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Université Alassane Ouattara

UFR : Communication, Milieu et Société


Département : Géographie

Année académique 2022 -2023

Syllabus de cours

Intitulé du cours : Démographie et population en Côte d’Ivoire

Niveau/Spécialité : Licence 3 - Géographie

Volume horaire : 12.5

Nom de l’enseignant : Dr. Antoine GBOCHO

Courriel : agbocho@hotmail.com

Téléphone: 01 02 62 64 90 / 07 58 76 72 46

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Plan du cours

Chapitre I : Quelques notions en démographie

Chapitre II : Description d’une population


1 Instruments de mesure d’une population
2 Effectif global de la population et son évolution
3 Structure de la population Ivoirienne

Chapitre III : Analyse des phénomènes démographiques


1 Natalité - Fécondité
2 Mortalité
3 Migration

Chapitre IV : Les problèmes démographiques en Côte d’Ivoire

Résumé du cours

La démographie en tant science sociale a pour objet l’étude des différents aspects des
sociétés humaines. Elle a pour champs d’étude les événements et les phénomènes
démographiques dont les principaux sont la mortalité, la natalité, la migration, la nuptialité,
etc. L'analyse démographique est cependant une méthode, un outil de compréhension et
d’explication des phénomènes de nature diverse. Elle repose sur des concepts et des notions
précis dont les effets démographiques.
La démographie revêt plusieurs dimensions, mais l’approche quantitative reste
fondamentale.
Elle s’appuie à cet effet sur plusieurs instruments de mesure dont les Recensements, l’Etat
civil, les Enquêtes, etc.

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Objectif général du cours
L’objectif de ce cours est de maîtriser les méthodes d’analyse
démographique, c’est-à-dire apprendre à décrire et expliquer les
événements et les phénomènes démographiques.

Objectifs spécifiques du cours

 Maîtriser les concepts démographiques de base;


 Apprendre les méthodes de description d’une population;
 Initiation à l’analyse des phénomènes démographiques
 Analyser les problèmes démographiques de la Côte d’Ivoire.

Prérequis

Ce cours nécessite des connaissances mathématiques et statistiques de base, la maitrise des


méthodes d’analyse de documents en géographie et un bon sens de la démonstration et de logique.

Méthodologie
Ce cours est organisé en 3 ou 4 séances de Cours Magistraux qui seront suivies des séances de
Travaux Dirigés. Il s’appuiera sur un support de cours qui sera mis à la disposition des étudiants
dès le début du cours.

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Contenu du cours

Section 1 : Quelques notions en démographie

Définition (Pourquoi commencer ce cours par des définitions ?)


- Soyez déjà rassurés, il ne s’agit de vous faire une leçon de lexicographie, mais il est important
de savoir d’entrée de jeu sur quel bateau on vous embarque en situant la Démographie dans ce
grand ensemble que constitue la Géographie.
- L’objectif est par ailleurs que vous soyez dès maintenant familiarisés à l’emploi de certains
termes (si ce n’est déjà fait).

Notons donc que :


- La démographie est étymologiquement la science de la population.
- Plus précisément, d'après le Dictionnaire démographique multilingue (de l'Union
internationale pour l'étude scientifique de la population) c'est "la science ayant pour objet
l'étude des populations humaines et traitant de leur dimension, de leur structure, de leur
évolution et de leurs caractères envisagés principalement d'un point de vue quantitatif."

Il existe d’autres approches de cette définition mais allons nous arrêter à ces deux définitions,
surtout que nous n’avons pas le temps.

Si vous voulez aussi avoir des détails sur l’histoire de la démographie référez vous à la
bibliographie à la fin de la section.

Sachez simplement que le terme démographie a été créé par Achille Guillard en 1855
(naturaliste et démographe, 1799 - 1876).
Mais la naissance même de la discipline est plus ancienne que son nom.
Elle remonte au 17è siècle et est liée au besoin des régimes féodaux en Europe, précisément
en Angleterre (il s’agissait généralement déterminer la liste des imposables).
Elle était essentiellement consacrée à l’étude de la mortalité avant de s’étendre à d’autres
phénomènes démographiques.

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Quelles sont les caractéristiques de cette science ?
- Si l’on s’en tient à la définition précédente, la démographie est une science sociale car elle
fait partie des disciplines (comme la sociologie, l’histoire, etc.) qui ont pour objet l’étude des
différents aspects des sociétés humaines.
- Elle a donc pour fondement l’étude des événements ou des phénomènes
démographiques dont les principaux sont
la nuptialité : les mariages
la natalité : les naissances
la mortalité : les décès
la divortialité : les ruptures d’union
les migrations : les déplacements d’hommes

Il s’agit ici de ce que l’on appelle la démographie quantitative ou la Démographie


Générale.

- Mais pour comprendre les causes et les conséquences des évolutions quantitatives des
événements, la démographie étudie non seulement les facteurs agissant sur ces événements,
mais aussi leurs conséquences. On parlera alors de Démographie explicative.

Une étude démographique complète doit donc aborder ces deux aspects qui sont en réalité
complémentaires (On ne peut pas par exemple se contenter de décrire un phénomène
démographique, il faut aussi chercher à l’expliquer).

A côté de la Démographie générale et de la démographie explicative, il existe une


démographie théorique qui s’attache à effectuer des recherches abstraites sans prendre
forcement en compte la description réelle des faits.

La démographie permet d’extraire des interprétations générales à partir de comportements


individuels. La démographie permet donc d’appréhender la somme des comportements
individuels, et donc le cycle démographique d’une population, ce qui conduit à la formulation
de lois. Vous pouvez mettre loi et « » car les événements démographiques pouvant varier dans
le temps et dans l’espace, on ne peut pas parler de loi comme en physique ou en mathématique.
Par exemple une loi qui explique la mortalité dans les pays occidentaux ne peut évidemment
pas s’appliquer aux pays d’Afrique subsaharienne.

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L’analyse démographique (c’est quoi ?)

Analyser c'est décomposer. Faire de l'analyse démographique c'est mettre au jour les
facteurs démographiques qui expliquent les faits ou phénomènes observés.

Selon le Démographe Français Louis Henry, l’analyse démographique a pour objet de


dénouer cet écheveau que constituent les données brutes, fruit de combinaisons de facteurs,
de réduire cette complexité, de séparer les facteurs, d’isoler les phénomènes simples.

Sur quoi porte l’analyse démographique ?


Vous diriez avec moi que l’analyse démographique porte sur la population,

Mais qu’est-ce qu’une population ?


D’un point de vue statistique, une population peut se définir comme un ensemble d’individus
ou d’unités qui peuvent être de nature diverses: Une population d’oiseaux, d’hommes, un
ensemble d’immeubles, etc.

C’est dire que le démographe peut s’intéresser à tout ensemble présentant un intérêt et c’est
de plus en plus le cas avec le progrès des outils statistiques et la puissance des méthodes
d’analyse. C’est d’ailleurs la variété et la diversité de ses champs d’étude qui donne une
importance à la Démographie (comparativement à d’autres sciences sociales).

