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TITRE DU SUJET 

: Construction du territoire : paysage et peuplement du Blouf en


Basse Casamance (Sud-ouest du Sénégal)

Introduction

I – Présentation et définition des concepts

A- Présentation

Le Blouf est un territoire historique de Basse-Casamance. Il est limité au Sud-ouest par le


Fogny  et au Nord par le Fleuve Casamance. Il correspond à l’ancien territoire des Djougout
Nord et l’actuel Arrondissement de Tendouck. Cette région comprend aujourd’hui vingt et un
villages qui se répartissent en deux parties ; l’une dans la zone haute à l’Est et l’autre partie
dans la zone basse au sud-ouest. Cette région est caractérisée par la présence de plateaux
recouverts d’une végétation avec d’immenses fromagers, de réseaux de marigots, de
mangroves et des zones d’inondation ou rizières. Son climat Sub-guinéen et l’importance
pluviométrique ainsi que la présence d’un réseau hydrographique témoignent de l’impact de
l’eau dans la construction des paysages.

Le Blouf est habité dans sa quasi-totalité par une population diola. On note la présence
minoritaire d’autres groupes notamment les Peulhs et commerçants d’origines diverses. Les
populations vivent essentiellement de l’agriculture notamment la riziculture à laquelle on
associe d’autres activités comme la pêche, l’élevage, le maraichage. C’est dans cette région
que va porter notre étude ethnoarchéologique sur la construction du territoire : paysage et
peuplement du Blouf.

Pour mieux saisir l’orientation de notre contexte d’étude, il nous est nécessaire de définir les
concepts de notre sujet.
Titre : carte de représentation des villages du Blouf.

Sources :https://www.memoireonline.com/07/08/1192/importance-route-developpement-
socioeconomique-region-boucle-de-blouf.html.

B- Définition des concepts

1-Territoire

Etymologiquement, territoire du latin territorium est dérivé de terra (terre, sol). Le territoire
est une étendue de terres occupées par un groupe humain et dont les ressources physiques
modulent l’existence de ses habitants.

Chez les historiens et géographes, le territoire est défini à partir de trois caractéristiques : un
territoire est appropriable, possède des limites et porte un nom. Dans le Dictionnaire de
l’Ancien, Daniel DORDMAM soutient qu’ « un territoire est un espace pensé, dominé,
désigné. Il est un produit culturel au titre qu’un paysage est une catégorie de la perception
que l’homme choisit à l’intérieur d’ensembles indifférenciés ».  Pour Maryvonne Le BERRE,
« le territoire peut être définie comme la portion de la surface terrestre appropriée par un
groupe social pour assurer la reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux. C’est une
entité spatiale, le lieu de vie du groupe indissociable de ce dernier ». Le territoire est ainsi le
résultat de l’action de l’homme, il y trouve sa légitimité, se donne une représentation tant
symbolique, patrimoniale, imaginaire et nourrit une langue dans ce territoire (Paquot, 2011 :
23-32). Ainsi, en géographie culturelle, le territoire est lié à l’identité culturelle des
populations qui l’habitent et ayant une emprise sur sa gestion ou encore aux représentations
que l’on se fait. C’est un ensemble de lieux où s’exprime la culture ou encore une relation des
hommes à leur terre et dans lequel ils forment identité. Vu sous cet angle,  « le territoire est
une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes
qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes de leur histoire » (Di Méo,1998).
Pour les urbanistes, le mot territoire est associé à l’aménagement le Dictionnaire la ville et
l’urbain, Richard Kleinschmager avance que «  le territoire fait figure de support de l’Etat
qu’il revient à ce dernier de le préserver contre toute intrusion étrangère et de développer en
l’aménageant » (Paquot, 2011 : 29).

En revanche les ethnologues, le territoire des animaux ne correspond pas à une portion
délimité mais il est plutôt mobile, variable selon les heures, les saisons, les activités et les
dangers. C’est ce qu’affirme Felix GUATTARI qui soutient que « le territoire est un acte qui
affecte les milieux et les rythmes qui les territorialisent. Le territoire est le produit d’une
territorialisation des milieux et des rythmes. Il revient au même de demander quand est-ce
que les milieux et les rythmes se territorialisent, ou quelle est la différence entre un animal
sans territoire et un animal à territoire? Précisément, il y a territoire dès que les
composantes de milieux cessent d’être directionnelles pour devenir dimensionnelles, quand
elles cessent d’être fonctionnelles pour devenir expressives. Il y a territoire dès qu’il y a
expressivité du rythme. C’est l’émergence de matières d’expression qui va définir le
territoire» (Paquot, idem : 26-27). L’animal ne défend pas un territoire mais plutôt il se
défend lui-même. Le territoire des ethnologues se résume à sa mobilité et de son caractère
dimensionnel et expressif. Il est parfois fixe, délimité, parfois mobile aux frontières
changeantes. Les ethnologues par ailleurs, nous apprennent que le comportement humain
territorial est un système cognitif et comportemental qui a comme objectif l’optimisation de
l’accès d’un individu ou d’un groupe aux ressources de manière temporaire ou permanente.
L’anthropologie, se consacrant principalement à l’étude des mécanismes et des pratiques
sociales qui commandent l’organisation territoriale d’une société, a démontré que le processus
d’organisation territoriale doit s’analyser à deux niveaux distincts : celui de l’action des
hommes sur les supports matériels de leur existence et celui des systèmes de représentation.
De ce fait, le territoire est à la fois objectivement organisé et culturellement inventé. Les
anthropologues sont également à l’origine d’un grand nombre d’observations
pluridisciplinaires sur le territoire et ont aussi largement contribué à l’étude du comportement
des primates.

Par ailleurs, Mamadou Fall définit le terroir comme « l’espace d’une culture dans son mode
d’appropriation du sol, ses formes d’habitat, la disposition de ces communautés leur système
d’échange l’ordre et symbolique et politique y affèrent. Le terroir est ainsi l’espace d’une
communauté culturelle dans son évolution propre, sans insertion dans une quelconque
hiérarchie du monde ». Le territoire est selon lui une création de la géopolitique de la
modernité qui le définit comme un espace fermé ; un champ clos jalousement défendu
(Laurence Marfaing et al, 2001 ; 25-28).

A partir de toutes ces approches, il ressort que le territoire se résume en un lieu de vie de
pensée et d’action dans lequel et grâce auquel un groupe se reconnait. C’est sous cet angle que
nous percevons le territoire dans le cadre de notre étude. Notre territoire se rapporte ainsi à
celui de la géographie culturelle tel qu’un espace approprié économiquement,
idéologiquement et politiquement par des groupes qui se donnent une représentation
identitaire. Tel que défini dans le Dictionnaire de la préhistoire sous la direction d’André
Leroi GHOURAN, le territoire est une partie de la surface de la terre sur laquelle un groupe
humain, une unité économique met en œuvre ses techniques d’acquisition.(Ghouran et
al. ,1998,2005 :1082)

Les études concernant les territoires, les espaces ainsi que les peuplements font appel à la
géographie. Elles sont la composante géographique de l’archéologie. Le territoire renvoyant à
un espace reconnu comme sien et dans lequel on peut se déplacer sans danger, il est important
de souligner que ce sentiment de sécurité prouve l’attachement du groupe à celui-ci. De ce
fait, l’étude du territoire touche essentiellement les identités collectives, donc l’intégrité des
individus qui lui sont attachés.
2-Le paysage

Dans sa définition donnée dans le Dictionnaire de langue de Paul Robert, le paysage est
la « partie d’un pays que la nature présente à l’œil qui le regarde ». Dans le Dictionnaire
Larousse, le paysage est défini comme une étendue spatiale, naturelle ou transformée par
l’homme qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle. Ensuite comme une
« vue d’ensemble que l’on a d’un point donné ». Le mot paysage à plusieurs sens
correspondant à des démarches légitimes.

