Correction de l’évaluation H2 :

Question problématisée : : En quoi la Méditerranée médiévale est-elle à la fois un lieu de conflit et

d’échange entre les trois civilisations (Occident Chrétien, Empire Byzantin et Monde musulman) ?

A l’époque médiévale, trois civilisations coexistent, luttent et échangent autour du bassin

méditerranéen : l’Empire Byzantin, la chrétienté d’Occident composée de plusieurs royaumes et le monde
musulman. Ces trois civilisations rentrent en conflit, c'est-à-dire qu’elles s’affrontent pour la possession de
terres. Mais elles échangent également, c'est-à-dire que des marchandises, des hommes et des éléments
culturels circulent en Méditerranée. Nous allons ainsi nous demander : En quoi la Méditerranée médiévale
est-elle à la fois un lieu de conflit et d’échange entre les trois civilisations (Occident Chrétien, Empire
Byzantin et Monde musulman) ? Dans un premier temps, nous verrons que ces trois civilisations se sont
opposées dans des affrontements guerriers puis nous évoquerons les échanges commerciaux et culturels
qui les lient malgré tout.

La Méditerranée est le théâtre de nombreux conflits entre les trois civilisations. La violence
s’exerce lors d’expéditions militaires de conquêtes. Aux VIIe et VIIIe siècles, les califes lancent le Djihad et
créent par leurs conquêtes un immense empire arabo-musulman qui s’étend du Moyen-Orient à l’Espagne.
Face à cela à partir du VIIIe siècle jusqu’au XVe siècle, les royaumes chrétiens du nord de la péninsule se
lancent à la reconquête (Reconquista en espagnol) des terres musulmanes du sud. Il s’agit d’une croisade,
c’est à dire d’une expédition militaire et religieuse menée contre les ennemis de la foi chrétienne. La prise
de Tolède en 1085 et la victoire de Las Navas de Tolosa en 1212 sont deux étapes marquantes de la
conquête chrétienne car elles permettent la reconquête de l’Espagne, à l’exception du royaume de
Grenade, qui reste musulmane jusqu’en 1492.

En Orient également, chrétiens et musulmans s’affrontent. En 1095 en effet, lors du concile de Clermont, le
pape Urbain II appelle à la croisade pour venir en aide aux chrétiens d’Orient menacés par les Turcs et
reprendre Jérusalem. Il promet le pardon de leurs péchés à ceux qui partiront en Terre sainte. La 1ère
croisade (1096-1099) permet la prise de Jérusalem par les chrétiens d’occident et la naissance des Etats
Latins d’Orient. La création des États latins entraîne un réveil de l’idée de djihad parmi les musulmans. En
1144, Zengi, un chef musulman, reprend Edesse aux Francs. Le pape Eugène II lance alors la deuxième
croisade et charge l’abbé Bernard de Clairvaux, très populaire en Occident, de la prêcher (1146). Celle-ci
s’avère un échec puisque les croisés, menés par le roi de France Louis VII et l’Empereur Conrad III n’essayent
même pas de reprendre Edesse et échouent devant Damas assiégée. Néanmoins, cette croisade n’est pas la
dernière. Aux XIIe et XIIIe siècles, 2 autres croisades de secours sont lancées pour la défense des États latins.
Mais le musulman Saladin reprend Jérusalem en 1187. En 1204, lors de la quatrième croisade, les chevaliers
croisés pillent Constantinople la capitale byzantine, avec l’aide des Vénitiens. C’est de ce moment que date
la rupture définitive entre chrétiens d’Occident et chrétiens d’Orient.

Transition : Le paradoxe est que les contacts guerriers n’ont jamais fait disparaître les contacts
culturels et commerciaux entre les civilisations.

En effet, malgré les conflits, la Méditerranée est un lieu d’échanges commerciaux et culturels où
les civilisations se rencontrent. En effet, dès le Xe siècle, en Méditerranée, les échanges commerciaux entre
chrétiens et musulmans s’intensifient. Les musulmans sont les intermédiaires avec l’Extrême-Orient d’où
arrivent des caravanes chargées de soies, d’épices, qui sont achetés par les chrétiens. Tandis que les
chrétiens vendent aux musulmans du bois, des draps. Le commerce est dominé par les villes d’Italie comme
Venise, qui est « l’un des villes les plus riches au monde », « où tout se trouve », selon les propos de
l’époque. Ces villes marchandes signent des accords commerciaux avec l’empereur byzantin et les califes.
Elles installent des comptoirs à Constantinople, dans les ports musulmans ainsi que dans les États latins
d’Orient. Leurs navires se déplacent en groupes (convois) pour se protéger des pirates. Les marchands
revendent ensuite leurs marchandises dans les grandes foires d’Europe et dans les villes. Ainsi la
Méditerranée devient un carrefour commercial qui relie l’Europe à l’Asie et à l’Afrique.
De plus, des échanges culturels accompagnent ces échanges commerciaux. Malgré les conflits, les chrétiens
d’Occident nourrissent une véritable curiosité pour les savoirs musulmans. Dans les espaces dans lesquels
les musulmans et les chrétiens sont en contact (Espagne, Sicile, etc.), ont lieu des échanges culturels, des
transferts allant essentiellement de l’Orient vers l’Occident. Par exemple à Palerme, le roi de Sicile
Guillaume II s’appuie sur la minorité musulmane pour gouverner et à des médecins de diverses origines :
arabes et juifs. Des transferts culturels ont ainsi lieu entre les 3 civilisations tels que des transferts écrits. Par
exemple, Tolède en Espagne devient un grand centre de traduction où des ouvrages venus du monde
musulmans sont traduits à destination de l’Europe. Il y a également des transferts techniques. Les Arabes
transmettent aux Européens les chiffres venus d’Inde, mais aussi des techniques médicales. Enfin, du fait
des contacts et échanges, en Espagne et en Sicile, les influences culturelles se traduisent par un syncrétisme
architectural entre art normand, byzantin et musulman. Par exemple, en Sicile, de nombreuses églises
latines comportent des décors arabes, byzantins et occidentaux comme à Palerme. Finalement, la
Méditerranée est un lieu où des transferts culturels ont lieu et où des Hommes de religions diverses se
côtoient et cohabitent (Ex : en Sicile). Il y a une tolérance religieuse qui s’est mise en place.

Pour conclure, les trois civilisations du bassin méditerranéen s’affrontent à l’époque médiévale
pour étendre leur empire et récupérer la Terre Sainte. Mais en parallèle, des échanges commerciaux et
culturels ont lieu entre ces 3 civilisations, ce qui leur permet de s’enrichir les unes aux autres. Le désir
d’expansion des deux grandes civilisations musulmanes et occidentales a finalement raison de l’Empire
Byzantin, qui tombe en 1453, à la suite de la prise de Constantinople par les Turcs Ottoman, ville stratégique
pour le commerce des épices d’Inde. Cela amène donc les Chrétiens à se lancer dans de nouvelles
conquêtes : les explorations maritimes, pour trouver de nouvelles routes maritimes vers l’Inde et étendre le
christianisme.