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La Philosophie de l’Amour

La Sagesse Ancienne concernant l’Âme Immortelle


Swami B.V.Tirtha Maharaja

Introduction

Le but principal de la vie est de satisfaire notre aspiration


intérieure qui est celle d’un bonheur permanent. Du voleur au
philanthrope, du mendiant au roi, la recherche assidue de la liberté et de
la joie est commune à tous. Personne ne souhaite être malheureux.
Cependant, dans ce monde de dualités matérielles, le bonheur est
difficile à trouver, et au mieux éphémère. Tout ici est temporaire, et
sous l’influence du temps, même le plus dur des diamants deviendra
finalement poussière. Il semble que la seule certitude absolue que nous
ayons est que nous devrons mourir. Et la mort peut frapper à notre
porte plus tôt que prévu. Qui peut prédire les voies du destin ?
Las de leur séjour dans la matière, les hommes et les femmes les
plus sensibles et introspectifs se détourneront finalement de leurs
vaines tentatives à trouver le bonheur dans ce monde extérieur de
l’expérience sensoriel. Ils tourneront plutôt leur attention vers
l’intérieur, vers le monde de la conscience, le monde du cœur, le monde
de l’âme.
Parmi tous les êtres vivants, les humains occupent une position
d’exception. C’est seulement chez les êtres humains que l’on trouve le
concept de moralité et la capacité à réfléchir sur le passé et le futur.
D’où venons-nous ? Quel est le sens de la vie ? Pourquoi devons-nous
souffrir ? Qu’arrivera-t-il au moment de la mort ? Quelle est notre
destinée ?
Pour répondre à ces questions essentielles nous devons pénétrer
dans l’univers de la religion et de la spiritualité. Son origine étant
matérielle, bien que la science soit en quelque sorte devenue la religion
des temps modernes, elle ne réussit pas à fournir de réponses
pertinentes aux questions d’ordre spirituel. A l’aube du troisième
millénaire, il est évident que la science moderne et ses découvertes
superflues ont très peu, voir pas du tout, contribué à réellement
améliorer la qualité de nos vies. La nature est en train d’être rapidement
détruite, ployant sous le lourd fardeau de l’invraisemblable pollution
qui accompagne la technologie moderne. Que dire des armes nucléaires
et biochimiques qui menacent notre existence même. En dépit des
progrès apparents dans les domaines de la médecine, la maladie, la
vieillesse et la mort sont aussi inévitables qu’elles ne l’étaient
auparavant. Manifestement, ce monde de matière ne peut être un lieu de
séjour permanent pour l’âme.
Depuis des temps immémoriaux les Saints et les Écritures
sacrées, détenteurs de la science de la réalisation de soi, nous parlent
d’un autre monde. Ils nous disent que nous errons actuellement sur une
terre étrangère, une terre d’exploitation et d’égoïsme où le bonheur de
l’un est au prix de celui de l’autre. Ils nous font également remarquer
qu’en nous prenant pour le centre de la création, nous en sommes venus
à confondre notre véritable identité avec une enveloppe matérielle, le
corps physique temporaire. Nous sommes ainsi devenus étranger à
notre propre âme.
Et pourtant ce monde matériel n’est pas notre véritable demeure –
il ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Notre véritable demeure est faite
d’harmonie, d’enchantement, de douceur et de beauté. C’est le pays de
la conscience pure, le pays de l’âme, le pays de l’amour. L’amour pur
qui règne dans ce domaine transcendantal ne doit pas être confondu
avec cette sorte d’amour sentimental et égocentrique que nous
rencontrons si souvent ici dans le monde mortel. C’est un amour basé
sur le désintéressement et le dévouement envers le Seigneur de
l’amour, de Qui toutes les âmes tirent leur origine. La vie ne vaut d’être
vécue que pour cet amour.
Bien qu’il soit dit que c’est notre droit de naissance, notre
héritage naturel, pénétrer dans ce pays de l’amour n’est pas chose
facile. Pour pouvoir accéder à cette terre où l’Amour règne en maître
(pays de l’Amour), nous devons dévouer notre âme au Divin. Pour ce
faire nous devons demander de l’aide auprès de ceux qui ont eux-
mêmes dévoué leur vie à Dieu : les Sadhus, les Saints. Ils sont nos
véritables amis et bienfaiteurs et peuvent nous guider en toute
confiance sur la voie de la réalisation de soi. Ceci n’est pas basé sur une
perspective sectaire mais sur une science complète et parfaite en elle-
même, fondée sur les enseignements de maîtres authentiques et la
sagesse éternelle d’Écritures sacrées telle que la Bhagavad-Gita.
Ce livret constitue une introduction à la voie spirituelle, joyeuse et
authentique du bhakti-yoga, basée sur les enseignements de Sree
Chaitanya Mahaprabhu, Saint apparut au 15ème siècle et maître de
l’extase dévotionnelle. Dans la 3ème partie, Sa Divine Grace Srila
Gurudeva Bhakti Ballabh Tirtha Goswami Maharaja fait un résumé de
la philosophie d’amour universelle de Sree Chaitanya Mahaprabhu.
Nous espérons que ce livret éveillera l’intérêt du lecteur et suscitera en
lui le désir de s’informer d’avantage sur les nobles enseignements de
Sree Chaitanya Mahaprabhu et la pratique du bhakti-yoga, le yoga de
l’amour divin.
-1ère Partie-

La Sagesse Eternelle de l’Inde Ancienne

L’héritage Spirituel de l’Inde

Depuis des temps immémoriaux, l’Inde a captivé l’imagination


des chercheurs de vérité et de beauté du monde entier. À ce jour encore,
cette merveille qu’était l’Inde est réputée pour son incroyable diversité
dans pratiquement tous les domaines. Des plus hautes montagnes de la
terre aux déserts grandioses, en passant par les forêts tropicales, les
jungles profondes, les plages bordées de palmiers, les palais
magnifiques et les temples mystiques, l’Inde possède tous les atouts.
Plus encore, l’Inde est célèbre pour sa diversité dans le domaine
de la religion et de la spiritualité. De nombreuses rivières sacrées
comme le Gange et la Yamuna coulent le long des plaines du sous-
continent Indien jusqu’à la Baie du Bengale, traversant d’anciennes
villes saintes comme Rishikesh, Haridwar, Mathura, Vrindavan,
Varanassi et Prayag. En Inde, la divinité est reconnue dans un éventail
étonnant de phénomènes. On dénote, parmi les sujets d’adoration, non
seulement les villes et les rivières saintes, mais aussi les montagnes, les
vaches, les arbres et, bien sûr, les Hommes Saints.
L’Inde est le pays des dieux et des déesses, qui résident, dit-on
dans les hauts massifs montagneux et couverts de neige des Himalayas
ainsi que dans les nombreux endroits saints, temples et lieux de
pèlerinage, abondamment répandus à travers la péninsule. Il n’est donc
pas surprenant qu’un tel pays soit doté d’une tradition philosophique et
spirituelle aussi riche, dont les racines remontent bien avant la
naissance du Christ. De récentes découvertes archéologiques date le
Rig-Veda, manuscrits des écritures les plus anciennes de l’Inde, à 2500
avant J.C. Le sanskrit, la langue religieuse de l’Inde ancienne, est une
des langues les plus anciennes et les plus raffinées du monde. Il est la
racine de la plupart des langues modernes européennes et eurasiennes.
L’étude du passé de cette civilisation ancienne démontre que
l’histoire de l’Inde a surtout été l’histoire de sa recherche spirituelle. La
littérature ancienne narre l’histoire de nombreux sages qui méditèrent
sur les berges du Gange sacré s’efforçant de trouver les réponses aux
secrets de la vie, de l’âme, et de l’univers. Qui sommes-nous ? D’où
venons-nous ? Quelle est notre destinée ?
Ces questions surgirent du constat fait par les sages que la vie
dans ce monde de matière est finalement temporaire et pleine
d’affliction. La maladie, la vieillesse et la mort étaient considérées
comme des ennemies toujours prêtes à verser leur dose de poison dans
la coupe des joies humaines, et personne ne pouvait échapper à leur
influence.
À travers l’histoire de l’Inde, nous pouvons retracer une quête
intense visant à l’affranchissement des souffrances inhérentes à
l’existence matérielle. Ce thème est dominant dans tous les aspects de
sa culture – les arts, le théâtre, la danse ou la littérature. La recherche
de la libération du cycle répété des naissances et des morts (samsara),
ainsi que la quête visant la ré-union (union ?) de l’âme avec le Divin, se
trouvent à la racine des grands systèmes de yoga. Systèmes qui
caractérisent la tradition philosophique et religieuse de l’Inde.