Mais on emploie plus communément le mot population pour désigner l'ensemble des
habitants d'un territoire, souvent d’un pays, d’un Etat. C’est dans cette approche que nous
situerons notre cours : Démographie et population en Côte d’Ivoire.

Il est important de remarquer ici que la population en question est l’ensemble des personnes
qui vivent sur le territoire quel que soit leur lien juridique avec ce pays.
La population d’un Etat n’est donc pas constituée uniquement des nationaux, elle englobe
aussi les étrangers.

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Cela étant, on oublie très souvent cette évidence, et on a tendance à confondre la population
de la Côte d’Ivoire avec les Ivoiriens et ceci peut conduire à de fausses interprétations dont
les conséquences peuvent être dramatiques (je vous laisse le soin de trouver des exemples : le
concept de l’Ivoirité et ses conséquences).

Effets en démographie

Voyons pour finir quelques effets en démographie

- Effet d’âge
Il traduit la variation, liée à l’âge, de la probabilité de subir un événement particulier (décès,
mariage, etc.).

Par exemple, les chances pour femme de se marier quand elle a 20 ans ne sont pas les
mêmes quand elle a 45 ans.
Quand on est jeune et belle, et qu’on n’a pas pu avoir la chance de rencontrer l’heureux élu,
quand on aura des rides, les choses seront plus compliquées, hé bien, c’est cela l’effet d’âge.

- Effet de génération
Il traduit le changement, d’une génération à l’autre, de la probabilité de subir un
événement particulier à un âge donné.

Par exemple à 15 ans, les filles de la génération 1980 ont plus de chances d’être scolarisées
que celles de la génération 1960. (Simplement parce que les contextes ne sont pas les mêmes
pour ces deux générations : Infrastructures d’accueil, évolution des mentalités par rapport à la
scolarisation des filles).

- Effet de période
Il traduit l’influence de la conjoncture (circonstances particulières, guerres, etc.) sur les
comportements démographiques

Exemple : être étudiant dans les années 1980, n’est pas le même que être étudiant en 2020).

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Notez que la différence entre ces différents effets n'est pas toujours aussi évidente, en
particulier, dans les enquêtes d'opinion, de croyance ou de pratique. Plusieurs effets pouvant
intervenir au même moment. Il appartient donc au chercheur de faire la part des choses, et
c’est ici qu’intervient la qualité individuelle de l’analyste.

- Effet de structure
Il traduit la perturbation qu’introduisent, lors d’une comparaison de deux phénomènes
démographiques, les structures des populations étudiées.

Par exemple la natalité d’une population jeune est plus élevée que celle d’une population
vieille du fait des structures par âge différentes.

Parmi les structures qui peuvent influencer les phénomènes démographiques on peut citer
le sexe, l’âge, la CSP ou catégorie socioprofessionnelle, etc.

- Effet de sélection
Il traduit une liaison entre la probabilité de subir un événement, au sein d’une catégorie
donnée, et la probabilité d’appartenir à cette catégorie.

Cet effet est très important en analyse démographique. Il permet d’éviter des conclusions
erronées.
Par exemple quand on fait une étude sur la mortalité et qu’on découvre que les personnes
inactives ont des taux de mortalité plus élevés que les personnes actives. Vous comprenez
que ce n’est pas simplement du fait qu’on ne travaille pas qu’on meurt plus, mais en
considérant la catégorie des inactifs, on sélection les individus en mauvaise santé, qui n’ont
pas les moyens de se soigner et qui courent plus de risques de mourir de maladies.

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Pour en savoir plus …

CHESNAIS, J. C., 1992, La démographie, Que sais je, n° 2546, Paris, 113 p.

DUMONT Gérard-François, 1992, Démographie: Analyse des populations


et démographie économique, DUNOD, Paris, 244 p.

HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Ordina, Liège.

VALLIN J., G. CASELLI et G. WUNSCH éds, 2001, Démographie : analyse et


synthèses, vol. I- La dynamique des populations, INED, Paris, 550 p.

VALLIN J., 1992, La démographie, Collection Repères, Paris.

VANDESCHRICK Christophe, 1995, Analyse démographique, Population et


Développement n°1, Academia/L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 183 p.

VIDAL Annie, 2001, Démographie: Les outils, PUG, Saint-Martin-d’Hères, 140 p.

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Section 2 : Description d’une population
[Nous ne présenterons que les grands traits de la population Ivoiriens que la suite de notre
analyse nous permettra de comprendre].
[Nous commencerons notre description par la présentation des instruments de mesure d’une
population en générale].

1 Instruments de mesure d’une population

Les sources qui nous permettent de disposer de données démographiques peuvent être
regroupées selon leur nature:
-les statistiques d’état (pas état comme pays, mais état comme situation)
-les statistiques du mouvement
-les statistiques du futur

a Mesure de l’état d’une population


La statistique d'état fournit les données sur les effectifs et la répartition de la population
selon différents critères à une date donnée.
C'est un instantané, une photographie.
« L'appareil photographique" couramment utilisé est le recensement.
On parle à ce propos d'observation instantanée.

- Le recensement général
Un recensement Général de la population est une opération qui consiste à recueillir des
données démographiques et sociales se rapportant, à un moment donné, à tous les habitants
d’un territoire déterminé, le plus souvent un pays.

Le recensement (comme vous le constatez) ne se limite pas à un dénombrement exhaustif des


habitants d’un territoire à un moment donné, mais c’est aussi l’occasion de recueillir de
nombreuses d’autres informations, notamment celles relatives à l’habitat.
Le recensement est d’ailleurs toujours un recensement de la population et de l'habitat.
Il débute même par un repérage des logements et c’est après qu’on s’intéresse aux occupants
de ces logements c’est-à-dire les habitants.

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Le recensement se distingue en outre d’un simple dénombrement par la richesse des
renseignements fournis: date de naissance, sexe, état matrimonial, nombre et âge des
enfants, lieu de naissance, profession, niveau d’instruction, localité de résidence, nationalité,
etc.

Le recensement présente de nombreuses utilités, surtout en matière d’aménagement et de


planification. Mais il reste une opération lourde et coûteuse.
Un recensement n’est aussi pas exempt de lacunes et ce, même dans les pays développés.
En effet, au niveau du dénombrement, les omissions et les doubles comptes ne peuvent être
totalement évités et, au sujet des caractéristiques des unités statistiques, les informations
restent entachées par des déclarations souvent erronées.

Les Nations Unies ont suggéré la réalisation d’un recensement de la population tous les 10
ans dans chaque pays.

La Côte-d’Ivoire a effectué cinq recensements : RGP 1975, RGPH 1988 et RGPH 1998, 2014,
2018

En France, l’organisme chargé des recensements (l’Insee) a institué depuis 2004 un nouveau
mode recensement : le « recensement continu » : Les communes seront réparties en 5 sous-
ensembles et Chaque sous ensemble sera recensé tous les cinq ans (de manière rotative).
Ce mode de recensement présenterait un avantage en matière de coût et de qualité des
données collectées.