Le paysage est la trace visible et le résultat des occupations successives par les hommes
d’un territoire. En cela, le paysage est une histoire, un lieu de mémoire et un espace vécu.
Le paysage est un ensemble d’indicateurs environnementaux qui modèlent et structurent
le territoire. C’est donc la rencontre d’un territoire et d’un regard. Il existe plusieurs
façons de concevoir le paysage et d’aborder son étude. Dès sa naissance comme objet de
représentation, le paysage est associé à la maitrise humaine du territoire. Il est devenu par
la suite un objet d’étude scientifique notamment dans les disciplines comme la
géographie et l’écologie qui se donnent pour objet de comprendre le Paysage un système
naturel. La description analytique des paysages faisait l’objet de la géographie qui se
donne pour mission de montrer la face de la terre comme un mélange de nature,
d’histoire et de culture notamment avec Paul Vidal Lablache (Villeneuve, 1999 :18). Ce
terme est complexe et flou, il est employé dans différentes disciplines pour exprimer
différents objets. En en archéologie, le paysage traduit la relation que la société noue
avec la nature. Son observation contribue à l’identification et à la caractérisation des
espaces d’activité de l’exploitation.

D’après ces multiples définitions du paysage, nous résumons sa construction à travers ces
facteurs :

- les éléments naturels constituant l’écosystème

- les facteurs technologiques ou économiques (les systèmes agricoles)

- les facteurs socio juridiques

- les facteurs culturels


A travers ces facteurs, nous tenterons notre définition du paysage dans le cas de notre
sujet d’étude comme étant un lieu où se reflète l’image des relations anciennes et
actuelles de l’homme avec la nature. En résumé, notre paysage est celui qui témoigne
d’un milieu de vie et de la dynamique de l’environnement qui révèle l’intérêt portée par
une société, à son patrimoine naturel et historique.

3-Le peuplement

Le peuplement est l’installation d’une population sur un nouveau territoire. Il fait un


objet d’étude pour les archéologues et géographes. L’archéologie spatiale aborde les
analyses des dynamiques des systèmes de peuplement, les localisations ou des
interactions spatiales. Durant ces dernières décennies, grâce au croisement des
méthodologies de ces deux disciplines et à la prise en compte de l’environnement des
établissements et des interactions entre eux, on note des avancées importantes.
L’interdisciplinarité permet de mieux comprendre les structures de peuplement et la mise
en valeur de l’espace sur une longue durée.

II- Problématique

1- Contexte et justification

L’histoire de la Basse Casamance de manière générale est difficile à saisir à travers les
différentes sources d’informations.

Avant l’arrivée des portugais, les sources sont lacunaires. Les sites archéologiques, les
traditions orales et la linguistique constituaient les principaux matériaux. Ces travaux
pour la plupart des cas ne sont pas parvenus à nous éclairer sur le peuplement de la
Basse Casamance en particulier celui du territoire du Blouf.

Les navigateurs et chroniqueurs portugais du XVe et XVIe siècles donnent les premières
cartes de la région ainsi que des témoignages écrits à travers leurs récits de voyages.
Comme par exemple Alvarez d’Almada qui dans ses témoignages note l’importance des
Baïnouk sur la rive droite de la Casamance. Cependant, dans cette zone actuellement
peuplée par les Diola on ne retrouve pas de traces ni de souvenirs de ce peuple dans
certaines territoires comme le Blouf. L’analyse des sources précoloniales en générale
posent souvent des problèmes liés aux mélanges de langues et faisant ainsi défaut dans la
description des populations.
Les documents historiques de la période coloniale et postcoloniale posent problème du
fait qu’ils nous viennent essentiellement de l’Europe et écris dans un contexte de
méfiance des populations diola de la Casamance d’où la difficulté de recueillir les
informations (exemple des travaux de L. V. Thomas dont le vocabulaire est souvent à
caractère colonialiste). Les traditions orales témoignent d’une histoire marquée par la
permanence des conflits internes, mais aussi les échanges interrégionaux entrainant des
déplacements des populations d’une région à une autre ou d’un village à un autre. Par
ailleurs, ni les archives nationales que nous avons consultées ne pouvaient nous aider à
comprendre le peuplement du Blouf. Il est difficile de ce fait de trouver des réponses sur
le mode ou les modes de construction du territoire en pays diola du Blouf et à identifier
sa population.

Le Blouf est une zone qui s’est tardivement ouverte aux autres régions de Casamance.
Ces différentes localités étaient reliées par plusieurs raccourcis traversant les forêts et les
champs. C’est pendant la période coloniale que la mise en forme de la boucle du Blouf a
eu lieu traversant la quasi-totalité de ses villages.

L’observation de son paysage, la disposition des villages nous permet de nous interroger
sur leur établissement sur les lieux, sur leur organisation de l’espace ainsi que sur
l’aménagement de ses étendues de rizières. En plus de cela nous nous interrogeons sur
l’attachement des populations à la terre qui est souvent source de conflits fonciers entre
villages voisins mais aussi entre individus appartenant au même village. Ce qui pose
souvent des questions sur les premiers occupants des lieux, sur leurs origines et donc sur
leur véritable identité. Cependant, les réponses sont difficiles à trouver au sein des
populations actuelles du Blouf pour des raisons sociales que nous ignorons et dont nous
tenterons d’explorer.

Notre thème d’étude vise à analyser le mode ou les modes de construction du territoire du
Blouf. Il s’agit d’étudier les expressions identitaires à travers les relations entre les
hommes et leur territoire en tant que milieu physique, social et religieux dans cette zone.
Ainsi, pour bien mener notre étude, nous chercherons à comprendre le processus
d’occupation de la zone, à travers son paysage nous chercherons des traces des premiers
établissements dans la zone. Quel est le processus du peuplement du Blouf  ? Comment
comprendre les changements culturels des populations dans leur relation avec leur
territoire dans le temps ? Quels éléments disponibles peuvent servir à identifier les
populations ?
-Justification du choix de la zone

Le choix de la zone d’étude s’explique d’une part par le fait que cette zone du Blouf n’a
pas encore fait l’objet d’importantes études archéologiques hormis le travail de
Khadidiatou Diatta sur l’Histoire d’un terroir du Blouf : Thionck-Essyl. D’autre part
cela s’explique par la place qu’occupe la tradition dans la vie des populations offrant un
terrain propice pour des études ethnoarchéologiques. En outre le choix est motivé par le
désir de montrer le potentiel archéologique que cette zone, jusqu’à là méconnue par un
bon nombre d’archéologues du Sénégal, possède.

