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UNIVERSITE ALASSANE OUATTARA

U.F.R. Communication, Milieu et Société


Département de Géographie

Année Universitaire 2023-2024

Syllabus de cours

Intitulé du cours : Introduction à la Démographie


Licence 1 Géographie

Nombre de crédits : 03

Volume horaire : 36 heures

Mode : Cours obligatoire/ UE majeure

Modalité de formation : Cours magistral (21 h) et TD (15 h)

Mode d’évaluation : En présentiel (dissertation ou QCM)

Localisation de la salle : Campus 2, Amphi A

Nom de l’Enseignant : Bi Tozan ZAH

Grade : Maitre de conférences

Contact : thozane@hotmail.com
Description du cours
De nos jours, la formation en démographie est indispensable puisque les chercheurs sont parfois
contraints d’utiliser des termes démographiques ou de travailler sur les données démographiques. Il est
donc important d’avoir des notions de base en démographie et de savoir comment sont construits les
indicateurs pour pouvoir en tirer des conclusions correctes.
Ce cours est fondamental pour la formation en géographie. Il s’organise en 05 séances : (1) comprendre
la démographie, (2) identification et définition des phénomènes démographiques, (3) cadre théorique
d’évolution des phénomènes démographiques, (4) Systèmes d’information en démographie, (5)
dynamique et structure de la population ivoirienne.
Méthodologie
L’enseignement se déroulera d’abord en 21 heures de Cours Magistral (CM). Les exposés seront
entrecoupés d’échanges avec les étudiants sur des thématiques liées à chaque séance. Pour une
meilleure participation, les étudiants sont invités à lire les articles proposés pour enrichir les séances.
La formation magistrale sera ensuite complétée par 15 heures de Travaux Dirigés (TD) afin d’initier les
étudiants aux activités pratiques. Il s’agit d’approfondir leurs connaissances en démographie de sorte à
les familiariser avec les notions apprises pendant le CM. A ce niveau, on privilégiera les aspects explicatifs
des concepts clés et des exercices pratiques en rapport avec ces concepts.
Après avoir bien accompli ce cours, l’étudiant devrait avoir une meilleure connaissance :
➢ De la démographie et des phénomènes qui font varier la population dans un espace
géographique donné.
➢ De la théorie de la transition démographique et de l’étape à laquelle se trouvent les pays d’Afrique
de l’Ouest.
➢ Des sources de la démographie et de leur pertinence dans l’analyse des phénomènes de
population.
➢ De la dynamique et de la structure de la population ivoirienne.
➢ Des indicateurs de mesure des phénomènes démographiques.
Evaluation
Les évaluations se feront sous forme de devoir sur table (Questions-réponses ou dissertation) faisant
preuve de la capacité de l’étudiant à assimiler le cours Initiation à la démographie. Cette évaluation qui
compte pour 60% sera additionnée à la note des TD et du travail personnel de l’étudiant (40%).
La note pondérée de validation de cette UE est 10/20. L’étudiant qui a une note inférieure à 10 devra la
compenser avec le cours «introduction à la géographie de la population» de sorte à avoir une note de
20/40. Dans le cas contraire, il reviendra composer en seconde session.

