlé 1998.
▪ FILLIOLET, J et MAINGUENEAU, D., Linguistique française : initiation à la problématique structurale, Tome 1, Hachette,
Paris..
▪ GUÉRON, J., « La Grammaire Générative », dans « Les théories de la grammaire anglaise en France », Cotte et alii éds,
Hachette, Paris, 1993.
▪ GUILLAUME Gustave, Langage et science du langage, Québec, Presses de l’université de Laval, 1964.
▪ MARTINET, A., Eléments de linguistique générale, Armand Colin, Paris, 1970.
▪ MARTINET, A., Syntaxe générale, Armand Colin, Paris, 1985.
▪ MARTINET, A., Fonction et dynamique des langues, A Colin, Paris, 1989.
▪ MOUNIN,G., Dictionnaire de la linguistique, PUF, Paris, 2004.
▪ PAVEAU, A., et SARFATI, G., Les grandes théories de la linguistique: de la grammaire comparée à la pragmatique, Armand
Collin, Paris, 2008.
▪ SAUSSURE Ferdinand (de), Cours de linguistique générale, éd. De Mauro, Payot et Rivages, 1916.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

❑ BENVINISTE, E., «La Nature du pronom», in Problèmes de


linguistique générale, I, Paris, Gallimard, 1966.
❑ BENVINISTE, E., «L’Appareil formel de l’énonciateur», in Langages,
5e année, n° 17, 1970.
❑ DUBOIS Jean, Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage,
Larousse, 1994.
❑ DURRIER S., Introduction à la linguistique de C. Bally, Lausanne,
Delachaux et Niestlé 1998.
❑ GUILLAUME Gustave, Langage et science du langage, Québec, Presses
de l’université de Laval, 1964.
❑ SAUSSURE Ferdinand (de), Cours de linguistique générale, éd. De
Mauro, Payot et Rivages, 1916.
II. LA LINGUISTIQUE SAUSSURIENNE
1. LA LINGUISTIQUE (MODERNE)
Définitions
Quelques domaines de la linguistique
2. LES GRANDES ORIENTATIONS DU COURS
La primauté de l’oral sur l’écrit
Plan du La linguistique est une science descriptive

cours Les tâches de la linguistique


3. LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DU CLG
Synchronie / diachronie
Langue et langage/ langue et parole
Le signe linguistique, une entité double
L’arbitraire du signe linguistique
Conclusion
III. Les écoles structuralistes
■ Le fonctionnalisme
Plan du ■ Le distributionnalisme
cours ■ Le générativisme
IV. La linguistique énonciative
I. AVANT LA LINGUISTIQUE MODERNE: aperçu
historique
1- La grammaire antique

- Les grammairiens indous (Panini (1)) ont mené l’une des plus
anciennes réflexions linguistiques qui avaient porté sur le sanskrit
(2)
- Chez les grecs, deux approches se sont distinguées :
a) Le point de vue rhétorique lié au sophisme
b) Le point de vue logique.

1 Panini est un grand grammairien indou. Il est né à Chalatura au Gandhara (Pakistan actuel),
(iv/v s. av. J.C.), auteur du plus ancien traité de grammaire connu, portant sur le sanscrit (huit
chapitres), a formulé en 3 959 sutras, les règles de morphologie, de syntaxe de phonologie et de
sémantique du sanskrit, langue des Veda, anciens textes religieux.
2 Est langue indienne très ancienne.
1- La grammaire antique
1.1 La rhétorique et la logique
a) Pour les sophistes le langage est un moyen d’agir sur autrui.
b) Avec la parution de la rhétorique d’Aristote (384-322 av. J.C.) se
développe une réflexion philosophique qui tente d’articuler langage et
vérité.
1.2 Le patrimoine grammatical alexandrin
- Denys de Thrace (170 à 90 av. J.C.) écrit la première grammaire
systématique, où il distingue les parties du discours : article, nom,
pronom, verbe, participe, adverbe, préposition, conjonction).
→la philologie (étude historique des langues par l’analyse
critique des textes) : les grammairiens d’Alexandrie ont rendu
lisibles les textes religieux et les textes littéraires, notamment les
œuvres d’Homère (Poète grec à qui on attribue l’Iliade et l’Odyssée (ixe s. av. J.C.)) dont
la langue n’était plus en usage (langue des IIIe et IIe siècles).
3
1.3 Les grecs : Grammaire et philosophie du langage
-Deux grands débats ont été hérités de la philosophie grecque :
1.3.1. La controverse des analogistes et des anomalistes
Les analogistes : qui pensent que la structure de la langue est régulière et peut faire
l’objet d’une science
Les anomalistes : qui n’y voient qu’un agglomérat d’usages arbitraires.
1.3.2. La controverse des naturalistes et des conventionnalistes
Pour les naturalistes, il existe une relation naturelle entre les mots et la réalité, (ex. tel
mot a tel sens parce qu’il est composé de tels sons).
Pour les conventionnalistes, tel Aristote, le rapport entre les signes et ce qu’ils
désignent (leur « référent ») est conventionnel, immotivé.
1.4 Les latins
Les latins ont transmis les travaux des grecs qui ont privilégié
la morphologie : l’étude du mot, considéré avec ses diverses
désinences.
---› Varron (1er siècle av. J.C.), le grammairien latin le plus
remarquable est l’auteur de Lingua Latina.
---› Donat (vers 400) et Priscien (vers 500) sont auteurs de
manuels d’enseignement du latin classique (celui de
Cicéron) et feront autorité jusqu’au XVIIe siècle en Europe.
2. La grammaire médiévale (du v au xv siècle)
Les Evangélisateurs considéraient les langues comme des instruments de propagande et
non pas d’études et réflexion
a. Le latin joue un rôle dominant dans l’éducation. Il est devenu une langue étrangère
qu’on devait apprendre à l’école.
b. A l’instar de Villedieu (vers 1200), Les grammairiens du moyen âge ont affiné la
grammaire latine.
c. Le travail grammatical élaboré par Denys De Thrace reste inchangé
2. La grammaire médiévale (du v au xv siècle)

d. Pour les philosophes dits modistes « la langue est le miroir de la réalité », ils
considèrent que la grammaire est la même dans toutes les langues. Pour eux, il
existe une structure grammaticale unique et universelle commune à toutes les
langues, et que par conséquent les règles de grammaire sont indépendantes des
langages particuliers dans lesquels elles se trouvent.
3. A la renaissance :
A la renaissance, on met à l’honneur le grec et le latin classe et on
étudie les langues vernaculaires (dialectes) propres à chaque
- Vers 1450 l’invention de l’imprimerie favorise le développement des
mouvements philologiques qui s’intensifient dans le but de restituer
les textes antiques.
- 1530---> les premières grammaires françaises :
■ John Palsgrave, 1530, Eclaircissement de la langue française,
texte anglais original, traduction et notes de Susan Baddeley, Honoré
Champion, Paris.
■ Meigret, 1550, Traité de la grammaire française, Front Cover.
Louis Meigret, Franz Josef Hausmann. G. Narr, 1980 - French
language - 172 page
3. A la renaissance :

■ 1539----> le français devient officiellement la langue


d’administration

■ Apparition des dictionnaires polyglottes favorisant la


communication avec les populations étrangères
(notamment celles des colonies).
4. La grammaire classique
- 1660 ---> « Un professeur des ″ Petites Écoles″ de Port-Royal des Champs, Claude
Lancelot, écrivit en 1660, en collaboration avec Antoine Arnauld, une Grammaire
générale et rationnée, appelée souvent par la suite ″Grammaire de Port-Royal″. 4
• Dans cette théorie, le langage est une représentation de la pensée par des signes.
• On remonte de l’usage aux principes rationnels universels en analysant une ou
plusieurs langues
• Toute langue doit obéir à ces principes si elle veut représenter fidèlement la
pensée.
• Le fondement des règles grammaticales (dans cette grammaire dites Mentaliste)
qui expliquent comment elles permettent d’exprimer la pensée »
4 Oswald Ducrot/ Tzvetan Todorov, 1979, Dictionnaire encyclopédique des sciences du
langage, le Point, Paris.
4. La grammaire classique