- Objectifs

Notre objectif est de voir comment les modifications actuelles des paysages s’inscrivent
dans l’histoire des populations dans cette région du Blouf. Il s’agira dans cette étude de
rassembler toutes les informations sur le territoire qui pourraient nous édifier sur la
dynamique de son peuplement, l’aménagement du paysage et à identifier les populations

Avant d’entamer nos recherches sur la question de la construction du territoire :


paysage et peuplement du Blouf, il est nécessaire de faire l’état de connaissances sur
ces populations. Ce travail est une analyse des sources disponibles sur l’histoire des
populations diola de manière générale et en particulier des Diola occupant la zone
actuelle du Blouf.

Parmi ces sources, nous avons les documents portugais qui constituent la première source
écrite sur l’histoire de la Basse Casamance. Ces documents sont issus des observations
directes de la part des navigateurs et chroniqueurs (d’Almada, Diogo Gomes) ou
d’informations tirées d’autres chroniqueurs.

Les documents d’archives datant de l’époque coloniale constituent une source de


connaissance des sociétés de la Basse Casamance. Ils concernent en général les rapports
trimestriels d’ensemble que les administrateurs locaux faisaient parvenir au gouverneur
du Sénégal ou le gouverneur de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Cependant, ils
nous apportent peu par rapport à la compréhension du peuplement du Blouf.

Il y a aussi les ouvrages d’auteurs français tels que des Géographes, anthropologues,
sociologues, (Paul Pélissier;1966, Thomas L. V.;1959, Francis Gregory SNYDER), etc.
qui nous sont d’une importance capitale dans la connaissance des sociétés diola.
En outre, les sites archéologiques sont parmi les sources les plus essentielles pour  mieux
comprendre l’histoire des populations de la Basse Casamance. Nous avons sur ce
domaine les travaux de Olga Linares de Sapir en 1971(dans les villages de Niomoune,
Itou, Khano, la Pointe Saint Georges, ceux situés entre Samatite et Kagnout, et à
Diakène. Nous avons aussi les recherches de Moustapha SALL (2005) dans le Fogny.
L’ensemble de ces travaux nous livre des informations sur l’occupation de la zone ainsi
que de l’organisation sociale des Diola.

Ainsi, nous analyserons les documents dont nous disposons en rapport avec notre thème
d’étude.

III-Revue documentaire et Critique des sources.

Il s’agit dans cette étape de revoir tout la littérature sur l’histoire des populations de
Basse Casamance et de la société diola. De ce fait, une analyse critique des sources en
rapport avec notre thème de recherche est nécessaire pour mieux situer notre sujet.

Si le milieu physique habité par les populations diola est connu, il n’en est pas de même
pour leur origine et leur histoire. D’après Linares de Sapir,(1971) la région de la Basse
Casamance aurait été habitée depuis 200 A.D. Cette région fut le théâtre de plusieurs
mouvements de population. Néanmoins les sources portugaises, les sites archéologiques,
les traditions orales et la linguistique malgré leurs lacunes, constituent les principaux
instruments dans la connaissance de l’histoire de ces populations. A travers les sources
portugaises nous livrant diverses informations, on note qu’elles ne sont pas souvent
fiables. Les voyageurs et chroniqueurs par un mélange de langues rendent dans un certain
cas confus les noms des lieux, et les groupes sociaux (Cormier-Salem, 1999 :154). A
partir du XVIe siècle la présence européenne s’intensifie notamment avec le commerce
atlantique et la traite des esclaves.

