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Université Alassane Ouattara

UFR : Communication, Milieu et Société


Département : Géographie

Année académique 2023 -2024

Syllabus de cours

Intitulé du cours : Initiation à la géographie de la population

Niveau/Spécialité : Licence 1 - Géographie

Volume horaire : 12.5

Nom de l’enseignant : Dr. Antoine GBOCHO

Courriel : agbocho@hotmail.com

Téléphone: 01 02 62 64 90 / O7 58 76 72 46

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Plan du cours
Chap I/ Notions de géographie de la population

1/ Evolution de la géographie

2/ Définition de la géographie de la population

Cap II/ Répartition de la population mondiale et les facteurs explicatifs

1/ Evolution dans le temps

2/ Répartition de la population mondiale

3/ Facteurs explicatifs de la répartition de la population mondiale

Cap III/ Analyse de la population Ivoirienne

1/ Les caractéristiques de la population ivoirienne

2/ Les problèmes de population en Côte d’Ivoire

Résumé du cours
La population mondiale a augmenté à un rythme annuel de 2% dans les années 1970. Ce
taux d’accroissement a baissé pour atteindre le niveau de 1,2% en 2007, mais cette évolution
est différente selon les régions du monde.
Cette population mondiale est par ailleurs inégalement répartie à la surface du globe. Les
facteurs explicatifs de cette répartition sont d’ordre historique, naturel et économique. Si les
facteurs historiques et naturels ont expliqué la mise en place de bon nombre de peuples, de
nos jours, les raisons socio-économiques expliquent la cartographie de l’œcoumène.
S’agissant de la Côte d’Ivoire, sa population connait une forte croissance. Elle est marquée
par les caractéristiques suivantes : la jeunesse de la population, une inégale distribution
spatiale, un fort taux de fécondité, une forte immigration et une urbanisation accélérée.

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Objectif général du cours
L’objectif de ce cours est l’étude spatio-temporelle de la population et les
facteurs explicatifs à l’échelle mondiale et locale.

Objectifs spécifiques du cours


 Cerner les notions de géographie de la population ;
 Etudier la répartition de la population mondiale et les facteurs explicatifs ;
 Etudier de la population ivoirienne, sa répartition spatio-temporelle et les facteurs
explicatifs.

Prérequis
Ce cours ne nécessite pas des prédispositions particulières.
Il suffit d’avoir un bon sens de la démonstration et un esprit critique.

Méthodologie
Ce cours est organisé en 3 ou 4 séances de Cours Magistraux qui seront suivies des séances
de Travaux Dirigés. Il s’appuiera sur un support de cours qui sera mis à la disposition des
étudiants dès le début du cours.

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Contenu du cours

Section 1 : Notion de géographie de la population


Pour mieux cerner la notion de géographie de la population, il importe de comprendre
l’évolution de la géographie.

1. Evolution de la géographie

Depuis l'Antiquité, ce sont les particularités ethnologiques qui intéressaient les géographes :
c’est-à-dire les activités, les mœurs, les habitations, les aliments… On découvre le monde à
l'occasion des voyages maritimes. Parallèlement, on a assisté au début de la "géographie
mathématique" avec la géométrie de la terre, les premières cartographies de Ptolémée,
astronome, mathématicien et géographe grec. En fait, le terme de géographie recouvre deux
domaines : la géophysique qui est la connaissance mathématique et astronomique du globe
terrestre et une géographie descriptive des contrées avec leurs particularités.

Aux 17è et 18è s, on commence à réfléchir sur les rapports entre le milieu et la société
(Montesquieu), mais dans une perspective déterministe c’est-à-dire que le milieu joue un
rôle fondamental sur l'homme. Les villes et les villages devaient leur présence à l’existence
d'un couloir de circulation, d'une mine de fer, d'un site favorable : il n'y a qu'un seul choix
possible et obligatoire.

Au 19è siècle, l'orientation des études géographiques met l'accent sur le rôle du milieu
physique sur l'homme, mais désormais dans une vision possibiliste : la nature propose, les
hommes disposent : les hommes ont une marge de liberté par rapport à la nature. En France
cette géographie a été fondée par Vidal de la Blache et Max Sorre qui créent en 1891 les
Annales de géographie.
Ce faisant, la géographie sera longtemps dominée par les thèses de monographies régionales
descriptives et explicatives marquées par le poids des formes du relief et de l'histoire sur ces
régions. Elle est alors "la science des lieux" et non des hommes. Ainsi, la place de la
géographie de la population est restée jusqu’ici modeste.
C’est après 1950 qu’a lieu un tournant majeur. On s'intéresse désormais aux problèmes
démographiques avec le souci de la quantification. Ce nouvel intérêt pour l'étude de la
population apparaît chez les géographes mais aussi chez les gouvernements et les Nations

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Unies dont les experts de la division de la population font depuis 1951, des projections
démographiques qui servent de référence. En France, l’Institut national des études
démographiques a été créé en 1945. Il fournit des données statistiques sur la population.

La géographie inscrit ces données dans un espace géographique, c'est-à-dire social, politique,
culturel. Le premier livre à paraître sur le sujet date de 1951 avec Pierre George. Le titre est
introduction à l’étude de la population. L'intérêt croît dans l'enseignement universitaire : les
livres, articles, congrès se multiplient notamment grâce à l'augmentation de l'information
statistique disponible. Cet intérêt est apparu en France comme en Europe et en Amérique du
nord.

2. Que recouvre la géographie de la population ?

La géographie humaine est l'étude spatiale des activités humaines à la surface du globe. Il
s’agit d’une "science qui étudie la dimension spatiale du social, l'espace des sociétés".
Pendant longtemps, elle a eu une orientation ethnographique ou anthropologique, c’est-à-
dire que ce sont les particularités physiques ou culturelles des groupes humains qui ont fait
l’objet de la plupart des observations.
Ensuite, dans la première moitié du 20ième siècle, elle a eu une orientation écologique avec la
préoccupation pour les rapports de l’homme et du milieu. Enfin, depuis les années 1950, elle
est devenue sociologique et démographique. C’est là que débute la géographie de la
population en tant que branche indépendante de la géographie.