PLAN DU COURS
Séance 1 : Comprendre la démographie
Séance 2 : Identification et définition des phénomènes démographiques
Séance 3 : Cadre théorique d’évolution des phénomènes démographiques
Séance 4 : Les sources de la démographie
Séance 5 : Evolution et structure de la population ivoirienne
Séance 1 : COMPRENDRE LA DÉMOGRAPHIE
Objectif général : Comprendre la démographie
✓ Définir les caractéristiques de la démographie
✓ Présenter l’objet et l’objectif de la démographie
✓ Montrer l’importance d’étudier la démographie
L’objectif de cette séance est de permettre aux étudiants de comprendre ce qu’est la démographie à
travers son objet, ses caractéristiques, son objectif et son intérêt.
1.1. Qu’est-ce que la démographie ?
Elle est une science ayant pour objet l’étude des populations humaines, et traitant de leur dimension, de
leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux, envisagés principalement d’un point de
vue quantitatif (L. Henry, 1981, p. 19).
1.2. Quelles sont les caractéristiques de la démographie ?
La démographie est une science ayant pour fondement l’étude quantitative des phénomènes qui
influencent l’évolution de la population. Il s’agit de la démographie quantitative. Elle recourt à la statistique
et à ses méthodes connexes pour estimer les indicateurs ou mesurer l’incidence d’une variable.
Pour comprendre les causes et les conséquences des évolutions des phénomènes, la démographie étudie
les facteurs agissant sur ces phénomènes. Il s’agit de la démographie explicative.
A côté de la démographie quantitative et explicative, il existe la démographie théorique qui s’attache à
effectuer des recherches abstraites sans prendre forcement en compte la description réelle des faits.
1.3. Quel est l’objet d’étude de la démographie ?
C’est la population. Elle est l'ensemble des habitants d'un territoire, souvent d’un pays quel que soit leur
lien juridique avec ce pays. La population d’un pays n’est donc pas constituée uniquement des nationaux,
elle englobe aussi les étrangers.
La population variant sans cesse, on a l’habitude en démographie de préciser la date exacte à laquelle
on se réfère. Par exemple la population ivoirienne au 1er janvier 2014.
1.4. Quelle est l’objectif de la démographie ?
Décrire et analyser :
• L’état des populations, c’est-à-dire leur effectif et leur structure selon diverses caractéristiques (sexe,
âge, état matrimonial, instruction…) ;
• Leur mouvement à savoir l’évolution dans le temps et les phénomènes qui influencent directement
la composition et l’évolution des populations (natalité, mortalité et migration).
Les outils statistiques classiques permettent de décrire l’état d’une population (sa dimension et sa
répartition selon diverses caractéristiques).
En revanche, l’analyse du mouvement de la population et la compréhension des mécanismes par lesquels
se produit ce mouvement nécessitent des méthodes spécifiques et ont donné naissance à l’analyse
démographique.
1.5. Pourquoi étudier la démographie ?
Au niveau individuel, les événements démographiques concernent intimement tous les êtres humains.
Au niveau collectif, les évolutions démographiques ont des implications dans la vie quotidienne et la
gestion de la communauté.
Au niveau des Etats, la démographie donne une connaissance indispensable à la gestion quotidienne et
à venir des populations. Elle permet l’aménagement du territoire, la gestion des équipements, et des
infrastructures.
Au niveau de la santé, la variable population est un facteur à prendre en compte dans l'évaluation de
l'état de santé.
Au niveau de la recherche, les chercheurs d’autres disciplines utilisent les données élaborés par les
démographes. Dans presque toutes les sciences sociales, à un moment donné, on doit utiliser des termes
démographiques ou travailler sur les données démographiques.
Pour toutes ces raisons, il est important d’avoir des notions de base en démographie et de savoir
comment sont construits les indicateurs démographiques pour pouvoir en tirer des conclusions correctes
et aussi élaborer des politiques individuelle et collective efficaces.
1.6. Où travaillent les démographes ?
Les démographes travaillent partout où sont produites et analysées les statistiques concernant la
population.
Pour en savoir plus, lire :
CHESNAIS Jean Claude, 1992, La démographie, Que sais-je, n° 2546, Paris.
LERIDON Henri et TOULEMON Laurent, 1997, Démographie : approche statistique et dynamique des
populations, Paris, Economica, 440 p.
HENRY Louis, 1981, Dictionnaire démographique multilingue, Liège, Ordina éditions, 179 p.

Séance 2 : IDENTIFICATION ET DÉFINITION DES PHÉNOMÈNES DÉMOGRAPHIQUES


Objectif général : Connaitre les phénomènes qui font varier la population dans un espace
géographique donnée
✓ Identifier les phénomènes démographiques
✓ Définir les indicateurs des phénomènes démographiques
✓ Montrer les facteurs qui influencent ces phénomènes ?
✓ Estimer le taux de croissance de la population
Cette séance permet aux étudiants d’avoir une meilleure connaissance des phénomènes qui font varier
la population. En fait, le mouvement d’une population et sa répartition dans le temps dépendent de trois
phénomènes que sont la fécondité, la mortalité et la migration.
2.1. La natalité
2.1.1. Définition
La natalité est l’ensemble des naissances dans une population au cours d’une période donnée. On parle
de fécondité quand on s’intéresse aux naissances, mais dans une sous population donnée (exemple :
Population féminine en âge de procréer). Elle est le résultat de la procréation effective et se distingue de
la fertilité qui est l’aptitude à procréer quel qu’en soit le résultat.
La fécondité générale s’intéresse à la fécondité des femmes en âge de procréer alors que la fécondité
des couples est la fécondité à l’intérieur des couples, mariés ou pas (quand ils sont mariés, on parle de
fécondité légitime dans le cas contraire, on parle de fécondité illégitime). On peut ainsi multiplier les
définitions selon la sous population considérée.
On peut aussi analyser la fécondité chez les adolescentes (15-19 ans) : pourcentage enceinte et ayant
déjà été enceinte ; proportion ayant déjà un enfant, nombre idéal d’enfant, etc.
2.1.2. Indicateurs
Nombre des naissances
• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝐵𝑟𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑁𝑎𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é (𝑇𝐵𝑁) = Population moyenne
X 1 000

