Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Syllabus
Migration en Côte d’Ivoire
Contacts : thozane@gmail.com
1. Plan du cours
7.4. Séance 4 : Tendance de la migration en Côte d’Ivoire depuis les années 1960 ... 16
7.4.1. Migration interne ......................................................................................................... 16
7.4.2. Migration externe......................................................................................................... 17
8. Bibliographie ....................................................................................................................... 23
Le cours est structuré en cinq séances complémentaires. La première séance présente les
généralités sur la migration : définition de la notion de migration ; notions attachées à la
migration, typologie de la migration ; facteurs de migration, lois de la migration et acteurs
institutionnels de gestion de la migration en Côte d’Ivoire. La seconde séance montre les
mesures de la mobilité géographique des populations en trois points : données permettant
de mesurer la migration des populations ; construction des histoires migratoires ; et
indicateurs de mesures de la migration. La troisième séance aborde l’évolution du contexte
historique de la migration à travers les politiques coloniale et postcoloniale. La quatrième
séance décrit la tendance de la migration interne et internationale en Côte d’Ivoire depuis
les années 1960. Et la dernière séance présente les conséquences de la migration au plan
démographique, urbanistique, économique et social.
3. Objectif
La formation magistrale sera complétée avec 16 heures de Travaux Dirigés (TD) permettant
d’initier les étudiants aux activités pratiques. Il s’agit d’approfondir leurs connaissances sur
la migration de sorte à les familiariser avec les notions apprises pendant le CM. A ce niveau,
on privilégiera les aspects explicatifs des concepts clés et des exercices pratiques en rapport
avec ces concepts.
Après avoir bien accompli les 36 heures de CM et de TD, l’étudiant devrait être capable de :
Pour la séance 1, l’étudiant est invité à lire les théories des migrations : synthèse de la prise de
décision individuelle (E. PIGUET, 2013). Il devra aussi exploiter le chapitre 8 du Dictionnaire
démographique multilingue (L. HENRY, 1981), intitulé mobilité spatiale (pp. 108-115) pour une
meilleure connaissance des concepts associés à la migration.
Pour la séance 2, l’étudiant est invité à explorer le Manuel de Yaoundé, estimations indirectes
en démographie africaine (F. GENDREAU et al, 1985). Consulter notamment les pages 181 à 187
et 263 à 269 sur les indicateurs de mesure de la migration.
Pour la séance 3, l’étudiant est invité à lire la politique coloniale des travaux publics en Côte
d’Ivoire de 1900 à 1940 (B. Z. SEMI, 1975) pour mieux comprendre la politique coloniale en
matière de migration.
Pour la séance 4, l’étudiant est invité à lire, émigration urbaine, crise économique et mutation des
campagnes en Côte d’Ivoire (C. BEAUCHEMIN, 1999).
Pour la séance 5, l’étudiant est invité à lire, impact de la migration sur la démographie (B. T.
ZAH, 2015). Pour comprendre l’impact de la migration sur l’urbanisation, l’article, Migration
et dynamique des villes de l’intérieur en Côte d’Ivoire (F. DUREAU, 1989) est aussi recommandé.
L’évaluation se fera sur table (questions- réponses) afin de mesurer la capacité de l’étudiant
à assimiler le cours. Elle compte pour 60% et sera additionnée à la note du travail personnel
de l’étudiant (40%).
Au final, la note pondérée de validation de cette UE est 10/20. L’étudiant qui a une note
inférieure à 10 devra la compenser avec le cours «démographie et population en Côte
d’Ivoire» de sorte à avoir une note de 20/40. Dans le cas contraire, il reviendra composer en
seconde session.
Définition de la migration
Les migrations internes concernent les personnes qui migrent à l'intérieur d'un même pays -
par exemple, le déplacement de la région de Bouaké vers la région d’Abidjan, ou de la sous-préfecture
de Bédiala vers celle de Daloa.
Les migrations externes ou internationales concernent l’entrée des étrangers dans un pays
ou les sorties des nationaux vers d’autres pays étrangers. Ici, il y a franchissement de
frontières (entre Etats) ; c’est-à-dire quand les gens migrent d'un pays à l'autre - par exemple,
le déplacement de la Côte d’Ivoire vers la France ou vice versa.