Les systèmes de Yoga


En occident le yoga est généralement assimilé à une gymnastique,
des postures corporelles (asanas) et des exercices de respiration
(pranayama) destinés à améliorer la santé physique et dans une
moindre mesure, mentale. Bien que n’étant pas sans valeur par elles-
mêmes, ces pratiques ne sont que des aspects partiels du système de
yoga à huit phases fondé par le sage Indien Patanjali. La plupart des
adeptes comprennent peu la dimension plus profonde du yoga.
Cependant, pour tirer un bénéfice complet de la pratique du yoga, il est
important d’être bien informé des principes philosophiques qui sont à la
base même de son système.
Le mot “yoga“ est tiré de la racine sanskrite “yuj“, qui signifie
atteler ou unir. Il se réfère donc à toutes pratiques spirituelles qui
cherchent à transcender le monde de la matière et à unir l’âme avec le
Divin. Il existe une grande variété d’écoles de yoga en Inde, et bien que
le hatha-yoga et le raja-yoga, qui ne sont que des représentations
partielles de l’école de Patanjali, aient gagné une popularité
considérable dans les pays d’occident, leur influence n’est pas aussi
grande que les écoles de yoga plus philosophiques. En effet, en Inde,
yoga et philosophie sont pratiquement synonymes l’un de l’autre.
Les différentes écoles philosophiques de yoga ont de nombreux
points communs importants. Toutes les écoles traditionnelles de
philosophie indienne s’accordent sur : 1) l’existence de l’âme, qui est
indépendante du corps, de la chair ; 2) l’enchaînement de l’âme au
monde de la matière ; 3) la réincarnation de l’âme à travers de
nombreuses formes de vie, comme résultat des actions précédentes ou
‘karma’ ; et 4) le but final de la libération (‘moksha’, ‘nirvana’) du
cycle répété des naissances et des morts.
La notion de l’âme est la pierre angulaire de la philosophie
indienne. L’idée de l’âme a certes sa place dans la plupart des autres
grands systèmes religieux du monde, mais nulle part ailleurs le sujet
n’a été aussi profondément et rigoureusement traité qu’en Inde. Là, les
rishis, sages des temps anciens, constatent que le corps et le mental de
l’homme change avec le temps alors que la personne à l’intérieur du
corps demeure la même. Ils en viennent à affirmer que ce qui est
immuable dans l’être est une particule individuelle de conscience,
l’atma, ou âme. Par une méditation introspective, ces sages réalisent
que la conscience pure de l’âme est recouverte par différentes couches
d’ignorance et de passion. L’âme s’identifie ainsi à tort au corps
matériel transitoire qu’elle habite et développe un faux sens du moi.
Telle est la position d’une personne asservie, captivée par l’énergie
illusoire du monde matériel.
Les rishis observent également que la vie dans le monde de la
matière n’est pas sans problèmes et en arrivent à la conclusion que
monde est un lieu de souffrance. Ils répartisse la souffrance en trois
catégories. D’abord la souffrance provoquée par la nature, par example
la famine, les tremblements de terre ou les inondations; ensuite la
souffrance causée par les autres êtres vivants, dont la violence, la
guerre et la haine sont des manifestations; et enfin la souffrance due à
notre propre corps et à notre esprit. Le corps tombe malade, ce qui fait
souffrir l’esprit, et tôt ou tard la mort survient. La préoccupation
principale des sages était de savoir comment se libérer de ces trois
sortes d’afflictions.
En outre, ils remarquent que chacune de nos actions dans le
domaine de la matière entraine une réaction opposée. Les résultats non
encore manifestés des actions précédentes sont appelés karma et
chaque âme doit souffrir ou se réjouir des résultats de ces actes. Au
moment de la mort, c’est le karma qui détermine où doit se rendre
l’âme. Si le karma est défavorable, l’âme doit prendre une naissance
inférieure (voire en tant qu’animal ou espèce végétale), et si le karma
est favorable, l’âme obtient une réincarnation plus élevée (jusqu’à avoir
le corps subtil d’un demi dieu dans les planètes édéniques). Mais,
autant le karma favorable que défavorable garde l’âme prise au piège
dans le monde de la matière, où personne ne peut échapper à
l’influence des trois sortes d’afflictions. Même les planètes
paradisiaques sont considérées appartenir à la création matérielle, aussi
subtiles qu’elles puissent être. Cela amène donc à la recherche d’une
réalité absolue qui ne soit pas de nature transitoire.
S’enquérir de la nature de la réalité ultime est le propre des êtres
humains. Les conclusions auxquelles on aboutit après cette recherche
sont appelées ontologie, ou encore la compréhension philosophique de
ce qui constitue la réalité. Si nous examinons la conception du monde
et de sa réalité à travers la perspective de la science moderne, nous
constatons qu’elles reposent exclusivement sur la perception des sens :
« Voir c’est croire ». Mais jusqu’à quel point la réalité forgée par nos
sens est-elle fiable ?
Une analyse plus poussée révèle que la perception des sens a des
limitations considérables. Nous avons tous fait l’expérience de prendre
un objet pour un autre, prendre une corde pour un serpent, par exemple.
Si un objet est trop près ou trop éloigné, l’œil ne peut le voir. Si un son
est soit trop aigu, soit trop grave l’oreille ne peut l’entendre. Nos sens
ont une capacité très limitée de fonctionnement. Et puisque nos sens
sont par nature très limités, la possibilité d’arriver à une connaissance
réalisée par la seule perception des sens connaît les mêmes limites.
La philosophie indienne reconnaît la validité de la perception des
sens pour accéder à un savoir établi. Mais, contrairement à la
philosophie profane occidentale, la perception des sens à elle seule est
considérée imparfaite et incomplète. Selon les traditions spirituelles de
l’Inde, la réalité est en fin de compte constituée de conscience, et nos
sens grossiers ne sont pas capables d’approcher ce qui est hors
d’atteinte de leur portée. La perception des sens est donc considérée
recevable seulement si elle est confirmée et appuyée par la réalisation
des sages et les révélations sur la réalité absolue que l’on trouve dans
les textes sacrés comme la Bhagavad-Gita.
Jusque là nous avons analysé les points communs sur lesquels les
différentes écoles traditionnelles de philosophie indiennes s’accordent.
Cependant, il existe aussi d’importantes différences, que nous allons
maintenant examiner.
En général, les écoles de yoga peuvent être divisé en deux vastes
catégories suivant leur conception de la réalité ultime. Les écoles de
yoga monistes, et les écoles de yoga théistes. L’école moniste, à
laquelle appartient Patanjali, a acquis une telle popularité en Occident,
qu’il est devenu un lieu commun de prendre le monisme pour le seul
représentant de toute la culture spirituelle de l’Inde. Les maitres de
spiritualité indienne les plus renommés appartiennent en effet à cette
école – RamaKrishna, Vivekananda, Sri Aurobindo, Ramana
Maharishi, Maharishi Mahesh Yogi, Satya Sai Baba, Paramahamsa
Yogananda, etc.
Les disciples de ces maitres renommés s’opposeraient
probablement à être mentionnés dans la même liste. Cependant, la
conception de la réalité ultime de tous ces adhérents monistes est à peu
près la même. C’est à dire, réaliser que l’âme n’est en fait pas différente
de Dieu à tous égards (ce qui signifie en clair que chacun est Dieu), et
que la Réalité Ultime – ou Dieu - au niveau le plus élevé, est sans
forme et impersonnelle (conception d’une âme suprême omniprésente,
ou Brahman), conception à laquelle les écoles de yoga théistes
s’opposent vigoureusement.
L’argument principal des écoles théistes est qu’il existe une
distinction éternelle entre Dieu et l’âme individuelle. Elles soutiennent
que si l’âme n’était pas différente de Dieu en tous points, pourquoi se
serait elle alors placée elle-même sous l’influence de l’illusion et
assujettie à la souffrance dans le monde matériel ? Manifestement, cela
est incompatible avec la compréhension même que Dieu est Tout-
puissant, Omniscient et Absolu à tous égards.
De plus, les adeptes des écoles théistes mettent l’accent sur
l’importance du but du yoga. La différence entre les diverses écoles de
yoga qui existent en Inde repose en grande partie sur leurs différentes
conceptions du but ultime de la vie. Ce livret est basé sur les
enseignements de l’école théiste de Sree Chaitanya Mahaprabhu. École
qui enseigne que le bhakti yoga est la forme de yoga la plus élevée
puisque son but ultime est l’amour divin. D’après Sree Chaitanya
Mahaprabhu, l’amour est quelque chose de bien plus grand que la
simple cessation de la souffrance, ou que la libération du monde de
l’asservissement, but des écoles aussi bien monistes que Bouddhistes.
Bien que les écoles monistes parlent d’amour, ce qu’est cet amour
demeure assez vague, la réalité absolue étant pour eux en définitive
sans forme et sans différenciation.
Les écoles théistes qui enseignent la bhakti affirment que, pour
qu’il y ait amour, il faut être deux, il doit y avoir un être aimant et un
être aimé. Cette vérité indéniable laisse la place à la philosophie de
l’amour, où une relation éternelle entre l’âme et Dieu devient possible.
Nous allons laisser là les écoles monistes y compris celle du
populaire astanga-yoga de Patanjali, pour ce qu’elles sont, et
concentrer notre attention sur les écoles théistes de bhakti-yoga.
-2ème Partie-