A- Les origines de la population

Parlant des populations de Basse Casamance, le territoire du Blouf fait partie des unités
les plus peuplées de cette région comme le témoigne Paul PELISSIER (1996 :649) « les
points essentiellement peuplés constituent les plateaux des Djougout et d’Oussouye ». Il
explique cela par leur contact direct avec les terres drainées les massifs forestiers et les
marigots ainsi que la mangrove. Cela montre en effet l’attachement de ces populations à
la terre donc à leurs activités agricoles. D’après Pélissier, l’histoire des établissements
humains dans la Basse Casamance, enseigne qu’ « aussi bien les villages isolés dans
les îles, que dans les clairières habitées des forêts de plateaux sont d’installation récente
par rapport villages situés sur les plateaux et dans les vallées inondables » (1966 : 649).
Cette question liée aux établissements dans la zone du Blouf doit être revue car, l’auteur
même nous souligne la difficulté de saisir la personnalité du Diola à travers les traditions.
« Les plus patientes enquêtes ne parviennent pas à éclairer la personnalité Diola »
(Pélissier, 1966 : 658). Un grand nombre de villages auraient en effet perdu tout souvenir
de leur fondation, comme nous l’avons aussi soulignée à travers les documents
d’archives sur les dossiers des Djiougouttes qui ne mentionnent presque pas l’origine et
la date de création des villages et des quartiers que composent les villages (Archives,
11D1/0150). D’où l’intérêt de les dater à travers le nombre de bukut organisés. En ce qui
concerne l’origine des Diola, elle demeure assez confuse si elle n’est pas rattachée à un
autre village, elle reste le plus souvent un mystère notamment dans la zone du Blouf.
Selon Pélissier, les Diola, situés à l’Ouest du Soungrougrou, «  font figure d’autochtones
non seulement à leur yeux et à ceux des autres peuples qui vivent à leur contact »
(Pélissier, 1966 : 651). Il souligne que dans toute la zone amphibie de l’estuaire et les
plateaux qui l’environnent, les Diola n’ont pas le souvenir de leurs prédécesseurs et ont le
sentiment d’être les premiers occupants des lieux. L’auteur y ajoute que la tradition des
plus secrètes des données révèle que les Diola se savent venir de l’Est (Pélissier, op. cit.,
659). Cette thèse rejoint celle de Jean GIRARD (1992 :107-124) portant sur les origines
du peuplement en Basse Casamance. D’après Girard, les Diola occupent la vaste plaine
alluviale marécageuse de la Casamance, il fait état d’un peuplement de la Casamance qui
s’est fait de l’Est vers l’Ouest. Il souligne que pendant des siècles les cours d’eau et les
forêts ont servi de refuge aux petits groupes fuyant la Haute et la Moyenne Casamance.
Cependant, on constate à travers cet ouvrage que l’auteur n’a pas une bonne connaissance
de la Basse Casamance notamment sur son peuplement; à travers la carte dans laquelle il
donne une représentation des différentes localités, certaines comme le Blouf n’y figure
pas par méconnaissance ou par confusion avec le Fogny et sur l’existence d’une
riziculture africaine. Dans cette même direction Amadou Kane Beye cite la thèse d’André
Julliard (Beye, 2011 :26) selon laquelle les ancêtres des Diola viennent de la Mecque
pour cause d’une chaleur accablante. C’est cette migration qui se serait divisée en
groupes tels que les Diola en Casamance et les Sereer dans l’autre rive. Par contre,
d’autres chercheurs soutiennent une origine méridionale des populations Diola. Comme
Pélissier cité par Sall situe le berceau du groupe en pays Floup et dans la région de
Kamobeul Séléky, cette hypothèse s’appuie sur des considérations religieuses situant les
plus grands fétiches dans cette région. Cette hypothèse semble se confirmer avec les
témoignages recueillis par Sall dans le Fogny selon lesquelles, «  les habitants de Suelle
ont tendance à dépêcher chaque année des délégués auprès du village méridionale de
Nialou près de Kabrousse, qui arbitre le sanctuaire des grands fétiches » (SALL,
2005 :22). D’après PELISSIER, la présence de beaucoup d’amas de coquillages
témoignent d’une ancienne exploitation des lieux de pêche. Se basant sur les traditions, il
montre que beaucoup attribuent ces amas à des populations qui ne s’intéressaient pas à la
culture du riz et avaient comme mode de subsistance la pêche. Tant dis que d’autres
rapportent que ces constructions sont l’œuvre des ancêtres des diola pendant des années
non pluvieuses où le riz ne poussait plus (Pélissier, 1966 :659). Il s’y ajoute la thèse
d’une fréquentation saisonnière des lieux par des populations itinérantes sans relation
avec les habitants des plateaux. Les propos avancés par W. Rodney cité par Marine C.
Cormier Salem, (Cormier-Salem et al.1999 :162) s’inscrivent dans la thèse d’un
peuplement refuge. D’après ce dernier, ces groupes appartiennent au même vieux fond
agraire Ouest atlantique ou Paléonigritique, ils auraient subi les mêmes poussées des
Etats du Soudan et ils ont trouvé refuge, pour les premiers dans la mangrove, et pour les
seconds, dans les éboulis gréseux du plateau bowal. Les amas coquilliers constituent
l’une des sources fondamentales qui contribuent à nuancer l’hypothèse selon laquelle la
mangrove serait un milieu de refuge pour les populations refoulées de l’empire manding
puis de l’empire peul. Les travaux de Linares de Sapir à Loudia Wolof et à Niomoune
(1971) apportent des éléments de réponse sur cette question. La construction de ces amas
coquilliers s’étale sur une période de 2000 ans environ depuis la fin du Néolithique
jusqu’au XVIIe siècle. Linares identifie à partir de ses fouilles deux vagues populations
qui se sont succédés correspondant à quatre phases d’occupation. La première phase
allant de 2000 BC à 200 AD ne contient aucune trace d’activité maritime avec comme
dégraissant la chamotte correspondrait à un groupe humain qui n’exploite pas les
ressources de la mangrove. La présence de la chamotte et l’absence des restes de
mollusques justifieraient la constitution des sites par une population qui n’exploitaient
pas les produits halieutiques. « Thus several lines of evidence suggest that these first
colonists were not adapted ta coastal life: the complete absence of mollusk remains (from
four sites in about 400 years of occupation), the absence of any fish ».  Ainsi, plusieurs
éléments de preuve suggèrent que ces premiers colons n'ont pas été adaptés à la vie
côtière: l'absence totale de restes de mollusques (à partir de quatre sites dans environ
400 ans d'occupation), l'absence de toute espèce de poisson  (de Sapir ; 1971 : 38). C’est
dans les dernières phases qu’apparaissent des coquillages qui seraient le témoin de la
présence d’une nouvelle vague de population apparentée aux Diola qui serait venue se
superposer sur d’anciennes couches appartenant à des populations qui pratiquaient
l’agriculture. En plus, les travaux récents en ethnoarchéologie de Moustapha SALL dans
le Fogny en Basse Casamance soutiennent comme la plupart des traditions, que les Diola
ne sont pas les premiers à occuper leur Zone actuelle (SALL, 2005  ; 59). Les travaux de
son prédécesseurs Sapir, ainsi que la tradition recueillie dans plusieurs villages du Fogny
lui auraient permis de noter l’antériorité des Baïnouk dans la zone actuelle habitée par
des populations majoritairement Diola.

Cependant, ces différentes thèses s’opposent aux traditions légendaires rapportant


l’origine de l’ethnie à travers trois légendes d’après Thomas parmi lesquelles nous nous
intéresserons sur deux.

-Pour la première, « un père de famille de la race des Diola actuels vint s’installer dans
le Bluf en qualité de trafiquant. D’aucuns disent que c’était l’envie de revoir ses parents
Baïnouk et Balant qui le pousse à venir vendre ses pacotilles sur le territoire de Basse-
Casamance. En tout la prospérité du pays l’enchanta ; il s’y installa définitivement et
garda pour ses enfant le nom de Diola déformation de Dioula. Ses descendants fondèrent
par la suite les sous-groupes Diamat, Floup, Djougout et Bayot » (Thomas, 1959 :488).
A ce niveau de cette légende une confusion s’installe entre le Blouf et Djougout qui
constitue de nos jours une seule et même entité alors que la légende supposerait une
grande entité qui s’est divisée en sous-groupes précédemment cités.

-La seconde, la plus populaire, est celle d’Aguène et Diambogne. Celle-ci raconte «  qu’il
y a de cela très longtemps avant que l’on sache faire cuire le riz, un roi habitant
probablement dans la région de Kabou (Haute-Gambie) et qui avait particulièrement de
nombreux enfant aimait particulièrement deux filles jumelles, Ageën et dyambon. Comme
il ne parvenait pas à les marier dans son pays, il les envoya l’une d’elle dans la région
du Sine, après lui avoir remis un sarcloir (helar); c’est ainsi que Dyambon fut à l’origine
de la tribu Sérère. Quant à Agen, elle fut embarquée dans une pirogue avec une brèche
(kadjendu) spéciale pour la culture du riz; elle s’établit dans le Fogny et devint la mère
des Diola » (Thomas, 1959 :490). Cette légende s’oppose de ce fait à la thèse du
peuplement du Fogny et des Djougout par les Floup dont font état bon nombres
d’ouvrages. Dès lors, faut-il aborder l’origine des Diola dans le sens des migrations
comme le soutiennent nos auteurs ? Une question dont nous tenterons de répondre après
nos recherches sur le terrain.

Il faut cependant noter que les amas coquilliers bien qu’ils nous édifient sur l’ancienneté
des établissements humains, n’apportent pas des réponses unanimes sur les origines des
populations de Basse Casamance mais nous permettent ainsi de nous interroger sur la
question identitaire.

B- Identité Diola ou Baïnouk ?

La question identitaire est très complexe en pays diola, suscitant ainsi diverses
interrogations. Si l’on se réfère aux sources, l’identification des Populations Diola est
difficile. Cette question qui jusqu’à présent n’apporte aucune réponse consentante mérite
d’être revue.