En fait, la notion de migration n’a de sens que lorsqu’on circonscrit un territoire donnée.
Elle se rapporte à 2 sous phénomènes: l’Emigration ou les départs de population et
l’Immigration ou les arrivées de population.
Le migrant est celui qui, de façon temporaire ou définitive, se déplace d’un territoire vers un
autre. Du point de vue statistique, il est une personne qui abandonne son lieu de résidence
A l’échelle nationale, est considéré comme immigré, celui qui est né à l’étranger, et qui réside
en Côte d’Ivoire. La notion d’immigré implique donc un mouvement migratoire et se fonde
sur le fait d’être natif de l’étranger et ce, quel que soit la nationalité, ivoirienne ou étrangère,
que l’on possède - au moment du recensement.
C’est le déplacement massif et durable des populations rurales vers les villes ou les régions
urbaines. Il s’accompagne d’un changement d’activité professionnelle du migrant, car le
rural qui émigre abandonne la terre pour aller à la recherche d’un travail salarié dans les
activités secondaires ou tertiaires urbaines.
Migration intra-rurale
Elle est liée à la saisonnalité agricole tandis que l’exode rural connait une grande fréquence
dans le temps. La migration intra-rurale et même inter rurale doit être appréhendée selon
la double perspective du salariat agricole et de l’exploitation pionnières.
Migration étape
Il s’agit pour une personne, de faire une série de courtes migrations, moins extrêmes d'un
endroit d'origine, à la destination finale. C’est par exemple le cas du déplacement d'une
ferme, d'un village, d'une ville pour arriver enfin à la métropole.
Migration à la chaîne
Il s’agit d’une série de migrations au sein d'une famille ou un groupe défini de personnes.
Elle commence par un membre de la famille qui émigre et envoie ensuite de l'argent afin de
faire suivre les autres membres vers le nouveau lieu de chute.
Migration de retour
Il s’agit des mouvements volontaires des immigrés vers leur lieu d'origine. Ceci est
également connu comme la migration circulaire.
Terme utilisé pour décrire le mouvement non volontaire de personnes, causé notamment
par la crainte de persécutions, par des situations de conflit armé, de troubles internes, de
catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme. La notion de migration forcée
Cycle migratoire
La migration est une action rationnelle qui amène à maximiser l’utilité. Les acteurs
comparent la satisfaction qu’ils retirent de leur localisation actuelle avec celle qu’ils
pourraient retirer d’un déplacement. Elle apparaît ainsi comme une stratégie permettant à
l’individu de réagir à une insatisfaction. Plusieurs raisons poussent les gens à quitter
l'endroit où ils vivent habituellement pour aller s'installer dans un nouvel endroit. Ces
raisons sont appelées facteurs d’incitation. Elles s’opposent aux facteurs d’attraction
exercés par le lieu de chute.
Dans les années 1880, le Géographe RAVENSTEIN a développé une série de «lois» de
migration sur la base de l’observation des migrations internes au Royaume-Uni et des
migrations internationales entre 19 pays du monde. Il développe des lois qui constituent la
base de la théorie des migrations modernes. Au nombre de ces lois, on peut citer :
La plupart des migrants se rendre à une courte distance ;
Les migrations se font généralement du milieu rural vers le milieu urbain.
Les migrants qui parcourent de longues distances s'installent généralement dans les
zones urbaines.
Les migrations se produisent généralement en plusieurs étapes.
La plupart des migrants internationaux sont des hommes adultes tandis que plus de
migrants internes sont des femmes ;
les célibataires migrent souvent plus que les personnes ayant charge de famille car
ils apprécient différemment les risques de la migration.
Dans la pratique, la migration est gérée par le ministère de l’Intérieur en collaboration avec
d’autres ministères pour certaines questions générales ou spécifiques.
A retenir
Cette deuxième séance sera consacrée à la présentation des données permettant de mesurer
la mobilité géographique de la population, à la construction des histoires migratoires et à
l’estimation de quelques indicateurs de la migration.
Le recensement
Résidence à une date fixe (par exemple au cours des 5 années précédant la date de la
collecte). Cette question permet de calculer les probabilités de migration dans le temps ;
Résidence antérieure et durée de résidence au lieu actuel. Ces questions ne permettent
pas d’identifier la résidence de la population à un moment précis avant la collecte.
