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Syllabus de cours
Nombre de crédits : 03
Contact : thozane@hotmail.com
Description du cours
De nos jours, la formation en démographie est indispensable puisque les chercheurs sont parfois
contraints d’utiliser des termes démographiques ou de travailler sur les données démographiques. Il est
donc important d’avoir des notions de base en démographie et de savoir comment sont construits les
indicateurs pour pouvoir en tirer des conclusions correctes.
Ce cours est fondamental pour la formation en géographie. Il s’organise en 05 séances : (1) comprendre
la démographie, (2) identification et définition des phénomènes démographiques, (3) cadre théorique
d’évolution des phénomènes démographiques, (4) Systèmes d’information en démographie, (5)
dynamique et structure de la population ivoirienne.
Méthodologie
L’enseignement se déroulera d’abord en 21 heures de Cours Magistral (CM). Les exposés seront
entrecoupés d’échanges avec les étudiants sur des thématiques liées à chaque séance. Pour une
meilleure participation, les étudiants sont invités à lire les articles proposés pour enrichir les séances.
La formation magistrale sera ensuite complétée par 15 heures de Travaux Dirigés (TD) afin d’initier les
étudiants aux activités pratiques. Il s’agit d’approfondir leurs connaissances en démographie de sorte à
les familiariser avec les notions apprises pendant le CM. A ce niveau, on privilégiera les aspects explicatifs
des concepts clés et des exercices pratiques en rapport avec ces concepts.
Après avoir bien accompli ce cours, l’étudiant devrait avoir une meilleure connaissance :
➢ De la démographie et des phénomènes qui font varier la population dans un espace
géographique donné.
➢ De la théorie de la transition démographique et de l’étape à laquelle se trouvent les pays d’Afrique
de l’Ouest.
➢ Des sources de la démographie et de leur pertinence dans l’analyse des phénomènes de
population.
➢ De la dynamique et de la structure de la population ivoirienne.
➢ Des indicateurs de mesure des phénomènes démographiques.
Evaluation
Les évaluations se feront sous forme de devoir sur table (Questions-réponses ou dissertation) faisant
preuve de la capacité de l’étudiant à assimiler le cours Initiation à la démographie. Cette évaluation qui
compte pour 60% sera additionnée à la note des TD et du travail personnel de l’étudiant (40%).
La note pondérée de validation de cette UE est 10/20. L’étudiant qui a une note inférieure à 10 devra la
compenser avec le cours «introduction à la géographie de la population» de sorte à avoir une note de
20/40. Dans le cas contraire, il reviendra composer en seconde session.
PLAN DU COURS
Séance 1 : Comprendre la démographie
Séance 2 : Identification et définition des phénomènes démographiques
Séance 3 : Cadre théorique d’évolution des phénomènes démographiques
Séance 4 : Les sources de la démographie
Séance 5 : Evolution et structure de la population ivoirienne
Séance 1 : COMPRENDRE LA DÉMOGRAPHIE
Objectif général : Comprendre la démographie
✓ Définir les caractéristiques de la démographie
✓ Présenter l’objet et l’objectif de la démographie
✓ Montrer l’importance d’étudier la démographie
L’objectif de cette séance est de permettre aux étudiants de comprendre ce qu’est la démographie à
travers son objet, ses caractéristiques, son objectif et son intérêt.
1.1. Qu’est-ce que la démographie ?
Elle est une science ayant pour objet l’étude des populations humaines, et traitant de leur dimension, de
leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux, envisagés principalement d’un point de
vue quantitatif (L. Henry, 1981, p. 19).
1.2. Quelles sont les caractéristiques de la démographie ?
La démographie est une science ayant pour fondement l’étude quantitative des phénomènes qui
influencent l’évolution de la population. Il s’agit de la démographie quantitative. Elle recourt à la statistique
et à ses méthodes connexes pour estimer les indicateurs ou mesurer l’incidence d’une variable.
Pour comprendre les causes et les conséquences des évolutions des phénomènes, la démographie étudie
les facteurs agissant sur ces phénomènes. Il s’agit de la démographie explicative.
A côté de la démographie quantitative et explicative, il existe la démographie théorique qui s’attache à
effectuer des recherches abstraites sans prendre forcement en compte la description réelle des faits.
1.3. Quel est l’objet d’étude de la démographie ?
C’est la population. Elle est l'ensemble des habitants d'un territoire, souvent d’un pays quel que soit leur
lien juridique avec ce pays. La population d’un pays n’est donc pas constituée uniquement des nationaux,
elle englobe aussi les étrangers.