La Science de la réalisation de Soi

La Bhakti et la Bhagavad-Gita

La traduction la plus courante du mot bhakti est ‘dévotion’. Bien que ce


soit une conception très générale à laquelle différentes personnes
attribuent différentes significations, ce terme indique spécifiquement la
dévotion envers l’Être Suprême. Le mot bhakti est donc synonyme de
théisme.
En Inde, on trouve cinq écoles traditionnelles de bhakti, aussi
appelées des sampradayas. Toutes les bhakti-sampradayas
reconnaissent l’existence d’un Contrôleur Suprême (Dieu), et la
nécessité d’une distinction éternelle entre Dieu et l’âme individuelle.
Bien que le concept de Dieu en tant que personne ne soit pas très
populaire à notre époque, dominée par la science, en Inde, la croyance
en Dieu comme personne a encore une influence profonde dans la vie
de la plupart de ses habitants. Là, l’adoration est resté centré sur Dieu
depuis des milliers d’années, et le concept de la bhakti peut être
retrouvé dans les plus anciennes écritures existantes: les Vedas sacrés
de l’Inde.
Même en mettant de coté les croyances traditionnelles, d’un
simple point de vue logique, il s’avère très difficile de nier l’existence
d’un être conscient qui gouverne l’univers et les lois de la nature.
Chacun est prêt à admettre qu’en ce monde toutes choses produites de
manière ingénieuse, du simple outil à une technologie complexe, ont de
toute évidence, un créateur qui est une personne doté d’intelligence.
Puisque cela est accepté comme une évidence, pourquoi n’y aurait il
pas une Intelligence Suprême à l’origine de la structure infiniment plus
complexe et ingénieuse qu’est l’univers tout entier ? Que l’intelligence
limitée de l’homme ne puisse concevoir l’intelligence illimitée d’un
Contrôleur Suprême ne signifie pas que Dieu n’existe pas. Maintenant
que l’existence de Dieu en tant que personne est prouvée et acceptée
philosophiquement, il n’en reste pas moins une question : « Comment
pouvons-nous connaître Dieu ? »
En Inde, il est de notoriété public que le divin se manifeste parmi
nous à des moments précis de l’histoire pour rétablir les principes de la
religion et montrer la voie de la réalisation de Dieu. Ce thème est
commun à la plupart des religions dans le monde: des prophètes
apparaissent de temps à autre pour apporter le message de l’au-delà.
L’Inde, cependant, est atypique à cet égard pour plusieurs raisons.
D’abord, le nombre incroyable de Saints et de sages qu’elle a engendré
n’a pas son pareil. Mais, plus important encore, là on croit non
seulement à l’apparition des prophètes du Seigneur, mais également en
l’apparition de Dieu Lui-même. Ces manifestations de dieu sur terre
sont appelées avataras (incarnations divines).
Dieu a la capacité de Se révéler. Il le fait en envoyant Ses
représentants sous la forme de Saints et de prophètes, en apparaissant
Lui-même, et à travers les Écritures sacrées. Les apparitions du
Seigneur en personne ne se produisant que rarement, les Saints étant
également difficiles à trouver, les Écritures sont considérées d’une
importance cruciale. Une des Écriture sacrées les plus connues faisant
autorité en Inde est la Bhagavad-Gita, le « Chant du Seigneur ». Par de
très beaux versets, le Seigneur Suprême, Lui-même, parle de la science
de la réalisation de soi, pour le bénéfice de toutes les âmes asservies.
Dans la Bhagavad-Gita, Dieu se révèle à nous en tant que Krishna, ce
qui signifie ‘l’Infiniment fascinant’.
La Gita est un livre de sagesse suprême qui parle de Dieu, de
l’âme, de la nature du monde matériel, et de la voie de la réalisation de
soi. Sree Krishna déclare : « Ce savoir est le roi d’entre toutes les
sciences, il constitue la sagesse suprême, est le secret d’entre tous les
secrets, le trésor caché le plus précieux. Il est la connaissance la plus
pure, et parce qu’il donne une perception directe du soi à travers la
réalisation divine, il est le principe essentiel – et la perfection - de toute
religion. Il est impérissable et sa mise en pratique apporte la plus
grande joie. »
La Bhagavad-Gita se présente sous la forme d’une conversation
entre le Seigneur et Son dévot Arjuna, prenant place juste avant une
grande bataille. Au cours de celle-ci Arjuna devra combattre contre des
membres de sa famille, et répugne à le faire, bien qu’il soit dans son
droit. Sree Krishna lui narre alors la Bhagavad-Gita. Il lui enseigne
qu’il n’a pas besoin de se lamenter, car, lorsque le corps périt, l’âme,
elle, ne meurt pas. L’âme est éternelle, et c’est seulement du à l’illusion
qu’Arjuna se lamente sur l’inévitable, lui dit le Seigneur, car quiconque
prend naissance dans le monde matériel est certain de mourir, et
quiconque meurt reprendra sûrement naissance. Il lui explique que, tout
comme une personne change de vêtement lorsqu’ils sont usés, l’âme
accepte un nouveau corps au moment de la mort.
Sree Krishna continue d’enseigner à Arjuna la science de la
réalisation de soi et de la libération de l’asservissement au monde
matériel. Il le met en garde contre les dangers de la convoitise et lui
enjoint de contrôler ses sens et son mental et de méditer constamment
sur le Suprême. Il décrit ainsi les différentes voies du yoga. Sree
Krishna mentionne le bhakti-yoga, yoga de l’abandon avec amour au
Seigneur Suprême, comme la forme suprême de tout yoga. Afin de
pouvoir apprendre les vérités relatives au bhakti-yoga, Il conseille à
Son ami d’approcher un maitre spirituel ayant réalisé la vérité absolue.
Le tout dernier enseignement de Sree Krishna à Arjuna est de tout
abandonner et de se soumettre entièrement à Lui. Sree Krishna lui dit :
« Pense toujours à Moi, deviens Mon dévot, et tu parviendras jusqu’à
Moi sans aucun doute. Tu ne reprendras plus jamais naissance, et
viendras à Moi dans Ma demeure. Je te le promets car tu es Mon
dévot. »
En Inde les bhakti sampradayas existent depuis des milliers
d’années. La sampradaya de Sree Chaitanya Mahaprabhu est toutefois
atypique, car c’est virtuellement la seule école de yoga théiste qui s’est
faite accepter dans le monde occidental. Toutes les autres formes de
spiritualité indienne qui sont devenue populaires en Europe et en
Amérique sont, sans exception, des formes monistes du Vedanta (bien
qu’il ne soit pas toujours facile de faire la distinction, les écoles
monistes parlant également de Dieu, de l’amour et de l’âme).
De par son emphase sur la distribution de l’amour divin de Dieu
pour tous, sans considération de qualifications sociales ou matérielles,
l’école de Sree Chaitanya Mahaprabhu se distingue des autres écoles de
bhakti. Elle se distingue également en ce qu’elle a pour but de retrouver
la plénitude du potentiel émotionnel de l’âme, c'est-à-dire avoir une
relation d’amour intime avec Dieu Lui-même, sans les inhibitions de la
crainte devant Sa grandeur et Son pouvoir infini. La conception de
Dieu en tant que Sree Krishna permet cette relation intime, et Le
Seigneur Krishna Lui-même sous la forme de Sree Chaitanya
Mahaprabhu est venu nous l’enseigner par Son exemple.