- 1635 ---> Richelieu va fonder « l’Académie


française » qui va fixer le bon usage de la
langue.
4. La grammaire classique
- « Le bon usage » à cette époque signifiait : « bien parler,
c’est-à-dire connaître un ensemble de conventions, un code,
celui d’une élite sociale ».
- Ce « bon usage » se coupera progressivement de l’usage
effectif, prenant en référence les textes de quelques écrivains
sélectionnés pour leur « classicisme ».
➔ Cette tendance normative aura une importance
décisive sur l’enseignement du français à l’époque et
jusqu’à nos jours.
II. LA LINGUISTIQUE SAUSSURIENNE
■ Ferdinand De Saussure (1857-1913) a donné son nom à la
« Linguistique moderne » en Europe.
■ « Le cours de Linguistique générale » a été élaboré par deux étudiants
de Saussure, Charles Bally et A. Sechehaye à partir des notes prises
durant les trois cours de linguistique générale, donnés par Saussure
de 1906 à 1911, à Genève (Suisse).
■ Le cours de linguistique générale se base sur les concepts de système,
de valeur et d’arbitraire du signe.
1. LA LINGUISTIQUE

1.1 Définitions
« ″Linguistique″, nom féminin, dérivé de linguiste, du latin
″lingua″→langue.
1- (Vx. : vieux sens) : Etude comparative et historique des langues
(grammaire comparée, philologie comparée).
2- (fin XIX) (MOD : sens moderne) : Science qui a pour objet l’étude du
langage, envisagé comme système de signe. ″La linguistique a pour
unique […] objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même″
SAUSSURE » 5.

5 Le nouveau PETIT ROBERT, 2010.


- Selon le Dictionnaire de la linguistique de Georges Mounin,
(éd. PUF, 2004), la linguistique est une ″science du langage,
c’est-à- dire étude objective, descriptive et explicative de la
structure, du fonctionnement (linguistique synchronique) et de
l’évolution dans le temps (linguistique diachronique) des
langues naturelles humaines. S’oppose ainsi à la grammaire
(descriptive et normative) ″.
- Trésor de la Langue française définit « linguistique » comme
une
« science qui a pour objet l’étude du langage, des langues
envisagées comme systèmes sous leurs aspects »
2. Quelques domaines de la linguistique
a) La phonétique : ″la science de la face matérielle des sons du langage humain″ (N.
Troubetskoï)
b) La phonologie : ″est la science qui étudie les sons du langage du point de vue de leur
fonction dans le système de communication linguistique. Elle se fonde sur l’analyse des
unités discrètes (phonèmes et prosodèmes)″ (Dubois :362)
c) La lexicologie : ″est l’étude du lexique, du vocabulaire d’une langue, dans ses
relations avec d’autres composants de la langue […] elle est conçue comme étude
scientifique des structures du lexique″ (Dubois :281).
d) La grammaire ou morphosyntaxe : ″est la description :
- Des règles de combinaison des morphèmes pour former des mots, des syntagmes et des
phrases ;
- Des affixes flexionnels (conjugaison et déclinaison)″. (Dubois :312)
e) La sémantique : est l’″étude du langage du point de vue du sens […] ; théorie visant
à rendre compte des phénomènes signifiants dans le langage″
f) La pragmatique : depuis J. L. Austin, ″la pragmatique s’est étendue aux modalités
d’assertion, à l’énonciation et au discours pour englober les conditions de vérité et
l’analyse conversationnelle″. (Dubois : 375).
3. LES GRANDES ORIENTATIONS DU COURS

3.1 . La primauté de l’oral sur l’écrit

Saussure déclarera dans le chapitre V de son CLG que ″la linguistique a


pour unique et véritable objet la langue envisagée en elle-même et pour
elle-même″ . La primauté de l’oral sur l’écrit se base sur deux arguments
majeurs :
A. La parole est plus ancienne et plus répandue que l’écriture (il
existe des langues sans écriture. De plus, les enfants apprennent à
parler avant d’apprendre à écrire).
3. LES GRANDES ORIENTATIONS DU COURS

B. « Les systèmes d’écriture connus sont manifestement


fondés sur les unités de la langue parlée :
→Les systèmes alphabétiques reposent sur les sons
→ Les systèmes syllabiques reposent sur les syllabes
→ Les systèmes idéographiques reposent sur les mots
Au sens saussurien, la langue et l’écriture constituent deux
systèmes de signes distincts de deux sciences distinctes ».
3. LES GRANDES ORIENTATIONS DU COURS

3.2. La linguistique est une science descriptive


Selon Saussure, la grammaire normative qui produit des
règles pour distinguer les formes ″correctes″ des formes
″incorrectes″ Pour lui, elle n’est pas une discipline
scientifique dans la mesure où la linguistique exclut les
jugements de valeur et en adoptant un point de vue
strictement descriptif en s’intéressent au
fonctionnement du système de la langue .
3.3. Les tâches de la linguistique
- Chez F. de Saussure la linguistique est une discipline autonome avec
son propre objet d’étude qui est l’étude du langage en soi.
- Il estime que « la matière de la linguistique est constituée par les
manifestations du langage humain » quelque soit sa nature.
- « La linguistique devra faire la description et l’histoire de toutes les
langues (synchronie/diachronie) »
- « La linguistique devra dégager les lois générales à partir de la
diversité des langues ».
- « La tâche du linguiste est de définir ce qui fait de la langue un
système spécial dans l’ensemble des faits sémiologiques »
4. LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DU CLG
4.1. Synchronie / diachronie
F. de Saussure oppose dans son CLG (le troisième chapitre) synchronie à diachronie.
- Synchronie :
″On appelle synchronie un état de langue considéré dans son fonctionnement à un
moment donné de temps, sans référence à l’évolution qui l’aurait amené à cet état″
(Dubois :462).
les langues ″changent constamment, mais on peut rendre compte de l’état où elles se
trouvent à un moment donné″ (Dubois :463).
- Diachronie :
″La langue peut être considérée comme un système […] analysé dans son évolution
(diachronie) ; par la diachronie, on suit les faits de langue dans leur succession, dans
leur changement d’un moment à un autre de l’histoire″ (Dubois :141).
Selon Saussure ″à chaque instant, le langage implique à la
fois un système établi et une évolution″ (p.24 du CLG).
Ceci implique du point de vue méthodologique deux
approches :
▪ Soit on s’intéresse à décrire des rapports entre les
éléments simultanés : le point de vue synchronique.
▪ Soit on étudie les éléments « dans leur successivité en
essayant d’expliquer les changements survenus dans la
langue et on adopte ainsi le point de vue diachronique ».
EXEMPLE
« Considérons les deux phrases suivantes :
1. Je me le rappelle.
et
2. Je m’en rappelle.
A. La linguistique historique (diachronique) donnait l’explication suivante :
- La 1ère phrase est une construction ancienne,
- La seconde est une construction moderne faite sur le modèle je m’en souviens.
B. La linguistique descriptive (synchronique) constate que les deux phrases
coexistent en français, cependant:
- La 1ère phrase appartient à la langue cultivée
- La seconde appartient au parler courant »
Récapitulons :
a) Tout ce qui a trait aux évolutions des langues est
diachronique.
b) Tout ce qui se rapporte à l’aspect statique d’une langue
est synchronique
4.2. Langue et langage/ langue et parole
4.2.1. Langue et langage
■ Selon F. de Saussure, le langage humain est une faculté [innée], une
faculté naturelle. Et ce qui est naturel pour lui n’est pas le langage parlé,
c’est ″la faculté de constituer une langue, c’est-à-dire un système de
signes distincts correspondant à des idées distinctes″ (CLG : 26). Il
nomme cette faculté ″faculté linguistique″ par excellence″. Cependant, il
considère que la langue est un produit social, une convention adoptée par
les membres d’une communauté linguistique.
4.2.2 langue et parole
■ Pour Saussure, la langue n’est pas une fonction du sujet parlant, elle est le
produit que l’individu enregistre passivement, c’est un système. Alors que
la parole est au contraire, un acte individuel de volonté et d’intelligence.
Gadet reprend les distinctions émises par Saussure dans le tableau suivant
:
4.3. signe / signifiant / signifié / référent

″Le signe linguistique est […] une entité psychique à deux faces″ :
comme les deux faces d’une même pièce de monnaie, qui sont
inséparables.
″Nous appelons signe la combinaison du concept et de l’image
acoustique″:
- Le signe linguistique est doté
-d’un contenu sémantique : le signifié
-et d’une expression phonique : le signifiant
→Le signe linguistique unit ″un concept et une image acoustique″
- le référent est un terme attribué à la ″chose″ réelle dont on Parle. Ci-
dessous, par exemple il s’agit de ″oiseau″ réelle.
Le schéma explique ce propos :
4.4 L’arbitraire du signe linguistique

■ Le signifiant et le signifié ont un lien à la fois arbitraire et


nécessaire : il n’existe aucun rapport interne entre concept
représenté, celui de ″oiseau″ par exemple, et la suite des sons qui le
représente : [w][a][z][o]. La variété des dénominations de langue à
langue pour une même réalité signifiée est une preuve claire : oiseau
(en français), bird (en anglais), etc.
■ En revanche, ″si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant
apparaît comme librement choisi, en revanche, par rapport à la
communauté linguistique qui l’emploie, il n’est pas libre, il est
imposé″
4.5. Immutabilité et mutabilité du signe.