D’après les témoignages des premiers navigateurs portugais, la Basse Casamance est
peuplée par des Banhums, des Felup, des Balangas etc. Nous avons les descriptions
d’Alvarez d’Almada qui soutient que « la rive septentrionale de la rivière de Casamance
qui est situé au-delà du Cap Rouge est habitée par les Jabundos et la Rive méridionale
par les Banhums » (d’Almada, 1842 :356). De nos jours, il est difficile de retrouver en
Basse Casamance le peuple de « Jabundos » dont Alvarez mentionne. Ils seraient selon
Hecquard, les ancêtres des Blouf (Hecquard, 1855 ; 209). En ce qui concerne les
Banhums dont il situe sur la rive méridionale, ce domaine est aujourd’hui peuplé par des
populations diola. Ainsi, on s’interroge sur l’identité Diola, de l’origine de cette
affirmation identitaire. Valentin Fernandes parlait de Balangas qui seraient des Balant
actuels apparentés aux Diola et des Falupos qui sont les Floup et les Banhum (Thomas  ;
1959 : 10).Ces derniers auraient occupé une entité importante mais les conflits récurrents
entre ces groupes auraient causé la perte d’une partie de leur territoire. Plusieurs
témoignages s’accordent sur l’absorption des Baïnouk et dans certains milieux, leur
expulsion de leur territoire par les autres groupes Balant, Manding et Diola. Paul
Pélissier souligne le fait que les Diola ont souvent le sentiment d’avoir absorbé les
Baïnouk ou les avoir chassé de leurs actuels habitats. Selon un des témoignages qu’il
aurait recueillis, un chef de Canton du Fogny Combo affirmait que «  les vrais Diola ce
sont les Baïnouk » (Pélissier, 1966:658)}. Cependant, il note n’avoir retrouvé aucun de
leurs souvenirs à l’Ouest du Fogny dans le territoire des Djougout (actuel Blouf), les
Bliss et karones et dans le département actuel de Oussouye (Pélissier  ; 1966 : 658).
Contrairement à Pélissier, les recherches anthropologiques de Peter Mark en date de 1985
soulignent non seulement les conflits entre ces groupes pour le contrôle des routes
commerciales et du domaine foncier mais aussi du fait que certains habitants de Thionck-
Essyl, peut être la majorité ont des origines Baïnouk (Barbier-Weisser et al. 1994  :169-
177). Il note en effet que les Diola ne parlent pas de façon ouverte du fait que les
premiers habitants du Blouf étaient des Baïnouk. Pour ceux-ci, dire qu’ils sont Baïnouk
pourrait remettre en cause leur droit à la terre à laquelle ils sont très attachés. Ce qui à
nos yeux serait contradictoire du fait que le premier occupant est dans les normes celui
qui aurait le plus grand domaine foncier. On se pose dès lors des questions sur les vraies
raisons pour les premiers habitants de ne pas révéler leur identité Baïnouk. Par ailleurs,
les traditions recueillies par Beye dans les villages Baïnouk rapportent que ces derniers
ont été chassés de l’Est par les mandingues, l’un de leur roi (Gana Sira Bana Biaye) est
allé s’installer dans le Balantacounda en Sédhiou, plus précisément à Brikama. Leur nom
même « Baïnouk » serait d’origine mandingue au moment de leur conquête des territoires
(Beye, 2011 :32). Il ajoute en outre que les Baïnouk se seraient éparpillés un peu partout
après la mort de leur dernier roi Gana Sira qui a été victime d’un complot dans lequel
avant de mourir il les maudit par ces mots : « vous serez un peuple faible, désuni et vous
perdrez toutes vos guerres » (Beye, op. cit.41). Une origine centre-Ouest est aussi
soutenant par Lasnet cité par Beye (2011; 27) qui s’est basé sur les traits de ressemblance
cultuels que partagent les groupes Diola et Sereer. Les travaux de Sapir (1971) et de Sall
(2005) confirment l’existence d’un fond culturel entre ces groupes. Sall a fait cette
remarque à partir de la production céramique dans le Fogny.

On note cependant que même si la plupart des sources s’accordent sur le fait que
certaines populations diola sont d’origine Baïnouk, elles trainent souvent des lacunes
dans certains cas muets dans la justification de la perte de leur mémoire Baïnouk dans
certaines zones. Nous comptons de ce fait apporter des éléments de réponses beaucoup
plus claires dans le territoire du Blouf à travers l’étude des éléments du paysage et leur
rapport historique avec le peuplement de cette région.
Ainsi nous allons nous attarder sur le groupe diola pour essayer de situer son unité
historique, l’origine de l’appellation Diola.

Le groupe Diola est composé de plusieurs entités avec une différence linguistique très
remarquable. (Thomas L. V., 1959 :12). C’est dans ce contexte que Pélissier écrit, « Il est
d’abord remarquable que leur individualité ethnique ne s’appuie sur aucune unité
historique et qu’ils n’aient même pas eu, autrefois de commun dénominateur puisque
l’appellation de Diola est d’adoption récente » (Pélissier, 1966 :656). Il n’y a-t-il pas
d’unité historique du groupe diola ? Une question qui mérite de nouvelles investigations.
Ce groupe, serait autrefois désigné sous l’appellation « Fuloupos », « Felup ou Fulup »
par les Portugais et premiers voyageurs européens. « Feloupes », « Fulup » ou « Flup »
selon les différences orthographiques, serait construit à partir du radical « luup » ou
« luuf » qui signifie « boue, marécage ». Les flup seraient donc les habitants de la zone
marécageuse. Ce terme est ainsi réservé depuis une certaine période au sous-groupe diola
cassa ; il serait utilisé auparavant pour désigner l’ensemble des populations diola
actuelles. L’appellation « yollas » dont mentionne Hecquard, serait une désignation de la
part des «laptots yolloffs » (Hecquard, 1853 ; 112). Ces populations s’identifiaient sous
l’appellation « Kujamat » qui signifie « ceux qui refusent d’entendre ». Le même auteur
signale l’existence des Jigonches (Djougout) : leurs mœurs et leurs langues sont presque
les mêmes que celles des Floup dont ils descendent (p.120). Pour ceux-ci, dire qu’ils sont
Baïnouk pourrait remettre en cause leur droit à la terre à laquelle ils sont très attachés.
D’après Peter Mark, en 1912, l’administrateur supérieur parlait toujours des Floup sur la
rive sud de la Casamance, et des Diola au Nord de ce fleuve, dans le Fogny. A cette
époque les Diola actuels du Blouf qui habitent à l’Ouest du Fogny, étaient appelés les
Jigout. Le nom Floup remonterait au XVIe siècle et est renvoyé au peuple habitant à la
frontière de la Guinée et utilisé par les ethnologues lusophones. Or, tous ces peuples
parlaient des langues plus ou moins proches et partagent pratiquement les mêmes
organisations sociales avec des structures rituelles similaires. Pour autant, ils ne se
voyaient pas comme le seul et même peuple (Barbier-Weisser et al. 1994  :170-171 ).
L’ethnie Diola n’existerait pas au XIXe siècle, les Diola auraient été créés pendant la
période coloniale. La conscience d’appartenance au même groupe ethnique serait d’après
P. Mark, « le produit des rapports politiques et sociaux qu’a connu le Sénégal depuis
l’indépendance » (Barbier-Weisser et al. op. cit.170). De ce fait, il existe une nette
différenciation de ces groupes qui aujourd’hui constituent le même groupe Diola et
subdivisés en sous-groupes Diola cassa, Diola Fogny, Diola combo, Diola Blouf. En ce
qui concerne les Diola Blouf, on retrouve différentes désignations de ces populations
depuis les voyageurs portugais (jabundos, gigonche) à la période coloniale (Djougout)
jusqu’à l’adoption récente de « Blouf ». Ce qui nous permet de penser que ces
populations auraient une autre identité disparue avec l’influence de nouvelles populations
provenant de la rive gauche de la Casamance. On peut noter à présent les difficultés pour
situer l’unité historique de cette population diola constituée en territoires villageois. En
plus des différents sous-groupes, nous avons les différences linguistiques. En effet, les
recherches linguistiques menées par Sapir cité par Marie Christine Cormier Salem et al.
remettraient en question l’unité présumée du peuple diola. D’après ses remarques, du
point de vue linguistique, les langues parlées par les sous-groupes diola se situent dans la
branche « Bak » du groupe linguistique général connu actuellement sous le terme de
l’Ouest Atlantique. Le fractionnement des langues est remarquable dans ces groupes
diola à tel point que Paul Pélissier affirme qu’il y a « autant de dialectes que de gros
villages ». Il souligne que la complexité dialectale serait une illustration du morcellement
géographique (Pélissier, 1966 : 661). On note en effet une variété de langues d’une zone
à l’autre ou de village en village.