Sree Chaitanya Mahaprabhu


Sree Chaitanya Mahaprabhu apparu en 1486 au Bengale en Inde. Bien
qu’Il soit encore très peu connu du monde occidental, Son influence sur
la pensée théiste indienne est prodigieuse. Il serait difficile de trouver
un Saint plus mystique que Lui dans l’histoire récente; Lui que l’on a
appelé le « Volcan Doré de l’Amour Divin » et le Maître de « l’Extase
Dévotionnelle ».
Sree Chaitanya Mahaprabhu est considéré comme le Seigneur
Suprême Sree Krishna en Personne, qui apparu dans ce monde pour
distribuer prema-bhakti, l’amour divin de Dieu, à toutes les âmes
déchues. Il a accomplit de nombreux miracles, faisait danser d’amour
divin les animaux sauvages, inondait les villes et les villages du
Bengale et de l’Orissa du chant en congrégation des Saints Noms de
Sree Krishna. Ses biographies décrivent que Ses transes d’extase
dévotionnelle étaient d’une telle intensité que les pierres fondaient
littéralement sous ses pieds.
Sree Chaitanya Mahaprabhu a peu écrit Lui-même, mais a
demandé à Ses nombreux disciples de commenter en détails Ses
enseignements, tâche qu’ils ont accomplis avec une ferme
détermination. Ce petit livret n’a pas pour mission d’exposer de façon
détaillée la philosophie de Sree Chaitanya Mahaprabhu. Ce serait de
toute façon impossible. Les écrits des disciples de Mahaprabhu sur Sa
vie et la philosophie sont si nombreux qu’ils pourraient remplir, à eux
seuls, une bibliothèque. Nous ne procéderons donc qu’à une description
succincte de ses principes de base.
Les enseignements de la philosophie de Sree Chaitanya
Mahaprabhu peuvent être résumés ainsi : Il existe un Seigneur Suprême
– Il est absolu, riche d’une connaissance, d’une existence et d’une
félicité infinies. Dieu a une identité personnelle, et Sa forme originelle
est celle de Sree Krishna, pâtre transcendantal, infiniment attirant et
éternellement jeune. L’homologue féminin de Sree Krishna est Sree
Radha. Elle est sa bien-aimée la plus chère. Pour célébrer la plénitude
de Son doux jeu d’amour divin avec Sree Radha, Sree Krishna crée
d’innombrables âmes avec lesquelles Il s’adonne à des divertissements
d’amour éternels dans Sa demeure divine, les pâturages
transcendantaux de Vrindavan, la terre de l’amour. Ces âmes sont
semblables à Sree Krishna en qualité, mais différentes en quantité.
Toutes les âmes sont de minuscules étincelles de la conscience absolue,
tout comme les particules de la lumière du soleil sont des particules du
soleil lui-même. Les âmes sont dotées d’un libre arbitre, sans lequel
l’amour ne serait pas possible, l’amour ayant besoin de liberté pour
pouvoir se éclore.
Faisant mauvais usage de leur libre arbitre certaines âmes se sont
érigées en tant que centre de la création. Pour cela que cela soit
possible, le Seigneur a créé le monde de la matière, où toutes les âmes
peuvent se prendre pour Dieu et régner les unes sur les autres. Et
comme par définition il ne peut y avoir qu’un seul Dieu, il existe un
conflit permanent dans le monde de la matière, où chaque action crée
une réaction égale et opposée. Les âmes deviennent conditionnées par
des enveloppes mentale et physique spécifiques (le mental et le corps),
et passent au travers d’innombrables vies et morts, en fonction du
karma accumulé.
Quand l’âme réalise que le véritable bonheur ne peut être trouvé
dans ce monde périssable, elle a la possibilité avec ce même libre
arbitre de se rendre chez elle, de se tourner vers Dieu. Pour leur donner
cette opportunité, des représentants du royaume supérieur (les âmes
libérées) descendent dans ce monde matériel et jouent le rôle de guides
spirituels. Ce sont les prophètes et les saints. Le message pilier des
véritables saints est toujours le même : l’amour pour Dieu. Cependant
suivant l’époque, le lieu et les circonstances, leurs enseignements
peuvent varier. A chaque ère correspond sa voie de réalisation
appropriée.
Dans l’âge de querelle et d’hypocrisie où nous vivons
actuellement, le Seigneur Krishna apparut comme Sree Chaitanya
Mahaprabhu pour répandre le message d’amour divin. Cet amour peut
très facilement être atteint en chantant et récitant les Saints Noms du
Seigneur. Par la répétition constante des Saints Noms, ces vibrations
sonores transcendantales purifient l’esprit, et graduellement toutes les
enveloppes qui nous sont étrangères et qui entourent l’âme
disparaitront. Ainsi, le pur amour de Dieu, endormi dans le cœur, se
révèlera dans toute sa gloire. Glorieux sera ce jour où finalement nous
atteindrons ce trésor enfoui, et glorieux sont ceux qui nous aident à
atteindre cette destination finale.
Le bhakti-yoga est un art de vivre à part entière, dont le but n’est
rien de moins que de vivre une vie éternelle et joyeuse d’amour divin
avec Dieu. Il a le pouvoir de nous faire sortir de cette prison
d’exploitation dans laquelle nous vivons et de nous mener au pays du
dévouement. Il est captivant et sublime, et peut être pratiqué par tous,
sans considération de qualification ou disqualification. Pour pratiquer
la voie du bhakti-yoga avec succès seulement deux qualités sont
requises : la sincérité et l’humilité, les deux vertus les plus attirantes et
précieuses de la vie humaine.
-3ème Partie-

La philosophie de l’amour
Ce chapitre a été compilé à partir de discours donnés par Srila Bhakti
Ballabh Tirtha Goswami Maharaj