Nombre des naissances


• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝐹é𝑐𝑜𝑛𝑑𝑖𝑡é 𝐺é𝑛é𝑟𝑎𝑙 (𝑇𝐹𝐺) = Effectif des femmes de 15−49 ans X 1 000

• Taux de fécondité par Âge (TFA) : représente l’intensité du phénomène selon les groupes
d’âge des femmes en âge de procréer : 10-14, 15-19, 20-24, 25-29, 30-34, 35-39, 40-44 et
45-49.

• Indice Synthétique de Fécondité (ISF) : nombre moyen d’enfants qu’aurait une femme en
fin de vie reproductive si elle avait des enfants aux taux de fécondité actuel par âge. En
2021, les Ivoiriennes avaient en moyenne 4,3 enfants dont 5,3 pour celles qui résident en
milieu rural et 3,6 pour leurs consœurs résidant en milieu urbain.

Dans l’étude de la fécondité, seules les naissances vivantes sont prises en compte. La définition de ces concepts varie selon
les pays. En Côte d’Ivoire on considère comme né vivant, un enfant qui a respiré (ou crié) au moment de l’accouchement

2.1.3. Facteurs
Deux principaux facteurs influencent la fécondité :
(i) les déterminant proches que sont la nuptialité ; la contraception ; l’avortement et la durée de
l’infécondité post-partum.
(ii) les déterminants lointains qui agissent sur la fécondité en affectant les normes agissant sur les
déterminant proches. Ils influencent indirectement la fécondité par modification de ces derniers.
2.2. La mortalité
2.2.1. Définition
Elle est l’ensemble des décès dans une population au cours d’une période donnée. La dénomination taux
de mortalité permet de mesurer la fréquence des décès au sein d’une population. Le taux brut de mortalité
est le nombre de décès pendant une période donnée divisé par la Population étudiée pendant cette
période. Il s’exprimé en pour 1000.
2.2.2. Indicateurs
Nombre de décès
• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝐵𝑟𝑢𝑡 𝑑𝑒 𝑀𝑜𝑟𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é (𝑇𝐵𝑀) = Population moyenne X 1 000

Nombre de décès d′ enfants de moins d′ 1 an


• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑀𝑜𝑟𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝐼𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡𝑖𝑙𝑒 (𝑇𝑀𝐼) = Nombre d′enfants de moins d′1 ans X 1 000
Le TMI en Côte d’Ivoire est passé de 68 à 52 pour 1 000 naissances vivantes entre 2012 et 2021.
Sensible à la situation sanitaire du pays, cet indicateur éclaire sur son niveau de développement.
Nombre de décès d′ enfants de moins de 5 ans
• 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝑀𝑜𝑟𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡é 𝐼𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡𝑜𝑗𝑢𝑣é𝑛𝑖𝑙𝑒 = Nombre d′enfants de moins de 5 ans
X 1 000
En Côte d’Ivoire, le taux de mortalité infanto-juvénile est passé de 108 à 74 pour 1 000 naissances
vivantes entre 2012 et 2021.
• La mortalité maternelle est le décès d’une femme au cours de la grossesse ou dans un délai
de 42 jours après la fin de la grossesse pour une cause quelconque déterminée ou aggravée
par la grossesse. Elle était de 614 pour 100 000 naissances vivantes en 2012.
2.2.3. Facteurs
Les facteurs de mortalité sont biologiques, écologiques, socio-économiques et culturels.
2.3. La migration
2.3.1. Définition
Elle représente les déplacements de population ayant pour but, le changement de résidence. Est migrant,
celui qui, de façon temporaire ou définitive, quitte son lieu de résidence habituel pour aller s’installer dans
une autre localité. On parle de migration internationale quand il y a franchissement de frontières entre
Etats. Si non, il s’agit de migration interne. La migration intervient dans l’évolution globale de la population
à travers le solde migratoire qui est la différence entre les immigrés et les émigrés.
Du point de vue statistique, un migrant est une personne qui abandonne son lieu de résidence habituelle
pour aller résider ailleurs pour une durée minimale de six mois. Si la durée est inférieure à 6 mois, il est
un visiteur. En Côte d’Ivoire, la sous-préfecture est le mode de localisation du lieu de résidence.
2.3.2. Facteurs
Les principaux facteurs de migration sont : politique (persécution dû à l’appartenance politique,
guerre…), économique (pauvreté, absence d’emploi, etc.), social (regroupement familial, exode rural)
et écologique (inondations, tempête, éruption volcanique, sécheresse).
2.3.3. Mesure de l’accroissement démographique
L’étude des trois phénomènes que sont la fécondité, la mortalité et la migration constitue le substrat de
l’analyse démographique. Ils influencent l’accroissement de la population qui est la différence entre les
effectifs de la population à un temps t et t+1.
L’équation fondamentale en démographie est : Pt1 = P t0 + (N t0 - D t0) + (I t0 - E t0).
Cette équation est valable pour n’importe quelle espace géographique : quartier, commune, sous-
préfecture, département, région, pays…
Le Taux d’accroissement moyen annuel (TAMA) permet d’apprécier l’évolution de la population dans le
temps. Il résume toute la dynamique de la population.