La géographie de la population est la partie de la géographie humaine qui étudie la


distribution de la population à la surface du globe et les variations de cette répartition. Pour
se différencier de la démographique, les géographes mettent en général l'accent sur l'espace.
De ce fait, elle est la seule science sociale à s’occuper des populations du monde en faisant
constamment référence à l’espace. Son objet principal est l'étude de la densité de la
population et du lien qui existe ou pas entre cette densité et le milieu naturel. Elle s'efforce
de comprendre la société par l'étude des rapports entre la population et l'espace : l'inégale
occupation de la terre par les sociétés humaines, les différenciations, les mouvements. Le
champ d'investigation est vaste puisque la population constitue l'arrière-plan de la
géographie. Différents thèmes ont été abordés selon les périodes.

Dans les années 50 à 60, la géographie de la population s’est intéressée à ce qui est le plus
saisissable : les habitants, leurs établissements et leurs activités.
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Elle a surtout étudié la distribution spatiale de la population. Cette étude met en place le

concept de densité de la population1, utile dans une approche descriptive de la présence


humaine. On a souvent utilisé la cartographie pour visualiser le peuplement d’un territoire.

Dans les années 70, on s’est intéressé beaucoup plus à la mobilité spatiale. En effet, les
études sur la mobilité géographique de la population étaient les plus nombreux. Elles sont
consacrées aux migrations intérieures et internationales.

Dans les années 80, un intérêt a été marqué pour les structures et les dynamiques des
différents groupes humains. On s’intéresse davantage à l’évolution de la répartition de la
population d’un recensement à un autre pour saisir les mécanismes, les causes et
éventuellement les tendances d’évolution des différentes populations. On s’intéresse aussi à
la concentration urbaine ou du dépeuplement de certains espaces.

Conclusion

La géographie de la population s’intéresse aux problèmes du monde contemporain. Elle


essaye de répondre aux problèmes concernant l’aménagement du territoire comme accès
des populations aux services, ce qui implique un intérêt pour les relations entre population
et environnement.
Elle se préoccupe également des déplacements de populations qu’ils soient de nature
économique et politique, donc un intérêt pour les réfugiés et les problèmes de coexistence
sur un même territoire de populations différentes. Ici elle recoupe alors le champ de la
géographie sociale. Enfin, la géographie de la population s’intéresse aux questions relatives à
la pression démographique, au surpeuplement…

Pour en savoir plus …


BARNEOUD Lise, 2010, « surpopulation : les vrais chiffres de la croissance démographique
mondiale », in Sciences et vie, n* 1108, 83p.

BARNEOUD Lise, 2010, « surpopulation : les vrais chiffres de la croissance démographique


mondiale », in Sciences et vie, n* 1108, 83p.

BAUDE John., 2008, « Démographie et migrations des pays en développement vers les pays

1Elle est le nombre de personnes par unité de surface (qui peut inclure ou pas les eaux intérieures). Elle est exprimée en
personnes par kilomètre carré ou par hectare et s'obtient simplement en divisant le nombre de personnes par la surface
considérée mesurée en kilomètres carrés ou en hectares.

6
riches : les spécificités de l’Afrique subsaharienne », in Revue d'économie du
développement, 2008/2 (vol. 16), pp. 61-95

COQUERY-VIDROVITCH C. 1988, « la population africaine du passé » in population et société


en Afrique au sud du Sahara, paris, l’Harmattan, pp. 51-69

GUENGANT J.P., 2014 : Comment bénéficier du dividende démographique ? AFD, Paris,


Novembre, 118p.

Section 2 : Répartition de la population mondiale et facteurs explicatifs

La population mondiale désigne le nombre des êtres humains vivant sur Terre à un instant
donné. Ce chapitre présente sa répartition à la surface de la terre et les facteurs explicatifs de
cette répartition. Il faut le plus souvent faire appel à l’histoire, l'économie, la culture,
la sociologie pour expliquer le peuplement d'une région.

1. Evolution passée de la population mondiale


La dynamique des populations s’enracine dans l’histoire de l’humanité, des premiers
hommes apparus sur terre à leur reproduction en plusieurs milliards. Une telle
reconstitution chiffrée de la population mondiale, de la préhistoire à nos jours est fort
compliquée et il convient de rester prudent. L’histoire démographique de l’humanité est
caractérisée par une très lente croissance au début. Durant des centaines de milliers
d’années, l’homme est resté une espèce rare. Il n’y avait que quelques milliers de centaines
d’individus sur terre.

Le seuil du million d’habitants à dû être franchi il y a trente ou quarante mille ans.


Parallèlement à la conquête de nouveaux territoires de chasse et à quelques progrès relatifs
aux méthodes de chasse, à la cuisson des aliments, à la protection contre le froid, l’évolution
favorable du climat va permettre la poursuite d’un lent accroissement démographique. Vers
10000 ans avant JC, la population mondiale atteint environ 5 millions. Mais il n’y avait
probablement plus de 4 millions d’individus vers 7000 ans avant JC en raison du
réchauffement climatique qui a changé les conditions de survie.
En fait pendant des millénaires, les populations humaines ont subi un régime
démographique où seule une forte fécondité permettait de compenser une forte mortalité.

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Dans ce régime dit primitif, l’excédent des naissances sur les décès était modeste et le solde
naturel qui en résultait était périodiquement menacé par les crises graves : épidémies,
famines, guerre… Tout se passait comme si la croissance démographique issue de cet
équilibre « naturel » entre fécondité et mortalité était réglée par les conditions de
subsistance. Quand la conquête de nouveaux espaces de chasse ou la découverte de
nouvelles techniques permettaient d’augmenter les quantités de nourritures disponibles, la
population augmentait jusqu’à atteindre un nouveau plafond.