Le fondement de l’amour
Voici en quelques mots certains des principes sur lesquels
reposent les enseignements de Sree Chaitanya Mahaprabhu.
Le Seigneur Chaitanya Mahaprabhu a répandu la philosophie
universaliste de l’amour divin, sans considération de caste, de croyance
ou de religion. De nombreuses voies spirituelles adoptent le principe
d’ahimsa, s’abstenir de faire du mal à autrui. Mais plutôt que de
renoncer à ce qui est négatif, mieux vaut s’engager dans un acte
d’amour positif, c’est à dire faire du bien aux autres. Tous les êtres
animés sont interconnectés et constituent des parties de l’énergie d’une
seule Âme Suprême omniprésente : Dieu. Nous devons réaliser que
notre véritable moi n’est ni notre corps physique, ni notre corps subtil,
mais une parcelle de conscience joyeuse existant éternellement. La
réalisation du lien qui nous unit tous au Suprême nourrira un amour et
une affection réciproque.
Dieu est infini et absolu. Il ne peut y avoir plus d’un être absolu
ou infini. Si quelque chose existe en dehors de l’infini, l’infinité perd
tout sens et l’infini devient fini. Même une particule de poussière en
dehors de l’infini ou en dehors de l’absolu ne peut être imaginé.
L’absolu est défini comme existant en, pour et par lui-même, et c’est
Dieu. Tout existe en Lui, et tout Lui est subordonné.
L’infini est Un, et c’est une Personne. La cause de quelque chose
ne peut pas être rien. Toutes choses créées doivent tirées leur origine
d’ailleurs que d’elles mêmes. Nous sommes comme des particules du
soleil, qui viennent du soleil, de la cause. De même que le soleil brille,
ses particules brillent. De la même façon le Seigneur Suprême est le
propriétaire de toutes sortes d’énergies et les âmes émanant de Lui sont
des aspects de l’une de ces énergies; elles sont comparables aux rayons
qui émanent du soleil. Les âmes existent en Lui, existent par Lui, et
devraient exister pour Lui. Mais elles ne peuvent en aucun cas être
considérées identiques au Seigneur, pas plus que les rayons du soleil ne
peuvent être considérés identiques au soleil.
Ceux qui disent que la réalité ultime est sans forme et énergies
induisent en erreur le monde entier. Dieu n’a pas de forme matérielle,
mais Il a une forme transcendantale. S’il n’y a pas de forme dans la
cause, alors il ne peut y en avoir dans l’effet, et le monde tel que nous
le connaissons n’existerait pas. Dieu a une forme infinie, Il a une
volonté et Il peut agir. Il est impossible de trouver le bonheur
indépendamment de Lui.
Dieu est la substance omnisciente. Conscience sous-entend trois
choses : penser, sentir et vouloir. Ce qui possède la qualité de penser,
sentir et vouloir est appelé unité consciente, ou âme spirituelle. Quand
nous observons les êtres vivants de ce monde, nous pouvons voir qu’un
corps est considéré en tant que personne, ou unité consciente, aussi
longtemps que l’esprit ou l’âme est présent en lui. Ce qui ne manifeste
ni pensée, ni sentiment, ni volonté n’est rien que de la matière, et
personne ne considère la matière morte en tant qu’entité vivante.
Dieu possède les trois qualités de la conscience à un degré absolu.
Si nous pouvons accepter qu’une âme spirituelle individuelle est une
personne, alors quelle est la difficulté à accepter que la conscience
absolue soit une personne ? Dieu est une personne illimitée et Son Nom
est Krishna. Bien qu’Il possède une forme individuelle distincte, Il est
illimité et exhibe des formes et divertissements innombrables.
Bien qu’à présent nous vivions séparés de Sree Krishna, Il peut se
révéler à nous, et le fait au travers des prophètes et des Écritures
sacrées. Dans la Bhagavad-Gita, Écriture la plus sacrée de l’Inde, Sree
Krishna affirme qu’Il est la cause de toutes les causes. La signification
étymologique du nom ‘Krishna’ est ‘celui qui attire et donne la joie à
tous les êtres’. Il représente le principe d’attraction infini. Il possède
des qualités infinies pour nous attirer. Il est par conséquent la Personne
Suprême. Il est la personnification de toute existence, toute
connaissance, et toute félicité.
Au niveau ultime, Krishna est considéré comme le Seigneur
Suprême puisque nous pouvons goûter toute une variété de relations
avec Lui. Krishna n’est pas seulement Dieu le père, comme dans la
chrétienté, mais aussi Dieu l’ami, Dieu le fils, et même Dieu l’amant.
Aussi, tant que nous vivrons dans ce monde, les trois formes
d’afflictions seront présentes. Aucun bonheur n’est permanent. La roue
des joies et des peines tourne constamment. Parfois nous jouissons des
plaisirs matériels, et ensuite, à nouveau nous souffrons. La souffrance
et le plaisir se suivent à intervalles réguliers. Quand enfin les êtres
désirent être affranchis des trois sortes d’afflictions causées par
l’énergie illusoire du Seigneur Suprême, ils commencent à s’enquérir
de leur raison et recherchent le sens réel de la vie.
La Vérité Absolue existe depuis toujours, et nous devons
découvrir comment L’appréhender à travers le processus déductif.
Nous ne pouvons approcher la Vérité Absolue à travers le processsus
inductif. En tant qu’âmes conditionnées nous sommes des êtres limités.
Notre intellect est fini; notre capacité mentale est finie, et tout ce qui est
produit par le mental et l’intellect est également fini. Krishna ne révèle
Sa forme spirituelle éternelle qu’à une âme qui a pris entièrement
refuge en Lui. Personne ne peut Le connaître sans son accord. Nous ne
pouvons entrer en contact avec Lui qu’à travers de Sa volonté, et pour y
parvenir nous pouvons, avec une foi inébranlable et une dévotion à
toute épreuve, invoquer Sa grâce.
Tout ce que nous voyons est comme un rêve. Pendant le rêve,
vous pensez que le rêve est la réalité. Mais quand vous vous éveillez
vous réalisez que ce n’est pas vrai. Le monde entier est semblable à un
rêve. Quand nous nous réveillerons, nous verrons que tout est illusoire,
ou maya. Ma-ya signifie ‘pas cela’. Le monde n’est pas éternel.
Cependant, le véritable moi est d’un autre ordre. Le véritable moi est
l’atma, ou l’âme. Elle ne connaît ni la naissance ni la mort. Dans la
Bhagavad-gita, le Seigneur Krishna dit à son ami Arjuna « À passer de
l’enfance à la jeunesse, puis de la vieillesse à la mort, tu te rendras
compte que la mort n’est finalement qu’une transformation. Le corps
périt, mais l’âme ne périt pas. Elle est éternelle ».
Une question peut survenir : « Pourquoi sommes-nous venus dans
ce monde transitoire de souffrance et d’illusion ? » La cause première
de notre affliction est l’oubli de notre relation éternelle avec le Seigneur
Suprême Sree Krishna. Les âmes sont des étincelles spirituelles de
taille minuscule. À cause du mauvais usage de leur indépendance
relative, elles deviennent antagoniste au Seigneur et développent une
conception erronée de leur identité ou égo. D’où leur venue dans le
monde temporel, monde où il est possible de vivre dans l’oubli du
Seigneur. Enveloppés par l’énergie illusoire du Seigneur, les hommes
et femmes pensent qu’ils peuvent connaître le bonheur dans ce monde.
Cependant, il est impossible d’obtenir un bonheur constant
indépendamment du Seigneur.
Sree Krishna contrôle tout, mais Il n’interfère pas avec
l’indépendance relative des âmes. Puisqu’Il est tout puissant, Il peut
intervenir, mais s’Il le faisait, la conscience individuelle de l’âme serait
annihilée. Quel bénéfice pourrait alors avoir cette conscience ? La
conscience est une immense richesse. Sans le libre arbitre qu’implique
la conscience, l’amour serait impossible. Krishna apparaît donc Lui-
même (ou envoie Ses représentants) et s’efforce de persuader les âmes
qui Lui sont opposées, d’accepter Ses enseignements de leur plein gré.
Dieu ne veut pas détruire l’indépendance relative de Ses minuscules
particules individuelles. Avec qui aurait-Il Ses divertissements ? Il doit
y avoir des serviteurs et un servi, alors seulement peut-il peut y avoir
service, et prema, l’amour divin. L’existence d’une seule personne ne
permet pas une relation d’amour.
Comme nous sommes, de par notre constitution même, reliés à
Sree Krishna en tant que Ses parties inséparables, notre amour pour Lui
est inné. Cet amour se trouve à l’intérieur de l’âme. De même que les
parents de ce monde n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à aimer leur
enfant, les âmes n’ont pas besoin qu’on leur apprenne à aimer Dieu. La
nature même de l’âme est l’amour, mais à cause du mauvais usage que
nous avons fait de notre indépendance relative, notre amour est à
présent recouvert. Il en résulte que nous sommes enveloppés par
l’énergie illusoire de Sree Krishna et que nous sommes venus dans ce
monde de naissances et de morts répétées. Dans ce monde où tout est
dirigé par le karma. Karma signifie que pour chaque action il y a une
réaction opposée. (concordante)
La maladie de cœur de chaque âme asservie est la convoitise, et la
nature de la convoitise fait qu’elle augmente à mesure qu’on l’assouvit.
Si l’on verse de l’huile sur un feu il redouble d’intensité. De la même
manière, vouloir contenter notre convoitise en assouvissant nos désirs
matériels ne fait qu’accroître cette convoitise pour les objets des sens.
Comme les objets matériels ne peuvent donner un bonheur durable,
cela mène en fin de compte à l’inassouvissement et à la colère. Une
âme asservie imagine à tort qu’elle est maître du monde, en droit d’en
jouir légitimement. Elle pense qu’elle sera heureuse si elle acquiert des
objets matériels pour son plaisir. Elle fait donc tout son possible pour
obtenir de l’argent. Si elle n’en obtient pas, elle sera malheureuse; et si
elle en obtient elle sera malheureuse aussi, car sera alors tourmentée
par la peur de le perdre. Telle est la nature des choses de ce monde: si
nous ne les avons pas, nous sommes malheureux, et si nous les
obtenons nous sommes aussi malheureux car nous savons qu’un jour
nous les perdrons.
Notre esprit est préoccupé par des pensées mondaines. Nous ne
pouvons pas instantanément éradiquer ces idées matérielles et profanes.
Cela prendra du temps. Notre esprit a imprimé des concepts du monde
matériel, tout comme un appareil prenant des photos instantanées, à
travers nos yeux, nos oreilles, notre nez, notre langue et notre peau.
Quand nous voulons chasser ces idées perturbantes de notre mental,
elles ne partent pas. Comment pouvons-nous y parvenir ? Nous devons
concentrer notre esprit sur des sujets sacrés. De nombreuses écoles
spirituelles préconisent des techniques pour « vider le mental », mais
c’est un procédé négatif. Il est plus stimulant et plus facile d’engager
l’esprit dans des pensées positives et sacrées. En pratiquant la dévotion,
tous les sens sont engagés dans des activités en lien avec Dieu; celles-ci
occupent notre esprit, et ainsi les impressions matérielles dues à la
rencontre des sens et de leurs objets n’y ont plus leur place.
En engageant notre corps et notre esprit dans le service du
Seigneur, nous réalisons graduellement que notre véritable identité est
d’être une partie éternelle de Sree Krishna, et que notre nature est
d’aimer le Seigneur de tout notre être. C’est le but ultime de la vie, et
pour l’atteindre, nous devrions commencer à pratiquer la dévotion sans
perdre un instant.

