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LA PSYCHOLOGIE POLITIQUE: UN
CARREFOUR PLURIDISCIPLINAIRE
baliser autant que faire se peut — de prendre les questions les plus étudiées : le sujet politique, le
leadership et l'influence sociale.
Comment expliquer certaines attitudes politiques ? Les traits de personnalité peuvent-ils
avoir une influence quelconque sur le comportement des hommes politiques?
Pourquoi devient-on politicien ? Comment le leader s'impose-t-il ? Avec quelles stratégies
maintient-il sa position? Est-il le produit de leurs formations ou vice versa?
C'est autour des travaux de laboratoire sur l'influence sociale et la persuasion que les
psychologues ont le plus réfléchi aux mécanismes et aux implications de la psychologie dans les
affaires politiques. Les modèles de la communication sont les cadres les plus porteurs.
La psychologie politique s'est caractérisée dès ses origines par une double vocation : être
une connaissance et être une technique. G. Le Bon (1910) son fondateur, la définit ainsi:
« connaissance des moyens permettant de gouverner utilement le peuple ». La politique est
devenue un art au sens de l'ingénierie sociale.
Elle veut répondre à l'impératif de l'action : quand agir, comment agir, dans quelles limites
agir ? Le Bon la veut utile et capable de mieux maîtriser les règles de gouvernement : « la
psychologie politique ou science de gouverner, est pourtant si nécessaire que les hommes d'État
ne sauraient s'en passer. Ils ne s'en passent donc pas, mais faute de lois formulées, les impulsions
du moment et quelques règles traditionnelles fort sommaires, constituent leurs seuls guides.
Mais ils conduisent fréquemment à des erreurs coûteuses. »
La psychologie politique se développe sans avoir réussi à se donner une définition
unificatrice ; la manifestation conceptuelle de ses progrès consiste à renoncer aux explications
simples de ses débuts. Selon Seoane (1988) la définition de la discipline peut se trouver dans
trois orientations théoriques:
• Celle qui fait de la politique l'objet d'application des connaissances de la
psychologie, en particulier la psychologie sociale. La recherche est ainsi en relation directe avec
les problèmes de société selon leur urgence.
Les questions sont nombreuses: comment les leaders peuvent-ils mobiliser les citoyens?
Comment faire participer les électeurs? Comment les jeunes sont-ils politiquement socialisés?
Comment résoudre les conflits d'interaction politique? Comment les politiques prennent-ils
leurs décisions? etc.
• Celle qui propose d'étudier les interactions des processus psychologiques et
des processus politiques. Comment les facteurs psychologiques déterminent-ils les comporte-
ments politiques ? Comment les actions politiques influencent-elles les aspects psychologiques ?
Cette position est bidirectionnelle : d'un côté les phénomènes psychologiques sont répertoriés :
perception, croyances, opinions, attitudes, valeurs, intérêts, styles, défenses, vécu... d'un autre
côté sont analysés les facteurs tels que: culture politique, systèmes politiques, socialisation,
partis ou ordre international.
• Celle qui considère que l'objet d'étude de la psychologie politique n'est autre
que les phénomènes historiques et collectifs, incarnés par des hommes ou des groupes.
Les psychosociologues sont alors invités à rendre compte des variables culturelles et à
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décrire des situations particulières à la lumière des antécédents sociohistoriques et des facteurs
contextuels: le temps, les traditions, le système politique, les idéologies.
Faire de la psychologie politique une discipline autonome reste un projet de longue
haleine. Le bon sens et la pratique des affaires humaines n'ont jamais contesté les liens étroits
existant entre la psychologie et la politique. Il en va différemment d'un point de vue
universitaire.
Les difficultés pour élaborer une définition commune comme nous venons de le montrer,
font que la psychologie politique constitue une sorte de science, carrefour de disciplines
diverses. Aucun modèle ne semble fédérateur ; aucune discipline n'est suffisamment forte pour
écarter les autres.