- Recensement nationaux et recensements complémentaires


A côté du recensement général, il existe dans les pays qui ont un système statistique
développé d’autres formes recensement, mais qui se distinguent du RG par leur ampleur:

Ils concernent une frange de la population ou un secteur d’activité donné sur l’ensemble du
pays. On les appelle communément les recensements nationaux pour les différencier du
recensement général (qui obéit dorénavant à des exigences internationales).

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C’est le cas en France du recensement agricole qui fournit périodiquement des informations
sur la vie rurale, l’activité de la population agricole et sur la structure par âge des chefs
d’exploitation.
On a aussi ce que l’on appelle les recensements complémentaires, qui sont réalisés sur une
partie du territoire pour apporter un complément d’information entre deux recensements
pour des besoins de planification.

b Mesure du mouvement d’une population

Les entrées et sorties forment la statistique du mouvement.


Elle concerne les naissances, les décès, les migrations et d’autres événements connexes
(mariages, les divorces, etc.)

Quand les événements sont recueillis au fur et à mesure qu'ils se produisent on parle
d'observation continue (Exemple : enregistrement des naissances et des décès à l'état
civil).

Si ces événements sont recueillis après leurs survenu, on parle d'observation rétrospective
(Exemple : les enquêtes rétrospectives).

- L’état civil
Il est dans de nombreux pays, l’institution qui fournit les statistiques du mouvement de la
population, notamment le mouvement naturel (les naissances et les décès).

Si dans les pays développés, ces données d’Etat civil peuvent être considérées comme
parfaites. En revanche, dans les pays en voie de développement, l’enregistrement des
naissances, des mariages et des décès est incomplet; voire inexistant dans d’autres pays.

L’organisation de l’opération ‘d’enrôlement’ de la population en Côte d’Ivoire est une


conséquence de la défaillance de ces statistiques.

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c Autres instrument de mesure de l’état et du mouvement de la
population
A côté du recensement, de l’état civil, il existe d’autres moyens ou techniques qui permettent
d’avoir des informations plus fines sur la population: Ce sont les enquêtes démographiques
et les registres de population.

- Le registre de population
Dans de nombreux pays européens, les municipalités tiennent des registres de population qui
donnent aussi une statistique d'état.
En effet, ces registres sont en fait des répertoires des habitants de la commune, sous forme d'un
fichier mis à jour par les déclarations des intéressés lors des naissances, décès, déménagements et
des emménagements.

- Les enquêtes démographiques


Dernière source de données en démographie : les enquêtes par sondage.
On peut les classer en deux catégories : celles qui visent à suppléer les états civils défaillants
des pays du tiers-monde et celles qui ont pour but d'aller au-delà de ce que peuvent donner
les sources classiques c’est-à-dire combler telle ou telle lacune sur un sujet particulier que
l’on souhaite mieux connaître.

Dans les pays en développement, les premières enquêtes, (dans les années 60 surtout),
avaient pour objet d’estimer les niveaux de natalité et de mortalité.
Autour de 1980, ont eu lieu dans ces pays, des enquêtes de fécondité avec questionnaire
commun : Il s’agit de l'Enquête mondiale de fécondité.
Cette opération s'est répétée autour de 1990 sous le terme de Enquête Démographie et
Santé.

En Côte d’Ivoire on peut citer par exemple:


L’Enquêtes à passages répétés (EPR) sur la fécondité et la mortalité (1978-79)
L’Enquête ivoirienne de fécondité (1980-81)
Les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) (1994 et 1998-99)
L’Enquête démographique & vih / sida (2005)
Les enquêtes à indicateurs multiples (1994, 2000 ; 2006)

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d Mesure du futur: Les perspectives démographiques

Les perspectives démographiques ont pour but d’estimer quel sera l’état de la population à
une date donnée.
Elles sont d’une grande utilité pour l’action des pouvoirs publics, pour certaines institutions
comme les caisses de retraites ou les compagnies d’assurance, etc.
Elles permettent par exemple de prévoir le nombre d’enfants qui doivent intégrer le système
scolaire.
On distingue deux types de Perspectives démographiques:

- Les prévisions démographiques


C’est quand il s’agit de connaître à l’avance l’état d’une population avec un degré de certitude
élevé (et à court terme).
Par exemple : Estimer deux années à l’avance le nombre d’enfants entrant à l’école primaire
peut être considérer comme une prévision dans la mesure où, sauf changement structurel
majeur, les effectifs des générations considérées sont quantifiables avec une grande
précision grâce aux registres de l’état civil et une bonne connaissance des taux de mortalité
par âge.

- Projections démographiques
Dès que l’horizon visé s’éloigne (plus de 5 ans en général), de nombreuse incertitudes
apparaissent dans l’estimation, on parlera alors de Projections démographiques.

Les prévisions sont donc les estimations à court terme, alors que les projections concernent
le moyen et long terme et fondées sur des hypothèses comportant davantage d’aléas.

Les perspectives démographiques bénéficient de possibilités scientifiques qui permettent


d’estimer le futur avec beaucoup plus de certitude que les perspectives économiques ou
politiques.
On peut par exemple estimer la population de la Côte d’Ivoire (hors migration) qui aura plus
de 25 ans en 2020 ; Par contre, la réalisation de perspectives économiques sur la même
période est plus incertaine car dépendant de paramètres assez fluctuants.

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Il existe aussi ce que l’on appelle les perspectives dérivées qui consiste à établir des
perspectives démographiques pour une population spécifique (exemple: les retraités).
[Après la connaissance des instruments de l’état et du mouvement de la population, nous allons
maintenant passer à l’analyse descriptive de la population proprement dite].

2 Effectif global de la population et son évolution (exemple de la Côte


d’Ivoire)
La connaissance de l’effectif global d’une population nécessite la stricte définition
géographique des frontières où évolue cette population.
Dans le tiers monde, notamment en Afrique, la notion de limites géographiques est de fois
moins précises même si les frontières issues de la colonisation sont connues.

On a aujourd’hui, l’exemple de quelques conflits frontaliers comme celui entre le Nigeria et le


Cameroun à propos du détroit de Baccaci (qui vient d’être rétrocédé au dernier).

Signalons que la Côte d’Ivoire, comme la plus par des pays d’Afrique subsaharienne, n’a pas
une longue tradition statistique. De ce fait, les données démographiques ne sont pas
nombreuses. Cependant celles qui sont disponibles montrent que la Côte-d’Ivoire a connu
une croissance relativement importante à partir de 1950.

En effet, de 2 170 000 habitants en 1950, la population de la Côte d’Ivoire est passée à
10 814 694 au recensement de 1988 et à 15 366 672 au recensement de 1998.
Au recensement de 2014, la Côte d’Ivoire compte 22 671 331 habitants et celui de 2021
aboutit à plus de 29 millions d’habitants.
Cette forte croissance de la population n’est pas seulement liée aux seuls facteurs
biologiques (natalité et mortalité). Les migrations y contribuent pour une part relativement
importante.
En effet la prospérité relative du pays attire les immigrants des pays voisins.