De façon spécifique, les questions sur la migration de la population peuvent être adaptées
au contexte national. Dans le cadre du recensement de 2014 en Côte d’Ivoire des questions
ont été posées afin de saisir la migration liée à la crise militaro-politique de 2002. Ainsi, pour
tout résident né avant cette période, les questions suivantes lui sont posées :
Avez-vous déjà été forcé de quitter votre lieu habituel de résidence pour cause de guerre ou de
conflit armé ?
Si oui, quand êtes-vous parti de votre lieu de résidence habituelle ?
Quel était votre lieu de résidence habituelle ?
Etes-vous retourné ou avez-vous l’intention de retourner au lieu de résidence habituelle ?
Les projections démographiques ont pour but d’estimer l’état de la population à une date
donnée. Elles permettent de connaître à l’avance l’état d’une population à moyen et long
Il faut aussi parler de l’enquête sur les personnes déplacées internes (PDI) réalisée par
l’ENSEA en 2005. Elle a été menée dans les localités urbaines et rurales d’Abidjan, de Daloa,
de Toulépleu, de Yamoussoukro et de Duékoué. Dans ces 5 départements, 11 713 ménages
ont été dénombrés dont 6 149 en milieu urbain et 5 564 en milieu rural.
Lorsqu’on dispose des informations sur le lieu de naissance (LN), le lieu de résidence à une
date de référence fixe (LF) et le lieu de résidence au moment de la collecte (LR), il est possible
de distinguer plusieurs catégories de migrants.
Sédentaires qui sont des personnes nées dans une localité donnée, qui ont résidé dans
la même localité x années avant la date de collecte et y résidaient encore au moment de
la collecte (LN = LF = LR)
Migrants établis qui sont des personnes nées dans une localité donnée, mais qui ont
résidé dans une autre localité x années avant la date de collecte et y résidaient encore au
moment de la collecte (LN # LF = LR)
Migrant de premier rang qui sont des personnes nées dans une localité donnée, qui ont
résidé dans la même localité x années avant la date de collecte mais résidaient dans une
autre localité au moment de la collecte (LN = LF # LR)
Notons que ces différentes catégories de migrants ne sont que des approximations car les
recensements et enquêtes ne donnent souvent pas des informations sur d’éventuelles
migrations qui ont eu lieu entre la naissance et la date de référence ou encore entre cette
date et l’année de collecte.
Le solde migratoire
Le solde migratoire (SM) est la différence entre les immigrés et les émigrés.
A retenir
Le recensement et les enquêtes démographiques sont les données permettant de mesurer la
mobilité géographique de la population. Avec ces données, il est possible de construire les
histoires migratoires des individus d’une part, et d’estimer des indicateurs pour une localité
quelconque d’autre part. Des analyses plus poussées peuvent être réalisées s’il s’agit d’enquête
spécifique sur la migration qui fournit plus d’informations sur le phénomène.
Cette période est caractérisée par l’exploitation économique et la mise en valeur de la colonie
après sa pacification. Du fait de ses richesses en ressource naturelle, la Côte d’Ivoire est
indiquée pour servir de réservoir de matière première et de déversoir de produits
manufacturés de la métropole. Dans cette vision, le travail obligatoire a été institué dès 1904
comme mode de gestion de la main-d'œuvre.
Signature en mars 1960 d’une convention entre la Côte d’Ivoire et la Haute Volta pour satisfaire le
besoin en main-d’œuvre agricole. Elle permet à l’OMOCI de recevoir les demandes de main-
d’œuvre des planteurs, de les regrouper par région et de les transmettre à l’office voltaïque.
Bi Tozan ZAH Démographe Département de géographie UAO 13
De 1960 à 1965, plus de 15 000 travailleurs ont transité par les structures mises en place dans
le cadre de cette convention (Kouadio B. et Charbit Y., 1994).
Signature avec la France en 1961 d’un accord de coopération technique en matière de personnel visant
à combler le déficit de main-d’œuvre hautement qualifiée. Il a permis l’immigration des cadres
moyens et supérieurs, surtout dans le domaine de l’enseignement.