La population variant sans cesse, on a l’habitude en démographie de préciser la date exacte à laquelle
on se réfère. Par exemple la population ivoirienne au 1er janvier 2014.
1.4. Quelle est l’objectif de la démographie ?
Décrire et analyser :
• L’état des populations, c’est-à-dire leur effectif et leur structure selon diverses caractéristiques (sexe,
âge, état matrimonial, instruction…) ;
• Leur mouvement à savoir l’évolution dans le temps et les phénomènes qui influencent directement
la composition et l’évolution des populations (natalité, mortalité et migration).
Les outils statistiques classiques permettent de décrire l’état d’une population (sa dimension et sa
répartition selon diverses caractéristiques).
En revanche, l’analyse du mouvement de la population et la compréhension des mécanismes par lesquels
se produit ce mouvement nécessitent des méthodes spécifiques et ont donné naissance à l’analyse
démographique.
1.5. Pourquoi étudier la démographie ?
Au niveau individuel, les événements démographiques concernent intimement tous les êtres humains.
Au niveau collectif, les évolutions démographiques ont des implications dans la vie quotidienne et la
gestion de la communauté.
Au niveau des Etats, la démographie donne une connaissance indispensable à la gestion quotidienne et
à venir des populations. Elle permet l’aménagement du territoire, la gestion des équipements, et des
infrastructures.
Au niveau de la santé, la variable population est un facteur à prendre en compte dans l'évaluation de
l'état de santé.
Au niveau de la recherche, les chercheurs d’autres disciplines utilisent les données élaborés par les
démographes. Dans presque toutes les sciences sociales, à un moment donné, on doit utiliser des termes
démographiques ou travailler sur les données démographiques.
Pour toutes ces raisons, il est important d’avoir des notions de base en démographie et de savoir
comment sont construits les indicateurs démographiques pour pouvoir en tirer des conclusions correctes
et aussi élaborer des politiques individuelle et collective efficaces.
1.6. Où travaillent les démographes ?
Les démographes travaillent partout où sont produites et analysées les statistiques concernant la
population.
Pour en savoir plus, lire :
CHESNAIS Jean Claude, 1992, La démographie, Que sais-je, n° 2546, Paris.
LERIDON Henri et TOULEMON Laurent, 1997, Démographie : approche statistique et dynamique des
populations, Paris, Economica, 440 p.
HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Liège, Ordina éditions, 179 p.
• Taux de fécondité par Âge (TFA) : représente l’intensité du phénomène selon les groupes
d’âge des femmes en âge de procréer : 10-14, 15-19, 20-24, 25-29, 30-34, 35-39, 40-44 et
45-49.
• Indice Synthétique de Fécondité (ISF) : nombre moyen d’enfants qu’aurait une femme en
fin de vie reproductive si elle avait des enfants aux taux de fécondité actuel par âge. En
2021, les Ivoiriennes avaient en moyenne 4,3 enfants dont 5,3 pour celles qui résident en
milieu rural et 3,6 pour leurs consœurs résidant en milieu urbain.
Dans l’étude de la fécondité, seules les naissances vivantes sont prises en compte. La définition de ces concepts varie selon
les pays. En Côte d’Ivoire on considère comme né vivant, un enfant qui a respiré (ou crié) au moment de l’accouchement
2.1.3. Facteurs
Deux principaux facteurs influencent la fécondité :
(i) les déterminant proches que sont la nuptialité ; la contraception ; l’avortement et la durée de
l’infécondité post-partum.
(ii) les déterminants lointains qui agissent sur la fécondité en affectant les normes agissant sur les
déterminant proches. Ils influencent indirectement la fécondité par modification de ces derniers.
2.2. La mortalité
2.2.1. Définition
Elle est l’ensemble des décès dans une population au cours d’une période donnée. La dénomination taux
de mortalité permet de mesurer la fréquence des décès au sein d’une population. Le taux brut de mortalité
est le nombre de décès pendant une période donnée divisé par la Population étudiée pendant cette
période. Il s’exprimé en pour 1000.
2.2.2. Indicateurs
Nombre de décès
• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝐵𝑟𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑀𝑜𝑟𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é (𝑇𝐵𝑀) = Population moyenne X 1 000
(𝑃1 − 𝑃0)
𝑇𝐴𝑀𝐴 = [ ] ∗ 100
𝑝0 + 𝑃1
(𝑡1 − 𝑡0) ∗ ( )
2
Pour en savoir plus, lire :
VANDESCHRICK Christophe, 2004, Analyse démographique, 3e éd., Louvain-la-Neuve, Academia-
Bruylant, Paris, l’Harmattan, 215 p.