- Immutabilité : Saussure parle aussi de «l’immutabilité du signe », qu’il


justifie par les quatre considérations suivantes:
❑ Le caractère arbitraire du signe met la langue à l’abri de toute
tentative visant à la modifier;
❑ La multitude des signes nécessaires pour constituer n’importe quelle
langue.
❑ Le caractère trop complexe du système.
❑ La résistance de l’inertie collective à toute innovation linguistique.
- Mutabilité : « Le système complexe de la langue est en même temps
changeable par l’altération qui est assurée par le temps, nécessaire pour le
développement et la continuité de la langue ».
(Cf. Jean Dubois Dictionnaire de Linguistique)
4.6. Le caractère linéaire du signifiant :

■ La chaine parlée est formés par une suite de signifiants qui se


présentent les uns après les autres d’où une structure linéaire
(analysable et quantifiable), c à d qu’on ne peut pas prononcer
deux éléments à la fois. Saussure appelle ses unités successives
« syntagmes »
■ En plus des rapports « syntagmatiques », les termes d’une langue
ont aussi entre eux des « rapports de substitutions . Ces rapports
sont appelés « paradigmatiques », le terme « paradigme »
désigne une classe d’éléments qui peuvent se substituer les uns
aux autres.
4.7. Le principe d’immanence :
Par l’immanence, on entend le caractère de ce qui a
son principe en lui-même.
« La linguistique se limite à l’étude des énoncés
réalisés (corpus) et tente de définir leur structure. En
revanche, tout ce qui touche à l’énonciation (sujet,
situation) est laissé de côté (sauf pour le
générativisme). Ils fondent tous la linguistique sur
l’étude des énoncés réalisés ».
Conclusion :
■ Le « structuralisme » qui a marqué la linguistique moderne signifie que
« toute langue est considérée comme un système de relations, c.à.d. un
ensemble de systèmes reliés les uns aux autres, dont les éléments (sons,
mots, etc. …) n’ont aucune valeur indépendamment des relations
d’équivalence et d’opposition qui les relient ».
■ La linguistique structurale recouvre plusieurs théories dont le principe de
base est de considérer la langue comme un système et se définie par ses
structures
■ LE FONCTIONNALISME ( Andret Martinet)
LE FONCTIONNALISME
INTRODUCTION
L’apport de la linguistique fonctionnelle est d’avoir déclaré à la langue sa fonction
d’instrument de communication. De ce fait, les « fonctionnalistes » considèrent l’étude d’une
langue comme la recherche des fonctions jouées par les éléments, les classes et les
mécanismes .
« Cette tendance apparait particulièrement dans la méthode d’investigation des phénomènes
définie, d’abord sous le nom de « phonologie » par N. Troubetzkoy et développée par A.
Martinet et R. Jakobson ». Oswald Ducrot, Tzvetan Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences
du langage, Ed. du Seuil, 1972, p.42

« Fidèles aux préoccupations de l’époque, les recherches de Martinet ont d’abord porté sur
l’indo-européen et sur la phonologie, mais elles se sont très vite élargies à des problèmes de
linguistique générale. Autrement dit, le fonctionnalisme est un courant qui crée des méthodes
pour analyser la phonologie et de là les généralise aux autres niveaux (morphologie, lexicologie,
syntaxe). Il prône une grammaire fondée sur la reconnaissance de « fonctions » et le point
central de la doctrine réside dans le concept de la « double articulation » »
1. Fonction du langage, de la langue
« Une langue est un instrument de communication selon
lequel l’expérience humaine s’analyse, différemment dans
chaque communauté, en unités douées d’un contenu
sémantique et d’une expression phonique, les monèmes;
cette expression phonique s’articule à son tour en unités
distinctives et successives, les phonèmes, en nombre
déterminé dans chaque langue, dont la nature et les
rapports mutuels diffèrent eux aussi d’une langue à une
autre » (Andret Martinet, éléments de linguistique générale, p.21).
Fonction du langage, de la langue

Pour Martinet la langue est


«un instrument de communication doublement
articulé» (Martinet: 1949 et Martinet: 1957)

« la fonction essentielle de cet instrument qu’est une langue


est celle de communication » (éléments de linguistique générale,
p.9)
2. Concepts clés du fonctionnalisme
Dans son ouvrage « fonction et dynamique des langues »,
Martinet explique que:
2- Les « Le terme de « fonctionnel » y est pris au sens le plus

concepts clés analysés en référence à la façon dont ils contribuent au


courant du terme et implique que les énoncés langagiers sont

processus de communication.
2.1. La fonction « Le choix du point de vue fonctionnel dérive de la conviction
que toute recherche scientifique se fonde sur l’établissement
d’une pertinence et que c’est la pertinence communicative
qui permet de mieux comprendre la nature et la dynamique
du langage. Tous les traits langagiers seront donc, en priorité,
dégagés et classés en référence au rôle qu’ils jouent dans la
communication de l’information » (Andret Martinet, Fonction
et dynamique des langues, A Colin, 1989, p.53) .
La notion centrale dans la linguistique est donc pour Martinet :
la pertinence communicative
Selon Martinet, deux lois gèrent la
2- Les communication linguistique :
concepts clés - La loi de l’économie dans l’effort
- La loi de la pertinence du message