La politique économique (libéralisme) adopté dès les indépendances favorable à la libre circulation des
biens et des personnes. Elle a permis au gouvernement de solliciter les compétences et la main-
d’œuvre étrangère. En effet, les étrangers occupaient en 1975, 52,5% des emplois. Ils sont
actuellement présents dans tous les secteurs d’activité.
La politique sociale encourage la venue des étrangers. Elle a donné d’autres formes à l’immigration
des étrangers en Côte d’Ivoire. De l’étape individuelle, elle est devenue familiale impliquant à
la fois les hommes, les femmes et les enfants.
La loi n°90-437 du 29 mai 1990 relative à l’entrée et au séjour des étrangers en Côte d’Ivoire a été
adoptée. Dans son article 1, elle fait une distinction entre nationaux et étrangers. Les articles
4 et 5 déterminent les conditions d’entrée des étrangers en Côte d’Ivoire. L’article 6 introduit
la carte de séjour des étrangers: « Tout étranger de plus de 16 ans doit, s’il séjourne en Côte
d’Ivoire et après l’expiration d’un délai de 3 mois depuis son entrée sur le territoire ivoirien, être mini
d’une carte de séjour… ». L’article 11 donne une liste des étrangers qui ont obtenu
automatiquement un permis de séjour : les étrangers mariés à des ressortissants ivoiriens ;
les parents étrangers d’un enfant ivoirien résidant en Côte d’Ivoire ; l’épouse et les enfants
de moins de 21 ans de migrants dans le cadre d’un programme de regroupement familial ;
les étrangers qui ont résidé de manière régulière en Côte d’Ivoire pendant plus de dix ans,
etc. L’article 15 prévoit le refoulement pour les étrangers qui entrent et/ ou séjournent dans
le pays sans les documents requis.
L’arrêté n°4810 MEFPPS AGEPE du 21 avril 1997 qui présente quelques restrictions à l’accès
des immigrés au marché du travail formel. Leur embauche est soumise aux conditions
suivantes :
En revanche, selon la loi n° 2015-532 du 20 juillet 2015 sur le code du travail, la fixation du
salaire est libre, sous réserve du respect du SMIG (salaire minimum interprofessionnel
garanti, fixé à 60 000 XFO). Le recrutement du personnel est libre et aucun examen
linguistique n’est exigé pour les travailleurs immigrés.
Aussi, la loi fixant les conditions d’accès au foncier rural, adoptée en 1998 (loi n°98-750 du 23
décembre 1998) manifeste explicitement la volonté du gouvernement de réduire l’accès de
la propriété foncière aux étrangers.
Loi n° 2002-03 relative à l’identification des personnes et au séjour des étrangers en Côte d’Ivoire a
prévu des garanties supplémentaires pour le séjour des étrangers en prolongeant à cinq ans
la durée du permis de séjour.
Loi n° 2004-303 du 3 mai 2004 portant modification de la loi n° 2002-03 du 3 janvier 2002 fait une
distinction entre les ressortissants des États membres de la CEDEAO, qui bénéficiaient
d’une carte de résident et les autres étrangers, qui devaient demander une carte de séjour.
Selon l’article 15, un séjour irrégulier constitue un délit pénal, passible d’une peine de prison
allant de un à cinq ans et d’une amende. Les étrangers menaçant l’ordre public peuvent être
expulsés et les criminels bannis du pays pour une période de cinq ans, voire, en cas de
récidive, de manière définitive. D’après l’article 16, Faciliter le séjour des étrangers en
situation irrégulière et leur permettre de réaliser tout type d’acte civil est passible d’une
peine de prison et d’une amende.
Instauration depuis le 14 août 2017, de la carte de résident biométrique pour les ressortissants de
l’espace hors CEDEAO résidant depuis plus de trois mois sur le sol ivoirien pour maîtriser le flux
migratoire et faire face au phénomène migratoire intercontinental. Ce document dont le coût
d’acquisition est de trois cent mille francs (300 000 FCFA) pour une validité de 5 ans
remplace le titre provisoire de séjour jusque-là en vigueur.
A retenir
Avant les années 1960, le colonisateur a d’abord mis en place la politique migratoire forcée
devenue par la suite, la migration volontaire de travail.
De 1960 jusqu’à la fin des années 1980, la Côte d’Ivoire a adopté la politique migratoire
libérale. Mais depuis les années 1990, elle a amorcé une politique de régulation de la
migration.