La population totale d’un pays peut être aussi caractérisée par sa densité (d).
Cela revient à faire le rapport, généralement rapporté au kilomètre carré, entre le nombre
d’habitants (P) et l’étendue du territoire (s) : d = p/s

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Pour la Côte d’Ivoire, sa densité est estimée à environ 56 habitants au kilomètre carré. (sur la
base des 18 millions d’habitants)
Au recensement de 2014, la densité de la population de la Côte d’Ivoire est de 70 habitants
au kilomètre carré.

[Une autre manière d’analyse une population s’est de décrire sa structure].

3 Structure d’une population (exemple, la population


Ivoirienne)
L’analyse de la structure d’une population peut se faire sur diverses approches selon que
l’on s’intéresse à l’âge, au sexe, au lieu de résidence, au statut matrimonial, à la CSP, etc.

- Répartition selon le sexe


L’indicateur généralement utilisé pour mesurer la répartition selon le sexe est le Rapport de
masculinité aussi appelé sexe ratio.

Si l’on considère la population totale d’un pays, le rapport de masculinité (RM) est le rapport
du nombre des hommes (H) par celui des femmes (F) : RM = H/F

C’est un indice qui est influencé par plusieurs facteurs :


. La structure par âge (Population jeune = RM > élevé; population vieille = RM < faible)
. Le niveau de fécondité (faible niveau de fécondité = RM à la naissance élevé, donc RM total
élevé et inversement)
. Différence des risques de mourir selon le sexe (surmortalité masculine générale = RM
faible ; surmortalité féminine RM élevé)
. Par des phénomènes exceptionnels (guères, migration, etc.)

Au total, en raison de l’influence de ces différents facteurs, le RM reste un indicateur peu


expressif et son interprétation doit être faite avec précaution.

Le rapport de masculinité est en général inférieur à 1 dans les pays occidentaux.

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Mais dans les pays en développement où existe une surmortalité féminine en raison
notamment de l’importance de la mortalité maternelle ou obstétricale, ce rapport est
souvent supérieur à 1.
En Côte d’Ivoire, les données issues du recensement de 1998 donnent un RM = 1,04 ; celui
de 2021 about à 109 hommes pour 100 femmes (1,09)

- Rapport de masculinité à un âge donné


On peut aussi calculer le rapport de rapport de masculinité à un âge donné
C’est, à cet âge, la proportion des effectifs masculins sur les effectifs féminins.
Ce rapport fournit des informations plus fines sur l’état de la population.
Il est plus expressif que le Rapport total.
Par exemple on constate qu’à la naissance, le rapport de masculinité généralement
supérieur à 1 pour tous les pays (compris entre 1,06 et 1,04). (Pour des raisons génétiques)

Dans les pays du Nord, on assiste aussi à une diminution régulière du rapport de
masculinité avec l’âge en raison d’une surmortalité masculine à tous les âges, surtout aux
âges élevés.

Dans les pays du Sud par contre, cette évolution est irrégulière (augmentation du RM aux
périodes de surmortalité féminine entre 15 et 40 ans en raison et la mortalité maternelle et
diminution à partir de 40 ou 50 ans.

En dehors du rapport de masculinité, d’autres indicateurs permettent aussi de caractériser


la répartition selon le sexe d’une population. Il s’agit du:
Rapport de Féminité (RF) qui est le rapport du nombre des femmes (F) par celui des
hommes (H) (RF = F/H)

On peut aussi calculer le taux de masculinité (Tm) qui est le rapport du nombre des
hommes (H) par l’effectif total de la population étudiée (PT) exprimé en pour cent.
(Tm = (H/PT) * 100)

- Répartition par âge

La description de la structure d’une population peut se faire aussi selon l’âge.


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De façon générale on distingue les groupes d’âges suivants:
- La population âgée de 0 à 19 ans = La population jeune
- La population âgée de 20 à 64 ans = Les adultes
- La population âgée de 65 ans et plus = Les personnes âgées.

Cette classification repose sur un critère économique


- 0-19 ans = phase de l’éducation et de la formation
- 20-64 ans = Période active
- 65 ans et plus = Période de la retraite.
Mais rien ne nous empêche de définir d’autres regroupements selon les objectifs poursuivis.

Sur la base des regroupements définis, on peut calculer différents indicateurs.


Pour ce qui concerne notre exemple, il est possible de calculer les indicateurs ci-dessous :

- Le rapport de jeunesse = Effectif des jeunes (0-19 ans) divisé par l’effectif total de la
population.

- Le rapport d’adultes ou taux de la population en âge d’activité= Effectif des adultes (20-
64 ans) divisé par l’effectif total de la population.

- Le rapport de vieillissement = Effectif des personnes âgées (65 ans et plus) divisé par
l’effectif total de la population.

- Le rapport de dépendance = Effectif des jeunes (0-19 ans) et des vieux (65 an et plus)
divisé par l’effectif des adultes (20-64 ans).

Pour le cas de la Cote d’Ivoire, les données du recensement de 1998 nous permettent de
constater que la population est caractérisée par son extrême jeunesse (43 % de moins de 15
ans contre seulement 4 % de personnes âgées). Au recensement de 2014 les moins de 15
représentent 41,8 % de la population.

A titre de comparaison, la structure de la population de la France métropolitaine au 1er


janvier 1992 donne une structure 27 % pour les moins de 20 ans et 13,4 % pour les plus de
60 ans.

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- Répartition par âge et par sexe
La combinaison de la structure par âge et par sexe s’exprime à travers un graphique nommé
la Pyramide des âges.
La pyramide des âges est un double histogramme donnant la représentation d’une
population par sexe et par âge à un moment donné. Elle peut représenter tout type de
population.

Pour sa construction
. Il suffit de prendre 2 angles droits que l’on met dos à dos
. Par convention l’angle de droite représente les effectifs féminins et l’angle de gauche
les effectifs masculins.
. En abscisse on met les effectifs (selon une échelle à déterminer)
. En ordonnées on met les âges (âge par âge ou par groupe d’âges)

Graphique 1: Pyramide des âges de la France au 1er janvier 1992

Sexe masculin Sexe féminin


Géné. Age Géné.
1981 15 1981

1986 5 1986

1991 0 1991
4000 2000 0 0 2000 4000
Effectif par classe d’âges (en milliers)

Remarque: Pour faciliter les commentaires, on peut porter les générations sur le graphique.
Si cette pyramide représente la structure de la population au 1er janvier 1992 ; Ce qui veut
dire que les individus qui ont 0 an révolu en 1992 sont nés en 1991 : Ils sont donc de la
génération 1991.

Les pyramides peuvent avoir toutes sortes de formes ; Mais de façon générale, on distingue
deux formes de référence:

La pyramide à, structure jeune:


Base large et sommet étroit traduisant l’importance des jeunes et la faiblesse des effectifs
des personnes âgées : cas de la Côte d’Ivoire.