(𝑃1 − 𝑃0)
𝑇𝐴𝑀𝐴 = [ ] ∗ 100
𝑝0 + 𝑃1
(𝑡1 − 𝑡0) ∗ ( )
2
Pour en savoir plus, lire :
VANDESCHRICK Christophe, 2004, Analyse démographique, 3e éd., Louvain-la-Neuve, Academia-
Bruylant, Paris, l’Harmattan, 215 p.
TAPINOS George, 1985, Elément de démographie, analyse, déterminants socio-économiques et histoire
des populations, Paris, Armand Colin, 367p.

Séance 3 : CADRE THÉORIQUE D’ÉVOLUTION DES PHÉNOMÈNES DÉMOGRAPHIQUES


Objectif général : Comprendre la théorie de la transition démographique
✓ Définir les notions de transition démographique, sanitaire/ épidémiologique et de fécondité
✓ Analyser les différentes phases de la transition démographique
✓ Identifier l’étape à laquelle se trouvent les Etats d’Afrique de l’Ouest
✓ Montrer les limites de la théorie de la transition démographique
Cette séance est consacrée à la définition de la théorie de la transition démographique, de ses étapes,
et à l’identification de l’étape à laquelle se trouvent les Etats d’Afrique de l’Ouest
3.1. Définition de la théorie de transition démographique
La transition démographique est le passage d'un régime démographique traditionnel, où la fécondité et
la mortalité sont élevées, à un régime moderne de fécondité et mortalité faibles.
L'évolution d'un régime de fécondité élevée vers un régime de fécondité "dirigée" est qualifiée de transition
de la fécondité. La période de baisse de la mortalité est qualifiée transition sanitaire. Elle s'accompagne
d'une amélioration de l'hygiène, de l'alimentation et de l'organisation des services de santé et d'une
transformation des causes de décès, les maladies infectieuses disparaissant progressivement au profit
des maladies chroniques et dégénératives et des accidents.
3.2. Etapes de la théorie de transition démographique
Quel que soit le pays, la transition démographique se déroule selon trois étapes (voir figure 1).
Figure 1 : Etapes de la transition démographique

L’étape pré-transition qui reflète la situation démographique dans les sociétés antiques.
L’étape de la transition comprend deux phases. Dans la première, la mortalité baisse à cause de
l’amélioration de l’alimentation et de l’éradication des maladies infectieuses transmissibles qui constituent
les principales causes de décès. La deuxième phase se caractérise par la baisse de la fécondité en raison
de la baisse de la mortalité infantile.
L’étape post-transition, considérée comme la situation moderne, les taux de mortalité et de natalité sont
très faibles, la croissance démographique faible ou nulle. En effet, la population se stabilise car on estime
qu'une augmentation annuelle de l’ordre de 0,4% correspond à une population stable.
3.3. Situation des pays d’Afrique de l’ouest par rapport à la transition
Au regard des évolutions de la mortalité et de la fécondité depuis les années 1980, le Mali et le Niger sont
encore dans la 1è phase de la transition démographique. Dans ces deux pays, la mortalité des enfants a
continuellement baissé tandis que la fécondité a gardé un niveau élevé de plus 6 enfants par femme.
Figure 2 : Positionnement des pays d’Afrique de l’ouest dans l’étape de la transition démographique
8
Niger Première phase de
7
Mali l’étape de transition
6
Benin
Guinée Mauritanie Nigéria Togo
5
Burkina Faso Gambie Guinée Bissau
4 Côte d’Ivoire Ghana Libéria Sierra Léone
Sénégal Deuxième phase de
l’étape de transition
3
2 Cap-Vert