2.2. La fonction La notion de fonction: les unités


linguistiques sont définies par leurs
fonctions dans la communication non pas
par leurs formes, substances ou leurs
places dans l’énoncé.
L’ économie linguistique :
2- Les
« le langage obéit aux lois générales
concepts clés
des activités humaines et donc à la
tendance au moindre effort et cette loi
2.3.
implique l’existence d’un nombre
L’économie du minimum d’unités aussi peu
langage différentes que possible. Le point
central de la doctrine réside dans le
concept de la double articulation »
2- Les
concepts « chaque science est caractérisée, moins
clés par le choix des objets que par le choix
■ 2.4 La pertinence de certaines caractéristiques de ces
communicative
objets. Chaque science est fondée sur
une pertinence. En linguistique
fonctionnelle, nous estimons que la
pertinence est la pertinence
communicative » (1989 :37)
2. Les
Martinet privilégie donc la fonction la plus
concepts englobante, celle qui met l’accent sur l’échange entre
clés les protagonistes de la communication, et pas
■ 2.4. La pertinence
seulement sur un élément du procès de
communicative
communication.
Il distingue deux types de pertinence : la pertinence
distinctive, celle des phonèmes , et la pertinence
significative, celles des monèmes, notion nouvelle en
linguistique, qu’il introduit dans le cadre d’une autre
notion, celle de double articulation.
■ C’est la pertinence communicative qui est adoptée comme point de vue
d’étude de la langue sans pour autant marginaliser les autres fonctions de
la langue à savoir : le fait qu’elle se serve du support à la pensée, les
fonctions expressive, poétique…
■ C’est la référence à cette pertinence communicative qui permet aux unités
linguistiques d’acquérir leurs spécificités : est-ce qu’elles apportent ou non
une information
■ La pertinence communicative se réalise à travers une pertinence
distinctive assurée par les phonèmes qui ont une forme distinctive mais
qui n’ont pas de sens et une pertinence significative des monèmes doués
d’une valeur significative supportée par des éléments formels.
2.5. La double articulation :
« Les énoncés linguistiques sont, en vertu de la première
articulation, composés de signes, entités à double face:
signifiant et signifié. Ce qui impute à la description une triple
tâche: étude du signe (syntaxe), étude du signifiant (phonologie
et morphologie), étude du signifié (sémantique). Dans la
construction théorique, on s’efforce à suivre la démarche
déductive, et à fonder tous les concepts —classes, fonctions,
etc.— sur la définition de la langue ou sur ce qui peut en être
inféré ». MORTÉZA MAHMOUDIAN, Linguistique fonctionnelle: origines, parcours et
perspectives, in Contextos, XXV-XXVI/49-52, 2007-2008 (págs. 29-56). ISSN: 0212.6192
2.5 La double articulation :
« la langue est un instrument de communication doublement articulé » (Martinet,
1949)
On appelle « double articulation » dans l’hypothèse fonctionnaliste de Martinet,
l’organisation spécifique du langage humain selon laquelle tout énoncé s’articule sur
deux plans :
- La première articulation: elle correspond aux unités de signification minimales
appelés monèmes. Les monèmes sont des unités à deux faces, une face
« formelle » (signifiant), et une face« significative » (signifié), ces unités peuvent
être sous formes d’un seul élément, de syntagmes ou de phrases.
- La deuxième articulation concerne les phonèmes qui sont des unités distinctives
(ils changent le sens d’un mot : (pont / bon ; quand / banc). Ces phonèmes ne sont
constitués que d’un signifiant sans signifié.
Dans la théorie fonctionnaliste d’André Martinet,
la notion de morphème est réservée à la
désignation des unités morphologiques
grammaticales (ex. : les désinences verbales, les
préfixes, les suffixes, etc.), par opposition aux
lexèmes, qui représentent les unités
morphologiques de type lexical (ex. : part- dans
partons), et c’est la notion de monème qui est
utilisée pour désigner ces deux types d’unités
■ Dans la perspective d’André Martinet, partons comporte deux
monèmes : un lexème, part-, et un morphème, -ons).
■ On propose généralement d’appeler lexèmes les morphèmes
lexicaux, et grammèmes les morphèmes grammaticaux. Les
lexèmes sont des morphèmes qui assurent la spécificité
sémantique
Exemples

■ Exemple 1 : un chien / le chien : les deux monèmes un / le n’ont pas


le même signifié (indéfini / défini). Il s’agit donc de deux monèmes
différents.

■ Exemple 2 : le chien / la table : il n’y a pas de paire minimale. Le / la


ne se trouvent jamais dans le même contexte. Ils ont le même
signifié (défini). La différence n’est donc pas pertinente. On n’a
qu’une seul monème avec des variantes combinatoire (en fonction
du genre).
Exemples
- Mot et monème ne coïncident pas toujours. Un mot n’est pas toujours significatif.

Exemple : Chemin de fer : il y a trois mots qui forment un seul monème.

On ne peut pas mettre d’adjectif par exemple, entre deux de ces mots : * chemin de
vieux fer (on met une * pour indiquer que c’est incorrect dans la langue).

- Un mot est une unité graphique (lettres séparées par un blanc).

On utilise la procédure de commutation (on va chercher les paires minimales).

Exemple 1 : Au fur et à mesure : 5 mots, 1 monème. On pourrait le remplacer par


successivement et on ne peut pas insérer de mot dedans.

Exemple 2 : Réembarquons : 1 mot, 4 monèmes : ré/em/barqu/ons.

Comme en phonologie, il y a en morphologie des variantes libres et combinatoires .


■ La phonologie ou la phonématique :

3- Les « la phonologie est l’étude de la façon originale


dont chaque langue met à profit les ressources de
composantes la phonation pour assurer la communication entre
ses usagers. Parmi toutes les latitudes
de la articulatoires, elle en retient un certain nombre
linguistique susceptible de réaliser des productions
acoustiquement bien identifiables. Ce sont elles
que les locuteurs utilisent pour caractériser, en les
opposant les unes aux autres, les diverses unités
significatives et établir des contrastes entre celles
qui se succèdent dans la chaîne parlée »
(1989:112) « les grandes théories du langage »
■ La monématique
3- Les C’est l’étude des monèmes en
composantes distinguant les monèmes lexicaux (
étudiés par la lexicologie) et les
de la monèmes grammaticaux (étudiés par
linguistique la grammaire)
Exemple :
« Il va à la classe » : le segment
« va est constitué d’un monème lexical
« aller » (porteur de sens) et d’un
monème grammatical porteur d’une
marque de flexion verbale
■ La synthématique:
Elle étudie les synthèmes ( mots composés et
3- Les dérivés) et leur mode de formation.
composantes Ils s’agit d’un segment d’énoncé comportant
de la plusieurs monèmes lexicaux combinés entre
eux.
linguistique Par exemple :
- Incompréhensible : comporte trois monèmes
: le préfixe in-, le suffixe –ible et la base -- -
comprehns-. Ce mot constitue donc un
synthème.
- incompressible
3- Les ■ La syntaxe
composantes Elle pour objet d’étude les
de la rapports de dépendance des
linguistique monèmes et les fonctions qu’ils
assument dans un énoncé
donné
3- Les ■ La morphologie
composantes Elle étudie les marques formelles non
pertinentes de la première articulation
de la et de leurs conditions d’apparition
linguistique « je désigne comme ‘la morphologie’
l’étude des aberrances formelles »
(1989:35)
■ L’axiologie
3- Les Elle étudie la valeur significative des
composantes monèmes lexicaux et grammaticaux,
de la ainsi que les effets de sens que les
fonctions syntaxiques peuvent
linguistique produire.
« L’axiologie est donc l’étude des
valeurs signifiées qui s’opposent»
(1989:36)
Conclusion :
Le langage se présente comme un instrument de communication
entre les hommes. Dans l’objectif d’étudier comment il fonctionne,
le fonctionnalisme a élaboré le concept de la phonologie, en
dégageant plusieurs fonctions qui se sont généralisées sur les autres
concepts de la langue (morphologie, lexicologie et syntaxe).
LE DISTRIBUTIONNALISME
Introduction
Parallèlement à la diffusion du structuralisme en Europe, le
distributionnalisme est un courant linguistique qui est apparu
aux états unis vers 1930.
C’est une théorie du langage qui a été proposée par l’américain
Bloomfield et qui a dominé la linguistique américaine jusqu’à
1950. Elle est généralement considérée comme étant la
variante américaine du structuralisme européen.
Concernant les différences, il est à noté que la linguistique
européenne a été fondée à partir de l’étude des langues bien
connues, en ayant comme point de départ l’Indo-Européen
(Saussure en était un spécialiste). Par contre, le premier
objectif du distributionnalisme est la description de langues
amérindiennes très différentes du modèle indo-européen, et sa
réflexion vise à se donner une méthode pour y parvenir.
Introduction