La population s’est ainsi accrue lentement et irrégulièrement, au rythme des avancées


techniques successives et des crises. Vers 5000 ans avant JC, la découverte de l’agriculture et
de l’élevage (la révolution néolithique), en améliorant les conditions de subsistance, a
permis un premier décollage démographique. La population passe alors de 8 millions à 250
millions au début de l’ère chrétienne. En fait, la mise en culture des terres a permis
d’augmenter les ressources en nourriture, d’amélioré les conditions de vie et d’affaiblir un
peu la mortalité. Mais on reste dans un régime démographique primitif où l’accroissement
naturel faible est périodiquement remis en cause par des crises de surmortalité liées aux
famines, épidémies et guerres.
Du début de l’ère chrétienne à 400 ans après JC, il y a eu une chute, suivie d’une stagnation,
liées à des catastrophes naturelles en Chine, à une épidémie de variole (vers 50 ans ap JC) et
à la famine. En Europe c’est la peste « Antonine » qui a frappé et tué environ 5 millions de
personnes de l’Empire romains (vers 186 ap JC), puis les grandes invasions (250 ap JC). En
fait les trois fléaux (guerres, épidémies et famines) qui affectent la population sont d’autant
plus désastreux qu’ils agissent souvent ensemble. Par exemple, en Europe, l’un des épisodes
les plus marquants est celui de la peste noire qui a frappé de 1348 à 1350 et décimé 20 à
25% de la population européenne. La famine qui a suivi a énormément accentué les pertes.

Ce faisant, de 250 millions d’individus au début de l’ère chrétienne, la population mondiale


n’a atteint les 500 millions qu’au début du 15è siècle. Elle est passée à 830 millions en 1750
et à 1 milliard en 1800. L’accélération a été ensuite fulgurante puisqu’en 1900, la population
était estimée à 2 milliards.

2. La population mondiale aujourd’hui

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La population mondiale passe à son 3è milliards en 1960, année qui a marqué l’histoire
démographique planétaire avec les effets inattendus du « baby-boom » en occident et
l’explosion démographique en Afrique2. La population mondiale est passée à 4 milliards en
1970, à 5 milliards vers la fin des années 1980 et à 6 milliards en 2000.
La population mondiale a augmenté à un rythme annuel de 2 % dans les années 1970. Ce
taux d'accroissement annuel a baissé pour atteindre le niveau de 1,2% en 2007. Il est plus
important dans les pays moins développés (1,8%) que dans les pays développés (0,1%) et
indique que la population mondiale atteindra le cap des 8 milliards en 2025. Selon la
division de la population des Nations Unies, elle devrait se stabiliser à 9,3 milliards en 2050.
La population africaine a augmenté beaucoup plus rapidement que la population mondiale
de sorte à parler d’explosion démographique. Au début des années 1960, moins de 300
millions d’individus vivaient en Afrique. La population a doublé en 30 ans et a triplé en 45
ans alors qu’il a fallu 40 ans à la population mondiale pour doubler. Cette croissance a fait
naître le sentiment de l’urgence d’un contrôle des naissances dans les pays africains avec la
mise en place des politiques démographiques. La population mondiale croît actuellement à
un rythme moindre comparativement aux décennies passées à cause de la baisse de la
fécondité due à la hausse de la scolarisation, l'accès à la contraception moderne et
l'avortement. L'augmentation de la population concerne surtout les pays du Sud, notamment
l’Afrique dont la population va doubler dans les prochaines décennies. Comment la
population est répartie à la surface de la terre ?

3. Répartition de la population mondiale

Les estimations les plus récentes de la population mondiale concernent l’année 2012. Elle
est de 7 milliards de personnes.
Par continent, la répartition de la population est la suivante : 60,5% en Asie ; 14% en
Afrique ; 13,7% Amérique Nord-Latine-Caraïbes ; 11,3% en Europe ; et 0,5% en Océanie.
Cette répartition est inégale. L'Asie connaît d'énormes concentrations humaines car
comprend les 2 pays les plus peuplés du monde : la Chine et l’Inde. L’Afrique est le deuxième
continent par sa population et le troisième par sa superficie, après l’Asie et l’Amérique.

2Selon ce rapport à chaque seconde, la population mondiale s’accroît de deux êtres humains, de 8000 supplémentaires
chaque heure et s’augmente chaque année de l’équivalent de la population cumulée de la France et du Benelux.

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D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles, il couvre 6,0 % de la surface
terrestre, et 20,3 % de la surface des terres émergées.
La répartition de la population montre le grand contraste entre hémisphère nord et
l’hémisphère sud. Environ 90 % des hommes vivent dans l'hémisphère nord. Si on considère
seulement 20 et 40° de latitude nord (subtropicales et tempéré méditerranéen), ce sont
presque 45 % des hommes qui vivent dans cette partie du globe contre 30 % entre 40 et 60°
de latitude nord (régions tempérées moyennes). L’hémisphère sud moins continental, est
moins peuplé.

Les dix pays les plus peuplés sont dans l’ordre la Chine, l’Inde, les Etats Unies, l’Indonésie, le
Brésil, le Pakistan, la Russie, le Bengladesh, le Nigéria et le Japon. Les projections indiquent
que l’Asie serait toujours le continent le plus peuplé jusqu’à l’horizon 2050. L’Afrique
creusera un écart important avec l’Amérique car sa population augmenterait le plus au cours
des prochaines décennies. Cela est dû à la forte fécondité encore constatée, à la jeunesse de
la population.
Par contre la population Européenne serait en diminution surtout l’Europe de l’Est et du Sud
qui connaissent actuellement des niveaux très faibles de fécondité.

En ce qui concerne les dix pays les plus peuplés, l’Inde occuperait la première place devant la
Chine du fait de sa politique d’enfant unique. Les Etats Unies resteraient toujours à la
troisième place. Sa population augmenterait jusqu’à 420 millions d’habitants,
principalement du fait de l’immigration. L’Indonésie, le Nigéria, le Pakistan, le Bengladesh et
le Brésil resterait toujours dans la course. Mais la Russie et le Japon sortirait au profit de
deux pays africains (la RDC et l’Ethiopie).
Les évolutions divergentes des différentes régions du monde sont dues à leur niveau actuel
de fécondité, mortalité, migration et aussi à leur structure par âge.
NB : Des documents cartographiques accessibles permettent de montrer la répartition de la
population mondiale ; cette répartition évolution dans le temps, les données actuelles
doivent donc être mises à jour régulièrement.