1 Etape post-transition
0
Source : Bi Tozan ZAH, 2024
3.4. Limites de la théorie
Dans les pays en développement, la transition démographique n'a duré que quelques décennies. Ces
pays ont profité des progrès techniques, marqués par les grandes découvertes thérapeutiques survenues
entre les années 1930 et 1955, ce qui a donné à la population un niveau de vie confortable. L’hygiène de
vie a connu une amélioration par des mesures visant à assurer la qualité de l’eau de boisson en vue de
combattre efficacement la dysenterie.
En Afrique, la baisse de la mortalité a été retardée pendant une longue période à cause de la forte
mortalité due aux guerres et aux maladies infectieuses, notamment le VIH/sida. Ceci a affecté l’espérance
de vie qui a chuté de 3 à 10 ans sur la période 1990-2000 selon les pays. Dans les pays d’Afrique
subsaharienne, la baisse de la fécondité n'est pas aussi importante, ce qui explique la croissance rapide
de la population qui dure depuis plus de cinq décennies.
La théorie s’applique bien à la population fermée (population mondiale), ce qui n’est pas le cas de la
population de nombreux pays qui subit l’effet de la migration internationale.
Pour en savoir plus, lire :
TABUTIN Dominique, 1980, Problème de transition démographique : schéma classique, problème
d’analyse, interactions mouvement-structure. Cabay, Louvain-La- Neuve, 267 p.
VIDAL Annie, 1994, Elément d’analyse et évolution du peuplement humain. Presses Universitaires de
Grenoble, Grenoble, 154 p.
ZAH Bi Tozan, 2022, « Quelle politique de population pour accélérer la transition démographique en
Afrique de l’ouest ?», in African Review of Migration ans Environnement, vol. 6, N°2, p.225-284