TAPINOS George, 1985, Elément de démographie, analyse, déterminants socio-économiques et histoire
des populations, Paris, Armand Colin, 367p.
L’étape pré-transition qui reflète la situation démographique dans les sociétés antiques.
L’étape de la transition comprend deux phases. Dans la première, la mortalité baisse à cause de
l’amélioration de l’alimentation et de l’éradication des maladies infectieuses transmissibles qui constituent
les principales causes de décès. La deuxième phase se caractérise par la baisse de la fécondité en raison
de la baisse de la mortalité infantile.
L’étape post-transition, considérée comme la situation moderne, les taux de mortalité et de natalité sont
très faibles, la croissance démographique faible ou nulle. En effet, la population se stabilise car on estime
qu'une augmentation annuelle de l’ordre de 0,4% correspond à une population stable.
3.3. Situation des pays d’Afrique de l’ouest par rapport à la transition
Au regard des évolutions de la mortalité et de la fécondité depuis les années 1980, le Mali et le Niger sont
encore dans la 1è phase de la transition démographique. Dans ces deux pays, la mortalité des enfants a
continuellement baissé tandis que la fécondité a gardé un niveau élevé de plus 6 enfants par femme.
Figure 2 : Positionnement des pays d’Afrique de l’ouest dans l’étape de la transition démographique
8
Niger Première phase de
7
Mali l’étape de transition
6
Benin
Guinée Mauritanie Nigéria Togo
5
Burkina Faso Gambie Guinée Bissau
4 Côte d’Ivoire Ghana Libéria Sierra Léone
Sénégal Deuxième phase de
l’étape de transition
3
2 Cap-Vert
1 Etape post-transition
0
Source : Bi Tozan ZAH, 2024
3.4. Limites de la théorie
Dans les pays en développement, la transition démographique n'a duré que quelques décennies. Ces
pays ont profité des progrès techniques, marqués par les grandes découvertes thérapeutiques survenues
entre les années 1930 et 1955, ce qui a donné à la population un niveau de vie confortable. L’hygiène de
vie a connu une amélioration par des mesures visant à assurer la qualité de l’eau de boisson en vue de
combattre efficacement la dysenterie.
En Afrique, la baisse de la mortalité a été retardée pendant une longue période à cause de la forte
mortalité due aux guerres et aux maladies infectieuses, notamment le VIH/sida. Ceci a affecté l’espérance
de vie qui a chuté de 3 à 10 ans sur la période 1990-2000 selon les pays. Dans les pays d’Afrique
subsaharienne, la baisse de la fécondité n'est pas aussi importante, ce qui explique la croissance rapide
de la population qui dure depuis plus de cinq décennies.
La théorie s’applique bien à la population fermée (population mondiale), ce qui n’est pas le cas de la
population de nombreux pays qui subit l’effet de la migration internationale.
Pour en savoir plus, lire :
TABUTIN Dominique, 1980, Problème de transition démographique : schéma classique, problème
d’analyse, interactions mouvement-structure. Cabay, Louvain-La- Neuve, 267 p.
VIDAL Annie, 1994, Elément d’analyse et évolution du peuplement humain. Presses Universitaires de
Grenoble, Grenoble, 154 p.
ZAH Bi Tozan, 2022, « Quelle politique de population pour accélérer la transition démographique en
Afrique de l’ouest ?», in African Review of Migration ans Environnement, vol. 6, N°2, p.225-284
5.3.2. Répartition
selon l’ethnie et la nationalité.
La structure selon l’ethnie fait apparaître que la Côte-d’Ivoire est composée d’un grand nombre d’ethnies.
Les historiens les ont regroupés en cinq grands groupes selon des critères linguistiques. Les Akan sont
les plus nombreux. Ils sont suivis par les voltaïque, les Mandé Nord, les Krou et les Mandé Sud.
L’analyse de la structure de la population selon la nationalité montre la présence d’une proportion
relativement importante de populations d’origine étrangère sur le territoire Ivoirien. En 1998, elles
représentaient 26 % de la population totale contre 24% en 2014. La population étrangère est dominée
par les Burkinabés qui représentent plus de la moitié de l’effectif (65%). Ils sont suivis par les Maliens
(18%), les Guinéens (4%), les Togolais, les Béninois et les Ghanéens. Les Burkinabés et les Maliens
représentent plus de 8 étrangers sur 10 résidant en Côte d’Ivoire.
Répartition de la population étrangère par pays