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4. Facteurs de la répartition de la population mondiale

Les facteurs de la répartition de la population à l’échelle du globe sont divers.

4-1-Facteurs historiques
La répartition de la population mondiale s'explique en partie par l'histoire. Les premiers
groupements humains étaient des communautés de chasseurs nomades : rester
constamment en mouvement constituait pour eux une question de survie. Les déplacements
répétés exigeaient des facultés d'adaptation car ils devaient modifier leur mode de vie
(habitat, alimentation, vêtements) en fonction de ce qu'ils trouvaient sur place. Jusqu’à la fin
du paléolithique, les conditions de vie ne permettaient pas une augmentation rapide de la
population.
Deux grands moments de progrès technique ont influencé la répartition de la population. Il y
a la révolution au néolithique qui a permis la maîtrise de l'agriculture et de l'élevage. La
population a augmenté dans les régions propices aux cultures, ce qui a engendré la
formation de vieilles civilisations agricoles. L'essor de l'agriculture a entraîné la croissance
des villes : les hommes pouvaient désormais exercer une activité non-agricole tout en
continuant à s'approvisionner dans les régions voisines.

L'histoire de la répartition de la population dans le monde a marqué un tournant décisif lors


de la révolution industrielle. Cette dernière a engendré la position de domination de l’Europe
au 18 et 19è s avec la colonisation de l'Afrique et d'une partie de l'Asie. Dans certaines
régions, cela a consisté à une colonisation de peuplement (présence des Français en Algérie).
L'ère industrielle a aussi suscité d'autres grands courants migratoires avec le peuplement du
nouveau monde.
C’est ainsi que les Anglais, hollandais, Allemands et Français se sont établis en Amérique du
nord. Les Irlandais se sont surtout installés aux Etats Unis à cause des troubles politiques au
milieu du 19è s. Les Espagnols et les Portugais en Amérique latine. Les Africains, emmenés
en Amérique comme esclaves se trouvent dans les Caraïbes et au Brésil du fait de l’économie
sucrière. Les migrations ont à leur manière contribuée à l’occupation de certains espaces où
les conditions de vie sont difficiles. Soient, elles ont été motivées par des raisons
socioéconomiques. C’est le cas du gouvernement de l'ex-Union soviétique qui a incité la
population à s'établir dans les terres froides de Sibérie ou dans les régions arides de l'Asie

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centrale. On peut également citer le cas du Brésil pour l'exploitation et la colonisation du
bassin de l'Amazone. Soient, elles ont été contraintes par les guerres, les répressions et les
invasions ayant favorisé la concentration de population dans les montagnes qui ont
constitué des refuges. En effet, les montagnes de l'Algérie et du Maroc ont été peuplées à
l'époque de l'invasion arabe (Berbères) au 8ème siècle.

4-2-Facteurs naturels ou le déterminisme de la nature

La répartition de la population est influencée par les éléments du relief. En fait, les vallées et
les plaines sont en général peuplées car les terres alluviales sont bonnes. Les vallées ont été
occupées par de grands axes de circulation et d'échanges : Nil, Tigre, Rhin, Danube etc. Les
plaines sont occupées parce que la vie y est facile. Par contre les montagnes sont désertes
car il est difficile de cultiver des terrains en pente et surtout les conditions de vie sont rudes
en haute altitude : l'air est rare, les vents violents et les températures rigoureuses.
Le climat conditionne aussi le peuplement car les lieux où règnent les climats extrêmes sont
très peu peuplés, voire déserts. C'est le cas notamment des régions polaires où les hivers
sont longs de sorte qu'il est difficile d'exploiter les sols. Ces vastes territoires qui recouvrent
près de 10% de la surface terrestre, ont des effectifs de population qui se chiffrent en
milliers et non en millions. Le Groenland a par exemple moins de soixante milles (56 000)
habitants pour une superficie de 2,2 millions de km2. Aussi, la densité de la population est
faible dans les zones où les pluies sont rares ou irrégulières comme le désert du Sahara.
Dans ces zones, les hommes se concentrent autour des oasis ou des puits, ou dans les vallées
fluviales. À l'inverse, c’est dans les régions tropicales que l'on trouve le plus souvent les plus
fortes densités de population.
La population est attirée par la mer, elle se concentre dans les régions proches des littoraux.
Près de la moitié de la population vit à moins de 200 km de la mer et seulement 8% à plus de
1000 km. Les raisons sont avant tout humaines.
En fait, la mer apporte la pêche, permet les échanges et donc le développement des activités
non agricoles. Cependant, l'histoire des côtes méditerranéennes a quelque peu modifié
l'intérêt d'être près de la mer : attractives à l'époque romaine, elles sont devenues répulsives
chaque fois que le danger venait de la mer comme les Sarrasins. La mer reste néanmoins
attractive grâce aux ports et aux activités touristiques.