Un essor de la nouvelle discipline a été remarqué à la fin des années 60 avec la publication
de quelques ouvrages. Mais le véritable ancrage de la psychologie politique dans le milieu
universitaire — tout au moins aux États-Unis — est la conséquence d'une action progressive et
soutenue, dont les paramètres les plus visibles sont les suivants:
• Quatre « manuels » traitant de la psychologie politique : Knutson 1973, Stone
I. Le paradigme individuel
Le retour du « sujet » dans la réflexion universitaire permet de mieux apprécier l'effort
accompli par les psychologues pour cerner les questions que l'on peut se poser sur l'homme
politique : qui fait de la politique ? Pourquoi ? Quels types de mécanismes cognitifs prêtons-
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nous à l'homme politique ? Quelles sont ses caractéristiques ? Quel type de logiques met-il en
œuvre pour persuader ? Quelles stratégies utilise-t-il pour conquérir et pour garder le pouvoir ?
Quelles formes prennent ses stratégies?
L'homme politique fait de la politique parce qu'il aime le pouvoir. Ce cliché causal ne suffit
pas pour s'orienter dans le labyrinthe de la vie politique. Ce sont les notions de réussite et de
risque qui semblent les plus pertinentes. La réussite est notoriété, signale Grawitz (1985) et
celle-ci suscite encore la notoriété. Quant au risque, c'est la métaphore du jeu qui le rend plus
explicite. Mais jouer en politique ne veut pas dire se soumettre entièrement au hasard. L'homme
politique peut gagner ou perdre, mais dans une compétition, non dans une roulette de casino.
Car la dimension cachée du jeu politique est la stratégie, donc le domaine de la cognition.
L'homme politique est obligé d'être stratège : les situations auxquelles il se trouve mêlé et les
jeux qu'il joue avec d'autres politiques lui laissent plusieurs possibilités. Il est obligé de choisir,
en fonction de ses capacités et ses ressources personnelles (intellectuellement parlant), parmi
diverses options. Et si la politique peut ne pas être tout à fait « rationnelle », le politique doit
l'être toujours, compte tenu des règles du système politique (institutionnalisé) et du besoin
d'ajuster son comportement à celui des autres. C'est en cela que le politique est ou n'est pas un
professionnel. Faire de la politique c'est un vrai métier.
Vivre de la politique ou être payé pour la faire n'est que la partie visible d'un iceberg
comme l'ont souligné Weber (1963) et Dahl (1965).
La recherche sur l'homme politique s'est orientée dans deux grandes directions : l'une est
axée vers l'étude de la personnalité ; l'autre, sur le leadership.
A — La personnalité politique
Les journalistes ont consacré l'expression « personnalité politique » pour désigner quel-
qu'un d'important, dans l'univers de la politique. La psychologie des hommes politiques est
parfois perçue comme synonyme de personnalité politique. La personnalité ne reconstruit-elle
pas elle-même les modèles de la culture dans laquelle chacun a vécu ? La personnalité ne pose-
t-elle pas le problème de l'autonomie des personnes en situation?
Le psychopolitologue H. Lasswell (1930) est celui par lequel la question de la personnalité
est introduite dans la psychologie politique. Il propose une typologie des personnalités
politiques, dans un cadre théorique psychanalytique, dont le fil conducteur n'est autre que le
déplacement des conflits intérieurs vers l'identification à une cause politique. Les trois types
canoniques sont : l'agitateur (ex. Les prophètes bibliques), le gestionnaire (ex. Les présidents
américains) et le théoricien (ex. K. Marx). D'autres typologies sont proposées à peu près à la
même époque, parmi lesquelles figure une classification du révolutionnaire et du contre-
révolutionnaire, mise au point par le psychiatre espagnol E. Mira Y Lopez (1939) d'après son
expérience de la guerre civile.
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La recherche d'une typologie politique n'a cessé de revenir sur des formes diverses. Elle
correspond, assez bien à une sorte de psychologie du quotidien ou du bon sens, chacun
reconnaît les siens, à la façon de s'habiller, de se vêtir, de parler et même de fumer : « Nous
pensons tous que Millerand a trahi (la gauche) et que Briand n'a point trahi. Nous voyons bien
comment il tient sa cigarette » (Meynaud et Lancelot 1964).