Cependant, les différents sous-groupes ainsi que leur différence linguistique compliquent
davantage l’étude sur les constructions territoriales mais aussi l’étude sur leur identité et
le peuplement de différentes zones. Ainsi, nous allons saisir l’organisation sociale des
Diola dans leurs territoires respectifs.

C- L’ organisation sociale

La société diola telle qu’elle nous est présentée par les auteurs est une société à structure
égalitaire. D’après Louis Vincent Thomas, les Diola ont toujours été soucieux de leur
liberté, rebelle à une organisation trop structurée. La société diola est dépourvue
d’autorité centralisée. C’est une société sans Etat dans laquelle toutes les affaires
communes se traitent dans le consensus. Toutefois, Thomas souligne que   le Diola n’a
rien de l’individu isolé car sa vie quotidienne étant organisée autour de trois structures
dynamiques fondamentales :

-D’abord la chefferie coutumière


-En second lieux les classes d’âges, diversement hiérarchisées mais toujours à finalité
utilitaire.

- Enfin, c’est la parenté dont l’analyse ressort diverses sous-structures en relation avec
les systèmes fonciers et l’aménagement de l’espace, c’est-à-dire le symbole de la
connexion de l’homme à la terre. De ce fait, la vie pour le Diola est une sorte de
compromis original entre l’exigence d’indépendance et celle d’une appartenance à un
groupe. Ainsi, le même auteur ajoute que le paysan pratique davantage une cohésion
horizontale, c’est-à-dire l’échange des services que la cohésion verticale qui équivaut une
hiérarchie absolue. Son appartenance à une structure égalitaire et démocratique entraine
une obéissance consentie (Barbier-Wiesser et al. 1994 : 72-74). Dans la même logique,
Paul Pélissier retient que « les Diola constituent une société égalitaire et individualiste ;
le défaut de structure politique va de pair chez eux avec l’absence de hiérarchie sociale »
(Pélissier, 1966;679). Il ajoute que l’unité de base est la famille fortement repliée sur
elle-même, autrefois regroupée dans une maison collective. L’ensemble des familles
constituent des villages ou se groupent par affinité et lien de parenté en quartier à
l’intérieur d’un village. En effet concernant l’organisation de l’unité familiale, Françoise
Ki-zerbo affirme que « la résidence est un élément important caractérisant la
communauté de vie diola. Les relations de parenté s’expriment à l’intérieur d, ou entre
ces communautés de vies fondées sur la résidence ». (Ki-zerbo, 1997;64).Ce qui montre
le rôle de l’habitat (hank) dans la vie sociale des Diola. L’habitat diola permet de définir
l’individu diola comme un être à la fois individuel et communautaire (Ki-zerbo, op.
cit. ibid.). L’étude de Patrick Dujarric sur l’habitat en Basse Casamance décrit les types
d’habitats dans les différentes localités. C’est dans ce sens qu’il nous donne la
description de l’habitat du Blouf comme étant constitué de maisons individuelles,
entourées chacune, à l’arrière d’un jardin de case et regroupées autour d’une place
centrale ombragée le plus souvent par des arbres (Barbier-Wiesser et al. 1994  : 154-159).
Cela prouve en effet le sens de la vie communale des familles diola.

Ainsi, l’organisation sociale étant pratiquement similaire dans tout le milieu diola, il
devient difficile de saisir l’unité du peuple diola dans sa globalité. De manière générale,
cette organisation sociale bien structurée va dans le sens non seulement pour la cohésion
sociale du groupe mais aussi pour la protection de leurs richesses. Parmi ces richesses, la
terre constitue celle de toutes les générations et est au cœur des constructions
territoriales. Nous allons ainsi étudier le rôle du foncier dans les constructions
territoriales notamment dans le peuplement du Blouf.

D- La question foncière en milieu diola

Les populations diola ont fait l’objet de plusieurs témoignages sur leur attachement à la
terre. Le paysan Diola est un individu enraciné dans ses forêts et rizières. Cependant, à
la différence des autres paysanneries comme en milieu seereer où le Lamane procède à la
distribution des terres, chez les populations diola il est difficile de savoir comment les
terres ont été distribuées aux différentes familles. Paul Pélissier (1966  : 687) souligne
qu’il serait « probable que s’est effectué un fractionnement progressif des clans
originels, les familles issues des plus anciennes villages allant s’installer dans des zones
vierges et procédant à des défrichements qui se situent à l’origine de la propriété ». En
effet, le régime foncier en pays diola se caractérise par l’absence d’un «  maitre de la
terre », c’est-à-dire un Lamane. Parlant de l’appropriation de la terre, Pélissier note que
pour le Diola la terre signifie d’abord la terre cultivable en riz inondé. De ce fait, ce sont
les rizières qui se retrouvent au cœur du droit foncier diola. Ce qui fait la complexité de
la question foncière dans la mise en place du peuplement des territoires diola. Par
ailleurs, la thèse de Francis Gregory SNYDER sur les rapports entre les hommes et les
terres chez les Diola Bandial illustre la complexité du régime foncier des Diola de la
Basse Casamance. D’après l’auteur, « dans une société agricole sédentaire, comme les
Diola de la Basse Casamance, une recherche sur les rapports entre les hommes et la
terre donne accès à de nombreux aspects de la civilisation. Cela est d’autant plus vrai au
cas d’un peuple à longue implantation dans la zone actuelle et ayant élaboré les
techniques savantes de la riziculture. Ce facteur est encore accentué lorsque les membres
du groupement humain concerné démontrent constamment un vif intérêt aux rapports
homes-terres et reconnaissent la complexité de leur régime foncier ainsi que son
imbrication à tous les niveaux et à maints aspects de leur vie quotidienne » (Snyder,
1999 :30). D’après les témoignages que SNYDER a recueillis, il y a une similitude de
l’appropriation des terres chez les Diola bandial et ceux près de Bignona sur la rive droite
de la Casamance. Selon ces traditions, l’appropriation des terres se faisait à la force des
bras, soit avec la hache lors d’une nouvelle installation dans une zone inoccupée, soit
avec les armes. Ces dernières intervenaient lorsqu’une agglomération se sentait assez
forte ou convoitait les terres d’un village voisin. De ce fait, l’acquisition des terres se
faisait de manière collective et chaque famille se taillait dans le patrimoine commun la
partie qui suffisait pour son exploitation. Dans les familles la terre devient en effet selon
Françoise Ki-zerbo « une richesse de toutes les générations qui se suivent parce qu’elle
est transmise aux moments ou les générations deviennent responsables » (Ki-Zerbo ;
1997 :74). Malgré tout, les conflits liés à la terre sont permanents en milieu diola et
s’invitent souvent dans le débat des constructions territoriales. Ce qui explique les
conflits inter-villageois comme dans le Blouf, le conflit opposant le village de Bassire à
celui de Kagnobon au sujet des rizières et entre le village de Diégoune et celui de
Djimande pour les mêmes questions (Archives Nationales : 11D/0150).  « Chez les Diola,
la terre c’est d’abord la rizière » d’après F. Ki-zerbo car sa vie est en grande partie
dominée par ses activités agricoles en particulier la riziculture. L’attachement du Diola à
la terre s’explique par son attachement à la riziculture à laquelle on lui reconnait une
ingéniosité dans sa pratique dont nous évoquerons par la suite.