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4-3-Facteurs socio-économiques ou le possibilisme humain
A ce niveau, les logiques internes d'organisation spatiale des sociétés (économiques,
sociales, politiques, culturelles) ont toujours pris le pas sur les limites imposées par les
conditions naturelles. En effet, l'espoir de faire fortune conduit parfois les hommes à
affronter les climats les plus hostiles et à vivre dans les conditions les plus extrêmes.
La découverte de mines d'or en Nouvelle-Galles du Sud provoqua en 1851 un afflux massif
d'immigrants en Australie. La plupart des prospecteurs restèrent sur place de sorte à
doubler sa population en 1860.
Dans le passé, les réserves d'énergie ont eu un impact sur la répartition de la population. Des
communautés se sont implantées près des mines de charbon et des gisements de fer. La
vallée de la Ruhr en Allemagne est ainsi devenue une importante région industrielle et
urbaine, avec une forte densité de population, tout comme en France, la Lorraine ou le bassin
houiller du Nord-Pas-de-Calais. Les progrès technologiques, tels que la création de centrales
thermiques et de systèmes de climatisation, ont permis aux hommes de s'implanter sur des
territoires jadis considérés comme inhospitaliers. L'irrigation permet aux agriculteurs de
cultiver des terres dans des régions pourtant réputées pour leur aridité, comme le désert du
Néguev, au sud d'Israël. Les hommes ont su s’adapter aux réalités imposées par la nature.
Malgré les conditions de vie difficiles, quelques 10 millions d'individus habitent en
permanence à plus de 3000 m d'altitude. La majorité d'entre eux vit dans les Andes en
Amérique du Sud et dans les montagnes d'Asie centrale.
Actuellement, les migrations économiques influencent le plus la répartition de la population
mondiale. Elles se font généralement des pays à faible revenu vers les pays à revenu élevé.
C’est le cas des populations des pays en voie de développement qui migrent vers les pays
industrialisés à la recherche du travail. Si ces migrations sont acceptées par certains pays qui
ont besoin de main-d'œuvre pour développer leurs ressources, bon nombre de pays ne sont
pas actuellement disposés à l’accepter. Dans les pays en voie de développement, où
l'agriculture constitue la principale ressource, les populations jeunes ont de plus en plus
tendance à se rapprocher des villes et de leurs environs, ce qui explique la concentration de
la population dans les villes.

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5-Les grands foyers de peuplement à l’échelle mondiale

L’analyse des facteurs ci-dessus permet de comprendre les grands foyers de peuplement. A
l’échelle mondiale, les répartitions présentent de grandes inerties, les changements sont
lents.
Par contre à l'échelle locale, ces changements peuvent être rapides grâce à la forte
croissance démographique, à l'exode rural, aux migrations, à l'urbanisation... Le rôle des
progrès économiques semble donc plus important que l'ancienneté du peuplement. Car
certaines régions peuplées en premier comme l'Afrique n'ont pas pour autant une
population importante.
De plus, la population au paléolithique était peu nombreuse pour constituer un facteur
pertinent dans la distribution spatiale de la population. La révolution au néolithique qui a
permis la maîtrise de l'agriculture et de l'élevage a engendré une poussée démographique.
Elle a contribué à la formation de vieilles civilisations agricoles, donc à la mise en place de
grands foyers de peuplement au Proche Orient, en Europe du sud, en Asie du sud et de l'est.

Les progrès techniques et scientifiques au 18ème et 19ème siècle ont provoqué une forte
croissance des villes en Europe. Dans les autres régions du monde ayant bénéficié de ces
progrès, la population a augmenté rapidement. Les effets de cette croissance de la
population se sont traduits dans l’espace par des poussées migratoires puisque les sociétés
ne pouvaient pas nourrir tout le monde. Ce qui fait qu’aujourd’hui, on trouve des
communautés humaines dans presque toutes les régions du globe. Dans les régions polaires
où les conditions de vie sont difficiles, on rencontre les Esquimaux, les Inuit, les Lapons, les
populations venus exploiter les ressources du sous-sol en Alaska et en Sibérie, le fer au nord
de la Suède. Dans les zones arides, les densités sont faibles. Mais la présence des ressources
minières a permis de créer quelques centres d'exploitation afin de fixer la population. C’est
le cas en Algérie et dans les Pays du Golf.

D’une manière générale, la majeure partie de la population se concentre sur une petite partie
du globe. La moitié des 7 milliards d'habitants de la planète vit sur un territoire qui ne
représente que 15% des 150 millions de kilomètres carrés de terres émergées. De façon
explicite, près de 30% de la population mondiale est concentrée dans le sud et le sud-est de
l'Asie (Inde, Indonésie, Pakistan) et 25% est en Asie orientale (Chine, Japon). Les autres
foyers de peuplement se répartissent entre l'Europe et l'Amérique du Nord qui rassemblent
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une forte concentration de populations urbaines. Leur niveau de vie est élevé par rapport à
celui des pays d'Asie. Les plus faibles concentrations de populations se trouvent au sud-est
de l'Australie et de l'Amérique du Sud, sur la côte ouest de l'Amérique du Nord et en Afrique.
Ce faisant, les densités de population varient d’une région à une autre, d’un pays à un autre
et à l’intérieur de chaque pays. En général, on rencontre les plus fortes densités dans les pays
industrialisés. Néanmoins, quelques exceptions existent avec Hong Kong qui a une densité
de 5400 hab./km², le Bangladesh 800 hab /km² et l’Île de Java en Indonésie 800 hab/km².
C’est en Afrique qu’on rencontre les plus faibles densités : la Libye, la Mauritanie, le Gabon et
le Congo ont chacun moins de 8 hbt/km².
La densité moyenne de population augmente plus rapidement en Afrique comparativement
aux autres régions du monde à cause de la croissance rapide de la population.
Figure 1 : Localisation des foyers de grands peuplements

Conclusion
La population mondiale est inégalement répartie à la surface du globe. Les facteurs
explicatifs de cette répartition sont d’ordre historique, naturel et économique. Si les raisons
historiques et naturelles ont expliqué la mise en place de bon nombre de peuples, de nos
jours les raisons socio-économiques expliquent la cartographie de l’œcoumène. En effet,
trois explications des densités sont évidentes : l'ancienneté du peuplement, les migrations et
les progrès techniques qui ont permis d'augmenter les ressources et donc la population.

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Pour en savoir plus …

BARNEOUD Lise, 2010, « surpopulation : les vrais chiffres de la croissance démographique


mondiale », in Sciences et vie, n* 1108, 83p.

BAUDE John., 2008, « Démographie et migrations des pays en développement vers les pays
riches : les spécificités de l’Afrique subsaharienne », in Revue d'économie du
développement, 2008/2 (vol. 16), pp. 61-95

COQUERY-VIDROVITCH C. 1988, « la population africaine du passé » in population et société


en Afrique au sud du Sahara, paris, l’Harmattan, pp. 51-69

GUENGANT J.P., 2014 : Comment bénéficier du dividende démographique ? AFD, Paris,


Novembre, 118p.