C'est un ouvrage à la démarche complexe qui a donné ses lettres de noblesse et ses
premiers outils méthodologiques à l'étude de la personnalité politique. La recherche d'Adorno
et de l'équipe de Berkeley, très souvent citée, quoique peu lue, est un repère stable, malgré les
nombreuses critiques dont elle a fait l'objet (Christie et Jahoda 1954, Rokeach 1960, Ray 1979).
Elle montre en fait l'existence d'un type de personnalité politique : l'autoritaire. Une personnali-
té fascinante, prête à participer à des mouvements antidémocratiques et sensible à la propa-
gande antisémite, dont les traits les plus caractéristiques sont : une morale conventionnelle, la
tendance à la soumission, des jugements stéréotypés, l'agressivité...
D'autres chercheurs ont approfondi la question, tout en formulant des critiques à l'égard
de l'expérience d'Adorno. Eysenck (1954) introduit une approche bidimensionnelle (dur-
tendre et extrémiste-conservateur), Wilson (1973) montre une corrélation entre son échelle
d'anxiété et l'échelle « F » d'Adorno. Par ailleurs, Frenkel-Brunswik (1949) constate une
tolérance à l'ambiguïté plus élevée chez les libéraux que chez les conservateurs, tandis que
Kreml (1977) essaie de caractériser la personnalité antiautoritaire, dont les traits sont:
anti-ordre, antipouvoir, impulsivité, introspection.
Pour Rokeach (1960-1973) le dogmatisme est une dimension générale, car la mentalité
fermée ne se rencontre pas exclusivement à droite. Le dogmatisme est une variable stylistique
structurante, une vision autoritaire de la réalité, et une attitude intolérante face à ceux qui ont
des croyances opposées. D'après cet auteur, le système fermé de croyances a pour fonction la
protection. C'est le type de solution trouvée au confluent, entre le besoin de savoir et le besoin
de se défendre de toute nouveauté, donc d'une remise en cause, qui distingue l'esprit ouvert de
l'esprit fermé. La référence à Machiavel est directe dans l'expérience de Christie et Geis (1970).
Pour ces chercheurs la coupure introduite par le Florentin dans sa conception de la politique :
morale d'un côté et politique de l'autre, est repérable au niveau psychologique. Le sujet
machiavélien donne une grande priorité au pragmatisme sur la morale. Il est calme, non
personnel, peu sensible aux idéologies et aux conventions, il aime la concurrence, n'a pas
d'émotion ; il prend plaisir au jeu de la manipulation d'autrui, et résiste à l'influence sociale,
autrement dit, c'est un « politique ».
Enfin, le psychologue peut se demander si les questions sur la personnalité politique ne
sont pas à poser au niveau de l'État. En effet, l'homme d'État est un politique auquel son rang
lui confère une puissance considérable. De ce fait, l'homme d'État investit l'État, de même qu'il
est investi par lui. Quelques travaux sur les présidents américains (Hermann 1977, Kinder et
Fiske 1986) font alors penser qu'il est raisonnable de s'interroger sur l'influence de l'État, donc
du commandement exercé sur les citoyens.
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Dans des études très suggestives le psychologue américain Robert Lane (1982) a mis en
relief la signification profonde et les rapports étroits existant entre les pouvoirs publics et
l'estime de soi.
Les pouvoirs publics confèrent les statuts, les honneurs, les promotions, les pouvoirs et la
reconnaissance. Ces distinctions sont données à certains mais non à tous. Les États favorisent
également la production et le maintien de certains comportements plus que d'autres et peuvent
contrôler en partie ses effets. Voilà pourquoi R. Lane fait un certain nombre de propositions.
D'après lui l'État doit:
— Encourager le respect de soi fondé sur la vertu et la compétence.
— Donner à chacun le symbole de son importance et lui apporter le sens de la dignité.
— Réduire l'importance de l'argent et du pouvoir comme critères de réussite sociale.
— Augmenter les critères d'autocomparaison.
— Faire en sorte que tous les agents de l'État (percepteur, policier, etc.) traitent chaque
individu avec la plus grande dignité.
— Faciliter le développement individuel afin que les gens fixent leurs propres normes de
« moi idéal ».