Origine
En 1933, Leonard Bloomfield (1887- 1949) est à l’origine du
« distributionnalisme » cette théorie est développée par la suite par son
disciple Zellig Harris (1909- 1992)
C’est une théorie générale du langage basée sur la notion de la
« distribution » des unités étudiées et sur l’analyse en constituants
immédiats (l’analyse ditributionnelle)
1- Les postulats théoriques
L’anti-mentalisme :
La linguistique de Bloomfield a pour départ la psychologie behavioriste (qui
triomphe aux Etats -Unis) en réaction au mentaliste selon lequel la parole est
le résultat de facteurs internes: pensées, croyances, intentions et sentiments.
Le behaviorisme soutient que le comportement humain est explicable,
objectivement, en termes de facteurs externes observables (stimulus-
réponse) sans faire appel à l’introspection.
L’étude du langage selon la théorie béhavioriste revient à analyser les
enchaînements des stimulus et des réactions linguistiques qu’ils provoquent.
En appliquant ce principe à la parole, Bloomfield conclut que celle-ci, doit
être expliquée par ses conditions externes d’apparition en refusant
l’approche mentaliste au profit d’une étude « mécaniste » sans qu’elle fasse
allusion au sens des paroles prononcées.
1. Les postulats théoriques :
■ De ce fait, l’objet d’étude est la langue (le code) par opposition à la
parole, appelée aussi code. Cette étude doit être synchronique.
■ Le rôle du linguiste, dans cette perspective, est de recueillir un corpus
et de décrire la forme des éléments qui en constituent les phrases
ainsi que leur combinatoire. Cela revient à dégager, par recours à la
segmentation, les unités discrètes qui composent la langue à l’étude
les morphèmes (la plus petite unité servant à assurer une signification
que l’analyse puisse isoler) sans parler du sens qui est considéré hors
d’atteinte en lui-même.
■ Ces éléments se définissent par leurs relations à l’intérieur du
système. Les distributionnalistes accordent beaucoup d’importance
aux relations syntagmatiques qui les unissent.
Remarques
■ Alors que Saussure développait toute une réflexion sur le signe
linguistique, sa nature et sa raison d’être, il n’y a rien de
comparable chez les distributionalistes : pour eux, ce n’est pas le
lieu d’une investigation théorique, mais d’un examen
extrêmement minutieux des problèmes posés par l’analyse :
comment dégager les morphèmes (qui correspondent chez eux
aux signes), quels sont les critères en cas de doute, etc.
■ Le terme de « morphème » est ici un terme générique, recouvrant
toutes les unités significatives. Dans la tradition européenne, il a
souvent une acception plus restreinte, désignant les unités
grammaticales, par opposition aux unités lexicales. C’est dans ce
second sens restreint que l’emploie par exemple A. Martinet qui
utilise pour le sens large le terme de « monème ».
2. Méthode
■ La première chose à faire est de réunir un corpus, c’est-à-dire
un ensemble d’énoncés, qui sera envisagé comme un
échantillon de la langue. Il faut donc que ce corpus soit
homogène et représentatif, ce qui n’est pas facile à assurer.
■ D’autre part, si l’on voit mal comment faire autrement pour
aborder la description d’une langue qu’on ne connaît pas, il
est évident que le travail sur corpus présente au départ des
inconvénients : les données du corpus sont nécessairement
fragmentaires ; des procédures ont été proposées, qui
permettent une extension prudente en dehors de ses limites.
L’alternative, radicale, est la position de la grammaire
générative : elle consiste à étudier une langue connue, en se
fiant à son intuition, et en essayant de décrire « toute » la
langue, jusqu’à la frontière qui sépare ce qui est possible de
ce qui ne l’est pas dans cette langue (mais cette frontière
existe-t-elle ?). Le distributionalisme, pour se part, borne ses
ambitions à la description d’un ensemble de faits, et
essentiellement de faits attestés.
■ Ce corpus une fois recueilli, on le segmente. Pour ce faire, on
cherche à rapprocher des morceaux d’énoncés comparables,
dont la comparaison permet de proche en proche de déterminer
quels sont les morphèmes. Prenons un exemple en swahli, et
supposons que notre corpus contient les segments suivants :

1. Atanipenda 2. ananipenda 3. anakupenda


4. Anawapenda 5. alikupenda 6. ninakupenda
…ananipenda … …anakupenda …anawapenda

ana ni penda

ana ku penda

ana wa penda
■ On ne peut faire l’hypothèse que la troisième syllabe
représente un morphème isolable, ou plutôt un point
de la chaîne (syntagmatique) où peut se trouver un
membre d’une classe (paradigmatique), -ni-, -ku- ou
–wa-. Et les segments deux, trois et quatre ont bien à
la fois des ressemblances et des différences du point
de vue du sens.
■ Dans les mêmes conditions, le rapprochement des segments un
et deux permet de dégager une variation en deuxième syllabe :
est-elle limitée à la consonne (-t / -n-) ou concerne –t-elle toute
la syllabe (-ta- / -na-), c’est impossible à décider des données
aussi limitées. Un corpus plus étendu, et déjà la comparaison
entre les segments trois et cinq donnera des arguments en
faveur de la deuxième hypothèse ; on a une variation –ta / na- /
-li-.
■ Enfin les segments trois et six permettent également
de dégager une variation en syllabe initiale a- / ni-.
Toutes ces hypothèses, qu’une investigation plus
poussée confirmera, peuvent se représenter ainsi :
1 2 3 4 1

a- -ta- -ni- a-

-na- -ku- -penda

ni- -li- -wa- ni-


■ D’après cette analyse, tous nos segments de départ sont donc
segmentables en 4 fragments, chaque différence de forme
correspondant à une différence de sens ; il y a donc dans chaque
segment de départ 4 morphèmes. Et le sens ? Observons d’abord
que nous nous en sommes passés; il nous suffisait de pouvoir
répondre à la question « est- ce le même sens ou non ? ». Nous
pourrions en théorie en rester là. En pratique, les distributionalistes
ne sont pas moins curieux que les autres hommes, et on ne connaît
pas d’exemple de description qui ne fasse effort pour donner le
sens de chaque morphème. Le voici ici :
1. a ta ni penda «il m’aimera!»
2. a na ni penda «il m’aime!»
3. a na ku penda «il t’aime!»
4. a na wa penda «il les aime!»
5. a li ku penda «il t’aimait!»
6. ni na ku penda «je t’aime!»
Futur me
Il ou (elle) Présent te aimer

imparfait les
En étendant cette analyse à l’ensemble d’un corpus
plus important, nous pouvons espérer dégager la
« structure distributionnelle » de la langue, comme
dit Harris. (Bien entendu, la même méthode
s’applique au niveau des phonèmes).
Un problème vient de ce que souvent on trouvera des séquences
de morphèmes ayant la même distribution qu’un morphème
unique : c’est le cas par exemple pour il (morphème unique)) et
des séquences du type mon camarade, qui peuvent être suivis
des mêmes morphèmes (comme viendra demain); ils sont donc
équivalents à un certain niveau. On arrive ainsi à dégager des
constituants dont les morphèmes isolés sont les composants, et à
hiérarchiser ces constituants dans une phrase, ce qu’on a
coutume de représenter par des boîtes qui rentrent les unes dans
les autres.
■ Ce type d’analyse, appelé analyse en CONSTITUANTS
IMMEDIATS, n’a jamais été jusqu’à une théorie des
niveaux syntaxiques fermement articulée; elle est restée une
procédure passablement intuitive et empirique, utilisée pour
un premier dégrossissage. Les distributionalistes sont plus à
l’aise au niveau des unités isolées qu’à celui des fonctions.
(Une autre théorie américaine, la « tagmémique » de K.
Pike, essaie de combiner l’étude de la distribution et celle
des fonctions).
3. Limites et prolongements du distributionalisme
■ Quelles que soit la complexité de certaines de ses
procédures, qui peut être très grande, la linguistique
distributionnelle repose fondamentalement en quelques
idées simples et il est difficile de ne pas se comporter en
distributionaliste face à une langue inconnue. Mais ses
limites apparaissent vite : il n’est que d’essayer de
découper un texte français en morphèmes pour
s’apercevoir à la première ligne que ce n’est pas chose
facile.
■ Si le swahili est tant cité, c’est bien pour son
exceptionnelle clarté de structure ; en français, les unités
sont beaucoup plus enchevêtrées. Dans des cas de
« signifiants discontinus » (comme ne … pas) ou
d’ « amalgame » (comme au = à le), pour reprendre les
expressions d’André Martinet, on peut espérer mettre au
point une procédure adéquate. Mais la notion même de
morphème (ou de signe) fait problème, comme en
témoigne au niveau de l’écrit le découpage traditionnel en
mots, unités sans statut théorique, défi permanent aux
linguistes.
Il faut dire que les distributionalistes eux – même ont
parfois convenu des limites de leur théorie, et essaye de
l’élargir. Harris notamment a proposé une conception de
la distribution (de la cooccurrence) qui permet de relier
des phrases entre elles, d’où la notion de transformation
(qui a été reprise et modifiée par Chomsky, élève de
Harris).
CONCLUSION
L’analyse grammaticale est donc construite de façon
empirique et inductive, à partir des faits, des données du
corpus traitées selon les procédures que l’on a vues, on
dresse des listes distributionnelles et on propose des
généralisations.
Mais le distributionnalisme a ses limites : une fois mises
en œuvre les différentes techniques de description et
d’analyse, la linguistique se retrouve sans objet : elle a
tout d’écrit, elle a énuméré la liste des classes
distributionnelles puis il n’y a plus rien à faire puisque le
sens n’intervient pas.
LA GRAMMAIRE
GÉNÉRATIVE
Concepts de base de la théorie de Chomsky
La linguistique distributionnelle décrit un
corpus fini de phrases réalisées: une
grammaire est une théorie du langage et non
pas un résumé mécanique d’un corpus.
1- Critiques apportées
à la grammaire Elle ne peut expliquer un grand nombre de
distributionnelle données linguistiques (comme l’ambiguïté, les
constituants discontinus, etc. …).