Les villes du sud : principale direction jusqu’au milieu des années 1980
Les migrations internes sont souvent motivées par des raisons économiques. Elles ont
concernées les régions économiquement faibles vers les régions mieux nanties. Leurs
directions s’expliquent par des opportunités offertes par différentes régions du pays. Il a
s’agit de migration rural-rural.
Avec le développement du café et du cacao au début des années 1960, les mouvements se
sont orientées vers le Centre-Est du pays, devenu plus tard la boucle du cacao. Dans les
décennies 1960 à 1970, la réalisation des projets de développement (ARSO, AVB, complexes
sucriers) a intensifié les mouvements migratoires internes. Ainsi, à côté des migrations
internes rurales-rurales, s’est développé l’exode rural.
Parallèlement, les flux inter-villes se sont développés. Au cours des trois premières décennies
d’indépendance, ils ont été principalement dirigés vers la capitale économique, Abidjan. En
1975, 62 170 individus sont venus de Bouaké, deuxième ville du pays (Fargues Ph., 1982).
Selon C. Nissack (1999), Abidjan a accueilli 84% de migrants urbains internes et
internationaux entre 1987 et 1988 et 16% de migrants ruraux.
De manière générale, l’afflux de migrants internes vers le sud répond aux potentialités
d’emploi dues à l’installation des centres administratifs et commerciaux le long du littoral
et à l’essor de l’économie de plantation. L’ampleur de la migration interne est révélée par
les recensements. En 1975 près d’un résident sur deux vivait hors de sa localité de naissance.
En 1988, 42% de la population a été recensée hors de la sous-préfecture de naissance. La
proportion est restée les mêmes en 1998 (42,8%).
Ralentissement des flux internes en direction des grandes villes à partir des années 1990
1975-1988
8,4 1988-1998
7,0
6,4 6,0
5,6 5,5 5,6 1998-2014
5,0
4,5
3,8 3,7 3,6
3,2 3,2 3,3 3,2 3,3
2,5 2,5 2,4 2,1 2,5 2,2
1,6
Source : estimation à partir des données des recensements de 1975, 1988, 1998 et 2014
Le ralentissement de la population des grandes villes est lié aux mesures administratives
nées de la crise économique et qui visaient à freiner l’afflux des nouveaux migrants vers les
villes et à favoriser la "migration de retour ". Selon Beauchemin (1999), la croissance
migratoire dans le milieu rural s’est montrée positive entre 1988 et 1993
Cinq ans après son indépendance, la Côte d’Ivoire comptait 700 000 étrangers. Dix ans plus
tard, cet effectif a doublé. En 1988, plus de 3 millions d’étrangers vivaient dans ce pays.
Cette population est composée en majorité d’hommes (55%) et provient à plus de 95% de la
CEDEAO.
Même si la crise sociopolitique des années 1990 à 2000 a réduit les mouvements migratoires
en direction de la Côte d’Ivoire, l’effectif des étrangers reste toujours important grâce à sa
croissance naturelle. Selon le recensement de 1998, près de la moitié (47,3%) des étrangers
sont nés en Côte d’Ivoire.
L’émigration s’est amplifiée durant ces dernières décennies avec la crise militaro-politique
de 2002 à 2011. De ce fait, il est difficile de disposer des données exhaustives sur ce
phénomène.
A retenir
Les migrations interne et externe ont quasiment connu les mêmes rythmes d’évolution
en Côte d’Ivoire. De 1960 à 1980, elles ont été intenses. Mais depuis les années 1990, elles
connaissent un ralentissement dû aux crises économique, sociales et politiques.
Le stock important d’étrangers résidant dans ce pays en 2014 (5 491 972) et l’émergence
de l’émigration des Ivoiriens nécessitent la mise en place de politique explicite en
matière de migration
La population ivoirienne a rapidement augmenté depuis les années 1960. De 4 000 000
d’habitants en 1965, elle est passée à 6 709 000 d’habitants en 1975, à 10 815 694 d’habitants
en 1988 puis à 15 366 672 d’habitants en 1998, soit des taux de croissance annuelle de 3,8%
entre 1975-1988 et de 3,3% entre 1988-1998. Au recensement de 2014, cette population a été
estimée à 22 671 331 habitants.