La pratique de l’amour

Pourquoi devons-nous essayer d’atteindre Sree Krishna ? Parce


que si nous pouvons avoir la réalité dans son ensemble, nous pouvons
tout avoir. En L’ayant, nous avons tout; en Le connaissant, nous
connaissons tout : tel est Sree Krishna. Une fois que nous aurons atteint
Sree Krishna, nous n’aspirerons rien d’autre. Tous nos désirs seront
comblés, et tous nos problèmes résolus.
La seule façon d’obtenir l’amour pour Sree Krishna est d’engager
nos sens, notre mental et notre intelligence dans le bhakti-yoga, le yoga
de la dévotion et de l’amour. Si nous n’engageons pas nos sens dans le
service transcendantal de Sree Krishna, des pensées mondaines
imprègneront notre esprit par leur biais. Voilà pourquoi nous devons
empêcher nos sens de se livrer à des activités matérielles. Cela peut être
accompli seulement en les utilisant au service du Seigneur sous la
guidance d’une âme réalisée. Et lorsque Krishna est satisfait, Il peut
nous donner l’opportunité de Le voir. Tel est le principe de la bhakti, la
pratique spirituelle de l’amour divin propagée par Sree Chaitanya
Mahaprabhu. C’est seulement en aimant une personne que nous
pouvons encore intensifier notre amour pour elle. De la même façon, si
nous voulons intensifier notre amour pour Sree Krishna, nous devons
cultiver cet amour.
A cause de nos actes passés, nous avons hérité de notre identité
actuelle. Mais cette identité est fausse - « Je suis un homme de tel ou
tel pays, je suis de telle ou telle condition sociale » - ce sont là des
identifications fausses et temporaires reposant sur l’égo matériel. Nous
devenons profanes quand nous nous pensons de ce monde. Tout ce qui
est fait au travers de l’égo mondain se révèle mondain. Notre vrai moi
est quelque chose de différent; notre vrai moi est l’âme. Et pour devenir
libre de toutes les fausses identités qui recouvrent l’âme, nous devons
pratiquer le yoga de la dévotion au Seigneur Suprême, sous la direction
d’une âme réalisée. Et donc cette naissance en tant qu’être humain est
très précieuse, car c’est seulement ainsi que nous pouvons pratiquer la
vie spirituelle et être délivrés de notre asservissement. Nous ne
pouvons pas atteindre notre but spirituel sans pratique. Mais nous
avons besoin d’aide. De même qu’une personne malade se rend chez un
docteur pour être guérie, nous devons aussi approcher un docteur
spirituel pour être guéris de notre asservissement à ce monde.
La plupart des âmes conditionnées de ce monde n’ont aucun goût
pour l’adoration du Seigneur, car ils ne ressentent aucune relation avec
Lui. Une relation d’appartenance avec une personne implique un élan
spontané pour la servir ou l’aimer. Les parents n’ont pas besoin qu’on
leur apprenne comment aimer leur enfant. Ils les aiment
automatiquement du fait même de leur relation. Cependant, très peu
d’entre nous avons un sentiment de relation d’appartenance avec le
Seigneur Suprême. C’est pourquoi nous devons suivre certaines règles
de pratique spirituelle, qui nous aideront à nous libérer de notre fausse
identification et de notre attachement à la matière. Nous devons donc
d’abord apprendre à aimer en suivant les directives que nous ont
données les saints. Ensuite, avec le temps, nous progresserons de façon
constante et ce jusqu’à ce que nous commencions à ressentir un amour
spontané pour le Seigneur.
Dans les Écritures sacrées les saints nous donnent des directives
pour la pratique du bhakti-yoga. Parmi ces nombreuses pratiques,
quelques-unes ont été sélectionnées pour leur importance primordiale.
En premier lieu, nous devons entendre les récits transcendantaux
décrivant les gloires du Seigneur Suprême. Ainsi, nous pourrons avoir
une compréhension philosophique de la nature de cette réalité ultime.
Cela nous aidera à faire la distinction entre le réel et l’irréel, le bon et le
mauvais. En écoutant les histoires ayant traits au Seigneur, les
vibrations sonores transcendantales viendront à nos oreilles pour
toucher et éveiller notre véritable moi.
Après avoir entendu, nous devons chanter et glorifier le Seigneur
de cette manière. Et nous devons méditer sur Le Seigneur, et toujours
nous souvenir de Lui. Cela purifiera notre conscience, et nous
permettra d’engager tous nos sens dans le service de Sree Krishna.
Grâce à la pureté et la nature transcendantale de ces pratiques, nous
développerons graduellement de l’attachement, de l’attrait pour elles.
Si nous nous engageons dans ces activités en compagnie d’âmes
réalisées, le résultat sera l’amour pour Krishna. Cet amour est inné, il
est dans la nature de chaque être vivant. Nous ne pouvons pas éveiller
cette nature éternelle du soi par des pénitences et des austérités, mais au
contact des Saints.
Que faisons-nous quand nous aimons quelqu’un ? Nous lui
offrons ce qui nous est cher et en retour acceptons ce qui nous est
offert. Nous échangeons. Nous ouvrons notre cœur aux bien-aimés et
écoutons les paroles qui viennent du leur. Nous les servons, les
nourrissons de mets savoureux, et acceptons de même en retour. Tels
sont les échanges qui caractérisent l’amitié. Maintenant si nous
échangeons ainsi avec des personnes captifs de la matière, nous
deviendrons attachés aux choses de ce monde. Mais si nous échangeons
ainsi avec des saints, cela nous mènera à l’amour pour Sree Krishna. Si
nous donnons au saint quelque chose de ce monde, il l’accepte et
l’engage dans le service de Sree Krishna. Après l’avoir ainsi sanctifié,
il nous le restitue en tant que prashad, ou « relique » divine. De cette
façon nous progressons dans la vie spirituelle et développons
graduellement l’amour pour Sree Krishna.
Selon Sree Chaitanya Mahaprabhu, la pratique la plus importante
et la plus effective du bhakti-yoga est de réciter les Saints Noms du
Seigneur. Dans cet âge de querelles et d’hypocrisie, il est très difficile
d’engager notre esprit dans la méditation. Nous sommes facilement
dérangés par tout le bruit et la pollution de notre environnement. Aux
époques précédentes la méditation était accessible, mais à notre époque
elle ne l’est plus. Mais en chantant le Saint Nom, nous pouvons obtenir
ce qu’il y a de plus élevé, soit l’amour pour Sree Krishna. Le Saint
Nom n’est pas un son matériel, mais une vibration sonore purement
transcendantale. Dieu et Son Nom sont une seule et même entité.
Prononcez le Nom de Krishna du fond du cœur. Hare Krishna.
Vous obtiendrez tout. Votre esprit sera sanctifié. Toutes les difficultés
seront dissipées en invoquant Son Nom. C’est le premier
aboutissement. Une fois toutes les difficultés dissipées, vous ne serez
plus confronté au feu de forêt de l’existence matérielle. Un grand feu de
forêt consume le monde entier parce que chacun a un égo dénaturé et
pense qu’il ou elle appartient à ce monde. Mais si nous aimons Sree
Krishna, alors nous voyons que chaque être vivant Lui est relié et de
par ce lien nous les aimons. Nous devons donc prendre refuge en Sree
Krishna.
À Goloka Vrindavan, le pays transcendantal de l’amour, Krishna
s’adonne au jeu éternel de l’amour avec toutes les âmes qui Lui sont
entièrement dévouées. Sa servante la plus dévouée est Son homologue
transcendantal, Sree Radha. Ensemble, Ils forment la Réalité Ultime, et
tout dans la création est orchestré autour de Leurs Divertissements. A
Vrindavan chacun est plongé dans la félicité, l’anandam. Le but de
chacun étant de plaire à Sree Radha Krishna, à chaque instant les âmes
libérées vivent l’extase la plus douce et toujours en expansion. Il n’y a
qu’un centre. Si vous formez de nombreux cercles ayant un seul centre,
ils ne se croiseront pas. Mais si ils ont des centres différents alors les
cercles se croiseront, et il y aura des conflits. Tant qu’il y aura plusieurs
groupes, plusieurs centres, les conflits ne cesseront pas. Harinama, le
chant du Mahamantra, peut éteindre ce feu de forêt qui consume le
monde matériel.

