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Revue Philosophique de Louvain

J. L. Austin, Quand dire, c'est faire. Traduction et introduction de G.


Lane
Christian Fierens

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Fierens Christian. J. L. Austin, Quand dire, c'est faire. Traduction et introduction de G. Lane. In: Revue Philosophique de
Louvain. Quatrième série, tome 69, n°3, 1971. pp. 436-437;

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436 Comptes rendus

Emerich Coreth, Grundfragen der HermeneiUik. Ein philo-


sophischer Beitrag (Philosophie in Einzeldarstellungen, 3. Bd.). Un
vol. 22 X 14 de 234 pp. Freiburg, Basel, Wien, Herder, 1969. Prix : rel.
29 DM.
L'herméneutique est un problème fondamental de l'époque actuelle.
C'est sur ce sujet que le P. Coreth a donné une série de leçons en 1967-
1968, leçons dont Û publie aujourd'hui le texte.
Si la question de l'herméneutique est née tout d'abord dans le
cadre de l'exégèse scripturaire, elle s'est étendue bientôt à tout ce qui
concerne la compréhension de la parole orale ou écrite, ainsi que la
tradition historique de cette parole. Depuis Schleiermacher, ensuite
chez Dilthey, l'herméneutique est devenue un problème philosophique
fondamental ; son importance s'est accentuée encore dans la pensée de
Heidegger ou de Gadamer. Les structures fondamentales que révèle
toute «compréhension» sont les suivantes: une structure d'horizon,
sur lequel se dégage toute parole, une structure circulaire qui renvoie à
une précompréhension de ce qui est à comprendre, une structure de
dialogue, et enfin une structure de médiation. La compréhension a,
d'autre part, un rapport essentiel à l'histoire, par le biais de laquelle
se révèlent plusieurs niveaux de compréhension. Ainsi se pose toujours,
comme à l'arrière-fond du problème herméneutique, la question de la
vérité. L'auteur explore cette dernière dimension en précisant le
caractère historique de la vérité, son caractère métaphysique, et finalement
son caractère théologique. « Si nous voulons comprendre la Parole de
Dieu, nous devons nous laisser toucher par elle, et nous laisser dire la
Parole du salut. Par là précisément nous dépassons notre monde
humain naturel d'expérience et de compréhension, et nous nous
ouvrons au mystère qui n'est jamais humainement pleinement
compréhensible, mais qui nous ouvre le salut par la grâce du Dieu infini
et éternellement incompréhensible» (p. 221). S. Decloux, S.J.

J. L. Austin, Quand dire, c'est faire. Traduction et introduction


de G. Lane. Un vol. 20,5 X 14 de 183 pp. Paris, Éd. du Seuil, 1970.
Ce petit livre rassemble une série de douze conférences
prononcées par Austin à l'université de Harvard en 1955 et publiées sous le
titre « How to do Things with Words» en 1962.
Insatisfait de la hâte excessive à résoudre les grands problèmes et
de la simplification des faits dont ferait preuve la philosophie
continentale, le philosophe d'Oxford veut aborder les faits en se laissant guider
par le langage ordinaire. Sa « phénoménologie linguistique » se présente
comme un ensemble de techniques visant à tirer parti de la totalité
des emplois circonstanciés de la langue. Dans ce groupe de conférences,
l'auteur étudie le langage pour lui-même et ne fait qu'esquisser des
voies pour une phénoménologie linguistique.
Les enunciations (utterance) sont traditionnellement comprises
comme affirmations (vraies ou fausses), qui constatent et ne font rien.
Il existe cependant des énonciations, telles des paroles d'excuse, de
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promesse, de mariage etc., qui ne constatent pas mais accomplissent


quelque chose : « Dire c'est faire ». Austin les appellent performatives.
Entre les constatifs et les performatifs, existe toute la gamme des
enunciations mixtes ; performatifs et constatifs ne sont que deux
pôles de l'acte de parole (speech act). L'accent mis sans cesse sur l'acte
de parole permet alors d'en reconnaître progressivement les trois
éléments : la locution (production de sons suivant les règles de
grammaire et de sens), la perlocution (l'effet produit par la parole) et Pillo-
cution (ce qui se passe en disant quelque chose vu la valeur
conventionnelle de ce dire).
Les distinctions et classifications de Austin sont toujours
présentées comme provisoires. En cela, il reste fidèle à son idéal de recherche
minutieuse ; par son exactitude, sa précision et ses exemples, le livre
n'aboutit pas à des conclusions, mais plutôt ouvre des voies où l'on
peut s'entendre quels que soient les à priori de chacun.
Les conférences sont précédées d'une introduction de Gilles
Lane qui situe la pensée de l'auteur, son point de départ et sa méthode.
Christian Fierens.

Claude Desjardins, Dieu et l'obligation morale. L'argument


déontologique dans la scolastique récente (Studia. Recherches de
philosophie et de théologie publiées par les Facultés S. J. de Montréal).
Un vol. 24 x 16 de 288 pp. Bruges, Desclée de Brouwer, 1963. Prix :
200 FB.
L'examen de l'argument déontologique tel qu'il se présente chez
les auteurs néo-scolastiques depuis le milieu du xixe s., sert au P.
Desjardins d'angle de perspective pour une étude de la conception que
ces différents penseurs se font de l'obligation morale.
Celle-ci peut se définir soit, dans une optique extrinséciste, en
référence essentielle au vouloir divin, soit, à un point de vue intrinsé-
ciste, en fonction de la nature humaine ou de la réalité du sujet moral.
L'extrinsécisme se subdivise pour l'auteur en extrinsécisme absolu,
position du P. Lercher et du Card. Billot, qui n'envisagent d'autre
expression de l'obligation que la volonté de Dieu, extrinsécisme absolu
d'argumentation indirecte, position des PP. Hontheim, Rast et Schaaf,
qui affirment que la volonté divine est en outre saisie indirectement
comme une exigence indispensable de l'ordre moral lui-même, et
extrinsécisme relatif du P. Descoqs, qui pense que, si l'obligation peut
être perçue dans la conscience humaine, elle comporte cependant une
reconnaissance implicite du Législateur divin.
Comme le dit Zeller (cité p. 49), « La tentative de fonder
complètement les obligations morales de l'homme sur une volonté extérieure à
lui, volonté à laquelle doit se soumettre la volonté humaine, se
condamne elle-même déjà par la seule considération qu'il faudrait encore
démontrer la nécessité morale de cette soumission». Une même pétition
de principe vicie l'argument déontologique abordé dans la perspective
extrinséciste, car « obligation et législateur [y] sont des concepts

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