La population ivoirienne est inégalement répartie sur le territoire. La zone forestière au sud
concentre à elle seule 78% de la population.
Les migrations en direction des villes ont favorisé la croissance rapide de la population
urbaine en Côte d’Ivoire. Les recensements indiquent que la population urbaine est passée
de 2 146 293 en 1975 à 4 220 535 en 1988 et à 6 529 138 en 1998, soit un doublement en 13 ans
et un triplement en 23 ans. Elle a augmenté de 7% sur la période 1975-1988 avec une période
de forte augmentation entre 1970 et 1975 correspondant à la période de forte croissance
économique. Durant cette période il y a eu une immigration importante des étrangers. En
analysant leur destination, Fargues (1986) a observé leur installation dans les zones
urbaines. Entre 1978 et 1979, 2 étrangers sur 3 immigraient en ville dont 41% à Abidjan.
Les migrants internes se sont dirigés vers les villes régionales qui ont connu une croissance
démographique rapide. A l’indépendance, seulement les deux principales villes que sont
Abidjan et Bouaké, avaient plus de 100 000 habitants. Au recensement de 1988, ce nombre
est passé à cinq contre huit en 1998. Désormais, 12 villes ivoiriennes sont centenaires.
L’industrie ivoirienne est caractérisée par la forte présence des entreprises étrangères. Les
entreprises françaises sont les plus nombreuses et couvrent des domaines variées. Les
étrangers d’origine africaine travaillent généralement dans les secteurs primaires et
tertiaires. Certaines nationalités excellent dans des domaines de compétence bien précis.
De 1975 à 2008, les fonds transférés sont passés de 12 millions de dollar à 215 millions de
dollar. Sur cette période, leur cumul est de 2807 millions de dollar. Ces fonds proviennent
principalement de la France.
Malgré leur hausse au cours de ces dernières années, ces fonds ne sont pas orientés vers
l’investissement afin de produire la croissance économique. Ils sont destinés essentiellement
La plupart des migrants étrangers étant de cette religion, il en ressort qu’elle est en train de
s’imposer progressivement dans l’organisation sociopolitique et culturelle de la Côte
d’Ivoire. Ce qui a des implications au niveau des comportements reproductifs.
Conflits sociaux
La présence importante des étrangers en Côte d’Ivoire a pour corollaire les tensions
sociopolitiques observées au cours de ces 35 dernières années. Il s’agit notamment des
conflits fonciers résultants de la loi n°98-750 du 23 décembre 1998 sur le foncier rural. Cette
loi a favorisé la reprise des terres déjà cédées aux étrangers.
Pour réduire ces conflits, certaines dispositions, tel que l’amendement de l’article 26 relatif
aux héritiers étrangers a été fait en 2004 en vue d’une sécurisation de leur droit. Il s’agit de
la loi n°2004-412 qui stipule que les droits de propriété de terres du Domaine Foncier Rural
acquis antérieurement à la loi de 1998 par des personnes physiques ou morales ne
remplissant pas les conditions d'accès à la propriété fixées par l'article 1 sont maintenus.
Ainsi, les personnes concernées peuvent désormais transmettre leur propriété à leurs
héritiers.
A retenir
En Côte d’Ivoire, les mouvements migratoires ont un impact sur la répartition spatiale de
la population. La migration étrangère contribue à la croissance rapide de la population
ivoirienne d’une part, et de la population des Ivoiriens grâce à la naturalisation, d’autre
part. Au niveau économique, elle favorise le transfert de compétence. Elle est par contre
source de tension sociale si elle n’est pas bien gérée par les pouvoirs publics.
HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Liège, Ordina éditions, 179p.
Consulter le chapitre 7 intitulé mouvement général de la population (pp. 99-115), en vue
d’une meilleure connaissance des concepts et de la typologie de la migration
PIGUET Etienne, 2013, « Les théories des migrations. Synthèse de la prise de décision individuelle»,
in Revue européenne des migrations internationales, vol.3, Poitiers, Université de Poitiers,
pp141-161
SEMI Bi Zan, 1975, La politique coloniale des travaux publics en Côte d’Ivoire (1900-1940),
Abidjan, Anales de l’Université d’Abidjan, N° spécial, 359 p. Pour un aperçu de la politique
coloniale matière de migration