— Renforcer la solidarité et l'altruisme social.
— Maximiser l'individualité compatible avec une estime élevée d'autrui.
A la différence d'autres psychosociologues, R. Lane ne met pas l'accent sur l'importance de
la participation politique. Il affirme qu'il est beaucoup plus probable que le travail, la vie de
famille, les loisirs, et le niveau de vie sont les « dimensions » en fonction desquelles les gens se
mesurent et mesurent ce qu'ils valent.
Β — Le leadership politique
La personnalisation du pouvoir est un phénomène ancien dans l'histoire de la politique.
Weber (1971) l'a placée au centre de la question sociologique du pouvoir. Et d'un même coup il
a fourni à la psychologie sociale un chantier inépuisable. Le terme leader est surtout utilisé en
politique pour désigner les chefs des partis, tandis que les psychologues l'utilisent dans un sens
plus large et dans des réalités sociales très différentes. Le leadership politique est donc un cas
particulier dans le traitement du problème. Néanmoins, c'est aux études réalisées dans des
petits groupes que nous devons la plupart des informations concernant les relations entre
leadership et pouvoir, leader et comportement d'autrui, leadership et performance de groupe,
leadership et contexte de l'interaction.
La question principale du leadership n'est pas : qui devient leader ? Comment fonctionne le
leadership ? Une expérience célèbre porte sur les effets de trois types de leadership (autoritaire,
démocratique et laisser faire) réalisée par Lippitt et White (1948). Elle montre que les enfants
réagissent très différemment aux styles de commandement imposés. De plus on observe une
nette supériorité du style démocratique, en fonction de la productivité et de l'originalité.
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Cette étude est restée paradigmatique en dépit de certaines nuances apportées par d'autres
recherches. En effet, celle de Gibb (1951) montre que le leadership autoritaire permet une
production plus grande. Mais elle confirme la détérioration des relations humaines. Bref,
certains objectifs sont plus facilement atteints avec un leadership autoritaire d'autres avec un
style démocratique. D'une manière large, l'acceptation d'un style déterminé de leadership et les
effets de ces modes de commandement dépendent d'un grand nombre de variables étudiées.
L'efficacité du leadership est liée aux exigences de la tâche et de la situation, mais également aux
buts et aux valeurs propres aux membres du groupe. En fonction de cela, la performance peut
être meilleure quand certaines activités sont assumées par le leader ou bien réparties entre
plusieurs membres du groupe.
Les psychologues se sont aussi interrogés sur d'autres facteurs déterminants de l'influence
des leaders.
• Les comportements verbaux et l'assurance semblent jouer un rôle fonda-
mental dans l'acquisition et le maintien du leadership. Binet (1900), suite à une série
d'expériences, conclut que lorsqu'il n'est pas possible de vérifier le bien-fondé des réponses
apportées, les membres d'un groupe peuvent se laisser facilement influencer par celui qui
répond le premier. D'après Zaleska (1973) la longueur de l'argumentation et l'assurance
apparente d'un sujet peuvent déterminer dans une large mesure son influence au cours d'une
discussion. D'ailleurs, Baies (1950) et plus tard Bavelas (1965) arrivent à des résultats qui
militent dans le sens qu'une des variables responsables de l'influence perçue est la quantité de
participation aux débats.
• L'exécution de la tâche ou les bonnes relations interpersonnelles. C'est le
problème posé par Fiedler (1967) lorsqu'il étudie les relations entre la situation et le type de
leader. Il considère deux styles de leadership, donc deux comportements différents dans le
commandement d'un groupe. L'un est centré sur l'exécution de la tâche, l'autre sur l'établisse-
ment et le maintien des bonnes relations interpersonnelles. D'après les résultats, Fiedler établit
que le premier réussit bien quand la situation est très favorable ou très défavorable en ce qui
concerne le leader. Mais le second est plus efficace lorsque la situation lui est moyennement
favorable. Le caractère favorable ou défavorable de la situation est fonction des relations entre le
leader et le groupe, du degré de structuration de la tâche et enfin du pouvoir du leader.