Séance 4 : LES SYSTEMES D’INFORMATION EN DÉMOGRAPHIE


Objectif général : Connaitre les systèmes d’information en démographie
✓ Présenter les différentes utilités du recensement général de la population et de l’habitat
✓ Montrer l’importance et les limites de l’état civil en Côte d’Ivoire
✓ Présenter les avantages et limites des enquêtes démographiques
✓ Décrire les autres sources d’information en démographie
Dans tous les pays, on distingue en général trois grandes sources de données : le recensement, l’état
civil, les enquêtes. C’est surtout de leur présentation qu’est consacrée cette séance.
4.1. Le recensement de la population
Le recensement est une opération qui consiste à recueillir des informations sur l’état de la population à
un moment donné. Il doit donc être exécuté partout simultanément (tous les individus doivent être recensé
au même moment) et de façon exhaustive (n’oublier personne).
Le recensement sert à établir des statistiques sur les caractéristiques démographiques. C’est le seul
moyen d’avoir une vue globale, précise et fiable de la population d’un pays. Il permet d’avoir à intervalles
réguliers une image de l’état de la population : sa répartition selon les caractéristiques démographiques,
juridiques, économiques et socioculturelles.
Le recensement vise 3 objectifs : (i) fournir l’effectif total de la population et sa distribution selon des
critères ; (ii) donner la répartition de la population au niveau géographique le plus fin ; (iii) fournir de base
de sondage pour les enquêtes ultérieures.
Avantages : La connaissance de la population est à elle seule une source d’information riche sur la façon
dont la population est répartie sur le territoire. Cela a également des conséquences règlementaires
puisque les textes s’y réfèrent pour déterminer la dotation de fonctionnement des communes, fixer le
nombre de conseiller municipaux, déterminer l’indemnité du maire…).
Limites : Le recensement est une opération lourde et coûteuse. Il n’est pas exempt de lacunes et ce,
même dans les pays développés. Car il y a des omissions, des doubles comptes et parfois des erreurs
sur les caractéristiques des individus. Il faut aussi ajouter l’effet de la politique sur le recensement observé
dans certains pays.
4.2. L’état civil
L’état civil est dans de nombreux pays, l’institution qui fournit les statistiques du mouvement de la
population, notamment le mouvement naturel (les naissances et les décès). Il renseigne officiellement les
événements clés de la vie des individus et recueille des renseignements sur les individus concernés.
En Côte d’Ivoire, l’état civil a été créé par l’arrêté général 4602 AP du 16 août 1950. Dès son origine il
s’adressait aux citadins et aux populations, vivants dans un rayon de 10 km autour des centres urbains.
Après l’indépendance, l’arrêté en vigueur a été remplacé par la loi 64-374 du 7 octobre 1964. Cette loi
rend obligatoire sur toute l’étendue du territoire la déclaration des naissances, des mariages et des décès.
Avantages : Lorsqu’il est parfaitement enregistré, il fournit les statistiques du mouvement : naissances,
décès et d’autres événements connexes (mariages, divorces, etc.). Ces événements qui sont recueillis
au fur et à mesure qu'ils se produisent permettent de faire une observation continue. En effet, au milieu
d’année on peut estimer le solde naturel qui est la différence entre les naissances et les décès.
Limites : Problème d’adaptation à la culture, faible modernisation du système d’enregistrement des faits
d’état civil, faible représentativité des catégories légales, faible vulgarisation des lois relatives à la
déclaration des actes d’état civil, Coût du transport pour l’établissement de l’Etat civil souvent démotivant,
un sous enregistrement des faits d’état civil, permet de décrire et non d’expliquer, etc.
4.3. Les enquêtes démographiques
Dans les pays du sud, la plupart des informations au niveau national en matière de fécondité, de
planification familiale, de mortalité et de comportements proviennent des enquêtes effectuées auprès
d’un échantillon représentatif de la population. Ces enquêtes financées pour la plupart de l’extérieur,
relèvent le plus souvent de programmes internationaux. Dans un ordre chronologique on a :
Le programme de l’enquête mondiale de fécondité (EMF) des années 1970 à 1980.
Le programme américain du CDC (Centers for Disease Control) des années 1980 et 1990.
Le programme Pan-arabe pour le développement de l’enfant (Pan-Arab Project for Child
Development ou PAPCHILD)
Le programme des enquêtes démographiques et de santé (EDS) des années 1990 qui se poursuit
encore.
Avantages : Les enquêtes démographiques ont permis d’approfondir la connaissance des événements,
(naissances, décès, maladies…), des comportements, (vaccinations, fréquentation des centres de santé,
planification familiale…) ou même de l’évolution de certaines caractéristiques de la population (nuptialité,
occupation, éducation…).
Limites : Les enquêtes démographiques étant financées de l’extérieur, la marge de manœuvre des pays
dans le choix des thèmes ou des modules est relativement étroite. De plus, sa fiabilité peut être remise
en cause si la base de sondage ne l’est pas. La fécondité est sous-estimée puisque ce sont les femmes
de 15-49 ans qui sont interrogées. Il faut encore ajouter les erreurs d’échantillonnage et d’observations.
4.4. Les autres sources d’information en démographie
Les registres de population. On les retrouve dans certains pays européens (Belgique, Suède,
Danemark, Finlande, Norvège, Pays Bas, Suisse…). C’est une source idéale pour les démographes car
enregistre les actes d’état civil, différentes informations sur la situation et les mouvements comme les
changements de domicile, ce qui est fondamentale pour étudier la mobilité.
Avantages : c’est son coût (faible) qui se limite à l’accès aux données et à leur traitement. La fiabilité des
donnée est optimale et les informations sont disponibles et exploitables à l’échelle de n’importe qu’elle
unité spatiale.
Limites : Accès difficile aux données du registre, le respect de la vie privée et le fait que le contenu ne
dépasse pas le cadre des informations collectées par les administrations en constituent son désavantage.
Les projections démographiques des Nations Unies. Elles bénéficient de possibilités scientifiques qui
permettent d’estimer le futur avec beaucoup plus de certitude. Depuis 1951, les experts de la Division de
la population des Nations Unies font des projections démographiques qui servent de référence. Elles sont
révisées actuellement tous les deux ans et sont réalisées pour chaque pays séparément puis agrégées
afin de concerner la population mondiale.
Pour en savoir plus, lire :
Groupe de démographie africaine, 1984, L’évaluation des effectifs de population, Paris, Sofiac, IDP-INED-
INEE-ORSTOM, Tome II, 424 p.
INED, 1992, Le recensement du Nigéria, Bulletin mensuel d’informations démographiques, économiques
et sociales, Population et société, n°272, 4 p.
TABUTIN Dominique, 1984, La collecte des données en démographie : méthodes, organisation et
exploitation, Liège, Ordina Edition, 348 p.

