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M. B. Hatzopoulos
Abreviations
Alexander: J. A. Alexander, “Cassandreia during the Macedonian Period, an Epigraphical
Commentary”, Ancient Macedonia 1 (Thessalonique 1970) 127-46.
Hatzopoulos, Actes: M. B. Hatzopoulos, Actes de vente de la Chalcidique centrale ("Μελε-
τήµατα” 6; Athènes 1988).
Hatzopoulos, Donation: M. Β. Hatzopoulos, Une donation du roi Lysimaque ("Μελετήµα-
ta” 5; Athènes 1988).
Herzog-Klaffenbach: R. Herzog et G. Klaffenbach, Asylieurkunden aus Kos (Berlin 1952).
Kolbe: W. Kolbe, compte rendu du livre de W. W. Tarn, Antigonos Gonatas, dans GG A
178 (1916) 433-75.
Tarn: W. W. Tarn, Antigonos Gonatas (Oxford 1913).
Zahrnt: M. Zahrnt, Olynth und die Chalkidier (“Vestigia” 14; Munich 1971).
1. Alexander 127-46.
2. BullEpigr 1971, 405.
3. E. Meyer, “Poteidaia-Kassandreia”, RE Suppl. X (Stuttgart 1965) 628-39.
4. Zahrnt 112-19.
576 M. 8. Hatzopoulos
Dans son étude sur Olynthe et les Chalcidiens, Zahrnt avait déjà souligné
que Cassandrée avait été l’héritière d’Olynthe’. De notre côté, dans notre
monographie sur une donation du roi Lysimaque, nous avons attiré l’atten-
tion sur le fait que la cité de l’isthme de Pallène avait hérité “des territoires de
toutes les cités de la Ligue (Chalcidienne) au sud d’Anthémonte et de Stagire,
y compris, notamment, de ceux de Sinos, Spartolos, Olynthe, Sermylia et
Strepsa”#. Aussi Cassandrée est-elle l’héritière d’Olynthe dans la mesure où
cette dernière était la capitale de la Ligue et que son nom était utilisé couram-
ment à la place de celui de l'Etat fédéral. C'est en ce sens qu’à l’époque une
bonne partie de l'opinion publique macédonienne vit dans la fondation de
Cassandrée la restauration des “Olynthiens, des pires ennemis des Macédo-
niens”, et exigea sa destruction immédiate, sous peine de déclarer Cassandre
ennemi public®. Cette interprétation n’était ni un simple effet de la propagande
d’Antigone le Borgne ni le résultat de quelque paranoia collective, mais se
fondait, sur une triple continuité: géographique, humaine et institutionnelle
entre la Ligue Chalcidienne et Cassandrée. En effet, la fondation de Cassandre
ne semble pas seulement avoir hérité de pratiquement tous les territoires que
possédait la Ligue au moment de sa destruction par Philippe II. L'étude de
l’onomastique et de la prosopographie confirment aussi la continuité du
peuplement rapportée par Diodore!®. Sur 136 Cassandre:ns attestés à l’épo-
que hellénistique, que nous avons pu dénombrer dans la cité et son territoire
ou à l'étranger, à peine une vingtaine ont soit un nom soit un patronyme qui
permet de leur supposer une origine mac&donienne!!, Les autres, à l'exception
5. Alexander 129-130.
6. Alexander 131.
7. Zahrnt 119.
8. Hatzopoulos, Donation 46. Pour un élément de continuité institutionnelle entre
Potidée et Cassandrée, voir Hatzopoulos, Donation 60.