Bien vrai que les études sur le régime foncier diola dans sa complexité nous aide dans la
compréhension des structures de parenté, sa transmission ainsi que son aspect collectif,
elle n’apporte cependant pas des éléments de réponses claires dans la dynamique du
peuplement territorial. Nous allons ainsi revoir les connaissances sur les activités socio-
économiques du Diola et leur rôle dans la construction du territoire.

E- Les activités socio-économiques des Diola

A travers les activités socio-économiques des Diola, la riziculture occupe une place de
premier rang. En effet, les installations villageoises sont le plus souvent caractérisées par
le terroir agricole qu’elles surplombent. Le choix stratégique de leurs installations est
déterminé par leurs activités socio-économiques. D’ailleurs, dans la pratique de la
riziculture, plusieurs témoignages font état d’une technicité du Diola. Pour paraphraser
Pélissier, la richesse chez le Diola se mesure de ce fait par la disposition de rizières et de
greniers de riz en abondance qui sont source de prestige et d’aisance de tous biens
matériels et spirituels. Parmi ces témoignages, nous avons les travaux de Louis V.
Thomas qui d’après son étude sur la technique diola affirme qu’  « on ne trouve de
meilleur argument pour vanter le cultivateur Diola, surtout si l’on tient en compte du peu
de possibilités techniques de l’indigène ». Il note en effet que la riziculture diola incarne
dans son esprit et ses techniques l’âme même de la population et contribue à maintenir
une véritable symbiose entre l’homme et le milieu, quelque chose comme une religion et
une économie du terroir (Thomas, 1959 :117-118). Le riz est de ce fait présent dans
toutes les manifestations religieuses et sociales. C’est pourquoi, Thomas souligne qu’
« aucune technique n’a plus d’efficience ou de signification religieuse que la
riziculture » chez ces populations (Thomas ; 1959 :120). Cependant, cette étude de
Thomas sur la technique diola en particulier la technique rizicole prise sous l’angle du
rapport de l’homme avec son milieu s’inscrit en partie à notre objet d’étude sur la
construction du territoire : paysage et peuplement du Blouf, mais n’a pas fait le
rapprochement de cette technique au peuplement des différentes zones occupées par les
populations diola. Par contre, Paul Pélissier revient largement sur la riziculture de Basse
Casamance ainsi que l’aménagement des rizières dont il témoigne l’originalité du Diola.
En effet, Pélissier est parvenue après une étude des différents témoignages à travers les
récits des premiers voyageurs portugais sur les côtes africaines ainsi que ses travaux sur
le terrain, à confirmer l’ancienneté de la riziculture chez les populations littorales des
rivières du Sud. Selon cet auteur, le caractère africain de la riziculture réside dans la
finesse des techniques de travail de la rizière, dont le kajendu constitue l’instrument
adapté aux divers travaux notamment dans l’aménagement des rizières mais aussi dans
l’édification des digues (Pélissier ; 1966 :714-717). Par ailleurs, une étude récente de
Lamine Diédhiou (2004) sur le riz et son symbole en Basse-Casamance, souligne sa
fonction sociale faisant corps avec sa fonction religieuse chez les populations Diola.
Cette denrée est en effet d’après Diédhiou, offerte de manière symbolique à la fille qui se
marie mais aussi, le riz accompagne les jeunes initiés sur les chemins qui les mènent à
l’âge de la maturité. En plus de cela, c’est à travers le riz que se mesure le sens de
l’économie de la femme diola. Une bonne femme est donc celle capable de gérer son
grenier dans les bonnes ou mauvaises saisons pluvieuses (Diédhiou, 2004 :98-99).
Plusieurs auteurs et observateurs comme Pélissier, Hesseling, Pestania, Marzouk  ;
s’accordent à montrer la place de la riziculture dans la vie des Diola. Cependant, l’origine
de cette denrée ainsi que les techniques utilisées par les Diola dans l’aménagement des
rizières reste inconnue. Cette origine reste aussi complexe que celle des populations de
Basse-Casamance elles-mêmes, rendant ainsi difficile le rapprochement avec leurs
constructions territoriales ; notre objet de recherche. En plus de la riziculture, les Diola
cultivent d’autres denrées telles que l’arachide, le maïs, le mil qui ont certes, une valeur
nutritive, mais n’ont pas une fonction que celle du riz. En ce qui concerne la culture de
l’arachide qui fut introduite pendant la période coloniale s’est développée malgré la
résistance des populations diola au début de son intronisation. Elle est de ce fait une
culture commercialisée à la différence de la riziculture qui s’est noyée dans les rapports
sociaux où elle a pris une fonction symbolique très forte.

En dehors de l’agriculture, les Diola pratiquent d’autres activités comme la pêche, la


chasse, l’élevage et la cueillette. Toutes ces différentes activités ont fait l’objet d’analyse
de la part des auteurs comme Louis Vincent Thomas, Paul Pélissier, Marie Christine
Cormier Salem, etc.

D’abord en ce qui concerne l’élevage, elle constitue selon Pélissier la seconde activité
traditionnelle en Basse-Casamance. L’élevage est une activité socio-économique d’une
importance notable dans la vie des Diola. Les animaux élevés sont constitués de bœufs,
de chèvres, de porcs ainsi que la volaille. Sur ce point, Thomas établit une hiérarchie de
ces animaux en fonction de leur place dans les sacrifices rituels pendant lesquels les
Diola les sacrifient pour offrir le sang au fétiche. En effet, l’élevage des bovins est le plus
important parmi les autres espèces car d’après Pélissier les bovins constituent un
« patrimoine familial ». Les bœufs sont pour le diola d’indispensables auxiliaires de
l’activité agricole. La richesse, le prestige, l’autorité d’une famille sont associés à la
possession d’un troupeau. Par ailleurs, Thomas (1959, p.95) et Pélissier (1966, pp.759-
761) s’accordent de justifier cet intérêt pour l’élevage des bovins par les préoccupations
d’ordre religieuses essentielles dans la vie des populations diola. D’autre part, les bœufs
sont destinés aux grandes cérémonies comme celle de l’initiation au bois sacré.
L’approvisionnement des bœufs se fait dans les régions de la moyenne et haute
Casamance par échange avec du riz. Selon Pélissier les Diola cultivaient des espaces du
riz destiné à l’achat de bovins. Pour l’appropriation, Thomas souligne qu’en règle
générale, « l’homme peut posséder des bœufs et seuls les sujets de sexe masculin peuvent
en hériter » (Thomas, 1959 : 94). On note cependant l’importance de l’élevage des
chèvres, des porcs qui joue aussi un rôle important dans l’économie traditionnelle. Par
contre les moutons ne sont pas aussi nombreux et sont présent dans les zones islamisées.