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Section 3 : Analyse de la population Ivoirienne

Introduction
Depuis son accession à l’indépendance, la population ivoirienne connait une croissance
spatio-temporelle. Celle-ci reste marquée par des traits caractéristiques propres à
l’ensemble des pays subsahariens. Il s’agit notamment de la jeunesse de la population, son
inégale distribution spatiale, du fort taux de fécondité, du poids des mouvements
migratoires et de la tendance à l’urbanisation.

1. Caractéristiques de la population ivoirienne.

1.1. Dynamisme et jeunesse de la population ivoirienne


En 2014, la population ivoirienne est estimée à 22.671.331 habitants. Les
adolescents et jeunes (moins de 15 ans), représentent un fort taux de la population (41,5 %)
(RGPH 2014).
Au plan historique entre 1920 et 1975, la population ivoirienne a doublé à deux reprises.
Une première fois en 35 ans entre 1920 et 1955 où la population est passée de 1 828 000 à
3 055 000 habitants. Une seconde fois 20 ans entre 1955 et 1975 avec 6 709 000 en 1975. En
1988, on a enregistré 10 800 000 habitants et 16 500 000 en 1998. Ce taux de croissance
d’environ 2.5% est classé parmi l’un des plus élevés au monde. Ce taux s’explique par une
natalité en hausse, une mortalité en baisse et à la dynamique des mouvements migratoires.
En Côte d’Ivoire, la fécondité est caractérisée par précocité. En effet, les adolescents
contribuent de 14,3% à la fécondité totale. L’indice Synthétique de fécondité (ISF) est de 6,1
enfants par femme pour les analphabètes, 5,3 pour le niveau primaire, 3,8 pour le secondaire
et 2,5 pour le supérieur.
Un autre élément d’appréciation est l’âge moyen au premier mariage qui est de 18 ans pour
les femmes et de 27 pour les garçons. En outre, le taux brut de natalité connait une baisse
sensible en passant de 28/1000 à 13/1000 entre 1955 et 1994. Dans la même période,
l’espérance de vie à la naissance est passée de 33 à 48 ans et à 56 ans de nos jours. Quant au
taux de mortalité, il est de 190/1000 à 100/1000dans la même période. En plus de sa
jeunesse (+ de la moitié de la population a – de 25 ans), on note des mouvements
migratoires au plan interne et externe. Le solde migratoire positif s’explique par des
déplacements massifs de population à la recherche d’un mieux-être. Au plan international, la

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Côte d’Ivoire apparait comme une terre d’accueil où la population étrangère est estimée à
17% en 1975, 22% en 1988, et à 28% en 1988 avec plus de 50% au niveau de la ville
d’Abidjan.

1.2. Inégale répartition et le phénomène d’urbanisation accélérée

Au plan National, la densité de la population est estimée à 30 hab. /km², cependant, dans
les régions du Nord, elle est de 10 à 20 contre 50 à 100 dans la zone forestière. Les régions
forestières du Sud–est et la nouvelle boucle du cacao du Sud–ouest restent la destination des
masses rurales.

Au plan urbain, en Côte d’Ivoire, près de 47% de la population vit dans les villes et la forte
croissance de celles-ci (5% par an) permet de conclure que dans quelques années, la
majorité des ivoiriens vivra en ville (K. ATTA, 2000)

Au plan spatial, on remarque un déséquilibre prononcé entre le sud forestier et le Nord


savanicole. En effet, la zone forestière concentre 40% du territoire avec 74% de la
population avant le conflit armé (78% avec le conflit), contre 22% à 26% pour la zone
savanicole. On dénombre 47 villes principales dans la zone forestière contre 21 dans la zone
secteur savanicole.

Source, INS, 1998, 2014


Dans la zone forestière, le poids d’Abidjan lui confère un statut particulier. Avant le conflit
militaro-civil de 2002, Abidjan recevait en moyenne 20 000 nouvelles personnes par an, ce
qui nécessitait déjà des terrains viabilisés, des logements, des services sociaux de base
permettant de suivre le rythme de cet accroissements (INS, 2007). A cet effet, Abidjan, est

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qualifiée de ville macrocéphale qui à elle seule abrite 21% de la population nationale et 55%
de population urbaine.
Au plan des secteurs d’activité, nous avons la répartition suivante :

Répartition de la population ivoirienne selon le secteur d’activité


Secteurs d’activité Proportion (%)
Agriculture 68.00 %
Industries 10.00%
Services 22.00 %
Source : INS, 2014

2.Problèmes liés au dynamisme de la population ivoirienne


Les problèmes de la population ivoirienne découlent de ses caractéristiques
respectives. Le plus connu réside en son extrême jeunesse qui engendre la question des
ressources humaine. A cela s’ajoute la forte pression anthropique sur les ressources
édaphiques en milieu rural forestier et la dégradation avancée des équipements sociaux de
base au plan urbain.

2.1. Difficiles gestions des ressources humaines


La population continue à grossir rapidement, et vient, comme partout en Afrique,
s’agglutiner autour des grandes villes, dont la métropole Abidjan, qui atteindra bientôt 6
millions d’habitants. En termes d’infrastructure de transports, santé, social, éducation, rien
n’est au niveau d’une telle population. On observe une inadéquation nette entre l’offre et la
demande liée aux besoins essentiels d’où l’épineuse question de la gestion des ressources
humaines.
Ces besoins concernent surtout les groupes essentiels. Dans les milieux ruraux, l’accès à la
terre reste une préoccupation majeure alors que la femme contribue à la production
agricole. En milieu urbain, les femmes sont parfois mal rémunérées du fruit de leurs efforts
dont la part dans le PIB reste peu connue. En outre, les mouvements migratoires qui se sont
réalisés dans les régions forestières ont engendré des difficultés de cohabitation avec la
recrudescence des conflits fonciers notamment. Quant aux zones de départ, on note des
déficits de main d’œuvre avec une léthargie dans l’amorce du processus de développement
qui aggrave la disparité entre les régions de départ et d’accueil.

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En milieu urbain, pour une ville comme Abidjan, on dénote l’incapacité des structures
d’accueil en matière de transport, de logement, de santé et de nourriture. A Abidjan, depuis
la crise de 2002, c’est environ 20 000 demandes de logements qui restent sans suite chaque
année.