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Graphique 2: Structure par âge et par sexe de la population de la Côte d'Ivoire

Sources: The World Factbook, CIA2; ONU3; FAO

La pyramide à structure vieille

Base peu étendue et sommet arrondi traduisant la faiblesse de l’effectif des jeunes et
l’importance des personnes âgées: cas des pays occidentaux dont la France.

Graphique 3: Pyramide des âges des pays occidentaux

Sexe masculin Sexe féminin


Age

Effectif par classe d’âges (en milliers)

- Répartition selon l’ethnie et la nationalité


Une analyse plus fine de la population peut consister à étudier sa structure selon l’ethnie ou
la nationalité

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L’analyse de la structure de la population de la Côte d’ivoire selon la nationalité montre la
présence d’une proportion relativement importante de populations d’origine étrangère sur
le territoire Ivoirien. En 1998, elles représentaient 26 % de la population totale.
Mais la détermination de ces populations d’origine étrangère (notamment ceux provenant
des pays voisins) n’est pas sans difficulté en raison de la présence des mêmes communautés
linguistiques de part et d’autres des frontières et des difficultés d’application des législations
relatives à la nationalité.

On remarque par ailleurs que les non ivoiriens sont dominés numériquement par les
Burkinabés suivis des Maliens, des Guinéens et des Ghanéens qui représentent
respectivement 56 % ; 19,8 % ; 5,7 % et 3,3 de la population étrangère selon le recensement
de 1998.

Les originaires de ces quatre pays frontaliers constituent près de 85 % de la population


étrangère auxquels s’ajoutent les originaires d’autres pays africains et les non africains
essentiellement des libanais et des français.

La structure selon l’ethnie fait apparaître que la Côte-d’Ivoire est composée d’un grand
nombre de groupes, différents par leur mode d’organisation politique économique et sociale,
par leur culture, par leur religion qui souvent débordent largement le cadre des frontières
actuelles.

La composition de la population par grands groupes ethniques au recensement de 1998


montre que le groupe Akan constitue la proportion la plus importante avec environ 42 % des
nationaux, suivi du groupe voltaïque (17,6 %), des Mandé Nord (16,5 %), des Krou (12,7 %)
et des Mandé Sud (10 %).

- Répartition spatiale (ville campagne et selon les régions)


L’étude de la répartition spatiale est aussi une façon d’analyser la structure d’un pays.
Pour la Côte d’Ivoire, la répartition selon le milieu d’habitat montre que la majorité de la
population vit en milieu rural. En 1998, on dénombrait plus de 57 % de ruraux mais cette
proportion diminue progressivement du fait la forte croissance urbaine et de l’exode rural.

21
- La répartition selon les régions met en évidence un certain déséquilibre.
Globalement, les régions forestières (qui sont censées être hostiles à l’implantation humaine)
sont relativement plus peuplées que les régions de savanes (situées au nord et au centre).
En effet dans le nord, les densités varient entre 5 et 10hab/km2.
Dans le sud-ouest, elles ont connu une forte hausse pour atteindre 15 hab/km2.
Dans le sud forestier d’une façon générale, les densités se situent entre 15 et 50 hab/km2
(selon les données du dernier recensement).

Si certains facteurs historiques peuvent expliquer cette distribution spatiale, l’essentiel des
explications résident dans les facteurs économiques, notamment l’économie de plantation
qui a entraîné les premiers mouvements massifs de main-d’œuvre vers les régions
forestières.

Conclusion [de la partie sur la description de la population de la CI]


La connaissance d’une population peut passer par l’analyse de sa structure selon plusieurs
variables dont la définition dépend des objectifs poursuivis.

Pour la Côte d’Ivoire, l’analyse de la structure selon l’âge, le sexe, la nationalité, l’ethnie et
l’espace nous a permis de caractériser globalement la population de ce pays.
Mais en raison des conséquences démographiques des différentes crises (déplacement de
populations, décès, …), il est important d’actualiser les indicateurs calculés sur la base des
données disponibles afin de prendre en compte les récentes évolutions.

Pour en savoir plus …

CHESNAIS, J. C., 1992, La démographie, Que sais je, n° 2546, Paris, 113 p.

DUMONT Gérard-François, 1992, Démographie: Analyse des populations


et démographie économique, DUNOD, Paris, 244 p.

PRESSAT Roland, 1980, démographie statistique, 2e édition, PUF, Paris, 194 p.

VALLIN J., G. CASELLI et G. WUNSCH éds, 2001, Démographie : analyse et


synthèses, vol. I- La dynamique des populations, INED, Paris, 550 p.

VALLIN J., 1992, La démographie, Collection Repères, Paris.

22
VANDESCHRICK Christophe, 1995, Analyse démographique, Population et
Développement n°1, Academia/L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 183 p.

VIDAL Annie, 2001, Démographie: Les outils, PUG, Saint-Martin-d’Hères, 140 p.

Section 3 : Analyse des phénomènes démographiques (exemple


de la population ivoirienne)
Le mouvement d’une population et sa répartition dans le temps dépendent des phénomènes
démographiques dont les principaux sont la fécondité, la mortalité et la migration.

1 Natalité - Fécondité

1-1 Définition

- La natalité
C’est l’ensemble des naissances dans une population au cours d’une période de temps
donnée.

- On parle de fécondité quand on s’intéresse aux naissances, mais dans une sous population
donnée (exemple: Population féminine en âge de procréer).

- La fécondité - fertilité
La fécondité (qui est le résultat de la procréation: la procréation effective) se distingue de la
fertilité qui est l’aptitude à procréer quel qu’en soit le résultat.

- Naissance - accouchement.
La naissance est l'arrivée d'un enfant.
Tandis que l’accouchement est la mise au monde d'un ou de plusieurs enfants.

Un accouchement peut donc donner lieu à plusieurs naissances, on parle d’accouchement


multiple.

23
- Infécondité - Stérilité.
L'infécondité est le contraire de la fécondité. Elle peut résulter de la volonté ou provenir de
la stérilité qui est l'incapacité physiologique de procréer.

- Fécondité générale - fécondité des couples.


On parle généralement de fécondité générale quand on ne s’intéresse qu’à la fécondité des
femmes (en âge de procréer) alors que la fécondité des couples est la fécondité à l’intérieurs
des couples (mariés ou pas: Quand il s’agit de couples mariés on parle de fécondité
légitime).
On peut ainsi multiplier les définitions selon la sous population considérée (fécondité
illégitime ou naturelle, fécondité générale masculine, etc.)
Remarque:
- Dans l’étude de la fécondité et de la natalité, seules les naissances vivantes sont prises en
compte (Les mort-nés ou mortinaissances sont exclues).
Mais la définition de ces concepts varie selon les pays et dans le temps.
Par exemple en France, jusqu'en mars 1993, l'administration considérait comme nés vivants
uniquement les enfants toujours vivants au moment de leur déclaration à l'état civil.

Aujourd’hui on considère comme né vivant un enfant qui a respiré (ou crié) au moment de
l’accouchement.

1 2 Mesure de la natalité et de la fécondité


a- Le taux brut de natalité (TBN)

Il est important de noter que la notion de taux en Démographie est différente du taux
traditionnel:
- De façon générale, un taux est toujours la division d'un sous ensemble par un ensemble.
Quand numérateur et dénominateur sont des ensembles distincts, on parle de rapport.