• Hollander (1964) a cherché quel était le degré d'acceptation du leadership. Il
constate que le leader acquiert un « crédit » auprès du groupe par la valeur de ses contributions,
c'est-à-dire en relation à l'augmentation de sa compétence par rapport à la tâche. Dans la
mesure où le leader augmente son « crédit » il lui est permis de transgresser les normes du
groupe, tandis qu'auparavant il se faisait rappeler à l'ordre.
Ces études expérimentales, probablement parce qu'elles sont limitées par les contraintes
méthodologiques n'ont pratiquement débouché sur aucune application dans le domaine de la
politique. Ce n'est que récemment que les politologues ont commencé à s'y intéresser.
Le leadership politique (Hermann 1986, Sobral 1988) se définit non seulement par
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l'influence que le leader exerce dans un groupe, mais par son caractère presque permanent,
consistant et systématique pendant une période de temps considérable. De plus, plusieurs
éléments sont à identifier: Holsti (1972), Barber (1972), Hermann (1983). La force de ses
croyances, le type d'interaction qu'il entretient avec ses suiveurs, la façon dont il agit pour les
représenter, sa réaction devant le stress, ses ressources pour le surmonter, les comportements
qui l'ont conduit à réussir ou à échouer dans le passé et leurs circonstances.
Le leadership n'existe pas sans l'existence de suiveurs. Or, la relation entre leader et
suiveurs est interactionnelle donc complexe et changeante.
— Quelles sont les personnes qui dépendent du leader?
— Devant qui est-il responsable?
— A qui et en quoi doit-il faire attention ?
— Quelle est la force et la nature de l'opposition?
— Quelles sont les croyances des suiveurs?
— Quelles sont les ressources dont dispose le leader?
— Quel est l'organigramme (théorique et réel) de l'organisation à laquelle appartient le
leader ?
L'analyse du leadership à partir de cette perspective relationnelle (Hermann 1986, Dubin
1986, Young 1958) permet de dégager quelques règles simples. Le postulat général consiste à
comprendre le mode de relation entre leader et suiveurs en tant que processus de comptabilité.
Les suiveurs appuient davantage leur leader lorsqu'il se trouve au début de sa fonction. Ils font
de même quand les mesures prises n'ont pas de conséquences négatives pour eux-mêmes, ou
quand elles sont positives. Autre élément identifié : l'appui s'avère soutenu si la représentation
que les suiveurs ont de la relation correspond à leurs expectatives antérieures.
En somme, les connaissances issues de l'expérimentation en psychologie sociale sont
importantes, mais l'étude du leadership politique est encore fragmentaire et insuffisante. Ce
n'est que depuis peu que les politologues s'intéressent, soit à propos du pouvoir, soit de la
communication à étudier l'interaction « leader-suiveurs » afin de mieux comprendre le fonc-
tionnement du système politique.
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Certains de ces travaux constituent donc pour le psycho-politologue une référence. Les
expériences sur la dynamique des groupes, dont l'ouvrage de Cartwright et Zander (1953) est un
apport fondamental. On y trouve notamment, la synthèse de French et Raven sur le pouvoir
social, la recherche de Festinger et Aronson sur l'activation et la réduction de la dissonance
cognitive, l'étude de Deutsch sur les effets de la coopération et de la compétition sur le groupe,
et le célèbre travail de Leppitt et White sur le leadership.
Cependant, c'est autour du paradigme de l'influence sociale que se situe l'apport le plus
remarqué de la psychologie sociale à la compréhension de l'univers de la politique.
Quels sont donc les mécanismes de l'influence? Quels problèmes permettent-ils de
soulever ? Comment fonctionnent-ils?
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se montrer congruente, afin d'être pertinente et faire ou dire exactement ce que les autres
imaginent et attendent d'elle le moment venu. Elle doit être également consistante dans le temps
et à travers les différentes situations. Il lui faut surtout montrer une continuité dans ses paroles
d'hier par rapport à celles d'aujourd'hui, afin de gagner en crédibilité. Car toute minorité
agissante s'adresse aux croyances, et doit témoigner non seulement d'arguments et de faits, mais
aussi d'y tenir elle-même. Etre fidèle à soi-même c'est le signe reconnu de l'assurance de la
certitude, de l'assertion, donc... de la vérité.