2.2. Dégradation de l’environnement et du cadre de vie

La forte densité occasionne la pression sur les ressources naturelles avec la


déforestation avancée dans les régions du sud. En effet, de plus 11 millions d’hectares de
forêt en 1960, on dénombre à ce jour moins de 1,5 million d’hectares disponibles. Pour un
pays à économie essentiellement agricole, cette situation constitue une bombe à
retardement.
En effet, le possibilisme humain sur le déterminisme de la nature est à l’origine de cette
situation qualifiée de crise mondiale de l’extinction des espèces naturelles. La plupart des
pays tropicaux en développement comme la Côte d’Ivoire ont signalé que le déboisement et
la dégradation forestière constituent toujours les problèmes les plus sérieux. En Côte
d’Ivoire, dans les régions forestières, en l’absence de toute autre source de revenus, les pays
se voient parfois contraints d’exploiter les terrains forestiers à des fins agricoles. À cela
s’ajoute l’industrie forestière qui exploite de façon excessive et irrationnelle les ressources
sylvicoles.

Au niveau des ressources en eau de surface, les activités anthropiques en amont


occasionnent l’ensablement des cours d’eau en aval et la présence de végétaux aquatiques
envahissant sur les retenues ce qui affecte à terme la diminution des espèces aquatiques par
la création de milieux anaérobiques. Au niveau des eaux souterraines, les activités
anthropiques occasionnent l’infiltration des produits chimiques qui à terme peut affecter la
nappe souterraine surtout en milieu urbain. C’est le cas du déversement des déchets
toxiques sur des sites inappropriés dans le District d’Abidjan en 2006.

Au niveau des ressources en sol, les activités anthropiques comme le labour des
pâturages, la destruction de la couverture végétale, les procédés agricoles, et les carrières de
gravier et de sable affectent la couche superficielle des sols en présence, ce qui aggrave le
phénomène érosif et la perte de capacité culturale. En milieu urbain, pour les besoins de
famille nombreuse, on assiste à la densification des habitations à laquelle dégradation des

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équipements de base ce qui affecte les conditions de vie des populations. A cela s’ajoute
l’insalubrité publique et son corollaire que sont odeurs, avec la prolifération des rongeurs,
des reptiles et vecteurs de maladies (choléra, fièvre typhoïde …) surtout en saison pluvieuse.

3. Programme de population en Côte d’Ivoire

Face à l’accroissement des besoins essentiels et de plus en plus nombreux de la


population d’une part, et la rareté des ressources disponibles d’autre part, un constat net
s’impose : la disproportion entre l’offre et la demande. Alors que la population s’accroit de
façon géométrique, on remarque une augmentation arithmétique des ressources pouvant
satisfaire les besoins vitaux. C’est pourquoi en conformité avec l’environnement mondial du
concert des nations, l’Etat ivoirien a adopté en juin 1991 une déclaration de politique de
développement des ressources humaines dénommée DPDRH.
En effet, au plan international, trois conférences sous l’égide des Nations Unies sur les
questions de population ont été organisées à savoir :
- la conférence sur la population et le développement du Caire en Egypte, en 1994,
- la conférence de Beijing en Chine en 1995,
- la conférence d’Istanbul en Turquie en 1996,

C’est donc à la suite de ces conférences que va s’organiser en Côte d’Ivoire à partir de
novembre 1995 une réflexion pour la mise d’un programme National de la population.

3.1. Fondements et principes du Programme de Population

Tout programme de développement durable pour un pays comme la Côte d’Ivoire


repose sur une politique concertée et éclairée avec des fondements et principes bien
élaborés.

3.1.1. Fondements du Programme de Population


Les questions relatives à la croissance et au bien des populations constituent une
préoccupent majeure au plan national et international.
C’est pourquoi afin d’assurer l’adéquation entre population et développement durable, des
conférences ont été tenues au plan international. Déjà en 1974 à Bucarest en Romanie, en
1984 à Mexico, en 1994 au Caire et à J’bourg en 2004 se sont tenues des conférences sur la
problématique du développement durable.

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Au plan africain, on a les conférences d’Accra en 1971, d’Arusha en 1991, de Dakar en 1997
dont les différents accords ont été ratifiés par la Côte d’Ivoire. Il s’agit notamment de la
création d’un cadre institutionnel pour la mise en œuvre d’une politique de population.

3.1.2. Principes du Programme de Population

L’amélioration de la qualité de la vie et l’adéquation entre la démographie et le


développement économique sont en rapport avec les principes suivants :
- une approche participative de la mise en œuvre de la politique de population,
- la satisfaction des besoins essentiels de la population par l’épanouissement de la
cellule familiale considérée comme l’unité de base sociétale,
- la reconnaissance et l’effectivité du droit élémentaire à la survie, à la santé, à
l’éducation et à la formation,
- l’égalité de chance entre l’homme et la femme au bien de production, à l’éducation et à
la prise de décision,
Sur la base de ces principes fondamentaux, cette politique vise à la fois la valorisation des
ressources humaines ainsi que la préservation et surtout l’amélioration de la qualité de la vie
et de l’environnement.

3.2. Objectifs et contenu du Programme de Population


Les principaux objectifs et le contenu du programme sont basés sur une
méthodologie rigoureuse afin d’atteindre les objectifs de départ.

3.2.1. Objectifs du Programme de Population


Comme objectifs essentiels de ce programme, on retient :
- La maîtrise de la croissance naturelle de la population que sont les naissances et les
décès,
- La maitrise des mouvements migratoires au plan interne et externe,
- Parvenir à un équilibre entre l’offre et la demande des besoins essentiels de la
population,
- Validation de cellule familiale par l’amélioration du statut de la femme et de la
jeunesse,

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- Amélioration du cadre de vie des populations par la sauvegarde de l’environnement
au plan urbain et rural,
- Renforcement des capacités opérationnelles des acteurs impliqués dans le
programme pour une meilleure mise en œuvre,
- Elaboration d’un programme d’action concrète issu des différents aspects de cette
politique…
Afin d’atteindre ces objectifs, un contenu a été élaboré pour les actions à mener de façon
efficace.