-En Démographie, un taux est la fréquence annuelle d’un événement au sein d’une
population.

24
Par exemple les naissances annuelles au sein d’un ensemble de femmes en âge de procréer
(fréquence annuelle car un taux a le plus souvent une dimension annuelle; le taux en
démographie est donc proche d’un rapport)

Sur la base de ce qui précède, le TBN (souvent appelé Taux de natalité) est le nombre
annuel moyen de naissances par les individus constituant la population étudiée.
On l’exprime pour 1000 personnes.

N
TBN =
Pm

N = Effectif annuel de naissance (attention à ramener l’effectif à un an quand la


période d’observation n’est pas annuelle par simple division ou règle de trois).
Pm = Population moyenne [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2]
ou l’effectif de cette population en milieu de période.

Dans le monde, le TBN varie globalement entre 8 ‰ et 50 ‰ (faible dans les pays du nord et
élevé dans les pays du sud). En 1999, le TBN de la CI est de 43 ‰

b- Le taux global de fécondité générale


Le taux global de fécondité générale (TGFG) ou simplement taux de fécondité générale
(TFG) est le nombre annuel moyen de naissances vivantes par les femmes en âge de
procréer (15-49 ans) dans la population considérée. On l’exprime pour 1000 personnes.

N
TGFG =
F15-49

N = Effectif annuel de naissances (attention à ramener l’effectif à un an quand la période


d’observation n’est pas annuelle par simple division ou règle de trois)

F15-49 = Effectif moyen de femmes de 15 à 49 ans [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2]


Ou l’effectif de cette population en milieu de période.

c Le taux de fécondité générale par âge


C’est le rapport des naissances vivantes survenues chez les femmes d’un certain âge durant
une année à l’effectif moyen de la population féminine ayant cet âge.

25
Nx
fx =
Fx

Nx = Effectif annuel de naissances chez les femmes d’âge x .

Fx = Effectif moyen de femmes d’âge x [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2]


Ou l’effectif de cette population en milieu de période.

d L’indice synthétique de fécondité (ISF) ou Somme des naissances


réduites (SNR) ou Indicateur conjoncturel de fécondité (ICF)
C’est somme des taux de fécondité par âge durant une période.

49
isf = ∑ fx avec fx = Taux de fécondité générale par âge
x=15

Attention: Lorsque la durée d’observation est 5 ans (données quinquennales)


49
isf = 5*∑ fx
x=15

Indicateur conjoncturel car il s’agit d’une mesure transversale (renseigne sur le


comportement de fécondité du moment, souvent l’année)

L’ICF de la Côte d’Ivoire est de l’ordre de 5 enfants par femme

e Descendance finale (DF) et Table de fécondité

- La descendance finale [DF (g)] est le rapport entre les naissances d’une génération
donnée et l’effectif de cette génération.

- C’est aussi la somme des taux de fécondité par âge dans une génération.

49
DF (g) = ∑ fx,g avec fx,g = Taux de fécondité générale par âge de la génération
x=15

- C’est le nombre moyen d’enfants par femme dans une génération.


- Elle mesure le niveau de fécondité définitivement atteint dans une génération féminine.

26
- Donne des informations longitudinales ; Mesure le comportement passé des générations.

Remarque:
- On parlera de descendance brute quand cette descendance est calculée en ne tenant pas
compte de la mortalité des femmes.
- Par contre, si on tient compte de la mortalité des femmes on parlera de descendance nette.

- La table de fécondité générale c’est simplement le tableau statistique donnant la


répartition des naissances selon l'âge dans une génération féminine.
f Autres indicateurs liés à la fécondité:

- Le taux brut de reproduction (R)


C’est le nombre moyen de naissances féminines durant une vie féconde en l’absence de
mortalité.
Si les calculs sont faits en tenant compte de la mortalité, on parlera de taux net de
reproduction (R0)

Le calcul peut être fait au sein d’une génération ou pour une année donnée.
Calcul pour une année donnée Calcul au sein d’une génération

- R = ICF * 0,488 R = DF (g) * 0,488

- R0 = ICF * 0,488 * p R0 = DF (g) * 0,488 * p

0,488 = Proportion de filles à la naissance [(découle du rapport de masculinité à la


naissance: RMN = 1,05 ce qui veut dire qu’on a 100 filles pour 105 garçons, donc sur 205
naissances au total, on a 100 filles (100/205 = 0,488)].

P = Probabilité de survie des femmes de la naissance jusqu’à l’âge moyen à la maternité.

Remarque: Un taux net de reproduction = 1 signifie qu’une mère est remplacer par sa fille.
On parle de seuil de renouvellement des générations.

27
- Âge moyen à la maternité (a)
Si l’indice synthétique de fécondité résume le niveau de fécondité d’une année donnée, il
peut être utile de fois d’étudier le calendrier du phénomène à travers l’âge moyen à la
maternité.

Il se calcule comme une moyenne classique en statistique.


L’âge moyen des mères à la maternité (a) est la moyenne pondérée des âges de
reproduction par les taux de fécondité par âge correspondants.

49
∑ x fx
x=15

a= avec fx = Taux de fécondité générale par âge


49 x = milieu de la classe d’âge (15,5 ; 16,5 ; 17,5 ; …pour données annuelles)
= ∑ fx
x=15

Remarque:
- Il peut se calculer au sein d’une génération comme pour une année donnée.
- Au lieu du taux de fécondité, on peut utiliser directement les naissances par âge

2 Mortalité
2-1 Définition

La mortalité est «l’action de la mort sur les populations ».

C'est par l'étude de la mortalité, plus précisément par l'établissement de la table de


mortalité, qu'a débuté la science démographique (la tentative d’établissement de la première
table de mortalité est le fait de John Graunt en 1662). (Marchand anglais, 1620-1673).

2-2 Mesure de la mortalité.


Comme les autres phénomènes démographiques, la mortalité peut être étudiée selon deux
approches:

28
- Dans une perspective transversale, on mesure la mortalité au cours d’une période, par
exemple l’année.

- A l’opposé, on peut adopter un point de vue longitudinal où la mortalité est mesurée dans
une génération.

Ceci étant, l’approche transversale est plus souvent pertinente car la mortalité dépend
étroitement des conditions du moment (développement économique et social, niveau
sanitaire et médical, etc.)

- Le taux brut de mortalité (TBM)


C’est une approche transversale de la mesure de la mortalité.
Le taux brut de mortalité (TBM) ou simplement Taux de mortalité est le nombre annuel
moyen de décès par les individus constituant la population étudiée.
On l’exprime pour 1000 personnes.

D
TBM =
Pm

D = Effectif annuel des décès.

Pm = Population moyenne [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2] ou


l’effectif de cette population en milieu de période.

Ce taux, comme les taux démographiques d'une façon générale, a toujours une dimension
annuelle (les décès d'une période non annuelle doivent donc être ramenés à l'année).