Elle n’explique pas le fait que tout sujet parlant


une langue peut émettre et comprendre un
nombre illimité de phrases.
2- Fondements de base de la grammaire
générative selon Chomsky
■ Chomsky définit une théorie capable de rendre compte de la
créativité du sujet parlant, de sa capacité à émettre et comprendre des
phrases inédites.
■ Il présente une théorie linguistique générale : une théorie phonétique
générale, une théorie syntaxique générale, une théorie sémantique
générale:
« Une grammaire générative n’est pas un modèle du locuteur ou de l’auditeur…elle tente de
caractériser de la manière la plus neutre la connaissance de sa langue et donc de la langue qui
fournit sa base à la mise en acte effective du langage par le locuteur-auditeur » (N.Chomsky,
Aspects de la théorie syntaxique, 1965:19)
■ Le langage humain repose sur l’existence de structures universelles
innées (comme la relation sujet/prédicat) qui rendent possible
l’acquisition (apprentissage) par l’enfant des langues.
La grammaire générative se présente comme
un ensemble de règles qui apporte une
description explicite de toutes les structures
susceptibles d’être les phrases d’une langue.

2- Elle est dite générative car ses règles, une fois


correctement formulées, engendrent
Fondements automatiquement à partir d’un nombre limité
d’unités, une infinité de phrases possibles.
de base de la
grammaire La grammaire est un mécanisme qui permet de
générer (d’engendrer) l’ensemble infini de
générative phrases grammaticales (bien formées,
correctes) d’une langue.
2- Fondements de base de la grammaire
générative
2.1 La grammaire générative et l’innéisme du langage:
La grammaire générative fait l’hypothèse que la grammaire est un organe
mental autonome elle n’est pas apprise mais elle se développe à partir d’un
programme génétique sous l’influence de l’environnement. Elle tente
d’expliquer les règles que le locuteur applique de façon intuitive.
■ La formulation des règles de la grammaire s’élabore à partir de l’intuition
des sujets parlants qui ont des jugements d’acceptabilité permettant
d’opposer les structures qui sont des phrases de la langue à celles qui
n’en sont pas.
2- Fondements de base de la grammaire générative

Le but de Chomsky était d’élaborer un modèle


susceptible de rendre compte de toutes les phrases
grammaticales d’une langue, sur le plan de leur structure
syntaxique.
2- Fondements de base de la grammaire générative
2.2 La distinction compétence/ performance

« le couple compétence / performance a des analogies avec la


distinction saussurienne langue/parole: comme Saussure écarte le
travail sur les énoncés produits (domaine de la parole) pour aller
vers la grammaire (structure syntaxique), quand Saussure construit
une linguistique de la langue (système de la langue). Chomsky situe
le travail du linguiste du côté de la compétence des locuteurs, des
connaissances intuitives qu’un sujet parlant a de sa langue et donc
de ses structures » (Marie Anne Paveau, Gorge Elia Sarfati, les grandes théories du
langage , p.164)
2- Fondements de base de la grammaire générative
2.2 La distinction entre compétence et performance:
« Formées de règles, cette grammaire constitue le savoir
linguistique des sujets parlant une langue, c.à.d. leur compétence
linguistique. L’utilisation particulière que chaque locuteur fait de
la langue dans une situation particulière de la communication
relève de la performance »
Chomsky a fait donc la distinction entre ces deux concepts:
- Compétence : qui est la connaissance innée qu’a le locuteur de
sa langue
- Performance : qui est l’emploi effectif de la langue dans des
situations concrètes.
2- Fondements de base de la grammaire générative
2.3 Structures profondes /superficielles
La grammaire transformative postulant l’existence de transformations à partir
de phrases-noyau, on peut dire que deux phrases différentes en
apparence(structure de surface) reposent en fait sur une même structure
profonde, commune aux deux phrases avant transformation. L’inverse est vrai
également:
Deux phrases apparemment analogues peuvent procéder de deux structures
profondes différentes. Par exemple, les deux phrases « Pierre promet à Marie
de venir et Pierre permet à Marie de venir » sont apparemment analogues
(même structure de surface », mais différentes en profondeur (l’un suggère à
Pierre de venir et l’autre à Marie de venir)
2- Fondements de base de la grammaire générative
Exemples:
J’ai vu Michel hier
Hier, j’ai vu Michel
même structure profonde, deux structures de surface
différentes

- Le policier (a pourchassé le criminel avec un pistolet)


- Le policier a pourchassé ( le criminel avec un pistolet)
Même structure de surface mais structures profondes
différents

ambiguïté
2- Fondements de base de la grammaire générative
2.4 Les universaux du langage
La théorie de Chomsky suppose qu’il y a dans l’espèce humaine une faculté de
langage innée, une connaissance implicite, constituée d’un ensemble de règles et
de représentations, qu’il appelle la «grammaire universelle ».
« tout enfant dispose dans son patrimoine génétique d’une faculté innée de langage (élaborée
progressivement au cours de l’histoire de l’espèce humaine) engendrant une grammaire
universelle. Il s’agirait d’une prédisposition innée à reconnaître quelques principes
d’organisation communs entre les langues du monde, en dépit de matériaux phonologiques,
grammaticaux et lexicaux très divers » Jacques François, Existe-t-il des universaux du
langage ?,Dans Les clés du langage (2015), pages 29 à 37

« Les universaux du langage sont des catégories et des propriétés, considérées


comme étant communes à toutes les langues, bien que celles-ci soient très
différentes à bien des égards »
2- Fondements de base de la grammaire générative
D- Les universaux du langage
Guéron 1993 :
« La grammaire générative considère la linguistique comme une science cognitive,
s’inscrivant dans l’étude de la psychologie et de la biologie humaine. Elle fait
l’hypothèse que la grammaire est un organe mental autonome. Comme les autres
organes physiques, la grammaire n’est pas apprise, mais se développe à partir d’un
programme génétique, sous l’influence, dans une certaine mesure, de
l’environnement, comme d’autres organes mentaux tels que la vision. »
« La GGT fait l’hypothèse qu’il existe une faculté de langage (ou Grammaire
Universelle), associée à des mécanismes physiques du cerveau humain, dont les
principes fondamentaux sont communs à toutes les langues. »
« La Grammaire universelle est la théorie de l’état initial de l’organe langagier
avant tout apprentissage. Elle identifie toutes les langues accessibles à l’homme. »
J. Guéron, 1993, « La Grammaire Générative », dans Les théories de la grammaire anglaise en France, Cotte et alii éds, Paris,
Hachette.
3- Les composantes de la grammaire générative
La grammaire est formée de trois parties :
- Une composante syntaxique, système de règles définissant les phrases permises
dans une langue.
- Une composante sémantique, système de règles définissant l’interprétation des
phrases générées par la composante syntaxique.
- Un composant phonologique et phonétique, système de règles réalisant en une
séquence de sons les phrases générées par la composante syntaxique. La
composante syntaxique, ou syntaxe, est formée de deux grandes parties :
✓ La base, qui définit les structures fondamentales.
✓ Les transformations, qui permettent de passer des structures profondes,
générées par la base, aux structures de surface des phrases, qui reçoivent alors une
interprétation phonétique pour devenir les phrases réalisées.
LINGUISTIQUE
ÉNONCIATIVE
LA LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE

Introduction

Comme étant un prolongement de la pensée structuraliste des


années 60-70, la linguistique énonciative par son fondateur
Emile Benveniste se donne pour objectif d’étudier la langue
dans son utilisation, c’est-à-dire la langue qui est mise en
situation par l'activité des énonciateurs.
Benveniste a posé les jalons de la théorie d’énonciation :
- « la nature des pronoms » 1956
- « Problèmes de linguistique générale » 1966
■ « LES LINGUISTIQUES ÉNONCIATIVES ont pour
fondement commun une critique de la linguistique
de la langue, une volonté d’étudier les faits de
parole: la production des énoncés par les locuteurs
dans la réalité de la communication » (Marie-Anne Paveau et
Georges-ELIA Sarfati, les grandes théories de la linguistique: de la grammaire
comparée à la pragmatique, p.166)
LA LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
Pour les linguistes énonciativistes (Bally, Bénveniste et Culioli),
le contexte linguistique (les deux axes syntagmatique et
paradigmatique) devient facultatif, si la situation
communicationnelle permet de présenter clairement le référent
- ex. l'énonciateur pourra dire sans qu’il interpelle le contexte
linguistique: Une pomme est un fruit mais aussi Tenez! Une
pomme. Dans cette situation, la forme linguistique du signe
pomme est prise en charge par des énonciateurs et reçue par des
co-énonciateurs qui y répondent et déterminent facilement sa
valeur sémantico-syntaxique.
I. Critiques apportées à la linguistique
structurale
■ L’homogénéité et l’uniformité du code alors que dans une
communauté linguistique donnée, la langue est une mosaïque de
variétés (dialectes, sociloectes…). Le code n’a aucune réalité
empirique. Il faut s’interroger donc sur ses manifestations en discours
à partir d’un modèle de production et d’interprétation
■ L’analyse linguistique pour les structuralistes est limitée à la phrase
comme unité supérieure, alors qu’en réalité c’est le discours ( le
texte) qui véhicule le sens et il existe des règles de combinatoire
transphrastiques qui doivent permettre de rendre compte du
fonctionnement d’unités supérieures à la phrase.
I. Critiques apportées à la linguistique
structurale
■ La langue est faite pour être parlée dans un contexte
extralinguistique donné ce qui rejette le principe de l’immanence de
la langue qui affirme la nécessité méthodologique d’étudier la
langue « en elle-même et pour elle-même » qui détache la langue
du contexte dans lequel elle se manifeste et qui écarte le référent de
l’analyse.
LA LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA LINGUISTIQUE
ÉNONCIATIVE
Au début du développement de la théorie énonciative, la
question qui se pose et s’impose en même temps, c’était
comment les signes se mettent-ils en situation et sont-ils
pris en charge par des énonciateurs?
« La linguistique de l’énonciation, à ses débuts,
consistera en effet à repérer et analyser les marques
de l’énonciation dans la parole, marques qui sont des
outils de la langue ayant pour fonction d’inscrire dans
l’énoncé la subjectivité du locuteur » p.167
Pour répondre à une telle question, les énonciativistes ont
déterminé d’une façon précise la définition de plusieurs
termes, à savoir:
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA LINGUISTIQUE
ÉNONCIATIVE
1. Énoncé / Énonciation
■ Énoncé est définie par une suite de mot qui résulte
de l’énonciation dans une situation donnée, c’est-
à-dire cette suite de mot est toujours produite dans
un contexte ou une situation précis appelé
situation d’énonciation. D’un point de vue
fonctionnel, l’énoncé, étant constitué d’un mot,
d’une phrase ou d’une série de phrases, peut être
sémantique ou asémantique et grammatical ou
agrammatical.
■ D’un point de vue formel, son début et sa fin sont
généralement marqués par une pause ou une
période de silence (ex. Ahmed…Ahmed, sors !). Il
est à signaler que chaque énoncé est unique car il
est le produit d’une situation d’énonciation bien
déterminée. Il peut également être inscrit soit dans
le mode récit soit dans le mode discours.
■ L’énonciation, comme l’explique Jean Dubois
(1994, 180), est « un acte individuel de production,
dans un contexte déterminé, ayant pour résultat
un énoncé ».
■ Selon Benveniste "L'énonciation est cette mise en
fonctionnement de la langue par un acte individuel
d'utilisation" (PLG 2, 80).
■ Principalement, cet acte d’énonciation met à la
disposition des interlocuteurs l’ensemble des
circonstances dans lesquelles est produit un énoncé.
Pour analyser une telle situation, il faut répondre aux
questions suivantes:
o Qui est l’énonciateur ? (qui parle ou
écrit ?)
o Qui est le destinataire (l’énonciataire) ? (A
qui l’énoncé est-il destiné ?)
o A quel moment et dans quel lieu l’énoncé
a-t-il été produit ?
o Quelle est l’intention de l’énonciateur ?
La tâche du linguiste ne se limite pas à répondre sur de
telles questions, mais elle le dépasse dans la mesure où
elle prend en considération tout ce qui compose le
contexte, c’est-à-dire elle peut étudier même le non-
verbal, notamment les mimiques, les mouvements, les
postures, les gestes qui accompagnent l’énonciation.
Les linguistes se donnent pour objectifs de réintroduire
l’élément humain dans l’analyse linguistique par l’étude
de la subjectivité dans le discours et de réintroduire la
réalité extralinguistique par l’étude des indices
d’ancrage dans le discours ( Culioli) comme le lieu et
temps.
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA
LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
2. Référence
Selon Jean Dubois (1994: 404), la référence est «la propriété d’un
signe linguistique lui permettant de renvoyer à un objet du
monde extra-linguistique, réel ou imaginant».
« la référence est généralement définie comme la relation qui unit une
expression linguistique en emploi dans un énoncé avec « l’objet du
monde » qui se trouve désigné par cette expression. On appelle
référent cet « objet du monde » …la référence est donc un acte
intentionnel visant à établir cette relation mots/monde » (Frank
NEVEU, dictionnaire des sciences du langage, p150)
A vrai dire, dans une situation d’énonciation, il ne sera pas affaire à
la dichotomie signifiant / signifié, mais plutôt à la référence, qui peut
être, selon le cas, de trois types, à savoir:
■ référence déictique renvoi à la situation je,
tu, ici, maintenant
■ référence détachée renvoi aux éléments du
monde Le cahier de Pierre
■ référence sui-référentielle renvoi à soi-
même «cahier» composé de six lettres.
Emile Benveniste, dans les Problèmes de
linguistique générale (tome 1, p 274), qui parle
d'énoncé sui-référentiel, où l'acte s'identifie à
l'énoncé de l'acte.
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA
LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
3. Deixis
« Mot grec signifiant « désignation ». On appelle deixis ( ou exophore. vs
endophore) un mode de relation référentielle qui se manifeste par le fait
que les signes linguistiques qui l’expriment ne peuvent être interprétés
indépendamment des coordonnées personnelles et spatio-temporelles
définies par la situation d’énonciation.
Ainsi, je, tu ,ici, là, maintenant , demain , ce soir, etc. sont-ils susceptibles
de se voir interpréter différemment selon les situations. Ce sont des mots
déictiques, qui se caractérisent par le fait que leur mode de référence
s’appuie sur un sens référentiel et non pas sur un signifié » (Frank
NEVEU, dictionnaire des sciences du langage, p.91)
La deixis est une catégorie de la référence qui est
liée étroitement à l’énonciation. En d’autres
termes, tout énoncé se produit dans une situation
que définissent des coordonnées spatio-
temporelles. Les références à cette situation
forment la deixis, qui est le mode particulier
d’actualisation qui utilise soit le geste (deixis
mimique), soit des termes de la langue appelés
déictiques ou embrayeurs (deixis verbale).
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA LINGUISTIQUE
ÉNONCIATIVE
4. déictiques ou embrayeurs
Comme étant des unités linguistiques
inséparables du lieu, du temps et du sujet de
l’énonciation, les déictiques ou autrement dit
embrayeurs peuvent, dans un énoncé, référer à
l’acte et aux conditions d’énonciation, c’est-à-
dire ils peuvent assurer le lien référentiel entre
l’énoncé et l’énonciation, qui varie d’une
situation à une autre.
Les déictiques peuvent être regroupés en trois types selon
l’axe de repère auquel ils réfèrent:
a) Les déictiques indiquant la personne
– Dans cette rubrique, nous trouvons les pronoms personnels
et les pronoms possessifs.
– Pour les pronoms il, elle, ils, elles, ils sont généralement
représentants et anaphoriques.
– Par contre, les pronoms personnels je, tu, nous, vous, ils ne
sont pas anaphoriques et ne sont pas commutables avec un
nom – référent (je viens ne peut pas être substituer par
*Paul vient) et font partie tout simplement de l’énonciation.
b). Les déictiques indiquant le temps
Ils sont de deux types: les temps verbaux et certains adverbes ou
groupes nominaux adverbiaux
❖ Les temps verbaux
– Le présent est considéré comme temps de l’énonciation – ex.
je joue (le présent exprimé par le verbe jouer signifie
maintenant). Il faut bien distinguer entre le temps de
l’énonciation et le temps linguistique, parfois ces deux temps
se coïncident comme dans le cas de j’écris ma leçon, et
parfois ils ne se coïncident pas comme dans l’exemple la
matinée, j’ai joué un match de foot.
– Les temps qui tissent des rapports de référence avec
le moment de l’énonciation sont :
➢ le passé composé qui indique l’antériorité;
➢ le présent qui exprime le moment de
l’énonciation;
➢ le futur simple qui marque la postériorité.
LA LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE
❖Les circonstants temporels
Aux temps verbaux viennent s’ajouter les
éléments linguistiques comme Hier, aujourd’hui,
demain, maintenant qui marquent successivement
le passé, le futur et le présent de l’énonciation
absolus, à la différence de la veille, le lendemain
qui sont des éléments représentants, c’est-à-dire
qu’ils sont relatifs au passé, au futur et au présent
de l’énonciation – ex. Il se réveilla tard. La veille
il avait fait la fête. (avait fait et la veille
indiquent l’antériorité par rapport au passé simple
se réveilla, qui est pris pour moment de
l’énoncé)
c) . Les déictiques indiquant l’espace
Les déictiques qui peuvent insérer un énoncé dans l’espace
sont:
– les adverbes de lieu, à l’exemple de ici, là-bas…
– les présentatifs, à titre d’exemple Voici les invités. Dans
l’emploi, Voici ce qu’il m’a raconté est représentant.
– les démonstratifs, comme les pronoms (celui-ci) ou
déterminants (ce, cet) – ex. Prenez ce document. Dans
l’emploi, j’ai regardé Mission impossible II. Ce film est
fort bon. (Ce est représentant).
II. CONCEPTS GÉNÉRAUX DE LA
LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVE

5- les plans de l’énonciation


■ Benveniste (1966) distingue deux plans, dans une
perspective énonciative, selon l’investissement du
locuteur dans son texte :
- Sans investissement : le plan de l’histoire
- Avec un fort investissement : le plan du discours
Les plans de l’énonciation
MODÈLE D’ÉPREUVE EN LINGUISTIQUE
GÉNÉRALE
MODÈLE D’ÉPREUVE EN LINGUISTIQUE GÉNÉRALE

Exercice 1
Définissez les termes suivants:
le stimulus – l’énonciation – la
performance – les embrayeurs
Exercice 3

« De même nature et se rapportant à


la même structure d’énonciation
sont les indices nombreux de
l’ostension (type ce, ici, etc.),
termes qui impliquent un geste
désignant l’objet en même temps
qui est prononcée l’instance du
terme.
Les formes appelées
traditionnellement «pronoms
personnellement», « démonstratifs» nous
apparaissent maintenant comme une classe
d’ « individus linguistiques», de formes qui
renvoient toujours et seulement à des
«individus », qu’il s’agisse de personnes,
de moments, de lieux, par opposition aux
termes nominaux qui renvoient toujours et
seulement à des concepts».
Benveniste E., « L’Appareil formel de
l’énonciation », in Langage, N° 17, 1970, p. 14
MODÈLE D’ÉPREUVE EN LINGUISTIQUE GÉNÉRALE
Distinguez entre:
– Enoncé et énonciation
– Morphème et phonème

En quelques lignes, analysez la citation ci-dessous :


«Les rapports syntaxiques participent au sens du message au même titre que
les monèmes, mais ils le font de façon différente selon la nature de la relation
qui est en jeu »
Colette Feuillard, Le Fonctionnalisme d’André Martinet, 2001

Analysez la citation ci-dessous


Comment structurer son plan ?
Vous devez concevoir un plan qui répond
au sujet, fournissant des idées et des
exemples pertinents. Vous allez suivre le
plan thématique, c’est-à –dire la réflexion
sur une ou plusieurs notions pour
répondre progressivement à la question
du sujet en présentant différents
arguments de manière ordonnée.
Attention, veillez à ce que votre analyse
soit claire, argumentée et logique.
■ Comment rédiger sa dissertation ?
Dans votre rédaction, employez le « nous »
(n’employez surtout pas le je et le pronom indéfini
on). Éviter de mêler les deux. Rédigez votre
introduction et votre conclusion sur un brouillon, mais
écrivez votre développement directement au propre
(attention à votre temps !). Le titre d’un ouvrage ou
d’une référence que vous utilisez en tant qu’exemple
doit être souligné ou écrit entre guillemets.
Comment rédiger son analyse ?
Il est d’usage que chaque paragraphe contienne une
idée développée en plusieurs exemples. Si vous
utilisez des citations (entre guillemets, avec des
crochets si modification) elles doivent être
pertinentes et commentées. Enfin, écrivez des
phrases de transition pour conclure la partie que
vous venez de rédiger et annoncer la suivante.
Comment rédiger son introduction ?
L’introduction est rédigée comme suit :
– Entrée en matière avec un cadre général
en lien avec le sujet. Il peut s’agir par
exemple du contexte linguistique ou
historique.
– Citation du sujet : si celle-ci est trop longue,
n’hésitez pas à la reformuler. Rédigez
ensuite votre problématique sous forme de
question.
– Annonce du plan : Utilisez des phrases
élégantes et fluides.
Comment construire son développement ?
Le développement se compose de 3
parties se divisant en 3 sous-parties
composées de plusieurs paragraphes.
Ces derniers débutent par un alinéa, et
chaque partie est séparée d’une ligne.
Aucun titre ne doit être donné à vos
parties et sous-parties. La rédaction doit
être élégante et claire. Employez des
mots soignés.
Comment rédiger sa conclusion?
La conclusion se présente comme suit :
– Récapitulation des propos : bilan de la
dissertation en reprenant brièvement
les conclusions que vous avez faites
dans votre développement. Formulez
également votre réponse à la
problématique posée en introduction.
– Ouverture : élargissement de votre
réflexion
Comment être sûr de bien avoir traité le sujet ?
Lors de votre préparation au brouillon,
assurez-vous que toutes vos idées ont un
rapport avec le sujet et que chaque idée est
illustrée avec des exemples. Ne donnez pas
votre opinion. Assurez-vous aussi que les
éléments soient organisés entre eux et que la
progression des idées est logique. Vos
arguments doivent être rangés (du plus fort au
plus faible, du moins important au plus
important, du contre au pour, du pour au
contre).
Analyse d’une citation
« En tant que réalisation individuelle,
l’énonciation peut se définir par rapport à la
langue comme un procès d’appropriation. Le
locuteur s’approprie l’appareil formel de la
langue et il énonce sa position de locuteur par
des indices spécifiques (…). Mais
immédiatement, dès qu’il se déclare locuteur
et assume la langue, il implante l’autre en face
de lui, quel que soit le degré de présence qu’il
attribue à cet autre. Toute énonciation est une
allocution, elle postule un allocutaire (…).
Enfin, dans l’énonciation, la langue se trouve
employée à l’expression d’un certain type de
rapport au monde.(…) La référence est partie
intégrante de l’énonciation (…). L’acte individuel
d’appropriation de la langue introduit celui qui
parle dans sa parole. C’est là une donnée
constitutive de l’énonciation (…). Cette situation
va se manifester par un jeu de formes spécifiques
dont la fonction est de mettre le locuteur en
relation constante et nécessaire avec son
énonciation ».
E. BENVENISTE, « L’appareil formel de l’énonciation », in
Problèmes de Linguistique générale, Editions Gallimard, p. 82
Les énonciativistes se sont mis d’accord sur
l’idée que même si chaque acte
d’énonciation est unique, chacun a aussi
certaines propriétés, certaines
caractéristiques que l’on retrouve dans tout
acte d’énonciation, dans toute production
d’énoncés. Ce sont ces caractéristiques que
E. Benveniste appelle l’appareil formel de
l’énonciation, autrement dit le dispositif de
l’énonciation, dispositif par lequel on
produit un énoncé et qui se présentent
comme suit

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