3.2.2. Contenu du Programme de Population


Pour une meilleure exécution des tâches, une démarche méthodologue participative a
été élaborée. Cette démarche comporte l’implication des couches sociales notamment la
société civile, les ONG, les Organisations Communautaires de base (OCB), les décideurs et les
organisations étatiques. Ainsi entre 1998 et 1999, un comité plurisectoriel a été mis en place
et des travaux en commission ont été effectués afin de définir les grandes lignes d’actions à
mener.
De façon spécifique, il s’agit du bilan diagnostique participatif présentant l’état de la
croissance démographique et les ressources disponibles en Côte d’Ivoire. Ce bilan met
l’accent sur les facteurs explicatifs des tendances évolutives de la population ivoirienne au
plan spatio-temporel.
Pour une approche prospectiviste, un accent particulier a été mis sur le bilan rétrospectif
afin de mieux cerner la situation antérieure. Ce contenu se propose également de contribuer
de façon efficace à la recherche des voies et moyens d’action pour un développement humain
viable et durable. Il s’agit notamment de la moralisation de la vie publique, de la lutte contre
la pauvreté, de la préservation de l’environnement et de la lutte contre les grandes
pandémies (VIH/sida, paludisme, hypertension artérielle, Diabète …). Ce programme va
permettre la planification du développement économique à l’échelle nationale. Ainsi, à partir
de 2005, l’état a procède à l’élaboration de la cartographie de la pauvreté à l’échelle
nationale. Cette cartographie est basée sur des districts de recensement élaborés par l’INS
dont l’échelle unitaire est proche de celle des terroirs. Cette cartographie permet de mieux
orienter la lutte contre la pauvreté afin de toucher la masse rurale, et surtout les jeunes et les
femmes. C’est d’ailleurs ce programme qui a permis à la Cote d’Ivoire d’être éligible au

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programme PPTE des Institutions de brettons Wood en mars 2009. Ce programme en
conformité avec les OMD permettra à la Côte d’Ivoire un allègement de sa dette afin de
dégager des moyens substantiels lui permettant de mieux élaborer son programme de
population.
En effet, c’est en juin 1999 au G7 de Cologne, que les argentiers du monde s’étaient engagés à
répondre positivement à la pétition de 17 millions de signatures visant la réduction de 90%
à 100% de la dette des pays pauvres à partir de l’année 2000, grâce à l’application à
l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Ce programme rebaptisé « cadre stratégique
de lutte contre la pauvreté » se présente comme un souffle devant permettre à la Côte
d’Ivoire de mieux orientation et ce de façon réaliste sa politique en matière de population.

Conclusion

Les facteurs explicatifs de la répartition de la population ivoirienne sont d’ordre historique,


naturel et économique. Cependant, la primauté du possibilisme humain sur le déterminisme
de la nature, et les données socio-économiques expliquent la distribution spatio-temporelle
de la population ivoirienne. C’est d’ailleurs cette distribution qui a nécessité l’adoption par
les gouvernants d’un programme de population.
Aussi, la mise en œuvre d’un programme de population par les gouvernants ivoiriens a
connu un début laborieux bien que commencé en 1991, c’est en 2005 qu’il fut adopté par la
mise de la cartographie de la pauvreté appuyé d’un assainissement des finances publiques
en 2008, ce qui a valu l’érection de la Côte d’Ivoire au programme PPTE en 2009, ce qui point
d’achèvement en Juin 2012 lui permettra de bénéficier d’un apport budgétaire remarquable.

Pour en savoir plus …

ATTA Koffi., 2000, Urbanisation et développement en Côte d’Ivoire, Groupe de recherche


espace système, IGT, 65 p.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2001, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 1998, Côte d’Ivoire.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2015, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 2014, Côte d’Ivoire.

Ministère du Plan et du Développement., 2012, Plan National de développement de Côte


d’Ivoire 2012-2015. Abidjan, 62p.

24
ZAH Bi Tozan. 2007, Transition de fécondité en Côte d’Ivoire : comment la politique
démographique l’a influencée ? Université de Paris X, Thèse soutenue publique le 17
décembre 2007. 348 p.

www.pnud.org

www.unfpa.org

25
Indications bibliographiques

ATTA Koffi., 2000, Urbanisation et développement en Côte d’Ivoire, Groupe de recherche


espace système, IGT, 65 p.

BARNEOUD Lise, 2010, « surpopulation : les vrais chiffres de la croissance démographique


mondiale », in Sciences et vie, n* 1108, 83p.

BARNEOUD Lise, 2010, « surpopulation : les vrais chiffres de la croissance démographique


mondiale », in Sciences et vie, n* 1108, 83p.

BAUDE John., 2008, « Démographie et migrations des pays en développement vers les pays
riches : les spécificités de l’Afrique subsaharienne », in Revue d'économie du
développement, 2008/2 (vol. 16), pp. 61-95

COQUERY-VIDROVITCH C. 1988, « la population africaine du passé » in population et société


en Afrique au sud du Sahara, paris, l’Harmattan, pp. 51-69

GUENGANT J.P., 2014 : Comment bénéficier du dividende démographique ? AFD, Paris,


Novembre, 118p.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2001, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 1998, Côte d’Ivoire.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2015, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 2014, Côte d’Ivoire.

Ministère du Plan et du Développement., 2012, Plan National de développement de Côte


d’Ivoire 2012-2015. Abidjan, 62p.

VALLIN J., G. CASELLI et G. WUNSCH éds, 2001, Démographie : analyse et


synthèses, vol. I- La dynamique des populations, INED, Paris, 550 p.

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démographique l’a influencée ? Université de Paris X, Thèse soutenue publique le 17
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www.pnud.org

www.unfpa.org

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Mode d’évaluation des connaissances
1/ Calcul et commentaire de paramètres statistiques.

2/ Commentaire de documents (tableaux, graphiques, cartes, etc.)

3/ Dissertation pourtant notamment sur des sujets d’actualité

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