En 2009, le TBM pour la Côte d’Ivoire est de 14 ‰. En guise de comparaison pour cette
même année, ce taux est de 12 ‰ pour l’ensemble de l’Afrique, 9 ‰ pour l’Europe
occidentale et 9 ‰ en France (source: tous les pays du monde, INED)

Remarque: Le TBM est sensible à la structure de la population étudiée. Il n’est donc pas un
indicateur pertinent pour les études comparatives (comparer le niveau de mortalité de 2 pays
qui ont des structures de population différentes).

29
Pour prendre en compte l’effet de structure, on calcule les taux comparatifs de mortalité
(TCM) à partir d’une structure type de population ou d’une mortalité type.
[La méthode de calcul se verra en TD]
[Mais ce TD ne sera pas obligatoire si le temps n’est pas suffisant]

- Les taux de mortalité par âge ou groupe d’âge


Contrairement au Taux Brut de Mortalité (TBM), le taux de mortalité par âge ou
groupe d’âges n’est pas (ou est peu) sensible à l'effet de structure.
On calcule généralement les taux ci-dessous.

. Taux de mortalité infantile (TMI)


C’est le rapport entre les décès de moins d’un an [0 an révolu] et les naissances vivantes de
l’année considérée (exprimé en %o)

Outre le taux de mortalité infantile, on calcule généralement les taux ci-dessous :

.Le taux de mortinatalité = rapport mort-nés par les naissances vivantes.

. Le taux de mortalité néo-natale = rapport des décès des 30 premiers jours par les naissances
vivantes

. Le taux de mortalité néo-natale précoce = rapport des décès des 07 premiers jours par les
naissances vivantes

. Le taux de mortalité périnatale = taux de mortinatalité + taux de mortalité néo-natale.

. Taux de mortalité infanto juvénile = rapport des décès des moins de 5 ans par les naissances
vivantes

. Taux de mortalité juvénile= rapport des décès entre 1 et 5 ans par les naissances vivantes

On s’intéresse plus à la mortalité à ces divers âges car la mortalité avant 5 ans représente
une part importante dans la mortalité totale (28% des décès ont en effet lieu avant 1 an et 47
% avant 5ans). La mortalité infantile est même considérée comme un indicateur du niveau
général de la santé dans une population (Bouvier-Colle et al., 1990).

Pour la Côte D’Ivoire, le RGPH de 1998 donne les taux suivants :


TMI = 103,5 %o; TM infanto juvénile (1 et 5 ans) =74,8 %o

30
2-3 La table de mortalité et espérance de vie à la naissance

- La table de mortalité est un modèle d’analyse démographique couramment utilisé.

La table de mortalité n’est autre chose que le décompte, année par année, des survivants
d’un groupe initial de 100 000 ou 10 000 nouveau-nés (10 000 étant un choix imposé par
l’usage).

Il s’agit à priori d’une analyse longitudinale (au sein d’une génération) contrairement aux
taux qui se calculent pour une année donnée.

Soit l’exemple suivant d’une table de la population Française au XVIIIe siècle :


Année Âge atteint Effectif
civile ou anniversaire (x) ou survivants (Sx)
1750 0 an 10 000
1751 1 7 675
1752 2 ans 67 18
...... ......... ........
1850 100 ans 2

Ceci suffit pour décrire une table de mortalité. Mais pour être explicite, on rajoute l’effectif

des décès [ d(x, x+1) ] et les quotients [ qx(‰) ] entre 2 âges successifs.

La table de mortalité détaillée se présentera comme suit :

Âge x Sx d(x, x+1) qx(‰)


0 10 000 2325 232,5
1 7 675 957 124,7
2 67 18 471 70,1
...... ......... ........
100 2 -----

[La méthode de calcul des décès [ d(x, x+1) ] et des quotients [ qx(‰) ] se verra en TD]
[Mais ce TD ne sera pas obligatoire si le temps n’est pas suffisant]

31
- L’espérance de vie à la naissance
A partir de la table de mortalité (les survivants de la table), on peut calculer l’espérance de

vie à la naissance (ou vie moyenne) notée ( еo )

C’est le nombre moyen d’années de vie d’une personne depuis sa naissance

La formule générale qui permet de faire le calcul est la suivante :

S1 + S2 + S3 + S4 + ...... (S0, S1, S2 sont les survivants à 0 an, à 1 an, à 2 ans, etc.)
еo = 0,5 +
S0

Remarque : Le 0,5 vient du fait qu’on estime que entre 2 anniversaires, les individus qui
sont décédés vivent en moyenne 0,5 an.

De façon générale, on peut calculer le nombre moyen d’année restant à vivre aux personnes
ayant atteint un âge x donné noté ( еx )

Sx+1 + Sx+2 + Sx+3 + ...... (Sx+1, sont les survivants à l’âge (x+1))
еx = 0,5 +
Sx

Ces formules peuvent aussi être établies pour des tables abréges. Pour une table avec
données quinquennale, la formule générale еx est la suivante:

5(Sx+5 + Sx+10 + Sx+15 + ...) (Sx+5, sont les survivants à l’âge (x+5))
еx = 2,5 +
Sx

Remarque :
- Le 2,5 vient du fait qu’on estime que dans une période quinquennale, les individus qui sont
décédés vivent en moyenne 2,5 ans
- Le 5 s’obtient simplement par factorisation

Pour la Côte D’Ivoire, certaines sources donnent un еo < à 50 ans

2-5 Les facteurs de mortalité


Une multitude de facteurs peuvent influencer la mortalité. On distingue :

32
- les facteurs biologiques
. Le sexe: la mortalité est en général plus forte chez les hommes que les femmes sauf à une

certaine période (entre 14 et 44 ans), notamment dans les pays en développement, où la


mortalité féminine est peut-être plus élevée en raison de la mortalité maternelle ou
obstétricale.

. L’âge : La mortalité est liée à l’âge

Elle évolue en général en forme de ‘V’.


Elle atteint un minimum vers 10 ans avant de remonter.
La mortalité avant 5 ans est très élevée en Afrique en raison de la vulnérabilité de l’enfant
pendant la période de sevrage.

- les facteurs écologiques


Il s’agit des facteurs liés au milieu.
En effet, le climat, ou le milieu naturel en général, peut influencer la santé en à travers des
facteurs favorisant certaines maladies. (cas du paludisme qu’on retrouve dans les milieux
tropicaux).
- Les facteurs socio-économiques et culturels
La mortalité varie en fonction de certaines caractéristiques économiques et socio-culturelles
telles que:

. les connaissances sanitaires


. Le niveau d’instruction:
. Le revenu: Influence l’accès aux soins, etc.

3 Migration

3-1: Définition
La migration se définit par rapport à un territoire donné.
Est migrant celui qui, de façon temporaire ou définitive, se déplace d’un territoire vers un
autre.

33
On parle de migration internationale quand il y a franchissement de frontières (entre
états).
Si non, il s’agit de migration interne ou intérieure.