9. Diod. 19.61.2-3.
10. Diod. 19.52.2-3,
11. Nous voudrions remercier Chr. Habicht de nous avoir autorisé à consulter ses riches
fiches prosopographiques, ce qui nous a permis de compléter notre prosopographie externe
de Cassandrée. Le sujet ne peut être épuisé dans une note, mais fait l’objet d'étude de notre
Le statut de Cassandrée à l’époque hellenistique $77
collègue Argyrô Tataki. Ces vingt personnes sont: le prêtre éponyme Kydias et les béné-
ficiaires de donation Polémokratès, Koinos, Perdikkas et Ptolémaios, qui figurent sur la
donation de Cassandre (voir Hatzopoulos, Donation 23), Harpalos et son père Limnaios,
qui figurent sur la donation de Lysimaque (Hatzopoulos, Donation 17-18), Antipatros et
son père Sosikratés (D. M. Robinson, TAPA 62 [1931] 53-54, no 5), Antigona et son père
Euphanès (SEG 29 [1979] 631), Antiochos et son fils Epicharès (D. M. Robinson, TAPA
69 [1938] 59-60, no 12), Meidias et son père Démétrios (D. M. Robinson, TAPA 69 [1938]
60, no 13), et Agrippas (/G VII 2726). Il n'est pas certain si l’épitaphe de Léonidas fils de
Derdas (D. M. Robinson, TAPA 65 [1934] 132-33, no 8) date d'avant ou d’après la fonda-
tion de Cassandrée.
12. Par exemple, Archon, le prêtre éponyme, peut-être d'Asclépios, d'un décret de
Cassandrée (Hatzopoulos, Donation 27) doit être un descendant d’Archon le théarodoque
d'Asclépios d’Epidaure à Olynthe vers 360 (16 IV 15, 94-95, Ib, L. 14).
13. Hatzopoulos, Donation 22-26,
14. Hatzopoulos, Donation 18-21.
15. Herzog-Klaffenbach 15-16, no 6, L. 1-17.
16. Alexander 129-130.
17. D. M. Robinson, “A New Greek Inscription from Macedonia”, AJA 37 (1933) 602-
604 avec les observations de L. Robert, OMS IIL 1570-71.
18. Voir Hatzopoulos, Donation 22-26.
37
578 M. B. Hatzopoulos
32. Cf. Fanoula Papazoglou, Les villes macédoniennes à l'époque romaine, BCH, Sup-
plément XVI (Athènes-Paris 1988) 75 et 86.
33. Dans la monographie citée à la note 31.
34. Cf. Herzog-Klaffenbach 18, no 7, L. 6.
35. Tarn 186.
36. Kolbe 434-35.
Le statut de Cassandrée à l'époque hellénistique Sal
Elle a été notamment contestée par Paola Zancan?”. La publication des décrets
sur l’asylie de Cos de Cassandrée, Amphipolis, Philippes et Pella a incité H.
Bengtson à renouveler la discussion, en ajoutant Philippes, à côté de Cas-
sandrée aux cités alliées de Kolbe, avec précisément le même argument:
l'usage consistant de l’ethnique Κασσανδρεῖς ou Φιλιππεῖς, qui contraste
avec, par exemple, Μακεδόνες ἐξ ᾿Αμφιπόλεωςϑϑ. Cet usage avait déjà été
relevé par P. Perdrizet, qui l'avait interprété de manière analogue, sans pour
autant en tirer des conclusions aussi &tendues®®. Alexander, dans sa communi-
cation au premier colloque sur la Macédoine antique, confirmant l’observa-
tion de Tarn, ajouta 19 cas supplémentaires au 18 relevés par le savant britan-
nique, où l’ethnique de la cité est employé à l'exclusion de celui de l’erhnos®.