Ensuite, la pêche est aussi une activité très présente en Basse-Casamance car étant
géographiquement abritée par de multiples marigots. Cette activité de pêche en milieu
diola a fait l’objet d’étude en dehors de Thomas et Pélissier, de Marie Christine Cormier
Salem à travers sa thèse de géographie sur l’étude des espaces aquatiques en Basse-
Casamance. La pêche, selon lui, n’est pas développée en Casamance car les casamançais
apparaissent comme des riziculteurs et des médiocres pêcheurs. La pêche est ainsi
présentée comme étant une activité secondaire soumise aux contraintes du calendrier
agricole et les prises des pêcheurs autochtones sont en général destinées à
l’autoconsommation. Etant très rattachés à leur terroir, ces paysans pêcheurs sont
essentiellement des terriens (Cormier-Salem, 1989 :59-60). Cette médiocrité de l’activité
de pêche chez les Diola est auparavant soulignée par Pélissier qui explique cela par le
choix paradoxe des ancêtres de ces populations de concentrer toutes leurs activités au
service exclusif de la riziculture même si la plupart des villages sont installés à
proximité des marigots (Pélissier, 1966 : 768). Par contre, Thomas souligne le rôle de la
pêche dans l’alimentation des populations de ces populations mais aussi son rôle
économique dans certaines localités comme chez les Bliss-Karone où il arrive que les
pêcheurs fassent un commerce du poisson et des huitres (Thomas, 1959 :75). Ce qui en
effet pourrait justifier d’une part les installations des villages à proximité des marigots.
On note sur ce point même si les Diola sont des médiocres pêcheurs cette activité ne peut
pas être exclue dans leur processus d’occupation de leurs territoires.

En outre, la chasse est aussi une activité mais moins importante par rapport à celles
évoquées précédemment. Cette activité est pratiquée par les jeunes et les vieux et est
spécifiquement pratiquée par les hommes. Pour les jeunes la chasse est perçue comme un
jeu contrairement aux vieux qui le voient comme une bravoure (Thomas, 1959 :p.65). Il
n’existe pas de familles spécialisées à la chasse car tout un chacun peut être chasseur.

Enfin pour la cueillette, elle reste une activité anciennement reconnue chez les
populations de Basse Casamance. La position géographique de cette région lui confère
des paysages favorables à l’activité de la cueillette. Ainsi, parmi les activités de cueillette
qu’on peut exercer en milieu diola, nous avons celle des huitres qui est une activité
importante dans l’économie traditionnelle et même dans l’histoire des sociétés de Basse
Casamance. Les techniques de préparation sont à l’origine des amas coquillers sur les
rives des estuaires et des marigots. En effet, les amas constituent des vestiges et leur
exploitation à travers les recherches historiques ont largement contribué à la
connaissance des sociétés littorales. Nous avons l’exemple des recherches archéologiques
d’Olga Linares De Sapir en Basse Casamance. Cette activité est toujours pratiquée chez
les Diola de la Basse Casamance notamment dans le Blouf. En dehors de la cueillette des
huitres, nous retenons aussi celle du vin de palme connu sous le nom de bounouk dans les
langues locales. Le vin de palme est en effet un produit important dans la vie des
communautés diola car il les accompagne partout dans leurs cérémonies religieuses et
sociales pour la consommation aussi bien pour faire des libations au niveau des fétiches
ou boekin (Pélissier, 1966 : 773). Cependant, cette activité a presque disparu dans les
zones où les populations ont adopté la religion musulmane comme dans la zone actuelle
du Blouf. Mais néanmoins la proximité de certains villages avec les forêts témoigne de
leur rattachement à cette activité et contribuerait dans compréhension du peuplement
ainsi de l’identité des occupants de ces zones.

En somme, l’ensemble des activités socio-économiques en Basse Casamance ont joué un


rôle important dans les constructions territoriales montré par les pratiques religieuses du
terroir qui assurent la cohésion entre l’homme et la terre. Ces activités à caractère
coutumière ont ainsi déterminé les choix des populations dans l’occupation de leurs
zones actuelles. C’est sous cet angle que nous nous comptons étudier les constructions du
territoire dans le Blouf pour essayer de comprendre les rapports entre les hommes et leur
territoire à travers leurs activités religieuses, socio-économiques et leur organisation
sociale. Et enfin discuter la question identitaire dans cette région du Blouf à partir de ces
relations hommes et paysage, une question à laquelle nos sources n’ont pas pu répondre.
Ainsi, pour bien aborder notre thème, il nous faut d’abord définir notre méthodologie qui
nous mènera à répondre aux questions soulevées.

IV-METHODOLOGIE

Dans le cadre de nos recherches, nous comptons dans un premier temps, faire une revue
documentaire des sources écrites et orales, ensuite nous ferons un travail de terrain et
enfin nous mènerons une discussion à partir des données ethnographiques.

En ce qui concerne la revue documentaire, elle va porter sur l’ensemble des documents
pouvant nous permettre d’aborder de mieux aborder notre thème et les documents portant
sur l’histoire de la Basse Casamance, des populations Diola en particulier. Dans cette
revue documentaire nous mettrons l’accent sur les constructions de territoires auxquelles
sont liés les processus de peuplement et sur les identités.

En second lieu, nous allons faire l’étude du terrain qui consistera d’abord à une phase
teste au cours de laquelle nous prendrons contact avec les populations du Blouf et de les
entretenir du but de notre recherche. L’objectif de cette phase est de faire des
observations pour guider le choix des paramètres qui entre dans la cadre de notre
recherche. Ensuite nous allons faire des enquêtes ethnographiques pour répondre à notre
questionnaire élaboré. Pour finir cette étape de terrain, nous ferons un inventaire des sites
et lieux de mémoires pouvant contenir des traces des premières populations du Blouf.
Nous comptons mener nos enquêtes dans les villages d’Affiniam, de Thionk-Essyl, de
Mlomp, de Bassire et de Diégoune. Enfin, après le travail de terrain, nous discuterons les
données ethnographiques confrontées à la revue documentaire faite précédemment pour
apporter des éclairages sur le peuplement du Blouf ainsi que la question de leur identité.
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VILLENEUVE L., 1999. Paysage, Mythe et Territorialité : Charlevoix Aux XIXe siècle :
pour une nouvelle approche du paysage, Presses Universitaires de Laval, 335 pages.
WEBOGRAPHIE

http://www.hypergeo.eu/spip.php?article485#

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/paysage/58827

https://www.memoireonline.com/07/08/1192/importance-route-developpement-
socioeconomique-region-boucle-de-blouf.html

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