La migration se rapporte à 2 sous phénomènes:


- L’Emigration (E) : Les départs de population
- L’Immigration (I) : Les arrivées de population

La migration intervient dans l’évolution globale de la population à travers le solde


migratoire (SM) qui est la différence entre l’immigration et l’émigration.

Accroissement = (N - D) + (I - E)
Accroissement naturel Solde migratoire
N = Naissance
D = Décès
I : Immigration
E : Emigration

3-2: Indicateurs
Tout comme dans les autres phénomènes, on peut calculer ici aussi des taux de migration
- Taux d’émigration (TE): Rapport de l’effectif annuel des émigrants par la population
moyenne.

E
TE =
Pm

E = Effectif annuel des émigrants.


Pm = Population moyenne [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2] ou
l’effectif de cette population en milieu de période.

- Taux d’immigration (TI): Rapport de l’effectif annuel des immigrants par la population
moyenne.

I
TI =
Pm

I = Effectif annuel des immigrants.

34
Pm = Population moyenne [(Effectif de départ + Effectif arrivé)/2] ou
l’effectif de cette population en milieu de période.

On les exprime aussi pour 1000 personnes.

- Taux de migration nette (TMN):


C’est la différence entre taux d’immigration (TI) et taux d’émigration (TE)

TMN = TI - TE
= (I-E) / Pm

Remarque : Différence entre Nationaux, étrangers, immigrés

L'étranger est celui qui n'a pas la nationalité du pays dans lequel il vit.
Il s'oppose donc au national. Il n'est pas à confondre avec l'immigré.
En toute rigueur démographique, un immigré est celui qui n'est pas né sur le territoire où il
habite.

En Côte d’Ivoire, les mouvements migratoires ont un impact très important sur le volume, la
répartition spatiale de la population.
Sur une population de 15 366 672 personnes recensées en 1998, 42,7 % ont déjà effectué au
moins une migration au cours de leur vie.
Déjà en 1988, les données du recensement général de la population donnaient des résultats
semblables, avec 42 % de migrants.
En 1998, les 42,7 % de migrants se décomposent en migrants internes (28,7 %) et migrants
internationaux (14,1 %) ; ce qui conduit à une forte proportion de non-nationaux dans la
population totale (26,0 %).
En milieu urbain, les migrants constituent plus de la moitié de la population (51,4 %).

Pour en savoir plus …

CHESNAIS, J. C., 1992, La démographie, Que sais je, n° 2546, Paris, 113 p.

DUMONT Gérard-François, 1992, Démographie: Analyse des populations


et démographie économique, DUNOD, Paris, 244 p.

35
PRESSAT Roland, 1980, démographie statistique, 2e édition, PUF, Paris, 194 p.

VALLIN J., G. CASELLI et G. WUNSCH éds, 2001, Démographie : analyse et


synthèses, vol. I- La dynamique des populations, INED, Paris, 550 p.

VALLIN J., 1992, La démographie, Collection Repères, Paris.

VANDESCHRICK Christophe, 1995, Analyse démographique, Population et


Développement n°1, Academia/L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 183 p.

VERON Jacques, 1991, Démographie : résumés de cours-exercices corrigés,


Armand Colin, Alençon, 127 p.

VIDAL Annie, 2001, Démographie: Les outils, PUG, Saint-Martin-d’Hères, 140 p.

Section 4: Quelques problèmes démographiques en C I

[Nous ne saurons terminer cette leçon sans évoquer les problèmes démographiques en Côte
d’Ivoire. C’est d’ailleurs ce qui donne un certain intérêt au cours, malheureusement, faute de
temps, nous ne ferons qu’énumérer sommairement quelques problèmes.
Il vous appartient d’approfondir par votre propre recherche, l’initiation à la recherche faisant
partie de votre formation. Il vous appartient donc d’établir la bibliographie de cette section.]

La Côte d’ivoire, à l’instar de la majorité des pays d’Afrique subsaharienne est confrontée à
un certain nombre de défis démographiques qui représentent un frein à son développement.
Il s’agit notamment de:

- La croissance démographique élevée par rapport à la croissance des ressources


- L’inégalité de la répartition de la population
- Le déséquilibre démographique entre le milieu rural et le milieu urbain
- L’urbanisation forte et incontrôlée
- Le fort taux de dépendance (population très jeune) ce qui limite les investissements
dans les secteurs productifs.
- Les niveaux de mortalité encore très élevés, la mortalité infantile notamment.
- Immigration forte et incontrôlée (absence de politique migratoire cohérente)
- Les relations difficiles entre démographie et pouvoir politique (le conflit autour de
l’identification et l’établissement des listes électorales)

36
Dans les systèmes politiques qui se veulent démocratique, l’accession au pouvoir repose sur
le vote du peuple, ce qui suppose une identification précise des électeurs.
Ce travail n’est pas une simple affaire de statistique. Il concerne aussi le démographe, celui-là
même qui donne un sens aux chiffres.

[La résolution de ces problèmes demande la mise en place d’une vraie politique
démographique prenant en compte les préoccupations des populations et répondant
aux besoins de développement de notre pays.
Pour ceux qui seraient tentés par les études démographiques, le pays vous attend pour
relever ce défi. Alors bon courage].

Indications bibliographiques

CHESNAIS, J. C., 1992, La démographie, Que sais je, n° 2546, Paris, 113 p.

DUMONT Gérard-François, 1992, Démographie: Analyse des populations


et démographie économique, DUNOD, Paris, 244 p.

DUMOLARD Pierre, Données géographiques : analyse statistique multivariée,


Hermes-Science, 208 p.

HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Ordina, Liège.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2001, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 1998, Côte d’Ivoire.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, 2015, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 2014, Côte d’Ivoire.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE, Recensement Général


de la Population et de l'Habitation de 2021, Côte d’Ivoire.

INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE et ORC Macro, 2001,


Enquête Démographique et de Santé- Côte d’Ivoire 1998-1999, INS et
ORC Macro, Carlverton, Maryland USA, 298 p.

PRESSAT Roland, 1980, démographie statistique, 2e édition, PUF, Paris, 194 p.

REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE, 2002, Rapport annuel sur la situation


sanitaire, Ministère de la Santé publique.

37
VALLIN J., G. CASELLI et G. WUNSCH éds, 2001, Démographie : analyse et
synthèses, vol. I- La dynamique des populations, INED, Paris, 550 p.

VALLIN J., 1992, La démographie, Collection Repères, Paris.

VANDESCHRICK Christophe, 1995, Analyse démographique, Population et


Développement n°1, Academia/L’Harmattan, Louvain-la-Neuve, 183 p.

VERON Jacques, 1991, Démographie : résumés de cours-exercices corrigés,


Armand Colin, Alençon, 127 p.

VIDAL Annie, 2001, Démographie: Les outils, PUG, Saint-Martin-d’Hères, 140 p.

Mode d’évaluation des connaissances


1/ Construction et analyse de tableaux statistiques, de graphiques, etc.

2/ Commentaire de documents (paramètres statistiques, tableaux, graphiques, etc.)

3/ Dissertation pourtant notamment sur des sujets d’actualité

38

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