Séance 5 : EVOLUTION ET STRUCTURE DE LA POPULATION IVOIRIENNE


Objectif général : Comprendre la dynamique de la population ivoirienne.
✓ Construire la courbe d’évolution de la population ivoirienne aux différents RGPH
✓ Identifier les phases d’évolution de la population ivoirienne depuis 1900
✓ Comprendre la structure de la population ivoirienne
✓ Estimer les indicateurs de la structure de la population
5.1. Disponibilité des données sur la population ivoirienne
Les premières estimations de l’effectif de la population ivoirienne fournies par l’administration coloniale
remontent à 1917. Par la suite, des recensements administratifs réalisés en 1936, 1946, 1950, 1955 et
1956 ont permis d’avoir d’autres estimations de cette population.
De 1962 à 1964, le Ministère de l’économie et celui du Plan et du développement, ont lancé une série
d’études démographiques destinées à fournir les données de base à la régionalisation du développement
économique. Ces études ont permis de disposer en 1965 d’une estimation de la population ivoirienne en
effectifs globaux, par sexe et groupes d’âges.
En 1975, la Côte d’Ivoire réalise son premier recensement général de la population. Ce qui a permis de
constituer le répertoire des villages et villes de Côte d’Ivoire, base de sondage des enquêtes ultérieures.
En 1988, le second recensement a été réalisé suivi dix ans plus tard (1998) d’un troisième puis un
quatrième en 2014 et un cinquième en 2021.
Construire la courbe d’évolution de la population ivoirienne aux RGPH de 1975, 1988, 1998, 2014 et 2021
5.2. Phases d’évolution de la population ivoirienne depuis 1900
De 1900 à 1950 : une lente augmentation de la population. Durant cette phase, la population ivoirienne
est passée de 1 540 000 à 2 670 000 habitants, soit 1 130 000 ivoiriens supplémentaires en 50 ans. Cette
lente augmentation correspond à un taux de croissance annuelle de la population restée inférieurs à 1,5%
durant la période. Ce qui n’a pas favorisé son doublement après un demi-siècle d’évolution.
De 1950 à 1960 : Décollage démographique. Avec un rythme annuel de 2,9%, cette phase marque le
début de la croissance rapide de la population ivoirienne. Ainsi, le pays a connu son premier doublement
en soixante ans puisque sa population est passée de 1 540 000 en 1900 à 3 560 000 en 1960.
De 1960 à 2000 : Croissance rapide de la population. La population ivoirienne est passée de 3 560 000
habitants en 1960 à 6 709 000 en 1975, à 10 815 694 en 1988 puis à 15 366 672 en 1998. Sur les
périodes intercensitaires 1975-1988 et 1988-1998, les taux de croissance annuelle de la population
étaient respectivement de 3,8% et 3,3%. Ces taux qui étaient supérieurs à la moyenne africaine attestent
la croissance rapide de la population ivoirienne. Elle a doublé en 20 ans alors qu’il a fallu 30 ans à la
population africaine pour doubler.
Depuis 2000 : Baisse du rythme de croissance de la population. De 1998 à 2014, la population
ivoirienne est passée de 15 366 672 à 22 671 331. En 16 ans, elle a augmenté de 7 304 659 habitants
avec un taux annuel de croissance de l’ordre de 2,6%. Ce taux qui est inférieur à celui de la période 1988-
1998, atteste la diminution du rythme de croissance de la population ivoirienne. Selon les estimations des
Nations Unies (2018), ce taux devrait poursuivre sa baisse dans les décennies suivantes.
5.3. Structure de la population ivoirienne
5.3.1. Répartition selon l’âge et le sexe.
La combinaison de la structure par âge et par sexe s’exprime à travers la pyramide des âges. Son intérêt,
est de monter la structure de la population à un moment donné (analyse transversale) tout en portant les
marques de l’histoire de plusieurs générations. Elle permet de visualiser la place de chaque groupe d’âge
et l’équilibre entre les sexes.
Les pyramides peuvent avoir différentes formes. Chaque forme décrit une population type :
Population en expansion : La pyramide est dans ce cas caractérisée par une base large indiquant une
forte proportion d’enfants, un taux rapide d’accroissement de la population et une faible proportion de
personnes âgées : cas de la pyramide de la Côte d’Ivoire en 2022.
Population décroissante : pyramide qui a pour spécificité d’avoir une forte proportion de personnes âgées
et pour les classes d’âges inférieures un effectif qui diminue. L’importance de la population âgée est liée
à la hausse de l’espérance de vie. Il y a un déséquilibre entre les sexes souvent au profit des femmes :
cas des pyramides de la Chine en 2022 et de la France en 2019.