Pour Moscovici (1976) une question reste encore sans réponse expérimentale: est-il vrai
que le conflit est nécessairement à la base de l'influence et que celle-ci sera d'autant plus
marquée que celui-là est important.
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avalanche d'études expérimentales sans pour autant épuiser la variété des questions qui sont
posées, notamment :
— Faut-il que les parties agréables du message précèdent les parties désagréables ?
— Le message doit-il suivre une progression des arguments du plus faible au plus fort ?
— Doit-on, pour convaincre, faire apparaître les conclusions en début ou en fin de
message ?
— Quel ordre doit avoir le message ?
— Faut-il parler en dernière ou en première place ?
— La présence d'une contre-argumentation prépare mieux les sujets à résister à de futurs
argumentaires opposés au premier.
— Son absence serait-elle plus efficace lorsque les conclusions sont peu familières, ou
lorsque les sources sont suspectes ?
Les résultats montrent d'une manière générale que les effets dépendent en grande partie du
type d'audience. Donc, il ne faut pas employer ces données en forme indiscriminée.
3. Variables liées au récepteur : Le récepteur est la cible, dans le schéma classique de la
persuasion, il est mutique et malléable. Cette conception a évolué lentement. Le récepteur est
devenu sujet d'abord passif, mais ensuite actif, capable de réagir avant une tentative d'influence
par un processus de contre-persuasion.
Les chercheurs ont répertorié un nombre considérable de variables attribuées à la cible : sa
personnalité, sa conviction initiale, son estime de soi, son degré de suggestionabilité, son sexe,
son âge, position sociale, etc.
Trois questions semblent revenir sans cesse :
— Le récepteur est-il influençable indépendamment du contenu du message ?
— Peut-on prédire si l'acte d'influence aura l'effet souhaité à partir des caractéristiques du
récepteur ?
— Le récepteur dispose-t-il des moyens de contre-argumentation ?
4. Les variables liées au contexte groupal : le groupe est le lieu naturel de la communica-
tion. Les attitudes sont acquises, maintenues et modifiées dans ce contexte. L'effet de groupe est
défini par la présence d'une interaction et les apports de ses membres. Plusieurs questions sont
posées : deux valent-ils mieux qu'un ? Le sujet est-il producteur de ses opinions ou est-ce le
groupe ? Le processus est-il individuel ou collectif ? Comment les buts sont-ils définis ? Quels
effets ont les buts sur l'attitude des membres ? La discussion collective améliore-t-elle la qualité
de la réponse commune ? La taille du groupe a-t-elle une influence ? Quel est le degré de
satisfaction d'un groupe ?
5. L'inventaire des résultats (1) : le nombre d'études expérimentales pour répondre à ces
questions est immense : Zimbardo et Al. (1977), Berkowitz (éd.) (1970), Lindzey et Aronson
(1985), Kapferer (1985). Un inventaire de principaux résultats n'est pas une boîte à outils mais
plutôt à hypothèses. Certains auteurs prennent garde — comme Bromberg (1981) le souligne —
de prévenir les utilisateurs de l'ambiguïté troublante de ces recettes. Car elles se résument en
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deux mots: « cela dépend... » Donc nous ne sommes pas assurés d'obtenir l'effet souhaité ou
son inverse.
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NOTE
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— Les opinions et les attitudes des sujets sont influencées fortement par les groupes auxquels ils appartiennent à condition que les
relations entre le sujet et le groupe soient satisfaisantes.
— La conformité aux normes du groupe est récompensée tandis que la déviance est punie.
— Quand les membres d'un groupe acceptent pleinement les buts, alors ceux-ci ont une influence considérable sur leurs
comportements.
— Au fur et à mesure que la taille d'un groupe augmente, la participation du membre plus actif se différencie progressivement de
celle des autres membres. La position de ceux-ci deviendra de moins en moins différenciée.
— Dans un groupe où le réseau de communication est fortement centralisé, les membres périphériques sont insatisfaits et les sujets
centraux très contents du travail de groupe et de leur contribution personnelle.
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