En même temps il ne pouvait pas ne pas remarquer que dans le décret d’asylie
la cité de Cos reçoit l’éloge public pour sa bienveillance envers le roi Antigone,
la cité de Cassandrée et tous les autres Macédoniens. Il y voyait une expres-
sion de la dualité des Cassandréens, qui était fiers à la fois de l'autonomie de
leur cité et de son appartenance au royaume mac&donien®!. Plus récemment,
G. T. Griffith reste quelque peu indécis sur la question®?. En revanche, Fanoula
Papazoglou rejette catégoriquement, toujours sur la base des mêmes décrets
qui ont inspiré les vues diamétralement opposées de Bengtson et les hésita-
tions de Griffith, la thése selon laquelle Cassandrée et Philippes avaient un
statut différent des autres cités macédoniennes®. A notre avis, les témoigna-
ges dont nous disposons imposent des conclusions plus nuancées selon les
époques et les lieux. Nous n’évoquons que pour mémoire Démétrias, qui,
étant donné son éloignement, n’a jamais été sérieusement considérée comme
faisant partie de la Macédoine proprement dite. S’il en était besoin, l’usage
exclusif de l’ethnique Δημητριεὺς et, encore plus, l'emploi régulier de
l'ethnique Μακεδὼν dans les inscriptions découvertes sur son territoire ne
17. Paola Zancan, /l monarcato ellenistico nei suoi elementi federativi (Padoue 1934)
115, n. 1.
38. H. Bengtson, “Randbemerkungen zu den koischen Asylieurkunden”, Historia 3
(1954/5) 462-63.
39. P. Perdrizet, “Proxénes macédoniens à Delphes”, BCH 21 (1897) 109; cf. P. Collart,
Philippes ville de Macédoine (Paris 1937) 178.
40. Alexander 131, n. 17.
41. Alexander 131.
42. G. T. Griffith dans N. G. L. Hammond et G. T. Griffith, A History of Macedonia
(Oxford 1979) 359-60.
43. Fanoula Papazoglou, “Sur l'organisation de la Macédoine des Antigonides”, Ancient
Macedonia ΠῚ (Thessalonique 1983) 202-205.
582 M. 8. Haizopoulos
laissent aucun doute que la fondation de Démétrios ne fut jamais une cité à
proprement parler macédonienne. Le cas de Philippes est plus ambigu: d'un
côté aucun document d'époque hellénistique n'utilise l’ethnique Μακεδών:
aucun document d'époque hellénistique n’emploie le calendrier macédonien
ni ne porte trace d’une institution macédonienne; le décret d’asylie semble
ranger d’un côté la cité de Philippes et les autres Grecs et d'un autre côté le
roi Antigone et les autres Macédoniens“; mais d’un autre côté, Phlégon de
Tralles utilise deux fois l’expression Μακεδὼν ἀπὸ Didinnwv; l'ère et le
calendrier macédoniens sont normalement employés à l'époque républicaine*.
Aussi semble-t-il que Philippes, qui en 242 ne faisait pas encore partie de la
Macédoine proprement dite, y a été incorporée à une date ultérieure. Certains
indices nous font exprimer l’opinion, mais sans la moindre certitude, que ce
changement eut lieu sous les derniers Antigonidest?.
Le cas de Cassandrée est, à notre avis, plus clair. D'un côté, tant le
calendrier utilisé sur le document daté le plus ancien* et les autres institutions
originales de Cassandrée que les réactions que sa fondation a suscitées chez les
Macédoniens et les mesures que Cassandre dut prendre pour les apaiser ne
laissent pas de doute que Cassandrée fut fondée à l’origine en tant que cité
non-macédonienne, théoriquement indépendante et alliée de la Macédoine*®.
D'un autre côté, si le nombre des documents portant exclusivement l’ethni-
que Κασσανδρεὺς a plus que doublé depuis l’époque où écrivait Kolbe®°,
notre documentation s’est aussi enrichie de deux cas qui mettent en doute
le caractère absolu de cette règle. Dans une inscription funéraire de Démétrias
le soeur d’un Cassandréen est qualifiée de Macédonienne (Maxéta)*!. et dans
une dédicace de Thèbes on lit le nom de Proitos fils de Chairémon Maxedav
ἀπὸ [Κασ]σανίδρείας)Ρ2. L'inscription de Thèbes est peut-être postérieure à
la conquête romaine, mais celle de Démétrias est datée par son éditeur entre
275 et 250. D'un autre côté, nous possédons maintenant trois documents