5.3.2. Répartition
selon l’ethnie et la nationalité.
La structure selon l’ethnie fait apparaître que la Côte-d’Ivoire est composée d’un grand nombre d’ethnies.
Les historiens les ont regroupés en cinq grands groupes selon des critères linguistiques. Les Akan sont
les plus nombreux. Ils sont suivis par les voltaïque, les Mandé Nord, les Krou et les Mandé Sud.
L’analyse de la structure de la population selon la nationalité montre la présence d’une proportion
relativement importante de populations d’origine étrangère sur le territoire Ivoirien. En 1998, elles
représentaient 26 % de la population totale contre 24% en 2014. La population étrangère est dominée
par les Burkinabés qui représentent plus de la moitié de l’effectif (65%). Ils sont suivis par les Maliens
(18%), les Guinéens (4%), les Togolais, les Béninois et les Ghanéens. Les Burkinabés et les Maliens
représentent plus de 8 étrangers sur 10 résidant en Côte d’Ivoire.
Répartition de la population étrangère par pays

Source : Bi Tozan ZAH, 2020


5.3.3. Répartition spatiale (urbain-rural et selon les régions).
La répartition de la population selon le milieu de résidence montre que 52,5% des ivoiriens vit désormais
en ville (INS, 2021). Les régions forestières au sud sont plus peuplées que celles de savanes au nord.

5.4. Indicateurs de mesure de la structure de la population


Effectif de la population active (15−64 ans)
✓ 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑜𝑟𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒 = Effectif de la population totale
X 100
Effectif des personnes de plus de 64 ans
✓ 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑜𝑟𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠 â𝑔é𝑒𝑠 = Effectif de la population totale
X 100
Effectif des résidants de nationalité étrangère
✓ 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑜𝑟𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑′é𝑡𝑟𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟𝑠 = Effectif de la population totale
X 100
Effectif des urbains
✓ 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑜𝑟𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑′ 𝑢𝑟𝑏𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑜𝑢 𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑′𝑢𝑟𝑏𝑎𝑛𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 = Effectif de la population totale X 100
Effectif des Hommes
✓ 𝑅𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡 𝑑𝑒 𝑚𝑎𝑠𝑐𝑢𝑙𝑖𝑡é = Effectifs des femmes X 100
Effectif des 0−14 ans +Effectif des 65 ans et+
✓ 𝑅𝑎𝑝𝑝𝑜𝑟𝑡 𝑑𝑒 𝑑é𝑝𝑒𝑛𝑑𝑎𝑛𝑐𝑒 = Effectif des 15−64 ans
X 100
∑𝑐𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑙𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑑′ â𝑔𝑒𝑠 𝑋 𝑒𝑓𝑓𝑒𝑐𝑡𝑖𝑓 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑙𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑑′â𝑔𝑒
✓ Âge moyen de la population = 𝑃𝑜𝑝𝑢𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒

Pour en savoir plus, lire :


INS, Recensement Général de la population et de l’habitat de 1975, 1988, 1998, 2014, 2021, Abidjan
REPUBLIQUE de Côte d’Ivoire, 1987, Mémorial de la Côte d’Ivoire. Tome II, Abidjan, Ed. Ami, 303 p.
ZAH Bi Tozan, 2020, « Cent ans d’évolution de la population en Côte d’Ivoire et changements
démographiques », in Revue Korhogolaise des Sciences Sociales, GCREA Ed., Vol. 4, N°1, p.15-50.

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