Hare Krishna Hare Krishna, Krishna Krishna Hare Hare


Hare Rama Hare Rama, Rama Rama Hare Hare

Nous devons chanter du fond de notre cœur. Nous devons


implorer Sree Radha Krishna du fond de notre cœur. Alors Sree
Krishna viendra immédiatement. Il est en nous, et Il a donné tout
pouvoir à Son Nom. Si nous prononçons Son Nom en toute conscience
de notre relation avec Lui, nous serons plongés dans l’océan d’ananda
et de Krishna prema, l’amour divin. Après ça, à chaque fois que nous
prononcerons Son Nom, nous goûterons une ambroisie complète et
infinie à chaque instant.

L’accomplissement de l’amour

Le but ultime de la vie est l’amour divin pour Sree Krishna et la


terre appelée Vrindavan, le royaume transcendantal où Sree Krishna
accomplit Ses divertissements éternels en compagnie de toutes les âmes
qui ont pris entièrement refuge en lui. A Vrindavan nous pouvons
adorer Sree Krishna en choisissant notre relation avec Lui. Nous
pouvons choisir de Le servir empreint d’un sentiment neutre, d’une
humeur de serviteur, en tant qu’ami intime, animé d’affection
parentale, ou même d’un sentiment d’amour conjugal.
Tous les compagnons de Krishna à Vrindavan sont merveilleux.
Ses amis montent sur Ses épaules pour pouvoir cueillir les fruits en
haut des arbres. Ensuite ils goûtent ces fruits pour voir s’ils sont bons
avant de les donner à Krishna. Il y a là tant d’affection et d’intimité; il
n’y a pas l’aspect majestueux de Dieu dans ce pays de Vrindavan. Ses
habitants, qui sont des âmes abandonnées et libérées, voient en Krishna
leur ami, leur enfant, ou leur amant. Tous sont plongés dans un océan
de félicité.
Parmi ces différentes formes d’adoration, l’adoration amoureuse
des pastourelles (gopis) pour Krishna est le summum. Les gopis ont
engagé tous leurs sens, sans réserve, pour le service de Sree Krishna.
Parmi les gopis, Sree Radha, l’Homologue Absolue de Sree Krishna,
règne suprême. Elle est la personnification de Sa puissance interne
d’amour extatique, et Sa dévotion pour Krishna est sans comparaison.
Malheureusement, nous n’éprouvons pas de réelle attraction pour
Sree Krishna. Une personne réellement attirée par Sree Krishna ne
pourrait pas retourner à sa vie mondaine. Toutes ses relations
mondaines seraient altérées. Nous devons développer de l’avidité pour
la dévotion en fréquentant les purs dévots du Seigneur. Par Leur grâce,
il nous sera possible d’atteindre Krishna-prema, l’amour divin de Dieu,
le but ultime de la vie. Donc, ne soyez pas découragés. Les âmes
sincères ne seront jamais trompées. Mon affection à vous tous.
-Swami B.V.Tirtha

-4ème Partie-

Les Maitres du Bhakti-yoga


Srila Bhaktivinode Thakur (1838-1914)
Nitya Lila pravishta Om Vishnupad Srila Bhaktivinode Thakur
est né en 1838 au Bengale, en Inde. Jeune garçon déjà,Il a montré
beaucoup d’intérêt pour les sujets spirituels et la nature de la réalité
ultime. Il avait une conviction profondément ancrée dans l’existence
d’un Dieu personnel et unique.
Srila Bhaktivinode Thakur fit ses études dans une école anglaise
réputée. Pendant cette période il fut influencé par les nobles
enseignements de Jésus-Christ. Peu après son admission à l’Université
de Calcutta, ses talents littéraires dans le domaine de la philosophie et
de la religion commencèrent à s’épanouir. A peu près à ce moment là
Bhaktivinode commença à écrire des articles d’ordre spirituel, dont
beaucoup parurent dans des journaux prestigieux. Pendant ces années à
l’université il avait pour ami intime Divendranath Tagore, frère du
fameux écrivain et lauréat du prix Nobel Rabindranath Tagore.
A l’âge de 28 ans, Bhaktivinode Thakur fut nommé au poste de
juge au Grand Tribunal dans la magistrature indienne de l’époque. Peu
de temps après, il lut la biographie de Shri Chaitanya, l’illustre saint
Vaishnava du 15ème siècle. Il fut très impressionné par la philosophie de
Sri Chaitanya, dont la religion de l’amour divin est fermement basée
sur les écritures révélées de l’Inde ancienne. À partir de là,
Bhaktivinode Thakur s’employa à restaurer et répandre l’école de
bhakti-yoga de Shri Chaitanya, qui prêche l’amour divin envers le
Seigneur Suprême, Shri Krishna, comme le but ultime de l’existence.
Bhaktivinode Thakur écrivit de nombreux livres et articles sur le
Vaishnavisme et la philosophie de Shri Chaitanya. De même que
quelques livres en anglais, il composa également de nombreux chants
dévotionnels. De plus, il est le père de Bhaktisiddhanta Saraswati, qui
allait devenir le saint et maître du bhakti-yoga le plus influent du 20ème
siècle.

Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakur Prabhupada


(1874-1937)

Nitya Lila Pravista Om Vishnupada Srila Bhakti Sidhanta


Sarasvati Goswami Thakur avait pour père Srila Bhaktivinode Thakur.
Il naquit dans la sainte ville de pèlerinage de Puri. Depuis Sa plus
tendre enfance Il fit preuve d’un remarquable intérêt et d’une aptitude
rare pour les sujets d’ordre spirituels. A sept ans il connaissait déjà les
700 versets de la Bhagavad Gita par cœur.
Pendant sa jeunesse il devint un des plus brillants astrologues de
son temps, et se vit offrir pour cela une chaire à l’Université de
Calcutta. Bhaktisiddhanta refusa le poste et au lieu de cela s’absorba
dans d’intenses pratiques spirituelles. Pendant neuf années
consécutives, retiré du monde, il médita 18 heures par jour sur les
Saints Noms de Dieu, en ne prenant qu’un seul repas frugal.
Aux environs de 1914, à la demande de son père Bhaktivinode
Thakur, il se consacra à l’œuvre missionnaire pour répandre la religion
universelle de l’amour divin telle que l’avait propagée Shri Chaitanya.
De 1915 jusqu’à son décès en 1937, la mission que Sarasvati Thakur
établit (et qu’il nomma Gaudiya Math) se développa jusqu’à être une
des missions de prédication les plus respectées de son temps, attirant
des personnes de toutes les couches de la société indienne, y compris
des hauts fonctionnaires du Gouvernement Britannique, et des hommes
d’Etat indiens comme S. RadhaKrishnan.
Sarasvati Thakur eut beaucoup de disciples remarquables. Dans
les années 1930, il envoya quelques-uns d’entre eux en Europe, où ils
rencontrèrent le roi et la reine d’Angleterre, ainsi que des hommes
politiques importants en Allemagne et dans d’autres pays. Mais ce ne
fut pas avant la dernière partie du 20ème siècle que trois des disciples de
Bhaktisiddhanta devinrent bien connus parmi les chercheurs de vérité
du monde occidental : Bhaktivedanta Swami Maharaj, Swami B.R.
Sridhar Maharaj, et Swami B.P.Puri Maharaj.

Srila Bhaktivedanta Swami Maharaj (1896-1977)

Nitya Lila Pravista Om Vishnupada Srila Bhakti Vedanta Swami


Maharaja a rencontré son maître spirituel Bhaktisiddhanta en 1922. Dès
leur première rencontre, Bhaktisiddhanta lui demanda de prêcher la
religion de Shri Chaitanya en langue anglaise. Des années tard, en
1965, après avoir renoncé à la vie de famille, Bhaktivedanta Swami (à
l’age de 70ans et avec très peu de moyens financiers) voyage en tant
que moine Vaishnava aux USA. Après des difficultés initiales, il fonde
la Société Internationale pour la Conscience de Krishna, qui devient
plus connue sous le nom de mouvement Hare Krishna. Il offre une
alternative au matérialisme, une autre façon de vivre, spirituelle, basée
sur les principes de l’ancienne culture védique et les enseignements de
Shri Chaitanya.
Nourri par le remarquable charisme de Bhaktivedanta Swami, son
dévouement infatigable et son message de vérité et de beauté, son
mouvement se répand à travers le monde en quelques années. C’est
grâce à ses efforts et sa grâce que le monde occidental doit la plus
grande partie de sa connaissance du riche héritage de l’Inde ancienne.

Srila B.R. Shridhar Goswami Maharaja (1895-


1988)
Ce grand érudit en Sanskrit rencontre Sarasvati Thakur en 1927,
et trois ans plus tard embrasse l’ordre du renoncement (sannyasa) à sa
demande. Par la suite, il fut connu comme l’un des érudits et des saints
les plus cultivés dans l’école théiste du bhakti-yoga du Seigneur
Chaitanya.
Après le départ de ce monde de Bhaktivedanta Swami en 1977,
Nitya Lila Pravista Om Vishnupada Srila Shridhardev Goswami
Maharaja devient un phare pour beaucoup de disciples occidentaux de
Bhaktivedanta Swami. Même à l’âge avancé de 90 ans, il prodiguait
des enseignements pendants des heures tous les jours, à tous ceux qui
venaient l’écouter. Il pouvait harmoniser toute opposition et réunir des
opinions opposées dans une synthèse supérieure. Le style de ses écrits
est remarquable et poétique, et témoigne d’une compréhension
profonde et pénétrante de la science de la réalisation de Dieu.

Srila B.P.Puri Goswami Maharaja (1897-1999)


Nitya Lila Pravista Om Vishnupada Srila Bhakti Promod Puri
Goswami Maharaja rencontra Son précepteur spirituel en 1917. En
1923 il reçoit l’initiation, et sert Bhaktisiddhanta Sarasvati dans son
proche entourage jusqu’à son départ en 1937. Après cela il vécut dans
de nombreux lieux saints, et devient le rédacteur de nombreux livres et
journaux dévotionnels.
A 90 ans il établit son propre ashram, à la requête de nombreux
adeptes du bhakti-yoga qui se sentaient irrésistiblement attirés par Sa
personnalité divine, son extraordinaire humilité, ainsi que par l’amour
et la bonté qui émanaient de sa personne. Même après son centième
anniversaire en 1997, il continue à inspirer et guider tous ceux qui sont
en quête de la voie de l’amour divin. En Novembre 1999, quand il
considère sa tache achevée, il se retira de notre vision mortelle pour
retrouver le Seigneur Suprême dans Sa demeure divine.
Information générale
Après avoir lu ce court livret d’introduction, vous vous sentez peut-être
inspiré à en savoir d’avantage sur les enseignements spirituels du
bhakti-yoga venant de Shri Chaitanya.
Dans la Bhagavad-gita, le Seigneur Krishna Lui-même confirme
que la meilleure forme de yoga est le bhakti-yoga : la voie spirituelle de
l’union de l’âme avec le Seigneur Suprême à travers l’amour. Cela peut
être pratiqué par tous, sans considération d’âge ou de santé. Le bhakti-
yoga se concentre sur la racine même de tous nos problèmes, car c’est
seulement en déracinant la cause première de notre asservissement à la
matière que nous pouvons espérer accéder à une vie d’amour éternel.
Une des pratiques principales du bhakti-yoga est de purifier le
mental et la conscience à travers le son transcendantal, utilisant des
mantras sacrés. On chante et on médite sur ces mantras. Le plus
important d’entre eux est appelé le « maha-mantra », ou encore grand
mantra. Ce mantra est vénéré et pratiqué par des millions d’Indiens et
de transcendantalistes dans le monde entier.

Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare


Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare

Si vous vous sentez inspiré, vous pouvez commencer à réciter ce


mantra, soit à voix haute soit dans votre mental. Vous pouvez trouver
de plus amples informations sur l’école de bhakti de Shri Chaitanya sur
les sites web suivants :
home.planet.nl/~gopinath www.gokul.org
Couverture arrière
« Ce savoir est le roi de l’éducation, la sagesse suprême, et le plus
secret de tous les secrets – le trésor caché suprême.
Il est la connaissance la plus pure, et parce qu’il donne une
perception directe du moi à travers la réalisation divine, il est le
principe essentiel – et la perfection – de toute religion. Il est
impérissable, et son expérience fait connaître la plus grande joie ».
(Bhagavad-gita)

Couverture intérieure
Swami B.V.Tirtha Maharaja

Swami B.V.Tirtha Maharaja naquit en 1924 en Assam, Inde. En


1947, après avoir terminé son M.A. en philosophie à l’Université de
Calcutta, il entra en contact avec l’école Gaudiya Vaisnava de bhakti-
yoga, tel qu’il fut propagé par Chaitanya Mahaprabhu, le maitre de
l’extase dévotionnelle du 15ème siècle.
En rencontrant son guru, B.D.Madhava Goswami, Srila Tirtha
Maharaja décida de se consacrer à une vie de moine Vaisnava. Après la
mort de son maître spirituel en 1979, il devint le président de la Sri
Chaitanya Gaudiya Math, qui avait une vingtaine de centres
dévotionnels (ashrams) en Inde seulement.
Sur la demande de son protecteur, Srila Puri Maharaja, qui à l’âge
de 100 ans, se considérait trop vieux pour sortir de l’Inde, Swami
Tirtha Maharaja a voyagé à travers le globe plusieurs mois par an
depuis 1997, stimulant ceux qu’il rencontre avec sa douce personnalité
et son message d’amour divin.

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